îm WHITNEY LIBRARY, HARVARD UNIYERSITY THE GIFT OF J. I). WHITNEY Sturffû Hooptr Prqfessor MUSEUM OF COMPARATIVE ZOÔLOGY ^.^W^W xWVl- ni!" liai s\M m* Au ^iïKM'M A**Y v^m mê L _ '7 McAl Ik '«W^l r ~ ft « 7 . UWTûli ' *W RUi W A^Mfa*^ ?/?2. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE I/ACADÉMIE DES SCIENCES. PARIï. — IMPRIMERIE DE M U.l. El -BACHELIER , RUE DE SKIPiE-SAINT-GERMAIN, 10. PRÈS L'iNSTITUT. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES CONFORMEMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE <^n (We Du l3 tJulWe-l i835 PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS TOME CINQUANTE-QUATRIEME JANVIER — JUIN 18G2 PARIS, MALLET- BACHELIER, IMPRIMEUR -LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE l'acADÉMIE DES SCIENCES. Quai des Augustins, N° 55. 1862 ÉTAT DE L'ACADEMIE DES SCIENCES AU Ie" JANVIER 1862. SCIENCES MATHEMATIQUES Section ïre. — Géométrie. Messieurs : BlOT (C. $) (Jean-Baptiste). J^amé (o. $) (Gabriel). Chasles (o. $) (Michel). Bertrand ^ (Joseph-Louis-François). Hermite ^ (Charles). Serret f? (Joseph-Alfred). Section II. — Mécanique. Le Baron Dupin (G. o.g?) (Charles). Poncelet ( G. o.^) (Jean-Victor). Piobert (G. 0.$) (Guillaume). Morin (c.^?) (Arthur-Jules). Combes (Ofè) (Charles-Pierre-Matthieu). Clapeyron (o. &) ( Benoit- Paul-Émile)-. Section III. — Astronomie. Mathieu (o. ®) (Claude-Louis). Liouville (o. 'é) (Joseph). Laugier # (Paul-Auguste-Ernest). Le Verrier (c. $) (Urbain-Jean-Joseph). Faye (o. $) (Hervé-Auguste-Élienne-Albans).' Delaunay $ (Charles-Eugène). Section IV. — Géographie et Navigation. Duperrey (o.$) (Louis-Isidore). Bravais (o. $) (Auguste). De Tessan(o. $) (Louis-Urbain, Dortet ). i r DE I, ACADÉMIï DES SCIENCES Section V. — Physique générait Messieurs : Becquerel (o.$) (Antoine-César). Pouillet (o.$) (Claude-Servais-Mathias Babinet •';"■: Jacques). Duhamel (o. S (Jean-Marie-Constant). Despretz (o. $) [César-Mansuete). Fizeau @ (Armand-Hippolyte-Louis). SCIENCES PHYSIQUES Section VI. — Chimie. CHEVREUL (c.$) (Michel-Eugène). Dumas (G. O.®) (Jean-Baptiste). PELOCZE (C. $) (Théophile-Jules). REGNAULT (0.$) (Henri-Victor). BaLard (o. ®; (Antoine-Jérôme Fremy @ Edmond Section VII. — Minéralogie. Senarmont (o. $) (Henri Hureau de). DëLAFOSSE (o. $) (Gabriel). Le Vicomte d'Archiac & (Étienne-Jules-Adolphe Desmier DE Saint- Simon). Sainte-Claire Deville # (Charles-Joseph). DAURRÉE (o. g?) (Gabriel-Auguste). Sainte-Claire Deville (o. $&) (Étienne-Henri). Section VIII. — Botanique. Brongniart (o. &) (Adolphe-Théodore). Montagne (o. $) (Jean-François-Caraille TULASNE ^ (Louis-René). Moquin-Tandon & (Horace-Bénédict-Alfred | < . av $ (Claude). Duch irtre Pierre-Étienne-Simon ). ÉTAT DE L'ÀCâDRMlE DES SCIENCES. Section IX. — Economie rurak Messieurs : BOUSSINGAULT (C.&) ( Jear.-Baptiste-Joseph-Dieudonné;. Le Comte de Gasparin (g. 0.4&) (Adrien-Étienne-Pierre). Payen (o.$) (Anselme). Rayer (c. ®) (Pierre-François-Olive ). Decaisne 3g (Joseph). Peligot (o. $) (Eugène-Melchior). Section X. — Ânatomie et Zoologie. Edwards (c. ®) (Henri-Milne). Valenciennes ^ (Achille). Coste 3£ (Jean-Jacques-Marie-Cyprien-Victor). Quatrefages de Bréau ^ ( Jean-Louis-Armand DE") Longet (o. $•) (François-Achille). N Section XI. — Médecine et Chirurgie Serres (c. #) (Étienne-Renaiid-Augustin). Andral (C. $) (Gabriel). Velpeau (c.#) (Alfred-Armand-Louis-Marie). Bernard $ (Claude). Cloquet (o.$) (Jules-Germain). Jorert de Lamralle (c. $?) (Antoine-Joseph). SECRETAIRES PERPETUELS Ëlie de Beaumoint (g.o.$) (Jean-Baptiste- Armand-Louis-Léonce . pour les Sciences Mathématiques. 1'"ix>urens(g.0. &) (Marie-Jean-Pierre), pour les Sciences Physiques. X ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. ACADÉMICIENS LIBRES Messieurs : Le Baron SÉGUIER (o.$) (Armand-Pierre). CIVIALE (o.@) (Jean). Bussy (O. #) ( Antoine- Alexandre-BrutusV Delessert (o. ®) (François-Marie). Hienaymé (o. *) (Irénée-Jules). Le Maréchal Vaillant (g.c.*) (Jean-Baptiste-Philibert) \ erneuil £< (Philippe-Edouard Poulletier de). Le Vice-Amiral Du Petit-Thouars (g.c.$) (Abel Aubert). Passy (c.$) (Antoine-François). Le Comte JaUBERT © (Hippolyte-François). ASSOCIÉS ÉTRANGERS Faraday (c.®) (Michel), à Londres. Brewster (0.«) (Sir David), à Edimbourg, en Ecosse. Mitscherlich, à Berlin. Herschel (Sir John William), à Londres. Owen (o.&) (Richard), à Londres. Le Baron Plana (o. ©) (Jean), à Turin. Ehreisberg , à Berlin. Le Baron de Liebig (Justin), à Munich. CORRESPONDANTS. Niita. Le règlement du 6 juin 1808 donne à chaque Section le nombre de Correspondante suivant. SCIENCES MATHEMATIQUES. Section Ire. — Géométrie (6). Hamilton (Sir William-Rowan), à Dublin. Le Besgue 3£, à Bordeaux, Gironde. Steiner, à Berlin. Ostrogradski, à Saint-Pétersbourg. TCHÉBYCHEF, à Saint-Pétersbourg. K.UMMER, a Berlin. ÉTAT DES L'ACADÉMIE DES SCIENCES ') Section II. — Mécanique (6). Messieurs : Burdin $, à Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme. Seguin aîné $ (Marc), à Montbard, Côle-dOr. Moseley, à Londres. Fairbairn^ (William), à Manchester. Bernard (c. ©), à Saint-Benoît-du-Saulx, Indre. N Section III. — Astronomie (16 i. Le Général Sir Thomas Brisbane, en Ecosse. Encke, à Berlin. Valz $j, à Marseille, Bouc lies -du- Rhône . Struve (c.$), à Pulkowa, près Saint-Pétersbourg. Airy^j (G. Biddell), à Greenwich. Carlini®, à Milan. L'Amiral Smyth, à Londres. Petit $j, à Toulouse, Haute-Garonne. Hansen, à Gotha. Santini, à Padoue. Argelander, à Bonn, Prusse Rhénane. Hind, à Londres. Peters, à Altona. Adams (J.-C .), à Cambridge, Angleterre, Le Père Secchi, à Rome. N. Section IV. — Géographie et Navigation (8). Le Prince Anatole de Démidoff, à Saint-Pétersbourg. Sir James Clark-Ross (c.$5), à Londres. d'Abradie^ (Antoine-Thomson), à Urrugne, près Saint-Jean-de-Luz, Basses-Pyrénées . L'Amiral deWrangell, à Saint-Pétersbourg. Givry (o. &), au Goulet près Gaillon, Eure. Bâche, à Washington. De Tchihatchef, à Saint-Pétersbourg. L'Amiral Lùtke, à Saint-Pétersbourg. C. R., 1862, i« Semestre. (T. L1V, No J.) a IO ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. Section V. — Physique générale [g). BaRLOW, à Woolwich. De La Rive ig (Auguste), à Genève. Hansteen, à Christiania. M akianini, à Modène. Forbes (James-David), à Edimbourg. Wheatstowe &, à Londres. Plateau, à Gand. DELEZENNE &, à Lille, Nord. Mvtteucci, à Pise. SCIENCES PHYSIQUES. Section Yl. — Chimie (9). Dksormes, à Verberie, Oise. BÉRARD $, à Montpellier, Hérault. Rose (Henri), à Berlin. WÔHLER (o.C), à Gôttingue. Graham, à Londres. Bunsen (o. &), à Heidclberg. Malacuti (o. &), à Rennes, llle-el- Vilaine. HoFMANN,à Londres. N Section VII. — Minéralogie (8). Rose (Gustave), à Berlin. d'Omalius d'TIalloy, prés de Ciney, Belgique. Murchison (Sir Roderick lmpey), à Londres. Fournet^, à Lyon, Rhône. HAlDINGER, à Vienne Seugwick, à Cambridge, Angleterre. N N v . . ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. Il Section YIII. — Botanique (10). ■ Messieurs : De Martius, à Munich. Tkéviranus, à Bonn, Prusse Rhénane. Mohl 'Hugo), à Tiïbingue. Lestiboudois & (Gaspard -Thémistocle), à Lille, Noiri. Blume, à Leyde, Pays-Bas. Candolle # (Alphonse de), ri Genève. SCHlMPER^, à Strasbourg, Bas-Rhin. Hooker (Sir William), à Kew, Angleterre. Thuret, à Antibes, Far. Lecoq, à Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme. Section IX. — Economie rurale (10). Bracy-Clark, a Londres. Girardin (o.&), à Lille, Nord. Vilmorin ;§, aux Barres, près Nogent-sur-Vernisson, Loiret. Kuhlmann (o.©), à Lille, Nord. J. Lindley, à Londres. Pierre © (Isidore), à Caen, Calvados. Chevandier #, à Cirey, Meurlhe. Reiset ® (Jules), à Écorchebœuf, Seine-Inférieure. Le Marquis Cosimo Ridolfi, à Florence. Renault (o. &), à Maisons-Àlfort, Seine. Section X. — Ànatomie et Zoologie (10). DuFOUR^ (Léon), à Saint-Sever, Landes Quoy (c.&), à Brest, Finistère. AgaSSIZ, à Boston, Etats-Unis. Eudes-Desloxgchamps £}, à Caen, Calvadt POUCHET Si, à Rouen, Seine-Inférieure. Von Baer, à Saint-Pétersbourg. Carus, à Dresde. NORDMANN à Helsingfors, Russie. PURKINJE, à Breslau, Prusse. Gervais, à Montpellier, Hérault. I ! ETAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES. Section XI. — Médecine et Chirurgie (8). Mii-sii'iirs : Maunoik aîné, à Genève. PaNIZZA, a Pavie. Bretonneau (o. @), à Tours, Indre-et-Loire. Rrodie (Sir Benj.), à Londres. SÉDlLLOT (o.$), à Strasbourg, Bas-Rhin. Guyon (c.$), à Alger. De Vikchow (Rodolphe), à Berlin. Denis (de Commercv), àToul, Meurthe. N Commission pour administrer les propriétés et fonds particuliers de l'Académie. PONCELET. CllEVREUL. Et les Membres composant le Bureau. Conservateur des Collections de F Académie des Sciences. Becquerel. Changements survenus dans le cours de l'année 1861, (Voir à la page i5 de ce volume.) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. '88»'- ■ SÉANCE DU, LUNDI 6 JANVIER 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. RENOUVELLEMENT ANNUEL DU BUREAU ET DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE. L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination d'un Vice- Président qui, cette année, doit être pris parmi les Membres des Sections île Sciences naturelles. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 48 (majo- rité 25), M. Balard obtient 23 suffrages. M. Velpeau a3 » M. Andral i » M. LoNGET I » Aucun des candidats n'ayant réuni la majorité absolue des suffrages, il est procédé à un second tour de scrutin. Le nombre des votants étant 54 (majorité 28), M. Velpeau obtient 27 suffrages. M. Ralard 26 » M. Andral 1 » Aucun des candidats n'ayant encore cette fois réuni la majorité absolue. l'Académie procède à un troisième scrutin. ( '4 ) Le nombre des votants cette fois étant 56 (majorité 29), M. Vfxpeau obtient 29 suffrages. M. Balard 26 » Il y a un billet blanc. M. Velpeau, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé Vice-Président pour l'année 1862. Conformément au Règlement, le Président sortant de fonctions doit, avant de quitter le Bureau, faire connaître à l'Académie l'état où se trouve l'impression des Recueils qu'elle publie et les changements arrivés parmi les Membres et les Correspondants de l'Académie, dans le cours de l'année. M. Milxe Edwards, Président pendant l'année 1861, donne à cet égard les renseignements suivants : Publications de l' Académie. Volumes publiés. » Le tome XXXIII des Mémoires de [Académie a paru dans le courant de l'année 1861, avec son Atlas. Le tome LI des Comptes rendus (2e semestre 1860) a été distribué com- plet, avec ses Tables. Folumes en cours de publication. Mémoires de l'Académie, tome XXVI : il y a quatre-vingt-treize feuilles tirées, deux en épreuves et deux en copie. — Tome XXIX : les deux tiers du volume sont en manuscrit, mais l'impression n'a pas encore pu être commencée faute de fonds. —Tome XXXII : il y a cinquante-huit feuilles tirées et trois en copie. — Tome XXXIV : il y a six feuilles tirées et quinze en copie. » Mémoires des Savants étrangers. —Tome XVI : il y a quatre-vingt-dix- neuf feuilles tirées, une à tirer, trois en épreuves et dix environ en copie. — Tome XVII : il y a soixante-trois feuilles tirées, douze à tirer, huit en épreuves et douze environ en copie. » Les Comptes rendus ont paru, chaque semaine, avec leur exactitude habituelle. Le tome LU (ier semestre de 1861, sera prochainement mis en distribution. ( iS ) Changements arrivés parmi les Membres depuis le Ie 'janvier 1861. Membres élus. » Section de Botanique : SI. Duchartre, le 21 janvier 1 86 1 , en remplace- ment de M. Payer. u Section de Géographie et Navigation : SI. de Tessan, le 1 5 avril 1 86 1 , en remplacement de M. Daussy. » Section de Minéralogie : SI. Daubrée, le 20 mai 1861, en remplacement de M. Cordier. — Sî. IIemei Saixte-Claire-Deville, le 25 novembre |86i, en remplacement de Sî. Bertiuer. » Associés étrangers: SI. le Baron deLiebeg, à Munich (Bavière), élu le i3 mai 1861, en remplacement de SI. Tiedemann. Membres décédés. » SI. Cordier; SI. Bertiuer; SI. Isidore Geoffroy-Saint-Hii aire : SI. TiedemaniV, Associé étranger. Membres à remplacer. » Section d'A natomie et Zoologie : SI. Isidore Geoffroy-Saint-Hieaire. Changements arrivés parmi les Correspondants depuis le 1er janvier 1861. Correspondants élus. » Section de Géographie et Navigation : SI. Givry, le i5 juillet 1861 ; SI. l'Amiral Lutke, le 29 juillet 1861; SI. Bâche,, le 12 août 1861; SI. de Tciiihatcheff, le 19 août 1861. » Section dAnatomie et Zoologie: SI. Gervais, le 12 août 1861; SI. Pik- kixje, le 22 juillet 1861. » Section de Mécanique: SI. Bernard, le i5 juillet 1861. Correspondants décédés. » Section de Médecine et Chirurgie : SI. SIaunoir, le 16 janvier 1861 . — Section de Mécanique : SI. ViCAT, le 10 avril 18G1. — Section d'Anatomie et Zoologie: SI. Bathke, le 1861. ; iG ; Correspondants à remplacer. » Section de Mécanique : M. Eytelweix. » Section de Chimie : M. Liebig, nommé, le i3 mai i 861 , Associé étranger en remplacement de feu M. Tiedemann. » Section d'Astronomie : M. Boxd. » Section de Minéralogie : M. Uubocher et M. Daubbée. » Section de Médecine et Chirurgie : M. Mauxoir. NOMINATION DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE. L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination de deux Membres appelés à faire partie de la Commission centrale administrative. Sur 53 votants, M. Poxcelet obtient 49 suffrages. M. Chevreul 48 » MM. Poxcelet et Chevreul, ayant réuni la majorité absolue des suf- frages, sont déclarés élus. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. « En rendant compte des observations du passage de Mercure sur le So- leil, M. Le Verrier a dit qu'à Marseille le second contact interne aurait dû, suivant les Tables anciennes, avoir lieu à C)b37ra4os » Tandis que M. Simon, Directeur de l'Observatoire de Marseille, avait encore vu Mercure sur le Soleil im4o* plus tard, ci im4o5 c'est-à-dire à 9h3omaos » Tout le monde aperçoit à première vue qu'il faudrait au total 9b3o/lu 20% au lieu de o,h 3om 20*. M. Valz n'a pas pris garde qu'il s'agit d'une simple erreur d'impression, un o ayant été substitué à un 9 : et dans une longue Lettre qu'il a écrite lundi dernier à l'Académie, il en tire une suite de dé- ductions auxquelles il n'y a pas lieu de s'arrêter, puisqu'elles reposent sur une base si futile. » « M. Le Verrier rappelle à l'Académie que la planète @ deM. Chacornac n'avait pas encore reçu de nom, et qu'il en était résulté une discussion dont l'intérêt résidait en ce point qu'il ne fallait pas que, par l'usage d'une no- menclature fautive, on parût admettre que le nombre des petites planètes fut limité. ( '7 » Nos collègues, dit M. Le Verrier, et M. Hind en particulier, nous ont expliqué que l'usage des noms n'impliquait en aucune façon dans leur esprit que le nombre des petites planètes ne tût pas illimité. Ils y voyaient seule- ment un mode avantageux pour désigner les plus gros des astéroïdes. •> La question de principe se trouvant ainsi dégagée, M. Chacornac a prié M. Hind de vouloir bien donner lui-même un nom à la petite planète @. M. Hind a choisi le nom d'Olympia. » ASTRONOMIE. — Sur le système des planètes Mercure, Vénus, la Terre et Mars; par M. Le Verrier. '< Bessel, dans la préface des Tabulée regiomontanœ, place au premier rang, parmi les questions dont la solution importerait à la science, l'examen de cette assertion que la théorie et l'observation seraient complètement d'accord; assertion souvent répétée, mais sans preuves suffisantes à l'appui. C'est cet important problème dont l'examen m'occupe depuis vingt ans. Après avoir rétabli l'accord dans les régions supérieures du système plané- taire par la découverte de Neptune, j'ai cherché si l'harmonie ne laissait rien a désirer dans le système des quatre planètes inférieures Mercure, Vénus, la Terre et Mars. » L'ensemble du travail comportait trois parties distinctes : un nouvel examen des théories, une nouvelle discussion des observations, enfin la comparaison mutuelle des unes et des autres. » Les théories des quatre planètes reposent essentiellement sur le déve- loppement en série de la fonction perturbatrice. Ce développement, que j'ai donné complet jusqu'aux termes qui sont du 7e ordre par rapport aux excentricités et aux inclinaisons, est l'objet du chapitre III de mes Recher- ches astronomiques {Annales de l'Observatoire, tome Ier). Des Tables numé- riques servent à faciliter le calcul des divers termes de la fonction. » Les chapitres XIV, XV, XVI et XVII des Recherches {Annales, t. IV, V et VI) sont respectivement consacrés à l'étude des mouvements de la Terre (ou, ce qui revient au même, du Soleil), de Mercure, de Vénus et de Mars. Dans chacun de ces chapitres, la théorie des perturbations de la planète considérée est donnée dans la première Section. » Dans l'incertitude où l'on était de savoir si l'on pourrait définitive- ment faire concorder la théorie avec l'observation, il importait au plus haut point que l'exactitude des termes des perturbations fût mise hors de doute. C. F.., 1862, 1" Semestre. (T. L1V, N° 1.) ° ( '8 ) Dans ce but, une grande partie du travail et notamment le* points princi- paux ont été traités en double ou même en triple par des méthodes diverses. » Les perturbations de Mercure en particulier ont été établies en entier par deux méthodes distinctes, soit en développant les séries au moyen des formules d'interpolation numérique, soit en s'appuyant sur le développe- ment algébrique de la fonction perturbatrice. Et cela même n'a pas suffi : les termes principaux, les termes séculaires, qui joueront plus tard un rôle tort important, ont été déterminés d'une troisième manière. » Pour vérifier l'exactitude des formules qui représentent 1 action de Vénus sur la Terre, formules extrêmement complexes, j'ai déterminé l'effet des perturbations pour une certaine période de temps par le moyen fies quadratures numériques, et constaté que le résultat ainsi obtenu cadrait avec celui qu'on déduit des formules générales. » Tous les termes séculaires ont d'ailleurs été formés de deux manières différentes. >i En raison de ces précautions multiples, les théories des perturbations peuvent être considérées comme exactes, et ce n'est pas dans ces théories qu'il faudra chercher l'explication des difficultés ultérieures, s'il vient à s'en produire. » Les Observations à leur tour ont dû être l'objet d'un examen sévère et d'une discussion étendue qui nous a entraîné beaucoup plus loin que nous ne l'avions d'abord soupçonné. » Les positions du Soleil et des planètes sont, par l'observation, rapportées aux positions des étoiles. S'il existait dans les catalogues de ces dernières des erreurs systématiques, elles influeraient sur les positions observées des planètes elles-mêmes auxquelles on attribuerait des erreurs qui appartien- draient eu réalité aux étoiles. Ainsi, on s'exposerait à perdre le fruit de l'exactitude portée partout ailleurs dans la discussion. J'ai donc dû, avant tout, réviser les positions îles étoiles fondamentales. » On ne gagnerait rien à remonter pour les observations méridiennes au delà de Bradley. Les observations de cet éminent astronome ont été réduites par Bessel dans son célèbre ouvrage intitulé : Fundamenta astrono- miœ uro anno MDCCLV. Je me bornerai à rappeler ici que j'ai trouvé, soit dans la détermination de l'état de l'instrument de Bradley, soit dans les positions conclues pour les étoiles fondamentales, de nombreuses inexacti- tudesqui m'ont obligé à reprendre tout le travail de la détermination des ascensions droites des étoiles fondamentales. Les résultats de cette nouvelle discussion sont donnés dans le chapitre X des Recherches [Annales, tome II). ( «9) « A la suite de ce chapitre viennent, pour tout un siècle, de 1750 a 1800 : » i° Des tables de la nutation et de l'obliquité de l'écliptique. » 20 Des tables des ascensions droites moyennes des étoiles fondamen- tales. » 3° Des tables pour le calcul des ascensions droites apparentes de ces mêmes étoiles fondamentales. » 4Q L'heure delà pendule de Bradley «le 1760 à 1762, déduite des passages des étoiles fondamentales. " Dans une addition au chapitre XII (Annales, tome 111), l'heure de la pendule de Greenwich est calculée de 1763 à i83o pour tous les jours où des passages de planètes ont été observés, ce qui permet de conclure les ascensions droites de ces astres, rapportées avec certitude à un même cata- logue et à un même équinoxe. On y trouve également les ressources néces- saires pour réduire les plus importantes observations du Soleil faites à Rœnisberg de i8r4 à i83o. • Les observations faites a Paris, a partir de l'an 1800, ont été traitées avec une attention particulière. Les résultats de leur discussion sont publiés dans une série spéciale des Annales. » Les observations du Soleil, de Mercure, de Vénus et de Mars sont rap- portées dans la troisième SECTION des chapitres qui concernent ces astres. » Les observations du Soleil puisées dans les registres de Greenwich, Pans et Kœnigsberg sont au nombre de près de 9000. Certes je n'avais pas pensé, en commençant ce travail, qu'il dût prendre un tel développement. Mais la discussion de 35oo observations du Soleil avait indiqué entre la théorie et l'observation des écarts qui, suivant la confiance qu'on accordait alors à l'exactitude des observations, pouvaient être rejetés sur la théorie. Taudis qu'en employant toutes les observations faites pendant un siècle et rétablissant la suite des résultats, j'ai mis au jour, dans les moyennes des observations, des solutions de continuité notables, ignorées jusque-là et qui exigent qu'on diffère de prononcer sur la signification définitive de quel- ques difficultés Ce serait a tort qu'on attribuerait ces solutions de conti- nuité uniquement aux observateurs : très-certainement les dispositions des instruments et celles des salles d'observation y ont une grande part. » Les observations les plus importantes de Mercure consistent dans les passages de la planète sur le Soleil. Tandis que les observations méridiennes sont la base essentielle de toute étude faite sur Vénus et Mars. « La comparaison de la théorie avec les observations est la partie la plus 3.. ( ao) délicate du travail. Nous serions entraînés trop loin si nous voulions en rendre compte ici. Chaque point, en effet, demanderait à être traité com- plètement pour avoir nu sens net et précis. C'est pourquoi, laissant de côté fout ce qui concerne l'exacte détermination des éléments des orbites, nous allons nous attacher exclusivement à la recherche des masses des pla- nètes. II convient de résumer à cet égard les divers résultats. Comme on les a successivement obtenus, leur discussion n'a pas pu être complète ; maintenant que nous sommes eu possession de l'ensemble des documents, nous la reprendrons avec avantage. » Nous avons représenté, à l'origine de nos recherches, les masses des quatre planètes inférieures parles formules suivantes : i + v (0 Mercure m = - 3 000 000 I , / Vénus m' = 7 — 57-j 4oltM7 La Terre m" = Mars m'" = 354g36 1 -+- y'" 2680337 v, v étant des indéterminées. » L'action de Mars n'a d'effet sensible que sur la position de la Terre; c'est donc surtout par la considération des observations du Soleil que cette masse peut être déterminée. Au premier abord, il est vrai, on serait tenté de recourir aux observations des conjonctions inférieures de Vénus, ou à celles des oppositions de Mars. Dans ces circonstances, en effet, les perturbations que Mars produit dans la longitude de la Terre, se reflètent dans les posi- tions apparentes des planètes; et, de plus, leur effet se trouve considérable- ment accru. Mais il est facile de reconnaître que les oppositions de Mars ne peuvent être d'aucun usage pour la détermination de la masse de cette planète. Au moment de ces oppositions les longitudes moyennes de Mars et de la Terre étant à peu près égales, les termes des perturbations de la Terre qui dépendent de la différence des longitudes moyennes /' et /" disparaissent ; tandis que les termes qui dépendent des arguments de la forme (n ■+- 1) /'" — 'd", etqui sont du premier ordre par rapport aux excen- tricités des orbites, se confondent sensiblement avec l'équation du centre. On venait de même que les oppositions de Mars ne pourraient pas non plus servir à la détermination de la masse de la Terre par la considération des perturbations périodiques de la longitude de Mars. ( 21 ) » Vénus de son côté a présenté dans l'observation de ses conjonctions* intérieures quelques difficultés, par suite desquelles il n'eût pasété prudent de vouloir déduire de ces conjonctions un trop grand nombre d'inconnues. » Les observations méridiennes du Soleil, faites d'une part de it5o à 1810 et de l'autre de 1 8 1 1 à i85o, m'ont donné pour le calcul de l'indé- terminée v" dont dépend la masse de Mars les conditions (Annales, t. [\ . P- 95) 1760-1810... 2 123"'/' + 567" v'+ IO"v-|- 257",/| = 0, i8ii-i85o... 2472" v"-t- 376V- 2"v + 2i6,4=o. » Chacune de ces conditions dépend d'un très-grand nombre d'observa- tions; et comme elles sont à peu près identiques, on doit considérer comme très-exact le résultat auquel elles conduisent. On tire de leur somme (2) V'"= — O, Io3l — O,205 V' — 0,002V. INous verrons bientôt que v' est une très-petite fraction, et en conséquence nous pouvons regarder comme légitime et suffisante l'hypothèse ut p v = — 0,1 o5, introduite dans les théories traitées après celle du Soleil etdans lesquelles n'a pas reparu l'inconnue v'". Lorsque v' et v nous seront connues, la formule précédente donnera la valeur définitive de v'". » L'action de Mercure sur la Terre est peu considérable: en un siècle elle ne s'élève guère à une quantité supérieure à l'incertitude d'une moyenne d'observations du Soleil. Et, en effet, nous avons reconnu dans leChap.XIV (t. IV, p. g5 ) qu'on ne peut rien tirer des observations du Soleil pour la connaissance de la masse de Mercure. » Mais Mercure introduit dans l'excentricité et dans le périhélie de Vénus des termes séculaires qui, en cent années, deviennent tres-sensibles, et qui nous donneraient la masse de Mercure avec précision si les observations méridiennes des conjonctions inférieures de Vénus, faites par Bradley, n a- vaient renfermé l'erreur systématique que nous y avons trouvée, ou bien encore si Horoccius nous avait transmis l'heure précise de l'entrée de Vénus sur le Soleil en i63q. » Quoi qu'il en soit, nous avons conclu de la considération des longitudes de Vénus les conditions (chap. XVI, t. VI, p. 73, 76 et 91 (N) Passage sur le Soleil (1639) 27",4v-+-46",3v'+5i",6v"+i8",6=o, ^Infc— ... ~^a^ S «75'i-i76i <4,3v+25,5v'4-27,7v"- Observât, méridien :0, (Q)j \ 1766-1830 7,8v-+- 9, 2v'+t5, 3v"-+- 3,7=0. ( 2* ) Nous avons d'ailleurs dit, p. 92, pourquoi, en tenant compte du degré pro- bable d'exactitude des constantes des équations, il semblait convenable, pour former la condition définitive propre à donner la valeur de v, de diviser par 4 tous les termes de l'équation (N), et d'ajouter l'équation ainsi obte- nue aux équations (P) et (Q) : ce qui donne la condition 29",ov + 46",3v'-H 55",9v" -+- io",o = o. .- Les coefficients dev' et v" dans cette relation sont considérables: et*si on ne l'emploie pas à la détermination de ces arbitraires, c'est parce que v nous est totalement inconnu et que nous n'avons aucune autre condition pour en estimer la valeur. Il ne sera toutefois possible d'en conclure la masse de Mercure que lorsque les masses de Vénus et de la Terre dont elle dépend auront été fixées. On aura alors (3) v = — o,345 — 1,597 V'— 1,928 V". » La masse de Vénus s'obtient de plusieurs manières. » Le mouvement séculaire de l'obliquité de l'écliptique fournit la rela- tion (Chap. XIV, Annales, t. IV, p. 52) : 28",88v' + o",83v" + o",53v -t- i",8i = o. » Cette relation attribue à v' une valeur négative, et nous avons montré (Chap. XV, t. V, p. joi) qu'il ne serait pas possible de poser v' — -+- o, 1 sans introduire entre les valeurs de l'obliquité calculée et de l'obliquité observée une différence notable, croissant progressivement avec le temps et s'élevant à 4">6 dans l'espace d'un siècle. La suite des observations de l'obliquité de l'écliptique et leur concordance semblent exclure la possibi- lité de telles erreurs. 1 En faisant v" — — 0,1, la relation précédente donne (4) v' = — o,o5gS — o,oi83 v. » En second lieu, la considération des perturbations périodiques de la Terre, produites par Vénus, nous a conduit (Chap. XIV, t. IV, p. 94), aux deux relations (1750-1810)... 8539" v' — i4o"v" — 39"v — 6",o = o, ,1811-1 8 5o . . . 780 'V v' 4- 1 63" v'" - 23" v -+- 85", 1=0. En raison de la grandeur des coefficients de v'. ces relations sont presque ( a3 ) identiques. Elles deviennent, en y posant v'" = — o, i , 8539" v' - 3c," v -+- 8",o= o. 78o3"v'-23"v-f-68",8 = o. » On voit qu'en faisant v' = + 0,1, il resterait en définitive dan? ces équations des erreurs énormes, tandis qu'elles donnent au contraire la va- leur moyenne (5) v' = — 0,0047 +o,oo38v. " Nous avons en troisième lieu tenu compte, dans le chapitre XV, de l'effet de l'action de Vénus sur les positions apparentes de Mercure, en rai- son des perturbations périodiques qu'elle produit sur celte planète et sur le Soleil, et des inégalités séculaires qu'elle introduit dans les éléments de l'or- bite du Soleil. Nous avons trouvé ainsi (t. V, p. g3), (6) v' = — 0,0228 — 0,01 32 v — 0,002827, x étant en secondes sexagésimales la correction de la position du nœud de l'orbite trouvée pour i85o. On ne peut répondre de cette indéterminée r à 5" ou même 10" près. » Enfin, la discussion des latitudes de Mars nous a conduit aux deux relations (Chap. XVII, t. VII), -+- o", 1222 y' — o",ooio v -+- o",ooo3v" — o",i3i 1 v,v -+- o",oo565 = o, — o ,2.56o v' — o ,0069 v — o ,0682 v — o ,3yi5 v,T — o ,00577 = o. Nous avons reconnu que ces relations sont très-précises. En retranchant de la seconde la moitié de la première, on trouve — o",3i 7 1 v' — o",oo6/j v — o",o683 v" — o",3o6o v,T — o", 00860 = o, et l'on en tire (7) v'= — 0,0271 — 0,0202 v — o,2i53v" — o,g65ov'v. » Rappelons d'ailleurs qu'il serait impossible de supposer ■/ = ■+■ o o5 sans introduire dans les latitudes théoriques de Mars des erreurs inadmis- sibles. » En prenant la moyenne des quatre valeurs que nous venons d'obtenir ( ?4 ) pour v' et négligeant les termes en t, v" et vlv, on obtient (8) y' = — 0,0286 — 0,0120 v. » Nous remarquerons, avant (Je poursuivre, qu'on tire, avec une exacti- tude suffisante, des relations (2), (3) et (8) v = — o,3o5 — 1,97 V", (9) V' — — 0,025, v'"= -0,097. » Soient actuellement : m"0 la masse delà Terre proprement dite, abstration faite delà Lune; /jl m"n la masse de la Lune; m" la somme des masses de la Terre et de la Lune. C'est cette dernière quantité qui doit figurer dans le calcul des perturbations planétaires, ou, par abréviation, on donne le nom de Terre à la réunion de la Terre propre- ment dite et de la Lune. » La comparaison de la chute des graves vers le centre de la Terre avec la chute de cette planète vers le Soleil donne, en désignant parc/ la parallaxe équatoriale du Soleil : H (10) log^ = 9,64520, et, en admettant la valeur de la parallaxe équatoriale (11) ce qui est l'hypothèse la plus for- cée qu'on puisse faire, il resterait encore v" = -+- o, 1 18. » Sans nous arrêter à quelques détails, nous compléterons toutes ces données en rappelant que nous avons trouvé dans le périhélie de Mercure un excès de mouvement très-notable et dont on ne pourrait rendre compte par l'action des planètes connues qu'en posant (Chap. XV, t. V, p. 100) 288V + 87V = + 38",3. Aujourd'hui, plus encore qu'à l'époque où nous avons donné cette relation, il est impossible d'y satisfaire en disposant de l'indéterminée v'. En rempla- çant cette indéterminée par sa valeur ci-dessus v' = — 0,025, îl reste la condition 87"v"= +45",5; et, comme il n'est pas admissible qu'on puisse augmenter la masse de la Terre de la moitié de la valeur qui lui a été attribuée, on se trouve dans l'obligation d'expliquer la plus grande partie de l'excès du mouvement du périhélie de Mercure par quelque action étrangère. » Ainsi, les difficultés sérieuses qu'on rencontre dans les mouvements des quatre planètes inférieures se réduisent à trois principales, savoir : i° l'excès du mouvement du périhélie de Mars; 20 l'excès du mouvement du nœud de l'orbite de Vénus; 3° l'excès du mouvement du périhélie de Mercure. » Les deux premières difficultés, savoir les excès des mouvements du pé- rihélie de Mars et du nœud de Vénus, paraissent provenir de la même source. L'une et l'autre semblent accuser la nécessité d'un accroissement dans la masse de la Terre, ce qui indiquerait que la cause perturbatrice serait placée entre les deux planètes qui en éprouvent l'effet. Mais s.'en- suit-il qu'il faille en réalité augmenter la masse de la Terre? ou bien faut-il détacher d'elle la matière dont l'action a paru jusqu'à un certain point con- forme à celle d'une masse égale au dixième environ de la Terre? Et dans ce dernier cas comment serait distribuée cette matière étrangère à la Terre? 4.. ( =>8 ) » Parmi les objections qui semblent ne pas permettre de joindre à la Terre elle-même cette matière supplémentaire dont nous avons besoin pour rétablir l'harmonie, on doit remarquer la suivante. Si l'on augmentait d'un dixième la masse totale de la Terre et de la Lune, la masse de la Terre elle-même se trouverait accrue dans le même rapport; et la relation (10) qui lie entre elles la gravité à la surface de la Terre, la masse de notre pla- nète et la parallaxe du Soleil, ne serait plus satisfaite, à moins qu'on n'aug- mentât d'un trentième la valeur de la parallaxe du Soleil. » Ces difficultés disparaîtront si l'on admet que la matière perturba- trice soit distribuée entre un nombre considérable d'astéroïdes tels que ceux qui existent entre Jupiter et Mars, et dont on n'aperçoit sans douteque les plus gros, ou tels que ceux dont l'observation de chaque jour constate la présence à une distance du Soleil sensiblement égale à celle de la Terre. Un tel système de corpuscules agira surtout sur le périhélie d'une planète dont l'excentricité sera considérable et lui imprimera un mouvement direct : il troublera moins ou même ne troublera pas du tout l'excentricité. Ce sera seulement dans le mouvement du périhélie, attribué exclusivement aux termes qui dans les formules ne dépendent pas de la longitude de cet élément, qu'on pourra chercher un renseignement sur la masse totale de ces corpuscules. » Mais, dans cette hypothèse, doit-on attribuer la totalité des excès de mouvement observés au groupe des astéroïdes situé à la même distance du Soleil que la Terre, ou au groupe dont font partie les petites planètes découvertes entre Mars et Jupiter? ou bien enfin l'un et l'autre groupe ont-ils une action sensible? Ce sont des questions complexes et qu'il serait impossible de trancher aujourd'hui avec les données dont on dispose. N'ayant aucun moyen d'estimer séparément les actions des deux groupes, on peut seulement assigner à leurs masses des limites supérieures, en attribuant successivement à chacun de ces groupes tout l'excès du mouvement du périhélie de Mars. •> Désignons par m' une petite masse se mouvant autour du Soleil dans une orbite dont l'excentricité soit e' et la longitude du périhélie 4340000 Masse de Vénus m' — -. =- ■> 412 i5o Masse de la Terre m" = Masse de Mars m'" = 354 o3o 2 968300 ( 3i ) » Avec ces divers éléments, je suis parvenu à construire des Tables du Soleil, de Mercure, de Vénus et de Mars, qui représentent toutes les ob- servations faites depuis un siècle, et les observations antérieures, notam- ment les passages de Mercure sur le Soleil. Ces Tables ont toutes été adop- tées pour la rédaction du Nautical Almanac. » En i83o encore, les Tables sur lesquelles on construisait les éphémé- rides astronomiques du Soleil et des planètes étaient toutes françaises. Mais, depuis lors, la moitié d'entre elles avaient été remplacées, même en France, par des Tables allemandes. Nous sommes sortis aujourd'hui de cette situa- tion regrettable. » M. FrouRExs présente à l'Académie un volume intitulé : Mémoires et Souvenirs de Aucjustin-Pyramus De Candolle, Associé étranger de l'Académie, volume que vient de publier M. Alphonse De Candolle. « Ces Mémoires de l'un des plus grands naturalistes de ce siècle seront, dit M. Flourens, lus avec un immense intérêt par tous ceux qui cultivent la science avec un esprit élevé. » Dans une préface qui lui est propre, M. Alphonse De Candolle juge, avec un rare discernement, son père et les services qu'il a rendus. De Candolle, venu à une époque où la science semblait se perdre dans les dé- tails, comme avant Linné, sut tout ensemble généraliser les faits et les con- denser; la botanique avait besoin encore une fois d'un législateur; et, comme le dit excellemment son fds : « Cet homme heureux, après Linné, fut De Candolle. » M. Elie de Beaumont fait hommage, au nom de Madame veuve Dufrénoy, d'un relief du Vésuve exécuté par feu M. Dufrénoy, et en son propre nom d'un relief de l'Etna exécuté par lui. M. Élie de Beaumont fait hommage à l'Académie, au nom de l'auteur M. Plana, d'un Mémoire de l'illustre astronome contenant l'observation faite par lui à Turin, le 12 novembre dernier, du passage de Mercure sur le disque du Soleil. astronomie. — Sur i éclipse du 3i décembre 1861 ; extrait dune Letlrt de M. Petit à M. Élie de Beaumont. « Un assez beau temps m'a permis d'observer, avec beaucoup de préci- ( 3a ) sion, je crois, le commencement de l'éclipsé de Soleil du 3i décembre i86r, à i1* 58m 4^is;3 1 (temps moyen de Toulouse). » Des nuages survenus pendant la durée du phénomène et les ondula- tions atmosphériques très-intenses au voisinage de l'horizon m'ont gêné pour la détermination de la fin, que j'ai observée, avec un peu d'incerti- tude, à 4h nm3?.s,48. •• Deux taches étaient voisines du bord qui a été mordu le premier ; l'une fort petite, que les nuages m'ont empêché de voir disparaître-, l'autre assez belle et dont le noyau s'est trouvé complètement occulté à 2hiom25s,24. » Le grossissement linéaire de ma lunette était égal à 55. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIOLOGIE. — Détermination graphique des rapports du choc du cœur avec les mouvements des oreillettes et des ventricules ; par MM. Chabveaii et Mahey. (Deuxième Note.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Flourens, Rayer, Bernard.) « Dans un travail récent, nous avons eu l'honneur d'exposer devant l'Académie des expériences destinées à fixer les physiologistes sur la véri- table théorie des mouvements du cœur. On sait qu'à l'aide d'un instrument enregistreur, nous avions mis le cœur lui-même en état de signaler chacun de ses actes principaux avec son moment d'apparition et de durée. Nous enlevions ainsi à l'idée préconçue et à l'illusion des sens toute part dans l'interprétation des faits. » M. Beau a soulevé contre nos conclusions des objections auxquelles nous allons répondre pour lever les doutes qui pourraient rester à la suite d'une démonstration sans doute insuffisante. .. Pour rappeler en quelques mots les résultats fournis par nos premières expériences, voici ce qui exprimaient les tracés que nous avons présentés. 'Voir la séance du 7 octobre 1861 .) » Ces tracés montraient : » i° Que la systole de l'oreillette commence et finit avant celle du ven- tricule. » a" Que la systole du ventricule et la pulsation cardiaque (choc du cœui commencent et finissent toutes deux simultanément. » Nous pensions que cette démonstration suffisait pour prouver que la pulsation cardiaque ne saurait être l'effet de la systole auriculaire qu'elle (33 ) suit de trop loin; tandis que le synchronisme parfait de cette pulsation avec la systole du ventricule montre qu'elle est entièrement sous sa dépendance. » Dans la théorie actuelle de M. Beau, telle qu'elle est exprimée dans les dernières publications de cet auteur, le battement ventriculaire serait pro- duit par la diaslo-systole dn ventricule; c'est-à-dire qu'il se compose de deux chocs, l'un diastolique, l'autre systolique, se suivant de très-près : de si près même, que pour l'observateur ils ne font qu'un seul et même choc attribué à tort à la systole du ventricule. » Au nom de la logique, M. Beau demande à nos tracés la manifestation d'une diastole ventriculaire sous l'influence de la systole de l'oreillette. Nos tracés n'accusant pas ce mouvement, cet auteur est en droit de nous demander : « Que devient donc l'ondée lancée par l'oreillette? » » Pour nous, la dilatation du ventricule par l'oreillette est un phéno- mène accessoire qui n'est pas même nécessaire à l'accomplissement d'une circulation énergique. Lorsque le ventricule est déjà rempli par le retour du sang veineux, l'effet que produit sur lui la systole de l'oreillette est si peu intense, que nos premiers appareils ne le signalaient pas. Mais, en présence de cette légitime réclamation, nous avons dû remédier à l'insuffisance de nos précédentes expériences. En donnant plus de sensibilité aux instruments, nous avons pu signaler la diastole du ventricule et avec elle tous les petits mouvements accessoires qu'éprouve le sang dans les cavités du cœur et même jusqu'à ce léger ébranlement que produit le claquement des valvules C. F... 186:. i" Semestre (T. I.IV, N° I.) ( 34 ) » Nos tracés étant cette fois grandis clans leur amplitude et leur durée, nous avons dû restreindre à un et demi le nombre des battements du cœur représenté; du reste, dans cette figure, les trois lignes superposées ont la même signification que dans celle que nous avons déjà donnée dans notre précédent article. » La ligne O indique les mouvements de l'oreillette, la ligne V ceux du ventricule, et la ligne C les pulsations cardiaques. La description déjà don- née s'applique donc à ce nouveau tracé; seulement nous montrons aujour- d'hui certains détails nouveaux. » Ainsi, les lignes verticales SO, qui dans les trois tracés correspon- dent aux débuts des systoles de l'oreillette, sont partout suivies d'une ondu- lation due à cette systole elle-même. On peut voir sur le tracé O, dans lequel un appareil très-sensible enregistre les mouvements de l'oreillette, que le moment de la systole est accusé par une élévation de pression très- bien caractérisée. Dans le tracé du ventricule (ligne V), cet effet est égale- ment visible, mais moins que pour l'oreillette, à cause d'une sensibilité moindre de l'instrument. Enfin, sur la ligne C, qui indique les battements du ventricule contre la paroi thoracique, on voit que la diastole ventricu- laire se traduit par un battement léger. » Le synchronisme de ces trois mouvements montre bien qu'ils ont la même origine : la systole de l'oreillette qui élève la pression du sang dans le ventricule et le dilate. » Cette diastole ventriculaire est complètement finie quand apparaissent la systole et le battement énergique qui lui correspond. Ces mouvements, dont le début est signalé par la ligne SV, sont tellement distincts des précé- dents, que nous croyons impossible de les confondre en un phénomène unique. » Il nous paraît évident que la systole ventriculaire et le choc qui l'ac- compagne correspondent seuls au battement puissant que la main ressent quand elle est appliquée sur le cœur. » Quant à la supposition d'une translation lente et graduelle du sang de l'oreillette dans le ventricule, c'est une hypothèse faite par M. Beau poul- ies besoins de la théorie qu'il défend. Outre qu'un tel retard semble à priori impossible pour le cas de deux cavités contigués communiquant par un large orifice, l'inspection de la figure montre bien qu'il y a synchro- nisme entre la systole de l'oreillette et la diastole du ventricule qui lui cor- respond. » Nous ne pousserons pas plus loin la réfutation des objections qui ( 35 ) nous ont été faites, notre but étant moins d'y répondre que de compléter une démonstration cpii nous semblait être insuffisante. » ANATOMIE comparée. — Note sur un orcjcine particulier du cerveau des Mormyres; par M. Marcusen. (Commissaires, MM. Milne Edwards, Valenciennes, Claude Bernard.) « M. Erdl a été le premier qui, dans une communication faite à l'Aca- démie de Munich en 1846, fit connaître une organisation tout à fait parti- culière du cerveau des Mormyres; un développement extraordinaire de sa partie supérieure, sa grandeur et surtout les circonvolutions qui s'y mon- trent, présentent un état tout à fait différent de celui du cerveau des au- tres poissons. » Depuis, j'ai donné, en 1 853, dans un travail présenté à la Société de Biologie de Paris et à l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, une courte Note sur le même sujet, dans laquelle j'ai nommé ces parties supé- rieures cjr and cerveau ; mais en observant en même temps que ces circonvolu- tions et par conséquent toute la partie supérieure du cerveau n'étaient que des excroissances solides de la partie du cerveau située au-dessus et sur les côtés des lobes optiques, et qu'il n'y avait pas de ventricules latéraux (par- tie essentielle du cerveau des animaux vertébrés supérieurs); comme l'avait pensé Erdl, j'avais nommé les parties situées derrière les lobes optiques, sous lesquelles passe l'aqueduc de Sylvius, corps quadrijumeaux; je les avais trou- vés formés par une masse placée entre le cervelet et les lobes optiques, qui donnait elle-même des excroissances cylindriques en haut, en arrière jus- qu'au-dessus des lobes optiques, c'est-à-dire jusqu'à la partie qui produit ce que j'avais nommé grand cerveau. » M. Ecker est venu après moi, en 1 854, donner une description du cerveau du Mormyrus bané (qu'il croyait être un Mormyrus cyprinoides Lin., une erreur qui avait été déjà corrigée par M. Valenciennes : le Mormy- rus cyprinoides Lin. est le Mormyrus labialus Geoffr.), et il avait émis l'opi- nion que ce que j'avais nommé grand cerveau n'était que des corps qua- drijumeaux, qui non-seulement se trouveraient au-dessus de l'aqueduc de Sylvius, entre le cervelet et les lobes optiques, mais qui par un développe- ment excessif formeraient les circonvolutions et toute la partie antérieure et supérieure, du cerveau. Les dernières prendraient racine dans une partie 5.. ( 36) située au-dessus des lobes optiques, mais dont la partie moyenne inférieure serait placée entre les lobes optiques. » Par la découverte que je viens de faire, je vois que M. Ecker et moi nous nous sommes trompés tous les deux , et que ce cerveau si bizarre, cette exception surprenante du développement génétique des organes dans la série des animaux vertébrés, n'est qu'un cerveau ordinaire de poisson, qui contient encore un organe particulier dont le développement excessif nous étonne, mais qui n'appartient pas au cerveau proprement dit. » Voici ce que l'on trouve en examinant particulièrement ces excrois- sances : Au-dessus de l'aqueduc de Sylvius, en avant de la partie posté- rieure du cerveau (cervelet), on voit une masse grisâtre qui est terminée en haut par une petite excroissance cylindrique, et au-devant d'elle, séparée par une fente transversale, se trouve une autre excroissance en forme de langue, dirigée en avant et en haut; sous la dernière la masse grise en donne en avant trois : une supérieure, une médiane, et devant la dernière se trouve l'inférieure; une excroissance cylindrique qui prend aussi racine dans la masse grise mentionnée ci-dessus et qui est dirigée de bas en haut et d'avant en arrière. Devant et en dessus de la dernière il y a un lobe central, et des dernières proviennent toutes les excroissances en forme de feuillets minces, qui forment les circonvolutions; ces feuillets s'élèvent, se plient, se replient plus ou moins d'après les différents genres de Mormyres. Ainsi les Mormyrus oxyrliynclws, longipiunis, cascliive, etc., ont le plus grand dé- veloppement de ces parties; les Banés le plus petit; entre les Mormyrus oxyrhynchus et les Banés sont placés les Mormyrus dorsalis, les Mormyrops (Mormyrus cyprinoides Lin.). Toute la masse grise devant le cervelet est gyrogène, excepté une couche blanchâtre au-dessous de la masse grise, se trouvant au-dessus de l'aqueduc de Sylvius et provenant de la moelle allon- gée qui se dirige en avant sous la forme de pédoncules. » Voici la preuve de ce que j'ai avancé plus haut : » Si l'on examine avec attention les excroissances ci- dessus décrites, on voit que toutes montrent une couche blanche à la partie externe. Sous celle-ci se trouve une couche grisâtre, et sous la dernière on voit une couche blanchâtre. » Si l'on examine au microscope la couche blanche externe, on voit qu'elle ne contient rien des parties élémentaires essentielles au système ner- veux, c'est à-dire, ni fibres uerveïises, ni corps ganglionnaires. Mais on aperçoit que ces excroissances sont implantées dans la couche grise sous- jacente au moyen de pédicules allongés et minces, et qu'elles sont constituées (37 ) par une masse tout à fait particulière. Elle est transparente et consiste en fibres grisâtres, placées parallèlement les unes près des autres, qui montrent quelque chose dans le genre de stries transversales, tellement que leur aspect nous rappelle les fibres primitives musculaires. Les fibres ont une direction transversale au diamètre de la longueur des feuillets. A l'œil nu deux feuillets ont toujours l'air de former une anse. Mais au microscope on voit que ce sont toujours deux feuillets qui sont réunis ensemble, que c'est tin tissu conjonctif qui les réunit, et que ce n'est pas un seul feuillet qui retournerait en forme d'anse. » Chaque feuillet a, du côté externe, une sorte de gaîne très-mince, formée par un tissu conjonctif, qui montre dans une substance homogène, transparente, un peu granulée, des noyaux (corps de tissu conjonctif) ronds ou oblongs , dont le grand diamètre est placé le long du feuillet , et croise par conséquent la direction des fibres de la masse particulière des feuillets. Les deux feuillets qui forment l'anse apparente sont séparés de leurs voisins par des prolongements de la pie-mère qui passe entre eux. Mais aussi les deux feuillets formant une anse sont séparés entre eux par une fente longitudinale, dans laquelle se trouve du tissu conjonctif. Dans la masse des feuillets et aussi dans celle du tissu conjonctif qui sépare une anse de l'autre, on voit des capillaires en grand nombre. » Le tissu gris situé sous la couche blanche est constitué par une masse transparente dans laquelle se trouvent des noyaux ronds, luisants, à contours noirs très-prononcés, sans nucléoles, placés si près l'un de l'autre, que c'est à peine si l'on distingue la masse dans laquelle ils se trouvent. Ils ressemblent beaucoup à ces noyaux que l'on voit en si grande quantité dans les centres nerveux pendant le temps deleurdéveloppement,et que l'on trouve en grand nombre pendant toute la vie dans la moelle épinière des grenouilles. (Kolli- ker les regarde comme des corpuscules ganglionnaires; Bidder et ses élèves comme des corps de tissu conjonctif. ) C'est dans ce tissu que se trouvent les racines des excroissances sons forme de pédicules minces. Ce tissu à noyaux couvre-t-il en couche très-miuce les excroissances? Je ne peux pas l'affirmer, mais quelquefois cela paraît être ainsi. La couche grise se voit à côté de la base de l'anse et au milieu en forme de monticule. » Sous la couche grise à noyaux ronds, on voit la couche blanchâtre, composée défibres qui commencent comme toutes les excroissances dans la masse grise au-dessus de l'aqueduc de Sylvius. La direction des fibres de la couche interne, moyenne et externe est selon la forme et la direction des corps ( 38 ) qui en proviennent. Ainsi, dans les cylindres, la couche externe se montre eu forme de cercle entourant le cylindre et l'enveloppant de tous cotés. » Si l'on ôtail toutes ces excroissances, il nous resterait un cerveau pas plus développé qu'un autre cerveau de poisson. Mais à quoi servent ces excrois- sances? Je n'en sais rien. Peut-être qu'elles jouent un rôle dans l'ouïe de ces animaux, car l'organe de l'ouïe, si développé chezles Mormyres, est placé en partie dans des sillons de la partie du cerveau qrii montre les circonvo- lutions, c'est-à-dire ces excroissances particulières, et la vessie ovale qui fait partie de l'ouïe, un organe qui ne se rencontre que chez les Mormyres et le Gymnarchus est placé dans une fossette qui se trouve dans la partie latérale du lobe postérieur de ce cerveau. Mais à quoi serviraient les feuillets avec leurs fibres à stries tranverses? Serait-ce pour propager ou modifier le son? Des recherches ultérieures montreront peut-être que la couche interne, composée de fibres, se trouve en rapport intime avec les racines du nerf auditif. » HYDRAULIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur l'influence retardatrice de la courbure dans les courants d'eau; par M. de Saint- Vexant. (Commissaires, MM. Poncelet, Delaunav, Clapeyron.) « Un coude, bien qu'arrondi, d'un tuyau de conduite, ou un tournant prononcé d'un canal découvert, oppose à l'écoulement une certaine résis- tance en sus du frottement que les parois exercent dans les parties droites comme dans les parties courbes. » Pour évaluer cette résistance additionnelle due à la courbure, on ne possède encore (à notre connaissance) que les expériences de Dubuat. Il les a faites avec divers tuyaux coudés, de i pouce et de a pouces de dia- mètre, en mesurant les augmentations de charge d'eau nécessaires pour \ faire prendre au fluide la même vitesse que dans des tuyaux entièrement droits de même longueur et de même grosseur. Et, pour en représenter les résultats par une formule où il n'y ait qu'une constante numérique à déter- miner,'il regarde, conformément à la théorie ordinaire du choc des fluides, la résistance ou plutôt la force vive qu'elle fait perdre ou la charge h qui la surmonte, comme proportionnelle : i° au carré de la vitesse moyenne U de l'eau; 20 au carré du sinus de l'angle ë sous lequel le filet moyen delà partie droite d'amont irait, en se prolongeant dans la partie courbe, frapper la paroi concave de celle-ci; 3° au nombre ride fois que l'angle de déviation totale du courant contient le double de cet angle ê, nombre qui serait celui ( 39) des bricoles faites par le même filet s'il allait se réfléchir sur la paroi sous un angle égal à celui d'incidence, jusqu'à ce qu'il prît à peu près la direction de la partie droite en aval de la courbe. La formule, dont il montre l'accord avec les expériences faites dans les meilleures conditions, est donc , , 7 IPsin'g ( i ) h = n ? <■ ' m m étant un nombre qu'il fait ±= 3ooo pouces ou 8im,2i. » Dubuat la regarde comme applicable à des tuyaux de grosseur quel- conque et même aux rivières, parce qu'il en est, observe-t-il, de la charge ou de la pente h comme de celle qui communique la vitesse à l'entrée non évasée d'un tuyau ou d'un canal (ou de celle qui conserve la vitesse après un étranglement suivi d'un élargissement brusque) et « où la grandeur du » lit n'entre pour rien. » » Si l'on admet cette formule, on peut facilement la transformer pour n'avoir à mesurer ni l'angle de bricole S, ni le nombre n des bricoles fic- tives, et pour n'opérer que sur les données directes relatives à chaque cas. Appelons : » L la longueur de la partie courbe, mesurée sur l'axe; » l sa largeur (la même chose, pour un tuyau, que son diamètre) ; v r le rayon de courbure de l'axe, et r' = r -\ — l celui de l'arc exté- rieur. On a L are d'où (2) n = ? ou /• = r -r- - L Sous cette forme elle s'étend au cas où n n'est pas un nombre entier. Mais on la simplifie en remarquant que tant que l'angle ê n'excède pas /|5 ou 5o°, ou que l ne surpasse pas r, on peut prendre cosë = -p r r* h = U2 L im r r'2 r arc cos —. r g = y/a(i — cosê), arc cos — = l/ 2 ( i ; d'où U1 h = \J1 -\ I _ r — — h. ( J-\ '/L——h /.il— l* r j y r' im r'\ f\r) \ r' 2m r'\ r' \ r i6r' que l'on peut réduire à (4o) im i . V r Cette formule donne à peu près les mêmes nombres que celle de Oubliât. » Mais nous avons reconnu que les expériences étaient tout aussi bien et même un peu mieux représentées en y mettant r au lieu de r + - / = r', pourvu qu'on change la valeur du diviseur a. m, c'est-à-dire en adoptant (3) h = — — \j -i A étant pris = 204 mètres. » Bien que basée en apparence sur la supposition d'une marche imagi- naire du filet moyen, la formule de Dubuat n'a rien que de très-rationnel ; car tous les filets fluides venant de la partie rectiligne d'amont tendent bien à conserver leurs directions; et U2 sin'S, carré de la composante moyenne de leurs vitesses dans un sens normal à la paroi concave vers laquelle ils se dirigent, doit être sensiblement proportionnel à la force vive perdue ou détournée en tourbillonnements par leur rapide déviation, et l'on conçoit que cette perte, si le tournant se prolonge, se renouvelle proportionnelle- ment au rapport de la déviation angulaire — à l'angle S. Mais si, abandon- nant les fictions ou les comparaisons, l'on envisage en elle-même l'expres- sion transformée h = — -,—\/-> on verra que les données L, /, r s'y 004 r y r l trouvent engagées comme il convient; car le facteur est, disons-nous, ia déviation totale, et l/- offre une mesure du degré de la raideur du tournant, puisque sa moitié n'est autre chose que le rapport d'une flèche - à la corde i/—2r du demi-arc correspondant, mesure qui s'annule soit lorsque le rayon r devient infini, soit lorsque la largeur l du courant devient infiniment petite, ce qui est un cas extrême où toute courbure finie se trouve suffi- samment douce et ne produit aucune décomposition finie de vitesse. » Cette expression (3) offre ainsi, relativement au phénomène dont oh s'occupe, les caractères théoriques que l'on peut désirer dans une formule pour quelle soit capable d'extrapoler ou de représenter les faits au delà de ( 4i ) l'étendue où ils ont été observés et mesurés. Et il convient de la préférer à ,, . . . Us /o,oo3q o,oi86\ T , ,T 1 expression empirique — I f-^ H IL, proposée par Navier, qui représente moins bien les expériences et qui surtout ne décroît pas comme il le faudrait a\ec le rapport - qu'elle ne contient même pas, en sorte qu'elle ne saurait s'appliquer à des tuyaux ou des courants de diverses largeurs. » Voici la comparaison des résultais de notre formule (/j) avec ceux des seize expériences que Dubuat regarde comme méritant la confiance. Quant aux neuf autres, qu'il exclut parce que « le régime n'y était pas régu- » lier, etc. », nous avons reconnu que notre formule s'en approchait sen- siblement plus que la sienne (i) ou (a) : NUMÉROS LONGUEURS L RAYONS CHARGE ADDITIONNELLE h NUMÉROS LONGUEURS L RAYONS __ CHARGE ADDITIONNELLE h des expé- riences. des parties r des expé- riences. des parties r ■" courbes. de l'axe. Calculée Observée courbes. de l'axe. Calculée Observée m m ni m Tuya .ix d'un du imôtre om, 02707 = /. 101 0,o573 0,o573 O , O 1 06 0,0100 01 m m m 102 0 , I 36o 0 , 1 36o 0,Ol88 0,020J 9° 0,3161 O,o573 0,0671 0,0674 104 0,o573 0,0573 0 , 1 5qo 0 , 1 598 9r 0,144' id. 0,o448 0,0406 io5 id. id. 0,042g 0,0441 92 0,0720 id. 0,0224 0,02o3 106 id. id. 0,0107 0,01 10 93 0,4665 0 , 1 36o O,o397 0,0406 107 id. id. 0,0103 o,oto5 94 0 , 34qq id. 0,0297 o,o3o3 95 0 ,2333 id. 0,0198 0,0203 Tuy; m d'un diamètre o,o54i4z 96 0 , 1 666 id. 0,0099 0,0100 ( '>3996 0,2720! 99 0 , 2882 0,0573 0,o425 0,0406 1 10 l 0,7205 0, 1 i46?o,2433 0,2139 100 __ 0,441 id. «,0212 0,0203 [ o,o665 1 o,o33q; 1 » Nous ne prétendons pas que notre formule , U' L 11 c L 11 U' «— — 7 — v/- ou == 0,00017 — 1/ - • — 204 r \ r ' v < r y r ig lg étant la gravité 9m,8oo,) ne soit pas susceptible de quelques modifications par suite d'expériences nouvelles qui pourraient être entreprises. Peut-être, par exemple, que le diviseur ou le coefficient numérique pourra recevoir une valeur un peu autre pour les rivières que pour les tuyaux de conduite, C. R., 1863, 1" Semestre. (T. L1V, N» t.) " (4* ) car leur lit n'a guère la forme d'un demi-tuyau, etc. Mais il faudra tou- jours, nous le pensons, qu'elle soit fonction des deux rapports — » -■< qu'elle croisse avec eux et qu'elle décroisse jusqu'à zéro quand l'un des deux s'annule. » En attendant, ce qu'il y a de mieux à faire est de l'employer telle que nous la présentons, pour donner une évaluation à un effet ordinairement négligé, quoique de l'ordre des grandeurs dont on tâche de tenir compte. » M. de Caligny adresse une Note sur une machine hydraulique de son invention employée utilement à Paris depuis environ sept ans au Palais de l'Elysée. « Cette machine, dit l'auteur, avait été construite dans cette localité sur la demande de M. Chaulay, architecte, premier inspecteur du Palais. Le 29 juin dernier il m'a fait l'honneur de m'écrire « que jusqu'à présent » elle a toujours hien fonctionné, il n'y a eu que des nettoyages à faire et » quelques réparations de cuirs » Le 4 janvier 1862, M. Lacroix, archi- tecte en chef du même Palais, m'a fait l'honneur de m'écrire : « Je certifie » que la machine de votre invention qui existe au Palais de l'Elysée marche » indifféremment le jour et la nuit. Il est arrivé plusieurs fois, à la suite » de grandes pluies, qu'on a dû laisser marcher l'appareil pendant vingt- » quatre heures sans discontinuer. » » Dans le cas où il resterait à l'Académie le moindre doute sur la marche de nuit de mes appareils, j'aurais l'honneur de lui représenter que je suis parvenu à les faire marcher non-seulement très en grand, mais aussi très en petit, ce qui était beaucoup plus difficile. Un savant Académicien, M. Regnault, m'a conseillé d'appeler d'une manière toute spéciale l'atten- tion sur la possibilité de les construire très en petit, *parce que le très-grand nombre de petites quantités de travail, perdues dans l'état actuel des choses, peut être beaucoup plus important que l'effet d'un certain nombre d'appli- cations pins en grand, quoique au premier aperçu la grandeur des dimen- sions soit ce qui attire le plus l'attention. (Renvoi aux Commissaires précédemment désignés pour une description de cette machine : MM. Poncelet, Morin, Combes.) (43 ) M. Vernier adresse, de Belfort, des épreuves photographiques représen- tant dans six de ses phases l'éclipsé partielle du 3i décembre dernier. « Ces épreuves, qui ont été prises par un temps clair, offrent, dit M. Vernier, ceci de remarquable, que les deux dernières, les n°3 5 et 6, ne présentent aucune trace d'auréole. L'image du Soleil se dessine nette et pure sur un ciel noir, tandis que les quatre premières sont entourées d'une auréole semblable à celles du 18 juillet 1860, mais cependant moins visible. Celte particularité ne s'explique qu'en raison de l'intensité de la lumière solaire, d'après l'exposition du négatif. En effet, toutes les épreuves ont bien été prises en une petite fraction de seconde; mais a mesure que le Soleil descend a l'horizon, il perd de son éclat, ou, si je puis m'exprimer ainsi, de sa puissance photogénique. Il résulte de ce fait que, si j'avais pro- longé le temps d'exposition au châssis négatif de quelques millièmes de seconde pour les dernières épreuves, j'aurais obtenu l'auréole tout aussi bien que sur les premières. » Ainsi je conclus de ce qui précède que l'auréole qui entoure ou qui enveloppe l'astre solaire appartient exclusivement à l'atmosphère terrestre, car, malgré la sérénité du ciel, qui m'a été favorable dans mes expériences, en cette saison l'air est toujours chargé de vapeurs qui reflètent ou produi- sent un certain éclat ou un rayonnement de lumière plus ou inoins étendu autour du corps lumineux qui les traverse ou qui les avoisine. » Les images et la Note dont nous venons de donner l'extrait sont ren- voyées, comme l'avait été une communication précédente de l'auteur sur l'éclipsé du 1 8 juillet 1860, à l'examen de M. Babinet. » M. A. Martin adresse une description de cathéters cannelés qu'il a ima- ginés en 1 858, et qui ont, suivant lui, de grands rapports, tant pour leur destination (médication topique permanente du canal de l'urètre) que pour leur forme, avec des appareils présentés le ï5 novembre à l'Académie au nom d'un chirurgien napolitain, M. Vinci. (Renvoi à l'examen des Commissaires alors désignés : MM. Cloquet, Jobert, Civiale.) M. Simon, chargé par le gouvernement français d'études agricoles en Chine, adresse de Shang-hai, en date du 28 novembre, les tableaux des 6.. ( 44 ) obsetvations météorologiques qu'il a faites a Han-keou, province du FTou-pé, ceutre de la Chine, du mois de mai au mois de septembre 1861 inclusive- ment. « Ces observations, dit M. Simon, sont continuées en mon absence et se- ront conduites jusqu'au mois de mai prochain parles Pères Franciscains de la mission du Hou-pé. Si l'Académie juge à propos d'encourager des travaux de ce genre par l'envoi de quelques instruments, je serais heureux de me mettre à sa disposition pendant les trois années que je dois encore passer en ce pays pour les installer, les diriger et les réunir. Je crois qu'il me se- rait possible soit de porter moi-même, soit d'envoyer ces instruments dans la partie occidentale de la province du Sse-tchuen au pied du Thibet, et peut-être au Thibet même, dans les provinces du Kanson, du Chan-si, du Honan en Mongolie et en Corée, qui sont les points qui me paraîtraient les plus intéressants à étudier sous ce rapport. » (Commissaire, M. Fave.) M. Legraxd du Saulle soumet au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé : « Le froid et l'exercice de la chasse, considérés comme causes de congestion cérébrale. » (Commissaires, MM. Andral, Rayer.) M. Buisson présente une Note sur le traitement au moyen duquel il a guéri un cheval qui présentait tous les principaux symptômes de la morve. (Renvoi à l'examen de M. Rayer.) CORRESPOND AIVCE . M. le Ministre du l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics adresse pour la bibliothèque de l'Institut les numéros 6 et 7 du Catalogue des Brevets d'invention pris pendant l'année 1861. M. l'Inspecteur général de la Navigation et des Ports pour la Préfecture de la Seine adresse le tableau des hauteurs d'eau de la Seine observées chaque jour à l'échelle du pont de la Tournelle pendant l'année 1861 . « Les plus hautes eaux ont été le 5 janvier à 5m, 60 , les plus basses le 1 7 septembre à om, 4o au-dessous de zéro. » La moyenne a été de om, 72. » ( 45 ) L'Académie royale des Sciences d'Amsterdam remercie l'Académie pour l'envoi des tomes XXVIII et XXX de ses Mémoires et lui adresse plusieurs volumes de ses propres publications. [Voir au Bulletin bibliographique.) M. Starixg adresse, par ordre de M. le Ministre de l'Intérieur du Royaume de Hollande, un exemplaire des feuilles 19 et 20 de la Carte géo- logique de la Néerlnule. La Société royale de Zoolguie, Naturel arlis magistra, en adressant de Harlem la 8e livraison des Mémoires qu'elle publie, exprime le désir d'être comprise dans le nombre des Sociétés savantes auxquelles l'Académie des Sciences fait don de ses Mémoires. (Renvoi à la Commission administrative.) hygiène publique. — Note sur le climat de la ville de Vienne [Autriche); par M. G. Grimaud de Caux. « J'ai eu l'occasion d'étudier en divers pays le climat d'Hippocrate, c'est- à-dire l'influence positive que l'air, les eaux et les lieux exercent sur les hommes réunis en grandes masses et habitant un même point circonscrit et déterminé. La présente Note a pour objet les conditions hygiéniques de la capitale de l'Autriche que j'ai habitée plusieurs années. » § I. Les LIEUX. Configuration du sol. — La ville de Vienne est assise eu pente, par étages, regardant l'est et le sud, du pied du Wienerberg qui ter- mine les Alpes Noriques à la plaine où coule le Danube. » La colonie romaine s'établit sur la rive droite du fleuve : mais lesatter- rissements, descendant des Alpes à chaque pluie, repoussèrent peu à peu le fleuve vers les plaines d'Enzersdorf et de Wagram, qu'il envahit même en- core tous les jours, comme on le voit par les îles nombreuses qu'il forme, en sortant de la gorge du Bisamberg et du Kahlenberg. » En i5o,8, le baron Ferdinand Hoyos ramena le Danube au pied de la ville. Il détourn 1 une partie de ses eaux à Nussdorf, pour former le canal de Vienne. Ce canal baigne une portion des murs de circonvallation, les deux faubourgs de la rive gauche et les extrémités du croissant formé sur sa rive droite par les autres faubourgs. » La ville occupe trois plans superposés et les pentes qui mènent de l'un à l'autre. Le premier plan est dans la plaine au niveau du fleuve. Le second ( 46 ) plan est occupé par la ville, par les glacis qu'on est en train de faire dispa- raître et par les faubourgs de droite et de gauche. Le troisième plan com- prend les faubourgs les plus élevés. » Constitution géobi/ique. — La chaîne adoucie qui termine les Alpes No- riques domine Vienne et porte le nom de Kahlenberg. Elle a pour base i\n grès bleu-grisâtre mêlé de stries de chaux et de marne meir/el-kalk, d'argile schisteuse scliiefer-tlion, de marne schisteuse merqels-chiefer. On y trouve des empreintes fossiles de fucus setangen. C'est la formation qu'on a appelée grès de Vienne ou des Karpathes. Le grès de Vienne est donc un sable lié par de la chaux, de l'argile et de la marne schisteuse. Les principes cal- caires y abondent tellement, que la chaux s'y fait remarquer en stries. Le lœss forme la partie supérieure, la couche superficielle du terrain. Selon le professeur Partsch, dont le nom est bien connu des géologues, le lœss est un terrain d'eau douce dans lequel on rencontre de petites crevasses rem- plies de chaux farineuse kalk-mehl et de nitrate de chaux kalk-salpeler. Il est le résultat des atterrissements formés par les eaux pluviales et torrentielles entraînant les débris des montagnes qui couvrent la ville à l'ouest et au nord. » § IL L'air. — Le savant directeur de l'observatoire de Vienne, M. J.-J. Littrow, mit la plus grande complaisance à me communiquer ses observa- tions concernant la température, la pression barométrique et les mouve- ments de l'atmosphère ou la direction des vents. Je possède un tableau décennal entièrement écrit de sa main, comprenant les années i828-i83n inclusivement. » a. Température. — Moyenne maximum de dix ans -+■ ■a']0, I 7 R. Moyenne minimum — ia°,g4 R. La plus grande chaleur a eu lieu le i!\ juil- let 1 832 : elle s'est élevée à -+- 20,°,o H. Le plus grand froid est descendu à — i^°,oll : ila eu lieu le 3o janvier i83o. » b. Pression barométrique. — Moyenne générale de dix ans, 27°,5oi. La plus grande hauteur barométrique s'est manifestée le 18 janvier 1828, elle a atteint a8°,3a2. La moindre élévation aété de 26°,638, le Ier avril 1829. » c. Mouvements de /' atmosphère. — Les observations des vents domi- nants de chaque mois comprennent cent vingt mois, durant lesquels ont prédominé les quatre directions suivantes : » Les vents du sud-est ont dominé 9 fois ; l'ouest-sud-ouest et le sud- sud-est chacun 3 fois; le nord-nord-ouest et le sud-ouest chacun 1 fois. Les vents d'ouest, d'ouest-nord-ouest et de nord-ouest soudent d'une direction analogue : pris ensemble ils ont dominé 202 fois. Le vent du sud-est, qui ( 47 ) leur est directement opposé, a dominé 76 fois seulement. Je ne crois pas qu'il existe une constitution atmosphérique mieux caractérisée et plus tran- chée. » d. Pluie. — Elle tombe pendant un peu plus de 100 jours : en 1 835 on a compté 29 jours de neige. » § III. Les eaux. — A Vienne chaque maison a son puits dont on boit l'eau assez généralement; les fontaines publiques sont alimentées par neuf aqueducs; et le Danube baigne la ville. L'eau des puits est altérante; elle excite à boire. Elle contient des nitrates qui lui viennent d'une circonstance particulière. Dans la cour de chaque maison, il y a sous le sol une fosse carrée couverte en bois, dans laquelle on jette tous les jours les matières qu'à Paris on jette en tas dans la rue. Quand il pleut, les matières contenues dans la fosse sont atteintes, l'eau pluviale les traverse, s'infiltre et vient se rassembler dans le puits qui est à côté et dans lequel elle entraîne toutes les substances solubles. » En i838, M. Wilhem Wurtzler, pharmacien distingué, qui m'avait été désigné par les premiers médecins de Vienne, analysa, sur ma demande, les eaux des neuf aqueducs, celle du Danube et celles de deux puits dont l'eau est fort goûtée par la population. Les chiffres suivants indiquent des grains et des millièmes de grain par livre d'eau de 16 onces : Grain?. Millièmes, i . Eau du Danube 1 325 2. Aqueduc Albertin 2 43o 3. Aqueduc des sept fontaines 2 fi5o 4. Aqueduc de Hernals 2 820 5. Aqueduc du Magistrat 2 q5o 6. Puits du prince Esterhàszy 3 060 7. Aqueduc de l'Intendance 3 i3o 8. Aqueduc de Mariahilf 3 180 g. Aqueduc de la Garde hongroise 3 875 io. Aqueduc Karoly 4 ^65 1 1 . Aqueduc de Nussdorf 5 000 12. Puits du palais Sclvwartzenberg 6 o4o » Les sels dominants sont le muriate de soude, les nitrates, les sulfates et les carbonates de soude et de cliaux. » L'eau des aqueducs vient des montagnes dont j'ai dit la constitution : laies surit aquœ, qualis terra Le muriate de soude, qui surabonde dans certains puits, s'explique par l'habitude où sont les propriétaires d'y jeter. (48) (le temps à autre, des quantités assez considérables de sel de cuisine : ils pensent que l'eau en devient meilleure. » Tels sont les faits que j'ai recueillis à Vienne touchant les trois éléments du climat d'IIippocrate : l'air, l'eau et les lieux. » L'action de tout climat se manifeste par la santé générale et la mor- talité. » Santé générale. — Les faits suivants m'ont été fournis par le docteur J.-J. Ivuolz, protomedicus de Vienne, et par le docteur Schiffner, qui, en outre, m'a fait dresser un tableau authentique des malades admis et traités dans tous les établissements sanitaires de Vienne pendant cinq années con- sécutives, 1 833-1 837. Les hôpitaux de Vienne représentent assez fidèlement la santé générale, parce qu'on y admet aussi des malades payants. Les bourgeois vont s'y faire soigner sans difficulté : habitude consolante pour les malheureux, dont aucun préjugé d'hôpital ne vient troubler la confiance dans les soins qu'ils y vont chercher. Dans une période de cinq ans sont entrés. . 1 3g, 618 malades. » sont morts ... 17,986 morts. C'est un peu plus de 1 mort sur 8 malades. » Sur ce nombre, la phthisie pulmonaire en a enlevé 5,^55, la fièvre ner- veuse (typhoïde) 2,110, l'hydropisie 1,000, la fièvre hectique 836, les in- flammations abdominales 746, la fièvre puerpérale 772, etc. Mortalité. — La population devienne, d'après le dernier recensement, serait de 579,457 individus. En 1 838, des renseignements puisés à des sources variées en portaient le chiffre à 35o,ooo âmes. Trois observateurs me donnèrent les moyennes de mortalité suivantes : Wertheim, de 178g à 1807, moyenne annuelle l5,o56 morts. Klein, de 1807 à 1812, moyenne annuelle 16,470 Une statistique sans nom d'auteur, de 1801 à i8o5, moyenne annuelle. 13,77g Total 45,3o5 Moyenne de 36 ans i5, 101 soit 45 pour 1,000 ou 1 mort sur 22 vivants. » A la même époque, je conférais ce chiffre avec celui de Paris, et je trouvais 1 mort sur 33, et mes calculs étaient d'accord avec les statisticiens 1rs plus sévères anglais et fiançais. » Conclusion. — Le climat de Vienne est vicié par les mouvements atmo- sphériques, par la prédominance des trois rhumbs de vent ouest, ouest- ( 49 ) nord-ouest et nord-ouest. Il est vicié par les lieux : l'existence d'une fosse sans clôture hermétique, dans la cour de toutes les maisons, est une mau- vaise condition d'hygiène. Il est vicié par les eaux, comme leur analyse le démontre. » On remédiera aisément aux eaux et aux lieux. Il n'est pas aussi facile de corriger la constitution atmosphérique. Cependant j'émettrai un avis en m'appuyant d'un exemple qui est dans l'histoire. On raconte qu'Empédocle délivra la ville d'Agrigente d'une épidémie qui l'affligeait tous les ans. Ayant constaté que la maladie se manifestait sous l'influence de certains vents, il donna le conseil de houcher, au moyen d'un grand mur, une gorge formée par deux montagnes. Le vent n'ayant plus accès sur la ville, la peste disparut pour toujours. Le vent du nord ne souffle jamais sur Vienne. La ville est pro- tégée par le Léopoldsherget le Kahlenherg qui terminent les Alpes sur le Da- nube. Mais cette protection des Alpes qui forment autour de Vienne une demi-ceinture dans la direction du nord-ouest, de l'ouest et du sud-ouest, ne se continue pas, parce que les gorges de ces montagnes livrent passage aux vents de ces trois rhumbs. Peut-être en étudiant ces gorges et en déter- minant le point culminant de chacune, arriverait-on pour Vienne à un ré- sultat analogue à celui qu'Empédocle obtint pour Agrigente. Le point de parLige des eaux entre Siegardskirchen et Burkersdorf, sur la route de France, me paraît être, sauf meilleur avis, un lieu d'élection pour un sem- blable objet. Ces vents des trois rhumbs d'ouest conjurés apporteraient une diminution notable dans les fièvres nerveuses et toute la série des maladies abdominales, en neutralisant une des plus puissantes causes de leur dévelop- pement à Vienne. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Note sur la composition d'ossements humains trouvés dans d'anciens tombeaux; extrait d'une Note de M. J.-P. Coiterbe. « Sous les remparts du château de Vertheuil on a trouvé deux tombes en pierre à gros grain, comme nous en avons encore aux environs de la commune. Ces tombes, qui, à n'en pas douter, étaient là enfouies depuis plusieurs siècles, avaient exactement la forme d'un cercueil, et renfermaient chacune un squelette humain. » Ces ossements sont légèrement ambrés, assez friables et parfaitement conservés. L'analyse que nous avons faite de la tète de l'humérus, laquelle était spongieuse et se réduisait facilement en poudre, nous a donné la com- C. H., 1862, 1" Semestre. (T. L1V, N» 1.) 7 position suivante : Carbonate de chaux i5,5o Phosphate de chaux 67 ,17 Phosphate de magnésie 3,36 Oxyde de fer, de manganèse et d'aluminium 1 ,5o Silice 2 , • Matière organique azotée 10)47 Chlorures traces. » L'analyse des os frais, faite par Berzélius, indique 33 pour 100 de ma- tière organique annualisée; 22, 5 auraient donc disparu des os exhumés du château de Vertheuil. Si nous connaissions le temps précis qu'exige la dis- parition de la matière organique des os renfermés dans les tombes, il serait facile aujourd'hui de remonter à l'époque de l'inhumation des cadavres dont il s'agit. Des expériences tentées dans cette direction seraient très-utiles pour la chronologie, et nous nous y livrerions volontiers si nous possédions des échantillons provenant d'époques certaines. Nous pouvons néanmoins arriver à une approximation voisine de la vérité, au moyen de résultats d'analyse que nous possédons déjà. » Vogelsang a trouvé que des os enterrés depuis onze cents ans ne ren- fermaient que des traces inappréciables de matière organique azotée. Cette observation me conduit à conclure que 3 pour 100 de matière organique disparaissent tous les cent ans. Appliquant maintenant cette remarque aux os trouvés dans les tombes du château de Vertheuil, nous arrivons à dé- montrer que l'inhumation a eu lieu vers 1 1 10. Ces restes humains auraient donc aujourd'hui sept cent cinquante ans. Eh bien, c'est ce qui est parfaite- ment d'accord avec les observations archéologiques faites tout récemment par M. Léo-Drouin, de l'Académie de Bordeaux. » Fourcroy et Vauquelin ont publié, en îttoo, l'analyse d'un crâne monstrueux déterré à Reims, dans lequel ils n'ont trouvé que 12 pour 100 de matière animale. Si ce crâne humain s'est trouvé dans des conditions ana- logues de décomposition à celles des squelettes du château de Vertheuil, il est évident qu'il date à peu près de la même époque, et qu'il aurait vécu en 1 100. >' Ainsi en divisant la perte de la matière organique d'un ossement par 3, le quotient représentera son âge en siècles. Nous ne prétendons pas con- sidérer cette loi comme inattaquable, car trop de circonstances peuvent la modifier; nous n'ignorons pas, par exemple, que les os, outre qu'ils sont un peu variables dans leur composition, doivent s'altérer diversement selon ( $1 ) qu'ils séjournent dans l'air, clans un sol humide, aride, ou clos clans des tombps; aussi faisons-nous remarquer que notre observation ne s'applique, quant à présent, qu'aux os des 'tombeaux. Mais nous avons la conviction néanmoins qu'elle peut conduire à des approximations très-cu rieuses et suffisantes pour aider les archéologues dans leurs recherches. » minéralogie. — Sûr une pseudomorphose de pjrroxène du Lac Inférieur,- par M. F. Pisam. « Les cristaux que j'ai examinés sont engagés dans de la chaux carbona- tée provenant du Lac Inférieur. Ils y forment de longs prismes à six faces, aplatis, surmontés d'un pointement et qui dérivent d'un prisme rhomboi- dal oblique, dont la grosseur varie de 7 à 20 millimètres dans le sens de la plus grande diagonale. Leur aspect général est celui du pyroxène dont ils présentent les angles, ainsi qu'il en résulte de mesures faites par M. Des Cloizeaux. » La couleur de ces cristaux est d'un vert clair analogue à celui du talc, avec quelques veines d'un vert plus foncé. Leur surface est mate et légère- ment rugueuse; tout clivage a disparu, et la dureté est considérablement diminuée, puisqu'elle n'est plus que de 2,5 environ. La densité aussi est moindre 2,495. On voit enfin que la matière a subi une altération assez profonde, ce qu'est venue confirmer l'analyse que j'en ai faite. » Ce pyroxène pseudomorphique est fusible au chalumeau en un émail blanc et donne de l'eau dans le tube. 11 est à peine attaqué par l'acide chlorhydrique. Il m'a donné à l'analyse : Oxygène. Rapports Silice 56,52 3o,i3 6 Alumine 20>49 9*^5 2 Protoxyde de fer. ... 2,67 0,59' Chaux °)93 0,26 Magnésie 5,g4 2, 3^ > 4 > ?3 1 Potasse 3,88 0,66 Soude 3,32 o,85 Eau 7,4° 6,58 i,3 IO! , i5 » Comme on voit d'après ces résultats, la silice reste la même que dans le pyroxène ordinaire, tandis que la chaux a presque disparu. L'alumine, au ( 52 ) contraire, parait en quantité très-notable ainsi que dans la plupart des attires pseudomorphoses du pyroxène. Enfin, la présence de la potasse et de la soude annonce l'intervention d'un liquide alcalin qui a modifié ainsi profondément la composition primitive. Du reste on retrouve ces alcalis dans les terres vertes que quelques auteurs regardent comme un produit de décomposition du pyroxène, entre autres dans celle de la vallée de Fassa en Tyrol analysée par Rammelsberg, et qui conserve la forme de l'augite. » PHYSIQUE. — Appareil pour l'élude des lois de la chute des corps; par M. Bourbouze. « Cet appareil se compose d'un cylindre et d'une roue à gorge montés solidairement sur le même axe, qui peut librement tourner entre deux pivots. Deux masses de même poids sont attachées aux extrémités d'un fil tics-fin qui passe sur cette roue a gorge. » Une lame vibrante est maintenue dans une pince fixée à l'extrémité d'une tige glissant dans un tube muni d'une vis de pression à l'aide de laquelle on donne à cette tige une position invariable pendant la durée d'une expérience. Cette disposition permet, quelle que soit la longueur de la lame, de faire vibrer son extrémité supérieure toujours devant la même génératrice du cylindre. Le tube, et par conséquent la lame, peuvent être déplacés parallèlement à l'axe du cylindre. Sur un écrou, en même temps que le tube, est fixée une petite colonne supportant un électro-aimant a l'aide duquel la lame est maintenue écartée de sa position d'équilibre. Le courant qui passe dans cet électro-aimant passe aussi dans un autre placé à la partie inférieure, et sur lequel s'appuie l'une des masses fixée à l'ex- trémité du fil. » Si l'on vient à supprimer le courant après avoir chargé l'autre niasse d'un poids additionnel, l'équilibre est détruit; le mouvement de rotation du cylindre, ainsi que le mouvement vibratoire de la lame, commenceront rigoureusement au même instant. » Quand on veut faire une expérience, on colle sur le cylindre une feuille de papier que l'on recouvre de noir de fumée. On fixe à l'extrémité de la lame une petite pointe très-flexible, de manière que la partie libre de cette pointe touche légèrement le papier. De cette façon, lorsque les deux mouvements de la lame et du cylindre commencent à se produire, la pointe trace sur le papier une courbe qui permet de connaître la nature du mouvement du cylindre, et par suite des contre-poids. En effet, les vibra- ( 53 ) fions de la lame étant isochrones, on peut prendre pour unité de temps la durée d'un certain nombre de ces vibrations; de sorte que, pour avoir la loi des espaces parcourus pendant des instants successifs et égaux, il suffit de comparer les distances des points tracés par la pointe : i° A l'origine et à la fin de la rieme vibration ; 20 A la fin de la rïL'"" et à la fin de la jn""'; 3° A la fin de la in'hne et à la fin de la 'in'em'; Etc., etc. » Dans l'épreuve ci-jointe nous avons mesuré les distances : i° De l'origine à la fin de la 6e vibration simple ; i° De ce dernier point à la fin de la 12e; 3° De ce point à la fin de la 18e; 4° De ce point à la fin de la 24e- » Nous avons trouvé que les distances sont entre elles comme les nom- bres 1, 3, 5, 7, etc., et par conséquent que les espaces parcourus depuis l'origine du mouvement sont comme les nombres 1, 4-> 9? l^> etc- » Quand on veut vérifier la loi des vitesses, on arrête, à l'aide d'un cur- seur annulaire, le poids additionnel à un moment quelconque à partir duquel le mouvement devient uniforme, et l'on voit alors que les dis- tances des points marqués par la pointe au commencement des vibrations successives, vont en croissant, mais ensuite ces distances deviennent égales, ce qui prouve bien que le mouvement du cylindre, d'accéléré qu'il était, devient uniforme. On voit aussi que si l'uniformité s'est produite après n vibrations, la distance des points marqués à l'origine et à la fin de la niim' vibration est juste la moitié de la distance des points marqués à la fin de la nihme et à la fin de la %rï"n' . » Le tableau montre les deux faits que nous venons d'indiquer. » L'uniformité s'est produite après 12 vibrations. » Cet appareil peut aussi servir à déterminer les nombres de vibrations d'un diapason, etc. » THÉORIE DES NOMBRES. — Addition à la démonstration du théorème de Lagrangt sur (es minima d'une fonction linéaire à coefficients entiers d'une quantité irrationnelle, donnée dans la séance précédente ; par M. Sylvester, de Woolwich. « On peut à juste titre élever quelque objection contre la forme donnée au théorème cité en tant que j'ai posé comme critérium des réduites -de ( 54 l'irrationnelle v, la condition que la valeur de p — qy restera plus petite 'i + 9 et e-sQ-(r-ks) Pe, ">Pe^ ; h > 7*i ft57<+< ' et alors Pc- 7* v et Pi-'hv-, ( 53 ) seront tous les deux où P, Q sont des fonctions homogènes de (x, j , z) des ordres p,p — i respectivement. Et ou peut supposer que p soit égal tout au plus à m — i : en effet, en prenant p=m — i, l'équation contiendrait ( m — i ) m m (m+ r ) (*} On n'a pas besoin de dire cjue rien n'empêche que e ne soit égal à/; mais dans ce cas, comme on ne peut pas avoir simultanément a = pe+l b = qs^t , la conclusion du texte rest^ 'nonne. ( 56) c est-a-dire ;n2 — i constantes arbitraires; et en déterminant convenable- ment m2 — m -+- i de ces quantités, la surface de l'ordre m — i passera par m1 — m -\- i points de la courbe de l'ordre m, c'est-à-dire cette surface contiendra la courbe entière. De cette manière, on obtiendrait toujours une surface de l'ordre m — i ; mais si les fonctions P, Q ainsi trouvées avaient un facteur commun, ce facteur doit être écarté ; il convient donc de sup- poser que les degrés de P, Q soient /;, p — i respectivement , p étant tout au plus égal à m — i . La surface Qw — P = o a au point À un point co- nique du (p — 1 /""" ordre; en effet dans le voisinage de ce point l'équa- tion se réduit à Q = o, laquelle appartient à un cône du [p — i )'ims ordre. J'ajoute que la surface contient les p (p — i) droites P = o, Q = o qui passent chacune parle point A; toute autre droite par ce point rencontre la surface dans ce point (lequel compte pour p— i points d'intersection) et encore dans un seul point donné par l'équation On peut appeler monotcte une telle surface; le point A sera le sommet; le cône P = o le cône supérieur ; le cône Q = o, le cône inférieur ; les droites d'intersection de ces deux cônes, les droites de la monoïde. » Or le cône circonscrit U = o et la monoïde Qii' — P = o se coupent selon une courbe de l'ordre mp : sip = i, cette intersection des deux sur- faces sera la courbe du mieme ordre, laquelle sera une courbe plane; mais, dans tout autre cas, la courbe d'intersection sera composée de la courbe du m""" ordre, et d'un autre système de l'ordre m(p — t); or ce système ne peut être autre chose que les droites d'intersection du cône circonscrit TJ = o, et du cône inférieur Q = o de la monoïde; c'est-à-dire les équa- tions U=o, Q=o doivent donner P = o; car, cela étant, les droites TJ=o, Q = o seront situées sur la monoïde; et ces droites, lesquelles forment un système de l'ordre m(p— i), seront partie de l'intersection de la monoïde et du cône circonscrit U = o. Et il est nécessaire que cela soit ainsi, car autrement chaque droite du cône TJ = o ne contiendrait sur la monoïde que le point A, et le point déterminé par l'équation (\'= -■> lequel est un point sur la courbe du m"'""' ordre; donc cette autre partie de l'intersection de la nao- ( 57 ) noïde et du cône U == o serait, non pas une courbe quelconque, mais le seul point A; ce qui est absurde. « Le cône circonscrit U ^= o ne peut pas être un cône quelconque à moins que p = i ; en effet si /; > i, il est nécessaire que le cône ait au moins ( p — ])/« droites doubles (en comprenant dans cette locution le cas où le cône a des singularités qui équivalent à (/>— i)m droites doubles), car en supposant pour un moment que le cône L1 = o n'ait pas de singularités, le cône P = o de l'ordre p devrait passer par les (p — \)m droites d'intersec- tion du cône Q == o de l'ordre [p— 1) et du cône U = o de l'ordre m; nr m est au moins égal à Jp-f- i , de manière que le cône P = o doit passer au moins par \ p- _ j) droites du cône Q = o; mais p- — i est >/>2 — />. à moins que p= i ; donc ce cône P==p serait composé du cône Q = o et d'un plan P' = o par le point A; c'est-à-dire P = QP', et l'équation de la monoïde se réduirait à w = P', ou l'on aurait p=-i, ce qui est contraire à l'hypothèse. On obtiendra le même résultat à moins de supposer que le cône Q = o passe par un certain nombre x de droites doubles du cône U = o; mais en fai- sant cette supposition, chacune de ces droites compte pour deux intersec- tions des cônes Q = o, U=o; il y a encore (p — i)m — 2.x droites d'intersection; et les x -+- [p - t m — i x), c'est-à-dire (p—.\).m — x droites peuvent être comprises parmi les p{p — i) droites de la monoïde si x est égal au moins à {p — i) {m— p)\ c'est-à-dire le cône U = o doit avoir au moins ce nombre de droites doubles. Je remarque que pour m m -4- i i i n>2 — 2m + i . impair, et p = - — » le nombre sera -, ? et pour m pair, et p — - on - -t- i, le nombre sera m ~2m. : mais pour toute autre valeur de r 2 2 4 p, le nombre sera moins élevé. » Je résume comme suit : » Toute courbe du m""" ordre est l'intersection d'un cône circonscrit U = o, du m'é"" ordre, et d'une surface monoïde Qîv— P, de l'ordre p= m — i au plus. L'intersection complète de deux surfaces est composée de la courbe du m'ime ordre et des m(p — i) droites d'intersection du cône circonscrit U = o, et du cône inférieur Q = o de la monoïde. Ces droites seront {p — i) [m — p) -t- « droites, chacune répétée deux fois, et {p — i)(-ip— m) — 2a droites, où « peut être égal à zéro; chacune des [p — i (m — p) + a droites sera une droite double du cône U = o; et les [p — i (m — p) 4- a droites et [p — i) [2p — m) — 2a droites, ensemble C. R.. 1862, Ier Semestre. (T. L1Y, N" 10 ( 58 ) p(p — i) —a droites seront situées sur le cône supérieur P = o de la mo- noîde. » Il y a deux circonstances qui empêchent que cette théorie ne conduise tout de suite à une classification des combes en espace. D'abord, une droite double du côue U = o peut correspondre ou à un point double réel, ou à un point double apparent de la courbe; et de même en supposant que la droite double devienne une droite de rebroussement, cette droite peut on correspondre à un point de rebroussement (point stationnaire) de la courbe, ou la droite peut être une tangente ordinaire de la courbe, sans qu'il y ait sur la courbe aucune singularité qui corresponde à cette droite de rebrous- sement (Voir le Mémoire de M. Salmon : On the classification oj curves oj double eurvalure, Camb. et Dub. Math. Journ., t. V, p. 23-46, i85o). » Puis, étant donnée l'équation U = o du cône circonscrit, la rao- noïde n'est pas une surface déterminée, et il n'est guère facile de voir quel P doit être l'ordre de cette surface. En effet, cette équation étant iv = - 5 il peut y avoir des fonctions P', Q' telles que PQ' — P' Q = MU, et, cela étant, puisqu'il ne s'agit que de l'intersection avec le cône U = o, on pour- P P' rait remplacer l'équation w = — par celle-ci, w = —,■> laquelle peut être d'un ordre inférieur. » Ces difficultés se présentent dès le commencement. En effet soit m = 3. On a p = i ou p = 2, mais p = i ne donne que la cubique plane ; je sup- pose donc p = a. Le cône U= o du troisième ordre aura une droite dou- ble, laquelle peut être une droite de rebroussement. L'équation de la mo- noide sera u< = —■, où Q = o est l'équation d'un plan qui passe par le point double ou de rebroussement, et qui coupe ainsi le cône U = o selon une autre droite; et Q = o est l'équation d'un cône du second ordre qui passe par ces deux droites. Mais soit que le cône U = o ait une droite double, soit que cette droite soit de rebroussement, on n'obtient qu'une seule espèce de courbe cubique; au premier cas le sommet n'est pas situé, au deuxième cas ce sommet est situé sur une tangente de la courbe cubique; voilà toute la différence. » Soit encore /// == 4 ; ou peut avoir p = i , a ou 3 ; mais p = i ne donne que les courbes planes du quatrième ordre, je suppose donc/; = 2 ou p = 3; dans l'un ou l'autre cas, le cône U = o du quatrième ordre doit avoir au moins deux droites doubles. Il peut donc y avoir seulement deux droites ( 59 ) doubles; l'une de ces droites peut être une droite de rebroussenient ou toutes les deux peuvent être de telles droites. Ou encore, il peut y avoir trois droites doubles; l'une de ces droites peut être une droite de rebrousse- nient, ou deux droites ou toutes les trois peuvent être de telles droites. Il y a donc un assez grand nombre de cas à considérer; mais on sait qu'il n'y a que quatre espèces en tout, savoir : i° la courbe d'intersection de deux sur- faces du second ordre qui ne se touchent pas, courbe que je nomme quadri- quadrique générale ; 2° les deux surfaces du second ordre peuvent se toucher; la courbe d'intersection sera une quartique nodale; 3° les deux surfaces peu- vent avoir un contact singulier, la courbe d'intersection sera une quartique cuspidale ; 4° il y a enfin la courbe du quatrième ordre qui n'est située que sur une seule surface du second ordre, et que l'on n'obtient qu'au moyen d'une surface de troisième ordre: ce sera la courbe txcubo- quartique. Je remarque en passant que les quartiques nodale et cuspidale sont des sous-espèces tant de l'excubo-quartique que de la quadriquadrique. En supposant que le cône U = o n'ait que deux droites doubles ou derebrousse- ment, et soit que /; = 2011/} = 3, on obtiendra par la théorie actuelle la quadriquadrique générale (cela est évident par les formules du Mémoire cité de M. Salmon ). Si le cône U = o a trois droites doubles ou de rebrousse- ment, alors soit que/) = 2 oup = 3, on obtiendra, selon les circonstances, ou l'excubo-quartique, ou la quartique nodale, ou la quartique cuspidale (mais non pas cette dernière, à moins qu'il n'y ait au moins une droite de re- broussenient). Mais il faudrait pour tout cela une discussion pius appro- fondie. » Je remarque qu'en prenant le point A sur la courbe du mieme ordre, l'on aurait eu, au lieu du cône U = 0 du miè"ie ordre, un cône du [m — i)ié""' ordre, et l'ordre du cône se réduirait encore si le point A était un point mul- tiple de la courbe. Peut-être il conviendrait de considérer de tels cônes au lieu du cône du m'""" ordre. » En conclusion, je fais les réflexions que voici, savoir : Si S = o, T = o sont des surfaces quelconques qui passent par la courbe du m""" ordre, alors en éliminant entre ces équations le coordonné w, on obtient une équa- tion n =UV= o, qui contient comme facteur l'équation U = o du cône du miime ordre. Mais il y a plus : la théorie de l'élimination entre deux équations algébriques fait 8.. ( 6o ) voir que les équations S= o, T = o donnent lieu à un assez, grand nombre p d'équations de la forme w = — (en représentant deux quelconques de ces équations par P P' on aura toujours FQ' — P'Q = M II), c'est-à-dire on obtient par une telle élimination plusieurs surfaces monoïdes dont chacune coupe le cône n=UV = o, selon la courbe d'intersection complète de deux surfaces S= o, T = o. Mais il ne s'ensuit pas (même en admettant que l'on ait de cette manière toutes les surfaces monoïdes qui passent par l'intersection complète), que l'on ait toutes les surfaces monoïdes qui passent par la courbe du m""u: ordre: en effet il peut y avoir des fonctions P', Q' lesquelles, sans donner PQ - P'Q = MUV, donnent cependant PQ' — P'Q = MU, et, cela P' étant, z = — serait une surface monoide qui passerait par la courbe du m""" ordre. a P. -S. On déduit sans peine la théorie des courbes situées sur une sur- facedu second ordre (Voir ma Note On the curues siluate on a surface ofthe second order, Vhil. Mag.Juli 1861, et les savantes recherchés que M. Chasles vient de publier dans les Comptes rendus ). En effet, en supposant que la monoide soit une surface du second ordre ( hvperboloïde)et que son équa- tion soit iv =—> alors, puisque le cône U=o.,.du m"'""' ordre, doit ren- contrer le plan z = o selon les seules droites x = o, y = o, il faut que ces droites soient des droites multiples du cône 0 =0, et. en prenant p, + <\ = in, on peut supposer que les deux droites soient des droites multiples des ordres p et ij respectivement; et cela arrivera si U (fonction homogène du m'"" ordre en .*', >, z) contient x" pour la plus haute puissance de .r, etj^' pour lapins haute puissance de > . Car en arran- geant selon les puissances descendantes de y, on aura u i=ji(x, zy -+- ...r'_'+ ..., ce qui fait voir (pie x = o, z = o sera une droite multiple du //'"' ordre, et de même y = o, z = o sera une droite multiple du q""" ordre. On a donc selon la notation de M. Chasles U = M(^,j»), en se souvenant qu'ici U contient aussi le coordonné z. » (6. ) GiiOMÉTBiE. — Hec lit irhes sur les surfaces orthogonales; par M. William Roberts, de Dublin. « Ce nouveau Mémoire de M. W. Roberts a pour objet la généralisation des résultats contenus dans une Note que l'auteur a adressée récemment à l'Académie (séance du a3 septembre 1861). » L'Académie reçoit des Lettres de remerciment de plusieurs des auteurs auxquels elle a, dans sa séance publique du a3 décembre dernier, décerne des prix ou des encouragements : MM. Khune (prix de Physiologie expéri- mentale); Lallemand, Perrlx et Duroy (prix de Médecine et de Chirurgie' ; Haspel, Rouis (mentions honorables, même concours). M. Gityard adresse copie d'une Lettre qu'il a écrite à M. Plateau, con- cernant ses recherches sur la forme d'équilibre d'une masse sans pesanteur, Lettre dans laquelle il indique une nouvelle expérience qui lui semble destinée à étendre encore le champ de découvertes si heureusement exploité par le savant belge. M. Legrand transmet l'observation d'un cas pathologique dans lequel le mouvement des doigts de la main était accompagné de douleurs trés- vives provenant, probablement, de l'inflammation des tendons fléchisseurs, inflammation survenue par suite de la morsure d'un écureuil. M. de Paravey adresse de nouvelles remarques qui lui ont été suggérées par la lecture de divers ouvrages chinois. Ce qu'il y a trouvé, cette fois, re- lativement à certains quadrumanes lui semble apporter de nouvelles preuves à l'appui d'une thèse qu'il a déjà soutenue dans de nombreuses communica- tions faites à l'Académie, savoir qu'une grande partie des faits consignés dans les anciens livres chinois serait empruntée à d'autres livres plus anciens, écrits dans des pays fort éloignés de la Chine. La séance est levée à 5 heures et demie. F. ( 6i ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 6 janvier 1862 les ouvrages dont voici les titres : Mémoires et souvenirs de M. A. -P. de Candolle, associé étranger de l'Institut ; éci ils par lui-même et publiés par son fds. Genève, 1862; vol. in-8°. Catalogue des Brevets d'invention; année 1861; n09 6 et 7. Paris, 1861; 111-8°. Prodrome de Géologie; par M. À. Vézian. Paris, 1861 ; in-8°. De l'Epispadias ou fissure uréthrale supérieure et de son traitement ; parle Dr Dolbeau. Paris, 1861 ; in-4°- (Concours de Médecine et Chirurgie de 1862.) Un apothicaire belge au XVIe siècle {Pierre Coudenberg); par M. A. Cap. (Extrait du Journal de Pharmacie et de Cbimie. Décembre 1861.) Paris, 186 1 ; 1 feuille in-8°. De la colique et de l'iléus aux points de vue des causes, de la nature, du traite- ment et des lésions anatomiques; Lettres au professeur Lordat , par le Dr Ber- tulus. Montpellier, 1861; in-8°. Verslagen... Comptes rendus de i Académie royale des Sciences Néerlan- daise (Sciences naturelles); vol. XI et XII. Amsterdam, 1861; in-8°. Verhandelingen... Mémoires de l'Académie royale des Sciences Néerlan- daise; t. IX. Amsterdam, 1861 ; in-4°. Over den... Travaux concernant la Zoologie , publiés par la Société royale zoologique Natura artis magistra ; 8e livraison. Amsterdam, i85o,;in-4°. Jaarboek... Annuaire de l'académie royale des Sciences Néerlandaise. Amsterdam, 1860 ; in-8°. Cartes géologiques de la Néeriande. Feuilles 19 et 20 ; in-folio. Studien. . Etudes sur l'intégration des équations linéaires différentielles ; par S. Spitzer; ae et dernier supplément. Vienne, 1862; in-8u. Nachrichten... Nouvelles de l'Université et de la Société royale de Gœttingue ; nos 21 et 22. Décembre 1861. (63 ) A Fajtakerdes... De la question des races d'après les discussions des trois der- nières années; par M, Schwartz Gyula. Pesth, 186] ; broch. in-8°. Foldtani... Théories de la Terre dans les systèmes grecs antérieurs à Alexan- dre ; par le même ; ire et 2e livraison. Pesth, 1 86 1 ; in-8°. Lampsacusi. . . Straton de Lnmpsaque : Essai sur l'histoire des sciences; par le même. Pesth, 1 86 1 ; broch. in-8°. AGorôgok... Géologie des Grecs...; par le même. Pesth, 1861; in-4". Osservazione... Observation du passage de Mercure sur le disque du Soleil, faite à l'Observatoire royal de Turin dans la matinée du 12 novembre 1 86 1 ; par M. G. Plana. (Présenté au nom de l'auteur par M. Élie de Beaumont.) Ragionamento... Mémoire sur la double pulsation fœtale, et principalement sur les battements cardiaques du fœtus; par le professeur Dom. de Luca. Naples, 1861 ; in-4°. Nota... Note sur les pulsations des veines de la rétine ; par le même. Naples, 1861; in-4°. Atti... Actes de la Société italienne des Sciences naturelles; vol. III, fasci- cule 4. Milan, 1861 ; in-8°. Observatorio... Observatoire météorologique de l'Infant don Luiz,à l'Ecole polytechnique de Lisbonne; n09 3o à 36; in-folio. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 13 JANVIER 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Secrétaire perpétuel présente le tome LII des Comptes rendus hebdomadaires et annonce que ce volume est en distribution au Secré- tariat. « M. Flourexs fait hommage à l'Académie de son Eloge historique de Tiedemann, lu dans la séance publique du lundi i?> décembre 1861 . » PHYSIOLOGIE. — Note sur la coloration des os d'animaux nouveau-nés par la simple lactation de mères à la nourriture desquelles a été mêlée de la ç/aranre; par M. Flocrexs. « Dans la séance du l\ juin 1860, et dans celle du 3i décembre de la même année, je présentai à l'Académie des fœtus dont les os avaient été co- lorés par l'action de la garance, mêlée à la nourriture de la mère. Je lui présente aujourd'hui un fait qui démontre d'une manière complète la pro- longation de l'influence de la mère sur le nouvel être : ce sont des squelettes C. R., 1863, 1" Semestre (T. L1V, N° 2.) 9 (66 ) d'animaux nouveau-nés dont les os ont été colorés par la simple lactation de mères à la nourriture desquelles de la garance a été mêlée. » Dans le cas des os de fœtus colorés pendant la gestation, c'était évi- demment le sang de la mère qui avait porté (i ) dans le fœtus le principe colorant de la garance. Je ne doutai pas que ce que faisait le sang, le lait ne pût le faire. « Je fis mettre aussitôt en expérience de jeunes porcs qui venaient de naître; ils furent soigneusement séparés de la mère tant que dura l'expé- rience, et n'y étaient réunis que pendant les moments nécessaires à la lac- tation. La mère fut, en même temps, soumise à une nourriture mêlée de garance. Au bout de quinze à vingt jours, tous les os des jeunes porcs se trouvèrent rouges. »> Ce résultat était précieux ; mais, dans les conditions où je l'avais obtenu, il pouvait laisser quelque prise au doute. Lorsque la coche arrivait au mi- lieu de ses petits, elle avait le museau tout barbouillé de sa nourriture, et les petits léchaient cette nourriture à qui mieux mieux (2). » Il fallait, pour ces expériences, des animaux dont on fût sûr qu'ils ne mangent point et qu'ils se bornent à teter pendant les premiers temps de la lactation. » Sous ce rapport, de jeunes rats ( 3) et de jeunes lapins m'ont paru offrir toute garantie. » La femelle du surmulot porte de dix-huit à vingt jours; elle fait un nid où elle dépose ses petits; ces petits naissent tout nus et les yeux fermés ; ils ne mangent point durant les premiers jours; ils ne font que teter, et ne sortent du nid (pie du quinzième au vingtième jour. » La femelle du lapin porte trente jours; elle fait un nid au fond duquel elle dépose ses petits; ces petits naissent tout nus (4) et les yeux fermés; ils ne sortent du nid que du vingt-cinquième au trentième jour; enfin, ils ne man- gent point et ne font que teter pendant les premiers jours. » Les petits rats et les petits lapins m'ont paru offrir toutes les condi- tions que je souhaitais. » J'ai fait soumettre à un régime mêlé de garance une femelle de sur- ( 1 ) Par endosmose. Voyez le t. L des Comptes rendus, p. i o ( i . (2) Le petit porc boit, lèche, mange, court, dès sa naissance. (3) Le rat albinos. (4) Les petits lapins n'ont, comme les petits rats, qu'un duvet à peine visible. ( ^7 ) mulot qui venait de mettre bas. Au bout de onze jours, j'ai examiné les petits : tout ce qui était déjà osseux dans leur squelette était rouge. .. J'ai fait soumettre au même régime, mêlé de garance, une femelle de lapin qui venait également de mettre bas : au bout de neuf jours, tout ce qu'il y avait d'osseux dans le squelette du jeune lapin était rouge. » Déplus, j'ai scrupuleusement examiné la bouche, l'œsophage, l'esto- mac, les intestins de tous ces animaux, rats et lapins, et je n'ai trouvé nulle part aucune trace de garance. » Le fait est donc certain : la lactation agit comme la gestation; le lait a le même pouvoir que le sang de porter au fœtus le principe colorant de la ga- rance, de rougir ses os. En d'autres termes, la mère influe sur le petit par la lactation comme elle influait sur lui par la gestation ; et sous ce point de vue, la lactation n'est qu'une prolongation de la gestation : prolongation pré- cieuse de l'influence de la nourrice sur le petit, phénomène physiologique du plus haut ordre, et ressource thérapeutique dont la médecine savante de nos jours ne manquera sûrement pas de tirer parti. » ASTRONOMIE. — Sur la figure de la grande comète de 1 86 1 ; par M. Faye. (Troisième partie.) « Emission cyathiforme, ou émission nucléale antérieure (du côté du Soleil) en forme de calice à fond conique et. à bords renversés. — Il fallait ici un mot nouveau, car ceux dont on s'est servi jusqu'ici pour désigner ce phé- nomène, les mots d'aigrettes, de secteurs lumineux, d'éventail, etc., semblent tous indiquer une émission qui s'opérerait dans le plan de l'orbite, c'est-à- dire dans le plan où Bessel faisait osciller, devant le Soleil, le noyau et ses appendices, comme une aiguille aimantée placée sons l'influence d'un aimant puissant. Ce secteur plan à bords recourbés se retrouve à la fois dans la figure théorique de la planche lithographiée des Comptes rendus f séance du 9 décembre dernier) que j'aurai occasion de rappeler ici plu- sieurs fois, et dans le dessin du P. Secchi pour la comète de l'an dernier (même planche, 3 luglio iob pom.). Les deux secteurs y sont limités par un contour plus ou moins régulier qui semble en dessiner l'arc terminal. Nous allons voir que ces lignes sont en réalité les contours perspectifs d'une figure bien plus complexe, et que cette figure est précisément celle de la théorie. » Si l'émission antérieure était un secteur situé dans le plan de l'orbite, 9- ( 66 ) son aspect varierait suivant certaines lois au fur et à mesure du déplace- ment de l'observateur. De face il serait vu sans raccourci, en vraie gran- deur; vu obliquement, il se rétrécirait; si l'observateur venait à passer par son plan, il se réduirait a une ligne lumineuse plus ou moins large; enfin, de l'autre côté du pian, il repasserait en sens inverse par les mêmes effets de raccourci. Ainsi son aspect dépendrait de l'inclinaison du rayon visuel sur le plan du secteur et non de son inclinaison sur l'axe. Les cboses se sont-elles passées ainsi pour la comète de 1861 qui nous offre, ici encore, les moyens de contrôle les plus décisifs? Nullement. Le 12 et le 14 juin, M. Ellery voit et dessine un secteur à angle très-ouvert (planche du Compte rendu du 9 décembre). Le 3o juin, jour où la Terre a passé par le plan de I orbite, air lieu d'apercevoir le noyau surmonté d'un trait lumineux unique, dirigé vers le Soleil, on l'a vu entouré de rayons divergents comme un soleil d'artifice, disent les uns, comme une étoile de mer, disent les autres. Enfin le 3 juillet ( même numéro des Comptes rendus), jour où l'incli- naison du rayon visuel sur le plan de l'orbite était encore Ires-faible, au lieu d'un secteur étroit on retrouve l'amplitude et la figure du \l\ juin. Or la seule figure qui ait pour perspective, sous des points de vue si différents, un secteur d'angle assez perr variable, ce n'est évidemment pas un secteur plan, c'est la surlace de révolution engendrée par ce secteur lui-même en tournant autour de son axe, et l'on vérifie aussitôt cette conclusion en la rapprochant des faits observés. La perspective d'une telle surface ne dépend pas, en effet, de l'inclinaison dir rayon visuel sur le plan d'un de ses méri- diens quelconque, tel que le plan de l'orbite, mais seulement de l'angle de cette ligne visuelle avec l'axe; ainsi cette perspective a dû être sensible- ment la même le 14 juin et le 3 juillet, car, dans le premier cas, cet angle était de 53° et dans le second de 5o°. De plus le jour du passage de la Terre par le plan de l'orbite, le 3o juin, cet angle se trouvant réduit à 260, les contours perspectifs en forme de secteur ont dû disparaître, car avec une pareille obliquité il n'existe plus de cylindre circonscrit à la partie coniqrre d une telle surface. Alors les inégalités d'éclat dans l'épaisseur des parois ou dans 1 intérieur du calice, vues à travers une épaisseur énorme de matières éclairées, orrt dû déterminer l'aspect rayonné dont les observateurs parais- sent avoir' été si frappés dans la soirée du 3o juin. On a pu croire alors qu'on assistait a un phénomène tout nouveau, et pourtant du i4 juio ou du 3 juillet au 3o juin, il n'y avait de changé (pie le point de vue. La forme ordinaire, celle du 1/4 juin, celle que la comète de Halley a rendue familière ( % ) a tous les astronomes, n'a pas tardé à se montrer dans les premiers jours de juillet, comme le montre le dessin du 3 luglio. » Si l'on considère de plus près l'émission eyatliiforme dont les faits viennent de montrer si ciairement l'existence, on trouvera que sa perspec- tive doit présenter pour des inclinaisons fort communes de ()0°=h (io°, 20°, 3b°,' ._.'.), i° un secteur lumineux à bords courbes et convexes en dedans; 2° un arc tangent aux côtés courbes du secteur (i), également convexe à l'intérieur, arc qui sera remplacé, à cause de l'épaisseur des parois, par une zone de lumière plus ou moins large; 3' un peu au delà du secteur, un contour convexe au dehors que l'on prendrait aisément pour une de ces enveloppes concentriques situées ordinairement au delà de l'émission, du côté du Soleil. C'est là précisément ce que donnent l'esquisse théorique des Comptes rendus do 9 décembre et le dessin coinétairedu 3 juillet; il n'y manque que l'arc ou plutôt la zone interne du secteur qui n'est point indiquée dans ces dessins. » Mais si l'on veut comparer en détail ces formes théoriques avec les formes observées, il ne faut pas oublier que les premières supposent des surfaces géométriques sans épaisseur, tandis que les secotides proviennent de surfaces d'émission ayant une épaisseur considérable. Secondement, l'émission n'est pan composée de matières homogènes; les différences de tiensité se font sentir à l'intérieur même du calice qui la limite et qui en forme la partie principale; des portions de ce calice peuvent même man- quer totalement ou présenter l'aspect d'une rupture, si l'émission s'inter- rompt localement. Enfin la nappe conoïdale convexe qui fait suite au calice proprement dit et forme l'origine principale de la queue, cesse d'offrir un contour apparent bien tranché à peu de distance du cercle qui lui sert de sommet du côté du Soleil, parce que sa matière, emportée parla répulsion, se dissémine rapidement sur un grand espace. C'est exactement ce qui se passe dans les nappes coniques ou sphériques de certains jets d'eau tres- étalés : à partir d'une certaine zone, ces nappes se décomposent en lam- beaux et en gouttelettes, incapables d'offrir un contour régulier et continu. (i) En deux points singuliers où le ravon visuel a un contact du troisième ordre avec la surface. ( 70.) Il n'est pas inoins essentiel de tenir compte de la transparence singulière de toutes les parties de la tète d'une comète, le noyau excepté, et du degré d'éclat que la projection visuelle de ces parties les unes sur les autres peut donner momentanément, selon la force optique de l'instrument employé, aux diverses régions de la figure. >» Un excellent moyen de reproduire matériellement et d'étudier ces dé- tails, consiste à considérer de près la figure d'une lampe à alcool venant frapper un obstacle plan horizontal qui la force à se replier en calice. On y retrouve les détails précédents encore mieux que dans les perspective géo- métriques que je dois à l'obligeance de M. Dunesme, et que je mets sous les yeux de l'Académie. Ainsi le contour intérieur (ligne de contact du rayon visuel avec la partie non convexe du calice) est large et peu apparent; ainsi les rayons latéraux du secteur se prolongent plus loin et ressortent mieux que dans les épures; ils ressortent même trop, ce qui me semble tenir unique- ment à cette circonstance que l'intérieur de la flamme est complètement obscur, tandis que l'intérieur du calice cométaire n'est pas complètement vide (i). On réaliserait une image encore plus frappante mais moins exacte du phénomène céleste, si on renversait une nappe conique de gaz d'éclai- rage enflammé. La légèreté spécifique du gaz forcerait cette nappe incan- descente à se recourber, puis à remonter verticalement, par un jeu tout semblable à celui de la répulsion solaire. » Toutefois la théorie indique un angle de 1080 à l'origine pour le point conique du noyau. A ce compte, les perspectives du i/| juin et du 3 juillet seraient en défaut, car l'angle du rayon visuel avec le rayon vecteur pro- longé qui aurait dû dépasser la moitié de cet angle, n'était qu 1/1 r- ,r- r ) passage au périhélie Du 20 septembre au 4 octobre -+- 6.45 6 ( , „ r , * ' ^ H I le 3o septembre. Du 5 au 7 octobre -f- 7 . 01 5 Du 8 au 10 octobre -+-7.32 4 Du 12 au 14 octobre -1-8.38 3 et il en résulte une déviation moyenne presque constante de 70 pendant la durée d'un mois (2). » Ainsi, l'émission postérieure ne présente aucune trace d'oscillation pendulaire; elle affecte seulement une direction légèrement inclinée sur le rayon vecteur, en arrière du mouvement de l'astie. Les choses se sont pas- sées de même pour la dernière comète, sauf la grandeur de la déviation à laquelle le P. Secchi assigne des valeurs énormes, p — p0 = -f- 46° pour le ier juillet et -+- 52° pour le 2. Mais en remontant aux observations origi- nales, on trouve 180 pour l'angle de position du Soleil, 2.08° pour celui de l'axe du canal obscur : or l'auteur a comparé cette dernière direc- tion au supplément du premier angle, c'est-à-dire à 1800 — 18 = 1620, pour avoir l'angle apparent du rayon vecteur prolongé avec l'axe du canal ob- scur, tandis qu'il faudrait prendre, si je ne nie trompe, 1800 + 18 ou 1980, ce qui donne -f- io° seulement de déviation. De même pour le jour sui- vant (3). (1) Astron. Nackr., n° 1 173, p. 33o. J'ai défalqué, des moyennes de M. Pape, les me- sures de M. Winnecke, de Poulkowa, qui se rapportent non à l'axe du canal obscur, mais à celui de la queue. (2) Il est très-intéressant de comparer cette direction avec celle de l'axe de la queue à l'origine. M. le Dr Winnecke a trouvé que celle-ci était, pendant le même laps de temps, sensiblement constante, et en moyenne de 3°46'. Ces deux déviations, dans le même sens, sont dues à la même cause, bien que l'une soit à peu près le double de l'autre. La différence tient aux inégales densités des matières provenant de régions différentes de la tête et à la différence des chemins parcourus. (3) Osservazioni e Ricerche astr. sulla grande cometa del giugno 1861, p. 62. IO.. ( 76 ) » Voilà donc un ensemble de faits bien constatés : comparons les à la théorie, et d'abord à celle de Bessel. En appliquant à cette déviation la formule tangy = gsin G T V2 \ll-y-4i 3 4resin v 2 \ip \fï (i— p)\Jp] 3r ' v'ï~— 7 que Bessel a donnée pour la corde menée du noyau à un point quelconque de la queue, corde définie par son angles avec je rayon vecteur et sa projec- tion ç sur le même ravon, M. Pape a conclu, dans son remarquable Mémoire du mois de décembre i 858, que du 17 septembre au i/j octobre la répulsion solaire [j. a toujours eu la même intensité. Comme il s'agit ici de l'axe de la queue, le facteur gsin G doit être considéré comme nul, ce qui réduit l'ex- pression de tangœ à son dernier terme. Or il est aisé de voir que pour la corde à l'origine, c'est-à-dire pour la première tangente, cette formule donne ç =0, puisque £, projection de la corde sur l'axe, se réduit ici théoriquement à un élément infiniment petit de la courbe. Ainsi dans la théorie de Bessel, fondée sur une notion erronée de la répulsion solaire, la queue devrait être tangente au rayon vecteur; cette théorie ne peut donc expliquer l'angle observé entre la tangente à l'origine et ce rayon. On ne saurait d'ailleurs objecter à ce raisonnement qu'il s'agit ici d'une région exclue par liessel lui-même comme trop voisine du noyau, car l'attraction du noyau ne. sau- rait dévier les particules qui s'en échappent dans le sens du premier élé- ment de l'axe curviligne de la queue. » Dans notre théorie, au contraire, cet angle est possible et même néces- saire, ainsi que je l'ai plusieurs fois expliqué, car la force répulsive se décomposant suivant la tangente à l'orbite et suivant le rayon vecteur, la composante radiale imprime à la molécule déjà séparée du noyau un petit déplacement modifié par l'attraction du Soleil et celle, du noyau, tandis (pie la composante tangentielle produit seule un autre déplacement en sens contraire du mouvement de l'astre. Si le premier était dû à la seule force radiale, le rapport de ces déplacements répondrait à l'angle d'aberration actuel; mais à cause de l'attraction contraire du Soleil et surtout du noyau, lequel agit encore sur la molécule bien qu'elle ne fasse plus corps avec lui, ce rapport peut déterminer une déviation heaucoup plus sensible; et comme les parois de l'émission conoïdale se trouvent peu inclinées sur la direction de la force répulsive, cet angle ne subira que île faibles varia- tions. » ( 77 ) ASTRONOMIE. — Remarques sur les idées émises par M. Le Verrier relativement à la constitution de notre système planétaire ; par M. Delaunay. « Je n'aurais pas pris la parole sur ce sujet, siM. Le Verrier ne m'y avait pour ainsi dire obligé, en persistant à présenter les choses sous un jour qui ne me paraît pas conforme à la vérité. J'ai montré récemment que l'accrois- sement de 38" attribué par lui au mouvement séculaire du périhélie de Mercure n'est autrechose qu'une équation empirique, ajoutée aux inégalités qu'il avait déduites de la théorie, dans le but de faire disparaître le désaccord qui subsistait entre ses résultats théoriques et l'observation. M. Le Verrier n'a rien trouvé à répondre à la Note que j'ai insérée à ce sujet dans le Compte rendu de la séance du i5 novembre dernier; et cependant il con- tinue à parler de cet accroissement du mouvement du périhélie de Mercure, comme d'un fait que les observations donnent directement, et dont l'exis- tence ne peut être contestée; puis il part de ce fait, et d'un autre analogue relatif a la planète Mars, pour établir l'existence de divers anneaux d'asté- roïdes circulant autour du Soleil, à diverses distances de cet astre. Les con- clusions auxquelles il arrive ainsi ne me semblent pas avoir le caractère de certitude, ou au moins de grande probabilité, avec lequel M. Le Verrier les présente. Ses raisonnements en effet ne reposent sur rien de solide, comme il va métré facile de le montrer. »M. Le Verrier, après avoir effectué une nouvelle détermination théorique des inégalités du mouvement de Mercure autour du Soleil, en a déduit des Tables du mouvement de cette planète. Malgré tous ses efforts, ces Tables théoriques ne s'accordaient pas complètement avec les observations dont il disposait; et il a trouvé qu'il pouvait faire disparaître le désaccord en augmentant de 38" le mouvement séculaire du périhélie de Mercure. Voila le fait. Que faudrait-il pour qu'on pût regarder l'équation empirique ainsi introduite comme étant l'expression de la réalité, c'est-à-dire comme repré- sentant un phénomène réel qui se serait manifesté par la comparaison des Tables théoriques avec les observations? Il faudrait d'abord que l'on fût assuré queles recherches théoriques de M. Le Verrier et les Tables qu'il en a déduites ne laissent absolument rien à désirer; il faudrait ensuite qu'il fut bien établi qu'il n'y a pas d'autre moyen de faire disparaître le désaccord, entre ces Tables théoriques reconnues parfaites et les résultats d'observa- tion, que d'accroître le mouvement séculaire du périhélie de la planète. ( 7» ) » Sur le premier point, il nous sera bien permis de conserver quelques doutes, malgré l'assurance avec laquelle M. Le Verrier dit : « Il reste acquis » aujourd'hui qu'il n'est pas possible de représenter toutes les observations » faites sur le système des quatre planètes inférieures, en ne tenant compte » que de leurs actions mutuelles et de celles du Soleil. » [Voir plus haut, page 3o). Je veux bien admettre que M. Le Verrier a mis un soin extrême à ses recherches théoriques et à tous les calculs nécessaires pour arriver jusqu'à l'établissement des Tables qui en sont résultées ; mais enfin nous savons bien que personne n'est infaillible. Des savants d'un très-grand mé- rite s'étaient occupés avant lui de la même question ; ils avaient aussi fait tous leurs efforts pour atteindre le but qu'ils avaient en vue : et cependant M. Le Verrier a trouvé que les résultats auxquels ils sont parvenus étaient susceptibles d'être améliorés. Qui peut nous assurer que d'autres, venant après M. Le Verrier, et profitant des nouveaux pas qu'il a fait faire à la question, ne trouveront pas encore quelque chose à glaner après lui ? Dans des questions aussi compliquées que celle dont il s'agit ici, c'est à peine si l'on peut se regarder comme certain de l'exactitude des résultats obtenus, même après que d'autres savants les ont retrouvés par de nouvelles recher- ches complètement indépendantes des premières. » Quant au second point, les doutes ne sont pas moins naturels. Les Tables purement théoriques construites par M. Le Verrier ne présentaient avec les observations que de très-petites différences, puisque, pour les faire disparaître, il a suffi d'ajouter 38" au déplacement théorique du périhélie de Mercure pendant tout un siècle, c'est-à-dire pendant que la planète fait 4 1 5 révolutions autour du Soleil ; c'est o",oo, par révolution. Qui ne voit que, en raison de la petitesse de ces différences, les erreurs des observations aux- quelles on compare les Tables prennent une importance relative très- grande ; d'où résulte que la recherche de la loi que suivent les corrections à faire aux lieux fournis par les Tables présente une véritable indétermina- tion ? L'accroissement attribué au mouvement du périhélie est une des formes de l'équation empirique que l'on peut employer pour ramener les différences entre la théorie et l'observation à être renfermées entre les limites d'erreurs que les observations comportent; c'est même probable- ment la forme la plus simple qu'on puisse lui attribuer pour cela : mais ce n'est certainement pas la seule qui permette d'y arriver. Quel motif aurions- nous donc pour croire que cette forme de l'équation empirique est la re- présentation exacte de la différence existant entre les phénomènes réels et les Tables supposées parfaites? ( 79 ) » Je ne trouve pas mauvais que M. Le Verrier cherche à imaginer la cause capable de produire les accroissements qu'il a été conduit à donner au mouvement du périhélie de certaines planètes. Quand on a consacré un long temps à faire un travail considérable tel que la théorie des mouvements des quatre planètes les plus voisines du Soleil ; quand, malgré tous ses efforts, on n'est pas parvenu à obtenir un accord aussi complet qu'on pouvait le désirer entre les résultats de la théorie et ceux qu'a fournis l'observation, il est bien naturel qu'on cherche à pénétrer dans l'avenir, et à voir quelles conséquences pourront découler un jour de l'existence de la différence trou- vée, s'il arrive que l'on constate que cette différence existe bien réellement et sous la forme sous laquelle on l'a obtenue tout d'abord. Mais, malgré tout l'intérêt que peuvent présenter de semblables recherches, on doit éviter de leur donner un caractère autre que celui de simples conjectures. Elles ne peuvent apporter aucune nouvelle pierre à l'édifice de la science, tant que la base hypothétique sur laquelle elles reposent n'a pas été définitivement rangée parmi les faits acquis. » Puisque j'ai été amené à parler des idées émises par M. I.e Verrier sur la constitution de notre système planétaire, j'en profiterai pour dire quel- ques mots d'un singulier résultat qu'il a déduit de ses formules il y a vingt- deux ans, résultat que le temps de la réflexion ne lui a pas fait modifier, puisque seize ans plus tard il le reproduisait dans les Annales de l'Obser^ vatoire, sans y apporter aucune atténuation ni restriction. Voici ce dont il s'agit. » Dans un Mémoire sur les inclinaisons respectives des orbites de Jupiter, Saturne et Uranus {Journal de M. Liouville, année 18/J0, p. 95), M. Le Verrier examine en particulier ce qui arriverait à une petite planète soumise aux actions perturbatrices des grosses planètes Jupiter et Saturne, et circulant autour du Soleil à une distance moindre que celle de Jupiter. 11 trouve que, si la distance de cette petite planète au Soleil est convenablement choisie, l'inclinaison de son orbite sur celle de Jupiter, tout en ayant été primitive- ment très-petite, peut grandir considérablement, et cela d'autant plus que la masse de la planète troublée est supposée plus petite. Puis il remarque que les planètes dont les demi grands axes approchent le plus de satisfaire à la con- dition indiquée pour cela, sont celles dont les masses sont les plus petites, et qu'il se trouve précisément que leurs inclinaisons sur l'orbite de Jupiter sont considérables (ces planètes sont Cérès, Pallas, Junon et Vesta, les ( So ) seule» petites planètes connues à cette époque :. M. Le Verrier ajoute en- suite : « Entre Vénus et le Soleil il existe une autre étendue où, en vertu •■ des actions perturbatrices de Vénus et de la Terre, les inclinaisons d'une » petite masse pourraient grandir considérablement. Mercure se trouve » placé à l'une des extrémités de cette étendue, et ses inclinaisons sont » considérables. » » Cette conséquence que M. Le Verrier a tirée de ses formules n'est pas restée inaperçue. Non-seulement on l'a remarquée, mais on y a vu le point capital du Mémoire où elle se trouve énoncée. La notion qui en résultait pour la constitution de notre système planétaire a même été vulgarisée, et on la caractérisée par une expression à la fois pittoresque et significative, .(e me souviens d'avoir entendu parler plusieurs fois, même dans cette en- ceinte, de la région ravagée découverte pat M. Le Verrier entre Mars et Jupiter. Plus tard, lorsque M. Le Verrier s'est occupé de donner dans les Annales de l Observatoire une seconde édition de ses diverses publications scientifiques, il a reproduit les assertions contenues dans son Mémoire de 1840, sans y changer un seul mot (voir les Annales, t. II, p. i(J5, et surtout les Addi- tions placées à la fin de ce volume, page [34])- » Voyons ce que l'on doit penser de tout cela. Quand on examine la chose de près, il paraît d'abord bien extraordinaire que l'inclinaison de la petite planète considérée puisse grandir d'autant plus que sa masse sera moindre. Autant vaudrait dire que la chute d'une pierre à la surface de la Terre est d'autant plus rapide que cette pierre est plus petite. Les perturba- tions qu'éprouve une petite planète de la part des grosses planètes de notre s\ sterne sont indépendantes de sa masse, de même que la chute des corps à la surface de la Terre (dans le vide, bien entendu,) présente des circon- stances identiques quelles que soient les masses de ces corps. Il faut donc qu'il y ail quelque méprise dans les raisonnements de M. Le Verrier; il y en .1 une en effet, et il ne me sera pas difficile de faire comprendre la cause île l'erreur dans laquelle il est tombé. » Pour étudier les variations séculaires des inclinaisons mutuelles des orbites de trois planètes, M. Le Verrier est parti des équations différentielles établies par Laplace dans la Mécanique céleste, Pour obtenir ces équations, on conçoit que la fonction perturbatrice soit développée suivant les puis- sances croissantes des inclinaisons des planètes sur un plan fixe, inclinai- sons que l'on suppose petites, et on ne conserve que les termes qui sont du premier ordre par rapport à ces inclinaisons. En opérant ainsi, c'est-à-dir;? ( B-i ) en négligeant toutes les quantités d'un ordre supérieur au premier, on sait bien qu'on ne fait qu'une approximation. Les parties principales des quan- tités qui multiplient les premières puissances des inclinaisons dans les équa- tions différentielles peuvent seules contribuer à produire les résultats ap- proximatifs que l'on se propose d'obtenir à l'aide de ces équations. Les petites quantités qui accompagnent ces parties principales ne peuvent avoir sur les résultats qu'une influence insignifiante, souvent plus petite que celle des termes du second ordre et des ordres supérieurs que l'on a négligés. Or c'est en s'arrangeant de manière que les parties principales dont je viens de parler se détruisent mutuellement, pour laisser la prépondérance aux parties accessoires, que M. Le Verrier a été conduit au résultat singulier dont je veux montrer l'inexactitude: il a employé ses formules dans un cas où elles ne peuvent donner rien de bon. En d'autres termes, M. Le Verrier a considéré un cas particulier dans lequel l'ensemble des termes du premier ordre, conservés seuls dans les équations différentielles, devient très-petit dans une certaine combinaison de ces équations, et cela par une cause autre que la petitesse des inclinaisons elles-mêmes; dès lors, comme il n'est nul- lement prouvé que cette cause influe de même sur les termes d'un ordre supérieur qu on a négligés, ces termes d'ordre supérieur acquièrent une in- fluence prépondérante sur celle des termes du premier ordre pris seuls, et par suite le résultat obtenu en se contentant de ces termes du premier ordre n'a plus la moindre signification. M. Le Verrier ajoute, il est vrai, ceci : « On doit, » au reste, remarquer que ce résultat ne prouve pas du tout que la petite » planète atteindrait réellement les très-grandes inclinaisons qu'on obtien- » drait ainsi; mais il montre qu'il y a des cas où l'on ne devrait point, » malgré la petitesse primitive des inclinaisons, calculer leurs inégalités » séculaires en se bornant aux termes du premier ordre. » Ce qui veut dire évidemment : les termes du premier ordre considérés seuls montrent que l'inclinaison de la petite planète grandira; donc le développement suivant les puissances de cette inclinaison n'est pas assez convergent pour que l'on puisse se contenter de garder les termes du premier ordre seuls pour calculer la valeur que cette inclinaison peut atteindre. Et moi je dis, au contraire : les termes du premier ordre considérés seuls ne montrent pas du tout que l'inclinaison de la petite planète grandira, parce que l'on se place dans un cas exceptionnel où l'influence de ces termes du premier ordre est complè- tement masquée parcelle des termes des ordres supérieurs que l'on a né- gligés. Entre ces deux manières de présenter les choses, il y a évidemment C. R., 1862, 1er Semestre. (T. L1V, N» 2.) I I («*■) un abîme. Il résulte de tout cela que les formules de M. Le Verrier ne prouvent eu aucune manière l'existence d'une région ravagée entre Mars et Jupiter, pas plus qu'entre Vénus et le Soleil. » En soumettant à l'Académie les remarques qui précédent, je n'ai fait qu'accomplir un devoir. Nous sommes réunis ici pour nous occuper de la découverte, de la vérité. Nous devons, chacun dans notre spécialité, veiller à ce qu'il ne se dise devant l'Académie rien qui soit de nature à altérer le vrai caractère des recherches et des résultats dont on lui présente l'exposé. Plus un savant acquiert d'autorité par l'importance et la valeur de ses tra- vaux, plus il doit être circonspect dans l'énoncé des conséquences qu'il croit pouvoir en tirer. Il faut que nous songions à la foule de jeunes savants qui viennent après nous, que nous leur montrions franchement et nettement l'état exact où nous avons amené les questions dont nous nous sommes occupés; il faut que nous leur ouvrions complètement la route des décou- vertes ultérieures, en la débarrassant de tout ce qui pourrait les empêcher de voir au grand jour ce qui est fait et ce qui reste à faire. Si quelqu'un d'entre nous croit s'apercevoir que, dans certaines communications, ces règles de sagesse scientifique ne sont pas scrupuleusement observées; si, dans la pu- blication de certains travaux, il croit découvrir des inexactitudes qui pour- raient nuire au développement ultérieur de la science, il doit le dire nette- ment et faire ses efforts pour ramener les choses à leur véritable point de vue. C'est ce motif seul qui m'a déterminé à prendre la parole aujour- d'hui. » Remarques de M. Le Verrier à l'occasion de la précédente Communication. •< M. Le Verrier a déjà exposé à l'Académie qu'il ne se croirait pas obligé de répondre désormais à des attaques qui deviennent systématiques. » S'il plaît à quelqu'un de dire qu'une théorie peut n'être pas juste, mais sans apporter aucune raison quelconque à l'appui, une objection si banale, qu'on pourrait opposer à priori à tout travail scientifique, ne tombe-t-elle pas d'elle-même? » S'il plaît à quelqu'un d'appeler empirique un résultat tiré des observa- lions, faut-il donc le suivre dans une discussion de mots et classer les sciences d'observation, la physique, la chimie et autres dans V empirisme ' » Et d'un autre côté, si tout à coup, au milieu de la discussion et sans (83) autre motif que d'eu dissimuler le vide, ou reprend une autre question rela- tive aux inclinaisons des orbites, qui fut débattue et résolue l'an dernier devant l'Académie, faut-il donc recommencer des réponses et des répliques sans fin ? » M. Le Verrier ne le croit pas utile. » Toutefois, comme les lecteurs du Compte rendu n'ont pas entre les mains les Annales de l'Observatoire, et que par des citations tronquées on altère le. sens et la portée des articles qu'on incrimine, M. Le Verrier demande à ses confrères la permission de reproduire ces articles en leur entier. Il donnera aujourd'hui les conclusions de la théorie de Mercure. Ceux qui voudront bien les lire trouveront peut-être que la simplicité de ces exposés ne les rendrait pas indignes de servir d'exemple, sous ce rapport, aux jeunes astronomes. EXTRAIT DE LA THÉORIE DE MERCURE (l). [Recherches astronomiques, Chap. XV, Section IV. — Annales de l'Observatoire, Tome V.) « Soient So et 8s les corrections de la longitude et de la latitude hélioeentrique de Mer- cure; <î0 la correction de la longitude du Soleil; Se la correction de la distance des ren- tres des deux astres au moment d'un contact interne. » La discussion des passages de la planète sur le Soleil nous fournit, entre ces correction inconnues et les données des observations, diverses équations de condition auxquelles nous arrivons à la page 74 ( annales, t. V), et que nous reproduisons ici, comme élant le point de départ. Equations de condition déduites des passages observés en novembre. ÉPOQUES. ENTRÉE. SORTIE. 1077,85 0,46 (oV — SQ) — o,o6o.v-|-ôY + 3, 16 = 0 o,43(&>— SQ) +o,i8o\j — de— 4,69 = 0 1697.84 o,3g(oV — SQ) — 0,268s— 3t + 0,45 = 0 1723.85 o,45(S» — SQ) — o,ioSs-\-Sc—o,S6 = o 1736.86 0,28(00 — 8Q) — o,^Ss+8c-ho, 75 = 0 o, i6(àV — o\3)4-°.-43o\v — 3c+o, i3 = o 1743. 84 o, 34('?<' — 3Q) + o,3iS.i-\-Sc — 0,01 =0 o,42(oV — SQ) — 0,-20 & — Sc-\- 0,92 = 0 1769.85 o,44(oV — £©) — o,i5o\v+d> + 0, 99=0 1782.86 0,17(80 — SQ) — o,45o\v+<îc- 0,92 = 0 o,o.3(oV— 8Q)+o,fô8s — 8c+o,z3 = o 1789.84 o,38(8o — 8Q)+o,iy3s+Sc+i,Si = 0 o,U(Si>—8Q) — b,i5Ss—8c+o,g.j=~o 1802.85 o;46(8v—SQ)+o,\o8s-Sc+i,fy 0 1848.86 o,46$p— SQ)— 0,01 Ss+Sc+z, 27 = 0 (j) Pour ne pas abuser de la permission (pie nous a accordée l'Académie de donner à nos I !.. ( 84 ) Efjuations de condition déduites des passages observés en mai. ÉPOQUES. „rl .„ „.,. b.~> „,(,..,„,. „j Observation des positions successives de Merci liili|,.w 0 , S 1 01'— OQ — o, isov+ia ,7 = 0 J f •. ■ 1 u 1 u .., ... faites a la chambre obscure par Héve hus. ENTREE . SORTIE . 17.-;:!. 31 , o,77(oV— ô*©) — 0,270V— oV+ia"o5 = o 1786,34 o,45(oV— oQ) — o,7oôV+dY+4,84=o o,65(ôV — SQ)+o,iySs — Sc+ 5. 11=0 1799,34 o,8o(ôV — #0)4-0, i6ô\y+o\:+5,65 = o o,6o,(ôV— o*©)— o,43o\y- oY+ 3,83 = o 183-2,31 0,61 (ôV — tf©) — o,53fa + oV+o, 17 = 0 o,77(oV — SQ)-\-o,i88s — Se — o,58 = o I8i.'>,35 o,74(oV — SQ)+oiH8s+8c~ i,o3 = o » J'expose ici qu'en raison de considérations particulières aux observations de 1661 et 167^, qui doivent les rendre suspectes, il convient de laisser de côté ces observations; et je pour- suis ainsi : » Laissant donc de côté les observations de 1661 et 1677, on remar- quera, dès l'abord, que les observations des passages par le nœud ascendant (novembre) ne donnent lieu qu'à de faibles erreurs : tandis que les passa- ges par le nœud descendant (mai) donnent lieu à une erreur de 12", o5 en 1 753, et qui, diminuant à peu près régulièrement à mesure que le temps augmente, se réduit à — i",o3 en i845. » Ces treize secondes de variation, en 92 années, demandent a être prises en sérieuse considération, en raison de l'exactitude du mode d'observation dont elles résultent. Elles ne sauraient en effet être attribuées aux incer- titudes des observations des passages, puisqu'il faudrait supposer que tous les astronomes auraient commis des inexactitudes considérables dans la mesure des temps des contacts : ces inexactitudes devraient en outre varier d'une manière progressive avec le temps, et différer de plusieurs minutes aux extrémités de la période de 92 ans. Circonstances tout à fait inadmis- sibles! » Cela étant, on aperçoit qu'on ne parviendra à détruire les erreurs signa- lées dans les passages de mai, sans en introduire dans les passages de no- vembre, qu'en modifiant les valeurs attribuées aux parties proportionnelles aux temps de deux des éléments de l'orbite. Les deux corrections devront extraits toute l'étendue que nous croirions utile, nous devrons remplacer les pages les moins importantes par quelques transitions qu'on distinguera en ce qu'elles seront composées en petit tcxic. ( «5 ) se détruire à peu près dans les passages de novembre, tandis qu'en s'ajou- tant elles rendront raison des écarts observés dans les passages du mois de mai. La considération du mouvement du nœud ne peut dès lors servir à résoudre la question : l'erreur de la longitude du nœud influe sur le calcul des temps des passages d'une manière toute différente, suivant la latitude de la planète. » La longitude moyenne, l'excentricité et le péribélie sont donc les princi- paux éléments dont nous allons avoir à étudier les variations. Il convient de le faire d'abord d'une manière approximative, qui ne laissera pas de four- nir immédiatement une très-grande exactitude. » Les passages de novembre ayant tous lieu dans les environs du nœud ascendant, la correction de la longitude peut, pour ces passages et dans une première approximation, être considérée comme variant proportionnel- lement avec le temps. Nous poserons donc a\> = « + ht, aetb étant deux constantes liées aux corrections âe, de et dV de la longi- tude moyenne de l'époque, de l'excentricité et de la longitude du périhélie, ainsi qu'aux variations annuelles an, é et n' de ces quantités, par les formules i,492c?£ — i,o44^e — 0,4920V = rt, i,4Q2c?/J — i,o44e' — 0,4923?' — b. Les coefficients numériques qui entrent dans ces relations ont les valeurs qui conviennent, en moyenne, aux époques des passages qu'il s'agit de discuter. » En remplaçant iïv par l'expression a -h bt, dans les conditions rela- tives aux passages de novembre, négligeant les corrections c?0 et 6Y, et tirant de ces conditions les valeurs de a et de b, on obtient a = — 4" » 4 3 » 5 = — o",o^io ; par là, les résidus des équations (excès du calcul sur l'observation) devien- nent 1697 1723 S E + o,56 - 1,08 17i3 ! 1 E S — 0,44 + o,47 .789 j l + 0,77 — 0. 10 1736 * E + 0,54 1769 E + 0,18 1802 S + 0,09 1 S — 0,06 1782 \ E I S — 1 ,20 0 , 02 1818 E -+- o.î5 ( 86) x Lors des passages par le nœud descendant, nous poserons pareillement dv = a' + b't, a' et b' étant liées aux mêmes corrections des éléments que ci-dessus, par les formules 0,71 2 de -+- o,gi6c?e -+- 0,28/4^37 = a', 0,712^ -+- 0,916e' -+-0,28/10-' = b' et nous en conclurons rt' = 3",22, £'= +o",i884. Les résidus des équations correspondantes deviennent alors 1733 S -+- 0,07 ( E -+- 0.08 178fi * E + °'" I S - °.67 / S - 0,06 18i5 E 4- 0,60 1799 j J + °f | S — 0,82 Les erreurs notables qui existaient ont, comme on le voit, complètement disparu. » Connaissant les valeurs de a et a', on peut éliminer c?£ entre les équa- tions dont ces quantités sont les seconds membres. On tombe ainsi sur la relation 2,72 de -+- c?ct = -+- 10", 27. Semblablement on tire, par l'élimination de an entre les équations dont les seconds membres sont égaux à b et b', 2,72e' -+- zs' = -+- o",3t)2. On voit donc que la discussion des observations des passages de la planète sur le Soleil fournira une relation précise entre l'excentricité et la longitude du périhélie; mais que pour déterminer l'un de ces deux éléments, il sera indispensable de recourir à l'emploi des observations méridiennes. » Le mouvement annuel 2,72e' -+- zô' = -+- o",392 doit fixer notre atten- tion ; cette quantité étant essentiellement liée aux valeurs admises pour les masses des planètes. Les variations séculaires de l'excentricité et du péri- hélie de Mercure ont été calculées en attribuant aux masses des planètes les (»7) valeurs fournies par des considérations étrangères à la théorie de Mercure, mais qu'on avait lieu de croire fort exactes. On pouvait donc espérer que la discussion des observations de Mercure confirmerait simplement les re- cherches antérieures. Or il n'en est rien : nous voyons ici que le triple en- viron du mouvement séculaire de l'excentricité, ajouté au mouvement sé- culaire du périhélie, donne une somme que les observations font pins grande de 3g" que celle qui résulte du calcul. La partie de cette somme, tlue à l'action de Vénus, est égale à a88", par le calcul fondé sur la va- leur 0,000002 488 5 de la masse : et en conséquence, pour faire concorder la théorie avec les observations de Mercure, on devrait augmenter la masse, reçue pour Vénus, de près de un se/>tième de sa valeur! » Avant de poursuivre cet examen, il est nécessaire de porter dans la discussion des équations de condition une plus grande rigueur. La connais- sance de la nature du résultat final, que nous venons d'acquérir, nous per- mettra de nous diriger d'une manière utile. » Considérons l'une des équations de condition Aeh> + Bch ± de — AdQ + K = o, de étant affecté du signe supérieur ou du signe inférieur, suivant que l'é- quation correspond à l'entrée ou à la sortie de la planète. v L'erreur très-petite qui peut exister sur l'inclinaison du plan de l'orbite, n'a aucune influence sur le calcul de la latitude, au moment d'un passage qui se produit toujours près de l'un des nœuds. On a dans ce cas, fort sim- plement, ds = ± tang

per respondeant, ut ipsae Tabulée Solis, quas initio hujus sseculi de Lam- » Are et de Zach dederunt, à Tabulis meis anno 1828 editis, quac nunc cum » observationibus consentiunt, 10" saepe discrepent: » Incertum est, qure canssa sit bornm errorum. Ab ipsis observationibus > non possunt originem habere, dntnmodo eœ cum Tabulis comparentur, » qu;r in Speculis et benè instructis et recte administratis sint instituts?, » eoque sint numéro, ut consensus earuin mutùus à fortuitis vitiis Les conditions dans lesquelles nous nous trouvons à l'égard de la théorie de Mercure sont différentes. La nécessité d'un accroissement consi- dérable du mouvement séculaire du périhélie résulte exclusivement des observations des passages de la planète sur le disque du Soleil; nous n'a- vons fait usage d'ailleurs que des temps des contacts internes qui s'observent avec une grande exactitude. Pour échapper à cette nécessité, il faudrait admettre cpie des erreurs de plusieurs minutes dans l'estime des temps des phases auraient été commises dans de grands observatoires, par exemple en 1743 ou en 1753 à Paris, et par des observateurs tels que La Caille, de Lisle, Bouguer, les Cassini. Hypothèse inacceptable! d'autant plus qu il faudrait encore ajouter que ces erreurs grossières dans l'estime du temps d'un phénomène physique se seraient reproduites à diverses époques et d'une manière progressive et régulière! » L'exactitude des observations dont il a été fait usage étant mise hors de cause, on peut se demander si, les masses des planètes perturbatrices étant données, les mouvements séculaires du périhélie et de l'excentricité de l'orbite de Mercure en ont été exactement déduits. » Nous ferons remarquer à cet égard, qu'outre la détermination com- prise dans le travail actuel, nous disposons de celle qu'on trouve dans un Mémoire publié en 1 84 1 , sur les variations séculaires des éléments des or- bites des planètes, en ayant égard aux termes du premier et du troisième 12.. (

3. 27. 47, 48 23.27.47,65 — 0,17 Kœnigsberg. 1825 23.27.43.78 23.27.42,64 + 1,14 Id. 18*1 a ■■ /7.35, 56 23.27.34,63 + 0,93 Paris. I846 23.27.33,88 23.27.32, 12 + «,76 Greenwich. ( 95 ) (iliaque astronome pourra porter sur ce résultat un jugement dont nous avons cherché à réunir tons les éléments de la manière la plus claire. On considérera sans doute que les erreurs dont il faudrait supposer entachées les mesures de l'obliquité sont peu acceptables, en raison surtout de la inarche assez régulière qu'elles suivent, bien que les observations aient été faites dans des lieux et par des astronomes divers. « Dans la même hypothèse (v'= + o, i), les deux conditions tirées de la considération des inégalités périodiques du mouvement de la Terre, condi- tions si précises parce qu'on a pu les affranchir des incertitudes systéma- tiques des observations, se trouveraient en erreur,, la première de o". 80, et la seconde de o", 73. Comme elles ont été déduites l'une et l'autre d'un très-grand nombre d'observations, et qu'elles s'accordent parfaitement, il y a lieu de croire que de telles erreurs sont peu probables. » Ajoutons enfin que la théorie de Mercure elle-même fournit, équa- tion (D), v' = — 0,0228, et que, si l'on substituait v' = -+-.o, 1 à cette valeur, on n'arriverait pas, dans la représentation des passages de la planète sur le Soleil, à une précision aussi grande que celle que nous avons obtenue, et que comporte la nature des observations. » Noi.s n'insisterons pas davantage sur ces considérations, attendu, nous le répétons, qu'ayant réuni tous les cléments de la discussion, chacun pourra se prononcer en connaissance de cause, et adopter les conclusions qui lui paraîtront les plus sûres. Il nous reste donc seulement, pour le cas où l'on croirait que la masse de Vénus ne peut pas être augmentée, à exa- miner à quelles conséquences on serait conduit par la nécessité de taire résulter l'accroissement du mouvement du périhélie de Mercure de Faction de masses encore inconnues. Au reste, nous ne nous livrerons pas a la recherche de toutes les causes qui pourraient produire ce résultat. Nous nous contenterons d'indiquer celle qui paraîtrait la plus probable, en raison de nos connaissances actuelles sur la constitution physique de notre sys- tème planétaire. » Une planète, ou, si l'on veut, un groupe de petites planètes circulant dans les parages de l'orbite de Mercure, serait susceptible de produire la perturbation anormale éprouvée par ce dernier astre. Examinons d'abord l'effet d'une seule masse perturbatrice : on en conclura aisément celui d'un ensemble de corps. » La masse troublante, si elle existe, n'a point d'effet sensible sur la (90) marche de la Terre. Nous ignorons si elle aurait quelque action sur Vénus ; et, en attendant que ce point ait pu être éclairci, nous admettrons que cette action soit insensible ou du moins plus faible que sur Mercure. Dans celle hypothèse, la masse cherchée devrait se trouver au-dessous de l'orbite de Mercure. Si de plus on veut que son orbite ne s'enchevêtre point avec celle de Mercure, il faudra que sa distance aphélie n'excède point les huit dixièmes de la distance moyenne de Mercure, c'est-à-dire les trois dixièmes de la distance moyenne de la Terre au Soleil. » Les observations de Mercure ne nous ont, il est vrai, indiqué aucune inégalité de l'inclinaison de l'orbite, ou de la position du nœud, qui ne ré- sulte des valeurs reçues pour les masses des planètes connues. Mais ceci n'est point une difficulté. Si la perturbation du périhélie ne nous a pas échappé, nous le devons à la grandeur de l'excentricité de l'orbite, et à ce que cette circonstance a rendu très-appréciable le changement de la valeur de l'équation du centre. Or, rien de pareil n'a lieu pour les latitudes, dès qu'on ne suppose pas que l'orbite de la masse troublante soit fort inclinée sur l'orbite de Mercure. » Cela posé, attribuons un accent aux éléments de l'orbite de Mercure : désignons par les mêmes lettres, mais non accentuées, les éléments de l'or- bite de la masse hypothétique m; et cherchons les variations séculaires que cette masse produit dans le périhélie et dans l'excentricité de Mercure. On les déterminera par les formules du Chapitre VI (Tome II, page 32), auxquelles il faut joindre la partie constante du développement de la fonction perturbatrice, donnée en tète du Chapitre IX (Tome II, page 87). » En se bornant aux termes qui sont du premier ordre par rapport aux excentricités, on trouve '-^- = - B -+- C —, cos (zs' — zr)\ mu' , rf( s[ e v J de' ! r^ • I I \ 1 -y = - Cesin (et —rs)mn . di R etC sont deux coefficients qui dépendent uniquement du rapport « des grands axes des orbites, et qui, conformément aux notations des Cha- ( 97 ) pitres IV et V, ont pour expressions B = b? ■+ - v;\ ' 2 2 1 2 2 D'ailleurs — et -r- doivent satisfaire à la condition unique dt dt (E) • ^ + 2,7^ = o",383. » En raison de l'indétermination du problème, nous supposerons encore que l'orbite delà masse troublante n'aitqu'une très-petite excentricité, ce qui de' nous permettra de négliger la valeur de — ■> ainsi que le second terme de la valeur de — • D'ailleurs, s'il s'agit d'un groupe d'astéroïdes, on doit croire dt que leurs périhélies occupent des positions variées dans l'espace, et qu'ainsi les termes en sin(V — zs) et cos(st' — zs) peuvent se détruire les uns les autres : tandis que le premier terme de la valeur de —r- est toujours posi- tif, quelle que soit l'orientation de l'orbite. Par là, la condition (E) devien- dra simplement (F) B/«./i'=o",766. » Soit actuellement fi* — a' • S -7=7»' nous pouvons, en vertu des transformations expliquées dans le Chapitre V, poser, avec une suffisante approximation, b^ = ê2, Substituant dans (F), et divisant les deux membres par ri = 5 38 1 016", on trouvera, entre les inconnues m et S2, la relation ( S2 -t- o,8 ê4 ) = o,ooo ooo 095 . Cette relation fera connaître la valeur de la masse répondant à chaque hy- C. R., 1862, Ier Semestre. (T. LIV, N° 2.) ' ' (9* po thèse faite sur a. et, par suite, sur la distance de la niasse troublante au Soled. » On peut, à cet égard, consulter le tableau suivant, dans lequel nous donnons le rapport de la masse m à la masse ni' de Mercure, cette dernière étant supposée égale an trois-millionième de la masse du Soleil : DEHI-GHAND \\E m PLUS GRANDE ELONGATION y. dé l'orbite. m' au Soleil. 0,8 <> 3io o.o65 18° 4' o,7 n.27I 0,167 i5.43 o 6 o,'232 o,35 i3.25 o,5 0,194 0,68 1 1 . 1 1 0, i o.i55 1 ,29 8.55 o. ; 0, 1 16 ■2.66 6.40 On voit, ainsi qifon devait s'y attendre, que la masse troublante est d'au- tant plus considérable qu'elle est plus voisine du Soleil. Dans le voisinage de cet astre, elle varie, à très-peu près, en raison inverse du carré de la dis- tance au Soleil. » Ainsi donc, à ne prendre que le point de vue mécanique, ou peut, par l'hypothèse d'une masse troublante, dont la situation reste indéterminée, rendre compte des phénomènes observés. Il est toutefois indispensable d'examiner en outre si, sous le rapport physique, toutes les solutions sont également admissibles. > A la distance moyenne o, 17, la niasse troublante serait précisément égale à la masse de Mercure. La plus grande élongation à laquelle elle pût atteindre, serait \\n peu inférieure à 10 degrés. Doitron croire qu'une pla- nète qui brillerait d'un éclat plus vif que Mercure aurait nécessairement été aperçue après le coucher ou avant le lever du Soleil, rasant l'horizon J Ou bien serait-il possible que l'intensité de la lumière dispersée du Soleil eût permis à un tel astre d'échapper à nos regards? » Plus ioin du Soleil, la masse troublante est plus faible, et il en est de même de son volume sans doute; mais 1 élongation est plus grande. Plus jirès <\\\ Soleil, c'est l'inverse; et si l'éclat du corps troublant est augmenté par la dimension de ce corps et par le voisinage du Soleil, l'élongation devient si petite, qu'il serait possible qu'un astre, dont la position est inconnue, n'eût pas été aperçu dans les circonstances ordinaires. » Mais, dans ce cas même, comment un astre qui serait doué d'un très- vif éclat, et qui se trouverait toujours très-près du Soleil, n'eût-il point été entrevu durant quelqu'une des éclipses totales' Un tel astre enfin ne passe- (99 ) rait-il point entre le disque du Soleil et la Terre, et n'eùt-on pas dû en avoir ainsi connaissance? » Telles sont les objections qu'on peut faire à l'hypothèse de l'existence d'une planète unique, comparable à Mercure pour ses dimensions, et cir- culant en dedans de l'orbite de cette dernière planète. Ceux à qui ces objections paraîtront trop graves, seront conduits à remplacer cette pla- nète unique par une série d'astéroïdes dont les actions produiront en somme le même effet total sur le périhélie de Mercure. Outre que ces asté- roïdes ne seront pas visibles dans les circonstances ordinaires, leur répar- tition autour du Soleil sera cause qu'ils n'introduiront dans le mouvement de Mercure aucune inégalité périodique de quelque importance. » L'hypothèse à laquelle nous nous trouvons ainsi amenés n'a plus rien d'excessif. Un groupe d'astéroïdes se trouve entre Jupiter et Mars, et sans doute on n'a pu en signaler que les principaux individus. Il y a lieu de croire même que l'espace planétaire contient de très-petits corps en nombre illimité, circulant autour du Soleil. Pour la région cpii avoisine l'orbite de la Terre, cela est certain. » La suite des observations de Mercure montrera s'il faut définitivement admettre que de tels groupes d'astéroïdes existent aussi plus près du Soleil. Peut-être la discussion des observations de Vénus portera-t-elle, de son coté, quelque lumière sur le même sujet, bien que la petitesse de l'excentricité de l'orbite de cette planète ne permette guère de l'espérer. Dans tous les cas, comme il se pourrait qu'au milieu de ces astéroïdes il en existât quelques- uns de plus gros que les autres, et qu'on n'aurait d'autre moyen d'en constater l'existence que par l'observation de leurs passages devant le disque solaire, la discussion présente devra confirmer les astronomes dans le zèle qu'ils mettent à étudier chaque jour les apparences de la surface du Soleil. Il est fort important que toute tache régulière, quelque minime qu'elle soit, et qui viendrait à paraître sur le disque du Soleil, soit suivie pendant quel- ques intants avec la plus grande attention, afin de s'assurer de sa nature par la connaissance de son mouvement. » GÉOLOGIE. — Onzième Lettre à M. Éhe de Beaumont sur les phénomènes éruptifs de l'Italie méridionale ; pur M. Ch. Sainte- Claire Deville. * Naples, 3 janvier 1861. » Les deux relations qui m'ont été adressées par MM. Palmieri et Guis- cardi, et dont j'ai inséré la traduction dans ma Lettre à M. Milne Edwards, i3.. ( IO° ) ont dû vous faire suffisamment connaître la physionomie générale et les principaux traits de l'éruption qui a commencé le 8 décembre, et que je suis en ce moment, dans ses dernières manifestations, avec l'active et intel- ligente collaboration de M. Ferdinand Fouqué. >' De retour à Paris, maître de tous les matériaux que j'aurai recueillis moi-même, ou dont je devrai la communication aux savants de ce pays, je présenterai une histoire complète de l'éruption, et je fixerai, avec la précision dont les éléments me manquent encore, la position géographique, l'altitude et les dimensions de l'appareil adventif qui vient de témoigner son activité. Aujourd'hui, je veux vous entretenir de ce que j'ai observé des phénomènes chimiques de la fissure. » Vous voudrez bien vous rappeler que, dans mon Mémoire sur les éma- nations volcaniques, j'ai établi que, dans toute éruption, le fait capital est la détermination d'une fente diamétrale, passant sensiblement par le centre du grand cratère supérieur. Le plus souvent, la fissure ainsi formée n'est que la reproduction ou la réouverture d'une fente préexistante, et je crois avoir démontré que, dans les volcans centraux, comme le Vésuve et l'Etna, les principales de ces fentes se lient avec les grands accidents stratigraphiques de la contrée, et par conséquent aussi avec la formation originaire de la montagne elle-même. Cette manière de considérer une éruption concorde parfaitement avec ce que vous avez dit de l'étoilement successif de l'Etna : seulement je regarde les principaux traits de cet étoilement comme déjà tracés d'une manière indélébile, et comme pouvant donner, à divers inter- valles, issue à des matières de deux ordres différents : la lave, qui, une fois sortie et arrêtée, ne pourra plus emprunter qu'à ses propres matériaux et à l'atmosphère (peut-être aussi au sol environnant) les éléments des réactions chimiques qui s'y manifesteront : les produits volatils, dont la production précède le plus souvent celle de la lave, et se poursuit toujours après sa sortie, et qui, puisés en quelque sorte au foyer intérieur, reflètent par les va- riations dans leurs propriétés physiques et chimiques, les différentes phases que subit successivement l'activité éruptive de la fissure. Ces produits vola- tils sont donc à la fois les plus variés et les plus caractéristiques, et c'est à leur étude que je vais consacrer cette première Lettre. » La fissure de l'éruption actuelle se rattache intimement, comme vous allez le voir, à celle qui a produit en juin 1794 'a plus grande coulée de lave que le Vésuve ait donnée depuis plusieurs siècles et qui détruisit pres- que entièrement la ville de Torre del Greco. Le point initial de la fissure ne coïncide cependant pas avec les Bocche nuove de 1794 : celles-ci, situées ( ioj ) à 1 100 mètres environ vers le N.-N.-E., atteignent, d'après M. Schmidt, une altitude de 5o4 mètres, tandis que je n'ai trouvé pour le bord le plus élevé de la première bouche formée par notre éruption qu'une hauteur de 329 mètres. » L'axe moyen des nombreuses cavités plus ou moins profondes qui se sont ouvertes dans la soirée du 8 décembre, et qui ont projeté des matériaux meubles, en formant une petite colline allongée, s'écarte notablement aussi de la direction générale de la fissure de 179/1- Cette portion supérieure de la fente (comme il est arrivé du reste en 1 794 ) diverge de plusieurs de- grés vers l'ouest, et, prolongée du côté de la mer, elle tomberait sur le pa- lais de la Favorite, qui, pour le dire en passant, a été légèrement lézardé, quoiqu'il soit construit plus solidement que les maisons qui l'entourent, et qui n'ont pas souffert. Mais, si du point culminant de la fissure de 1 861 on tourne sa boussole successivement vers le centre du cratère supérieur du Vésuve, et vers le littoral de Torre del Greco, où les constructions ont été le plus fortement démantelées et où surtout la ligne de la fissure est nettement dessinée par les dégagements d'acide carbonique qui se prolongent en mer, on voit que ces trois points sont sensiblement sur une même droite, dirigée à l'E. 20 N. de la boussole, et qu'on peut considérer comme l'axe commun des deux éruptions de 1794 et de- 1861. » Ainsi que l'a fortbien remarqué M. Guiscardi, cette première partiede la fissure est entièrement ouverte dans le tuf de la Somma, et parmi les nombreux matériaux meubles rejetés par les petites bouches, j'ai recueilli un grand nombre de fragments de roches caractéristiques de ce tuf : dolo- miessaccharoïcles, accumulations de micas, d'idocrase et de néphéline, etc. Cette portion du Vésuve primitif, qui forme les pentes occidentales des Piane, porte encore une forêt de châtaigniers, qui, un jour sans doute, disparaîtra à son tour sous les laves du Vésuve actuel. La nouvelle érup- tion a brûlé une partie des arbres, en substituant une petite colline toute dentelée au dos d'âne bombé et plus régulier sur lequel ils végétaient. » Dès le 18 décembre, lendemain de notre arrivée à Naples, nous som- mes allés, M. Fouqué et moi, jeter un coup d'œil général sur l'ensemble des phénomènes de l'éruption, et nous sommes montés aux petites bouches; mais c'est le 20 seulement que nous y avons porté les appareils propres à condenser les vapeurs et à recueillir le gaz. » Des onze cavités qui s'alignent sur la fissure supérieure, une seule, la sixième, a donné la lave, qui s'est épanchée latéralement vers le sud, puis s'est infléchie au sud-ouest. Le point le plus chaud et le plus actif se trou- vait alors et se trouve encore aujourd'hui précisément autour de cette bouche. On y voyait îles ouvertures dont l'incandescence distincte, même de jour, était probablement en grande partie entretenue (comme dans les points analogues que j'ai décrits dans les petits cônes de 1 855) (i ), par les réactions chimiques qui s'y passent et dont la principale consiste dans la transformation des chlorures de fer en fer oligiste (i). » D'abondantes et suffocantes vapeurs, entraînant les acides chlorhy- driqtie et sulfureux, au milieu de roches fortement imprégnées de chlo- rures alcalins, de chlorures de fer, d'aluns, etc., s'y faisaient jour. Nous avons établi un appareil de condensation sur la même tissure, à un point ou l'incandescence était remplacée, au moins à la surface, par nue tempéra- ture de a>.3°. Les vapeurs condensées dans une dissolution de potasse caus- tique précipitaient abondamment par le nitrate d'argent et le. chlorure de baiium. Je me réserve, à mon retour, d'en faire l'analyse, et de déterminer le rapport exact des acides chlorhydrique et sulfureux. » A mesure qu'on s'éloignait de cette petite bouche centrale, en remon- tant vers l'origine de la fissure, l'intensité éruptive diminuait d'une manière évidente. Sur la crête qui sépare le troisième cratère du second, on n'aper- cevait plus aucune trace d'incandescence. La plus haute température, dans les fentes delà surface, était de 2100. Là encore étaient des vapeurs chlor- h\dro-siilfureuses; mais les produits solides, moins riches en chlorures de fer, contenaient, au contraire, beaucoup de soufre, et annonçaient ainsi un abaissement dans l'intensité éruptive (3). 1 Deuxième Lettre à M. Élie de Beaumont sur l'éruption du Vésuve du 1" mai 1 855. (Compte rendu, séance du 1 1 juin i856.) '?.) Celte incandescence existait encore très-vive le 28. L'un de nous, en traversant celle même bouche, pour se rendre au point de sortie de la lave qu'elle a rejetee, a glisse sur la pente intérieure, et s'est fortement brûle la main en la posant à terre. (3) Sur ce point comme au sixième cratère, j'ai condensé les vapeurs dans une dissolu- tion de pnlasse caustique. J'ai, de plus, recueilli l'air des cratères pour en faire une analyse exacte, et l'ai examine sommairement sur les lieux. Voici les résultats de cet essai pour les fu- merolles chlorhydro-sulfu reuses de la deuxième bouche : Gaz absorbable par la potasse. . . 5,56 Oxygène 6,48 Azote 87 ,<)!> 100,00 C'est donc, comme on voit, un mélange de gaz acides et d'air, en grande partie privé di io3 ) » Mais ce qui témoignait plus nettement encore de ce décroissement, c'est que, en s'éloignant de la ligne centrale qui sert comme d'axe commun à tontes les bouches, on trouvait.sur les flancs mêmes du deuxième cratère, et à mi-distance du premier, des fumerolles, qni n'accusaient qu'une tem- pérature de 85 a 86°, ne rougissaient point le tournesol bleui, noircissaient le papier imprégné d'acétate de plomb et déposaient de petites quantités de soufre. » Enfin de la dernière bouche, qui ne parait pas du reste avoir été bien active, même pendant la durée de l'éruption, s'exlialait seulement une légère colonne blanchâtre, qui ressemblait à la vapeur d'eau. Il eût été extrêmement intéressant, si le temps nous l'eût permis et surtout si ce der- nier point n'eût été à peu près inaccessible, de rechercher, par une analyse sommaire, si ses émanations ne contenaient point d'acide carbonique. Mais ce que je viens de dire suffit déjà pour établir que, à mesure qu'on s'éloi- gnait, dans la direction de la fissure, du cratère qui a donné la lave et laté- ralement de l'axe commun des petites cavités, la décroissance dans l'inten- sité éruptive était manifestée aussi bien par l'abaissement des températures que par le passage graduel des fumerolles chlorhydro-sulfureuses, avec dépôt de fer oligiste, aux fumerolles sulfhydriques à simple dépôt de soufre. » Si, partant de cette même bouche d'où est sortie la lave, on descend le cours de la fissure, on la trouve encore en ce moment et jusqu'à son extré- mité dans la phase chlorhydro-sulfureuse. Mais la température est beaucoup moindre : le chlorure de fer qui colore les roches ne s'y transforme nulle part en fer oligiste sous l'influence de points incandescents, et l'abondance du soufre qui se mélange aux chlorures et aux sulfates, semble déjà indiquer l'intervention de l'hydrogène sulfuré qui se décompose au contact de l'acide sulfureux. . v Néanmoins, en suivant la fissure jusqu'au point où elle s'arrête, brus- quement coupée par un bras de la lave de 1794, on n'aperçoit aucune fumerolle qui donne, au moins jusqu'à présent, l'acide sulfhydrique lui- même. " » A ce point, la fissure, en butant contre la lave, se perd dans une autre fissure transversale, beaucoup plus courte, ouverte dans la lave elle-même, et qui y détermine trois cavités très-petites et très-peu profondes, d'où se dégageait, le 18, de la vapeur d'eau accompagnée d'acide chlorhydrique, son oxygène. C'est le résultat auquel nous étions arrivés, M. F. Leblanc et moi, dans nos recherches sur les fumerolles analogues de 1 856 ( «o4 ) s;ms mélange sensible d'acide sulfureux. Le 28, il n'y avait plus avec la vapeur d'eau qu'une proportion d'acide chlorhydrique imperceptible à l'odorat, mais qui était encore trahie par le papier de tournesol. Du reste, absolument aucun dépôt, et cette dernière circonstance établissait un con- traste assez frappant entre cette petite dépression de la lave et les bords richement colorés des bouches de la fissure (1). » Ce n'est évidemment plus la même fissure, mais seulement un brise- ment transversal de la lave de 1794, an moment où elle, a reçu le choc des forces qui avaient déterminé la fissure, et où elle a arrêté leur effet. Quant au dégagement d'acide chlorhydrique pur, il est difficile de ne pas l'attri- buer au voisinage de la nouvelle lave, qui n'en est pas éloignée de plus de 3 ou 4 mètres et qui a pu, sans aucun doute, pénétrer en partie au-dessus de l'ancienne lave ainsi démantelée. » Au reste, la fissure n'est qu'imparfaitement dissimulée par la lave de 1 7q4- Non-seulement, à partir de ce point, la surface de la lave est, en une foule d'endroits, brisée dans la direction de la fissure; mais, comme je l'ai fait observer au début de cette Lettre, c'est encore la même direction qui se retrouve à Torre del Greco dans les crevasses du sol et des édifices, et surtout dans la ligne qui joint en mer les principaux jets d'émanations car- burées dont il me reste à parler. » Ces émanations, les dernières dans l'ordre des intensités volcaniques, constituent, en effet, le caractère le plus frappant de l'éruption actuelle. C'est la première fois, si je ne me trompe, qu'on a observé dans les mo- fettes, en même temps que l'acide carbonique, l'hydrogène carboné. Dès le 18, en entrant à Torre, je reconnus à l'odeur les matières bitumineuses analogues à celles du lac de Palici, où nous avons trouvé, M. Leblanc et moi, l'hydrogène carboné en faibles proportions. Je ne doutai pas un instant de sa présence ici, et l'analyse ne tarda pas à la démontrer, ainsi que je l'ai annoncé dans ma Lettre à M. Milne Edwards. » Ce fait est lié lui-même à l'ensemble de l'éruption. La lave a cessé de coule.'- sept heures après avoir commencé, mais alors les forces intérieures qui ne pouvaient se faire jour de cette manière ont produit des phénomènes (1) C'est en comptant ces trois dépressions de la lave de i^g^qu'on arrive au nombre de onze bouches ou cavités sur la fissure. Par le fait, la première de ces trois dépressions, qui est aussi la plus considérable, est placée à la limite de la lave et de la fissure, et tient à la fois des deux caractères. Son bord supérieur est coloré par le soufre et les chlorures, son bord inférieur est dénué de tout dépôt. ( J03 ) mécaniques considérables. La plus grande partie du sol de Torre, ou plutôt la lave de 1794 sur laquelle la ville est bâtie, a été fissurée perpendiculai- rement à la côte; de nombreuses secousses ont amené graduellement le soulèvement observé et mesuré par M. Palmieri, et de ces fissures sont sortis presque immédiatement les gaz carbures. » M. le DrRaffaelleVitelli m'assure (et le t'ait m'est confirmé par M. Bour- guignon) avoir vu, le quatrième jour île l'éruption, sortir des fissures un gaz enflammé, et avoir observé aussi des flammes courant sur le bassin de la grande fontaine. Ce gaz ne pouvait être que l'hydrogène carboné : s'é- tait-il enflammé par une circonstance accidentelle ou spontanément? On serait assez tenté d'adopter cette dernière opinion, si l'on pouvait accorder une confiance absolue à des renseignements suivant lesquels plusieurs fentes ouvertes dans la lave de 170/1 auraient présenté, à une faible dis- tance du sol, une température assez élevée pour qu'on y put allumer des fragments de bois. » Quoi qu'il en soit, ce qu'on peut conclure avec certitude, c'est que, sur un même point, le gaz a changé notablement de nature depuis le début de l'éruption. En effet, les émanations qui se dégagent encore avec abon- dance du bassin de la fontaine de Torre se composent, comme ce'les qui sortent, du sol et de la lave de 170,4, presque en totalité d'acide carbonique, et non-seulement elles ne seraient pas susceptibles de s'enflammer, mais elles éteindraient un corps en combustion. .. Depuis lors, les mofettes ont paru sur un grand nombre de points. Le 9.8 décembre, en descendant du Vésuve, nous vîmes des feux dans ies par- ties basses, et nous apprîmes qu'on venait de trouver cinq ouvriers asphyxiés dans une carrière située entre les territoires de Torre et de Résina, a peu près au-dessus de la Favorite. Nous nous y rendîmes le lendemain matin, M. Fouqué et moi, accompagnés de plusieurs guides. Nous pûmes aisément pénétrer dans la carrière, où nous trouvâmes les corps de plusieurs animaux asphyxiés (chien, chat, oiseaux] : nous avions même déjà préparé nos appareils pour recueillir et analyser le gaz qui paraissait se dégager len- tement des fissures du sol, lorsque nous fûmes surpris par la mofette avec une rapidité telle, que nous n'eûmes que le temps de nous enfuir, en aban- donnant même momentanément une partie de nos appareils. Ces appareils nous furent rapportés par des ouvriers dans la même journée : il y avait donc intermittence évidente, et le gaz sortait par violentes bouffées. » Du point où nous nous étions réfugiés, nous distinguions aisément la C. Iî., 1862, ," Semestre. (T. LIV, M 2.) ' ( »o6) couche d'acide carbonique (i\ qui, après avoir atteint le niveau le plus élevé de l'étroit orifice qui mène à la carrière, se mit à couler vers notre station, située un peu plus bas (*2). » L'analyse très- imparfaite que j'ai pu exécuter en ces circonstances montre que l'acide carbonique de ces mofettes supérieures est fortement mélangé d'azote, et j'en ai eu la confirmation quelques jours après. >• En effet, le même soir du 28, la mofette se déclara, comme elle le fait d'ordinaire après chaque éruption importante, dans la fissure de i63i, au point même où je l'avais observée en 1 855 près de Santa-Maria di Pugliono. Du gaz recueilli à cet endroit, le ier janvier, m'a donné, abstraction faite de l'air introduit dans la prise : Acide carbonique 54, 70 Azole 45, 3o 100,00 Ce gaz n'avait aucune odeur empyreumatique : le résidu du traitem ni par la potasse et l'acide pyrogallique n'était pas combustible. Il ne contenait probablement pas trace d'hydrogène carboné. » Mais en descendant au-dessous de ce point dans le bourg de Résina, comme aussi au-dessous de la carrière dont j'ai parlé précédemment, l'odo- rat accusait nettement le dégagement de l'hydrogène carboné et des ma- tières bitumineuses. » (les dernières émanations semblaient donc avoir une tendance à se (1) Les deux couches de gaz ne se distinguaient l'une de l'autre que par la réfraction; mais, dans une autre circonstance, nous pûmes nous convaincre que la mofette est accom- pagnée de vapeur d'eau. Le Ier janvier, prés de la plage de Torre, dans un espace clos de murs, la mofette formait une couche blanche de quelques décimètres de hauteur, et s'écou- lait par un petit orifice inférieur. Nous voulions y retourner après avoir étudié le gaz. du rivage; mais alors le soleil avait pénétré dans l'enclos et avait dissipé la vapeur blanchâtre, qui n'était autre chose que la vapeur d'eau condensée. Le gaz sortait en effet, comme je le disais tout à l'heure, à une température notablement supérieure à celle de l'atmosphère. (2) En cherchant à se rendre compte approximativement de la quantité d'acide carboni- que dégagée dans la carrière, on arrive aux chiffres suivants : En dix minutes, cette carrière, dont la surface était d'environ 170 mètres carrés, s'est trouvée remplie d'aride carbonique, ainsi que le canal étroit qui en formait l'entrée. Le vo- lume du gaz conlenu dans cette cavité était d'environ 1 ion mètres cubes, ce qui donne à peu près un demi-mètre cube pour la quantité de gaz dégagé dans une minute par une surface de 1 mètre carré. ( io7 ) manifester plus bas que l'acide carbonique et plus loin du centre éruptif, comme je crois l'avoir démontré pour les émanations analogues de la Si- cile. Mais les expériences dont je vais vous entretenir prouvent nettement que cette succession s'observe aussi dans les produits secondaires des érup- tions du Vésuve. » J'ai déjà parlé d'un point remarquable du rivage de Torre, sur lecpiel les mofettes se dégageaient avec violence des fissures de la la\e de 179/i, et se prolongeaient fort loin en mer dans une direction perpendiculaire à celle de la côte. » J'ai successivement étudié le gaz qui s'échappait de la lave elle-même à terre, puis de divers points situés en mer, à des distances variables du bord. La plupart de ces analyses sommaires, faites dans le canot à bord duquel je recueillais le gaz sortant de l'eau dans l'éprouvette, ne m'ont pas donné trace sensible d'oxygène : j'ai donc considéré comme accidentellement mé- langées les petites quantités d'oxygène que contenaient d'autres prises de gaz, et j'ai déduit des résultats les proportions d'azote correspondant à la composition de 1 air normal. Voici ces résultats : DES FISSURES DE LÀ LAVE, EN MER. A TERRE. Aïo oui5 m. de la cOte. Ier Janvier. A 4° °u 5o mètres. 18 Décemb. A 100 m. environ. 1 er Janvier. A 200 m. environ. ier Janvier. 23 Décemb. Ier Janvier. Résidu combustible (azote •+- hydrogène carboné). 96,32 3,68 95, 95 4,oô 8S,6o 1 1 ,40 5g,53 46,78 53,22 11,54 88,46 100,00 100,00 1 00 , 00 100,00 1 00 , co 1 00 , 00 » Le dernier gaz était combustible avant l'enlèvement de l'acide carbo- nique. » Les nombres qui précèdent n'ont besoin d'aucun commentaire et me semblent démontrer sans incertitude possible la proposition que j'ai avan- cée tout à l'heure. » En définitive, et pour résumer ce qui a trait à la fissure de l'éruption et aux phénomènes chimiques qu'elle a présentés, nous voyons la fente initiale sur laquelle s'étaient établies les huit petites bouches supérieures ( io8 ) venir buter contre la lave de 179I, et se confondre avec la fissure qui la produite. A partir du centre adventif de l'éruption, c'est-à-dire du point de sortie de la lave, nous reconnaissons, en montant comme en descendant, la décroissance dans l'intensité volcanique caractérisée à la ibis par le décrois- semrnt de la température et par la variation prévue dans la nature des émanations. Seulement, vers le haut de la fissure, je n'ai constaté aucune émanation inférieure, quanta l'intensité éruptive, aux fumerolles suif hy- driques, tandis qu'en descendant vers la mer on rencontre graduellement et à leur place habituelle les divers ordres d'émanations, depuis les fume- rolles incandescentes qui se recouvrent de feroligiste jusqu'aux dégagements d'acide carbonique et d'hydrogène carboné. » Ce que je viens de vous dire représente le phénomène général à un mo- ment donné. A chaque moment, l'ordre des émanations a dû être le même que celui que j'ai observé ces jours derniers et qui est l'ordre normal. Mais, à des moments divers, les différentes émanations ont pu changer de siège. » Je vous en ai cité même un exemple singulier : les émanations très- riclies en hydrogène carboné remplacées ultérieurement par l'acide carbo- nique prescpie pur. » Ce fait, en contradition apparente avec la règle générale de succession, s'explique par les oscillations évidentes qu'a subies l'éruption depuis son début. » A peine la lave s'est-elle épanchée quelques heures avec une grande rapidité, qu'elle s'arrête brusquement, et, en ce moment, le cratère supé- rieur du Vésuve subit une vuàe épreuve : son point culminant, la pointe de i85o, s'éboule; les trois cavités qui s'y voyaient depuis le mois de dé- cembre 1 855 s'élargissent, ou plutôt la bouche la plus centrale absorbe presque les deux autres. Une violente projection de lapilli et de blocs énormes (i)suit bientôt el arrête en quelque sorte la sortie delà lave qui menaçait Torre del Greco. Puis tout rentre dans le silence, il ne se dégage plus du sommet qu'une légère fumée, le volcan semble apaisé; niais il n'en est rien Quatre jours après, la lave de 179/i se brise à Torre; la côte se sou- lève sous la pression de gaz intérieurs et peut-être aussi de la lave nou- velle qui se serait frayé un passage souterrain dans les interstices de l'an- cienne, qu'elle aurait même, assure-t-on, rendue incandescente en quelques points voisins de la surface. (1) Quelques-uns de ceux que nous avons rencontrés sur la ]>enlc du Vésuve mesurent lm,5o sur ool,5o ;'i «'"j'jS. ( '«9 ) » Encore aujourd'hui les preuves de chaleur sont manifestes dans l'in- térieur delà lave de i 794- ï-e 2^ décembre, l'acide carbonique qui sortait à 12°, 3, présentait le Ier janvier une température de 200, et le même jour, à quelques mètres de distance, les émanations qui faisaient bouillonner la mer au contact de cette même lave communiquaient à l'eau une chaleur de 32°,6. >• Mais l'appareil supérieur a repris à son tour une activité nouvelle qu'il a de nouveau perdue. " Du 22 au 3o décembre, il a vomi des cendres qui ont couvert la con- trée sur une épaisseur de 2 ou 3 millimètres, qui sont tombées à Naples, et que j'ai retrouvées à Baja, comme on les retrouverait sans doute à Castella- mare. « Le 28, comme nous étions au sommet du Vésuve, nous fûmes nous- mêmes témoins d'une projection de blocs, dont les plus gros atteignaient un diamètre de 2.5 centimètres, et dont la chaleur était assez considérable pour brûler cruellement la main imprudente du guide qui nous accompa- gnait. » Depuis le 3i, le Vésuve, reprenant son apparence accoutumée, laisse échapper sans grande violence de blanches colonnes de vapeur, et cette inaction du cône supérieur a précisément coïncidé avec réchauffement observé dans la lave de 170/1, et la recrudescence des émanations carbu- rées. » Ne sembie-t-d pas qu'il v ait une sorte d'opposition et d'antagonisme entre les fonctions de l'appareil normal et celles de l'appareil adventif? Antagonisme que j'ai déjà reconnu, vous vous le rappelez sans doute, dans les circonstances qui ont accompagné ou suivi la grande éruption de » 855. « Mais ceci nous amené naturellement à traiter des phénomènes que pré- sente actuellement le centre commun de toutes les fissures, le cratère cen- tral. Je ne veux pas encore ajouter a cette Lettre déjà bien longue, et je me propose de le faire dans une prochaine, où je vous dirai aussi ce que j'ai observé sur la lave, complément nécessaire de l'appareil advcntii dans toute éruption importante. » P. -S. Je joins cinq petites photographies prises à ïorre del Greco et qui représentent les constructions détruites par le soulèvement du sol, la fon- taine publique avec son dégagement d'acide carbonique, et les émanations carburées qui se font jour en mer. » J'espère avant peu pouvoir mettre sous les veux de l'Académie des épreuves plus intéressantes et exécutées sur une plus grande échelle. » (no) ASTRONOMIE. — Parallaxes et vitesses de deux nouveaux bolides; par M. Petit. « De nombreuses analyses ont fait connaître la constitution chimique de l'aérolithe qui causa tant d'émoi, le 9 décembre 1 858, dans diverses com- munes de la Haute-Garonne. Bien que la résistance de l'air eût sans doute profondément modifié la marche de ce météore lorsqu'il fut aperçu traver- sant les basses régions de l'atmosphère, j'ai pensé que la détermination ap- prochée de la vitesse et de la hauteur pendant les quelques secondes que dura son apparition pourrait présenter encore un certain intérêt. Malheu- reusement les observations offrent entre elles de nombreuses divergences. Aussi n'est-ce pas sans une longue et délicate discussion que j'ai pu parvenir à les faire passablement concorder. J'aime à dire que ces observations ont été relevées, avec la complaisance la plus empressée, par M. l'abbé Laffont, vicaire à Aurignac, et par M. Chaton, habile horloger de Saint- Gaudens. « Voici les résultats que j'ai déduits des diverses indications dont il m'a été possible de disposer : » Vitesse (par seconde) apparente et sensiblement horizontale du bolide pendant que ce corps passait, en détonant, au-dessus des communes de Muret, de Longages, d'Aurignac, de Montrejeau, elc. . . . 5 200 mètres. » Distance du bolide à la Terre pendant la durée (quel- ques secondes) des explosions 5ooo mètres. » Avec ces données, il serait possible, à la rigueur, de remonter à l'ori- gine cosmique du météore et de rechercher quelle était sa vitesse absolue dans l'espace, ainsi que la nature de la trajectoire qu'il parcourait avant de passer au voisinage de la Terre. Sans prétendre obtenir, en effet, des valeurs rigoureuses, on peut généralement arriver, par une discussion convenable, à des valeurs limites, susceptibles de fournir d'intéressantes conclusions. J'avoue cependant que je ne me suis pas senti le courage d'entreprendre une pareille recherche dans les conditions où le bolide du g décembre i858 s'csl montré, et peut-être aussi parce que des occupations très-absorbantes m'ont, depuis quelques années, momentanément éloigné de ce genre d'é- tudes. Je me bornerai donc à donner aujourd'hui, comme nouveau supplé- ment au trop petit nombre d'indications générales dont on dispose, les résultats que je viens de faire connaître. J'ajouterai seulement (pie le bolide laissa après lui une épaisse traînée de vapeur qui persista, d'après M. Clia- ( "' ) ton, pendant plus de douze minutes, et ne se dissipa qu'en s'élevant gra- duellement dans l'air. J'ajouterai également que pendant la marche du météore à travers les nuages, on ne cessa d'entendre de violentes détona- tions, qui correspondaient sans doute chacune à des explosions partielles et à des émissions de fragments ; qu'au moment de la plus forte de ces explo- sions, le bolide parut s'arrêter quelques instants, puis éclater et jeter en tous sens de nombreux aérolithes qui durent aller tomber avec fracas dans diverses localités; enfin, que l'un des plus gros fragments se dirigea de l'ouest vers l'est, et par le zénith de la petite ville de Saint-Gaudens, à peu près perpendiculairement à la marche qu'avait précédemment suivie le bolide. » Je saisis l'occasion de donner, sur un second météore, quelques résul- t.its analogues aux précédents. Ce météore fut aperçu dans la soirée du i.'5 septembre i 858 par M. le baron de La Haye (Compte rendu du 20 sep- tembre suivant), allant du sud-csl au nord-ouest, en passant par le zénith de Hédé. M. de La Tremblais, ancien sous-préfet du Blanc, à l'obligeance du- quel j'ai déjà dû fréquemment de précieuses indications, ayant bien voulu, cette fois encore, me communiquer des observations qu'il avait faites à Paris, j'ai obtenu pour les hauteurs et pour la vitesse du bolide, au moment de l'apparition, les nombres suivants : » Hauteur de la trajectoire, sensiblement horizontale, au-dessus de la Terre 221 kilomètres. » Vitesse apparente du bolide en une seconde. ... 29 kilomètres. » D'où il paraît résulter, conformément à ce que d'autres bolides avaient déjà fait connaître, que celui du i3 septembre 1 858 aurait brillé d'un vif éclat bien en dehors des limites attribuées généralement à notre atmosphère ; ce qui donnerait à penser, ainsi que semblent l'indiquer d'ailleurs les observations crépusculaires recueillies dans les régions équatoriales, qu'en effet la hauteur des dernières couches atmosphériques dépasse de beaucoup celle qui résulte des observations recueillies dans les latitudes élevées. •> Je bornerai là, pour le moment, les détails relatifs au bolide du 1 3 sep- tembre 1 858, me réservant, s'il y a lieu, de compléter plus tard, par de nouvelles indications, l'histoire de ce bolide. » ( lia MEMOIRES LUS iMr.iiYOGÉNiE — Mémoire sur les globules polaires de l'ovule el .sur le modk de leur production; par M. Ch. Hoiii.v. (Renvoi à l'examen de la Section d'Anatomie et de Zoologie. » Parmi les premières phases de l'évolution enibryogénique, il en est un certain nombre qui, entrevues ou ignorées jusqu'à présent, ont été consi- dérées comme d'une importance secondaire et même comme peu dignes d'être rattachées à celles qui les précèdent ou qui leur succèdent. Ce point de vue est acceptable a quelques égards, en ce que ces phénomènes ne sont pas aussi frappants que les autres pour l'œil de l'observateur, et ne portent que sur une portion île la masse embryonnaire. Mais lorsqu'on vient a les considérer sous les rapports de leur similitude d'un animal à l'autre, et de leur succession chez un même être, leur valeur devient promptement saisis- sable. On voit alors que tel acte qui en lui-même paraissait pouvoir être négligé, est la condition essentielle de l'accomplissement de quelque autre beaucoup plus manifeste qui lui succède; on voit que l'exacte interpré- tation de celui-ci ne saurait être donnée sans une connaissance précise du premier; car en le négligeant on interrompt artificiellement l.i conti- nuité des faits, et cela dans une série de phénomènes où précisément la dis- continuité ne se rencontre nulle part, et ne peut être déterminée sans amener la mort. C'est là un fait de même ordre que celui que nous dévoile le déve- loppement des éléments organiques, lorsqu'il nous montre que certaines dispositions embryonnaires précèdent et préparent chacune des dispositions anatomiques définitives de nos tissus, mais pourtant sans prendre part d'une manière directe à leur constitution. Les unes succèdent aux autres sans les reproduire; elles ont avec les premières, qui préparent en réalité leur avè- nement, des relations de succession mais non de similitude. » Comme exemples à l'appui de ces remarques je citerai les changements de volume, de forme et d'arrangement des granules qui constituent le vi- tellus, changements consécutifs à la fécondation et sur lesquels je revien- drai dans un prochain travail, car ils sont une des conditions de la génération des cellules du blastoderme, .le signalerai enfin comme condition de l'appa- rition des cellules bbistodermiques la production des globules polaires, qui elle-même est consécutive à l'issue de l'œuf hors de l'ovaire ou ovulation. L'examen de ce phénomène sera le but essentiel de la communication que j'ai l'honneur de faire à l'Académie. ( «3 ) « Sous les noms de globule muqueux, huileux ou transparent, de corpuscule hyalin, etc., etc., la plupart des embryogénistes ont signalé, depuis M. Du- mortier, l'apparition d'un globule translucide sur les côtés de l'embryon. Une fois produit, il reste sous la membrane vitelline, étranger aux phénomè- nes qui se passent près de lui, et il est abandonné avec l'enveloppe précédente lors de l'éclosion. Devenu inutile eu effet aussitôt même qu'il est formé, sa production a préparé le début de la segmentation du vitellus; elle a préparé par suite les actes essentiels de la génération des cellules du blastoderme, puisque c'est à celte génération que conduit le fractionement du vitellus. » I,e point même de la surface du vitellus où naissent ces globules mar- que, quelques heures d'avance, le pôle du vitellus qui va se déprimer, puis se creuser d'un sillon de division devenant peu à peu équatorial; de là le nom de globules polaires qui doit leur être donné. C'est aussi le point où apparaîtra plus tard l'extrémité céphalique. Ce point indique en un mot l'endroit où va commencer la segmentation, ainsi que l'a déjà noté Leuven pour les animaux chez lesquels elle a lieu. » Faute d'avoir suivi les phases de l'évolution des globules polaires, beaucoup d'hypothèses contradictoires ont été émises et régnent encore sur le nombre de ces globules, sur l'époque de leur production et sur leur nature. Les uns ont, avec M. Dumortier, admis à juste titre que le globule polaire se produit avant la segmentation du vitellus; d'autres ont pensé à tort qu'il ne se montrait qu'après la formation du blastoderme lors de l'apparition de ce qu'on a appelé la fente mamelonnaire chez les Mol- lusques. La plupart des auteurs ont supposé qu'il était formé par l'issue de la vésicule ou de la tache germinative; mais celle-ci a disparu depuis long- temps lorsque naissent ces globules; d'autres, se rapprochant plus de ia vérité, sont portés à admettre, avec MM. Coste,et deQuatrefages, qu'il doit provenir de la substance hyaline qui unit entre elles les granulations du vitellus, de l'intérieur duquel il s'échapperait. Quelques-uns enfin ont admis que ce corpuscule était de nature graisseuse; mais je me suis assuré que, malgré son fort pouvoir réfringent, sa teinte bleuâtre ou jaunâtre, il était de nature albuminoïde, même chez les Poissons. » Par des observations répétées dans les conditions les plus variées, je suis arrivé à reconnaître que chez les animaux dont le vitellus se segmente après la ponte, c'est de quatre à six heures après celle-ci que commencent à naître les globules polaires, c'est-à-dire de douze à vingt-quatre heures après C. R., 1862, i« Semestre. (T. L1V, N° 2.) • 5 ( .n4 ) la disparition de la vésicule germinative. La durée des phénomènes de leur production est de deux heures et demie à trois heures et demie, et c'est en- viron deux heures après leur achèvement que débute la segmentation. >> Le mode d'après lequel naissent les globules polaires est des plus re- marquables, et, malgré de nombreuses recherches bibliographiques sur ce sujet, je n'ai trouvé aucun auteur qui l'ait mentionné. Il est essentiellement caractérisé par une véritable gemmation de la substance limpide du vitellus, suivi d'un resserrement, puis de la division transversale delà base de ce pro- longement. Ce phénomène débute par le reirait des granules du vitellus sur une portion circulaire de la surface large de 5 centièmes de millimètre ou environ, de manière à laisser la substance hyaline complètement seule et translucide. Cette particularité est surtout frappante sur les espèces dont le vitellus est très opaque, comme chez les Mollusques. Au bout de quelques minutes, cette portion transparente forme une saillie hémisphérique, puis conoïde. Sa base se resserre, ce qui lui donne momentanément la forme d'un cylindre large de 2 centièmes de millimètre environ sur une longueur double; mais bientôt ce resserrement cause un véritable étranglement de cette saillie devenue ainsi pyriforme, au niveau de sa jonction avec le vitel- lus; elle se sépare rapidement de ce dernier par un plan de division transver- sal, tout en lui restant contiguë. « Pendant les quinze à vingt-cinq minutes que durent ces phénomènes, le vitellus est le siège de déformations lentes, mais aussitôt après il reprend sa forme sphérique. Au bout de quelques instants le phénomène précédem- ment décrit se renouvelle une seconde fois de la même manière chez les Mollusques; puis une troisième fois chez la plupait des autres espèces ani- males; et même une quatrième fois sur quelques œufs des Glossiplionies et des Cliironomes. Chez les animaux dont le vitellus ne remplit pas complète- ment la membrane vitelline, comme chez les Néphélis, il y a des œufs sur lesquels le prolongement de la substance claire forme de prime abord un long cylindre, qui se resserre, puisse segmente transversalement en trois endroits de sa longueur, de manière à se diviser ainsi en trois globules po- laires. Quelquefois il se divise en ùe\ix globules seulement, mais alors il en naît un troisième de la manière décrite plus haut. » Ces globules, comme les prolongements limpides dont ils dérivent, sont pleins, sans paroi distincte de leur cavité, et le petit nombre de granules vi- tellins qui passe dans leur épaisseur n'y montre aucune trace de mouve- ment brownien. » Après l'achèvement du dernier de ces deux à quatre globules polaires, et parfois même avant, on y voit survenir un phénomène des plus curieux qui n'a pas encore été noté. Il es! caractérisé par la réunion successive de deux ou quatre globules en un seul qui persiste jusqu'à l'éclosion, et dans lequel apparaissent une cavité distincte de la paroi sur quelques espèces, ou bien de un à trois noyaux, ou quelquefois enfin des granules qui n'existaient pas dans le principe. Celte réunion s'accomplit de deux manières : le pre- mier apparu des globules restés contigus diminue graduellement de volume jusqu'à disparition complète, en l'espace de vingt à trente minutes, et cela sous les yeux de l'observateur; l'autre globule grandit d'autant. Il y a pas- sage lent, molécule à molécule, de la substance de l'un dans la masse de l'autre, au point même de leur contiguïté qui est quelquefois légèrement prolongé en cône. S'il y a plus de deux globules polaires formés, ce phéno- mène se répète de l'un à l'autre jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus qu'un qui reste coutigu au vitellus. Sur d'autres œufs ce même fait a lieu par coales- cence d'un globule avec celui qu'il touche; de telle manière que leur point de contact devient un plan qui s'agrandit de plus en plus jusqu'à ce qu'il y ait ainsi fusion de l'un avec l'autre. C'est peu d'instants après la réduction des globules polaires à un seul que débute la segmentation; parfois même elle commence avant que cette fusion soit achevée. » Les Mollusques offrent une particularité importante à notera cet égard, parce qu'elle ne se rencontre pas chez les autres animaux. Elle consiste en ce qu'au moment du début de la segmentation, après la réunion des glo- bules polaires à un seul, il en apparaît un autre un peu plus gros qui sou- lève le précédent, et qui réfracte plus fortement la lumière. De là vient que chez les Mollusques on trouve toujours deux glohules polaires accolés l'un à l'autre sur les côtés de l'embryon, au lieu d'un seul qui existe chez les au- tres animaux. Ce deuxième globule polaire de l'œuf des Mollusques s'élève tout formé de la profondeur de la substance vitelline superficielle dont il écarte les granulations, sans être annoncé par un espace clair dû au reirait de celles-ci comme au début de la formation des autres. Il soulève en même temps, à la surface du vitellus, une très-mince pellicule translucide d'ap- parence muqueuse, au-dessous de laquelle s'accomplissent tous les phé- nomènes de la segmentation. Cette pellicule est repoussée avec les globules polaires plus ou moins loin de l'embryon lorsque les cils vihratiles détermi- nent les mouvements de gyration. Sur les ovules non fécondés ce dernier globule polaire, non plus que la mince pellicule qu'il soulève, ne se produi- sent pas et aucun phénomène de segmentation n'a lieu chez les Mollusques d'eau douce, mais quelques-uns ont lieu chez les Mollusques marins. Les i5.. ( >>6) globules polaires nés par gemmation apparaissent seuls, mais leur réunion en un globule unique n'a pas lieu, et ils restent distincts, contigus l'un à l'autre. •> En résumé, c'est par le mode de reproduction des éléments anatomi- ques, appelé gemmation et s'opéranl à l'aide et aux dépens de la substance hyaline du vitellus, que naissent les globules polaires. Chez tous les vertébrés et beaucoup d'invertébrés leur apparition est suivie de la segmentation du vitellus qui a pour conséquence la formation du blastoderme, sur les côtés duquel le globule polaire reste comme un corps étranger à l'évolution fœ- tale. Mais il est des animaux tels que les tiputcrires~culicij ormes, chez lesquels, fait remarquable, le vitellus ne se segmente pas et toutes les cellules de leur blastoderme naissent par gemmation à la manière des globules polaires chez les autres animaux. De telle sorte que ce mode de production des cellules embryonnaires, qui est limité à un seul point du vitellus sur le plus grand nombre des êtres, devient chez divers Diptères le mode général d'apparition des éléments du blastoderme; au contraire la segmentation t\u vitellus, con- sidérée comme un phénomène sans exception dans le règne animal, est remplacée dans quelques tribus par un autre mode de génération des cel- lules. Mais ce fait, resté jusqu'à présent ignoré, offre trop d'importance pour la zoologie et l'anatomie comparée, pour que je ne demande pas à l'Aca- démie de vouloir bien me permettre d'en faire prochainement l'objet d'une communication spéciale. » zoologii:. — Mémoire sur la reproduction du corail; par M. de Lacaze dit l'un us. Renvoi à l'examen de la Section d'Anatomie et Zoologie.) « Chargé par M. le Ministre et plus tard par M. le Gouverneur général de l'Algérie de faire des recherches sur l'histoire naturelle du corail, en vue de réglementer la pèche, j'ai passé près d'une année sur les côtes d'Afrique à étudier la reproduction des zoophytes en général et celle du corail en particulier. Je demande la permission à l'Académie de mettre sous ses yeux quelques-uns des résultats que j'ai obtenus. » Comment se reproduit le corail? Telle était la première question qui m'était posée. » Pour la résoudre, il fallait évidemment d'abord apprendre à connaître les sexes, afin de prendre l'œuf à son origine et de le suivre jusqu'au mo- ment où il forme ces rameaux seuls connus dans le commerce. » Une branche vivante de corail est une véritable colonie ou association "7 ) d'animaux ou polypes solidaires les uns des autres, mais jouissant cepen- dant d'une activité vitale propre et à bien des égards indépendante. Les in- dividus de cetle colonie sont (pour ne nous occuper ici que de la reproduc- tion) tantôt mâles, tantôt femelles, tantôt hermaphrodites. En un mol, ils ont des glandes génitales réunies ou séparées. Maison observe ordinaire- ment que les individus d'un sexe l'emportent en nombre dans une même branche sur ceux d'un autre sexe. Ainsi tel rameau renferme presque ex- clusivement des polypes mâles, tel autre des polypes femelles. Quant aux individus hermaphrodites, ils semblent relativement moins nombreux. Il y a donc une grande irrégularité dans la distribution des glandes sexuelles. » On doit conclure de ces faits que la fécondation se passe dans des cir- constances bien différentes; que tantôt elle est directe dans un même po- lype, que tantôt elle est indirecte, et qu'elle s'effectue entre des individus d'une même branche, ou de branches distinctes et éloignées. » Ici se présente un mode de fécondation qu'on retrouve dans les mol- lusques soit hermaphrodites, soit à sexes séparés, dont la coquille est fixée. Les courants sont à ces animaux ce que sont les vents aux plantes dioïques; l'eau porte aux uns la semence des mâles, comme l'air porte aux autres le pollen des étamines. » Il suffit d'avoir mis en observation du corail bien vivant pour voir avec la plus grande netteté les individus mâles lancer des jets d'un liquide blanc qui forme des nuages au milieu de l'eau, et qui renferme les éléments caractéristiques du sexe. » Les capsules séminales et les capsules ovigères sont difficiles à distin- guer sous la loupe : elles se ressemblent en effet beaucoup. Le microscope seul levé tous les doutes en montrant, dans les œufs, la lâche et la vésicule germinatives, les granulations viteilines, et, dans les capsules séminales, les spermatozoïdes et les cellules qui les produisent. » Les œufs et les testicules sont d'un beau blanc de lait. Les premiers sont opaques, les seconds sont un peu transparents. Après la mort, ceux-ci restent blancs, tandis que ceux-là jaunissent : alors on les distingue aisément. » C'est à la base des replis intesliuiformes et au-dessous d'eux, dans la lame mince qui les unit aux parois du corps, que les glandes génitales sont placées et que l'on trouve les produits de leur sécrétion. Ceux ci, en se dé- veloppant, font saillie à l'extérieur des lames et paraissent attachés par île longs et grêles pédicules. Lorsqu'ils se séparent, c'est par la rupture du pé- dicule, et ils tombent dans la cavité générale. Or c'est dans cette cavité, ou ( 1 1 8 ) va se Irausformer l'œul après la fécondation, que s'accomplit la digestion. On voit donc qu'une même poche sert à la fois d'estomac et de jioclie d'in- cubation, et que dans son intérieur deux matières peuvent, à côté l'une de l'autre, l'une se dissoudre, l'autre s'accroître, se développer et produire un être nouveau. » Cette particularité ne peut manquer de frapper les physiologistes; car. loin d'être une exception, elle semble être une condition générale de la re- production dans la classe des Coralliaires. » Que devient l'œuf après sa fécondation ? » C'est avec la plus grande difficulté que je suis parvenu a observer ce qui se passe. Installé à la Calle, dans un local très-convenable, j'ai vu mourir pendant les trois mois de juin, juillet et août, tout le corail qu'on m'apportait. A la fin de mai et au commencement de juin, j'avais obtenu la ponte d'un beau rameau; malheureusement des circonstances indépen- dantes de ma volonté me firent perdre tous les bénéfices de cette première observation. Après cette époque, le corail, rapporté des lieux de pêche par moi-même, et avec les plus grands soins, se couvrait en quelques heures d'une épaisse couche de moisissure. « Jugeant par analogie, d'après ce que j'avais vu chez les Polypiers pro- prement dits et les Gorgones, je pris le parti, vers le milieu d'août, de m' em- barquer abord d'un balancelle coraline et d'ouvrir tout le corail vivant rapporté par les filets. J'espérais faire naître avant terme les jeunes polypes et éviter leur mort, conséquence forcée de la mort de leur mère. Cela m'a- vait toujours réussi pour les Gorgones, les Alcyons et les Astroïdes. Pendant le temps que je passai à la mer, je recueillis une énorme quantité d'œufs, mais tous moururent. Je désespérais presque de réussir, lorsque enfin, le 4 septembre, quand la température se fut un peu abaissée, j'obtins des jeunes tres-vivaces dont je pus suivre toutes les transformations. » L'œuf, primitivement nu et sphérique, s'allonge et se couvre de cils vi- bratiles en se développant. Il se creuse d'une cavité qui s'ouvre au dehors par un pore destiné à devenir la bouche. Alors il prend la forme d'un véri- table petit ver blanc. » Rien n'est curieux comme ces jeunes animaux, dont l'agilité est encore assez grande, qui nagent en tous sens en s'évitant quand ils se rencontrent, qui montent et descendent dans les vases où on les recueille, en avançant toujours l'extrémité opposée à la bouche la première! » Quand on les change d'eau, ou quand ils sortent de la poche d'incu- bation de leur mère, ils s'allongent surtout beaucoup et leur agilité aug- mente. C'est à ces moments que je me plaisais à les montrer aux pécheurs. (-119.) naturellement assez incrédules, mais qui s'en allaient tous convaincus, et surtout fort étonnés. » Ainsi par ces premières observations les questions relatives à la repro- duction se trouvent résolues, et il reste établi : que les sexes peuvent être séparés sur des branches distinctes ou sur des individus d'un même rameau et qu'ils sont quelquefois réunis dans un même polype; que l'incubation se passe dans la cavité digestive où a eu lieu la fécondation ; que par conséquent le corail est vivipare; que ses petits sortent de son corps par sa bouche et qu'ils ressemblent à des vers, se mouvant avec agilité en avançant à recu- lons. » Or chaque brandie de corail a pour origine un de ces petits vers blancs: j'aurai donc l'honneur, si l'Académie veut bien me le permettre, de lui présenter dans une prochaine communication les résultats des observa- tions qui montrent avec la dernière évidence quels changements éprouvent ces petits êtres vermiformes et libres, pour devenir des colonies arbores- centes d'individus soudés et fixés. » MÉMOIRES PRÉSENTES. hydraulique. — Sur une nouvelle roue verticale à tuyaux plongeurs el à lames liquides oscillantes dans les biefs d'amont et d'aval; Note de M. A. de Caligxy. (Renvoi à l'examen de la Section de Mécanique. ) « Cette roue se compose d'un tambour portant extérieurement un anneau creux de section rectangulaire, partagé en plusieurs tuyaux par des aubes perpendiculaires à l'axe, en amont et en aval de chacune desquellesdes orifices rectangulaires sont disposés sur la surface courbe extérieure de cet anneau, de sorte que chacun de ces tuyaux est percé latéralement à ses deux extrémités, qui doivent être bouchées en temps utile par un coursier inférieur où elles viennent s'engager successivement. Cette roue formant elle-même une partie du barrage, comme les anciennes roues à pression, se présente latéralement à l'eau du bief supérieur, qui entre par l'extrémité inférieure de chaque tuyau partiel, dont le sommet achève au besoin de se remplir par son immersion dans ce même bief. » Quand l'orifice inférieur de ce tuyau s'engagera dans le coursier dont on vient de parler, il y aura un étranglement momentané donnant lieu à une perte de force vive dont la limite est facile à calculer. Mais par suite de la diminution de pression intérieure qui en résultera, la colonne liquide ( l2° ) contenue dans le tuyau partiel prendra de haut en bas la vitesse nécessaire, afin qu'il n'y ait pas, pour certaines proportions du tuyau, de percussion bien sensible à l'époque où son orifice inférieur sera masqué parce cour- sier. Jusqu'ici les effets paraissent analogues à ceux des anciennes roues hy- drauliques à pression coulant à plein coursier, mais les aubes, protégées en amont et en aval par les espèces de tuv..ux qui les séparent, ne viendront plus frapper l'eau du bief supérieur en s'y enfonçant, et ne rencontreront plus que peu de résistance dans l'eau du bief d'aval. n Au lieu d'occasionner un jaillissement de l'eau du bief supérieur en y pénétrant avec une certaine vitesse, cette roue donnera lieu à une espèce de frottement latéral. Il est à peine nécessaire d'ajouter que les aubes qui sé- parent les tuyaux doivent être disposées convenablement en dessus et en dessous pour éviter autant que possible les déviations des filets liquides, et que ce sera d'ailleurs un des cas où l'on pourra appliquer le système des lames concentriques dont je me suis servi pour diminuer la résistance de l'eau dans les coudes (voir les Comptes rendus des séances de /' A 'endémie des Sciences, t. XLT, p. 328); il est évident aussi que, dans le. sens du rayon de la roue, la profondeur du tuyau devra ne pas dépasser certaines limites, mais qu'il sera bon que chaque tuyau partiel ait toute la longueur possible que permettra le diamètre de la roue. » Quand ce tuyau est dégagé du coursier précité, il peut être entière- ment plongé dans l'eau du bief d'aval. La vitesse de la roue étant supposée à peu près uniforme, quand l'extrémité devenue supérieure du tuyau dont il s'agit sort du bief d'aval, l'eau contenue dans ce tuyau tend à monter dans la partie qui s'immerge. Mais elle ne peut y monter, en vertu de sa vitesse acquise, qu'en perdant une partie de cette vitesse. Il faut donc qu'une certaine quantité d'eau soit abandonnée au bief d'aval par l'autre extrémité, devenue inférieure et ayant un orifice latéral d'une grandeur con- venable. » Si les vitesses et les longueurs des tuyaux partiels sont calculées selon certaines lois, on conçoit que la colonne liquide dont il s'agit peut avoir le temps d'osciller de manière que, par leur mode d'action, les pressions latérales rentrent dans le système de celles qui se présentent dans les expé- riences que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie le 1 8 octobre 1 84 1 (voir les Comptes rendus, t. XIII, p. 83o, et t. XLI, p. 491), et qui ont été l'objet d'un Mémoire, suivi d'une Note de M. Combes, publiée dans le Journal de Mathématiques de M. Liouville, t. VIII, p. 23. » On croyait que les roues du genre des roues de côté coulant à plein ( lai ) coursier ne pouvaient utiliser une partie de la vitesse de sortie de l'eau au bief d'aval que pour les cas où l'eau de ce bief ne recouvrait point la veine de sortie donnant alors lieu dans le coursier à des effets depuis long- temps signalés. Or il résulte des considérations que je viens de rappeler, qu'il doit être facile de réaliser pratiquement, pour des roues verticales pro- fondément Immergées à leur partie inférieure, l'épargne d'une partie de la force vive perdue jusqu'à présent au bief d'aval dans les anciens systèmes ainsi immergés, l'état d'oscillation ayant, dans certaines hypothèses, la pro- priété de diminuer la moyenne des pressions lalérales, de manière à la rendre moindre que la pression hydrostatique de l'eau du bief d'aval. On conçoit d'ailleurs, même abstraction faite de ces considérations, que si le tuyau partiel était vidé par oscillation jusqu'à une certaine profondeur au-dessous du niveau du bief d'aval , l'eau de ce bief ne pourrait rentrer que dans une capacité fuyant devant elle; et que d'ailleurs elle y produirait un effet analogue, jusqu'à un certain point, à celui de l'eau qui entre de l'extérieur à l'intérieur de certaines roues à réaction, en donnant lieu à une diminution de pression par l'effet même de sa vitesse. » Quant à ce que j'ai dit delà manière dont les choses se passeront dans le bief d'amont à l'époque où le tuyau partiel s'engagera dans le coursier inférieur, quoique, d'après les indications du calcul, il ne paraisse pasqu'on doive en général s'en préoccuper d'une manière bien sérieuse pour certaines proportions des tuyaux partiels, il n'est cependant pis sans quelque intérêt de conserver au moins les traces d'une combinaison ayant pour but de sup- primer l'effet momentané de cet étranglement, quoique dans l'état actuel de l'hydraulique on ne connaisse pas assez quelques détails des résistances passives, notamment dans les contractions de la veine liquide pour ce cas. » Je suppose que chaque tuyau partiel soit momentanément bouché à l'extrémité qui est inférieure, quand il s'enfonce dans l'eau du bief d'amont. On conçoit que, dans certaines conditions, si cette extrémité est ensuite su- bitement débouchée à une profondeur convenable au-dessous du niveau de ce bief, l'eau s'élancera de bas en haut, aura le temps de monter au- dessus de ce même niveau jusqu'à l'extinction de sa vitesse; qu'alors le tuyau marchant dehaut en bas plus vite que cette eau qui tend à redescen- dre, il se produira les effets suivants. La colonne liquide tendra ainsi à prendre d'elle-même la vitesse de la roue, pendantqu'il continuera à entrer dans le bas de ce tuyau des quantités d'eau diminuant de plus en plus jus- qu'à ce qu'elles soient sensiblement nulles lorsque la vitesse de la colonne liquide intérieure sera devenue égale à celle de la roue, et que le sommet du C. R., 18G2, 1er Semestre. (T. L1V, N" 2.) ' b ( I22 ) tuyau partiel aura en descendant atteint le sommet de cette colonne liquide. Pour réaliser cette idée dans les limites où elle peut l'être sans complica- tion, on disposerait extérieurement à la roue dans le bief d'amont une sur- lace courbe fixe pour chaque niveau, formant une sorte de coursier entiè- rement immergé, permettant d'abord à l'eau d'entrer un peu au bas du tuyau partiel, interrompant ensuite cette introduction jusqu'à une profon- deur convenable, H permettant ensuite de démasquer très-vite, mais suça s- sivement, chacune des lames courbes concentriques de l'orifice inférieur de ce tuyau, sans empêcher le sommet de ce tuyau d'achever de se remplir au besoin par son immersion dans le bief supérieur. » En résumé la nouvelle roue à tuyaux a pour but de modifier les an- ciennes roues à pression coulant à plein coursier, de manière à leur per- mettre de marcher plus vite quand elles sont assez profondément immer- gées. En la communiquant verbalement à la Société Pbilomathique de Paris, en i845 et 1849, je n'ai pas ainsi développé les principes sur lesquels je dé- sire surtout attirer l'attention dans cette Note, et qui permettent de mon- trer comment on peut appliquer un mode d'action des oscillations dans le bief d'aval, cpie j'avais présenté sous un autre point de vue, notamment dans le Journal de Mathématiques, de M. Liouville. La possibilité de cette application montre une fois de plus l'utilité de îecherchcs en apparence d'abord purement spéculatives. » CHIMIE AGRICOLE. — Sur la composition de quelques terres arables; par M. Dkhf.rain. (Commissaires, MM. Dumas, Payen.) » Tandis que certaines terres du nouveau monde et de la Russie peuvent produire indéfiniment sans recevoir aucun engrais, la plupart des sols de noire pays cesseraient rapidement de donner des récoltes rémunératrices, si les fumiers ne s'y succédaient régulièrement. J'ai pensé qu'une étude ana- lytique attentive de sols si différents quant aux résultats produits pourrait peut-être nous éclairer sur les causes encore assez obscures de ces fertilités différentes, et M. Décaisse ayant bien voulu mettre à ma disposition des échantillons des terres noires de la Russie, et d'une terre d'alluvion dé- posée parle Rio-Parana (Amérique du Sud), j'en ai entrepris l'analyse. En même temps j'exécutais celle d'une terre d'une fécondité moyenne prise sur le plateau de la Brie, dans le département de Seine-et-Marne, espérant mieux saisir, par la comparaison, les causes des différences de valeur qui existent entre ces sols. ( 123 ) » Nous avons d'abord recherché la composition physique de ces terres, en y dosant l'argile et le sable et en prenant la densité; on a trouvé ainsi (i) : * TERRE NOIRE DE RUSSIE. TCIIOUXOIZEM. TERRE DU PARANA. (Amérique du Sud.) TERRE DES CHAPELI.ES- lllil T.B0N. (•Seine-et-Marne. ) N° i. N° 2. Sable 496 5o4 i ,266 202 798 1,186 6;5 325 1 ,o34 2o5 795 1 ,226 j » On a fait ensuite l'analyse élémentaire, on a trouvé dans un kilo- gramme de terre sèche : DESIGNATION DES MATIÈRES DOSÉES. TERRE NOIRE DE RUSSIE TCUORNOIZEM. lN° 1. Azote (des matières or paniques) Carbone (des matières organiques) Acide pho5phorique. Chaux Magnésie Oxyde de 1er Silice soluble Nitrates correspondant à nitrate de potasse. g 0,524 4,9/4 3,823 0,/|00 trace? 5,373 N° 2. A.NALYSES. 0,524 U,JyU 5,273 3,823 2,093 2"!, 999 1,5^6 7,527 3,4o3 18,700 3,8^0 1,923 1 .29° 7,5oo » 19,400 0,400 traces] 0,027(1) TERRE DL! PARAFA . 2,009 '22 ,999 ! ,4 20 1,840 7 ,5i3|3,252 3,4o3 1 9 , 1 00 3,840 0,027 1 , 1 4o ! « 4,760 0,570 TERRE DE LA BRIE. CHM'ELLES-BOURHOX. 1,920 l,l40 4 , 006 0,570 ANALYSES. r>" 1. N° 2. 0,888 S 11 7,208 » 0,900 » 4,54s 4,210 5,o3S a 17,300 ), » » » » o,8S8 0,900 4,374 5,o38 17,300 (1) Ce dosage a été fait par mon collègue au Conservatoire des Arts et Métiers, M. Idiote, auquel ses travaux dans le laboratoire de M. Iîoussingault ont donné une grande habileté dans ces recherches délicates; la quantité trouvée est extrêmement considérable. (1) Les terres avaient été séchées à l'air, on a rapporté l'argile et le sable à ce qu'ils eussent été si les terres avaient été sèches. 16.. ( «*4 ) » On remarquera d'après ces tableaux que si l'une des terres de Russie ^e place au premier rang par sa teneur en matières a/.otées et en acide phos- phorique, que si la terre du Parana possède une richesse analogue, la terre des Chapelles arrive avant la seconde terre de Russie. a Plusieurs des terres d'Alsace analysées par M. Boussingault (i) renfer- ment également plus de matières azotées que les terres noires de Russie ou la terre de Parana ; il est certain cependant que nos terres de France ne pro- duiraient rien sans fumure, tandis que la terre de Russie, après quelques années de repos, peut fournir de nouveau d'abondantes récoltes. » Si donc l'on classait les terres d'après le poids de principes utiles qui existe dans i kilogramme, on arriverait à des conclusions fort erronées. » C'est qu'il faut tenir compte, encore de la masse de la terre, de son épaisseur; plus elle sera grande, plus les plantes auront d'espace pour étendre leurs racines, plus ellesauront chance par conséquent de rencontrer au milieu de la masse énorme de principes utiles que renferment les sols, ceux qui sont actuellement assimilables. Cette influence de la masse de la terre arable a été mise en évidence de la façon la plus heureuse par M. Boussingault : tandis qu'une plante cultivée dans un pot où elle ne ren- contrait qu'une faible quantité de terre restait chétive comme si elle eût vécu dans un sol stérile, elle végétait vigoureusement lorsqu'elle tpouvait étendre ses racines librement dans la même terre (2). » 11 nous faut donc, pour établir la comparaison entre les terres étudiées, rechercher le poids d'un hectare de chacune d'elles et y calculer l'azote, les phosphates, etc., nous verrons alors la différence des fertilités s'accuser par des chiffres de la façon la plus évidente. Nous avons admis pour la terre de Russie une épaisseur moyenne de 3 mètres ( 3) ; de 3a,,5o pour la terre de Parana (4) et de 36 centimètres pour celle des Chapelles. (1) Boussingault, Agronomie, Chimie agricole, t. II, p.. i^. (2) I(J. il). t. I,p. 283. (3) Murcluson, Description géologique de la Russie, t. I. ?4) Marcos Sastre, El Tempe Argentino, o el Delhi de los rioi Ut u gai, Parana y Plaïa. 1860. ( i»5 ) Densité Profondeur Poids d'un hectare de terre arable Poids des matières dosées que renferme un hectare. Azote Acide phosphorique Chaux Magnésie Charbon Nitrate de potasse TERRE DE RUSSIE. N° 1. I ,266 37900^ I 990 I k 2*1 648 1 899 1 2 145297 TERRE DE RUSSIE. N° 2. 1,186 3m 3585ok 7i48ok 5o559 267312 25012 8i83i4 960 TERRE DU PARAMA. 1,034 3m,5o 2585ok 638ook 38oi3 127395 io4665 TERRE DE LA BRIE. 1 ,3oo om,3o 3gook 35a ik 354 1 19722 22713 287-78 » Nous voyons d'après ce nouveau tableau que la terre de Russie n° 1 renferme a3 fois plus d'azote, 17 fois plus d'acide phosphorique que la terre des Chapelles; la terre du Parana donne des résultats analogues, et la terre de Russie n° 1, tout à l'heure la dernière, a repris la troisième place. » Les matières organiques accumulées dans la terre de Russie sont réelle- ment énormes, ainsi qu'on l'a pu voir d'après le dosage du charbon qui est près de 4° fois plus abondant dans la terre noire n° 2 que dans la terre des Chapelles; nous nous sommes assuré, en calcinant les terres noires avec du nitre, qu'elles devaient bien leur couleur à des matières organiques. » Des travaux nombreux ont montré depuis quelques années que les ma- tières azotées ou les phosphates enfouis dans la terre arable n'étaient pas immédiatement assimilables, qu'une faible fraction était seule actuellement soluble. La transformation de ces matières inertes s'exécute sons l'influence des bases, sous celle de l'oxygène atmosphérique, sous celle des carbonates; j'ai moi-même signalé quelques-unes de ces métamorphoses relatives aux phosphates, il y a quelques années (1). L'oxyde de fer paraît être un des >) Comptes rendus, t. XLVII, i858. ia6 ) agents qui facilitent le plus énergiquement ces transformations; on voit qu'il est abondant dans la terre de Russie. » Ces sols ne recevant pas d'engrais, les plantes doivent prélever sur sod fonds de richesse tout ce qu'elles s'assimilent ; si chaque récolte prélevé cha- que année plus de matières assimilables que les forces citées plus haut n en élaborent pendant le même temps, il arrivé un moment où la terre est Sté- rile, on l'abandonne alors au repos, à la jachère, dont l'utilité est bien plutôt de laisser le temps aux principes du sol de se métamorphoser en ni- trates, en sels ammoniacaux, en phosphates solubles, que de laisser aux agents atmosphériques le loisir d'y apporter de nouveaux principes utiles. » Ces recherches conduisent donc aux résultats suivants : » i° L'analyse chimique ne dévoile pas dans i kilogramme de terre de fertilité très- différente, des différences de composition très-cousidé- rablés. » 20 L'épaisseur de la couche arable, l'espace dans lequel les racines peu- vent se répandre, paraît avoir une influence beaucoup plus considérable sur la fertilité que la richesse même de cette terre. » 3° Un des plus puissants moyens d'augmenter la fertilité est donc d'augmenter la couche arable par des labours profonds, en les combinant avec des fumures suffisantes pour que la terre conserve toujours la même composition, et qu'elle ne soit pas appauvrie par le mélange du sous-sol. » Mœe de Corneillan adresse une réclamation de priorité à l'occasion d'une communication qui a été faite à l'Académie, dans la séance du 3o décembre dernier, concernant le dévidage en soie grége des cocons du ver à soie de t Al- lante. « Si j'eusse pu prévoir cette communication, dit Mme de Corneillan, j'aurais adressé les détails exacts de la solution d'un problème longtemps cherché et je n'aurais pas à protester aujourd'hui contre l'assimilation faite cuire moi et M. Foiyeniol. Mes expériences concluantes et définitives re- montent à l'automne de 1860; dès le printemps suivant M. I. Geoffroy- Saint-Hilaire, de regrettable mémoire, M. Guérin-Méneville, M. Marchant, étaient instruits de ma découverte; dés cette époque j'en soumettais les premiers produits à M. Alcan, professeur au Conservatoire des Arts et Mé- tiers, et, éclairée par lui sur l'importance de ma découverte, je pris d'après son conseil un brevet. En juin 1 86 1 j'écrivais au Ministre du Commerce . le ?-4 juillet et le G août à l'Empereur, Lettres très-explicites constatant ma découverte expérimentée et complète. » Mmc de Corneillan n'a connu que par voie indirecte et d'une façon ( i27 ) inexacte la communication qui a provoqué sa réclamation. Ce n'est pas, comme elle le suppose, M. le Secrétaire perpétuel, mais M. Guérin-Méne- villequi annonce « que deux personnes viennent de trouver presque simul- » tanément le moyen de dévider les cocons du ver de l'Ailante en soie » eréee et continue, savoir Mme la comtesse de Vernède de Gorneillan et » M. Forgemol, médecin à Tournai! . » A la Lettre de Mrae de Gorneillan sont jointes les copies : i° d'une Lettre adressée par elle à l'Empereur, 2° d'une Lettre qu'elle a reçue de M. Alcan. Ces trois pièces sont renvoyées à l'examen de la Commission des vers à soie. M. Mf.rcier-Lacombe, directeur général des services civils en Algérie, annonce que le câble électrique immergé au mois de septembre dernier entre Port-Vendre et Mahon pour relier la France à notre colonie africaine, continue à fonctionner d'une manière parfaitement satisfaisante, malgré une déperdition très-notable de fluide. Partant de cette observation, M. Mercier- Lacombe présente des considérations sur le fonctionnement des télégraphes sous-marins et sur certaines circonstances qu'il considère comme des causes non encore soupçonnées de dérangement dans le jeu de ces appareils. (Renvoi à l'examen de MM. Becquerel et Pouillet.) US. Karst adresse de Nancy une Note concernant un système de chemin de fer. Ce système se distingue principalement par un rail médian que la locomotive saisit entre deux roues horizontales se mouvant en sens inverse comme les rouleaux d'un laminoir. (Commissaires, MM. Morin, Combes.) M. Moxtel, qui avait fait une précédente communication relative aux moyens destinés à prévenir les collisions de trains de chemin de fer, adresse, comme complément à cette communication, plusieurs dessins accompagnés de légendes. (Commissaires, MM. Piobert, Morin.) M. J. Lemoixe soumet au jugement de l'Académie un procédé de son invention pour prévenir les fuites du gaz d'éclairage circulant dans les tuyaux de distribution. (Renvoyé à l'examen de M. Morin.) ( 1*8 ) Une Note de M. BoritBouzE sur un appareil pour l'étude des lois de la chute des corps, présentée à la séance précédente, est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de MM. Despretz et Delaunay. M.Milne Edwards est adjoint aux Commissaires précédemment désignés, MM. Flourens, Rayer et Bernard, pour l'examen des communications de MM. Chauveau et Marey concernant la détermination graphique des rap- ports du choc du cœur avec les mouvements des oreillettes et des ven- tricules. CORRESPONDANCE . M. i.e Ministre d'Etat, par une Lettre en date du 10 janvier, approuve lemploi proposé par l'Académie pour une portion des fonds restés dispo- nihles. L'Académie impériale des Sciences de Vienne remercie l'Académie pour l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus et lui adresse plusieurs de ses propres publications. [Voir nu Bulletin bibliographique.) L'Académie reçoit des Lettres de remercîments de plusieurs auteurs aux- quels elle a, dans sa séance publique du q3 décembre 1861, décerné des prix ou des encouragements : MM. Pasteur (prix Jecker); Goi.dsciimidt, Luther (médaille de Lalande) ; Block (prix de Statistique); deChastellux (mention honorable au même concours). ASTRONOMIE. — Nouvelle comète. — Dépêche télégraphique de M. Otto Struve à M. Le Verrier. « Saint-Pétersbourg, le 10 janvier l86a. » Comète télescopique découverte à Poulkova, par Winnecke : » (S janvier, 1/1 heures 21 minutes. » Ascension droite, 14 heures 35 minutes. « Déclinaison boréale, 2 5 degrés 22 minutes. » Mouvements respectifs, l\ minutes et l\ degrés positifs. » Swnê : Otto Struve. » ( *29 ) analyse mathématique. — Sur une classe nouvelle tf équations différentielles et d'équations aux différericéi finies d'une forme intéarable; par M. Sylvesteii, de Wnolwici). « Commençons par le cas des différences finies. Représentons par A.t. le déterminant r "x "r+l ".r+2 • • ■ "'x-yi—i 'jt+i "x+2 Ur !,.v+3 "jt+4 "«+1-1 Ujc+i "jt«+i • • • ".r+2('-î et considérons l'équation (,) A,= C,..., ce qui au fond est aussi général que si nous écrivions Ar — Cy*. » Je dis que l'équation (i) pourra être satisfaite par la même intégrale que celle qui satisfait à l'équation (2) Ux — [),"*■+, + Pl"x+2 ■ ■ •(— 1 ">'/>'•-< "•*+'• +(- f)'B*+« — ° (p, , Oij, . . .,/',_(, étant des constantes). Car si cette dernière équation a lieu, on peut dans la permiere ligne du déterminant substituer à It r tlT_.t ... llv,f — ■ les quantités ( — i)' ' ux+i ')" ( - 1 y-1 "* sans changer la valeur de ce déterminant. » Donc on voit immédiatement que Aa. devient égal à AJ+, , c'est-à-dire Aj sera constant; donc l'intégrale de Ar= C sera (3) ",-",«, «,«, + ■ ai a. , avec la condition a, a,. . . a,= 1 . Cette condition est une conséquence de la forme du dernier coefficient (— 1/ dans l'équation (2); de plus une autre condition se présente à cause de la valeur spéciale qu'il faut attribuer à la constante C dans l'équation donnée. » Pour obtenir cette dernière condition nous pouvons considérer les a et les a. comme étant données et C comme une fonction de ces quantités. Or en faisant un quelconque des a égal à zéro, le degré de l'équation (2) s'abaisse d'une unité, c'est-à-dire les i fonctions u_v, ux+h . . .,«.,..+,_, seront liées entre elles par une équation linéaire et conséquemment le déterminant Av s'évanouira. Donc C contient le produit a,a2. . . rt, comme facteur. Mais C. R., îSfii, icr Semestre, (T. LIV, K° 2.) ' 7 ( '3o ) on trouve aussi, en prenant .r = o, C égal au déterminant à i lignes la la a . . .2aa1-1 lau laa2.. .laa* lav.;_, lac/.' . . . lac<.-'~2 qui est du degré i par rapport aux quantités a. » Donc G = a,aa...a,-F(a1a8. ..a,-). » Pour déterminer F, on n'a qu'à supposer a, = a2 = . . . = ux+i_2 — P, ux+i-, -4- P2 ux_; ... — (— l)'Pj_, «x+ai-s + ( — 0' "x-ni-s = o, et si, en conservant à Ax la même valeur que dans l'équation (1), on écrit (5) Ax + ,_, uI+i_, -+- ( — i)' ux+i — o, Ax sera égal à Ax+I et cp sera toujours constant, car on aura P, == jt?„ P2 = p,, ..., P/_, = p,_, . (6) ( «3i ) » Donc l'équation (5 ) sera satisfaite par l'intégrale ux = a, a\ -+- a.3 a* + . . . + at a*, avec: les conditions a, «.,... a,= i , («, «2 . . . a() (a, — a2 a, — a3 «2 — a3. . . a,_, — a,) + y(2a,,2a,a2>...,2at-— a,-_,) = o. » Passons au cas de la forme analogue des équations différentielles. En supposant y une fonction de x, j'écrirai ^-i = y~i et je nommerai Tfxy le déterminant 7 jr< js • • • ji-, J< Ja Ja • • • J« J"i-\ J i J i—i • • • Tii—i « Considérons d'abordjl'équation in) Kr=c- Sans prendre la peine de passer par les moyens connus du cas des différences finies à des différences infiniment petites, il suffit de faire le rapprochement de la valeur de -^ quand ux= r-2.y3 » De même en différentiant ce dernier déterminant [colonne à colonne), y y,j3 y,y3j -, ysy*Ts » On remarquera que tous les termes du nouveau déterminant D3 r ± ( d3 r) | on obtiendra comme la valeur de -^-, D° y- dx' L&dsP*) seront des déterminants mineurs de D^, et par un théorème très-connu on conclut que ce déterminant composé sera égal au produit tfy x ^ly- c'est-à-dire b:jxd^ = d:(d37), et dans la même manière on peut établir l'équation générale qui lie ensem- ble trois termes consécutifs quelconques delà série D' D2D3D4D6..., C est-à-dire (9) D'x->xD'^ = D3,(Di/). Avec l'aide de cette équation on parvient facilement à l'intégration d'une classe très-intéressante d'équations différentielles du quatrième ordre, parmi lesquelles on peut distinguer les équations »ly=Cr», (DlyY=C(Dlyy, lesquelles ne sont que deux cas particuliers d'équations qu'on peut inté- grer par le moyen des fonctions elliptiques inverses. » (33 ) COMITE SECRET M. de Sexarmoxt, doyen de la Section de Minéralogie, présente, au nom de cette Section, la liste suivante de candidats pour une place vacante de Correspondant : Au premier rang. Au deuxième rang et par ordre alphabétique. M. Lyell à Londres. M. Aricii à St-Pétersbourg. M. Boité à Vienne(Autriche). M. Dana à New-Haven (États-Unis). M. de Dechex. ... à Bonn (Prusse). M. Domeyko à Santiago (Chili). ' M. Hitchcock. ... à Boston (États-Unis ). M. Jackson à Boston (États-Unis). M. Locax à Québec (Canada). M. Naumann à Leipzig (Saxe). M. Angelo Sisnoxda. à Turin (Piémont ). M. Stitder à Berne (Suisse). Les titres de ces candidats sont exposés et discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures et demie. !•;. 1). B. BULLETIX BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du i3 janvier i 862 les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, t. LU (janvier-juin 1861). Paris, 1861 ; vol. in-4°. Eloge historique de Frédéric Tiedemann, l'un des huit Associés étrangers dt l'Académie; par M. Flourkns, Secrétaire perpétuel. Paris, 1862; in-Zj". La méthode des portraits grandeur naturelle et des agrandissements photogra - phiques mise à ta portée de tout le monde; par Arthur Chevalikp. . Paris, 1 862 ; in-8°. '34 ) Rapport sur les travaux de la Faculté des Sciences de Montpellier pendant I année scolaire 1860-1861; par M. P;ml GervâIS. Montpellier, 1861; i feuille in-8u. Annales de la Propagation de la foi; janvier 1862, n" 200. Paris, 1862; in- 12. De l'absorption par te tégument externe} thèse pour le doctoral en médecine présentée et soutenue à la Faculté de Médecine de Paris , par M. L. HÉBERT. Paris, 1 861 ; in-4". Quelques recherches sur la diplithérite et sur le croup; thèse pour le doctorat en médaille présentée et soutenue le 29 décembre 1 85g; par M. C.-F.-M. PETER. Paris, 1 85g ; in-4°. (Adressée an Concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1862, avec l'analyse exigée par le programme.) Mémoires de l'Académie royale de Médecine de Belgique (5e et 6e fascicules du t. IV). Bruxelles, 1860-1861 ; in-4°. \ handbook... Manuel d'Astronomie descriptif et pratique; par G. -F. CHAMBERS. Londres, 1 86 r ; 1 vol. in- 12. Uber die... Sur le Soleil; par le Dr A. Winnecke; br. in-8°. Amtlicher... Compte rendu officiel de la 35e réunion des naturalistes et médecins allemands à Kœnigsberg en Prusse en septembre 1860; publié par les commissaires de la réunion, MM. V. VlTTlCH et Wagner. Kœnigsberg, 1861; in-4°. Sitzungsberichte... Comptes rendus de l'Académie impériale des Sciences de Vienne : sciences mathématiques et sciences naturelles; t. XLII, n° 29; t. XLIII, livraisons 4 et 5 (sciences mathématiques), t. XLIII, 5e livraison (sciences naturelles), t. XLIV, ire et 2e livraisons (sciences mathématiques), t. XLIV, ,re c.t 2e livraisons (sciences naturelles). Vienne, 1861 ; 8 livraisons in-8°. Jahrbiicher... Annuaire de i Observatoire central de météorologie et de ma- gnétisme terrestre , publié par l'Académie impériale des Sciences et rédigé par K. KtiEiL; 8e volume, année 1 856. Vienne, 1861 ; in-4°. The circle... Mesure commune du cercle et du carié par un triangle commun aux deux surfaces. Détermination aussi approchée qu'on le voudra de la valeur île ce triangle; par W. Houlston. Londres et Jersey, 1862; in-4°- Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ; t. III, nos 10, 1 1 et 12; t. IV, n° 1. Saint-Pétersbourg, 1861 ; in-4°. Bulletin de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg; t. III (feuilles 23-36), t. IV (feuilles 1-10); in-4°. Arc du méridien de 2J1' 20' entre le Danube et la mer Glaciale mesuré depuis 18 16 jusqu'en [855. Ouvrage rédigé par M. F. -G. -W. Struve, et publié par ( i35 ; l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg; t. 1 et II. Saint-Pétersbourg, 1857 et 1860; volumes gr. in-4° avec un atlas de 26 planches. Tabulœ quantitatum besselianarum quibus apparentes stellarum posiliones in médias converiuntur adhibitis numeris constantibus pulcovensibus pro annis 1840 ad 1864 compulatœ. Edidit Otto Slruve. Petropoli, 1861 ; petit in-4°. Osservazioni... Observations sur l'induction électrostatique; par le prof. L. Della Casa. Bologne, 1860; in-4". Nuove... Nouvelles observations sur l'induction électrostatique , par le même. Bologne, 1861 ; in-4". Della visione... Sur la vision binoculaire : par le Dr F. Rossetti. Venise, 1861; in-4°. Descripçâo... Description des insectes coléoptères du Camboge; par le baron D. Castello de Paiva. Lisbonne, 1861 ; in-8°. Descripçâo... Description de deux nouvelles espèces de coléoptères des îles Canaries ; par le même. Lisbonne, 18G1 ; in-8°. (Présentés par M. Moquin- Tandon.) ERRATA. (Séance du 6 janvier 1862.) État de l'Académie des Sciences au Ier janvier 1862, page 9, Correspondants de la Sec- tion de Géographie et de Navigation. Le nom de l'amiral Lutke, placé par erreur à la fin de la liste, doit être remonté de trois lignes et venir après le nom de M. Givry. Page 4i» ligne 7, au lieu de (4), Usez (3). Même page, au Tableau : Numéros. Longueurs L m 102 au lieu de 0,05^3 lisez 0,0720 io3 » 0,1 36o « o,4665 104 » 0,0573 » 0,7205 io5 » Id. » 0,2882 (Rien à changer à la colonne des rayons /•). COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 20 JANVIER 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Sur la fic/ure de la grande comète de 1861; par M. Fave. (Quatrième et dernier article.) (1). « Enveloppes concentriques de la tête. — Elles sont formées par la matière émise soit à l'intérieur du calice antérieur, soit dans l'épaisseur plus abon- dante encore de ses parois. Évidemment le triage opéré par la force répul- sive, triage qui donne naissance aux queues multiples, commencera dans la tête même sur les matières non homogènes de rémission; en vertu de leur vitesse acquise et de la moindre action de la force répulsive sur les matières les plus lourdes, celles-ci iront plus loin que les plus légères, et il se for- mera, pour chaque ordre distinct de matières, un étage particulier ou s'arrêteront les molécules de même densité; là elles formeront une sorte de couche concentrique au noyau, mais bientôt la force répulsive, après avoir détruit la vitesse acquise vers le Soleil, fera rebrousser chemin à ces parti- cules et les chassera vers la queue qu'elles alimentent. Peu à peu l'enve- (1) Note relative à l'article précédent [Compte rendu du i3 janvier) : p. 7 1 , ligne 2, au lieu de : le secteur paraissait alors moins large, lisez : le secteur paraissait moins large, le 12 et le 1 4 octobre. ... La disparition du secteur le i3 ne semble pas pouvoir s'expliquer par l'obliquité du rayon visuel sur l'axe. Bessel s'est servi aussi quelquefois du mot plus si- gnificatif de cône lumineux au lieu de secteur. C. R., 1862, Ier Semestre ( T. LIV, N« 5.) '° ( '38) loppe s'amincira; son éclat ira en s'affaiblissant, et finalement elle dispa- raîtra pour faire place à d'autres enveloppes en voie de formation. Tout porte à croire d'ailleurs que ces phénomènes ne sont pas continus, mais intermittents. Un des traits les plus saillants de la comète de Donati était assurément l'alternative d'activité et de repos du noyau dans l'acte de l'émission ; chaque fois que le noyau prenait de l'activité et se préparait à expulser de nouvelles matières, son éclat augmentait rapidement, et M. Bond, à qui nous devons cette curieuse remarque, reconnaissait à ce signe l'apparition prochaine d'une émission nucléale. Ainsi cette intermit- tence se retrouvait dans le développement successif des couches propres du noyau, lesquelles se dilataient peu à peu jusqu'aux points faibles ou points de rupture assignés par la première analyse des couches de niveau que nous devons à M. Roche. Ce phénomène n'indique-t-il pas que le noyau reçoit lui-même, de la chaleur solaire, une activité propre, identique à celle que la chaleur de toute origine détermine entre les molécules des corps gazeux. Mais je me hâte de faire remarquer qu'il ne s'agit pas ici d'une nouvelle hypothèse. Dans tout ce qui précède nous avons tacitement considéré la matière cométaire comme formée de particules indépendantes, assimilables, par leur ténuité excessive et leur facilité à se disperser sous l'influence des moindres forces dans des espaces énormes, à celles qui constituent un gaz privé de tout ressort par le froid et par sa propre expansion ; or cette ana- logie même a conduit depuis longtemps à penser que la chaleur solaire absorbée par le noyau y donne naissance à de faibles actions de répulsion mutuelle. Les dernières couches de notre atmosphère nous offrent un exemple frappant de cette singulière condition des corps gazeux réduits à l'état pulvérulent, ou, si l'on veut, à l'état d'un liquide sans cohésion, sans viscosité, n'agissant plus sur les couches inférieures que par leur poids, réfléchissant encore un peu de la lumière qui les traverse, mais incapable d'en réfracter les rayons. Ainsi, à mesure que les rayons solaires échauffent le noyau, ils y excitent une faible répulsion moléculaire ou gazeuze, qui favorise l'émission; à celle-ci répond aussitôt, comme le pensait Laplace, un abaissement de la température du noyau, lequel a besoin d'un certain temps pour absorber une nouvelle quantité de chaleur solaire et donner lieu à une nouvelle émission. C'est ainsi du moins que je m'explique l'intermit- tence de ces phénomènes. Si l'on pouvait avoir confiance dans les dessins d'Hévélius, je citerais un cas remarquable où l'intermittence de l'émission s'est traduite d'un bout à l'autre de la queue par des tranches fort nettes alternativement brillantes et obscures. ( i39) » On conçoit que le phénomène des enveloppes doive varier d'une comète à l'autre tout autant que celui des queues. Dans une comète à période assez peu étendue, comme celle de Halley, les retours fréquents au périhélie doivent à la longue épuiser le noyau de ses matières les plus lé- gères; dès lors on ne s'attendra pas à retrouver de nombreuses enveloppes étagées au-dessus du calice antérieur. La comète de Donati, avec sa queue multiple, au contraire, nous a offert ce phénomène à un degré remarqua- ble. Les enveloppes formées de la matière la moins dense avaient envahi le calice lui-même et fait disparaître le secteur qui en est la perspective. » Tl en restait pourtant encore quelques traces constituées par des ma- tières plus denses qui traversaient les premières enveloppes pour aller, plus loin du noyau, former d'autres enveloppes plus persistantes. On lit pour ainsi dire ces détails dans les beaux dessins que M. Bond a publiés sur la comète de Donati, aux dates du 2 et du 10 octobre. » Ainsi les matières s'étagent dans la tète à l'inverse du noyau : dans celui-ci, les molécules les plus lourdes se trouvent sans doute vers le cen- tre; hors du noyau, la densité des matériaux va en croissant vers l'exté- rieur, c'est-à-dire vers le Soleil (1). Il est facile de vérifier immédiatement cette assertion. Nous avons vu que les queues droites sont dues à la pré- sence de matières extrêmement légères; les queues courbes, à celle de mo- lécules plus denses; les queues dirigées vers le Soleil, à des matières plus lourdes encore, sur lesquelles la répulsion n'a pas plus de prise que sur le noyau lui-même (toutes les queues d'une comète se trouvent distribuées dans deux des quatre angles formés par le rayon vecteur et la tangente à l'orbite). D'après cela, ce sont les enveloppes extérieures qui doivent ali- menter les queues très-courbées, tandis que les enveloppes maintenues à peu de distance du noyau donnent naissance aux queues presque droites. Le premier point se constate de visu sur toutes les comètes ; quant au second, s'il n'a pas été possible de le vérifier sur la comète de Donati, à cause de la faiblesse extrême de la queue droite, celle de 18G1 nous en a offert un exemple remarquable. Voici les propres paroles du P. Secchi : « Connet- » tando le apparenze ad occhio nudo con quelle dentro il cannocchiale, » appariva che la parte longa délia coda era un prolungamento del getto » curvilineo che usciva dal riùcleô al lato boréale ( 1" juillet). » Cette parle (1) J'emploie souvent ici le mot de densité dans un sens particulier; il s'agit alors de la densité des particules, indépendamment de la densité de leur agrégat actuel. 18.. ( >4o ) onga délia coda était précisément la queue droite qui fut reconnue le joui- suivant. » Voici une seconde vérification non moins curieuse. Les dernières .en- veloppes peuvent être franchies à leur tour par des matières assez lourdes pour (pie la répulsion solaire ait prise sur elles et les force à rebrous- ser chemin; et ces matieres-là vont former une queue particulière du côté du Soleil, en avant du rayon vecteur. A quelle enveloppe répondra cette espèce de queue? Évidemment à une enveloppe située encore plus loin du noyau que toutes celles dont il vient d'être question, avec cette circonstance qu'elle ne sera pas complètement fermée du côté du Soleil. La comète de Donali a offert un exemple remarquable d'une disposition de ce genre. En dehors de la tète proprement dite, du côté du Soleil, et en avant du rayon vecteur, M. le Dr Winnecke a découvert et suivi, du i 8 septembre au 8 octobre, une sorte d'amas régulier de matière faiblement lu mineuse et limitée par des contours assez vagues, qui permettaient cepen- dant d'en constater la direction principale. Celte direction formait un an- gle de + 66° avec le rayon vecteur, et n'a présenté que des variations insi- gnifiantes de quelques degrés, tandis que les enveloppes situées près du noyau avaient bien plus de mobilité. Cette enveloppe, étant limitée de toutes parts, n'était évidemment que l'état rudimentaire d'une queue dirigée vers le Soleil, et non, comme le savant auteur que je viens de citer a pu le croire un moment, la provision de matières destinée à alimenter la queue droite opposée au Soleil. » On serait tenté de comparer une partie de ces phénomènes aux érup- tions volcaniques formées de fumée, de cendres à divers degrés de ténuité, de scories et de fragments de lave. La forme de la colonne de fumée et des couches de cendre étagées comme les branches d'un pin immense pré- sente en effet quelque analogie avec l'émission antérieure et les couches dont nous venons de parler. Mais les différences sont encore plus saillantes (pie les analogies, car dans les phénomènes volcaniques les forces en jeu sont exclusivement propres au noyau terrestre, tandis que dans les phéno- mènes cométaires l'attraction solaire lutte contre celle du noyau pour y déterminer en deux points la rupture de ses couches de niveau, et la répul- sion solaire, autre force extérieure, exerce sur tout le reste du phénomène une influence prépondérante ; enfin les branches du pin cométaire ne sont pas, connue les cendres d'un volcan, tenues en suspension momentanée par une atmosphère, mais par le jeu de deux forces opposées. » Oscillation irrégulière de l'émission c y m" Informe el des enveloppes ; exeen- ( i4i ) iricité du noyau. — Ces phénomènes tiennent à une différence de marche entre le noyau et les matières qu'il émet du côté du Soleil. En supposant d'abord que l'émission se fasse symétriquement par rapport au rayon vec- teur, son mouvement étant dirigé vers le Soleil, il en résultera pour cette matière séparée du corps de la comète une tendance à devancer de plus en plus le rayon vecteur; par suite la direction générale de la figure répondra à un angle de position positif. Il faul ensuite distinguer parmi ces matières émises celles qui sont ramenées en arrière par la force répulsive et celles qui échappent à son action par leur densité moléculaire. Celles-ci conti- nuent à marcher vers le Soleil et vont former une queue en avant du rayon vecteur; les autres rebroussent chemin et vont former les queues ordinaires en arrière de ce rayon et du côté opposé au Soleil. Ainsi ces enveloppes n'ont qu'une existence passagère, c'est pourquoi la déviation dont il s'agit ne peut croître indéfiniment. Au bout de quelque temps, elles seront rem- placées par d'autres enveloppes formées dans la direction du rayon vecteur, puis s'écartant peu à peu de ce rayon, comme les premières, jusqu'à ce qu'elles disparaissent à leur tour. De là l'espèce d'oscillation irrégulière que l'on a constatée dans la direction d'une enveloppe lumineuse de la comète de Donati; mais il n'y a là rien de commun avec l'oscillation pen- dulaire admise par Ressel. » Si, par suite de quelque autre influence, l'émission antérieure ne s'ef- fectue pas à un moment donné dans la direction exacte du Soleil, il pourra en résulter des variations encore plus étendues pour les enveloppes. On remarquera d'ailleurs que l'amplitude et la durée de ces oscillations répon- dront à l'intermittence de l'émission nucléale et qu'elles différeront beau- coup suivant que l'on considérera une enveloppe très-voisine du noyau, ou une autre enveloppe très-éloignée, telle que la scltwrtrhe Umhùllung de M. Winnecke. » Ce que nous venons de dire des enveloppes compte aussi pour l'émis- sion cyathiforme, et n'a plus lieu pour l'émission conoïdale postérieure, à laquelle nous avons d'ailleurs reconnu en fait une direction sensiblement constante. » Mais ici d'autres circonstances non moins influentes viennent encore s'ajouter à celles-là. La force répulsive qui infléchit les parois de la pre- mière émission produira des effets différents d'un moment à l'autre, sui- vant la densité des matières émises et les moindres irrégularités des parois du calice antérieur, tandis que les matières de l'émission opposée n'ayant point à rebrousser chemin restent moins exposées à ces actions diverses. ( i4a ) On pourrait comparer le noyau et ses deux appendices à un double cou- rant de fumée s'échappant d'un même point au sein d'un courant d'air en mouvement; le courant opposé à la direction de l'air subirait en tout sens, parla moindre influence, des oscillations continuelles et irrégulières, tandis que la fumée émise dans le sens opposé conserverait une direction à peu près invariable. » Signalons enfin une troisième cause de variation beaucoup moins rapide que les précédentes, mais non moins réelle. L'émission nucléale n'est rien autre chose au fond qu'une énorme exagération du phénomène si connu des marées. Or, dans les marées terrestres, il s'en faut que l'a'xe des ren- flements opposés produits par l'attraction inégale du Soleil, par exemple, sur les diverses parties du sphéroïde terrestre, coïncide constamment avec le rayon vecteur de l'astre troublant. La figure théorique des couches du noyau ne peut jamais être atteinte rigoureusement; les surfaces matérielles tendent seulement vers ces types géométriques, qui eux-mêmes varient sans cesse avec le mouvement de translation de l'astre autour du Soleil, mais l'inertie de la matière s'oppose à ce qu'elles les réalisent instantanément. Pour certaines comètes la rapidité de ces changements dépasse toute idée : ainsi la grande comète de 1 843 a parcouru en deux heures 1800 d'anomalie autour du Soleil (tandis que la comète périodique de la même année y a mis deux ans), en sorte que deux régions opposées du noyau auraient dû être successivement, à deux heures d'intervalle, le siège des deux émissions que nous avons nommées cyathiforme et conoidale. Heureusement c'est ici un cas extrême; mais, même dans les cas ordinaires où le siège de ces émissions se transporte à la surface du noyau avec lenteur, il doit se produire des dévia- tions, des phénomènes de libration difficiles à discuter, bien qu'on en com- prenne parfaitement l'existence. » On conçoit d'après cela que les deux émissions nucléales opposées ne s'effectuent pas exactement dans la direction du rayon vecteur, et que l'émission antérieure présente des oscillations beaucoup plus étendues que l'émission postérieure. Mais les difficultés inhérentes à la figure compliquée de la première n'ont pas permis jusqu'ici de saisir la loi de ses déviations, tandis que les mesures que j'ai rapportées ne laissent place à aucune incer- titude en ce qui concerne la deuxième. » Figure extérieure. — Depuis longtemps on assimile la figure extérieure, les derniers contours perceptibles de la tète d'une comète, à un paraboloïde de révolution ayant le noyau à son foyer, et tout dernièrement un savant professeur de Moscou. M. Rredichin. a montré qu'effectivement cette der- ( i43 ) nière forme résulterait, sous certaines conditions, de l'analyse de Bessel. » M. Bond vient de publier dans les Jslr. Nachrichten le résultat de ses recherches à ce sujet : il a réuni et comparé 22a dessins de la comète de Donati, fournis par quinze observatoires, puis il en a déduit quatre formes normales pour quatre époques distinctes. Ces formes étant assez peu diffé- rentes entre elles, il les a combinées en une courbe moyenne définitive que je ne puis reproduire ici, mais dont il est facile pourtant de donner une idée exacte. Construisez une chaînette dont le rayon de courbure au som- met serait de i5mm, 18; cette courbe se confondra presque exactement avec le contour cométaire obtenu par M. Bond, jusqu'à une distance du som- met (comptée sur l'axe) de ']2mm. A la distance de i24mm,7> l'ordonnée de la courbe surpasse celle de la chaînette d'environ imm,6. Quant au noyau, il se trouverait sur l'axe à i^mm,ï du sommet. Maintenant si vous construisez une parabole ayant même sommet et son foyer au noyau, il n'y aura de commun entre cette courbe et le contour de la comète qu'un point de con- tact simple au sommet : à i24mm de ce point, l'écart dans le sens de l'ordon- née sera d'environ ^l\wm. Même en sacrifiant la condition relative au foyer, j'ai trouvé qu'il serait également impossible d'adapter une parabole quel- conque à ces contours. » Quand on songe aux propriétés mécaniques de la chaînette, on est très- frappé d'en retrouver de si près la figure dans les contours de la tête de la comète de Donati ; niais le mérite de cette coïncidence approchée s'affaiblit ou disparaît quand on se reporte au dessin du 10 octobre, de M. Bond lui-même, ou quand on a sous les yeux les dessins de l'enveloppe faiblement lumineuse de M. Winnecke. D'ailleurs cette forme ne se retrouve pas dans les contours tout différents des deux dernières comètes. » Dans tous les cas, cette discussion montre qu'il est nécessaire de tenir compte des effets de la perspective sur la mesure de la distance du noyau au sommet d'une enveloppe quelconque : d'après les inclinaisons du rayon visuel ou l'axe de la dernière comète, du 3o juin au 3 juillet, cette distance aurait varié dans le rapport de L\ à 7 (hypothèse d'un paraboloïde) par le seul fait de la perspective, et en mesurant ces distances sur les épures de M. Dunesme, construites d'après des données plus voisines de la vérité que la parabole, je trouve les nombres suivants pour la distance du noyau au sommet. Inclinaison 900 570 43° 33° a3° \ Contour de l'émission cyathiforme. i9mm,o 3omra,2 34mm,5 3"]mm,7. 4>mm>° Contour de l'enveloppe extérieure. . 53mm,o 55mm,6 58mm, 1 6imm,3 6']m",,o La correction due à cet effet ne saurait donc être négligée. ( i44 ) » Masse et densité. — D'après ce que nous avons vu plus haut, la distance a laquelle les matières émises s'arrêtent en avant du noyau , ou le rayon £ d'une enveloppe quelconque, n'a pas une valeur absolue, résultant de l'antago- nisme des attractions du noyau et du Soleil. Il y intervient encore l'effet de la répulsion sur les matières considérées et la vitesse de l'émission, laquelle esi la même à l'origine pour toutes les matières. Or à aucune distance, on ne peut négliger la répulsion dont les effets se font sentir si énergiquement par delà l'orbite de Mars sur la comète périodique d'Axel Môller. Une comète d'une masse bien faible, mais possédant des matières spécifiquement très- lourdes, peut avoir une enveloppe pins vaste qu'une autre comète, dont la matière beaucoup plus abondante sera spécifiquement plus légère. Quant à la vitesse d'émission, si on la néglige, on se trouvera conduit à assignera la comèie une masse beaucoup trop grande. » Si on prend pour s le rayon du noyau compté jusqu'au point d'émis- sion, et qu'on lui applique la formule de Cnlandrelli ou de M. Roche, qui est arrivé de son côté à la même expression V\ /£> par une voie préférable à mon avis, on se rapprochera davantage de la vé- rité ; mais, en négligeant l'expansion gazeuse que nous y avons signalée, on obtiendra un résultat trop faible. M. Roche a donc eu raison de penser qu'on devrait appliquer sa formule à ces deux cas extrêmes, afin d'avoir deux limites entre lesquelles la niasse se trouverait comprise, mais c'est la seconde qui me paraît devoir être la plus voisine de la vérité. Quant à l'énorme incertitude que laissent ces limites, elle me paraît être en harmonie avec la nature de la question ou plutôt de la formule où manquent plusieurs éléments essentiels. Dans celle que Kessel a donnée f désigne le rayon de la sphère d'attraction et contient implicitement la masse; œ est l'action répulsive du Soleil, g la vitesse de l'émission : mais il est impossible d'en déduire ces trois quantités à moins de combiner plu- sieurs valeurs de s, relatives à diverses enveloppes, avec les valeurs de © four- nies par la considération des queues correspondantes, et avec quelque hy- pothèse nécessairement incertaine sur la valeur de g. » Quoi qu'il en soit, les limites fort vagues dont nous venons de parler offrent un grand intérêt quand on se propose de rechercher, non plus la .45 ) masse, mais la densité moyenne de telle ou telle partie cométaire. C'est ainsi que le P. Secchi est arrivé aux conclusions suivantes sur la dernière comète. La densité moyenne du noyau serait comprise entre une densité 16 fois plus grande et une densité 1800 fois moindre que celle de l'air. Celle de la tète, en v répartissant uniformément la masse entière, serait de 0,002 de celle de l'air : « vale a dire, ajoute le P. Secchi, appena quanto l'aria più rare- « fatta nelle nostre migliori machine pneumatiche; » et il dit encore: « nulla diro délia coda la quale benchè immensa nella estensione non ha » densità valutabile tanto e esile(i). » C'est une confirmation remarquable des résultats auxquels j'étais parvenu de mon côté, il y a trois ans, pour la comète de Donati, et des vues qui m'ont guidé dans mes expériences phy- siques sur la force répulsive. •> Voici le résumé des deux articles relatifs à la tète des comètes : » i° Dans la région de l'orbite la plus voisine du Soleil, le noyau est ac- compagné généralement de deux émissions opposées : l'une du côté du Soleil, que j'appelle cyathiforme, l'autre du côté opposé, que je nomme conoidale. » 20 L'émission cyathiforme et brillants présente de grandes déviations variables par rapport au rayon vecteur; elle est ordinairement située en avant de ce rayon et quelquefois en arrière. » 3° Au contraire, l'émission conoidale à intérieur obscur dévie toujours en arrière du rayon vecteur, dans le plan même de l'orbite, et la déviation n'est qu'un très-petit angle à peu près constant pendant une longue suite de jours. " 4° Ainsi l'hypothèse d'une force polaire exercée par le Soleil est con- tredite par les faits. » 5° Les enveloppes qui ferment la tète du côté du Soleil, proviennent des matières de l'émission cyathiforme dont elles envahissent parfois le calice. Leur formation présente des caractères d'intermittence, ainsi que l'émission elle-même. Elles présentent aussi des déviations dues en grande partie à une simple différence de marche avec le noyau. (1) La rareté extrême de la matière dans la tête elle-même permet de comprendre que la force répulsive agisse, sans affaiblissement considérable, à travers ces enveloppes concen- triques qui laissent passer, sans la réfracter et sans l'affaiblir, la lumière des moindres étoiles. « Di ciô si ebbe più decisa prova la sera del 4 luglio, in cui una stellina anche più piccola, » cioè di ga grandezza, passé, precisamente altraverso uno dei raggi lucidi più vivaci senza » perder altra luce, che quanto avrebbe perduto passando nel campo egualmente illuminato » del telescopio. « C. R., 18G2, ier Semestre. (T. L1V, N»5.| J9 ( '40 ) » 6*° La matière v est étagée d'après l'ordre des densités croissantes vers le Soleil : les plus denses allant se ranger dans les enveloppes les plus éloi- gnées du noyau. » 70 Les queues sont en grande partie alimentées par ces enveloppes; les queues droites proviennent des enveloppes les plus voisines du noyau, ou directement de l'émission nucléale elle-même; les queues recourbées, si- tuées, comme les premières, dans l'angle postérieur formé par le rayon vec- teur et la tangente à l'orbite, en arrière du mouvement de la comète, pro- viennent d'enveloppes plus distantes. Les queues dirigées vers le Soleil, dans l'angle antérieur opposé au premier, proviennent d'une enveloppe encore plus éloignée du noyau. » 8° La figure extérieure de la tète n'a rien de commun avec un parabo- loïde. » 90 La discussion des phénomènes de la figure des comètes conduit, re- lativement à la nature de cette force, aux mêmes conclusions que l'accélé- ration des comètes périodiques, et ces conclusions sont confirmées par les recherches physiques basées sur l'emploi de l'étincelle d'induction pour rendre visible la répulsion à distance qu'une surface incandescente exerce sur l'air raréfié. » Réponse de M. Delaunay à l'article inséré par M. Le Verrier dans le Compte rendu de la dernière séance. « Le long article inséré par M. Le Verrier dans le Compte rendu de la dernière séance ne détruit pas la moindre partie des remarques que j'ai présentées à l'Académie au sujet des idées émises par lui sur la constitution de notre système planétaire. » J'ai dit que l'accroissement de 38" attribué au mouvement séculaire du périhélie de Mercure n'est autre chose qu'une équation empirique intro- duite dans les Tables pour les faire concorder avec les observations. » J'ai dit que, de ce que M. Le Verrier avait eu besoin de recourir a cette équation empirique pour compléter sa théorie de Mercure, il n'était pas en droit d'en conclure l'existence d'un anneau d'astéroïdes entre Mercure et le Soleil. » J'ai dit enfin que les conclusions auxquelles il a été conduit en 1840, relativement à l'existence de certaines régions ravagées dans l'étendue de notre système planétaire, conclusions qu'il a réimprimées littéralement en 1 856, ne reposent que sur une discussion erronée des formules qu'il a obtenues. ( '47) » Pour tonte réponse à ces diverses propositions que j'ai appuyées sur des raisonnements sérieux, M. Le Verrier se contente de reproduire un long passage extrait de sa Théorie de Mercure publiée dans les Jnnales de i 'Ob- servatoire. Cette citation de dix-sept pages ne répond à rien, ne justifie au- cune de ses assertions ; elle laisse intactes les conclusions auxquelles je suis arrivé dans mes deux Noies du a5 novembre et de lundi dernier, et que je viens de rappeler sommairement à l'Académie. » ZOOLOGIE. — Essais d'acclimatation du Saumon dans le bassin de l'Hérault, par M. Paul Gervais. « On a souvent parlé, depuis quelques années, de l'utilité qu'il y aurait à introduire clans les cours d'eau versant à la Méditerranée le Saumon (Salmo salar), qui n'existe dans aucun d'eux, et plusieurs Membres de l'Académie en ont fait l'objet de recommandations spéciales. Placé, sous ce rapport, dans des conditions favorables, j'ai voulu essayer de réaliser cette intéressante entreprise, et l'Administration a bien voulu s'y associer en faisant les frais de mes expériences. Mes efforts n'étant pas entièrement restés sans résultat, je crois pouvoir en dire aujourd'hui quelques mots à l'Académie. » Près de quarante mille Saumoneaux, obtenus dans mon laboratoire à l'aide des appareils dont se sert M. Coste et d'œufs expédiés par l'établis- sement d'Huningue, ont été portés par mes soins dans les eaux de l'Hérault et de ses affluents principaux : la Vis, la Malou, la Dourbie et l'Ergtie. Ces jeunes poissons, pris à l'époque où la vésicule ombilicale était complète- ment résorbée, ont, en partie du moins, continué à se développer lorsqu'ils ont éié mis en rivière. Les premiers versements ont eu lieu en 1 858, et, des l'année suivante, on a péché de temps en temps, soit du côté de Ganges, soit près de Lodève ou sur d'autres points, des Saumons longs de 12 à i5 centimètres, c'est-à-dire comparables à ceux auxquels on donne dans les Cévennes le nom de Tacons. Il a été pris plus récemment des indi- vidus plus grands et du poids de 6oo à 8oo grammes, et tout dernièrement on a constaté que les Saumons introduits ainsi dans l'Hérault commencent à s'y reproduire. De quatre individus observés cet hiver à peu de distance de Ganges, trois étaient des mâles chargés de laitance, et le quatrième était une femelle portant un grand nombre d'œufs (b). » (i) Je puis signaler un autre fait curieux, quoique moins important, relatif à l'élève des 19.. ( i48 ) zoologie. — Sur le grand Calmar de ta Méditerranée ; par M. Pâli. Gervais. « Arislote appelle TsuÔo; un Céphalopode de la Méditerranée, long, dit-il, de 5 coudées (a™, 3io), et qui rentre avec son TfMç dans la division dos animaux de cette mer que l'on réunit aujourd'hui sous la dépomination commune de Calmars. Les naturalistes n'ont pas encore signalé dans la Méditerranée de Calmars tout à fait aussi grands que le Teullios, mais ds en citent dont la taille n'était inférieure que d'un cinquième environ à celle indiquée par Aristote. M. Vérany, qui a écrit une Histoire des Cépha- lopodes de la même mer, parle d'un de ces mollusques appartenant au groupe des Calmars, qui avait im, 655 de longueur totale (corps et bras tentacu- laires), et pesait 12 kilogrammes. Un autre exemplaire, signalé au même naturaliste et péché près de Nice, pesait i5 kilogrammes. Enfin on possède au Musée de Trieste le corps d'un animal analogue trouvé en Dalmatie sur les bords de la mer, et que M. Stecnstrup considère comme appartenant a la même espèce que les exemplaires précédents. Un autre Calmar de grande raille (im,82o) a été pris en mer par les pécheurs de Cette, il y a une ving- taine d'années, et fait depuis lors partie. des collections de la Faculté des Sciences de Montpellier. Ti y a deux ans, M. Steenstrup, qui était venu clans cette ville pour étudier notre collection paléontologique, a fait avec moi un examen attentif de ce grand Céphalopode. Il y a reconnu l'espèce décrite par lui-même sous le nom d'Ommaslreplies pleropus, espèce d'ailleurs tres- voisine de YOmmastreplies Barlrami, que l'on signale dans l'océan Atlan- tique, ainsi que dans la Méditerranée. M. Steenstrup et moi avions même rédigé au sujet du Calmar de Cette une Note que d'autres travaux nous ont fait perdre de vue, et qui est restée inédite. J'y aurai recours pour la des- cription qui suit : » Le grand Calmar dont il s'agit présente les caractères des Ommasirephts Barlrami et pleropus, et plus particulièrement ceux de la seconde de ces espèces. C'est la même forme générale, sauf un peu plus de largeur du manteau. Les mâchoires et la membrane qui les entoure, les tentacules et leurs ventouses, la nageoire, etc., sont aussi parfaitement semblables, et l'on Salmonidés. Des Truites, écloses, il y a deux ans, dans mon laboratoire, et que j'ai tenues depuis cette époque dans un îles bassins de nos promenades publiques, sont en pleine repro- duction, el j'ai pu en obtenir des oeufs dont la fécondation artificielle a été immédiatement ( '49 ) voil même aux bras de la troisième paire la membrane véliforme qui a valu à la deuxième espèce le nom de pteropus. » Les dimensions sont les suivantes : 01 Bras de la première paire o ,3oo Bras des trois autres paires o,38o à o,3go Bras tentaculaires 0,810 Tète et corps i ,020 Plus grande largeur de la nageoire. . . . o,55o Bord supérieur de la nageoire o,25o Bord inférieur de la nageoire o,325 Longueur de l'osselet dorsal 0,600 » Ainsi le corps et les bras tentaculaires donnent ensemble une longueur de i"',8i. » L'exemplaire type de V Ommastrephes pleropus, qui est aussi fort grand, a fait partie du musée de M. Eschricht; il appartient maintenant au Musé* royal de Copenhague. M. Steenstrup l'a décrit comme rapporté de Saint- Thomas des Antilles, et il a fait connaître en même temps un autre Cépha- lopode qu'il a donné, d'après l'étiquette qui l'accompagnait, comme recueilli autrefois à Marseille par M. Eschricht : c'est son Dosidicus Eschriçhtii. Tou- tefois, comme les observations faites depuis lors sur les Céphalopodes de la Méditerranée, et elles sont aussi nombreuses qu'intéressantes, n'ont point fait retrouver le Dosidicus dans cette mer, M. Steenstrup et M. Eschricht sont aujourd'hui très-disposés à penser qu'il y a eu transposition dans les indications dont on avait accompagné les vases renfermant les deux curieux mollusques dont je viens de parler. Dans ce cas, ce serait le Dosidicus, et non I < Immastrepltes pteropus du Musée de Copenhague, qui aurait été envoyé de Saint-Thomas. S'il en est réellement ainsi, le grand Ommastrephe du même Musée devrait être considéré comme le cinquième exemplaire connu du Tîv9oç d'Aristote. » NOMINATIONS. L Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Corres- pondant pour la Section de Minéralogie et de Géologie. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 32, M. Lyell obtient 49 suffrages. M. De Dechen 1 M. Domeyko 1 Il y a un billet illisible. M. Lyfxi., avant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclare élu. MEMOIRES LES PHYSIOLOGIE. — Mémoire sur la production des cellules du blastoderme srms segmentation du vilellus chez quelques articulés; par M. Cil. Robin. (Renvoi à l'examen de la Section d'Anatoinie et de Zoologie.) « I.e but du travail dont j'ai l'honneur de communiquer à l'Académie les résultats essentiels est de mettre en relief l'importance d'un ordre de faits restés jusqu'alors inconnus, et relatifs au mode de production de la mem- brane blastodermique. Du reste, on ne pouvait les interpréter exactement tant qu'on ignorait encore le mode réel de naissance des globules polaires par gemmation de la substance du vitelhis : phénomène qui a été l'objet de ma dernière communication. » Jusqu'à présent les observations existant dans la science ont toujours fait penser que les premières cellules de l'embryon apparaissaient d'une seule et même manière chez tous les animaux; que la segmentation du vitel- his élait un phénomène absolument général ; qu'elle seule amenait la pro- duction de ces cellules et que nul autre acte physiologique ne conduisait a ce résultat. Mais j'ai reconnu qu'il existe des animaux chez lesquels le vitel- his ne se segmente pas, et pourtant leur ovule fécondé présente un blasto- derme des plus nettement caractérisés, formé de deux ou plusieurs rangées de cellules superposées, d'abord ovoïdes, puis devenant polyédriques par pression réciproque. Ainsi le phénomène de la segmentation du vitelhis, considéré jusqu'à présent comme un fait sans exceptions, ne s'accomplit pas dans l'ovule de certains articulés; la production des cellules blastodermi- ques, qui en marque la fin dans le vitelhis des autres êtres, a lieu chez ceux-là d'après un mode différent de génération des éléments anatomiques, celui dit de gemmation. La naissance des cellules par gemmation a lieu dans les tissus d'un grand nombre d'espèces de plantes, des acotylédones cellu- laires particulièrement. Elle est essentiellement caractérisée par la formation d'un prolongement cylindrique de la substance de tel ou tel élément anato- mique avec scission de la base du premier, soit par suite d'un rétrécissement graduel, soit par division transversale de cette partie du prolongement. » La production des éléments anatomiques animaux par gemmation est plus rare; mais elle a été observée néanmoins. p Le cas de ce genre qui est le plus nettement caractérisé, et dont les phases peuvent être le mieux suivies, est incontestablement celui de la pro- duction des globules polaires à la surface du vitelhis dont j'ai fait connaître a l'Académie les phases remarquables et l'importance. ( '5r ) « Restreint à un seul point de la surface du vitellus de l'œuf des verté- brés et d'un grand nombre d'invertébrés, ce phénomène ne prend toute son extension quechez certains diptères, les Titulaires cttliciformes ; chezces insectes toutes les cellules blastodenuiques et non-seulement les globules polaires naissent par gemmation. Toutefois il est probable que les autres Tipulaires sont dans le même cas, mais le peu de transparence ou l'opacité complète de l'enveloppe de leurs œufs rendent des plus difficiles la détermi- nation précise de ce fait. La disposition anatomique du blastoderme chez les Muscides et d'autres diptères encore porte à croire que c'est également par gemmation et non par segmentation que se produisent les cellules de leur blastoderme; que, par suite, les faits dont je vais parler se rapportent à la majorité ou même à la totalité des insectes diptères et non pas seulement aux seuls genres sur les œufs desquels j'ai pu suivre directement toutes les phases de ce curieux phénomène. » Chez ces animaux, le vitellus, après avoir rempli complètement la membrane vitelline jusqu'à l'époque de la ponte, subit un retrait comme sur les autres espèces animales (seulement le retrait du vitellus, au lieu de s'opérer sur toute la périphérie, comme dans les ovules sphériques, n'a lieu qu'à ses deux extrémités chez les Tipulaires, par suite de la forme allongée de l'œuf). Aussitôt après l'achèvement de ce retrait, les globules polaires commencent à se produire vers la petite extrémité de l'ovule. Ils naissent par gemmation de la substance hyaline du vitellus, chez les diptères dont il est ici question et de la même manière que chez les Mollusques et les Hi- rudinées; souvent il s'en produit deux en même temps près l'un de l'autre. Leur nombre ne se réduit pas par coalescence graduelle des divers globules en un seul; ils se multiplient au contraire par scission. En même temps un noyau qui n'existait pas dans leur intérieur, s'y développe peu à peu et leur- donne les caractères de véritables cellules. Enfin, consécutivement à ce fait, au lieu de rester sur les côtés de l'embryon, comme un corps étranger en quelque sorte, à la manière des globules polaires des autres animaux, ces cellules prennent bientôt part à la constitution du blastoderme, à peu près au même titre que les autres cellules embryonnaires dont je vais parler. » Les cellules qui par leur juxtaposition forment le blastoderme naissent et se développent chez les Tipulaires culiciformes, indépendamment de toute segmentation du vitellus. Elles commencent à se montrer à l'extrémité du vitellus qui est opposée à celle où se produisent les globules polaires et alors qu'apparaissent les derniers de ceux-ci. Naissant les unes à côté des autres, elles gagnent peu à peu le reste de la surface du vitellus. En l'espace d'une ( iSa ) heure, elles atteignent et recouvrent sa petite extrémité ou depuis quelques instants déjà ne naissent plus des globules polaires. C'est aussi à l'aide et .iux dépens de la substance hyaline du vitellns que se développent les cel- lules blastodermiques. Le mode de leur naissance est celui dit de gemmation. La surface et le contour régulier du vitellns observés par transparence, présentent de petites éminences hémisphériques, dont la saillie augmente graduellement. Lorsqu'elles ont atteint une hauteur égale à leur largeur (qui est di i j a i6millièmes de millimètre), elles commencent à se comprimer réciproquement. Enfin d'une heure à une heure et quart après ce début, l'extrémitéadhérentede chaque saillie se resserre graduellement, et assez vite pour se séparer complètement en quelques minutes de la substance vitelline avec laquelle elle était continue. Ainsi se trouvent individualisées autant de cellules qu'il y avait de saillies. Ces éléments constituent une rangée unique de cellules blastodermiques, incolores, transparentes, entourant le reste du vitellns de toutes parts et le séparant de la membrane vitelline qu'il tou- chait auparavant. i ne heure après l'achèvement de celte première couche du blasto- derme, d s'en produit de la même manière une deuxième, formée de cel- lules semblables et sans qu'il y ait segmentation de la portion sous-jacente du vitellns. Celui-ci devient de plus en plus petit, plus foncé et plus granu- leux a mesure que s'épaissit le |blastoderme par gemmation de nouvelles cellules, a l'aide et aux dépens de sa substance hyaline. » Apres I apparition d'une troisième rangée de cellules autou r du vitellus, dont le volume s'est considérablement réduit, ce dernier n'est plus com- posé que de gouttes huileuses, réfractant fortement la lumière et immédia- tement contiguës. » Je pourrais à partir de cette période, qui correspond à la septième heure environ après la ponte, suivre les phases ultérieures des changements subis par ces restes du vitellus et par le blastoderme qui vient de naître ; je pourrais également montrer dans quelles limites le premier prend part a la formation de la couche hépatique de l'intestin, puis comment du second dérivent les téguments, le système nerveux, les muscles, etc. Mais, bien diie je possède tous les documents relatifs à cette série de phénomènes em- brvogeniques, toujours si remarquables dans chaque espèce animale, je m'abstiendrai d'en parler, afin de ne pas m'écarter du sujet de ce Mé- moire. » Mon luit, en effet, n'a pas été de traiter du développement de tel ou tel groupe d'Articulés, mais de l'un des modes de génération des éléments ana- ( '53) tomiques qui apparaissent les premiers dans l'œuf après la fécondation, éléments qui, par leur accumulation graduelle en nombre considérable et par un arrangement réciproque déterminé, constituent peu à peu les parties visibles à l'œil nu dans chaque organisme. » Or de la comparaison des faits que je viens d'exposer brièvement, il résulte que ces premiers éléments appelés cellules embryonnaires, ne naissent pas chez tous les animaux, par la segmentation du vitellus ; qu'il en est chez lesquels cette segmentation n'ayant pas lieu, c'est par gemmation d'une portion de la substance vitelline que se produisent ces éléments. » Ainsi la production des cellules animales par gemmation n'est pas un phénomène exceptionnel, un mode de génération de ces éléments restreint à quelques circonstances spéciales. Les observations contenues dans ce Mé- moire prouvent qu'il est chez les animaux plus général qu'on ne le pensait; il acquiert en effet chez certains d'entre eux une importance égale à celle de la segmentation du vitellus, phénomène dont la découverte eut un retentis- sement si légitime, alors que MM. Prévost et Dumas le firent connaître les premiers en 1824- » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Rayer présente, au nom de M. Aug. Vinson, un « deuxième Mémoire sur l'ulcère de Mozambique ». (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Serres, Rayer, J. Cloquet. ) M. Edm. Marx, en présentant au Concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie son livre « sur les accidents fébriles à forme intermittente qui suivent les opérations pratiquées sur le canal de l'urètre », y joint, pour se conformer à une des conditions imposées aux concurrents, une indication en double copie de ce qu'il considère comme neuf dans son travail. MM. Ch. Robin et Magitot envoient dans le même but, avec un Mé- moire imprimé « sur la genèse et le développement des follicules den- taires chez les Mammifères » , un résumé des faits considérés par eux comme nouveaux. « Ce travail, dit M. Robin, dans la Lettre d'envoi, renferme pour les fol- C. R., 18G2, Ier Semestre. (T. L1V, N° 5.) a° ( I-M ) licules dentaires le résultat des recherches que j'ai poursuivies de la même manière sur les autres tissus de l'économie. Ici lehnt était: i°de déterminer la nature des parties constituantes de l'appareil dentaire par la connaissance précise du lieu et du mode de l'origine de chacune d'elles; i° de déterminer les propriétés spéciales de chacune de ces parties du follicule et de la dent par l'examen des modifications qu'elles subissent dans la série des âges, en faisant application de la loi de continuité des phénomènes physiologiques, loi dont on doit à M. Flourens la connaissance, les formules et les pre- mières applications méthodiques. » (Réservé pour la future Commission.) chimie organique. — Mémoire sur l'acétale de cyanogène; par M. Schutzexberger. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Balard, Fremy.) « Dans un premier travail, j'ai annoncé que l'acétate d'argent et Piodûre de cyanogène réagissaient avec production évidente d'iodure d'argent; mais quand on cherche à distiller le produit pour séparer l'acétate de cya- nogène de l'iodure d'argent la masse détone. Malgré des efforts persévé- rants, je n'ai pu obtenir par cette méthode un produit défini. J'ai cherché depuis à préparer l'acide acétocyanique anhydre par l'action réciproque du chlorure d'acétyle et d'un cyanate métallique. Ceux des cyanates qui m'ont donné les résultats les plus avantageux sont les cyanates d'argent et de plomb. Le chlorure d'acétyle et le cyanate d'argent réagissent avec éner- gie : aussi convient-il de refroidir avec un mélange de glace et de sel pendant qu'on réunit les deux produits. On obtient dans ce cas une masse pulvéru- lente sèche et il ne se dégage aucun produit gazeux ou volatil. Cette masse ne fournit pas de vapeurs quand on la chauffe au bain marie à qo°, mais au dessus de ioo°elle dégage de l'acide carbonique d'un manière continue et en même temps il passe à la distillation un liquide mobile incolore, doué d'une odeur forte et piquante. Ce liquide bout entre 80 et 85°. Vers la fin de l'opération et à une température plus élevée, il distille un liquide huileux qui se concrète en une masse cristalline formée de belles aiguilles blanches. » Le premier liquide, malgré son point d'ébullition constant, est un mé- lange d'acétate de cyanogène et de cyanure de méthyle, ces deux produits ayant à peu près le même point d'ébullition. » En effet, sous l'influence de l'eau, il donne lieu à une vive effervescence ( i'55 ) due à un dégagement d'acide carbonique; il se produit en même temps de l'acétamide, qu'on a isolée en nature, dont on a étudié les principales propriétés et déterminé la composition par une analyse élémentaire. » Le dégagement d'acide carbonique et la formation d'acétamide sous l'influence de l'eau sont dus à la présence dans le liquide bouillant à 8o° d'une assez forte proportion de cyanogène. » On a en effet C6 H3 Az Q4 4- 2 HO = C2 O" + C4 H5 AzO2. » En rectifiant sur du chloruré de calcium le produit de l'action de l'eau sur le premier liquide, on obtient un liquide bouillant à environ 780, qui présente toutes les propriétés et la composition de l'acétonitrile ou cyanure de méthyle. » La génération de ce corps se rattache au dégagement d'acide carbo- nique lors de la distillation du mélange de cyanate d'argent et de chlorure d'acétyle. Une partie de l'acétate de cyanogène se décompose alors d'après l'équation C° H3 Az O4 = C2 O4 + G4 H1 Az. !> Comme la masse qui se forme par l'action du chlorure d'acétyle sur le cyanate d'argent est parfaitement sèche, il est difficile d'y admettre l'exis- tence de l'acétate de cyanogène liquide ; et l'on est conduit à supposer qu'il se forme d'abord une modification solide de ce corps, par exemple de l'acide acétocyanurique anhydre; ce dernier par l'action de la chaleur se trans- formerait partiellement en acétate de cyanogène liquide et en partie se dé- composerait. » Le produit sec de la réaction du chlorure d'acétyle sur le cyanate d'ar- gent se décompose aussi par l'eau en acide carbonique et acétamide. » Je n'ai pu séparer le cyanure de méthyle de l'acétate de cyanogène par distillation fractionnée, ces deux corps ayant à peu près le même point d'ébullition. J'ai néanmoins observé que les premières parties qui passent contiennent plus d'acétate que les secondes ; de sorte qu'en opérant sui- de grandes masses on arriverait probablement à retirer ce corps à l'état de pureté. » Un grand nombre de dosages de carbone, d'hydrogène et d'azote faits sur différents mélanges obtenus dans des opérations distinctes confirme en- core la composition de ces liquides et se rapportent plus ou moins à des 20.. ( '56) mélanges de parties égales de cyanure de méthyle et d'acétate de cyano- gène . » En résumé, bien que je n'aie pu préparer l'acétate de cyanogène pur, son existence est mise hors de doute, surtout par son mode de décomposi- tion par l'eau et sous l'influence de la chaleur. On peut lui assigner les propriétés suivantes : » Liquide, incolore, d'une odeur forte et irritante, bouillant à environ 8o°, décomposable par l'eau, l'alcool, la chaleur, brûlant avec une flamme pourpre. Quant aux propriétés physiques qui exigent pour leur détermina- tion un produit pur, je n'ai pu nécessairement les établir. » Le produit solide qui passe en dernier, purifié par une nouvelle distil- lation, est blanc, d'une saveur sucrée, très-soluble dans l'eau et l'alcool ; fusible à environ 700, il se solidifie en une masse de belles aiguilles par le refroidissement. Il bout vers 225° ; une solution concentrée de potasse le décompose; par l'éhullition il se dégage de Y ammoniaque pure, et la liqueur retient de l'acétate de potasse. Ces caractères se rapportent assez bien à l'acétamide, mais de nombreuses analyses faites sur divers échantillons dé- montrent que le corps en question n'est autre chose que de la diacétamide qui se produirait probablement par l'action de l'acétate de cyanogène sur de l'acide acétique monohydraté, ce dernier prenant naissance par suite d'une décomposition plus complète ; on a en effet C'H1 AzO4 4- C4 H4Os =C8 H7 AzO4 + C2 O4. » En chauffant le produit de la réaction du chlorure de benzoïle sur le cyanate d'argent ou de plomb, il s'établit un violent dégagement d'acide carbonique et il distille un liquide qui présente la composition et les pro- priétés du cyanure de phényle C,4H5 Az. D'après cela, le benzoate de cya- nogène se décomposerait comme l'acétate, d'après l'équation C"H503C2AzO = C204-t-C'4H5Az. » Mécanique appliquée. —Rappel d'un moyen proposé pour faciliter la conserva- tion du vide, notamment pendant les grandes chaleurs; par M. A. de Calig.ny. (Renvoi à l'examen de la Section de Mécanique.) « On s'occupe beaucoup en ce moment d'expériences qui pourraient avoir un très-haut intérêt pour la salubrité publique et la conservation des ( iS7 ) engrais. Au lieu de se servir des anciennes méthodes usitées pour vider les fosses d'aisance, on le fait au moyen de capacités dans lesquelles on a d'a- bord fait le vide par des systèmes divers dont je n'ai pas à m'occuper ici. » Il s'agit d'indiquer un moyen commode de conserver convenablement ce vide jusqu'à ce que ces capacités soient amenées à l'endroit où le liquide quelconque doit être puisé. C'est bien moins en hiver qu'en été qu'il y a des précautions à prendre; d'ailleurs le système que je propose, et pour le- quel il faut entourer ces capacités d'enveloppes remplies d'eau, ne pourrait être usité pendant l'hiver dans les temps de gelée. On sait depuis longtemps que, pour amorcer des pompes aspirantes, il est très-commode de mettre de l'eau sur le piston, les liquides coulant moins facilement que l'air; mais je ne trouve pas qu'on ait publié le moyen que je propose, et qui exige l'emploi d'une enveloppe complète, avant le Mémoire que j'ai présenté, en 1837, à l'Académie, qui l'a honoré en i83g du prix de Mécanique. Je crois utile de rappeler ce moyen, à cause des services qu'il parait destiné à rendre dans cette question si intéressante pour la salubrité publique, en développant d'ailleurs quelques-unes de ses conséquences. » Je ferai d'abord remarquer quil offre une méthode extrêmement simple pour vérifier l'état des surfaces des capacités enveloppées, surtout dans les circonstances où la chaleur n'augmente pas trop la tension à leur intérieur. En effet, s'il y a quelques fissures dans ces surfaces, l'eau baissera dans l'enveloppe, et il est d'ailleurs facile de disposer un tube indicateur très-sensible. » Quant à l'effet des grandes chaleurs, il est évident que s'il reste une quantité quelconque de liquide dans ces capacités, il en résultera de la va- peur dont la tension pourra changer notablement la condition du système. Or l'enveloppe liquide, susceptible d'ailleurs d'être renouvelée aussi sou- vent que le besoin s'en fera sentir, est un véritable réfrigérant qui permet de diminuer l'inconvénient dont il s'agit. En général, dans les circonstances où l'on peut avoir besoin d'un réfrigérant de cette espèce, par exemple pour les machines à élever de l'eau analogues à celles qui sont connues sous le nom de De Trouuille, on peut disposer un système de robinets permettant, au moyen d'une très-petite quantité de l'eau élevée, d'établir des courants circulant dans toute l'étendue de l'enveloppe liquide de manière à la ra- fraîchir convenablement. » ( i58 ) riiKOHiE DES NOMBRES. — Note sur les nombres premiers des différentes classes par rapport à la raison dune progression arithmétique donnée ; par M. A. de PoMGXA<\ (Commissaires, MM. Hcrmite, Serret.) « Voici une formule qui complète les relations que j'ai établies entre la somme des logarithmes de tous les termes d'une progression arithmétique jusqu'à un nombre donné et les sommes des logarithmes des nombres premiers des différentes classes par rapport à la raison de la progression considérée. » Soit : A la raison de la progression, m un nombre entier quelconque, n un nombre entier quelconque premier et inférieur à À, M le nombre des nombres premiers et inférieurs à k, p et g deux nombres entiers quelconques assujettis à la condition p.g- = /i(modÀ-), u tin nombre entier quelconque inférieur à M et non égal à g, t un nombre entier quelconque, y. une racine primitive de xn — i = o. » Désignons par 0M(x) le produit de tous les nombres premiers absolus non supérieurs à x et de la forme Km -+- h ■ désignons par ç>(fti_, (jr) une cer- taine fonction composée au moyen des fonctions d; nous avons déjà fait voir qu'on avait X i ) 2 log ( km + n) = V£ log au moyen de ô; voici cette expression, qui est assez simple : (,) i°gw*)=22n (S=ï) los^ IW1 et comme ces relations ont lieu quel que soit x, on peut immédiatement ( i59 ) éliminer logp^, (-) entre (i) et (2), et on aura (3) 2K(^+^=2222n(S^),og^[(?)rl les quatre signes V étant relatifs aux quatre lettres g, h, p et t. » Si on prend oc < 1 , la relation (3) n'a plus de sens arithmétique, mais elle exprime des propriétés d'une nouvelle espèce de factorielles où les nombres complexes et les nombres idéaux jouent un rôle important ; je me propose de traiter cette question lorsque j'aurai poussé plus avant l'étude des nouvelles imaginaires que j'ai appelées quantités ultra-géométriques et dont j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Académie il y a un an. » SI. Mkxe communique les résultats analytiques qu'il a obtenus en trai- tant des Joutes ordinaires par une méthode différente de celle qui est indi- quée dans les ouvrages de chimie. (Renvoi à la Commission des fontes et aciers, composée de MM. Chevreul, Despretz, Fremy. ) M. Pkkrot présente quelques résultats relatifs à l'électricité atmosphé- rique auxquels il est arrivé à l'occasion des recherches entreprises dans le but d'augmenter l'action des paratonnerres. (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Pouillet et de Senarmont.) M. Vermer, qui avait précédemment adressé de Belfort des épreuves photographiques de l'éclipsé partielle du Soleil du 3i décembre 1861, envoie aujourd'hui deux négatifs qui ont servi à ces épreuves et qui pré- sentent plus distinctement que celles-ci certains traits cpii peuvent, suppose l'observateur, servir à éclaircir quelques points restés obscurs touchant la constitution physique du Soleil. Cette nouvelle communication est renvoyée, comme l'avait été la précé- dente, à l'examen de M. Babinet. ( i6o ) M. Gieramacd adresse d'Istres (Bouches-du-Rhône) des remarques sur un passage du Traité élémentaire de Chimie de M. Regnault relatif à la fabri- cation du carbonate de soude. (Renvoi à M. Regnault.) CORRESPONDANCE. M. LE Ml.MSTKE DE l'AgRICILTITRE, DD COMMERCE ET DES TrAVAI'X PUBLICS adresse pour la Bibliothèque de l'Institut un exemplaire du XCIP volume des Brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de 1791 et du XXXIXe volume des Brevets pris sous l'empire de la loi de i844- La Société royale des Sciexces d'Upsal remercie l'Académie pour l'en- voi de plusieurs volumes de ses Mémoires et de ses Comptes rendus et adresse elle-même ses plus récentes publications. [Voir au Bulletin bibliographique.) La Société impériale de Géographie de Vienne, fondée en 1857, prie l'Académie de vouloir bien la comprendre dans le nombre des Sociétés aux- quelles elle fait don de ses Mémoires et de ses Comptes rendus : elle enverrait en retour les quatre volumes qu'elle a déjà fait paraître et ceux qu'elle publiera à l'avenir. (Renvoi à la Commission administrative.) M. Dumas dépose sur le bureau un Mémoire pour la lecture duquel M. Pasteur était depuis longtemps inscrit, et auquel se rapportent des figures qu'on a vues tracées sur le tableau dans les deux précédentes séances. Ce Mémoire a pour titre: « Études sur les Mycodermes: rôle de ces plantes dans la fermentation acétique ». M. Le Verrier communique l'extrait suivant d'une Lettre de M. Winnecke sur la Ve Comète de 1 862. « Poulkova, 1S62 janvier l3- » J'ai pu observer la nouvelle comète les 8, 9 et 10 janvier. A cause de ( «6i ) l'intensité du froid, il ne m'a pas été possible d'observer au cercle méridien toutes les étoiles employées. Je ne puis donner pour le 8 janvier qu'une position approchée qui devra être rejetée aussitôt que les positions des étoiles anonymes de comparaison employées ce jour-là auront été détermi- nées. Pour les étoiles de comparaison du 10 janvier, j'ai essayé hier matin une détermination, mais elle a fort peu réussi, ce qui n'étonnera pas par — 260 Réaumur. T. M. *♦ — * Nomb. de de Poulkova. Ha bd a *«ft 3*^ comp. Etoil. b Janv.8 i4.33.4i — 5.i5,o +17. 5,o 218.49.11 4-25. 24. 3g 1 « » 9 i2.58.i2 +3o.35, 7 -f- o. 4,3 219.44 8,5 4-29.40.15,6 4 b » 10 17.24.53 —23.20,0 4- o.i5,4 221. 7.16,8 4-35.26.40,9 4 < Positions apparentes des étoiles de comparaison. a S (a) 21 8° 54. 26,1 -+-25. 7.34,o Bessel, Lalande. (b) 219.13.32,8 4-29.40.11,3 Bessel. (c) 22i.3o.36,8 4-35.26.25,5 Obs. méridienne. » Sur ces observations j'ai formé les éléments suivants : T=i86i Dec. 8,1837 Berlin. t: = ini .45.4i ) ■* Q = .46.58.35 JEquinoxe apparent > = 39. 9. 4 l°g<7 = 9>93155 Mouvement rétrograde. Lieu moyen (cale— obs. ) &X .cos p — -4- 29" AP = — i4 Ces éléments offrent une certaine analogie avec ceux de la comète ob- servée par Tycho en 1590. C. R., 1862, ier Semestre. (T. L1V, N° 5.) 2J ( >62 ) n La marche future de la comète est donnée par l'éphéméride suivante oh Berlin. a*<5 -77°4 0,0875 28 io. 29 7°- 9 9,8112 0 , 096 1 D'après le rapide mouvement de la comète on ne saurait attendre qu'un accord fortuit entre l'éphéméride et les observations. » ASTRONOMIE. — Eclipse de Soleil du 3i décembre 1861. Rapport ° 3.3o 17,0 757,85 .4,3 8,9 3.45 l6,0 757,70 14,2 8,9 4,0 4.1S i5,o 757,75 i3,5 9>° l3,7 4.3, 15,4 757,65 i3,6 8,9 '4,4 5. 0 ,4,8 757,67 12,6 • 8,. i3,4 6. 0 11 ,?. 757,60 10,8 7,9 1 I .25 5,o 757,60 3,7 2'7 18.37 6,3 757,10 4,' 20. 0 9.' 757,47 7>7 7,9 22. 0 i5,o 758,00 10,0 10,0 23. 0 18,4 757,80 11,2 8,9 24. 10 20,5 757,40 i3,6 9>? » Le temps a été constamment calme. Vent à peine sensible de l'ouest ou du nord-ouest. 2\ .. ( «64 ) » Après 2ha5, Vénus devient visible. » A 3h5m la lumière commence à devenir olive. » Passage de Mercure sur le Soleil le 11 novembre 1 861 ; Extrait dune Lettre de HI. Temple-Ciievaluer à M. Le Verrier. k Durham, le G décembre. » La planète a été vue depuis le lever du Soleil jusqu'à la fin du phéno- mène. Seulement les bords du Soleil, à cause de sa petite altitude, étaient affectés par des tremblements très-marqués. » Le premier contact interne a été assez bien observé avec deux lunettes équatoriales dont l'une, dite Northumberland, a 7 pieds 4 pouces anglais de distance focale et 5 pouces d'ouverture, et l'autre, de Fraunhofer, a 8 pieds 3 pouces de distance focale et 6,5 pouces d'ouverture. Temps sidéral des phases. Temple-Chevallier. A. Marth. Lunette Northumberland. Lunette Fraunhofer. ù m s h m s Contact interne 12.38.52,7 12. 38. 54, o Contact externe 12.40. 53, 6 12.40.59,0 » Le contact externe était peu satisfaisant, à cause de l'ondulation du bord du Soleil. » M. Marth a observé aussi les différences en ascension droite et en dis- tance polaire entre les bords du Soleil et de la planète. En comparant les observations avec les calculs d'après les formules du Dr Schellerupp fon- dées sur les Tables de Le Verrier, on trouve pour la différence en ascen- sion droite : calcul moins observation = — os,i3. » Passai/e de Mercure sur le Soleil le 12 novembre 1861 ; Extrait dune /a tin de M. Respighi à M. Le Verrier. « Bologne, 2G novembre 1861. » Avec une bonne lunette de Steinheil et un grossissement de 200 fois, j'ai trouvé : li m a 2e Contact interne 10.4.10,8 1 _. . , _ , J , ' T. M. de Bologne. » 2e Contact externe 10. b. 45, 3 J ! i65 « M. Le Verrier annonce encore à l'Académie avoir reçu : » i° Une Lettre de M. Baramowski, directeur de l'observatoire de Var- sovie, sur le passage de Mercure, observé par lui et par M. Prasmowski : » 20 Une Lettre de M. Moësta, directeur de l'observatoire de San Yago, sur la grande comète de 1 86 1 . A cette occasion, M. Le Verrier fait con- naître à l'Académie que cette comète a été observée à l'Observatoire de Paris jusqu'au 28 décembre. » ASTRONOMIE. — Théorie de la Lunette méridienne, comprenant les corrections dues à l'irrégularité de la figure des tourillons, et rniptication à la Lunette de l' Observatoire impérial de Paris; par M. Yvox Villarceau. (Extrait par l'auteur.) « Afin de réduire à ses termes les plus simples la théorie de la Lunette méridienne, nous rappellerons que l'on est dans l'usage d'éliminer les effets des flexions latérales, les seules qui soient à considérer, en employant l' in- strument des passages, successivement dans ses deux positions directe et in- verse. Cette condition nous permet évidemment de procéder comme si le tube et l'axe de cet instrument constituaient un corps de figure invariable. )) Quand on tient compte de l'irrégularité de la figure des tourillons, on reconnaît que l'axe optique décrit dans l'espace une surface réglée qui, au lieu d'être plane ou conique, présente des inflexions plus ou moins nom- breuses et marquées : ces déviations de la forme plane ou conique pro- duisent, dans les observations des passages, des erreurs exactement com- parables aux erreurs de division des cercles gradués, dans l'observation des hauteurs méridiennes. » Divers procédés ont été employés pour étudier les questions relatives aux irrégularités de forme des tourillons : les uns consistant à étudier la forme même des tourillons, les autres à déterminer directement les dévia- tions produites par les irrégularités; les premiers ont été appliqués en Alle- magne et en Russie, les seconds en Angleterre. » Si l'on suppose la forme des tourillons irréprochable, les procédés qui consistent à étudier la forme elle-même suffiront généralement pour en constater la perfection ; mais dès qu'on veut aborder le problème général, dans lequel on supposera également les coussinets affectés d'irrégularités, ou reconnaît que l'étude directe des formes est impraticable et que les procédés r66 ) a employer, pour déduire les conséquences des mesures effectuées, ne le se- raient pas moins. » Au contraire, la constatation des déviations produites ne présente an- nule difficulté sérieuse. >> Une disposition très-ingénieuse a été réalisée par M. Airy, à l'Obser- vatoire de Greenwich, pour mesurer ces déviations. Cette disposition exige que l'axe de rotation de la Lunette soit percé et assez gros pour recevoir in- térieurement un collimateur mobile avec la Lunette. En outre, les dévia- tions sont observées au moyen d'un collimateur extérieur qui doit conserver une situation invariable relativement aux supports de la Lunette, pendant toute la durée de l'opération. A l'Observatoire impérial, où l'un seul des tourillons est percé, nous avons eu un instant l'idée de remplacer le colli- mateur intérieur, par un miroir plan adapté à l'un des tourillons; mais les difficultés relatives à l'installation d'un collimateur extérieur restaient les mêmes. » La disposition que nous avons réalisée a consisté à adapter aux tou- rillons, des appendices portant chacun un point d'un très-petit diamètre : le mouvement de ces points, produit par un changement de direction de la Lu- nette, était observé au moyen de deux microscopes grossissant 100 fois, et pourvus de deux vis micrométriques rectangulaires. Ces microscopes étaient montés solidement sur les masses de bronze qui servent de base aux coussi- nets sur lesquels reposent les tourillons. Les tourillons et les microscopes reposant ainsi sur le même support, nous n'avions pas à redouter l'instabi- lité relative d'un collimateur extérieur. Notre appareil a été construit par M. Brunner. • Quand on fait tourner la Lunette autour de son axe, la droite menée par les deux points ci-dessus, décrit dans l'espace une surface réglée qui ne serait autre que l'hyperboloïde de révolution a une nappe, si la figure des tourillons était parfaite; les points eux-mêmes décriraient alors des circon- férences de cercle. En outre, si l'on fait la différence des abscisses et ordon- nées correspondantes des deux points, la courbe construite avec ces diffé- rences serait pareillement un cercle, dans la même hypothèse; les irrégularités des tourillons changeraient celte courbe en une autre, d'autant moins diffé- rente du cercle, qu'elles seront moins prononcées. C'est sur la considération de cette courbe, comparée a la distance linéaire des points, que repose la détermination des déviations de l'axe optique. Dans les conditions hypothétiques du s\steme, il ne peut être question ( '6.7 ) de considérer l'azimut et l'inclinaison de l'axe de rotation, ni l'angle de l'axe optique avec ce dernier, puisqu'il n'existe pas d'axe constant de rotation ; mais on peut substituer à cet axe une droite fixe arbitraire, pourvu que l'on soit en mesure de déterminer, pour chaque position de la Lunette, l'angle que cette droite fait avec l'axe optique. Alors les formules, pour la réduc- tion des observations, auxquelles on est conduit, peuvent être ramenées à coïncider avec les formules usitées, sous la simple condition que la collima- tion c y soit remplacée par c -h de; de étant une quantité variable avec la hauteur : les valeurs de c et de de dépendent évidemment du choix que l'on fait de la droite arbitraire. » Soient, relativement à une hauteur h de la Lunette comptée de l'ho- rizon Sud, |, Y} les coordonnées du point oriental, parallèles à des axes, l'un horizontal et dirigé vers le Sud, l'autre vertical et dirigé vers le zénith ; S,', yj' les coordonnées du point occidental rapportées à des axes de directions parallèles aux précédents, l'origine de chacun des deux systèmes étant arbi- traire; supposons d'ailleurs que les observations s'étendent à une circon- férence entière et que l'on ait fait varier h par intervalles égaux en nombre N; voici comment nous déterminons de. » Posons i „ i x = ?' - ?, y — -n' - 73, p = .jj- s*, q = n 2jr, 2 étant la caractéristique des sommes; et désignons par R la distance des deux points : nous calculons p = Rdirrs7' ttx ~ pï cos h + {? - fi sin hï [¥^ posant enfin P — — 2P nous avons, pour expression de de en secondes de temps, &c = V-Vm. » Nousindiquons dans le Mémoire, comment les valeurs de de concourent (*) La valeur de PR sin i " est la projection du rayon vecteur mené du point {pq ) au point {xy) sur la direction de la Lunette. On peut donc remplacer le calcul par une construction très-simple, et, par un changement d'échelle, relever immédiatement la valeur de P en secondes de temps. ( '68 ) .i la détermination de 1 axe optique exempt de collimation, au moyen de deux collimateurs horizontaux et à la détermination de l'inclinaison, par les ob- servations nadirales. » Sous de certaines conditions, l'axe optique exempt de collimation peut être déterminé au moyen d'un seul collimateur, en ayant recours au retour- nement de la Lunette. » Pour la mesure exacte des différences de longitude, il est nécessaire d'appliquer la théorie précédente. » Nous terminerons en présentant le résultat moyen de huit séries d'ob- servations faites en 1859-60, dans un intervalle de six mois, sur la Lunette méridienne de l'Observatoire impérial. Etude des Tourillons de la Lunette méridienne de l'Observatoire de Pans. Valeurs de oc. BAOtBDR delà Lunette POSITION HAUTEUR de la Lunette POSITION OAUTECIt de la Lunette POSITION IlACTEl'lt de la Lunette POSITION Directe. Inverse. Directe. Inverse. Directe. Inverse. Directe. Inverse. 0 0 — 0,01 3 s — o.oo3 0 9° s -1-0,010 s — 0,010 0 180 s -t-o,oo3 s -1-0, oi3 0 270 s — 0,002 s -1-0,002 5 — La - 4 95 + 9 — 9 i85 + 3 -t- i3 273 — 1 — I 10 — 1 1 - 3 100 + 4 — 9 190 -+- 3 -+- i3 280 -h 1 0 ■ 5 — 10 - 4 io5 -+- 2 — 10 195 + 4 -i- 12 285 -h 2 + I 20 — 7 - 4 1 10 -1- 2 — 8 200 + 4 -t- 1 1 290 -+- 3 -1- 2 23 — 5 - 3 u5 -+- 3 — 6 2o5 -t- 5 -1- 1 1 295 -+- 3 0 3o — 2 — 1 120 + 2 ' 7 210 + 7 -+- 10 3oo -t- 2 1 35 — 2 0 123 0 - 4 21 5 + 4 + 7 3o5 0 — 3 ko — 1 H- I i3o — i — 2 220 + 4 -1- 6 3io — 2 — 5 45 0 -1- 2 ■ 35 — 2 0 225 -4- 5 -+- 5 3i5 — 5 — 5 5o •+- 2 -+- I 140 — 1 -+- 1 23o -+- 5 ■+i 2 320 - 6 - 4 55 -H 4 0 145 0 -+- 2 235 -+- 3 0 325 ' 7 - 4 60 -1- 7 — 2 i5o -+- I -1- 2 240 -+- 1 o 33o — 10 - 7 65 -+- 6 — 3 1 55 -l- 3 -f- 5 245 0 — 3 335 — 1 1 - 5 7° -t- 8 — 2 160 + 4 -H 7 230 — 2 — 3 340 — 1 1 - 4 -,'•> ■+- 10 — 1 i65 + 4 -t- 10 255 — 1 — 2 345 — 12 - 4 80 -+- 9 - 4 170 -+- 3 -+- 11 260 0 — 1 35o — i3 — 3 85 + 9 — 9 .75 + 4 -t- 12 2G3 -I- 1 -+• 1 355 - i3 — 3 90 -1-0,010 — 0,010 180 +o,oo3 -Ho , 0 1 3 270 — 0,002 +0,012 0 — o,oi3 — o,oo3 » Il est remarquable que les erreurs des tourillons ne dépassent pasos,oi3, bien que la Lunette fonctionne depuis une trentaine d'années : il est encore également digne de remarque que les irrégularités sont sensiblement nulles dans les régions environnant les hauteurs 45° et i4o° qui sont précisément celles dans lesquelles l'instrument est le plus fréquemment employé, la ( <69) première répondant aux étoiles horaires et la seconde aux circompolaires très-voisines du pôle. » OPTIQUE. — Analyse des spectres colorés pir les métaux ; Note de M. H. Debray. « On connaît le remarquable Mémoire de MM. Kirchhoff et Bunsen sur les spectres colorés par les métaux. Leurs expériences n'ont pas été jusqu'ici projetées sur un écran, ainsi qu'on l'a fait pour les phénomènes lumineux que l'on veut rendre visibles pour un auditoire; j'ai pensé qu'il y aurai! quelque intérêt à réaliser cette projection. » La combustion du gaz de l'éclairage, alimenté par l'air ordinaire, donne une flamme trop pâle, lorsqu'on y introduit des substances métalliques, pour qu'on puisse en voir nettement le spectre autrement que dans une lunette; mais si l'on prend pour flamme le dard excessivement chaud du chalumeau a gaz hydrogène et oxygène, coloré par divers métaux, l'éclat qu'elle ac- quiert est si vif, qu'il devient très-facile d'en projeter nettement le spectre. Pour cela, on introduit cette flamme dans l'appareil photogénique de M. Duboscq, dont tous le: physiciens se servent pour leurs expériences d'optique, et l'on opère absolument comme s'il s'agissait d'obtenir le spectre de la lumière de la lampe à l'huile ou de l'arc voltaique. On obtient alors, sur un écran convenablement placé, la série de raies brillantes et diverse- ment colorées qui caractérisent le. métal introduit dans la flamme. Ces ex- périences réussissent, non-seulement avec les métaux alcalins et alcalino- terreux, mais encore avec quelques métaux ordinaires, tels que le cuivre ou le plomb, quoique ces corps ne donnent avec la flamme du gaz et l'appareil ordinaire qu'un phénomène assez confus. Comme le platine fond instanta- nément dans la flamme du chalumeau, on y introduit la substance métal- lique au moven d'un petit crayon de charbon de cornue ou d'une allumette fortement imprégnée de la matière à essayer, que l'on choisit de préférence parmi les chlorures métalliques. Avec un peu d'habitude, on maintient le phénomène assez longtemps pour qu'on puisse bien en saisir tous les détails même à une assez grande distance. » On peut également projeter, en employant la lumière de Drummond, le renversement de la raie brillante du sodium, observé, comme on le sait. pour la première fois par M. Foucault à l'aide de la lumière électrique. La lumière de Drummond placée dans l'appareil photogénique donne un spec- C. R , 1862, 1" Semestre. T. LIV, N° 5.' 22 ( '7°) tre continu dans lequel on fait apparaître une raie noire à la place qu'oc- cupe la raie brillante du sodium dans le spectre des flammes qui con- tiennent ce métal dès qu'on met devant la fente de l'appareil la flamme d'une lampe à alcool salé. » Pour produire la lumière de Drummond, je me sers d'un instrument peu compliqué et d'un maniement facile, dont je recommande l'emploi avec confiance, parce qu'il permettra de répéter la plupart des expériences d'op- tique qu'on fait avec la pile à défaut du soleil. 11 se compose essentiellement d'un cylindre de chaux vertical et d'un chalumeau à gaz séparés, dont le bout très-incliné permet de lancer entre la chaux un jet presque rasant, afin 7< .''-• 7» 7s 7« 7« ( '7' ) car, au lieu de j2, y 3, > 4, dans la dernière ligne du premier de ces détermi- nants, on peut alors substituer respectivement -(/A 7/4, -vJTsi tollt s*m- plement. » Donc -=- D^ j- devient égal à XD?/, et l'équation Dr j = LeJc peut être satisfaite par l'intégrale de l'équation (a) en déterminant convenablement les rapports entre les constantes arbitraires qui y figurent. De même ou voit, en général, que l'intégrale de D'r^* = heÀX sera (5) y = a,e ' -+- a2e ■ ■+•... + ate • avec les conditions (4) x, -+- a2 4- . . . + «,- = À, (5) a,a2 . . . ai(at, — *2V2(«, — aa)1 . . . (a,_, — a,-)2 = L. » Rien n'empêcbe de prendre un nombre quelconque des a et d'en faire différer les valeurs infiniment peu les unes des autres; on peut aussi, en général, former plusieurs groupes distincts de cette espèce. En agissant de cette façon, on arrive, par une analyse facile à retrouver et par le moyen d'un lemme que j'exposerai tout à l'heure, à des formes spéciales (pour ne pas dire singulières) de l'équation (5), dont voici le type le plus général : .a.x (6) j = Xea'r + X,ea où X = ai"*'+k"-2... + /, avec les conditions suivantes : (7) In=i, (8) I«n=:l, (9) Tria" T«, a> Tn^cÇ ... (a - a,)2""' («-«,) » Le nombre total de ces formes (l'intégrale générale y comprise) sera le nombre des partitions indéfinies du nombre /; le nombre de ces formes qui ne doivent contenir qu'un nombre donné 2/ — 2 — w de constantes arbitraires sera le nombre de partitions de i en /— w parties, lequel, quand w n'excède pas -> est identique avec le nombre des partitions indéfinies de w. » Le lemme dont il a été question est qui sert pour obtenir l'équation (9 ) est le suivant : 22.. • '7' » Si on a un système de n équations de la forme "" X'I,.ri+/^.r,-f-.. .-+-Y';rra---p» où g = o, i, 2,...,n-i, alors, quand les À deviennent tons infiniment petits, la fonction (>.,-/, ?a,--k,Y..-(\_,-\yrt.ra ....... reste finie et aura pour limite une valeur indépendante de p0, pn..., p _ , savoir : ' / / n — i J'ajoute que la même méthode suffit également pour trouver et l'intégrale générale et les intégrales spéciales d'une équation d'une forme plus géné- rale, à savoir l'équation D:_r = ?(Pt, P,,..,, PlV()eA*, rp exprimant une forme de fonction quelconque donnée, et les P étant les fonctions algébriques de j, ) ,, r2,..., J"2,_2, qui satisfont identiquement aux (/" — i) équations OU 0) = o, i , 2,..., i — À. » Sans insister là-dessus, je passe à la considération plus intéressante de certaines équations différentielles qu'on peut immédiatement réduire à une forme intégralité par le moyen de la formule établie à la fin de la Note pré- cédente, c'est-à-dire » Pour plus de brièveté, je me servirai du symbole 1 pour exprimer T- log, de sorte que la loi d'opération de '/. sur des produits sera identique avec celle de log, c'est-à-dire qu'on aura >. [UVW-. . . j = lu + ÀW + /H' +. . . . « Je me servirai aussi du symbole D, pour exprimer ce que j'ai précé- demment désigné par D^. y; on aura ainsi par la formule (la) jD4 = (D2)2XD2, D, = r2> y; donc D3 =/(Xr/X:j2À,-) =. v\>.» )22>.j +).;»)• » Ainsi' on voit que 'a solution de l'équation l)3 — y3 y I —, ) dépendra ( '73 ) de celle de l'équation (i3) \* jr. + *ljr = f (X.r); ou bien (en mettant Xy = u, ce qui donne jr=.efSdx,u) pourra être ra- menée à celle de l'équation (.4) i(jr)^2" = ï"- Cette dernière équation, on le voit immédiatement, aura pour intégrale 1.5) .» •= f du \/2"V^"(^)-4"3 Ainsi on voit que si o) ■ d;=ad;? ou B.i=jf'-r'2 et V3=xv"j"-jy"'-j'ij"-f'3-h2j'f'f". x Considérons d'abord l'équation (19); en faisant |f== A6 x, elle prend la forme (ai) 'D3=J3 ('D3 ne différant de D3 qu'en ce que | y remplace xj. Alors par la formule i 5 nous aurons *■= eiJ'r ti ; c et y étant des constantes arbitraires. En écrivant n>= 2 e2 + v -t- 2c2 — 23 u, C= Jàc* — 2C C,=2C3H , on obtient immédiatement (en se servant de la substitution w = Ccos2#) C-I^±^Lsln=am(2-VcT^(£ + 7), y/^)^ ce qui donne log r^'Cyj^sin' amf a'-i/^Cx+y), y^g^+(aCa-C^ 2> 3 Cette équation est l'intégrale complète de l'équation donnée D3 = A^'; » Maintenant considérons l'équation (20), c'est-à-dire D! = AD;. La formule (1 5) donne ce qui, en mettant w = — -, devient du (aâ.) 4 A' «- -+- >,«' — 4"3 1 En supposant A= 1 la somme en (23) devient identique avec celle qui a été trouvée plus haut en déterminant la valeur de S -f- 7, d'où il sera facile de conclure la valeur de log y qui contiendra la réciproque d'une double somme du carré d'une fonction linéaire du sin2 am d'une fonction linéaire de x, et quant au cas général où A a une valeur quelconque, il se réduit x au cas précédent en écrivant £ = A8 x. » Il existe encore une infinité d'équations d'une forme symétrique et analogue à celle des équations (19) et (20) auxquelles on peut appliquer une pareille méthode, non pas, il est vrai en général, pour les intégrer complètement, mais au moins pour en abaisser le degré de l\ unités. (Test toujours l'équation fondamentale (la) qui sert à effectuer cette réduction. » ( '75 ) chimie ORGANIQUE. — Recherches sur les dérivés pyrocjénés de l'acide citrique ainsi que sur quelques composés du groupe butyrique; par M. Aug. Cahocrs. « Les acides itaconique et citraconique, engendrés, comme on sait, par la distillation ménagée de l'acide citrique, étant représentés par des for- mules qui ne diffeient que par C2 H2 de celles des acides maléique et paramaléique qui dérivent de l'acide malique lorsqu'on place ce dernier dans des circonstances toutes semblables, il était intéressant de rechercher si ces corps ne constitueraient pas deux termes d'une série homologue et si, de même que les acides maléique et parama- léique qui se changent par leur union directe avec le brome en acide dibro- mosuccinique, il ne se formerait pas pareillement un dérivé dibromé d'un homologue de l'acide succinique. Dans le cas où cette hypothèse serait vérifiée par l'expérience, on aurait de la sorte un moyen d'obtenir un homo- logue de l'acide tartrique, dont l'étude comparée à celle de ce produit ne pourrait manquer de fournir des résultats dignes d'intérêt. » Afin de résoudre cette question, j'ai introduit dans un matras d'essayeur 10 grammes d'acide citraconique bien pur auquel j'ai successivement, et par petites portions, ajouté i2gr,4de brome, c'est-à-dire la quantité de ce corps nécessaire pour former par son union avec l'acide citraconique nor- mal le composé dibromé. Maintient-on pendant quelques heures le mé- lange au bain-marie après avoir scellé le matras à la lampe, la décoloration est complète. En brisant la pointe du tube, on peut s'assurer qu'il ne s'est pas produit d'acide bromhydrique ; donc il ne s'est pas opéré, comme dans les circonstances ordinaires, un phénomène de substitution. Le mélange se solidifie, à mesure qu'il se refroidit, en une masse cristalline qu'on comprime entre des doubles de papier buvard et qu'on reprend ensuite par un mé- lange d'alcool et d'éther dans lequel elle se dissout complètement. L'éva- poration spontanée de la liqueur fournit des cristaux incolores et tres-nets, auxquels l'analyse assigne la formule C,0H°Br208. » C'est bien là certes la composition d'un homologue de l'acide succi- nique, dans lequel 2 équivalents d'hydrogène auraient été remplacés par 2 équivalents de brome; il ne s'agissait pins que de rechercher si cette ( '76) homologie qu'on observe entre les formules existait pareillement entre ces deux corps relativement à leurs fonctions chimiques. » Or si l'on sature imparfaitement une dissolution concentrée de cet acide par la potasse et qu'on porte la liqueur à l'ébullition, une vive effer- vescence se déclare, de l'acide carboniqie se dégage en abondance et l'on obtient un sel de potasse d'où l'acide azotique ajouté jusqu'à saturation précipite une huile qui ne tarde pas à se concréter. Ce produit se dissout facilement à froid dans l'étlier et s'en sépare par l'évaporation spontanée sous la forme de longues aiguilles incolores et flexibles auxquelles l'analysi assigne la composition suivante C8H6Br30\ ■> La formation de cette substance s'explique parfaitement au moyen de l'équation Ci0 H6 P»t - O8 = 2 CO2 + C8 H6 hV O*. » On se rend par suite facilement compte de la production de cet acide lorsqu'on fait agir simultanément le brome et la potasse sur l'acide citra- conique. » Les réactions que je viens d'indiquer se reproduisent d'une manière identique lorsqu'on remplace l'acide ci traconique par son isomère l'acide ita- conique. » Le produit brome précédent qui présente la composition de l'acide dibromobutyrique, en possède aussi les propriétés, comme j'ai pu m'en convaincre en préparant ce dernier par l'action du brome en vases clos à iZjo" sur l'acide monobromobutyrique. » L'acide dibromobutyrique cristallise en longs prismes déliés, inco- lores, qui fondent entre 45° et 4<3° en donnant lin liquide incolore ; celui-ci se concrète par le refroidissement en formant une masse d'aiguilles entre- croisées. Il boutvers a3o à :>>:<", en éprouvant une décomposition partielle; on observe en effet dans cette circonstance la production d'une petite quan- tité de gaz bromhydrique. » L'acide dibromobutyrique s'éthérifïe facilement lorsqu'on fait passer un courant de gazclilorhydrique à travers une dissolution de ce corps dans l'alcool concentré, maintenue chaude pendant toute la durée du courant. C'est un liquide incolore, doué d'une odeur éthérée agréable, qui rappelle celle des pommes || boni entre 191 et 191°. L'acide dibromobutyrique ( '77 ) forme en outre, avec les bases, des sels généralement solubles et qui cristal- lisent avec facilité. » J'ai pareillement préparé l'éther monobromobutyrique et j'ai pu con- staler l'exactitude parfaite des résultats obtenus par MM. Friedel et Machuca relativement à l'bistoire de l'acide monobromobutyrique. Cet acide s'éthé- rifie beaucoup plus facilement que le composé dibromé. Purifié par des lavages à l'eau pure et à l'eau alcaline, sécbé sur du chlorure de calcium et soumis finalement à la rectification, ce composé se présente sous la forme d'un liquide incolore dont l'odeur forte et piquante rappelle celle des pommes lorsqu'elle est délayée dans beaucoup d'air. Sa vapeur irrite forte- ment les yeux. Il bout entre 175 et 1780. Insoluble dans l'eau, ce produit se dissout facilement dans l'alcool et l'éther. Sa densité est de 1 ,345 à la température de 120. » Ce produit ainsi que l'acide libre soumis à l'action de l'ammoniaque perdent leur brome à l'état de bromhydrate d'ammoniaque et l'on obtient un acide amidé homologue de l'alanine. » L'acide valérique se comporte, dans son contact avec le brome sous l'influence d'une température de i/jo à 1 5o°, de la même manière cpie l'acide butyrique. On obtient un acide brome liquide, bouillant entre 22b et 23o°, sans éprouver d'altération bien sensible, s'éthérifiant facilement et fournis- sant un composé dont le point d'ébullition oscille entre 190 et 194°. « Pour compléter cette étude j'ai fait agir le brome en vases clos sur l'acide caproïque à la température de i4o à i45°, en employant ces deux corps dans les rapports de 3 à 2 en poids. Au bout d'un contact de plusieurs heures, la couleur du brome a disparu complètement. Le produit retiré des tubes étant soumis à des purifications convenables donne finalement un liquide dont l'odeur rappelle un peu celle de l'acide caproïque, quoique beaucoup moins désagréable et qui bout vers 2400. » Ce produit se change par l'action de la potasse et de l'oxyde d'argent en acide leucique, tandis que l'ammoniaque le transforme en un acide amidé, l'acide capro-amique, qui n'est autre chose que la leucine. ■> La formation de ces produits peut facilement s'expliquer a laide des équations C,2HMBrO* H- KO, HO = HBr + C'2 H1- O6, C,2HnBr04 -+- 2AzH3 = HBr, AzH3 -+- C'2 Hn (AzH2)04. » A chaque acide normal des deux grandes séries acétique et benzoïque C. R., 1862, 1" Semestre. (T. LIV, N° 5.) ^3 ( 178) il correspond donc un acide ainidé qui, conservant sa molécule d'hydrogène métallique, peut L'échanger contre les divers métaux et produire de véritables sels, tandis que d'une autre part l'introduction du résidu de l'ammoniaque \z H2 à la place d'une molécule d'hydrogène, remplaçable par des radicaux négatifs, le rend apte à s'unir aux acides, ce qui rend compte du double rôle d'acide et de base que présentent ces produits, ainsi que je me suis efforcé de l'établir il y a déjà quelques années dans mon travail sur les acides amidés. » L'éther monobromobutyrique et ses homologues forment, par leur contact avec les bases ammoniacales amidées, imidées et nitrylées, des combinaisons cristallisables sur lesquelles je compte revenir dans un pro- chain travail. » CHIMIE ORGANIQUE. — Note sur la synthèse des glucosides; par M. Rosenstiehl. « Dans l'opinion de la plupart des chimistes, les sucres sont des alcools polyatomiques. M. Berthelot a prouvé que la mannite était un alcool hexa- tomique (Berthelot, Chimie organique fondée sur la synthèse, p. 192). Quant au glucose, M. Knop pense qu'il est l'aldéhyde de la mannite (Knop, Hand- buch d. chem. Methoden, p. 267) et M. Berthelot le considère comme un alcool hexatomique (Berth. loc. cit., p. 274). Si cette manière de voir est exacte, la formule du glucose devra s'écrire : C'HI6 1 O12 H6 iU ■ La benzine serait le radical du glucose, et le trichlorure de Mitscheriich. ainsi que son tribromure, seraient leséthers chlorhytlrique et bromhydrique de cet alcool : C,2H6| C,2H9( Cl6 » ' Br° I' On conçoit la possibilité de substituer, dans ces derniers, des radicaux d'acides au chlore ou au brome et de se rapprocher ainsi des glucosides pro- duits par M. Berthelot à l'aide du glucose lui-même. Le but du présent tra- vail est de vérifier ces prévisions théoriques. Quand on fait réagir 1 équiva- lent de trichlorure de benzine sur 6 équivalents d'acétate d'argent, en solu- tion acétiqhe, à 1600 pendant trente heures, on constate que l'acide acétique ( '79) renferme en dissolution un corps réduisant la liqueur de Barreswil. Pour isoler ce principe réducteur, on sature l'acide acétique par le carbonate de soude et on agite avec de I ether. L'évaporation de cette solution éthérée fournit une huile colorée, douée d'une grande amertume et réduisant abon- damment la liqueur de Barreswil. Cette huile paraît être un mélange com- plexe de plusieurs glucosides ; cependant, en la traitant pendant quelques heures au bain-marie avec de l'acide sulfurique étendu, les glucosides les plus altérables sont détruits et, par le refroidissement, l'acide sulfurique laisse déposer de petits cristaux durs, faciles à décolorer par le noir animal. Ce produit est peu abondant. Il est soluble dans l'eau, l'alcool, l'éther, l'acide acétique, le chloroforme, la benzine, le sulfure de carbone; il ne cristallise bien que dans l'eau ; sa saveur est extrêmement amène; il réduit à chaud la liqueur de Barreswil à la manière des glucosides; bouilli avec l'acide sulfurique étendu, il dégage de l'acide acétique. L'analyse conduit à la formule suivante : Trouvé. Calculé. C24H'2, C 33,72 33,i 3(C4H8Os)i H 2,97 3>2i Cl9 Cl 48,7 48,9 La réaction peut se représenter de la manière suivante : C24H<2) 3(C4H302)| Cl3) C24H,2| Cl,2j+ Ag3| AgM + 3(C4H302)j Cl9 D'après ce produit, la formule du glucose serait C24H24024, formule que Gerhardt a déjà employée. » En variant les conditions de l'expérience, en chauffant ■>, équivalents de trichlorure de benzine avec 3 équivalents d'acétate d'argent à i6o° pendant six heures, on obtient, par un traitement analogue à celui précédemment décrit, un produit très-soluble dans l'eau bouillante, de laquelle il se sépare par refroidissement sous forme de gouttelettes huileuses, se desséchant dans le vide en un vernis transparent, dur et cassant, fusible à une faible chaleur, comme une véritable graisse. » Ce produit présente les mêmes propriétés que le premier, seulement il est beaucoup plus altérable; l'analyse y démontre, en outre, une plus forte proportion de carbone et d'hydrogène et une moindre quantité de chlore. 23.. ( i8o ) Sa composition s'approche de la formule C"H») 4(C4H302)| CI8 » Les résultats sont cependant peu concordants et il est naturel d'ad- mettre que ce produit est un mélange de plusieurs glucosides, se rappro- chant de la composition du glucose hexacétique de M. Berthelot. Leurs propriétés physiques et leur grande altérabilité ne permettent pas d'espérer d'en isoler un glucoside défini. La haute température à laquelle il faut opérer, et la grande altérabilité des glucosides en présence d'un sel oxydant, comme l'acétate d'argent, expliquent suffisamment pourquoi on n'en obtient que très-peu, relativement aux quantités de matières premières mises en présence. Dans les nombreuses expériences que j'ai tentées, une grande quantité d'ar- gent était toujours réduite à l'état métallique, et beaucoup de chlorure de benzine échappait à la réaction; à l'ouverture des tubes, on observait un abondant dégagement d'acide carbonique. Il est probable qu'en employant un sel d'argent moins réductible que l'acétate ( le butyrate, etc.), j'arriverai à préparer des produits plus maniables, ne renfermant plus de chlore et desquels, par une hydratation ménagée, on pourrait arriver au glucose lui- même. » chimie appliquée. — Analyse des gaz de l'emphysème général traumatique de l'homme; par MM. Démarqua y et Ch. Leconte. « Il existe dans l'histoire de la science des cas nombreux d'emphysème général produit chez l'homme, soit par des plaies pénétrantes de la poitrine, soif par des fractures de côte ayant déchiré la plèvre et les poumons. Au point de vue chirurgical, la question de l'emphysème traumatique laisse peu de choses à désirer, et la gravité qu'il peut présenter dépend bien plutôt de la nature de la lésion qui accompagne l'emphysème que de ce phénomène lui-même. Déjà en 1812, John Bell énonçait ce fait, « quelle danger n'est pas en rapport avec la gravité apparente des symptômes, qui, dans les circonstances mêmes les plus alarmantes, disparaissent avec rapi- dité. » M. Velpeau, a, nous a-t-il dit, eu l'occasion de vérifier plusieurs fois l'assertion de John Bell, et il est probable que tous les chirurgiens qui ont vu des emphysèmes provenant de lésions anatomiques légères ont également observé les mêmes faits. ( <«< ) » Dans un Mémoire que nous avons eu l'honneur de présenter à l'Aca- cad'émie des Sciences en i85o„ et qui est inséré dans les numéros d'octobre et de novembre des Archives (jénérales de Médecine de la même année, nous avons démontré par des expériences nombreuses que l'air injecté dans le tissu cellulaire ou le péritoine des lapins perdait rapidement sa composition; qu'une grande partie de son oxygène était absorbée, tandis que l'acide car- bonique apparaissait dans le mélange, mais jamais en quantité suffisante pour remplacer l'oxygéné absorbé ; qu'enfin l'azote augmentait relativement d'une manière très-notable, et dominait toujours pendant toute la durée de l'absorption du mélange, qui du reste était très-lente. » Nos expériences permettaient bien de prévoir jusqu'à un certain point ce que devenait l'air dans l'emphysème, mais elles pouvaient laisser quel- ques doutes dans l'esprit des savants qui pensent encore que les phéno- mènes physiologiques ne sont pas identiques chez l'homme et les animaux supérieurs. Nous venons aujourd'hui compléter l'histoire physiologique de l'emphysème traumatique de l'homme, en communiquant à l'Académie une série d'analyses de gaz retirés du tissu cellulaire d'un homme chez lequel un emphysème très-intense se développa à la suite d'une fracture de cote. Ce malade, qui est encore à la Maison municipale de Santé, est en bonne voie de guérison. » Le gaz était recueilli à l'aide d'un trocart explorateur très-fin, fixé à une vessie de caoutchouc dans laquelle on faisait exactement le vide. L'analyse était faite immédiatement sur le mercure: l'acide carbonique était absorbé par la potasse, l'oxygène par la solution alcaline d'acide py- rogallique. Le gaz non absorbé était considéré comme de l'azote. Nous nous sommes assurés du reste qu'il ne renfermait pas de gaz combustibles. Composition de ioo volumes de gaz. Jours de l'accident. Oxygène. Acide carbonique. Azote. 4e 2,54 6,35 91,11 5e 5,o8 4,66 90,26 6e 6,60 4,4 90,16 T 6,07 3,73 90,20 9e 9>39 1,4° 89,21 ne 11,11 0,00 88,89 .... » D'après ces expériences, on voit que dans l'emphysème de l'homme ( >82 ) l'air atmosphérique se modifie exactement de la même manière que dans nus expériences sur les animaux. Il y a d'abord absorption d'oxygène, exhalation d'acide carbonique qui semble indépendante de l'oxygène dis- paru. L'azote forme à lui seul les o, dixièmes du mélange; puis, pendant la résorption du mélange, l'oxygène augmente, et l'acide carbonique dis- paraît. « Si l'on fait abstraction de l'azote, on voit que l'oxygène et l'acide car- bonique des gaz de l'emphysème se rapprochent beaucoup des rapports de ces gaz extraits du sang à l'aide du procédé imaginé par M. Claude Bernard, procédé qui, à raison de l'emploi de l'oxyde de carbone, s'oppose à la trans- formation ultérieure de l'oxygène en acide carbonique. « Nos nombres s'éloignent au contraire très-notablement de ceux obte- nus par Magnus pour les gaz du sang; mais il faut remarquer que dans le procédé de Magnus une partie de l'oxygène se transformait pendant l'expé- rience en acide carbonique, qui domine toujours de 2 à 5 fois l'oxygène, même dans les gaz du sang artériel. » ANATOMIE PHILOSOPHIQUE. — Ostéolor/ic comparée des articubdious du coude et du genou dam la série des Mammifères, des Oiseaux et des Reptiles; Lettre à M. Flourens; par M. Ch. Martixs. « Dans une première Note que vous avez bien voulu communiquer à l'Académie ( 1 ), je crois avoir prouvé que l'humérus est un os tordu de 1 8o° dans les Mammifères terrestres et aquatiques, de 900 seulement dans les Chéiroptères, les Oiseaux et les Reptiles. Une seconde communication (2) avait pour but de démontrer que le chapiteau du tibia est un os complexe résultant de la coalescence du tiers supérieur et postérieur du cubitus avec le radius : la rotule représentant l'olécrane, la facette articulaire externe du tibia celle du cubitus, et la crête antérieure du tibia la crèle postérieure du cubitus. Je m'appuyais sur cette observation que dans la plupart des Mar- supiaux (Phascolôme, Phalanger,. Dasyure, Sarigue, Thylacine), le chapi- teau tibial n'existe pas, la rotule est fixée au péroné, et le tibia représente exactement le radius. » Pour vérifier ces lois morphologiques, j'ai pensé qu'il y aurait intérêt (1 ) Comptes rendus, t. XLIV, p. '^44- {■?.) Comptes rendus, t. XLV, p. 65. ( «83) à comparer dans toute la série des Vertébrés pulmonaires les deux articula- tions du coude et du genou, dont personne, depuis Galien, n'a contesté l'homoloCTie. Ces deux articulations se composent de quatre pièces osseuses, savoir : trois os longs et un sésamoïde libre ou soudé. Examinons-les suc- cessivement. » Fémur et humérus. — Le premier est droit, le second tordu de i8o° ou qo°. L'humérus s'articule toujours avec les deux autres os longs, le radius et le cubitus. Il en est de même du fémur. Dans les Marsupiaux a rotule péronéale, les Monotrèmes, les grands Rongeurs, certains Insecti- vores, tels que la Taupe, le Hérisson, le Desman, le fémur est en rapport avec le tibia et le péroné. Au contraire, dans les Solipèdes, les Ruminants, les Carnivores, les Quadrumanes et l'Homme, il semble que la loi des con- nexions soit violée et que le fémur ne s'articule plus qu'avec un seul os; mais si l'on admet la composition du chapiteau tibial, le fémur s'articule réellement avec deux os confondus en un seul et représentant les portions supérieures du cubitus et du radius. Ainsi la loi se vérifie même dans les cas où elle semble être en défaut. » Le radius et le tibia sont les deux os constants de l'avant-bras et de la jambe, et leurs extrémités sont prépondérantes dans les articulations du corps et du tarse. Chez les Mammifères supérieurs le cubitus est un axe au- tour duquel s'exécutent les mouvements de supination, et alors les deux têtes sont placées l'une à côté de l'autre. Quand on descend dans la série animale, le mouvement de supination disparait, parce que le radius tend à se placer devant le cubitus. Le cas extrême se montre chez l'Éléphant, où la tète du radius est reçue dans une échancrure creusée en avant dans l'apo- physe sygmoïde du cubitus. Unis par un ligament ou une lame interosseuse, mais toujours distincts au bras, les deux os (radius et cubitus) se confon- dent partiellement à la jambe pour former le chapiteau tibial. » Olécrnne et rotule. — Ce sont des os sesamoïdes libres ou soudés. L'olé- crane est soudé au cubitus dans les Mammifères terrestres et aquatiques ; il est libre dans les Roussettes, la Chauve-Souris vampire et le Pingouin. Aplatie d'arrière en avant dans le groupe anthropomorphe, cette apophyse est comprimée latéralement dans les autres animaux et tuberculeuse dans les espèces carnassières : bien marquée dans les animaux terrestres et am- phibies, elle s'efface dans les Cétacés ichthyoïdes. La rotule est tibiale et libre dans les Mammifères monodelphes terrestres et aquatiques, nulle dans les Kangourous, péronéale dans les autres Didelphes, triangulaire ( 184 ) dans le groupe anthropomorphe, ovalaire dans la plupart des Quadrupèdes, massive dans les Ruminants et les Pachydermes, souvent nulle dans les Chéiroptères. Chez les Oiseaux, elle est soudée au tibia et représente un vé- ritable olécrane (Plongeon, Pélican). I.e plus souvent bifurquée comme l'olécrane du coude des Monotrèmes, elle se termine par deux tubercules surmontés quelquefois d'une partie libre, rotuliforme, que les auteurs ont prise pour la rotule tout entière. » Cubitus et péroné. — Ce sont les os variables de lavant-bras et de la jambe : prépondérants dans l'articulation numérale ou fémorale, leur extré- mité inférieure avorte souvent plus ou moins. L'homologue du péroné, c'est le cubitus moins l'olécrane, la facette articulaire et la crête sous-olécra- nienne qui se fusionnent dans le chapiteau tibial. Distinct dans l'Homme, les Quadrumanes, les Carnivores, les Pachydermes, les Cétacés, lesEdentés, les Monotrèmes et les Marsupiaux, le cubitus se fond plus ou moins dans le radius chez les Insectivores, les Rongeurs, les Solipèdes et les Ruminants. Plus variable encore, le corps du péroné se soude déjà avec l'extrémité inté- rieure du tibia dans les Makis, s'atrophie dans les Solipèdes et disparaît dans un grand nombre de Ruminants. L'avortement de l'extrémité périphérique du cubitus profite à l'olécrane et à la crête sous-olécranienne qui deviennent énormes (exemples, Élan, Chameau, Cheval, etc.). L'atrophie du péroné profite aux parties homologues des précédentes, la rotule et la crête anté- rieure du tibia. Ce balancement entre l'olécrane et le reste du cubitus, le péroné et la crête du tibia surmontée de la rotule, n'est-il pas à son tour une preuve de l'homologie de ces parties? La théorie de la composition du chapiteau tibial en reçoit une confirmation nouvelle. » L'embryologie d'une espèce quelconque de Mammifères ne saurait con- firmer ou infirmer les faits morphologiques auxquels nous sommes parve- nus : en effet, ces faits sont antérieurs à l'évolution des organes dans l'em- bryon : ainsi l'humérus n'est point un os d'abord droit qui se torde ensuite pendant l'évolution embryonnaire. Il y a mieux : 1 humérus est tordu vir- tuellement avant d'exister, car la main qui apparaît la première sous la forme d'un tubercule lobé sur les côtés du tronc est en demi-supination, les ru- diments des doigts sont dirigés en avant, ce qui suppose déjà la torsion de l'humérus de 1800, quoique cet os ne soit pas encore formé. Il en est de même de la composition du chapiteau tibial qui apparaît des l'origine tel qu'il sera toute la vie. Vainement on chercherait des noyaux osseux parti- puliers a la partie cubitale et à la partie radiale de ce chapiteau. Le dépôt ( i85 ) de sels calcaires n'est qu'un procédé de solidification de l'os qui existe déjà comme organe, lorsqu'il n'est encore qu'à l'état cartilagineux. L'embryo- logie zoologique, celle qui consiste à étudier les variations et le perfection- nement du type dans la série animale, peut seule élucider ces questions en dévoilant peu à peu les lois générales qui ont présidé à la création du monde organisé. » RI. de Saint- Venant demande et obtient l'autorisation de reprendre le Mémoire qu'il a présenté dans l'avant-dernière séance concernant « l'in- fluence retardatrice de la courbure dans les courants d'eau. » M. Cazenave fait hommage à l'Académie de son éloge historique du Dr Grateloup, de Bordeaux, et exprime le désir d'être compris dans le nombre des candidats pour une place en ce moment vacante de Correspon- dant de la Section de Médecine et de Chirurgie. (Renvoi à la Section de Médecine et Chirurgie.) A 4 heures un quarts l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. F. BULLETIN bibliographique. L'Académie a reçu dans la séance du 20 janvier 1 862 les ouvrages dont voici les titres : Le Jardin fruitier du Muséum ; par M . J . Decaisne; 5 Ie livraison. Paris, 1861 ; in-4°- Des accidents fébriles à forme intermittente et des phlegmasies à siège spécial qui suivent les opérations pratiquées sur le canal de l'urètre; par M. Edm. Marx. Paris. 1861 ; in-4°. (Destiné par l'auteur au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) Eloge du Dr de Grateloup de Bordeaux; porM.J.-J. Casenave. Paris, 1 862, 111-80. C. R., 1862, 1er Semestre. (T. LIV, N° 5.) 2"* ( '86) Eludes sur le scorbut; par le Dr A. Netter. (Extrait de la Gazette médicale de Paris.) Paris, 1862; in-8°. Mémoire sur la genèse et te développement des follicules dentaires chez les Mammifères; par les D™ Ch. B.OBIH et E. Magitot. Paris, 1860-61 ; in-8°. ( adressé au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) Catalogue des Brevets d'invention; année 1861 , n° 8. Paris, 1861 ; in-8°. Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont ete pris sous te régime de la loi du 5 juillet r844 ; *• XXXIX. Paris, 1861, in-4°. Description des machines et procédés consignés dans les brevets d'invention, de perfectionnement et d'importation dont la durée est expirée et dans ceux dont la déchéance a été prononcée; t. XCII. Paris, 1861 ; in-4°. Monatsbericht.. . Comptes rendus mensuels des séances de l'Académie royale des Sciences de Berlin. Septembre, octobre et novembre 1861 ; in-8°. Znr théorie... Sur la théorie du quartz ; avec, des considérations sur la pola- risation circulaire; par le Dr Jenzsch. Erfurth, 1 861 ; in-8°. Arsskrift... Annuaire de la Société royale des Sciences d'Upsal. Upsal, 1860-1861 ; tom. I et II; in -8°. Nova acta regiœ Societatis scientiarum Upsaliensis. Seriei tertia: vol. II et III. Upsaliie (1 856-1 858) et 1861; 2 vol. in-4°. Biographie n... Biographies pour servir à l'histoire delà civilisation en Suisse; par le Dr Rudolf Wolf. Zurich, 1858-1862; 4 vol. in-8". Memorie... Mémoires de l'Institut royal Lombard des Sciences, Lettres et Arts. Vol. VIII, n° 2 de la ie série. Milan, 1861 ; in-4u ( ,87) ERRATA. Vrolume LIN, n° 2(j, |>. i 184 et 85, Programme du Prix Boudin, question concernant l'histoire anatomique et physiologique du corail. C'est par stiite d'une erreur typographique que la clôture de ce Concours a été indiquée pour le 3i décembre 1861 ; le Concours reste ouvert jusqu'au dernier jour de 1862, ainsi que l'annonce la première édition de ce programme donnée dans le Compte rendu de la séance publique du 25 mars 1861 t. 1,11, p. 6i5et6t6. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 27 JANVIER 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. astronomie. — Note à l'occasion du dernier Compte rendu; par M. Le Verrier. « Quand on compare les ascensions droites d'étoiles éloignées en décli- naison et observées avec des lunettes différentes, on remarque souvent des anomalies dans les résultats. Pour la Chèvre et Rigel en particulier, on eût pu se demander si ces anomalies tenaient exclusivement aux observations, ou si le mouvement propre ne devait pas y être pour quelque chose. » De là la nécessité de connaître si les instruments des passages ne don- nent pas lieu à des erreurs systématiques avec la déclinaison. » Après avoir présenté dans la dernière séance un travail de M. Villar- ceau sur ce sujet, j'ai dit que j'avais résolu la question pratiquement, en comparant les résultats auxquels on arrive lorsqu'on observe successive- ment dans les positions directe et inverse de l'instrument. » Cette Note n'ayant pu trouver place au Compte rendu de la séance, je prie l'Académie de m'excuser si je la mentionne de nouveau aujour- d'hui. » « M. Milive Edwards présente à l'Académie la première partie du VIIe volume de son ouvrage sur la Physiologie et l' Anatomie comparée C. R., 1862, 1" Semestre. (T. LIV, N» 4.) 25 ( -9" ) de l'homme et des animaux; ce fascicule est consacré à l'étude des phé- nomènes chimiques et physiologiques de la digestion et à l'histoire des sécrétions en général. » M. Lamé dépose un paquet cacheté. ASTRONOMIE. — Passage de Mercure sur le Soleil; Lettre de M. Valz ci M. Elie de Beaumont, en réponse à une Note de M. Le Verrier. « Dans sa réponse à la Lettre que j'ai écrite sur le passage de Mercure, M. Le Verrier me reproche de ne pas avoir deviné une faute d'impression ; mais il s'abstient entièrement de mentionner que j'avais été au-devant d une pareille explication en disant : « On ne sauiait admettre d'erreur sur le temp> de l'apparition de Mercure, car les journaux de Marseille du lendemain du passage la donnaient pour l'observatoire à yb 29™. » Ainsi donc l'explication donnée ne saurait rendre compte de la contradiction entre les deux relations, qui est encore bien plus grande par l'explication donnée, et n'est donc pas aussi futile qu'on veut bien le dire. Du reste, je pourrais y ajouter encore une nouvelle confirmation, car M. Tempel, adjoint démissionnaire, à qui j'ai demandé quelques éclaircissements à ce sujet, m'a répondu que lorsque Mercure fut aperçu à travers les nuages, il était assez loin des bords du Soleil et non par conséquent près du contact, comme il l'était à gh 3g"1 20s. »• 31. le Secrétaire perpétuel fait hommage a l'Académie, au nom de M. Seguin aîné, d'un exemplaire de son « Mémoire sur les causes de la cohésion » et lit l'extrait suivant de la Lettre qui accompagnait cet envoi. « Ce Mémoire est le résumé de tous ceux que j'ai lus à l'Institut depuis l'année 1848; il contient l'exposé et les conséquences de la nouvelle doc- trine sur l'identité du calorique et du mouvement considérés comme les manifestations sous des formes différentes d'une seule et même cause. » La découverte de ce principe est due au génie puissant de mon oncle le célèbre de Monlgolfier, de l'Institut, qui, en l'année 1800, me trans- mit ce glorieux héritage avec la mission que j'ai accomplie jusqu'ici de consacrer ma vie entière à éclairer cette grande idée, en développer les conséquences, et parvenir, s'il était possible, à la faire prévaloir : résultats qu'il considérait comme la plus grande victoire que put remporter la vérité sur l'erreur. IÇ>i ) » Tous les efforts que j ai faits depuis lors poui répandre les doctrines de Montgolfier ont été à peu près infructueux; c'est à peine s'il en est entré, à de rares intervalles, quelques éléments dans l'enseignement. Je considère donc tout ce que contient mon Mémoire plutôt comme des objections à la manière dont la science envisage le mode d'action qu'exercent les uns sur les autres les corps matériels soumis à l'empire de la loi de l'attraction que comme destiné «à venir s'ajouter au dépôt des connaissances humaines, dans la partie de la science à laquelle se rapportent tous les Mémoires que j'ai publiés jusqu'ici sur le même sujet. Aussi je n'ai pas l'espérance que ce der- nier travail soit lu et encore moins apprécié par les géomètres et les ana- lystes, mes honorables confrères de l'Institut, plus que ne l'ont été les précédentes communications que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie sur ce même sujet; mais je ne suis ni étonné ni découragé de cette indifférence qui me paraît toute simple et être l'image naturelle de la manière dont ont été établies et finalement adoptées toutes les réformes scientifiques basées sur des principes aussi clairs et aussi incontestables que ceux sur lesquels s'appuie notre célèbre confrère de Montgolfier. » M. Élie de Beaimoxt fait hommage à l'Académie, au nom de l'au- teur sir Roderick Impey Murchison, d'un opuscule avant pour titre : « Sur Pinapplicabilité au groupe permien du nouveau terme Dyas proposé par le Dr Geinitz. M. Eue de Beaumoxt donne communication de la Lettre suivante par laquelle M. Vesselofski, Secrétaire perpétuel de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg, annonce à l'Académie des Sciences la mort d'un de ses Correspondants pour la Section de Géométrie, M. Oslroqradski. '< Je remplis un pénible devoir en venant vous informer de la perte bien douloureuse que l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg a faite dans la personne de M. Ostrogradski, décédé à Poltava, le 20 décembre 1861 ( ier janvier 1862), par suite d'une longue et pénible maladie. Nous avons tout lieu de croire que la douleur où nous a plongés la mort de l'illustre géomètre, sera également partagée par l'Académie de Paris, qui le comptait parmi ses Membres correspondants. » 25.. ( l92 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaix publics transmet un Supplément à un Mémoire île M. Reed de Londres sur le trai- tement du cholera-morbus. { Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie constituée en Commission spéciale.) géologie. — Becherches sur les produits de la vulcanicilé correspondant hua différentes époques géologiques ; par M. Pissis. (Transmis par M. le Ministre d'État. ) (Commissaires, MM. Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée. ) « En jetant \m coup d'oeil rétrospectif sur l'ensemble des faits qui viennent d'être exposés, dit l'auteur en terminant son Mémoire (i), on aperçoit une suite non interrompue de phénomènes vulcaniques commençant en même temps que les grandes dislocations de l'écorce terrestre qui ont produit la chaîne principale des Andes et se continuant jusqu'à l'époque actuelle. L'injection des matières fluides qui ont formé les masses trachytiques com- mence cette série, et la puissante formation de conglomérats qui les recouvre montre qu'avant d'atteindre la surface (\u sol elles ont dû éprouver de puis- sants mouvements d'oscillation, qui ont broyé les roches qui se trouvaient sur leur passage, tandis qu'une partie de ces mêmes roches se dissolvait dans la masse fluide dont elle changeait la composition au point de produire les nombreuses variétés d'aspect et de structure que présentent ces masses. Pen- dant que ces matières venaient remplir les parties les plus larges des failles produites par le soulèvement, des fluides élastiques s'échappaient avec vio- lence, projetant au loin tout ce qui leur opposait quelque résistance et cou- vrant le sol des débris qui forment aujourd'hui les conglomérats ponceux. (.es communications avec l'intérieur, une fois déblayées par ces actions vio- lentes, laissaient une libre issue aux fluides élastiques et à la vapeur d'eau qui s'échappaient de la masse incandescente, emportant avec eux toutes les ma- tières que présentent les solfatares. Enfin le dégagement d'une aussi grande quantité de fluides élastiques s'échappant sous une pression énorme devait produire dans les parties où il avait lieu un refroidissement plus rapide que (i) Ce Mémoire est adressé de Santiago (Chili) et les observations qui y sont consignées se rapportent aux parties de l'Amérique méridionale qu'explore depuis plusieurs années le savant et zélé géologue. ( «93) dans le reste de la masse fluide; il arrivait un moment où la température n'e- tait plus sulfisante pour porter l'eau à l'état de vapeur, et ces évents se chan- geaient en sources thermales dont les dépôts successifs finissaient par obstruer entièrement les issues, laissant ainsi un filon métallifère comme dernier ré- sultat de l'action de toutes ces forces. » Pendant que l'action vulcanique paraissait ainsi s'éteindre sur quelques points, les fluides élastiques comprimés s'ouvraient brusquement un pas- sage sur les parties moins résistantes et donnaient lieu à une nouvelle série de phénomènes entièrement semblable à la précédente. » Dans les parties les plus fracturées, là où les failles du système des Andes avaient rencontré des dislocations plus anciennes, la pression des fluides élastiques, peut-être même celle des masses solides qui n'avaient point encore trouvé leur position d'équilibre, pesaient sur la masse fluide et la faisaient refluer jusqu'à la surface du sol, produisant les coulées de laves et les cônes de scories. Pendant toute cette longue période, l'action vulcani- que n'a cessé de se manifester sous les mêmes formes, produisant par inter- valle des coulées de matières fluides, des cônes de scories ou des solfatares; mais l'intensité de cette action paraît avoir diminué graduellement, depuis le soulèvement de la chaîne principale des Andes jusqu'aux temps actuels soit que les principales issues aient été obstruées par les injections de laves ou les dépôts des eaux thermales, soit que les parties disloquées de l'écorce terrestre, s'étant peu à peu équilibrées comme les pierres d'une voûte, ne pèsent plus aujourd'hui sur la masse fluide aussi fortement qu'à cette époque. » Un autre fait qui ressort de l'étude comparée de ces pbénomènes, est le rôle de plus eu plus important de la vapeur d'eau à mesure cpie l'on approche de l'époque actuelle, et il est tout naturel de se demander quelle est l'origine de cette grande masse d'eau qui s'échappe sans cesse des vol- cans et des solfatares. Ce corps fait-il partie de la masse fluide, où il serait maintenu à l'état liquide par l'énorme pression qui doit avoir lieu à ces profondeurs? pénètre-t-il, au contraire, par voie d'infiltration de la surface jusqu'à la masse incandescente? Sans vouloir rien préjuger à cet égard, on nous permettra d'indiquer encore quelques faits qui semblent se rattacher à l'influence des eaux d'infiltration sur les phénomènes volcaniques. On croit généralement, dans toute la partie de l'Amérique du Sud sujette aux tremblements de terre, que ces mouvements du sol sont plus fréquents du- rant la saison des pluies jusqu'à l'époque des sécheresses; depuis une dou- zaine d'années que nous habitons le Chili, cette assertion ne s'est point "!)4 ) •Inmentie : nous avons pu non-seulement en constater [exactitude, mais en- core nous assurer que les années où les pluies étaient plus abondantes, les tremblements de terre étaient aussi plus fréquents. Si l'on considère qu'à cette époque la région des Andes se trouve couverte d'une épaisse couche ■ le neige qui se fond sans cesse sur la surface en contact avec le sol, on est conduit à admettre que les infiltrations doivent être plus abondantes, et s'il existe encore des failles communiquant avec l'intérieur, de grandes masses d'eau peuvent arriver jusqu'aux matières incandescentes et produire par leur expansion les secousses qui donnent lieu aux tremblements de terre. » M. Païen dépose la Note suivante de M. M use u lus : « L'auteur, dit-il. rappelant les résultats de plusieurs des expériences que j'ai communiquées dernièrement à l'Académie et ses propres observations, les interprète dans le sens de la théorie qu'il avait émise. Il peut être intéressant pour les chimistes de comparer ces interpré- tations différentes et je désirerais que la Note de M. Musculus put trouver place dans le Compte rendu. » CHIMIE OKGANIQDE. — Nouvelle Noie sur la transformation de l'amidon en dextrine et glucose; pur M. T. Musçulus. (Présentée par M. Payen.) " L'année dernière, j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie nue Note dans laquelle j'ai essayé de démontrer que la transformation de l'ami- don en dextrine et glucose, sous l'influence de la diastase ou de l'acide sulfurique étendu, était plutôt une décomposition qu'une hydratation, précédée d'un changement isomérique. Les résultats que j'avais obtenus viennent d'être contestés par M. Payen (Compte rendu de C Académie des Sciences du 3o décembre 1861). Comme, parmi les observations citées dans ce travail, quelques-unes concordent avec les miennes, et que d'autres me paraissent confirmer d'une manière heureuse l'opinion que j'ai émise, je demande la permission à l'Académie de soumettre à son jugement les re- marques suivantes : » M. Payen pense que j'ai été induit en erreur par la structure particu- lière du grain d'amidon qui a pu me faire trouver accidentellement des mé- langes de glucose et de dextrine, à cause de la plus ou moins grande agré- gation des différentes couches dont il est formé. Or l'expérience fonda- mentale, celle qui m'a décidé a adopter une opinion contraire à celle gé- genéralement admise, expérience que j'ai citée dans ma première INole, est tout a lait indépendante de la structure du grain d'amidon. Cette expé- rience, la voici : » Si l'on fait digérer de l'amidon avec une solution de diastase, et si I on dose de temps en temps la glucose qui s'est formée, on remarque que la (juantité augmente jusqu'à ce que tout l'amidon ait disparu (ce qu'on re- connaît facilement par la teinture d'iode). A partir de ce moment, il ne se produit plus de sucre, quelque temps qu'on chauffe, quoi qu'il y ait encore dans la liqueur de la dextrine non transformée, comme M. Paven l'a trouvé lui-même. Mais si l'on remet une nouvelle quantité d'amidon, la sac - charification recommence, pour s'arrêter de nouveau, quand il n'y a plus d'amidon, et ainsi de suite, jusqu'à épuisement du pouvoir de la diastase. ce qui arrive, d'après MM. Persoz et Payen, quand i partie de diastase ,t dissous 2000 parties d'amidon. » Comment expliquer ce phénomène dans l'hypothèse que l'amidon se transforme d'ahord en dextrine, puis en glucose? Il faudrait admettre que la diastase a pins de. pouvoir sur une partie de dextrine que sur une autre, ce qui ne me paraît pas possihle. » En opérant avec l'acide sulfurique étendu, j'ai dit que la même chose avait lieu, avec cette différence que la saccharificalion continue même quand d n'y a plus d'amidon, mais avec une extrême lenteur; c'est ce que M. Paven a reconnu aussi, puisque, pour obtenir le maximum de glucose, il a été obligé île chauffer pendant cinq heures de suite. Comme l'opération marche plus vite quand on chauffe à une pression supérieure à om,76, j'ai conseillé d'opérer en vase clos, pensant qu'on obtiendrait, outre l'économie, un produit moins coloré; car on sait que si l'on fait bouillir pendant long- temps une solution de glucose, elle brunit fortement. En ajoutant une nou- velle quantité d'amidon, la formation de glucose est considérablement accé- lérée, et au bout de vingt-cinq à trente minutes, si l'on opère avec tic l'amidon désagrégé, la liqueur ne bleuit plus avec de la teinture d'iode. » Comme j'ai toujours trouvé, après chaque addition d'amidon, et en arrêtant l'opération au moment où la liqueur ne bleuit plus avec la teinture d'iode, qu'une partie seulement de cet amidon avait été saccharifiée, et con- stamment la même, j'en ai conclu qu'il y avait eu dédoublement et non changement isomérique, puis hydratation. » En disant que les quantités constantes de dextrine et de glucose qui se forment dans cette réaction étaient dans le rapport de 2 :i, je n'ai voulu parler que de celles qui provenaient de la décomposition de l'amidon. 11 n'est donc pas étonnant que M. Payen soit en désaccord avec moi, quoique, ( 196 ) pour trouver ces proportions, j'arrêtasse l'opération au moment où la tein- ture d'iode accusait la disparition de l'amidon, tandis que M. Paye!) con- tinue à chauffer jusqu'à ce qu'il ne se forme plus de glucose. >■ Cependant, en comparant les résultats de l'expérience n° 5 du Mé- moire de M. Payen avec celle n° 1, on voit que l'accord se rétablit. » Dans la première opération, M. Payen a obtenu avec de la diastase 2f'),o3 pour 100 de glucose, et dans la seconde, en épuisant l'action de l'acide sulfurique au yf^, 83, 06 pour 100, ce qui approche sensiblement des proportions que j'ai indiquées. « Cela s'explique facilement : dans l'expérience n° 5, la diastase n'a saccharine que l'amidon, tandis que dans celle n° 1 l'acide sulfurique a saccharine l'amidon et la dextrine. » Dans une autre expérience, M. Payen dit qu'il a obtenu jusqu'à o,5o de glucose, en opérant avec de la diastase sur de l'empois. » Je n'ai jamais pu arriver à cette proportion, même en chauffant pen- dant vingt-quatre heures après la disparition de l'amidon. « Ce résultat prouverait que la glucose ne paralyse qu'incomplètement l'action de la diastase sur la dextrine, et rapprocherait ainsi davantage la manière d'agir de la diastase de celle de l'acide sulfurique étendu. Mais si la glucose s'oppose plus ou moins à la saccharification de la dextrine, elle ne s'oppose pas à celle de l'amidon, d'où on peut conclure que, tant qu'il v a de l'amidon dans la liqueur, la dextrine n'est pas attaquée. > Enfin, M. Payen a trouvé que l'action de la diastase s'exerce encore à io° au-de,ssous de zéro(?) et qu'à cette basse température, comme aux températures plus élevées, il se forme toujours un mélange de glucose et de dextrine; on n'est jamais parvenu à obtenir de la dextrine sans glucose » Je crois qu'on peut considérer ce résidtat comme une confirmation du fait tpie je cherche à établir. Conclusion. » Si on admet que l'amidon se transformée!) glucose en passant préala- blement par l'état de dextrine, sous l'influence de la diastase ou des acides étendus, n'agissant que par leur présence, on arrive à cette conclusion : » Qu'un corps, rien que parce qu'il se trouve en présence d'un autre corps, subit toute une série de métamorphoses. Nous voyons bien, dans un assez grand nombre de réactions chimiques, des décompositions ou des combinaisons s'effectuer sous l'influence de la force catalytique, mais nulle part cette force mystérieuse ne détermine à la fois une désagrégation, une ( '97 ) dissolution, un changement isomérique et une hydratation. 11 n'est donc pas étonnant que des chimistes aient cherché une autre explication de ce phénomène. » M. Lutz, dans une thèse remarquable sur le rôle de l'eau dans les phé- nomènes chimiques, a comparé la transformation de l'amidon en glucose à une saponification. Ce chimiste a supposé, en s'appuyant sur l'existence et les propriétés de l'acide sulfoglucique, la formation d'un éther composé de l'alcool glucosique (M. Berthelot), qui, ne pouvant exister en présence.de l'eau à une température élevée, éprouve, immédiatement après sa forma- tion, une décomposition, en vertu de laquelle il se produit de l'acide sul- furiqne hydraté et de la glucose, S2O6C,2H,0O'0 4-4HO = S206, 2HO + C<2 + H"0,,1 Mais ce qui manque à'cette ingénieuse hypothèse pour que l'analogie soit complète, c'est précisément le fait que je signale. » Alors on peut dire que l'amidon, sous l'influence de l'acide sulfurique, se dédouble en dextrine et glucose avec fixation d'eau, exactement comme les corps gras, qui donnent, avec le même acide, un acide gras et de la gly- cérine avec fixation d'eau. Avec cette différence cependant que l'un des produits de la décomposition de l'amidon peut se transformer dans l'autre, ce qui n'arrive pas avec les corps gras. » Du reste tous les autres cjlucosides se décomposent d'une façon analo- gue : on obtient toujours sous l'influence de l'acide sulfurique, ou delà po- tasse, ou d'une substance azotée, delà glucose avec assimilation d'eau, et un autre corps. » La salicine donne de la glucose et de la saligénine ; la phlorizine, de la glucose et de la phloritine ; le tannin, de la glucose et de l'acide gallique, etc. » chimie organique. — Action du protochlorure diode sur quelques substances organiques; par MM. Schutzeniîerger et Sexgexwald. (Extrait par les auteurs. ) (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze.) « I. Action du protochlorure diode sur le nitrobenzoate de soude. — Nous avons cherché à appliquer au nitrobenzoate de soude la réaction qui, avec le benzoate, donne, d'après un travail publié récemment par l'un de nous, de la benzine mono-iodée et bi-iodée, réaction exprimée par les C. R., 1S62, 1er Semestre. (T. LIV, N° 4.) 20 ( i9» ) équations C,4H5INa04 + ClI = ClNa+CMH5IO\ C,4H5I04 = C204+C,2H5I, a(CMH5I04) = C204 + C,2H4F + C,4H604. ». Quand on mélange équivalents égaux de nitrobenzoate de soude et de protochlorure d'iode, la masse s'échauffe et l'odeur de ce dernier produit disparait; en chauffant le produit brut de cette réaction au bain de sable, on observe un dégagement régulier d'acide carbonique : le résidu contient alors du sel marin, de l'iode libre, de l'acide nitrobenzoïque et un produit huileux qu'on sépare facilement en traitant le résidu par une lessive étendue de soude qui le laisse intact en dissolvant les autres corps. Ce liquide est un mélange de nitrobenzine mono-iodée qui passe à environ 2900, et d'un corps solide cristallisable, qui probablement représente la nitrobenzine bi-iodée. Ce dernier a été obtenu en trop petites quantités pour l'analyse. .. La nitrobenzine mono-iodée est liquide, jaune, d'une odeur pronon- cée d'amandes amères, soluble dans l'alcool, l'éther, insoluble dans l'eau. » Elle se forme d'après les équations C,4H^Az04)Na04 + ClI = C,4H4(Az04)IO, C,4H4(Az04)I04 = C204 + C,2H4(Az04)I. » II. Action du protochlorure d'iode sur le hromobenzoale de soude. — Un mélange d'équivalents égaux des deux corps s'échauffe et perd l'odeur du chlorure d'iode; à la distillation sèche, il dégage de l'acide carbonique, de l'iode, de l'acide bromobenzoïque et des liquides huileux insolubles dans l'eau et les lessives alcalines. Le liquide huileux contient de la benzine mo- no-iodée et un produit bouillant vers 3oo° qui se dédouble par lebullition avec une solution alcoolique de potasse en bromobenzoate de potasse et phénate de potasse. Ce dernier serait, d'après cela, du bromobenzoate de phényle produit par la réaction suivante : 2(C,4H4Bzl04) = C204 + I2 + C,4II4(C,2H5)Br04. » Nous avons reconnu que le liquide huileux bouillant vers 3oo° qui se tonne par la décomposition du benzoate d'iode, contenait également, eu mélange avec une substance iodée, un corps capable de se dédoubler par l'ébullition avec la potasse en benzoate et phénate de potasse. » Si on se rappelle que l'acétate diode se décompose par la chaleur en acétate de méthyle et iodure de méthyle, on verra que le mode de transfor- ( '99 ) mation du benzonte, du nitrobenzoate et du bromobenzoate de soude, est tout à fait le même. » Nous n'avons pas pu obtenir dans la réaction précédente la benzine bromo-iodée que nous cberchions. » III. action du prolocli/orure d'iode sur t acide phénique. — Ces deux corps agissent l'un sur l'autre avec énergie et production de grandes quan- tités d'acide cblorhydrique. Le produit de la réaction se dissout dans la soude; la solution donne, avec l'acide chlorhydrique, un précipité liquide, épais, blanc-grisâtre; par ce traitement, on débarrasse le liquide primitif d'une certaine quantité d'iode libre. » La substance purifiée ainsi ne peut être distillée sans décompo- sition à la pression normale : elle dégage en effet, quand ou la chauffe, beaucoup d'iode, et il se forme des quantités notables d'acide rosolique, soluble en rouge-cramoisi dans les alcalis. En distillant dans le vide, nous avons pu partager le liquide en deux parties : l'une liquide que l'analyse a démontré être de l'acide phénique mono-iodé; l'autre solide, dure, cas- sante et amorphe, contenant un peu d'acide rosolique et de l'acide phé- nique bi-iodé. » La génération de ces deux corps est exprimée par les équations C'2 H6 O2 + Cl I == C1H + C,2H5I02, C,3H5I02 h- Cil = CIH -+- C,2H4I202. » L'acide phénique mono-iodé est liquide, sirupeux, incolore, plus dense que l'eau, d'une odeur persistante qui rappelle celle de l'acide chlorophé- nique, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther ; il se combine aux ^alcalis pour former des sels insolubles dans une lessive concentrée de potasse ou de soude, très-solubles dans l'eau pure, incristallisables. Il est décomposable par la chaleur et ne distille intact que dans le vide. L'acide phénique bi-iodé est solide, incolore, fusible vers iio°, très-peu soluble dans l'eau, un peu plus dans l'eau alcoolisée bouillante, d'où il se dépose sous forme de fines aiguilles aplaties, d'une odeur faible rappelant celle de l'acide chlorophénique, soluble dans l'alcool, l'éther et les alcalis, avec lesquels il forme des sels très-solubles dans l'eau pure, insolubles dans une lessive concentrée. La chaleur le décompose avec mise en liberté d'iode et formation d'acide rosolique. » On voit, d'après les faits contenus dans ce Mémoire, que le proto- chlorure d'iode pourra être employé avec avantage pour la préparation de dérivés de substitution iodés. » 26.. ( 20O ) GÉOLOGIE. — Etudes sur ta structure du globe terrestre; par M. H. de Villexeuve-Flayosc. (Commissaires déjà nommés : MM. Élie de Beaumont, d'Archiac et M. Ch. Sainte-Claire Deville, en remplacement de feu M. Cordier.) « Dans un Mémoire présenté à l'Académie le 29 mars i858, nous avons exposé que, sur une sphère, des lois de direction représentées par des angles de plans de grands cercles devaient engendrer des lois corrélatives pour les arcs de grand cercle. C'était, avec un point de départ différent, se placer dans le système de recherches que M. Élie de Beaumont a éclairé de ses découvertes. » Nous avons signalé dans les longueurs des faîtes et des thalwegs, dans Jes montagnes et les vallées, des rapports avec des types déterminés qui s'expriment par des nombres très-simples : nous avons montré que les ligues d'affaissement et de soulèvement se produisaient dans un même groupe par périodes régulières. Au point de vue de la théorie de la terre, comme à celui de la pratique des exploitations minérales, cette étude est des plus importantes, et nous venons en offrir la suite. » D'après nos recherches, les îles .sont comme les embryons des conti- nents : elles en sont les types et les étalons métriques. Le groupe le plus re- marquable de la Méditerranée est celui des îles de Corse et deSardaigne. » Ce type se reproduit à la fois par les montagnes et les grands thalwegs de l'Europe, par la chaîne des Pyrénées, par l'ensemble des chaînons qui se développent depuis Toulon jusqu'à Bâle, par les Asturies, par les thal- wegs des grands bassins des fleuves européens, le Rhin, le Rhône, le Pô, la Seine, la Loire, la Garonne, le Tage, le Cuadalquivir, et avec un remarqua- ble développement par le grand bassin européen, le Danube. Ce même éta- lon oltre des rapports géologiques minutieusement répétés par certaines contrées. Non-seulement le grand diamètre delà Provence, d'Arles à Nice, donne la longueur totale du cap Corte au cap Longo-Sardo où commence la Sardaigne, mais encore les terrains primitifs et volcaniques de la Pro- vence reproduisent les longueurs extérieure et intérieure du terrain pri- mitil de la Corse. La largeur du terrain primitif de la Corse se dédouble : une moitié offre la largeur des terrains primitifs de la Provence ; l'autre moitié dessine le contour des masses de gypse épigénique de la même con- trée. Les limites des rivages de la Provence sont circonscrites dans un cer- ( aor ) cle de même ravon que celui qui enferme les dentelures des rives occiden- tales de la Corse, et ce rayon est à la fois la longueur du thalweg du bassin du Var et la distance qui sépare entre elles les trois grandes sources de la Provence: Vaucluse, Fontaine-l'ÉvéQUE et Port-Miou. La Provence et la Corse résultent d'une même formule géologique, avec le seul changement de la valeur des variables. » Les longueurs de la Corse et de la Sardaigne sont liées par une loi géométrique. La Sardaigne est le côté du triangle équilatéral inscrit dans un cercle dont le rayon serait la longueur du terrain primitif de la Corse, et le terrain primitif de la Corse dérive de la même manière de la longueur totale du demi-diamètre de la Corse. » Enfin la longueur totale des deux îles dérive encore, de la même ma- nière, d'un triangle équilatéral inscrit dans le cercle dont le rayon est la Sardaigne elle-même. » Ces dérivations par générations successives de triangles équilatéraux dont le côté du triangle équilatéral précédent devient le rayon, se dessinent par des nœuds, des sutures ou des solutions de continuité. Le détroit de Bonifa- cio est placé aux — de la longueur totale des deux îles, en partant du cap Corte. En langage algébrique, si la Corse et la Sardaigne est i, la Sardaigne sera —, la Corse = et le détroit de Bonifacio sera placé entre i s/y n-v/3 V3 et — - — =1 ce qui reproduit à peu près les — de la longueur. n-y/3 H v r l IO » La séparation des masses des deux îles produite par le détroit est le trait principal, l'accident le plus remarquable de leur forme. Ce trait île discontinuité, cette faille séparative se reproduit dans les chaînes de mon- tagnes, dans les rivages des mers et des lacs, dans les bassins houillers et sédimentaires, clans les groupes des sources thermales, dans les sources ordi- naires et dans les filons; tous les gisements portent la forte empreinte de cette loi de coordination. Nous la trouvons dans le bassin houiller de la Loire comme dans le bassin à lignite des Bouches-du-Bhône. » La structure de l'ensemble du globe terrestre justifie l'énoncé de la loi générale. » Les plus grands développements des masses continentales se dessinent des deux côtés du détroit de Behring. L'ancien monde mesuré par l'arc d( grand cercle de Behring au cap de Bonne-Espérance, et le nouveau monde de Behring au cap Horn. ces deux arcs faisant ensemble l'angle de i "20° et la ( U02 ) Nouvelle-Hollande donnant, vers son centre, la bissectrice de l'angle précé- dent, de façon que les trois angles de fracture de moindre contour, de 120° chacun, se montrent autour du centre Behring. » Les deux masses continentales comparées au grand cercle total sont i43° '35' nouveau monde, i47°56' ancien monde; les parties marines des deux grands cercles, devenant ainsi — à — ? reproduisent, en se rap- 8 100 100 r r prochant du système pentagonal de M. EliedeBeaumont,larelation— =: tandis que la Nouvelle-Hollande et la Nouvelle-Zélande, dans leurs limites Sud, offrent la longueur -_ X -7= ou ?de la circonférence, soit 1 200 de longueur, ft ^3 \/3 3 » en degrés de méridien. » Eu dernier résumé, il est si vrai que les terres et les mers offrent le rap- port de 1 à —dans leurs axes de coordination semblables, que ces surfaces, dont le rapport est le carré de ces axes, offrent la proportion très-approchée de 1 à 3. » Considérés à part, les axes des masses continentales offrent dans leurs isthmes la même loi de subdivision et de suture. Les isthmes de Suez, de Pa- nama, le détroit de Totrès, séparation de la Nouvelle-Hollande, sont sur le même parallèle dont le centre est Behring, et dont la longueur du rayon est la fraction — des axes des masses continentales. » Tous les traits principaux de la forme des continents se coordonnent uniformément sur les mêmes petits cercles dont Behring est le centre (1). 1 ; Centre Behring. Calcul trigonométrique des longueurs des arcs de grand Degrés cercle, rapportés au point de départ à Behring; lati- du tude N. 66°, longitude O. 171°. méridien. DeBehriDg au cap de Bonne-Espérance, dont la lati- tude est 34°24' S., longitude ¥.. i6°8' l4ri.56.IO Axes des continents. . ( . ^ ' ° . . *' De Behring au cap Horn, latitude 55°, longitude o. 67° 143.35.20 Isthmes. De Behring à la pointe de l'isthme de Suez 84 ■ 9 De Behring au fond du golfe de Darien, isthme de Panama 84 De Behring au cap York 84-25 ( 203 ) » Les grandes montagnes du grand continent Asie-Afrique sont sur un même parallèle de Behring qui coordonne les Himalaya, le massif du Cau- case et de l'Ararat, les Alpes vers le mont Blanc, et le plateau central de la France au mont Dore. » A leur tour les grandes inflexions de la Nouvelle-Hollande prise à sou angle rentrant au sud, de l'Afrique, de l'Amérique, sont sur un même pa- rallèle de Behring. Les trois grandes Méditerranées de la terre avec les grands foyers volcaniques qui les caractérisent, soit au golfe du Mexique, soit dans la Méditerranée européenne, soit dans celle des îles de la Sonde, offrent la même longueur et sont situées sur le même espace annulaire autour du centre Behring. « La symétrie de Behring se manifeste relativement au pôle et aux points de convergence des lignes isothermes et magnétiques; ce que l'on ap- pelle les pôles froids, le pôle magnétique et le pôle proprement dit, sont sur un même cercle décrit autour de Behring. » Si l'on trace les oscillations du cercle polaire dérivées des oscillations de l'angle de l'écliptique, on trouve Behring occupant le milieu de la bande que cette oscillation dessine sur la terre. Et il y a /jooo ans le cercle polaire était à Behring! >' Ainsi les grandes lois astronomiques du mouvement de l'écliptique offrent de remarquables rapports avec la symétrie géographique. L'éclip- tique est le plan des résultantes définitives des actions sidérales sur la terre. De l'écliptique partent les ondulations de l'atmosphère, les ondulations des mers et les vibrations que les éruptions du fluide igné font éprouver constamment au globe. N'est-il pas naturel de voir dans les coordinations des grandes lignes nodales que doivent former tous ces mouvements vibra- toires prolongés, la cause première des traits de la figure terrestre? » De Behring aux Himalaya ; latitude 28°2,j'4o", lon- gitude 88°i5'4o" 68°22. 37" Parallèle des grandes \ De Behring près de Vicence 68. 22. 37 montagnes. . • ( De Behring au mont Blanc 68. 10. 10 De Behring au mont Dore (France) 68. i/{- 3o De Behring au mont Caucase 65. 26.25 De Behring au mont Ararat, 7 1° 68 . 1 3 . 1 2 Inflexion des continents (Mesures prises directement sur un globe) ioq.it Extrémité sud du cap de la Nouvelle- Hollande, Van Diemen et Nouvelle- Zélande. Volcan d'Aconcagua 1 ig. 55 Soit 1 20 ( 204 ) PHYSIQUE DU GLOBE. — Observations physiques et météorolo(ji(jues recueillies à Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées); par M. de Pietra Santa. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Andral, Peligot.) « Thennalilé de Veau minérale de Bonnes. — De nouvelles observations thermométriques faites dans les conditions les plus précises démontrent que, dans les premières minutes, l'eau sulfureuse de Bonnes se refroidit plus promptement que l'eau du Torrent préalablement portée à la menu température de 32°. » Séance du i juillet 1861. — Température de la salle, i5°8o; exté- rieure, i5°. Apres 5 uilnut. 10™ 15m 20ni 25™ 30™ 35™ 40™ 45™ 50™ 55™ CO™ Eau de la Buvette à 32°. . 3o,20 29,00 37,80 27,20 26,50 25,90 25,20 24,70 24,00 23,70 23, 3o 22,70 E. du Torrent portée à 32° 3l ,20 29,40 28,5o 27,50 26,50 25,90 25,20 24,70 24,30 23,60 t3,oo 22,80 » Relevés ozonomélriques. — Des observations faites comparativement au mois de juillet 1861 aux trois stations des Pyrénées, de Paris et de Versailles, il résulte ce qui suit : » i° Aux Eaux-Bonnes la courbe de l'ozone a été en rapport direct avec la courbe de l'hygromètre Saussure ; 20 cette courbe ozonométrique a oscillé entre les nuances 5 et 16 de l'échelle Bérigny ; 3° la courbe obtenue par les papiers de M. Houzeau (deBouen) a montré une concordance parfaite avec la courbe obtenue par les bandelettes Jame (de Sedan ) ; 4° à Paris, bien que l'humidité ait toujours été assez notable de (70 à 85), la courbe de l'ozone s'est toujours tenue entre les degrés 1 et 3 de l'échelle Bérigny : 5° à Versailles il y a eu constamment plus d'ozone qu'à Paris, mais beaucoup moins qu'aux Eaux-Bonnes. » N'avons-nous pas dans ces constatations la démonstration directe que l'air de Paris n'est pas le même que l'air des Pyrénées; qu'il ne contient qm- des traces insensibles d'ozone (oxygène électrisé), tandis que cet élément existe en proportion notable dans les montagnes? » ( îo5 ) mécanique. — Immobilité d'une bille placée sur un disque tournant ; Lettre de M. J.-E. Tardif.» , à l'occasion d'une communication récente de M. Marchand. u Dans une Note de M. Marchand relative à des appareils pour l'élude des tremblements de terre, Note insérée aux Comptes rendus de l' Académie des Sciences (séance du 3o décembre 1 86 1), on lit ce qui suit : « Cependant il est dans les corps une qualité particulière que reconnaît » la dynamique, c'est l'inertie. Supposons, par exemple, qu'une bille par- » faitement ronde soit placée sur une surface unie et parfaitement horizon- » taie; si l'on déplace cette surface brusquement dans son plan en la » poussant soit à gauche, soit à droite, si l'on admet d'ailleurs que le » frottement n'existe pas, la bille n'aura pas bougé, et le déplacement du » plan par rapport à la bille pourra être mesuré. C'est celte considération » théorique qui sert de base aux instruments dont nous donnons la des- » cription dans ce Mémoire. » Maintenant, qu'il me soit permis de faire remarquer que dans une Note relative à quelques nouvelles expériencess de dynamique que j'ai pré- sentée à l'Académie le 9 avril 1 855, et insérée par extrait au Compte rendu de cette séance, je m'exprimais ainsi : « Un plateau circulaire horizontal, parfaitement poli et parfaitement plan, » de verre, d'ivoire, de marbre ou de porphyre, est fixé sur un pied vertical » autour de l'axe duquel on peut lui imprimer un mouvement de rotation » extrêmement rapide à l'aide d'un système de roues dentées » Sur ce plateau et près de son bord, je fais reposer une bille parfaitement » sphérique et parfaitement polie, de même substance que lui ou de toute » autre sur laquelle on voudra expérimenter. » Si l'on imprime alors au support le mouvement gyratoire excessive- » ment rapide dont je viens de parler, la bile conservera l'immobilité. Elle » offrira le phénomène d'un corps libre et immobile supporté par un corps » en mouvement » L'annulation du frottement par l'instantanéité étant une fois bien dé- » montrée, il restera à en déduire les applications scientifiques et pra- » tiques. » » Il résulte de ce simple rapprochement que les appareils de M. Marchand C. R., 1862, 1" Semestre. (T. LIV, N° 4.) 9 — 1.24.42 18(12 Janv. 1. 18.37.18 i4 18.39,0 -1-3. 9. 3i Éléments conclus par P. H. Safford. T= 1861 Dec. 6,9867 T. M. Washington. log7 =9,92400 ; Mouvement rétrograde. 0 ' " / o = 33 1 ,3g. 10 ' Équinoxe apparent du Ier janvier 1862. Q = i45 • 8.78 i 57 est la distance du périhélie au nœud ascendant ? = 4r-58.4o dans la direction du mouvement. 27-- ( 208 ) » De ces éléments, on déduit l'éphéméride iiSh Washington. JU. ©. logA. 1862 Janv. 1 0 r ?.l4.40 -(- 3° 8 9,755 . 3 2l5.37 -+- 8.36 9>7'4 » 5 2l6.49 + i5 9 9-675 » 7 2i8.1Q -H 22.59 9,638 » 9 220. l8 + 32. 3 9,609 » Vers le 20 janvier, la comète s'approchera du pôle nord. « M. Tuttle de son côté a calculé les éléments de l'orbite de la comète : T=i86i Dec. 6,52i3 G. M. T. a , „ TC = I 14-43.59 1 - . Q = i44.43.34 jEqmnoxe apparent. i= 42-26- 18 logç = 9,91944 Mouvement rétrograde. » M. Safford, assistant de notre observatoire, a récemment conclu de ses recherches sur les perturbations d'Uranus, la masse de Neptune - — - _^ — r' Cette valeur s'éloigne peu de celle que j'ai moi-même obte- nue en 1848 par la mesure des élongations du satellite, tandis. que M. Otto Struve trouve —7^ — » '4491 M. Eue de Beaumont présente, au nom des auteurs, les ouvrages suivants : i° Au nom de M. Pouriau, un volume de ses « Eléments des Sciences physiques appliquées à l'Agriculture » . Ce volume traite de la chimie inor- ganique et comprend une étude des marnes, des eaux, etc. a0 Au nom de M. Massimo, un Mémoire écrit en italien, concernant 1< passage de Mercure sur le Soleil observé à Rome par ce savant. M. Ei.ie de Beaumoxt présente à l'Académie de la part de M. Zantcdeschi la description d'un spectromètre qu'il a fait exécuter, et des expériences qui ont été faites avec cet instrument sur les changements qui s'observent dans le spectre solaire. ( 2°9 ) Il fait également hommage à l'Académie, au nom du même savant, d'un Mémoire imprimé intitulé : De la lumière polarisée des comètes, de sa nature probable, et de l'atmosphère des planètes. I! dépose enfin sur le bureau plusieurs Notes manuscrites de M. Zante- deschi, écrites en italien et relatives à différentes questions concernant l'acoustique, l'optique, l'électricité. Ces Notes sont renvoyées à l'examen d'une Commission composée de MM. Pouillet, Babinet, Duhamel, Despretz. M. Elie de Beaumoxt signale encore parmi les pièces imprimées de la Correspondance un « Traité pratique de Médecine légale >, par M. Casper, traduit de l'allemand par M. Gust. Germer-Baillière. « M. Elie de Beaumoxt met sous les yeux de l'Académie un échantillon d'or natif de la Californie qui lui a été communiqué par M. Marcol. Cet échantillon, dont la forme est pyramidale, présente sur ses différentes faces des lignes saillantes disposées avec une sorte de régularité et même de sy- métrie. La question serait de savoir quelle est l'origine de ces figures. C est dans ce but que M. Élie de Beauinont dépose l'échantillon sur le bureau de l'Académie. Il rappelle à cette occasion que, clans la séance du ier février 1 84 1 , il a présenté à l'Académie, de la part de M. Amédée Burat, de l'or natif en feuillets très-minces, trouvé entre les feuillets de certains schistes dans les mines de Taquary, province de Minas (au Brésd). Par leur aspect cristallin et par la manière dont ils reproduisaient tous les accidents des surfaces schisteuses, ces feuillets d'or rappelaient les productions galvano- plastiques (Comptes rendus, t. XII, p. 252). » MM. de Senarmont, Delafosse et Daubrée sont invités à examiner l'échan- tillon communiqué par M. Marcol. PHYSIQUE DU GLOBE. — Température de l'océan Atlantique comparée à celle de l'air, depuis Soulhampton jusqu'à la Havane; Lettre de M. A. Poey à M. Élie de Beaumont. « Dans ma traversée à la Havane, du 3 au 22 novembre dernier, j'ai, d'après l'invitation de M. Charles Sainte-Claire Deville, et dans l'intérêt général de la science, entrepris, à différentes heures de la journée, des observations ( 2I° ) simultanées sur l'état thermométrique des eaux de l'Océan et de l'air, sur les vents régnants, la pression barométrique, l'électricité et la polarisation atmosphérique, la salure de la mer et autres questions. Des observations de cette nature effectuées en pleine mer sont d'un très-grand intérêt au double point de vue de la science pure et de la navigation. C'est en discu- tant des milliers d'observations principalement faites par la marine améri- caine que le lieutenant M.uiry est arrivé à abréger jusqu'à quatorze jours les traversées d'un point quelconque des Etats-Unis à l'Amérique du Sud. ( l'est aussi par la même voie que M. Ch. Sainte-Claire Deville a eu connais- sance des pôles de chaleur et de froid qui tourbillonnent dans la mer des Antilles ! i ), où les courbes s'infléchissent concentriquement. » Je me bornerai pour le moment à fixer l'attention de l'Académie sur l'influence qu'exercent les hauts-fonds sur l'état thermique des eaux de 1 Océan, phénomène qui fut observé pour la première fois en 1776 par Blagden (a), confirmé en 1 789 par Jonathan Williams (3), et plus tard par de Humboldt (4), John Davy (5), Pérou (6) et autres observateurs. L'abais- sement de température que l'on éprouve à l'approche des terres est telle- ment sensible, qu'il peut révéler au navigateur l'existence d'un haut-fond ou d'une côte encore invisible. Williams a souvent observé un abaissement île 1' centigrades pour trois heures de marche lorsqu'on était encore fort loin de tout danger. M. de Humboldt fait à cet égard la remarque judicieuse que « l'observation que la proximité d'un banc de sable est indiquée par un . abaissement rapide de la température de la mer à sa surface n'intéresse » pas seulement la physique, elle peut aussi devenir très-importante pour » la sûreté de la navigation. L'usage du thermomètre ne doit certainement » pas faire négliger celui de la sonde; mais plusieurs expériences prouvent » suffisamment que des variations de température sensibles pour les instru- [ 1 Recherches sur les principaux phénomènes de Météorologie et de la Physique générait aux Antilles Paris, 1849, 'n"4"> P- '89-229. — Annuaire de la Société Météorologique de France, i853, t. I, p. i6o-i65, avec une .carte. 2 Volney, Tableau du climat et du sol des États-Unis d'Amérique. Paris, i8o3, t. I, p. 23l. 3) Mémoire sur l'emploi du thermomètre dans la navigation, lu en i"i)0 à la Société Philosophique de Philadelphie, et traduit en espagnol par Vimercati. Madrid, 1 71 >4 ' in-8°. I Voyage aux régions équinoxiales. Paris, 1816, in-8", p. 109, I2q-i3l, >45, i5i. 3 Lu à la Société Royale de Londres, les i3 et 22 mai 181 7. (> / oyage de découvertes aux terres australes. Paris, 1816, in-4°, t. II, p. 3-.>-4-34 7 . ('2.1 ) » ments les plus imparfaits annoncent le danger Longtemps avant cpie le » vaisseau se trouve sur les hauts-fonds. Dans ce cas, le refroidissement de •> l'eau peut engager le pilote à jeter la sonde dans des parages où il se croyait » dans la plus parfaite sécurité ( i). » » Voici la moyenne diurne des observations que j'ai effectuées de Soutb- ampton à la Havane, du 3 au 11 novembre dernier, à bord >\u bateau à vapeur l'Atlrato : Tempérifhire Tèropérhtùïe Jours. 1I1 la nier. de Pair. Vents. Boromèl 1 3 l3,75 12 o.-s. 0. 3o ,o4 î5o -4 0 -S.-O. «1 . 19 5 15,75 i5 O.-S.-O. 3o,o5 6 17,75 16, 5o O.-N.-O. 2.g , 02 7 2 I , 25 i5 ,5o O.-N.-O. 29,01 8 18, 5o («■) 1 9 , 00 O.-N.-O. 29,04 9 22,2.5 20 ,75 S.-E. 29,08 10 22, 5û 2T ,00 0. au S. 29,06 1 1 22, 75 2 1 ,25 O.-S.-O. M,, n4 12 25,0O 24 , 00 0. 29,05 i3 25,25 24,25 O.-S. auO. 30,07 ■4 26,75 2.5 , OO S.-O.-O. 3o ,08 .5 27,75 24,75 («) S. 3o ,02 16 27,25 26,75 S. 29,07 '7 27,00 {') 27,50 E. 29 , 06 18 27,25(rf) 26 , 5o N.-O. 1.. , >6 '9 ?7,oo(') 25,00 N.-N.-E. » „ 20 27 ,5o 26,75 N-.N.-O. » » 21 27,25 (/) 26,00 N.-N.-O. » ., > 2 27,O0(^) 26,50 E.-S.-E. » » 26,00 (A) 27 ,00 E.-S.-E. 1 i> » (1) Voyage aux régions équinixxiales du Nouveau Confinent, Paris, 1816, t. I, |i. 100. (■) En vue des Açores et à proximité de 4 kilomètres. (6) Ciel couvert. (') Dans la rade de Saint-Thomas. [d) En vue de Samana. En vue du càp Grange Mont Christi, à Saint-Domingue ). (') En vue de Moron, à Cuba . (*) En vue de Matauzas, id. f'1) Dans la baie de la Havane. ( 212 ) » Ce tableau confirme en effet l'exactitude des observations de Blagden et de Williams. Ainsi la température de l'eau a éprouvé un abaissement marqué à l'approche des hauts-fonds ou des terres, comme prés des Açores, dans la rade de Saint-Thomas, dans la baie de la Havane et proche des îles de Puerto-Rico, Saint-Domingue et Cuha, ou soit de Samana, du cap Grange, de Moron, de Matanzas et delà Havane. » chimie INDUSTRIELLE. — Recherches sur lu composition des joules; application à la théorie du puddlage ; par MM. Mixary et Résal. « On admet généralement que la fonte est une combinaison du fer avec le carbone en proportion variable entre 3 et 5 pour ioo, alliée à de petites quantités de quelques autres corps, le silicium, le manganèse, le phos- phore, etc., dont la présence n'est qu'accidentelle et ne dépend que de la nature des minerais employés; ces derniers corps ne doivent pas ainsi être considérés comme des éléments constitutifs de la fonte, bien qu'ils en mo- difient les propriétés physiques dans certaine mesure. » Les nombreuses expériences que nous poursuivons depuis deux ans nous ont conduits à envisager sous un autre point de vue la transformation des minerais en fonte, et à donner l'explication de quelques-unes des réac- tions qui se produisent dans les hauts fourneaux, sur lesquelles on ne pos- sède, à notre connaissance, que quelques notions très-vagues. Toutefois nous ne nous occuperons dans cette Note que de la composition des fontes et des conséquences qui en découlent relativement au puddlage, en nous réservant de revenir plus tard sur la question des hauts fourneaux dès que jious aurons groupé tous les documents qui s'y rattachent. » La classification naturelle des fontes, basée sur leur aspect physique, est la suivante : i° les fontes grises ou noires; 2° les fontes blanches, cris- tallines, lamellaires; 3° les fontes blanches grenues, caverneuses. » Les fontes de la première catégorie sont uniquement composées de fer carburé, dans lesquelles la proportion du carbone varie entre 3 et 5 pour joo. » Les fontes de la deuxième catégorie sont des mélanges de fer carburé et de fer oxydé, l'oxygène et le carbone se trouvant à peu près dans la pro- portion de leurs équivalent; dans les fontes de la troisième catégorie la proportion d'oxyde de fer est plus grande que dans les précédentes, ou autrement l'oxygène s'y trouve en excès relativement au carbone. ( si3 ) >• La fonte grise pu noire, ne renfermant pas ou peu d'oxyde de fer, ne peut être affinée qu'en lui fournissant l'oxygène nécessaire pour brûler son carbone : c'est ce qui a lieu dans l'affinage francotntois et dans l'application du procédé Bessmer. » Dans les fours à puddler, c'est par l'addition d'oxvde de fer, de fer- railles brûlées, de battitures, etc., que l'on fournit à la fonte l'oxvgéne qui lui manque et qu'on la convertit en fer. » La fonte blanche cristalline, renfermant tout l'oxygène nécessaire à l'élimination de son carbone, n'a besoin d'aucune addition pour être affi- née : il suffit d'une fusion prolongée et d'un brassage qui amène en pré- sence les molécules d'oxyde et celles de fer carburé qui réagissent les unes sur les autres en produisant un dégagement d'oxyde de carbone; c'est ce qui donne lieu à la montée de la fonte et à uneébullition apparente, à la suite de laquelle le fer est constitué. » La fonte blanche grenue, de même que la précédente, n'a besoin d'aucune addition pour être affinée, la surabondance d'oxyde qu'elle ren- ferme détermine une réaction beaucoup plus prompte et qui dure moins longtemps. Le fer est constitué dans un temps plus court, mais il conserve l'excès d'oxyde ou d'oxygène que la fonte renfermait en trop. Le fer qui en résulte est blanc, lamellaire; il est cassant et de mauvaise qualité. » Cette fonte perd en qualité à mesure que le nombre de cavités augmente ou qu'elle devient plus caverneuse. » La structure caverneuse des fontes blanches est due à un commence- ment d'affinage dans le creuset du haut fourneau ; aussi observe-t-on dans ce cas au moment de la coulée de nombreux jets de flammes bleuâtres caractérisant la combustion de l'oxyde de carbone qui s'échappe de la fonte et auxquels est due la formation des cavernes après la solidification. » Nous avons reconnu depuis longtemps la présence de l'oxygène dans certains fers, principalement dans ceux que l'on obtient par le procédé Bessmer; c'est ce qui explique pourquoi cette méthode exige l'emploi ex- clusif de fontes grises, pourquoi elle ne peut donner que de l'acier ou du fer aciéreux déjà chargé d'oxygène, ou du fer cassant en prolongeant suf- fisamment l'opération. » La fusibilité du fer augmente avec la proportion d'oxygène qu'il ren- ferme; ainsi en plaçant l'un à côté de l'autre, dans le fourneau à vent, deux creusets identiques renfermant des rognures de fer au bois, de pre- mière qualité, et en mettant dans le second une certaine proportion d'oxyde C. P,., 18C2, 1" Semestre. (T. L1V, N° 4.) a8 ( *<4 ) de ter, après un coup de feu, les fragments de fer du premier creuset ont conservé leur qualité primitive, quoiqu'ils se soient légèrement soudés entreaux; mais le second creuset nous a donné un culot de fer lamellaire et de couleur blanche parfaitement identique aux fers dont nous avons parlé plus haut; ce fer se soude bien, mais dès qu'on le forge à chaud, il se pro- duit des criques sur les parties saillantes. » MÉTALLURGIE. — Note sur les laitiers des hauts Journeaux ; par M. Ch. Mèxe. « En général les laitiers des hauts fourneaux ont été peu étudiés, car on ne possède guère sur ce sujet qu'un chapitre de Berthier [Voie sèche,lle vol.); un article de Valerius (Métallurgie du fer et de la joute, Ier vol.) dans lequel est cité un travail remarquable de Platner, sur la fusibilité de quelques silicates, une série d'analyses de M. Rammelsberg (Annuaire de Chimie, par MM. Millon et Reizet, 1849), et quelques petites Notes sur certaines substances qui se trouvent accidentellement dans ces scories. Cependant l'analyse et la connaissance de ces matières sont de la plus haute impor- tance pour la métallurgie; car c'est d'après leur composition et leur ana- lyse qu'on doit diriger la marche des hauts fourneaux. C'est de la science, et non pas de la pratique. M'étant occupé de ces études depuis près de cinq ans (au Creuzot, à Terrenoire, Pont-Evèque, Lavoulte, etc.), je crois pou- voir aujourd'hui en formuler deux conclusions très-nettes, d'autant mieux que la métallurgie a fait pour la marche des hauts fourneaux des progrès vraiment remarquables. « On peut dire en thèse générale : i°que tous les laitiers sont des com- posés chimiques paijaitcment définis; car si l'on veut calculer en formules leurs résultats numériques, on y trouvera toujours des équations très- régu- lières. J'en donnerai pour exemple les séries suivantes prises au hasard dans près de trois cents analyses que j'ai pu faire pour les usines où j'ai tra- vaillé. Je ne parlerai aujourd'hui que des hauts fourneaux au coke et à l'air chaud. ( 215 ) - ui m r- C) ce -rt -rt !>■ UT O • =■ O o O o o O rt O o o O o O : O o o rt O O O rt « o O rt o rt « U rt rt U un « rt rt O Ci **3" es ^r M eo C3 lO „ co c/j M S ô Ô ô Ô o O o Ô 7\ O O s o O O c/ï o Ô Ô C/3 «3 C/3 n M « c/3 M aï c/3 en c/3 c/3 es c/î « + + + + + + + + + + + + + + + + + + rt O o c o O O O O O O O O o O c Z o O o fc. •* o> 31 °* , ■* , « « « 01 •• ( 01 •1 01 ai oi < ■< < < ■< •< < ■< < ". < O co "-^r fo 'U N CS r^ Ci 00 _ iO O M o os Os 00 LD in « 00 3Ï O o Cl Ci 00 a> u-l ce co ^cr ce Ci O Ci Ol a « « rt M d es « CT o rt es « « M es fS ci es 5 " — ^ z: — — — a. o u o o o — — - £ S S o o o O O U = S ï a — CL. H 53 -J - - - !iS.. ( 21(3 ) » On peut dire : 2° que les meilleures marches de hauts fourneaux pour ohtenir de honnes fontes hlanches (et non blanchies) sont celles qui ont un excès de chaux ou une formule de SiOs, APO3 -t- SiO3, 4CaO (i). Berthier, du reste, avait dit : « En général, il y a avantage à introduire dans » les laitiers la plus forte proportion de chaux qu'ils puissent admettre » sans cesser d'être bien fusibles, parce que cette terre tend à enlever le » soufre et le phosphore au fer, pour former un sulfure, etc. » Seulement Berthier n'avait pas indiqué quelle était la limite de cette mesure ; il est même probable que ce savant n'en avait pas supposé la quantité devoir être aussi torte que celle qu'on emploie aujourd'hui, car il dit en parlant d'un laitier d'Ancy-le-Franc (qui donnait à l'analyse, silice o,5o2, chaux o,354, alu- mine 0,126, etc., etc.) : « Ce laitier contient plus de chaux que les autres; » cependant il est bien fusible et la fonte est bonne. » » Dans une prochaine communication je parlerai des fourneaux au bois. » CH1MIK. — Mémoire sur les combinaisons de [iode et de télain ; par 31. J. Personne. « Quand on étudie l'histoire très-abrégce des composés d'iode et d'étain exposée dans tous les Traités de Chimie, depuis l'édition de Bc-rzélius ( 1 83 1 ) jusqu'à nos jours, ainsi que les Mémoires antérieurs et postérieurs à cette époque (2), on est tout d'abord frappé par la différence des propriétés que les auteurs assignent à ces composés. C'est ainsi que, selon Berzélius, le proto-iodure est très-fusible et se sublime à une température plus élevée. Selon les auteurs modernes, au contraire, ce proto-iodure est fixe à la tem- pérature rouge. » D'un autre côté, tous les auteurs s'accordent sur le mode dé prépara- tion du proto-iodure : le procédé consiste à chauffer dans une cornue a parties d'iode et 1 partie d'étain en poudre, c'est-à-dire des équivalents égaux de chacun des constituants. Suivant eux, « il se sublime un peu de » bi-iodure S 11 12 et la masse consiste en proto-iodure fixe à la température » rouge; une partie de l'étain reste inattaquée. » » Si ce mode de préparation du proto-iodure était exact, il en résulterait ( 1 ) Ou en moyenne pour 100, silice 38, alumine 20, chaux 4?-. (2) Polydore Iîoulay, Académie des Sciences, 1827. — Th. Hcnrv, Journal de Chimie [sta- tique. /Innuairc de Millon et Reizef, 1847. ( 2I7 ) ce fait singulier, que l'action de l'iode sur l'étain serait différente de celle du chlore et du brome sur ce métal, tandis que nous sommes habitués à voir ces trois métalloïdes agir d'une manière toute semblable sur les métaux. » Le résultat de mes observations étant venu confirmer mes doutes sur les propriétés attribuées au proto-iodure d'étain ainsi que sur son mode de préparation, j'ai pensé qu'il y aurait un certain intérêt à reprendre l'étude de tous ces composés. C'est le résultat de ce travail que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie dans cet extrait. » Action de l'iode sur l'étain* — Si l'on fait agir directement l'iode sur l'étain à équivalents égaux (21 grammes d'iode et 10 grammes d'étain en poudre), le mélange étant placé dans un tube scellé pour éviter la perte d'iode qui serait occasionnée par la violence de la réaction, l'action commence vers -+- 5o° ; elle est des plus énergiques, avec production de lumière ; la masse entre en fusion complète. Le tube étant brisé après refroidissement, on trouve un culot d'étain métallique qui représente exactement la moitié du métal mis en expérience et un corps rouge, très-fusible et volatil : c'est le bi-iodure Su P, ainsi que le démontre l'analyse (1). » Il ne se produit encore que du bi-iodure et jamais de proto-iodure, par l'action de l'iode sur l'étain, presque à la température ordinaire. Il suffit, pour cela, de faire agir l'iode, par très-petites quantités à la fois, sur un excès d'étain au sein du sulfure de carbone. La combinaison a lieu à la tem- pérature ordinaire avec élévation de température qu'on peut modérer à volonté, de manière à la rendre presque nulle. Quel que soit l'excès d'étain employé, il ne se produit que du bi-iodure Su P qui se dissout dans le véhicule au sein duquel se fait la réaction, » Bi-iodure d'étain.— Le bi-iodure d'étain est d'une couleur rouge-orangé ; il cristallise en octaèdres qu'on peut obtenir bien définis par voie de fusion ; par l'évaporation lente de sa dissolution sulfocarbonique, il donne aussi des cristaux du même système, mais toujours modifiés. Il se présente encore sous la forme de croûtes cristallines rouge-orangé, i°en laissant évaporer à l'air sa dissolution dans l'acide iodhvdrique en excès ; »° en traitant une dissolution concentrée de protochlorure d'étain par une dissolution égale- ment concentrée de bi-iodure de potassium. Il entre en fusionà -+- 1/(6° en émettant des vapeurs jaunes, se solidifie à -f- i4^°- Son point d'ébullition ne peut être déterminé par le thermomètre à mercure, la grande densité de (1) Sn 0' obtenu.... 24 pour 100. I trouvé 80,70 pour 100. calculé. ... 23 96 calculé 81 ,07 ( m8 ) sa vapeur exigeant une température supérieure à celle de 1 ébullition du mercure pour passer à la distillation. Toutefois, le réservoir du thermomètre étant placé aussi près que possible de la surface en ébullition, la colonne mercurielle reste stationnaire à -+- 295°. Selon les Traités de Chimie, il se volatilise à -4- 1800. La vapeur se condense à la surface des corps froids en belles aiguilles rouge-orangé, ressemblant, quant à la forme, aux aiguilles de sel ammoniac sublimé. » L'eau le décompose en acide iodhvdrique et bioxyde d'étain. Il est très-sol uble dans le sulfure de carbone et le chloroforme; il se dissout bien également dans la benzine, l'éther et l'alcool parfaitement anhydres; mais, de même que le bichlorure d'étain, il paraît contracter une combinaison avec ces trois derniers menstrues. » Le bi-iodure d'étain ne paraît pas former d'oxydo-iodures, du moins je n'ai pu en produire. Je n'ai pu également l'unir auxiodures alcalins. » Mais il absorbe très-bien le gaz ammoniac sec et forme avec lui trois combinaisons : i° 2(SnI'), 3AzH3 composé jaune renfermant 7,5g pour 100 de gaz ammoniac. 1" SnF, aAzH-1 « blanc » 9>86 » 3° SnP, 3AzH; * blanc » 14 , 1 5 » » Tous ces composés sont volatils et décomposables par l'eau en acide stannique, iodure d'ammonium el ammoniaque qui se dégage. Ils s'obtien- nent facilement par l'action du gaz ammoniac sec sur le bi-iodure en so- lution dans le sulfure de carbone on dans l'éther anhydre. Ces composés sont tout à fait comparables, par leur composition, aux combinaisons ammoniacales obtenues avec les chlorures et bromures métalliques par MM. II. Rose et Rammelsberg. » Proto-iodure détain. — Le proto-iodure ne peut s'obtenir qu'en traitant 1'étain en poudre par une dissolution concentrée d'acide iodhydrique, ou bien par double décomposition, comme l'a déjà obtenu Polydore Boulay, en versant une dissolution de protochlorure d'étain dans une dissolution moyennement concentrée d'iodure de potassium; on obtient ainsi de belles aiguilles rouges à reflet jaune. Ces cristaux retiennent de l'eau qu'une des- siccation de trente jours dans le vide sur l'acide sulfurique ne peut leur faire perdre entièrement. Ainsi desséchés, ils fondent au rouge sombre en donnant des vapeurs d'acide iodhvdrique et de bi-iodure d'étain. Ils distil- lent à la température de fusion du verre vert. Selon les Traités de Chimie, |e proto-iodure est fixe à la température rouge. ( 2I9 ) » Ainsi distillé, ce proto-iodure se présente sous forme d'une masse cris- talline d'un beau ronge vif, qui fournit une poudre rouge-vermillon. L'eau le décompose en partie en oxyde d'étain et acide iodhydriquc qui empêche la décomposition ultérieure de l'autre portion. Il se dissout à chaud dans les solutions aqueuses de chlorures et iodures alcalins, ainsi que dans l'acide chlorhydrique étendu. Le chloroforme, le sulfure de carbone et la benzine le dissolvent en petite quantité. L'analyse lui assigne bien la formule Snl (1 ;. » Oxydo-iodure. — Le proto-iodure d'ét;iin s'unit à l'oxyde d'étain pour former plusieurs composés qui s'obtiennent par l'action de l'eau froide et chaude sur le proto-iodure hydraté et plus facilement sur la combinaison de proto-iodure d'étain et d'iodure de potassium. J'ai pu produire ainsi quatre composés assez bien définis : Calcul. iu 3(SnI), SnO renfermant 38, 23 d'étain et 60, 4o d'iode Sn = 37,7i I=6o,84 2° 3(SnI), aSnO « 43,38 » » 42,73 3° Snl, SnO » 46,93 » » 46,75 4° Snl, 2SnO » 54,4o » » 55 ,4 1 <> » Ces composés sont pulvérulents, orangés ou jaune clair : leur altéra- bilité au contact de l'eau rend leur obtention avec une composition con- stante assez délicate. » Iodures doubles. — En reproduisant les iodures doubles avec les iodures alcalins, j'ai vérifié la parfaite exactitude des faits décrits par Polydore Boulay dans son Mémoire. J'ai seulement constaté de plus la présence de l'eau dans les iodures doubles de potassium et d'ammonium, les seuls que j'ai reproduits. Ainsi le sel obtenu avec l'iodure de potassium, d'un très- beau jaune de soufre, séché entre des feuilles de papier Joseph, renferme 9 équivalents de HO; il en perd 6 équivalents ou 8,55 pour 100 dans le vide sur l'acide sulfurique ou à la température de + no°. Le calcul donne 8,77. Chauffé à -4- i4o-i5o°, il donne des vapeurs d'acide iodhydriaue. Le dosage de l'étain et de l'iode conduit à la formule 2(SnI)KI, 3HO. Sn trouvé = 20,77 Pour I0°- * trouvé =68,06. Le calcul, d'après cette formule, donne Sn = 20,g4; 1 = 67,30. (1) Sn trouvé pour 100 = 32,o6; 1 = 68,27. Sn calcule » = 3i,8a; 1 = 68, 18. ( 220 ) » Polydore Boulay avait asssigné à ce composé la formule 3(Snl)RI; mais il n'avait dosé que l'iodure de potassium à l'état de chlorure de po- tassium en chauffant le sel dans un courant de chlore. Il avait du reste trouvé un nombre trop fort, comme il le constate. » L'iodure double d'ammonium a pour composition 2(SnI)AzH'I, 3H0; trouvé Su = 21 ,70 pour ioo ; 1 = 68,24; AzH3 = 3, 16 pour 100 ; calculé d'après la formule, Sn =21,76; 1 = 68,95; AzH3 = 3, 14 pour 100. » Outre le mode de préparation indiqué par Polydore Boulay, qui con- siste à verser une dissolution de protochlorure d'étain dans une dissolution concentrée d'iodure de potassium, j'ai obtenu aussi ces composés par l'ac- tion de I iode sur l'étain en poudre au sein d'une solution concentrée de chlorure de potassium et d'ammonium : procédé en tout semblable à ce- lui que M. Nicklès a dernièrement décrit pour la préparation des iodanti- monites. » Il résulte donc des faits exposés dans ce travail que l'action de l'iode sur l'étain est tout à fait semblable à celle du chlore et du brome sur ce métal, et que les iodures d'étain sont comparables par leur composition et leurs propriétés chimiques aux chlorures et bromures du même métal. ■> J'ajouterai en terminant que le bibromure d'étain peut être préparé, comme le bi-iodure, par l'action du brome sur l'étain au sein du sulfure de carbone. Cette opération peut même être mise à profit pour déceler la pré- sence des plus petites traces d'iode dans le brome. En effet, l'affinité du brome étant plus forte que celle de l'iode, il en résulte que le brome, en- trant d'abord en combinaison, disparaît complètement, en abandonnant son iode, dont la présence est alors manifestée par la coloration violette ca- ractéristique que produit sa dissolution dans le sulfure de carbone. » CHIMIE ORGANIQUE. — Note relative à l'action de l'ammoniaque sur l'acide monobromobulyriquc et aux acides dibromobutyrique et dibromopropionique ; par MM. Fmedel et Y. Machuca. « Dans une Note présentée à l'Académie des Sciences du 20 du présent mois, M. Cahours a bien voulu citer avec bienveillance notre travail sur l'acide monobromobutyrique, et confirmer les résultats que nous avons ( 221 ) publiés. Nous sommes heureux de nous trouver d'accord avec M. Cahours sur d'autres points encore, et notamment sur la production d'un corps azoté homologue du glycocolle et de l'alanine par l'action de ['ammo- niaque sur l'acide monobromobutyrique. » Dans la séance du 19 décembre 1861 de la Société Chimique de Paris, nous avions annoncé la production de ce corps, ainsi que colle des acides dibromobutyrique et dibromopropionique (1). Nous attendions, pour sou- mettre à l'Académie ces nouveaux résultats, d'avoir complété l'étude de ces divers composés, et en particulier d'être parvenus à transformer les acides bibromés en acide dioxybutyrique et en acide glycérique ou en un isomère du dernier acide. Quoique ce travail ne soit pas encore entière- ment terminé, nous pensons ne pouvoir pas tarder davantage à communi- quer à l'Académie les faits suivants : » L'ammoniaque alcoolique agit avec la plus grande facilité sur l'acide monobromobutyrique ; en maintenant pendant un certain temps à la tem- pérature dubain-marie un vase scellé renfermant ces deux corps, on voit se produire bientôt un abondant dépôt de bromhydrate d'ammoniaque. Le con- tenu du matras ayant été dissous dans l'eau et soumis, après addition de li- tharge en poudre, à l'ébullition jusqu'à ce que les vapeurs d'eau ne fussent plus mêlées d'ammoniaque, on a obtenu une solution qui, filtrée et traitée par l'hydrogène sulfuré, a donné un abondant précipité de sulfure de plomb. La liqueur, légèrement acide au papier réactif, a fourni par évapo- ration de belles lamelles blanches, nacrées, d'un corps renfermant Trouve. Théorie (€4H9AzG*2). C 46,5. 46,60 H 8,89 8,73 Az i3,45 1 3 ,5 » C'est donc bien, d'après la formule, un homologue du glycocolle, que MM. Perkin et Duppa et M. Cahours ont obtenu dans une réaction ana- logue. 0 Les propriétés du corps nouveau sont tout à fait pareilles à celles du glycocolle. Sa saveur est sucrée; en solution dans l'eau, il rougit légère- (1) Bulletin de la Société Chimique de Paris, 1861, n° 6. — M. R. Schneider {Pogg., CXIII, pag. lôg1) dit que dans ces circonstances il se produit un acide qu'il regarde comme l'acide amidobutyrique. C. R., 1862, Ier Semestre. (T. L1V, N° 4.) 29 ( 222 ) nient le papier de tournesol. Il est assez soluble dans l'eau, moins solnble dans l'alcool. Il forme avec l'acide chlorhydrique une combinaison cris- tallisable en beaux prismes qui paraît se détruire déjà à la température de ioo°. La combinaison avec l'oxyde de plomb se présente en fines aiguilles cristallines; racidecarboniquedel'air suffit pour séparer peu à peu le plomb de sa solution. » L'acide dibromobutyrique a été obtenu en faisant agir 2 atomes de brome, dans un tube scellé, à j4o°, sur l'acide monobromobutvrique. Poui préparer ce dernier dans un état de pureté complète, et pour éviter les pertes de matière provenant d'une légère décomposition qui se produit lorsqu'on distille l'acide monobromobutyrique sous la pression atmosphé- rique, nous avons distillé cet acide dans le vide. Il bout vers 1 io° sous la pression de 3 millimètres de mercure. L'acide dibromobutyrique brut a également été distillé dans le vide en fractionnant les produits a plu- sieurs reprises. Celui que nous avons obtenu, bouillant vers i4ou et sous 3 millimètres de mercure de pression, renfermait 66 pour 100 de brome, au lieu de 65 qu'exige la théorie. » Il était liquide, ce qui tient peut-être à ce qu'il n'était pas aussi pur que celui obtenu par M. Cahours, et qui s'est présenté sous forme de cris- taux. » L'acide dibromopropiooiqae se prend en une masse cristalline an mo- ment où l'on ouvre les tubes dans lesquels s'est produite la réaction du brome sur l'acide monobromopropionique. Après qu'on a purifié ces cris- taux en les exprimant entre des doubles de papier, ils sont blancs, solubles dans l'eau, et cristallisent facilement par évaporation à l'air d'une solution concentrée. Ils fondent à 65° et distillent vers 2270 en s'altérant un peu. » Ils renferment : 'trouve. Théorie. C , '5,47 i5,5i H 1,91 i,72 Br 68,88 68,i,6 » Les deux acides bibromés précédents réagissent facilement sur l'oxyde d'argent en présence de l'eau, et fournissent, après traitement par l'hy- drogène sulfuré et saturation par la chaux, des sels de chaux précipitables par l'alcool comme le glycérate, mais que nous n'avons pas encore pu jusqu'ici obtenir dans un état convenable pour l'analyse. » ; 223 ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Détermination de quelques intégrales définies; Note de M. P. Voi.piceixi. « Pour trouver l'intégrale définie / cos(rt +■ «5)cos(£ -\- pQ) sin (c ■+- qO cij , où les a, b, c, n, p, q sont des constantes quelconques, nous pourrons em- ployer.les relations trigonométriques suivantes : cos x cos y = - [cos (x -+- y) -+• cos(x — y)], x sin y = - [sin(.r -+- y j — sin [x — y) ]; cos et nous aurons (') Jcos^rt -+- n5)cos{b -+- pO) sin Kc -t- qO){/j 0 i j cos ja+J+t) — cos \a -+- b -t-c-f- (n -\-p-\-q )it] \ n + p-\- q cos ( c — a — b) — cos [c — 17 — b -\-lq — n — p)i:] q — n—p cos (a — b -\- c) — cos [ a — b -+- e -f- ( « — p -+- q ) tt ] n—p-hq cos [b + c — a) H - — COS [6 + C — a-\-( p -\-q — ^p]) p + q — n Cette formule prend la forme - quand un de ses dénominateurs est nul; mais il est facile, dans ce cas, de la déterminer suivant les règles connues. Si les quantités rc, p, q sont entières, on voit facilement que la (î) se réduit a la / cos [a -h nO) cos (b + pO) sin(c -+- qO)dù -p + -t- 7 L J /) + ?-« I 29. ( 224 ) En supposant a = b = c = o, nous déduirons de la (2) J cos n6 cos }>rj smqôdS 0 4L "- (3) •p + q q—n — p u — p + q p + q — /> Supposons dans la (3) q = 1, et l'on aura l I cos nO cos /j 5 sin q 6 d$ (4) ' Soit de la (2) on obtiendra C = --c, q=- q. j cos(rt + nO)cos(b + pQ)cos(c' ■+■ q'Q)'d6 Jo _ 1 ([1 — (— i)"+P-i']i\n( — a — b-hc') [1 — (— 1 )-»'-"-f] sin (c' + imprimé par erreur gh 3om au lieu de 9h Zcf. » Dans la séance du 3o décembre [Compte rendu, p. 12^0), M. Valz a réclamé contre cette inexactitude, sans s'apercevoir qu'elle tenait à une faute d'impression. » J'ai rétabli le fait dans toute sa simplicité à la séance suivante [Compte rendu du 6 janvier, p. 16); j'ai montré que le nombre en question résultant de la somme de deux autres nombres donnés exactement, la nature de l'er- reur se voyait d'elle-même. C. R., 1862, ilr Semestre. (T. L1V, IN» à.) 3o ( 23o ) u Dans la dernière séance (Compte rendu, p. 190 , M. \ al/ insiste et issure qu'il ne s'agit pas d'une faute d'impression. » Sans m'arrêter à plus d'un point regrettable dans la Note de M. Valz, il suffira, pour y répondre péremptoirement, de transcrire les passages sui- vants de deux Lettres consécutives de M. Simon, dont la première a été écrite le jour même du passage de Mercure, et qui l'une et l'autre portent très-nettement 9h39'u et non pas 9h3om. n Marseille, te 1 2 novembre... « A 9b39ra, le Soled s'est laissé voir un instant » à travers un nuage léger et nous avons aperçu distinctement Mercure près n du bord inférieur » Signé Simon. >> Marseille, le 18 novembre.... « C'est à 9h39m-t-i5 ou 20 secondes, que » j'ai aperçu Mercure sur le disque solaire, très-près du bord inférieur....» Sic/né Simon. » J'ai l'honneur de placer les deux Lettres de M. Simon sous les j eux du Bureau de l'Académie. » On ne voit pas du reste quel but peut se proposer M. Valz. » ASTRONOMIE. — Eclipse de Soleil du 3i décembre 1861. — Observations météorologiques fuites à Paris. — Observations astronomiques et météoro- logiques faites à Marseille; Note de M. Le Verrier. « Ainsi qu'où le sait, l'éclipsé de Soleil du 3i décembre 1861 n'a pu être observée à Paris, le ciel ayant été constamment couvert et l'horizon chargé de brouillards. » On n'a pas laissé de suivre avec attention les variations des instru- ments météorologiques. Il résulte des observations de M. Charault sur la température : i° que le maximum diurne se produisit vers 2h3om; 20 qu'à partir de cet instant la température s'abaissa jusque vers S^ao™, où se présenta un minimum; que de 3b25'n jusque vers3h55m, les thermomètres accusèrent un faible réchauffement d'un demi-degré, promptement suivi du refroidissement nocturne. Les deux maximums et minimums eurent lieu très-près de o°. On sait que l'éclipsé commençait à 2h 2m, finissait à 4h 8m et que le Soleil se couchait à 4'' 1 1'". » La pression atmosphérique, l'état hygrométrique de l'air, l'intensité et la direction du vent n'ont pas sensiblement varié. » La déclinaison magnétique a régulièrement suivi sa marche diurne : elle fut Irouvéeégaleà r9°i4',9 '» ih3om et égale à r9°i2',6 à 4'' 35m. L'in- clinaison n'a non plus présenté aucune anomalie. ( 23, ) » Le temps a été très-beau à Marseille. M. Simon a pu observer, non- seulement le premier contact, mais même le second, à travers de légers nuages roses qui voilaient le Soleil près de l'horizon. Voici les résultats qu'il a obtenus en temps moyen de Marseille : Premier contact. ..... 2h i7m5g",2. Deuxième contact... . 4h29m42S'4- » Le premier instant est douteux, comme il arrive toujours, pour le commencement des éclipses. » L'observation d'une boussole de variation n'a donné à M. Simon que des résultats négatifs. » Pendant l'éclipsé, le baromètre est resté à peu près stationnaire et l'abaissement de température peu marqué comme on en peut juger : h 01 2. O 0 12.9 b m 3. 0 0 , .2.4 Il tu 4. 0 0 . ,1.4 2.l5 12. 7 3 i5 11. 8 0. i5 1 1 . 1 a.3o 12. 7 3 3o 11. 6 o.3o 10.8 2.45 12.5 3.45 11. 6 » Le vent de l'est-sud-est était assez fort. La flèche du croissant lumi- neux ayant été réduite aux o,35 du diamètre du Soleil, l'affaiblissement de la lumière a été très-sensible. » astronomie. — Tables fie Venus et de Mars; Note de M. Le Verrier. « J'ai l'honneur d'offrir à 1 Académie le volume de nos Annales qui contient les Tables de Vénus et de Mars. » Je saisis cette occasion de donner la comparaison de mes Tables du Soleil, de Mercure et de Vénus, avec les observations faites à Paris et à Greenwich dans les quatre années i856 à 1809. Je me borne à la plus im- portante des coordonnées, celle qui définit surtout le mouyement dans l'or, bite, l'ascension droite. » La correction moyenne de l'ascension droite du Soleil calculée par les anciennes Tables, est de 3",o par l'ensemble des observations des quatre années. Elle n'est que de o",4 pour mes Tables, et par conséquent elle est inférieure à l'incertitude d'un ensemble d'observations du Soleil. » Pour Mercure, la correction moyenne des anciennes Tables, déduite des erreurs qui s'élèvent au moins à 5", est de 6", 3. La moyenne correspon- dante est sept fois plus petite pour mes Tables: elle n'est que de o",q. 3o.. ( a3a ) » Pour Vénus, la correction moyenne des anciennes Tables, déduite des erreurs qui s'élèvent au moins à 10", est de 27", l\. La moyenne correspon- dante est quinze fois plus petite pour mes Tables : elle n'est que de i",8. » ZOOLOGIE. — Sur un Eléphant vivait! ai rivé à la Ménagerie du Muséum a" Histoire naturelle le 7 jévrier 1862. " 31. A. Valexcikxxks donne les détails suivants sur un Éléphant mâle vivant, arrivé récemment à la Ménagerie du Muséum d'Histoire naturelle. » L'Eléphant que l 'Administration vient d'acquérir par voie d'échange, est un mâle âgé de douze ans, de la race des individus à trèsqaetites défenses droites, dite dans les Indes Eléphants Mooknah, par opposition à la race aux grandes et fortes défenses désignée sous le nom d' 'Eléphants Daunlelah. » Ce Mooknah a été envoyé directement de Colombo (Ceylan). Il est évidemment de là même race que les premiers Éléphants qui ont vécu au Jardin des Plantes. Ceux-ci étaient également nés à Ceylan, et ils avaient été primitivement reçus à la Ménagerie de la Haye. Ils furent amenés avec les trophées de nos campagnes de 1792 et 1793. Le mâle mourut en 1806; la femelle vécut jusqu'en 1817. Cuvier a fait graver le squelette de cet Élé- phant mâle, et ce portrait m'a permis de reconnaître que notre Éléphant actuel est très-certainement de la race des Mooknah. Il est bon de remar- quer encore que les Éléphants dont je parle ont le dos très-voùté, le train de derrière déclive, ce qui donne à l'animal un profil très-différent du Dauntelah (pie la Ménagerie a perdu il y a peu de temps. Celui-ci a le clos droit et incliné de la tète à la queue. » On retrouve aussi dans notre Mooknah la saillie en forte bosse que notre premier Éléphant mâle avait également au-dessus au commencement de la racine de la trompe. Cette saillie est due, on le sait par les dissections de Cuvier, à deux cartilages convexes et contigus existant sous les muscles releveurs de la trompe. » Notre Éléphant, haut déplus de trois mètres, est loin d'être adulte. Il pèse au moins trois tonnes ou six mille livres. Il est de la race de ceux qui arrivent à la plus liante taille, que les Indiens estiment à seize pieds anglais. » MÉCANIQUE appliquée. — Description d'un anémomètre totalisateur; par M. le Cénéral Morin. « Les appareils de ventilation les mieux établis et dont la disposition ( 233 ) semble offrir toutes les garanties d'un bon service, sont souvent loin de produire les effets que l'on est en droit d'en attendre, par suite de la négli- gence des agents préposés à leur marche, et l'administration des établisse- ments où ces appareils sont installés se trouve le plus souvent dépourvue de movens de contrôle d'un usage facile et sûr. y> Depuis longtemps tous les ingénieurs qui se sont occupés de la venti- lation avaient signalé l'utilité d'un instrument qui, à la simple vue, permet- trait de reconnaître quel est le volume d'air écoulé dans un temps donné plus ou moins long, sans déplacement de l'appareil, sans calcul et sans que les agents du service pussent en aucune façon influer sur les indications. » A l'occasion de l'examen de divers projets présentés pour la ventila- tion des nouveaux bâtiments du Palais de Justice, la Commission, présidée par M. Dumas et dont j'avais l'honneur d'être le Rapporteur, fit introduire, sur ma proposition, dans le cahier des charges, la condition ^i) que l'on établirait dans les cheminées d'appel général et dans un certain nombre de cheminées d'appel partiel des anémomètres totalisateurs qui indique- raient, à la fin de chaque journée ou de chaque nuit, les volumes d'air qui seraient passés par ces cheminées. » Pour réaliser cette condition, j'ai fait exécuter par M. Bianchi, ingé- nieur en instruments de physique, l'anémomètre que je mets sous les yeux de l'Académie. Il est basé sur le même principe que les divers anémomè- tres à ailettes et n'en diffère que par la grandeur des dimensions et par la disposition du compteur, qui permet de totaliser les nombres de tours et par conséquent les volumes d'air écoulés par jour, par semaine, par mois et même par année, sans qu'il soit nécessaire de toucher a l'instrument, au- trement que pour y renouveler l'huile qui lubrifie les pivots. >> Les ailettes, au nombre de six, en aluminium, et en forme de surface hélicoïdale, ont un diamètre extérieur deom,i5, qui pourrait être porté a om,2o si l'on voulait augmenter la sensibilité de l'instrument. Ces ailes sont montées sur un arbre vertical que l'on place au centre de la cheminée. Cet axe, en acier, est terminé par deux pivots coniques qui reposent sur des crapaudines de même forme, mais un peu évasées et disposées de telle sorte , que le pivot et la crapaudine sont toujours plongés dans un bain d'huile qui, ne pouvant pas s'écouler et presque entièrement à l'abri de L< poussière, ne devra être renouvelé cpie très-rarement. (i Rapport sur le chauffage et la ventilation des bâtiments du Palais de Justice. Juillet 1860. — Page 85. ( 234 ) » L'arbre du moulinet porte une vis sans fin à un seul filet qui conduit une roue de cent dents, laquelle fait connaître les unités du nombre de tours faits par cet arbre, ce qui pour la plupart des cas n'est pas nécessaire puisque l'instrument est destiné à fonctionner longtemps. » L'arbre horizontal qui porte cette roue devant se prolonger dans toute la largeur de la cheminée pour transmettre le mouvement au compteur, on lui a donné trois supports et on l'a formé eu deux pièces réunies par un joint universel. » La partie de cet arbre qui doit sortir de la cheminée porte un limbe divisé en cent parties, comme la première roue, ce qui permettrait au be- soin de connaître les nombres d'unités de tours des ailettes, si cela était né- cessaire. Cet arbre pénètre dans la boîte d'un compteur fermée à clef, il porte une vis à un seul filet, qui conduit une première roue de cent dents, dont chacune correspond par conséquent à cent tours des ailettes. Sur l'arbre de cette roue est fixé un limbe divisé en cent parties et qui indique les centaines de tours des ailettes jusqu'à ioooo tours. Sur le même arbre esl monté un pignon de dix dents, qui conduit une roue de cent dents, dont chacune correspond ainsi à iooooo tours des ailettes. 1J y a de la sorte six arbres, portant chacun un limbe et tournant de dix en dix fois moins vite, qui permettent de lire le premier les centaines, le deuxième les dizaines de mille, le troisième les centaines de mille, le quatrième les mil- lions, le cinquième les dizaines de millions, le sixième les centaines de mil- lions jusqu'à un milliard de tours des ailettes. » Tous les limbes sont à frottement doux sur leur axe et peuvent être ra- menés au zéro quand on le veut; mais il importait d'éviter cette opération cpie l'on ne pouvait confier à des mains plus ou moins grossières, et c'est ce qui a conduit à multiplier assez les rouages du compteur pour qu'il ne fût nécessaire de le ramener à son point de départ qu'après un temps fort long et seulement lorsqu'on le visiterait pour renouveler les huiles et le nettoyer s'il le fallait. » Malgré cette multiplicité des rouages et par suite de la grandeur donnée aux ailettes, de la bonne disposition des pivots et de l'ensemble de l'appa- reil, «lut- au talent de JM. Bianchi, la sensibilité de cet anémomètre est tres- comparable à celle de l'anémomètre si léger de M. Combes. Ainsi, dans une expérience préparatoire, une observation faite sur l'introduction de l'air par un tuyau de o"\2<)5 de diamètre a montré que, quand l'anémo- mètre, di' .M Combes, dont la tare est V = om,ao -+- o,o7o55N, ( a35 ) faisait 55 1 tours en i minute et indiquait une vitesse de om,848 en i se- conde, l'anémomètre totalisateur faisait 419, 33 tours en 1 minute. » D'après ce premier essai, les ailettes feraient 8 tours environ sous l'ac- tion d'un courant d'air de 1 mètre en 1 seconde, et il est facile de voir que sous celle d'une vitesse de 4 mètres en 1 seconde, que l'on n'atteint jamais dans les appareils de ventilation, il pourrait marcher pendant plus d'une année, sans qu'il fût nécessaire de ramener le compteur au zéro. » Dans le service courant il suffira donc, pour s'assurer de la marche de la ventilation, pendant le jour ou pendant la nuit, de venir lire à la hoite fermée du compteur les nombres de tours faits dans ces intervalles. La différence des nombres lus d'une observation à l'autre fera connaître combien les ailettes ont lait de tours dans l'intervalle de temps qui aura séparé les deux observateurs. Une tare préalable ayant été faite, l'on dé- duira de suite des nombres de tours, le volume d'air écoulé, ce qui per- mettra de reconnaître la marche de la ventilation. » Tout le mécanisme de l'instrument est monté sur un support en fonte solide et assemblé avec une plaque de tôle qui sera fixée à demeure sur la paroi extérieure de la cheminée. Le compteur, dans une boîte fermée à clef, est en dehors et à l'abri du contact. » Un bâti en fer, disposé de manière à n'opposer au mouvement de l'air que la moindre résistance possible, devra être installé dans la cheminée, pour recevoir l'appareil, que l'on pourra ainsi enlever quand on le jugera nécessaire. » Je m'occupe de faire monter au Conservatoire un gazomètre à l'aide duquel je ferai tarer les anémomètres de ce genre par la comparaison de leurs indications avec la mesure du volume d'air réellement écoulé. » LEÇONS DE MÉCANIQUE PRATIQUE. — Résistance des matériaux, 3e édition; par M. le Général Morin. (Extrait.) « En présentant à l'Académie cette troisième édition de l'ouvrage que j'ai publié sur la Résistance des matériaux, je prendrai la liberté d'appeler particulièrement son attention sur deux questions assez importantes de cette partie de la science. » L'on sait que l'hypothèse fondamentale de la théorie de la résistance des matériaux aux déformations que des forces extérieures tendent à leur faire subir, consiste h admettre que, jusqu'à certaines limites, que l'expé- ( a36 ) rien ce détermine à peu près, les allongements et les raccourcissements que les fibres éprouvent sont proportionnels aux charges qui les produisent, et qu'entre ces mêmes limites les fibres reviennent exactement à leurs dimen- sions primitives, lorsque les causes qui les avaient déformées cessent d'agir; od dit alors que l'élasticité n'a pas été altérée. » Or, dans ces dernières années, M. Eaton Hodgkinson, savant anglais, auquel l'on doit un grand nombre d'importantes recherches sur ces ques- tions, avait cru pouvoir conclure de ses expériences que, toutes les fois qu'un corps subit un allongement ou un raccourcissement quelconque, il ne reprend jamais entièrement ses dimensions primitives, lorsqu'il cesse d'être soumis à l'effort qui l'avait déformé. Il admettait en conséquence que, par exemple, dans l'allongement d'un fil métallique, il se produisait toujours, outre l'allongement élastique, qui cessait avec l'effort de tension, un allongement permanent. » La discussion des expériences de M. Hodgkinson, l'examen des dispo- sitions qu'il avait prises pour les exécuter et l'excessive petitesse des allon- gements permanents observés, m'avaient conduit à attribuer ces allonge- ments, non pas à une déformation ou à une variation de la longueur même des fibres, mais bien à un tassement des points d'appui ou d'assemblage ou à un redressement général des pièces essayées. Cette explication me pa- raissait d'autant plus probable, que les barres de i5 mètres de longueur totale employées par M. Hodgkinson étaient formées de plusieurs parties réunies par des écrous à filets en sens contraire, qui sous l'action des charges pouvaient fort bien éprouver des tassements. » Pour lever les doutes à ce sujet, il m'a paru nécessaire de faire des ex- périences spéciales, en opérant sur des fils métalliques d'une grande lon- gueur et d'une seule pièce. J'ai profité pour l'exécution de ces expériences de la grande hauteur de la galerie d'expérimentation du Conservatoire des Arts et Métiers, et j'ai pu ainsi soumettre à la traction des fils de cuivre et des fils de fer de plus de 22 à 24 mètres de longueur. » Au moyen de cathétomètres très-précis, on a pu observer à un centième de millimètre près les allongements produits entre deux repères tracés sur les fils et distants de 21 mètres. » Ces expériences présentaient cependant une difficulté provenant de ce que les fils employés ne se trouvent clans le commerce que sous forme de paquets roulés de om,6o à om,7o de diamètre, et qu'il était très-difficile de les redresser complètement avant l'expérience; de sorte qu'ils offraient encore de légères courbures appelées rosses, dont le redressement successif, ( 237) sous l'action des charges, pouvait exercer sur les résultats une certaine influence, ce qui est effectivement arrivé. o Mais, en répétant les expériences à plusieurs reprises, cet effet, une fois produit, devait s'atténuer de plus en plus, et la véritable marche des allon- gements devait se manifester de mieux en mieux. » Les charges suspendues aux fils étant successivement mises en place et enlevées, l'on a pu, pour chacune d'elles, observer l'allongement produit et le retour à la longueur primitive, d'où l'on a conclu la valeur de l'allonge- ment élastique et celle de l'allongement permanent. » Or, tandis que dans des limites étendues les premiers sont restés proportionnels aux charges, comme la théorie le suppose, les seconds, tou- jours très-faibles, ont été en diminuant d'une expérience à l'autre, c'est- à-dire à mesure que les fils étaient plus exactement redressés. » Ainsi deux fils de cuivre successivement essayés ont donné les résultats suivants : Numéros des Désignation du fil. expériences. N° 1. Allongement permanent en fraction de la longueur primitive. I Diamètre 2mm,584. 29585 i n666t i 285-ji5 ll N°2. Diamètre 2mm,6oo. i5ooq Négatif. i i i 2903 quantités évidemment négligeables, et qu'il est certainement permis de regarder comme nulles, par rapport à l'influence des moindres variations de température, puisque, d'après les résultats des expériences de Laplace et de Lavoisier, une différence d'un seul degré du thermomètre centigrade produit une dilatation ou un raccourcissement de longueur égal à ^ — » Cette dernière observation explique même comment, dans la deuxième C. R., 1862, 1er Semestre. (T. L1V, N° 5.) ^1 ( a38 ) expérience sur le fil n° 2, l'allongement permanent a pu être négatif par l'effet d'un léger abaissement de température. » L'examen des valeurs du coefficient d'élasticité déduites de ces expé- riences prouve d'ailleurs que dans aucune d'elles l'élasticité n'a été altérée Ces coefficients ont eu, en effet, les valeurs suivantes : Numéros Valeurs des des coefficients Désignation des lils. expériences. d'élasticité. / I 6 909971 3o9kil y 1. j 2 7 118 354 507 ( 3 Moyenne 6 521 770 186 6 85o oo3 001 / 1 7 3io 170 535kil N°2. 1 2 8 777 809696 ( 3 7 374 366 197 Moyenne 7 827 448 809 Moyenne générale 7 338 740 4o5 » On remarquera que ces valeurs sont toutes inférieures à celles qui étaient fournies par les anciennes expériences et qui étaient pour Le fil de cuivre rouge étiré 12 000 000 000 kil Le fil de cuivre rouge recuit 10 5oo 000 000 Moyenne. . . 11 25o 000 000 » Il convient d'ailleurs de faire observer que les densités indiquées pour les fils anciennement expérimentés sont aussi supérieures à celles des fils que l'on trouve actuellement dans le commerce, et qu'il semblerait résulter de la comparaison des résultats des anciennes expériences aux nouvelles que, pour un même métal, les coefficients d'élasticité varieraient dans le même rapport que les densités. Ce qui d'ailleurs semble rationnel. » Des expériences analogues ont été exécutées sur des fils de fer très-fins de omm,20 de diamètre, et, en répétant trois fois de suite les épreuves, l'on a constaté que les allongements permanents ont été à la expérience - de l'allongement tota 277777 1 3ia5oo ( #9 ) tandis que, les allongements élastiques étant restés à très-peu près les mêmes, le coefficient d'élasticité a eu les valeurs suivantes : ire expérience. . . 19 326 210 9S0 kiI 2e" » 19 747 235 387 3e 19 857 029 388 Moyenne . . . 19 643 458 585 valeur très-peu différente de celle que Ion déduit des observations sur la flexion des meilleurs fers. » De l'ensemble de ces expériences, ainsi que de toutes celles que j'ai fait exécuter sur la flexion des barres de fonte, de fer ou d'acier des plus grandes dimensions, il me paraît résulter la preuve que les allongements et les rac- courcissements permanents signalés par M. Hodgkinson n'ont pu être que l'effet de tassements, de compressions partielles des assemblages ou des supports des appareils qu'il employait, et que l'hypothèse fondamentale de la théorie de la résistance des matériaux énoncée pour la première fois par le célèbre Hoocke en 1670, en ces termes : ut tensio sic vis, est conforme à l'observation. » Un autre chapitre sur lequel je crois utile d'appeler l'attention de l'Aca- démie est celui qui traite des essieux et. des épreuves qu'on leur fait subir. Par la discussion de ces épreuves et par la comparaison de leurs résultats avec la variation graduelle du coefficient d'élasticité en fonction des allon- gements, je fais voir que dans* les épreuves réglementaires les efforts subis par les fibres qui ont subi le plus grand allongement n'atteignent pas la limite de rupture. D'une autre part je montre, par des expériences directes, que le redressement des essieux fléchis dans ces épreuves n'altère pas sensiblement leur élasticité, quand il est fait convenablement. » Les conclusions générales de ce chapitre sont : » i° Que les épreuves adoptées par l'artillerie et par les compagnies de chemin de fer peuvent, sans danger d'altération, être subies par les bons fers ; » 1" Qu'elles écartent les fers médiocres ou mauvais; » 3° Que, pour les bien coordonner, il suffit de limiter les flexions, de ma- nière que le plus grand allongement des fibres soit le même pour tous les essieux. » 3i.. ( 240 ) navigation. — Notice historique sur l'enseignement de la construction des machines à vapeur à l'Ecole impériale du Génie maritime; par M. le Baron Charles Dcpin. « L'Académie me permettra d'attirer son attention sur un important progrès des services publics, et sur l'enseignement scientifique nécessité par ce progrès. » Il n'y a pas plus de quarante ans, la force de la vapeur n'était pas encore introduite comme un élément de l'armée navale française. Nos ingé- nieurs de la marine avaient poussé très-loin la construction des vaisseaux à voiles; une marine militaire à vapeur était tout entière à créer. » Depuis cette époque, les progrès ont été si rapides et si complets, que la construction des navires de guerre, uniquement mus par la force du vent, est devenue pour ainsi dire étrangère à notre architecture navale. On entretient, on transforme les anciens vaisseaux ou frégates à voiles; on ne rajeunit les meilleurs qu'en leur donnant des mécanismes à vapeur; quant aux autres, on les laisse vieillir désarmés, jusqu'à l'époque de leur démoli- tion finale. » Lorsque les officiers du génie maritime construisaient leurs premiers et petits bâtiments de guerre à vapeur, ils restaient étrangers à la confection des mécanismes. » On établit un arsenal, mieux vaudrait ebre une manufacture de ces mécanismes dans l'île d'Indret, sur la basse Loire. Ce fut un mécanicien étranger à la marine, l'habile M. Gingembre, qu'on vint chercher dans Paris, à l'hôtel de la Monnaie, pour créer cet établissement. Après lui, des officiers du génie maritime dirigèrent l'arsenal à vapeur d'Indret ; ils y construisirent, non-seulement des machines, mais des navires à vapeur. » Enfin, par degrés, dans nos principaux ports militaires, furent créés des ateliers Importants destinés à construire et à réparer des mécanismes à vapeur pour les navires de guerre. » L'École d'application du Génie maritime, établie à Paris, et dirigée par un ingénieur en chef, M. Reech, dont l'Académie apprécie la science et les travaux, cette École devait comprendre toutes les parties de l'architecture navale à vapeur. » Un professeur de la même École est chargé de faire un cours pratique de machines à vapeur marines, cours pratique en ce sens qu'il décrit tous les éléments des mécanismes : leur construction, leur assemblage, leur jeu ( a4 1 ) et les calculs qui s'y rapportent. Il fallait que ces objets divers fussent exposés avec méthode, avec science, avec clarté ; ils l'ont été suivant la méthode créée par la Géométrie descri]>tive de Monge ; on a dressé dans les dimensions d'un atlas 90 planches distinctes dans des proportions qui suf- firaient pour l'exécution. » L'Atlas est complété par huit tableaux numériques où sont réunies les proportions et les dimensions les plus importantes pour la flotte à vapeur et ses mécanismes. » L'auteur du Cours est M. de Fréminville, digne allié de la famille de notre ancien et illustre confrère M. le Baron de Prony. On ne peut qu'en- gager cet ingénieur distingué à continuer ses études et ses publications sur une architecture navale où tant de progrès déjà faits annoncent tant de progrès à faire encore ; on a droit de les espérer, nous dirions presque de les exiger du célèbre corps des ingénieurs français. » Le Cours et les planches forment un ensemble dont j'ai l'honneur de transmettre l'hommage à l'Académie, qui prend un si grand intérêt au dé- veloppement de notre marine à vapeur. » GÉOLOGIK. — Douzième Lettre à M. Élie de Beaumont sur les phénomènes éruptifs de l'Italie méridionale ; par M. Cii, Sainte-Claire Deville. « Naples, 26 janvier 1861. Composition chimique des gaz des fumerolles du Vésuve. » Je vous ai entretenu, dans ma précédente Lettre, des émanations pro- duites par la fissure de 1861, et par les fissures qui paraissent s'être rou- vertes à l'occasion de cette éruption. Ces phénomènes étant ceux qui pré- sentent actuellement le plus grand intérêt, je leur consacrerai encore cette Lettre, me réservant de vous donner, dans ma prochaine, l'histoire de la lave à partir du moment où j'ai pu l'étudier. » Et d'abord, je vous fournirai le moyen de vous faire une idée assez exacte de la position relative de ces fissures, des cônes nombreux qui se sont échelonnés sur elles, et des anciennes bouches de 1794? auxquelles il convient aujourd'hui de retirer leur premier nom de bocche mtove, qui pourrait amener quelque confusion. Vous trouverez ci-jointe une esquisse de la contrée envahie par la dernière éruption. Ce travail a été exécuté d'après les ordres du colonel C. Firrao, directeur du bureau topogra- phique de Naples (aujourd'hui administration supérieure de l' état-major, ( 2'4 2 ) section de Naples), qui m'a chargé d'en transmettre de sa part un exem- plaire à l'Académie des Sciences (i). i Ce plan confirme d'une manière générale les détails que je vous avais précédemment donnés. Les nouvelles bouches, situées au S.-O. de celles qui se sont ouvertes en 1794, affectent, en réalité, deux directions qui se coupent sous un angle très-obtus. La portion supérieure, de beaucoup la plus considérable, comprend dix cavités, que l'échelle adoptée pour la carte n'a pas permis de représenter toutes. Cette partie de la fissure actuelle, qui seule a donné des projections de matières fragmentaires ou une émis- sion de lave, est sensiblement parallèle à la rangée des cônes de 1 79^- ' .omme je l'ai déjà fait remarquer, la direction ne passe pas par le sommet du Vésuve, et, du côté de la mer, elle atteindrait à peu près le palais de la Favorite. » La portion inférieure de la fissure, un peu trop développée dans le plan, comprend seulement trois petites cavités coniques, ouvertes, non dans le tuf, comme les dix premières, mais dans la lave de 1 794- La rencontre de cette lave a évidemment fait dévier la grande fissure, et l'a éparpillée en une toute de fentes secondaires, qui entament toutes la lave ancienne, et for- ment un réseau légèrement ondulé, qui semble se rattacher à la fois aux bouches nouvelles et à celles de 1 794- » Comme vous pouvez le voir sur le plan, le point initial de la nouvelle fissure (qui devrait être, je crois, placé un peu plus vers le sud) et les bran- ches supérieures de 1794) forment une ligne sensiblement droite, qui irait passer au centre du cratère supérieur du Vésuve, et atteindrait la mer, à mi- distance environ entre la Torre del Greco et le palais de la Favorite. » Cette courte description, et un coup d'ceil jeté sur le plan, doivent donner, ce me semble, une idée suffisamment exacte de l'espace embrassé par l'éruption et de la trace qu'elle y a laissée. ) Les dix cavités alignées sur la fissure supérieure n'ont pas toutes joué '1) J'ai eu, à cette occasion, le plaisir de visiter en détail le bel établissement dont la di- rection est confiée à M. Firrao. J'en ai admiré l'ordre et les dispositions, et je ne doute pas que la grande carie au y~, comprenant tout l'ancien royaume de Naples, dont trois feuilles ont déjà paru, ne fasse le plus grand honneur au talent des ingénieurs qui en sont chargés et des artistes qui l'exécutent. Parmi les publications que je joins à cette Lettre, et qui me sont remises par le directeur du bureau topographique, vous remarquerez certainement trois écrits de M. Schiavoni, in- .c'iiieui'-géographc et professeur de géodésie, relatifs à l'altitude du Vésuve à diverses épo- ques, et à la mesure de la base qui a servi à l'établissement de la grande carte. ( *43 ) Je même rôle dans l'éruption. Huit d'entre elles se sont contentées de rejeter des lapilli, des cendres et des blocs incandescents. Celles-là affectent une forme régulière : ce sont des cônes renversés, quelques-uns sensiblement circulaires, d'autres fort allongés et se divisant en deux cavités dis- tinctes (i), mais toujours complets, leurs crêtes terminales étant restées in- tactes, ainsi que leurs talus extérieurs. Les deux autres (ce sont les sixième et septième à partir du sommet de la fissure) sont, au contraire, largement ébréchées vers le sud ; leurs parois, de ce côté, ont été presque entièrement détruites par la lave qui s'en est épanchée. Il reste seulement entre les deux un mur dentelé : c'est un lambeau de lave scoriacée, se liant à deux autres lambeaux qui s'arrondissent sur le revers nord des deux cratères et en for- ment la crête. » Ces deux cratères constituent sur l'appareil adventif du 8 décembre un véritable centre d'éruption. Ce point de la fissure est le seul qui ait jamais atteint le maximum d'intensité éruptive, puisqu'il est le seul qui ait fourni la lave ; et c'est aussi autour de lui que se maintiennent, depuis cinq semaines, les signes de plus grande activité (2). « Encore aujourd'hui, tout le pourtour des deux cavités centrales, et plus particulièrement le mur dentelé qui les sépare, est incandescent, et cette incandescence est manifestement alimentée par les réactions chimi- ques, dont les témoins sont les acides chlorhydrique et sulfureux qui s'en dégagent abondamment, surtout le premier, les chlorures alcalins en grand excès, les chlorures de fer et de cuivre, le fer oligiste et le cuivre oxydé. Lorsqu'on examine cette ceinture de roches, après le coucher du soleil, on y découvre un nombre considérable de petits ouvreaux, d'un rouge som- bre, qui ressemblent à des fours à porcelaine, et qui sont de véritables fabriques de fer spéculaire. , » Vers le sud s'élèvent des portions supérieures de la lave encore incan- descente de blancs flocons de chlorhydrate d'ammoniaque. Sur le versant opposé des cônes le sel marin a déjà disparu, les chlorures de fer ont été presque entièrement lavés par les pluies, et se reforment à peine; il ne se (1) Cette dernière circonstance a pu faire varier les appréciations qu'on a données du nombre de ces bouches. (2) J'ai visité la fissure les 9, 14, i5, 17, 21 et 22 de ce mois. J'ai été secondé, dans les trois dernières excursions, par M. Mauget, ingénieur civil, représentant de MM. Degousee et Laurent, à qui la ville de Naples doit le percement des deux puits artésiens du Palais et de la Villa Reale. Je suis heureux d'exprimer ici mes remercîments à M. Mauget, qui m'a sponta- nément offert son concours pour ces pénibles manipulations, du moment que j'ai perdu la précieuse collaboration de M. Fouqué. ( *44 ) dégage plus que de la vapeur d'eau, d'autant plus riche en acide chlorhy- drique et à une température d'autant plus élevée que les fissures concen- triques d'où elle s'échappe sont plus voisines de la crête incandescente. L'acide sulfureux existe à peine dans les vapeurs. Si on lave à l'eau distillée les roches décomposées par ces acides, la liqueur, qui louchit à peine par les sels de baryte, donne au nitrate d'argent un volumineux précipité : on trouve enfin de rares dépôts de soufre aciculaire, qui témoignent de l'exis- tence éphémère de l'acide sulfhydrique (i). Vers le bas du talus, les fume- rolles ont une température de 760; elles ne sont plus acides, et la potasse n'y décèle aucun gaz absorbable. Elles sont donc réduites à de la vapeur d'eau entraînant de l'air sensiblement pur. » En définitive, cette portion centrale de l'appareil adventif a certaine- ment perdu en activité depuis le 4 janvier, date de ma dernière Lettre. Plu- sieurs ouvreaux à fer oligiste se sont déjà refroidis assez pour pouvoir être exploités, et le 22 janvier j'y ai recueilli sans peine de beaux échantillons de fer spéculaire et de cuivre oxydé. Les chlorures alcalins ne s'y forment plus, et les chlorures acides de fer et de cuivre, qui leur ont succédé, ten- dent à disparaître. La température décroît aussi graduellement. Mais ce qui semble caractériser cette portion centrale, c'est, d'un côté, la prédomi- nance des produits chlorés et des minéraux qui résultent de leur transfor- mation ; de l'autre, la rareté excessive des produits sulfurés, et l'absence absolue, au moins pour le moment, des éléments carbures. » Parcourons maintenant la fissure de chaque côté des deux cavités cen- trales, comme nous l'avons fait dans ma précédente Lettre; et d'abord, dirigeons-nous vers le haut, en suivant l'axe de la fissure. » Déjà, dans l'intérieur même du sixième cratère, le plus élevé des deux qui ont donné la lave, apparaissent avec une certaine abondance les trois produits sulfurés : l'acide sulfureux, le soufre, et l'acide sulfhydrique; et le sol en ce point est tout tapissé d'alun. Je dirai tout à l'heure la place que ces produits occuperaient dans une coupe transversale de la fissure. Je veux noter ici seulement que c'était la première fois le 21 janvier que je consta- tais dans ce cratère la présence de l'hydrogène sulfuré d'une manière très- nette, et caractérisant une émanation sans mélange d'autre gaz. Je ne pré- tends pas dire, pour cela, qu'avant ce moment l'hydrogène sulfuré ne pût (1) l'ai retrouvé ici le fait que j'ai déjà signalé dans les fumerolles analogues de la fissure supérieure de 1 855. I-.a roche du Vésuve, attaquée par la vapeur d'eau fortement acide, ne se décompose qu'en partie : toute la pâte amphigénique est détruite, les pyroxénos seuls restent intacts, et conservent un vif éclat. Dans quelques mois, et après l'action prolongée des acides et de l'eau pluviale, on trouvera là un petit dépôt de cristaux isolés de pyroxène. ( 24.'. ) arriver au jour. Bien au contraire, des mes premières visites à la fissure, j'ai senti, rarement à la vérité, accidentellement et par bouffées, l'odeur caractéristique de ce gaz, sinon sur ce point, au moins sur des points voi- sins (i). D'ailleurs la présence du soufre, que j'ai signalée dans ma précé- dente Lettre, sur la place même dont je m'occupe, prouve incontestable- ment l'existencede l'hydrogène sulfuré. Maisce soufre était alors accompagné d'une quantité considérable d'acide sulfureux, comme le prouvent les con- densations de ces vapeurs dans une dissolution de potasse, que nous avons faites, le 20 décembre, M. Fouqué et moi, sur l'emplacement des fume- rolles dont il s'agit. Tout indique donc que le soufre qu'on y observait résultait du mélange et de la décomposition réciproque des deux acides sulfhydrique et sulfureux, tandis que les fumerolles non acides, et noircis- sant le papier d'acétate de plomb, déposent le soufre par la simple réaction de l'oxygène atmosphérique sur les éléments de l'acide sulfhydrique. Le soufre provenant des deux origines n'a pas d'ailleurs le même aspect. Le premier forme des amas compactes, grumelés, le plus souvent fondus à la surface, à cause de la haute température des vapeurs qui les ont déposés, et intimement mélangés aux chlorures. Le soufre, d'origine purement sulf- hydrique, est composé de petits cristaux octaédriques très-nets et très-purs, s'emboîtant les uns dans les autres et formant des files allongées. » Toutes les fois qu'un pareil dépôt se présente à l'issue de petits ori- fices ou remplissant des vides sons la pellicule supérieure du sol, on peut être assuré que l'hydrogène sulfuré s'est fait jour, accompagné d'une grande proportion de vapeur d'eau, et, si les émanations ont disparu, le seul doute qui puisse rester est de savoir si l'hydrogène sulfuré était seul ou escorté d'acide carbonique. » Au reste, on peut facilement observer le passage d'une même fume- rolle d'un de ces états à l'autre. Ainsi, le 21 janvier, des émanations qui, le matin, noircissaient l'acétate de plomb sans agir sur le papier de tour- nesol, le soir, étaient devenues acides, et exhalaient sensiblement l'odeur (1) Je dois encore faire une remarque qui ne me paraît pas sans intérêt. En passant près d'un même point de la fissure (c'était sur le bord septentrional de la cinquième cavité), nous avons été, en plusieurs circonstances, M. Fouqué et moi, frappés par une odeur bien carac- téristique, que nous n'avons jamais hésité à rapporter à l'hydrogène arsénié. Des essais que nous avons faits sur quelques dépôts fortement colorés pour y découvrir l'arsenic ont été infructueux : mais il y a peu de doute que ce corps n'existe dans certains produits de ce cratère, placé immédiatement au-dessus de ceux qui ont donné la lave. C. R., l862j ier Semestre. (T. LiV, N° S.) ^2 ( 246 ) de l'acide sulfureux. J'ai observé le fait inverse, et cela établit, pour des fu- merolles d'une même zone, à un moment donné, une sorte d'oscillation qui s'explique très-bien, ce me semble, d'après la manière dont j'ai rendu compte de tous ces phénomènes, et que j'ai exposée dans mon Mémoire sur les émanations volcaniques (i). » Ces émanations sulfurées, les plus fugitives de toutes, que je viens de saisir pour la première fois nettement dans le cratère central lui-même, et qui, d'après mes expériences, n'y sont pas accompagnées d'acide carbo- nique, je les avais déjà reconnues, si vous vous le rappelez, dès le 20 dé- cembre, clans une des bouches les plus élevées, et par conséquent les plus éloignées du centre éruptif de la fissure : c'était sur le flanc méridional de la seconde cavité. » Mais ce qui vous frappera certainement, c'est que ces mêmes fume- rolles du second cratère, qui, le 20 décembre, noircissaient l'acétate de plomb et déposaient du soufre aciculaire, quelques jours après étaient en- tièrement dénuées d'hydrogène sulfuré et contenaient une quantité notable d'acide carbonique. » Voici les résultats des analyses que j'en ai faites : g janvier. >i janvier. Tempéraiure 86°. Température 8^°. Acide carbonique 2,65 2,^5 2>97 4,^9 Oxygène j .,_ _ i5,oq 1 3 , 1 7 Azote |97>35 97,-5 gj J ^ » Le faible rapport de l'oxygène à l'azote : i5,6 i3,8 844 86,2 dans l'air qui accompagne ces émanations, est très-remarquable. Il rappelle ce que j'ai eu l'occasion d'observer, en juillet i856, sur le flanc du cône supérieur de l'Etna, dans les émanations carboniques de la fissure supé- rieure de i838, et aussi ce que nous avons trouvé, M. F. Le Blanc et moi, dans quelques-uns des gaz que j'ai recueillis, la même année, à la solfa- tare de Pouzzoles et à la source acidulé de Paterne, en Sicile (2). » Je dois ajouter que ces fumerolles carboniques exhalaient une odeur particulière, analogue à celle des matières organiques en combustion ou (1) Bulletin de la Société Géologique, 2e série, t. XIV, p. 254- (a) Mémoire sur la composition des gaz rejetés par les évents volcaniques de l'Italie méri- dionale. Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. LU. ( Al ) plutôt soumises à la distillation, et rappelant celle des fumerolles ammonia- cales de la lave. La fissure s'étant ouverte dans un terrain recouvert de vé- gétation, et les racines des arbres se montrant encore au-dessous du point dont il s'agit, on pourrait attribuer la production de l'acide carbonique et la désoxygénation de l'air à la combustion de ces matières végétales. Telle n'est pas mon opinion : je crois que le dégagement d'acide carbonique, ici comme du milieu de la lave de 1 794, comme au sommet du Vésuve, où il serait impossible de l'attribuer à la combustion de végétaux enfouis, est lié à des causes plus générales. Mais encore là où je parle, comment explique- rait-on que cet acide carbonique se fût déclaré seulement un mois après l'éruption, au moment où la température avait considérablement diminué, et surtout comment il y a succédé, dans les mêmes fumerolles, au gaz sulf- bydrique, et pourquoi celui-ci a disparu ? » Je viens de dire que l'acide carbonique se dégageait actuellement au sommet du Vésuve. En effet, la plaine, recouverte uniformément de pierres et de cendres, au milieu de laquelle s'ouvre l'immense cratère actuel, n'est guère accidentée que par une seule fissure à peine indiquée, et qui a sensi- blement la direction de la grande fente de 1794- II s'en dégage de la vapeur d'eau à G6°, non acide, ne noircissant pas l'acétate de plomb, ne déposant pas de soufre, et donnant l'odeur légèrement empyreumatique dont je viens de parler. Deux analyses du gaz qui accompagne la vapeur d'eau m'ont donné : 6 janvier. |5 janvier Acide carbonique 3,3ï 5, 91 Oxygène | a rQ 1 7 ,98 Azote . . j 96,68 '£& o:Az:: .9,3:8o,7 » Il est, je crois, très-naturel de considérer cette fissure qui seule, dans la plaine supérieure, émet actuellement des vapeurs avec quelque abon- dance, comme la continuation au sommet du volcan de la fissure de l'érup- tion, dont elle a d'ailleurs sensiblement la direction; et, s'il en est ainsi, vous voyez qu'elle complète parfaitement cette fissure au point de vue phy- sique et chimique. >• En définitive et en résumant la physionomie actuelle de la portion su- périeure de la fissure depuis le centre adventif qui a donné la lave jusqu'au sommet du volcan, vous voyez qu'il y a décroissance manifeste, et dans la température à la surface, depuis le rouge sombre des anneaux à fer oligiste jusqu'à 65 ou 66°, et dans l'intensité éruptive des émanations, depuis les 32.. ( 248 ) chlorures métalliques colorés, qui ont déjà remplacé les chlorures alcalins incolores, jusqu'à l'acide carbonique, en passant par les fumerolles chlorhy- drosulfureuses et les fugitifs dégagements d'acide sulfhydrique. » Ces variations avec la distance au centre éruptif, que j'ai constatées avec la persévérance et la minutie qu'il faut y apporter pour ne pas les lais- ser échapper, suivent donc, dans cette éruption, exactement le même ordre que celui que j'ai eu occasion de reconnaître et de constater le premier dans les émanations de la fissure supérieure de 1 855 (i). i ) J'ose dire que ces résultats n'ont point encore été contestés, au moins d'une manière sérieuse ; car je ne concevrais pas qu'on pût opposer avec équité, à des études faites cou, me celles que je viens d'exposer, et qui permettent de suivre, jour par jour et pas à pas, les progrès des diverses parties de l'appareil volcanique, les assertions de personnes le plus sou- vent étrangères au pays, qui, après avoir fait une simple excursion autour des orifices d'éma- nations, affirment qu'aucune loi ne préside à leur distribution, et que tout s'échappe péle- mèle et sans ordre du foyer volcanique. Il m'est au contraire bien agréable de voir mes déductions confirmées par les savants le mieux places pour les contrôler. C'est ainsi que M. Palmieri a reconnu par expérience [Eruzinni Vesuviane ciel r85o e i85i, da A. Scacchi, L. Palmieri e Guarini, p. 101 ) l'exactitude de ce que j'avais dit des fume- rolles sèches de la lave. C'est ainsi, enfin, que vous me permettrez de transcrire le passage suivant d'un des intéressants et trop rares articles que M. Guiscardi a insérés dans la revue scientifique II Giambaltisto Tien, à la date du i4 avril 1857. Après avoir décrit l'état du cratère supérieur, qui contenait alors deux petits cônes adventifs en éruption, M. Guiscardi ajoute : « Quant aux émanations gazeuses, j'ai trouvé digne de remarque que : — là où l'action » volcanique était énergique, près des cônes, dominait l'acide chlorhydrique ; — là où elle u était moins énergique, sur les parois de celui des cratères de i85o, qui est le plus voisin de » la Punto del Palo, et sur les parois du grand cratère de 1 855, dominait l'acide sulfureux : » ces deux gaz étant d'ailleurs toujours mélangés de vapeur d'eau ; — là où l'action était » faible, c'est-à-dire sur l'autre cratère de i85o, et à une certaine distance de celui de i855, » dans le gouffre de 1 854 et partout ailleurs sur le plan du grand cône, il n'y avait d'autre » émanation que la vapeur d'eau avec des traces de vapeur de soufre... » On voit qu'il est difficile de trouver une confirmation plus explicite de ce que j'avais énoncé en 1 855. Et si l'auteur de cette intéressante communication avait eu à sa disposition, au som- met du volcan, un fragment de papier imprégné d'acétate de plomb, un tube gradué et quel- ques décigrammes de potasse, il aurait pu, selon toute probabilité, donner une démonstration complète de la loi qui régit la distribution des gaz volcaniques. « Au reste, ajoute M. Guiscardi, je crois inutile de dire que cette distinction dans les éma- » nations gazeuses ne doit pas être prise d'une manière absolue. » J'ajouterai, de mon côté, que des phénomènes naturels de cet ordre ne peuvent pas, en effet, se délimiter d'une façon mathématique. En tenant Compté des fissures des di\ erses érup- tions qui étaient venues se rencontrer au sommet ^\u Vésuve en ce moment, on aurait vrai- ( 249) » Dans ce que je viens de dire des fumerolles de la fissure au-dessus du centre advenu f, je n'ai considéré les variations que dans le sens longitudinal et suivant l'âge de cette fissure. C'est ce que j'avais fait aussi en 1 855. L'étroitesse de la fissure ne permettait pas d'en faire davantage. Mais l'érupr tion du 8 décembre dernier a déterminé dans les couches de tuf une fissure beaucoup plus large. Quelques-unes des cavités atteignent une profondeur de 6o mètres et une largeur au moins égale. Il en résulte que j'ai pu recher- cher comment les phénomènes chimiques se répartissaient sur une section transversale. Déjà je vous en ai dit quelque chose dans ma dernière Lettre. Cela était frappant pour les cavités les plus élevées ; le 20 décembre, par exemple, vers le milieu des deux petits cols qui, séparant entre eux les deux premiers cratères, délimitent le second en haut et en bas, on trouvait à la surface une température considérable, plus de 36o° (ce qui indiquait le rouge à une faible distance au-dessous), et de ces points, s'échappaient des nuages épais d'acides chlorhydrique et sulfureux, qui laissaient un dépôt de chlorures métalliques. En s'élevant sur les pentes de ces petits cols, on voyait la température atteindre environ 200 à 2700, et le soufre compacte ou fondu se mélanger intimement aux chlorures ; puis, sur le flanc supé- rieur des cavités, et le plus loin possible de l'axe, nous trouvions, M. Fou- qué et moi, l'acide sulfhydrique, déposant du soufre octaédrique, et une température de 86°. La décroissance était donc manifeste dans le sens trans- versal de la fissure. » Sans entrer dans des détails qui allongeraient trop ma Lettre, il me suf- fira de vous dire que depuis lors mes recherches n'ont fait que confirmer semblablement trouvé plus de concordance encore qu'on n'en a signalé. D'ailleurs l'étude d'un volcan actif, et surtout d'un volcan en éruption , offre à la vérité deux grands avantages : seule elle peut permettre d'observer les ordres d'émanations les plus élevés, qui ne se mani- festent jamais dans les évents secondaires, et de saisir facilement les variations qui se produi- sent avec le temps, puisque ce n'est que dans ces moments de crise et de perturbation que, les phénomènes se succédant rapidement, un même observateur peut voir un même point à divers états d'intensité éruptive. Mais cette variabilité entraîne nécessairement des fluctuations, des oscillations du genre de celles que j'ai signalées aujourd'hui même. Le meilleur moyen de reconnaître les variations dans les caractères physiques et chimiques qui dépendent de la dis- tance au centre ëruptif, c'est d'observer les évents volcaniques où la localisation des émana- tions est la plus parfaite et la plus stable, c'est-à-dire ceux qui, pendant un temps fort long, souvent pendant des siècles, subissent constamment la même phase éruptive. Là les émana- tions des diverses classes se parque nt d'une manière réellement absolue, et l'observateur passe de l'une à l'autre sans aucun doute ni hésitation. Tel est le cas de Vulcano, qui me paraît le meilleur type à choisir pour l'étude des variations de cet ordre. ( 2DO ) cette nouvelle déduction ; à savoir qu'il y a, au double point de vue de la température et des intensités éruptives, décroissance aussi bien dans le sens transversal à la direction de la fissure que suivant cette direction elle-même. » J'avoue cependant que la chose m'a paru douteuse lorsque je suis arrivé près du centre érnptif, c'est-à-dire dans l'intérieur des deux cavités qui ont donné la lave. Dans le principal, le plus élevé des deux, j'avais en effet, le 21 janvier, la coupe transversale suivante du nord au sud : » Crète de lave scoriacée, avec chlorures métalliques et ouvreaux à fer ohgiste, au rouge sombre. » Fumerolles chlorhydrosulfureuses avec dépôt de chlorures métalliques, mélangés de soufre fondu à 1700 (1). (1 ) Le 21 janvier, j'ai condensé comparativement dans une dissolution alcaline ces fu- merolles à dépôt mélangé de soufre et de chlorure, et les fumerolles qui, sur le versant mé- ridional au pied de la crête scoriacée, ne déposaient pas sensiblement de soufre. 18 centi- mètres cubes des deux liqueurs m'ont donné les proportions suivantes d'acide chlorhydrique et sulfureux : Fumerolles à dépôt de soufre, Fumerolles sans dépôt d'alun et de chlorures de soufre. 08r,020 oer,oo4 0 , oo5 O , OOO Ces dernières étaient donc uniquement chlorhydriques et n'étaient qu'une dégénérescence des émanations de la lave, tandis que dans les premières, franchement placées sur la fissure, l'élément sulfuré était largement représenté. J'ai voulu savoir si, dans celles-ci, à mesure qu'avait lieu le décroissement d'intensité, les proportions des deux acides chlorhydriques et sulfureux variaient. Pour cela, je les ai con- densées dans une dissolution alcaline, le 21 janvier, au même point où nous avons opéré, le 20 décembre, M. Fouqué et moi. J'ai trouvé les nombres suivants pour 18 centimètres cubes des deux liqueurs : 20 décembre. 21 janvier. Température a33°. Température 170°. Acide chlorhydrique o8',o8i o8r,o2o Acide sulfureux o , 021 o , oo5 Les deux acides étaient donc restés sensiblement dans les mêmes proportions : seulement leur somme avait considérablement diminué, par rapport à la vapeur d'eau, en même temps que la température s'abaissait. Néanmoins, il faut remarquer que l'analyse du liquide condensé ne suffit pas pour donner exactement la proportion relative des deux acides. Car (sans parler de ce qui est arrêté par la décomposition des roches et transformé par elle en sulfates et en chlorures) dans les fume- rolles dont il s'agit, il faut tenir compte aussi du soufre qui se dépose. Or, le 20 décembre, la paroi intérieure de l'entonnoir en verre qui recevait directement les vapeurs, n'avait con- densé qu'une pellicule à peine appréciable de soufre, qui adhérait fortement au verre, tandis que le 21 janvier, cette paroi était recouverte d'une couche de soufre cristallin, qui se déta- ( »5i ) » Fumerolles suif hydriques avec dépôt de soufre aciculaire à g 5 ou 960» » Puis, de nouveau, fumerolles chlorhydrosulfureuses, ou plutôt pure- ment chlorhydriques. » Et enfin, au bord opposé de la fissure, crête de roches scoriacées, en liaison évidente avec la lave elle-même, d'où se dégage abondamment le chlorhydrate d'ammoniaque, à une température qui, à la surface, dépasse 36o° et atteint probablement le rouge fort peu au-dessous. » Mais cette succession donnait bientôt la clef de l'anomalie apparente. 11 était évident qu'au point d'où s'échappe la lave, l'axe de la fissure se dé- double, et qu'au lieu d'une crête centrale on avait alors deux crêtes demi- circulaires, représentant chacune le plan d'émission de la lave et concen- trant, par conséquent, dans son voisinage, un maximum d'intensité érup- tive : en fait, l'activité minime devait se trouver vers le milieu du cirque elliptique ainsi formé. » Ju-dessous des deux cratères de la lave, la Assure reprenait son allure simple et se réduisait à une crête centrale, le plus souvent visible et donnant toujours preuve du voisinage de la lave incandescente, par une tempéra- ture extrêmement élevée. » Je m'excuserais d'entrer dans de si grands détails, si je n'étais per- suadé que c'est pour avoir négligé d'examiner les faits avec cette scrupu- leuse attention qu'on a toujours cru- voir le chaos là où régnent, en réalité, l'ordre et la symétrie. » Il me resterait, enfin, à étudier les variations qui se font avec le temps dans les émanations des divers ordres. Mais ici j'ai à peine besoin d'in- sister : il me suffira de rapprocher entre eux, à ce dernier point de vue, les faits que j'ai énoncés dans cette Lettre et dans la précédente. » Je vous ai déjà dit, en effet, comment les émanations de chlorures alcalins incolores s'étaient transformées en chlorures métalliques colorés et acides et comment ces derniers, sous l'influence de la chaleur, de l'eau et de l'air, enrichissent les géodes de fer spéculaire et de cuivre oxydé ; com- ment les émanations dans lesquelles l'acide sulfureux se joignait d'abord à l'acide chlorhydrique, en déposant du soufre fondu mêlé aux chlorures, tendent à devenir uniquement sulfhydriques, en laissant le soufre sous chait avec la plus grande facilité et qui pesait 14 décigrammes. On peut donc affirmer sans crainte que, dans l'intervalle d'un mois, en même temps que la température de ces fume- rolles s'abaissait et que la proportion de vapeur d'eau s'accroissait, leur teneur en acide chlor- hydrique avait diminué comparativement à celle des éléments sulfurés, et que, dans ceux-ci, l'acide sulfureux, d'abord presque seul, s'était fortement mélangé d'acide sulfhydrique. ( 2 ja ) Forme de petits octaèdres groupés; comment, enfin, certaines fumerolles sulihydrocarboniquee perdent peu à peu l'hydrogène sulfuré et se réduisent i de la vapeur d'eau, entraînant avec elle de faibles proportions d'acide carbonique. Je vous ai fait remarquer que toutes ces transformations, qui sont des déchéances dans l'échelle des intensités éruptives, sont accom- pagnées de décroissances correspondantes dans l'intensité de la chaleur. Vous avez donc tous les termes de la série de transformations qui s'opèrent graduellement sur la fissure qui relie les deux appareils éruptifs, savoir : {'appareil adventif, qui concentre encore autour de lui la plus grande somme d'activité, mais dont l'énergie tend à décroître, et V appareil normal ou cen- tral, le cratère supérieur qui tend, au contraire, à reprendre ses droits et qui, avant peu, sera redevenu le centre d'où divergeront les forces éruptives en perdant de leur intensité, à mesure qu'elles s'en éloignent. Or, la série des transformations dont il s'agit n'est, en réalité, que la traduction de cet équilibre instable, dont la fin ramènera l'intensité maxima à sa place nor- male, c'est-à-dire au sommet du volcan. » Comment se fera ce déplacement de forces éruptives? ou plutôt com- ment se prépare-t-il en ce moment ? C'est le sujet que j'aborderai dans une prochaine Lettre en vous parlant des péripéties qu'a subies l'appareil nor- mal pendant la durée de l'éruption. Mais auparavant il faut que je vous dise le rôle que joue la portion inférieure de la fissure, celle qui, au lieu de rattacher l'appareil adventif au sommet du volcan, établit au contraire ses relations avec les organes inférieurs et le relie aux grandes fissures anciennes qui ont pu se rouvrir à cette occasion. J'aurai là, j'espère, quelques faits intéressants à vous faire connaître ; mais l'extrême longueur de cette Lettre m'oblige à les réserver pour une autre communication qui suivra celle-ci sous peu de jours. » CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'étlier chloracétique sur la triéthjlamitie et sur la triéthylphosphine ; action du cjanate d'éthyle sur la diéthylamine et la trièthj lamine; recherches par M. A.-W. Hofmanx. « Je suis redevable à M. C.-E. Graves d'une quantité considérable de bases éthyliques, qu'il a préparées en faisant agir l'ammoniaque sur l'iodure d'éthyle, dans le but d'essayer sur une grande échelle la méthode que j'ai proposée dernièrement pour séparer les trois composés au moyen de l'étlier oxalique. Grâce à cette circonstance, j'ai été à même de soumettre ces sub- siances, et spécialement la diéthylamine et la triéthylamine, à un examen plus approfondi qu'on ne l'avait fait jusqu'à présent. » Réservant une description détaillée de ces expériences pour une autre ( ,53 ) communication, je demande la permission de faire connaître à l'Académie quelques-unes des substances observées dans ces recherches. » 1. Action de téther chforacêtïque sur là triéthy laminé. — Un mélange de triéthy lamine et d'éther chloracétiqtie, desséchés tous deux avec soin, a été exposé pendant plusieurs heures à la température de ioo°, dans un tube scellé à la lampe. Après le refroidissement, le mélange s'est trouvé trans- formé en une masse visqueuse traversée par des cristaux (chlorure de triéthylammonium) ; et, lorsqu'on a ouvert le tube, il s'est échappé une petite quantité d'un gaz brûlant avec une flamme à bords verdâtres. Des expériences répétées ont montré que les cristaux et le gaz sont dus à des réactions secondaires. Le produit principal de l'action de l'éther chioracé- tique sur la triéthvlamine est le chlorure d'un ammonium, contenant à la place de l'hydrogène 3 équivalents d'éthyleet i équivalent d'un atome com- plexe formé par la réunion des éléments de l'éther chloracétique, moins le chlore : (C2H=)3N + ' /U'C}^J | 0= |(C2H5)3[C2H2(C2H5)02]N)Cl. » On a fixé la nature de la réaction par l'analyse du sel platinique formé par ce métal complexe. » L'addition du dichlorure de platine à la solution aqueuse du produit de la réaction donne naissance à un précipité cristallin difficilement soluble, qui, par des cristallisations répétées, peut être obtenu à l'état de pureté parfaite, le sel platinique de triéthylammonium, qui est extrêmement solu- ble, restant dans les eaux mères. » Le nouveau sel de platine se présente sous forme de beaux rhombcs parfaitement définis, contenant C,0H22NO2PtCl3={(C2H5)3[C2H2(C2H5)O2]NjCl,PtCl2. » Le chlorure correspondant au sel de platine s'obtient facilement par l'action de l'hydrogène sulfuré sur ce sel. Évaporée dans le vide sur de l'acide sulfurique, la solution dépose de longues aiguilles extrêmement so- lublesdans l'eau et dans l'alcool, qu'on peut faire recristalliser dans ce der- nier dissolvant. Cependant ces cristaux ne se prêtent guère à l'analyse, à cause de leur caractère déliquescent; je me suis donc contenté de corrobo- rer l'analyse du sel de platine parcelle du composé d'or correspondant. » Le sel d'or cristallise en aiguilles qui, fondant à ioo°, doivent être desséchées dans le vide. C. R., 1862, 1er Semestre. (T. LIV, N» S.) 33 ( 254 ) » Formule : C,0H22N02AuCl4 = {(C2H5)3[C2H2(C2H5)03]N)CI,AuCl3. » Je n'ai pas réussi à obtenir la base correspondant à cette série de sels. Traité par l'oxyde d'argent, le chlorure précédent a produit un précipité de chlorure d'argent et une solution contenant de l'alcool qu'on a pu séparer par la distillation fractionnée, en même temps qu'une substance cpii a été obtenue par l'évaporation à l'état cristallin. Quoique parfaitement neutre au papier à réactif, ce corps est capable de former avec les acides nitrique et iodhy- driquedessels bien définis, mais appartenant à une autre série. La substance cristalline obtenue par l'action de l'oxyde d'argent étant assez déliques- cente, on en a fixé la nature par l'examen des sels de platine et d'or, aussi bien que d'un nitrate et d'un iodure parfaitement cristallisés. L'analyse a démontré que ces composés salins ne différent de ceux de la série précé- dente qu'en ce qu'ils contiennent de l'hydrogène à la place de l'éthyle, différence de composition évidente d'ailleurs par l'élimination de l'alcool pendant la transformation. » La nouvelle série de sels, ne contenant que 3 équivalents d'éthyle, pourrait être désignée, pour le moment, sous le nom de composés triéthyli- ques, pour les distinguer de ceux de la première classe qui sont tétréthy- liques. » Le sel de platine s'obtient aisément en dissolvant la base triéthylique dans l'acide chlorhydrique et en ajoutant du dichlorure de platine. On peut faire cristalliser le précipité dans l'eau bouillante sans le décomposer. Il affecte alors la forme de magnifiques prismes rhomboïdaux ayant la com- position suivante : C8H,8N02PtCl3 = [(C2H5):!(C2H3()2)NJCI,PtCl-. » Le sel d'or cristallise en aiguilles difficilement solubles dans l'eau froide, aisément solubles dans l'eau bouillante. Leur composition est ana- logue à celle de la combinaison platinique : C8 II'8 NO2 Au Cl1 = [(C2 H5)' (C2 H3 O2 ) N ] CI, An Cl3. » Pour former le nitrate, il faut dissoudre le composé triéthylique dans l'acide nitrique, évaporer la solution à siccité, reprendre le résidu dans l'alcool et ajouter de l'éther, lequel détermine la précipitation du sel à l'état de belles aiguilles, très-solubles dans l'eau. La combustion a conduit à la ( 255 ) formule C8H,8N205==[(C2H5)3(C2H302)N]N03. » Le seul autre sel de cette série que j'ai examiné est l'iodure. On le forme en dissolvant le composé triéthylique dans l'acide iodhydrique ; le résidu cristallin obtenu par l'évaporation et dissous dans l'alcool absolu fournit des cristaux bien formés, extrêmement solubles dans l'eau. La com- position de ce sel présente quelque intérêt ; l'analyse a montré qu'il con- tient : C*«H8SN204I = [(C2Hs')3(CïH302)N]I,C8H,IN08. » De l'examen de ces sels il résulte que l'oxyde d'argent exerce une dou- ble action sur la combinaison de la triéthylamine avec l'éther chloracé- tique; d'abord le chlorure est transformé en base correspondante, ensuite cette base perd i équivalent d'éthyle qui se sépare sous forme d'alcool, selon l'équation suivante : 1(C H5)' [C2H2(G2 H5) 02]N | Cl + *^g Jo -+- ^ j O [(C!Hs)'(C2H»02)N]i (CSH')| -AgU+ N j H \ » La substance cristalline qui reste après le traitement du chlorure trié- thylique par l'oxyde d'argent pourrait être la base monatomique c.„..NO,= K<-«')'(C-H.O.)NjJ0 » Cependant il est permis de croire que cette combinaison se détruit au moment de sa formation et que les cristaux contiennent i molécule d'eau en moins, leur véritable composition étant alors C8H"N02 = C8H,9NQ3-H20. » Le produit cristallin n'a absolument aucune réaction alcaline; en outre nous avons vu la substance C8H"N02 unie à l'iodure dans la combinaison décrite plus haut. » J'insiste sur ces faits parce qu'ils pourraient donner un autre intérêt à notre composé, qui se présenterait ainsi comme glycocolle triéthylique : C8H"N02 = C2H2(C2H3)3N02. 33.. ( 256 ) » Il importe 3. Action du cyanate d'étliyle sur la diétliyluinine et la triétlij lamine. — Dans un Mémoire sur les urées composées, M. Wurtz, après avoir décrit les urées éthvlique et diéthylique, mentionne quelques expériences relatives à l'action du cyanate d'éthyle sur la diélhylamine et la triélhylamine qu'il a laites pour produire les urées contenant 3 ou 4 équivalents d'éthyle, sans toutefois arriver à des résultats décisifs. La même observation s'applique à une expérience que j'ai faite moi-même pour obtenir l'urée tétréthylique par l'action du sulfate de tétréthylammonium sur le cyanate potassique. Traité par l'alcool, le produit de cette réaction a laissé un résidu de sulfate de potasse, et le liquide filtré a déposé par l'évaporation une substance cristalline qui aurait pu être l'urée tétréthylique, mais dont la nature n'était pas fixée par des expériences décisives. Ce dernier corps a été de- puis étudié par M. Bruning, qui a trouvé que l'action du cyanate potassique sur le sulfate de tétréthylammonium donne lieu à la formation du car- bonate de tétréthylammonium, produit évident d'une décomposition se- condaire du cyanate de tétréthylammonium formé en premier lieu. Restait à fixer par quelques observations concluantes la nature des produits pro- venant de l'action du cyanate éthvlique sur la diélhylamine et la triéthv lamine. » Verse-t-on du cyanate d'éthyle goutte à goutte dans la diélhylamine parfaitement pure, on observe un dégagement de chaleur très-considérable. Par le refroidissement, le mélange se solidifie en une masse blanche cristal- ( 259 ) Une, qui peut être facilement débarrassée de la matière qu'on eût employée en excès, en la comprimant entre des feuilles de papier buvard. » Les cristaux ainsi obtenus sont solubles dans l'eau, l'alcool et l'éther. Ils fondent à 63° et distillent sans décomposition. Leur point d'ébullition est 223° (corrigé). » La formule de ces cristaux, déduite de l'analyse, est comme on pouvait s'y attendre d'après les circonstances de leur formation H(C2H5)2N + C(C2H5)NO == CH (C2 H5)3 N2 O. Dicthylamine. Cyanate ethyliquo. Trielliylurée. » Je n'ai pu produire de combinaisons de l'urée triétbylique avec les acides, pas plus qu'avec le dichlorure de platine ou le trichlorure d'or. » Traitée par les alcalis, l'urée triéthylique se décompose en formant de la diéthylamine, de l'éthylamjne et de l'acide carbonique : CH(C2H5)3N20 + IV 0 = H(CaH5)2N-t-H2(C2Hs]N + GO'. » L'action de l'acide cyanique sur la triéthylamine aurait pu donner naissance à une substance isomère à celle qui a été décrite. La vapeur de l'acide cyanique n'est que lentement absorbée par la triéthylamine. La solution dépose après quelque temps des cristaux d'acide cyanurique, au- cune combinaison n'ayant lieu. » La triéthylamine ne se combine pas davantage avec le cyanate d'éthyle, ni à la température ordinaire, ni à des températures portées graduellement jusqu'à 200°. Les cristaux déposés du mélange, dans plusieurs expériences, ont été reconnus comme cyanurate d'éthyle. En présence de la triéthyl- amine, le cyanate éthylique subit lentement et par degrés la transformation qui, comme je l'ai fait voir précédemment, s'opère de suite par l'action de la triéthylphosphine. » Des expériences ci-dessus il résulterait que la faculté de fixer les élé- ments de l'acide et des éthers cyaniques est limitée aux bases primaires et secondaires. Cette conclusion est confirmée par la conduite de la phényl- amylamineet de la phényl-diamylamine sous l'influence du cyanate d'éthyle, la première se combinant avec celui-ci, la dernière restant sans altération. La pyridine, monamine tertiaire également bien établie, est aussi sans ac- tion sur le cyanate d'éthyle. » On observe absolument la même conduite dans les diamines. La trans- ( 2ÔO ) formation en urées des diainines primaires et secondaires ayant été démon- trée parles expériences de M. Volhard, il suffisait de prouver que les dia- mines tertiaires ne possédaient plus le pouvoir de se combiner avec les composés cyaniques. En effet, la diamine éthylene-tétréthylique peut être digérée pendant plusieurs jours avec du cyanate d'éthyle sans manifester la moindre altération. La nicotine ne paraît pas non plus capable de former une urée. M. Wurtz a observé la formation de cristaux en faisant digérer un mélange de nicotine avec du cyanate d'éthyle; mais il n'a pas pour- suivi leur examen. Les cristaux formés dans mes expériences consistaient invariablement en cyanurate d'éthyle. » Ayant préparé pour les recherches ci-dessus une quantité considérable de cyanate d'éthj le, j'ai été porté à examiner la conduite de cette substance sous l'influence de différents agents qu'on n'avait pas encore fait agir. » Au nombre des corps ainsi formés, qu'il me soit permis de signaler un composé jaune cristallin, qui se produit dès qu'on verse du cyanate éth\ - lique dans un ballon rempli d'hydrogène sulfuré bien desséché. Je me pro- pose de soumettre à l'Académie l'examen de ce composé dans une Note ultérieure. » ZOOLOGIE. — Éludes sur In larve du Potamophilus ; />ar M. Léo\ Dufoitr. .< Je viens arrêter un moment l'attention de l'Académie sur une chétive, mais curieuse larve, jusqu'à présent inconnue à la science et qui mesure i peine 4 lignes de longueur. C'est le premier âge, la première morphose d'un petit coléoptère habitant des fleuves, le Potamophilus acuminatus. Cette larve vit presque immobile sur les vieilles souches immergées. » Dans cet extrait je me bornerai à exposer quelques traits anatomiques et physiologiques remarquables fournis par l'appareil de la respiration. » Celui-ci fonctionne en même temps et par des trachées qui puisent au moyen de stigmates l'air dans l'atmosphère et par des bronchies caudales qui, par une chimie organique toute problématique, sécrètent de l'eau am- biante le principe vital de cette haute fonction. Ce n'est pas tout : cette mi- crotomie a dévoilé pour la première fois à mes regards surpris deux sys- tèmes de trachées parfaitement distincts et fonctionnant simultanément. » L'un de ces systèmes reçoit l'air directement de l'atmosphère par les ostioles respiratoires de l'abdomen et vient étaler ses fines broderies nutri- tives exclusivement sur l'organe le plus essentiel de l'appareil digestif, le ventricule chylifique. Chacune de ces trachées, qui respire par le stigmate i 26i ) correspondant, a quatre utricules cylindriques et régulières de text :re élas- tique, quatre ballons du nacré le plus resplendissant s'élançant après l'inci- sion médiane de l'abdomen comme autant de brillantes perles qui vacillent sur leurs pédicelles tubuleux. Il y a soixante-quatre de ces ballons dans cette cavité si restreinte de l'abdomen, quatre pour chacune de ces trachées. Admirez avec moi et ce luxe de respiration et cette sage, cette ingénieuse prévoyance de la nature. Lors d'une grande tourmente des flots, ces pla- cides larves ne sont pas à l'abri d'une expulsion forcée de leur gîte, d'un naufrage cpii compromet leur existence. Dans cette catastrophe les ballons se gonflent et deviennent des vessies de sauvetage; l'animal surnage et, à la faveur de ses robustes ongles, jette l'ancre sur le premier bois flottant, se cramponne sur l'hospitalière souche qui se trouve sur son passage. Que de réflexions se presseraient ici sous une plume sans frein ! .. » L'autre système des trachées consiste dans ces grandes artères laté- rales de la circulation aérienne qui en arrière reçoivent le tribut de la sécré- tion branchiale et en avant aboutissent aux deux stigmates prothoraciques. » Ces branchies sont constituées par des aigrettes de soies d'une extrême finesse qui sortent au gré de l'animal, et comme par la détente d'un ressort, de dessous un panneau tégumentaire ventral mobile sur sa base. Dans l'exer- cice actif de leur fonction elles s'épanouissent de chaque coté en élégantes gerbes fasciculées. Les brins de celles-ci soumis à une puissante lentille du microscope sont autant de gaines qui reçoivent par endosmose le produit de la fabrication aérigène pour le livrer au torrent de la circulation tra- chéenne. >< J'avais jadis fait connaître des branchies parfaitement identiques dans la larve d'un névroptère du genre Hjdropskhe. Ces conformités de texture intime entre des organismes d'ordres classiques différents, mais soumis a un même genre dévie, fournissent à l'investi. .ateur physiologiste l'occasion d'une consolante appréciation des lois de la nature dans ses plus minimes créa- tions. » M. Lyell, récemment nommé à une place de Correspondant pour la Section de Minéralogie et de Géologie, adresse à l'Académie ses remerci- ments C. R., 1862, 1" Semestre. (T. L1V, N° S.) * ' ( 2Ô2 ) RAPPORTS. AGRICULTURE. — Happait sur un Mémoire de M. i\adai:lt de Biffo\ sut l'aménagement de Veau dans les rizières. (Commissaires, MM. Combes, Boussingault rapporteur.) « Nous avons été chargés par l'Académie d'examiner un Mémoire de M. Nadault de Buffon sur l'aménagement de l'eau dans les rizières. » Les environs de Mantoue, de Vivonne, de Novare présentent des cul- tures de riz considérables, que M. Nadault de Buffon a étudiées pour com- pléter des recherches qu'il a consignées dans un ouvrage remarquable sur les irrigations du nord de l'Italie. » L'eau, on le sait, est l'agent indispensable à la végétation du riz; elle protège la jeune plante trop frêle pour supporter les influences atmosphé- riques. Dans la première période de la culture, la hauteur de ,1a nappe li- quide est de om, i5à om,20. A l'époque de la floraison, qui a lieu à la fin de juillet, deux mois après la semaille, l'on remplace l'inondation perma- nente par une irrigation très-abondante. L'on cesse d'irriguer quand la plante entre en maturité, on assèche le sol pour faciliter la récolte. Dans les cultures irrigables des contrées méridionales, l'eau n'est donnée que d'une manière intermittente; le riz au contraire, surtout dans les premières phases de son développement, exige l'application d'un volume d'eau con- sidérable, puisqu'il y a nécessité d'entretenir, à un niveau réglé, de véri- tables étangs pour réparer les pertes continuelles qui ont lieu par l'évapo- ration, la transpiration de la plante et surtout par les infiltrations opérées à travers un sol qui n'est jamais parfaitement étanche. » C'est la déperdition d'eau occasionnée par ces diverses circonstances que M. Nadault de Buffon a cherché à évaluer; pour le uord de l'Italie, il considère comme très-probable une perte de ilu,5o à iht,75 d'eau par se- conde et par hectare de rizière. C'est, suivant cet ingénieur, à peu près le double de l'eau consommée, dans le même climat, par les prairies soumises à l'irrigation périodique. » Pour le midi de la France, où la température est plus élevée que dans le nord de l'Italie, là où l'on a essayé sans un succès bien avéré l'établisse- ment des rizières, M. Nadault de Buffon estime que la consommation moyenne de l'eau pourrait atteindre a1'1, 12 par seconde et par hectare, ce ( 263 ) qui porterait l'eau consommée en vingt-quatre heures par un hectare de ri- zière à environ 180 mètres cuhes. » Les rizières ont la réputation d'une grande insalubrité : M. Nadault de Bufïon ne la conteste pas, mais il est disposé à croire qu'on l'a beaucoup exagérée. Cependant, en consultant les documents que l'auteur a rassem- blés, l'on voit qu'il y a de fortes raisons pour persister à admettre l'inten- sité de cette insalubrité. » Après la conquête du royaume de Valence par les chrétiens, les vain- queurs se montrèrent d'abord très-disposés à conserver les rizières que les Maures avaient établies en Espagne vers la fin du XIIIe siècle; mais bientôt, sur les plaintes réitérées des habitants de Valence, la culture du riz fut pro- hibée sur le territoire placé sous la juridiction de la ville, puis en i4o3 sur toute l'étendue du royaume. Depuis, les rizières ont été successivement tolé- rées ou prohibées; mais l'expression tolérance usitée dans les pièces ad- ministratives prouve qu'en fait, la prohibition légale n'a jamais été rapportée. » En Italie, le régime des rizières a été soumis aux mêmes vicissitudes. La culture du riz a été introduite au commencement du XVe siècle dans les provinces vénitiennes, puis dans le Milanais, plus tard dans la Lombardie. Comme dans le royaume de Valence, des plaintes sur l'insalubrité causée par les rizières s'élevèrent aussitôt après leur établissement, et l'on voit l'ad- ministration supérieure faire droit aux réclamations des habitants en fixant à 1 1 kilomètres la distance à laquelle il était permis de cultiver le riz à partir des murs de Milan, et à g kilomètres pour les autres villes. » Un décret de 1809 permet aux rizières de se rapprocher un peu plus des centres de population; elles pouvaient être établies à 8 kilomètres de la capitale; à 5 kilomètres des communes de première classe; à % kilo- mètres des communes de deuxième classe, enfin à un demi-kilomètre des communes de troisième classe. » Quand on parcourt la législation concernant la culture du riz, l'on remarque que partout l'administration publique a senti qu'elle ne devait pas se dessaisir de la surveillance, et que partout aussi, à toutes les époques, elle a eu à lutter contre les réclamations des propriétaires du sol qui invo- quaient l'intérêt de l'agriculture, derrière lequel se trouvait réellement leur intérêt particulier. >< M. Nadault de Buffon pense « qu à l'aide de soins, de propreîé, d\n\e » alimentation convenable, il est possible de combattre avec un plein sut - » ces les influences m iladives que l'on attribue à la culture du riz. H que 34.. ( ê64 ) » c'est peut-être prématurément que l'on aurait renoncé, dans le midi de » la France, à cet important produit agricole. » » Vos Commissaires ne sauraient accepter cette opinion. Les rizières sont insalubres comme toutes les terres marécageuses, et plus funestes dans leurs, effets puisque leur culture attire un grand nombre de travailleurs. Ils ne croient pas davantage qu'il soit suffisamment prouvé que les rizières cessent d'être insalubres, même sous le climat équatorial, du moment où elles peuvent recevoir une attribution d:eau plus considérable que celle qu'on leur alloue ordinairement, par exemple en leur assurant '3 litres d'eau par seconde et par bectare, au l:eu de a litres. « Toutefois vos Commissaires ont trouvé dans le Mémoire soumis à leur examen d'intéressantes données sur l'aménagement et la consommation de l'eau dans les rizières; c'est uniquement à cette parlie pratique du travail de M. Nadault de Buffon qu'ils ont l'bonneur de vous proposer d'accorder voire approbation. » I^s conclusions de ce Rapport sont adoptées. DOMINATIONS. L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination d'un Membre de la Section d'Anatomie et de Zoologie en remplacement de feu M. hid. Geoffroy Saint-Hïlaire ( i ). Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 58, M. Emile Blanchard obtient. ... ?>i suffrages. M. Robin ag Il y a un billet nul. M. Blanchard, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur. (i) Avant qu'on recueillît les bulletins, M. le Secrétaire perpétuel avait fait savoir que M. .Toly, par une Lettre de date postérieure a la formation de la liste, avait demandé à être porté au nombre des candidats. ( a65 ) MÉMOIRES LUS. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Eludes sur tes mycodermes. Rôle de ces plantes dans la fermentation acétique ; par M. L. Pasteur. (Commissaires, MM. Chevreul, Boussingault, Balard.) a Les naturalistes désignent sous le nom de mycodermes ces pellicules lisses ou ridées, vulgairement appelées fleurs du vin; fleuri de la bière, fleurs du vinaigre, etc., que l'on voit apparaître à la surface de tous les liquides fermentes. » Tout ce que l'on sait sur ces petites plantes se borne à de courtes descriptions de leurs formes. » L'une d'elles mérite une mention spéciale. On trouve quelquefois dans les vases qui renferment du vinaigre, sous l'aspect de membranes plus ou moins difficiles à déchirer, une matière gélatineuse que l'on a désignée depuis longtemps, dans le langage des fabriques, du nom caractéristique de mère de vinaigre. » Voici comment Berzelius s'exprime à ce sujet : « Le vinaigre, dit-il, conservé d;ins des vases où il est en contact avec )• de l'air, perd sa transparence; peu à peu il s'y rassemble une masse gela- it tineuse, cohérente, qui paraît glissante et gonflée quand on la touche, et » d'où l'on ne peut point retirer par la pression le liquide qu'elle contient. » Cette masse a reçu le nom de mère de vinaigre, parce que l'on a cru à >• tort qu'elle était susceptible de déterminer la fermentation acide. ... ; à » l'état de pureté, elle est dépourvue de cette propriété, qu'elle doit uni- » quement à l'acide acétique qui se trouve renfermé dans ses pores » » Diverses pratiques des vinaigreries s'accordent complètement avec l'opinion de Berzelius. » Un fait remarquable, découvert en i8a3 par Edmond Davy, a exercé une grande influence sur la théorie autant que sur les procédés de fabrica- tion industrielle de l'acide acétique. — Le noir de plaline, arrosé avec de l'alcool étendu d'eau, s'échauffe et donne naissance à de l'acide acétique. » Ce fait est devenu l'occasion d'un nouveau procédé d'acétification. On fait écouler des liquides alcooliques sur des copeaux de hêtre entassés dans des tonneaux où l'air peut circuler librement. Les copeaux, dit-on, font l'office du noir de platine. C'est un corps poreux qui condense l'oxygène de l'air. ( 2G6 ) » En résumé, rien de plus obscur, rien de plus mystérieux, que cette ancienne fabrication du vinaigre, entièrement livrée à l'empirisme et à la routine » Dans les recherches que je poursuis depuis plusieurs années sur les fermentations, divers indices m'avaient porté à penser que les mvcodermes pourraient bien n'être pas étrangers à la formation de l'acide acétique. Ces indices se multipliant et s'accusant de plus en plus, j'appliquai tous mes efforts à les suivre par des expériences directes. » Des diverses espèces mycodermiques, l'une des plus faciles à cultiver, si l'on me permet cette expression, est sans contredit la fleur du vin, le Mycoderma vini ou ceruisiœ. C'est par elle que je commençai mes études. Leurs premiers résultats furent directement contraires à ce que j'attendais. En faisant développer la fleur du vin sur divers liquides alcooliques au contact de l'air, je n'obtenais pas du tout d'acide acétique. Bien plus, si j'introduisais directement dans le liquide une certaine proportion de cet acide, il disparaissait peu à peu. Il en était de même de l'alcool. » Néanmoins ces résultats n'étaient pas constants. » Mais ce qu'il est essentiel de remarquer, tous ces faits étaient subor- donnés à la présence et à la vie du mycoderme. » Je vais revenir à ces complications apparentes. Considérons aupara- vant, non plus la fleur du vin, mais la fleur du vinaigre, le Mycoderma aceti. » En cultivant cette nouvelle espèce, pure et sans mélange, à la surface de liquides alcooliques divers, je reconnus, cette fois, que le sens général des phénomènes était constant. L'alcool s'acétifiait toujours, avec forma- tion intermédiaire de petites quantités d'aldéhyde. Quant à la corrélation entre la manifestation des phénomènes chimiques et la présence de la plante, elle était aussi rigoureuse que dans le premier cas. » Cela posé, répétons les essais précédents relatifs à nos deux mycoder- mes, dans des vases clos, où nous pourrons enfermer, outre le liquide et la semence de la plante en expérience, un volume d'air déterminé, et de telle sorte que l'on puisse à chaque instant joindre à l'analyse du liquide l'ana- lyse de l'atmosphère du vase. Alors l'intelligence des phénomènes se montre dans toute sa simplicité. On reconnaît, en effet, que le mycoderme du vinaigre prend l'oxygène de l'air et le fixe sur l'alcool pour en faire de l'acide acétique; que le mycoderme du vin prend également l'oxygène de l'air et le fixe également sur l'alcool, mais pour en faire de la vapeur d'eau et de l'acide carbonique. On reconnaît de plus que si l'on supprime ( 2G7 ) l'alcool et que l'on fasse développer le mycoderme du vinaigre sur un liquide acétique, l'acide est transformé en eau et en acide carbonique. Avec le mycoderme du vin l'effet est le même, encore bien qu'il puisse y avoir de l'alcool en dissolution dans le liquide. » Conséquemment, si nous remarquons que l'aldéhyde n'est autre chose que de l'alcool moins de l'hydrogène, que l'acide acétique est de l'alcool qui a subi une combustion plus avancée, et qu'enfin l'alcool et l'acide acé- tique lorsqu'ils éprouvent une combustion complète se transforment en eau et en acide carbonique, nous déduirons logiquement de ce qui précède, que la fleur du vin se comporte exactement comme la fleur du vinaigre, et qu'il y a seulement pour elle des circonstances où sa propriété s'exalte, c'est-à-dire que la plante, au lieu de prendre à l'air deux ou quatre molé- cules d'oxygène pour les fixer sur une molécule d'alcool et en faire de l'al- déhyde ou de l'acide acétique, s'empare de huit ou de douze molécules de ce gaz, et transforme complètement à leur aide l'alcool et l'acide acétique en eau et en acide carbonique. » Et tous ces faits s'accomplissent avec une grande puissance, avec un grand dégagement de chaleur et une rapidité qui étonnerait l'imagination la plus hardie. i) Voilà comment la même plante qui provoque l'acétification de l'alcool, peut détruire l'acide acétique qu'elle a formé. Voilà comment le fabricant qui le premier a appelé mère de vinaigre la fleur du vinaigre, a été guidé par un instinct sûr. Voilà comment Berzelius, d'autre part, en refusant à la mère de vinaigre le pouvoir d'acétifier parce qu'elle détruisait cet acide, avançait un fait vrai, dont l'interprétation seule était erronée. » J'ai reconnu que la fleur du vinaigre ne détermine plus l'acétification dès qu'elle est submergée. Il faut, pour qu'elle agisse, qu'elle recouvre la surface du liquide. Dans les vinaigreries les dépôts des tonneaux que les fabricants appellent mères, n'ont aucune espèce d'action acétifiante. Tout se passe à la surface du liquide. » Voici la démonstration expérimentale de ces faits. Je détermine l'acé- tification d'un liquide alcoolique à l'aide du mycoderme du vinaigre, et de façon que le voile de la plante devienne assez résistant pour que toutes les parties en soient liées ensemble et difficiles à disjoindre. En même temps je mesure jour par jour le progrès de l'acidité de la liqueur. Puis, à un instant donné, je submerge le voile au moyen de lourdes baguettes de verre qui l'obligent à tomber au fond du liquide. Aussitôt l'acétification s'arrête, et ( 268 ) cela dure ainsi deux, trots, quatre, cinq, six jours et plus. Et, des qu'un voile nouveau reparait, l'analyse continuée du liquide accuse immédiate- ment la reprise de la formation de l'acide acétique. « Ce résultat prouve que la plante n'agit pas par un principe qu'elle sécréterait pour le répandre dans le liquide. 11 montre en outre que la cause du phénomène chimique qui accompagne la vie de la plante réside dans un état physique propre, analogue à celui du noir de platine. Mais il est essentiel de remarquer que cet état physique de la plante est étroite- ment lié avec la vie de cette plante. » Voici l'une des preuves de cette assertion. )> A la surface d'un liquide alcoolique renfermant essentiellement des phos- phates et des matières albuminoïdes, je fais développer la fleur du vin jus- qu'à ce que toute la surface du liquide en soit couverte. Je constate jour par jour qu'il y a disparition de l'alcool et de l'acide acétique si l'on en a ajouté dans le liquide. Alors, avec un siphon, j'enlève le liquide générateur de la plante, sans déchirer le voile de la mucorée, condition facile à remplir. Ensuite je substitue au premier liquide de l'alcool pur étendu d'eau. Le mvcoderme, difficilement mouillé à cause de ses principes gras, se soulève et recouvre la surface du nouveau liquide. La petite plante n'a plus alors pour aliments que les principes qu'elle peut trouver en elle-même. Or l'ex- périence démontre que dans ces circonstances anormales de maladie ou de mort relative, la plante, qui un instant auparavant, en pleine santé, opérait la combustion de l'alcool et de l'acide acétique, transforme maintenant pour une part l'alcool en acide acétique. « Cette expérience prouve que la plante malade fait les mêmes choses que la plante bien portante, mais avec moins d'énergie. » J'arrive maintenant au procédé d'acétification par les copeaux de lu-ti e Tous les auteurs sont d'accord sur l'explication théorique de ce mode de fabrication. Les copeaux, dit-on, agissent comme corps poreux, à la façon du noir de platine. Cette opinion est tout a fait erronée. Je vais démontrer que les copeaux n'ont aucune action par eux-mêmes, et qu'ils ne font que servir de support au développement de l'un des mycodermes, particu- lièrement du Mycoderma aceti. En effet, faisons écouler sur des copeaux ou le long d'une corde de l'alcool étendu d'eau. Les gouttes qui tombent a l'extrémité de la corde ne renferment pas la plus petite quantité d'acide acétique. Mais répétons cet essai en trempant la corde, au début de l'expé- rience, dans un 'liquide a la surface duquel se trouve une pellicule m\co- ( *69 ) dermique qui reste en partie sur la corde lorsqu'on la retire du liquide : l'alcool que l'on fait ensuite écouler lentement le long de cette corde au contact de l'air se charge d'acide acétique. » Si les mycodermes avaient seulement la propriété d'être des agents de combustion pour l'alcool et l'acide acétique, leur rôle serait déjà bien digne de fixer l'attention. Mais j'ai reconnu que cette propriété avait une généralité d'action qui ouvre un champ nouveau d'études à la physiologie et à la chimie organique. En effet, les mycodermes peuvent porter l'action comburante de l'oxygène de l'air sur une foule de matières organiques, les sucres, les acides organiques, divers alcools, les matières albuminoïdes, en donnant lieu dans certains cas à des intermédiaires dont j'ai déjà aperçu quelques-uns (i). » J'ajouterai encore que la propriété dont il s'agit se retrouve à des de- grés variables dans les Mucédinées, et, tout me porte à le croire, dans les plus petits des Infusoires. J'ai reconnu que l'on pouvait par le dévelop- pement d'une Mucédinée transformer en eau et en acide carbonique des quantités relativement considérables de sucre, sans qu'il restât dans la liqueur la plus faible proportion de cette substance. » Si les êtres microscopiques disparaissaient de notre globe, la surface de la terre serait encombrée de matière organique morte et de cadavres de tout genre (animaux et végétaux). Ce sont eux principalement qui don- nent à l'oxygène ses propriétés comburantes. Sans eux, la vie deviendrait impossible, parce que l'œuvre de la mort serait incomplète. » Après la mort, la vie reparaît sous une autre forme et avec des pro- priétés nouvelles. Les germes, partout répandus, des êtres microscopiques commencent leur évolution, et, à leur aide et par l'étrange faculté qui fait l'objet de ce Mémoire, l'oxygène se fixe en masses énormes sur les sub- stances organiques que ces êtres ont envahies et en opère peu à peu la combustion complète. » Qu'il me soit permis, en terminant cette trop rapide exposition, de caractériser brièvement à un autre point de vue les résultats de ce travail. Nous venons d'apprendre qu'il existe des cellules organisées qui ont la pro- priété de transporter l'oxygène de l'air sur toutes les matières organiques, les brûlant complètement avec un grand dégagement de chaleur ou les (i) Il me paraît nécessaire de reprendre, au point de vue de ces nouvelles idées, tout ce qui concerne la nitrification. C. R., 1862, î" Semestre. (T. LIV, N° S.) 35 ( 27° ) arrêtant à des ternies de compositions variables. C'est l'image fidèle de la respiration et de la combustion qui en est la suite, sous l'action de ces globules organisés que le sang apporte sans cesse dans les cellules pulmo- naires, où ils viennent chercher l'oxygène de l'air pour le répandre ensuite dans toutes les parties du corps, afin d'y brûler à des degrés divers les principes de l'économie. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. chimie appliquée. — Mémoire sur un nouveau mode d'épuration des liquides sucrés , jus et sirops, et sur un nouveau moyen de révivification du noir animal employé dans la fabrication du sucre; prMM. H. Leplay et J. Cuisinier. (Extrait par les auteurs.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Boussingault. Payen.) « Les études qui ont été faites depuis quelques années dans le but d'ap- porter des améliorations dans la fabrication du sucre ont eu principalement pour but la suppression de l'emploi du noir animal dans cette industrie. Témoins, depuis bien des années, des services que l'emploi du noir animal a rendus et rend tous les jours, nous avons donné à nos recherches une di- rection tout opposée. Nous nous sommes proposé principalement pour but d'analyser l'action que le noir animal exerce sur les liquides sucrés à chaque phase de la fabrication, la durée de celte action et son épuisement. Nous avons cherché des moyens faciles et rapides de lui rendre intégrale- ment ses propriétés absorbantes perdues par l'usage. Nous avons cherché à pénétrer la cause de ses diverses propriétés absorbantes, sur laquelle la chimie n'a jeté jusqu'à présent que peu de lumière. Nous avons pu, pour ainsi dire, eu augmenter à volonté la puissance et produire ainsi sur les liquides sucrés, jus et sirops, une épuration beaucoup plus complète que celle que l'on obtient par les moyens usités. Cette élude nous a conduits à la découverte d'une nouvelle méthode d'épuration des liquides sucrés et d'un nouveau moyen de révivification du noir animal, qui présentent dans la fa- brication du sucre de betteraves les résultats principaux suivants : » i° De supprimer complètement l'usage du noir neuf; >• 20 De supprimer également complètement la révivification à haute température (fours de révivification, etc., etc.); » 3" De réduire dans de très-grandes proportions la quantité de noir en cours de travail et d'apporter une économie notable dans son emploi: a7i » 4° D'obtenir des sucres d'une qualité supérieure avec un rendement plus considérable, sans changer les appareils existant dans les fabriques; » 5° De réduire, dans une proportion importante, le prix de revient du sucre. » Nous allons exposer cette nouvelle méthode. » Dans la méthode ordinaire on suppose toutes les propriétés absorbantes du noir animal usées en même temps, et la méthode de révivification que l'on emploie a pour but de les révivifier également toutes en même temps. L'idée fondamentale de notre méthode, au contraire, réside surtout : » i° En ce que nous avons reconnu au noir en grain un rôle multiple et des pouvoirs absorbants divers qui s'exercent indépendamment les uns des autres, et qui ne s'épuisent pas tous en même temps; » 2° Dans la révivification successive des propriétés absorbantes du non animal au fur et à mesure qu'elles s'épuisent, par des moyens différents et appropriés à la nature des matières qu'il a absorbées ; » 3° Dans la possibilité d'augmenter à volonté l'énergie des propriétés absorbantes du noir et de rendre ainsi son action d'épuration plus complète sur les jus et sirops; » 4° Dans la suppression de tout moyen exigeant une température supé- rieure à celle de l'eau bouillante ou de la vapeur libre. » En examinant ce qui se passe dans la filtration des jus et sirops, nous avons trouvé, contrairement à ce que l'on suppose, que l'épuisement des propriétés absorbantes du noir pouvait se diviser en trois périodes que nous allons examiner successivement. » La première série de propriétés absorbantes est à peu près complète- ment épuisée après quelques heures de filtration, soit dans les circonstances ordinaires, environ quatre heures. Ce sont les propriétés absorbantes pour les matières visqueuses azotées, ammoniacales, sapides et odorantes, qui nuisent à la fluidité des sirops, à leur cristallisation, à la dureté et à la consistance du grain, à la quantité et à la qualité du sucre, et qui donnent aux sucres bruts l'odeur et la saveur particulières aux produits de la bette- rave. Nous rétablissons complètement les propriétés absorbantes primitives en faisant passer un courant de vapeur d'eau à travers les grains de noir animal contenus dans le filtre. Ces propriétés absorbantes du noir animal peuvent être ainsi régénérées d'une manière indéfinie. » La deuxième série des propriétés absorbantes du noir est beaucoup plus longue à s'épuiser, elles durent environ six à huit fois plus longtemps que celles de la première série. 35. ( «7» ) » L'épuisement de ces propriétés varie avec l'alcalinité des jus déféqués et des sirops. Ce sont les propriétés absorbantes pour les alcalis libres, chaux, potasse, soude, et pour les sels de chaux et autres matières salines. Ces ma- tières contribuent surtout à la coloration des jus et sirops pendant l'évapo- ration en détruisant du sucre, et quand elles existent en trop grande quan- tité, elles empêchent d'obtenir le degré de cuite nécessaire à la cristallisation. Nous révivifions ces propriétés absorbantes par une dissolution faible d'acide chlorhydrique versé sur le noir contenu dans le filtre et par des lavages à l'eau suffisamment prolongés. » La troisième série comprend les propriétés absorbantes du noir pour les matières colorantes; elles s épuisent dans un espace de temps trente et qua- rante fois plus long. D'ailleurs la présence dans les sirops de la matière colo- rante n'a pas une gratifie importante, quand ces sirops sont diaphanes et bril- lants et qu'ils ne contiennent aucune matière en suspension. Avec des sirops colorés on peut obtenir des sucres blancs, et quand on juge à la teinte qu'il est nécessaire de procéder à la révivification des pouvoirs absorbants poul- ies matières colorantes, nous les révivifions par des dissolutions faibles d'al- calis caustiques bouillants. » Nous pratiquons ces différentes opérations de révivification, soit dans le filtre même, soit dans des appareils spéciaux analogues aux filtres. » Les différents modes de révivification que nous venons d'indiquer re- constituent les propriétés absorbantes du noir animal dans leur état primi- tif, mais sans les augmenter. Nous avons cherché dans la production d'un nouveau produit fixé dans le noir même la solution du problème de 1 aug- mentation des propriétés absorbantes du noir. » Lorsqu'on met dans un verre à expérience i équivalent de biphosphate de chaux et i équivalent de phosphate tribasique, identique à celui qui entre dans la composition du noir, les deux phosphates se combinent pour en former un troisième qui est un phosphate à 2 équivalents de base. » Cette réaction s'explique par la formule suivante : PhOs, 3(CaO) + PhOs, CaO, 2(HO) = a[Ph05, a(CaO), HO]. » Ce nouveau phosphate est insoluble dans l'eau, sans action acide sur le papier de tournesol : il ne produit aucune interversion sur le sucre et est doué de propriétés absorbantes des plus énergiques. Ce qui se fait dans un verre avec du phosphate de chaux tribasique se produit de la même manière dans un filtre rempli de noir animal en grain, lorsqu'on y verse une dissolu- ( *73) tion étendue de biphosphate de chaux. Le même effet se produit avec le noir animal en poudre. Les noirs ainsi traités possèdent des propriétés absorbantes bien plus considérables, que nous pouvons faire varier à vo- lonté, et produisent sur les jus et sirops une épuration bien plus complète. » Nous avons encore utilisé à la clarification et à l'épuration des liquides sucrés la propriété singulière que possède le phosphate à trois proportions de chaux, de se précipiter sous forme gélatineuse, en emprisonnant dans son réseau toutes les matières qui troublent la transparence des sirops d'une manière beaucoup plus complète que l'albumine, le sang et les autres ma- tières employées dans la clarification. » En résumé, nos procédés sont basés sur l'étude attentive et raisonnée des propriétés singulières des différents phosphates de chaux et de leur ap- plication à l'épuration des liquides sucrés et particulièrement des jus et sirops de betteraves. » Nous pratiquons les moyens que nous venons d'indiquer sommaire- ment dans deux sucreries importantes du département de l'Oise, l'une située à Francières, appartenant à MM. Bachoux et C'e, l'autre à Froyères, appartenant à MM. Daniel et Cie. » La quantité de sucre fabriqué dans ces deux usines par nos procédés a été jusqu'à ce jour d'environ 3oo ooo kilogrammes (i). » Cette fabrication a été suffisante pour démontrer la valeur de nos moyens de fabrication et la réalité des avantages qu'ils présentent. » Nos procédés peuvent être appliqués avec le même succès dans la fa- brication du sucre de canne, ainsi que dans le raffinage des sucres. » physiologie comparée. — Mémoire sur la physiologie du système nerveux dans le grillon champêtre ; par M. Yersin. (Extrait par l'auteur.) (Commission du prix de Physiologie expérimentale.) « Le travail (pie je présente à l'Académie résume les observations que j'ai recueillies sur les fonctions du système nerveux dans le grillon champêtre, dès l'année i856 Cette première partie ne renferme que l'étude des effets de la section des cordons ou commissures qui lient entre eux les ganglions de la chaîne médullaire. (i) La production du jus est en ce moment terminée dans ces usines, mais on y continue de travailler les sirops de ie et de 3e jet par nos procédés. La fluidité des sirops nous permet même d'espérer de faire des sucres 4e jet. ( 374) » Les faits renfermés dans cette première partie de mon travail paraissent établir dès maintenant les résultats suivants : » La coordination des mouvements n'est pas troublée par la section des deux cordons à la fois sur un point quelconque de la chaîne. » Au contraire, la locomotion devient anormale : i° toutes les fois que l'on coupe un seul cordon sur un point de la chaîne antérieur au ganglion du métathorax; 20 toutes les fois que l'on pratique deux ou plusieurs sec- tions, chacune sur un seul cordon, entre des ganglions différents, l'une au moins des sections portant sur un point antérieur au métathorax. « Dans les animaux vertébrés, les nerfs proprement dits ont tous leurs racines dans la moelle allongée et dans la moelle épinière. Dans les articulés, presque tous les nerfs naissent des ganglions. L'analogie anatomique con- duit donc à assimiler les ganglions de la chaîne à une moelle. » Les expériences dont on vient de lire le résumé nous semblent établir que c'est l'ensemble des ganglions céphaliques et thoraciques qui président à la coordination des mouvements locomoteurs, sans qu'il soit possible de fixer cette fonction dans l'un de ces organes à l'exclusion des autres. Ainsi cette moelle représente en même temps le cervelet des animaux supérieurs. » Il est très-probable que c'est aussi dans la réunion des ganglions qu'il faut chercher l'analogie du cerveau des vertébrés. » zoologie. — Observations nouvelles sur la présence des corpuscules de Cornalia et sur celle des Vibrions ou Bactéries chez les vers à soie atteints de la maladie régnante; par M. N. Joly. (Extrait.) (Commission des vers à soie.) L'auteur résume dans les propositions suivantes les résultats des obser- vations consignées dans sa Note. « Le procédé indiqué par M. Cornalia, pour distinguer la bonne graine de la mauvaise, n'offre pas une certitude absolue; mais il me paraît d'une utilité incontestable pour reconnaître la graine contaminée. » a° Devra être considérée comme infectée, ou du moins comme très- suspecte, toute graine renfermant en plus ou moins grande abondance ces corps, de nature encore problématique, désignés sous le nom de corpus- cules oscillants. » 3° Ne pourra être considérée comme absolument bonne toute graine qui n'offrira pas de ces mêmes corpuscules. ( 275 ) » 4° On trouve souvent chez les vers à soie malades une innombrable quantité d'infusoires du genre Bacterium. Ces infusoires ont été déjà signalés et décrits par moi en i858, sons le nom de Vibrïo Aglaiœ. » 5° Les Bactéries se rencontrent seules ou mêlées à de nombreux corps vibrants : mais elles ne produisent nullement ces derniers par voie de scis- siparité, et moins encore par oviparité. « 6° Les Bactéries et les corps vibrants sont l'effet et non la cause de la maladie à faces multiples qui ravage nos magnaneries. » y0 Ce sont très-probablement de vrais produits morbides nés sponta- nément au sein des tissus et des sucs animaux ou végétaux en décomposi- tion. » M. Kekulé, professeur de chimie à Cand, adresse, à l'occasion dune- communication récente de M. Caliours « sur les dérivés pyrogénés de l'acide citrique v, une réclamation de priorité qu'il appuie en présentant en re- gard, d'une part, divers passages de la Note de M. Caliours imprimée an Compte rendu de la séance du 20 janvier dernier, et, de l'autre, les passages correspondants empruntés à un travail qu'il a présenté à l'Académie de Bruxelles, séance du Ier juin 1861 et qui a été reproduit dans un journal publié à Paris, Y Institut, n° du 23 octobre. MM. Dumas et Balard sont invités à prendre connaissance de la réclama- tion de M. Kekulé et à en faire, s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport. M. Gauckler soumet au jugement de l'Académie une « Théorie générale de l'écoulement des liquides ». (Commissaires, MM. Poncelet, Morin.) M. Vinson adresse de Saint-Denis (île de la Réunion) un Mémoire sur l'apparition d'oiseaux étrangers aux îles de la Réunion et Maurice, et sur l'origine de la faune ornithologique de ces deux pays. L'auteur annonce qu'on trouvera en outre dans son travail « des données précises sur les distances que peuvent franchir certains oiseaux de mer el de terre » . (Commissaires, MM. Milne Edwards, Valenciennes.) M. Poulet envoie, de Plancherdes-Mines (Haute-Saône), au contours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, tin Mémoire ayant pour titre : ( 276 ) « Considérations générales sur plusieurs maladies épidémiques, sur leur étiologie et sur leur traitement préventif ». (Réservé pour la future Commission.) M. Babixet dépose sur le bureau une brosse voltaïque construite par M. J. Imme, de Berlin, et indique de vive voix quelques-uns des avantages qu'a, suivant lui, cet appareil sur d'autres précédemment imaginés pour l'application de l'électricité à la thérapeutique. (Renvoi à une Commission composée de MM. Babinet et Jobert de Lamballe.) 31. Couturier adresse une Note sur le moulage des silicates en fusion. Ce Mémoire, qui est accompagné d'une épreuve en verre de grande dimension, mais rompue en deux pièces, est renvoyé à l'examen des Commissaires désignés pour de précédentes communications de l'auteur, MM. Regnault, Payen. L'Académie reçoit deux Notes destinées au concours pour le legs Bréant et écrites en allemand : l'une adressée de Neisse (Prusse) par M. L. Wolff, l'autre d'Augsbourg par M. Castell. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie constituée en Commission spéciale.) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de la Guerre annonce qu'en exécution de l'article 38 du décret du Ier novembre i852 et du décret du 26 décembre suivant, MM. Poncelet et Le Verrier sont maintenus Membres du Conseil de perfec- tionnement de l'Ecole Polytechnique au titre de l'Académie des Sciences. M. le Ministre de la Marineet des Colonies annonce qu'il a com- pris l'Académie des Sciences dans la répartition de la Revue maritime et colo- niale, recueil que publie depuis le Ier janvier 1861 le département de la marine et des colonies. La Société impériale d'Agriculture de Moscou envoie le Compte tendu de ses travaux pour l'année 1860. ( 277 ) Madame Ve Cordier prie l'Académie de vouloir bien faire ouvrir un pa- quet cacheté déposé par feu M. Cordier le 28 octobre 1 844 et de prendre connaissance du Mémoire qui y est contenu, Mémoire sur la formation des roches de dolomie. La lecture du Mémoire ne pouvant, vu l'heure avancée, avoir lieu dans cette séance, l'ouverture du pli cacheté est renvoyée au lundi suivant. M. Lefort, en son nom et au nom des autres membres de la famille de M. Biot, prie l'Académie de vouloir bien charger une Commission de venir reconnaître un certain nombre d'instruments de physique qu'elle avait con- fiés an vénérable Académicien et qui doivent être réintégrés dans sa galerie. ( Renvoi à la Commission administrative. M. Tempel, à qui l'Académie dans sa dernière séance publique a décerné une des médailles de la fondation Lalande, lui adresse ses remercîments et s'excuse de ne l'avoir pas fait plus tôt. Sa Lettre, datée du 3o janvier, contient en outre l'observation suivante de la nouvelle comète dont M. Valz venait de lui communiquer la découverte. « Le 29 janvier 1 86 r à ioh i5m, je l'ai pu apercevoir comme une faible nébulosité, ayant en JK u°/i7'3o", . 3G8. ( 279 ) mais j'ai déjà proposé de doubler les formules.de M. Guthrie (1) et je vais prouver maintenant que les réactions du bromure que j'ai découvert justi- fient la formule double que je lui attribue. » Le brome n'est que faiblement combiné avec l'oxyde d'éthylène : de là sans doute la couleur rouge et l'odeur irritante du composé. Lorsqu'on traite celui-ci par l'hydrogène sulfuré ou par certains métaux, on enlève le brome et on met le corps oxygéné en liberté. Le mercure est particulière- ment commode pour opérer cette décomposition. On l'introduit dans un tube avec les cristaux rouges et sans mêler intimement, on abandonne le tout pendant vingt-quatre heures. On observe d'abord un faible dégagement de chaleur et on obtient finalement une masse décolorée qui renferme du bromure de mercure imprégné d'un liquide volatil. Celui-ci est séparé par distillation au bain d'huile et purifié par plusieurs rectifications sur de la potasse récemment fondue. » A. la température ordinaire, le nouveau corps constitue un liquide incolore doué d'une odeur faible, mais agréable. A une basse température, il se prend en une masse cristalline fusible à -+- 90. Il bout à ioa°. Sa den- sité à o° est = 1 ,0/482. Sa composition répond à la formule fa H t> _ J£SH,0 qui a été contrôlée parla détermination de la densité de la vapeur. L'expé- rience a donné pour cette densité le chiffre 3, 10; la théorie indique le chiffre 3,0^7. » Au moment où les cristaux rouges sont décomposés par le mercure, ils mettent donc en liberté non pas de l'oxyde d'éthylène, mais de l'oxyde d'éthylène doublé ou du dioxèthylène, fait qui vient à l'appui de la formule que je propose pour le bromure. Le dioxèthylène constitue un nouveau polymère de l'aldéhyde et un isomère de l'oxyde mixte, combinaison de l'aldéhyde avec l'oxyde d'éthylène, que j'ai décrite il y a quelques mois (2). Il constitue probablement l'éther de l'alcool diéthylénique G2 H» j G" H* ' O3 — HsO=G4H8©2, H2 \ et peut être un homologue du dioxyméthylène découvert par M. Boutle- 1] Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. LIX, p. 463. I 2) Comptes tendus, t. LUI, p. 3^8. 36.. ( 2«0 row (i). Pourtant on constate une différence sensible entre les réactions du dïoxyrriéthylène et celles du dioxyéthylène. circonstance qni est due peut-êtreà la complication moléculaire plus grande de ce dernier. Je rap- pelle qu'on observe des différences analogues entre l'oxyde d'éthylene et l'oxyde d'ann lène. » Le dioxyéthylène se dissout en foutes proportions dans Tenu, l'alcool et l'éther. Il se combine difficilement avec l'acide acétique anhydre. L'ayant chauffé pendant plusieurs jours à \io" avec cet acide, je n'ai obtenu en distillant le produit que quelques gouttes d'un liquide bouillant au-dessus de i5o°. et j'ai pu séparer du droxyélhj lène non altéré du liquide qui avait passé au-dessous de i3o°. En chauffant du dioxyéthylène avec une solution d'ammoniaque, je n'ai point réussi à combiner les deux corps. » Mais revenons aux cristaux rouges. Le brome y est simplement ajouté a l'oxyde d'éthylene doublé et l'on peut supposer que celui-ci y joue le rôle de radical. J'ai voulu introduire ce radical dans d'autres combinaisons et préparer en particulier un alcool de la forme ' j O2 correspon- dant au bromure ( C2FLO)2 Br2 et analogue aux alcoo's sulfurés préparés par M. Guthrie (a). Pour cela j'ai employé la méthode des sels d'argent, qui m'a donné de si bons résultats pour la transformation des bromures et des iodures organiques en alcools. Mais ayant traité une solution éthérée du bromure (€2H4ô)2Br2 par l'acétate d'argent, j'ai bien observé une réac- tion immédiate et énergique, mais je n'ai obtenu cpie quelques gouttes d'un liquide épais, bouillant à une température élevée et qu'on peut supposer être l'acétate correspondant au bromure employé. » "Transformation de l'oxyde d'éthylene en alcool. — Une solution aqueuse d'oxyde d'éthylene a été introduite dans un vase renfermant de l'amalgame de sodium et entouré d'un mélange réfrigérant. Le lendemain le liquide aqueux et alcalin a été soumis à la distillation. On en a retiré de l'alcool, qui a été rectifié sur du carbonate de potasse. Il possédait l'odeur, le point d'ébullition et la composition de l'alcool ordinaire. Ainsi l'hydrogène peut s'ajouter directement à l'oxyde d'éthylene et le convertir en alcool selon l'équation €!HH)+H2 = G!H6G. » On ne possède qu'un petit nombre d'exemples de ces additions directes i i 'Bulletin de la Société Chimique de Paris, t. I, p. 5i . Séance (tu 25 juin i85<». (2) Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. LIX, |> 4^1- ( a»i ) d'hydrogène, dont la transformation chi benzile G"H10O! en benzoïne €"H"Os par M. Zinin (0, et celle des acides fumarique et mal éi que C4H4Q4 en acide snccinique €4H604 par M. Rekulé (2), offrent les seuls cas bien constatés. J'ajoute que j'ai essayé inutilement, il y a plusieurs années, de transformer l'aldéhyde en alcool par l'action de l'hydrogène naissant, c'est- à-dire en ajoutant I;; première substance à de l'acide snlfurique étendu et a du zinc. » Le liquide aqueux et alcalin d'où l'alcool a été séparé par distillation renferme «lu glycol et des alcools polyéthyléniques formés par l'addition directe de l'eau à une on plusieurs molécules d'oxyde d'éthvlene. » Comliinaison de l'oxyde d'éthylènê avec l'acide clilorlt) drique. — J'ai déjà insisté à plusieurs reprises sur les propriétés basiques de l'oxyde d'étbylène. L'expérience suivante les démontre d'une manière frappante. On introduit dans deux éprouvettes remplies rie mercure à -+- 2.0" volumes égaux d'acide chlorhydrique et d'oxyde d'étbylène. (On sait que ce dernier bout à -t- 1 3°.) On mêle ensuite les deux gaz et on les voit disparaître aussitôt, comme le gaz ammoniac disparaît lorsqu'on y ajoute du gaz chlorhydrique; il se forme du chlorhydrate d'oxyde d'éthylène ou glveol chlorhydrique. photographie. — Quatrième Mémoire sur t héliochromie ; }>ai 'M. Nif.pce de Saint- Victor. « Je rappellerai encore que c'est toujours le principe de M. Edmond Becquerel sur lequel je me base, mais je crois y avoir apporté une modifi- cation importante, laquelle permet d'abord d'obtenir des teintes plus vives sur un fond clair, puis, après l'obtention des couleurs, on peut par une seconde opération les fixer momentanément, c'est-à-dire que l'on retarde de plusieurs heures l'action destructive de la lumière. » On sait que les couleurs béliochromiques s'obtiennent sur une couche de chlorure d'argent formée sur une plaque métallique. » On peut chlorurer la plaque d'argent par divers moyens; aujourd'hui je la chlorure dans de l'hypochiorite de potasse. Ce bain alcalin, quoique très-variable dans sa composition, donne généralement de belles teintes, seulement le fond de l'image reste un peu sombre, même maigre l'action (1) Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. LXIII, p. 373. (2) Annales de Chimie et de Physique, 3' série, t. LXIII, p. 36q. ( 282 ) du recuit de la plaque, et diverses causesdu reste font toujours dominer cer- taines couleurs. n Cette chloruratioa ne donne pas des résultats identiques connue celle indiquée par M. E. Becquerel dans son Mémoire du 3 juillet 1 854 ^ e"e ne vaut même passons le rapport de la sensibilité celle que j'ai employée dans le temps ou je reproduisais les couleurs d'une poupée. Le bain dont je me servais à cette époque était composé de mi-partie de sulfate de cuivre e! mi-partie de proto et de deuto-chlorure de fer desséché étendu de -~ d'eau Avec cette chloruratiou qui a subi l'action du recuit, on peut opérer au soleil en un quart d'heure dans la chambre obscure. » Mais dans ces dernières recherches, mon but ayant été plutôt la fixa- tion des couleurs que leur développement, j'ai employé le moyen le plus simple et le plus économique pour les produire, et tout en cherchant à les fixer, je suis parvenu à les obtenir plus vives, toutes choses égales d'ailleurs. .. On sait que, pour obtenir les couleurs sur un fond blanc, il faut, avant d'exposer la plaque à la lumière, la chauffer jusqu'à ce que le chlorure d'ar- gent prenne une teinte rose ; ou bien remplacer l'action de la chaleur par celle de la lumière sous un écran mixte, comme l'a indiqué M. E. Becquerel dans son Mémoire déjà cité. » J'arrive maintenant au perfectionnement que j'ai apporté dans la pré- paration de la plaque chlorurée avant son exposition à la lumière, laquelle préparation consiste à appliquer sur la plaque un vernis composé d'une solution saturée de chlorure de plomb fondu et obtenu directement par le métal, dans laquelle on met de la dextrine suffisamment pour en former ni! vernis d'une certaine consistance. > On laisse reposer le vernis vingt-quatre heures, puis on le décante pour s'en servir ensuite pendant plusieurs jours. On coide ce vernis sur la plaque après qu'elle a subi l'action du recuit en l'étendant sur toute sa sur- face, onégoutte par un des angles en séchant le vernis sur la lampe à alcool; alors la plaque est prête à être exposée à la lumière. » Sous l'influence de la lumière, les couleurs se produisent avec une bien plus grande intensité que si la plaque n'était pas recouverte de ce ver- nis, comme on le remarque en ne traitant que la moitié d'une plaque. Ea partie recouverte de vernis aura un fond blanc, parce que le chlorure de plomb a la propriété de faire blanchir le chlorure d'argent sous l'influencé de la lumière (surtout si le chlorure d'argent a subi l'action du recuit |, et, chose plus extraordinaire, c'est que les noirs d'une gravure se reproduisent ( a83 ) souvent avec une assez grande intensité, même sur une plaque rosée avant l'exposition à la lumière. » Apres l'obtention des couleurs, on chauffe la plaque sur une lampe à alcool, et on élevé doucement la température le plus haut possible sans carboniser le vernis, ce qui arrive quelquefois assez promptement sur les parties frappées directement par la lumière blanche, surtout si le chlorure de plomb est trop acide ou trop concentré. » Sous l'influence de la chaleur on voit les couleurs prendre générale- ment plus d'intensité, surtout si la lumière a impressionné toute l'épaisseur de la coucbe de chlorure d'argent; dans le cas contraire, la chaleur fait tourner les bleus au violet et les noirs au roux; mais, chose remarquable, c'est par cette action de la chaleur sur le vernis influencé par la lumière que l'on obtient cette fixité momentanée des couleurs héliochromiques. » Si on applique le vernis à base de chlorure de plomb après l'obtention des couleurs, on les avive, mais on les conserve bien moins longtemps que si le vernis est appliqué avant l'obtention, et cependant l'obtention n'est pas retardée. » Généralement toutes les substances que l'on applique à l'état de vernis sur la couche de chlorure d'argent, soit avant, soit après l'obtention des couleurs, font noircir à la lumière les clairs de ces images, tandis que tous les sels de plomb et surtout le chlorure les font blanchir ; il faut même éviter que la solution de chlorure de plomb soit trop concentrée : dans ce tas il se produit trop de chlorure blanc. » Plusieurs substances, comme par exemple le sulfate et le nitrate de cuivre, appliquées avec de la dextrine sur la couche de chlorure d'argent avant l'exposition à la lumière, avivent et font dominer certaines couleurs; mais aucune ne les fixe encore aussi longtemps que les sel;; de plomb, et surtout le chlorure. » Enfin, j'espère qu'avec ce vernis contenant du chlorure de plomb on pourra supprimer presque en totalité l'action du recuit toutes les fois que la plaque sera chlorurée, soit par la pile, soit dans un bain acide comme celui que j'ai indiqué plus haut ; mais avec le bain alcalin cpie j'ai eniplové dans ces dernières expériences, il faut encore donner un demi-recuit à la plaque avant d'appliquer le vernis : si on amène la plaque tout à fait à la teinte rose, les couleurs se produisent plus rapidement, les clairs sont plus blancs; mais lestons sont généralement moins vifs, d'un autre côté la fixité est plus grande. » En résumé : i° Le chlorure de plomb, appliqué sur la couche de chlorure ( a84 ) d'argent avant l'exposition a la lumière, produit en partie l'effet du recuit, c'est-à-dire que la lumière blanche agit en blanc sur les clairs et pertmi d'obtenir toutes les teintes beaucoup plus vives qui' sur la plaque seulement amenée à la teinte rose par la chaleur. » 20 L'action de la chaleur après celle de la lumière produit, sur la partie du chlorure d'argent enduite de venus contenant du chlorure de plomb, une fixité momentanée des couleurs héliochromiques. » 3° La lumière blanche fait blanchir le chlorure d'argent en présence du chlorure de plomb, au lieu de le faire tourner au violet comme s'il eût été seul. » 4° L'action de la lumière est retardée, elle agit plus lentement puisqu'il lui faut dix à douze heures de lumière diffuse pour détruire ces couleurs, ce qu'elle fait ordinairement en quelques minutes; du reste il y a toujours une fixité relative. •■ 5° Te! est l'état de l'héliochromie aujourd'hui; si le problème de la fixation n'est pis encore résolu, ou peut du moins espérer une solution. » physique DU GLOBE. — Sur les phénomènes électriques qui se sont pro- duits dans la fumée du lésuve pendant l'éruption du 8 décembre i86i : par M: L. Palmieri. « Dans les grandes éruptions du Vésuve, chaque fois qu'une quantité considérable de vapeurs et de cendres est sortie des bouches avec impétuo- sité, on a toujours vu des éclairs plus ou moins fréquent.-, briller au milieu du pin formé par ces vapeurs; mais c'est la première fois que j'ai eu l'occa- sion d'étudier ces ferrilli (comme les appellent les gens du pays) de près et au moyen d'appareils de précision (i). a J'ai \u de ces éclairs près des nouvelles bouches au-dessus de Torre del Greco, à une distance de 200 à 3oo mètres, qui suffisait pour n'être pas atteint par les fragments de lave et les blocs incandescents, et j'ai entendu le bruit qu'ils faisaient, comparable à la détonation d'un pistolet. N'ayant (1) V électromètre comparable a conducteur mobile, que j'avais déjà imagine du vivant de Melloni, qui le considérait comme très- propre au l>nt que je me proposais, d'obtenir des observations régulières de météorologie électrique. Cet appareil a reçu un prix de l'Académie des Sciences de Lisbonne. Il a été place par Belli sur la tour météorologique de Pavie, et il a été adopté, avec quelques modifications, par le P. Serein, l'un des juges les plus compétente en météorologie ( 285 ) pas là d'instrument propre à faire des observations, je puis seulement affir- mer que ces éclairs partaient toujours des globes de fumée les plus volumi- neux, aussitôt que ceux-ci avaient atteint une hauteur déterminée. » Plus fard, à l'observatoire, j'ai pu utiliser mes appareils chaque fois que ce même phénomène des éclairs s'est reproduit sur la cime du cùne et dans la vapeur, accompagnée de cendres, qui sortait des bouches supé- rieures. Les éclairs avaient lieu le plus souvent entre le globe de fumée et de cendres lancé avec la plus grande force et la vapeur placée au-dessus et sortie auparavant : ils avaient lieu très-rarement entre ce globe de fumée et le sol situé au-dessous de lui. Les éclairs correspondaient toujours à de grandes explosions, même lorsque ces explosions n'amenaient point au jour de matières incandescentes. A chaque violente projection de fumée corres- pond sur les instruments une forte tension d'électricité positive, et lorsque celle-ci atteint un certain degré, il y a explosion et fulguration. Si la dé- charge a lieu du côté des vapeurs les plus voisines du zénith de l'observa- toire, elle amène un accroissement subit dans la tension de l'électricité po- sitive; si la décharge se dirige, au contraire, vers le sol ou vers un point éloigné, il se produit, comme par contre-coup, une tension subite d'élec- tncite négative. » La vapeur qui se dirige sur l'observatoire, si elle est dépourvue de cen- dres, donne toujours une forte électricité positive. La cendre qui tombe, si la fumée d'un courant supérieur est en ce moment déviée du zénith, porte en tombant de l'électricité négative. Enfin, si la cendre tombe sur l'obser- vatoire et que la fumée aille dans la même direction, il se produit ordinai- rement une faible électricité négative, et, dans certains cas, on trouve de l'électricité négative en observant le conducteur fixe, et de l'électricité posi- tive en observant le conducteur mobile. » Tous ces phénomènes, en apparence singuliers, rentrent dans les lois générales de l'électricité météorique que j'ai découvertes, et dont on trou- vera un court exposé dans le 1er volume des Annales de l'Observatoire vésuvien. » Bien que les fulgurations du Vésuve ne soient pas, celte fois, les plus grandes que l'on ait observées, néanmoins leur apparition a toujours été accompagnée du bruit de l'explosion. Ces détonations s'entendaient très- loin de l'observatoire, à un intervalle qui n'a jamais dépassé sept secondes et demie, et n'a jamais été moindre que quatre secondes et demie. Mais, de Naples, on observait les lueurs sans percevoir le son. » C. R., 1862, 1" Semestre. (T. LIV, N° S.) ^7 ( 286 ) M. Ta vignot adresse une Note « sur un nouveau procédé pour L'applica- tion à l'opération de la cataracte de la méthode galvanoplastique ». XL. Dom. deLccce envoie de Naples une Note « sur deux nouvelles causes et sur une nouvelle méthode curative de la bléphanoptose ». La méthode curative consiste dans des scarifications. XL. S. de Luca, professeur de chimie à l'Université de Pise, prie l'Aca- démie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante de Correspondant de la Section de Chimie et adresse à l'appui de cette demande une Notice sur ses travaux scientifiques. ( Renvoi à la Section de Chimie. ) M. Mathieu, fabricant d'instruments de chirurgie, met sous les yeux de l'Académie trois instruments auxquels il a fait subir des modifications qui lui paraissent de nature à rendre plus rapide et plus sûre l'opération nouvelle de l'ovariotomie. XL. Mackixtosh prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte l'une Note sur un nouveau propulseur pour les machines marines qu'il a précédemment soumise à son jugement. (Renvoi à M. Dupin, déjà chargé de prendre connaissance de cette Note. M. Gorissex, géomètre en chef du Hanovre, communique les résultats auxquels il est arrivé par une comparaison des diverses opérations qui ont eu pour but la mesure d'un degré du méridien et prie l'Académie de lui donner, relativement aux opérations exécutées par des Français, quelques renseignements dont il aurait besoin pour compléter son travail. (Renvoi à MM. Babinet et Faye. ) M. Hechenberger, dans une Lettre écrite en latin et datée dlnspruck, annonce que les découvertes anatomiques de M. Jlyrll, récemment couron- né! s par l'Académie, l'ont conduit à faire en thérapeutique des découvertes qu'il s'empresserait de rendre publiques s'il pouvait compter sur l'appui de l'Académie. La Commission qui a décerné à M. Hyrtl le prix de Physiologie expéri- ( *«7 i mentale est chargée de prendre connaissance de la demande de M. Hechen- herger M. Ch. Chevalier, opticien, met sons les yeux de l'Académie des verres de besicles en crown-glass qui, suivant lui, réunissent toutes les qualités qu'on peut se promettre du choix de la matière, de la régularité des cour- bures et du fini de l'exécution. (Renvoi à l'examen de M. de Senarmont.) M. de Paravey adresse deux nouvelles Lettres sur les renseignements qu'on peut trouver dans les livres des chinois relativement à l'histoire des sciences et à l'histoire du genre humain. Il y revient sur ce qui a fait l'objet d'une de ses précédentes communications, le zèbre, animal étranger à la Chine, et sur une chenille zébrée dont le nom se confond avec celui de ce mammifère. Il y ajoute', des détails sur le choquart (Corvus pjrrhocorax); enfin il aborde d'autres questions qui sortent du cercle de celles dans lesquelles se renferme l'Académie des Sciences, et qu'il serait par consé- quent superflu de mentionner ici. La séance est levée à 5 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 10 février 1862 les ouvrages dont voici les titres : annales de l'Observatoire impérial de Paris, publiés par M. U.-J. Le Verrier, directeur de l'Observatoire; Mémoires, t. VI. Paris, 1861 ; in-4°. Résistance des matériaux; par M. Arth. Morin , 3e édition , t. I et IL Paris, i 862; vol. in-8°. Prodromus systematis naturalis regni vegetabilis, sive Enumeratio contracta ordinum, generum, specierumque plantarum luicusque coqnitarum, juxta rne- thodi naturalis normas digesta editore et pro parte auctore Alphonso DE Cak- dolle; pars décima quinta, sectio posterior, fasc. I. Parisiis, 1862; in-8u. Mémoire sur la structure intime de la vésicule ombilicale et de V allanloide chez l'embryon humain ; par le Dr Ch. Robin. (Extrait du Journal de la phy- siologie de l'homme et des animaux, n° de juillet 1861. 1 In-8°. 37.. ( 288 ) Notice analytique sur les travaux zoologiques, anatomiques et physiologiques de M. Aug. Duméril. Paris, 1862; in-4"- L'Année scientifique et industrielle ; par M. Louis FiGUil.it ; 6e année. Paris. 1 86a ; in- 12. Les eaux de Paris ; par le même. Paris, 1862; 111-12. Expédition dans les parties centrales de l'Amérique du Sud, de Rio de Janeiro à Lima, et de Lima au Para; exécutée par ordre du Gouvernement français pendant les années 1 84 ^ à 1847» sous la direction du comte Francis DE CaS- TELNA.tr. 6e partie, Botanique: 1 4e livraison, texte 25 à 28, planches 70, 73, 73, 78, 81 et 90; 1 5e livraison, texte 29 à 34, planches 76, 77, 80 et 84; 16e livraison, texte 35 à 4°, planches 85, S6, 88 et 89. Paris, 18G0; in-4°. Types de chaque famille et des principaux genres des plantes croissant sponta- nément en France; par M. F. PlÉE; i4'eet 142e livrais. in-4°avec planches. Instructions sur l'anthropologie de la France ; Rapport de M. Gustave La- GNEAU. (Extrait du t. II des Bulletins de la Société d Anthropologie , séance du 16 mai 186 1.) Paris, 1861; in-8°. Dictionnaire français illustré et Encyclopédie universelle ; 1 32e, 1 33e et 1 34e livraisons in-4°. Monographie de i Erylhroxylon coca; par L.-A. GOSSE (de Genève). Piruxelles, 1862; in-8. Importance de l'aluminium dans la métallurgie ; par M. Ch. TiSSIER. Rouen, 1862; in-4°. Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire ; IXe volume ( travaux divers); Xe volume (travaux de la Section des Sciences physiques et natu- relles). Angers, 1 861 ; in-8°. Bulletin de la Société académique d' Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et Arts de Poitiers ; n° 6 1 . Poitiers, 1 86 1 ; in-8°. Bulletin de l'Institut archéologique liégeois; t. V, ire livraison. Liège, 18G2; in-8". On the... Sur la courbure du contour de la tète de la comète Donali , ana- lyse d'une communication faite par M. Bond à l'Académie américaine en octobre 1861; in-8°. Leopoldina... On/ane officiel de l'Académie des Curieux de la nature; publié par son président le Dr D.-G. RlESER; 3e livraison; in-4°. Bapport sur les travaux de la Société impériale d'Agriculture de Moscou pour l'année r86o. Moscou, 1861 ; in-8°. Annuario... Annuaire du Musée de Physique et d'Histoire naturelle de Florence pour l'année 1859. Florence, 1 858 ; in- 12. ( 2% ) Atti... Actes de [Institut I. R. vénitien des Sciences, Lettres et Beaux- Arts (novembre 1861-octobre 1862); t. VII, 3e série, ire livraison. Venise, 1861- 1862; in-8". Atti... Actes du royal Institut lombard des Sciences, Lettres et Beaux- Arts; vol. II,fasc. i5-i8. Milan, 1862; in-4°. Osservazioni... Observations géodésiques sur le Vésuve; Note lue à l'Aca- démie Pontonnienne le 11 février i855; par M. F. Schiavoni, professeur de géodésie. — Observations sur le même sujet lues à la même Académie le i5 juillet 1 858; par M. F. Schiavoni. Sulla... Sur la mesure d'une base géodésique exécutée dans la Pouille ; note de M. -F. Schiavoni. Naples, octobre 1 861 . Istruzioni... Instructions pour les travaux qui s'exécutent en campagne par les officiers et ingénieurs du corps royal topographique de Naples; publiées par le directeur lieut. -colonel C. Firrao. Naples, 1860 ; in-4°- Carta... Carte de la région voisine du Vésuve troublée par les phénomènes éruptifs à partir du 8 décembre 1861 ; adressée par M. C. Firrao. Statistica... Cadre statistique des différentes communes pour setvir aux reconnaissances militaires. (Publication du corps royal topographique.) Cenno... Essai historique sur les travaux géodésiques et topographiques exécutés au Bureau topographique de Naples. Naples, 1860; br. in-8°. Anuario... Annuaire de l'Observatoire royal de Madrid; 3e année. Ma- drid, 1862; in-12. Observatorio... Publications de [Observatoire météorologique de l'infant don Luizà l'Ecole Polytechnique de Lisbonne; nos 3y à [\i ; in-folio. ( a9° ) PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR L'ACADEMIE PENDANT I.E MOIS DE JANVIER 18G2. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; 2e se- mestre 1 86 1 , n° 27, et Ier semestre 1862, noa 1,2, 3; in-4°. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, PELOUZE, BOUSSINGAULT, Regnault, DE Senarmoîst, avec une Revue des travaux de Chimie et de Physique publiés ù l'étranger; par MM. Wurtz et Verdet ; 3e série, t. LXIII, décembre 1861; t. LXIV, janvier 1862; in-8°. Annales de r Agriculture française ; t. XVIII, n° 12, t. XIX, n° 1; in-8°. Annales de l'Agriculture des colonies; 2e année, n° 17, 3e année, n° 1. Annales de la Société d'Iiy.lrologie médicale de Paris; comptes rendus des séances; t. VIII, livraisons 3, 4> 5; t. VI, 12e livraison; in-8°. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine ; t. XXVII , nos 5, 6, 7. Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; ie série, t. IV, n° 10. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; décembre 1861. Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'industrie nationale, rédigé pat MM. Combes et Peligot; t. VIII, novembre et décembre 1861. Bulletin de la Société de Géographie ; 5e série, t. II; nos 11 et 12; irt-8°. Bibliothèque universelle. Revue suisse et étrangère ,• t. XII, n° 48, t. XÏU, n° 49; in-8°. Bulletin île la Société française de Photographie; décembre 1 861 et janvier 1862; in-8°. Bulletin de lu Société géologique de France; 2e série, t. XIX; décembre 1 Sf ; 1 . Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique ; 3oe année, 2e série, t. XII, n° 12; in-8°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. XX; nos 1 à 5; in-8°. Chronique orientale et américaine; 5e année; n° 2. Dublin médical press; 2e série, vol. V; n° 108. Gazette des Hôpitaux; 34e année; nos i52 et 1 53 ; 35e année, n° 1 à 12; 111-8°. Gazette médicale de Paris; 32e année, n°* a à 5 ; in-40. Gazette médicale d'Orient; 5e année, janvier 1862. ( 291 ) Journal de Médecine mentale; t. II, n° i. Journal de la Section de Médecine de la Société académique du département de la Loire-Inférieure; 3>]e vol., 197e, 198e livraisons; in-8°. Journal d' Agriculture pratique ; 26e année, nos 1 et ■>.. Journal de Chimie médicale , de Pharmacie et de Toxicologie; t. VIII, 4e série, janvier 1862. Journal de la Société impériale et centrale d Horticulture ; t. VII, décembre .861. Journal de Pharmacie et de Chimie; 21e année, t. XLI, janvier 1862. Journal des Vétérinaires du Midi ; i5e année, janvier 18G2. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 28e année, n° 36: 29e année, nos 1, 2, 3. Journal d' Agriculture de la Cote-d' Or ; novembre et décembre 1861 . Journal de Mathématiques pures et appliquées ; 2e série, octobre 1861 . Le Moniteur de la Photographie , ire année, nos 20, 21 et 22. La Bourgogne; 36e livraison ; in-8°. La Culture; 3e année, nos i3, 14 et 1 5. L Agriculteur praticien; 2e série, t. 111 ^ nos 6 et 7. L'Art médical; janvier 1862; in-8°. L Art dentaire; 6e année, janvier 1862. L'Abeille médicale; 19e année; n09 1 à 5. La Lumière; 1 Ie année, n° 24.; 12e année, n°" 1 et 2. L Ami des Sciences; 8e année; nos 1 à 5. La Science pittoresque ; 6e année; nos 34 à 39. La Science pour tous; 7e année; 1109 5 à 9. La Médecine contemporaine ; 4e année; nos 1 à 5. Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; t. I\ ; 121e. 122e livraisons, et tables des matières ; in-4°- Le Technologiste^ janvier i862;in-8°. L'Institut. Première section, 3oe année; n05 1 463 et (464- Le Gaz; 5e année; nos 17 et 18. La Industria ; ire année, n09 1 et 2. Montpellier médical: Journal mensuel de Médecine; t. VIII, n° 1; janvier 1862; in-8°. Magasin pittoresque ; décembre 1861 et janvier 1862. Monthly... Notices mensuelles de la Société royale d'Astronomie de Londres ; vol. 22 : n° 2. Nouvelles Annales de Mathématiques; 2e série, t Ier, janvier 1862; in-8°. ( 292 ) Nachrichten... Nouvelles de l'Université de Gœttingue; janvier 1862. Presse scientifique des Deux-Mondes ; année 1862, t. Ier, n°' 1, 2 et 3; in-8°. Revista... Revue des Trm>au.v publics ; Madrid ; t. X, n°* 1 et 3; in-4°. Répertoire de Pharmacie ; t. XVITI, janvier 1862. Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale; 29e année, nos 1, 2 et 3. Revue des Eaux et Forêts; janvier 1862. The American tournai Américain des Sciences et des Arts ; 2e série, n° 97; janvier 1862 ; in-8°. The qnarterly... Journal trimestriel de la Société chimique de Londres; vol. XVI, n° 4; in-8°. The quarterly... Journal trimestriel de la Société géologique de Londres; vol. XVII, 4e partie; m-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 17 FÉVRIER 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Ministre d'Etat transmet une ampliation du Décret, impérial qui confirme la nomination de M. Blanchard à la place vacante dans la Section d'Anatomie et de Zoologie, par suite du décès de M. Geoffroj-Saint-Hilaire. Il est donné lecture de ce Décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Blanchard prend place parmi ses confrères. GÉOLOGIE. — De l'origine des roches calcaires qui n'appartiennent pas au sol primordial ; pat M. L. Cordier (i). (Note déposée sous pli cacheté le 28 octobre 1 84^ et ouverte conformément à la demande de Madame veuve Cordier, mentionnée au Compte rendu de la précédente séance.) « Occupé depuis longtemps de la question encore si peu avancée qui a pour objet de déterminer l'origine des roches calcaires en général (2), et ayant, à ce que je crois, trouvé la solution de cette importante question eu ce qui concerne celles de ces roches qui n'appartiennent pas aux terrains Primordiaux, j'ai pensé qu'avant de mettre la dernière main à mon travail, il était nécessaire que j'allasse visiter dans le Tyrol italien et le long du revers méridional des Alpes suisses les terrains dont l'étude a suggéré à M. de Buch une singulière opinion, partagée depuis par un certain nombre ( 1 ) Paris, le 22 octobre 1 844- (2) On remarque en effet que M. Cordier avait déjà fait, à la séance du 12 octobre i835, des réserves sur cette question, lorsqu'elle s'était trouvée indirectement soulevée par une communication de M. Arago. (l'cir tome I des Comptes rendus, page ig3.) C. K., 1862, i« Semestre. (T. L1V, N° 6.) *° ( 294 ) de géologues. C'est à savoir que dans les roches calcaires magnésiferes de ces contrées la magnésie a été introduite après coup par une certaine action mystérieuse des roches pyroxéniques qui en sont plus ou moins voisines et que telle est même l'origine de la magnésie dans les roches de calcaire secondaire de tous les pays. Je viens de faire ce voyage et de me convaincre plus que jamais du peu de fondement de cette singulière hypothèse. » Désireux de faire quelques expériences sur les calcaires considérés soit comme magnésiens, soit comme non magnésiens, que j'ai recueillis dans mon vovage, et me trouvant dans l'impossibilité de rédiger immédiatement mes observations relativement à la question générale, j'ai pensé que, dans l'intérêt de la science comme dans celui que je puis avoir à prendre date. il était nécessaire de déposer dans le présent écrit, que je remets cacheté à l'Académie, les principaux résultats auxquels je suis déjà arrivé. » Dans l'exposé qui va suivre je donne la dénomination de sédimentaires ou secondaires à toutes les roches calcaires et à toutes les dolomies qui n'ap- partiennent pas aux terrains Primordiaux. Cette dénomination embrasse par conséquent les roches calcaires qui figurent dans cette pellicule (si je puis inexprimer ainsi), dont beaucoup de géologues s'obstinent à exagérer l'importance en lui conservant le nom de terrains Tertiaires et à laquelle je donne celui de terrains de la période Paléothérienne. En outre, je laisse à dessein de côté ce qui a rapport, à l'origine de ces calcaires sédimentaires, rares et tout à fait exceptionnels, qui contiennent des coquilles d'eau douce. Cela dit, je passe à l'exposé de mes résultats. » i° C'est à tort que l'on a séparé jusqu'à présent ce qui a trait à l'origine des dolomies sédimentaires, de ce qui concerne la formation des roches cal- caires sédimentaires ordinaires. Il y a très-peu de ces dolomies qui ne soyent mécaniquement mêlées de simple carbonate de chaux en quantité plus ou moins notable et il y a excessivement peu de calcaire ordinaire qui ne con- tienne des parcelles disséminées de double carbonate de magnésie et de chaux: la quantité de ces parcelles est souvent de plusieurs centièmes. Dans les contrées où la dolomie sédimentaire abonde, il y a une foule de masses mixtes qui par leur existence établissent un passage théorique entre les calcaires sédimentaires ordinaires et les dolomies pures ou presque pures. Les considérations tirées des gisements confirment cette conséquence qu'il y a identité d'origine. » 20 Les roches de calcaire sédimentaire ordinaire ne se sont pas formes s. comme on le croit généralement, par l'accumulation des dépouilles plus ou moins triturées des mollusques testacés marins et des zoophytes. Ces détri- tus, considérés dans leur ensemble et d'une manière générale, ne constituent ( 2

<, des Jslr. Nachrichten. Il la trouva dans la nuit du 11 octobre i852, tout a côté d'une étoile de 10e grandeur. La nébuleuse et l'étoile paraissent for- mer un ensemble des plus intéressants; elles sont variables l'une et l'autre. » M. d'Arrest les a observées plusieurs fois depuis le 3 novembre 1 855 jusqu'au 12 janvier 1 856. Ses observations sont consignées dans son travail : Resultate ans Beobachtungen der Nebelflecken und Slernhaufen (Erste Reihe). A ( 3oo ) cette époque, la nébuleuse était bien visible; l'étoile était de 10e grandeur. Or récemment M. d'Arrest a annoncé que la nébuleuse avait entièrement disparu. » M. Hind voulut bien (2 janvier 1862) attirer mon attention sur ce sujet qui, suivant Jobn Herschel, constitue l'un des faits les plus étranges de route l'astronomie. « Je soupçonnai en i852, dit M. Hind, que l'étoile qui » touche le bord de la nébuleuse pourrait être variable; mais l'idée d'une » nébuleuse variable ne m'était pas venue. » Le temps ne nous favorisa pas plus que M. Hind jusqu'au dimanche 26, où le ciel devint assez beau par moments, mais sans être avantageux, puisque l'atmosphère se troublait souvent jusqu'à faire presque disparaître Aldébaran. » L'étoile (a), au sud-ouest de laquelle est située la nébuleuse, se trouve à 5' d'une étoile (b) placée également au sud-ouest et marquée de 10e grandeur dans la carte Chacornac n° i3. » Dans notre lunette équatoriale de douze pouces, il me parut, ainsi qu à M. Chacornac qui observait avec moi, que, l'étoile b étant toujours de 10e grandeur, l'étoile a n'était que de 12e. En ligne droite avec ces deux étoiles et près de b, nous en voyions en outre une autre c, beaucoup plus petite et tout au plus de 1 3e grandeur. >- L'état du ciel se trouvant en quelque sorte défini par ces remarques, je dois dire que nous n'avons pu, ni l'un ni l'autre, saisir aucune trace de la nébuleuse. Une recherche faite immédiatement après dans un télescope de M. Foucault n'a fourni également qu'un résultat négatif. Cet instrument, beaucoup plus puissant que la lunette de 12 pouces, donnait aux étoiles un bien plus grand éclat. » La partie de la carte n° i3 où se trouve la nébuleuse ayant primitive- ment renfermé une erreur, M. Chacornac la reconstruisit à nouveau en 1 858. Ayant eu l'idée de recourir à son brouillon primitif, établi au commen- cement de ]85^, il a trouvé que l'étoile a y était accompagnée d'une nébu- losité. Et, pour être exact, nous devons ajouter qu'au milieu de cette nébu- losité se trouve figurée une très-petite étoile. » Or, quanti M. Chacornac a reconstruit cette partie de sa carte entre le 3 janvier et le 5 mars i858, il n'a marqué aucune nébuleuse près de l'étoile a, ce qu'il n'aurait pas manqué de faire s'il y en avait eu une, puisqu'alors il disposait d'une lunette beaucoup plus puissante qu'en 1 854 • D'où il semble qu'on doit conclure que la nébuleuse a disparu entre le commencement de 1 856 et le commencement de i858. » Quant à l'étoile, le dessin original de 1 85/| l'indiquerait de 1 ie gran- deur, et le dessin original de i858de 12e. ( 3o. ) » Les variabilités d'une étoile et d'une nébulosité qui se touchent dépen- dent-elles l'une de l'autre, ou bien sont-elles dues à une même cause étran- gère à leur système? On serait assez porté à croire que les deux phénomènes sont connexes; mais avant de discuter sur ce sujet, il faut bien établir les faits. Quelques-unes des remarques qui précèdent pourront y contribuer. <» M. Hind,de son côté, a le même jour, 26 janvier, constaté la dispari- tion de la nébuleuse, In réduction de l'étoile à la 12e grandeur et, pat- conséquent, la variabilité de l'étoile. » M. Goldschmidt a étudié cette partie du ciel en i85g, à l'aide de sa carte manuscrite et de celle de M. Hind. « En i85c), dit-il, je trouve une » étoile inscrite sous la date 22 novembre i85q, près de l'étoile variable en » question. Vers cette époque je n'ai pu voir la variable; car ayant relié « toutes les étoiles avec des traits, la variable exceptée, cela me prouve « qu'elle n'était pas visible non plus que la nébuleuse, à moins que celle-ci » n'eût été trop faible pour être visible dans une bonne lunette de 4 pouces. » » A partir du 26 janvier, la Lune et le mauvais temps se sont opposés à toute nouvelle étude jusqu'au \l\ février, où M. Chacornac a pu faire les très- curieuses observations suivantes : « Le 14 février, l'étoile {a) a visiblement diminué par rapport à toutes » les étoiles environnantes. Malgré l'état de la Lune, l'étoile (c) se voit » très-bien ; elle est de beaucoup supérieure à l'étoile (a). » Le i5 février, à 6h 20"1, un peu avant le lever de la Lune, l'étoile (a) » est toujours inférieure à (c) et offre un aspect particulier qui lui donne » un éclat terne, nébuleux. Le fond du ciel est assez noir; pas de trace cer- 1 taine de la nébulosité. » Le 1 8 février, à 711 3om, l'étoile [a ) a repris plus d'éclat ; elle surpasse de » beaucoup l'étoile (c); elle paraît de même grandeur qu'une étoile placée « près d'un système double, non loin de là. Elle a un aspect terne, nébu- « leux, qui n'est pas de même nature que celui des étoiles environnantes. » L'atmosphère est d'une grande transparence; le fond du ciel est très-noir. » A minuit, le ciel est assez éclairé par la Lune pour que l'étoile [c) soi) •> tout à fait invisible avec la lunette de 25 centimètres d'ouverture. L'étoile » [a] continue cependant à être nettement visible avec cette lunette. » physique terrestre. — Mémoire sur la température moyenne d'un lieu; par M. Becquerel. (Extrait.) « La température moyenne d'un lieu est l'élément chinatérique a l'aide duquel on trace sur une carte géographique les lignes isothermes qui C. R., 1S62, 1" Semestre. (T. LIV, N° 6. ) °'9 ( 3oa ) servent à donner une idée de la distribution de la chaleur sur le globe, élément qui est destiné aussi à reconnaître dans les siècles futurs si tel ou tel climat a éprouvé des changements. 11 est donc important de la déter- miner avec le plus d'exactitude possible; mais y parvient-on en observant la température avec un thermomètre placé au nord, à im, 33 au-dessus du sol et abrité du rayonnement solaire et de la pluie, puis prenant la moyenne du plus grand nombre de moyennes annuelles? Je ne le pense pas. » Cette question, qui intéresse vivement la physique terrestre, a été l'objet d'une discussion dans le sein de l'Académie, il y a quelquesTui- nées; des opinions diverses ont été mises en avant; d serait vivement à désirer que ceux de nos confrères qui s'en sont occupés voulussent bien publier leurs observations, afin d'arriver à la solution. En attendant, j'apporte ici le résultat de dix mille observations faites depuis deux ans dans cette direction. « La méthode des moyennes, 'employée pour avoir la température d'un lieu, élimine bien les effets des causes accidentelles qui agissent tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, mais nullement les effets de causes perturbatrices variant régulièrement suivant l'état du ciel, et suivant que le sol est dénudé ou couvert de végétaux. » On sait depuis longtemps qu'en s'élevant au-dessus du sol, la tempé- rature de l'air diminue suivant une loi qui varie avec la latitude et diverses circonstances locales. On admet en moyenne nu abaissement de i° par 180 mètres. » Cette diminution ne se manifeste toutefois qu'à une certaine hauteur; car, lorsque le ciel est clair, pendant la nuit et même quelquefois dans le jour, on observe un accroissement de température jusqu'à une certaine hauteur, lequel est dû au refroidissement du sol sous l'influence du rayon- nement céleste. Ce refroidissement réagit sur la température de l'air am- biant d'autant plus qu'il est plus près du sol; l'effet est donc le même que si la température croissait avec la hauteur. » Cet accroissement est signalé depuis plus de soixante ans par des ob- servateurs habiles sans que les météorologistes l'aient pris en considération dans les observations relatives à la température moyenne de l'air à très-peu de distance au-dessus du sol. Nous citerons particulièrement Pictet à Genève, en 1778; Six à Cantorbéry, en 1786; Wells, en Angleterre; M. Marcet à Genève, en i83;; MM. bravais et Lottin en 1837 et i838, à Bossekop; M. Plantamour en i838, à Genève; M. Martins enfin, qui a publié récem- ( 3o3 ) meut un intéressant travail sur ce sujet. Je l'ai moi-même étudié depuis 1859 à l'aide du thermomètre électrique, qui ne laisse rien à désirer sous le rapport de la sensibilité et de l'exactitude, quand on s'est misa l'abri de toutes les causes d'erreur, faciles à éviter lorsqu'on connaît les phénomènes thermo-électriques. » Les observa lions faites jusqu'ici conduisent aux conséquences suivantes. » A Genève, en 1778, depuis le coucher du soleil, la température était plus élevée à 2D mètres de terre qu'à im, 66; à 1 1 heures du soir et à l'au- rore, la différence était la même que pendant la nuit; après le lever du soleil, les indications se rapprochaient, et deux heures après elles étaient les mêmes. Au milieu la journée, les différences étaient en sens inverse. » A Cantorbérv, de juillet 1784 à juillet 1785, deux thermomètres furent placés, l'un à 2m, 70 du sol et l'autre sur la tour de la cathédrale, a 60 mètres; pendant les nuits brumeuses le premier marquait i° plus haut que le second. Dans les nuits sereines le contraire avait lieu : la différence était de 3°. Wells, en 1814, observa souvent des différences de 5 à 6" entre les indications d'un thermomètre dont le réservoir était en contact avec de l'herbe et celles d'un autre thermomètre placé à un mètre ou deux au-dessus du sol. » M. Marcet, ayant échelonné des thermomètres de 10 mètres en 10 mè- tres le long d'un mât de 38 mètres de hauteur planté dans un pré, con- stata les faits suivants : » i° L'accroissement de température avec la hauteur est d'autant plus considérable que le temps est plus clair et plus calme et que l'air contient moins de vapeur; dans la belle saison, il est de 2 à 3°, et rarement il dé- passe ces nombres. » 20 11 y a toujours un accroissement de température quel que soit 1<- temps, quoique très-faible à la vérité, sauf le cas où le vent est violent. » Quand le temps est couvert, il arrive quelquefois que la température des différentes couches de l'atmosphère est la même quelques heures après le coucher du soleil. » 3° Lorsque le temps est clair et serein, l'accroissement commence à se faire sentir une demi-heure ou une heure avant le coucher du soleil ; si le temps est couvert, il ne devient sensible qu'au coucher du soleil; par un temps serein, le maximum d'accroissement a lieu à l'époque du coucher du soleil; la limite de l'accroissement dépasse 36 mètres; ordinairement elle est comprise entre 3o et 35 mètres. 39. ( 3o4 ) » 4° En hiver, l'accroissement est beaucoup plus considérable que dans les autres saisons; il arrive quelquefois que lorsque la terre est couverte de neige, la différence est de 8° pour une hauteur de 17 mètres; quand il n'y a pas de neige, la différence est moindre, mais plus forte que celle trouvée en été et en automne; en hiver, le ciel étant couvert, l'accroissement est très-faible, même quand il y a de la neige. » A Bossekop, dans trente-six expériences faites du 2.Ï octobre 1 838 au 22 mai i83g, MM. Bravais et Lottin ont trouvé que jusqu'à 5o mè- tres i'accroissement maximum était de o°, 12 par mètre, comme Pictet l'avait trouvé à Genève quand le ciel était clair. » M. Quetelet, de 1 838 à 1842, ;i fait aussi des observations dans le but de connaître la différence entre les températures niovennes de l'air au nord à la surface du sol et à 3m, 3o au-dessus: il a trouvé en premier lieu 8°, 14, en second lieu 90, 78; différence, i°,64- » Les maxima moyens absolus ont été o A la station inférieure 1 4 ,63 A la station supérieure 'S>97 » Les rainima moyens absolus ont donné o A la station inférieure . -+- 3,3o A la station supérieure — °>24 » Les minima moyens absolus font donc exception à la règle géné- rale. M. Quetelet attribue cette différence aux mois de gelée, dont les minima à 9 heures du matin, instant où la température est à peu près la moyenne du jour, sont beaucoup plus prononcés dans l'air qu'a la surface. Cette différence tient à des causes locales. » M. Plantatnour, en 1847, a tu'e ^es conséquences suivantes d'obser- vations simultanées faites à 1 m , 3-7 et à 17 mètres au-dessus du sol, à g heures du matin, midi, 3, 6, 8 et 9 heures du soir. En été, par un temps clair, la température est notablement plus élevée le soir à la station supé- rieure que dans le voisinage du sol; par un temps couvert, la différence est moindre. En prenant la moyenne de la journée, quel, que soit l'état du ciel, il a trouvé que le soir, en été et en automne, la différence est de o°, 5; à midi, elle est de o°,25, mais en sens contraire pour le mois tic juillet; pour les autres mois, elle est plus faible. La plus grande différence négative a été de 10,?., et la plus grande positive, à 8 heures du soir, 2", 3. ( 3b5 ) » Sous le ciel de Montpellier, M. Martins a constaté les faits suivants : pendant les nuits sereines, la limite de l'accroissement de température est supérieure à 5o mètres; l'accroissement en tout temps est en moyenne de o°, 077 par mètre entre om, o5 et 5o mètres; par un ciel couvert, l'accroissement nocturne est en moyenne o°,oai par mètre; avec un ciel serein, il est de o°,ii comme à Genève, valeur qui est le maximum de Bossekop. Au sommet d'une colline ou au haut d'une tour de même hauteur, les résultats sont les mêmes. M. Martins a constaté en outre que pour une différence de 3o mètres en altitude on trouve une diffé- rence de i°,o2 entre les températures moyennes des deux stations, dif- férence qui correspond à une autre de 2°,4° en latitude. » La discussion des observations recueillies au Muséum d'Histoire natu- relle pendant l'année 1861 avec le thermomètre ordinaire, placé au nord, à im, 33 an-dessus du sol, et avec deux thermomètres électriques établis à 16 mètres à l'air libre et à 2 1 mètres au sommet d'un marronnier, a con- duit à des résultats qui s'accordent avec les précédents en moyenne, mais qui en diffèrent à certains égards; en effet, la température moyenne an- nuelle, au nord, à im,33, a été de ii", 72, et celles aux stations supé- rieures, de 12°, 54 et de i20,o,5 : différences, o°,82 et i°,io,; d'où l'on déduit un accroissement moyen annuel de o°, o56 par mètre. » Le thermomètre électrique placé à 21 mètres, étant en contact avec le sommet d'un marronnier, participe nécessairement aux variations de tem- pérature de l'arbre, cpii possède un grand pouvoir émissif et absorbant, surtout lorsqu'il est couvert de feuilles. Cette condition ne change pas toutefois sensiblement la loi de l'accroissement moyen de la température de l'air depuis im, 33 jusqu'à 21 mètres, puisqu'elle est la même que celle trouvée jusqu'à 16 mètres. » Si les moyennes mensuelles et annuelles déduites de mes observations s'accordent a peu près avec celles que M. Martins a obtenues avec ies ther- momètres a maxima et à minima placés à diverses hauteurs au-dessus du sol, ou du moins sont du même ordre de grandeur, il n'en est pas de même des observations faites dans le cours de la journée, comparées aux miennes : en effet, M. Martins a trouvé, avec tous les observateurs qui l'ont précédé, qu'en, général un peu avant le coucher du soleil la tempé- rature de l'air commence à croître avec la hauteur, et continue jusqu'à 35 à 5o mètres pendant toute la nuit, et qu'au milieu du jour il se produit un effet inverse. Mes observations confirment le premier fait et non le second. ( 3oG ) Pour expliquer ce désaccord, je présenterai d'abord le résumé de mes observations sur la température de l'air à diverses hauteurs, laites en 1861. Tableau I. — Températures moyennes au.r trois stations pendant 1861. N, désigne la température moyenne à im, 33; m, le temps moyen au midi à im, 33; A, température moyenne à 16 mètres; M, température moyenne à 21 mètres. N A M A— N M— N M— A ii°, 72 i2°,54 i2°,g5 o°,82 i°,i9 o°,4i Tableau II. — Différences entre les températures mensuelles aux trois stations pendant les jours de soleil et les jours couverts des trois mois d'été et des trois mois d'automne. 9 HEURES DU MATIN. A - -N M - - N M- Jours Jours Jours Jours Jours de cou- de cou- de soleil verts. soleil. verts. soleil. 2,6 i°,46 0 3,49 0 1,70 O °>99 Jours cou- verts. 0,24 3 HEURES DU SOIR. A- -N M- - N M - ■ Jours Jours Jours Jours Jours de cou- de cou- de soleil. verts. soleil. verts. soleil. 0 2,08 0 0,92 3° 34 0 I ,22 0 I,ig Jouis cou- verts. 0,53 Tableau III. — Différences entre les températures par saison. 9 HEURES DU MATIN.. 3 HEURES DU SOIR. 9 HEURES DU SOIR. A- N M — K M - A A — N M — N M - A A— N M — IV M— A 0,40 O 0 ,4o 0 0,0() O 3 ,36 O o,S5 O 0,49 O 0,o4 0 0,28 0,24 Printemps.. °.97 1 ,26 0,29 0 ,84 .,64 0,80 0,26 o,48 0 ,22 Été 2,35 2,84 0,49 I ,60 2,42 0,82 0,32 0 ,36 0,04 Automne. - • .,16 «.4° 0,24 I ,21 1,86 o,65 °.74 °.94 0,20 "-" 1 ,22 >,47 0,25 1 ,00 1,69 0,69 0,34 o,5i 0,17 ( 3o7 ) Tableau IV. — Moyennes des jours où les températures ont été égalas chaque mois. A 9 heures du matin 7 jours. A 3 heures du soir 4,2 jours. A 9 heures du soir 1 4 jours. Tableau V. — Températures à 6 heures du matin. MOIS. Avril 1861 , du 11 au 3o Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre. Juin . Août. Moyenne . i Novembre. Hiver. { Décembre. Janvier. . . 5,76 10,20 i5,8o l5,20 i5,33 I I ,25 9>'5 4,37 1,80 9,S7 Été. . . Juillet 1 5 ,44 1 ,60 5,88 io,45 16,01 i5,4o i5,6o 1 1 ,5i 9,35 4,47 1,86 10,06 .5,67 ,60 5,87 10,17 l5>79 i5,3o 16,00 ",74 9>l6 4,55 .,98 15,69 ,5. 5,87 10,24 .5,87 1 5 , 5o 16,00 11,43 9,a3 4,55 2,03 10,08 -79 ,52 ( 3o8 ) Tablkau VI. — Températures moyennes pendant les jours de gelée durant l'hiver de 1861 à 1862. MOIS. 9 HEDEES Dr MATIN. 3 I1EIRES m soin. 9 HEURES DU ?OIR. A M N A M N A M N Nov, 1861. . O — 1,07 0 — 1,07 0 — 2, 10 +3° 53 0 +3,60 + '",:3 -1 °43 ->°43 0 — 1 ,80 Décembre. . . — 2,38 -2,3l — 2,53 +2,11 +2,4o — ,34 — ,46 — ,44 — 1,69 Janvier 1862. -4,3o — 4>3° -4,8o —0,92 —0,95 -1,16 — 3 , 1 4 — 3,i5 — 3,23 Moyenne. . . 1.— — i..— — —2,58 — 2,56 -3,i4 + i,58 + 1,68 +o,64 2 ,01 — 2,01 —2,24 » On déduit des résultats consignés dans ces tableaux les résultats suivants : » Le Ier tableau contient les températures moyennes aux stations N, A. j\j . à im,33, 16 et 21 mètres au-dessus du sol. » Les résultats du IIe tableau montrent que pendant les jours de soleil les différences A — N, M — N, M — A ont été à peu près doubles de ce qu'elles étaient dans les jours couverts. « Le IIIe tableau montre qu'à 9 heures du matin A — N augmente jus- qu a l'automne; qu'a 3 heures A — N augmente jusqu'à l'été, puis diminue; qu'à 9 heures du soir A — N va en augmentant pendant les quatre saisons. » Dans le IVe tableau, on voit qu'en moyenne, a 9 heures du malin, par mois il v a eu 7 jours où A= M : à 3 heures du soir, 4,2 jours; à 9 heures du soir, i4 jours. 1 3 heures du soir, qui est le moment de la plus forte chaleur, est préci- sément aussi celui où il y a le plus de jours ou A diffère de M ; à 9 heures du soir il y a presque autant de jours où A égale M qu'il y en a où A diffère de M. >» Los résultats consignés dans le tableau V révèlent un lait important : du 1 s avril 1861 au 1er janvier 1862a 6 heures du matin, la température moyenne est sensiblement la même à iin, 33 au nord et au midi, à 16 mètres et à 21 mètres ( 3o9 ) au-dessus du sol, m, A et M ne diffèrent que de o°,oi à o°,02, et N de ces dernières de o°,ig. Si l'on prend les températures moyennes à ces quatre stations pendant l'été, où le soleil est au dessus de l'horizon longtemps avant 6 heures du matin et pendant l'hiver où le soleil se lève longtemps après 6 heures, on trouve qu'en été les différences ne vont pas au delà de o°,i à o°,2 et en hiver à o°,o8, à o0,ocj. Il est difficile d'expliquer ce fait, qui dépend du rayonnement terrestre : il a tle l'analogie avec celui signalé en 1778 par Pictet. Suivant lui, après le lever du soleil, à i™, 66 et à 25 mètres les indications se rapprochaient, et deux heures après elles étaient les mêmes. Quoi qu'il en soit, 6 heures du matin est une heure critique dont on tirera peut-être parti un jour pour avoir la véritable température de l'air. » Dans le VIe tableau, on voit que pendant les journées de gelée, en moyenne les températures A et M étaient égales à 9 heures du matin, 3 heures et 9 heures du soir; la température N de 9 heures du matin et 3 heures est plus basse cpie celles de A et M de o°. 5 et de i°. » Des observations n'ayant pas été faites entre 9 heures du soir et 6 heures du matin, le lendemain, on ne peut connaître la marche des diffé- rences pendant la nuit; mais comme à 9 heures du soir le nombre de jours où A égale M est beaucoup plus grand que dans le cours de la journée; d'un autre côté, comme N pendant la nuit est toujours inférieure à A et M et que ce n'est qu'à 6 heures du matin où A, M et N sont égales, on retrouve là la période nocturne indiquée par Pictet et les autres observateurs, puis- que pendant la nuit N est inférieure à A et à M, et qu'à 6 heures du matin il y a égalité. Quant à la période de jour que j'ai trouvée et qui est inverse de celle observée par Pictet, quelle en est la cause? Elle réside dans le mode d'action des instruments et dans leur emplacement. Tous les observateurs ont employé des thermomètres ordinaires ou des thermomètres à maxima et à minima, dont les réservoirs n'étaient pas revêtus d'enveloppes métal- liques, à surface polie : il en est résulté des erreurs provenant des pouvoirs émissifs et absorbants du verre, quand ils étaient exposés au rayonnement nocturne et au rayonnement solaire ; de là des températures plus basses ou plus élevées que celle de l'air ambiant : cet inconvénient n'a pas lieu avec les thermomètres électriques. » Les instruments dont je fais usage se composent : i° d'un thermo- mètre ordinaire placé à im, 33 au-dessus du sol au nord en avant d'une croi- sée, et présentant par conséquent les mêmes inconvénients que les précé- dents; 20 de deux thermomètres électriques fixés aux deux stations C. R., iSr,2, i" Sempslre. (T. LIV, N° G.) 4° ( 3io ) supérieures et dont les soudures extérieures sont recouvertes chacune d'un triple réflecteur en fer-blanc, destiné à empêcher ces soudures d'être échauf- fées ou refroidies directement par le rayonnement solaire ou le rayonnement nocturne, afin qu'elles prennent exactement la température de I air, dégagée de tout effet de rayonnement. » Le thermomètre en verre placé au nord et abrité n'est pas dans les mêmes conditions que les deux thermomètres électriques; dans le jour il s'échauffe moins et dans la nuit il se refroidit plus, puisqu'il n'est pas pourvu d'un réflecteur; les indications doivent donc être moindres pendant le jour et la nuit. Cette non-uniformité dans le mode d'action des instruments rend plus difficile la comparaison entre les observations. » Les trois exemples suivants feront connaître les effets produits, selon que le ciel est couvert, alternativement clair et couvert, et complètement clair. Jours couverts. A 6 heures du matin. . . . g heures du matin .... 3 heures du soir 9 heures du soir Moyenne . .4,5 ■5,7 8,5 8,o 4,8 i6,3 8,7 8,9 i3,8 i5,6 8,8 État du ciel. Couvert. Couvert. Couvert. Couvert. i , 86 i 2 , i 4 i i , 8o Jours alternativement clairs et couverts. 18 mai, 6 heures du malin. . . . 9 heures du matin. . . , 3 heures du soir g heures du soir 19 mai , 6 heures du matin. . . Moyenne 26 mai, 6 heures du matin. .. . 9 heures du matin. . . . 3 heures du soir 9 heures du soir '7 mai, 6 heures du matin. . . A M IN État du ciel. O 6,9 6, 8 h, 8 Clair. I0>9 11,0 io,8 Nuageux i3,6 i3,6 12,2 Soleil. 9,2 9>3 8,8 Clair. 5,4 5,4 5,4 Clair. 9,20 9>'20 9,0 Jours clairs. 0 l5,2 '5,7 i5,o 25,2 25,7 .8,4 Soleil. 26,6 -.8,8 25,8 Soleil. 20,7 21,3 18,6 Clair. .4,5 .4,5 .4,8 Clair. Moyenne. 20,4 21,1 2 i8,5o ( 3n ) • De ces trois séries d'observations ontire les conséquences suivantes : » i° A G heures du matin chaque jour, les températures sont sensible- ment les mêmes aux trois stations : fait déjà annoncé précédemment. » 20 Les observations faites pendant un ciel couvert présentent peu de différence. •>" Dans la deuxième série, à 3 heures du soir, sous l'influence du rayonnement solaire, et à g heures du soir les différences ont été assez marquées, i°,2 et o°,6. <> 4° Ces différences ont été très-grandes dans les observations de la troisième série, sous l'influence du rayonnement solaire dans le jour et du rayonnement nocturne à 9 heures du soir. » Le grand échauffement de M est dû probablement à réchauffement des feuilles du marronnier sous l'influence du rayonnement solaire; on voit par la que l'inversion dans le jour tient uniquement aux instruments et au rayonnement des objets voisins. Il paraît démontré d'après tout ce qui précède que la moyenne d'un lieu telle qu'on la détermine aujourd'hui représente seulement celle de l'espace très-circonscrit où se trouve l'instrument, laquelle est influencée parle rayon- nement du sol qui dépend de son pouvoir rayonnant et absorbant et de diver- ses circonstances locales. Howard avait déjà observé il y a une soixantaine d'années que la température moyenne de Londres était plus élevée que celle en rase campagne de o°,5. S'il eût placé son thermomètre sur d'autres points plus ou moinsélevés, il auraittrouvé des différences plus ou moins considéra- bles. Je rapporterai encore plusieurs exemples remarquables de l'influence du sol pour modifier la température diurne à peu de hauteur au-dessus, dans les forêts de l'Orénoque, où la végétation a une grande puissance. » M. de Hnmboldt a vu d'immenses îlots de roche granitique nue, s'éle- vant à peine de 1 et 2 décimètres au-dessus de la plaine et dont la tempéra- ture, pendant les longues nuits tropicales, était de 36°. L'air ambiant étant a 25°, 8, il en résultait donc un courant d'air chaud ascendant pendant l'absence du soleil, qui devait encore échauffer l'air à une certaine hauteur. »> MM. de Hnmboldt et de Bonpland, couchés sur l'herbe pendant de belles nuits des tropiques dans les plaines de Venezuela et du basOrénoque, éprouvaient une fraîcheur humide là où les couches de l'air plus élevées de 1 à 2 mètres avaient une température de 26 à 270. Dans les régions équatoriales et tropicales, où le rayonnement nocturne agit avec tant de force en raison d'un ciel serein, l'accroissement de température, en s élevant au-dessus du sol, se manifeste donc comme dans les hautes lati- 40.. ( 3ia ) tndes; aussi n'aperçoit-on clans la zone équatoriale aucun changement dans la végétation depuis le niveau de la mer jusqu'à la hauteur de 600 mètres. D'un autre côté, on sait depuis longtemps que certaines cultures n'ont pas lieu dans des dépressions de terrain et réussissent sur des collines; des vé- gétaux sont atteints par la gelée dans des fonds et ne le sont pas sur des hauteurs peu élevées. M. Martins rapporte à ce sujet un fait remarquable : dans le jardin botanique de Montpellier, des lauriers, des figuiers, des oliviers périssent presque tous dans les parties basses, tandis qu'ils sont épargnés quelques mètres plus haut dans des conditions d'abri toutes semblables. » Dans les régions tempérées, en mer, la différence entre le maximum et le minimum du jour dépassant rarement 1 à 3°, tandis que sur terre elle va quelquefois jusqu'à i3 ou 1 5°, il est probahle que l'accroissement de température signalé plus haut ne doit pas être bien sensible, s'il existe; il doit en être de même sur la côle. » Le thermomètre employé utilement à trouver la température de l'air, convient parfaitement à la détermination de la température à diverses pro- fondeurs au-dessous du sol; attendu que l'on est dispensé défaire des correc- tions longues et difficiles qu'exigent les thermomètres ordinaires à longues tiges dont toutes les parties n'ont pas la même température; ce mode d'ob- servation est presque entièrement rejeté aujourd'hui, en raison même de ces corrections et de la difficulté de construire des thermomètres de plu- sieurs mètres de longueur. » Voici les résultats obtenus en novembre et décembre 1861 et janvier 1862, à ira,2Get 3 mètres au-dessous du sol, et comparés à des tempéra- tures observées au-dessus du sol. N A M TEMPÉRATURE TEMPÉRATURE TBMPÉRATORE TEMPÉRATURE i'EMPÉRATURE MOIS. moycnnedel'air moyennede l'air moyennede Pair à 1 '", 26 à 3 mètres au nord à inl,2/ à iC mètres à 21 mètres au-dessous au-dessous au-dessus du au-dessus du au-dessus du du sol. du sol. sol. sol. sol. 0 0 0 Novembre . . . 6,4g 7>4> 7,63 1 2 , 80 1 3 , 3 1 Décembre .... 3,74 4,22 4,43 10,70 1 2,80 3 , 22 3,44 3,55 8,34 .1,73 Moyenne 4,48 5,02 5,20 10, (io 1 2, (il ( 3*3 ) » M. Quetelet avait obtenu à Bruxelles pour les moyennes des tempéra- tures de 1 838 à 1842, à 3m,9 au-dessous du sol pendant les mois de janvier, novembre et décembre, i3°,68, i2°,76 et 1 i°, 70, nombres sensiblement les mêmes que ceux consignés dans la dernière colonne pour une profon- deur de 3° à Paris. )■ Le décroissement de température a eu lieu de dixième de degré en dixième de degré, en suivant une marche assez régulière. La plupart du temps, surtout pour la profondeur de 3 mètres, la température restait sta- tionnaire pendant trois, quatre et cinq jours; de sorte que si l'on eût donné assez de sensibilité à l'instrument, on aurait pu apprécier des changements de température de quelques centièmes de degré. » La discussion des observations montre que dans le mois de novembre la variation diurne a été en moyenne par jour à iID,26 de o°,iet de o°,026 a 3 mètres; dans le mois de décembre deo°,o42 et 0,02; dans le mois de janvier de 0,06 eto,o4, c'est-à-dire, dans les rapports de 1 : 0,26; 1 : o,/)8; 1 :o,66; formant une progression décroissante. On tire de là les consé- quences suivantes : Dans le mois de novembre, la terre, à la profondeur de im,26 et 3 mètres, a mis un jour, et 4 jours pour se refroidir de o°, 1 ; dans le mois de décembre, 2j,4 et 5 jours; dans le mois de janvier, |J,6 et 2J,5; la vitesse de refroidissement tendait à se rapprocher. « En résumé, la méthode employée jusqu'ici pour trouver la moyenne d'un lieu a besoin d'être modifiée pour en avoir une valeur exacte, si l'on veut surtout la faire servir à reconnaître dans les siècles futurs les modifi- cations que le climat de ce lieu a éprouvées en vertu de causes célestes ou terrestres. » Les observations de température recueillies sur différents points du globe ne sont pas rigoureusement comparables entre elles, attendu qu'elles n'ont pas été faites dans les mêmes conditions de sol et d'altitude, le tracé des lignes thermiques n'a donc pas le degré d'exactitude désirable, à moins toutefois que l'on ne se contente d'une approximation de 1 à 20, pour la tem- pérature des points qui servent à les former, ce qui correspond à des diffé- rences en latitude de 2 à 3°, différences qui ne sont pas à négliger. » Où doit-on donc placer le thermomètre pour en avoir la véritable tem- pérature de l'air? A une hauteur'où cette température n'est point influencée par le rayonnement terrestre; mais cette hauteur est variable suivant que le sol est dénudé, couvert de végétaux, sec ou humide. Il est donc bien difficile d'établir une règle fixe à cet égard. » ( M ) physiologie. — Détermination du nœud vital ou point premier motew du mécanisme respiratoire dans les vertébrés à sang froid; par M. Flocrexs. « A force de tâtonnements, d'essais, d'expériences constamment suivies. je suis parvenu à marquer, dans les vertébrés à sang chaud, le point précis où doit être coupée transversalement la moelle allongée pour l'extinction subite de tous les mouvements respiratoires. » C'est ce point précis qu'il sagit maintenant de marquer dans les ver- tèbres a sang froid. » Dans les animaux a sang chaud, si je coupe transversalement la moelle allongée, en faisant passer la section juste au centre du F de substance grise, tous les mouvements respiratoires de l'animal sont abolis sur-le-champ et simultanément. De plus, l'animal meurt immédiatement, parce qu'immédiatement il cesse de respirer : il perd, en même temps et soudainement, la respiration et la vie. » Les choses ne se passent pas tout à fait ainsi dans les vertébrés a sang froid. » Je commence par les Batraciens. o Tout ie monde sait, par les expériences de Spallanzam, de Le Gallois, surtout de William Edwards, que les Batraciens ont deux respirations, une respiration pulmonaire et une respiration cutanée, qu'ils respirent par les poumons et par la peau. » Je puis donc couper transversalement sur un Batracien, sur une gre- nouille, la moelle allongée au point premier moteur du mécanisme respira- toire, au point vital, sans que l'animal meure. L'animal, qui ne respire plus par son mécanisme respiratoire, par ses narines, par sa gorge, par ses pou- mons, respiré par sa respiration cutanée, par sa peau, c'e%t-à-dire par P aè- de I eau aérée sur sa peau, et il vit. Tl vit ; tuais, et ceci est le point fondamental de l'expérience, est toute l'expérience, quelque temps qu'il survive, le jeu du mécanisme respira- toire, aboli dès l'instant même de la section, ne reparait plus. » Les signes extérieurs du mécanisme respiratoire, dans la grenouille. sont le mouvemenl tirs narines, celui de la gorge et celui de l'abdomen. » L'inspiration ne se fait que par les mouvements de la gorge; le thorax est immobile, les côtes manquent, De plus, cette inspiration se fait en deux temps : dans un premier temps, la gorge se dilate et reçoit l'air par les na- ( 3i5 ) rines; dans un second temps, les nanties se ferment par leurs muscles propres, et la gorge, en se contractant, pousse l'air dans les poumons. » L'expiration se fait par la contraction des muscles de l'abdomen. >) Si l'on examine une grenouille qui respire, on voit alternativement ses narines s'ouvrir et se fermer, sa gorge se dilater et se contracter, ses flancs se gonfler et se resserrer. « Or, que dans ce moment-là, où tout se meut, tout s'agite, tout est en jeu, la moelle allongée soit coupée transversalement au point que je nomme le point vital, et, sur-le-champ, tous ces mouvements des narines, de la gorge, des flancs, seront abolis. » Bien plus, aucun d'eux ne reparaîtra plus. C'est une chose admirable de voir des grenouilles, à moelle allongée coupée transversalement au point vital, survivre pendant plusieurs mois, sans que jamais aucun mouve- ment respiratoire ne reparaisse. J'ai, en ce moment, deux grenouilles à moelle allongée coupée transversalement au point vital, l'une depuis le 23 décembre, l'autre depuis le 18 janvier, et depuis l'instant même de la section aucun mouvement respiratoire n'a reparu. » Quel est donc le lieu précis où réside le nœud vital dans les vertébrés à sang froid? Ou plutôt, quelle est la marque extérieure de ce point précis? Dans les vertébrés à sang chaud, c'est le V de substance grise; dans la gre- nouille, c'est l'espèce de pont que forme, sur le plancher du quatrième ventricule, le cervelet, d'ailleurs très-petit, de ces animaux. » Si, sur une grenouille, on coupe transversalement la moelle allongée, en faisant passer la section juste derrière le cervelet, on abolit immédiate- ment, et sans retour, tous les mouvements respiratoires. » La même chose a lieu dans les salamandres. Les salamandres ont une respiration cutanée, comme les grenouilles, et, de plus, un mécanisme res- piratoire tout à fait semblable : un thorax immobile, une respiration qui ne se fait que par les mouvements de la gorge. n Si, sur une salamandre, la moelle allongée est coupée transversale- ment, en faisant passer la section juste derrière le cervelet, tout mouvement respiratoire des narines, de la gorge, des flancs, est aussitôt aboli et ne re- paraît plus, quelque temps que l'animal survive à l'expérience » Je passe aux Poissons. » Les poissons ont aussi un nœud vital, c'est-à-dire un point de la moelle allongée où la section transversale de cette moelle abolit, sur-le-champ, tous les mouvements respiratoires. » Le mécanisme respiratoire des poissons se compose, comme chacun 3,6 ) sait, cl 11 mouvement des mâchoires, de celui des opercules, de celui des rayons branchiostéges, de celui des arcs branchiaux, et enfin de celui des branchies, but final de tous les autres. ■■ Si, sur un poisson, sur une carpe par exemple, la moelle allongée < s! coupée transversalement, en faisant passer la section juste derrière le cer- velet, tous ces mouvements, si nombreux et si compliqués, tout le jeu de ce mécanisme des mâchoires, des opercules, des rayons branchiostéges, tics arcs branchiaux, des branchies, tout cela est aboli sur-le-champ et ne repa- rait plus. » Mais l'animal ne survit pas, comme la grenouille et la salamandre, parce cpie le poisson n'a pas de seconde respiration, de respiration cutanée; ibn'a qu'une respiration, la respiration branchiale; son mécanisme respi- ratoire s'éteint immédiatement, et lui-même meurt quelque temps après, un temps plus ou moins long selon les espèces (i). » C'est une chose merveilleuse et d'un ordre suprême que la grande spécialité d'action qui gouverne le système nerveux. » Il y a, dans l'encéphale, un organe qui sert à l'intelligence, et qui seul y sert : ce sont les lobes ou hémisphères cérébraux ; un organe qui sert à la coordination des mouvements de locomotion, et qui seul y sert : c'est le cervelet;' un point de la moelle allongée qui préside au mouvement respira- toire, et qui seul y préside : c'est le nœud vital ; chaque nerf des sens a son rôle propre : celui-ci la vue, celui-là l'audition, cet autre l'odorat, ce qua- trième le goût, etc. ; chaque région de la moelle épinière, chaque racine des nerfs a sa fonction distincte: celle-ci la sensibilité, celle-là la motricité; enfin, il n'est pas jusqu'aux quatre mouvements principaux de l'homme : le mouvement de droite à gauche et celui de gauche à droite, celui d'avant en arrière et celui d'arrière en avant, dont chacun ne réponde à la direction d'un canal semi-circulaire : le mouvement de droite à gauche et celui de gauche à droite aux deux canaux horizontaux, l'un droit et l'autre gauche; i) J'ai, dès mes premières expériences, en 1823, soigneusement distingué les mouve- ments généraux, la vie générale, des mouvements respiratoires en particulier, de la vie res- piratoire, si je puis ainsi dire. Cette vie respiratoire est la seule qui s'éteigne immédiatement : la vie générale, les mouvements généraux survivent quelques instants, et si, comme je l'ai fait voir alors, on remplace, à temps, la respiration naturelle par la respiration artificielle, par l'insufflation pulmonaire, on peut maintenir la vie générale et les mouvements généraux pendant un assez long temps, pendant quelques heures. (Voyez mon livre intitule : Re- chcrclies expérimentales sur les propriétés et les fonctions du système nerveux, p. lyi , 1 '" édi- tion, 1824.) ( 3i7 ) le mouvement d'avant en arrière au canal antéro-postérieur ; le mouvement d'arrière en avant au canal postéro-antérieur (i) : dernier et grand phéno- mène qui n'est point encore expliqué, qui m'occupe depuis trente ans, et que je n'abandonnerai point, j'espère, sans l'avoir pénétré. » géométrie. — Propriétés des courbes à double courbure du quatrième ordre provenant de l'intersection de deux surfaces du second ordre ; par M. Chasles. i< I. Dans une communication à l'Académie (voir Comptes rendus, t. XLV, p. 189, séance du 10 août 1807), j'ai fait connaître les propriétés générales de la courbe à double courbure du troisième ordre : cette courbe est, comme on sait, l'intersection de deux cônes du second ordre qui ont une génératrice commune, ou plus généralement, de deux hyper- holoides à une nappe ayant une génératrice commune. » Maintenant il s'agit de l'intersection complète de deux surlaces du second ordre quelconques. Cette courbe est du quatrième ordre, c'est-à- dire qu'un plan quelconque la rencontre toujours en quatre points 'réels ou imaginaires). Ce qui est évident, puisque le plan coupe les deux surfaces suivant deux coniques qui ont quatre points d'intersection. » On sait qu'il existe une seconde courbe gauche du quatrième ordre, qu'on dit de seconde espèce. Celle-ci est l'intersection d'une surface du troi- sième ordre par un hyperboloïde dont deux génératrices coïncident avec deux droites situées sur cette surface. » Comme il sera constamment question, et presque exclusivement, dans ce qui va suivre, d'une même courbe , celle de première espèce, et de ses va- riétés à point double ou conjugué, et à point de rebroussement, nous désigne- rons souvent, pour abréger, cette courbe qui sera toujours l'intersection de deux surfaces du second ordre, par la simple notation C*. » 2. Huit points donnés dans l'espace déterminent en général une seule courbe Ct. Cette courbe est l'intersection commune d'une infinité de sur- faces du second ordre. 1) Voyez mes expériences sur les canaux semi-circulaires dans mon livre intitule Recherches expérimentales sur les propriétés et les fonctions du système nerveux, p. 454 et suivantes (seconde édition). C. R.. 1862, Ier Semestre . {T. LIV, tV° 6.) 4J (3.8 ) » Au nombre de ces surfaces se trouvent quatre cônes (réels ou imagi- naires), ainsi que l'a démontré M. Poncelet (i). Chacun de ces cônes a quatre arêtes tangentes à la courbe; et les quatre points de contact sont dans un même plan. » 5. Par sept points on peut mener une infinité de courbes C, non situées toutes sur une même surface. Toutes ces courbes passent par un même huitième point. » 4. Huit points par lesquels passent plusieurs courbes du quatrième ordre, situées ou non sur une même surface, jouissent de cette propriété que : deux de ces points étant joints par une corde, et deux autres par une seconde corde, les quatre plans menés par la première corde et les quatre autres points ont le même rapport anharmonique que les quatre plans menés par la seconde corde et les quatre mêmes points. » 5. Si autour d'une corde D d'une courbe du quatrième ordre on fait tourner un plan qui rencontre la courbe en deux points a, />, la droite ab qui joint ces points engendre un hyperboloïde. » 6. Quatre plans menés par une corde D déterminent dans la courbe quatre autres cordes ab : les plans menés par ces quatre cordes et un point quelconque de la courbe, passent tous quatre par un autre point de la courbe, et conséquemment par une même corde D'. » Le rapport anharmonique de ces quatre plans est constant, quel que soit le point de la courbe par lequel on les mène. » Cette propriété présente une certaine analogie avec la propriété fon- damentale des sections coniques, d'après laquelle les droites menées de quatre points de la courbe à un cinquième quelconque, ont toujours le même rapport anharmonique. » 7. Une droite qui se ment en s'appuyant sur une courbe du qua- trième ordre et sur deux cordes de la courbe, engendre une surface du quatrième ordre sur laquelle ces deux cordes sont des droites doubles. » Quand les deux cordes passent par un même point de la courbe, la surface est un cône du troisième ordre. » 8. Si de tous les points d'une droite on abaisse des normales sur une surface du second ordre, les pieds de ces normales sont sur une courbe du quatrième ordre. » 9. On distingue les surfaces du second ordre en deux classes : les unes peuvent être engendrées par une droite : ce sont l'hyperboloïde à une (i) Traité des propriétés projcctives ; p. 395. ( 3.9) nappe et le paraboloïde hyperbolique; les autres ne peuvent avoir trois points en ligne droite, et conséquemment aucune génératrice droite: ce sont l'ellipsoïde, l'hyperboloide à deux nappes et le paraboloïde elliptique. Ce- pendant, si les droites qu'on peut tracer sur les deux premières surfaces ne sont plus considérées au point de vue de la génération de la surface, on peut ramener toutes les surfaces à un même principe, en disant que : par chaque point d'une surface du second ordre passent, en général, deux droites situées tout entières sur la surface, et que ces droiles sont tou- jours réelles dans l'hyperboloide à une nappe et le paraboloïde hyperbo- lique, et toujours imaginaires dans l'ellipsoïde, l'hyperboloide à deux nappes et le paraboloïde elliptique; qu'enfin les deux droites peuvent être coïnci- dentes, ce qui donne lieu au cône et au cylindre. » Quand on considère des courbes tracées sur une surface du second ordre, comme on le fait sur le plan, l'existence des deux droites réelles donne lieu, on le conçoit, à des énoncés plus simples des propositions, et à des propriétés qui n'auraient plus le même énoncé ni même d'ap- plication possible dans le cas des droites imaginaires. Aussi nous allons supposer toujours le cas général des deux droites réelles, c'est-à-dire que la surface du second ordre sur laquelle nous considérerons les courbes du quatrième ordre soit un hyperboloïde. Une partie des propriétés de ces courbes s'appliquera au cas où elles seraient tracées sur une autre surface quelconque ; mais une partie aussi pourra n'être pas susceptible de cette généralisation. » D'après cela, j'exprimerai parfois le caractère des courbes par les nota- tions M(jc2j2), M(x2j-)..., qui xn'ont été fort utiles dans la théorie géné- rale des courbes tracées sur l'hyperboloide (voir Comptes Tendus, t. LUI, p. 990; séance du 2 déc. 1861). » 10. Par chaque point de l'espace on peut mener, en général, deux cordes d'une courbe du quatrième ordre, c'est-à-dire deux droites s'ap- puyant chacune en deux points de la courbe; car ce sont les deux droites, réelles ou imaginaires, existantes sur la surface du second ordre qu'on peut toujours mener par la courbe et par le point donné. » C'est ce qu'on exprime en disant que le cône mené par une courbe gauche C4 a, en général, deux arêtes doubles ; en d'autres termes, que la perspective d'une courbe gauche du quatrième ordre sur un plan est une courbe du quatrième ordre ayant deux points doubles { 1 ). (t ) Voir Aperçu historique, etc., p. 249. 4L- ( 320 ) » il. Quand deux surfaces du second ordre ont un point de contact, leur courbe d'intersection a en ce point un nœud ou point double. » Par exemple, la courbe d'intersection d'une surface du second ordre par un cône du second ordre qui a son sommet en un point de la surface, est une C4 à point double. Les tangentes à la courbe en ce point sont les deux génératrices dn cône contenues dans le plan tangent à la surface. » Ces deux droites peuvent être imaginaires ; alors le point double est un point isolé ou conjugué. » Si les deux génératrices du cône sont coïncidentes, ce qui a lieu quand le cône est tangent à la surface, le point double de la courbe du quatrième ordre devient un point de rebroussement. Points de contact d'une courbe C, avec les génératrices de t hyperboloïde. » 12. Une courbe du quatrième ordre décrite sur un hyperboloïde esl tangente à quatre droites d'un même système, par exemple à quatre direc- trices de l'hvperboloïde : » i" Par les quatre points de contact et deux points de la courbe situés sur une génératrice, on peut mener une cubique gauebe M{xiy). » 2° Par les quatre points de contact et les quatre points de la courbe si- tués sur deux génératrices, on peut faire passer un faisceau de courbes du quatrième ordre. " 3° En supposant que les deux génératrices soient infiniment voisines, on en conclut que : » Par les quatre points de contact et deux points de la courbe situés sur une génératrice, on peut faire passer un faisceau de courbes du quatrième ordre, toutes tangentes entre elles et à la proposée en ces deux points i . (i) Une courbe d'ordre quelconque m, M [xP y 1), donne lieu à des propriétés analogues, qui auraient dû se trouver dans notre communication du 16 décembre i86i; • Et si ce point est pris sur la courbe, il n'existe que trois plans oscula- leurs : leurs trois points de contact sont dans un plan qui passe par le point de la courbe. » 22. Dans la courbe à point de rebroussement, il n'existe que quatre plans osculateurs passant par un point quelconque de l'espace; et un seul plan oscillateur passant par un point pris sur la courbe. Dévcloppable osculatrice à une courbe C, . » 25. La développable osculatrice à la courbe du quatrième ordre est du huitième ordre et de la douzième classe; c'est-à-dire que par un point on peut lui mener douze plans tangents, lesquels sont les douze plans osculateurs à la courbe (20). » 24. Si la courbe a un point double, la développable osculatrice est seu- lement du sixième ordre et de la sixième classe. » 2o. Et si la développable a un point de rebroussement, la développable est du cinquième ordre et de la quatrième classe. Section plane de la dévcloppable osculatrice à la courbe du quatrième ordre. » 26. Une section plane de la développable osculatrice est du huitième ordie et de la douzième classe. » Cette courbe a quatre points de rebroussement ; seize points doubles; seize points d'inflexion, et trente-huit tangentes doubles. » 27. Dans le cas où la courbe du quatrième ordre a un point double . Une section plane de la développable osculatrice est du sixième ordre , et de la sixième classe; et a quatre points de rebroussement , six points doubles, quatre tangentes d inflexion, et six tangentes doubles. » 28. Quand la courbe gauche a un point de rebroussement : » Une section plane de la développable est du cinquième ordre, et delà quatrième classe, et a quatre points de rebroussement, deux points doubles, une tangente d'inflexion et deux tangentes doubles. (i) Voir Jperçu historique, p. lf\Q. ( 3*3 ) Cône passant par une courbe gauche du quatrième ordre. » 29. Ce cône est du quatrième ordre et de huitième classe. Il a douze plans tangents d'utflexion, huit plans tangents doubles, deux arêtes doubles, et aucune arête de rebroussement. » 50. Quand la courbe gauche a un point double : » Le cône est du quatrième ordre et de la sixième classe. Il a six plans tangents d'inflexion, quatre plans tangents doubles et trois arêtes doubles (dont une passe par le point double de la courbe). » 51. Quand la courbe gauche a un point de rebroussement : » Le cône est du quatrième ordre et de la cinquième classe. Il a quatre pians tangents d'inflexion, deux plans tangents doubles, deux arêtes doubles et une arête d'inflexion. Déterminations diverses relatives à la courbe gauche du quatrième ordre. » 52. i° Nombre des tangentes à la courbe qui rencontrent une même tangente : 4- » 2° Nombre des droites qui, étant chacune l'intersection de deux pians osculateurs, sont situées dans un même plan : 38. » 3° Nombre des plans osculateurs stationnaires, c'est-à-dire, dont cha- cun a un contact du troisième ordre avec la courbe : 16. » 4° Nombre des droites menées d'un point donné de l'espace, qui s'ap- puient en deux points sur la courbe : i. » 5° Nombre des plans tangents en deux points de la courbe, menés par un point de l'espace : 8. » 55. Pour la courbe à point double, ces mêmes déterminations devien- nent respectivement : 2, 6, 4, 3 et 4- » 5i. Et pour la courbe à point de rebroussement : 1, 2, 1, 2 et 2 (1). Courbe nodule sur la développable osculatrice à une courbe C,. » 55. L'ordre de cette courbe est égal au nombredespointsdoubles d'une (1) Ces diverses déterminations numériques ont déjà été données par M. Salmon, dans son Mémoire : On the classification of curves of double curvature, inséré dans le Cambridgt and Dublin malhematical journal (t. V, année i85o), et qui fait suite au Mémoire de M. Cay- ley, Sur les courbes a double courbure et les surfaces développa blés (voir Journal de Mathê' matiques de M. Liouville, t. X, année i845). ( 3.4 ) section plane de la développable. La courbe est donc du seizième ordre. Elle rencontre chaque génératrice de la développable en quatre points. » Si la courbe C4 a un point double, la courbe nodale est du sixième ordre. et ne rencontre chaque génératrice de la développable qu'en deux points. » Et si la courbe C< a un point derebronsseraent, la courbe nodale est une conique qui ne rencontre chaque génératrice de la développable qu'en un point, a chimie mjnéralogique. — Reproduction de In Lévyne ; par M. H. Sai.vte-Clairf.-Df.ville. « Dans un Mémoire que j'ai publié dans les Annales de Chimie et de Phy- sique, t. LXI, 3e série, j'ai étudié la composition de quelques silicates alu- mineux et alcalins résultant de l'action qu'exercent les alcalis fixes sur les matières argileuses de nature diverse. J'ai obtenu en particulier, en faisant dégérer avec de la soude caustique de* mélanges naturels de silice et d'alu- mine, un produit de composition constante, intéressant au point de vue technique, mais qui, dépourvu de formes cristallines, ne peut être en réalité considéré comme une espèce chimique distincte. Ces expériences m'ont amené à vérifier un fait constaté par Berzelius et appliqué depuis en analyse chimique à la séparation de l'alumine et de l'acide phosphorique. 11 s'agit de l'insolubilité dans une même liqueur alcaline de potasse ou de soude de la silice et de l'alumine, quand ces deux matières y sont intro- duites en même temps. Pour vérifier ce fait, il suffit de préparer à l'avance .t séparément de l'aluminate et du silicate de soude ou de potasse et de mé- langer les liqueurs en proportions quelconques. Tout d'abord aucune réac- tion ne semble se manifester, mais' bientôt les liqueurs limpides se prennent en masse par suite de la précipitation du silico-aluminate alcalin gélatineux et insoluble. Pour que la séparation de ce produit devienne facile, il est utile de chauffer la liqueur épaissie dans des tubes de verre scellés en les portant à une température comprise entre i5o° et 200". Le silico-aluminate alcalin se sépare alors et on peut constater que la liqueur qui surnage le précipité désormais cohérent ne contient plus que de l'aluminate alcalin si celui-ci a été mis en excès, ou du silicate si au contraire on a fait prédo- miner le silicate dans le mélange primitif. » L'examen des produits variables de ces réactions, leur analyse qui m'a conduit à quelques comparaisons intéressantes, feront le sujet des détails qui vont suivre. ( 325 ) » i° Lévyne. — J'ai préparé deux solutions, l'une de silicate de potasse et l'autre d'aluminate de soude, en proportions telles, que les quantités d'oxy- gène contenues dans la silice et dans l'alumine de ces deux sels fussent entre elles comme 2 est à 1 . Les matières introduites séparément dans un tube en verre fort, scellé à la lampe, se sont solidifiées à froid pendant qu'on secouait le tube pour opérer le mélange. Chauffé à 1 700 environ, le magma s'est trans- formé en une liqueur limpide dont j'ai séparé par simple décantation de petits cristaux en tables hexagonales, au travers desquelles il est facile d'ob- server au moyen delà lumière polarisée les anneaux colorés et la croix noire qui indiquent leur forme rhomboédrique. Dans le tube d'essai, ils perdent de l'eau et ils fondent au chalumeau en donnant une perle incolore et trans- parente, attaquable par les acides. Us ont la forme de la lévyne et sa compo- sition, comme on peut le constater par l'analyse. Lévyne Oxygène, d'après M. Dacooiir Silice 44,7 6 45,o4 6 Alumine . 21 ,5 3 21 ,04 3 Chaux. . . °>9) 9>72) Soude. . . 5,5 . 8,6) 1 ,42 > 1 ,63 \ Potasse. . Eau. .'. . . »9>7 •7,49 6 100,9 99>34 » La différence qui existe entre les proportions de l'eau déterminées par les deux analyses ne doit pas être prise en considération. La détermination de M. Damour, faite avant l'époque où cet habile chimiste a lui-même indi- qué les précautions qu'il faut prendre quand on analyse les zéolites, a dû lui donner un chiffre minimum. Dans mon analyse j'ai suivi avec une exac- titude scrupuleuse toutes les prescriptions qu'il a détaillées dans son Mé- moire, et je crois que cette faible divergence entre nos résultats tient aux propriétés hygroscopiques des zéolites. C'est d'ailleurs avec l'approbation de mon savant ami M. Damour que j'adopte cette conclusion. » J'ai constaté que la liqueur alcaline dans laquelle s'étaient déposés les cristaux ne contenait ni alumine ni silice en quantité notable, mais seule- ment des traces de silice, que le verre sans doute avait fournies après la for- mation de la substance principale. » 20 Le même mélange chauffé à une température plus élevée se comporte C. R., 1862, 1er Semestre. (T. LIV, N° 6.) *2 ( 3a6 ) .uitrement. Car on produit alors un sable qui n'est que de la silice cristalline, difficile à séparer d'un peu de lévyne qui l'accompagne et qui a pour composition : Silice 92j4 Alumine, alcalis et eau ... 7,6 100,0 d La liqueur restant dans le tube est fortement chargée d'aluminate de soude et de potasse. Cette expérience me semble digne d'attention en ci* sens qu'elle ne permet pas d'espérer qu'on puisse, dans de pareilles circon- stances, obtenir les feldspaths, soit l'orthose, soit l'albite, qui étaient le but de mes recherches, la silice se séparant de l'aluminate alcalin pour cristalli- ser à part. » 3° J'ai fait varier les proportions relatives de la silice et de l'alumine et j'ai obtenu des résultats également variables. » Ainsi quand on chauffe en vases clos un mélange de silicate de potasse et d'aluminate de la même base, la matière qui se prend en gelée à la tem- pérature ordinaire, se transforme vers 2000 en un sable cristallin qui a la composition suivante : Rapports de l'osygène. Phitlipsite de M. Damoni Silice.... 46,3 8 48,41 Alumine .22,7 3 22,04 Chaux. o,3 \ 8,49 Soude ... 0,7 > ... . 1 Potasse . . 16,2 ) 6, 19 Eau 14,5 6 à 8 i5,6o 100,7 100,73 » Quand dans le même mélange on fait prédominer l'aluminate de po- tasse, on obtient encore une matière qui ne m'a pas paru cristalline et qui est composée de : Rapports. Ittnérite (Groelin). Silice.... 34,i 4 Silice 34,02 Alumine. 28,9 3 Alumine 28,40 Potasse.. a4>8 1 Chaux 7,27 Eau 11 ,5 3? Soude 12,1 5 99,3 Acides divers. 5,76 Eau '0,76 98,36 ( 327 ) » Il ne semble pas que ce procédé puisse fournir certains silicates na- turels dont la composition ressemble pourtant beaucoup à celle des com- posés que je viens de décrire. On aurait pu penser à priori que l'amphigène aurait pu se produire en pareilles circonstances, ce qui n'a pas eu lieu. » 4° J a' obtenu une combinaison très-curieuse, dont je donnerai plus tard une histoire complète et qu'on prépare facilement, soit en calcinant du nitrate ou du carbonate de baryte avec un excès d'alumine anhydre, soit en précipitant du sidfate d'alumine par de la baryte en excès. On produit alors un aluminate de baryte soluble dans l'eau ( ro fois son poids environ), cris- tallisable dans l'alcool et composé alors des éléments suivants : Baryte 49 > 2 ( ' ) Alumine 3o,8 Eau 20,0 100,0 » J'ai essayé, en mélangeant dans des tubes scellés une dissolution de cet aluminate avec du silicate, de potasse, de reproduire l'harmotome, silicate alumineux à base de baryte. J'ai bien, en effet, obtenu un sable cristallin; mais sa composition m'a donné des résultats qui ne permettent en aucune façon d'identifier le silicate artificiel avec l'harmotome. On obtient en effet les nombres suivants : Silice. . . . 35,3 Alumine . 10,2 Baryte. . . 3o,o / Potasse. . 5,8! 18,9 100,0 » Il y a cependant une observation intéressante à faire à propos de ces analyses : c'est que le rapport des quantités d'oxygène contenues dans l'alu- mine et dans les bases alcalines (soude ou potasse) est toujours le rapport de 3 à 1 , qui est en effet très-fréquent dans la nature et en particulier dans toutes les espèces du genre feldspath. <> ( 1 ) La purification des cristaux destinés à l'analyse est très-difficile à cause de la forma- tion constante du carbonate de baryte pendant leur maniement. La formule la plus simple par laquelle on puisse interpréter cette analyse est celle-ci : Al! O3, BaO, 4 HO, en supposant que la perte de l'analyse est due à de l'acide carbonique accidentel. 42-. ( 3o Tel était le 22 janvier l'état de cette portion inférieure de la fissure proprement dite : lors d'une dernière visite que j'y ai faite le 3 février, elle n'a présenté rien de nouveau, sinon un abaissement plus sensible en- ne de ces faibles restes d'activité. » Ainsi, comme clans le tronçon supérieur de la fissure, décroissance évidente et d'autant plus complète qu'on est plus éloigné du point d'émis- sion de la lave. Mais ici les phases chimiques sont sensiblement différentes de ce qu'elles sont plus haut. L'acide chlorhydrique et les chlorures ont toujours dominé : cela est frappant dans l'intérieur des trois cavités, où les sels ne se forment plus et où l'action dissolvante des eaux pluviales ne dé- couvre aucun dépôt de soufre, comme il arrivera certainement dans quel- ques parties de la fissure supérieure ; je n'y ai non plus remarqué, dans la période décroissante, ni acide sulfhydrique, ni acide carbonique. « La chose se passe donc exactement comme sur la lave, où ces deux derniers produits ne se manifestent que très-rarement et sur une échelle in- finiment restreinte, tandis que les chlorures alcalins, puis l'acide chlorhy- drique, les chlorures métalliqueset le chlorhydrate d'ammoniaque sont pres- que les seuls éléments des émanations et, lorsqu'ils viennent à disparaître, sont souvent remplacés, sans intermédiaire, par la vapeur d'eau ou l'air échauffé. » Tel est aussi, comme vous venez de voir, le caractère des fumerolles du tronçon inférieur de la fissure, au lieu que le tronçon supérieur se rattache par la nature de ses émanations, comme par sa position topographique, au cratère supérieur. » Vous vous rappellerez qu'au point où la fissure vient buter contre la grande coulée de 1794-. elle ne finit pas brusquement, mais est rempla- cée par trois petites cavités ouvertes dans cette lave, alignées suivant une direction oblique sur celle de la fissure principale et qui vient passer sur la partie occidentale de Torre del Greco. Les émanations de ces trois petites cavités ont offert aussi des phases chimiques différentes de celles des deux tronçons de la fissure. « Lorsque nous les avons abordées pour la première fois, M. Fouqué et moi, le 18 décembre, nous avons immédiatement été frappés de l'odeur simple d'acide chlorhydrique qui s'en exhalait, sans aucun mélangesensible d'acide sulfureux. Depuis lors, rien n'a révélé l'existence d'un élément sulfuré ; aucun sulfate, aucun dépôt de soufre, aucune action sur l'acétate de plomb. Chaque fois que je les ai visitées, j'y ai trouvé seulement une réac- tion acide qui allait en s'atlénuant et a presque fini par disparaître, de sorte (33. ) qu'il ne semblait plus se dégager que de la vapeur d'eau, à une température de moins en moins élevée. » Ces caractères rappellent ceux des émanations du tronçon inférieur de la fissure, et par conséquent aussi ceux des fumerolles de la lave près de s'éteindre; seulement l'acide chlorhydrique s'y est toujours présenté isolé, et ne s'est combiné ni à l'ammoniaque, ni aux oxydes métalliques. Cela dé- pendait-il de ce que cet acide était trop étendu de vapeur d'eau ou à une température trop peu élevée? ou plutôt de ce que les éléments de la lave ancienne d'où elle s'échappait, ne se trouvaient plus dans le même état mo- léculaire que la lave nouvelle et encore incandescente? » Quoi qu'il en soit, les fumerolles dont il s'agit n'ont pas conserve jusqu'à la fin les propriétés que je viens de dire. Le 22 janvier, en m'approcliant des trois cavités qui les émettent, j'ai senti distinctement l'odeur de matière organique, légèrement empyreumatique, que j'ai déjà signalée dans les fumerolles carboniques du second cratère, et qui rappelle l'odeur des fumerolles à chlorhydrate d'ammoniaque de la lave. Le papier de tournesol bleu n'y changeait de teinte qu'à la longue et presque imper- ceptiblement. Le papier imprégné d'acétate de plomb n'y noircissait point, mais deux analyses du gaz, faites au moyen de la potasse et de l'acide pyro- gallique, m'ont donné les résultats suivants : Acide carbonique 10, 23 i5,g8 Oxygène Azote. 89,11 67'oî { °:Az::20>25:79>75- 100,00 100,00 » Si l'on remarque que les 16 pour 100 d'acide carbonique fournis pai la dernière analyse sont encore un minimum à cause de l'impossibilité de recueillir ces gaz sans y introduire un peu d'air atmosphérique, il sera né- cessaire de reconnaître que ces émanations avaient absolument changé de nature, qu'elles avaient perdu les caractères des fumerolles de la lave pour prendre ceux des fissures inférieures du volcan, pour devenir de véritables mofettes. • » Cette analyse pourra paraître méticuleuse, mais elle me semble indis- pensable pour attaquer et faire disparaître le préjugé qui, jusqu'à présent, veut qu'il n'y ait aucune règle pour présider à la répartition des diverse* émanations dans les différentes parties d'un même massif volcanique. En dé- finitive, je maintiens (et la chose peut encore se vérifier au moment où je vous l'écris) que, dans la ligne brisée que forment les deux branches ine- ( 332 ) gales de la fissure, il y a lieu de distinguer trois tronçons au point de Mie des émanations, savoir : le plus élevé, qui tient à la fois des émanations de la lave et de celles de l'appareil normal auquel il aboutit; le tronçon cen- tral, dont les fumerolles ont reflété presque uniquement, et surtout à leur décadence, les caractères des émanations de la lave, qui sans aucun doute l'a pénétré et rempli ; enfin le tronçon inférieur, comprenant les trois pe- tites cavités ouvertes dans la coulée de 1794, et dont les gaz ont présenté successivement les caractères des émanations chlorlrv driques de la lave, dont elle n'est distante, en haut et latéralement, que de quelques mètres, et ceux des exhalaisons méphitiques de la grande fissure de 1794, rouverte à l'occa- sion de l'éruption actuelle. » À ce point de vue, l'ensemble des trois petites cavités appartient à cette grande fissure et en amène au jour les émanations carboniques, toujours prêtes à s'échapper, comme on sait, à chaque éruption importante. Mais la tissure de 179/4 s'est rouverte, cette fois, bien plus haut encore. On doit, en effet, à M. Palmieri cette remarque intéressante. Le 6 janvier, pendant que j'étais au sommet du Vésuve et que j'y reconnaissais l'acide carbonique dans la seule fente bien caractérisée que présentât la plaine, M. Palmieri s'était rendu de son côté aux anciennes bouches de 1794) et y découvrait le même gaz en telle abondance, qu'il était absolument impossible de séjourner dans le voisinage de quelques-unes des cavités. Plusieurs jours après, le 14 jan- vier, j'ai visité les lieux, j'y trouvai plusieurs oiseaux asphyxiés, mais la mofette avait considérablement diminué. Pour en être réellement et forte- ment incommodé, il fallait introduire sa tète dans les cavités au-dessous des roches et aspirer fortement. J'ai recueilli les gaz au fond d'une de ces pe- tites cavités, et leur ai trouvé la composition suivante : Acide carbonique 3o,62 Ox vL'ène 1 3 , 20 j Jb F~ „> 0: Az iq,o3 80,97. Azote 56, 18 | ,3i 100, 00 • » Ainsi, dans le petit segment de cône qu'on peut considérer comme affecté par les deux éruptions de 1794 et 1861, l'acide carbonique se mani- festait, à la fois ou successivement, au sommet du volcan, aux bouches su- périeures de 1 794 et de 1 86 1 , et dans les trois petites cavités situées au point de rencontre de la nouvelle fissure et de la lave de 1 79^- Nous savons d'ailleurs que la mofette et l'hydrogène carboné s'étaient, dès le 12 dé- cembre, produits abondamment à la base de cet espace triangulaire, a Torre ( 333 ) del Greco et du milieu de la lave de i 794 ■ Mais', avant de suivre, sur ce dernier point, l'histoire de ces émanations qui offre, depuis quelques jours, un nouvel intérêt, je veux vous montrer qu'à la suite de notre éruption, comme après toutes les éruptions de quelque importance, l'acide carboni- que s'est fait jour par les fissures d'un certain nombre de plans éruptîfs de premier ordre, qui reprennent momentanément de l'activité. » Vous voudrez bien, d'abord, vous souvenir de la carrière dont je vous ai entretenu dans ma onzième Lettre, et dans laquelle, le 27 décembre, dix- neuf jours après le début de l'éruption, la mofette s'était déclarée et avait asphyxié cinq ouvriers. Cette carrière, qui porte le nom de carrière Scarpi, d'après le nom de son propriétaire, est ouverte dans une lave quis'est arrêtée, à une distance horizontale de 5oo à 600 mètres au-dessus de la Favorite, sur un terrain qui dépend de la Masseria dé ' Spagiioli. Cette coulée est évidem- ment fort ancienne : aucun document n'indique la date de sa sortie et elle repose directement sur le tuf, à en juger par le nombre et la variété des fragments de roches et de minéraux, appartenant à cette formation, qu'on rencontre sur le chemin. La pâte de la roche est fine et serrée, peu pyroxé- nique, et contient des amphigènes à éclat vitreux, dont quelques-uns rap- pellent le volume de ceux de Rocca Monfina. Elle peut avoir, au point le plus bas où elle est entaillée, 10 à i5 mètres d'épaisseur, et elle est particu- lièrement recherchée pour les dalles, dont elle fournit des échantillons d'une belle dimension. La carrière Scarpi est entourée de plusieurs autres, ouvertes évidemment dans la même lave, cpie l'on peut considérer, par conséquent, comme l'une des coulées les plus considérables qui se soient arrêtées sur les pentes inférieures du Vésuve. » Je vous ai dit comment le 28 décembre, M. Fouqué et moi, après être entrés dans la carrière sans difficulté, nous y avons été surpris par la mo- fette avec une rapidité véritablement effrayante. Le 9 janvier, nouvelle ten- tative plus infructueuse que la précédente, car l'orifice qui conduit à la carrière était envahi par la mofette. Mais le 27 janvier nous pûmes péné- trer, M. Mauget et moi, jusqu'au fond de la carrière; nous respirâmes l'air près du sol sans être incommodés, et nous aurions pu croire à l'entière dis- parition du gaz, si nous n'en avions trouvé encore les restes au point le plus bas et au fond des cavités creusées pour l'extraction de la pierre. » En résumé, et bien que les caves des maisons situées au-dessous de la carrière fussent encore inabordables, on peut admettre cpie, le 27 janvier, la mofette en ce point était à très-peu près dissipée. C. R., 1862, Ier Semestre. (T. LIV, N° G.) 4^ ( 334 ) » La lave de 1 63 1 , l'une des plus importantes que le Vésuve ail données dans les derniers siècles, n'a pas non plus cette fois manqué de laisser dé- gager, comme d'habitude, par ses fissures, une grande quantité d'acide carbonique. Non-seulement j'en ai constaté, l'existence le icr janvier, au- dessus de Santa-Maria di Pugliano, mais le 17 du même mois j'apprenais encore que chaque matin, en entrant dans l'église, on y trouvait une couche d'acide carbonique d'environ 60 centimètres; que les caves des maisons voisines étaient infectées par ce gaz, et que dans certaines rues le person- nel des animaux domestiques (chiens, chats, volailles, etc.) était presque entièrement détruit, qu'il fallait enfin en éloigner avec soin les très-jeunes enfants. Le même jour, je visitai un puits situé, comme l'église, à l'extré- mité inférieure du courant de 1 63 1 . L'intérieur du puits était absolument envahi par la mofette, qui s'en dégageait abondamment, et il était impos- sible de se tenir longtemps près de l'orifice. Deux tubes remplis de ce gaz ont donné : Acide carbonique 49>24 49>^° Oxygène \zote I 5°'76 3q'8q 0:Az"2i ,01:78,99 100,00 ino,00 •■ Le 27 janvier, presque tout avait disparu autour de Pugliano; seul le puits dégageait encore l'acide carbonique, mais irrégulièrement et par hou fiées. « Je citerai un dernier fait. Dans la partie du domaine royal de Portai, situé au-dessus de la route et à l'extrémité inférieure d'une puissante coulée de lave, on a trouvé, il y a quinze jours environ, dix-sept porcs asphyxiés dans une cavité où ils s'étaient abrités. Depuis lors, j'ai visité les lieux, la mofette avait disparu. » Au reste, à la Masseria de'Spagnoli, comme à Pugliano, et sans doute aussi dans le parc de Portici, le gaz n'avait aucune odeur bitumineuse; mais dans chacune de ces localités, nu-dessous des points où se dégageait l'acide carbonique pur, on trouvait, soit à demeure, soit sporadiquement, des émanations hydrocarburées, possédant cette odeur assez désagréable, jusqu'à un certain point comparable à celle de la benzine, et dans tous les cas si caractéristique. » De même l'eau du puits de Pugliano (température 1 1", 5) était saturée d'acide carbonique, mais n'avait aucun goût nauséabond; tandis qu'au même moment, dans les rues basses de Résina, l'eau des puits était telle- ( 335 ) ment chargée de ces éléments bitumineux, qu'il fallait absolument y renon- cer et user de l'eau des citernes. » Ces circonstances concordent avec l'accroissement que j'ai observé à Torre del Greco, dans la proportion de l'hydrogène carboné comparative- ment à celle de l'acide carbonique à mesure qu'on s'avance vers la mer, ou plutôt à mesure qu'on s'éloigne du centre volcanique. Elles nous ramènent naturellement aux émanations de Torre, dans lesquelles j'ai à vous signaler, non plus seulement des variations avec les lieux, mais aussi des variations avec le temps, qui me paraissent offrir un intérêt réel, et c'est par là que je terminerai ma Lettre. » Et d'abord, quant au dégagement de l'acide carbonique, il a évidem- ment diminué à Torre del Greco. En parcourant (les i4, 17, 21 > 22 et 27 janvier, les 3 et 5 février), soit la ville elle-même, soit les portions de la route et du chemin de fer qui étaient le plus infectées, j'ai trouvé un dé- croissement graduel et très-appréciable à l'odorat, surtout à partir du 17 janvier (1). A l'heure qu'il est, plus des trois quarts des habitants de (1) J'ai fait le 1 7 janvier quelques essais sur les proportions d'acide carbonique que con- tenait l'air atmosphérique à Torre del Greco, dans les endroits de la ville encore habités, quoique voisins des points d'émanations méphitiques. J'ai recueilli cet air à im,5o au- dessus du sol. i° Au niveau de la première rue de la ville ( 10 mètres environ au-dessus de la mer), près d'un trou dans le sol. d'où se dégageait la vapeur d'eau à 4o° accompagnée d'un gaz dont voici l'analyse : Acide carbonique 65, 96 Oxygène 7,44 Azote 26,60 100,00 D'après les proportions relatives d'azote et d'oxygène, il n'y avait pas sensiblement d'hy- drogène carboné. Les maisons de cette première rue ne sont pas encore habitées : le rez-de-chaussée y est envahi par la mofette. Mais le 17 janvier on travaillait dans la rue et quelques ouvriers avaient la tèle placée plus bas que im,5o. 20 A quelques mètres seulement du n° 1, mais au milieu du courant d'air d'une rue per- pendiculaire à la première. 3" Sous les piliers d'un restaurant [trattnria) situé à Torre del Greco, sur la route de Résina, en un point de cette route où s'est constamment manifestée une forte odeur de mofette. Cette maison n'a jamais cessé d'être habitée, mais les caves en étaient encore inac- cessibles le 17 janvier. Voici les proportions d'acide carbonique que 100 parties d'air contenaient en ces trois 43.. ( 33G ) Torre del Greco qui s'étaient éloignés, sont rentrés dans leurs maisons, assez mal étayées. On répare celles qui n'ont pas été condamnées à la dé- molition; les rues se repavent et les fissures du sol disparaissent. » Les dégagements en mer ont aussi graduellement décru. Le 27 janvier, j'avais assez de peine à recueillir, à 200 mètres du rivage, le gaz destine aux analyses, tant les bulles, à cette distance, étaient devenues clair-semées ; le 5 février, le gaz ne se faisait plus jour en mer que par (rois gros jets, situés à 10 ou i5 mètres de la côte. » Sur la partie fissurée de la lave de 1 794» d'où l'acide carbonique sortait encore abondamment le 17 janvier, l'émission avait presque cessé le 27, et en remplissant d'eau les petites cavités de la lave, à peine si l'on en voyait s'échapper quelques bulles. » Le gaz y avait, à la vérité, reparu en partie le 3 février, mais le 5 nous n'en trouvions plus de traces, M. Mauget et moi. Comme le 27 janvier, j'ai dû recueillir pour l'analyse celui qui se dégageait de la mer, au rivage et au pied du rocher. Là même, au reste, le phénomène avait considérable- ment baissé. Dans une anfractuosité des rochers, d'où, le 18 décembre, j'avais dû m'enfuir précipitamment, au bout de quelques secondes, j'ai pu, le 5 février, recueillir à la lame le gaz dans les tubes, fermer ceux-ci à la lampe, et tenir, non-seulement sans danger, mais même sans gêne réelle, pendant plus d'une demi-heure, ma tête à quelques décimètres au-dessus de la mer. « Ainsi, sans nul doute possible, à Torre del Greco, dans la fissure de 1794, l'émission de l'acide carbonique diminuait eu même temps qu'elle décroissait ou disparaissait entièrement dans les trois autres fissures. Mais, à mesure que les mofettes proprement dites perdaient de leur voiume, la température s'accroissait. Dans les fissures du rocher, le gaz s'échappait, le a3 décembre, à 12°, 3; depuis lors, chaque fois que je l'ai observé, il possé- dait une température de 200, comme aussi la mofette qui se dégageait avec force de la fontaine publique. x Dans ma onzième Lettre, je vous ai dit que dès le 23 décembre, au pied du rocher, la mer donnait de la vapeur d'eau et avait une température endroits : 1" G, 46 2° 3 , Ot) 3" .... 2,57 ( 337 , de 32°, G. Depuis lors, cette vapeur s'est fait jour un peu plus haut, à 10 mètres environ d'élévation, sur la même fente de la lave ancienne. » Voici les températures cpie j'ai successivement observées en ce point : o 17 janvier 4°>° 27 janvier ^5,o 5 février 4? j^ » En suivant cette fente en mer, j'ai trouvé dans l'eau, à quelques mètres du rivage, le 27 janvier et le 5 février, une température de 18". Et il faut bien remarquer que, là où cette chaleur se montrait en mer, aucune bulle ne paraissait à la surface; au contraire, au milieu des gros dégagements d'acide carbonique, l'eau reprenait sa température normale. Ainsi, cet ac- croissement de la chaleur n'était nullement lié à la production de l'acide carbonique (1), il était évidemment dû à une émission considérable de va- peur d'eau. D'ailleurs les deux fissures, dont l'une produisait l'acide car- bonique et l'hydrogène carboné à une basse température, l'autre la vapeur d'eau chaude, ne se confondaient nullement; quoique très-voisines l'une de l'autre, et parallèles entre elles, on pouvait les suivre séparément sur la côte aussi bien qu'en mer. » Mais ce qui vous paraîtra certainement bien curieux, c'est que la fis- sureaux émanations chaudes n'a pas tardé à changer de caractères chimi- ques à mesure que sa température s'élevait. Le 17 janvier, le gaz à 4o" re- cueilli dans une cavité bien fermée présentait la composition suivante : Acide carbonique 65, 96 Oxygène 7,44 Azote 26,60 100,00 Le 5 février, le gaz de la même fissure, à /470, 5, noircissait fortement (acé- tate de plomb, et un léger dépôt de soufre à l'orifice ne pouvait laisser au- cun doute sur la présence de l'hydrogène sulfuré. » Voilà donc le caractère chimique qui vient se joindre au caractère physique, à l'élévation de la température, pour témoigner d'une intensité supérieure. (1) Une preuve plus directe de ce fait ressort des observations faites à terre sur les lentes du rocher. Le 3 février, dégagement notable d'acide carbonique, température 18". Le 5, disparition de l'acide carbonique, température 200. ( 338 ) » Mais cette variation dans le caractère chimique ne s'est pas faite subi- tement Avant d'atteindre à l'hydrogène sulfuré, les émanations, en un point donné, se sont graduellement appauvries en hydrogène carboné et enrichies en acide carbonique. Pour vous en convaincre, il vous suffira de jeter un coup d'œil sur le tableau suivant, qui résume la composition des gaz re- cueillis, à divers instants, en trois points bien déterminés, savoir : en mer. à 200 mètres environ et à 10 ou i5 mètres du rivage; puis, sur le rivage lui-même, des tissures de la lave de 1794» a3 déc. i,rjanv. 17 janv. 27 janv. 5 févr 1 Acide carbonique. 1 1 ,54 4°),6 En mer, a 200 mètres \ < Azote -I- gaz com- C°te' I bustible (1).... 88,46 59,84 . ( Acide carbonique. 4s,i4 88,60 Q7,Q2 qt,q5 En mer, 10 ou i5 me- ^ t > t yyy .'/ . ( Azote -4- gaz coni- tres de la rote. | , .. , _ D.. , 0 . \ bustible 57,8b ii,4° 2,00 2,o5 ! Acide carbonique. 96,32 95,95 96,79 98,04 99,52 Azote -+- gaz com- bustible 3,68 4>°5 3,2i 1,87 1,48 » Si maintenaut vous voulez bien vous rappeler ce que je vous ai dit dans ma onzième Lettre des témoignages de plus en plus nombreux et de plus en plus explicites qui établissent la combustion spontanée du gaz qui s'est échappé des fissures de 1794 dès l'ouverture de ces fissures et au mi- lieu même de la ville de Torre del Greco,d'où il ne se dégage plus actuelle- ment que l'acide carbonique, sans mélange sensible d'hydrogène carboné (2 , vous vous convaincrez que depuis le moment où le sol s'est ouvert à Torre. ;i Je fais ici abstraction de l'air mélangé (normalement ou accidentellement) et calculé d'après les faibles proportions d'oxygène trouvées. Quant au gaz combustible, il est mani- festement composé, pour la majeure partie, d'hydrogène carboné; mais je ne pourrai affir- mer qu'il ne reste aucune portion d'hydrogène qu'après avoir fait à Paris l'analyse coin plète des gaz que j'ai recueillis dans les tubes fermés. 2 C'est ce qu'établissent la discussion de l'analyse du gaz de la fissure à 4o° rapportée précédemment et le fait que le résidu de cette analyse ne brûlait plus. J'ajouterai aussi, poui compléter le tableau précédent, que dans le gaz recueilli au rivage le 27 janvier et le 5 février. le résidu de la potasse et de l'acide pyrogallique (résidu si faible d'ailleurs, qu'il m'a fallu rem- plis sept fois le tube dont je me servais pour en avoir un peu plus de 3 centimètres cubes , no brûlait que fort difficilement, au lieu de manifester, comme dans les premiers jours, une assez vive combustion aussitôt qu'on en approchait l'allumette enflammée. ( 339 ) en ébranlant les maisons, les émanations ont successivement passé de l'hy- drogène carboné (probablement sec et presque pur), d'abord à l'acide car- bonique froid, puisa l'hydrogène sulfuré accompagné d'une quantité con- sidérable de vapeur d'eau chaude; c'est-à-dire, comme je vous le disais tout à l'heure, que les caractères physiques et chimiques se réunissent pour indiquer en ce point inférieur de la fissure une intensité éruptive croissante. » Or ceci est une anomalie, puisque l'éruption a cessé et que le mo- ment initial s'éloigne. Comment l'expliquer? Je ne puis l'attribuer qu'en recourant à l'hypothèse que je vous ai déjà soumise, savoir : que la lave nouvelle, au lieu de sortir au dehors en un point situé au-dessous des deux cratères qui avaient donné le premier courant, s'est précipitée dans les ca- vités de la grande coulée de 179/ii aussitôt que la fissure de 1861 est venue buter contre elle. Ce fait, dont l'analogue s'observe à toutes les grandes éruptions, et que j'ai, en particulier, signalé sur une très-grande échelle en 1 855, expliquerait à la fois le phénomène mécanique qui a soulevé la côte et détruit la ville, le phénomène physique du réchauffement que l'on ob- serve encore et le phénomène chimique concomitant des variations dans la nature des émanations. » Cette progression dans l'intensité des phénomènes chimiques s'arre- tera-t-elle à l'hydrogène sulfuré, ou les habitants de Torre del Greco sont- ils destinés à voir s'échapper des rochers de 1794 l'acide sulfureux ou même l'acide chlorhydrique à une température élevée? C'est ce que ne manqueront pas de constater les savants appelés par le gouvernement local à former une Commission permanente pour l'étude des phénomènes vésu- viens. » Pour moi, qui ne serai plus qu'un petit nombre de jours témoin de ces faits si curieux et si pleins d'intérêt, il me restera encore, pour remplir, aussi bien que j'aurai pu, la tâche que mes savants confrères ont bien voulu me confier, à vous parler de la nouvelle lave et de l'état actuel du cratère supérieur; enfin, de résumer en peu de mots le caractère général de cette éruption. » botanique, cryptogamie. — Présentation de la Florula Gorgonea et des iteux premières décodes de ta neuvième Centurie de Plantes cellulaires; par M. le Dr Moxtagxe. En faisant hommage à l'Académie de ces deux brochures, extraites des ( 34o ) inutiles tics Scunrcs naturelles, M. Montagne s'exprime ainsi : « La première contient une énumération systématique de toutes les plantes cryptogames recueillies en différents temps dans les îles du cap Vert par MM. Leprieur, Schmidt, Forhes, Vogel et principalement par M. Bolle, botaniste prussien distingué, qui a fructueusement visité ces îles à deux reprises différentes. Sur plus de cent espèces énumérées ou décrites dans cette florule d'un pa\ s encore peu connu, je n'en ai eu à décrire que six nouvelles. Toutefois la collection du botaniste de Berlin m'a donné l'occasion de constater deux Faits nouveaux, l'un d'organographie et l'autre de géographie botanique. En effet, on n'avait encore observé jusqu'à présent que le fruit tétrasporique d'une algue fort remarquable, le Dicjenca simplex d'Agardh; M. Bolle en a rapporté du cap Vert des exemplaires sur lesquels j'ai été mis à même de rencontrer tout à la fois des conceptacles mûrs et des anthérozoïdes termi- nant les rameaux. » Le fait de géographie botanique consiste dans la découverte faite sur le littoral de l'île Saint-Nicolas d'une hépatique monotype bien curieuse, le Cyathodium Cavernarum Knuze, qui n'avait encore été recueillie qu'aux Antilles et dont j'ai donné une figure analytique complète dans ma crypto- garnie de l' Histoire physique, politique et naturelle de (lie de, Cuba, publiée par M. Ramon de la Saera. » La seconde brochure que j'ai l'honneur d'offrir à l'Académie se com- pose des deux premières décades de ma neuvième Centurie de Plantes cellu- laires, et s'accompagne de deux planches, dont l'une est tirée en couleur. >■ CHIRURGIE. —Compte rendu des opérations de lithotritie pendant l'année 1861; par M. le Dr Civiale. « Le 28 janvier 18G1 je présentai à l'Académie les résultats de mes opé- rations de lithotritie pendant l'année 1860. » Ces faits pratiques, réunis à ceux dont j'avais déjà publié les détails, prouvent une fois de plus que cette manière de traiter les personnes atta- quées de la pierre réussit parfaitement lorsqu'on observe les véritables prin- cipes de l'art et qu'on se renferme dans les limites raisonnables de sou application. Ils paraissent aussi avoir exercé une heureuse influence sur l'esprit des praticiens, surtout en Angleterre. Plusieurs chirurgiens des plus renommés de ce pays, Sr P. Crampton, S1 B. Brodie et autres, ayant étudié d'une manière sérieuse l'art de broyer la pierre, furent bientôt en état de ( 34 1 ) lappliquer avec sûreté dans leur pratique et ils ont réussi, comme tous ceux qui suivent les règles tracées pour cette opération. » Il s'en est trouvé beaucoup d'autres qui ont voulu aussi appliquer cet art nouveau, mais sans études préalables et en se servant d'instruments im- parfaits et de procédés défectueux. Ces chirurgiens ont été trompés dans les espérances qu'ils avaient conçues, et ce résultat ne saurait surprendre. » La principale manœuvre de la lithotrilie s'effectuant dans un organe profondément situé, les difficultés qui en sont inséparables, échappent pres- que inévitablement à l'observateur le plus attentif. Un opérateur, si habile qu'il soit, s'il n'a pour se guider dans la vessie que des aperçus théoriques et ce qu'il a observé en assistant à des opérations faites par d'autres chirur- giens, sera très-exposé à se méprendre sur ce qu'il convient de faire. Il n'est donc pas surprenant qu'en Angleterre, aussi bien qu'ailleurs, on n'ait pas obtenu de succès en procédant ainsi à l'aventure, et que par suite les chirur- giens se soient découragés et qu'ils soient revenus aux procédés de la taille auxquels la routine les avait habitués. » Deux publications faites à Londres, il y a peu de temps, me paraissent propres à appuyer ces remarques et surtout à faire ressortir la manière dont chacun procède à l'opération. « D'un côté Sr B. Brodie a communiqué à la Société médico-chirurgi- cale de Londres les détails de 1 1 5 opérations de lithotritie qu'il a pratiquées lui-même avec un grand succès. » D'autre part, un relevé des malades attaqués de la pierre, et traités en Angleterre dans un espace d'un peu plus de trois ans, établit que sur 467 cal- culeux, on n'en a opéré que 35 par le broiement et qu'on en a sauvé 22 seulement. » Le tableau de mes opérations en 1860, mis en regard de ces faits, a fixé très-sérieusement l'attention des chirurgiens anglais, dont plusieurs sont venus récemment à Paris chercher des instructions et des instruments pour la lithotritie. » C'est surtout par les faits cliniques que sont résolues les questions qui nous occupent. Je demande donc à l'Académie la permission de mettre sous ses yeux les résultats nouveaux que j'ai obtenus pendant l'année qui vient de finir. <> Dans le cours de cette année, j'ai traité 66 malades qui étaient affectés de la pierre, Si pour là première fois, et chez les i4 autres le calcul s'était reproduit à la suite de traitements antérieurs : C. R., 18 2 1" Semstre. (T. L1V, N= 6.) 44 ( 34* ) » 49 sont de ma pratique particulière; » 17, dont 1 femmes, ont été traités à l'hôpital. » C'est un de moins qu'en 1860, niais je n'ai pas compris dans cette liste 2 hommes qu'on avait opérés par la lithotritie dans un autre hôpital et qui n'étaient pas guéris. Ils ont été admis dans mon service, où leur position a été améliorée. » 61 de ces malades ont été opérés : » 5i par la lithotritie, l'opération a réussi dans 4g cas; » 10 ont été taillés : l\ sont morts, 6 sont guéris; » 5 n'ont pas été opérés parce que le calcul était trop gros et les organes avaient trop souffert. 2 de ces malades sont morts, 3 continuent de vivre. » Ainsi tous ceux qui sont affectés de la pierre ne se présentent pas dans des conditions également favorahles au traitement. 3i des plus heureuse- ment placés, chez lesquels une petite pierre formait à elle seule toute la maladie, ont obtenu une guérison prompte et facile. Pour les calculeux de cette classe, la lithotritie a atteint une grande perfection : au double point de vue du diagnostic et du traitement, elle peut être présentée aujourd'hui comme l'un des procédés les mieux réglés de la chirurgie ; on est certain du succès si l'opération est faite en temps utile. » 35 des nouveaux opérés n'ont pas eu cette prudence. Ayant gardé la pierre trop longtemps, il s'était formé dans les organes des états morbides que tous les praticiens connaissent et qui agissent à des degrés divers sur l'exécution et le résultat de l'opération. Ces cas forment plusieurs catégories. » La première comprend ceux, en grand nombre, dans lesquels la per- version de la sensibilité et les désordres fonctionnels des organes urinaires forment la complication principale. La lithotritie est généralement possible alors, facile même lorsque la pierre est petite; mais les organes déjà épuisés supportent difficilement la manœuvre, et le traitement exige des soins par- ticuliers que j'ai fait connaître et auxquels on doit rapporter spécialement les résultats favorables qu'on obtient. » Dans la deuxième catégorie on trouve une pierre dure et volumineuse dans un organe dont la capacité normale, souvent réduite, est déformée par des tumeurs nées de son col ou de sa face interne. » La première et la principale difficulté porte alors sur le diagnostic ; il ne s'agit pas ici d'e constater la lésion morbide, il faut en déterminer l'éten- due et le développement avec d'autant plus de précision que, chez ces ma- lades, un degré de plus ou un degré de moins, tant pour le volume de la pierre que pour la gravité delà complication, font que la nouvelle méthode ( 343 ) est encore possible ou qu'elle doit être écartée. Si elle est possible, l'appli- cation en est difficile, douloureuse, et quelques opérés sont soulagés et non entièrement guéris; ils conservent des troubles fonctionnels provenant de la lésion organique, ce qu'on observe du reste après toutes les métbodes de traitement. » Lorsque la pierre est très-volumineuse, l'espace manque pour exécuter dans la vessie les mouvements nécessaires; la manœuvre devient incer- taine, et l'opérateur n'a d'autre guide que ses sensations tactiles. » La lithotritie ne doit être appliquée dans ces circonstances qu'avec une grande réserve. Voilà pourquoi j'ai soumis à la cystotomie à peu près le quart des calculeux qui ont réclamé mes soins. C'est en effet aujourd'hui la part qui est faite à chaque opération ; les trois quarts des malades peuvent être utilement traités par la nouvelle méthode. » i4 des malades dont je viens de présenter le tableau, avaient été atta- qués de la pierre à des époques plus ou moins éloignées, et ils avaient été opérés soit par la taille, soit par le broiement. » En ce qui concerne la formation des nouveaux calculs et les applica- tions de la lithotritie, ces faits offrent un grand intérêt. Je me propose de les réunir plus tard et d'en présenter le résumé à l'Académie. » i o malades ont été opérés par la taille, les uns par nécessité, tout autre moyen se trouvant contre-indiqué, les autres par préférence. (Deux malades de l'hôpital ont été taillés dans une maison voisine, à cause d'une épidémie d'érysipèle qui existait alors dans nos salles.) On sait que les deux méthodes de traiter ceux qui souffrent de la pierre ont chacune leurs exigences pro- pres. Ainsi des calculeux, chez lesquels la lithotritie est difficile ou impos- sible, deviennent des cas de choix pour la taille : les enfants, par exemple. » 5 de mes opérés par la cystotomie avaient en même temps de grosses pierres et des tumeurs dans la vessie. Ces dernières sont plus gênantes pour la manœuvre de la lithotritie que pour la taille. » Chez deux d'entre eux, le volume extraordinaire du calcul m'a obligé de recourir à l'ancienne opération. L'un, âgé de 70 ans, avait une pierre si grosse, qu'il eût été impossible de l'extraire si je n'avais pas réussi à la briser avec des tenettes. » Chez le dernier j'aurais observé des difficultés semblables, sans l'emploi d'un casse-pierre spécial que j'ai fait construire pour ces éventualités. » L'année dernière j'eus à signaler un de ces événements rares, dans les- quels des tumeurs, des kystes formés dans la cavité abdominale, contractent avec les parois de la vessie des adhérences telles, qu'il s'établit une commu- 44- ( 344 ) nication entre la cavité de l'une et celles des antres. De là des corps de na- ture très-diverse trouvés dans la vessie, formant le noyau de calculs uri- naires. J'eus donc à extraire de la vessie d'une femme une masse de cheveux, des osselets et des dents (i). Les détails de ce fait intéressant ont été publiés dans le Bulletin de C Académie de Médecine ( 1 860, p. 79 1 ). » J'ai observé cette année à l'hôpital un cas moins rare, mais qui offre aussi de l'intérêt, surtout au point de vue de la lithotritie. » Une jeune femme qui avait été traitée à l'Hôtel-Dieu fut reçue à l'hô- pital Necker, présentant quelques signes ordinaires de la pierre : celle-ci fut en effet constatée, et quelques jours après je commençai le traitement. » La première pierre, saisie avec un lithoclaste spécial, était peu volumi- neuse; j'en fis immédiatement l'extraction. Il suffisait de la voir pour recon- naître que cette femme l'avait introduite par l'urètre dans la cavité vésicale. Je ne tins pas compte de la supercherie, et j'ai retiré de la vessie de Cette femme seize cailloux que je mets sous les yeux de l'Académie. » L'extraction de plusieurs d'entre eux a été fort douloureuse, par ci qu'ils s'étaient mal placés entre les branches de l'instrument; mais tous ont été saisis avec une facilité et une promptitude qui étonnaient les assistants. On ne pouvait pas trouver un fait qui mît plus en évidence les ressources de l'art nouveau pour saisir les corps étrangers dans la vessie. » Les faits qui précèdent, réunis à ceux que j'ai recueillis en 1860, font un total de : 1 20 calculeux : 1 1 5 hommes, 5 femmes. » 88 ont été opérés par la lithotritie : 3 sont morts, 79 sont guéris, 6 conservent des troubles fonctionnels qui ne dépendent ni de la pierre, m de l'opération. » i 7 ont été opérés par la taille : 8 sont guéris, 2 conservent des fistules, 7 sont morts. » i5 n'ont pas subi d'opération : 6 sont morts, 9 continuent de vivre. » (1) L'histoire de ces productions, de leur développement, des adhérences qu'elles con- tractent avec les organes voisins, est pleine d'anomalies dont on se rend difficilement compte. On ne comprend pas davantage la présence, dans leurs cavités, des corps étrangers qu'on y découvre; niais ces faits sont constatés par les autopsies. Les dents irrégulières et en quelque sorte contournées que j'ai extraites, ne ressemblent pas à celles qu'on aurait ramassées et introduites par l'urètre. Il en est de même des che- veux, qui semblent appartenir au fœtus, et des osselets, tellement irrégnliers aussi, qu'on ne saurait dire à quelle série ils ont appartenu. (345) PHYSIQUE DU globe ET ASTROiNOMlE. — Relations entre (es variations du magné- tisme terrestre et les variations météorologiques. —Figures de la grande lomcte de 18G1 prises à Rome le 1 et le [\ juillet ; figures J 'ailes au Chili dans le moi* de juin ; Lettre du P. Secchi à M. Élie de Beaumont. « Dans ma dernière communication sur la connexion des variations du magnétisme terrestre avec les variations météorologiques, je disais que les conclusions tirées des observations de l'année 1860 se vérifiaient aussi pour l'année 1861. Les réductions n'étant pas alors encore finies, je ne pou- vais donner les chiffres se rapportant à la direction des vents, qui est l'élément par lequel on peut mieux juger des modifications atmosphériques. Je viens maintenant combler cette lacune en y ajoutant des observations nouvelles. » Le tableau suivant exprime le mouvement de l'intensité horizontale ou du bifilaire par rapport à la direction du vent dominant. J'ai aussi groupé ensemble dans cette année les positions basses avec le bifilaire descendant et les hautes avec l'ascendant, mais le sens du mouvement est bien plus caractéristique que l'état absolu de l'instrument. Pour les cor- rections de température, je me remets à ce que j'ai dit dans les autres communications : Bifilaire haut ou montant. Saisons. Bifilaire lias ou descenc lant. 1861 Vents. . . . E. S. 0. N. Dec. , janv. , fov. Jours. . . . 3 ,9 7 7 Mars, avril, mai. 2 19 i5 3 Juin, juillet, août. 1 24 12 2 Sept., oct., Nov. 2 26 8 3 Somme. . . 8 88 42" i5 Rapport au nombre total pour | « 88 42 i5 le même vent. j .5 ,,9 88 l52 Le même en décimales. o,53 0,74 ° ,48 0 >°9 E. S. 0. N. 4 8 .3 39 1 1 1 16 3; 1 6 ■7 27 1 6 10 34 7 3i 46 i37 7 i5 3i IIQ 46 88 .37 i5?. 0,47 o,38 o,52 0,84 » Ce tableau montre évidemment la prédominance du mouvement des- cendant avec le vent du sud qui est de 74 pour 100 fois que ce vent souffle, et du mouvement ascendant avec le vent du nord qui est de 84 pour ioo. Les vents de l'est et jde l'ouest sont des vents de transition qui se balancent presque également, en restant cependant un excès pour le vent de l'ouest pour faire monter l'instrument. Il ne reste donc plus de doute sur cette rela- tion, et si elle a échappé aux observateurs, cela tient au mode de discussion (346 ) adopté par eux, qui n'était pas propre à la faire ressortir : en cela, on voit l'avantage des constructions graphiques. Si l'on voulait tenir compte de ce fait que les bourrasques atmosphériques retardent ordinairement d'un ou deux jours sur les dépressions magnétiques, il serait facile de grandir encore les rapports ci-dessus indiqués et de les réduire presque à l'unité, niais je n'ai pas voulu préjuger la discussion. » Dans la même communication, j'ai exposé l'opinion que ces variations pourraient bien dériver de l'électricité de l'atmosphère qui, se déchargeant dans le sol et parcourant le globe pour rétablir l'équilibre des tensions dans les régions différentes, pouvait affecter les barreaux aimantés, et j'avais même fait remarquer que la position du bifilaire avait une relation tres- étroite avec l'état atmosphérique de tension. La relation trouvée alors entre la période électrique diurne et le bifilaire a subsisté encore dans les deux mois suivants de novembre et décembre, après quoi le temps étant devenu très-mauvais, l'électricité atmosphérique n'a plus présenté des périodes régulières. Cependant il est remarquable que pendant les derniers jours de décembre les tensions étaient énormes et le bifdaire très-haut, et que les premières sont tombées considérablement avec l'état même du bifdaire tou- jours déprimé pendant le mois de janvier. » Mais cette saison de mauvais temps a été très-avantageuse pour démon- trer avec une évidence complète l'action de ces courants. Ayant obtenu du gouvernement, pour ces études, l'usage provisoire d'un tronc de fd télégra- phique actuellement inactif entre Rome et Castel Gandolfo, dont la longueur est de 22 kilomètres et la direction presque exactement S.-E. par rapport à l'Observatoire, j'y, ai introduit un galvanomètre de 5oo tours bien isolé, et j'ai pu étudier les courants qui circulent dans ce fil à l'occasion des per- turbations magnétiques, et pendant les orages. Ces courants sont connus depuis très-longtemps par }es télégraphistes, et l'on sait même qu'ils sont tres-énergiques pendant les perturbations magnétiques et les aurores boréales. Mais il était intéressant de voir si les phases et les changements de signes de ces courants s'accordaient exactement avec les mouvements magnétiques. Dans les fils télégraphiques, il y a toujours des courants dont la source est différente de celle que nous cherchions,, mais ils sont faibles et ordinairement constants, et il est facile de reconnaître à leurs pulsations ceux qui sont dus à la communication entre le fil du télégraphe en activité et celui du galvanomètre par défaut d'isolement de la ligne; heureusement, ceux-ci sont très-rares. » La présence des courants provenant des phénomènes atmosphériques (347) a été constatée plusieurs fois sur une petite échelle, mais le i5 courant on eut pour cette constatation une occasion très favorable. Une perturbation magnétique eut lieu sans autre manifestation météorologique qu'un peu de nuages; pendant sa durée les courants étaient très-forts et permanents de 6 à 8° dans le galvanomètre, et les renversements successifs de leur direc- tion coïncidaient jusqu'à la minute de temps avec les renversements de mou- vement du bifilaire. Le soir du ai nous avons eu un véritable orage avec pluie et tonnerre; indépendamment des fortes secousses galvanométriques qui, dans les moments des éclairs, projetaient l'aiguille, on observa des courants permanents, dont le sens était d'accord avec les mouvements du bifilaire; pour de petites et courtes variations on remarquait un peu de re- tard d'un instrument sur l'autre, mais pour des courants de 6 à 70 et d'une durée de 3 minutes ou 4, l'accord subsistait toujours. Le même fait a été observé dans l'orage du 27 au matin. Les renversements des courants sont ordinairement d'accord avec les variations de signe de l'électricité atmosphé- rique statique, mais non pas toujours, ce qui n'a rien de surprenant, vu que l'électromètre accuse l'action dans une sphère bien plus étroite que le fil télégraphique. » Du reste, si la direction du courant s'accorde avec le signe du mouve- ment du bifilaire, l'intensité ne l'est pas toujours, et quelquefois on voit de faibles courants produire de grandes variations, et des très-grandes en pro- duire de très-faibles. Cela tient sans doute à la décomposition du courant, et de sa force selon la direction du mouvement du bifilaire et du fil télégra- phique. Les courants de Testa l'ouest sont les plus influents, et ceux du sud au nord le sont très-peu. Mais si ceux-ci ne produisent pas des déviations angulaires dans cet instrument, ils sont sensibles aux autres, et de plus le bifilaire lui-même prend un mouvement oscillatoire en sens vertical, dont la cause avait été jusqu'ici problématique, et que ces dernières recherches mettent en plein jour. Ces vibrations sont plus fortes lorsque le courant se dirige du sud au nord et vice versa, et lorsque la déviation est faible pour un courant galvanométrique assez fort; ainsi les changements très-rapides de composante verticale qui ne peuvent être accusés dans le magnétomètre à balance à cause de son inertie, peuvent être reconnus dans le bifilaire lui- même. Ces courants donnent aussi l'explication d'un fait très-important, et constaté par tous les observateurs, du changement brusque du coefficient dans le magnétomètre à balance, de sorte que pour les valeurs absolues ces indications sont d'un usage très-limité. Cela doit tenir à l'action désaiman- tante de ces courants, action d'autant plus efficace que par sa construction ( 348 ) J 'instrument ne peut pas suivre la variation angulaire que le courant tend à lui imprimer. En effet, dans mes premiers essais, même en dehors des orages, les aiguilles du galvanomètre étaient continuellement dépolarisées, et pour en conclure quelque chose j'ai dû me réduire à employer une petite harre d'acier de lime très-dur de 3 millimètres de côté et 4 centimètres de longueur, et cependant à chaque bourrasque son axe magnétique se trouve changé de 8 à i o° dans un sens ou dans l'autre. On voit là une cause d'erreur dans les observations d'intensité relative et qu'il faut éliminer en détermi- nant le plus souvent possible la force absolue par la méthode de Gauss. » D'après ces résultats, il me semble que l'existence dans la terre des courants d'origine météorologique devient un fait positif et qui servira a expliquer une foule de faits physiques (et peut-être même physiologiques). Il est sans doute étonnant de voir, ce qu'on était loin jadis de soupçonner, comment le globe est sillonné en tous sens par des courants électrique* tres-intenses, qui sont habituellement accusés par les instruments magné- tiques, et que les fils télégraphiques révèlent encore mieux. » Les variations diurnes de ces courants ont été étudiées par M. Lamont. et elles pourront conduire à des résultats très-intéressants. Je regrette que le fil à ma disposition ne soit pas convenablement orienté pour cette recher- che délicate ; mais j'ai constaté que dans les jours beaux et tranquilles il n'y a presque pas de courant circulant, ou tout au plus un courant très-faible mais qui se trouve passablement d'accord avec le mouvement du bifilaire ; pour des courants si faibles il est difficile d'en assigner les sources, car elles ne surpassent pas un quart de degré; mais les courants se manifestent à la plus petite variation atmosphérique. » J'espère pouvoir continuer ces recherches encore quelque temps, et peut-être cela mettra en plein jour la vérité de ce que j'ai avancé, que pour les variations magnétiques extraordinaires les causes météorologi- ques sont très-influentes. » Permettez-moi ici d'ajouter deux mots sur la grande comète de juin 1860. » M.Fayem'a fait l'honneur de prendre pour base de ses savantes théories nus dessins, et je l'en remercie; et comme il a exprimé le désir d'avoir quelque éclaircissement sur quelques points douteux de mon Mémoire, je viens donc bien volontiers le satisfaire. A la page 1029 des Comptes rendu,-, vol. LUI, il soupçonne que dix minutes de temps a été placé au lieu de une demi-heure, et il croit que le texte n'est pas d'accord avec le dessin. Je dois observer que le texte est exact, et un croquis grossier qui l'accom- ( 349) pagne dans le journal, place l'étoile polaire à l'intérieur de la longue queue; mais le dessin a été fait plus tard, et l'heure marquée dix et demie est celle à peu près où on le commença, et par conséquent il a été achevé plus tard; et alors la comète dont le mouvement apparent était très-rapide était sortie de sa place et ne couvrait pins l'étoile. Mais la petitesse de l'échelle ne peut donner un fondement sérieux à des discussions. Pour suppléer à cela j'envoie deux grands dessins qui représentent la comète le 2 et le 4 juillet. Le premier surtout pourra satisfaire au désir de M. Faye sur la position de l'angle obscur près de X et x Dragon qui ne peuvent pas bien se relever par la petitesse dans le dessin de mon Mémoire. Je prends cette occasion pour réunir aussi quelques dessins de la portion près de la tête de la comète, comme elle a été vue au Chili par le P. Cappelletti, qui me les a envoyés à ma demande. Il est singulier que la comète offrant une place obscure dans le milieu de sa queue jusqu'au i3 juin, il se manifesta alors un rayon lumineux assez vif, et qui dura jusqu'à sa disparition de l'hémisphère sud. La tète avait le noyau entouré d'une auréole à rayons. Enfin le 26 juin une grande excentricité se manifesta dans les deux branches. (Cette excentricité est semblable a celle qu'on observa dans la grande comète de juillet 1860 que je vis à Ma- drid.) Dans mon dessin du 4 juillet, il y a un espace sensiblement moins clair que le reste dans la grande queue, cela est sûr. Il reste seulement à avertir que la longueur de la queue plus longue ne rentre pas toute dans les dimensions du papier. Notre dessin, publié dans le Mémoire, étant fait sur la planche de M. Dien, j'ai retenu la position des lignes du colure, et je crois que la correction suggérée par M. Faye se rap- porte à son dessin et non pas au mien. (Voir le Compte rendu, loc. cit., page io32, en note.) ïl est très-remarquable que le grand rayon cen- tral n'a pas été figuré dans l'autre dessin qui nous est venu du Sud ; et cependant j'en ai le témoignage d'un autre observateur indépendant du P. Cappelletti. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Note sur l'inclinaison magnétique à l'observatoire de Toulouse; par M. Petit. y Je remarquais en 1 856 un arrêt singulier ou même un changement de signe dans la diminution annuelle de l'inclinaison magnétique à Toulouse, diminution que je trouve égale, en movenne, par une série de quatorze C. P.., i8fi9, 1" Semestre. (T. LIV, N° 6.) 4 J ( 35o ) années, à b',^6. Cette anomalie, due peut-être à l'établissement du chemin de fer et de la gare dans le voisinage (5oo à 600 métrés) de l'observatoire, parait s'être maintenue jusque vers la fin de 1 858. Mais depuis lors la dimi- nution progressive de l'inclinaison a repris son cours; et comme le phéno- mène n'a pas, que je sache, été signalé ailleurs, j'ai pensé que mes obser- vations de Toulouse, quoique privées du surcroît d'intérêt qu'elles auraient puisé dans la détermination des variations diurnes ou mensuelles, dont jus- qu'ici, faute d'un personnel et d'instruments convenables, il ne m'a pas été possible de m'occuper, offriront peut-être un jour quelque utilité pour la tbéorie générale du magnétisme terrestre. Aussi n'ai-je pas hésité à entre- prendre à la fin de 1 861 et au commencement de 1 862 un très-grand nombre de déterminations nouvelles, afin de savoir si les masses considérables de fer qui ont été introduites dernièrement dans les constructions exercent une influence sensible sur le pavillon magnétique situé à 56 mètres sud de la salle méridienne. » A la suite des infiltrations pluviales qui altéraient avec une effrayant» rapidité les fermes de charpente et tous les bois des terrasses, j'ai dû me résoudre, en effet, à laisser remplacer ces terrasses par un toit en 1er dont la construction, commencée en 1859, n'a été terminée, malgré mes efforts-; par suite de difficultés administratives, que vers la fin de 1861. Or, en rap- prochant les divers résultats obtenus, pour l'inclinaison, à la fin de 1861 et au commencement de 1862, il semble permis de conclure que l'action des fers est peu considérable; qu'elle diminue tout au plus l'inclinaison magné- lique de 5 à 6', puisqu'à 240 mètres de l'observatoire, c'est-à-dire en un point, où l'action des terrasses peut-être supposée nulle, l'inclinaison du 26 décembre et du 25 janvier surpasse de 5' environ l'inclinaison obtenue ces jours-là dans le cabinet magnétique. Encore est-il bon de remarquer, au sujet des résultats trouvés le 5 janvier, que le maximum de l'inclinaison magnétique ayant lieu généralement vers le matin, tandis que le minimum arrive au contraire vers deux heures de l'après-midi , la différence >'. 1 devrait être diminuée de une à deux minutes, valeur ordinaire de l'oscilla- tion diurne à Paris; ce qui tendrait à réduire d'autant la part d'influence imputable aux fers de l'observatoire sur l'inclinaison. Il est vrai que l'effet est inverse dans les résultats du 26 décembre. Mais, quoi qu'il en soit, 011 peut conclure que, même en prenant pour la valeur de l'inclinaison, au commencement de 18G2, la moyenne 6?.u i<)',30 donnée par l'ensemble de toutes 1rs observations de la fin de décembre et du commencement (le jan- t 354 ) vier, au lieu tle prendre la moyenne 6i" ?. \',jb des valeurs trouvées hors de l'action des fers, on a une inclinaison un peu trop faible, et par conséquent une valeur trop grande de là diminution annuelle fournie par les obser- vations de i858 rapprochées de celles de 1861 et 1862. Cette diminution annuelle, pour la période recommencée en j 858, serait donc, au maximum, égale à — ^Z_ — 9_Z ou à 4'i 87, valeur inférieure à celle (5',48) donnée par la période 1842 a r 855 ; d'où résulterait une probabilité nouvelle en faveur de la remarque relative à l'arrêt ou à la rétrogradation observés de 1 856 à 1 858, après lesquels le mouvement progressif parlant de zéro ne devrait recommencer en effet à se manifester que par une marche assez lente et croissant graduellement. • » Jusqu'à quel point est-il permis décompter sur des observations sujettes à tant de causes perturbatrices inconnues, alors surtout que ces observa- tions sont faites, comme celles de Toulouse, par un observateur seul et privé des moyens de contrôle que lui fourniraient le personnel et les instruments appliqués à la mesure des oscillations diurnes? Poser une telle question, c'est dire que je donne ici sous toutes réserves les diverses conclusions énoncées plus haut; et pour revenir, en terminant, à l'objet que j'avais pins spécialement en vue quand je commençai mes dernières expériences sur l'inclinaison magnétique, je ferai remarquer cette particularité, cpii serait très-curieuse si réellement le fer des terrasses produit dans le pavillon magnétique une diminution de 5' sur l'inclinaison, que le 26 décembre et le 7 janvier, à 28 mètres nord du pavillon, beaucoup plus près par consé- quent des masses perturbatrices, l'inclinaison est sensiblement la même que daus le pavillon. L'identité des effets dus aux terrasses dans les deux cas résulterait-elle d'une compensation entre l'accroissement des forces magné- tiques à de moindres distances et un affaiblissement d'action provenant du changement d'inclinaison de ces forces sur l'axe de l'aiguille? On peut l'ad- mettre avec quelque probabilité, ce me semble, à moins que, jusqu'à nou- velle vérification, on ne préfère mettre sur le compte des erreurs d'obser- vation les différences de 5' trouvées le 26 décembre et le 5 janvier, entre la station du pavillon magnétique et celle située à 240 mètres E.-S.-E. des fers qui recouvrent l'observatoire. Voici du reste, à partir de i856, la série des déterminations sur lesquelles reposent les conclusions précédentes : 45. 352 ) ii nov. i856.. i.'l nov. i85G.. ierjanv. 1837. 2 janv. 1857. 2 mars 1857. . 19 août 1837. 3i août 1857. i5 déc 1837. 16 déc. 1857. l3 doc. 1867. 34 déc. i857 2 sept. i858 4 sept. i858 5 sept. iP58. 25 déc. 186t. 26 déc. 1861. 36 déc. 1861. 26 déc. 1861. 5 j;uiv. 1862 5 janv. 1862 7 janv. 1862, 7 janv. 1862 b m h m h m 0 , 1 . 3o du s. de 1 1 .3o à 3.3o). . 62.28,3 8.45dum.(de 8 à g.3o)... 62.3i,4 3 13 du s. (de 2 à 4.3o)... 62,28,2 10.20 du m. (de 9.20 a 11.20)... 62.27,4 9 37 dura, (de 8.i5àu )... 62.27,3 3 3o du s. (de 2 à 5 )... 6a.3o,o 8. 3o dura, (de 7 h 10 )... 62.29,0 8.45 dura. (de 7-45 à g. 45).. 62.28,5 9 13 du m. (de 8.i5 à io.i5)... 62.35,3 10. 3o dum. ide 9.30 à n.3o)... 62.33,8 10.35 du m. (de 9-3o à 11.40)..; 62.33,0 10.45 du m. (de 10 à 11. 3o). . 62.35,3 ' 8./|5dum.(de 8 à g.3o)... 62.32,8 3.i 5 du s. (de 2.3o à 4 )■•■ 62 33,9 6 du s. (de /\.Zo à 7.3o)... 62.19,6 9.5 dum.(de 8 à 10.10)... 62.20,2 0.20 du s. (de 11 3o à 1 . 10). . .^62.25,8 4.45 du s. (de 4 a 5.3o)... 62.19,6 10 du m. (de 9. i5 à 10. 45). . 62. 17,7 o.3o du s. (de 11. 45 à i.i5)... 62.12,6 10 i'i dum.(de 10 à 11. 3o)... 62,iS,8 I.i5 du s. (de o.3o à 1 )... 62.20.6 En plein vent, à 163 mètres vers. l'Es; du pavillon magnétique. En plein vent à la même station que le i5 décembre Moyenne = 62 .33,97 En plein champ, à 240 mètres E.-S.-E. des terrasses. A 28m,5 nord du pavillon magnétique. En plein champ, à 240 mètres E.-S.-E. des terrasses. A 28m,5 nord du pavillon magnétique. » Les angles sont comptés, il est à peine nécessaire d'en faire la remarque, a partir de l'horizon. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Note sur la variation annuelle de la déclinaison mçgné- tique à l'observatoire de Toulouse ; par M. Petit. « L'année 1 356 sembla présenter, pour la déclinaison magnétique, une anomalie analogue à celle qu'offrait l'inclinaison. Car après avoir diminué, de 1 8/|6 à i855, depuis 200 5', 5 jusqu'à io,°3',4, elle redevint, au mois de novembre 1 856, égale à ic)0io',2, pour reprendre, à partir de cette époque, une marche décroissante. Mais comme à Paris la variation diurne donne un maximum entre 1 et 2 heures de l'après-midi, tandis que le minimum se manifeste vers 8bi5a> du matin; comme d ailleurs l'amplitude moyenne, en novembre, est égale à 9' environ et peut même atteindre 1 5' ou 10', il paraît évident que l'anomalie doit provenir, au moins en très-grande partie, de cette variation. La' même cause expliquerait les valeurs plus fortes trou- vées en i8(ii, le il\ et 26 décembre, de 1 à 1 heures du soir, ainsi que les ( 353 ) différences, inverses l'une de l'autre, qui correspondent aux deux stations du i5 et du 26 décembre 1861, c'est-à-dire au pavillon magnétique et à l'emplacement en plein champ 240 mètres E.-S.-E de l'observatoire. Quant aux autres différences, elles ne présentent pas des caractères assez tranchés pour permettre de conclure avec assurance que les fers des ter- rasses exercent, dans le cas actuel, une action sensible sur le pavillon magne- tique ; et l'ensemble des nombres ci-dessous conduit à penser qu'à 56 mètres sud de la salle méridienne, ces fers sont à peu près sans influence sur la dé- clinaison dont la diminution moyenne annuelle se trouverait, par consé- quent, d'après la série suivante, égale à 7' environ ou plus exactement : Par les observations de i85- et de 1861- 1862 à - — ' - — — 6', 6% 4 Par les observations de 1 855 et de 1 86 1 - 1 862 à «-2 — — — ^ '-?— = 6 , 88 , valeurs d'autant plus probables qu'on obtient presque identiquement les mêmes nombres, soit par la déclinaison ao°5', 5 de 1846 comparée à celle io,°3',4 de i855, la différence (i°2',i) donnant, pour l'intervalle de neuf ans, une diminution annuelle moyenne égale à 6', 90, soit par la période totale des quinze années écoulées de 1846 à 1861 qui fournissent le , , 20°5',5o— l8°22', 12 c, Q résultat - p ■ — = 6 , 8g. Déclinaisons magnétiques [du nord vers l'ouest) depuis t855. Déclinaison. b m h m h m o ' 22 août 1845. . . 10. 3o du m. (de 9.30 a 11 .3o) 19. 6,0 ) 3o août i855. . . 9.00 du m. (de 8.00 à 10.00) 19. 1 ,8 \ Moyenne = I9°3', 4o. 3 sept. i855 . . 9. i5 du m. (de 8.3o à 10.00) 19. 1 78 ; 19 nov. i856.. . o.3o du s. (de 0.00 à 1.00) 19.10,2 io déc. 1857. . . 10.40 du m. (de 10.00 à 11 .20) 18 57,4 n déc. 1857... g.3o du m. (de 9.00 à 10.00) 18.46,0 11 déc. 1857... o.i5 du's. (de 0 00 à o.3o) 18.55,7 1 1 déc. 1857. . . 3.oo du s. (de 2.3o à 3.3o) i8.5i,5 Dans le jardin, à 10 mètres Est du pavillon magné- tique. 1 1 déc. 1857. . . 3.45 du s (de 3.3o à 4- 00) 18.46,2 12 déc. 1857... 10.00 du m. (de 9.00 à 11.00) 18.42,2 i'! déc. 1857. . . o. i5 du s. (de 0.00 à 0 3o) 18.50,7 i> déc. iS57... 2.25 du s. (de 2.00 a 2.5o) 8.43,2 Dans Te jardin, à 10 mètres Est du pavillon magné- tique. 1.2 déc. 18S7... 3.3o du s. (de 3. 00 à 4.00) 19. 2)5 Dans le jardin, à 10 mètres Ouest du pavillon ma- gnétique. ( 354 ) Décli&Bjson. h in li ni 11 m û ' 12 déc. 1857... ij. 1)5 du s. (de '|..ïo;i a.oo)...' ... 18.45,7 A 4 mètres Sud du pavillon magnétique. 1 1 dec. 1857. . . 10.45 du m. (de lo.iâ à n.i5) 18. 43, 8 i4 déc. 18.Î7... i.'in du s. (de i.ooà î*4°) '8.47,' Dans la campagne ii iG.i mi- tres vers l'£sldti 1 1 a \ i 1 1 • 1 1 . magnétique. 1G déc. 1807-.. 2.55 du s. (de 2.20 a 3.3o) 18.43,0 Dans la campagne à iG5 mè- tres vers l'Est. ni dec. 1S57... 4-3o du s. (de 3.45 à 5.15) 18.48,3 3i août iS58... o.3o du m. (de 9.00 à 10.00) , . 18. 43, 4 1 er sept. 1 858. . . 7.10 du m. (de 6.3oi 7.5o) 18.40,6 24 déc. 1861... 1.45 du s. (de 1.00 à a.3o) lf'-:27,1 >4 déc. 1861... 3.3o du s. (de 2.4a à f.-iS) iS.20,0 A 28m, 5 au Nord du pavil- lon magnétique. '•dec. 1861... 10.00 du m. (de i).'pà 10. i5) fort vent du S. -E. 18.13,9 En plein vent, à 240 mètres E.-S.-E. de l'observa- toire; le vent l'ait trembler l'instrument. 25 déc. 1SG1 ■■ 10. 3o du m. (de 10. 10 a 10. 45) 18.17,5 26 déc. 1861 ... 2 . 10 du s. (de 1 . 3o à 2.5o) i8.3o,7 En plein champ, à 240 mè- tres E.-S.-E. • ii déc. 1861... 3.3o du s. (de 3. 00 à 4 00) 18. 20, 3 A8 mètresNord du pavillon magnétique. 2 janv. 1862. . . i.3odus. (de 1.00 a 2.00) 18.27,9 a janv. 1862. . . 2.25 du s. (de 2.00 a 2.5o) 18.29,7 * i5"',5 Nord du pavillon magnétique. 4 janv. 1862. . . 8.25 du m. (de S. 00 à 8.5o) 18.24,6 4 janv. 1862... 9.10 du m. (de 8.5o h 9. 3o) fort vent d'Ouest. i8.i5,5 En plein vent, à iâm,5 du pavillon magnétique. Le vent fait trembler l'in- strument. 3 janv. 18G2. . . 9 45 du m. (de 9. i5 à 10. 1 5) 18.19,4 Dans la campagne, à 240 mètres E.-S.-E. 8 janv. 1862. . . 1 1 .00 du m. (de 10. 3o à 1 i.3o) 18. 16,9 A6 mètres Nord du pavil Ion magnétique. » M. Eudes Deslongchamps fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de sa traduction du Mémoire île M. Owen sur le Gorille {Troglodytes gorilla). RAPPORTS. CHIMIE agricole. — Rapport sur un Mémoire de M. Albert Le Play, relatif à l'origine de la cliaux qui se trouve dans les plantes cultivées sur les ter- rains primitifs du Limousin. (Commissaires, MM. Boussingault, Daubrée , Dumas rapporteur.) « Le temps n'est plus ou la chimie ignorait encore si les éléments qu'elle rencontrait dans les tissus des plantes et des animaux étaient assimilés ou ( 353 ) produits par les forces de la vie. Aujourd'hui, on sait qu'a la manière des actions chimiques ordinaires, celles qui se passent dans les organes des êtres vivants ne créent ni ne détruisent rien. » Une équation est donc toujours non-seulement possible, mais néces- saire entre les matériaux que les plantes cultivées nous offrent dans leur composition et ceux que le sol, les eaux ou l'air leur ont fournis. » Or, lorsque l'on constate dans les plantes cultivées sur des terrains primitifs la présence de la silice ou de la potasse, il n'est point difficile d'en trouver l'origine : les produits de la décomposition du feldspath en rendent un compte suffisant. Mais, s'agit-il des chlorures, des phosphates, delà chaux, l'étude devient plus intéressante et moins facile, ces divers corps ne se montrant pas toujours comme éléments habituels des espèces minérales dont l'association constitue les terrains primitifs. » M. Albert Le Play, dès le début d'une carrière scientifique qui s'ou- vre sous d'heureux auspices, a été appelé à étudier cette question sur des propriétés que 5a famille possède aux environs de Limoges. » Tous les ans les produits exportés sous diverses formes enlèvent au sol de ces propriétés des quantités de chaux importantes. Néanmoins l'ana- lyse chimique n'en indique point ni dans le sol arable, ni dans le sous-sol. Circonstance plus digne de remarque encore, les amendements calcaires que la nature du sol avait si clairement indiqués comme devant être em- ployés, sont demeurés sans effet et n'ont changé en rien l'importance des récoltes ou le caractère de la végétation, quand on les a répandus sur les terres. » M. Albert Le Play, se livrant à une étude minéralogique exacte de la composition des terrains sur lesquels repose le domaine de Ligoure, le trouve constitué par un grand massif de gneiss, avec filons de granité, de pegmatite et d'anorthose, reconvert d'un tuf gneissique épais de quelques mètres, à la surface duquel se trouve la terre végétale elle-même. » Des analyses chimiques nombreuses, bien dirigées et d'une exactitude convenable à l'objet que l'auteur avait en vue, montrent que la chaux con- tenue dans les plantes est empruntée au tuf placé sous la terre arable. En effet, ce tuf contient 14 dix-milliemes de chaux; il peut en perdre la moitié assez rapidement, en deux ans par exemple, par son exposition à l'air et à la pluie ; la terre arable placée au-dessus de lui n'en renferme pas. •> Le tuf gneissique contient donc du carbonate de chaux. Pénétre par l'eau de pluie, celle-ci le dissout, à la faveur de l'acide carbonique qu'elle reiifertne. ( 356 ) » L'eau ainsi chargée de chaux vient alimenter les plantes qui recouvrent le sol, soit qu'elle s'élève jusqu'à leurs racines par l'effet de la capillarité, soit que, réunie en suintements et ruisseaux, elle vienne arroser des terres cultivées placées plus bas. » Ainsi se trouve résolu, par une suite de faits faciles à constater et de raisonnements certains, un problème dont les conditions auraient paru en I .1 Mtres temps favorables et presque décisifs en faveur de l'opinion qui at- tribuait aux plantes le pouvoir de créer des matières minérales par les seules forces de la végétation. » Une terre végétale privée de chaux peut donc fournir indéfiniment, par le seul concours des eaux pluviales, des récoltes qui en contiennent, pourvu, comme c'est ici le cas, qu'elle se trouve assise sur un dépôt per- méable, épais et contenant lui-même des quantités notables de calcaire as- similable. •> Lorsqu'il s'agit de déterminer quels amendements sont nécessaires à une exploitation agricole, il ne suffit donc pas d'analyser la terre végé- tale ou le sous-sol, il faut encore se rendre compte des emprunts que la végétation peut effectuer aux terrains perméables profonds. L'intéressante élude à laquelle M. Albert Le Play s'est livré démontre, en effet, que l'eau peut aller chercher bien au-dessous du sol arable certains éléments et les apporter aux plantes, qui à leur tour les font disparaître du sol cultivé; de telle sorte que ces éléments, qui restent si les plantes les fixent dans leur tissu ou qui sont entraînés si la végétation ne les retient pas, peuvent man- quer en apparence dans une terre arable où les récoltes les ont néanmoins trouvés en quantité suffisante. » Le Mémoire de M. Albert Le Play prouve que son auteur possède des connaissances très-précises en agriculture, et qu'il sait mettre à profit pour l'étude exacte des phénomènes compliqués auxquels toute exploitation rurale donne lieu, des connaissances non moins précises en géologie et en chimie pratique. Le jeune auteur, des son début, entre, il est facile de le voir, dans une voie qui ouvre devant lui un horizon étendu. Il est très- capahle de la parcourir avec succès, et il y trouvera à la fois l'heureux em- ploi d'une forte préparation scientifique et l'occasion de rendre à son pays d'utiles services en montrant, par exemple, quelle est l'origine des phos- phates si nécessaires à toute végétation, et dont la source est encore si sou- vent obscure et problématique aussi pour les terrains dont il s'est occupé. » Votre Commission, voulant prouver au jeune auteur l'intérêt qu'elle porti a toute question d'économie agricole bien posée et bien résolue, et l< (357 ) désir qu'elle a de Je voir continuer des travaux si bien commencés, a l'honneur de proposer à l'Académie de décider que son Mémoire sera admis à faire partie du Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. A la suite de ce Rapport, M. Chevreut rappelle un travail remarquable présenté il y a près de vingt-cinq ans à l'Académie sur la composition chi- mique des terres arables dans certaines localités. PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Deuxième Rapport de la Commission des Jlioomèlres, composée de MM. Chevreui., Despretz, Frenv, Pouii.i.et rapporteur. « M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics a fait a l'Académie l'honneur de lui adresser les deux Lettres dont nous rap- portons ici les extrait* : « Paris, le 29 octobre 1861. » Monsieur, vous m'avez fait l'honneur de me transmettre le Rapport, » approuvé par l'Académie des Sciences, de la Commission qu'elle avait b chargée de l'examen de la question relative à la réglementation des alcoo- >• mètres. » En vous remerciant de cet envoi, je vous prie, Monsieur, de me per- » mettre de vous communiquer une observation : J'ai remarqué que le Rap- » port ne mentionne en aucune manière, les nouveaux systèmes qui ont » été proposés par MM. Baudin, de Paris, et Thomas, de Rouen, comme » devant avoir pour effet de remédier aux inconvénients de l'alcoomètre » centésimal, aujourd'hui employé. » M. Baudin, dans une nouvelle Lettre que j'ai l'honneur de vous trans- « mettre ci-jointe, insiste pour le remplacement de ce dernier appareil, et » propose d'en confectionner un autre présentant tous les avantages dési- » râbles. » Je serais reconnaissant à l'Académie des Sciences de me mettre a même « de répondre, en connaissance de cause, non-seulement à MM. Baudin et » Thomas, mais encore a M. le Ministre des Finances qui a exprimé le » désir de connaître le résultat de l'examen des propositions de ces deux » inventeurs. » « Paris, le ît décembre i86r. » Monsieur, j'ai l'honneur de vous communiquer, pour être joint au » dossier relatif aux alcoomètres, deux exemplaires d'une brochure publiée C. R., 1862, !" Semestre. (T. LIV, N° 6.) 46 ! *§8 ) >< par M. Collardeau, a\ant pour but la réglementation de ces instruisent s, » Je vous serai très-obligé de vouloir bien remettre ces documents a la » Commission chargée de continuer l'examen de cette question. » » M. le Président de l'Académie, en nous chargeant de préparer une réponse aux questions indiquées par M. le Ministre, avait exprimé le vœu que la Commission pût s'en occuper immédiatement ; mais la séance publi- que de la fin de l'année, avec tous ses travaux préparatoires sur les prix a décerner ou à proposer, n'a pas permis à la Commission de se réunir avant le mois de janvier. Tel est le motif de la lenteur apparente avec laquelle nous avons rempli la mission qui nous était confiée. » Dans notre premier Rapport du 7 octobre 1861 (Comptes rendus des séances de V Académie des Sciences, t. LUI), nous n'avons en effet examiné que deux questions générales : » i° Celle de savoir si l'alcoomètre centésimal repose sur des bases solides et incontestables; » 20 Celle de savoir si cet instrument doit être soumis à la vérification légale et assimilé aux poids et mesures. » Nous avons répondu affirmativement sur la première question et néga- tivement sur la seconde. » En même temps nous avions cru devoir éviter avec soin toutes les questions particulières qui se rattachent soit à la construction des alcoo- mètres, soit aux fabricants de ces sortes d'instruments. Cette réserve nous avait paru nécessaire et l'Académie l'a approuvée, du moins implicitement, en approuvant le Rapport de la Commission. a Aujourd'hui, d'après les Lettres de M. le Ministre, nous devons entrer dans quelques détails, et nous le ferons en restant fidèles an même prin- cipe, c'est-à-dire en nous bornant strictement aux questions et aux per- sonnes cpie ces Lettres désignent à l'Académie, savoir : M. Thomas, de Rouen; M. Raudin, constructeur d'instruments de physique, à Paris: M. Collardeau, constructeur d'instruments de précision, à Paris. M. Thomas, de Rouen. 1 M. Thomas a eu l'idée que la densité des mélanges alcooliques pour- rait peut-être se déterminer, avec une approximation suffisante, en y em- ployant les bonnes balances à bascule qui sont maintenant à l'usage du commerce, et en opérant sur des fûts d'une assez grande capacité. Il s e.^t livré a quelques expériences avec le concours bienveillant de la Commission représentative du commerce des vins et spiritueux de la ville de Rouen, et ( 359 ) les résultats en ont été satisfaisants. Rien n'est plus simple, en opérant sur de grandes masses, par exemple sur des fûts de plusieurs hectolitres, succes- sivement remplis d'eau pure et d'un mélange alcoolique, on est plus à l'abri des variations de température; mais pour réussir, il y a une condition : il faut que la bascule soit assez sensible; si, étant chargée de 5oo kilo- grammes, elle n'accuse très-nettement qu'une surcharge de 5o grammes, elle pesé à t dix-milliéme et doit être assimilée à une balance de laboratoire qui, étant chargée de i kilogramme, serait assez mauvaise pour ne pencher que par l'addition de i décigramme : si elle accusait une charge de 5 gram- mes, elle pèserait à i cent-millième, alors elle serait comme une balance de laboratoire, chargée de r kilogramme, qui ne pencherait que par l'addition de i centigramme. » Or tout le monde sait que les balances de laboratoire, chargées de i ki- logramme, sont sensibles, non pas à i décigramme ou à i centigramme, mais a i milligramme, c'est-à-dire qu'elles peuvent peser aisément à i millio- nième, tandis que les bascules, en général, sont loin d'atteindre à cette sen- sibilité proportionnelle. » On comprend donc que, pour trouver par des pesées la densité d'un mélange alcoolique, il n'y a aucune raison de donner la préférence au pro- cédé de M. Thomas; cependant il n'y a pas de raison non plus pour le reje- ter absolument, puisque dans certains cas il peut avoir son utilité: c'est ce qui arriverait, par exemple, si l'on était obligé de choisir entre d'excellentes bascules et de mauvaises balances. » M. Thomas avait reconnu combien il est indispensable d'avoir une méthode assurée pour juger si un alcoomètre est exact ou inexact, et il avait très-bien compris qu'il n'y a pas de méthode plus infaillible que celle qui consiste à observer les degrés que marque l'instrument quand on le plonge successivement dans divers liquides dont on a déterminé les poids spécifi- ques par des pesées directes. Mais l'élément essentiel d'une telle vérification est la connaissance précise de la densité des mélanges alcooliques qui cor- respondent à chacun des 100 degrés de l'alcoomètre centésimal de Gay- Lussac. Cet élément faisait défaut, et c'est à bon droit que, dans une Lettre qui a été transmise à l'Académie par M. le Ministre de l'Agriculture, le 1 8 juillet dernier, la Chambre de Commerce de Rouen, s'associant au vœu de M. Thomas, exprime des regrets sur cette lacune de la loi de 1824. » Aujourd'hui cette lacune est comblée, aucun doute ne peut désonnai:, s'élever sur l'exactitude de la densité des mélanges alcooliques qui corres- pondent aux divers degrés de l'alcoomètre centésimal; c'est ce que nous 46 ( 3(îo ) avons fait connaître à M. le Ministre dans notre précédent Rapport et ce qui est expliqué plus en détail dans le Mémoire de l'un de nous (M. PouilleP présenté à l'Académie le 16 mai 1839 et publié dans le tome XXX de la Col- lection des Mémoires de l'Académie des Sciences. » En consultant, ces Tables de Correspondance, une personne quel- conque, pourvu qu'elle sache prendre correctement une densité par des pesées, peut vérifier si un alcoomètre est bon ou mauvais, soit que la véri- fication doive s'étendre à l'échelle entière, du seulement à des points déter- minés de cette échelle. » M. Thomas ne conteste rien sur ces vei ités fondamentales, il déclare les accepter sans aucune restriction ; sa demande, nous a-t-il dit, se réduit à faire des vœux pour que l'échelle de l'alcoomètre soit double, c'est-à-dire qu'à côté de chaque degré centésimal se trouve écrit le poids de 1 litre du mé- lange alcoolique correspondant. Ceci est un détad auquel la Commission ne peut pas attacher d'importance; la seule chose qui nous paraisse véritable- ment importante, c'est que les Tables de Correspondance, dont nous venons de parler, entre chaque degré centésimal de l'alcoomètre et la densité du mélange alcoolique correspondant, reçoivent une publicité suffisante poul- ies besoins de L'industrie, et qu'on les dispose sous les formes les plus con- venables pour en rendre la pratique usuelle et commode, soit qu'on les publie séparément, soit qu'elles deviennent un complément additionnel à l'Instruction de Cav-Lussac. M. lîuiu.v. » La proposition de M. Baudin, qui a été transmise à l'Académie avec la Lettre ministérielle du 29 octobre 1861 rapportée plus haut, est formulée en ces termes : « Je propose donc à Votre Excellence de refondre entièrement l'alcoo- » mètre en donnant le chiffre de sa densité et de lui accoler le densimètre » comme moyen de contrôle. » » La Commission, après avoir entendu les explications qu'il était néces- saire de demander à M. Baudin, est arrivée à conclure que M. Baudin pro- pose simplement de construire de bons alcoomètres étalons et de bons alcoomètres ordinaires. » M. Baudin parlait aussi, dans sa Lettre à M. le Ministre du Commerce, d'un autre instrument qu'il nomme thermqdHalomèire; mais, après quelques observations qui lui ont été faites dans le sein de la Commission, il n'a pas insisté pour mettre cet instrument en parallèle avec l'alcoomètre. ( 36, ) M. CoiXARDEAl'. » Des trois brochures imprimées de M. Collardeau qui accompagnent la Lettre ministérielle du 1 1 décembre i86r, rappelée plus haut : » La première n'a qu'un rapport indirect avec l'alcoomètre, car elle s'oc- cupe du pèse-sirop de Baume, et confirme ce fait, d'ailleurs très-notoire, qu'il s'élève parfois sur ce sujet des contestations entre le vendeur et l'acheteur; » La deuxième s'adresse personnellement a M. Pouillet : elle manifeste, par son titre et par son contenu, l'intention d'être injurieuse; M. Pouillet n'a pas cru devoir y répondre; » La troisième est un examen critique du précédent Rapport de la Commission, et la Commission n'y trouve rien dont il lui soit possible de tenir compte. » Elle regrette de n'avoir à faire dans son présent Rapport qu'une telle mention des pièces de M. Collardeau. » Tel est le projet de réponse que nous venons, à l'unanimité, soumettre à l'approbation de l'Académie. » Ce Rapport est mis aux voix et adopté. NOMINATIONS L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination de la Com- mission qui sera chargée de l'examen des pièces admises au concours pour le prix de Statistique. MM. Bienaymé, Dupin, Mathieu, Passy et Boussingault réunissent la ma- jorité des suffrages. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la no- mination de la Commission chargée de décerner, s'il y a lieu, le grand prix de Sciences Physiques pour 1862 (Étude des hybrides végétaux au point de vue de la fécondité et de la persistance des caractères). MM. Brongniart, Moquin-Tandon, Decaisne, Tulasne et Di.chartre ob- tiennent la majorité des suffrages. ( 362 ) MEMOIRES PRÉSENTÉS GÉOLOGIE. — Mémoire sur la structure du c teirestre; par M. H. dk \ im-exeive-Flayosc. Commissaires précédemment nommés : MM. Eliede Beaumont, d'Archiac, Cli. Sainte-Claire-Deville.) -< Dans le Mémoire présenté à l'Académie, le 27 janvier dernier, nous avons succinctement énoncé les résultats généraux de nos recherches sui la structure du globe terrestre; nous éclaircissons aujourd'hui notre expose par de nouveaux exemples. » Observons d'abord qu'il n'existe point d'antagonisme et qu'il y a au contraire concordance entre notre loi de symétrie dans les longueurs de lignes géographiques et le principe du retour périodique des mêmes directions dans les divisions de la croûte terrestre. La symétrie des longueurs et celle des directions doivent nécessairement exister simultanément comme consé- quences l'une de l'autre : ou il faut les admettre toutes deux ou les réfuter ensemble. » Décomposons par la pensée un polyèdre symétrique en angles triedres. dans chaque angle trièdre vous trouverez la proportionnalité entre les sinus des angles dièdres et les sinus des angles plans opposés aux angles dièdres. Les angles plans deviennent les arcs de grands cercles sur la sphère ter- restre. Les valeurs des arcs seront égales entre elles dès qu'ils seront opposés aux angles dièdres égaux; cela va jusqu'à cette extrême conséquence que, si l'on se donne les trois angles dièdres, les trois angles plans ou les trois arcs sphériques seront déterminés. » En d'autres termes, la symétrie des arcs correspond parfaitement à la symétrie des directions. Il y a réciprocité : la symétrie des longueurs des arcs de grand cercle entraîne rigoureusement la symétrie des directions. Qui ne voit sortir de ces principes de la géométrie élémentaire la conclusion qu'il ne peut y avoir sur la sphère terrestre une symétrie, même partielle, de direction sans qu'il y ait une symétrie correspondante dans la longueur des arcs? » Sans aucun doute, M. Elie de Beaumont avait le sentiment intime de ces relations, lorsqu'il inscrivait dans son travail Sur les Systèmes de Montagnes les longueurs des arcs de son réseau pentagonal ; lorsqu'il déclarait que les ( 363 ) chaînes de montagnes se terminaient brusquement : il apercevait la symé- trie des thalwegs, lorsqu'il remarquait des capitales qui, placées dans les vallées, occupaient souvent des points importants de son réseau. » Notre travail n'est donc qu'une déduction rationnelle et une nouvelle mise en lumière de principes précédemment acquis à la science. » D'après nos études, la loi dominante des lignes terrestres est le rapport du côté du triangle équilatéral au rayon du cercle circonscrit, auquel rayon nous donnons le nom de rayon générateur. Notre formule exprime ainsi le l'apport existant entre la ligne qui joint les extrémités de deux côtés cou- tigus de l'hexagone régulier et le côté du même hexagone. » La relation du côté du triangle équilatéral au rayon générateur dérive de la division ou de la fracture suivant le grand principe de la moindre action, car la moindre action conduit aux moindres contours des polygones séparés. La surface fracturée de moindre contour est la division en hexa- gones, ou les fractures s'opèrent suivant l'angle de 120", caractéristique des sommets de l'hexagone régulier. » Les grandes lignes de montagnes entre l'Oberland et la Provence, les lignes de rivages anglais et celles de séparation des sédiments, depuis les iles Sorlingues jusqu'à Calais et de Calais au lac de Genève, offrent d'é- clatants exemples de cette division, que nous avons signalée aussi pour l'ensemble du globe autour du détroit de Behring. » Nous avons dit comment la génération des lignes terrestres, suivant notre formule, par deux répétitions successives, conduit aux sutures en deux et trois cinquièmes, qui donnent des longueurs d'arc et correspondent a des pentagones. » L'application de ces principes aux thalwegs impose la nécessité de définir nettement ce que nous appelons Y axe fluvial. » Pour nous, l'axe fluvial principal d'un bassin est la plus longue ligne droite que l'on puisse tracer dans le bassin. Cet axe joint à l'extrême embou- chure, le point le plus lointain du départ des eaux qui s'épanchent dans le même bassin. » Dans la vallée de la Seine, l'extrême embouchure est le cap La Heve qui s'élève brusquement et limite nettement la mer et le grand courant fluvial. Le point de départ le plus éloigné est pour les eaux de la Seine le faite (\u plateau de Langres. » Sur la grande carte d'Europe, dite de V Etat- Major, à l'échelle de i mil- limètre pour -2kll,/j, l'axe fluvial de la Seine ainsi défini est de 177 millimètres. L'accident principal de la rivière se trouvera, d'après notre formule, à une f 36/, ) distance du faite qui sera de 177-»» x -^= i77n"nxo,57737 = 102.19449, ou à une distance de l'embouchure exprimée par 1 77ram X ( i — -£= J = 1 7;m,n + 0,42263 = 74mm,8o55 1 . Le principal accident du bassin est incontestablement le confluent de la Marne, a Charenton, près Paris; or la longueur en ligne droite de la Marne est, depuis le faîte jusqu'à Charenton, de 102 millimètres, et la longueur de la Seine du cap La Hève à Charenton est de 75 millimètres; la diver- gence est inappréciable, elle est dans les limites de l'exactitude de la carte. " En faisant l'épure et décrivant le cercle du centre Charenton avec la Marne pour rayon, ce cercle suit d'abord le cours de la Meuse ; celle-ci s'en écarte pour retomber sur le même cercle au confluent de la Lesse, près Dinant ; et dans ce cercle, le côté du triangle équilatéral faisant avec la ligne de la Seine l'angle de 3o°, reproduit non-seulement la longueur de la Seine, mais indique même la limite de la craie dans le bassin et passe par la grande source de Somme-Soude entre Châlons et Epernay. » Les lignes géométriques de l'épure ainsi établie sont aussi des lignes géologiques. » Si l'on calcule de la même façon les axes des principaux affluents de la Seine, en joignant an cap La Hève les points de départ de ces affluents, soit pour la Seine proprement dite, soit pour l'Armançon, soit pour l'Yonne, on obtient par notre formule, et en partant des faites respectifs, la position du principal accident du bassin à Charenton, avec de faibles écarts en plus et en moins : la moyenne ne donne qu'une divergence de 1 quatre centième entre le calcul à priori et la mesure sur la carte. » Les autres fleuves de l'Europe, la Garonne, la Loire, le Rhône , le Tage, l'Elbe et le Rhin, satisfont à la formule géométrique. » Mais le plus grand fleuve île l'Europe offre sur la plus grande dimen- sion l'application rigoureuse de nos calculs. >' La longueur de l'axe fluvial est de 790 millimètres, près de 1900 kilo- mètres. L'accident principal est le thalweg de Belgrade ou court se préci- piter, avec les eaux de la Save, le Danube grossi de tous les autres affluents. » La distance de ce point a l'embouchure doit être donnée par l'expres- sion 690 x ( 1 \=. ) = 790""" X 0,42263 — 29iron),6. ( 365 ) » La mesure directe ne permet d'apprécier la moindre divergence. À 20 millimètres de Belgrade, le confluent de la Morava forme un accident important encore qui prélude aux rapides du grand fleuve européen. Or l'axe fluvial secondaire correspondant au faîte de l'Inn, dans les Alpes, donne une longueur de 641 millimètres, c'est 5i millimètres de moins, qui, affectés du coefficient 0,42, reproduisent les 20 millimètres de dislance entre le confluent de la Morava et celui de la Save. » Ainsi les faibles écarts autour de l'accident principal produits par les axes secondaires correspondent avec précision aux circonstances impor- tantes des lieux qui avoisinent l'accident principal. « Tous les détails du bassin du Danube sont dérivés de la grande loi qui domine l'ensemble. » La Theiss se développe en cercle sur 83°; le Danube lui-même continue ce cercle jusqu'à Semendria, et forme un arc total de 9.4°. A l'est, ce cercle reparaît en dessinant le cours du Pruth, après avoir touché le grand coude danubien de Rassova. » Le rayon du cercle de la Theiss est de 1 33 millimètres : c'est précisé- ment la valeur du rayon générateur de la Save, dont la longueur a3i milli- mètres est bien près de i33 X \/3 = 23omiu,4 ; la Save est le rayon généra- teur du rayon du Danube 23o1Dm,4 X y 3 = 3o,g. » Le Danube total serait ainsi 23omm,4 X^3x y3 = 6gimm,2. Or nous avons mesuré pour l'axe total 690 millimètres. Ainsi toutes les longueurs sont enchaînées par la loi d'un même système de génération géométrique. « Le lac Balaton est certainement, après les confluents, l'accident impor- tant du bassin danubien; eh bien, le lac Balaton à son bout occidental à une distance de 290 millimètres du faite de la grande vallée; 2gimm,6 était la distance de l'embouchure au grand confluent. Il y a donc encore symé- trie entre les deux extrémités du bassin. » La loi que nous indiquons reproduit la figure du thalweg, comme une formule géométrique qui ne demande qu'à être assise avec exactitude sur le sol. C'est ainsi que nous dessinons un cercle qui circonscrit le lieu ou doivent se trouver les sources du Nil. Le plus grand fleuve connu, celui des Amazones, porte la fidèle empreinte de notre formule. » De cette loi vérifiée sur l'ensemble du globe et sur les bassins de toutes les grandeurs, on peut descendre dans les détails des gisements exploités, et trouver ainsi un nouveau guide dans les recherches et la mise à profit des masses minérales. » C. R,, 18G2, 1er Semesl, e. (T. LIV, N° G.) 4 7 ( 366 ) chimie minérale. — Sur l'équivalent du lithium ; par M. L. Troost. (Commissaires, MM. Balard, H. Sainte-Claire-Deville.) « La découverte de deux métaux nouveaux dans les minerais de Lithine et le contrôle précieux de la méthode spectrale permettent de rechercher, avec chance de succès, la cause des divergences observées dans la déter- mination de l'équivalent du lithium. C'est dans cette intention que j'ai repris l'examen des sels de lithine préparés et décrits par moi dans les Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. LI. En les soumettant à l'ana- lyse spectrale avec M. Grandeau, qui a bien voulu me prêter son concours pour cette constatation, j'ai pu reconnaître que la composition des sels varie beaucoup avec la nature du produit qui a servi à le préparer. Les sels que j'obtenais par double décomposition, en partant des sulfates extraits direc- tement, contiennent, outre des traces de potasse et de soude, du ccesium et du rubidium en quantités notables et à peu près égales. Les sels obtenus a l'aide du chlorure purifié par l'alcool et l'éther contiennent aussi ces deux mélaux avec des traces de sodium. Quant au carbonate de lithine et aux sels qu'il a servi à préparer, ils ne présentent pas trace de métaux étrangers. » J'obtiens ce corps, ainsi que je l'ai indiqué, en traitant le chlorure [^ai- le carbonate d'ammoniaque :1e précipité, lavé et séché, est mis en suspension dans de l'eau où on fait passer un courant d'acide carbonique; il se dis- sout rapidement, puis se précipite de nouveau à l'état cristallin quand on porte la liqueur à l'ébullition. Une nouvelle dissolution et une précipitation semblable suffisent pour donner un sel qui, à l'analyse spectrale, ne présente aucun indice de soude ni des deux autres métaux. L'absence de ces corps s'explique facilement par la solubilité de leur carbonate. C'est donc avec le carbonate de lithine qu'il faut préparer les composés destinés à la détermi- nation de l'équivalent. Comme déjà dans le Mémoire cité, j'attribuais à ce sel une pureté plus certaine qu'à tous les autres, c'est de lui que je me suis servi pour mes recherches, et c'est aussi avec lui que j'ai préparé le chlo- rure que j'ai remis à M. Dumas pour la détermination de l'équivalent. » Une fois établie la pureté du chlore employé, il devenait plus qui probable que le nombre trouvé par M. Dumas était l'équivalent exact. C'est ce que j'ai cherché à vérifier par l'emploi de deux méthodes complè- tement différentes. » Le chlorure de lithium chauffé à l'air se décompose partiellement: c'est ( 367 ) ce qui m'avait d'abord fait renoncer à son emploi. J'ai pu cependant con- stater de la manière suivante qu'on peut arriver à un résultat très-exact par l'emploi de ce corps. Le chlorure est placé, dans une nacelle de platine, au milieu d'un tube en verre de Bohème que traverse un courant de gaz acide chlorhydrique sec. On chauffe jusqu'à ce que la matière soit amenée à siccité. Après le refroidissement, le gaz acide chlorhydrique est remplacé par un courant d'air sec. Le tube contenant toujours la nacelle est alors fermé avec de bons bouchons en caoutchouc et porté sur la balance. Un second tube de même verre, de même volume et bouché aussi avec du caoutchouc, sert de tare sur l'autre plateau. Le poids une fois déterminé, on replace le tube en expérience, et on chauffe pendant deux heures la na- celle au milieu du courant de gaz acide chlorhydrique sec; la fin de l'opé- ration et la pesée se font dans les mêmes conditions. On trouve qu'il n'y a pas de perte de poids. Il est donc bien évident que le chlorure ne se décom- pose pas quand on le place dans les conditions indiquées. » En précipitant par l'azotate d'argent des quantités de chlorure qui, suivant la recommandation de M. Dumas, soient entre elles à peu près dans la rapport de i a 2, j'ai obtenu : i° Pour i3o9mErde chlorure de lithium 442°msr c'e chlorure d'argent. 2° 2750 » g3oo » Ce qui donne pour l'équivalent du lithium : i° 7,o3o a° 6 , gg moyenne 7,01. » Pour contrôler ce résultat par une autre méthode, j'ai repris le carbo- nate de lithine et j'ai dosé, sur des quantités séparées, la lithine en la com- binant à l'acide sulfurique, et l'acide carbonique en chauffant le carbonate avec un excès de quartz pulvérisé assez pur. Le nombre un peu trop faible et égal à celui de Berzelius, que j'avais d'abord obtenu, pouvait tenir à la facile décomposition du carbonate de lithine sous l'influence d'une chaleur même modérée. Pour me mettre à l'abri de cette cause d'erreur, j'ai eu soin de ne pas l'échauffer au-dessus de 1000, et même dans une expérience j'ai desséché le carbonate à la température ordinaire dans le vide en présence de l'acide sulfurique. J'ai ainsi constaté par l'emploi de la silice que 970msr de carbonate contiennent 577'"er d'acide carbonique. 1782 » I0$9 * 47- ( 368 ) Ce qui donne pour l'équivalent cherché : 7,00 moyenne 7,01. 7,02 ) » Le dosage de la lithine par l'acide sulfurique a donné Pour i2i7mgr de carbonate i8o8msr de sulfate. Ce qui conduit au nombre 7,0'j. » L'équivalent du lithium est donc bien égal à 7, comme M. Dumas l'avait conclu de ses expériences; et la découverte de deux nouveaux mé- taux dans les minerais de lithine ne change rien aux conclusions aux- quelles il est arrivé. >■ Une nouvelle confirmation de ce chiffre, déjà obtenu par M. Mallet, résulte des expériences de M. Karl Diehl exécutées avec le contrôle de l'analyse spectrale dans le laboratoire de Bunsen, et consignées dans les Annales de Wohler et Lielnu, janvier 1862. En effet, cet observateur, en déterminant l'acide carbonique chassé du carbonate par l'acide sulfurique étendu, arrive pour la moyenne de quatre expériences concordantes au chiffre 7,026. » Dans le cours de mes expériences, j'ai pu de nouveau vérifier ce que j'ai annoncé déjà, que la lithine anhydre ou hydratée, ainsi que les sels de lithine purs, sont sans action sur le platine. L'altération de ce métal, quand elle se reproduit, doit être attribuée à des composés de cnesium et de rubi- dium. MM. Bunsen et Rirchholf ont en effet constaté cette propriété dans un sous-oxyde de ces métaux. » CHIMIE ÎNDUSTHIELLE. — Recherches sur les fontes et sur le puddlage ; par M. L. Caii.lf.tet. <■ L'hypothèse de la présence de l'oxygène dans les fontes avait déjà été examinée par les anciens chimistes. On trouve dans Berzelius (1) le pas- sage suivant : « C'est à Bergeman que nous devons les premières notions scientifiques » sur la fonte : il trouva que plus elle est noire, moins elle dégage d'hv- n drogène en se dissolvant dans les acides; d'où il conclut que la fonte était » du fer incomplètement réduit, devant tenir en outre du carbone, puis- (1) Berzelius, trad. Hoefer et Esslingcr, 1846, t. II, p. 696. ( 369) » qu'elle laissait du graphite pour résidu. Plus tard on a tiré des expé- » riences de Bergeman cette conclusion que la fonte était une combinaison » triple de fer, d'oxygène et de carbone. » J'ai analysé avec soin une fonte mançranésifère de Lekeberars- » lag, et je l'ai trouvée composée de 91, 53 de fer, 4^7 de manganèse, » de 3,g de carbone (y compris des traces de silicium et de magnésium); il « n'y eut donc aucune perte qu'on aurait pu attribuer à la présence de » l'oxygène. » » MM. Minarv et Résal, dans un récent travail adressé à l'Académie sur cette question, admettent que les fontes blanches contiennent une quantité d'oxyde de fer telle, que l'affinage peut avoir lieu spontanément sous l'in- fluence d'un brassage et d'une température convenable. » Les expériences que j'ai tentées dans cette même voie, et que j'ai l'hon- neur de soumettre au jugement de l'Académie, ne me permettent pas d'ar- river aux mêmes conséquences. n Si la fonte renferme un mélange d'oxyde et de carbure de fer, ne doit- on pas s'étonner que ces composés aient pu coexister pendant leur séjour dans le creuset du haut fourneau, quand on voit ces deux corps réagir si rapidement dès qu'ils sont en fusion sur la sole des fours a puddler? » J'ai essayé avec grand soin et à diverses reprises de constater par l'a- nalyse la présence de l'oxygène dans les fontes blanches et surtout dans les fontes blanches caverneuses. Un courant d'hydrogène sec passant sur la matière réduite en poudre fine et portée au rouge n'a jamais déterminé la formation d'une quantité d'eau sensible; dans les premiers moments de l'ex- périence, on aperçoit seulement quelques vapeurs épaisses et empvreuma- tiques. » Afin de vérifier si la fonte blanche abandonnée à elle-même pourrait s'alfiner spontanément, j'ai fondu dans un creuset i5 kilogrammes de fonte blanche et caverneuse avec la seule précaution de recouvrir le métal d'une couche épaisse de laitier vitreux; la matière brassée à différentes reprises n'a donné lieu à aucun dégagement d'oxyde de carbone, et, après une fusion prolongée pendant cinq heures environ, la fonte, d'une liquidité parfaite, a pu être coulée dans une lingotière dont elle a pris tous les reliefs. Après re- froidissement, ni le poids ni l'aspect de la matière n'avaient changé. S'il est impossible d'après cela d'expliquer raffinage par la réaction de l'oxygène combiné dans la fonte, on verra par les expériences suivantes que cette réac- tion a besoin, pour s'effectuer, de la présence de l'oxyde de fer, qui est le véritable agent de l'affinage. ( 37o) » i° Une certaine quantité de la même fonte blanche qui n'avait pu s'af- finer spontanément, a été fondue sous une couche de laitier de haut four- neau; après fusion complète, on a ajouté des baltitures qui ont déterminé bientôt un vif dégagement d'oxyde de carbone; enfin l'affinage a été assez complet pour permettre de retirer du creuset une masse de fer spongieux pouvant s'écraser sous le marteau et se limer facilement. » 2° On a chargé sur la sole d'un four à puddler 180 kilogrammes de lonte noire qui, d'après MM. Minary et Resal, ne contient pas d oxygène en combinaison ; cette fonte a été travaillée par les ouvriers puddleurs à la ma- nière ordinaire, excepté qu'ils n'ont ajouté ni eau ni scories. » Voici le tableau du travail, résultat de la moyenne de trois opérations : ÉPOQUES du travail. OBSERVATIONS. h m 0 0 On charge 180 kil. de fontefroide. o.3o La fonte commence à fondre. On voit le fer brûler vivement en quelques points. 0.40 Travail an crochet. La fonte est brillante et brûle quand elle est soulevée par le crochet. 1 .00 Id. La fonte est recouverte d'une légère couche de scories. 1 . i5 [d. Les scories sont plus épaisses. — L'affinage s'accomplit. — Jets nombreux d'oxyde de carbone. 1.35 Id. On aperçoit quelques fragments de fer formé. 1 ./j5 Travail au ringard droit. Le fer est presque complètement formé, il est d'un blanc éblouissant 2. 5 Fin de l'opération et einglage. Les niassiots obtenus ne pèsent que i5/| kil. au lieu de 166 obtenus moyennement. » On voit donc par le déchet obtenu dans ce genre de travail qu'une partie de la fonte a brûlé dans le foyer et que c'est seulement après la for- mation de cet oxyde qu'a eu lieu ladécarburation. » Dans les usines métallurgiques on diminue beaucoup la durée du tra- vail et le déchet du métal eu ajoutant directement des scories ou des balti- tures, car l'affinage commence dès que la fonte se trouve en contact avec des matières riches en oxyde de fer. » Je crois qu'il est permis de conclure des expériences qui précèdent que l'affinage du fer ne peut être expliqué parla présence de l'oxygène dans la fonte à l'état de combinaison, et que la déearburaion a toujours lieu sous l'influence des scories riches en ox\de de fer, soit qu'on les ajoute directe- ( %> ) ment, soit qu'une partie de la fonte s'oxyde préalablement en absorbant les gaz du foyer. » Quant à l'affinage plus ou moins facile des fontes noires ou blanches, on doit l'attribuer en partie à la quantité variable et à l'état particulier du carbone et des autres corps accidentellement combinés à la fonte. » Cette Noie est renvoyée, ainsi que celle de MM. Minary et Resal, a l'examen d'une Commission composée de MM. Dumas, Doussine;ault, H. Sainte-Claire-Deville. PHYSIQUE. — Recherches sur la solidification d'un liquide refroidi au-dessous de son point de fusion ; par M. Ed. Desaixs. (Extrait par l'auteur. (Commissaires, MM. Pouillet, Despretz, de Senarmont.) « Ce travail est divisé en deux parties. Dans la première, je démontre par l'expérience qu'il faut donner à un poids d'eau liquide pour l'échauffer de u° à t\ la même quantité de chaleur, soit que dans ce passage l'eau se gèle d'abord et se fonde ensuite, soit au contraire qu'elle se réchauffe sans cesser d'être liquide. Dans la seconde, j'applique ce principe à plusieurs questions relatives à la surfusion, c'est-à-dire à l'état d'un liquide refroidi au-dessous de son point de congélation. » Pour démontrer le principe, je me sers d'un petit tube de verre, ferme à la lampe, contenant dans son intérieur de l'eau que l'on y a fait bouillit avant de le fermer et un thermomètre dont le réservoir plonge dans cette eau et dont la tige passe à travers la partie supérieure du tube à laquelle elle est scellée. Le tube n'est pas tout à fait plein d'eau. » Je fais refroidir cet appareil sans l'agiter dans une enceinte environner d'un mélange réfrigérant. L'eau liquide se refroidit de quelques degrés au- dessous de zéro, puis il arrive un moment où elle se gèle subitement en partie et se réchauffe jusqu'à zéro. Alors j'enlève l'appareil hors de l'en- ceinte et le plonge dans un poids d'eau connu à une température Connue. Il s'échauffe, tandis que celle-ci se refroidit, et bientôt leurs température> deviennent à peu près égales. » Soient M le poids de l'eau extérieure corrigé du vase qui la contient et du thermomètre qui y est plongé; 0 la température primitive decetteeau et t sa température finale ; u la température marquée par le thermomètre de l'appareil à l'instant qui a précédé la congélation et f, sa température finale toujours presque égale à t; enfin A la quantité de chaleur que l'air ( 372 ) donne au mélange pendant l'expérience: l'expression (■' M(0-*) + A, représente la quantité de chaleur qu'il a fallu donner à l'appareil pour le taire passer de «a t, avec solidification et fusion intermédiaires. >• Après cette expérience, je fais refroidir de nouveau le même appareil dans l'enceinte entourée de mélange réfrigérant ; mais je ne laisse pas son eau se geler et quand sa température est voisine de zéro, égale à i', je l'en- lève et le plonge dans un poids M' d'eau à la température 6'. Cette eau se refroidit lit', tandis que l'appareil se réchauffe a t\ presque égal à t': l'ex- pression W(G' -t')-h A' représente la quantité de chaleur qui a échauffé l'appareil de vkt\. J'en conclus que pour l'échauffer, sans que son eau cessât d'être liquide de u a t\ , il faudrait lui donner une quantité , > M',' 6'— t')-hA' • •u admettant que la chaleur spécifique de l'eau liquide ne change pas brus- queinent en passant par zéro ; ce que j'ai vérifié, comme M. Person l'avaii déjà fait antérieurement, en ohservant le refroidissement de l'eau liquide au-dessus et au-dessous de zéro et en constatant que sa marche n'éprouve aucune irrégularité aux environs de cette température. » Il suffit alors, pour établir le principe, de voir si les expressions (i) el (2j sont égales. Or par trois expériences avec congélation j'ai trouvé en moyenne M (6— t) + A. .-, ., — = 3-,qï et par trwis ;uilres >ans congélation t V J l'égalité presque exacte de ces nombres prouve le principe énoncé. ■• La petite différence qui subsiste entre eux tient à ce que les tempéra- tures u el c, ayant été observées pendant un refroidissement, sont un peu moins basses que celles de l'eau non agitée qui entourait le thermomètre et se trouvait plus voisine de l'enceinte froide. L'erreur doit même être plus grande pour v que pour u, parce que v est plus éloigne de la température ( 373) finale; or en diminuant v plus que u par une correction, on rapprocherait les deux nombres précédents de l'égalité. » Pour taire la correction, j'ai étudié analytiquement les refroidissements simultanés des diverses parties de l'appareil, en supposant différentes les températures du thermomètre, de l'eau qui le touche, de l'aircontenu dans l'enceinte et des parois de 1'enceinteelle-mème. J'ai trouvé que la différence entre la température du thermomètre et celle de l'enceinte était représentée par une somme de trois exponentielles se réduisant à une seule après un temps assez long, et j'ai vérifié expérimentalement qu'en effet quinze ou vingt minutes après l'introduction de l'appareil dans l'enceinte cette diffé- rence décroissait en progression géométrique quand le temps croissait en progression arithmétique. Au moyen de la raison de cette progression, j'ai déterminé la relation entre la température du thermomètre et celle de l'eau au même instant et j'ai pu ainsi faire les corrections convenables aux nom- bres précédents, qui sont devenus tous les deux égaux à 3^,43. » Désirant justifier ces opérations et remarquant que l'expression — - — ; 'est la quantité de chaleur que l'appareil exige pour s'échauf- fer de i°, j'ai cherché directement cette quantité en refroidissant l'appareil dans l'enceinte entourée cette fois de glace fondante; et quand il eut été maintenu pendant longtemps à une température presque invariable et voi- sine de zéro, alors je le retirai et le plongeai dans de l'eau extérieure où il se réchauffa. Ici il n'y avait plus de corrections a faire sur la température f, et j'ai trouvé comme .moyenne de trois mesures le même nombre 3 7 , /( 3 pour représenter la chaleur qu'il fallait lui donner afin de l'échauffer de i°. » Dans la seconde partie de mon travail, j'ai appliqué le principe que j'avais démontré à la solution des problèmes suivants : » i° Déterminer la température - à laquelle il faut refroidir un liquide pour qu'il se gèle tout entier par l'agitation et se réchauffe jusqu'au point de fusion T. » Soient p le poids du liquide; q et g le poids et la chaleur spécifique du vase qui le contient; c la chaleur spécifique du liquide. S'il se réchauf- fait jusqu'à T sans cesser d'être liquide, il exigerait une quantité de chaleur [pc -+- qg) (T — t). Si au contraire il se gèle tout entier et se réchauffe jus- quàT, il faudra pour le fondre lui donner p/, / étant sa chaleur latente de fusion. Donc d'après le principe pi =z [qg -4- pc) (T — -), d'où t. C. R., 1SG2, i«Sem>u're. (T. L1V, N» G. ) '.S (374 ) » 2° Un liquide avant été refroidi à vl < t, déterminer la température T < T à laquelle il se réchauffera en se gelant tout entier. » Pour l'échauffer de u' àT sans congélation, il faudrait {pc + qg)[T -«')• » Quand il s'est réchauffé à T' en se gelant, pour l'échauffer encore jus- qu'à T et le fondre, il faut lui donner (qg -t-/?c') (T — T') -+- pi, -en appelant c' la chaleur spécifique du solide formé. Donc d'après le principe ((]g-hpc')(T -T) + pl = (pc + qg)(T- u'}, d'où T. » 3" Un liquide ayant été refroidi à une température n' supérieure a -, il ne se gèlera qu'en partie par l'agitation, mais se réchauffera jusqu'à T; déterminer le poids// de la partie qui se gèle. » Pour l'échauffer sans congélation jusqu'à T, il faudrait lui donner (pc + qg) {T - u'). » Pour fondre le poids p' qui par la congélation même s est réchauffé jusqu'à T avec le reste du liquide, il faudrait/)'/; donc {pc + qg){T-u')=p'l. " Les expériences qui m'ont servi à établir le principe peuvent être pré- sentées comme des vérifications de la formule précédente. Connaissant en effet pc + qg — 37,43, puis k' et /, elle me permettait de calculer p'; et, d'un antre côté, en plon- geant l'appareil dans l'eau M, quand une partie du liquide p s'était congelée, je pouvais par l'abaissement de température de M mesurer p' au moyen de l'équation 37,43 X t, -h p' x 79,a5 = M (6 — t) -f- A. Trois expériences ainsi calculées m'ont donné : // calculé. p' mesure. Différences. 2,272 2,3?4 — o,o5? 3,l88 3>°97 -+- 0,091 3,5ic) 3,5ao — 0,001 Sommes.... 8,979 8,94 1 + o,o38 » Les problèmes (1) et (2) sont posés dans plusieurs ouvrages et ont été jusqu'ici résolus différemment par les différents auteurs. Les expériences que j'ai citées indiquent les solutions qu'il convient d'adopter. » ( 375 ) HYDRAULIQUE. — 5»»' les moyens de varier le débit de l'eau motrice doits les roues de côté coulant à plein coursier, avec ou sans lames liquides oscillantes; Note de M. A. de Caligny. (Renvoi à l'examen de la Section de Mécanique, j « De Thiville a depuis longtemps étudié des moyens de varier le débit des chapelets moteurs coulant à plein coursier, et dont le but est le même que celui des roues de côté coulant aussi à plein coursier pour utiliser les chutes motrices très-variables. Il donne au coursier rectiligne de ces chape- lets une section quadrangulaire; de sorte que deux faces verticales opposées peuvent se rapprocher ou s'éloigner l'une de l'autre, de manière à varier convenablement le débit de l'eau motrice. * Quant à la manière de varier la largeur des aubes, on peut employer plusieurs systèmes. Il suffit en ce moment de rappeler que De Thiville les composait pour ce cas de deux clapets, réunis par une charnière inférieure permettant à l'angle formé par ces deux clapets de s'ouvrir plus ou moins, selon le degré d'écartement des faces planes verticales dont je viens de parler. » Je me suis aperçu, en m'occupant de mes recherches sur l'histoire de l'hydraulique, qu'il y avait une ancienne disposition de roues de côté, à la- quelle on pourrait appliquer cette idée de De Thiville, à cause de la verti- calité et du parallélisme de deux faces planes d'un coursier annulaire fixe, tendu intérieurement par le passage des bras ou plutôt du disque ou de la couronne à laquelle sont attachés des pistons de forme quadrangulaire {Voir le Traité de Physique de Desaguillers,in-4°, 1 75i, traduction de Pezeuas, PI. XXXIII, fig. i, 2 et 3.) » Il ne faut pas, en effet, confondre cette disposition résultant de ce que les aubes ou pistous sont de forme quadrangulaire, avec celle des aubes ou pistons circulaires ou elliptiques, disposés d'ailleurs, il est vrai, de la même manière, et venant s'emboîter aussi de la même manière dans un coursier annulaire ou corps de pompe courbe. Ces formes circulaires ou elliptiques ont aussi leurs avantages ; mais elles n'ont pas celui de permettre de varier la section d'écoulement par le plus ou moins grand écartement de deux faces verticales, planes et parallèles, quand on veut employer directement le poids d'une colonne liquide ayant toute la hauteur de la chute, comme on l'a souvent proposé pour les chutes très-variables, et notamment poul- ies tide mills. ',8.. 376 ) » Ce n'est, pas seulement la forme quadraugulaire de la section du cour- sier qui permet de faire cette application d un système particulier de van- nage; mais c'est la forme dont il s'agit quand le coursier est annulaire. Si le fond courbe de la roue, étant d'ailleurs plein, était mobile autour de son axe, comme dans V Essai sur les m ichines hydrauliques, etc., publié en 1777, par le marquis Ducrest, colonel en second du régiment d'Auvergne, le cour- tier de la roue coulant aussi toujours plein, et étant même évasé en amont pour éviter la contraction de la veine, cette forme aurait aussi des avantages particuliers, mais ne permettrait pas d'appliquer d'une manière pratique l< système de vannage à faces parallèles dont je viens de parler. » Ce qui le rend pratiquement possible, si l'on fait couler à plein cour- sier une roue de formes analogues à la roue de côté de Desaguillers, c'est que, pendant tout le temps que durera l'écoulement pour un écartement donné des faces parallèles et verticales, les pièces du coursier seront absolu- ment fixes. Il est de plus essentiel de remarquer qu'aux époques on se fera la manœuvre de ces faces verticales, l'ajustement du fond de la roue réduit a un disque ou à une couronne ne pourra éprouver aucun changement, puisqu'on n'y aura pas même touché. » Sans entrer ici dans les détails pratiques, il m'a semblé utile de montrer une fois de plus les avantages qui peuvent résulter des recherches d'érudi- tion, des figures oubliées dans quelques anciens auteurs, pouvant ainsi con- duire à des applications qui avaient échappé aux plus savants ingénieurs, en Angleterre et en France. " Le système de vannage dont je viens de parler n'exige pas que les faces verticales parallèles dont il s'agit soient très-grandes; mais il faut qu'elles le soient assez pour que deux aubes consécutives ne soient pas eu même temps hors du coursier. Une seule aube étant d'ailleurs dans le cour- sier, cela snlfit pour que la pression de toute la chute agisse comme si deux auhes y étaient engagées en même temps, la partie de la colonne liquide qui est au-dessus de cette aube pouvant agir par aspiration. » Le s\stemede vannage dont il s'agit ne peut s'appliquer d une manière aussi simple au principe de la roue à tuyaux plongeurs et à lames liquides oscillantes, que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie le {.3 janvier, et dont la description est publiée dans les Comptes rendus, p. 1 19 et ntj. " Mais la question des moteurs hydrauliques est si importante, qu'il est intéressant de conserver des traces d'une disposition qui, au moins pour des dimensions médiocres, peut être étudiée sous ce rapport. » On sait qu'il) a des turbines dans lesquelles <>n varie la section d'écou- ( 377 ) lemenl en laissant glisser entre les aubes une des faces de la turbine paral- lèlement à l'antre face. Or on peut disposer la nouvelle roue dont il s'agit de manière à pouvoir profiter d'une disposition analogue, dans les limites où la grandeur de son diamètre permettra que cette disposition soit [ira- tique. » Je suppose d'abord qu'une roue de côté d'une assez petite largeur et de forme analogue à celle des roues ordinaires, sauf quelques précautions relativement à la distance des aubes, etc., recoin mandées pour celles cpù cou- lent à plein coursier, soit appliquée dans sa partie d'amont contre un mur de barrage, perpendiculaire à son axe, et devant servir de coursier, avec les précautions convenables. Ce mur sera percé d'un orifice, d'une forme analogue à une partie de l'arc hydropliore et convenablement évasé du côté d'amont, de manière à ce que l'eau motrice entre dans la roue parallèlement à son axe. Pour que la roue garde l'eau jusqu'au bas de ta chute, il faut que l'arc hydropliore soit fermé sur les trois faces où le mur ne fait pas fonction de coursier. Il suffit donc que la roue ait deux surfaces courbes concentriques parallèles à l'axe et perpendiculaires à une surface plane, laquelle sera perpendiculaire à l'axe de la roue, aucune de ces trois sur- faces n'étant percée. 11 est clair que cette disposition est celle d'une roue de côté, pouvant couler à plein coursier en recevant et abandonnant l'eau latéralement, au lieu de la recevoir et de l'abandonner comme dans les an- ciennes roues de ce genre. Mais pour varier la section d'écoulement, il suf- fira de rapprocher ou d'éloigner du mur dont on vient de parler celles des faces de l'arc hydropliore qui lui est parallèle. » On ne peut se dissimuler que si, dans cette disposition, les pressions de l'eau contre les faces courbes de l'arc hydropliore ne peuvent se reportei sur l'axe, puisqu'elles se contre-balancent, il n'en est pas ainsi de celles qui agissent sur la partie plane de cet arc hydropliore et tendent même à fane gauchir la roue. Mais, dans le cas où cet inconvénient serait sérieux, on pourrait disposer deux roues sur un même axe, de manière à ce que* ces deux roues fussent disposées entre deux murs verticaux et parallèles, barrés convenablement en amont, chacun de ces murs étant percé de manière ,1 alimenter chacune de ces roues. On conçoit même que, si l'on ne voulait pas se réserver la possibilité de varier la section de l'arc hydropliore, ou pourrait n'avoir, à proprement parler, qu'une seule roue partagée en deux paruu diaphragme, et recevant l'eau de chaque côté par chacun des murs verticaux dont on vient de parler. » Quant à la manière de transformer cette roue en roue à tuyaux pion- ( 378 ) geurs et a laines liquides oscillantes, il suffit d'ajouter a ce qui a été dit ci-dessus, en renvoyant à ma Note du i3 janvier, que : i° les dimensions déjà limitées dans le sens de l'axe, le seront encore dans l'autre sens, par cette circonstance que le rayon de la surface courbe intérieure ne doit pas èlre trop différent de celui de la surface courbe extérieure, pour que les conditions de la question ne soient pas trop changées, et que, i" si l'on veut varier la section de l'arc hydrophore au moyen du déplacement d'une surface plane qui sera d'ailleurs convenablement attachée à la roue pour une section donnée, il faudra renoncer à l'avantage résultant de l'em- ploi des lames courbes concentriques dans les espèces de coudes où elles sont utiles. » On conçoit d'ailleurs comment la quatrième face de chaque tuyau par- tiel peut être composée d'une surface plane verticale, les effets étant, du reste, analogues à ceux cpii sont indiqués dans ma Note du i3 janvier, pourvu ! nie les murs de barrage soient convenablement disposés en aval, L'échan- crure des murs de barrage en amont s'élevant toujours, d'ailleurs, au- dessus du niveau du bief supérieur. » ANALYSE mathématique. — Mémoire sur l'intégration des équations aux dé- rivées partielles du premier ordre et à un nombre quelcotupte de variables indépendantes; par M. Ossian Boxnet. (Commissaires, MM. Bertrand, Serret.) « La méthode pour intégrer une équation à trois variables et aux déri- vées partielles du premier ordre, que La grange a donnée en 1772, et qui, d'après Jacobi, constitue l'une des plus belles et des plus célèbres décou- vertes du grand géomètre, est sans contredit la plus simple et la plus natu- relle de toutes celles qui ont été imaginées jusqu'ici. Toutefois cette mé- thode, et c'est là la seule objection qu'on y ait faite, ne paraissait pas susceptible de s'étendre à un nombre de variables supérieur a trois. » On sait que Charpit, en 1779, essaya, mais sans succès, de généraliser la solution de Lagrange dans un Mémoire qui fut présenté à l'Académie des sciences, et qui n'a jamais été publié. Pfaff donna alors la belle solution pu' Jacobi a depuis commentée ei considérablement simplifiée. On doit aussi a Cauchy une autre méthode fondée sur une idée très-ingénieuse et très-féconde d'Ampère, et dont les résultats sont en définitive les mêmes que ceux auxquels Jacobi a été conduit. Or, en s'aidaut d'un théorème généra- lement attribué à Piaff, mais dont le germe se trouve, si je ne me (rompe, dans le (aïeul des fonctions, ou peul parvenir à lever les difficultés que ( 379) Charpit avait rencontrées dans la généralisation de la méthode de Lagrange. » C'est ce que je me propose d'établir dans le Mémoire que j'ai l'hon- neur de présenter aujourd'hui à l'Académie. On trouvera ainsi dans ce Mé- moire une méthode nouvelle tout aussi simple que celles de Cauchv et de Jacobi, mais beaucoup plus directe, à notre avis. » GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE. — Mémoire sur les tétraèdres; détermination du volume maximum d'un tétraèdre dont les faces ont des aires données; /un M. Paixvin. (Commissaires, MM. Bertrand, Serret.) « Ce problème, abordé par Lagrange dans son Mémoire sur les pyra- mides, a été ramené par lui à l'étude d'une équation du quatrième degré. Mais, pour terminer cette intéressante question, il restait à faire une discus- sion plus approfondie de l'équation obtenue, et à signaler les diverses pro- priétés géométriques du tétraèdre qui satisfait à la question. C'est là le principal objet du Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie. » Je commence par établir le théorème suivant : « Supposons qu'on prenne le déterminant réciproque d'un certain déter- » minant X, et qu'on fasse ensuite le carré de ce déterminant réciproque ; si » l'on effectue maintenant ces opérations en sens inverse, c'est-à-dire si l'on )/ fait le carré de X, et qu'on prenne ensuite le déterminant réciproque de ce » carré, les deux déterminants définitifs, obtenus par ces deux séries d'opé- » rations, seront identiques élément à élément. » » Cette proposition me sert de point de départ pour démontrer plusieurs formules sur les tétraèdres. Je prouve alors que l'équation du quatrième degré a. toujours une racine réelle convenant à la question, et une seule; que le tétraèdre correspondant est toujours réel et que son volume est maximum. » Parmi les différentes propriétés du tétraèdre maximum^ je ne citerai que celles-ci : » i° Les tangentes des angles correspondant à un même sommet sont proportionnelles aux aires des faces qui forment ce sommet. » 20 Les arêtes opposées sont perpendiculaires entre elles. » 3° La somme des carrés des arêtes opposées est constante. » l\° La somme des carrés des produits des arêtes opposées est égale à quatre fois la somme des carrés des aires des faces. ( 38o ) » 5" Le produit des cosinus des dièdres opposés est constant. » Elc. eic. » Je termine ce Mémoire par la considération d'un tétraèdre déduit du tétraèdre primitif OM< M3M3 de la manière suivante : » Par le point O, on élève des perpendiculaires aux faces M,MaM3. » OM2M8, OM3 M,, OM, M2; on les prolonge, à partir du point O, du côté » du sommet opposé à la face normale; et on prend ensuite sur ces pei - » pendiculaires, a partir du même point O, des longueurs respectivement » proportionnelles au double de l'aire de la face normale. » » Soit minlin2m3 le tétraèdre ainsi obtenu que j'appellerai tétraèdre dé- rivé, et je désignerai par faces homologues les couples de faces tels que (OMT2M3, mni2m3), ..., (M,M2M3, m, m2m3) » Ce tétraèdre qui, je crois, n'a pas été considéré jusqu'ici, présente des relations fort curieuses avec la tétraèdre primitif. Je n'en citerai que quel- ques-unes : » i° Le centre de gravité du tétraèdre dérivé est au point d'où partent les perpendiculaires aux faces du tétraèdre primitif. " 20 Le volume du tétraèdre dérivé est égal, à un facteur numérique près, au carré du tétraèdre primitif. » 3° Les aires des faces du tétraèdre dérivé sont respectivement propor- tionnelles aux distances du centre de gravité du tétraèdre primitif au som- met opposé à la face homologue de la face considérée. » 4° La hauteur, correspondant a une face quelconque du tétraèdre dérivé, est égale aux -§ de la projection, sur cette face, de la face homolo^m du tétraèdre primitif. » Etc., etc. » La considération du tétraèdre dérivé nous permet de déduire de i. question résolue en premier lieu la solution du problème suivant : « Trouver le volume maximum d'un tétraèdre dont on donne la difft - » rence des carrés des arêtes opposées, ainsi que la somme des arêtes appar- » tenant soit à un même sommet, soit à une même face. » zoologie. — Essai il< détermination des caractères généraux de ta Faune de lu Nouvelle-Guinée. [Oiseaux); pat M. Puchehax. Renvoi à l'examen de la Section d'Anatomie et de Zoologie. « Dans l&s diverses recherches de généralisation dont nous nous sommes occupe depuis une douzaine d années, nous avons fréquemment essaye de ( 38. , déterminer les Caractères zoologiques que présentent d'ensemble les Types des deux classes supérieures de Vertébrés propres à quelques-unes des faunes actuelles. Nous avons examiné, sous ce point de vue, les Mammi- fères de l'Europe, du nord de l'Amérique et de l'Asie, de même que ceux qui habitent l'Afrique, Madagascar et la Nouvelle-Hollande. La Nouvelle- Guinée est devenue récemment, dans cette direction d'idées, l'objet de nos études, études que dix-huit ans de travaux dans le Musée de Paris ont dû nous rendre faciles, nos collections nationales ayant été amplement enrichies par les Zoologistes qui ont visité cette grande île ; dans le xvme siècle, par Sonnerat, et, depuis 1820, par MM. Garnot, Lesson, Quov, Gaimard, Hombron et Jacquinot, attachés aux divers Voyages de circum- navigation exécutés sous le commandement de MM. les capitaines Duperre\ et Dumont d'Urville. » Les faits relatifs à l'Ornithologie doivent, en premier lieu, attirer notre attention, le nombre plus considérable des espèces d'Oiseaux permettant de fixer plus sûrement les caractères qui leur sont communs. D'après la liste donnée, il y a quelques années, par M. Sclater, ce nombre est de 170 : parmi elles, 109 sont propres à cette grande île. MM. J.-E. Gray et G.-R. Gray ont publié plus tard (1859) un travail semblable, dans lequel ce chiffre se trouve dépassé, ces deux Zoologistes ayant accepté des indications d'habitat, dont l'authenticité est, de leur propre aveu, essentiellement dou- teuse. Nonobstant ces quelques dissemblances, ces deux Notices offrent entre elles tant de concordance, que nous avons pu, sans hésitation, nous en servir comme guide dans 1 examen des divers Types, soit génériques, soit spécifiques, nécessité par nos recherches. » Un certain nombre, parmi les premiers, se trouve habiter presque uni- quement la Nouvelle-Guinée : il en est ainsi des genres Nasiterna, Charmo- syna, Peltops, Melidora . Mino , Gymnocorvus , Melanopyrrhus , Paradisea , Diphyllodes, Cicinnurus, Xanthometas, Lophorina, Parotia, Seleucides, Epimn- chus, Paradigatla, Astrapia, Reries, Ptiladela, Edolisoma et Tnu/on. » Or, si nous essayons de déterminer quels sont les Caractères zooloçi- ques qui nous sont présentés d'une manière uniforme par tous ces Genres, nous constatons que les tarses sont, chez eux, doués d'une certaine force, quel que soit leur degré d'allongement, et qu'ils offrent dès lors peu de gracilité. Chez tous (le genre Tnujon étant excepté), le pouce est bien formé, terminé par un ongle bien incurvé: les doigts se trouvent également allongés, et leurs ongles ressemblent, sous le point de vue de leur disposi- C R., 1862, 1" Semestre. (T. LIV, N° 6.) ^9 ( 38a ) don, à celui du pouce. Des variations se présentent, sans nul doute, chez ces divers tvpes génériques, dans le mode de manifestation de ces caractères, mais ces variations ne nous ont jamais semblé assez importantes pour taire subir la moindre restriction à la formule synthétique que nous venons d'énoncer. » Nous la voyons, au contraire, tout à fait confirmée par l'examen des diverses espèces propres à cette région de l'Océanie, et dont les homologues habitent les autres archipels de la Mer du Sud. Il en est ainsi pour les types spécifiques appartenant aux genres Leucospiza, Spiloglaux, Podargus, Hi- rundo, Macropteryx, Coracias , Calornis, Cracticus, Nectarinia, Dicœum, Pti lotis, Tropidoijnclms, Mimeta, Aitamus, Graucalus, Ceblcpyris, Aises, Monarcha, Pleruthius, Pachycephala, Todopsis, Phoiiygama , Muscylva et même Pomatorhinus . » Dans ce grand ordre des Passereaux, dans lequel sont compris presque tous les Genres dont nous venons de donner les noms, cinq espèces seule- ment représentent, à la Nouvelle-Guinée, les Eupeles, Pitla et Brachyp- leryx, dont les tarses sont allongés. Parmi les Zygodactyles, nous ne pou- vons citer, comme se trouvant dans les mêmes conditions, que le Centropus menebiki, dont les aptitudes locomotrices sont tout à fait conformes a celles de ses congénères du même groupe. Dans l'ordre des Colombins, enfin, six espèces à longs tarses ont-été signalées dans cette grande île : ce sont les Trugon terrestris, Hoinb. et Jacq., ChaleophapsStephani, Pchr., Péri siéra ru.fi- yula, Homb. et .lacq., Geopetia (lumeralis (Tem.), Goura coronata (L.N et Goura Ficloriœ, G. R. Gr. Or, dans ce même ordre, le nombre des Car- pophaga, dont les tarses sont courts, est déjà plus considérable dans cette région de l'Océanie. » Nous arrivons dès lors à celte autre conclusion que, sous le point de vue de leurs aptitudes locomotrices, les Oiseaux qui habitent la Nouvelle- Guinée sont essentiellement percheurs. Cette aptitude est non-seulement familière aux divers genres et espèces dont les noms ont été déjà cites, mais encore aux divers types d'Alcédidés, si nombreux dans cet archipel, ainsi qu'à quelques-uns des Echassiers [Botaurus helyosylos et Ardea Novce Guiru a qui en sont spécialement originaires. Elle est favorisée chez eux, aussi bien que chez les Trugon, Chalcophaps, etc., par le mode d'insertion du pouce sur le tarse, insertion qui s'opère sur la même ligne que celle des trois doigts antérieurs. Ajoutons que cette disposition du doigt postérieur s'observe également chez les Mégapodes (Megapodius Duperreyi, Me//. Freycineti, Meg. rubripes), chez leTalégalle de Cuvier [Taleg. Cuvicri. Garn. et Less. . ( 383 ) et que, dans ces divers Gallinacés, dont la Nouvelle-Guinée est le lien de séjour, elle doit aider au mode de station que nous venons de signaler. » L'examen des autres Échassiers observés dans cet archipel ne nous paraît pas de nature à faire subir la moindre restriction au fait général que nous venons de constater. Leur nombre est déjà fort minime, et ils appar- tiennent à des genres, tantôt cosmopolites, comme les Glafeola, Charadrius, Slrepsilas, Hœmalopus, Numenius, Totamts, Himantopus, Tringa, Phalaropus, Paria, tantôt très-répandus dans les autres îles du Pacifique, comme les Esacus et Casuarius. La première de ces conclusions enfin est, dans l'ordre des Palmipèdes, essentiellement applicable au genre Sterna, représenté seu- lement, dans cette partie de la Mélanésie, par les Slema Torresii, Goidd, et Sterna melanauchen, Tem. » M. Thomas, qui a précédemment soumis au jugement de l'Académie di- verses communications relatives à l'aréométrie, présente aujourd'hui de nou- velles remarques sur les moyens cpii lui paraissent lespius propres à garantir la fidélité des indications fournies par les pèse-liquides. (Renvoi à la Commission des Alcoomètres qui se compose de MM. Chevreul, Pouillet, Despretz et Fremy.) MM. Escallier et Fkanceschim présentent un Mémoire intitulé « Pro- priétés thérapeutiques de l'huile dite des Alpes ». (Commissaires, MM. Andral, Bernard.) L'Académie renvoie à l'examen de la Commission du legs Bréant deux Lettres écrites en allemand: l'une adressée dAmorbach (Bavière) par MM. Haas et Tonella et relative à un remède contre les dartres, dont ils offrent de faire connaître la composition et le mode d'administration; l'autre, envoyée d'Augsbourg par M. Leonh. Zimmermanx, concernant un remède contre le choléra-morbus, qu'il serait disposé à faire connaître sous certaines conditions. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, le 9e numéro des Brevets d'in- vention pris dans l'année 1861. M. de Quatrefages présente au nom de madame de Corneillan un échan- 49- ( 384 ) tillon do soie grége obtenue des cocons du ver à soie de lAilante ; il dépose, en même temps, copie d'une attestation délivrée par la Commission impériale de l'Exposition universelle de Londres à M. de Corneillan qui, désirant pré- senter à l'exposition certains appareils relatifs à L'éducation du ver de l'Ai- laute, a indiqué sommairement dans une Note jointe à la demande son procédé de dévidage. Renvoi à la Commission des vers à soie ) M. Chkvreul, qui se proposait d'entretenir l'Académie îles nouveaux per- fectionnements apportés par M. Mèye-Mourièsk ses procédés de panification, demande, en raison de l'heure avancée, à remettre à la prochaine séance cette communication qui exige d'assez longs développements. M. le Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie une série d'épreuves photographiques offertes par MM. Bisson frères, et lit l'extrait suivant de la Lettre d'envoi : « Nous avons présenté il y a quelques années à l'Académie des épreuves photographiques de glaciers obtenues dans les hautes régions alpiques; poursuivant notre œuvre et désirant venir en aide à la géologie et aux applications de la topographie, nous avons mis tous nos soins à repro- duire les aspects d'ensemble de la chaîne du mont Blanc et de celle du mont Rose Ces vues, que nous avons exécutées à plus de 4ooo mètres d'alti- tude, les essais que nous avons tentés sur la cime même du mont Blanc où nous avons séjourné pendant plus de trois heures, nous font espérer qu'il nous sera possible de vous présenter l'an prochain un aspect panoramique pris de la plus haute sommité de l'Europe. » Ces images, qui sont au nombre de trente-sept pièces format atlas et de deux de dimension double, sont renvoyées à l'examen d'une Commission composée de MM. de Senarmont et Daubrée. M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. f Fan eu de Lu Hue, diverses images photographiques se rapportant à l'éclipsé solaire de juillet 18G0, observée en Espagne par l'auteur. Ces pièces sont accompagnées de la Lettre suivante, écrite en anglais et datée de l'Observatoire de Cranford t Middlesex). « J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie des Sciences une épreuve positive ( 385 ) agrandie (épreuve au collodion sur verre) des proéminences lumineuses observées autour du Soleil le 18 juillet 1860 à Rivabellosa, près de Mi- randa de Ebro en Espagne, latitude Nord [\i° [\i! ', longitude Ouest 1 l'/p", a une altitude de 1 5^2 pieds au-dessus du niveau de la mer. » Les négatives originales ont été obtenues avec le nouveau photo-hélio- graphe; le diamètre de la Lune y est de l\ pouces. Les épreuves positives ont été obtenues directement, au moyen de la caméra, des négatives originales; le disque lunaire étant grossi de manière à ce que le dia- mètre fût de 9 pouces environ. » Dans la seconde image, quelques-unes des protubérances lumineuses sont reproduites jusqu'à trois fois, d'autres deux fois seulement. Cela tient à ce que deux de mes aides, en portant l'œil au chercheur fixé à l'héliographe, déplacèrent accidentellement quelque peu l'instrument en ascension droite, le mauvais état de la vis tangente rendant ce mouvement possible. » Outre les épreuves positives sur verre, j'ai l'honneur d'envoyer des fac-similé des négatives originales de la première phase d'échpse totale; ces images ont été obtenues à sec sur verre albuminé, en superposant aux pla- ques préparées les négatives originales et exposant le tout à la lumière du jour. On a eu ainsi des épreuves positives qui, traitées de la même manière, ont donné les négatives que j'envoie aujourd'hui. " J'y ai joint une série d'épreuves sur papier à l'échelle de 7 pouces poul- ie diamètre lunaire; chacune de ces épreuves porte une légende explicative." J'y ai joint encore une vue panoramique prise du lieu où nous avons observé et deux vignettes sur bois représentant notre installation et la mai- son voisine. » M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : Une Description géologique du département de Vaucluse, par M. Scipïon Gras, avec la Carte géologique à laquelle ce texte sert d'explication. Nous extrayons de la lettre d'envoi les passages suivants : « J'ai l'honneur de vous adresser, pour être offert à l'Académie, ma Carte géologique du dépaitement de Vaucluse et un volume de texte qui lui sert d'explication. » La géologie du département de Vaucluse, comme celle de toutes les contrées qui touchent aux Alpes, présente des points obscurs qui, jusqu a ( 386 présent avaient été peu étudiés et que j';ii du chercher à éclaïrcir. Les prin- cipaux résultats auxquels je suis parvenu sont : >• i ° La séparation géologique des marnes à Ancyloceras du terrain néocomien. — Des observations positives m'ont prouvé que dans les Alpes il existait, entre le néocomien supérieur nommé urgonien et les marnes aptiennes, une formation caractérisée par des espèces d'Ancyloceras, de Crioceras et d'au- tres coquilles, que l'on ne trouve que là. Cette formation renferme plusieurs fossiles qui lui sont communs avec le néocomien inférieur. Cependant sa faune considérée, d'une manière générale, offre une analogie évidente avec celle du grès vert. » 2° La réunion en un seul étage des trois assises connues sous les noms d An- tienne, d'Albienne et de Cénomanienne. — Ces trois assises, plus ou moins distinctes au point de vue des fossiles, constituent dans le Dauphiné et la Provence un groupe découches très-naturel, qui est souvent isolé des au- tres membres de la craie et dont les diverses parties sont toujours étroite- ment liées entre elles sous le rapport stratigraphique. Leur liaison paléonto- logique n'est pas moins certaine, car fréquemment des espèces de l'une passent dans l'autre. Par leur affinité réciproque, elles m'ont paru com- parables aux trois parties de la formation liasique que l'on a appelées lias inférieur, lias moyen et lias supérieur. » 3° La division de la mollasse en deu.x sous-étages. — Leur séparation est très-nette sur plusieurs points dans le département de "Vaucïuse. Le sous- étage le plus récent renferme en général une très-forte proportion de co- quilles subapennines. » 4° La distinction de trois étages de dépôts diluviens. — Ces étages, que j'ai appelés diluvium des vallées, diluvium des plateaux et diluvium des terrasses, sont caractérisés chacun par des gisements très-différents, et m'ont paru correspondre à des époques géologiques distinctes. » Dans une Note placée à la suite de la description des terrains, j'ai fait un examen critique des doctrines paléontologiques actuelles, considérées dans ce qu elles ont d'exclusif. Je crois avoir prouvé qu'à ce point de vue elles ont un caractère essentiellement hypothétique. » M. le Secrétaire perpétuel signale encore les ouvrages dont les titres suivent : î" Lue Publication de M. Robinet, sur les eaux de Paris; a° Un Mémoire de M. Monlcllier, sur la valeur des principales denrées ( 387 ) et marchandises qui se vendaient ou se consommaient dans la ville d'Or- léans au cours des xive, xvp, xvie, xvne et xvme siècles: 3° Un Ouvrage italien de M. Gius. de Luca : « Description géographique, historique et administrative de l'ancien royaume des Deux-Siciles » ; 4° Un Programme de la Société Africaine internationale. Cette Société se proposant de faciliter les excursions dans l'Afrique du nord et le Soudan, pouvant par conséquent contribuer à étendre nos con- naissances sur la faune de ces régions ou à enrichir nos ménageries d'ani- maux rares, le Programme est renvoyé à la Section de Zoologie. M. Leymerië prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place vacante de Correspondant de la Section de Minéralogie et Géologie. (Renvoi à la Section de Minéralogie et de Géologie.) M. le Président de la Société impériale zoologique d'Acclimatation annonce que la Société tiendra sa sixième séance publique annuelle le 20 de ce mois, et serait heureuse de voir assister à celte solemùté les Membres de l'Académie qui s'intéressent plus particulièrement au but qu'elle poursuit. chimie organique. — Nouveau mode de formation de quelques hydrogènes carbonés ; par M. Ad. Wlrtz. « On connaît le nombre et l'importance des combinaisons que forme le charbon avec l'hydrogène et qui constituent, comme on l'a souvent dit de- puis Laurent, le point de départ de tous les composés organiques. Elles diffèrent les unes des autres et par les proportions qu'on remarque entre les atomes de carbone et d'hydrogène et par le nombre de ces atomes qui peuvent s'y accumuler en quantité considérable. La cause de cette accu- mulation réside sans doute dans la nature polyatomiqué du carbone, dont les affinités se saturent en partie par la juxtaposition de ses propres atonies et fMi partie par la combinaison avec l'hydrogène monatomique. Mais c'est Saune notion théorique et l'expérience est restée muette jusqu'ici sur les relations génériques qui peuvent exister entre les carbures d'hydrogène les pins simples d'un côté et les plus compliqués de l'autre. A cet égard, je dois citer pointant une observation de M. lîoutlerow qui a produit de 1 é- ( 388 ) thylène €* H* en doublant le méthylène GH', lequel ne parait pas pouvoir exister à l'état de liberté (i). » J'ai fait quelques expériences pour éclairer la question théorique que je viens de rappeler. Voici la méthode que j'ai employée : » Du zinc-éthyle (CsH5)!Zn et de l'iodure d'allyle G3H6I ont été mêlés dans la proportion de i molécule du premier corps et de i molécules du second, et ce mélange a été introduit dans des tubes qu'on a scellés et où il ne doit occuper qu'un petit volume. En chauffant les tubes au baiu-marie, on voit une réaction très-énergique se manifester : des gaz se dégagent, s'accumu- lent dans le tube et les parois de celui-ci se recouvrent d'une masse cristal- line d'iodure de zinc. Après le refroidissement, on entoure les tubesde glace et on en ouvre, la pointe à l'aide d'un trait de chalumeau. Une quantité no- table degaz se dégage avec sifflement et l'iodure de zinc reste imprégné d'un liquide. On sépare la plus grande partie de celui-ci par distillation au bain- marie. Le produit est chauffé pendant quelques jours, dans un tube scellé, a\c( du potassium, qui lui enlève de l'iode provenant de l'iodure d'allyle non décomposé. On le soumet ensuite à la distillation fractionnée et on en retire ainsi trois carbures d'hydrogène, de l'hydrure d'amyle, de l'amylene, de lallyle. Ce dernier, qui bout à 5çf et qui a été découvert par M. Berthelot, est le plus abondant. On le reconnaît aisément à la propriété qu'il possède de former avec le brome un composé solide. On peut le séparer assez faci- lement des deux premiers, dont le point d ébullition est situé plus bas. En effet la partie la plus volatile du liquide obtenu commence à bouillira a5° et si l'on recueille ce qui passe entre cette température et 32°, on obtient prin- cipalement de l'hydrure d'amyle. Entre 32 et 3o,°, on recueille principale- ment de l'amylene, mais cet hydrogène carboné est encore mélangé avec de l'hydrure d'amyle, comme le fait voir l'analyse suivante : €5H'° €»H" 85,7 83,4 i4,3 16,6 Carbone 83,8 Hvdrogène i5 ,i » La densité de vapeur de ce produit a été trouvée égale à 2,4 ; le calcul indique pour l'amylene le chiffre 2, 44- On comprend qu'il est impossible 1 Bulletin de In Société Chimique, Année 1861 ; |). 90. ( 389 ) de séparer par distillation fractionnée l'hydrure d'amyle qui bout à 3o°, de l'amylène qui bout à 35°. On a traité par le brome la portion du mélange qui n'a pas été employée pour l'analyse. Le brome s'est combiné énergi- quement avec l'amylène, et lorsqu'on a soumis le liquide légèrement coloré en rouge à là distillation, l'hydrure d'amyle non attaqué a passé à une basse température et le bromure d'amyle vers 175°. » Il est facile de se rendre compte de la formation de ces divers hydro- gènes carbonés. » L'amylène se forme par l'addition des éléments de l'éthyle à ceux de l'allyle 10 €!H! -+- C3H5 = G5H Radical Radical Amylène. étbyle. allyle. » L'amylène formé dans cette circonstance serait donc une sorte de ra- dical mixte, éthyle-allyle, analogue à ceux que j'ai fait connaître il y a quelques années. Il ne se forme qu'en petite quantité, et on le conçoit, puisque, parla décomposition du zinc-éfhyle (G2H5)2Zn, ce n'est point le radical simple éthyle G2 H5, tel qu'il existe dans l'alcool ou dans le chlorure, G2 H5 qui est mis en liberté, mais bien l'éthyle double ou libre ^iu^ (Iin a kesoi'i "tr ri de se dédoubler pour se combiner à €3H5. Quant à l'hydrure d'amylène, il peut se former en vertu de la réaction suivante : (GsH3)2Zn -t- 2G3H5I = ZnF -+- G5H12 -f- G3H4 + G2H4. Zinc-éthyle. lodnre lodure Hydrure Allylène. Éthylène. d'allyle. de zinc. d'amyle. » On a constaté en effet que le mélange gazeux qui se forme dans cette réaction renferme 21 pour 100 d'un gaz absorbable par le chlorure cui- vreux ammoniacal, ce qui y indique l'existence d'un hydrogène carboné de la série GnH2"-2 et que le résidu renferme plus de 5o pour 100 d'un gaz ab- sorbable par l'acide sulfurique fumant, ce qui y indique l'existence de gaz de la série G"H2". » Mais ce ne sont point là les seuls hydrogènes carbonés auxquels la réaction très-complexe que j'ai étudiée donne naissance. Ce qui reste mé- langé avec l'iodure de zinc après la distillation au bain-marie du produit de cette réaction, renferme des carbures d'hydrogène bouillant à une tem- C. R., 1862, t" Semestre. (T. LIV, N° 6.) 5o ( V) pérature élevée. On les a séparés en ajoutant de l'eau au résidu, chauffant le produit oléagineux avec du sodium en vase clos, et soumettant ensuite le tout à la distillation fractionnée. Le thermomètre s'est élevé au delà de ■200°. Vers 1600, on a recueilli un carbure d'hydrogène qui renfermait C = 85,5; H = 1 3,6 et qui possédait par conséquent à peu de chose près la composition du paramylène ou diamylene (Balard), carbure d'hydrogène formé dans cette circonstance selon l'équation (G2H5)2Zin-2(G;'H5I) = €">H20 + Znl2 » On conçoit d'ailleurs que ces réactions soulèvent des questions d'iso- mérie qu'il serait très-intéressant de pouvoir aborder expérimentalement. €!H3 Ainsi on peut se demander si le composé , éthyle-allyle serait identique G H3 ou isomérique avec le composé ,.»,,,• Malheureusement des expériences sur ce sujet seraient difficiles, pour ne pas dire impossibles, puisqu'on ne connaît pas les homologues supérieurs de l'iodure d'allyle. » J'ai essayé de remplacer les iodures parles bromures; mais, avant chauffé du zinc-éthyle pendant plusieurs jours à i 200 avec du bromure d'al- lyle, je n'ai observé aucune réaction. » Le bromure G'fPBr (amylene brome) attaque le zinc-éthyle avec une extrême difficulté. Après avoir chauffé les deux corps pendant quatre-vingt- seize heures de 1 20 à 1 3o°, je n'ai obtenu qu'un dépôt très-peu considérable de bromure de zinc; en ouvrant le tube, j'ai observé un dégagement de gaz et, en soumettant le liquide à la distillation, je n'ai obtenu que quelques gouttes d'un produit bouillant de 60 à 1000. Après rectification sur du po- tassium, le point d'ébullition s'est notablement abaissé et tout a passé au-dessous de 45°. C'était donc probablement de l'amylène régénéré qui a pu se former selon l'équation (Q'Wy Zn + 2{G"W Bv) = 2G5H10+2G2H44- An m2. » J'essaye dans ce moment l'action du bromure G5H°Br sur le soduim- élhyle, qui est attaqué plus facilement dans ces circonstances que le ziric- élhyle. » CHIMIE AGRICOLE. — Noie sur une analyse de paille de /minent . par M. E. Giivjiaih). » Le i5 octobre 1860, j'ai semé six espèces de froment sur un rectangle divisé en six compartiments égaux. Chaque compartiment a reçu 35 grain- ( 39i ) mes de semence. Le sol était homogène sur toute la surface et la fumure était égale sur tous les points. » i° Le blé Galand, ou mieux Géant de Lille, a donné 19 pour 1 ; » i° LebléJacquin 18, 43; » 3° Le blé Ile de Noé 16,86; » 4° Le blé rouge d'Ecosse 22,67; » 5° Le blé Hichling ou blé Saumon 19,56 ; » 6° Le blé Golden-drop 22,85. » Les plus avantageux pour le rendement ont été le blé Golden-drop et le blé rouge d'Ecosse. » J'ai fait l'analyse des pailles de ces six variétés de blé. Je pensais qu'il pouvait y avoir quelque intérêt à connaître si l'assimilation devait être la même, attendu que ces blés avaient été semés le même jour et récoltés à trois jours d'intervalle. a J'ai incinéré 100 grammes de chacune des pailles, et après avoir enlevé la partie charbonneuse des cendres, j'ai dosé la quantité des sels solubles et les résidus insolubles pour chaque variété de froment. Les chiffres que l'on remarque dans le tableau A présentent de grandes variations pour une même quantité de paille. Il aurait peut être mieux valu faire l'analyse de la paille correspondant a 100 de grain, mais je n'ai pas eu cette pensée au moment de la récolte. » J'ai analysé ensuite les cendres des pailles et j'ai dressé le tableau B. La composition des cendres offre moins de différence dans les éléments. On remarquera toutefois que le blé n° 4 contient plus de sels solubles et moins de silice. Il serait plus sujet à verser. Il faut par conséquent le semer dans le sol qui fournirait le plus de silice, ou bien en lui donnant la silice artificiellement par les moyens que j'ai fait connaître dans un Mémoire spécial. » Le problème que je m'étais proposé était de déterminer par l'analyse si des variétés de la même espèce de céréales assimilaient les mêmes prin- cipes eu quantités égales ou inégales. Dans ce dernier cas, la solution du problème présentait un grand intérêt pour avoir le maximum de produits en faisant varier la nature des engrais ou en choisissant le sol le plus con- venable. Ma Note n'est qu'un jalon que j'ai planté, et c'est un appel que je fais aux agriculteurs chimistes. On peut déjà entrevoir que la solution de cette question portera des fruits. Je me propose bien de continuer ces études cette année. 5o.. ( 392 TABLEAU A. Silice Phosphate de chaux Chaux Totaux. . . . BLE N« 1. BLÉ N° 2. BLÉ N° 3. BLE N° 4. BLE N° 5. BLÉ N» 6 Sels sulubles dans l'eau sur ioo grammes de paille. ET er gr er er er 0,88 I ,22 0,78 ',48 0,861 °,94' Résidus insolubles dans l'eau. 2,26 0,22 0,24 >72 3,44°° .o,58oo o , 1 284 4 1,484 2,60 0,44 0,20 3,24 2,840 0,48o o, i5i 3,47i 2,537 0,389 O, 102 3,028 2 , 65 1 o,363 O, 125 3,139 Totaux des sels solublcs et des résidus insolubles dans l'eau. 3,6o 3,3684 4,02 4»95' 3,889 4 , 080 TABLEAU B. -analyse des cendres des six variétés de blé (,v«r 100 de cendres). BLÉ N° 1 . BLÉ N° 2. BLÉ N° 3. BLÉ No 4. BLÉ N° 5. BLÉ No G. 24,445 62,778 6,111 6,666 22,725 64,078 10,804 2,392 ig,4o3 64,676 10,945 5,ooo 29,893 57 ,302 9>695 3,o5o 22, 1 34 65 , 090 10, 000 2,622 23,o64 65, 000 8,897 3,064 Phosphate de chaux. Totaux . . . 100,000 99 '999 100,024 100,000 99,846 ioo, oa5 ( 393 ) PHYSIOLOGIE comparée. — Sur les différents phénomènes physiologiques nommés voix des poissons, ou sur II ' Ichthyopsophose ; par M. le Dr Difossé. (Troisième partie.) « Après avoir démontré, dans la seconde partie de ce Mémoire, que la vibration musculaire est le principe des sons les plus remarquables que font entendre les poissons, je donne, dans les propositions que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à l'Académie, le précis de l'étude des sons qui ré- sultent de la vibration des muscles intrinsèques de la vessie pneumatique. » Première proposition. — Ces sons en général se distinguent de ceux du même ordre par leur pureté, leur longue tenue, et surtout par la variété de leur ton et la singulière mutabilité de leur timbre. » Deuxième proposition. — Les nombreuses observations et expériences dont je résume ici les principaux résultats, ont été faites sur des individus des genres Trigle et Zeus (Cuv. et Val.), et des espèces Rouget camard (Trigla lineata Lin.), Perlon Cuv. [T. hirundo Lin.), Grondin rouge (Cuv. et Val. et T. Cuculus Bl.), Morrude (T. lucerna Brunnich), Cavillone (T. as- pera Viviani), Zeus faber (Cuv.) et Zeus pongis (Cuv.). » Troisième proposition. — Dans les poissons doués de la faculté d'émettre des sons de cet ordre, la vessie pneumatique remplit non-seulement les ionctions qui lui sont dévolues chez les animaux de cette classe, mais en- core elle constitue dans son ensemble un appareil générateur de sons, appa- reil nettement distinct, dont j'ai étudié avec le plus grand soin l'anatomie. » Quatrième proposition. — Les muscles intrinsèques de cet appareil vésico-pneumatique diffèrent des autres muscles du corps, souvent par leur couleur et toujours par la disposition de leurs faisceaux constitutifs. Les nerfs qui les animent leur sont propres, et chez la plupart des poissons dont je m'occupe ici, ces nerfs font partie de la dernière paire de nerfs cérébraux. » Cinquième proposition. — Chez les Trigles dont les noms précèdent, une vivisection compliquée m'a permis de séparer complètement des organes adjacents l'appareil vésico-pneumatique, en conservant intacte la continuité des nerfs des muscles intrinsèques. Dans de pareilles conditions j'ai pu tenir l'appareil tout entier entre mes doigts, et en touchant à la fois presque toute la surface de la vessie, j'ai senti, avec une netteté qui ne laisse aucune place au doute, plusieurs séries de frémissements vibratoires, insensibles à la vue et néanmoins d'une intensité comparativement remarquable, pendant que le sujet mis en expérience bruissait faiblement. Ces faits, qui viennent ( 394 ) .1 l'appui de ceux dont j'ai donné la démonstration expérimentale dans la seconde partie de ce Mémoire (i), et qui réciproquement reçoivent de ces derniers une vérification d'une haute valeur, prouvent péremptoirement que les muscles intrinsèques sont les agents producteurs des vibrations d'où proviennent les sons formés par les poissons des espèces ci-dessus dési- gner*. » Sixième proposition. — Sur un grand nombre d'individus vivants des espèces dont il s'agit ici, j'ai constaté, en leur ouvrant l'abdomen et mettant promptement a nu la surface de la vessie, que cette paroi membraneuse était animée de mouvements assez forts et assez fréquents, pendant que des sons affaiblis, mais encore perceptibles à l'aide d'un stéthoscope, étaient émis par l'appareil vésico-pneumatique. Ces mouvements, facilement visi- bles, d'une tout autre nature et démesurément plus grands que ceux qui constituent les vibrations concomitantes, prouvent que les muscles in- trinsèques, en se contractant pendant qu'ils vibrent, peuvent changer la forme de la vessie, tendre ou relâcher alternativement telle ou telle partie des parois de cet organe, de ce flexible instrument de renforcement, et ap- porter, par ces changements, des modifications dans l'intensité, le timbre, et peut-être dans d'autres qualités de ces sons. h Septième proposition. — L'intensité des sons produits dans l'atmosphère par les grosTrigles, les Perlons pesant i kilogrammes, par exemple est telle, que, d'après mes observations comparatives, on peut les percevoir jusqu'à la distance de 6m25. i Huitième proposition. — J'ai cherché l'unisson de tous les sons soute- nus que j'ai entendu former par cinq ou six cents Acanthoptérygiens des peines et espèces dont il est ici question, et j'ai reconnu que ces sons étaient compris inclusivement entre le si2 et le re5. « Neuvième proposition. — Les plus favorisés de ces poissons sous le rap- port du nombre et des sons soutenus qu'ils pouvaient produire, en ont émis qui différaient entre eux de près d'une octave. » Dixième proposition. — Quant à leur durée, ces sons peuvent être instantanés ou se prolonger pendant plusieurs minutes. J'en ai entendu quelques-uns qui ont été soutenus, avec une égale intensité, durant sept ou huit minutes. » Onzième proposition. — Le timbre des sons que je décris est différent (i) Voir le Mémoire, dont le Compte rendu de la séance de l'Académie du 6 décembre i858 ne donne que les conclusions. ( 395 ) non-seulement suivant les genres, les espèces et les individus, niais encore il varie très-souvent suivant chaque son produit, et ce qu'il y a de plus singu- lier, il varie aussi fréquemment et subitement pendant la durée de la même émission sonore. Les changements subits, si rares dans la phonation et la psophose des autres animaux, sont si communs dans les sons reconnaissant pour cause la vibration des muscles des poissons, qu'ils impriment à ces effets de sonorité un cachet tout particulier et les rendent vraiment dignes de l'attention des physiologistes, des physiciens et des musiciens. Aussi ai-je fait de cette mutabilité de timbre le caractère distinctif et fondamental des sons rangés dans la division principale de la seconde section (i). » Douzième proposition. — Les Trigles de l'espèce Morrude remportent sur leurs congénères par presque toutes les qualités des phénomènes acous- tiques qu'ils peuvent produire : ils ont à leur disposition un bien plus grand nombre de sons complètement dissemblables ; ils soutiennent mieux les sons simples; ils modulent mieux les sons composés ; ils rendent plus distincte- ment de plus longues successions de sons différents de ton et de timbre; enfin il y a moins de dissonances dans l'ensemble des vibrations sonores qu'ils forment; mais tous ces sons le cèdent en intensité à ceux qu'émettent ordinairement les Perlons et les Rougets carnards. » Pour compléter les deux premières parties de ce Mémoire, je dois ajouter : » Treizième proposition. — Le bruit que font entendre les Plectognathes de l'espèce Tetraodon moin (Lin.) est dû àl'attrition des productions ébur- nées qui leur tiennent lieu de dents maxillaires. » Quatorzième proposition. — Voici la liste des espèces de poissons qui, d'après les récentes découvertes que j'ai faites, doivent être mis au nombre des poissons bruyants ou des pisces vocales des anciens auteurs : Trachttrus (l° Subdivision Val.); Peristidion cataphrac tus (Lac); Hippocampus brevi- roslris (Cuv.); Cyprinus dohula (Lin.); Vmbrina cyrrhosa (Cuv. Val.); Sparus macrophthalmus ( RI. ). » Ce Mémoire est renvoyé à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Valenciennes, Coste en remplacement de feu Duméril, et Claude Bernard. ( i ) Voir la classification ou nomenclature de l'Ichthyopsophie que j'ai présentée dans nies précédentes communications. 396 } géométrie. — Considérations générales sur les courbes en espace. — Courbes du quatrième ordre; par M. A. Cayley. » Toute surface du second ordre est une surface monoïde, et on peut prendre pour sommet un point quelconque de la surface. En effet, en con- sidérant un point quelconque de la surface du second ordre, soient x = o, j- = o, z = o, les équations de trois plans quelconques qui passent par ce point ; l'équa- tion de la surface sera satisfaite en y écrivant jc = o, y =. o, z = o; donc cette équation ne contiendra pas de terme en u2. et elle sera ainsi de la forme p uQ-P.= o ou ^=— , P et Q étant des fonctions homogènes en x, j, z, du second ordre et du premier ordre respectivement; c'est-à-dire, la surface sera monoïde, ou, si l'on veut, monoïde quadrique. » Or, par une courbe du quatrième ordre (ou courbe quartique) quel- conque en espace, on peut faire passer une surface du second ordre ou monoïde quadrique. Selon la théorie générale, la surface monoïde est tout au plus du troisième ordre ou monoïde cubique; j'avais tort de supposer que pour la courbe excubo-quartique la surlace monoïde fût nécessaire- ment une monoïde cubique. Il arrive comme suit, savoir : pour la courbe quadriquadrique, en prenant pour sommet un point quelconque de l'espace I on suppose toujours que le sommet de la monoïde n'est pas situé sur la courbe), on aura une monoïde quadrique; mais pour la courbe excubo- quartique, pour que la monoïde soit quadrique, il faut que le sommet soit situé sur la surface du second ordre (il n'y a qu'une seule surface) qui passe par la courbe; cela étant, la monoïde quadrique sera cette surface même du second ordre. Mais en prenant pour sommet un point quel- conque qui n'est point situé sur la surface du second ordre, la monoïde sera nécessairement une surface cubique. (397 ) » Ainsi, pour les courbes quartiques, il suffit de considérer ces courbes comme situées sur une monoïde quadrique; il est cependant assez intéres- sant de les considérer comme situées sur une monoïde cubique. Je suppose donc U = o, » = — 5 ou U== o est un cône quartique et u=— une monoïde cubique avec le même point x = o, y = o, z.== o pour sommet. » Selon la théorie générale, les huit droites Q = o, U = o doivent être comprises parmi les six droites Q = o, P = o. Or, pour cela, il faut que le cône U = o ait des droites multiples; il y a trois cas à considérer : [° Le cône passe par les six droites, et une de ces droites est une droite triple du cône; il y aura, comme cela doit être, 3+i+i+i+i+i=8 droites d'intersection de Q = o, U = o. 2° Le cône passe par les six droites; deux de ces droites étant des droites doubles, il y ,i '2 + 2+1 + 1+1 + 1=8 droites d'intersection. 3° Le cône passe par cinq des six droites; trois de ces cinq droites étant des droites doubles, il y a 2+2 + 2+1+1=8 droites d'intersection. Or, dans le premier et le second cas, le cône U = o passe par les six droites d'intersection des cônes P = o, Q = o; il faut donc que l'on ait identiquement U = PQ' - PQ', P', Q' étant des fonctions homogènes en x, y, z du second ordre et du premier ordre respectivement. Mais en vertu de l'équation U = PQ' - P'Q = o, P P' on a — = — , c'est-à-dire la courbe est située sur la monoïde quadrique P' w = — ;■ La courbe sera quadriquadrique ou excubo-quarlique, selon les circonstances. » Reste à considérer le troisième cas. La monoïde cubique est une sur- face cubique ayant le sommet pour point conique; la théorie des droites sur une telle surface a été examinée par M. Salmon dans son Mémoire : C. R., i86i, Ier Semestre. (T. LIV, N° 6.) 5 I ( 398 ) « On the triple tangent planes of a surface of the third order. » Camt>. (nul Dub. Math. Journ., p. 252-260 (1849). ■" y a-> en effet, les six droites par le point conique, savoir : les droites P = o, Q = o, qui comptent pour douze droites, et de plus quinze droites, 6 x 2 + i5 = 27. Chacune des quinze droites est donnée comme troisième intersection de la surface avec un plan qui passe par deux des six droites. Donc, en nommant 1, 2, 3, I, 5, 6 les six droites, on peut nommer 12 la droite dans le plan mené par les droites 1, 2 ; et de même pour les droites i3, 23, etc. La droite 1 est rencontrée par les droites 2, 3, [\, 6, 6, 12, i3, i/j, i5, 16; la droite 12 par les droites 1, 2; 34, 56; 35, 64; 36, 45; et ainsi pour les autres droites. » Cela étant, je suppose que le cône U = o passe par les droites 2, 3, 4, 5, 6, et que les droites 4> 5, 6 soient droites doubles du cône. Je dis que la courbe sera située sur une surface du second ordre qui passe par les droites 1 2, 1 3 (droites qui ne se coupent pas), savoir : ces deux droites et la courbe seront l'intersection complète de la monoïde cubique et de la surface du se- cond ordre; cela fait voir que la courbe est une courbe excubo-cubique. Et, comme il est auparavant dit, en prenant pour sommet un point quelcon- que de la surface du second ordre, la courbe sera située sur une monoïde quadrique w = — • » Donc, en partant de la monoïde cubique, on trouve toujours que la courbe du quatrième ordre est située sur une monoïde quadrique. » J'établis comme suit l'existence de la surface du second ordre qui p passe par les droites 12, i3. Je remarque en général que l'équation u = - peut s'écrire sous la forme « -H L -±= — — -> où L est une fonction homo- gène linéaire quelconque de x, j~, z ; ou en changeant w, cette équation sera P + LQ c'est-à-dire on peut remplacer le cône P = o par un cône quelconque qui passe par les droites d'intersection des cônes P := o, Q = o. Donc, pour la monoïde cubique, on peut prendre pour P -f- LQ = o un système de trois plans, et en prenant pour équations de ces plans a ■ = o, y = o, z = o, ( 399 ) on peut prendre pour équations de la monoide cubique xyz » = _. Comme les coordonnées x, y, z renferment chacune un multiplicateur indéterminé, on peut écrire Q = x- + y* + z2 -i- 1 lyz -+- 2 mzx -+- 2 nxy, ou, en posant a'=-> j3'=-, y' = -, «, |3, y étant des quantités quel- conques, on peut écrire Q = oc- + y2 + z2 -+- (a + a') jz + (/3 -h |3') âr -+- (y -+- y') xy, ce qui est la forme la plus commode pour mettre en évidence les droites d'intersection xyz = o, Q = o. On peut supposer que les équations de ces droites soient ( i ) x = o. j + k; =o, (2) x = o, ay -+- z = 0, (3) y=o, z +/3x = o, (4) JT=o, ]3z +x=o, (5) z = o, x -+- yj = o, (6) z = o, y.r + y = o. Donc, pour les plans 56, 34, 2^, on aura les équations (56) z=o, (34) y=o, (24) x 4- afiy + j3z = o; et de là l'équation AQ2 + Qz [Bj + C ( x + aj3jr H- /3z)] + Dz2j (x + a|3j + /3 z) = o sera celle d'un cône du quatrième ordre qui passe par les droites 2, 3, 4, 5, 6 et a les droites 4, 5, 6 pour droites doubles; et comme cette équation con- tient les trois quantités arbitraires A;B;G;D, ce sera l'équation la plus gé- nérale qui satisfait aux conditions dont il s'agit : c'est-à-dire cette équation sera celle du cône U = o. » Les équations de la droite 12 sont x = o, o> = o; pour obtenir celle de la droite i3, j'observe que l'équation du point i3 est afix -4- y + az = o, et je forme l'équation identique Q=(a/3.r-l-jr-t-az)[(y+y'— a/3)x+/-+-a'z]+/3'(i — oc/3y)(i — a/3/).r(z + j3.r), laquelle se vérifie sans peine. Donc, en écrivant a.fjx -\- y -+- az = o ou y = — a (z ••+- /3>r), 5i.. ( 4oo ) l'équation u = ^ devient — a^(z-4-px)z — aJJ z ~ f(I_ap./)(i-ap7')x(z+ px) ~ (I — ap7)(l-aÔ7'i' ou, ce qui est la même chose, u (i — a/37) (1 — a/S/) -t- a/3z = o, laquelle et l'équation a/3 a- -h y -+- az = o sont les deux équations de la droite i3. » Cela étant, A.r-Hlw) (a/3a + r + az) + (Cr + Dco)[a/3z+ (1 - «$?){* - «fr/) a] = o sera l'équation d'une surface du second ordre qui passe par les deux droites iî, i3 ; et, en éliminant w au moyeu de l'équation xyz on obtient l'équation du cône du quatrième ordre. En effet, en substituant cette valeur de m, on obtient une équation du sixième ordre, laquelle, divisée par {afjx + y + az), devient AQ> 4- ByzQ + (CQ + Dr>)g»PQ + C-^)('-^^ = „j or = (v ■+■ 7 — «i3) ■* + r ■+- .a z ap.'--(-7 + az w ' r/ apx-J-/-t-az Donc la partie fractionnelle est g (1 — stBy) ( i — afry') j (z 4- p.r)-t-(i — «foQ (' — «fo')-*»' aBx -f-J -h az c'est-à-dire (. - */37) (. - a/3/) f^V/l+«> = (* " "^ (' " a^) ■''• et l'équation devient . T a/3 ( y -»- ■/ — a/3 ) x + a/3 r -1- /3 z"l AQ* + Br*Q + CQ + Djz z , J.t p ,, J L+(i - a/3y)(i - a/3/).r J ou enfin AQ2 + B jzQ 4- (CQ + D yz) z(.r -+- a[6y + /3 z) = o, ce qui est en effet l'équation ci-dessus trouvée pour le cône U = o. » ( 4oi ) A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. É. 1). B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 17 février 1862 les ouvrages dont voici les titres : Neuvième Centurie de Plantes cellulaires nouvelles tant indigènes qu'exotiques; pat Cam. Montagne, D. M.; décades 1 et II. Paris, 1861 ; br. in-8°. Florula Gorqonea seu Enumeratio plantarum cellularium quas in pvomonta- lio Viridi insulisque adjacentibus a diversis botanicis et imprimis Cl. Balle, be- rolinensi, hucusque collectas, recoçjnovit descripsitque C. MONTAGNE. (Extrait des annales des Sciences naturelles, 4e série, t. XIV, cahier n° 4-) Paris, 1861; in-8°. Traité général des applications de l'électricité; par M. Gloeseneh. T. 1er. Pariset Liège, 1861 ; in-8°. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Despretz.) Les doses infinitésimales devant la découverte de Bunsen; pat le Dr Ch. Ozanam. Paris, 1862; in-8°. Recherches sur le système du monde; par M. Em. llOGER. Paris, 1862, in -4°. De l'ancienneté de l'espèce humaine; }>arM. J. DELANOUE. (Lettre à M. le Ministre de l'Instruction publique.) Valenciennes, 1862; in-8°. Expériences sur les malades des hôpitaux, instituées par l'Académie de Mé- decine ; Mémoire adressé à MM. les Administrateurs des hôpitaux ; par le Dc GaLLAVardin. Lyon et Paris, 1862; in-8°. Catalogue des Brevets d'invention ; année i86r;n° 9. Paris, 1862; in- S" ( 4<>2 ; Bulletin de la Société des Sciences naturelles de Neuchâtel. T. V, '3e cahier. Neuchâtel, 1861; in-8". Annales de la Société de Médecine de Saint-Etienne et de la Loireiou Mémoire sur la valeur des principales denrées et marchandises qui se ven- daient ou se consommaient en la ville d'Orléans, au 1 ours des XIVe, XVe, XVIe, XVIIe et xvme siècles; par M. P. Mantellier. Orléans, 1862; in-8°. (Pré- senté par M. Becquerel et envoyé, sur sa demande, au concours pour le prix de Statistique.) Note sur la présence du genre Pliorus dans le dévonien supérieur du Bou- lonnais ; par M. E.-E. DesloN'GCHAMPS. (Extrait du VIe volume du Bulletin île la Société Linnéenne de Normandie.) Caen, 1862; in-8°. Sur le Gorille; par le professeur Ovven. (Extrait des Annals and Maga- zme of natural Historj, 3e série, n° XIII (novembre 1859), p. 377); traduit par M. E.-E. Deslongchamps. (Extrait du VIe volume du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie.) Caen, 1861 ; in-8°. The taconic... Roches des systèmes laconique et silurien inférieur du Vermont et du Canada ; par J . Marcou. Boston, 1862; br. in-8°. The distinguishing... Trait distinclif des comètes considérées comme plias es d'une décharge électrique résultant de l'excentricité de l'orbite; par B.-V. Marsh. In-8°. Nachrichten... Nouvelles scientifiques de l'Université de Gœttingue ; n° [\. Register... Table des Nouvelles scientifiques de l'Université de Gœttingue pour l'année 1861. Natuurkundig. . . Journal d'histoire naturelle des Indes néerlandaises publié par la Société royale d'Histoire naturelle, sous la direction de M. BLEEKER pour les vol. XX et XXI, et de M. Smit pour les vol. XXII et XXIII. Batavia, 1859-18O1 ; vol. in-8°. Flora batava... Description des plantes néerlandaises ; par J. K.OPS et GEVERS, Deijnoot; livr. 1 85 ; in- 4°. Carl-Fried. Gauss. . . OEuvres de C.-F. Gauss , publiées par la Société royale des Sciences de Gœltintjue. (Prospectus, 1 feuille in-8°.) Les souscriptions seront reçues au secrétariat de la Société des Sciences de Gœttini;ue. i 4o3 ) L'Italia... L'Italie méridionale ou l'ancien royaume des Deux-Siciles : sa description géographique, historique et administrative; par Gins. DE Luca Naples, 1860; in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Montagne*.) ERRATA. 'Séance du 10 février 1862. Page ?.S(i, ligne 2, au lieu de galvanoplastique, lisez galvanocaustique. Page 3M6, ligne 3, au Heu de Dora, de Lucce. lisez Dom. de Luca. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 24 FÉVRIER 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle vient de faire dans la personne d'nn de ses Correspondants pour la Section de Médecine et de Chirurgie, M. Brelonneau, décédé le 18 février, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Celte nouvelle est transmise par M. Mahiet de la Chesneraye, neveu du célèbre médecin. CHIMIE AGRICOLE. — Remarques de M. Chevreul à l'occasion du Rapport sur le Mémoire de M. A. Le Play, concernant l'origine de la chaux qui se trouve dans les plantes cultivées sur certains sols. M. Chevreul a demandé à l'Académie que les lignes qui se trouvent dans le dernier numéro des Comptes rendus, à la suite du Rapport de M. Dumas sur un Mémoire de M. Le Play, soient remplacées par les suivantes : « M. Chevreul, à la suite de ce Rapport, rappelle que feu Leclerc Thouin présenta une Note à lWcadémie des Sciences (r) dans laquelle cet agronome signalait des terres de la vallée de la Loire comme des plus fertiles de la France, qui, disait-il, ne renferment que du sable, presque pas d'alumine et des traces presque insensibles de chaux; il donnait ce résultat comme contraire à l'opinion des chimistes. (i) Tome IV, p. 756, des Comptes rendus de l'année 1837. C. K-, C8G2, i« Semestre. (T. LIV, N° 7.) 5a ( 4o6 ) >• En plusieurs circonstances, notamment à la Société d'Agriculture. M. Chevreul a expliqué l'origine de la chaux par les eaux calcaires qui, tics coteaux des borrls de la Loire, arrivent dans les terrains sableux dont parle M. Leclerc. Cette explication ressort de ses propres expériences. Dans une prochaine séance il donnera plus de détails sur un sujet qui n'est pas sans importance à ses veux. >. mécanique appliquée. — Formules théoriques du mouvement de Pair dans les tuyaux de conduite ; parM. le général A. Mori.n. « Dans un travail sur les machines à vapeur cpie j'ai eu l'honneur de présenter a l'Académie en octobre iS^, j'avais, entre autres questions, traité celle du mouvement de la vapeur, depuis sa sortie de la chaudière jusqu'à son entrée dans le cylindre. L'application du principe des forces vives, et des règles admises pour estimer l'influence des diverses circon- stances que présente cette circulation du fluide, à une machine à vapeur établie aux ateliers des Messageries royales, m'avait alors montré que les résultats de l'expérience étaient aussi conformes à ceux de la théorie que l'on peut s'en flatter dans de semblables recherches. » Appelé depuis quelque temps à m'occuper des questions qui se ratta- chent au mouvement des fluides élastiques et en particulier à la circulation de l'air dans les appareils de ventilation, j'ai pensé que, s'il était indispen- sable de consulter l'expérience, il fallait aussi demander à la science des règles qui pussent guider dans les applications pour l'établissement des appareils. J'ai été ainsi conduit à chercher les moyens d'établir des for- mules relatives au mouvement de l'air, en y appliquant toujours le principe des forces vives ou de la transmission du travail, conformément aux règles indiquées par Borda, et développées par M. Poncelet dans ses leçons ,'< l'École de Metz. » Dans le travail dont je me propose seulement de donner à l'Académie une analyse aussi succincte que possible, je commence par établir l'équa- tion de la transmission du travail, en tenant compte de toutes les pertes de force vive qui peuvent se produire dans des conduites d'air et du travail consommé par les résistances passives. » Cette question a aussi été traitée, en partie du moins, par un physicien distingué, dont la science regrette la perte encore récente; mais, outre qu'il n'en a pas complété la solution, il a commis, dans l'étude de la partie méca- nique de la question, des erreurs qu'il importait de rectifier. « Dans le mouvement de l'air à traveis les conduits des appareils de ( 4o7 ) chauffage et de ventilation, où l'on n'a pas recours à des machines, le tra- vail moteur n'est dû qu'à la différence des pressions, des densités ou des températures, et, après en avoir trouvé l'expression, il faut égaler ce travail à celui qui correspond à toutes les pertes de force vive qui peuvent se produire, augmenté du travail consommé par la résistance des parois. » Les pertes de force vive sont ou peuvent être fort nombreuses, mais l'on a des règles pour les apprécier. Il me suffira de les énumérer. Il s'en produit : » i° A l'entrée des conduits par suite delà contraction qui y a lieu, et que l'on ne s'attache presque jamais à éviter. Son expression est, comme on le sait, de la forme M (!-,)>, M étant la masse d'air écoulée en i seconde, U la vitesse moyenne dans le conduit, ni le coefficient de contraction à l'entrée (*). » 20 A la sortie de la cheminée ou du conduit, l'air s'échappe en pos- sédant une force vive qui n'est pas utilisée, et qui est d'autant plus grande que l'orifice est plus rétréci. » 3° Quand l'orifice d'entrée de l'air dans le conduit a une section nota- blement plus petite que celle de ce conduit, la perte de force vive, après le passage par cet orifice, peut être très-grande. Cela arrive surtout quand l'air doit traverser des grilles chargées de combustible. » 4° Chaque coude produit aussi une perte de force vive, et, quand il y en a plusieurs, leur effet peut être fort sensible. » 5° La rencontre de deux courants détermine souvent un effet ana- logue. » 6° Tout élargissement d'uneconduite a encore une influence du même genre. » 70 Quant à la résistance des parois, l'on sait exprimer le travail qu'elle consomme; mais jusqu'ici le coefficient constant qui entre dans cette ex- pression n'a été déterminé que par la discussion des expériences de Girard (*) C'est ici le lieu de faire remarquer que la formule donnée par M. Péclet dans sa '5' édition, page 1 14, suppose que cette perte de force vive serait exprimée par M • — VJ , ce qui conduit à une erreur grave, qui se trouve reproduite dans la plupart de ses autres for- mules . 12.. ( 4o8 ) et (le d'Aubuisson, faites sur des conduites en tôle à surface polie, et l'on a admis pour ce coefficient la valeur /3 = o,oo3i. » Les expériences de feu M. Darcy sur le mouvement de l'eau dans les tuyaux de conduite ayant montré que la présence des moindres dépôts, sus- ceptibles de diminuer le poli des surfaces, pouvant tripler la valeur du coefficient analogue relatif à l'eau, il est naturel de penser que l'état rugueux des conduits en maçonnerie que parcourt l'air dans les appareils dont il est ici question, doit avoir une influence analogue. C'est, du reste, ce que montrent aussi les expériences de feu M. Péclet. « En tenant compte de toutes les circonstances du mouvement de l'air, on trouve, pour l'expression du volume d'air, à la température de la che- minée, qui s'écoule en une seconde par une conduite ou par une cheminée, sous la seule action motrice de la différence des densités, une formule de la forme Q==AU » En cherchant à apprécier l'influence des différents termes qui entrent dans cette expression, on reconnaît d'abord, ainsi que cela était évident à priori, que le volume d'air Q, à la température de la cheminée, qui peut (*) Dans cette formule, on désigne par Q le volume d'air écoulé en i seconde, en mètres cubes; A la section moyenne de la cheminée; U la vitesse moyenne dans celte section ; D et T la densité et la température de l'air extérieur; ri et t la densité et la température de l'air dans la cheminée; a = o,oo3f>05 le coefficient de dilatation de l'air; m le coefficient de contraction à l'entrée de la cheminée; A, et m, l'aire et le coefficient de contraction relatifs à l'orifice de sortie; A' et m' l'aire et le coefficient de construction relatifs à un orifice d'entrée différent de la section de la cheminée; m" = o,65 un coefficient de contraction relatif à un coude; 0 l'aire d'une section de passage plus grande que celle de la cheminée ; S et L le périmètre et la longueur du conduit de section A ; p le coefficient du frottement de l'air contre les parois. Plusieurs des termes de cette formule peuvent être répétés plusieurs lois, d'autres peu- vent n'y pas exister, selon les dispositions des conduits. ( 4oq ) passer par la conduite, est à très-peu près directement proportionnel à sa section transversale, et, comme on peut presque toujours disposer de cette section, on voit qu'il en résulte une grande facilité pour obtenir les résul- tats qu'on désire. » Quant au numérateur de la fraction qui est sous le radical, il montre (pie la vitesse dans la conduite ne croît que proportionnellement à sa racine carrée, et par conséquent d'autant moins rapidement qu'il est plus grand. » Ce numérateur ayant pour valeur d\ (f-T)H on voit d'abord qu'il croît : i° proportionnellement à la racine carrée de la hauteur de la cheminée ou de l'orifice d'évacuation au-dessus de l'ori- fice d'entrée, ce que l'on savait déjà; i° proportionnellement au facteur i f -j et que, la hauteur H de la cheminée étant une fois déterminée, si i +aT * l'on veut rendre la vitesse de l'air à peu près constante, il faudra que ce facteur ait la même valeur quelle que soit la température extérieure T. » Dans les applications à la ventilation, où les températures de l'air extérieur sont le plus souvent assez peu élevées pour que le terme i -f- aT diffère peu de l'unité (*), on voit qu'on parviendrait à avoir toujours la même vitesse, et par suite le même volume d'air évacué à la température de la cheminée, si l'excès de la température dans la cheminée sur la tem- pérature de l'air extérieur était constant. » De là résulte cette règle pratique, fort simple, mais qui n'est vraie que dans certaines limites : « Pour obtenir dans un système de ventilation par » appel, donné et établi, le débit d'un même volume d'air, quelles que » soient les variations de la température extérieure, il faut, et cela suffit, » régler la marche des appareils de chauffage de l'air appelé, de manière » que l'excès de la température de l'air dans la cheminée sur la tempéra- » ture de l'air extérieur soit toujours le même. » (*) Il y a lieu de signaler encore une faute assez grave dans la formule de M. Péclet. Ce physicien, dans ^sa 3e édition, vol. II, p. 37, introduit au numérateur le facteur t _ T t T au lieu de — » ce qui, dans les applications à des cheminées où l'air serait forte- 1 -t- at 14-tfT ' " ment échauffé, peut conduire à des erreurs importantes. ( 4io ) » Cette règle est d'accord avec de nombreuses expériences. » Quant au dénominateur, dont tous les termes sont positifs, il peut. selon les dispositions des conduits, acquérir une valeur assez considérable pour réduire beaucoup la vitesse d'écoulement. .» En y introduisant des valeurs numériques, et en v supposant entre les sections de passage des rapports que l'on rencontre fréquemment dans la pratique, je fais voir que, dans des circonstances assez ordinaires, la vi- tesse d'écoulement peut être réduite au quart de la valeur qu'elle aurait si l'on pouvait supprimer les diverses causes de perte, et que souvent elle peut n'eu atteindre que le dixième. » .Te viens de dire que la règle pratique que j'énonçais n'était vraie qu'entre certaines limites; et, en effet, le volume d'air évacué par la che- minée auquel elle s'applique n'est pas en réalité celui qu'il importe de rendre régulier dans les appareils de ventilation. Ce volume est celui de l'air chaud qui sort par la cheminée, tandis que le volume d'air qui assure la ventilation des locaux habités et leur salubrité est celui de l'air extérieur qui y est introduit ou de l'air vicié qui en est extrait. » Or il est facile de voir que ce dernier volume, qui est à une tempéra- ture T inférieure à la température t de la cheminée, est moindre que le • i i i -+■ ci T i , . . , , premier clans le rapport de ; clou il resuite que son expression est Q' = et qu'elle est susceptible d'un maximum qui correspond à la valeur ,_ i + îaT t — 1 a et qui est Q^ÉV7?' h représentant le radical qui forme le dénominateur de l'expression pré- cédente du volume d'air Q, évalué à la température /. o Cette température du maximum d'effet d'une cheminée présente cela de remarquable, que sa valeur est absolue et complètement indépendante le la disposition et des proportions des appareils : si l'air extérieur est j ( 4n ) la température de T= o°, elle est de 2720; s'il est à la température de T= io°, elle est t = 2820: et ces valeurs sont à très-peu près d'accord avec la température moyenne qui s'établit dans ies cheminées de machines à vapeur bien construites. » Influence de la section de la cheminée sur l'économie du combustible — La grandeur de la section transversale de la cheminée principale d'éva- cuation a non-seulement une influence favorable à l'accroissement de la vitesse d'évacuation, mais elle en a une bien plus directe et prépondé- rante sur le volume d'air écoulé, et sous ce rapport elle a une importance notable au point de vue de l'économie. » En effet, le volume d'air évacué des salies à ventiler ne croissant que i f proportionnellement à la racine carrée du facteur — ^ au lieu qu'il aug- mente proportionnellement à la section moyenne transversale de la che- minée, il est facile de voir que, tandis qu'un accroissement de la tempéra- ture de t= 200 à t = 8o° n'augmente le volume d'air appelé à io'J que dans le rapport de 1 à 2,19, on obtiendrait à très-peu près le même ac- croissement en doublant la section de la cheminée. Or cette dernière aug- mentation ne serait qu'une dépense de construction une fois faite, tandis que l'accroissement de température de l'air pris à io° et porté de ( = 200 à t = 8o°. ferait croître la dépense du combustible dans le rapport de 1 o à 70°, l'effet de ventilation obtenu n'augmentant que dans ceiui de 1,00 à 2,19. » Il y a donc tout avantage à employer de grandes sections de chemi- nées et des températures modérées pour obtenir économiquement des effets de ventilation par appel. » Toutefois il ne faut pas perdre de vue que la stabilité de la ventilation exige que dans les cheminées générales d'évacuation la vitesse ne soit pas inférieure à 2m,oo ou 2m,5o. » Application des formules théoriques à différents cas, et comparaison de leurs résultats à ceux de l'observation. — Après l'exposition des règles aux- quelles conduit la théorie, passant à l'application des considérations géné- rales à plusieurs cas particuliers, j'examine d'abord celui d'une cheminée droite dans les conditions ordinaires, et je parviens directement pour ce cas simple à la formule suivante : 0,9544 y j , DH(f- T) U = o,q5/i4 \/T y— ^, L -t- ib,i 1 D pour déterminer la vitesse moyenne dans le conduit vertical d'une chemi- ( 412 ) née en fonction de ses dimensions et de la différence des températures inté- rieure et extérieure. » Or, en cherchant à modifier, par la discussion d'un assez grand nom- bre d'observations, une formule donnée par M. Péclet, dans la ire édi- tion de son Traité de la Chaleur, et dont ce physicien avait depuis reconnu l'inexactitude (3e édition, vol. Ier, page 200), un praticien habile, M. Guérin, ingénieur de la maison L. Duvoir-Leblanc, était parvenu à la règle suivante : qui est, pour ainsi dire, identiquement celle à laquelle conduit le principe des forces vives. » Comparaison des divers dispositifs employés pour produire l'appel de l'air vicié. — Parmi les différents moyens de déterminer le mouvement de l'air dans les cheminées d'appel, il en est deux qui ont été appliqués dans plu- sieurs grands établissements sanitaires ou autres. n Dans l'un, le foyer de chaleur qui active l'appel est placé dans la partie supérieure des bâtiments : il a reçu avec plus ou moins de justesse le nom d'appel par en liant. » Dans l'autre, au contraire, ce foyer de chaleur est établi dans les caves du bâtiment, et tout l'air vicié à extraire y est amené par des conduits des- cendants : on peut le désigner sous le nom d'appel par en bas. » Entre ces deux dispositions extrêmes, il en est une troisième qu'il convenait d'étudier, et qui consiste à produire réchauffement de l'air vicié à hauteur même des locaux d'où l'on veut l'extraire, et que, par imitation des locutions usitées que nous venons de rappeler, on pourrait désigner sous le nom d'appel à niveau. Ce système a été employé à l'Ecole Poly- technique, et vient de l'être récemment aux bâtiments d'administration du chemin de fer du Nord. » En appliquant à ces trois systèmes les considérations que nous avons îappelées, et en les supposant, du reste, également proportionnés sous tous les autres rapports, nous avons pu calculer les valeurs de la vitesse d'évacua- tion de l'air pour les différents étages d'un même bâtiment; et, d'après les données que nous avons admises pour les trois cas, nous avons pu former le tableau comparatif suivant, qui permet d'apprécier les effets de ces trois s\ stemes. Zji3 DÉSIGNATION des ÉTAGES. VITESSE D'ÉVACUATION DE L'AIR DANS LE SYSTÈME D'APPEL Par en bas. A niveau. Par en haut. m 2,5g3 2,5o8 2,43l 2,684 2,45o 2,119 m 2,25l 2,l44 •'994 » Ce tableau montre que des trois systèmes d'appel que l'on vient d'in- diquer, dans des hypothèses et avec des données numériques identiques très-voisines des circonstances qui peuvent se présenter dans la pratique, celui où réchauffement de l'air appelé se ferait au niveau de chaque étage ferait, pour une même dépense de chaleur, acquérir à l'air une vitesse un peu plus grande pour le rez-de-chaussée, à peu près la même pour le pre- mier étage, et un peu inférieure pour le deuxième étage, à celles que pro- duirait l'appel par en bas. » Quant au système d'appel par en haut ou par un appareil de chauffage placé au-dessus des éîages à ventiler, il ne déterminerait, comme on devait d'ailleurs s'y attendre, que des vitesses un peu inférieures, dans tous les cas, à celles que produiraient les deux autres systèmes. » Le mode d'appel déterminé par des appareils de chauffage placés au niveau du sol des étages à ventiler paraît donc être le plus avantageux des trois systèmes que nous avons comparés; sa supériorité et celle de l'appel par en bas sur le système de l'appel par en haut tiennent uniquement d'ail- leurs à ce que, dans les deux premiers systèmes, la hauteur des cheminées d'évacuation permet de mieux profiter de la légèreté spécifique que la cha- leur a communiquée à l'air; mais il ne faut pas oublier que, les parois de la cheminée refroidissant l'air qui la parcourt, la vitesse pourrait être diminuée par cette cause, et l'avantage de ces dispositifs un peu atténué. » Quoi qu'il en soit, il me paraît résulter de cette discussion qu'il y a lieu de préférer le système d'appel par des appareils de chauffage placés au ni- veau du sol de chaque étage aux deux autres systèmes : son installation ne présente pas de difficultés ni de sujétions de construction, et, d'après l'exa- men des projets mis à exécution pour les bâtiments d'administration du chemin de fer du Nord, d parait être à la fois plus économique quant aux Irais de premier établissement et quant à la dépense journalière; la grande C. F.., 1862, Ier Semestre. (T. L1V, N°7.) 53 (4i4 ) hauteur des cheminées de circulation de l'air doit aussi lui donner beau- coup de stabilité dans les effets. » Introduction de l'air extérieur par les appareils de chauffage. — En exami- nant ensuite, au point de vue théorique, les conditions de l'introduction de l'air par des appareils de chauffage à l'eau chaude dans les salles de l'hô- pital Lariboisière, et en faisant entrer dans les formules auxquelles on par- vient les données de l'observation, on obtient les résultats suivants : » Les températures de l'air chaud fourni par les poêles étant respective- ment égales à 32°, 26°, 22°, 21°, les valeurs de la vitesse d'introduction de l'air dans la salle ont été trouvées, Par les formules, égales J im>29> 1,n>21! '"S '8, im,i7 en 1 seconde, Par l'expérience, égales à im>i4» inS°4> ,m>l3, i'n,i5 » » Si l'on fait la part des incertitudes qui peuvent exister sur les dimensions, et surtout celle des obstacles parfois inévitables, tels que les simples toiles d'araignées qui se trouvent trop souvent dans les conduits et dans les tuyaux des poêles, on admettra sans doute que l'accord de la formule avec l'observation est au moins assez satisfaisant pour qu'en se donnant une cer- taine latitude, cette formule puisse, pour des cas analogues, être prise pour règle approximative de l'établissement et des proportions des appareils. » La formule qui s'applique au cas dont nous venons de parler met en évidence cette circonstance remarquable que la température, très-modérée du reste, de l'air qui traverse les poêles, a sur la valeur de la vitesse de cet air, pendant la saison du chauffage, beaucoup moins d'influence que celle de l'air même de la salle parvenue à sa valeur normale. C'est la conséquence de la faible hauteur que l'on donne aux poêles. » Ce résultat montre combien il serait nécessaire de donnera ces poêles une hauteur aussi considérable que possible. » Quant à l'introduction de l'air en été, la même formule met en évi- dence l'insuffisance des orifices offerts par les poêles, et je rappelle dans mon Mémoire les moyens faciles d'y remédier, que j'avais déjà indiqués dans d'autres occasions. » yJppticalion aux appareils de ventilation par appel de t hôpital Lariboisière. — Le travail que je présente à l'Académie contient aussi une application complète des principes exposés aux effets de ventilation qui se produisent dans les pavillons de l'hôpital Lariboisière, ventilés par appel. » On sait cpie chacun île ces pavillons a trois étages composés d'une salle contenant trente-deux lits et d'une petite chambre à deux lits. L'air vicié ( 4'5 ) est extrait des salles, à chaque étage, par dix-neuf cheminées d'évacuation qui se réunissent, dans les combles, à la base d'une cheminée générale d'é- vacuation dans laquelle est un récipient d'eau chaude destiné à activer et à régulariser l'appel. » En tenant compte de toutes les circonstances du mouvement de l'air dans ces circulations complexes, on parvient à calculer la vitesse moyenne d'évacuation dans la cheminée générale. » En conservant les notations précédentes, et appelant de plus : h°, It, h" les hauteurs des différents étages, H0, H<, H2 les hauteurs de l'extrémité de la cheminée d'évacuation au- dessus du plancher de chaque étage, h, la hauteur de la cheminée commune au-dessus du sol du grenier, et en tenant compte des diverses proportions du système, on trouve, pour la vitesse moyenne dans la cheminée générale d'évacuation, la formule I \: = V 19,62 ;D-rf')(H0+H, + H;) [d1 — 3d' + d, q d, o.794 ^ +7.o49 + %f(*0+*'+*")Xo4'7(5lj -t-^-Lxo^i, (^ 2SS {d. 2SS » En introduisant dans la formule les données d'observation de cinq expériences faites, les deux premières dans la saison d'hiver, par des tem- pératures extérieures de — 5° et de — 20, et les trois dernières dans la sai- son d'été, par une température extérieure + i8°3, puis comparant les résultats du calcul à ceux des expériences directes, l'on est parvenu aux résultats suivants : TEMPÉRATURES DE L'AIR VITESSES D'ÉVACUATION dans DATES. LA CHEMINÉE GÉNÉRALE. Extérieur. Des salles. De la cheminée générale d'évacuation. D'après la formule. D'après l'expérience. 1 1 Janvier 1861 — 5,0 0 l5,0 '9.° m . ,465 m .,390 — 2,0 i5,o 18,0 i,334 l,24o 1 21,5 22 ,0 1 38,i °.949 0,950 3î Août 1861 .'.... ,8,3 41 >2 i ,o5'i o,g4° 22,0 4°, 9 1 ,o4i 1,070 53. I4i6) » L'examen de ces résultats montre que, même pour le cas si complexe dont il est ici question, le principe des forces vives ou du travail conduit à une formule qui s'accorde avec l'expérience, autant qu'on peut le désirer pour de semblables applications. » Cette comparaison montre aussi quelle énorme influence exercent sur les effets que produiraient naturellement les différences de température, les pertes de force vive et la résistance des parois. Ces deux causes réunies réduisent la vitesse, dans la cheminée d'évacuation, à o,33 environ de ce qu'elle serait si l'on avait pu les éviter : ce qui met en évidence l'utilité de toutes les dispositions propres à atténuer ces effets, que l'on ne peut d'ail- leurs se flatter de faire disparaîire complètement. » Enfin, l'application dont nous venons de rapporter les résultats, fait voir que, dans le dénominateur de la fraction placée sous le radical de l'expression de la vitesse, le terme qui dépend des pertes de force vive entre pour les 0,864 de sa valeur, et celui qui provient de la résistance des parois pour les 0,1 36 seulement; ce qui montre toute l'importance qu'il y a à éviter les circulations compliquées. » Ajiplicalions à la discussion d'expériences faites au Conservatoire des Arts et Métiers. — Outre les applications des formules théoriques à des dispo- sitifs de circulation d'air en service courant, nous en avons fait d'autres à la discussion des résultats d'expériences directes que nous avons exécutées, M. Tresca et moi, à l'occasion de recberches relatives aux cheminées de machines à vapeur. » Ces expériences, que nous nous proposons de continuer incessamment, ont été faites dans trois conditions différentes : » i° Sur une cheminée en zinc de om,24 de diamètre et de 11 mètres de hauteur, complètement ouverte à ses deux extrémités, et au bas de la- quelle on a allumé successivement un, deux, trois et quatre becs de gaz; a i° Sur la même cheminée, surmontée d'un ajutage conique allongé, dont on a fait varier l'orifice supérieur en le raccourcissant et en lui don- nant successivement les diamètres de ora, 10, o'",i4, om,i8 et o,n,2i; » 3° Sur une cheminée cylindrique, de om,25 de diamètre, surmontant un chapeau très-coniqne placé au-dessus d'un lustre de trente-quatre becs, et terminée par un ajutage conique dont les arêtes étaient inclinées à 45° sur l'axe, et qui a eu successivement des diamètres égaux à om,2io, ora,20o, o'u,i8o, om,i58, om,i8a, o"\n5, ora,o8o. » Dans toutes ces expériences, l'on a observé la température extérieure et intérieure, les vitesses de l'air dans le tuyau ou à son extrémité supé- Ui7) rieure, et l'on a comparé les résultats des observations à ceux que fournis- sait la formule théorique ï /w,A,\' 8L » Cette comparaison a montré que, clans ces trois séries d'expériences, les résultats d'observation suivent, comme dans les cas précédents, la loi indiquée par la formule. Mais, comme cette formule ne tient pas compte des pertes de chaleur faites par les parois métalliques et minces de ces cheminées, il est nécessaire, pour chaque cas, de lui appliquer un coefficient de réduc- tion dont la valeur moyenne s'éloigne peu, en plus ou en moins, de 0,80; ce qui montre dans quelles limites d'exactitude la théorie rend compte des effets naturels. » Si l'on veut bien prendre en considération les difficultés de la question et les incertitudes mêmes qu'offre l'observation; si l'on se T'appelle que la plupart des théories de la mécanique appliquée, et en particulier celle des roues hydrauliques, n'offrent pas souvent une concordance aussi régulière avec l'observation , l'on admettra sans doute avec nous que les formules auxquelles nous sommes parvenus, peuvent être employées dans l'étude des effets de la ventilation avec le degré d'exactitude que comportent les besoins de l'art. » Représentation graphique des résultats des formules et de l'expérience. — En remarquant, en outre, que, pour chaque dispositif particulier dont les données matérielles restent les mêmes, et pour une température extérieure moyenne déterminée, la formule précédente peut être mise sous la forme V2 = NÙ -T), qui est l'équation d'une parabole ou plus simplement celle d'une ligne droite passant par l'origine des coordonnées, et dont les abscisses seraient les températures t — T, et dont les ordonnées seraient les carrés des vi- tesses; l'on en conclut que cette droite pouvant être déterminée à l'aide d'une seule observation bien faite, on aurait ainsi, par construction gra- phique, toutes les vitesses correspondant aux diverses températures et ré- ciproquement, ce qui peut permettre de résoudre sans calcul plusieurs questions intéressantes d'application. » Conclusion et résumé. — On voit, par cette analyse des recherches que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, que l'application dn principe des forces vives ou de la transmission du travail au mouvement de l'air dans (4»8 ) les cheminées ou appareils de ventilation par appel conduit à des formules qui, dans des cas bien différents, se sont trouvées d'accord avec l'expé- rience. Ces vérifications sont relatives : n r" A la formule pratique que l'observation avait conduit M. Guérin, ingénieur de la maison Duvoir-Leblanc, à adopter pour les cheminées ordi- naires de ventilation ; » 20 A l'introduction de l'air chaud par les poêles des pavillons de l'hô- pital Lariboisière chauffés par circulation d'eau; » 3° A la ventilation générale de ces pavillons, soit pendant l'hiver, soit pendant l'été; » 4° A trois séries d'expériences directes exécutées sur des cheminées métalliques. » De cet accord général des formules avec les résultats de l'expérience, il semble donc permis de conclure que l'on peut, sans crainte d'erreur no- table, en appliquant bien les principes de la mécanique, calculer à l'avance l'effet des divers systèmes de ventilation par appel et en déduire des règles utiles à l'art de l'ingénieur. » GÉOMÉTRIE. — Propriétés des courbes à double courbure du quatrième ordre provenant de i intersection de deux surfaces du second ordre; par M. Chasles. « 36. Les seize points de la courbe C4,en chacun desquels le plan oscula- teur a un contact du troisième ordre avec la courbe (32, 3°), sont situés sur la courbe nodale de la développable osculatrice: et ce qui se rapporte à ces points, comme à cette courbe, se lie essentiellement à la considération des quatre cônes du second ordre qui passent par la courbe C4 (2). » Le sommet de chacun de ces cônes a le même plan polaire par rapport à toutes les surfaces du second ordre qu'on peut faire passer par la courbe. Ce plan renferme les sommets des trois autres cônes : de sorte que les som- mets des quatre cônes déterminent, trois à trois, les quatre plans polaires. » La courbe nodale de la développable osculatrice, courbe du seizième ordre, est formée de quatre courbes planes du quatrième ordre situées dans ces quatre plans polaires. » Chacune de ces courbes nodales passe par quatre points de la courbe C4 ; ce sont les points où cette courbe est tangente à quatre arêtes d'un des cônes du second ordre (2), savoir le cône dont le sommet a pour plan polaire le plan de la courbe nodale qu'on considère. Les plans oscillateurs station- nâmes en ces quatre points sont les plans tangents au cône suivant ces quatre arêtes. » Ainsi les seize points de la courbe C4 où les plans oscillateurs sont ( 4*9 ) stationnants, sont situés quatre à quatre dans les quatre plans polaires des sommets des quatre cônes du second ordre, et ces plans oscillateurs sont quatre à quatre les plans tangents aux quatre cônes, respectivement. » 37. Quand la courbe C4 a un point double, il n'y a plus que deux cônes du second ordre (S), (S') qui passent par cette courbe, indépendamment d'un troisième qui a son sommet sur la courbe même en son point double. Alors la courbe n'a que quatre points à plan osculateur stationnaire; et la courbe nodale de la développable osculatrice n'est plus que du sixième ordre. Elle est formée de deux courbes planes du troisième ordre situées dans les plans polaires des deux cônes (S), (S'). Chacune de ces courbes rencontre la courbe gauche C4 en deux' points qui sont deux des quatre points à plan osculateur stationnaire. La courbe C4 est tangente en ces points aux arêtes d'un des cônes, et ses plans oscillateurs sont les plans tangents au cône. » 58. Quand la courbe C4 a un point de rebroussement, il n'y a plus qu'un seul cône du second ordre (S), indépendamment de celui qui a son sommet au point de rebroussement. Alors la courbe C4 n'a plus qu'un plan osculateur stationnaire ; et la courbe nodale deladéveloppable osculalriceest une simple conique. Cette conique est située dans le plan polaire du sommet du cône (S), lequel plan passe par la tangente à la courbe C4 en son pointde rebroussement. La conique ne rencontre cettecourbe qu'en un point; c'est le point à plan osculateur stationnaire. L'arête du cône qui passe par ce point est tangente à la courbe gauche, et son plan tangent est le plan osculateur à la courbe. Développable circonscrite à une surface du second ordre, suivant une courbe Ct . » 39. Quand une courbe du quatrième ordre est tracée sur une surface du second ordre A, les plans tangents à la surface, menés par les points de la courbe, enveloppent une surface développable qui est la polaire de la courbe. Or une infinité d'autres surfaces du second ordre passent par cette courbe : leurs polaires relatives à la surface A sont des surfaces du second ordre inscrites dans la développable. De sorte que : La développable circon- scrite à une surface du second ordre A suivant une courbe gauche C4 est circon- scrite à une infinité d'autres sur/aces du second ordre. » Réciproquement, la développable circonscrite à deux surfaces du second ordre A, B, a pour polaiie relative à A la courbe de contact avec cette surface A; et par cette courbe passe la surface du second ordre B', polaire de B. Conséquemment cette courbe de contact est la courbe gauche du quatrième ordre, intersection de deux surfaces du second ordre. Une ( 4»o ) infinité d'autres surfaces du second ordre passent par cette courbe; et leurs polaires relatives à A sont des surfaces du second ordre inscrites dans la développable. Ainsi : La développable circonscrite à deux surfaces du second ordre est circonscrite à une infinité d'autres surfaces du second ordre; et sa courbe de contact avec chacune de ces surfaces est une courbe gauche du qua- trième ordre. » 40. La développable circonscrite à deux surfaces du second ordre correspond donc connue, polaire (ou plus généralement comme figure corré- lative) à la courbe du quatrième ordre, intersection de deux surfaces du second ordre. Conséquemment les propriétés de cette courbe donnent lieu immédiatement à des propriétés dé la développable. Développable circonscrite à deux surfaces du second ordre. » 41. Parmi les surfaces du second ordre inscriptibles à la développable circonscrite à deux surfaces données, se trouvent quatre coniques ; ces courbes représentent quatre surfaces infiniment aplaties. » Deux de ces coniques déterminent la surface développable, comme la déterminent en général deux quelconques des surfaces inscrites. Pour con- struire cette surface, il suffit de mener par la tangente en un point a d'une des deux coniques les deux plans tangents à l'autre conique; les droites menées du point a aux deux points de contact de la seconde conique sont deux génératrices de la développable. Cela montre que chacune des coniques est une courbe nodule de la développable. M. Poncelet, qui le premier a considéré ces quatre coniques, les a appelées lignes de striction de la déve- loppable (i). Nous les appellerons ici, pour conserver l'uniformité avec ce qui précède, lignes nodules. » Ces quatre coniques forment donc sur la surface développable une ligne nodate complète du huitième ordre. » Le plan de chacune de ces quatre courbes a le même pôle par rapport à toutes les surfaces du second ordre inscrites dans la développable. Ce pôle est le point d'intersection des plans des trois autres coniques. » 42. La développable circonscrite à deux surfaces du second ordre est du huitième ordre, et de la quatrième dusse. » Son arête de rebroussement est du douzième ordre, et de la quatrième classe. » 45. Une génératrice de la développable est rencontrée par quatre autres génératrices : les points de rencontre sont sur les quatre coniques. (i) Mémoire sur la Théorie générale des polaires réciproques [Voit Journal de Cre/lr . t. IV, p. 3^ ; année 1829). ( 4*i ) » La développable a huit génératrices communes avec tout hyperboloïde aune nappe qui lui est inscrite : ces huit droites forment sur l'hyperboloïde quatre génératrices et quatre directrices [i). Ce sont les génératrices et di- rectrices tangentes à la courbe du quatrième ordre suivant laquelle la dé- veloppable est circonscrite à l'hyperboloïde. » Ces huit droites et la courbe de contact, (qui compte pour <\cu\ courbes du quatrième ordre infiniment voisines ou coïncidentes), forment l'intersec- tion complète du seizième ordre de la développable et de l'hyperboloïde. » 44. Les plans qui contiennent les couples de génératrices qui se ren- contrent sur une même conique nodale enveloppent un cône de la qua- trième classe, qui a pour sommet le pôle du plan de cette conique. » La développable a quatre génératrices tangentes a chaque conique nodale. » Les quatre points de contact sont quatre points stationnaires, c'est-à-dire quatre points par chacun desquels passent trois génératrices consécutives de la développable. » 45. Une section plane de la développable est du huitième ordre et de la quatrième classe. Cette courbe a huit points doubles, douze points de re- broussement et deux tangentes doubles. » 46. Un cône mené par l'arête de rebroussement de la développable est l'enveloppe des plans menés par son sommet et les génératrices de la déve- loppable. Ce cône est de la huitième classe et du douzième ordre; il a quatre plans tangents d'inflexion, seize plans tangents de rebroussement,, seize plans tangents doubles et trente-huit arêtes doubles. Faisceaux de courbes du quatrième ordre sur une surface du second ordre. " 47. Deux courbes gauches du quatrième ordre décrites sur une sur- face du second ordre se coupent en huit points (réels ou imaginaires); et par ces huits points on peut faire passer une infinité d'autres courbes du quatrième ordre, situées sur la même surface. Ces courbes forment un faisceau; et leurs huit points communs sont les points fondamentaux ou la base du faisceau. (i) M. de la Gournerie, professeur de Géométrie descriptive à l'École Polytechnique, est parvenu, de son côté, à ce théorème, qu'il m'a communiqué avant que j'en eusse connais- sance par moi-même. C. R., 1862, 1" Semestre. (T. LIV, N» 7.) 54 ( 422 ) » i8. Dans un faisceau de courbes gauches du quatrième ordre, les couples de points dans lesquels ces courbes rencontrent une génératrice de llivperboloïde sont en involution. » De sorte que chaque génératrice est tangente à deux courbes du fais- ceau : les deux points de contact sont les points doubles de l'involution . » i9. Quand deux faisceaux de courbes du quatrième ordre ont un point fondamental commun, il existe trois courbes du premier faisceau qui sont osculatrices à trois courbes du second faisceau. » 50. Dans un faisceau de courbes du quatrième ordre, une droite étant menée par un point fondamental, il existe trois courbes dont les plans oscil- lateurs en ce point passent par la droite. » 51. Quand les courbes d'un faisceau sont toutes tangentes entre elles en un point fondamental, il existe une courbe qui, au lieu d'être tangente aux autres, a un point double en ce point fondamental. » Et, en général, quand les courbes d'un faisceau du quatrième ordre ont toutes un contact d'ordre r en un point fondamental a, il existe une courbe du faisceau qui a un point double en a, et dont une branche a avec les autres courbes un contact d'ordre (r — 1) (i). » 52. Dans un faisceau de courbes gauches du quatrième ordre qui ont toutes un point double en un point fondamental, les couples de tangentes à ces courbes en ce point sont en involution. » Et il existe deux courbes qui ont un rebroussement ; les tangentes de rebroussement sont les ravons doubles de l'involution. ( i ) Je profite ici de l'occasion de rectifier un énoncé incomplet et défectueux dans ma communication du 3o décembre 1861 {Comptes rendus, t. LUI, p. i?.o5, ait. 39). Au lieu de ces mots : a Et en général, dans un faisceau de courbes gauches qui ont un contact d'ordre r en un point fondamental, il en existe une qui, au lieu d'osculer les autres, a un point multiple d'ordre (/ ■+ t ), » il faut lire : Et en général, dans un faisceau de courbes gauches qui ont toutes un point multiple d'ordre r en un point fondamental,- et dont les r branches sont tan- gentes entre elles, respectivement, il existe une courbe du faisceau, qui a un point multiple il 'ordre ( r -I- l ) et dont les branches ne sont point tangentes aux autres courbes. A ce théorème nous ajouterons le suivant, dont notre proposition (SI ) sur les courbes gauches du quatrième ordre est une application : Dans un faisceau de courbes qui ont toutes un contact d'ordre r en un point fondamental, il en existe une, et une seule, qui est différente des autres en ce qu'elle possède un point mul- tiple d'un certain ordre n, dont une branche a un contact d 'ordre (r — n -+■ i ) avec les autres courbes du faisceau ; n étant un nombre indéterminé, mais ne pouvant avoir qu'une valeur. ( 4?3 ) » oô. Dans un faisceau de courbes gauches du quatrième ordre, sur une surface du second ordre, il existe six courbes tangentes à une section plane quelconque de la surface. » Et quand la section plane passe par un des points communs à toutes les courbes, le nombre des courbes tangentes à cette section plane est de quatre. » lii. Dans un faisceau de courbes du quatrième ordre il existe, en général, douze courbes qui ont un point double. » jo. Dans un faisceau de courbes du quatrième ordre tracées sur un hvpcrboloïde, lelieu des points de contact des directrices et de ces courbes est une courbe du sixième ordre M(x4j'2), qui passe par les huit points fondamentaux du faisceau. » Quand les courbes du faisceau ont toutes un point double en un point fondamental a, le lieu des points de contact des directrices est une courbe du cinquième ordre M (x3 j-2), qui a un point double en a, et qui passe par les quatre autres points fondamentaux du faisceau. » oG. Si par une droite £21 on mène les plans tangents aux courbes d'un faisceau du quatrième ordre, M(x2 y2), les courbes du quatrième ordre M' (x~ y2) qu'on peut mener par les huit points de contact de chaque courbe et parle point £2 (lu), forment un faisceau; et ces courbes correspondent anharmoniquement aux courbes proposées. » 57. i° Le lieu des points de contact de toutes les courbes du faisceau est une courbe du huitième ordre M (x* y*), qui passe par les huits points fondamentaux du faisceau et par les deux points £2, I, où la droite £21 ren- contre l'hyperboloïde; elle est tangente en ces points aux deux courbes du faisceau qui passent par ces points. » La courbe passe, en outre, par les quatre points où les droites de l'hyperboloïde, génératrice et directrice, qui partent du point £2, sont touchées par quatre courbes du faisceau; et de même, par les quatre points où les deux droites de l'hyperboloïde qui partent du point I, sont touchées par des courbes du faisceau. » 2° Si les courbes du faisceau ont toutes un point double en un point fondamental a, la courbe du huitième ordre, lieu des points de contact des plans tangents menés par une même droite, a un point triple en ce point a, et passe par les quatre autres points fondamentaux du faisceau. » 3° Si la droite £21, par laquelle on mène les plans tangents aux courbes du faisceau, passe par un point fondamental £2, auquel cas il n'existe que six plans tangents à chaque courbe : le lieu de tous les points de contact 54.. ( 4*4 ) est une courbe du' huitième ordre M'(.r4 )4) qui a un point triple en il. » 4° Si les courbes ont toutes un point double en un point fondamental Q, et que la droite ÛI passe par ce point, alors le lieu des points du contact des plans tangents menés par cette droite est une courbe du sixième ordre M(.r3y3) qui a un point triple en iî, et qui passe par les quatre autres points fondamentaux du faisceau et par le point I où la droite ÛI perce l'hyperboloïde. >' *>S. Si par une droite fixe qui passe par un point fondamental a d'un faisceau de courbes C4, on mène les plans tangents à ces courbes en ce point a, lesquels rencontrent ces courbes, respectivement, chacun en deux points : le lieu de ces points est une courbe du sixième ordre qui a un point triple en a. » .*>9. Dans un faisceau de courbes gauches C4 à point double en un point fondamental a se trouvent deux cubiques passant par ce point et qui, chacune avec une droite de l'hyperboloïde, forment deux courbes du qua- trième ordre appartenant au faisceau. » Ainsi une cubique M (x2j~) s'associe avec la génératrice de l'hyperbo- loïde qui passe en a, et une cubique M {.tj2) à la directrice. Questio/is relatives h une courbe Ct . » 60. On a sur un hyperboloïde une courbe C4 et une génératrice D; chaque directrice rencontre cette droite en un point e, et la courbe en deux points a, a' : le point conjugué harmonique de e par rapport aux deux points a, a' est situé sur la cubique M (x^y) qui passe par les quatre points où la courbe du quatrième ordre est tangente à quatre directrices et par les deux points où cette courbe rencontre la généra- trice D (12, i°). « 61. On a sur un hyperboloïde une courbe C4 et une section plane 2; chaque directrice rencontre cette courbe 1 en un point e, et la courbe du quatrième ordre en deux points a, a' : le lieu du point conjugué harmo- nique de e par rapport à a et a' est une courbe du quatrième ordre de seconde espèce M(a3 r), qui passe par les quatre points où la courbe C4 est tangente à quatre directrices de l'hyperboloïde, et par les quatre points ou cette courbe rencontre la conique 2. » 62. On a sur un hyperboloïde une courbe du quatrième ordre a point double et une cubique M ( .r2jr ) ; chaque directrice rencontre la pre- ( 4?.5 ) mière courbe en deux points «, a' , et la seconde en un point e : le lieu du point conjugué harmonique de e par rapport à a et a' est une courbe du quatrième ordre de seconde espèce M'(x3j). » 65. On a sur une surface du second ordre des sections planes dont les plans passent par une même droite L; par une autre droite L' on mène des plans tangents à ces courbes : le lieu des points de contact est une courbe C4 qui passe par les quatre points où les deux droites L, L' ren- contrent la surface, et qui a quatre tangentes s'appuyant sur ces droites. » 64. Quand une droite se meut dans l'espace en étant toujours tangente à une surface du second ordre et en s'appuyant sur deux droites fixes L, L', cette droite engendre une surface du quatrième ordre sur laquelle les deux droites L, L' sont des droites doubles, et ses points de contact avec la sur- face du second ordre sont sur une courlie du quatrième ordre. » Cette courbe est la même que la précédente. » économie rurale. — /agriculture chilienne; communication de M. Claude Gay. « .l'ai l'honneur de présenter à l'Académie un nouveau volume de la Historia fisica y potitica de Chile. Ce volume est relatif à l'agriculture du pays. » Mon intention, en traitant ce sujet, n'a pas été de parler seulement des progrès considérables que l'agriculture, à titre d'industrie, y a faits depuis quelque temps, ni des procédés européens qui y ont été introduits, mais plutôt de faire connaître l'état économique des institutions qui y régissent le travail et la propriété et celui des divers systèmes de culture qui caracté- risent le pays. Pour mieux arriver à mon but et pour bien faire apprécier les actions réciproques des faits qui ont pu influer sur leur développement et leur transformation, j'ai cherché à les discuter sous un point de vue his- torique. Cela m'a conduit naturellement à faire une étude suivie de l'agri- culture des Indiens avant la conquête, travail difficile et ingrat que je rrai pu remplir qu'en partie, malgré mes longues recherches dans le pays et dans les archives des Indes aujourd'hui déposées à Séville. » Avant l'arrivée des Espagnols dans le Chili, les indigènes, grâce a I ac- tion éminemment civilisatrice des Incas, étaient assez avancés dans divers genres de culture et dans l'ait plus difficile des irrigations. Ils possédaient déjà un petit nombre de plantes alimentaires que j'ai eu soin de signaler et ( 4rf ) de nombreux troupeaux de chilihueques, espèce de lama qu'ils élevaient .1 l'état domestique, même avant la conquête des Incas, et cpii leur servait tout à la fois de bête de somme, de produits et de consommations. Il paraî- trait, de plus, qu'on l'employait à L'attelage d'une espèce d'araire ou dental appelé quinelvoqui. » Ce mode de labourage ne pouvait sans doute s'effectuer que dans les provinces du nord où le sol sablonneux et léger pouvait céder aux faibles efforts de cet animal, mais il devenait tout à fait impossible dans le sud, couvert de terres argileuses, compactes et difficiles par conséquent à être entamées. Aussi dans ces provinces se servait-on d'un long et gros bâton à deux pointes en arc appelé hualata, que l'on enfonçait dans le sol appuyé contre la poitrine, et à l'aide d'un autre bâton qu'une femme plaçait de manière à ce que le premier fît fonction de levier, il relevait une motte que cette même femme était chargée de retourner et de briser. C'est ce singulier genre de labour qui se pratique encore dans l'île et dans le grand arebipel de Cbiloe, en dépit de tout ce qu'a fait le gouvernement pour lui substituer l'emploi de l'araire ou de la charrue. » ASTRONOMIE. — Eclipse totale de Soleil, le 3i décembre 1 861, observée à l'île de la Trinité. Extrait d'une Lettre de M. HiND à M. Le Verrier. « L'éclipsé de Soleil du 3 1 décembre 1861 paraît avoir été commodément observée dans l'île de la Trinité. J'ai reçu du gouverneur de cette île des observations et des pbotograpbies relatives à ce phénomène astronomique. J'avais expédié au gouverneur en novembre dernier les détails sur le passage de l'ombre, déjà publiés dans un de vos Bulletins, en attirant son attention sur l'intérêt qu'il y aurait à posséder des observations faites à la Trinité, intérêt accru par l'incertitude des observations de l'Afrique. Son Excel- lence ayant invité quelques membres du Corresponding Commillee of the Society of Arts à faire toutes les observations qu'il leur serait possible, des observateurs se placèrent clans deux endroits situés au dedans de l'ombre, c'est-à-dire à Guapo, Perseverance-Estate, près de la ligne centrale (lon- gitude i)i°[\i' O. et latitude io° 1 i'N.) et à Sau-Fernando près de la limite nord (longitude 6 i°3G' et latitude io°iç/). » Le premier contact ne fut pas observé, car il se produisit dans chaque station plus tôt qu'on ne l'attendait. A Guapo, M. Herman Cruger, qui em- ployait un télescope de 44 pouces de foyer et de 2P,6 d'ouverture, assigne ( 4*7 ) le commencement et la fin de la totalité à 8h26m25s et 8h27m2os (avant midi) temps moyen; les images empêchèrent qu'il ne vît le dernier contact partiel. A San-Fernando, M. Hamilton Warner, muni d'un télescope théo- dolite de 6 pouces, observa le commencement de la totalité à 8b3om'js, la fin à 8h3om38s et le contact final à 9h54m38s; ces temps furent pris avec une bonne montre ordinaire mise au temps moyen ; mais, comme l'erreur à l'instant de l'observation n'était pas connue, M. Warner ne peut donner avec confiance que les intervalles entre deux observations. » M. Cruger ne dit rien sur l'erreur de son chronomètre, mais il croit que la durée de la totalité (555) peuten dépendre. Le même observateur poursuit: « Les protubérances furent nombreuses, plus nombreuses que je ne lésai y jamais vu indiquées ailleurs. L'esquisse ci-jointe donnera une idée de ce » que je crois avoir aperçu. A cause de la petitesse du champ de mon » télescope, il me fallait inspecter successivement les bords de la Lune et » retenir autant que possible ce qui me frappait. La forte impression que » toute personne ressent quand elle voit un te! phénomène pour la pre- » mière fois fera excuser mes incertitudes. Les protubérances étaient » proéminentes surtout au bord supérieur et au bord inférieur de la Lune ; » aux côtés N. et S. elles étaient plus basses et ressemblaient davantage aux » chapelets deBaily : elles apparaissaient en cette circonstance d'une teinte » plus blanche et plus brillante. La couleur des protubérances m'a semblé » être exactement analogue à ce qui est représenté clans les Outlines of » Jslronomy d'Herschel et dans l'excellente figure, Pi. VI du Cosmical Phy- » sics de Millier. Gertain phénomène mériti' une mention particulière : » je veux parler d'une espèce de nuage à peu près de la forme que j'ai » essayé d'esquisser dans la figure. Il était plus nuageux et plus hété- » rogène dans sa texture (si l'on peut parler ainsi ) que les vraies protu- » bérances et se joignait au corps de la Lune (ou du Soleil) par un mince » filet de la même matière rose lumineuse » » Je vous envoie un tracé du dessin de M. Cruger. » Un petit dessin coloré a été envoyé par M. Devenish, qui observait à Guapo avec un télescope de Lerebours et Secrétan de om,6i de foyer, pou- voir 45; ce dessin, autant que cela est possible, s'accorde très-bien avec celui de M. Cruger. Les protubérances roses s'étendent presque tout autour de la Lune, mais l'observateur n'eut que le temps de noter seulement celles de la partie supérieure. Le nuage lumineux a presque la même forme, la même dimension, la même position que dans l'esquisse de M. Cruger. ( 4*8 ) » On a vu plusieurs étoiles quelques instants après l'éclipsé totale; deux d'entre elles, les principales, étaient à l'ouest du Soleil : ce sont probable- ment Jupiter et l'Épi de la Vierge » chimie organique. — Recherches sur les matières colorantes dérivées île l'aniline; par M. A.-W. Hofjiaxx. a Dans une Note soumise à l'Académie le 20 septembre 1 858 sur l'action du tétrachlorure de carbone sur l'aniline, j'ai décrit la carbotriphényl- triamine C,9H" A/3 =fCeH5)3| Az3. H2 base cristalline et formée par la condensation de 3 molécules d'aniline, réunies par le carbone substitué à l'hydrogène. » La production de ce corps est accompagnée par celle d'une matière colorante d'un cramoisi magnifique. » Il est peut-être utile de reproduire le passage qui traite de la matière colorante. « En soumettant un mélange de 1 partie de bichlorure de car- » bone et de 3 parties d'aniline, ces deux corps à l'état anhydre, pendant « à peu près trente heures à la température de 170 à 180", le liquide se » trouve transformé en une masse noirâtre, ou molle et, visqueuse, ou dure » et cassante, selon le temps et la température. » Cette masse noirâtre, adhérant avec beaucoup de persistance aux tubes « dans lesquels la réaction s'est effectuée, est un mélange de plusieurs » corps. En épuisant par l'eau, on en dissout une partie, nue autre restant » insoluble à l'état d'une résine plus on moins solide. » La solution aqueuse fournit par la potasse un précipité huileux renfer- » niant une proportion très-considérable d'aniline non changée. En faisant >• bouillir dans une cornue ce précipité avec de la potasse diluée, l'aniline » passe à la distillation, tandis qu'il reste une huile visqueuse se solidifiant » peu à peu avec une structure cristalline. Des lavages par l'alcool froid » et une ou deux cristallisations dans l'alcool bouillant rendent le corps » parfaitement blanc et pur, une substance très-soluble, d'un cramoisi » magnifique, restant en dissolution. ( 4*9 ) » La portion de la masse noirâtre qui restait insoluble dans l'eau se dis- » sout très-facilement dans l'acide chlorhydrique; elle est précipitée de » nouveau de cette solution par les alcalis à l'état de poudre amorphe d'un » ronge sale, soluble dans l'alcool, qu'il colore d'un riche cramoisi. La » plus grande partie de celte substance est la même matière colorante qui » accompagne le corps cristallin. » » L'action du tétrachlorure de carbone sur l'aniline ne fournit qu'une quantité comparativement petite de la matière rouge; d'ailleurs la tempé- rature à laquelle on a exposé le mélange et les proportions relatives des deux substances qui réagissent l'une sur l'autre, ne sont pas sans influence sur le résultat de l'expérience. La carbotriphényltriamine et la base qui prend une teinte cramoisie en se dissolvant dans l'alcool ne sont pas les seuls produits de la réaction. Il se forme d'autres bases, la plupart amorphes et accessibles seulement sous forme de sels de platine, qui, à cause de la simi- litude de leurs caractères chimiques, entravent la purification du nouveau composé. Malgré de nombreux essais, je ne réussis pas à obtenir la matière colorante à l'état propre à l'analyse, et j'en abandonnai l'étude pour le moment. » Cependant l'industrie ne larda pas à découvrir pour la production du rouge d'aniline des méthodes nouvelles et plus avantageuses. Certains chlo- rures métalliques (le tétrachlorure d'étain ) et nitrates (le nitrate mercureux ), ainsi qu'un grand nombre d'agents oxydants, sont susceptibles de con- vertir l'aniline en cette matière cramoisie. C'est M.Verguin qui le premier prépara la couleur sur une grande échelle par l'action du tétrachlorure d'étain sur l'aniline. Depuis cette époque, la production du rouge d'aniline est devenue une industrie importante qui, entre les mains de MM. Renard frères, en France, et de MM. Simpson, Maule et Nicholson, en Angleterre, a rapidement atteint des proportions colossales. On se convaincra de l'intérêt qui s'attache à ce sujet en jetant un coup d'ceil sur les recueils périodiques. Les journaux de chimie appliquée surtout fournissent de nombreuses des- criptions de procèdes pour la formation de la matière colorante, qu'on a proposé d'appeler fuchsine, magenta, ou par d'autres termes de fantaisie. L'action même du tétrachlorure de carbone sur l'aniline, qui paraissait n'avoir aucune importance au premier abord, a été utilisée sur une grande échelle, et des observations intéressantes sur la production industrielle de la couleur au moyen du chlorure carbonique ont été publiées par M. Charles C R., 1862, Ier Semettre. (T. LIV, N° 7.) 55 Dolfus Galline (i), par MM. Monnet el Dury (a)-et enfin par M. Lautli ,"< . et ont prouvé que le rouge d'aniline, ainsi préparé en grand, peut être appliqué à la teinture et fournir exactement les mêmes résultats que la matière colorante produite par d'autres procédés. Ce n'est pas ici le lieu de taire l'exposé détaillé du développement de cette nouvelle industrie, qui a d'ailleurs été admirablement tracé par M. E. Kopp dans une série d'arti- cles intéressants publiés dans le Répertoire de Chimie appliquée; cependant j'ai jugé à propos de citer les autorités ci-dessus, afin de montrer que la matière colorante basique que j'ai observée en i858 en étudiant l'action du tétracblorure de carbone sur l'aniline, est identique avec le rouge d'ani- line fabriqué maintenant par divers procédés sur une très-grande écbelle. » Une substance possédant des propriétés aussi remarquables (pie le rouge d'aniline, et qu'on peut de plusse procurer comme produit de com- merce, devait attirer l'attention des hommes de science. » Le sujet a été examiné successivement par. M. Guignet (4), M. Bé- champ 5),M.Wilm (6), MM. Persoz, de Lu y nés et Salvétat (7), M. Schnei- der (8), et plus récemment par M. Emile Kopp (9) et M. Bolley (»o). Les résultats obtenus par ces expérimentateurs sont loin d'être concor- dants. J'attribue cette divergence de résultats de la part d'observateurs si habiles aux obstacles que l'on rencontre pour se procurer la matière colo- rante à l'état de pureté, et à la facilité avec laquelle la plus petite quantité de corps étrangers est capable de masquer les propriétés de ce composé remarquable. » La matière rouge colorante de l'aniline et ses composés salins paraissent avoir été obtenus pour la première fois à l'état de pureté par mon ami et ancien élève M. Edw. ChainbersNicholson, fabricant aussi distingué par son érudition scientifique que par l'habile et persistante énergie qui lui ont [ 1 ) Répertoire 'te Chimie appliquée, 18(11, p. 11. (2) lbid., p. 1 2. (3) lbid. (4) Bull. Soc. chim., séance du 23_décembre 1859. (5) Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. LIX, p. 3t)li. (6) Bull. Soc. chim., séance du 2.7 juillet 1861. (7) Comptes rendus, t. LI, p. 538. (8) lbid., t. LI, p. 1087. (<)) Annales de Chimie et de Physique, S" série, t. LXII, p. 222. (10) Dingler's Pol. Journal, t. CLX, p, 57. ( 43. ) permis à plusieurs reprises de rendre les résultats de recherches purement scientifiques utiles aux intérêts de l'industrie. » C'est avec une rare libéralité que M. Nicholson a mis à ma disposition, non-seulement une suite très-complète des magnifiques composés qu'il pré- pare, mais aussi les observations nombreuses et précises qu'il a accumulées sur ce sujetdans des expériences prolongées. C'est donc grâce à l'obligeance de M. Nicholson que j'ai été à même d'aborder l'étude de ces corps remar- quables. » M. Nicholson désigne la base pure de la matière colorante sous le nom de roséine, qui paraît parfaitement approprié, puisque cette substance, qui fournit des solutions d'un si beau rose, est absolument blanche à l'état solide. Toutefois, comme le corps dont il s'agit paraît être le prototype de toute une série de pareils composés, qu'on peut obtenir par l'application de méthodes semblables aux homologues et probablement aux analogues de l'aniline, il serait utile de rappeler l'origine de cette snbstance par son nom même. Je propose donc le nom de rosaniline pour la nouvelle base. « Rommiline. — La matière première qui se prête admirablement à l'ex- traction de cette base est l'acétate, qui s'emploie généralement en teinture, acétate que M. Nicholson prépare à l'état de pureté parfaite. La solution bouillante de ce sel décomposé par un grand excès d'ammoniaque fournit \\n précipité cristallin d'une couleur rougeâtre qui constitue la base à l'état d'assez grande pureté. « Le liquide incolore, séparé par filtration du précipité, dépose par le refroidissement des aiguilles et tablettes cristallines parfaitement blanches : c'est la rosaniline parfaitement pure. Malheureusement la solubilité de la base dans l'ammoniaque, ou même dans l'eau bouillante, est extrême- ment faible, de manière qu'on n'obtient qu'une très-petite quantité du composé dans la condition absolument incolore. La rosaniline est un peu plus soluble dans l'alcool ; le liquide possède une couleur rouge foncé ; elle est insoluble dans l'élher. Exposée à l'action de l'air atmosphérique, la base devient rapidement rose et finit par prendre une teinte rouge foncé. Pendant ce changement de couleur, on n'observe pas de variation de poids sensible. A la température de ioo°, la rosaniline perd rapidement une faible quantité d'eau d'interposition; on peut ensuite chauffera i3o°, sans qu'elle change de poids; à une température plus élevée, la rosaniline se décompose en dégageant un liquide huileux formé principalement d'aniline et en laissant une masse charbonneuse comme résidu. ( 432 ) » La combustion de la rosaniline a conduit à la formule CaoH2,Az30 = C=°H"Aza, H20, qui a été corroborée par l'examen de nombreux sels et dérivés bien carac- térisés. » La rosaniline est une base puissante, bien définie, cpii forme plusieurs séries de sels, presque tous remarquables par leur facilité de cristallisation. Les proportions dans lesquelles cette substance s'unit aux acides, lui assi- gnent les caractères d'une triamine triacide. Comme plusieurs autres tria- mines que j'ai examinées, elle paraît être capable de produire trois classes de sels, savoir C20H,9Az3,HCl, C20H,9Az\ 2 H Cl, ; C20H,9Az3,3HCI. Cependant jusqu'à présent je n'ai réussi à former que les représentants de la première et de la troisième classe. Les prédilections de la rosaniline sont essentiellement monoacides. Les sels à i équivalent d'acide sont des com- posés extrêmement stables. Je les ai fait cristalliser quatre ou cinq fois sans les altérer en aucune façon. Les sels à 3 équivalents d'acide ne présentent qu'une stabilité comparativement faible, étant décomposés par l'action de l'eau ou par l'exposition à la température de ioo°. » Si l'on jette un coup d'œil sur les formules ci-dessus, il est évident que les cristaux blancs de la base elle-même constituent un hydrate ; les composés salins de la rosaniline, ainsi qu'on pouvait s'y attendre en consi- dérant plusieurs des procédés donnant naissance à cette base, ne contien- nent point d'oxygène. On peut obtenir les sels de rosaniline par deux procédés différents, soit par l'action directe des différents acides, soit en soumettant les composés ammoniacaux de ces acides à l'ébullition en pré- sence d'un excès de la base libre. Ces deux méthodes fournissent des sels également purs et ayant la même composition. » Les sels à i équivalent d'acide présentent la plupart à la lumière réflé- chie l'aspect vert métallique des ailes de cantharide. Vus par transmission, les cristaux sont rouges, devenant opaques lorsqu'ils acquièrent certaines di- mensions. Les solutions de ces sels dans l'eau ou l'alcool possèdent la ma- gnifique couleur cramoisie qui a fait la renommée decelte matière. Les sels à 3 équivalents d'acide sont au contraire d'un brun jaunâtre, à l'état so- ( 433 ) lide comme en solution. Ils sont beaucoup plus solubles dans l'eau et l'al- cool que les sels monoacides, qui la plupart sont comparativement peu so- lubles. Les deux classes de sels de rosaniline cristallisent aisément, surtout les composés monoacides. M. Nicbolson en a obtenu plusieurs en cristaux parfaitement définis, qui sont actuellement entre les mains de M. Quintino Sella pour être examinés au point de vue cristallographique. •> Chlorures. — Ces substances, et plus spécialement le sel monoacide, ont servi particulièrement à déterminer la formule de la rosaniline. Préparé, soit par l'action de l'acide chlorhydrique, soit au moyen du chlorure d'am- monium, ce sel se dépose de sa solution bouillante en tablettes rhombiques bien définies, souvent réunies sous forme étoilée. Le chlorure est difficile- ment soluble dans l'eau, plus soluble dans l'alcool, insoluble dans l'éther. Ce sel retient une petite quantité d'eau à ioo°, mais devient anhydre ài3o°. A cette température il contient C20H'9AzJ,HCl. Comme la plupart des sels de rosaniline. il esttrès-hygroscopique, caractère qu'il ne fallait pas perdre de vue dans l'analyse de ces composés. Le chlo- rure monoacide se dissout plus aisément dans l'acide chlorhydrique moyen- nement dilué que dans l'eau. Si la solution légèrement chauffée est mélangée avec de l'acide chlorhydrique très-concentré, elle se solidifie par le refroi- dissement en un réseau de magnifiques aiguilles d'un brun rouge, qu'il faut laver avec de l'acide chlorhydrique concentré et sécher dans le vide sur de l'acide sulfurique et de la chaux. L'eau les décompose en reproduisant le composé monoacide. Le sel obtenu par l'action de l'acide chlorhydrique concentré est le composé à 3 équivalents d'acide, savoir C2OH,0Az3,3HCl. » Exposé à ioo°, ce sel perd graduellement son acide ; les cristaux bruns deviennent d'un bleu indigo et si on les maintient à cette température jus- qu'à ce que leur poids devienne constant, le sel vert primitif à i équivalent d'acide est régénéré, comme il a été constaté par l'analyse. Peut-être la co- loration bleue indique-t-elle la formation éphémère d'un composé intermé- diaire diacide. Les deux chlorures se combinent avec le dichlorure de pla- tine. Les composés ainsi produits étant incristallisables ne s'obtiennent pas facilement à l'état de pureté. D'après la détermination du platine qui n'a donné que des résultats approximatifs, j'attribue à ces sels respectivement (434 ) les compositions suivantes : C20H,9AzMICl, PtCl2, C20H,9Az3,3HCl,3PtCl2. .. Le bromure de rosaniline ressemble sous tous les rapports au chlorure. Il est encore moins soluble que ce dernier. Desséché à i3ou, ce sel ren- ferme Cï0H,9Az»,HBf. » Le sulfate de rosaniline s'obtient aisément en dissolvant la base libre dans l'acide sulfurique dilué et bouillant. Par le refroidissement ce sel se dépose en cristaux verts à reflet métallique, qu'une seule recristallisation suffit pour purifier parfaitement. Il est difficilement soluble dans l'eau, plus soluble dans l'alcool, insoluble dans l'élher. A i3o°, température à laquelle il perd une petite quantité d'eau, la composition de ce sel est C20H,9Az3,II SO\ C2o,H,0Az3,H » Le sulfate acide cristallise difficilement ; je ne l'ai pas analysé. » Oxalate de rosaniline. — Sa préparation et ses propriétés sont tout à fait semblables à celles du sulfate. Ce sel retient à ioo° i équivalent d'eau, et à cette température est représenté par la formule C20H,9Az3,H C20H,9Az3,H ,C»D*,H»0. » L'eau peut être enlevée à un degré de chaleur plus élevé, mais la tem- pérature à laquelle elle est expulsée et celle à laquelle l'oxalate entre en décomposition sont si voisines l'une de l'autre, qu'il n'est pas bien facile d'obtenir le sel à l'état anhydre. Je n'ai pas réussi à préparer un oxalate contenant une plus grande proportion d'acide. » Acétate de rosaniline. — Ce sel est probablement le plus beau de la série. M. Nicholson l'a obtenu en cristaux d'un quart de pouce d'épaisseur, qui, soumis à l'analyse, ont été reconnus pour être de l'acétate monoacide à l'état de pureté : C20H,9Az3,HC2H302. » L'acétate est l'un des sels les plus solubles dans l'eau et dans l'alcool. On ne peut pas le faire recristalliser d'une manière convenable. » Le foimiate de rosaniline est semblable à l'acétate. ( 435 ) « Parmi les autres sels qui forment cette base, je mentionnerai le chr& mate qu'on obtient par l'addition du bichromate de potassium à la solution de l'acétate, sous forme d'un précipité rouge-brique, se changeant par l'ac- tion de l'eau bouillante en une poudre verte cristalline, presque insoluble. Le picrate mérite encore d'être mentionné. Il cristallise en magnifiques aiguilles rougeâtres, aussi très-difficilement solubles dans l'eau. » Quelque nombreux et variés que soient les résultats analytiques qui viennent à l'appui de la formule de la rosaniline et de ses composés, il pa- raissait désirable de corroborer l'expression dérivée de la simple analyse par des expériences additionnelles. Dans ce but j'ai étudié les produits de dé- composition de la rosaniline, qui sont à la fois nombreux et intéressants. Je me bornerai aujourd'hui à signaler une ou deux transformations de ce composé, qui paraissent dignes d'intérêt, non-seulement parce qu'elles con- firment la formule que je viens de proposer, mais aussi parce qu'elle-, mettent en lumière la nature de la classe de substances à laquelle appartient la rosaniline. « Action des agents réducteurs sur la rosaniline. — Cette réaction paraissait devoir fournir le moyen le plus simple de contrôler la formule de la matière colorante, prévision qui n'a pas manqué de se réaliser. » La rosaniline est rapidement attaquée par l'hydrogène à l'état naissant ou par l'hydrogène sulfuré. Une solution de la base dans l'acide chlorhx- drique étant laissée en contact avec du zinc métallique est bientôt décolorée. Le liquide ainsi obtenu contient, outre du chlorure de zinc, le chlorure d'une nouvelle tria mine qui est parfaitement incolore à l'état libre comme en combinaison saline. Je propose de lui donner le nom de Icucantline. La séparation du nouveau composé d'avec le zinc est longue et pénible ; je pré- fère donc le préparer par l'action du sulfure d'ammonium. » Un sel de rosaniline étant, mis en digestion pendant quelque temps avec du sulfure d'ammonium, fournit une masse fondue se solidifiant par le refroidissement en une matière cassante à peine cristalline qui constitue la leucanilineà l'état presque pur. Cependant il n'est pas nécessaire d'employer pour la préparation de ce composé un sel de rosaniline pur. (Généralement j'ai préparé la leucaniline au moyen des produits commerciaux qu'on vend sous le nom de Fuchsine ou de Magenta. Pour purifier le produit ainsi ob- tenu, la masse jaune résineuse est réduite en poudre, lavée avec de l'eau pour enlever le sulfure d'ammonium et dissoute dans l'acide chlorhvdrique dilué pour séparer le soufre et les impuretés. » La solution brun foncé ainsi obtenue fournit avec l'acide chlorh\- ( 436 ) drique concentré nu abondant précipité cristallin qui, suivant le degré de pureté de la matière colorante du commerce qu'on a employée, est brun ou jaune. Des lavages prolongés à l'acide cblorbydrique concentré dans lequel le précipité est presque insoluble permettent de le purifier jusqu'à un certain point. Mais, dans la plupart des cas, il est nécessaire de répéter une ou deux lois l'opération précédente, c'est-à-dire de dissoudre dans l'acide chlorh\ - drique dilué et de précipiter par l'acide concentré. Si, avant de faire la der- nière addition d'acide cblorbydrique concentré, on cbauffe la solution à l'é- hullition, le liquide reste clair et le nouveau cblorure se sépare par le refroidissement sous forme de cristaux. Ceux-ci sont des tablettes rectan- gulaires parfaitement bien formées, mais toujours très-petites, très-souvent d'un blanc éclatant. Une nouvelle cristallisation dans l'eau où ils sont extrê- mement solubles suffit pour les purifier. On peut également dissoudre le sel dans l'alcool et le précipiter par l'éther dans lequel il est tout à fait insoluble. » Le chlorure ainsi purifié fournit, par l'addition de l'ammoniaque, la leucaniline à l'état de poudre d'une blancheur parfaite, qui prend une faible teinte rose lorsqu'on l'abandonne pendant quelque temps au contact* de l'atmosphère du laboratoire. Elle est à peine soluble dans l'eau froide et très-peu dans l'eau bouillante, d'où elle se sépare par le refroidissement sous forme de petits cristaux. Elle est très-soluble dans l'alcool, peu soluble dans l'éther; je n'ai pas réussi à l'obtenir en beaux cristaux au moyen de ces dissolvants. Le meilleur dissolvant paraît être une solution du chlorure décrit ci-dessus, dans laquelle la leucaniline est franchement soluble, et d'où elle se sépare par le refroidissement sous forme d'aiguilles entrelacées qui sont fréquemment réunies en groupes arrondis. La leucaniline peut être desséchée dans le vide sur l'acide sulfurique, sans changer de couleur. Lors- qu'on la chauffe avec précaution, elle devient rouge, et à ioo° fond en un liquide transparent rouge foncé, qui par le refroidissement se solidifie en une masse moins colorée. La leucaniline est anhydre; l'analyse de cette substance desséchée dans le vide et à ioo° a fourni des résultats qui corres- pondent à la formule » dette formule a été vérifiée par l'examen du chlorure déjà mentionne, d'un sel de platine parfaitement cristallisé et enfin du nitrate qu'on peut également obtenir en beaux cristaux. » Chlorure de leucaniline. — La préparation de ce composé a déjà été exposée ci-dessus. Il est triacide et retient après dessiccation dans le vide (437 ) i équivalent d'eau. Sa formule est C-°H2,N3, 3I1C1 + fl20. » Ce sel ne peut pas être desséché à ioo°, du moins au contact de l'air; mais on peut éliminer l'eau, quoique avec difficulté, en le maintenant pen- dant assez longtemps à ioo° dans un courant d'hydrogène. C'est en vain que j'ai cherché à convertir ce composé en un sel contenant moins d'acide, en faisant bouillir sa solution avec un excès de leucaniline. Cette solution dépose par le refroidissement la base en cristaux magnifiques, le sel triacide restant en dissolution. » 5e/ plat inique de leucaniline. — En ajoutant du dichlorure à une solution modérément concentrée et tiède du chlorure de la base, il se sépare par le refroidissement un très-beau sel de platine d'un jaune orangé brillant, sons forme de prismes bien définis, généralement groupés en étoiles triangulaires. Ce sel est difficilement solublc dans l'eau froide; l'eau bouillante le décompose. A ioo°, il retient i équivalent d'eau qu'on peut chasser, quoique avec difficulté, à une température plus élevée. Plusieurs analyses de ce magnifique composé m'ont conduit à la formule C20H2,IS3, 3HC1, 3PtCl2 + H20. » Nitrate. — Aiguilles blanches, bien formées, solubles dans l'eau et l'alcool, insolubles dans l'éther. Le sel est assez difficilement soluble dans l'acide nitrique; desséché dans le vide, il contient C201I2,N% 3HN03 + H20. Je n'ai pas réussi à séparer l'eau de cristallisation, le sel étant décomposé à ioo°. » Les sels de leucaniline sont en général bien cristallisés ; ils sont tous très-solubles dans l'eau et se précipitent de leurs solutions aqueuses par par l'addition de leurs acides respectifs. Le sulfate est remarquable par la facilité avec laquelle il cristallise. J'ai soumis la leucaniline à l'action du disulfure de carbone, du chlorure benzoïle et de plusieurs autres agents. Dans chacun de ces cas, la leucaniline est promptement attaquée en don- nant naissance à de nouveaux composés dont quelques-uns ont un pouvoir cristallin considérable. L'étude de ces substances n'appartient pas à la pré- sente communication. La Note que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie n'a pour but que de fixer la composition des deux nouvelles bases et la relation qui existe entre elles. Cette relation, comme !e prouve un C. R., 1SC1, i" Semestre. (T. LIV, N° 7.) 0D" (438) coup d'œil jeté sur leurs formules, est de l'ordre le plus simple. A l'état anhydre, les deux substances contiennent respectivement Rosaniline C20H,91N[3, Leucaniline C30H2,N3. » La leucaniline ne diffère de la rosaniline que par 2 équivalents d'hy- drogène en plus. On observe entre ces deux bases la même relation qu'entre l'indigo bleu et l'indigo blanc : Indigo bleu C,6H,0N2O2, Indigo blanc C,c H,a N2 O2. » Comme on pouvait s'y attendre, la leucaniline est facilement retrans- formée en rosaniline par les agents oxydants. La réaction réussit parfaite- ment avec le peroxyde de baryum, le perchlorure de fer et surtout le ch.ro- mate de potassium. En chauffant avec précaution la solution incolore du chlorure avec un de ces agents, le liquide prend rapidement la belle couleur cramoisie des sels de rosaniline. Cependant il faut éviter un excès de l'agent oxydant pour que l'action n'aille pas trop loin, auquel cas la rosaniline ré- générée serait transformée en produits d'une oxydation ultérieure. La rosa- niline, aussi bien que la leucaniline, étant soumise à une ébullition pro- longée, avec des composés riches en oxygène, se change en une poudre brune amorphe dont j'ignore encore la composition. » Les deux bases que j'ai décrites dans les pages précédentes sont les prototypes de deux séries de matières colorantes homologues qu'on ne peut manquer d'obtenir avec les homologues de l'aniline. La toluidine pro- duit en effet des bases parfaitement semblables. Je n'ai pas examiné dans la présente Note la nature de la réaction qui transforme l'aniline en rosaniline. Dans la plupart des procédés, la formation de cette substance est accom- pagnée de celle de plusieurs autres bases, dont l'étude n'est pas encore achevée. Jusqu'à présent je ne suis pas non plus en mesure d'émettre une opinion sur la constitution des nouveaux composés, quelque attrayant qu'il soit de s'engager dans la spéculation. C'est dans l'espoir de rendre les for- mules des nouvelles bases plus transparentes que j'examine en ce moment les produits de leur décomposition. Cette étude n'est pas encore complète; mais dès à présent je puis annoncer que la rosaniline et la leucaniline en solution nitrique sont toutes deux attaquées d'une manière très-énergique par l'acide nitreux, en produisant de nouvelles bases dont les composés pla- tiniques se distinguent par leurs propriétés fulminantes, lesquelles se mani- ( 439 ) testent au contact de l'eau bouillante et même de l'ammoniaque à la tem- pérature ordinaire. Au nombre des dérivés de la rosaniline, je dois aussi mentionner une magnifique base cristalline qui se trouve associée à l'aniline parmi les produits de la distillation sèche de la matière colorante. » Je me propose de poursuivre cette étude et d'en présenter les résul- tats à l'Académie dans une communication ultérieure. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission chargée de décerner le grand prix de Sciences physiques (question concernant 1 anatomie comparée du système nerveux des poissons). MM. Valenciennes, Milne Edwards, Flourens, Coste et Blanchard réunis- sent la majorité des suffrages. MÉMOIRES LUS. analyse mathématique. — Sur C intégration des équations différentielles partielles du premier et du second ordre; par M. Edmond Bocr. (Premier extrait.) (Commissaires, MM. Liouville, Bertrand, Serret.) a En présentant à l'Académie le Mémoire auquel elle a bien voulu dé- cerner l'année dernière le grand prix des Sciences mathématiques, j'ai dû, pressé par le temps, me borner à fournir quelques indications sur les re- cherches analytiques auxquelles la question proposée donnait lieu, recher- ches qui sont relatives à l'intégration des équations différentielles partielles du premier et du deuxième ordre, isolées ou simultanées. » En abordant cette question après m'ètre presque exclusivement occupé de mécanique analytique, je me retrouvais sur un terrain bien connu et d'avance tout préparé; car on sait que c'est aux travaux sur les équations de la dynamique que le calcul intégral aux dérivées partielles doit ses pro- grès les plus récents et les plus inattendus. » Qu'il me soit permis de rappeler d'abord en quelques mots l'état de la question. » 1. Désignons par q,, g2,..., qn; p,, p2,..., pn, in fonctions incon- nues d'une variable indépendante t, assujetties à vérifier des équations dif- 56.. I IO ) lérentielles de la forme , , dPi _ dn dq, _ rlB ' I fit dffi ' (Il dp, » Dans ces équations, qui comprennent comme cas particuliers celles de la dynamique, on peut supposer que II soit une fonction quelconque des quantités, p(, y,-, et de la variable indépendante t. » Jacobi a démontré, en généralisant un théorème d'Hamillon, que l'in- tégration générale du système (i) dépend de la découverte d'une solution complète d'une certaine équation à différences partielles du premier ordre, non linéaire, et à n -+- i variables indépendantes. » Si l'on a (2) H = F( *>?»"••?*' fy'4ï,\''rd£r. et comme nous avons pris pour H une fonction quelconque de toutes les variables qu'elle renferme, l'équation (3) est une équation quelconque du premier ordre, résolue par rapport à l'une des dérivées partielles de la fonc- tion inconnue V. Il est à remarquer que cette fonction V figure seulement dans notre équation par ses dérivées partielles, ce qui n'établit pas de res- triction, comme on sait. » Inversement, si l'on a une équation différentielle partielle quelconque, telle que 3), on peut considérer à sa place le système des équations (1). Il résulte de cette remarque bien simple que les fécondes recherches relatives à ces équations (1), dont la forme est si particulière, constituent aujour- d'hui la théorie la plus générale et la plus complète de l'intégration des équations aux différences partielles du premier ordre, isolées ou simultanées. » 2. On sait qu'il suffit d'avoir trouvé la moitié des intégrales (*) deséqua- (*) On appelle intégrale d'un système d'équations différentielles ordinaires, une équation. «=x, dans laquelle * est une constante arbitraire qui ne se trouve pas dans u, et u une expression telle, que sa différentielle du est identiquement nulle. Ces fonctions, u, vérifient identiquement Y équation linéaire i = n du ^/dHdu dH du\ _ rt + 2é\dY',dJl~dp~dq~i)~0' Ottc équation, qui est à 2«-f-i variables indépendantes, peut tenir lieu de l'équation ( Vu ) lions (i), pour pouvoir former une solution complète de l'équation géné- rale (3), solution d'où l'on déduit par de simples différentiations le reste des intégrales du système (i). » Il faut seulement que les n intégrales connues satisfassent à certaines conditions qui font l'objet d'un beau théorème donné par M. Liouville en 1 853 ; et l'application de ce théorème remarquable, comme je l'ai démonir* ailleurs (*), permet d'intégrer à vue tous les problèmes de mécanique donl la solulion exigeait autrefois des calculs plus ou moins longs et compliqués. » On peut aller plus loin : et sans attendre qu'on ait ainsi obtenu la moitié de la solution des équations proposées, on peut, à chaque fois qu'on a trouvé une intégrale convenable, en profiter immédiatement pour abaisser de deux unités l'ordre du système d'équations à résoudre. » C'est ce que Jacobi annonçait dès 1837 à l'Académie des Sciences !** ; nous n'avons d'ailleurs sur la méthode de l'illustre géomètre allemand que quelques indications contenues dans une Lettre à M. Enke, Lettre que nous reproduirons plus loin. » Jacobi revient sur ces questions dans une Lettre adressée au président de l'Académie des Sciences, le a4 septembre 18^0, Lettre qui a fait une grande sensation et qui se termine par cette phrase : « C'est ce qu'on verra dans un ouvrage auquel je travaille depuis plu- » sieurs années, et dont peut-être je pourrai bientôt faire commencer l'ini » pression. » » M. Liouville, en publiant cette Lettre (***), ajoute : « Tous les géomètres » verront avec plaisir M. Jacobi annoncer la publication prochaine du grand non linéaire (3), ou des équations différentielles ordinaires (1). Tonte fonction u, qui satisfait li cette équation, étant égalée à une constante arbitraire a, fournit une intégrale du problème! Pour abréger, je dirai simplement l'intégrale (a) au lieu de l'intégrale, 11 = a. (*) Mémoire sur les mouvements relatifs. { Comptes rendus, t. XLII, p. 383, séance du 25 février i856.) (**) « J'ai trouvé que l'on peut suivre une telle marche dans l'intégration des équations du mouvement, que chacune des intégrales trouvées successivement rabaisse leur ordre de deux unités, en égalant toujours Vordre d'un système d'équations* différentielles ordinaires, au nombre des constantes arbitraires que comporte leur intégration complète. La proposition énoncée a lieu aussi dans le cas où la fonction dont les dérivées donnent les composantes des forces agissant sur les différents points matériels, renferme explicitement le temps... >• {Comptes rendus, t. V, p. 62, séance du 17 juillet 1837.) Voir aussi Journal de Mathémati/ suffisamment que cet ouvrage soutiendra ou même augmentera encore » la gloire de son illustre auteur. » » La publication posthume de cet ouvrage vient de commencer dans le Journal de Crelle (*) par les soins de M. Clebsch; et c'est avec une bien vive satisfaction, qu'en tenant compte de la différence entre le couronne- ment de l'œuvre d'un maître et les essais incertains d'un élève, j'ai retrouvé dans la nouvelle méthode de Jacobi l'identité la plus parfaite avec celle que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie des Sciences dans sa séance du 5 mars i855 (**)• » .">. En exposant la marche à suivre pour abaisser Tordre des équa- tions différentielles proposées au moyen des intégrales qui sont connues, Jacobi remarque (p. 1 3) qu'à chaque nouvelle opération le nombre des variables diminue de deux unités, ce qu'il n'était pas difficile de prévoir. L'équation linéaire (4), qui définit les intégrales du problème', perd ainsi deux termes à chaque fois; mais en même temps la question semble changer de nature, et les fonctions u, qui n'étaient d'abord assujetties qu'à vérifier une équation telle que (4) à 2n+i variables, doivent maintenant satis- faire à deux équations simultanées de même forme, contenant chacune ■m— i variables indépendantes. a Chaque fois que l'on diminue de deux unités le nombre des variables. on augmente d'une unité celui des équations simultanées à résoudre. Or, en général, une pareille transformation est bien loin d'offrir un avantage quelconque dans l'état actuel de la science. » Jacobi ajoute : « Sed hanc integrationem simultaneam, a qua abhorruisse » vïdenlur Analystes, non lanlis difficultatibus impedïtam esse infra palebil. » » Et en effet, d'après la manière même dont ces équations ont été obte- nues, on a, sur la nature de ces intégrales communes et sur la forme des so- lutions étrangères, des notions qui permettent de se débarrasser aisément de celles-ci. (*) Nova methodus œquationes differentiales partiales pri mi ordinis inter numerum va- riabilium quemeunque propositas integrandi. {Journal de Crelle, t. LX, i6r cahier, p. i. Le deuxième cahier n'a pas encore paru.) (**) A la suite d'un Rapport favorable de M. Liouville ('26 mars i855); le Mémoire donl il s'agit a été imprimé dans le Recueil des Savants étrangers, t. XIV, p. 70)2. On en trouve aussi un long extrait dans le tome XX du Journal de Mathématiques. ( 443 ) » Nous reviendrons sur la théorie de l'intégration générale des équations simultanées aux différences partielles. Si nous nous bornons à considérer pour le moment celles qu'on rencontre en appliquant la méthode que j'ex- pose, la solution de la question nous sera fournie par le théorème sui- vant (*) : » Théorème fondamental (**). Soient A = o, B = o, les deux équations simultanées à résoudre. Soit f une fonction qui vérifie la première, mais non la seconde, de telle sorte qu'on ait, en empruntant la notation de Jacobi : A (j) — o, B(_/) différent de zéro; je dis que l'on aura identiquement A[B(/)] = o, c'est-à-dire que le résultat de la substitution de f dans la deuxième équation four- nira une nouvelle solution de là première, A = o. » Ce théorème étant une fois établi, on forme sans difficulté l'équation de laquelle dépendent les solutions communes aux deux équations propo- sées; et même il arrivera fréquemment que l'on trouvera pour déterminer ces solutions communes, non pas une équation unique, mais deux ou plu- sieurs équations séparées (***); ce qui facilitera singulièrement les recherches ultérieures. « Jacobi démontre mon théorème dès le début de son ouvrage, immé- diatement après le théorème cité plus haut de M. Liouville. Il en déduit ensuite tout ce qui a précédé dans l'ordre historique; c'est-à-dire, d'abord le théorème célèbre de Poisson sur la variation des constantes arbitraires, totius meclianicœ analjticœ gravissimam propositionem cujus analogà per to- tum calculum intégraient non extat; » et enfin les équations hamiltonieanes de la dynamique. » 4. Bien qu'on puisse inférer d'un passage du Mémoire de Jacobi (p. 4 3), que ce magnifique ouvrage a été composé sur la fin de l'année 1 838 ; je ne crois, pas que la méthode actuelle d'abaissement soit bien celle dont l'illus- (*) Non ego hic immorabor queestioni générait, quando et quomodo duabus compila ibusve œquationibus differentialibus partialibus una eademque functione satisfieri possit, sed ad ca- sant proposition particularem investigationem restringam. Quippe quo prœclaris ttti licet arti- ficiis ad integrationem expediendam commodis. Maxime au te m res absolvitur theoremate se- quente. [Nova Methodus, p. 23.) (**) Mémoires des Savants étrangers, t. XIV, p. 804. (***) Mémoires des Savants étrangers, t. XIV, p. 8og. ( 444 ) Ire auteur annonçait être en possession dans ses premières communications relatives à ce sujet. On lit en effet dans une Lettre adressée à M. le profes- seur Enke, et datée du 29 novembre i8iG (*) : «..., au moyen d'un procédé particulier et par un certain choix de » grandeurs qu'on prend pour variables, on peut faire en sorte que chaque " intégrale obtenue tienne lieu de deux intégrations » Toute la marcbe de l'opération dépend chaque fois de l'intégrale qu'on » a trouvée; le choix des variables dépend aussi de la même intégrale, et » exige en outre l'intégration d'équations différentielles; mais toujours de » telle manière qu'au moyen de l'intégrale trouvée, le système des équa- » tions est ramené à un autre dont l'ordre est de deux unités moindre, et » même il arrive dans beaucoup de cas, que ces équations différentielles » nécessaires pour la détermination du choix des variables sont faciles à » intégrer » » La méthode que je viens de rappeler n'exige pas ces intégrations pré- paratoires dont parle Jacobi pour la détermination du choix des variables; il v a donc lieu de croire que les idées de l'auteur se sont modifiées depuis la date de la Lettre précédente. » Dans une prochaine communication, j'aurai l'honneur d'exposer à l'Académie comment j'ai également reconstitué la méthode à laquelle Jacobi semble faire allusion dans les lignes citées plus haut. On verra que cette méthode fournit une deuxième manière d'abaisser de deux unités par chaque intégrale trouvée (**) l'ordre des équations différentielles des problèmes de mécanique; la méthode exige que pour choisir les variables, on intègre un certain nombre d'équations différentielles, qui d'ailleurs sont presque tou- jours extrêmement faciles à résoudre. » Je traiterai en même temps d'une manière générale la question de l'intégration des équations différentielles partielles simultanées du premier ordre, question résolue implicitement par ce qui précède. » Enfin je montrerai comment ces théories trouvent leur application, quand on cherche à intégrer les équations aux différences partielles du second ordre par les méthodes de Monge et d'Ampère. » (*) Journal de Mathématiques, t. III, février i838, p. 5^, 58 et 5(). (**) Quand on connaît / intégrales d'un problème, on ne peut pas en général abaisser de xk unités l'ordre des équations dé ce problème. Si je dis avec Jacobi (pie chaque intégrale trouvée permet d'abaisser cet ordre de deux unités, c'est qu'en suivant la marclie indiquée) on ne trouvera jamais les intégrales parasites. La méthode consiste précisément à éliminer ces intégrales de la solution; on les obtiendra plus tard, touttsà la fois, dès qu'on connaîtra la moitié des intégrales du problème. ( 445 ) TECHNOLOGIE. — Établissement de puits artésiens d'un grand diamètre; par M. Gaudix. (Extrait par l'auteur.) « M. Gaudin expose son projet qui consisterait à creuser à sec à la pioche, en commençant à la craie, un puits artésien de 5 mètres de diamètre jus- qu'au voisinage de la nappe d'eau; pour continuer ensuite de forer sous l'eau, en traversant toutes les nappes jusqu'au calcaire jurassique. » Par ce moyen on pourrait arriver à un débit proportionnel à la section du puits, s'élevant à 5oo,ooo mètres cubes d'eau par 24 heures, à la hau- teur de 36 mètres au-dessus du sol, représentant une force de 25oo chevaux vapeur, avec une dépense d'un million, qui serait couverte en moins de sept mois, en fixant le prix de l'eau à 1 centime le mètre cube. » (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Combes et Daubrée.) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIMIE APPLIQUÉE. — Du froment et du pain de froment; par M. Mège-Mouriès. (Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, l'ayen, Peligot.) « Depuis la dernière Note que j'ai eu l'honneur d'adresser à l'Académie, un Rapport fait par M. le colonel Favé au nom d'une Commission du Mi- nistère du Commerce est venu, après les épreuves les plus rigoureuses, confirmer au point de vue pratique des recherches que l'Académie avait protégées de sa haute bienveillance. » A la suite de ce Rapport, et d'après les ordres du Préfet de la Seine, le nouveau procédé a été appliqué à la boulangerie de Scipion, et, grâce au concours sympathique du directeur de l'Assistance publique ainsi qu'au zèle du directeur de l'établissement, nous avons pu apporter au procédé un perfectionnement qui facilitera sa vulgarisation en montrant combien étaient fondées toutes les déductions théoriques contenues dans mes précédents Mémoires (Rapport de M. Chevreul, 1857). » On sait qu'à l'époque où la Préfecture de la Seine recommandait avec raison d'élever l'extraction de la farine de 70 à 76, je faisais des recherches physiologiques sur une expansion de l'embryon du grain qui, sous forme de membrane, entoure toule la masse farineuse (endosperme). Ce tissu, comme je l'ai dit, grâce à son action propre et à celle de la céréaline qu'il contient dans ses cellules, a la propriété de transformer la partie farineuse C. R,, iS62, irr Semestre. (T. L1V, N° 7.) ^7 ( 446 ) de la graine en sève pendant la germination, aussi bien que le pain en chyme pendant la digestion et la pâte en pain bis pendant la panification. » Or, comme audelà désola farine du froment provient de la couche adhé- rente aux enveloppes, il s'ensuit que celte farine contient une certaine quan- tité de ce tissu divisé par la meule et qu'elle donne du pain dont les carac- tères ne sont plus ceux qu'on recherche dans le pain de première qualité. » Il fallait donc avant tout empêcher l'action de ce tissu et de la céféa- line. On sait que ce problème a été résolu assez heureusement pour élever l'extraction à 80 et 84 sans abaisser la qualité du pain. » Malheureusement, il y avait dans le procédé nouveau une opération difficile qui consistait à séparer par l'eau le tissu embryonnaire et la céréa- line. Les gruaux, en effet, contiennent ce tissu sous deux états différents : i° il est adhérent, et alors, ses cellules étant peu accessibles à l'eau de la pâte, il produit une action assez circonscrite pour être à peine sensible; 2" il est isolé, déchiré par la meule, et alors son action se fait sentir dans toute la pâte. » Ce sont ces débris qu'il fallait enlever à sec, et, grâce à leur extrême légèreté, on a pu y réussir à l'aide d'un courant d'air régulier et d'un appa- reil que des industriels intelligents avaient déjà, d'après mes études, ap- pliqué à la fabrication des pâtes alimentaires. » Cette opération a donné le moyen de rendre le procédé plus pratique et il a pu nous donner, à l'état isolé et vivant, ce type embryonnaire que je n'avais étudié qu'uni aux autres enveloppes du grain ou privé de son acti- vité par les réactifs employés à l'isoler des corps auxquels il est uni. » Ces débris du tissu embryonnaire déchiré par la meule et isolé par le ventilateur contiennent à peine des traces de gluten et d'amidon; ils pré- sentent au microscope les belles cellules cubiques qui forment cette mem- brane; ils cèdent à l'eau la céréaline, reconnaissable, ainsi que le tissu orga- nisé, à toutes les propriétés que j'ai décrites dans mes précédentes études. Parmi ces propriétés, il en est deux qu'il importe de rappeler : la première consiste à liquéfier l'amidon immédiatement et par une simple action de pré- sence; ce caractère, on le sait, appartient aussi bien à la céréaline dissoute dans l'eau qu'au tissu organisé dépouillé de céréaline par des lavages succes- sifs; aussi, lorsque les gruaux blancs et les gruaux bis sont mélangés à la pâte sans les précautions indiquées, la céréaline se dissout, le tissu se gonfle et, s'il n'y a pas de levain comme dans les biscuits, le pain devient sucré el perd de sa blancheur: mais s'il y a des levains, alors se manifeste la seconde propriété, qui consiste à déterminer après une incubation suffisante la fer- mentation lactique et butyrique et, par des décompositions complexes, à ( 447 ) produire le pain bis qu'il ne faut pas confondre avec du pain accidentelle- ment coloré par une graine étrangère on par la couleur jaune du son. » Voici d'ailleurs deux expériences qui prouvent directement les effets de la membrane embryonnaire. >• i°On prend de la farine de première qualité, on y mêle 5 pour 100 de débris de cette membrane ; le mélange parfaitement blanc panifié par les procédés ordinaires donne du pain bis. » 2° On fait les levains et la pâte avec de la farine de première qualité, on v ajoute, avec les précautions que j'ai indiquées, les gruaux blancs et bis dépouillés des débris de cette membrane, mais contenant encore 3 pour ioo de son environ, et on a du pain blanc, léger, ayant tous les caractères du pain de première qualité. » C'est-à-dire qu'on a du pain de première qualité qui contient du son, et du pain bis qui n'en contient pas. » En résumé, ces résultais confirment mes études précédentes et donnent la solution du problème posé par la Préfecture de la Seine avec tous les avan- tages économiques consignés dans le Rapport de la Commission du Minis- tère du Commerce. Ces avantages, on le sait, équivalent à quarante-cinq jours de consommation en France, à 6oo francs environ d'économie pour la boulangerie deScipion. » Je dois aussi mettre en compte cet autre avantage qui, à mes yeux, est encore plus important et qui consiste, d'après des expériences décisives, à produire du pain plus favorable à la santé publique. » « M. Chevreul, en présentant cette Note à l'Académie et plusieurs pro- duits dont elle parle, croit devoir rappeler quelques résultats des expériences de M. Mège-Mouriès, afin de satisfaire à quelques questions qui lui ont été adressées. Rendement de la farine de froment Rendement en pain des farines obtenues pai pour ioo de froment. les procédés ci-contre. i° Par le procédé de Mège-Mouriès .. 82 Pain de première qualité 109 à 110 2° Par le procédé ordinaire. . . au plus 70 Pain de première qualité 92 3° Par le procédé donnant le pain ré- Painréglementaireinférieuraux glementaire .... ^5 deux précédents 100 ZOOLOGIE. — Essai de détermination des caractères généraux de la faune de la Nouvelle- Guinée {Mammifères); par M. Puciiera.x. ( Renvoi à l'examen de la Section d'Anatomie et de Zoologie.) >• En examinant, dans le but de déterminer les caractères qu'ils peuvent 57.. ( 448 ) présenter d'une manière générale, les Mammifères qui sont originaires de la Nouvelle-Guinée, nous sommes conduit, sous le point de vue du mode de locomotion, à une conclusion tout à lait conforme à celle que nous avons déjà formulée en nous occupant des Oiseaux. » Le nombre des espèces propres à cet archipel est de huit dans la liste donnée par M. Sclater, de quatorze dans celle donnée par MM. Gray. Deux d'entre elles (Pterapus argentatus, Gr., Hipposideros «n/e/isis, Gr.) appartien- nent à l'ordre des Chéiroptères, et ne doivent pas, pour le moment, nous occuper, l'étude des divers types de cet ordre, sous le point de vue des rap- ports des formes avec les lieux qu'ils habitent, ne nous ayant point encore conduit à un résultat qui nous ait satisfait. « Quant aux autres individus de cette classe et de cet archipel, ils sont lous remarquables par le développement de leurs membres postérieurs, plus allongés que les antérieurs. Il en est surtout ainsi des genres Dendrotagus, Mull. et Schlég., Dnctjlopsila, Gr., et même, mais moins évidemment, d'a- près les particularités signalées par ce dernier zoologiste, du genre Myoictis. Il est impossible, en second lieu, de nier la manifestation de ce fait dans les espèces de Parudoxuvus(Par . Hermaphrodila, Gv.),Bcdideus (B. y/n'e/, Waterh.), Cuscus, (C. maculatus, Less. — Cuscus Quoyi, Less. et Garn. .), Perameles {Pcra- ineles Doreyanus, Quoy. et Gaim.), Phascot/ale {Pli. mêlas, Mull. et Schlég.), fialmaturus et Sus [Halm. Brunii, Illig., Sus papuensis, Garn. et Less.), seuls représentants, à la Nouvelle-Guinée, de types génériques spécifiquement plus multipliés, dans les îles de la Sonde et sur le continent de la Nouvelle- Hollande. » Si, maintenant, nous essayons de déterminer à quelles aptitudes loco- motrices donne lieu, chez les Mammifères, l'existence du caractère zoolo- gique que nous venons de signaler, nous constatons que ceux d'entre eux qui se trouvent ainsi doués sont fréquemment grimpeurs, et grimpeurs arbo- ricoles. Or, sur les huit espèces dont les noms sont plus haut cités, cinq ont présenté aux observateurs de semblables habitudes. Il est également impos- sible de les refuser à l'espèce de Phalanger, Phalangista canescens, ainsi dénommée par M. Waterhouse, espèce omise par MM. Sclater et Gray, et dont nous avons également donné, en 1 853, la description, d'après l'exem- plaire rapporté de la baie Triton par MM. Hombron et Jacquinot. » Ces aptitudes locomotrices peuvent-elles être attribuées au Myoictis IFallnciivX au Dacty'lopsila trivirgala?hes détails donnés par M. J.-E.Gray sur le dernier de ces deux genres, dont la disposition des pâlies postérieures offre de si grandes ressemblances avec celle qui nous est connue chez les Couscous et Phalangers, nous paraissent de nature à pouvoir donner lieu à ( 449 ; une semblable affirmation, qui nous semble également justifiée, pour le Myoictis Wallucii, par les assertions du même zoologiste, relatives à l'absence des ongles aux doigts postérieurs de ce Mammifère, dont le pouce, au membre postérieur, présente en outre plus de largeur que ses congénères. M. Gray signale, au reste, de son côté, que ce genre est voisin des Antechinus. » Mais, si l'observation directe ne nous a pas encore fourni des détails plus complets sur les deux espèces de Mammifères, dont quelques carac- tères viennent d'attirer notre attention, elle nous a appris, au contraire, et ce résultat est sûrement un des plus inattendus dont se soit enrichie la science contemporaine, elle nous a appris que les Dendrolagus imistus et Den- drolagus ursinus, ces deux Kangourous de la Nouvelle-Guinée, sont doués d'habitudes arboricoles. » Sur les treize espèces de Mammifères, propres à cette région de l'O- céanie, dix constituent donc des types grimpeurs. Les trois autres (Pernmeles Dorejanus, Kangurus Brunit, Sus pnpuensis), et nous ne comprenons pas parmi eux les Pteropus argentalus et Hipposideros arvensis, sont bien loin de se trouver dans les mêmes conditions. Il y aura donc à examiner si deux d'entre elles, car il se peut que le Sus papuensis ait été importé, ne présentent pas, d'une manière plus saillante que leurs congénères du même genre, quelques- uns des caractères qui sont propres aux Mammifères arboricoles. Nous les avons déjà, qu'il nous soit permis de le rappeler, amplement exposés dans un long Mémoire, faisant partie de la collection des travaux publiés par l'A- cadémie des Sciences de Lisbonne. Il nous est, en effet, fréquemment ar- rivé, dans le cours de nos recherches sur les caractères fauniques, de mon- trer, par un examen attentif des types considérés comme constituant des faits exceptionnels, qu'ils présentent toujours, dans quelques-uns de leurs orga- nes extérieurs, l'empreinte d'un ou de plusieurs des traits caractéristiques de la faune à laquelle ils appartiennent. S'il nous était permis de délaisser un instant le sujet de cette Note, nous pourrions même citer de nombreux exemples empruntés à l'ornithologie, dans lesquels l'application de ce prin- cipe nous a donné lieu, dans nos travaux de détermination, dans les galeries du Musée de Paris, de mieux caractériser des genres sur lesquels leurs au- teurs n'avaient donné que des indications insuffisantes. » Nous espérons, plus tard, avoir occasion de nous livrer à des détails plus étendus sur l'importance que peut présenter, pour la zoologie, l'ap- plication de ces principes dont la démonstration est, depuis une douzaine d'années, l'objet de nos études. Bornons-nous à rappeler, de nouveau, en ce moment que, dans la faune de la Nouvelle-Guinée, les mêmes habitudes de locomotion sont spéciales aux Mammifères et aux Oiseaux. Cette unifor- ( 45o ) mité dans les habitudes n'entraîne, cependant, chez les Vertébrés de ces deux classes, comparés entre eux, aucune similitude dans les formes générales des membres postérieurs; mais cette dissemblance sera facilement comprise par les zoologistes auxquels sont familières des connaissances approfondies en matnmalogie et en ornithologie. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur la présence dit rubidium dans certaines matières alcalines de la nature et de l'industrie; par M. L. Gkandi.u . [Commissaires précédemment nommés : MM. Balard, H. Sainte-Claire Deville. ) « Dans la séance du 16 décembre dernier, j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie les premiers résultats de mes recherches sur la dissémination dans la nature des métaux récemment découverts par MM. Kirchhoff et Bunsen. Je me propose de faire connaître aujourd'hui les résultats numé- riques auxquels m'a conduit l'analyse des résidus de salpêtre de la Raffinerie de Paris et l'examen de quelques produits résultant du traitement des vinasses de betterave pour l'extraction de la potasse. » I. Résiilus de la Raffinerie de Paris. — Je dois à l'obligeance de M. Mau- rey, commissaire des poudres et salpêtres, d'avoir pu rechercher les nou- veaux métaux sur une quantité suffisante de matières de provenance bien déterminée. Les substances sur lesquelles ont porté mes analyses sont les suivantes : » i° Résidus de l'année 18G1; » a0 Résidus de l'année 1862; » 3° Eaux mères qui fournissent ces derniers résidus; » 4° Eau provenant du suintement de ces résidus. « Pour chacun de ces produits, j'ai procédé de la manière suivante : J'ai déterminé, sur 7. kilogrammes, la perte par dessiccation et calcination (pour détruire les matières organiques); j'ai dissous dans l'eau acidulée par l'acide chlorhydrique un poids connu (de 20 à 3o grammes) du résidu sec. La liqueur filtrée et convenablement concentrée a été précipitée par le chlorure de platine; le précipité lavé à l'alcool et pesé; puis lavé à l'eau bouillante à plusieurs reprises, en observant les précautions indiquées par MM. Kirch- hoff et Bunsen. On n'a cessé les lavages à l'eau bouillante que lorsque le sel ■ Les eaux mères des marais salants et de l'eau de la mer m'ayant donné des résultats complètement négatifs relativement à leur teneur en ( '.".2 ) cœsium et en rubidium, j'ai été conduit naturellement à analyser les salins de betterave et les eaux mères provenant du traitement des vinasses pour en extraire les alcalis. M. Lefebvre, de Corbehem (Pas-de-Calais"), a bien voulu mettre à ma disposition les matériaux nécessaires à ces reeherches. J'ai analysé les eaux mères et les salins provenant de sou usine, exactement comme je l'ai dit plus haut pour les résidus de salpêtre. » Voici les résultats de mes analyses : Dosage du rubidium. Salins de betterave. i kilog. contient Ier, S7 de chlorure de rubidium. Dernières eaux mères. 1 kilog. contient 4Br>7° ('e chlorure de rubidium. » Il me paraît très-probable, d'après cela, que le rubidium qu'on ren- contre en quantités considérables dans les résidus de salpêtre, y est apporté par le chlorure de potassium extrait des vinasses de betterave. » Cette plante enlèverait donc au sol, d'une manière très-remarquable, le nouveau métal qu'il renferme en quantité si minime, qu'il n'y peut être décelé malgré l'extrême sensibilité du procédé optique. Quelle est l'in- fluence que peut exercer la nature du sol sur cette assimilation? C'est une question que des expériences ultérieures me permettront peut-être de décider. » MÉCANIQUE. — Note sur la cause probable des explosions dites fulminantes ; par M. Maxc.ix. (Renvoi à l'examen de M. H. Sainte-Claire Deville. ) « Il résulte des belles expériences de M. Dufour que la température de l'eau peut, dans certaines circonstances, être portée à 1780 au-des- sus de zéro, sans que l'ébullition se produise. Ces circonstances sont : l'isolement du contact des vases, l'isolement du contact de l'air. L'ébulli- tion se produit lorsque le liquide vient au contact d'un solide, c'esl-à-dire lorsque l'équilibre moléculaire est troublé ; il y a alors brusque production de vapeur. Cependant tous les contacts solides ne sont pas également effi- caces pour provoquer ce changement d'état, et il résulte des expériences de M. Donny que l'isolement du contact du vase n'est pas indispensable a la production du phénomène. Ce qui paraît indispensable, c'est (pie l'eau soit privée d'air, que l'opération soit conduite avec lenteur, et que la niasse échauffée soit soustraite aux causes d'agitation extérieures. » Ces prémisses posées, voici comment s'expliqueraient les explosions dites fulminantes. ( 453 ) » Ces explosions n'ont lieu qu'au repos, c'est-à-dire après un temps d'arrêt plus ou moins prolongé, généralement au moment oùl'on va remettre la machine en marche et lorsque, par son calme complet, le générateur ne fait en rien pressentir l'événement. Il suffît de l'ouverture de la valve (d'arrêt, ou de celle d'un robinet de niveau d'eau, de l'ouverture de la porte du foyer où de celle de la porte du cendrier, en un mot d'un (rouble quelcon- que de l'équilibre instable qui s'était établi, pour déterminer la catastrophe. Et l'on a remarqué que généralement, avant l'explosion, la pression était plutôt faible qu'élevée au générateur. Que s'est-il donc passé ? » Au moment où l'on a arrêté la machine, on a en même temps arrêté l'alimentation ; on a fermé les portes du foyer et du cendrier et toutes les issues de la vapeur et de l'eau. L'ébullition a continué ; la soupape de sûreté a fonctionné: l'eau récemment injectée s'est purgée d'air ; et, quand l'acti- vité du feu s'est trouvée suffisamment ralentie, cette soupape est retombée sur son siège et l'appareil est rentré dans le repos. » Si l'atmosphère était calme, si le tirage était nul, si les issues étaient partout hermétiquement closes à l'eau et à la vapeur, l'appareil (qu'on me passe cette image ) s'est endormi, et les molécules aqueuses étant arrivées au repos, la température de la masse liquide s'est élevée graduellement à un point notablement supérieur à celui de la vaporisation sous la pression exis- tante. L'eau ne produisant pas de vapeur, cette pression a pu être et se maintenir sensiblement inférieure à celle nécessaire au fonctionnement de la soupape de sûreté. Les choses étant en cet état, qu'une cause quelconque soit venue déterminer le départ des molécules, et toute la chaleur emmaga- sinée dans la masse liquide a été instantanément employée à produire un volume énorme de vapeur, pendant que la masse non vaporisée redescen- dait subitement à la température correspondant à la pression. o 11 est facile de se rendre compte, par quelques chiffres, de la violence de l'explosion qui a dû alors avoir lieu. Que l'on suppose, en effet, que la pres- sion au générateur ait été, avant l'explosion, de quatre atmosphères absolues et que, par suite du calme de l'appareil, l'inertie des molécules intervenant, la température de l'eau se soit élevée à 1700 seulement (1). A quatre atmosphères la température de l'eau et de la vapeur étant de i45°, chaque kilogramme d'eau dans le générateur contenait donc 25 unités de chaleur en sus de la quan- (1) Les expériences de MM. Dufouret Donny ont été faites à la pression atmosphérique; sous des pressions plus élevées, les températures observées eussent vraisemblablement été bien supérieures. C. R., 1SG2, 1" Semestre. (T. LIV, N° 7.) 58 ( 454 ) tité normale. Donc, au moment où cette quantité de calorique emmagasinée 25 a été rendue libre, elle a dû transformer en vapeur.. „ _ , 5—5 j- ;-, 1 bob, 5+o, 3o5x i45 — i45 soit à très-peu près — de kilogramme d'eau ; c'est-à-dire que le vingtième environ de la masse d'eau contenue dans la chaudière s'est instantanément transformé en vapeur. Or, si on suppose que le volume de l'eau du généra- teur était le double de celui de la vapeur, c'est le dixième de ce dernier volume qui s'est instantanément vaporisé ; et comme à la pression de quatre atmosphères 1 litre d'eau produit 477 litres de vapeur, le volume de vapeur ainsi produit a dû être égal à 47 fois celui que contenait déjà le générateur, et la pression qui a dû se réaliser égale à 47 fois la pression primitive. On conçoit que, contre de pareils développements de vapeur, les soupapes de sûreté soient sans aucun effet, et que les explosions soient véritablement fulminantes. » Cette manière d'envisager le phénomène des explosions fulminantes et d'en rendre compte me conduit aux conclusions suivantes relativement aux précautions à prendre pour éviter ces terribles accidents, précautions qui ne doivent d'ailleurs faire abandonner aucune de celles recommandées jusqu'ici. Pour empêcher la torpeur de la masse liquide qui permet à cette masse d'acquérir, dans certaines circonstances, une température notable- ment supérieure à celle de la pression réglée par les soupapes, une première précaution consisterait à n'employer que des chaudières disposées de telle sorte qu'il s'y établit, en vertu des différences de température, des courants réguliers et constants ( cela est facile même avec les chaudières cylindriques à bouilleurs extérieurs.). Les molécules liquides seraient ainsi toujours ani- mées d'un certain mouvement, et le calme nécessaire à la production du phénomène réalisé par MM. Donny et Dufour ne pourrait s'établir. Une seconde précaution, bien facile à prendre aussi, consisterait à ne jamais fermer hermétiquement une chaudière au repos, mais à conserver toujours ou la soupape de sûreté légèrement soulevée, ou un robinet de vapeur entr'ouvert, afin que la masse liquide ait toujours à fournir une certaine quantité de vapeur et que ses molécules ne pussent pas atteindre l'état de repos. Sur les locomotives en stationnement, par exemple, il suffirait de laisser toujours entr'ouvert le robinet du tuyau par lequel on envoie la va- peur au tender. Cette dernière précaution est du ressort du mécanicien ou du chauffeur; la première regarde le constructeur et, outre qu'elle con- courrait puissamment à empêcher les explosions fulminantes, elle aurait l'avantage de donner des chaudières fonctionnant plus régulièrement, d'une manière plus calme et beaucoup moins snjettesà primer. » ( 455 ) géodésie. — Différence de longitude de l'observatoire de Toulouse et de la citadelle de Montpellier obtenue à l'aide de signaux électriques, par M. Petit à Toulouse et M. Laussedat à Montpellier. Note sur l'importance de ce genre d'opérations en géodésie; par M. Laussedat. (Extrait par l'auteur.) « Les signaux électriques ont déjà servi à déterminer, avec nue extrême précision, les différences de longitude de la plupart des grands observatoires astronomiques, et l'on s'est également préoccupé en France et à l'étranger de les employer dans les opérations géodésiques. » Dans un vovage que j'ai fait à Montpellier à l'époque du passage de Mercure sur le Soleil, observation contrariée par le mauvais temps dans tout le midi de la France, j'ai eu l'occasion, grâce à l'obligeance de M. Petit, d'écbanger l'heure obtenue à laVitadelle, à l'aide d'un cercle méridien por- tatif, avec celle de l'observatoire de Toulouse. Le résultat de cette compa- raison, on peut dire improvisée, a donné pour la différence des longitudes des deux stations un nombre assez peu différent de celui que les ingénieurs de la carte de France avaient trouvé par la géodésie, pour qu'il m'ait paru utile de le faire connaître. » Les observations et les calculs qui sont joints à cette Note montrent d'ailleurs que ce n'est point au hasard qu'il faut attribuer cet accord, et j'ai cru pouvoir en tirer dés lors quelques conséquences importantes au point de vue de la géodésie. , » Les deux points où les heures ont été déterminées sont l'observatoire de Toulouse et le saillant S.-E. de la citadelle de Montpellier. On a trouvé, d'après les observations du 11 novembre 1861, pour la différence des lon- gitudes de ces deux stations exprimée en temps, 9m42s,48. » Pour comparer ce résultat avec celui qui a été obîenu par les ingénieurs de la carte de France, j'ai pris les éléments suivants dans le tableau des positions géographiques de la Connaissance des Temps et sur un plan de la ville de Montpellier à l'échelle de ^-^ : Toulouse. Longitude du nouvel Obser- vatoire o.52.3o 0. du méridien de Paris. 0 I H Montpellier. Longitude de la Cathédrale. 1 . 32 . 1 3 E. j Distance du bastion S.-E. à la méridienne \ 1. 32. 5g, 95 E. de la Cathédrale, io55 mètres dans l'E. +46,95 1 Différence de longitude des deux sta- , o , „ lions par la géodésie 2.25.2g,g5 Ou en temps. 9,J142S)° 58.. ( 456 ) > L'excès de o%48 du premier résultat sur celui-ci renferme les erreurs d'observation, l'équation personnelle des deux observateurs dans la déter- mination de l'heure et l'erreur qui résulte des hypothèses d'après lesquelles ont été calculées les longitudes, à la carte de France. « On peut éliminer l'équation personnelle par la permutation des obser- vateurs ou bien en déterminant directement sa valeur, qui devient alors un élément constant de correction. Les erreurs d'observation s'atténuent assez rapidement, par la répétition, et le résultat définitif représente alors la diffé- rence des longitudes avec beaucoup de précision, il y a même lieu de penser que l'on doit préférer les longitudes ainsi déterminées astronomiquement et par les signaux télégraphiques, aux longitudes déduites des opérations géodésiques. Cela ne veut pas dire assurément que les distances linéaires puissent être déterminées avec plus d'exactitude par les observations astro- nomiques que par les triangulations, bien loin de là ; mais l'hypothèse qui donne à la terre la forme d'un ellipsoïde de révolution, infirmée par la com- paraison des latitudes calculées avec les latitudes observées,, n'est pas plus en état de donner les longitudes avec toute la rigueur désirable. » Pour les latitudes, les discordances attribuées à la déviation du fil à plomb atteignent souvent et dépassent quelquefois i à 3", c'est-à-dire qu'elles représentent des quantités supérieures aux erreurs d'observation. On doit donc s'attendre à trouver des discordances du même ordre pour les longitudes. » Le résultat auquel nous sommes parvenu, entaché qu'il est d'erreurs plus ou moins sensibles, ne diffère après tout du résultat géodésique que de os,/j8, ce qui fait 7", 2 sur l'arc du parallèle de Montpellier. Mais il est permis de croire que par des observations répétées et après l'élimination de l'équation personnelle, cette différence se trouverait réduite au moins de moitié et re- tomberait ainsi dans les limites des discordances dues aux irrégularités de la forme de la terre. » Or lapins grande échelle dont on puisse faire usage dans la construction de la carte topographique d'un pays étendu est celle de 6 „ 0' u 0 , et il serait superflu de chercher à mettre en évidence, sur ces cartes, des quantités telles que 2 ou 3 secondes de degré, soit en longitude, soit en latitude, quantités qui, traduites en mètres et réduites à l'échelle de ^^ , ne dé- passent guère 1 millimètre et deviennent tout à fait insensibles aux échelles inférieures. En représentant les méridiens et les parallèles par les trans- formées des sections planes correspondantes de l'ellipsoïde de révolution, que fait-on si ce n'est reconnaître cette impossibilité de tenir compte de quantités graphiquement négligeables? ( 457 > » En résumé, les longitudes pouvant être désormais obtenues, grâce à la télégraphie électrique et à l'emploi des cercles méridiens portatifs, avec le même degré de précision au moins que les latitudes, et ce degré de précision ne s'écartant pas sensiblement de celui dont on a besoin pour rapporter les positions des stations sur les plus grandes cartes topographiques, il vaudrait mieux, à mon avis, dans un grand nombre de cas, recourir à ces détermina- tions promptes et faciles, que de s'astreindre à l'emploi exclusif des grandes triangulations qui exigent toujours un temps considérable. o Je cite dans ma Note l'exemple de la carte de Russie, dont la plus grande partie a été basée sur des déterminations astronomiques, même sans le se- cours delà télégraphie électrique. Enfin j'y indique plusieurs applications que l'on pourrait faire de cette méthode et qui intéressent la France. » La Note de M. Laussedat est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de MM. Laugier et Delaunay. OPTIQUE. — Description et discussion de quelques expériences de double réfrac- tion; par M. P. Desains. (Commissaires, MM. de Senarmont, Regnault.) « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie les résultats d'un certain nombre d'expériences de double réfraction qui offrent une vérification d'ensemble de la loi de Huygens. Voici en quoi consistent ces expériences. » Je fais tomber sur une lame de spath à faces parallèles, une nappe de rayons lumineux ayant la forme d'une surface conique droite, à base circu- laire. L'axe de cette surface est perpendiculaire à la face d'incidence, et Je sommet est sur cette face même. » Sous l'action du cristal, la nappe lumineuse se dédouble en deux autres L' u ne, formée par les rayonsordinaires, est encore une surface conique droite, qui coupe la face de sortie suivant un cercle dont le centre est sur l'axe du cône incident. L'autre, formée par les rayons extraordinaires, coupe la même face suivant une ellipse dont les dimensions et la position peuvent se calculer d'après la règle de Huygens. A la sortie du cristal, les rayons continuent à diverger, et l'aspect des courbes que l'on obtient en coupant par un écran parallèle aux faces du cristal les deux nappes émergentes, rend visible d'un seul coup d'ceil un ensemble des conséquences de la règle qu'il s'agit de vé- rifier. ( 45S ) » Pour obtenir commodément la réalisation physique desseclions dont il s'agit, on reçoit les nappes émergentes sur une lentille suffisamment lar«e, dont l'axe optique coïncide avec l'axe du cône incident. La lentille forme sur un écran blanc, parallèle aux faces du cristal, l'image de la section réelle ou virtuelle faite dans les nappes lumineuses à une distance facilement assi- gnable. » On peut vérifier ainsi toutes les particularités que doit présenter la Forme des nappes d'après la théorie de Huygens. Les courbes que l'on obtient sont très-lumineuses, on peut leur donner plus de i mètre de diamètre, et les rendre ainsi facilement visibles de tout un amphithéâtre. » On peut aussi en obtenir la reproduction photographique, et j'ai l'hon- neur de présenter quelques-unes de ces reproductions prises dans les cas qm m'ont paru les plus intéressants. » La planche (i) représente le phénomène tel qu'on l'obtient quand les faces du cristal sont perpendiculaires à l'axe de double réfraction. » La planche ( 2) est relative au cas où la face d'incidence est parallèle a l'axe. La planche (3) se rapporte au cas plus général où la face d'en- trée est orientée d'une façon quelconque par rapport à l'axe de double ré- fraction. » Pour obtenir les nappes coniques qui servent dans toutes les expé- riences, on reçoit sur une lentille fortement convexe un faisceau cylin- drique de rayons venus du soleil ou de la lampe électrique; puis on place devant la lentille une plaque opaque percée d'une ouverture annulaire étroite et ayant son centre sur l'axe de la lentille. » Lorsqu'on polarise le faisceau incident, les anneaux circulaires con- centriques que l'on obtient avec le spath perpendiculaire prennent l'aspect de la figure (4). » Chacun d'eux présente deux maxima et deux minima de lumière pla- cés à 900 les uns des autres. » Le diamètre qui passe par les points noirs de l'anneau ordinaire est perpendiculaire à celui qui passe par les points noirs de l'autre, et si l'on fait tourner le plan de polarisation primitif, on voit ces diamètres le suivre dans sa rotation. «Enfin, il est évident que dans ce dernier cas on doit obtenir des effets très- brillants, lorsque, sur le trajet des rayons polarisés, et avant leur incidence sur la lentille qui la transforme en nappe conique, on place soit une lame de quartz perpendiculaire à l'axe, soit une lame mince cristalline taillée pa- ( 'P9 ) rallèlement à l'axe. Alors, en effet, les deux cercles se colorent et présentent en leurs différents points les variations de teinte ou d'éclat qui dépendent de la direction de la section principale relative à ce point. » Je ne crois pas nécessaire de reproduire ici les calculs à l'aide desquels j'ai discuté la forme des sections dont je donne la photographie; ils sont développés dans le Mémoire que je joins à cet exposé sommaire. » Les expériences que je viens de décrire ont été faites depuis plusieurs années aux cours de la Faculté des Sciences, et je n'ai point appris que d'autres lésaient faites ou indiquées auparavant. Je m'occupe de les étendre au cas des cristaux à deux axes. » géodésie. — Notice explicative de l'instrument appelé diastasimètre, > présenté par M. F.-M. Laxox. (Commissaires, MM. Mathieu, Laugier, Delaunay.) « L'instrument que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie sous le nom de diastasimètre, se compose d'un cercle gradué monté sur un support a trois mouvements différents : i° un nœud à charnière, qui permet de faire prendre au cercle les positions verticale et horizontale; i° une noix mue d'avant en arrière et d'arrière en avant par une vis tangente, pour obtenir h- niveau ou différentes positions inclinées; 3° un mouvement rotatoire hori- zontal qui permet de tourner l'instrument dans toutes les directions, et dont l'action se trouve subordonnée à une pince d'arrêt destinée à le fixer lorsque sa position est déterminée. » Sous le cercle et dans son plan est fixée une lunette à réticule dont l'axe longitudinal est parallèle à la ligne des degrés du cercle de go à 270; à côté de cette lunette se trouve un niveau à bulle d'air monté parallèlement au cercle et à l'axe longitudinal de la lunette. » Sur le cercle est une autre lunette à réticule montée à angle droit avec la ligne de foi d'une alidade à double vernier donnant la minute ; cette lunette est légèrement plongeante, afin d'obtenir la convergence sur la mire dans l'opération du mesurage des distances. L'alidade porte une pince d'ar- rêt sur le cercle, avec vis de rappel pour faire arriver la visée de la lunette au point précis. » Le niveau qui se trouve sur le cercle est visible en dessus; la bulle paraissant par l'ouverture pratiquée dans l'intérieur du cercle, il sert à prendre la position de niveau quand le cercle est abattu horizontalement. » Les lunettes sont concentriques A la gauche de l'alidade et sur son ! ',6o ) champ est une petite vis d'acier que sa tète, percée de quatre trous, permet d'allonger ou de raccourcir, selon l'ouverture del'angle qu'on veut obtenir dans le mesurage des distances; la tête de la \is vient se juxtaposer à un petit butoir mobile qui détermine la position de l'alidade, et partant de la lunette, dans cette même opération ; ce butoir doit être garni d'un ressort qui le fasse rentrer à sa place lorsqu'on veut faire mouvoir l'alidade. Usage de l'instrument. » i° Mesui âge dune distance prise d'un point donné à un autre point acces- 9?-3 922 Mouvement rétrograde. On en conclut Péphéméride : 1862 *m a. *m S log A logr Février 3 18.52.24 -1-63. 5 1.22 9,92417 0,12400 » 7 22.17.26 60. 1 3. 12 9,g86 33 0,14*0 55 II 24-40-41 57.28.45 0,o4l 4° 0,l56Ô2 » i5 26.32.34 55.22.3o 0,09043 0,17224 19 28. 6.38 53.43.49 0,13421 0,18739 » 23 29. 2g. 48 52.26. 6 0,17378 0,20208 » 27 3o.46. 3 51.24.22 o,2og55 0,21632 Mars 3 3 1.57 34 5o.35 17 0,24208 o,23oir » L'éphéméride est pour oh de Greenwich. » Le 9 janvier, la comète était presque visible à l'œil nu. » PHYSIQUE. — Mémoire sur les conductibilités électriques des dissolutio7}s salines ; par Marié-Davy. « Je désigne par c la conductibilité des dissolutions salines rapportée au conducteur normal, le mercure, et à la température constante de io°; par p le poids en grammes du sel, supposé anhydre, qui est dissous dans 1 gramme d'eau, l'eau d'hydratation comprise; par c? le coefficient d'accroissement de conductibilité de la dissolution pour une élévation de température de i°. ( m ) » Un procédé d'expérimentation qui met les résultats obtenus à l'abri des pertes de puissance vive électrique dues aux changements de conducteurs, et des altérations que le passage du courant tend à produire dans les liqueurs essayées, me conduit aux résultats suivants : chacun d'eux est le résumé d'au moins douze déterminations de conductibilités. Sulfates SO', M d'hydrogène c = 0,00000078 -4- d'hydrogène et potassium c = 0,00000048 -+- d'ammonium c= o,oooooo3o -+- de potassium c = 0,00000029 + de sodium c = O , 000000 1 9 + de magnésium c = 0,0000001 4 -+- de zinc c = 0,00000018 + de fer c = 0,00000018 + de manganèse c = 0,00000025 + de cuivre r = o ,0000001(1 -+- de cadmium c = 0,00000017 ~+~ Nitrates AzO6, M d'hydrogène c = 0,00000166 + d'ammonium... . . ... c = o,oooooo3g -+- de potassium c = 0,00000022 + de sodium c =1 o ,oooooo32 -f- de strontium c = o, 000000 1 7 -+- de baryum b = o ,oooooo32 -+- de plomb c = 0,00000028 -+- d'argent c = o,oooooo3o -+- Chlorures Cl M d'hydrogène c = 0,00000090 -+- d'ammonium c = o,oooooo44 -+- île potassium c = 0,00000021 + de sodium c = 0,00000026 + de magnésium c = o,oooooo34- + de calcium c = 0,00000000 -+- de strontium c = o ,00000029 -+- de baryum c = 0,00000024 + de zinc c = 0,00000000 -+- de ferrosum c = 0,00000028 -+- de ferricum c = 0,00000042 -f- de cuivre c = o,oooooo36 -+- de mercure . . c = 0,00000002 -+- o,ooo3o38 p S = 0,020 0,0001252 p S = 0,020 0,0000752 p s = 0 ,o3o 0,0000612 p s = 0,040 0,0000642 p s 0 = 0,040 0,0000419 p 8 = o,o5o 0,0000272 p a = o,o35 0,0000272 p 0 = o,o3o O,000025o p 3 = o,o35 0,0000249 p S = o,o35 0,0000210 p S — » 0,0003077 p S — 0,020 o,oooog33 p s = o,o3o 0,0000747 p s = o,o35 0,0000573 p 3 = o.o3o o,oooo383 p S = o,o32 o,oooo355 p 0 = 0,020 0,0000258 p 3 = o,o55 0,0000329 p 3 = 0,025 0,0004959 p 3 — o.otS 0,0001376 p 8 = 0,025 0, oooio44 /' S = 0 ,o3o o,oooio35 p 3 = o,o3o o,ooooc)38 p S = o,o35 0,0000824 p 3 = 0,040 0,00007 10 p 8 = n,o45 o,oooo56o p 3 = o,o45 0,0000773 p 3 o,o35 0,0000799 p 3 = o,o3o 0, oooo855 p 3 = 0,022 0,0000592 p S = » 0,0000006 p 3 : 0 (467 ) Chlorure c Cyanure c Bromure c Iodure c Chlorate c Bromate c Iodate c Sulfate c Sulfite c Hyposulfate (S'O1) c Hyposulfate (S3Os) e Azotate c Arséniate c Phosphate (PhOs)3 c Oxalate c Acétate c Citrate c Sels de potasse. : 0,0000002 1 + O ,0001049 p S = o,o3o 0,00000000 + 0 .0001043 p S = 0,010 0,00000000 + 0, ,0000734 p S = o,oi5 0,0000001 5 + 0 , 0000525 p s = o,o35 : O,0000O0l4 + 0 ,00005^3 p 3 = o,o45 : O,O0OOOOl4 + 0 ,oooo3o2 p 3 = o,o5o 0,00000050 + 0 ,0000237 p 3 = o,o5o 0,0000002g + 0 ,0000612 p 3 = 0,040 0,0000003^ + 0 ,0000620 p 3 = 0,020 0,00000044 + 0 ,0000470 p 3 = o,o55 : 0,00000022 + 0 ,0000498 p S = ? 0,00000022 + 0. ,0000747 p 0 = 0,042 0,000000 1 I + 0 ,oooo38i p 3 = o,o3o 0,00000000 -t- 0. ,oooo4'0 p S = 0,020 0,0000002 1 + 0. 0000721 p 3 = 0,042 o,oooooo55 + o. ,0000410 p 3 = 0,020 0,00000026 + o, oooo38i p 3 = o,o3o « Dans toutes les formules qui précèdent, le terme indépendant de p re- présente le pouvoir conducteur de l'axe modifié par la présence du sel. » Contrairement à l'opinion généralement reçue, la conductibilité d'un sel est d'autant plus grande généralement, que l'affinité qui réunit ses élé- ments constituants est plus grande elle-même. » D'après la théorie mécanique de l'électricité, la conductibilité croît comme la diffluence des atmosphères éthérées qui enveloppent les particules matérielles. Les quantités de puissance vive consommées dans l'acte de sé- grégation des éléments d'un sel et les affinités qui relient ces éléments crois- sent donc aussi en même temps que cette diffluence; toutefois le degré de concentration de la particule matérielle elle-même joue un rôle important dans le développement des affinités. C'est ainsi que l'ammonium se place avant le potassium dans l'ordre des conductibilités, quoiqu'il vienne après dans l'ordre des affinités. » L'hydrogène est doué d'un pouvoir conducteur exceptionnel qu'il com- munique à ses composés salins et qui le placent bien avant le potassium ; l'oxygène, au contraire, tend à diminuer la conductibilité des composésdans lesquels il entre. ( 468 ) » Les atmosphères particulaires d'un sel dissous s'étendant sur les atmos- phères de l'eau, permettent à une certaine portion de celles-ci de participer à la transmission du mouvement électrique; c'est à cette action qu'est du le terme constant. >■ CHIMIE. — Note sur li- dosage de l'acide phosphorique en présence de l'oxyde de fer et des bases terreuses; par M. A. Girard. « Le dosage de l'acide phosphorique, si facile lorsque cet acide est sim- plement uni à des bases alcalines ou métalliques, présente des difficultés presque insurmontables lorsqu'à côté de celles-ci l'on rencontre simultané- ment de l'oxyde de fer, de l'alumine, de la chaux et de la magnésie. Les chimistes qui, depuis longtemps, se sont préoccupés de cette question, ont cherché à la résoudre de deux manières différentes. Les uns, comme Berze- lius, MM. Rose, Otto, Fresenius et Wackenroder, se sont proposé de préci- piter l'acide phosphorique à l'état de phosphates insolubles dans des disso- lutions alcalines et surtout ammoniacales; mais l'expérience a démontré que, par suite de l'extrême analogie de propriétés existant entre les phosphates et les oxydes correspondants, aucun de ces procédés ne pouvait fournir des résultats d'une exactitude absolue. Les autres ont cherché, au contraire, à tirer parti de l'insolubilité de certains phosphates dans l'acide azotique, de telle sorte qu'on pût recueillir d'un côté tout l'acide phosphorique, d'un autre une liqueur azotique renfermant toutes les bases. Tels sont les pro- cédés basés sur l'emploi du phospho-molybdate d'ammoniaque (Schonnen- schein), du phosphate d'étain (Reynoso), et enfin du phosphate de bismuth (Chancel). Plus exacts que les précédents, ces procédés ont cependant deux inconvénients : d'une part, ils exigent des manipulations longues et compli- quées; d'une autre, ils exposent le chimiste à voir une partie du peroxyde de fer et même de l'alumine se précipiter en même temps que le phosphate insoluble pour en augmenter le poids. Dans le procédé de M. Chancel on peut, grâce à un artifice ingénieux, parer à cet inconvénient en ramenant le fer au minimum ; mais la nécessité, pour obtenir ce résultat, de faire passer jusqu'à refus d'abord un courant d'hydrogène sulfuré, puis un courant d'acide carbonique, augmente la difficulté d'une analyse déjà fort délicate. » Il m'a semblé que du moment où l'oxyde de fer présentait une ten- dance aussi énergique à se précipiter avec le phosphate insoluble, même au sein de l'acide azotique, il y aurait plus de chance de succès en tournant la difficulté qu'en cherchant à la faire disparaître. C'est à quoi je suis par venu en ( 4°9 ) me basant d'une part sur l'insolubilité du phosphate d'étain dans l'acide azotique, d'une autre sur la solubilité facile de ce phosphate dans le suif- hydrate d'ammoniaque. » Le procédé de M. Reynoso, qui m'a servi de point de départ, consis- tait à recueillir le mélange d'acide stannique et de phosphate d'élain fourni par un poids d'étain connu,' et à peser le précipité calciné. Ce procédé se- rait, en effet, d'une grande simplicité, si, par malheur, l'acide stannique n'entraînait, ainsi que je l'ai reconnu, la presque totalité de l'oxyde de fer et une portion de l'alumine en même temps que l'acide phosphorique. » J'ai trouvé qu'il était facile de remédier à cet inconvénient en traitant le précipité par le sulfhydrate d'ammoniaque qui, redissolvant tout le phos- phate d'étain, permet de doser directement l'acide phosphorique à l'étal de phosphate ammoniaco-magnésien, tandis qu'il laisse à l'état insoluble l'oxyde de fer et l'alumine que l'on ajoute ensuite à la liqueur des bases. » Voici comment l'opération doit être conduite, en supposant le cas très- compliqué où l'on trouverait en présence l'acide phosphorique, l'oxyde de fer, l'alumine, la chaux, la magnésie, etc. La matière, exempte de chlorures, est dissoute dans l'acide azotique, on projette dans la dissolution un poids quelconque d'étain pur (l'expérience démontre qu'il suffit d'en ajouter un poids égal à quatre ou cinq fois celui de l'acide phosphorique présumé); cet étain, en passant à l'état d'acide stannique sous l'influence de l'acide azotique, entraine tout l'acide phosphorique, ainsi qu'une grande partie du fer et de l'alumine; on lave par décantation d'abord, puis sur un filtre, et l'on met à part la solution nitrique qui, exempte d'étain, renferme toutes les bases, moins une partie du fer et de l'alumine. Cela fait, on redissout le précipité dans une petite quantité d'eau régale, et sans se préoccuper du filtre désagrégé ou des petites portions de phosphate d'étain qui resteraient insolubles, on sursature par l'ammoniaque, puis on ajoute un excès de suif- hvdrate d'ammoniaque (i). Immédiatement un précipité noir de sulfure de fer et d'alumine se produit; on laisse reposer une heure ou deux, puis on filtre, en ayant soin de laver le précipité avec du sulfhydrate d'ammoniaque, pour entraîner les dernières traces d'étain. Il suffit alors d'ajouter dans la liqueur filtrée du sulfate de magnésie pour obtenir, plus rapidement que dans les circonstances ordinaires, le précipité caractéristique de phosphate (i) On peut aussi bien mettre directement le sulfhydrate en contact avec le précipité d'acide stannique et de phosphate d'étain, mais la dissolution est alors plus longue. C R., i86i, I " Semestre. (T. LIV, M° 7.) °° (47o ) aniinoniaco-magnésien. Quant au filtre contenant le sulfure de fer et l'alu- mine, il est redissous dans l'acide azotique, et la solution filtrée est ajoutée à la liqueur primitive des bases que l'on sépare à la manière ordinaire. » Ce procédé est très-simple et très-rapide : il permet de séparer, en quel- ques heures, tout l'acide phospliorique que renferment les mélanges les plus compliqués, et d'effectuer ensuite la séparation des bases avec exacti- tude. Un grand nombre d'expériences m'ont démontré d'ailleurs que le do- sage de l'acide phospliorique avait lieu de cette manière avec une précision inusitée. » Je joins ici, comme exemple des résultats que peut donner cette mé- thode, les nombres fournis par deux essais synthétiques exécutés au labo- ratoire des collections de l'École Polytechnique, l'un par moi, l'autre par M. A. Charpentier, sous ma direction. II. Employé. Trouve. Employé. Trouve. 0,445 0,443 0,190 0,191 0, IOO O , I 02 0,180 0,l74 O, 125 0 , 1 26 o,3oo O , 2()4 0,25o 0,248 0,080 0,078 0 , 080 0,081 0 , 25o 0,247 1 ,000 1 ,000 1 ,000 0,088 Acide phosphorique . Oxvde de fer Alumine Chaux Magnésie CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques matières ulmiques; par M. E. Il un» « Le chloroforme, traité par le sodium en présence d'une petite quantité d'alcool méthylique, éthylique, amylique, d'acétone, donne lieu à un dé- gagement de gaz et à une formation de matières fixes. » Les gaz sont un mélange d'hydrogène, de gaz des marais, d'oxyde de carbone. L'esprit-de-bois fournit seulement de l'hydrogène et de l'oxyde de carbone. » Les matières fixes sont formées de chlorures de sodium et de substances organiques brunes et incristallisables, ressemblant aux matières ulmiques ainsi que leurs différents dérivés. » Série élliu (inique. On obtient avec l'alcool un acide chloré , l'acide chlorétliul inique : 4Ç9HCl3+6C4H,Oa-r- uNa = C,2H9Cl04-r-C,2H8ClaNO' -+-2CaH* + a C' O2 -f- i$U + îoNaCI. A chloïélhulmique. Chlurcihulniute île soude. ( 47i ) » L'acide chloréthuhnique, traité par la potasse, se transforme en acide éthulmique et bioxyéthulmique : a(C,2H»ClO*) + 2(RHO») = 2RCl -hC,2W0O* + C,2H,00\ A. éthulmique. A. bioxéthulmique. » L'acide éthulmique CH^O1 est bibasique. 11 peut échanger i, 2 et 3 équivalents d'hydrogène contre du chlore, du brome, de la vapeur nitreuse. » L'acide bibromo-éthulmique, chauffé à 6o° avec de l'acide sulfurique, donne un carbure d'hydrogène brome, bromure de méthulmène : C'JL'Br'O4 =C20* + C,0H8Br2. Bromure de mcthulmènc. » La potasse transforme le bromure de méthulmène en méthulmène brome C,0H2Br; on a obtenu également le chlorure de méthulmène C,0H8CI2, et le nitrobromure de méthulmène C,0H8Br (NO). » L'acide bioxyméthulmique G12 H10 O8 donne, par l'action du brome, l'acide bioxybrométhulmique C12 H9 Br O8. Ce dernier acide se transforme par la potasse en acide trioxyéthulmique C,2H,0O'°, isomère de la cellulose. » Série métliutmique et amylulmique. On obtient les termes correspon- dant à ceux de la série éthulmique, et appartenant dans l'une aux acides méthulmique C10 H80*, bioxyméthulmique C'°H808 et bromure d hypo- méthulmène C8HeBr2, et dans l'autre série aux acides amylulmique C"H,604, bioxyamylulmique C18H,808, bromure de butylulmène C,6H,4Br2. » M. Zimmermaw demande et obtient l'autorisation de reprendre un tra- vail qu'il a présenté sous le titre de : « Les orgues et les pianos enrichis par de nombreuses inventions et perfectionnements, etc. ». M. Wedl, professeur ৠl'Université de Vienne, en annonçant l'envoi prochain d'un exemplaire de son livre sur l'histologie pathologique de l'œil, exprime le désir que cet ouvrage puisse, quoique n'étant pas écrit en fran- çais, être admis pour les prix de Médecine et de Chirurgie. M. le Secrétaire perpétiee fait remarquer, à cette occasion, combien il ( 47* ) serait désirable que les auteurs qui adressent des ouvrages écrits en langue étrangère, y joignissent une traduction ou du moins un résumé en français, afin d'abréger un peu le travail de la Commission, travail considérable et qui s'accroît d'année en année. M. T. Girard, en adressant pour le même concours un Mémoire intitulé : « Des Frictions et du massage dans le traitement des entorses de l'homme », v joint, pour se conformer à une des conditions imposées aux concurrents, une indication de ce qu'il considère comme neuf dans son travail. Il y joint également une copie de l'avis émis par le Conseil de Santé des Armées sur ce nio'ie de traitement. (Réservé pour la future Commission.) L;i séance est levée à 5 heures un quart. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 24 février 1862 les ouvrages dont voici les titres : Le Jardin fruitier du Muséum; par M. 3. Decaisne; 5ae livraison. Paris, 1861, in-/j°. Des frictions et du massage dans le traitement des entorses de l'homme ; pal M. T. Girard. Paris, 1861; in-8°. (Ouvrage destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1862.) Cours pratique de machines à vapeur marines, professé à l Ecole d'Application du Génie maritime ; par M. A. DE Fréminville. Paris, 1 vol. in-8°, accompa- gné d'un atlas renfermant 90 planches gr. in-fol. et 8 grands tableaux nu- mériques. Description géologique du département de Vaucluse; par M. Scipion Gras Paris et Avignon, i862;in-8°. Carte géologique du département de Vaucluse; par le même. Paris, 1861. Eaux de Paris. — Lettre à un Conseiller d'Etat) pour servit de réponse aux adversaires des projets de la ville de Paris; par M. Kobinet. Paris, 1862. 111-8". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 5 MARS 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. GÉOLOGIE. — Quatorzième Lettre à M. Elie de Beaumont sur les phénomènes éruptijs de l'Italie méridionale ; par M. Ch. Sainte-Claire Deville. « Naples, 18 février 1862. » D'après les témoignages les plus nombreux et les plus concordants, la sortie de la lave a suivi de très-près, d'une demi-heure peut-être, l'explo- sion des cratères de la fissure. » Du reste, je ne puis rien vous dire de précis sur les circonstances qui ont accompagné la formation de cette fissure, sur la manière dont les di- verses cavités qui la jalonnent se sont évidées en projetant autour d'elles les matériaux meubles qui constituent leur talus extérieur, et dont l'accu- mulation explique le nom de cônes adventifs qu'on leur donne aussi. Ces explosions se sont-elles faites successivement ou en une seule fois? Les ma- tières ainsi projetées ne sont- elles pas, pour la plus grande partie, des débris de la lave elle-même, qui aurait d'abord rempli la fissure? et, dans ce cas, l'éruption ne serait-elle pas uniquement la production d'un grand filon de roches fondues, injecté longitudinalement sur toute l'étendue de la fissure, percé de distance en distance par les gaz qu'il amène avec lui, et dont la crête, en quelques points moins résistants que les autres, s'abat, se déchire, et ouvre une brèche à la coulée ? » Ces questions et une foule d'autres qu'on pourrait poser encore, si L. R., 1862, ier Semestre. (T. LIV, N° 8.) "I ( 474 ) elles étaient résolues de visu par des hommes scientifiques, éclaireraient vivement la formation de la fissure et permettraient de se faire une idée nette des premières phases de l'éruption, qui sont de beaucoup les plus im- portantes au point de vue de la théorie des volcans. En l'absence de ces données positives, je ne puis rien ajouter aux détails fournis par les Lettres de MM. de Tchihatchef, Palmieri et Guiscardi, et je vais vous dire ce que j'ai observé moi-même sur la lave depuis mon arrivée. Je l'ai visitée pour la première fois le i\ décembre, et depuis lors je l'ai revue, soit dans tout son cours, soit dans quelques points que j'ai étudiés particulièrement, le 28 décembre, le 9 janvier, les 3, 5, i4ct i5 février. » Comme je vous l'ai dit dans ma dernière Lettre, le courant de lave a été rejeté par deux cratères (1), le sixième et le septième, qui se sont tous deux (brèches du côté du sud pour la laisser couler. Une circonstance tres- curieuse, c'est que le premier jet de matières incandescentes, au lieu de se diriger immédiatement vers la partie inférieure de la pente, l'a au contraire remontée sur un court espace, et est allée baigner des deux côtés un petit promontoire de tuf qui faisait saillie au-dessus du point d'émission. Mes observations barométriques me donnent, entre les deux extrémités de la lave, une différence verticale de 162"', 2, et comme, d'après le plan dressé par le bureau topographique, la lave s'est étendue sur une longueur d'en- viron 1860 mètres, il en résulte une pente générale de -j-fr ou ue 5° envi- i-on(4059V',79). » La vitesse avec laquelle elle s'est avancée a été notable ; elle a mis, en effet, sept heures à parcourir cet espace de 1 860 mètres, ce qui fait om,*]l\ par seconde. Cette vitesse est beaucoup moindre sans doute que celle de la coulée du 12 août i8o5, qui, en l'espace de cinq heures, descendit du som- met du Vésuve jusqu'au bord de la mer, au Palais du Cardinal, dans le voi- sinage de Torre del Greco. Néanmoins, la vitesse atteinte par la lave de 186 1 est certainement supérieure à la vitesse moyenne des courants sortis du Vésuve, surtout de ceux qui se sont fait jour sur le versant opposé du cône. » Un des caractères les plus frappants de la lave du 8 décembre, et qui ne peut échapper même à l'œil le moins attentif, c'est l'état fragmentaire de toutes les parties qui la composent. On peut affirmer qu'en aucun point elle (t) Et non par un seul, comme je le pensais lorsque j'ai écrit ma onzième Lettre. Depuis lors, l'étude plus attentive des lieux m'a prouvé que la masse fluide était sortie des deux cratères échancrés. ( 475 ) n'a, même de fort loin, pris la moindre ressemblance avec une nappe basal- tique. Le dessin photographié n° 3, que je joins à cette Lettre (et que je dois, comme ceux qui l'accompagnent, à l'inépuisable obligeance de M. James Graham, qui a bien voulu, avec un empressement et une générosité que je ne sais vraiment comment reconnaître, mettre à ma disposition, ou plutôt au service de la science, sa merveilleuse habileté), vous montrera qu'en quelques endroits la lave a atteint une épaisseur de 8 à 10 mètres au moins ; mais, là même, ce sont toujours des accumulations de fragments aigus, s'arc-boutant les uns contre les autres de la façon la plus irréguliert- et la plus pittoresque. Cet état fragmentaire de la lave est. au reste, parfai- tement en rapport avec la pente générale sur laquelle elle a cotdé. Faible en apparence, cette pente est encore trop grande (comme vous l'avez depuis longtemps établi, par les observations les plus précises et les plus irréfu- tables) pour donner lieu, au moins sur une certaine étendue, à d'épaisses assises. » Cette discontinuité des diverses parties de la nouvelle lave contraste vivement avec le caractère qu'affectent quelques-uns des nombreux cou- rants qui, pendant plus de deux ans (de i856 à 1 858), sont sortis du flanc occidental du Vésuve. Ce sont des masses d'apparence vitreuse ou rési- noïde, en général d'un noir foncé, qui rappellent, souvent à s'y mépren- dre, des cordages enroulés et qui ne présentent aucune solution de conti- nuité; de sorte que la lave ne semble former qu'un long cordon tordu de mille façons, comme une matière visqueuse ou sirupeuse qui, s'écoulant lentement d'un vase ou sortant par la pression d'un orifice étroit, se pelo- tonnerait sur elle-même sans se disjoindre jamais, et constituerait ainsi des amas de figures variées, mais à contours constamment arrondis. » Cette même éruption de i858 a donné d'autres courants qui ont surgi de dessous les premiers en les brisant, et qui sont, comme la coulée de 1861, uniquement composés de blocs anguleux entassés confusément et présentant l'image du chaos. Bien que les derniers venus, ils offrent déjà une surface rougeâtre et oxydée, qui contraste avec l'aspect de fraîcheur et les surfaces encore luisantes de la lave visqueuse. Enfin celle-ci, seule en- core, donne issue par ses innombrables gerçures à des dégagements de vapeurs chaudes, entraînant un peu d'acide chlorhydrique et attaquant ainsi la roche qu'elle colore en jaune. La lave en gros fragments isolés est, au contraire, entièrement refroidie et ne donne plus trace d'activité. « Mais la circonstance la plus intéressante à étudier dans les laves de 1 858 (qui, par des jets successifs et très-nombreux, ont recouvert une éten- 6i.. ( fcfi ) (lue considérable sur le flanc N.-O. du cône, dans l'Atrio del Cavallo et le Fosso délia Vetrana, au-dessus de la coulée de 1 8 5 5 , et surtout au pied mé- ridional de la colline du Salvatore el dans le Fosso Grande, qu'elles ont entièrement comblé), c'est la manière dont elles se sont avancées sur les pentes les plus douces ou même sur des plans horizontaux. On n'y voit nulle part le procédé d'un liquide plus ou moins parfait qui, cherchant constamment à niveler sa surface, tend à combler tous les vides qu'il ren- contre et s'y entasse; de telle sorte que, la solidification survenant, on trouve des nappes régulières et compactes. Les vides que la lave laisse an-dessous de sa superficie sont, au contraire, considérables par rapport à l'étendue de cette superficie : aussi cette dernière, même dans les courants à texture continue dont j'ai parlé n'étant pas suffisamment soutenue an-dessus des cavités qu'elle a comblées, ne tarde pas se gercer et à se crevasser. Il en résulte de véritables failles; le mur d'un des côtés s'abaisse plus que le mur opposé : les deux parois s'écartent, et on voit la surface horizontale de la roche brisée et comme craquelée sur une épaisseur qui atteint quelquefois 3 à 4 mètres, et suspendue au-dessus d'un vide imparfaitement rempli par des scories incohérentes. Non-seulement la lave ne s'étend pas connue un liquide en comblant et nivelant les cavités qu'elle rencontre, mais lors- qu'elle arrive en ces points avec une certaine impulsion, elle remonte du côté opposé à celui d'où elle venait, et laisse dans la cavité des portions éti- rées dans le sens du mouvement et placées bien au-dessous des monticules qu'elle est allée former plus loin. » Les dessins photographiques ci- joints des laves de i858,queM. .1. Cira- ham a bien voulu prendre pour moi sur la route du Salvatore et au pied de la colline de l'Observatoire, fourniront, j'espère, le meilleur éclaircisse- ment que l'on puisse désirer de toutes les circonstances qui accompagnent le mouvement des laves sur des pentes très-faibles ou même nulles ( i . ( i ) Ces dessins portent, dans la petite collection que je joins à cette Lettre, les nos \, 5, <> 7, 8 et 9. Le dessin n" 4 a été pris à 100 mètres environ de l'extrémité inférieure de la lave. Il en donne par conséquent l'aspect général jusqu'à la colline de l'Observatoire, qui se détache à l'horizon, au-devant des dernières crêtes de la Somma. Un accident arrive lors du tirage des deux épreuves stéoroscopiques enlève à ce dessin la netteté qu'il présentera dans des épreuves faites moins précipitamment. Les trois dessins (.nM 5, 6 et 7) ont été pris à peu près d'un même point, situe plus haut el vers le milieu de l'étendue de la lave. Le n' 5 présente, au dernier plan, le cône du Vésuve presque entièrement recouvert de ( 477 ) » Les caractères chimiques et minéralogiques de la nouvelle lave ne pourront être définis dune manière bien précise qu'après des recherches de laboratoire. Voici néanmoins ses principaux traits. » Elle est, en général, peu cristalline, ou du moins les cristaux dont sa pâte se compose sont peu nets et très-peu développés. Maigre son aspect noirâtre, on distingue à la loupe un nombre prodigieux de tivs petits sphéroïdes d'amphigène qui, là comme dans toutes les autres laves du Vésuve, est l'élément leucolyte essentiel. Les cristaux les plus volumineux sont les cristaux de pyroxène noir; mais ils sont loin d'être aussi abondants que dans quelques laves voisines, comme dans celles de la Scala, du Grana- tello et de 1794. Quant à l'olivine, elle y est rare, et j'ai eu quelque peine à m'assurer qu'on en trouvait de petits grains vitreux. Le mica, en général peu répandu clans les laves du Vésuve, se présente dans celle-ci avec une neige ; plus bas, une accumulation de laves fragmentaires qui, dans cette même éruption de i85fi-i858, s'est épanchée au-dessus de l'orifice de la coulée principale et y a détermine un monticule, qui forme aujourd'hui un des traits saillants des pentes occidentales du volcan : enfin, au premier plan, la lave visqueuse en forme de cordages enroulés. Le dessin n° 6, à gauche du précédent, montre, au dernier plan, les crêtes supérieures de la Somma; au-devant, les pentes de la colline de tuf du Salvatore, et au premier plan les laves visqueuses de 1 858 qui ont coulé là sur une pente de 2°,javectous les accidents super- ficiels qu'on y distingue. Le dessin n° 7 est très-net et très-instructif. On y voit, au dernier plan, les accumulations de laves fragmentaires formant un monticule au dessus des laves visqueuses qu'elles ont percées. Le sens suivant lequel ces dernières ont coulé est donné par les traces d'éliremenl qu'elles présentent et par le brisement de la lave, parallèlement à la mordine latérale. Vous pouvez mesurer, sur le dessin, avec un rapporteur la pente du courant en cet endroit el u comparer avec l'aspect brisé et tourmenté de sa surface : cette pente est de 5 à 6°. Le dessin n° 8 représente une fissure, un craquement vertical dans la lave vis- queuse. Enfin, je n'ai pas besoin de vous faire l'éloge de la belle planche qui porte le n° 9. On \ voit, sur une grande échelle, les détails, à la surface et dans les brisures, de la lave visqueuse. Vous remarquerez que la direction de la coulée, indiquée très-exactement par l'axe longi- tudinal des stries circulaires résultant du mouvement lui-même, est parallèle au long côté du rectangle rempli par le dessin. Cette direction est donc sensiblement horizontale et la pente à peu près nulle. D'un autre côté, les proportions sont données par la figure d'un di nos guides, insérée à dessein, pour servir d'échelle. Or, sans changer de lieu et en levant seu- lement les yeux, on pouvait de là distinguer les assises compactes et régulières de la Somma, et s'il fallait s'en rapporter à quelques géologues, ces assises, dont une grande partie offre moins d'épaisseur que la lave en cet endroit, auraient acquis cette compacité et cette régula- rité en coulant, par nappes d'une immense étendue, sur des pentes de 20 et de 20°! ( 47» ) certaine abondance en petites laines hexagonales brunâtres, d'une netteté parfaite. L'élément magnésien semble avoir choisi le type minéral du mica plutôt que le t\pe du péridot, comme dans les laves que je viens de citer, sans doute parce qu'ici la magnésie se trouve associée à une plus grande proportion de potasse. » Au reste, j'ai reconnu, comme dans la lave de 1 855, deux variétés assez distinctes : l'une a pâte cristalline ou compacte, l'autre présentant, surtout à la surface, un aspect vitreux ou résinoïde : le barreau aimanté montre tout de suite que le fer n'est pas au même état dans les deux variétés: car la première est fortement magnétique, tandis que la seconde l'est à peine. >- Il me reste enfin à vous dire ce que j'ai eu l'occasion d'observer dans les fumerolles de la lave. » Le courant de 1861 étant peu volumineux, et surtout s'étant étendu en superficie sans acquérir nulle pari une grande épaisseur, le refroidissement en a été très-rapide, et, par suite, les phénomènes chimiques qui se déve- loppent à la surface de toutes les laves après la sortie ont décru rapidement d'intensité ( 1 ). » En ces deux points seulement, l'accumulation a été assez considérable pour conserver quelque temps des traces de ces émanations et des restes de la chaleur initiale. » Le premier de ces points se voyait sur la partie inférieure du courant qui a coulé sur les pentes les plus faibles, près d'une maison en partie en- vahie par la lave, et par suite abandonnée, et qui est d'ailleurs facile à reconnaître à cause d'un beau palmier que la coulée a presque entouré sans le détruire. Le ai décembre, quand nous avons étudié la lave pour la pre- mière fois, M. Fouqué et moi, on voyait sur toute la largeur du courant à l'est de cette maison, et suivant les gerçures transversales à sa direction, s'aligner de nombreuses fumerolles de deux natures différentes : les unes ne se distinguaient que par de légers dépôts de sel gemme, et surtout par les effets de mirage qui se produisaient au-dessus d'elles, et indiquaient dans la roche une température extrêmement élevée. L'emplacement des autres était signalé par un fort dégagement de vapeurs blanchâtres. (1) Je crois aussi que le caractère fragmentaire de cette coulée a contribué à son prompl refroidissement et à l'extinction rapide des réactions chimiques. Ces dernières se conservent surtout dans les laves qui ne semblent former qu'une seule nappe continue à surface noirâtre subvitreuse, et affectant ces apparences de cordages enroules ou de flots arrondis de matières figées. ( '179 ) » En approchant des premières, leur aspect me rappela tellement celui des fumerolles sèches de la lave de 1 855, que je ne doutai pas d'abord qu'elles ne leur fussent semblables, et telle fut aussi l'impression du guide qui, en i855et i8ï6, m'avait constamment accompagné et aidé dans mes expériences (i). Je ne commençai à en douter que lorsque je découvris quelques traces de coloration verdâtre sur les épaisses couches de chlo- rures alcalins qui en tapissaient les parois, et surtout lorsque je vis le papier de tournesol bleu rougir légèrement à leur contact; mais je n'acquis une certitude complète que lorsque nous eûmes installé, M. Fouqué et moi, un appareil de condensation contenant de la potasse caustique et refroidi au moyen de la neige. Nous recueillîmes, en effet, une petite quan- tité d'un liquide presque incolore, dont i8 centimètres cubes m'ont donne 3 milligrammes d'acide sulfureux et 8 milligrammes d'acide chlorhydrique. Le gaz qui accompagnait la vapeur était de l'air légèrement appauvri en oxygène. Il n'y avait donc aucun doute; treize jours après l'éruption, la fumerolle avait déjà cessé d'être une fumerolle sèche, et, en même temps qu'elle acquérait de la vapeur d'eau, elle devenait légèrement acide ; ses dépôts, d'abord d'un blanc parfait, se recouvraient d'une légère teinte verdâtre due an chlorure de fer. En 1 855, j'avais trouvé des fumerolles sèches deux mois encore après que la lave eut cessé de couler, mais c'était dans le Fosso délia Vetrana, au pied de l'Observatoire, là où elle s'était accumulée sur une épaisseur de plusieurs mètres et sur une grande largeur. » Au reste, la température de la lave du 8 décembre dernier était encore, le 2 i , considérable au point dont il s'agit; près de la surface, elle fondait le zinc, mais non l'argent. » Les fumerolles du second gîte avaient un caractère fort différent : la température, au fond des cavités d'où elles s'échappaient, était seulement de 870; c'étaient des fumées blanches contenant de l'eau, mais riches sur- tout en chlorhydrate d'ammoniaque. L'air qui sortait avec elles présentait à l'analyse : Gaz absorbable par la polasse 0,00 Oxygène 19,77 Azote • 80 , 23 1 00 , 00 » Tandis que les émanations dont je viens de parler avaient une réaction (1) On me pardonnera de recommander ici vivement ce guide aux géologues. Digne suc- i&b ) acide, le papier de tournesol rouge bleuissait sensiblement au contact de celles-ci et dans l'eau qui résultait de leur condensation. Cette eau ne con- tenait cependant point de carbonate d ammoniaque, mais seulement un peu de chlorhydrate et des traces impondérables de sulfate (i). Les chlo- rures alcalins des premières fumerolles étaient complètement exempts de chlorhydrate d'ammoniaque : le sel ammoniac dans celles-ci ne paraissait pas avoir été précédé de chlorures alcalins. Voilà donc deux gîtes de fumerolles éloignés l'un de l'autre de 100 mètres environ, |et présentant, au même moment, des caractères phy- siques et chimiques fort différents. >• Quelques jours plus tard, le 9 janvier, presque toute apparence d'ac- tivité avait disparu des parties inférieures de la lave : les anciennes fume- rolles ammoniacales ne donnaient plus de vapeurs, et la plupart étaient entièrement refroidies. Les fumerolles du premier gîte n'étaient plus acides, mais elles conservaient encore une température assez élevée pour détermi- ner dans l'air qui touchait leur surface les mouvements ondulatoires dus à la réfraction. Dans les premiers jours de février, cela même avait disparu, et la place n'était plus indiquée que par de légers nuages de vapeur d'eau, qui apparaissaient après des pluies abondantes. » La haute température et les réactions chimiques qui l'accompagneut ont été plus persistantes dans la portion la plus élevée de la lave, dans celle qui, après être sortie des deux petits cratères de la fissure, est remontée de 5o mètres environ, et s'est accumulée au pied de la colline de tuf. » Dès le 18 décembre, nous avons aperçu, M. Fouqué et moi, les va- peurs blanches qui s'en échappaient abondamment, et nous avons trouvé entre les mains des guides de nombreux fragments de sel ammoniac qui en provenaient. Leur nature, dès ce moment, n'était donc pas douteuse. Nous les avons examinées pour la première fois dix jours après, le 28. Elles pré- sentaient presque toutes, au-dessous du chlorhydrate d'ammoniaque, sou- vent en cristaux très-nets, une couche plus ou moins épaisse de chlorures alcalins, qui témoignait de l'existence préalable des fumerolles sèches. Il pesseur de Vincenzo, son père, mort en 1857, qui avait été formé par Monticelli et Covelli, et avait accompagné Léopokl de Buch et Humboldt, Giovanni Cozzolino a hérité de ces bonnes traditions, et les met en pralique avec ce courage mêlé de prudence qui forme le trait caractéristique d'un vrai guide. ( 1 ) 5o centimètres cubes de la liqueur fournissaient 1 2 milligrammes d'acide chlorhydrique Peut-être le carbonate était-il en proportion trop faible pour être décelé par une précipita- tion, mais suffisante pour colorer le papier reactif. ( 48 1 ) ne se formait plus de sel gemme; mais, au moment où les fumerolles sont devenues aqueuses, l'acide chlorhydrique, au lieu de se porter sur les sili- cates ferreux de la roche, s'est combiné avec l'ammoniaque (i). An reste, quelquefois il s'est formé aussi de petites quantités de chlorure de fer qui coloraient le sel ammoniac. » La température de ces fumerolles était aussi fort élevée. Le i 8 décembre, le thermomètre que nous y avons plongé a marqué au bout de quelques instants 36o°, et il a fallu le retirer. Les i!\ et i5 février, la température au fond des cavités était encore suffisante pour fondre le zinc, mais non l'argent. » L'analyse du gaz de ces fumerolles, recueilli le 28 décembre, a donné Gaz absorbable par la potasse 7 ,48 Oxygène et azote 92,52 1 00 , 00 » Je ne pense pas qu'on puisse attribuer avec sécurité à la présence de l'acide carbonique l'absorption déterminée par la potasse. En effet, le 5 fé- vrier, après avoir obtenu dans deux analyses sommaires les nombres suivants : Gaz absorbable par la potasse. .. . 2,25 2,70 0xysène '9''° r9'f I o:Az:: 19,8:80,2. Azote 78,65 77,84 I 100,00 100,00 et constaté que les fumerolles étaient, comme le 28 décembre et le 9 janvier, sensiblement alcalines, je remarquai un dépôt presque imperceptible de soufre sur les croûtes de sel ammoniac, et le papier imprégné d'acétate de plomb se colora rapidement, mettant ainsi en évidence une proportion no- table d'acide sulfhydrique. Malheureusement je n'avais point avec moi l'acétate de plomb en cristaux et l'acide acétique, de sorte que je ne pus m'assurer, par une expérience directe, que l'absorption observée était due à l'acide sulfhydrique, bien que cela fût très-probable. » Le 14 février, je suis retourné à ce gîte avec M. Mauget et M. le profes- seur Guiscardi. Il s'y était opéré un changement remarquable. Le soufre s'était nettement séparé des fumerolles ammoniacales; ces dernières étaient (1) Je ne veux point discuter ici la question de l'origine de l'ammoniaque; je me propose de le faire plus tard avec quelques détails. Quelle que soit cette origine, qui n'est peut-être pas la même pour tous les gîtes, elle n'affecte en rien ce que je dis ici des caractères de ces gîtes et de leur distribution. C. R., IS62, 1» Semestre. (T. LIV, N° 8.) "2 ( 48a ) devenues acides et deux analyses du gaz qui les accompagnait ont donné Gaz absorbable par la potasse. ... 5, 19 3,65 Oxygène Azote | 94'8' ^86 ) °:Az::,9)2:8o,8. 100,00 100,00 Le gaz absorbé par la potasse était vraisemblablement de l'acide sulfureux et non de l'acide carbonique (1) » A moins de 1 mètre de la fumerolle ammoniacale s'était établie une véritable fumerolle suif hydrique, qui déposait de jolis octaèdres de soufre et ne présentait qu'une température de 8o°. Le papier d'acétate de plomb y noircissait, mais ni l'acétate de plomb acide, ni la potasse caustique, n'y déterminaient d'absorption sensible. » Enfin, un peu plus loin s'échappait, à une température de 56°, de la vapeur d'eau pure, n'agissant ni sur l'acétate de plomb, ni sur la potasse. » Ainsi, dans l'intervalle du 5 au 14 février, les fumerolles ammonia- cales, tout en conservant leur haute température, d'alcalines étaient deve- nues acides, en perdant la réaction de l'hydrogène sulfuré. Celui-ci avait formé des émanations séparées, et y déposait le soufre qui avait quitté les fumerolles ammoniacales. » Ces singuliers phénomènes se passaient dans les fumerolles placées dans les fissures longitudinales de la lave et sur son bord septentrional : c'étaient les plus abondantes. Mais sur le flanc opposé, sur la moraine laté- rale du sud, s'alignaient des fumerolles semblables. Le 5 février elles pré- sentaient à la fois, comme les premières, une réaction alcaline et la réaction de l'hydrogène sulfuré, et déposaient sur le sel ammoniac de petits cristaux de soufre. Le i/J, elles n'agissaient ni sur le papier de tournesol, ni sur l'acétate de plomb; elles ne déposaient plus ni soufre, ni sel ammoniac. Il ne s'en dégageait que de la vapeur d'eau chaude; mais, en fouillant avec soin les cavités qui les avaient produites, M. Guiscardi put se convaincre que les mêmes fumerolles avaient donné le sel ammoniac et le soufre (2). » Cette apparition du soufre et de l'hydrogène sulfuré dans les fuiiie- (1) J'ai recueilli ce gaz pour l'examiner à Paris. (2) Au reste, il m'a semblé qu'en faisant une section transversale à la direction du cou- rant, on rencontrait parallèlement à cette direction les diverses émanations, dans l'ordre sui- vant : fumerolles sèches à chlorures alcalins, chlorure de fer, chlorhydrate d'ammoniaque, hydrogène sulfure avec dépôt de soufre. ( 483 ) rolles ammoniacales (que nous avions, au reste, déjà observée en 1 855, MM Scacchi, Palmieri et moi, mais sur une échelle beaucoup moindre), tout intéressante qu'elle est, s'explique, il me semble, assez naturellement. Bien cpie l'élément chloré domine de beaucoup dans les émanations de la lave, l'élément sulfuré lui est toujours associé; seulement la combinaison du soufre qu'on y rencontre, ainsi que je l'ai établi dans mon Mémoire sur les émanations volcaniques, varie de nature avec l'intensité éruptive. Le chlor- hydrate d'ammoniaque de la lave est toujours mélangé d'une petite quantité de sulfate. L'acide sulfureux, l'hydrogène sulfuré, qui se présentent au mo- ment où le chlorhydrate tend à disparaître, ne sont que les équivalents, sous l'influence d'une intensité éruptive moindre, de l'acide sulfurique des éma- nations primitives. A la vérité, il peut et il doit y avoir, comme je l'ai déjà remarqué ailleurs, de faibles oscillations, et de là l'alternance que je vous ai signalée aujourd'hui comme probable, dans une même fumerolle, entre l'acide sulfureux et l'acide sulfhydrique, celui-ci ne disparaissant pas d'ail- leurs, ets'isolant seulement dans une fumerolle voisine. Mais, lorsque l'on considère l'ensemble du phénomène, on trouve toujours que l'élément sul- furé des émanations de la lave, après avoir affecté la forme de sulfates alcalins, puis ammoniacaux, tend à prendre successivement la forme de l'acide sulfureux et celle de l'acide sulfhydrique. Ce dernier corps pourra bien ne pas se produire, et c'est même le cas habituel ; mais, lorsqu'il appa- raîtra, il sera toujours le dernier de la série. « Ainsi, bien qu'il existe entre les émanations de la lave et celles de la fissure une différence, en apparence fondamentale, à savoir que les premières tirent nécessairement leurs éléments de la lave elle-même et ne peuvent, comme les autres, se renouveler au foyer intérieur, les transformations qu'elles éprouvent suivent, de part et d'autre, le même ordre de succes- sion; cet ordre est bien celui que j'avais observé dès mes premiers travaux sur l'éruption de 1 855, et mes nouvelles recherches n'ont fait qu'en établir plus clairement la réalité et en élargir même les applications. » PHYSIOLOGIE. — De la régénération des tendons ; par M. Jobekt de Lambali.e. « Dans les articles qui suivront, il s'agira de la cicatrisation des tendons et du rétablissement de leur continuité sans addition notable de substance organique nouvelle, tandis que dans la reproduction ou régénération des tendons le fait dominant consiste dans l'addition d'une certaine quantité de substance tendineuse de nouvelle formation. 62.. ( 48/, ) » Le travail à l'aide duquel cette reproduction a lieu, n'est pas moins admirable à observer que celui qui se passe dans la fabrication première des organes pendant la vie embryonnaire. » Je vais aborder immédiatement l'étude de ce travail régénérateur, et je le suivrai attentivement dans tous les détails que l'observation permet de saisir et dans toutes les périodes de son développement; j'ose espérer que mes efforts aboutiront à démontrer par quel mécanisme appréciable et par quelles transformations successives passe la matière nouvellement déposée, pour arriver à la perfection tendineuse. » Je commencerai cette étude par des expériences et je ferai connaître ensuite les phénomènes fournis par l'observation directe sur l'homme. J'irai ainsi au-devant d'une objection qui ne manquerait pas d'être élevée, si je ne rapportais que mes nombreuses vivisections : on dirait que c'est en établis- sant des analogies forcées que nous avons conclu des animaux à l'homme. Heureusement il m'a été possible de recueillir un certain nombre de faits qui ont d'autant plus d'importance, que la science n'a possédé jusqu'à ce jour que peu ou point de pièces d'anatomie pathologique relatives aux sec- tions tendineuses, et surtout à la section du tendon d'Achille parla méthode sous-cutanée. » L'examen attentif de ces pièces me paraît résoudre définitivement tout ce qui pourrait rester encore de douteux dans l'appréciation anatomique et physiologique de la régénération des tendons. » Dans le premier tableau, je présenterai successivement la série des ex- périences qui montrent la régénération des tendons chez les chiens, et celle qui nous offre cette régénération parvenant à sa parfaite organisation chez de plus grands animaux. » Les expériences dont je vais rendre compte ont été faites à diverses époques, et je lésai variées et répétées souvent. Dans ces derniers temps, grâce à la bienveillance de l'illustre Maréchal Vaillant, toujours prêt à obli- ger dans l'intérêt de la science, j'ai pu en faire de nouvelles sur de grands animaux ; elles me paraissent avoir complété mes recherches. » MM. de Corbigny et Domergue ont été pour moi d'une obligeance et d'une bonté extrêmes. » Plusieurs de mes élèves m'ont aidé, et je me plais à citer M. Guerineau, professeur distingué à Poitiers, qui a bien voulu dessiner quelques pièces d'anatomie pathologique, et M. Niobey, jeune médecin de mérite. » Dans le travail dont nous donnons connaissance à l'Académie, il sera question des laits qui ont rapport à la régénération des tendons, et nous ( 485 ) terminerons par l'évolution et les diverses métamorphoses qui ont lien dans le produit avant sa complète organisation. » Les détails sur chaque expérience permettront de démontrer que la reproduction des tendons n'a lieu qu'à de certaines conditions, qu'il sera fa- cile de comprendre à mesure que l'expérimentation nous fournira des don- nées suffisantes. » D'abord'pour que ce grand phénomène se produise, il faut que le ten- don soit entouré d'une gaine cellulo-vasculaire immédiatement appliquée sur lui. Ce sont ces dispositions anatomiques qui donnent au nouveau ten- don sa forme et sa direction. Aussi avons-nous pris pour type de nos expé- riences le tendon d'Aclhlle, qui les offre au plus haut degré. Nous croyons donc pouvoir établir en principe que, sous l'influence de cette structure, le tendon nouveau peut avoir les caractères du tendon primitif, pourvu que le produit ne soit pas empêché dans sa formation par des causes diverses. » J'ai recherché sur les animaux vivants ce qui se passait heure par heure, jour par jour, et en un mot ce que devenait sous l'influence du temps le liquide régénérateur. » Toutes les expériences qui vont suivre ont été faites sur des chiens et des chevaux ; je ne parlerai pas ici de celles que j'ai pratiquées sur d'autres animaux, me réservant d'y revenir plus tard. » C'est par la méthode sous-cutanée que nos vivisections ont été exécu- tées. Nous ne ferons connaître que les détails nécessaires pour comprendre l'expérience, désirant n'ajouter rien d'inutile à la description. » Première expérience. — Un chien a été sacrifié trois jours après l'expé- rience, et voici ce que l'examen de la pièce nous a fourni : i° la peau et la gaînesont cicatrisées; 20 après la dissection, on reconnaît la gaîne qui pré- sente le double du volume du tendon d'Achille ordinaire. « 3° La gaîne contient un cadlot solidifié, présentant des stries blanchâ- tres dans son épaisseur, ayant contracté des adhérences avec les parois de la gaîne et les extrémités tendineuses. Il y a un écartement de 1 centimè- tres entre les bouts du tendon. » Parla macération, la coloration du caillot a été détruite, ainsi que sa consistance. » Deuxième expérience. Quatre jours de durée. — La section sous-cuta- née n'a pas laissé suinter de sang. L'examen anatomique a offert les remar- ques suivantes : i° la gaîne contient de la fibrine, qui semble lui donner de l'épaisseur; 20 pas de traces de lésions de la gaîne, on retrouve du sang à l'état liquide et solide : par l'incision de la gaîne, le sang liquide s'écoule et ( '.86 ) alors on reconnaît des cellules qui contiennent des caillots. Le sang solide constitue une véritable trame organique, l'immersion dans l'eau entraîne une partie de ces cellules, toutefois les trabécules les plus rapprochées des parois résistent à ces lavages et peuvent même supporter des tractions sans se rompre. » Troisième expérience. Quatre jours de durée. — A l'examen on trouve la gaîne intacte, fermée de toutes parts, et contenant un caillot noirâtre solide, remplissant exactement son calibre. Il n'y a pas de sérosité, pas de lymphe plastique ; le caillot seul existe. » Quatrième expérience. Six jours de durée. — Le tendon d'Achille gauche coupé, a présenté à l'examen l'état suivant : » i° Un écartement de 3 centimètres environ entre les deux bouts divisés. « 2° La gaîne ne présente pas de solution de continuité. » 3° Son volume est à peu près le même que celui du tendon normal; la gaîne, divisée selon sa longueur, renferme une assez grande quantité de sang, dont une partie est ramassée en caillot, et dont l'autre, offrant des traces d'organisation manifeste, se trouve disposée en lames et cloisons incomplètes, étendues d'une paroi à l'autre du calibre de la gaine. Ces cloi- sons formant des cellules assez régulières, très-grandes, communiquant toutes les unes avec les autres. Leur nombre est de cinq à six. Elles con- tiennent plusieurs petits caillots sanguins. » La structure de ces cellules présente un aspect fibrineux; les parois de la gaine sont épaissies par les couches du caillot, et non par elles-mêmes; cette substance est rougeâtre, fibrillaire et dense. » Cinrjuième expérience. Huit jours de durée. — Le tendon d'Achille a été coupé sur un boule-dogue tué huit jours après. » L'examen a fourni les données suivantes : Pas de traces de caillots sanguins; sérosité dans l'intérieur de la gaîne, laquelle est tapissée à l'inté- rieur par une membrane rouge qui la revêt ainsi que les bouts du tendon ("cet animal aurait probablement guéri par un travail adhésif, s'il avait vécu). » Sixième expérience. Neuf jours de durée. — Après la section du tendon d'Achille gauche, le chien est retourné en boitant à sa loge. A l'examen du membre, la gaîne est parfaitement cicatrisée; mais elle offre des colorations rouges < à et là. » Les bouts du tendon sont éloignés l'un de l'autre de 2 centimètres; on trouve une petite quantité de sang liquide et une grande quantité de ( 487 ) fibrine : le tout représente une sorte de cylindre formé par un tissu rou- geâtre, très-résistant et qui s'attache par ses deux bouts aux extrémités du tendon et adhère également aux parois de la gaine. » La macération décolore cette substance, mais elle ne détruit pas les adhérences établies avec les deux bouts du tendon. » Septième expérience. Durée de onze jours. — Ici le travail de régénéra- tion n'a pas été complet. Il semble que la quantité de sang a été insuffisante pour former le nouveau tendon. « i° Les deux bouts sont distants de 4 centimètres, et du bout supé- rieur du tendon ancien part un petit cône sanguin; du bout inférieur il en part un second, qui a exactement la même forme que le premier. Ces deux petits cônes n'arrivent pas au contact et il n'y a par conséquent pas de continuité entre eux. Ces deux cônes s'adossent par leur sommet. Ils sont formés par la fibrine et sont intimement fixés au tendon. » i° On trouve dans le cylindre formé par la gaîne un peu de sérosité. » Huitième expérience . Onze jours de durée. — i° La plaie était cicatrisée. » a° La surface externe de la gaîne était colorée en brun. » 3° La gaîne était remplie par un dépôt fusiforme représenté par une substance fibrineuse rougeâtre très-dure, qui adhérait à l'intérieur de la gaîne et aux extrémités du tendon; une forte traction ne réussissait pas a détruire l'adhérence. Il existe un espace de a centimètres et demi entre les extrémités tendineuses. » Soumis à la macération pendant une semaine, le produit nouveau tomba en putréfaction avant d'être décoloré. » Neuvième expérience. Quinze jours de durée. — Au moment de l'opé- ration, quelques gouttes de sang veineux sortent par la plaie; l'animal entre dans sa loge sans appuyer le pied malade. » La dissection fit connaître ce qui s'était passé depuis l'opération. La peau disséquée n'adhérait aux tissus sous-jacents qu'au niveau de la cica- trice. L'extérieur de la gaîne était blanchâtre et n'offrait rien de particulier quant à la couleur. Au niveau de la section, cette gaîne était à peine de la grosseur d'un tuyau de plume. Son volume semblait réduit de plus de moitié. Elle renfermait une substance d'un blanc lerne, dure, résistante, d'une texture fibreuse, disposée à la manière d'un cordon, rétablissant la conti- nuité entre les parties divisées. Les adhérences entre ces parties étaient in- times, et les fibres du produit nouveau allaient se greffer et se confondre avec les fibres appartenant aux deux bouts du tendon d'Achille. » A l'aide d'une traction assez forte et prolongée on ne parvenait pas à dé- ( 488 ) traire ce moyen d'union. Il n'y avait pas trace de sang liquide dans la cavité de la gaine. Les bouts du /tendon étaient notablement renflés au point de contact avec le tissu nouveau. Celui-ci ne subit pas de modification appré- ciable sous l'influence de la macération dans l'eau. Les deux extrémités de l'ancien tendon étaient écartées I une de l'autre de i centimètres et quelques millimètres. » Dixième expérience. Quinze jours de durée. — Voici les résultats obte- nus et vérifiés par la dissection : « i° Il existe un écartement de 6 centimètres entre les deux extrémités du tendon divisé. m 2° Le nouveau produit qui comble cet espace, rétablit la continuité entre eux, et représente un véritable tendon d'Achille, différant cependant par quelques points. Il existe un léger renflement au niveau de la section. » La couleur de ce nouveau tissu est plus terne et n'offre pas cet aspect blanc, nacré, qui caractérise les tendons. On n'y voit pas non plus de ces fibres réunies en faisceaux, affectant une direction constante; c'est un tissu homogène, dense et serré qui se continue avec les deux bouts du tendon divisé. Il leur est si intimement soudé, qu'en exerçant une forte traction sur les bouts supérieur et inférieur du tendon d'Acbille, le tissu de nouvelle formation ne paraît céder ni à la partie moyenne ni au niveau des sou- dures. Au centre de ce tissu il n'existe plus aucune trace de caillot sanguin ; c'est un tissu fibreux et homogène dans toute son épaisseur. » La gaîne tendineuse est épaissie autour de ce nouveau tissu, et elle semble se confondre et former corps avec lui; il est impossible de l'en séparer. Au-dessus et au-dessous de la section, au contraire, l'isolement devient facile, et à une légère distance cette gaîne a repris tous les carac- tères normaux. Il faut ajouter que le tissu de nouvelle formation, ainsi que la gaîne qui l'entoure, n'offrent aucune trace de vascularité. » Onzième expérience. Seize jours de durée. — La substance de nouvelle formation est un peu rouge, son volume à peu près uniforme dans sa lon- gueur qui est de ■?. à 3 centimètres, égale le volume du tendon d'Achille, dette substance jouit d'une élasticité remarquable et se trouve entièrement unie et cicatrisée avec les extrémités de la section. La gaîne semble encore se confondre ici avec celte substance nouvelle; mais au-dessus et au-des- sous son isolement d'avec le tendon est chose très-facile. » Douzième expérience. Vingt-deux jours de durée. — Le chien se mit à courir la jambe en l'air, aussitôt qu'il fut opéré. La plaie ne fournit pas de sang. Au bout de vingt-deux jours, la claudication était marquée et le mem- ( 489 ) bre blessé n'aidait que faiblement à soutenir le corps. L'animal fut tué au bout de vingt-deux jours d'expérience. » La peau était cicatrisée et unie avec les parties sous-jacentes. La gaîne offrait partout une coloration blanchâtre, comme dans l'état normal. Elle fut incisée suivant sa longueur, ainsi que la substance qu'elle contenait et les deux bouts du tendon. » Les parois de la gaîne avaient conservé leur épaisseur ordinaire. Elles étaient assez fortement unies avec la substance renfermée à l'intérieur. Cette substance avait la forme, le volume et la dureté du tendon d'Achille dont elle rétablissait la continuité. Elle était d'une couleur uniformément blan- châtre, d'un blanc un peu plus prononcé vers les extrémités qu'à sa partie moyenne; dans ce dernier point, on remarquait çà et là quelques îlots d'une teinte faiblement nuancée de rouge; ces îlots étaient au nombre de quatre, très-circonscrits. » La couleur blanchâtre de ce tissu ne différait de celle du tendon lui- même que par un aspect plus terne. Les fibres constituantes de chacun des bouts du tendon d'Achille n'avaient subi aucune modification au delà du point de réunion. Elles étaient entièrement soudées avec les fibres naissantes qui apparaissaient dans le produit nouveau. Une traction soutenue exercée sur ces parties, en sens opposé, ne pouvait les désunir. Il y avait a centi- mètres de distance entre les bouts du tendon coupé. Les parties environ- nantes étaient à l'état normal. » Treizième expérience. Vingt-six jours de durée. — La section sous- cutanée du tendon d'Achille gauche a produit un écartement considérable et de la claudication. Une seconde expérience faite dix jours après sur le même animal a produit le même effet : il se traînait avec peine; sa démarche offrait quelque ressemblance avec celle d'un canard. Cette infirmité, au lieu de disparaître au bout de quelques jours, a persisté jusqu'à la mort. » Voici l'état dans lequel se trouvait le tendon lorsque l'animal fut sa- crifié : » Malgré le long intervalle qui s'est écoulé, la réunion est incomplète; on trouve entre les extrémités tendineuses une substance solide, d'un blanc jaunâtre, comme cartilagineuse dans les points les plus rapprochés des deux points divisés, plus molle, plus rétrécie et en moindre quantité vers la partie moyenne. Au voisinage des extrémités tendineuses, il y a un renflement notable, une sorte de noyau très-dur, intimement soudé avec le tendon. On observe un écartement de 3 centimètres environ. La sub- C. R., 1862, 1" Semestre. (T. L1V, N° 8.) 63 ( 49o) stanoe de nouvelle formation paraît être parfaitement homogène dans toute son épaisseur, sauf une différence dans la densité qui est d'autant plus considérable, qu'on se rapproche davantage des bouts divisés. La gaine tendineuse, facile à isoler au-dessus et au-dessous de cette nouvelle forma- tion, semble se confondre avec elle. » Quatorzième expérience. Trente-cinq jours de durée.— Après avoir sacri- fié l'animal, une injection de suif et de noir de fumée a été poussée dans l'aorte abdominale. » A l'examen de la pièce, on trouve le tendon dans l'état suivant : » Le tissu cellulaire sous-cutané, ainsi que la gaine tendineuse, sont imprégnés de sang noirâtre. La matière de l'injection n'a pas pénétré dans les petits vaisseaux de la gaîne qui se sépare facilement du tendon ainsi que du produit qui sert à rétablir sa continuité. Entre les bouts divisés on trouve un écartement de 5 centimètres environ comblé par un tissu fibreux nouveau, greffé, pour ainsi dire, sur les deux extrémités îendi - neuses. Ce produit est dur, d'un aspect plus terne que celui d'un tendon ordinaire; on n'y voit pas non plus cette disposition fasciculée des tendons proprement dits. Sa consistance est d'autant plus dense et plus ferme, qu'on l'examine dans le voisinage des extrémités du tendon. A mesure qu'on s'éloigne de ces points, cette nouvelle substance devient plus rouge, et l'on y remarque des espèces de plaques sanguines circonscrites. Elle présente la forme de deux cônes dont la base est intimement adhérente aux deux bouts primitivement divisés, et dont les sommets libres n'arrivent pas tout à fait au contact, laissant entre eux un espace de plusieurs millimètres. Sans cet espace, que l'on sentait très-bien au travers de la peau, la réunion eût été parfaite. Toutefois on trouve dans ce point de nombreux filaments rougeâtres, disposés en une sorte de trame aréolaire. Ils sont étendus entre les sommets des deux cônes. » Quinzième expérience. Trois mois moins trois jours de durée. — Il n y eut pas d'écoulement de sang après l'opération, et la piqûre faite à la peau fut promptement cicatrisée. » Le chien marcha pendant quelques semaines, tenant en l'air le mem- bre opéré, et il ne commença qu'au bout d'un mois à poser le pied sur le sol. Il parvint ensuite par degrés à recouvrer l'usage du membre. Cet ani- mal boitait encore au moment où il fut sacrifié. » La peau de la jambe disséquée ne présente aucune adhérence avec les tissus sous-jacents, pas même dans le point qui a livré passage au ténotome. » La gaîne du tendon d'Achille est également normale, et enveloppa ( 49> ) d'une manière complète une substance de nouvelle formation interposée entre les bouts du tendon coupé. Cette substance adhère fortement à la gaîne tendineuse au moyen d'un tissu dense. Les adhérences sont beaucoup plus intimes au point de réunion du tissu tendineux ancien avec le nou- veau, qu'elles ne le sont partout ailleurs. Les deux bouts du tendon coupé sont écartés l'un de l'autre de 5 centimètres, et cet espace se trouve rempli par la substance nouvelle ayant une longueur égale à ce degré d'é- cartement et la même forme, mais un volume un peu moindre que celui du tendon. » Cette substance, divisée suivant sa longueur, est à l'intérieur comme à l'extérieur d'un blanc cendré; elle avait à la traction la densité et la résis- tance du tissu fibreux. Les fibres de ce dernier tissu, visibles à l'œil nu, en les examinant à la loupe, semblent disposées parallèlement à l'axe du ten- don lui-même, et fixées par leurs extrémités aux fibres correspondantes du tendon dont elles rétablissent la continuité. Cette portion tendineuse, ainsi régénérée, offre à ses extrémités un renflement en apparence ganglionnaire, dans l'épaisseur duquel des fibres paraissaient plus distinctes que dans les points intermédiaires. Ce renflement était en rapport avec une modification analogue éprouvée par les deux bouts du tendon d'Achille, qui se trou- vaient pareillement augmentés de volume. » La réunion de ces parties s'est opérée par une sorte de pénétration ou d'emboîtement réciproque. » MÉCANIQUE CÉLESTE. — Note sur l'accélération séculaire du moyen mouvement de la Lune; par M. Delau.vay. « L'Académie n'a pas oublié la controverse qui s'est élevée il y a quelque temps au sujet de l'accélération séculaire du moyen mouvement de la Lune. La valeur de cette accélération, due à la variation séculaire de l'excentri- cité de l'orbite de la Terre, dépend d'une quantité A (voir les Compte* rendus de i Académie, séance du 25 avril i85g) que l'on détermine sous forme de série, et dont les principaux termes ne dépendent que du rap- port m des moyens mouvements du Soleil et de la Lune. Laplace avait cal- culé seulement le premier terme de cette série, terme qui est égal à — 3/«2. M. Plana, dans son grand ouvrage sur la théorie de la Lune, avait poussé le calcul beaucoup plus loin, et, entre autres résultats, il avait trouvé pour 63.. (49^ ) Je second terme de la série 2187 t 64 Plus tard (juin 1 8 5 3 ) , M. Adams, examinant de nouveau cette question, avait reconnu une erreur dans les déterminations de M. Plana, et avait trouvé que le terme en m* qui vient d'être cité devait être remplacé par 32 Les choses en étaient là, lorsque j'ai été amené moi-même à effectuer le calcul de l'accélération séculaire de la Lune, en suivant la méthode qui m'est propre, et qui diffère complètement des méthodes précédemment employées. Le résultat auquel je suis arrivé pour le terme en m* est identi- quement le même que celui de M. Adams [Compte rendu du j 7 janvier 1 85g). Ne me contentant pas de cette vérification, j'ai fait de nouveau le calcul, en suivant la marche que Poisson avait indiquée dans son Mémoire de 1 833, et j'ai encore retrouvé la même valeur pour ce terme en m*. M. Plana, de son côté, a discuté la question dans une série de Lettres adressées à M. Luhbock (juin 1860); et après avoir combattu d'abord le résultat de M. Adams, il a fini par en reconnaître la justesse. » Toutes ces circonstances réunies ne paraissaient pas devoir laisser de doutes sur l'exactitude de la correction indiquée par M. Adams. Cependant, comme il en résultait pour l'accélération séculaire de la Lune une valeur numérique beaucoup plus faible que celle que M. Hansen avait déduite directement de sa théorie, il était à désirer que de nouvelles recherches vinssent confirmer encore l'exactitude de celles que je viens de rappeler, d'autant plus que la valeur assignée par M. Hansen à l'accélération sécu- laire de la Lune paraît mieux s'accorder avec quelques observations an- ciennes d'éclipsés de Soleil. C'est ce qu'a pensé M. Cayley, et ce qui l'a engagé à s'occuper aussi de cette intéressante question. L'un des derniers cahiers des Monthlj Notices de la Société Astronomique de Londres con- tient une Note du savant géomètre, dans laquelle il montre en détail la marche qu'il a suivie pour refaire le calcul du terme en m"; son résultat coïncide complètement avec celui de M. Adams. Cette nouvelle et impor- tante vérification, due à un homme aussi compétent que M. Cayley, est plus que suffisante pour que l'on regarde désormais comme irrévocable la valeur obtenue tout d'abord par M. Adams pour le terme dont il s'agit. » ( 493 ) PHYSIQUE. — Note sur la lumière émise par le sodium brillant dans l'air ; par M. H. Fizeau. « En cherchant à compléter des recherches dont j'espère soumettre prochainement les résultats à l'Académie, j'ai eu l'occasion d'observer un fait qui, je crois, n'a pas encore été signalé, et que je puis faire connaître dès aujourd'hui, grâce à l'obligeance de notre confrère M. Henri Sainte-Claire Deville, qui a bien voulu le vérifier avec moi, dans le laboratoire de l'École Normale, en employant des produits dont la pureté exceptionnelle devait rendre les observations plus sûres et plus décisives. » On connaît depuis longtemps la lampe appelée monochromatique par sir David Brewster, qui a découvert la singulière propriété du sel marin de donner à la flamme de l'alcool une teinte jaune, laquelle résulte de l'émis- sion de rayons sensiblement simples. La longueur d'ondulation de cette lumière a été reconnue par M. Babinet et M. Delezenne comme sensible- ment égale à celle de la région occupée dans le spectre solaire par la raie D deFraùnhofer. Cette source remarquable de lumière très-simple est souvent employée dans les recherches d'optique, où le mélange des rayons de cou- leurs et de longueurs d'onde diverses introduit en général une grande complication dans les phénomènes, et elle serait d'un usage bien plus fré- quent encore si l'intensité de la lumière y était plus considérable. » D'après les recherches récentes de MM. Rirchhoff et Bunsen, la lampe monochromatique doit ses propriétés à la présence du sodium, dont tous les composés répandus en vapeur dans les flammes donnent lieu à un même phénomène, la production d'une lumière jaune qui par l'analyse prismati- que se superpose exactement à la raie D du spectre solaire. Ces savants ont montré de plus, que l'intensité de cette lumière devenait bien plus grande, en plaçant dans une flamme un globule de sel marin fondu, suspendu à un fil de platine. » Comme on le voit, je me borne à mentionner ici quelques points en rapport avec mon sujet, parmi les résultats nombreux et importants que renferme le travail de MM. Kirchhoff et Bunsen, qui d'ailleurs est présent à l'esprit de tous. » Une autre modification, que je ne puis qu'indiquer ici et qui sera dé- crite dans mon prochain travail, permet d'obtenir une lampe monochroma- tique dont la lumière est bien plus simple encore et avec laquelle on peut laire plusieurs observations importantes que le mélange des rayons diffé- rents rendait impossibles jusqu'ici ; je citerai par exemple le phénomène des ( '.94 ) anneaux de Newton, observé avec cette lumière très-simple, par réflexion normale aux deux surfaces de glaces très-épaisses relativement à cet ordre de phénomènes, puisque les épaisseurs ont pu être portées jusqu'à iomm,o58, correspondant à un anneau du 59.193e ordre. » Mais malheureusement la lumière, assez pure pour donner ces effets, est encore moins intense que celle que l'on observe avec la flamme renfer- mant un globule fondu de sel marin, ou avec la flamme de l'alcool saturé du même sel. Or en cherchant à remédier au défaut d'intensité de cette source de lumière, j'ai été conduit à essayer, entre autres réactions, de brûler du sodium dans l'air. On sait avec quelle violence l'oxygène s'unit alors au métal, et de quel développement extraordinaire de chaleur et de lumière la formation de la soude est accompagnée. » La lumière très-éclatante qui prend ainsi naissance ayant été soumise a diverses épreuves, dans lesquelles des effets d'interférence devaient se produire, a donné des résultats tout à fait différents de ceux des autres llammes, dans lesquelles la présence du sodium se révèle d'une manière très-constante par une émission de lumière jaune, qui, observée dans le spectre, présente la double raie D se détachant en clair sur le fond et très- lumineuse. > Les effets observés ne s'accordent pas avec la supposition, qui sem- blait la plus probable, d'un grand développement de la raie D dans la flamme du sodium; et, en effet, ayant soumis cette lumière à l'analyse, pris- matique afin de reconnaître sa composition exacte, l'on a reconnu avec sur- prise que le spectre qui se produit alors est continu depuis le rouge jusqu'au violet, à l'exception de la double raie D qui se détache en noir foncé et comme velouté sur le fond brillant du spectre. » C'est un phénomène précisément inverse de celui que donnent les autres flammes dans lesquelles il y a du sodium. Avec celles-ci, en effet, tous les rayons du spectre manquent, à l'exception de ceux qui forment la raie D. Avec le sodium brûlant tous les rayons du spectre sont très-bril- lants, à l'exception de ceux delà raie D, qui paraissent manquer totalement. » J'ajouterai que ce phénomène ne prend naissance que lorsque la com- bustion est vive; quand le métal commence seulement à s'enflammer, la raie D est brillante sur un fond noir; la combustion devenant plus active, il se développe de part et d'autre de la raie D, qui s'affaiblit, des rayons in- tenses qui d abord ne dépassent pas les parties les plus voisines, mais que l'on voit rapidement envahir toute l'étendue du spectre avec les teintes ordi- naires, lorsque le sodium est devenu tout en feu; il ne manque plus alors (495 ) que les rayons de la double raie D, laquelle se détache en noir intense, c'est-à-dire avec la même apparence que dans le spectre formé avec la lu- mière qui émane du soleil. » On sait qu'à la suite d'une importante observation de M. Foucault. MM. Rirchhoff et Bunsen ont produit, au moyen des propriétés absorbantes des flammes, de curieux phénomènes d'inversion dans les raies du spectre, et que ces phénomènes, joints à une étude approfondie des spectres formés parles divers corps simples ou composés placés dans les flammes, ont déjà donné et promettent encore à la science de brillantes et fécondes déduc- tions. J'ai cherché en vain à rattacher d'une manière plausible les effets observés avec le sodium brûlant aux phénomènes d'absorption que je viens de rappeler. J'ajouterai que plusieurs autres observations nouvelles faites à l'École Normale avec M. H. Sainte-Claire Deville et ses élèves, en em- ployant d'autres métaux en combustion, tels que du potassium d'une pureté rare, du lithium, du magnésium, du zinc, soit seuls, soit mélangés avec du sodium, s'accordent également à faire considérer ces deux sortes de phéno- mènes comme n'étant pas de la même nature. Aucun de ces métaux du reste n'a paru jusqu'ici donner lieu à des effets correspondants à ceux que je viens de signaler. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission qui sera chargée de décerner le prix Bordin pour l'année 18G2. (Question au choix des concurrents, concernant la théorie des phénomènes optiques.) MM. Fizeau, de Senarmont, Pouillet, Liouville, Bertrand réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ASTRONOMIE. — Observation de l'éclipsé totale du Soleil du 3i décembre 1 8G 1 , faite à Gorée (Sénégal); par MM. Poulain et Dutaillis. M. le Maréchal Vaillant transmet cette observation qui lui est adressée par M. A. Laussedat avec la Lettre suivante qui suffira pour donner une idée du zèle des observateurs et de l'intérêt des résultats qu'ils ont obtenus avec des ressources très-bornées. « Monsieur le Maréchal, » L'année dernière, pendant que mon camarade Faidherbe était encore ( 49« ) nu Sénégal, je le prévins que l'éclipsé totale de Soleil qui devait avoir lieu le 3i décembre, serait extrêmement intéressante à observer dans la colonie qu'il gouvernait avec tant d'éclat. Le sommet du cône d'ombre projeté derrière la Lune devait en effet pénétrer sur le continent de l'Afrique par Gorée, puis suivre la direction générale du fleuve qui donne son nom à notre possession, jusque dans le haut pays. En observant donc avec soin les contacts apparents de la Lune et du Soleil en quatre ou cinq points du Sénégal, on pouvait se procurer d'un seul coup les positions géographiques exactes de ces différents points, et obtenir, par conséquent, des éléments précieux pour la construction ou la rectification de la carte. Il suffisait, pour atteindre ce but, d'organiser une expédition composée de quatre ou cinq officiers de marine munis chacun d'un bon sextant, d'un chronomètre et d'une lunette très-ordinaire. Mais il était encore à désirer que les obser- vations physiques de l'éclipsé ne fussent pas négligées, et j'avais proposé à mon ami Faid herbe de m'en charger. En me rendant à Gorée quelque temps à l'avance, j'aurais pu entrer en conférence avec les officiers chargés de remonter le fleuve, et d'y choisir des stations et régler avec eux le plan de nos opérations. » Le colonel Faidlierbe, entrant parfaitement dans mes vues, me répondit qu'il devait venir bientôt en France et que s'il retournait au Sénégal, nous pourrions partir ensemble. M. le capitaine d'artillerie Mannheim, qui a fait de si curieuses observations à Batna en juillet 1860, se proposait de de- mander, en'même temps que moi, au Ministre de la Guerre l'autorisation de prendre part à cette expédition. Le changement de destination du colonel Faidlierbe vint s'opposer à la réalisation de notre projet. » Quand j'appris ce changement, il n'était plus temps d'entrer en rela- tions avec le nouveau gouverneur, et j'ajoute que, n'ayant pas l'honneur d'être connu de lui, je ne me serais pas cru permis de lui faire les mêmes offres qu'à son prédécesseur. » J'avais cependant fait pour la station de Gorée, ainsi que plusieurs autres points de la ligne de l'éclipsé centrale, les calculs provisoires qui servent à se tenir prêt à l'observation la plus délicate, celle du premier con- tact, et je songeai, un peu tardivement à la vérité, à les adresser à M. le commandant du génie Finet-Laprade, gouverneur particulier de Gorée. Je joignis à ces indications toutes celles dont l'expérience m'avait fait recon- naître l'utilité l'année précédente en Algérie, et M. le capitaine Mannbeim écrivit de son côté au capitaine du génie en chef pour lui recommander certaines observations physiques, entre autres celle des franges mobiles. ( 497 ) Malheureusement ma Lettre, adressée personnellement au commandant Pinet-Laprade qui s'est trouvé absent, n'a pas été ouverte en temps utile. Celle de M. Mannheim n'a pas eu le même sort, et les franges que personne n'avait remarquées en Espagne en juillet 1860, tandis qu'elles avaient frappé tout le monde en Algérie, ont été observées cette fois encore au Sénégal, avec les mêmes précautions que nous avions prises à Batna. » Le paquet ci-joint, que j'ai l'honneur de vous adresser avec l'autori- sation de M. Poulain père, renferme les observations faites à Gorée, par ordre du gouverneur du Sénégal, par M. le capitaine Poulain, chef du génie, et M. Dutaillis, lieutenant de vaisseau, commandant la Bourrasque, assistés de plusieurs autres fonctionnaires de la colonie. En ayant égard à l'insuffi- sance des moyens mis à leur disposition, on ne saurait trop louer le zèle et les efforts déployés par les deux officiers chargés de la direction des ob- servations. » Je termine en vous priant, Monsieur le Maréchal, de vouloir bien présenter les observations astronomiques et météorologiques de MM. Pou- lain et Dutaillis à l'Académie des Sciences. Si M- le Président de l'Aca- démie veut bien désigner des Commissaires pour examiner ce travail, et que de cet examen il résulte qu'il y a lieu d'encourager les deux officiers qui en sont les auteurs, je pense que ce serait un motif d'émulation pour eux et pour ceux qui peuvent se trouver dans des circonstances analogues. » Les pièces adressées parM. Laussedat comprennent, outre les observations astronomiques, des observations photométriques, anémométriques, thermo- métriques, barométriques et psycrométriques, une représentation synoptique par courbes des indications fournies par ces instruments durant l'éclipsé, la figure et la description du pendule anémométrique du capitaine Poulain, la figure et la description du photomètre, une image en couleur des aigrettes vues à l'œil nu pendant l'occultation totale, enfin un dessin des franges noires qui apparurent un instant avant l'occultation sur un mur blanc dirigé de l'est à l'ouest. Toutes ces pièces sont renvoyées à l'examen des Commis- saires précédemment désignés pour les communications relatives à l'éclipsé du 18 juillet 1860 : MM. Babinet, Delaunay, Faye. ASTRONOMIE. — Figures des planètes et de la comète de Donati. Lettre de M. Warren de la Rue accompagnant l'envoi d'images gravées d'après ses dessins. « J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie une double série de mes gravures astronomiques. Ces gravures sont la reproduction de quelques-uns des C. R., 1862, Ier Semestre. (T. UV, N° 8.) 64 ( 498 ) dessins que je fais de temps à autre au moyen d'un réflecteur newtonien de [3 pouces de diamètre et de 10 pieds de. longueur focale; l'instrument, monté équatorialement, a été construit dans mon propre atelier. » Les dessins originaux ont été, à peu d'exceptions près, basés sur des mesures micromélriques précises. Ainsi les dessins de Mars, de Jupiter et de Saturne sont faits d'après des mesures micrométriques et tous sur une même échelle de o, 125 de pouce par seconde d'arc. Afin d'être bien sûr de leur exactitude, j'en ai moi-même fait le trait sur acier, ne laissant au gra- veur que les détails. » Si on réduit au moyen de la photographie, et dans la même proportion, les deux images de Saturne, et qu'on les place dans le stéréoscope en les disposant de manière à ce que le grand axe de l'anneau soit vertical et le côté sud à main droite, l'image de 1 856 occupant la droite et celle de i8:~>a la gauche, on aura une vue stéréoscopique parfaite de la planète; ce qui fournit une preuve du parfait accord de deux images prises à un grand intervalle de temps et exécutées chacune d'après une mesure micro- métrique prise au moment de l'observation. » La collection comprend les figures suivantes : _ \ novembre i852. Saturne ■ ( 27 mars ib5o. I 20 avril i856 9a 4°m> (20 avril i856 nb45m. Jupiter 25 octobre i856 91' o™. [ 1 4 et 22 septembre. Tête de la comète de Donati ....... < ier, 2 et 5 octobre. [ i5 octobre i858. Tête de la comète de Donati 5, 8 et 9 octobre i858. Tète de la grande comète de 186 1 . . 2 et 3 juillet. « Ces figures sont renvoyées à l'examen de M. Faye, de même que les images photographiques récemment adressées par le même astronome et relatives à l'éclipsé du 3i décembre dernier. ZOOLOGIE. — Deiucième Mémoire sur la reproduction du corail (développement | par M. de Lacaze Duthieks. (Réservé pour la future Commission du prix proposé concernant l'histoire du corail.) « On trouvera dans le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter aujour- ( 499 ) d'hui à l'Académie, les faits qui prouvent comment d'un animal primitive- ment simple et libre dérive toute une colonie d'individus unis et fixés; comment enfin se produit et s'accroît cette partie du corail seule connue et employée dans les arts. » t>es embryons (on aura sans doute remarqué cette particularité bien curieuse) nagent la bouche en arrière, tandis qu'ils portent leur grosse extrémité ou leur base toujours en avant. De là vient que lorsqu'ils ren- contrent des obstacles et qu'ils se butent contre eux, ils ont une tendance à s'accoler, puis à adhérer, et cela d'autant plus que leurs mouvements de progression favorisent leur contact en les poussant contre les objets. Ainsi ce sont les mouvements eux-mêmes qui semblent destinés à faire cesser cetle période de liberté en facilitant l'adhérence de la partie du corps qui cor- respondra, plus tard, à celle qui dans les Actinies et autres Zoanthaires adultes est fixée aux rochers. » Je dois faire remarquer qu'il y a un moment où les jeunes animaux paraissent plus particulièrement disposés à se buter contre tous les objets qu'ils rencontrent: c'est lorsqu'ils vont cesser d'être allongés et abandonner leur forme de ver. Alors ils s'étalent pour ainsi dire et perdent en hauteur ce qu'ils gagnent en largeur; leur extrémité la plus effilée, celle qui porte la bouche, rentre et, en s'enfoncant au milieu du disque qu'ils forment, s'entottre d'un bourrelet circulaire. » Ainsi l'idée que l'on peut se faire de ces premières métamorphoses est simple, elle doit cependant être complétée par ce fait, que sur le bourrelet péribuccal naissent les rudiments des huit tentacules, qui ne tardent pas, après s'être montrés sous la forme de petits mamelons, à devenir caracté- ristiques des Alcyonnaires en se couvrant de barbules latérales. » Le moment de l'année où ces résultats ont été obtenus était trop rapproché de l'époque de mon départ pour qu'il m'ait été possible de suivre ces jeunes polypes pendant longtemps et de les voir, après leur fixa- tion, former leur polypier dans mon aquarium. Mais en explorant à la loupe et avec le plus grand soin les pierres rapportées du fond de la mer par les Blets des corailleurs, j'ai trouvé de très-jeunes pieds de corail qui étaient plus petits que ceux formés et fixés dans mon aquarium. Alors, revenant pour ainsi dire en arrière, j'ai pu reprendre mes études sur ces individus apportés du fond de la mer, en les suivant jusqu'à leur entier développement. Mais il est ici nécessaire d'indiquer quelques faits impor- tants. » On ne doit jamais perdre de vue, quand il s'agit des polypiers, que 64-. ( 5oo ) leurs animaux jouissent de la propriété de produire par voie de bourgeon- nement des êtres en tout semblables à eux, absolument comme un végétal produit des branches et des feuilles, et que ces nouveaux individus restent le plus souvent accolés, soudés à leurs parents. Ces immenses polypiers, qui dans les mers chaudes forment des îles et des récifs bien connus des navi- gateurs, sont dus à ce mode remarquable de multiplication. » Dans des proportions moindres et dans un temps plus long, l'accrois- sement d'une branche de corail est aussi la conséquence du bourgeonne- ment. » Relativement à l'organisation, il faut remarquer (et cela est bien connu depuis longtemps) que le corail vivant est formé de deux parties distinctes : l'une centrale, solide, résistante, c'est Vaxe ; l'autre extérieure, molle, rap- pelant tout à fait une écorce, c'est la couche poljpijcre. Celle-ci doit sa couleur à une multitude de corpuscules ; spicules ou sclérites! calcaires, d'une forme particulière et caractéristique, semés dans toute l'étendue de ses tissus. » Revenons maintenant aux embryons. Quand ce jeune corail a perdu sa forme de ver et pris celle d'un disque lenticulaire, il ne tarde pas non plus à passer du blanc au rose, et puis au rouge vif. Cela tient au dévelop- pement des corpuscules calcaires corticaux dont il vient d'être question. Ii n'a pas encore d'axe, et sa partiesolide est représentée seulement par ces cor- puscules. C'est en prenant pour guide la forme caractéristique de ces petits éléments, qu'il m'a été possible de retrouver, sur les débris des bancs rap- portés par les pécheurs, les plus jeunes individus ; car, au milieu des très- nombreuses taches rouges formées par les Lobulaires, les Alcyons, etc., il serait impossible, sans le secours du microscope, de reconnaître le tres- jeune corail. » Les petits individus que j'ai rencontres n'avaient qu'un quart ou un demi-millimètre de diamètre, et ils ne renfermaient encore qu'un seul polype. Rien ne saurait rendre la délicatesse et l'élégance de ces petits êtres lorsqu'ils épanouissent leur couronne de tentacules. Ils rappellent alors une charmante fleur couvrant de ses blanches et gracieuses découpures un petit mamelon rose qui représente parfois une petite urne. Il est peu exact, on le voit, d'appeler le coraily/eur de snnij, ainsi que l'a fait un écrivain célè- bre dans son livre sur la mer. En multipliant les recherches, j'ai pu réunir tous les états intermédiaires, entre les plus petits individus simples, et les branches les mieux développées ou les plus complètes; alors, ayant sous la main les éléments nécessaires pour résoudre les questions relatives à l'ori- ( Soi ) gine, à la nature et au mode d'accroissement de l'axe, je me suis appliqué à en chercher la solution. » Que l'on se figure un très-petit individu presque cylindrique, quoi- que très-court, n'ayant encore qu'un seul animal, mais en pleine activité de bourgeonnement; que sur ses côtés l'on admette, ce qui est exact, qu'il se produit un, deux, trois, quatre bourgeons parcourant les mêmes phases de développement que le' petit disque lenticulaire primitif dont il a été pré- cédemment question, et Ion comprendra que ce premier animal se trouve peu à peu éloigné de sa base, de toute l'étendue qu'occupent les nouveaux individus. » En suivant cette colonie naissante, dont chaque polype devient à son tour un centre de bourgeonnement, on voit le nombre de ses habitants augmenter peu à peu et ses limites s'étendre. Si l'activité du bourgeonne- ment est plus grande dans telle ou telle partie, l'allongement est aussi plus considérable dans telle ou telle direction. C'est à ces inégalités d'accrois- sement qu'il faut rapporter la naissance des rameaux et des brandies. » 11 est possible, en étudiant ces jeunes colonies en voie de formation, de reconnaître l'origine et la nature de l'axe. On peut en effet voir, sur de très-jeunes individus, que les corpuscules calcaires, semés d'abord égale- ment dans toutes les parties des tissus, se multiplient et s'accumulent dans des points distincts; que la production d'un ciment de même nature les englobe et en forme un premier noyau en les unissant. » Il y a donc deux choses distinctes dans les parties dures et solides du corail : les corpuscules qui paraissent les premiers, le ciment qui se dépose après eux. Celui-ci, en les englobant et en envahissant les tissus, arrive jusqu'aux objets sur lesquels s'était posé le jeune polype et soude la colonie pour toujours dans un lieu qu'elle n'abandonnera jamais. Voilà le point de départ de l'axe. » Cette origine et ce mode d'accroissement du polypier se retrouvent non-seulement dans les jeunes individus, mais encore dans les extrémités des rameaux où il existe un état de jeunesse permanent, en raison de la croissance continuelle qui s'y produit. Là en effet on peut voir que sous l'écorce l'axe est irrégulier, lamellaire, souvent à peine formé et tout hé- rissé par les aspérités des éléments soudés et agglomérés en nodules. Il n'est pas rare de rencontrer sur les bords de ces lamelles, représentant l'axe à son origine, des corpuscules enfermés dans une couche de ciment rose et trans- parent, dont la consistance et l'épaisseur ne sont pas encore assez grandes pour les masquer et les faire disparaître. ( 5o2 ) » Toutefois dans les branches adultes, vers la base, le ciment se dépose 8.) 65 ( 5o6 ) 23 octobre du journal ('Institut, j'ai dû recourir à la source indiquée par ce savant pour prendre connaissance de son travail. » M. Kekulé, se basant sur les résultats observés antérieurement par lui, relativement à l'action du brome sur l'acide maléique, les seuls qui fussent parvenus a ma connaissance par l'extrait qu'en a donné M. Wurtz dans les annales de Chimie et de Physique, 3e série, novembre 1861, obtint par l'ac- tion du brome sur l'acide itaconique un acide homologue de l'acide maléique dibromé qui, selon lui, jouissait de propriétés toutes semblables. Ce chi- miste a donc constaté trois mois avant moi la formation de l'acide itaconique dibromé par l'union directe du brome avec l'acide normal, fait que j'igno- rais complètement et que je m'empresse de reconnaître. Mais c'est là, je dois l'avouer, le seul point qui soit commun entre le travail du professeur de Gand et le mien-, ce dont chacun pourra s'assurer en les comparant entre eux. » CHIMIE organique. — Recherches sur les dérivés pyiogénés de l'acide citrique; par M. A. Cahours. « Dans une Note que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie (séance du 20 janvier), j'ai fait connaître sommairement les réactions qui se pro- duisent dans le contact de la potasse et de l'acide citraconique dibromé. Je me propose de revenir aujourd'hui sur ce sujet avec quelques détails, afin d'établir qu'il existe une différence radicale entre ce produit et les acides maléique ou succinique dibromés qui. ne sont qu'une seule et même sub- stance. » En effet, l'acide succinique dibromé se change par L'ébullition avec la potasse en chlorure et tartrate par une réaction toute semblable à celle qui détermine la transformation des acides monochloracétique et monochloro- propionique en acides giycollique et lactique, tandis que l'acide citraco- nique dibromé se dédouble, sous l'influence simultanée de cette base et de la chaleur, en des produits qui ne présentent plus avec les précédents la moindre analogie. C'est ce dont il est facile de se convaincre en jetant les yeux sur les équations suivantes : C8H4Rr208+ 2(RO,HO) = C3H*0'°, 2 HO ■+■ uKEr, Acide maléique Acide lartrique. dibromé. C,0HBBraO>-t- 2(KO,IIO) = 2iC05ivO) + 2H(> + C'H'B^Q4. Acide citraconique Isomère île l'acide dibromé. dibromobntyrique ( 5o7 ) • » L'homologie qu'on observe entre les formules des acides nialéiqin- et citraconique n'existe donc pas en réalité relativement à leurs fonctions chi- miques, ce qui implique nécessairement une différence essentielle dans leur constitution. Il y a tout lieu de croire que le véritable homologue de l'acide succinique est l'acide lipique qui, comme lui, prend naissance dans l'action réciproque de l'acide azotique et des corps gras. » Qu'il me soit permis maintenant de relever une erreur que j'ai commise à l'égard d'un des produits résultant de l'action de la potasse sur l'acide dibromocitraconique, erreur qui provint de l'emploi d'un échantillon de chaux impure dans le dosage du brome, ainsi que je le reconnus plus tard. » Lorsqu'on fait bouillir pendant quelques minutes avec une lessive faible de potasse l'acide dibromocitraconique, puis qu'on ajoute un léger excès d'un acide minéral, il se sépare une substance huileuse qui tantôt demeure liquide et qui tantôt se solidifie presque entièrement au bout de quelques heures, la formation du produit liquide ou solide dépendant de la durée plus ou moins longue de l'ébullition. Une détermination de brome du composé solide m'ayant donné des nombres presque identiques à ceux que fournit la substance huileuse, j'en avais conclu trop légèrement qu'il s'était produit un de ces cas d'isomérie qu'on observe si fréquemment dans l'étude des matières organiques et que ce corps représentait l'acide dibro- mobutyrique dans son plus grand état de pureté. >- Les différences que j'observai tout d'abord dans l'étude comparative des propriétés de ce corps et de celles de l'acide dibromobutyrique m'ayant laissé des doutes sur sa composition, je crus devoir en faire quelques combustions et répéter des dosages de brome; je ne fus pas alors peu sur- pris de trouver à cette substance une composition bien différente de celle de l'acide dibromobutyrique. » Plusieurs analyses de l'acide libre, du sel de baryte et de l'éther qui concordent toutes parfaitement, m'ont démontré que la composition de ce produit s'accorde avec la formule C8H5BrO\ qui ne diffère de celle de l'acide huileux que par i équivalent d'acide bromhvdrique. En effet on a C8H6Br20* _ BrH _ C8H5Br0, Acide huileux. Acide solide. » L'acide solide se rattache, on le voit, à la série des composés encore 65.. ( 5o8 ) imparfaitement étudiés dont les acides aliylique (acrylique) et angélique lorment les deux termes les plus importants; il constituerait le dérivé mo- nobromé d'un acide intermédiaire entre eux qui, à l'état normal, serait représenté par la formule C8H60\ » Ce qui tend à corroborer cette manière de voir, c'est que lorsqu'on fait agir le brome sur l'acide angélique dans les rapports de 2 à i en équiva- lents, on n'observe pas de dégagement d'acide bromhydrique et qu'il se forme un produit C,0H8Br2O% susceptible de se dédoubler sous l'influence de la potasse en bromure alcalin et en un autre acide C,0H7BrO', qui n'en diffère également que par 1 équivalent d'acide bromhydrique. » La formation des produits qui dérivent de l'action de la potasse sur l'acide citraconiquedibromé s'explique dès lors avec la plus grande facilité: ire phase. . . C,0H8Br2O8 = 2CO2 + C8H6Br20% 2e phase... C8 HeBraO* = BrH -+-C8H5BrO', l'alcali déterminant la séparation successive de l'acide carbonique et de la moitié du brome. » L'acide propjllylkpie monobromé, c'est ainsi que je désignerai l'acide ( ristallisable dérivé de l'acide dibromocitraconique, forme des sels géné- ralement solubles et qui cristallisent avec facilité. Chauffe-t-on cet acide avec du brome, il fixe 2 équivalents de ce corps sans dégagement d'acide bromhydrique, engendrant un composé représenté parla formule 0>H5Br304, qui se dédouble à son tour en présence d'une solution de potasse en bro- mure et en un acide dibromé C8H*Br20\ » Ce dernier s'unit directement au brome comme l'acide monobromé pour engendrer le composé C'ffRr'O', (lui se détruit de ^nouveau, comme ses analogues, sous l'influence de la potasse. ( 5o9 ) » Les acides du groupe angélique peuvent donc fixer directement du brome que les alcalis éliminent en partie sous forme de bromure, se compor- tant à l'égard de ce corps de la même manière que l'éthylène et ses homo- logues, et formant comme lui deux séries parfaitement tranchées, l'une présentant une suite de produits isomères avec les composés du groupe acétique, tandis que la seconde offre les phénomènes de substitution ordi- naire. C'est ce qu'il est facile de reconnaître à l'inspection du tableau suivant qui résume les résultats fournis par l'acide propylallylique mono- bromé. Groupe pvi 5pylallylique. Groupe ethylène. C8H6C", C*H\ Acide normal. Elbylènc. C8H6Br20\ C8H5BrO\ C/H'Br2, C'IPBr, Acide dibromé isomère de Tac ide Acide propylal- lylique Ethylène dibromé. FJromure d'aldéhydcne. dibromutyriqtie. monobromé. C8H5Br304, CsH4Br20% C'II3Br3, G*HaBr2, Isomère de l'acide ribromobutyrique. Acidepropylally- lique dibromé. Ethylène tribromé. Rromure d'aide hydène brome. C8H«Br*0\ C8H3Br30% Isomcrederacide Acide propylaliy- quadribromobu- lique tribromé. lyrique. C*H2Br2, C4HBr3, Ethylène Bromure quadribromé. d'aldéhydène dibromé. C'HBr5, C4Br\ Ethylène quïntibromé. C4BrB, Perbron-.ure decarbone. » On voit en examinant ces deux séries que de même que l'action pro- gressive du brome sur l'éthylène engendre une suite de termes isomères de ceux qui résulteraient de la substitution régulière de ce corps à l'hydrogène dans l'éther bromhydrique, de même aussi l'action du brome sur l'acide propylallylique donne une suite de composés qui présentent l'isomérie la plus complète avec les différents dérivés par substitition de l'acide butyrique. » L'acide allylique parait se comporter de la même manière. Le brome l'attaque en effet énergiquement sans qu'on observe de dégagement d'acide bromhydrique. Il se forme dans cette réaction un acide doué d'une odeur des plus irritantes. Je me propose de préparer ces composés sur une plus grande échelle et de faire connaître prochainement à l'Académie le résultat (. 5io ) île mes études sur ce sujet qui présente un certain intérêt en raison de la nouveauté des réactions. » Si l'on rapproche les résultats précédents de ceux que j'ai fait connaître il y a douze ans environ relativement à l'action du brome sur l'acide citri- que, il en ressort bien évidemment que les composés qui forment le groupe citrique présentent une physionomie particulière qui les distingue des acides malique et tartrique ainsi que de leurs dérivés dont ils se rapprochent néan- moins sous beaucoup de rapports. » En terminant cette Note, qu'il me soit permis d'annoncer à l'Académie que l'acide œnanthylique chauffé dans des tubes scellés à la lampe avec du brome dans les rapports de i à 2 en équivalents, se change en un liquide huileux, pesant, présentant la consistance d'une huile grasse et bouillant en éprouvant une décomposition partielle vers 25o°: c'est l'acide rnonobromo- œnanthvlique C,4H,3Br04. » L'acide valérique monobromé, traité par une dissolution de gaz ammo- niac dans l'alcool absolu, donne du bromhydrate d'ammoniaque, ainsi qu'un acide amidé, ïacide vatéramique, homologue du glycocolle et de l'alanine, qui forme avec les acides et les oxydes métalliques des combinai- sons cristallisableset bien définies. » Nous connaissons donc aujourd'hui dans la série acétique et 'dans la série benzoïque, qui présentent le parallélisme le plus parfait, une série d'acides amidés homologues qui présentent cette double propriété de s'unir à la fois aux bases et aux acides en formant avec ces substances des com- posés nettement définis et qui se dédoublent sous l'influence des alcalis à une température élevée en acide carbonique et en bases ammoniacales. « M. Sire adresse de Besançon deux exemplaires d'un Mémoire imprime sur des appareils de son invention destinés à V étude des mouvements de rota- tion. « Ces instruments, dit l'auteur, me paraissent propres à faire progres- ser l'étude des arts mécaniques, et à ce point de vue je les crois de nature à concourir pour le prix de Mécanique de la fondation Montyon. Réservé pour la future Commission. 5i CORRESPONDANCE . M. Reg\ault met sous les yeux de l'Académie une balance construite par M. Deleuil, et qui permet d'opérer les pesées dans le vide, dans l'air pins ou moins dilaté, et dans les différents gaz. Cette balance est semblable à celle que le même constructeur a exécutée pour nue Commission chargée de faire une nouvelle comparaison du kilogramme en platine de Berlin avec le prototype en platine des Archives impériales, et qui a été achetée par le gouvernement prussien. A cette occasion, la Commission a fait une longue série de recherches dans le but de fixer les conditions dans lesquelles des comparaisons de cette nature doivent être faites, et pour dissiper les incer- titudes que l'on pouvait craindre pour les pesées faites dans l'air. Le Rap- port de la Commission a été imprimé à Berlin, et un exemplaire en a été remis à l'Académie. Ce Rapport contient une description détaillée de la balance et les proces-verbaux de toutes les expériences auxquelles elle a été soumise ; l'Académie peut s'assurer ainsi que l'habile constructeur a satisfait complètement au programme qui lui était imposé. M. i,e Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la Cor- respondance de nouvelles recherches sur les fossiles des terrains secon- daires de la province de Luxembourg, par M. Chapuis. PHYSIQUE nu GLOBE. — Trépidations du sol à Nice pendant l'éruption du Vésuve ; extrait d'une Lettre de M. Prost à M. Élie de Beaumont. « ... Je suis rentré à Nice le 12 octobre 1861. Depuis le 11 jusqu'au 27, mon pendule est resté dans un repos parfait, mais il a donné des oscilla- tions moyennes et constantes pendant les journées et les nuits des 28, 29 et 3o octobre. » En novembre, ces oscillations ont repris les 2, 3, 4 et 5, avec cette observation que le 2 ces oscillations se sont aussi fait remarquer sur les lampes du cercle. Du 6 au 19, repos. " » Le 19 et le 20, oscillations faibles qui ont été en augmentant d'inten- sité pendant les 21 et 22, et qui ont continué jusqu'au 28, jour où elles étaient encore assez fortes, mais pas assez cependant pour que les cristaux du salon y participassent; elles ont eu dans les jours suivants des alterna- tives de repos et d'activité, et ont cessé très-brusquement le 3o à midi. ( 5.2 ) « Le mois de décembre a été très-remarquable. Les oscillations ont repris le 2 à midi, très-brusquement et très-fort : elles ont continué pendant les jours suivants, et c'est à ce moment qu'a eu lieu le tremblement de terre de Potenza; le 7, à 8 heures du soir, elles étaient très-faibles et à 1 1 heures très-fortes. Le 8, à 10 heures du matin, très-fortes et se communiquant aux cristaux du salon qui depuis lors jusqu'à la fin du mois ont rarement cessé d'être agités. Cependant le soir de cette journée du 8, à minuit, le pendule était en repos. Les 9, 10 et 1 1, il n'a montré que de faibles oscillations jus- qu'au 12 où il a repris avec une grande intensité quia diminué pendant les journées des i3, 14 et i5 (c'est ici que se place le tremblement de terre du Péloponèse), pour reprendre encore avec une nouvelle force le i(i de midi ,1 10 heures du soir. Le 1 7, à midi, les oscillations étaient fortes et elles ont diminué pendant les journées des 18, 19 et 20 ; le 21, jour où à 9" i5m elles ont repris par une faible secousse de tremblement de terre, jusqu'au 22 à midi, elles étaient très-fortes; elles ont continué de la sorte jusqu'au 27 avec des recrudescences de violence et de repos très-variées et très-irrégu- lières. Ce jour du 27, j'ai pu constater que, tandis que le pendule était en repos, sa chaîne seule était en mouvement dans une direction opposée à celle qui est habituelle, fait assez curieux que dans le même moment j'ai pu constater sur les cristaux du salon qui étaient en mouvement pendant que le pendule était en repos; mais il faut que je fasse observer que ce n'étaient pas les mêmes que ceux qui oscillaient habituellement : c'étaient ceux qui par leur point d'attache pouvaient se mouvoir dans un sens opposé. C'est la première fois que ce phénomène s'est montré aussi clairement, et c'est aussi la première fois que je puis constater ces variations si brusques et si instan- tanées qui m'ont paru coïncider assez bien avec les périodes d'activité et de repos de la dernière éruption. » Depuis le commencement de janvier 1862 jusqu'aujourd'hui, ces varia- tions, très-difficiles à noter exactement, continuent; le 22 janvier, les cris- taux étaient en mouvement. Mais, du reste, cela leur arrive depuis cette époque si fréquemment, qu'on s'y habitue et qu'on n'y fait plus attention. » Nous avons fondé ici une Société des Sciences et Belles-Lettres.... J'espère pouvoir engager quelques-uns de mes futurs collègues à s'occuper de cette question et à répéter de leur côté ces curieuses expériences. » ( 5.3 ) GÉOLOGIE. — Sur les dépôts tertiaires marins et lacustres des environs de Provins {Seine-et-Marne); Lettre adressée à M. d'Archiac par M. Hébeih . « Vous savez combien la classification des diverses assises de formation d'eau douce du bassin de Paris présente de difficultés, et combien sont rares les faits qui permettent à l'observateur d'assigner à plusieurs d'entre elles une position bien précise dans la série marine tertiaire. A ce titre, j'ai pensé que vous voudriez bien accueillir et communiquer à l'Académie de nouvelles observations relatives aux calcaires lacustres de Provins dans lesquels ont été recueillis en 1829 des ossements de Lopliiodon. » Vous vous rappelez peut-être qu'en i855 (1) j'ai présenté à la Société Géologique de très-beaux fragments de mâchoires supérieures et infé- rieures, d'humérus et de tibia, etc., d'un Lophiodon gigantesque que j'a- vais rapportés de Sézanne, et qui avaient été recueillis dans un gisement analogue à celui de Provins. Ces pièces, qui font aujourd'hui partie du cabinet de géologie de l'École Normale, paraissent appartenir à la même espèce que celle de Provins, laquelle serait très-voisine du L. lautricense Noulet. >■ Vous savez aussi que ces calcaires à Lophiodon de Provins con- tiennent une curieuse série de fossiles d'eau douce, notamment une grande Achatine (Lymnœa Nodoti Michelin), des Planorbes, des Paludines, etc. D après M. Deshayes, cette faune serait entièrement différente de celies des autres assises lacustres du bassin de Paris. » M. Leymerie (2) avait considéré ces calcaires comme synchroniques du gypse et des couches qui lui sont associées intérieurement [calcaire de Saint-Ouen). M. de Senarmont (3) les a laissés dans cette même position, désignant cet ensemble sous le nom de travertin inférieur. Vous-même , Monsieur, en résumant (4) votre opinion sur ce point, vous les avez assimilés au calcaire de Saint-Ouen, auquel seul vous avez réservé le nom de tra- vertin inférieur, le considérant comme le cinquième étage d'un grand en- semble auquel vous donniez le nom de calcaire lacustre moyen, comprenant toutes les assises d'eau douce situées entre les sables supérieurs ou de Fontai- nebleau et les sables moyens ou de Beauchamp. (t) Bull. Soc. Géol., 2e série, t. XII, p. 35 j . (2) Bull., re série, t. XII, p. 21, 1840. (3) Desc. géol. du dép. de Seine-et- Marne, p. 161, l844- (4) Hist. des progrès de la géol., t. II, p. 562et566, l849- C. R., 1862, i« Semestre. (T. LIV, N° 3. ) 66 ( 5.4 ) » Permetlez-moi maintenant de rappeler que, dans un travail publié il y a deux ans ( i), après avoir confirmé par de nouvelles considérations paléon- tologiques la séparation du calcaire de Brie de toute la partie inférieure de ce groupe, séparation que j'avais antérieurement établie en me fondant sur la nature essentiellement miocène des marnes à Cytena convexa sur lesquelles ce calcaire repose, j'ai montré que le calcaire lacustre de Cbampigny con- stitue un autre horizon distinct à la fois de celui du calcaire de Brie, et de celui du calcaire de Saint-Ouen, entre lesquels il est compris. » Voilà donc trois horizons de calcaires lacustres séparés par des assises marines dont les faunes sont parfaitement distinctes. » J'avais déjà, il y a plusieurs années, essayé de déterminer la véritable nature de la couche marine qui à Provins et à Villenauxe recouvre les cal- caires à Lophiodon. Je n'avais pas été plus heureux que mes devanciers, mais aujourd'hui mes recherches ont abouti; j'ai pu, dans une carrière ou- verte à 2 kilomètres au nord de Villenauxe, recueillir une série d'échantil- lons qui m'ont permis de constater l'existence des espèces suivantes : >• Cerilhium iricarinatum Lk., ce. (très- commun) ; Cerilhium pleurolo- moïdes Desh. c.; Cerilhium subula? Desh. ; Melania hordacea Lk. ; Caiyp- Inea trochiformis Lk., e. ; Nalica, c; Psammobia; Donax voisin du D. refusa Lk. ; Cardita coravium Desh. ; Lucina; Anomia pellucida Desh., c C. » Quatre de ces espèces sont ici associées ensemble et avec la même abon- dance que dans la zone supérieure des sables de Beauchamp, à la base des calcaires de Saint-Ouen. La localité de Tomberel près de Monnevillc (Seine-et-Oise) présente exactement la même association. « Cette couche marine est donc, par sa faune, une dépendance certaine de l'assise des sables moyens; et très-probablement elle en est la partie la plus récente. » D'après celales calcaires à Lophiodon lautricense,» grandes Achatipes, etc., de Provins, Villenauxe et Sézanne, seraient inférieurs au calcaire de Saint- Ouen, et synchroniques des sables de Beauchamp ou du calcaire grossier. » C'est un quatrième horizon de dépôts lacustres à établir dans ce qui était considéré comme un seul ensemble; et en comprenant dans une énu- mération complète le calcaire de Beauce et le calcaire de Billy, on doit en conclure l'existence de six lacs d'époques différentes dans notre bassin de Paris, quatre éocènes et deux miocènes, savoir : i ) Bull. Soc. Géol., 2« sc-r , t. XVII, p. 8oo. ( 5i5 ) » i° Le lac de Rillv au commencement des dépôts marins de l'éocène in- férieur ; » 20 Le lac de Provins à la fin du dépôt du calcaire grossier; » 3° Le lac de Saint-Chien à la fin des sables de Beauchamp; » 4° Le lac de Champigny pendant le dépôt du gypse; » 5U Le lac de la Brie au commencement des dépôts marins miocènes; » 6° Le lac de la Beauce entre le miocène marin inférieur, représenté pat les sables de Fontainebleau, et le miocène moyen ou faluns de Touraine. » chimie Générale. — Nouvelles recherches sur la formation des carbures d' hydrogène ; par M. Berthelot. « Dans des expériences présentées à l'Académie il y a cinq ans, j'ai établi îa formation synthétique, au moyen des éléments, des carbures d'hydrogène les plus simples et celle des alcools. » J'ai donné des méthodes certaines pour atteindre le but. Cependant, la simplicité des résultats m'ayant paru laisser quelque chose à désirer, j'ai entrepris de nouvelles recherches afin de mieux manifester l'enchaînement régulier des formations. » Rappelons d'abord quelques-uns des faits déjà établis, afin de marquer la marche progressive des combinaisons. » i° Le carbone et l'oxygène se combinent pour former de l'oxyde de carbone; l'hydrogène et l'oxygène se combinent pour former de l'eau : C2 + 02 = C202; H2 + 02=H202. » a° L'oxyde de carbone et l'eau se combinent pour former de l'acide formique : C202 + H202 = C2 TPO*. » 3° L'acide formique (à l'état de formiate de baryte) se transforme en gaz de marais, eau et acide carbonique, suivant une équation simple, ana- logue à celle qui transforme l'acide acétique en acétone : 4C2(H2 O* = C2H4 + i H2 O2 -+- 3C2 0\ » C'est ici que prennent place mes nouvelles expériences. » 4° Le gaz de marais pur, soumis à l'action de la chaleur, ou beaucoup mieux à l'étincelle d'un puissant appareil d'induction, éprouve une méta- morphose remarquable. Tandis qu'une certaine quantité se sépare en ses éléments, une autre partie, et très-considérable, se condense en un carbure 66.. ( 5-6 ) d'hydrogène plus compliqué, l'acétylène : 2 C2 H* = C ' H2 + H6. Gaz des Acétylène, marais. » Rien n'est plus facile que d'obtenir ainsi de grandes quantités d'acéty- lène à l'état de pureté, en le régénérant de l'acétylure cuivreux formé avec le produit brut de la réaction. u Pour rendre ces résultats plus décisifs, en ce qui touche la formation de l'acétylène parles éléments, je l'ai reproduite avec le gaz des marais obtenu au moven de l'acide formique, c'est-à-dire de l'eau et de l'oxyde de carbone. Ce gaz des marais, lavé préalablement dans le brome et dans la potasse, fournit en effet de l'acétylène : résultat facile à prévoir, mais que j'ai cru utile de constater, comme contre-épreuve de mes premières expériences. » 5° L'acétylène ainsi obtenu devient l'origine de nouvelles formations : en effet j'ai établi ailleurs (i) que rien n'est plus aisé que de le changer, à la température ordinaire, en gaz oléfiant, par une simple addition d'hydro- gène : C*H2 + H2 = C4H4. Acétylène. C'est l'un des exemples les plus nets de la fixation de l'hydrogène sur une substance organique. » Elle s'effectue en attaquant le zinc par l'eau ammoniacale, en présence de l'acétylure cuivreux. Voici quelques nouveaux détails sur l'analyse des produits de cette réaction. Ces produits consistent en hydrogène et en gaz oléfiant, mélangés avec un peu d'acétylène échappé à la métamor- phose. Le procédé d'analyse que je vais indiquer est essentiellement qualitatif. Il permet d'isoler en nature chacun des éléments du mélange ga- zeux; ce procédé est d'autant plus utile à connaître, qu'une analyse sem- blable paraît avoir donné lieu récemment à des erreurs assez graves. On traite le mélange gazeux par le protochlorure de cuivre ammoniacal, lequel dissout simultanément les carbures C2"H3"-2, tels que l'acétylène, et les car- bures C2"H2", tels que le gaz oléfiant; mais l'acétylène forme une combinai- son insoluble et qui n'est pas détruite par l'ébullition de la liqueur, double propriété qui permet de le séparer, tandis que le gaz oléfiant entre simplement (i) Comptes rendus, t. L, p. 808; 1860. ( 5.7 ) en dissolution et peut être dégagé à l'état de pureté par l'ébullition de la liqueur. On l'obtient ainsi isolé, on le lave avec de l'acide sulfurique étendu, pour le dépouiller des vapeurs ammoniacales, puis on le soumet à l'analyse eudiométrique. » 6° Le gaz oléfiant, C*H*, formé avec l'acétylène, C*H% peut être à son tour surhydrogéné et transformé en acéténe, C* H6 : C4H4 + H2=C/H6. Gaz oléllant. Acétène. On y parvient à l'aide d'une méthode générale que j'ai publiée il y a cinq ans, et qui a reçu depuis plus d'une application. » Elle consiste à fixer du brome sur le premier carbure de façon à former un bromure, C4H4Br2, puis à remplacer le brome par l'hydrogène. Cette substitution inverse s'opère très-nettement par l'emploi de l'iodure de po- tassium et de l'eau, sans autre agent. » Je crois utile de rappeler ici que ce fait, et la réduction de la glycérine par l'iodure de phosphore, constituent les premiers exemples de l'emploi des composés iodurés comme agents réducteurs : on sait combien cette mé- thode, généralisée dans ces derniers temps, est devenue féconde. Parmi les autres résultats qu'elle m'avait déjà permis de réaliser, je n'en citerai qu'un pour achever de la caractériser, c'est : la désoxydation complète de la glycérine C6H306, et sa transformation dans le carbure. . C6H8. » Mais revenons à la construction progressive des carbures d'hydro- gène. » 70 Le gaz des marais, agissant sur l'oxyde de carbone, engendre le propylène, conformément à la réaction suivante que j'ai déjà signalée : 2C2H4 + C202 = C6H6 -t-H202. Propy- lène. » 8° Le même gaz des marais, renfermé dans un tube de verre de Bohême scellé, puis chauffé à la température à laquelle le tube commence à se ra- mollir, donne naissance à une petite quantité de naphtaline. La plus grande partie résiste. La formation de la naphtaline au moyen du gaz des marais peut se représenter par l'équation suivante : ioC2H' = C20H8+ H32. :,3) » Elle rappelle la formation du chlorure de Julin, C.20C1,0; au moyen du perchlorurede carbone, C2 Cl*. » En résumé on peut former : \\ec les éléments, l'oxyde de carbone et l'eau ; Avec ces derniers, l'acide formique; Avec l'acide formique, le gaz des marais C2H4; Avec le gaz des marais, l'acétylène CSH2; Et consécutivement, le gaz oléfiant C4 II4; et l'acétène C*H6; Avec le gaz des marais et l'oxyde de carbone, le propylène, C6 H6 ; Enfin avec le gaz des marais, la naphtaline C20H8. » Toutes ces formations résultent d'une suite régulière de réactions sim- ples, exercées directement sur les éléments d'abord, puis sur les carbures. Elles établissent la génération graduelle et directe de carbures d'hydrogène de plus en plus compliqués au moyen de carbures plus simples. » A côté de cette méthode, fondée sur la condensation progressive de la molécule hydrocarbonée, je rappellerai la méthode des condensations simul- tanées dont j'ai développé ailleurs les applications : dans la distillation sèche des formiates, des acétates et des corps analogues, une même molé- cule hydrocarburée, C2H2, se sépare à la fois sous plusieurs condensations différentes : telles que Le gaz oléfiant (C2H2)2, Le propylène (C^H')3, Le butylène (C'H1)1, L'amylène (CJ H1 p\s Ea constitution des principaux de ces carbures a été vérifiée par la formation des alcools correspondants (i). » Telles sont jusqu'à présent les seules méthodes établies par expérience qui permettent de partir des éléments pour arriver à des carbures, simples d'abord, puis de plus en plus élevés. On découvrira sans doute d'autres pro- cédés analogues, ou plus réguliers encore, car telle est la marche des sciences expérimentales; mais je pense que les progrès qui pourront être faits dans (i) On sait d'ailleurs à combien d'épreuves les carbures obtenus dans la distillation sèche des acides C^H^O' et des corps analogues ont été soumis par les expériences de MM. Rey- nolds, Hofmann, Cahours, Wurtz, etc. (préparation de nombreux dérivés chlorés et bromes; formation desglycols, etc.) (5<9 ) cette direction s'appuieront au fond sur les mêmes principes généraux. En effet, condensation progressive, condensation simultanée, soit aux dépens des éléments d'un composé unique, soit aux dépens des éléments réunis de deux composés, voilà les deux grandes voies de la synthèse en chimie orga- nique. C'est à ces deux idées que se rattachent toutes les méthodes générales déjà fécondées par l'expérience et qui le sont chaque jour davantage. Depuis que la synthèse a franchi les premiers et les plus grands obstacles, je veux dire ceux qui s'opposaient à la formation des carbures d'hydrogène et des alcools au moyen des éléments, la route s'élargit à mesure qu'on avance; les com- posés formés avec ces premiers termes deviennent plus nombreux et se prê- tent à des métamorphoses plus variées et plus délicates. Comme il arrive dans les sciences en voie de développement, les ressources augmentent a chaque pas nouveau, à mesure que les chimistes se familiarisent avec un ordre de problèmes presque ignoré jusqu'ici, u chimie organique. — Sur une transformation de l'urée; par M. Fleury. « Lorsqu'on compare la formule de l'urée C2 H* AzJ02 et celle du sulfo- cyanure d'ammonium AzH4.C2AzS2, on voit qu'elles ne diffèrent que par la substitution du soufre à l'oxygène; il vient dès lors naturellement a la pensée qu'il pourrait être possible de passer de l'une à l'autre substance en les mettant au contact des réactifs appropriés. » Pour réaliser la première de ces transformations, j'ai cherché à faire réagir le sulfure de carbone sur l'urée suivant l'équation C2 H4 Az2 O2 + CS2 = CO2 + Az H" . C2 Az S2 . » Dans un tube en verre très-fort, de l'urée a été introduite avec un lé- ger excès de sulfure de carbone et de l'alcool absolu. Le tube fermé à la lampe a été chauffé dans une étuve à gaz à la température de ioo° pendant trente-six heures; on reconnaît que la transformation est opérée lorsque le liquide ne se remplit plus de cristaux d'urée en refroidissant : sa couleur est alors devenue jaune. On casse avec précaution la pointe du tube sous le mercure; il se dégage une grande quantité de gaz, consistant principale- ment en acide carbonique, comme la théorie l'indiquait. Le liquide con- tient, outre un produit à odeur alliacée très-tenace, du sulfocyanure d'am- monium donnant, avec les persels de fer, la couleur rouge de sang carac- téristique. Évaporée à siccité au bain-marie, cette dissolution fournit un résidu de cristaux légèrement déliquescents, dégageant de l'ammoniaque ( 520 ) par la potasse étendue, solubles dans l'eau et l'alcool, et ne produisant pas avec l'acide hypoazotique l'effervescence caractéristique de l'urée. » La transformation du sulfocyanure d'ammonium en urée m'a offert bien plus de difficultés. 11 fallait trouver un corps susceptible de fixer le soufre de la molécule et de céder une quantité équivalente d'oxygène. J'ai expérimenté d'abord sur l'oxyde de mercure, dans un tube scellé, en pré- sence de l'alcool absolu, et à la température de ioo°. Il s'est formé un sul- focyanure double d'ammonium et de mercure soluble dans l'eau et l'alcool, cristallisant en aiguilles déliquescentes; ce composé n'a pas encore été décrit par les chimistes. On le produit même à froid en mélangeant le sul- focyanure d'ammonium et l'oxyde de mercure; de l'ammoniaque se dégage. Quant ;i l'urée, l'expérience précédente n'en avait aucunement fourni. Un essai a été fait dans les mêmes conditions avec l'oxyde de plomb; il ne s'est formé qu'un sulfocyanure de plomb insoluble. » Avec l'oxyde d'argent, j'ai obtenu un résultat assez complexe, car il s'est produit du sulfocyanure d'argent insoluble, du sulfure d'argent, du sulfate d'argent soluble, et un corps qui donne, avec l'acide azotique chargé de produits nitreux, un abondant dégagement de gaz, tandis qu'il n'en fournit pas avec le même acide pur : c'est bien là une réaction caractéris- tique de l'urée. Toutefois, n'ayant pas eu assez de produit à ma disposition pour recueillir celle-ci à l'état cristallisé, je n'oserai pas aflirmer son existence. On comprendra qu'ayant opéré sous pression dans des tubes scellés, et ceux-ci s'étant brisés plusieurs fois, il ne m'ait pas été facile d'ob- tenir assez de liqueur pour isoler l'urée parfaitement pure. Cependant l'expérience ayant donné trois fois les résultats indiqués ci-dessus, la pro- duction constante d'un corps possédant la propriété la plus saillante de l'urée, n'est pas un fait dénué de toute valeur. » Je me réserve du reste de continuer ces recherches. « A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. É D. B ( 521 BULLETIN' BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 24 février 1862 les ouvrages dont voici les titres : Etudes sur le passé et l'avenir de l'artillerie, ouvrage continué à l'aide des Notes de l'Empereur; par M. Favé, colonel d'artillerie, l'un de ses aides- de-camp. T. III. — Histoire des progrès de l'artillerie. Paris, 1862; in-4°. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. de Senarmont.) Traité des applications de l'analyse mathématique au jeu des échecs; par M. C.-F. DE Jaenisgh. T. I et II. Saint-Pétersbourg, 1862 ; 2 vol. in-8°. Hygiène de l'Algérie; parle Dr J.-J. Marit. Paris, 1862, in-8°. Recherches anatomiqucs, physiologiques et microscopiques sur les dents et sur leuis maladies ; par J .-E. Oudet. Paris, i862;in-8°. De la cataracte diabétique ; par le Dr E. LECORCHÉ. (Extrait des Archives générales de Médecine , n° de mai et suivants.) Paris, 1861 ; in-8°. Notice sur les travaux scientifiques de M. P. -A. Favre. Paris, 1862; in-4°. De l'tdlération de la vision dans la néphrite albumineuse [maladie de Bright); thèse pour le doctoral en médecine présentée et soutenue par M. Lecorché. Paris, i858; in-4°. (Ces trois ouvrages sont présentés, au nom des auteurs, par M. J. Cloquet.) Lannée pharmaceutique ; par M. L. PARISEL. Paris, 1862; in-8°. Etude comparative des caractères et de l'organisation du Dochmius trigono- cephalus, Duj., et du ver des vaisseaux et du cœur chez le chien ; par M. C. Baillet. Toulouse, 1862; br. in-8°. Société Philo mathique de Paris ; extraits des procès-verbaux des séances pen- dant l'année 18G1 . Paris, 1861 ; in-8°. Bulletin delà Société Linnéenne de Normandie ; 6e volume; année 1860-61. Caen, 1862 ; in-8°. Mémoires de la Société a" Agriculture, des Sciences, Arts et Belles- Lettres du déparlement de l'Aude. T. XII, 2e série; noa 5g et 60. Troyes; in-8°. Bulletin de la Société académique d'Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et Arts de Poitiers; n° 62. Poitiers et Paris, 1861 ; in-8°. Sitzungsberichte... Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences de Bavière; 5e livraison. Munich, 1861; in-8°. C. R., 1S62, i« Semestre (T. LIV, N° 8.) 67 ( 522 ) IGobii... Mémoire sur les Gobies du (jotje de Gènes; par le prof. Giov. Garestrirï. (Extrait des Archives de Géologie, t. I, février 1862.) Br. in-8°. Historia... Histoire physique et politique du Chili, publiée sous les auspices du gouvernement Chilien; par C. Gay. Agriculture; t. I. Paris, 1862; in-8°. L'Académie a reçu dans la séance du 3 mars 1862 les ouvrages dont voici les titres : Geos ou Histoire de ta Terre; par M. le Dr R.-F. Mf.ray. T. I et II. Paris, 1861 ; 2 vol. in-8°. Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie; années 1860- 1861; XIIe vol. Paris, 1862; in-4». Revue maritime et coloniale ; t. IV, février 1862; i!\ livraison. Paris, 1862, in-8°. Ostéologie comparée des articulations du coude chez les Mammifères, les Oiseaux et les Reptiles ; par M. Ch. Martirs (Extrait des Mémoires de l'Aca- démie des Sciences et Lettres de Montpellier; t. III, p. 335 à 362; 1862). Montpellier, 1862; in-4°. Sur l'origine de l'électricité dans les piles; par M. Martens. (Extrait des Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 2e série, t. XIII, n° 1.) Bruxelles, | de feuille in-8°. Mémoire sur un Polytrope ; par M. G. SlRE. (Extrait des Mémoires de la Société d'émulation du Doubs, séances des i3 décembre 1860 et 9 mars 1861 .) Besançon, 18G2; in-8°. (Destiné au concours pour le prix de Méca- nique. ) Nouvelles recherches sur les Jossiles des terrains secondaires de la province de Luxembourg ; par M. F. Chapuis, i'e partie. (Extrait du t. XXXIII des Mé- moires de f Académie royale de Belgique.) Bruxelles, br. in-4° avec planches. Transactions... Transactions de la Société royale d Edimbourg ; vol. XXII, 3e partie (1860-61). Edimbourg, 1861; in-40. Proceedings... (Jomptes rendus de la Société royale d'Edimbourg ; vol. IV, n° 53. (1860-61.) Journal... Journal de la Société géologique de Dublin ; vol. IX, i,e partie (1 860-6 i).Dubliu, 1861 ; in-8°. Onthe... Sur les marées solaires et lunaires diurnes des côtes d'Irlande; par le Rév. S. HAUGHTON. Br. in-8u. ( 5^3 ) Thetides... Sur les marées de la baie de Dublin et la bataille de Cloutait (a3 avril ioi4); par le Jlév. S. HAUGHTON et J. HENTHORN Todd. Dublin. 1861; br. in-8°. On the... Sur la réflexion, à la surface des coifs transparents, de la lumière polarisée; par le Rév. S. Hauguton ; demi-feuille in-8°. Onsome... Sur quelques nouvelles lois de réflexion de la lumière polarisée; par le même. 1 feuille in-8°. On the... Sur les composants normaux de l urine de l'homme en santé théorie du travail fondée sur cette recherche ; par le même. Br. in-8°. Short... Exposé sommaire des expériences faites à Dublin pour déterminer le mouvement azimutal du plan d'oscillation d'un pendule libre. (Extrait des Comptes rendus de l'Académie royale d'Irlande , avril i85i.) In-8°. Abhandlungen... Mémoires de i Académie des Sciences de Bavière (classe des sciences physiques et mathématiques); IXe vol., 1" partie. Munich, 1861; in-40. Gedachtnissrede... Eloge historique de F. Tiedemann, lu dans la séance publique de l'Académie des Sciences de Bavière, le 28 novembre 1 86 r ; par M. Ïh.-L.-W. BISCHOFF. Munich, 1861; br. in-4u. Uber die... Sur les organes de terminaison périphérique des nerfs moteurs; par le Dr W. Kuhne. Leipsick, 1862; in-4°. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Claude Bernard.) Recherches sur les théories géologiques des Grecs (Mémoire présenté à l'A- cadémie des Sciences); par M. J. Schvarcz. Vienne, 1861 ; in-8°. Recherches sur la géologie des Grecs jusqu'au siècle d'Alexandre le Grand; parle même (en hongrois) ; ire livraison. Pesth, 1 86 1 ; in-8°. Fibres musculaires des Mollusques. (Extrait des Mémoires de l'Académie des Sciences de Hongrie (en hongrois), Xe vol., 4e livraison.) Pesth, 1861 ; in-4°. ( 5*4 ) ERRATA. (Séance du 17 février 1862.) Page 3o2, ligne 3 en remontant, au lieu de en 1786, lisez en 1784. Page 3oa, ligne 2 en remontant, au lieu de MM. Bravais et Lottin en 1837 et i838, lisez MM. Bravais et Lottin en i838 et i83tj. Page 3o2, dernière ligne, au lieu de en i838, lisez en 1847. Page 3o2, dernière ligne, après M. Martins enfin, ajoures à Montpellier. Page 3o5, ligne 10, au lieu de des deux, lisez de deux. Page 3o5, ligne 1 1, au lieu de 2°,4o, lisez 2°4o'. Page 3i2, ligne 8, après parties basses, ajoutez dans les hivers exceptionnellement rigou- reux. Page 375, ligne 22, au lieu de tendu par, lisez fendu pour. Page 376, ligne 3o, au lieu de dessus, lisez dessous. (Séance du il\ février 1862.) Page 45g, ligne 12, au lieu de Lanox, lisez Lanoa. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 10 MARS 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIQUE. — Note sur la force répulsive considérée dans les phénomènes physiques; par M. Faye. « 11 résulte do l'ensemble des faits relatifs à l'accélération des comètes et à la figure de ces astres qu'il existe, dans les espaces célestes, une force répul- sive exercée par la surlace du Soleil; que cette force est due à l'incandes- cence de cet astre, et qu'elle agit à toute distance, comme l'attraction. » D'autre part les phénomènes de l'ordre physique présentent autour de nous des indices frappants d'une force de ce genre; on peut les mettre en évidence en faisant agir une surface incandescente dans les conditions ré- vélées par l'étude de la force astronomique. « Il y a donc identité entre ces deux forces, également dues à la cha- leur, de même qu'il y a identité entre l'attraction céleste et l'attraction ter- restre qui se manifeste soit dans la chute des graves, soit dans les célèbres expériences de Maskelyne et de Cavendish. » Mais la répulsion exercée à distance par une surface incandescente ne saurait être autre chose que la répulsion moléculaire également due à la chaleur, force à laquelle tous les physiciens attribuent les phénomènes de dilatation, de changement d'état des corps et d'élasticité des gaz ou des va- peurs. On arrive donc à cette conclusion qu'il existe dans la nature une force non moins générale que l'attraction, et qui, comme l'attraction, se manifeste aussi bien dans les espaces célestes que dans les intervalles molé- culaires des corps. » Toutefois il reste une difficulté qui semble s'opposer à cette dernière identification. La répulsion moléculaire due à la chaleur a toujours été C B., i86î, Ier Semestre (T. LIV, N» 9.) 68 ( 5a6 ) considérée comme une force qui disparaît à toute distance appréciable de son centre d'action, soit qu'on admette avec Newton une interruption de conti- nuité, soit qu'on préfère recourir avec Laplace à la remarquable hypothèse de forces dont la sphère d'activité ne s'étendrait pas à des distances sensibles. » Ce qui caractérise ce genre, de forces, dont Laplace a fait un si fréquent usage, c'est qu'on peut les introduire dans l'analyse sans les définir autre- ment. Dans le calcul de l'action répulsive d'un corps quelconque, il est in- différent de considérer ou de négliger les distances supérieures au rayon de la sphère d'activité de chaque molécule, en sorte que les intégrales où entre l'expression de cette force sont réellement indépendantes des dimensions du corps; elles peuvent être sans inconvénient étendues jusqu'à l'infini. » Voici du reste comment Laplace s'exprime à ce sujet. Après avoir cal- culé la pression dans une masse gazeuse limitée par une enveloppe sphé- rique, en partant de l'hypothèse d'une force répulsive à sphère d'activité indéfinie, il montre que la loi de répulsion adoptée par Newton serait bien éloignée de représenter les observations qui donnent cette pression constante; puis il ajoute :« Aussi ce grand géomètre ne donne-t-il à cette loi de répulsion » qu'une sphère d'activité insensible. Mais la manière dont il explique ce dé- » faut de continuité est bien peu satisfaisante (i). Il faut sans doute ad- » mettre entre les molécules de l'air une force répulsive qui ne soit sensible n qu'à des distances imperceptibles; la difficulté consiste à en déduire les > lois que présentent les fluides élastiques. C'est ce que l'on peut faire par » les considérations suivantes (2). » Celles-ci prennent pour point de départ les formules par lesquelles on détermine l'attraction mutuelle des corps sphé- riques ; \\n simple changement de signe suffit pour passer du cas de l'attrac- tion à celui de la répulsion. (1) Voici ce passage : « Intelligenda vero sunt haec < un nia de particularum viribus centri- » fugis qui tenuinantur in particulis proximis, aut non longe ultra diffnndiiniur. Exem- » plu m habemus in corporibus magnelicis. Horum virtus attractive terminatur fere in sui » generis corporibus sibi proximis. Magnetis virtus per interposilam laminant ferri contrahi- » tnr, et in lamina fere terminatur, nam corpora ulteriora non tam a magnete quam a i! lamina traluintur. Ad eundem modum si particule fugant alias sui generis particulas sibi » proxitnas, in particulas auteni remotiores virtutem nullam exerceant, ex bujusniodi par- » liculis componentur fluida de qilibus actum est in hac propositione. Quod si particula? » cujusque virtus in infinitum propagetur, opus erit vi majori ad aequalem condensationeni » majoris quantitatis fluidi. An vero fluida elastica ex particulis se mutuo fugantiluis constent, - (jua>stio pliysica est. Nos proprietatem fliiidorum ex hujusmodi particulis constantium .. mathematice demonstravimus, ut philosophis ansara pnebeamus quwstionem illam trac- » tandî. » Philosophice Pfaluralis..., p. ?.o3. (2) Mécanique céleste, t. V, p. 126. ( 5s7 ) >' Personne assurément ne contestera la nécessité de cette limitation étroite de la sphère d'activité des forces moléculaires; mais faut-il en con- clure, comme le fait Laplace, qu'il s'agit ici de forces spéciales, sui ijciieris, distinctes des grandes forces de la nature qui s'exercent à toute distance? Nullement, et il est facile de voir que la répulsion due à la clialeur, et définie par ses caractères astronomiques, revêt précisément dans les phénomènes des corps le caractère des forces à sphère d'activité insensible, bien que, dans l'espace libre, elle agisse à toute distance. » Ce qui masque ici la véritable raison des choses, c'est que notre esprit, habitué depuis longtemps à spéculer sur l'attraction newtonienne, éprouve quelque peine à considérer des forces d'une nature toute différente. S'agit-il de répulsion physique, on ne la concevra que comme une attraction changée de signe, et on confondra ces deux forces dans la même analyse^ à cette senle exception près. De même, en astronomie, les savants qui, comme Bessel, n'ont pu méconnaître la répulsion si visiblement exercée par le Soleil, n'ont pas manqué d'y voir une attraction négative. » Mais il n'en est pas ainsi: la répulsion solaire, telle qu'elle résulte à la fois des phénomènes du mouvement et de la figure des comètes, diffère profondément d'une attraction négative: i° par la successivité de sa pro- pagation ; a° en ce qu'elle n'agit pas à travers la matière comme la force at- tractive. Ce dernier caractère où se trouve la clef de la difficulté que j'exa- mine, ressort avec évidence de l'ensemble de mes recherches et j'ai eu soin d'insister fréquemment depuis trois ans sur son importance. Or, si l'on veut bien considérer ce caractère essentiel de la force répulsive, on comprendra aisément qu'il lui imprime dans les corps le rôle d'une force à sphère d'ac- tivité insensible. Chaque molécule d'un corps, en effet, est entourée, à distance non appréciable, d'autres molécules sur lesquelles s'exerce la ré- pulsion de la première et qui en même temps lui servent d'écran. Pourvu que ces molécules ne soient pas des points mathématiques, pourvu que leurs dimensions ne soient pas tout à fait nulles vis-à-vis des distances qui les sépa- rent, la répulsion due à la chaleur (action de surface s' épuisant a la surface des corps qu'elle atteint) se trouvera sensiblement annulée au delà de l'en- ceinte des molécules voisines de chaque centre d'action. On conçoit, du reste, que le rayon de celte enceinte, c'est-à-dire de la sphère d'activité de chaque molécule, étant égal à un certain nombre limité de fois l'intervalle moléculaire, sera à peu près du même ordre de grandeur que cet intervalle lui-même, c'est-à-dire inappréciable (i). (i) Mais, au lieu d'être absolu, ce rayon dépendra de la température. 68.. ( 5 28 ) » Ainsi la force répulsive qui agit à toute distance dans les espaces cé- lestes se trouve réduite dans l'intérieur des corps à ne s'exercer qu'à des distances insensibles; par conséquent, en ce qui concerne l'action mécani- que de la chaleur, une hypothèse particulière comme celle de Laplace est inutile; tout s'explique par une seule et même force distincte de l'attraction newtonienne, mais non moins générale que cette attraction. » N'est-il pas singulier que l'on ait dû chercher dans le ciel les caractères essentiels des deux grandes forces qui gouvernent l'univers matériel? » MÉCANIQUE CÉLESTE. — Addition à la Note lue dans la dernière séante; par M.' Delaunay. « J'ai dit dans la dernière séance que M. Cayley, ayant calculé la valeur du terme en m* dans l'expression de l'accélération séculaire de la Lune, a retrouvé la valeur assignée à ce terme par M. Adams dans son Mémoire de i853. Je dois ajouter que M. Cayley n'est pas le seul qui ait effectué cette vérification à la suite de la controverse que j'ai rappelée. M. Lubbock a voulu également se faire par lui-même une opinion bien arrêtée sur cette question En employant la méthode qui lui a servi depuis longtemps a re- faire le calcul d'une partie des résultats obtenus par M. Plana dans la Théo- rie de la Lune, il a cherché à déterminer le terme en m4 de l'accélération séculaire de cet astre, et il a trouvé ainsi exactement la même chose que M. Adams. Les détails de son calcul sont consignés dans un Mémoire fort intéressant sur la Théorie de la Lune, lu à la Société Astronomique de Lon- dres, le 9 novembre 1860, et imprimé dans le tome XXX des Mémoires de cette Société. C'est donc une vérification de plus à joindre à lotîtes celles que j'avais déjà mentionnées, et qui donnent raison à M. Adams contre ses contradicteurs. En somme, la valeur qu'il a trouvée pour ce terme en m4, et qui a été si fortement attaquée dans cette enceinte, se trouve vérifiée cinq fois : d'abord deux fois par moi, en suivant des méthodes entièrement différentes, puis par M. Plana, par M. Lubbock et par M. Cay- ley. Il n'y a guère de quantités dans les sciences dont la valeur soit établie d'une manière plus certaine. » GÉOLOGIE. — Sur les émanations volcaniques des Champs Pldégréens; Lettre d( M. Ch. Sainte-Claire Deville à son frère M. IL Sainte-Claire Deville. « Civila-Vcccliia, ."> mars 186a. » Dans ma dixième Lettre à M. Élie de Beaumont ( 20 octobre 1 8 5 6 ) , l'ai parlé des émanations des Champs Pldégréens et plus particulièrement des deux centres principaux actuels, la Solfatare de Pouzzoles et le lac ( 52g ) ri 'A guano. Sous le nom rie Champs Phlégréens, on doit évidemment com- prendre tous les évent> volcaniques secondaires, à manifestations continues ou sporadiques, qui ne font pas partie intégrante du système propre du Vésuve, mais sont liés statigraphiquement avec lui d'une manière si étroite, que leur étude devient le complément nécessaire de celle du volcan lui- même. C'est ce que j'ai fait durant ce voyage, comme dans mes précédents, et ce sont mes impressions récentes, comparées aux anciennes, que je vou- drais transmettre aujourd'hui à l'Académie. » Je commencerai naturellement par les rieux centres d'émanations du lac d'Agnano et de la Solfatare. » Je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit des relations de gisement qu'on observe, d'un côté comme de l'autre, entre les points d'émanations actuelles et les points de sortie des roches éruptives qui les ont déterminées ( tra- chytes du Monte-Spina et de l'Olibano). Je rappellerai seulement que les fu- merolles de ces deux cratères sont d'inégale intensité et se complètent mu- tuellement. Le lac d'Agnano concentre les émanations de l'ordre inférieur : acide carbonique pur et acide carbonique mélangé de traces d'hydrogène sulfuré. La Solfatare montre déjà ces dernières plus riches en hydrogène sulfuré et les associe au sulfure d'arsenic, au chlorhydrate d'ammoniaque, au chlorure de cuivre, c'est-à-dire qu'elle atteint presque l'énergie éruptive de Vulcano. >. Un des points que j'ai cherché à établir dans ma dixième Lettre, c'est la variabilité qu'on remarque, d'un moment à l'autre, dans la composition des gaz qui s'échappent d'un même orifice. Cette variabilité était déjà ren- due probable par celle des températures, qui, en quelquessecondes, peuvent s'élever ou s'abaisser rie plus de 200. » Néanmoins, cette variabilité de composition ne semble pas se retrouver dans les fumerolles à acide carbonique non mélangé d'acide sulfhydrique , c'est-à-dire que la petite quantité d'air qui accompagne l'acide carbo- nique semble à peu près constante. C'est ce que démontrent, au moins, les analyses de celles de ces émanations qui sortent ries eaux du lac d'Agnano; car celles qui se dégagent du sol dans les grottes, quelque soin d'ailleurs qu'on mette à les recueillir, sont nécessairement mélangées avec l'air am- biant et en quantités variables. Pour les premières, voici les nombres suc- cessivement obtenus par moi, le 28 juillet i856; par M. Guiscarrii, qui a bien voulu les examiner à ma demande, le 12 mai 1857, enfin, par M. Fouqué et moi, les 8 et 10 janvier dernier : Juillet i856. Mai 1857. Sjanv. 18G2. iojanv.iSO^ Acide carbonique pour ioo du gaz total. . . 98,0 97,6 99,?. 99,8 ( 53o ) » Dans cette dernière analyse, que j'ai faite avec le plus grand soin, j'opérais. sur un volume total de n5 centimètres cubes du gaz, recueillis en plusieurs prises successives. La potasse a laissé acc,4o, dans lesquels les proportions de l'oxygène à l'azote étaient de 20,8 à 79,2, c'est-à-dire exactement celles de l'air normal. Le gaz qui se dégage des bords du lac d'Agnano peut donc être considéré comme étant constamment de l'acide carbonique sensiblement pur. » Remarquons, néanmoins, que la vapeur d'eau accompagne sans aucun cloute ces émanations : elle se condense naturellement en traversant l'eau du lac; mais on l'aperçoit parfaitement dans la Grotte du Chien et dans la Grotte d'Ammoniaque, lorsque la température de l'air ambiant est peu élevée. Car ces émanations sont sensiblement thermales; un thermomètre plongé dans le sol, à la Grotte du Chien, en différentes circonstances, a oscillé entre 21 et 290; à la Grotte d'Ammoniaque, entre 19 et 3u°. Tout indique que c'est la vapeur d'eau qui arrive chaude et la varia- bilité des températures accuse vraisemblablement la variabilité des propor- tions entre la vapeur d'eau et l'acide carbonique. » Lorsqu'on passe du gaz carbonique des grottes et du lac aux émana- tions plus complexes des Stufe di San Germano, les variations apparaissent déjà plus nettement. » Les fumerolles se composent de vapeur d'eau, d'acide carbonique en grande proportion, d'hydrogène sulfuré en quantités trop faibles pour être dosées, et enfin d'air atmosphérique, toujours appauvri en oxygène, comme l'ont établi d'abord les nombreuses analyses sommaires que j'ai faites sur les lieux, mais surtout les recherches plus précises que nous avons entre- prises, M. Félix Le Blanc et moi, sur des gaz recueillis en 1 856. Le tableau qui suit présente les termes extrêmes des proportions d'acide carbonique trouvées dans les nombreux essais qui ont été faits, depuis 1 855, par moi- même ou à mou instigation et au moyen des petits appareils que j'ai laissés sur les lieux. Ces analyses portent sur les gaz de cinq orifices différents, dont la position est indiquée par des lettres sur le petit croquis des Stufe, qui accompagne ma Lettre (1). (1) Les orifices A, B, E, sont respectivement désignés, dans ma Dixième Lettre, à M. Élit de Bt'fiumont, par les n"' 1 , 3 et ?.. Les expériences des 10 juin, 28 et 20 juillet i856et du 8 janvier 1862 ont été faites par moi-même ; celles du 12 mai 1857, par M. le professeur Guiscardi ; celles du 2S février 18G2 ont été faites en commun par MM. Guiscardi et Mauget. (53i ) Nombre Températures Teneur extrême en acide d'observations. extrêmes. carbonique pour 100 du gaz. 1 o juin i856. 3 7i°à 870 1,9 à 2,5 28 juillet i856. • • 4 83 à g3 1 ,7 à 15,7 A i 2g juillet i856. 3 64 à 83 7,2 à 24,0 12 mai i85>j. .. 4 61 à 70 o,o à 8,3 28 juillet i856. .. 4 82 à 83 7 ,0 à 5o,o 2g juillet i856 3 66 à 74 24,6 à 3g, 0 B 12 mai i857. . . 2 55 à 67,5 1 ,3 à 1 ,6 8 janvier 1862. 1 87° •»7 î5 février 1862. . . 2 83 3,6 à 3, g C 8 janvier 1862. . . 1 97 o,5 D 8 janvier t862. 1 62 7>6 10 juin i856. 6 72 à 80,7 3,6 à 22,4 28 juillet i856. 3 78 à 84 i5,i à 20,8 E 1 2g juillet i856. 5 75 à 81 ,5 i6,3 à ig,6 1 1 2 mai i857. 3 78 à go n ,5 à 14,7 8 janvier 1862. . . 1 87 3,4 25 février 1862. . . t 76 à 85 2,8 » Ainsi, suivant toute probabilité, il y a, d'un moment à l'autre, des va- riations assez brusques dans les proportions relatives des trois éléments principaux (vapeur d'eau, acide carbonique et air ) de ces émanations, et ces variations brusques sont évidemment en rapport avec les variations non moins rapides que présentent les indications du thermomètre plongé dans les orifices, sous l'influence successive des bouffées qui les amènent. n Je dis suivant toute probabilité, parce que le procédé dont je me suis servi pour recueillir les gaz, et qui consiste à vider un tube plein d'eau au fond des petits orifices, n'est évidemment pas à l'abri de tout reproche : il y a, quelque soin que l'on prenne, toujours mélange d'air ambiant, et l'on pourrait supposer que les proportions variables d'acidecarbonique trouvées résultent seulement du plus ou moins de succès que l'on a obtenu en faisant cette opération. Mais cette explication ne peut, je crois, se soutenir devant les nombres : 2,8 à 24,4 i,3 à 5o,o 0,0 à 24,0 qui représentent les écarts extrêmes de l'acide carbonique pour 100 du gaz recueilli au même orifice (1). (1) Dans la suite de cette Lettre, on trouvera une mesure très-approximative du mélange accidentel d'air atmosphérique qui a lieu dans cette manière d'opérer. ( 532 ) » Mais il y a plus . ou entrevoit déjà des variations à long terme dans la teneur en acide carbonique d'un même système de fumerolles. En prenant, pour les trois orifices A, B, E, la proportion moyenne d'acide carbonique trouvée à diverses époques, on a : Teneur moyenne pour 100, en acide carbonique. A B E 10 juin 1 856 2,2 » ii,6 28 juillet i856 8,6 3o,8 18,4 29 juillet i856 i5,6 33,2 18, 3 12 mai 1857 2,5 1,4 ,2>9 8 janvier 1862 » 1,7 3,4 25 février 1862 » 3,8 2,8 » En jetant les veux sur ce tableau, il est difficile de ne pas penser que l'en- semble des émanations des Stufe présentait un maximum d'acide carbonique vers le mois de juillet 18S6, et un minimum dans les mois de janvier et de février de cette année, c'est-à-dire au moment où la fissure de 1862, la fis- sure de 1794, celles des laves de 1 63 1, de la grande lave degli Spagnoli, etc.. dégageaient ce gaz en proportions énormes. m Mais le petit groupe du lac d'Agnano m'a présenté récemment un phé- nomène de variation plus remarquable encore. Les géologues qui ont parlé de la Grotte d'Ammoniaque n'y ont jamais signalé que l'acide carbonique, et, dans chacune des visites que j'y ai faites, je n'avais non plus jusqu'à présent constaté la présence d'aucun autre gaz. J'ai donc été assez surpris, lorsque, le 8 janvier dernier, m' étant rendu avec M. Fouqué à cette grotte, j'y trouvai, à 1 mètre environ au-dessus du sol d'où se dégage l'acide car- bonique, un petit orifice évidemment tapissé d'un dépôt jaunâtre de soufre, et dans lequel le papier d'acétate de plomb noircissait fortement. Depuis lors, le iS février, MM. Palmieri, Guiscardi et Mauget se sont assurés que les phénomènes étaient restés les mêmes. Ce jour-là, le thermomètre mar- quait 200 dans la petite cavité à acide suif hydrique et 190, 5 dans le sol de la grotte, la température de l'air extérieur étant de i5°,a. » Ainsi, au moment où l'acide carbonique semble avoir atteint son miui- niiiin dans les émanations du lac d'Agnano, il est curieux de voir l'acide sull hydrique faire son apparition en un point où l'on ne l'y connaissait point. Cette observation prouve que, dans certains moments de crise, la nature des fumerolles subit des oscillations, même dans les centres d'activité dans ( 53:; ) lesquels l'équilibre semblait établi de la manière la plus ferme et la plus inaltérable. » A la Solfatare de Pouzzoles, les petits orifices d'où se dégagent les gaz sulfurés sont extrêmement nombreux et se déplacent artificiellement pour la fabrication de l'alun, de sorte qu'il est difficile de bien fixer la position de chacun d'eux. De plus, il y a une assez grande inégalité dans la vitesse avec laquelle la vapeur se dégage des divers orifices, et, par suite aussi, iné- galité dans la pureté avec laquelle on peut recueillir leurs émanations. « Aussi, bien qu'en prenant là moyenne des observations faites à trois époques différentes (10 juin et 3o juillet i856, 12 mai 1807) la somme des gaz actifs (acide carbonique et hydrogène sulfuré) soit ici encore plus éle- vée en juillet que dans les autres moments, je n'oserais affirmer la réalité de cette variation avec autant de probabilité qu'au lac d'Agnano. » Néanmoins, mes trois visites à la Solfatare, les 8 janvier et les 9 et 10 février m'amènent à admettre un affaissement relatif dans ses émanations. » On pouvait, surtout les 9 et 10 février, pénétrer en partie dans la ca- vité qui porle le nom de grande Solfatare: ce cpie je n'avais jamais pu faire dans mes voyages antérieurs. « Les bouches de la petite Solfatare m'ont paru aussi sensiblement moins actives, et c'est peut-être par suite de cette diminution qu'on a interrompu les petites exploitations d'alun. » Enfin, en s'éloignant plus encore de la grande Solfatare, on trouve des points nombreux où l'altération de la roche et des dépôts abondants de soufre attestent l'existence récente des fumerolles sulfhydriques, et dont cependant les émanations ne colorent plus en ce moment le papier impré- gné d'acétate de plomb. L'analyse du gaz rejeté par deux de ces orifices m'a donné les résultats suivants : Point le plus rapproché Point le plus éloigné de la giande Solfatare. de la grande Solfatare. T = &70 T = 73° Acide carbonique 8,02 7,28 Oxygène '8,71 20,35 ) Azote 7^,27 79,65 I •92>7 2 100,00 100,00 100,00 Voilà donc des fumerolles sulfhydriques devenues aujourd'hui de simples lumerolles carboniques, et il sera intéressant de saisir le moment, s'il doit arriver, où l'hydrogène sulfuré s'y manifestera de nouveau. C. R., 1862, i« Semestre. (T. LIV, N° 9.) 69 I 534 ) » A l'extrémité opposée de la fissure se trouve la grande Solfatare. La ou observe, avec l'hydrogène sulfuré (et quelquefois l'acide sulfureux, comme nous l'avons reconnu, M. F. Le Blanc et moi), les sulfure et séléniure d'ar- senic, les phosphates, les chlorures de fer, de cuivre et d'ammoniaque, et, par conséquent, toutes les preuves d'une intensité éruptive incomparable- ment supérieure à celle des fumerolles carboniques dont je viens de parler. » Entre les deux s'échelonnent les émanations sulfhydriques, à simple dépôt de soufre et d'alun, delà petite Solfatare. Le 8 janvier, j'ai étudié l'une d'elles, dont le gaz s'échappait avec pression, à une température de 93°. Voici le résultat de deux analyses : Acide sulfhydrique 21,67 ioj42 Acide carbonique 71 ,67 79, 1 7 Oxygène et azote 6.66 10)4' 100,00 100,00 » La température des diverses fumerolles présente aussi un accroisse- ment normal, puisque nous trouvons, en nous rapprochant de plus en plus de la grande Solfatare, les nombres suivants : 73°, 870 et g3°. Quant à la grande Solfatare elle-même, l'impossibilité d'y pénétrer empêche abso- lument d'évaluer avec exactitude la température des vapeurs qu'elle émet. Mais la pression avec laquelle ces vapeurs se précipitent au dehors, et le bouillonnement qu'elles font entendre, ne permettent guère de douter qu'elles ne sortent à la température de l'ébullition (1). « En définitive, nous trouvons à la Solfatare trois ordres distincts d'éma- na lions, échelonnés d'une manière normale, celui qui correspond à la moindre intensité éruptive étant le plus éloigné de celui qui représente l'intensité là plus grande. Mais, à la limite de deux ordres d'émanations, on reconnaît ces oscillations que j'ai signalées tant de fois. » Je terminerai ce que j'ai à dire des fumerolles de la Solfatare, eu ren- dant compte d'expériences que j'ai faites, les 10 et i3 février dernier, avec l'assistance intelligente de M. Maugel, et qui avaient pour but de constater (1) J'ai eu tort, dans ma dixième Lettre à M. F.Iie de Beaumont, do signaltr comme une anomalie à la concordance que j'avais précédemment établie entre la nature des émanations et l'élévation de leur température dans un même système de fumerolles, la température de 88° que m'ont donnée en i85(i les gaz de la grande Solfatare, à l'entrée de la caverne. Cette température ne pouvait, en effet, qu'être très-inférieure à celle qu'eussent présentée ces gaz à leur orifice même de sortie. ( 535 ) la réalité des variations que peuvent présenter, d'un moment à l'autre, les gaz'd'une même fumerolle. » J'en ai déjà montré la probabilité dans les émanations des Stufe du lac d'Agnano, et la certitude même s'en peut conclure de mes expériences sur les émanations sulfhydriques de la Solfatare, puisque, abstraction faite de l'air qui devait s'y être introduit artificiellement, les proportions relatives de l'acide carbonique et de l'hydrogène sulfuré variaient considérablement. Ainsi, sans même recourir à ma dixième Lettre, il suffit de jeter un coup d'œil sur le tableau précédent pour s'assurer que, dans l'espace de quelques instants, les rapports de ces deux gaz ont été successivement i :3,3 et i '.7,6. « Mais comme, à la rigueur, on pourrait concevoir que le contact de l'air altérât assez rapidement l'acide sulfbydrique pour en diminuer notablement la proportion, j'ai cherché à recueillir le gaz sans mélange d'air. Pqnrcela, il fallait évidemment opérer sur un orifice d'où la vapeur sortit avec une certaine pression, comme au point de la petite Solfatare que j'avais examiné le 8 janvier. » Après plusieurs essais infructueux des tubes recourbés dont on se sert habituellement pour recueillir les gaz sous l'eau, et qui, soumettant toujours les gaz à une pression trop forte, leur permettaient de s'échapper par d'autres canaux intérieurs, j'ai réussi complètement, en mastiquant avec l'argile blanche (1) qu'on exploite à la Solfatare une simple allonge recourbée, et n'en faisant plonger le bec que de quelques millimètres au-dessous du niveau d'un bain d'eau que j'avais disposé à cet effet. » J'ai pu recueillir ainsi le gaz dans toute sa pureté et l'ai soumis à l'ana- lyse. Le résidu que laissait la potasse était extrêmement faible, quoique constant, et formait environ la centième partie du gaz total (2). J'en fais donc abstraction, et ne donne d'abord que le l'apport de l'acide sulfhydrique à l'acide carbonique. Voici les résultats : 10 Février. T=93,5 9,î3 9° 77 T = g3,4 10,80 89,-20 100,00 ",84 88ifi T = 94,5 9,23 9°-77 100,00 T = 93.4 a 94,0 i4,2.5 85,75 100,00 i3 Février. T = 96.5 Acide sulfhydrique. Acide carbonique . . 16,48 83,52 1 3,5 1 20,5g 86,49 79,4' 100,00 IOO,00 9,9° 90,10 100,00 100,00 100,00 1 no, 00 (1) C'est un kaolin grossier, qui resuite de la décomposition du trachyte par les vapeurs sulfurées, et dont on fait à Naples un stuc d'excellente qualité (2) Il en résulte que les quantités d'air, introduites accidentellement dans les deux échan- tillons de ce gaz recueillis le 8 janvier, étaient respectivement de 6,6 et de io,4 pour 100. 69- ( 536 ) b Quant au faible résidu laissé par les réactifs, j'en ai obtenu quelque* centimètres cubes en traitant par la potasse un grand volume du gaz, et l'a- cide pyrogallique a donné : 10 Février. |3 FJvrier. Oxygène 14,28 16 ,48 Azote 85,72 83,52 100,00 100,00 » Le résidu après l'acide pyrogallique n'était point combustible. » En résumant cette dernière partie de ma Lettre, on peut en déduire les conclusions suivantes : » i° Le gaz qui s'échappe de la petite Solfatare est presque complète- ment privé des éléments constitutifs de l'air : dans la petite fraction qu'ils y forment, le rapport de l'oxygène à l'azote est plus faible, d'un quart environ, que dans l'air atmosphérique. » 20 Les deux éléments gazeux (acide carbonique et hydrogène sul- furé) qui y accompagnent la vapeur d'eau ne sont point entre eux dans des rapports immuables, puisque, d'un jour à l'autre, la proportion de l'acide sulfhydrique a varié de 9 à 21 pour 100, et que, dans l'espace de quel- ques minutes, elle a pu osciller entre 10 et 2f pour 100. » Pour compléter la tâche que je m'étais imposée en commençant cette Lettre, il me resterait à m'occuper des autres émanations qui constituent les Champs Phlégréens, et dont les unes se rattachent assez directement au système que je viens de décrire, dont les autres forment un système à part, comme celles de l'île d'Ischia, ou sont plus immédiatement liées au massif vésuvien. Mais je craindrais, en les décrivant, d'allonger démesu- rément ma Lettre, et j'aime mieux réserver cette étude pour une prochaine communication que je ferai moi-même à l'Académie, et qui sera le complé- ment de celle-ci. » STATISTIQUE. — Remarques sur les Sociétés de secours mutuels; par M. Biexaymé. « J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie quelques observations que m'ont suggérées un Rapport de M. le général Didion sur la Société 4e Secours mutuels de Metz, et les calculs que j'ai effectués sur les données de ce Rapport. Je rappellerai que dès 1857 {Comptes rendus, t. XLIV, p. 5 7 3 ) , dans l'inté- rêt général des Sociétés de ce genre, j'ai signalé à l'attention de mes confrères ( 537 ) la position déjà fort aventurée de la Société de Metz. Depuis cinq ans cette position est devenue de plus en plus mauvaise, parce que la Société se laisse entraîner par l'illusion que produit toujours dans les Sociétés d'assurances l'existence d'un capital considérable, que l'on veut regarder comme dispo- nible, et qui cependant est en réalité déjà absorbé par les dépenses futures, auxquelles il doit subvenir de toute nécessité. La Société de Metz possède un capital de 343ooo fr., et malgré les avertissements du général Didion, elle se croit en mesure de donner à ses membres âgés de 60 ans, des pen- sions de 200 fr., avec prolongation de la moitié en faveur des veuves. Si elle persiste dans cette voie lâcheuse, elle verra bientôt son capital épuisé, et la moitié des survivants parmi ses membres n'auront aucune pension. Il faut donc que cette Société prenne une mesure vigoureuse et n'attende pas que sa ruine soit irréparable. » J'ai recommencé les calculs du Rapport du général Didion, en prenant pour base la Table de mortalité de Deparcieux ; car c'est un fait très-digne de remarque, depuis 35 ans les décès dans cette Société ont été un peu au- dessous du nombre assigné par Deparcieux, et cette expérience montre bien que de petites associations de 4oo ou 5oo personnes courent nécessairement de très-grands risques lorsqu'elles prétendent à donner des pensions. En partant des bases contenues dans le Rapport et de la Table de Deparcieux, on trouve que la Société de Metz, malgré l'existence de son capital de 343ooo fr., est en déficit d'environ 1 00000 fr.; si les pensions des mem- bres existants aujourd'hui doivent être de 200 fr., comme le sont les 6r pen- sions déjà en cours de payement. Ce déficit serait bien plus grand encore si les cotisations de ses membres actuels ne laissaient pas dans l'avenir la même quotité disponible que dans le passé. Comme ce produit est incertain, il faut reconnaître que le déficit réel de la Société excède 1 00000 fr. Il est temps encore de remédier à cet état fâcheux. Mais il faut se dépouiller de toute illusion et suivre les conseils de la science et de l'expérience. » Je ferai observer, en terminant, que c'est en grande partie pour sous- traire les Sociétés de Secours mutuels aux dangers résultant de la promesse de pensions par des associations de si petits nombres de membres, que le gouvernement a fondé la Caisse de Retraites pour la vieillesse, sous le minis- tère d'un Membre de cette Académie, M. Dumas, dont personne n'ignore les efforts constants dans toutes les questions qui intéressent le bien-être général. » ( 538 ) RAPPORTS. PHYSIQUE appliquée. — Sur un régulateur dv la lumière électrique imaginé par M. Serrin. (Commission composée de MM. Becquerel, Despretz, Combes, Ponillet rapporteur.) « La lumière électrique est une découverte toute moderne; vers 1730. quand on commença à l'observer en Angleterre, on pouvait à peine exciter quelques faibles lueurs phosphorescentes; bientôt, en France, entre les mains de Dufay, ces lueurs deviennent des étincelles qui jaillissent du corps et du visage d'une personne électrisée ; puis ces étincelles, devenues plu», éclatantes dans la bouteille de Leyde, se développent peu à peu avec le per- fectionnement des machines, jusqu'au moment où deux grandes décou- vertes de ce siècle, la pile de Volta et les actions électromagnétiques, nous apprennent enfin à faire sortir de l'électricité les lumières les plus éblouis- santes et les degrés de chaleur les plus considérables qui) nous soit donné de produire. ]1 n'y a guère qu'une trentaine d'années que l'on étudie les effets lumineux et calorifiques des puissantes batteries, et déjà l'on a imaginé plusieurs appareils qui ont pour objet de rendre ces effets continus et con- stants. Le régulateur de M. Serrin, dont nous avons à entretenir l'Acadé- mie, est l'un des derniers arrivés; mais, hâtons-nous de le dire, il se dis- tingue par une solution neuve et ingénieuse de la principale difficulté du problème. » Avant d'indiquer le mécanisme qui donne au régulateur de M. Serrin un caractère distinctif, essayons de rappeler sommairement les conditions générales auxquelles doit satisfaire un régulateur de la lumière électrique. » Il faut une pile ayant au moins 5o éléments Bunsen de grandeur ordi- naire pour donner naissance à une belle lumière; 100 éléments réunis en tension donnent une lumière plus éclatante, mais cet éclat est encore sur- passé grandement lorsqu'on les groupe en deux batteries de 5o éléments chacune pour les faire agir en quantité. » Tout le monde sait que le courant produit par de telles batteries est en quelque sorte foudroyant, et qu'il y aurait un véritable danger à fermer le circuit en louchant le |.ole positif d'une main et le pôle négatif de l'autre. Cependant cette puissance foudroyante, incessamment reproduite, ne donne plus aucun signe extérieur des qu'elle se propage dans un circuit unique- (539; ment formé par de gros fils métalliques. C'est alors, au seul moment de la fermeture et au seul moment de l'ouverture du circuit qu'elle se montre avec violence: si la fermeture est brusque, on ne voit qu'un éclair; si l'ou- verture est brusque, on ne voit qu'un autre éclair, ayant en général un as- pect différent : mais si les deux fils, on plutôt les deux corps qui doivent compléter le circuit, sont seulement mis en présence et assez près l'un de l'autre pour que le circuit ne soit en réalité ni tout à fait ouvert ni tout à fait fermé, alors le double phénomène devient permanent et se montre avec un éclat extraordinaire; aucune matière ne résiste à cette conflagration inces- samment renouvelée et qui se maintient aussi longtemps que dure l'action de la pile, c'est-à-dire pendant des journées entières. » L'or, le fer et le platine, en baguettes épaisses, se fondent comme de la cire, et leurs vapeurs colorent de diverses nuances les enveloppes lumi- neuses qui semblent réunir les deux pôles; la silice, l'alumine et la plupart des substances les plus réfractaires, prises séparément, entrent de même en fusion et en volatilisation. Dans ce foyer où tous les corps se détruisent, il en est un cependant, et c'est peut-être le seul, qui se maintient plus résistant que les autres, qui, par un ensemble de circonstances véritablement heu- reuses, se trouve être bon conducteur de l'électricité, condition indispen- sable pour l'objet dont il s'agit, se laisse façonner comme il convient, et qui, de plus, n'est ni rare ni cher. Ce corps est le charbon, tel qu'il se concrète dans les cornues à gaz, ou tel qu'il peut se préparer de toutes pièces par des procédés particuliers. On en fait des baguettes rondes ou carrées, parfaite- ment droites, d'environ 3o centimètres de longueur sur une épaisseur va- riable de 5 à 10 ou 12 millimètres. Deux de ces baguettes sont adaptées par une de leurs extrémités à des pièces métalliques convenables, l'une termi- nant le fil positif de la pile et l'autre le fil négatif. Ces fils de bon cuivre rouge, de 3 ou 4 millimètres de diamètre, recouverts de soie ou de coton, peuvent avoir des centaines de mètres ou même plusieurs kilomètres de longueur, suivant la distance qui doit se trouver entre la pile et le foyer de lumière ou de conflagration. Le charbon positif et le charbon négatif sont en général disposés verticalement l'un au-dessus de l'autre; si leurs extré- mités libres étaient planes et mises en contact parfait, le courant introduit au moyen du commutateur ne ?e manifesterait aucunement; il passerai! dans le charbon comme dans le fil de cuivre, sans montrer au dehors aucun signe de sa présence. Le circuit serait complètement fermé. » Mais s'il arrive qu'il y ait dans l'appareil ou régulateur qui porte les charbons un électro-aimant pourvu d'une armature mobile convenablement ( 54o ) disposée, le passage du courant fera tomber l'armature, et ce mouvement ->' communiquant, par exemple, au support du charbon inférieur pour le faire descendre de 2 ou 3 millimètres, le support du charbon supérieur res- saut fixe, on comprend que les extrémités libres des charbons ont cessé de se toucher, que le circuit s'est ouvert, cpie l'explosion de la lumière s'est manifestée et que le phénomène sera persistant sous la seule condition que le circuit ne puisse ni se refermer ni s'ouvrir complètement, c'est-à-dire au delà des limites que le courant peut franchir. ■> Arrêtons-nous un instant à ce premier jeu de l'appareil et, pour pres- sentir les autres fonctions qu'il faudra lui attribuer, examinons avec soin les effets qui se produisent dans les charbons. » Le charbon résiste à la fusion, mais il ne résiste pas à une sorte de désagrégation moléculaire qui l'use rapidement, soit qu'elle résulte de la seule action de cette chaleur prodigieuse, soit plutôt que le courant exerce par lui-même un effort d'arrachement et de transport sur les dernières particules matérielles. L'usure est inégale, celle du positif étant en général un peu plus que double de celle du négatif; la combustion du charbon par l'oxv- gene de l'air n'y entre que pour peu de chose, car on n'observe pas de différence très-marquée quand les charbons sont maintenus dans une at- mosphère d'azote. On remarque en même temps que l'incandescence du positif occupe plus de longueur que celle du négatif, comme si celui-ci n'éprouvait qu'un moindre degré de chaleur. Par cette destruction, il ar- rive donc après peu de minutes que l'espace qui sépare les charbons se trouve agrandi; il n'était d'abord que de 2 ou 3 millimètres, il est bientôt de 8 ou 10, ou même davantage, suivant la nature du charbon et la puis- sance du courant. » Pour mieux observer ces phénomènes, il faut projeter sur un tableau l'image des charbons avec un grossissement de 8 ou 10 fois; l'éclat en devient alors supportable, etles observateurs, groupés devant cette image, peuvent étudier avec facilité toute la série des accidents qui se produisent dans ce foyer de lumière et de chaleur, si constant en apparence et cependant si agité. Nous ne devons pas entrer ici dans le détail des curieuses observa- tions que la Commission a pu faire sur l'impureté des charbons, sur la colo- ration des flammes par les substances qu'on y introduit, sur la fusion des corps (pie l'on expose, non pas au contact des charbons, mais dans l'espace qui les sépare. Nous nous bornerons à dire que l'intensité de la lumière est affaiblie notablement par une sorte de champignon qui se forme de temps a autre sur la pointe du charbon négatif, par l'accumulation de parcelles ( 54i. ) qui arrivent du charbon positif, comme transportées par le courant. Ces champignons disparaissent et se renouvellent par intervalles; mais il est vrai de dire qu'on ne les observe presque jamais avec certains charbons et certaines intensités de la pile : par conséquent il y a là un choix à faire pour obtenir une lumière plus constante. .. La distance qui sépare les extrémités positives et négatives des char- bons ne peut pas s'accroître ainsi indéfiniment dans le régulateur; il y en a deux raisons : i° l'intensité du courant diminue à mesure que cet inter- valle s'agrandit; i° l'affaiblissement du courant entraîne l'affaiblissement de la lumière. Il faut donc limiter l'accroissement de l'intervalle pour limiter la diminution d'éclat. C'est là l'une des fonctions importantes du régula- teur, et sa fonction lapins délicate. C'est là aussi que le mécanisme deM.Ser- rin se distingue par la plus ingénieuse idée. On devine d'avance que c'est l' électro-aimant dont nous avons déjà parlé qui doit gouverner le moteur chargé de rapprocher le charbon ; mais ce rapprochement est un acte très- complexe : » i° Il faut que le centre du foyer de lumière reste à la même hauteur, et comme le charbon positif qui est en haut s'est usé plus que le négatif qui est esi bas, chacun doit se déplacer en proportion de son usure, le premier en descendant, le second en montant. » 2° Il faut que les charbons ne puissent pas venir au contact, puis- que alors le circuit serait complètement fermé et la lumière éteinte, au moins pour un instant. » 3° Il faut que ce mouvement s'accomplisse à l'instant voulu, c'est-à- dire avant que le courant ait éprouvé une certaine diminution d'intensité difficile à saisir. » C'est surtout pour remplir cette dernière condition que le régulateur de M. Serrin fonctionne avec une justesse et une précision qui ne laissent rien à désirer. » L'armature de son électro-aimant peut être assimilée au plateau d'une balance chargé d'un poids fixe, dont la course de haut en bas et de bas en haut est limitée à 3 ou 4 millimètres par des vis butantes, et qui, au lieu d'avoir des contre-poids de l'autre coté, se trouve soutenu par deux ressorts a boudin dont le premier est fixe et fait à peu près équilibre à la charge, tandis que le deuxième reçoit des tensions variables par un mouvement de vis; un tel plateau de balance se réglerait aisément pour descendre a volonté par une surcharge de io, 20, ou 3o grammes suivant le degré de tension que l'on aurait donné au deuxième ressort. Tel est le principe dont C. R., 18G2, i" Semestre. (T. L1V, N° 9.) 7° ( 54à ) M. Serrin a fait ici une heureuse application. Son armature est chargée de tous les supports du charbon négatif et compose avec eux un système oscil- lant verticalement et librement dans les étroites limites de 3 ou 4 millimè- tres, les deux ressorts la tiennent soulevée, et la surcharge capable de la faire descendre est la force attractive de l'électro-aimant. Cette force dimi- nue avec la force du courant, par conséquent elle diminue quand les char- bons par trop usés laissent entre eux un trop grand intervalle et quand la lumière commence à s'affaiblir. C'est donc ce minimum de force qu'il faut saisir pour arrêter là du même coup le maximum de l'écartement des char- bons et le minimum de la lumière. Le ressort à tension variable est en effet réglé sur cette donnée : à l'instant où ce minimum arrive, le plateau de la balance remonte, c'est-à-dire que le ressort enlève l'armature, la sur- charge due à la force électromagnétique trop affaiblie étant devenue insuf- fisante pour la retenir. » Un exemple fera mieux comprendre encore ce balancement entre la force de l'électro-aimant et l'éclat de la lumière. L'énergie de la pile et la nature des charbons permettent ils un grand écartement sans que la lumière soit trop affaiblie, le ressort sera réglé à petite tension, afin que l'armature ne soit soulevée pour opérer le rapprochement des charbons qu'au moment où la force du courant sera fort réduite; d'autres conditions exigent-elles que l'écartement des charbons soit restreint à des limites plus étroites, la tension du ressort sera augmentée, afin que l'armature soit comme arrachée à l'électro-aimant avant que sa force ou celle du courant aient été diminuées dans une trop grande proportion. » Le degré de tension qu'il faut donner au ressort pour avoir un effet de lumière maximum et suffisamment constant, dépend à la fois de la na- ture des charbons et de l'énergie de la pile ; cette tension une fois obtenue, ce qui est l'affaire de quelques instants, il n'y a plus à s'en occuper, l'appa- reil devient automatique et se gouverne lui-même jusqu'au moment où il est nécessaire de remplacer les charbons. » Ce sont les mouvements de l'armature, si libres et si bien pondérés, qui règlent tout dans l'appareil de M. Serrin. Au commencement, quand on introduit le courant, l'armature descend par la force attractive de l'électro- aimant et sépare les charbons comme nous l'avons dit plus haut; ajoutons ici qu'en descendant elle place un arrêt sur le petit volant du système d'en- grenage qui est destiné à opérer le rapprochement simultané des charbons dans la proportion voulue pour le positif et le négatif. Aussitôt que l'usure des charbons a produit entre eux l'écartement limite, ou, ce qui revient au ( 5/,3 ) même, le minimum de l'intensité de la lumière, le minimum de la force du courant et le minimum de la puissance attractive de l'électro-aimant, le ressort soulève l'armature, dégage le volant de son arrêt et rend la liberté au système d'engrenages ; alors le poids qui presse sur la première roue du système met tout en mouvement : les roues tournent, les charbons se rap- prochent, la force du courant augmente, l'électro-aimant devient capable de ressaisir l'armature et de la faire descendre; au même instant tout le mouvement mécanique s'arrête, parce que l'armature en descendant vient replacer l'arrêt sur le volant qui est la dernière roue de l'engrenage. » Ces périodes peuvent se renouveler plusieurs fois dans une minute, si l'usure des charbons est rapide et le ressort très-tendu, tandis qu'elles se reproduisent quatre ou cinq fois plus lentement si les conditions de la pile et des charbons exigent que le ressort soit plus lâche. » Ici un mot d'explication est nécessaire. Comment le charbon négatif qui se trouve avoir 3o centimètres de longueur ou même plus quand il est neuf, peut-il remonter de 25 ou 3o centimètres pour que ses dernières sec- tions viennent brûler à la même hauteur que les premières, tandis que nous avons dit que son support est invariablement lié à l'armature et forme avec elle le système oscillant de haut en bas ou de bas en haut, dont la course est limitée à a ou 3 millimètres ? L'aspect seul de l'appareil répond à cette question ; le support des charbons est composé de deux tubes de métal, le premier fixe, le second mobile, celui-ci montant et descendant dans le pre- mier à frottement très-doux et portant lui-même le charbon. C'est donc le tube fixe du charbon négatif qui est lié à l'armature et qui oscille avec elle ; dans son mouvement d'oscillation il entraîne toujours le tube mobile et par conséquent le charbon. Mais l'inverse n'a pas lieu; quand le ressort de ré- glage a soulevé l'armature et par là mis en liberté le système d'engrenages, le tube mobile qui porte le charbon positif, taillé en crémaillère dans une longueur suffisante, descend par son poids, entraîne la première roue et toutes les autres. Alors une petite chaîne s'enroule par un bout sur une pou- lie de diamètre convenable qui fait corps avec la première roue et s'en va, par l'autre bout, au moyen d'une poulie de renvoi, faire monter de la quan- tité voulue le tube mobile qui porte le charbon négatif; ce glissement ascensionnel n'entraîne pas et ne peut pas entraîner le tube fixe quiest, ainsi que l'armature, à son point d'arrêt supérieur. » Les supports à deux tubes métalliques, l'un fixe et l'autre mobile, ne sont pas nouveaux, ils appartiennent à la plupart des régulateurs de la lu- mière électrique; mais M. Serrin leur donne une fonction nouvelle, puis- 70.. ( 544 ) qu'il mobilise le tube fixe de l'un des deux supports, en l'attachant à l'ar- mature de l'électro-aimant pour le faire monter et descendre avec elle. » Ces innovations nous paraissent d'autant plus importantes queM. Ser- rin, dans la construction de son régulateur, est parvenu à concilier la liberté et la précision des mouvements automatiques avec une solidité qui exclut les causes accidentelles de dérangement. » Nous avons aussi vérifié que cet appareil n'est pas moins propre à rece- voir le courant induit provenant de ces puissantes batteries magnéto-élec- triques si habilement construites depuis quelques années, et qui sont mises en mouvement par une machine à vapeur de trois ou quatre chevaux de force. Dans ce cas le courant est discontinu et alternativement positif et né- gatif; il n'est pas besoin d'introduire une grande complication dans ces batteries pour redresser le courant, tout en lui laissant sa discontinuité qui est originelle ; mais ici le redressement est inutile, le régulateur se prêté par- faitement et à la discontinuité et au changement de sens alternatif. » Il est permis d'espérer que, dans un avenir qui n'est peut-être pas tres- éloigné, la lumière électrique entrera dans le domaine des grandes applica- tions pour y prendre une place importante. L'Académie ne peut qu'applau- dir aux efforts qui sont dirigés vers un tel but et qui marquent un véritable progrès ; c'est à ce titre surtout que le régulateur de M. Serrin nous paraît digne d'encouragement et que nous proposons à l'Académie d'en admettre la description dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉTÉOROLOGIE. — Rapport sur une demande adressée à l'Académie pai M. Simox, chargé d'une mission agricole en Chine par le gouvernement français. (Commissaire, M. Faye.) « Dans la séance du 6 janvier dernier, l'Académie a reçu de M. Simon, chargé d'une mission agricole en Chine, une série de tableaux d'observations météorologiques exécutées à Han-keou, dans la province de Hou-pé. Ces observations doivent être continuées par les PP. Franciscains de la mission de Han-keou jusqu'au mois de mai prochain, pour qu'elles comprennent le cycle entier des saisons. M. Simon prie l'Académie, dans le cas où elle pren- drait intérêt à des observations de ce genre, de vouloir bien lui envoyer quelques instruments dont il espère tirer bon parti pendant les trois années qu'il doit encore passer dans ce pays. « Chargé de faire un Rapport sur cette communication, je n'hésite pas à ( 545 ) émettre un avis favorable. La Chine centrale est fort pen connue; la pro- vince de Hou-pé dont il .s'agit ici offre, je crois, un intérêt particulier an point de vue de la production des soies d'origines diverses, et il ne serait pas indifférent de bien connaître les conditions climatologiques de cette grande industrie. Enfin la station elle-même présente de l'intérêt au point de vue de la météorologie pure, à en juger du moins par le caractère remarquable du spécimen qui vient de passer sous mes yeux. » Mais, pour que ces observations eussent toute leur valeur, il faudrait qu'elles fussent faites avec de bons instruments et d'après les règles expo- sées dans tous les Traités de Météorologie. Il faudrait surtout qu'elles fussent accompagnées de la mention détaillée de tous les phénomènes périodiques qui se rapportent, soit à la culture, soit à l'industrie principale du pays. » En conséquence, j'ai l'honneur de proposer à l'Académie d'accueillir la demande de M. Simon et de charger un de ses Membres de choisir les instruments qui pourraient lui être utilement adressés. » Quelle que soit votre décision à cet égard, vous ne verrez pas sans un vif intérêt que le prestige des armes françaises en Chine inspire désormais aux missionnaires et aux voyageurs assez de sécurité pour les engager a entreprendre des travaux de si longue haleine. » Les propositions contenues dans ce Rapport sont renvoyées à l'examen de la Commission administrative. ASTRONOMIE. — Rapport sur les dessins astronomiques et les éprennes photographiques de M. Warren de la Rue. (Commissaire, M. Eaye.) « M. Warren de la Rue a adressé à l'Académie une collection de photo- graphies et de gravures astronomiques. Chargé de vous en rendre compte, je les ai examinées avec attention et je vais tâcher d'en faire apprécier l'im- portance au point de vue scientifique. » L'éclipsé totale de l'année 1860 est trop connue pour qu'il soit néces- saire de vous rappeler les grandes entreprises qu'elle a occasionnées. De l'autre côté du détroit, M. de la Rue s'était chargé de la partie photogra- phique; ce sont les résultats de cette partie de l'expédition anglaise en Espagne qu'il vient de placer sous vos yeux. Les épreuves originales ont été agrandies par les procédés connus, afin de faire mieux apprécier les détails du mystérieux phénomène. Parmi les photographies actuelles, les unes reproduisent fidèlement les premières empreintes avec leurs défauts, occasionnés par des chocs accidentels; les autres ont été retouchées poui ( 546 ) taire disparaître ces défauts dont l'origine est connue : toutes sont dignes du vif intérêt avec lequel vous les avez accueillies. C'est en effet un véritable triomphe de la science moderne que d'avoir su fixer ainsi, pour les trans- mettre à la postérité la plus reculée, les brillants, mais fugitifs phénomènes d'une éclipse totale. Il serait inutile de revenir ici sur les conséquences que l'on peut tirer de ces mémorables dessins pour la solution du problème que les astronomes poursuivent depuis l'éclipsé de 1842; l'Académie a reçu à ce sujet d'amples communications du P. Secchi qui, dans le sud de l'Es- pagne, a réussi également à obtenir des épreuves photographiques de la même éclipse. Je me bornerai à dire que le fait de l'impression des protu- bérances ne prouve nullement que ces apparences soient des objets réels flottant dans l'atmosphère supposée du Soleil. De simples jeux de lu- mière viendraient tous aussi bien sur les plaques, à la seule condition d'avoir la même intensité. Pour prononcera cet égard, on trouverait un argument beaucoup plus significatif dans la correspondance établie par le P. Secchi entre les épreuves de M. de la Rue et les siennes, obtenues à quelques mi- nutes d'intervalle, dans des stations séparées par toute la largeur du terri- toire espagnol. » Quoi qu'il en soit, le succès de mon honorable collègue de la Société Royale Astronomique de Londres est un grand pas de fait dans une voie nouvelle et féconde. Il serait à désirer que l'Académie, en remerciant M. de la Rue de son envoi, voulût bien l'engager à lui faire connaître en détail la méthode qu'il a suivie et surtout les perfectionnements que l'expérience récemment acquise en Espagne a dû lui suggérer pour de prochaines oc- casions. » Tout en rendant pleine justice à ces beaux travaux, nous ne devons pas laisser croire que nous soyons restés étrangers ou indifférents à des pro- grès basés sur une découverte française. Je rappellerai donc que dès l'an- née 1 858 on a présenté à l'Académie dans sa séance du lundi i5 mars, quel- ques minutes après la fin d'une éclipse partielle de Soleil, de belles et grandes épreuves des principales phases de ce phénomène, épreuves susceptibles de mesures précises et obtenues directement sans l'opération intermédiaire de l'agrandissement (1). Sur ces épreuves on distinguait du premier coupd'œil les moindres taches et même les ondulations si curieuses et si compliquées des facules marginales, et on vous rappelait, à cette occasion, combien (1) N'oublions pas que les épreuves de M. de la Rue sont relatives aux phénomènes de la totalitc, et que l'impression photographique de cette phase présente des difficultés bien plus grandes que celle d'une éclipse partielle. ( H-7 ) il serait utile pour ia science de recueillir jour par jour sur la même échelle^ avec la même fidélité, une histoire continue du disque solaire. » Supposons un instant que l'Académie soit en possession de pareils dessins, continués avec persévérance pendant plusieurs années : que de pro- blèmes ne nous serait-il pas permis d'aborder et de résoudre sur la constitu- tion du Soleil! On sait aujourd'hui, par une étude attentive, mais excessive- ment spéciale des taches du Soleil, que l'apparition de ces taches est un phénomène périodique. On soupçonne même que la période de ces taches est liée à celle des variations du magnétisme terrestre. En prenant pour point de départ les remarques d'un de nos confrères sur les. mouvements propres de ces taches, voici qu'un savant allemand vient de déterminer, à l'aide d'observations longtemps continuées, la direction et la vitesse des courants de la photosphère (i). » Enfin l'étude continue du disque solaire nous offre un des meilleurs moyens de vérifier l'hypothèse d'un anneau d'astéroïdes dans la région de Mercure, ou de retrouver cette planète énigmatique dont l'observation de M. Eescarbault nous a fait espérer un instant la prise de possession. Or le véritable moyen d'aborder les questions que je viens de soulever et toutes celles que nous réserve l'avenir, c'est la photographie. Avec la photographie on ne risque pas de perdre son temps à la poursuite d'une idée inexacte, car on enregistre tous les phénomènes à la fois, ceux qui intéressent la science du jour et ceux dont la science de l'avenir pourra plus tard récla- mer l'observation. Les photographies bien faites, sur une grande échelle, et susceptibles de mesures exactes, sont des témoins irrécusables et com- plets, qu'on consultera avec fruit dans un siècle comme aujourd'hui. Nous ne saurions donc accueillir avec trop de faveur les récents progrès accom- plis par M. de la Rue dans cette direction nouvelle où il s'est acquis depuis longtemps une prépondérance, une autorité incontestables; mais en même temps, pour que cette direction ne soit pas délaissée parmi nous, ne cessons pas de la signaler aux personnes qui s'occupent scientifiquement de photo- graphie, et montrons-nous disposés à accueillir le résultat de leurs efforts. » Je passe aux dessins d'une autre nature que M. de la Rue nous a éga- lement présentés. Ces dessins sont basés sur de minutieuses mesures micro- métriques exécutées à l'aide d'un télescope newtonien de i3 pouces d'ou- (i) D] Spœrer, dans les Aslr. Ntic/ir.,n° i347 : Un courant d'ouest à l'équateur; des cou- rants variables de sens dans les deux zones de 5° à i3° de latitude; plus loin des courants du sud-est dans l'hémisphère nord, et du nord-est dans l'hémisphère sud. Les vitesses varient de i5 à 'i\ milles géographiques par heure (i mille = •j^90 mètres), suivant les régions. ( 543 ) verture (i). On y remarque d'abord plusieurs représentations des grandes comètes de i 858 et de 1861. Ces dessins cométaires sont fort beaux. Cepen- dant on y trouve des contours trop durs, trop marqués, des détails beau- coup trop accentués; je crains que ces défauts n'empêchent les astronomes de les consulter, sinon avec fruit, du moins avec une entière confiance. Malgré leur mérite et l'exécution parfaite du burin, ces planches me frappent moins que celles de M. Bond pour la comète de Donati et celles du P. Sec- clii pour la dernière grande comète. » Restent les dessins des planètes Mars, Jupiter et Saturne. Ceux de Mars jont admirables : j'en juge un peu par souvenir, car il y a longtemps que je n'ai observé cette planète; mais j'ai eu la bonne fortune de l'étudier à l'Ob- servatoire de Paris avec le grand objectif de Lerebours, à l'époque où cet objectif n'avait pas encore subi d'altération, et aucun dessin ne m'a jamais rappelé mes impressions d'alors d'une manière aussi frappante que ceux de M. de la Rue. » Mais ce qui fait sortir ces dessins de la catégorie des représentations ordinaires des corps célestes, ce qui excitera surtout l'attention de l'Acadé- mie, c'est la mise en pratique d'une idée fort originale et fort savanteà la fois. » La distance de ces planètes est telle, que leurs images apparaissent tou- jours, même dans les plus grands instruments, comme des figures plates, sans relief, des espèces de mappemondes. Il serait matériellement impossible d'ap. pliquer là les procédés de la stéréoscopie, car d'un bout à l'autre de la Terre on ne trouverait pas deux stations assez distantes pour donner l'angle visuel nécessaire. M. de la Rue a voulu pourtant faire voir les planètes au stéréo- scope, et il y est parvenu. Au lieu de faire varier le point de vue, ce qui est impossible, il a fait varier l'instant de l'observation, de quelques heures ou de quelques années suivant les cas. Deux images de Mars obtenues à deux heures d'intervalle répondent, pour cette planète, à une rotation angulaire d'une trentaine de degrés. C'est comme si le dessinateur avait tourné d'au- tant autour de la planète pour se procurer les deux images accouplées Placées dans le stéréoscope, ces belles gravures doivent produire un grand effet. Pour Saturne, dont tous les accidents superficiels affectent une figure de révolution autour de l'axe de rotation, le même procédé n'aboutirait a rien; mais deux images de Saturne, prises à trois ans et demi d'intervalle, donneront, par rapport à l'anneau et à la planète, le même effet stéréosco- pique, en mettant en jeu le mouvement de translation autour du Soleil. J'oserai prier l'Académie de faire construire un stéréoscope de dimension (1) Construit clans les ateliers de M. W. fie la Rue. ( 549 ) convenable, afin que nous puissions tous jouir de la sensation de ce singulier relief planétaire, qui représente si naturellement un effet en dehors de la nature, mais non en dehors de la compréhension. Déjà un savant russe a tiré parti d'épreuves analogues sur la Lune pour étudier certains points très-délicats de la conformation de notre satellite. » En résumé, les gravures et les épreuves photographiques de M. Warren de la Rue ont une grande valeur scientifique, ils méritent voire approba- tion ; j'ai l'honneur de proposer à l'Académie d'en faire adresser le témoi- gnage à ce savant Secrétaire de la Société Astronomique de Londres. » Ces conclusions sont adoptées; la proposition relative à la construction d'un stéréoscope devra être soumise à la Commission administrative. NOMINATIONS L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission qui aura à décerner le prix Bordin pour 1862, question concernant l'histoire anatomique et physiologique du corail. MM. Milne Edwards, de Quatrefages, Decaisne, Moquin-Tandon et Bron- gniart réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES LUS ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'intégration des équations différentielles par- tielles du premier et du second ordre; par M. EdxMoxd Bour. (Deuxième extrait.) (Renvoi à l'examen de la Section de Géométrie.) « 5. Deuxième méthode d'abaissement des équations différentielles de la dyna- mique. — Considérons toujours ->.n inconnues, pt, dt ~~ db? dt ~ da,' » 6. Ce théorème est intéressant, même lorsque l'on a A= «, bien qu'alors les équations transformées (6) soient du même ordre que les équa- tions données (1). » En effet, depuis les immortels travaux de Lagrange sur cette matière, on sait écrire immédiatement les équations différentielles d'un problème de mécanique proposé, quand on prend pour inconnues des fonctions quel- conques q,, (]2, . . . , q„ des coordonnées de tous les points du système mo- bile 1 ces inconnues étant toujours supposées réduites au plus petit nombre possible, par le moyen des équations de liaison, s'il y a lien). » Les équations du mouvement contiennent les deuxièmes dérivées des inconnues , doivent toutes au même titre être considérées comme des variables indépendantes, sans distinction d'origine. » En réalité, il n'y a que les premières, q{, qui soient arbitraires; mais on peut les choisir absolument comme, on voudra, et pourvu qu'on déter- ( 55i ) mine convenablement les variables conjuguées p,-, on est certain que les équations du mouvement se présenteront toujours sous notre forme cano- nique, et jouiront de toutes les propriétés qui sont l'apanage de cette forme remarquable. C'est en cela que consiste essentiellement la si belle et surtout si féconde découverte de Lagrange. » 7. On peut faire une transformation plus générale; et puisque les va- riables a,-, Pi, figurent absolument de la même manière dans les équations différentielles (i), rien n'empêche de leur substituer in quantités qui les contiennent toutes indistinctement de la manière que l'on voudra (*). Ceci revient à prendre pour inconnues des fonctions, non plus des coordonnées seulement, mais aussi des vitesses ou des premières dérivées des coordon- nées par rapport au temps. En opérant ainsi, il est clair que, généralement, on n'obtiendra pas les équations transformées sous la forme canonique. « Il est pourtant bien évident que le problème n'a pas changé de nature; que toutes ses propriétés essentielles doivent subsister dans les équations nouvelles (si je puis m'exprimer ainsi, à l'état latent); et que par consé- quent on doit pomoir ramener ces équations au type d'où dérivent toutes ces propriétés. » Le théorème qui précède apporte donc un perfectionnement important à l'analyse de Lagrange, en indiquant sous quelles conditions on pourra changer ainsi toutes les variables à la fois, tout en conservant la forme des équations (i). Ces conditions sont exprimées par les relations (5). On les énonce d'une manière abrégée en disant que les nouvelles inconnues an b;, considérées comme fonctions des anciennes pi} c/i, doivent former un sys- tème canonique {**)■ » Cela posé, quand les quantités «,, bt sont au nombre de in, on est assuré que la fonction H sera exprimable par leur moyen ; et l'on a simple- ment transformé le problème en un autre de même ordre, chose qui pourra d'ailleurs offrir un certain intérêt analytique, puisque, si la solution du (*) C'est à des transformations de ce genre qu'on est conduit quand on cherche, en sui- vant les méthodes ordinaires, à éliminer l'une des inconnues au moyen d'une intégrale donnée. En effet, cette opération revient en définitive à prendre pour l'une des variables la quantité qui reste constante en vertu de l'intégrale connue; or cette quantité contient en général toutes les variables de la question. (**) Le mot canonique, déjà employé par Lagrange, nous servira ainsi à désigner à la fois, sans qu'il puisse en résulter aucune ambiguïté, soit un système de fonctions vérifiant des relations telles que (5), soit un système d'équations de la forme hamiltonienne (i) ou (6). ( 55a ) premier problème est connue, on en déduit celle du second par de simples opérations algébriques. » 8. Pourvoir maintenant dans quels cas une pareille substitution aura pour effet d'abaisser l'ordre des équations à résoudre, supposons que l'on connaisse une intégrale, a„ = an, et qu'on ait trouvé in quantités ah &,■ lormant un système canonique dont l'un des éléments soit précisément la fonction a„, qui reste constante en vertu de l'intégrale donnée. » L'une des équations du mouvement (6), dans ce nouveau système de variables, doit être Mais, comme on a dt o. da„ dt — rfH m; on conclut de là que H est indépendante de b„. D'un autre côté, a„ peut être remplacée par la constante un ; donc la Jonction H s'exprime an moyen tir in — i variables seulement, d'où il suit que l'ordre des équations (6) est inférieur de deux unités à relui des proposées ( i ), dont elles peuvent tenir lieu. » Ce résultat tient, comme l'on voit, à ce que la variable b„ est éliminée ou groupe d'équations simultanées à résoudre, en même temps que la con- stante a„. Une fois qu'on aura effectué l'intégration complète du sys- tème ((>), on déterminera b„ par une quadrature au moyen de l'équation db„ _ da dt da„ » La méthode suppose essentiellement que les inconnues nouvelles for- ment un système canonique; dont l'intégrale trouvée fait connaître le pre- mier élément. La détermination des autres éléments exige l'intégration d'un certain nombre, et même d'un nombre assez considérable d'équations ac- cessoires (*). Seulement ces équations, qui ne se rattachent qu'indirectement tu problème, ne participent en rien à la difficulté de celui-ci; de sorte qu'i/ arrive C I I variables indépendantes, sont au nombre de — — — = (>(i. ( 553 ) » 9. Application au problème des trois corps, — Pour bien faire apprécier l'utilité de ces recherches, je vais appliquer les considérations qui précè- dent au célèbre problème des trois corps. » Jacobi (*) a montré qu'on pouvait considérer l'un des trois corps comme fixe; et il a donné les équations du mouvement des deux autres sous une forme qui semble n'avoir plus rien de commun avec la forme or- dinaire des équations différentielles de la mécanique analytique. » Quelque temps après (**), en utilisant les intégrales des aires confor- mément aux règles que je viens d'indiquer, j'ai réduit le cas général à celui du mouvement dans un plan ; et j'ai donné les équations du problème ainsi simplifié sous la forme canonique. » Au point où j'ai amené la question, les variables indépendantes sont au nombre de quatre seulement ; à savoir : les distances des deux corps mobiles au corps fixe, et les angles que ces deux rayons vecteurs font avec la trace 01 du plan invariable sur te plan des trois corps. » Pour compléter le système canonique des douze variables qu'on doit substituer à celles du problème, il faut joindre aux quatre inconnues déjà définies : i° quatre variables conjuguées, qui sont des fonctions linéaires des dérivées des quatre premières par rapport au temps ; 2° trois constantes qui sont des combinaisons de celles que fournit directement le principe des aires (***); 3° enfin, une dernière variable qui, ne figurant pas dans les équations réduites, peut être laissée en réserve pour être déterminée plus tard. Cette variable est i angle jormé par mon axe mobile 01 avec la trace ilu plan invariable sur le plan des xj. » 10. En établissant tous ces résultats dans le Mémoire cité plus liant, j'avais ajouté un certain terme à la fonction perturbatrice : à ce prix seule- ment, j'avais acheté le droit de ramener le mouvement à s'effectuer dans un plan. Je n'ai pas fait alors la remarque bien simple que ce terme addi- tionnel ne pouvait pas gêner le moins du monde les opérations, et devait nécessairement disparaître dès la première intégration. » En effet, ce qui fait à la fois le fort et le faible de ma méthode, c'est que celle-ci est pour ainsi dire constamment à côté de la question, dont | Mémoire sur l'élimination des nœuds, Comptes rendus, t. XV, séance du 8 août i&ja. ') Journal de l'École Polytechnique, XXXVIe cahier, t. XXI, p. 35. **). En représentant celles-ci par a,, a.,, z3, celles qu'il convient d'adopter sont : p, = arc tang — ? C = \jy. ; -+- a ; M2 ( 554 ) elle nivelle et illumine les abords, en laissant intact tout ce qui fait la diffi- culté essentielle du problème. » Les calculs développés dans mon Mémoire se rapportent en réalité au mouvement de deux points matériels soumis à l'action de forces quelcon- ques , pourvu que le principes des aires soit applicable; et mon théorème doit être considéré comme donnant le moyen de ramener toute question de ce genre à un problème de mouvement plan. » Il suit de là que la fonction dont j'ai parlé s'introduirait absolument de la même manière, dans le cas où l'on supprimerait les trois attractions, et ou, par conséquent, les mouvements seraient rectilignes et uniformes. On conçoit donc qu'elle ne gène pas pour la première intégration. x J'ai pu, en effet, commencer les calculs de manière à me débarrasser tout de suite de ma nouvelle fonction perturbatrice (*) ; mais les recherches subséquentes sont encore trop peu avancées pour que je prévoie le moment où je pourrai les présenter à l'Académie. Elles ne se rattachent d'ailleurs pas du tout à l'objet des présentes communications, qui sont relatives aux mé- thodes générales d'intégration des équations aux différences partielles. » J'ai seulement voulu montrer par un exemple, avant de passer aux équations du second ordre, que ces théories abstraites, un peu vagues dans leur immense généralité, peuvent s'appliquer utilement aux problèmes les plus ardus de la mécanique céleste; et que, si l'invention proprement dite échappe nécessairement à toutes les règles qu'on serait tenté de lui imposer, les méthodes de calcul ont leur genre d'utilité propre, au point de vue de l'élimination des difficultés de détail et d'exécution que rencontre à chaque pas la mise en œuvre des plus belles découvertes scientifiques. » ANALYSE mathématique. — Mémoire sur les surfaces orthogonale* par M. Osman Bonnet. (Renvoi à la Section de Géométrie.) « Depuis que M. Lamé a fait un si heureux emploi des coordonnées cur- vilignes dans ses savantes recherches sur la physique mathématique, le problème de la détermination des systèmes triples de surfaces orthogonales (*) Cette intégration préliminaire, dont le résultat est connu à l'avance, aurait peut être été fort difficile avec un autre système de variables; on trouverait alors par cette voie des théorèmes d'analyse du genre de ceux qui sont relatifs à l'intégration des équations abé- liennes. Mais je n'ai point encore envisagé la question sous ce point de vue. ( 555 ) est considéré comme l'un des plus importants de la géométrie générale: et cependant ce problème n'a encore été résolu que dans des cas très-particu- liers : on ne connaît, en effet, que le système des surfaces du second degré homotocales anciennement découvert par Binet, les systèmes formés par les surfaces dont l'équation est de la forme que M. J.-A. Serret a donnés dans le tome XII du Journal de M. Liouvi/le, et enfin les systèmes analogues que M. W. Roberts a tout récemment dé- duits de la considération des coordonnées elliptiques. Le peu de succès obtenu jusqu'ici sur un sujet aussi digne d'attirer l'attention des géomètres s'explique naturellement par la complication extrême que le problème pré- sente au premier abord. On sait qu'il ne s'agit rien moins que de 1 intégra- tion d'un système de trois équations simultanées et aux dérivées partielles du 'premier ordre qui contiennent chacune six dérivées partielles distinctes. i: J'ai réussi à faire entrer la question dans une voie nouvelle, qui m'a conduit à des résultats d'une généralité et d'une étendue inespérées. » Je décompose le problème en deux; je cherche d'abord les directions des normales aux surfaces susceptibles de faire partie d'un triple système or- thogonal. Entrons à ce sujet dans quelques détails. » Soient X, Y, Z les cosinus des angles que les normales N aux surfaces du premier système (système p) forment avec les axes des coordonnées; X,, Y,, Z, les cosinus des angles que les normales N, aux surfaces du second système (système pt) forment avec les axes des coordonnées; X2, Y2, Z2 les cosinus des angles que les normales N2 aux surfaces du troisième système (système p2) forment avec les axes des coordonnées. Les neuf cosinus X, Y, Z, X,, Y,, Z,, Xa, Y,, Z2 seront d'abord liés par six relations en termes finis, mais ces relations peuvent être laissées décote, en exprimant les neuf cosinus au moyen de trois angles Q, y, ty, comme on le fait dans les formules de la transformation des coordonnées dues à Euler. En exigeant alors que les droites N, N,, N2 soient respectivement normales aux surfaces p, p, , p2, on obtient les trois équations . . dtf . dQ , . - da , dQ -d® dii sin Tp=^o, cosiL — - — sin<>— = 0, Mang/o<-p- Trfp, rr/p, ° dp, en taisant tp ■+■ itù = 2arctangç, 9 — iv> = 2 arc tangrç, on a encore / d'I d'n l de di, d\ dn 1 f/p «?p, dp, dp f. dr, d\ l + Çï/ dpdp, dpdp, ' rfp, r/p, 2 \ rf; ^1 (|3)1 \ rfp rfp dn 2,i dp 1 + Ç1 g ' — • • rfp "T = °» dp, Ces différents systèmes d'équations sont également utiles, c'est tantôt l'un, tantôt l'autre qu'il faudra employer, suivant les cas que l'on aura à traiter. » Une remarque importante à faire, c'est que les trois équations simul- tanées et aux dérivées partielles du premier ordre qui forment les sys- tèmes (1), (2) et (3) peuvent être remplacées par une équation unique aux dérivées partielles du troisième ordre. Considérons, en effet, ^ comme une fonction de 9, p, p,, l'inconnue 9 étant toujours fonction de p, p,, p2, et posons f= -V(o,p,p(), la troisième dés équations (2) nous donnera d\T jtangiw = — : et les deux autres du même groupe r . ,r / dV>\ xr'/'Vl d* LsmV(i-^)+cosV^J^ L00'vl,-3?)-8,IIT3?JaJi En exigeant qu'il existe une valeur de 9 fonction de p et de/s, propre à vé- rifier les deux équations précédentes, on est conduit a une équation du troisième ordre contenant la fonction V et les dérivées partielles de cette fonction par rapport aux variables 9, p, p, dont elle dépend. Cette équation cos V do dp sin V d 'V = o, (557) est compliquée et très-difficile à intégrer; néanmoins la réduction que nous venons d'indiquer nous paraît constituer un très-grand pas vers la solution générale du problème. » Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Aca- démie, je me borne à considérer le cas où l'on a indépendamment des équations (2) d'y d'y -d?^^~°' c'est-à-dire et par suite '.> ? =F(/»!nr, + *>i) +F'(p2> p — iÇi)' = —i~F{p2,p-+- ipi) + ïïtPnP — ip,); c'est, comme on le reconnaît aisément, le cas où les transformées spliériques des lignes de courbure de chacune des surfaces p2 sont des lignes sphériques isothermes et orthogonales (*). » J'emploie alors les équations (3); comme l'on a %=AP»P + *>•)> »!=/« (Pa. P — ip*)i la première de ces équations est satisfaite d'elle-même, et en exigeant que la seconde le soit aussi, on reconnaît que les fonctions f et f, doivent vé- rifier les deux équations ■ | = R/* + 2RJ + R2, ^ = _R,/2-f_2R ./-f. R, où R, R(, R2 désignent des fonctions arbitraires de p2. Ce résultat montre immédiatement que les transformées sphériques des lignes de courbure de chacune des surfaces p2, sont des cercles orthogonaux, et par conséquent que les lignes de courbure elles-mêmes sont planes. Ainsi dans tous les sys- tèmes triples de surfaces orthogonales que nous considérons, les lignes de (*) J'appelle i° transformée sphérique d'une ligne C tracée sur une surface S, la ligne tracée sur une sphère de rayon 1 qui passe par les extrémités des rayons parallèles aux nor- males menées à S par les différents points de C; 2° lignes sphériques isothermes, les sections droites par rapport à la même sphère d'une suite de cônes isothermes. C. R., 1862, 1" Semestre. (T. LIV, N° 9.) "2 ( 558 ) courbure des surfaces p2 sont planes. Ces systèmes sont tort nombreux à cause des fonctions arbitraires R, R,, R2. » Après avoir déterminé en fonction de p, pf, p2 les quantités 0, ©, il», et par suite les neuf cosinus X, X,, X2, Y, Y(, Y2, Z, Z,, Z2, il reste encore à connaître en fonction des mêmes variables les inverses H, H,, H2 des quan- tités que M. Lamé appelle paramètres différentiels du premier ordre. Cette seconde recherche suffit d'ailleurs, car en désignant par ,r, y, z les coor- données rectangles, on a | d.x=KXdp-h HtX,dp, + }iiX,dp,, (4) dy = HYrfp + U,YtdPi + HaY3dpa, ' dz = HZ dp + H(Z,^/5) + H2Z2d(52, de sorte que le calcul définitif de oc, y, z n'exige plus que des quadratures. Or, en exprimant que les seconds membres des équations (4) sont des diffé- rentielles exactes, on trouve que H, Ht, H2 doivent remplir les six conditions suivantes : dR „ ^H, „ dE, „ dE „ dE, dE, do, dp, • dp dp, " dp dp, où l'on a fait, pour abréger, • dZ, dZ, d'L it — „ eit — ., Ï£ Z dZ, dZ dZ, dp z, -' dpi z. a, -s-=f, -£- = vt, -^-z=u,, -^- — u,, -±- Deux de ces conditions donnent immédiatement H et H, quand H2 est connu et les quatre autres que l'on peut mettre sous la forme \ a d a , / 1 dE, \c, dp (5) \B f/p, / u, dH, \v, dp l v, dE, dp v, dp dp, u dp, et qui se réduisent aisément à deux en observant que du du, du, di> dv, dv dp dp, ' dp, " dp ' "' dp, 2 dp. servent à déterminer H2. » Dans le cas particulier que nous examinons, onac= «,, par suite ( 559 ) l'équation obtenue en retranchant les deux premières des équations (5) s'in- tègre une fois et donne 1^2 _ i (IK, _ „ a dpt c, dp 2' K2 étant une fonction de p et de p, ; puis en tenant compte de la troisième et de la quatrième des équations (5), on trouve que K2 satisfait à l'équation laquelle ne contient que p et p{ (car-^ — u2v2 est indépendant de p2\ et donne, par conséquent, K2 avec deux fonctions arbitraires. K2 étant connu, on obtient une valeur très-générale de H2, qui est TT dU dlu, _ i d.l.u,ii V* = -r + ^-p- = ô — i — ' dp, dp, n dp2 en posant dk, \ Q=j[ïk2dPi-±dP » Dans une prochaine communication, j'examinerai plusieurs nouveaux cas encore plus étendus. Je déterminerai en particulier tous les systèmes triplement orthogonaux dans lesquels les lignes de courbure communes aux surfaces p et p, sont des courbes planes et ceux dans lesquels les mêmes lignes de courbure sont des hélices tracées sur des cylindres à bases quel- conques, mais ayant leurs génératrices parallèles à l'axe des z. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Rayer présente au nom des auteurs, MM. Meynier et L. d'Eichthal, un Mémoire sur les tumuli des anciens habitants de la Sibérie, et donne dans les termes suivants une idée des principaux faits observés par les deux voyageurs : « MM. Meynier et Louis d'Eichthal, qui ont entrepris un voyage d'ex- ploration scientihque en Sibérie, m'ont adressé un Mémoire relatif à la question ethnologique des Tclioudi, en me priant de le présenter à l'Aca- démie des Sciences. Ce Mémoire, daté de Barnaoul, dans le gouvernement de Tomsk, dans la Sibérie du sud, est accompagné d'un grand nombre de pièces anatomiques et d'objets recueillis dans les tumuli. 72.. ( 56o ) « Je demande la permission à l'Académie de donner, en quelques mots, une idée générale de ce travail. » Dans toute la Sibérie, et surtout dans la Sibérie méridionale, existent en grand nombre des tertres tumulalres qui ont depuis longtemps attiré l'at- tention des voyageurs. Ces tumuli, connus dans le pays sous les noms de kourgan, de boncjor, sont attribués par la tradition à la sépulture d'un peuple légendaire qu'on désigne habituellement sous le nom de Tchoudi. » Les tumuli que MM. Meynier et d'Eichthal ont ouverts sont situés à 9 kilomètres de Barnaoul. » Trente-six tumuli forment, en cet endroit, un groupe assez limité; aucun ordre ne préside à la distribution des emplacements sur lesquels ont été élevés ces tertres tumulaires, comme on peut le voir d'après le plan que MM. Meynier et d'Eichthal ont levé de la position relative de ces sépul- tures. Dans ces tumuli, dont les fouilles ont été exécutées avec un très- grand soin, on a trouvé les squelettes reposant sur la terre nue, la tète tournée du côté de l'est, les pieds vers l'ouest, couchés dans le décubitus dorsal , les membres supérieurs étendus le long du corps. Près de tous ces squelettes, sans exception, on a trouvé des restes de Ruminants; ces débris, dont la présence était constante, étaient situés tantôt à droite, tantôt à gauche du squelette humain , d'autres fois près de la tète et quelquefois sur le thorax. » Des armes et d'autres objets recueillis par MM. Meynier et d'Eichthal dans les tumuli sont en os ou en fer; les ornements sont en os, en silicate fondu, en quartz poli, en cuivre ; dans un tumulus se trouvaient, en outre, des fragments de poterie, dans un autre les débris d'un vase en bois de bouleau. Tous ces tumuli renfermaient du^er, débris d'armes ou morceaux déformés par l'oxydation. Un autre fait remarquable, c'est l'absence com- plète de bronze dans ces tumuli. Les ornements métalliques que MM. Mey- nier et L. d'Eichthal ont recueillis, sont en cuivre (cuivre fondu). Il en est de même de tous ceux qu'ils ont pu voir en Sibérie dans les cabinets d'amateurs de curiosités. » Les crânes ont un air de parenté qui, malgré une assez grande varia- tions de types, peut les faire ranger dans la catégorie de ceux que Retzius a désignés sous le nom de Brachycéphales. Ils présentent un caractère qui appartient à toutes les races mongoliques, la forme rectangulaire du pour- tour de la cavité orbitaire. » Toutefois les deux voyageurs sont portés à penser qu'il faudra distin- guer, plus tard, plusieurs espèces de tumuli en Sibérie, et qu'il serait pré- ( 56r ) mature de considérer toutes ces sépultures comme appartenant exclusive- ment à une seule race. » Les observations de MM. Meynier et d'Eichthal renferment des docu- ments et des matériaux précieux pour la solution de questions ethnologi- ques importantes; il serait très-utile pour la science que leur travail fût soumis à l'examen d'une Commission. » Le Mémoire, qui est accompagné de pièces nombreuses, plusieurs crânes, os des membres du bassin, fragments d'armes et d'ustensiles, ornements, etc., est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Serres, Rayer, de Quatrefages, d'Archiac. ZOOLOGIE. — Essai de détermination des caractères généraux de la faune de la Nouvelle- Guinée [Conclusions) ; par M. Pucheuan. (Renvoi à l'examen de la Section d'Anatomie et de Zoologie.) « Les conclusions auxquelles conduit l'examen des Mammifères et des Oiseaux dont la Nouvelle-Guinée est la localité spéciale d'habitat, se dé- duisant, sans nulle difficulté, des divers résultats partiels empruntés aux types zoologiques que nous avons passés en revue, il nous reste à abor- der la question relative aux rapports qui existent entre les aptitudes arboricoles de ces vertébrés, et les conditions physiques qui sont parti- culières au grand Archipel dont ils sont originaires. En suivant cette voie, nous ne faisons nulle attention aux indications climatériques auxquelles ont toujours et sans cesse recours les observateurs, lorsqu'ils s'occupent de géographie zoologique. Nos recherches sur les caractères fauniques, commencées depuis une douzaine d'années, nous ont, en effet, démontré que, pour se rendre compte des formes si variées propres aux faunes con- temporaines, il était nécessaire de mettre en première ligne la constitution physique des diverses contrées qui leur servent spécialement de séjour. Ainsi nous avons procédé, lorsque nous nous sommes occupés de la mani- malogie de l'Afrique, de celle de Madagascar, plus tard enfin de celles de l'Europe, du nord de l'Amérique et de l'Asie. Nos tentatives ont toujours été, dans cette direction, couronnées de succès, et nous ne sachions pas que depuis que nos conclusions ont été livrées à la publicité, aucune objection ait été produite contre leur exactitude. » Si, maintenant, nous appliquons ce même mode de recherches à la faune mammalogique et ornithologique de la Nouvelle-Guinée, si nous es- ( 562 ) sayopsde déterminer quel est l'état physique de cette région de l'Océanie, pour nous rendre compte des aptitudes locomotrices des Mammifères et Oiseaux qui l'habitent, nous sommes amenés à citer les assertions des di- vers voyageurs qui ont visité cette grande île, assertions essentiellement uniformes, sous ce point de vue. « La végétation la plus active couvre ce point du globe, dit à ce sujet » M. Lesson : elle est ce qu'on doit en attendre sous l'équateur, et à la » Nouvelle-Guinée, grande, majestueuse et imposante. La surface du sol » ne présente qu'une forêt sans fin, etc. » ( Forage de la Coquille, Zoologie, t. I, p. 439.) « Rien n'est majestueux comme les belles forêts de la Nouvelle-Guinée, » a écrit plus tard M. le contre-amiral Dumont d'Urville, dans la narration du voyage de circumnavigation des deux corvettes qu'il commandait (Voyage au pôle sud, Relation du voyage, t. VI, p. 120). » Comparant, sous le point de vue de leurs caractères physiques, l'Australie et la Nouvelle-Guinée, le dernier voyageur qui a exploré ces ré- gions lointaines, M. Wallace, dit de la Nouvelle-Guinée, que c'est une vaste foret, toujours verdoyante, a vast even verdanl forest. (Armais and Magasin 0/ naturtd historj, 2e série, t. XX, p. 481.) » Il y a donc entière et complète harmonie entre le caractère général de la faune mammalogique et ornithologique de la Nouvelle-Guinée, d'une part, et, d'autre part, le caractère physique de cet archipel. Mais la science est évidemment impuissante à éclairer de la moindre lueur le mode de pro- duction de ce rapport. Cette harmonie, et nous empruntons cette locution à notre regrettable maître et professeur, M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, cette harmonie est-elle préétablie? Est-elle, au contraire, postétablie? Ainsi posée, la solution de ce problème est essentiellement environnée d'épaisses ténèbres, et, quelque partisans qu'ils puissent être de l'action des causes secondes, les zoologistes nous excuseront si nous nous abstenons, pour le résoudre, de toute tentative. » mkdecinf. LÉGALE. — Des phénomènes cadavéritpies au point de vue de la physiologie et de la médecine légale; par M. L archer. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Andral, J. Cloquet, Bernard.) < Dans cette nouvelle étude, j'examine successivement et l'ordre dans lequel se produit la roideur du cadavre et les aspects variés que présente la putréfaction du globe de l'œil. La constatation civile et judiciaire des décès ( 563 ) pendant plus de vingt années etde nombreuses expérimentations sur des animaux d'espèces différentes me fournissent les éléments sur lesquels re- pose mon travail. D'une part, je fais connaître l'invariable loi qui préside à la rigidité cadavérique; d'une autre part, je donne la caractéristique de la putréfaction, du globe de l'œil après la mort. » Relativement à la roideur cadavérique, l'ordre dans lequel elle se pro- duit est invariablement le même, quel que soit d'ailleurs le genre de mort, que celle-ci soit lente ou rapide, naturelle ou accidentelle. Les muscles qui meuvent la mâchoire inférieure se roidissent les premiers. Presque en même temps se roidissent les muscles des membres (abdominaux), puis les muscles du col (moteurs de la tête sur le tronc). Enfin, et plus ou moins tard, les muscles des membres supérieurs (thoraciques). Les muscles qui se sont roidis les premiers (ceux de la mâchoire inférieure) demeu- rent les derniers dans cette situation. Les articulations de la mâchoire infé- rieure, du genou, se roidissent plus tôt et plus complètement que celle de l'épaule. Cette progression de la roideur cadavérique est une loi générale, commune à tous les animaux pourvus du système musculaire. » Quant aux phénomènes cadavériques que présente à l'observateur l'aspect du globe de l'œil, j'examine tour à tour la glaireuse de Winslow, l'opacité de la cornée, la flétrissure de la conjonctive oculaire, l'affaissement et la dépression des yeux, et je signale enfin l'imbibition cadavérique du globe de l'œil dont je fais connaître avec détail les caractères particuliers. » physiologie végétale. — Des mjcodermes qui apparaissent dans la fermentation; extrait d'une Note de M. Couerbe. « Dans une communication récente que M. Pasteur a faite à l'Institut sur la fermentation acétique, se trouvent des considérations que j'ai émises moi- même dans mon Mémoire sur la sève de la vigne, que j'ai lu au Congrès scientifique de Bordeaux, et qui a été présenté à l'Institut le 25 novembre 1 86i , par M. Dumas. Le titre seul ayant été mentionné au Compte rendu de ia séance, je demande la permission d'en détacher le paragraphe suivant dans lequel je traite l'altération de la partie soluble du ferment au contact de l'air, dans le manuscrit que j'ai adressé à l'Institut, page 28. « L'on sait que le ferment a besoin du contact de l'atmosphère pour dé- » velopper la fermentation et que par ce contact il se modifie. Colin a » démontré que la fermentation s'établissait principalement par l'altération » au contact de l'air de la partie soluble du ferment. ( 564 ) » Or, dit M. Liebig, par l'accès de l'air il y a absorption d'oxygène et la » décoction contient au bout de quelque temps de l'acide carbonique. » Ainsi, ce serait donc à cette oxydation purement chimique, nous » pourrions presque dire métallique, que la partie soluble du ferment de- » viendrait virtuelle, selon l'illustre professeur de Munich. Tçlle n'est pas » notre opinion, parce qu'en approfondissant le phénomène on découvre •■ que ce n'est pas tout à fait ainsi que les choses se passent, elles sont plus » complexes, beaucoup plus physiologiques, comme nous nous en sommes » assuré. En effet, la première action de l'air ne consiste pas dans une » simple oxydation directe de carbone, elle consiste à provoquer le déve- » loppement de nombreux globules organiques vivants visibles au micro- » scope. Ce n'est qu'après l'apparition de cette multitude d'êtres divers » que l'oxygène atmosphérique est absorbé et expiré par eux à l'état d'acide » carbonique. » » Ce passage, qui est écrit depuis plus de six mois, coïncide avec les con- sidérations plus récentes de M. Pasteur. Je tiens, Monsieur, à fixer l'atten- tion de l'Institut sur ce point, parce qu'il m'est agréable de me trouver d'accord, sur une question aussi délicate, avec un observateur qui fait de- puis longtemps autorité dans la science. » (Renvoi à l'examen des Commissaires désignés pour le Mémoire de M. Pasteur : MM. Chevreul, Boussingault, Balard.) M. Paixacci adresse, de Sienne, une Note écrite en italien et ayant pour titre : « De l'émission de l'acide carbonique par les racines des plantes et de l'action qu'il exerce au contact des matières organiques du sol. » Cette Note est renvoyée à l'examen de MM. Decaisne et Peligot. M. Chabrière, qui avait précédemment présenté au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, un Mémoire sur un mode de traitement des névralgies et des douleurs rhumatismales, adresse aujourd'hui une nou- velle rédaction de ce travail en demandant qu'elle soit substituée à la pre- mière. (Réservé pour la future Commission.) M. Zahbago, en adressant au concours pour le prix de Médecine et de Chirurgie un « Traité des affections nerveuses syphilitiques » qu'il vient de publier, y joint, pour se conformer à une des conditions imposées aux ; m ) concurrents, une indication de ce qu'il considère comme neuf dans son travail. (Réservé pour la future Commission.) M. Lamare-PIcquot adresse un Mémoire concernant diverses observa- tions d'histoire naturelle qu'il a faites aux Indes, à l'île Bourbon et en Europe. Quelques-unes de ces observations ont déjà été présentées une pre- mière fois par l'auteur; l'Académie appréciera les motifs qui l'ont alors empêché d'insister pour obtenir un Rapport. Au reste certains faits qui avaient pu être, à cette époque, accueillis avec défiance, ont été constatés depuis de manière à ne plus laisser place au doute, et il semble juste de rappeler aujourd'hui les titres du premier observateur. (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Milne Edwards, Valenciennes, de Quatrefages.) L'Académie reçoit quatre pièces destinées au concours pour le prix du legs Bréant et adressées : i° de Guebwiller (Haut-Rhin), par M. Picard; i° de Tournon-sur-Rhône, par M. Fièvet; 3° de Bugganz (Hongrie), par M. Habrofszky; 4° de Borschach, près du lac de Constance, par M. Dor- xer : ces deux dernières pièces sont écrites en allemand. ! Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie constituée en Commission spéciale. ) CORRESPOND AIVCE . "SI. LE MlXISÏRE DE l? AGRICULTURE, DU Co.MMERCE ET DES TRAVAUX PUBLICS adresse, pour la bibliothèque de l'Institut, la ioe livraison du catalogue des brevets d'invention pris dans l'année 1861. M. Flourens présente à l'Académie la Biographie de M. Marshall- Hall, ouvrage de la respectable veuve de ce physiologiste illustre. « Madame Marshall-Hall, dit M. Flourens, s'est attachée à réunir, dans cet ouvrage, tous les témoignages qu'elle a pu recueillir sur les travaux de son mari, témoignages venus de contemporains qu'elle a pu regarder comme les juges les plus compétents du mérite de ces travaux. M. Marshall-Hall, un des Correspondants, en son genre, les plus savants de l'Académie, était C. R., 1863, i" Semestre. (T. LIV. N° 9.) ?3 ( 566 ) un physiologiste très-ingénieux, et qui restera célèbre par sa belle décou- verte de l'action réflexe de la moelle épinière. » M. Hykti,, à qui l'Académie, dans sa dernière séance publique, a décerné le prix de Physiologie expérimentale pour l'année 1861, lui adresse ses remercîments et s'excuse de ne l'avoir pas fait plus tôt par suite d'un voyage qui l'a tenu pour un temps éloigné de Vienne. M. L. Fresnel prie l'Académie de vouloir bien faire ouvrir un paquet ca- cheté déposé le 20 avril 1818 par son frère feu Augustin Fresnel, cette com- munication étant devenue nécessaire pour compléter la collection des Mé- moires scientifiques dont la publication va être très-prochainement com- mencée. « Le paquet cacheté est ouvert ; il renferme un Mémoire de 1 1 pages, intitulé : Note sur la théorie de la diffraction. » A. Fresnel y pose les bases de la vraie théorie de ces phénomènes, at- tribués jusque-là à l'interférence des rayons directs et des rayons réfléchis par les bords des ouvertures; et il montre qu'il faut au contraire considérer l'intensité lumineuse en chaque point comme une résultante des mouve- ments vibratoires partis simultanément des divers points de l'onde incom- plète, interceptée partiellement par les écrans. » A l'exposé de ces principes généraux se trouve joint un tableau des va- leurs numériques des intégrales I dz cos ( -sz2 ) > j .), qui indique en même temps sa densité de vapeur et son point d'ébullition. Mais les mêmes analogies que je viens de signaler, et la réaction génératrice en particulier, sont contraires à son identification, sans plus ample examen, avec l'amylène. » Parmi les propriétés chimiques de l'éthylallyle, je crois nécessaire d'en rappeler deux, qui peuvent être prévues par la théorie générale des corps polyatomiques. Pour plus de clarté, je me bornerai à les déduire des relations qui existent entre l'éther C6H5I et son dérivé C6H5Br3. A l'éther C6H5(l!, Répond le carbure C6H5(C*H5;; Au dérivé de cet éther C6Hs(Br3 Correspondent un bromure du pre- mier carbure C6 Hs (C4H5, Bi2 }, Isomère avec le bromure d'amylène, Et un carbure complexe CSH5 (C4H5, CMls, C4H5 „ Isomère avec le diamylène. » Ces prévisions s'accordent avec les faits observés, quoique incomplè- tement, par M. Wurtz. » Je terminerai en faisant remarquer que la théorie conduit à prévoir l'existence et le mode de formation de quatorze carbures isoménques avec l'amylène et doués de propriétés physiques presque identiques. Cette (i) Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. XLIV. p. 208; i855. (2) Chimie organique fondée sur ta synthèse, chapitre Isnmérie, t. II, p. 671, et t. I, p. 242; 1S60. •7° ) multitude de corps isomères exige que l'on évite avec soin tout langage ca- pable de prêter à l'erreur ou à l'équivoque. Parmi ces carbures, un seul est simple, les autres sont complexes (1). Entre eux les distinctions ou l'iden- tité ne sauraient être établies que par l'origine, par certaines réactions et par l'étude des dédoublements : l'identité avec l'amylène en particulier ne peut guère être prouvée que par la formation de l'alcool amylique. » CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches relatives à l'action du chlore sur l'acide acétique anhydre; par M. H. Gal. (Extrait. ) « Ea découverte des dérivés chlorés de l'acide acétique cristallisable et l'action de la potasse sur ces composés m'ont fait songer à rechercher com- ment l'acide acétique anhydre se comporterait avec le chlore. Dans le but de résoudre cette question, j'ai fait passer pendant plusieurs heures un cou- rant de ce gaz parfaitement desséché dans de l'acide acétique anhydre, chauffé au bain-marie, à la température de ioo°. » Une partie liquide a distillé, et il est resté dans la cornue une masse cristalline. Ces cristaux fondent vers 45° et bouillent vers i85°. L'analyse leur a assigné la formule suivante : C'H3C1. En chauffant au bain-marie le liquide passé dans le récipient, les trois quarts environ distillent à 55°. Le reste ne bout qu'à i37°, et constitue de l'acide acétique inattaqué. La partie recueillie a présenté tous les carac- tères du chlorure d'acétyle. » De cette expérience on peut conclure que, sous l'influence du chlore et à la température de ioo°, l'acide acétique anhydre se dédouble en acide monochloracétique et en chlorure d'acétyle : résultat que ne permettait pas de prévoir la constitution de l'acide acétique telle que Gerhard t l'a formulée. » La réaction peut se représenter très-simplement au moyen de l'é- quation C8H602-4-2Cl = C*H3C104 + C*H3CI02. 0 (l) i simple, 5 doubles, 5 triples, 2 quadruples, i quintuple. ( 57i ) ÉLEOTROCHIMIK. — D'un procédé de gatvano-caustique fondé, non plus $m les effets calorifiques des courants continus, mais sur leur action chimique; par M. A. Tripier. (Extrait.) « Dans tous les procédés de cautérisation galvanique employés jusqu'ici, on tire parti, pour produire des désorganisations, de la chaleur développée dans un fil mince par une source voltaïque de grande surface. On sait les avantages et les inconvénients de cette méthode, qui reste inférieure à l'em- ploi du fer rouge dans tous les cas où l'action de la chaleur doit potier sur une surface un peu étendue. » Nous avons songé, pour éviter ce dernier inconvénient, à utiliser, non plus les effets calorifiques d'une pile à grande surface, mais les effets chi- miques qui se produisent au niveau du point d'application de l'électrode négatif des piles à faible surface et à haute tension qui sont entre les mains de tous les médecins qui emploient le courant continu. On peut obtenir ainsi, lentement il est vrai, mais sans douleur bien vive, une cautérisation assez profonde. » Le procédé ancien visait à remplacer le cautère actuel; celui-ci rem- placera le cautère potentiel dans les cas où il ne saurait être appliqué. » La Société d'Agriculture, Industrie, Sciences, Arts et Belles-Lettres de Saint-Etienne (Loire) prie l'Académie, qui l'a comprise dans le nombre des Sociétés auxquelles elle donne gratuitement ses Comptes rendus hebdo- madaires, de vouloir bien également lui faire don de ses Mémoires. (Renvoi à la Commission administrative.) La séance est levée à 5 heures et demie. F. h* BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. '■. . académie a reçu dans la séance du 10 mars 1862 les ouvrages dont voici les titres : Traité des plantes médicinales indigènes, précédé d'un Cours de Botanique; par M. A. BOSSU; 2e édition, t. I et II. Paris, 1862; 2 vol. in-8°, avec un atlas de <)0 planches in-8°. Des nfjections nerveuses syphilitiques ; par M. D.-A. Zamraco. Paris, 1862 : in-8°. Adressé pour le concours Montyon, prix de Médecine et deChirurgie.j Eléments de Minéralogie et de Géologie; par M. A. Leymerie. Paris et Tou- louse, 1861 ; in-12. (Présenté au nom de l'auteur par M. d'Archiac.) Du dani/er des mariages consanguins sous le rapport sanitaire; par M. Francis Devay; 2e édition. Paris, 1862; in-8". Les Petites Chroniques de la Science; par M. S. -Henri BERTHOUD; t. I et II. Paris, 1862; 2 vol. in-12. Brochures présentées par M. Hébert. Notes extraites du Bulletin de la Société Géologique de France : — Du terrain jurassique de la Provence , sa division en étages, etc. — Du terrain juras- sique supérieur sur les côtes de la Manche. — Obseivations sur les rivages de la mer jurassique à l'époque de la grande oolite dans tes bassins méditerranéen, jurassique et parisien. — Quelques remarques sur la mer jurassique et les théo- ries imaginées pour rendre compte de ses déplacements. — Note sur le travertin de Champignr et sur les couches entre lesquelles il est compris. — Gisement des couches matines de Sinceny (Aisne). — Réponse à la Note de M. Ch. d'Or- bignr intitulée: Sur l'âge véritable des poudingues de Nemours et des sables coquilliers d'Ormoj. Xotes extraites de la Revue des Sociétés savantes: — Rapport sur la partie géologique et minéralogique du voyage de MM. Grandidier frères dans l'Amé- rique méridionale. — Rapport sur le tome XX des Annales de la Société d'Agri- culture, Sciences, Arts et Commerce du Puj. Noie extraite du Journal de Conchyliologie : — Note sur les Trigonies cla- vellées de t'Oxford-clay et du Coral-rag, suivie de la description des fossiles du corallien supérieur de i/los; par le Dr ZlTTEL et Em. GOUBERT. Paris, 10 hr. in-8°. Di la défense des aliénés assistés en France et de la colonisation ; par M. le l)rK. BlLLOD. Pans, 1861 : m-8°. ( 573 ) Société de Prévoyance et de Secours mutuels de Metz. Calcul du taux des pen- sions pour la période de 1860 à i8<>4; par M. I. DlDION. Metz, 18G1 ; in-4". (Présenti'' par M. Bienaymé.) Cataloipie des Brevets d'invention; année 1861, n° 10. Paris, [862; in-8u. Rapport sur le chauffage des voilures de toute classe sur les chemins de fer , par M. Gaultier de Claubry. (Extrait du Bulletin de V Académie impériale de Médecine.) Paris, 1862; { de feuille in-8°. Memoirs... Fie de Marshall-Hall , D. M., Membre de la Société royale de Londres, Correspondant de l' Institut de France, Associé étranger de l'Ecole de Médecine de Paris, etc.; par sa veuve. Londres, 1861 ; in-8°. (Présenté au nom de Mme Marshall-Hall par M. Flourens.) Dénkrede... Éloi/e historique de G.-H.-F. Schubert, prononcé dans in séance publique de l'Académie R. de Bavière, le 26 mars 18G1 ; par le D' A. WAGNER. Munich, 1861 ; in-4°. Jahrbuch... Annuaire de l'Institut I.R. géologique de Fienne. XIIe vol. 1861-1862. (N° 1, janvier-décembre 1861.) Vienne, 1862; in-4°. Beilage. . . Annexe au Compte rendu de la 36e réunion des Médecins ri Naturalistes allemands, tenue à Spire du 1 7 au 2/j septembre 1861 ; publiée par M. G. Schmauss et I,. Geenen. Br. in-8°. l7r7rox.pa.T-/1c... Journal des connaissances médicales; t. I, livraisons 1 et 2. Athènes, 18G2. I miceti... Champignons du territoire de Brescia décrits et figurés d après nature, par Antonio Venturi. Fasc. 1 à 5. Brescia, 18G0; in-folio avec figures coloriées. Studj... Eludes mycologiquvs ; par le même. Brescia, 1842; 111-4°. Avvelenamenti... Empoisonnements survenus dans l'automne de i855 en diverses parties de l'Italie supérieure par l'usage alimentaire de champignons; par le même. Brescia, i85G; br. in-8°. Délie... Des champignonnières artificielles et du développement do champi- gnons; par le même. Brescia. 1H48; br. in-8°. Sui corpuscoli... Sur les corpuscules vibrants de MM. Vittadini et Coti- NALIA, et sur une nouvelle manière déjuger de la bonté des graines de vers à soie. Brescia, 1861 ; demi-feuille in-8°. Anuario... Annuaire d'observations du Bureau central d'ingénieurs du Feneziula pour l'année 18G2. Caracas, 1861 ; in-8°. Reglamento. .. Règlement du Collège d'Ingénieurs de la République du Fenezueta. Caracas, 1862; in-8°. C. li , 1S62, 1er Semestre. (T. UV, N° 9.) :■'• (574) PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR L'ACADEMIE PENDANT LE MOIS DE FÉVRIER I8G2. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie des Sciences ; 1er se- mestre 1862, n09 4^7; in-4*. Annales de Chimie et de Physique ; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, BOUSSJNGAULT, Regnault, DE SenaRMONT, avec une Revue des travaux île Chimie et de Physique publiés à l'étranger; par MM. Wurtz et VERDET; 3e série, t. LXIV, février 1862; in-8°. Annales télégraphiques ,t. IV; novembre et décembre 1861. Annales de f Agriculture française ; t. XIX, n° 3; in-8°. A lundis des Conducteurs des Ponts et Chaussées; 6e année ; n° 1 ; janvier 1862. Annales de l'Agriculture des colonies; 3e année, n" 2. Annales forestière* et métallurgiques ; décembre 1861 et janvier 186a. Annales de la Société d'hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des séances; i. VIII, 6* livraison; in-8°. Annales medii n-psychologiques ; t. VIII; janvier 18G2. Astronomical notices ; n° 28. Annuaire de la Société météorologique de France ; t. IX , -xK partie (f. 1 2-17), décembre 1861 . Bulletin de l'Académie impériale de Médecine ; t. XXV11 , nus 8 et 9. Bulletin de V Académie royale de Médecine de Belgique; ie série, t. IV, n" 1 r. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; janvier 1862. Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d'Agricullin e de Fraye; t. XVII, n° 1 . Bulletin de la Société de Géographie; 5e série, t. II; 0° i3; in-8". Bulletin 1/1 In Société française de Photographie; février 1862; in-8". Bulletin de l'Académie roj aie des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de Belgique ; 3ie année, 2'' série, 1. XIII, n° 1 ; in-8°. Bulletin de la Société de la langue universelle ; 1 le année, n" 1 ( 375 ) Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et dt leurs applications aux Arls et à l'Industrie; t. XX; n05 6, 7, 8; in-8°. Edimburqh... — Nouveau journal philosophique d'Edimbourg; vol. XIV. octobre 1861 ; vol. XV, 11" 1 ; janvier 1862. Gazette des Hôpitaux; nos i3 à 22; in-8°. Gazelle médicale de Paris; 3ie année, nus 6 7, 8; in-4°. Journal d' Agriculture pratique ; 26e année, nos 3 et [\. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; t. VIII, 4e série . février 1862. Journal de la Société impériale et centrale d Horticulture; t. VIII, janviei 1862. Journal de Pharmacie et de Chimie; 21e année, t. XLl, février 1862. Journal des Vétérinaires du Midi ; 25e année, lévrier 1862. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 29e année, n° l\. Journal de Mathématiques pures et appliquées ; 2e sérié, novembre 1861 . Le Moniteur de la Photographie , ire année, n° 2'3. La Culture; 3e année, n° 16. L'Agriculteur praticien; 2e série, t. III _, n° 9. L'Art médical; février 1862; in-8°. L'Art dentaire; 6e année, février 1862. L'Abeille médicale; 19e année; n°5 6, 7, 8. La Lumière; tables des matières pour 1 86 1 ; 12e année, n1' 3, L'Ami des Sciences; 8e année; nos 6, 6 corrigé, 7 et 8. La Science pittoresque; 6e année; 1109 4o, 4' et 42- La Science pour tous ; 7e année; nos 10, 11 et 12. La Médecine contemporaine ; 4e année; n° 6. Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; t. IV; 123e et 124e livraisons; in-4°- Le Technologiste ; février 1862 ; in-8". Léopoldina. . . — Organe officiel de l'Académie des Curieux de la Nature . publié par son Président le DrKieser; 3e livraison, nu 5 ; février i86> Le Magnétisme ; ire année, n° 1. "'76 ) Monatsbericht. — Compte rendu mensuel des séances de ? Académie royale de Prusse ; décembre 1 86 r ; in-8°. Montpellier médical: Journal mensuel de Médecine. ; t. VIII; février f86a: in-8°. Magasin pittoresque ; in' année ; février 1862. Moothly..; Notices mensuelles de la Société royale d'Astronomie de Loin Ire >$ . vol. 22 : il0 3. Nouvelles Annales de Mathématiques; 2e série, t Ier, février i86i>: in-8". Presse scientifique des Deux-Mondes; année 1 862, t. Ier, n° Zj; in-8°. P 'harmaceutical journal and transactions ; vol. III, n° 7 ; janvier 18(12. Revista... Revue des Travaux publics ; Madrid; t. X, n09 2 et 4; in -4°. Répertoire de Pharmacie ; t. XVIII, février 1862. Revue de Thérapeutique medico-chirurgicale ; 29e année, n° L\. The journal oj materia medicqj vol. III; n09 11 et 1 2 ; novembre el dé- cembre 1861 ; in-8°- COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 17 MARS 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président de l'Institut rappelle que la prochaine séance trimes- trielle est fixée au 2 avril et prie l'Académie des Sciences de vouloir bien lui faire connaître en temps opportun le nom de celui de ses Membres qui aura été désigné pour faire une lecture dans cette séance. M. Flourexs fait hommage à l'Académie du IIIe volume de ses Éloges historiques. « Je continue, dit M. Flourens, à rassembler les Eloges que j'ai pro- noncés devant l'Académie, et ma devise est toujours la même : Le vrai e\ l'honnête. Qnid verum atque decens euro et rogo et omnis in hoc sum. » Les Vies des savants sont une grande partie de l'histoire de l'esprit humain; c'est l'histoire expresse de ses découvertes, de ses inventions, de ses idées sublimes et créatrices. Qui suit ce spectacle, et le suit avec atten- tion, le trouve bientôt un des plus grands. On voit l'esprit humain qui avance, et on voit les hommes précieux auxquels il doit ses progrès. » M. Sî ai \iii) annonce à l'Académie que M. Berthelot est parvenu à pro- duire de l'acétylène par la combinaison directe du carbone et de l'hydro- C. 1'.., 18O2, 1er Semestre. (T. L1V, N° 10.) 1 J ( 57« ) gène, et que l'auteur de cette synthèse remarquable présentera prochaine- ment à l'Académie une Note où il rendra compte des circonstances au milieu desquelles elle se produit. MINÉRALOGIE. — Or natif cristallisé de Californie; par M. Daubrée. « L'échantillon d'or cristallisé de Californie que M. Élie de Beaumont a présenté à l'Académie, dans la séance du 27 janvier dernier, offre des faces creuses, avec des stries alignées parallèlement aux arêtes. Une disposition tout à fait semblable se retrouve dans les cristaux d'or natif de diverses localités, notamment dans ceux de Beresowsk (Oural); d'après M. Bous- singault, elle est très-fréquente à la Nouvelle-Grenade. » physiologie. — Delà régénération des tendons; par M. Jobert de Loiballe. « J'arrive aux résultats obtenus sur les chevaux. Je vais successivement passer en revue les expériences faites sur ces animaux. C'est le seul moyen de rapprocher utilement les vivisections précédentes de celles que nous allons exposer. » Première expérience. Cheval percheron. Durée de quatre heures. — Le tendon d'Achille fut divisé par la méthode sous-cutanée. L'animal, une fois opéré, ne put se relever qu'après plusieurs efforts. Il fit quelques pas, mais sans s'aider du pied malade. Une petite quantité de sang s'écoula par la plaie. » Il fut abattu quatre heures après l'expérience. L'incision faite à la peau reste béante; il sort quelques gouttes de sang liquide pendant qu'on pro- cède à la dissection. » La gaine est rouge, infiltrée de sang dans les points correspondants à la section tendineuse. Divisée largement suivant sa longueur, elle présente à l'intérieur un caillot rougeâtre d'une faible consistance. Il se détache par son propre poids. » Les surfaces du tendon coupé sont rouges, et ne présentent aucune trace de tissu nouveau. Ces parties, soumises d'abord au lavage, puis à l'ac- tion d'un filet d'eau, conservent une teinte rosée. » Chacun des bouts du tendon divisé conserve à l'intérieur sa blancheur normale. Entre les deux parties tendineuses, il y a un écartement de 3 cen- timètres environ. » Deuxième expérience. Cheval anglais. Six heures de durée. — L'incision ( 579) faite à la peau était petite et l'écoulement du sang fut presque nul. Après l'opération l'animal put se redresser et marcher sans s'aider du pied malade. » Il fut abattu six heures après l'opération. Après avoir disséqué la peau qui recouvre le tendon, on constate que la gaine est ecchymosée dans pres- que toute sa circonférence, dans l'étendue de 3 à 4 centimètres. » Cettegaîne est remplie d'un caillot noirâtre, très-dense et cylindrique, qui occupe l'intervalle des deux bouts du tendon; cet écartement est de 4 centimètres. Il n'a contracté aucune adhérence notable avec les pa- rois de la gaine, ni avec les surfaces tendineuses divisées ; ces dernières sont rouges et le sang qui les recouvre disparaît sous l'action d'un filet d'eau. Il n'y a pas d'infiltration de sang dans l'épaisseur des bouts du tendon. » La section a été faite à la partie inférieure du tendon d'Achille, a 2 centimètres au-dessus de son insertion et dans l'endroit où ce tendon est revêtu d'une vaste membrane synoviale. » Troisième expérience. Cheval normand. Douze heures de durée. — Après l'opération, l'animal s'est relevé, mais il n'a pu marcher en s'appuyant sur le pied opéré. » L'incision faite aux téguments était cicatrisée et la gaine était rouge à l'extérieur; à l'intérieur, il y avait un caillot noir, volumineux et d'une consistance assez marquée. Il occupait l'intervalle qui séparait les deux bouts du tendon, éloignés l'un de l'autre de 4 i centimètres, et avait contracté des adhérences avec chacune des extrémités tendineuses; elles étaient plus solidement établies avec l'extrémité supérieure qu'avec l'infé- rieure. Une sorte de réseau filamenteux paraissait constituer ces moyens d'union. Après avoir séparé le caillot, on voyait encore sur ces surfaces une couche mince de sang rouge qui ne disparaissait pas par le lavage. Le cail- lot adhérait aussi, quoique faiblement, sur quelques points de la paroi in- terne de la gaine. » Quatrième expérience. Cheval boulonnais. Dix heures de durée. — Par la plaie il s'écoule un peu de sang. Le cheval ne peut s'aider de son pied malade. » L'incision faite aux téguments était réunie. » La gaine offrait çà et là quelques points rougeâtres au-dessous de la plaie. Elle renfermait en outre un caillot d'un noir foncé très-consistant et situé dans l'écartement des deux bouts du tendon d'Achille, adhérant aux parois de la synoviale et ayant également contracté des adhérences avec les extrémités tendineuses coupées; ces adhérences étaient faibles et cédaient à la moindre traction. 75. ( 58o ) » Aucune rougeur, aucune infiltration de sang n'existait dans l'épaisseur des bouts du tendon. L'écartement était de près de 4 centimètres. » Cinquième expérience. Cheval anglais. Durée de vingt-quatre heures. — f .es lèvres de la plaie sont réunies, et à la surface externe de la gaîne on voit quelques taches brunâtres circonscrites. A l'intérieur et entre les deuil bouts du tendon on trouve un caillot de sang volumineux, de couleur noi- râtre, solide et adhérant de toutes parts à la surface externe de la capsule synoviale, ainsi qu'aux extrémités tendineuses. Le caillot se détache en pré- sentant quelque résistance. Une couche de fibrine reste sur les deux bouts du tendon et s'enlève en partie en raclant avec la lame du scalpel, et après une macération de huit jours dans l'eau, elle n'avait pas encore disparu. » Le caillot, enlevé tout d'une pièce, se déchire par fractions en lais- sant voir dans son épaisseur une multitude de filaments élastiques. » Les deux bouts du tendon ne présentent aucun changement de colora- tion dans leur épaisseur, ils n'offrent également aucune modification dans leur forme et dans leur volume. La synoviale reste libre, lisse et polie autour des bouts inférieur et supérieur. » Sixième expérience. Cheval anglais. Vingt-quatre heures de durée. — La téuotomie sous-cutanée du tendon d'Achille fut pratiquée sur un che- val d'une taille élevée et d'une maigreur considérable. 11 put marcher en s'appuyant, quoique faiblement, sur le membre opéré. » L'animal sacrifié au bout de vingt-quatre heures présente à l'examen les caractères suivants : La peau était cicatrisée, la surface externe de la gaîne n'avait pas changé sensiblement de couleur. Elle était uniformément blan- châtre. A l'intérieur elle renfermait un caillot de sang noir d'une consis- tance très-solide. Le caillot situé entre les deux parties coupées avait la forme cubique. Il avait contracté des adhérences avec la face intérieure de la synoviale, ainsi qu'avec les bouts du tendon. Il fallait, pour le détacher, presser avec le manch • du scalpel. Après l'avoir enlevé, on voyait entre les extrémités du tendon une couche de tissu rougeàtre nouvellement formée et très-adhérente. Ce tissu nouveau ne disparaissait ni par le lavage, ni par la pression exercée avec le doigt. Il fallut la pointe du scalpel pour le sé- parer. o L'écartement entre les deux bouts du tendon n'était que de i^ centi- mètres. Le caillot et les parties tendineuses furent soumises à la macération dans l'eau, sotnen; renouvelée pendant neuf |ours. \u bout de ce temps, le caillot était, encore ferme et offrait un état librineux manifeste. H était déco- lore, excepté à la partie centrale, qui conservait un aspect rouge-brun. ( 58i ) Quelques lambeaux du tissu de nouvelle formation se voyaient sur là coupe des extrémités du tendon. » Septième expérience. Cheval cauchois. Trois jours de durée — La section du tendon d'Achille fut pratiquée sur un cheval cauchois de moveun» torce. Cette opération fut suivie à l'instant même de l'écoulement d'une petite quantité de sang. Au bout de quelques minutes il avait cessé, et V ani- mal pouvait retourner en boitant à l'écurie. Trois jours après, un travail traumatique étant survenu dans les parties divisées, l'animal fut abattu. » La plaie alors était largement ouverte et laissait échapper un peu de sang liquide mêlé à du pus. La gaine et les tissus environnants contenaient une notable quantité de sérosité sanguinolente. Il n'y avait pas de caillot entre les bouts du tendon d'Achille; dans cet intervalle, qui était de 4 cen- timètres, on trouvait une faible proportion de sang noirâtre, semi-liquide, un peu adhérent aux parois de la synoviale. » Les deux bouts du tendon étaient rouges et restaient tels après avoir été lavés et trempés dans l'eau. Il n'y avait aucune couche ni aucune appa- rence de tissu nouveau à leur surface. » Huitième expérience. Cheval de race anglaise. Quatre jours de durée. — L'opération étant terminée, l'animal s'est relevé et a pu marcher en ap- puyant faiblement sur le pied malade. Les jours suivants, il est demeure couché et s'est mal nourri. Il a été sacrifié quatre jours après l'opération. » La plaie était cicatrisée: la gaîne offrait çà et là quelques taches rou- geâtres isolées, et elle renfermait un caillot noir volumineux et dense, dans l'épaisseur duquel on voyait un grand nombre de colonnes blanchâtres distinctes, ayant une apparence fibrineuse et contrastant manifestement avec la coloration du caillot; leur consistance était également plus mai -quéé. Elles traversaient le caillot de part en part et en divers sens, pour aller s at- tacher par leurs extrémités, soit aux points opposés des parois de la gaine . soit sur les extrémités du tendon d'Achille. L'adhérence de ces colonie - ainsi que de toute la masse du caillot, était déjà bien établie avec les bouts du tendon ; elle résistait à la traction, et le caillot se rompait ou se déchirait plutôt que de se détacher des surfaces tendineuses vulnérées. Sur chat n des bouts du tendon il restait une couche de tissu rougeàtre. » Il n'y avait rien d'anormal dans l'épaisseur des extrémités tendineuses. L'écartement compris entre les extrémités était rempli par le caillot; il était de "> centimètres. Le caillot soumis à la macération aqueuse s'est peu a peu décoloré. Au bout de huit jours, l'un des bouts un tendon d'Achille était entièrement débarrassé du sang et du tissu rougeàtre qui couvraient ( 582 ) la surface; mais, sur l'autre bout, cette couche de tissu nouveau y était en- core adhérente après douze jours de séjour dans l'eau. « Neuvième expérience. Cheval hongrois. Treize jours de durée. — Aussitôt après l'opération, l'animal se relève, marche, quoique avec difficulté, et sans appuyer sur le membre affecté. Quelques gouttes de sang s'écoulent par la plaie. Pendant tout le temps que le cheval reste en expérience, il ne survient ni gonflement, ni réaction inflammatoire dans le membre opéré. » Lorsqu'on abat cet animal : » Les parties qui avoisinent et recouvrent le tendon coupé sont à l'état normal. La peau n'est adhérente aux tissus sous-jacents que dans le point correspondant à la cicatrice. La gaine, mise à découvert, ne présente aucune solution de continuité et est uniformément blanchâtre. On sent à travers ses parois qu'elle renferme entre les bouts du tendon une substance qui en rétablit le volume et la continuité. » Cette substance, mise à découvert par une incision longitudinale faite à la gaine, offre les caractères suivants : Elle est d'une couleur rouge clair, d'une grande consistance élastique, et d'une couleur plus foncée à la partie centrale que dans les autres points. Elle renferme dans son intérieur un grand nombre de rayons ou de petites colonnes charnues, d'une teinte blanchâtre, qui vont s'insérer par leurs extrémités aux parois de la gaine et aux deux bouts du tendon coupé. L'adhérence de ces colonnes avec les deux extrémités du tendon d'Achille est très-solide, elle résiste à une forte traction. Les parois de la gaîne ne sont pas épaissies. La synoviale reste lisse et polie au-dessus et au-dessous de la substance interposée aux bouts du tendon. Ceux-ci ne présentent intérieurement aucune altération de vo- lume ni de texture, et sont éloignés l'un de l'autre de 4 1 centimètres. Au bout de vingt-quatre heures de macération dans l'eau, la substance nou- velle était décolorée et commençait à prendre un aspect réticulé. Exposée à l'air à plusieurs reprises pour la dessécher et à une température très-élevée, la pièce est tombée rapidement en putréfaction. » Dixième expérience. Jument anglaise. — Le tendon d'Achille du côté gauche fut coupé transversalement sous la peau, il se fit un léger suintement de sang par la plaie et l'animal put marcher en traînant la jambe. Au bout île trois jours il y avait du gonflement autour de la plaie; le gonflement augmenta et devint considérable. La jument était triste, se nourrissait mal et restait couchée. La plaie, qui s'était fermée, se rouvrit le huitième jour. Il en sortit du sang mêlé à du pus. Une large ulcération s'établit tout autour, et, par cette ouverture, s'écoulait du sang chaque fois que l'animal faisait ( 583 ) des efforts pour se lever. Enfin, la jambe acquit un volume énorme, la ju- ment, continuant à être plaintive et refusant toute nourriture, fut abattue. » La peau et la gaine étaient détruites dans une étendue égale à celle 14. L'analyse précédente est assez peu élégante ; et la symétrie des for- mules est détruite par la présence d'une variable particulière t, qu'il est très- (*) Lagrange, Nouveaux Mémoires de l' Académie de Berlin, 1772, p. 370. (**) Je ne parle poiul i< i de ma deuxième méthode, qui s'applique avec succès dans, cei tains cas, comme nn l'a vu. Mais on comprend qu'en général il serait éminemment antiphi- Insophiqiie de pi -étendre abaisser l'ordre d'une équation à IQ variables, en demandant d'inté- grer préal al fA>1 émets I (>(> équations du même genre. j *** ) Non ego îiie iminor(\b ). ( 59« ) . facile de ramener à jouer le même rôle que les autres. J'aurais pu démontrer directement tous ces résultats; j'ai préféré les rattacher à la théorie des équations de la dynamique, afin de bien montrer que le problème de l'in- tégration simultanée des équations aux différences partielles du premier ordre n'exigeait plus aucun effort d'invention, du moment que j'avais donné le moyen d'abaisser l'ordre d'un système d'équations de la forme canonique. » Si j'exposais synthétiquement toutes ces matières (chose qui parait assez peu utile depuis la publication de l'ouvrage posthume de Jacobi), je donnerais les choses essentielles en suivant un plan un peu plus simple que celui de réminent géomètre de Berlin. » Considérant d'abord le cas d'une équation unique aux différences par- tielles du premier ordre, j'écrirais cette équation sous la forme qui représente une équation quelconque entre n variables indépendantes et une fonction inconnue V. » En posant, d'après Lagrange, je ferais remarquer que l'équation (n) /(?•> q2,. .., qu; p, , p*,--, p„) = o donne l'une quelconque des dérivées partielles, pn par exemple, en Pond de toutes les autres et des variables indépendantes qt ■. » Je me proposerais ensuite de déterminer les n — i dérivées restantes, p\ , p2 ■> ■ • • "■> pri-t ■> c'e manière que l'expression p, dcj, -+- p.2 ct(j., 4- . . . -H pn dqn soit une différentielle exacte d\. » Le degré de généralité de la solution V ainsi obtenue dépendrait de celui des valeurs trouvées pour p% , pa ,,. . . , p„_, . Si ces valeurs renfermaient n — i constantes arbitraires, la fonction V serait une intégrale complète de l'équation (io), et nous pourrions alors considérer l'intégration comme entièrement effectuée. » lo. On voit que cette marche conduit à chercher entre les 2 « quantités /,,/>,. n — \ équations qui, jointes à l'équation donnée (n), permettenl ( 5

>■••> 7»î Pi , Pi,---, Pn) = O l'une de ces équations. » Je démontrerais facilement que la condition pour que cette équation soit effectivement une des relations cherchées (ou, si l'on veut, pour que les équations (10) et on ri dV d\ d\\ ' dq, dq, dq„J admettent une certaine solution commune), est exprimée par la relation (•4) (/,/,) = o. » Ce serait là mon théorème I. » 16. Il résulte de ce théorème qu'on peut substituer à l'intégration de l'équation quelconque (io), celle de l'équation linéaire (i/j), c'est-à- dire celle d'un système canonique d'équations différentielles ordinaires, si l'on se reporte à la plus ancienne théorie de l'intégration des équations linéaires, ainsi qu'à la signification du symbole (j\ J\). » Tel serait mon théorème II; c'est la réciproque du théorème de Jacobi (§1). » 17. Il ne resterait plus qu'à faire voir le parti qu'il y a à tirer, pour la simplification progressive du problème, de chacune des intégrales de l'équa- tion (i4) qu'on viendra à découvrir. La solution de cette question fournira le moyen de former, s'il y a lieu, l'équation qui donne les intégrales com- munes à deux équations simultanées, telles que (io) et(i3). » Ce serait lobjet du théorème III, celui que j'ai appelé fondamental. » 18. Après avoir établi ce théorème, on passerait à l'exposé métho- dique des propriétés de la forme hamiltonienne; on dirait enfin quelques mots des équations de la dynamique, pour rattacher ainsi ces équations, mais seulement d'une manière accessoire, à la théorie qui leur doit his- toriquement son existence. » Tel est l'ordre suivant lequel je coordonnerais les divers théorèmes relatifs aux équations différentielles partielles du premier ordre : leur en- semble constitue, à mon avis, l'une des théories les plus parfaites de tout le calcul intégral. » foutes les découvertes que je viens de résumer ont leur point de dépari dans la considération de l'intégrale complète, due à Lagrange, de cette inté- ( 593 ) grale qui contient des constantes au lieu de fonctions arbitraires, et qui, sous une forme extrêmement simple, remplit presque en entier les conditions de {'équation différentielle (Lagrange). » J'essayerai, dans une prochaine Note, de faire ressortir l'utilité de ces mêmes intégrales complètes, clans la théorie des équations du second ordre. Mais auparavant je veux encore donner ici quelques applications des mé- thodes précédentes. L'emploi de ces méthodes ne présente aucun intérêt dans le cas des problèmes ordinaires de mécanique. J'ai traité un grand nombre de ces problèmes dans mon Mémoire sur les mouvements relatifs, non encore imprimé en entier (*), malgré sa date déjà ancienne, par des circonstances indépendantes de ma volonté. L'intégration, quand elle est possible, s'effectue toujours sans aucun calcul, sitôt que l'on a formé l'équa- tion des forces vives : on n'a pas même besoin d'écrire les équations diffé- rentielles. Dans le cas des problèmes plus rebelles, tels que celui du pendule à l'équateur, j'ai pu donner avec une très-grande facilité la vraie solution rationnelle de cette question célèbre, c'est-à-dire le développement des in- tégrales en séries ordonnées suivant les puissances de la rotation de la Terre. Plutôt que de revenir ici sur ces questions, je préfère traiter un problème nouveau, celui des lignes géodésiques. J'intègre les équations différentielles de ces lignes dans un nombre indéfini de cas particuliers, chose qui doit paraître intéressante à ceux qui réfléchiront au petit nombre de problèmes dont nous possédons les intégrales finies. » hydraulique. — Note sur le mouvement des eaux dans la partie maritimt des fleuves; par M. Léchalas. [Analyse de ce travail par M. Combes.) (Commissaires, MM. Morin, Combes.) « M. Léchalas, ingénieur des ponts et chaussées à Nantes, présente à l'Académie un travail intitulé : Note sur le mouvement des eaux dans la partie maritime des fleuves. » L'auteur s'est proposé de déterminer les hauteurs d'eau et les débits qui ont lieu successivement, par suite des oscillations de la marée, dans une série de profils en travers de la Loire, entre Saint-Nazaire et Mauves, où l'influence de la marée cesse d'être sensible. Le débit à Mauves a été déter- (*) Voir l'extrait inséré aux Comptes rendus, t. XLII, p. 383, séance du 25 février i856. C. R., i86a, Ier Semestre. (T. LIV, N° 10.) 77 I 594 ) miné pour toutes les hauteurs du fleuve, et on suppose qu'il demeure indé- pendant des hauteurs variables avec la marée à l'aval. » Les profils du lit étant tracés et les hauteurs d'eau relevées en des points suffisamment rapprochés les uns des autres, dans la partie inférieure du fleuve,, on peut déterminer le volume compris entre deux de ces profils pour des hauteurs simultanées observées. Si les hauteurs sont mesurées de quart d'heure en quart d'heure par exemple, on calculera l'accroissement ou la diminution qu'aura subie, durant cet intervalle de temps, le volume com- pris entre deux profils, sans être obligé de recourir à des sondages pour con- naître la forme du lit dans la partie couverte d'eau aux deux époques. Connaissant ainsi d'une part le volume d'eau versé de la partie supérieure du fleuve, pendant un temps donné, dans le bassin compris entre le profil de Mauves et un profil inférieur, d'autre part l'accroissement ou la diminu- tion de l'eau dans ce bassin, durant le même temps, on en déduit le volume émis ou admis à travers le profil inférieur et qui constitue le débit positif ou négatif de ce profil pendant l'intervalle de temps considéré. » A la Note de M. Léchalas est jointe une feuille de dessins représentant les courbes des hauteurs observées et des débits calculés de la Loire, pen- dant la journée du 8-9 février 1860, à Nantes, à Saint-Nazaire et en plu- sieurs points intermédiaires. Le rapprochement des courbes des hauteurs et des débits relatives à un même profil voisin de la mer, tel que Paimbœui, montre que l'eau continue à couler de l'amont vers la mer, tandis que le niveau a déjà commencé à s'élever, et inversement à affluer de la mer, après que le niveau est déjà en voie d'abaissement. Ce sont des phases mixtes que l'auteur désigne par les expressions de flot-jusant et de jusant-flot, parce qu'il y a flot eu égard à l'exhaussement du niveau et jusant eu égard au débit, ou vice versa. » Le travail de M. Léchalas a été entrepris en vue de l'étude du tracé des digues de la basse Loire, et pourra fournir des données utiles pour la solu- tion pratique de cette importante et difficile question, a TECHNOLOGIE. — Tables portatives pour le calcul des terrassements, donnant la section prismatique des remblais et des déblais jusqu'à ta hauteur ou la pro- fondeur totale de 3o mètres, précédées d'un texte explicatif sur leur construc- tion, usage et applications diverses; par M. I.-E. Baptista. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Clapeyron.) « Les tables des terrassements que j'ai l'honneur de soumettre au juge- ( 595) ment de l'Académie sont construites sur une base différente de celles des tables qui sont généralement en usage. J'admets d'abord une distinction fondamentale entre les éléments de la formule du cubage des terres, les uns restant constants sur une grande longueur des alignements, et même dans une longue suite des opérations de terrassement, tels que la largeur de la route, l'angle du talus et la longueur des sections, ou la distance entre les deux plans des profils en travers consécutifs, que l'on prend à volonté quand il n'y a pas de raison spéciale pour établir des stations plus rapprochées, tandis que d'autres éléments, qui sont les cotes rouges correspondant aux profils, sont variables de l'un à l'autre point de démarcation des sections du tracé. » Les premiers de ces éléments entrent dans la formide pour des opéra- tions extrêmement faciles qui se réduisent à une simple addition et sous- traction, tandis que les termes formés des éléments variables sont des fonctions du deuxième ordre, dont le calcul est moins expéditif, surtout dans les travaux de campagne. Ces fonctions sont les aires de la section moyenne de la pyramide triangulaire tronquée comprise entre les plans des profils et des talus et la surface naturelle du sol. Ce sont ces aires qui sont données par les tables en fonction de deux arguments formés chacun de la cote respective additionnée d'une grandeur constante. » La formule du terrassement est V = Z5(S-ca), où S représente la section moyenne de la pyramide comprise entre les plans des talus et des profils en travers, V la portion de cette pyramide comprise entre le plan de la route et la surface du terrain, / la longueur de ces deux figures ou la distance horizontale entre les deux plans de profil, et 0 le coef- ficient du talus ou la projection horizontale de sa ligne de plus grande pente pour i de hauteur. Étant donnée la largeur k de la route, la distance verti- cale c de son plan à la ligne de jonction des plans des talus, qui lui est parallèle, est immédiatement connue par l'équation du triangle isocèle A = 7.cd; cette ligne c, que j'appelle le complément des cotes, étant addition- née à chacune des cotes rouges, qui sont elles-mêmes les distances verticales de la route au terrain prises sur le plan de la directrice, on a les deux hau- teurs totales a et b, qui sont les arguments des tables, de manière que l'aire donnée par ces tables a pour valeur S=l^{a2-hab + b2). 77- ( 59« ) » Les tables étant ainsi restreintes uniquement à la dépendance des con- ditions variables du terrain et indépendantes des conditions techniques, subissent une réduction considérable dans leur étendue, tout en conser- vant la facilité de l'usage qui est indispensable à ce genre de tables, et la possibilité de leur extension au delà des limites adoptées, qui sont de 'io métrés pour chacun des arguments. » La variation des arguments est de i décimètre, et les aires se trouvent exprimées en décimètres carrés. Lorsque les dimensions sont prises en cen- timètres, un procédé assez simple conduit à évaluer, par les mêmes données des tables, lés aires en centimètres carrés et le volume exact jusqu'aux cen- timètres cubes. » On trouve dans le texte explicatif qui précède les tables, exposée avec détail, la méthode des différences employée pour leur construction. Ces différences formant toujours des progressions arithmétiques dans quelque direction qu'on les considère, j'ai donné la préférence à celles qui présentent les nombres entiers dans l'ordre de la série naturelle, ce qui donne une facilité remarquable à la formation de la table des différences qui doit pré- céder la table définitive des aires. » Le dernier article du texte s'occupe spécialement de la correction que les arguments tabulaires doivent subir avant d'être employés, lorsque les cotes sont prises sur un terrain incliné dans le sens latéral; on y trouve la démonstration de ce que le coefficient de cette correction est la décante d'un angle dont le sinus est égal au rapport des tangentes des angles de la pente et du talus. Il en résulte que la correction peut s'opérer à l'aide des tables trigonométriques ordinaires; néanmoins j'ai ajouté une table donnant les coefficients de correction pour les talus les plus usités et pour les pentes de terrain comprises entre o et 45°, établissant pour la détermination des pentes le procédé de M. Élie de Beaumont dont j'ai cherché à fixer le degré de précision. » BALISTIQUE. — Sur le mouvement d'un projectile dans l'âme d'un canon rayé; par M. Gorlof. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Piobert, Morin.) « Dans les recherches très-remarquables sur la balistique intérieure, faites par des géomètres et des artilleurs éminents, on supposait toujours l'âme du canon parfaitement lisse, le projectile sphérique ou d'une forme ( 597 ; quelconque et se mouvant! librement dans l'âme (*). Maintenant que ces canons sont moins en usage et que les canons rayés sont généralement adoptés, on peut se proposer de rechercher de quelle manière le mouve- ment du projectile se modifie par l'action des rayures. » Dans l'âme d'un canon rayé, le projectile pendant toute la durée de son mouvement presse par ses ailettes la surface du flanc directeur des rayures, par conséquent de la part de cette surface il éprouve à chaque instant une résistance qui, comme la résistance d'une surface quelconque, se compose d'abord d'une réaction normale et en second lieu d'une force tangentielle, c'est-à-dire du frottement, qui est dirigé dans le sens opposé au mouve- ment. » Je considère d'abord le cas des rayures à courbure uniforme. » La surface du flanc directeur de ces rayures est une surface réglée gauche, dont l'équation est y cosaz -+- x si n az = R ; a = — > h désignant le pas de l'hélice; R est le rayon du cylindre auquel les génératrices de cette surface sont toujours tangentes. » Ces deux paramètres sont connus pour un canon donné. » Les cosinus des angles que la normale à cette surface fait avec les axes seront cosfP, y) „ cos(P, x) ecos9 rnsrr = — ^ J ' , cosfi = ====== t COS7 = y/i +/>Icos29 s/ 1 -+- p2 cos- 6 y7' -+-/jjcos26 ar=— ; r est la longueur du rayon mené dans le plan d'une section transversale quelconque du centre de cette section au point milieu m du flanc di- recteur; 5 = angle (P, r), où P est la génératrice de cette surface prise dans la section considérée; 0 et p sont des constantes connues. » La direction de la tangente à l'hélice que décrit le point m est donnée (* ) Le frottement dû à la pesanteur et la résistance de l'air pendant le trajet du projectile dans le canon sont généralement négligés, vu l'extrême petitesse de leur action, comparée à telle de la poudre, et on n'en tiendra pas compte dans ce Mémoire. ( 598) par les expressions d* pcosjaz -t-y) dy _ psin(az + y) dz _ où ç> est l'angle constant des deux rayons r et R. » Pour le point m relatif à la rayure opposée, il faut changer les signes devant les expressions de cosa, cosjS, — et -~ » Établissons les équations du mouvement du projectile sollicité par les forces qui lui sont appliquées; ces forces sont : F, force de la poudre appliquée au centre de gravité du projectile et dirigée suivant l'axe des z, c'est-à-dire l'axe du canon ; N pression normale et — /N frottement, appli- quées en chacun des points m et m', ces points étant le lieu de contact des ailettes avec la surface du flanc directeur. En appliquant les formules géné- rales, on trouve pour le mouvement du centre de gravité du projectile M— = F-îN - ' -4- :jL 1 dt \\/i+p'eos>Q y/i -+-W et pour la rotation du projectile autour de l'axe des z _ 2 dut m / cos0 fp \ dt Vvi -(-/j'cos'e s/'+W Éliminant N entre ces deux équations, on trouve d'abord, en remarquant V que w = — > „ _ rfV ïmp' y% -hp's/i ■+■ p'cos'6 dt >"■ cos9 v^i +/»' —fp\Ji -hpÀcos20 et enfin (A) [m + ~m?'' (pC°*° V^f* + f^1 + P' Ç0sl\"] —fp Vn-^'cos'eyJ dt » C'est l'équation définitive qui régit le mouvement de translation du projectile dans l'âme d'un canon rayé dont les rayures ont une courbure uniforme. Le facteur de — étant un nombre abstrait, si on représente ce nombre par M', l'équation prend la forme M' — - = F. dt ( 599 ) » On voit donc que cette équation a la même forme que celle qu'on trou- verait pour un projectile de masse M', se mouvant dans un canon à àme lisse, toutes les autres conditions du tir, savoir : le calibre, la longueur d'âme et la charge, restant les mêmes. » Ainsi la question proposée se trouve résolue. Le mouvement de trans- lation d'un projectile dans l'âme d'un canon dont les rayures ont uue cour- bure uniforme est identique avec le mouvement d'un projectile sphérique dans le même canon, mais à âme lisse, toutes les conditions du tir restant les mêmes, la masse seule de ce projectile devant être augmentée suivant la loi indiquée par l'équation (A). On voit aussi que tous les résultats de la balistique intérieure trouvés pour les canons à âme lisse, restent rigou- reusement applicables aux canons rayés ; de plus, si le moment d'inertie 2mp2 est connu, on pourra, pour déterminer les vitesses initiales relatives aux canons rayés, faire usage des tables employées actuellement pour les canons lisses. » Nous ne nous occuperons pas dans cet extrait de la manière dont M' varie quand on fait varier les quantités 6 et h dont elle dépend; ces variations résultent immédiatement des formules trouvées précédem- ment. » Si la courbure des rayures n'est pas uniforme, on trouve dans le cas /•' le plus simple, celui de h = —, c'est-à-dire celui où le pas de l'hélice dimi- nue en raison inverse de la distance du point considéré à la base, fr/ ,g*cos2 mètres au-dessus de La mer; ce sommet domine le Cramont de 80 mètres environ et se trouve dans une position plus favorable pour reproduire le pano- rama. » Le deuxième panorama, composé de douze épreuves, est pris duCor- nergrat, au-dessus de Zermatt; il est compris dans un angle de il^f et repré- sente la chaîne du mont Bose depuis le Bothhorn et les Cabelhôrner jus- qu'au Sti ahlhorn sur une longueur de 53 kilomètres environ du nord-ouest au nord-nord-est. Le point de station est à 3i 36 mètres au-dessus de la mer. Les nombreux glaciers et les amas de neige cjui entourent le sommet du Cornergrat répandent sur tout le panorama une lumière à la fois diffuse et éblouissante qui augmente beaucoup les difficultés i\u travail photogra- phique. ( 6o3 ) » Le troisième et le quatrième panorama sont tous deux pris de la Gugel, du même point de station, 2707 mètres au-dessus de la mer, et em- brassent toute la circonférence, depuis les cimes du mont Rose jusqu'aux sommets de l'Oberland Bernois, cachés par le brouillard au fond de la vallée de Saint-Nicolas. Ces panoramas ont été pris en deux jours; mais dans les deux opérations l'appareil ayant été placé au même point et de la même manière, les deux vues sont un seul et même panorama et leur raccord n'of- frirait aucune difficulté. Le troisième panorama va du nord-nord-est au sud-sud-ouest, est compris dans un angle de 2o8°3o', se compose de dix épreuves et représente le Rothhorn, le glacier de Findelen, les massifs du Gornergrat, du Riffelhorn, du Riffelberg, quelques sommets de la chaîne principale du mont Rose jusqu'au mont Cervin. » Le quatrième panorama va du sud-sud-ouest au nord-nord-est, est compris dans un angle de 1680, se compose de huit épreuves et représente les chaînes secondaires du mont Rose qui dominent les étroites vallées de Zermatt et de Saint-Nicolas, depuis le Grand-Cervin jusqu'au glacier de Fin- delen. » La série des vues de détails reproduit : La vallée de Zermatt, différents sommets de la chaîne du mont Rose, une grande vue du Riffelhorn, les glaciers de Gorner, du Rreithorn, du Petit-Cervin, de Sainte-Théodule, de Furgge, de Z'mutt, etc., les vallées d'Aoste, de Courmayeur, le val Véni, le glacier de la Brenva, le val Fei'ret, les environs de Barberine, la vallée de Bérard, les détails du Cirque de Bérard, le Buet, les Fiz, etc. Une légende explicative et les épreuves réduites des panoramas complètent l'album. » M. Élie de Beaumoxt présente, au nom de M. Chas. T. Jackson, un « Manuel d'éthérisation, contenant des instructions pour l'emploi de l'é- ther, du chloroforme et autres agents anesthésiques, et de plus un histo- rique de la découverte de l'anesthésie ». Et au nom de M. Laucjel une « Note sur l'âge des silex et des grès dits ladères » . M le Secrétaire perpétuel signale encore, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : Un Mémoire de Météorologie agricole de M. Pouriau : « Comparaison de la marche de la température à l'air et dans le sol à diverses profondeurs ». La première livraison d'un « Prodrome de Géologie », par M. A. Vezian. 78- ( 6o4 ) Enfin un programme du prix Rklilzki , prix que l'Académie de Saint- Pétersbourg décernera pour la première fois en 18G4, et à partir de cette époque de quatre en quatre années. Ce prix est destiné à encourager l'étude sur les parties centrales du sys- tème nerveux. GÉOMÉTRIE. — Sur les surfaces développables du cinquième ordre par M. L. Cremoxa. « I. Les résultats très-importants que M. Chasles a récemment commu- niqués à l'Académie, m'ont porté à la recherche des propriétés des surfaces développables du cinquième ordre. J'ai l'honneur d'énoncer ici quelques théorèmes qui ne me semblent pas dépourvus d'intérêt. » En premier lieu, toute surface développable du cinquième ordre est de la quatrième classe et a : i° une génératrice d'inflexion; 20 une courbe cuspidale du quatrième ordre, ayant un point stationnaire; 3" une courbe double du deuxième ordre. » 2. Soit 2 une développable du cinquième ordre; C sa courbe cuspi- dale; a le point stationnaire de C; b le point où cette courbe gauche est touchée par la génératrice d'inflexion de 2; c le point où cette génératrice perce le plan osculateur de la courbe C en a ; d le point où le plan station- naire, c'est-à-dire osculateur en b à la même courbe, est rencontré par la génératrice de 2 qui passe par a. On a ainsi un tétraèdre abcd, dont les faces acd, bcdet les arêtes ad, bc sont respectivement deux plans tangents et deux génératrices de la développable 2. Ce tétraèdre a une grande im- portance dans les recherches relatives à cette développable ( 1 ). » 5. Une génératrice quelconque de 2 rencontre une autre génératrice delà même surface; nous dirons conjuguées ces deux génératrices situées dans un même plan. De même on dira conjugués les plans qui touchent 2 tout le long de ces génératrices ; et conjugués les points où ces mêmes droites sont tangentes à la courbe C. » La droite qui joint deux points conjugués de C passe toujours par le point fixe c. Le lieu de cette droite est un cône S du second degré, qui est doublement tangent à la courbe cuspidale C. (1) M. Cayley fait mention de ce tétraèdre dans son Mémoire: On the developable sur- faces, etc. (Camb. and Dub. Math. Journal, vol. V, p. 52.) ( 6o5 » Le plan qui contient deux génératrices conjuguées de I enveloppe le même cône S. » Deux génératrices conjuguées de 2 se rencontrent toujours sur le plan ùxeabd. Le lieu du point d'intersection est une conique R, la courbe double de la développable donnée. » La droite intersection de deux plans (tangents à 2) conjugués est tou- jours tangente à la même conique K. » Les plans menés par ad et, respectivement, par les couples de points conjugués de C forment une involution, dont les plans doubles sont acd et abd. » La génératrice d'inflexion bc est rencontrée par les couples de plans (tangents à 2) conjugués en des points, qui forment une -involution, dont les points doubles sont b et c. » 4. Ces propriétés donnent lieu au système de deux figures homoio- giques-harmoniques dans l'espace. Un point p, pris arbitrairement dans l'espace, est l'intersection de quatre plans tangents de 2; les quatre plans conjugués à ceux-ci passent par un même point p'. La droite pp passe par le sommet c du tétraèdre abcd et est divisée harmoniquementpar c et par le plan abd. » Un plan quelconque P coupe C en quatre points; les quatre points conjugués à ceux-ci sont dans un autre plan P'. La droite PP' est dans le plan fixe abd; et l'angle de ces plans P, P' est divisé harmoniquement par le plan abd et par le plan mené par c. » Ainsi nous avons deux figures bomologiques-harmoniques : c est le centre d'homologie; abd est le plan d'homologie. D'ici on conclut, en particulier : » Les points de la courbe C (et de même les plans tangents de 2) sont conjugés deux à deux barmoniquement par rapport au sommet du cône S et au plan de la conique R. » 5. Le plan stationnaire bcd coupe la développable 2 suivant une co- nique R' qui passe par b, d et touche, en ces points, les droites bc, de. La conique double R passe a, b; ses tangentes, en ces points, sont ad, bd. Donc : » Toute développable du cinquième ordre est l'enveloppe des plans tan- gents communs à deux coniques R, R' ayant un point commun, pourvu que l'une d'elles R soit tangente, en ce point, à l'intersection des plans des deux courbes. » Le cône S' qui a le sommet au point a et passe par la courbe gauche ( ( 6o6 ) est du second degré. Les plans acd, abc sont tangents à ce cône le long des arêtes a<7, ab. De même, les plans bcd, acd sont tangents au cône S le long des droites bc, ac. D'ici l'on conclut : » La courbe cuspidale d'une développable du cinquième ordre est tou- jours l'intersection de deux cônes du second degré S, S', ayant un plan tan- gent commun, pourvu que la génératrice de contact pour l'un des cônes S soit la droite qui joint leurs sommets. » 6. Il y a des surfaces de second ordre, en nombre infini, qui sont in- scrites dans la développable du cinquième ordre 2. Toutes ces surfaces sont tangentes à !a courbe C en b, et ont entre elles un contact stationnaire en ce point. Chacune de ces surfaces contient deux génératrices conjuguées de 2 (5) et est osculatrice à la courbe gauche C, aux points de contact de ces généra- trices. » La courbe C est située sur un nombre infini de surfaces du second ordre qui ont entre elles un contact stationnaire au point a dans le plan acd. Cha- cune de ces surfaces contient deux génératrices conjuguées de 2 et a un con- tact de second ordre avec cette développable dans chacun des plans qui lui sont tangents le long de ces génératrices. » Donc, par deux génératrices conjuguées de 2 passent deux surfaces de second ordre, dont l'une est inscrite dans la développable 2 et l'autre passe par la courbe cuspidale C. Nommons associées ces deux surfaces de second ordre. » Deux surfaces associées out en commun, outre les deux génératrices conjuguées de 2, une conique dont le plan passe par bc. Le lieu de toutes ces coniques est une surface T de troisième ordre et quatrième classe qui passe par la courbe gauche C. » Deux surfaces associées sont inscrites dans un même cône de second degré, dont le sommet est sur ad. Tous ces cônes enveloppent une surface T' de troisième classe et quatrième ordre qui est inscrite dans la dévelop- pable 2. » 7. Tout plan mené par la droite ad rencontre C en un seul point m. autre que a. De même, d'un point quelconque de bc on peut mener un seul plan tangent à 2, autre que le plan stationnaire bcd. » On entendra par rapport anharmonique de quatre points m,, ;/?2, ms, m de C celui des quatre plans ad(mn m,, ;w3, m,), et par rapport anharmo- nique de quatre plans tangents M,, M2, M3, M, de 2 celui des quatre points fo(M,,M2,M3, M4). » Cela posé, on voit bien ce qu'on doit entendre par deux séries Iwmo- ( . S. 39 — en oc c --^ :- -=■ — 1 - § ) * tn ot s» •-•> o c ::• c c ■o :,-• - en u; v O V z tr u z Ln c Z ' ~ O C çji o o o O o CJ* 5 f --■-'- _. _-: -^~ M tn*C X»J (_n - i UWO ■-t OC X ce oc te - *o -t- w o - OS a: X s 1 - tn-o «O o o t- o CJ1 Ln-j -o O w »o £ 1 -< z o , _ ■ _ Ui o -■ - O m - tJi " ; U»U1 o o o u» V C-'' / > « " o c s E » • 33 ^1 x.1 v( vj vl *.l -..1 -J «O -O -^J «- 1 Cï*J "-1 *0 -J ^J ---oocoooooo-^ocoo- - .: ; - oc ui w w k; - c y: a oc r>— *.cc en w ~~ Zf. Z - -J C OC - OS OJ - '-' ; z ;oocoz os o c - > z W — - O L-î Ci-o -o -J ^) - .i -i O - O O - O O - 1 -O vj *.i «o -o -J -^1 *0 -O -O *0 Cî»-] «O -O f*J «■ 1 '«O __ — coooooooo^sooo — - — w a - ». es ttf m - o x 7. - x --i tn ce u1 u - ^1 ^1 Ci-^J vlvlVl^l o o o o o o o o GS M GS-O -O CS tO Î3 y^J O -C — J OS O C: 3 — r: - SB RI m es oi yau - oj o—o co.oo oocoooooaco os»- 1 s O Ci Ui C/> gg-s » S- s HBWZZB2ZR»Oi'ÏOZ»ZWSZ W Z ^(azwbzrbz- ÏC ^;t- ; ; xz s z m O Zl'ZZZZ» O _» m o _. - z et - - 2 c « c 9 S S * O f» 5 s ; Çh -i C Ç 3, 5 ; g = Z ï S g =S r.i » ». 5 « S -• » C - S • V y C") r~. ~ V n - -i '■.■ o' s s: O D - es — - *. -1 rs z • - ^ ';, ■s » 5 ■; -^ o pp 93 r Z- r er -■ r JT — — ; = - = = s - - n -. - -. -. o o on' en si Z ^ û2.i =>^ = £ - ;- 2. t> îï E ETÏ -5 =5 8 to- Z : I w- z m o > H f! o p e H e w U) 0) n o o c «i (A n U) a „ c 0 > -■ e J» - S w o 3 — * 2 D F g s 3 '. * M J- 5" 2 z 3 H - S. 0 * W 7 - , CL S n" S = z. 3 ï. -.- HJr? 09 » z~ H » „ 13 fis £ ~ c ■o ,, ï. en 11 0 <*- D 7' n, 9 r e ° a 3 sr 4 0 f £ 3 fO "3 O «5 5 II u u A — 3 3- •a - u te c Cl 10 ri us eo 'S M M aï i- !/) ai C a ■■•a H H ■s H * a c « H a > E ri 3 Z H*; «S M H m (A P o u H «1 n H O H 9 tf O H « < = < o ■3 a CD ■/ PS S ^ s a =5 .£ ~ > _s « © c © 5 5- 'z 2 2 I « M 3 « o 1 S 8 j £ ||s = z — -"ce"3 — -= — < f •M .■ — » *3 s « e © o o = 1 S O •a s a. *'s II 3 » 1 1 a s s | e £ | S: | ■§ 1 § .§ S 'g s s s -3 -3 — £_ Q, — o r3 -a ° _ -> «W— 53-3 & "3 « «-3-3-3 si1: s a % 6 î | Il O £ û. 3 H » S . *- .5 « « O m -/) us •- O « .^■0„mœl'-a^a)-*'0«»c« «» S « E £ — 1- 3 - ÎU ~~ — L*LL®aa«0c°.'-ï — — S 0 u cl il u u u Û"D us ^* ta es '— '5 ^ w « '— t7 "— ra '— '© '5 '— a a n — n '5 'a ra w " . a » « ■ |S SI li oh 1» c; a; z z;'B «"& S'a z; & «a. ft cw ft E 0. 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Scheuker-Kestxer. " Dans une précédente communication, j'ai déterminé la composition de l'azotate ferrique cristallisé, que j'ai représenté par la formule FeT,6Azô!Q64-i8HsÔ. « Depuis lors M. Wildenstein (i) a publié les analyses qu'il a faites, d'un azotate ferrique ne contenant que 12 molécules d'eau Fev,6AzOs06 + I2Hîô. » M. Ordway (a), de son côté, dans un travail étendu sur les sels des sesquioxydes, fait mention du même composé, ne contenant que 6 molé- cules d'eau Feï'6AzÔ2064-6H2O. » Ces trois formules exigeant des quantités d'oxyde ferrique très-diffé- rentes", il n'était pas possible de confondre ces composés, et les recherches suivantes ont été entreprises dans le but de déterminer dans quelles condi- tions se forment ces différentes cristallisations. » Le sel à 18 molécules d'eau avait été obtenu par le refroidissement de la dissolution directe du fer dans l'acide azotique Ces cristaux ne s'j forment immédiatement que dans le cas où elle est exempte de sels basiques qui entravent la cristallisation. » Pour obtenir des cristaux avec une dissolution basique, il faut l'ame- ner à un degré déconcentration plus grand en l'évaporant sous une cloche 1 tournai fur Praktische Chemie, LXXXIV, p. 243. 2) American Journ. Sillim. (2 , LXXVII, p 197. ( 6.5 ) au-dessus de l'acide sulfurique. Mais dans ce cas, comme précédemment, on n'obtient que les mêmes prismes incolores à 18 molécules d'eau. » Lorsque, au contraire, on évapore la dissolution de l'azotate ferrique à une douce chaleur, de manière à la sursaturer, et qu'on l'expose au froid, elle abandonne une masse cristalline, qui est incolore lorsqu'elle est dé- barrassée de l'eau mère, et est composée d'azotate ferrique cristallisé ne contenant que i molécules d'eau Fevl6Azô206+ arPÔ. » Cette formule exige en centièmes : Trouvé. ("aïeule. Fe ii ,87 21 ,53 Az 16, 10 16, 18 » Le liquide séparé de ces premiers cristaux abandonne au bout de quel- que temps des prismes incolores formés par de l'azotate ferrique, contenant, comme celui analysé par M. Wildenstein, 12 molécules d'eau. » La formule Fev'6Azô206-t-i2H5© exige : Trouve. I. II. Calcule. Fe i5,8o 1 5 ,44 16,00 Az 11,88 11,66 12,00 Eau 3i ,00 3i,5o 3o,85 » L'azotate ferrique cristallise donc généralement avec 18 molécules d'eau; mais dans le cas où la dissolution a été évaporée au bain-marie, on obtient des cristaux qui ne contiennent que 12 et même seulement 2 molé- cules d'eau. Dialyse 'de l'azotate ferrique. » Les remarquables expériences de M. Graham sur la séparation et la purification des subslances qu'il a appelées colloïdales, au moyen de la force osmotique, ont démontré que la dissolution de l'hydrate ferrique dans le chlorure du même métal pouvait être transformée en une dissolution d hy- drate ferrique presque pur dans l'eau. L'action du dialyseur sur l'azotate ferrique fournit des résultats analogues; tandis qu'il est assez difficile de sursaturer l'acide azotique avec de l'hydrate ferrique, et que la dissolution { 6i6 ) de l'hydrate n a heu que fort Lentement, on peut, en employant la méthode de M. Graham, obtenir très-facilement des dissolutions ne contenant plus que 4 molécules d'acide azotique sur 10 d'oxyde ferrique lorsqu'on part de l'azotate contenant deux fois autant d'hydrate ferrique, que le sel neutre. L'azotate ferrique neutre est lui-même décomposé par la membrane; le liquide intérieur devient de jour en jour plus basique, tandis que le liquide extérieur se charge d'un mélange d'azotate neutre et d'acide azotique. Une dissolution d'azotate ferrique neutre introduite dans le dialyseur contenait au bout de trois jours (>o,3 parties d'oxyde ferrique sur ioo d'acide azo- tique, tandis que le liquide extérieur ne contenait que 35,6 parties d'oxyde sur 100 d'acide. L'azotate neutre en contient 4ç)38 pour ioo d'acide azotique. » CHIMIE ORGANIQUK. — Sur la préparation de quelques élhers sulfurés; par M. E. Baidrimont. « On sait que l'éther éthv lchlorhydrique ou chlorure d'éthyle sert a la préparation d'un certain nombre déthers sulfurés. Ainsi, en faisant réagir ce corps sur différents sels en dissolution alcoolique, tels que le sulfure de potassium, le sulfhydrate de sulfure de potassium, le sulfocyanure de potas- sium et le sulfocarbonate de sulfure du même métal, on obtient, par double décomposition, l'éther éthylsulfhydrique G8 H,0S3, le mercaptan ou suif- hydrate de sulfure d'éthyle G* H° S2, l'éther éthylsulfocyanhydrique G6 H5 AzS2 = C4 H5, G2 AzS2, et l'éther éthylsulfocarbonique ou sulfocar- bonate de sulfure d'éthyle C'° H'0S6 = C8H,0S\ C2S*. » Mais, soit à cause de l'extrême volatilité du chlorure d'éthyle, soit pour toute autre raison, son emploi n'est pas très- productif pour la préparation des éthers précédents. J'ai eu l'idée de lui substituer l'éther éthyliodhy- drique ou iodure d'éthyle, qu'on peut obtenir aujourd'hui si aisément, dont le maniement est beaucoup plus commode et dont les réactions sem- blent plus promptes et plus faciles. Par exemple, pour préparer l'éther éthylsulfhydrique, je dissous ioo grammes de potasse caustique fondue, «lins 5 fois son poids d'alcool à 88°, et divisant la dissolution en deux par- ties égales. Je sature l'une d'elles par du gaz suif hydrique jusqu'à relus, et I v ajoute alors l'autre partie de la solution, de manière à n'avoir que du monosulfure de potassium K.S. Je place alors cette solution dans une cornue bouchée à l'émeri de plus de i litre de capacité, et munie de son récipient, qu'on doit entourer de glace ou d'eau très-froide. J'ajoute ensuite au liquide ( 6*7 ) de la cornue 5o grammes d'iodure d'éthyle en bouchant promptement celle- ci. La réaction est très-vive, et la chaleur produite est quelquefois assez forte pour volatiliser une partie du sulfure d'éthyle qui s'est formé par dou- ble décomposition. Aussi est-il souvent nécessaire de modérer l'action chi- mique, en plongeant la panse de la cornue dans de l'eau froide. On voit l'iodure de potassium formé se déposer au fond de la liqueur. Lorsque le liquide s'est suffisamment refroidi, on l'additionne d'une nouvelle dose de 5o grammes d'iodure d'éthyle en prenant les mêmes précautions. On fait encore deux additions successives de cet éther (i) avec les mêmes soins; puis on procède à la distillation au bain -marie, jusqu'à ce que le liquide qui passe ne blanchisse plus l'eau. On met alors le produit distillé dans un flacon avec 5 ou 6 fois son volume d'eau. On agite vivement, puis on aban- donne au repos; l'éther éthylsulfhydrique se rend à la surface du liquide, tandis que l'alcool qui avait été entraîné avec lui reste dans la liqueur aqueuse. On jette le tout dans un entonnoir à robinet qu'on recouvre dune plaque en verre, afin d'empêcher la volatilisation de l'éther; ensuite, lors- que l'eau s'est bien séparée de ce dernier, on ouvre le robinet pour qu'elle s'écoule, de manière à ne retenir que le liquide éthéré qu'on fait ensuite tomber dans un flacon contenant quelques fragments de chlorure de cal- cium. On agite pour enlever l'eau que pouvait retenir le sulfure d'éthyle, et on rectifie enfin celui-ci en le plaçant dans un appareil distillatoire chauffé au bain-marie, vers 73°. » On obtient ainsi en très-peu de temps de l'éther éthylsulfhydrique très-pur, représentant en poids le quart de l'éther éthyhodhydrique em- ployé. » Ce procédé offre deux avantages : i° celui de donner du sulfure d'éthyle en abondance et très-promptement ; a° celui de rendre tout l'iode à l'état d'iodure de potassium, dont on peut extraire facilement le métalloïde avec lequel on refait de l'iodure d'éthyle, etc. » En substituant à la solution alcoolique de monosulfure de potassium celles du sulfhydrate de sulfure du même métal KS, HS, et en faisant réagir sur cette dernière de l'iodure d'éthyle avec toutes les précautions indiquées précédemment, on obtient le mercaptan éthylique C* H6 S2, avec une extrême facilité. (1) 5o grammes chaque fois, en tout 200 grammes, c'est-à-dire un peu moins de 1 équi- valent, afin de laisser dans la liqueur un excès de sulfure de potassium pour être bien cer- tain d'avoir détruit tout l'iodure d'éthyle. C. R., 1862, 1" Semestre. (T. LIV, N° 10.) 80 ( 6i3 ) ■> L'iodure d'éthyle, eu réagissant à chaud sur une solution alcoolique de sulfocyanure de potassium, donne, par le même procédé, le sulfocyanure d'étliyle C4H5,C2AzS2. Seulement, comme ce produit est à peine plus dense que l'eau (1,02) dont il se sépare assez difficilement, on devra, pour le lavage, substituer à l'eau pure l'emploi d'une dissolution concentrée de sel marin qui force le sulfocyanure d'éthyle à venir promplement à la sur- face du liquide. Pour le reste, on opère comme précédemment, en obser- vant toutefois que l'éther éthylsulfocyanhydrique n'entrant en ébullition qu'à 1460, c'est d'abord l'alcool qui distille : l'éther ne passe dans le réci- pient qu'en dernier lieu. » Enfin, en saturant de sulfure de carbone une solution alcoolique étendue de monosulfure de potassium, et faisant réagir sur elle, à l'aide de La chaleur, l'iodure d'éthyle, il se fait du sulfocarbonate de sulfure d'étln le C8 TI'° S2, C2 S* qu'on sépare de la solution en lui ajoutant cinq ou six fois son volume d'eau. L'éther, plus dense, va au fond du vase; on le décante et on le rectifie au chlorure de calcium et par distillation vers 24°° (' ■ comme il a été dit précédemment. L'éther méttn liodhydrique se comporte exactement comme son homologue l'éther éthyliodhydriqne, vis-à-vis' des sels sulfurés cités plus haut, mais à la condition qu'on dissoudra ceux-ci dans Y alcool mélhylique et non dans l'alcool éthylique ; car, en présence de ce dernier, l'éther méthyliodhydrique semble produire des réactions com- plexes, en donnant peut-être deséthers sulfurés mixtes : c'est ce que j'aurai à examiner plus tard. On peut donc, en prenant la précaution que je viens d'indiquer, obtenir le sulfure de méthyle, lemercaptan methylique, le sul- focyanure de méthyle et le sulfocarbonate de sulfure de méthyle. Il en serait sans doute de même pour les produits sulfurés de la série amylique et des autres séries correspondantes. » MÉCANIQUE. — Sur un héliostat nouveau; Noie de M. Duboscq. « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie des Sciences un nouvel jjé- liostat, que je viens de construire d'après les indications qui m'ont été don- nées par M. Léon Foucault. » Cet instrument a spécialement pour objet d'exécuter dans les condi- tions d'une extrême stabilité les fonctions nécessaires pour diriger d'une manière précise des miroirs de très-grande dimension. (/) Tous ces Piliers doivent être rectifiés à la température de leur point d'ébullition. ( 6ig ) » L'héliostat, tel qu'on l'a construit jusqu'à ce jour pour les besoins de la physique, n'agissait utilement que sur un faisceau lumineux de 6 à 8 cen- timètres de diamètre; du reste, on n'exigeait pas que le rayon réfléchi gardât une direction absolument fixe, et pourvu que les écarts restassent contenus dans les limites de l'angle solaire, les expériences se poursuivaient avec régularité Aujourd'hui, pour les démonstrations de l'enseignement public comme pour les applications variées de l'astronomie et de la pho- tographie, il devient indispensable d'opérer sur une plus grande quantité de lumière, de recueillir de larges faisceaux et de les fixer aussi long- temps que possible dans une direction déterminée. » De tous les héliostats connus, le plus facile à mettre en position, celui qui résout le problème de la manière la plus générale et la plus élégante, est sans contredit l'héliostat de M. Silbermann. En plaçant son miroir au centre des mouvements et en prenant les points d'appui sur deux arcs ex- térieurs et concentriques, M. Silbermann a donné à son héliostat la propriété de passer dans bien des positions inabordables à tous les autres instruments du même genre. Mais ces avantages, que tout le monde a sentis, n'ont pu se concilier avec la nécessité de supporter et de faire mouvoir un pesant miroir. Il fallait donc recourir à une autre disposition. » Dans le nouvel instrument que je mets sous les yeux de l'Académie, le miroir métallique, qui n'a pas moins de 3o centimètres de long sur i5 de large, a pour support une colonne verticale sur laquelle il repose par l'in- termédiaire d'un disque qui rappelle en tout point le miroir circulaire de lhéliostat de S'Gravesande. Ce disque est, en effet, suspendu par deux tou- rillons diamétralement opposés, et il est mis en mouvement par l'action d'une aiguille horaire sur une tige normale fixée à son revers; le miroir ap- pliqué sur ce disque, et qui le déborde de tous côtés, peut tourner dans son propre plan autour de leur centre commun, et comme il importe qu'à tout instant sa plus grande dimension coïncide avec le plan de réflexion, on sa- tisfait à cette condition en prolongeant en arrière l'aiguille directrice et en engageant sa deuxième extrémité dans une coulisse fixée au revers du mi- roir suivant le sens de sa plus grande longueur. L'aiguille directrice, la queue normale du disque et la coulisse du miroir forment ainsi un triangle rectangle incessamment compris dans le plan de réflexion et dont l'hypo- ténuse a une longueur invariable; l'aiguille directrice représente le rayon incident, et le rayon réfléchi est figuré par la ligne qui passe à la fois par le point de croisement de l'aiguille avec l'axe horaire et par le centre du disque. 80.. ( 6ao ) cette ligne est égale aux deux moitiés de l'aiguille et partage le triangle rec- tangle eu deux isocèles égaux. » Le centre principal de l'instrument est le point où l'aiguille conduc- trice du miroir croise l'axe horaire qui lui donne le mouvement. Pour dis- poser à volonté de la direction du rayon réfléchi, il suffit de faire mouvoir sphériquement le centre du disque autour de ce point central. Dans ce but, on prend comme centre fixe de tous les mouvements un autre point situé plus bas dans la projection verticale du centre principal, on rattache à ce point la base de la colonne du miroir par une bielle de longueur invariable, et en vertu du parallélogramme ainsi formé, on peut déplacer la colonne en tous sens, et par ce moyen diriger le rayon réfléchi sans altérer la distance des centres. » Le reste de l'instrument ne présente rien de particulier; l'axe horaire est mis en mouvement par un rouage d'horlogerie, son inclinaison fixe est adaptée d'avance à une localité donnée; en cela on a suivi l'usage des con- structeurs d'instruments astronomiques. L'aiguille directrice du miroir se met à la déclinaison du jour au moyen d'un demi-cercle gradué armé d'une pinnule et monté sur un centre réel. « Pour mettre l'instrument en fonction, la marche à suivre est exacte- ment celle qui a été recommandée à l'occasion de l'héliostat de M. Silber- mann. Des quatre conditions à remplir qui consistent à mettre l'instrument dans le méridien et à la latitude du lieu, à l'heure et à la déclinaison du jour, il suffit que deux quelconques soient primitivement satisfaites pour qu'on puisse généralement remplir les deux autres en s' aidant de la pinnule montée parallèlement à l'aiguille directrice. » En résumé, on voit que le nouvel instrument est caractérisé par deux particularités qui dans les héliostats déjà connus ne se rencontraient qu'à l'exclusion l'une de l'autre. En premier lieu, le miroir pose d'aplomb sur une colonne verticale inflexible, capable de supporter un poids considé- rable; en second lieu, le miroir de forme allongée s'oriente spontanément suivant le plan de réflexion, de manière à se projeter dans le sens favorable au faisceau réfléchi. » M. Wolf, en adressant de Zurich le n° XIII de ses « Communications sur les taches solaires », rappelle qu'il a précédemment envoyé pour la hiblio- thèque de l'Institut les quatre volumes de ses « Biographies pour servir à l'histoire de la civilisation en Suisse», et qu'il n'a pas reçu d'accusé de réception. ( 6a i ) « Si l'ouvrage n'était pas parvenu à l'Académie, dit M. Wolf, je le re- gretterais d'autant plus qu'elle y aurait trouvé des Notices historiques sur un assez grand nombre de savants qui lui ont appartenu comme Membres étrangers ou Correspondants. » L'ouvrage de M. Wolf est parvenu à sa destination, mais depuis peu et bien longtemps après la Lettre qui en annonçait l'envoi. M. Gosset adresse un Mémoire imprimé ayant pour titre : « Le blé, le pain » et prie l'Académie de se faire rendre compte de cette publication. L'Académie, d'après une décision déjà ancienne, ne peut renvoyer à l'exa- men d'une Commission un ouvrage imprimé. Mais M. Gosset présentant, dans la Lettre qui contient cette demande, des considérations qui peuvent être de nature à intéresser les auteurs d'un Rapport récent sur la question de la panification, M. Chevreul, rapporteur de cette Commission, est invité à en prendre connaissance. M. Pisani adresse une Note sur la Rascolite de Monroe (État de New- York). M. H. Sainte-Claire Deville est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoir si elle doit être renvoyée à une Commission. La Société d'Emulation des Vosges annonce l'envoi de la 3e livraison du t. VIII de ses Annales. Madame veuve Farnaud demande et obtient l'autorisation de reprendre des Tables de logarithmes dressées par feu M. Farnaud, son mari, Tables qui, présentées l'an dernier à l'Académie, n'ontpas été l'objet d'un Rapport. A 5 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B. Ô22 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 1. Académie a reçu dans la séance du 17 mars 1862 les ouvrages don! voici les titres : Eloges historiques tus dans les séances publiques de l'Académie des Sciences; par M. P. Flourens; IIIe volume. Paris, 1862 ; in-12. Album photographique, contenant différentes vues du mont- Blanc et du mont Rose ; par M. Civiale; 72 dessins, format atlas. Eludes médico-psychologiques sur la folie; parie Dr A. Sauze. Paris, 1862; ni-8°. De la chorée; par le Dr E. Quantin. Dijon, i85cj; in-8°. Le code des jeunes mères ; par le Dr A. Caron. Paris, i85g ; in-8°. Projet de révision de l'ordonnance du 20 juin 1842; par le même. Pans 1862; br. in-8°. (Ces deux ouvrages sont destinés par l'auteur au concour s pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1862.) Le blé, le pain; appel au bon sens, à l'opinion publique; par M. P. Go.SSET. Paris, 1862; in-4°- De la fabrication comparée du noir d'os et de divers autres produits, par te système des fours habituellement employés et par le four à cornues de M. Brison ; par M. Gaultier de Claubry. Paris, 1862; demi-feuille in-8°. Annales de la Société d'Émulation du département des Vosges. T. X, 3e ca- hier, 1860. Épinal, 1861 ; in-8°. Dictionnaire français illustré et Encyclopédie universelle; 1 35e et 1 36e livr. Paris, 1862; in-4°. Prodrome de géologie; par Al. VÉZIAN ; ire livraison. (Introduction et livre Ier.) Paris, 18G2; in-8°. Météorologie agricole; comparaison de la marche de la température à l'an el dans le sol à diverses profondeurs (2e Mémoire); par M. A. -F. Pouriau. Paris, 1862; in-8°. \ oie sur l'âge des silex et des grès dits ladères, par M. A. LAUGEL. (Extrait du Bulletin de la Société géologique de France , séance du 16 décembre 1861.) Tn-8". A Manual... Manuel d'étliérisation : institutions pour (emploi de l'éther. du chloroforme et autres «<)ents anesthésiques par inhalation; précédé dun historique de la découverte de l'anesthésie ; par Chas. T. Jackson. Boston, 1861 ; in-12. Mittlieilungen... Communications sur les taches du Soleil; par le Dr Ru- dolf Wolf. In-8°. ( 6a3 ) Uber glauben... Sur la foi et la science, considérations piésenlees à l'oc- casion d'un programme scientifique. Bâle, 1862; in-8°. Physiologie; Extraits et fragments. Bâle, 1862; in-8°. M. Reuille, en adressant ces deux ouvrages, annonce que le second, qui est écrit en français et qui contient des recherches sur la formation des êtres organisés, se rattache au premier, qui est écrit en allemand. (Renvoi à la Commission du prix de Physiologie expérimentale.) Memorie.. . Mémoires de l'Institut I. R. vénitien des Sciences, Lettres et Arts. Vol. X. Venise. 1861; in-40. Atti... Actes de l'Institut I. R. vénitien des Sciences, Lettres et Arts (novem- bre 1861-octobre 1862); t. VII, 3e série, 2e livraison. Venise, 1861-1862; in-8°. Atti... Actes de l'Institut R. lombard des Sciences, Lettres et Arts Vol. II, fasc. 19 et 20. Milan, 1862; in-/j°. ERRATA. (Séance du i3 janvier 1862.) TomeLIV, paye 101, ligne 19, au lieu de E 2°N, lisez E20°N. Page ie.4, ligne 12, au lieu de au-dessus, lisez au-dessous. Page 107, dernière colonne verticale du tableau, au lieu de 58,4*3, lisez 88,4*> (Séance du 10 février 1862.) Page 246, ligne 32, au lieu de Paterne, lisez Paterno. Page 247, ligne 37, au lieu de anneaux, lisez ouvreaux. Page 249, ligne 3, au lieu de l'âge de la fissure, lisez l'axe de la fissure. Page 25 1, ligne i3, au lieu de l'activité minime, lisez l'activité minima. (Séance du 17 février 1862.) Page 329, ligne i5, au lieu de anneaux, lisez ouvreaux. Page 338, dans la note (1), au lieu de il ne reste, lisez il n'y existe. Page 33g, ligne 3i , au lieu de de résumer, lisez à résumer. (Séance du 3 mars 1862.) Page 478, ligne 18, au lieu de en ces deux points, lisez en deux points. Page 480, ligne 22, au lieu de est remontée de 5o mètres, lisez est remontée sur une lon- gueur de 5o mètres. (Séance du 10 mars 1862.) Page 572, ligne 2 en remontant, au lieu de défense, lisez dépense. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 24 MARS 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Après la lecture du procès- verbal, M. Velpeait dépose sur le bureau les remarques suivantes qu'il avait faites de vive voix dans la séance du 17 sur le Mémoire de M. Jobert de Lamballe, concernant la reproduction des lendoiis. « Avant qu'il ait donné ses conclusions, je demande à soumettre quel- ques remarques à M. Jobert, eu égard à ce qu'il vient de dire sur la repro- duction des tendons. » Deux doctrines principales régnent à ce sujet dans la science. » L'une, en faveur de laquelle semblent plaider les expériences de notre collègue, veut que le tendon nouveau résulte de la transformation, de l'or- ganisation du sang épanché entre les deux bouts et dans la gaine de l'organe divise; l'autre attribue le phénomène à l'hypertrophie, à l'exsudation d'une lymphe plastique, à la raréfaction, à l'imbibition, puis à la reconstitution de tous les éléments du tendon, sous l'influence de sa propre enveloppe, qui joue alors relativement au tendon le même rôle que le périoste relative - ment aux os. u La première rentre dans l'ancienne théorie de Hunter sur la transfor- mation du sang hors de ses voies naturelles. Ses partisans, au point de vue de la ténotomie, sont encore nombreux. Un de ceux qui l'ont le plus vive- ment défendue, M. d'Ammon de Dresde (dont la science déplore la perle récente), se fonde sur des expériences piesqueen tout semblablesà celles de M. Jobert: expériences sur des chevaux, sur des moutons, sur des chiens, ele. . et cependant il n'a point entraîné la conviction générale. C. I',., 1KG2, ier Semestre. (T. UV, iV 11 ) "• ( 626 ) » Les observateurs modernes objectent que le tait est absolument impos- sible, que le sang épanché, coagulé hors de ses voies naturelles, a cessé de vivre, est un corps étranger, inerte, tout à fait incapable de se revivifier, de s'organiser, en un mot que la doctrine de Huuter est fausse de tous points sous ce rapport. » On le voit, il s'agit là d'une grande question d'histologie et de patho- génie. Avec l'idée de Hunter, idée que de mon côté j'ai défendue, propagée depuis i83o, on s'explique l'origine d'une foule de maladies, de tumeurs, de produits morbides. » Je devrais donc voir avec bonheur l'appui que lui apporte en ce mo- ment M. Jobert. Mais, comme dans les sciences, qu'elle plaise ou non, c est la vérité qui importe, je dois avouer que les arguments opposés à cette doc- trine sont très-sérieux et d'une grande force : ainsi, pour le cas actuel, ses antagonistes peuvent soutenir que dans une ténotomie bien faite sous la peau, sans destruction de la gaine, avec repos complet du membre immé- diatement après l'opération, il n'y a point de caillot, que le caillot est un ac- cident, et que la résorption, la disparition s'en effectuent graduellement, à mesure que le travail plastique de la gaine avance et se complète, qu'on s'en est laissé imposer par des apparences, par des observations incomplètes; aussi me suis-je rangé à l'autre théorie de l'année 1 83g en ce qui concerne les sections ou les ruptures de tendons. » Etant persuadé que ces difficultés vont surgir de nouveau à l'encontre des expériences de M. Jobert, je me permets de les lui rappeler, afin qu'il les discute, qu'il les détruise ou qu'il y réponde à l'avance. » « M. Le Verrier offre à l'Académie le tome XVI des Observations faites à l'Observatoire impérial de Paris, la cinquième livraison des Cartes éclip- tiques, et annonce la découverte du compagnon de Sirius, faite à Cambridge (Amérique). » Le tome XVI de nos Annales (série des Obsemalions), dit M. Le Verrier, comprend les observations faites en 1860. La forme est la même que dans les années précédentes. » Les observations méridiennes faites a la lunette et au cercle sont ré- duites el amenées à l'état où elles peuvent être utilisées dans les recherches théoriques. Nous donnons les positions moyennes des étoiles fondamentales et les lieux du Soleil, de la Lune et des planètes. Les positions ainsi con- clues sont comparées aux éphémérides du Nautical Almanac, et en outre ( 6a7 ) pour le Soleil, Mercure et Vénus, à mes propres Tables. Voici un court extrait de ces comparaisons moyennes : Correction du Nautioal. Planètes. Date moyenne. Le Soleil. Mercure. Vénus. . . Mars. . . . Cérès. . . Pallas. . . Junou. . . Jupiter. . Saturne. . Neptune. ier mai 5 septembre.. 10 juillet 8 août 23 novembre, 12 novembre. 28 juillet 25 mars 21 mars 16 octobre. . . Ascension droite. + 3';, — 7>2 — 15,5 ■+-*7»4 +37,8 — 15,9 + 7»5 + io, o — 12,7 — 9>2 Distance polaire. 0,2 — 3,5 —21,1 — 16,3 — 2,8 — i»i 4- 4.' — 12,7 + 3,6 » Les petites planètes Hygie, Uranie, Olympia, Erato, Danaé, Euterpe, Amphitrite, Euphrosine, Psyché, ont été observées à l'équatorial. Ce service a reçuen 1861 un grand accroissement, comme on le verra dans le volume suivant. » Les observations météorologiques ont été suivies avec une grande régu- larité. Sur 2562 heures d'observation, deux seulement ont été omises par erreur. » La déclinaison de la boussole a été observée toute l'année, quatre fois par jour. » Les nouvelles cartes de l'Atlas écliptique construit, comme on le sait, par M. Cftnrornac, sont les suivantes : h n l h m Carte n° 5 I . 20 à I .40 contenant 2092 étoiles » n° 6 1.40 à 2. O » 1810 v • n° 4i l3.20 à i3.4o » 1 3go >• » n° 49 16. 0 à 16.20 » 2490 » u n° 52 17 . 0 a 17 .20 M 2178 » .. n° 62 20.20 à 20.40 » 3760 » Total des étoiles 13720 » On remarque le grand nombre des étoiles contenues dans la carte n° 62, dans un carré de 5° de côté. ■> On sait que l'ascension droite de l'étoile Sirius est affectée d'une varia- tion périodique, d'où Bessel avait conclu à l'existence d'un astre satellite de 81.. ( 628 ) Sirius. Ce satellite vient d'être découvert à l'observatoire de Cambridge, aux États-Unis, par M. Clark, à l'aide d'une lunette de 18 ], pouces d'ouverture. La révélation de l'existence d'un instrument de cette puissance, signalée par une aussi belle observation, est un grand fait astronomique. » M. Foucault a construit, pour l'Observatoire impérial de Paris, un grand télescope à miroir de verre argenté, et dont l'ouverture est de om, 80 (29 pouces). Aussitôt que cet instrument, dontj'entretiendrai prochainement l'Académie, eut reçu une installation provisoire, il y a trois mois environ, on le dirigea sur Sirius avec l'intention d'en rechercher le satellite supposé. Mais on ne parvint qu'à établir trop bien que les impuretés du ciel de Paris ne permettraient jamais de tirer un parti sérieux des très-grands instruments. Dans cette situation, je proposai à M. le Ministre de l'Instruction publique d'autoriser l'Observatoire de Paris à se constituer une succursale dans le Midi, et l'Académie apprendra sans doute avec satisfaction que Son Excel- lence a accueilli ce projet. a Les choses en étaient là lorsque nous avons connu la découverte de M. Clark. De nouvelles recherches ont été essayées. Or le 20 mars, à 7''i5m du soir, le ciel étant devenu exceptionnellement calme pendant quelques instants, M. Chacornac a tout à coup aperçu le satellite de Sirius. Comme la lumière éclatante de Sirius et ordinairement ondulante à l'excès, s'était exceptionnellement condensée, le satellite se*voyait à première vue. Ce qui établit que la difficulté qu'on avait rencontrée jusque-là tenait bien aux impuretés du ciel et aux ondulations de l'atmosphère, et non à l'instrument. » M. Chacornac a trouvé le 20 mars que le satellite de Sirius est éloigné de 10", 4 de l'étoile principale, et que l'angle de position est de 83". Cet angle est sans doute assez exact, malgré la difficulté qu'on a de faire de telles mesures avec un instrument monté allazimnthalement. » zoologie. — Sur le bras d'un Plésiosaure de l'aiyile de bimmeridge dv Ble- ville, au pied no:d du cap la Hève, près le ffavt'e; j>ar RI. A. Y.xi.i.x- CIENNÏS. » J'ai présenté au mois de juin de l'an dernier une tète restituée de l'Ich- thyosaure. J'ai donné les raisons qui m'ont fait considérer celte grande et belle tête comme étant celle d'une espèce nouvelle de ce singulier genre de reptiles. » l'ius lard, au mois de novembre, j'ai reçu de la même assise, le kiinme- ridge de Bleville, au pied nord du cap la Hève, le sphénoïde, le basilaire, ( 629 ) l'occipital latéral, probablement de la même espèce d'Ichthyosaure, mais provenani d'un individu beaucoup plus grand. » Ces différentes pièces fossiles ont été trouvées à l'époque des grandes marées par M. Lennier, conservateur du musée du Havre. » Le même naturaliste, chercheur infatigable, m'a communiqué depuis, avec d'autres pièces très-intéressantes de tortues que je montrerai plus tard à l'Académie, lorsqu'elles seront dégagées de l'argile qui les cacbe encore, des os que j'ai considérés comme des parties du bras d'un Plésiosaure. « Je les mets sous les yeux de l'Académie. » Ces grands reptiles ont été découverts par le savant géologue anglais M. Conybeare. Il a cru, dès les premières observations, que le Plésiosaure est plus voisin des Sauriens que l'Ichthyosaure dont sir Everard Home avait méconnu les affinités. M. Conybeare a exprimé cette pensée juste, en ap- pelant ces nouveaux vertébrés du nom de PLÉSIOSAURES. Les dents sont for- tement implantées dans les alvéoles des maxillaires, et moins nombreuses que celles des Ichthyosaures, qui ont les dents sans alvéoles dans une gout- tière gencivale. » Les os que je présente sont un humérus long deoD',33, et large à la base de om,i8, dont la forme naturelle est aplatie. Il offre quelques rugosi- tés près de la tète. » J'ai ensuite à montrer un cubitus long de om,oo, sur o'",io de large; plus un radius un peu plus étroit, long de om,a, sur om,oo,5 de large ) Il y a encore cinq os du carpe et un certain nombre de phalanges qui ont peut-être appartenu à trois doigts. » Il est assez difficile de distinguer l'humérus du fémur dans ces reptiles, de même les deux os de l'avant-bras de ceux de la jambe. » Je les ai déterminés en comparant nos os avec ceux d'un des squelettes fossiles de Lyme-Iïegis envoyés par M. Conybeare à M. Cuvier. » Il ne faut pas oublier que M. Cuvier n'avait pas encore reçu le squelette que M. Conybeare lui a offert, et que la figure des ossements fossiles a été copiée sur celle de M. Conybeare. D'après ce dessin, il y aurait sept os au carpe, et un pisiforme écarté ou déplacé. Il en manque encore deux d;ui^ notre exemplaire. » Il faut porter son attention sur lastructure tabulaire de ces os. Les os de nos squelettes ne sont pas assez dégagés de l'argile qui les renferme pour faire voir les curieux détails que je montre aujourd'hui. » C'est peut-être le Plesiosaurus recenlior de M. Conybeare, qui provenait comme celui-ci de l'argile du kimmeridge. ( 63o ) » Déjà M. Cuvier faisait remarquer la grande variété de ces reptiles en terminant le chapitre des Ichthyosaures et des Plésiosaures, qui est le der- nier de son ouvrage. » Il ajoute que son ouvrage ne sera peut-être qu'un léger aperçu, un premier coup d'œil jeté sur les créations des temps anciens. Les recherches de feu notre confrère M. Blainville, et celles de MM. l'abbé Croizet, Lartet, Boblaye, de M. Gaudry et de nombreux géologues ou voyageurs plus récents, semblent déjà justifier la justesse des prédictions de notre illustre maître. » ASTRONOMIE. — Sur les nouvelles Tables des planètes intérieures ; par M. Faye. « Ayant eu récemment l'occasion d'exposer dans une publication pé- riodique les progrès récents de l'Astronomie, je ne pouvais manquer de mentionner les travaux de M. Le Verrier sur les quatre planètes les plus voi- sines du Soleil. Plus tard, j'ai réfléchi qu'un Membre de l'Académie était en quelque sorte comptable envers elle de ses opinions scientifiques, au moins pour les travaux qui se produisent publiquement dans son sein : émettre ail- leurs, sans réponse possible, des opinions où pourrait percer une nuance de critique, ce serait s'arroger en quelque sorte le droit de prononcer ex cathedra, alors que nous nous bornons ici au droit de simple discussion : j'ai donc pensé qu'il serait juste et convenable de vous soumettre ces vues, qui d'ailleurs pourront n'être pas inutiles à la science. » Pour construire les Tables d'une planète, on compare les observations avec une éphéméride basée sur des Tables provisoires; on forme ainsi un certain nombre d'équations de condition entre les erreurs de ces Tables et les diverses inconnues qu'il s'agit de déterminer, à savoir les corrections des éléments provisoires de l'orbite et celles des masses provisoirement assi- gnées aux planètes perturbatrices. » On savait déjà, par les travaux antérieurs de Delambre, de Burckhardt et surtout du baron de Lindenau, que si, au lieu de traiter une planète isolé- ment, on considérait le groupe de plusieurs planètes voisines, par exemple celui des quatre planètes intérieures, on arrive, relativement aux masses, à des discordances singulières; mais, comme les inégalités périodiques de ces quatre planètes sont très-petites, comme leurs inégalités séculaires n'avaient pu, à l'époque dont je parle, se développer suffisamment (depuis les observations de Bradley, qui servent de point de départ obligé), on n'accordait pas une grande valeur à ces discordances. D'ailleurs le développement analytique de toutes ces inégalités laissait à désirer en ( 63. ) t'ait de rigueur ou d'étendue; on citait çà et !à quelques fautes de détail; bref il y avait lieu de reprendre cette grande question, en se fondant à la fois sur des calculs plus sûrs et sur des séries d'observations plus prolongées. » Or M. Le Verrier, qui s'est voué depuis longtemps à ces grands travaux, a rencontré finalement la même difficulté que ses devanciers, c'est-à-dire des contradictions entre les conditions relatives aux masses per- turbatrices. Les unes exigent, par exemple, qu'on augmente notablement la masse de Vénus; d'autres exigent qu'on la diminue quelque peu; mais il y a cette différence qu'on ne peut désormais imputer les contradictions à de simples fautes de calcul et de réduction, ou à l'insuffisance des développe- ments théoriques. Il y avait donc lieu d'espérer que l'examen de ces résultats contradictoires amènerait quelques conséquences intéressantes pour la science. » Examinons celles qu'en a tirées M. Le Verrier, et, pour y voir plus clair, fixons particulièrement notre attention sur la difficulté la plus carac- téristique et la plus grave, celle qui se présente dans la théorie de Mercure. Les passages de Mercure sur le Soleil ont fourni la plus belle et la plus longue série d'observations que possède l'astronomie moderne; cette série s'étend de Gassendi et d'Hévélius jusqu'en 1848, sur un intervalle de plus de deux siècles. Rappelons ici qu'il y a deux sortes de passages, ceux de mai et ceux de novembre, correspondant à deux régions à peu près opposées de l'orbite de la planète. Or il se trouve que ces deux séries ne s'accordent pas complètement. Dans ses premiers travaux sur Mercure, M. Le Verrier avait représenté très -bien les passages de novembre, mais il laissait subsister des erreurs notables dans ceux de mai. Cette fois l'emploi de Tables plus exactes pour le Soleil lui donne plus de confiance : au lieu d'éluder le désaccord, il l'aborde de front. » C'est qu'en effet la contradiction pourrait n'être qu'apparente, et pro- venir uniquement des restrictions qu'on s'était imposées tout d'abord. En traitant, au contraire, comme des inconnues distinctes et indépendantes les variations séculaires des éléments, ainsi que l'avait fait M. Lindenau, on trouve effectivement que le mouvement théorique du périhélie doit être augmenté de 3c)", et, à cette condition, on satisfait aux passages de mai sans altérer la représentation déjà si exacte des passages de novembre. Quand on se place au point de vue du savant auteur, il ne me paraît pas possible d'éviter cette conséquence : elle ressort des équations de condi- tion tout aussi légitimement que les corrections d'un élément quelconque. » Mais une augmentation de 3g" dans le mouvement séculaire du péri- ( G3a ) hélie entraîne une augmentation correspondante dans les masses de Vénus et de la Terre (i), tandis que d'autres conditions, déduites des observations de Mars, de la Terre, de Mercure même quand on n'y considère que les inégalités périodiques, exigent au contraire une légère diminution dans la niasse attribuée à Vénus. Que faire donc ? A moins d'admettre des effets sans cuise, il faut bien que la masse perturbatrice due à ces 39" se trouve quel- que part, et puisqu'elle ne peut être ajoutée aux planètes connues, c'est qu'il faut la chercher en dehors de ces planètes. » Cette singulière question répond à une phase remarquable dans l'his- toire de l'astronomie. Ce n'est pas la première fois qu'elle apparaît. Nous en avons vu un premier exemple dans la discussion des ascensions droites de Sirios, où Bessel a reconnu l'action perturbatrice d'un satellite qu'on n'avait pas vu jusqu'alors, satellite dont M. Peters a d'avance calculé l'orbite; cette hypothèse vient d'être brillamment vérifiée par une toute récente découverte américaine. Nous en avons vu un second exemple dans l'étude des mouve- ments d'Uranus et dans la célèbre découverte de Neptune. Auparavant, en construisant les Tables d'une planète, on disposait sans scrupule des masses voisines; si les résultats étaient discordants, on se contentait d'en prendre la moyenne d'après quelque règle toujours un peu arbitraire. Aujourd'hui les discordances deviennent à la fois plus certaines et plus sensibles; l'on est bien forcé de s'y arrêter, et l'on vient de voir combien leur étude a été jusqu'ici féconde. » Où donc se trouvent les masses perturbatrices dont les passages de mai nous indiquent l'existence en dehors des planètes voisines? Où se trou- vent celles qui impriment au nœud de l'orbite de Vénus et au périhélie de Mars un mouvement un peu trop rapide? Par une de ces coïncidences heu- reuses dont les sciences nous offrent tant d'exemples entre les résultais de recherches totalement indépendantes les unes des autres, la réponse à cette question en apparence si vague peut être assez nettement circonscrite. » Il v a quinze ans nous ne connaissions que quatre petites planètes entre Mars et Jupiter et leur masse insignifiante était à bon droit négligée dans tous les calculs. Depuis, des découvertes faites coup sur coup ont porté a soixante et onze le nombre de ces astéroïdes, sans que la masse totale en soil devenue plus importante; mais elles ont suggéré l'idée qu'une quantité i) Si on rapportait tout à la masse de Vénus, il faudrait l'augmenter de { environ; oh retomberait alors sur la masse antérieurement déterminée par M. de Lindenau f , „' envir»"i par tm procédé semblable. ( 633 ). non négligeable de matière jusqu ici inaperçue pourrait bien se trouver ains; disséminée en petites masses très-nombreuses dans les intervalles planétaires : il suffirait que le nombre de ces petites planètes s'élevât à cinquante ou soixante mille pour que leur action se fit sentir, à la longue, sur les planètes voisines, non par des perturbations périodiques, mais par des inégalités séculaires comme celles qui nous occupent. 11 est donc à présumer que l'excès du mouvement du périhélie de Mercure est dû à un anneau d'asté- roïdes circulant entre cette planète et le Soleil, à moins qu'il ne s'explique par l'action d'une planète plus grosse où la masse éparpillée d'un pareil anneau se trouverait concentrée. » Voilà l'hypothèse sous sa double forme; je me suis loyalement efforcé d'en faire ressortir les côtés favorables ; j'ajoute qu'elle a de brillants précé- dents et de plus qu'elle représente parfaitement les observations actuelles. M. Le Verrier n'a pas hésité à l'introduire dans ses Tables, c'est-à-dire à employer pour le périhélie de Mars, le nœud de Vénus et le périhélie de Mercure, des mouvements incompatibles avec les masses qu'il a lui-même adoptées pour la Terre et pour Vénus. » Mais, quand on a recours à une hypothèse, il ne suffit plus de repré- senter très-bien les observations actuelles; là ne se bornent pas les exi- gences de la science : il est de règle, en astronomie du moins, que toute hy- pothèse doit être vérifiée directement. Qu'une hypothèse, en effet, s'adapte aux faits pour lesquels elle a été imaginée, il n'y a rien là de bien probant; si elle ne jouissait pas au moins de cette propriété-là, ce serait un non-sens. Il faut de plus qu'elle soit vérifiée dans un ordre de faits beaucoup plus étendu que celui qui l'a suggérée, ou dans quelque conséquence aussi directe que possible. Et comme nous ne pouvons attendre des siècles pour former notre opinion (je ferai remarquer que le dernier passage de Mercure est ici hors de cause, parce que c'est un passage de novembre, tandis qu'il nous faudrait au moins un passage de mai), nous sommes bien forcés de nous rabattre, comme dans le cas de Sirius ou d'Uranus, sur une vérification di- recte. La seule d'ailleurs qui se présente consisterait à faire voir au ciel la masse ou les masses perturbatrices circulant à l'intérieur de l'orbite de Mercure. » Aussi avons-nous été vivement émus quand on est venu nous dire que le Dr Lescarbault avait vu passer sur le Soleil une planète inconnue située au delà de Mercure. C'eût été là pour la science un nouveau triomphe d'au- tant plus étonnant qu'il avait été préparé sur des indices bien fugitifs, el, sans plus hésiter, nous l'avons salué de nos applaudissements. Mais la dé- C. R., 1862, i" Semestre. (T. LIV, N° 11.) ^2 ( 634 ) couverte de M. Lescarbault ne s'est pas confirmée; cherchée partout, aux époques indiquées, dans les observatoires des cinq parties du monde, la pla- nète nouvelle n'a été revue par personne ; elle est rentrée, pour le moment du moins, dans la catégorie de ces apparitions énigmatiques dont la science possède bon nombre de cas dans les limbes de ses archives. Alors on a in- sisté sur l'hypothèse, d'un anneau d'astéroïdes semblables à ceux qui cir- culent entre Mars et Jupiter. Mais, sous cette nouvelle forme, la question de vérification directe se reproduit avec la même force. Des astéroïdes d'une vingtaine de lieues de diamètre, que nous voyons briller au delà de Mars, avec le faible éclat des étoiles de i Ie grandeur, nous apparaîtraient, dans la région de Mercure, comme des étoiles de 5e au moins, et, plus près encore du Soleil, à la distance de 0,19, comme des étoiles de 3e à 4e grandeur. De pareils astres, concentrés en grand nombre autour du Soleil, ne sauraient donc échapper à nos recherches dans le crépuscule, ou, mieux encore, dans l'obscurité des éclipses totales. On n'a encore rien découvert; à l'occasion de l'éclipsé du 18 juillet 1S60, le P. Secchi a cherché, mais sans succès. » A la vérité, nous avons la ressource de supposer que les astéroïdes in- fra-mercuriels sont plus petits que lesplus faibles des planètes situées au delà de Mars. Pourquoi ne seraient-ils pas aussi petits que les aérolithes qui cir- culent, dit-on, dans la région de la Terre? Alors il serait inutile de les cher- cher, car, d'après l'hypothèse même, ils échapperaient à toute tentative de vérification directe. » Sans doute, mais alors aussi l'hypothèse prendrait un caractère parti- culier qu'il importe extrêmement d'examiner avant de l'introduire dans la science. » Ce qui saute aux yeux tout d'abord, c'est l'élasticité que revêt une sem- blable hypothèse du moment où on lui enlève l'indispensable garantie d'une vérification directe. Il n'y a aucune raison, en effet, de ne pas distribuer des anneaux de matière invisible, continus ou discontinus, partout où le besoin s'en fera sentir, partout où des discordances se manifesteront, pourvu que celles-ci soient plus ou moins réductibles à une certaine forme, et, sur -ce- dernier point, il semble que la brièveté du temps qu'embrassent les obser- vations actuelles offre quelques facilités. De là un cachet d'arbitraire que les astronomes n'accepteront, pas aisément. Avant de s'y résigner, ils vou- dront prendre l'hypothèse à ses débuts, afin de voir si elle a bien réellement le caractère de nécessité qu'on est porté tout d'abord à lui attribuer en li- sant les savantes discussions de son auteur. « Allons donc au point capital, c'est-à-dire aux passages de mai. Ces ( 635 ) passages sont très-peu nombreux les observations extrêmes sont in- complètes; enfin l'intervalle qu'elles comprennent se réduit à 92 ans, parce que l'auteur a mis de côté les observations antérieures à 1753, celle d'Hévélius en 166 r notamment, qui porterait l'intervalle à près de deux siècles. Les mesures d'Hévélius n'ont certainement pas le même poids que l'observation des contacts eux-mêmes, mais les premiers travaux de M. Le Verrier sur Mercure nous avaient appris à les considérer comme très-bonnes. Elles auront au moins pour nous la valeur d'un ren- seignement. » Cette observation de 1661 donne lieu au rapprochement suivant : s'il est vrai de dire que de 1848 à 1753 les équations de condition pour les passages de mai présentent des écarts qui varient progressivement de — 1" à -f- 12" (1), il est singulier que dans le siècle précédent, de 1753 à -1661, il n'y ait plus trace de cette variation. » Or toute la question est là : les 39" ajoutées au mouvement théorique du périhélie, l'alternative où l'auteur nous place d'augmenter outre mesure (de i) la masse de Vénus ou de chercher hors des planètes connues la masse nécessaire pour produire l'effet susdit, tout repose, en dernière ana- lyse, sur cette variation de i3" indiquée par les rares passages du dernier siècle, mais contredite par une observation du siècle précédent. Si, au lieu de rejeter l'observation d'Hévélius qui semblait si bonne d'après les pre- mières Tables de M. Le Verrier, on consentait à l'introduire dans le calcul^ le résultat cesserait d'être excessif, car la correction relative au mouvement du périhélie se trouverait réduite de moitié, et les observations, sans être représentées avec une rigueur que leur petit nombre rend peut-être illu- soire, léseraient pourtant beaucoup mieux que dans les premières Tables de M. Le Verrier. Quand il suffit d'admettre ainsi ou de rejeter une seule ebservation, primitivement reconnue bonne, du moins a posteriori, pour faire varier le résultat du simple au double, et pour réduire la correction nécessaire de la masse de Vénus de y à -j^, est-il bien nécessaire de recourir a une hypothèse? •> Il y a plus : si l'on tenait absolument à obtenir pour les passages de 1753 a 1848 une précision sensiblement égale à celle des nouvelles Tables, il suf- firait de combiner, avec cette augmentai ion de masse de -fa pour Vénus, celle de fa pour la Terre qu'exigerait le mouvement du périhélie de Mars, car alors le mouvement du périhélie de Mercure tel qu'il résulterait de ces (1) Comptes rendus : séance du i3 janvier 1862, p. 84- 82.. ( 63G ) mêmes passages, à l'exclusion des mesures de i66r, n'excéderait que de 10", et non plus de 38", la valeur théorique du même élément. » Je dois dire que le savant auteur, pour satisfaire à d'autres conditions, voudrait diminuer cette masse de Vénus au lieu de l'augmenter. C'est ce que semblent exiger en effet les obliquités de l'écliplique observées depuis Bradlev, les inégalités périodiques de la longitude de la Terre et de Mercure lui-même, produites par Vénus, et, en partie du moins, les rares passages de cette dernière planète sur le Soleil. Mais, en revanche, les latitudes de Vénus et surtout l'excès du mouvement du périhélie de Mars exigent aussi une augmentation de masse : en appliquant dans la théorie de Mars les deux corrections que nous employions plus haut pour Mercure (jj et rfe), l'excès inexpliqué se réduirait de a", 35 à o",38 (1). » On le voit donc, s'il y a des raisons contre, il y a aussi des raisons pour ; les passages de Mercure ne sont pas seuls à réclamer cette double augmen- tation des masses de la Terre et de Vénus qui feraient disparaître à la fois toutes les difficultés qui ont suggéré l'hypothèse, et quand on jette un coup d'œil d'une part sur les valeurs successives que les masses de ces planètes ont reçues depuis cinquante ans, d'autre part sur les erreurs assez faibles des Tables où on les a employées, on répugne à croire qu'il y ait là une véritable impossibilité. » M. Le Verrier insiste néanmoins sur l'inconvénient qu'il y aurait à augmenter de -^ la masse de la Terre; il faudrait alors augmenter de -^ la valeur actuellement reçue pour la parallaxe du Soleil. On pourrait faire remarquer à ce sujet que cette augmentation de la parallaxe répondrait précisément à la valeur que M. Le Verrier lui-même assigne à l'équation lunaire (en adoptant comme lui g-pô P°ilr la masse de la Lune); mais je me bornerai à faire observer que son objection ne frappera pas également tous les astronomes; j'ai eu récemment occasion de citer à ce sujet l'opinion de l'astronome royal d'Angleterre, M. Airy, qui parait bien éloigné d'accorder la même confiance à cette détermination capitale (2). » M. Le Verrier insiste encore sur la variation d'obliquité de l'écliptiqiu mesurée depuis un siècle par les plus habiles observateurs, laquelle ne s'ac- corderait plus rigoureusement avec la variation théorique. Il appuie princi- palement sur ce que les écarts, si on augmentait la masse de Vénus, affec- teraient une marche régulière, dénotant des erreurs systématiques. (1) Comptes rendus : séance du 6 janvier 1862, p. 26. (2) Comptes rendus : séance du 23 septembre iS(ii . p 5a5 ( 637 ) » Ce dernier argument peut sembler plus décisif que le premier, il im- porte donc de l'examiner. » Sans doute il est de règle générale qu'il faut satisfaire aux observations d'aussi près que possible; on doit surtout éviter de laisser subsister dans une théorie des écarts qui affecteraient une marche systématique. Mais la question actuelle n'est pas une question ordinaire; elle est beaucoup plus vaste, car elle comprend presque toute la période des observations astrono- miques, depuis la fondation des grands observatoires et l'invention des lu- nettes. Or si, dans une question de détail, on doit rigoureusement s'astrein- dre à faire disparaître la moindre trace d'erreurs régulières, est-il également certain qu'il faille traiter de même ce vaste ensemble d'observations, où Ion est sûr d'avance de rencontrer des erreurs systématiques, régulières, ayant une ou plusieurs causes définies? Et si la vérité absolue nous était connue, si nous avions sous les yeux les valeurs rigoureuses de tous ces éléments, la théorie ne laisserait-elle pas subsister çà et là, dans les obser- vations de l'obliquité de l'écliptique par exemple, comme dans les passages de Mercure, de petits écarts systématiques, qui tiendraient, non pas à des causes naturelles cachées dans les profondeurs des cieux, mais tout simple- ment à des causes d'erreur qui ont agi pendant un certain temps sur nos observations, jusqu'à l'époque où ces causes ont été successivement recon- nues et en partie éliminées? » Il paraîtra singulier qu'un observateur vienne plaider à l'encontre de la confiance trop absolue qu'un savant théoricien veut bien accorder aux observations; il faut donc donner quelques indications à ce sujet. » Quatre grands faits dominent toute l'astronomie d'observation pendant la période embrassée par les Tables actuelles, c'est-à-dire pendant un siècle : » i° La substitution des lunettes achromatiques aux lunettes à images irisées et à une seule lentille objective (Dollond) (i); » 2° La substitution des cercles divisés aux quarts de cercle (Ramsden); » 3° L'étude plus attentive des réfractions de toute nature (Laplace, Bessel et des auteurs vivants) ; » 4° La découverte des erreurs personnelles, inhérentes au système ner- veux de chaque observateur (Maskelyne, Bessel, Arago). » Quand on suit ces progrès successifs, que j'ai plus d'une fois exposés (i) Les passages de Mercure, par exemple, ont été observés d'abord à la chambre noire, puis avec des lunettes à objectif simple, puis avec des lunettes achromatiques à double lentille objective. ( 638 ) et discutés devant l'Académie, on ne peut se refuser a croire qu'ils se trou- vent inscrits dans la série elle-même des observations. Pour ce qui est de savoir quelle influence ils ont exercée sur l'obliquité de l'écliptique ou sur tel autre point, c'est ce qu'il est impossible de dire aujourd'hui, même en discutant la série tronçon par tronçon; l'avenir seul le saura. Lorsque les observations de Bradley, par exemple, seront devenues inutiles, on saura de quelles erreurs elles étaient affectées, de même qu'on pourrait aujourd'hui déterminer rigoureusement les erreurs des observations de Tycho dont Kepler s'est servi, mais que l'on n'emploie plus. Tout ce qu'on peut en dire, ce me semble, c'est que les erreurs systématiques dépendantes de ces causes, et d'autres encore qu'il est superflu d'énuniérer, doivent influer principa- lement sur la détermination des inégalités séculaires ou à périodes un peu longues. » Mais si on prend les observations comme absolument vraies, si l'on veut satisfaire à tout en modifiant hypothétiquement les conditions de ce vaste problème, en distribuant par exemple des masses invisibles dans les intervalles planétaires, on y parviendra sans doute, surtout en se bornant à un siècle d'observations, mais rien ne nous garantira actuellement contre Terreur de l'hypothèse, si ce n'est la condition d'une vérification directe. » C'est pourquoi, en voyant l'insuccès des tentatives faites jusqu'ici pour vérifier directement l'hypothèse d'une planète intra-mercurielle, ou l'hypo- thèse théoriquement équivalente d'un anneau d'astéroïdes, je suis tenté de croire que le savant auteur des nouvelles Tables s'est exagéré la précision des observations; qu'il en a tiré des conséquences excessives qu'elles ne comportent point. Après avoir examiné ce qu'il nous a communiqué de ses travaux et de ses arguments avec le soin dont je suis capable, il me sem- ble qu'il n'y aurait pas d'inconvénient si grave à augmenter la masse de Venus de -fc environ, celle de la Terre de -~g, à négliger, comme l'ont fait ses devanciers, la masse des étoiles filantes de la région terrestre, et celle des astéroïdes situés entre Mars et Jupiter, à laisser subsister dans les obser- vations anciennes quelques légères discordances, eussent-elles çà et là une allure systématique, à construire en un mot ses Tables avec les seules pla- nt tes connues. Pour être dégagées ainsi de toute hypothèse, seraient-elles moins utiles à la science? Je ne le crois pas ; il me semble au contraire qu'elles seraient plus facilement acceptées par tous les astronomes. » Je suis bien éloigné néanmoins de vouloir décourager les observateurs qui seraient tentés, à la suite du modeste et honorable Dr Lescarbault, de se vouer à la recherche des planètes ultra-mercurielles. Dernièrement encore ( 63g ■) ■ j'en signalais l'intérêt devant l'Académie (i)j je voudrais qu'on ne cessât de s'en occuper qu'après avoir acquis la preuve de leur existence, ou celle de l'inanité de pareilles tentatives. Que l'on choisisse donc les meilleures sta- tions, les plus puissants télescopes, les occasions les plus favorables (éclipses totales), rien de mieux, rien de plus utile en ce moment, si ce n'est la re- cherche de nouvelles méthodes au moyen desquelles notre époque léguera à la postérité des observations sensiblement exemptes de ces erreurs systé- matiques dont nous venons de voir peut-être, dans les hypothèses de M. Le Verrier, la plus singulière conséquence. » Qu'il me soit permis de répéter, en terminant, la remarque suivante : l'accord du dernier passage de Mercure avec les Tables nouvelles ne me semble pas infirmer l'opinion que je viens d'exprimer avec la réserve et la déférence dues à de grands travaux, car ce n'est qu'un passage de novembre, tandis qu'il faudrait ici un passage de mai. » « A la suite de cette lecture, M. Le Verrier déclare qu'il ne se croit pas obligé, quant à présent, de montrer combien peu sont exactes les vues de l'auteur sur les théories, les calculs et. les observations astronomiques. Il se borne à faire remarquer qu'une discussion dans laquelle aucun chiffre n'est rapporté, n'a pas à ses yeux un caractère véritablement scientifique. » « M. Faye répond à ces observations, et il s'engage à ce sujet une dis- cussion assez longue, qui ne peut trouver place ici. » M. Gcyon présente un produit végétal employé par les Arabes pour faire une encre à écrire; il y joint la Note suivante : « J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie une matière résineuse provenant du lentisque en arbre (Pistacia atlaniica, Desf. ), le B'tom des Arabes. Cette matière, connue sous le nom de Semag par les Arabes, est employée par eux pour faire de l'encre. C'est une exsudation des caries plus ou moins profondes dont l'arbre est rarement exempt, sur- tout le tronc, pour peu qu'il ait acquis une certaine vétusté. » Ce produit est plus ou moins noir et sali par les débris organiques sur lesquels il se répand, et avec lesquels il se mêle en sortant des surfaces ca- riées. On ne saurait le confondre avec celui fourni en assez grande quantiti (i.) Compté* rendus : séance du 10 mars 1862, p. 5^n. ( 64o ) par l'écorce de l'arbre, par celle de son tronc comme par celle de ses moin- dres rameaux. Celle-ci, d'abord d'un blanc laiteux, prend bientôt une cou- leur ambrée. Elle est fort semblable au mastic de Chio; les Arabes, leurs femmes surtout, en mâchent également, et dans le même but, c'est-à-dire pour se blanchir les dents, se fortifier les gencives et se procurer à la bouche une odeur agréable. » Une remarque que j'ai faite sur ce dernier produit, c'est qu'il prend une couleur noire très-foncée lorsqu'on le soustrait à la lumière avant sa so- lidification. Il est même vraisemblable que c'est à la même cause, c'est-à-dire l'absence de la lumière, qu'il faut rapporter la couleur noire du premier produit. Celui-ci, comme nous l'avons vu, reste toujours plus ou moins éloigné de la lumière dans la profondeur des crevasses et des fentes qui le fournissent et le retiennent. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Commission de neuf Membres pour l'examen des pièces admises au con- cours Montyon, prix de Médecine et de Chirurgie. MM. Rayer, Bernard, Velpeau, Serres , Cloquet , Andral,"Jobert, Flourens et Coste réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIMIE GÉNÉRALE. — Synthèse de V acétylène par la combinaison directe du carbone avec l'hydrogène ; par M. Rerthelot. (Commissaires, MM. Dumas, Balard, H. Sainte-Claire Deville). « Les carbures d'hydrogène et les alcools sont le point de départ de la formation des autres composés organiques : aussi, après avoir réussi à opé- rer la synthèse des alcools et celle de leurs éthers au moyen des carbures d'hydrogène, j'ai tourné tous mes efforts vers la formation des carbures d'hydrogène eux-mêmes au moyen des éléments. J'ai exposé diverses mé- thodes qui permettent d'atteindre le but et d'obtenir les carbures les plus simples, en partant du carbone et de l'hydrogène; quelques-unes de ces méthodes ont été rappelées dans une communication que j'ai faite récem- ment à l'Académie. Mais si ces méthodes ne laissent ni doute, ni équivoque quant au résultat final, cependant elles sont parfois indirectes, et elles ne (64i ) fournissent que des voies détournées pour réaliser la combinaison initiale du carbone avec l'hydrogène. Dans l'état de nos connaissances, il n'v avait guère d'espérance de pouvoir procéder autrement. Chacun sait, en effet, quelle est l'indifférence chimique du carbone à la température ordinaire à l'égard des agents les pins puissants : cette indifférence ne cesse qu'à la tem- pérature rouge, et pour l'oxygène et le soufre seulement. Mais quant à l'hy- drogène, toutes ses combinaisons avec le carbone, extraites jusque-là de produits organiques, se détruisaient précisément sous l'influence d'une tem- pérature, rouge; il semblait dès lors chimérique de chercher à les former directement. » Mes derniers travaux sur l'acétylène m'ont paru cependant autoriser de nouvelles tentatives. Ce composé est le moins riche en hydrogène de tous les gaz carbonés, car c'est le seul qui en renferme son propre volume, sans condensation : C4H2 =± 4 volumes; H2 = 4 volumes. L'acétylène est en même temps le plus stable des carbures d'hydrogène. Non -seulement il se forme en grande quantité aux dépens du gaz oléfiant et du gaz des marais, soumis à l'influence de la chaleur ou de l'étincelle d'induction, mais sous la dernière influence il peut se produire, quoique en proportion moindre, aux dépens de la benzine et de la naphtaline mêmes, c'est-à-dire aux dépens des carbures cpie l'on était habitué jusqu'ici à regar- der comme les plus stables de tous. En présence de ces faits, j'ai pensé qu'il y aurait lieu de tenter la formation de l'acétylène par l'union directe de ses éléments. « Mais, avant d'entreprendre mes expériences, je me suis d'abord préoc- cupé de la pureté des matériaux que je voulais mettre en œuvre. » L'hydrogène est facile à préparer au moyen du zinc dans un état de pureté et de siccité convenable; mais il n'en est pas de même du carbone. En général le carbone tire son origine des substances organiques : il con- stitue alors les différentes espèces de charbon, et contient une proportion variable d'hydrogène. Une calcination soutenue en élimine la plus grande partie; cependant le charbon le mieux calciné, le charbon de cornue par exemple, malgré ses propriétés demi-métalliques, en retient encore quelque trace. Ce dernier charbon renferme en outre une petite quantité de matière goudronneuse, dont la présence méconnue pourrait devttûr l'origine de graves illusions. Pour éliminer complètement et sûrement L'hydrogène C. R., 1862, 1er Semestre. (T. LIV, N° il.) 83 ( 6/»2 ) et la matière goudronneuse contenus dans le charbon, je ne connais qu'un seul procédé : l'emploi du chlore à la température! rouge. Le chlore présente d'ailleurs cet autre avantage de purifier le charbon, en séparant le soufre, le fer, l'aluminium] le silicium et la plupart des métaux sous la forme de chlo- rures volatils. Aussi a-t-il été employé par M. Dumas dans ses recherches sur l'équivalent du carbone. Si j'insiste sur ces précautions, c'est que leur omis- sion enlèverait tout caractère démonstratif aux résultats que je vais exposer. en laissant incertain si la formation de l'acétylène doit être attribuée a l'union même du carbone avec l'hydrogène, ou bien à la décomposition de quelque matière hydrogénée contenue dans le charbon. » En résumé, j'ai employé du charbon de cornue rougi pendant quelque temps au contact de l'air, puis chauffé au rouge pendant une heure et demie dans un courant de chlore. » J'ai d'abord eu recours à l'action de la chaleur seule : j'ai chauffé Je charbon purifié au rouge vif dans un courant d'hydrogène, mais sans succès. Voulant porter plus haut la température, j'ai eu recours à l'obligeance de M. Henri Sainte-Claire Deville, qui a mis à ma disposition, avec sa libéralité ordinaire, ses appareils de l'Ecole Normale et sa grande expérience du feu. Mais je n'ai pas eu plus de succès que la première fois : après plus d'une heure de température soutenue au rouge blanc, nous avons vu se fondre et couler comme du verre le tube de porcelaine qui contenait le charbon, sans obtenir la moindre trace d'acétylène. » Pour pousser plus loin, l'électricité restait avec ses effets puissants, ou l'influence propre de cet agent concourt avec celle de la chaleur. J'emplo\ ai d'abord l'étincelle d'induction, soit vis-à-vis du charbon calciné, soit vis-à- vis du charbon très-divisé que je produisais dans l'appareil même par la décomposition du gaz des marais : mais l'expérience échoua encore, ce que j'attribue au défaut d'échauffement du charbon par l'étincelle d'induction. » J'eus enfin recours à la pile et à l'arc électrique qui se produit entre deux pointes de charbon, avec élévation excessive de température et trans- port du charbon d'un pôle à l'autre. Je pris soin de purifier les baguette> de charbon de toute matière goudronneuse et hydrogénée, par l'emploi du chlore, comme il a été dit plus haut (i). (l) Désirant contrôler mes résultats à ce point de vue, j'ai pris un'fragment du charbon purifie pour mes expériences, pesant i",o78, et, sans le pulvériser ni même le concasser, je l'ai brûlé dans un courant d'oxygène. J'ai obtenu oBr,oio d'eau, c'est-à-dire i milligramme l'hydrogène. Ce corps tire probablement son origine de l'eau hygrométrique. ( 643 ) >' Dans ces conditions nouvelles, l'expérience réussit pleinement. La combinaison de l'hydrogène avec le carbone s'effectue à l'instant, dès que l'arc jaillit. L'acétylène prend naissance, et c'est le seul produit que j'aie re- connu dans la réaction; sa production continue tant que l'arc électrique passe; elle peut être reproduite indéfiniment avec les mêmes charbons, tant que le transport de matière qui s'opère entre les pôles ne les a pas dés- agrégés entièrement. C* + H2 = C'H2. Carbone. Hydrogène. Acétylène. » J'ai l'honneur de réaliser l'expérience devant l'Académie. L'acétylène formé autour des pôles est entraîné à mesure par le courant gazeux; il se condense dans une solution de protochlorure de cuivre ammoniacal, en pro- duisant un précipité rouge d'acétylure cuivreux. L'expérience est également frappante et par l'emploi de la lumière électrique et par l'apparition carac- téristique de ce précipité. Elle est si facile à réaliser, qu'elle pourra être re- produite aisément dans tous les cours. » Rien n'est plus aisé que d'obtenir ainsi des quantités notables d'acéty- lure cuivreux. Dans les conditions où j'opérais, il se formait environ iocc d'acétylène par minute; la proportion du carbone entré en combinaison avec l'hydrogène pouvait être évaluée à la moitié environ de celle du car- bone désagrégé ou transporté. » En traitant ensuite l'acétylure cuivreux par l'acide chlorbydrique, on reproduit l'acétylène à l'état pur. Après avoir constaté que le carbure obtenu par cette voie jouissait de toutes les propriétés caractéristiques de l'acéty- lène, j'en ai fait l'analyse : 20 volumes du carbure obtenu ave.c les éléments étant brûlés dans l'eudiomètre ont fourni 4o volumes d'acide carbonique, en absorbant 5i volumes d'oxygène. Or 20 volimies d'acétylène doivent produire 4o volumes d'acide carbonique, en absorbant 5o volumes d'oxygène. » L'acétylène ainsi formé par la synthèse directe de ses éléments n'est pas un être isolé, mais un point de départ. En effet, j'ai dit comment on pouvait aisément le changer en gaz oléfiant par une simple addition d'hydrogène : C*H2 + H2 = C*H\ Acétylène. Hydrogène. Gaz oléfiant, S3.. ( 644 ) » Avec le gaz oléfiant on forme l'alcool et on entre ainsi dans cette chaîne de composés dont l'ensemble constitue la chimie organique. A tontes ces synthèses et formations progressives, celle de l'acétylène donne désor- mais pour premier fondement une synthèse directe. » J'avais terminé les expériences qui précèdent, lorsque M. Balard, qui n'en avait plus le souvenir, il y a huit jours, en racontant à l'Académie les résultats de l'expérience que je venais de réaliser sous ses yeux, m'a appris que M. Morren avait publié, en i85()(i), les lignes suivantes: « Dans un ballon » où se produisait l'étincelle de l'appareil d'induction de Ruhmkoril, . . . en » prenant des électrodes de charbon et en faisant circuler de l'hydrogène, » j'ai obtenu un hydrogène carboné dont je n'ai pas encore vérifié la nature » spéciale. » Pas un mot de plus, ni dans cette communication, ni depuis, n'a été publié, à ma connaissance, par cet honorable professeur. Ses indi- cations diffèrent des conditions où j'ai opéré par l'emploi de l'étincelle d'in- duction et du charbon non purifié. 11 m'est impossible de les comparer aux miennes, car elles sont dépourvues de tout élément d'appréciation. » A quels caractères M. Morren a-t-il reconnu la présence d'un hydrogène carboné? Quelle était cette substance, à supposer que ce fût un hydrogène carboné? Était-elle solide, liquide, gazeuse? Sa production s'opérait-elle pendant toute la durée de l'expérience et en quelle quantité? Enfin, et ce dernier point est fondamental, quelle était la nature des électrodes de char- bon employés? Comment les avait-on purifiés des matières hydrogénées et goudronneuses que tout charbon renferme, même celui qui sert à Faire les électrodes, matières dont la présence annule d'une manière nécessaire tous les résultats d'où elles n'ont pas été exclues? » En présence d'une assertion qui a passé inaperçue parce que per- sonne jusqu'à ce jour n'a pu la regarder comme décidant la question de la combinaison du carbone avec l'hydrogène, je crois devoir me borner aux lignes qui précèdent J'abandonne le jugement de la question aux per- sonnes compétentes. » MM. Balard, Rkgnault, Pouillet, II. Sainte-Claire Deville et Dumas présentent successivement quelques remarques à la suite de cette commu- nication. (i) Comptes rendus, t. XLVIII, p. 34^; février 1859. ( 645 ) analyse MATHÉMATIQUE. — Sur l'intégration des équations différentielles par- tielles du premier et du second ordre; par M. Edmond Boiïr. (^Quatrième et cinquième extrait) (i). (Renvoi à la Section de Géométrie.) « 19. Intégration de l'équation générale des lignes géodès'iques. — On a donné aux équations différentielles des lignes géodésiqucs un grand nombre de formes qui présentent de l'intérêt au point de vue de l'étude des pro- priétés générales de ces courbes, et de leurs relations avec d'autres lignes également définies par des équations différentielles. » Quand on cherche à obtenir les équations finies de la ligne géodé- sique sur une surface quelconque, le mieux est de considérer cette courbe comme la trajectoire d'un point matériel assujetti à rester sur la surface, libre d'ailleurs de toute action extérieure. » Comme les coordonnées qui définissent la position du mobile sont au nombre de deux seulement, il suffit, pour avoir la loi complète du mouvement, de connaître, outre l'équation des forces vives, une autre intégrale première quelconque, indépendante du temps. C'est cette intégrale que je vais me proposer de rechercher. « Dans les problèmes du genre de celui-ci, une surface est définie par l'équation qui donne, en fonction de deux coordonnées ou variables indé- pendantes quelconques, le carré (ds2) de la distance de deux points infini- ment voisins pris sur la surface. Cette équation peut affecter un grand nom- bre de formes, toutes équivalentes, selon le système de coordonnées em- ployé. Sans insister sur les propriétés bien connues de ces diverses formes, je prendrai (i5.) ds2 = hldxdy, X étant une fonction donnée des deux variables indépendantes oc et j. » Ces deux variables sont des quantités imaginaires, ce qui n'a pas d'in- convénients, tant qu'on reste dans le domaine de l'analyse pure. En revan- che, le choix de ces coordonnées particulières simplifie considérablement les opérations, en vertu de la propriété suivante : 11) L'Académie, sur la demande de la Section de Géométrie, qui aura prochainement à discuter les travaux des candidats pour la place devenue vacante dans son sein, par suite du décès de M. Biot, a autorisé l'impression de la double Note de M. Bour quoique l'étendue en dépasse notablement la limite assignée par le Bèglement. ( 646 ) » Il est évident que la forme de l'équation (i5) n'est pas altérée quand on remplace X et y par deux fonctions arbitraires, X, et y, , l'une de x, l'autre de y. Or nous verrons que ces fonctions arbitraires s'introduisent dans tous les calculs; et l'on s'en débarrasse immédiatement, aussitôt qu'elles paraissent, grâce à la remarque précédente. Elles gêneraient néces- sairement plus ou moins, avec tout autre système de variables. » J'admettrai immédiatement, pour en finir avec tous les préliminaires, qu'en prenant x et y pour les variables indépendantes qui définissent la position d'un point mobile sur la surface, et désignant par X et Y les varia- bles conjuguées, l'équation des forces vives, prise comme nous en avons l'habitude, est (•6) H = -i£n- > Je puis maintenant passer à la recherche de l'intégrale de laquelle dé- pend la solution du problème. » 20. On sait, d'après un théorème très-simple dû à M. Massieu, que celte intégrale se compose d'une constante égalée à une fonction homoyène des quantités X et Y, les autres variables x et y figurant dans cette fonc- tion d'une manière quelconque. Je pourrais ajouter que le degré de cette fonction homogène peut toujours être supposé égal à zéro, ce qui ramène- rait l'intégrale cherchée à dépendre seulement de trois variables : x, y, et X le quotient — ; j'aime mieux me borner dans cet extrait à considérer les cas où il existe une intégrale entière (**) par rapport à X et Y, de la forme (17) C= A0Xm 4- A, Xm-' ¥ + ...+ A,Xm-' Y' -f- . . . -+- Am\m, A0, A, , . . . , A,„, désignant des fonctions à déterminer de x et /. '*) L'équation non linéaire à laquelle satisfait la fonction V, s'obtient, comme on sait, en d\ dV remplaçant X et Y respectivement par -— , — • Elle est de la forme pa — l,\ étant une dx a y fonction quelconque de x et de y, etp, q représentant comme à l'ordinaire les dérivées par- tielles de la fonction inconnue. On peut considérer tous les calculs qui vont suivre comme ayant pour objet l'intégration de l'équation pq = \, dans les cas où cette intégration est possible par nos méthodes. Cette équation, pq =>, est l'intégrale singulière de l'équation du second ordre vérifiée par toutes les surfaces qui répondent à une valeur donnée de la fonction X. Ces surfaces sont toutes dévcloppables les unes sur les autres. (Voir ma Théorie de la déformation des surfaces.) (**) M. Bertrand a étudié le premier les intégrales des problèmes de mécanique qui sont (64? ) » L'équation (H,C)= o, qui exprime que (C) est une intégrale, se dé- veloppe ainsi : dy dx l'°'\ +E[Tf + (» + ')A,.,f H- $ + („-,•) A,^X~Y<«. Cette équation étant une identité, les coefficients sont tous nuls séparément; et l'on a les conséquences suivantes : » i° A0 est une fonction de jc, et A,„ une fonction de y. » 20 En annulant le terme général de l'équation (18), on a une relation entre deux coefficients consécutifs quelconques. Donc, puisque l'on connaît le premier et le dernier de ces coefficients, on pourra déterminer tous les autres de proche en proche, en commençant par celle des deux extrémités du polynôme que l'on voudra. » 3° Enfin, en égalant les deux valeurs trouvées de cette manière pour l'un des coefficients, on aura l'équation de condition qui exprime que C est une intégrale. Cette équation nous servira à déterminer quelles sont les valeurs de X qui répondent à une intégrale du premier, du deuxième, du troisième degré, etc. » 21. Pour simplifier les calculs, nous remplacerons d'abord par l'unité les deux fonctions arbitraires A0, A,„. Pour cela faisons (si aucune de ces quantités n'est nulle) : (19) A0 — u'\ Am = v"', ~ = clxt, -^- = d),, Xm< = >.,. » On voit que cette transformation revient à' prendre d'autres variables x, = y (.r), y, = t|i( j-), ce qui donne i = ?'(x), ; = f(j), >. = xî)i y=f/i(§i'?l)» nous aurons l'expression de du1 sous une forme toute différente de la forme (i5); et la propriété qu'a la surface de pouvoir être appliquée sur une sur- face de révolution ne se trouvera plus en évidence, avec le nouveau système de variables. Mais l'intégrale du problème des lignes géodésiques restera du premier degré; et cette propriété, facile à vérifier, fournit le moyen de re- connaître très- simplement si une surface donnée d'une manière quelconque est ou n'est pas développable sur une surface de révolution. » Surfaces de la deuxième classe : m = a, k == 1 . Les équations (A) et (B) donnent, en faisant ? = o, et laissant d'ailleurs m quelconque, , , «tp, d~f.t i/o, ti), \ii) \-m-r- — o, — - + m — = 0. djr, ax\ dx, ay, » Pour continuer les opérations, il est commode de faire X.'= dx, dy\ et d'introduire au lieu de À, la fonction L ainsi définie; on tire alors des équations (22) (23) p, = _r/J£i, Q| = _,„l± » L'équation de condition , P, = Q, , est donc {a) ^=^ d'où L=*(x, + 7.) + V(xt -jX X. = «-(âTi + /,')- Vfo -j,), 1 = ! , satisfait .1 l'équation (y— \)x, + (* + i)yxV, =x(X), y désignant une fonction arbitraire. ( 65i ) Cette équation permet de poser , ., F,. dS ir-a- dS » On déduit de là que la fonction S vérifie l'équation — — = — X , qui revient encore à pq = X, ou à l'équation même que l'on se propose ici d'in- tégrer. » La fonction S étant supposée connue, si l'on pose S = constante, on a une équation en x et y, d'où l'on peut tirer ~i avec une fonction arbitraire provenant de ce que S est donnée par une équation à différences partielles du premier ordre. » Toutes les valeurs, a, des zéros et des infinis de la fonction que nous avons considérée sont comprises comme cas particuliers dans cette expres- sion générale de -f- On a en effet (25) d.r • ' dS rfS doc dr » 24. Intégration des équations du second ordre. — J'ai montré dans la théorie des équations du premier ordre comment chaque intégrale particu- lière permet de simplifier progressivement le problème en abaissant l'ordre des équations qui doivent donner les intégrales suivantes ; j'ai rappelé com- ment on trouve une solution complète de ce même problème au moven d'un nombre suffisant d'intégrales, contenant chacune une constante arbi- traire; enfin Lagrange nous a appris depuis longtemps à transformer cette solution complète en intégrale générale, par la méthode de la variation des arbitraires. » C'est une théorie de ce genre que je voudrais tenter d'édifier dans le cas des équations du second ordre. La tâche est difficile et je n'ai encore pu réunir qu'un bien petit nombre de matériaux capables de figurer dans le pian général que je viens d'esquisser. » Quoi qu'il en soit, les principes exposés à l'occasion des équations du premier ordre sont suffisants pour résoudre toutes les équations du second ordre qu'il est possible d'aborder par les anciennes méthodes de Monge et d'Ampère, ou pour prouver qu'une pareille solution est impossible. Deux mots me suffiront pour débarrasser ce premier chapitre des tâtonnements et 34- ( 65, ) des incertitudes qu'on remarque dans tous les travaux de Monge relatifs à ce sujet et qu'on retrouve encore, quoique à un moindre degré, dans un grand nombre de passages de la belle et savante étude d'Ampère (•*). » Dans tout ce qui va suivre, je renverrai constamment à ce Mémoire tout à fait classique, dont j'admettrai les résultats sans rappeler les démons- trations, et dont je conserverai soigneusement toutes les notations. » 25. Supposons, pour fixer les idées, que l'équation à intégrer soit linéaire par rapport aux quantités r, s, /, et rt — s2. On verra plus tard que cette restriction n'en est pour ainsi dire pas une, si l'on a égard au point de vue extrêmement général auquel je resterai placé. » Prenant donc notre équation sous la forme (ati) Ur-t-zKs + Lt 4- M + N (it-s2) = o, nous poserons avec Ampère G = R2 - HL 4- MN ; puis nous écrirons les équations des caractéristiques, telles qu'elles se trou- vent dans le Mémoire cité : ' N^-(R+\.G) dy + Ldx = o, ( 27 ) ) N dq + H dy - (K ± v'G) dx = o, ' dz — pdx — qdy = o . » Il faut bien se garder de confondre ces équalions'avec les équations simultanées du genre de celles que nous sommes habitués à traiter. Si nous considérons comme indépendante l'une des variables qui figurent dans les équations (27), X par exemple, on voit que le nombre des fonctions incon- nues de cette variable est supérieur d'une unité à celui des équations; et à ce compte il semble qu'on ait le droit de choisir une de ces fonctions arbitrairement, pour déterminer ensuite 'les autres à la manière ordinaire. » En réalité, les choses se passent d'une manière toute différente ; c.'est qu'en effet les quantités/», q, z,y, qui figurent dans tes équations (27) avec la variable indépendante, ne sont pas des fonctions de cette seule variable x; elles contiennent une autre quantité, a, laquelle est le paramètre de l'équation générale des caractéristiques, et doit par conséquent être considérée comme une constante dans l'intégration des équations ( 27). Si l'on veut avoir toutes (*) Journal de r École Polytechnique, 17' et 18e à S' rallier. ( =^ (29) j ^ = XL-Mfc±vG)-vp, , ^ = - X (K + y'G) + uH - v<7. \ dy x ' ' ' ' » Ces équations deviennent par l'élimination des facteurs indéterminés / ^ dV T dV '/' tt\ dY -T d\ | N^-'L^-+-(K±VG)^-NpTz=o. (3o) i ai rfV t-a- ït\ dv „ dy M dv (*) Si l'équation proposée avait une forme quelconque, les équations de la caractéristique contiendraient en général les quantités?-, s, t; il faudrait alors adjoindre aux équations ■•- dp — rd.v — sdy = o, (/(/ — sdx — tdy = o, et tous les raisonnements subsisteraient avec un degré de complication de plus dans les ope rations. Les équations simultanées à intégrer seraient au nombre de trois, etc. ( 65', » La fonction cherchée V doit donc satisfaire a deux équations simulta- nées du premier ordre; or nous savons dans quels cas deux pareilles équa- tions admettent une solution commune, et nous savons trouver cette solu- tion commune, quand elle existe. Nous n'aurons donc jamais aucune difficulté à appliquer la méthode d'Ampère, toutes les fois qu'elle sera ipplicable. » 27. Les cas où les équations de la caractéristique n'admettent pas de combinaison intégrable ont à peu près échappé jusqu'à présent à tout essai d'une théorie générale. Dans le système que je propose ici d'après Lagrange (*), la série des opérations comprend trois parties bien distinctes. » i° Recherche des intégrales particulières. — L'invention, j'ai déjà eu oc- casion de le dire, ne saurait être soumise à des règles bien précises. Tout ce que je puis conseiller ici, c'est d'étudier directement, avec toutes les res- sources géométriques ou analytiques dont on dispose, le problème dont l'équation à intégrer est la traduction algébrique. Souvent une question, rebelle dans toute sa généralité, deviendra plus ou moins abordable, conve- nablement particularisée. On trouvera ainsi des intégrales, plus simples que l'intégrale générale, qui représenteront un premier pas fait vers la solution cherchée. » 2° Formation de l'intégrale complète. — En supposant qu'on ait obtenu une solution contenant une ou deux constantes arbitraires, comment cette connaissance peut-elle servir à simplifier les calculs subséquents qui doivent aboutir à la solution complète? Quand on a trouvé plusieurs intégrales du même genre, leur combinaison nous apprend-elle quelque chose de plus que chacune d'elles prise isolément? Enfin, combien faut-il d'intégrales particulières, et quelles sont les conditions qui doivent être satisfaites pai ces intégrales, pour qu'on puisse en conclure la solution complète avec cinq constantes arbitraires? » Toutes ces questions sont entièrement neuves; et il m'est impossible de donner ici la moindre indication sur la manière de les traiter au point de vue général. Je mentionnerai seulement la remarque bien simple qui m a. conduit au résultat dans le travail que je rappelle, et qui peut être utile dans un grand nombre de circonstances analogues. Il arrive souvent que le pro- blème consiste à trouver toutes les surfaces qui jouissent d'une certaine propriété indépendante du choix des axes; et alors il est évident qu'une (*) C'est ce système que je suis parvenu à appliquer, non sans de très-grandes longueurs de calcul, dans le Mémoire couronné par l'Académie, et actuellement sous presse ( 655. ) simple transformation de coordonnées introduira dans une intégrale quel- conque un nombre plus ou moins grand de constantes arbitraires selon les cas. Toutes les fois qu'on pourra appliquer cette règle, on diminuera beau- coup les difficultés que présente la formation d'une solution complète. » 3° Calcul de l'intégrale générale. — Je n'ai rien à ajouter aux quelques mots de Lagrange (*). Le principe de la méthode, qui consiste à faire varier les constantes arbitraires, est extrêmement simple; son application ren- contre des difficultés telles, que l'auteur juge lui-même sa méthode plus curieuse qu'utile, et croit superflu d'insister sur ce sujet. » Je suis heureux d'avoir prouvé que ces difficultés ne sont pas toujours insurmontables; et que la belle méthode de Lagrange, après avoir si bien élucidé toutes les questions relatives aux équations du premier ordre, n'a pas encore dit son dernier mot sur la théorie beaucoup plus difficile des équations à différences partielles du second ordre. » analyse mathématique. — Mémoire sur les surfaces orthogonales par M. Ossiax Bonxet. (Second extrait.) (Renvoi à la Section de Géométrie.) « Dans la dernière communication que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie, j'ai donné une méthode nouvelle pour déterminer les systèmes triples de surfaces orthogonales qui me paraît devoir conduire à des résul- tats d'une grande importance. J'ai appliqué cette méthode à un premier cas particulier et j'ai obtenu tous les systèmes triples dans lesquels chacune des surfaces de l'un des systèmes (du système p2) a pour transformées sphe- riques de ses lignes de courbure des lignes sphériques isothermes et orthe - gonales. Les systèmes dont il s'agit ont un degré de généralité qui n'avait pas encore été atteint : en effet, l'expression générale des coordonnées .< . y, z contient plusieurs fonctions arbitraires. Je me propose aujourd'hui d'indiquer une seconde application qui conduit à des résultats encore plus étendus. « Je suppose le rapport - (**) indépendant de p2, on peut alors pose! (6) cosb cosir,> =z cos(i|i -f- a) (*) Nouveaux Mémoires de l'académie de Berlin, 1774, p. 266. (**) Je conserve toutes les notations du premier extrait. ( 656 ) et, par suite, (6) cosb.i s'mi'D = \cos2^di h- a) — cos"6, a et b étant des fonctions de p et de p, ; puis, en tenant compte de la troi- sième des équations (a), il vient L sin A sin (f + c) = — sin (^ + a), n ^ _ — ' \ sine eos((p + c) = y'cos2 (ij; + rt 1 — cos2 /;, C étant une nouvelle fonction arbitraire de p et de p\. Les équations pré- cédentes donnent cos (y -+- c) = coti.isiniw, et l'on reconnaît aisément que le cas considéré est celui où les lignes de courbure communes aux surfaces p et p, sont des courbes planes. » Différentions successivement par rapport à p et par rapport à p, la première des équations (6) et la première des équations (7), nous aurons fdii da\ db smt-if + ")[-. h -7- — tango cos(-i + a) — rfw _ \«p df.J ° 'dp dp ^cos!(ij/ -+~ a] — cos2 6 sinU +«) -r1 + — ) — tangZ»cos(-^ + «)-— «w \dp, "pi/ "P1 rfp. y/cos2(\p -f- a) — cos' b 1 d& de sin(r|/ + a)- cos(-j- H- a) ( ' d-\ da\ -+- a ) — cosJ b 1 1 COtb dtp de sin(J/ + a) - cos(J/ -\~ a) dp, (dty da . [dj, + dp~, ! dp, dp, V cos^iji -h a) — cos2é et, en posant v/cos'x — cos2 A du . dy , db sin y— — — tango cosy —— dp, b K dp, dp, v/cos'x — cos2 6 (657) , . db dy cotôsiny- cosy — - dy _ de K dp A dp dp "P \/cos2x — cos2 b , • àb dy dy de dp, dp, dp> dP< \/cosJx— cos!ô » Substituons ces valeurs dans les deux premières des équations (2), on trouvera — — [ cot6siny_(cosy_ — cota sinyj 4- tangé cos^(sin^ 4- cotacosyj] — de 4- ycos2 y — cos2è(cos^ — cota sin yj — = o, ^ -[cotôsinx(cos/+ tangrtsinyj4- tangicos/(sin/ — tanga cos/)]^- 4- ycos2/ — cos2Z>(cos/ 4- tangasin/J — = o, d'où dy — |[cotisin/(cos/ — cota sin yj 4- tangè cos/(sin/_ 4- cotacos/J] — — ^cos2/ — cos2i(cos/ — cota sin yj -f\dp — <[cot&sin^(cos^ + tangasinyj4- tang6cos^(sin^— tangacos/J] — ' dp, — sjco&y^ — cos2&(cosy 4- tangasinyj — \dp, = o. dp,) Or cette dernière équation doit être intégrable avec une constante arbi- traire si l'on veut que y soit fonction de p2 ; exprimant donc que la condi- tion connue d'intégrabilité est ici satisfaite, il vient cos'y — cos'b d-b . , ; 5-7 d2c r^r ; -r— - h Sin Y VCOS2 Y — COS2 O , , Sinûcoso dpdp, *• * *• dpdp, cos'y — cos2b / da db da db\ H At 7— ( tangrt — cota — 3- sinôcoso \ D dp dp, dp, dp] 1 5 ïtt t da de da de \ 4-sm/^cos-x-cos-^tang^-— -cota — -j / 5 Vl . i fdb de db dc\ , „ , de de -t- sin/ v'cos2y — cos^cotM-p— 4-3-3- ) — (cos2y — cos3£) — -t- = o, r~ A \dpdp, dp, dp] \ A 'dpdp, C. R., 1S62, 1" Semestre. (T. LIV, N° H.) 85 ( 658 ) '1 où, a cause de l'indétermination de ^, d'b da db da db . , , de de —. — h tanga -r -, cota -=— -3 sin b coso -j- ■ f/p, ° rfp rfp, flp, dp aç, , dpdp, & dp dp, dp, dp dp dp, d- r da de da de , , [db de db de ' '/p dp da de da de , [db de db de \ ■+- tanga — cotn — -r- + colbi — — -+- — - — ) =0. 0 dpdp, dp, dp \dpdp, dp, dp] Ces deux dernières équations ne peuvent certainement pas être intégrées d'une manière complète, mais elles fournissent aisément un très-grand nombre de valeurs particulières de a, b, c. » Si b et c sont constants, les deux équations sont satisfaites d'elles- mêmes quel que soit a. Si c est constant, b étant quelconque, la seconde équation est satisfaite d'elle-même, et la première, qui se réduit à d'b da db da db -r—r- + tangrt — COtrt — - — = o, dpdp, " dpdp, dp, dp donne un très-grand nombre de valeurs correspondantes de a el de b. Si- gnalons encore le cas où b est fonction de c. » Le calcul de H2 qui sert à compléter la recherche des systèmes ortho- gonaux, une fois que l'on a trouvé u, en fonction de p et de p, , pré- sente, dans le cas que nous examinons, des circonstances remarquables. » On a ici d- lu dp, dp. Par conséquent, la première des équations (5) donne en exigeant que la seconde des mêmes équations soit aussi satisfaite, on reconnaît que y (p,, p2) doit se réduire à une fonction (p (p2) de p2. Intégrant alors une seconde fois, il vient T — K*"4"/if(P»Wpai d'où H2 = uK.2 + «|-f| p2) dpti K2 étant une fonction arbitraire de p et de p,. ( 65g j » On pourrait croire que la valeur précédente de H2 convient quelle que soit la fonction K,, aux systèmes triplement orthogonaux que nous étu- dions; et, en effet, une valeur de H2 qui convient aux deux premières des équations (5) satisfait aussi, en général, aux deux autres; toutefois il v a une exception, et cette exception se présente lorsque - est indépendant de pa, ce qui est précisément le cas dont il s'agit ici. Il faut donc encore assu- jettir H2 à vérifier la troisième des équations (5); on trouve ainsi pour dé- terminer R2 l'équation U V-, d.l.- d.- d-K, v. rfKj u „ ' V. — — lVo= O, dp dp, dp! dp dp, laquelle ne contient pas p2 et donne, par conséquent, pour K2 une valeur contenant deux fonctions arbitraires. » théorie DES nombres. — Note sur l'équation du troisième degré} par M. E. Catalan. (Renvoi à la Section de Géométrie.) << I. En désignant par A„ la somme des puissances niemes de l'équation s .rs •+■ px -4- q = o, on a, comme l'on sait, à partir de n = 3. En même temps, A0 =3, A, = o, A2 = — 2p. » II. Si l'on forme successivement les valeurs de A,, A4, A5, . . . , on trouve bientôt quelles sont comprises dans les deux formules , , T . (k— 2) M— 3) . , , U—3\(i—A)a—5)(i—6) , . A2t+, = (»*+i) y-'q- , , 3 pi + 2 ; 3 4.5 I' 1 (A-4)(X-5)(X-6)(X-7)(A-8)^-9^(_^ + 1 5 . 6 (4) I " (*-#(*- 5)(A— 6)(^-7)(X— 8) „ n + i . 3 . 4 . 5 . 6 P ' ~ ■• \ 85. ( 66o ) dont la vériBcation est facile. (On doit prendre les signes supérieurs si ke&t pair.) » III. Le cas particulier de /> = i, q = — i conduit à un résultat cu- rieux. On trouve en effet, à cause de (5) A„= — A„_„ + A„_3 : A 2= 2, A 3 = o , A 4 = 2 , A 5 = — o , A 6 = I , A 7 = 7 > A8= — 6, A9=— 6, A)0= i3, A,, = o, A,2= — 19, A,3=i3. A)4= 19» Al5=— 32, A16=— 6, A(7 = 5i = i7.3, A,8= — 26, A)0= — 57 == — 19.3, A20=77, A2) = 3i, A22= — i34, A23 = 46 = 23 . 2, A2, = i65, A25= — 180. Aa6 = — 1 ig, A27 = 345, A28 = — 61, A29 = — 464 = — 29. 16, » Ainsi, au moins jusqu'à une certaine valeur de n, le nombre entier A„ est ou 11 est pas divisible par n, suivant que n est ou n'est pas premier. Au moyen de la formule (3), on démontre aisément la première partie de cette pro- position. Si la seconde partie était également démontrée, on aurait un cri- térium analogue au théorème de Wilson [mais incomparablement plus simple (*)], pour reconnaître si un nombre est premier ou non premier. » Si l'on suppose p = — 1, q = — 1, on trouve des résultats analogues à ceux qui viennent d'être indiqués : A2— 2, A3 = o, A4 = 2, A5=3, A6 = 5, A7 = 7, A8= 10, A9= 12, A, 0=17, A, , = 22 = 11. 2, A12=29, A, 3 = 39=i3. 3; » CHIMIE APPLIQUÉE. — Note sur le pigment des Touracos (Musophaga) , par M. Anatole Bogdanow. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés: MM. Che> vreul, Pelouze, Regnault et Blanchard en remplacement de feu M. Is. Geoffroy-Sain t-Hilaire.) « Dans une Note sur le pigment du Calurus auriceps, présentée a l'Aca- démie des Sciences en 1 858, et publiée dans les Comptes rendus, j'ai fait con- (*) Les valeurs de A„ croissent très<-1en tentent : A.= 3, A13 = — 26924. (66i ) naître un procédé bien simple d'extraction de quelques pigments (zoo- érythrine, zoo-mélanine, zoo-verdine) desplumesd'oiseaux. Les conclusions que j'ai cru pouvoir tirer de mes expériences étaient celles-ci : i° qu'on peut diviser les couleurs des plumes en deux groupes : a. couleurs provenant d'un pigment isolable, et b. couleurs optiques provenant de la constitution de la surface des plumes; i° que la couleur bleue est toujours optique, c'est- à-dire qu'il n'y a jamais un pigment bleu dans les plumes de cette couleur; 3° que le pigment noir avec ses nuances constitue un groupe à part des autres pigments ; et 4° que 'es pigments peuvent être divisés chimiquement en deux groupes : a. les pigments solubles en alcool et éther (zoo-verdine, zoo-fulvine, zoo-érythrine), et b. les pigments solubles dans l'ammoniaque chaude (zoo-mélanine). » Sur une de ces conclusions concernant la couleur bleue (son opticité absolue), on nous a fait depuis quelques objections très-dignes d'attention et que nous étions obligé de vérifier par les faits. Ces objections se fondaient sur l'observation de M. Schlegel, publiée dans les Verslnqen en Mededeeliwjfu der Koninglijke Akademievan Welenschappen, 1 858, vol. VI, p. 38 1, et tra- duit dans le Journal d'Ornithologie de M. Cabanis, 1 858, heft V, p.ir Martens. Comme mon point de vue sur la couleur bleue me paraissait tou- jours bien fondé sur les expériences et les observations, je tenais beaucoup à avoir les plumes des Touracos pour les examiner et les étudier. Grâce à l'obligeance habituelle de M. Cabanis, j'ai reçu un exemplaire de Touracos, et les expériences faites sur cet oiseau m'ont présenté quelques faits intéres- sants et nouveaux pour la question de la coloration, et j'ai l'honneur di-n présenter quelques-uns à l'Académie. » Voici en extrait les observations de M. Schlegel : « Déjà Jules Verreaux. » dit-il, pendant son long séjour en Afrique, a fait une curieuse observation » sur le Touraco [Mus. albicrislata). Les douze ou quatorze pennes alaires, » qui sont d'un si beau pourpre violâtre, perdent cette couleur chez les « individus vivants, lorsqu'elles ont été mouillées par la pluie : si dans cet » état on vient à les toucher ou à les frotter avec les doigts, ceux-ci se » trouvent aussitôt rougis par la couleur pourprée qui a déteint sur eux. » En séchant les plumes, elles reprennent leur éclat primitif. Sur la dé- » pouille de l'oiseau aucun effet semblable ne se produit. » M. Schlegel a répété ces expériences, et il a trouvé aussi que les plumes mortes ne sont pas attaquées par l'eau et que le pigment de l'oiseau mort est insoluble dans celle-ci. M. Schlegel a de même trouvé que le pigment est soluble dans 66a ) 'ammoniaque froide et dans l'eau savonnée. Mais, en répétant au jardin zoo- logique sur an oiseau vivant ces expériences, M. Schlegel a trouvé que si on mouille l'oiseau avec de l'eau, les plumes deviennent plus pâles, mais la couleur reparaît de nouveau avec le temps. Mais si l'oiseau succombe pen- dant l'expérience et avant que les plumes aient regagné leur couleur primi- tive, elles changent de couleur et deviennent bleues. Ainsi une plume rouge chez l'oiseau mort devient bleue ; comment faut-il expliquer ce fait d'après notre point de vue, c'est-à-dire que la couleur bleue est une couleur opti- que? " Avant tout il a fallu isoler le pigment, et après les observations de M. Schlegel rien ne pouvait être plus facile. Il faut prendre les plumes, les mettre dans l'ammoniaque et filtrer. Alors on reçoit une solution du pigment. En saturant l'ammoniaque avec l'acide acétique, le pigment tombe au fond et on n'a qu'à filtrer de nouveau le liquide pour avoir le pig- ment sur le filtre. Dans une heure on peut se procurer du pigment à discré- tion, si on a assez de plumes. Il est fort à désirer que les chimistes donnent leur attention à l'analyse de ce pigment, ce qui est impossible pour un simple zoologiste. Le procédé d'extraction des autres pigments à l'aide de l'alcool ou éther est une chose facile pour les petites doses, mais très-difficile pour obtenir une suffisante quantité du pigment. Avec beaucoup de peine nous sommes parvenus à avoir assez du pigment du Calurus auriceps pour une seule analyse; les pigments jaunes et verts sont encore plus difficiles à obtenir. Mais dans le pigment de Touracos, avec le procédé que je viens d'indiquer, on peut avoir toutes les chances pour une bonne réussite. » Quand le pigment est extrait et filtré, on a sur le filtre une poudre rouge, qui paraît en masse d'une teinte bleue. L'intensité d'une teinte bleue- est en raison directe avec l'épaisseur de la masse pigmentaire. Mais ce qui est intéressant au plus haut degré, c'est que le pigment a un éclat métal- lique des plumes, qu'on peut voir sur un petit échantillon, joint à la Note. Les plumes, après l'extraction du pigment, deviennent roses ou blanc-ro- sàtre, vu la quantité du pigment resté dans les couches profondes de la sub- stance cornée. Après l'extraction du pigment, les plumes nedeviennent jamais bleues. Ainsi on voit que, dans l'observation de M. Schlegel, il n'y a rien de contraire à la théorie de l'opticité de la couleur bleue, que je proposai il y ,1 déjà trois ans et qui a été premièrement publiée dans les Comptes rendus de l'Académie et plus en détail dans les Mémoires de la Société de Biologit de Paris. Quoique les faits que je viens de présenter ne paraissent pas au ( 663 ) premier coup d'œil d'une grande importance, ils en ont en realité, si on pense aux conclusions ressortant des observations de M. Schlegel et de nies expériences. » i° Le procédé indiqué plus haut nous donne pour la première fois une possibilité d'avoir le pigment en masse chez le Musophaga. (Le même procédé peut être appliqué au zoo-mélanine des Toucans.) » 2° Nous voyons que les couleurs (chez les oiseaux) à peu près identi- ques peuvent provenir de pigments de diverse nature. Ainsi la couleur rouge du Gàlurus provient d'un pigment soluble dans l'alcool, tandis que fa couleur rouge-pourpre du Musophaga, d'un pigment qui n'est soluble que dans l'ammoniaque. » 3° L'irisation des plumes peut provenir, non-seulement de la consti- tution de la surface, mais aussi d'un pigment irisant, comme nous le voyons chez le Musophaga, et par conséquent que les faits de la coloration des oiseaux et de leurs irisations sont plus complexes qu'on ne le pouvait croire au premier coup d'œil, et que la cause de ces faits provient de diverses sources. » 4° Si les couleurs rouges chez le Musophaga mouillé et mort sans avoir regagné pendant la vie le pigment rouge perdu par le mouillage deviennent bleuâtres, cela dépend probablement de ce que le pigment des couches superficielles des plumes se dissout, et celles-ci deviennent par cela même, pour les couches sous-jacentes, ce que les Allemands appellent triï!>e medien. On connaît déjà, par les expériences, que si on a des couches riches en pigment et couvertes par des lamelles cornées présentant les conditions de ces triibe médian, on reçoit l'impression de la couleur bleue, comme l'a démontré, entre autres, M. Drùcke. Chez le Musophaga les conditions pour l'apparition de la couleur bleue après le mouillage sont encore plus favo- rables que chez les autres oiseaux, car le pigment lui-même possède la pro- priété d'une irisation en bleu, et ces couches superficielles cornées n'ont qu'à l'augmenter. Nous répétons que cette explication nous paraît probable. car nous n'avons pas eu l'occasion de voir les échantillons observés par M. Schlegel. » Nous ne pouvons finir cette Note sans ajouter que les expériences faites sur divers papillons ont donné une grande analogie dans les faits de colo- ration de ces insectes avec les oiseaux. Nous sommes parvenus à extraire une petite quantité de zoo-fulvine, c'est-à-dire la matière colorante jaune des papillons. Mais avec la permission de l'Académie nous nous proposons de traiter ces questions plus en détail dans une autre communication. « ( 664 ) physiologie. — Du nerf pneumogastrique considéré comme agent excitateur et comme agent coordinateur des contractions œsophagiennes dans l'acte de ta déglutition; par M. A. Chacveau. (Commissaires précédemment nommés : MM. Serres, Flourens, Bernard.) « M'étant proposé d'étudier dans l'un des mouvements les plus simples rie l'économie, la déglutition œsophagienne, l'influence des deux ordres de fibres du système nerveux périphérique sur l'excitation et la coordination des contractions musculaires, mon premier soin a été de déterminer, par l'anatomie et la physiologie, l'origine et le trajet des fibres motrices de la por- tion trachéale de l'œsophage, celle qui a été plus spécialement l'objet de mes investigations. » Les nerfs moteurs de l'œsophage viennent tous des racines propres du pneumogastrique. Ainsi, en pratiquant, sur un animal récemment tué, l'ex- citation localisée des racines du spinal, de l'hypoglosse, du glosso-pharyn- gien, du facial, et celle des divers filets sympathiques communiquant avec le pneumogastrique, on ne provoque ni mouvements de l'estomac, ni mouve- ments de l'œsophage ; mais, en agissant sur les racines propres de la dixième paire, on fait naître dans ces deux organes les plus énergiques contrac- tions. » Chez le lapin, et probablement chez l'homme, celles de ces fibres ner- veuses motrices qui sont destinées à la portion trachéale de l'œsophage n'a- bandonnent le tronc du nerf pneumogastrique qu'avec le récurrent. Aussi, quand sur un lapin on électrise légèrement ce dernier nerf à son origine, dé- termine-t-on la tétanisation énergique de cette région trachéale de l'œsophage. Dans les autres animaux que j'ai pu examiner (chien, cheval, âne, mouton), les fibres motrices œsophagiennes qui ont la même destination passent toutes dans les nerfs pharyngien et laryngé externe, pour descendre ensuite le long de l'œsophage jusqu'auprès de la base du cœur; en sorte que, si l'on galvanise, sur un sujet récemment tué, soit les récurrents, soit le tronc du pneumogastrique au milieu du cou, on n'obtient, même avec les plus fortes machines, aucune contraction dans la portion trachéale de l'œsophage; tan- dis que la galvanisation la plus légère du nerf pharyngien et du laryngé externe, ou celle du pneumogastrique pratiquée au-dessus de l'origine de ces deux branches collatérales, tétanise instantanément cette partie du con- duit œsophagien. ( 665 ) » Il résulte de ce qui précède que la section des pneumogastriques au milieu du cou, sur un lapin vivant, paralyse les nerfs moteurs de l'œsophage, et laisse à ces nerfs l'intégrité de leur action fonctionnelle chez les autres animaux. Par conséquent, on est amené à supposer que dans ces derniers, après une semblable opération, la portion trachéale de l'œsophage doit con- tinuer à exécuter son mouvement péristaltique. L'expérience enseigne que les choses se passent effectivement ainsi chez les chiens. Mais il en est autre- ment du cheval, de l'âne et du mulet. Chez ces animaux, la section des pneumogastriques porte les plus graves atteintes à la déglutition œsopha- gienne : observé directement pendant le repas sur le côté gauche et en bas du cou, l'œsophage reste flasque, sans mouvements, et se laisse distendre passivement, comme dans le lapin, par les aliments qu'y poussent les con- tractions pharyngiennes; ou bien, ce qui est beaucoup plus rare, il se con- tracte encore, mais sans produire de mouvement péristaltique capable de faire cheminer régulièrement le bol alimentaire. Ainsi, paralysie absolue ou parfois ataxie sans paralysie, voilà ce qu'on observe dans l'œsophage des Solipèdes à la région cervicale inférieure après la section des pneumo- gastriques pratiquée au-dessus de l'origine des récurrents. >» Cette section cependant, d'après les expériences post mortem rappor- tées plus haut, respecte aussi bien que chez le chien l'intégrité des nerfs mo- teurs de toute la portion trachéale de l'œsophage. Pourquoi cette différence dans les résultats? Fallait-il l'expliquer par l'existence, dans le pneumogas- trique des Solipèdes, de fibres nerveuses motrices récurrentes dont l'exci- tabilité ne pourrait être mise en jeu que pendant la vie? Je fus un moment sur le point de l'admettre, ayant vu une électrisation légère du pneumogas- trique gauche vers le milieu du cou provoquer sur un cheval vivant, dans toute la portion cervicale de l'œsophage, des contractions énergiques indé- pendantes des mouvements de déglutition spontanés qui surviennent tou- jours en pareil cas. Mais je vis bientôt que ces contractions devaient s'ex- pliquer autrement. En effet, après avoir coupé en travers les deux nerfs pneumogastriques au cou, sur plusieurs chevaux, je n'obtins jamais ,1a moindre contraction œsophagienne (région cervicale) en galvanisant le bout périphérique, même quand j'employais des courants assez forts pour para- lyser le cœur. Au contraire une légère électrisation du bout central excitait les mêmes contractions violentes que l'électrisation des nerfs intacts. Ce sont donc là des contractions réflexes, qu'il faut attribuer à l'irritation de fibres centripètes dont la distribution à l'œsophage n'est pas faite par le C, R., 1862, Ier Semestre. (T. LIV, N° il.) #6 ( 666 ) pharyngien ou le laryngé externe, m;iis bien pas le récurrent. Rien de sem- blable n'a lieu chez le chien quand on galvanise les pneumogastriques au cou, ce qui veut dire que, dans cet animal, les nerfs pharyngien et Laryngé externe distribuent à la portion trachéale de l'œsophage, non-seulement ses nerfs moteurs ou centrifuges, mais encore tons ses nerfs centripètes. D'où l'on arrive à conclure que la paralysie ou l'ataxie observées dans la portion cervicale de l'œsophage du cheval, après la section des pneumogastriques, dépend de l'interruption de la continuité des fibres centripètes fournies a l'œsophage par les récurrents. » En résumé, chez le lapin, après la section des pneumogastrique.-» au milieu du cou, la portion trachéale de l'œsophage est entièrement paralysée, parce qu'elle est privée de l'action et de ses nerfs centrifuges et de ses nerfs centripètes, qui lui viennent tous des récurrents. » Chez le chien, après la même opération, cette portion trachéale du conduit œsophagien a gardé l'énergie et la régularité de ses mouvements, parce que le conduit a conservé l'intégrité de ses nerfs centrifuges et centri- pètes, qui sont tous fournis parle pharyngien et le laryngé externe. » Enfin, chez les Solipedes, tous les nerfs moteurs de la même portion de l'œsophage ont bien celte dernière source; mais certaines fibres nerveuses centripètes viennent fies récurrents; et, comme l'interruption de la conti- nuité de ces fibres, opérée par la section transversale du pneumogastrique au milieu du cou, est toujours suivie de symptômes de paralysie, ou tout au moins d'ataxie, présentés par la tunique charnue, de l'œsophage, on est forcé d'admettre que ces fibres jouent, dans la production du mouvement péristaltique, un rôle aussi essentiel que les fibres motrices elles-mêmes : conclusion tout à fait en accord avec celle des expériences de M. Claude Bernard sur les racines spinales. » M. Di.mkry présente \\n a/i/xireil destine à emjièrher les incrustations des chaudières à vapem. « Les fonctions de ce petit appareil, auquel M. Duméry donne le nom de Dêjei leur anti-calcaire, sont toutes physiques et se produisent sans le secours d'aucun auxiliaire mécanique. » Elles reposent principalement sur cette remarque, que les matières étrangères à l'eau sont, tant que dure l'ébullition, soulevées et maintenues à la surface de l'eau par les bulles de vapeur qui cheminent toutes de bas en haut ; il se forme entre les bulles de vapeur et les matières calcaires une sorte ( 66*.) de jeu de raquette relevant incessamment celles des molécules solides qui tendent à redescendre. » Or, ceci établi, si l'on perce à la chaudière un trou à la partie supé- rieure, à la hauteur précisément où la vapeur maintient les matières solides ; si l'on perce également un trou à la partie la plus basse des bouilleurs, et que, par un tuyau reliant ces deux trous, on établisse entre ces deux ouver- tures un mouvement de circulation, toutes les matières qui se trouvent à la surface seront entraînées dans ce courant, et rentreront indéfiniment à la chaudière ftvec l'eau qui les charrie, si rien ne les arrête en chemin. Mais si. dans l'intervalle de ce circuit, on place un appareil qui ait pour résultat de les retenir, il n'y aura que l'eau seule qui retournera à la chaudière. Tel est le but du récipient qui est mis en communication avec la chaudière. » C'est donc, comme il vient d'être dit, par une circulation dans le plan vertical que les matières sortent de la chaudière; c'est de même par un cir- cuit, mais dans le plan horizontal, qu'elles sont empêchées d'y rentrer. Voici comment : L'eau chaude étant plus légère que l'eau froide, se maintient au-dessus de celle-ci. Or, l'eau de la chaudière recevant l'action de la cha- leur, tandis que celle du récipient n'est pas chauffée, c'est l'eau sortant de la chaudière qui surnage, c'est-à-dire qui occupe la partie supérieure du ré- cipient. De la sorte, l'eau chargée des matières calcaires sortant de la chau- dière, circule au-dessus de l'eau contenue dans le récipient, et c'est dans le trajet qu'elle a à faire au sommet du récipient que les matières trouvent le temps de se précipiter. » Si le récipient présentait une simple boite unie à l'intérieur, le chemin à parcourir depuis le point d'entrée jusqu'au point de sortie serait trop court pour que les matières eussent le temps de se déposer, et elles rentreraient encore à la chaudière; mais si, sous le couvercle de ce récipient, on a ap- pendu des cloisons qui forcent l'eau à parcourir un chemin suffisamment long pour que les matières solides aient le temps d'abandonner l'eau qui les charrie, celles-ci iront occuper le fond du récipient, et il n'y aura que l'eau complètement embarrassée des matières calcaires qui rentrera à la chau- dière : c'est ce qui a lieu. » Ce petit appareil, en tant que réalisation matérielle, se compose donc tout simplement de deux circuits : l'un dans le plan vertical, par où les matières solides sortent de la chaudière; l'autre dans le plan horizontal, dans lequel elles se déposent. La vapeur, de son côté, se chargeant, d'une part, de provoquer le mouvement; d'autre part, de soulever les matières, de les porter à la surface. 86.. ( 668 ) » Les avantages qui résultent de la suppression des incrustations sont assez connus, assez nombreux, pour qu'il soit utile de les énuniérer ici. » Le Mémoire de M. Duméry est renvoyé à une Commission composée de MM. Morin et Combes. M. Dru soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur l'écoule- ment de l'eau dans les puits artésiens. (Commissaires, MM. Dumas, Combes, Clapeyron.) . 31. Mèxe envoie de Lyon une Note intitulée : « Méthode de dosage de L'acide carbonique de l'air et de séparation de la chaux de son carbonate par liqueurs titrées ». (Commissaires, MM. Boussingault, Balard.) M. Picard adresse un Appendice à son Mémoire sur le traitement du choléra- morbus. (Commission du prix Bréanr.) Et M. Polli une Addition à ses deux communications du 27 septembre " sur les maladies à ferment morbifique » et « sur les sulfites médici- naux ». (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) L'Académie renvoie à l'examen de la même Commission deux ouvrages présentés, l'un par M. Langlebert : « Nouvelle doctrine syphilograpliique » ; l'autre par 31. Violette : « Études sur la parole et ses défauts », ouvrages accompagnés, ainsi que l'exige une des conditions du programme, de l'indi- cation de ce que les auteurs considèrent comme neuf dans leur travail. Un Mémoire portant pour titre : « Assimilation des substances isomor- phes, » est adressé pour le concours du legs Barbier par un auteur qui, conformément à une des conditions du programme, a placé son nom sons pli cacheté. (Réservé pour la future Commission.) Un auteur qui, pour tin motif semblable, ne se fait connaître que par une devise adresse les premières parties d'un travail destiné au concours pour ( 6t;9 ) le grand prix de Mathématiques de i863, question concernant la théorie des phénomènes capillaires; il dit être en mesure d'adresser la fin de ce travail en temps utile. CORRESPONDANCE . M. le Secrétaire perpétuel donne connaissance d'une Lettre de madame veuve Damoiseau qui, en exécution d'un désir que lui avait souvent exprimé feuM. Damoiseau, son mari, Membre de l'Institut, décédé en 1847, met * la disposition de l'Académie une somme de 20000 francs, destinée à la fon- dation d'un prix annuel. Ce prix, fondé en faveur des savants qui se livrent à des recherches analogues à celles qui ont fait l'objet incessant des travaux du célèbre astronome, pourrait, suivant que l'Académie le jugerait plus utile pour les progrès de la science, tantôt être décerné chaque année à un seul savant ou partagé entre plusieurs, tantôt être converti en prix triennal sut une question proposée. La Lettre de madame veuve Damoiseau est, conformément au règlement, renvoyée à la Commission administrative, qui en fera l'objet d'un Rapport à l'Académie. M. Flourens communique, au nom de M. Grimaud, de Caux, qui la lui adresse d'Athènes, une Note de 31. J. Schmidt, Directeur de l'observatoire de cette ville, sur le grand tremblement de terre qui a eu lieu en Grèce le 26 décembre 1861. « Le phénomène, dit M. Schmidt, s'est produit le 26 mars 1861 , à 8h3olu du matin. Plus de huit jours avant la catastrophe, on avait entendu des dé- tonations et éprouvé des secousses. Mais la secousse du 26 décembre a été la plus désastreuse, quoiqu'elle n'ait duré que 3 à 4 secondes. Elle a été surtout ressentie à Vostizza, à Galaxidi et dans plusieurs autres localités de l'Achaie et de la Roumélie. Vingt hommes ont été tués et plus de deux cents blesses sous les ruines des maisons renversées. Presque toutes les églises ont été endommagées, leurs gros murs lézardés. » Les accidents géologiques occasionnés par ce tremblement de terre sont très-remarquables. Le docteur Diamantopoulos de Vostizza les a observés le premier. Je suis venu les étudier après lui, à deux reprises. La première fois, quand je suis allé dans le Péloponèse pour observer l'éclipsé totale de soleil du 3i décembre 1861, dans le voisinage Nemea. Au moment de la ca- tastrophe, je me trouvais à Ralamaki, sur la côte occidentale de l'isthme de ( 670 ) Corinthe. La seconde fois, sur l'ordre de M. Christopoulos, ministre de l'intérieur, je suis allé visiter les contrées situées entre Delphes, Itea, Ga- laxidi et Vytrinitza, ainsi que la partie septentrionale du Péloponése coin- prise entre Vostizza et Diakophtitika, entre les embouchures des rivières Meganites et Crathis. » Dans la Roumélie, le sol n'a pas été considérablement modifié. 11 s'est formé quelques crevasses à Itea et à Vytrinitza : dans quelques lieux, des masses de rocher se sont détachées. Le 18 janvier 1862, à 3 heures de l'après-midi, à Delphes, une masse énorme s'est détachée, sous mes yeux, du rocher Hyampeia (Phlempoukos), au-dessus de la fontaine de Castalie. » Dans le golfe de Salona (Krissa), l'agitation de la mer a été très-grande: les bâtiments qui se trouvaient dans le port de Galaxidi ont été gravement endommagés comme dans une tempête. » Les dommages les plus considérables se sont produits dans le voisinage de Vostizza. Il y a là un delta formé par les rivières Meganites, Selinons, Kerynitis, Vouraïkos et Crathis. Toute la plaine, dont une partie en cul- ture et l'autre marécageuse, s'est enfoncée deom,5o à 2 mètres : cet acci- denta déterminé entre le sol et les montagnes du Péloponése une grande fissure. L'enfoncement règne dans une longueur de i3 à 14 kilomètres; il a changé le niveau de la plaine entière depuis l'embouchure du Crathis jus- qu'à Féméni, une demi-heure à l'est de Vostizza, sur une largeur de 5oo à 2000 mètres. Il en est résulté la destruction de douze villages qui occu- paient cette plaine, et le sol qui les reliait à la mer est maintenant sous l'eau dans une étendue en largeur de 100 jusqu'à 200 mètres. » Dans la partie de la plaine qui est restée au-dessus du niveau de l'eau, et selon une zone de 5oo à 800 mètres, il s'est produit de très-nombreuses crevasses de la même nature que celles qui ont été observées en Calabre en 1785 et en Valachie en 1 838. Au milieu de ces crevasses il s'est formé des cônes de sable, les uns sans cratère, les autres avec cratère vomissant de l'eau de mer mêlée de gaz, de sable, de débris de plantes, de troncs d'arbres décomposés. Ces cônes, sans aucune apparence volcanique, étaient le pro- duit des eaux souterraines soumises à la pression énorme exercée par les terrains enfoncés, obéissant aux lois de l'hydrostatique quand toutes les conditions nécessaires sont données, comme, dans le cas présent, la forma- tion des crevasses et des trous à la surface de stratifications dans lesquelles existent simultanément les eaux et le sable. » Ce phénomène de la formation des crevasses s'est produit sons mes yeux à Kalamaki, et je crois l'avoir observé le premier; il s'est produit quel- ( 67i ). ques minutes après la grande secousse. Les crevasses avaient une longue™ de i 5 à 20 mètres; les cônes de sable avaient un diamètre de la même gran- deur ; la largeur des cratères 1 à 2 mètres. Les mêmes accidents se sont ma- nifestés sur une plus grande échelle à Helike, Trypia et i)iakophtitika,a l'est deVostizza. Dans ces dernières localités, l'eau de la mer couvre le rivage, dans l'étendue déjà mentionnée de i3 à 14 kilomètres. Les cimes des ar- bustes et des roseaux paraissent seuls au-dessus des eaux. » La ville de Helike a été déjà ainsi submergée, l'an 373 avant notre ère. » Durant mon voyage, les secousses n'étaient pas rares; presque tou- jours je les ai observées à Corinthe, Vostizza, Galaxidi et Delphes. » Ce tremblement de terre, dont je viens de décrire quelques effets par- ticuliers et locaux, s'est fait sentir dans tout le Péloponèse, dans l'île de Zàhte, dans la Roumélie, la Béotie, l'Eubée et l'Attique; mais les détails manquent. Ce n'est qu'après les avoir recueillis qu'on pourra se former une idée de l'ensemble et peut-être aussi déterminer le centre du mouve- ment. » M. Flourexs présente au nom de M. Chavannes, de Lausanne, un Mé- moire imprimé sur les principales maladies des vers à soie et leur guérison, et lit l'extrait suivant de la Lettre d'envoi : « La découverte d'une notable quantité d'acide urique et hippurique dans le sang extrait des papillons malades, où ces acides cristallisent d'eux- mêmes, est un fait nouveau. La disparition de ces acides par suite de l'éle- vage des vers en plein air et sur l'arbre même, et la régénération qui en est la suite, est un fait tout aussi certain. Enfin l'indication de la nature des corpuscules oscillants nageant dans le sang, lesquels ne sont que les nu- cléoles du noyau des globules sanguins (note 4), est aussi nouvelle. » Le Mémoire de M. Chavannes est renvoyé à titre de renseignement a la Commission des vers à soie. AI. Floikexs présente également au nom de : M. Minerviniuu Mémoire en italien sur un œuf contenant dans son intc- rieur un second œuf complet, et sur un œuf à trois jaunes dans une seule coque : De <)/. Gratiolet des Récherches sur le svsteme vasculaire de la sangsue médicinale et de l'aulas-tome vorace; ( 672 ) De M. Rosenstlial un Mémoire sur le nerf vague ; Et de M. JVolJ un Mémoire également en allemand sur le bégayement et sa guérison par une nouvelle méthode. L'auteur, dans la Lettre d'envoi, rappelle de précédentes communica- tions qu'il a faites à l'Académie et dans lesquelles, comme clans celle qu'il fait aujourd'hui, on peut voir comment les progrès de nos connaissances en physiologie contribuent aux progrès de la thérapeutique. La Société Géologique de Londres remercie l'Académie pour l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus. La Société impériale des Sciences naturelles de Cherbourg adresse des remerciments pour un semblable envoi. uiïomÉTRIE. — Considérations générales sur les courbes dans [espace. — Courbes du cinquième ordre; par M.. A. Cayley. « On pourrait assez bien dénoter les courbes des ordres un, deux, trois, comme suit, savoir : La courbe du premier ordre, par. . . i Celle du second ordre, par 2 Les courbes du troisième ordre, par. . 3 et 4 — 1, c'est-à-dire que la courbe plane serait 3 et la courbe dans l'espace 4 — r • Mais pour le quatrième ordre, cette notation serait déjà en défaut, et l'on aurait besoin d'une notation telle que celle-ci : Pour la courbe plane 4-1 Pour la courbe quadri-quadrique. 2.2 Pour la courbe excubo-quartique. 2.3 — 1 — 1 » Cela devient cependant trop complexe, et comme je ne cherche nulle- ment une notation parfaite, il suffit pour le moment de dénoter la courbe plane (dont je n'ai guère à m'occuper) par 4* , U quadri-quadrique par 4, et l' excubo-quartique par 6 — 2. De même pour le troisième ordre, on peut dénoter la courbe plane par 3* et la courbe dans l'espace par 3. » Cela étant, pour les courbes du cinquième ordre, ou courbes qiun- P. D. A. ou espèce 5 O 6-i 4 - 8-3 6 19-3 — i 6 1 9~6 + 2 5 ( 673 tiques, il y a cinq espèces, savoir : La courbe plane La courbe quadri-cubique La courbe quadri-quartique La courbe cubi-cubique (deux espèces) où la colonne P. D. a. fait voir pour chaque espèce le nombre des points doubles apparents {Voir le Mémoire de M. Salmon : On the classification of Curves of double Curvalure, Camb. et Dub. Math. Journ., t. V, (85o). Cette classification est au fond celle du Mémoire cité; seulement M. Salmon a énuméré trois sous-espèces qui n'existent pas, à savoir les sous-espèces qua- dri-quadriques analogues à V.7, V.8, V.9 (p. 42, où M. Salmon parle des courbes algébriques correspondantes à V.7, V.8, V.9, V.io, sans attacher des numéros à ces quatre sous-espèces). Je vais à présent expli- quer la théorie des cinq espèces » Courbe plane ou espèce 5. — Il va sans dire que cette courbe est l'inter- section d'une surface quintique par un plan quelconque. » Courbe, quadri-cubique ou espèce 6 — 1. — Cette courbe est l'intersec- tion partielle d'une surface quadrique et d'une surface cubique qui ont en commun une seule droite. En supposant que les équations de la droite soient x = oj y = o, on peut prendre pour équation de la surface quadrique xa— yz = o, et pour celle de la surface cubique ,rV-jU = o, où U = o, V = o, sont des surfaces quadriques quelconques. Au lieu des deux équations «M — JZ = O, xV -/U il est permis d'écrire U, x, z V, j, « ce qui fait voir qu'il passe par la courbe cette nouvelle surface cubique zV- wU = o, laquelle a en commun avec la première surface eu bique la courbe qua- dri-quadrique U = o, V = o. » La courbe a [\ points doubles apparents; elle peut donc avoir o, 1 ou C. R., i86j, Ier Semestre. (T. LIV, N° H.) 87 (674 ) >. points doubles ou de rebroussement; cela donne les sous-esp» < V.i, V.2, V.3, V.4, V.'), V.6, «le M. Salmon. » Je remarque en passant qu'en supposant que la surface cubique xY — 7-1=0 a en commun avec la surface quadrique .r« — jz = o, non-seulement la droite x = o, y = o, mais aussi une autre génératrice du même mode de génération, on aura, au lieu de la courbe quintique 6 — 1 , cette nouvelle droite, et une courbe excubo-quartique. C'est là le théo- rème qui donne une des constructions que M. Chasles a trouvées pour la courbe excubo-quartique. » J'ajoute que la courbe considérée comme courbe située sur une sur- face quadrique sera de l'espèce (3,2), ou, selon la notation de M. Chasles, M(x3y2). On connaît ainsi un grand nombre des propriétés de cette courbe, et aussi de la courbe d'espèce 8 — 3 dont nous allons parler, qui étant considérée comme courbe située sur une surface quadrique, est de l'espèce (4,i) ou M (a-* y). » Courbe quadri-quartique, ou espèce 8 — 3. — Une telle courbe est l'in- tersection partielle d'une surface quadrique et d'une surface quartique qui ont en commun trois droites qui ne se rencontrent pas : autrement dit, ces droites seront des génératrices du même mode de génération de la surface quadrique (*). » Soit xw — yz = o l'équation de la surface quadrique; on peut prendre pour les trois génératrices (x — X y = 0, ÀW — Z = O), (x - \}.y = 0, /xta — z==o), (a? — y y = 0, v « — z = 0 ) ; et cela étant, l'équation de la surface; quartique sera (a,...) {x — Xj, Xa> - z) {x — p.j, pu - z) [x — vjr, vu — z) = 0, en représentant de cette manière une fonction linéaire par rapport a x — / ) et Xw — z, par rapport à x — p.y et fia — z, et par rapport à x — vy et vw — z, les coefficients a,... étant des fonctions linéaires quelconques de X, y, z, '». (*) Dans le symbole 8 — 3 on remarquera que 3 dénote non pas la cubique gauche , ■nais les trois droites; 8 — 1 — 1 — 1 serait trop lony, el je me suis servi expies de la nota tion moins complète; et ainsi il est nécessaire en pareil cas d'expliquer la notation. P, s, a p, s, a 'h *. P = o, q, t, P r, k, 7 r, h, y ( 675 ) » La courbe a 6 points doubles apparents ; il n'y a donc pas d'autre sin- gularité : c'est l'espèce analogue à V.io de M, Salmon. » Courbe cubi-cubique, espède 9 — 3 — 1. — La courbe est l'intersection partielle de deux surfaces cubiques qui ont en commun une courbe cubique gauche et une droite qui ne rencontre pas la courbe cubique. >. Soient p, q\ r, s, t, u, P, Q des fonctions linéaires quelconques des coordonnées; a, j>, y, a', /î', y' des fonctions linéaires quelconques de P, Q (autrement dit, « = o, |3 = o, etc., seront les équations de six plans quel- conques qui passent par la droite P = 0, Q = o). Cela étant, les surfaces cubiques = 0, auront en commun la courbe cubique s, l, u (ainsi les surfaces quadriques pt — sq = o, pu — sr = o se rencontrent selon la droite p = o, s = o et selon la courbe cubique dont il s'agit) et la droite P = o, Q = o. Il y aura donc encore une intersection qui sera la courbe quin tique 9 — 3 — 1. i> La courbe a 6 points doubles apparents; il n'y a donc pas d'autre sin- gularité : c'est l'espèce V.io de M. Salmon. » Je remarque en passant que cette courbe quintique 9 — 3 — 1 a avec une certaine courbe sextique une relation semblable à celle qui existe entre la courbe excubo-quartique et la courbe quintique 6 — 1. En effet, /;, q, r, s, t, u, a, fi, y, a', jS' ', y' étant à présent des fonctions linéaires quelconques des coordonnées, la courbe sextique sera donnée par les équations = o, ou, ce qui revient à la même chose, elle sera l'intersection partielle des 87.. ?» s, «, «' (h t, P, P' r, u, Y» i <;76 ) deux surfaces cubiques p, s, ce <7> *, fi = o, l>- s, a' '/> t, fi' r, u, i = o, lesquelles ont en commun la courbe cubique />. 7> r s, t, u = o. Or, en prenant a, /3, y, a', ]3', 7' des fonctions linéaires de P et Q, nous avons, en effet, réduit la courbe sextique à la droite P = o, Q = o et à la courbe quintique 9 — 3 — 1. » Courbe cubi-cubique, espèce 9 — 6 -h 1. — Cette courbe est l'intersection partielle de deux surfaces cubiques qui ont en commun une courbe excubo- quartique. En supposant que cette courbe excubo-quartique soit l'intersec- tion partielle d'une surface quadrique et d'une surface cubique qui ont en commun les deux droites (x = o, y = o) et (z = o, w = 0), on peut prendre pour équation de ces deux surfaces U = V =5 x w — yz a, b c, cl (x, j)(z, m) = o, en représentant de cette manière la fonction axz -h hyz -+- cx<» ■+- d\ <». linéaire par rapport à x, y et par rapport à z, g), avec des coefficients a, b, c, d, lesquels sont des fonctions linéaires quelconques de x, y, z, w. » En écrivant d'abord V = (ax + by) z + [ex + djr) w, U = — y z + x m, on obtient jt'V -4- {ex -+- dy) U = z [ax2 -t- (b -+- c) .xy — dy'}. El de même en écrivant \ = (as + cu)x+ {bz -+- du> ) > , U = w x — z y, on obtient zV+ (bz-\- dw) U =x[az2 + (b -h c)zm -+- dw2]. (677 ) Or le premier de ces résultats fait voir qu'en supposant U = o, V = o, on a eue2 + (b 4- c) xy + dy2 — o, et le second, qu'en supposant U = o, V = o, on a de même az2 -h (b + c) z« + du2 = o. Les surfaces U = o, V = o se coupent selon la courbe excubo-quartique et les droites (x = o. y = o) et (z == o, w = o) ; mais la surface a.r2 -+- {b -+- c) xy -+- dy2 = o ne passe que par la première, et la surface az2 -+- (b -+- c) zw -+- / phiques. » » Lorsque a = o et a, = o représentent deux droites, situées dans le même plan, qui se coupent en un point c, on a, en désignant par > une constante arbitraire, (i) a — la, = o pour équation de chaque ligne qui passe par le point c. On peut regarclti cette équation comme expression analytique du faisceau ayant pour centre le point c, parce qu'on en tire l'équation de chaque rayon, en donnant à ). une valeur convenable. » De même on a pour équation de chaque ligne qui passe par le point d'intersection C de deux droites A = o et A' = o : (2) A— ).A'=o. » L'équation (2) est l'expression analytique d'un faisceau ayant pour centre !e point C. » Les équations ( 1 ) et (2) représentent des faisceaux homotjra phiques quehim- ques, ayant pour centres les points c et C, dont les rayons homologues sont défini* par le fadeur arbitraire X, (pu est supposé le même dans tes deux équations. » En passant nous remarquons que l'équation (2) représente de menu chaque ligne droite coupée hoinographiquemcnt par le faisceau (1 \ = 0 el V = 0 désignant les équations de deux points quelconques. (%9) ■ Admettons donc que c etC soient les centres des deux faisceaux cher- chés et que les équations ( i) et (2) représentent les rayons homologues des deux systèmes. Puis soient x, j-, s avec les indices 1, 2,... 7 les. coordonnées homogènes des sept points donnés du premier système et de X, \ , Z avec les mêmes indices Ips coordonnées des points correspondants de l'autre système. » Alors x signifiant l'un quelconque des sept indices; les deux équa- tions (3) {a)x-lx{a,)x = o, (A)x — lx{A% — 0 donnent les quatorze conditions pour que sept rayons du faisceau c passent par les sept points du premier système et que leurs rayons homologues de l'autre faisceau C passent par les sept points de l'autre système, en supposant que (a)x, [a{)x, (A)x, (A')x soient les expressions dans lesquelles a, au S.. A', se transforment par changement des coordonnées variables dans les coor- données (correspondants à l'indice a:) des pointsdonnés de l'un et de l'autre svstème. » Les quatorze conditions se réduisent par l'élimination de }.x. aux suivantes : ce qui donne la solution de notre problème. » Qu'on détermine les douze constantes contenues dans les quatre ex- pressions a, at, A, A', de telle sorte qu'elles remplissent les sept équations (4); on trouvera ensuite par les équations (5) a = o, a, = o les coordonnées du centre c et par (6) A = o, A' = o les coordonnées du centre C. » N'ayant que sept équations pour la détermination de douze con- stantes, on pourrait conclure qu'il y aurait un nombre indéfini de solu- tions. Mais, au contraire, le problème est complètement défini, comme M. Chasles le remarque. » Four démontrer cela, nous posons : = a0x + jS0 y + -/oz, A == v» X -t- fi" Y h- /Z, ' a, — v.,x -+- /3, y -+-y,z. A' -.= a' X -f- j3' Y + /Z. ( 680 ) » Nous pourrons faire évanouir deux des douze constantes, qui se trou- vent dans a, a,, A, A', par exemple ]30 et 7,, ce qui signifiera que les deux lignes a = o,a, = o, passant par le centre c, que nous pouvons faire tour- ner autour du centre comme nous voulons, reçoivent des directions fixes. » Puis, en considérant de quelle manière les constantes se trouvent dans les équations (4), on voit que trois d'entre elles se réduisent encore à l'unité, par exemple a0 = a, = a0 = r. » En effet, il ne reste donc qu'a déterminer sept quantités, dont le nombre est égal au nombre des équations qui résolvent le problème. » Mais, pour ne pas détruire la symétrie, nous retiendrons dans ce qui va suivre les douze constantes. » Développons l'équation (41 ainsi : 8 En posant \ («oo *x + «01 Jx -1- «02 Z* ) Xa + (al0xx + n{{jx + ai2zx) Yx ■ -4- aioxx -+- aitjx -+- aMzx) Zr ' (9 [«0 a, a0a' — ata0, a0K = j3p«' — fi, a0, a02 = -/„ a! — 7, a0 «20 = «07 a.7o, «2. = /507' - /3,y°, rt22 = 707' — 7,7°, ces neuf quantités, qui ne sont pas indépendantes entre elles, remplis- sent la condition connue de la théorie des déterminants : (10) "001 "on "02 "in» "1 ", I 0 I " H ) "12 ^'20' 21 ' 2 2 » Mais comme on ne trouve dans les équations (8) et( 10) que les rapports des neuf constantes a, ces équations donnent la solution complète du pro- blème de la manière suivante. Soient m et n deux quelconques des con- stantes a. Les sept autres se laissent exprimer par les sept équations linéa ires ( 8) sous la forme ■' fl/tv =b/lvm + c„,ti, b,r, et Cp, représentant des fonctions définies .des coordonnées des quatorzi points. Substituons ces valeurs (1 i'i dans l'équation (10). Nous obtiendrons ( 6»i ; Péquation cubique cherchée pour m n (ta) b00m -i- Coon-> l'ot»1 + c0\n;' l?oim + r02?i bi0m ■+- c,0n, bum -+- c'tlh; biam + c{2n b20m -+- c20fi, b3l ni -+- c2l n, h22m + ci2?i » Après avoir résolu cette équation, et posé n= i, les équations (n) donneront les valeurs des quantités a. « Pour trouver les coordonnées du centre c; x, y, s, nous nous rap- pelons que a = o et a, = o sont les équations de deux droites qui se coupent à ce centre. Désignons par X, Y, Z des quantités quelconques, l'équation a A' — «, A = o, ou en développant : (a00jc-h a0ly -4- aoîz)X | + (atox-hauy -h al2z)Y - (aiox -4- «2I y -+- a.22z)Z = o représente un système de lignes droites qui se coupent au centre c. On obtient donc les coordonnées du centre c de deux quelconques des équa- tions : , a00x -f- aoi y + a02z = o, (i4) lal0x-h auy-\-ai2z = o, \a2„x -+- rf,,^ -4- fl22: = o. » Mais comme les coefficients de ces équations dépendent de l'équation cubique (12), on a trois solutions du problème. » Si l'on avait, au lieu de sept points dans chaque système, huit points, le problème n'aurait, en général, pas de solution. Mais on peut demander quelle position devra avoir le huitième point o du premier système, quand son correspondant U est donné. Cette question est résolue par l'équation ( i3)' lorsque x, y, z sont les coordonnées de o, et X, Y, Z les coordonnées deO. Elle montre que le point o peut être choisi où l'on veut sur une ligne passant par le centre c. » Mais l'équation (i3) représente trois droites diverses, parce qu'il y a trois centres c. C'est sur ces trois lignes qu'on peut choisir le point o. » On trouve l'équation de ces trois droites sous la forme d'un produit de trois facteurs linéaires en cherchant par les sept équations (8) et de l'é- quation (i3) les rapports des neuf coefficients a sous forme linéaire et en les substituant dans l'équation (10). C. R., 1862, Ier Semestre. (T. L1V, N° H.) 88 ( 68a ) » L'équation ' 10) ainsi préparée représente avec les constantes arbitraires \, Y, Z des courbes du troisième ordre passant par les trois centres c. C'est de toiles sortes de courbes du troisième ordre qu'on a déduit jusqu'ici la solution du problème de M. Cbasles, en fixant les six points d'intersec- tion (entre les neuf) de deux de ces courbes, qui ne sont pas les trois cen- tres cherchés. » PHYSIQUE. — Sur lu porosité des tubes de porcelaine; par MM. RÉs.ti. et Mixaky. Extrait d'une Lettre à M. H. Sainte-Claire Deville. « Nous avons pensé, M. Minary et moi, qu'il ne serait pas sans intérêt d< vous signaler un tait qui se rattache à vos expériences sur l'endosmose des °az, et dont nous avons été témoins au laboratoire deCasamène 'banlieue de Besançon), appartenant à la Compagnie des Forges de Franche-Comté. » En esssayant d'obtenir, pour nos recherches sur la composition des fontes, du charbon aussi pur que possible, nous avons introduit dans un tube en porcelaine vernissé à l'intérieur, de manière à le remplir com- plètement, du charbon de sucre en vue de le recalciner à une haute tem- pérature, au blanc brillant; nous avons observé un dégagement continu d'oxvde de carbone et d'azote pendant toute la durée de l'opération, que nous avons dû limiter a sept heures, quoique, après cette période, le dégage- ment n'ait pas perdu de son énergie. Après avoir cassé le tube, nous avons remarqué que l'émail intérieur s'était soulevé de manière à former de pe- tites boucles qui accusent tres-nettement l'introduction dans l'intérieur des ga2 (\\i foyer, et cependant la contre-pression vaincue n'était pas inférieure a o™,4° de hauteur d'eau. Nous avons l'honneur de vous adresser un frag- ment de ce tube pour que vous puissiez constater par vos yeux le fait dont il est question. » Il est bon d'ajouter qu en calcinant du chai bon de même nature clans un tube en fer placé dans un tube en terre pour éviter l'action oxydante de la flamme, le dégagement de gaz ne s'esi manifesté que pendant une pé- riode relativement très-courte. » « M. H. SAi.vTK-Ci.Aiiti. hivii.ii lait remarquer a propos de ces expé- riences qu'il est tres-sage de se mettre à l'abri «les inconvénients que peut offrir la porosité des tubes et vases de porcelaine fortement chauffés, en les faisant enduire a Y extérieur d'une couche de vernis feldspathique. C'est la précaution qu'il a prise dans son travail avec M. Troosl sur les densités de vapeur des ( 683 ) matières réfractaires, où des ballons de porcelaine ainsi protégés ont été chauffés impunément jusqu'à i/|/|O0 pour la détermination delà densité de vapeur du tellure, qui à celte température représente, comme le soufre et le sélénium, un volume de vapeur. » géologie. — Noie sur la découverte de l ètaae aptien aux environs d'Orthez; par M. A. Leymerie. « M. Dufrénoy, dans son Mémoire fondamental sur le terrain crétacé du midi de la France, a mis en regard, dans une coupe théorique, les étages de l'Aunis et de la Saintonge avec ceux de l'extrémité occidentale des Pyré- nées. Ce parallèle a été confirmé par la découverte que j'ai faite, il y a quelques années, au sud de Sare (arrondissement de Bayonne), d'une crête composée d'un calcaire grisâtre reposant sur le grès rouge, où se trouvent empâtés de nombreux individus de Caprina adversa et de Spherulite foliacea, rudistes essentiellement caractéristiques de l'étage cénomanien qui, dans les environs de la Rochelle et d'Angoulème, constitue la partie la plus intérieure de la formation crétacée. » D'un autre cùté, j'avais trouvé Te> ebralula Menardi, Ustrea carinala, etc.. dans les calcaires de Sainte-Suzanne, près d'Orthez, décrits par M. Dufrénoy, qui y avait déjà signalé des Dicérates (Caprotina Lonsdalii) et de petite Polypiers coniques (Orbitolites), fossiles indiquant le même horizon (céno- manien ou grès vert supérieur), avec un autre faciès. » Ces calcaires d'Orthez, qui se trouvent relevés exceptionnellement à la base de notre chaîne, s'enfoncent profondément dans la craie propre- ment dite, si développée dans ce pays, où elle est représentée par des cal- caires crayeux à Ananchyles ovala et à Inoceramus cripsii, par des schistes arénacés en décomposition et par des calcaires fissiles à fucoïdes (i), et j'étais porté à penser que le terrain crétacé des Pyrénées occidentales, malgré son faciès tout spécial, correspondait synchroniquement, dans son ensemble, à celui qui, dans l'ouest de la France, forme une bordure au pied du plateau central ; mais une découverte que je viens de faire aux environs d'Orthez m'oblige à ajouter au-dessous du calcaire cénomanien un étage plus ancien qui n'existe pas en Saintonge, et qui est, au contraire, assez développé vers l'extrémité orientale de la chaîne à l'endroit où elle se soude (i) Je fais abstraction ici du calcaire à Hippurites des hauteurs, qui doit être regardé, au point de vue géologique, comme appartenant au versant espagnol. 88 ( 684 ) aux Corbières. Je veux parler de l'étage aptien (i), que le soulèvement local déjà signalé est venu porter au jour à Sainte-Suzanne, où je l'ai observé sous le calcaire à Caprotines relevé de part et d'autre. » Ce nouvel étage, qui vient reporter, pour ainsi dire, la ressemblance du côté de l'extrémité orientale des Pyrénées, est représenté à Sainte-Suzanne par des argiles et des marnes riches eu Exogjrra sinuata, espèce dont j'ai eu souvent occasion de constater la constance à ce niveau. » J'ai trouvé aussi dans ces argiles deux espèces de Trigonies, deux espèces d' Arches,wa fragment d'Ammonite, une petite Turbinolie et des Oursins mal conservés de la taille et de la forme du Toxasler ou Echinospatagus Colle<)mi. » Il est bien probable que ces argiles à Exogyra simiata constituent la base du terrain crétacé dans les Pyrénées occidentales. Elles sont peu développées et surtout peu apparentes dans cette partie de la chaîne; mais l'étage qu'elles représentent prendrait un peu plus d'importance géographique si on lui rapportait une puissante assise de schistes noirs argileux avec concrétions de sidérose impure, qui se montre dans les arrondissements d'Oloron et de Mauléon, au pied des .escarpements du calcaire à Dicérates jurassiques, d'où elle s'étend plus ou moins au nord, principalement dans la vallée de Soûle, pour aller s'enfoncer sous les calcaires à fucoïdes rubanés (craie) d'Oloron et de Mauléon. » Je suis porté à croire que les étages crétacés que je viens de signaler dans la partie occidentale des Pyrénées passent sous les terrains plus mo- dernes des Landes pour aller y faire saillie ou s'y terminer en quelques points sur la détermination desquels il restait encore des doutes. » Ainsi je verrais volontiers dans le calcaire noirâtre de Saint-Lon, où l'on a exploité pendant quelque temps du lignite bitumineux, un repré- sentant du calcaire cénomanien de Sainte-Suzanne qui offre de nombreuses veines du même combustible pour lequel ont eu lieu, à diverses époques, quelques tentatives d'extraction. (i) Puisque l'occasion s'en présente, qu'on nie permette de rappeler ici que j'ai le pre- mier indiqué ce type comme formant un horizon spécial à la base du gault (Statistique géo- logique de l'Aube). Je n'ai pas, il est vrai, cru nécessaire de lui donner un nom particulier; car je ne prévoyais pas alors toute l'importance qu'il devait prendre; je me suis contenté de le désigner ainsi : argiles à Exogyra simiata ; mais j'ai signalé sa faune toute spéciale, et j'ai fait connaître les principaux fossiles qui la composent, comme Exogyra sinuata, Plicatula placunœa, Terebratula sella. M. d'Orbigny a eu le mérite de généraliser ce type et de le faire entrer dans la science sous le nom (Vopt'cn. ( 685 ) • » D'un autre côté, le gîte fossilifère deVinport, découvert par M. Dumor- tier sur les bords de l'Adour, que ce géologue compare avec juste raison aux couches aptiennes de la Clape et de Saint-Paul-de-Fenouillet, n'est sans doute qu'un prolongement des argiles à Exocjyra sinuata de Sainte- Suzanne. » Enfin il serait assez naturel de voir dans les calcaires relevés de Tercis, flanqués de couches riches en Ananchytes et autres Oursins de la craie, l'extrémité d'un banc calcaire de couleur blanche, qui est exploité dans tout le Béarn comme pierre de taille, ainsi que M. Dufrénoy l'a dit dans le Mémoire déjà cité, et dont la constance et la continuité au milieu du sys- tème schisteux crétacé (craie), généralement peu consistant de cette partie des Pyrénées, n'avait pas échappé à la sagacité de Palassou. » Les étages aptien et cénomanien, pour lesquels seuls nous devons em- ployer la teinte verte sur la carte géologique des Pyrénées, ne forment, en dehors de l'ilôt d'Orthez, qu'une bordure relativement au terrain crétacé supérieur ou craie qui occupe un large espace à la base de cette chaîne. Dans les Pyrénées centrales, cette bordure disparaît ou au moins s'amincit beaucoup; mais dans les Corbières ces étages inférieurs prennent un beau- coup plus grand développement. M. le vicomte d'Archiac, qui les a décrits dans un remarquable Mémoire, a émis à cet égard une opinion que nous ne partageons pas entièrement, et peut-être les faits que nous venons de signaler dans les Pyrénées occidentales pourront-ils porter quelque lumière sur cette importante question. » Il me paraît probable d'abord que les schistes noirs à Exoayra sinuala, Tereliralula sella, Toxaskr Collegnii, que j'ai moi-même étudiés à Quillan et à Saint-Paul, doivent être regardés comme aptiens (i), et alors ne serait-il pas naturel de rapporter au calcaire cénomanien d'Orthez les calcaires compactes extérieurs des Corbières, que M. d'Archiac appelle calcaires à dicérates ? » (i.) Il est vrai que M. d'Archiac a cilé avec les fossiles aptiens un certain nombre d'espèces neocomiennes. Jusqu'à quel point ce mélange existe-t-il? Ces espèces ne pourraient-elles pas indiquer une assise à part, auquel cas on serait autorisé à admettre dans les Corbières le néocomien proprement dit, qui fait défaut complètement dans tout le reste de la chaîne? ( 686 ) i MINÉRALOGIE. — i\ole sur la raslolite de Monroe, comté d'Orange [NewJTork par M. F. Pisaxi. . M. le professeur Sheparrl de New-Haven (Connecticut) a envoyé en Europe, sous le nom de raslolite, une substance ayant les caractères exte- neurs du mica, et qui se trouve dans un quartzite associée avec de la pyrite. Cette dernière se trouve le plus souvent mêlée intimement en quantité plus ou moins considérable à la rastolite et même quelquefois on en voit distinc- tement des croûtes entre les feuillets. La rastolite se présente sous forme de lames empilées ayant souvent plus de 2 centimètres de diamètre, difficiles à séparer et flexibles sans élasticité. On n'aperçoit pas de forme qui puisse indiquer le système auquel elle appartient, et comme elle est entièrement opaque. M. Des Cloizeaux, qui a voulu en examiner les caractères optiques, n'en a pu rien conclure. Sa couleur est d'un gris légèrement bronzé et son éclat faiblement nacré; sa surface est souvent ondulée. Elle est attaquée en grande partie par l'acide cblorbydrique, mais jamais d'une manière com- plète, même si l'on emploie l'eau régale, de sorte qu'on ne peut l'analyseï de cette manière. Elle donne de l'eau dans le tube et fond au chalumeau avec bouillonnement en une scorie noire. » Comme il m'a été impossible de trouver des parties exemptes de py- rite, j'ai dû choisir les lames qui en contenaient le moins d'une manière visible, et j'y ai dosé le soufre sur une portion, après avoir attaqué la ma- tière par l'eau régale. D'après la quantité de soufre, j'ai calculé la pyrite correspondante que j'ai retranchée du total de l'analyse. Dans l'échantillon que j'ai employé cette quantité de pyrite était de 3,2 pour 100. » Une autre portion de la matière a été attaquée à la chaux pour l'ana- lyse du silicate. Quant à la quantité d'eau, je l'ai calculée, déduction faite du soufre dégagé en vase clos, parles 3,2 pour 100 de pyrite. ■> Voici quels sont les résultats de mon analyse : Ovyjènc. Rapport. Silice 34,98 i8,65 fi Alumine 21,88 ,0>'9 3 Protoxyde de fer '-8,44 6,3i j Magnésie 6,^4 2 > 49 I ' Eau 9129' 8,19 3 100,7(1 (1) Imprimée sur la demande de M. H. Sainte-Claire Deville à qui, dans la précédent) séance, cette Note avait été renvoyée. ( <>87 ) Elle correspond à la formule ÀiSÏ-4-(Fe'Mg)3Si + 3Aq. » Comme on le voit, d'après cette analyse, on ne peut guère admettre que la raslolite soit un mica, mais bien une chlonte ferrugineuse analogue à la Delessite ou bien une ripidolite. En effet, la substance que j'ai analysé* contient 9,2 pour ioo d'eau, tandis que les micas en contiennent bien moins ou n'en contiennent pas; ensuite, il n'y a ici ni potasse, ni soucie, ni lithme (ce que j'ai contrôlé au spectroscope); enfin, le manque d'élasticité des feuillets, ainsi que le gisement dans une matière de filon, tout s'accorde à faire regarder la rastolite comme une véritable chlorite et non comme un mica. » Je me suis assuré que tout le fer est au minimum, de sorte que, comme la Delessite en contient une partie au maximum, il faudrait plutôt ranger la rastolite avec la ripidolite. » CHIMIE MINÉRALE. — Aluminate de baryte soluble et sets ci alumine j/urs poui l'industrie; par M. (iaudiw « Quand j'ai commencé mes recherches, je croyais, avec tous les chi- mistes, que l'aluminate de baryte était insoluble comme les aluminates de chaux, de magnésie ou de zinc. Les circonstances qui m'ont amené à éclaircir ce point ignoré de la science, sont assez intéressantes pour que |< les fasse connaître. » Un industriel, étranger aux plus simples notions de la chimie, avait une idée fixe qui était de transformer le chlorure de baryum en baryte, par l'action seule de la vapeur d eau : je fus chargé par lui de tenter cette ex[u ■ rience. Je lui objectai de suite que cela me paraissait d'autant plus difficile que, le chlorure de baryum étant fusible au rouge, il faudrait faire barbotter la vapeur à travers un liquide; néanmoins je commandai des siphons en terre, espérant bien, en les attendant, trouver une solution, en faisant des études sur le chlorure de baryum mélangé à une matière infusible, lui ser- vant de support et pouvant jouer le rôle d'un acide énergique, susceptible de déplacer l'acide çhlorhydrique. » Je n'hésitai pas dans mon choix : j'employai dès le début l'alumine calcinée qui, dans cette circonstance, était pour moi de l'acide aluminique. et je m'attendais à produire un aluminaté de baryte insoluble, susceptible d'être décomposé ultérieurement par une ébullition prolongée en hydrates d'alumine et do baryte. ( 683 ) o La vapeur d'eau, passant à travers un mélange granuleux d'alumine et de chlorure de baryum chauffé au rouge vif, produisit en effet un dégage- ment abondant d'acide chlorhydrique et la fritte traitée à l'eau bouillante donna après filtration une liqueur incolore et limpide très-alcaline, précipi- tant abondamment avec l'acide sulfurique et les sulfates. Je crus donc avoir ainsi obtenu la baryte demandée ; mais, à mon grand étonnement, la liqueur donnait aussi un précipité abondant avec les acides azotique et chlorhydri- que affaiblis. » Dès lors je fus fixé : la liqueur tenait en solution de l'aluminate de ba- rvte et cet aluminate devait désormais être classé avec ceux de soude et de potasse, quoique possédant une solubilité moindre, comme la baryte elle- même quand on la compare sous ce rapport avec la soude et la potasse. En effet, les aluminates de soude et de potasse étendus d'eau ne produisent aucun précipité avec les sels de baryte soluble. L'aluminate de chaux, au con- traire, est tellement insoluble, que l'eau de chaux, versée dans une solution d'aluminate de baryte, y détermine, au bout de quelques secondes, un pré- cipité chatoyant d'aluminate de chaux ; de sorte qu'en ajoutant à la fritte un lait de chaux en excès, avant de la faire bouillir, la liqueur filtrée est une solution d'hydrate de baryte parfaitement exempte d'alumine. » L'emploi du chlorure de baryum étant trop coûteux, j'arrivai à la suite d'essais successifs à y substituer le sulfate de baryte, un mélange de sulfate de baryte, d'alumine ferrugineuse de Provence et de charbon, ayant subi l'action de la vapeur d'eau en excès; la fritte traitée par l'eau bouillante pro- duisit également une solution limpide et incolore ne donnant ni indice de fer au sulfocyanure de potassium, ni indice de sulfure de baryum à l'acétate de plomb : c'était comme précédemment de l'aluminate de baryte soluble. » En opérant ainsi, l'acide sulfurique du sulfate de baryte attaqué est entraîné avec la vapeur à l'état de sulfure de carbone, de soufre, d'acide sulfureux et de gaz hydrogène sulfuré; il se dépose souvent dans le récipient du soufre cristallisé et on obtient une forte quantité d'une eau laiteuse, un vrai lait de soufre qui filtre parfaitement, sans changer d'aspect, à travers le papier. » Ce lait de soufre, qui est complètement exempt d'alcali, pourra peut- être un jour être employé, sinon en agriculture, en place de fleur de soufre, à cause de la difficulté du transport, du moins en médecine, constituant du soufre à l'état naissant qui doit posséder une grande énergie d'action. » Il est à peu près impossible d'obtenir des sels d'alumine purs, à base d'acides minéraux, parce que l'hydrate d'alumine étant précipité de l'alun, ( 680 ). exempt de fer, cette alumine emprisonne nécessairement une portion du liquide salin dans lequel se fait le précipité; elle forme de petites pelottes du sein desquelles aucun lavage ne peut éliminer le liquide salin emprisonné. Avec l'aluminate de baryte soluble, c'est tout autre chose : en y ajou- tant juste la quantité d'acide sulfurique nécessaire pour précipiter la baryte à l'état de sulfate, toute l'alumine se précipite en même temps : puis en ajou- tant en excès soit le même acide sulfurique, soit de l'acide azotique, soit de l'acide chlorhydrique, soit de l'acide acétique, le sulfate de baryte reste sur le filtre, tandis que les sels d'alumine purs passent à travers le filtre à l'état de solution limpide, qui, par une évaporation convenable, donne des sels alumineux exempts de tous corps étrangers. » thérapeutique. — Traitement des plaies rebelles exposées, par iacide carbo- nique et [oxjcjène; par MM. Demarquay et Ch. Lecoxte. « Nous avons eu, il y a deux ans, l'honneur d'adresser à l'Académie des Sciences un Mémoire sur les modifications que l'air, l'oxygène, l'azote, l'hydrogène et l'acide carbonique faisaient subir à la cicatrisation des plaies sous-cutanées, lorsque ces plaies sont mises en contact avec ces gaz. Parmi ces modifications, dont nous publierons bientôt les détails avec tout le dé- veloppement que comporte le sujet, il en est une qui, dès le début de nos recherches, nous a vivement frappés : c'est l'influence cicatrisante que l'acide carbonique exerce sur l'organisation des tendons de formation nou- velle. Ces observations nous conduisirent naturellement à étudier, d'après le programme développé dans notre premier Mémoire, l'action de l'acide car- bonique dans le traitement des plaies rebelles. » Pour arriver à ce résultat, nous avons fait fabriquer par M. Galante des appareils en caoutchouc dans lesquels on place la partie malade, puis avec un appareil gazogène spécial et Irès-simple on fait arriver l'acide car- bonique dans le manchon de caoutchouc ; tantôt on se contente d'une ap- plication dans les vingt-quatre heures, tantôt le gaz est renouvelé toutes les six ou huit heures, suivant les indications à remplir. » Nos appareils sont d'une application tellement facile, que ce nouveau mode de traitement des plaies par l'acide carbonique peut être confié à toute personne intelligente. Lorsque le manchon qui doit contenir l'acide carbonique est appliqué, une large bandelette de diachylon est placée sur le bord du manchon, afin de prévenir la sortie du gaz. 11 importe que la compression ne soit pas assez forte pour gêner la circulation du membre. H C. R., 1862, i« Semestre. (T. LIV, K» 11.) gq ( 69o ) tant donc avoir des appareils proportionnés au volume des parties sur les- quelles on fait les applications Le membre malade étant placé dans un de nos appareils en caoutchouc rempli d'acide carbonique, voici les phéno- mènes physiologiques que l'on observe : » i° Le malade accuse une sensation de chaleur et de picotement dans toute l'étendue du membre soumis à l'action du gaz, et surtout à la plaie ; de plus on observe une légère injection de la peau. » a° Après quelque temps d'application de l'appareil, on y trouve une quantité plus ou moins grande de liquide fournie par l'exhalation de la plaie et la transpiration sensible et insensible du membre. Cette circon- stance oblige à laver un peu l'appareil avec une petite éponge, toutes les douze ou vingt-quatre heures, suivant l'étendue de la plaie, si l'application doit être continue. » L'excitation que produit l'acide carbonique sur les plaies indique que cet agent ne doit être appliqué qu'aux plaies anciennes atoniques, rebelles, et non pas aux plaies récentes, pour la cicatrisation desquelles la nature tait tous les frais. Toutefois l'excitation produite par l'acide carbonique est bien plus faible que celle de l'oxygène, dont l'application dans certains cas spéciaux doit précéder celle du premier gaz. Sous l'influence de l'acide car- bonique les plaies se détergent et prennent une teinte rosée, leurs bords s'affaissent, et dans un temps très-court une pellicule cicatricielle se tonne sur le pourtour de la plaie, en même temps qu'apparaissent sur divers points de la surface des îlots de cicatrisation qui, marchant du centre à la péri- phérie, viennent s'unir avec les bords. Nous avons constaté bien souvent ces phénomènes, sur lesquels nous appelons l'attention de l'Académie. » Ainsi, il résulte des faits que nous avons communiqués, il y a deux ans, à l'Académie et de ceux que nous faisons connaître aujourd'hui, ce fait incontestable : que l'acide carbonique, non-seulement favorise l'organisation des plaies sous-cutanées, mais de plus que c'est le plus puissant agent de cicatrisation des plaies exposées au contact de l'air, lorsque ces plaies, par suite d'un vice local ou général, sont rebelles à tous les moyens ordinaires de traitement. D'ailleurs les faits que nous avons recueillis depuis plusieurs années seront publiés prochainement et compléteront cette série de recher- ches que nous avons entreprises sur les gaz. » M. Guim.et adresse la description d'un pluvioscope écrivant. Comme les météorologistes connaissent déjà plusieurs appareils imagi- nés dans le même but, celui-ci ne pourrait devenir l'objet d'un Rapport que ( %J ) s'il présentait quelque chose de bien réellement nouveau; en conséquence, M. Morin est invité à prendre connaissance de la Note de M. Guillet et a faire savoir s'il y a lieu de la renvoyer à une Commission. M. Lanoa demande l'autorisation de reprendre un instrument de géo- désie qu'il a présenté à la séance du i[\ février dernier, désirant que cet instrument, qu'il désigne sous le nom de diastasimètre, puisse figurer à l'Ex- position de l'industrie à Londres. La description de l'instrument devant seule servir de base pour le Rapport de la Commission, rien ne s'oppose à ce que l'inventeur puisse reprendre l'instrument même, sauf à le représenter plus tard, si la Commission chargée de l'examen y voit quelque utilité. M. Liandiek adresse une nouvelle Note « sur la cause de la scintillation des étoiles. » Cette Note est renvoyée, comme l'avait été celle que l'auteur présentait le iei juillet 1861, à l'examen de M. Babinet. M. Montel prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com- mission a laquelle ont été renvoyées deux Notes qu'il a présentées le 1 1 no- vembre 1861 et le i3 janvier 1862 sur des moyens propres à prévenir les accidents les plus communs sur les chemins de fer. (Renvoi aux Commissaires désignés. ) La séance est levée à 5 heures et trois quarts. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 24 mars 1862 les ouvrages dont voici les titres : Annales de l'Observatoire impérial de Paris; par U.-J. Le VERRIER, direc- teur de l'Observatoire. Observations; t. XVI, 1860. Paris, 1862; in-4°- Atlas écliptique; observations faites à l'Observatoire impérial de Paris; par M. Chacornac. Cartes in-fol.; nos 5, 6, l\\ , 4g, 52, 62. Bulletin de la Société de Chirurgie de Paris pendant l'année i8t>i : 2e série, t. II. Paris, 1862; in-8°. ( <*)* ) Mémoires de ta Société impériale des Sciences naturelles de Cherbourg; pu- bliés sous la direction du Dr Aug. Le Jolis, archiviste perpétuel de la Société; t. VIII. Paris et Cherbourg, 18G1 ; in-8°. Xouvelle doctrine sy philographique. Du chancre produit par la contagion des accidents secondaires de ta syphilis; par M. Edm. I.ANGLEBERT. Paris, i8fii : 111-80. (Destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chi- rurgie.) Recherches sur l organisation du système vasculaire dans la sangsue médici- nale et f aulaslome vorace ; parM. P. Gratiolet. Paris, 1862; in-4°. Mémoire sur le dosage de i opium et sur la quantité de morphine que /<>- pium doit contenir. Observations sur le laudanum liquide de Sydenham; par M. GUIBOURT. Paris, 1862; in-8°. Notice sur les travaux scientifiques de M. Anatole DE Caligny. Versailles, 1862; m-4°. Mémoire sur le terrain tertiaire post-pyrénéen du département des Hautes- Pyrénées; par M. A. Leymerie. (Extrait des Jetés de la Société Linnéenne de Bordeaux, t. XXIV, ire livr.) Bordeaux, 1861 ; br. in-8°. Notice géologique sur Amélie-les-Bains [vallée du Tech, Pjrénées-Oi ienlales) , par le même. (Extrait du même Recueil, t. XIII, 6e liv.) Bordeaux, 1861 ; br. 111-80. Considérations sur le rôle des injusoires et des matières albuminoïdes dans la fermentation, la germination et la fécondation ; par M. le Dr J. LEMAIRE. Caen, 1862 ;br. in-8°. Recherches sur les causes des maladies actuelles du ver à soie; par M. L. De- boutteville, suivies d'un Abrégé des conseils de M. de Quatrefages pour les petites éducations destinées au grainage ; 2e édition. Grenoble, 1862; br. in-8°. Les principales maladies des vers à soie et leur guérison ; par M. Aug. Cha- vanneS. Genève et Paris, 1 862 ; in-8°. Etudes sur la parole et ses défauts, et en particulier du bégayement; par le Dr Violette. Paris, 1862; in-8°. ERRATA. (Séance du 10 mars 1862.) l'âge 5<)-|, liyne 22, an lieu de Pallacci, lisez Pollacci. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 31 MARS 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. FORCE productive DES nations. — Cinquième partie : L Indo-Chine et l'Inde; par M. le Baron Charles Dupin. « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie la cinquième partie de mon ouvrage sur la Force Productive des Nations; les parties précédentes com- prenaient la Force Productive des trois Royaumes britanniques, des deux Amériques, de l'Océanie, du Japon et de la Chine. » Le volume que j'ai l'honneur d'offrir aujourd'hui comprend l'Indo- Chine et l'Inde. » L'intérêt que porte la France à ces contrées s'est beaucoup accru dans ces derniers temps, parce que la victoire a fait tomber les barrières com- merciales qui nous fermaient en très-grand nombre les ports de l'extrême Orient. » Dans l'Indo-Chine, une conquête importante appartenant au climat de la zone torride, et située dans un bassin spacieux et fertile, nous permettra les cultures tropicales les plus précieuses. Ce pays, abondamment arrosé par un grand fleuve et par ses nombreux affluents, nous servira surtout pour la culture du coton, si nécessaire aujourd'hui; là nous pourrons diriger avec la science européenne un peuple qui tient aux Hindous du côté de C. B., 1862, 1" Semeitre. (T. LIV, N° 12 ) qQ ( %4 ) l'intelligence et de l'imagination, et qui tient des Chinois par la faculté de travail, l'activité et l'infatigabilité. » A l'Orient de l'Indo-Chine s'étend la belle et grande contrée célèbre dès l'antiquité par la singularité de ses croyances, de son état social, de ses lettres et de ses arts. » Vingt-quatre siècles d'envahissements et d'asservissements très-divers, altérant à beaucoup d'égards une civilisation primitive, n'ont modifié qu'en partie la constitution antique de l'Ilindoustan, le caractère de ses mœurs et la perfection de ses meilleures industries. » L'étendue de l'Inde et de ses annexes surpasse sept fois le territoire de la France; elle est égale à 38o, 000,000 d'hectares en y comprenant toutes les conquêtes britanniques, depuis le golfe Persique jusqu'au détroit de Malacca ; c'est à peu près la trentième partie de la terre habitable. » La population, telle que la dénombrent les documents officiels les plus récents, s'élève à 187 millions, plus d'un huitième du nombre des habitants du globe. » C'est le sort éprouvé depuis un siècle par cette grande et brillante par- tie du genre humain, c'est l'état actuel de ses connaissances, de ses mœurs et de ses arts, dont la nouvelle partie de mon ouvrage forme le sujet prin- cipal. » Je n'entretiendrai pas l'Académie des divisions spéciales où j'ai traité de la conquête orientale et de l'administration, que l'Angleterre doit à l'as- sociation de commerce la plus extraordinaire qu'aient jamais créée les Occi- dentaux. En cent cinquante ans, la Compagnie des Indes Orientales bri- tanniques a conquis un empire si vaste et si peuplé, qu'il est devenu le plus souvent au-dessus de l'intelligence et des forces d'un seul homme, d'un gouverneur général ou vice-roi, choisi pourtant tous les six ou huit ans parmi les hommes d'État, les guerriers ou les administrateurs les plus émi- nents des trois Royaumes britanniques. » Il y a deux années seulement, quand la Compagnie des Indes Orientales donnait des lois à tant de peuples et possédait des armées et des flottes soit à voile, soit à vapeur, quand elle était parvenue presque aux limites où peut atteindre l'ambition la plus excessive;, enfin quand elle espérait n'avoir plus qu'à jouir en paix de tous ses agrandissements, tout à coup éclate une guerre civile, par la révolte inopinée de 100,000 soldats cipayes; on les combat, on les détruit, soit quand ils ont les armesà la main, soit quand ils déposent les armes. » La victoire ne suffit pas à la fierté de l'Angleterre. Sa superbe luuin ( 695 ) liée, même après la victoire, ne peut pardonner qu'une si grande révolte ait fait douter un instant à l'univers si les dominateurs occidentaux ne per- draient pas leur empire en Orient. La Compagnie dominatrice et presque souveraine, regardée comme coupable d'un si grand affront, est destituée, comme le serait un fonctionnaire insuffisant. » Les derniers actes de cette association furent ses magnifiques envois de produits naturels et de produits d'industrie recueillis avec un zèle admirable en 1 85 1 et i855, afin d'enrichir les Expositions universelles de Londres et de Paris. » L'occasion était unique pour acquérir une idée complète et juste de ces richesses. J'en ai profité surtout pour étudier les produits d'industrie. J'ai considéré plus particulièrement les arts où les Indiens excellent depuis plusieurs siècles, arts dont quelques-uns étaient célèbres dès la plus haute antiquité. » Ce qui les caractérise, c'est une extrême simplicité dans les moyens, dans la forme et l'emploi des outils, des métiers et des appareils dont les possesseurs tirent parti avec une singulière dextérité. » Parmi les arts les plus remarquables, les uns semblent disséminés par tout le territoire, tels que ceux de la céramique, et ceux qui mettent en œuvre les métaux communs et certains filaments recueillis presque partout. » Les autres sont cultivés avec une excellence spéciale dans les parties les plus éloignées et jusqu'aux confins d'un immense territoire. » Ainsi l'art de produire ces tissus merveilleux de légèreté, qu'on appe- lait, par métaphore, de l'air tissé, les mousselines étonnantes pour leur finesse, étaient fabriquées à Dacca, entre le Gange et le Brahmapoulra, vers les frontières du sud-est. » Plus haut, sur les bords du Gange, on embellissait tous les tissus de soie avec des broderies non moins remarquables pour le bon goût du dessin que pour l'excellence du travail. » Les tissus célèbres à d'autres titres, formés avec le plus fin duvet des chèvres du Tibet, sont fabriqués vers la frontière opposée, à l'extrémité nord-ouest, dans le beau vallon de Cachemire. Un peu plus bas, il y a déjà des siècles, sur les bords de l'Indus, des sculpteurs taillaient et ciselaient avec un art infini les pierres précieuses, d'où leur patience et leur habileté tiraient des vases et des coupes, chefs-d'œuvre des artistes de Lahore. » Quoique les Indiens fussent étrangers à la théorie des arts chimiques, ils excellaient dans certains arts dont la perfection, chez les Occidentaux, 90.. (%6 ) est aujourd'hui le fruit de la science. Il me suffira d'en indiquer deux exemples. » Le premier est le blanchiment des plus fins tissus de coton par l'action alternative de l'eau, de l'air, de la rosée et de la vapeur d'eau, des alcalis et d'un acide végétal, blanchiment dont le premier mérite est de n'altérer en rien la force et la durée de ces tissus merveilleux de transparence et de légèreté. » Le second exemple se rapporte à la fabrication des aciers, laquelle a fait chez nous un pas si remarquable, grâce au génie de nos chimistes. » Dès le temps d'Alexandre, l'acier fabriqué par les Indiens était célèbre ; il servait à produire des armes renommées pour leur force et leur élasticité ; on l'employait à fabriquer des armes damasquinées, on en faisait des ciseaux, des poinçons pour tailler et polir les matériaux les plus durs des monuments antiques et les pierres précieuses. » Je décris d'abord la manière extrêmement simple par laquelle les Indiens fabriquent le fer, non pas avec de hauts et grands fourneaux, mais avec de tout petits appareils, qu'un seul ouvrier construit et met en œuvre. » Le fer excellent obtenu de la sorte, les Indiens le concassent en petits morceaux qu'ils jettent dans des creusets de grandeur médiocre, pêle-mêle avec du bois sec de Cassia auriculata, et quelques feuilles vertes de Y Asclepias tjii/anlea. Lorsqu'ils n'ont pas ces feuilles sous la main, ils les remplacent par celles du Convolvalus laurifolia. La carbonisation de ces matières végétales, quand les creusets seront soumis à la chaleur nécessaire, suffira pour la transformation du fer en acier. C'est le produit si justement admiré sous le nom de Voulz. n Au moment où je rédigeais ma description des procédés les plus inté- ressants des arts de l'Inde, notre très-savant confrère M. Fremy fixait au plus haut degré l'attention de l'Académie et du monde savant par ses belles expériences et ses découvertes sur les aciers. » Je fus frappé comme par un trait de lumière, à la pensée que les bran- ches et les feuillages, employés par les Indiens pour produire un acier, supérieur à tous ceux de l'Asie, devaient renfermer l'azote dont le rôle est si remarquable. » J'ai mis à l'épreuve la bienveillante complaisance de notre ingénieux confrère, et je ne l'ai pas en vain sollicitée. » Je demande à l'Académie la permission de lui communiquer la Lettre pleine d'intérêt qu'il s'est empressé de m'adresser, en date du 3i janvier dernier. ( 69* ) . « Monsieur et illustre confrère, » Les renseignements que vous avez bien voulu me communiquer sur la » fabrication de l'acier Voutz, viennent donner à mes recherches sur l'acié- » ration une confirmation pratique qui est très-précieuse pour moi. » Vous vous rappelez peut-être que le but principal de mes travaux sur » l'acier est de prouver que le carbone n'est pas le seul élément de l'aciéra- » tion, et cpie le fer carburéïie prend réellement les caractères de l'acier que » lorsqu'on le combine à l'azote ou tout autre corps qui peut jouer le même » rôle chimique que lui, comme le phosphore. Cette théorie devait être » confirmée par vos intéressantes observations sur la fabrication de l'acier » indien. » En cherchant en effet à déterminer l'influence des corps qui sont em- » ployés par les Indiens pour fabriquer leur acier Voutz, j'ai reconnu avec » une grande satisfaction que les végétaux aciéranls qui produisent l'acier » Voutz sont riches en azote et en phosphore. » Il résulte de mes analyses que l'azote est fourni par les feuilles de » Y Asclepias qiyaniea, qui contiennent une quantité considérable de sucs » laiteux et azotés, et que le phosphore est donné par le bois de Cassia auri- » culala, dont la cendre est formée presque exclusivement de phosphates. » Je pense donc que la qualité de l'acier Voutz doit être principalement » attribuée à l'emploi de végétaux qui donnent au fer les éléments de l'acié- » ration, c'est-à-dire le phosphore et l'azote; la nature du métal peut égale- » ment exercer de l'influence sur la qualité de l'acier indien. Vous nous » avez appris en effet que le fer qui sert à préparer l'acier Voutz est tou- » jours produit à basse température; or j'ai reconnu dans mes recherches » sur l'aciération que le fer produit dans ces conditions s'acière toujours » avec facilité, parce qu'il n'est pas chargé de silicium, de soufre et d'arsenic » comme le métal retiré d'une fonte qui a été produite à air chaud. Du » reste, toutes ces questions relatives à la qualité de l'acier seront traitées » dans un nouveau travail que je prépare en ce moment. )> Je démontrerai le rôle important que joue le phosphore dans l'aciéra- » tion, en prouvant que les meilleurs aciers contiennent du phosphore et » qu'en introduisant ce métalloïde dans le fer carburé, en proportions con- » venables, on obtient des aciers excellents, qui sont surtout recommanda- » blés par la dureté que la trempe leur communique. C'est alors que je vous » demanderai l'autorisation de dire combien les documents que vous » m'avez communiqués sur l'acier Voutz m'ont été précieux. » (698 ) » Cette Lettre suffit pour montrer combien il peut être intéressant de rechercher parmi les arts des peuples anciens les plus ingénieux, ceux dont les produits sont renommés et reconnus excellents; quoiqu'ils ne soient pas dus aux inventions de la science proprement dite, le génie de l'observation, aidé par des siècles de tâtonnements, de hasards heureux et de perfection- nements graduels, peuvent pourtant conduire à des procédés, à des résultats que la théorie la plus avancée, appuyée sur ses découvertes, finit par ex- pliquer et justifier. » Tel est l'esprit que je m'efforce d'apporter dans mon étude des arts chez les nations dont je décris successivement la force productive. » PHYSIOLOGIE — Mécanisme et évolution de la régénération des tendons ; par M. Joker r de Lambai.le. « Tels sont les faits que l'expérimentation et l'observation directe m'ont permis de constater tant chez l'homme que chez les animaux. Il suffit de les rapprocher des opinions diverses qui ont été passées en revue, pour s'as- surer que chaque théorie a roulé sur un point de détail observé incom- plètement et trop généralisé. C'est ainsi que les auteurs qui ont attribué tout le travail de régénération au tissu cellulaire ambiant, comme ceux qui l'ont principalement rapporté à la gaine du tendon, ont constaté certains phé- nomènes, mais se sont aussitôt égarés sur leur valeur et ont pris des appa- rences pour la réalité. Il en est de même de ceux qui ont dit que la lymphe fait tout, et de ceux qui font tout provenir du caillot sanguin, subissant un premier travail de résorption et se combinant avec la lymphe. Je ne parle pas de l'opinion qui imagine une élongation immédiatement après la section: l'observation sur le vivant comme les pièces anatomiques prouvent sura- bondamment que cette opinion est une véritable chimère, et qu'au con- traire le fait constant et régulier, c'est la rétraction des bouts divisés et le rétablissement de la continuité parmi produit intermédiaire de plusieurs centimètres de long. » Sans doute, qu'après une section tendineuse l'inflammation peut s'em- parer des tissus divisés et la gaine fournir des sucs plastiques et concourir à la réparation ; mais, partir de là pour établir une théorie, c'est prendre l'accident pour le fait et l'exception pour la règle. On sait, en outre, que ce n'est qu'accidentellement que des phénomènes inflammatoires accompa- gnent l'emploi de la méthode sous-cutanée et que, dans la plupart des cas, ( 699 ) non-seulement la gaine ne s'enflamme pas, mais que sa lésion ne laisse au- cune trace. » On peut en dire autant des opinions qui font tout dépendre de la lym- phe. Il est certain qu'elle ne se dépose qu'autant qu'il existe un travail trau- matique maintenu dans de certaines limites, soit dans la gaine, soit suivant le trajet du ténotome, et le produit versé ne subit pas de transformation ten- dineuse, mais bien plutôt donne naissance à une membrane qui n'a rien de la structure du tendon. » J'aurai occasion de développer ce fait dans un Mémoire subséquent, à propos de la myotomie oculaire. » Avant de formuler à notre tour une théorie, rappelons en peu de mots quels sont les phénomènes que l'expérimentation chez les animaux, l'examen direct et microscopique chez l'homme ont fait ressortir d'une ma- nière constante. » i° L'écartemeut plus ou moins considérable des deux bouts divisés immédiatement après la solution de continuité; a0 le rétablissement de continuité de la gaîne, rétablissement qui se produit avec une rapidité et une perfection telles, que souvent, au bout de peu de jours, il est absolu- ment impossible de retrouver le point par où l'instrument a pénétré pour couper le tendon ; 3° le dépôt du sang dans l'intérieur de la gaine et dans l'intervalle qui sépare les bouts rétractés du tendon. » C'est de ce liquide que naît le produit tendineux sur la nature, l'ori- gine et les caractères duquel nous allons fixer notre attention. » L'observation nous montre que cette substance que renferme la cavité de la gaîne, n'est autre que du sang liquide dans le principe, qui ne tarde pas à se solidifier. On découvre alors un caillot dans lequel se développent des lamelles qui s'étendent d'une paroi de la gaîne à l'autre, de manière à former des cloisons incomplètes qui deviennent des cellules régulières com- muniquant toutesentre elles et contenant chacunede petits caillots, lesquels subissent ensuite une transformation. La structure en adhérant aux cellules présente un aspect fibrineux. Par le lavage, on en détache les caillots, et les cellules se détruisent elles-mêmes, d'autant plus facilement qu'on est plus près du début de ce travail d'organisation. La partie la moins résistante est celle qui occupe le centre du canal; la plus solide adhère aux bouts du tendon divisés. » Bientôt cette substance se solidifie davantage, acquiert une densité re- marquable et forme à son point de jonction avec l'ancien tissu tendineux un renflement dur et résistant. ( 7°° ) » Examiné anatomiquement à cette époque, ce tissu nouveau se présente avec une apparence fibreuse un peu plus rouge au centre qu'à la circonfé- rence, mais sans aucune trace de cellules et de cavités. » L'aspect propre au tissu tendineux normal ne s'y montre pas encore ; maison y constate des fibres de nouvelle formation se continuant avec celles du tissu ancien et les parois de la gaîne. » On observe facilement alors dans ce tissu des fibres longitudinales, obliques et transversales, qui établissent une continuité parfaite entre les pa- rois de la gaîne et les bouts du tendon. » Le caillot ainsi organisé ne forme donc plus qu'une masse charnue re- présentée par des fibres élastiques rouge-brun, adhérant fortement à l'inté- rieur de la gaîne et aux extrémités tendineuses. Ce n'est qu'après cette trans- formation accomplie que l'on voit apparaître une coloration d'un blanc terne qui s'étend des deux bouts du tendon vers le centre et de la superficie vers la profondeur du nouveau tissu. » Ce sont là les métamorphoses que subit le sang dans l'intérieur de la gaîne, sans développement de vaisseaux et sans mélange d'une autre sub- stance organique; le sang fait donc tous les frais de la régénération tendi- neuse. » L'exposition précédente représente la marche ordinaire que suit la na- ture dans l'évolution du caillot, et cependant le mécanisme peut subir des variations dans la succession des phénomènes, lorsque la quantité de sang est insuffisante ou que celui-ci a subi une altération quelconque. » Lorsque la quantité de sang est insuffisante, les métamorphoses du cail- lot sont les mêmes, mais il y a arrêt dans son organisation et il n'y a qu'une continuité incomplète clans la longueur du caillot ou absence de continuité. » Voici ce qui se passe alors : le sang accumulé dans la gaîne subit ses diverses métarmorphoses plus vite à ses extrémités qu'au centre, et pour cette raison le caillot adhère aux deux extrémités du tendon divisé et se présente sous l'apparence d'un double prolongement conique dont les bases adhèrent aux extrémités tendineuses et dont les deux sommets marchent à la rencontre l'un de l'autre sans pouvoir parvenir au contact. » Quelquefois ces sommets ont été rencontrés tout à fait libres et d'autres fois ils étaient fixés par plusieurs petites colonnes fibrineuses. Il nous pa- raît donc y avoir, dans cette circonstance, arrêt de développement par in- suffisance de matière organique. » Tels sont, d'une manière sommaire, les phénomènes qui se sont con- stamment oilerts à notre observation sur les animaux, et qui prouvent ( 7°' ) incontestablement que le tissu tendineux, de même que les autres tissus simples, est susceptible d'une régénération, sinon parfaite, du moins com- parable à la formation première ou embryonnaire. » Cet ensemble et cette succession de faits mont amené à une conception théorique de leur origine et de leur cause, et c'est par là que je terminerai l'exposé de ces recherches. Il ressort, selon moi, de l'examen des faits que le tendon se reproduit, se régénère directement et complètement au moyen du sang qui vient, après la section sous-cutanée, remplir l'espace laissé par la rétraction tendineuse. Indépendamment des preuves résultant de l'inspec- tion directe, et qui ont été suffisamment accumulées, je dois encore citer un argument tiré de l'anatomie et qui établit que c'est bien dans le sang que le tendon puise son origine et son organisation progressive. Il ne faut pas croire, en effet, que ces phénomènes de régénération puissent se pro- duire sur tons les points du système tendineux. Ils n'ont été observés que là où il existe un degré de vascularisation et de vitalité, c'est-à-dire là où l'abord du sang a lieu en suffisante abondance. Plus cette abondance sera grande, plus grande sera l'activité et la perfection du travail régénérateur. 11 y a aussi une conclusion chirurgicale à tirer de là : c'est que toutes les fois qu'il s'agira de pratiquer la ténotomie sur des tendons dont le tissu et les gaines seront riches en réseaux sanguins, on aura de grandes chances de réussite, tandis que là où le sang artériel n'arrive qu'en très-petite quan- tité, comme dans les tendons longs et grêles, et qui glissent dans des cou- lisses séreuses, l'opération sera d'autant plus compromise qu'il y aura moins de sang pour remplir l'espace laissé par la rétraction des deux bouts. C'est précisément dans ces cas qu'au lieu d'une régénération on aura de simples cicatrisations, c'est-à-dire que chacun des deux bouts ira isolément se fixer sur une des parties voisines, et la continuité ne sera pas rétablie. » C'est donc du sang sorti de ses vaisseaux que découlent tous les phé- nomènes de régénération du tissu tendineux; mais ces phénomènes ne se passent pas du tout comme on l'a supposé dans les théories précédemment citées et qui font jouer un rôle plus ou moins considérable au caillot san- guin, lequel éprouverait un travail de résorption que l'observation, comme le raisonnement, démontrent purement imaginaire. » Le sang étant l'origine et l'agent de cette matière organique, il reste à apprécier la série des métamorphoses que cette matière subit depuis le mo- ment où elle n'est encore que du sang sorti des vaisseaux jusqu'à celui où elle est devenue un nouveau tendon. C. R., 1862, i« Semestre. (T. L1V, J\'° 12.) Çjl ( 7°2 ) » Ces transformations peuvent être classées en périodes distinctes, que je vais successivement énumérer, et que je désignerai sous les noms suivants : » i° Période liquide; » 20 Passage de l'état liquide à l'état de caillot ; » 3" Transformation du caillot en fibrine organisée; » 4° Transformation tendineuse. » La première période est la plus courte. Dès que le sang a fini de sortir des vaisseaux et qu'il a rempli la gaîne, il tend à se transformer et à passer à l'état de caillot. La limite entre l'état liquide et celui de caillot est presque impossible à déterminer. C'est d'abord une sorte d'amas de sang qui consti- tue cet état transitoire que l'on pourrait désigner sous le nom de caillot naissant. » Dans la seconde période, on trouve un caillot sans apparence de trame organique, n'ayant encore établi que de très- faibles rapports avec les parties voisines. Cette substance commence seulement à prendre la forme de l'en- veloppe, ou plutôt de l'espèce de moule dans lequel elle est enfermée. On peut noter qu'elle a des dimensions plus étendues aux extrémités qu';m centre. De là cette forme constante de deux cônes réunis par leur sommet. » Cette seconde période, qui débute avec la formation du caillot, c est- à-dire au plus tard au bout des six premières heures qui suivent l'opération chez les chevaux, parait prendre la forme complètement solide et contracte des adhérences avec la gaîne et les bouts du tendon sur ces mêmes animaux au bout de vingt-quatre heures. » Le caillot est d'un rouge brun plus ou moins foncé. On dirait plutôt du sang veineux que du sang artériel; çà et là, du reste, si on fend la gaîne dans sa longueur, on y retrouve des nuances de coloration, depuis le brun très-foncé jusqu'au rouge tendre. Souvent, au bout des premières vingt-quatre heures, le coagulum dont je parle a déjà tous les caractères d'un caillot. Il est élastique, résistant, et présente avec les surfaces qui l'en- tourent des adhérences souvent assez fortes pour n'être rompues qu'avec un certain effort de traction. A ce degré, il n'y a pas encore d'organisation ré- gulière appréciable. On voit seulement la fibrine se déposer çà et là sous forme de lamelles ou de fibres affectant des directions variées et, au voisi- nage des extrémités tendineuses, on la voit se disposer comme une couche membraniforme adhérant à la surface tendineuse vulnérée. » C'est pendant la troisième période que le caillot se transforme en fi- brine organisée et que la matière déposée commence à prendre les appa- rences d'un tendon nouveau. Cette matière devient remarquable dans son ( 7«3 ) homogénéité, son élasticité, sa consistance et sa continuité avec les bouts anciens dont elle fera désormais partie. La teinte foncée disparaît pour faire place à une teinte couleur de chair semblable à celle de la fibre mus- culaire un peu décolorée. C'est alors qu'il est aisé de s'assurer que le nou- veau tendon est entièrement fourni par la fibrine provenant du sang. Déjà, en effet, les fibres se dessinent nettement et peuvent être suivies. » La quatrième période se caractérise par la transformation tendineuse du produit épanché, transformation qui, de même que les précédentes, est plus lente chez l'homme que chez les animaux, et s'opère en procédant de la circonférence vers le centre. À ce degré, les fibres du tendon nouveau ont la même structure que celles de l'ancien tendon. La résistance, la soli- dité des deux tissus est la même, et il ne reste plus pour les distinguer que cette différence dans l'aspect et la couleur dont il a déjà été fait mention. » Telle est la série des transformations organiques que le sang éprouve pour constituer un tissu nouveau. Il est facile de s'assurer que cette évolu- tion se passe de la même façon chez l'homme que chez les animaux, et que les faits observés peuvent être réunis dans un seul et même tableau avec des différences secondaires dans la durée de chaque période d'évolution. » histoire DES MATHÉMATIQUES. — Relations des savants entre eux avant la création de l'Académie des Sciences en 1666. — Descartes et Pascal; par M. Piobert. « Longtemps avant l'établissement des anciennes Académies, les savants avaient reconnu la nécessité de se réunir. Il est dit dans la préface des Traités de l'équilibre des liqueurs et de la pesanteur de la masse de l'air de Pascal (i663), que dès l'âge de douze ans (vers i635) « B. Pascal se » trouvait régulièrement aux conférences qui se faisaient toutes les semaines, » ou tous les plus habiles gens de Paris s'assemblaient pour y porter leurs » ouvrages, ou pour examiner ceux des autres. » D'après l'Histoire de l'an- cienne Académie des Sciences, par du Hamel, son secrétaire, iGgSet 1701, pages 7 et 8, « L'origine de ces assemblées de savants remontait à plus de » cinquante années auparavant; à cette époque les hommes instruits, ma- » thématiciens, physiciens, se réunissaient ensemble librement chez le » P. Mersenne, et parmi eux se trouvaient Gassendi, Descartes, Tlobbes, » Roberval, Pascal père et fils, Blondel et quelques antres. C'était un centre >> de correspondance entre les savants de tous les pays... Alors existaient » en Italie, Galilée, Torricelli, Cavalleri, Scheiner et beaucoup d'autres ; or.. ( 7<>4 ) » en France florissaient Descartes, Gassendi, Fermât, Bachet, Desargnes; i> et, en Angleterre, d'excellents mathématiciens comme Neper, de grands » médecins comme Harvey, etc. » » Des réunions de savants eurent lieu aussi chez Le Paillent1, et chez E. Pascal avant qu'il fût obligé de quitter Paris (fin de mars i(3'38) ; suivant Baillet, pendant le séjour de Descartes à Paris, en 1648, « les Ma- » thématiciens de la ville s'assemblaient souvent, ou chez l'abbé Picot, » son hôte, ou aux Minimes de la place Royale jusqu'au fort de la maladie )- du P. Mersenne (27 juillet 1648).... » Mais déjà différentes réunions de savants avaient eu lieu chez Louis Chantereau Lefèvre, conseiller d'État ; d'après l'abbé de Ylarolles, « il y avait tous les mardis une espèce d'Aca- » demie pour conférer principalement de ces choses-là (du Calendrier et de » la Chronologie), comme chez feu M. Le Pailleur; il y en avait une autre » tous les samedis pour parler de mathématiques, où j'ai vu MM. Gassendi, » Boulliau, Pascal, Roberval, Desargues, Carcavi, et autres illustres eu » cette science. » » Du temps même de Chantereau Lefèvre, qui mourut en juillet i658, ces assemblées de savants, devenues plus régulières, se tin l'en t à l'hôtel de Henri-Louis Habert de Montmor, doyen des maîtres des requêtes, chez lequel demeurait Gassendi. Cette réunion de savants avait le titre d'Aca- démie et n'était pas sans réputation; car Pascal en lui adressant, en i654, la liste de ses œuvres mathématiques qu'il se proposait de publier bientôt, avait mis la suscription celeberrimœ malheseos Academiœ Parisiensi. Elle con- tinua à se tenir chez M. de Montmor après la mort de Gassendi (24 octo- bre i656), et ce fut dans une des séances qui s'y tenaient encore, que Cler- selier, pour répondre aux attaques incessantes de Roberval contre Descartes, lut, en juillet iG58, une lettre qu'il supposait avoir reçue de ce dernier. Enfin cette société, prenant de plus en plus d'importance, se réunit a la Bibliothèque du Roi, chez M. Thévenot. » Dans Y Histoire de ï Académie royale des Sciences, depuis son établisse- ment en 166G jusqu'en i(586, par Fontenelle, on lit, ainsi que dans celle de du Tlamel : « Ce ministre (Colbert) forma d'abord le projet d'une Académie » composée de tout ce qu'il y avait de gens les plus habiles en toute sorte » de littérature. Les savants en histoire, les grammairiens, les mathémati- » ciens, les philosophes, les poètes, les orateurs, devaient être également de » ce grand Corps, où se réunissaient et se conciliaient tous les talents les » plus opposés. La Bibliothèque du Roi était destinée à être le rendez-vous » commun. Ceux qui s'appliquaient à l'histoire s'y devaient assembler les ( 7°5 ) » lundis et les jeudis; ceux qui étaient dans les belles-lettres, les mardis et » les vendredis; les mathématiciens et les physiciens, les mercredis et les » samedis Afin qu'il y eût quelque chose de commun qui liât ces diffé- » rentes compagnies, on avait résolu d'en faire tous les premiers jeudis du » mois une assemblée générale, où les secrétaires auraient rapporté les juge- » ments et les décisions de leurs assemblées particulières. » Telle fut la pre- mière forme assignée à l'Académie qu'on avait instituée, forme qui ne put rester en cet état. Différentes causes entravèrent l'exécution de ce plan ; ce- pendant les mathématiciens commencèrent leurs travaux dès le mois de juin 1666, et se réunirent jusqu'au 22 décembre de la même année que l'Académie royale des Sciences, créée à la place de la grande Académie, tint sa première séance, sous la présidence de Carcavi, chargé de lui notifier les ordres du roi. L'organisation de cette grande Académie, qui ne fonctionna que tres- imparfaitement, ressemblait beaucoup à celle qu'on adopta cent trenie années plus tard en créant l'Institut national de France. » Les anciennes réunions de savants, obligées de se déplacer fréquem- ment, interrompues à différentes époques, sans liaison entre elles, ne rem- plirent qu'imparfaitement le but scientifique qu'elles s'étaient proposé; elles ne laissèrent aucune trace de leurs travaux; probablement même elles ne dressèrent pas de procès-verbaux de leurs séances; si une partie de la cor- respondance du P. Mersenne n'avait pas échappé à la destruction de tant de documents précieux de cette époque, on ne saurait que très-peu de choses sur l'histoire du grand mouvement scientifique qui eut lieu alors. Aussi les discussions de priorité furent-elles très-fréquentes à l'origine des nouvelles méthodes impliquant la notion de l'infini, faute d'une espèce de tribunal généralement reconnu, qui pût enregistrer d'une manière authentique les découvertes, au moment où elles étaient faites. L'impression des ouvrage;- ne fut pas toujours suffisante pour mettre à l'abri des réclamations, et des reproches injustes furent adressés même aux plus grands génies et aux savants les plus consciencieux. Descartes fut accusé, après sa mort, d'avoir avancé un fait faux, et désobligeant pour un jeune savant, dans une circon- stance où cependant il n'avait dit que l'exacte vérité, ainsi qu'il résulte du texte même de l'écrit sur lequel son appréciation avait porté, écrit publie alors par son auteur et heureusement parvenu jusqu'à nous. Imprimé en 1640, cet écrit a été vu par Leibnitz en 1676, parle P. Guerrier vers 172-i, et enfin retrouvé par Bossut, qui l'a fait réimprimer en 1779. De plus, dans des ouvrages publiés en 1642, 1 665 et 1670, il en existe des extraits qui confirment le fait avancé par Descartes. Ces divers documents n'ont pas ;o6) suffi pour justifier ce dernier du reproche rpii lui fut adressé alors et qui est reproduit dans les éditions de ses lettres, à partir de la deuxième, por- tant la date de itiôy, et dans laquelle Clerselier, son disciple et ami dévoué, tut obligé de publier que ce qui avait été avancé par Descartes était faux; Haillet, son biographe, n'a cherché qu'à atténuer cette prétendue faute, sans même songer à la mettre en doute, tant on l'avait affirmée. Bayle, le savant critique, est resté indécis sur la réalité des torts reprochés au grand phi- losophe, parce qu'il n'a vu aucune des pièces qui le justifient complètement. aujourd'hui le doute ne saurait plus exister pour ceux qui se sont occupés de l'histoire de la Géométrie; pour eux, Descartes n'a dit que la vérité: mais il ne peut en être de même pour les autres personnes, en présence d'une accusation aussi généralement admise. Il est donc juste qu'enfin la vérité soit manifestée aux yeux de tous ; de simples rapprochements suffisent pour l'établir de la manière la plus évidente. Yoici les faits : » Le P. Mersenne avait envoyé à Descartes un travail de Desargues sur les Coniques, ayant pour titre : Brouillon-Projet d'une atteinte aux événement ilf i encontre du cône avec un plan; Descartes écrivit à ce sujet à Desargues, le '(janvier i63g, une lettre (27e du t. II; 1639, p. 1G9) qui commence ainsi : « La franchise que j'ai pu remarquer en vôtre humeur, et les obligations » que je vous ai, me convient à écrire ici librement ce que je puis conjec- » turer du Traité des Sections Coniques, dont le R. P. M. m'a envoyé le » projet. » Descartes ayant reçu l'année suivante (février 1640) un travail du jeune Pascal sur le même sujet, et dont le P. Mersenne avait parlé avec doge dans une lettre en date du 12 novembre 1639, répondit à celui-ci le 1" avril 1640 (38e lettre du t. II, p. 217) : « J'ai reçu aussi l'Essai touchant » les Coniques du fils de M. Pascal, et avant que d'en avoir lu la moitié, » j'ai jugé qu'il avait appris de M. des Argues; ce qui m'a été confirmé » incontinent après, par la confession qu'il en fait lui-même. » Cette lettre lut publiée par Clerselier, vers la fin de mai 1 65g, et Pascal, qui vécut encore plus de trois années, ne fit aucune réclamation après la publication de cette lettre. Mais dans l'année qui suivit sa mort, son beau-frère, M. Périer, ayant fait publier les deux Traite's de l'équilibre des liqueurs, et de la pe- santeur de la masse de l'air, on y ajouta une préface dans laquelle on chan- geait complètement les faits, en attribuant à Descartes une opinion opposée à celle qui était exprimée dans ses lettres; après un grand éloge des dispo- sitions du jeune Pascal pour les mathématiques, on lit dans cette préface : « il (Pascal) fit un Traité des Coniques qui passa au jugement des plus h;i- » biles pour un des plus grands efforts d'esprit qu'on se puisse imaginer. ( 7°7 ) » Aussi M. Descaries, qui était en Hollande depuis longtemps, l'ayant lu, » et ayant ouï dire qu'il avait été fait par un enfant âgé de seize ans, aima » mieux croire que M. Pascal le père en était le véritable auteur, et qu'il » voulait se dépouiller de la gloire qui lui appartenait légitimement pour » la faire passer à son fils, que de se persuader qu'un enfant de cet âge fût » capable d'un ouvrage de cette force, faisant voir par cet éloignement » qu'il témoigna de croire une chose qui était très-véritable, qu'elle était en » effet incroyable et prodigieuse. » » Cette substitution de Pascal père à Desargues dans l'opinion de Descartes comme collaborateur de l'auteur de l'Essai touchant les coniques, ne pouvait se soutenir longtemps après la publication de la correspondance de ce der- nier, qui dans presque toutes ses lettres de l'année précédente fait mention du récent travail de. Desargues sur les coniques (lettres 27e, 3ae, 96e, 97e du t. II, en date des 4 et 9 janvier, 9 février, 16 octobre 1639). D'ailleurs ce travail qui venait d'être imprimé, était connu et apprécié de tous les savants; Fermât écrivant au P. Mersenne, lui dit : « J'estime beaucoup « M. Desargues, et d'autant plus qu'il est lui seul inventeur de ses coniques. » En outre, on ne reconnaît pas Descartes à l'opinion qu'on lui prête sur le travail de Pascal; on sait qu'il s'étonnait rarement, surtout au sujet de ce que l'on pouvait faire alors sur les coniques; dans les 34e et 97e lettres du t. II, il dit : « Je ne trouve pas étrange qu'il y en ait qui démontrent les » Coniques plus aisément qu'Apollonius, car il est extrêmement long et » embarrassé; et tout ce qu'il a démontré est de soi assez facile » Puis : « bien qu'il soit aisé de les expliquer plus clairement qu'Apollonius, ni au- » cun autre, il est toutefois, ce me semble, fort difficile d'en rien dire sans » l'algèbre, qui ne se puisse encore rendre beaucoup plus aisé par l'algèbre. » La supposition des auteurs de la Préface du Traité de l'équilibre des liqueurs ne pouvait donc se soutenir devant l'évidence, et l'on dut y renoncer; aussi dans la Vie de B. Pascal par Mme Périer, sa sœur, tout ce qui se trouve dans cette Préface est reproduit, excepté le passage relatif à Descartes (1). » Voici ce qui se passa ensuite, d'après Baillet ( Vie de Descartes, 2e partie, (1) Ce n'est que dans quelques éditions récentes qu'on a introduit une autre version, par l'addition de la note suivante : « Descartes, à qui le P. Mersenne en avait envoyé une copie, » trouva cet ouvrage tellement fort qu'il n'admit pas, quoi qu'on pût lui dire, que le jeune « Pascal en fût l'auteur. » Mais cette note ne se trouve ni dans le manuscrit déposé à la Bi- bliothèque impériale, ni dans les premières éditions qui ont paru, à Amsterdam en 1684, à Paris et à Lyon en 1687, après la mort de l'auteur. ( loS) p. 4°) : <( M. deRoberval, M. Le P;ii!leur, et les antres amis de MM. Pascal » se récrièrent contre une opinion qui ne leur paraissait pas assez obli- » géante pour un enfant d'un si rare mérite : En quoi ils furent suivis de » MM. de Port-Royal, qui firent donner sur ce point un avis à M. Clerselier, » après qu'il eut rendu public ce témoignage de M. Descartes par la pre- » mière édition de ses lettres. » Clerselier fut obligé de tenir compte de cette réclamation et d'ajouter en marge de la lettre de Descartes, dans la deuxième édition qui parut en 1667, la note suivante : « Des personnes qui » croyent le bien savoir, disent que cela est faux : cela peut être faux; mais » je ne doute point que M. Descartes ne dise vrai, car il n'était point homme » à controuver des mensonges. » De plus on changea un mot à la fin de la phrase, et an lieu de confession qu'il en fait lui-même, qu'on lit dans la première édition, on a mis dans la seconde, confession qu'il en fil lui-même; ce ne fut sans doute qu'une faute d'impression, mais elle a été reproduite dans les éditions qui ont suivi la seconde. » Bayle dans son Dictionnaire historique et critique, t. III (article Pascal), après avoir rapporté la lettre de Descartes, les réclamations qu'elle souleva, et discuté les diverses opinions émises à ce sujet, conclut ainsi : « L'on nesau- » rait bien juger de cette dispute, jusqu'à ce qu'on soit éclairci de ces deux » choses : l'une, s'd est vrai que M. Descartes, renonçant à son premier » jugement, ait écrit que M. Pascal le père avait fait passer à son fils la gloire » de ses Coniques. C'est ce qui ne parait point par ses lettres imprimées, » ni par ses lettres manuscrites que M. Baillet a consultées, ni par aucun » autre document circonstancié. On n'a là-dessus que le témoignage vague » de ceux qui ont publié l'Équilibre des liqueurs. L'autre chose dont il faut ) être éclairci, est de savoir en quels termes il est fait mention de M. des » Argues dans le Traité de M. Pascal. S'il y est simplement nommé, M. Des- » cartes a eu grand tort de soutenir que M. Pascal avoue qu'il a appris de » M. des Argues. Mais- si M. Pascal y fait cet aveu, ses amis et ceux de son » père ont eu grand tort de se plaindre de M. Descartes. » » La question réduite à ces termes eût été facilement résolue par Bayle, si à défaut de V Essai pour les Coniques que Pascal fit imprimer en 1640, il eût connu du moins les extraits qui en avaient été publiés à une époque où cet écrit était moins rare que de son temps, et dont nous allons montrer la concordance parfaite, quoiqu'ils aient été faits par des auteurs d'opinions bien opposées. » Mais d'abord, on doit remarquer quel'écrit de Pascal, qui fut envoyé à Descartes et dont celui-ci parle dans ses lettres des i5 décembre 1639 et ( 7°9 ) ier avril 16/jo, en le nommant Essai touchant les Coniques, n'était composé que de l'énoncé de cinq ou six propositions que Pascal se faisait fort de démontrer et contenues en quelques pages d'impression in-8° (moins de 6); ce n'était pas un Traité des Coniques, comme on le dit dans la préface du Traité de l'équilibre des liqueurs et comme on l'a répété dans la vie de Pascal; cela est confirmé par la lettre qu'il avait adressée en i654 à l'Aca- démie. Parmi les écrits qu'il se proposait alors de faire paraître bientôt, il indiquait : « Un Traité complet des Coniques que j'ai conçu avant » d'avoir atteint l'âge de seize ans, et que j'ai rédigé ensuite. » La table des matières de ce Traité que Leibnitz donne dans sa lettre du 3o août 1676 à M. Périer, montre que ce travail, composé de six parties, devait être très-considérable. Enfin ce Traité était en latin et n'a jamais été imprimé, tandis que l'Essai pour les Coniques était en français et fut imprimé dès 1640; ce dernier écrit d'un tout jeune homme était un projet ou plutôt une thèse, comme l'appelle un écrivain contemporain, conçue, d'après le dire de son auteur, avant le mois de juin 1 63g, et dont le P. Mersenne faisait l'éloge dans sa lettre à Descartes du 12 novembre suivant; celui-ci la reçut en février, et en accusa réception le 1e1' avril 1640. » Un extrait de cet écrit est rapporté dans le passage suivant de A. Bosse, Traité des pratiques cjéométrales et perspectives enseignées dans /' Académie royale de Peinture et de Sculpture; Paris, i665, p. 125 : « M. Desargues a com- muniqué franchement et gratuitement les belles choses qu'il possédait, et entre autres ce qu'il a fait imprimer des Sections Coniques, dont une des propositions en comprend bien comme cas soixante de celles des quatre pre- miers livres d'Apollonius Pergeùs, lui a acquis l'estime des savants, qui le tiennent avoir été l'un des plus naturels Géomètres de notre temps, et entre autres la merveille de notre siècle, feu M. Pascal fils qui a publié de lui, en 1640, dans un imprimé intitulé : Essai pour les Coniques, où il dit sur une proposition cotée fig. 1 : « Nous démontrerons aussi cette propriété, dont » le premier inventeur, M. Desargues, un des grands esprits de ce temps, » des plus versés aux mathématiques, et entre autres aux Coniques, dont » les écrits sur cette matière, quoique en petit nombre, en ont donné un » ample témoignage à ceux qui en auront voulu recevoir l'intelligence; et » veux bien avouer que je dois le peu que j'ai trouvé sur cette matière à » ses écrits, et que j'ai tâché d'imiter autant qu'il m'a été possible sa mé- » thode sur ce sujet, qu'il a traité sans se servir du triangle par l'axe,.... » Cet extrait de l'écrit de Pascal justifie complètement Descartes, en prou- C. R., 1862, 1er Semestre. (T. LIV, N° 19.) 9*- ( 7'° ) vant la vérité du fait qu'il avait avancé dans sa lettre du ici avril iG/jo . « Avant que d'en avoir ht la moitié, j'ai jugé qu'il avait appris de M. des » Argues, ce qui m'a été confirmé incontinent après, par la confession qu'il en » fait lui-même. » Il était difficile de rapporter les faits avec plus de pré- cision, et on ne conçoit pas comment en présence de ce passage de l'Es- sai imprimé en 1640, reproduit en i665 dans un ouvrage très-répandu alors, on ait pu imprimer en 1OO7 que le fait avancé par Descartes était faux. » Clcrselier et Baillet ont rapporté toutes les tracasseries que Descartes avait eu à supporter; les expressions désobligeantes d'absurdité, d'igno- rance, de mauvaise foi qui lui avaient été adressées de son vivant par l'un de ses adversaires; il ne restait plus, après s'être emparé de toutes ses let- tres au P. Mersenne, qu'à l'accuser de fausseté après sa mort. Ces faits por- teraient à penser que la substitution de Pascal père à Desargues, dans l'opi- nion de Descartes, ainsi que les autres suppositions de l'auteur de la Préface du Traité de l'équilibre des liqueurs^ avaient pour but de donner le change, de faire naître des doutes sur l'appréciation du grand géomètre ou tout au moins d'embrouiller la question, d'autant plus que tous ces sa- vants étaient morts à cette époque; mais que la grande publicité donnée aux lettres de Descartes, ayant montré l'invraisemblance de cette allégation, on se détermina à attaquer directement la véracitéde ces lettres, et par suite à tenter d'anéantir tous les documents qui établissaient la vérité. On ne s'ar- rêtera pas à cette induction, bien qu'elle pût expliquer la rareté et même la disparition de certains livres, tels que le Brouillon-Projet de Desarguesdj et V Essai de Pascal ; mais elle serait injurieuse pour la mémoire d'un savant qui a rendu des services à la science. » Comme A. Bosse était l'ami et le disciple de Desargues, son témoignage tout à la louange de ce dernier, pourrait paraître suspect, et n'avoir pas assez de poids pour détruire complètement une accusation aussi généralement ad- mise contre Descartes; mais l'extrait de l'Essai pour les Coniques qu'il rap- porte, est confirmé dans les écrits des adversaires de Desargues, qui non- seulement ont connu cet écrit de Pascal, mais encore l'ont critiqué jus- qu'à relever les fautes d'impression et les omissions du graveur en bois. (1) Cet ouvrage a complètement disparu depuis longtemps; M. Chasles en a retrouvé une copie de la main de La Hire, qui est actuellement à la bibliothèque de l'Institut; il est bien à désirer que cet ouvrage original soit réimprimé, afin que le monde savant ne coure pasle risque «le le perdre une seconde fois. ( 3-».) Ainsi G. Huret, dans son Optique de portraiture et fieàUvre contenant la Perspective; Paris, 1770, dit, page i5g: « Cette méthode, qui est la nieil- » leure desœuvres dudit sieur Desargues, est si déprise et différente de celle » d'Apollonius, Pappus, etc., et même en quelque façon plus universelle, » qu'il me semble qu'elle valait la peine d'être manifestée ; aussi ledit sieur » en a fait son capital par les louanges, qu'en 1G40 il s'est fait donner en la » thèse deM. Pascal fils, intitulée : Essai pour (es Coniques,.... Il y a aussi six » fautes dans la thèse de 1640. De plus les droites PQ et NO manquent en » la première des trois figures par la faute du graveur en bois. » Apres cette nouvelle preuve du sens dans lequel ce passage de ÏEssai pour les Co- niques était écrit , il est impossible de mettre en doute l'exactitude de l'extrait rapporté par A. Bosse: par suite la justification la plus complète de Descartes est l'écrit même de Pascal. » On ne peut s'expliquer le doute dans lequel les amis de Descartes sont restés, que par la rareté de cet écrit, dont on ne trouve des traces que dans les oeuvres des amis et des adversaires de Desargues ; cependant il en existait des exemplaires dans la famille de Pascal ; Leibnitz écrivait le 3o août 1676 à M. Périer : «Vous m'avez obligé sensiblement, en me com- » muniquant les manuscrits qui restent de feu M.Pascal, touchant les coni- » ques Il y a un papier imprimé dont le titre est, Essais des Coniques; et » comme il s'y trouve deux fois tout de même, j'espère que vous permettrez, » Monsieur, que j'en retienne un. » Un exemplaire au moins de cet écrit existait encore vers 1 723 dans les papiers ou clans la bibliothèque de Pascal : carie P. Guerrier, auquel Marguerite Pascal avait donné cette bibliothèque, et qui a copié tous les manuscrits autographes mis en dépôt chez les Ora- toriens de Clermont, a placé l'Essai en tète du catalogue des ouvrages de Pascal, tant imprimés que manuscrits, dont il avait connaissance ; il en donne ainsi le titre : Essai pour les Coniques, par B. P., à Paris; 16/J0. Bossut en a retrouvé un exemplaire avec divers opuscules de Pascal copiés par le P. Guerrier ; il l'a réimprimé en tète du quatrième volume de son édition des OEuvres de Pascal. La Haye (Paris), 1779. L'Essai pour les Coniques contient en effet le passage cité textuellement par A. Bosse. » La question, telle que Bayle l'avait posée, se trouve ainsi complètement résolue, et, d'après son dire : « Les amis de M. Pascal ont eu grand tort de « se plaindre de M. Descartes. » Mais il resterait un autre pointa éclaircir: ce serait de savoir comment Descartes a été amené par la lecture de la pre- mière moitié de l'Essai pour les Coniques à juger que Pascal avait appris de Desargues. Pour y parvenir plus sûrement, il faut se reportera cette époque : 92.. ( 7'2 ) Desargues était très— lié avec MM. Pascal, qu'il voyait souvent ; ce fui lui qui annonça au P. Mersenne, par une letlre du 4 avril i638, le départ de Pascal père, qui fut obligé de se réfugier en Auvergne, laissant ses enfants seuls à Paris ; puis de rester caché chez ses amis depuis le mois de septembre jusque verslemilieu d'août 1639. B. Pascal doncavait prés dequinze ans au départ de son père et un peu moins de seize ans à son retour; ce fut ainsi pendant cette année de l'absence de celui qui jusque-là s'était seul occupé de son instruction, qu'il se perfectionna dans les mathématiques et qu'il con- çut son Essai pour les Coniques ; et cela peu de temps après l'époque ou Desargues faisait paraître son Brouillon-Projet des Sections Coniques, reçu avec de grands éloges par des géomètres tels que Descartes et Fermât. Il est très-probable que Desargues, habitué de la maison Pascal, qui aimait beau- coup à enseigner la géométrie, à en généraliser les propositions et à com- muniquer ses découvertes, aura vu souvent le jeune Pascal pendant son isolement : de telles relations ne seront pas restées sans influence sur la direction des études de celui-ci et sur la nature de ses premiers tra- vaux. C'est ce qui devient évident quand on examine la liste de ses œu- vres mathématiques qu'il a dressée en i654 ; on y trouve toutes les par- ties sur lesquelles Desargues s'était exercé : certaines propositions devenues d'un usage fréquent dans la géométrie moderne; les propriétés des coni- ques considérées de la manière la plus générale; une méthode de perspec- tive donnant cliaque point du tableau par l'intersection de deux droites; la gnomonique, etc. Aussi Leibnitz réunit ensemble leurs noms et leurs mé- thodes ; dans ses OEuvres Mathématiques; Halle, i858, t. I, page 1 35, il dit : « Desargues et Pascal ont traité les courbes en généralisant leurs propriétés.» On lit dans le Traité des Propriétés projectives des figures, de M. Poncelet, Introduction, page XL : <■ Pascal, qui n'avait alors que seize ans et qui déjà » comptait parmi les plus grands géomètres de son temps, guidé d'ailleurs » par les préceptes et l'exemple deDESARGUES, comme il a soin de nous l'ap- » prendre lui-même, ...» Dans Y Aperçu historique sur l'origine et le développe- ment des méthodes en Géométrie, M. Chasles dit, page 74 : « Desargues, que » Pascal avait pris pour guide, et qui était digne en effet d'un tel disciple, .. avait aussi écrit sur les coniques, un an auparavant, d'une manière neuve » et originale. Sa méthode reposait, comme celle de Pascal, sur les principes » de la perspective et sur quelques théorèmes de la théorie des transver- » sales. » La ressemblance des travaux et des méthodes était donc com- plète ; leur liaison est également prouvée par un écrit de celte époque; ainsi que la bienveillance du maître pour le disciple, quoiqu'elle ait eu pour ( 7-3 ) interprète toute l'àpreté d'un rude ad versaire ; Curabelle, Examen des Œuvres du sieur Desargues ; Paris, 1G44, page 70, cite un écrit : Réponse à causes et moyens d'opposition, etc., du 16 décembre 1642, à la fin duquel Desargues « remet d'en donner la clef (d'une construction de perspective), quand la » démonstration de cette grande proposition nommée la Pascale verra le » jour. Et que ledit Pascal peut dire, que les quatre premiers livres d'Apol- » lonius sont ou bien un cas, ou bien une conséquence immédiate de cette » grande proposition. » On a vu que l'une des propositions de Desargues sur les coniques en comprend bien comme cas soixante de celles des mêmes livres d'Apollonius ; ces propositions étaient donc connexes. On vojt encore par ce passage combien Desargues s'intéressait au succès du jeune Pascal, qui de son côté, d'après la citation de A. Bosse, n'était pas moins reconnaissant envers Desargues et qui exprimait sa gratitude avec toute la candeur de la jeunesse. Vingt ans après, lorsque Pascal écrivait ses Pensées, Desargues, quoique éloigné de lui depuis longtemps, était encore assez pré- sent à son esprit pour qu'en traçant le nom de la ville que celui-ci habitait alors (Condrieu), le nom de son ancien guide dans un premier travail tombât naturellement de sa plume, préoccupation qui a dû embarrasser singulièrement les commentateurs ( 1 }. » Indépendamment de ces différentes considérations, il est évident que Descartes, qui avait beaucoup étudié les ouvrages de Pappus, avait dû re- connaître que les théorèmes de Desargues et de Pascal dérivaient tous les deux de propositions du VIP livre des Collections mathématiques, sembla- blement généralisées, ainsi que M. Cbasles l'a montré dans son Aperçu his- torique, page 77 : « Desargues appelait la relation qui constitue son beau » théorème : Involution de six points. . . . C'est la relation des segments faits » par une conique, et par les quatre côtés d'un quadrilatère cpii lui est » inscrit, sur une transversale menée arbitrairement dans le plan de la » courbe... » Page 78 : « La relation d'involution de six points contient » huit segments ; mais elle peut être remplacée par une autre, où n'entrent » que six segments, et celle-ci est la même que celle que Pappus a donnée i> pour les segments faits sur une transversale par les quatre côtés et les » deux diagonales du quadrilatère (i'3oe proposition du livre VII des Col- » leclions mathématiques). En considérant les deux diagonales comme une » ligne du second degré qui passe par les quatre sommets du quadrilatère, (1) Pensées de Pascal. — Diversité. « On distingue les fruits des raisins, et entre ceux-là les muscats, et puis Coindrieu, et puis Desargues, et puis Cette entre. » ( 7'4) » on voit que le théorème de Desargues est une généralisation de la pro- » position de Pappus, dans laquelle se trouve substituée, à la place d< •!• » deux diagonales du quadrilatère, une conique quelconque passant par » les quatre sommets. » Page 36 : « La i3o,e proposition) prouve que » quand un hexagone a ses six sommets placés, trois à trois, sur deux droites, » les trois points de concours de ses côtés opposés sont en ligne droite. » Théoreine remarquable par lui-même, et parce qu'il peut être considère » comme le germe du fameux théorème de Pascal sur l'hexagone inscrit a » une conique. Au système des deux droites, dans lesquelles Pappus in- » scrivait son hexagone, se trouve substituée une conique quelconque, » dans le théorème de Pascal. La proposition i 3oc a reçu de Desargues une » généralisation semblable. » » Or Descartes avait remarqué et approuvé cette méthode de généralisa- lion de Desargues ; car cinq jours après lui avoir répondu au sujet de son Brouillon-Projet des sections coniques, que le P. Mersenne lui avait envoyé, il écrivait à celui-ci, le 9 janvier i63o, (lettre 96e du tome II) : « La façon » dont il (Desargues) commence son raisonnement, en l'appliquant tout » ensemble aux lignes droites et aux courbes, est d'autant plus belle qu'elle » est plus générale, et semble être prise de ce que j'ai coutume de nommer » la Métaphysique de la Géométrie, qui est une science dont je n'ai point » remarqué qu'aucun autre se soit jamais servi, sinon Archimède. Pour » moi, je m'en sers toujours pour juger en général des choses qui sont trou- » vables, et en quels lieux je les dois trouver;... » Descartes ne devait pas avoir oublié une méthode qui l'avait autant frappé, lorsqu'il reçut l'année suivante l'Essai pour les Coniquesqui, après quelques définitions, commence précisément par le théorème de Pascal, c'est-à-dire par une généralisation semblable, appliquée à une autre proposition de Pappus, et il put dire avec raison de l'Essai et de Pascal : « Avant que d'en avoir lu la moitié, j'ai jugé » qu'il avait appris de M. des Argues. » » Une dernière citation de Y Aperçu historique, page 33g, fera juger com- ment un géomètre tel que Descartes avait pu arriver facilement à l'appré- ciation qu'on lui a reprochée comme peu obligeante pour le jeune Pascal : « Les théorèmes de Pascal, de Desargues, de Newton,... sont des corol- » laires d'une même propriété anharmonique... (qui) est véritablement le lien » commun entre ces divers théorèmes; ils ne différent l'un de l'autre que » par la forme. On avait déjà remarqué les rapports, nous pouvons même » dire la presque identité qui a lieu entre les théorèmes de Desargues et de » Pascal, ...» ( 7*5 ) » Ainsi Descartes se trouve aujourd'hui complètement justifié de l'appré- ciation rapide qu'il avait faite du premier écrit de Pascal, aussi bien que de l'accusation d'avoir avancé un fait faux, qui depuis deux cents ans, est portée contre lui dans les éditions de ses Lettres et dans plusieurs autres pu- blications. » GÉOMétkik. — Propriétés des surfaces développables circonscrites à clan surfaces du second ordre ; par M. Chasles. « 1 . A une courbe gauche du quatrième ordre, C4, intersection de deux surfaces du second ordre, correspond, corrélativement, une surface déve- loppable C circonscrite à deux surfaces du second ordre et conséquem- ment à une infinité d'autres surfaces du même ordre. Par cette simple con- sidération on applique immédiatement à la développable C les propriétés de la courbe C4. » C'est ainsi qu'après avoir exposé les propriétés de cette courbe et de ses deux variétés à point double et à point de rebroussement (Comptes rendus, t. LIV, p. 317 et 4'8), j'en ai conclu les propriétés de la développable du huitième ordre, qui correspond au cas général de la courbe C,, c'est-à-dire au cas où cette courbe n'a pas de point singulier, double ou de rebrousse- ment (lbid., art. 59-46). J'ai dû alors, pour ne pas donner à ma communi- cation trop d'étendue, remettre à un autre moment l'énoncé des propriétés des deux développables du sixième et du cinquième ordre, qui correspon- dent aux deux cas particuliers ou variétés de la courbe C4. Ces développa- bles sont circonscrites à deux surfaces du second ordre qui ont, ou un point de contact unique, ou deux points de contact consécutifs qui produisent une oscillation dans une direction donnée. Développable du sixième ordre circonscrite h deux surfaces du second ordre qui ont un point de contact unique. » 2. Une courbe C4 qui a un point double a est l'intersection de deux surfaces du second ordre qui se touchent en ce point (1!) (î). » Au nombre de toutes les surfaces du second ordre qu'on peut faire passer par la courbe, se trouvent trois cônes, dont l'un a son sommet au (i) Ces numéros de renvoi se rapportent à nies communications des 17 et 1^ février 1862, nsérées au t. LIV des Comptes rendus. ( 7'6 ) point double a, et les deux autres ont leurs sommets S et S' sur le plan tan- gent en a, commun à toutes les surfaces (57). » Les tangentes à la courbe C4 forment une surface développable du sixième ordre et de la sixième classe (24). » Une section plane de cette surface est une courbe du sixième ordre et de la sixième classe, cpii a quatre points de rebrousscment , six points dou- bles, quatre tangentes d'inflexion et six tangentes doubles (27). » La courbe C, a quatre plans oscillateurs stationnaires; et chacune de ses tangentes est rencontrée par deux autres tangentes (53). *> Il existe sur la développable deux courbes nodales qui sont des courbes planes du troisième ordre, situées dans les plans polaires des som- mets des deux cônes S, S', relatifs aux surfaces du second ordre qui pas- sent par la courbe C4 (37). » Chacune de ces courbes rencontre la courbe C, en deux points, qui sont deux des quatre points à plan oscillateur stationnaire. La courbe C4 est tangente en ces points aux arêtes d'un des deux cônes, et ses plans oscilla- teurs sont les plans tangents au cône (37) (i). » 5. On conclut de là, par la considération des figures corrélatives, que, quand deux surfaces de second ordre ont un point de contact a, la déve- loppable qui leur est circonscrite, est circonscrite à une infinité d'autres surfaces du second ordre, qui sont toutes tangentes entre elles au même point a. » Le plan tangent aux surfaces en ce point est, par rapport à la dévelop- pable, un plan tangent don! de ; c'est-à-dire qu'il touche la développable suivant deux génératrices. Ces droites correspondent aux deux tangentes à la courbe C4 en son point double. « Parmi les surfaces du second ordre inscrites à la développable se trou- vent trois coniques qui représentent trois surfaces infiniment aplaties, l'une est située dans le plan tangent aux surfaces en a, ou plan tangent double (i) La courbe C,, considérée sur l'un des deux cônes (S), (S'), présente deux branches homologiqU.es par rapport au sommet du cône pris \wur centre d'homologie et au plan polaire de ce point, relatif aux surfaces du second ordre qui passent par la courbe, pris pour plan ontologie. C'est ce qui a lieu d'une manière générale pour la courbe d'intersection d'une surface du second ordre par un cône d'ordre quelconque. Cela est évident; de même qu'on peut considérer sur une conique plane deux branches qui seront home-logiques par rapport « un point quelconque du plan de la courbe et à la polaire de ce point, pris pour centre et a >-i iïhomnlogie» ( VI) de la développable; les deux autres passent par le point a et sont tan- gentes en ce point aux surfaces. Le plan de chacune de ces coniques a le même pôle par rapport à toutes les surfaces inscrites dans la développable. » Deux des trois coniques suffisent pour la construction de la dévelop- pable. Ainsi cette surface est déterminée soit par deux coniques quelconques . Nous avons eu à considérer dans ce qui précède deux développa- bles différentes du sixième ordre, qui se correspondent corrélativement. La première a pour arête de rebroussement une courbe du quatrième ordre à point double, et l'autre, une courbe du sixième ordre à quatre points de rebroussement. » La première a une courbe nodale du sixième ordre, formée de deux courbes planes de troisième ordre, et la seconde a une courbe nodale qui est encore du sixième ordre, et qui est formée de trois coniques planes. » 7. Une question se présente ici naturellement : une développable du sixième ordre peut-elle avoir une arête de rebroussement autre que la courbe du quatrième ordre à point double et la courbe du sixième ordre à quatre points de rebroussement? » On reconnaît aisément que l'arête de rebroussement d'une dévelop- pable du sixième ordre ne peut pas être supérieure au sixième ordre. Car un plan tangent à la surface la coupe suivant une courbe du quatrième or- dre : or cette courbe ne peut pas avoir plus de trois points de rebroussement, et par conséquent ne peut pas rencontrer l'arête de rebroussement de la développable en plus de trois points, qui, avec les trois points réunis au point d'osculalion, font six points dans un même plan. Ainsi cette courbe qui, comme nous l'avons vu, peut être du sixième ordre, ne peut pas être d'un ordre supérieur. » Mais elle peut être du cinquième ordre, pourvu qu'elle ait deux points de rebroussement. » Car la théorie générale des courbes d'ordre quelconque tracées sur. l'hyperboloïde, appliquée à la courbe du cinquième ordre M(jc3^* ), montre immédiatement que, quand cette courbe a deux points de rebroussement, la développable osculatrice, lieu de ses tangentes, est du sixième ordre et de la cinquième classe. [Comptes rendus, t. LUI, art. 25.) (i) » 8. Une section plane de cette développable est aussi du sixième ordre et de la cinquième classe. » Cette courbe a cinq points de rebroussement ; et par suite cinq points doubles, deux tangentes d'inflexion et quatre tangentes doubles. (Jbid., art. 2.*» et 27.) i M. Cayley a traité de la classification et de la représentation analytique des courbes gauches du cinquième ordre, dans une communication insérée au Compte rendu de la der- nière séance, p. (>7'.>. ( 7*9 ) » La courbe nodale de la développa ble esl une courbe gauche du cinquième ordre. (Ibid., 30.) » La courbe gauche M [se* y2) a deux plans osculateurs stationnatres. Ce sont les plans dont les traces sur une section plane de la développable sont deux tangentes d'inflexion. « 9. La courbe M(jc3 y2) étant du cinquième ordre et de la cinquième classe, et ayant deux points de rebroussement, deux plans osculateurs sta- tionnâmes, et une développable osculatrice du sixième ordre, il lui corres- pond, corrélativement, une développable du sixième ordre dont l'arête de rebroussement est aussi du cinquième ordre et de cinquième classe, et a deux plans osculateurs stationnaires et deux points de rebroussement. » De sorte que les deux courbes du cinquième ordre sont identiques d'espèce ; et de même, par conséquent, les deux développables oscidatrices. Conséquemment la courbe nodale sur la seconde développable est de cinquième classe comme sur la première; et l'on conclut de là que la déve- loppable enveloppe des plans qui contiennent chacun deux génératrices de la dé- veloppable osculatrice à la courbe du cinquième ordre M (j?3^2) qui a deux points de rebroussement, est du cinquième ordre. » Ajoutons que : cette développable du cinquième ordre a pour arête de re- broussement une courbe du quatrième ordre à point de rebroussement, comme on le verra plus loin (15). Développable du cinquième ordre circonscrite à deu.v surfaces du second ordre qui sont oscidatrices en un point dans une direction donnée. » 10. On suppose que deux surfaces du second ordre ont deux points de contact consécutifs a, a', et conséquemment un contact du second ordre dans la direction aa' , de sorte que tout plan mené par l'élément aa' les coupe suivant deux coniques oscidatrices. » L'intersection des deux surfaces est une courbe du quatrième ordre ayant un point de rebroussement en a : et au nombre des surfaces du second ordre qui passent par cette courbe se trouvent deux cônes dont un a son sommet en a, et l'autre en un point du plan tangent en a. » En effet, soit ab la droite d'intersection des deux plans tangents com- muns aux deux surfaces en aeta' : cette droite est la t;mgente conjuguée à la tangente aa', sur l'une comme sur l'autre surface. » Que l'on prenne les plans polaires de chaque point de la droite ab par rapport aux deux surfaces ; ces plans passent par aa', et forment deux fais- ceaux de plans homographiques. Ces deux faisceaux ont deux plans dou- o3.. ( 720 ) blés : l'un est le plan tangent aux deux surfaces en a, et l'autre a le même pôle dans les deux surfaces. » Ainsi, il existe sur la droite ab un point S qui a le même plan polaire par rapport aux deux surfaces. » D'après une propriété générale des surfaces du second ordre, ce point S est le sommet d'un cône du second ordre qui passe par la courbe d'intersec- lion des deux surfaces. » Le pointa est aussi le sommet d'un cône du second ordre passant par cette courbe d'intersection ; car tout plan mené par le point a coupe les deux surfaces suivant deux coniques qui se touchent en a et n'ont que deux autres points communs, lesquels déterminent les deux arêtes du cône situées dans le plan coupant. « Ce cône doit, comme le premier S, et comme toute autre surface du second ordre passant par la courbe d'intersection des deux surfaces pro- posées, être tangent au plan tangent en a; il n'a donc qu'une arête dans ce plan, et conséquemmeut la courbe d'intersection des deux surfaces du second ordre a un rebroussement en a. » 11. La développable formée par les tangentes à la courbe C., est du cinquième ordre, et de la quatrième classe (2«*>). » La courbe C4 n'a que deux tangentes coïncidentes avec deux droites de chaque hyperboloide qui passe par cette courbe (14). » Une section piano de la développable est du cinquième ordre et de la quatrième classe; a quatre points de rebroussement, deux points doubles, une tangente d'inflexion et deux tangentes doubles (28). » La courbe nodale sur la développable est une conique située dans le plan polaire du sommet S du cône du second ordre. La conique ren- contre la courbe C, en un seul point (outre le point n) : c'est le point où la courbe C4 a un plan osculateur slationnaire. Ce plan est tangent au cône (S) (38). » 12. Aux surfaces du second ordre qui ont deux points de contact infiniment voisins a, a' correspondent corrélativement des surfaces du second ordre qui ont aussi deux points de contact infiniment voisins. A la courbe d'intersection C4 des premières surfaces correspond une dévelop- pable C circonscrite aux autres surfaces. » Au nombre de ces surfaces se trouvent deux coniques, qui représentent deux surfaces infiniment aplaties et qui correspondent aux deux cônes (S) cl i a). La première est osculatriceaux surfaces du second ordre en leur point a, et la seconde est située dans le plan tangent en ri et passe parce point. ( 7^1 ) » De sorte que la surface développable qui doit être circonscrite à deux surfaces du second ordre osculatrices dans une direction aa' , peut être construite au moyen d'une seule surface associée soit à une conique oscu- latrice à la surface en son point a, soit à une conique située dans le plan tangent en a et passant par ce point, ou bien encore au moyen de deux coniques qui ont un point commun a et dont le plan de l'une est tan- gent à l'autre en ce point. » 15. La développable ainsi déterminée est du cinquième ordre et de la quatrième classe, de même que la développable osculatrice à la courbe C,, douée d'un point de rebroussement. » Son arête de rebroussement est aussi une courbe du quatrième ordre à point de rebroussement, puisqu'elle correspond à la développable osculatrice de quatrième classe, qui a un plan oscillateur stationnaire (37). » La développable touche chaque surface du second ordre qui lui est inscrite suivant une courbe gauche du quatrième ordre à point de rebrous- sement. » La courbe C4 a trois tangentes consécutives passant par son point de rebroussement; conséquemment la développable C'a trois génératrices con- sécutives situées dans un même plan, lequel est un plan oscillateur station- naire de l'arête de rebroussement de la développable : ce plan est le plan tangent aux surfaces inscrites à la développable en leur point de contact a. » 14. La courbe C4 a une tangente coïncidente avec une arête du cône S ; conséquemment la développable C a une génératrice tangente à la co- nique S' qui correspond au cône S. » Au point de contact de la tangente à C4 le plan osculateur est sta- tionnaire (58j, et conséquemment renferme trois tangentes à C4. Il cor- respond à ce point le plan tangent à la développable C suivant la génératrice coïncidente avec une tangente à la conique S', et ce plan touche l'arête de rebroussement de C en un point qui est commun à trois génératrices con- sécutives, et cpii, par conséquent, est un point de rebroussement. » Ainsi, f arête de rebroussement de la développable C est une courbe du ijuatrième ordre à point de rebroussement. Il résulte de là que la dévelop- pable circonscrite à deux surfaces du second ordre qui sont oscuKiîrices en un point dans une direction donnée est identique à la développable osculatrice à la courbe d'intersection des deux surfaces. » 15. Ici se présente encore, comme au sujet des développables du sixième ordre, la question de savoir s'il existe une autre développable du cinquième ordre. La réponse est négative, c'est-à-dire que : ( 7** ) » Toule surface développable du cinquième ordre a pour arête de rchrousse- ment une courbe gauche du quatrième ordre à point de rebroussement. » En effet, un plan transversal quelconque coupe la surface suivant une courbe du cinquième ordre qui a pour points de rebroussement les points d'intersection de l'arête de rebroussement de la développable par le plan transversal. » Ici ce plan est tangent à la développable, il renferme deux généra- trices infiniment voisines et coupe la surface suivant une courbe du troi- sième ordre. Cette courbe ne peut avoir qu'un point de rebroussement; conséquemment le plan ne coupe l'arête de rebroussement de la dévelop- pable qu'en un point. Mais, comme plan tangent à la développable, il est osculateur à l'arête de rebroussement, et conséquemment il a trois points communs avec cette courbe, réunis au point de contact. Il a donc en tout quatre points communs avec la courbe. Ainsi celte courbe est du quatrième ordre, » Je dis en outre qu'elle a un point de rebroussement; car si elle n'avait pas de point singulier, la développable osculatrice serait du huitième ordre (42), et si elle avait un point double, la développable serait du sixième ordre, comme il est dit ci-dessus (4). Donc elle a nécessairement un point de rebroussement, puisqu'elle n'est ni du huitième, ni du sixième ordre, mais du cinquième ordre. » Ainsi le théorème est démontré. » Cette propriété caractéristique des surfaces développablesdu cinquième ordre, qui est ici une conséquence de la correspondance corrélative qui a lieu entre les propriétés de la courbe d'intersection de deux surfaces du second ordre et celles de la développable circonscrite aux deux mêmes surfaces, paraît, au contraire, être la base des intéressantes recherches de M. Crémona sur les surfaces développables du cinquième ordre, insérées dans le Compte rendu de la séance du 17 mars. » NOMINATIONS. L'Académie procède, parla voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission chargée de l'examen des pièces admises au concours pour le prix fondé par M. de Montyon dans le but d'encourager les recherches qui peu- vent rendre un art ou un métier moins insalubre. MM. Rayer, Chevreul, Boussingault, Combes et Payen réunissent la ma- jorité des suffrages ( 7^3) MEMOIRES PRESENTES M. Velpeau présente, au nom de M. Lebarillier, un travail sur la mor- talité des enfants assistés de Bordeaux. Ce travail se compose d'une série de tableaux offrant l'état comparatif par catégories, sexes et âges des enfants au-dessous d'un an, admis et dé- cédés dans l'hospice et à la campagne, pendant la période i85o-i86i. Il est terminé par les remarques suivantes qui en offrent le résumé : « Les enfants admis pendant cettepériode dedouze ans (ier janvier i85o, 3i décembre 1861), ont été au nombre de 6178, dont 3oy3 garçons et 3io5 filles (âgés de 1 jour à 1 an). Sur ce nombre, 987 sont morts dans leur premier mois, dont 5 10 garçons et 467 filles; 785 sont décédés à l'hos- pice (4'0 garçons et 375 filles) et 202 à la campagne (110 garçons et 92 filles). » On se rendra facilement compte de l'excédant de la mortalité à l'hô- pital dans le premier âge de la vie, en songeant que les enfants admis a l'hospice ne sont guère envoyés à la campagne que dans les dix jours qui suivent leur naissance, et que tous les enfants trop faibles ou malades sont gardés à l'hôpital jusqu'à leur guérison. » Sur les 6178 enfants admis, 21 3 1 ont succombé avant la fin de leur première année, soit 1114 garçons et 1017 filles; dans ce nombre, io83 sont morts à l'hospice et 1048 à la campagne. » Ce chiffre de 2i3i décès sur 6178 enfants n'établit la mortalité, au- dessous d'un an, qu'à 33 pour 100, pour les enfants assistés admis à l'hôpi- tal de Bordeaux et nourris à la campagne. » Dans le dernier et remarquable Mémoire que M. le Dr Bouchut a adressé à l'Académie des Sciences, ce médecin distingué a établi que la mortalité était de 55 pour 100 dans le département de la Seine, pour la po- pulation des enfants assistés et au-dessous d'un an élevés à la campagne. 11 est facile de voir par nos chiffres que la mortalité est, dans les mêmes conditions, bien moins considérable dans le département de la Gironde. » Le travail de M. Lebarillier est renvoyé à l'examen des Commissaires dé- signés pour le Mémoire de M. Bouchut, MM. Dupin, Rayer, Bienaymé. ( 724 ) chimie. — De l'action de l'ammoniaque sur les chlorures. Deuxième partie : Chlorures de bismuth; par M. Deiiérain. (Commissaires précédemment nommés : MM Boussingault, Payen, Balard.) « 1. Quand on fait passer un courant de chlore sec sur du bismuth mé- tallique placé dans une cornue de verre, et chauffé jusqu'à fusion, on obtient habituellement un corps noir peu volatil, découvert en i85o,parM. We- ber(i), qui lui a assigné la formule BiCf2. » L'analyse que j'ai faite de ce chlorure confirme cette composition, mais les considérations suivantes prouvent qu'il convient de doubler cette formule et de l'écrire Bi2CI*. » Si en effet on soumet à l'action du feu le chlorure noir de M. Weber, on obtient bien le trichlorure de bismuth BiCl3 connu depuis longtemps et du bismuth métallique ainsi que l'a établi le chimiste allemand, mais il se forme en même temps une poudre grise cristalline que j'ai eu d'abord assez de peine à obtenir à l'état de pureté; l'analyse a fini cependant par me mon- trer que le chlore ajouté au bismuth renfermé dans cette matière ne représen- tait pas le poids employé. J'ai conçu alors l'idée que cette substance était un oxy chlorure; ce que la formation d'eau par la réduction au moyen de l'hydrogène a parfaitement confirmé. L'analyse de ce composé conduit k la formule BiClO3, [Cl 1 ci c'est donc le chlorure de M. Weber Bi2 l r- dans lequel 3 équivalents de Cl chlore sont remplacés par 3 équivalents d'oxygène pour former Bi2 Cl O O () (i) Répertoire de Chimie pure, f86o; p. 12. ( 7" ) » Le chlorure noir BrCl* ne se combine pas avec les chlorures; les chi- mistes qui considèrent tous les chlorures comme des sels, auront quelque peine à expliquer cette propriété, tandis que ceux qui divisent les chlorures en plusieurs groupes analogues à ceux que présentent les oxydes et les sul- fures, verront dans la transformation de ce corps neutre en un acide bien déterminé BiCl3 par fixation de chlore une copie exacte de la transforma- tion du bioxyde d'azote ou du peroxyde de manganèse en acides par fixa- tion d'oxygène. >> 2. Quand on veut transformer le chlorure noir en chlorure blanc par l'action du chlore, on tombe souvent sur un chlorure intermédiaire, non encore décrit. » Ce corps, d'un jaune rongeâtre, présente la formule Bi3Cl\ il ne se combine pas aux chlorobases, et se décompose sous l'influence de la chaleur en chlore, chlorure noir, et chorure blanc : Bi3Cl8 = Gl-+-Bi2CI*4-BiCl3. » 11 paraîtrait donc pouvoir se placer parmi les chlorures salins. » 3. Le chlorure de bismuth blanc BiCl3 se combine nettement aux chlo- robases, je lui donnerai donc le nom d'acide chlorobismeux, réservant le nom d'acide chlorobismique au composé non encore isolé BiCl5, analogue à l'acide chlorantimonique SbCl*. » L'acide chlorobismeux donne avec l'ammoniaque trois combinaisons, on les obtient en faisant passer un courant de gaz ammoniac sec sur l'acide placé dans une cornue de verre et légèrement chauffé. » La cornue renferme, lorsque l'opération est terminée, une substance rouge mêlée avec une matière verte : ce sont deux combinaisons de chlorure de bismuth et d'ammoniaque qu'il est assez difficile de séparer. » Le récipient qui fait suite à la cornue renferme une troisième combinai- son plus volatile qui est entraînée par le courant gazeux. » La combinaison rouge, assez stable, fond sous l'influence du feu et cristallise par refroidissement : mes analyses lui assignent la formule 2BiCr\ AzH3. » Traitée par l'acide chlorhydrique, cette combinaison fixe cet acide et se transforme en un chlorosel en aiguilles déliquescentes qui a pour formule C. R., 1862, Ier Semestre. (T. LIV, N° 12.; 94 ( 1^ ) aBiCl',Azti4Cl: 2BiCl9,AzH3 + HCl = 2BiCl',AzH4Cl. » Je n'ai pu obtenir la combinaison verte à l'état de pureté et les analyses que j'en ai faites donnent des nombres assez différents de ceux qu'exige la formule BiCl3, 2AzH3; je n'hésite pas cependant à assigner cette compo- sition à la substance verte, car sous l'influence de l'acide chlorhydrique, elle donne un cblorosel très-facile à purifier et qui a déjà été obtenu par M Jacquelain : BiCl3,2ÀzHs + 2HCI = BiCl3,2AzH\CI. » Ce sel cristallise en lames hexagonales, il ressemble à s'y méprendre au sel correspondant d'antimoine SbCI3, 2AzH'CI, cl Dufrénoy a reconnu en effet l'isomorphisme de ces composés. » La combinaison de chlorure de bismuth et d'ammoniaque volatile, s'obtient dès la première opération assez pure pour qu'il soit possible d'éta- blir sa formule; elle est plus riche en ammoniaque que les précédentes et doit se formuler P»iCl\ 3AzIl3; traitée par l'acide chlorhydrique, cette combinaison se transforme en un beau chlorose! en lames rhomboïdales, déjà décrit par M. Arppe (1) : BlCl3,3AzH3 + 3HC1 = BiCl8,3AzH*CI. " ï. Il est possible au reste de remplacer dans ce chlorosel le chlorure d'ammonium par du chlorure de sodium, on du chlorure de potassium, entièrement ou incomplètement sans faire varier la forme cristalline. » î>. En terminant la première communication adressée à l'Académie sur l'action de l'ammoniaque sur les chlorures (2), j'indiquais quels doutes doivent assiéger le chimiste lorsqu'il vent classer les combinaisons des chlo- rures avec l'ammoniaque. Si les amides peuvent fixer de l'eau pour domici- les oxyseis correspondants, les chlorures ammoniés possèdent la propriété remarquable de fixer de l'acide chlorhydrique pour donner un chlorosel correspondant; cette réaction tendrait à faire classer les chlorures ammo- niés dans un nouveau groupe d'amides, les chloramidcs; mais à celle con- clusion vient s'opposer la composition de ces combinaisons : tandis que les amides oxygénées peuvent se représenter par de l'ammoniaque dans laquelle 1 équivalent d'hydrogène est remplacé par un radical oxvgéné, les chlora- (1) Répertoire de Chimie, t. Ier, p. 200. (2) Comptes rendus, 1 861 ; t. LU. — Bulletin delà Société Chimique, 2e fascicule; 1861. ( 727 ) inides ne peuvent être formulées ainsi, car elles renferment intégralement l'ammoniaque et le chlorure. » On sait de plus que certains sels peuvent fixer de l'ammoniaque, et beaucoup de chimistes pensent que les chlorures ammoniés peuvent être réunis aux sulfates, azotates, etc., renfermant de l'ammoniaque. Pour arriver à une classification définitive, je suis donc naturellement conduit à étudier les sels ammoniés, et j'aurai l'honneur de communiquer le résultat de mes recherches à l'Académie aussitôt qu'elles seront assez avancées pour que j'aie pu me former une conviction. » 6. Si le travail précédent laisse encore des cloutes sur la véritable nature des chlorures ammoniés, il conduit cependant aux conclusions suivantes : » i° Le bismuth se combine en trois proportions avec le chlore, formant Bi2Cl4, BiCl3 et un troisième chlorure Bi3 Cl8 non encore décrit jusqu'à présent. » 20 Le chlorure de M. Weber doit être formulé Bi2 Cl4, puisqu'il donne un oxychlorure BrClO3 non encore décrit jusqu'à présent, par substitutiou de l'oxygène au chlore. » 3° Le seul chlorure BiCl3 est assez riche en chlore pour être nette- ment un chloracide; les deux autres combinaisons peuvent être considérées Bi2 Cl* comme un chlorure singulier et Bi3 Cl8 comme un chlorure salin. » 4° L'acide chlorobismeux BiCl3 hémi, bi et triatomique forme trois combinaisons avec l'ammoniaque, dont la formule n'avait pas été établie. « 5° Ces trois combinaisons fixent de l'acide chlorhydrique pour pro- duire trois chorosels dont un seul est nouveau. » ASTRONOMIE. — Mémoire sur la réfraction astronomique , par M, Painvix. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Babinet, Fave, Serret.) « En partant d'une idée que m'a obligeamment communiquée M. Serret, j'ai pu déterminer d'une manière précise une limite supérieure de l'erreur commise lorsqu'on ne conserve que les termes du second ordre, comme l'a fait Laplace. Ainsi, en désignant par £ l'erreur commise, j'ai trouvé Pour 8o. . . £< 1,43, 8k.. £< 2,43, 82... £< 4,41, 83... s< 8,63, 84-. s<.8,73. 94- ( 7*« ) » J'ai ensuite cherché à lenir compte des ternies du troisième ordre : ici se présentait une double cause d'erreur, provenant des intégrales qui entrent dans les termes du troisième ordre ( intégrales qu'on ne peut évaluer qu'ap- proximativement), et des termes qu'on néglige. » La difficulté réside surtout dans la recherebe de limites inférieure et upérieure assez rapprochées pour les intégrales en question. « Voici les résultats auxquels je suis parvenu : « â est l'erreur résultant de l'évaluation des intégrales; » £ est l'erreur commise en négligeant les termes au delà du troisième ordre; on a s 80.. • <5< Dans cette situation, il est clair que, sauf la résistance à la torsion, résistance que l'on peut atténuer autant qu'on le désire, le levier pourra se mouvoir circulairement dans le plan horizontal, ou s'arrêter indifféremment en un point quelconque delà circonférence, puisqu'en tous cas le centre de gravité de ce levier ne monte ni ne descend. » Mais si la direction de la pesanteur vient à changer, il n'y aura plus que deux points de la circonférence où il y ait équilibre, l'un stable, l'autre instable. Ces deux points se trouvent dans l'intersection du plan de rotation avec le plan passant par les deux points d'attache et la nouvelle direction de la pesanteur. » Il résulte de là qu'une déviation tres-faible dans la direction de la pesanteur se traduira par un déplacement circulaire du levier, qui peut s'élever à près de 1800. » J'ai fait établir grossièrement un appareil d'après ces principes, et, bien que les fils n'aient que 20 centimètres de longueur, il m'a paru plus sensible qu'un excellent niveau à bulle d'air qui n'accuse qu'une déviation de 1", par un déplacement de 3 millimètres. » (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Rabinet, Delaunay.) MM. Chanoine et Lagrenée adressent au concours pour le prix de Mé- canique un Mémoire sur les barrages à hausses mobiles, dont lesvstèine, ima- giné par M. Chanoine, est aujourd'hui adopté par le Ministère des Travaux publics et appliqué aux barrages en exécution sur la Seine, la Marne et l'Yonne. M. A. Rivière adresse, pour le même concours, une Note sur un nou- veau compteur pour la distribution de leau à domicile. L'appareil décrit dans cette Note a été construit à Rouen par les soins et aux frais de la Société d'Emulation de la Seine-Inférieure. Son prix, dit M. Rivière, le met à la portée de toutes les bourses. Ces deux pièces sont réservées pour la future Commission. .M. J. Liys, qui avait précédemment présenté au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie la première partie de ses « Recherches ;uia- ( 73- forniques, physiologiques et pathologiques sur le système nerveuv cérébro- spinal (étude du cerveau] », adresse aujourd'hui le complément de ce travail, des Eluda sur ta structure du système nerveux spinal et du système nerveu.x cérébelleux . M Ollier envoie de Lyon, pour le même concours, un Mémoire sur la restauration du nez par l'ostéoplastie, e! fait remarquer que ce travail, beau- coup plus étendu que celui qu'il avait précédemment communiqué, traite spécialement des cas pathologiques auxquels la rhinoplastie est applicable, et du manuel de cette opération. M. Ont, en présentant au concours pour le prix de Physiologie expéri- mentale, des Recherches expérimentales sur V introduction de l'air dans les veines., y joint une indication de ce qu'il considère comme neuf dans son travail. MM. Brossette et Petitjeax présentent au concours pour le prix dit «les Arts insalubres un Mémoire sur l'argenture des glaces substituée à l'élamage. o Nous nous faisons un devoir de rappeler, disent les auteurs dans l'in- troduction du Mémoire, que l'idée mère de cette industrie est dueà l'un des Associés étrangers de l'Académie, l'illustre Liebig. Nous reconnaissons éga- lement que nous n'avons pas l'initiative de l'application manufacturière dans ce pays; mais ce que nous pouvons revendiquer, c'est d'avoir trouvé des procédés pratiques, et créé un outillage usuel sur lesquels a pu se constituei une industrie viable, d'avoir en fait mis les ouvriers miroitiers à l'abri des émanations mercurielles. » Renvoi à la Commission nommée.) M. Dareste présente au concours pour le prix Alhumbert (Modifications déterminées dans l'embryon d'un vertébré par l'action des agents exté- rieurs' trois Mémoires imprimés et un Mémoire manuscrit sur la produc- tion des monstruosités dans l'espèce de la poule. (Réservé pour la future Commission. M. JYeiter envoie de Strasbourg un Mémoire destiné au concours pour le prix du legs Rréant, intitulé : Du traitement du éludera par l'administration ( 73' ) coup sur coup d'énormes quantités de boissons aqueuses (3o à 4° litres de tisane ordinaire dans les vingt-quatre heures). M. Vildieu adresse d'Ajaccio (Corse) une Notice sur l'emploi des armes à feu comme porte-amarres, avec cinq autres pièces également relatives au pro- cédé de sauvetage qui fait l'objet de sa Note. Dans la Lettre qui accompagne ces pièces, l'auteur fait allusion à un pré- cédent envoi dont il n'existe aucune indication dans les Comptes rendus, ni aucune trace dans les archives de l'Académie. La Note et les documents sont renvoyés à l'examen d'une Commission composée de MM. Piobert, Duperrey et Laugier. M. Bœsch soumet au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé : Peinture vilrifuible sur verre. (Commissaires, MM. Chevreul, Fremv.) M. Guislain présente un volumineux manuscrit ayant pour titre : Recherches sur l'histoire et les propriétés des préparations cosmétiques depuis les temps anciens jusqu'à nos jours. (Commissaires, MM. Rayer, Fremy.) CORRESPONDANCE M. le Ministre de l'Instruction pvbliq.ce invite l'Académie à lui présen- ter, conformément aux dispositions de l'article 2 du décret du 9 mars i85s, deux candidats pour la chaire de Physique générale et mathématique, vacante au Collège de France par suite du décès de M. Biot. Une Commission composée des Membres de la Section de Physique et de la Section de Géométrie préparera une liste de candidats pour la présenta- tion demandée. yi. le Secrétaire perpétuel présente, ail nom de l'auteur, M. Louis Zejszner, un opuscule sur les gypses et les marnes miocènes dans les con- trées sud-ouest du royaume de Pologne. Et au nom de M. pliptcsnel une Notice sur la vie et sur les travaux de M. le Dr Verrollot. ( 1^ ) Pendant une longue résidence à Constantinople, où il occupait une haute position médicale, M. Verrollot trouva le temps, tout en remplissant scru- puleusement et an delà les devoirs que lui imposait sa place, de poursuivre des recherches scientifiques de plus d'un genre; en ne tenant compte que de ceux qui ont reçu quelque publicité, on doit citer ses observations sur les épidémies cholériques de 1817 à 1848; ses études statistiques sur Constantinople; ses études météorologiques qui comprennent, avec une série d'observations très-bien faites et cpii lui sont propres, la discussion d'ob- servations antérieures, dont, par des procédés très-délicats et très-cer- tains, il parvient à rendre les résultats comparables avec les siens; enfin l'Académie n'aura pas oublié deux communications qu'il lui a faites en 1 856, lune sur les tremblemeuts de terre ressentis l'année précédente dans l'Em- pire Ottoman, l'autre sur les tremblements observés à Constantinople de 1841 à i855. M. le Secrétaire perpétuel signale encore parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i° une Note publiée par M. Zaritedeschi à l'occasion d'une communication de M. Dumas sur les découvertes de MM. Bunsen et Kirchhoff concernant l'application du spectre lumineux à l'analyse chi- mique, Note dans laquelle l'auteur rappelle ceux de ses propres travaux qui se rattachant à la même question sont d'une date antérieure à ceux des savants allemands ; 20 Une brochure publiée à San Francisco (Californie) : Discours d'ou- verture du Cours de Physiologie fait à la Faculté de Médecine de l'Univer- sité du Pacifique par le Dr Lane ; 3° Un Mémoire en allemand de M. Clausius sur l'équivalent mécanique de la chaleur. M. Clapeyron est invité à prendre connaissance de cette dernière commu- nication et à en faire, s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport verbal. M. Élie de Bealmont communique l'extrait suivant d'une Lettre par laquelle M. liosetitlial prie l'Académie de vouloir bien comprendre son tra- vail sur le nerf vague dans le nombre des pièces admises au concours pour le prix de Physiologie expérimentale. « Ce travail, dit l'auteur, se rattache aux belles découvertes de M. Flou - rens sur le centre respiratoire. Mes recherches, qui, par leurs résultats, con- statent ceux qu'avait obtenus l'illustre physiologiste, contiennent du reste, je ( 733 ) le crois, des faits nouveaux touchant les relations du nerf pneumogastrique et de ses rameaux laryngés supérieurs an nœud vital. Espérant que ces faits, qui n'étaient pas connus jusqu'ici, fourniront des explications importantes sur le mécanisme du centre nerveux, si peu connu auparavant, je crois pou- voir prendre la liberté de présenter mon travail au concours pour le prix de Phvsiologie expérimentale. » (Réservé pour la future Commission.) chimie générale. — Formation par synthèse, au moyen de la pile, d'un carbure d'hydrogène; Lettre de M. Morrek à M. le Président de l'Académie. « Je viens d'apprendre que M. Berthelot, en exposant lundi dernier à l'Institut sa brillante synthèse de l'acétylène, avait exprimé le désir de con- naître quelques détails relatifs à des faits analogues dont j'avais entretenu l'Académie en février 1859; je me fais un devoir de répondre à chacun des points qui ont été indiqués. » D'abord je dirai que l'un des Membres de l'Académie, M. Balard, qui a bien voulu prendre la parole en ma faveur, doit, je crois, avoir entre les mains, et sur une assez grande échelle, la photographie de l'appareil qui m'a servi. Cet appareil rendait possible et surtout très-facile la circulation d'un ou de plusieurs gaz, préparés avec soin sur le mercure, dans une série spéciale de tubes, d'ampoules ou de ballons où se trouvaient les électrodes divers entre lesquels l'étincelle d'induction devait agir. M. Le Verrier pos- sède ce dessin dans le Mémoire qui a dû lui être remis en décembre dernier, à la suite de la réunion à la Sorbonne des membres des Sociétés savantes. M. de Senarmont est dans le même cas, mon Mémoire lui ayant été remis en décembre dernier pour être inséré dans les Annales que ce savant dirige. » Je dois dire d'abord que, pour réussir plus sûrement dans toutes ces synthèses, ce n'est pas le trait délié de l'étincelle d'induction qu'il faut em- ployer, niais l'étincelle à large auréole et à atmosphère lumineuse; l'appa- reil d'induction que j'ai construit, et dont la figure et la description sont dans les Mémoires cités plus haut, a été surtout fait dans ce but. » Je dois ajouter, et ce détail sera en faveur des idées de M. Berthelot que je ne partage cependant pas, je dois ajouter que M. Plucker a fait fonc- tionner chez moi, en septembre dernier, cet appareil, et qu'il en a obtenu des effets de chaleur qu'il n'avait pas encore pu réaliser au moyen des appa- reils d'induction. C. R., 1862, 1er Semestre. (T. LIV, N° 12.) îP ( 734) i> Le charbon que j'ai employé ne pouvait être que du charbon de cor- nue, puisque c'est celui qui conduit le mieux; voici le moyen que j'ai cru suffisant pour le purifier dans les circonstances où je voulais opérer. Je l'ai placé dans un tube à analyse organique chauffé au rouge et traversé par un courant d'hydrogène sec. Je savais que, vu l'énergique faculté d'absorption du charbon, ce corps serait comme imprégné d'hydrogène; mais peu m'im- portait, puisque c'était le gaz que j'avais à faire circuler. J'aurais hésité à employer le chlore si j'en avais eu la pensée, par la crainte de me trouver en présence d'un peu d'acide chlorhydrique, et je sais par expérience com- bien la présence d!un corps étranger, même en petite quantité, peut modi- fier les réactions de l'électricité. Ainsi, pour la synthèse de l'acide sulfurique anhydre au moyen de l'acide sulfureux et de l'oxygène, la présence d'un peu d'azote donnant lieu à la formation d'un corps éminemment oxydant, l'acide hypoazotique, rend l'opération extrêmement facile et rapide. » "Voici maintenant comment, par deux procédés différents, j'ai vérifié la nature du composé formé. Parmi les tubes dans lesquels circulait l'hydrogène qui devait se combiner avec le carbone, était un tube spécial destiné à l'exa- men spectral. Après l'opération et lacirculation terminée, je fermais surplace, au moyen du chalumeau, ce tube muni à l'autre extrémité d'un petit robinet en verre; par celui-ci, je pouvais faire le vide, et, de suite, l'analyse spec- trale, si précise et si sûre pour les gaz, me révélait la présence d'un carbure d'hydrogène, soit gazeux, soit à l'état de vapeur. Mon second contrôle a été de faire à part un tube analogue au précédent, mais ayant de chaque côté deux électrodes, deux en platine et deux en charbon purifié. On faisait pas- ser dans le tube un courant d'hydrogène pur, sec et prolongé, et on y fai- sait Je vide avec soin. Lorsque le courant électrique passait entre les élec- trodes de platine, on pouvait reconnaître la parfaite pureté de l'hydrogène; et si un carbure quelconque avait existé dans le charbon, il eût été bien dif- ficile qu'une émanation de vapeur, quelque faible qu'elle fût, n'en eût pas décelé la présence; au conlraire, desque le courant passait par les électrodes de charbon, immédiatement naissait, pour ne plus disparaître, la réaction du carbure d'hydrogène. Quelle était la place de ce corps dans la série car- burée? Je ne pouvais le décider; car dans ces premiers temps de l'emploi de l'analyse spectrale, indiquée en 1 858 par M. Pluker, je ne connaissais pas aussi bien qu'aujourd'hui la série des spectres des carbures d'hydrogène. Je ferai remarquer que ma Lettre était surtout destinée à faire connaître la pro- duction de toutes pièces de l'ammoniaque au moyen de ses éléments gazeux. J'indiquais avec détails cette expérience dans laquelle l'ammoniaque avait ( 735 ) été non-seulement produite, mais absorbée et dosée au moven d'une liqueur acide titrée. » Si plus tard je n'ai rien publié sur cette synthèse et sur celles que j'ai depuis rencontrées sur ma route, et qui sont cependant connues par les personnes qui fréquentent mon laboratoire, c'est que j'ai été absorbé par des travaux voisins qui rentrent davantage dans la spécialité de mes travaux et de mes études. Si dans le temps il y a eu du vague dans ma communication, bien qu'il y eût cependant toute certitude dans mon esprit, cela tient à ce que je ne possédais pas alors toutes les réactions nécessaires pour l'analyse spectrale des gaz qui était à créer. Je serais fâché que ma communication en- levât quelque chose à la découverte et à la belle expérience de M. Berthe- lot. Toute découverte est la bienvenue, de quelque part qu'elle arrive, et surtout quand elle est présentée par un habile et infatigable chimiste, qui a eu si souvent la main heureuse dans l'art de la synthèse. » PHYSIQUE. — Sur la conductibilité électrique des gaz plus ou moins raréfiés ; Lettre de M. Morren. « On sait depuis longtemps que les gaz raréfiés laissent passer, en deve- nant lumineux, un courant électrique, lorsque celui-ci possède une tension suffisante. Il était à peu près impossible de mesurer l'intensité d'un pareil courant avant la découverte de l'appareil d'induction. Avec celui-ci on peut ne laisser passer que l'un des deux courants induits et régler le courant qui passe de manière à rendre les indications du galvanomètre régulières, con- stantes et d'une intensité donnée. Ces conditions très-délicates, que j'ai pu enfin réaliser, m'ont permis de faire passer le courant dans différents gaz. Au moyen d'une machine pneumatique à mercure, la simple manœuvre d'un robinet suffit pour faire varier la pression du gaz par degrés insensibles. Cette pression est mesurée par deux manomètres, l'un à mercure, l'autre à air dilaté très-sensible. Le tube dans lequel le gaz est observé a été le même dans toutes les expériences, par conséquent toutes les circonstances de volume intérieur et de distance des électrodes ont été constantes. Pour des pressions au-dessous de ^ de millimètre j'ai dû suivre un procédé différent, analogue à celui que j'ai fait connaître en novembre dernier à la réunion des Sociétés savantes, mais il est très-pénible, fatigant, et j'ai dû pour lui me borner à un petit nombre de gaz qui d'ailleurs peuvent seuls supporter ce genre d'expérimentation. Voici pour la première série les importants ré- sultats que j'ai obtenus. 95.. ( 736) » L'hydrogène est de tous les gaz que j'ai étudiés celui qui conduit le mieux et de la manière la plus régulièrement croissante et décroissante. » A 26 millimètres de pression (dans les circonstances spéciales de volume et de diamètre intérieur du tube et de distance des électrodes indiqués plus haut et qui ont été les mêmes pour tous les gaz) l'hydrogène commence à se polariser et à laisser passer le courant. La déviation du galvanomètre est de i°; elle s'élève régulièrement à mesure que la pression diminue pour arriver au maximum de 4*J" de déviation galvanométrique qu'elle atteint à la pression de 2mm,8, puis elle diminue pour n'être plus que de 3o° à omra,o6 et enfin pour arriver à être zéro lorsque la pression est nulle, ce que nous ne pouvons pas atteindre; mais déjà le courant n'est plus sensible au galva- nomètre lorsque la pression est réduite à 1 ou ^ centième de millimètre. La lumière m'a toujours semblé maximum lorsque la déviation du galvanomètre était elle-même maximum. » Après l'hydrogène vient l'acide carbonique qui devient conducteur à la pression de 17 millimètres seulement; la déviation galvanométrique croît d'une manière régulière à mesure que la pression diminue, elle atteint le maximum de 3^°, mais à la pression omm,o8 la conductibilité diminue ensuite assez lentement. » Après l'hydrogène et l'acide carbonique vient l'azote : A 12 millimètres la déviation est de i° A omm , 1 la déviation alors maximum est de. . . 370 La conductibilité diminue ensuite très-rapidement. » L'oxyde de carbone vient ensuite et pour lui : A g™"1 , 8 la déviation est de 1 " A iroln,6 la déviation maximum est de 210 iVIais à ce moment l'analyse spectrale annonce que ce gaz se décompose et, chose curieuse, il devient de l'acide carbonique par suite d'un dépôt de charbon. La réaction est précise, nette, irrécusable, et accusée en outre par l'apparition d'une auréole bleue gris de lin au pôle négatif, auréole qui ap- partient à l'acide carbonique, tandis que l'oxyde de carbone a une auréole blanche. Ce changement n'a lieu que sous une faible pression. Pour l'oxy- gène, il y a un fait très-singulier et qui se reproduit sans cesse : c'est une résistance très-vive à la polarisation : ainsi à 9 millimètres de pression on aperçoit bien dans le tube une très-légère et fugitive lueur, surtout en exci- tant par induction et en passant la main sur le tube, mais le courant ne ( ?3? ) passe pas; enfin à G millimètres tout d'un coup le courant éclate et la dévia- tion de suite est de l\6°, et se maintient telle avec énergie. A amm,5 elle est de 56°, et elle atteint le maximum de 620 à la pression omm,6. » Des expériences multipliées donnent des résultats identiques, seulement quelquefois le courant ne passe qu'à 5 millimètres, et alors la déviation passe de suite au chiffre des autres expériences. Ainsi le maximum de l'oxygène est supérieur à celui des autres gaz. Le tracé graphique des courbes de con- ductibilité, en prenant les pressions pour abscisses et les déviations pour ordonnées, présente mieux et rend saisissable à l'oeil, sur une même figure, ce rapport de ces diverses conductibilités. Je dois ajouter qu'il ne m'a pas été possible de prendre nettement la conductibilité électrique de l'air, parte que dès que le courant passe, il se forme aussitôt et abondamment de l'acide hypoazotique. J'aurais voulu déterminer ainsi d'une manière précise la hauteur de la zone de meilleure conductibilité dans laquelle doivent avoir lieu les phénomènes de l'auréole boréale. Cette détermination dans les deux gaz azote et oxygène suffira-t-elle? » astronomie. — Ephémérides pour la recherche de la comète périodique de d'Arrest, à son prochain retour en 1 863 et 1 864 ; par M. Yvox Villarceau. « En présentant à l'Académie, dans sa séance du 22 juillet 1861, le ré- sultat de nos calculs sur les grandes perturbations que la comète de d'Arrest a éprouvées en circulant longtemps dans le voisinage de Jupiter, nous avons pris l'engagement de présenter en temps utile les ephémérides nécessaires pour procédera la recherche et aux observations de la comète. Nous venons aujourd'hui remplir cet engagement. » Afin de pouvoir utiliser immédiatement les observations qui pourront être faites, les positions géocentriques ont été calculées avec toute l'exacti- tude nécessaire. En outre, nous avons profité des avantages que présente la méthode suivie dans le calcul des perturbations, pour donner dans nos ephémérides, non pas les positions correspondantes aux éléments oscilla- teurs d'une époque déterminée, mais bien les positions alfectées de l'effet des perturbations pour chaque jour. » Les coordonnées rectangulaires des planètes qui ont été employées dans le calcul des perturbations, ont été empruntées aux publications des astronomes allemands; elles se rapportent à oh temps moyen de Berlin; en conséquence, nous avons fait usage des ephémérides du Soleil calculées pour cette même heure, qui sont publiées dans le Bcrliner Jarbuch. ( 738) Éphéméride des positions géocentriques apparentes de la Comète périodique de d'Arrest, en 1863; calculée pour 0", temps moyen de Berlin. DISTANCE LOG. j DISTANCE LOG. 18G3. ASCE>S. DROITE. au Distance à 1863. ASCESS. DROITE. au liistance a . . pôle nord. la Terre. Ha2' pule nord. la Terre. r*y ti m S 0 / // h m s 0 l If Aoû t 6 i3. 3.25,87 83. 9. 5,i 0,45675 o,oig5 Sept. 23 14.12.14,75 91 .20.28,8 0,46423 7 4.32,5g i8.i5,5 4573i j4 ■4. o,43 3l .26,9 463y7 8 5.1^0,20 27.29,6 45785 25 i5.46,g3 42.25,8 4636g 0,0261 9 648,70 367,7,4 45838 26 17.34,25 53.25,4 46340 10 7.5s, 07 46. 8,8 45S88 27 19-22, 3g 92. 4.25,7 463og 1 1 9. 8,3i 55.33,6 45937 0,0198 28 21.11 ,36 i5.26 ,5 46277 12 10.19,42 8.',. 5. 1,8 45985 29 23. 1,16 26.27,8 46243 i3 1 1 .3i ,37 i4.33,3 46o3i 3o 24.5i,8o 37.29,6 46207 0,0272 '4 12.44, '6 24. s,, 46075 Oct. 1 14.26.43,28 92.48.31,7 0,46170 i5 i3.57,78 33.46,i 461 17 a 28.35,61 59.34,2 46i32 16 15.12,24 43.27,1 46157 0,0202 3 30.28,7g g3, 10.37,0 46092 "7 16.27,52 53. 1 1 ,2 46196 4 32.22,S4 21.39,9 46o5o 18 17.43,62 85. 2.58,2 46233 5 34.17,74 32.42,8 46007 o,02S5 19 19. o,53 12.48,1 46269 6 36.i3,52 43 45,8 45962 20 20.18,26 22.40,8 46302 7 38.10, 17 54.4S, 6 45916 21 21.36,79 32.36,3 46334 0,0207 8 40. 7,70 94. 5.5i,3 45868 22 22.56, 14 42.34,5 46364 9 42. 6,10 16.53,7 458ig 23 24. 16,28 52.35,4 463g2 10 44. 5,4o 27.55,7 45768 0,0299 24 25.37,21 86. 2.3S,8 46419 1 1 46. 5,57 38. 57,2 45716 25 26.58,93 12. 44, S 46444 12 48. 6,65 4g. 58,2 45662 26 28.21,44 22.53,3 46467 0,0212 i3 5o. 8,62 95. o.58,4 45607 27 29.44,75 33. 4,3 46489 i4 52.ii ,5o u.58,o 4555o 28 îi. 8,85 43.17,7 465o8 i5 54.15,28 22.56,6 45492 o,o3i4 29 32.33,73 53.33,6 46526 16 56.ig,g8 33.54,4 45432 3o 33.5g,4i 87. 3.5i,7 46543 17 58.25,59 44.51, 1 45372 3i 35.25,87 14. 12,2 46557 0,0218 18 i5. o.32, 10 55.46,6 45309 Sept. 1 1 3. 36. 53, 1 3 87.24.34,9 0,46570 '9 2.39,54 96. 6.40,8 45245 2 38. 21, 18 34.59,8 4658i 20 4-47,9° 17.33,6 45i8o o,o33i 3 3g.5o,o2 45.26,9 4659, 21 6.57,20 28. 24, g 45.14 4 41.19,66 55.56,i 465g8 22 9- 7,42 39.14,7 45o46 5 42.50,09 88. 6.27,3 466o4 0,0225 23 11 . 18, 5g 5o 2, g 44977 6 44 2i,3i 17. 0,5 46609 24 i3. 30,70 !>7- o-49,2 44907 7 45.53,34 27.35,7 46612 25 15.43,77 1 1 .33,7 44835 o,o35o 8 47.26, 16 38.12,7 4661 3 26 '7-57,79 22. 16,2 {4763 9 48.59,78 48.5i,6 46612 27 20.12,7g 32.56,6 44688 10 50.34,21 59.32,2 46609 0,0232 2S 22.28,75 43.34,7 44610 1 1 52. 9,42 89.10.14,4 466o5 29 24.45,70 54. 10,6 44536 11 53.45,45 20.58,3 465gg 3o 27. 3,65 98. 4-44,o 4445S 0,0371 i3 55.22,28 3i.43,8 46592 3i 29.22,58 i5.i/,,S 44379 >4 56.59,91 42.30,7 46582 Nov. 1 i5.3i .42,5i g8.25.42,g 0,44299 i5 58.38,34 53.19,1 46571 0,0241 2 34. 3,45 36. 8,1 44218 ifi 14. 0.17,58 90. 4. 8,8 46559 3 36.25,42 46.3o,4 44i36 17 1 .57,62 14.59,8 46544 4 38.4S,4o 56. 4g, 6 440.53 o,o3g3 18 3.38,46 25.52,0 46528 4i . 12, 41 99- 7- 5,5 43968 "9 5.20,10 36.45,3 465 10 6 43.37,46 17.18,1 43883 20 7. 2,55 47-39,7 46491 ii... ..'m 7 46. 3,54 27.27,1 43796 21 8.45,81 58.35,2 46470 8 48.3o,68 37.32,5 43709 22 10.29,87 91. g.3i,6 46447 9 5o.58,86 47 34,' 43620 o,o.'ji8 23 12.14,75 20.28,8 o,/(6/|23 10 53 28,11 57.31,7 o,4353i (7%) Éphéméride des positions géocentriques apparentes de la Comète périodique de dArrest, en 1864; calculée pour O'1, temps moyen de Berlin. DISTANCE LOQ. DISTANCE LOG. I 1864 ASCENS. D110ITE. OU Distance à . 1864. ASCEMS. DROITE. au Distance a uùle nord. la Terre. r'Y pôle nord. la Terre. pTT2' Il m S ° / // h m s 0 1 if Mars i3 22. 5l . 16,90 g8. i3.3o,o 0,35l7â 0, 1 i85 Mai 1 1 . 29 . I 5 , I 2 87.41.36,1 0,378l3 ■4 54.48,87 0 27,3 35201 2 32. 8,32 3o.3i ,5 3788o 0,0781 i5 58.20, 1 4 97.47.20,3 35228 3 35. 0,70 19.34,4 37g48 16 23. 1.50,72 34. g,5 35258 4 37.52,28 8.44,9 38oi5 '7 5.20,58 20.54,9 35288 5 4o.43,o5 86.58. 2, g 3So83 i8 8.49,72 7.37,1 3532 1 0, 11 5g 6 43.33,02 47.28,7 38i5o >9 12.18, i5 96.54.16,4 35355 7 46.22, 17 37. 2,4 38217 0,0739 20 ■5.45,84 4o.53,o 353gi 8 49.10,5= 26. 43, g 38283 2 I '9-"-,19 27.27,2 35.'|28 9 5i .58,o5 i6.33,6 3835o 22 22.39,00 1 3 . 5g , 5 35467 10 54-44,77 6.3i,4 384 16 23 26. 4,47 o.3o,o 355o7 0,1127 1 1 57.30,67 85. 56. 37, 4 38.',8i 24 29.29,18 90.46.59,3 35548 12 2. 0.15,76 46.5i,S 38547 o,oGgg 25 32.53, i3 33.27,3 35591 i3 3. 0,0.4 37.14,4 38612 26 36.i6,33 ig.54,6 35636 ■4 5.43,5i 27.45,5 38676 27 3g. 38, 75 6.21,4 35682 i5 8.26, 17 18.25, 1 38740 28 43. 0,40 g4. 52. 4S,o 35729 0, logo 16 11. 8,o3 g.i3,i 388o4 29 46.21,27 39.i4,8 35777 '7 i3.4g,o8 o- 9,7 38867 0,0661 3o 49.41,37 25.42,0 35826 18 16.29,33 84.5. .14, g 38g29 3i 53. 0,68 12.10,0 35877 ■9 19- 8,77 42.28,8 38991 Avril 1 23.56.19,20 93.58.38,9 o,35g2g 20 21.47,42. 33. 5i ,3 39052 2 5g.36,93 45. 9,2 35g8i o,io4g 21 24.25,28 25.22,5 3gi i3 3 0. 2.53,86 3i .41 ,0 36o35 22 27. 2,34 17. 2,5 39173 0,0626 4 6. 9,98 18.14,8 36ogo 23 2g. 38, 61 8.5i,2 3g23a 5 g.25,3o 4.5o,8 36i46 24 32. 14 ,08 0.48,7 39291 6 12. 3g, 81 92 .5i . 29, 2 36202 25 34.48,78 83.52.55, 1 39349 7 i5.53,5i 38.io,3 36260 0, 1006 26 37.22,68 45. 10,2 39406 8 19. 6,3g 24.54,4 363i8 27 3g.55,So 37.34,3 39462 o,o5g2 9 22.18,44 11.41,7 36378 2S 42.28.13 3o. 7,2 39318 10 25. 2g, 67 91. 58. 32, 4 36437 29 44.59,67 22.49,1 39572 11 28.40,07 45. 26, g 36498 3o 47.3o,42 i5.3g,9 39626 12 3i .4g>65 32.25,2 3656o 0 , og6 1 3i 5o. o,38 8.39,6 39679 i3 34.58,4o ■9 27,6 36622 Juin 1 2.52.29,55 83. 1.48,3 0,39731 o,o56i >4 38. 6,32 6.34,5 36684 2 54.57, g3 82.55. 6,0 39782 i5 4> . 1 3 ,4 1 90.53.45,9 367.4 s 3 57.25,51 48.32,7 3gS32 16 44.19,67 4l. 2,1 368 12 4 5g. 52, 2g 42. 8,3 3g88o '7 47.25,10 28.23,3 36876 0,0916 5 3 . 2 . 1 8 , 26 35.53,0 39928 18 50.29,71 l5.4g,6 3694i 6 4.43,44 29.46,6 39975 0,o5j2 '9 53.33,4g 3.21,2 37006 7 7. 7,8, 23.49,2 40021 20 56.36,44 Sg. 5o.58, 4 37072 8 g.3i,38 18. 0,7 4oo65 21 59. 38, 57 387,1,2 37i 38 9 ii.54,i3 12.21,2 40108 22 1. 2.3g,88 26. 29, g 37205 0,0870 10 ■4- 16,08 6.5o,6 4oi5i 23 5.40,37 14.24,6 37272 1 1 16.37,22 1 . 28 , g 40192 o,o5o6 24 8.40,05 2.25,5 3733g 12 iS.57,56 81 .56. 16,0 4o?.32 s5 11. 38, 92 88.5o.32,6 37406 i3 21.17,09 5i .12,0 .'|027l 26 i4.36,98 38-46,1 37474 ■4 23.35,8o 46.16,8 4o3og 27 17.34,22 27. 6,3 3754i 0,0825 i5 25.53,6g 41.30,4 4o345 28 20.3o,6C ■5.33,2 37609 16 28.10,78 36.52,8 4o3So 0,0481 29 23.26,2g 4 7,' 37677 '7 30.27,06 32. 2.3, g 4°-'l'4 3o 26.21 ,1 1 87.52.48,0 37745 18 32.42,52 28. 3,6 0,40447 ( 74") ilphéméride des positions géocentriques apparentes de la Comète périodique de d'Arrest, en 1864; calculée pour 0''T temps moyen de Berlin. DISTANCE LOC. DISTANCE LOG. 1 1864 ASCEN9. DROITE. au pôle nord. Distance a la Terre. TJy' 1S64. ASCEN3. DROITE. au pôle non]. Di?tan' ta la Terre. PP' h m S 0 / // h m s 0 i ;/ Juin 18 3.32.42,52 81.28. 3,6 '•'ri 17 Juillet 20 4.37.36,3.', 80.21.48,9 0,40736 '9 34.57,18 23.02,0 4o4/9 21 39.23,60 2 1 . 5 1 , 5 407 '9 o,o36i 20 37. ri ,02 '9-49:0 4o5og 2 2 4'- 9:94 22. 1,2 40701 21 39.24,06 i5.54, 6 4o538 0,0459 23 42 .55,37 22.17,!) 406S1 22 4i.36,28 12. 8,7 4o565 A 4',. 3g, 88 22.41 ,5 4oG5ç) 23 43.47,69 8.3i,4 4o5g2 25 46.23,46 23 . 1 1 , 9 4o635 24 45.58,29 5. 2,5 40617 26 48. 6,12 23.49.2 J0610 o,o35o 25 48. 8,07 1 .42,0 4oS4o 27 49.47,82 2 4. 33, 3 4o583 26 5o. 17,04 So.58.3o,o 40662 0,0439 28 51.28, 58 25.24,0 4o555 27 52.25,i8 55.26,4 4o683 =9 53. 8,3g 2G . 2 1 , 4 4o52.'| 28 54.32,5o 52. 3 1 ,1 40702 3o 54.47,23 27.25,4 4o'i92 29 56.38,99 49-44,i 40720 3i 56.25, 10 28.35,9 4o458 o,o3.'|0 3o 58.44,65 47. 5,4 40736 Août 1 4.5S. 1,98 80.29 Ô2,7 0,40423 Juillet i 4. 0.49,46 80.44.34,9 0,40751 0,0420 2 59.37,88 3i .16,0 4o385 2 2.53,44 42.12,5 40764 3 5. 1.12,79 32.45,6 4o!i j6 3 4. 56, 57 39.58,3 40776 4 2.46,69 34.21,5 4o3o6 4 6.58,84 37.52,2 40786 5 4-'9:59 36. 3,5 40263 o,o332 5 9. 0,26 35.54,2 40795 r. 5.5i,46 37.5i,5 40219 6 11. 0,82 34. 4,. 40802 o,o4o3 7 7.22,32 39.45,6 40173 7 i3. o,52 32.22,0 40S07 8 8.52, 14 4i.45,6 40126 8 14.59,35 30.47,7 408 11 9 10 20,92 43.ôi,5 40076 9 16.57,30 29 . 2 I , 2 40814 10 .1.4S, 66 46. 3,i 40025 o,o324 10 i8.54,38 28. 2,5 4oSi5 1 1 i3. i5,35 48.20,5 39973 1 1 20.50,57 26.51 ,6 40814 o,o388 12 '4-40:99 5o.43,5 399'9 12 22.45,88 25.48,2 40812 i3 16. 5,56 03. 12, 1 3gS63 ■ 3 24.40,31 24.52,4 40808 ■ 4 17.29,07 55. |6,i 3gSo5 ■4 26.33,S5 24. 4,2 40802 i5 i8.5i,5o 58.25,5 39746 0,0317 i5 28.26,51 23.23,3 40795 16 20. 12,85 81. i.io,3 3g685 iG 3o. 18,27 22.49,9 40787 0,0374 ■7 21 .33,12 4 o,3 3gl 22 >7 32. 9,i3 22.23,8 40776 18 22.52,29 6.55,6 3955S i8 33.59,10 22. 5,0 40764 '9 «4.10,37 9.06,0 39492 '9 35.48,17 21.53,4 40751 20 25. 27, 3'| i3. i,5 0, 3g425 0 , o3 1 1 20 37.36,34 21.48,9 0,40736 » Pour faire comprendre la signification des nombres intitulés et I D ,.2 ^2 qui représentent l'éclat relatif de la comète, nous rappellerons qu'à l'époque où M. Macléar cessa d'observer la comète de d'Arrest en janvier i858, au cap de Bonne-Espérance, l'éclat était représenté par le nombre 0,190 envi- ron. On ne pourra donc songera rechercher la comète dés le mois d'août 1 863, si l'on ne dispose d'instruments dix fois plus puissants que la lunette île 7 pouces dont s'est servi M. Maclear. L'éclat augmentera jusqu'à la fin de ( 74f) l'année; tuais la comète, observable en i 863 après le coucher du Soleil, finira par se perdre clans les rayons de cet astre. » En 1864, la- comète sera observable avant le lever du Soleil : le i3 mars son éclat ne serait que 1,6 fois moindre qu'en janvier 1 8 5 8 ; mais elle scia très-voisine du Soleil, et son éclat ira en diminuant à mesure qu'elle se déga- gera de ses rayons. Le 20 août, l'éclat delà comète sera réduit au sixième de ce qu'il était en janvier 1 8 5 8 . Mais nous ne désespérons pas de pouvoir retrouver la comète au moyen des nouveaux télescopes de l'Observatoire impérial, établis dans une région méridionale. » Il faudra peut-être étendre les recherches à quelque distance des posi- tions de nos éphémérides, attendu l'incertitude qui ne peut manquer d'af- fecter des perturbations aussi considérables que celles éprouvées par la comète. » PHYSIQUE. — Note sur une nouvelle disposition de In lampe photo-électrique; par M. J. Dcboscq. Commissaires précédemment nommés : MM. Ponillet, Regtiault.) « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie des Sciences une nouvelle lampe photo-électrique, qui réunit dans un seul et même appareil la lanterne d'éclairage pour les expériences optiques de M. Soleil et le régulateur élec- trique que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie en i85o. » Ce régulateur, sur lequel il n'a pas encore été fait de Rapport, est fondé sur le même principe que celui de M. Léon Foucault, mais il en diffère par son mécanisme et sa forme réduite, qui permet de l'appliquer indistincte- ment à tous les usages de la lumière électrique, aux expériences les plus déli- cates de l'optique, comme aux effets de théâtre, à l'éclairage des travaux de nuit et à l'éclairage des phares. Il fonctionne, soit avec les piles, soit avec les machines magnéto-électriques. Deux cent quatre-vingts de ces instru- ments ont été livrés par moi pour ces diverses applications dans tous les pays du monde, et si j'appelle de nouveau l'attention de l'Académie sur cet instrument, c'est que la lampe nouvelle, tout en se prêtant aux applications indiquées ci-dessus, présente des dispositions particulières qui la rendent spécialement applicable aux expériences du phosphoroscope et aux ampli- fications photographiques. Elle est construite, en effet, de façon à éviter toutes les pertes de lumière qui rendaient ce genre d'applications très-dif- ficile avec les anciens appareils. » C. R., 1862, 1er Semestre. (T. LIV, N° 12.) 9^ ( 742 ) 4NATOMIE ET PHYSIOLOGIE. — Note sur nouvel ordre de nerfs moteurs; par M. W. Kuehxe. h Depuis longtemps on sait qu'il y a des fibres nerveuses qui entrent dans la substance de la cornée de l'œil, niais on ne connaît nullement la vé- ritable terminaison de ces nerfs. Des observations microscopiques et des expériences faites principalement sur la cornée de la grenouille m'ont con- duit aux résultats suivants. » i° Après leur passage sur le bord de la cornée et après leur entrée dans le tissu de l'organe, les fibres nerveuses primitives perdent successivement l'enveloppe moelleuse et l'enveloppe de Scbwann. » 2° Toutes ces fibres nerveuses se divisent et se subdivisent avant qu'elles arrivent à leur véritable terminaison. « 3° Cette division diffère du mode de division des fibres nerveuses dans la plupart des autres organes, car on observe qu'un grand nombre de rameaux nerveux secondaires très-minces quittent la fibre primitive sous un angle droit, sans que cette dernière perde de son volume. » l\° Les cylindres axes nus, qui sortent enfin de ces divisions multiples, deviennent légèrement granuleux et se combinent continuellement aux filaments du protoplasme des corpuscules de la cornée. » 5° Ainsi, il est probable qu'il n'y a pas un seul corpuscule (cel- lule) de la cornée, qui ne soit en combinaison directe ou indirecte avec des éléments nerveux. » Quant au rôle de ces nerfs, nous avons constaté qu'ils sont une espèce de nerfs moteurs. En voici les preuves : » Quand on excite une cornée fraîche de la grenouille au moyen des cou- rants électriques d'induction, on voit en même temps, avec des grossisse- ments suffisants, un changement déforme dans les corpuscules de la cornée. ( généralement le protoplasme de lacellule se retire du noyau, dès lors devenu visible, pour former des filaments nouveaux, tandis que d'autres filaments disparaissent. Le phénomène ressemble donc tout à fait aux phénomènes de mouvement ou de contraction observés déjà dans les cellules pigmentaires ramifiées de beaucoup d'animaux. Ces mouvements dans les cellules nul lieu également, quand on n'excite que le bord inférieur de la cornée. Il y i donc transmission de l'excitation au moyen des nerfs de la cornée. De ces expériences nous tirons la conclusion, que cesfibies nerveuses de la cornée ( 74'3 ) présentent un nouvel ordre de nerfs moteurs. Elles ne se terminenl ni dans des organes sensitifs, ni dans des muscles. Elles entrent dans un protoplasme contractile d'une cellule qui fait des mouvements, quand son nerf est excité. » MINÉRALOGIE. — De la présence du sulfate de plomb dans les mines du sulfure de plomb de Kef-oum-Tlieboul, }>rès de la Calle en Algérie; par M. Marcel de Serres. (Extrait.) « Parmi les minéraux intéressants qui nous ont été adressés récemment d'Algérie, nous avons particulièrement remarqué un échantillon de sulfure de plomb ou galène, recouvert par une poussière ou une terre pulvérulente d'un gris jaunâtre. Les caractères de cette terre nous ont paru tout à fait analogues à ceux du sulfate de plomb terreux des mines de Paillères, près d'Alais (Gard). » Comme ce sulfate est encore fort rare et d'une exploitation fort avanta- geuse, nous avons mis un assez grand intérêt à nous assurer si les caractères extérieurs ne nous avaient pas trompé et si le minerai de l'Algérie était réellement un sulfate de plomb comme celui des environs d'Alais » Nous nous sommes ensuite assuré que ce sulfate se trouvait en Afrique, accompagné d'une assez grande quantité de minerais ferrugineux, ce qui nous a peu surpris, ce genre de minerai étant l'un des plus communs et des plus répandus. » Le sulfate de plomb provenant de la décomposition du sulfure du même métal ou de la galène du continent africain a les plus grands rapports avec le minerai de Paillères, près d'Alais. L'un et l'autre, dont la composi- tion est la même, ont aussi une semblable origine et par suite les plus grandes analogies, considérés du moins sous le rapport de leurs caractères extérieurs. Les deux sulfates se présentent, en effet, sous la forme pulvéru- lente. Ils sont composés d'une grande quantité de petits grains peu adhérents les uns aux autres et se résolvant facilement en poussière ou terre d'un gris légèrement jaunâtre. Ces rognons, dont les plus gros ne dépassent guère les dimensions du plomb de chasse, sont souvent formés dans leur intérieur par des noyaux de sulfure de plomb, qui par leur décomposition ont pro- duit les sulfates de plomb dont ils sont entourés. » Nous ignorons si les sulfates de l'Algérie s'y trouvent sous la forme d'amas ou de filons, et surtout si la puissance de ces derniers est compa- rable à celle des filons de Paillères qui, d'après M. Simon, qui les a 96.. ( 744 ) longtemps exploités, n'est pas, dans certaines circonstances, moindre de ro mètres. » 31. Schuster, à l'occasion dune communication faite récemment à l'Aca- démie par M. Tripier (séance du 10 mars 1862), fait remarquer que ce mé- decin n'est pas le premier qui ait fondé un procédé de galvanocaustique, non plus sur les effets calorifiques des courants galvaniques, mais sur leur action chimique. « Cette action chimique, dit M. Schuster, a été utilisée par moi dans la pratique chirurgicale il y a bien longtemps, ainsi que l'Acadé- mie pourra le constate1!' en recourant à i\mx Mémoires que je lui ai pré- sentés en i8/j3. » La Lettre de M. Schuster et la Note de M. Tripier sont renvoyées à l'exa- men d'une Commission composée de MM. Becquerel et Bernard. M. Skipton prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com- mission qu'elle a chargée d'examiner son appareil pour le traitement des fractures comminutives. Renvoi aux Commissaires désignés : MM. Cloquet, Jobert.) A 5 heures, l'Académie se forme en Comité secret. COMITÉ SECRET. La Section de Géométrie propose à 1 Académie de déclarer qu'il y a lieu d'élire à la place devenue vacante par suite du décès de M. Biot. L'Académie, consultée par la voie du scrutin sur cette question, se prononce pour l'affirmative à la majorité de 26 voix contre 4- En conséquence, la la Section de Géométrie présentera dans la prochaine séance une liste de candidats. La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B. ( 7^5 )' BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du il\ mars 1862 les ouvrages dont voici les titres : On earth-currents... Sur les courants terrestres et leur connexion avec les variations diurnes de C aiguille de déclinaison; pur le Rév. H. LLOYD. Dublin, 1862; in-4°. The Journal... Journal de la Société asiatique de Bombay. Janvier 1862. Bombay. i862;in-8°. Das... Le bégaiement et sa guérison par une nouvelle méthode; par le })' P. -H. -H. Wolff; 2eédit. Berlin, 1862; in-8°. Mémoires d'histoire naturelle de la Société des Sciences de Haarlem ; 2e série, IVe vol., ire et2elivr.,et \e volume. Haarlem, 1861 ; in-4°. Roczniki... Mémoires de la Société d'Agriculture de. Varsovie; t. XLIY parties 2, 3, et t. XLV, parties 1 et 2. Varsovie, 1861 ; in-8°. L'Académie a reçu dans la séance du 3i mars 1862 les ouvrages dont voici les titres : Recherches sur les phénomènes sëx uels des lnjusoires ; par le Dr G. Balbiani. (Extrait du Journal de la Physiologie de l'homme et des animaux.) Paris, 1861 ; m-80. Du rôle des organes générateurs dans la division spontanée des Infusoires ciliés; parie même. (Extrait du même Recueil.) Paris, 1860; in-8°. De la chaleur animale comme élément du diagnostic des fièvres intermittentes sans intermittences pernicieuses ou. non; par le D1' ROBERT DE Latour. (Extrait de V Union médicale.) Paris, 1862; in-8°. (Destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1 862. ) Notice sur les travaux scientifiques de M. Cordier, professeur de Géologie au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, Membre de l'Académie des Sciences, tue à la Société Géologique de France , te 4 novembre 1861 ; par M. V. Ru - LIN. Bordeaux, 1862; br. in-8°. Notice sur la vie et sur (es travaux de M. le Dr V errollot ; par M. A. VlQUES- NEL, lue à la Société Météorologique de France, séance du il\ décembre 1861. Versailles, 1 8G2 ; br. in-8°. f 746 ) De remploi de l'électropuncture comme traitement de l'hydrocèle; par M. le Dr Schustek. (Extrait du Bulletin général de Thérapeutique.) Adressé par l'auteur comme pièce justificative à l'appui d'une réclamation de prio- rité et renvoyé à l'examen de MM. Hecquerel, Bernard. Investigations... Recherches sur les phénomènes des anneaux météoriques en tant qu'affectés par la Terre; par A. C. Twining. (Extrait de Y American Journal of Science and Arts. Vol. XXXIII.) Introductorv... Discours d'ouverture du cours de Physiologie , année 1 86 1 - i 862, fait à l'Université scientifique du Pacifique ( à S an- Francisco, Californie) ; par le Dr L.-C. Lane. San-Francisco, 1861 ; in-8°. Die... Sur les mouvements respiratoires et leurs rapports avec le nerf vague; par le Dr J. Rosenthal. Berlin, 1862; in-8°. (Destiné au concours pour le prix de Physiologie expérimentale de 1862.) Ueber die... Sur l'équivalent mécanique de la chaleur; par R. Clausius; hi . in-8°. (Lu le 27 janvier 1862 à la Société des Sciences de Zurich.) O mijocenicznych... Des gypses miocènes et des marnes dans les contrées sud -ouest du royaume de Pologne; par L. ZEJSZNER. Varsovie, 1862; in-8°. l7TToy.ùttrYiç . . . Journal des Connaissances médicales; t. I, 3e livraison. Athènes, 1862; in-4°- Annali... Annales de Mathématiques pures et appliquées; publiées par le prof. B. ToRTOLiNi; t. III, année 1860. Rome; in-4°. Bullettino... Bulletin météorologique de l'Observatoire du Collège Romain. N° 2. Nota... Note sur le Rapport de M. Dumas concernant les découvertes spei - troscopiques de MM. Bunsen et Rirchhoff; parle prof. F. Zantedesciii. Bro- chure in-8°. PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR 1/ ACADEMIE PENDANT LE MOIS DE MARS 1862. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ; Ier se- mestre 1862, nos 8 à 11 ; in-4°. Annales de Chimie et de Physique; par MM. CHEVREDX, DUMAS, PELOUZE, BoussiNGAULT, REGNA.ULT, DE Senarmont, avec une Revue des travaux de Chimie et de Physique publiés à l'étranger; par MM. Wurtz et VERDET ; 3e série, l. LXIV, mars 1862; in-8°. Atti... Actes de l' Académie pontificale des Nuovi Lincei; i4e année, 2e session ( 747 )' Anmdes de i agriculture française ; t. XIX, n° l\, 5 et 6; in-8°. Atti... Actes de l'Institut I. R. vénitien des Sciences, Lettres et Arts (novem- bre 1861, octobre 1862); t. VII, 3e série, 3e livraison; in-8°. Annales de r Agriculture des colonies; 3e année, n° 3. Annales de la Société a" hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des séances; t. VIII, 7e et 8e livraisons; in-8°. Annuaire de la Société météorologique de France ; t. IX, 2 e partie (f. 18-22). Bulletin de i Académie impériale de Médecine ; t. XXVII , n°3 10 et 1 1 . Bulletin de V Académie royale de Médecine de Belgique; 2e série, t. V, n° 1 ; in-8°. Bulletin delà Société industrielle de Mulhouse; février 1862. Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d'Agriculture de France; t. XVII, n° 2 et 3. Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'industrie nationale, rédigé par MM. Combes et Peligot; t. IX, janvier 1862, in-4°- Bulletin de la Société d'Agriculture /Sciences et Arts de laSarthe; 1861, 3e et 4e trimestres. Bibliothèque universelle. Revue suisse et étrangère; t. XIII, n° 5o; in-8°. Bulletin des travaux de la Société impériale de Médecine de Maiseille; 6e an- née; janvier 1862; in-8°. Bulletin de la Société académique d'Agriculture, Bel les- Lettres, Sciences et Arts de Poitiers ; n° 64 . Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie ; t. XX; nos 9 à i3; in-8°. Gazette des Hôpitaux; nos 23 à "ij; in-8". Gazelle médicale de Paris; 32e année, nos 9 à i3 ; in-40. Gazette médicale d'Orient; 5e année, février 1862. Journal a" Agriculture pratique ; 26e année, nos 5 et 6. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; t. VIII, 4e série, mars 1862. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; t. VIII, février 1862, in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; 21e année, t. XLI, mars 1862, 111-80. Journal des Vétérinaires du Midi ; 25e année, t. V, mars 1862. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 29e année, nt,b 6, 7 et 8, in-8°. Journal d'Agriculture de la Càte-d' Or; janvier 1862. { 743 ) Le Moniteur des Brevets d'Invention; ire année; février 1862. Le Moniteur de la Photographie ; ire année, n° 24. La Culture; 3e année, n° \~. L' Agriculteur praticien ; 2e série, t. III, nus 10 et 11, in-8°. L'Art médical; mars 1862; in-8°. L'Art dentaire ; 6e année, mars 1862; in-8°. L'Abeille médicale; 19e année; nos 9 a i3. La Lumière; 1 2e année, nos 4 et 5. L Ami des Sciences; 8e année; n"5 9 a i3. La Science pittoresque ; 6e année; nos 43 à 47- /. Science poitr tous ; 7e année; nos i3 à 17. La Médecine contemporaine ; 4e année; n° 7. Le Moniteur scientifique du chimiste et dumanufacturier ; t. I\ ; 1 25e et i2 ) dans le Bulletin météorologique, qui se publie à l'observatoire grâce à la libéralité du prince Balthasar Buoncompagni, Bulletin dont j'ai déjà en- voyéà l'Académie les deux premiers numéros, et qui paraîtra périodiquement deux fois par mois. Les quatre Mémoires ci-dessus peuvent être considérés comme une introduction à cette publication, dans laquelle trouveront place aussi d'autres travaux, et surtout la discussion des observations si précieuses insérées dans le Bulletin lithographie de l'Observatoire de Paris, par M. Le Verrier. » RAPPORTS. CHIMIE APPLIQUÉE. — Bapporl sur le procédé de MM. Possoz et Périer relatif à l'extraction du sucre. (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Payen rapporteur. ) « Ce qui nous paraît caractériser nettement le nouveau procédé d'extrac- tion du sucre des betteraves, c'est qu'à l'aide de proportions de chaux plus fortes que celles généralement en usage on parvient à épurer les jus plus complètement qu'on ne l'avait pu faire jusqu'alors, et qu'en éliminant ainsi les matières organiques étrangères, on assure une élimination plus complète encore de la chaux elle-même. Les conséquences heureuses de cette double épuration sont mises en évidence par les faits constatés dans de grandes ap- plications; ces faits d'ailleurs sont d'accord avec les expériences de labora- toire que nous avons entreprises pour les vérifier. » Les jus sucrés, après cette épuration, n'exigent plus, pour être conve- nablement clarifiés, qu'une quantité de noir animal huit à dix fois moindre que celle généralement employée dans nos sucreries ; ces jus se concentrent jusqu'au degré de cuite sans former d'incrustations calcaires sur les parois des chaudières évaporatoires; les produits cristallins obtenus offrent par leur blancheur, la netteté des angles et des facettes, et par leur transparence d'utiles garanties de pureté. Les inventeurs se sont d'ailleurs appliqués avec des soins minutieux et une persévérance soutenue, durant les deux dernières campagnes, à diriger les opérations de manière à faire produire à la chaux le maximum d'effet utile sans en exagérer les doses. C'est ainsi qu'ils ont été conduits à graduer méthodiquement l'action de cette base énergique (que l'intervention du sucre rend soluble) à l'aide d'additions successives qui la mettent par degrés en contact avec des jus de plus en plus épurés par les réactions précédentes. Ils en sont venus à prescrire, durant ( 753) les dernières phases de cette défécation perfectionnée, de verser l'hydrate de chaux en un filet continu. » Déjà plusieurs manufacturiers habiles ont employé avec succès la mé- thode de MM. Possoz et Périer; nous avons pu suivre les opérations dans l'une des plus importantes de ces usines, installée depuis un an près de Senlis (Oise), à Barberie, où pendant la campagne dernière un grand nombre d'ingénieurs et de fabricants ont été admis à examiner toutes les opérations et à en constater les résultats. Cette usine, montée pour traiter i5oooo kilogrammes de betteraves par jour, reçoit en ce moment un com- plément d'installation qui permettra d'employer journellement dans la fabrication 200000 kilogrammes de racines saccharifères. » Voici comment on dirige le traitement du jus en suivant les indications fournies par les derniers perfectionnements qu'ont apportés MM. Périer et Possoz à leur procédé. » Les opérations qui se succèdent comprennent : i° une défécation, suivie parfois d'une clarification spéciale; i° une première carbonatation; 3° une deuxième carbonatation; 4° une ébullition qui chasse l'acide carbonique en excès et facilite le dépôt de la chaux carbonatée; 5° une fdtration sur le noir animal en grains; 6° l'évaporation du jus sucré; 70 la concentration avec cristallisation dans la chaudière; 8° enfin, après l'achèvement de la cristal- lisation par un simple refroidissement, t'égouttaqe et le clairçage rapides effec- tués dans un appareil rotatif. » Quelques détails sur chacune de ces opérations suffiront pour faire comprendre comment on parvient à les réaliser en grand dans les conditions les plus favorables. » Défécation. — La chaux, complètement hydratée d'avance et passée au travers d'un tamis métallique très-fin (n° i5o ou offrant i5o fils sur chaque côté d'un carré de 27 millimètres), constitue un lait de chaux titré à 0,2 de chaux réelle; on en emploie ordinairement 1 -k litres par hectolitre de jus, ayant une densité moyenne de 1040, ou 45 litres pour les 18 hectolitres que contient la chaudière. » On verse ce lait de chaux soit en un filet continu, soit en huit ou dix pro- jections successives, en commençant, dans tous les cas, lorsque la tempéra- ture du liquide dans la chaudière atteint 6o° et agitant continuellement jusqu'à ce que toute la chaux soit introduite; la température du mélange se trouve alors élevée à 700 environ. » On remarque que, dans les premières portions de la chaux, les parti- cules coagulent des substances albuminoides verdâtres, les autres portions ( ?54 ) successivement ajoutées sont graduellement moins colorées; en définitive le jus éclairci par le repos ou la filtrat ion est sensiblement plus pur et moins coloré que celui de même provenance traité comparativement par le procédé ordinaire, et suivant lequel toute la chaux est versée à la fois. » Clarification. — Pour certaines betteraves seulement, dont le jus reste chargé de matières colorées et n'a pu dissoudre que 2 millièmes de chaux, on doit agiter ce jus avec quelques millièmes de chaux, qui le clarifie en formant un dépôt brunâtre; l'épuration ultérieure en devient plus facile. » Première carbonataiion. — Le jus déféqué, et clarifié s'il y a lieu, est décanté dans une chaudière qui en reçoit ordinairement 10 hectolitres; on \ fait arriver un courant de gaz acide carbonique impur, lavé et refroidi au- dessous de 6o°; ce gaz est aspiré d'un four à chaux spécial à l'aide d'une pompe et refoulé dans le jus par un tube percé de trous; plusieurs dia- phragmes horizontaux superposés contribuent à le mieux répartir en lui faisant suivre un plus long parcours. » L'acide carbonique, traversant ainsi un jus qui contient environ 2 mil- lièmes de chaux dissoute, détermine la précipitation du carbonate chargé de matières colorées; à mesure que cette précipitation a lieu, on fait écouler du lait de chaux semblable au premier en un filet continu. La chaux se trouve ainsi successivement et alternativement dissoute dans le jus, puis précipitée par l'acide carbonique, épuisant par degrés le liquide des substances étrangères colorées, de telle sorte que les dernières portions du précipité calcaire sont bien moins brunes que les premières. » Les doses de chaux à employer pendant cette première carbonatation varient suivant la qualité des betteraves; les meilleures racines donnent un jus qui n'exige pas au delà de 2 à 8 millièmes de chaux, tandis que plus généralement il convient d'employer ro à i5 millièmes de chaux. En tout cas, on doit arrêter l'introduction de l'acide carbonique lorsque le jus con- tient encore 1 à 2 millièmes de chaux dissoute. » Ce terme de la carbonatation peut se reconnaître au rapide éclaircis- sement d'un échantillon du jus qu'on laisse reposer un instant, mais on le constate mieux encore en mêlant une petite quantité de ce jus trouble avec un égal volume d'une solution de protochlorure de fer d'une densité de ioo>,5 pour la température de + 1 5° et vérifiant si une goutte de ce mé- lange, mise en contact avec unegoutte de prussiate rouge de potasse (cyano- ferride de potassium) contenant 0,001 de ce sel, produit une coloration bleue, si cette coloration ne se manifestait pas, on devrait faire continuer quelques instants encore le barbottage du gaz acide carbonique; Dès que ( 7*5 ; le jus est carbonate au point convenable, sa température étant de -+- Go° à 700, on Je fait écouler dans un bac, où il laisse déposer rapidement le car- bonate de chaux qu'il tenait en suspension. » Deuxième carbonatalion. — Au bout de quinze à vingt minutes, le jus étant éclairci, on le décante dans des chaudières semblables aux précédentes, qui reçoivent chacune 10 hectolitres de ce jus; on y dirige alors un courant d'acide carbonique de façon à précipiter au moins en partie la chaux restée en solution. On y ajoute alors 1 millième de chaux ; celle-ci, dissoute à l'instant, est bientôt précipitée à l'état de carbonate par l'acide carbonique, qui cette fois doit être injecté en excès. On s'en assure d'ailleurs en con- statant que quelques gouttes de ce jus filtré troublent l'eau de chaux, ou plus facilement encore, et par une réaction plus distinctement visible à la lumière des ateliers, et qui d'ailleurs n'exige pas une filtration préalable, en mélangeant à volumes égaux une petite quantité de ce jus non filtré avec la solution de protochlorure de fer à ioo3,5 de densité, préalablement étendue de 7 volumes d'eau, bleui par le prussiate rouge. » Ces doses peuvent varier suivant les proportions de potasse ou de soude contenues dans les betteraves; on les vérifie en s'assurant qu'elles coïncident avec le trouble que produit l'eau de chaux dans le jus filtré. Au surplus, lorsque les liqueurs titrées ont été soigneusement préparées d'avance, les essais se font avec une si grande facilité, que des enfants peuvent les exécuter très-rapidement et sans hésiter sur leurs indications. » Aussitôt que la deuxième carbonatation est achevée,on porte à l'ébulh- tiou afin de chasser l'excès d'acide carbonique et on verse tout le liquide dans un bac à repos. Au bout de vingt à trente minutes, le dépôt étant com- plètement effectué, on fait écouler le liquide clair directement sur un filtre chargé de noir animal en grains, neuf ou révivifié. » Evaporalion. — L'épuration plus complète qu'on n'avait pu jusques alors obtenir en cours de fabrication régulière, facilite beaucoup le déga- gement de la vapeur et l'emploi des chaudières tubulaires à triple effet, opérant sous une pression graduellement amoindrie, de telle sorte qu'à mesure que les sirops deviennent plus denses et plus hygroscopiques, l'ébul- lition éprouve inoins qu'autrefois d'obstacles dans la chaudière. Aussi la consommation de la houille sous les générateurs qui produisent toute la vapeur pour le chauffage et la force mécanique, est-elle réduite à moins de 1 hectolitre pour 1000 kilogrammes de betteraves, tandis qu'il en fallait employer anciennement 2 à 3 hectolitres pour traiter la même quantité de ( 7'>6 ) racines dans les sucreries de dimensions ordinaires, opérant sur 5oooo à iSoooo kilogrammes de betteraves en vingt-quatre heures. » Concentration. — Lorsque l'évaporation est arrivée au terme indiqué par la densité que représentent q5° Baume, on fait écouler le sirop dans un récipient où le puise, à la volonté de l'opérateur, le tube alimentaire de la chaudière dite à cuire dans le vide qui fonctionne sous une pression réduite à environ -fe d'atmosphère. C'est là que se termine la concentration fraction- née ; poussée d'abord au point où, à la température de + 60 à 65°, la cris- tallisalion du sucre commence à se manifester; on laisse alors, en ouvrant le robinet du tube alimentaire, s'introduire une nouvelle charge de sirop. La concentration continue dans les mêmes conditions, en ajoutant une charge de sirop chaque fois que la cuite est arrivée au même point. Ce sys- tème évaporatoire, indépendant du procédé nouveau, en reçoit cependant un très-utile concours et réalise d'autant mieux sous son influence les avan- tages qu'on doit en attendre : en effet, la pureté plus grande du sirop faci- lite beaucoup la réunion des particules cristallines, celles-ci régulièrement agglomérées forment, au sein du liquide en mouvement, des cristaux isolés les uns des autres et graduellement plus volumineux, prévenant ainsi la sur- saturation, qui autrement augmenterait la densité du sirop et la difficulté du dégagement de la vapeur aqueuse. >/ Lorsque la dernière charge qui fait emplir la chaudière aux trois quarts de sa capacité totale est convenablement évaporée, on intercepte la communica- tion avec les pompes à air, on laisse rétablir la pression atmosphérique à l'inté- rieur de la chaudière, puis, ouvrant une large soupape de fond, on donne issue au mélange demi-fluide du sirop et des cristaux grenus. La cristallisa- tion s'achève en quelques heures dans des vases peu profonds, entre lesquels a été répartie la charge totale. » Egouttage et clairçagejorcés. — Il ne reste plus en ce moment qu'à sé- parer des cristaux le sirop interposé, ce qui s'exécute en quelques instants dans le vase rotatil : celui-ci, mû avec une vitesse de 1200 tours par minute, lance le liquide sirupeux au travers d'un tissu métallique, tandis que ce tissu retient les cristaux ; un ou deux clairçages, puis une injection de vapeur globulaire dans le même vase, sans interrompre son mouvement rapide, suffisent pour débarrasser les cristaux de tout liquide coloré adhèrent à leur superficie; enfin la dessiccation dans un courant d'air amène le sucre cris- tallin à un état de blancheur et de pureté qui permettent de le livrer direc- tement à la consommation, après l'avoir ainsi économiquement obtenu ( f-1 ) » Ce produit, tel que le présente l'échantillon déposé sur le bureau, est entré largement déjà dans la consommation générale; il se prête d'ailleurs au plus facile raffinage pour la préparation du sucre en pains sons les formes usuelles. » En résumé, on voit que MM. Possoz et Périer ont fait faire un progrés notable aux procédés d'extraction du sucre. *> Leur intéressante communication nous parait digne de l'approbation de l'Académie. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Saboureaud, qui avait précédemment présenté des considérations sur l'ordre dans lequel on doit faire agir les Jreiiis des divers véhicules d'un convoi de chemin de fer, lorsque par l'effet d'une circonstance inopinée ce convoi doit être arrêté dans un temps très-court, adresse aujourd'hui la description et la figure d'un frein qui lui semble avoir pour ces cas toujours graves quelque avantage sur ceux qu'on a présentés jusqu'ici. (Renvoi à l'examen des Commissaires désignés, séance du 3 mai 1 858, pour la première communication de l'auteur : MM. Morin, Combes, Spguier.) CHIMIE générale. — Mémoire sur un classement naturel des corps simples ou radicaux appelé vis tellurique; par M. Beguyer de Chancourtois. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. de Senarmont, Delafosse, Daubrée.) « Des études géologiques poursuivies dans la voie que M. Elie de Beau- mont a définitivement ouverte par sa Note sur les émanations volcaniques et métallifères, m'ont conduit, pour l'achèvement d'un Mémoire de litholo- gie en cours de rédaction, à un classement naturel des corps simples ou ra- dicaux par un système graphiquement hélicoïdal reposant sur l'emploi de* nombres que j'appelle nombres caractéristiques ou caractères numériques. » Mes nombres, déduits immédiatement de la mesure des équivalents ou des autres capacités physiques ou chimiques des corps, sont principalement les nombres proportionnels donnés par les Traités de Chimie, avec la réduc- tion à moitié pour l'hydrogène, l'azote, le fluor, le chlore, le brome, l'iode, Je phosphore, l'arsenic, le potassium, le sodium et l'argent, c'est-à-dire que C. R., 1862, 1er Semestre. (T. LIV, N° 15.) 9^ ( ?58) |e divise les équivalents de ces corps par i clans la série où l'oxygène est représenté par 100, ou que je multiplie au contraire par a les équivalents des autres corps dans la série établie avec celui de l'hydrogène pris pour unité. » Je trace sur un cylindre à base circulaire une hélice coupant les géné- ratrices à Zj5°, j'adopte la spire comme unité de longueur, et je porte sur l'hélice, à partir d'une origine fixe, des longueurs mesurées parles différents nombres caractéristiques pris dans la série où l'unité est le nombre de l'oxy- gène. Les extrémités de ces longueurs marquent sur le cylindre des points que j'appelle également points caractéristiques ou caractères Géométriques et que je distingue par les notations usitées pour les différents corps. On aura évidemment les mêmes points en prenant comme unité de longueur le ~^ de la spire et en portant des longueurs mesurées par les nombres de la série où l'unité caractérise l'hydrogène. » L'ensemble des points ainsi déterminés constitue le tableau graphique de ma classification, que l'on exécutera facilement sur un plan en supposait I la surface du cylindre développée, et à l'aide duquel j'énonce ainsi la pro- position fondamentale de mon système : Les rapports des propriétés des corps sont manifestés par des rapports simples de position de leurs points caractéristiques. Par exemple,, l'oxygène, le soufre, le sélénium, le tellure, le bismuth s'alignent sensiblement sur une génératrice, tandis que le magnésium, le calcium, le fer, le strontium, l'urane, le baryum s'alignent sur une génératrice opposée; à côté de la première figurent d'une part l'hydrogène et le zinc, d'autre part le brome et l'iode, le cuivre et le plomb; à côté de la deuxième s'a- lignent le lithium, le sodium, le potassium et le manganèse, etc., etc. » Les rapports simples de position sur un cylindre se définissent natu- rellement à l'aide des hélices dont les générations n'offrent qu'un cas parti- culier : d'où, comme complément de mon premier énoncé : Chacune do hélices menées par deux points caractéristiques et passant par plusieurs autres points ou seulement à proximité met en évidence des rapports de propriétés d'un certain genre ; les analogies ou les oppositions se manifestant par certains ordres numériques de succession comme la séquence immédiate Ou les alternances à diverses périodes. '< Pour arriver à une plus grande précision, il est nécessaire de discuter les résultats des différentes mesures correspondantes à un même corps. Une question domine cette discussion, celle de savoir si les divergences peuvent avoir d'autres causes que les imperfections des expériences. J'y réponds affirmativement. ( 7% ) » Je pense qu'il faut ici, comme pour toutes les déterminations d'élé- ments que l'on veut comparer, une réduction aux mêmes conditions. Cette idée me semble même l'accessoire indispensable de la notion du nombre caractéristique absolu. Une fois l'existence du nombre absolu ou du carac- tère numérique sauvegardée par la possibilité d'y rattacher des faits d'obser- vation variant entre certaines limites, on arrive promptement au principe de Prout, qui se présente comme fournissant un moyen d'opérer la réduction des résultats de l'expérience à l'état comparable, par un tâtonnement, sans même que cet état soit tout à fait défini, au contraire, pour arriver à le dé- finir. C'est aussi la combinaison de ce principe avec les règles d'alignement qui me permet de donner à mon invention sa forme la plus saisissante, .l'arrivé alors au tableau en nombres entiers qui, je ne dois pas omettre de le mentionner, offre à certains égards le résumé des travaux de M. Dumas sur ce sujet. » Dans la construction de ce tableau, j'ai eu recours aux déterminations de chaleurs spécifiques, non-seulement comme moyen de contrôle, mais aussi pour trouver de nouveaux nombres en dehors des ressources de la chimie. En adoptant comme produit constant du poids atomique pour la chaleur spécifique celui qui correspond à la fois au soufre et au plomb, j'ai déduit des séries de résultats de M. Regnault des quotients ou nombres purement thermiques qui prennent place sur mes alignements de la manière la plus heureuse. Je ne citerai que deux exemples; d'abord le nombre 44, qui s'obtient avec la chaleur spécifique du diamant et se case à 2 spires de distance sur la génératrice du caractère 12 du carbone à côté du carac- tère 43 correspondant à l'un des équivalents ordinairement admis pour le silicium ; puis un autre caractère du silicium 36 déduit d'un équivalent proposé par M. Regnault et qui est bien remarquable par sa coïncidence avec le caractère de l'ammonium. » La discussion me faisant reconnaître la convenance d'accueillir diffé- rents résultats présentés jusqu'alors comme peu conciliables, m'a amené à concevoir la possibilité de reproduire la série des nombres naturels avec la série des caractères numériques des corps simples ou prétendus simples, complétée parles caractères des radicaux multiples à éléments gazoly tiques, comme le cyanogène, les ammoniums, etc., sans doute aussi par des radi- caux multiples à éléments métalliques dont les alliages nous offrent la réali- sation. Dans cette série naturelle les corps réellement simples, ou du moins irréductibles par nos procédés habituels, seraient représentés par lesnombres premiers : on peut reconnaître qu'il y a déjà dans mon tableau une douzaine 98.. ( t6d) de corps qui comme le sodium (23) ont des caractères premiers. C'est ce qui m'a fait apercevoir cette loi, que je considère comme devant s'établir pour être l'une «les bases de la découverte du principe de l'attraction moléculaire. » La prédominance du principe île la divisibilité par 4 dans les séries de mon tableau, prédominance que l'on remarque également dans les prélimi- naires de la théorie des nombres, est venue me confirmer dans cette idée bien simple au fond qu'il y a concordance parfaite entre les corps éléments de la variété matérielle et les nombres éléments de la variété abstraite. Ce but final entrevu, on ne s'étonnera plus si je réclame le secours delà théorie des nom- bres pour l'atteindre. On ne s'étonnera pas davantage que je m'adresse aussi à la géométrie supérieure, dont les séries de rapports ne peuvent manquer d'offrir des ressources pour la liaison à établir entre les caractères numé- riques. » Mon système hélicoïdal me pousse par là à des vues abstraites d'une extrême généralité; mais, d'un autre côté, les sciences naturelles me sem- blent devoir en faire l'application, comme méthode de classement, à tous les degrés, depuis l'ensemble des corps simples qui fournit le prototype jusqu'à l'extrême limite opposée de la spécification; elles y trouveront, je crois, le moyen de rapprocher simultanément, sous tous les rapports, les dif- férents termes de ces séries parallèles, ordres, familles, genres, espèces ou races, que chaque règne s'efforce vainement de mettre bout à bout. En géologie, on le voit, l'application est implicite. » Quoi qu'il en soit de la portée de ces considérations, et pour revenir à l'objet principal du présent Mémoire, je pense que l'on admettra l'efficacité du système hélicoïdal à hâter le moment où les phénomènes chimiques se- ront préhensibles pour la spéculation mathématique. i' Mon tableau, par la distribution des corps en séries simples ou cou- plées, par l'indication de groupes conjugués, etc., trace le plan de diverses ca- tégories de synthèses et d'analyses faites ou à faire; il dresse des programmes très-nets pour plusieurs éludes à l'ordre du jour. Mes séries, essentiel- lement chromatiques, ne vont-elles pas, par exemple, guider dans les recherches spectrales? La liaison des différentes raies du spectre ne dérive- t-elle pas immédiatement de la loi des caractères numériques ou inverse- ment? Cette idée, qui a précédé chez moi la connaissance de la spécification et de l'admirable utilisation des raies, me paraît maintenant plus que pro- bable. Enfin, à ne l'envisager qu'au point de vue de la représentation con- cise des faits acquis, et en le réduisant aux points indiscutables, le tableau ( 761 ) géométrique des caractères numériques offre un moyen d'enseigner rapide- ment une grande somme de notions de physique, de chimie, de minéralogie, de géologie. J'espère donc que mon classement naturel des corps simples ou radicaux, pouvant rendre service à divers égards, aura besoin, comme toute chose usuelle, d'être désignée facilement, et, d'après son mode de réalisation et son origine, je lui donne le nom significatif de vis tellurique. » tératologie. — Expériences relatives à la production artificielle des monstruosités dans l'œuf du brochet; par M. Lereboullet. (Extrait. par l'auteur.) « Ce nouveau travail, qui fait suite à celui que j'ai présenté le iS no- vembre 1 86 1 , se compose de trois chapitres, dont le premier contient la relation des expériences, au nombre de 80, que j'ai faites sur un total d'un peu plus de 200000 œufs appartenant à 18 fécondations. Les œufs de chaque fécondation avaient été partagés en un certain nombre de groupes et soumis à des agents extérieurs de nature diverse, dont les principaux sont : le froid, les brusques changements de température, l'obscurité, l'eau ou l'air non renouvelés suffisamment, le brossage avec des pinceaux, la compression, etc. Les résultats de ces expériences sont, résumés dans des tableaux placés à la suite de chaque série d'observations. » Le second chapitre est consacré à la comparaison et à l'appréciation des résultats obtenus. Pour faciliter ce travail d'appréciation, j'ai réurîi dans des tableaux de récapitulation générale les expériences de même na- ture, c'est-à-dire les expériences dans lesquelles j'avais fait intervenir les mêmes agents. J'ai pu ainsi comparer entre les moyennes générales et ap- précier le rôle des agents extérieurs dans la production des monstruosités. » Le troisième chapitre renferme le résumé général et les conclusions. Voici quelques-uns des principaux faits qui résultent de mes recherches : » i° Il se produit des monstres de tout genre parmi les œufs du brochet, que ces œufs soient ou qu'ils ne soient pas soumis à l'influence d'agents extérieurs particuliers. » i° Jjes œufs d'une seule et même fécondation soumis à des influences diverses ont très-souvent fourni des résultats identiques, c'est-à-dire le même nombre et les mêmes formes de monstruosités. » 3° Les œufs des diverses fécondations qui ont été soumis aux mêmes influences n'ont jamais donné les mêmes résultats, ni sous le rapport de la quantité proportionnelle des monstres, ni sous le rapport de leurs formes. ( 76* ) » 4° Ces deux circonstances, identité des résultats malgré la diversité des influences, diversité des résultats malgré des influences identiques, montrent qu'on ne saurait attribuer à ces influences seules la production des monstruosités. » 5° Les seules modifications qui m'ont semblé pouvoir être attribuées à l'influence des agents extérieurs, consistent dans des arrêts de développe- ment caractérisés par l'absence d'une portion plus ou moins considérable du corps embryonnaire. Ces arrêts se sont toujours trouvés intimement liés à un ralentissement dans la marche du développement de l'œuf. » Ces faits m'ont conduit à admettre les conclusions suivantes : » a. Il n'est nullement prouvé que les monstruosités en général, et par- ticulièrement les monstruosités doubles, soient occasionnées par les in- fluences que les agents extérieurs ont pu produire sur les œufs. » b. Les seules modifications qui paraissent dues, quelquefois à l'influence des agents extérieurs, sont des arrêts de développement, des déformations et des atrophies; encore ces effets ne sont-ils pas constants. » c. Il n'est donc pas possible de produire à volonté des formes mons- trueuses déterminées d'avance, ni d'établir d'une manière positive la cause des monstruosités. » d. Cette cause pourrait bien être inhérente à la constitution primor- diale de l'œuf, et ne dépendre en aucune façon des conditions extérieures, a (Renvoi à la Commission du prix Alhumbert pour 1862.) M. Berchox, qui avait précédemment présenté au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie (25 novembre 1861) un Mémoire imprime sur l'emploi méthodique des aneslhésiqucs , envoie aujourd'hui, pour se con- former à une des conditions imposées aiiK concurrents, une indication de ce qu'il considère comme neuf dans son travail. Il adresse en même temps un opuscule sur les dangers du tatouage, et en donne une analyse manuscrite dont nous extrayons le passage suivant : « Cette singulière coutume n'avait pas jusqu'à présent d'histoire médicale, et tous les auteurs qui en parlent accidentellement la regardent même comme tellement inoffensive, qu'on l'a proposée à l'Académie comme méthode chirurgicale (t. XXXVI, p. /j3r>). Mon travail est destiné à démon- trer combien cette confiance est erronée. » Partant d'observations recueillies en Océanie, où le tatouage est géné- ralement adopté, j'ai pu rassembler en France un assez grand nombre de ( 7« ) faits graves à l'appui de mon opinion, tout en recherchant avec soin tous les renseignements épars dans les collections scientifiques. J'ai pu réunir ainsi (indépendamment des cas empruntés à mes notes de voyage) quinze obser- vations détaillées, dans lesquelles cinq fois la mort a été la conséquence des piqûres des tatoueurs; quatre autres fois la vie a été plus ou moins grave- ment compromise; trois fois l'amputation du bras a été pratiquée, avec succès dans un seul cas. Sans aucun doute des accidents semblables ont dû être assez fréquemment la conséquence du tatouage, et je crois par suite avoir fait une œuvre utile en ouvrant la voie aux recherches de même nature. Je poursuis moi-même mes investigations avec d'autant plus de succès que ma profession de médecin de la marine me met en position d'interroger un très-grand nombre d'hommes tatoués, et j'ai pu rassembler déjà, depuis la publication de mon travail, un assez bon nombre de nouveaux faits. » Dans le Mémoire que je soumets au jugement de l'Académie, je ne me borne pas à l'exposition des dangers du tatouage, j'ai essayé d'en constater la nature et j'ai été conduit à les diviser en deux classes. Dans la première, heureusement la plus nombreuse, les accidents sont de nature inflammatoire à divers degrés. Dans la seconde, il y a constamment gangrène prompte et étendue des régions tatouées, reconnaissant évidemment pour cause une véritable inoculation septique due au dépôt de matières organiques altérées portées sous l'épiderme par les aiguilles employées pour tatouer. » (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) L'Académie, renvoie à la même Commission les Mémoires suivants qui lui sont parvenus depuis la dernière séance, mais encore en temps utile : De M. Giillox, une Note sur un nouveau perfectionnement de son brise-pierre à levier qu'on rend a volonté sécateur et pulvérisateur. Avec cette Note l'auteur présente deux instruments. De M. Leorand (Maximin\ un Mémoire intitulé : « Essai de thérapeu- tique générale : téréberithines ». Ce Mémoire est accompagné de l'analyse rxigée. De M. LiîNEL, un Mémoire sur la contagion de la varioloïde, avec une Lettre d'envoi pouvant servir d'analyse. M. H. Jacquart présente au concours pour le prix de prix de Phy- siologie expérimentale un travail sur la structure du cœur de la tortue ( 'M ) jranche, accompagné d'un résumé indiquant les fails nouveaux dus aux recherches de l'auteur et les dessins originaux faits d'après ses prépara- tions, dessins de grandeur naturelle qui permettent d'apprécier certains détails moins apparents sur les planches réduites qui accompagnent le Mémoire imprimé. 31. Balbiaxi, qui avait précédemment adressé deux opuscules sur les phénomènes de la reproduction des Infusoires (voir le Bulletin bibliogra- phique de la séance du 3i mars), prie l'Académie de vouloir comprendre ces Mémoires parmi les pièces de concours pour le prix de Physiologie expérimentale. Un concurrent pour le prix Bordin de 1862 (question concernant les causes qui peuvent influer sur les différences de position du foyer optique et du foyer photogénique) adresse un Mémoire portant pour épigraphe: 0 La théorie est l'explication des faits par les causes réelles ». Un auteur qui a également placé son nom sous pli cacheté, supposant a tort que cette formalité était exigée pour le concours du prix Bréant, adresse un Mémoire très-étendu sur le choléra et son traitement, principalement d'après des observations recueillies dans la Basse Cochinchine. (Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie constituée en Commission spéciale.) M. Lefèvre, en adressant un Mémoire imprimé sur l'emploi des cuisines et appareils distillatoires en service dans la marine, remarque que cette publication est un complément de son ouvrage sur les causes de la colique sèche observée sur les marins, et de la Note qu'il a lue à l'Académie le 26 novembre 1860, sur l'influence du plomb dans la production de cette affection. L'Académie, conformément à la demande de l'auteur, renvoie l'ensemble de ces pièces à la Commission du prix dit des Arts insalubres. 31. 3Iaim:f.l de Serres soumet au jugement de l'Académie une Note sur le sulfate de baryte hydraté des eaux thennominérales de La Malou. L'auteur annonce que ses recherches l'ont conduit à des résultats quelque peu différents de ceux qu'a énoncés M François dans une Note présentée ( & ) à l'Académie le 2 décembre 1861 . Ainsi il ne saurait rapporter l'espèce mi- nérale dont il s'occupe dans cette Note au sulfate de baryte pur, et il le rapprocherait plutôt de la dreélite de Dufrénoy. (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour le Mémoire de M. François : MM. de Senarmont, Daubrée, H. Sainte-Claire Deville.) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics adresse des billets pour la séance de distribution de prix aux lauréats du concours d'animaux de boucherie à Poissy, distribution qui aura lieu le 1 6 de ce mois, jour de l'exposition publique. L'Académie royale des Sciences de Lisbonne adresse deux nouveaux vo- lumes qu'elle vient de publier. M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de l'auteur M. Rivol, le Ie' fascicule du IIe volume de sa Docimasie (métaux alcalins, métaux alca- lins terreux, métaux terreux). Et, au nom de M. Perrey, une Note sur les tremblements de terre en 1 858, avec supplément pour les années antérieures. 31. Marcel de Serres prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place aujourd'hui vacante de Cor- respondant de la Section de Minéralogie et de Géologie. (Renvoi à l'examen de la Section.) GÉOMÉTRIE. — Des surfaces du second ordre doublement tangentes, en leurs ombilics, à deux sphères égales; par M. l'abbé Aoust. « Théorème. — Étant données de grandeur et de position deux sphères » égales, si l'on construit la série des surfaces du second ordre doublement » tangentes, en leurs ombilics, à ces deux sphères, et la série des surfaces » de révolution inscrites ou circonscrites à ces deux sphères, la seconde C. R , 1S62, ier Semestre. (T. LIV, N° 15.) 99 ( 766) » série de surfaces coupe chaque surface de la première série suivant le » réseau complet des lignes de courbure de cette surface. » » La détermination des surfaces de la première série dépend de la déter- mination des trois axes de chaque surface. Or, si l'on appelle K le rayon des sphères, E, E' leurs centres, O le milieu de EE'; D, D' les projections des points de contact des sphères avec la surface sur la ligne des centres; T, T' les pôles des deux cordes de contact par rapport aux sphères; en désignant par OA, OB, OC le grand axe, l'axe moyen, le petit axe de la surface, ces trois axes sont très-simplement déterminés au moyen des trois relations suivantes : Ôà = OD X OT, Ôï = R2 X ~, ÔC = ED X OT, OD, OT étant comptées positivement ou négativement suivant que les points D et Tsont à droite ou à gauche du point A; ED étant positif ou négatif suivant que le point D est à droite ou à gauche du point E. » En donnant aux points D, D' toutes les positions possibles sur la ligne des cenlres des deux sphères, et dans l'intérieur de chacune d'elles, l'on obtient la série des surfaces du second ordre qui sont doublement tan- gentes en leurs ombilics, à ces deux sphères. Il y a trois cas à examiner. Les sphères sont extérieures l'une à l'autre, ou bien tangentes extérieure- ment, ou bien sécantes. » Premier cas. — Supposons que les lignes de contact delà surface avec les deux sphères s'éloignent du point O. Les contacts devant être réels, ces lignes sont d'abord tangentes aux deux sphères, puis deviennent sécantes et s'approchent des points de contact des deux sphères avec les cônes qui leur sont circonscrits. Dans cet intervalle, les surfaces sont des hyperboloïdes à deux nappes. Ils ont leurs axes inégaux, à l'exception du premier hyperbo- loïdequi est de révolution. L'axe réel est situé sur la ligne des centres des deux sphères, lesquelles sont toujours intérieures à la surlace. » Lorsque les lignes des contacts s'éloignent des points de contact des sphères avec le cône qui leur est circonscrit, et s'approchent des centres des sphères, l'on a des hyperboloïdes à deux nappes, à ax( s inégaux, et dont l'axe réel est OC. Les sphères sont extérieures a ces hyperboloïdes. Le dernie:1 hyperboloïde de ce groupe dégénère en un couple de plans pa- rallèles. » Les lignes des contacts, s'éloignant des cenlres des sphères, finissent par leur devenir tangentes. Dans cet intervalle, les surfaces sont des ellip- ( 767) soïdes à axes inégaux, hormis le dernier ellipsoïde qui est de révolution. » Deuxième cas. — L'on a les mêmes groupes de surfaces que dans le premier cas, à l'exception du premier groupe qui s'évanouit. » Troisième cas. — L'on a les mêmes groupes de surfaces que dans le se- cond cas. Mais il existe un nouveau groupe de surfaces qui sont intérieures aux deux sphères et du genre ellipsoïdal. » La détermination des surfaces de la seconde série, c'est-à-dire des sur- faces de révolution du second ordre, inscrites ou circonscrites aux deux sphères, dépend de la détermination des deux axes de la conique méridienne de ces surfaces. Or ces axes ne sont autre chose que les valeurs de OA et de OC, dont nous avons donné précédemment l'expression. Si l'on suppose que les points D, D' prennent toutes les positions possibles, l'on obtiendra la série complète des coniques méridiennes. Les unes, tangentes réellement aux deux sphères, ne sont autre chose que les sections principales (OA, OC) des surfaces de la série que nous venons de discuter, et correspondent aux diverses positions des points D, D' dans l'intérieur des sphères. Les autres sont tangentes imaginairement aux deux sphères et correspondent à toutes les positions possibles des points D, D' au dehors des sphères. » Il est utile de remarquer que les expressions de OA, OB, OC ne servent pas seulement à faciliter la discussion de l'une et l'autre série de surfaces ; mais qu'elles donnent la construction géométrique la plus simple des axes de ces deux surfaces, » Il est maintenant aisé de voir que le théorème sur la description des lignes de courbure des surfaces du second ordre que nous avons donné dans les Comptes rendus de l'Institut, t. LU, p. io85, s'applique à chacune des surfaces du second ordre doublement tangentes, en leurs ombilics, aux deux sphères données, et que par conséquent la deuxième série de surfaces détermine sur chaque surface de la première série le réseau complet de ses lignes de courbure. » Une des conséquences de ce dernier théorème est que, « Si l'on mené » toutes les surfaces de révolution du second ordre, circonscrites à deux » sphères égales, elles interceptent sur le plan tangent commun à ces deux » sphères un réseau complet d'ellipses et d'hyperboles homofocales, dont les » fovers sont les points de contact du plan tangent avec les deux sphères. » 99- ( 7^3 ) PHYSIQUE appliquée — Revendication en faveur rf un physicien russe, M. Spa- koffsky, de l'armature mobile produisant le recul dans les régulateurs de la lumière électrique; Lettre de M. de Komaroff à M. le Secrétaire perpétuel. « Dans son Rapport sur un régulateur de la lumière électrique imaginé par M. Serrin, M. Pouillet prend avec raison, comme point de départ de la marche de nos appareils actuels, l'établissement d'une armature mobile, que le passage du courant fait tomber et qui produit ainsi, entre les extré- mités libres des charbons, lespacement nécessaire pour que la lumière se manifeste et persiste. C'est grâce à ce perfectionnement, nommé générale- ment le recul, que l'on peut déterminer l'apparition lumineuse à des distances pour ainsi dire indéfinies. » M. Pouillet n'indique point à qui revient l'honneur de cette invention ; et, pour les personnes étrangères à l'histoire de la physique, il pourrait se produire quelque confusion tendante à faire considérer M. Serrin comme l'auteur de ce perfectionnement. Qu'il me soit permis, Monsieur le Secré- taire perpétuel, de rappeler qu'un physicien russe, le professeur Spakoffsky, de Saint-Pétersbourg, est le premier qui, en 1 855, ait conçu et réalisé l'éta- blissement de recul, c'est-à-dire de l'électro-aimant pourvu d'une armature mobile, au moyen duquel l'écartement des deux charbons se produit auto- matiquement par l'introduction du courant. En 1 856, au couronnement de S. M. l'Empereur de Russie, à Moscou, M. Spakoffsky, sous la direction de M. le général Konstantinofl, fit établir sur les dômes du Kremlin douze lampes à régulateurs, qui s'allumèrent simultanément d'un seul coup et ajoutèrent à l'éclat féerique de l'illumination. J'ajouterai que M. Spakoffsky n'a point cru devoir prendre un brevet pour une invention qui pouvait servir au développement de la science. » Cette Lettre est renvoyée à l'examen de la Commission qui a fait le Rap- port sur l'appareil de M. Serrin, Commission qui se compose de MM. Rec- querel, Pouillet, Despretz et Combes. M. IVetter fait remarquer que son Mémoire sur le traitement du cho- léra par l'administration coup sur coup d'énormes quantités de boissons aqueuses, a été à tort indiqué dans le Compte rendu de la précédente séance comme destiné au concours du legs Créant. « Je n'avais en envoyant ce travail, dit M. Netter, nullement songé à une compense quelconque; j'ai fait simplement hommage à l'Académie c\u (769 ) résultat de mes observations sur cette terrible maladie, comme précédem- ment je lui avais adressé un travail sur la nature et le traitement de l'hémé- ralopie. (Comptes rendus, séance du 3 mai 1 858.) » Le Mémoire de M. Netter est renvoyé à l'examen des Commissaires dési- gnés pour sa précédente communication : MM. Velpeau et J. Cloquet. M. Passot adresse de nouveau la demande d'obtenir une copie cerlihée d'une Note présentée par lui à la séance du 8 mars 1 858 sous le titre de : « Note sur la loi de la variation de la force centrale dans les mouvements planétaires, déduite exactement du principe des aires. » Cette fois M. Passot demande la copie, non-seulement de sa Note, mais encore de quelques remarques écrites en marge par un des Commissaires chargés de l'examiner. Ces remarques n'étant ni reproduites ni même indi- quées dans la déclaration faite par la Commission dans la séance du 19 juillet 1 858, il ne paraît pas y avoir aucune raison pour en faire délivrer copie à M. Passot; sa demande du reste sera transmise à la Com- mission, qui se compose de MM. Delaunay et Bertrand. M. Edw. AIuston adresse du Picard, commune de Saint-Yriex (Charente), deux Notes intitulées : « Expériences sur la fermentation des liquides » et « Expériences sur la dissolution du charbon ». M. H. Sainte-Claire Deville est invité à prendre connaissance de ces deux Notes et à faire savoir à l'Académie si elles sont de nature à devenir l'objet d'un Rapport. A 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. COMITE SECRET. La Commission formée des deux Sections réunies de Géométrie et de Physique présente, par l'organe de M. Pouiltet, la liste suivante de can- didats pour la chaire de Physique générale et mathématique vacante au Collège de France par suite du décès de M. Biot. Au premier rang AI. Bertrand. Au second rancj AI. Verdet. La Section de Géométrie présente ensuite, par l'organe de M. Cltasles, ( 77° ) la liste suivante de candidats pour la place laissée vacante dans son sein par le décès de M. Biot. Au premier rang M. Ossian Bonnet. Au deuxième rang M. Bour. Au troisième rang et par \ M. Blanchet. ordre alphabétique i M. Puisecx. Au quatrième rang et par \ M. Bouquet. ordre alphabétique (M. Briot. Sur la demande faite par plusieurs Membres que le nom de M. Catalan soit adjoint à la liste, l'Académie est consultée par la voie du scrutin sur cette question qu'elle résout par l'affirmative à la majorité de 28 voix contre 22. En conséquence SI. Catalan est aussi compris dans le nombre des can- didats. Les titres de ces candidats sont discutés. Les deux élections auront lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures et demie. E. D. B. rulletin bibliographique. L'Académie a reçu dans la séance du 7 avril 1862 les ouvrages dont voici les titres : Le jardin fruitier du Muséum; par M. J. Decaisne ; 53e livraison. Paris, 1861; in-/)°. Conservation des grains pur /ensilage. Recherches et applications expérimen- tales faites depuis i85o pour démontrer la conservation des grains par l'ensilage souterrain hermétique; }>ar M. L. BoyÈre. Paris, 1862; vol. in-8°. (Présenté par M. le Maréchal Vaillant.) Docimasie. Traité d'analyse des substances minérales à l'usage des Ingé- nieurs des Mines et des Directeurs de Mines et d'Usines; par M. L.-E. RivOT; t. Il, iCI fascicule : Métaua alcalins, Métaux alcalins terreux, Métaux terreux. Paris, 18625 vol. in-8°. Mémoire sur le cœur de la tortue franche ; par M. le Dr IL JacQUART. Paris, 1862; br. in-8°. (Extrait des Annales des Sciences naturelles, 4e série.) ( 97' ) Mélanges ti Analomie et de Pathologie comparées; par M. H. Jacquart. Pa- ris, 1862; br. in-8°. (Extrait delà Gazette médicale de Paris, année 1 858.) De l'emploi méthodique des aneslhésiques et principalement du chloroforme à l'aide de l'appareil réglementaire dans le service de santé de la marine; par M. le D1 E. Berchon. Paris, 1861 ; in-8°. Recherches sur le tatouage; par le même. Paris, 1 86 1 ; br. in-8°. (Extrait de la Gazette médicale de Paris, année 1861.) ( Ces deux. ouvrages sont des- tinés au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1862.) Note sur les tremblements de terre en i858, avec suppléments pour les années antérieures; par M. Alexis Perrey. Br. in-8°. (Extrait du t. XII des Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés par i Académie royale de Belgique.) De l'emploi des cuisines et appareils distillatoircs dans la marine, etc. ; par M. A. Lefèvre. Paris, 1862; in-8°. (Commission du prix des Arts insa- lubres.) De l'enseignement supérieur en Italie, à propos du projet de loi de M. le Sé- nateur Ch. Matleucci; par M, le chev. Ph. Cor.RiDi. Paris, 1862; br. in-8°. Sur les relations d'isomorphisme qui existent entre les métaux du groupe de l'azote; par M. S. Nicklès. Nancy, 1862; in-8". Revue maritime et coloniale; t. IV, mars 18G2, i5e livraison. Paris, in-8°. Actes de l'Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bor- deaux; 3e série, 23e année 1861 , ier et 2e trimestre. Paris, 2 vol. in-8°. Traité sur la nature, le siège et le traitement du choléra; par M. J.-F. SÉRÉE. Pau, i86a;br.in-80. Mémoire sur la nature, le siège et le traitement du choléra ; par le même. Pau, 1861; br. in-8. (Ces deux ouvrages sont destinés au concours pour le prix Bréant.) Spina-bifula traité avec succès par la ponction et les injections iodées; par M. P. Sézep.ie. Marmande, 1862 ; br. in-8°. (Destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1862.) Mémoires de l'Académie royal i des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique; t. XXXIII. Bruxelles, 1 86 1 ; vol. in-/,0. Mémoires couronnés et Mémoires des Savants étrangers publiés par l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique ; t. XXX (1 858- 1861). Bruxelles. 1861 ; vol. in-4°. Bulletins de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique; 3oe année, 2e série; t. XI et XII (.1861). Bruxelles, i 86 1 ; 2 vol. in-8°. I 772 ) Observations des phénomènes périodiques. (Extrait du t. XXXI11 des Mé- moires rium Han?auèse er Magnésium. ilagnésium. Lithium .Hhium ifllclum. ;aklum Strontium. ;,ir \ mil îalcium Strontium iar\ uni iodfam. Sodium iodium, Nitassium 'otasslum 'otassium a ■- ammonium 1 Lmmonium ammonium. S ( 780) ÉLÉMENTS SIMPLES . i° D'après le nombre de ces éléments: 2° D'après les rapports numériques entre les proportions de ces élémeab; ' CORPS SIMPLES. Éléments ssenliclsdes corps organisé*. Oxygène Carbone. Hydrogène. COMPOSÉS BINAIRES. i:3 2:3 Tongslène. Molybdène. I.dlim- Usmiam Arsenic. Antimoine Blsmntb. Iridium. alladlom, Khodium Ithutlicmuui Platine Or Mercure Ugenl Cuivre Cobalt Nil ki'l Fer. Manganèse. Fer. Aluminium. Arsenic. Antimoine. Msuiutli Titane. Etaln Carbone Silicium Manganèse Hydrogène. Cuivre Zinc Magnésium Oxydes donb'es et hydratés i : I i :3 Hydrogène. Manganèse Fer. Alumine. Uranium » Magnésium Sl'LFL'KIDES. Sulfures.— Sèléniures Molybdène 2:3 Cuivre Fer. Manganèse Arsenic Anlimoir bismuth Arsenic. Antimoine. Mercure. Argent Plomb Cuivre Cobalt. Nickel Fer Manganèse Cadmium Zinc. Osmiures ; Arséniures ; AntimoDiure; Sulfures doubles. Bismuth A r sent l'iomb. Argent. Cuivre. Cobalt. Nickel. Fer, A r cent Plomb Cuivre Cobalt Nickel Fer SUBSTANCES NATURELLES. j 3° D'après la nature de l'élément électronégatif; ( 4° D'après la nature de l'élément électropositif. ( 787 ) i:5 COMPOSES BI-BWAIRES. Sulfates; Yanadates ; Chromâtes ; Tungstates ; Molybdates Titanates ; Tantalates , Niobates; Spinellides ; Sulfo carbonates. Carbonates; Borates; Silicates. Plomb. Baryum Strontium. Calcium Uranium Cuivre Zirconium Yttrium Lanthane Cérium Manganèse Fer. Calcium Sodium Potassium Plomb Barjum. Strontium Calcium Fer Manganèse Zinc Magnésium Magnésium. Calciuoi 1 : ' 1 : ■ L'espèce à laquelle appartenait cette mâchoire inférieure est évidem- ment très-voisine du Delphinus Jrontatus de Cuvier, l'une de nos espèces vivantes. Parmi les espèces lossiles, plusieurs viennent des mêmes étages des environs de Dax; elles ont aussi la symphyse osseuse, mais sans être surmontée d'une crête ou carène. » Les premières notions que nous ayons des Dauphins fossiles de Dax ont été données par M. Cuvier (art. II du t. V, première Partie, p. 3 12, PI. XXIII,fi(j. 4 et 5), qui a décrit avec la plus grande clarté une mâchoire inférieure qu'il a vue dans le Musée de Dax en i8o3 ; ses figures sont réduites au quart de la grandeur naturelle. Elle porte dix-huit dents coniques, pointues, qui présentent à la face postérieure de la base un petit talon ou tubercule mousse. Leur partie émaillée est haute de om,oi5. » Noire mâchoire inférieure porte dix-neuf dents, dont sept sont brisées, et leur place est marquée par les racines encore en place dans les alvéoles. Les douze restantes sont coniques, pointues, un peu courbées en dedans, el ( 789 ) portent à la base un vestige du petit tubercule dont parle M. Cuvief. li faut remarquer qu'il est excessivement petit. La partie émaillée des dents est haute de om,oo7. » M. Cuvier décrit avec beaucoup de soin la symphyse, et il a eu soin de dire que sur le milieu règne une ligne à peine enfoncée. Il n'a pas indiqué ni d'autres paroles, ni par son dessin la moindre apparence de crête osseuse. Aussi plus j'étudie la pièce fossile que l'Académie a renvoyée à mou examen, plus je reste convaincu qu'elle était d'une espèce de Dauphin différente de celle décrite et figurée par M. Cuvier. » Un fragment très-fruste de mâchoire supérieure de Dauphin a été décrit et figuré par M. Cuvier (Oss. foss., t. V, première Partie, p. 3i3 et 3i/J, PL XXIII, fiij. 9, 10, 1 1). Il a été donné comme appartenant à la mâchoire snpérieure d'un Cétacé de la même espèce que celui dont il décrivait la mâchoire inférieure. Mais il pourrait bien être distinct, à cause de la gros- seur des quatre seules dents encore attachées aux intermaxillaires; elles n'ont aucune trace du tubercule sur la présence duquel M. Cuvier a in- sisté. Leur portion émaillée n'a pas le même aspect. » Les trois figures 9, 10, 11 de la Planche XXIII des Ossements fossiles de M. Cuvier ont été copiées par M. Cervais (Paléont. franc, PL XLI,fuj. G, 6a, 6b); elles ont été beaucoup grossies, sans qu'elles représentent l'objet de grandeur naturelle, ni sans que le dessinateur ait indiqué le rapport de réduction de l'objet en nature, ni l'agrandissement de la figure réduite donnée avec soin par M. Cuvier. ) Nous pouvons le vérifier, car nous possédons dans la collection des ossements fossiles du Muséum la pièce originale. Elle a été autrefois déposée au cabinet, du temps de Buffon, par M. de Borda, créateur de la collection qu'il a laissée à la ville de Dax. » M. Gervais a donné sur la même planche (fig. 7 et 7a) une figure de mâchoire inférieure de Dauphin à longue symphyse, d'après un moule en plâtre dû à la généreuse communication de M. Bazin, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux. » Cette figure n'indique aucune trace de crête le long de la symphyse. Toutefois cette mâchoire inférieure figurée par M. Gervais me paraît être, sans aucun doute, de la même espèce que celle donnée par M. Cuvier, et par conséquent différer de l'espèce nouvelle de Dauphin qui fait le sujet de ces récentes recherches. » Les fragments vus par M. Cuvier, ceux donnés par M. Gervais, ont été C. R., 1S62, 1er Semestre. (T. LIV, N° 14.) ,02 ( 79° ) réunis spécifiquement par M. Gervais sous le nom de Delphinus macrogenius. Je persiste à penser que sous celte dénomination on a réuni deux espèces différentes; une troisième sera le Delphinus Borda figurée [PL XL1, fig. S) par M. Gervais, el M. Thore en aurait découvert une quatrième dans le fragment qu'il a envoyé à l'Académie et pour laquelle je propose le nom spécifique de DfcXPHlNUS LoeHOGENlUS, Val. » M. Thore avait ajouté à son envoi une assez grande dent du grand Requin fossile nommé par M. Agassiz Carcharias megalodon. Elle ne présente rien de plus remarquable que les autres dénis de cette espèce de ces carti- lagineux. » Le même zélé naturaliste a trouvé également une dent très-usée qui peut être une incisive de Bœuf ou de Ruminant très-voisin. » Nous espérons que M. Thore poursuivra ses investigations, et qu'il continuera à en donner communication. » AOM1NATIOÏVS L'Académie procède par la voie du scrutin ta la nomination d'un Membre de la Section de Géométrie en remplacement de feu M. Biot. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5^, M. Bonnet obtient 29 suffrages, M. Blanchet iZj » M. Bour 14 M. Boxxet, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclame élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, a la nomi- nation des deux candidats qu'elle est appelée à présenter à M. le Ministre de l'Instruction publique pour la chaire de Physique générale et mathémati- que vacante au Collège de France par suite du décès de M. Biot. Election du candidat qui serti présenté en premier Ut/ne : Nombre des volatils 55. M. Bertrand obtient 5o suffrages, M. Vèrdet /, » Il \ a un billet blanc. ' 79' Election du candidat > Ainsi, sans affaiblir les économies annuelles faites sur les cotisations des membres participants, les souscriptions des associés libres, etc., la Société ( 796) parvient, sans effort, à solder toutes les dépenses et a servir exactement toutes les pensions. » Cette situation est donc satisfaisante; comment expliquer alors que M. Bienavnié prétende que la Société de Secours mutuels de Metz se ruine lorsqu'il est constaté qu'elle fait annuellement des économies importantes.1 » Quant au conseil donné par cet honorable Académicien de verser des fonds à la Caisse des Retraites pour la vieillesse, fondée par le Gouverne- ment, la Société, encouragée par l'appui généreux de l'État, a obéi à celte impulsion prévoyante en déposant des sommes successives, qui aujourd'hui s'élèvent à plus de 29000 fr. » Après lecture de cette pièce, M. Biexayme dit : « Je demande à l'Académie de vouloir bien faire insérer dans les Comptes rendus la Note de la Société de Metz. » Le désir d'arrêter celte Société de Prévoyance sur la pente révélée par le Rapport de M. le général Didion a seul dicté la communication que j'ai faite à l'Académie il y a quelques semaines (le 10 mars, t. LIV, p. 536). J'ai dû considérer comme rigoureusement exacts les renseignements con- signés dans un Rapport public, qui n'est que la suite d'autres Rapports un même auteur, lesquels semblent Ions avoir été imprimés avec l'assentiment de la Société de Prévoyance; je voyais dans M. le général Didion un membre de la Société, et non une partie contraire à ses intérêts. Si les éléments et les calculs livrés aux lecteurs dans ces Rapports sont erro- nés, il est bien clair que mes calculs, qui en sont simplement la consé- quence nécessaire, doivent être affectés des mêmes erreurs. Si M. le général Didion ne s'est pas trompé, s'il n'a pas omis le capital de 190 000 fr. indiqué à la fin de la Note précédente, si son Rapport est un travail sérieux comme le dit expressément cette Note, je n'ai rien à retirer des résultais auxquels le calcul m'a conduit. Au surplus, j'ai fait remarquer que pour la Société de Metz il était temps encore de remédier à sa situation; et si des ressources, que le Rapport de M. le général Didion ne mentionnait pas, assurent à cette Société le remède efficace que je désirais pour elle, mon but unique, la prospérité des Sociétés de Secours mutuels, sera atteint d'une manière bien plus satisfaisante pour moi. » ( 797 ) géométrie. — Note sur tes surfaces parallèles; par M. W. Roberts. « J'ai remarqué, dans une Note communiquée récemment à l'Académie, que la formation de l'équation de la surface parallèle à une surface donnée conduit par une substitution simple à celle delà surface enveloppe des plans passant par les points de la surface donnée et perpendiculaires aux rayons vecteurs, issus d'un point fixe quelconque. Je me propose maintenant de faire voir comment l'équation de la surface parallèle à une surface donnée S peut être transformée dans celle de la surface parallèle à la surface S', dé- rivée de S par la méthode des rayons vecteurs réciproques. A cet effet, dési- gnons par x',y', z'ies coordonnées d'un point quelconque de S, et soit m2 !<- rectangle constant, formé par les rayons vecteurs de S et S' : la surface parallèle à S' sera l'enveloppe des sphères ayant pour rayon k, quantité constante, comptée sur les normales et représentées par l'équation ( .*• "'r \ . ,. -<■- i =ki x'2 -hj" ■+■ z'- Cette équation peut s'écrire aussi comme il suit : 4- ( '^i r>v+ (- — z'Y \x2 + y2-hz2 — /•'' J I \x2 + J2 -I- z2 — l>2 ) \ x> + 7'4-2J-ii ■ m1 /■' {X2-+- j--+-z- — k2f et l'on se convaincra sans difficulté qu'en remplaçant dans l'équation de la parallèle à S, x,y, z, k, respectivement par m'x m'y m'z m2/, J2 +jt: + z!-P' x> -f-j)J-H z2 — /-'' x7 -+- y2 -h z2— h2' x' -+-/' + z2 — /'' on aura l'équation de la parallèle à S', surface inverse dérivée de S. Quel- ques résultats intéressants peuvent s'obtenir en faisant application de nos théorèmes aux surfaces du second degré. M. Salmon nous fait connaître une méthode pour trouver l'équation de la parallèle à une surface du second de- gr,é, et M. Cayley a donné au résultat une forme très-symétrique. Ce savant x'1 V a S3 géomètre a montré que la parallèle à l'ellipsoïde — -+- -r- H — - = ! est l'en- veloppe des ellipsoïdes représentés par l'équation suivante, qui renferme C. R , 1862, Ier Semestre. (T. LIV, N° 14.) ' °3 ( 79») Un seul paramètre 9, 9x> 8r» 6z' r=À2 + S. Par conséquent, en écrivant cette équation, ordonnéesuivant les puissances de 5, comme il suit A64 + 4B63 + 6C02+ 4DÔ + E = o, l'équation de la surface parallèle, le centre étant l'origine, sera ^AE- 4BD + 3C2)3 = 27(ACE+ 2BCD - AD2 - EB2 - C 3V conformément au résultat de MM. Boole et Cayley. » Maintenant transportons l'équation qu'on vient d'écrire à une origine quelconque, et soit T f (.r, y, z, A)=o l'équation de la parallèle, rela- tivement à l'origine nouvelle. Alors n^'ïr.i'.èv^+r' sera l'équation de la surface, enveloppe des plans perpendiculaires, menés aux extrémités des rayons vecteurs de l'ellipsoïde, issus d'un point fixe, choisi arbitrairement. Il est évident d'ailleurs que l'équation II (î** 3-*' 5 * k + l ^ + j* + z2) = o représente la surface, enveloppe des plans, menés par les points d'une sur- face parallèle à l'ellipsoïde, perpendiculairement aux rayons vecteurs, issus d'une origine quelconque. » On peut former avec la même facilité l'équation de la parallèle à la surface dérivée d'un ellipsoïde par la méthode des rayons vecteurs récipro- ques, quelle que soit l'origine. Si l'on choisit le centre, on aura l'équation de la parallèle à la surface, nommée dans l'optique surface d'élasticité. Ayant obtenu cette équation, on en déduit celle de la surface, enveloppe fies plans passant par les points de la surface d'élasticité (ou bien d'une quelconque de ses parallèles), et perpendiculaires aux rayons vecteurs menés par une origine arbitraire » ( 799 ) Météorologie. — Résumé des observations pluviomélriques faites à Bordeaux; par M. V. Raulin. « Parmi les villes de France, Bordeaux est certainement l'une de celles où des observations pluviomélriques sont faites depuis le plus longtemps et ont embrassé un plus grand nombre d'années. » Une première série a été commencée en janvier 1 7 1 /; par Sarrau, secrétaire de l'Académie de Bordeaux, et continuée par son fils à partir de mars 1739 jusqu'à la fin de 1770; les manuscrits, comprenant 56 années, sont déposés à la Bibliothèque de Bordeaux. Après une interrup- tion de cinq années, cette première série a été prolongée par MM. Guyot et Lamothe, et les observations ont été publiées pour les i 1 années : 1776- 1786 dans les Mémoires de la Société rojale de Médecine. <> L'étude de la pluviométrie n'a été reprise qu'après la création de la Faculté des Sciences ; M. Abria a commencé en février 1840 une nouvelle série, toujours continuée, qui n'a éprouvé d'interruption qu'en 184 > et 1846; elle a été publiée jusqu'en 1 856 dans les Jetés de L'Académie de Bor- deaux. M. Petit-Lafitte fait aussi, depuis le mois d'avril 1848, des observa- tions qui ont été publiées jusqu'à la fin de 1860 dans le journal l'Agriculture. » Belativement à la quantité de pluie tombée dans l'année, en résumant les observations par périodes de dix années, on trouve que, dans la première série, celle des années 1721- 1730 présente la plus grande somme d'eau; en effet, la moyenne annuelle, qui est de 737mm,4, n'avait étéprécédemment que de 671 mm, 5, et elle s'est graduellement abaissée de manière à ne plus atteindre que 61 8mm,i pendant la période 1 776-1 786. Pour la nouvelle série dont le chiffre est plus élevé, il y a également diminution graduelle, car la moyenne annuelle d'eau, qui a été de 82imm, 3 en i84o-i85o, n'a plus été que de 777mm,6 et i85i-i86o. » Lorsque l'on compare les résultats généraux déduits de la longue série comprenant 68 années, de 1 7 1 4 à '786, à ceux que fournissent les 20 an- nées d'observations de M. Abria, on aperçoit d'assez grandes différences : mm Pour la première série, la quantité moyenne annuelle est 654,4 Tandis que pour la nouvelle série elle est 79^,3 » On comprend facilement que des instruments différents, entre les mains d'observateurs divers, puissent accuser des quantités d'eau variables; pour- tant il est plus probable que c'est le climat de Bordeaux qui est devenu plus io3.. ( 8oo ) pluvieux. Ce qui est certain, c'est que si l'on compare les maxima et les minima de ces deux séries, on voit qu'ils étaient autrefois plus grands et plus petits qu'aujourd'hui, et que les écarts étaient plus considérables; le rap- port dépassait alors le simple au double, tandis qu'il est maintenant beau- coup moindre. Ainsi : f mm ni m Maxima.... Année 1728=1004,7 Année 1856 = 90/1 Minima.... » 1766:= 4IO>7 • i85i=6o8 Différence 5g4>° 386 » Relativement à la répartition de la pluie entre tes diverses saisons, ce qui est tort remarquable, c'est que les rapports n'ont pas toujours été les mêmes. Pendant les trois premières périodes, comprenant les 27 années 1714-174°- l'ordre des saisons, delà moins pluvieuse à celle qui l'a été le plus, était : été, printemps, automne, hiver. Pendant les quatre dernières périodes de I ancienne série, comprenant les 4 1 années 1741-1 786, l'ordre des saisons a été : printemps, été, hiver et automne. Dans la série récente, presque vi- gésimale, 1842-1860, l'ordre des saisons est : hiver, printemps, été et au- tomne. Ainsi : 27 années.... 1714-174° 4i années... 1 741 -1786 n années.... 1842-1860 » Ce n'est pas évidemment à des causes analogues à celles précédemment indiquées que peuvent être attribuées les différences entre les proportions relatives d'eau tombée dans les diverses saisons; il faut nécessairement admettre des modifications réelles et successives dans la constitution mé- téorologique de l'année. » Malgré ces grandes différences, ce qui reste constant, ce qui est carac- téristique pour Bordeaux et l'Aquitaine, c'est l'absence d'uniformité dans la icpartition mensuelle de la pluie, et l'existence de quatre périodes alterna tives de sécheresse et d'humidité, dont l'une, celle d'hiver d'abord et celle d'automne ensuite, est de beaucoup plus pluvieuse qu'aucune des autres, surtout de 1714^ '74°> (-t de 1842 à 18G0. » M. Axsf.i.mier adresse une Note qui semble être l'analyse d'un Mémoire plus étendu, lequel ne s'est trouvé d'ailleurs ni dans les pièces manuscrites. m dans les pièces imprimées de la Correspondance et que l'auteur annonce liver. Pi intemps. Eté. Viiliinnu' moi mm mm mm 2l5,0 162,6 149,5 .78,6 169,1 144,. i65,3 l82,3 171,1 192,4 192,5 249>' ( Bo; ) comme la suite d'un précédent travail sur les causes du bégayement et sm le traitement de cette infirmité. ( Renvoi à l'examen de M. Jobert de Lamballe, que la Note indique comme ayant pris connaissance du premier travail.) M. Dorvallt présente des considérations sur l'emploi croissant du bis- muth en thérapeutique, et sur l'élévation considérable du prix qui en est résultée depuis quelques années. Il pense qu'il y aurait lieu de s'occuper des à présent des moyens d'obtenir en plus grande abondance un produit dont l'utilité est incontestée et qui menace de devenir fort cher si l'on n'exploite pas de nouveaux gisements. Cette inquiétude ne paraît pas fondée et l'industrie ne sera point arrêtée par l'embarras de trouver de nouveaux gisements, dès qu'au lieu d'une hausse momentanée il se sera établi un prix suffisamment rémunérateur pour encourager les exploitations. M. Thei.u, cpii avait précédemment adressé des observations sur le. Soleil et principalement sur les taches qui se montrent à la surface de cet. astre (séance du 3 juin 1861), prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à laquelle ta Note a été soumise. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Laugier etFaye.) M. Garnier, auteur d'un Opuscule présenté en 1861 au concours [jour le prix du legs Bréant, sous le titre de : « Petit Traité pratique du cholera- morbus », prie l'Académie de lui faire savoir si son ouvrage a été soumis .1 la Commission et, dans le cas où il l'aurait été, quelle a été la décision prise à son égard. Le Mémoire de M. Oarnier faisait partie des pièces qui ont été soumises t la Commission du concours pour l'année 1861. Cette Commission a fait son Rapport, qui est imprimé au Compte rendu de la séance publique du i3 décembre 1861; elle y dit (t. LUI, p. 1 1 89) que « parmi les pièces » qu'on a renvoyées à son examen, soit pour la guérison du choléra, soit » pour éclairer la nature et le traitement des affections dartreuses, nulle n'a » rempli les conditions indiquées dans les volontés du testateur. » L'Opus- cule de M. Garnier se trouve donc par le fait jugé et écarté comme ne satis- faisant pas aux conditions du programme. A f\ heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. ( 8oa ) COMITÉ SECRET. La Section de Minéralogie présente la liste suivante de candidats pour une place de Correspondant vacante par suite de la nomination de M. Daubrée à une place de Membre titulaire. Au premier ranc/ . . M. Damoitr à Villemoisson(Seine-et-Oise . M. Coquaxd à Marseille. M. Lartet à Saisan (Gers). M. Leymerie à Toulouse. Au second rang et I M. Lory à Grenoble. JM. Marcel de Serres, à Montpellier. M. Perrey à Grenoble. M. Pissis à Santiago (Chili). M. Raclin à Bordeaux. par ordre alphabétique. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 7 avril 1862 les ouvrages dont voici les titres : Passagio... Passage de Mercure sur le disque solaire observé à Home le 12 novembre 1861 ; par M. MaSSIMO; in-4°; ^ feuille d'impression. Appendice... Appendice aux recherches sur les mouvements propres des étoiles fixes ; par le professeur Ign. Calandrelli, directeur de l'Observatoire pontifical. Rome, 1 858 ; in-4°. lnslrumentum magnum œquatoreum in spécula Universitatis Ifauniensis mg et! erectum, breviter descripsit H. L. d'Arhest. Memorias... Mémoires de i Académie royale des Scienees de Lisbonne (classe des Sciences Mathématiques, Physiques et Naturelles, nouvelle sériel; t. II, partie 2e. Lisbonne, 1 86 1 ; vol. in-4°. Lendas... Chroniques de CInde portugaise, par Gaspar Correa, jiublices ( M ) par ordre de la classe des Sciences Morales et Politiques et des Belles-Lettres de l'Académie royale des Sciences de Lisbonne, sous la direction de R -J. de Lima Feener; livre II, t. II, partie •>*. Lisbonne, 1861 ; in-4°. Trabalhos... Travaux de l'Observatoire météorologique de l'infant don Luiz à l'Ecole polytechnique; ye année, 1 86 1 . Lisbonne, 1 86 * fin-fol. Memorie... Mémoires sur la corrélation qui existe entre les variations mé- téorologiques et celles du magnétisme terrestre. L'Académie a reçu dans la séance du i4 avril 1862 les ouvrages dont voici les titres : Paléontologie française ou Description des animaux invertébrés fossiles de la France, continuée par une réunion de paléontologistes sous la direction d'un Comité spécial. — Terrain crétacé, t. VIII. Zoophytes ; par M. de Fromentee. (Texte, 1. 1 à 3; atlas, pi. 1 à 12.) Paris, 1861; in-8°. Recueil de Mémoires de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacie militaires, rédigé sous la surveillance du Conseil de Santé; publié par ordre du Ministre de la Guerre; 3e série, t. VI. Paris, 1861 ; in-8°. Revue de Géologie pour l'année 1860; par MM. DELESSE et LAUGEE. Paris, 1861 ; in-8°. Notice sur le système Eifelien dans le bassin de Namur; par M. G. Dewalque. Bruxelles, 1 feuille in-8°. (Extrait des Bulletins de i Académie royale de Belgique; 3e série, t. XIII, n° 2.) Rajiporl de M. Dewalque sur une Note de M. Malaise intitulée : De l'âge des Pbyllades fossilifères de Grand- iWanil près de Gembloux. Bruxelles; demi- feuille in-8°. (Extrait du même Recueil.) Le procédé au tannin, par M. C. RUSSELL; traduit de l'anglais par M. Aimé Girard. Paris, 186a; m-12. Relation des tremblements de terre ressentis à Bourbonne-les- Bains (Haute- Marne), du 20 mars au i5 mai itf6i ; par MM. les Dra Cabrol et Tamisier. Versailles; br. in-8°. (Extrait de l'Annuaire de la Société Météorologique de France ; t. IX , p . 1 4 3 . ) Le choléra-morbus au Havre en 1 832 ; par le Dr Lecadre. Le Havre, 1 862 : br. in-8° Règle rhumbée et secteur dromoscopique de MM. J. Zesgevich et F.. Ci a r. - NAULT. Brest; br. in-8n. Trièdromèlre de M. J. Zescevich. Brest; br. in-8°. Supplément au Zephjritis taitensis de M. Guillemin; par M. Edee Jardin. ( ,So4 ; ■ Cherbourg; demi-feuilie in-8°. (Extrait des Mémoires de la Société irripèriah des Sciences naturelles de Cherbourg. ) .lilas de la Société de l'Industrie minerait; 7e année. ( ire livraison, juillet. août, septembre 1861.) Lantz, 1862; 8 pi. m-fol. Pétition au Sénat soumettant à son équité les erreurs de dates et de faits ■oui: 1 et bases de la décision du Conseil d'Etat contre le droit de Mme la coin- tesse de Vernède de Corneillan née de Girard, nièce et héritière de M. le che- valier Philippe de Girard, inventeur tic la filature mécanique du lin. Paris. 1862; in-4'°. omme pièces à l'appui, M'ue de Varnede joint à cette pétition trois bro- chures in-8°, intitulées : 1" Rapport fait au nom de la Commission chargée d'examiner le projet de loi qui confère, ù titre de récompense nationale, des pensions aux héritiers de feu Philippe de Girard, inventeur de la filature mécanique du lin; parM. le baron Ch. Du PIN. — i° Rapport et loi ayant pour objet d'accorder aux héritiers dé Philippe de Girard, inventeur de la filature mécanique du lin, unepension èi titre de récompense nationale. — 3° M. Philippe de Girard, par M. J.-J. Ampère, rie l'Académie française et de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Carte géologique de la Terre ; par J. jMarcou, construite par J . M. ZlEGLER. Winterthur, 1861 ; 8 pi. format atlas. Tables de nombres primitifs et de facteurs, du nombre 1 jusqu'à 231647; ./ B. Goldberg. Leipsig, 1862; in-4°. Die fauna... Faune des habitations lacustres de Suisse; recherches /«"// servir à rhistoire des Mammifères sauvages et domestiques dans t'Europt moyenne.; parle Dr L. Rutimeyer. Bàle, 1861 ; in-/j°. Determinazione... Détermination de quelques intégrales définies; par 'le prof. P. Volpicelli. (Extrait des Jetés de l'Académie pontificale des Nuovi Lincei janvier 1862.) 1 feuille in-4°- COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 21 AVRIL 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. HISTOIRE NATURELLE. — De la liberté de la mer nu point de vue de l'industrie des pêches ; par M. Coste. « La législation des pèches est, avant tout, une question d'histoire natu- relle. » Toute réglementation établie en dehors de ce principe fondamental est. par cela même, vicieuse ou funeste. Au lieu de ne faire peser l'interdiction que sur les régions circonscrites où il importe de protéger les générations naissantes, elle l'étend aveuglément à tous nos rivages, l'applique à tous les temps et met de ruineuses entraves à la liberté de la mer. » Mieux informée parla science, elle conciliera les intérêts de la repro- duction avec ceux de la libre pratique, les exigences de l'industrie avec les besoins permanents du repeuplement. » Les expériences auxquelles je me livre depuis un assez grand nombre d'années ont démontré que la mise en culture de la mer et son exploitation peuvent être entièrement organisées sur le rivage et dans l'intérieur des terres, ici par la transformation des fonds émergents en champs producteur-s de coquillage, là par la création de vastes piscines où les espèces comesti- bles seront soumises au régime du bercail. » Le turbot lui-même s'accommode à ce régime avec autant de facilite C. R., 1862, Ier Semestre. (T. LIV, N° 15. J I «4 ( 806 ) que nos animaux domestiques à celui de la stabulation. On le contraint, suivant qu'on le nourrit en liberté ou en prison cellulaire, à grandir soit en longueur, soit en épaisseur, comme le bœuf et le mouton que l'art façonne dans nos étables, comme la volaille que l'on y empâte. J'en ai fait souvent l'épreuve dans mon laboratoire de Concarneau, en y soumettant cette pré- cieuse espèce à des traitements variés. » Nul ne peut dire jusqu'où, dans cette voie, s'étendra l'action de l'in- dustrie sur la nature vivante. » En multipliant et en perfectionnant les produits de la mer sous la main de l'homme et presque dans sa demeure, on les mettra aussi sûrement à l'abri de toute éventualité que ceux de l'agriculture terrestre, et si, par une heureuse coïncidence, la progéniture des espèces les plus estimées, cette source naturelle du repeuplement, avait coutume de se cantonner près du rivage, l'État n'aurait plus besoin de ces moyens dispendieux de surveillance que l'ignorance des lois de la reproduction semblait devoir rendre toujours nécessaires. Le nombre des bâtiments garde-pêches devrait, dans cette hypo- thèse, se réduire en proportion du nombre et de l'étendue des régions d'a- levinage naturel qu'il importerait de protéger. La police à pied, exercée de terre par des sentinelles mobiles comme les douaniers ou les agents de l'ad- ministration des quartiers, prendrait une part prépondérante dans la con- servation de ces inépuisables pépinières. » Mais les zones où se concentrent les générations naissantes sont-elles bien réellement voisines des rivages? » Les explorations auxquelles j'ai soumis depuis plusieurs années di- verses régions de notre littoral de l'Océan, soit avec l'équipage du Chamois, soit avec M. Gerbe, soit avec M. le capitaine de frégate Dorré, soit avec M. le baron Baudc, ne me laissent aucun doute à ce sujet. C'est vers le mois d'avril, et toujours dans les mêmes lieux, que l'on voit surgir, sur les plages où ces phénomènes s'accomplissent, des tourbillons de microscopiques poissons plats de toutes les espèces, la raie exceptée (i). Les eaux en sont chargées jusqu'au rivage. Elles en laissent souvent à sec sur le sable, ou ils s'enfouissent instinctivement en attendant le retour du flot. )> Pour donner une idée de l'abondance de ces pépinières, d me suffira de rappeler ici ce que j'ai vu sur celle de Saint-Vaast. :> Là, dans un parcours de dix lieues, la plage forme un vaste canton- (i) La raie a, comme la poule, des pontes successives. Elle dépose ses œufs un à un, mais en d'autres lieux. . ( 8o7 ) nement où les jeunes générations prennent leurs quartiers d'été. Elles s'y accumulent en telle profusion, que, d'avril en septembre, d'après les calculs de mes expériences répétées, les pécheurs de chevrette grise détruisent chaque année, et pour un bien modique bénéfice, plus de deux cent mil- lions de petits turbots, de petites soles, de petites barbues, etc., etc. Il m'est arrivé souvent d'en faire prendre environ mille à l'heure par un seul homme poussant devant lui un simple havenet, comme un filet à papillons. » Il y aurait là de quoi peupler toute la Manche. J'ai l'espoir qu'il sera bientôt fait, sur cette féconde pépinière, une première tentative d'intelli- gente protection. » Quelle richesse, en effet, si, au lieu d'être ravagées en germe sur la plage, ces générations nouvelles descendaient dans les vallées sons-marines pour aller s'y transformer en troupeaux de grande taille!... Quelle richesse si une partie seulement de ce jeune bétail aquatique, conduit par les soins d€ l'industrie, allait approvisionner des réservoirs organisés dans l'intérieur des terres et communiquant avec la mer au moyen d'écluses convenable- ment aménagées!... » Quand viennent les premiers froids, ces agglomérations se dissolvent; elles gagnent les eaux profondes, afin d'y trouver une température plus douce. » La science est donc en mesure d'établir que les cantonnements des gé- nérations naissantes se forment près des rivages, au moins en ce qui con- cerne la plupart des espèces estimées et la plupart des espèces communes; que ces cantonnements se forment toujours dans les mêmes lieux; qu'ils occupent des emplacements définis; qu'ils se dissolvent à une époque déter- minée. » En révélant ces phénomènes, elle montre comment à une réglementa- tion complexe et restrictive doit succéder une législation simple, qui por- tera de préférence sur la pèche à pied au bénéfice de la pèche an large, et qui conduira peu à peu à la liberté de la mer; comment, à une police gê- nante et universelle, succédera la seule protection des champs reproduc- teurs de coquillage et des pépinières de repeuplement. » Sans doute il y aura encore de longues et difficiles études à entreprendre dans cette direction ; mais la voie est ouverte, nous sommes à l'oeuvre, et si l'Etat continue à étendre sa main protectrice sur les collaborateurs qu'il a bien voulu me donner, notre temps verra s'accomplir l'entreprise la plus hardie de la science abstraite sur la nature vivante. Il aura soumis aux rè- io4-- ( 808 ) gles d'une exploitation rationnelle un domaine plus fécond que celui de la terre. Il en cueillera les fruits. n Déjà la baie d'Arcachon et les plages naguère stériles de l'île de Ré portent des récoltes à l'abondance desquelles on se refuserait à croire si la mer descendante ne les mettait à nu. Là où, quelques années auparavant, il y avait à peine pour 1000 francs de récolte, le revenu se compte aujourd'hui par plusieurs centaines de mille francs. Ce sont de véritables fabriques de substance alimentaire dont on accroîtra indéfiniment la puissance, si, comme j? le demande depuis longtemps, on favorise partout la création de réservoirs à poissons capables de nourrir le superflu de la semence. « L'efficacité de ces réservoirs, au point de vue des bénéfices que pourra donner une pareille industrie, est un fait mis en évidence par le rendement des cinq établissements qui, par privilège séculaire, fonctionnent de temps immémorial sur le littoral de la baie d'Arcachon, et surtout par le produit de la ferme aquatique où, avec 2000 francs de frais d'exploitation, un ha- bile ingénieur, M. Boissière, ancien élève de l'École Polytechnique, crée tous les ans pour plus de 20000 francs de récolle. » Il ne saurait donc y avoir de controverse sur ce point. Les viviers orga- nisés dans l'intérieur des terres deviendront de véritables greniers d'abon- dance d'où il ne sortira jamais qu'une denrée salubre puisqu'on l'y puisera vivante, tandis que, en l'état actuel des choses, elle arrive toujours altérée et souvent en voie de putréfaction sur la table du consommateur. » Une seule objection, sérieuse en apparence, chimérique au fond, a été produite : c'est que si l'on étend indéfiniment les concessions de prises d'eau, ces réservoirs, multipliés outre mesure, formeront des appareils absorbants de semence capables d'épuiser la fécondité des mers, et de porter une grave atteinte à la fortune de nos populations riveraines. A cette objection, voici ma réponse : » La progéniture des espèces comestibles est tellement abondante, que si tous les individus qui en constituent les innombrables phalanges parvenaient à l'âge adulte, les eaux natales ne suffiraient pas à les nourrir. Mais leur insuffisante agilité ne leur permettant pas de se dérober à la poursuite de leurs ennemis, la destruction en est immense. Dès qu'on ouvrira le bercail, le flot les portera dans ces enclos conservateurs comme une manne ignorée dont le génie de l'homme fera une inépuisable moisson. » Si les établissements de ce genre devaient appauvrir la mer, il y a long- temps que l'Adriatique serait dépeuplée, car, depuis plus de dix siècles, une lagune de vingt-cinq lieues de circonférence, la lagune de Comncchio, en (8o9 ) absorbe chaque année la semence avec la progressive activité d'un appareil sans cesse perfectionné. Cependant la source où cette admirable et gigan- tesque fabrique puise l'alevin qu'elle transforme en denrée alimentaire, fournit toujours à ses ateliers les récoltes nécessaires pour expédier des con- serves dans toutes les parties de l'Europe, et, au moyen de viviers flottants, des poissons vivants dans les diverses parties de l'Italie. » En présence d'un pareil témoignage, je n'hésite pas à conseiller de faire concession de prises d'eau à tous les riverains de nos deux mers, en soumet- tant leurs écluses à la réglementation consacrée et en leur imposant l'obli- gation de n'admettre au service de leur industrie cpie des marins inscrits. » A mesure que, sous le flambeau de la science, tomberont les obstacles inutiles, le capital apportera à l'industrie des pèches tous les instruments de progrès et la fera participer à la vie du siècle. L'inscription maritime, ra- nimée à ce contact, sortira de ses langes et de l'immobilité qui la voue aux conditions de son enfance. » Les considérations que je viens de présenter relativement à la législation des pèches maritimes s'appliquent surtout à l'Océan. Je fais des réserves pour la Méditerranée, qui se trouve dans d'autres conditions. » MÉCANIQUE CÉLESTE. — Nouvelle théorie du mouvement de la Lune. — Com- paraison des expressions trouvées pour les coordonnées de cet astre avec celles qiri ont été obtenues antérieurement ; par M. Delaunay. « Dès que j'eus terminé le calcul des inégalités lunaires dues à l'action perturbatrice du Soleil, en poussant l'approximation jusqu'au degré que je m'étais proposé d'atteindre, la première pensée qui se présenta naturelle- ment à mon esprit, ce fut de comparer les valeurs auxquelles je venais d'arriver pour ces inégalités à celles qui avaient déjà été obtenues avant moi. Mais je ne voulus pas me presser de faire cette comparaison, et surtout d'en publier les résultats. La rédaction des diverses parties de mon travail, la coordination des formules pour l'impression, la correction des épreuves, devaient me fournir de nombreux moyens de vérification dont je voulais profiter encore. Je pris donc la résolution de ne publier aucune consé- quence de mes longs calculs avant que tous les détails en fussent complè- tement imprimés. Ils devaient remplir deux volumes des Mémoires de l'Aca- démie; le premier de ces deux volumes a été terminé à la fin de l'année 1860 : mais le second volume, qui serait presque achevé maintenant si l'impression n'avait pas été interrompue, n'est pas même commencé, et je ne prévois pas encore l'époque où il sera possible d'en entreprendre l'im- ( 8io ) pression. Dans ces circonstances, après avoir préparé avec un très-grand soin le manuscrit destiné à former la plus grande partie de ce second vo- lume, je me décide à ne pas attendre davantage, et à faire connaître à l'Académie les résultats auxquels j'ai été conduit par la longue série de cal- culs dont je lui ai annoncé la terminaison au mois de mai 1 858. » J'ai voulu, comme on sait, trouver les expressions des trois coordon- nées de la Lune sous leur forme analytique, voie dans laquelle notre illustre Associé M. Plana était entré le premier. Quand on opère ainsi, les quantités qui multiplient les sinus ou cosinus d'angles variant progressive- ment avec le temps, dans les expressions des inégalités périodiques, s'ob- tiennent sous forme de séries dont on calcule un nombre de termes plus ou moins grand, suivant les cas, de manière à atteindre une approxima- tion suffisante pour la valeur de cbacune de ces séries. Chacun des termes dont il s'agit peut être calculé rigoureusement; le coefficient numérique qui entre dans sa composition est une fraction ordinaire que l'on déter- mine d'une manière absolue; et le degré d'approximation avec lequel les inégalités sont obtenues dépend uniquement du nombre de ces termes dont on connaît les valeurs exactes. Ces termes se classent d'ailleurs, les uns par rapport aux autres, en divers ordres de grandeurs, en raison du nombre plus ou moins grand des facteurs littéraux qui y entrent et qui repré- sentent de petites quantités. A cet effet on regarde le rapport du moyen mouvement du Soleil au moyen mouvement de la Lune, les excentricités des orbites de ces deux astres, et l'inclinaison de l'orbite de la Lune sur lécliptique, comme des quantités du premier ordre de petitesse; le rapport des distances moyennes de la Lune et du Soleil à la Terre est traité comme une quantité du second ordre. » M. Plana, dans son grand travad sur la Théorie delà Lune, s'est proposé de calculer tous les termes dont l'ordre de petitesse ne dépasse pas le cin- quième; et il n'a déterminé quelques termes des ordres supérieurs que dans les cas où le développement des séries qui servent de coefficients aux iné- galités ne lui a pas semblé assez convergent pour qu'il pût s'en tenir aux termes du cinquième ordre. C'est ainsi que, dans son expression de la lon- gitude de la Lune, on trouve des termes du sixième et du septième ordre, et même quelques-uns du huitième; on trouve également, dans son expres- sion de la latitude, un certain nombre de termes du sixième ordre, et deux termes seulement du septième ordre. Quant à la valeur inverse du rayon vecteur, elle est renfermée exclusivement dans les termes dont l'ordre ne dépasse pas le cinquième. ( 8" ) » Depuis la publication du grand ouvrage de M. Plana (Théorie du mou- vement de la Lune, 3 forts vol. in-/j°; Turin, i832), ses résultats ont été vé- rifiés en partie par M. Lubbock, dont les calculs sont développés dans une publication spéciale ayant pour titre : On ihe Theoiy ofllie Moon, andonthe perturbations qf tlie planels; by J. W. Lubbock, Esq. F. R. S. London (Part. I, i833; part. II, i836; part. III, 1837; part. IV, i8/4o). Plus tard, en [846, M. de Pontécoulant a donné dans le tome IV de sa Théorie analytique du système du monde, une nouvelle Théorie de la Lune dans laquelle il s'arrête généralement au même degré d'approximation que M. Plana, ajoutant seu- lement quelques termes très-peu nombreux à ceux que le géomètre de Turin avait donnés, et en omettant en même temps quelques autres. » Lorsque j'ai entrepris de reprendre toute la question des inégalités de la Lune, je me suis proposé de prime abord d'aller beaucoup plus loin que M. Plana. Au lieu de m'arrèter comme lui d'une manière générale aux ter- mes du cinquième ordre, en ne calculant qu'exceptionnellement des termes d'un ordre plus élevé, j'ai voulu obtenir tous les termes jusqu'au septièmt ordre inclusivement, sauf à pousser encore plus loin l'approximation dans les cas exceptionnels où cela me paraîtrait nécessaire ; et cela dans les expres- sions des deux coordonnées principales de la Lune, la longitude et la lati- tude. Quant à la valeur inverse du rayon vecteur, qui, multipliée par le rayon de l'équateur de la Terre, doit fournir la parallaxe équatoriale de la Lune, il me suffisait d'aller jusqu'aux termes du cinquième ordre, comme M. Plana ; puisque toutes les inégalités dont cette valeur est affectée doivent avoir pour facteur le rapport du rayon terrestre à la distance moyenne de la Lune à la Terre, rapport qui est à peu près égal à g-« La détermination des inégalités lunaires jusqu'aux termes du septième ordre inclusivement, dans les expressions de la longitude et de la latitude, et jusqu'aux termes du cinquième ordre dans la valeur inverse du rayon vecteur (*), constituait donc la partie capitale de mon travail, qui, une fois effectuée, ne devait plus avoir besoin que d'être complétée, soit par la recherche de quelques termes d'un ordre supérieur à celui des termes conservés, soit par la déter- (*) L'excentricité e' de l'orbite du Soleil est très -notablement plus petite que les autres quantités regardées comme du premier ordre. Aussi, dans le rejet des termes d'un ordre supérieur à celui auquel on voulait s'arrêter, on a regardé e'3, e1', c's, comme des quantités des quatrième, cinquième, sixième ordres; e* comme une quantité du huitième ordre, e'c (Théorie du Mouvement de la Lune, t. Ier, p. 33.) ( 8.2 ) initiation des effets dus à certaines causes accessoires que j'avais mises pro- visoirement de côté, pour concentrer tous mes efforts sur la partie de la question qui renfermait à elle seule à peu près toutes les difficultés. Ce sont les résultats de cette partie capitale dont je me propose d'entretenir l'Aca- démie, en les comparant à ceux qui ont été obtenus avant moi par MM. Plana, Lubbock et de Pontécoulant. » On peut attribuer à chaque inégalité l'ordre de grandeur de celui des termes de son coefficient dont l'ordre est le moins élevé, ce qui permet de classer les différentes inégalités. Eu ne prenant dans l'expression de chacune des trois coordonnées de la Lune que les quantités qui se sont ajoutées aux valeurs elliptiques de ces coordonnées, j'ai trouvé que la longitude ren- ferme 3 inégalités du 2e ordre (évection, variation, équation annuelle), i3 a du 3e ordre, 35 » du 4e ordre, 77 » du 5e ordre, .4« i> du 6e ordre, i83 » du 7e ordre. » Le nombre des inégalités des ie, 3e, 4e et 5e ordres s'élève donc à 128 : ce sont celles que M. Plana a déterminées. J'y ai ajouté les inégalités du 6e et du 7e ordre dont le nombre s'élève à 324 : cehi fait un total de 452 iné- galités que j'ai obtenues. » De même, pour la latitude de la Lune, j'ai trouvé qu'il y a 1 inégalité du 2e ordre, 9 D du 3e ordre, 3i II du 4e ordre. 67 U du 5e ordre, i3o V du 6e ordre, 181 » du 7e ordre. Le nombre des inégalités, jusqu'au 5e ordre seulement, s'élève donc a 108 ; tandis qu'en allant jusqu'au 7e ordre, comme je l'ai fait, on en trouve 4 H) : le nombre en est presque quadruplé. » Enfin la valeur inverse du rayon vecteur renferme 2 inégalités du 2e ordre, 12 v du 3e ordre, 25 " du 4e ordre, 58 » du 5e ordre. En tout 97 inégalités, que j'ai déterminées comme M. Plana. ( 8i3 ) ' » Si maintenant, au lieu des inégalités elles-mêmes, on considère les divers termes dont se composent leurs coefficients, et qui, comme je l'ai dit plus haut, sont susceptibles d'être obtenus avec une entière rigueur, voici ce que l'on trouve. Le nombre total de ces termes, dans l'expression de la longitude de la Lune, depuis le 2e ordre jusqu'au 7e inclusivement, est de 1709; M. Plana en a calculé l\5o : j'en ai donc obtenu 1259 nouveaux. Dans l'expression de la latitude, il entre 1^07 termes du 2e au 7e ordre in- clusivement; M. Plana en a calculé 320 : j'en ai donc ajouté 1087. Enfin dans l'expression de la valeur inverse du rayon vecteur, en comptant quel- ques termes qui s'introduisent dans la partie constante de cette expression, on trouve que, du 2e au 5e ordre inclusivement, il y a 209 termes que M. Plana a tous donnés, excepté un. » Dans la préface du premier volume de ma Théorie du Mouvement de la Lune, je disais : « Ceux qui ont quelque peu l'habitude des calculs de ce » genre comprendront combien j'ai agrandi la tâche en ajoutant deux » ordres de plus à ceux que M. Plana a considérés. » Les nombres que je viens de citer suffisent pour en donner une idée très-nette, surtout si l'on remarque que le calcul des termes du 6e et du 7e ordre que j'ai ajoutés présente généralement une complication beaucoup plus grande que celui des termes d'ordres inférieurs. » Pour le moment je ne m'occuperai pas des i25g nouveaux termes que j'ai introduits dans la longitude, ni des 1087 nouveaux termes de la lati- tude ; je me bornerai à considérer ceux des termes que j'ai obtenus qui cor- respondent aux termes de M. Plana, et de faire connaître les corrections assez nombreuses que ces derniers doivent subir d'après mes calculs. Parmi ces corrections, quelques-unes avaient déjà été indiquées par M. Lubbock, et d'autres, en nombre beaucoup plus grand, par M. de Pontécoulant ; j'aurai soin de dire, pour chacune d'elles, à qui on en doit la première con- naissance. » Pour pouvoir comparer mes termes à ceux de MM. Plana, Lubbock et de Pontécoulant, il est nécessaire de ramener les lettres qui entrent dans toutes nos formules à avoir la même signification. La lettre e, par exemple, qui primitivement représentait l'excentricité dans les formules du mouve- ment elliptique, se trouve avoir en définitive quatre significations différentes dans les formules auxquelles nous avons été conduits les uns et les autres, en tenant compte de l'action perturbatrice du Soleil; et cela à cause de la diversité des méthodes de calcul que nous avons employées. Il en est de C. R., 1862, ." Semcsur. (T. LIV, N° ^.) 10^ ( 8,4 ) même de quelques autres lettres. Pour donner à ces lettres une signification absolue, indépendante de la méthode de calcul employée, j'ai transformé mes formules finales de manière à ramener : ■> i° Le premier terme de l'équation du centre, dans l'expression île la longitude, à avoir le même coefficient i , 5 » 2 e — -7 e H — ^ e" 4 96 que clans les formules du mouvement elliptique; » 20 La principale inégalité de la latitude à avoir également le même coefficient 27_27e2_.LyB+JLye« que dans les formules du mouvement elliptique ; » 3° Enfin le coefficient du temps dans l'expression de la longitude moyenne à avoir de même pour valeur JE: a\/a » Des transformations analogues doivent être faites dans les formules que je veux comparer aux miennes. Dans celles de M. Plana, par exemple, on devra remplacer e par „ . 5,, / 3 3q, 263 „ &5 1 2 \ e + fe + 1i*e--fe'- \^e--^fe- -^ e3 - i- ee J nr I 75 i383 , 5i345 , 6455 ,„\ , 6c)47 . i6t>6525 , \i20 128 ' 1024 128 / 5i2 2457b y par 27+ ?>-f + j y» -+- j y9 e1 + ^ye* ( S . 737 , 27 ,.\ . 33 , 241 " 82495 /// » Au moment où je viens faire connaître à l'Académie les corrections assez nombreuses que doivent subir les résultats obtenus par M. Plana, j'éprouve le besoin de dire combien je désire que personne ne se méprenne sur mes intentions. Il ne s'agit pas ici d'une vaine critique. La comparaison des résultats des recherches scientifiques auxquelles nous nous livrons avec ceux qui ont été obtenus dans des travaux antérieurs, est une chose indis- ( 8i5 ) pensable. Ce n'est qu'à cette condition que les diverses parties de la science peuvent s'établir successivement sur des bases inébranlables. D'ailleurs l'existence des inexactitudes cpie j'ai à signaler dans les formules finales de M. Plana ne doit rien enlever à la profonde estime que son grand travail a justement inspirée au monde savant. Quand on se lance dans une voie non* velle comme il l'a fait en adoptant la forme algébrique pour les coefficients des inégalités qu'il voulait obtenir, quand ensuite on a le courage de mar- cher dans cette voie pendant de longues années, en poussant les choses jusqu'aux limites que la force de l'intelligence humaine ne paraît pas ca- pable de franchir (*), il n'est pas étonnant qu'une partie des résultats aux- quels on arrive, surtout vers la fin de ce rude labeur, présente des imper- fections que d'autres viendront plus tard faire disparaître, en marchant d'un pas plus assuré dans la route déjà frayée par les premiers travaux. M. Plana, du reste, l'avait prévu lui-même, quand il disait dans son Dis- cours préliminaire : « J'ose espérer que les erreurs qui me seront échappées » seront excusées, eu égard à l'excessive complication du sujet". Je n'ai pu » me faire aider par personne; j'ai dû traverser seul cette longue chaîne de » calculs, et il n'est pas étonnant si, par inadvertance, j'ai omis quelques .> termes qu'il fallait considérer pour me conformer à la rigueur de mes » propres principes. J'ai fait tous mes efforts pour établir avec la précision » mathématique, au moins les premiers termes des coefficients des inégalités » lunaires. » 11 est impossible de trouver un plus bel exemple de la réserve avec laquelle on ne devrait jamais manquer de présenter les résultats de calculs considérables, ayant exigé un travail long et assidu pour être menés à bonne fin. » Je continuerai cette communication dans de prochaines séances, en fai- sant cou naître successivement les corrections que doivent subir, d'après mes calculs, les expressions de la longitude de la Lune, de sa latitude, et de la valeur inverse de son rayon vecteur. » (*) M. Plana, dans une Lettre qu'il a adressée à M. Biot il y a quelques années, et dont il m'a envoyé lui-même un extrait, disait : « Il est vrai que la loi des coefficients demeure » inconnue pour les continuer au delà de l'ordre auquel je me suis arrêté. Mais je dois >■ vous avouer queye ne conçois pas l'existence d'une intelligence humaine capable defran- » cliir cet obstacle, en conservant à la solution du problème le caractère d'être littérale et » non numérique. » Cela suppose, bien entendu, que l'on ne suive pas d'autre méthode que celle que M. Plana a suivie. Aussi est-ce en ayant recours à une méthode toute diffé- rente, ayant principalement pour objet de fractionner le travail, que j'ai pu pousser le calcul des inégalités lunaires au delà du terme où M. Plana s'était arrête. io5.. ( 816 ) géologie. — Buttes de Saint-Michel-en-Lherm. « M. de Qiatrefages, qui vient de visiter et d'étudier les battes de Saint-Michel-en-Lherm, donne de vive voix des détails sur ces buttes. Il a constaté l'exactitude de ses prédécesseurs pour tout ce qui est relatif à la composition de ces buttes, mais il en rattache l'origine à l'industrie de l'homme. Il a trouvé dans l'intérieur de la butte la plus méridionale, dans une carrière ouverte à ciel ouvert, à 17 mètres du talus, et vers le milieu de l'épaisseur de la butte, une boucle annulaire en argent. Il a recueilli sur place d'autres témoignages d'où il résulte qu'on a trouvé au même en- droit et sur d'autres points un clou à grosse tète, mais surtout des monnaies déjà connues des antiquaires et appartenant au règne de Pépin le Bref. Se fondant sur les considérations tirées de ces faits et de la configuration des buttes et de la structure intérieure, M. de Quatrefages pense qu'elles sont artificielles, mais qu'elles n'ont aucune analogie avec les kjœskkenmœdings du Danemarck, comme il l'avait présumé d'abord. Il pense toutefois qu'on doit rechercher avec soin, sur les anciens rivages du golfe du Poitou, ces résidus de cuisine qui ont fourni aux naturalistes danois des résultats si impor- tants pour l'histoire anthropologique et géologique du nord de l'Europe. » MÉTÉOROLOGIE. — Détails sur les caractères de l'année 1861 ; par M. J. Fourxet. « De très-fortes chaleurs régnèrent sur une partie de l'Europe durant l'été de 1861. Le thermomètre de l'Observatoire de Lyon indiqua 36° les 12 et i3 août, et la température se soutenant assez longtemps à proximité de ce point, on conçoit que des pluies passagères devaient passer inaperçues au milieu de ces ardeurs caniculaires, qui d'ailleurs s'étendirent en Provence, en Italie, en Algérie, et spécialement en Espagne. Ici elles aggravèrent les effets d'une intempérie du même genre qui régnait depuis deux ans sur les campagnes de Murcie et d'Alicante. Celles-ci furent complètement stérili- sées. Enfin, vers le nord, Paris eut à s'en plaindre et je retrouvai cet état météorologique jusque dans la Bavière rhénane vers Neustadt. » En portant actuellement nos vues sur les contrées lointaines, nous découvrons d'abord, dans le nord-ouest de l'Inde, une sécheresse absolue qui avait commencé en 1860. Elle occasionna une des plus affreuses famines dont on ait gardé le souvenir; toutes les récoltes de l'automne avaient été ( 8«7 ) détruites sur un espace de 800 milles anglais en longueur, qui s'étend de l'Himalaya à Travancor, et sur une largeur de 3oo milles. Les 100 millions d'hommes qui occupent cette surface eurent à subir le fléau. On craignit, en outre, que les récoltes du printemps ne fussent compromises, malgré quelques pluies qui se manifestèrent à la fin de l'hiver de i86o-i86r. En effet, le mal se soutenait encore en mai. Alors seulement les chutes d'eau pluviales firent cesser le désastre dont l'influence s'était fait sentir des Indes à Téhéran. Durant le même hiver, le sud de l'Algérie se ressentit également de ce manque d'eau, qui fit disparaître toute végétation au point que les ga- zelles, mourant de faim, arrivèrent en troupes considérables jusqu'à Gelfa et Boghar, où elles firent de grands ravages; mais aussi, par compensation, les Antilles, et particulièrement la Martinique, étaient assujetties à des pluies constantes, depuis le mois de février jusqu'à la fin d'avril. Là le ca- rême, d'habitude si chaud et si sec, se fit remarquer par un interminable déluge, et au milieu de septembre on se plaignait encore de la saison à la fois exceptionnelle et malheureuse pour ces îles. » J'ai dit que les pluies de juin mirent un terme à la famine de l'Inde; mais ensuite intervinrent les grands débordements. Les inondations de l'été dépassèrent, clans le pays, celles de i838, de sinistre mémoire. Le Gange était devenu une mer et les villages disparaissaient sous ses eaux. De plus, en juin, le Yang-Tszé, en Chine, submergeait les terres basses des environs de Hankovv. Pareillement, vers le 14 août, les inondations se faisaient sen- tir à Batavia. » Du côté de l'Afrique, la saison ne fut pas plus propice. Si elle a été belle dans le golfe de Bénin, près de la zone équatoriale, il n'en fut pas de même, plus loin au nord, à Sierra Leone et dans la Gambie, où des pluies continues et torrentielles se sont soutenues pendant cette saison d'hiver- nage jusque vers le 18 octobre qui en vit la fin. Les crues furent surtout tri's-grandes jusque clans le haut Sénégal. Tous les comptoirs eurent à souf- frir des inondations; à Podor et à Dagona, des maisons ont été emportées par la violence du courant. Le Nil dut se ressentir de ces effets. Déjà le i4 septembre sa crue donnait des inquiétudes; l'eau franchissait les digues de la haute Egypte. Le 8 octobre, le fleuve faisait des ravages en dehors de son époque de crue normale, et les désastres furent considérables dans toute la vallée. » En définitive, pendant nos sécheresses, l'eau surabondait dans les ré- gions voisines de l'équateur; mais alors intervenait un autre phénomène très-remarquable, celui d'une immense débâcle de glaces du pôle austral ( 8i8 ) Elle n'a en d'analogue, dans notre hémisphère, que celle de 1816, qui dé- «açea la côte du Groenland fermée à toute communication avec l'Europe depuis quatre siècles. Les convois du sud s'étendirent dans les parages de la Nouvelle-Hollande et de la Nouvelle-Zélande, entre les parallèles 54° ai' et 46 S. et les longitudes O. i65° 5i' et 1060 i'\ , sur un espace de plus de 800 lieues. Ils formaient un archipel de 1 74 banquises flottantes, et d'au- tres encore se trouvaient probablement au delà de l'horizon de la frégate l'Iphigénie, qui perdit dix journées, soit en se portant à 25o lieues vers l'est pour les éviter, soit à cause de la nécessité de suspendre sa marche de nuit par suite des épaisses brumes que condensaient ces glaçons. Ils furent ren- contrés successivement : !Latit. S. 33° 36' 1 Les blocs étaient énormes; l'un d'eux mesurait 86 mètres Longit. O. i65°5'2'1 au-dessus de la mer. A glaçon de 56 mètres. 5 Arrivent 4 ,">ldres- 6 20 blocs. n 10 blocs S 7 blocs. ,, Latit. S. 48° a4'.. 2 glaces de première grandeur. T3 38 glaces. L'horizon était couvert. i4 1 85 glaces. i5 Latit. S. 46" 16 glaces. 16 24 glaces. 1 - i3 glaces. 18 q glaces. Ces dernières étaient déchiquetées de manière à annoncer leur destruction; d'ailleurs, ensuite on n'en vit plus. » Or, l'année 1 8 16 ayant été spécialement désastreuse pour l'Europe, à cause des interminables pluies qui détruisirent toutes les récoltes, il est per- mis de croire qu'à cette époque les glaces du Groenland furent la princi- pale cause de la mauvaise saison, parce qu'en allant à la dérive sur I' atlantique, elles en refroidissaient l'atmosphère et condensaient les vapeurs que les vents occidentaux poussaient sur nos contrées. Et la même supposition étant admissible à l'égard du phénomène antarctique, on s'ex- plique tout naturellement les pluies prolongées des régions voisines de l'équateur dont je viens de faire mention. » Cependant l'intempérie ne devait pas s'arrêter dans ces contrées. Le bassin de la Saône en donne la preuve, car le mois de septembre y fut ( 8i9 ) pluvieux comparativement aux mois antérieurs. Ainsi : Juillet compte i3 jours de pluie. Août » i o » Septembre » 21 >> Octobre » i3 » » Sans doute, celles de septembre qui se trouvent comprises entre le 3 et le 27 du mois furent sporadiques, faibles et intermittentes, puisqu'elles ne dérangèrent pas notablement le régime des basses eaux de notre rivière ; mais il n'en est pas moins vrai qu'elles donnèrent une assez forte somme d'eau. Toutefois leur effet fut plus intense vers le nord, où je me trouvais alors. Le 1/1 septembre, les pluies commencèrent à Coblentz, et j'eus à en ressentir les chutes quotidiennes de jour ou de nuit, souvent accompagnées de tempêtes. En outre, pendant tout le teste de mon voyage que je prolon- geai dans la Saxe, des températures assez froides régnèrent jusqu'au 4 oc- tobre, date à laquelle le beau temps se rétablit, au moment même où je quittais les montagnes du pays pour rentrer en France. Rarement j'ai eu à subir une aussi ennuyeuse intempérie pendant mes excursions des vacances d'automne, et j'ajoute qu'à mon retour à Neustadt on continuait à se plaindre des sécheresses, tandis qu'au nord il avait plu fréquemment du côté de Mayence. » Au surplus, si le mois d'octobre fut sec dans la majeure partie de la France, il n'en pas été tout à fait de même au sud; car, autour du 11, journée de grande pluie à Bourg, d'intenses crues sévirent dans la Lozère, eu même temps que l'Espagne éprouvait des inondations calamiteuses. Enfin les pluies des équinoxes provoquèrent, le 5 octobre, de terribles débordements du côté de la chaîne des Alleganys dans l'Amérique septen- trionale. » En résumé, l'année 1861 fut vraiment exceptionnelle et elle doit désor- mais être rangée parmi les plus remarquables de celles qui sont consignées dans les annales de la météorologie. Elle a surtout l'avantage d'offrir quel- ques repères fondamentaux dont on regrette l'absence dans les observa- tions relatives aux autres époques, à l'exception de 1816. Et c'est cette circonstance qui m'a déterminé à faire connaître ces premiers aperçus, dans l'espoir de voir arriver de nouvelles données, de nature à combler les lacunes provenant de l'état incomplet de nos ressources du moment. » Provisoirement, j'ajoute que j'ai fait une ample récolte de notes au sujet du passage des banquises sur l'Atlantique, afin de mettre à même ( 820 ) d'apprécier leur relation avec les intempéries qui, intervenant de la façon la pins inattendue, dérangent souvent les pronostications niétéorologicpjes. Au surplus, en cela il sera nécessaire de distinguer les débâcles pério- diques du printemps et de l'été d'avec celles qui peuvent être occasionnées par de grandes causes telluriques. Je suppose, entre autres, que les trem- blements de terre ont dû intervenir dans les phénomènes de 1816 et 1861. En effet, les volcans ne manquent pas du côté du pôle arctique, en Islande, au Groenland et autres îles voisines, et il en est de même au pôle antarc- tique, où l'on peut noter en particulier celui de la Terre Victoria, qui, au milieu des immenses glaces de cette partie, a été observé par sir James Ross, dont les mesures lui assignent une altitude d'environ 38oo mètres. A ce point de vue, les résultats des actives recherches de M. Alexis Perrey se combi- neront un jour avec les vicissitudes atmosphériques pour perfectionner la partie qui occupe plus particulièrement la Commission hydrométrique de Lyon. » paléontologie. — Sur les ossements Sun très-grand Lophiodon, trouvés à Braronnac , près Lautrec ; par M. Paul Gervais. « Les Mammifères dont il est question dans les ouvrages de zoologie sous Je nom de Lophiodons, sont loin d'être aussi bien connus que les Paléothé- riums dans les détails de leur ostéologie, et cependant ils ne sont ni moins curieux par leurs caractères anatomiques, ni moins utiles à la géologie par les débris qu'ils ont laissés dans le sol. Ces animaux, dont l'apparition dans nos contrées est antérieure à celle des Paléothériums et a été contemporaine des dépôts dits éocènes, ont constitué différentes espèces parmi lesquelles plusieurs acquéraient une taille considérable. » Les Lophiodons les plus remarquables sous ce rapport appartiennent au genre des Lophiodons proprement dits ( 1 ) et l'on peut citer comme tels le Lophiodon lautricense de M. Noulet; celui de Sézanne, auquel j'ai attribué le nom de Lophiodon giganteum; celui de Provins, très-peu différent du pré- cédent, et un autre, presque aussi grand, dont j'ai vu récemment quelques débris recueillis autrefois dans les calcaires lacustres des Matelles (Hérault) par M. J. tle Christol (2). Ils surpassaient les uns et les autres en dimen- (1) Genre Tapirotherinm, de Blainv., olim.; Lophiodon des auteurs actuels. 2 La première indication en a été publiée par M. Taupenot. ( »*i ) sions les Lophiodon isselense et parisiens?, qui pourtant étaient eux-mêmes plus grands que les Tapirs actuels. » Le tableau suivant, dans lequel j'ai inscrit comparativement les lon- gueurs de la sixième molaire inférieure et, dans plusieurs cas, celles de la cinquième dent de la même mâchoire, prises dans différents animaux de ce genre, peut donner une idée de leurs dimensions respectives. 5e mol inf. 6e mol. inf. Lophioilon lautricensc, de Braconnac. . . » 0,080 ( de Provins 0,046 0,062 Lopltiodon sisanteum { , _ . r r ° ° (de Sezanne » o.obo Lophiodon, des Matelles o , 040 o , o5a ( d'Issel o,o34 o,o45 Lophiodon isselense {.„,,.. // r I de Clialabre » °>o44 Lophiodon parisiense, de Nanterre o,o33 0,042 , , , (d'Issel 0,028 o,o34 Lophiodon tapirotlierium l , _ , n ~r | de Cesseras. . . 0,028 o,o35 Lophiodon occitanicum, de Conques . . . 0,022 o,o3o Tapiras americanus, du Brésil 0,022 0,025 (1). » J'attribue au Lophiodon laulricense, dont M. Noulet a fait connaître la mâchoire inférieure, des ossements indiquant un Jumenté ou Pachyderme à doigts impairs dont la taille devait égaler celle des plus grands Rhinocéros. Ces ossements, qui viennent d'être acquis par le Musée de Marseille, dif- fèrent de ceux de ces animaux, auxquels leur dimension pointait les faire rapporter, par des caractères certains, et l'analogie que plusieurs d'entre eux ont avec ceux du Lophiodon isselense, que j'ai moi-même recueillis, ne me laisse pas de doute sur la classification de l'espèce à laquelle ils ont appar- tenu. Leur description détaillée sera publiée ultérieurement et je l'accom- pagnerai de figures qui contribueront à la connaissance exacte de l'ostéo- logie du genre Lophiodon. » Les principaux de ces ossements sont : » i°Une portion de l'atlas, assez différente de l'atlas des autres Pachy- dermes par l'étendue plus considérable de l'intervalle qui sépare'les cavités servant à l'articulation de cet os avec les condyles occipitaux d'avec les masses latérales de la vertèbre elle-même. (1) On sait que la sixième molaire inférieure des Tapirs manque du talon prononcé qui existe à la même dent chez les Lophiodons. C. R., 1862, i« Semestre. (T. LIV, N° 18.) I 06 ( 822 ) » 2° La partie glénoïde d'une omoplate. Sa surface articulaire est ovale et rappelle à quelques égards celle de l'Eléphant. Les Rhinocéros, les Tapirs, etc., l'ont au contraire de forme à peu près circulaire. » 3° Les deux humérus entiers. (les os, comme tous ceux du même ani- mal que j'ai observés, indiquent un sujet de grande dimension. Ils sont longs de om,5o, tandis que chez les Tapirs leur longueur ne dépasse guère om,25. Leur forme générale rentre dans la condition ordinaire aux Jumentés, et, sauf la grandeur, tous les caractères principaux en sont reproduits dans l'humérus du Lophiodon isselense. » 4° J-a partie supérieure d'un radius, dont la cupule est ovalaire an lieu d'être subcirculaire, comme dans les Tapirs, genre auquel on avait rapporté les premières espèces connues de Lophiodons. » 5° La moitié correspondante du cubitus. Cet os restait séparé du ra- dius à tous les âges; son olécrane est proportionnellement plus rejetée en arrière que dans les tapirs et elle est en même temps plus forte et plus épaisse que chez les Rhinocéros. » Deux portions de métacarpiens médians, ayant aussi une forme spé- ciale et qui correspondent par leur grandeur aux pièces indiquées ci-dessus. » Ces ossements ont été trouvés, il y a déjà plusieurs années, dans le conglomérat de Braconnac, près Lautrec (Tarn), gisement qui a aussi fourni la mâchoire inférieure sur Fexamen de laquelle M. Noulet fonde la distinc- tion du Lophiodon lautricense. Le terrain dans lequel ils étaient enfouis pré- sente tous les caractères piincipaux de celui d'Issel (Aude) qui est riche en débris de Lophiodons et de Propaléothériums, et il appartient sans doute au même horizon géologique. Le Lophiodon lautricense serait alors la plus grande des espèces de Mammifères actuellement connues dans la faune éo- cène de l'Europe. » médecine vétérinaire. —Note sur la rage; par M. Uexailt. « Le peu de mots que j'ai à dire et les faits que je veux communiquer a l'Académie ont trait à la rage du chien. Ces faits me paraissent présenter un certain intérêt en ce que, en même temps qu'ils peuvent jeter quelque lumière sur l'étiologie de cette affreuse maladie, encore si peu connue malgré tous les travaux dont elle a été l'objet, ils sont de nature à éclairer l' Administration sanitaire dans les mesures qu'elle a à prendre pour empêcher ou borner sa propagation. » L'Académie sait que, en [855, il a été édicté un impôt sur la race ( 3.3) canine. Elle sait également que c'est moins pour une raison de fiscalité que cet impôt a été établi, que par des considérations d'hygiène publique. On espérait, en rendant ainsi onéreuse à leurs possesseurs la conservation d'une foule de chiens parfaitement inutiles, diminuer le nombre de ces animaux, et, partant, diminuer proportionnellement le nombre des cas de rage. On se croyait d'autant mieux fondé à l'espérer, que l'impôt devant être plus lourd pour les gens peu aisés, ceux précisément qui ont l'habitude de laisser leurs chiens errer toute la journée au dehors leurs habitations, il y avait probabi- lité cpie ce seraient ceux-là surtout qui renonceraient à en conserver. Car on croyait alors, et cette croyance est encore aujourd'hui celle du plus grand nombre, que les chiens errants, mal nourris, mal soignés, exposés aux intempéries, sont plus que les autres exposés à contracter la rage spontanée. » Or cette mesure n'a pas eu les résultats qu'on en attendait : soit que l'impôt n'ait pas été sévèrement appliqué, soit pour toute autre cause, le nombre des chiens n'a que très-peu diminué ; par exemple, il est démontré par les statistiques administratives qu'à Paris, où on en comptait en moyenne un peu plus de 60000, cette diminution n'a été que d'environ 6000. Quant au nombre des chiens errants, il est vrai que, depuis cette époque, il a peut- être été moins grand qu'il ne l'était antérieurement; mais il faut reconnaître que c'est moins à l'impôt qu'on doit ce résultat, qu'à la surveillance un peu plus rigoureuse que, depuis lors, la police a exercée de temps à autre sur cette espèce de vagabonds. » Quoi qu'il en soit, loin que le nombre des cas de rage ait diminué avec le chiffre de la population canine, et depuis que l'on oblige davantage à renfermer et attacher les chiens, il semblerait plutôt qu'il a augmenté. Telle est du moins, à défaut d'une statistique rigoureuse qui nous manque, l'opinion de tous les hommes en position d'observer cette maladie; telle est celle des Ecoles Vétérinaires; telle est celle aussi des administrateurs plus spécialement chargés de s'occuper de l'hygiène publique. Un document officiel que j'ai entre les mains constate que jamais, depuis vingt ans, le nombre des décès pour cause de rage sur l'homme n'a été si considérable que pendant ces trois dernières années. » On conçoit ce que doivent être, en présence de pareils résultais, l'anxiété du public et les embarras de l'Administration. Quand un mal aussi effrayant se présente toujours menaçant, dont la nature est restée jusqu'à présent un mystère, contre lequel tous les remèdes sont jusqu'à cette heure restés impuissants; quand, ignorant les causes qui le produisent onginai- 106.. ( M ) renient, on ne sait comment soustraite les animaux aux conditions, au mi- lieu et sous l'action desquelles il s'engendre, il faut du moins rechercher e( mettre en usage les moyens les plus propres à s'opposer à sa propagation, puisque, malheureusement, cerna! peut être transmis, par l'inoculation, des chiens qui en sont affectés aux autres animaux et à l'homme lui-même. Or parmi ces moyens, il en est deux qui semblent efficaces pour arriver a ce résultat; ce sont : i° le musèlement permanent de tous les chiens qui ne sont pas enfermés on à l'attache; a° l'occision immédiate de tous ceux de ces animaux chez lesquels se manifesteraient les moindres symptômes de nature à laisser craindre la naissance de la rage, et, surtout, de tous ceu\ qui auraient été mordus ou seraient soupçonnés avoir été mordus par des chiens enragés. » Si l'Académie veut bien me le permettre, j'examinerai dans une autre séance, avec les données de l'observation et de l'expérimentation, le degré d'efficacité et la légitimité de ce dernier moyen. Aujourd'hui je bornerai ma communication à ce qui regarde le musèlement. » A première vue, quand on considère que ce n'est que par leur morsure que les chiens enragés peuvent transmettre leur maladie à d'autres animaux, et que la muselière les empêche de mordre, on a lieu d'être étonné que l'Administration se montre si peu exigeante et si réservée sur la prescription obligatoire de son emploi ; ce à quoi l'Administration répond deux choses : » D'abord, dit-elle, le musèlement n'est pas une pratique nouvelle ; il a été, il est tous les jours ordonné et mis en usage ; et, nonobstant, la rage n a jamais disparu à la suite de son application. » Ensuite, et ceci est plus grave, elle fait remarquer que, de l'avis de plu- sieurs écrivains des plus considérables, l'observation semblerait avoir dé- montré que les diverses sortes de gène ou de contrainte qu'on impose aux chiens à l'état de domesticité et. parmi eux, la muselière particulièrement, en les contrariant et irritant d'une manière continue, seraient l'une des causes, la principale peut-être, du développement chez eux de la rage spontanée. Les museler, ce serait donc s'exposer précisément à faire naître la maladie dont on veut prévenir la propagation; ce serait courir le risque de généraliser le mal qu'on se proposerait de circonscrire. » Sans méconnaître ce que peuvent avoir de spécieux et de respectable ces hésitations et ces scrupules dans l'état actuel de la science, je ne puis m'empècher de faire remarquer le peu de solidité des raisons sur lesquelles ils s'appuient. » Je dirai d'abord que. pour juger sérieusement du résultat du muscle- ( 8*5) ment en tant que moyen d'empêcher la propagation de la rage, il eût fallu l'employer avec assez d'ensemble, de généralité et de suite pour qu'il ait pu produire des effets appréciables. Or qui ne sait comment, en France, quand on a cru qu'il y avait lieu d'avoir recours à cette mesure, elle a été appliquée? Quand, à l'époque des grandes chaleurs (beaucoup de personnes croient encore que les grandes chaleurs sont une cause de rage), un cas de rage a été suivi d'accidents ayant eu quelque retentissement, vite on se hâte d'or- donner qu'aucun chien ne sorte ou ne soit laissé libre sans être muselé; et cela, en général, seulement dans la ville ou le village où ont été vus le ou les animaux enragés ; et là même, on ne veille pas toujours avec une suf- fisante rigueur à ce que la prescription soit sévèrement observée. Et puis, au fur à et mesure que l'émotion produite par les accidents s'apaise et se calme, quinze, vingt ou trente jours au plus après que les accidents ont in- quiété la population, la vigilance municipale se ralentit, si tant est qu'elle dure aussi longtemps; la prudence des citoyens n'étant plus stimulée par l'inquiétude s'endort, et les chiens reparaissent libres et sans muselière dans les rues, sans que la police locale y mette obstacle. Voilà ce que tous nous pouvonsvoir et constater chaque année. Or, je le demandea quiconque connaît quelque peu la marche et l'inégalité de durée des incubations de la rage, que peut-on conclure de sérieux sur les résultats d'une mesure em- ployée de telle sorte contre une pareille maladie? » Quant aux effets du musèlement en tant que cause productrice de la rage, je sais tout ce qui a été écrit sur cette question, et j'ai lu avec le plus grand soin tous les raisonnements plus ou moins spécieux qui ont été faits pour les démontrer; mais j'avoue n'avoir vu aucune observation rigoureuse, aucun fait bien établi apporté à l'appui de ces inductions plus spéculatives que pratiques. C'est là une opinion, une croyance, une présomption si l'on veut ; mais, jusqu'à présent, ce n'est que cela. » Mais voici des documents que j'ai recueillis dans l'un de mes derniers voyages en Allemagne, et qui me paraissent, à raison de leur importance et de leur authenticité, de nature à jeter quelque jour sur ces questions : » En Prusse, comme on l'a fait plus tard en France, le gouvernement a eu et mis à exécution, dès 1829, l'idée d'établir un impôt sur la race canine, et, comme chez nous, c'a été principalement dans la pensée que par ce moyen on ^diminuerait le nombre des chiens, des chiens errants surtout, et partant celui des cas de rage sur ces animaux. Mais, comme en France, on a constaté que si cet impôt, qui est de 3 thalers (environ 12 francs' par ( 826 ) tête de chien imposé, avait abaissé quelque peu le chiffre de ces animaux, il n'avait pas sensiblement diminué celui des cas de rage, qui s'accrut même tellement dans les années i85a et 1 853, qu'à Berlin, dans les premiers mois de l'année 1 854, la police, effrayée, ordonna le musèlement général et per- manent de tous les chiens qui ne seraient pas enfermés et tenus à l'attache chez leurs maîtres. Depuis lors cette mesure est sévèrement exécutée, ce que j'ai pu constater par moi-même pendant les deux derniers séjours que j'ai faits dans cette ville, dans les rues de laquelle je n'ai pas vu un seul chien, si petit fût-il, qui ne fût porteur d'une muselière. » Or voici ce qui résulte des relevés faits sur les registres officiels de l'École Vétérinaire de Berlin et sur ceux de la police, d'une part pendant la période décennale qui a précédé i854, année où le musèlement général a été prescrit; d'autre part pendant les huit années suivantes où il a été mis en pra- tique. Je dois ces renseignements à l'obligeance de M. le professeur Muller, de l'École Vétérinaire de Berlin, et du savant professeur Gurlt, directeur de cet établissement, dont les travaux en anatomie comparée et en histoire naturelle sont certainement connus de l'Académie. En i845 , il a été constaté à l'École Vétérinaire. . . 32 cas de rage. En 1846 i7 En 1847 3 En 1848 i7 En 1849 3o En 1 85o 1 q En i85i 10 En i85a 68 En i853 82 278 Soit, en moyenne, près de 28 cas par année. Et d est important de faire remarquer qu'il ne s'agit, dans ces dix années, que des cas observés à la clinique de l'École, et qu'il yen a eu certainement beaucoup d'autres qui ont eu lieu en ville et n'ont point été connus ou du moins consignés sur les registres de cet établissement. " Voici maintenant le relevé des cas constatés, depuis et y compris 1 854. non pas seulement dans l'École, mais dans toute la ville; la police, ;i partir de cette année, ayant concentré dans un service spécial tous les documents relatifs à la rage, afin de mieux contrôler les résultais de la ( 827 ) rigoureuse mesure qu'elle avait cru devoir prendre : En i854 4 cas (*), En i855 i En i856 i En 1857 En i858 En 1 85g \ o En 1860 En 1861 » Ces résultats n'ont pas, je pense, besoin de commentaires; et peut- être pourrait-on dès à présent, sans trop de témérité, eu tirer les conclu- sions qu'ils semblent comporter. Je serai moins hardi en me bornant à dire que, s'ils se continuaient les mêmes pendant quelques années encore, il en résulterait évidemment : » i° Que, comme je l'ai écrit depuis longtemps, et comme le pense un certain nombre d'observateurs, la rage spontanée est très-rare; » 20 Que le musèlement général et permanent des chiens est une mesure efficace pour empêcher la propagation de cette maladie; » 3° Que c'est à tort que plusieurs auteurs regardent la contrainte résul- tant de l'application de la muselière sur le chien comme une cause du déve- loppement de la rage chez cet animal. . » C'est pour ces raisons que j'ai cru que la communication de ces docu- ments présenterait quelque intérêt à l'Académie. » RAPPORTS. PHYSIQUE APPLIQUÉE. — B apport sur un appareil de M. Carré ayant pour objet la production du froid artificiel. (Commission composée de MM. Regnault, Balard, Pouillet rapporteur.) « M. Carré a présenté à l'Académie les dessins et la description d'un ap- pareil qu'il a imaginé pour produire du froid et pour résoudre le problème du froid artificiel dans toute sa généralité, soit qu'on se propose de fabri- quer de la glace, soit que l'on se propose de rafraîchir simplement de grands volumes d'air ou de liquide, soit enfin que l'on se propose de faire descen- (*) Le musèlement n'a été prescrit et appliqué que dans les premiers mois de l'année. ( 828 ) ilre jusqu aux basses températures de i5 ou 200 au-dessous de zéro les masses liquides les plus considérables ; car il s'agit ici d'appliquer cette invention pour amener à ces grands degrés de froid les eaux mères d'une vaste exploi- tation salmière du midi de la France. » La Commission s'est réunie plusieurs fois dans les ateliers de MM. Mi- gnon et Rouait, où se trouve un modèle de cet appareil, elle en a examiné la construction et de plus elle l'a fait fonctionner sous ses yeux autant de fois et aussi longtemps qu'elle l'a désiré, afin d'en apprécier le travail. Ce modèle a des dimensions assez grandes pour que l'on puisse se rendre compte de tous les phénomènes physiques et mécaniques qui concourent au résultat et cpii assurent la régularité de sa marche pendant des journées entières. La plupart des opérations ont eu pour objet, non pas le refroidissement des eaux mères, mais la fabrication de la glace, et clans son allure habituelle l'appareil en donnait 25 kilogrammes à l'heure et 25o kilogrammes par jour. Sa puissance réfrigérante était donc de 25oo calories à l'heure, puisque l'eau prise à la température ordinaire doit perdre à peu près 100 calories par kilogramme pour se transformer en cylindres de glace dont l'intérieur même arrivait à plusieurs degrés au-dessous de zéro. » En estimant, comme nous venons de le faire, la puissance de l'appa- reil par le nombre des calories qu'il est capable d'enlever par heure au corps qu'on lui donne à refroidir, il ne faut pas perdre de vue qu'il y a encore un élément dont il faut tenir compte, savoir, l'intensité du froid produit. En effet, un appareil qui prend par heure 25oo calories à un corps en le fai- sant descendre par exemple de io° à o°, n'est aucunement comparable à un autre appareil qui lui enlèverait de même 25oo calories par heure, mais pour le faire descendre de — 200 à — 3o°. Il faut donc essentiellement, pour exprimer d'une manière complète la puissance réfrigérante d'un appareil donné, mentionner à la fois le nombre des caloriss qu'il enlève par heure et les deux températures limites entre lesquelles le refroidissement s'est ac- compli. » Les principes généraux sur lesquels repose la construction de l'appareil de M. Carré sont très-simples; ils ont été mis en œuvre dans les divers cryo- /ilioics ou frigéfateurs imaginés jusqu'à ce jour. Il importe de les rappeler ici. » Un liquide plus ou moins volatil est contenu dans un vase herméti- quement fermé, analogue à une chaudière à vapeur, mais avec celte diffé- rence qu'au lieu de recevoir le feu d'un foyer il donne du froid autour de lui; ce vase, que nous appellerons le réfrigérant, communique parmi large tube à robinet avec un espace vide que nous supposerons d'abord (849) très-grand. Au moment où l'on ouvre le robinet, les vapeurs du liquide par leur force expansive se précipitent dans le vide, d'autres vapeurs s forment à l'instant qui s'y précipitent à leur tour, et l'opération se con- tinue de la sorte tant qu'il reste du liquide à vaporiser. Ces vapeurs ne peu- vent se former qu'en prenant aux parois du réfrigérant toute la chaleur latente qui est nécessaire à leur existence et à leur élasticité; ainsi le réfri- gérant se refroidit de plus en plus, et, pour se remettre en équilibre de tem- pérature, il enlève aux corps extérieurs qui le touchent ou qui l'entourent toute la quantité de chaleur qu'il a dû fournir à Pévaporation. S'il se forme, par exemple, suivant la capacité du réfrigérant, 10 ou 100 kilogrammes de vapeur à l'heure, le nombre de calories enlevées sera : de 5ooo ou 5oooo, si le liquide volatil est de l'eau, 2000 ou 20000, » de l'alcool, goo ou 9000 , ■> de l'éther, car les chaleurs latentes de ces liquides sont par kilogramme d'environ 5oo, 200 et 90 calories. » Quant au degré de froid auquel le réfrigérant peut arriver par ces évaporations spontanées, il dépend surtout de la nature du liquide volatil ; en se servant de l'eau, on pourrait à peine arriver à quelques degrés au-des- sous de zéro, parce que la solidification, sans lui ôterla propriété de donner des vapeurs, lui ôte la propriété de les donner en grande abondance; au contraire l'alcool, l'éther et les autres corps volatils qui restent liquides aux plus basses températures, restent aussi plus ou moins capables de donner d'abondantes vapeurs, et par conséquent de produire de très-grands degrés de froid. » Ce qui est si simple en théorie, se complique étrangement lorsqu'il faut arriver à la pratique, lorsqu'il faut donner un corps à ces premières idées pour constituer une grande machine à effet continu, travaillant avec régu- larité et se gouvernant elle-même à peu près comme une machine à vapeur : c'était là une question véritablement difficile, dont M. Carré nous donne enfin une solution satisfaisante. » Indiquons d'abord les principales difficultés ou plutôt les points sur lesquels elles portent. » i° Nous avons supposé que le réfrigérant était mis en communication avec un espace vide indéfiniment grand et que la vapeur pouvait se former sans cesse en vertu de la force élastique qui lui est propre ; cette hypothèse C. R., 1862, ier Semestre. (T. L1V, N° 18.) 107 ( 83° ) n'est pas réalisable : il faut donc y suppléer en aspirant cette vapeur à me- sure qu'elle se forme; de plus il faut la comprimer ou la liquéfier et la re« cueillir pour l'employer à nouveau, parce qu'elle coûterait trop cher si elle devait se perdre. >■ 20 II faut introduire dans le réfrigérant un poids de liquide égal au poids de la vapeur qui s'y forme dans un temps donné et que l'on en retire par aspiration, comme nous venons de le dire; c'est la condition de rigueur sans laquelle la marche de l'appareil ne pourrait être ni régulière, ni continue. » 3° Il faut que tous les joints et toutes les fermetures soient hermétiques; les moindres bulles d'air qui pénétreraient dans l'intérieur suffiraient pour tout compromettre ; il en serait de même si les vapeurs pouvaient s'échapper au dehors. » 4° A mesure que l'on abaisse la température limite où doit être main- tenu le réfrigérant, la vapeur prend une élasticité décroissante, et le volume qu'elle occupe à poids égal devient de plus en plus considérable; cependant, comme il faut en former un poids donné dans un temps donné, par exemple 10 kilogrammes ou ioo kilogrammes par heure, on conçoit qu'il se présente alors toute une série de recherches à faire sur les formes et les dimensions à donner, non-seulement à l'enceinte intérieure du réfrigérant, mais encore aiix conduits, aux soupapes, aux robinets, en un mot à toutes les pièces qui concourent soit à la formation, soit à la circulation de la vapeur. » 5° Enfin, s'il arrive que certains liquides complexes, comme la disso- lution de l'ammoniaque dans l'eau, présentent à quelques égards des avan- tages marqués, ils donnent lieu à toutes les difficultés précédentes et en outre à des difficultés d'une autre nature, dépendantes des deux vapeurs qui se forment alors et de la nécessité de régler les proportions variables de leur mélange. » L'appareil dont nous nous occupons contient en effet une dissolution ammoniacale comme liquide producteur du froid ; on doit, par conséquent, s'attendre à y trouver toutes les difficultés réunies. » Cependant il faut essayer de donner une idée de sa construction, autant du moins qu'il nous sera permis de le faire sans le secours des figures. » La dissolution ammoniacale subit quatre changements d'état : » i° Elle est vaporisée par une chaudière; » 2° Cette vapeur est condensée par un liquéfacteur : dans ce nouvel état le liquide est reçu par un distributeur qui l'introduit ou plutôt qui le distribue en juste mesure dans le réfrigérant ; » 3° Ici le liquide se vaporise de nouveau pour produire le froid ; ( &3* ) » 4° Ces nouvelles vapeurs sont aspirées au moyen d'un large tube et condensées par un réservoir absorbant, où elles se trouvent en présence d'un liquide appauvri, tiré de la chaudière elle-même; le liquide pauvre, devenu riche par l'absorption de la vapeur d'ammoniaque, est soumis au double effet d'une pompe aspirante et foulante qui l'aspire au fond du réser- voir absorbant pour le refouler dans la chaudière d'où il était sorti, partie à l'état de vapeur, partie à l'état liquide. » Ainsi tout se réduit à une circulation complète du liquide volatil, dont les deux éléments, l'eau et l'ammoniaque, se trouvent tour à tour réunis ou séparés, soit par la condensation, soit par l'évaporation, leur affinité mutuelle jouant ici un rôle important qui doit être remarqué. » Pour mieux faire comprendre comment cette circulation s'opère indé- finiment, et toujours avec le même liquide primitif, nous la séparerons en deux parties, savoir : le trajet de la chaudière au réfrigérant, et le trajet du réfrigérant à la chaudière. Trajet de la cliaudière au réfrigérant. » Dans le modèle de 25oo calories à l'heure, dont nous avons pu obser- ver le travail, la chaudière est un cylindre vertical de iœ,20 de hauteur sur om,4o de diamètre; clans sa capacité de i hectolitre et demi elle se charge seulement de 80 à 90 litres d'une dissolution ammoniacale très-concentrée. » Elle est maintenue à une température qui ne dépasse pas i3o°; alors la tension des vapeurs réunies d'eau et d'ammoniaque se trouve être de 8 at- mosphères. » La moitié supérieure de la chaudière est en dehors du fourneau et au contact de l'air; elle est garnie intérieurement d'une série de vases super- posés, constituant une sorte de cascade de rectification, où la vapeur d'am- moniaque se dépouille en grande partie des vapeurs d'eau qu'elle contient. Cette vapeur déshydratée s'échappe par un long tube de section convenable qui la conduit au chevet d'entrée du liquéfacteur. « Le liquéfacteur se compose de 4 serpentins plans et parallèles, espacés à 5 centimètres l'un de l'autre; le tube de chaque serpentin s'ouvre dans le chevet d'entrée qui est horizontal ; ensuite il se prolonge en ligne droite sur une longueur de im, 5o avec la pente nécessaire à l'écoulement du liquide; là il se courbe pour revenir, toujours en descendant dans le même plan ver- tical, faire un deuxième pli, puis un troisième pli semblable au premier, à la fin duquel il s'ouvre dans le chevet de sortie, qui est parallèle au chevet d'entrée. Ce système de serpentins en zigzag est plongé dans une grande 107.. ( 832 ) bâche d'eau froide qui se renouvelle en quantité suffisante pour que sa température n'arrive pas à 3o°, par l'effet des condensations de vapeur qui s'opèrent à l'intérieur des tubes. » Le chevet de sortie du liquéfacteur reçoit ainsi tout le liquide qui a pu se former dans les serpentins, tant par l'effet du refroidissement que par l'effet de la pression des 8 atmosphères de la chaudière, pression qui se communique directement et sans aucune entrave jusqu'au point où nous sommes maintenant arrivés. Ici la transformation est accomplie dans le reste du trajet, et, jusqu'au réfrigérant, c'est du liquide qui circule, mais il n'en reste pas moins soumis à la pression de la chaudière tant qu'il n'y aura pas d'obstacle qui en modifie la libre transmission. » Ce liquide ne doit arriver au réfrigérant qu'en très-juste mesure et avec une parfaite régularité; il faut donc un distributeur qui en règle la dépense. » Le distributeur est un vase cylindrique de 25 à 3o centimètres de hau- teur, ayant une capacité de 4 ou 5 litres, et portant vers le haut une tubu- lure latérale pour l'entrée du liquide ; un tube part du fond de ce vase, se prolonge au-dessous et dans l'axe même du cylindre; il a i5 ou 20 centi- mètres de longueur et seulement 2 centimètres de diamètre intérieur, sauf en bas où il est rétréci de quelques millimètres, et rodé pour faire en quelque sorte un boisseau de robinet. Là il est fermé et porte latéralement vers le milieu de la hauteur de ce boisseau une petite ouverture pour la sortie du liquide. Un flotteur mince et léger, ouvert en haut, fermé en bas, à l'excep- tion d'un trou qui correspond à celui du boisseau, peut se mouvoir libre- ment dans le vase dont il a la forme, si ce n'est qu'il est plus étroit, et le touche seulement dans la hauteur du boisseau. Tout le mouvement du flotteur se réduit à une oscillation verticale qui ne dépasse pas 10 ou 12 mil- limètres, et qui s'accomplit toujours sans qu'il puisse tourner autour de son axe. » Voici comment s'accomplissent les fonctions de cet ingénieux distri- buteur. Un tube établit la libre communication entre le chevet de sortie et la capacité du distributeur; le premier liquide qui arrive tombe entre les pa- rois du vase et celles du flotteur, bientôt celui-ci est soulevé et son ouverture cesse de correspondre à celle du boisseau ; le liquide continuant d'affluer, son niveau dépasse les bords du flotteur, qui, à partir de cet instant, se charge de plus en plus; quand il est à moitié plein ou à peu près, son poids l'emporte sur celui du liquide qu'il déplace, alors il descend, et au moment même où il prend sa position de repos son ouverture correspond à celle du boisseau et le liquide s'échappe au dehors. Par là il s'allège de plus en plus et, si le ( 833 ) chevet de sortie du liquéfacteur ne compensait pas la perte qu'il fait, il ne tarderait pas à remonter et à suspendre ainsi la distribution qu'il est chargé de faire au réfrigérant. Mais, comme on le voit, cette suspension n'aurait lieu que quand elle devient nécessaire, c'est-à-dire quand le liquide en ré- serve est près de s'épuiser. » A l'ouverture de sortie du distributeur est adapté un tube de petit dia- mètre, arbitrairement long, arbitrairement sinueux, qui apporte enfin dans l'intérieur du réfrigérant le liquide producteur du froid et qui termine ainsi le premier trajet. Ce tube, avant de pénétrer dans le réfrigérant, est muni d'un robinet qui est le premier qui se présente à partir de la chaudière ou de l'origine même de la circulation. Pour faire sentir combien ce point d'arrêt est nécessaire, il suffit de remarquer que la tension de la vapeur dans le ré- frigérant doit être d'environ i atmosphère ou peut-être un peu plus, comme nous le verrons tout à l'heure, tandis qu'elle est de 8 atmosphères dans la chaudière. Avec cet excès de 7 atmosphères la vapeur de la chaudière ferait donc irruption dans le réfrigérant, si ce premier robinet n'était pas interposé ; il est donc indispensable, c'est lui qui modère l'effet de cet excès de pression, qui l'arrête au besoin, et qui le réduit à ce qu'il doit être pour que le liquide soit lancé dans le réfrigérant avec une impulsion convenable. >. Il serait superflu de décrire ici le réfrigérant, parce que sa forme et ses dimensions dépendent de l'effet que l'on veut produire; elles sont très-dif- férentes s'il s'agit de faire de la glace ou s'il s'agit de refroidir des masses liquides qui se renouvellent avec plus ou moins de vitesse. Nous nous bor- nerons à dire que la forme du réfrigérant est loin d'être arbitraire et que dans tous les cas il y a deux conditions essentielles auxquelles elle reste assujettie, savoir : d'offrir à l'évaporation de grandes surfaces toujours mouil- lées par le liquide en même temps qu'une très-libre circulation à la vapeur, ensuite de rassembler dans un espace circonscrit les résidus de l'évapora- tion qui deviennent de plus en plus hydratés et dont il faut de temps à autre purger le réfrigérant par des moyens sûrs et faciles. Trajet du réfrigérant à la chaudière. » La puissance de l'appareil est proportionnelle à la chaleur latente du liquide volatil et au nombre des kilogrammes de vapeurs qui se forment par heure dans le réfrigérant. Ce poids de vapeurs ne dépend lui-même que de deux choses : de la forme du réfrigérant et de la différence qui existe entre la force élastique générale qui règne dans sa capacité libre et la force élas- tique maximum qui appartient à cette vapeur d'après la température du ( 834 j liquide qui mouille les surfaces. En effet, si la capacité libre était elle-même saturée de vapeurs, aucune nouvelle vapeur ne serait formée et aucun froid ne serait produit; si au contraire la capacité libre était maintenue sans vapeurs, c'est-à-dire à l'état de vide parfait, le poids de vapeurs formé par heure serait au maximum, et la production du froid atteindrait elle-même son maximum. » Il faut donc aspirer cette vapeur, qui n'est pas plutôt formée dans le réfrigérant qu'elle y devient un obstacle ; il faut en débarrasser cet espace libre qu'elle encombre, afin de le reconstituer sans cesse à l'état de vide par- fait ou du moins aussi près de cet état qu'il soit possible. Il y a pour cela di- vers moyens, mais le plus avantageux est incontestablement celui que l'on peut pratiquer ici, savoir de lui offrir un corps qui la condense rapidement par une affinité dissolvante et qui puisse la dégager ensuite avec la même rapidité par un accroissement suffisant de température. » La chaudière est disposée de telle sorte que, dans sa partie inférieure, la dissolution ammoniacale est fort affaiblie; un tube, muni d'un robinet, est placé là pour en faire sortir un certain volume qui se gradue par le de- gré d'ouverture que l'on donne au robinet ; ce tube de fer, étroit et de 20 ou 3o mètres de longueur, se replie deux fois à diverses distances pour composer deux serpentins hélicoïdes qui sont entourés de liquides rafraî- chissants. Alors le liquide contenu dans le tube, sorti de la chaudière à i3o°, ainsi refroidi à environ 20 ou 25°, arrive au sommet du réservoir ab- sorbant, pour tomber en pluie dans son intérieur. C'est cette pluie conti- nuelle de liquide appauvri, qui devient la puissance capable de maintenir et de renouveler sans cesse le vide dans la capacité libre du réfrigérant. A cet effet, un large tube, de quelques mètres de longueur, part du sommet du réfrigérant, pour arriver aussi au sommet du réservoir absorbant ; aussi- tôt que l'on ouvre le robinet qui règle cette communication, les vapeurs ammoniacales du réfrigérant affluent au milieu de la pluie du liquide pau- vre, s'y condensent par absorption et en reconstituent un liquide riche qui tombe au fond du réservoir; la chaleur qui se dégage ici est enlevée par les plis d'un serpentin où coule de l'eau froide; il ne reste plus qu'à reprendre ce liquide riche pour le réintroduire dans la chaudière, afin de compenser les pertes d'ammoniaque qu'elle fait à chaque instant ou plutôt afin d'y réintégrer tout ce qui en était sorti, et de terminer ainsi cette longue circu- lation, où il n'y a que des changements de forme et des changements d'état sans gain ni perle de matière. >. C'est une pompe aspirante et foulante, d'une construction toute parti- ( 835 ) culière et bien appropriée à l'effet qu'il s'agit d'obtenir, qui est chargée d'accomplir ce dernier mouvement de la circulation. Elle vient aspirer au fond du réservoir absorbant le liquide enrichi à mesure qu'il s'y forme; elle le fait entrer dans une capacité spéciale destinée à le recevoir; ensuite, par le refoulement, elle l'oblige à parcourir un long tube où il se réchauffe, pour arriver enfin au sommet de la cascade dont nous avons parlé et qui constitue la partie supérieure de la chaudière. Ce liquide, quoique réchauffé dans son parcours, est loin d'être à i3o°; sa présence détermine donc une condensation dont l'effet ne peut être que favorable à la rectification des vapeurs hydratées d'ammoniaque qui se trouvent en ce point. » Nous ne terminerons pas cette description sommaire de l'appareil sans faire remarquer que nous avons dû en écarter une foule de détails, d'ajus- tements et de dispositions ingénieuses qui peut-être prouvent mieux encore que l'ensemble toutes les ressources d'esprit de l'inventeur. » Essayons maintenant de faire comprendre à quoi tient la puissance économique de l'appareil, jusqu'où elle peut aller et où elle doit s'arrêter. » Cette discussion repose sur un petit nombre de données, savoir : » Sur la chaleur latente et la tension de vapeur de l'ammoniaque liquide et des dissolutions ammoniacales plus ou moins hydratées ; sur les change- ments de densité qu'éprouvrent les dissolutions ammoniacales, à raison du poids d'ammoniaque qu'elles contiennent. » Davy avait autrefois dressé une table de la teneur en ammoniaque des dissolutions plus ou moins denses; cette table, qui ne porte que sur deux expériences, est reproduite dans tous les Traités de Chimie ; il serait à désirer qu'elle fût reprise et étendue à diverses températures. En attendant et en nous appuyant sur les observations pratiques de M. Carré, nous sommes portés à croire que, dans l'état actuel des choses, le kilogramme de dissolu- tion pauvre qui arrive refroidi dans le réservoir absorbant, peut s'y charger de 5o grammes d'ammoniaque, pour devenir l'ammoniaque riche qui est réintroduit dans la chaudière. » Notre confrère M. Regnault a bien voulu communiquer à la Commis- sion une épreuve de son grand travail sur les vapeurs, qui s'imprime en ce moment; nous y avons trouvé la table complète des tensions de l'ammo- niaque liquide entre les températures de — 4o° et -+- ioo°; pour les basses températures que nous avons surtout à considérer ici, ces tensions se trou- vent être : Températures — 20°, — 3o°, — 4°", Tensions en atmosphères . . i ,84, l . 16. 0,70. ( 836 ) » Pour appliquer ces nombres à l'ammoniaque un peu hydratée du réfri- gérant, il faut apprécier la réduction qu'ils doivent subir; en l'estimant à £ on arriverait aux résultats suivants : Températures du réfrigérant. — 200, — 3o°, — 4°°> Tensions en atmosphères ... . i>4> °>9> °>5, qui se rapprochent beaucoup des observations pratiques de M. Carré. « Enfin, d'après les recherches de MM. Favre et Silbermann [Annales de Chimie, t. XXXVII, année i853), on peut évaluer à environ 5oo calories la chaleur latente du gaz ammoniac absorbé par une masse d'eau assez grande pour former une dissolution étendue; nous admettrons comme pro- bable que ce nombre peut s'appliquer à l'ammoniaque contenant très-peu d'eau. » Il résulte de ces données que pour construire un appareil dont la puis- sance serait, par exemple, de iooooo calories à l'heure, il faudrait par heure vaporiser 200 kilogrammes d'ammoniaque dans le réfrigérant ; il fau- drait donc dans le même temps condenser les 200 kilogrammes dans le liquéfacteur et les absorber ou liquéfier une seconde fois dans le réservoir absorbant. Les 100 000 calories se retrouvent donc ou à très-peu près dans chacun de ces deux organes de l'appareil, où elles doivent être prises et em- portées par les eaux destinées à les rafraîchir. En admettant que la tempé- rature de ces eaux ne doive s'élever que de io° dans cette opération, on voit que la dépense à en faire serait de 20000 kilogrammes ou 20 mètres cubes à l'heure, savoir: 10 mètres cubes pour rafraîchir le liquéfacteur et 10 autres mètres cubes pour rafraîchir le réservoir absorbant. » Nous ne parlons pas de la dépense de combustible à faire dans la chau- dière; en résultat efficace, elle doit être aussi de 100 000 calories à l'heure; mais là il y a des pertes nécessaires qui sont très- variables. » En un mot, les quatre changements d'état, bien qu'ils s'opèrent dans des conditions différentes, doivent être accompagnés des mêmes phéno- mènes ou à peu près, en ce qui tient aux quantités de chaleur. La chaudière et le réfrigérant, procédant par évaporation, empruntent la même quantité de chaleur, l'un au foyer, l'autre au liquide qu'il refroidit; le liquéfacteur et le réservoir absorbant, procédant par liquéfaction, doivent dégager la même quantité de chaleur, dont il faut les débarrasser par le renouvelle- ment des masses liquides rafraîchissantes. » Le travail mécanique de la pompe aspirante et foulante peut aussi s'évaluer approximativement. ( 837 ) » Puisqu'il se produit par heure 200 kilogrammes de vapeur dans le réfri- gérant, il faudra 4000 kilogrammes de liquide pauvre pour les absorber; car chaque kilogramme en absorbe seulement 5o grammes ou -^ de son poids : le résultat sera donc 4200 kilogrammes de liquide riche. L'effort nécessaire pour les réintroduire dans la chaudière, dont la pression pour cet objet peut être estimée à 10 atmosphères ou à 100 mètres de hauteur, sera par conséquent de 420000 kilogrammètres ou environ 2 chevaux de va- peur, auxquels il faudrait ajouter environ -fa pour l'effort d'aspiration ; mais ceci suppose que dans le jeu de la pompe le dégagement des fluides élas- tiques n'occasionne aucune perte considérable de travail. » Quant au plus grand degré de froid que l'appareil puisse produire, il dépend presque exclusivement des phénomènes qui se passent dans le réser- voir absorbant, parce que là se trouve en effet la cause déterminante de la formation rapide des vapeurs dans le réfrigérant. Si, d'une part, le liquide qui donne ces vapeurs était de l'ammoniaque pure et dépouillée d'eau; si, d'une autre part, le liquide appauvri qui vient de la chaudière dans le réser- voir absorbant était de l'eau pure et dépouillée de gaz ammoniac, on ne peut pas douter que le réfrigérant ne doive aisément descendre à 5o ou 6o° au-dessous de zéro. Mais, en fait, le liquide du réfrigérant contient une cer- taine proportion d'eau ; le liquide pauvre qui arrive au réservoir absorbant contient une proportion très-notable d'ammoniaque; ces deux causes sont concordantes pour ralentir l'absorption de la vapeur, et par conséquent pour empêcher le degré de froid de descendre aussi bas dans l'échelle thermomé- trique. Il y a là une étude à faire pour que la chaudière donne un liquide encore plus pauvre en ammoniaque et le liquéfacteur un liquide plus com- plètement dépouillé d'eau. » Toutefois cette dernière limite de la puissance économique de l'appa- reil dépend encore d'une autre circonstance : elle varie nécessairement avec la température de l'air, par conséquent avec les saisons et les climats. Sup- posons, en effet, que le réfrigérant travaille à vide, c'est-à-dire sans fabriquer de la glace, sans refroidir un liquide, en un mot sans produire d'effet utile ; il n'en arriverait pas moins à une certaine limite de froid, qui serait sa limite extrême, par exemple 5o° au-dessous de zéro; admettons-que, dans c ette expérience, l'air ait une température de io°, ce qui lui donne un excès de 6o° sur le réfrigérant. Une fois parvenu à cette limite, après un travail plus ou moins prolongé, durant lequel on a pu voir le réfrigérant gagnant pr ogressivement du froid, d'abord très-vite pour les premiers degrés perdus» C. B., 1862, i"Semcstre. (T. LIV, N° 15.) I 08 ( 838 ) ensuite très-lentement pour les derniers, il faut se demander comment d eM possible de maintenir cet état de choses. Peut-on éteindre le feu de la chau- dière, arrêter la pompe, enfin metlre l'appareil au repos, sans que le réfri- gérant se réchauffe? Non assurément; au contraire, il est indispensable qu'il continue à marcher et qu'il conserve toute son activité. Sa force entière est alors une force perdue, en ce sens qu'elle est sans effet utile ; mais elle n'est pas sans effet, car elle est exclusivement employée à maintenir le réfrigérant en équilibre contre l'invasion de la chaleur du dehors. On peut arrêter le mouvement d'une mécanique, mais il ne nous est pas donné d'arrêter le mouvement de la chaleur; quelques précautions qui aient été prises pour protéger le réfrigérant, la chaleur pénétre toujours jusqu'à lui. seulement sa vitesse a pu être plus ou moins ralentie. Le nombre des calo- ries qui arrivent ainsi au réfrigérant dans un temps donné, toutes choses étant d'ailleurs égales, est à peu près proportionnel à l'étendue des surfaces qu'il présente à Pair d'une manière plus ou moins directe et à l'excès de la température de l'air sur celle du réfrigérant. » Par conséquent, si le même appareil est soumis à cette épreuve du fonctionnement à vide dans un air à 3o° au lieu de io°, il ne pourra jamais, malgré toute son activité, faire descendre le réfrigérant jusqu'à 5o° au- dessous de zéro ; mais il le fera descendre seulement à environ 3o° au-dessous de zéro, afin que l'excès de la température de l'air sur le réfrigérant soit encore de 6o°, comme il était à la première épreuve. » Les considérations précédentes permettent aussi de conclure que le réfrigérant destiné à fabriquer de la glace sera beaucoup plus favorable pour descendre à de très-basses températures que le réfrigérant destiné à refroidir les liquides, parce que, en général, celui-ci devra offrir à l'invasion de la chaleur du dehors des surfaces beaucoup plus grandes que le premier. » Telles sont les causes principales qui font varier la limite extrême du froid auquel le réfrigérant peut descendre, et qui font varier dans le même sens la puissance économique de l'appareil. » Il en résulte que le poids de vapeur qui se forme par heure dans le réfrigérant d'un appareil donné doit être considéré comme une somme à peu près constante, mais composée de deux parties qui s'appliquent à des services différents : la première est destinée à l'effel utile, la seconde est destinée à la force perdue. Celle-ci, sans être jamais nulle, reste très-petite quand le réfrigérant, pour produire l'effet qu'on lui demande, travaille;! une température très-éloignée de sa limite extrême; mais elle s'accroît assez vite, et toujours au détriment de l'effet utile, à mesure que le réfrigérant ( «39 ) doit travailler à une température plus b;»sse ; enfin elle absorberait la tota- lité ou la presque totalité de l'effet utile si le réfrigérant devait travailler à une température très-voisine de sa limite extrême. » Ces pertes variables dépendent de coefficients dont l'expérience ne tardera pas à donner des valeurs assez précises pour que l'on puisse avec certitude assigner la part de l'effet utile, d'après la nature du travail à faire et la connaissance des températures extérieures auxquelles l'appareil doit être exposé. » M. Carré s'est bien rendu compte de tous ces principes théoriques qui devaient le guider dans la construction de son appareil; il s'en est servi pour étudier avec beaucoup de sagacité toutes les questions neuves qui se rattachaient à la question primitive; enfin il est parvenu à en trouver des solutions qui ont le mérite d'être à la fois très-ingénieuses et très-pratiques. » La Commission est d'avis que l'appareil de M. Carré est appelé à rendre de véritables services; elle propose à l'Académie d'en admettre la description dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMINATIONS. L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination d'un Corres- pondant pour la Section de Minéralogie en remplacement de M. Daubréé, devenu Académicien titulaire. Au premier tour de scrutin, le nombre des volants étant 49, M. Uamour obtient 36 suffrages, M. Alexis Perrey 7 M. Marcel de Serres k M. Lartet 2 M. Damour, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré élu. MÉMOIRES PRÉSENTÉS M. Dumas présente, au nom de l'auteur M. J.-P. Banjné, un travail, en partie manuscrit, en partie imprimé, sur un système d'irrigation au moyen de l'eau des torrents, système dans lequel, au moyen de prairies gazonnées, on retiendrait au profit de l'agriculture un limon fertilisant, tandis qu'en .08.. ( 84o ) modérant la rapidité des eaux ou préviendrait efficacement le ravinage du sol et on diminuerait pour le bas pays les chances d'inondation. Le travail de M. Bargné est renvoyé à l'examen de la Commission des Inondations, Commission qui se compose de MM. Poncelet, Élie de Beau- mont, de Gasparin et de M. le Maréchal Vaillant. chimie générale. — Sur un classement des corps simples ou radicaux appelé vis telhiriqne : addition au Mémoire présenté à la séance du 7 avril par M. Begiyek de Chaxcourtois. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés : MM. de Senarmont, Delafosse, Daubrée.) « La communication insérée au Compte rendu du i4 avril, par M. Charles Sainte-Claire Deville, me donne lieu d'abord de le remercier des apprécia- tions bienveillantes qui me concernent et où je reconnais, au milieu des réserves bien naturelles sur la direction de ses travaux, la preuve de l'amitié qui nous a toujours liés. Elle me fait sentir en même temps la convenance d'insister sur quelques points de l'origine et du sens de mon Mémoire que j'ai dû sacrifier pour me renfermer dans les limites régle- mentaires du Compte rendu, mais dont l'omission peut, je le vois, occasion- ner des méprises. » Pour mettre dans un ordre plus précis les notions relatives à la com- position des roches et leurs émanations que je donne habituellement et progressivement dans le Cours de Géologie de l'École des Mines depuis que M. Elie de Beaumont m'a fait l'honneur de me confier sa suppléance, j'ai voulu, au moment où je réunissais ces notions dans l'un des chapitres du Mémoire de Lithologie synthétique que j'annonce, résumer par un tableau à mon usage personnel les rapports multiples des corps simples au point de vue de leur rôle lithologique. » Dès que j'ai commencé ce travail, en octobre dernier, j'ai senti qu'il m'entraînait au delà de mon sujet, puisque la Lithologie proprement dite, c'est-à-dire l'étude du milieu solide, est inséparable de l'étude dans une cer- taine mesure des milieux liquides et gazeux et embrasse par conséquent toute la matière qui nous est accessible, mais que d'un autre côté l'obser- vation pure et simple de la distribution des éléments dans l'écorce du globe devait être la base de la classification en dernier ressort de ces éléments, ( Hi ) d'après cette idée, dont l'expression a l'apparence d'un jeu de mots, que la nature doit montrer elle-même de la manière la plus directe et la pins nette ce qui est essentiellement naturel, ou, si l'on veut, ce qui est tout à fait général. » Ce double sentiment n'a pu que me rattacher plus étroitement à l'obli- gation défaire toujours dominer dans mou classement les considérations géo- gnostiques. J'ai d'ailleurs été maintenu dans ma résolution par la circon- stance que je me trouvais alors isolé à Aix, puis à Monnetier en Savoie, sans autre ressource pour aider mes souvenirs ou contrôler mes notes que le Système de Minéralogie de M. Dana, admirable, il est vrai, comme lexique, pour ne pas parler de ses autres mérites. » Ma première ébauche une fois exécutée dans ces conditions, le principe delà continuité que j'avais inscrit en tète de mon Mémoire de Lithologie et que j'ai eu le bonheur de retrouver dominant le résumé historique de géo- métrie de M. Chasles, m'a conduit à rouler ma feuille pour rapprocher les extrêmes qui offraient beaucoup d'analogie. L'ensemble prenant alors un aspect des plus satisfaisants, j'ai pensé à préciser les places par les nombres proportionnels, et immédiatement m'est apparu le tracé hélicoïdal comme moyen de réunir d'abord dans une série fondamentale tous les éléments épais sur mon tableau, ensuite de manifester les rapports des propriétés de tout genre. » Il y a évidemment une grande différence entre ce tracé, même en dé- veloppement, et l'inclinaison des consignations successives que l'on observe nécessairement dans toutes les tables à double entrée. Mais, en dehors de cette différence, le système hélicoïdal offre tous les avantages de la conti- nuité. Mon tableau n'a plus seulement deux entrées, il en a une infinité, puisque l'on peut y tracer une infinité d'hélices d'inclinaisons différentes. Cette observation me paraît de nature à faire ressortir la portée du prin- cipe hélicoïdal comme moyen de classification naturelle. » Je reviens à la présente application que j'ai poursuivie à mon retour à Paris à l'aide des Traités de Chimie de M. Regnault, de MM. Pelouze et Fremy, des travaux de M. Regnault sur les chaleurs spécifiques, de M. Dumas sur les équivalents, et de quelques Mémoires spéciaux dont mes autres occupations ne me permettaient pas de multiplier le dépouillement, mais sans avoir connaissance du tableau de M. Deville que j'aurais autre- ment cité, mais qui n'eût pu du reste m'ètre que d'une utilité secondaire dans la phase de mon travail où je ne m'occupais plus que de la discussion des nombres caractéristiques. (842 ) » Mou classement, on lu voit, procède de l'examen successif des faits, depuis les faits géologiques jusqu'aux faits numériques, et c'est seulement pour l'explication que j ai renversé l'ordre. Il est tellement indépendant d'idées théoriques préconçues, que le mot atome ne se trouve inscrit dans mon exposé abrégé que pour l'énoncé de la loi de Dulong, dont je n'ai pas cru pouvoir me permettre de l'expulser. > Toute la première partie de mon travail, la Construction de la vis tei- lurique, repose sur l'emploi des nombres proportionnels déduits de l'expé- rience. Elle resterait vraie avec des nombres fractionnaires, et souvent même les alignements hélicoïdaux s'appliqueraient à ces nombres plus exactement qu'aux nombres entiers. » C'est uniquement par la prise en considération de la loi de Prout que I arrive à une théorie imparfaitement démontrée. Je maintiens, bien en- tendu, le sens que j'ai indiqué pour l'application de cette loi ainsi que les aperçus qui en découlent et auxquels j'attache la plus grande importance, mais je souhaite que l'on fasse bien, quant à présent, la part de la base et du but final, de ce qui n'est qu'un résumé défaits et de ce qui est déduc- tion théorique. » Cette réserve posée, je ne recule devant aucune hardiesse spécula- tive. Il y a des esprits qui ne sont touchés que par les impossibilités appa- rentes, et ce ne sont pas les moins féconds; c'est à leur adresse que j'ai indiqué exprès le rapprochement du silicium et de l'ammonium dans les limites de détermination qu'autorisent les expériences. La troisième partie de mon Mémoire montre plusieurs ouvertures, tout aussi excentriques. J'ai voulu en citer un exemple dans l'extrait. Mais à côté de cette indica- tion en apparence bizarre j'aurais placé, si j'avais eu plus d'espace, le rap- prochement des différents caractères du silicium et des gisements tout à fait distincts de la silice, par exemple, de la silice du quartz et de la silice des anales, l'une prenant place dans les roches et les émanations granitiques. l'autre clans les roches et les émanations Irappéennes. » Ces éléments des deux classes d'émanations se trouvent nécessairement, si l'on veut, par construction, puisque ma première ébauche a été géognos- tique, se trouvent, dis-je, distribués sur les deux côtés opposés de mon tableau dont les arêtes moyennes n° 7 et n° H sont occupées par les élé- ments restés engagés dans les roches communes correspondantes. Il y a là un ensemble de rapports cpii frappera tous les géologues. On y remarquera particulièrement la disposition sur les génératrices 3 et 4, 1 ' et 12, i5 et 16, i> > éléments saillants des trois groupes d'émanations des filons, dont lis ( 843 ) derniers termes ont été si nettement distingués et ordonnés par les beaux travaux de M. Deville sur les fumerolles volcaniques. Ce retour à une coïn- cidence exacte avec les résultats d'une suite d'observations aussi lumineuses, est une des meilleures confirmations de mon système, qui remonte ainsi à sa source, l'examen des faits. » Cette coïncidence est un des points sur lesquels j'insisterai dans mon prochain Mémoire, qui a pour objet principal de préciser les relations des émanations volcaniques ou métallifères avec les rocbes communes, c'est-à- dire de détailler les applications du principe posé à cet égard par M. Elie de Beaumont. Le présent travail offre le résumé ou plutôt la clef d'une partie de ce Mémoire, auquel je compte rattacher la description des collections systématiques de formations plutoniques et métallifères de l'Ecole des Mines, qui lui serviront, par contre, de pièces justificatives. » ohtique. — Sur les observations de M. Kuehne, relatives à des nerfs moteurs de la cornée et sur la vision des objets réfléchis ou réfractés vers l'œil; Note de M. L.-L. Vallée. Commissaires précédemment nommés : MM. Ponillet, Faye, de Quatrefages.) « Dans la séance de l'Académie du 3i mars dernier, M. Kuehne a signalé l'existence dans la cornée de fibres nerveuses se divisant et subdivisant avant d'arriver à leur terminaison dans cette membrane, lesquelles fibres ne peu- vent, suivant lui, avoir pour objet que de contracter des cellules qui font des mouvements. » Dans mon Mémoire sur la vision des objets vus par réflexion ou réfrac- tion, inséré dans le tome XII du Recueil des Savants étrangers, d'après le Rap- port de M. Faye du 6 décembre i 8/J8, je suis revenu sur la vision des objets réfléchis ou réfractés que j'avais traitée dans un premier Mémoire présenté à l'Académie le 12 février 1821 , et sur lequel il n'a pas été fait de Rapport. L'Académie s'étant prononcée depuis en approuvant les conclusions du liai - port du 6 décembre 1848, je crois qu'aujourd'hui mon explication est sans contradicteurs. Or cette explication repose sur deux faits. » Le premier, c'est que le faisceau de rayons émanés d'un point, el r< fléchis ou réfractés, est soumis à une loi géométrique tout autre que celle des rayons émanés d'un point et par le moyen desquels s'effectue la vision ordinaire. C'est ce que les anciens géomètres Newton, d'Alembert et autres ( 844 ) avaient très-bien vu et que Malus, Cauchy, M. le baron Dupin ont très-po- sitivement établi et que j'ai démontré directement. [Voir le n° gi du Mé- moire précité. ) » Le second fait, c'est que la réflexion ou la réfraction avant modifié la loi des rayons primitivement émanés d'un point, il suffit de rendre conve- nablement optoïdale une des surfaces réfringentes qui ont brisé ces rayons pour qu'ils soient soumis de nouveau à la loi de leur émission première. [Voir le n° g3 du Mémoire précité. ) » J'ai cherché en conséquence quelles raisons pouvaient appuyer celte propriété de la cornée dont je ne doutais plus qu'elle dût jouir. J'en ai assigné huit [voir le n° 9^ de mon Mémoire et le n° 2o3 de mon Cours sur l'œil et la vision), mais j'étais loin de penser que des nerfs particuliers abou- tissant dans la cornée pussent contribuer à l'adaptation optoulale de cette membrane. » C'était cependant présumable, car la vision des objets réfléchis et réfrac- tés s'exerce à chaque instant et sans causer aucune fatigue, ce qui doit tenir à ce qu'elle s'opère avec une grande perfection au moyen de la vue. C'est sur les grenouilles que M. Kuehne a opéré ; ces animaux, vivant dans l'eau ou près des bords des lacs et des ruisseaux, doivent, plus que l'homme peut-être, présenter les nerfs dont il s'agit. Le héron et le crocodile doivent être dans le même cas. » 11 suit de ce qui précède que les observations de M. Kuehne viennent, après quarante ans, confirmer mon explication de la vision des objets vus par réflexion ou réfraction, et que cette explication appuie l'exactitude des observations de M. Kuehne. » Je crois d'après cela qu'il importe à la science de l'œil, comme à l'étude du système des nerfs, comme à la physique et à la physiologie, que la ques- tion soulevée par M. Kuehne soit étudiée à fond. Mon Mémoire précité pourra aider les mierographes qui se livreront à cette étude, ainsi que mon XXe Mémoire, dans lequel j'ai dû revenir sur les matières que j'avais précédemment traitées. On arrivera probablement à voir que c'est sur les bords extérieurs de la cornée que les nerfs moteurs ont le plus d'action. » Je profite de cette occasion pour rappeler que les Rapports sur mes IX, Xe...., XVIIIe, XIXe et XXe ne sont pas faits, pour prier l'Académie d'en presser la présentation. Ils reposent sur des considérations de géométrie, qui s'introduiront probablement de plus en plus dans la physiologie, ce qui doit engager l'Académie à éclairer le public sur l'utilité de mes recherches. Les Rapports faits appuient d'ailleurs l'utilité de ceux qui sont attendus. » ( 845 ) MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. — Méthode pour la résolution, par approxima- tions successiues, des probtèmes à deux inconnues, posés ou non posé* en équation; par M. de Saint- Vexant. (Commissaires, MM. Bertrand, Serret. ) « Pour peu qu'on applique les mathématiques, Ton se trouve très-sou- vent dans l'obligation de résoudre par approximation des problèmes numé- riques, le pins ordinairement à une inconnue, dont les conditions, analyti- quement exprimées, donnent des équations ou algébriques de degré élevé ou même transcendantes. On sait que la méthode de solution à laquelle on revient presque toujours, après en avoir essayé plusieurs, est celle que Car- dan a appelée Règle d 'or « universelle, dit-il, et ne laissant pas d'autre » règle à désirer, » et qui, longtemps inaperçue ou oubliée, a été reconnue, deux siècles et demi après, ne différer en rien de la règle si ancienne El ou Al-khatarn (des deux erreurs) ou de double fausse position, que les Indiens et les Arabes n'appliquaient toutefois qu'aux problèmes du premier degré, résolubles d'un seul jet et exactement, tandis que l'auteur de Y Ars magna a appris à l'employer à plusieurs reprises pour approcher rapidement et aussi près qu'on veut de la solution de tous les autres problèmes à une in- connue, une fois qu'on a trouvé, par un tâtonnement ou autrement, deux nombres dont la valeur qu'on cherche ne soit pas trop considérablement éloignée. » On connaît les avantages de cette méthode de solution, appelée aujour- d'hui des parties proportionnelles ou des sécantes, sur la méthode des tangenks ou de Newton, qui n'est plus simple et plus expéditive qu'exceptionnelle- ment, et qui exige que préalablement l'on resserre beaucoup les limites entre lesquelles la solution désirée de l'équation donnée f (x) = o se trouve comprise, pour que les résultats successifs ne s'en écartent pas de plus en plus; car, comme l'avait observé M. Poinsot longtemps avant les recher- ches de Fourier, l'usage de la corde (ou sécante) de l'arc de Ta courbe y = f(x) dont on cherche le point d'intersection avec l'axe des x, « évite » le danger des divergences, » et par son moyen l'on est, dit-il, sûr d'ap- procher; tandis que la tangente newtonienne « ne sert que pour des équa- » tions déjà à peu près résolues. » » On peut ajouter que la méthode de Newton exige que le problème soit posé en équation et que l'on tire du premier nombre f(x) la dérivée sou- C. R., 1862, i« Semestre. (T. LIV, N° 18.) l °9 846 ) venl compliquée Plx), tandis que les opérations que l'autre méthode de- mande peuvent se pratiquer sur l'énoncé même, vu qu'elles ne consistent que dans une suite de vérifications qui peuvent être opérées, soit arithmé- tiquemcnl, >oit géométriquement, et quelquefois même mécaniquement. » Or, lorsque le problème est à deux inconnues, ou que, mis en équa- tion, il exige qu'on en résolve deux, telles que (i) f(x.,j-) = o, F(x,y) = o, l'on ne possède guère jusqu'à présent, quand l'élimination est compliquée ou impossible, que la méthode de Th. Simpson, qui consiste, si x = a. représentent une première approximation, à substituer *u) = F0,.--i ( «47 ) les coordonnées de ces points représentées par (!„, b0, f0; a, , b,, f, ; a2, b2, f2 pour la première surface, «o^o.fo; fl|,i|,FiJ a2, 62,F2 pour la deuxième; si l'on fait encore pour abréger (3) f,F2 -^, = (1,2), f,F0 -f0F2 = (2, o), f0F, -f(F0=(o,i), l'on trouve, pour les coordonnées a% , b3 du point où le plan xj est rencontré par l'intersection commune du plan passant par les trois premiers points et du plan passant par les trois der- niers, les expressions suivantes, simples et symétriques : m (I, 3)g0 + (2, p)«i+ (O, l)«, ■ —a»— (,,2)+(2, 0)-t-(0, l)~ ' >' — Oi — [,2)-+-(2, o)+ (O, l) 3 En les mettant à la place de x et j dans les premiers membres f(x, y), F(x,y) des équations données (i ), les résultats sont fort souvent assez près de zéro pour qu'on puisse regarder a3, bà comme les solutions cherchées. » Si l'on ne s'en contente pas, on regarde le système .r = t ne diffèrent de a3, b3 que de chiffres décimaux dont on n'a pas besoin. « Si l'on ne s'en contente pas encore, l'on procède au calcul d'une ap- proximation ultérieure en se servantde rt4, 64, f, , F4 combinés avec deux des systèmes a, b essayés et de leurs résultats f, F; à moins que la marche de ceux-ci ne fasse juger qu'on arrivera plus vite en choisissant quelque autre système; et l'on approchera ainsi indéfiniment des valeurs générale- ment incommensurables cherchées de x, j. » On voit, d'après les formules (4) et (3), que le point commun aux deux plans sécants et à celui des xy est le centre de gravité des trois points (a0, £0), (a, , b,), (a2 , b2) de ce dernier plan, dont les coordonnées sont les trois systèmes de valeurs provisoires de x, y, en attribuant à chacun d'eux une masse positive ou négative représentée par le déterminant binôme formé avec les résultats des substitutions des deux autres dans les premiers mem- bres des équations f(x, j) = o, F(x, j) = oà résoudre. » Si l'on prend b, — b2, a2 = a0, les trois projections des six points sur le plan xy forment un triangle ayant deux côtés parallèles aux x, auxj', et les expressions (4) sont précisément celles qu'on trouverait pour x-\- p, y -+- q en mettant, dans les expressions de p, q tirées des deux équations du pre- { f f, f mier degré de Simpson, les inclinaisons — -, -^ r de deux sécantes a la r «, — a„ b2 — b0 place de celles des tangentes, ou des dérivées partielles de f(.r, y) par rap- port à a: et par rapport à y, et en faisant de même pour celles de F(jc, y). * On voit aussi que notre méthode générale de solution par approxima- tion d'un problème numérique quelconque à deux inconnues peut très-bien être employée sans développer les équations exprimant les conditions que le problème impose, et encore en prenant les logarithmes de leurs deux membres avant de tout réunir dans un seul, etc., ou enfin même sans mettre aucunement le problème en équation ; car il suffit qu'on sache essayer si des nombres donnés le résolvent, et calculer ou mesurer de com- bien les résultats que produisent ces nombres diffèrent de ceux qu'on de- vrait obtenir d'après l'énoncé. » ( 849 ) GÉOLOGIE. — Note sur les chances de succès que présente le forage de puils artésiens à Amiens et dans le département de la Somme; par M. de Commises de Marsilly. (Extrait.) (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Combes, Daubrée.) « Le département de la Somme repose sur la puissante formation de craie qui couvre la Champagne, s'étend sous Paris, traverse les départe- ments de l'Aisne et de l'Oise, et se prolonge dans les départements du Pas- de-Calais et du Nord; n'est-il point probable qu'à Amiens comme à Paris, en faisant un trou de sonde, on traverserait la craie, puis des argiles et qu'on arriverait aux sables aquifères? Ces sables aquifères ne s'étendent-ils point sous tout le département? Des considérations générales, analogues à celles qui ont amené les savants à conclure qu'un puits artésien devait réussir à Paris, conduisent à la même conclusion pour Amiens et notre département ; l'examen des sondages qui y ont été exécutés achève, je pense, de dissiper les doutes que ces considérations générales pourraient encore laisser après elles. >• Le banc de craie qui couvre le département de la Somme, disparaît à l'E., vers la limite des départements de l'Aisne et des Ardennes; là se mon- trent au jour des sables verts à une altitude qui généralement est supérieure à 200 mètres et sur certains points, comme près d'Aubenton, atteint 235 mètres. D'autre part nous trouvons au N.-O. une bande longue et étroite de terrains argileux et sablonneux au pied de laquelle s'arrête la craie : c'est le pays deBray, qui commence à Saint-Sulpice, près Beauvais, et s'étend jusqu'au delà de Neufchâtel ; il se trouve au milieu de la craie qui l'entoure de toutes parts et au-dessus de laquelle il s'élève, comme une île longue et étroite, au milieu de la mer; on trouve là encore les sables verts : leur altitude est de 1 5o à 200 mètres. Plus loin au N.-O., les mêmes ter- rains reparaissent en Angleterre, à l'ouest de Douvres. Eli bien, n'est-il pas probable que les argiles et les sables verts que l'on trouve à la limite de la craie, à l'E. et à l'O., dans l'Aisne comme dans l'Oise, s'enfoncent et s'éten- dent partout sous la craie dans notre département:' N'y a-t-il pas lieu d'admettre que les eaux s'infiltrent au jour dans les sables, qu'elles forment une mer sous l'argile qui les empêche de remonter dans la craie; et comme leurs affleurements sont à une altitude généralement supérieure à celle du sol du département, n'est-on pas fondé à conclure que la pression qu'elles ( 85o ) subissent esl telle, qu'en les atteignant par un trou de sonde elles jailliront au jour? C'est le même raisonnement, on le voit, que celui qu'on a fait pour Paris. Il est encore corrobore par ces circonstances que Paris, où l'on a trouvé l'eau jaillissante, se trouve au S., à 100 kilomètres seulement de la limite de notre département? Si l'on prend Amiens en particulier, on remar- quera qu'il est en quelque sorte au centre du bassin que nous avons consi- déré; c'est un motif de plus pour croire qu'on obtiendrait de l'eau jaillis- sante en abondance, car les couches de sables verts y sont sans doute plus épaisses qu'ailleurs. Ainsi Paris, où les puits artésiens sont si abondants, paraît être le point où la formation de craie, celle des argiles et des sables verts sunt les plus épaisses; à Tours, au sud de Paris, on rencontre l'eau jaillissante à une profondeur de 109 mètres; dans le Nord, la craie, l'argile et les sables verts ont une faible épaisseur. » Le banc de craie paraît donc se relever à partir de Paris, lorsqu'on avance soit vers le S., soit vers le N. ; à Amiens, point intermédiaire entre Paris et le nord de la France, il est naturel de penser que la craie a une épaisseur intermédiaire entre celle qu'elle a à Paris et celle qu'elle a dans le Nord; la proximité du pays de Bray vient à l'appui de cette opinion. v Les résultats des forages qui ont été exécutés dans le département de la Somme, confirment les conclusions auxquelles conduisent les considéra- tions générales qui viennent d'être exposées. » Trois puits artésiens ont été creusés dans la vallée de Bresles, au N.-O. et à 4o ou 5o kilomètres d'Amiens, et à 25 ou 3o kilomètres du pays de Bray. Le premier est celui de Blangy; on a obtenu de l'eau jaillissante à 'il mètres de profondeur; la craie et les argiles ont été traversées. Le second est celui d'Ancennes, village situé à 1 kilomètres plus bas que Blangy; il a 62 mètresde profondeur, la craie a rc)m,5o d'épaisseur, les argiles 33 mètres; on rencontre les sables verts et la nappe d'eau jaillissante à 53m, 5o de pro- fondeur. Enfui le troisième, lokilomètres plus bas encore dans la vallée, est celui de Gamaches; l'épaisseur du banc de craie traversé est de 100 mètres; à 1 ?.rt mètres on a obtenu l'eau jaillissante. Plus liant en remontant la vallée de Bresles, on trouve près d'Anomale les argiles et les sables verts affleurant a la surface; ainsi ils s'enfoncent sous la craie quand on avance vers la mer; on les voil reparaître de l'antre côté de la Mancbe, en Angleterre. » Eaucourt se trouve entre Amiens et Abbeville, à 3o kilomètres environ d'Amiens N.-O ; un forage a atteint l'eau jaillissante a 1 65 mètres; on a trouvé 1 5o mettes de craie, puis 10 mètres de craie chloritée et l'on est tombé flans le gai il t. \ Lucheox, village situé à 10 kilomètres de Dpullens, à (85, ) t\o kilomètres d'Amiens et tout à fait au nord de cette ville, on a rencontre une nappe d'eau jaillissante à t i r mètres dans les sables verts. Voilà donc une série de points placés à [\o kilomètres en moyenne d'Amiens au N el au N.-O., où l'on a trouvé l'eau jaillissante. » A Courcelles-Majenco;irt sur un plateau dont l'altitude est de i3o mè- tres, un sondage a traversé 264 mètres de craie, et à 3oa mètres, point ou il est arrivé, on est encore dans les argiles. Courcelles est entre Amiens et le pays de Bray à 10. » Enfin à Gamon, village situé aux portes d'Amiens, un forage entrepris pour la recherche de la houille a traversé la craie à 129 mètres et à 10,4 mè- tres on est arrivé aux sables verts; à 204 mètres ils ont été refoulés au jour; l'eau n'a pas jailli, mais le trou de sonde a été obstrué ; ce qui indique bien la présence d'une nappe d'eau souterraine jaillissante. « De tous ces faits, du dernier surtout, je conclus que sous la craie à Amiens existe un banc d'argiles, qu'ensuite viennent les sables aquifcres; qu'en conséquence il y a de grandes probabilités pour qu'un puits foré donne de l'eau jaillissante (1). « La question des puits artésiens a une grande importance pour la ville d'Amiens, où l'on n'a au plus que 32 litres et souvent en été que 20 litres par tète d'habitant en vingt-quatre heures; cette eau est calcaire et séléni- teuse, cuit mal les légumes et ne dissout pas bien le savon ; elle laisse un résidu de ogr,35o par litre à 1 évapora tioil, sur lequel il y a, d'après des ana- lyses que j'ai faites récemment, en commun avec MM. Humbert et Poiré, professeur au lycée d'Amiens, oEr,255 de sels de chaux, dont ogr,o5i de sul- fate de chaux; tandis que l'eau des puits artésiens est très-pure et ne laisse que peu de résidu à l'évaporation ; celui de l'eau de Grenelle est seulement de ogr, 141 par litre. Ce fait a également une haute importance pour l'indus- trie qui emploie l'eau pour les cbaudières à vapeur, pour le lavage et le dégraissage des laines, la teinture et mille autres usages où sa pureté joue un grand rôle; elle mérite donc à tous égards d'attirer l'attention des admi- nistrateurs et des industriels. ■■ M. Perrot. qui avait présenté dans une précédente séance une Note sur (1) A la Note de M. de Marsilly est joint un échantillon du sable qui a été atteint dans le sondage de Camon ; ce sable a beaucoup de ressemblance avec le sable aquifère de Grenelhe et de Passy. Il est peut-être un peu plus fin, et pour cela même il se rapproche de certains sables verts du pays de Bray et du cap de la Hève. E. D B. ( 85a ) no appareil destiné à rendre manifestes et mesurables les variations dans l'intensité et la direction de la pesanteur à la surface de la terre, joint au- jourd'hui, comme appendice à cette première communication, l'exposé dune méthode ayant pour but de corriger de l'influence des changements de température les résultats observés à l'aide de cet appareil. (Renvoi à l'examen des Commissaires déjà nommés : MM. Babinet, Delaunay.) M. Perrot présente de plus une Note contenant les principaux résultats des expériences qu'il a entreprises dans le but d'accroître l'efficacité des paratonnerres et d'établir des électrographes indiquant constamment l'état électrique de l'atmosphère. Cette dernière Note est renvoyée à l'examen de la Commission des Para- tonnerres, composée de MM. Becquerel, Pouillet, Regnault, Despretz, de Senarmont et de M. le Maréchal Vaillant. M. Baitdry soumet au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé . « Recherches sur l'amélioration de la télégraphie électrique ». (Commissaires, MM. Babinet, Despretz.) M. Montais adresse de Constantinople une Note « Sur l'harmonie des couleurs ». (Renvoi à l'examen de MM. Chevreul, Babinet.) M. Mili.ot-Brilé adresse de Rethel (Ardennes) un Mémoire destiné au concours pour le prix proposé par l'Académie concernant la conservation des membres au moyen de la conservation du périoste. Le concours restant ouvert jusqu'au Ier avril 1866, le Mémoire, de M. Millot-Brulé sera mis à part pour la future Commission. M. Triebig adresse d'Albertshausen, près Wurtzbourg (Bavière), une Lettre écrite en allemand concernant un remède contre les dartres, qu'il croit pouvoir présenter au concours pour le prix du legs Bréant, mais dout il ne fait pas connaître la composition. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie, constituée en Commission spéciale.) f 853 CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de l'auteur, 31. Furiet, un Mémoire imprimé ayant pour titre : « avenir de la métallurgie en France vis-à-vis des traités de commerce : fonte, fer et acier » ; Et au nom de M. Roiixiceau, des expériences sur la torsion des bois. Cet opuscule est accompagné d'une Lettre dont est extrait le passage suivant : « J ai soumis, dit l'auteur, diverses essences de bois à la torsion et à la rupture par torsion, et, au moyen de ces expériences, j'ai calculé les coef- ficients de torsion et de rupture afférents aux différentes essences. L'idée de cette recherche, qui n'avait pas encore été faite, je le crois, est due au besoin que j'ai eu de connaître la résistance à la torsion des bois à em- ployer à la construction de portes pour une grande écluse, au Havre, et de connaître en outre la relation qui pouvait exister entre la résistance à la torsion d'une pièce et la résistance à la torsion d'un faisceau de pièces ayant ensemble le même équarrissage que la pièce unique. » M. le Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la Correspondance un Tableau météorologique dressé par M. A. Ré.vard sous le titre de : Distribution annuelle de la température à Paris, pendant Zjo années consécutives (de 1816 à 1 855), et ht l'extrait suivant de la Lettre d'envoi : « Si l'exécution matérielle de ce tableau laisse beaucoup à désirer, l'on peut en revanche compter sur l'exactitude des calculs, qui ont été faits deux fois et vérifiés avec soin. Mais comme il aurait pu m'échapper quelques erreurs dans la transcription du nombre considérable de chiffres qu'il m'a fallu employer, j'ai fait ajouter au texte explicatif un petit tableau des movennes annuelles et mensuelles déduites de mes moyennes diurnes. A l'aide de ce tableau, on pourra vérifier, en peu de temps, l'exactitude de tous mes calculs. N'ayant plus sous In main la collection complète des Annales de Chimie et de Physhpie, je n'ai pu faire cette vérification moi-même. » M. Bouvard a donné, vers i832, un tableau semblable pour 16 années seulement. Les différences que l'on observe entre ses moyennes et les miennes pour les mois d'avril et de mars, différences qui s'élèvent jusqu'à o°, 8 sur le maximum moyen d'avril, m'avaient d'abord causé une cer- taine inquiétude sur la valeur de mon travail. Alors j'ai refait le calcul de la moyenne générale du mois d'avril, pour les lôannées i8ib'-i83i, en me C. R., 1862, i« Scmestie. (T. LIV, N° 18.) 1 t° ( 854 ) servant uniquement des moyennes diurnes correspondantes, et j'ai retrouvé exactement le nombre io°, 65 donné par M. Bouvard. Mais la même moyenne n'étant que de io°, 2 pour les 40 années que comprend mon tableau, il fallut admettre qu'en dehors de la période considérée par M. Rou- vard, il s'était présenté des mois d'avril remarquablement froids. En effet, la moyenne générale de ce mois, déduite du maximum et du minimum moyens, a été : De 1816 à 1825 io,5 De 1826 à i835 io?4 De i83(5 à 1845 9,7 De 1846 à i855 10,1 De 1816 à i855 10,2 » Les variations sont bien plus considérables, si l'on groupe autrement les années, en ayant soin toutefois de ne joindre que celles qui se suivent immédiatement. Ainsi, j'ai trouvé: De 182G à i83i (6 années) I0>9 De 1824 à 1 833 (10 années) 10,6 De i834 à i843 (10 années) 9,0 » C'est principalement la première moitié du mois qui présente ces varia- tions extraordinaires, du moins pour les périodes décennales de 1824 à 1 833 et de i je n'ai cessé, dans ma pratique, de consi- gner avec le plus grand soin toutes les observations, tous les faits, qui se rapportaient à cet important sujet. » J'ai suivi avec la plus scrupuleuse attention le travail remarquable que M. le professeur Jobert de Lamballe vient de communiquera l'Acadéti ie des Sciences ; j'en attendais avec impatience les conclusions, où je comptais ( 8S8 ) trouver formulée la loi organique qui préside aux divers phénomènes que l'illustre Académicien a exposés avec tant de méthode et de précision. » M. le professeur Jobert, dans la dernière partie de son Mémoire, s'ex- prime ainsi : « Cet ensemble et cette succession de faits m'ont amené à une conception » théorique de leur origine et de leur cause. Il ressort, selon moi, de l'exa- » mendes faits, que le tendon se reproduit, se régénère directement et com- » plétement au moyen du sang qui vient, après la section sous-cutanée, » remplir l'espace laissé par la rétraction tendineuse. Indépendamment des » preuves résultant de l'inspection directe et qui ont été suffisamment accu- » mulées, je dois encore citer un argument tiré de l'anatomie et qui établit » que c'est bien dans le sang que le tendon puise son origine et son orga- » nisation progressive. » Il ne faut pas croire, en effet, que ces phénomènes de régénération a puissent se produire sur tous les points du système tendineux. Ils n'ont » été observés que là où il existe un degré de vascularisatipn et de vitalité, » c'est-à-dire là où l'abord du sang a lieu en suffisante abondance. » » Un peu plus loin il ajoute : « C'est donc du sang sorti de ses vaisseaux cpie découlent tous les phé- » nomènes de régénération du tissu tendineux. » » M. le professeur Jobert, dans ces deux passages de son remarquable Mémoire, n'a signalé que des effets. » Le sang est la matière dont la nature se sert pour reproduire, pour régé- nérer la portion d'organe supprimée ; mais la structure de ce nouveau pro- duit est subordonnée à des conditions, à des lois organiques dont le secret nous échappe. » Les tendons se régénèrent, se reproduisent au moyen de la membrane péritendineuse ( je n'entends pas parler des gaines synoviales, mais seulement des gaines celluleuses), comme l'os se reproduit par la membrane péiiosti- que, connue une artère lésée se cicatrise et se régénère, si la suppression de l'impulsion de la colonne sanguine lui en laisse le temps, par sa tunique i xterne, par sa membrane périvasculaire (guérison des plaies artérielles par une compression longtemps prolongée). » L'épanchemenl du sang entre les deux bouts du tendon coupé n'est pas indispensable pour sa régénération, car, à défaut du sang extravasé, il se produit dans la plaie et par voie d'exhalation une substance lympho-plas- tique qui produit le même résultat. » La rapidité de la reproduction du tendon n'est pas subordonnée à la ( 859 ) quantité de sang épanché, mais au degré de vascularisation de la gaine cel- luleuse péritendineuse. » Je me borne aujourd'hui à formuler celte loi de la régénération des tendons, me réservant d'exposer plus tard, dans un travail plus étendu, les faits et les expériences qui en sont la base et en même temps les considéra- lions chirurgicales pratiques que l'on peut en déduire. » ASTRONOMIE. — Note sur un nouveau télescope de V Observatoire impérial; par M. Léon Foucault. (Présentée par M. Le Verrier.) « Les essais que j'ai poursuivis dans ces dernières années pour arriver à construire des télescopes paraboliques en verre argenté ne devaient prendre une importance décisive qu'à partir du jour où les miroirs ainsi obtenus atteindraient des dimensions supérieures à celles des plus grands objectifs achromatiques; ce n'est dont en quelque sorte qu'à titre de renseignement que j'ai annoncé la réussite des miroirs de 10, de ao et de /jo centimètres de diamètre. » Mais aujourd'hui le dernier miroir sortant des ateliers de la maison Secrétan atteint, à peu de chose près, au diamètre de 80 centimètres, et il forme son foyer principal à la distance de 4m, 5o. Ce miroir, monté en téles- cope newtonien et provisoirement porté sur tin pied altazimutal, fonctionne depuis trois mois à l'Observatoire, où l'on n'a pas manqué une éclaircie pour le soumettre aux épreuves les plus nombreuses et les plus variées. » Après l'examen attentif et critique auquel se sont livrés le Directeur de l'Observatoire, M. Chacornac et moi-même, il a été établi comme certain que ce dernier miroir, malgré sa plus grande étendue, réalise la figure vou- lue avec le même degré de précision que les miroirs plus petits précédem- ment construits. Je puis donc considérer ce télescope de 80 centimètres comme une réalité accpiise au service de l'astronomie, et m'autoriser de l'expérience pour décrire en peu de mots la marche qui a été suivie. » Le discpie épais et bombé dont le miroir est formé, a été coulé à la ma- nufacture des glaces de Saint-Gobain, dans un moule en fonte préparé par les soins de M. Sautter, le directeur de l'usine aux phares lenticulaires. Ce disque, dont la matière est sèche, continue, et d'une homogénéité plus que suffisante, présente cependant des indices non équivoques d'une trempe qui s'est produite pendant le refroidissement, et qui avant l'argenture s'accusait par de larges anneaux colorés et concentriques. » Ramené aux ateliers de l'usine Sautter, le disque y a subi un dégrossis- ( 8Go ) sage qui dut consister : à déborder le contour au diamètre voulu en \ creu- sant une gorge pour fixer les amarres destinées à manier la pièce; à pré- parer la surface en lui donnant approximativement la courbure; et à polir le revers en lui gardant une convexité favorable à la rigidité du miroir. » Ainsi préparé, le disque a été porté aux ateliers Secrétan et remis entre le^ mains des ouvriers opticiens qui devaient le travailler sans machine. A la vue d'une pièce de dimension aussi exceptionnelle, on reconnut aussitôt qu'il fallait renoncer aux méthodes ordinaires et l'on essaya d'attaquer cette vaste surface par une contre-partie en verre de 5o centimètres seulement de diamètre agissant par usure au moyen de l'émeri détrempé dans l'eau. Ce travail, confié a une main fort habile et suivi pas à pas avec le sphérometre, a donné au bout d'une semaine une surface doucie d'un grain fin et qui parut aussi exactement sphérique que possible. » Restait à exécuter le poli, et sous ce rapport les dimensions de la pièce devenaient encore plus redoutables, car, bien plus que le rodage à l'émeri, le polissage à sec exige une force motrice qui dans le cas actuel était limitée à la puissance de l'homme. On a donc été conduit à réduire le polissoir au diamètre de 22 centimètres, on l'a recouvert de papier enduit d'oxyde de fer et l'on s'est résolu à attaquer la surface élément par élément, distribuant méthodiquement les passes et recourant à l'examen optique aussi souvent qu'il était nécessaire pour suivre pas à pas et pour diriger le changement de figure. A vrai dire la surlace a été polie et formée d'emblée plutôt que rec • tifiée après coup, suivant la méthode déjà décrite des retouches locales. Sous la main d'un seul homme adroit et docile ce travail a duré huit jours; et au bout de ce temps nous possédions un miroir dont la figure, sans cesser d'être de révolution, avait été à dessein modifiée de telle sorte, qu'il restait fort peu à faire pour la conduire jusqu'au paraboloide. » De ce moment on put considérer la réussite comme assurée. Le miroir hit porté à l'Observatoire avec les appareils et les outils nécessaires pour procéder à l'examen optique et pour opérer les dernières retouches. > Pendant ce temps M. Eichens, le directeur des ateliers de M. Secrétan, acheva de construire le corps du télescope, la monture altazimutale, les mé- canismes et tous les accessoires à l'usage du nouvel instrument. ( oiniiie cette installation n'est pas définitive, je n'aurai pas à en donner une description détaillée. Il me suffira de dire sommairement que nous sommes arrivés en lin de compte à nous créer un instrument de 78 centi- mètres di' diamètre, utile, qui par les temps favorables est conduit hors des salles et mis aussitôt en position convenable pour observer. ( 86i ) » Le corps du télescope est suspendu en son centre de gravité par deux tourillons qui s'appuient aux extrémités de deux colonnes verticales soli- dairement implantées sur un plateau tournant, elle tout, construit en bois de sapin, est porté sur une base carrée également en bois et munie aux quatre angles de larges roues en fonte. Les mouvements en hauteur et en azimut sont communiqués par deux vis tangentes mobiles à la main et agissant sui- des cercles dentés. Tous les détails qui entrent dans cette grande construc- tion sont d'une exécution soignée qui fait honneur à la maison Sécrétai) el qui témoignent de l'habileté de M. Eichens. » Pour transformer la monture actuelle en un véritable équatorial, il n'y aura pour ainsi dire qu'à l'élever sur un bâtis et à l'incliner à la latitude du heu qu'on se propose de choisir dans le midi de la France afin de tirer avan- tageusement parti des grands pouvoirs optiques. » physique. — Morphogénie moléculaire ; par M. M. -A. Gacdin. (Extrait par l'auteur.) « En profitant de l'idée que m'a suggérée M. Hervé-Mangon pour repré- senter mes figures par des signes gravés composés comme des caractères d'imprimerie, je vais faire pour ainsi dire l'anatomie des aluns potassique et ammoniacal. » La formule de l'alun potassique peut être mise sous cette forme : K. -t- 2 Al O2 4 SO2 + 4 O + ik H2 O. » Le groupe entier est alors représenté en projection sur un plan hori- zontal par la fig. i . d La formule de l'alun ammoniacal étant ( Az H6 -f- H5 O) SO3 -t- Al5 O3 3 (SO3) -f- 24 H2 O, peut être mise sous la forme Az h- 2 Al 0! -+- 4SO1 + 28 H2 O. » Je la représente en projection totale par iajig. 2. » Cette fig. 2 diffère de la fig. 1 en raison du remplacement de l'atome de potassium par l'ammonium, atome composé de 1 molécule d'azote et de 8 atomes d'hydrogène; mais 8 atomes d'hydrogène groupés autour de 1 molécule d'azote, d'après les règles ordinaires d'équilibre, ne peuvent former qu'un cube, et ce cube s'orientant et s'engrenant, pour ainsi dire. C. R., i86j, 1" Semestre. (T. LIV, N° io.) ' ' l ( 862 ) Fïg. 1. © © © Fig. 2. A © © © © © © o © © © © © © © © @ @ © © © o © © © © © © © © © ® 000 © © © Fig. 3. o o o © o o o o o o o o o o o o o o o o A Fig. 4. o o o o O • O O O O o o o ■ o o ° o ( 863 ) avec les 4 atomes d'oxygène isolés que l'on voit clans la figure de l'alun po- tassique, forment 4 molécules d'eau. » Comme dans toutes les molécules til y a un axe principal auquel sont parallèles tous les éléments linéaires à 3 atomes (axes d'affinité) disposés par rapport à cet axe avec une symétrie rigoureuse, il en résulte trois réseaux : l'un du milieu que je nomme réseau équatorial, et deux autres aussi parfai- tement symétriques, et de composition identique entre eux, que je nomme réseaux moyens. La fig. 3 représente le réseau équatorial et la fiq. 4 l'un des réseaux moyens. » La fig. 5 représente la coupe AA de la fig. i. C'est la coupe principale de la molécule. Fig. 5. O » o - o ° o ° ° o ° o ° o ° o » Au moyen de ces quatre figures, on comprendra parfaitement la struc- ture de la molécule, et l'on reconnaîtra que clans toutes ses parties règne la symétrie la plus parfaite cpii dérive de deux lois d'une extrême simplicité : l'une, que je nomme loi cl 'affinité, est représentée par i atome d'une espèce situé dans une même droite entre i atomes d'une autre espèce, également distants de l'atome de la première espèce. L'autre loi, que je nomme loi d'équilibre, résulte de 3 atomes identiques placés clans une même droite, à égale distance les uns des autres. i i r .. ( <%4 ) » La première loi existe parallèlement à l'axe, perpendiculairement à l'axe et obliquement a l'axe un très-grand nombre de fois. » Parallèlement à l'axe, on voit [fig. 2) 4 molécules d'acide sulfureux linéaires, entourées chacune de 8 molécules d'eau linéaires, et au milieu 1 molécule d'azote biatomique ou tourbillon, également entourée de 8 mo- lécules d'eau linéaires; plus au-dessus comme au-dessous, dans l'axe, 1 molécule de bioxyde d'aluminium. Ainsi dans l'axe la loi est vérifiée 3 fois par ses 7 atomes, et parallèlement à l'axe 3a fois par les 32 molécules linéaires qui lui sont parallèles : en tout, 35 fois la loi. » Dans le réseau équatorial, comme dans chacun des réseaux moyens, la loi existe horizontalement en raison des atomes de soufre ou d'azote placés entre deux atomes d'oxygène, des atomes d'oxygène entre deux atomes d'hydrogène, des atomes d'oxygène entre deux atomes de soufre, et des atomes d'hydrogène entre deux atomes d'oxygène, 24 fois dans chaque réseau, ce qui fait pour les trois réseaux 72 fois la loi. » Obliquement à l'axe, dans les 4 plans passant par les 7 molécules d'eau, la loi est vérifiée 4o fois, plus 8 fois dans les 4 extrémités de la croix. Le massif de la molécule étant composé de 5 prismes carrés, on peut dans chaque prisme imaginer 8 lignes plongeantes partant des atomes d'hydro- gène et passant par l'atome central de ces prismes, ce qui fait encore 4o fois la loi. Dans les 8 rangées à 4 molécules d'eau, la loi existe 4 f°is dans chaque rangée, soit 32 fois pour les 8 rangées; et en somme : 35 fois parallèlement à l'axe, -p. fois perpendiculairement à l'axe, 120 fois obliquement à l'axe, Soit déjà 227 fois la loi. « Ce n'est pas tout encore : suivant la règle générale pour toutes les mo- lécules sans exception, l'atome central est placé au milieu de la ligne droite menée de tous les atomes pris deux à deux, dans deux directions diamétra- lement opposées, ces deux atomes étant identiques entre eux; c'est encore la loi d'affinité, et, en raison du nombre total des atomes entourant l'atome central qui est 102 pour l'alun ammoniacal, la loi existe, de ce chef, 5i fois, donl il faut retrancher le nombre i3 déjà compté dans le massif central ; il reste alors 38 fois la loi. » Chaque atome d'oxygène situé au centre des réseaux moyens donne encore lieu à 10 axes d'affinité qui n'ont pas été comptés, soit 20 pour les ( 865 ) deux réseaux; on compte 72 axes d'affinité obliques, plus inclinés et plus longs, et au total 357 f°'s 'a '°* d'affinité. » Quant aux axes d'équilibre, je dirai pour abréger qu'il s'en trouve au moins 232 perpendiculaires à l'axe dans les trois réseaux, et 8 obliques ;i l'axe. » En résumé, dans une seule molécule d'alun ammoniacal, les deux lois d'affinité et d'équilibre sont observées au moins 617 fois et parla se trouvent vérifiées d'un seul coup, par une construction géométrique, avec une rigueur mathématique, la loi des gaz de Gay-Lussac, la loi d'Ampère, la loi deDulonget Petit sur le calorique spécifique des atomes, la notion de l'am- monium, et par-dessus tout la formule générale des aluns, leur isomor- pbisme et leur constance à engendrer le système cubique. » Dans ce groupe, cbaque atome prend place en vertu d'une seule et même loi : il serait impossible d'en distraire, ou de changer de place, un seul atome, sans détruire l'harmonie parfaite du solide. » Par là les atomes, comme centres de forces indivisibles par nos moyens chimiques actuels, deviennent une réalité, ainsi que les formules chimiques. » Dans un accord aussi parfait sous tous les rapports, on ne saurait voir un effet du hasard, puisque tous les corps cristallisables sont engendres d'après les mêmes lois; il ne se peut pas non plus qu'il me soit donné de formuler une règle géométrique idéale, puisque en dehors d'elle, de quelque manière qu'on s'y prenne, il ne peut exister que confusion ; donc en réalité je ne suis qu'un humble travailleur qui, à force de persévérance, et dans un moment d'heureuse inspiration, ai découvert une loi nouvelle qui apporte aux théories chimiques une sanction manifeste que leur avait manqué jus- qu'à ce jour. » (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés dans la séance du 21 juin 1847 : MM. Dumas, Pelouze, Regnault.) M. Cabieu demande et obtient l'autorisation de reprendre son Mémoire sur l'emploi du genêt pour la fabrication du papier d'imprimerie, Mémoire sur lequel il n'a pas été fait de Rapport. La séance est levée à 5 heures trois quarts. E. D. B. ( 867 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 21 avril 1862 les ouvrages dont voici les titres : Notice sur M. Isidore Geoffroj-Saint-Hilaire ; par M. A. Bazin. Bordeaux, 1862; br. in-8°. (Extrait des Arles de la Société Linnéenne de Bordeaux t. XXIII, (3e livraison.) De la cure radicale de la vigne; par le Dr Baubil, de N.irbonne. Montpel- lier, 1862; br. in-8°. Distribution annuelle de la température à Paris pendant quarante années consécutives [de 1816 à 1 855 ) (Tableau présentant un résumé synoptique des observations faites à l'Observatoire de Paris, sous la direction de M. Arago; dressé par M. Bénard). Antographié 1 feuille in-fol. Sur une lettre inédite de Linné à Correa de Serra; par M. A. Malle- branche. Paris, demi-feuille in-8°. (Extrait du Bulletin de la Société bota- nique de France.) Notice des instruments de chirurgie humaine et vétérinaire, appareils et cou- tellerie de la maison Charrière, présentée à MM. les Membres du Jury intei- national de i Exposition universelle de Londres (1862); par M. J. Charrière. Paris, 1862, vol. in-8°. Avenir de la Métallurgie en France vis-à-vis des traités de commerce (Joute, fer et acier); par M. Furiet. Paris, 1862; in-8°. Irrigations et prairies combinées à convertir les inondations en une riche con- quête; par M. J.-P. Bargné. Alais, 1861 ; in-8°. Note et expériences sur la torsion des bois; par M. BOUNICEAU ; demi-feuille in-8°. ( 868 ) Report... Rapport de la Commission chargée, en 1861, par le Conseil de Surveillance du collège Harvard, de visiter l'Observatoire. Boston, [8625 in-8°. Relazioni. . . Mémoire sur les relations existant entre certaines propriétés ther- miques et d'autres propriétés physiques des corps; par Giov. Caintom , profes- seur de physique à l'Université de Pavie. Pavie. 1862; in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 28 AVRIL 186*2. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Ministre d'État transmet ampliation d'un décret impérial en dalf> du 17. avril courant qui confirme la nomination de M. Ossian Bonnet à la place devenue vacante, dans la Section de Géométrie, par suite du décès de M. Biol. Il est donné lecture de ce décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Bonnet vient prendre place parmi ses confrères. MECANIQUE CÉLESTE. — Nouvelle théorie du mouvement de lu Lune. — Comparaison des expressions trouvées pour les coordonnées de cet astre avec celles qui ont été obtenues antérieurement ; par M. Delacnay. (Suite. ; Longitude. « Les 1709 termes que renferment les inégalités de la longitude de la Lune, jusqu'au septième ordre inclusivement, se divisent de la manière suivante : 3 termes du 2e ordre , 17 » du 3e ordre, 66 » du 4e ordre , 196 » du 5e ordre, 5o4 » du 6e ordre , 9^3 » du 7e ordre. i'.. H.. 1S62, 1" Semestre. (T. LlV, N° 16.) ' ' 2 ( 87o ) » 'M. Plana a donné exactement tons les ternies du 2e, du 3' et du 4' ordre. L'exactitude de ces termes a été constatée avant moi, i" par M. Lubbock, pour tous les termes du 2e et du 3e ordre, et pour 5-] termes du 4e ordre; i° par M. de Pontécoulant pour les 9 autres termes du 4e ordre. » Sur les 196 termes du 5e ordre, M. Plana n'en a donné que 194, parmi lesquels \l\ seulement ont des valeurs différentes de celles que j'ai obtenues. Ainsi j'ai reconnu que 180 de ces termes sont exacts. Avant moi M. Lubbock en avait déjà vérifié gS, et ensuite M. de Pontécoulant en avait retrouvé 68 autres. » Sur les 5o4 termes du 6e ordre, M. Plana en a calculé seulement 1 i3. J'ai constaté l'exactitude de 67 de ces termes, dont 45 avaient déjà été véri- fiés par M. de Pontécoulant. » Enfin sur les 923 termes du 7e ordre, M. Plana n'en a donné que 53, dont 14 seulement s'accordent avec mes résultats. M. de Pontécoulant avait déjà retrouvé 7 de ces i4 termes. » D'après cela on voit que les corrections que doivent subir, suivant moi , les expressions trouvées par M. Plana pour les inégalités de la longitude de la Lune, portent sur i-l tenues du 5e ordre, 46 « du 6e ordre, 39 >> du 7e" ordre. » Le tableau suivant a pour objet de faire connaître ces corrections. En regard de chacun des termes de M. Plana, qui ne se sont pas trouvés vérifiés par mes calculs, j'ai mis la valeur que j'ai obtenue pour ce terme, en ayant soin d'indiquer par la lettre (L) ou la lettre (P) ceux de mes résultats qui concordent avec les résultats trouvés antérieurement par M. Lubbock ou par M. de Pontécoulant. Les inégalités dont dépendent les différents termes sont indiquées par leurs arguments, dans lesquels D représente la distance moyenne de la Lune au Soleil, F la distance moyenne de la Lune au nœud ascendant de son orbite, / l'anomalie moyenne de la Lune, /' l'anomalie moyenne du Soleil. ( 87i ) ARGUMENTS. I— V » l— 2/' / + /' » 2/ 2/- /' 2F-W 2F + / 2F-/ » 2D TERMES DE M. PLANA. 387o3oi7 , , , 6144 3257665 , 6 576 8380879 , . y '•'ce' m1 6144 38o35o43 , . ■ ee m 4608 128 _ 4089547 ee,mt 6144 80181817 , , 36864" ("'"' _ao9 v 12 45 , , + 76?V 5o3 . , -r- e nr 171 -, H 2 — e'en m e' m' 563o5 1024 5000675 , . iàkem ■^e'e'm 160 i53 32 ' 4 ye* 1221 , , 5l2 -s'"" 855 , 64 TERMES NOUVEAUX. 658o3757 „ , , ., , . e-e'm' 6144 3253 I2Q , , 576 2761653 , , 3180241 H »„. ee nr ce' m' 384 H e3 e 128 2630467 6i44 83271481 , 36864 Ce 85 , ., 35 , . , 3319 , , , i53b 2280 , „ ., -~e-e nr 128 575o5 , — --e'iir 1024 5o5iqi5 , 32 32 1 1 y- e m 2i3 . , ■ — y-enr 8385 . . ■ — 7- eut 5l2 47i , , (P) (P) (L (P) 1 12. ( 8?2 ) ARGUMENTS. /[) >l>- / zD- -/ TERMES DE M. PLANA 1 35 '9'99 , 768 — c* m1 12 11839 , -= e- c- m- 192 ^- e- m3 24 358070 1024 5l2 1 55849 , 921C 320227 , ., , W '"•''"'"' 12288 £6543 ■ 44 221 184 ' 158002907 , 294912 70043 ,„ ,, 7G8 245 . , •32 1253 ,, e ' ur 128 68375o3 . -ï -. — ~-e'e 4096 6n8655o 1 , 27648 io5 -+- -5— — /- /' .D-/-2/' TERMES DE M. PLANA. 447 „,j j 32 ■/ e ni i579 ,.. , — — ft -/h 24 22o3io5 . 8192 q3o727 ,., , — - , ce -w' 23o4 i6458iq , 55296 10164499 4- ,, ,. em* 331776 2533847 , . H - — ce m 3072 107203 , , 57bo 1093 64 1 1 7 1 , 4-^7'<*"'« 64 259559 , , -T843TC'"' 369881 ,., , 1336 2005567 ■r rin' 1 7~ 7 23o4 6168703 . / - /■ ' '" 24376 ^459849 ee«m, 4608 i3o4634o5 221 184 44'5o286o7 2654208 I754U3 - ee m' 2048 897335 , , + -fr ee m 8192 212906881 ,, , + 73728 " TERMES NOUVEAUX. 16 :85 l6 = — ec'J ;« ' 12 + 4M5j)5(,3/„. 24376 026695 ,„ , - y . , ee'-iti' 23o4 896417 27648 13853995 331776 857949 , . 1024 iî3o43 2 , 5760 + ZZ2,.//r 192 57 .. , 4- -jt 7 e- m + I j ■/- rr :iii 2793 I , 2048 365a8 1 ,, 1 53b 1 002041 y' cm I I 32 545023 , -. — r e 111' 24576 [9912163 -I — — et -m' 4608 [ !( 11 >746o5 221 |84 443a2965l 1 2654208 l43l 9O9 , -+-— ±±±cr lll' 20 4 8 886323 , , P (P) P (L) I' (P) 8192 21 1896865 _l ï ee -m 7J728 ( 87-ï ) ARGUMENTS. 2D-/+/' » 2D-/+2/' 2D-2/ 2D- 4/ 2D + 2F 2D + 2F — 2/ 2D-2F 4D- /' » 4D + /' » 4D-/ » 4D-/+/ 4D-2/ TERMES DE M. PLANA. 29353753 18432 ee 2794070407 128 2130014243 , . 884736 + — er m 4 35 , , — 107 cm '73999 „,,. ~l6o8"7/1 385 . , , — r'A ne 32 ' 12605 , , 256 3195 , , , 256 619739 5 4096 398975009 737280 35io847 , — — ^ -pc 8192 2oo55 , , • e'ne 5l2 1026043 , , —s —e->» 8192 27561 8 197 , - ,r , '-/Il 245760 6927 , a 128 « 1 38 189 . a ■ —ï "é ■ ~T 5l2 (l 1553407 , Cl — - ne • —r 1024 a TERMES NOUVEAUX. 292172. 1 -\ — —7TT7-. — ee ne (Pi + ee 'ne 18432 271279,5331 221 184 4656 1 -r- ee ' m 128 1929830843 , p m* 884736 35 >93 1 3 -F- 'Ie'"1 16 ' [5 , 2 1 15679 2 4608 ' 385 , , , 64 16625 , , . 236 4275 , 256 619755 4096 456i5388i 737280 2o5i83 , 5 ee n, 8192 , l8495 3 3 1701883 , "81^"*' (P) (P) (P) (P) (P) (P) (P) (P) (P) (P) (P) 245760 6887 , a é "' " -' 128 11 ■ '- «r • - , 5l2 (P) (P) 2.3571 19 , it 1336 « ( 875 ) ARGUMENTS. D — /' r> + /' » D — l » 1) — /+/' 3D » 3D-/ 31)-/+/ TERMES DE M. PLANA. i 35 , , a H TTe m'~ îO a 2(")5 . , II ~ — ce ni • , il u 37660 , , u 76 S a' 3335 . , 11 + — — ee m--, 32 a 22x3 , , a + — — e nr- -, il a 124803 , , a -r— e m • -, 76b 11 086 i5 , a cm ■ —, 1024 a 38 1 5237 , a ôq c'"' •-> 12288 a 1 52 1 87 , a — cm3 • -, 1024 a 14 1 2601 3 , a ."W ""'"«' ioq5 , a = — ce m • — , 32 a io3i , a 04 a 666880 a ^-7^ m" ■ —, 61 4 4 » _ 7489400 a_ 16384 «' 345 , a 64 r< TERMES NOUVEAUX. 75 ., , a 64 a 37000 , , a 768 a 21 5 , , a -\ ce m • —, 2 a 662Q , . a 96 a 123365 768 c m 682l5 , « ■ erre ■ —, 1024 a 3782285 . 11 i5i3o7 , 11 ■ y- em" ■ , 1024 ri (P) (P (P) i4o8o365 16384 495 fin' ■ — „- ee m ■ — 16 r( 25q « :? /H* ■ — : /«■'. ■ 16 666249 6i44 7462360 c/ W ■""--■ 375 , « ■ -£T ee m ■ — 64 fl (P) (P) (P) (Pi » J'aurais pu introduire dans ce tableau deux autres différences qui se sont également présentées entre mes résultats et ceux de M. Plana. Ainsi Are. 2 F, l'ai trouvé J-^y2m* au lieu de =77-7*01*, Arg. aD, a56 i935 a56 yë'm au heu de 189?. , 4 256 ' Mais ces différences proviennent de certaines inexactitudes dans la va- leur attribuée par M. Plana au coefficient du terme principal de la latitude, ( 876 ) inexactitudes qui se retrouvent dans la seconde des formules de trans- formation données précédemment (p. 8i4) et destinées à ramener les let- tres e, y de M. Plana à avoir la signification absolue que j'ai adoptée. M. Adams, ayant repris les calculs mêmes de M. Plana, pour vérifier ce coefficient du terme principal de la latitude, a trouvé qu'il doit avoir pour valeur T 33 , i , 82497 5 4801697 6 '[128 5i2 24576 2949« 2 „ /q » 1 1 3 , 352i ,\ ,/ 11 11 71)77 3 \8 128 1024 / \ 2.5b 25b o/3 5 2 i5 3\ ,/ 3 i35 \ i5 , v(£+5-)} En tenant compte des corrections qui en résultent pour la seconde des formules de transformation que je viens de rappeler, j'ai trouvé que les deux différences ci-dessus disparaissent complètement; c'est pour cela que j'ai regardé les termes sur lesquels elles portent comme ayant été donnés exac- tement par M. Plana. » On voit que, sur les 99 corrections indiquées dans le tableau qui pré- cède, 4 sontduesàM. Lubbock, et 38 à M. de Pontécoulant. Je dois ajouter que, suivant M. de Pontécoulant, les deux premières corrections, celles qui portent sur les termes en e'e'm* et en e'w6 de l'équation annuelle (Arg. /') n'existent pas; car les valeurs qu'il a trouvées pour ces deux termes con- cordent avec celles de M. Plana. Il y a plus : le second de ces deux termes a été retrouvé par M. Adams identique avec celui de MM. Plana et de Pon- técoulant. Averti de cette circonstance, j'ai revu tous mes calculs avec soin, et n'ai rien trouvé à y modifier : l'avenir apprendra de quel côté est la vérité. » Pour terminer ce qui concerne la formule donnée par M. Plana pour la longitude de la Lune, je dirai que, parmi les termes du cinquième ordre, qu'il s'était proposé de calculer tous, il en a omis deux, qui sont ,35 Arg. 2D-2/-+-2/' — -6, c*c"»i, Arg. 2D + 2F — 7? 7a'"3 (p)- ( 877 ) IV plus, il .1 donne deux tenues qui n'existent pas, savoir : , „ 885 . ,., Arg. 2D + 2/+3/ +-grr-e'-m. Arg. 2D- l -h il' +i5f3e'2/». Enfin il a donné, dans les coefficients de diverses inégalités, cinq tenues qui contiennent in~' en facteur et qui ne peuvent pas exister. M. de Pon- técoulant ne donne pas ces termes en m~' . » CHIMIE. — Introduction aux XIIIe et XIVe Mémoires, des Recherches chimiques de M. Chevreul sur la teinture. « Huit jours se sont écoulés depuis que j avais demandé la parole pour présenter à l'Académie les Mémoires XIII et XIV de mes Recherches chi- miques sur la teinture, avec un appendice dont l'objet est de montrer l'extrême liaison des séries d'expériences décrites dans ces Mémoires avec la chimie générale et l'application de celte science à diverses questions du ressort des arts et de la physiologie. Des personnes à qui j'ai communiqué cet appen- dice m'ont conseillé d'insister davantage sur le sujet que j'y traite, en don- nant plus de développement à mes idées, afin de faire sentir l'extrême liaison de mes expériences avec des inductions auxquelles je suis conduit. En me rendant à leur conseil, je vais indiquer comme introduction l'objet que j'ai en vue. » Dans le XIIe Mémoire, présenté à l'Académie le 2 décembre 1861, je démontrai qu'on ne pouvait déduire des conséquences rigoureuses de l'application des matières colorantes sur des étoffes de laine, de soie et de coton, qu'à la condition de les avoir passées préalablement à l'acide ehlor- hydrique, puis à l'eau, de manière à leur enlever toute trace d'acide, parce que dans l'état où les étoffes parviennent aux ateliers, elles peuvent contenir des corps de diverse nature étrangers à leur constitution, lesquels corps, en agissant comme mordant, sont susceptibles de modifier beaucoup les matières colorées que le teinturier se propose de fixer. La comparaison îles couleurs fixées sur les étoffes purifiées par l'acide chlorhydrique et les mêmes étoffes non purifiées me conduisit à penser que l'opinion où l'on est généralement de l'influence des eaux naturelles en teinture est réellement fondée. Mais qu'est cette influence en réalité? C'est ce que personne ne pouvait dire avec certitude. Des expériences comparatives, faites avec ces eaux et l'eau distillée, pouvaient seules répondre à cette question. Ce sont C. R., i86>, Ier Semestre. (T. LIV, N° 16.) ' ' ' ( 878 ) leurs résultats qui composent mon XIIIe Mémoire ; ils sont déduits de 7^9 expériences comparatives faites sur la laine, la soie et le coton, purifiés par l'acide chlorhydrique. Les étoiles sont teintes avec neuf matières coloran- tes, et chaque étoffe est teinte sans mordant, avec mordant d'alun, et avec mordant d'alun et de tartre. Les bains colorants, comme les bains mor- dants, sont préparés avec l'eau distillée, l'eau de Seine et l'eau d'un puits des Gobelins. En outre, les 729 échantillons d'étoffe ont eu leurs couleurs déterminées avec les types des cercles chromatiques, et ces échantillons, partagés par moitié, ont été exposés, une moitié à l'air lumineux et l'autre moitié conservés dans l'obscurité. De mois eu mois, l'effet de l'air lumi- neux sur chaque étoffe a été constaté d'une manière précise. » Certes si les progrès de la théorie et de la pratique de la teinture étaient seuls intéressés à de telles recherches, j'avoue que j'aurais hésité, avant de les entreprendre, malgré mon dévouement à remplir les devoirs qu'im- pose, à mon sens, le titre de Membre de l'Académie des Sciences au Directeur des teintures des Gobelins. Mais des considérations de plus d'un genre m'ont déterminé à m'y livrer, dans la conviction où je suis que des expériences comparatives, entreprises dans un but spécial bien déterminé, auraient toujours l'utilité que Fontenelle a si heureusement définie dans le passage suivant, que j'ai inscrit sur le titre de mes Considérations générales sur l'analyse onjaniqueet sur ses applications. « L'avantage d'un système général est qu'il donne nu spectacle plus pom- » peux à l'esprit, qui aime toujours à voir d'un lieu plus élevé et à décou- la vrir une plus grande étendue-, mais, d'un autre côté, c'est un mal sans » remède que les objets vus de plus loin et en plus grand nombre le sont » aussi plus confusément. Différentes parties sont liées pour la composition » d'un tout, et fortifiées mutuellement par cette union; mais chacune en » particulier est traitée avec moins de soin, et souffre de ce qu'elle est partie; » d'un système général. Une seule matière particulière bien éçlaircie satisferait » peut-être autant, sans compter (pie, dès là qu'elle serait bien éçlaircie, elle de- » vieillirait toujours assez générale. » » Apres avoir teint comparativement dans l'eau distillée, l'eau de Seine, l'eau de puits, comme je l'ai dit, des différences se sont manifestées dansées produits, et elles ont été déterminées d'une manière précise. » Les conséquences sont donc applicables à la pratique. » Voilà le résultat final du XIIIe Mémoire. » Mais cela ne suffit point à la science : il faut remonter, pour la satisfaire, à la connaissance des causes des différences observées. ( «79 ) » On ne peut le faire que parla synthèse, c'est-à-dire en réunissant des corps connus soupçonnés être la cause des différences observées, et cher- cher ensuite par l'expérience si les conjectures sont fondées, conformément à la définition que j'ai donnée de la méthode expérimentale, définition d'après laquelle des expériences sont instituées méthodiquement pour contrôler un aperçu scientifique qui, simple conjecture d'abord, ne devient vérité qu'après avoir été démontré par l'expérience. » En chimie, quel est l'organe du contrôle dans les questions qui m'oc- cupent? La balance. » Mais celle-ci ne répond d'une manière certaine que quand il s'agit de composés définis. Lorsqu'il s'agit de composés indéfinis, comme le sont des résines, des huiles, des liquides animaux, tels que le sang, le lait, etc., des alliages, deseaux naturelles dont l'usage s'étend aux arts, à l'alimentation, et à la thérapeutique s'il s'agit d'eau minérales, on ne peut dire qu'elle mène à la même certitude dans la conclusion que l'on déduit de la pesée des prin- cipes que l'on a séparés de ces composés indéfinis. Aussi arrive-t-il fréquem- ment que des analyses d'eau minérales, que l'on considérait comme bien faites, n'ont pas signalé des corps que l'on a rencontrés plus tard dans ces mêmes eaux, corps qui, quoique en très-faible proportion, n'en ont pas moins une influence réelle sur l'économie animale. » Revenons à mes expériences sur la teinture. » Les différences observées en teignant comparativement dans l'eau dis- tillée, l'eau de Seine et i'eau d'un puits des Gobelins, tenaient-elles au sul- fate de chaux, au carbonate de chaux, soit basique, soit neutre, soit acide, que l'on sait exister dans les eaux de Seine et de puits? « Voilà les questions posées dans le XIVe Mémoire. » Qu'ai-je fait pour les résoudre? » J'ai préparé quatre, eaux, dites artificielles, avec de l'eau distillée, dit sulfate de chaux pur, du sous-carbonate de chaux pur (craie), de la pierre à plâtre et de la craie dissoute dans de l'eau d'acide carbonique, et j'ai teint comparativement dans l'eau distillée et les quatre eaux dites arti- ficielles. » Le résultat définitif a été que les différences de résultais obtenus dans l'eau de Seine et dans l'eau distillée ont été expliquées. » Mais celles des résultats obtenus de i'eau de puits d'avec les résultats obtenus de l'eau de Seine ne l'ont point été. » Dès lors j'ai été conduit à chercher un corps dont je n'avais pas soup- çonné la présence dans l'eau du puits des Gobelins. ïi3.. ( 88o ) » Ce corps, je l'ai trouvé. » Voilà le résultai final de mon XIVe Mémoire, qui se compose de 121 5 expériences comparatives, sans compter les expériences qui ne le sont pas. » Qu'il s'agisse de l'usage d'une eau naturelle dans tout autre art que celui de la teinture, et la méthode que j'ai suivie sera applicable à ce cas. » Qu'il s'agisse d'une eau minérale prescrite par le médecin, dont les bons effets ont été constatés par un long empirisme, la recherche des corps desquels on conjecture que ces effets dépendent, se rattachera encore a la méthode dont je développe les conséquences dans Y Appendice, qui est le vrai complément île mes Mémoires XII, XIII et XI\ . >< Apres la lecture de cette Note, M. Iîalako demande à M. Chevreul quel est le corps qu'il a trouvé dans l'eau de puits. — Il répond que c'est un composé cuivreux, mais il n'attache aucune importance à ce corps au point de vue de la composition de l'eau de puits, par la raison que sa présence peut être accidentelle. La chose importante est pour lui la méthode suivie, méthode dont il développera toutes les conséquences principales dans l'ap- pendice précité. LITHOLOGIE. — Essai sur la répartition des corps simples ilans les subslana - minérales naturelles deuxième communication); par M. Ch. Saixti: Claire Deville. " Je demande a l'Académie la permission de lui soumettre quelques con- sidérations relatives au Tableau de la distribution des corps simples dans les substances naturelles, que j'ai présenté dans l'une des dernières séances. » Voici comment j'ai élé amené à ce genre de recherches. » Mes études de lithologie m'avaient conduit aux conclusions suivantes. Les minéraux constitutifs des roches éruptives n'\ jouent pas tous le même rôle : non-seulement ils se divisent, comme on l'a remarqué depuis long- temps, en éléments essentiels et éléments accidentels, mais chacune de ces ileux grandes catégories se subdivise elle-même en groupes naturels. Ainsi, pour rester dans les minéraux essentiels, il faut y distinguer le type kucot) - tique ou feldspathique et le type chroïcotrtique ou pvroxénique, dont chacun est destiné à grouper autour de lui certains des corps simples qui faisaient partie du magma primitif. » Si l'on range les six oxydes métalliques qui entrent dans ces roches o ( 88, ) d'une manière essentielle, dans l'ordre suivant : Potasse, Soude , Chaux , Magnésie, Prôtoxyde de manganèse, Protoxyde de fer, rdre qui correspond, comme on voit, à leurs affinités chimiques, on aura, suivant qu'on lira cette liste en commençant par une extrémité ou par l'autre, des hases qui auront des tendances de moins en moins grandes à appartenir à l'un des deux groupes ou à l'autre. » On doit concevoir que durant le temps, probablement tics court, pen- dant lequel les molécules qui constituent le magma primitif venant, pour ainsi dire, au contact les unes des autres, ont réalisé les combinaisons défi- nies ou les minéraux, ce départ s'est fait de telle manière qu'il se détermi- nait des centres, ou, si l'on veut, des pôles de deux espèces et de propriétés opposées, en nombre indéfini et égal à celui îles cristaux qui se formaient, Aux uns se rendaient, avec un maximum de silice, la totalité de l'alumine, la totalité des bases alcalines, et ce qui était nécessaire de hases terreuses pour constituer un minéral incolore, d'une faible densité, le feldspath. Aux autres concouraient, avec une certaine quantité de silice, toujours moindre que celle qui s'était concentrée au pôle incolore, la totalité des protoxydes de fer et de manganèse, la plus grande partie des hases terreuses pour for- mer un minéral coloré, d'une grande densité, l'amphibole, le pyroxène, le péridot. Suivant les proportions relatives des éléments constituants : silice, alumine, bases alcalines, terreuses ou métalliques, il se formait au [>ôl< leucolylique tel ou tel feldspath, au pôle chroïçoly tique l'un ou l'autre des trois minéraux précités. Quelquefois les lois qui président à ce départ sont simples, et il ne se détermine qu'un seul feldspath et qu'un seul minéral coloré; quelquefois aussi il y a deux feldspaths et deux silicates non ahimi- neux. Cependant, même alors, dans chacun des deux types, il v a toujours un minéral dominant. » Je faisais voir, d'ailleurs, que cet antagonisme entre les tendances des bases alcalines, d'une part, et celles des hases terreuses et surtout des bases de la famille du protoxyde de fer, de l'autre, se poursuit dans tous les groupes de silicates (i). (i) « Ainsi, ajoutais-je (*), dans les silicates bibinaires , que le rapport de l'oxygène des (*) Annales de Chimie et de Physique, 3e série, l. XL p. ?()0. ( 882 ) » Clés considérations conduisaient naturellement à des questions plus générales encore. » Quels sont les corps simples qui se présentent, dans la nature, à l'état natif? » Étant donné un corps simple, quels sont les corps simples qui ont ten- dance à s'unir à lui, comme éléments électropositifs, pour constituer un composé binaire naturel ? » Etant donné un oxyde, quels sont les corps simples dont les oxvdes ont tendance à se combiner avec lui, comme éléments électropositifs, pour for- mer une substance bibinaire, existant dans la nature? « Même question pour les sulfures doubles; pour les composés oxygénés tributaires, anhydres ou hydratés; enfin, pour les très-rares substances na- turelles dans lesquelles une base protoxyde, autre que l'eau, est alliée à trois autres oxydes, tous plus électronégatils que lui. » bases à celui de l'acide soit i : i , comme dans le peridot, ou i : 2, comme dans le pvroxene, . les deux oxydes que l'on y rencontre au moins habituellement, appartiennent aux métaux » sidéroïdes ou terreux. » Les silico-aluminates renferment à la fois des oxydes de toutes les classes, mais non pas « indifféremment. » Lorsque le rapport de l'oxygène du protoxyde à celui du sesquioxyde est, comme u dans les grenats, i : i , il y a exclusion absolue des bases alcalines, et la tendance du fer » à prédominer est telle, que ce métal s'y trouve souvent à la fois comme sesquioxvde et « comme protoxyde. » Lorsque ce rapport est 1:2, comme dans les epidotes , on retrouve à peu près égale- > ment la chaux et les protoxydes de fer et de manganèse, mais point encore de bases alca- 1 lines. 1. Lorsque l'aluminate est de la forme i;3, ce qui caractérise la famille des feldspalhs, il . y a, au contraire, exclusion des protoxvdes de fer et de manganèse et prédominance des • bases alcalines. » Et, chose remarquable, ces préférences se retrouvent dans les minéraux hydratés aussi » bien que dans les minéraux anhydres. Les nombreuses zéolithes, qui ont la formule de ■I feldspalhs hydratés, sont exemptes de fer, de manganèse et même de magnésie; au con- ■• traire, les rares minéraux hydratés qui correspondent aux epidotes ne contiennent, comme » la praséolite, que des oxydes de fer et de manganèse, et point d'alcalis. Quant aux gre- >■ nais, qui sont, comme nous l'avons vu, essentiellement liés aux métaux sidéroïdes, on n'en connaît pas d'hydratés. • La baryte et la strontiane, qui sont placées entre les alcalis et l'oxyde de plomb, et 0 non pas, comme la magnésie, entre les alcalis et les protoxydes de manganèse et de Fer, » sont susceptibles de donner des zéolithes, ainsi que le prouve l'existence de l'haimotome » et de la brewsterite. » ( 883 ) w Pour résoudre ces questions, j'ai dû comparer entre eux à ce point de vue les divers groupes de substances minérales naturelles (i), et, après un nombre considérable d'essais, sur lesquels il est inutile d'insister, je me suis arrêté, pour représenter synoptiquement toutes ces relations, au tableau dont j'ai soumis à l'Académie la première pensée en janvier 1 855, et que j'ai ré- cemment reproduit avec de nombreuses modifications, lesquelles ne seront probablement pas les dernières. » En définitive, ce tableau, à double entrée, a ses colonnes verticales ca- ractérisées, pour les corps binaires : i° par la nature de l'élément électro- négatif; 2° par les proportions entre l'élément électronégatif et l'élément électropositif : pour les corps plus complexes, tous oxygénés (à l'exception de quelques sulfures doubles), par le rapport, en poids, de l'oxygène du corps électronégatif à l'oxygène du corps électropositif. » Cette manière de considérer les combinaisons multiples a l'avantage d'être totalement indépendante île l'équivalent adopté pour les corps sim- ples. Ainsi, que la formule de la silice soit SiO, Si O2 ou SiO3, le rapport en poids de l'oxygène de l'acide silicique à l'oxygène des protoxydes sera tou- jours, pour lepéridot, î : i ; pour le pyroxène , '.>. : t. » Quant aux lignes horizontales du tableau, chacune d'elles est consacrée à un corps simple, dont le nom est répété autant de fois dans les colonnes verticales qu'il y a de groupes de substances naturelles, caractérisés comme je viens de le dire, dans lesquels ce corps figure commeélément électropositif. » C'est donc à la fois, en quelque sorte, un classement des minéraux et un classement des corps simples; et il est impossible de n'être pas frappé de la remarquable symétrie qui lie ces deux classements, puisque, à mesure que les colonnes verticales correspondent à des composés de plus en plus complexes, les ordonnées verticales comprenant les éléments électropositifs de ces combinaisons deviennent de plus en plus courtes : de sorte que, pour les combinaisons quadribinaires (zéolites et aluns), dans lesquelles l'eau entre comme élément essentiel, il ne reste plus que les six corps doués des pro- (i Parmi les ouvrages que j'ai le plus souvent consultés dans ce travail de révision, je dois citer le Traite de Géologie physique et chimique de M. G. Bischof, le Système de Miné- ralogie cristallo-chimique de M. Gustave Rose, mais surtout le précieux Système de Minéra- logie de M. Dana, auquel j'emprunte les noms de dimé trique, trimétrique, monoclinique, et trie/inique pour désigner respectivement les systèmes du prisme à base carrée, du prisme rhomboïdal droit, du prisme rhomboïdal oblique et du prisme oblique à base de parallélo- gramme quelconque. ( 88.', ) priétés basiques les plus prononcées, à savoir : le calcium, le strontium, le baryum, le sodium, le potassium et l'ammonium i . h Uu autre analogie se révèle, flans le double classement, que mon ta- bleau réalise, des minéraux et des corps simples. Pour obtenir les groupes naturels de minéraux, il faut considérer séparément chacune des combinai- sons qui figurent dans le titre général d'une même colonne verticale, parce qu'elles offrent un caractère numérique commun entre l'oxygène de la base et celui de l'acide ; de même aussi, chaque liste de corps simples qui remplit une de ces colonnes verticales peut se subdiviser en plusieurs groupes na- turels de corps simples. >■ Il en résulte pour le groupement de ces corps simples deux consé- quences : i i° Un même corps simple peut, sans quitter sa tranche horizontale, être successivement associé, comme élément électropositif, à des séries di- verses d'autres corps simples. (i) Il est aisé de s'assurer que celte position diagonale, si frappante dans mon tableau, de la ligne qui joint le sommet de toutes ces ordonnées, ne se retrouve pas nécessairement dans tout tableau à double entrée. Si l'on examine, par exemple, la célèbre Note de M. Elie de Beaumont Sur les émanations volcaniques et métallifères, Note qui a eu la bonne fortune bien rare, d'une part, de provoquer la réalisation synthétique des plus ingénieuses expériences, de l'autre, d'inspirer des systématisations purement théoriques, comme celle de mon ami M. de Chancourtois, et comme la mienne, on trouvera, à la fin, un tableau à double entrée, intitulé : Tableau de la distribution des corps simples dans ta nature, et l'on verra que rien n'y rappelle cette disposition singulière et vraiment caractéristique. Je saisis, au reste, avec plaisir l'occasion que me procure la lecture de la nouvelle Note présentée par M. de Chancourtois, dans la dernière séance, pour le féliciter de la pensée qu'il a eue de proposer l'emploi de l'hélice comme moyen de classification naturelle. C'est peut-être là la solution du problème des tracés graphiques, qui a tant tourmenté tous ceux qui se sont occupes de ces questions si ardues et si absorbantes. J'avais bien songe a tain exécuter un prisme droit qui aurait eu vingt-quatre laces, autant que mon tableau a de colon- nes verticales. Mais le principe de la continuité ne serait pas représenté là comme dans le tracé hélicoïdal. Je dois aussi me féliciter moi-même de deux choses : d'abord, de savoir mes travaux d'observation confirmés par les recherches théoriques de M. de Chancourtois. Ainsi (pie je I.- disais lundi dernier, même en suivant deux voies différentes, nous devons nous rencon mi si nous sommes tous deux dans le vrai. En second lieu, je suis heureux d'avoil m atiir.iui sou attention sur un travail qui lui était inconnu, et qui, s'il n'a pas d'autre rapport avec le sien, a du moins celui d'une commune origine, amené, de part et d'autre, ces sincères explications qui permettent .1 chacun de nous de suivre, en toute liberté et 1 n toute sécurité, la route qu'il s'est tracée ( 885 ) » 2° Un même corps simple peut, en outre, être employé dans les com- posés bibinaires, soit comme protoxyde, soit comme sesquioxyde; ou bien il peut, tout en restant au protoxyde, appartenir à deux ou même à trois groupes de corps simples que leurs affinités générales séparent l'un de l'au- tre verticalement; ou bien encore le corps simple appartient par son oxyde à un groupe de corps, et à un autre groupe par son sulfure : d'où la néces- sité de faire figurer quelques corps simples à plusieurs niveaux horizontaux. » Ces corps sont : le molybdène, le bismuth, le manganèse, le fer, l'alu- minium, le magnésium, le calcium, le baryum et le strontium. » Mais une circonstance très-remarquable, c'est que le corps qui, en pareil cas, joue un double rôle et qu'il faut, par conséquent, inscrire à deux niveaux différents, sert quelquefois de lien entre deux groupes de minéraux voisinset qui ne diffèrent, parexemple, que par le type cristallin. J'ai donné alors à ce corps le nom de corps pivot ou corps limite. » Les carbonates naturels en présentent un exemple très-net. En effet, les carbonates à base baryde, de plomb, de baryte, de strontiane, de chaux, dérivent tous du même prisme rbomboïdal droit, et ils sont les seuls, tandis que la chaux, la magnésie, les protoxydes de zinc, de fer et de manganèse fournissent tous les carbonates rhomboédriques. Le calcium est donc ici le corps limite, et, chose remarquable, il n'existera, dans la nature, ni carbo- nate rhomboédrique de plomb, de baryte ou de strontiane, ni carbonate trimétrique de manganèse, de fer, de zinc ou de magnésie. En d'autres ter- mes, comme il n'y a qu'un corps limite, le calcium, il n'y aura qu'un car- bonate dimorphe, le carbonate de chaux (i). » Ces exemples (2) suffisent pour montrer par quel genre de considérations j'ai rapproché ou éloigné les uns des autres les corps simples, suivant le rôle qu'ils jouent dans les diverses classes de minéraux naturels. (1) J'écrivais ces lignes en i855, bien que je fusse sur ce point en désaccord avec mon savant et regretté maître, M. Dufrénoy, qui admettait encore l'existence de la Janherite, ou carbonate de fer trimétrique, et avec M. Breithaupt, qui avait décrit un carbonate de manga- nèse trimétrique. Dans le même travail j'annonçais que, très-probablement, des oxydes de titane et d'étain, le premier seul était dimorphe. Sur les trois points, les recherches postérieures ont confirmé ma prévision. (2) L'espace accordé par le règlement dans les Comptes rendus ne m'a pas permis de développer suffisamment ici ma pensée : j'espère pouvoir le faire dans une prochaine com- munication. C. R , ,862, 1" Semestre. (T. LIV, N° 16.) I «4 ( 886 ) » Il en résulte que, quelque étroite que semble la connexion entre les membres d'une même série de corps simples, il est impossible de penser qu'on les aura classés naturellement en les rangeant dans un certain ordre les uns au-dessous des autres : puis que, cela fait, il n'y aura plus qu'à tenter le même essai pour une autre série de corps, et ainsi jusqu'à ce qu'on ait passé en revue la liste entière des corps simples reconnus par la chimie. C'est pourquoi les classifications qui ont revêtu cette forme ont été insuffisantes, même lorsqu'elles ont été proposées par des chimistes comme Berzélius ctïhenard, et mon savant maître, M. Dumas, me permettrait de faire le même reproche aux relations, d'ailleurs si curieuses et d'une si haute portée scientifique, qu'il a signalées, si les quatre familles de corps simples qu'il a rapprochées deux à deux lui paraissaient constituer pour ces divers corps un cadre fermé et dont aucun d'eux ne pourrait s'échapper, pour devenir ailleurs membre d'une autre famille. » Telle ne peut être assurément la pensée de l'auteur de la Tliéoiie des substitutions. » Mais, en restant, comme je l'ai toujours fait ici, sur le terrain exclusif de la minéralogie, le rôle commun, la sorte de collaboration qu'on observe entre l'oxygène et le chlore, entre l'oxygène et le fluor, dans l'apatite et d'autres minéraux analogues, mais surtout dans les silicates complexes, comme le mica, la tourmaline, etc., amènerait forcément, dans une classification qui serait vraiment naturelle, à faire adopter l'oxygène par la famille des fluorides, bien qu'il soit le chef de la famille des sulfurides. » Et, si les relations numériques les plus curieuses ont engagé M. Dumas à inscrire l'osmium, à la suite du tellure, dans cette famille des sulfurides, comment méconnaître, au point de vue chimique, la parenté des acides osmique et arsénique, et, au point de vue mméralogique, ne pas séparer du soufre et du sélénium les deux corps dont l'un minéralisé l'or et l'autre l'iridium? « De même encore, pour la famille qui, d'après M. Dumas, commence à l'azote et finit au bismuth, on ne trouverait, dans l'ensemble des produits naturels, absolument aucun trait commun entre ce dernier corps et les deux premiers. » Notre illustre confrère a fait ressortir un parallélisme numérique très- remarquahle entre les équivalents des membres de la famille de 1 oxygène et les équivalents des membres correspondants de la famille qui, suivant lui, commence au magnésium et finit au plomb. Et ces rapprochements sont d'autant plus curieux qu'ils s'appuient précisément sur ce qui semblait ( 887 ) devoir détruire sans espoir et par la base toutes les spéculations qu'avait fait naître la pensée première du Dr Prout, je veux dire sur l'établissement définitif des équivalents fractionnaires. Mais la minéralogie ne présenterait pas une seule substance naturelle où la magnésie fût associée d'une manière essentielle, soit au protoxyde de plomb, soit même à la baryte ou à la strontiane. Dans cette famille proposée par M. Dumas, c'est donc la chaux qui seule peut servir de lien à tous les autres oxydes; c'est la chaux, qu'on me permette cette expression, qui est le corps pivot. » C'est dire que si l'on tentait de ranger graphiquement d'une manière naturelle les corps simples, ce ne serait pas en séries linéaires parallèles, mais en séries linéaires convergentes qu'il faudrait les disposer. » J'ai déjà fait pressentir comment l'oxygène pourrait constituer un centre autour duquel se disposeraient, suivant des lignes divergentes, les divers corps doués des propriétés électronégatives les plus énergiques. » Au pôle opposé, le potassium formerait de la même manière un noyau autour duquel se grouperaient à des distances, en quelque sorte plané- taires , et suivant des rayons correspondant aux groupes des haloïdes , des sulfates anhydres ou hydratés, des carbonates hydratés, des silico- aluminales anhydres, des boro-silico-ahuninates, enfin des sulfo et silico- aluminates hydratés, l'ammonium, le sodium, le baryum, le strontium, le lithium, le calcium, le magnésium, le manganèse, en un mot tous les radicaux des bases leucolyles, et, à la limite extrême, presque insensible à cette force qu'on pourrait, en quelque manière, comparer à la gravitation, le fer : le fer, qui devient lui-même le centre ou le noyau d'un système con- sidérable, le plus étendu de tous, mais dont la limite d'action vient s'éteindre entièrement lorsqu'elle atteint le centre voisin du potassium. » Au reste, en cherchant à tracer sur mon tableau les lignes qui limi- tent ces aires d'action commune à plusieurs corps simples, on s'aper- cevra aisément qu'elles occupent des espaces très-bien définis, mais dont les contours empiètent les uns sur les autres, à mesure qu'on passe d'un centre à un autre. « On pourra objectera ma méthode qu'elle s'appuie exclusivement sur l'emploi qui se trouve fait des corps simples dans la constitution des sub- stances naturelles. J'ai déjà eu l'occasion de faire remarquer combien la nature a été sobre dans le nombre des combinaisons qu'elle a réalisées : de deux ou plusieurs combinaisons entre deux corps simples, on ne trouve employée dans les minéraux que celle qui est douée de la plus grande sta- 114.. ( 888 ) bilité. Il n'y a à celte loi qu'un très-petit nombre d'exceptions, et elles por- tent presque toutes sur les corps que j'ai appelés corps limites. » Mais, dans un composé, cette condition de stabilité maxima est, en réalité, liée à l'ensemble des propriétés des corps qui le constituent ; don résulte, en définitive, que les corps simples que l'on a disposés de la sorte, et en prenant uniquement pour guides les types fournis par la minéralogie, se trouvent, par le fait, rangés de manière à faire ressortir toutes leurs analogies chimiques. >■ Un pareil travail m'éloignerait trop de mon but; mais, pour l'exécuter. le cadre est tracé, et a besoin à peine d'être élargi : il suffit de le remplir. » On trouvera, d'ailleurs, une preuve indirecte de ce que j'avance eu comparant entre eux les équivalents des corps simples associés de cette manière. On sera amené aux rapprochements numériques signalés par M. Dumas, et à quelques autres encore, moins frappants, à la vérité, mais qui ne sont peut-être pas indifférents. Enfin, je ne doute pas que la mé- thode de comparaison, plus large et sans doute plus intimement liée aux propriétés des diverses matières minérales, que M. de Chancourtois em- prunte aux nombres thermiques , ne vienne justifier une partie des rappro- chements réalisés par mon tableau. » Mais, je le répète, ce dernier ordre déconsidérations n'a jamais occupe, dans mon travail, qu'une place secondaire et n'y a qu'une valeur de vérifi- cation; cette vérification, j'attendrai même désormais, pour la faire avec une entière sécurité, la publication des résultats annoncés par M. de Chan- courtois; je me bornerai, ainsi que je l'ai toujours fait, à envisager mon classement des corps simples comme le miroir le plus fidèle que j'aie pu imaginer des rapports d'analogie ou d'antagonisme que m'a présentés la distribution de ces corps simples, soit dans les minéraux naturels, soit dans les roches qui résultent de leur association. » « M. Le Vekriek présente un quatorzième volume des Annales de l'Ob- servatoire Impérial de Paris. Ce volume comprend les observations méri- diennes faites en i83o, et 1840. Le volume suivant est déjà terminé, et les autres étant en cours d'impression, nous espérons voir avant peu la fin du travail. » Il présente en outre un dessin de la nébuleuse du Chien de chasse sep- tentrional, fait par M. Chacornac dans le télescope de om, 80 de M. Foucault M. Chacornac donne sur ce dessin les explications suivantes : ( *89 ) » En premier lieu on doit placer l'apparence stellaire nettement accusée des centres lumineux qu'offre actuellement cette nébuleuse double, et mentionner la nébulosité centrale delà plus grande comme présentant, avec un fort grossissement, l'aspect d'un tourbillon de petites étoiles environ- nant un astre principal n'ayant pas le caractère planétaire indiqué par lord Rosse. » Ces étoiles, dont les plus rapprochées du centre apparaissent au travers d'un voile nébuleux, ne sont pas les seules nouvelles : on en compte jus- qu'à neuf, réparties sur les spires delà grande nébuleuse et qui ne sont pas consignées sur le dessin de lord Rosse. » Outre ces objets, dont j'espère augmenter le nombre par des observa- tions ultérieures, j'indiquerai diverses branches de cette nébuleuse spira- loïdale comme «'entrecroisant d'une manière différente. La configuration des spires les plus brillantes, telle cpie l'indique notre figure, rétablit la vrai- semblance du dessin de sir John Herschel. » La branche qui relie la petite nébuleuse à la grande, coupe les deux spires principales de cette dernière près du lieu où ces branches se croisent, de sorte qu'en cet endroit l'enchevêtrement des courbes présente l'aspect d'un triangle; sphérique. » La nébuleuse compagnon de la nébuleuse principale offre elle-même une forme spirale et non pas un disque planétaire entouré d'une atmosphère uniformément distribuée. » statistique. — Remarques sur les Sociétés de Secouis mutuels; par M. BlENAYMÉ. « Je demande à l'Académie la permission de lui parler encore une (ois de la Société de Prévoyance et de Secours mutuels de Metz. Dans la séance du 10 mars dernier (Comptes rendus, t. L1V, p. 536) j'ai signalé la situation florissante en apparence de cette association, et j'en ai fait connaître les dangers futurs, en m'appuyant sur le Rapport quinquennal dont veut bien se charger depuis longtemps M. le général Didion, et dont il venait d'offrir un exemplaire à l'Académie. Le 14 de ce mois (Comptes rendus, t. LIV, p. 79'3 ) la Commission du Conseil d'administration de la Société, se mépre- nant sur l'intention qui avait dicté l'avertissement que je lui donnais, au lieu de se livrer à un examen sévère de ses finances, a cru devoir se hâter de protester contre mes observations et contre le Rapport de M. Dirlion. ( 80o ) par une Note dans laquelle elle prétend que sa situation financière est très-satisfaisante à tous égards ; qu'ainsi l'avenir n'est nullement com- promis. Si cette Note montrait bien peu de connaissance des théories scien- tifiques sur lesquelles seules repose la sécurité des établissements de pré- voyance qui dépendent de l'accumulation viagère des épargnes de leurs membres, j'espérais du moins qu'au milieu des contradictions qu'elle con- tenait, il pouvait se rencontrer l'indication de quelque ressource qui eût échappé à la sagacité bienveillante du rapporteur, dont j'étais venu confir- mer les conseils rigoureux, mais parfaitement justes. C'est dans ce sens que j'ai prononcé quelques mots à la suite de la lecture de la Note dont il s'agit. » Malheureusement il n'en est rien, et "j'ai le regret de dire que, comme j'en étais certain d'avance, le Rapport de M. le général Didion est d'une entière exactitude, et par suite mes calculs et mes conseils à une Société si intéressante par son but philanthropique subsistent aussi dans leur entier. » M. Didion me demande de faire connaître avec quelques détads qu'il n'a commis aucune des erreurs qui lui sont attribuées. Il n'a pas besoin de cette minutieuse justification. La rigueur consciencieuse qui préside à tous ses travaux est bien connue. Cependant il est bon de dire qu'il n'a pas omis un capital de 190000 francs, non plus que les intérêts de ce capital, et que cette assertion de la Note montre que ses auteurs ont mal lu son Rapport, fort clair (p. 4, en note) pour ceux qui connaissent la manière dont s'exé- cutent les calculs de rentes et d'assurances viagères. 11 n'a point non plus supposé que chaque sociétaire laissât une veuve : bien loin de là, il a même admis qu'ils ne se remariaient pas : ce que j'ai fait aussi dans mes calculs. Mais il serait impossible d'expliquer ici intelligiblement tous ces détails, sans entrer dans l'exposé d'un enseignement élémentaire sur la constitution des établissements du genre des Sociétés de Prévoyance qui accordent des pen- sions. 11 suffit que l'Académie sache que les faits sur lesquels j'ai appelé son attention ne renfermaient rien d'erroné, et que les avertissements de M. le général Didion, comme les miens, méritent d'être écoutés sérieuse- ment par la Société de Metz et par les autres Sociétés de Secours mutuels qui ont eu l'idée peu heureuse de gérer elles-mêmes un fonds de pensions. » Ces avertissements sont d'un intérêt très-général et ne concernent pas seulement la Société de Metz, comme on pourrait le penser au premier abord. Il ne s'agit pas d'un intérêt privé, mais bien d'un intérêt public, car il existe en France plusieurs milliers de Sociétés semblables. Déplus il s'agit aussi d'un intérêt scientifique, car la constitution des établissements de se- ( «£M ) cours aux malades, de pensions aux veuves, en un mot de toutes les espèces d'assurances sur la vie, forme une des plus belles applications de la théorie des probabilités. Lorsque Pascal inventait cette science toute mathématique, lorsque Laplace donnait aux méthodes d'approximation des fonctions de grands nombres une précision jusqu'alors inconnue, ils fournissaient les moyens de constituer sûrement toutes ces institutions avantageuses au pu- blic. La certitude que peut y imprimer une surveillance éclairée est donc une conquête des mathématiques modernes. C'est surtout à ce titre que j'a- vais indiqué brièvement cette question devant l'Académie. » M. Lecoq, en présentant à l'Académie la Carte géologique du départe- ment du Puy-de-Dôme, donne quelques détails sur ce travail. « La grande carte que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie m'a occupé, dit M. Lecoq, pendant près de trente années, c'est-à-dire depuis que j'ha- bite l'Auvergne. Il m'a semblé qu'un département aussi intéressant que celui du Puy-de-Dôme exigeait plus de détails géologiques que l'on n'en met ordinairement sur les cartes, et l'échelle inusitée du 4,0^g0, m'a permis de les y placer. » Le nombre des teintes ou des signes destinés à différencier les terrains et leurs accidents est de cinquante. » Les terrains primitifs y présentent toutes les modifications que j'ai pu y reconnaître et les filons métallifères qu'ils contiennent. » Les filons de quartz, de barytine, defluorite, de porphyre, y sont soi- gneusement notés. » Le terrain houiller est partout délimité avec une grande précision. » Les différentes formations du terrain tertiaire y sont indiquées par cinq couleurs différentes. » J'ai pu aussi distinguer cinq époques dans les terrains alluviens. » Malgré les nombreux travaux des géologues sur les volcans d'Au- vergne, et les études patronées, il y a un siècle, par cette Académie, aucune carte précise n'avait été dressée. J'ai dû parcourir ces terrains avec un soin particulier. Je les ai différenciés par douze nuances différentes. >> Les coulées de trachyte ancien et de trachyte moderne y sont tracées et distinctes des conglomérats et tufs ponceux. » Plus de mille points éruptifs de basalte sont signalés, ainsi que les cou- lées qui ont pu en sortir et dont les flèches marquent la direction. » Plus de soixante cônes volcaniques modernes appartiennent à ce dé- (%* ) partement. Les loDgucs coulées, souvent multiples, qui se sont échappées de chacun d'eux, sont coloriées avec la plus grande exactitude de contours et de directions. » Tous les cratères, tous les points éruptifs sont représentés avec leur forme réelle. » La position de toutes les sources minérales, au nombre de plusteui> centaines, est indiquée. » Le phénomène erratique du versant méridional du mont Dore y est signalé dans toute son étendue et pour la première fois. » Les cotes de hauteur inscrites sont au nombre de huit mille. » La carte est imprimée en couleur sur vingt-quatre grandes feuilles qui peuvent se réunir, et qui, rassemblées, offrent une surface de 3U1,33 dans un sens et de a", 80 dans l'autre. » HYGIÈNE. — De tenrajement de la lèpre par le changement de climat ; pur M. Giyon. « La lèpre, comme on sait, est très-répandue sous les tropiques, dans les deux hémisphères, et c'est un des revers de ces belles contrées. A. l'époque où j'y étais, une famille composée du père, de la mère et de trois enfants, venait de perdre l'aîné de ces enfants de l'âge de dix à douze ans; il avait succombé à la lèpre tuberculeuse. Depuis, les parents étaient dans les plus vives inquiétudes sur le sort des deux autres, dont le dernier était encore à la mamelle. « Un jour que j'examinais, comme j'en avais été prié, le corps des deux enfants, je reconnus que tous deux présentaient déjà des indices de la mala- die si redoutée. Le celer aux parents eût été assumer sur moi une grande responsabilité : je ne le fis point. Toutefois, en signalant le mal, j'en indi- quai en même temps un remède à tenter, par le conseil de soustraire les jeunes malades à l'influence du climat et de les faire passer, aussitôt que possible, sous celui de la France. Je disais, pour appuyer mon avis, que le mal était un produit du pays, étranger à l'Europe (1), et qu'il en devait être (1) Ceci, bien entendu, n'était pas rigoureusement exact, puisque la lèpre existe toujours dans le nord de l'Europe, et qu'elle n'a pas encore entièrement disparu de ses contrées méridionales. Qu'il nous suffise de citer, sous ce rapport, les îles de la Grèce ainsi que le Portugal, où la lèpre est toujours assez répandue pour que cette puissance soit dans la né- rrssitc d'entretenir, au sein de sa capitale, un hôpital spécialement consacré aux lépreux. Cet ( 8-93 ) de ce mal comme des plantes du même pays, plantes dont les semences, transportées en France, ne se développent pas, alors même qu'elles par- viennent à germer. « La famille, qniétaitdans l'aisance, eut bientôt pris son parti : elle règle ses affaires, quitte le pays et vient se fixer en France. Il y a de cela plus de trente ans ( 1826). Eli bien, que s'est-il passé depuis? Ceci, que le mal s'est arrêté, qu'il a été enrayé... Je dis qu'il s'est arrêté, qu'il a été enrayé, non qu'il a été guéri, parce que ce qui en existait déjà, l'empreinte par laquelle il avait décelé sa présence, est restée ce qu'elle était, mais sans s'étendre davantage, pas même d'une licjne, on pourrait dire. » Cette empreinte consistait en des portions tégumentaires frappées d'in- sensibilité, et dont le siège et l'étendue étaient révélés par des taches sans altération de tissu apparente (1). Je dis apparente, car l'abolition com- plète de la sensibilité dans les parties dont nous parlons, suppose nécessai- rement une altération du système nerveux, et cette altération doit être profonde, puisqu'elle persiste toujours dans la lèpre. C'est une désorgani- sation, une destruction, une mort sans appel dé la trame nerveuse. » Ajoutons que, devenus adultes, les deux jeunes gens, l'un du sexe masculin, l'autre du sexe féminin, se sont mariés sous leur nouveau climat; qu'ils y ont eu, l'un et l'autre, des enfants des deux sexes, et que ces en- fants sont tous remarquables par leur bonne et belle constitution. Ajoutons hôpital, connu sous le nom de San-Lazaro, rappelle en tous points, sous le rapport de la maladie, nos léproseries du moyen âge. Je l'ai visité plusieurs fois pendant mon séjour à Lisbonne en 1857. Le médecin en était alors, comme encore aujourd'hui, je crois, le profes- seur Beirao, de l'Académie des Sciences de Lisbonne, auteur d'excellents travaux sur la maladie soumise à ses investigations. (1) C'est alors ce qu'on appelle le mal rouge de Cayenne, et qu'on connaît à la côte d'A- frique (côte occidentale) sous le nom de cocobè. Lors de la traite des nègres, il n'était pas rare d'en voir atteints de cette maladie à bord des bâtiments qui les transportaient en Amé- rique. Leur embarquement à bord de ces bâtiments n'avait jamais lieu que par surprise de la part des vendeurs, car le cocobé constituait, dans nos colonies, une cause de rédhibition de la vente. Pour dissimuler les taches ainsi nommées à la côte d'Afrique, les capitaines négriers étaient dans l'habitude de les oindre avec de l'huile de palme, quelques jours avant le débar- quement. D'un rouge rosé chez les blancs, ces taches sont d'un rouge cuivré chez les noirs. La ma- ladie progressant, les parties qui en sont le siège finissent par se tuméfier, puis les parties tuméfiées se tuberculisent ou non. Dans le premier cas, on a la lèpre dite tuberculeuse, dont le mal rouge de Cayenne peut être considéré comme le premier degré sous les tropiques. C. R., 1862, 1er Scmeslie. (T. LIV, N° 16.) l l$ ( 894 ) encore que, chez les auteurs de leurs jours, la maladie était accidentelle, qu'elle s'y était développée accidentellement, spontanément. Et, en effet, ni le père, qui était Européen, ni la mère, qui était créole, ni eux, ni leurs ascen- dants n'ont jamais rien offert de la maladie de leurs enfants ; ils ont même toujours joui de la meilleure santé, avant, comme depuis, leur séjour en France. Déplus, en France, ils ont encore eu deux enfants, un garçon et une fille, qui tous deux ont grandi et se sont mariés sans rien présenter de semblable à leurs aines des tropiques, non plus que les enfants des deux sexes auxquels l'un et l'autre ont donné naissance. » Sans doute, il va sans dire que, pour obtenir du climat l'heureuse in- fluence que je viens de rapporter, il faut y recourir de bonne heure, des le début même du mal ; car, une fois développé, il poursuit impitoyablement sa marche, à l'instar de la phthisie, dans les contrées les plus propres pour- tant à en arrêter les progrès. Aussi est-ce en France, où il avait été envoyé trop tard, à une époque où la maladie s'était déjà tuberculisée, qu'est mort le frère aîné des deux jeunes gens, eux au contraire, si redevables à un chan- gement de climat plus opportun. » Des deux observations que je viens de soumettre à l'Académie ressort suffisamment, je crois, et ainsi qu'elle en jugera sans doute, que l'En- rayement de la lèpre, son arrêt de développement, si je puis m'exprimer ainsi, par un nouveau climat, est un fait désormais acquis à la science, et d'où résulte que si, malheureusement, il est toujours vrai de dire que la lèpre est un mal incurable, ce n'est plus qu'avec cette consolante res- triction : » A moins que les sujets qui en éprouvent les premières atteintes ne soient soustraits SANS RETARD au climat sous lequel ils les ont reçues. » Je clos ma communication en résumant, dans un tableau, la filiation de la famille à laquelle appartiennent les deux observations qui s'y trou- vent rapportées. Tableau de filiation de la famille tropicale au point de vue de la lèpre. » Européen uni à une créole sous les tropiques, de la meilleure santé tous deux, ainsi que leurs ascendants; la femme, aujourd'hui âgée de 66 à 67 ans; le mari, mort depuis quelques années. » Cinq enfants en sont nés, dont trois sous les tropiques, et deux en France. Les deux derniers, de sexe différent, bien portants tous deux, ainsi que les enfants des deux sexes, nés de l'un et de l'autre en Europe. ( 895 ) » Les trois premiers, dont deux garçons et une fille, atteints par la lèpre; l'aîné, l'un des deux garçons, y succombe; elle est enrayée chez les deux autres, le frère et la sœur. Descendance du frère, aujourd'hui de l'âge de <\o ans, d'une alliance européenne. Un garçon et une fille bien constitués et bien portants tous deux, encore adolescents. Descendance de la sœur, aujourd'hui de l'âge de 38 ans, d'une alliance européenne Un garçon et une fille, bien constitués et bien portants tous deux, le garçon âgé de i5 ans, et la fille de 17. ZOOLOGIE. — Examen d'un ornilliolithe d'^rmissan (Jude); par M. Paul Gervais. « Depuis que j'ai fait connaître à l'Académie la présence parmi les plantes fossiles d'Armissan d'une espèce du genre Dracœna (1), j'ai étudié plusieurs autres pièces, trouvées au même lieu, cjui ont également un intérêt paléon- tologique incontestable. De ce nombre est un Ornitholitbe, signalé dès i855 par M. Nogerès (2) comme appartenant à la collection de M. Pessiéto, de Narbonne. Je dois à l'obligeance de M. Pessiéto d'avoir pu faire l'examen de ce fossile, le seul qui représente encore la classe des Oiseaux dans le riche dépôt où il a été recueilli. » La pierre qui le renferme est un fragment de dalle analogue à ceux dont nous avons déjà tant d'échantillons rendus précieux par les débris de Rep- tiles, de Poissons et de plantes qu'ils ont conservés. On y voit, disséminés sur une surface d'environ 10 centimètres carrés, et pêle-mêle, la plupart des os d'un squelette que leur parfaite conservation permet de reconnaître comme ceux d'un Oiseau, et dont il est possible, dans la plupart des cas, d'avoir les dimensions exactes, et même de constater la forme. Ils ont évidemment appartenu au même sujet, et il est facile de reconnaître parmi eux diverses portions de la tête, et en particulier la mandibule, longue de om, o4o, et dont les branches sont écartées l'une de l'autre de om, 019 à leur articula- tion avec les os carrés ; la fourchette, mesurant om, 042 pour chaque clavi- cule, et pour l'écartement de ces dernières om,02i ; le sternum, ainsi que le bassin dont les diverses particularités seront analysées plus loin ; les omo- plates, mesurant om, o56; les humérus, de même grandeur que les omo- (1) Comptes rendus, t. LUI, p. 777. (2 ) Notice géologique sur le département de l'Aude, p. 38. i5.. ( «96 ) plates; les cubitus, longs de om, o^g ; le carpe, long de om,024; les fémurs, ayant o,u,o5o; les tibias, om,o6o; les tarses, om,o36, et quelques autres pièces encore, suais qui sont moins importantes ou moins bien conservées. » Le sternum est, comme le savent les zoologistes, la partie du sque- lette des Oiseaux dont on tire les caractères les plus précieux pour la classification de ces animaux; il est ici disposé de manière à fournir à peu près toutes les indications que l'on pouvait désirer. Son bréchet est par- faitement apparent, et le corps même de l'os, visible du côté gauche, montre deux grandes échancrures, telles qu'on en observe seulement dans l'ordre des Gallinacés. L'Oiseau fossile d'Armissan, dont on n'avait encore ni décrit les caractères principaux ni essaye la classification, était donc bien certaine- ment un Gallinacé proprement dit. Son sternum ne laisse point de doute à cet égard, et rien dans les autres parties de son squelette ne vient infir- mer cette conclusion. » Quant à sa taille, elle était intermédiaire à celle des Perdrix et de la Cadle, et peu différente, par conséquent, de celle du Ganga. Cependant l'Oiseau lui-même n'était ni une Perdrix, ni une Caille, ni un Ganga, et il ressemblait encore moins aux Pigeons. La proportion de ses échan- crures sternalcs lui donnait plus d'analogie avec les Tétras, particulière- ment avec ceux du genre Lagopède, et la forme ainsi que les proportions de son bassin ont aussi une ressemblance assez évidente avec celles de la même région osseuse dans les Tétraonidés. On ne peut pas dire cependant (pie nous ayons précisément affaire à un Tétras véritable ou bien à un vrai Lagopède; et le sternum comme le bassin de l'espèce fossile, comparés à ceux de ces Oiseaux, laissent apercevoir encore quelques différences qui pourraient bien indiquer un sous-genre à part. Mais il faudrait, pour porter sur ce point un jugement définitif, comparer l'espèce d'Armissan à un plus grand nombre d'espèces actuelles, soit de Tétraonidés, soit même de Galli- nacés, appartenant à d'autres familles; et je n'ai pas ici les éléments de cette intéressante recherche. »• Je me bornerai donc, pour le moment, à dire que le fossile dont je parle indique sans doute une espèce éteinte, et que cette espèce appartenait cer- tainement à l'ordre des Gallinacés, et très-probablement à la même famille que les Tétras. En conséquence, je propose de l'inscrire provisoirement dans les cadres zoologiques sous le nom de Tetrao ? Pessieti. » ( 397 ) RAPPORTS. PHYSIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. Engelhardt, intitulé : Observations sur les glaces de fond. (Commissaires, MM. Boassingault, Despretz, de Senarmont rapporteur. « Le Mémoire dont nous avons l'honneur de rendre compte à l'Acadé- mie, a pour objet la formation des glaces de fond, origine première des gla- çons flottants que charrient beaucoup de rivières pendant les grandes gelées. » Tous les physiciens admettent aujourd'hui sans difficulté l'existence de ces glaces submergées; mais ils ne sont pas d'accord sur leur mode de formation, et plusieurs particularités conditionnelles du phénomène pa- raissent au contraire douteuses ou inexpliquées. » M. Engelhardt, directeur des forges de Niederbronn, bien connu du monde savant par d'excellentes recherches sur la paléontologie de l'Alsace, vient de reprendre cette question et d'ajouter aux faits recueillis par ses devanciers ses propres observations et quelques expériences nouvelles. » Il commence son Mémoire par rappeler les preuves qui démontrent la formation, au fond de certains cours d'eau, dune glace spongieuse et com- posée d'aiguilles entrelacées. Nous n'insisterons pas sur cette partie de son Mémoire; la réalité du phénomène n'est plus contestée, et le côté histori- que de la question se trouve résumé dans plusieurs ouvrages allemands (i) et dans l'intéressante Notice que F. Arago a insérée dans l'Annuaire du Bu- teau des Longitudes pour l'année 1 833. » Dans cette Notice, F. Arago fait justice des théories bizarres imaginées par quekjues observateurs, et il propose ensuite une explication dont les principes peuvent se résumer de la manière suivante : » Pendant une longue gelée, et quand une masse d'eau est principale- ment refroidie par sa partie supérieure, si cette eau est stagnante, la tem- pérature du fond atteint 4° et demeure ensuite stationnaire, la température de la surface descend jusqu'à zéro, et il s'y forme à fleur d'eau un réseau régulier d'aiguilles cristallines qui finissent par se rejoindre et constituer une lame de glace flottante homogène et continue. » Si au contraire l'eau est courante, le liquide, continuellement brasse (i) Dictionnaire de Physique de Gehler ; Dictionnaire encyclopédique, publié par Eksch et Gbuber. (898) par les remous, prend une température uniforme dans toute sa profondeur; dès que la masse est descendue à zéro, les aspérités du fond deviennent au- tant de centres de cristallisation sur lesquels s'implantent des houppes ca- pillaires entrelacées, qui finissent par revêtir le sol d'un tapis spongieux. » L'influence déterminante qu'exercent les rugosités et les pointes sur la cristallisation, telle est donc, en somme, l'explication proposée par F. Arago; mais il ne croit pas impossible que des aiguilles se forment en même temps au fond et à la surface, et que ces dernières, immergées par l'action du courant, jouent un rôle important dans le phénomène. » Gay-Lnssac s'est aussi occupé des glaces de fond ; il les regarde comme formées entièrement par les aiguilles qui paraissaient à F. Arago une cause secondaire. Toute cristallisation intérieure ne produirait dans un liquide agité qu'un précipité cristallin pulvérulent se rassemblant en masses com- pactes; une congélation superficielle y déterminera au contraire de longs cristaux flottants, et quand le contact de l'atmosphère les aura fortement refroidis, ils seront prédisposés à se feutrer par adhérence mutuelle, et tantôt s'attacheront aux obstacles noyés à l'état de glaces de fond, tantôt, à l'état de glaçons flottants, obéiront librement à toutes les impulsions du courant. » M. Engelhardt avait à choisir entre ces deux explications opposées; il croit avec Arago que la cristallisation s'opère spontanément dans le liquide refroidi au contact des corps solides; mais il faut, d'après lui, une dernière condition non moins essentielle : c'est que l'eau rencontre dans son lit des régions de tranquillité relative où les cristaux puissent naître et se déve- lopper. Chaque obstacle n'aurait d'autre effet, dans ce système, que de pro- duire à l'amont une stagnation locale ; et si un fourreau neigeux d'aiguilles entrelacées couvre une planche brute et jamais une planche rabotée, c est que l'enveloppe liquide immobilisée par adhérence est plus épaisse sur la première que sur la seconde. » Ces idées ont depuis longtemps conduit M. Engelhardt à faire extraire avec soin, avant l'hiver, tous les obstacles des biefs de ses usines pour éviter la formation di-s glaces de fond; F. Arago faisait déjà allusion à cette pra- tique de l'habile directeur des forges dans sa Notice de i833, et elle lui paraît justifiée parle succès. Il faut remarquer toutefois que, même en tenant ce succès pour avéré, la cause reste discutable. C'est l'interprétation du fait, et non le fait lui-même, qui est en contradiction avec l'hypothèse de Gay- l.ussac, et pour démontrer que les aiguilles de glace naissent au fond plutôt qu'à la surface, il faut des observations plus décisives. Afin de résoudre ( % ) cette question, M. Engelhardt a fait geler de l'eau dans des conditions très- variées, et il a institué tout un système d'expériences comparatives qui ne Font pourtant conduit à aucun résultat vraiment concluant; il a vu, sans cause bien manifeste, tantôt la glace se former seulement à la surface de ses réservoirs, tantôt tapisser en même temps le fond et les parois. » Lorsque F. Arago écrivait, en 1 833, sa Notice sur les glaces de fond et proposait sa théorie, il le faisait avec toute sorte de circonspection ; il signalait les difficultés, exposait ses doutes, et, avant de se prononcer sur l'origine de ces glaces, reconnaissait la nécessité d'étudier plus complète- ment leur constitution intérieure. » Nous imiterons cette réserve, mais nous nous hasarderons à recomman- der aux futurs observateurs l'emploi de la lumière polarisée. Elle distingue sans peine la lame de glace formée régulièrement à la surface d'une eau tran- quille du fragment quelquefois tout aussi transparent, et en apparence éga- lement homogène, que la presse hydraulique produit avec de la neige dans les belles expériences de M. Tyndall, on qui s'est formé par agrégation dans les profondeurs d'un glacier. Peut-être apprendrait-elle aussi quelque chose sur la structure des glaces spongieuses ou des glaçons qui en proviennent. » Quoique votre Commission n'ait pas trouvé dans le Mémoire de M. En- gelhardt toutes les données qu'Arago réclamait autrefois avec raison, ni la réponse aux difficultés qu'il avait soulevées sans les résoudre, elle y a ren- contré d'utiles observations, et elle vous propose de remercier l'auteur de cette intéressante communication. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. physiologie. — Rapport sur deux Mémoires de MM. Chauveau et Marey relatifs à l'étude des mouvements du cœur à l'aide d un appareil enregis- treur. (Commissaires, MM. Flourens, Rayer, Bernard, Milne Edwards rapporteur. ) « Chacun sait que chez l'homme les mouvements du cœur se font sentir ,i travers les parois de la poitrine et produisent vers le niveau du cinquième espace intercostal des battements appréciables à la main et parfois visibles à l'extérieur. » L'illustre Harvey étudia ce phénomène avec sa perspicacité ordinaire ; pour en découvrir le mécanisme, il fit sur les animaux vivants un grand ( 9°° ) nombre d'expériences et il mit à profit un cas pathologique fort rare qui lui permit d'observer directement le cœur d'un homme vivant, à travers une ouverture restée béante à la paroi antérieure du thorax. Les faits qu'il con- stata ainsi le conduisirent à attribuer le choc du cœur contre le sternum et les côtes à la rigidité des parois charnues de cet organe qui accompagne la contraction des ventricules et à un mouvement de projection qui dépendrait aussi de la systole ventriculaire. Son opinion fut généralement admise et, en la prenant pourpoint de départ, les physiologistes cherchèrent ensuite à se rendre compte des causes de ces changements soit dans la forme, soit dans la position du cœur Us firent à ce sujet beaucoup de travaux, parmi lesquels je citerai de préférence les recherches de Carlisle et de M. Hiffelsheim. Ils varièrent quant à l'explication du mécanisme du choc, mais ils s'accordè- rent presque tous pour admettre que cette pulsation cardiaque était une conséquence de la contraction des ventricules. Cependant, il y a quelques années, la théorie de ce phénomène fut attaquée dans sa base par un obser- vateur de beaucoup de mérite, M. le DrBeau. Cet auteur, dont l'Académie a eu souvent l'occasion d apprécier le talent, crut avoir établi expérimen- talement que le synchronisme généralement admis entre la systole ventri- culaire et le choc du cœur contre les parois du thorax n'existe pas ; que ce dernier effet précède la contraction ventriculaire dont on le supposait dépendre et qu'il résulte de l'impulsion produite par l'arrivée du jet de sang lancé dans les ventricules par la contraction des oreillettes. Au pre- mier abord on pouvait croire que la question soulevée de la sorte serait facile à résoudre par l'observation directe des mouvements du cœur chez im animal dont on ouvrirait le thorax. Mais la précipitation avec laquelle les contractions des deux pompes cardiaques se succèdent, et l'irrégu- larité de ces mouvements chez les animaux soumis à des expériences de ce genre, rendaient la constatation des faits très-difficile et souvent douteuse. Je dois ajouter que divers phénomènes pathologiques semblaient être mieux en accord avec la théorie des pulsations cardiaques donnée par M. beau qu'avec celle fondée sur les observations de Harvey. Aussi les physiologistes sont-ils aujourd'hui partagés d'opinion à ce sujet, et pour faire cessrr l'incertitude il fallait de part ou d'autre des preu\es plus démonstratives. » Ces preuves nous paraissent avoir été fournies par les expériences de MM. (hauveau et Marey, dont l'Académie nous a chargés de lui rendre compte, M. Manv, comme on le sait, a beaucoup perfectionné un petit instru- ( 9QI ) ment appelé sphygmographe, que M. Vierord avait inventé pour enregistrer parle tracé d'une courbe les battements du pouls, et après l'avoir employé dans l'étude des mouvements des artères, il voulut l'appliquer à l'investigation du jeu des différentes parties dont se compose l'espèce de pompe foulante très-complexe constituée par le cœur; mais pour transmettre les mouve- ments de cet organe au bras de levier de son sphygmographe, il employa d'abord une colonne d'eau dont le déplacement était difficile et il n'obtint pas des résultats suffisamment nets. Vers le commencement de l'année der- nière, M. Charles Buisson leva cette difficulté en faisant usage d'un tube rempli d'air et terminé à chaque extrémité par une cloison membraneuse très-élastique. Cette invention permit à M. Marey de rendre son appareil plus délicat et, s'étanl associé à M. Chauveau, dont les précédentes recher- ches sur le mécanisme de la circulation chez le cheval avaient beaucoup in- téressé les physiologistes, il reprit l'étude des mouvements du cœur. » L'appareil mis en usage par MM. Chauveau et Marey est un sphygmo- graphe comparatif à transmission de mouvement. Il consiste en une série de petits leviers disposés de façon que l'une de leurs extrémités, garnie d'un pinceau enduit d'encre, est appliquée sur une bande de papier enroulée sur un cylindre, et mis en mouvement par un ressort. Les choses sont donc disposées de façon que chaque pinceau trace sur ce papier mobile une ligne horizontale si le levier correspondant reste en repos ou une ligne sinueuse si celui-ci change de position. L'autre bras de chacun de ces leviers repose sur l'ampoule terminale d'un tube en caoutchouc rempli d'air, ampoule qui est susceptible de se gonfler quand le fluide élastique contenu dans son inté- rieur vient à être pressé et qui, par conséquent, élève alors le levier en ques- tion. Enfin l'extrémité opposée ou basilaire de chaque tube à air est fer- mée de la même manière par une ampoule très-élastique et, par conséquent, toute pression exercée sur les parois de ce dernier réservoir se transmet à la colonne d'air emprisonnée dans le tube conducteur, puis aux parois de l'ampoule terminale et de là au levier sphygmographique qui est aussitôt mis en mouvement. Il eu résulte que les variations de pression qui se pro- duisent dans les différentes parties de l'organisme où ces divers réservoirs basilaires sont appliqués, sont représentées par l'élévation ou l'abaissement des leviers correspondants et enregistrées sur la bande mobile de papier qui s'avance d'un mouvement continu et qui reçoit l'empreinte laissée par le pin- ceau, dont l'extrémité terminale de chacun de ces mêmes leviers est garnie. De même que les différents sons produits au loin arrivent à notre oreille dans C. R., f86a, Ier Semrstre. (T. L1V, N<> 16.) i IO ( 9°2 ) l'ordre de leur émission, les mouvements transmis aux différents tubes con- ducteursdusphygmographe comparatif arrivent au registre sans aucun retard inégal et y sont inscrits dans l'ordre où ils se produisent dans l'intérieur de l'économie animale. Par conséquent, si ces mouvements sont synchroniques, les lignes qui y correspondent s'élèvent ou s'abaissent simultanément et les mouvements successifs sont inscrits à des distances proportionnelles à l'in- tervalle de temps qui les sépare. J'ajouterai qu'à l'aide de robinets et de clapets convenablement disposés, le degré de sensibilité de l'instrument peut être réglé à volonté et que le mouvement d'horlogerie qui déroule la bande de papier destinée à l'enregistrement des courbes fait avancer celle-ci d'une manière uniforme sous les pinceaux des leviers sphygmographiques. )• Pour étudier à l'aide de cet appareil le mécanisme des pulsations car- diaques, MM. Chauveau et Marey font usage du cheval, de préférence aux autres animaux, dont les physiologistes se servent d'ordinaire pour leurs expériences, parce que chez ce grand mammifère les battements du cœur sont très-lents; en général on ne compte qu'environ 36 à 38 pulsations par minute ; par conséquent, ces mouvements sont faciles à observer et ils lais- sent sur le registre sphygmographique une courbe dont les ondulations sont très-éloignées entre elles. L'une des branches du sphygmographe comparatif est appliquée contre la poitrine de l'animal dans le point où le choc du cœur se fait sentir, ou bien introduite dans la cavité du thorax de façon que son ampoule basilaire se trouve placée entre les eûtes et la pointe de cet organe. Le réservoir basilaire d'une autre branche du même appareil, placée à L'ex- trémité d'une sonde flexible, est introduit dans la veine jugulaire, puis des- cendu dans l'intérieur de l'oreillette droite du cœur. Enfin le réservoir basi- laire d'une troisième branche du même sphygmographe comparatif est introduit par la même voie jusque dans le ventricule droit et, comme con- trôle du jeu de cette portion de l'appareil, le réservoir élastique d'une qua- trième branche du sphygmographe comparatif est introduit dans l'artère carotide. Ainsi les quatre leviers de l'appareil sont mis en relation avec quatre parties différentes de la pompe cardiaque : un premier avec l'oreil- lette, le second et le troisième avec l'embouchure du ventricule gauche ou avec la cavité même du ventricule droit, enfin le quatrième avec la partie du cœur qui vient heurter contre la paroi théorique à chaque pulsa- tion cardiaque, » Il est donc évident que l'élévation de la courbe sphygmographique qui est déterminée par chaque choc du cœur, coïncidera avec l'élévation de l'une ou de l'autre des courbes, dont l'une représente les contractions des ( 9°3 ) oreillettes, dont les deux autres représentent lescontractions des ventricules, suivant que ce choc dépendra de la systole ventriculaire ou du jeu des oreil- lettes. » L'expérience fut répétée par MM. Chauveau et Marey, en présence de la Commission et donna les résultats les plus nets. Les élévations de la courbe représentant les pulsations cardiaques se superposaient exactement à celles correspondant aux mouvements de contraction des ventricules, et ce fut dans l'intervalle compris entre le tracé de deux pulsations cardiaques que se plaçait toujours l'élévation de la courbe indicative des contractions des oreillettes. » D'après l'inspection de ces tracés, il nous parut évident que la systole des ventricules et la pulsation cardiaque déterminée par le choc du cœur contre les parois thoraciques, commencent et finissent toutes deux simulta- nément, tandis que la systole de l'oreillette commence et finit avant celle des ventricules. » Il est aussi à noter que le tracé correspondant aux variations de pres- sion dans l'intérieur des ventricules décelait non-seulement le moment où ces cavités se contractent, mais aussi celui où la charge sanguine complé- mentaire est lancée dans cette portion du cœur par la systole auriculaire, phénomène auquel M. Beau avait attribué la pulsation cardiaque, et que la petite élévation dans la courbe déterminée de la sorte ne correspondait jamais avec le commencement du mouvement d'où dépend le choc du cœur. « J'ajouterai que l'introduction des branches du sphygmographe dans les diverses parties de l'organisme ne détermina aucun trouble grave dans la circulation pendant la durée de l'expérience et, qu'ayant fait abattre l'animal sous les yeux delà Commission, on constata par l'autopsie que les ampoules élastiques correspondant aux divers leviers de l'appareil occu- paient la position voulue, soit dans l'intérieur du cœur, soit dans la région cardiaque de la poitrine. » Les vues de Harvey, dont la justesse nous semblait toujours peu contes- table, se trouvent donc complètement confirmées parles expériences pré- cisesdeMM. Chauveau etMarey.Ces jeunes physiologistes ont rendu visibles et faciles à constater des phénomènes dont l'observation était très-difficile, et leurs expériences nous semblent devoir faire cesser toute discussion sur ce point de l'histoire de la circulation du sang chez l'homme et les animaux qui se rapprochent le plus de lui par leur organisation. Il peut rester encore diverses questions à résoudre relativement à la manière dont la systole ven- i 16.. ( 9°4 ) triculaire détermine la pulsation cardiaque, mais dans notre opinion il est aujourd'hui bien démontré qu'elle est la cause de ce phénomène. Les expé- riences de MM. Chauveau et Marey nous ont paru bien instituées et habile? m; nt exécutées. Enfin les résultats qu'ils en ont tirés ont de l'intérêt pour le diagnostic médical, aussi bien que pour la physiologie. Par conséquent, nous avons l'honneur de proposera l'Académie d'approuver leur travail et d'en ordonner l'insertion dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com- mission chargée de décerner le prix Lalande. MM. Mathieu, Delaunay, Laugier, Faye,Liouville obtiennent la majorité des suffrages. MÉMOIRES LUS. PHYSIOLOGIE DE LA VUE. — Causes et mécanisme de certains phénomènes de polyopie monoculaire observables dans le cas de [aberration physiologique du parallaxe. — Absence de V aberration de sphéricité dans T appareil dioptrique > a° Et d'abord, lors du fonctionnement physiologique, c'est-à-dire entre les limites de l'accommodation, en dehors de l'aberration de parallaxe, l'a- nalyse des pinceaux lumineux, au moyen de l'optomètre deScheiner, révèle une grande différence entre la marche de la lumière dans les lentilles ou dans noire œil. » Dans les premières, les images données par la périphérie ne concordent jamais avec celles des régions centrales. Le cristallin, au contraire, donne toujours, dansées mêmes conditions, des images concordantes et de même foyer. » 3° La même étude appliquée à la marche des rayons lors de l'aberration de parallaxe dans .l'emploi des lentilles, ou en dehors des limites de l'accom- modation dans l'exercice de la vue, accuse bientôt des différences bien plu; notables. » Avec les lentilles homogènes de l'optique les images confuses se forment par un mélange de plus en plus inégal des cercles de diffusion, à mesure que l'on s'écarte davantage du point de la caustique linéaire faisant fonction de foyer; lors de l'exercice de la vision, en deçà ou au delà des limites de l'accommodation, les cercles de diffusion sont compliqués de la présence d'images multiples de l'objet, phénomène connu des physiologistes sous le nom de diplopie ou, plus exactement, de polyopie monoculaire. » L'auteur reproduit ici la description classique de ce phénomène, de- meuré jusqu'ici sans explication le moins du monde satisfaisante. » 4° Il analyse alors expérimentalement, en éliminant une à une les circon- stances qui le compliquent, ce phénomène singulier et reconnaît que les nuages multiples observées dans les conditions de l'aberration de parallaxe fonctionnelle de l'œil sont exactement ce qu'elles seraient, à l'intensité près, si un optomèire de Scheiner à trous d'épingles multiples était dans ces cir- constances interposé entre l'objet et l'œil. » 5° Mais où est cet optomètre naturel? Quels sont ces points du système d'ioptrique de l'œil qui peuvent ainsi donner lieu à des images distinctes lors de l'aberration de parallaxe dans des états anatomiques normaux, en l'absence de toutes facettes cornéales ou de luxations du cristallin ? » L'observation directe d'un petit point de la grosseur d'un trou d'épin- gle assez éclatant et visé dans des conditions artificielles de myopie ou d h\ - peropie, c'est-à-dire en dehors des limites de l'accommodation, nous fait (9°6) bientôt voir quels sont ces points. Ce sont les intersections, deux à deux, des scissures à étoiles hexagonales qui séparent normalement les fibres du cristallin. » Dans les conditions énoncées, la surface générale du cristallin s'accu- sant sur la rétine par un cercle plus ou moins lumineux, chaque scissure du cristallin se marque dans ce cercle par un trait plus brillant que le fond et affectant la forme étoilée hexagonale, et sur ces traits brillants se dessi- nent, à leur tour, des points plus éclatants encore à chaque intersection de ces scissures entre elles. Ces points sont évidemment ceux qui jouent, dans les observations de polyopie monoculaire, le rôle des trous d'épingles de l'optomètrede Scheiner. Ainsi trouvent leur solution mécanique ces phéno- mènes si obscurs jusqu'ici. » Mais on peut tirer de ces observations une conséquence plus importante au point de vue exclusivement théorique. A mesure qu'on exagère les con- ditions de myopie ou d'hyperopie relative où vous place l'interposition entre le point brillant et l'œil d'un fort verre convexe ou concave, l'image des étoiles hexagonales grandit régulièrement sans changer de forme, demeu- rant toujours semblable à elle-même, jusqu'à devenir un simple point lors- qu'est annulée l'aberration de parallaxe; et cela dans les deux sens à partir delà concordance du foyer avec la rétine: observation supplémentaire qui démontre la rectitude de direction de chaque cylindre lumineux depuis le cristallin jusqu'au foyer, à la manière de toute droite passant par le sommet unique d'un cône, et comprise dans son intérieur ou sur sa surface , c'est-à- dire l'unicité du foyer, l'absence évidente de l'aberration de sphéricité dans le système dioptrique de l'œil. » 6° Indépendamment de ces avantages théoriques, la démonstration précédente du mécanisme de la polyopie monoculaire, lors de l'observation de parallaxe, offre celui de déterminer très-exactement la limite éloignée de la vision dans la myopie et sa limite rapprochée dans l'hyperopie. L'une et I autre ne sont-elles pas nettement accusées au moment où disparaissent les images multiples d'une flamme, lors de l'interposition devant l'œil du plus faible des verres, qui, pour une distance de 5 à 6 mètres au plus, annulent ces doubles images constantes dans tout cas d'aberration de parallaxe ? » ( 9°7 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. MÉCANIQUE. — Troisième Mémoire sur le travail mécanique et ses transformations: prrr M. Athanase Dupré. (Extrait par l'auteur.) (Commission déjà nommée.) « Deux machines destinées à transformer le travail en chaleur sont d'abord décrite?; puis l'auteur, rappelant la définition des machines ther- miques théoriquement parfaites, s'attache à justifier ce nom déjà employé par un homme éminent dans la science; il démontre en s'appuyant sur le principe général établi dans ses précédents Mémoires : » i° Que, dans cette classe de machines, en même temps que de la cha- leur est transformée en travail ou du travail en chaleur, un certain nombn de calories se trouve seulement déplacé et passe dans le premier cas d'un corps plus chaud dans un corps moins chaud, et dans le second d'un corp^ moins chaud dans un corps plus chaud ; » 20 Qu'il ne peut exister de machine à transformer la chaleur en travail exactement et sans qu'une certaine quantité soit seulement déplacée ; » 3° Qu'il ne peut exister, en dehors de la définition des machines par- faites, une machine thermique rendant autant de chaleur pour une quan tité donnée de travail ou autant de travail pour une quantité donnée de chaleur. » L'auteur décrit ensuite des machines thermiques parfaites destinées ;< rafraîchir ou à réchauffer l'air des habitations et à fabriquer de la glace. Après en avoir donné la théorie, il en fait l'application au cas où on veul amener à io° de l'air qui est d'abord à io° et prouve que dans cette cir- constance il ne faut diéoriquement que 8 kilogrammètres pour enlever une calorie; comme aussi ce même nombre suffirait pour donner une calorie a l'air d'un appartement dont on voudrait élever la température de io°. Ici. comme toujours, 4^7 kilogrammètres se transforment en une calorie seule- ment; le reste de la chaleur est pris ou donné aux corps extérieurs, au ré- servoir commun et simplement déplacé. » Se fondant jusque-là sur le fait bien connu de la dilatation des gaz sans changement de température, quand elle a lieu sans travail et sur ce que. conséquemment, le travail moléculaire est négligeable dans l'état aeriforme, l'auteur a pu arriver à un grand nombre de lois simples et souvent très^ approchées. Dans le dixième chapitre il examine le cas où le travail mole- (9o8 ) culaire cesserait d'être négligeable à l'état gazeux, soit parce que la densité de la substance deviendrait plus grande que clans les expériences citées, soit parce qu'où voudrait atteindre une précision extrême; il introduit dans le calcul, comme il l'avait fait antérieurement pour les états solide et liquide, une fonction destinée à représenter le travail moléculaire; il arrive à des relations qui permettent d'en déterminer la valeur numérique, et aussi à une équation qui en est indépendante, et lie ensemble d'une manière simple et rigoureuse le volume x du kilogramme de vapeur saturée à <°, la chaleur latente L, la dérivée p' de la force élastique en atmosphères, le volume y du kilogramme à l'état liquide, et sa dérivée à la même température et sous la pression maximum PP'[x-r) -P/y', I -H at P = io333 et a = o,oo3644- Avec les données expérimentales actuelles, il est inutile de tenir compte des variations de j, et on a EaL „ ,, P/J {x -J at En appliquant cette formule à l'eau à son point d'ébullition et adoptant pour x, comme donnée expérimentale, 1,6963, on trouve E = 4^7,7, ré- sultat dont la partie entière ne diffère pas de celle que la première approxi- mation avait fourni. » Le chapitre onzième est consacré à l'étude mécanique de l'eau. On y arrive de plusieurs manières à conclure que si les chaleurs latentes déter- minées avec tant de soin par M. Regnault ne doivent subir, connue il y a lieu de le croire, que de légères modifications, le travail moléculaire de la vapeur d'eau, quoique faible, n'est pas entièrement négligeable. Il influe sur la loi de dilatation, dont une démonstration plus simple est donnée, et conduit à des volumes qui s'écartent sensiblement de ceux auxquels on parvient par l'emploi des lois de Mariotte et de Gay-Lussac, et cela dans le même sens que ceux qui sont fournis par les expériences de MM. Fairbairn et Tate. 11 est fâcheux que la vérification ne puisse porter que sur le sens des écarts, ce qui tient au peu d'étendue donnée aux expé- riences et aussi à ce qu'on ne peut obtenir assez d'exactitude quand on ne tient pas compte de l'action condensante des surfaces, laquelle est considé- rable à saturation. ( 9°9 ) « Pour représenter les forces élastiques de la vapeur d'eau, obtenues par M. Regnault entre — 3o° et 23o°, la première approximation a donné I O , 0 1 5 1 2 log h = 10,08076 — 3,5oio/j log (1 -+- at) at Mais pour certaines températures on a de-; erreurs correspondant à -6 de de- gré environ. En prenant par o" le point d'ébullition de l'eau (a = 0,0026' exprimant la tension p en atmosphères, et gardant le terme qui provient du volume occupé parle kilogramme à l'état liquide, on arrive à la formule log p = 7,7523q56 — '- 4 ■. 4 7 6 >- 1 1 log (t -t- at) -t- 0,00100, — entièrement satisfaisante. Cela prouve que les termes qui proviennent du travail moléculaire et des variations de la capacité a l'état liquide, ont une somme qui, en prenant toujours la vapeur d'eau à saturation, peuvent pour cette substance se confondre avec les termes de première approximation dont ils allèrent les coefficients. Jusqu'à 3o° au-dessus du point d'ébullition, on obtient même les forces élastiques exactement avec la formule très- simple laBP- 7'8 TTTt -4,58 log (n-«/). L'auteur donne ensuite les valeurs en nombres du travail moléculaire de la vapeur d'eau pour des changements de volume assignés, et cela conduit à prédire les changements de température qu'elle éprouverait en se dilatant sans travailler dans les mêmes circonstances. En comparant 1 kilogramme d'eau liquide avec 1 kilogramme de vapeur saturée sous la pression ordi- naire, on arrive à constater que des dilatations absolues égales correspon- dent à des travaux moléculaires dont le rapport est environ 3ooooo » Dans le chapitre douzième l'auteur détermine, pour des machines thermiques parfaites, le travail qu'on peut obtenir avec une calorie, et par suite avec 1 kilogramme de combustible. Quoique maximum, il est beau- coup moindre qu'on ne le suppose, et il varie d'ailleurs avec les tempé- ratures employées. De là il résulte que les machines usuelles ne sont pas aussi mauvaises que le ferait croire la comparaison immédiate avec l'équi- valent mécanique de la chaleur dépensée, et que le meilleur moyen pour les améliorer, c'est de tâcher de vaincre les difficultés pratiques qui s'opposent à l'emploi de températures très- élevées : on le savait déjà, mais ici des non, bres précis font mieux sentir l'importance de ce point de la théorie des machines thermiques. « L. H., 18C2, Ier Semestre. I 1.1\ N" 16 rI7 ( 9'° ) chimie. — Note sur les hydrocarbures et leurs combinaisons avec l'acide picrique; par M. Fkitzsche. (Commissaires, MM. Balard, Fremy.) « Il y a quelques années que j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Académie de mes recherches sur les hydrocarbures provenant de la distillation de la houille, et aujourd'hui je demande de nouveau son indulgence pour la com- munication d'un résumé de mes recherches ultérieures sur ce sujet. » Le point de départ de mes recherches était la découverte de combinai- sons d'hydrocarbures neutres avec l'acide picricpie, combinaisons dont plu- sieurs se distinguent par une brillante couleur rouge foncé, et toutes par la facilité avec laquelle on les obtient à l'état cristallisé. Malheureusement la plupart d'elles cristallisent en aiguilles trop fines pour les distinguer par leur forme cristalline, et voilà pourquoi mon espoir d'avoir trouvé dans l'acide picrique un moyen facile de séparer ces produits l'un de l'autre ne s'est pas réalisé en entier. Or il faut d'abord préparer les différents corps à l'état de pureté parfaite par les procédés ordinaires, puis les combiner avec l'acide picrique, pour trouver d'une manière facile leurs formules. Cepen- dant l'acide picrique peut toujours servira faciliter la séparation de plusieurs de ces corps mêlés ensemble, comme le prouveront les deux cas que je vais citer. Les hydrocarbures solides, par exemple, exigent quelquefois de dif- férents dissolvants pour pouvoir être combinés avec l'acide picrique ; pour les uns on peut se servir de l'alcool, tandis que pour les autres il faut em- ployer la benzine, et cette propriété contribue naturellement à mieux dis- tinguer l'un de l'autre ces corps très-semblables entre eux, et pour la pureté desquels on n'a pas encore des preuves certaines. Pour les hydrocarbures liquides, la séparation m'a réussi en partie dans l'expérience suivante. Une essense de houille débarrassée de toutes substances acides et alcalines par un traitement réitéré avec l'acide chlorhydrique gazeux et la soude caustique, et dont le point d'ébullition était environ à i5o° centigrades, donnait une cristallisation abondante aciculaire d'un beau jaune, lorsque j'y avais fait immédiatement dissoudre à chaud de l'acide picrique. Cette première cris- tallisation ne contenait que de la naphtaline; mais lorsque je continuai à dissoudre dans la dissolution mère de nouvelles quantités d'acide picrique, l'obtins de nouvelles cristallisations du même aspect, dont les dernières contenaient, au lieu de naphtaline, un hydrocarbure liquide et plus pesant (9" ) que l'eau. Ayant enfin, pour ainsi dire, épuisé l'essence de houille, dont je n'avais retiré que tout au plus 10 pour 100 de produits combinés à l'acide picrique, je n'obtenais plus, à la température ordinaire, que de beaux cris- taux d'acide picrique pur; mais en exposant ces cristaux dans le liquide d'où ils s'étaient déposés au froid de notre hiver de Saint-Pétersbourg, je vis se transformer tout l'acide picrique cristallisé en d'autres cristaux, qui étaient une combinaison d'acide picrique avec un hydrocarbure liquide, plus léger que l'eau. Cette combinaison, dont j'ai l'honneur de mettre deux échantillons sous les yeux de l'Académie, est si bien cristallisée, que M. de Kokscharoff en a pu faire une analyse cristallographique, d'après laquelle ils appartiennent au système monoclinoédripie et offrent des com- binaisons assez compliquées, représentées par les dessins que j'ai l'honneur de mettre également sous les yeux de l'Académie. On devrait croire qu'une substance si bien cristallisée serait pure; mais malheureusement ce n'est pas le cas, car en la décomposant par l'ammoniaque, en la soumettant à une dis- lillation avec de l'eau, on obtient un liquide dont le point d'ébulhtion n'est pas constant ; de plus, les quantités d'hydrocarbure combiné à l'acide pi- crique variaient beaucoup dans les différentes cristallisations que j'obtins successivement, nommément entre 6 et i4 pour ioo; mais même cette dernière proportion, savoir i/| pour 100, est beaucoup plus petite que l'exige une pareille substance, supposant qu'elle devait être composée, comme les combinaisons de la benzine, de la naphtaline et d'autres corps semblables avec l'acide picrique, d'équivalents égaux d'hydrocarbure et d'acide. » L'analyse de l'hydrocarbure en question, ainsi que d'un sulfacide, ont prouvé qu'une grande partie de cet hydrocarbure représente une sub- stance très-ressemblante avec le cutnol et ayant comme celui-ci pour for- mule C18 H'2; il en diffère cependant parla manière dont cristallise le sel de barvum du sulfacide. qui est tout à fait semblable à celle que MM. Ger- hardt et Cahours ont observée pour le sel obtenu avec le ivtinyle de MM. Pelletier et Walter. Je n'ai pas encore trouvé l'explication de tout cela, mais il me paraît au moins probable que ma combinaison picrique soit un mélange de plusieurs combinaisons isomorphes, cristall^ées ensem- ble. Quant à la quantité de cette combinaison, retirée de l'essence de la houille employée, elle ne représentait que quelques unités pour cent de cette dernière en hydrocarbure, et sa formation cessait enfin entièrement. Dans le cours de ces recherches, qui sont loin d'être finies, j'ai trouvé que l'acide picrique n'est pas le seul acide qui peut se combiner avec les hydrocar- 117.. ( 912 ) bures ; tous !i s autres acides Iriuitrés que j'ai pu me procurer jusqu'à pré- sent, ont la même faculté, nommément les acides oxypicrique, trinitro- crésylique et trinitrothyinolique. D'un autre côté, ce ne sont pas seulement les hydrocarbures qui se combinent avec l'acide picrique, mais aussi des substances oxygénées provenant de la distillation sèche, savoir l'acide phé- nique et la créosote. On obtient facilement ces combinaisons quand on se sert pour dissolvant d'une essence qui ne donne pas de produit cristallisé avec l'acide picrique. En dissolvant , par exemple, à chaud de l'acide picrique dans un mélange de 9 parties d'une essence pareille et de 1 partie 'd'acide phénique, on obtient, après le refroidissement, une cristalli- sation abondante de picrate de phénol, c'est-à-dire une combinaison d'acide phénique avec l'acide trinitrophéuique. On peut se servir de l'acide picrique peur séparer l'acide phénique et la créosote d'essences qui les contiennent, et fai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie un échantillon d'une pareille combinaison tirée d'une essence de térébenthine du com- merce, qui probablement devait être préparée avec du goudron. » Enfin j'ai l'honneur de présenter à l'Académie un nouveau carbure d'hydrogène solide tiré du goudron de houille, qui est très-distingué par sa brillante couleur orangée. Cette substance, dont je n'ai pu obtenir qu'une quantité très-minime, de manière que je n'ai pu faire qu'une seule analyse, m'a donné une composition très-proche de celle de la naphtaline; elle ne parait pas pouvoir se combiner avec l'acide picrique: au moins n'ai-je pas réussi à obtenir une pareille combinaison jusqu'à présent. C'est cette sub- stance qui donne, en la faisant cristalliser ensemble avec un autre hydro- carbure blanc, la substance jaune-verdàtre dont j'ai présenté un échantillon lors de ma première communication à l'Académie. Cette nouvelle substance est très-difficile à préparer, mais j'espère qu'avec le concours du fabricant anglais, duquel j'avais reçu la matière brute, M. Miller, à Glascow, il me sera possible de l'obtenir en plus grande quantité. Ce qui rend sa prépara- tion pénible, encore plus difficile, c'est qu'elle se décompose quand sa dissolution est exposée a la lumière, qui la décolore en peu de temps. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE.— Mémoire sur le calcul tics moments de flexion dans une poutre droite a plusieurs travées; par M. Crusse. (Première partie.) ( Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Clapeyron, Combes, Delaunay.) « 1 1 y il entre les moments de flexion sur trois points d'appui cou- ( 9*3 ) sécutifs une relation des remarquable, déjà signalée dans un cas particu- lier par les auteurs qui ont écrit sur ce sujet. » Soient A, B, C trois appuis consécutifs, a la longueur AB, x la distance d'une section quelconque de la travée AB à l'appui intermédiaire B, X le moment fléchissant dans cette section; » a', .r', X' les quantités analogues pour l'autre travée BC; » X, , X2 , X3 les moments de flexion A, B, C; m m et ty ce que deviendraient les moments de flexion en chaque point de AB et de BC, si ces deux travées, conservant leurs charges propres, étaient sciées en A, B, C, de manière à former deux poutres indépendantes reposant chacune sur deux simples appuis d'extrémité; " ' i ï TV» fi 'es ordonnées verticales de la poutre en A, B, C, prises re- lativement à celle-ci quand elle est dans son état primitif (sans charge et sans tension intérieure); » s le moment de flexibilité delà section transversale (ordinairement dé- signé par El). » On aura lee relations X =X2h-(X(-X2)- + ?, X'=X2+(X3-X1)^ + ^ (6ErÇ-j2^ + j)+5] = X(a + 2Xa(« + a')-t-Xïa' (a) ) ■+■- I -~(n — Xj,dx + — f ~((i—xrdx. \ "jo tlx a Jo CHIMIE ORGANIQUE. — Transformation de l'aldéhyde en alcool; par M. Ad. Wurtz. (Commissaires, MM. Ralard, Fremy.) « J'ai réussi récemment (i) à transformer l'oxyde d'étliylène en alcool par une addition directe d'hydrogène, c'est-à-dire en faisant réagir une solution aqueuse d'oxyde d'étliylène sur l'amalgame de sodium, réactif autrefois employé par M. Melsens pour effectuer des substitutions inverses, et que divers chimistes ont remis en honneur dans ces derniers temps, soit pour substituer de l'hydrogène au chlore, soit pour l'ajouter à des corps organiques non saturés. » J'ai mentionné dans la même communication une expérience que j'ai faite il y a déjà plusieurs années, et dans laquelle j'ai essayé inutilement de transformer l'isomère de l'oxyde d'étliylène, l'aldéhyde, en alcool par l'ac- tion de l'hydrogène, tel qu'il se dégage d'un mélange de zinc et d'acide sulfurique étendu. >» Ce double résultat m'a surpris d'autant plus, que les relations de l'alcool avec l'aldéhyde sont certainement plus étroites que celles de l'alcool avec l'oxyde d'étliylène. Craignant donc une erreur dans mes premières expériences avec l'aldéhyde, je les ai répétées. Le résultat a été le même. » On a ajouté 5 grammes d'aldéhyde pure à du zinc et à de l'acide sulfurique étendu placés dans un matras. Celui-ci était entouré de glace et portait un tube de dégagement à deux angles droits, dont la longue branche plongeait dans une éprouvette pleine de mercure. Cette disposition avait pour but d'augmenter la pression. Le lendemain, la solution de sulfate exhalait encore une forte odeur d'aldéhyde. On a soumis le liquide à la distillation, en recevant les produits dans un récipient bien refroidi, et en arrêtant l'opération après que le thermomètre se fût maintenu pendant quelque temps à ioo° et au-dessus. Le liquide distillé ayant été rectifié, il a passé, avant 4o°, 2 \ grammes d'aldéhyde. Ce qui restait a été mélangé avec du carbonale de potasse sec, qui a déterminé la séparation d'une couche d'un liquide léger, peu abondant, et exhalant encore une forte odeur d'aldé- (1) Comptes rendus, t. LIV, p. 280. (9'6 ) hyde. Au contact de la potasse caustique, ce liquide a formé de la résine d'aldéhyde. On n'^ pu en séparer par la distillation qu'une Irace d'un liquide possédant à peu près le point d'ébullition de l'alcool, mais non pas son odeur. Sans pouvoir affirmer qu'il ne se forme pas d'alcool dans cette circonstance, je liens pour certain qu'il ne peut s'en former que des traces » Le résultat a été le même lorsqu'on a substitué l'acide chlorhydrique à l'acide sulfurique. Le liquide mentionné en dernier lieu était peut-être \iu peu plus abondant ; mais la quantité, insuffisante pour une analyse, ne s en élevait pas a la vingtième partie de l'aldéhyde retrouvée. Mêlé avec l'acide sulfurique concentré, il s'est échauffé; mais le mélange a noirci immédiatement eu s'épaississant. • Je n'ai pas mieux réussi à transformer l'aldéhyde en alcool en rem- plaçant, dans les expériences précédentes, le zinc par le fer ou par un amal- game de zinc riche en zinc. Dans ce dernier cas. l'action de l'acide est lente et incomplète. » Au contraire, avec l'amalgame de sodium, il est facile de convertir l'al- déhyde en alcool. L'expérience réussit dans les plus mauvaises conditions, c est-à-dire en mettant simplement une solution aqueuse et étendue d al- déhyde au contact de l'amalgame de sodium. La soude, formée dans ce cas, résinifie une portion de l'aldéhyde ; mais une autre portion de ce corps se convertit en alcool. » La quantité d'al ool formée est notable lorsqu'on a soin d'ajouter à la liqueur, convenablement refroidie, de l'acide chlorhydrique par petites portions, de manière cpie le liquide conserve toujours une légère réaction acide. Dans ce cas, la transformation s'accomplit rapidement. » La réaction terminée, si l'on soumet le produit a la distillation, on ne retrouve plus une trace d'aldéhyde; mais on peut séparer des premiers produits qui ont passé, a l'aide du carbonate de potasse sec, une couche d'un liquide qui renferme une quantité notable d'alcool. Celui-ci passe d'abord lorsqu'on rectifie le produit; mais à la fin le thermomètre s'élève peu ;: peu au-dessus de qo", et il reste une petite quantité d'un liquide offrant l'odeur et la saveur de l'acraldéhyde de M. Hauer ou du corps obtenu p.u M. Lieben par l'action de certains sels sur l'aldéhyde. L'alcool obtenu dans cette circonstance1 a été punie- par distillation mii le carbonati de potasse, puis sur la baryte caustique. Il présentait exactement l'odeur et le point d'ébullition (le l'alcool ordinaire. Traite pai le potassium, il a iaisse dégager de l'hydrogène et a donné dé l'éthylate de potassium. Comme l'analyse de cet alcool n'a pas donne de résultats parfaitement corrects, on l'a transformé en iodure d'éthyle. Celui-ci a pass< ( 9*7 ) à la distillation entre 720 et ^3°, et a donné à l'analyse C = i4,7, H = 3,4. La formule €8H5I exige C = i5,2, H = 3, 1. » Mis en contact avec l'éthylate de potassium" précédemment obtenu, cet iodure d'éthyle a donné de l'iodure de potassium et de l'élher. » Il ne reste donc aucun doute concernant le fait de la formation de l'alcool par l'addition directe aux éléments de l'aldéhyde de l'hydrogène dégagé par l'amalgame de sodium. Pourquoi cette même transformation ne s'accomplit-elle pas ou ne s'accomplit-elle que très-difficilement par l'action de l'hydrogène mis en liberté par le zinc ou par le fer? C'est là une question qu'il parait difficile de résoudre. Peut-être cette différence est-elle en rapport avec ce fait qu'un atome de ces deux derniers métaux ( &n = 66, Fe = 54) déplace II3 qui peut se dégager à l'état d'hydrogène libre, tandis qu'un atome de sodium (Na = a3) déplace H qui a besoin de se combiner soit avec H pour former de l'hydrogène libre, soit avec un corps avide d'hy- drogène. Mais ce n'est là qu'une simple conjecture, sur laquelle je m'abs- tiens d'insister. » J'ajoute que je n'ai pas obtenu une trace d'alcool en introduisant de l'oxyde d'éthylène dans un mélange d'acide sulfurique étendu et de zinc. » chimie. — Etudes de chimie physiologique. Première partie : Du rôle physiologique de l'oxjrjène, étudié spécialement chez les mucédinées et tes ferments ; par M . F.-V. Jodin. (Extrait.) (Commissaires déjà nommés pour un précédent Mémoire de M. Jodin.) « Ce Mémoire est la première partie d'un ensemble d'études chimico- physiologiques ayant pour objet les phénomènes corrélatifs de la vie de ces êtres organisés microscopiques, sur lesquels reposent actuellement tous les débats de la question des générations dites spontanées. Les premières expé- riences qu'embrasse ce travail, remontent déjà à plus de deux années. Je les ai poursuivies en m'inspirant souvent des travaux si remarquables de M. Pasteur; je serais trop heureux qu'elles pussent présenter encore quelque intérêt après les publications de ce savant éminent. » Le but général de mon travail était primitivement l'étude des fonctions physiologiques de ces êtres cellulaires. Le premier point que j ai abordé C. R., 1862, 1er Semestre. (T. L1V, N» 16.) l ' " (9'8 ) dans cette direction a été le rôle physiologique de l'oxygène, dont la mani- festation s'était offerte tout d'abord à mes observations. J » J'ai reconnu que des préparations faites avec de l'eau distillée, une (aible proportion de phosphate alcalin et l'une des substances suivantes : sucre, glycérine, ta rt rate, snccinate, lactate, acétate, oxalate ammoniacal ou alcalin, possédaient des aptitudes mycogéniques bien caractérisées. C'est-à- dire que de semblables préparations, abandonnées au contact de l'air, don- naient bientôt naissance à des productions organisées de différente nature, en même temps qu'une forte proportion de la matière organique disparais- sait, en vertu d'une combustion vive, opérée avec l'oxygène de l'air. Les produits de cette combustion étaient : l'eau, l'acide carbonique, et quel- quefois une ou plusieurs substances dérivées plus simples que celle conte- nue primitivement dans la préparation. » En renfermant dans des tubes scellés une certaine proportion de liquide mycogénique, avec une atmosphère limitée d'air naturel ou d'oxygène artificiel, je suis parvenu à pouvoir déterminer très-exactement le volume d'oxygène qui disparaissait pendant l'altération du liquide mycogénique. » Abordant ensuite le problème du dosage delà matière organique ser- vant d'aliment carburé aux êtres microscopiques, j'en ai cherché la solution dans l'application des méthodes chimiques d'oxydation par voie humide. Partant du travail de M. Péan de Saint-Gilles, j'ai trouvé, dans l'emploi des solutions titrées desulfate de fer et de permanganate de potasse, une méthode analytique fort précieuse par sa délicatesse et son exactitude. Cependant, pour obtenir cette dernière qualité, j'ai dû modifier un peu le procédé de M. de Saint-Gilles et me livrer à des expériences spéciales. » Presque toutes les substances organiques ternaires sont brûlées par les solutions de permanganate chauffées à ioo°. Parmi celles que j'ai soumises à cette épreuve, les acides succinique et acétique sont les seules qui y aient résisté. » Parmi les substances qui subissent la combustion, quelques-unes n'éprouvent qu'une combustion partielle, en perdant une partie seulement de leur carbone sous la forme d'acide carbonique. Il arrive alors que l'équi- libre des éléments restants de la molécule primitive, troublé par le mouve- ment intestin provoqué par la combustion partielle, se rétablit en produi- sant de nouveaux corps d'un type différent. v Aux exemples de ce genre déjà connus, j'en ajouterai un qui nie semble assez remarquable, et (pie j'ai eu occasion d'observer dans le cours de( ces études. L'acide lactique, traité à ioo" par le permanganate alcalin (ou plutôt manganate potassique, caméléon vert), subit une combustion (9T9 ) complète, conformément à la formule C6 H6 O6 -f- 1 2 O = 6 CO2 + 6 HO. Mais vient-on à employer ce même permanganate acidulé par l'acide sul- furique, la combustion devient partielle : i équivalent d'acide lactique ne prend plus que 4 équivalents d'oxygène, en produisant un volume corres- pondant d'acide carbonique et i équivalent d'acide acétique, conformé- ment à l'équation C6H606-l- 4 0 = 2CO2 + 2HO+ C4H40'. » Cette réaction est parfaitement nette et rigoureuse ; on le comprend facilement, puisque son produit, l'acide acétique, échappe à toute action ultérieure du caméléon. » Ce fait, déjà remarquable par lui-même, acquiert un nouvel intérêt de certaines observations rapportées dans mon Mémoire. J'ai trouvé en effet que, dans certaines conditions, les préparations mycogéniques laites avec l'acide lactique paraissaient donner naissance à de l'acide acétique. Sans avoir encore une valeur démonstrative, la discussion de mes observations rend le fait fort vraisemblable. On comprend tout l'intérêt qu'il y a à vérifier une analogie de cette sorte entre les actions exercées sur la molécule d'acide lactique par la combustion minérale et la combustion physiologique. » J'ai essayé de déterminer, pour un assez grand nombre de substances, le poids de matière organisée qui était produit par la consommation de 1 gramme de cette substance. Ce poids représente en quelque sorte i'équi- valent physiologique de chaque substance. On conçoit qu'il doit varier avec la nature spécifique de la production organisée et certaines conditions dont je parle dans mon Mémoire. Voici cependant quelques nombres moyens se rapportant à quatre substances qui ont servi souvent a mes expé- riences. ABSOBEE PRODtlT : 1 gramme. (oxygène). Acide carbonique. Matière mycodermique. Acide lactique ogr, 32 o,55 0,08 Acide tartriquc ogr,4' ' ,o4 0,12 Glycérine iEr, 20 1,08 0,22 Sucre °Er>49 °>7' °>'4 » Dans ces études, j'ai eu souvent occasion d'observer de singulières anomalies, qui mériteraient une étude spéciale. Je citerai entre autres la singulière inertie des préparations faites avec l'acide succinique, lorsque j'ai fait usage d'atmosphères artificielles d'oxygène, tandis que cette inertie 118.. ( 92° ) disparaissait aussitôt que l'air normal était substitué à cette atmosphère artificielle. Et cependant ces préparations se trouvaient dans des conditions d'ensemencement qui toujours avaient assuré le succès des préparations mycogéniques faites avec toutes les autres substances. » La végétation de la matière verte de Priestley, dans des solutions faibles d'oxalate de potasse, m'a semblé être accompagnée, dans certaines conditions, d'une combustion de l'acide oxalique. » Cette observation m'a suggéré des expériences et des points de Mie dont mon Mémoire contient un premier aperçu. » Enfin je le termine en rapportant deux séries d'expériences parallèles laites avec le sucre interverti, et dans lesquelles la substitution du phos- phate de potasse au phosphate d'ammoniaque a suffi pour changer com- plètement le sens de la manifestation mycogénique. » CORRESPONDANCE M. Damour, récemment nommé à une place de Correspondant, adresse ses remercîments à l'Académie. L'Académie royale des Sciences de Lisbonne adresse ses remercîments à l'Académie pour les exemplaires de ses Mémoires et Comptes rendus qui lui ont été envoyés. La Société de Géographie adresse des Lettres d'invitation pour ceux de* Membres de l'Académie qui voudraient assister à son assemblée générale de 1862, qui aura lieu vendredi prochain 2 mai. M. le Secrétaire perpétuel présente à l'Académie deux Mémoires de M. Edouard d Eichwald, membre de l'Académie de Saint-Pétersbourg, et un ouvrage intitulé : Lcthœa Russica, ou Paléontologie de la Russie; il appelle l'attention sur cet ouvrage très-considérable, qui comprend huit volumes et un atlas de 5() planches. L'auteur divise l'histoire de la paléontologie russe, en trois périodes sous les noms de période ancienne, période moyenne et période moderne. L'ouvrage actuellement publié traite des deux périodes ancienne et moderne; il reste donc à traiter de la période moyenne, comprenant les terrains Iriassiqtie, jurassique, crétacé et nummulitique. Une grande partie des matériaux dont se compose cet ouvrage étaient disséminés dans des publications où ils oui pu être consultés avec fruit par ( 921 ) les voyageurs qui, depuis, ont exploré la Russie, à savoir : en 1829, le ba- ron de Hiunboldt et ses collaborateurs; de 18/(0 à 1 84 1 , Murchison et ses collaborateurs; enfin en i843, Reyserling et Rrusensternen. Les recbercbes paléontologiques de l'auteur, en Russie et pilleurs, re- montent à une époque assez éloignée, car il nous apprend que, de 1821 à 1822, il faisait déjà à V Université de Dorpat le premier cours de paléon- tologie qui eût été professé en Russie. M. le Secrétaire perpétuel communique l'extrait suivant d'une Lettre de M. Regimbeau. « A l'occasion d'une communication qui a été faite à l'Académie par M. Alexandre de la Rocbe, dans la séance du 17 mars 1862, ayant trait a la similitude présumée de composition du chlore, du brome et de l'iode, j'ai l'honneur de vous transmettre copie d'une Lettre que j'ai adressée a M. Dumas en date du 9 décembre 1861 et ainsi conçue : « J'ai lu avec le plus vif intérêt la Note que vous avez publiée dans le » Moniteur des Sciences, sur l'importante découverte de deux nouveaux mé- » taux alcalins que MM. Bunsen et Kircbboff viennent de faire, par l'emploi » d'une méthode d'analyse universelle en quelque sorte, et à l'aide de » laquelle, dites-vous, on pourra désormais arriver facilement à reconnaître 0 dans tout composé, ou tout mélange, quels sont les éléments qui s y » trouvent. Ce moyen d'analyse extrêmement simple et d'une exquise sensi- » bilité serait basé, ajoutez-vous, sur le caractère propre que chacun des » éléments de la chimie actuelle imprimerait au spectre des flammes, au « sein desquelles sa vapeur se répandrait. C'est ainsi que l'on pourrait re- » connaître des quantités infiniment petites, ou les dernières traces si insai- » sissables qu'on les suppose, de sel marin, et qui communiquent à la » flamme les propriétés caractéristiques par lesquelles se révèle la présence » du sodium qui en est la base. .. Vous paraissez ne tenir ici aucun compte du second élément qui consli- .. tue le sel marin, je veux dire le chlore, qui devrait aussi manifester sou » caractère distinctif dans le spectre, puisqu'il faut admettre, d'après la » théorie, que chacun des éléments du sel en queslion doit \ produire des » raies différentes déteinte et de position, comme cela a lieu entre Atu\ » métaux ou deux éléments distincts et séparés. Toujours, d'après la » théorie, les choses devraient se passer de même, si l'on avait à sou- » mettre un alliage ou tout autre composé minéral à la méthode d analyse « emplovée par les chimistes allemands, devant supposer aussi que tous les ( 922 ) » corps sont plus ou moins volatils ou vaporisablespar l'action de la flamme, » surtout lorsqu'ils sont dissous par un agent quelconque. Du moins c'est » ainsi que j'interprète dans son ensemble la Note que vous avez publiée, » ou qui a été publiée en votre nom. » D'après cela, et si, comme je crois l'avoir reconnu, le brome était un » composé de chlore et d'un radical inconnu, il serait facile, ce me semble, » de démontrer la présence du premier corps, le chlore, en soumettant le » brome à l'expérience spectrale, qui pourrait faire reconnaître également » la nature du radical. Il serait curieux aussi de constater le caractère » propre que le chlore, le brome et l'iode imprimeraient séparément au » spectre, ces trois corps ayant des aptitudes chimiques presque identiques, » et ayant aussi une même origine. On pourrait passer ensuite à l'examen » de leurs combinaisons binaires, et ainsi de suite pour ce qui concerne les » antres corps simples, etc. » La Note de M. Regimbeau est renvoyée à la Commission précédemment nommée pour la INote de M. Alexandre de la Roche. « M. Ddchartre présente trois ouvrages en allemand, dont leur auteur, M. le Dr Regel, directeur scientifique du jardin botanique de Saint-Péters- bourg, l'a chargé de faire hommage a l'Académie. Le premier de ces tra- vaux est une revue des espèces du genre ThalictrOm qui croissent naturelle- ment dans l'empire russe et dans les contrées adjacentes. L'auteur l'a écrit particulièrement en vue de tracer avec toute la netteté possible les limites entre lesquelles doivent être circonscrites, selon lui, les espèces souvent très- polymorphes de ce groupe générique. On y voit indiquées avec soin non- seulement les variétés, mais encore les variations les plus remarquables que présentent plusieurs de ces espèces. Le second de ces ouvrages est intitulé : Tentamen florœ ussuriensis, ou Essai d'une flore du bassin de l'Ussuri; les élé- ments en ont été puisés dans les collections formées par M. R. INlaack. Ce travail important offre le tableau de la végétation d'une partie de la Russie asiatique sur laquelle on ne possédait à peu près aucun renseignement a une époque fort peu éloignée de nous. Plusieurs espèces nouvelles y sont décrites et figurées. Le nombre total de celles dont on y trouve l'indication est de 64'3, dont 5o,2 sont phanérogames et 5i seulement cryptogames. A la partie systématique et descriptive de son travail, M. Regel a joint un cha- pitre intéressant de géographie botanique, dans lequel il compare la flore du bassin de l'Ussuri à celle des contrées voisines ou analogues. Le troi- sième ouvrage dont M. Regel fait hommage à l'Académie a pour objet prin- cipal de faire connaître les plantes récoltées dans la Sibérie orientale par ( 9*3 ) M. G. Radde, pendant une exploration exécutée de 1 855 à 1859; mais, pour le rendre à la fois plus complet et plus utile, le savant auteur y fait figurer les espèces qui ont été trouvées dans les mêmes contrées par d'au- tres voyageurs russes, notamment par Mil. Stubendorff, Sensinoff, Rieder, etc. Un assez grand nombre de figures au trait, remarquables par leur bonne exécution, sont jointes au texte et représentent les espèces et formes soit nouvelles, soit mal connues. C'est le commencement d'un travail qui aura une étendue assez considérable. Les familles qu'il com- prend sont en particulier celles des Renonculacées, des Papavéracées et des Crucifères, auxquelles se rapportent près de 25o espèces. Il est vive- ment à désirer que cet utile complément des flores de la Sibérie soit mené à bonne fin. ■> SÉISMOLOGIE. — Sur un léger tremblement de terre senti à Dijon et dans les départements voisins le 17 avril 1862, vers 8h iom du malin; extrait d'une Lettre de M. Alexis Perrey à M. Élie de Reaumont. « Je poursuis avec ardeur la rude et longue tâche que je me suis impo- sée. Je tiens beaucoup à achever la publication de ma Statistique des trem- blement de terre. Le jeudi matin (17 avril 1862), je m'occupais de la mise en ordre des documents que j'ai pu recueillir jusqu'à ce jour sur les phéno- mènes séismiques dans l'archipel des Kouriles et du Kamtschatka, je trans- crivais une note, quand ma main dévia brusquement de la lettre que je traçais, et au même moment je sentis dans les jambes une espèce de fré- missement instantané et presque imperceptible. Instinctivement je portai les yeux sur ma pendule, elle marquait 8'1 iom. Occupé de tremblements de terre, je pensais naturellement que je venais peut-être d'en éprouver une légère secousse. Mais, comme je n'avais entendu aucun bruit; et que d'ail- leurs j'ai déjà plus d'une fois ressenti des frémissements analogues, sans que personne ait parlé de tremblement de terre, je gardai le silence sur ce que j'avais éprouvé. » Mais le lendemain, tout le monde en ville s'entretenait du tremble- ment. 11 paraît constaté qu'il y a eu deux secousses très-faibles et presque instantanées, à quelques secondes d'intervalle. Plusieurs personnes, entre autres le fils d'un de vos confrères à l'Institut, M. H. Chevreul, a ressenti le mouvement, pendant lequel il a entendu un bruit sourd qui a eu la même durée très-courte. Un de mes anciens élèves, M. F. de Sarcus, ex-officier de cavalerie, a senti deux ou trois vibrations qu'il décrit comme saccadées et se propageant en zigzag; quelques secondes après, ces vibrations se sont ( 9*4 ) renouvelées de la même manière, mais un peu plus intenses, en se propa- geant encore du N.-O. au S.-E. M. de Sarcus n'a pas remarqué de bruit. Un autre de mes amis, M. Arthur Morelet a entendu un bruit extraordinaire au-dessus de son plafond, il est même monté au grenier croyant qu'un do- mestique avait lourdement renversé quelque chose. Il n'a senti aucun mou- vement et n'a pas pensé à un tremblement de terre, quoique le phénomène n'eût pas été nouveau pour lui qui en a éprouvé des secousses en Italie et en Amérique. Quelques personnes seulement assurent avoir remarqué que lf mouvement était du N. au S. n Le phénomène paraît avoir été plus sensible dans la partie N.-E. du département, sur la bande qui, du N.-O. au S.-E. (de Grancey à Mire- beau), longe les déparlements de la Haute-Marne et de la Haute-Saône. » A Selongey et dans les environs, on l'a ressenti même en plein air; des paysans, occupés aux travaux de la campagne, sont revenus tout épou- vantés au village. Un roulement semblable au tonnerre a suivi ou accompagné la première secousse. On indique la direction du N. au S. A Fontaine-Fran- çaise, les personnes assises ou arrêtées dans les maisons ont senti le mouve- ment ; celles qui étaient debout en plein air ou qui marchaient n'ont rien remarqué. Dans les villages voisins, comme à Géniaux, Facquenay, Pouilly, Saint-Seine, Mornay, Montigny-sur-Vingeanne, etc., le même phénomène a été observé. « On écrit de Besançon, le 1 8 : « On a ressenti hier, dans plusieurs loca- » lités de la Haute-Saône et du Doubs, des secousses de tremblement de » terre. Au village d'Apremont (Haute-Saône), une de ces secousses a été » assez forte pour qu'on eût à craindre l'éboulement de plusieurs maisons » en construction. On nous assure que le même phénomène s'est produit » à Besançon, à la même heure, notamment dans la rue de la Préfecture. » » L'heure n'est pas indiquée dans cette Lettre; il y a aussi de légères va- riantes (8h i5m et 8h3om) dans les nouvelles reçues des divers villages cités. Mais il est bien probable que le phénomène a eu lieu à peu près simultané- ment dans les différentes localités où il a été observé. » On cite encore, dans la Haute-Saône, Gray, Lure et Poyans, où le mou- \ement aurait eu lieu de l'E. à l'O. D'après le journal In Franclic-Comté, la première secousse aurait été double en intensité de la deuxième, qui a suivi à une seconde d'intervalle. A Dijon, on signale, au contraire, la der- nière comme la plus sensible. » Dans la Haute-Manie, on cite Dancevoir (à la limite occidentale du département), Prauthoy, Longeau, Chalindrev, le Fayl-Billot, Langres, (>ourboiine-les-Bains, etc. (limite orientale) et Chaumont, comme a\ an; (9^5 ) ressenti une ou deux secousses à peu près à la même heure et avec les mêmes circonstances. » On m'écrit de Chaumont : « Jeudi matin (le 17), le ciel était sombre. » Au soleil de la veille avaient succédé des nuages lourds et grisâtres. L'air » était calme, presque immobile. Tout à coup, vers 81' i5m, se fit entendre » un bruit semblable à celui d'un tonnerre lointain tpii se prolongea deux » ou trois secondes. Ce bruit souterrain fut accompagné d'une commotion » du sol qui imprima à la surface de la terre un mouvement oscillatoire » deux ou trois fois répété, dans la direction du N. au S. Cette secousse » fut assez forte pour agiter les meubles légers et la vaisselle dans l'inté- » rieur des maisons. Les personnes qui étaient couchées sentirent leur lit » agité par une sorte de roulis. » » A Dijon, le ciel était couvert, mais n'offrait rien d'extraordinaire; la journée de la veille avait été magnifique. Après une période chaude, la tem- pérature avait beaucoup baissé les i3, i4, i5 et 16; il avait même gelé dans la côte et la vigne avait un peu souffert dans la plaine, pendant cette pé- riode de quatre jours. La température minima avait été de 3°, 8 seulement dans la nuit du 16 au 17. A g heures du matin (le 17), le thermomètre mar- quait io°,6 dans ma cour, où il marquait 7°,6 la veille à la même heure; depuis, la température a augmenté et surpassé celle des matinées anté- rieures au i3. Le barcmiètre marquait 743mm, 44 (réd. à zéro) le 16 à 9 heures du matin, et 743m"\ 20 le 17 à la même heure. Il n'y a là rien de bien extraordinaire. La moyenne hauteur barométrique d'avril est à 9 heures du matin de 738mm, 82 et la moyenne du thermomètre de io°, 5 à la même heure, d'après les observations que je continue depuis dix-sept ans. » En résumé, il y a eu le 17, vers 8h iom ou 8h i5m du matin, deux se- cousses très-légères dans les départements de la Côte-d'Or, du Doubs, de la Haute-Saône et de la Haute-Marne. On a constaté l'existence de ce trem- blement à Dancevoir et à Lure qui en seraient les limites à l'O. et à l'E. Chaumont paraît être la limite septentrionale du phénomène, car à Sexfon- taines (à 12 kilomètres au N. de cette ville), les divers membres de ma famille qui habite ce village où je suis né, n'ont rien remarqué. La limite méridionale parait être Gevrey-Chambertin (à 10 kilomètres au S. de Dijon). Là une vieille dame maladive a ressenti un mouvement extraordinaire; elle était couchée, et de plus elle a vu ses poissons rouges s'agiter vivement dans leur bocal. Quelque temps après, elle a raconté les faits à ma belle- sœur, en prétendant que des esprits étaient venus dans sa chambre. Comme C. I!., 1SG2, {"Semestre, (T. LIV, N" 1G. ) | 19 ( 9^6 ) personne n'était encore entré prés de celte dame et que ma belle-sœur elle- même ignorait qu'il v eût eu un tremblement de terre, qui ne paraît pas avoir été remarqué par d'autres dans le village, je n'bésite pas, vu la concor- dance d'beure, à rappeler ce témoignage, malgré le merveilleux des circon- stances qu'il ajoute. » Le 19, vers 4 heures du malin, au Fayl-Billot (Haute-Marne), une nou- velle secousse signalée par quelques habitants du village. » On se rappelle qu'il y a un an (du 12 avril an 25 mai 1861), il y a eu des détonations et des secousses, à peu près locales, à Bourbonne-les-Rains. à quelques kilomètres à l'E. du Fayl-Billot. » Je ne terminerai pas cette Note sans saisir avec empressement l'occa- sion de remercier l'Académie de la haute faveur qu'elle vient de me faire, en me portant sur sa liste de candidats au titre de Correspondant. C'est pour moi un puissant encouragement à poursuivre mes recherches. Je regrette cependant qu'on m'ait porté comme habitant Grenoble. C'est une erreui que les séismologistes auront peut-être reconnue, mais que je crois devoir signaler, d'autant plus que mon prénom a été omis. Je tiens trop à l'hon- neur qui vient de m'ètre fait, pour ne pas le revendiquer comme ma plus belle récompense. » gkologie. — Sur les phénomènes consécutifs de la dernière éruption du Vésuve; extrait d'une Lettre rfeM. A. M a vc, et à M. Ch. Sainte-Claire Deville(i). i° Emanations de Torre tlel Grcco. « Fontaine publique. — L'odeur de naphte y a presque entièrement dis- paru, comme aussi sur la route et au bord de la mer. •> Le volume de l'eau m'a paru sensiblement le même que le jour de notre dernière visite; mais le dépôt de carbonate de chaux très-coloré par le scs- quioxyde de fer a beaucoup augmenté. » Température de l'air = i5°. Température de l'eau = 24", 5. » Dans la petite chambre où passe le canal qui conduit l'eau à la fon- taine, il y a toujours une couebe épaisse d'acide carbonique. Le seid fait que j'y aie observé, c'est qu'on y reconnaît la présence de l'acide sullhydrique. 1 Ces excellentes observations ont toutes été faites le 7 mais dernier, au moyen îles petits appareils dont M. Mauyet a bien voulu se charger à mon départ : je me propose di- tes utiliser avec les miennes propres dans mon travail ultérieur et plus général sur l'éruption de décembre 1861. [N'oie île M. Ch. Sainte-Claire Dcville.) ( 927 ) Le papier à acétate de plomb (A) dont je vous envoie l'échantillon, y noircit au bout de deux à trois minutes, même sans être mouillé(i). » Lave de 1794, au bord de la mer. — Le gaz qui sort de la fissure (à 10 mètres environ au-dessus du niveau de la mer) possède encore une tem- pérature de 43°, 5. Il noircit fortement le papier à acétate de plomb (échan- tillon B). Je lui ai trouvé la composition suivante : Acide sulfhydrique 4< '3 Acide carbonique 91 >97 Oxygène • . . . . o ,6y Azote, plus peut-être gaz combustible non cherché. 3, 21 100,00 » Dégagements de gaz à la lame. — Ces dégagements sont tellement affai- blis en ce point où vous les avez trouvés encore si forts à votre dernière visite (2), que j'ai pu recueillir le gaz tout à mon aise, le visage presque au niveau de l'eau, sans en être le moins du monde incommodé. » Température de l'air : i4°»i- Température de l'eau, à la lame, là où se dégage le gaz : 28°,5. » 98e0, 55 du gaz recueilli à plusieurs prises ont donné pour 100 : Acide carbonique 98, 1 7 (3) Oxygène o , 1 5 Azote -+- gaz combustible.. . . 1 ,68 100,00 (1) Cette observation offre un véritable intérêt; car, lors de mon séjour à Naples, les émanations de la fontaine publique de Torre del Greco étaient uniquement carboniques, après avoir, suivant toute apparence, présenté, au moment même de l'éruption, une pro- portion considérable d'hydrogène carboné. Donc là, comme dans les fissures de la lave de irg4, au bord de la mer, l'hydrogène sulfuré est venu postérieurement, et en même temps la température s'est élevée de 20 à 25°. (Note de M. Ch. Sainte-Claire Deville.) (2) Le 5 février. (3) En faisant abstraction de l'oxygène et supprimant la proportion d'azote qui corres- pond à l'air normal, on a pour la composition du gaz : Acide carbonique 98,87 Azote -+- gaz combustible ... 1 , 1 3 100,00 et, si l'on ajoute ce dernier terme au tableau contenu dans ma Treizième Lettre a M. Elle d< 119.. ( 9*8 ) » Le résidu, après l'acide pyrogallique, brûle légèrement. 2° Fumerolles ammoniacales de la lave de 1861. » Quelques-unes de ces fumerolles conservaient encore, au 7 mars, une température supérieure à i5o°, mais inférieure au point de fusion du bis- muth (264°). Certaines d'entre elles paraissent être réduites à de simples dégagements de vapeur d'eau, n'agissant sur aucun des papiers réactifs; d'autres présentent encore l'acide suif hydrique* noircissent l'acétate de plomb, et en même temps rougissent le papier de tournesol bleui. 3° Emanations du sixième cratère de la fissure. » C'est la cavité qui a donné la masse principale de lave et qui conserve encore le maximum d'intensité éruptive. On y observait, au 7 mars, dans le bourrelet formé par la lave, les ouvreaux à fer oligiste. « Nos petits » fours, dit M. Mauget, sont toujours actifs; ils fondent le zinc presque » instantanément, mais non l'argent. Je les ai vus, de nuit, aussi rouges » que le jour où vous me fites admirer ce curieux phénomène. » » Au-dessous, et en s'éloignant du bourrelet de lave, on trouve succes- sivement : n Les chlorures, dont les belles couleurs rouges si vives ont fait place a une teinte jaune parsemée seulement de taches rouges. Température, 93 à95°. » Puis le soufre fondu et les dépôts blancs d'alun, d'où se dégageaient autrefois tantôt l'acide sulfureux , tantôt l'hydrogène sulfuré. Tempéra- ture, 8o°. » Enfin, la succession inverse s'observe de nouveau entre ce point et la seconde fissure par laquelle la lave s'est fait jour, et qui offrait encore, le 7 mars, des fumerolles chlorhydrosulfureuses et une température de 1 10 à 1 1 5°. » Beaumont (p. 338), on trouve la progression suivante dans la teneur en acide carbonique du gaz de ces émanations : 23 dec i'rjanv. i-janv. 9fjjanT. 5 févr. 7 mais. Acide carbonique ()(>,32 95,g5 96,79 9^>°4 98, 52 98,87 Azote -+- hydrogène carbone. 3,68 4>°5 3, 21 1,87 ',48 i,i3 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 ( 929 ) GÉOGRAPHIE. — Note sur la topographie et le nivellement de [isthme de Corintht. État actuel des travaux qui avaient été entrepris par les Romains pour unir lei deux mers; par M. G. Grimaud de Cacx. « J'ai passé une partie du mois dernier à explorer l'isthme de Corintlie. Du point culminant on a les deux mers sous les yeux, a ses pieds, pour ainsi dire; car l'isthme, en un endroit, n'a pas 6 kilomètres de large. » Sous les Romains, on eut la pensée constante de réunir les deux golfes par un canal qui permit aux vaisseaux de passer de la mer de Coririthe dans la mer Saronique ou d'Égine, sans faire le tour du Péloponèse, circuit, au- jourd'hui comme autrefois, long et fatigant, quand il n'est pas dangereux : Lonqo et ancipiti navium ambitu, dit Pline, IV, l\. » Je résolus de chercher les traces des anciens. » J'explorai d'ahord les rives du golfe d'Égine, qui limite l'isthme du côté d'Athènes. Mon attention fut attirée par un ravin naturel qui, partant du niveau de la mer, pénètre dans les terres, en conservant une largeur a peu près égale dans une étendue de près de a kilomètres, et vient aboutir à un rocher calcaire caverneux. Comme il y a plusieurs ravins ayant une direction analogue et presque parallèle, je crus que les Romains avaient dû utiliser le plus long. Je bornai là ma recherche pour ce côté de l'isthme, et je m'empressai de le traverser pour aller à Nea Corinthos. » Je trouvai dans cette ville l'ingénieur de la province. Je l'invitai a se joindre à moi pour vérifier mes idées, et je pris en même temps les disposi- tions nécessaires pour lui faire tracer le nivellement de l'isthme, selon une droite partant du point le plus déclive à Kalamaki, sur la mer d'Égine et venant aboutir à un point analogue dans le golfe Corinthien. » Voici l'état des choses. Depuis mon retour, bien des textes anciens et modernes ont été dépouillés, à ma prière, par un investigateur habile, M. Guerry; je suis autorisé à douter que d'autres avant moi aient signalé l'état actuel avec la précision que je vais dire. » J^es Romains ont entrepris l'isthme des deux côtés à la fois. r, En partant de la mer, ils ont poussé les travaux : Sur le golfe Saronique ou d'Égine jusqu'à 2180 mètres; Sur le golfe Corinthien, ils se sont arrêtés à 11 56 mètres. b Et comme l'isthme a 5o,oo mètres de large seulement, il en résulte que l'intervalle entre les deux points d'arrêt n'est que de 2564 mètres. >» Les deux points extrêmes de ces travaux se relient par une série de qua- ( ;)3o ) tor/e puits d'exploration, dont cinq sont carrés et les autres ronds on ovales, tous comblés jusqu'à une certaine profondeur. J'ai mesuré l'un deux; les autres sont semblables. C'est un carré de 2m,8o de côté. Il s'ouvre dans une roche calcaire ayant om,o,o d'épaisseur, reposant sur une couche de sable et de terre superposée à une autre couché de calcaire ayant 2,n,io d'épaisseur. Ce puits est comblé jusqu'à 5m,3o au-dessous du niveau du sol. La roche est sans dureté, elle s'égruge au moindre cboc : j'en ai pris un échantillon. » Sur le golfe Saronique, les travaux s'arrêtent à un point peu éloigné de la plus grande hauteur de l'isthme-, et voici en quoi ils consistent, en allant du point culminant à la mer. » Sur une ligne droite de 60 mètres de long, la roche est coupée en tranchée, nettement dessinée aux angles, qui se sont conservés dans une intégrité parfaite. » Il y a dans le fait de cette intégrité, malgré le peu de dureté de la roche, une confirmation éclatante des idées de M. Elie de Beaumont con- cernant le peu d'altération que subissent les reliefs artificiels d'un terrain dans la suite des âges : idées appliquées, je crois, par leur auteur à l'exa- men des restes d'un camp de César. C'est là pour les archéologues un motif de grande réserve quand ils tentent d'interpréter des apparences en ces matières. Il n'est permis de rien conclure des apparences désormais, dès qu'il est démontré que les formes persistent dans leur réalité première a travers tous les temps. »> Le gradin formé par cette première tranche est de a mètres. Il conduit sur un palier qui se continue avec la largeur initiale de 60 mètres, pendant un espace de deux cents pas. Après ce gradin et ce palier viennent d'autres gradins et d'autres paliers, jusqu'à cinq, d'une étendue à peu près pareille en longueur et largeur, mais non pas en hauteur. En descendant le dernier, on arrive en plaine, au niveau de la mer, dont le rivage est encore éloigné d'environ 800 mètres. » A ce dernier étage, la tranchée chemine dans un banc de coquilles d'huîtres ayant plus de 10 mètres de puissance. Ici elle n'a plus que [\o mè- tres de large. Cette diminution d'ouverture démontrerait à elle seule qu'on est bien évidemment sur le plafond d'un canal en voie d'exécution. Mais voici un signe plus manifeste encore. Les gradins et les étages sont à la fois dans la roche plus ou moins dure, dans la terre, dans le tuf, dans des con- glomérats de gravier, espèces de poudingues plus ou moins liés et consis- tants, etc. Eh bien, dans ces divers terrains, les blocs entiers sont encore ( dh ) très-nombreux et ils ont un volume égal, les uns encore en place et simple- ment tracés, les autres plus ou moins renversés, d'autres enfin tout à fait culbutés. » Tout ceci est relatif au golfe Saronique, au côté de l'isthme qui regarde Athènes. » Du côté de Corinthe l'action de l'homme n'est pas moins apparente. En parlant de la mer on parcourt un espace de 792 mètres, sans que le sol s'élève; le cinquième coup de niveau a même donné une cote inférieure à celle de la mer. Ici point d'étages; la tranchée va droit au rocber qu'elle a entamé sur une longueur d'environ 3oo mètres, avec la largeur normale de /|0 mètres déjà signalée, de l'autre côté de l'isthme, à ce même niveau. La roche est semblable, quelques parties sont plus dures que les autres; mais généralement elle s'égruge sous le choc. » Ici nul doute sur la nature artificielle des choses; un escalier, dont huit marches sont parfaitement conservées, conduit à une plate-forme liée au plateau; il est taillé dans une portion dure de la roche, au côté méridional de la tranchée. Cet escalier témoigne incontestablement des entreprises anciennes. » Des deux côtés de l'isthme nous avons poussé le nivellement tant que nous n'avons pas rencontré d'obstacles insurmontables : d'une part vingt- six coups de niveau ont été donnés, de l'autre trente-six. Des deux côtés nous avons été arrêtés par la végétation (pins, myrthes, lentisques, etc.); le trente-sixième coup de niveau marque la plus grande élévation de l'isthme sur la ligne suivie : à cet endroit on se trouve à 78111, 68 an-dessus du niveau de la mer. » Rentré à Athènes, j'ai demandé au gouvernement de S. M. le roi de Grèce et j'en ai reçu très-gracieusement toutes les autorisations nécessaires pour continuer et faire poursuivre mes recherches. Les documents que j'at- tends complétant mes desiderata me mettront en mesure de présenter à l'A- cadémie une étude complète de la constitution physique de l'isthme que ces fouilles séculaires ont mise à nu. » Les témoignages des auteurs anciens concernant les projets de perce- mont de l'isthme de Corinthe sont nombreux. Pline mentionne Démétrius, Jules César, Caligula, Néron. Les commentateurs citent Périandre et plu- sieurs autres. » Néron paraît être le seul qui ait tenté l'entreprise effectivement. Dion Cassius raconte qu'il prit une pioche d'or, ligonem aureum sumsit Nero, et qu'il creusa un peu, ipse aliqua.ntu.lum effodit. Suétone donne un autre dé- (#« ) tail : après une allocution aux prétoriens, les trompettes ayant donné le signal, Néron se mit à creuser et remplit de terre une corbeille qu'il em- porta sur ses épaules: rastello lutimim efjbdil et corbulœ congestam humeris c\ tulit. u Pourquoi l'œuvre tut-elle abandonnée? Des géomètres égyptiens firent entendre à Néron que, s'il ouvrait l'isthme, la mer Corinthienne irait sub- merger le golfeSaronique : Lechœwn mnreexundans JEginam esse submersuram. La superstition vint en aide à l'opinion égyptienne qui, en l'état du monde alors connu, pouvait bien être intéressée. Le sang avait jailli sous la pioche ; on avait entendu des lamentations, des mugissements; on avait vu des ap- paritions : spectra mull/i appctruerunt (Dion Cassius). » Les traditions ne se perdent pas. Le vendredi 21 mars, pendant l'opé- ration du nivellement, j'étais au bord de la mer où je taisais poser la mire pour déterminer le zéro, l'ingénieur M. de Doubnitz dressait la lunette. Un paysan s'arrêta à le considérer un moment, puis il lui dit : « Mon grand-père » est mort à quatre-vingt-douze ans et je suis déjà assez âgé; il me racontait » que les Vénitiens avaient voulu percer l'isthme. Ils commencèrent du » côté de Corinthe. Quand ils attaquèrent le rocher, le sang coula sous les » premiers coups. Effrayés, ils se dirigèrent vers Ralamaki et entreprirent » les travaux aussi de ce côté-là. Le sang coula encore. Dès ce moment ils » abandonnèrent l'entreprise. » Ce paysan ne se doutait pas qu'il n'était que l'écho des bruits répandus là même où il parlait, mais en des temps bien antérieurs au siècle où vivait son grand-père. » mécanique appliquée. — Note sur un nouveau système de chemin de fer, dit chemin de fer glissant; par M. L.-D. (jiraud. (Extrait.) « J'ai eu l'honneur de présenter, le g août 1832, à l'Académie des Sciences un nouveau mode de propulsion pour les chemins de fer, dans le- quel l'action des locomotives était remplacée par une injection d'eau a grande vitesse dans la concavité d'une série d'aubes courbes placées sous les wagons. Depuis cette époque, j'ai complété mon nouveau système de chemin de fer en supprimant les roues, les essieux et les ressorts de sus- pension, de manière à transformer les wagons en véritables traîneaux. Pour diminuer le frottement qui doit en résulter, j'ai imaginé de supporter les voitures à l'aide de patins creux qui se meuvent sur de larges rails, et d'introduire dans la concavité de ces patins de l'eau sous pression destinée h les soulever, en cherchant à s'échapper de toutes parts, et à empêcher (933 ) par conséquent tout frottement de métal sur métal. De cette manière le glissement se fait véritablement sur une mince couche d'eau, et la résis- tance est presque entièrement annulée. J'avais d'abord eu l'idée d'employer de l'air comprimé au lieu d'eau; mais la nécessité dans laquelle je me trouvais d'entretenir constamment les rails graissés m'a obligé à y renoncer. Avec l'eau, il n'y a plus de difficultés; les rails peuvent être rouilles ou salis par le sable ou la poussière, sans qu'il en résulte aucun inconvénient. » Grâce à la munificence de l'Empereur, qui accueille avec tant de bien- veillance les inventions utiles, j'ai pu construire une voie horizontale de 4o mètres de longueur pour expérimenter mon nouveau système. A l'aide d'un appareil aussi simple qu'ingénieux imaginé par M. Lissajous, on peut déterminer très-facilement le coefficient de frottement. La dernière série d'expériences, que je rapporte dans ma Note, donne pour moyenne un frottement de 4k,1>3par tonne. Il suffit de faire cesser l'introduction de l'eau dans les patins, par la fermeture d'un robinet, pour que ce frottement s'élève à plus de 5oo kilogrammes par tonne, ce qui constitue un frein des plus énergiques. » Une autre voie présentant une pente régulière de 5o millimètres par mètre a été construite pour essayer le système de propulsion hydraulique que j'ai fait connaître à l'Académie en i85a. Sur cette seconde voie, les véhi- cules sont également munis de patins glissants. Les résultats obtenus dans les expériences nombreuses qui y ont été faites, sont de nature à dissiper tous les doutes sur la possibilité de réaliser les idées que j'ai émises à ce sujet. » PHYSIQUE. — Note sur le spectre de /' étincelle électrique clans les ijaz composés, en particulier dans le fluorure de silicium ; par M. J.-M. Seguin. « Je demande à l'Académie la permission de signaler de nouveau, dans cette Note, le parti qu'on peut tirer de l'étincelle d'induction passant dans les gaz composés, pour découvrir les raies brillantes des spectres propres aux éléments. >> Lorsque l'étincelle traverse le fluorure de silicium, dans une éprou- vette renversée sur le mercure, elle produit une illumination hleue d'un très-bel effet. Cette couleur se manifeste dans le spectre par une raie bleur large et vive, très-éloignée du vert. » Le fluorure de bore, contenant, il est vrai, quelque trace de fluorure de silicium, donne les mêmes effets et une raie bleue du même aspect. C. R., 1S62, 1" Semestre. (T. LIV, I\° 16.) 120 ( 9^4 ) » Il semble permis d'attribuer au fluor cette raie bleue qui domine dans le spectre. Car M. Plùcker ne l'indique pas parmi celles qu'il a vues dans la vapeur raréfiée du chlorure de silicium. Les raies citées par M. Plucker sont une rouge, une orangée, trois vertes et une bleue, trois provenant du chlore, les trois autres probablement du silicium. Dans la vapeur à satura- tion du même composé, j'ai observé également deux raies dans le rouge on l'orangé, trois vertes et une bleue, plus une violette. La bleue est très-bril- lante, mais de nuance plus claire que celle du fluorure de silicium et très- rapprochée du vert. » Renfermé seul dans une épronvette étroite et soumis à l'influence d'une série d'étincelles de quelques millimètres de longueur, entre deux fils de platine, le fluorure de silicium n'est pas sensiblement décomposé au bout de plus d'une heure. Dans le premier moment, il apparaît un nuage et un dépôt d'une matière blanche, formée peut-être par un reste d'humidité et qui n'augmente pas. Le volume du gaz, après ce premier moment, est lui-même invariable. Il y a sans doute décomposition et combinaison successives. » Mélangé avec de l'hydrogène, le fluorure de silicium se décompose ra- pidement. Ce dernier gaz étant en excès, on voit les raies de l'hydrogène s'affaiblir peu à peu. Sous un creuset de platine, employé comme épronvette, la réaction a absorbé deux fois autant d'hydrogène cpie de fluorure et la paroi du creuset s'est couverte d'un enduit gris foncé. Dans les tubes de verre, la réaction se complique de l'attaque du verre par l'acide fluorhy- drique. En général , il disparaît plus de a volumes d'hydrogène pour i de fluorure et il se dépose contre le tube, en couche ou en flocons, un pro- duit solide, de couleur nankin, qui brûle avec une petite explosion et qui, chauffé dans le tube où il s'est formé, dégage de l'hydrogène à peu près ce qui a disparu en sus des i volumes. Ces propriétés et quelques autres ne suffisent pas pour constater l'identité de ce produit : j'espère que l'emploi d'un appareil d'induction plus puissant me permettra d'en réunir une quan- !i!é suffisante pour l'analyse. » La décomposition du fluorure de bore mélangé d'hydrogène produit des gouttelettes liquides avec un léger dépôt noirâtre. « L'aspect de l'étincelle témoigne ordinairement de son action chimique. Elle est déliée, quand elle passe sans occasionner de réaction et les raies du spectre sont alors très-nettes. Elle s'enveloppe d'une auréole et les raies sont moins distinctes, quand il j a décomposition ou combinaison. Cependant on en favorise la netteté en multipliant les solutions de continuité dans les conducteurs de la décharge, tandis qu'on rend l'étincelle plus volumineuse ,,35 ) , en ajoutant un poids au marteau de L'interrupteur. La substitution de la forme déliée à la forme volumineuse est un signe que les réactions sont ter- minées. Dans la décomposition d'un gaz fortement carburé, l'étincelle res- semble à une flamme et, probablement à cause de la grande quantité des parcelles de charbon incandescentes, le spectre paraît continu à l'œil nu, comme celui de la partie blanche des flammes ordinaires. Quand le gaz est décomposé en grande partie, que l'hydrogène est dégagé et le charbon dé- posé sur les électrodes, l'étincelle est fine et l'on y voit les raies de l'hydro- gène, ainsi que d'autres raies qui appartiennent soit aux hydrogènes car- bonés, soit au charbon lui-même. Ces simples observations ne sont pas à négliger dans l'interprétation de plusieurs expériences. » chirurgie. — Sur un nouveau mode de traitement de la gangrène; extimi d'une Lettre de M. le DrL.4i:GiER à M. Élie de Beaumont. « Une thèse d'un grand intérêt a été soutenue à la Faculté de Méde- cine de Paris, le s5 février dernier, par M. Raynaud (Maurice). Dans cette thèse, qui a pour titre : De l'asphyxie locale et de la gangrène symétrique des extrémités, il est dit que les parties gangrenées ont été soumises à l'a- nalyse par M. Réveil, et que, d'après ces analyses, l'auteur est arrivé a cette conclusion : que le fait fondamental de la gangrène consiste dans la diminution ou l'absence de l'oxygène nécessaire à l'intégrité de la vie d'un tissu. » Chose remarquable, cette idée théorique, que M. Raynaud a essayé de démontrer avec beaucoup de talent, ne l'a conduit à aucune expérience autre que l'analyse chimique, propre à en démontrer l'exactitude, ni a aucun traitement en rapport avec cette idée, dont le mérite lui appartient incontestablement. » Un cas de gangrené spontanée, survenu dans mon service à l'Hôtel- Dieu, au moment ou je lisais la thèse de M. Raynaud, m'a fourni l'occasion d'une expérience qui est devenue un traitement d'une efficacité surpre- nante. » Le pied, dont un orteil était déjà mortifié en partie, et dont la peau sur le cou-de-pied était douloureuse, changée dans sa couleur et menacée elle- même de gangrène, a été placé dans un appareil simple, où le dégagement d'oxygène pur le tenait dans un bain de ce gaz sans cesse renouvelé. Le ré- sultat prompt a été l'arrêt de la gangrène et le retour des parties menacées à i 20.. 936 l'état sain. L'élimina lion de l'escarre qu'offrait I Orteil a en lien, et la cica- trice est presque faite. » Un antre malade est entré dans mon service, atteint de gangrène spon- tanée des deux derniers orteils du pied gauche. La peau voisine jusqu'à l'articulation du pied avec la jambe était rouge, douloureuse et menacée de mortification. Il y a quelques jours que le même traitement lui a été appli- qué. Aujourd'hui la gangrené est resiée bornée aux parties d'abord atteintes. La peau voisine est restée saine et n'offre presque plus de rougeur; les dou- leurs ont beaucoup diminué : il y a lieu d'espérer une solution favorable, quoique le malade, comme le premier, soit âgé de soixante-quinze ans. » Ainsi, que l'idée de M. Raynaud soit juste ou ne le soit pas, il résulte des faits que je soumets à l'Académie que les bains d'oxygène pur arrêtent rapi- dement, au moins dans certains cas, la marche de la gangrène spontanée des extrémités. » M. Papenheim, à l'occasion dune communication récemment adressée à l'Académie par M. Ivuehne, conteste les conclusions admises par cet ob- servateur au sujet des nerfs de la cornée transparente. Il affirme que de nombreuses observations, publiées par lui et répétées devant des juges très-compétents, montrent que, contrairement à l'opinion de M. Ruehne. les nerfs de la cornée se terminent en arcades, et qu'ils entrent de tous côtes dans la membrane , et non pas seulement , comme semble l'indiquer M.Kuehne, dans son bord inférieur. Cesobserva fions sont d'ailleurs tres-déli- cates et exigent, suivant M. Papenheim, une très-grande habitude au mi- croscope. En supposant même que l'on ne parvienne pas à apercevoir les arcades, que l'auteur de la Lettre regarde comme un fait acquis, il pense que le nombre et les dimensions des faisceaux nerveux dont il s'agit interdiraient à priori d'admettre que tous les points de la membrane transparente fus- sent en rapport avec ces nerfs. M. Papenheim rappelle de précédentes communications sur lesquelles il sollicite le jugement de l'Académie. Ces Notes seront renvoyées à la Com- mission chargée de décerner le prix de Physiologie. M. Lsmkix présente à l'Académie uu nouveau système d'aération poul- ies hôpitaux de Paris. Sa Note est renvovée a l'examen de MM. Velpeau, !;.i\ ei . Bernard. 9*7 ) M. Morel La Vallée adresse à l'Académie la description d'un moteur à vent de son invention. (Commissaires, MM. Piobert, Delaunay.) M. Chabanel, qui a adressé récemment un Mémoire « sur la Théorie des Pressions, » prie l'Académie de vouloir bien hâter le Rapport de la Com- mission. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. Blasc adresse une Note sur la navigation aérienne. ( Renvoi à la Commission des aérostats.) M. Malbranche adresse un Mémoire sur la statistique pharmaceutique, qu'il destine au concours pour le prix de Statistique. (Renvoi à la future Commission. L'Académie reçoit un supplément à un Mémoire récemment envoyé pour le concours Bordin. Les frères Dor\er annoncent qu'ils possèdent un moyen de guérir le cho- léra et proposent de le communiquer à l'Académie. (Renvoi à la Commission du legs Bréant. La séance est levée à 5 heures trois quarts. E. D. B. ( 9^8 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 28 avril 1862 les ouvrages dont voici les titres : .immies de l'Observatoire impérial de Paris, publiées par U.-J. Le Verrier, Directeur de l'Observatoire. Observations , t. III (i83g-!84o). Paris, 1862 : vol. 111-4°. Société de jirevuyance des Pharmaciens de la Seine. Assemblée gênerait annuelle tenue à l'Ecole de Pharmacie le 5 avril 1 862 ; présidence de M. Fori!- iSlER. Paris, 1862; in-8°. Bulletins de la Société d'Anthropologie de Paris; t. II, /je fascicule (octobre ( décembre 18G1). Paris, 1861 ; vol. in-8°. Mémoires de l'Académie du Gard; année 1861 . Nîmes, 1 86 1 ; vol. in-8°. Guide pratique du médecin électricien, ou théorie des appareils volta-magné- tiques; par le Dr Nivelet, de Commercy (Meuse). Paris et Commercv. i862;in-8°. Les eau3 de Pans, Marseille, Nimes, etc. Des canaux, papeteries, etc.; par M. V. Cassaignes. Paris, 1862: br. in-8°. Atlas géologique du déparlement du Puy-de-Dome, à V échelle de 4IM', „,, : par M. Henri l.ECOQ. Paris, 1861 ; iî\ feuilles, atlas gr. m-fol. Atlas... Atlas de l'histologie pathologique de l'œil, publié avec la collabora- tion du prof . C. Stellwag de CariaN; par M. le Dr C. Wedl. Leipzig, r86i ; in-4°, avec planches. Lethaea rossica, ou Paléontologie de la Russie décrite et figurée par M. E d'Eicuwald; i" partie de l'ouvrage contenant la flore et la faune de l'an- cienne période. Stuttgart, 5 br. in-8u avec un atlas in-/j° contenant 23 plan- ches lithographiées. Naturhistorische... Remarques d'histoire naturelle pouvant servir d'essai de géognésie comparée, recueillies << an voyage a travers I Eijel. le Tyrol, l'Italie, la Sicile et l'Algérie; par le même. Moscou et Stuttgart. 1861 ; in-4° avec planches. (939 ) Der grùnsand... Le sable vert (grùnsand) des environs de Moscou; par M. E. d'Eichwald. Moscou, 1862; br. in-8°. Ueber... Sur le cerf géant ; pur le même; br. in-8°. (Extrait du Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, vol. XVIII; 1 8 Zj 5 . ) Znr naturgesclùchte.. . Sur l'histoire naturelle de ta mer Caspienne , par le même. Moscou, 1 8 5 5 ; in-/(°. Geognostico-zoologicœ per Ingriam marisque Baltici provincias nec non de trilobitis obseivaliones ; scr i p si t idem. Casaui, 1 845 ; in-4°. Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ; 7e série, t. IV, n° 4. Tentamen florœ ussuriensis, composé par E. REGEL, d'après la collection des plantes de R. Maack. Uebersicht... Tableau des variétés de l'espèce Thalictrum qui croissent dans l'empire de Russie et dans tes pays environnants ; par M. E. Regel. Moscou, 1861; in-8°. Reisen... Voyages dans le sud de la Sibérie orientale, exécutés par ordre de la Société impériale de Géographie de Russie, de 1 855 à 1 85g ; par G. RaDDE; partie botanique composée par E. Hegel, d'après les herbiers de Radde, Stubendorff, Sensinoff, Rieder, et autres. Moscou, 1861 ; in-8°. Monatsberichte... Comptes rendus des séances de V Académie royale de Prusse; année 1861. Berlin, 1862; in-8°. Memorias... Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Madrid; tomes III, IV et V. Madrid, 3 vol. in-4°- Resumen... Résumé des Actes de l'Académie royale des Sciences de Ma- drid, pour les années académiques de i853 à 1860; par le Secrétaire perpé- tuel D' don Mariano Lorente. Madrid, 7 br. in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 5 MAI 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président annonce que le tome XVI du Recueil des Savants étran- gers est en distribution au Secrétariat. M. Peligot fait hommage à l'Académie d'un opuscule qu'il a fait paraître sous le titre de : Douze leçons sur l'Art de la Verrerie. CALCUL intégral. — Remarques à l'occasion d'un Mémoire de M. Bour; par M. J. Liouville. « M. Liouville présente verbalement diverses remarques à l'occasion du Mémoire sur les équations différenlielles et aux différences partielles que M. Bour a communiqué par extraits dans de récents Comptes rendus. Il s'at- tache surtout à la méthode si simple que M. Bour a donnée pour décider si deux équations simultanées du premier ordre, à une seule fonction in- connue, mais à plusieurs variables indépendantes, ont ou non des solu- tions communes, et pour trouver ces solutions quand elles existent. Cette méthode s'étend d'elle-même à un nombre quelconque d'équations simul- tanées. M. Liouville l'applique à différents exemples et indique plu- sieurs manières de la démontrer, qui lui semblent nouvelles. « Au reste, C. R., 1862, i« Semestre (T. LIV, N° 17.) ,aI ( 94» ) » dit M. Liouville, j'attendrai, pour faire imprimer la Note où j'ai con- !» signé mes résultats, que M. Bour lui-même ait publié son travail complet, » qui les contient peut-être déjà. Tous ceux qui aiment les mathématiques ), doivent désirer que cette publication ait lieu bientôt; car dans les » p;iges trop peu nombreuses insérées aux Comptes rendus, chaque mot » est une idée. J'ai donc eu le bonheur de voir M. Bour répondre en- » tièrement à ce que j'annonçais de lui comme rapporteur d'un premier » travail présenté à l'Académie en 1 855. Désormais M. Bour a son rang . fixé près des maîtres. Il ne s'agit plus d'un jeune homme donnant des n espérances, mais d'un grand géomètre qui a tenu les promesses brillantes » de sa jeunesse. » M. Bertrand, à l'occasion de la communication de M. Liouville, présente les remarques suivantes : « Le Mémoire auquel se rapportent les remarques précédentes a été ren- voyé à une Commission composée de MM. Liouville, Bertrand et Serret. » M. Bertrand déclare à l'Académie que si M. Liouville a signé seul la communica*tion qu'il vient de faire, et qui est réellement un Rapport sur le travail de M. Bour, il n'en faut conclure aucune divergence d'opinion entre lui et ses deux confrères sur le mérite et l'importance des découvertes qu'il a signalées. » M. Bertrand est heureux de saisir cette occasion pour rendre à Jacobi une justice plus complète qu'il ne l'avait fait dans ses travaux sur le même sujet. Il lui semble prouvé, contrairement à ce qu'il avait pensé il y a quel- ques années, que Jacobi connaissait en i838 les découvertes les plus impor- tantes qui aient été faites depuis sur la théorie des équations différentielles. La publication de ses œuvres postbumes ne laisse subsister sur ce point aucun doute. « MÉCANIQUE CÉLESTE. — Nouvelle théorie du mouvement de la Lune. — Comparaison des expressions trouvées pour les coordonnées de cet astre avec i elles qui ont été obtenues antérieurement ; par M. Delacnay. (Suite. ) Latitude . « Les 1*407 ternies que renferment les inégalités de la latitude de la Lune, ( 943 ) jusqu'au 7e ordre inclusivement, se répartissent ainsi : 1 terme du 2e ordre, 10 » du 3e ordre, 48 » du 4" ordre, 1 4ç) » du 5e ordre, 4o6 >> du 6e ordre, ■j()3 •• du 7e ordre. » M. Plana a donné exactement tous les termes du 2e et du 3e' ordre, ainsi que l'a constaté M. Lubbock. » Sur les 48 termes du 4e ordre, M. Plana n'en a donné que 47, dont un seul est en désaccord avec mes résultats. Les 46 termes que j'ai reconnus exacts avaient été tous, excepté un, vérifiés avant moi, savoir : 39 par M. Lubbock et 6 par M. de Pontécoulant. » M. Plana a donné les 149 termes du 5e ordre, sans en omettre aucun. Sur ce nombre de termes, je n'en ai trouvé que 10 qui ne s'accordent pas avec ceux que j'ai obtenus. Les i3g termes que j'ai reconnus exacts avaient été en partie vérifiés avant moi, savoir : 62 par M. Lubbock, et 42 par M. de Pontécoulant. » Sur les 4o6 termesdu 6e ordre, M. Plana n'en a calculé que 1 12, parmi lesquels 33 seulement concordent avec les miens. M. de Pontécoulant avait déjà vérifié 18 de ces 33 termes. » Enfin M. Plana n'a donné que 1 termes du 7e ordre, et aucun des deux n'a été vérifié par mes calculs. » Ainsi les corrections que doivent subir, suivant moi, les expressions trouvées par M. Plana pour les inégalités de la latitude de la Lune, por- tent sur 1 terme du 4e ordre, 1 o » du 5° ordre, ■jg » du 6e ordre, 2 » du 7e ordre. » Ces corrections sont indiquées dans le tableau suivant. 1 a 1 .. ARGUMENTS. ¥ + 1 F + /.— V F + 1+1' V-l F — l—V F- 1 + V 3F + / » 3F - / » aD + F (944 ) TERMES DE M. PLANA. i3 , 3 + 48 y 45 3 2 DM 64;5 a5C i83 256 16 yee'2>n' [(Il 64 164061 2048 yeni' i5oq* , , H —2 7 ce «i3 1037* /ce' 11? i855 , , 2927 256 371 32 yenr y ce »r i637i H '—yem' 1024 64 7 «H5 17637* , , + -J—^- fée m 128 34245* , , ^-5- y ce 111 128 ' 2 4' 1 3 + 32 v 2 285 3 , 3 b TERMES NOUVEAUX. 4 3i5 , 559 3 2 --6T'^'" 75 ,j 2 7 ee OT" 2221 128 69605 768 12095 y e/w" ■/ce' 11? 64 3q33 527 64"' ^7,W 128 i55 ■j'enr 32 7 et- " ;?r i6363 — Tyem 1024 i843 y eut* 29685 5l2 i84o5 128 yee' 11? -ÎZ7V 2 4-^7'''"': 123 , + -Tre i5 , -76''"' (P) (P) ,(P) (P) (P) (945 ) ARGUMENTS. 2D + F ■2D + F — /" 2D + F4-/' 2D + F + / îD + F + ï/ ■il) + V — l TERMES DE M. PLANA. 375 , , -5—7 e-m 32 ' i845 , 128 ' 225 ,. — ye2e2n 11645 , . I2i5g5 12 ' 702449 ^ 27648 ' 8o5* , , , —ET ''''"' 64001 * , , - ye m' 5i2 397* ' 64 fe'm' 4G08 ' 27 , —g-Tf-e» ■7' 3 7 — r-rer 32 ' i83g5 + r_,. -/ct' 576 64 ' + I2I25* 128 3i5* 7 e m 8 7«*«- — 6 7" «H 2875 3 , -T4"Vt'"' 205 „ — yee *m' 4 TERMES NOUVEAUX. 59' 32 y e' m 3375 il 91 3 , — 1-7* m" 32 73/«3 9533 i536 , n3gi5 . , 1024 1481 705689 ' 27648 ' 7' + 735 ,, , tf7'"* 61091 5l2 ye m 7467 4608 9 3 ye m 241 la" 8i85 -^rem 288 i53 7 e/w' 64 ' 3i25 + - — 5-7' '" J28 H ye- m 12 33 , — — 73 era 4 267 ZJ.^3„.„! --ëT''""' 595 „ 2 16 ' (P) (P) (P) (P) (P) (P) (P) (P) (P) (P) (P) ( 946 ) ARGUMENTS. 2l)-t-F-/ 2D+F-/— /' aD'+F — 2/ 2D+3F 2D — F 2D — F- /' 2D-F + /' TERMES DE M. PLANA. i7'4"5i gai G 49* 4 ' io5* ■/cm — y ce m •/ce m 61891' ~256~ •/ce m ^495 128 /c III + -Z-rz 7 c- m 2048 + T V3 '"= 32 33jr 16 '/ in ■/cm 7*> s ! -_.,■<■-,„ 1 53g 256 45 , ,2 T Ie e ' "' 62o3 . , -T5361"" 53443 ,, i536 i325* 64 ■/ci/r 2o3i * „ , , 128 128 5o755 * 5l2 107* 64 823 /c1 m' /' c m 128 y ce m TERMES NOUVEAUX. I75i3ii 9216 -^fcc'm 385 , , 32 '" 5;o99 256 y ee m + 77'/'':'" 64 i35 + TÏ87'"'" 6144 -_y/«" 27 32 57 3 ■ ■33?'""' 45 , „ ■ — r 7 e m 16 ' .28 ' i35 . ,. i5-i 384 60 1 63 ftr? i536 '4'7 64 3i75 ■/c -m ■/ e /«" ■/ce m 128 7437 ,3 j 256 ' i57i33 2048 33; 64 207 T28 — 7c m 7 't w ye'e' m' [P) P) (P) (P) (947 ) ARGUMENTS. 2D-F+/' 2 D - F + / 2D- F + / + /' 2D-F + 2/ a D - F - / 2D — F — /— /' » 2D- F — /■+/' aD- F- 2/ TERMES DE M. PLANA. , 2<33 H 2 49565* , , 4fao8 363 s + -5— ye'm 32 IOI9 ,,„»,„! 256 '79 16 yenr y ee /«' 5i55 '^68 'jcm' -4- 7 ce' /« 6o3 3 -- q-TV* , 5i3 ( 16 ' 555 128 ■/c nr ■ji-111 9549 5(2 543 "3T1 111 „ . ■ — =- 7 ce nr 10 63* , , ■ — ye e m 18605* , , ■5 , , 32 ' 621* , , 7 c-w 24 ■sv- io35* . ,. --5T" Ve ' "' 04 3173 128 ye m , 4M48i* , , -{- — 7 e2/»1 3072 TERMES NOUVEAUX. ye'nr _7ii 256 , i3849I , 1 8 i Î2 ' 123 , 256 299 ,, ! — yee m i() 2077 1 768 - y ce m 4 543 , . ■ V f 64 ■fe i)i 1 2? i + T7'-'" • 3o3 . , 128 ' 5187 '2048 .48* -. ye'nr 3a ye m — 21 yee m ye°e m 2 14323 64 yee'm3 - yee nr 2 ' i5 , ., 577 128 735 64 3257 3 7 e' m 128 ' 1 a yee m 128 764755 6i44 ye m' ye~ /n (P) (P) (P) (P) (L) L.) (P) (P) (P) (P) (L) (P) ( 94« ) ARGUMENTS. 2D — F -3/ 4D-F » D + F D-F TERMES DE M. PLANA. 75 3 3585' 256 7 e2/»3 ■ 65 „ , -6T'-'« 61440 ye m • — , 2 « 3471 * 3 « 64 « l3743* , tf 256 a TERMES NOUVEAUX. 67 , ^ 64 ' , 46o5 , , 2S6 3l9 n , --6T'/e '" 77//' ib a 456643 6l44o 45 16 38917 . 11 768 a 1 1 2 1 5 , a — ko- 7 m - 256 ' a (L) (P) (P) (P) (P) (P) » J'aurais pu introduire dans ce tableau six autres différences qui se sont également présentées entre mes résultats et ceux de M. Plana. Ainsi Arg. F + /, j'ai trouvé + |y Arg. F — /, » 4 Y au lieu de au lieu de H — 5- Y e3 au lieu de 5 au lieu de Arg. îD-f, -h^—^ye^m3 au lieu de 47 *, 97 „.« 0 83 « • -8^e ' 3533 1 ye2 m3, 4380985 22 1 1 84 y m5 au lieu de 2048 ér1m - 22 1 I04 ' » Mais en tenant compte descorreclions que doit subir, d'après M. Adams, la seconde des formules employées pour transformer les résultats de M. Plana (page 81 4), j'ai trouvé que les six différences ci-dessus disparaissent com- plètement; j'en ai conclu que les six termes de M. Plana auxquels elles se rapportent doivent être regardés comme exacts. ( 949 ) » Sur les 92 corrections indiquées dans le tableau qui précède, L\ sont dues à M. Lubbock et 3g à M. de Pontécoulant. D'ailleurs 32 des ternies auxquels elles s'appliquent sont donnés par M. Plana comme incomplets, en raison de ce qu'il n'a pas tenu compte de tout ce qui pouvait contribuer à les former : ce sont ceux qui sont accompagnés d'un astérisque (voir le grand ouvrage de M. Plana, t. I, p. 70G). » M. Lubbock a signalé le premier le terme du 4e ordre omis par M. Plana, et en a assigné la valeur, qui est 33 Arg. 4D — F +£-7 y m3.» LITHOLOGIE. — Essai sur la distribution des corps simples dans les substances minérales naturelles; par M. Ch. Saixte-Claire Devii.le. (Fin.) « Ma dernière communication présente une lacune : le défaut d'espace m'a empêché de citer un nombre d'exemples suffisant pour faire concevoir le rôle que me paraissent jouer, entre deux groupes voisins de composés naturelsles corps pour lesquels j'ai proposé le nom de corps pivots ou corps limites. C'est cette lacune que je désire combler aujourd'hui. » On a vu (p. 885) que les deux sous-groupes de carbonates anhydres naturel — carbonates bar) des trimétriques, carbonates sidérides et zincides rhomboédriques — étaient remarquablement liés entre eux par l'existence de l'aragonite et du spath calcaire, la chaux jouant successivement les deux rôles. » Voici deux groupes de minéraux, très-voisins aussi l'un de l'autre, et entre lesquels la chaux servira encore de corps limite, dans des conditions un peu différentes. Et cet exemple, je le cite d'autant plus volontiers qu'ici l'art est venu, pour ainsi dire, en aide à la nature et qu'il est permis d'y voir une confirmation donnée par la chimie à des vues théoriques inspirées d'a- bord uniquement par l'étude des substances naturelles. » Je veux parler d'un travail qui a été présenté à cette Académie, il y a quelques années, en commun par mon frère et M. H. Caron, et qui avait pour objet la reproduction de quelques substances fluo et chloro-phos- phatées. » On sait que, dans la nature, il existe deux types de ces minéraux : l'un, qui forme les apatites, cristallise en prisme hexagonal régulier, et com- prend deux espèces, dans lesquelles l'élément électropositif est respective- ment le calcium et le plomb; l'autre, en même temps qu'il présente une C R., 1865, 1" Semestre. (T. L1V, N° 17.) ' 22 (9$o) formule chimique un peu différente, affecte la forme du prisme rhomboulal oblique. On connaît deux wagnériles naturelles, l'une à base de magnésie, l'autre à base de protoxyde de fer et de manganèse. » Or, dans le remarquable travail dont il est question, non-seulement on a reproduit les quatre espèces naturelles avec leur composition et leur forme, mais on a obtenu deux apatites artificielles, celles de baryte et de strontiane, et deux wagnérites artifielles, celle de chaux et celle de manga- nèse (à l'exclusion du fer). « En outre (je laisse ici parler les auteurs), tous les efforts que nous » avons faits pour obtenir avec les oxydes purement aragonitiques des wa- « guérites et avec les oxydes spathiques des apatites, ont été infructueux, » de sorte que les deux divisions des carbonates métalliques se retrouvent » dans les phosphates. La chaux sert donc d'intermédiaire ou de pivot, » comme on l'a dit ailleurs (i), entre les deux groupes d'oxydes métal- » liques ainsi déterminés. » » Cette même base, la chaux, joue encore un rôle analogue entre les oxydes, qui, dans la nature, donnent les phosphates et arséniates anhy- dres et les chlore-phosphates, et les oxydes qui donnent les mêmes sels hydratés. Ces derniers forment, à la vérité, des sous-groupes plus nombreux et plus variés, au double point de vue de la composition et de la forme cristalline (ce qui arrive toutes les fois que l'eau s'ajoute comme élément essentiel); néanmoins, en examinant tous ces minéraux, on n'y trouverait, comme protoxydes, ni les alcalis, ni les barydes, mais des oxydes de zinc, de fer, de nickel, de cobalt, de cuivre et la chaux. Celle-ci est même associée d'une manière essentielle, dans l'uranile, aux oxydes de cuivre et d'ura- nium, auxquels elle sert de lien. » On peut donc dire que, dans les phosphates, la chaux sert deux fois de corps limite. Passons maintenant aux sulfates. » Il y a trois groupes très-inégalement importants de sulfates anhydres naturels. Le premier est assez nombreux et bien défini. Ce sont des prismes rhoinboïdaux droits, dont l'angle ne varie que de quelques minutes. Mais les protoxydes appartiennent à deux familles différentes : aux alcalis par le sulfate de potasse, et aux barydes par les sulfates de baryte, de strontiane et de plomb. La chaux les unit encore par ïanhptrite. En outre, chacune des deux familles d'oxydes a tendance à faire un sulfate double. Eh bien, ce sera (i) Les auteurs renvoient le lecteur à mon Mémoire (Comptes rendus, t. XL, p. 177)- ( 9?i ) encore la chaux qui s'unira à la soude pour constituer la glaubérite, mo- noclinique, et à la baryte, pour constituer la dréélile, rhomboédrique. » Dans les sulfates de protoxydes hydratés, celui des deux alcalis qui figure de préférence sera la soude, mais alors l'autre, la potasse, s'unira à la chaux et à la magnésie pour constituer la polyhalite , qui sera la contre- partie de la glaubérite pour les sulfates anhydres. Quant aux bandes (plomb, baryte, strontiane), ils seront complètement étrangers à ce groupe, mais, là encore, la chaux, par le gypse, servira en quelque sorte d'introduc- tion à la magnésie, au zinc, au fer, puis au cuivre, nu nickel, au cobalt, et même peut-être à l'iirâiie (Jbhàrtnite) . » Assurément toutes ces relations ne sont ni d'une égale simplicité, ni d'un égal intérêt: mais il me paraît impossible de ne pas reconnaître, dans ces trois groupes, si importants dans la nature, des carbonates, des phosphates, des sulfates, un corps simple, qui, non-seulement appartient à tous ces groupes, mais s'associe à la plupart des sous-groupes naturels qu'y déterminent, soit les proportions atomiques de leurs éléments, soit le type cristallin, soit enfin les allures caractéristiques des protoxydes qui les constituent : un corps dont l'oxyde sert ainsi, par conséquent, d'intermé- diaire à tous les autres, en reflétant successivement leurs propriétés. » Or, si l'on jette un coup d'œil sur mon Tableau, on trouvera que le calcium, aux deux niveaux horizontaux qui lui sont assignés, y tend, pour ainsi dire, la main à tous les corps simples que je viens de citer dans les trois groupes de minéraux que j'ai passés en revue. » Les oxydes naturels présentent des relations comparables à celles que je viens de signaler. » Tous les chimistes sont aujourd'hui d'accord pour rapprocher le titane et l'étain. Et remarquons que ce n'est point par leurs combinaisons ha- loïdes (i) que ces deux corps se rapprochent l'un de l'autre, mais bien par leurs oxydes et surtout par leurs bioxydes, qui, dans la nature, sont iso- morphes, sous les noms de rutite et à'étain oxydé. (i) M. Dumas a depuis longtemps fait remarquer, au [joint de vue delà classification, lis rapports des métaux avec le chlore, les rapports des métalloïdes avec l'hydrogène. Si l'on veut bien jeter les yeux sur mon Tableau de la répartition des corps simples et de leurs com- binaisons dans les émanation* volcaniques (Bullct. de la Soc. Géolog., 2e série, t. XIV, p. 262), tableau qui n'est qu'une application de la méthode que je présente ici, on verra comment ces analogies se traduisent dans la nature. Les métaux, apportés par le chlore, viennent décomposer l'eau en fixant l'oxygène : les métalloïdes, amenés presque tous pai l'hydrogène, viennent, au contraire, se brûler à l'air en fixant cet hydrogène. 1 22.. (952 ) » Mais, dans la nature, là s'arrête leur analogie : après s'être rapprochés autant que deux corps peuvent le faire sans se confondre, ils vont s'éloigner autant que possible. L'un, l'élain, ne figurera plus dans la liste des minéraux naturels, si ce n'est à l'état natif, et accompagnant, en faibles proportions, l'or en Sibérie et en Australie. Le titane, au contraire, est un véritable pro- tée. Non-seulement son bioxyde, sous la forme trimétrique de la brookile, se rapprochera du bioxyde de manganèse ou pyrolusite, mais on trouvera encore le titane, combiné avec l'oxygène, jouant probablement, dans Vil- ménite et dans les spinellides, à côté du fer et du chrome, le rôle de sesqui- oxyde; on le trouvera formant des titanates, voisins des tantalates et des niobates, et remplaçant même atomiquemenl l'acide niobique, dans le pj rorlilore, où, pour le dire en passant, la chaux s'allie aux oxydes de cé- rium, de lanthane et des métaux analogues; enfin, dans les corps les plus complexes de la nature minérale, on le trouvera, comme le bore, associé avec la silice et l'eau, aux bases les plus énergiques. » Ces aptitudes si variées du titane se reflètent dans cette circonstance que son bioxyde affecte en réalité dans la nature trois formes cristallines différentes, puisque le rutile et Vanatase, quoique dérivant tous deux du prisme à base carrée, se rattachent à deux formes primitives différentes. » D'un autre côté, si on jette les yeux sur celles des colonnes verticales de mon tableau qui présentent le nom du titane, on le trouvera entouré de toutes parts des noms des divers corps simples que je viens de citer comme remplissant, en diverses circonstances, un rôle analogue au sien. » L'arsenic, l'antimoine et le bismuth s'éloignent tout à fait du phosphore et de l'azote par leur oxyde naturel, tandis qu'à ce point de vue ils se rap- prochent entièrement du tungstène et du molybdène. Non-seulement, ces acides ont la même formule chimique, mais les acides arsénieux et antimo- nieux, l'acide tungstique (et probablement l'acide molybdique) forment un groupe naturel, puisqu'ils cristallisent tous dans le système régulier : l'acide antimonieux seul est dimorphe, appartenant à la fois au système régulier par la sennrmonlitc, et au système trimétrique par la valentinite, et établissant probablement ainsi un lien entre l'oxyde de bismuth et les trois autres oxydes du même groupe, comme l'oxyde de titane entre les deux parties du groupe précèdent. L'antimoine témoigne encore de la tendance que possèdent ses combinaisons oxygénées à se plier à une foule d'exigences, par l'existence d'oxysullures naturels, de composés doubles entre ses propres oxydes, el même de composés binaires, dans lesquels deux de ses oxydes sont associés à la fois à une même base, qui est encore la chaux [roméine). ( 9^ ) » Les deux autres groupes d'oxydes simples ( i : i et i \ 3) offrent un fait assez remarquable : c'est que (si l'on excepte le manganèse, qui, du moment qu'il s'éloigne du protoxyde, s'éloigne aussi, dans la nature, du fer et peut même, dans les composés artificiels de la chimie, se rattacher à des familles de corps assez éloignées) tous ces oxydes appartiennent à deux formes cristallines, le système régulier et le rhomboèdre. Le type 2 : 3 présente un corps limite, c'est le fer, qui est dimorphe dans Yoliqisle et la marlite : quant au type i : i, des quatre oxydes qu'il réunit, deux sont octaédriques et deux rhomboédriques. Un cinquième, le pro- toxyde de fer, semble se rattacher au premier, puisque, d'après les ana- lyses de M. Damour, il est isomorphe avec la magnésie dans la périclase. Pour savoir s'il y a un corps limite dans ce groupe, il faudrait essayer de reproduire artificiellement la magnésie anhydre dans des conditions autres que celles où mon frère s'est placé, et voir si on obtiendrait alors des rhomboèdres, ou bien peut-être est-il permis de considérer la magnésie comme isomorphe avec l'eau dans la brucite (i ). » Je veux encore signaler le groupe remarquable des oxydes 3 : l\, com- prenant deux divisions distinctes, suivant que le sesquioxydeet le protoxyde, qui s'y trouvent associés, appartiennent au même métal ou à deux métaux différents. Ces derniers forment proprement les spinellides. Le sesquioxyde peut appartenir à l'aluminium, au chrome, au fer, et probablement au titane (isérine). Les protoxydes sont la magnésie, les protoxydes de zinc, de fer et de manganèse (a ). Le fer seul s'y trouve donc aux deux états : aussi ce sera ce métal qui, en établissant, par le fer oxydulé, le lien entre les spinellides proprement dits et les oxydes 3 : l\ d'une même base, leur imposera la même forme cristalline, qui se retrouvera aussi dans la pech- blende. Le protoxyde de manganèse, au contraire, en formant, chimique- (i) Quant à la silice, à quel type chimique la rattacher? Si on la met avec les oxydes i '.%, comme le propose RI. Marignac, il est entouré des oxydes d'étain, de titane, de manganèse, avec, lesquels le quartz n'a aucune analogie. Si on l'adjoint au type i : i, il devient un troi- sième membre rhomboédrique de ce groupe, et, si l'on se rappelle les opinions professées par notie savant confrère, M. Delafosse, sur le rôle de la silice dans les silicates, on est assez tenté de le mettre en regard avec l'eau, dont il serait en quelque sorte l'équivalent dans cer- taines conditions géologiques donné-cs. Le type i : 3 l'éloigné de toute analogie, en tant qu'il leste à l'état de quartz, mais le rapproche, au contraire, de l'acide sulfurique, dans les com- posés quadribinaires hydratés (zéolithes et aluns). (2) Ce dernier est à peine représenté dans le groupe et ne se trouve que dans \a fnin- /.Unité. (954 ) ment de la même manière, la hausmannile, y acceptera une antre forme cris- talline. Le glucium, de son côté, en se combinant, dans les mêmes propor- tions, avec l'alumine, introduira un nouveau type; et tous ces minéraux, liés par une formule générale, graviteront, en quelque sorte, autour d'un centre commun occupé par le fer magnétique. « ],es sulfures ne sont pas non plus étrangers à ce genre de relations. » Dans les sulfures dont la base est un corps du groupe des arsénides, c'est l'arsenic qui joue un rôle multiple par l'orpiment, le réalgar et la dimor- phine. » Dans les sulfures métallifères, il y a deux groupes principaux, les inonosulfures et les bisulfures. » Les premiers admettent trois types cristallins, dont le plus important, le type régulier, réunit les métaux suivants : argent, plomb, cobalt, zinc et même manganèse; le second type, trimétrique, est caractérisé par le cuivre [cuivre sulfuré), et le troisième, rhomboédrique, comprend le mercure, le nickel et le cadmium (i ). Ces trois sous-groupes sont reliés deux à deux par deux métaux, le cuivre et le fer, qui se cbargent d'établir cet intermédiaire en constituant un certain nombre de sulfures à double base. Ainsi, la liaison entre les deux premiers sous-groupes est réalisée par la stromeyérite (sul- fure de cuivre et d'argent). La liaison entre le premier sous-groupe et le troisième l'est, d'un côté, par le sulfure double de fer et de nickel et par la plùllipsite, de l'autre, par la singulière substance qui porte le nom de pyrite magnétique. » Dans les bisulfures, c'est encore le fer qui joue le rôle de corps limite par le dimorpbisme des deux pyrites, jaune et blanche. » Lorsqu'on jette les yeux sur les six colonnes qui, dans mon tableau, sont consacrées aux sulfu rides et aux arsénides, on y distingue très-bien, ce me semble, l'ordre d'après lequel s'échelonnent les sulfures acides, puis les sulfures neutres, puis, enfin, les sulfures assez basiques pour se combiner, comme corps électroposilifs, à un sulfure acide. « \ mesure qu'on atteint des substances déplus en plus complexes, il semble que les relations d'isomorphisme, qui permettent à un oxyde, par exemple, de se substituer en toutes proportions à un autre oxyde, sans altérer la forme chimique du résultat et en modifiant, tout au plus, et très- légerement, l'angle ou les dimensions de la forme primitive, devraient ( i ) Il est intéressant de voir, d'un côté, le nickel et le cobalt, de l'autre, le zinc et le cad - mitim, appartenir par leurs sulfures à deux tvpes cristallins différents. (955 ) diminuer ou même faire disparaître entièrement ces tendances des diverses bases à s'associer ou à se fuir mutuellement dans un type minéralogique donné. Il n'en est rien, et cette remarquable propriété est, au contraire, une véritable pierre de toucbe pour distinguer les oxydes qui sont susceptibles d'entrer dans chacun de ces types naturels. » Ainsi, dans les carbonates, les aracjoniles ne contiendront jamais (si ce n'est à l'état de mélanges insignifiants) de magnésie, de protoxydes de zinc, de fer ou de manganèse, et les spaths seront toujours exempts de baryte, de strontiane et d'oxyde de plomb. ■• Mais cela est surtout frappant dans l'immense division des silicates, et là cette tendance des bases à se parquer de préférence dans tel ou tel groupe de composés est si dominante, que ces groupes sont, en général, plus compactes que les groupes dont j'ai parlé jusqu'ici, et qu'ils se divisent assez rarement en sous-groupes réunis par un corps limite. >• Prenons, par exemple, le groupe le plus simple par sa composition, celui des silicates i ; i. Les sous-groupes que l'on y peut distinguer sont au nombre de quatre : les péiidots, trimétriques, où les bases dominantes — magnésie et protoxyde de fer — pourront être, à la limite et seulement eu partie, remplacées par la chaux ou le protoxyde de manganèse; les ivillé- mites ou phénakites, rhomboédriques, où le protoxyde de zinc et la glucine présentent l'isomorphisme le plus complet et le plus intéressant pour l'his- toire de cette dernière base; les gadolinites, minéraux encore mal définis, mais où l'yttria semble grouper autour d'elle, sons des formes dérivant du cube, en même temps que la glucine, les oxydes de cérium, de lanthane et de fer; enfin, le zircon, seul de son genre, cristallisant en prisme à base carrée. >■ On ne voit pas de transition bien naturelle entre ces divers sous-groupes; mais, si l'on cherche dans le tableau la colonne consacrée à ce groupe des silicates i : i , on est frappé de la manière dont tous les oxydes que je viens de citer, comme en faisant essentiellement partie, se serrent les uns au-des- sous des autres. « Il ne faudrait pas croire néanmoins que la grande famille des silicates fût absolument étrangère au genre de relations que j'ai signalé entre d'au- tres familles de minéraux. » Les silico-aluminates les plus simples (1:1:2) appartiennent à divers groupes très-distincts, suivant que l'oxygène du protoxyde peut être fourni en partie par les alcalis, comme dans la sarcotite, ou seulement par les bases ( 9*6 ) terreuses et sidéroïdes, comme dans les grenats et dans l'ichcrase. Le pre- mier minéral est, par cette condition même, essentiellement (eucolylique. Les autres ont d'autant plus de tendance à être colorés que l'alumine peut, au contraire, y être remplacée par le sesquioxyde de fer et par le sesqui- oxyde de chrome. Mais quant aux bases protoxydes, il est facile de s'assu- rer que c'est la chaux qui est ici l'élément prédominant. Seule essentielle dans l'idocrase, elle peut, dans les grenats, être remplacée par le pro- toxyde de fer, par la magnésie et même par le protoxyde de manganèse, et elle reçoit dans la sarcolite un complément d'oxygène de la part des alcalis. Mais c'est elle qui établit le seid lien réel et nécessaire entre ces trois groupes de minéraux représentés par la même formule et doués de trois formes cris- tallines différentes. » J'en dirai autant des deux sous-groupes qu'on doit établir dans les si- lico-aluminates i : 2 '. 3, depuis que M. Des Cloizeaux a démontré que IV- pidole et la zo'izile appartiennent à deux systèmes cristallins différents. C'est un véritable dimorphisme, et la chaux sert encore là de corps limite entre deux substances dans lesquelles les différences, quant aux propriétés phy- siques, sont très-probablement liées au rôle qu'y joue le fer à l'état de protoxyde et à l'état de sesquioxyde. » Il serait impossihle d'aborder ici les considérations du même ordre qui se rattachent à la grande classe de silico-aluminates, dans lesquels le rapport en poids de l'oxygène des protoxydes à l'oxygène de l'alumine est 1 : 3. Cette classe, essentiellement leucolytique , n'admet aucun sesquioxyde antre que l'alumine, et les protoxydes essentiels y sont uniquement la po- tasse, la soude et la chaux. Mais la nature, en concentrant ainsi ses res- sources dans un si petit nombre de corps, les a associés entre eux d'une foule de manières, sans sortir néanmoins de la loi numérique que je viens d'énoncer, et en faisant varier seulement en poids l'oxygène de la silice dans des rapports qui restent toujours très-simples. De là ces minéraux si variés, depuis l'amphigène jusqu'à la néphéline, en comprenant tous les feldspaths. » Je veux cependant indiquer encore une transition très-singulière entre deux groupes de minéraux, en apparence, assez éloignés l'un de l'autre), les pyroxènes et le triphane. La formule adoptée par tous les minéralogistes pour les pyroxènes est 1 [i, les protoxydes pouvant être la chaux, la ma- gnésie ou le protoxyde de fer. La formule adoptée pour le triphane est i : 4 ; 10, l'alumine pouvant être remplacée par une petite quantité de ses- (9*7 ) quioxyde de fer, et le protoxyde étant essentiellement la lithine, remplacée en très-faible proportion par la sonde, la potasse, la chaux et la magnésie. Or, la forme cristalline est sensiblement la même des deux côtés (i) et l'analogie chimique est celle-ci. Si, dans le triphane, on ajoute l'oxygène du protoxyde à celui du sesquioxyde, on a pour rapport de l'oxygène, entre les deux éléments, 5;io ou i; 2, c'est-à-dire exactement le même que dans le pyroxène. » Cet exemple, qui sera le dernier que je citerai, me servira à deux fins : d'abord, à justifier la place qu'occupe dans mon tableau le lithium, servant de transition par les propriétés de ce produit naturel (et probablement aussi par le pàlalite) entre le fer, le magnésium et le calcium, d'un côté, et les al- calis, de l'autre; puis, à montrer dans quelles limites il me paraît légitime d'user d'un procédé de comparaison entre l'oxygène des bases et celui des acides, qui a été proposé par un savant Correspondant de cette Aca- démie, enlevé trop tôt à la science, Auguste Laurent, et que M. Dana a considérablement développé dans son System of Mineralogy. » En résumé, et si j'ai rempli le but que je me proposais dans cette der- nière communication, j'aurai, en premier lieu, expliqué le caractère dualis- tique que revêt, dans mon tableau, le classement des corps simples, d'après leur distribution dans les substances minérales naturelles, et suivant lequel l'élément électronégatif, essentiellement actif ou fécondant, qu'on me per- mette cette expression, impose à la substance son type général, sauf à le modifier à mesure qu'il s'épand sur divers éléments électropositifs; en second lieu, j'aurai justifié, à la fois, l'ordre adopté pour les colonnes verti- cales du tableau et pour ses tranches horizontales, en montrant qu'il y a un rapport constant dans l'allure de ces deux éléments du tableau, rapport qui est représenté graphiquement par la diagonale qui joint les extrémités su- périeures de toutes les ordonnées verticales. J'aurai prouvé en troisième lieu, que chacun des types chimiques fondés sur les proportions atomiques des deux éléments et sur la nature de l'élément électronégatif se décom- pose, d'après l'emploi de tels ou tels éléments électropositifs, en groupes (f) Système monoclinique : Pyroxène. Triphane. 87", 5 870. b : h ■ 1:1000:399,09 :: 1000 : 422,24 (Des Cloizeaux, Manuel de Minéralogie, t. I, p. 52 et 35t. C. R„ 1862, 1er Semestie. (T. LIV, N° 17.) ' 2^ naturels assez bien définis, mais entre lesquels il s'établit souvent une transition par ce que j'ai appelé les corps limites; enfin, j'aurai donné le moyen de vérifier que, dans chaque type pris ainsi à part, les corps qui jouent, soit par eux-mêmes, soit par leurs composés binaires, le rôle d'élé- ment électropositif, se trouvaient toujours, dans mon tableau, groupés et étroitement serrés les uns autour des autres. » Il ne me resterait plus qu'à me rassurer moi-même contre des objec- tions de deux natures différentes. » Cette méthode, à la fois raisonnée et synoptique, je ne la présente nul- lement comme un cadre inflexible, dans lequel les faits doivent venir se ran- ger sans pouvoir en modifier quelques parties, mais, an contraire, comme un miroir destiné à refléter tous les rapports signalés par la science, et sus- ceptible, par conséquent, de substituer à une image confuse une image plus nette, et de se perfectionner ainsi dans le sens des progrès ultérieurs. » Quant à l'utilité qu'il peut y avoir à tenter ces généralisations lorsque la science est encore loin d'avoir dit son dernier mot, j'aime à la justifier par les phrases suivantes, que j 'emprunte à l'un des plus grands esprits^lont notre compagnie puisse s'enorgueillir : « Aussitôt, dit André-Marie Ain- » père (i), que l'homme a acquis un certain nombre de notions sur quelque » objet que ce soit, il est porté naturellement à les disposer dans un ordre » déterminé pour les mieux posséder, les retrouver, les communiquer au » besoin. Telle est l'origine des classifications, qui non-seulement procurent » à l'homme les avantages dont nous venons de parler, mais encore contri- » buent à augmenter la somme de ses connaissances relatives à chacun des » objets dont il s'occupe, en l'obligeant à considérer cet objet sous diffé- » rentes faces et en lui faisant découvrir de nouveaux rapports que, sans » cela, il aurait pu ne pas apercevoir. » PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Expériences sur les migrations des Entozoaircs; par MM. A. Pouchet et Verrier aine. « L'un de nous, dans un ouvrage publié en 1859, a scrupuleusement «xposé parallèlement les doctrines des savants qui, en Allemagne et en Belgique, se sont occupés des métamorphoses des Entozoaires et de leurs pérégrinations à travers l'organisme. Le résultat évident d'un tel examen (1) Essai sur la Philosophie des Sciences, p. 1. (9%) est de faire naître d'immenses doutes dans tout esprit judicieux. M. Da- vaine, dans son remarquable Traité des Entozoaires, dit aussi qu'il résulte pour lui du rapprochement des faits et de la divergence des opinions des expérimentateurs « que la question attend encore une saine critique et de nouvelles recherches. » » Un savant affirme qu'il a réussi, dans neuf circonstances différentes, à produire des ténias dans l'intestin du chien, en faisant prendre à celui-ci des cœnuresdu mouton. On va voir que nous avons obtenu d'aussi grands succès que cet expérimentateur, et que c'est même leur excès qui a fait naître nos doutes : nous récoltions parfois plus que nous n'avions ense- mencé. » Mais avant d'aborder nos expériences, rappelons succinctement quels sont les Entozoaires sur lesquels elles vont rouler. Le premier est le Cœnurus cerebralis, ver vésiculaire, polycéphale, commun sur le mouton, et qui pro- duit le tournis. Le second est le Tœnia serrata, ver cestoïde, excessivement abondant sur le chien domestique. » Selon les expérimentateurs, voici ce qui a lieu : Les chiens dévorent les tètes des moutons malades, et les ccenures sont, par ce moyen, introduits dans leur intestin. Arrivées là, chacune des tètes de l'Helminthe polycéphale s'isole de la vésicule mère, s'allonge énormément et devient un ténia du chien. Voici comment ensuite l'Entozoaire revient au mouton : Lorsque les ténias du chien sont parvenus à leur entier développement, les anneaux qui s'en échappent sont rendus avec les excréments, tombent sur l'herbe et se trouvent avalés par le ruminant. Bientôt après, les œufs que contiennent ces anneaux éclosent dans l'intestin du mouton, et il en sort des larves microscopiques qui accomplissent vraiment un voyage prodigieux. De là -elles se frayent une route jusqu'à l'intérieur de la tète en perforant les tissus vivants les plus variés. La base du crâne ne les arrête même pas; instinctivement elles en trouvent l'une des ouvertures et dilacèrent le tissu résistant qui l'obstrue. Puis, parvenues enfin dans le cerveau du ruminant, elles s'v logent et y produisent le cœnure, qui doit infailliblement le tuer. Ainsi se clôt le cycle accidenté que l'Helminthe est fatalement appelé à parcourir. Et ainsi le chien du berger se trouve soupçonné d'infecter le troupeau confié à sa garde. » Cependant, quelle que soit l'extrême complication qu'offrent et un tel voyage et un tel passage d'un animal à l'autre, si l'expérience en démontre l'existence, quoique sa mystérieuse voie nous échappe, il faut bien ration- nellement l'admettre. Mais là déjà se présentent, nous ne dirons pas 123.. (96o) d'insolubles, mais d'énormes diffictdtés. Nous allons le reconnaître. » Le Cœnurus cerebralis, selon Siebold, Van Beneden et d'autres natura- listes, serait la larve du Tœnia serrala. Mais, au contraire, ce Tœnia serrata serait produit par le Cyslicercus pisijormis, suivant Kûchenmeister, Van Be- neden, Baillet et de Siebold lui-même, ou par le Cysticercus cellulosœ et le Cyslicercus tenuicoltis, à ce que dit encore de Siebold. » Déjà on se trouve ici dans le plus immense embarras. On doit cependant avouer que les zoologistes ont été fort ingénieux à ce sujet, sinon fort exacts. Aussitôt qu'ils ont découvert un ténia, dans un carnassier quelconque, immédiatement ce méfait est imputé à sa victime. Le chat trouve la source de ses Helminthes dans les rats et les souris qu'il dévore, le loup et le chien dans les lapins et les brebis. Pour l'homme, c'est le porc qui se charge de cet office... Mais un scrupuleux examen des faits suscite quelques doutes à cet égard; et l'on se demande, par exemple, comment le mouton, qui ne mange la chair d'aucun animal, a-t-il parfois l'intestin rempli d'une telle quantité de ténias, que celui-ci s'en trouve absolument obstrué? Dans une épizootie qui enleva beaucoup de bêtes ovines aux environs de Rouen, en i' Nous dirons, une fois pour toutes, que nous avons pris les plus grandes précautions pour assurer la précision de nos expériences. Ainsi, lorsqu'il s'est agi d'implanter des cœnures de mouton à d'autres animaux, nous ne nous sommes pas simplement contentés de les administrer en masse, comme l'ont fait divers expérimentateurs. Afin de nous rendre compte de ( gGi ) nos résultats, nous avons déterminé, chaque fois, le nombre de tètes ou scolex qui étaient administrés, ce qui nous a permis de statuer, avec une précision inaccoutumée, à l'égard de certaines expériences qui, sans cela, auraient pu nous conduire à des appréciations erronées. D'un autre côté, chaque fois que nous avons employé ces mêmes scolex, nous nous sommes assurés que leur développement était aussi avancé que possible et qu'ils étaient bien vivants. » Les physiologistes ont eu le grand tort de ne pas dresser des tables comparatives établissant, en regard, la durée de leurs expériences et la taille des animaux qu'ils rencontraient dans celles-ci; aussi observe-t-on parfois d'inexplicables différences dans la longueur des Entozoaires que l'autopsie fait découvrir. » Sur un chien auquel depuis seize jours on avait fait avaler des ccenures, nous trouvâmes un certain nombre de ténias n'ayant que deux millimètres de longueur, tandis que d'autres en avaient vingt. Après un pareil laps de temps, un expérimentateur obtint même des ténias qui étaient parvenus à 80 millimètres de longueur. Dans un autre cas, après vingt-trois jours d'expérience, nous avons rencontré, sur le même chien, des ténias qui avaient 4 millimètres de longueur, et d'autres qui avaient acquis l'énorme taille de 60 centimètres. Est-il possible que des scolex de ccenures implantés sur la même vésicule, qui ont le même développement, et qui ont absolument le même âge, aient pu, introduits dans l'intestin, présenter, après un temps si court, une si prodigieuse différence dans leur taille: de 4 millimètres à 60 centimètres? C'est inexplicable. Si nous avions suivi le procédé qui consiste à administrer des vers à différentes reprises, de telles expériences nous auraient paru une démonstration évidente. Mais avec notre méthode, et plus rationnelle et plus rigoureuse, elles ne sem- blent que pouvoir faire naître le doute. » Si maintenant dans d'autres expériences nous comparons le nombre des scolex de ccenures ensemencés à celui des ténias récoltés, les mêmes in- certitudes qui nous agitent s'empareront aussi de tous les esprits sérieux ; il n'y a ici aucun moyen de se soustraire à l'évidence des chiffres. » Dans une expérience nous administrâmes à un chien 60 têtes de cœnure. Après onze jours, à l'autopsie de celui-ci, nous reconnûmes 36 ténias dans son intestin. Dans une autre, 60 scolex furent également donnés, et, après onze jours, l'on découvrit 5i ténias. Il n'y a rien à dire. Mais dans une troisième expérience, après avoir fait prendre aussi à 1111 chien 60 têtes de coenure, quand nous tuâmes celui-ci, après seize jours, (9^ ) nous découvrîmes 78 ténias dans son intestin, c'est-à-dire 18 individus de plus que nous n'en avions donné à prendre à notre animal, ce qui est inexplicable. » Une autre expérience nous a encore offert des résultats de nature à soulever des doutes bien plus profonds. Nous donnâmes 100 têtes de cœnure à manger à un jeune chien pris à la mamelle et soigneusement séquestré dans notre laboratoire. L'ayant tué vingt jours après, nous ren- contrâmes dans son intestin 2^7 ténias, dont la taille variait de 4 millimètres à 60 centimètres. Résultat doublement renversant, puisque nous trouvions 137 ténias de plus que nous n'en avions ensemencé; et qu'ayant donné des scolex de la même vésicule et du même développement, après vingt jours seulement, nous trouvions l'inexplicable différence de taille de l\ mil- limètres à 60 centimètres. Voilà, ce nous semble, matière à une objection sérieuse. » D'autres expériences ne nous ont offert que des résultats absolument négatifs. Un chien danois adulte avala en une seule fois un cœnure offrant à sa surface environ 100 scolex. Tué après quarante-cinq jours, il ne nous offrit aucun ténia. Un roquet adulte mangea un autre cœnure sur lequel on compta environ 100 scolex bien vivants. Sacrifié après quarante-cinq jours, il n'offrait encore qu'un résultat négatif. » Mais si nous admettons que de sérieux doutes restent encore à dissiper relativement à la transmigration du cœnure du cerveau du mouton jusque dans l'intestin du chien, nous sommes infiniment plus explicites à l'égard de la pérégrination des œufs du ténia du carnassier jusqu'au cerveau du ruminant. » Nos expériences ont été faites sur deux jeunes moutons et nous admi- nistrâmes à chacun d'eux dix anneaux de Tœnia serrata, qui tous contenaient un nombre d'œufs parfaitement mûrs et dont on distinguait l'embryon muni de ses crochets. Nos moutons, qu'on s'était appliqué à choisir par- faitement sains, ne nous présentèrent jamais aucun épiphénomène du tour- nis. Les expérimentateurs disent que ceux-ci apparaissent ordinairement du quinzième au vingtième jour; mais afin de ne rien précipiter, nous gar- dâmes nos animaux durant quatre mois. Alors, quoiqu'ils fussent encore dans le meilleur état de santé, on les fit tuer pour s'assurer si le cerveau ne contenait aucun vestige de cœnure. Mais, à L'autopsie, celui-ci fut trouvé parfaitement sain. Il n'y avait donc eu nul transport de la progéniture du ténia du chien jusque sur le cerveau du mouton. » Conséquemtnent, en considérant les doutes qui naissent lorsque l'on (963 ) commente attentivement les assertions des expérimentateurs, ceux que sus- cite l'examen rationnel et enfin les résultats de nos tentatives, nous n'hé- sitons pas à professer que la progéniture des ténias du chien jamais ne parvient au cerveau du mouton. » Mais si nous nions si formellement la transmission de l'Entozoaire du chien au cerveau du mouton, sans admettre cependant que ce soit la marche normale, nous ne serions pas étonnés qu'il fût possihle que les ccenures de ce dernier animal ne fussent que des ténias particuliers, subissant un arrêt de développement, causé par la disposition de l'organe dans lequel ils ont pris naissance, et qui, mis par l'expérimentateur dans un lien plus propice, s'y allongent et y acquièrent une taille plus considérable que celle qu'ils présentent dans le cerveau. Déjà cette opinion a été soutenue. » Nous continuons nos expériences et nous avons la certitude de pou- voir, avant peu, arriver à la solution de l'intéressant problème. » RAPPORTS. électrophysiologie. — Rapport sur un Mémoire de M. Armand Mokeai ayant pour titre : Recherches sur la nature de la source électrique de la Torpille, etc., etc. (Commissaires, MM. Claude Bernard, Becquerel rapporteur.) « Depuis qu'il a été démontré par les expériences de Nobili et de MM. Matteucci et du Bois-Reymond que les muscles et les nerfs étaient de véritables électromoteurs, c'est-à-dire des appareils électriques donnant des décharges, en mettant en communication certaines de leurs parties ou en faisant contracter les muscles, on a dû penser que ces mêmes appareils fonc- tionnaient sous l'empire de la volonté ou indépendamment de la volonté, et que c'était par leur intermédiaire que l'électricité intervenait dans les phénomènes de la vie, sans que nous puissions savoir encore à quelle fin. » Les physiologistes pensent que pour découvrir ce mode d'intervention ou du moins pour éclairer les questions qui s'y rattachent, il fallait étudier les phénomènes électriques de la torpille, du gymnote, du silure, etc., chez lesquels ils sont beaucoup plus exaltés que dans le système musculaire des autres animaux, afin d'établir une comparaison entre ces deux classes de phénomènes: chez tous les animaux l'électricité semblerait remplir des fonctions organiques; tandis que chez les poissons électriques elle serait en outre une arme servant à l'attaque et à la défense. ( 0C4 ) » Nous ne rappellerons pas ici les recherches anatomiques faites sur les organes électriques de la torpille par Hunter, Geoffroy-Saint-IIilaire, Hres- chet, John Davy, MM. Matteucci et Savi, Johert de Lamballe, Robin, etc. N'ayant à vous entretenir dans ce Rapport que des effets physiologiques de ces organes tels qu'ils ont été observés par M. Moreau, et qui se trouvent exposés dans le Mémoire soumis à notre examen; nous nous bornerons à dire que M. Robin, dont on connaît les importants travaux sur la compo- sition des tissus, a avancé que l'organe électrique a une organisation spéciale que l'on ne retrouve ni dans le règne animal, ni dans le règne végétal, qu'il conjecture qu'il est doué de la propriété de produire de l'électricité sous l'influx nerveux, de même que le tissu musculaire a la propriété de se con- tracter sous l'influence de l'influx nerveux moteur, que les nerfs qui s'y rattachent se rapprochent plus des nerfs musculaires que des nerfs sensitifs. » M. Moreau a senti la nécessité, avant de commencer ses recherches, de recueillir une partie de l'électricité mise en mouvement dans la décharge que l'on provoque artificiellement, afin d'en disposer librement dans les expériences; il a employé à cet effet le condensateur à très-larges surfaces pourvu d'accessoires qui lui permettaient de remplir le but qu'il se propo- sait; ce condensateur est formé de deux feuilles d'étain de 5 mètres de long chacune et de om,8o de large ; ces deux feuilles sont séparées par une large feuille de gutta-percha recouverte sur ses deux faces de vernis à la gomme laque. Sur la face opposée de l'une des feuilles d'étain s'en trouve une autre en gutta-percha; le tout est enroulé autour d'un cylindre de bois pour occuper le moins de volume possible. Les deux feuilles d'étain sont pour- vues d'appendices de même métal pour établir les communications. Ce condensateur est en rapport avec des commutateurs qui permettent d'établir la communication avec les organes électriques, de la rompre pour empêcher la recomposition des deux électricités condensées, et de provoquer une excitation dans les nerfs avec l'électricité, sans craindre que celle-ci ne nuise à la charge du condensateur. » L'électricité que l'on recueille avec ce condensateur dans la torpille dont on a provoqué artificiellement la décharge fait dévier de 1800 les Feuilles d'or de l'électroscope et suffit pour exciter la grenouille. » Ce condensateur a l'avantage de permettre d'étudier l'affaiblissement graduel de la décharge quand l'animal est soumis à l'action de divers agents ou placé dans des conditions exceptionnelles d'expérimentation. » Depuis longtemps on cherche le mode de production de l'électricité (9^5) dans les poissons électriques, question qui se rattache jusqu'à un certain point, comme nous venons de le dire, à celle du même agent dans les mus- cles et les nerfs. » On a supposé d'abord, pour expliquer la décharge, que l'organe élec- trique était un véritable condensateur de l'électricité produite dans les cen- tres nerveux, laquelle passait au travers des nerfs pour se condenser dans l'organe où le fluide restait en réserve jusqu'à ce que le poisson en disposât. » Cette théorie était basée sur une propriété que l'on croyait appartenir au quatrième lobe du cerveau, et dont M. Moreau n'a pu constater l'exis- tence dans ses nombreuses expériences. » Voici du reste comment il a prouvé que l'électricité n'est pas produite dans le cerveau : ayant coupé sur une torpille tous les nerfs qui se rendent à l'un des appareils électriques, il excita l'extrémité périphérique des par- ties coupées, l'animal donna des décharges de plus en plus faibles. Aussitôt qu'elles eurent cessé, la torpille fut replongée dans l'eau; quelque temps après on excita les nerfs, et il se produisit des décharges fortes et répétées. » En excitant les nerfs non coupés de l'autre appareil, on obtint des dé- charges qui ne dépassaient pas sensiblement en intensité celles du côté coupé. Ces expériences conduisent à cette conclusion rigoureuse que le cer- veau n'est qu'un excitant, un point où les nerfs reçoivent une excitation. L'organe électrique n'est relativement à ces centres que ce que sont les muscles de la cuisse d'une grenouille à l'égard des centres nerveux de l'animal. Ce rapprochement n'est pas sans une certaine importance pour la physiologie. » On avait encore avancé cpie l'organe électrique agissait à la manière des piles, ce qui forçait d'admettre une sécrétion se formant instantanément sous l'influence nerveuse. » M. Moreau a combattu cette théorie, en commençant par chercher le rôle du sang dans la fonction électrique : il a injecté à cet effet du suif liquéfié dans les vaisseaux de l'organe électrique, afin d'en expulser le sang; les décharges ont eu lieu comme avant, en excitant les nerfs, la présence du sang dans l'organe n'est donc pas essentielle à la manifestation du phé- nomène. Quant à l'influence sur la décharge des sécrétions formées dans l'organe, il a montré qu'en rendant celui-ci acide ou alcalin, ou sensible- ment neutre, état dans lequel il est naturellement, les fonctions électriques s'exerçaient également sans aucune différence. » Ce jeune physiologiste a reconnu que dans l'empoisonnement par le curare, qui paralyse le système nerveux, comme l'un de vos Commissaires C. R ., 18G2, 1er Semestre. (T. LIV, N° 17.) ' 24 ( 9»J ) l'a démontré, les nerfs électriques, quand on les excite, déterminent encore ,les décharges, quand déjà les nerfs moteurs sont incapables de porter aux muscles une excitation volontaire. » M. Moreau s'est appliqué ensuite à établir l'analogie qui pouvait exis- ter entre la fonction de l'organe électrique et celle d'un muscle. Il a excité, à cet effet; à l'aide d'un courant électrique, peu énergique, fréquemment interrompu, les nerfs électriques; il en est résulté une série interrompue de décharges. L'activité de l'organe, dans ce cas, est tout à fait comparable à la contraction tétanique du muscle, quand le nerf qui s'y r a méfie vient à être excité. En employant la strychnine, l'analogie devient plus frappante encore. » M. Moreau a encore constaté que la torpille plongée dans un bain à 45° cesse de donner des décharges, en excitant les nerfs, et cela par con- séquent bien au-dessous de la température ou l'albumine se coagule. » En résumé, on voit dans ce Mémoire que M. Moreau a employé utile- ment le condensateur à larges surfaces pour recueillir une partie de l'élec- tricité qui produit la décharge de la torpille provoquée artificiellement; que les nerfs électriques possèdent seulement les propriétés des nerfs moteurs; que l'électricité est élaborée dans l'organe électrique et non dans le cerveau, comme on l'avait avancé; qu'il existe enfin un état tétanique pour les nerfs et le tissu électrique, analogue à celui que l'on observe pour les nerfs mo- teurs et les muscles des animaux. » Ce jeune physiologiste, dans le Mémoire dont nous venons de rendre compte à l'Académie, a fait preuve d'intelligence, de sagacité et de con- naissances étendues en physiologie; il a montré en même temps qu'il était suffisamment initié dans les sciences physico-chimiques pour les appliquer utilement aux recherches physiologiques. Nous proposons en conséquence à l'Académie de donner son approbation à ce travail qui enrichit la science de nouveaux faits, et d'autoriser l'insertion du Mémoire dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, a la nomination de la Com- mission chargée d'examiner les pièces admises au concours pour le prix de Physiologie expérimentale de 1862. MM. Bernard, Flourens, Milne Edwards, Longet et Costc réunissent la majorité des suffrages. ( 967 ) MEMOIRES LIS chimie génékalk. — Sur un classement dès corps simples ou radicaux appelé vis tellurique. — Jddttion au Mémoire présenté à la séance du 7 avril; par M. Begi'yer de Chancourtois. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés : MM. de Senannont , Delafo^se, Daubrée. ) « J'ajouterai aux précédents extraits (séances du 7 et du 21 avril) quel- ques explications qui, accompagnées d'une première esquisse de la vis tellu- rique développée, que je fais lithographier pour résumer les tableaux du Mé- moire à l'appui des Extraits, achèveront, je l'espère, de faire comprendre les principes et l'utilité de la classification hélicoïdale appliquée aux corps élé- mentaires. » Dans la première partie de mon Mémoire, intitulée : Exposé du système de classification, je donne une première idée d'une échelle numérique absolue dont les termes, bases des différentes capacités chimiques ou physiques des corps simples ou radicaux, mériteront, lorsqu'ils seront définitivement fixés, la dénomination de nombres caractéristiques ou caractères numériques. J'éta- blis ensuite mes premiers énoncés au moyen d'un tableau (n° i)qui montre les rapports remarquables des positions que prennent les extrémités des arcs proportionnels aux nombres bruts sur une hélice à 45° dont la spire re- présente le nombre de 1 oxygène. » En admettant que les nombres caractéristiques sont entiers, le carac- tère de l'hydrogène étant l'unité, la construction du tableau et l'énoncé de nus principes peuvent être formulés comme suit : » Prenez un cylindre circulaire, divisez sa base en 16 parties égales; tra- cez les génératrices des 16 points de division; marquez sur une génératrice une suite de parties égales entre elles et aux divisions du cercle rectifiées et numérotez les points de division; puis faites passer par chacun de ces points un cercle de section droite; enfin, à travers le quinconce rectangulaire ainsi déterminé, tracez l'hélice diagonale partant du point numéroté o et sur cette hélice marquez avec des notations symboliques les points appartenant aux cercles numérotés par des caractères numériques de corps simples ou de radicaux. » L'ensemble des points caractéristiques ainsi déterminés constituera le tableau d'une classification naturelle, en ce sens que tous les rapports de pro- 124 .. (9fi8) priétés des différents corps seront mis en évidence par des alignements hélicoïdaux d'inclinaisons diverses et par l'ordre numérique de succession des points sur chacun des alignements ou encore par des figures formées avec les diverses hélices. » Dans la deuxième partie de mon Mémoire, intitulée : Description du ta- blectu hélicoïdal rectifié ou revue et choix des caractères numériques, dénomi- nation du système appliqué, j'établis à l'aide du principe des alignements le tableau n° i '.les caractères entiers, que je multiplie en raison des diffé- rentes hypothèses admissibles pour les formules des composés et par la prise en considération des mesures thermiques. La plupart des corps simples connus offrent alors plusieurs caractères numériques distincts correspon- dant à des états physiques différents et par lesquels on doit concilier, à titre de cas d'isoméiie, les résultais en apparence contradictoires des expé- riences chimiques et physiques. On peut dire ainsi qu'au lieu d'un corps il y en a plusieurs conjugués, dont l'un est le type et les autres des dérivés immédiats. » On voit de plus que des corps essentiellement différents, mais ayant cependant une sorte de parenté naturelle, tendent à former des couples de termes consécutifs impairs et pairs. J'ai eu aussi égard à cette tendance dans le choix des nombres. » Dans mon tableau n° i ou vis lellurique progressive, je représente d'ail- leurs, par leurs composantes verticales tracées au-dessus ou au-dessous du point adopté comme caractère géométrique, les variations expérimentales ou hypothétiques dont les nombres proportionnels sont susceptibles, en d'autres termes, les champs dans lesquels les caractères absolus pourront être déplacés par une étude plus approfondie. Ces indications sont comme les pierres d'attente pour la liaison du tableau des corps simples avec le tableau des corps composés, au moins en ce qui touche la théorie des sub- stitutions. La construction de ce tableau des corps composés sera, par contre, un des meilleurs moyens d'achever la rectification du tableau des corps simples. » J'ai figuré sur mon esquisse résumée quelques exemples d'hélices di- versement inclinées qui manifestent de certains rapports de propriétés. L'une d'elles, de coefficient angulaire — 1 5, joint les points caractéristiques du magnésium et du potassium, éléments essentiels et, pour ainsi dire, sup- plémentaires des micas, tandis qu'une autre, en quelque sorte inverse, de coefficient +17, joint le sodium et le calcium, éléments également supplé- mentaires des feldspaths striés, c'est-à-dire feuilletés. Ce rapprochement me (9% ) parait fort important pour la théorie de la formation et par conséquent pour la synthèse du granité. Une antre hélice de coefficient —3, qui joint le soufre au fer, passe ensuite par le tellure et l'or, réunissant ainsi les éléments de la pyrite de fer et du tellurure d'or de même formule, et expliquant l'association si commune du fer et de l'or dans la pyrite aurifère. » Le parallélisme des groupes du manganèse et du fer, du potassium et du calcium, du sodium et du magnésium, est l'origine démon système : le magnésium, le calcium et le fer sontles éléments distinctifs des trois nuances entre lesquelles je partage les roches communes, soit du groupe acide, soit du groupe hasique. J'ai été frappé de voir cette série succéder, terme à terme, à une série d'éléments également spécifiques en lithologie. Le pro- longement supérieur des deux séries s'observe au moins approximativement dans le groupe du lithium et du glucyum, éléments des roches de départ. Le prolongement inférieur a lieu par le ruthénium et le rhodium, le tho- rium et l'uranium, le platine et l'or. » Dans cette double colonne, le strontium et le baryum restaient isolés. Le rubidium, en portant son caractère de 85 à 87, vient former couple avec le strontium. Comme je n'en connaissais pas l'existence lorsque j'ai construit mes premières tables, sa découverte a été pour moi une con- firmation capitale de la justesse de mon système et m'a déterminé à- le publier. » Les couleurs des noyaux et des auréoles qui se rattachent à la distinc- tion descorpsen gazolytes, leucolytes et cliroïcolytes posée par Ampère, font ressortir les récurrences d'analogie, plus ou moins dominantes dans la succession des spires. La quatrième et la treizième, essentiellement chroïco- lyliques, renferment des groupes que l'on appellerait, je crois, très-conve- nablement chromides et irides. La septième est occupée par un autre groupe également caractérisé sous le rapport chromatique. La première, qui sous le même rapport parait aussi très-intéressante à raison de la coloration de l'émeraude, comprend les gazolytes atmosphériques, que l'on pourrait appeler atmides. Ce sont des spires de 3 en 3. La série de 3 en 3, qui com- mence à la deuxième, montre aussi une récurrence remarquable des grou- pes de métalloïdes. La série de 3 en 3, qui commence à la troisième, offre comme trait distinctif, outre sa pauvreté relative, le retour des métaux des terres alcalines et des métaux électronégatifs que l'on pourrait ap- peler métaux des terres acides. ( 97° ) » Le tableau n° 3, intitulé vis tellurique pratique, ne contient que les carac- tères usuels. C'est principalement pour lui que j'ai cherché une dénomina- tion concise de mon classement. L'épithète tellurique qui m'a été suggérée par plusieurs circonstances et surtout par la position du tellure au milieu du tableau et à la fin de la série relativement continue des caractères, rappelle tres-heureusement l'origine géognostique, puisque tellus signifie terre dans le sens le plus positif, le plus familier, dans le sens de terre nourricière. » En parcourant le tableau n° a on ne peut manquer de remarquer l'im- portance des caractères numériques premiers et aussi la prédominance du nombre 7 dans les groupes de types occupant les spires les mieux garnies. On est ensuite frappé du faciès chromatique des séries hélicoïdales. On y voit encore systématisées par des alignements les propriétés de fixité, de ductilité, de ténacité, d'élasticité, etc. De ces observations on arrive facile- ment à l'idée de transformer le cylindre sur lequel est réalisée la vis en un tube sonore percé aux points caractéristiques. Ce sont là les origines des con- si. 1er itions plus ou moins développées dans la troisième partie de mon Mé- moire, qui est intitulée : Conséquences du classement proposé, progrès àfaire, portées diverses du système hélicoïdal, aperçus conctusijs, maisdont je n'ai encore voulu déposer que le résumé, quoiqu'elle soit rédigée. « Mon résumé lui-même par sa brièveté a pris une forme trop ambitieuse pour que je désire le publier avant que mon système ait subi l'épreuve de la critique, que je sollicite d'ailleurs vivement, avec la conviction de lui voir ajouter plus qu'elle n'ôtera. » Je m'en tiens donc a ce que j'ai mis dans mon premier extrait : je veux seulement aujourd'hui terminer par trois remarques qui touchent directe ment à des applications. La première concerne le groupement autour de la génératrice 11" 11 de tous les corps aciérants. ,1'espere qu'elle fructifiera par- ticulièrement entre les mains d'un de mes camarades auquel je la dois en partie et qui s'occupe spécialement de l'introduction en France et du perfec- tionnement de la fabrication directe des aciers fondus \ ). » Les deux suivantes se rapportent à mon élément de prédilection : un autre ingénieur (a des mines, qui a récemment donné une description si intéressante de la Californie, m'a signalé la résistance de certaines pyrites aurifères à l'amalgamation comme confirmant l'idée que j'ai émise antérieu- (1 ) M. dp Cisancourt a M. Laui ( 971 ) rement et à laquelle une ('e mes hélices apporte un concours théorique, savoir que le tellure est le minéralisateur habituel de l'or et l'accompagne par suite dans les pyrites. La question sera éclairée par des recherches chi- miques. Enfin le tellure, par sa position au-dessous du soufre entre l'iode et l'antimoine, ne semhle-t-d pas appelé à jouer un rôle important comme spé- cifique en médecine? c'est une question que j'adresse aux savants qui pra- tiquent l'art de guérir. » PATHOLOGIE. — Comidéralions sur ( éi ysipèle ; par M. A. Despkés. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Andral, Velpeau.) « L'érysipèle doit être considéré comme une lésion siégeant exclusive- ment dans le réseau capillaire lymphatique superficiel. Il procède dans son évolution comme le phlegmon diffus et le phlegmon circonscrit, à moins de complications » Les érysipèles spontanés et les érysipèles traumatiques doivent être envisagés ensemble, parce que leurs manifestations essentielles sont iden- tiques, parce que les érysipèles spontanés se développant, dans la presque totalité des cas, sur la face, on ne peut expliquer cette prédilection de l'éry- sipèle pour une partie découverte, que par un traumatisme ou une irritation locale, saisissable dans un bon nombre d'observations. » Il résulte d'un résumé de plus de i/jo faits, recueillis en ■ 86 1 à l'hôpital de la Charité, et non choisis, que sur 68 érysipèles dits spontanés, tous nés au dehors, 60 occupaient la face; que sur 62 érysipèles traumatiques, dont 1 5 étaient nés au dehors de l'hôpital, 1 o érysipèles sont survenus autour de plaies sur lesquelles la réunion immédiate avait été tentée; que 22 fois il est évident que l'érysipèle est parti d'une plaie non pansée, et que, même dans le cas où d y avait deux plaies à la fois, c'est autour de la plaie qui n'avait pas été pansée que l'érysipèle s'est produit. Dans les autres observa- tions on peut voir que les malades ont pu être plus facilement atteints d'éry- sipèle, les uns à cause d'imprudences et écarts de régime, les autres en vertu de mauvaises conditions individuelles, comme affaiblissement, maladies in- flammatoires chroniques, mauvais état moral » L'érysipèle n'est pas manifestement soumis aux influences épidémiques et nosocomiales autres que celles invoquées et constatées dans toutes les autres maladies inflammatoires. Les faits ne légitiment point ces assertions ( 972 ) «■mises au sujet d'un miasme ou d'un virus devenant un élément contagieux dans l'érysipele » Du moment où la majorité des individus échappe à l'érvsipèle, il faut au point de vue du traitement mettre tous les individus soumis à une influence épidémique supposée, dans les conditions de ceux qui sont journel- lement épargnés. Pour cela, la considération de nos observations nous ap- prend qu'd faut avant tout scrupuleusement surveiller les plaies, et c'est là une recommandation qui s'adresse aux malades, aux personnes chargées d'un premier pansement, bien plus encore qu'au chirurgien. En même temps les conditions hygiéniques individuelles faciles à déterminer doivent être une préoccupation du traitement beaucoup plus grande que ces conditions h\- giéniques collectives peu connues auxquelles on a donné le nom de consti- tution médicale. » Il paraît clair que la réunion par première intention, dont M. Velpeau a déjà signalé les dangers, ne doit être mise en usage que dans des cas exceptionnels. » Il n'v a pas pour l'érysipele de topique spécifique, et les médications générales ne s'adressent guère qu'aux complications de l'érysipele. L'ex- périence des siècles suffirait à elle seule pour autoriser cette conclusion. » MEMOIRES PRÉSENTÉS. M. Delakue adresse de Dijon un travail manuscrit ayant pour titre : « Statistique générale des Pharmaciens et des Médecins de la France ». Cet ouvrage, destiné au concours pour le prix de Statistique de la fon- dation Montyon, est renvoyé à l'examen de la Commission déjà nommée. MÉCANIQUE. — Sur la a usure des densités des vapeurs saturées; par M. A. Di-PRÈ. (Supplément à son troisième Mémoire sur le travail mécanique et ses transformations.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Lamé, Hegnault, Clapeyron.) «. Les valeurs trouvées pour les chaleurs latentes de la vapeur d'eau par M. Regnault étant, ainsi que je l'ai prouvé, incompatibles avec l'hypothèse que le travail moléculaire y est négligeable, les lois de Mariotte et de Gay- Lussac sont fautives pour cette substance et probablement aussi pour la ( 973 ) plupart des autres vapeurs. La détermination du volume x du kilogramme ou, ce qui équivaut, delà densité à une température et sous une pression données, ne peut donc se conclure du calcul ordinaire qu'autant qu'on veut bien se contenter d'une grossière approximation, et il est à souhaiter que des expériences soient faites pour fixer ce point important. MM. Fairbairn et Tate ont imaginé un appareil très-ingénieux pour procéder à des mesures, même dans le cas où les vapeurs sont saturées, ce qui est à la fois le cas le plus difficile et le plus utile à étudier. Ces Messieurs n'ont pas cherché à corriger les résultats en raison de l'attraction des surfaces sur la vapeur qu'une action extrêmement faible peut condenser dans cette circonstance particulière; des erreurs sur les volumes sont donc à craindre et je les crois réelles. A une faible distance de la saturation, les volumes se sont montrés peu différents de ceux qui sont indiqués par les lois de Mariotte et de Gay- Lussac, et, au moment de la saturation, la différence au contraire s'est accrue très-rapidement; un tel fait me paraît suffisant pour rendre probable la gravité de la cause perturbatrice et pour faire désirer des expériences nou- velles, que peuvent faciliter les théorèmes établis dans mes précédents tra- vaux sur la théorie mécanique de la chaleur. J'ai démontré que si on appelle to'\x)dx le travail moléculaire dans i kilogramme de vapeur quand le volume passe de x à x -+- dx, y. = o,oo36/j 4 le coefficient de dilatation dans les substances gazeuses assez dilatées pour que le travail moléculaire y soit entièrement négli- geable, t la température indiquée par un thermomètre fait avec l'un de ces gaz, p la pression en atmosphères, on a io333/> = — C. R., 1862, Ier Semestre. (T. L1V, N° 17 ) I 25 ( 974 ) et ajx quand on y fait x = x,. Si, dans une seconde expérience, on change très-notablement la température en empêchant par une modifica- tion de pression le changement de volume, on aura encore Vp2 = A h Bt2, et ces deux équations donneront A et B, et par suite l'expression générale [pitj — p^,] -t- [pi — p,)t P = U — tx de la tension en fonction de la température pour le cas où le volume est maintenu invariable. D'autres expériences pourront servir de vérifications et constater l'exactitude de la loi mise ici en évidence et déjà donnée à la fin du § 27. >/ Pour trouver, le volume étant toujours xt, la pression et la tempéra- ture qui correspondent à la saturation, il suffira de résoudre cette équation considérée comme ayant lieu en même temps que celle qui lie ensemble p et t dans ce cas particulier; cela n'offre aucune difficulté. Quant à l'action condensante des surfaces, elle deviendra considérablement moindre, puisque aucune expérience ne se fera plus à saturation, et si elle n'est pas négli- geable alors, on pourra en tenir compte en employant pour cela des moyens qui n'auront plus besoin d'être aussi délicats. » Cette étude des forces élastiques et des températures à volume constant exigera des dispositions d'appareils analogues à celles que M. Regnault a employées dans une partie de ses travaux contenue dans le t. XXI des Mé- moires de [Académie des Sciences; il faudra autant de séries d'expériences qu'on voudra prendre de valeurs particulières pour le volume x,. Par exemple, à 1900, M. Regnault a trouvé pour chaleur latente de la vapeur d'eau 472,0, et il e:i résulte, d'après l'un de mes théorèmes, pour volume du kilogramme de vapeur saturée o, 1 59g, tandis que les lois de Mariotte et de Gay-Lussac donnent 0,1696; pour soumettre ces nombres à une véri- fication expérimentale, il faudra, si on emploie 10 grammes d'eau, les ré- duire en vapeur dans un espace de iht,599, et on devra trouver t = 190" avec p= i2,4o5a6. Si le nombre 472 était encore inconnu, cette série d'expériences le donnerait avec plus de précision que mes formules de pre- mière et seconde approximation obtenues en supprimant des quantités qui ne. sont pas toujours assez petites pour être entièrement négligeables. » (97?) M. Velpeau présente au nom de M. Collongues un Mémoire intitulé : « Du biomètre et de la biométrie. » L'auteur a déjà entretenu à diverses reprises l'Académie d'un mode d'aus- cultation qu'il a imaginé, et qu'il désigne sous le nom de dynamoscopie (voir les Comptes rendus des séances des 26 septembre i856, 16 mars et 21 dé- cembre 1857, 21 juin 1 858, 7 février 1859, 2 janvier 1860 et 29 juillet 1861). L'appareil décrit dans le présent Mémoire est plus compliqué que celui dont il était question dans les précédentes communications, et les indications qu'il fournit sont à plusieurs égards différentes ; mais il a égale- ment pour objet de rendre perceptible à l'oreille le mouvement qui se passe dans l'intérieur de nos organes et de permettre au médecin d'apprécier, par le plus ou moins de régularité des vibrations, par la consonnance ou la dissonance des sons perçus sur diverses régions du corps, le trouble ou l'in- tégrité des fonctions. (Renvoi à l'examen de MM. Andral et Velpeau.) M. Steppich adresse de Salenbach, près Zusmarsbausen (Bavière), une Note écrite en allemand, et relative au concours pour le prix annuel du legs Bréant. L'auteur annonce être en possession d'un remède pour la guérison des dartres. (Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie, constituée en Commission spéciale.) « M. Macmenè, professeur de chimie à Reims, adresse une réclamation de priorité au sujet du Rapport de M. Payen sur le procédé de MM. Possoz et Périer pour la fabrication du sucre. » M. Maumené croit que ce procédé est semblable à celui pour lequel M. Martin Logeois avait pris un brevet le a5 janvier i85i, mais qui en réa- lité se confond tout à fait avec celui que M. Maumené lui-même a fait connaître. » L'absence du Rapporteur et de M. Pelouze qui a suivi les procédés de MM. Possoz et Périer, permettra aux réclamations de se produire et de se préciser, s'il y a lieu, leur examen se trouvant ajourné jusqu'au retour des deux Académiciens présentement retenus à Londres. 125.. ( 976 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l1 Agriculture, du Commerce et des Travaux publics adresse pour la bibliothèque de l'Institut un exemplaire du XLe volume des Brevets d'invention pris sous le régime de la loi de 1844 et ()u onzième numéro du Catalogue des Brevets d'invention pris en 1861. 31. Elie de Reaumoxt présente, au nom de M. Browne, ex-directeur du département de l'Agriculture au Bureau des Patentes des États-Unis d'Amé- rique, une Note enfermée sous pli cacheté contenant l'indication d'une découverte que le savant Américain a intérêt à ne pas divulguer pré- sentement, mais pour laquelle il veut, en cas de besoin, s'assurer la priorité d'invention. Le dépôt de ce paquet est accepté. M. Flourexs présente, au nom de M. Paolini, professeur de physiologie à l'Université de Bologne, un Mémoire imprimé concernant ses recherches sur l'action de la garance chez divers animaux, et spécialement chez les Poissons. M. Flourens est invité à faire de ce travail, qui est écrit en italien, l'objet d'un Bapport verbal. physiologie. — Sur les fonctions des branches œsophagiennes du nerfpnèumo- gastrique ; extrait d'une Note de M. Van Kempen accompagnant [envoi d'un Mémoire adressé comme pièce à l'appui d'une réclamation de priorité. « M. Ghauveau, dans la séance du il\ mars, a communique quelques expériences sur les fonctions des branches œsophagiennes du nerf pneumo- gastrique. Avant lui, comme le prouve le Mémoire que j'adresse aujourd'hui, j'avais démontré que ces branches sont essentiellement motrices. J'y dis, cri effet, expressément (page 58) : « Les mouvements de l'œsophage sont » exclusivement du domaine du pneumogastrique, et les racines de ce nerf » renferment les filets qui y président. « » Qu'il me soit permis d'ajouter que depuis 184.2 j'ai prouvé, par l'irri- tation électrique des racines du nerf pneumogastrique, que ce nerf est essen- tiellement moteur à son origine et qu'il est très-difficile, sinon impossible, de démontrer qu'il renferme dans ses racines des fibres sensitives. On trou- ( 977 ) vera à l'a page 90 du Mémoire que j'ai publié sur les fonctions de ce nerf le résultat de mes expériences. Seulement je ferai remarquer que comme en 1842 on ne faisait pas encore usage du courant induit et continuelle- ment interrompu, je n'ai pu à cette époque obtenir sur le cœur et sur l'estomac les effets constatés depuis. La quatrième proposition doit donc être modifiée dans ce sens. » Je saisis cette occasion pour annoncer à l'Académie que depuis quelque temps j'ai fait des expériences au moyen du chloroforme sur le centre nerveux cérébrospinal, pour expliquer la mort par cet anesthésique. En appliquant ce liquide sur la moelle épinière, sur le cerveau ou sur le cerve- let, j'ai vu survenir de l'anestbésie et une légère paralysie des mouvements ; mais cette modification de l'état normal n'était que passagère : bientôt faiiimal, grenouille ou lapin, se rétablissait complètement. J'espérais cependant pouvoir produire une preuve de plus à l'appui des remarquables expériences de M. Flourens sur le siège du nœud vital dans la moelle allongée; pour y parvenir, j'ai appliqué le chloroforme sur la moelle allongée de la grenouille, immédiatement derrière le cervelet, et en dépo- sant au moins trois gouttes, j'ai vu toujours l'animal succomber. » tératologie VÉGÉTALE. — Note sur une monstruosité des cônes de /'Abies Brunoniana JVallicli; par M. Ph. Paulatoiîe. a Je demande à lAcadémie la permission de l'entretenir quelques instants d'une monstruosité de plusieurs cônes de Y Abies Brunoniana Wallich, que je dois à la complaisance de MM. Rovelli, de Pallanza sur le lac Majeur, et qui vient confirmer heureusement ce que j'avais avancé sur la composition du cône des Conifères dans deux Notes présentées a l'Académie depuis peu fie temps. Je rappellerai ici que, dans ces deux publications, j'ai tâché de dé- montrer que dans les cônes des Conifères il va deux organes différents dans ce qu'on nomme l'écaillé, c'est-à-dire la bractée et l'organe écailleux, qui, dis- tincts toujours dans quelques genres d'Abiétinées, comme dans les sapins, dans les mélèzes, etc., ou à leur origine dans toutes les Conifères, sont sou- vent plus ou moins soudés ensemble en un seul corps, à un âge avancé, commeon le voit surtoutdans lesCupressinées, dans lesquelles cependant on peut même, à cet âge, les distinguer aisément, soit par les bords souvent relevés de la bractée, soit surtout par son sommet, qui se montre sous la forme d'une pointe plus ou moins prolongée sur le dos ou près du sommet (97«) de l'écaillé. J'ai aussi reconnu que l'organe écailleux est une branche rac- courcie ayant ses feuilles ou bractéoles plus ou moins soudées entre elles et avec la bractée et les pistils, qui ne se trouve développée que rarement dans quelques genres de Conifères, par exemple dans le Podocarpus. J'ai, pour cette raison, considéré comme des pistils ce que la presque totalité des botanistes considéraient comme des ovules nus, et rejeté ainsi la classe des plantes gymnospermes, les Conifères étant pour moi des plantes dicotylédones d'une structure tout à fait semblable à celle des Casuarinées, des Bétulinées et des autres Amenlacées. » Dans les différents cônes du sapin de l'Himalaya que je viens de nom- mer, et dont j'ai l'honneur de présenter à l'Académie des dessins et des exemplaires conservés dans l'esprit-de-vin, on voit, d'une manière qui ne laisse pas le moindre doute, la démonstration de ce que j'ai avancé dans mes travaux. Dans plusieurs de ces cônes, une partie, ou presque toutes les écailles qui les composent, se sont changées en rameaux, plusou inoins déve- loppés et plus ou moins chargés de feuilles qui se distinguent parfaitement par leur forme, ainsi que par leur couleur verte en dessus et par leurs deux bandes blanches longitudinales en dessous. Lorsque le rameau est petit ou peu développé, de manière à être plus court que l'écaillé, celle-ci conserve encore sa forme habituelle, car les feuilles du rameau sont soudées encore presque entièrement entre elles; une ou un petit nombre d'entre elles seu- lement commencent à se distinguer à leur partie supérieure, mais à mesure que le rameau se développe davantage et qu'il dépasse la longueur de l'écaillé, le nombre des feuilles qui se détachent s'accroît, et alors l'écaillé s'allonge, se partage en deux, trois ou plusieurs divisions, et ces feuilles même se dis- tinguent davantage; enfin ces divisions se montrent jusqu'au bas du rameau et les feuilles se montrent d'une manière tout à fait distincte, lorsque le rameau est plus long; de sorte qu'il devient alors parfaitement manifeste que l'organe écailleux est entièrement formé par les feuilles soudées ensemble et raccourcies à l'état de bractéoles. On peut suivre exactement tous les pas- sages dans les écailles qu'on voit représentées dans les figures 2, 3, l\, 5 de la planche qui accompagne cette Note, et clans ces mêmes écailles conser- vées dans l'esprit-de-vin. La bractée est toujours libre dans ces cônes, comme c'est le propre des sapins. Dans six des neuf cônes monstrueux que j'ai eu occasion d'observer, les branches de l'arbre se prolongent au delà des cônes, quelquefois jusqu'à 6 ou 7 centimètres, en portant des feuilles comme au-dessous des cônes, ce qui du reste est très-commun dans le ( 979 ) mélèze, dans le Cunningharnia, etc., comme je l'ai rappelé dans ma deuxième Note sur la composition du cône des Conifères. » Quant à la soudure des bractées avec l'organe écailleux des cônes des Conifères, c'est-à-dire des feuilles avec les branches, je me permettrai de noter ici que cette soudure est très-fréquente dans les Conifères, plus fré- quente peut-être qu'on ne le croît. Elle se montre d'une manière évidente dans le Frenela, dont les espèces ont toutes les feuilles des branches sou- dées en grande partie par leur face supérieure ou interne avec celles-ci, le sommet seul excepté, qui est libre, en forme de petite pointe. La couleur verte des feuilles ressort bien sur la couleur souvent cendrée des branches inférieures; de sorte qu'il y a souvent six lignes longitudinales sur les bran- ches de ces plantes, trois vertes formées par les feuilles et trois cendrées qui correspondent à l'écorce de la tige dans les parties intermédiaires. Les rameaux supérieurs étant étroits, les feuilles vertes les couvrent entièrement, de sorte que ces rameaux sont verts, triangulaires, couverts par les feuilles dont les bords se distinguent par trois sillons longitudinaux. » La même chose s'observe à peu près dans Y Actinostrobus, dans les Cyprès, dans le Chamœcyparis, dans le Cryplomeria, dans le Glyplostrobus, dans les espèces de Genévrier de la section du Sabina, etc. ; dans toutes ces plantes, les feuilles sont soudées inférieurement ou par une grande partie de la face supérieure aux branches, de sorte que ce qu'on prend généralement pour feuille n'est que le sommet libre de celle-ci ; ces feuilles se détachent sou- vent entières lorsqu'elles sont sèches, en se fendant quelquefois dans leur longueur par l'accroissement des branches. » Sur la tendance des branches ou rameaux des Conifères à se raccourcir, je n'ai presque pas besoin de rappeler ce qu'on observe surtout dans les pins, dans les mélèzes, dans les cèdres, etc. ; on sait que les termes de feuilles gémi- nées, ternées, quinées des pins, de feuilles fasciculées des mélèzes et des cèdres n'indiquent que des rameaux raccourcis qui ont deux, trois, cinq ou plusieurs feuilles; dans les branches supérieures des pins où l'on voit les feuilles réduites à l'état d'écaillés et les rameaux raccourcis avec deux, trois, cinq feuilles, il faut voir l'analogue d'un cône développé comme ceux de l' Abies Brunoniana que je viens de décrire. Ce sont les seules choses que j'ai voulu ajouter, à propos de la montruosilé de ce sapin, aux considé- rations déjà publiées, pour mieux expliquer le fait de la soudure des parties du cône des Conifères. » ( 98° HISTOIRE DES ARTS INDUSTRIELS. — Examen des vitres de Pompéi; par M. G. Boxtemps. « Le verre a vitre, ce produit dont l'utilité doit être principalement appréciée dans les contrées du Nord, ne paraît pas avoir été employé dans une antiquité tres-reculée. Le silence des anciens auteurs grecs et latins sur ce-point prouve suffisamment qu'on n'en faisait point usage de leur temps ; et toutefois la merveilleuse adresse avec laquelle on travaillait le verre bien des siècles avant l'ère chrétienne, rendrait surprenant qu'on n'eût pas songé à en faire des vitres si le climat l'eût réclamé plus impérieusement ; nous ne commençons à en trouver mention que dans le premier siècle de l'ère chrétienne. Philon, juif, dans un passage de la relation de son ambassade vers l'empereur Caligula, fait allusion à l'emploi des vitres; d'autre part, Séneque nous assure que ce fut de son temps qu'on en inventa l'usage. Ces assertions, du reste, ont pu longtemps être contestées : certains commen- tateurs voulaient que ces vitres ne fussent que des treillis ou sortes de jalou- sies en bois dont on garnissait les fenêtres; d'autres soutenaient qu'elles n'étaient que du talc mince, qu'on appelait pierre spéculaire; mais aujour- d'hui l'incertitude ne peut plus être admise depuis les découvertes faites à Herculanum et à Pompeï. Mazois, architecte, dans un remarquable ouvrage, les Ruines de Pompeï (Paris, i8i4- 1835, 4 vol. in-folio), s'exprime ainsi, t. II, p. 77, chapitre des Bains publics : « Si la question de l'emploi des vitres chez les anciens était encore dou- » teuse, nous trouverions dans cette salle un témoignage propre à la » résoudre; les siècles y ont conservé un châssis vitré en bronze qui déter- » mine non-seulement la grandeur et l'épaisseur des vitres employées, mais » encore la manière de les ajuster : les figures 4 Pt 5, qui donnent l'en- » semble et les détails de ces châssis, font voir que ces vitres étaient posées ..■ dans une rainure, et retenues de distance en distance par des boutons tournants quise rabattaient sur les vitres pour les fixer; leur largeur est de » 20 pouces (om, 54) environ sur 28 pouces (om,72) de haut, et leur épais- « scur de plus de 2 lignes (5 à G millimètres). » » La certitude de l'emploi des vitres à une époque antérieure à l'an 79 de notre ère, qui est la date des éruptions du Vésuve qui enfouirent Hercula- num et Pompeï, étant acquise, il devenait fort intéressant pour les verriers de savoir comment ces vitres, qui, comme on l'a vu, étaient d'une assez 21 ande dimension, avaient été fabriquées, si elles avaient été soufflées en cy- (9«« ) lindre ou en plateaux, ou si elles avaient été coulées à la manière des glaces. L'inspection seule des fragments pouvait m'éclairer àce sujet. Ces vitres, qui d'après les dimensions ne devaient pas peser moins de 5 kilogrammes, ne pouvaient p;)s, si elles avaient été soufflées, être le produit d'un seul cueillage de verre; on devait donc dans ce cas reconnaître sur la tranche du verre les différents cueillages. Si ces vitres étaient le résultat du soufflage d'un cy- lindre fendu et développé, les bulles que contenait le verre devaient être allongées et parallèles dans le sens de l'axe du cylindre; elles devaient être concentriques si ces vitres étaient le résultat d'une boule développée en pla- ieau ; enfin si elles avaient été coulées, les bulles ne pouvaient avoir aucune direction uniforme, et devaient être généralement rondes et plates. Ne sachant à quelle époque je pourrais aller examiner les fragments de ces vitres trouvées à Pompeï, j'eus la pensée de m'adresser à M. le Ministre des Affaires étrangères pour le prier de faire demander par le Consul de Naples que l'on me confiât quelques-uns de ces fragments : M. Dumas voulut bien apostiller ma demande avec toute la bienveillance qu'il m'a toujours témoi- gnée dans tout le cours de ma carrière; M. Feuillet de Couches favorisa aussi ma démarche, et peu de semaines après, M. le Ministre m'annonçait que l'intervention de l'agent consulaire de Naples (M. de Soula'nges-Bodin, consul général) avait eu tout le succès que je pouvais espérer, qu'en effet le surintendant général des musées de Naples, M. le prince de San Giorgio, appréciant l'utilité de mes travaux, était heureux de m'offrir des fragments des vitres trouvées à Pompeï. » Ces fragments ne mesurent pas moins de 10 centimètres, et d'après leur examen il ne peut rester le moindre doute sur la manière dont ces vitres avaient été fabriquées. » Le verre est bien fondu, exempt de nœuds et autres défauts; il y a des parties qui sont exemptes de bulles; il s'en trouve en grande quantité dans d'autres portions, mais elles ne sont pas toutes inhérentes à la fusion. L'épaisseur du verre est inégale; elle est de plus de 5 millimètres par places, tandis que d'autres n'en ont pas 3. Ce signe seul n'indiquerait pas que ces vitres n'ont pas été soufflées. L'une des surfaces porte l'empreinte de l'aire sur laquelle le verre a reposé étant chaud : ce pourrait être la marque de la pierre réfractaire sur laquelle on aurait développé le cylindre ou manchon ; mais l'autre surface n'est pas semblable à celle qui proviendrait d'un souf- flage; puis il y a d'autres signes encore plus certains que ce verre n'a pas été soufflé : les bulles ne sont ni celles d'un cylindre, ni celles d'une boule C. R., 1S62, 1" Semestre. (T. LIV, N° 17.) ' 2° ( 982 ) développée en plateau. On voit évidemment que chaque vitre a été l'objet d'un coulage, que ce coulage, dans certaines parties, n'a pas atteint tout à fait la règle qui devait le borner; que dans d'autres au contraire l'ouvrier, étant arrivé en coulant près de la limite, a rétrogradé en repliant le verre sur lui-même, et qu'il y a eu ainsi interposition d'air et formation d'une couche de bulles. L'inégalité d'épaisseur prouve qu'on n'employait pas un ( ylindre métallique pour presser sur le verre. » 11 est donc vraisemblable que L'on posait un cadre métallique de la grandeur de la vitre qu'on voulait obtenir, soit de om, 7a sur om, 54, sur une pierre polie sur laquelle on saupoudrait un peu d'argile très-fine; on versait dans l'intérieur de ce cadre le verre que l'on avait extrait du creuset dans des cuillers probablement en bronze ou même avec des cannes, et avec une palette en bois on pressait sur le verre de manière à lui faire rem- plir le cadre. Les anciens étaient donc bien près de l'invention des glaces coulées, qui ne devait avoir lieu en France que dix-sept siècles plus tard : eu- s'ils avaient pissé un rouleau sur ce cadre, ils auraient obtenu ces \iires d'une épaisseur régulière, et il ne s'agissait plus ensuite que de polir l.s surfaces, opération à laquelle ils n'étaient pas étrangers; car Pluie, dans son histoire du monde, dit qu'on se servait d'obsidienne pour en faire des miroirs qu'on attachait contre les murs, et ce ne pouvait être évidem- ment qu'après avoir poli cette obsidienne. » Le verre des vitres de Pompeï est d'une teinte verte-bleuâtre, comme était le \erre commun il y a environ cinquante ans. L'analyse qu'en a bien voulu faire pour moi M. l'réd. Claudel, et dont en conséquence je puis garantir l'exactitude, a donné le résultat suivant : Silice 6t)>43 Chaux 7>24 Soude ' 7 ' 3 ' \liiinine 3,55 Oxyde de fer 1 , 1 5 Oïvde de manganèse °>fy Oxyde de cuivre traces. 99>°7 » Cette analyse est remarquable en ce qu'elle se rapporte tout à lait avec celle de verres fabriqués de nos jours. En effet, prenons l'analyse de verre à vitre faite par M. Dumas, citée dans son ouvrage sous le n° 4, et ( g83 ) nous trouvons : Silice 68,65 Chaux 9 ,65 Soude ' 7 1 7° Alumine 4'00 » Peut-être dans cette dernière analyse a-t-on négligé quelques traces de fer et de manganèse; mais en dehors de ces deux éléments on con- viendra que ces deux analyses indiquent des compositions presque iden- tiques. » Je dois dire ici que l'analyse que cite M. Dumas est celle d'un verre moins bon qu'on ne le fabrique généralement aujourd'hui : les verres à vitres que l'on fait à présent donnent en moyenne à l'analyse : Silice "/}-, ûo Chaux 1 3 , i o Soude 1 3 , oo Alumine i ,oo Oxvdes de fer et de maganèse o ,4o 100,00 mécanique CÉLESTE. — Observations sur deux Notes lues pat M. Delaunay à [Académie des Sciences dans les séances des 3 et io mats 1 862 et intitulées : Notes sur l'accélération séculaire du moyen mouvement delà Lune; par M. J. DE PONTÉCOULAXT. « La question sur laquelle M. Delaunay rappelle aujourd'hui 1 attention de l'Académie, a déjà fait dans son sein l'objet d'une longue discussion; mais comme plusieurs mois se sont écoulés depuis cette époque, il nous sera permis d'en rappeler ici les principaux points, pour mieux faire com- prendre la réponse péremptoire cette fois, nous l'espérons du moins, que nous allons faire à la dernière communication de M. Delaunay II s agit encore une fois de 1 équation séculaire de la Lune, qui a donné tant de soucis aux géomètres du siècle dernier, et qui ne parait pas devoir causer moins d'embarras au publiée par les ordres de M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics; t. XL. Paris, 1862 ; vol. in-4°. Catalogue des brevets d'invention ; année 1861 : n° 11. Paris, 1862; in-8°. Traité pratique des maladies de l'estomac; par M. T. Bayard. Par.s, 1862 ; .vol. in-8°. De (emploi des cuisines et appareils distillatoires dans la marine ; par M. A. LEFÈVRE. Paris, 1862; in-8n. Prodrome de géologie; par M. A. VéZIan; livre IL Paris, 1862; in-8°. Histoire des thrombus de la vulve et du vagin, spécialement après l'accouche- ment; par M. le D' Laborie. Paris, 1860; br. in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Jobert de Lamballe. ) Le pain meilleur et à meilleur marché : question de la boulangerie et de la pâtisserie ; par M. J.-P. MaCHET. Paris, 1862; in-8°. Fromentine , nouvelle pâte alimentaire au gluten;par\e même. Paris, 18G1 ; br. in-8". Ces deux ouvrages sont renvoyés à titre de renseignements à M. Chevreul, rapporteur de la Commission chargée d'examiner de nouveaux procédés de panification. Rapport sur les travaux du Conseil central d'Hygiène publique et de Salu- brité du département de la Loire-Inférieure pendant /année 1860, adressé à M. Henri Ciiauveau. Nantes, 1861 ; in-8°. (9% ) Essai expérimental sur la nature fonctionnelle du nerf pneumo-gastrique , pré- cédé de considérations sur les mouvements réflexes; pur M E.-M. Van K.EMPEN. Eouvain, 1842; br. in-8°. Schriften... Publications de la Société royale des Sciences physiques et éco- uomiquesde Kœnigsherg ; 2e année 1861 , ire et 2e partie. Kœnigsberg, 18G1 ; m-4°. Die behandlung... Statistique des pneumonies eu égard à la méthode de traitement employée; résultats d'une pratique de seize années au Seraphim- lazarethe de Stockholm ; présentés par \z Dr Magnns DE Huss, traduction alle- mande par J. Anger. Leipsig, 1861 ; in-8°. Ueber die... Faune mammifère de la nouvelle mollasse de la Russie méri- dionale ; faits propres à jeter du jour sur l'époque ante-histuiique ; par M. E. d'Eichwald. Moscou, 1861 ; br. in-8°. l7T7roxpa.TYiç . , . Journal des connaissances médicales; I. I, 4e livraison. Athènes, 1862 ; in-4°. Descrizione... Description des J'ormes cristallines du soufre des mines du canton de Cesène; par le prof. G. -G. Bianconi. Bologne, i86r ; in-4°. (Ex- trait du vol. XI des Mémoires de I Académie des Sciences de l'Institut de Bologne. ) Dello... Mémoire sur l'Epiornis maximus commun mentionné par Marc Pôle etfra Mauro ; parle même. Bologne, 1862; in-4°. (Extrait du vol. XII du même Recueil.) Intorno... Mémoire concernant les expériences faites avec la garance sui- des animaux et en particulier sur quelques poissons ; par M. M. PAOLINI. Bo- logne, 1862 ; in-4°. (Renvoyé à l'examen de M. Flourens pour un Rapport verbal.) C. R , 1SG2, i« Semestre, i/l. LIV, N° 17.) 12' ( 99° ) PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT le mois d'avril 1862. Comptes rendus hebdomadaires des séances de C Académie des Sciences ; ier se- mestre 1862, nos 12 a i5 ; in-40. Atli... Actes de l'Académie pontificale des Nuovi Lincei; 14e année, 3e session. Annales de f Agriculture française; t. XIX, n° 7; in-8°. Annales de ï Agriculture des colonies ; 2e année, n° 18; décembre 18G1; in-8°. Annales forestières et métallurgiques ; 21e année, février et mars 18G2; in-8°. Annales de la Société d hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des séances; t. VIII, 9e livraison; in-8°. Annales télégraphiques ,t. V ; janvier et février 18G2; in-8°. Atti délia Socielà ilaliana di Scienze naturali; vol. III, fasc. 5 (i. 24 à 3o); Milan. 1862; in-8". Bulletin de l'Académie impérialede Médecine; t. XXVII, nos 12 et i3; in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; 2e série, t. V, n0S2 et 3; in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse. ; mars 1862 ; in-8°. P.ullettino... Bulletin météorologique de /' Observatoire du Collège romain, nos3 et 4; in-'f. Bulletin de la Société impériale et centrale d'Agriculture de France; t. XVII. n" \. Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'industrie nationale, rédigé par MM. COMBliS et Peligot; t. IX, février 1862; in-4°. Bulletin de la Société de Géographie ; 5e série, t. III; février 1862; in-8u. Bulletin de ht Société médicale des hôpitaux de Paris; t V; n° 2, avril 1 8G2 ; 111-80. Bibliothèque universelle. Bévue suisse et étrangère; t. XIII, n°5i; in-8°. Bulletin de la Société française de Photographie; 8e année, mars 1 862 ; in-8°. Bulletin de la Société académique d'Agriculture, lie lies- Lettres, Sciences et Arts de Poitiers ; n° G5 ; in-8°. Bulletin de lu Société île l'industrie minérale; t. VII, i'e livraison (juillet, août, septembre 1861). Cosmos. Bévue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et île leurs applications aux Arts et à /' Industrie ; t. XX; 1105 1 'j, i5, 16 et la table des matières du t. XVIII ( Ier semestre 18G1); in-8°. ( 99' ) Gazette des Hôpitaux; ti°9 38 à 495 m-8°- Gazelle médicale de Paris; '5ie année, nos 1 4 à 17; in-4°. Gazette médicale d Orient} 5e année, mars 1862. Journal d' Agriculture pratique; 26e année, nos 7 et 8; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; t. VIII, 4e série, avril 1862. Journal de lu Société impériale et centrale d'Horticulture; t. VIII, mars 1862; in.-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; 21e année, t. XLI, avril 1862 ; in-8°. Journal des Vétérinaires du Midi ; 25e année, t. V, avril 1862; in-8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 29e année, nos 9, 10 et 1 1 ; in-8°. Journal d' Agriculture de la Côte-d' Or; février 1862. Journal de Mathématiques pures et appliquées ; 2e série, décembre 1861; in-4°. Le Moniteur des Brevets d'Invention; ire année; février 1862. Le Progrès séricicole; n09 1 à 1 1 ; in-8°. La Culture ; 3e année, n09 19 et 20; in-8°. L'Agriculteur praticien; 2e série, t. III ^ nos 12 et i3; in-8°. L'Art médical; avril 1862; in-8°. L'Art dentaire; 6e année, avril 1862; in-8°. L'Abeille médicale; 19e année; nos i4 à 17- La Lumière; 12e année, n°* 6 et 7. L'Ami des Sciences; 8e année; nos 14 à 17. La Science pittoresque ; 6e année; nos 49, 5o et 5i . La Science pour tous; 7e année; nos 18 à 21. La Médecine contemporaine ; 4e année; n° 10. Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; t. IV; 127e et 128e livraisons; in-4°. Leopoldina. . . — Organe officiel de l'Académie des Curieux de la Nature ; publié par son Président le DrKieser; 3e livraison, n° 6 ; mars 1862; in-4°. Le Technologisle ; avril i862;in-8°. Le Gaz; 6e année; n° 2. Magasin pittoresque ; 3oe année ; mars 1862; in-4°. Montpellier médical: Journal mensuel de Médecine; t. VIII; avril 1862; in-8°. Monitsberichl. — Compte rendu mensuel des séances de t Académie royale de Pi-usse /janvier 1862 ; in-8°. ( 99a ) Monlhly... Notices mensuelles de la Société royale d'Astronomie de Londres ,■ Presse scientifique des Deux-Mondes; année i 86a, t. 1er, nos 7 et 8 ; in-8°. Pharmaceutical journal and transactions ; vol. III, avril i862;in-8°. Revista... Revue des Travaux publics ; Madrid; t. X, nos 7 et 8; in-4°. Répertoire de Pharmacie; t. XVIII, avril 1862. Revue de Thérapeutique medico-chirurijicale ; 29e année, nos 7 el 8; in-8°. Revue vilicole ; 4e année; mars i 8G2 ; in-8°. The quarterlj journal of the Geological Society ; vol. XVIII", n° 69; in-8°. The journal of materia medica; vol. IV; n° 3; mars 18G2; in-8°. The journal of the royal Dublin societj ; n"s 20 et ai, 2a et a3; in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 12 MAI 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. MÉTÉOROLOGIE. — Second Mémoire sur la température moyenne de l'air à diverses hauteurs; par M. Becquerel. ( Extrait.) « Dans mon dernier Mémoire sur la température moyenne de l'air à di- verses hauteurs, je me suis attaché à démontrer non-seulement avec les ob- servatiôns thermo-électriques recueillies au Jardin des Plantes, mais encore au moyen des observations faites antérieurement avec le thermomètre ordi- naire, que le sol et les objets qui le recouvrent exercent une telle influence sur cette température, que les effets en sont appréciables jusqu'à une hauteur de 20 ou 3o mètres. Il est donc nécessaire de se placer à cette limite pour avoir la véritable température moyenne de l'air dans un lieu quelconque, limite qui dépend, bien entendu, de l'état du sol. » Des phénomènes de culture observés sous les tropiques par M. dellum- boldt, en Alsace par notre confrère M. Boussingault, et dans le Midi par M. Martins, avaient déjà mis ce fait en évidence. M. Boussingault avait re- connu, en gravissant des collines, que des cultures qui n'étaient pas possi- bles au bas le devenaient à une certaine hauteur; M. Martins avait remarqué que dans le jardin botanique de Montpellier des lauriers, des figuiers, des oliviers périssaient dans les parties basses, tandis qu'ils étaient épargnés quelques mètres plus haut, dans des conditions d'abri toutes semblables. On C. R., iSfa, 1" Semestre. (T. LIV, N° 18.) I2" (994) savait enfin que les gelées tardives sévissent davantage dans les vallées ou les bas-fonds que sur les collines plus ou moins élevées ; il ne suffisait pas de citer des faits généraux, il fallait encore lier ces faits par une loi générale, c'est-à-dire montrer comment variait la température moyenne de l'air avec la hauteur sous l'influence calorifique du sol. » Voici les résultats déduits des observations : » Du ier décembre 1860 au Ier décembre 1861, les températures moyennes de l'air au Jardin des Plantes ont été à im,33au nord, à 16 mètres et à 21 mè- tres au-dessus du sol, de ii°, 72, 12°, 54 et i2°,o,; différences avec la tem- pérature au nord o°,82 et i°, 19; la température de l'air a donc été en augmentant avec la hauteur jusqu'à 21 mètres au-dessus du sol. » Il est donc démontré aujourd'hui que la température moyenne d'un lieu, telle qu'on la détermine, représente seulement celle de l'espace très- circonscrit où se trouve le thermomètre et à une hauteur donnée, laquelle dépend de l'état du sol, c'est-à-dire de sa constitution, de sa couleur et des cultures qui le recouvrent. » Dans le Mémoire cité, j'avais signalé le fait suivant, qui est d'une cer- taine importance en météorologie : à 6 heures du matin, quelles que soient la saison et la hauteur au-dessus du sol , pourvu qu'elle ne dépasse pas 20 ou 3o mètres, dans la localité où les observations ont été faites, la température aux trois stations est exactement la même chaque jour, à o°, 1 ou à o°, 2 près au plus; les moyennes annuelles ne présentant des différences que dans les centièmes de degré, j'en avais conclu que 6 heures du matin était une heure critique où la température moyenne devait avoir une certaine rela- tion avec la température mensuelle ou annuelle du point où l'on observait, relation qui devait permettre de déduire celle-ci de la première, les recher- ches que j'ai faites à cet égard sont exposées dans le Mémoire que j'ai l'hon- neur de présenter aujourd'hui à l'Académie. » L'heure critique dont il est question a lieu, après le lever du soleil, de l'équinoxe d'automne à l'équinoxe du printemps, et avant, de 1 equinoxe du printemps à l'équinoxe d'automne. La présence du soleil au-dessus ou au-dessous de l'horizon n'exerce donc aucune influence sur les effets pro- duits. » Si l'on se borne à chercher le rapport entre la température diurne à chaque station et celle obtenue à 6 heures du matin chaque jour, on ne trouve aucun accord, ce qui est facile à concevoir : la température de l'air jusqu'à une certaine hauteur dépend chaque jour non-seulement de l'action solaire, mais encore du rayonnement du sol et du rayonnement céleste. (995) Or si le sol a été fortement échauffé un jour et que le rayonnement noc- turne ne lui ait pas enlevé l'excédant de chaleur, il s'ensuit que la tempéra- ture du lendemain participe de celle du jour précédent, de sorte que d'un jour à l'autre on ne saurait avoir des rapports approchés; il n'en est pas tout à fait de même en prenant les rapports des moyennes des températures de dix jours en dix jours, comme l'indiquent les résultats suivants : Mai 1861. Ropporls Du ier au 10 . . . 1,67 Du ii au 20 . . . 1,53 Du 2 1 au 3o . . . 1,4» Moyenne 1 ,54 » On voit qu'il y a déjà une certaine concordance entre ces nombres, mais elle est plus grande encore en prenant les rapports des moyennes mensuelles; en les comparant ensemble, on arrive effectivement aux con- séquences suivantes pour les trois stations im,33, 16 mètres et 21 mètres au-dessus du sol : les rapports ou coefficients de juin et juillet sont à peu près les mêmes ainsi que les coefficients de septembre, octobre et novembre; les coefficients de décembre, janvier et février sont très-rapprochés, ceux de mars et d'avril un peu moins; quant aux coefficients de mai et d'août, ils diffèrent de ceux des mois qui les précèdent ou les suivent, mais peu l'un de l'autre. » Les coefficients en outre étant à leur minimum en été et à leur maxi- mum en hiver, on doit attribuer les différences que l'on trouve suivant les saisons à réchauffement ou au refroidissement du sol. « La relation est telle entre la température mensuelle et la température à 6 heures du matin à chacune des trois stations, que l'on pourra, à l'aide des coefficients donnés, déduire la première de la seconde, surtout lorsque des observations recueillies pendant plusieurs années auront permis d'assi- gner à ces coefficients leur véritable valeur. » La météorologie est composée de faits dus à des causes très-variables qui masquent les lois auxquelles ils sont soumis; elle se perfectionne de jour en jour, au fur et à mesure que ces causes sont mieux connues, et qu'on écarte celles qui empêchent d'apercevoir ces lois. Étudiée avec l'es- prit philosophique qui a placé les autres parties de la physique au rang des sciences exactes, elle finira peut-être un jour par atteindre le même degré de perfection. » 1 28.. ( 996 ; MÉCANIQUE CKLESTK. — Nouvelle théorie du mouvement de lu Lune. — Comparaison des expressions trouvées pour les coordonnées de cet astre avec celles qui ont été obtenues antérieurement; par M. Del.utnay. (Fin. Valeur inverse du rayon vecteur. u Les 209 ternies dont se composent les inégalités de la valeur inverse du rayon vecteur de la Lune, en s'arrêtant aux quantités du 5e ordre, se divisent en 3 termes il 11 2e ordre, i5 » du 3' ordre, 49 » du 4e ordre, 142 « du 5e ordre. » M. Plana a donné exactement les 3 termes du 2e ordre et les i5 termes du ?>e ordre; l'exactitude en a été constatée par M. Lubhock. » Sur les 49 termes du 4e ordre, que M. Plana a tous donnés, un seul ne s'accorde pas avec le résultat de mes calculs. Les 4$ autres ont été tous vérifiés avant moi, savoir: 47 par M. Lubbock et 1 par M. de Pontécoulant. » Enfin, sur les 142 termes du 5e ordre, que M. Plana a aussi tous don- nés (*), 1 16 s'accordent avec les miens ; 88 de ces 1 16 ternies ont été vérifiés par M. Lubbock, et 21 autres par M. de Pontécoulant. » Ainsi les corrections qui doivent être faites, d'après mes calculs, dans les expressions trouvées par M. Plana pour les inégalités de la valeur in- verse du rayon vecteur de la Lune, portent sur 1 terme du ^e ordre, 26 termes du 5e ordre. Ces corrections sont indiquées dans le tableau suivant. Tous les termes qui v sont contenus doivent être multipliés par le facteur -> que l'on n'a pas écrit pour simplifier. C'est par erreur qu'on a dit plus haut (p. 81 3, ligne 12), en parlant des 209 termes contenus dans la valeur inverse du rayon vecteur, que M. Plana les a tous donnés, excepté un. Ces deux derniers mois doivent être supprimés. a la même page, ligne 8, au lieu des nombres 320, 108-, il faut lire 321, io!S(i. ( 997 ) ARGUMENTS. ■il 2D+/ 2D + / — V 2D + /+/' » îD + a/' 2D + 3/ •iD-/ 2D-/+/' îD- 3/ — /' 2D- 3/+/' 2D — 2F - /' 2D-2F + /-/' 2D-2F-/-/' 4D 4D- 2/ D TERMES DE M. PLANA. 4 863 45541 2304 4°5 j 3 — 64 ew 5829 2 56 io5 64 45 + -5-7- d'3 '' '" 64 5477 , , "384 ™"" 2 11 75 2 -y" 895 , 128 i73o3 , 256 285 ir 285 64 ■ - y'e' nr 2 49 .,... 16 '!''■<■ 35 . , 45 , 64 3645 , 128 5857 , " fît'" — 236 (I TERMES NOUVEAUX. '9 < ■ -+■-4' "> 96 8 46171 — 5 — T 23o4 ?35 .1 64 5o37 1 256 945 , , 64 4o5 , — _,■,- m 64 1687 , 128 2125 384 463 , , cm 128 5i077 , , + ~riL'' "i 768 M5 , , —6Ïeem , lo5 > < 6-1 2' -, s 7 (.' /« 2 49 : - — -j 7 ''• '" io5 , +Tem 3in5 . 58i7 , a jk "' ' — 236 « (L) (P) (P) (P) (L) (L) (L.) (P) .L (L) (L) P (L) (P) I (L) (L) I- (P (P) (99» ) ARGUMENTS. TERMES DE M. PLANA. TERMES NOUVEAUX. D-/' D + /' » U — il+l' 64 ' , > » — -or- e'iw' ; 32 « 5 , , a Te •—, 2 a 25 , , a 4 « 6673 , , a 192 a i5 , , « 32 a 65 , , « — — cV'—i 32 a 977 t 3 a (P) — ^Tem— 3 64 «r i5 , , « + eJ, i5, auxquels correspondent (à raison de 11° 1 1' par jour) les élon- gations de 90 et 2700. La Pleine Lune, ou opposition, et la Nouvelle Lune, ou conjonction, C. R., 18^2, 1" Semestre. (T. LIV, N° 18.) . ' ^° ( ioio ) Conséquemment il n'y a plus aucune raison de dire qu'elles ont une autre signification dans l'ouvrage d'Aboul Wéfa; au contraire, le texte de Geber vient à l'appui de l'opinion émise par M. Sédillot. Passons au texte d'Aboul Wéfa, Dans son chapitre X intitulé : Sur ta troisième inégalité que ion trouve à la Lune et qui est appelée [inégalité du mohadzat, l'auteur rappelle d'abord les deux premières inégalités, puis il dit : » Nous avons trouvé une troisième » inégalité qui survient à la Lune, dans les temps où le centre de l'épicycle » se trouve entre l'apogée et le périgée de l'excentrique; et le maximum » de cela arrive lorsque la Lune est en trine ou en sextile par rapport au » Soleil. . . . Dans ces cas-là cette troisième inégalité est d'environ une moitié » et un quart de degré (45').... Le fait de ceci est que nous avons observé la >» Lune dans de tels moments, avec les instruments que nous avons men- » tiennes ci dessus ; et, lorsque nous avons trouvé son lieu vrai dans un des n degrés du cercle du zodiaque, nous avons, par un calcul rectifié en tenant » compte des deux inéc/alités précédentes, obtenu sa place plus avancée ou » moins avancée d'environ un demi et un quart de degré. » On nous permettra d'admettre que par trine et sextile Aboul Wéfa en- tend les octants de même que Geber. Il reste à voir si la troisième inégalité, constamment de 45' dans les octants, tient lieu, dans l'intention d'Aboul Wéfa, de la prosneuse de Ptolémée. Or, rappelons- le, dans les deux observations de Ptolémée la Lutte se trouvait dans les conditions mêmes prescrites par Aboul Wéfa, et les inégalités auxquelles remédie la prosneuse ont des valeurs très-différentes, /|6'et r ':>(> . Jl n'est donc point possible d'admettre, quelque intelligence qu'on veuille attribuer à Aboul Wéfa, qu'il ait considéré une inégalité constante de \ > comme l'équivalent de la rectification de la prosneuse, surtout quand d dit que ces 45' sont la valeur maximum qu'atteint l'inégalité dont il parle (i). ont lieu dans le i5p et le 3o'- jour. Ces nombres sonl pour 1^,77 et 39', 53, qui font des élongations de 1800 et 3(io ou o". De même le premier sextile a lieu au 4e jour et le second an 26" jour. Cesnombres sont pour 3 i ,69 et ••.5', 80, auxquels correspondent 45 et 3i5°, premier et quatrième octant. Le premier trine a lieu le 11' jour, et le second le 19e jour. Ces nombres sont pour 1 i\o7 et i&,$6, auxquels correspondent 1 35 et aaS", c'est-à-dire le deuxième et le troisième octant. (1) Nous devons rapporter ici l'explication contraire que nous avions à réfuter : « N avant ■ qu'une compréhension imparfaite du sujet, il (Aboul Wéfa1, prend pour le maximum » absolu de celte inégalité la valeur particulière de l'écart qu'elle produit entre le lieu vrai , et le lieu moyen de la Lune, dans la première des observations d'IIipparque, donl ( 'on ) Ainsi il est certain que le texte d'Aboul Wéfa n'est point identique à celui de Ptolémée, non plus qu'à celui de Geber. Mais quel est le rôle que l'auteur attribue à son inégalité de 45'? Toute la question se réduit maintenant à ces termes. Sa solution, qu'on peut croire fort cacliée, puisqu'on a tant écrit depuis vingt-cinq ans sur ce sujet, nous paraît cependant ressortir assez clairement du texte même d'Aboul Wéfa. Les 45' s'ajoutent aux deux premières inégalités rectifiées par la prosneuse. En effet, l'auteur dit que ces 45' forment l'écart en plus ou en moins qu'il a trouvé entre le lieu de la Lune observé avec les instruments qu'il a mentionnés, et lelieu calculé, par un calcul rectifié en tenant compte des deux premières inégalités précédemment décrites. Or ce calcul est celui de la pros- neuse, car autrement il n'y aurait lieu à aucun calcul, parce que la Lune se trouvait, comme le dit expressément le texte arabe, à l'apogée ou au pé- rigée de l'excentrique^ auxquels cas les deux premières inégalités simples sont nulles. Il résulte donc absolument du texte d'Aboul Wéfa, du moins de la partie qui nous est connue, que sa troisième inégalité, loin de tenir lieu de la prosneuse, ne s'introduit qu'après la rectification des deux pre- mières inégalités par la prosneuse. Cette manièred'entendrelesystèmed'Aboul Wéfa, la seule possible, s'ex- plique naturellement si l'on se rend compte de l'ensemble de son ouvrage; car la rectification des deux premières inégalités parla prosneuse, ou dévia- tion du diamètre de l'épicycle, s'est trouvée décrite dans la première partie de la théorie de la Lune qui a été consacrée à l'exposition complète de tout le système des inégalités et du mécanisme des cercles qui sert à les représen- ter. Une phrase de l'auteur prouve bien qu'il en est ainsi, car il ajoute un peu plus loin : « En considérant ce que nous venons de dire, et faisant sortir >•• ce point par les voies que nous avons mentionnées à leur place, nous avons » trouvé sa distance au centre du monde.... » 11 s'agit du point autour >. Ptolémée a fait usage, c'est-à-dire 45' de degré, et il ajoute que cet écart n'est jamais » plus considérable, quoiqu'il s'élève à i°26' dans la seconde observation qu'il néglige, » bien qu'elle soit nécessaire pour établir la loi du phénomène, telle qu'il l'admet. ■> {Jour- nal des Savants, année 1 843, p. 735.) Ces mots: o dans la seconde observation qu'il néglige, » peuvent faire supposer au lec- teur qu'Aboul Wéfa a parlé de la première observation, où l'écart est de 46'. Or la vérité est qu'il ne parle d'aucune des deux observations; il semble donc qu'il n'y avait pas lieu de dire qu'il néglige la seconde. i3o.. ( 101-1 ) duquel on fait tourner le diamètre de l'épicycle pour produire sa déviation appelée prosneuse. Aboul Wéfa dit donc expressément qu'il a décrit pré- cédemment cette partie du système. Pourquoi n'en parle-t-il ici qu'incidem- mentet d'une manière secondaire? C'est que, dans tout ce chapitreX, comme dans ceux qui le précèdent et que nous connaissons, il se propose, non de décrire le système lunaire, ce qu'il a fait dans la première partie, mais de le démontrer; et que la démonstration de la prosneuse ne peut être qu'une conséquence de la démonstration finale de l'inégalité de 45' qui s'y ajoute, en plus ou en moins, et complète le système des inégalités. C'est ce que je crois avoir expliqué suffisamment dans la Lettre à M. Sédillot. » « M. Le Verrier place sous les yeux de l'Académie deux nouveaux dessins faits par M. Chacornav au moyen du grand télescope de M. Fou- cault. » Le premier représente un passage du satellite Titan sur le disque de Saturne. Outre l'ombre, M. Chacornac a pu apercevoir le satellite lui-même quand il se trouvait projeté sur les bandes brillantes au centre de la pla- nète : sur les bords le satellite était invisible. C'est le phénomène inverse qui a lieu lorsque les satellites de Jupiter sont vus sur la planète, ce qui indique une différence dans la constitution des atmosphères de ces deux astres. » Le second dessin représente la nébuleuse annulaire de la Lyre. » ÉCONOMIE RURALE. COLONISATION. — Note sur la culture du lin en Alaèr'u par M. Thém. Lestibocdois. « L'agriculture de l'Algérie, après des siècles de barbarie, est arrivée, comme toutes les industries, comme tous les arts de cette contrée, à un grand degré d'abaissement : l'exploitation pastorale du sol est la principale ressource des Arabes; la culture du blé et de l'orge, qui s'ajoute à l'élève des troupeaux, s'exerce sur une vaste surface, mais au moyen de méthodes très-grossières ; la jachère occupe une immense partie du sol arable, et conséquemment, pour vivre dans l'état où elles sont, les tribus algériennes ont besoin de terres fort étendues. » Il reste donc un nombre fort limité d'hectares disponibles pour la colo- nisation, et les travailleurs européens sont contraints de tirer plus de pro- duits d'une surface restreinte. Pour atteindre ce résultat, ils doivent s'efforcer de faire entrer les plantes industrielles dans leur assolement. L'étude du climat algérien, qui ne permet la végétation des piaules herba- ( io.3 ) cées que pendant une parlie de l'année, conduit à penser que les arbres, dont la végétation est persistante, sont appelés à tenir une place importante dans la production de l'Afrique septentrionale. Sous ce rapport, cette con- trée est bien favorisée : l'olivier, le mûrier, la vigne, le figuier, l'amandier et la plupart des arbres fruitiers y prospèrent admirablement. » Mais les végétaux ligneux font attendre leurs produits; ils ne peuvent occuper la surface du pays. La culture des céréales, qui est de première nécessité, doit alterner avec celle des plantes annuelles. On a donc cherché à introduire ces dernières dans la rotation adoptée par les cultivateurs algé- riens. L'exploitation du coton a été proposée et soutenue par des allocations budgétaires très-élevées ; elle pourra donner des résultats importants. Le tabac a déjà procuré des avantages considérables à notre colonie; elle a pu livrer jusqu'à 6 millions de kilogrammes de feuilles aux manufactures impériales. » Mais si les plantes exotiques peuvent rendre de grands services aux pays dans lesquels elles sont acclimatées, c'est avec bien plus de certi- tude, avec moins d'étude et de dépense, qu'on entreprend la culture des végétaux indigènes ou de leurs analogues. A mon sens, c'est par là qu'il faut commencer. » C'est dans cette pensée que j'ai étudié la flore de l'Algérie. Cette étude me semble seule pouvoir indiquer à priori quels sont les végétaux qui sont susceptibles d'être cultivés sur la côte septentrionale de l'Afrique ; elle doit dire quels sont ceux qu'on y peut sûrement introduire, mais surtout ceux qu'il est spécialement dans les vues de la nature d'y faire croître. Les her- borisations que j'ai faites dans la province de Constantine m'ont permis de constater que le lin croissait en abondance dans les prairies. On ne peut examiner une botte de foin à Gastonville, à El Arrouch, à Robertville, par exemple, sans y trouver de nombreux échantillons de cette plante. Cette observation me conduisit à conseiller, dès 1849, de songer à sa culture. On n'a pas tardé à l'adopter. » On cultiva une variété à tige courte et branchue, à capsules grosses et nombreuses, à graines volumineuses, et l'on réussit parfaitement : la tige était sans valeur, et la graine suffisait à indemniser le cultivateur. Mais si cette culture donnait des profits, ils n'étaient pas comparables à ceux qu'on obtiendrait si l'on cultivait la plante dans des conditions qui la rendraient propre à fournir la matière textile que recherche l'industrie. Les essais de culture furent dirigés dans ce sens et réussirent parfaitement, sans donner toutefois aucun avantage. Quand les récoltes furent obtenues, il se trouva ( ioi4 ) qu on ne pouvait ni vendre ni transporter au loin la plante en tige; que personne ne savait la rouir, et moins encore la teiller, la peigner, la con- vertir, en un mot, en une marchandise transportable et susceptible d'être vendue au consommateur. La récolte resta sans valeur; les producteurs lurent dégoûtés et la culture abandonnée. » J'eus soin alors de faire rouir sur prairie, c'est-à-dire par l'action de l'air, du soleil et de la rosée, les lins qui avaient été récoltés. Je les fis teiller, peigner et estimer sur le plus grand marché de France, celui de Lille. Le lin africain manquait de finesse, sa préparation laissait à désirer; il fut ce- pendant estimé égal à celui du Hainaut roui dans les mêmes conditions, et l'on déclara qu'il trouverait acheteur sur la place en quelque quantité qu'il se présentât. Parles progrès de la filature, du tissage, du blanchiment, les tissus de lin ont tellement baissé de prix, qu'ils sont à la portée de tous les consommateurs, et les produits de la culture ne suffisent nulle part aux demandes de l'industrie. » En cette situation, je crus convenable de faire des efforts pour engager les provinces algériennes à reprendre la culture d'une plante susceptible de leur donner d'immenses profits, si elles savaient la cultiver et la préparer convenablement. J'ai calculé que i hectare bien cultivé peut donner 5ooo kilogrammes de tiges, lesquelles fourniront 17 pour 100 de filasse, soit 85o kilogrammes. Celle que j'ai fait présenter à Lille a été estimée iZjo à i5o francs les 100 kilogrammes. A ce produit il faut ajouter la graine. 1 hectare donne, à Lille, 6 hectolitres de graines propres à la fabrication de l'huile, qui valent i5 francs l'hectolitre. Si les graines d'Algérie, comme on peut le supposer, étaient propres à reproduire la plante sans dégéné- rescence, elles vaudraient 45 francs l'hectolitre. » Il existe donc peu de cultures qui soient plus profitables; mais celle du lin présente de grandes difficultés : » Elle exige des méthodes particulières que les cultivateurs ne pourront connaître et mettre en pratique que s'ils ont de bons exemples sous les yeux ; » Elle demande un choix de graines propres à donner les meilleures variétés ; » Elle donne un produit qui n'est susceptible ni d'être vendu tel qu'il se récolte, ni transporté au loin : la partie utile, la filasse, dont le poids n'est que le sixième de celui de la tige, doit être séparée par le rouissage et le leillage. >' Le rouissage est un art qui demande une certaine habileté ; il exige ( ioi5 ) l'emploi de l'eau en assez grande quantité, et rend celle qui sert à ses opé- rations impropre à l'alimentation de l'homme et des animaux. » Le teillage ne peut s'opérer que par des ouvriers habiles et nombreux, ou à l'aide de machines nouvelles qui ne sont encore employées que dans les grands centres de production et qui doivent être dirigées par des hommes expérimentés. » La vente des produits ne peut s'effectuer que sur des marchés voisins des fabriques. » Le transport vers ces marchés, s'il doit se faire par mer, ne peut s'ef- fectuer que par des services spéciaux ou par grandes masses, qu'une culture naissante et un travail préparatoire restreint ne peuvent fournir. » Le prix de la denrée, soumise à de telles conditions, ne peut rentrer que tardivement dans les mains des producteurs, et pourtant ceux-ci, dé- pourvus de capitaux, ne peuvent attendre. Assurément, ce sont la de grandes difficultés. » Je voulus d'abord me rendre exactement compte des procédés du rouis- sage et du teillage, afin de m'assnrer s'ils pourraient être pratiqués dans les provinces algériennes ; je me rendis dans l'arrondissement de Lille, sur les bords de la Lys, où tous les anss'entassent des montagnes de lin. La rivière était pleine, et ses rives, sur une étendue de plusieurs lieues, étaient cou- vertes de bottes de la plante textile qui attendaient l'immersion. De temps immémorial le sens pratique des cultivateurs flamands leur a fait connaître que la Lys donnait les meilleurs résultats pour le rouissage. On a constaté, en effet, que ses eaux sont les plus pures du pays; c'est avec le concours de ces eaux qu'on obtient les magnifiques lins blonds qui ont fait la richesse de Courtray. Mais on rouit aussi dans les marais à Douay, à Saint-Nicolas en Belgique. C'est parce moyen que, dans cette dernière localité, on obtient ces lins aux teintes foncées qui, combinés dans le tissage avec les fils blanchis, forment les beaux linges damassés, fort recherchés et fort bien payés. Enfin on rouit dans des fosses en maçonnerie, remplies d'une eau dont la tempé- rature est élevée par un jet de vapeur., et qui est renouvelée par une machine. » Je cherchai alors s'il y avait dans la province de Conslanline, dans le voisinage des routes et non loin de la mer, des lieux où l'on pourrait rouir le lin. Je pensai qu'il fallait renoncer à l'emploi des eaux courantes; elles sont trop rares en Algérie, trop nécessaires aux hommes et aux bestiaux pour cpi'on puisse les détourner de l'usage alimentaire auquel elles sont con- sacrées. Mais je crus qu'il serait possible d'emplover d'abord au rouissage leseaux d'irrigation qu'on répandrait ensuite sur les terres ; elles y porte- ( ioi6 ) raient des principes azotés qui auraient la propriété de fertiliser le sol. Cer- tains terrains qui reçoivent les eaux chaudes du Ilammah, près de Constan- tine, me parurent propres à l'établissement des fosses à rouir. Cependant le marais situé à l'embouchure du Saf-Saf, à quelques kilomètres de Philip- peville, et séparé de cette ville par une montagne élevée, me parut réunir plus particulièrement les conditions qu'exige nn bon rouissage. Pour ne pas compromettre le lin soumis à cette opération, une longue pratique est néces- saire, mais elle n'exige pas un personnel nombreux. La question du rouis- sage me paraissait donc résolue. )> Quand le rouissage est terminé, il faut faire sécher le lin et procéder au teillage. Autrefois on l'opérait par un procédé manuel : des ouvriers nombreux et longtemps exercés saisissaient des poignées de lin, et frappaient lesligesà coups redoublés au moyen d'une planchette, de manière à briser les tissus ligneux, 1'épiderme, etc., et à les séparer des fibres corticales, qui en raison de leur élasticité résistaient aux coups et constituaient la filasse. Il fallait toute une population habituée à ce genre de travail pour préparer les produits d'une grande culture. Il n'était pas possible de créer ou transporter une telle po- pulation en Algérie; mais, depuis un certain temps, on a demandé aux arts mécaniques des moyens de teiller le lin. D'abord oh a mal réussi, puis on a eu plus de succès ; on a construit des machines compliquées, puis des ma- chines très-simples et peu dispendieuses. J'allai visiter les divers ateliers pour apprécier les différents systèmes adoptés. J'ai été heureusement aidé dans cette étude par M. Leurent, membre du Conseil général du Nord, filateur de lin, et je me suis convaincu qu'il était possible de transporter et faire fonctionner ces machines en Algérie avec succès, sans le secours d'un trop grand nombre d'ouvriers spéciaux. » Il restait à savoir comment on pourrait expédier le lin préparé : la voie de mer, de Bône et Philippeville à Dunkerque, est bien longue; les vaisseaux qui font l'hitercourse entre ces ports sont bien rares ; noliser des navires exprès pour faire ces transports est bien difficile. Un seul vaisseau de 600 tonneaux emporterait les produits de 600 hectares, et la culture commence- rait évidemment sur une petite échelle. D'ailleurs les machines qu'on instal- lerait devraient être proportionnées à la culture ; elles devraient être calcu- lées de manière que, par leur travail de toute l'année, elles arriveraient à préparer toute la récolte ; le chargement ne serait donc prêt qu'à la fin de la campagne; puis la navigation prendrait de trois à six mois : conséquem- ment, le cultivateur devrait attendre dix-huit mois avant de rentrer dans ses avances. C'était impossible dans la situation des colons algériens : il ( i°'7 ) fallait donc songer à une antre voie. Un paquebot à vapeur part toutes les semaines de Bône et de Philippeville pour Marseille; un chemin de fer s'étend de Marseille à Lille : j'ai calculé que le prix de transport de Phi- lippeville à Lille serait de 9 centimes par kilogramme; la filasse de lin peut supporter cette dépense. Le coton d'Egypte va dans le département du Nord par Marsei'le et le chemin de fer, le lin peut suivre la même voie. Le prix indiqué serait plus modique si on obtenait pour le lin, comme pour le coron, un abaissement des tarifs. Il y a donc moyen de faire transporter la mar- chandise rapidement et par petites quantités, de sorte que chaque semaine le lin travaillé pourrait être expédié, et le colon toucherait son argent la se- maine suivante. » Il me paraissait donc certain que le lin pouvait prospérer en Algérie ; qu'il pouvait y subir les préparations nécessaires, et qu'on pouvait l'expé- dier régulièrement sur les marchés, où il se placerait avantageusement. » Il s'agissait alors de déterminer les colons à entreprendre une culture difficile et peut-être onéreuse d'abord, mais qui donnerait assurément des bénéfices dans un avenir peu éloigné. » Il était manifeste qu'ils ne se décideraient à l'adopter que si on mettait en leurs mains les graines produisant des variétés convenables; que si on plaçait sous leurs yeux des exemples de culture qui ne laissassent rien à désirer; que si on créait à leur portée des établissements qui pussent rouir et teiller le lin par les meilleurs procédés; que si on leur donnait l'assurance qu'ils vendraient leurs récoltes sur pied, ou en bottes, ou après préparation; qu'ils en toucheraient promptement le prix, que même on leur ferait des avances quand ils les consigneraient. » Pour réaliser toutes ces condilions, des capitaux assez considérables étaient nécessaires; des risques étaient à courir, puisqu'il fallait acheter des graines et des machines, fonder des établissements, transporter un personnel de directeurs, contre-maîtres, ouvriers, et faire tous les déboursés, sans sa- voir si les agriculteurs de la province consentiraient à entrer dans la voie qu'on leur ouvrait. Il fallait donc que l'Administration accordât son con- cours, et qu'une direction fût imprimée à une entreprise si complexe. » Je n'hésitai pas, en 1860, à proposer au Conseil général deConstau- tine, que j'avais l'honneur de présider, d'accorder un encouragement à la culture el aux diverses transformations de lin. Ce Conseil, dont la sollicitude pour les intérêts algériens est si constante, adopta ma proposition, et alloua un crédit de 10 000 francs sur l'exercice de 1861, pour atteindre le but C. R., 1S62, l" Semestre. (T. LIV, N° 18.) i*1 ( ioi8 ) indiqué. Je ne demandai pas que l'Administration achetât les recolles a un prix supérieur à celui du commerce et les fit préparer et vendre. A mon avis, par ce procédé on risque de dépenser beaucoup et de créer des cultures artificielles. Je pense que les colons doivent cultiver à leurs risques et périls; seulement il faut qu'ils trouvent près d'eux les moyens de tirer parti de leurs produits. » Je pensai que, pour arriver au but, on pourrait créer un syndicat qui serait composé des cultivateurs eux-mêmes, des membres des chambres de commerce et d'agriculture, et qui, recevant le subside de la province et formant un capital par souscription, fonderait les établissements que requiert la préparation du lin, et se chargerait du placement des produits. » Mais la formation du syndicat rencontra des impossibilités : on reconnut que les capitaux qu'il fallait avancer étaient trop considérables pour qu'on pût espérer les réunir dans la colonie; on sentit que les connaissances qui étaient nécessaires étaient trop spéciales pour qu'on put les trouver chez des hommes qui ne s'étaient pas exclusivement livrés aux diverses industries qui se rattachent au commerce des lins. » Il restait une espérance : on pouvait invoquer le concours des hommes qui habitent les grands centres industriels. Je m'adressai à MM. Lahousse et Rouzé, de Lille; le premier, qui fait un commerce considérable de lin, le second, banquier, membre du conseil municipal, président du tribunal de commerce. Il s'agissait d'entamer une affaire qui pouvait prendre des proportions considérables, et surtout de se vouer à une entreprise qui avait un caractère évident d'utilité publique : leur concours me fut immédiate- ment assuré. Ils consentirent à expédier des graines de choix en quantité suffisante pour ensemencer, au moins, 100 hectares, à transporter en Algérie le matériel et le personnel nécessaires pour rouir et teiller les produits de cette quantité de terre; ils s'engagèrent à préparer ces produits pour un prix équitablement déterminé et fixé à l'avance, à acheter les lins à prix dé- hattus, sur pied ou en bottes, ou à les acheter teilles au cours de la place de Lille, ou enfin à les placer pour le compte des colons, moyennant une commission commerciale, en garantissant les payements, et même en taisant des avances sur les marchandises consignées sans délai; ils désignèrent un délégué, qui m'accompagna en Algérie, et que je mis en rapport avec l'au- torité préfectorale, auprès de laquelle il trouva le plus bienveillant accueil. M. le préfet Lapaine concourut de tout son pouvoir et avec un zèle infati- gable à faire résoudre toutes les difficultés. » Le lieu du rouissage fut choisi à l'embouchure du Saf-Saf; la terre où ( ,019 ) devait s'effectuer la culture modèle et où l'on devait étendre les lins rouis fut louée; l'établissement du teillage fut fondé; les colons furent avertis et renseignés sur les procédés et sur les avantages de la culture du lin. Les graines furent expédiées, les labours entrepris, les ensemencements faits. On eut soin, afin de constater ce qui convenait le mieux au climat d<- l'Afrique septentrionale, de semer en décembre, en janvier, eu février. 5o hectares environ furent ensemencés; MM. Labousse et Rouzé firent cul- tiver, avec tout le soin désirable, une pièce de i3 hectares qui devait être comme un spécimen d'une culture rationnelle; aujourd'hui la récolte est faite; le rouissage et le teillage sont commencés, et le lin d'Algérie, peigné et peut-être filé et tissé, tiendra sa place à l'Exposition de Londres. » J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un échantillon de lin en tige, pris dans l'exploitation de MM. Labousse et Rouzé. Il a été cueilli avant la maturité; celui qu'on a laissé croître a encore grandi de 10 centimètres au moins. On peut constater que sa dimension est très-belle, sa finesse très-re- marquable, ses qualités comparables à celles des plus beaux lins des envi- rons de Lille. Je joins à ces tiges des échantillons de la filasse qu'elles ont donnée. >- Les produits obtenus par la majorité des colons sont loin de valoir ceux dont nous venons de parler; malgré les instructions données, les cul- tivateurs n'ont pas suffisamment ameubli, fumé et nettoyé leurs terres; ils n'ont pas semé assez dru, de sorte que les tiges des plantes ne sont pas aussi longues, aussi minces, aussi droites, aussi privées de ramifications que celles qu'on obtient quand on emploie i hectolitres \ de graines par hectare. Enfin les sarclages ont été négligés. Plusieurs propriétaires ont cependant obtenu des produits qui laissent peu à désirer. Parmi eux on peut citer M. Gourgaset M. de Mareuil, tous deux membres du Conseil général. J'aurai à l'exposition de Londres du lin recueilli sur mes terres et cultivé par des Arabes. Les lins semés en février paraissent être ceux qui ont le mieux réussi. » En résumé, si les premiers essais faits sur une grande échelle n'ont pas eu tous un plein succès, les résultats sont assez beaux pour qu'on soit satisfait. Ils donnent l'assurance que l'Algérie possède désormais une plante industrielle qui peut être pour elle une source de prospérité; mais en même temps ils montrent combien il est difficile de transplanter dans un pays une culture et une industrie nouvelle; ils montrent combien il faut remplir de conditions rigoureuses pour réaliser une telle entreprise. » i3i.. ( 1020 NOMINATIONS. L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination de la Com- mission qui sera chargée de l'examen des pièces admises au concours pour le prix de Mécanique de la fondation Montyon. MM. Poncelet, Combes, Clapeyron, Morin, Piobert réunissent la majo- rité des suffrages. MEMOIRES LES. PHYSIQUE — Note sur un résultat de la congélation des eaux potables; par M. Robinet. (Commissaires, MM. Becquerel, H. Sainte-Claire Deville.) « Dans leur bel ouvrage, MM. Pelouze et Fremy s'expriment ainsi à pro- pos de la congélation de l'eau qui tient des sels en dissolution. « L'eau qui » tient des sels en dissolution se congèle plus lentement que l'eau pure. » Lorsqu'une dissolution saline éprouve une congélation partielle, c'est » l'eau pure qui se solidifie en premier lieu, tandis que les sels restent dans » l'eau mère. Cette propriété a été appliquée à la concentration des eaux » salées. » En effet, tous les chimistes savent que les glaçons qui se forment dans l'eau de la mer, donnent de l'eau douce lorsqu'ils sont débarrassés de l'eau salée qui peut adhérer à leur surface. La congélation partielle des vins, pratiquée en grand, est un autre exemple du phénomène, duquel il résulte que les cristaux de l'eau, en se formant, excluent la plupart des substances que l'eau tenait en dissolution. Je viens ajouter un nouvel exemple à ceux que j'ai rappelés et qui ne sont pas les seuls que j'aurais pu citer. » Ayant dû faire depuis quelque temps un très-grand nombre d'essais hvdrotimétriques sur des eaux potables de diverses natures, l'idée m'est venue de m'assurer jusqu'à quel point les petites quantités de sels con'enues dans ces eaux étaient éliminées de la glace formée par la congélation par- lit'lle de l'eau. » En conséquence, j'ai recueilli dans le lac du bois de Boulogne, le •il\ janvier, alors que la glace était déjà en partie liquéfiée, un glaçon bien pur. J'ai eu soin de prendre aussi un échantillon de l'eau dans laquelle il nageait. Mon premier soin a été de placer le glaçon dans un entonnoir au- ( 1021 ) dessus d'un flacon. En attendant sa liquéfaction, j'ai déterminé le degré hydrotimétrique de l'eau du lac. 11 était de 3o°,o8. Dès qu'une partie de la glace a été fondue, je me suis empressé de soumettre l'eau ainsi obtenue à l'épreuve hydrotimétrique. Ne soupçonnant guère le résultat que j'allais trouver, j'ai tout d'abord versé dans mes 4o grammes d'eau de glace 4 degrés delà liqueur savonneuse. Je me suis aperçu aussitôt que j'avais sensiblement dépassé la quantité nécessaire pour obtenir le demi-centimètre de mousse persistante qui indique la saturation des matières capables de décomposer le savon. » J'ai recommencé l'expérience en versant deux divisions seulement de liqueur hydrotimétrique ; mais cette fois encore j'ai reconnu que j'en avais trop employé. » Dans un troisième essai, j'ai versé la liqueur d'épreuve goutte à goutte, et j'ai obtenu le résultat cherché avec la quantité de liqueur comprise entre les deux zéros de l'instrument, c'est-à-dire avec la petite quantité néces- saire pour faire mousser l'eau distillée la plus pure. » Ma glace ayant continué à se liquéfier, j'ai obtenu une seconde quan- tité d'eau de glace. Essayée par le même procédé, elle a donné exactement les mêmes résultats. Je dois faire remarquer que pendant le transport de la glace il y avait eu un peu de liquéfaction et que j'avais rejeté cette pre- mière eau, comme suspecte de participer quelque peu de la nature de l'eau fluide du lac. » Ainsi donc, en laissant fondre un morceau de glace bien pure, formée sur une eau marquant 3o°,o8 hydrotimétriques, j'avais obtenu de l'eau en apparence aussi pure que l'eau distillée. J'ai cherché à vérifier ce résultat par un autre procédé. » 10 grammes d'eau de glace ont été évaporés dans une capsule de pla- tine légère, tarée dans une balance d'essai très-sensible. Il est resté au fond de la capsule quelques cercles de matière blanchâtre, à peine visibles et impondérables. Au centre pourtant la chaleur a développé une pelite tache brune, sur la nature de laquelle il était impossible de se méprendre. C'était un peu de matière organique; mais l'eau n'ayant pas été filtrée, il reste douteux de savoir si cet atome de matière était dissous ou seulement suspendu dans mon eau de glace. » 10 grammes de l'eau du lac évaporés dans une autre capsule ont laissé un résidu d'un blanc jaunâtre très-appréciable, mais dont on n'a pas cher- ché à déterminer le poids. » Enfin j'ai tenté une troisième expérience pour constater la grande ana- ( 1022 ) logie qui paraissait exister entre mon eau de glace et l'eau distillée. Dans des quantités semblables des deux eaux du lac, j'ai ajouté comparativement de l'azotate d'argent, de l'azotate de baryte et de l'oxalate d'ammoniaque. » Dans l'eau du lac, recueillie fluide, les trois réactifs ont formé des pré- cipités très-sensibles. Dans l'eau de glace, l'azotate d'argent n'a produit aucun trouble. L'azotate de baryte et l'oxalate d'ammoniaque n'ont produit qu'un peu de louche à peine perceptible. » Il semblait donc résulter de cette première série d'expériences, faites sur l'eati du lac, que la congélation avait éliminé d'une eau marquant 3o°,o8 hydrotimétriques toutes les substances capables de décomposer le savon, an point que l'eau provenant de la liquéfaction de la glace pouvait être sensiblement confondue avec de l'eau distillée. Désirant pousser plus loin ces recherches, j'ai exposé dans des vases plats, à l'air, dans un jardin, des eaux de diverses natures; mais je m'y étais pris trop tard, le froid n'a pas été cette fois assez intense pour congeler mes eaux. » Désappointé sous ce rapport, j'ai eu recours au froid artificiel. » Des carafes ont été remplies de trois espèces d'eau qui m'étaient bien connues: i° de l'eau de l'Ourcq des bornes-fontaines, marquant 290, 14 hydrotimétriques; 1° de l'eau d'un puits de Paris, marquant ii2°,8o; 3° de l'eau d'un puits de Reims, à 77°,o8. Les trois carafes ont été plongées dans un mélange réfrigérant. Quand il m'a paru qu'il s'était concrète une quantité suffisante de glace, j'ai décanté l'eau restée liquide, et j'ai laissé fondre la glace, en ayant soin de fractionner l'eau provenant de la liqué- faction. Puis j'ai soumis à l'épreuve hydrotimétique d'une part les eaux de glace, et d'autre part ce que j'appellerai, pour abréger, les eaux mères de cette expérience. » Eau de t'Oùrtiq. — L'eau de glace de la première fusion marquait 1 5°, 98 au lieu de 290, 1/» que donnait l'eau brute. L'eau de la deuxième fusion ne marquait que 6°, 58 au lieu de 29°,! l\. L'eau mère donnait par contre 4i°,36. « Eau de puits de Paris. — L'eau de la première fusion était encore très- chargée de sels calcaires ; elle marquait 88°, 36 au lieu de 1 ia°,8o. » L'eau de la seconde fusion n'a plus donné que 3i°,9(i, environ le quart des degrés de l'eau brute. L'eau mère avait gagné 5 à 6 degrés; elle marquait 1 i8°,44- » Eau de puits de Reims. —On n'a pu recueillir qu'une seule fusion, la glace étant en petite proportion. Cette eau de glace marquait 36°,66 au lieu de 77°,o8. L'eau mère ne s'était que faiblement concentrée. Il résulte de cette expérience que les trois eaux soumises à la congélation artificielle ( ioa3 ) ont donné des résultats qui confirment les précédents, mais qui sont moins tranchés; la séparation des sels calcaires et magnésiens n'a été que par- tielle. 11 parait facile de se rendre compte de la différence. » Enfin j'ai voulu, avant de parler île ces observations, corroborer les faits par de nouvelles épreuves. » J'ai pris chez un glacier de mon voisinage un morceau de la glace qu'il emploie dans son laboratoire. Cette glace était bien loin d'être aussi belle, aussi blanche, aussi transparente que celle du bois de Boulogne. J'ai su qu'elle avait été ramassée sur les bassins qui se trouvent dans les bas- fonds situés au midi de Paris. Dans ces bassins, l'eau s'élait congelée presque jusqu'au fond. Cette glace a donné de l'eau un peu lourde et visi- blement impure. Néanmoins, éprouvée à l'hydrotimètre, elle n'a marqué que 3°,o5 , ce qui ne se rencontre dans aucune des eaux du bassin de Paris. Évidemment cette eau avait subi en grande partie, par la congélation, une épuration analogue à celle observée dans l'eau du bois de Boulogne. » Pour ne laisser aucun doute sur le phénomène, je suis allé prendre dans les glacières de la ville un morceau de la glace ramassée sur le lac. Celte glace, d'une grande pureté, a donné de l'eau qui n'a pas même exigé, pour se couvrir d'une mousse persistante, la petite quantité de liqueur savonneuse exigée par l'eau distillée. 11 n'a guère été employé que la moitié de cette quantité. Cette différence est due sans doute à ce que l'eau dis- tillée retient un peu d'acide carbonique puisé dans l'atmosphère, tandis que mon eau de glace en était entièrement exempte. » Je me crois en droit de conclure de ces observations que, dans la congélation des eaux potables, la petite quantité de sels calcaires et ma- gnésiens qu'elles contiennent est éliminée de la même façon que les sels plus solubles dissous dans l'eau de la mer ou toute autre dissolution saline artificielle. La pureté de l'eau obtenue par la liquéfaction de cette glace paraît être telle, qu'on pourrait l'employer dans beaucoup de cas comme l'eau distillée, du moins lorsque la congélation a eu lieu avec des circonstances favorables. » Je joins ici le tableau des expériences que j'ai pu faire depuis le 24 janvier, et dans le détail desquelles il m'a paru inutile d'entrer. ( 1024 ) Tableau des essais faits sur les eaux de glace. DATES des EXPÉRIENCES. 24 Janvier 1862.. 28 Janvier 1862.. 3 1 Janvier 1862. . W ld 3 Février 1862.. 8 Février 1862.. ld ld 10 Février 1862.. ld . i4 Février 1862.. 16 Février 1862.. 5 Mars 1862. . . . ld Id ORIGIAE DE L'EAU 01 DE LA GLACE. Grand lac du bois de Boulogne Glaciers du Montparnasse Ourcrj; congélation artificielle Puits de Paris; congélation artificielle. Puits de Reims; congélation artificielle Glacières de la Ville Neige recueillie à Paris Ourcq ; congélation dans un plat Puits de Paris; congélation dans un plat Stalactites de glace; place Dauphine. . Bassin des Tuileries Bassins de Chaillot Écluse de la Monnaie Fontaine de la place Saint-Sulpice . . . Bornes-fontaines Fontaine de la place Saint-Sulpice. . . TITRE de l'eau brute. TITRE de l'eau de glace. 0 3o,o8 0 0,00 » 3,o5 29,14 I 12 ,80 77,08 6,58 3 1,96 36 66 3o,o8 o,oo D 29. '4 1 1 2 ,80 3 »97 2,58 i5,6i 33,84 4,23 1,88 T I ,28 1,12 .8,93 26,00 '.'7 o,47 26,0O 33 ,84 •>'7 2,20 MEMOIRES PRESENTES. L'Académie reçoit un travail destiné an concours pour le grand prix de Sciences mathématiques de i 863 (question concernant la théorie des phé- nomène capillaires). C'est la seconde partie d'un travail dont la première a été reçue en 1 86 1 . L'auteur, dans la Lettre d'envoi qui porte la même épigraphe que les deux Mémoires, annonce l'intention de mettre à profit le temps qui lui reste jus- qu'à la clôture du concours pour terminer une antre série de recherches qu'il a entreprises sur le même sujet et dont il se propose d'adresser les résultats à l'Académie avant le ier janvier 1 863. Réservé pour la future Commission. ( 1025 ) M. Trouessart rappelle à l'Académie, au sujet du Mémoire que M. Giraud Teuton a lu à l'Académie sur les causes et le mécanisme de cer- tains phénomènes de polyopie monoculaire , qu'il s'est occupé de ces phéno- mènes dans la Thèse de Doctorat soutenue au mois d'août i 854, devant la Faculté de Paris. « M. Giraud Teulon, dit M. Trouessart, ne fait que reproduire, sans le savoir, l'explication, je ne dis pas physiologique, mais physique que j'en avais donnée, il y a bientôt huit ans. Comme lui, j'avais montré que les lentilles homogènes de l'optique, dans l'œil artificiel, ne présentaient la multiplicité des images, en deçà ou au delà des limites de l'accommodation, que quand on plaçait, par devant ou par derrière, l'optomètre de Scheiner a trous d'épingles multiples; mais qu'avec un semblable diaphragme on reproduisait à volonté tous les phénomènes de la polyopie unioculaire; que par conséquent, pour expliquer la multiplicité d'images si manifeste pour tout œil myope, en deçà ou au delà de la distance de la vision distincte, il fallait supposer dans les milieux réfringents de l'œil un réseau à mailles transparentes et à filets plus ou moins opaques divisant le faisceau lumineux comme l'écran à trous multiples de Scheiner. Il est vrai que, très-peu versé dans la connaissance pratique de l'anatomie et de la physiologie de l'œil, je n'avais pu assigner la place de ce réseau. J'avais seulement rappelé que Muller, dans son Manuel de Physiologie, t. II, p. 375, avait déjà signalé les « divers champs de fibres dont se compose le cristallin, » et j'avais indiqué en outre le réseau vasculaire que certains physiologistes avaient cru reconnaître dans le corps vitré, les corpuscules disséminés dans ce même corps, dans le cristallin et l'humeur aqueuse, observés par Levvenhoek, et enfin les points opaques irrégulièrement distribués sur la cornée et révélés par les phénomènes qu'avait décrits M. Péclet. Mais quelle que fût la place du réseau principal, j'avais exposé une méthode expérimentale pour en obtenir, en quelque sorte, la projection sur la rétine, et j'avais dessiné l'apparence que, pour mon œil, présentait ce réseau. J'avais également fait une dernière expérience de M. Giraud Teulon, c'est-à-dire « l'observation » d'un petit point de la grosseur d'un trou d'épingle assez éclatant et visé... » en dehors des limites de l'accommodation, » et j'avais expliqué par la dispersion des images multiples de ce point (images qui, à cause de leur petitesse, se séparaient complètement en rayonnant dans certaines directions autour de l'image centrale) la forme étoilée des petits objets lumineux. C. R., 1862, 1« Semestre. (T.JLIV, N° 18.) ! ^2 ( io-jt6 ) » Au point de vue de la théorie physique de la vision, mou explication était donc complètement satisfaisante; et s'il y a quelque mérite à cela, je crois qu'il m'appartient. Mais l'œuvre du physiologiste restait toute à faire, c'est-à-dire qu'il restait à déterminer la position et la structure du réseau oculaire. Si la découverte de M. Giraud Toulon se confirme, il aura fait faire un grand pas à la physiologie de la vision. » (Kenvoi à l'examen des Commissaires nommés pour le Mémoire de M. Giraud Teulon : MM. de Senarmont, Bernard, Fizeau.) CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles recherches sur l'acétate d' iode ; par M. P. Schltzf.nbergek. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Balard, Fremy.) « J'ai indiqué dans un Mémoire antérieur les circonstances dans les- quelles se forme l'acétate d'iode, ainsi que les produits de sa décomposition sous l'influence de la chaleur, de l'eau et de l'alcool. Ce composé, assez remarquable par ses caractères chimiques, prend naissance : » i° Par l'action du protochlorure d'iode sur l'acétate de soude; » 20 Par l'action de l'iode libre sur l'acétate de chlore. » Au moment de la publication, je n'étais pas encore parvenu à isoler le produit dans un état de pureté convenable pour l'analyse à cause de dif- ficultés pratiques qui ressortent de son peu de stabilité; mais, en tenant compte de son mode de génération et de dédoublement, ainsi que de la ( . H ( ) i "I composition de l'acétate de chlore . JO (*) déterminée par expé- rience, j'avais cru pouvoir le représenter par la formule analogue » La préparation Ai\ produit par l'iode et l'acétate de chlore, seule voie par laquelle je pouvais espérer réussir, est une opération dangereuse, car le plus souvent au moment où l'on ajoute les premières portions d'iode, l'acétate de chlore fait explosion en brisant les vases avec violence. J'ai mo- (*) G = 12, 9 =16, H = i. ( 102J ) difié cette réaction en la rendant plus maniable. An lien d'ajouter l'iode à l'acétate de chlore préparé d'avance, je fais passer un courant d'acide hvpo- chloreux dans l'acide acétique anhydre tenant en suspension de l'iode (io-i5 grammes d'iode pour 3o grammes d'acide acétique) ; à mesure que le gaz arrive, l'iode se dissout avec élévation de température : aussi convient-il de refroidir. Pendant la première phase de l'opération, il se dégage peu de chlore. Au moment où tout l'iode a disparu, la liqueur possédant encore une teinte jaune foncée, on voit se former un abondant dépôt de cristaux en aiguilles allongées; en continuant à faire passer le courant d'acide hypo- chloreux, on fait disparaître peu à peu ces aiguilles; en même temps il se dégage beaucoup de chlore; le liquide se décolore tout à fait, et au bout de quelques instants il se dépose une masse abondante de cristaux grenus incolores dont nous nous occuperons d'abord. Ces cristaux se colorent très-rapidement en brun chocolat sous l'influence de la lumière. On peut les purifier en les lavant à plusieurs reprises avec de l'acide acétique anhydre froid et les redissolvaut ensuite à chaud (6o°) dans ce même liquide; ils se déposent, par le refroidissement lent dans l'obscurité, sous forme de prismes courts, volumineux, incolores et transparents, à faces rhomboïdales bril- lantes. On peut les débarrasser de leur eau mère acétique en leségouttant rapidement sur une brique en plâtre et en les desséchant dans un courant d'air sec à 5o°. Leur forme paraît dériver du prisme rhomboïdal oblique. A l'air, ils tombent très-rapidement en déliquescence avec dépôt d'iode. A ioo°, ils se décomposent lentement; entre ioo° et i441 4'>24 42>28 » 42>83 » Oxygène .... Anal, à la chaux. Anal, à l'eau. » « Ces résultats, si l'on tient compte des circonstances dans lesquelles le corps a été produit, conduisent à la formule €6H9I©6. Calcul. Carbone 23,68 Hydrogène 2 , 96 Iode 41 > 77 Oxygène 3 1 , 57 Cette formule doit s'écrire sous la forme 3(G!H3Ô) TW 1 » Ainsi, en se substituant au chlore de l'acétate de chlore ou au sodium de l'acétate de soude, l'iode, au lieu de fonctionner comme radical nw- noatomique, se comporte comme radical triatomique. » Les équations de génération sont alors 3[G'H'C>]-M' =.<"C + 3|o., 3[G,H^jo] + 3ClI = l. + 3CINa + 3,;,|1"1,:jo. » En effet, dans cette dernière réaction, il y a toujours mise en liberté d'iode. » La décomposition, sous l'influence de la chaleur, s'exprime par l'équa- tion 3«(;'h';,!»}o.=26o.+«h.i+<;,'(i;,i:j„. ( Ioa9 ) » Les cristaux en aiguilles, qui se déposent dans la première phase de l'opération, peuvent se purifier comme l'acétate d'iode. Ils se déposent d'une solution chaude et concentrée dans l'acide acétique au hydre sous forme de longs et heaux prismes aplatis légèrement jaunâtres; mais on ne peut les dessécher dans un courant d'air sec ou dans le vide sans qu'ils sc- décomposent en laissant un résidu d'acétate d'iode. L'eau les décompose sans dépôt d'iode. Par la chaleur, ils font explosion en donnant du proto- chlorure d'iode, de l'acide carbonique et de l'acétate de méthyle. Ils con- tiennent du chlore et de l'iode dans les rapports des équivalents; l'acétate de chlore les transforme en acétate d'iode avec dégagement de chlore. » D'après ces notions, leur formule probable est [3je.]Cl.r « Leur solubilité, dans l'acide acétique anhydre, est plus grande que celle des cristaux grenus. » mécanique. — Influence de la rotation de la terre sur le mouvement des corps pesants à sa surface; par M. Bourget. (Extrait.) (Commissaires, MM. Delaunay, Bertrand.) « On a étudié plusieurs fois déjà l'influence de la rotation de la terre sur le mouvement du pendule, sur la chute libre des corps dans le vide, sur le mouvement des projectiles dans l'air; je n'ai vu nulle part traité le pro- blème du mouvement d'un point matériel sur un plan incliné, en tenant compte des perturbations produites par la rotation du globe. Je me propose d'en indiquer ici la solution. » Ce problème offre ceci de remarquable qu'on peut le traiter complète- ment, sans négliger aucun terme pour faciliter l'intégration, et on arrive â des conséquences extrêmement curieuses. » Un point abandonné à lui-même sur un plan incliné ne descend sui- vant la ligne de plus grande pente que dans le cas ou le plan est perpendicu- laire au parallèle du lieu. Dans tout autre cas il décrit une cycloïde dont le cercle générateur roule uniformément sur l'intersection du plan incliné avec le plan horizontal qui passe par le point de départ. On fait abstraction du frottement et des variations de la latitude. » Un point matériel lancé sur un plan horizontal ne décrit pas une ligne ( io3o ) droite, mais un cercle tangent à la direction primitive. Dans la région bo- réale, ce cercle est placé de telle sorte qtte le mobile dévie à droite de la ligne d'impulsion, relativement à un observateur placé au point de départ. » VNALYSE mathématique. — Sur les Nombres de Bernoulli et sur quelques formules qui en dépendent; par M. E. Catalan. (Commissaires, MM. Bertrand, Serret.) « L'une des savantes Notes ajoutées, par MM. Hermite et Serret, an Traité élémentaire de Lacroix, a rappelé mon attention sur quelques résul- tats assez simples, auxquels j étais parvenu depuis longtemps. Je demande à l'Académie la permission de les lui soumettre. » 1. Expression générale des Nombres de Bernoulli. — M. Serret reproduit, a peu de chose près, le calcul donné autrefois par Lacroix, d'après Laplace. Ce calcul est assez compliqué, et la formule à laquelle il conduit n'est pas la plus simple que l'on puisse employer quand on veut calculer directement le p'e"" Nombre de Bernoulli. Dans une Note insérée an Journal de M. Tor- tolini (*), j'ai démontré la formule : laquelle équivaut à i B» = 7 ~ l ( aP ~ ' P ) + 1 { y ~ 7 2" + r " ) - • ' " (A) < r f i n ( *~r* [(p + 'T-^p^'^—ip-^-- ■ • ± ■')] r ■ » Dans la même Note, j'ai indiqué un procédé qui permet de calculer de proche en proche, et très-simplement, les différences successives de ip. » IL Développement de -r— — — On peut, de bien des manières, prouver (*) Juillet-août 1859. (**) A l'exemple «le Lacroix (Calcul des différences, t. III, )>. 84), j'appelle \\r te coef- ficient île n dans le développement de ,/H-l _,_ 2p-H _J_# ..._J_ ftf+l^ ordonné suivant les puissances de a. D'ailleurs 1^ = 0 lorsque p est pair et plus grand .2.3.4.5o » III. Développement de .rcotjf. — Si, dans l'équation (B), on change x en x \ — 1, on obtient, comme l'on sait, (D) xcotx = i - \K,x2 + 42A,.r4 - (? k* x* -h » IV. Développement de — — — On a, identiquement, 1 1 cot- x — cotx = -. — : 2 sin x donc, à cause de la formule (D), (E) -^— — 1 + 2 (2 — 1) A„.r2— 2 (a3 — 1) kixi + 2 (a5 — 1 ) \r,xa — v ' sin r v ' v ' » V. Développement de tango". — On a aussi cot.r — 2 cot2.r = tango; d'où l'on conclut (F) tang.r= 4 (4 - 1) Aax - 42l42 - 0 A4.r3 + 43 (43 - 0 A,,*'5 - . . . (*)'. » VI. Développement de sin'".r. — i° L'exposant »2 étant entier positif. ce développement aura la forme .r'" + Ci.r",+2 + CAxm+* -+- . . . + C2i>x"'+2p + ... . (*) M. Schlomilch s'est occupé de cette série (Archives mathématiques on applique le théorème 2 y — I de Mac-La urin, on trouve aisément V ' P I .2.3. ..(/"+ 2/?) L\ 2/ J D'ailleurs, m[ I m\m+,P~\ /m\'"+7P m /m \ ■»+*/> w(w — •) /'« \ -»+=/> » a" Si l'on suppose (a) sinm+l x = sin'"^- . sina: = j?m+' -f- D2Vn+3 + . . . + T>2pxm+2p+' +.-.., on a (») D>„ = Co„ ~ C^„_o -+- . • . dz t. -, T C2 3jT 5 r- ; ■• V ' -p -p 1.2.3 ip - 1.2. 3. ..(2/; i) " 1.2.3... [2/J-f-l) D'un autre côté, en égalant les dérivées des deux membres de l'équation (a), et remplaçant cosx par son développement, on trouve une seconde valeur do D2p. Il en résulte i h \ „r l. m + l — P r '" + 2 — p r — p'" — n [H) p^2p+ ia3 L,2p_2- x 2 3 4 5 ^-4.-1- ••; ■+■ ,.2.3... (2^4-0 ~ °' Cette relation générale donne, successivement, m „ m (5m — 2) „ m (35m- — 42"' -H'6) (0 ■ » 3° En comparant la valeur de C2 à celle qui résulte de la formule (G), on conclut cette réduction assez remarquable : /OT\m+S m (m \m+1 m (m — 1) (m \ m+- m I m V"+' / m\m+7 m o / \ » f\° Du reste, on peut retrouver les valeurs (c) en partant de l'identité sin"1 x s= [.r — (.r — sinar)]"1, et en y remplaçant x — sinx par son développement en série, ( io33 ) » VII. Développement de — Parmi les différentes manières de l'ob- ' i cOS.r tenir, la plus simple (quant à présent) nous paraît consister à écrire I P,x- P^r* P6xe i ' COS X 1.2 1.2.3-4 1.2.3.4-5.6 ou -...)• P-j-r' P,J' P6r" \/ £_ x< 1.2 hi.2.3.4+ I.2.3.4.5.6"1" " ")\l '-a 1.2.3.4 Il résulte, de cette égalité : P2-i = o, P4_£J?P2+, = o, Pg_^PJ| + — Pa-i = o,...; 1.2 1.2 i .1 et, en général, „ 2/2(2/2 — 1)_ 2/2(2» — 1^(2» — 2) (2/2 — 3)D i 2» '. 7. "-in— 2 ~l : — „ o / "2/1-4 • • • (I) Conséquemment, 1.2.3.4 1 = I_ JL.a.i+-^S x4 Ël_^xe+_^5 « + ....(> v COSX 1.2 1.2.3.4 I.2.3.4.5.D 1.2. . .O V M. Guirette soumet au jugement de l'Académie un appareil inhalateur de son invention, destiné à faire pénétrer dans les poumons un volume d'air supérieur à celui qui, dans certains cas pathologiques, y entrerait en vertu des mouvements naturels d'inspiration. L'auteur annonce que l'emploi mé- thodique de cet appareil a donné dans certains cas de phthisie d'excellents résultats, constatés par divers médecins de Paris, de Pau et de Bruxelles. (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Amiral et Rayer.) M. Lameyre présente la figure et la description d'un appareil de perspec- tive à l'usage des peintres et spécialement destiné au dessin des monuments. (Renvoi à l'examen de M. Chasles.) (*) M. Schlômilch a également traité cette série dans le Recueil déjà cité. C. R., 18G2, 1" Semestre. (T. LIV, N° 18.) '33 ( io34 ) M. Krazdski prie l'Académie de se faire rendre compte d'un dispositif qu'il a imaginé pour contenir un cheval attelé à une voilure au moment où il commence à s'emporter. M. Morin est invité à prendre connaissance de cette communication et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. CORRESPOIVDAIVCE. M. le Ministre de l'Instruction publique invite l'Académie à lui pré- senter, conformément à l'article 2 du décret du g mars i852, deux candi- dats pour la chaire de Zoologie (Mammifères et Oiseaux) vacante au Muséum d'Histoire naturelle par suite du décès de M. Isidore Geoffrov- Saint-Hilaire. La Section d'Anatomie et de Zoologie est invitée à préparer et à soumettre Je plus promptement possible à l'Académie une liste de candidats pour la présentation demandée. L'Académie impériale des Sciences de Vienne adresse pour la biblio- thèque de l'Institut de nouvelles livraisons de ses Comptes rendus de l'année 1861. L'Académie royale des Sciences de Lisbonne remercie l'Académie pour l'envoi de ses dernières publications. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la correspondance, un programme du dixième Congrès des savants italiens. L'état de l'Italie permettant aujourd'hui de reprendre ces réunions, que les événements politiques avaient forcément interrompues, la prochaine session s'ouvrira à Sienne le i/| septembre 1862 et se prolongera jusqu'au 27 du même mois. L'invitation adressée aux savants italiens et étrangers est signée du président, le professeur Puceinotti, et des deux secrétaires géné- raux, l'un pour les sciences naturelles, le professeur Campani, l'autre pour les sciences morales, le professeur Caslellini. M. Elie de Beaumoxt fait hommage à l'Académie, au nom de M. .-inge Sismonda, de la Carte géologique de la Savoie, du Piémont et de la Ligurie, ( io35 ) que ce savant professeur vient de publier, et lit à ce sujet les remarques suivantes : « La carte géologique publiée en ce moment par M. Sismonda était commencée depuis longtemps, et elle était même presque terminée depuis plusieurs années. Elle comprend les différentes provinces qui for- maient, avant les derniers événements, la partie continentale des États Sardes. Une grande partie de ce territoire était déjà esquissée sur la carte géologique de la France, et la comparaison des deux cartes est d'autant plus facile qu'elles sont dressées sur la même échelle (50U'OOI,) et que M. Sismonda a bien voulu adopter, sauf un petit nombre de modifications, les teintes conventionnelles de la carte de France. » En étudiant avec le soin qu'il mérite le beau travail de M. Sismonda, on pourra remarquer que sa carte figure presque constamment dans chaque contrée les mêmes terrains que la carte de France, mais que les contours en sont généralement dessinés d'une manière beaucoup plus détaillée. » Une des différences principales entre les deux cartes consiste en ce que M. Sismonda a compris dans le terrain jurassique modifié beaucoup deschistes cristallins qui sur la carte de France sont encore figurés comme primitifs. Cela tient, en principe, à ce que la théorie du métamorphisme ayant, il y a vingt ans, beaucoup plus d'antagonistes qu'elle n'en conserve de nos jours, on devait alors mettre beaucoup plus de réserve qu'il n'est nécessaire d'en mettre aujourd'hui pour classer dans les terrains métamorphiques des ro- ches dont la cristallinité rappelle complètement les roches primitives. La carte de M. Sismonda donne aussi plus d'étendue que la carte de France aux roches dio ri tiques des environs d'Ivrée et de Biella, aux roches serpen- tineuses situées au nord-ouest île Gènes, ainsi qu'aux calcaires jurassiques des parties littorales des Alpes maritimes; enfin elle sépare du diluvium une portion des dépôts superficiels des plaines du Pô et du Tanaro, pour les an- nexer au dépôt pliocène de l'Astésan dont elle formerait l'étage supérieur, lequel serait lacustre et superposé à l'étage marin. » Les simples modifications de contours sont trop nombreuses pour être signalées ici. Je les crois fondées, au moins en grande partie, mais je ne renonce cependant pas à la faculté d'en discuter plus tard certains détails et je crois devoir en outre rappeler, pour mémoire, la divergence d'opi- nion que j'ai exprimée l'année dernière (i) au sujet du lambeau de terrain (i) Scan ce du i5 juillet 1861. Comptes rendus, t. LUI, p. 117 et 118, en note. i33. ( jo36 ) nummulitique dont mon savant ami admet l'existence et qu'il figure dans sa carte actuelle, à Montricher, en Maurienne. » M. Élie de Beaumoxt présente, au nom de M. Dubocq, ingénieur au corps impérial des Mines, qui a dirigé pendant plusieurs années les mines et usines de la Société des chemins de fer autrichiens, la Carte géologique du domaine que cetle Société possède au Banat. La carte est accompagnée de la Note suivante : « Cette carie a été dressée à la suite de travaux considérahles entrepris pour reconnaître les gîtes minéraux qui affleurent dans ce vaste domaine et pour en assurer l'exploitation à la Compagnie. » Situé à l'extrémité sud-est de la grande plaine de la Hongrie et du Banat, ce domaine, de 226000 hectares de superficie, s'étend sur le versant occidental du contre-fort qui relie les Carpathes aux montagnes de la Servie. » Le terrain, fort accidenté, présente deux plissements principaux, orientés du N. £ E. au S. -£• O., qui ont fortement redressé tous les étages de la formation secondaire. On y rencontre des schistes micacés et argi- leux très-développés, les grès et schistes houillers, le grès rouge (roth- liegendes), les grès et marnes liassiques, des calcaires jurassiques compactes, ainsi que des marnes et calcaires de l'étage crétacé, qui recouvrent, sur une très-grande étendue, les autres formations. Le terrain tertiaire comprend des alternances de conglomérats, de grès, d'argiles et de calcaires. » Les gîtes de houille du terrain carhonilere sont irréguliers et fortement tourmentés. On les exploite dans les vallées de la Szekol et de la Berza- witza, auprès de Berchitza. Dans les grès et schistes du lias, on trouve, au contraire, de puissantes assises de houille, d'une allure régulière et d'une très-honne qualité, qui ont été constatées sur une longueur de plus de 5o kilomètres, entre Doman et Padino Matje, et que l'on exploite sur une grande échelle à Strverdorf et à Doman. Les schistes du lias, dont quelques couches sont assez riches en huile pour être employées à la fabrication d'hydrocarbures d'éclairage et de paraffine, contiennent en outre des gites en chapelet de fer carbonate (black-band), qui alimentent une grande usine à fer à Stryerdorf. Dans la formation tertiaire, on rencontre égale- ment aux environs de Krassowa, de Szarka et de Moldowa des gisements de lignite exploitables et de bonne qualité. » Les roches cristallisées sont représentées par des granités près de Franz- ( io37 ) dorf et de Szurdok, et par un massif considérable de syénites au nord de Bogsan. Cette dernière roche émerge aussi à Dognaczka, Orawitza, Szaska et Moldowa, sur une ligne sensiblement dirigée du nord au sud, et l'on rencontre au point de contact des calcaires que les syénites traversent, des amas de grenat compacte, d'amphibole et d'eurite qui renferment des poches ou des veines de grandeur variable de fer oligiste et oxydulé, de galène argentifère, de cuivre pyriteux et de cuivre gris argentifère, accom- pagnés de pyrite de fer, de fer arsenical et de blende, qui sont exploités dans les quatre centres de mines nommés précédemment. Il y a de plus des éruptions de porphyres qui ont soulevé les assises carbonifères du lias à Stryerdorf, ainsi que des épanchements de diorites et de serpentines. » Les mines de houille ont produit dans les dernières années 80 000 à 90000 tonnes de combustible, et les mines métalliques alimentent cinq usines de fer, quatre usines à cuivre, plomb et argent, ainsi que des bocards à or. » Ces exploitations et celles des forêts du domaine qui alimentent les usines, occupent six a sept mille ouvriers. » M. Dubocq se propose de compléter sous peu ces indications par une description détaillée qu'il aura l'honneur de transmettre à l'Académie. » M. Elie de Beaumont met sous les yeux de l'Académie un exemplaire de la Carte géologique des arrondissements de Valenciennes , Cambrai et Avesnes (département du Nord), par M. Meuqy, ingénieur en chef des Mi- nes, carte faisant suite à celle de la Flandre française publiée précédemment par cet habile géologue. 31. Elie de Beaumoxt présente, au nom de M. Marcel de Serres, trois Mémoires, publiés en collaboration avec M. Cazalis de Fondouce, sur les formations volcaniques de l'Hérault, et appelle l'attention sur le passage suivant de la Lettre d'envoi relatif à une communication de M. de Quatre- fages : « Au moment où je m'occupe à réunir les documents propres à faire connaître les formations modernes coquillières, semblables aux calcaires marins tertiaires, j'ai lu avec un grand intérêt la Note de M. de Quatrefages sur les monticules de coquillages de Saint-Michel-en-Lherm (Vendée). Quoiqu'il y ait une grande différence entre les faits signalés par le savant naturaliste et ceux dont je me propose d'entretenir prochainement l'Aca- ( io38 ) demie, il se pourrait que des portions de ces amas de coquilles qui com- posent les tas de Saint-Michel eussent été altérées par le laps de temps qui s'est écoulé depuis leurs dépôts et eussent par cela même quelque analogie avec les coquilles des amas naturels des bords de la Méditerranée que je m'apprête à faire connaître. C'est ce dont je prierai M. de Quatrefages de vouloir bien s'assurer, et de déterminer, dans ce cas, le degré d'altération subi par les coquilles des buttes de Saint-Michel. » M. le Secrétaire perpétuel présente encore, au nom des auteurs : i° le premier fascicule du Ve volume de « l'Exposé des applications de l'électricité », par M. Du Moncel; o.° un ouvrage de M. Moncjé sur les constructions économiques en fer. Ce dernier ouvrage est renvoyé au concours pour le prix de Mécanique de la fondation Montyon. mécanique céleste. — Observations sur deux Notes relatives à la théorie de la Lune, insérées dans les Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, nos des 21 et 28 avril 1862; par M. G. de Poxtécoii.axt. « Dans l'état actuel de la science, le principal objet, on pourrait dire l'unique objet, que doivent se proposer les géomètres qui s'occupent de la Théorie de la Lune, est de rapprocher autant que possible les résultats de la théorie des résultats de l'observation. Ce but une fois atteint, tout ce qui le dépasse est inutile et même nuisible, puisqu'il tend à compliquer une ques- tion déjà hérissée de difficultés par sa nature même, et que, loin de chercher a augmenter le nombre déjà trop considérable des inégalités lunaires, on doit tendre sans cesse à le diminuer pour faciliter la construction des Tables, soit en écartant toutes celles qui demeureront toujours insensibles, soit en trouvant le moyen de refondre en un seul terme toutes celles qui sont sus- ceptibles d'être ramenées aux mêmes arguments. » D'après cela il est difficile de concevoir quel but s'est proposé M. De- launay lorsque, dans ses nouvelles recherches sur la Théorie de la Lune, il ;i augmenté de plus du double, selon ce qu'il annonce dans la première des Notes dont il est ici question, le nombre des termes formant les coefficients des inégalités des trois coordonnées de la Lune qui avaient déjà été déter- minés par ses devanciers et qui semblaient suffire à tous les besoins de la science. On n'a pas oublié en effet que; M. Airy, avant établi, d'après une nouvelle discussion des observations faites à l'Observatoire de Creenwich pendant les cinquante dernières années, les coefficients des quatre princi- ( 'o3q ) pales inégalités de la longitude vraie de la Lune, l'équation annuelle, iévec- tion, la variation et l'équation parallactique, ces coefficients, rapprochés de ceux qui avaient été déduits de la seule théorie, ont présenté un accord presque complet, les plus grandes différences ne s'élevant pas à quelques dixièmes de seconde. » Ainsi M. Airy a donné comme le dernier résultat qu'on puisse attendre de la précision des observations modernes, les valeurs suivantes : Équat. annuelle. Variation. Evection. Equat. parallactique. 669", o 2370", 7 4587", 01 '22", 79 et voici les valeurs correspondantes déduites de la seule théorie, sans rien emprunter à l'observation que les données nécessaires à la mise en équa- tion du problème, et imprimées dans un ouvrage qui a paru il y a près de vingt ans (1): Équat. annuelle. Variation. Evection. Equat. parallactique. 668", 932 237o",799 4586", 999 122", 378 » Est-il possible, je le demande, d'exiger un accord plus complet? et que pourrait-on espérer de plus en prolongeant les formules encore plus loin que les limites auxquelles nous nous sommes arrêtés? On perdrait évidem- ment un temps précieux pour n'arriver qu'à des corrections tout à fait insi- gnifiantes. Les coefficients de toutes les inégalités lunaires, lorsqu'on suit la méthode des développements algébriques que M. Delaunay a très-judi- cieusement adoptée et qui est la seule qui convienne, selon moi, à la ques- tion dans l'état de perfectionnement où la Théorie de la Lune est arrivée, ne sont pas toujours donnés par des séries également convergentes, de sorte que quelques-unes de ces séries déterminent les valeurs de ces coefficients d'une manière très-approchée dès les premiers termes, tandis que d'autres exigent qu'on porte très-loin les développements pour atteindre à une exac- titude satisfaisante; c'est au calculateur à distinguer ces différents cas et à ne s'arrêter que lorsqu'il est parvenu à des quantités tout à fait insensi- bles; c'est ce qu'a fait M. Plana dans son grand ouvrage : certains coef- ficients ont exigé qu'on portât l'approximation jusqu'aux quantités du huitième ordre, tandis que pour d'autres on a pu s'arrêter sans crainte aux quantités du cinquième. » En allant plus loin on s'imposerait donc une tâche qui non-seulement (1) Théorie analytique du système du monde, t. IV. paraît au-dessus des forces humaines, mais qui encore serait d'autant plus ingrate qu'elle ne pourait conduire qu'à des résultats parfaitement inutiles. » Peu importe, en effet, que par ses nouvelles recherches M. Delaunay ait ajoutédans les divers coefficients des inégalités lunaires trois ou quatre mille termes nouveaux à ceux qui avaient été calculés par les géomètres qui l'avaient précédé : ce qu'il faut savoir, c'est si quelques-uns de ces termes nouveaux, réduits en nomhres, produisent des corrections sensihles aux va- leurs déjà connues de ces coefficients , des corrections, par exemple, et nous cavons au plus haut, s'élevant au delà de quelques dixièmes de se- conde, ou bien si M. Delaunay a ajouté aux équations déjà signalées quelque équation nouvelle assez importante pour entrer dans les nouvelles Tables que l'on construira bientôt sans doute sur la théorie si perfectionnée de nos jours de notre satellite ; que M. Delaunay veuille bien nous éclairer à cet égard, en réduisant ses formules en nombres, et nous serons des premiers alors à lui rendre toute la justice que mérite un travail aussi gigantesque que celui qu'il a annoncé avoir effectué. >• Il est toutefois un point sur lequel l'utilité de l'ouvrage de M. Delaunay ne saurait être contestée: c'est le rapprochement qu'il permet d'établir entre les résultats auxquels il est parvenu et ceux qui avaient été obtenus par ses devanciers ; la concordance de ces résultats, déduits de méthodes très-diffé- rentes, lorsqu'on sera parvenu à l'établir, permettra de fonder enfin des Tables lunaires sur des formules aussi exactes et aussi rigoureuses que celles qui servent de base aux Tables des planètes. Je n'ai donc à cet égard que de courtes observations à faire à M. Delaunay sur cette partie de sa seconde Note, dont je louerai sans réserve l'intention ; la première, qui est toute per- sonnelle, mais que je ne produis ici que comme la constatation d'un fait et non comme une réclamation, consiste à faire remarquer à M. Delaunay que l'ouvrage de M. Lubbock sur la Théorie de la Lune a paru par fragments à mesure que l'auteur en avait achevé quelque parcelle, tandis que ma Théorie, que je n'ai voulu publier qu'après l'avoir complétée, a demandé plusieurs années pour être terminée et imprimée; il en est résulté qu'une partie des corrections des formules de M. Plana, que M. Delaunay attribue à M. Lubbock lui ont été signalées par moi et publiées ensuite dans son ou- vrage, et que j'ai même contribué souvent à corriger sur les épreuves, que M. Lubbock avait l'habitude de me communiquer, des fautes qui s'étaient introduites dans ses propres formules, ce que du reste l'auteur a reconnu avec une grande loyauté dans les préfaces qui précédaient ordinairement ( io4i ) ses diverses publications (1). La seconde observation cjne j'ai à faire, c'est (juc, persuadé tout autant que peut l'être M. Delaunay,de l'importance qu'il j aurait à obtenir enfin pour les mouvements de la Lune des formules par- faitement correctes, toutes les fois que je suis parvenu à des résultats diffé- rents de ceux de M. Plana, j'ai cherché à rétablir entre eux un parfait accord, soit en revoyant avec soin mes calculs, soit en les refaisant jusqu'à trois fois par des formules absolument différentes, soit en remontant souvent dans ceux de M. Plana qui en a donné tous les détails, jusqu'à la source des erreurs, en sorte que j'oserais affirmer que ses formules ainsi vérifiées et corrigées sont aujourd'hui, à un bien petit nombre d'exceptions près, par- faitement correctes. Ce n'est donc pas sans surprise que j'ai vu figurer dans le tableau où M. Delannay a rapporté les discordances qu'il trouve entre les résultats qu'il a obtenus et ceux de M. Plana, un si grand nombre de termes, qu'on serait tenté de supposer, au premier aperçu, que les formules de M. Plana sont tout à fait indignes de l'estime que leur ont accordée jusqu'ici les géomètres qui se sont occupés de cette difficile théorie ; or j'ai reconnu, au contraire, comme je Lai dit plus haut, que le nombre des erreurs insé- parables peut-être d'aussi longs calculs, dont ces formules sont entachées, est extrêmement limité; il faut donc supposer que celles de M. Delannay. résultant d'une méthode beaucoup plus laborieuse cpie celle que j'ai em- ployée dans le calcul des perturbations lunaires, n'ont point encore atteint toute la correction désirable, et qu'un grand nombre de coefficients, comme celui de l'équation annuelle, ont besoin d'être soigneusement revus par l'au- teur avant d'être présentés comme des types de précision et d'exactitude dans une question aussi importante que celle de la Théorie de la Lune (2). (1) Voici ce qu'on lil dans la dernière, Théorie dr la Lune, partie X, page 34 (1860) : « Sir John Lubbock vérifies a considérable number of the terms in tliose coefficients, in- . cluding ail the most sensible. M. de Pontécoulant, coming after Sir John Lubbock, vérifies » ail over again; aad where Sir John Lubbock had not suecceded ihfinding thesame figure « as M. Plana, went over the caleulation again and again, until in many cases lie suceeeded » in findirg ont an error in Sir John Lubbock's figures, and established the accuracy of v> Plana's tenus disputed by Sir John Lubbock. Thèse corrections were furnished by V. de » Pontécoulant, and were published by Sir John Lubbock as errata. M. de Poatécoulant » continued his investigations; and Sir John Lubbock left to hira the honour of bringing » thèse work toa ciose, one of the most important andarduous in the history of asirnnomy. 1 (2) Je serais en mi sure de montrer, des ce moment et à la première inspection, que plu- sieurs des coefficients compris dans le tableau de M. Delannay, sous le titre lie termes nou- veaux, sont évidemment fautifs. C. R., 1862, ." Snnestrc: (T. I.IV, N° I8.j '34 ( I0/|2 ) » Lài terminant cette Note, j'ajouterai un mot relativement à celle qui a été insérée dans le numéro précédent des Comptes rendus, et qui se rappoi le à {'équation séculaire. J'ai peut-être été trop loin en avançant qu'une exacte analyse démontrait que les termes de la nature de ceux que M. Adams a Considérés pour la première fois et qui avaient été antérieurement indiqués par Poisson, ne produiraient dans l'expression de la longitude moyenne que des inégalités insensibles ; en revoyant mon analyse, je me suis aperçu que ces inégalités acquièrent par la double intégration qu'ils subissent dans l'expression de cette longitude, un dénominateur qui peut les rendre appré- ciables quoiqu'elles soient de l'ordre du carré de la force perturbatrice; mais ce n'est qu'après l'avoir soumise à une analyse complète et rigoureuse qu'on pourra prononcer sur cette question d'une manière définitive. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur In synthèse de l'acétylène ; j>nr M. Iîeuthelot. « J'ai répété mes expériences relatives à la synthèse de l'acétylène avec diverses variétés de carbone, telles que le charbon de bois purifié et le gra- phite naturel. Sous Tune de ces formes, le carbone constitue une véritable substance minérale; sous l'autre forme, il est aussi près que possible de la structure organisée. » Le charbon de bois (charbon de fusain) a été privé d'hydrogène, en le chauffant pendant six heures au rouge presque blanc dans un courant de chlore sec. Puis je l'ai employé comme électrode. Ce charbon conduit suffi- samment l'électricité, bien que sa structure éminemment poreuse nuise au volume et à l'incandescence de l'arc. Tant que la température se maintient au-dessous du blanc éblouissant, l'acétylène ne se manifeste pas : niais, des qu'en écartant suffisamment les charbons l'arc apparaît avec son éclat nor- mal, l'acétylène prend naissance d'une manière continue. Cependant sa formation est plus difficile avec le charbon de bois purifié qu'avec le char- bon de cornue, contrairement à ce que la structure du charbon de bois aurait conduit à prévoir. J'explique cette différence par la difficulté d'é- chauffer au même degré dans un courant gazeux un charbon aussi peu compacte. » Le graphite naturel, purifié par un courant de chlore sec prolongé pendant six heures au rouge presque blanc, se comporte à peu près comme le charbon de coi nue dans mon expérience, à cela près que sa conducti- bilité électrique paraît moindre. Entre deux pôles de graphite, dans une atmosphère d'hydrogène, j'ai fait jaillir l'arc électrique : l'acétylène s'esl ( io43 ) formé aussitôt en abondance. En même temps, l'extrémité des électrodes a perdu son éclat et s'est recouverte de carbone noir et amorphe, sem- blable à du noir de fumée. » Celle expérience est d'autant plus démonstrative que la nature chi- mique du graphite naturel ne donne lieu à aucune contestation : on sait que cette substance a été employée par M. Dumas pour déterminer l'équivalent du carbone. « Apres avoir terminé les expériences qui précèdent, j'ai fait diverses tentatives pour unir directement le carbone avec d'autres éléments. Le chlore, le brome, l'iode, placés dans l'arc, entre des pôles de carbone, n'ont donné lieu à aucun phénomène chimique particulier. J'ai également cherché si le carbone pouvait être combiné directement à l'azote. En t85o, (i), M. Morren a annoncé dans les termes suivants avoir réalisé cette combinaison : « Je m'occupe en ce moment du cyanogène, dont j'ai déjà » reconnu la formation de toutes pièces sous la seule influence du cou- » rant électrique. » — Voici quels résultats j'ai obtenus de mon côté. Le charbon de cornue, non purifié par le chlore, en présence d'un demi-litre d'azote sec et circulant lentement, a fourni 4 milligrammes environ de cyanogène ou plutôt de cyanhydrate d'ammoniaque. Le charbon de cor- nue, purifié par le chlore, en présence d'un litre d'azote, c'est-à-dire d'une quantité double, a fourni seulement une trace impondérable de composé cyanique. Je n'ai donc pas réussi à combiner le carbone pur à l'azote pui- sons l'influence du courant électrique. L'assertion contraire de M. Morren me parait s'expliquer par les impuretés goudronneuses et salines du char- bon de cornue, et peut-être aussi par la présence d'un peu d'humidité ou d'oxygène dans l'azote. » Quant à la combinaison directe de l'azote et de l'hydrogène, avec for- mation d'ammoniaque, sous l'influence de l'étincelle électrique, c'est un fait qui a cours dans la science depuis longtemps. Il est cité, entre autres, dans le Cours élémentaire de M. Regnault ( ire édition, t. 1, p. 17 2 » Ce serait ici le lieu de faire quelques remarques sur les méthodes de purification et d'analyse que M. Morren a annoncé avoir mises en œuvre dans ses recherches. Mais je ne veux discuter ni l'emploi de l'hydrogène libre pour enlever l'hydrogène combiné dans le charbon de cornue, et cela à une température inférieure à celle de la fusion du verre, alors que le charbon de cornue a subi durant sa préparation une température infiniment 1) Comptes rendus, t. XLVIII, p. 342. i34- ( 10/|/| élevée; ni l'application île l'analyse spectrale, en l'absence de toute espèce de caractère chimique, à la reconnaissance d'un carbure d'hydrogène indéterminé, lorsqu'il est constaté par les travaux de deux physiciens, M. Swan et M. Van der Willigen (i): » i° Que tontes les combinaisons hydrocarbonées tonnées de carbone et » d'hydrogène, ou de carbone, d'hydrogène et d'oxygène, donnent le même » spectre; » » 2° Que le spectre él chique du carbone est « identique au spectre » des combinaisons hydrocarburées; » » Ni la convenance, dans tous les cas, de ce mode d'analyse, propre à accuser des quantités impondérables de matière, alors qu'on opère, comme M. Morren, sur du carbone impur et sur îles volumes de gaz limités, dont la circulation autour des électrodes tend à accumuler de plus en plus l'in- fluence des moindres traces de substance étrangère. Je ne voudrais pas donner à cette discussion une importance plus grande que celle que l'ho- norable M. Morren lui-même semble attribuer à sa réclamation. » D'ailleurs les faits relatifs à la formation du cyanogène fourniront aux i bimistes des éléments plus complets d'appréciation. » chimie organique. — Nouvelles contributions à l'histoire de Cacétrlèm . par M. Bertuei.ot. « J . L'acétj lène est décomposé par l'étincelle d'induction avec dépôt de charbon » 'I. L'acétylène, mêlé de chlore, peut, soit détoner avec dépôt de charbon, C*H2 + CI2 = C4+ 2HCI; ^oil s'unir au chlore, à volumeségaux, avec formation d'un chlorure d'acé- tylène oléagineux, semblable à la liqueur des Hollandais, C4H2 + CI2=C'H2CP. 0 5. L'acétylène se produit en petite quantité : >) Voir le Compte rendu de leurs travaux par M. Verdet, annales de Chimie et île Phy- sique, 3' série, t. I.VII, p. 366 et 376 (1859), et le Mémoire original de M. Van der Willigen dans les ■lunules il, Poggendorff (i85g). — Voir aussi les travaux antérieurs de M. Plùcker sur l'analyse spectrale el sur la décomposition par l'étincelle de l'acide carbonique, de oxyde de carbone et d'un grand nombre d'autres gaz composes [.Infinies de Poggem/orf, t. c:v, p. 67, .858.) io45 ) » i° En faisant passer l'éther méthylcblorhydrique dans un lube chauffe a mit' température inférieure au rouge sombre; » 20 En faisant passer l'oxyde de carbone mêlé de vapeurs chlorhydriqu.es sur du siliciure de magnésium chauffé au rouge. » Au contraire je n'ai pas obtenu d'acétylène : » i° Eu faisant passer la vapeur d'eau sur le charbon de fusain purifié par le chlore; » a° En faisant agir l'étincelle d'induction sur un mélange d'hydrogène et d'oxyde de carbone ; » 3° En faisant passer un mélange d'hydrogène et d'oxyde de carbone sur du fer pur chauffé au rouge vif, puis au rouge blanc; » 4° En faisant agir le gaz chlorhydrique sur un mélange d'alumine et de charbon, fortement calciné au préalable : j'opérais dans les conditions de la formation du chlorure d'aluminium. » En général l'acétylène se forme toutes les fois qu'une matière organique traverse un tube chauffé au rouge; mais il ne prend pas naissance d'ordi- naire quand on se borne à distiller un sel ou un autre composé organique dans une cornue. » 4. On sait que l'acétylure cuivreux se forme non-seulement avec le protochlorure de cuivre ammoniacal, mais aussi avec le sulfite cuivreux am- moniacal. J'ai reconnu qu'on peut l'obtenir également avec le protochlorure de cuivre dissous dans le chlorure de potassium; on introduit ce réactif dans l'éprouvette qui contient l'acétylène : l'acétylure apparaît, mais sa formation s'arrête presque aussitôt. On ajoute un fragment de potasse, et l'acétylure se forme alors avec la même facilité qu'en présence de l'ammo- niaque : il est également détonant. » L'acétylure cuivreux peut être obtenu exempt de chlore et d'azote, mais non d'oxygène : c'est un composé de composition variable, très-alté- rable, analogue à un oxysulfure. D'après les analyses que j'en ai faites, il paraît répondre à la formule C*CuaH -fc-»CuaO. » La formation de l'acétylène avec l'acétylure répond à l'équation sui- vante : \ C*Cn2H -+- 11 Cl = C4H2+ Cu2Cl, î n(CuH) + HCI = «(Cu2CI + HO). ( io46 ) » La présence de l'oxygène explique les propriétés détonantes de l'acé- tylure cuivreux. Cette détonation s'opère vers 120°. Elle donne naissance a de Peau, a du cuivre, à du carbone et à de l'acide carbonique, mêlé d'un peu d'oxyde de carbone. » niYMOLOGiE. — Sur l'origine des altjues et sur les métamorphoses tlo47 ) pointillés, aussitôt qu'elle est visible. Tant que les plaques augmentent d'étendue, les points grandissent et s'éloignent l'un de l'autre; ils sont dis- posés avec une certaine régularité; dans les bourgeons développés à la périphérie des plaques, on voit se former des nouveaux points. Cette ma- tière visqueuse ressemble à un végétal cryptogame de l'ordre le plus infé- rieur qui contient des spores dans son parenchyme. Les points s'agran- dissent d'heure en heure, ils apparaissent bientôt comme des petites lignes. C'est le Fihrio lineola (Ehrenberg). Ces lignes commencent à s'étrangler au milieu et à se mouvoir comme des monades. Elles se détachent de la substance muqueuse qui paraît être la nourriture des monades. Les mo- nades nagent avec une grande vélocité, réunies deux à deux et tournant autour de leur axe longitudinal. Enfin elles se séparent. Il y a beaucoup de différence pour la grandeur que les monades atteignent avant de se mou- voir. Les monades séparées s'agrandissent toujours et s'arrondissent, on voit dans leur intérieur des taches noires, plusieurs se réunissent et forment le Polytoma uvella (Ehrenberg). Cet infusoire montre bientôt des vacuoles, qui apparaissent et disparaissent, et qui sont interprétées comme organes de respiration. Enfin le polytoma est devenu un paramaccium. « Je me borne à dire que des métamorphoses ultérieures succèdent à celles que je viens d'esquisser en peu de mots, et que j'ai observées dans toutes leurs périodes. » M. Morel La Vallée adresse un supplément à sa précédente communi- cation sur un moteur à vent. (Renvoi aux Commissaires déjà nommés : MM. Piobert, Delaunay. M. Stichlextner adresse d'Onod, près Miskolcz (Hongrie I, une Note écrite en allemand concernant un appareil pour la navigation aérienne, construit à l'imitation de l'appareil du vol chez les oiseaux. L'auteur donne peu de détails sur la construction de cet appareil, pour l'exécution duquel il voudrait obtenir de l'Académie une subvention pécu- niaire. Cette demande ne peut être prise en considération. M. Castillon, à l'occasion des communications dans lesquelles M. Faye, traitant de la marche des comètes, a fait intervenir la force répulsive, rap- ( 'o48 ) pelle une Note qu'il a précédemment adressée (27 décembre i858 0 hurla constitution des comètes et les forces qui président à leur mouvement » Note dans laquelle il a émis des idées qui lui paraissent se rapprocher de itlles du savant Académicien. Renvoi aux Commissaires désignés pour cette Note : MM. Le Verrier, Faye. M. Lagout, qui avait présenté un travail étendu sur les inondations, les dessèchements et les irrigations, demande et obtient l'autorisation de re- prendre ces Mémoires, qu'il se propose de soumettre de nouveau, sous une forme un peu différente, au jugement de l'Académie. M. Liandiek adresse, comme supplément à une précédente communica- tion sur la cause de la scintillation des étoiles, des observations qu'il a faites sur les changements des courants aériens dans les hautes régions de l'atmo- sphère. (Renvoi à l'examen de M. Babinet, déjà désigné.) M. Iîautard envoie, pour prendre date, la table des matières d'un ouvrage dans lequel il traite de la physique en général, de la physique du globe et de la physique des êtres organisés, ouvrage dans lequel les questions soin disposées suivant un ordre particulier, que l'auteur croit propre à en faci- liter considérablement l'étude. (Renvoi à l'examen de M. Babinet.) La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B. ( 104o BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 12 mai 1862 les ouvrages dont voici les titres : Lellre à M. L.-Am. Sédillot, sur la question de la variation lunaire, décou- verte par Aboul IVèfa ; par M. Chasles. Paris, 1862; in-4°. Catalogue des plantes cultivées dans les serres de S. Exe. le prince A. de Demi- doff à San-Donato, près Florence; par M. J.-E. Planchon. Paris, i854- 1 858 ; 1 vol. iti-40? avec un atlas de six planches in-fol. De quelques particularités des formations volcaniques, notamment dans la vallée du Salagou, entre Clermont-i Hérault et Ludève ; par MM. Marcel DE Serres et P. Cazalis de FONDOUCE. Montpellier, i85o,; br. in-8°. (Extrait des Mémoires de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier ; section des Sciences, t. IV, 1859.) Des formations volcaniques de l Ardèche et de l'Hérault, particulièrement des environs de Neffez, faisant suite aux observations sur les terrains pyroides du Salagou ; par les mêmes. Montpellier, 1860; br. in-8°. Des formations volcaniques du département de l'Hérault dans les environ* d'Aqde et de Montpellier, faisant suite aux observations sur les terrains py- roides du Salagou et de JSeffiez; par les mêmes. Paris, 1862; br. in-8°. (Extrait du Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. XIX, p. 186.) Matériaux pour la Paléontologie suisse, ou Recueil de Monographies sur les fossiles du Jura et des Alpes; publié par M. F.-J. PiCTET; 3e partie, livrai- sons 1-8. Genève, 1860-1862; 5 br. in-4°. Mémoire sur les lois de la force électromotrice de polarisation; thèse pré- sentée à la Faculté des Sciences de Montpellier, par M. André Crova. Metz, 1862; in-4°. Rapport à M. le Conseiller d'Etal préfet de la Loire-Inférieure, sur l'impor- C. R., 1862, 1" Semcst/e. (T. LIV, N° 18.) ' ^J ( io'5o ) talion, la vente et l'emploi des engrais industriels pendant la période décennale .->' année (1" janvier-'ii décembre 1861). Prague, 18G2; vol. in-/|°. Verzeichniss... Liste des membres de l'Académie des Sciences de Munich. Munich, 1862 ; in-/j°. Vorstudien... Etudes pour la morphologie et ta physiologie du cerveau ha- IOJI ) main considéré comme organe de l'âme; par R. WAGNER; 2e partie. Gœttin- gue, 1862; in-4°- Carta geologica... Carte géologique de la Savoie, du Piémont tt de la Ligurie; par. le commandeur Ange Sismonda, publiée par les soins du gou- vernement de S. M. Victor-Emmanuel II, roi d'Italie; 1862, formai atlas. Carte géologique du domaine possédé dans le Banat par la Compagnie des chemins de fer autrichiens; par M. Dubocq; 1860; 9 feuilles in-fol . Memoria... Mémoire sur la force moléculaire des corps; par le professeur Bancal ari. Gènes, 186?.; br. in-/»". Trattato... Traité de la maladie dominante dans la végétation, et remédt pourra vigne, le mûrier et le ver à soie; par Mariano CRISPI. Milan. i8(>a; in-12. Annuario... Annuaire du Musée zoologique de l'Université royale dt y aptes; par, Achille Costa.; ire anrfée. Naples, 1862; in-4°. ERRATA. (Séance du 5 mai 1862.) Page 975, ligne i5, Commission chargée de l'examen d'un Mémoire de M. ColloBgues au lieu de MM. Andral, Velpeau, lisez MM. Andral, Bernard, Pouillet. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 19 MAI 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. MÉCANIQUE CÉLESTE. — Réponse A la nouvelle Noie de M. de Pontécoulant ; par M. Delacnay. « Les observations adressées par M. de Pontécoulant à l'Académie, dans sa dernière séance, au sujet de mes communications des 21 et -iS avril der- nier, renferment une erreur grave que je ne puis me dispenser de signaler. On y lit en effet ceci : « Ce n'est pas sans surprise que j'ai vu figurer dans le tableau où M. De- » launay a rapporté les discordances qu'il trouve entre les résultats qu'il a » obtenus et ceux de M. Plana, un si grand nombre de termes, qu'on serait » tenté de supposer, au premier aperçu, que les formules de M. Plana sont » tout à fait indignes de l'estime que leur ont accordée jusqu'ici les géome- » très qui se sont occupés de cette difficile théorie; or j'ai reconnu, au » contraire, que le nombre des erreurs inséparables peut être d'aussi longs » calculs, dont ces formules sont entachées, est extrêmement limité. » » Mettons des chiffres à la place de ces phrases. Le tableau dont parle M. de Pontécoulant comprend 99 discordances entre les termes de M. Plana et ceux des miens qui leur correspondent. Sur ces 99 termes de M. Plana que mes calculs n'ont pas vérifiés, deux seulement ont été retrouvés par M. de Pontécoulant avec la même valeur, comme je l'ai dit (p. H76) : il en C. R., 18G2, i« Semestre. (T. LIV, N° 19.) '36 ( îo5/» ) reste 97 pour lesquels M. de Pontécoulant est, comme moi, en désaccord avec M. Plana. 'Niais, d'un autre côté, parmi les termes de M. Plana que mes calculs ont vérifiés, il y en a /|6 pour lesquels M. de Pontécoulant a obtenu des valeurs différentes: cela fait eu tout 14^ discordances entre les termes de M. Plana et ceux de M. de Pontécoulant, au lieu de 99 que j'ai trouvées. En présence de ces chiffres, il est bien difficile de comprendre comment M. de Pontécoulant a pu écrire le passage que je viens de citer. » Quant à la réclamation relative aux corrections qu'il a indiquées à M. Lubbock, elle est parfaitement fondée; mais si l'on se reporte aux errata dans lesquels M. Lubbock signale ce fait, on voit que les indications fournies par M. de Pontécoulant ont contribué seulement à 7 des g5 vérifications que M. Lubbock a effectuées sur les termes du cinquième ordre de M. Plana (expression de la longitude). » Le commencement de la Note de M. de Pontécoulant montre qu'il est du nombre de ceux qui pensent qu'il est absolument inutile de faire plus dans la science qu'ils n'y ont fait eux-mêmes. Il me permettra, je l'espère, de n'être pas de son avis sur ce point. » Enfin M. de Pontécoulant annonce cpi'il est en mesure de montrer, des ce moment et a la première inspection, que plusieurs des coefficients compris dans mon tableau, sous le titre de termes nouveaux, sont évidem- ment fautifs. 11 doit comprendre qu'une pareille affirmation ne peut pas suffire. Il faut qu'il en donne la preuve, et qu'il signale ces fautes évidentes qu'il a eu le talent de voir à la première inspection. Sans cela son affirma- tion sera nécessairement regardée comme nulle et non avenue. » MÉDECINE. — De la disparition du goitre par le changement de climat; par M. Gcyon. « Santiago, capitale du Chili, est située dans les montagnes, à une tren- taine de lieues de la côte (1). Le goitre y règne, de même qu'à Mendoza, de l'autre côté des Andes. Un consul belge de ma connaissance, M. D . , \ arrive vers la fin fie 1 858. Il venait de Lima, avec sa femme et deux jeunes filles, ses enfants, l'une âgée de dix ans, l'autre de douze. Cette famille était depuis quinze mois à Santiago, lorsqu'une dame de leurs amies, née dans le pays, fait remarquer à Mme D. que ses deux filles sont goîtrées ; elles (1) Dans le trajet de Santiago à la cote, il y a trois chaînes de montagnes à traverser, voyage qu'on peut faire en deux jouis à dos de millet. ( io55 ) l'étaient même déjà assez fortement. La mère était restée étrangère à cette influence du pays; le devait-elle à la fièvre jaune qu'elle venait de subir à Lima ( i ), ou bien à son âge, ce qui est pins vraisemblable, les adultes étant moins sujets à prendre le goitre que les jeunes gens ( 2) ? Cette immunité du mal, que le père des jeunes fdles partageait avec leur mère, viendrait a l'appui de cette observation. » Alarmé sur l'état de ses enfants, M. D. consulte aussitôt les médecins du pays : tous s'accordent à lui conseiller, comme le meilleur moyen à em- ployer, l'éloignement des lieux, le changement de climat. Ce conseil est parfaitement goûté, et sa mise à exécution n'est retardée que jusqu'au départ du premier bâtiment qui, de Valparaiso, le port de Santiago, parti- rait pour l'Europe. Ce bâtiment fut/a Victorine, bâtiment à voiles, capitaine Libert, se rendant à Cherbourg. Il fit voile de Valparaiso le 1 1 août 1859, ayant à bord Mme D. et ses deux filles, toutes trois bien recommandées au capitaine et aux soins amicaux du Dr Luciani, représentant de la république romaine en 1 848. » La traversée fut longue : elle ne devait être que de 60 à 70 jours, elle le fut de 110. La famille consulaire, pendant cette longue traversée, eut beaucoup à souffrir, non pas seulement du mal de mer dans différents parages, mais encore, et du froid en doublant le cap Horn, et des chaleurs et d'une tempête en passant sous l'équateur. Chemin faisant, les jeunes personnes, en quelque sorte malgré elles, se passaient souvent la main sur la gorge, et elles ne tardèrent pas à s'apercevoir ainsi que leurs tumeurs s'amoindrissaient pour ainsi dire chaque jour; que chaque jour, pour ainsi dire, elles fuyaient de plus en plus sous la main, et de telle sorte qu'elles avaient diminué de près de moitié à l'arrivée du navire à Cherbourg. » De ce port, Mme D. et ses enfants se rendirent à Bruxelles, où les tumeurs disparurent bientôt complètement. Il n'en restait plus de traces dès le commencement de l'année suivante (1860). La même famille se trouvait dernièrement à Paris (fin de janvier), se rendant de nouveau en Amérique, mais sur un autre point que Santiago (3), et j'ai pu m'assurer par moi-même (1) La fièvre jaune, qui ava.it régne à Lima en 1 833, s'y renouvela l'année suivante, .m moment où la famille D. y arrivait. (2) Ailleurs [Moniteur algérien), j'ai cité le fait d'une jeune Vénitienne qui, après un s' jour de moins de deux mois à SaUebourg (haute Autriche), avait déjà un goitre de la grosseur d'une petite noix. Salzebourg, comme l'on sait, est fertile en goitreux 1 ïl en crétins. (3) Buenos-Ayres. i3G . ( ior>6 ) <"le la parfaite guérison des jeunes personnes. M. D., alors réuni à sa famille, se félicitait encore d'avoir suivi les conseils des médecin? du pays. Ces mé- decins sans doute devaient avoir par devers eux bien des exemples de l'efficacité du moyen qu'ils avaient conseillé. » Au lait fourni par la famille consulaire, de la disparition du goitre par le changement de climat, j'en joindrai un autre fourni par les émigrants du Valais (Suisse) qui, en i85a, ou en i 853, vinrent débarquer à Alger pour y demander des terres à cultiver. Or tout le monde sait combien le goitre et le crétinisme, son hideux compagnon, sont multipliés dans le Valais, patrie des émigrants. Toujours est-il qu'il y avait parmi eux bon nombre de goi- treux, surtout parmi les femmes. On leur assigna pour habitation le cercle de Coléab, au sud-ouest d'Alger; ils y peuplèrent quatre hameaux connus sous les noms de Zoug-d-Abbès, Berbassa, Sxtigha et Chàiba. Un an environ après leur établissement dans ces hameaux, on put déjà constater une a nu' lioration sensible dans le volume des tumeurs. Celte amélioration se con- tinua dans le cours des années suivantes, de telle sorte qu'en i856, époque de ma dernière inspection des hameaux valaisiens, je ne pus en retrouver aucune. Alors, il est vrai, beaucoup de leurs habitants avaient disparu, emportés par les fièvres de la contrée, jointes à leur extrême misère (i), et quelques goitreux pouvaient se trouver encore parmi les morts. Il s'y trou- vait sans doute deux ou trois vieilles goitreuses que, de quinze à dix-huit mois auparavant, j'avais aperçues en visitant les mêmes colons; mais chez elles pourtant les tumeurs s'étaient profondément modifiées, de manière à ne plus offrir que des nodosités en grande partie calcaires. » Les deux faits que je viens de rapporter, de la disparition du goitre par le changement de climat, n'offrent rien que de conforme à nos connais- sances sur les causes qui le produisent; ils en sont, au contraire, la confir- mation. Aussi ne suis-je pas arrivé à cette partie de ma communication sans que l'Académie ait déjà fait cette remarque, à savoir que, pour obtenir la disparition du goitre, il ne serait pas nécessaire de changer de climat (a), qu'il suffirait de changer de localité Je pense, en effet, qu'il en doit être ainsi, et qu'on trouverait de nombreux exemples de la disparition du goitre chez des individus qui, d'une localité où ils l'auront contracté, seront venus se fixer dans une autre, souvent lrès-voisine} où il n'existe pas. C'est un fait éminemment remarquable sans doute, et d'un bien grand enseignement (i) Il n'en restait plus que i3o, dont i'6 femmes. ■ le prends ici le mot rlimnl dans sa pins grande acception. ( '«57 ) pratique, que celle localisation du goitre, qu'on ne rencontre même par. sur les collines dominant quelque peu les dépressions de terrains ou vallées qui l'engendrent et peuvent le porter jusqu'au crétinisme, cette hideuse et affligeante dégradation de l'homme. » NOMINATIONS. L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination de la Com- mission qui sera chargée de décerner, s'il y a lien, le prix Alhumhert pour 1862 (modifications déterminées dans l'embryon d'un vertébré par l'action des agents extérieurs). MM. Milne Edwards, Flourens, Valenciennes, Coste, Longet, réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIMIE MINÉRALE. — Sur la présence du rubidium dans un certain nombre de végétaux [betterave, labac, café, thé, raisins)'^, par M. L.'Graxdeau. (Commissaires précédemment nommés : MM. Balard, H. Sainte-Claire Deville.) « Dans la séance du 24 février dernier, j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie les résultats de mes recherches sur la présence du rubidium dans les salins de betterave et dans les eaux mères provenant de leur traite- ment pour l'extraction du chlorure de potassium. Depuis ce moment, j'ai poursuivi activement celte étude, tant au laboratoire de l'Ecole Normale supérieure que dans l'importante usine de M. Lefebvre, distillateur à Corbe- hem, qui a bien voulu mettre à ma disposition les matériaux nécessaires pour l'extraction du chlorure de rubidium sur une plus grande échelle. » Grâce à cet obligeant concours, je possède aujourd'hui 4oo grammes de chlorure de rubidium pur dont la moitié environ a été préparée à l'usine de Corbehem d'après mes indications, par les soins de M. Martel, jeune chimiste très-habile, attaché à l'établissement de M. Lefebvre. » En présentant à l'Académie dans une prochaine séance les nouveaux sels de rubidium que j'ai pu préparer avec le chlorure pur dont je dispose, je décrirai les procédés que j'ai mis en usage pour l'extraction du chlorure, et je montrerai, à l'aide de quelques chiffres, que la quantité de rubidium ( io58 ) enlevée chaque année a 1 hectare de terre par la betterave n'est peut-être pas négligeable au point de vue agricole. » Je me propose aujourd'hui de soumettre à l'Académie quelques ré- sultats nouveaux qui mettent en évidence la grande dissémination du rubi- dium dans la nature. Avant rencontré le nouveau métal dans les salins de betterave, très-riches en potasse comme on le sait, il m'a semblé intéressant de le rechercher dans les végétaux qui, par la facilité avec laquelle ils enlè- vent au sol les sels de potasse, se rapprochent plus ou moins à cet égard de la betterave. Je me bornerai dans cet extrait à indiquer les résultats analy- tiques auxquels j'ai été conduit, en passant sous silence les méthodes de séparation et de dosage décrites dans mon Mémoire. » i° Tabac. — Mes analyses n'ont porté jusqu'ici que sur les feuilles de Kentucky et de Havane. M. Schlœsing, directeur de l'école d'application des tabacs, a eu l'obligeance de faire évaporer à siccité dans son laboratoire une certaine quantité d'eau ayant servi au lavage prolongé des feuilles de Kentucky. Le résidu calciné a fourni un salin asspz blanc, spongieux et très- riche en potasse. A l'analyse spectrale, ce salin a présenté les raies caracté- ristiques de la chaux, de la lithine, du potassium et du rubidium; la quan- tité de lithine est très-faible; il v a au contraire une proportion notable de rubidium. » T^es feuilles de Havane, premier choix, ont été incinérées avec précau- tion ; leurs cendres m'ont donné à l'analyse des résultats identiques à ceux que j'ai obtenus avec les feuilles de Kentucky. » 2° Café et thé. — Le café et ie thé, incinérés complètement avec précau- tion, laissent des cendres riches en potasse ; l'examen de ces cendres, préala- blement traitées comme il convient, a décelé dans chacun de ces produits des quantités notables de rubidium et pas trace de lithine. Le café est beau- coup plus riche en rubidium que le tabac. » 3° liaisins (tartre brut).— M. Kestner,de Thann, a eu l'obligeance de m'en- voyer sur ma demande des eaux mères provenant du traitement des tartres bruts. Ces eaux ont étédébarrassées des matières organiques et des substances étrangères qu'elles contiennent, puis les résidus soumis à l'analyse spectrale. J'ai pu constater d'une manière certaine qu'elles renferment du rubidium, mais en quantité très-faible. » Il me paraît bien établi parles laits précédents que le rubidium est un des corps simples les plus répandus dans la nature. Les végétaux les plus divers, des provenances les pins éloignées, en enlèvent au sol ; de plus, il re- suite de mes recherches que la présence du rubidium n'est pas liée néces- ( i°59 ) sairement a celle de la lithine, comme auraient pu le faire croire les analyses des minéraux et des eaux dans lesquels M. Bunsen a découvert ce métal. Je dois ajouter qu'un certain nombre de végétaux dont j'ai analysé les cendres ne paraissent pas contenir de rubidium, bien que plusieurs d'entre eux soient riches en potasse. Je citerai notamment, comme se trouvant dans ce cas, le colza, le cacao, la canne à sucre et quelques espèces de fucus. » La dissémination du nouveau métal alcalin étant mise hors de doute par les recherches que je viens de résumer, il y a un intérêt évident à étu- dier à ce point de vue spécial les sols dans lesquels croissent les végétaux dont je viens de parler. J'ai entrepris dans ce but des expériences et des analyses que je poursuis aussi activement que le permet la nature de ces études, par elle-mèmes longues et délicates. Je ne me décide à soumettre à l'Académie les résultats incomplets dont je viens d'avoir l'honneur de l'entretenir, que pour me réserver la possibilité de continuer librement des travaux qui exigent beaucoup de temps et présentent des difficultés réelles. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les Nombres de Bernoulli, et sur iptetques formules qui en dépendent; par M. E. Catalan. (Commissaires précédemment nommés : MM. Bertrand, Serret.) « VIII. Développement de tang (>- + -)• —L'identité ta"g (!-♦-?) = tai,gA' + ^b donne, au moyen des formules (F), (K), et en mettant pour les coefficients A leurs valeurs : * , *\ _ . , ~ , r ~a , r* ~3 , 5 .-♦ 6' ... , 34 tang 7 H — = 1 -f- x H x' -\ -= x* H 5—7 x 1 \ 4 2 / l • 2 ' • 3 1.2.3.4 (L) 11. 2. i.3. 5 I.2.3-4-5.6 1 .2.3. 1 .3.5.7 i385 8 496 , 1.2.3. ..8' 1 .2.3.4» 1 .3.5 7-9 » IX. Développement de log tang(^ H — .]• — De ( 1060 ) on conclut (M)Iogtang^-h^=x+T i ~ 5 , 61 . i385 „ — TX3-\ ^-r-r^!H X8H 5 X6 .2.3 1.2. 3. -(.5 1.2. ..7 1.2. 3. ..g » X. Relation nouvelle entre les Nombres de Bernoulti. — On a, identique- ment, ■xcotjr.sin.r = ,rcos.r; donc, à cause de la formule (D) et des équations (C), B»-i . ,„_, ' Km-3 , , 1 B: in '." +4-', „ ,.„ r „+-+4 1 r -+- 4 r — h...-rJ , , — 5 ; v » 1 1.2. ..(2/2) ^ I .2.3 1.2... ?.n 2) I .2. ..(2/2 — IJ ! .2 I . 2 . 3.. .(2/2-+- 1 ou Cette relation générale diffère de celles qui sont indiquées dans La- croix (*). Si l'on suppose B2„_, = ■■ ^7,' ■> on obtient, au lieu de l'équa- tion (N), CK'\ R' , 2/2(2«— l)p' 2«(2B— l){ln — 2)(2/I— 3) , 2/2 , _ « (N ) B,„_,+ 23 B2„_3 ^-3^ B„,_5 +... + -B, _;-ri. » Celle-ci serait précisément la relation connue entre les Nombres de Bernoulli, si l'on supprimait les accents, et si l'on écrivait, au lieu du second . 2/7 — I membre, — — • ' 2(2/2 + 1) » XI. Détermination d'une intégrale définie. — Dans les Mémoires de /' Académie de Turin (année 1820), M. Plana démontre la formule Il en résulte, a cause de la relation générale dont il vient d'être question. Ç*> dt Vin — i ', ' sin'"x ~sin'''z i — 2 cos2z sin-'a + sin'a Par conséquent, r/z bin 52 ihf i'+7 y. — sin3asin(4/J + 2)0 + sin4/->z \ r *= ,/0 (e2*001" — i)sin'^ a 1 — 2 cos2z sin2 z + sin' 2 8 8 f i-l- Ri/'+1 "+1^ ^ >- On peut observer que, si le nombre entier/; augmente indéfiniment, le second membre tend vers — ~ — Il en est donc de même du premier mem- 10 * bre, bien que la fonction contenue sous le signe / n'ait aucune limite déterminée. » chimie appliquée. — Analyse chimique de l'eau du puits artésien de Passj; pw MM. Poggiale et Lambert. (Extrait.) (Commissaires, MM. Ch, Sainte-Claire Deville, Daubrée.) « L'eau du puits artésien de i'assy, recueillie dans le courant d'octobre, était trouble et ne se clarifiait qu'incomplètement, même après un repos de plusieurs jours. Jetée sur un filtre, elle passait encore légèrement loucbe; mais celle que nous avons puisée au sommet du tube, le 11 février de cette année, était presque limpide et incolore. Les matières qu'elle laissait dépo- ser par le repos étaient formées d'acide silicique, d'oxyde de fer et d'une petite quantité d'alumine et de cbaux. « Cette eau a une odeur sulfureuse assez prononcée à sa sortie du tube, mais cpii disparaît rapidement au contact de l'air. Sa température, prise au sommet du tube, le. 11 février, est de 270 centigrades. Elle dissout bien le savon et ne donne qu'un léger précipité par l'oxalate d'ammoniaque, l'azo- tate d'argent et le chlorure de baryum. Elle est alcaline; elle ne se trouble pas par l'ébullition et laisse dégager des gaz. » Notre analyse, dont on trouvera les détails dans la présente Note, nous a donné les résultats suivants : ( io63 ) Gaz pour 1000 centimètres cubes d'eau. ce Acide carbonique libre ou provenant des bicarbonates 7>oo Azote 17.10 Total. ... 24 , 10 Principe!, fixes pour 1000 grammes d'eau. C Carbonate de cliaux o,o6j Carbonate de magnésie 0,024 Carbonate de potasse 0,012 Carbonate de protoxyde de fer o ,001 Sulfate de soude o,oi5 Chlorure de sodium o ,oof) Acide silicique 0,010 Alumine 0,001 Acide snlfliydrique et sulfure alcalin 0,0006 Matières organiques, iodure alcalin, manganèse et perte o,oo44 Total.. . 0,1 4i » La composition de cette eau se rapproche de celle de l'eau provenant de la première nappe non jaillissante s'arrètant à 0 mètres au-dessus de la superficie du sol. En effet, M. Payen avait déjà constaté qu'un litre de cette eau donnait un résidu sec pesant ogr,i53. Ce résidu contenait osr,oit de chlorure de sodium et ogr,o85 de carbonates calcaire et magnésien. » En examinant le tableau qui précède, on remarque les faits suivants : » i° L'eau du puits de Passy présente la plus grande analogie avec celle du puits de Grenelle. » 20 Elle ne contient pas d'oxygène. » 3° Elle est alcaline comme l'eau de Grenelle. » 4° Elle renferme moins de sels calcaires et magnésiens que les bonnes eaux potables. » 5° Sa température élevée, sa saveur forte, l'absence d'air, la faible quan- tité d'acide carbonique et de carbonate calcaire sont des inconvénients sé- rieux, si on veut l'employer comme boisson. Il faudrait pour cet usage l'aérer et la refroidir. » 6° Cette eau est préférable à toutes les eaux de sources et de rivières pour la plupart des usages publics, particulièrement pour les générateurs de i37.. ( io64 ) vapeur, |)our les arrosages des plantes et très-probablement pour le blan- chissage. » chimie appliquée. — Epuration des jus sucrés. Réponse de MM. Periek el Possoz à une réclamation récente de priorité. « Dans la séance du 5 de ce mois, M. Maumené a adressé à l'Académie une réclamation de priorité, basée sur la supposition que notre procédé pour la fabrication du sucre est semblable à celui que M. Marti n-Logeois i fait breveter en 1 85 1 et qui se confond tout à fait, ajoute M. Maumené, avec celui que lui-même a fait connaître. Nous ignorions que le brevet de M. Maumené eût une telle analogie avec celui de M. Martin-Logeois et qu'il se trouvât ainsi primé par ce dernier; mais ceci nous importe peu, et nous nous bornerons à exprimer le désir de voir MM. les Commissaires se prononcer sur cette assertion ; afin de faciliter cet examen, nous annexons à cette Lettre une copie authentique du brevet qu'on nous oppose, avec si peu de raison. Quant au brevet de M. Maumené, nous en faisons égale- ment copier une expédition authentique, que nous pourrons prochainement mettre à la disposition de MM. les Commissaires, qui reconnaîtront facile- ment que le procédé décrit dans ce brevet, comme dans celui de M. Martin- Logeois, n'a la moindre similitude avec les procédés d'épuration des jus sucrés qui ont fait l'objet de notre communication à l'Académie. » (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Pelouze, Payen.) CHIMIE. — Note sur les produits pyrogénés de l'acide matique el de l'acide citrique; par M . Kekulé . « Parmi les faits exposés dans cette Note, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, il y en a plusieurs qui s'accordent avec les résultats que M. Cahours a communiqués à l'Académie (séances du 20 janvier et du 3 mars) ; d'autres, au contraire, se trouvent en contradiction directe avec les assertions de ce ciumistc. » La Note de M. Kekulé est renvoyée à l'examen de la Commission dési- gnée pour une précédente communication du même auteur. Cette Coin- ( io65 ) mission, qui se compose de MM. Dumas et Balard, est invitée à présenter le plus promptement possible son Rapport, dans lequel elle aura à se pronon- cer sur la question de priorité soulevée par le professeur de Gand à l'égard de M. Cahours. MÉCANIQUE. —Sur la définition et la mesure des températures; pa>M. A. Dipré. (Second supplément au troisième Mémoire sur le travail mécanique et ses transformations.) « Cette Note, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, est destinée à justifier la définition des températures donnée dans mes deux premiers Mémoires et dans les Extraits qui ont été insérés dans les Comptes rendus. La continuation de mes recherches ayant prouvé que le travail moléculaire n'est pas entiè- rement négligeable même à l'état gazeux, il était devenu nécessaire de bien établir que les indications des thermomètres réels s'accordent avec celles des thermomètres à gaz parfaits. » (Commissaires précédemment nommés: MM. Dumas, Lamé, Regnault, Clapeyron.) PHYSIQUE. — Mémoire sur ta conductibilité électrique et la capacité inductivt des corps isolants; par M. Gaugaiiï. (Commissaires, MM. Pouillet, Despretz.) GÉOLOGIE. — Mémoire sur les buttes coquillières de Sainl-Michel-en-Llienn, en réponse à une cornmunication récente de M. deQuatrefages; par M. Rivière. « Dans cette communication, faite de vive voix à la séance du 21 avril et indiquée par un court extrait dans le Compte rendu de la séance, le sa- vant Académicien, dit M. Rivière, a exposé les raisons qui le portent à ad- mettre que les buttes coquillières de Saint-Michelen-Lherm ont été élevées par la main de l'homme et à une époque assez récente. Je me vois dans la nécessité de combattre cette assertion. En 1 833 j'ai étudié avec beaucoup de soin ces buttes, et depuis je les ai décrites dans plusieurs ouvrages, notam- ment dans une Notice sur les atterrissements. La description et l'explica- tion que j'en ai présentée, admise comme exacte par beaucoup de géologues qui ont visité les lieux, me paraissent encore aujourd'hui l'expression de la vérité. Je persiste donc à croire, et la présente Note a pour objet d'établir .-,111 de nouvelles preuves, que ces amas sont formés par des animaux qui oui vécu sur la place où nous les observons, (pie ce sont des bancs formés au milieu de l'eau, comme les bancs d'huîtres qui existent actuellement sur la côte et qui ont été laissés à sec par le retrait des eaux. » Ce Mémoire est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. de Quatrefages et Daubrée. M. Schattexjiaxx soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur la culture du tabac et sur la dessiccation de cette plante dans le département du Bas-Rhin. (Commissaires. MM. Boussingault, Decaisne, Peligot.) CORRESPONDANCE. L'Académie des Sciences, Relles-Lettres et Arts de Roues envoie pour l.i Bibliothèque de l'Institut le précis de ses travaux pour 1 860-1861. M. le Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la cor- respondance un « Mémoire sur l'emploi des soupapes de sûreté appliquées aux chaudières à vapeur ». L'auteur, M. de Burg, Membre de l'Académie des Sciences de Vienne et professeur à l'École Polytechnique, en ce moment à Paris, en faisant hommage à l'Académie de son travail, y a joint la traduc- tion en français du résumé qu'en a donné l'Académie des Sciences de Vienne dans le journal officiel de l'empire d'Autricbe. M. Clapeyron est invité à faire connaître à l'Académie par un Rapport verbal les rechercbes de M. de Burg. M. le Secrétaire perpétuel signale également un Programme de la So- ciété d'Agriculture, Sciences et Arts de Poligny (Jura) annonçant, à l'occa- sion des travaux de chemin de fer qui s'exécutent au pied du Jura, l'ouver- ture d'an congrès géologique et paléontologique qui s'ouvrira à Poligny le 22 juin prochain. ( '067 ) mécanique CÉLESTE. — Observations sur une Note relative à l' équation séculaire de la Lune, insérée dans le numéro des Comptes rendus du \i mai dernier; par AI. DE POXTÉCOULAXT. « Je ne voulais plus revenir sur cette question de peur de fatiguer l'at- tention de l'Académie, mais quelques phrases de la réponse que M. Delau- nav a cru devoir faire à mes précédentes observations m'obligent à rompre le silence que je m'étais imposé, car il me semble qu'elles sont de nature a donner la change sur mes idées et sur le véritable point de la contestation. M. Delaunav assure que les termes nouveaux introduits dans l'expression du coefficient de l'inégalité séculaire ne dépendent pas d'un principe jus- qu'ici sans précédent clans la théorie des planètes et des satellites; que ces termes naissent tout simplement du développement des formules poussé plus loin que n'avait fait Laplace, et que ce grand géomètre les aurait admis lui-même sans la moindre difficulté, comme l'a fait M. Delaunav, s'il occu- pait encore le siège où nous l'avons vu si longtemps assis pour l'honneur de la science. Mais s'il en est ainsi, quelle est donc cette force désignée par M. Adams sous le nom d'areal velocily. et dont il a cru que la considération était nécessaire désormais pour la détermination des mouvements lunaires.1 Je sais bien qu'il y a renoncé depuis, sur l'observation de M. Hansen que son principe ne signifiait rien; mais enfin il a existé, et M. Delaunay a même témoigné pour lui beaucoup d'admiration, si j'ai bonne mémoire, tout en nous prévenant cependant qu'on pouvait le prendre en consi- dération ou n'en pas tenir compte, et qu'on arrivait identiquement au même résultat : ce qui n'avait pas laissé, à vrai dire, de nous faire douter un peu de son importance. Si les nouveaux termes qu'on doit à M. Adams ne résultent que du développement des formules ordinaires, comment se fait-il donc que M. Plana, qui a poussé l'approximation, non pas jusqu'aux termes du quatrième ordre seulement, mais jusqu'aux termes du septième ordre dans le coefficient de l'équation séculaire, n'en ait pas reconnu le moindre vestige? Enfin comment pourrions- nous croire, sur la simple assertion de M. Delaunay, nous qui avons connu Laplace, et qui savons combien à un immense génie il joignait les faiblesses d'un amour-propre très-cliatouilleux, qu'il aurait admis sans un examen très-approfondi du moins un procédé de calcul qui aurait eu pour premier résultat de renver- ser deux de ses plus belles découvertes, celle de la cause qui produit l'ac- célération du moyen mouvement lunaire, et le principe si remarquable d< ( io68 ) ['invariabilité des grands axes des orbes planétaires et de la permanente de leurs moyens mouvements; car c'est là une conséquence indispensable du procédé de M. Adams, bien que ce professeur et ceux qui l'ont suivi, de confiance, ne paraissent pas jusqu'ici s'en être doutés. Mais en quoi ce principe, quoi qu'en puisse dire mon honorable contradicteur, est-il nou- veau dans le système du monde? Deux mots suffiront pour l'expliquer. Laplace avait reconnu que la variation de l'excentricité de l'orbe ter- restre est la véritable cause de l'accélération du moyen mouvement de la Lune; mais comme cette variation ne produit aucun elfet sensible sur les inégalités périodiques, il avait omis d'en tenir compte dans les équations différentielles du mouvement troublé et avait intégré ces équa- tions selon la méthode usitée dans la théorie des planètes, où l'on regarde comme constants les éléments des orbites de l'astre troublé et de la planète perturbatrice. Sans doute il serait plus rigoureux, puisque l'excentricité de l'orbite terrestre est variable, d'avoir égard à sa variation dès l'origine du mouvement; mais, outre que le problème en devient beaucoup plus compli- qué, il serait nécessaire, avant d'entrer dans celte voie, de s'assurer par une analyse rigoureuse qu'on ne fera pas un travail inutile, que les nouvelles inégalités qu'on découvrira auront une valeur appréciable, et ne finiront pas, en se détruisant mutuellement, par se réduire à néant. M. Delaunay affirme qu'à cet égard le calcul est une démonstration sans réplique ; or c'est ce que nous nions positivement. Un exemple entre mille suffira pour expli- quer notre pensée. C'est en calculant toutes les inégalités séculaires intro- duites dans l'expression du grand axe d'une planète soumise à l'action d'une autre planète, que Laplace est parvenu à reconnaître le grand principe qu'on a nommé Y invariabilité des grands axes planétaires. Eh bien, si Laplace eût été moins exercé aux opérations numériques, s'il eût commis quelque faute ou quelque omission dans son calcul, il en aurait donc conclu que les grands axes étaient variables; encore une fois, ce n'est que l'analyse qui peut résoudre de si importantes questions, le calcul ne peut donner que des inductions, et c'est ainsi que, profitant de la remarque de Laplace et la généralisant, Lagrange a enfin établi sur une base inébranlable le grand principe que Laplace n'avait fait que soupçonner. » Enfin ce qui a pu faire douter encore de l'existence réelle des nouveaux fermes introduits par M. Adams, ce sont les formules qu'il avait employées pour les calculer; ces formules sont celles où la longitude vraie de la Lune est prise pour la variable indépendante, et Laplace a reconnu lui-même, quoiqu'il l'eût adoptée dans la Mécanique céleste, que, pour traiter des ( >o69 ) questions délicates, cette méthode est extrêmement dangereuse et demande à être maniée par des mains très-exercées pour ne pas conduire à des résul- tats tout à fait défectueux, comme cela a eu lieu dans un grand nombre de cas (i). Mais, sans aller chercher des exemples bien loin, nous n'avons qu'à rappeler ce qui est arrivé au grand calculateur M. Plana, qui, on le sait, a adopté cette méthode dans son grand ouvrage. Il a essayé par ses formules de retrouver les termes signalés par M. Adams, et en employant la même méthode d'intégration, dont nous avons déjà montré l'insuffisance, il y est aisément parvenu ; mais les défectuosités de sa méthode avaient jeté tant de trouble dans ses idées, qu'il a d'abord proposé de les rejeter tous, puis d'en admettre la moitié et de repousser l'autre, puis enfin, et tout cela appuyé des plus belles raisons du monde, il est passé avec son attirail de formules et de calculs dans le camp de nos adversaires. J'ai donc eu bien raison de dire et de répéter qu'une analyse directe, exacte et rigoureuse pouvait seule éclairer un point si délicat de la théorie de la Lune, et que les calculs de MM. Adams, Plana, Delaunay, Lubbock, Cayley, etc., tous se traînant dans les mêmes traces, étaient impuissants à le décider. » J'arrive maintenant à une dernière observation de M. Delaunay qui m'est toute personnelle et qui a vivement, je l'avoue, blessé mon amour- propre d'auteur. Suivant son ordinaire dans ces sortes de discussions, mon adversaire prétend m'accabler sous la masse de ses résultats numé- riques et me propose d'opposer mes chiffres aux siens et de calculer aussi le second terme de l'équation séculaire pour qu'il puisse se donner le plai- sir, sans doute, de traiter mon résultat comme il fait de ceux de M. Plana lorsqu'ils ne cadrent pas avec les siens. Cette espèce de provocation ne m'émouvrait guère, car en fait de chiffres je suis en mesure de lui ré- pondre, si elle ne me révélait une bien douloureuse vérité : c'est que, quelque œuvre que je produise, ou de longue haleine ou de moindre di- mension, je n'ai pas le bonheur de compter M. Delaunay au nombre de mes lecteurs. En effet, mon nom n'est pas même prononcé dans la préface de son grand ouvrage, bien qu'il ait cité avec éloge tous ceux qui s'étaient occupés avant lui du même sujet, et ceux même qui n'en avaient fait qu'une distraction à d'autres travaux; j'ai donc lieu de supposer qu'il ignorait, alors du moins, que j'eusse publié il y a vingt ans une (i) Connaissance des Temps, 1823. C. R., i8fi2, 1" Semestre. (T. LIV, N° 19.) I 38 C 107° ) théorie complète des mouvements lunaires; j'ai fait imprimer il y a déjà deux ans un supplément à cet ouvrage, et je vois, par le reproche qu'il m'adresse aujourd'hui, que l'annexe n'a pas été plus heureuse que l'ouvrage lui-même. On y trouve en effet tout ce que je viens de dire à l'Académie et beaucoup d'autres choses encore. Je vais les rappeler ici sommairement, puisque je n'ai pas d'autre moyen d'appeler sur mes faibles travaux l'atten- tion de M. Delaunay. .. i° J'ai calculé par une méthode directe, la seule convenable à ce cas, le coefficient de l'équation séculaire, non pas jusqu'au quatrième ou cin- quième ordre, comme l'a fait si péniblement M. Adams après plusieurs an- nées de travail, mais jusqu'aux quantités du septième ordre, comme l'avait fait M. Plana. » 20 Suivant une idée énoncée par Poisson dans son Mémoire sur les mou- vements de la Lune autour de la Terre, et réparant quelques omissions com- mises dans son calcul, je suis parvenu identiquement au coefficient de M. Adams, en sorte que celui-ci n'est plus même l'auteur de sa grande dé- couverte : l'idée des nouveaux termes introduits dans l'équation séculaire est due à notre grand géomètre Poisson. » 3° Cette grande autorité toutefois ne m'a pas encore convaincu, à cause des doutes que peut laisser la méthode d'intégration suivie par Poisson et imitée ensuite par M. Adams et ceux qui ont adopté ses idées; j'ai donc in- diqué la méthode rigoureuse qu'il faudrait suivre pour faire tomber désor- mais tonte objection et reconnaître de quel côté est la vérité. J'ai attendu longtemps que quelqu'un entrât dans cette voie; je me suis décidé de guerre lasse à le faire moi-même, et j'y ai heureusement réussi. Je présenterai à l'Académie mon analyse dès que j'aurai eu le loisir de la rédiger; je prie jusque-là M. Delaunay de suspendre toute hostilité sur ce sujet ; la question est maintenant invariablement décidée, l'analyse a prononcé. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur ta présence ci sur le rôle de l'acétylène dans le gaz de l'éclairage; \> chimie organique. — Acides ditartrique et disuccinique ; par M. H. Schiff (à Berne). « Les recherches de MM. Lourenço, Wurtz et Friedel ont démontré que plusieurs équivalents d'un radical peuvent se combiner pour former une seule molécule hydratée, basique ou acide. On a obtenu ces composés ou par combinaison directe ou par double décomposition. » Dans ce Mémoire, je démontrerai que ces composés peuvent être ob- tenus non-seulement par ces méthodes, mais aussi par la déshydratation de l'acide hydraté; en même temps je ferai connaître deux nouveaux com- posés du même genre, l'acide ditartrique et l'acide disuccinique. « Si l'on maintient l'acide tartrique pendant quelque temps en fusion, il perd une demi-molécule d'eau sans la moindre coloration et se transforme en un acide qui contient i équivalents de radical tartrique dans une seule molécule. Cet acide est comparable aux combinaisons dilactiques obtenues par MM. Wurtz et Friedel et à quelques combinaisons censées anormales de la chimie inorganique. GrO2 \ Grô2 ô' H3) Acide dicbi'omiquo. SÔ'-j SÔ! O3 Hs) Acide disulfurique. CrO'j <) H2, Acide chromique. S02b' H2) Acide sull'urique. Q3 Gr0s H2) Acide cliromosulfurique. GsH40 H Acide ludique O2 G4 H4©2 Q2 H Acide succinique t;*Hlô G3H4Oa3 H2 ) Acide dil.ictique. (4II4Q2) G4H402 ô3 H») Acide disuccinique. G3H40 G4H4Ô2|Q5 H2' Acide lactosticciuique. G4H4Gl H2 O2 <> Acide tartrique. G4H4©4 <;ii4©4 H2) Acide ditartrique ( 1076 ) » En effet, j'ai réussi à préparer directement des dilartrates et même l'éther ditartrique en combinant les tartrates avec de l'acide tartrique anhydre. En ajoutant i équivalent de ce dernier composé à i équivalent d'acide tartrique fondu, j'ai obtenu une masse très-déliquescente, qui se comporte entièrement comme le produit de la fusion prolongée de l'acide tartrique. L'acide ditartrique n'est pas cristallisable, il forme des sels très- solubles dans l'eau, même avec le cuivre, l'argent et l'étliyle. Les sels sont précipités par l'alcool sôus forme d'un sirop ou de flocons volumineux qui se prennent en masse par l'agitation et deviennent, lorsqu'on les dessèche, une masse cornée, qui ne se change pas au contact de l'air. Les analyses des sels, provenant des acides préparés par les différentes méthodes indi- quées ci-dessus, s'accordent entièrement avec la formule G8H10ôn de l'acide ditartrique. » L'acide succinique, en perdant par la sublimation une demi-molécule d'eau, est transformé en un acide disuccinique ; les formules H*r' Hsr' Acide succinique. Acide disuccinique. font ressortir des rapports que l'on retrouvera sans doute chez beaucoup d autres combinaisons polyatomiques, exposées à l'influence d'une chaleur- modérée. » Des expériences, exécutées par M. Fremy en i838 et répétées par MM. Laurent et Gerhardt en 1848, ont démontré que l'acide tartrique, exposé à une température d'à peu près 1 5o°, entre en fusion et éprouve un changement dans ses propriétés physiques et chimiques. M. Fremy a décrit un acide tarlralique et un acide tartrélique €'H406+^H!Ô, qui diffèrent de l'acide tartrique GvHlG6 + H!G\ seulement par des fractions de molécule d'eau. » MM. Laurent et Gerhardt n'ont pas confirmé ces résultats. D'après eux et M. Erdmann, l'acide entre en fusion et peut être maintenu dans cet état sans perdre de l'eau; mais l'acide métatartrique qui en provient, tout en ayant la même composition que l'acide tartrique, en diffère dans toutes ( io77 ) ses propriétés. Mes recherches ont confirmé ce fait, niais je n'ai pu réussir à obtenir les combinaisons isotartriques de MM. Laurent et Gerhardt qui doivent être isomères aux tartrates et métatartrates acides. » D'après ses propriétés, l'acide ditartrique est identique à l'acide isotar- triqtie, et ce dernier, mélangé à de l'acide métatartrique, constituait sans doute l'acide lartralique de M. Fremv. » CHIMIE. — Sur ta réduction du perchlorure de fer par le platine, le palla- dium et l'or : réduction des chlorures d'or et de palladium par le platine; par M. Camille Saixtpierre. « Dans un travail fait en commun avec M. Béchamp, nous avons déjà eu l'honneur de communiquer à l'Académie (voir Comptes rendus, i5 avril 1861) le fait nouveau et inattendu de la réduction du chlorure ferrique (Fe2Cl3) par le platine. L'attaque du platine dans ces circonstances a été constatée depuis par plusieurs chimistes; mais quelques observations ayant été présentées au sujet de cette Note au sein de la Société Chimique de Paris (1861), nous avons cru devoir soutenir nos conclusions par de nou- velles expériences. J'ai l'honneur de faire connaître aujourd'hui le résultat des recherches nouvelles entreprises dans le laboratoire de M. Béchamp. » Le perchlorure de fer étendu, bouilli avec du platine, est réduit. C'était là notre conclusion. Nous la maintenons. Nous avons vérifié de nouveau que le perchlorure employé était exempt de chlore libre, et que par le pla- tine il passait au minimum. » Nous nous sommes assurés constamment que dans les circonstances où nous opérions, c'est-à-dire à niveau constant, le perchlorure de fer seul, étendu et légèrement acidulé, n'est nullement réduit par l'ébullition. » Mais M. Personne ayant annoncé à la Société Chimique le fait de la réduction du perchlorure de fer par la chaleur, nous avons dû constater que cette réduction n'avait jamais lieu dans les conditions de nos expé- riences. Le fait signalé par M. Personne nous a paru exact, mais seulement à une température élevée et lorsque la dissolution du perchlorure atteint un certain degré de concentration. Le perchlorure de fer légèrement aci- dulé peut empêcher la formation d'un oxychlorure basique insoluble (1), (i) On sait par les expériences de M. Béchamp [Annales de Chimie et de Physique, i85g, t. LVII ) « que le perchlorure île fer neutre, en dissolution trés-étendue, se décompose par l'ébullition et donne un oxychlorure basique insoluble. A ce moment, il n'y a pas de réduc- tion. » C. B., i86a, 1" Semestre. (T. I.1V , N° 19. ) I 3g ( (E.) Une lame de platine pesant igr, 5820, chauffée pendant dix-huit heures environ avec du chlorure d'or, n'a rien précipité. Elle s'est couverte d'une légère couche jaune d'or métallique, résistant au frottement le plus énergique. En un mot, la lame de platine a été dorée et pesait igr, 5855. Si l'on calcule d'après l'équation 2 Au2 Cl8 -+- 3 Pt = 3 Pt CI2 + k Au, on voit que l'augmentation de poids, en tenant compte du platine dissous, est dans un rapport convenable avec la réduction du chlorure d'or, puisque pour 3oo de platine il se dépose 4oo d'or à peu près. » Nous avons constaté d'ailleurs la présence d'une quantité notable de platine dissous dans la solution aurique, en nous débarrassant de tout l'or par le chlorure ferreux, et traitant ensuite la dissolution par l'hydrogène sulfuré. » physique. — Sur la densité de la glace; parM. L. Difour (de Lausanne). « La densité de la glace a été l'objet des évaluations les plus diverses et il est assez remarquable que, malgré la précision des recherches scientifi- ques actuelles, on trouve encore à cet égard des données fort peu concor- dantes. Cette incertitude se révèle aussi par les indications très-variées que l'on rencontre dans les ouvrages, sur l'expansion subie par l'eau au moment du gel. Les valeurs de densité données par P. Heinrich (0,905), Thomson i39.. ( io8o ) (0,940), Berzclius (0,916), Damas (0,950), Osann (0,927), etc., diffèrent fort les unes des autres et s'éloignent aussi plus ou moins des chiffres aux- quels ont abouti les trois travaux les plus récents sur ce sujet. M. Brunner, en i845 (Ami. de Poqrjendorf), indiqua 0,9180 comme densité de la glace et par conséquent -^ comme coefficient d'expansion au moment du gel. MM. Plucker et Geissler, en i852 [Ami. dePogg.), trouvèrent 0,9168, et enfin M. EL Kopp, en 1 855 (Ann. de Chimie el Pharmacie), indiqua 0,908. » Deux méthodes ont généralement été employées dans ces recherches. Tantôt on a essayé de peser la glace dans l'air, puis dans un liquide où elle ne subit aucune altération, pour en conclure le poids spécifique par les calculs connus (méthode de Brunner) ; tantôt on a cherché à évaluer direc- tement l'accroissement de volume que subit une quantité connue d'eau au moment de son changement d'état (expériences de MM. Plucker, Kopp). Ces expériences rencontrent des difficultés spéciales tenant aux propriétés de la glace, à son extrême fusibilité et à la facilité avec laquelle elle se dissout dans un grand nombre de liquides. » Ces difficultés sont sans doute la principale cause des divergences qui existent encore entre les résultats des derniers travaux. » On peut aboutir à la densité de la glace en suivant une méthode indi- recte. On peut constituer un liquide dans lequel la glace flotte en équili- bre, ne tendant ni à monter ni à descendre, puis chercher, par les procédés précis applicables aux liquides, la densité du milieu réalisant ces conditions. Le liquide choisi doit ne pas dissoudre la glace et pouvoir subir un refroi- dissement inférieur à o° sans altération. Un mélange d'eau et d'alcool peut être employé assez bien ; si l'on prend des morceaux de glace un peu volu- mineux, si l'on opère à plusieurs degrés au-dessous de o°, l'influence dissol- vante de l'alcool n'est que très-faible et on peut obtenir, d'une façon assez nette, l'équilibre des fragments de glace. En me servant de ce liquide et en opérant avec des précautions convenables, j'avais déduit, comme moyenne de 22 déterminations, le chiffre 0,9175 pour la densité de la glace. J'ai eu l'honneur de communiquer ces résultats à l'Académie en juin 1860. i> Mais dans le Mémoire consacré à cette étude (Bibliothèque universelle, juin 1860), j'avais signalé l'action dissolvante fâcheuse du liquide alcooli- que, et ce point de détail demeurait une cause d'erreur que je ne m'étais point dissimulée tout en espérant l'avoir réduite à de très-minimes propor- tions. L'importance du sujet méritait de nouvelles recherches et j'ai essayé de reprendre la même méthode en substituant au mélange alcool et eau un liquide qui ne présentât pas les mêmes inconvénients. ( io8i j » Le chloroforme et l'huile de pétrole se mélangent très-bien ; ils ne dis- solvent en aucune façon les morceaux de glace; ils se conservent très-fluides au-dessous de o° et on peut varier la densité de leur mélange entre 0,82 et i,5oen variant leurs proportions. Il est facile de faire le mélange de telle façon, que la glace y demeure en équilibre parfait, ne tendant ni à monter ni à descendre ; si l'on ajoute un peu de chloroforme ou un peu d'huile de pétrole, la glace monte à la surface ou tombe au fond du vase, et le liquide a une densité qui lui est supérieure dans le premier cas et inférieure dans le second. » Des essais préliminaires m'ont appris que le mélange chloroforme et huile de pétrole se conserve très-homogène pendant un temps plus que suf- fisant pour chaque expérience. Dans ces mêmes essais j'ai appliqué la mé- thode présente à des flotteurs en verre creux dont la densité pouvait être déterminée par les procédés ordinaires. Quatre épreuvesont fourni un écart moyen de o,ooi3 entre la densité des flotteurs obtenue directement et celle du mélange où ils flottaient en équilibre. Cette approximation est sans doute encore grossière et la méthode cpii la tolère ne pourrait être recommandée pour les corps auxquels les moyens ordinaires sont applicables ; mais si l'on tient compte des difficultés spéciales que présente la glace, on reconnaîtra que cette méthode n'est point à dédaigner. En multipliant les détermina- tions, on peut espérer que la moyenne ne s'écartera pas beaucoup de la vérité. » Le choix de la glace importe beaucoup. Il faut opérer sur des fragments privés de bulles d'air et obtenus à l'aide de l'eau distillée ; mais cette élimi- nation absolue de l'air est très-difficile. En faisant geler de l'eau longue- ment bouillie dans une sorte de chambre barométrique, j'ai obtenu une glace opaline, bien homogène, et j'ai pu recueillir quelques fragments irré- prochables au point de vue de la recherche de la densité. Leur opalescence ne tenait manifestement pas à la présence de l'air, mais probablement à une structure ou à des clivages intérieurs. Quoique cette glace ait été produite dans un espace où la tension de l'air restant ne dépassait pas \ millimètre, quelques bulles très-petites de ce gaz ont encore été aperçues ici el là et mises en évidence en jetant la portion du fragment qui les renfermait au fond d'une éprouvette remplie d'huile de pétrole. » Le poids spécifique du mélange chloroforme et huile de pétrole était déterminé en y pesant un morceau de verre dont on connaissait le poids dans l'air et dans l'eau. La température, toujours inférieure à o°, a varié de — -|à —8°. On a,|danslcscalculsde densité, fait toutesles corrections qu'une ( ip8a ) pareille recherche exige, pour réduire les résultats à o°, en admettant comme coefficient cubique de dilatation de la glace le chiffre o,oooi58 donné par MM. Plùcker et Geissler. Voici les résultats obtenus. » La méthode employée permettant d'obtenir des limites supérieures et inférieures entre lesquelles se trouve sûrement comprise la densité de la çlace, on a trouvé pour ces limites diverses valeurs, dont les plus extrêmes sont 0,9207 et o,9i33. Ces limilescomprennent les chiffres de densité don- nés par Berzélius, par MM. Plùcker et Brunner; les chiffres de P. Heinrich, de Kopp, Osann, etc., sont en dehors et, pour les morceaux de glace du moins sur lesquels j'ai expérimenté, leurs données sont sûrement trop fortes ou trop faibles. La moyenne des seize valeurs de densité obtenues dans ces expériences est 0,9178. Les écarts maxima sont + o,ooi5 et — 0,0012; l'écart moyen ±o,ooo5. Le chiffre 0,9178 diffère seulement de 0,002 de celui de MM. Plùcker et Geissler et il est très-approximativement le même que celui de M. Brunner (0,9180). Cette dernière coïncidence peut inspirer quelque confiance, puisque la méthode de ce savant était tout autre que celle dont j'ai fait usage. Ce résultat enfin confirme très-convenablement les premières expériences à l'aide du mélange alcool et eau. » En admettant 0,91 78 comme densité moyenne delà glace à o°,on trouve facilement qu'un volume d'eau égal à 1 , à o°, produit, en gelant, un volume 1,0895 de glace; ou bien, l'expansion au moment du gel est sensiblement — 7 ou jj du volume de l'eau à o°. » PHYSIQUE. — Note sur la détermination de ta température de fusion des corps mauvais co)tilurteurs de la chaleur; par M. Gerakdix. (Extrait.) « Gay-Lussac a reconnu que la solubilité d'un corps n'est pas modifiée quand ce corps passe de l'état solide à l'état liquide. Je me suis assuré que la réciproque de cette proposition est vraie, c'est-à-dire que la présence d'un dissolvant ne modifie pas la température de fusion des corps quand il n'y a pas d'action chimique. En effet, le soufre en suspension dans l'acide sulfu- rique, le bichlorure d etain et lalcool amylique entre en fusion dans ces trois dissolvants exactement à la même température de iii",5. Le phos- phore entre en fusion à la même température de Vt°>2 dans les divers al- cools, l'eau, le chloroforme. Avec l'iode et les corps gras solides j'ai ohtenu des résultats semblables. Je n'ai encore rencontré aucune exception à cette règle. n Si donc le milieu qui baigne le corps n'influe pas sur sa température de ( ro8'3 ) fusion, on peut déterminer cette température en mettant le corps en suspen- sion dans un liquide où il est plus ou moins soluble. Quelque petite que soit la quantité de matière solide employée, on voit toujours très-nettement le moment de la fusion, surtout si le corps est très-divisé, opaque à l'état so- lide et transparent à l'état liquide. » PHYSIQUE. — Sur la polaiité électrostatique, cinquième Note de • M. P. VOLPICELU (i). « Suivant le principe que j'ai déjà indiqué [Comptes rendus, t. LUI, p. 34^), c'est-à-dire qu'une loi de continuité préside toujours à chaque phénomène naturel, j'ai fait de nouvelles recherches sur la polarité élec- trostatique développée dans le plateau en verre d'une machine électrique avec un seul couple de coussins. » Si les coussins de la machine électrique sont parfaitement isolés, et si son conducteur communique métalliquement avec le sol humide, le plateau de verre tournant se montre négatif plus près des coussins qu'ailleurs. Mais quelquefois il arrive que dans le milieu de la moitié du plateau qui des coussins avance vers le conducteur, on trouve l'électricité positive. En tout cas, le négatif près des coussins est toujours plus fort que près des pointes. En outre, le négatif au-dessus est toujours moindre qu'au-dessous des cous- sins, en supposant que le plateau tourne de manière à sortir de ces coussins avec sa moitié inférieure. Cela prouve que le négatif du plateau ne peut être uniquement produit ni par l'influence, ni par la dispersion, ni par la com- munication du négatif des coussins. » Si les coussins, aussi bien que le conducteur, communiquent tous mé- talliquement avec le sol humide, le plateau se montre positif dans la partie qui vient de sortir des coussins et négatif dans l'autre. Si dans ce cas on applique en même temps deux plans d'épreuve, un au-dessus, l'autre au- dessous des coussins, et près d'eux, on aura les électricités contraires. C'est même ce qui empêche de regarder les polarités permanentes, que nous avons reconnues sur le plateau de verre de la machine électrique, comme produites uniquement ou par l'influence, ou par la dispersion, ou par la communication du négatif des coussins. » Ayant parfaitement isolé le conducteur et les coussins, si, quand le pla- (1) Pour les autres communications, voir les Comptes rendus, t. XXXVIII, p. 35 1 et p. 877 ; t. XLVIII, p. «j5 f , et t. LUI, p. 347. ( io84 ) tean a cessé de tourner, on essaye ceux-ci tout de suite avec un plan d'é- preuve, on les trouvera électronégatifs. Mais, en continuant cet essai, on verra diminuer le négatif jusqu'au zéro, et se produire le positif qui, après avoir atteint un maximum, diminuera, et les coussins reviendront à l'état d'électricité neutrale. La durée du négatif dans les coussins est moindre que celle du positif, dont cela constitue une polarité successive qui se vérifie, soit que le conducteur ait les pointes ou non, soit qu'il n'existe pas du tout. » On doit observer que les faits annoncés se vérifient mieux quand l'air est sec; que seulement deux tours du plateau, et même un seul, suffisent pour les vérifier; qu'en augmentant le nombre des tours, on ne favorise pas la production des phénomènes exposés; qu'on doit appliquer le plan d'é- preuve sur le plateau aussitôt qu'il a cessé de tourner, et que le plateau de la machine électrique dont je me suis servi pour mes expériences, était de verre antique, avec un diamètre de om,4475 et avec une seule paire de coussins, soutenus par une petite colonne de verre, couverte de gomme laque. » Je terminerai cette Note, en faisant remarquer que les polarités dont nous parlons ressemblent à celles produites par la variation de tempéra- ture dans les cristaux pyro-électriques, et aussi aux autres que j'ai re- trouvées au moyen du frottement (i). Il est aussi à remarquer qu'on obtient la même polarité avec le même moyen mécanique, soit dans les tiges de verre, soit dans le plateau vitré de la machine électrique. » M. A. Dimoxt prie l'Académie de vouloir bien admettre au concours pour le prix dit des Arts insalubres un ouvrage qu'il vient de publier sur les eaux de Lyon et de Paris, ouvrage dans lequel il fait connaître et les tra- vaux qu'il a exécutés à Lyon et un projet qu'il a fait pour la distribution des eaux de la Seine dans Paris. M. Barallier, qui a précédemment présenté au concours pour le prix de Médecine et de Chirurgie (3 juin 1861) un ouvrage intitulé : « Du typhus épidémique et histoire médicale des épidémies observées au bagne deToulon en i855 et 1 856 », adresse aujourd'hui, pour se conformer à une des condi- tions imposées aux concurrents, une analyse de ce qu'il considère comme neuf dans son travail. (1) Comptes rendus, t. XXXVIII, p. 35 r et p. 897; t. XLVIII, p. 954. ( io85 ) M. Violette adresse, dans le même but, une semblable indication pour son ouvrage : « Etudes sur la parole et ses défauts, et en particulier le be- gayement ». (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Hiffelsheim prie l'Académie de vouloir bien renvoyer à cette Commis- sion un ouvrage sur l'électricité médicale qu'il lui a précédemment pré- senté dans cette intention, quoique le Compte rendune l'ait pas mentionné comme pièce de concours. Il se met, dit-il, à la disposition de MM. les Commissaires pour leur indiquer les questions neuves cpii sont traitées dans son travail. On fera savoir à M. Hiffelsheim que le programme exige une indication écrite. M. Hl'ette, qui adresse régulièrement à l'Académie le Tableau des obser- vations météorologiques qu'il fait à Nantes, envoie en double exemplaire le Tableau correspondant au ie semestre de 1861. Il y a joint cette fois un relevé par mois de la distribution de la température dans la même ville à partir de 182/4- M. Sauvageon annonce qu'il continue d'obtenir d'heureux résultats en appliquant l'électrisation aux vers à soie malades. (Renvoi à la Commission des vers à soie.) M. L. delà Touk du Pix présente une Note sur un moyen qu'il a imaginé pour purger la fumée de tabac d'une portion de la nicotine dont elle est chargée avant qu'elle arrive à la bouche du fumeur. A 4 heures, l'Académie se forme en comité secret. C. R., iS'iî, 1" Semestre. (T. L1V, N« 19.) l4^ ( io86 ) COMTÉ SECRET. M. Valenciexxes, au nom de la Section d'Anatomie et de Zoologie, pré- sente la liste suivante de candidats pour la chaire de Zoologie (Mammifères et Oiseaux) vacante au Muséum d'Histoire naturelle par suite du décès de M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. En première ligne. . . . M. Mu.se Edwards. En deuxième ligne. ... M. Pucheran. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures trois quarts. F. L'Académie a reçu dans la séance du 19 mai 1862 les ouvrages dont voici les titres : Cours élémentaire de Géologie à l'usage des Lycées, etc.; par M. E. Lam- bert. Paris, 1862; in-ia. De l'asphyxie locale et de la gangrène symétrique des extrémités ; par M. M. Haynaud. Paris, 1862; in-/|°. (Destiné au concours pour les prix de Méde- cine et de Chirurgie.) Les Eaux-lionnes (Basses- Pyrénées) : Voyage, topographie, climatologie, hygiène îles valétudinaires, râleur thérapeutique des eaux, promenades, rensei- gnements; par le l)r P. DE Pietra-Sainta. Paris, i8(>2; 111-12. (Destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) Les eaux de Lyon cl de Paris; par M. A. DUMONT. Paris, 1862 ; vol. in-.V avec un atlas de iS planches. (Destiné au concours pour le prix 1I1I des Arts insahihres.) Simple explication des chemins de fer ; par M. A. (iutl.l.EMlN. Paris, 1862; m-8°. Notice sur les travaux scientifiques de M. Pucheran. Paris, 1860; in-4u. Lesparalysies phosphoriques , par le Dr Gai.lavardin. Paris et Lyon, 1 862 : br. in-8°. (Extrait de [' Art Médical , avril et mai 1862.) ( io87 ) De la tonsure conjonctivale et de son efficacité contre les lésions panniformes et chroniques de la cornée, etc.; par le D1' S. FuRNARI. Paris, 1862; in-8". (Extrait de la Gazette Médicale de Paris , année 1862.) Etude sur les algues dans le département de l'Aisne. Paris, 18O0; in-8°. Dictionnaire français illustré et Encyclopédie universelle. Paris, 1862; li- vraisons i37et i38,in-4°. Précis anal) tique des travaux de l'Académie impériale des Sciences, Belles- Lettres et Arts de Rouen, pendant l'année 1 860-1 861. Rouen, 1861; vol. in-8°. Travaux du Conseil d'Hygiène publique et de Salubrité du département de la Gironde ( 16 juin i85o,-i6 juin 1 86 1 ); t. VI. Bordeaux, 1861 ; vol. in-8°. De l'emploi du genou pour commander les freins de wagons; par M. Obdi- n aire de Lacolonge. Saint-Nicolas près Nancy, 1862; 1 feuille in-8°. (Ex- trait du Génie Industriel, de MM. Armengaud frères.) Recherches sur quelques phénomènes de la vision ; par M. J. TROUESSART. Brest, 1 854 ; in-8°- Quatre brochures in -8° de M. J.-E. Soubeiran : Etudes sur l'incubation artificielle. — Des plantes à sucre. — Sur les abeilles et sur le miel. — De la structure de la glande à venin dans le genre Vipera et te genre Cérastes. Angers, 1 862. (Extrait des Annales de la Société Linnéenne de Maine-et-Loire. ) Ouvrage philanthropique sur les besoins les plus pressants de l'homme tiré delà nature; par M. Mila. Toulouse, i8Ô2;in-i2. Du pesage du vin substitué au mesurage de ce liquide : Rapport présenté à la Société centrale d'Agriculture de l'Hérault, au nom d'une Commission spé- ciale ; par M. C. Saint-Pierre. Montpellier, 1862 ; demi-feuille in-8°. Annales de la propagation de la foi ; mai 1862; n° 202. Eyon et Paris, in-8°. Mémoire sur les mouvements du cœur, spécialement sur le mécanisme des valvules auriculo-venlriculaires ; par M. A. Spriing. (Extrait du t. XXXIII des Mémoires de l'Académie royale de Belgique.) An accourir.".. Note sur deux bolides observés aux Etats-Unis le 2 et le 6 août 18G0, avec le calcul de leur trajectoire ; par H. -A. Newton. (Extrait de Y American Journal of Science and Arts, vol. XXXIII, mai 1862.) I11-80. Uberdie... Sur l'emploi des soupapes de sûreté appliquées aux chaudières à vapeur; par M. A. DE Burg. (Extrait des Comptes rendus de l'Académie royale des Sciences de Vienne. ) In— 8°. Discorso... Dissertation sur le magnétisme humain; par le prof. Cav. A. Longo, docteur en médecine. Catane, 1862; in-8°. ( 1088 ) Studi... Sur la constitution intime des corps; pur G. GALLO. (Extrait du Journal 20. ) '4' ( lo9° ) des doutes dans 1 esprit de notre contradicteur? C'est que nous intégrons en regardant comme variable tout ce qui est variable dans les équations différentielles, tandis que lui prétend que l'on doit traiter comme constant une partie de ce qui est variable, sauf à lui rendre son caractère de variabi- lité après que l'intégration est effectuée. Cette opinion, rpii paraît être la base de toutes ses attaques, semble cependant avoir un peu fléchi dans son esprit, car il dit dans sa dernière Note (page 1068) : « Sans doute il serait » plus rigoureux, puisque l'excentricité de l'orbite terrestre est variable, » d'avoir égard à sa variation dès l'origine du mouvement. » Ainsi nous sommes dans l'erreur, parce que nous suivons une marche qui, suivant M. de Pontécoulant lui-même, est plus rigoureuse que celle qu'il prétend être la bonne! » Ai-je besoin de relever l'étrange proposition que je vois formulée au bas de la page 1067, savoir que l'on ne pourrait admettre le résultat contesté par M. de Pontécoulant sans renverser du même coup deux des plus belles découvertes de Laplace? Ai-je besoin de montrer tout ce qu'il y a de naïve- ment insignifiant dans cette manière d'établir qu'un calcul ne prouve rien, en disant que si Laplace s'était trompé dans un certain calcul, il n'aurait pas /ait la grande découverte à laquelle ce calcul l'a conduit (page 1068, ligne 23 et suiv.) ? » Je ne puis me dispenser cependant de signaler une erreur matérielle que je trouve au bas de la page 106g. M. de Pontécoulant dit : « Je n'ai pas » le bonheur de compter M. Delaunav au nombre de mes lecteurs. En » effet, mon nom n'est pas même prononcé dans la préface de son grand » ouvrage. « Eh bien, qu'on ouvre cette préface et l'on y verra au haut de la page xvu : « Enfin M. de Pontécoulant publia en 1846 une Théorie de » la Lune qui forme le IVe volume de son ouvrage intitulé : Théorie analy- » tique du système du monde. » » Je n'irai pas plus loin. Je crois avoir suffisamment montré, aujourd'hui et dans les deux dernières séances, combien M. de Pontécoulant est peu scrupuleux sur l'exactitude de ses affirmations, et combien ses raisonne- ments ont peu de consistance. Je ne me croirai pas obligé désormais de lui répondre, à moins que ses attaques ne prennent un caractère plus sérieux. » M ÉCANIQUE APPLIQUÉE. —Notice sur l'élévation des eaux nécessaires à la ville c/< Lyon en i853-i856, et à la ville de Paris,- par M. le baron Charles Dupix. « Le service des eaux nécessaires aux habitants de Lyon, établi depuis cinq ans à Lyon, est un vaste travail qui fait beaucoup d'honneur à M. Aris- ( '°9' ) tide Dnmont, Ingénieur des Pouls et Chaussées. Il en a fait les plans et les calculs; il en a dirigé les travaux d'exécution, et depuis cinq ans ni les constructions ni les mécanismes n'ont exigé de réparations. » Les Romains, pour approvisionner leur colonie lyonnaise, avaient combiné trois systèmes : » Le premier était une dérivation des eaux du Rhône pour desservir les parties les plus basses de la ville ; » Un aqueduc à pentes régulières et continues amenait les eaux du mont d'Or pour desservir les quartiers de moyenne hauteur; » Enfin, pour desservir les quartiers les plus élevés, on avait conduit les eaux du mont Pelât en faisant usage de siphons en plomb pour traverser une profonde vallée. C'est le seul exemple qui soit connu d'un tel emploi du siphon par les Romains. » Il ne reste plus que quelques vestiges de ces magnifiques travaux. Le problème dont ils étaient la solution avait infiniment moins de grandeur que celui dont nous voyons aujourd'hui la solution. En effet, la colonie romaine ne comptait pas plus de 3o ooo habitants; le nouveau système doit fournir les eaux nécessaires aux 3oo ooo habitants de la moderne cité. « L'Ingénieur chargé des travaux, M. Dnmont, a fait, comme les Romains, usage de trois services, le bas, le moyen et le haut. » Dans tous les trois il élève les eaux du Rhône avec des machines à vapeur imitées de celles que James Watt a fait servir avec tant d'économie et de perfection à l'épuisement des eaux dans les mines du Cornouailles. » Pour le bas service, on élève les eaux du Rhône à 45m, 70 de hauteur pour r centime par 1000 litres. » Les eaux extraites du fleuve traversent un système filtrant qui suffit pour les épurer. » Pour le service moyen, une machine à vapeur peut élever les eaux à 54 mètres de hauteur. » Pour le service supérieur, il faut surélever de 55 mètres les eaux du moven service; à cet effet on a construit une colonne élévatoire en fer ayant cette hauteur. Un système de tuyaux et de siphons distribue les eaux à partir de ce point, depuis les hauteurs au-dessus du fort Montessuy jus- qu'aux hauteurs de Fourvières. » L'ensemble des travaux de Lyon, machines, réservoirs, appareils de filtration, avec 20000 mètres d'égouts, a coûté seulement 9 millions de francs, dépensés de 1 853 à 1 856. 141.. ( io92 ) » M. Aristide Duinout voudrait qu'on imitât pour Paris le système dont nous venons de donner l'indication. » Il prendrait les eaux de la Seine un peu en amont de Choisy-le-Rov, pour les élever sur les hauteurs de Thiais ; de là les eaux seraient, conduites à proximité de l'Observatoire, sur un point culminant, à partir duquel on les distribuerait dans tout Paris. » L'auteur affirme qu'il serait possible de fournir pour 17 millions de francs une aussi grande masse d'eau que d'autres projets qui doivent déri- ver les eaux de la Dhuys et de la Champagne, et dont la dépense totale est évaluée à 62 millions. » Si l'on n'acceptait pas les moyens de filtration proposés par M. Aristide Dumont, il laisserait un tiers des eaux fournies comme boisson aux habi- tants par la rivière de la Dhuys. Pour le reste du projet il fournirait avec 6 millions les eaux destinées à tout autre usage que la boisson des habi- tants. Dans ce dernier cas, la diminution de la dépense se calculerait encore par un grand nombre de millions. » L'Académie comprendra que je n'émets aucune opinion sur une pré- férence qui demanderait un long et sérieux examen. Il me suffit de conclure en rendant hommage au mérite, à l'expérience, aux talents de M. Aristide Dumont, l'un des Ingénieurs cpii font honneur au Corps savant des Ponts et Chaussées. » M. Le Verrier, à la suite de la communication de M. Dupin, fait remar- quer que le procédé de filtrage suivi pour les eaux du Rhône n'est pas appli- cable sur les bords de la Seine. M. Eue de Beaitmont s'associe aux observations de M. Le Verrier, et les appuie par quelques remarques sur la différence qui existe entre les épaisseurs du terrain diluvien à Lyon et à Paris. électrophysiologie. — Sur Injonction électrique de la torpille; Noie de M. C11. Matteucci. « En parcourant dernièrement le Rapport de notre confrère M. Becquerel sur le Mémoire de M. Moreau, je me suis rappelé quelques expériences ten- tées il y a quelques mois sur le même sujet, et j'ai cru qu'il n'était pas sans intérêt d'en faire connaître les résultats, quand même il n'y aurait d'autre objet que de rectifier quelques-unes des conséquences de ce Rapport et de mettre hors de doute des conclusions depuis longtemps établies en électro- ( '°93 ) physiologie. Je vois avec plaisir ce jeune physiologiste s'occuper d'expé- riences sur la torpille avec des appareils et des procédés très-délicats, et j'espère qu'il voudra poursuivre ses expériences en appliquant le procédé si sûr et si élégant des extrémités du galvanomètre formées de lames de zinc amalgamé plongées dans une solution de sulfate de zinc, tel que je le lui ai communiqué sur sa demande il y a déjà longtemps. M. Becquerel s'arrête d'abord sur l'idée que l'électricité est produite dans les centres nerveux. Il serait difficile de dire dans quel ouvrage cette idée a été émise. M'étant occupé presque incessamment depuis l'année 1837 de l'étude de la torpille, j'ai, dès le commencement, établi que la décharge électrique de la torpille dépend de la volonté de l'animal, qui agit par l'intermédiaire du quatrième lobe du cerveau et des nerfs de l'organe. Cette conclusion est dans tous mes Mémoires. L'action du quatrième lobe est la chose la plus sûre et la plus facile à démontrer : quiconque a pu opérer sur une torpille vivante et mieux encore sur une torpille très-affaiblie ou refroidie, a pu s'assurer que tous les lobes du cerveau peuvent être irrités sans qae la décharge ait lieu, ou en- levés sans que la décharge cesse, tandis qu'on ne peut agir sur le quatrième lobe sans obtenir la décharge de l'un ou de l'autre des organes, suivant qu'on touche l'une ou l'autre des parties correspondantes de ce lobe. Il paraît que M. Moreau a voulu examiner si l'électricité se produit dans le cer- veau; pourtant il y a une expérience très-ancienne et très-simple qui ne laissait aucun doute. Il s'agit de prendre sur une torpille vivante un tout petit morceau de l'organe aussi gros que la tête d'une épingle; de quelque manière qu'on irrite le filet nerveux de ce morceau, on a la décharge qui se montre au galvanomètre et à la grenouille galvanoscopique. Je demande pardon à l'Académie de lui rappeler des expériences déjà très-anciennes, que j'ai répétées des centaines de fois avec le même succès. » Un point plus important et plus nouveau du Mémoire de M. More. tu est celui qui traite de la production de l'électricité comme une sécrétion de l'organe se formant instantanément sous (influence nerveuse. Il serait à désirer que les nouveaux travaux sur un sujet scientifique quelconque eussent principalement pour but de faire avancer ce sujet par de nouvelles expé- riences; ce sujet a été étudié depuis le temps de Galvani, par des expériences analogues à celles décrites dans le Rapport. En effet, d n'est pas nécessaire de faire noter que si un tout petit morceau de l'organe peut donner la dé- charge, il faut bien admettre que cette fonction n'exige pas la présence du sang. J'ai également montré, dans ces derniers temps, que le pouvoir électro- moteur de l'organe de la torpille, dont l'origine est certainement la même ( 'o^l ) que celle île la décharge, se vérifie dans un morceau de l'organe qui a été depuis deux ou trois jours séparé de l'animal et qu'on a eu soin de con- server dans un milieu frigorifique. Mais c'est surtout sur l'analogie entre la fonction électrique de la torpille et celle d'un muscle qu'il faut s'arrêter. ( l'est la nature de cette analogie que j'ai pu déterminer par des expériences rigoureuses que je me suis occupé à varier et à répéter dans ces derniers temps. Je ne connais pas d'expériences d'électrophysiologie plus nettes et plus concluantes que celles que je vais décrire. Il faut prendre deux gastro- cnémiens ou deux demi-cuisses sur la même grenouille auxquelles on a laissé le filament nerveux. On les oppose et on ferme le circuit du galvanomètre. Le courant différentiel ainsi obtenu est très-petit ou nul, ou il ne tarde pas à le devenir. On excite alors un des nerfs pour qu'un des muscles se contracte. En fermant alors de nouveau le circuit du galvanomètre, on trouve une pré- valence qui persiste pendant un certain temps dans le muscle qui a été en repos. » Qu'on répète l'expérience en substituant aux deux muscles deux morceaux opposés du même organe d'une torpille. Qu'on irrite le nerfd'r.n des morceaux, ce qui produira la décharge, comme on peut s'en assurer par la grenouille galvanoscopique; si après on ferme le circuit du galvano- mètre, c'est le morceau qui a été en activité qui est devenu prévalent. Ainsi donc on arrive à cette conclusion importante, que l'activité musculaire agit sur le pouvoir électromoteur du muscle d'une manière tout à fait opposée a ce qui a lieu pour l'organe de la torpille : celui-ci acquiert un pouvoir électromoteur plus fort et persistant après avoir agi, tandis que le pouvoir électromoteur du muscle s'affaiblit par là contraction. J'ajouterai qu'à part l'action des organes de la respiration et en se bornant à la fonction de l'or- gane électrique, celle-ci s'exerce sans altérer sensiblement la composition de l'air, tandis que la respiration musculaire augmente avec la contraction. Il y a, dans la contraction, du travail produit qui demande une action chi- mique, ce qui n'est pas le cas de la fonction de l'organe électrique. Tel est l'état actuel de la science sur ce qu'on a appelé analogie entre la contrac- tion musculaire et la fonction électrique de la torpille. Il nous reste main- tenant à déterminer par de nouvelles expériences quels sont les changements physiques et chimiques qui se produisent dans l'organe mis en activité sous l'influence du système nerveux. J'ai fait dernièrement beaucoup d'ex- périences en tenant l'organe détaché de l'animal, plongé ou dans des mi- lieux gazeux différents ou dans des liquides formés de solutions salines, alcalines, acides, etc. Ces expériences sont délicates et difficiles et il ne faut ( >°95 ) pas se contenter d'un premier résultat. Je crois pourtant pouvoir déduire des expériences que j'ai tentées, que le pouvoir électromoteur de l'organe de la torpille est indépendant de la nature des milieux gazeux dans lesquels il est placé, et que l'organe, soit en repos, soit en activité, n'a sur l'atmosphère aucune action propre et différente de celle dune matière organique quel- conque. Les milieux liquides au contraire et même l'eau pure altèrent ce pouvoir électromoteur. Quant à l'action de la température, il faut distin- guer ce qui arrive sur la torpille vivante de ce qui a lieu sur un morceau de l'organe séparé de l'animal. Depuis l'année 1 83^ , lors de mon premier Mémoire sur la torpille, j'ai montré que ce poisson cesse de donner des décharges et bientôt de vivre dans l'eau chauffée à -+- 25 ou 3o° : j'ai même montré que l'effet de la température est de rendre plus actives la circula- tion et la respiration, ce qui fait disparaître en quelques instants l'oxygène dissous dans l'eau. Quand on agit sur un morceau d'organe, les choses sont différemment. Le pouvoir électromoteur ne cesse que lorsqu'on est arrivé à coaguler l'albumine. J'ai aussi, depuis bien des années, établi que les poisons narcotiques et le curare n'altèrent pas les fonctions électriques de la torpille, et qu'on peut exciter la décharge en irritant les nerfs de l'organe de la torpille empoisonnée, résultat bien différent de celui qu'on obtient en agissant sur les nerfs moteurs et sur les muscles. » En résumant, quant à la théorie de la fonction électrique de la tor- pille, les expériences dont je m'occupe presque incessamment depuis vingt- quatre ans et que j'ai toujours vérifiées avec le plus grand soin, on arrive à cette conséquence : L'organe de la torpille est un appareil électromoteur qui fonctionne constamment, à la condition, bien entendu, que la composi- tion chimique et la structure physique de l'organe soient inaltérées : l'ac- tion des nerfs est nécessaire pour obtenir la décharge, acte qui consiste très-probablement dans une exaltation des états électriques de l'appareil et peut-être aussi dans une adaptation des conditions physiques qui inter- viennent pour déterminer la décharge. » Après avoir démontré que l'excitation des nerfs de l'organe augmente d'une manière permanente son pouvoir électromoteur, il en résulte que, pour poursuivre avec succès l'étude de cette fonction si extraordinaire, il faut diriger maintenant tous nos efforts sur la composition chimique du tissu de l'organe. Il en est de la fonction de la torpille comme de celle des muscles, sur lesquelles la lumière ne peut se faire qu'avec des analyses chimiques ri- goureuses, sur le sang et les muscles en repos ou après de longues et soute- ( 'o96 ) nues contractions, de même que sur des organes électriques laissés en repos. ou bien après avoir donné un grand nombre de décharges. Malheureuse- ment ces recherches exigent toute l'habileté d'un chimiste qui rarement peut se trouver réunie dans un physicien ou dans un physiologiste, et notre confrère M. Fremy, qui a fait de si beaux travaux analytiques sur •certains muscles, n'aura pas oublié toutes les instances que je lui ai faites pour l'engager à entrer dans cette voie, qui conduira certainement aux plus belles découvertes dans la physique de l'organisme. » minéralogie. — Sur un arséniate de cuivre plombifère de Dion; par M. J. Fovrxet. « La théorie épigénique du chapeau des filons porte à faire admettre l'existence des arséniates de cuivre dans ceux de la France, car les pyrites cuivreuses et arsenicales, de même que les minerais de cuivre gris, ne nous manquent pas plus qu'à l'Angleterre et qu'à l'Allemagne où existent les sels cupriques en question. Aussi l'absence de ces composés avait depuis longtemps fait naître ma surprise sans cependant m'exciter d'une façon spéciale à m'occuper de recherches à leur sujet. Enfin une récente prome- nade à Dion me mit en présence d'un filon de fer hydraté, inclus dans des schistes et des calcaires de transition pétris d'encrines madréporiques, et traversés par des porphyres quartziféres. » Laissant de côté l'étude paléontologique de la station, je m'occupai du gîte métallifère. Il se compose de parties argileuses jaunâtres, de fer hy- draté, ordinairement terreux, quelquefois compacte, rarement rubéfié et fortement infiltré de quartz auquel l'ensemble doit sa cohésion. D'ailleurs cette masse superficielle étant très-poreuse ou même criblée de petites ca- vités géodiques, il est arrivé que la jolie espèce minérale verte dont il s'agit spécialement, a pu s'infiltrer entre les hématites et le quartz, en se fixant également dans les cavernosités. Elle est accompagnée de cuivre oxydulé et «le malachite terreuse dont elle diffère complètement, le vert étant faux chez celle-ci, tandis qu'il est généralement très-franc dans l'autre. Enfin je re- marquai que la substance nouvelle est susceptible de s'altérer au contact de l'air, en passant à l'état terreux jaunâtre. Ce genre de décomposition suffisait pour démontrer qu'il ne peut pas être question ici de l'oxyde de chrome, bien que le gîte soit établi à l'extrémité sud-ouest d'un axe chro- rnifére du Morvan sur lequel je reviendrai dans une autre occasion. Par ( io97 ) contre, cette altération, ces associations ainsi que la constitution du gîte, me portaient à conclure qu'il s'agissait ici d'une production épigénique, liée à tout l'ensemble du chapeau filonien. » Ceci posé, je passe aux caractères minéralogiques et chimiques de l'espèce. ■> Elle n'est ni cristalline, ni fibreuse, ni mamelonnée, mais elle se pré- sente simplement sous la forme de parties isolées, de veinules et d'enduits à texture amorphe, dont la cassure inégale ne montre qu'une masse opa- que et terne ou passant légèrement à l'éclat gras. Sa dureté paraît être assez grande, bien que l'évaluation précise de cette qualité soit impossible à cause de l'interposition presque générale de la silice qui donne à la masse une forte cohésion. La rayure est blanche, et en ceci doit encore inter- venir un corps dont l'effet est de rendre totalement incolore la teinte déjà naturellement pâle de la poussière des combinaisons cuprifères à côté des- quelles le minerai peut se placer. Du reste, rien n'est plus trompeur que l'aspect des parties de la substance qui sont revêtues d'une mince croûte quartzeuse, hérissée de ses menues cristallisations habituelles. Leur diapha- néité fait qu'elles acquièrent, par transparence, l'aspect d'autant de petites éméraudes d'une espèce inconnue. Et comme le miroitement de leurs fa- cettes ressort vivement sur le fond orangé sombre de l'hématite ambiante, il arrive que certains échantillons sont vraiment d'une beauté remarquable. » Quelques essais devenaient nécessaires pour déterminer, au moins approximativement, la composition de ce minéral vert. Il noircit prompte- ment au feu en se déshydratant. Le cuivre est bientôt mis en évidence, au chalumeau, par le borax et par le carbonate de soude; mais ses grenailles sont d'un rouge trop pâle pour ne pas laisser soupçonner l'existence d'un alliage, et ici une légère odeur arsenicale permettait de croire que le blan- chiment était dû à ce gazolite. En tout cas, un petit appareil de Marsh, dans lequel fut introduit une esquille fondue avec de la soucie, ne laissa plus aucun doute sur sa présence en quantité très-notable. Enfin l'absence de l'argent fut constatée par la coupellation. » Dans une autre série d'essais on opéra par la voie humide pure, et ici se manifesta tout de suite, même à froid, une différence tranchée suivant la nature de l'acide dans lequel les fragments furent introduits. En effet, l'a- cide nitrique décolore d'abord le minéral sans produire une effervescence; mais, à son tour, le résidu qui est blanc ne tarde pas à se dissoudre, tandis qu'au contraire l'acide muriatique laisse cette même partie blanche en C. R., 1862, Ier Semestre. (T. L1V, N° 20) '42 ( «o98 ) apparence inattaquée, malgré la rapide disparition de l'élément vert. Ce n'est qu'au bout de deux jours qu'elle se montre manifestement dissoute et en même temps apparaissent de menus cristaux offrant les caractères du chlorure de plomb. » Il restait donc à soumettre ce corps blanc, présumé être du plomb, au contrôle d'autres moyens de reconnaissance non moins microscopiques que les précédents. A cet égard, mon confrère, de la Faculté, M. Loir, m'en- gea à recourir à un procédé très-ingénieux et récemment recommandé en Allemagne, à cause de la facilité avec laquelle il permet de séparer deux ou plusieurs sels d'une même dissolution par l'intervention des actions capil- laires. Il suffit pour cela de plonger le bout d'un petit ruban de papier à filtre dans la liqueur, car aussitôt l'un des sels grimpant plus haut que l'autre, une goutte d'un réactif approprié, étendue sur l'ensemble, fait res- sortir les teintes révélatrices des substances qui ont si inégalement chemine au travers du papier. « Une petite quantité de la poussière minérale fut donc laissée pendant quelques minutes dans de l'acide nitrique froid, auquel on ajouta un peu d'eau distillée avant d'y introduire le papier. Le réactif à employer devait naturellement être l'iodure de potassium, et en effet une coloration brun- marron décela aussitôt le cuivre à l'extrémité supérieure de la partie im- bibée, tandis que le reste de la bande saturée de sel plombique se teignit en beau jaune d'or. » D'autres essais ont été également faits avec l'acide sulfurique, le chro- mate de potasse, le nitrate d'argent, l'ammoniaque, la potasse , mais n'ayant rien indiqué en sus des réactions précédentes, je m'abstiens de plus .impies détails pour conclure, au moins provisoirement, que l'espèce en question est un arséniate de cuivre plombifère. » Du reste, je n'ignore pas que les minéraux de cettefamille composant un groupe d'environ six ou sept espèces, contiennent quelquefois de l'acide phosphorique, du carbonate de chaux, de l'oxyde de fer et même de l'alu- mine avec de la silice. Mais ces éléments fractionnaires et variables sont trop évidemment en dehors du but de mes recherches pour que l'on puisse me reprocher de les avoir négligés. En conséquence, je laisse à notre ex- cellent confrère M. Damour, dont la sagacité s'est déjà exercée sur des combinaisons voisines, le soin de compléter mes aperçus évidemment rudi- mentaires. J'aurais même reculé devant leur publicité si ce n'eût été le désir de mettre entre les mains de nos directeurs de mines les procédés si ( ''«99 simples dont j'ai donné le détail, car je ne doute point que, du moment ou ils auront perdu l'habitude de considérer les arséniates et phosphates de cuivre comme des espèces éminemment exotiques, ils sauront bientôt les distinguer des malachites et des azurites avec lesquelles ils demeurent con- fondus. » De mon côté, passant à une application minière de ma découverte, je conclus cpie le gîte de fer de Diou, dont on ne sape encore que les affleu- rements, à ciel ouvert, présentera un jour, dans la profondeur, des nids de cuivre pyriteux, de cuivre gris, de plomb sulfuré, associés à des pyrites or- dinaires ou arsenicales. La certitude de ma déduction ressortira d'une suite d'autres données dérivées des filons de Chizeuil et des Pouriots. Ils appar- tiennent, comme celui de Diou, à un soulèvement N.E.-S.O., parallèle à la profonde dépression du canal du Centre, et perpendiculaire à l'axe N.O.-N.E. du Morvan de M. Élie de Beaumont, en sorte cpi'il me sera permis de compléter l'histoire de l'un par celle des autres, et c'est ce que je ferai successivement. Cependant je puis, dès à présent, annoncer que j'ai dé- couvert la pyrite, encore intacte, dans les parties les plus compactes du gite de Diou. » Avant de clore cette Notice, dans laquelle le cuivre gris est en jeu, je dois déclarer qu'il m'est impossible d'admettre la Fournelite de M. Mène. Le gite de Monsol, qui est supposé la renfermer, se compose essentiellement de cuivre gris argentifère, associé à la galène. Malgré mes recherches et malgré les soins de messieurs les exploitants, cpii ont fait tous les efforts pos- sibles pour m'obliger, jamais le minéral n'a été rencontré. Par contre, il est devenu évident que le sulfure de plomb est souvent disséminé, dans le minerai de cuivre, à l'état de parties d'une ténuité tout à fait microsco- pique. C'est donc à cette circonstance qu'il faut attribuer la complication de la substance à laquelle mon nom a été appliqué. » GÉOLOGIE. — De i alternance des assises calcaires et des basaltes dans le bassin de la Limagne d' Auverqne ; par M. Henri Lecoq. « En offrant, il y a quelque temps, un exemplaire de ma grande Carte géologique du Puy-de-Dome à l'Académie des Sciences, le temps ne m'a pas permis d'appeler son attention sur quelques faits qui m'ont paru dignes d'intérêt et qui se rattachent à la géologie de cette contrée. ■» Tous les géologues qui ont étudié l'Auvergne ont vu avec étonnement, lia.. ( I IOO ) à Gergovia principalement, l'alternance des assises tertiaires et des basaltes. Ceux qui ont pu, comme moi, étendre leurs investigations, ont retrouvé cette alternance sur plusieurs autres points. 11 ne peut donc rester aucun doute sur cette succession de couclies tertiaires et de couches basaltiques. » D'un autre côté, la superposition du basalte au terrain tertiaire est tellement évidente, qu'il faut accepter un ordre chronologique précis et re- connaître que le basalte est postérieur au calcaire. » Les sources calcarifères, qui ont donné naissance aux calcaires mar- neux du bassin de l'Auvergne, étaient presque taries ou ne fournissaient plus que des dépôts insignifiants quand les basaltes commencèrent à s'é- pancher; mais la période basaltique a dû être extrêmement longue, car elle empiète déjà sur celle des trachytes qui l'a précédée, et elle continue jusqu'à l'époque des volcans modernes, a laquelle elle se rattache d'une manière évidente. Ces basaltes se sont montrés sur la majeure partie de l'Auvergne, se faisant jour, soit au milieu des assises tertiaires de la Limagne, soit sur les bords mêmes de ce vaste bassin, soit enfin sur le sol primitif de toute la contrée. » J'ai relevé sur ma Carte géologique plus de mille points éruptifs de basalte; j'ai signalé un grand nombre de localités où cette roche semble faire saillie sans avoir pu percer les calcaires complètement et venir au jour. Enfin on sait par les oscillations du pendule que, près de Clermont, à Opme, sur un point tout entouré de basalte, se trouve une de ces inégalités ou amas de matières qui font que la terre ne peut être considérée comme un sphéroïde régulier. » On ne peut guère douter que l'accumulation de matières minérales que des études géodésiques ont fait remarquer à Opme, ne soit due à du basalte dont une partie s'est épanchée en larges nappes dans tous les environs. » On peut donc considérer l'Auvergne comme ayant éprouvé, après la formation des terrains tertiaires, une véritable éruption pustuleuse de cônes basaltiques. Un grand nombre de ces points éruptifs se présentent sous la forme de pics, de dykes, ou même de simples filons et restent en saillies scoriacées, ou formées de prismes convergents. D'autres ont fourni de vastes coulées qui se sont épanchées dans les anciennes vallées, mais dont on re- trouve le point d'émission à une certaine distance. » Une des conséquences de cette grande éruption a été de briser le sol préexistant et de ramener les causes qui déterminaient la formation du terrain tertiaire, c'est-à-dire de rappeler les sources minérales dont les ( moi ) émissions abondantes avaient créé les dépôts calcaires et siliceux de la Limagne. « Pendant la première période de dépôt tertiaire, aucune cause trou- blante n'est venue déranger l'uniformité de composition du dépôt. C'étaient toujours des calcaires qui formaient des couches superposées, un peu de silice qui se séparait en nodules de ménilite, et des argiles amenées mécani- quement par les torrents tributaires du grand lac ou Léman d'Auvergne. » Dans la seconde période, dans cette recrudescence déterminée par la sortie des basaltes et par la réapparition des sources minérales, les phéno- mènes d'action et de réaction des eaux minérales se sont compliqués d'un élément nouveau, le basalte, qui ne pouvait figurer à l'époque tertiaire. » L'étude de ces terrains mixtes devient alors plus intéressante. Des assises calcaires ont été formées de nouveau; de là ces alternances d'un terrain que l'on a cru tertiaire et du basalte; de là ces réactions des eaux minérales sur les basaltes et l'apparition de ces substances minérales dési- gnées sous les noms de nonlronite, collyrite, halloïsite, etc., dont plusieurs ne sont peut-être que des mélanges et non des combinaisons en proportions définies. » Les éruptions basaltiques à travers les terrains primitifs ont préparé les issues à des sources plus souvent silicifères que calcarifères. Des amas de meulières, constituant plus souvent des monticules que des couches, existent à proximité des pics éruptifs de basalte. » L'hydrate de fer a toujours accompagné ces dépôts. Ce minerai a été produit en abondance autour des masses siliceuses ; il en remplit les cavités, mais il n'offre jamais la forme granulaire ou pisolitique des minerais des terrains plus anciens. » Le gypse a été intercalé à cette même époque basaltique dans les brè- ches et les pépérites qui avoisinent ou entourent les basaltes. » Ce minéral existait déjà dans le terrain tertiaire de l'Auvergne, mais en petite quantité. » Les sources antérieures à l'apparition du basalte étaient essentiellement calcarifères; les sources appelées par ces éruptions volcaniques étaient à la fois calcarifères, silicifères, gypsiières et ferrifères. » C'est à la complication chimique de ces sources que sont dues les innombrables variétés de tufs ou pépérites qui enveloppent les basaltes on qui se sont épanchés autour d'eux. Les fragments de roches des terrains traversés en partie brisés par la force éruptive ont été mêlés au fer, à la silice, au calcaire et aux débris de basalte pour former ces roches hétéro- ( I 102 ) gènes clans lesquelles on rencontre encore des zéolithes, des arragomles et d^s opales impures diversement colorées. » Ces faits nous montrent partout l'action de l'eau dans les formations volcaniques, non de l'eau agissant mécaniquement, comme dans la création des sédiments, mais l'action de l'eau chauffée ou surchauffée, agissant avec toute l'énergie que lui donnent la température et la pression réunies. » NOMINATIONS L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination des deux candidats qu'elle est appelée à présenter à M. le Ministre de l'Instruction publique pour la chaire de Zoologie (Mammifères et Oiseaux), vacante, au Muséum d'Histoire naturelle, par suite du décès de M. Isidore Geoffroy - Saint- Hilaire. Election du candidat qui sera présenté en première ligne Nombre des votants 38. M. Milne Edwards obtient. . . 36 suffrages. M. Hollard i » 11 y a un billet blanc. Election du candidat qui sera présenté en seconde ligne : Nombre des votants 37. M. Pucheran obtient 33 suffrages. M. Hollard 3 Il y a un billet blanc. D'après les résultats de ces deux scrutins, les candidats présentés par l'Académie au choix de M. le Ministre de l'Instruction publique sont : En première ligne. ... AI. AIilne Edwards. En deuxième ligne. . . . AI. Picherax. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, a la no- mination de la Commission du prix Barbier pour 1862 (Chimie et Bota- nique médicales). MM. Moquin-Tandon, Brongniart, Decaisne, Chevreul et Dumas réunis- sent la majorité des suffrages. ( no3 ) MÉMOIRES LES. physique. — De la mesure, par la pile, des quantités spécifiques de chaleur de combinaison des principaux métaux ; par M. Marié-Davy. (Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Pouillet, Regnault.) « La théorie mécanique de l'électricité me conduit à ce résultat que la puissance électromotrice d'une pile est égale à la somme algébrique des quantités spécifiques de puissance vive rendues disponibles sous l'influence des actions chimiques qui s'y produisent. » Toutes les fois que le courant de la pile n'effectue aucun travail exté- rieur à son circuit, la puissance vive disponible se transforme intégrale- ment en chaleur. La loi précédente peut donc se formuler ainsi : « La puissance électromotrice d'une pile est égale à la somme algébrique » des quantités spécifiques de chaleur dégagées des actions chimiques qui » s'y produisent. » » La vérification expérimentale de cette loi a été de ma part l'objet d'expériences variées dont j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie les principaux résultats. L'examen de ces résultatsscmbledéjà établir une liaison remarquable entre les affinités chimiques de deux corps et la quantité spé- cifique de chaleur qui résulte de leur combinaison. » Pareille impression ressortait des déterminations calorimétriques anté- rieures dues à MM. Favre et Silbermann. C'est cette liaison que j'ai cherché à mettre en lumière dans le travail dont j'ai l'honneur de présenter à l'A- cadémie le résumé. » J'ai borné pour le moment mes recherches aux combinaisons des prin- cipaux métaux avec les acides sulfurique, nitrique et chlorliydrique. » On sait en chimie combien le degré d'oxydabilité de certains métaux varie avec l'état d'agrégation dans lequel ils se trouvent; ces variations se reproduisent dans les quantités de chaleur qu'ils dégagent en se combinant avecSO*, AzO8 et Cl ou qu'ils absorbent en quittant ces groupes molécu- laires avec lesquels ils sont combinés dans les sulfates, les nitrates et les . chlorures, suivant l'état dans lequel se trouve chaque métal au moment où il se dissout ou au moment où il se dépose. » J'ai opéré sur un certain nombre de métaux : » i° A l'état naissant sur mercure, auquel cas leur agrégation est nulle ou presque nulle ; » 2° A l'état naissant sur une lame de platine ou du métal lui-même quand je l'ai pu, auquel cas l'agrégation est déjà très-marquée; (mio4 ) » 3° A l'état solide, fondu ou laminé. » Voici les principaux résultats que j'ai obtenus : Mêlai naissant. ^~ ■■ -~ Métal fondu Sur platine ou Sur mercure ou métal. lamine Magnésium Cl 82080 6744° * Manganèse Cl 72450 56^4° " Fer SO' 72180 62930 535 10 Aluminium SO' 6g45o 67920 60200 Chrome Cl 68600 58g4o » Cobalt Cl 66290 55270 » Nickel Cl 65990 5335o » Pour obtenir des résultats comparables, j'ai toujours opéré sur le métal désagrégé par le mercure. Les métaux de la sixième section font seuls exception à cette règle, leurs sels ne pouvant supporter le contact du mercure. » L'affinité du mercure pour certains métaux, et surtout pour les métaux alcalins, apporte bien dans la solution de la question son influence pertur- batrice; mais, d'une part, cette influence est renfermée dans des limites assez étroites, de l'autre, on est dans une situation nettement définie préfé- rable à tout autre. >i Voici le résumé de mes recherches : SECTION A PART. SO'H. AzO'H Cl H. Hydrogène 459°° 44^4° 4^83o PREMIÈRE SECTION. Potassium 90680 » 88140 Sodium 89860 » 87320 Lithium 8844° " 85g5o Calcium » » 89360 Strontium » » 88080 Barium » » 84o4o Ammonium 85ogo • 82770 DEUXIÈME SECTION. Premier groupe M. Magnésium 84010 » 82080 Manganèse 749^° ' 72450 Deuxième groupe M J . Gliicinium 77 1 70 » » Chrome 6g4 1 o » 68600 Aluminium 6g45o » 66080 ( no5 ) TROISIÈME SECTION. Fer Fe 72180 » 68410 Cobalt 7044° » 66290 Nickel 68060 » 65990 Zinc . . 64460 624 1 o 62280 Fer Fe3 57620 » 55 1 00 Cadmium 55720 » 5458o QUATRIÈME SECTION. Etain 5 1 000 4284° 492 ' ° Plomb » 45960 4853o CINQUIÈME SECTION. Bismuth 38940 3458o 39750 Antimoine 2885o » 36o6o _ . ( Cu 3566o 35?4o » Cuivre < >T ( Cu2 » ■> 39070 SIXIÈME SECTION. Mercure Hg2 » 25240 « Argent 27620 25670 » Platine » » 27890 Palladium » d 23780 Or i) » 1 9020 » Il manque à ce tableau beaucoup de métaux que je n'ai pu me pro- curer. Les métaux des premières sections donnent avec les nitrates des nitrites qui faussent les résultats; j'ai dû me restreindre aux nitrates des dernières sections. » En comparant la classification des métaux d'après les résultats qui précèdent avec celle que l'on a déduite de leurs affinités pour l'oxygène, on trouve une concordance qu'il serait difficile de désirer plus parfaite. Les plus légères variations dans les affinités sont accusées nettement et mesurées par la pile. Sans parler de l'influence de l'état moléculaire des corps sur leurs affinités, nous voyons que les sulfates l'emportent sur les chlorures de 2000 à 25oo calories, et que les nitrates ne surpassent que de très-peu les chlorures, tant que ces trois genres de sels ont à peu près même degré de stabilité; mais pour le bismuth et l'antimoine, par exemple, et surtout l'antimoine dont l'oxyde a si peu d'affinité pour l'acide sulfurique et l'acide nitrique, ce sont les chlorures qui reprennent l'avantage. » La méthode que j'ai suivie dans ces recherches peut avoir un grand nombre d'applications variées. L'eau ne conduit pas par elle-même; dans les dissolutions des sels dans l'eau, ce sont les sels qui conduisent. Pareille C. R., 186a, i«r Semestre. (T. L1V, !S°20.) '43 ( uo6 ) chose a lieu pour l'alcool et l'éther, sans doute aussi pour tous les dissolvants. Il est donc possible d'isoler dans une dissolution convenable des métaux qui ne supportent pas le contact de l'eau. D'un autre côté, en décomposant par la pile un chlorure, par exemple, on peut agir sur le dissolvant soit par le chlore, soit par le métal naissants, faire naître des réactions nouvelles ou mesurer numériquement des affinités complexes. Un tel travail exige l'intervention d'un chimiste; la méthode du reste est arrivée à un assez grand degré de simplicité et de précision pour que tout chimiste puisse la manier aisément. » hygiène publique. — De {influence exercée par les chemins de fer sut l'hygiène publique; par M. le Dr T. Gali.ard. « L'industrie nous a tellement habitués à nous faire payer cher les in- cessants progrés qu'elle imprime à la civilisation, qu'à chacune de ses con- quêtes nous sommes instinctivement tentés de compter nos morts et de nous demander : Combien d'existences va nous coûter ce perfectionnement? Com- bien de malheureux ouvriers vont payer de leur vie ou tout au moins de leur santé ce bien-être nouveau apporté à la masse? Combien de maladies inconnues, combien de souffrances autrefois ignorées vont être la seule part réservée aux travailleurs qui s'emploieront à nous faire jouir de ce bienfait? Des théoriciens habitués à ne regarder jamais que le mauvais côté des choses se sont posé cette question quand a été créée l'industrie des chemins de fer; ils tenaient par-dessus tout à voir le revers de la médaille; il leur fallait des victimes, et ne les trouvant pas parmi les voyageurs, ils se sont figuré qu'il devait s'en rencontrer parmi les employés, et qu'on les leur cachait. Leur conviction sur ce point était si entière, si absolue, si passionnée, que l'un d'eux n'a pas craint d'écrire : « Je n'aurais peut-être pas pu obtenir des » grandes administrations spéciales des chemins de fer et des médecins qui y » sont attachés les renseignements dont j'avais besoin; je n'aurais pu me » procurer ainsi que des documents très-erronés. » » I. Employés du chemin de fer. — On nous accordera que ni les employés des bureaux, ni les ouvriers des ateliers, ni même les hommes d'équipe ne doivent être considérés comme appartenant à ces « professions nouvelles qui » exposent ceux qui les prennent à des maladies spéciales, dont quelques- » unes sont terribles par leurs effets, médiats ou immédiats, et qui méritent » certainement une attention particulière. » Les professions nouvelles appartenant en propre aux chemins de fer et créées par eux se réduisent donc aux trois groupes ci-dessous : ( no7 ) » a. C'est parmi les mécaniciens et les chauffeurs que l'on a cru théori- quement et par induction pouvoir trouver des maladies spéciales. Ces des- criptions de maladies bizarres que personne n'a vues, que certainement personne ne verra jamais, ont soulevé les protestations unanimes de tous les médecins des Compagnies, et en premier lieu de mon honorable prédécesseur, M. leDrEisson, médecin en chef honoraire de la Compagnie d'Orléans, dont la vaste et judicieuse expérience n'est éga-lée que par son excessive modes- tie. Le travail qu'il a présenté à l'Académie des Sciences Je 20 juillet 1807 n'a eu les honneurs ni d'un Rapport ni d'une insertion dans le Compte rendu, mais il a eu plus tard l'occasion de donner à ses observations une publicité suffisante pour les faire connaître {voir Y Union médicale, numéro du 19 août i858). Il suffit de jeter un coup d'œil sur le tableau suivant pour voir que les chauffeurs ne sont soumis à aucune maladie spéciale, nerveuse ou autre, résultat soit de l'inspiration du gaz oxyde de carbone, soit de la tré- pidation de la machine : Années 1839 "" 18G0 18GI Nombre absolu d'agents 623 627 67 1 Angines et bronchites 76 71 67 Pneumonies et pleurésies 8 12 7 Tubercules pulmonaires 2 2 7 Dyspepsie et diarrhée 78 35 4^ Dyssenterie 29 5 7 Affections des voies digestives 26 25 37 Hernies 5 5 3 Maladies du cœur 3 » — des artères et des veines 2 3 » — du système nerveux 6 4 " — de la peau 47 20 " — organiques, cancer, etc » » 1 — des organes urinaires 5 3 2 — des organes génitaux 2 1 3 — des yeux 25 18 29 Phlegmons et abcès 3o 34 53 Rhumatismes 80 37 34 Courbatures et fatigue 52 26 3j Blessures légères 1 3g 6g 72 — graves 12 i4 19 Fractures et luxations 7 g 7 Fièvres continues et typhoïdes 11 6 12 — éruptives 2 6 3 — intermittentes 28 42 49 Total.... 675 447 5i4 i43.. ( no8 ) » b. Pas plus que les mécaniciens et les chauffeurs, les conducteurs et les gardes-frein ne nous ont présenté de maladies spéciales inhérentes à la nature de leurs fonctions. Leurs maladies les plus habituelles ont été les mêmes; ce sont celles qui ont régné dans le reste de la population. Je dois cependant faire remarquer que les conducteurs et les gardes-frein nous ont donné pro- portionnellement plus de phlegmasies des voies respiratoires que les méca- niciens et les chauffeurs. Cela tient uniquement, selon moi, à ce que, res- tant pendant la marche du train dans une immobilité plus grande, ils ne réagissent pas contre l'action engourdissante du froid, comme le font les mécaniciens et les chauffeurs, qui sont debout et obligés de se mouvoir sur leur machine. Depuis quelques années ces agents ont été autorisés à prendre pendant la saison rigoureuse, à chaque buffet, c'est-à-dire foules les deux heures au moins, une tasse de boisson chaude, lait, bouillon ou café, ce qui, en leur permettant de mieux résister au froid, a de beaucoup contri- bué à diminuer le nombre de leurs malades, dont la proportion est, grâce à cette mesure, descendue de 108 pour 100 a 72 pour 100. » MM. Ouhnont et Devilliersont remarqué que les gardes-frein et les con- ducteurs chefs de train sont exposés aux affections graves du système nerveux. Mes observations sur ce point ne confirment pas celles de mes deux savants collègues, comme on peut en juger par les chiffres suivants : Annôea Nombre absolu de conducteurs et gardes frein . Affections du système nerveux. I8SG 1837 1838 1839 1800 1801 444 000 53 1 57 1 576 i»7 T7 000 8 8 20 1 1 » Chez ces agents la mortalité, relevée pendant les quatre dernières années seulement, n'a pas une seule fois été produite par affection du système ner- veux. Sur i5 morts, g ont eu lieu par suite d'accidents ou blessures. » c. Les agents attachés au service de la voie, gardes-ligne, gardes-ban une, aiguilleurs, poseurs, etc., sont, au dire de tous les hygiénistes qui ont écrit sur la matière, ceux qui fournissent proportionnellement lé moins grand nombre de malades. Cela est parfaitement exact. Dans la Compagnie d'Or- léans, la proportion annuelle des cas de maladie a varié de 49 à 53 pour 100, et cependant de tous les agents employés sur un chemin de fer, ce sont les seuls qui, en raison de la nature même de leurs fonctions, sont exposes, non pas à une maladie spéciale et nouvelle, mais à une maladie bien déterminée et parfaitement connue, la fièvre intermittente. 0 Plusieurs mesures ont été successivement adoptées pour la faire dispa- raître et elles nous ont donné d'excellents résultats, que l'on peut constater d'après le tableau ci-contre : ( "09 ) ENSEMIiLE DU PERSONNEL POSEURS, CARDES-LIGNE, DE LA COMPAGNIE. GARDES-BARRIÈRE, AIGUILLEURS, ETC.. ANNÉES. Nombre total Nombre Proportion Nombre Nombre Proportion de malades. de fiévreux. p. 100. de malades. de fiévreux. p. 100. 1856 5977 1 1 IO 18 1758 53i 3o 1857 5706 » 1) H » a 1858 6847 984 •4 2o57 555 *i 1859 io32i 1047 10 2092 584 26 1860 7774 847 1 1 2080 433 21 1861 855a 824 10 2.424 427 18 » Tandis que chez les ouvriers soignés par les Sociétés de Secours mutuels la durée moyenne des maladies calculée sur le nombre des jours d'abstention de travail est de 16 à 20 jours (18 en i85g); tandis que chez les malades soignés à domicile par les Bureaux de Bienfaisance la durée du traitement est en moyenne de i4 jours, non compris la convalescence pendant laquelle tout travail est impossible; tandis que dans les hôpitaux de Paris la durée moyenne du séjour pour chaque malade dépasse 25 jours, chez nos employés la durée moyenne n'a pas atteint 8 jours. » Quant à la mortalité, je l'ai comparée à celle des individus âgés de 20 à 55 ans qui habitent Paris, et de cette comparaison il résulte que s'il meurt annuellement à Paris de 16 à 20 individus sur 1000 habitants âgés de 20 à 55 ans, dans le personnel de la Compagnie d'Orléans la mortalité n'a jamais atteint 7 pour 1000. » II. Voyageurs. — La question de la sécurité plus grande des voyageurs que par tout autre mode de transport est de celles qui ne se discutent plus. Quant aux inconvénients qui pourraient résulter pour la santé du voyage en chemin de fer, ce qui a été dit à ce sujet est si peu sérieux, qu'il n'y a vraiment pas k s'en préoccuper: il suffit de bien établir, ce qui est incon- testable, que la fatigue est infiniment moindre que par tout autre système de locomotion. » On s'est entre autres choses beaucoup inquiété de l'inconvénient que peut avoir pour la santé des voyageurs le brusque changement de tempéra- ture et de climat auquel ils s'exposent en se faisant si rapidement transporter d'une latitude dans une autre. Ce changement est-il donc si énorme et si prompt? Nous concevrions les craintes formulées à ce sujet par M. Mkhelet ( "'<> ) ei naïvement reproduites par quelques médecins, si l'on allait en un jour de Naples à Arkangel par exemple, et si nous n'avions pas vu il y a peu de jours (commencement d'avril 1862) le thermomètre descendre à Paris de 160 centigrades, en moins de vingt-quatre heures. » III. Populations. — Outre les avantages commerciaux, les chemins de Fer impriment d'importantes modifications à l'hygiène alimentaire des habi- tants des contrées qu'ils traversent, en établissant un échange continuel de denrées entre les pays les plus éloignés. De plus, par le seul fait de leur ins- tallation, ils exercent une influence favorable sur la santé des populations riveraines. Dans les pays marécageux la voie n'a pu être établie qu'à l'aide de travaux d'art qui ont puissamment contribué à assainir le sol. Des canaux de dessèchement, des aqueducs ont été construits pour donner un écoule- ment aux eaux stagnantes, et ces travaux, qui ont été entrepris tantôt pour assurer la solidité des terrassements, tantôt pour mettre les employés à l'abri des effluves miasmatiques, ont toujours profité aux populations et ont par- fois débarrassé des communes entières de la fièvre intermittente qui, de toute éternité, y régnait à l'état endémique. « En somme donc, les chemins de fer nous offrent le rare et remarquable exemple d'une industrie importante qui, tout en rendant d'immenses ser- vices à la civilisation et portant partout l'abondance et la richesse, répand en même temps autour d'elle le bien-être, la santé et la vie. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics transmet un travail de M. Lavocnt, ayant pour titre : « Revue générale des os de la tête des Vertébrés » (ire partie). Au Mémoire original est joint le résumé suivant, préparé par l'auteur : « Le but principal de ce Mémoire est de rechercher la détermination exacte des pièces osseuses composant la tête des Vertébrés ovipares, com- parées à celles de la tète des Mammifères. » Les interprétations émises sur ce sujet par les différents zoologistes qui s'en sont occupés sont très-dissemblables. De cette divergence d'opinions résulte beaucoup de confusion et d'obscurité dans l'anatomie comparée de la tête. En général, chaque auteur a donné un nom particulier à telle ou telle pièce, et souvent on voit ce nom changer encore pour le même os considéré dans une autre classe ou dans un autre genre de Vertébrés. » En outre, il y a dans la composition de la tète des éléments sur les- quels l'anatomie ne s'est pas définitivement prononcée. On se demande ( II II ) encore si telle partie appartient réellement an squelette et si elle doit se rattacher à tel ou tel os. Il y avait donc lieu de revenir sur tous ces points contestés et de chercher à les éclaircir. « Pour atteindre pins sûrement le but que se propose cette Revue, elle doit nécessairement conserver, dans les comparaisons, un caractère général, c'est-à-dire éviter les détails descriptifs qui l'entraîneraient sans utilité à reprendre toute l'ostéologie comparée de la tête. » Enfin, bien que ce travail se rattache à la constitution vertébrale de la tête, il sera présenté dans l'ordre habituellement suivi, consistant a exa- miner successivement les os du crâne et ceux de la face. » Cette première partie comprend l'occipital, le pariétal et le frontal. Voici, en résumé, les principales conclusions relatives à ces trois os : » Occipital. — Il est composé des éléments suivants : Occipital inférieur. occipital latéral, occipital supérieur et sur-occipital. » V occipital supérieur a été nommé par Cuvier occipital externe, chez les Tortues et les Poissons. » Le sur-occipital existe plus ou moins développé chez tous les Vertébrés. » Il a été nommé : os triangulaire chez l'homme; interpariétal chez les Mammifères, etc.; pariétal dans le crocodile, etc.; occipital supérieur chez les Tortues et les Poissons. » Pariétal. — Nommé mastoïdien chez le crocodile, il a été considère pai Cuvier comme pouvant être le frontal soudé au pariétal, dans la grenouille » Frontal. — Il est composé de trois éléments : le frontal proprement dit, le frontal postérieur et Y apophyse orbilaire. ■> La pièce nommée frontal antérieur n'appartient pas au frontal, c'est l'osplanum de l'ethmoïde. » Les trois éléments du frontal ne se montrent séparés que dans quelque* Keptiles, tels que les lézards, l'orvet, l'ophisaure, etc., et quelques Pois-^ sons, tels que la perche, la morue, le brochet, etc. » Le frontal postérieur est toujours soudé au frontal principal chez les Mammifères; il en est distinct chez tous les Vertébrés ovipares. » L'os en ceinture des grenouilles est constitué par les dei\x frontaux proprement dits, réunis en une seule pièce. Il a été considéré par Cuvier comme un os particulier ou comme pouvant représenter l'ethmoïde. » Dans les Poissons pourvus d'apophyse orbitaire, cette pièce est formée par le dernier os sous-orbitairequi, d'après Cuvier, peut être regardé comme une division du frontal postérieur. » Quant aux autres pièces sous-orbitaires qui, suivant la remarque de ( " 12 ) Cuvier, enveloppent un conduit muqueux, elles ne font p;ts partie de la charpente, osseuse de la tête : ce sont des dépendances de la peau, des écailles modifiées, de même que les sus-orbitaires et les sur-temporaux. » Dans les lézards, Cuvier donne le nom de surcilicr au frontal postérieur et celui de frontal postérieur à l'apophyse orbitaire. Néanmoins il admet que dans le sauvegarde d'Amérique le frontal postérieur est divisé en deux pièces. » Enfin, dans les Oiseaux, on admet généralement que le frontal posté- rieur manque. Cependant il existe; mais, par erreur de détermination, il a été considéré comme représentant 1 écaille temporale, d'après Cuvier, ou le mastoïdien, d'après sir R. Owen. » Le Mémoire de M. Lavocat est renvoyé à la Commission nommée pour un précédent travail de l'auteur sur la composition de la tête osseuse des Vertébrés, Commission composée de M. Serres et de M. Blanchard, en rem- placement de feu M. Isidore Geoffroy-Saint-IIilaire. paléontologie. — Sur les singes fossiles de Grèce; par M. Albert Gaidry. (Commissaires précédemment nommés : MM. Valenciennes, d'Archiac.) « Avant les recherches entreprises à Pikermi, plusieurs espèces de singes fossiles ont été signalées, maison n'en connaissait que des pièces incomplètes. Les fouilles que l'Académie m'a chargé d'exécuter en Grèce ont fait dé- couvrir non-seulement vingt crânes du Mesopilhecus Pentelici, mais aussi presque toutes les pièces du squelette de ce singe fossile. Ces découvertes apprennent combien il est difficile d'établir les relations zoologiques d'un mammifère, lorsqu'on n'en possède que de rares débris : en effet, par son crâne et notamment par sa dentition, le Mcsopilhèque se confond avec les Semnopitlièques; il s'en éloigne au contraire par les os des membres; ces os indiquent un animal de formes bien moins grêles, chez lequel les membres de derrière dépassaient peu les membres de devant. M. Valenciennes a le premier attiré mon attention sur ces différences. Bien que par sa tète le Mé- sopliithèque soit très-distinct du Macaque, il se rapproche de ce genre par les proportions de ses membres. Voici donc dans la famille des singes un exemple de type fossile formant transition entre deux genres vivants; j'ai déjà eu l'honneur de signaler à l'Académie des faits analogues parmi les Carnassiers et les Ruminants fossiles de Pikermi. » M. Wagner avait cru que le Mésopifhèque a des affinités avec un des singes supérieurs, le Gibbon. Ce quadrumane en est au contraire très-éloi- ( i"3 ) gué, soit par la forme de son crâne, soit surtout par les dimensions de son membre antérieur. » Tons les singes dont j'ai trouvé les débris clans l'Attique appartiennent à une seule espèce. Il est vrai que les uns sont notablement plus puissants que les autres, qu'ils sont armés de grandes canines et que la branche mon- tante de leur mâchoire inférieure est très-élargie, tandis que chez les autres les canines restent fort petites et la forme grêle de la branche montante de la mâchoire atteste une moindre puissance musculaire. Mais en exami- nant au Muséum de Paris les squelettes de Gorillts et une très-nombreuse série de Semnopithecus Maum, M. Lartet et moi nous sommes convaincus que des différences égales existent entre les mâles et les femelles d'une même espèce parmi les singes vivants. » Le Mésopilhcque pouvait avoir un demi-mètre de long depuis la tète jusqu'à l'extrémité du bassin. Les os des membres de derrière sont plus grands que ceux des membres de devant; cependant, comme l'omoplate augmente considérablement la longueur totale du membre antérieur, son train de de- vant devait être aussi élevé que son train postérieur. Il pouvait avoir om,3o de haut quand il marchait appuyé sur ses quatre pattes. Sa queue était, pro- portionnément à la hauteur des membres, aussi longue que chez les Serit.- nopithèqites; elle devait dépasser la longueur du corps, c'est-à-dire avoir plus d'un demi-mètre. Les mesures que je viens d'indiquer sont prises sur une femelle; le mâle était plus grand d'un cinquième ou d'un sixième. » Tandis que les singes à longs bras comme les Gibbons ou à cuisses très- hautes comme les Semnopitlièques et les Guenons grimpent facilement aux arbres, les singes dont les membres de devant et de derrière sont courts et sensiblement égaux vivent plus volontiers à terre et s'appuient en gé- néral sur leurs quatre pattes. Les Mésopillièqites, qui avaient des membres courts et presque égaux, couraient sans doute sur les marbres du Penlé- lique plus souvent qu'ils ne grimpaient dans les arbres. » D'après le nombre des individus qui ont été recueillis, on peut supposer qu'ils vivaient en troupes comme les singes actuels. » L'angle facial des MésopithèquesmA paru en moyenne devoir être éva- lué à 570. Leurs dentsne sont pasdisposées suivant un type omnivore comme celles des singes supérieurs, mais elles semblent avoir été destinées à broyer les parties ligneuses et herbacées des végétaux. Leur mode d'usure prouve que les Mésopithèqaes mâchaient, ainsi que nous, en faisant glisser la mâ- choire inférieure en dedans de la mâchoire supérieure. » Comme ces animaux ont leurs ischions aplatis en arrière et que parmi C. R., 1862, ier Semestre. (T. LIV, N° 20.) '44 ( m4 ) les singes vivants ce caractère coïncide avec la présence de callosités aux fesses, je suppose que les singes grecs avaient des fesses calleuses. » Ils avaient un pouce aux membres de devant et par conséquent ils de- vaient saisir habilement les objets avec leurs mains; cependant, comme le pouce est plus grêle que les doigts médians, ils ne devaient pas avoir au- tant de force de préhension que les singes supérieurs chez lesquels le pouce est le doigt le plus gros. » Leurs doigts à la main de derrière étaient plus longs qu'à la main de devant. Avec de si longs doigts, incommodes pour la marche, ces singes des temps passés ont dû, comme les singes des temps actuels, rester confinés dans d'étroits espaces. » Puisque les singes vivent aujourd'hui dans des contrées où les hivers sont plus chauds qu'en Grèce, on peut croire qu'à l'époque des Mésopithè- ques la température de ce pays était plus élevée que de nos jours. » Les AJésopithèques, comme les autres singes fossiles trouvés en Europe et en Asie, appartiennent à la tribu des singes de l'ancien continent; les singes fossiles découverts en Amérique dépendent de la tribu des singes du nouveau continent; ceci contribue à prouver que la séparation du nouveau et de l'ancien continent existait déjà dans les temps géologiques. » Aucun des singes que j'ai recueillis ne semble être mort de vieillesse, car leurs dents ne sont pas très-usées; il faut donc attribuer leur destruction à un brusque bouleversement. » GÉOLOGIE. — Note sur l'Ile de l'Etang de Diane [côte Est de la Corse); par M. Aucapitaixe. (Commissaires, MM. de Quatrefages, Daubrée.) « Sur la côte Est de la Corse, au nord de l'embouchure du Tavignagno, se trouve un vaste étang d'une superficie de 570 hectares, connu sous le nom d'Étang de Diane : c'est le Portas Dianœ, qui jadis était le port de la colonie romaine d'Aleria. Dans la partie N.-E. de cet étang, à environ 700 mètres de l'embouchure de la petite rivière l'Arena, se trouve un îlot dont la constitution toute particulière m'a paru d'autant plus intéressante a signaler, que les géologues se sont beaucoup occupés d'un fait analogue, sinon identique, sur lequel récemment encore M. de Quatrefages a appelé l'attention de l'Académie: je veux parler des buttes de Saint-Michel-en-Lherm (Vendée). Comme celles-ci, l'île de l'Étang de Diane est formée par des co- quilles d'huîtres appartenant aux espèces que l'on pèche encore aux environs. ( m5 ) Cette île a environ 35o mètres de tour, et son sommet le plus élevé 25 mè- tres d'altitude; la hauteur moyenne du sol sur le rivage est de 2 mètres au-dessus de la mer. Quelques beaux figuiers, de petits chênes, des tama- rins, au nord un épais gazon, composent la végétation. Dans la partie sud, par laquelle on aborde, une maison a été construite pour les pêcheurs (1). » Le sol est exclusivement composé de coquilles d'huîtres, çà et là encore bien disposées par couches. Nulle part on n'aperçoit le roc : les matériaux avec lesquels on a construit la maison ont été apportés des environs d'Aleria, et les marins ont dû utiliser les pierres dont ils lestent leurs embarcations pour construire un foyer. Récemment on a creusé une citerne, afin de re- cueillir les eaux pluviales; j'ai pu observer que les coquilles des couches inférieures commencent à se décomposer en une sorte de tuf calcaire. Au- tour de l'île, partout où la vue peut s'étendre sous une mer tranquille, on ne voit que des huîtres. Sur la colline principale de l'île on trouve mêlées aux Ostrea edulis, Lk., et O. lamellosa, Lk. (0. Cyrmtsii, de Payreaudeau), de nombreux échantillons des espèces suivantes: Modiola barbota, Lk., Mylilus minimus, Poli; ces dernières souvent adhérentes encore à des blocs d'huîtres: Cardium edule, Lk., Cerilhium vulgatum, Brug., Buccinum macu- losum, Lk. ; quelques Littorines, tous mollusques très-communs dans l'É- tang de Diane et sur le littoral de la Corse. La régularité avec laquelle, sur beaucoup de points, les couches huîtrières sont placées, la présence de mollusques non comestibles, l'étendue de l'île, son éloignement des côtes voisines, la profondeur des eaux (1), l'accumulation vraiment prodigieuse de coquilles entassées, leur état de conservation, doivent, ce me semble, exclure toute idée de dépôt artificiel. D'autant plus, répéterai-je, que par- tout, à toutes les profondeurs, même sous les eaux, on n'aperçoit qu'un fond de coquilles. Du temps des Romains, disent les pêcheurs, on déposait en cet endroit les coquilles dont le mollusque salé et préparé était envoyé sur le continent. Si grande que pût-être alors la consommation et surtout la production des huîtres d'Aleria, je doute fort qu'il ait été possible, même en tenant compte du temps, d'arriver à produire un amas aussi considérable. (1) Une inscription sur marbre blanc est placée clans la façade de cette maison : elle porte, à la date 161 1, concession perpétuelle de l'Étang de Diane par l'évêque d'Aleria à un per- sonnage dont le nom est aujourd'hui illisible. J'ai tout lieu de supposer que ce marbre aura été apporté là par un pécheur et qu'il était primitivement dans l'ancienne église de Sainte- Marie qui (sur l'emplacement d'un temple romain?) domine l'Étang de Diane. (2) 9m>75> d'après une carte de M. Hell, citée par Robiquet, Recherches sur la Corse, p. 32. I44- ( '"M Dans quel but d'ailleurs les pécheurs se seraient-ils dérangés, de fort loin souvent, pour entasser des coquilles vides que les courants n'auraient pas tardé à entraîner vers la nier, surtout pendant les gros temps d'hiver?... D'un autre côté, je dois faire observer qu'une grande quantité de coquilles ont leurs valves séparées, que j'ai trouvé plusieurs échantillons d'une espèce terrestre à l'état subfossile [Y Hélix vermiculata, L., vivant dans l'ile) mêlés à des couches assez anciennes relativement de coquilles marines. Si un jour les alluvions ou toute autre cause amènent le dessèchement de l'Etang de Diane, l'ile sera dans une position semblable à celle des buttes de Saint-Mi- chel-en-Lherm. Il est donc intéressant d'étudier cette singulière formation, au moins comme fait géologique; c'est à ce titre que j'ai pris la liberté d'en entretenir l'Académie. » THÉRAPEUTIQUE. — Emploi de l'extrait de compêche comme désinfectant des plaies gangreneuses, putrides, etc.; par M. T. -P. Desmartis. (Extrait.) (Commissaires, MM. Payen, "Velpeau.) « Depuis quelque temps on s'efforce de trouver des agents qui aient la propriété de désinfecter les plaies et d'absorber la purulence. Nous venons proposer l'emploi d'une substance qui possède cette vertu au plus haut degré; nous la croyons supérieure à tout ce qui a été employé jusqu'ici : c'est l'extrait de campèche [Hœmatoxylum campechianum). » Le hasard, ce grand inventeur, nous a conduit à cette petite décou- verte. Nous avions à soigner des cancéreux qui avaient de vastes plaies ulcéreuses exhalant une odeur des plus nauséabondes; il nous vint la pen- sée d'employer, comme astringent, sur ces chairs baveuses, d'un aspect re- poussant et d'une fétidité plus repoussante encore, une pommade composée de parties égales d'extrait de campèche et d'axonge. Dès lors toute puan- teur disparut et la purulence fut considérablement atténuée. Nous vou- lûmes cesser pendant quelques heures seulement l'emploi de notre pom- made, et presque aussitôt reparurent les émanations méphitiques et une adondante sécrétion purulente. Ces phénomènes se sont reproduits chez divers malades et d'une manière constante toutes les fois que nous avons renouvelé l'expérience. .> L'hématoxylum employé dans des cas de gangrène, de pourriture d'hôpital, fait disparaître le mal connue par enchantement. Nous nous en sommes servi également pour prévenir et arrêter ces érysipeles qui arri- vent à la suite des amputations, des blessures et dont la gravité fait le ( "I? ) désespoir des chirurgiens. Sur les cancers ulcérés à exhalaisons fétides ca- ractéristiques, sur les plaies les plus infectes, l'état de putridité disparait : la propriété du campèche est donc antiputride, antiseptique. » Cette substance a l'immense avantage de pouvoir être mélangée à des médicaments hémostatiques comme l'eau de pin gemmé, l'ergotine, le per- chlorure de fer, le persulfate de fer, etc. On peut encore l'employer en poudre et en lotion. » Notons que l'extrait d'hématoxylum n'est réellement soluble que dans l'eau chaude; cet extrait est fort utilisé pour la teiuture et son prix de revient est très-minime. » M. Glichox de Graxdpoxt soumet au jugement de l'Académie un Mé- moire « Sur les inconvénients résultant de la diversité des trémies dans le commerce des céréales » . Le prix des céréales et surtout du froment se règle à la mesure et au poids tout ensemble. Or il est reconnu qu'un hectolitre de blé bien homogène pèse plus ou moins selon la manière dont il est rempli, c'est-à-dire suivant que l'on se sert d'un sac, d'une pelle, des deux mains ou d'une seule main ; la force avec laquelle on jette le grain, la hauteur d'où il tombe, font varier également la quantité contenue dans l'hectolitre et conséquemment le poids de ce volume. Pour éviter ces inconvénients, on se sert généralement d'une trémie placée à une certaine distance au-dessus de l'hectolitre. Mais cet appareil lui-même n'est pas identique dans toutes les localités; sa contenance, l'obliquité des côtés de la pyramide, la largeur de l'orifice, la hauteur d'où tombe le grain, tout peut varier : de là autant de sources d'erreur ou même de fraude, et la différence est telle, qu'en prenant les trémies usitées dans deux grands ports de mer, la même mesure d'un blé identique pèsera dans l'un 77kll,8oo et dans l'autre 8ikl', 700. Une réglementation de ces appa- reils ne semblerait-elle pas un complément nécessaire aux dispositions prises pour assurer l'uniformité des poids et mesures? Ce Mémoire est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Chevreul et Pouillet. M. A. Mcller présente un Mémoire « Sur une nouvelle méthode de trai- tement direct des minerais de zinc dans des foyers métallurgiques ». (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Comb< s et H. Sainte-Claire Deville.) ( in8) M. Vanner adresse une Note « Sur l'inflammation considérée comme une embolie d'une portion des capillaires sanguins ». L'auteur rappelle a cette occasion des expériences qu'il avait consignées dans une précédente Note et qui étaient relatives aux effets d'un changement dans la température pour produire la coagulation du sang. Des expériences ultérieures ont été entre- prises dans le but de savoir si le sang une fois coagulé ne pouvait pas dans certaines circonstances repasser à l'état liquide. La Note de M. Vanner est renvoyée à l'examen d'une Commission com- posée de MM. Velpeau et Bernard. M. Jourdanet, en adressant un opuscule ayant pour titre : « L'air raréfié dans ses rapports avec l'homme sain et avec l'homme malade », y joint une indication manuscrite des points sur lesquels il souhaite appeler l'attention de l'Académie. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, le 12e numéro du Catalogue des Brevets d'invention pris pendant l'année 1861. M. le Directeur général des Douanes et des Contributions indirectes adresse le Tableau général du Mouvement du cabotage en 1860, qui vient d'être publié par son Administration, et qui forme le complément du Tableau du Commerce de la France pendant la même année. M. Elie de Beaumont présente, au nom de l'auteur, M. Des Cloizeaux, le premier volume ( texte et planches) d'un « Manuel de Minéralogie », et lit l'extrait suivant de la Lettre d'envoi : a Ce premier volume contient la description complète et détaillée des ca- ractères cristallographiques, optiques et chimiques de la nombreuse famille des silicates. Pour les espèces cristallisées; les incidences calculées au moyen d'un petit nombre de données fondamentales sont placées en regard des incidences mesurées directement, dans des tableaux qui comprennent les diverses zones dont les faces font partie; lorsque cela est nécessaire, ces tableaux sont accompagnés d'une projection sphérique pouvant être regar- dée comme un catalogue général des formes actuellement connues. La ( iJI9 ) comparaison des angles calculés et des angles soigneusement observés con- stitue, avec la reconnaissance exacte des zones, la partie la plus utile de la cristallographie; cette comparaison, lorsqu'elle pourra être complète et à l'abri des erreurs d'observation, permettra en effet de constater quelle mo- dification doit être apportée à la loi de simplicité qui, d'après Haiiy, existe entre la longueur des arêtes de la forme primitive et la portion de ces arêtes interceptée par les formes dérivées. De nombreux exemples, tirés pour la plupart de mes recherches personnelles, montrent que la détermination des constantes optiques permet presque toujours de distinguer lessubstances dont les propriétés géométriques et chimiques offrent des différences peu tranchées. » M. le Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la Correspondance un Rapport adressé par M. Guérin-Méneviile à M. le Mi- nistre de l'Agriculture, « Sur les progrès de la culture de l'ailante et de l'éducation de son ver à soie en 1861 ». « Ce travail, dit l'auteur, en grande partie composé des communications adressées par les nombreux agriculteurs qui se livrent à la culture de l'ailante et de son ver à soie, montre qu'en 1861 il a été planté, en France seulement, plus d'un million d'ailantes et qu'on a semé plus de cent millions de graines de cet arbre, ce qui donnera des sujets susceptibles de couvrir plus de aoooo hectares de plantations de cette essence. » M. le Secrétaire perpétuel appelle encore l'attention sur un Mémoire adressé de Friherg par M. Th. Scherer, et ayant pour titre : « Les gneiss de l'Erzgebirge saxon et les roches qui y sont associées d'après leur constitution chimique et leur nature géologique ». Ce Mémoire, qui est écrit en allemand, est renvoyé à M. Delafosse, avec invitation de le faire connaître à l'Académie par un Rapport verbal. M. Lamé présente, au nom de M. Pli. Gilbert, géomètre belge, professeur à l'Université de Louvain, un Mémoire imprimé, ayant pour titre : Recher- ches analytiques sur la diffraction de la lumière, et qu'il définit ainsi : o Ce travail consiste principalement dans une transformation, remar- quable et très-simplifiante, des intégrales définies introduites par Fresnel. Les conséquences de cette transformation sont mémorables sous deux points de vue différents. » D'abord, en ce qui concerne les applications : à l'aide des nouvelles ( WIO ) intégrales et des tables qui donnent leurs valeurs, les calculs numériques, que nécessite la comparaison de la théorie avec l'observation, sont très- faciles et très-rapides. Ce qui met en évidence, avec une précision et une sim- plicité inespérées, toutes les lois générales du phénomène de la diffraction, y compris celles déjà trouvées, mais plus péniblement, par d'autres géo- mètres. » Ensuite, quant à l'analyse pure : le calcul des tables a nécessité l'étude complète des propriétés d'une certaine intégrale définie ; type général, dont les formules de la diffraction emploient les cas particuliers, et qui offre de l'analogie avec la fonction T de Legendre. » En résumé, l'auteur a très-habilement et très-efficacement atteint le double but qu'il s'était proposé, celui de perfectionner un instrument ana- lytique, et d'en simplifier les applications. » MÉCANIQUE Céleste. — Observations sur les corrections apportées par M. De- launay aux expressions données par M. Plana des trois coordonnées de la Lune; par M. de Poxtécoulant. « Dans une Note insérée au Compte rendu des séances de r Académie des Sciences (n° 18 du 12 mai dernier), j'ai dit qu'il m'avait suffi d'un simple coup d'œil jeté sur les tableaux présentés par M. Delaunay à l'Académie dans les séances des 28 avril et 5 mai précédents pour juger que plusieurs, pour ne pas dire un grand nombre des résultats obtenus par ce géomètre, avaient besoin d'être soigneusement revus par l'auteur pour atteindre à la précision, qui est indispensable dans ces sortes de travaux. Je viens aujour- d'hui, par un examen raisonné des valeurs que M. Delaunay a proposé de substituer à celles qu'avaient données ses devanciers, justifier mon assertion ; mais avant d'entrer dans une voie si épineuse, et de risquer de blesser la juste susceptibilité d'un savant au mérite et surtout à l'infatigable persévé- rance duquel chacun doit des éloges, j'ai besoin, comme il en a lui-même donné l'exemple à l'égard de M. Plana, de faire mes réserves et de demander comme lui que personne ne se méprenne sur mes véritables intentions. Je ne puis mieux faire à cet égard, je crois, que de répéter ses propres paroles : « Il ne s'agit pas ici d'une vaine critique; il s'agit d'une question scienti- » fique de premier ordre : la comparaison des résultats des recherches de » M. Delaunay avec ceux qui ont été obtenus par des travaux antérieurs » est une chose indispensable; ce n'est qu'à cette condition que les diverses » parties de la science peuvent s'établir sur des bases inébranlables. » h Dans des ouvrages de longue haleine, en effet, comme est l'exposition ( 1121 ) d'une théorie complète de la Lune, ce n'est, il faut le reconnaître, que par des efforts continus, par de fréquentes corrections, qu'on peut arriver à cette parfaite exactitude qui est le premier mérite des œuvres mathéma- tiques. On parvient aisément, comme on sait, quelle que soit la méthode que l'on emploie, à former tous les termes des trois coordonnées lunaires dépen- dants de la première approximation; mais ces termes doivent être ensuite combinés entre eux pour former ceux de la seconde approximation et des approximations suivantes, et l'on conçoit que ces combinaisons se multi- pliant à mesure qu'on s'élève dans l'ordre des approximations, elles peuvent devenir à la longue si compliquées, qu'elles dépassent les efforts du calcu- lateur le plus exercé. M. Plana excelle dans ces sortes de recherches, et son ouvrage est à tous égards un modèle d'ordre, de clarté et de patience; cependant, comme le résultat final est déduit de calculs qui n'embrassent pas moins de trois gros volumes in-4°, il était indispensable qu'ils fussent vérifiés avant de pouvoir être adoptés pour la construction des Tables lunaires; cette vérification pouvait se faire de deux manières, soit en repre- nant le travail entier de M. Plana, ce qui eût été entreprendre une tâche ingrate et peut-être inutile, puisqu'on n'aurait point été certain de ne pas tomber dans les mêmes fautes qu'il avait commises, soit en cherchant une méthode plus simple et plus expéditive pour arriver aux mêmes résultats que ce géomètre n'avait obtenus que par des moyens très-compliqués. C'est ce procédé que j'ai choisi; j'ai tenté d'appliquer aux mouvements de la Lune les mêmes formules que l'on emploie ordinairement dans la théorie des planètes : c'était rétablir l'uniformité dans toutes les parties de la méca- nique céleste, et je n'ai pas tardé à reconnaître que les idées simples sont toujours celles qui conduisent le plus directement au but qu'on veut atteindre. •' En effet, par le développement de ces formules, qui ont l'avantage de ne jamais laisser perdre de vue l'objet qu'on se propose, j'ai porté les approxi- mations aussi loin que l'avait fait M. Plana, et en comparant ensuite mes résultats atix siens, j'ai reconnu leur parfaite concordance dans la plupart des cas et admiré l'exactitude des calculs de ce géomètre, qui, dans un ou- vrage d'une immense étendue et qui a peut-être exigé vingt ans de travail, s'est rarement trompé, si ce n'est dans quelques détails d'opérations numé- riques : fautes légères qu'on ferait aisément disparaître si on avait la pa- tience, comme j'en ai donné l'exemple dans quelques cas particuliers, de remonter à leur source et de les corriger. » M. Delaunay aurait pu rendre à la science cet important service, mais C. R., 1862, Ier Semestre. (T. LIV, N° 20.; '^5 ( 1122 ) il a trouvé sans doute ce travail trop modeste ; il a préféré être aussi le créa- teur d'une méthode nouvelle ; malheureusement, je crains que, venu le dernier, la méthode qu'il a adoptée, la seule qui n'eût point encore été em- ployée, ne soit plus pénible que toutes celles qu'avaient suivies ses devan- ciers. Quoi qu'il en soit, il a accompli sa tache par un rude labeur, et au- jourd'hui il nous offre les résultats de son travail qu'il compare à ceux qu'a obtenus, il y a une trentaine d'années, M. Plana; l'ordre qu'il occupe parmi les géomètres qui ont fait de la théorie de la Lune l'ohjet de leurs études l'obligeait à une plus grande précision, et pouvant remonter à la source des erreurs toutes les fois qu'il trouvait entre ses résultats et les leurs quelques dissidences, on devait s'attendre à obtenir enfin des formules a à l'abri de toute contradiction. Ce n'est point ainsi qu'a opéré M. Delau- nav ; il a calculé ses formules sans prendre aucun souci de celles de ses prédécesseurs, et aujourd'hui il se contente de rapprocher les résultats obtenus en classant comme fautifs tous ceux qui ne cadrent pas avec les siens. Mais cette conclusion n'a rien de péremptoire; car enfin il pour- rait arriver que, dans quelques cas du moins, il se fût trompé lui-même, et alors il aurait encore compliqué la question qu'il voulait éclaircir en substituant une troisième valeur à celles de ses devanciers lorsqu'ils différaient entre eux, ou en proposant une correction à leurs résultats alors même qu'ils étaient d'accord. Il devient donc de la plus grande utilité d'étudier avec soin les corrections proposées par M. Uelaunay aux résultats de M. Plana, puisque c'est le seul moyen d'établir sur des bases désormais inébranlables, comme il le reconnaît lui-même, la solution de l'une des plus grandes questions que puisse présenter la théorie du système du monde. » Mais avant d'entreprendre cette pénible tâche, j'ai besoin encore une fois de demander pardon à l'Académie des détails techniques et souvent fas- tidieux dans lesquels je vais être obligé d'entrer. Si je n'avais fait que pré- senter une simple nomenclature des incorrections que j'ai cru remarquer dans les résultats produits par M. Delaunay, on m'aurait justement reproché de ne pas prouver ce que j'avançais, et l'on aurait pu retourner contre moi le reproche d'erreur que j'adressais à mon contradicteur; privé d'ailleurs de la ressource de suivre le détail de ses calculs pour en reconnaître les im- perfections, puisque ce travail n'a pas encore été publié, j'ai dû chercher une autre base pour donner à mes observations un appui solide et les mettre à l'abri de toute discussion. Yoici donc comment j'ai procédé. Ayant déter- miné autrefois, comme je l'ai dit plus haut, toutes les inégalités sensibles du ( Iia3 ) mouvement lunaire, sous la forme algébrique adoptée par M. Plana, mais en suivant une méthode absolument différente de la sienne, et ayant mis le plus grand soin à faire disparaître les légères différences qui pouvaient exis- ter entre nos résultats dans quelques cas très-peu nombreux, soit en remon- tant clans l'ouvrage de M. Plana sur les traces de l'erreur, soit, quand je n'ai pu y réussir, en m 'assurant par une révision plusieurs fois renouvelée de la correction de mes calculs, j'ai pris ces résultats corrigés comme type de comparaison. Cela posé, toutes les fois que les corrections proposées par M. Delaunay porteront sur quelque coefficient de M. Plana avec lequel les miens se trouveront parfaitement d'accord, j'aurai le droit de dire que ces corrections sont nécessairement fautives; il en sera de même lorsque les corrections de M. Delaunay, s'appliquant à quelque coefficient de M. Plana reconnu inexact, s'écarteront de celles que j'aurai proposées et dont je pourrai, soit par la vérification qui en aurait été faite par quelque anlre géo- mètre, soit par le moyen de quelque équation de condition à laquelle elles seraient obligées de satisfaire, démontrer la rigoureuse précision. Ce sera ensuite à M. Delaunay à revoir toute la suite de ses opérations, à mettre en pratique, s'il le faut, le précepte d'un grand poète : « "Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ; » il parviendra ainsià redresser les erreurs qui lui se- ront échappées, et il arrivera enfin à donner à la grande œuvre qu'il a entre- prise une exactitude sans laquelle elle perdrait ce qui doit en faire le princi- pal mérite. » MÉTÉOROLOGIE. — Sur la connexion entre les variations mac/nétiques et la direction du vent; par M. J. A. Bkoun. « Le R. P. Secchi a projeté en courbes ses observations faites pendant le jour, et, en les examinant, il a trouvé que généralement quand le vent est, par exemple, du sud, le bifilaire est bas ou descendant. » J'ai, de mon côté, pris pour chaque jour les moyennes des observa- tions faites d'heure en heure, et examiné si ces moyennes étaient basses ou hautes pour le même vent. » Le R. P. Secchi dit que cette discussion est tout autre chose que la sienne [Compte rendu, 18 nov. 1861, p. 897). Il ne m'est pas possible de partager cette opinion. Les observations individuelles descendant, leurs moyennes doivent descendre aussi. Cela me parut si clair, que je crus inu- tile de m'attacher à la différence de nos méthodes. » Mais le R. P. Secchi dit qu'il « est évident que le barreau peut être » au-dessus de la moyenne, et cependant descendant. » Sans doute, et le i45.. ( *m ) barreau peut être aussi au-dessous de la moyenne et descendant. Dans le premier cas, si le résultat restait positif, il le serait moins qu'il ne l'aurait été dans la descente; dans le second cas, il serait négatif, mais plus négatif qu'il ne l'aurait été sans la descente, et ces cas se compenseraient comme les erreurs dans la méthode des moyennes. » Les variations du bifilaire dépendent de l'époque de l'année, de l'heure de la journée, peut-être de la position de la lune, de la rotation du soleil et d'antres causes. En prenant la moyenne de chaque jour, nous évitons la va- riation due à l'heure, et en comparant celle moyenne avec la moyenne des quatorze jours qui précèdent et des quatorze jours qui suivent, nous élimi- nerons les variations dues à l'époque de l'année, à l'âge de la lune et à toute autre cause qui a une période de près d'un mois. » Ainsi les comparaisons que j'ai faites ne laissent que des différences dues aux vents ou à quelque autre cause inconnue, indépendante des vents, et ces dernières différences seraient, dans une discussion relativement aux vents, comme des erreurs d'observation qui disparaîtraient dans les moyennes. » L'examen du P. Secchi a été fait au milieu de toutes ces causes de va- riations, et cela avec des observations non corrigées pour l'effet de la tempé- rature sur l'aimant. Ajoutons que les conclusions ne sont pas données en nombres, seuls témoins clairs dans une discussion pareille, quand on n'a pas les courbes devant soi. » Avant d'aller plus loin, je devrai faire remarquer que je ne nie nullement qu'il y ait des excitations locales; j'ai dit, dans ma Note du 7 octobre der- nier, « qu'à peu d'exceptions près, lorsque l'intensité moyenne diminue ou » augmente sur un point quelconque de la surface de la terre, elle diminue » ou augmente à peu près de la même quantité sur tous les autres points. » (Yoy. les Transactions de la Société royale d'Edimbourg, vol. XXII. p. 549.) » L'action que le R. P. Secchi croit avoir trouvée, action si considérable, qu'il a pu la voir parmi toutes les autres variations (3a6 fois sur les 366 jours de l'année 1860), devrait être une action su* les positions moyennes; car le vent ne change pas du nord au sud tous les jours et à heure fixe. Les excitations locales n'ont qu'un effet de second ordre. » Les pays méridionaux, dit-il, sont plus favorables pour celte discus- sion que Makerstown, et, « dans la discussion de M. liroun, on voit une » diminution sensible de force horizontale due au vent du sud dans la sta- » tion de Singapore. » » Il paraît que, dans ce cas, ma discussion a été acceptée en confirmation de la sienne; mais il y«a une grande erreur dans le passage cité ci-dessus. ( na5 ) » Avant de considérer cette erreur, je voudrais faire remarquer que la diminution sensible dont parle le P. Secclii est de 0,0 1 (un millionième, l'unité étant toujours un dix-millième) de la force horizontale pour les vents forts (les seuls, selon lui, que l'on devrait considérer à une telle station, Compte rendu, p. 899); mais pour les vents de toutes forces elle s'élève à o,3a (trente-deux millionièmes). » Le P. Secchi appelle cela considérable: c'est cependant un effet qui serait produit par un changement de 0,06 (six centièmes) de i° centigrade clans la température de l'aimant, et il croit qu'il peut négliger les changements de température de son barreau. » Mais la preuve la plus claire que le vent n'a point d'effet sur le bifilaire n'a pas été comprise. Dans ma discussion pour Makerstown, j'ai trouvé des résultais tout à fait opposés à ceux du P. Secchi, des quantités excessive- ment petites comparées avec d'autres variations. Alors j'ai voulu faire voir que si on prenait les observations à une autre, station quelconque, et si à Makerstown, par exemple, on considérait les jours pendant lesquels le vent soufflait du sud, on obtiendrait pour ces mêmes jours à l'autre station à peu près le même résultat. Ainsi je trouvais que pour les jours pendant lesquels le vent venait du sud à Makerstown, la force y était de 0,40 au-< A l'aide de ces détails on pourra se faire une idée claire du gisement des silex travaillés; ils se trouvent dans le diluvium gris inférieur à une pro- fondeur variable et souvent considérable au-dessous de la surface du sol. Un examen attentif delà masse caillouteuse qui les renferme n'y fait découvrir aucune trace de remaniement. En outre on voit partout au-dessus de ces cailloux une épaisseur de 2 à 3 mètres du diluvium le plus récent de couleur brune. Celui-ci paraît lui-même parfaitement intact et nettement séparé du diluvium gris; ce qui exclut la possibilité d'une introduction d'objets étran- gers faite de haut en bas à travers la terre argilo-sableuse. Ces diverses cir- constances, en apparence si concluantes, ne sont pas cependant inconcilia- bles avec l'idée de fouilles qui auraient été pratiquées à une certaine époque dans le sol. Avant de le montrer, j'insisterai sur quelques faits importants. Le premier est l'intégrité et la conservation parfaite des haches; on les croi- rait fraîchement sorties des ateliers où on les fabriquait. On en a conclu (la conséquence était forcée) qu'elles ont été enfouies sur place ou entraî- nées de lieux très-voisins. Un second fait non moins remarquable est la multiplicité vraiment étonnante de ces haches. On a évalué à plus de trois mille le nombre de celles qui ont été découvertes à Saint-Acheul, sur une étendue d'environ 1 hectare. La riche collection de M. Boucher de Perthes en renferme à elle seule plus d'un millier. M. Albert Gaudry, qui a fait exé- cuter des fouilles, en a vu déterrer successivement neuf qui se suivaient de près. Le tait de la multiplicité des silex travaillés, joint à celui de l'intégrité de leurs arêtes, indique clairement qu'il y a eu autrefois sur les lieux uni fabrication considérable de ces objets. Si l'on adopte l'hypothèse de ceux qui veulent la faire remonter au delà des temps historiques, il faut admettre qu'il existait sur les bords de l'antique vallée de la Somme une peuplade quaternaire occupée à tailler des haches par milliers. Comme évidemment elle ne pouvait pas toutes les consommer, elle en expédiait sans doute aux ( Iia8 ) autres peuplés quaternaires des pays voisins. Mais s'il en a été ainsi, pour- quoi cette population industrielle de l'ancien inonde n'a-t-elle laissé d'autre trace de son existence que ces cailloux grossièrement façonnés? Pourquoi surtout ne tronve-t-on pas des ossements humains dans le diluvium? Leur absence est d'autant plus étonnante, qu'il n'est pas rare d'y rencontrer des restes d'éléphants, de rhinocéros et d'autres animaux. Si des hommes assez civilisés pour s'occuper de commerce ont vécu sur les bords de la Somme an commencement de la période quaternaire, ils ont dû y construire des habitations, et celles-ci se verraient aujourd'hui dans le sein du diluvium qui plus tard a comblé la vallée; elles y seraient même parfaitement conser- vées. Or jamais ce dépôt n'a présenté le moindre vestige d'une habitation, ni même d'antres produits de l'industrie humaine, que des objets en silex. Une autre considération vient fortifier fous ces motifs de doute. Des silex tra- vaillés, pareils à ceux que l'on prétend être diluviens, ont été trouvés dans une position telle, qu'on est obligé de leur attribuer une origine moderne. M. Toilliez, archéologue et ingénieur à Mons, possède une collection de quatre cents haches qui, pour la plupart, sont brutes et ne différent pas sensiblement de celles de Saint-Acheul ; cependant elles ont été toutes re- cueillies à la surface du sol. Est-il admissible que des produits aussi sem- blables aient été fabriqués les uns au commencement de la période quater- naire, les autres pendant la période actuelle, alors qu'un intervalle de temps immense a séparé les deux époques? A toutes ces difficultés on ne peut op- poser qu'un seul fait, celui de l'absence de tout remaniement apparent dans le diluvium; mais ce fait n'est point une raison péremptoire. car on peut l'expliquer d'une manière plausible. » Plaçons a l'origine des temps historiques la fabrication des haches que tout annonce avoir eu lieu autrefois dans la vallée de la Somme. Il est cer- tain (pie les hommes occupés à ce travail n'ont pas été obligés d'aller bien loin pour se procurer la matière première qui leur était nécessaire. En creu- sant dans le sol à une médiocre profondeur, ils y ont trouvé un grand choix de silex tout prêts à être taillés. C'est même probablement la raison pour laquelle ce genre d'industrie a prix naissance dans le pays. L'exploitation des silex pouvait se faire de deux manières, par puits ou par galeries. Le premier moyen était le plus coûteux, puisqu'il fallait traverser le diluvium brun argilo-sableùx avant d'atteindre les cailloux, et que la sortie des déblais devait avoir lieu verticalement. L'exploitation par galeries horizontales, ou- • épiés sur le flanc de la vallée en profitant des escarpements, était évidem- ( "29 ) ment préférable. Le creusement de ces anciennes galeries est si peu invrai- semblable, qu'aujourd'hui encore on le pratique pour l'extraction du gravier. .T'en ai vu une à Saint- Acheul, et j'ai mesuré approximativement ses dimen- sions; elle avait 6 mètres de longueur sur i'D,o,o de haut et i mètres de large. Cette galerie se maintenait bien sans étais. On peut admettre qu'au- trefois les excavations avaient moins de largeur et de hauteur, ce qui les rendait encore plus solides. » Les silex fraîchement extraits et non privés de leur eau de carrière sont bien plus faciles à travailler que ceux dont la dessiccation est avancée. Il est probable par conséquent que les anciens exploitants ébauchaient dans l'in- térieur même de leurs galeries les haches destinées à être polies. Après ce premier travail, on faisait sans doute un triage ; les pièces les plus informes, jugées impropres à la vente, étaient rebutées et laissées sur place. Lorsqu'à la longue les galeries, qui avaient servi à la fois d'ateliers d'exploitation et d'ébauchage, se sont éboulées, les silex dégrossis, abandonnés sur le sol, ont été enveloppés de tous côtés par le terrain d'où ils avaient été extraits. En supposant que les éboulements se soient propagés jusqu'à la surface, le diluvium supérieur argilo sableux a dû s'abaisser un peu, parallèlement à lui-même, sans se mêler en aucune manière avec le diluvium gris caillou- teux. Si les choses se sont passées ainsi, il est certain qu'au bout de quelque temps tonte trace de remaniement a dû être complètement effacée. Cette explication s'accorde bien avec la forme tellement grossière des silex déter- rés qu'il est difficile de comprendre qu'on ait pu les utiliser dans cet état; elle est confirmée par une autre particularité jugée sans importance, et qui cependant en a beaucoup. M. Albert Gaudry, cité plus haut, a remarqué que les neuf silex travaillés découverts en sa présence étaient pour la plupart sensiblement au même niveau [Comptes rendus, t. XLIX, p. 466). N'était-ce pas le niveau d'une ancienne galerie? » MINÉRALOGIE. — Sur le sombrérile [nouveau minéral); pnrM. T.-L. Phipsow. « Ce minéral forme une grande partie de quelques petites îles des An- tilles, surtout de celle de Sombrero; c'est pour cette raison que je l'ap- pelle sombrérile. Il est remarquable par la grande proportion d'acide phosphorique qu'il contient II est blanc, blanc-jaunâtre ou rougeâtre, à cassure droite et d'un aspect quelquefois corné; il ne montre pas de cris- taux. Densité = 2, 52. Devant le chalumeau il donne les réactions de l'acide phosphorique, mais il n'est pas phosphorescent comme l'apatite; d'ail- C. R., 18C2, \«Semettie. (T. LIV, N° 20 '4° ( "3o) leurs il ne contient ni fluorure, ni chlorure de calcium : Composition, Rapp. at. Eau 9>°° i >°° 2° Phosphate de chaux Ca'Ph 65, oo o,4i 8 Phosphate d'alumine Al1 Phs. .. . 17,00 o,o5 1 Carbonate de chaux 5, 00 Chloride de sodium 1 ,44 Sulfate de chaux 1 ,36 Acide silicique 1 ,00 Crénate d'ammoniaque 0,20 100,00 D'où je déduis pour la formule du sombrérite : (8 Ca3'Ph + Al2ï>h -+- 2us H). » Quelques personnes qui ont vu cette roche dure et compacte croient qu'elle provient du guano, et que c'est du guano fossile , ou du guano mo- difié par action volcanique. Cependant il n'est pas possible d'y trouver des traces d'acide uriqtie. Dans certains échantillons qui sont rougeàtres, une certaine quantité de l'alumine est remplacée par l'oxyde ferrique. » Le sombrérite, qui me parait n'avoir rien de commun avec le guano, arrive à Londres en quantités considérables, pour l'extraction du phos- phore. » optique. — Mécanisme de la polyopie monoculaire. Extrait d'une Lettre de M. Giraud-Teulon à l'occasion d'une réclamation de priorité à laquelle a donné lieu sa Note du 18 avril 1862. « ... Eclairé par la communication qui m'a été donnée des travaux de M. Trouessarl, j'éprouve le double besoin et de rendre complète justice aux droits du savant physicien, et aussi, quoique le soupçon ne s'en soit pas produit, de me défendre d'avoir eu aucune connaissance de ces travaux lorsque j'ai publié les miens. Je m'empresse donc de donner acte à M. Trouessarl de ses droits d'antériorité sur l'explication du mécanisme physique de la polyopiê monoculaire. Je ne prétends désormais qu'au mé- rite, qu'il m'accorde du reste avec une spontanéité dont je le remercie, d'avoir fixé le siège anatomique de Poptomètre naturel auquel sont dus ces phénomènes, ainsi que leurs conséquences physiologiques, à savoir ( n3i ) « L'absence de l'aberration de sphéricité dans le cristallin lors de l'exercice « physiologique delà vision, et leur application à la détermination exacte » des limites de l'accommodation. » (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. de Senarmont, Bernard, Fizeau.) PHYSIOLOGIE. — Fonctions des branches œsophagiennes du nerf pneumogas- trique; remarques de M. A. Chauveat à l'occasion d'une réclamation de priorité. « M. Van Kempen, dans une Lettre adressée à l'Académie le 5 mai, déclare qu'il a annoncé avant moi que les racines propres du pneumogas- trique sont essentiellement motrices, et que les filets moteurs de l'œsophage sont exclusivement fournis par ces racines. Cette réclamation de priorité laissant supposer que j'ai eu la prétention d'avoir avancé le premier les faits dont il s'agit, je crois devoir faire observer à l'Académie qu'il ne sau- rait en être ainsi. Ces faits ont, en effet, été signalés depuis longtemps, non- seulement par M. Van Kempen, mais par d'autres encore, soit avant, soit après cet honorable physiologiste; et ils sont si bien connus, qu'on les trouve indiqués dans les livres classiques les plus élémentaires. » Mais ces faits n'ont point été acceptés par tout le monde, et la pro- priété motrice des racines propres du nerf vague est très-vivement discutée encore aujourd'hui. Mes expériences ont eu pour but île rechercher de quel côté se trouve la vérité, et d'essayer de fixer définitivement la science sur ce point intéressant de l'étude du nerf vague. Elles ont eu pour résultat géné- ral de donner raison à l'opinion dont M. Van Kempen est l'un des soutiens. Comme ce point n'était qu'une partie accessoire de mon travail, j'ai dû, faute d'espace, le signaler en quelques mots seulement. Je regrette le mal- entendu qui en est résulté. » Du reste, mon Mémoire complet est en cours de publication, et le pu- blic sera bientôt mis à même de le juger. Je prends la liberté d'adresser à l'Académie les deux premières parties en épreuves. Elle y trouvera, p. 198, la preuve que je n'ai point eu la prétention dont je suis obligé de me dé- fendre aujourd'hui, et elle pourra apprécier ce qu'il y a île réellement ori- ginal dans mes expériences sur les racines de pneumogastrique. >> M. Kiviî ni demande et obtiem l'autorisation de reprendre un Mémoire 146.. ( n3* ) sur les Bultes de S.iinl-Michel-en-Lherm qu'il avait présenté dans la séance précédente, et qu'il se propose de faire imprimer. M. Qi'etelet, Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, réclame, an nom de ce corps savant, les volumes parus depuis quelques années des Mémoires de l'Académie des Si iences et de Mémoires des Savants étrangers. Les volumes réclamés sont à la disposition de l'Académie de Belgique; elle pourra les faire prendre au Secrétariat de l'Institut par une personne qu'elle autorisera à cet effet, ainsi qu'elle l'a fait précédemment pour les volumes précédemment publiés. M. Martexs, à l'occasion d'une communication récente concernant un effet de la congélation sur les eaux potables, présente un résumé des remar- ques qu'il a pu faire sur la pureté de l'eau des glaciers. Ses excursions pho- tograpliiques dans les Alpes lui ont permis de constater que cette eau pou- vait être employée dans les opérations où l'on a coutume de faire usage d'eau distillée : l'eau provenant de la neige ne lui a pas paru remplir aussi bien le but. M. Naut adresse de Cologne une Note concernant un moyen qu'il a ima- giné pour retarder, quand il y a de l'intérêt à le faire, la marche d'un train de chemin de fer en faisant patiner les roues sur les rails. (Benvoi à l'examen de M. Clapeyron.) La séance est levée à 5 heures un quart. É. D. B. L'Académie a reçu dans la séance du 26 mai 1862 les ouvrages dont voici les titres : L'air raréfie dans ses rapports avec l'homme sain et avec l'homme malade; par M. D. Jourdanet. Paris, 1862; in-8°. Traité de l'impression photographique sans sels d'argent; par M. Alph. Poitevin. Paris, 186a; in-8°. (Présenté an nom de l'auteur par M. Becquerel.) Rapport à S. E. le Ministre- de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics sur les progrès de la culture de l'allante et de l'éducation du ver à soie ( ,,33) (Bombyx cyntbia) que ion élève en plein air sur ce végétal; par M. F.-K. Gukiun-Méneville. Paris, 1862; in-8°. Manuel de Minéralogie ; par A. DES Cl.OlSEAUX; t. Ier. Paris, ,862; vol. in-8°, avec un atlas de 52 planches in-8°. Tableau général du cabotage pendant l'année ,860. Paris, ,862; vol. in-4°. Catalogue des Brevets d'invention; année ,861, nu la. Paris, 1862 ; in-8". Lettre à Sa Majesté Napoléon III sur les causes de l'infertilité croissante des terres arables de la France et stir les moyens de provoquer une augmentation annuelle de récolles de plus d'un cinquième, soit d'une valeur de deux milliards de francs; parD.-A. Jacquemart. Paris, ,862; br. in-8°. Dictionnaire français illustré (t Encyclopédie universelle. Livraisons i3o, et 1/40; in-/»". Recherches analytiques sur la diffraction delà lumière; par Ph. Gilbert. Bruxelles, ,862; in-4°. Bulletin de la Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et- Loire; 32e année, 2e et 3e série, 1861. Angers, 1861 ; in 8°. Mémoires de l'Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles-Lettres d'Aix; t. IX, ire partie. Aix, 1862; in-8°. Séance publique de l'Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles- Lettres d'Aix. Aix, 1862; in-8°. Parmentier et le professeur Renou ; par M. Ch. MejniÈRE. (Extrait des Mé- moires de la Société académique de Maine-et-Loire, XIIe volume. Angers, 1 862; br. in-8°. Analyse de divers 'engrais; par M. J. GlRARDJN. (Extrait des Archives de l'Agriculture du Nord de la France, mars 1862.) Lille, 1862 ; br. in-8°. Compte rendu du service médical pendant l'exercice ,86, ; par les docteurs BisSON et Gallard. Paris, 1862; in-/|0- Proceedings. . . Comptes rendus des Séances de la Société royale de Londres; vol. XI, n° 47; novembre et décembre 1861 ; in-8°. Proceedings... Comptas rendus des séances de la Société royale de Géogra- phie de Londres; vol. VI, n° 2; ,862 ; in-8°. Address... Discours prononcé à la séance annuelle de la Société Géologique de Londres; par le Secrétaire de la Société, M. Th. HulNLEY, le 21 février 1862; in-8°. Die gueuse... Les gneiss de l'Erzgebirge saxon et tes roches qui y sont as- sociées, considérées d'après leur constitution chimique et leur nature géologique ; par M. Th. Scheerer. Berlin, 1862; in-8°. ( i*34) Quarta. . . Quatrième Revue des Journaux ; par le professeur Giusto Bella- vitis. (Extrait du vol. VI, série des Jetés de l'Institut vénitien des Sciences, Lettres et Arts.) Br. in -8°. PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT LE MOIS DE MAI 1862. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; ier se- mestre 1862, n°3 16 à 19; in-4°. Annales de Chimie et de Physique ; par MM. Chevreul, DUMAS, PELOUZE, ROUSSINGAULT, RegnaULT, DE SENARMONT, avec une Revue des travaux de Chimie et de Physique publiés à l'étranger; par MM. Wurtz et VERDET; 3e série, t. LXIV, avril et mai 1862; in-8°. Annales de P Agriculture française ; t. XIX, nos 8 et g; in-8°. Annales forestières et métallurgiques ; 21e année, avril 1 8G2; in-8°. Annales medico-psychologiques ; t. VIII; avril 18625 in-8°. Annales de la Société d'hydrologie médicale fie Paris; comptes rendus des séances; t. VIII, 10e livraison; in-8°. Annales télégraphiques ,■ t. V ; mars et avril 1862; in-8°. Atti... Actes de l'Institut I. R. vénitien des Sciences, Lettres et Arts[ _ novem- bre 1861, octobre 1862); t. VII, 3e série, 4e et 5e livraisons; in-8°. Bulletin de V Académie impériale de Médecine; t. XXVII, nos 14 et i5; in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; 2e série, t. V, n°3; in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; avril 1862 ; in-8°. Bullettino... Bulletin météorologique de /' Observatoire du Collège romain ; nos 5 et G ; in-4°. Bulletin de lu Société géologique de France; 2e série, t. XIX (f° i3-2o); 16 décembre 18G1 . Bulletin de la Société impériale et centrale d Agriculture de France; t. WU, n° 5; in-8°. Bulletin de la Société 'C Encouragement pour ^industrie nationale, rédigé pat MM. Combes et Peligot; t. IX, mars 1862; iu-4°. Bulletin de lu Société de Géographie; 5e série, t. 111; mars 18G2; in-8". Bibliothèque universelle Revue suisse et étrangère ; t. XIII, n" 5a; in-8°. Bulletin des travaux de la Société impériale île Médecine de Marseille ; 6e an- née; avril 18G2 ; in-8°. ( n 35 ) Bulletin de la Société académique d Agriculture , Belles- Lettres, Sciences et Arts de Poitiers; n° 66; in-8°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie ; t. XX; n°9 18 à 21 ; in-8°. Gazette des Hôpitaux; nos 5o à 62; in-8°. Gazette médicale de Paris; 3ae année, nos 1 S à ai ; in-4°. Gazette médicale d'Orient; 5e année, avril 1862. Il Nnovo Cimento Journal de Physique, de Chimie et d'Histoire naturelle; t. XV, janvier et février. Journal d'Agriculture pratique; 26e année, nos 9 et 10; in-8°. Journal de Chimie médicale , de Pharmacie et de Toxicologie ; t. VIII, 4e série, mai 1862. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; t. VIII, avril 1862; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; 21e année, t. XLI, mai 1862 ; in-8°. Journal des Vétérinaires du Midi ; 25e année, t. V, mai 1862; in-8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 29e année, n05 12, i3 et j4; in-8°. Journal de Mathématiques pures et appliquées; 2* série, janvier 1862; in-4°. Le Moniteur des Brevets d'Invention; ive année; avril 1862. La Culture; 3e année, n°5 21 et 22; in-8°. L'Agriculteur praticien; 2e série, t. III ^ nos i4et i5; in-8°. L'Art médical; mai 1862; in-8°. L'Art dentaire; 6e année, mai 1862; in-8°. L'Abeille médicale; 19e année; nos 18 à 21. L'Ami des Sciences; 8e année; nos 18 à ai. La Science pittoresque; 7e année; nos 1 à 4- La Science pour tous; 7e année; nos 22 à i5. Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; t. IV; 129e et 1 >oe livraisons; in~4°- Leopoldina. . . — Organe officiel de l'Académie des Curieux de la Nature ; publié par son Président le Dr Rieser; 3e livraison, n° 6 ; mai 1862; in-4°- Le Gaz; 6e année ; n° 3. Le Technologiste ; mai 1862 ; in-8°. Magasin pittoresque; 3oe année ; avril 1862; in-4°. Montpellier médical: Journal mensuel de Médecine; t. VIII; mai 1862; in-8°. ( n 36 ) Monatsbericht. — Compte rendu mensuel des séances de l'Académie royale des Sciences de Prusse ; février et mars 1862; in-8°. Monlhly... Notices mensuelles de la Société royale d'Astronomie de Londres ,■ vol. 22 : n0s 5 bis et 6. Nouvelles Annales de Mathématiques; ie série, t. Ier, avril 1862; in-8°. Nachrichten... Nouvelles de l'Université de Gœttingue; n"s 8, g et 10. Presse scientifique des Deux-Mondes ; année 1862, t. Ier, nosg et 10; in-8°. Pharniaceulical journal and transactions ; vol. 111, niai i8(*)2; in-8°. Revue maritime et coloniale; t. TV, 16e et 17e livraisons, avril et mai 1862; in-8°. Revis ta... Revue des Travaux publics; Madrid; t. X, nos g et 10; in-4°. Répertoire de Pharmacie ; t. XVIII, mai 1862. Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale; 29e année, nu5 g et 10; in-8°. The quarlerly journal of the Geoloi/ical Society ; \o\. XVIII, n° 70; in-8°. The quarlerly journal of the Chemical Society; vol. XV, janvier, février, mars et avril 1862; in-8°. ERRATA. (Séance du ig mai 1862.) î 1 r 11/* Page 1062, formule (S), an lieu fit- — 5+0 I — /lu': ~ ~ + ~~ I ' - — 2 t. — 4 Paee 1062. Ii,;ne 6, nu lieu tir — ^— ■> lisez — 5 p 16 8 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 2 JUIN 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ÉLECTROPHYSIOLOGIE. — Réponse de M. Becquerel à une Note adressée par M. Matteucci à [' Académie, dans la séance du 26 mai. « M. Matteucci, à l'occasion du Rapport que j'ai fait dernièrement a l'Académie conjointementavecM. Bernard sur les recherches de M. Armand Moreau concernant les phénomènes électriques de la torpille, a adressé à l'Académie des observations auxquelles je dois répondre. Les unes sont re- latives aux opinions que j'ai émises, les autres concernent les expériences de M. Moreau. » Je répondrai d'abord aux premières. » Je commencerai par rappeler à M. Matteucci que j'ai toujours rendu une justice entière à ses belles découvertes en électrophvsiologie. C'est bien lui qui a montré le premier que tous les muscles des animaux sont des électromoteurs et que ces muscles, quand on les fait contracter en irritant le nerf correspondant, acquièrent la faculté d'exciter la grenouille galvano- scopique, ce qui indique que la contraction est accompagnée d'un dégage- ment d'électricité, fait que M. du Bois-Reymond a mis en évidence avec Je galvanomètre à 24000 tours. C. B., 1862, 1" Semestre (T. LIV, N° Si.) l -\"] ( n38 ) » Quant à l'organe électrique de la torpille considéré comme électromo- teur et que j'ai assimilé sous ce rapport aux muscles des animaux, je ne pré- tends nullement m'approprier cette assimilation, ni l'attribuer à M. Moreau : je n'en ai fait mention sans nom d'auteur que parce que ce fait me paraissait généralement adopté dans la science. M. Matteucci le réclame comme lui appartenant: je n'ai aucune objection à faire à cet égard ; mais il n'en est pas de même relativement au reproche qu'il m'adresse d'avoir dit dans mon Rapport que l'électricité de la décharge était élaborée dans le quatrième lobe du cerveau. M. Matteucci s'exprime en ces termes dans sa réclamation à l'Académie. « M. Becquerel s'arrête d'abord sur l'idée que l'électricité est » produite dans les centres nerveux; il serait difficile de dire dans quel ou- » vrage cette idée a été émise. » Cette idée, elle est exprimée dans un Mé- moire de M. Matteucci ayant pour titre : Recherches physiques, chimiques et physiologiques sur la torpille [Annales de Chimie et de Physique, t. LXVI, p. 42D\ i 83^ ), où se trouvent les conclusions suivantes : « i° L'élément nécessaire à la décharge électrique de la torpille et a la » direction de cette décharge est produit par le dernier lobe du cerveau et » transmis par les nerfs dans la substance de l'organe. » 2° Il en résulte que ce n'est pas dans l'organe et par l'organe que cet » élément est préparé. » 3° Un courant électrique dirigé du cerveau à l'organe par les nerfs dé- »' termine la décharge ainsique le ferait cet élément, qui me semble pouvoir » être regardé comme du fluide électrique. » a Ainsi, dans ces conclusions, l'élément nécessaire à la décharge de la torpille est produit par le dernier lobe, et cet élément peut être considéré comme du fluide électrique. Comme tous les physiciens, j'en ai tiré la con- séquence que ce dernier lobe produit de l'électricité, et je l'ai consigne dans mes ouvrages. Aujourd'hui je vois que M. Matteucci n'en a jamais tiré cette conséquence. Je dois croire qu'il n'a pas nettement exprimé sa pensée dans ses conclusions. » Je passe maintenant à ce qui est relatif à notre Rapport sur le travail de M. Moreau. » Les duux communications faites à l'Académie par M. Armand Moreau dans les séances du 8 octobre 1860 et du 16 septembre i86r, enrichissent la science de résultats qui ne se trouvent dans aucun des auteurs qui ont écrit sur la torpille. L'une d'elles, relative à la manière de retenir l'électri- cité de la décharge de la torpille dans un condensateur, est entièrement non- (»39) velle. L'autre, relative à l'action du curare sur la torpille, contient des faits que nous considérons comme importants et vrais, quoique différents de ceux que M. Matteucci a publiés. Ces deux communications forment la partie principale du travail que nous avons eu à examiner. L'auteur y a joint une série d'expériences intéressantes parles conditions nouvelles dans lesquelles il s'est placé. C'est avec raison que M. Moreau dans un sujet aussi obscur que celui qu'il étudie, sujet où tout a été supposé et écrit, et où il reste tout à prouver, a fait des expériences pour juger des tbéories qu'il déclare lui-même invraisemblables. La critique expérimentale qu'on trouve dans son travail ne sera pas lue sans intérêt par les physiologistes et les physiciens. » Les recherches de M. Moreau ne portant pas sur les courants constants qui existent dans l'organe électrique comme dans les muscles, il n'a pas eu l'occasion de se servir de ces galvanomètres trés-délicats dont l'emploi exige des précautions particulières, sur lesquelles MM. Matteucci, du Bois-Rey- mond et Jules Regnauld ont fortement appelé l'attention des physiciens; des lors tout ce qui, dans la Note de M. Matteucci, est relatif à ces galvanomètres, n a pas de rapport direct avec le travail qui nous occupe. » Nous ne croyons pas devoir exposer ici, pas plus que nous n'avons dû le faire dans notre Rapporta l'Académie, les conditions spéciales que l'auteur a réalisées dans ses expériences et qu'il a décrites brièvement et clairement. Ce serait nous engager dans un long développement que de montrer en quoi les expériences de M. Moreau auxquelles M. Matteucci fait allusion dans sa Note ont une signification que n'avaient pas les expériences faites jusque-là. En un mot, rien ne peut dispenser de la lecture de ce travail pour qui veut le juger ou juger notre Rapport. Nous regrettons que M. Matteucci n'en ait pas attendu la publication, qui doit en être faite prochainement. Nous dirons pour terminer que ce travail est le fruit d'études faites sur des centaines de torpilles et poursuivies pendant de longs mois passés à plusieurs reprises depuis quatre ans sur les cotes de France et d'Italie. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur la métallurgie du platine; par MM. H. Sainte- Claire Deville et H. Debrav. « L'industrie du platine et ses progrès intéressent au plus haut point les chimistes, et surtout les chimistes théoriciens, qui utilisent si fréquemment dans les opérations analytiques les propriétés remarquables de ce métal '47-- ( n4o ) précieux. C'est pour cela que nous demandons à l'Académie la permission de l'entretenir des observations et des expériences que nous avons faites récemment pour compléter le nouveau système de traitement métallurgique que nous avons publié il y a plusieurs années dans les recueils scientifiques français (i). » L'un de nous a pu voir ces procédés appliqués avec un grand succès par un très-habile fabricant anglais, M. Matthey, de Londres ; il a pu assister à la fabrication d'un lingot de platine de 100 kilogrammes, fondu dans un four en chaux vive avec le gaz de l'éclairage et l'oxygène. Cette masse, sous l'influence de ces puissants instruments, est devenue tellement fluide, que toutes les parties du moule ont été exactement remplies par le métal, qui en a reproduit toutes les imperfections avec une exactitude à laquelle on ne s'attendait pas. L'expérience a duré quatre heures ; mais deux heures envi- ron ayant été employées à chauffer le fourneau lui-même, ce temps, déjà si court, peut être considéré comme un maximum. L'Académie admettra facilement que la vue de cette masse liquide éblouissante est un des spec- tacles les plus saisissants auxquels on puisse assister. M. Matthey a employé pour cette grande opération les gazomètres qui lui servent ordinairement à fondre les lingots de 20 à 26 kilogrammes dont il a besoin journellement. Les chimistes seront peut-être étonnés d'apprendre qu'avant remplacé, pour cette fois seulement, le manganèse ou l'acide sulfnrique, matériaux usuels de la préparation de l'oxygène, par le chlorate de potasse, M. Matthey a osé décomposer à la fois'et sans précaution 21 kilogrammes de chlorate mé- langé à son poids de manganèse. La rapidité du dégagement gazeux est en effet prodigieuse; mais, pourvu que les tubes abducteurs soient suffisam- ment larges, il n'y a réellement aucun risque d'explosion: il n'v a même pas augmentation sensible de pression dans les appareils. « On emploie maintenant un procédé de moulage du platine qui a été trouvé par M. Heraeus, fabricant de platine de Hanau, et qui a été essayé .i\ec beaucoup de succès à Londres. M. Heraeus, conseillé par son illustre inaitre, M. Wôhler, a adopté depuis plusieurs années les procédés que nous avons publiés pour le traitement du platine. Comme nous aurions pu nous y attendre, entre les mains d'un fabricant habile et d'un chimiste éclairé, (1) Voyez Annales de Chimie cl de Physique, 3e série, t. LVI, p. 385, et t. LXI. p. 5; Annales des Mines, 5e série, t. XVI, p. 1, et t. XVII, p. 71. ( Ir/i' ) ces procédés ont été perfectionnés déjà et simplifiés. M. Tleraens coule le platine dans des inouïes en fer forgé, auxquels nous avions renoncé; mais il annule tous les inconvénients dus à la fusibilité du fer en plaçant au fond de la lingotière une feuille de platine de i millimètre d'épaisseur, qui sup- porte le premier contact du métal en fusion. Grâce à cette précaution, les lingots sont très-sains, entièrement dépouillés de ces bulles que présentent si souvent les métaux fondus et dont le platine n'est pas plus exempt que les autres quand il a été coulé sans précaution. » D'après les observations faites en Angleterre, les alambics destinés à la fabrication de l'acide sulfurique concentré résistent beaucoup plus quand ils sont fabriqués avec le platine fondu que M. Matthey emploie aujour- d'hui exclusivement à cet usage. Le platine, rapproché par le procédé de Wollaston, est poreux et laisse souvent suinter l'acide chaud. Nous devons aussi prévenir les fabricants de platine que l'acide sulfurique pré- paré avec le nitrate de sonde du Pérou devant contenir un peu de chlore, attaque dans les alambics de platine l'or des soudures avec une facilité remarquable. Il serait donc à désirer que l'on substituât à l'or dans ces vases le platine fondu par notre chalumeau à gaz oxy-hydrogène, et répandu sur les surfaces à réunir par les procédés de la soudure autogène. Ce pro- cédé, utilisé depuis longtemps déjà en Angleterre, donne de très-bons résultats et procure une économie considérable, à cause de la grande valeur de l'or comparée à la valeur du platine. L'un de nous a pu voir dans l'expo- sition de M. Matthey des tubes fondus par ce procédé et étirés sans aucun défaut; dans l'exposition de MM. Desmoutis, ( liapuis et Quennessen, des tentatives effectuées sur du platine fondu, et qui promettent de très-bons résultats. » Malheureusement pour l'industrie du platine, l'énorme prix des vases distillatoires a engagé les fabricants d'acide sulfurique à substituer des vases en verre plombeux aux vases de platine. Déjà les 7 dixièmes de l'acide concentré sont fabriqués en Angleterre dans le verre, dont le prix d'achat et d'entretien équivaut à peine à la moitié de l'intérêt annuel de la somme qu'il faut sacrifier pour acquérir un grand vase distillatoire en platine. Le progrès, et il a été déjà réalisé en Angleterre, d'après ce que l'un de nous a pu constater, consiste donc à offrir aujourd'hui aux fabricants d'acide sulfurique un alambic capable de concentrer de 2 à /j tonnes an moins d'acide sulfurique par vingt-quatre heures et dont le prix soit au plus le cinquième ou le sixième du prix des appareils actuels. C'est à cette condi- tion, selon nous, que l'industrie du platine conservera à ce métal un ( Iï42 ) débouché dont il a besoin pour que son prix puisse baisser dans l'intérêt de tous, dans l'intérêt de nos laboratoires, des usines de produits chimiques et des fabricants de platine eux-mêmes. » Mais ce progrés dépend aussi du gouvernement de la Russie qui a fait le premier de généreuses tentatives pour améliorer et développer l'in- dustrie du platine. D'après des renseignements qui nous ont été fournis par M. Jaunez, ingénieur distingué qui connaît particulièrement les mines de l'Oural, les exploitations de minerais de platine pourraient recevoir un ac- croissement tel, que la masse de ces minerais répandue dans le commerce triplerait aisément si la vente de cette matière première était affranchie de toute entrave. On ne sait pas encore jusqu'à quel taux pourrait descendre, dans ces circonstances, la valeur du métal lui-même extrait par les procédés économiques que nous avons publiés. On ne connaît pas non plus tous les usages auxquels on pourrait l'appliquer alors, et dont actuellement il est exclu à cause de son prix excessif. Qu'il nous soit permis d'espérer que le gouvernement de la Russie, qui dans cette question a montré un vérilable amour du progrès, qui s'est fait renseigner par ses hommes de science les plus distingués, changera la face d'une industrie dont la science profite si largement. » Nous avons appelé l'attention des fabricants sur les avantages que présente, dans certains cas, l'emploi des alliages d'iridium et de platine, en particulier de l'alliage naturel obtenu par la fusion directe des minerais dans une atmosphère oxydante. Pour faciliter 1 introduction de l'iridium dans le platine, nous avons cherché un moyen économique d'extraire l'iri- dium pur des résidus que laisse la fabrication du platine par le procédé de Wollaston, résidus qui existent aujourd'hui en quantités considérables dans les grandes usines de l'Europe. Nous avons eu recours au procédé d'at- taque par la baryte, et nous demandons à l'Académie, dans l'intérêt des fabricants, de décrire sommairement les opérations. » Nous prenons : Osmiure d'iridium ou résidus (i) 100 parties. Nitrate de baryte 100 parties. Baryte 200 parties. (1) Ces résidus nous ont été obligeamment prêtes par M Matthey, à qui nous offrons ici tous nos remercîmenis pour les secours éclairés et désintéressés que nous avons reçus de lui en toutes circonstances. ( u43 ) » Le tout, avant été pulvérisé et intimement mélangé, est introduit dans un creuset de terre que l'on chauffe au rouge. La matière noire et frittée qui résulte de cette calcination est de nouveau pulvérisée et versée par petites portions dans de l'eau froide, jusqu'à ce que toute la masse soit bien humectée. On y verse avec précaution de l'acide nitrique et l'on chauffe au bain de sable, soit devant une bonne cheminée pour enlever les vapeurs d'acide osmique qui se dégagent, soit dans un appareil distillatoire, si l'on veut recueillir ces vapeurs, qu'on fixe alors dans de l'ammoniaque caus- tique. Quand toute odeur osmique a disparu, qu'on a mis assez d'acide nitrique pour que la masse soit bien liquide, on verse dans la liqueur une très-petite quantité d'acide chlorhydrique, jusqu'à ce que toutes ses parties soient franchement rouge-jaunâtre. On chauffe encore; puis on verse la matière dans un entonnoir obstrué par de la poudre-coton ou dans une forme h sucre. Le liquide, qui s'écoule lentement, contient des chlorures de platine, d'iridium, de rhodium et des sels à base de métaux communs. Mais le nitrate de baryte, étant insoluble dans les liquides acides, reste sur l'en- tonnoir imprégné seulement de chlorures métalliques. On déplace ceux-ci avec un peu d'eau pure, comme dans l'opération du clerçage des sucres, et le nitrate de baryte reste pur, sans que la liqueur dense et colorée qui s'écoule par l'orifice de l'entonnoir en entraîne de quantités sensibles. On obtient ainsi Nitrate de baryte 474 parties. Ce nitrate de baryte, qui contient un peu de substance non attaquée, peut servira une nouvelle opération. » Quant à la liqueur renfermant les métaux précieux, on la prive de traces de baryte par quelques gouttes d'acide sulfurique et on la traite par les procédés que nous avons décrits dans notre Mémoire, auquel nous ren- voyons. » Nous avons obtenu ainsi, avec trois échantillons de la fabrication du platine préparés par précipitation au moyen du fer : Iridium avec platine Rhodium Palladium Osmium, métaux communs et perte. I. II. III. 33,1 38,7 52, y 20,0 5>9 8,! 0,2 ï* 0 4^,7 55,4 3g,o 100,0 IOO,0 100,0 ( "44 ) " Dans ces opérations, la quantité de matière non attaquée a été pour la première o, i5 pour ioo; pour la seconde, 0,2 pour 100; pour la troisième, insensible. Ces chiffres répondent à la crainte que M. Claus (1) a manifestée que. dans notre procédé d'analyse fondée sur la même méthode, le rhodium ne fût pas entièrement attaqué par la baryte. » M. Matthey a modifié cette méthode en remplaçant la baryte, que nous ayons cru devoir employer pour diminuer la fusibilité du mélange et qui est tres-coùteuse en Angleterre, par le nitrate de baryte lui-même, dont le prix est très-faible. » M. Poxcelet fait hommage à l'Académie des Sciences d'un ouvrage de mathématiques intitulé : applications d'analyse et de Géométrie qui ont servi, en 1822, de principal fondement ait Traité des Propriétés projcctives des fitjures. (1 vol. in-8° de 5 76 pages, avec 202 figures dans le texte. ) 'i Cet ouvrage, dit M. Poncelet, a été, sauf les notes au bas des pages, écrit dans les années 181 3 et 181 4, pendant ma captivité en Russie, à la suite de la retraite de Moscou. Il est divisé en sept Livres ou Cahiers dis- tincts, dont la rédaction incomplète a précédé de très-peu la notification, a Saratoff, delà paix générale en juin 1 8 1 4 ■ U contient, sous forme deMémoire, une sorte de résumé que je me proposais alors d'adresser à l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg. (1) Voyez Bulletin de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, t. IV p. 479- Dans son Mémoire, M. Clans croit que nous avons confondu (Voir notre travail sur le ruthénium le sel brun Ru' Cl3, 2KCI avec le sel rose qu'il a également découvert, et dont la composi- tion est essentiellement différente. Le fait est qu'en petite quantité son sel brun nous a paru rose, et nous l'avons décrit comme nous l'avons vu. Nos analyses concordent entièrement avec les siennes. Seulement, dans une partie de notre texte existe une faute d'impression qui nous fait écrire Ru-CI5, 2KCI au lieu de Ru: Cl3, 2K.CI; mais les nombres de l'analyse et les formules citées ailleurs, presque dans le même paragraphe, font bien voir que nous avons opéré sur le sel qu'à bon droit sans doute il appelle le sel brun, Ru'CI', 2KCI, et qui est d'ailleurs le plus facile à préparer. La différence dans l'estimation des teintes et une faute d'impression sont donc les seules causes de cette divergence apparente que l'éminent chimiste interprète, au reste, comme nous le faisons ici. Nous sommes d'ailleurs très-recon- naissants de l'attention qu'un homme aussi compétent a prêtée à nos travaux et de la bien- veillance avec laquelle il les a appréciés. ( "45 ) » Le Ier Cahier comprend, sous le nom de Lemmes de Géométrie synthé- tique, un grand nombre de propositions relatives aux intersections, aux con- tacts, aux cordes et sécantes communes, réelles, idéales ou imaginaires, des circonférences de cercles situés dans un même plan. Ces propositions, inconnues pour la plupart en 1812, et susceptibles de s'étendre aux sec- tions coniques en général, par les Principes de la projection centrale, con- stituent, avec l'exposé analytique de ces Principes, la base fondamentale et le véritable point de départ des divers autres écrits publiés par moi, depuis ma rentrée en France en septembre 1 8 1 4 ■ » Le IIe Cahier est, à proprement parler, l'ébauche d'un Traité de Géo- métrie analytique, telle qu'on pouvait l'attendre, à cette époque, d'un jeune lieutenant du génie, sorti depuis trois ans à peine de l'École Polytechnique, privé de toutes ressources scientifiques et réduit à de bien fugitifs souvenirs. » Les IIIe et IVe Cahiers concernent les propriétés descriptives des simples coniques, par rapport à des systèmes de lignes droites, a des polygones mobi- les inscrits ou circonscrits à ces courbes, et dont les sommets ou côtés sont assujettis à décrire d'autres droites directrices ou à pivoter autour de pôles fixes. La méthode d'exposition, ici plutôt algébrique que géométrique, ren- ferme divers développements de calculs et de raisonnements, devenus, à leur tour, le point de départ de mes idées sur le Principe de continuité, d'abord mal compris ou interprété, mais dont aujourd'hui on se sert sans trop de scrupule, quoiqu'il n'ait point encore été nettement défini, démontré, en se laissant guider d'après les simples aperçus et les applications que j'en ai donnés dans divers écrits avant et depuis 1820. A cette dernière époque, je m'étais risqué à présenter sur les Propriétés projectives, à l'Académie des Sciences de l'Institut, un premier Mémoire assez peu favorablement accueilli et jugé par un rapporteur très-célèbre et très-savant, mais plutôt algébriste que géomètre. » Les Ve et VIe Cahiers ont trait aux Propriétés descriptives des systèmes de deux ou d'un nombre quelconque de sections coniques sur un plan, démon- trées plusspécialement, ainsi que les Principes de projection centrale qui s'y rapportent, par la méthode algébrique des coordonnées de Descartes. Les géomètres philosophes liront, j'ose l'espérer, avec quelque intérêt, ces deux Cahiers, parce qu'on y aperçoit, sans aucun déguisement, la lutte d'un esprit jeune et inexpérimenté contre les difficultés analytiques d'un sujet neuf alors, et qui a pris, quelques années après l'apparition du Traité des Propriétés projectives, en 1822, une extension si considérable entre les C. R., 1862, 1" Semest,e. (T. LtV, N» 21.) '4^ ( ii46 ) uiains de savants habiles et renommés, parmi lesquels je me contenterai de citer MM. Bobillier, Chasles, Plucker, Steiner, Sturm et Jacobi même. Leurs écrits sont particulièrement mentionnés dans le Supplément placé à la fin de l'ouvrage que j'ai l'honneur d'offrir à l'Académie, et qui contient des Souvenirs, iVoteset Additions récemment écrites par moi et par MM. Mann- heim et Moutard, jeunes savants pleins d'avenir, qui m'ont accordé leur bienveillant concours pendant l'impression longue et pénible d'anciens Cahiers manuscrits, auxquels je me suis imposé le rigoureux devoir de n'apporter aucun changement qui pût en altérer le sens, la pensée ou la contexture primitive. » J'ai l'honneur de déposer sur le Bureau de l'Académie, pour notre bibliothèque, et comme spécimen, celui de ces Cahiers qui renferme la dernière partie du texte que j'ai rédigé à Saratoff, peu avant mon départ pour la France. » Après cette lecture, M. Chasles demande la parole et s'exprime ainsi : >< Je m'empresse de déclarer que l'observation que j'ai à faire au sujet de l'ouvrage dont M. Poncelet vient d'entretenir l'Académie, n'est point de na- ture à donner lieu à une polémique, et a pour objet seulement de préciser une date étrangère aux travaux de M. Poncelet. » Notre confrère, dans une Note appelée historique, critique et philoso- phique, distingue deux classes de mathématiciens, selon la méthode, géomé- trique ou algébrique, qu'ils emploient. Dans la première classe il cite M. Steiner en Allemagne, et moi en France. Il ajoute que nos deux princi- paux ouvrages datent, celui de M. Steiner, intitulé : Développement systéma- tique, etc., de i832, et le mien : Aperçu historique, etc., de 1 837 ; qu'ils « offrent entre eux une concordance qu'explique, à la rigueur, la similitude » même du but » ; qu'en effet l'un et l'autre font usage des faisceaux de droites projectifs et du rapport composé entre les segments formés par chaque faisceau sur une transversale ; que « dans les ouvrages de M. Chasles, on » part des mêmes faisceaux, des mêmes rapports composés, désignés sous le » nom peu harmonieux, bien qu'aujourd'hui en faveur, de rapports » anharmoniques, quand ils diffèrent de l'unité abstraite (1). » » Sans vouloir faire ici aucune observation sur ce jugement porté par M. Poncelet qui croit voir une similitude de but dans deux ouvrages qui (1) Applications d 'Analyse et de Géométrie, etc. Paris, 1862, in-8"; voir pages 4ïJ2> 49^- ( "47 ) cependant ont un caractère si différent, je veux simplement dire que le lecteur, non au courant de l'état des choses, conclura nécessairement de cet exposé, que l'auteur de l'ouvrage de 1837 a pu profiter des idées et des moyens de démonstration par les faisceaux projectifs et les rapports composés, qui se peuvent trouver dans l'ouvrage de i832. » Ce serait une grave erreur, causée involontairement par M. Poncelet et qu'une simple date aurait prévenue; cette date, si notre confrère y eût pensé, trouvait là sa place toute naturelle. Car il ajoute en Note, que l'ou- vrage dont il s'agit : l'Aperçu historique sur l'origine et le développement des méthodes en géométrie, « est extrait des Mémoires de l'Académie royale des » Sciences de Bruxelles, laquelle, après en avoir provoqué la production, » lui a accordé ses encouragements. » Il suffisait d'ajouter que c'est en jan- vier i83o que cet ouvrage a été adressé à l'Académie de Bruxelles (en réponse à une question proposée par l'Académie, ainsi que je l'ai rap- pelé déjà dans la Préface du Traité de Géométrie supérieure, p. xxxi). La partie purement historique de l'ouvrage a reçu, lors de l'impression, une grande extension ; mais les deux méthodes de transformation des figures, la dualité et l'homographie, qui forment la réponse à la question de l'Académie et qui reposent exclusivement sur l'usage des faisceaux projectifs et des rap- ports composés, ont la date officielle de i83o, époque à laquelle un Rapport a été fait sur l'ouvrage. Je n'ai donc point pu profiter du travail de notre savant Correspondant, M. Steiner, publié en i83a. » C'est simplement ce que j'ai voulu rappeler et constater ici. » M. Poncelet, comme on le voit par une phrase ci-dessus, trouve que l'expression rapport anharmonique est peu harmonieuse ; cela est possi- ble, et je ne ferai aucune observation à ce sujet : je dirai seulement que le mot a sa raison, son étymologie, en ce que par la préposition civet, au-des- sus, il exprime un état plus général que le cas particulier appelé rapport harmonique par les géomètres anciens et modernes. C'est pour cela sans doute que les géomètres anglais et italiens, et une grande partie des géomè- tres allemands l'emploient maintenant. » J'ai annoncé que je ne voulais en aucune manière donner lieu ici à une discussion ; mais on me permettra d'ajouter qu'il ne faut pas en conclure que j'approuve les observations et critiques qui me concernent dans l'intéressant ouvrage de M. Poncelet, principalement dans la partie intitulée : Note histo- rique, critique et philosophique. Ces observations devant être continuées dans le second volume de l'ouvrage, j'attendrai ce volume, d'autant plus volon- tiers, qu'il m'en coûtera beaucoup d'avoir à réfuter les jugements et ré- 148.. ( n48 ) flexions de notre illustre confrère, avec qui j'ai toujours été heureux d'entre- tenir des relations amicales, et dont j'ai toujoursappréciétrès-haut les travaux mathématiques, comme le prouve en toute occasion l'attention que j'ai mise a les citer avec les éloges mérités et à éviter toute remarque critique ou res- trictive. » NOMINATIONS. L'Académie procède parla voie du scrutin à la nomination de la Com- mission chargée de décerner, s'il y a lieu, le prix Bordin pour 1862, ques- tion concernant les différences de position du foyer optique et du foyer photogénique. MM. Pouillet, de Senarmont, Fize.au, Regnault et Becquerel réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le grand prix de Mathématiques de 1862, question concernant la théorie des marées. Ce Mé- moire, parvenu au Secrétariat depuis la dernière séance, mais avant la clôture du concours (1er juin), a été inscrit sous le n° 1 . chimie appliquée. — Sur les variations dans la quantité de certains principes immédiats du vin, et sur les transformations que ces principes subissent par suite de certaines altérations spontanées; par M. A. Réchamp. (Commissaires, MM. Balard, Peligot.) « Souvent consulté sur les altérations que l'on fait subir au vin, je me suis demandé à quel élément on pourrait s'adresser le plus sûrement pour savoir à peu près à quoi s'en tenir sur une altération supposée. L'alcool a été ajouté et s'ajoute. La potasse sous la forme de tartrate neutre a été ajoutée et s'ajoute. La matière colorante a été imitée on ajoutée. Je me suis dès lors arrêté à l'extrait que laisse un vin lorsqu'on l'évaporé au bain-niarie et que l'on dessèche entre 100 et 1 io° de température. C'est en effet la seule chose que l'on ne puisse imiter et à l'étude de laquelle il convient de se livrer avec ardeur. » Pour dt-terminer le poids de l'extrait d'un vin, on est dans l'habitude d'évaporer, suivant le conseil de M. Bouchardat, au moins 100 centimètres cubes de vin. Cette quantité est trop grande. On arrive difficilement à une C n49) dessiccation uniforme, et il faut trop de temps. Il est préférable d'évaporer au bain-marie 10 et même seulement 5 centimètres de vin, d'achever la des- siccation à l'étuve, entre 100 et 1 io° et de peser le vase refroidi sur l'acide sulfurique, avec une balance sensible au milligramme. Par ce moyen, les résultais sont parfaitement comparables et le dosage terminé en moins d'une heure. » Le tableau suivant contient un extrait des résultats que j'ai obtenus avec les vins du département de l'Hérault et d'autres provenances. Je prends les extrêmes. La première colonne contient le poids brut de l'extrait; la seconde le poids des cendres; la troisième le poids de l'extrait corrigé du poids des cendres ou très-approximativement le poids de la matière orga- nique de l'extrait; cette dernière correction est nécessaire, car lorsque les vins sont plâtrés, le poids des cendres peut être énorme; la quatrième le poids du carbonate de potasse déterminé alcaiimétriqnement; la cinquième le poids de la crème de tartre correspondante à la potasse; le sixième l'alcool. ORIGINE DU VIN. EXTRAIT par Hlre. CENDRES par hlre EXTRAIT corrigé. CARRONATE de potasse CRÈME de tartre. ALCOOL. 1 OBSERVATIONS. Vin de Saint-Georges. i858. 28,0 4,2 23,8 1 I .0 ! Plâtré. 186.. 1861. 3o,o 28,0 4,8 3,2 25,2 24,8 I ,22 3,33 10,0 11,0 PlÔtré. de Montpellier. . . de Mireval 1861. 26,0 2,8 23,2 1,173 3,20 10,5 de Pézénas 1861. 24,5 4,i 20,4 10,0 Plâtré. Bords de l'Hérault. 1861. 22,0 Jeune plantier (i) de Mauguio 1861. 21", 4 2,8 l8,6 1 , 16 3,12 9,3 de Narbonne. . . 1861. 3i ,5 5,1 20,4 ,3,4 Fortement plâtré de Roussillon. . 1861. 27,5 6,, 21,4 '4.9 Fortement plaire. de Frontignan. . . 1SG0. 263,0 3,8 261 ,0 1 ,o3 2,80 Muscat blanc très-sucré. « Ce tableau fait voir que les vins rouges du département de l'Hérault que j'ai examinés contiennent rarement moins de 21 grammes de matière orga- nique dans l'extrait ; ils en contiennent le plus souvent de 22 à i5 par litre. Les vins des cantons les moins favorisés (/;), ou bien déjeunes plants (a), ren- ferment encore de ai à 22 grammes d'extrait brut ou de 18 à 19 d'extrait corrigé par litre. Une chose est frappante, c'est la comparaison de ces déter- ( u5o ) minations avec celles des très-gros vins du Roussillon et deNarbonne, qui sont extrêmement colorés et qui ne contiennent cependant pas beaucoup plus d'extrait. Dans les vins non plâtrés la potasse se trouve aussi d'une con- cordance fort remarquable, et telle que l'on pourrait s'en servir pour décider la question de savoir si un vin a été soumis au mouillage. Mais le tableau sui- vant fait voir que des causes inconnues peuvent la faire varier d'une façon étrange. Elle peut aller jusqu'au double et l'extrait diminuer au moins d'un tiers. Il est vrai que les vins en question ont été suspectés de mouillage. VINS DE 1861. EXTRAIT CENDRES EXTRAIT par litre. par litre corrigé. 17,3 3,3 '4,2 17,0 3,93 1 3 , oS 19)2 3,o3 '6,17 19, ! 3,9 l5,2 CARBONATE de potasse. CRÈME de tarlre. ALCOOL. 1,932 5,26 9)3 2>'9 5,90 9,0 1 ,3i 3 ,56 10, 1 2,l3 5,8o 10,0 OBSERVATIONS. Les Tins n, b, c nVtiilenl pas tournés au uniment do la première observation. Le Tin e était tourné. » On ne peut donc pas se servir de la potasse comme moyen de con- trôle, et si la crème de tartre augmente dans un vin, l'extrait est estimé trop haut. u L'altération spontanée des vins que l'on désigne sous la qualification de vin tourné, est, d'un autre côté, une cause d'augmentation de la potasse, et n'occasionne pas la diminution du poids de l'extrait. Je me suis assuré que les altérations que l'on observe cette année dans les vins, loin de diminuer le poids brut de l'extrait, tendent à l'augmenter, du moins quand elles ont lieu pendant que le vin est en présence des lies; dans le cas contraire, il n'y a pas de changement. VIMS TOURNES. b S h EXTRAIT CENDRES EXTRAIT CARBONATE CREME par litre. par litre. corrigé. do potasse. de lartre. »4,5 3,7 20,8 i,o34 2,80 27,5 7,i 20,4 2,50 G, 8 34,0 io,6 23,4 2/|,5 5,o ■9,5 2,96 8,o5 OBSERVATIONS. 10,5 5,o Ce vin étnit tourné après sa mise on houleille. Avant qu'il tournât, il a fourni les même» résultats. Vin do Mêze, tourné sur lies. Vin de Saint-Ceorpcs, tourné sur Iles Vin loin in- sur ht"-. ( n5r ) » Lorsqu'un vin tourne, quel genre d'altération subissent les principes immédiats qui le composent? Pour le déterminer, il fallait connaître la com- position de l'extrait des vins non altérés. M. Pasteur y a déjà caractérisé la glycérine et l'acide succinique. On savait que la crème de tartre et peut-être de l'acide tartrique libre y existent naturellement. Le sucre est un autre terme constant des vins, jeunes ou vieux. Ce fait était peut-être déjà connu, mais on ne lui accordait pas l'importance qu'il mérite. Enfin, lorsqu'on a épuisé l'extrait du vin successivement par l'éther alcoolisé et par l'alcool, il reste un produit visqueux qui m'a paru composé d'une substance analogue à la dextrine du ligneux, qui est dextrogyre et qui peut être saccharifiée par l'acide sulfurique étendu. » Le caractère chimique d'un vin tourné est de ne plus contenir de sucre, et lorsqu'il est profondément altéré, de ne plus contenir de produit saccha- rifiable ni de glycérine. Ces principes, excepté la glycérine, se retrouvent à l'état d'acide lactique, ce qui explique comment le poids de l'extrait ne change pas. Depuis que j'ai constaté ces faits et l'augmentation de la potasse dans les vins tournés, j'ai appris que l'on remarque constamment que le tartre finit par disparaître dans les tonneaux à la suite du contact prolongé du vin tourné. Le fait de la disparition du sucre a aussi depuis lors été con- staté dans une expertise judiciaire; les vins non tournés de la même ré- colte en contenaient tous. » Le produit de la distillation des vins est toujours acide, mais le produit de la distillation des vins tournés l'est bien davantage. Après avoir constaté que la glycérine finit par disparaître à son tour dans les vins tournés, je me suis demandé si elle ne se transformerait pas en acide propionique. En opé- rant sur 4o litres d'un vin complètement tourné, dans lequel il me fut im- possible de retrouver la glycérine, j'ai obtenu par distillation un liquide acide qui fournit environ /joo grammes d'acétate de soude et un résidu incristallisable d'où j'ai extrait environ 10 grammes d'un acide bouillant à i4o° jusqu'à la dernière goutte, et qui présentait d'ailleurs les caractères de l'acide propionique. » M. Balard a trouvé le ferment lactique dans les vins tournés. L'appa- rition de ce ferment est précédée par des globules analogues à ceux de la levure, et lorsque le vin, complètement tourné, entre dans une autre phase d'altération que je nomme putride, on trouve, outre le ferment lactique, une foule de Vibrions. J'ai remarqué de plus que pendant qu'un vin tourne, il ne se dégage pas de gaz, et que si, pendant qu'un vin fermente et dégage de ( n5a ) l'acide carbonique, il vient à tourner, tout dégagement de gaz cesse. Ceci est d'accord avec l'observation de M. Pasteur, que lorsque la fermentation alcoolique devient lactique, tout dégagement de gaz cesse, lors même qu'il y a encore beaucoup de sucre. C'est que, dans un cas comme dans l'autre, c'est aux dépens du sucre que se forme l'acide lactique. » PHYSIOLOGIE. — Re< herclies expérimentales sur l'origine appareille et sur l'ori- gine réelle des nerfs moteurs crâniens. — Détermination expérimentale de celle dernière; par M. A. Chauveac. L'auteur en terminant son Mémoire résume, dans les conclusions sui- vantes, les résultats de ses recherches : « i° Le point d'émergence des racines des nerfs moteurs encéphaliques, ou l'origine apparente de leurs tubes nerveux, ne partage nullement les propriétés physiologiques de ces racines. Ainsi, quand on irrite comparati- vement, sur des animaux récemment tués, d'une part les racines motrices crâniennes, d'autre part la substance médullaire au pourtour du point d'émergence de celles-ci, on observe de belles contractions musculaires dans le premier cas; jamais on n'en obtient dans le second. » 2° Sur les mêmes animaux récemment tués, la substance propre de la moelle allongée est également inexcitable dans ses parties profondes; mais les fibres des racines qui traversent cette substance sont excitables dans toute l'étendue de leur trajet intra-médullaire, au même titre que leur partie libre. o 3° Cette excitabilité de la partie profonde ou engagée des racines existe non-seulement dans l'élément fibreux ou tubulaire de ces racines, mais encore dans l'élément cellulaire. C'est ainsi que l'excitation des amas de grosses cellules qui donnent naissance aux filets radiculaires des nerfs crâ- niens, provoque d'aussi belles contractions que l'irritation de la partie libre des racines. L'effet de cette excitation est unilatéral et direct, comme quand on agit sur les nerfs eux-mêmes. Les contractions n'apparaissent des deux côtés à la fois que si l'on excite sur la ligne médiane. » 4° Sur les animaux vivants, la mise en jeu du pouvoir excito-inoteui propre delà moelle allongée peut provoquer des phénomènes spéciaux; mais les faits relatifs à l'excitabilité de l'origine apparente et de l'origine réelle des nerfs conservent néanmoins les caractères qui viennent d'être signalés. ( i i53 ) » 5° En résumé, l'origine réelle des paires motrices crâniennes, représentée par les cellules qui forment le poiut de départ des fdets nerveux, et la partie intra-médullaire de ces filets, jouissent de la même excitabilité que la partie libre des racines; Y origine apparente, représentée par le point des faisceaux médullaires d'où émergent ces racines, ne possède cette propriété, ni super- ficiellement, ni profondément. » Le Mémoire de M. Chauveau est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Bernard, Longet. CHIRURGIE. — Sur la translucidité complète de certaines hydrocèles de la tunique vaginale : moyen d'éviter la lésion du testicule et de l épididyme dans l'opération de la ponction; parbl. Marcelin Duval. (Extrait.) « Nous rangeons, dit l'auteur, les hydrocèles dans trois catégories prin- cipales : la première catégorie, très-nombreuse, comprend les hydrocèles dans lesquelles la vue aidée de la lumière artificielle permet de recon- naître le lieu occupé par le testicule qui est ou n'est pas accessible au tou- cher. Dans la deuxième catégorie il y a translucidité parfaite ou locale de la tumeur et il est impossible de constater, soit à l'aide de la vue, soit par le toucher, la situation du testicule et l'épididyme. Dans la troisième caté- gorie, il y a encore translucidité complète, mais le toucher révèle la situa- tion des organes. » On comprend que pour les cas appartenant à la deuxième catégorie, on est fort exposé, si on n'agit pas avec grande circonspection, à blesser le testicule; c'est un accident arrivé aux plus grands chirurgiens et dont les suites peuvent être graves. On l'évitera au moyen du procédé opératoire suivant : » Procédé opératoire. — On fait un petit pli transversal au scrotum vers la partie inférieure et antéro-externe de la tumeur. Ce pli est incisé per- pendiculairement, dans l'étendue seulement nécessaire à l'introduction du trocart que l'on pousse doucement jusqu'à son entrée dans la tunique vagi- nale. Le trocart est dirigé un peu de dedans en dehors, et plutôt de bas en haut que directement d'avant en arrière. Quand on a traversé la tunique, on s'arrête un moment pour tirer à soi le poinçon, de manière à cacher sa pointe dans la canule; puis on enfonce celle-ci, de bas en haut, presque parallèlement à l'axe du corps, en l'inclinant légèrement du côté C. R., 1862, 1" Semestre. (T. LIV, N° 210 '^9 ( n54 ) externe de la tumeur. Si l'on tente ta cure radicale, on injecte alors le liquide auquel on donne la préférence (teinture d'iode, vin, alcool, etc.). » (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Velpeau et Tobert de Lamballe.) THÉRAPEUTIQUE. — De l'acide carbonique en inhalations comme agent anesthésique efficace et sans danger pendant tes opérations chirurgicaU par M. Cii. Ozaxam. (Extrait.) (Commissaires, MM. Amiral, Velpeau, J. Cloquet.) « J'ai annoncé en i8.t8 que l'acide carbonique mélangé d'air était de tous les anesthésiques le plus apte à produire une insensibilité suffisante et pourtant sans danger. Je viens aujourd'hui prouver la possibilité d'appli- quer cette nouvelle méthode aux opérations chirurgicales. » J'avais à ouvrir un abcès profond situé à la partie inférieure et interne de la cuisse chez un jeune homme; il fallait pénétrera une profondeur de plusieurs centimètres en disséquant couche par couche. Le malade, crai- gnant la douleur, demanda à être endormi; j'y consentis, en lui annonçant qu'au lieu du chloroforme il aurait à respirer un gaz hypnotique. Je me servis pour cela d'un mélange de trois quarts d'acide carbonique et un quart d'air atmosphérique; ce mélange était contenu dans un sac en caoutchouc d'une capacité de 25 litres environ. » Un long tube flexible partait du sac et se terminait par une embou- chure en forme d'entonnoir qui pouvait s'appliquer autour du nez et de la bouche du malade; mais on se garda bien de l'appliquer hermétiquement ; on laissa au contraire un petit espace pour que le malade pût aspirer, en même temps que l'acide carbonique, une certaine quantité d'air exté- rieur. » On ouvrit le robinet ; on pressa sur le sac et l'inhalation Commença. » Le sommeil fut obtenu au bout de deux minutes environ, et pendant e temps j'observai deux phénomènes particuliers: i" l'accélération du mouvement respiratoire; 2° une sueur abondante du visage. » JjC malade étant endormi, je fis l'incision de la peau et des tissus sous- jacents, sans que le malade fît le moindre mouvement ou proférât la moin- dre plainte. Il y avait donc insensibilité complète. Puis, au moment où l'opé- ration allait finir, je fis interrompre l'inhalation, et je donnai seulement alors le dernier coup de bistouri. ( n55 ) » Bien différent des autres, celui-ci fut ressenti, quoique d'une manière très-supportable, et le malade retrouva immédiatement connaissance. » 31. Cii. Bloxdeau adresse de Laval un Mémoire sur la constitution de l'acier et demande l'ouverture d'un paquet cacheté dont; l'Académie avait accepté le dépôt dans la séance du 17 septembre 1 86 1 . Le paquet cacheté, qui n'a pu, faute de temps, être ouvert et paraphé dans cette séance, le sera dans la prochaine, et la Note incluse sera renvoyée, comme celle qui vient d'être reçue, à la Commission nommée pour les di- verses communications relatives à la production de l'acier. Cette Com- mission se compose des Membres de la Section de Chimie et de M. de Senarmont. 31. Picard envoie une ^ote sur une nouvelle méthode de traitement chi- rurgical du croup. Cette Note est renvoyée à l'examen de MM. Bernard et Jobert de Lamballe. 31. Le Boux soumet au jugement de l'Académie une Note intitulée : « Dé- faut d'achromatisme de l'œil. Appareil destiné à le mettre en évidence ». La Note et l'instrument sont renvoyés à l'examen d'une Commission composée de MM. de Senarmont, Bernard et Fizeau. PHYSIQUE. — Recherches sur les phénomènes produits par la combustion de gaz en vase clos; par 3131. P. Demoxdésiiî et Th. Schlœsi.vg. Commissaires, MM. Pouillet, Combes, H. Sainte-Claire Deville.) CORRESPOND ANCE 31. Flourens met sous les yeux de l'Académie le XVIIe et dernier volume • les œuvres de F. Arago, et en fait connaître le contenu en lisant l'extrait suivant d'une Lettre que lui a adressée M. Banal: « Le volume contient les Tables tres-détaillées des œuvres de votre illustre ancien confrère, M. Arago, etelles sont destinées dansma pensée à permettre de retrouver facilement les innombrables documents scientifiques contenus i49 •■ ( ii 56 ) dans les seize volumes dont se composent ces œuvres. Ce volume contient encore le discours que vous avez prononcé sur la tombe du grand physi- cien et astronome et que vous m'avez autorisé à reproduire, le portrait de mon vénéré maître dû au crayon de M. Sébastien Cornu, et enfin une no- tice chronologique étendue que j'ai cru devoir écrire pour expliquer les cir- constances dans lesquelles M. Arago a fait ses découvertes et conçu tant d'idées importantes sur la constitution du monde physique. » J'ai ainsi terminé complètement la tâche ardue qui m'avait été imposée. Je me souviendrai toujours que vous m'avez soutenu et encouragé dans son exécution. » M. Flourexs présente, au nom de M. PLujniol, un Mémoire imprimé ayant pour titre : « Des corpuscules vibrants et de la maladie du ver à soie ». « En poursuivant, dit l'auteur, ces études, dont j'avais déjà fait l'objet d'une communication à l'Académie, je suis arrivé à reconnaître dans ces corpus- cules vibrants de véritables ferments, et cherchant l'origine de ces fei ments, je l'ai trouvée dans les cryptogames qui se développent sur les feuilles du mûrier. » M. Flourens signale encore parmi les pièces imprimées de la Correspon- dance un ouvrage de M. Th.-W. Harris, un « Traité sur quelques-uns des insectes nuisibles à la végétation » ; cet ouvrage, aujourd'hui à sa troisième édition, vient de paraître à Boston ; il est transmis par M. Edw. Evcrctt. Correspondant de l'Académie des Sciences morales et politiques. M. Blanchard est invité à faire connaître l'ouvrage à l'Académie par un Rapport verbal. « M. Duperrey dépose sur le bureau de l'Académie, de la part de M. Da- rondeau, ingénieur hydrographe de première classe, le Rapport adressé à S. Exe. le Ministre de la Marine, sur une mission que cet ingénieur a accom- plie en Angleterre, en 18G1, dans le but d'étudier les questions relatives aux erreurs des compas de route dues aux attractions locales à bord des navires en fer, et surtout de faire connaître les procédés employés dans la marine anglaise, tant pour déterminer exactement l'étendue de ces erreurs, que pour s'en garantir ou en atténuer autant que possible les effets durant Je cours de la navigation. ( "5; ) » M. Darondeau était mieux préparé que personne pour accomplir cette mission avec tout le succès désirable. On sait; en effet, qu'en 1 858 il avait déjà publié une Notice sur les erreurs des compas à bord des navires eu fer et sur les moyens de les corriger fondés sur ses propres expériences , et qu'à la même époque il avait été chargé par le Ministre de la Marine de faire un Cours sur cette importante matière aux élèves de l'École impériale d'Application du Génie maritime. » M. Milxe Edwards présente une Note sur la faune carcinologique de l'île delà Réunion, par M. Alphonse Milne Edwards, et des observations sur les Échinides de la même localité, par M. Michelin. Ces opuscules ont été faits à l'aide des collections formées par M. Maillard, et sont destinés a prendre place dans l'ouvrage que cet auteur va publier sur l'île de la Réunion. M. Chasles fait hommage à l'Académie de plusieurs opuscules mathéma- tiques de M. Cremona (voir le Bulletin bibliocjrafddi^e); il signale surtout celui dans lequel l'auteur a traité des propriétés générales de la courbe gauche du quatrième ordie de seconde espèce. M. de Pontécollaxt envoie une Note faisant suite à celle qui a paru dans le dernier numéro des Comptes rendus, et qui renferme une discussion de nombres que l'auteur avait annoncée; cette nouvelle Note dépassant de beaucoup en étendue les limites assignées par le Règlement aux com- munications des étrangers, nous devons nous borner cà en constater la pré- sentation et le renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Faye et Serret. PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Transformation des Enlozoaires; Lettre de M. P.-J. Van Beneden à M. N..., à l'occasion d'une communication récente de MM. Pouchet et Verrier. « A la séance du 5 mai dernier, MM. Pouchet et Verrier aîné ont tait connaître à l'Académie le résultat de quelques expériences qu'ils ont faites sur le Cœnure cérébral Au mouton et le Tœnia serrata du chien. Ces savants m'attribuent dans cette Notice une opinion qui n'a jamais été la mienne, et, comme cette assertion pourrait devenir la source de nouveaux mécomptes, ( n58 ) je crois de mon devoir de vous adresser quelques observations dont je vous prie de vouloir bien faire part à l'Académie. » MM. Pouchet et Verrier prétendent que selon moi le Cœniire ccré- irtt serait la larve ou le scolex du Tœnia serrata. Or, pour preuve que telle ii est pas mon opinion, il me suffit de rappeler que, dans mon Mémoire sur s Vers intestinaux, auquel l'Académie a décerné le grand prix des Sciences physiques, de même que dans la Zoologie médicale, que j'ai publiée en col- laboration de mon ami Paul Gervais, le lénia provenant de cœnnre y figure comme espèce distincte, sous le nom de Tœnia cœnurus, et celui qui provient du Cystieerque pysiforme du lapin, sous le nom de Tœnia serrata. » C'est pour ne pas avoir distingué ces deux espèces de vers qu'a mou ivis MM. Poucliet et Verrier n'ont point vu réussir leur expérience prin- cipale, et c'est à cause de cet insuccès surtout qu'ils expriment du doute sur la doctrine des métamorphoses des Entozoaires et de leurs pérégrinations à travers les organismes. » Sur quoi ce doute repose- t-il ? » i° Dans une première expérience, ils ont administré 600 têtes de cœ- nures et ils ont trouvé 36 ténias ; une autre fois, sur 60 tètes du même ver, ils ont obtenu 5i ténias; la troisième fois, 60 tètes ont produit 78 ténias, et la quatrième fois, sur 100 tètes, administrées à un jeune chien, pris à la mamelle et séquestré ensuite, ils ont trouvé 237 ténias. » Pourquoi dans ces deux derniers cas le nombre de ténias est-il [dus grand que le nombre de tètes qu'ils croient avoir semées? Je l'ignore, mais je ne doute aucunement qu'en continuant leurs recherches avec les mêmes précautions pour assurer la précision de leurs expériences, ces messieurs ne finissent par trouver eux-mêmes l'explication de cet excès. » 20 MM. Pouchet et Verrier ont administré à deux jeunes moutons des œufs parfaitement mûrs de Tœnià serrata, et, tout en procédant avec toute la rigueur requise, contrairement au résultat que d'autres expérimen- tateurs ont obtenu, ces jeunes moutons ne présentèrent jamais aucun des épipbénomènes du tournis; le cerveau au bout de quatre mois ne contenait aucun rudiment de ccenure. » Sans parler des expériences qui ont parfaitement réussi à Munich, ;i Zittau et à Toulouse, celles qui ont été faites en même temps a Loiivain, à Giessen et à Copenhague, avec des œufs provenant d'un seul et même chien nourri avec des ccennres, ont produit exactement les mêmes phéno- mènes,et à peu près au bout du même espace de temps. Dans les trois villes. ( n59) les jeunes moutons ont été atteints de tournis vers le quinzième jour, avec cette seule différence qu'à Copenhague, sur trois moutons, deux seulement ont été atteints (i . . » Pourquoi. les expériences de MM. Pouchet et Verrier n'ont-elles pas donné le même résultat ? C'est parce que, au lieu d'administrer des œufs de Tœnia cœnurus, ces messieurs ont sans doute fait avaler aux moutons des œufs de Tœnia serrata. S'ils veulent assurer le succès de leur expériem qu'ils administrent des œufs provenant positivement de Ténia cœnure, et ils verront, comme les autres, tous les phénomènes du tournis faire leur ap- parition. » Mais quand même ces savants n'obtiendraient pas plus de succès une seconde ou même une troisième fois, fei aient-ils sagement de conclure leur résultat négatif, comme ils l'ont fait, que le cœnure prend naissance, c'est-à-dire se développe spontanément dans le cerveau du mouton? Je ne le pense pas. Que dirait-on de celui qui, semant pour la première fois de; (leurs, ne les voyant pas lever, prétendrait que les fleurs de son voisin sonr venues spontanément dans son jardin ? » Qu'il me soit permis de profiter de cette occasion pour faire part a l'Académie d'une intéressante expérience que vient de terminer, avec un succès complet, mon ami R. Leuckart. » Depuis quelques années, une seconde espèce de ténia a été signalée chez l'homme, le Tœnia mediocanellata. Elle a été observée déjà dans divers pays. Si ce ver est véritablementdistinct de Tœnia solium, par quel véhicule s'introduit— il, quels sont les caractères de son cystercerque (scolex) et où ce dernier vit-il ? » Tenant compte de tous les faits qui se rattachent à l'histoire de ce ver, le savant et habile professeur de Giessen a été conduit à faire prendre des œufs de Tœnia mediocanellata à des veaux, et, au hout de peu de temps, il a vu se développer une si abondante quantité de cysticerques, dans les mus- cles surtout, qu'il en est résulté une sorte de ladrerie. Et ce qui donne sur- tout à cette expérience une haute valeur, c'est que ce cysticerque présente (i) Le 27 mai, deux jeunes moutons reçoivent à Louvain, aveu leurs aliments, de^ œufs de Ténia cœnure, et le i3 juin suivant ils perdent tous les deux leur gaieté, leur appétit diminue, la tète devient brûlante, les yeux sont injectés, les pattes fléchissent sous le poids du corps, et à l'autopsie, faite à quinze jours d'intervalle, tous les deux montrent des cœnures dans le cerveau . ( n6o ) déjà dans les kystes du veau tous les caractères distinctifs du ténia adulte. » Ainsi le ténia se développe aussi par l'usage de la viande de veau et de bœuf, mais c'est une espèce particulière qui a toujours été confondue ivec !e Taenia solium. » Dans l'état actuel de la science il est permis d'affirmer que le Tœnia solium s'introduit chez l'homme par le porc, le Tœnia mediocanellata par le venu ou le bœuf, et le Bothriocéphale ou le Ténia large des anciens auteurs (en Suisse, en Pologne et en Russie) par l'eau. L'homme s'infecte ainsi, con- formément à son régime mixte, de ténias véritables à couronne de crochets, comme les carnassiers; de Bothriocéphales ou ténias sans couronne de cro- chets, comme les herbivores : les premiers pénètrent par la chair qu'il mange, les autres par l'eau qu'il boit(i). » Je suis persuadé que, malgré mes observations critiques, MM. Pouchet et Verrier aîné seront les premiers à rendre justice aux motifs qui m'ont dé- terminé à m'adresser en cette circonstance au premier corps savant de l'Eu- rope. Ils sont trop éclairés pour ne pas savoir que la science ne fait des progrès durables qu'à l'aide d'une discussion franche et loyale. » paléOlNTOLOGJE. — Habitations lacustres; premiers résultats des recherches récemment entreprises dans ta baie de Grézine par M. Despi\e, médecin des eaux thermales d'Aix en Savoie. •< Jusqu'ici un seul gisement ou amas de détritus d'habitations lacustres avait été signalé en Savoie, dans le lac d'Annecy, au lieu dit Roseley. Le premier j'ai recherché s'il existait des traces de ces sortes d'habitations dans le lac du Bourget, près d'Aix. » D'après la théorie du savant M. Troyon, de Lausanne, les bords du lac du Bourget auraient dû être habités longtemps avant ceux des lacs de la Suisse, puisque ce lac est le premier, dans les Alpes, qu'aient dû attein- (i) Le Dr Koch de Saint-Pétersbourg a fait connaître dernièrement, comme il était à sup- poser par les dessins de l'atlas de Schubart, que les embryons du Bothriocéphale de l'homme sont couverts de cils vibratiles et que, sous forme d'infusoires, ils vivent librement dans l'eau. Le Dr Koch ajoute cette remarque intéressante, qu'à Moscou, où l'on boit de l'eau de source, ce ver est rare, tandis qu'à Saint-Pétersbourg, à Riga et à Dorpat, où l'on boit de l'eau de fleuve, ce ver est au contraire très-commun. ( n6i rire les premiers émigrants en remontant le cours du Rhône. Cette circon- stance rendait plus intéressantes les fouilles sous-marines que j'avais résolu de faire et dont voici le résultat. » Au centre de la charmante baie de Grézine, à ioo mètres environ de la rive sud du lac du Bourget, à i mètre au-dessous de la surface de l'eau, sous laquelle on aperçoit de rares pilotis, nous avons pu, dans u\ip pre- mière fouille, bien que munis d'engins fort imparfaits, ramener au dehors de nombreux restes de poteries antiques. » Plusieurs de ces poteries ont leurs analogues décrites dans l'ouvrage de M. Troyon sur les lacustres de la Suisse : même couleur, même forme, même matière plastique. La plupart des fragments que je possède ont appar- tenu à des espèces de jarres ou vases très-évasés, à panse très-large, dont quelques-uns ont i mètre de diamètre. Le travail, au point de vue de l'art céramique, en est très-grossier : pas la trace du moindre ornement; l'argile ci! est noirâtre et peu homogène. Ces vases, dont quelques-uns sont petits et que j'ai pu conserver entiers, offrent quelque analogie avec ceux de l'époque celtique que j'ai vus récemment aux musées d'Àbbeville et de M. Boucher de Perthes. » Sur plusieurs autres points du rivage du lac du Bourget on aperçoit au fond de l'eau des séries de pilotis bien autrement nombreux que ceux de Grézine et paraissant se rapporter à des habitations lacustres. » Je terminerai par une seule remarque : c'est que l'absence de tout frag- ment métallique dans les objets trouvés jusqu'ici par nous tendrait à faire remonter les habitations lacustres du lac du Bourget à l'époque la plus reculée, celle qu'on a décrite sous le nom d'dge de pierre. » M. L. Gros prie l'Académie de vouloir bien comprendre dans le nombre des pièces de concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon un ouvrage sur les affections nerveuses syphilitiques qu'il a publié avec la collaboration de M. Lanceraux. Pour être admis à ce concours, les livres doivent être adressés avant le ier avril 1862. M. Gros avait envoyé le sien dès le mois de juillet 1 861 , et en ce point il a satisfait au programme; mais il n'a pas rempli une autre des conditions imposées aux concurrents, celle d'indiquer dans une Note manuscrite ce qu'il considère comme neuf dans son travail. M. Paris prie l'Académie de lui faire savoir si un jugement a été porté C. R., 1862, Ier Semestre. (T. LIV, N° 21.) l 5o ( n6a ) sur une Note qu'il avait présentée en juin 1861, la description et la figure d'un appareil de son invention désigné sous le nom de masque hygiénique. Cette pièce avait été renvoyée à la Commission du prix dit des Arts insa- lubres, et la Commission, dans son Rapport fait à la séance publique du 2 3 décembre 1861, a déclaré qu'il n'y avait pas lieu cette année à décerner de prix. On fera connaître cette décision à M. Paris. M. Pasquale Leo.m adresse d'Arezzo une Note écrite en italien sur la réso- lution, au moyen de la géométrie élémentaire, du problème de la trisection de l'angle. On fera savoir à l'auteur que cette question est une de celles dont l'Aca- démie, en vertu d'une résolution déjà ancienne, refuse de s'occuper. \ 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures trois quarts. F. L'Académie a reçu dans la séance du 1 juin 1862 les ouvrages dont voici les titres : Œuvres de François Arayo, Secrétaire perpétuel de i Académie des Sciencesi publiées d'après son ordre sous la direction de M. J.-A. Barral. Tables. Paris, 1862; vol. in-8\ Applications - dinal avec l'une ou l'autre de ces espèces de Myripristis. Je sais bien que nous avons supposé que le savant naturaliste compagnon de l'amiral Bongain- ville avait négligé le premier rayon en comptant les rayons épineux de l'anale du Myripristis hexagonus ; mais le fait que nous constatons ici n'en est pas moins réel, et je préfère donner raison à Commerson que de per- sister à le condamner par une simple hypothèse. » L'exemplaire desséché que je décris a om,2Q. de long sur om, 10 de hauteur. » C'est len°9de M. Morel. » ( "71 ) PHYSIQUE. — Description d'un appareil qui reproduit les aurores boréales et australes avec les phénomènes qui les accompagnent; par M. A. de la Rive, Correspondant de l'Académie. (Extrait d'une Lettre à M. Élie de Beau- mont.) « J'ai lu dernièrement à la Société de Physique et d'Histoire natu- relle de Genève de nouvelles recherches sur les aurores boréales, qui vont paraître dans les Mémoires de cette Société. Permettez-moi d'en extraire la description d'un appareil que je viens de faire construire dans le but d'ap- puyer sur une confirmation expérimentale la théorie que j'ai donnée de ce phénomène, en vous priant d'avoir la bonté d'en faire part à l'Académie. » La plus grande partie de mon travail est consacrée à l'exposition et à l'examen des observations U>s plus récentes faites sur les aurores et sur les phénomènes qui les accompagnent. J'en conclus, quant aux aurores mêmes, qu'il y a deux points généraux définitivement acquis à la science : le pre- mier, la coïncidence entre l'apparition des aurores boréales et celle des aurores australes; le second, que le phénomène des aurores est un phéno- mène atmosphérique qui se passe en général dans les plus hautes régions de l'atmosphère, mais non en dehors. » Je cherche ensuite à montrer que l'électricité positive que portent dans le haut de l'atmosphère les vapeurs qui s'élèvent des mers tropicales, et que les vents alizés accumulent surtout vers les régions polaires, agit par in- fluence sur l'électricité négative dont le globe terrestre est chargé. Il en résulte une condensation des électricités contraires dans les portions de l'atmosphère et de la terre où elles sont le plus rapprochées, et par consé- quent dans les régions voisines des pôles une neutralisation sons forme de décharges plus ou moins fréquentes dès que leur tension parvient à la limite qu'elle ne peut dépasser. Ces décharges doivent avoir lieu presque simul- tanément aux deux pôles, puisque la conductibilité de la terre étant par- faite, la tension électrique doit y être sensiblement la même, avec quelques légères différences seulement provenant des variations accidentelles de la couche d'air interposée entre les deux électricités. Il y a donc ainsi sur la terre, pendant l'apparition des aurores, deux courants allant des pôles à l'équateur; mais si la décharge n'a lieu qu'à l'un des pôles, au pôle austral par exemple, on n'a plus dans l'hémisphère boréal de courant dirigé du nord au sud, mais un courant dirigé du sud au nord, plus faible, il est vrai. Ce changement amène dans l'aiguille de la boussole une déclinaison ( "7* ) orientale, au lieu d'une déclinaison occidentale qui avait lieu quand la décharge s'opérait au pôle boréal, le courant étant dirigé du nord au sud » On sait que les aurores sont accompagnées de l'apparition dans les fils télégraphiques de courants électriques plus ou moins intenses. M. Walker, en Angleterre, et M. Loomis, en Amérique, ont fait une étude toute parti- culière de ces courants, et ils ont trouvé qu'ils varient constamment, non- seulement d'intensité, mais de direction, cheminant alternativement du nord au sud et du sud au nord. Or il suffit de rappeler que les courants qui se propagent dans les fds télégraphiques sont des courants dérivés perçus au moyen de larges plaques métalliquesjmplantées dans le sol humide, pour comprendre que ces plaques ne tardent pas à se polariser sous l'action chi- mique du courant qu'elles transmettent; elles doivent déterminer dans le fil qui les unit un courant inverse dès que celui dont une dérivation les a polarisées vient à cesser ou simplement à diminuer d'intensité. Or tous les observateurs s'accordent à dire que la lumière des aurores présente un éclat tres-variable et de perpétuelles oscillations. » Le changement de sens qui a lieu dans le courant terrestre quand la décharge passe de l'un des pôles à l'autre, du pôle boréal à l'austral par exemple, détermine aussi un changement de direction dans les courants des fils télégraphiques qui, dans ce cas, vont du sud au nord, au lieu d'aller du nord au sud. Mais le nouveau courant est beaucoup plus faible que le pre- mier; seulement, comme il s'ajoute à celui qui provient des polarités secon- daires que les plaques avaient acquises en transmettant le courant dirigé du nord au sud, il en résulte un courant total aussi fort que ce dernier. » Il y a cependant une grande différence entre les résultats qu'on obtient lorsque, au heu d'observer les courants perçus par les fils télégraphiques, on étudie les perturbations de l'aiguille aimantée qui accompagnent les aurores, car alors il n'y a plus ni électrodes, ni par conséquent de courants secondaires : il y a action directe du courant principal. Cette action peut varier en intensité; mais elle doit s'exercer toujours dans le même sens tant que la décharge a lieu au même pôle, qu'elle soit forte ou faible, et elle ne rloit changer de sens que lorsque la décharge disparaît presque entièrement au pôle le plus voisin pour se produire presque exclusivement à l'autre; tandis que, à cause de l'effet des polarités secondaires, il suffit d'un change- ment d'intensité pour déterminer dans les courants des fils télégraphiques un changement de direction. La différence que nous venons de signaler ressort en fait d'une manière remarquable de la comparaison du tracé gra- phique des perturbations de l'aiguille aimantée observées à Rew par M. Bal- ( "73) four Stewart pendant les aurores du 29 août et du 1 septembre 1859 avec les résultats des observations de M. Walker sur les courants des fils télé- graphiques à la même époque. » Je suis parvenu à vérifier expérimentalement toutes ces conséquences au moyen de la décbarge d'un appareil Ruhmkorff transmise à travers de l'air très-raréfié, en plaçant dans son circuit de l'eau légèrement salée, dans laquelle on percevait un courant dérivé au moyen de deux lames métal- liques qui y étaient plongées, lames qui, dès que le courant principal venait à cesser ou simplement à s'affaiblir, donnaient un courant inverse presque aussi fort que le dérivé, par l'effet des polarités secondaires qu'elles avaient acquises. » Pour mieux réaliser cette reproduction du phénomène naturel dans tous ses détails, j'ai fait construire un appareil composé d'une sphère en bois de 3o à 35 centimètres de diamètre, qui représente la terre et qui porte à chacune des extrémités de L'un de ses diamètres une tige en fer doux de 8 à 10 centimètres de longueur et de 3 à 4 centimètres de diamètre. Les deux tiges, étant horizontales, reposent chacune sur un cylindre vertical de fer doux, auquel elles sont solidement unies, et qui leur sert de support, ainsi qu'à la sphère. Celle-ci a donc un axe horizontal terminé par deux appen- dices en fer doux qu'on peut aimanter en faisant reposer les deux cylindres respectivement sur les deux pôles d'un électro-aimant, ou en entourant ces cylindres d'une hélice traversée par un courant électrique. Les tiges de fer doux sont entourées chacune d'un manchon de verre de 16 centimètres de diamètre el de 20 centimètres de longueur, dont elles occupent l'axe, tout en se terminant au milieu de cet axe; ces deux manchons sont fermés her- métiquement par deux rondelles métalliques, dont l'une est traversée par la tige de fer, tandis que l'autre porte, au moyen de deux branches métalliques, un anneau également métallique, dont le centre coïncide avec l'extrémité de la tige de fer et dont le plan est perpendiculaire à l'axe de cette tige, par conséquent vertical; le diamètre de l'anneau est un peu moindre que celui du manchon. On peut, au moyen de robinets disposés convenablement, faire le vide dans les manchons et y introduire différents gaz. » Quand on veut opérer avec cet appareil, on recouvre la boule de bois de deux fortes bandes de papier buvard, dont l'une entoure entièrement son équateur, et l'autre, qui traverse la première, va d'un pôle à l'autre, de façon que ses extrémités soient respectivement en contact avec les tiges de fer. On dispose sur cette dernière, de part et d'autre de la bande équato- C R., i86i, I" Semestre. (T. LIV, N° 22.) l ^ ( "74 ) riale, de petites plaques de cuivre de i à 2 centimètres carrés qu'on y fixe au moyen de petites vis du même métal qui pénètrent dans le bois de la boule ; ces plaques, également espacées, sont situées sur un même méridien. On établit entre deux de ces plaques consécutives une communication mé- tallique au moyen du fil d'un galvanomètre placé à 10 ou 12 mètres de distance, de manière que son aiguille ne soit pas influencée directement par l'électro-aimant. L'appareil ainsi disposé, on bumecte avec de l'eau salée les bandes en papier buvard; puis on met en communication la bande équatoriale avec l'électrode négatif d'un appareil Rubmkorff, dont l'élec- trode positif communique, au moyen d'un conducteur qui se bifurque, avec les deux anneaux métalliques placés dans l'intérieur des mandions dans lesquels l'air est très-raréfié. Aussitôt on voit la décharge partir sous forme d'un jet lumineux entre l'anneau et l'extrémité de la tige de fer doux; mais c'est tantôt dans l'un des manchons, tantôt dans l'autre, rarement dans tous les deux à la fois, que le jet éclate, quoique les deux milieux soient placés dans des circonstances en apparence parfaitement identiques. » Aussitôt qu'on vient à aimanter les fers doux, le jet s'épanouit et forme un arc autour de la tige centrale animé d'un mouvement de rotation dont le sens dépend de celui de l'aimantation. Il est évident qu'il dépend aussi de la direction de la décharge; mais nous avons supposé cette direction constante et semblable à ce qu'elle est dans la nature, c'est-à-dire dirigée de la circonférence au centre. Un point important à noter, c'est que, si l'air n'est pas trop raréfié, on voit au moment où, la tige de fer doux étant ai- mantée, la rotation commence, le jet non-seulement s'épanouir en arc, mais darder des rayons brillants qui, parfaitement distincts les uns des autres, tournent comme les rayons d'une roue avec une rapidité plus ou moins grande. On a là une représentation parfaitement exacte de ce qui se passe dans les aurores boréales, quand les arcs auroraux, tout en étant animés d'un inouvement de rotation de l'ouest à l'est, dardent des jets lumineux dans les hautes régions «le l'atmosphère. La production de ces jets n'a lieu qu'autant que le fer doux est aimanté, et elle accompagne le mouvement de rotation; on peut la déterminer, si l'air est trop raréfié, en y introduisant goutte à goutte un liquide évaporable, de l'eau par exemple, qui se vapo- rise immédiatement. Ce qu'il y a de curieux, c'est qu'il est impossible, quoi qu'on fasse, de produire les jets quand la décharge, au lieu d'être dirigée comme dans la nature, de la circonférence au centre, chemine du centre à la circonférence. Le phénomène présente alors d'autres particularités assez remarquables, sur lesquelles je reviendrai prochainement dans un autre ( "75 ) travail, mais dont l'examen est étranger au sujet même qui nous occupe. » Si nous nous transportons maintenant vers le galvanomètre auquel aboutissent les deux fils partant de, deux plaques voisines placées sur la bande humectée qui elle-même va, comme un méridien, de l'un des pôles à l'autre, nous observons un courant dérivé dont le sens et l'intensité va- rient suivant que. la décharge a lieu au pôle qui appartient à l'hémisphère où sont placées les plaques, ou à l'autre pôle. Nous pouvons également étu- dier très-nettement l'effet dû aux polarités secondaires qu'acquièrent ces plaques en transmettant le courant dérivé; il suffit pour cela d'arrêter toute décharge. En variant ainsi les conditions de l'expérience, on peut repro- duire dans la marche des galvanomètres placés dans le circuit des fils télé- graphiques toutes les mêmes variations qui accompagnent fidèlement les différentes phases par lesquelles passent les décharges électriques des au- rores boréales et australes. » J'ai déjà indiqué comment ces variations expliquent aussi les perturba- tions de l'aiguille aimantée que j'ai réussi à reproduire artificiellement, soit séparément des autres phénomènes, soit simultanément, en faisant passer la même décharge qui va à l'appareil que je viens de décrire, à travers une surface de mercure au-dessus de laquelle est une aiguille aimantée délicate- ment suspendue. » J'ajouterai, en terminant, que l'appareil qui m'a permis de reproduire fidèlement les aurores boréales et australes avec les phénomènes qui les accompagnent, a été établi avec beaucoup de soin dans l'atelier de con- struction d'instruments de physique de M. le professeur Thury à Genève, dirigé par M. Eugène Schward, habile artiste allemand. Cet appareil, d'un prix peu élevé, m'a également servi pour des recherches sur la propagation de l'électricité dans différents gaz, que je ne tarderai pas à faire connaître. » MÉMOIRES LUS. ARTS militaires. — Des canons rayés et de leur avenir ; par M. Favé. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Piobert, Moria, le Maréchal Vaillant.) « Des canons de mousquet et d'arquebuse ont été rayés en hélice dés le seizième siècle, mais le manque de notions exactes sur l'effet que ces rayures produisaient dans le tir empêcha presque toujours d'en obtenir un accrois- i52.. ( "76 ) sèment de justesse. Les carabines rayées furent néanmoins utilisées pendant la seconde moitié du dix-septième siècle. » Dans la première moitié du siècle suivant, Robins découvrit la cause de la supériorité des armes rayées sur les armes lisses. Ayant reconnu que les projectiles sphériques tirés dans un canon lisse éprouvent sur leur tra- jectoire un mouvement de rotation autour d'axes variables, il avait attribué à l'effet de la résistance de l'air des déviations dont l'accroissement est plus que proportionnel à la distance. L'avantage des rayures était donc selon lui d'imprimer au projectile un mouvement de rotation autour d'un axe coïn- cidant avec l'axe du canon et, en rendant sa forme comme symétrique au- tour de cet axe, de supprimer les causes qui produisaient des déviations en hauteur aussi bien que des écarts latéraux. » Aprèsavoir fait divers essais pour appliquer sa théorieaux canons de l'ar- tillerie, Robins formula, dès 1740, cette prédiction remarquable : « La nation » chez qui l'on parviendra à bien comprendre la nature et l'avantage des » canons rayés, où l'on aura la facilité de les construire, où les armées » en feront usage et sauront les manier avec habileté, cette nation, dis-je, » acquerra sur les autres une supériorité égale à celle que pourraient lui » donner toutes les inventions qu'on a faites jusqu'à présent pour perfec- » tionner les armes quelconques. J'ose même dire que ses troupes auront » par là autant d'avantages sur les autres qu'en avaient de leur temps » les premiers inventeurs des armes à feu, suivant ce que nous rapporte » l'histoire. ...» » Euler crut pouvoir, sans recourir à 1 expérience, réfuter la théorie de Robins sur les effets de la résistance de l'air ; l'autorité du géomètre qui avait le premier résolu la question de la trajectoire dans l'air fit abandonner la voie que Robins avait ouverte. Ce n'est que depuis 1825 que les expériences faites par l'artillerie française sur les carabines ont détruit toutes les con- testations. » Les canons rayés, adoptés après les carabines, ont utilisé leurs perfec- tionnements en même temps que les progrès du tir des projectiles creux. On lance dans les canons rayés des projectiles oblongs, de forme cylindro- ogivale, qui sont explosifs. » L'artillerie française a conservé le bronze pour ses canons rayés qui sont chargés par la bouche. Le projectile est muni de saillies en zinc qui entrent deux par deux dans les rayures, et qui correspondent pendant l'in- troduction dans l'âme à la partie la plus profonde, tandis que le zinc appuie sur le fond de la rayure quand le projectile est poussé par l'action de la ( "77 ) poudre vers le flanc où se trouve la moindre profondeur. L'expérience montre que le zinc s'use sur le bronze, sans en altérer la forme. » L'artillerie anglaise a adopté des canons qui se chargent par la culasse; ils sont construits en fer forgé et à rubans. La partie cylindrique du projec- tile en fonte est recouverte d'une couche de plomb qui pénètre seule dans les rayures et transmet au projectile le mouvement de rotation autour d'un axe qui coïncide avec l'axe de la bouche à feu. Le métal mou, frottant sur le fer, reproduit les conditions où sont placées les balles des carabines. Ces canons sont tirés à fortes charges et ne paraissent pas manquer de solidité; leur tir est rapide; mais ils ne sont ni aussi légers, ni par consé- quent aussi mobiles que les nouvelles pièces de notre artillerie île cam- pagne. » Le tir à balles ou, comme on disait autrefois, le tir à mitraille, était le point faible des canons rayés; mais sir William Armstrong a imaginé un projectile formé d'un tube central rempli de poudre, autour duquel viennent se placer, par couches, des segments de fonte qui, réunis, prennent àl'ex- térienr la forme cylindro-ogivale; une couche de plomb enveloppe le tout, et l'on affirme que ce projectile pénètre sans se briser un obstacle résis- tant aussi bien que le projectile ordinaire, tandis que, tiré contre des troupes, il est dispersé par sa charge intérieure en un grand nombre de fragments dont la grosseur et le poids, déterminés à l'avance, sont appropriés à l'effet à produire contre les hommes. Néanmoins l'emploi des fusées qui doivent communiquer le feu au projectile, soit en un point déterminé de la trajec- toire, soit après l'arrivée au but et par l'effet du choc, laisse encore beau- coup à désirer et rend pour le moment peu efficace cette innovation de l'ar- tillerie anglaise. » Les canons prussiens se chargent aussi par la culasse et impriment le mouvement de rotation à des projectiles de forme cylindro-ogivale, recou- verts d'une couche de plomb comme les projectiles de l'artillerie anglaise. » Les canons prussiens sont en acier fondu, mais leur mécanisme ne pré- sentant pas une grande résistance, nécessite l'emploi de charges faibles qui donnent des trajectoires peu tendues. Cette artillerie a profité de la démoli- tion des fortifications de Juliers pour expérimenter l'effet de ses projectiles tirant en brèche contre les murailles. » On sait que les projectiles oblongs des canons rayés, éclatant dans la maçonnerie qu'ils ont pénétrée sans se briser, y produisent des effets de dé- sagrégation considérable; l'artillerie prussienne est allée plus loin : la cour- bure et la régularité de ses trajectoires lui ont donné l'idée d'essayer L'effet ( "78 ) du tir plongeant. On a établi les canons à la surface du sol et l'on a tiré aux distancesde (Joo à8oo mètres contre des maçonneries placéesdans un fossé et couvertes par un massif de terre. Ces essais ont obtenu un succès remarqua- ble, et si, comme nous le croyons, l'artillerie de campagne doit s'efforcer d'obtenir de nouveaux effets de mitraille, soit en suivant la voie ouverte en Angleterre ou toute autre voie dirigée vers le même but; l'artillerie de siège nous parait devoir prendre une direction différente, car, tirant à des dis- tances connues, elle n'a pas un aussi grand intérêt à donner à ses projectiles des trajectoires tendues ; tandis qu'elle obtiendra un avantage de premier ordre si elle parvient à faire brècbe de loin aux murailles des forteresses existantes, malgré le massif de terre qui les recouvre. La fortification est ainsi menacée d'avoir à subir une seconde transformation presque compa- rable à celle qui la força au seizième siècle à approfondir les fossés et à des- cendre le pied des murailles pour les dérober aux vues du canon. » L'artillerie de marine a une autre question à résoudre, car, pour ac- quérir un tir efficace contre les navires cuirassés, il faut qu'elle lance avec une vitesse de 4oo mètres environ par seconde des projectiles pesant de 4o à 5o kilogrammes, et il paraît difficile de construire des bouches à feu rayées qui offrent toujours la résistance nécessaire pour les lancer. Je pro- pose de résoudre cette question en suivant la voie ouverte par M. le général Piobert, pour diminuer la vitesse de production des gaz de la charge, mais en modifiant la composition et la confection de la poudre à employer dan» ces bouches à feu. Comprimer les charges d'après un procédé venu d'Angle- terre et récemment essayé en France, diminuer la proportion du salpêtre, offrent deux moyens d'affaiblir le maximum de tension des gaz dans l'inté- rieur de la pièce ; on peut les combiner avec l'allongement de la charge pour faire supporter moins d'effort à la bouche à feu, tout en conservant au pro- jectile la même vitesse initiale. » Les diverses recherches qui sont à faire dans les directions que je viens d'indiquer, auront à recourir à des tâtonnements que le progrès des con- naissances scientifiques donnera sans doute le moyen d'éviter dans un pro- chain avenir. » Les appareils électro-balistiques, récemment perfectionnés par l'intro- duction de l'étincelle d'induction et par l'emploi du diapason pour mesurer le temps compris entre deux étincelles, permettent aujourd'hui de détermi- ner par l'observation non-seulement la résistance de l'air au mouvement de translation, maisson influence sur le mouvement de rotation. 11 est devenu possible et il est urgent de connaître les rapports à établir entre la longueur ( «179 ) du projectile, la position de son centre de gravité, la forme de sa surface, sa vitesse de translation et sa vitesse de rotation, pour assurer la régularité de la trajectoire. Cette régularité paraît dépendre surtout des mouvements qu'éprouve dans l'air l'axe de rotation. » M. le capitaine Schulz a imaginé un moyen de mesurer les vitesses suc- cessives du projectile dans l'âme de la pièce. Le succès de ce procédé, qui sera bientôt essayé, permettrait de déterminer promptement les effets balis- tiques des diverses poudres et de les adaptera leur nouvel emploi dans les canons rayés. » Conclusions. — L'artillerie de campagne doit s'efforcer d'obtenir des trajectoires plus tendues en cherchant les conditions de la régularité du tir pour des projectiles de plus en plus longs, lancés à plus grande vitesse. » Elle doit surtout s'efforcer d'augmenter l'efficacité et la portée du tir à mitraille, soit en suivant la voie de l'artillerie anglaise, soit en prenant quelque antre direction. » L'artillerie de siège doit au contraire s'essayera accroître les effets du tir courbe de projectiles capables de pénétrer dans les murailles et d'y faire explosion. Elle peut parvenir ainsi à faire brèche de loin aux remparts des places fortes et à réduire de beaucoup la durée des sièges, jusqu'à ce que la fortification se soit modifiée. » Pour donner à l'artillerie navale le pouvoir de percer l'enveloppe cui- rassée d'un navire, il faut d'abord recourir à toutes les ressources de la métallurgie; je propose en outre, en vue d'accroître la résistance de ces bouches à feu et d'en diminuer le poids, de faire subir des modifications à la poudre dans sa composition et aux charges dans leur forme et dans leur densité, pour atténuer le maximum d'efforts sur les parois de l'âme sans di- minuer la vitesse initiale. » Une vitesse de 4oo mètres par seconde imprimée à un projectile de 5o kilogrammes résoudrait la question actuelle, pourvu que la bouche à feu capable de résister à un service courant ne fût pas trop pesante. » PATHOLOGIE. — De la fumée de tabac considérée comme une cause de l'angine de poitrine; par M. Beau. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Serres, Andral, Bernard.) « Il y a en pathologie une maladie fort grave qui s'appelle angine de poi- trine. Elle vient tout à coup par attaques qui durent de quelques minutes à ( n8o ) à une heure, et qui sont caractérisées par un sentiment insupportable d'an- goisse à la région du cœur, avec douleurs s'irradiant de là dans tout le thorax et même dans les membres supérieurs. Le cœur est l'organe affecté dans l'angine de poitrine. Le trouble douloureux dont il est le siège, va quelquefois jusqu'à suspendre complètement ses mouvements de contrac- tion, et la mort subite survient comme résultat de cette grave lésion fonc- tionnelle. Les causes de l'angine de poitrine sont multiples. Je viens en signaler une dont il n'a pas encore été question : c'est l'usage ou plutôt l'abus du tabac à fumer. Voici les faits qui démontrent ce point d'étio- logie : » i° Un petit rentier d'une soixantaine d'années passe la plus grande partie de la journée à fumer. Depuis un mois environ il éprouve souvent pendant la nuit des attaques de palpitations, avec oppression et douleurs s'irradiant dans les épaules. Il cesse de fumer; les attaques nocturnes dis- paraissent complètement, en même temps que les fonctions digestives de- viennent meilleures. Au bout de trois mois il revient à l'usage du tabac, et les attaques se montrent de nouveau. Il met enfin complètement de côté le tabac, et ses attaques d'angine se dissipent pour ne plus revenir. » a° Un médecin d'une cinquantaine d'années, faible et dyspeptique malgré sa belle apparence de santé, fume des cigarettes autant que ses occu- pations le lui permettent. Depuis quelque temps, il éprouve des palpita- tions avec angoisse et constriction de la poitrine, qui surviennent sous forme d'attaque soit le jour, soit la nuit. Il quitte le tabac, et ses attaques disparaissent. Un jour, il se trouve par hasard dans une réunion de fumeurs, sans fumer lui-même, mais il ne peut s'empêcher de respirer un air chargé de vapeur de tabac. La nuit suivante, il lui survient une attaque. » 3° Un médecin de trente-cinq ans, qui exerce en province, fume con- tinuellement des cigarettes en faisant ses visites et ses courses. Depuis long- temps il mange fort peu et sans appétit. Un matin étant à jeun et fumant en allant voir ses malades, il est pris tout à coup d'une angoisse à la région du coeur, avec constriction transversale dans la partie supérieure de la poi- trine. Il ne peut ni marcher, ni parler; le pouls est insensible, les mains froides. L'attaque dure une demi-heure. Le patient vient à Paris. Il quitte le tabac d'après mon conseil, et retourne dans son pays me promettant de m'écrire s'il est pris d'une nouvelle attaque. Je n'ai rien reçu de lui. » 4° Un jeune Espagnol d'une trentaine d'années fume continuellement des cigarettes. Son appétit est nul, ses digestions laborieuses. Un soir en fumant il est pris tout à coup d'une violente douleur dans la poitrine ( "8i ) comme s'il avait été serré par un étau; son pouls est insensible. L'attaque dure dix minutes. Effrayé, il consent à fumer beaucoup moins. Les symp- tômes d'angine n'ont pas reparu. » 5° Un médecin qui a renoncé au tabac à cause des malaises gastriques qu'il éprouvait, ressentait aussi à l'époque où il fumait des souffrances nocturnes venant par attaque, et caractérisées par une constriction du thorax avec palpitations et irradiations névralgiques clans le cou. Il en est mainte- nant complètement délivré. » 6° Un négociant de province qui depuis quinze à vingt ans est affecté de dyspepsie résultant de l'usage; immodéré de la cigarette, éprouve depuis deux mois environ des attaques nocturnes caractérisées par une angoisse profonde dans la région du cœur avec palpitations et irradiations doulou- reuses dans les deux épaules ; la face est altérée, le pouls est petit, intermit- tent. Ce négociant fume maintenant plus que jamais. » 70 Un vieillard de soixante-quinze ans, vert et vigoureux, fume beau- coup pour se distraire de quelques ennuis, malgré quelques suffocations passagères. Le samedi il est pris d'une attaque d'angine qui dure une demi- heure environ; le dimanche il lui en survient une autre; le lundi matin on le trouve mort dans son lit. » 8° Un diplomate étranger qui fume beaucoup et qui est affaibli malgré l'apparence de sa belle constitution, est pris dans la soirée, en rentrant dans son hôtel, d'une attaque d'angine, avec angoisse, pouls petit, mains glacées, apparence cholérique; il s'endort à r i heures et se réveille le matin à son heure accoutumée. Il peut vaquer à toutes les occupations de la matinée. A 5 heures, il était à fumer dans son fauteuil, quand il meurt tout à coup. L'autopsie n'a pas révélé d'autre lésion qu'un état graisseux du cœur. » Les conclusions que l'on doit tirer de ces faits pour admettre que l'abus du tabac donne lieu chez quelques personnes aux symptômes de l'angine de poitrine, sont confirmées par les expériences de M. Bernard sur la nicotine. En effet, M. Bernard, en introduisant de la nicotine pure dans le corps de certains animaux, a donné lieu à des phénomènes mortels que je regarde comme semblables aux symptômes de l'angine de poitrine de l'homme. .» Pour que l'angine de poitrine se montre chez les personnes qui usent du tabac, il faut une réunion de circonstances cpii ne se rencontrent que rarement : i° l'usage excessif du tabac; n" une susceptibilité particulière de l'individu; 3° des circonstances débilitantes, telles que des chagrins, des C. R., 1862, ier Semestre. (T. LIV, N° 22.) '^ ( u8a ) fatigues', un affaiblissement des fonctions digestives, etc., qui, empêchant l'organisme d'expulser les matières de tabac absorbées, permettent l'accu- mulation de ces matières à un degré tel, cpie la nicotine se trouve^ assez abon- dante pour produire son action toxique sur le cœur. » TRAVAUX publics. — Note sur les distributions d'eau dans les villes; par M. Abist. Dumoxt. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Dupin, Le Verrier, Daubrée, Clapeyron, le Maréchal Taillant.) « Depuis quelques années, l'industrie des distributions d'eau a fait de grands progrès soit au point de vue de l'économie obtenue dans l'élévation des eaux à l'aide de machines, soit au point de vue du fdtrage en grand, réalisé naturellement ou artificiellement. Pour plusieurs villes ce filtrage artificiel dépasse aujourd'hui un volume journalier de 100000 mètres cubes. » Je rappellerai qu'on emploie deux systèmes de filtration, la filtration naturelle, ou artificielle; le choix à faire entre elles dépend des circonstances où l'on se trouve placé. Si la rivière coule sur un lit de gravier et de sable avec une forte pente, comme la Garonne à Toulouse, le Rhône à Lyon, le Danube à Vienne, la filtration naturelle réussira ; dans le cas contraire, on choisira la filtration artificielle. Chacun de ces systèmes présente d'ailleurs des avantages ou des inconvénients particuliers. » Si dans la filtration naturelle le nettoyage du filtre n'est point néces- saire, s'il est effectué par la rivière, en compensation on n'est point maître d'augmenter à volonté la pression sur les filtres : cette pression diminue à mesure que la rivière se rapproche de son étiage, en sorte que le volume filtré est d'autant moins considérable que cette dernière est plus basse. Dans la filtration artificielle, il faut de temps en temps, il est vrai, nettoyer les filtres, mais cela n'entraîne pas à des frais considérables. La pratique possède aujourd'hui deux moyens de nettoyage faciles et consacrés par une longue expérience; ces deux moyens sont : i° le ra tel âge a bras d'homme des légères couches de limon déposées sur la superficie des filtres, 2° l'établissement d'un courant en sens inverse, en faisant arriver l'eau à la partie inférieure de ces mêmes filtres. Quelquefois ces deux moyens de nettoyage sont employés simultanément, comme à l'aisley en Ecosse; le simple ratelage des couches supérieures est en usage dans un grand nombre d'établissements en Angleterre. ( n83 ) » Des expériences positives ont démontré : » i° Que le volume d'eau qui passe à travers une couche de sable est proportionne! à la pression et en raison inverse de l'épaisseur ; » 20 Qu'après le passage d'un grand volume très-chargé de matières en suspension, ces dernières, quelle que soit leur ténuité, ne pénètrent pas au delà d'une épaisseur de 2 centimètres, et qu'a ;5 centimètres il est im- possible de découvrir la moindre souillure de sable. » Ce dernier fait explique pourquoi les filtres naturels ne s'engorgent jamais, parce que cette mince couche, se déposant sur le fond du lit de la rivière, est sans cesse nettoyée ou renouvelée par le courant; il démontre aussi qu'il est inutile de donner à la couche de sable des filtres artificiels une épaisseur de plus de 20 centimètres, pourvu qu'on ait soin de renou- veler la surface de temps en temps; qu'il^ est possible de réduire la couche de support du sable à quelques centimètres. » Comme prix de revient soit de l'élévation des eaux à l'aide de machines à vapeur, soit de clarification opérée sur une grande échelle, on peut déduire les moyennes suivantes : « i° L'élévation de 1 mètre cube d'eau à 5o mètres de hauteur peut se faire pour 1 centime par mètre cube. Cette dépense croit peu avec la hauteur. » 20 La filtration artificielle ne revient dans plusieurs grands établisse- ments qu'à ^j de centime par mètre cube, y compris tous frais annuels de main-d'œuvre, renouvellement de couches filtrantes, élévation d'eau sur les filtres, intérêts des sommes dépensées pour la construction des appareils. Telle que je l'ai réalisée à Lyon, la filtration naturelle coûte -fa de cen- time. » Ces prix sont tellement modérés, comparativement à ce qu'ils étaient autrefois, qu'on doit, en conclure que l'avenir des distributions d'eau, sur- tout pour les villes d'une grande population, n'est point dans la dérivation des sources, mais dans l'emploi des eaux de rivière filtrées et élevées con- venablement à l'aide de machines. » Dans une grande ville, en effet, il faut pour suffire convenablement à tous les services publics et particuliers, fontaines, irrigations de parcs et de squares, lavage des rues et des égouts, service des industries, etc., un vo- lume d'au moins 200 litres par tète et par jour; il est presque toujours impossible de trouver des sources d'un volume assez considérable, et sur- tout assez constant pour y suffire, tandis que la filtration et l'élévation des eaux de rivière peuvent atteindre des volumes comparativement indéfinis. « Le seul moyen, selon nous, d'employer rationnellement les sources i53.. ( n84 ) dans une grande ville, serait de les spécialiser aux seuls besoins domestiques en leur affectant une canalisation particulière; leur volume nécessaire peut alors être réduit à 20 li'res par tète d'habitant et par jour; on demanderait aux eaux de rivière tous les volumes destinés aux grandes consommations. Le problème se trouverait alors complètement résolu avec un minimum de dépenses. » Si nous faisons l'application de ces principes généraux à la ville de Paris, en comptant sur une population de deux millions d'habitants, nous voyons: i° qu'il suffirait de demander aux sources 40000 mètres cubes par jour; i° qu'il conviendrait de puiser dans la Seine un volume de 3ooooo mètres cubes. Ces volumes, ajoutés aux moyens actuels d'alimenta- tion (Ourcq, puits artésiens, etc.), conduiraient à un total de 470 000 mètres cubes qui ne serait pas trop considérable. L'élévation et la clarification de ces 3oo 000 mètres cubes, en eaux de Seine, pourraient se faire à l'amont de Paris et dans les meilleures conditions pour une dépense en capital, com- bustible et main-d'œuvre qui ne dépasserait pas 1 centimes \ par mètre cube, en opérant la filtration, non pas d'après le système de filtration natu- relle de Lyon ou de Toulouse, mais par la méthode artificielle dont nous avons parlé tout à l'heure. Ce prix de revient pourrait encore être diminué par l'emploi de moteurs hydrauliques pour une portion des eaux élevées. » Ces chiffres sont des résultats d'expérience, consacrés par ce qui s'est réalisé à Lyon et dans d'autres villes. A Lyon, le prix de revient du mètre cube d'eau clarifié et élevé à 5o mètres de hauteur est en effet de 2 centimes 6 millièmes, en tenant compte des frais d'usines, machines, filtres, etc., tandis que les sources, qu'on voulait amener, auraient élevé ce prix de revient à 5 centimes, bien que ces sources eussent un volume insuffisant et qui ne s'élevait pas à la moitié du volume nécessaire. » De ce qui précède je conclus : » i° Que les grandes capitales ne doivent pas demander leurs eaux à une seule source d'approvisionnement, et que, lorsqu'elles dérivent des sources, il est avantageux de spécialiser ces dernières aux seuls besoins domestiques, en leur affectant une canalisation spéciale; » 20 Que l'emploi rationnel des machines et des moyens de filtrage na- turel ou artificiel, suivant les cas particuliers où l'on se trouve, mais moyens toujours possibles, économiques, applicables aux eaux de toutes les rivières, ouvre aux distributions d'eau des sources d'approvisionnement indéfini, élastiques, essentiellement économiques, toujours appropriées aux véritables besoins à satisfaire; ( u85 ) » 3° L'élévation et la clarification artificielle des eaux, opérées en masse et économiquement, sont une conquête de l'industrie, tandis que les déri- vations de sources ne constituent que la répétition d'un procédé employé parles civilisations primitives, et qui ont toujours pour effet de priver cer- taines contrées des eaux qui leur sont nécessaires : il convient donc de les limiter autant que possible; » 4° Qu'au point où la pratique est parvenue aujourd'hui, la filtratiou artificielle est presque aussi économique que la filtration naturelle, qu'elle a de plus l'avantage d'être plus élastique, de pouvoir être mieux réglée d'après les besoins, de n'être point soumise aux caprices d'un fleuve dont on n'est pas toujours maître, que c'est cette filtration artificielle qu'il conviendrait d'appliquer aux eaux de la Seine. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. GÉOLOGIE. — Recherches sur les produits de la vulcanicité correspondant aux différentes époques géologiques; par M. A. Pissis. (Nouvelle Lettre à M. Êlie de Beaumont.) (Commissaires, MM. Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.) « Vers la fin d'octobre, j'ai prié M. de Cazotte de vouloir bien vous faire parvenir la première partie du travail que je vous avais annoncé sur les pro- duits delà vulcanicité aux différentes époques géologiques, et que je n'avais pu vous envoyer par M. Limperani. J'espère qu'il vous sera parvenu. J'ai continué depuis mes études sur le même sujet, et je viens de parcourir la partie des Andes comprise entre les 35° et 37°de latitude. A partir du 34°, la chaîne des Andes change déjà d'aspect; elle ne présente plus ces longues crêtes dirigées parallèlement à l'axe, mais une suite de massifs isolés dont les points culminants sont formés par des cônes volcaniques. De vastes pla- teaux formés parla superposition de plusieurs nappes de roches trachv ti- ques occupent l'intervalle qui sépare ces massifs, et leur surface s'élève gra- duellement jusqu'à la base des cônes volcaniques; ils sont découpés par de profondes vallées dans le fond desquelles il existe souvent des courants de laves qui doivent être très-anciens, si l'on en juge par les épaisses forèls qui les recouvrent. Le sol de cette partie de l'Amérique a donc éprouvé de profondes dislocations à une époque postérieure au soulèvement de la chaîne principale des Andes, et qui parait correspondre à la formation des premiers cônes volcaniques. Le résultat de ce soulèvement a été une suite ( i.86 ) d'éloilements situés sur plusieurs ligues parallèles à l'axe des Andes, et dont le centre est occupé soit par des cônes volcaniques, tels cpie le Desca- bezado, le Lungavi, etc., soit par de vastes cratères de soulèvement comme celui de la lagune de Manie, qui n'a pas moins de cinq lieues de diamètre. Ces derniers cratères n'ont point produit de lave, mais ils ont projeté une immense quantité de ponces qui forment souvent seules d'assez hautes montagnes. Les vallées qui partent de ces centres présentent trois directions différentes : les unes sont parallèles à l'axe de la chaîne principale des Andes, les autres au système des chaînes transversales du Chili, mais les plus nombreuses et les plus étendues courent à très-peu près de 1 ouest-nord- ouest à l'est-sud-est. .l'attends seulement d'avoir calculé les positions des points où elles convergent, pour fixer plus exactement leur direction et rechercher à quel système elles se rapportent. » J'ai étudié en même temps le nouveau volcan de Chillan ou plus exac- tement les effets de la nouvelle éruption qui vient d'avoir lieu dans ce petit groupe volcanique. Ce groupe est formé par trois cônes alignés du nord au sud et entourés à leur base d'une ceinture de solfatares. Le nouveau cra- tère s'est ouvert à l'extrémité nord de ce groupe et sur l'emplacement occupé par un puissant glacier. Le 2 août i8Gi, une légère secousse annonça le commencement de l'éruption, qui fut en croissant graduelle- ment jusque vers la fin de septembre. Les matières projetées formaient alors une haute colonne qui s'apercevait à cinquante lieues de distance, tandis, que les parties les plus légères, emportées par le vent du sud, arrivaient jusque sous le parallèle de Linares formant dans l'atmosphère une traînée obscure qui n'avait pas moins de trente-cinq à quarante lieues de longueur; en même temps, de fortes détonations se faisaient entendre jusqu'à Curico. Vers les premiers jours de novembre, une partie considérable du glacier sur lequel s'appuyait le nouveau cône, se précipita dans la vallée de Santa- Gertrudis entraînant avec elle une masse considérable de scories. Le fond de cette vallée, occupé par d'épaisses forêts, fut littéralement rasé sur un espace de plus de douze lieues, et ne présente plus aujourd'hui qu'un amas de scories, de troncs d'arbres et de blocs détachés des montagnes voisines. En parcourant ces débris, je n'ai pu m'empècher d'établir un rapproche- ment entre ce terrain tout moderne et les conglomérats volcaniques de l'Au- vergne, qui renferment une si grande quantité de restes d'animaux et de végé- taux. A cette même époque, l'éruption était encore dans toute sa force, les matières projetées formaient une haute colonne verticale, et pendant la nuit on voyait très-distinctement le courant de lave qui s'échappait par la partie ( i.i8.7 ) éboulée du cône et se dirigeait vers le glacier où sa présence était signalée par une épaisse colonne de vapeur. Vers le commencement de février [862, l'éruption avait considérablement diminué d'intensité, les explosions étaient séparées par des intervalles de repos; il me fut alors possible d'atteindre un point d'où l'on voyait parfaitement l'intérieur du cratère; les matières pro- jetées s'échappaient par une espèce de boutonnière qui, partant du centre du cratère, se dirigeait vers la base du cône le plus voisin. Les explosions se succédaient à des intervalles qui variaient de i5 à 20 minutes et duraient en moyenne 4o secondes. On entendait d'abord plusieurs détonations, puis l'un voyait sortir de la boutonnière une grande quantité de matière pulvéru- lente et de scories; elle s'élevait par plusieurs jets successifs et finissait par former une colonne dont la hauteur au-dessus du cratère, déterminée par plusieurs mesures angulaires, variait entre l[Oo et 600 mètres suivant l'intensité de l'explosion. Pendant la nuit, ces matières projetaient une vive lumière en s' échappant de la bouche volcanique; mais, arrivées à une hau- teur de 3oo mètres environ, elles devenaient entièrement obscures, àl'ex-i ception de quelques fragments plus volumineux qui, même en retombant vers le sol, répandaient encore une lueur rougeâtre. On pouvait remarquer en même temps qu'à chaque explosion la lave projetait une plus vive lumière, elle passait du rouge cerise au rouge blanc, ce qui indiquait que son écou- lement était également intermittent. Ce courant de lave n'a point encore franchi le glacier dont la surface est couverte de bautes aiguilles qui en rendent l'accès tout à fait impossible; sa marche, si l'on en juge par le déplacement de la colonne de vapeur qui se produit à son contact avec la glace, doit être fort lente et l'espace qu'il a parcouru depuis le commen- cement de l'éruption atteint à peine 3ooo mètres. » Il est probable que la présence d'une épaisse coucbe de glace sur le point même de l'éruption a dû contribuer puissamment à son intensité; des masses d'eau considérables se seront précipitées dans le foyer volcanique, et c'est sans doute à cette circonstance qu'il faut attribuer l'intensité des détonations et l'énorme quantité de matières projetées, et c'est là, je crois, le fait le plus remarquable que présente cette éruption. » J'ai recueilli tout ce que j'ai pu de ces nouveaux produits volcaniques; les scories ne diffèrent pas de celles qui forment les anciens cônes ; les plus compactes présentent une pâte de rétinite noir dans laquelle se trouvent de nombreux cristaux d'un feldspath vitreux, ainsi que quelques autres cristaux d'augite et de péridot. ( u88 ) » Je m'occupe actuellement de l'analyse de ces produits ainsi que de ceux des solfatares qui entourent ce groupe volcanique, et j'espère pouvoir dans quelques mois vous en communiquer le résultat. » ÉCONOMIE RURALE. — De l'emploi dans les magnaneries des bois de pin syl- vestre et de hêtre, injectés au sulfate de cuivre, comme préservatifs des maladies contagieuses des vers à soie ; extrait d'une Note de M. Broizet. (Renvoi à l'examen de la Commission des vers à soie.) « ... Propriétaire dans les Cévennes, j'ai vu périr successivement depuis 1 853 jusqu'en 1 858 toutes mes récoltes de vers à soie. J'ai alors renouvelé tout le matériel des magnaneries, et j'ai employé, pour étayer, des planches de pin sylvestre récemment sciées. Ma récolte de vers à soie a réussi assez bien; cependant il était facile de se convaincre que les diverses maladies dont les vers à soie sont atteints, telles que la muscardine, la pébrine, etc., étaient encore en "erme. » Chargé en 18O0 d'une fourniture de poteaux télégraphiques pour l'État, j'ai mis en pratique le procédé du Dr Boucherie pour l'injection des bois. J'ai employé cette année des planches provenant d'arbres injectés au sulfate de cuivre, et les vers à soie qui ont accompli leurs diverses mues sur ces planches, non-seulement ont parfaitement réussi, mais je n'en ai trouvé aucun qui lût atteint des diverses maladies qui les font périr; tandis que les vers à soie provenant de la même graine, dans le même local, élevés sur des planches non injectées au sulfate de cuivre, ont été atteints de muscardine et de pébrine, et n'ont pas donné des résultats aussi satisfaisants que les pre- miers. Ces faits bien constatés, que je me borne à signaler pour le moment, m'ont paru avoir une certaine importance. Le bois injecté aurait-il quelque propriété antiseptique ? Je me serais abstenu d'en parler, avant de publier mon travail, mais comme j'ai fait part de mes observations à un grand nom- bre de sériciculteurs, j'ai craint que quelqu'un ne s'emparât de mes idées et ne les répandit dans le public en se les attribuant. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Fabrication de la glace et du froid au moyen de l'étby- lamine et de la na'lln lamine ; extrait d'une Note de M. Tei.i.ier. « L'éthy lamine et la mélhylamine, quoique d'une facile préparation et d'un prix de revient assez réduit, sont restés jusqu'ici sans aucun emploi ( n89 ) industriel. En ce qui concerne le but spécial que j'énonce, ils ont des pro- priétés qui donnent à leur usage une haute importance. En effet, liquides à des limites qui s'éloignent peu de la température ordinaire, ces aminés sont de plus solubles dans l'eau en de telles proportions, que la vapeur de métby - lamine s'y dissout deux fois plus en volume que le gaz ammoniac. La faible tension de ces vapeurs permet de construire des appareils ayant à peine à supporter une pression intérieure plus grande que celle de l'atmosphère. » J'ai pu apprécier le mérite de cette propriété spéciale. En effet, m'ôccu- pant depuis deux ans de fabrication de la glace par l'ammoniaque, à l'aide de moyens dont j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Académie, de concert avec mes collaborateurs MM. Haussmann père et Budin, j'ai vu combien les hautes pressions de 10, ia et quelquefois i5 atmosphères que nécessite 1 emploi de ce gaz, exigent de soins dans la construction des appareils, et j'ai apprécié en même temps le danger qu'il y aurait à les mettre entre des mains inhabiles. Dans cette pensée, j'avais étudié spécialement l'acide sulfureux; j'ai pu ainsi établir un appareil ne supportant que 3 à 4 atmosphères; la question de sécurité était déjà en partie résolue, elle l'est tout entière maintenant par l'application qui fait l'objet de cette communication. » (Renvoi à la Commission nommée pour l'appareil de MM. Haussmann, Budin etTellier, Commission qui se compose de MM. Pouillet, Regnault, Balard.) MÉCANIQUE CÉLESTE. — Observations sur tes corrections apportées par M. De- launay aux expressions des trois coordonnées de la Lune déterminées par M. Plana (suite : Latitude); par M. de Pontécoulant. (Commissaires précédemment nommés : MM. Faye, Serret.) GÉOLOGIE. —Des mines de peroxyde de fer hjdraté ou limonite de l'Hérault; par M. Maucel de Serres. (Commissaires, MM. Daubrée, II. Sainte-Claire Deville.) M. le Chargé d'Affaires de Bavière transmet un Mémoire destiné au concours pour le prix du legs Bréant, dont l'auteur est M. Weisshrod , de Oberneukirchen . (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie constituée en Commission spéciale.) C. R., 1862, 1" Semcsue. (T. LIV, N° 22. ' $k ( J'90 ) L'Académie renvoie à la même Commission une nouvelle Lettre de MM. Dorxeh frères, de Rorschach (Suisse), répétant l'offre qu'ils ont déjà laite d'envoyer, en qualité suffisante pour des essais, leur remède contre le choléra; et une deuxième Lettre de M. L. Wolf, de Neisse (Prusse), concernant la même maladie. Cette Lettre mentionne de plus un remède contre le diabète dont M. Wolf voudrait faire une application pour laquelle il sollicite, de la part de l'Académie, un appui qui ne peut lui être accordé. M. Blondeau, en envoyant son Mémoire sur la transformation du fer en acier [voir le Compte rendu de la précédente séance), avait demandé l'ou- verture d'un pli cacheté contenant le résultat de ses premières recherches sur ce sujet. Ce paquet, déposé le 16 septembre 1861, est ouvert par M. le Secrétaire perpétuel : le Mémoire qui y était renfermé est paraphé et ren- voyé, comme l'avait été le dernier Mémoire présenté, à la Commission nommée l'an dernier pour diverses communications relatives à la ques- tion de l'acier. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Instruction purlique invite l'Académie à lui présen- ter deux candidats pour la chaire d'Entomologie (Crustacés, Arachnides et Insectes) vacante, au Muséum d'Histoire naturelle, par suite de la nomina- tion de M. Milne Edwards à la chaire de Zoologie (Mammifères et Oiseaux). La Section d'Anatomie et de Zoologie s'occupera de préparer, pour une prochaine séance, une liste de candidats. GÉOLOGIE. — Considérations sur la Chimie du globe; Lettre de M. -I. Sterrv Hu.vr à M. Élie de Beaumont. « J'ai lu avec un vif intérêt un Mémoire de l'illustre Cordier qu'il avait déposé à l'Académie en 1844, et qui, depuis sa mort, a été publié dans le Compte rendu du 17 février 1862. Dans ce Mémoire remarquable, M. Cor- dier exprime ses idées sur l'origine des calcaires et des dolomies, et com- mence par rejeter la théorie de M. deBuch, qui trouve encore aujourd'hui des défenseurs; savoir que « la magnésie des dolomies a été introduite après coup, par uneccrtaine action mystérieuse des roches pyroxéniques, » qui se sont épanchées dans le voisinage des calcaires purs. M. Cordier combat égale- ( "91 ) nient l'idée vulgaire que ces derniers ont été formés des débris de testacés et de zoophytes, qui ne constituent qu'une très-faible portion des terrains calcaires. Selon lui, il faut remonter plus loin et chercher la véritable source du carbonate de chaux qui a servi aux êtres organisés, dans des réac- tions chimiques qui ont également fourni la grande masse des calcaires. Pour M. Cordier, les carbonates de chaux purs passent aux calcaires magnésiens par un mélange variable de dolomie, de sorte que l'on ne peut pas refuser à toutes ces roches carbonatées une origine commune. M. Cor- dier trouve l'origine des carbonates de chaux et de magnésie dans la réac- tion des dissolutions de carbonate de soude sur les chlorures calcique et magnésique de l'eau de mer. Le carbonate de soude, selon lui, vient de la décomposition des feldspaths, des sources alcalines et des émanations plu- toniques. Ce sel alcalin réagissant sur l'eau de mer aurait donné lieu au chlorure de sodium et au carbonate de chaux, « et dans certaines condi- tions aux précipités calcaréo-magnésiens. » De cette réaction continue ré- sulterait un changement dans la composition de l'eau de mer, qui corres- pondrait aux modifications subies par la faune marine pendant les diverses époques géologiques. » Si j'ai ainsi résumé en quelques mots les idées de M. Cordier, publiées pour la première fois en 1862, c'est pour appeler l'attention de l'Académie sur le fait quej'ai soutenu des notions semblables depuis plus de quatre ans. Dans The American Journal of Science de janvier 1 858, j'ai cherché, en partant de la théorie ignée de l'origine de notre planète, à former une idée des conditions chimiques du globe primitif, en supposant les matières de la croûte terrestre actuelle fondues ensemble par une chaleur intense. De cela il résulterait, selon moi, une atmosphère renfermant à l'état de gaz acide tout le chlore, le soufre et le carbone, plus les éléments de l'eau et. de l'air. Les bases fixes, telles que les alcalis, la chaux, la magnésie, l'oxyde de fer et l'alumine, en combinaison avec la silice, formeraient alors la croûte du globe, et ces silicates seraient plus tard attaqués par les acides minéraux précipités avec l'eau par suite d'un refroidissement partiel, sous la pres- sion d'une très-haute colonne atmosphérique. De cette réaction à une tem- pérature encore Irès-élevée résulterait la séparation d'une grande quantité de silice libre et la formation d'un Océan renfermant, à l'état de chlorures et de sulfates, des alcalis et surtout une grande proportion de chaux et de magnésie. Plus tard, la décomposition, sous les influences de l'eau et de l'acide carbonique, des portions séparées de la croûte silicatée, donnerait lieu d'un côté à des argdes et de l'autre à des carbonates de chaux, de i54-. ( "9^) magnésie et de soude. Ce dernier sel, réagissant sur le chlorure de calcium de l'eau de mer formerait du sel marin et du carbonate de chaux. Cette manière de voir rend compte de l'origine du quartz, du calcaire et des roches argileuses, et explique en même temps la production du sel marin et la fixation de l'acide carbonique de l'atmosphère à l'état de carbo- nate de chaux. Nous voyons en tout cela un grand et harmonieux en- semble de procédés chimiques, qui ont agi et qui continuent encore à agir à la surface de notre planète. Ces idées, que j'ai enseignées depuis dans mes cours publics à Washington et à Québec, se trouvent exposées avec plus de détail dans un Mémoire lu devant la Société Géologique de Londres, en jan- \ ier 1 859, et publié dans le Quarterty Journal de cette Société pour la même année (p. 488). » Dans une série d'études sur les sels de chaux et de magnésie, publiées dans The American Journal oj Science, en i85cj, nous avons examiné les réactions des dissolutions de bicarbonate de soude sur l'eau de mer, et cherché à établir les conditions nécessaires à la précipitation du carbonate de magnésie et la formation de la dolomie. Il y a été également démontré que la décomposition mutuelle, à des températures ordinaires, des dissolu- tions mélangées de bicarbonate de chaux et de sulfate de magnésie, a pour résultat la formation simultanée de gypse et de carbonate de magnésie, qui sont successivement déposés pendant l'évaporation, et dont le dernier peut devenir la source de la dolomie. Un résumé de la première partie de ces études se trouve dans les Comptes rendus du ii mai 1859. Dans ces recher- ches nous avons montré que les associations des dolomiesavec les calcaires purs font voir que tous deux ont été déposés à l'état sédimentaire, et que l'on ne peut pas admettre l'hypothèse qui explique par une altération ulté- rieure l'origine des dolomies. Nous y avons également fait voir qu'une grande proportion des calcaires, même des terrains fossilifères, semble pro- venir directement des réactions chimiques et n'a jamais fait partie des êtres organisés, qui d'ailleurs ne dérivent leur carbonate de chaux que de ces mêmes réactions. J'ai aussi cherché à appuyer mes vues, quant à la compo- sition de la mer primitive, par des analyses des sources salines qui provien- nent des calcaires du terrain silurien inférieur du Canada et semblent représenter l'Océan de cette époque. Dans ces eaux très-salines presque la totalité des bases est à l'état de chlorures, dont environ la moitié seulement est du chlorure de sodium, l'autre partie se composant des chlorures de calcium et de magnésium en proportions à peu près égales. L'Académie verra par le résumé que je viens de donner l'étendue de mes généralisations ( lt&) sur ces grandes questions, avec lesquelles les idées de M. Cordier se trouvent entièrement d'accord. Elle daignera aussi remarquer que l'ouvrage de M. Leymerie (Comptes rendus, séance du 10 mars 1 862), dans lequel certaines de ces idées se trouvent indiquées, ne date que de 1861, tandis que mes vues ont été exposées depuis i858-5g. » Mes recherches sur l'origine des dolomies ont pleinement justifié les prévisions de M. Cordier. Je ferai seulement remarquer que l'illustre géo- logue exceptait dans sa théorie les calcaires des terrains primordiaux, mais que ceux-ci ne sont pour moi, comme pour la plupart des géologues mo- dernes, que des terrains sédimentaires métamorphosés, et conséquemment n'offrent aucune exception. Les diverses sources de carbonate de soude par lui indiquées peuvent se réduire à une seule, puisque les eaux alcalines ainsi que les émanations dites plutoniques ne sont pour moi que des ma- tières enlevées par les eaux infiltrantes des terrains sédimentaires et prove- nant de la décomposition des minéraux feldspathiques. Les terrains argileux plus ou moins dépourvus d'alcalis sont pour moi l'équivalent des calcaires formés aux dépens du chlorure de calcium de la mer primitive. » Les eaux de certaines rivières contiennent des carbonates alcalins, et, dans quelques cas au moins, de la silice et des sels potassiques en propor- tions notables [voyez les analyses de M. H. Deville et les miennes (1)]. » La potasse paraît venir en grande partie des matières solubles fournies par la décomposition de la végétation des marais tourbeux. Si la potasse ne se trouve qu'en petite quantité dans les eaux de la mer, c'est cpie les plantes (1) Les eaux de l'Outaonais ont une couleur jaune ambrée, et, même après avoir été évaporées à un petit volume, retiennent en dissolution une portion de silice, avec de la chaux et beaucoup de matières organiques. Dans l'analyse suivante, l'eau a été recueillie au mois de mars; l'excédant des bases est représenté à l'état de carbonates. 10000 parties ont donné : Carbonate de chaux 0,2480 Carbonate de chaux et de magnésie 0,0696 Chlorure de potassium 0,0160 Sulfate de polasse 0,0122 Sulfate de soude 0,0188 Carbonate de soude o , o4 1 o Silice o , 2060 Alumine, fer, manganèse et phosphate Traces. o,6i iti ( "94 ) marines la séparent et la cèdent ensuite, pendant leur décomposition, aux sédiments argileux. La formation de la glanconie, par des réactions encore imparfaitement connues, tend aussi à enlever la potasse de la mer. » Dans les eaux des sources minérales, tant neutres qu'alcalines, la silice et la potasse se trouvent ordinairement en quantités minimes. Cela n'esl pas surprenant quand on se rappelle la stabilité de l'orthose et de plus le pouvoir que possèdent les sols argileux d'enlever des eaux infiltrantes la silice et la potasse et de remplacer cette dernière base par la soude. Il résulte que les eaux des sources ne contiennent guère cpiedes sels de soude, de chaux et de magnésie à l'état de chlorures, sulfates et carbonates, et dans le cas où les matières organiques interviennent, de l'oxyde de fer et plus rare- mont de manganèse. Conséquemment, les sédiments les plus siliceux, et par cela les plus perméables, finissent par ne retenir guère que la silice. l'alumine et la potasse, tandis que les sédiments impalpables et peu per- méables, à cause de la présence de fortes proportions d'argile et de carbo- nates terreux, retiennent la soude, la chaux, la magnésie et l'oxyde de fer qu'ils renfermaient, et fournissent par leur métamorphisme des feldspaths du sixième système, le pyroxène et les autres minéraux des roches ba- siques. Les sédiments plus siliceux, au contraire, donneraient par leur altération de l'orthose et du mica. Ainsi s'explique l'origine des deux types de roches reconnus par Bunsen, le type trachytique ou granitique et le type pyroxénique. Ces deux classes se trouvent représentées également parmi les terrains métamorphiques et ceux d'épanchement. Ces derniers, que je dé- signe par le nom de l'oclies exotiques, ne sont pour moi que des sédiments cristallisés et déplacés lorsqu'ils étaient dans un état plastique. Les sédi- ments in situ sont des roches indigènes [Quart. Journ. Geol. Society of London; 1 85g). » Il résulte encore des principes que je viens d'exposer que la composi- tion des sédiments silico-alumincux doit varier pour les différentes époques géologiques. En effet, on trouve que les anorthosiles sodiques abondent parmi les couches du terrain laurentien, tandis que les argililes y sont inconnues, quoique communes dans les terrains moins anciens, où ces roches sodiques deviennent comparativement rares. L'étude des différents terrains métamorphiques nous offre beaucoup d'autres faits analogues, qui viennent tous à l'appui de cette manière de voir, et nous indique que la composition chimique des roches alumineuses peut, jusqu'à un certain point, nous aider à fixer leur ancienneté géologique. » ( u95 ) MÉCANIQUE CÉLESTE. — Règle pour ta solution du problème de Kepler; par M. deGasparis. « Exemple. — Soit i9°47'25",a8 = £ — (9,9547272)sin£. « Je pose A = 9,2871502 = différence entre 9,2418774 = log io° eu parties du rayon, et loge. Après cela, on prendra log — — "' log— "i— ; '' etc., et l'on s'arrête lorsque le résultat est approximativement > A. Cette opération se fait très-promptement et sans écrire. Il suffit de connaître les premiers chiffres des logarithmes des nombres simples. Dans l'exemple, l'on trouve 1 1 • 1 sin (M + 4o°) ,p 11111 (iiie cela a lieu a log — , . > et 1 on commencera les calculs de la ma- 1 D tV4 nièré suivante, étant M -+- 4o° = 59°47' : logsin59°47'= 9,937 logsinfx)^' = 9,972 îog-yir 4 = 0,602 log 5 = 0,699 g,335 9>??3 » Maintenant pour 62, différence entre 9,335 et 9,273, la variation de> arcs est 10. i°; pour 48, différence entre 9,335 et A, la variation sera ^ 7. i° = 70. Donc 59°7' -+- 70 = 66°47' sera la valeur de e à i° près, tandis que 59°47' l'était à io°près. logsin66"47' =9,9633 logsin67"47 == 9)9^65 log •£ 4? = ' 56721 log 48 =1,6812 8,2912 8,2853 d'où la proportion 59: 10.6' ::4i: *6.6" = 36', donc s = ()7°23' à 6' près. » Ici 4 ' est 'a différence entre 8,2.91 2 et A — 1 . iogsin67°23'2o" = 9,96527 logsin67°i9'ao" = 9,9655s » log y± 476 =2,67761 log477 = 2,67852 7,28766 7,28706 60: 10. 36" :: 5i : *8.36" = /,'48", ( n96 ) don< e = 67°28'8" à 36". » Il est a remarquer qu'ayant approché z à 36", en prenant les loga- rithmes dans les Tables, on n'est pas obligé de tenir compte des parties proportionnelles. En continuant à tenir compte des fractions de degré comprises dans M, on poursuit ainsi : logsin67°28'i3" = 9,f,G5522 logsin67°28'49" = 9,965553 lo8 ^r 4:68 = 3 ,678336 log 4769 = 3 .678427 6,287186 6,287.26 60 : io.3",6 :: 36 : *6.3",6 = ai",6, donc c = 67°28'34",6 à 3",6. logsin67028'34",88 = 9,9655410 logsin67°28' 38", 48 = 9,9655442 ,ng -5^47686 = 4*6783909 10347687 =4,6784000 5,2871501 5, 2871 44- 09 : io.o",36 :: — 1 : — yr 0.0", 36, donc £ = 67°28'3/i",88 ào",36. logsin67°28'34",88 = 9.9655410 logsin67°28'35",24 = 9,9655414 log-fr 476860 = 5,6783909 log47686t =5,6783918 4,2871501 4 > 287 1496 5 : d",36 : : — i : — o",o7, donc s = G7°28'34",8i exactào",o3. » Je dois ajouter que la différence qui dans cet exemple est 59 ou 60, est en général approximativement constante, et il est aisé de s'en rendre raison. On a ainsi à chaque pas un précieux contrôle pour l'exactitude des cal- culs. Si l'on a à résoudre l'équation M = e + esine, l'on doit prendre les logarithmes de sin(M — io°), sin (M — 26°), etc. J'omets d'autres considé- rations secondaires. Enfin si l'on fait l'essai de cette régie, dont la démons- tration se déduit de ce que j'ai exposé au n° 1082 des Jslronomiscks Nach- richten, année 1857, l'on verra qu'il est bien plus long de l'expliquer que de la mettre en pratique, u ( ï'97 ) ETHNOLOGIE. — Recherches sur les momies péruviennes, entreprises à l'occasion d'une communication faite à l'Académie des Sciences le. 3 octobre i 850. par M. Payen; extrait d'une Lettre de M. Baldox. « En 1857, la Société Médicale de Lima apprit, par une Lettre de M. le Secrétaire de l'Académie des Sciences de Paris, que l'Académie avait reçu de M. le capitaine de navire Trébuchet un certain nombre de corps de forme sémi-spbérique, extraits des yeux de momies péruviennes trouvées dans les fouilles faites sur le moro ou promontoire d'Arica, ville du Pérou. L'étude de ces corps n'ayant pas permis de décider s'ils étaient les yeux de ces momies ou bien des corps artificiellement introduits dans les cavités oculaires de ces momies, M. le Secrétaire priait, au nom de l'Académie des Sciences, la Société de Médecine de Lima de faire des rechercbes afin d'éclai- rer cette question. La Société nomma, à cet effet, une Commission de trois Membres, dont je faisais partie, Commission qui ne put d'ailleurs remplir la tâche qui lui était confiée par suite de divers empêchements dont le prin- cipal est la grande. distance de Lima à Arica. En 1860, cependant, ayant eu l'occasion de me rendre dans cette ville, je pus faire des fouilles dans le moro d'Arica même. » Dès les premiers coups de pioche donnés dans les sables où les anciens Péruviens enterraient leurs morts, on exhuma une tète qui, selon les probabilités, avait déjà été extraite du sol. Cette tète n'avait conservé de substances charnues desséchées qu'à la région temporale et oculaire gauche. Autour de la cavité orbitaire, ces substances desséchées s'éten- daient jusqu'à 3 à 6 centimètres, et dans la cavité orbitaire on voyait les paupières, en partie conservées, se continuant au dehors avec les parties environnantes; au dedans elles laissaient voir la cornée transparente, ainsi que les autres parties antérieures du globe oculaire desséchées, contribuant avec les paupières à fermer exactement la cavité. » En procédant avec soin, je détachai, avec une partie des téguments extérieurs à cette cavité, tout ce qu'elle contenait, et je me trouvai en pos- session du globe de l'œil et de ses annexes au grand complet, y compris l'extrémité du nerf optique traversant le trou optique. Cette pièce obtenue, la question posée par l'Académie des Sciences m'a paru résolue, cet œil intact dé momie n'offrant aucun rapport de forme et de texture avec les corps semi-globulaires qu'on trouve dans d'autres momies et présentés par Ç. R., iSiï.", i« Semestre. (T. LIV. ti° 22.) '5 > ( hq8 ) M, le capitaine Trébuchet. Ces derniers sont composés découches concen- triques d'une substance gélatineuse desséchée, et sont évidemment des pro- duits artificiels, dont l'analyse chimique pourrait peut-être déterminer la nature. » La pièce obtenue par M. Haldon et une autre pièce, semblable à celles apportées par M. le capitaine Trébuchet, sont mises sous les yeuxdel'Aca- démis. PHYSIQUE DU GLOBE. — Trépidations du sut à J\'icc; Lettre de M. Prost à M. Élie de Beaumont. « Nous venons de traverser une période de trépidations du sol si remar- quable, que je crois utile de vous en faire part. Pendant les mois de mars et d'avril, elles ont élési fréquentes et si intenses, que je n'avais rien vu de pareil depuis la forte secousse de tremblement de terre du 29 décem- bre i854- Voici l'extrait de mon journal : » Mars 5, 6, 7, 8, intense; n, i3, i/J, ' J, 16, intense; 17, 18, très- intense, tous les cristaux en mouvement; a5, 26, 28, les cristaux en mou- vement pendant tout ce temps; le 18, à g heures du soir, raz de marée. Avril a, 3, 4, 6, 7, très-intense (les cristaux en mouvement tout le temps); 8, 10, 12, i3, i5, très-intense; 16 au matin, très-intense; arrêté brusque- ment à 10 heures; 18, 19, 20, 21, 22, 25, 26, très-intense (le mouvement est très-marqué du N. au S., tandis que presque toujours il l'est de l'E. à l'O.); 27, 28, très-intense. Mai, le 3, très-intense. » Depuis, une longue période de repos, interrompue seulement depuis quelques jours; 26, 27, 28, 29, très-intense. » Les journaux m'ont appris que, du 8 au 1 2 avril, il y a eu des secousses de tremblement de terre à Constanline et à Philippeville; mais j'ai vaine- ment attendu pour savoir.à quoi se relieraient les agitations si marquées de la fin du mois. Il serait curieux de voir si le mouvement qui se prononce depuis quelques jours va continuer; malheureusement, nous ne tarde- rons pas à partir pour Vichy, et mes observations vont se trouver interrom- pues. Dans la pensée ([d'elles pourront peut-être vous intéresser, je vous envoie toujours celles-ci. » M. Lichtenstein adresse de Berlin un numéro du « Journal central de Médecine», dans lequel il a fait paraître une Note intitulée : « Introduction directe de iozonométrie dans la médecine », et trois autres articles qui se rattachent plus ou moins directement à la même question. Il exprime le ( "99 ) désir d'obtenir le jugement de l'Académie sur ce qu'il a écrit concernant un sujet dont l'importance, dit-il, ne peut être méconnue, soit qu'on l'envi- sage du point de vue clinique, soit qu'on se place au point de vue phy- siologique et aux mesures prophylactiques qu'il conviendrait parfois de prendre d'après ce genre d'indication. MM. Becquerel et Bernard sont invités à prendre connaissance de ces opuscules et à en faire, s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport verbal. M. Altobelli envoie d'Aquila, en double exemplaire, un Mémoire sur « les propriétés médicinales de la poudre de salsepareille dans les cas d'in- flammations érythémateuse et phlegmoneuse », et prie l'Académie de vou- loir bien se faire rendre compte de cet écrit, dans lequel il a consigné les résultats d'observations poursuivies pendant plus de trente ans. (Renvoi à l'examen de M. Andral pour un Rapport verbal. ) M. Chexot, auteur de deux Mémoires, l'un sur la stabilité des voûtes, l'autre sur la poussée des terres, présentés au mois d'octobre dernier, prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission chargée de les examiner ou, si un Rapport ne doit pas être fait, de lui indiquer la marche à suivre pour rentrer en possession de ses manuscrits. (Renvoi à la Commission nommée, Commission qui se compose de MM. Poncelet, Morin, Clapeyron, Maréchal Vaillant.) M. Genin adresse une semblable demande relativement à une Note qu'il avait présentée en 1 858, sur un moyen de reconnaître, à la simple inspec- tion parmi des oeufs de poule, quels son! ceux d'où doivent sortir des mâles. (Renvoi aux Commissaires désignés : MM. Milne Edwards et Coste.) M. RoniEit fait hommage à l'Académie d'un ouvrage qu'il vient de pu- blier sous le titre de : « Antiquité des races humaines, reconstruction de la chronologie, etc » Dans cet ouvrage se trouve fondu un travail sur des vérifications astronomiques de la chronologie égyptienne que M. Rocher avait soumis, en 1857, au jugement de l'Académie. Le Mémoire, par suite de cette publication, ne pouvant plus être l'objet d'un Rapport, l'auteur de- mande l'autorisation de le reprendre. Cette autorisation lui est accordée. ( 1200 ) M. P. Béro\, à l'occasion d'une communication récente de M. Becquerel sur la température de l'air à diverses hauteurs Compte rendu de la séance du 12 mai), adresse un opuscule qu'il a publié en avril, et dans lequel il dit avoir donné d'avance l'explication des laits signalés parle savant académi- cien. (Renvoi à l'examen de M. Becquerel. M. Coinze envoie de Bône une Note concernant deux vers intestinaux trouvés dans des Coléoptères du genre Pimélie. La séance est levée à 5 heures. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 9 juin 1862 les ouvrages dont voici les titres : Résumé des observations recueillies en 1861 dans le bassin de la Saône, par les soins de la Commission hydrométrique de Lyon; par M. Fournet, prési- dent de la Commission. (Extrait des Annales de la Société impériale d' Agri- culture, d'Histoire naturelle et des Arts utiles de Lyon, 1862.) Etude chimique des eaux minérales du M ont- Dore ; Rapport fait à la Société d'Hydrologie médicale de Paris au nom de la Commission d'analyse des eaux minérales; par M. J. Lefort. Paris, 1862; in-8". Principe des propriétés organolépliques. Influence réciproque de la pensée, de la sensation et des mouvements végétatifs ; Mémoire lu à la Société Médico- Psychologique; par M. le D1 J.-P. Philips, suivi du Rapport fait à la Société par M. le Dr BUCHEZ, et d'une Réponse de l'auteur. Paris, 1862; br. in-8°. Antiquité des races humaines : reconstitution de la chronologie et de l'his- toire des peuples primitifs par l'examen des documents originaux et pur l'astro- nomie; par M. G. B.OD1ER. Paris, 186a; vol. in-8°. Réforme fondamentale des sciences physiques produite par la découverte de l'origine des faits cosmiques. — IL Réforme produite par l'arrangement tics faits hermomélriques de toutes les espèces en ordre de la loi thermostatique : par M. P. Bi'lRON. (Février, mars, avril 1862.) Paris, broch. in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 16 JUIN 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ZOOLOGIE. — Description de quelques espèces nouvelles de Poissons envoyées de Bourbon par M. More], directeur du Muséum d'Histoire naturelle de cette île; par M. A. Valenciennes (suite). « Le Diagramme gaterin (Diaaramma Galerina, Val.). Il me parait impossible de ne pas reconnaître dans le poisson que j'ai sous les yeux le Sciœna galerina de Forskal, qui appartient par les quatre pores de sa mâchoire inférieure à notre genre Diagramme. On compte en effet les mêmes nombres de rayons à la dorsale et à l'anale. D. -j-jj, A. y, etc. , Il a les dents en fortes cardes aux deux mâchoires, sa dorsale molle est un peu relevée et sa caudale coupée carrément. Le second rayon de son anale est une grosse épine : tout le corps d'un gris doré est couvert de taches noires, qui se voient aussi sur la portion molle de la dorsale, de la caudale et d* l'anale. L'individu est le n° 10 de la collection de M. Morel, et il est long de om,66. » En écrivant le sixième volume de l'Histoire naturelle des Poissons, je C. R., 1863, i« Semestre. (T. LIV, N° 23.) 1 56 ( 1202 ) faisais, à la fin de l'article de YHisloire descriptive de la Daurade dont Com- merson a laissé deux beaux dessins pour reconnaître l'espèce nommée la Gueule pavée, les réserves suivantes (t. VI, p. io5) : « Il parait cependant que les habitants de l'île de France donnent encore » ce nom de Gueule pavée à d'autres poissons. Nous le trouvons mentionné » deux autres fois dans les manuscrits de Commerson : la première, pour » une autre Daurade dont nous parlerons tout à l'heure; la seconde, pour » un poisson que nous ne connaissonsencore qu'imparfaitement parla seule » description de ce naturaliste, et qui sera probablement le type d'un » nouveau genre de la famille des Sciénoïdes. M. deLacépède en fait son » Spare myloslome, mais ce ne peut être évidemment un Spare. » « Le soin que M. Morel a pris de joindre aux exemplaires de sa collec- tion les branchies avec les pharyngiens supérieurs et inférieurs le nom vul- gaire de chaque espèce donné à Bourbon, explique les incertitudes que la lecture attentive des descriptions de Commerson avait laissées dans mon esprit sur ces poissons des mers de l'île de France et de Bourbon. Car j'avais dit que l'une des espèces nommées Gueule pavée était un Sciénoïde. La con- jecture se confirme, puisqu'elle est une espèce de Diagramme. Je n'avais pas pu retrouver la Gueule pavée dans le Sciœna gaterina de Forskal, mais du moins j'avais reconnu la famille générale. Ces os pharyngiens sont cou- verts de dents en cône moussé très-fortes, qui doivent permettre au poisson d'écraser les tests de mollusques que les Daurades détruisent avec leurs mo- laires. Le nom de Cueille pavée a été, très-probablement, imposé, non pas à cause de molaires elliptiques que portent les Daurades, mais parce que leurs pharyngiens sont couverts de petits pavés. » M. Morel nous a donc envoyé sous le n° 10 un poisson qui a l'avantage de déterminer un fait encore incertain en ichthyologie. » Le PfilSTIPOME COIN-COIN (Pristipoina anas, Val.). Ce Pristipome rayé longitudinalement a probablement reçu son nom à cause du grognement qu'il fait entendre. Nous avons de nombreux exemples de ces sortes d'ono- matopées. J'ai eu l'idée que ces sons pouvaient exprimer le bruit du canard, et j'ai voulu fairecomprendre cette pensée en appelant l'espèce du nom latin du canard. » Comme tousses congénères, il a le préopercule un peu sinueux et armé de fortes épines pour dentelures. Les rayures sont blanchâtres ou argentées sur un fond noirâtre. On peut en compter onze ou douze. Le ventre est blanc La caudale est coupée carrément, le second rayon épineux de l'anale très- ( 12o3 ) tort. Les nombres sont : D.||. A. £, V. i, P. .6, C. .7. Il est long de om,25. » Le Pentapode Capitaine [Pentapus dux, Val.). M. Morel a très-exacte- ment reconnu un Pentapode dans le poisson envoyé de Bourbon sous le nom de Capitaine. » Ce Sparoïde a la forme générale d'un Pagel, mais il n'a pas de molaires arrondies. Une bande étroite de dents en carde fine est derrière une rangée externe de dents assez fortes, coniques et pointues. L'écaillé qui caractérise le genre auquel ce poisson appartient est petite, mais très-distincte; celles de l'aisselle de la pectorale sont longues et étroites. Le corps paraît gri- sâtre, argenté et rayé par une dizaine de points noirâtres placés en série sur les écadles du flanc. La caudale est en croissant. n j il a _2_ "• 10' "• I»' « Comparé aux autres espèces de Pentapode, ce Capitaine serait voisin par le nombre des rayons de celui que Commerson a vu à l'île de France en 1769 dont M. de Lacépède a fait le Spare rayé d'or. L'individu envoyé sous le n° 12 est le plus grand de tous ceux que nous ayons encore observés. Il est long de om,52. d Le Hynnis fou [Hynnis insanus, Val.). Sous le nom de Carancjue Jolie, on pêcbe à Bourbon un grand poisson dont la queue est garnie de boucliers carénés, comme les Scombéroïdes dont j'ai traité dans le chapitre XVI du livre IX de l'Histoire des Scombres, et qui se reconnaissent à leur première dorsale cachée sous la peau, ou mieux tout à fait nulle, et au prolongement en fil de la première branche des premiers rayons de leur unique dorsale. Le profil du dos, au-devant de la dorsale, est beaucoup plus droit que ceux des Hynnis de la rade de Gorée. » La hauteur du tronc entre la dorsale et l'anale mesure le tiers de la longueur prise entre le bout du museau et la fourche de la caudale. La por- tion du corps en arrière des deux nageoires est plus haute que celle de la queue des espèces que je viens de citer. » Le dessus de la tète est bombé et la courbe est plus soutenue et elle des- cend moins obliquement vers le bout du museau. L'œil assez grand, l'oper- cule plus haut, le sous-opercule très-petit, l'interopercule plus long. Les dents sont fine_s et serrées, celles du chevron du vomer très-marquées. » La pectorale en faux est presque égale au quart de la longueur totale. i56.. ( I204 ) » La dorsale a une forte épine très-courte, un premier rayon allongé en filet simple aussi long que la pectorale, celui de l'anale est plus long que le corps n'est élevé au-dessus de la nageoire. B. 7, D. ^, A. A, C. 17, P. i9, V. j. » Le rayon de la dorsale est suivi de deux autres rayons à filets simples, et ceux-ci sont suivis de trois autres à filets doubles; puis on en compte treize autres en forme de pinnules réunies par une membrane. » L'anale n'a qu'un long rayon en filet, un très-petit osseux comme une épine, mais non détachée de la nageoire. B. 7, D.| + 3 + i3, A.| + i5, C. 17, P. 19, V. f » La ligne latérale est très-arquée au-dessus de la pectorale, elle se courbe quand elle l'a dépassée, et alors marquée par des écailles plus larges qui deviennent carénées et sont suivies de neuf boucliers carénés comme ceux des Caranx. » Les écailles sont si petites, qu'elles semblent perdues dans la peau. » Le dos est verdâtre et le ventre nu, lisse et argenté. » La longueur est de om,7o. C'est une espèce toute nouvelle. D'un nouveau genre, Irex, voisin des Sérioles. » Les Sérioles sont, ainsi que j'ai essayé de le démontrer dans l'Histoire naturelle des Poissons (t. IX, p. 200), des Scombéroïdes assez voisins des Ca- ranx, en se distinguant par l'absence de boucliers carénés sur les côtés de la queue. » Nous possédions depuis 1824 un poisson conservé en peau, envoyé de Saint-Thomas par M. Plée, dont la seconde dorsale et l'anale étaient sui- vies de deux petites pinnules réunies par une membrane, faisant une véri- table petite nageoire semblable aux longues dorsale et anale qui précèdent. J'ai été toujours frappé de cette curieuse conformation. La nageoire est formée d'une suite de rayons dilatés à leur extrémité, et simulant les pin- nules détachées des Thons et des Maquereaux. » Je retrouve aujourd'hui la même disposition dans le Scombéroïde vivant dans les mers de l'Inde à Bourbon, et comme l'individu est par- faitement conservé par une préparation très-soignée, je crois ne devoir plus hésiter à séparer ces espèces indiennes ou américaines des autres Sérioles. ( I2o5 ) » Je prends un des noms anciens rappelés par Gesner, mais que nous n'avons pas encore employés dans notre Ichthyologie, et je désigne ce genre par le nom d'iREX. Les caractères de ce genre seront les suivants : » Les Irex sont des poissons à corps fusiforme, couvert de petites écailles, sans boucliers le long delà ligne latérale ni sur les côtés de la queue. Le museau pointu est petit, déprimé. Les dents fines en carde ou mieux en velours sur les intermaxillaires, les palatins et le chevron du vomer. Deux dorsales : une première soutenue par de petites épines grêles, peu nombreuses; une seconde, longue, étendue et composée de rayons écartés et terminée en éventail à l'extrémité. L'anale faite de même, et étendue presque sous toute la queue; les deux nageoires sont suivies en dessus et en dessous de deux pinnules. » Irex de l'Inde (Irex indicus, Val.). Le corps de ce poisson a la forme générale allongée de celle du Saumon. La hauteur du tronc sous la dorsale est à peine plus petite que la longueur de la tète, qui fait à peu près le quart de celle du corps. Le museau, un peu déprimé à l'extrémité, porte une assez petite bouche. Les deux mâchoires sont égales, les dents des deux intermaxillaires, du chevron, du vomer et des palatins sont en fin velours. L'œil est de grandeur médiocre et son diamètre est compris cinq fois et demie dans la distance entre le bout du museau et la fente de l'ouïe. Le sous-orbitaire est étroit, peu large, les autres sont très-minces et en partie perdus sous les écailles qui couvrent la joue. Le limbe du préopercule est large, veiné, le bord est mince et sans dentelures ni épines. Il en de même de l'opercule, du sous-opercule et de l'interopercule. La fente de l'ouïe est très-étendue, à cause de la petitesse de la mâchoire. » La première dorsale est basse et n'a que six rayons ; la seconde en a un et vingt-quatre, suivis de deux pinnules réunies par une membrane; on pourrait l'appeler une troisième nageoire. L'anale n'a qu'une épine, dix-sept rayons suivis aussi de deux pinnules; ces deux petites et fausses nageoires sont tout à fait distinctes et éloignées de la longue nageoire qui les précède. La caudale est profondément fourchue. B. 7, D. 64-^+2, A- TT + 2> C. 17, P. 20, V. j. » Tout le corps est couvert d'écaillés médiocres et minces. Il n'existe rien de particulier sur la ligne latérale, laquelle ne porte aucuns bou- cliers. » La couleur du poisson frais a dû être plombée verdâtre sur le dos et argentée sous le ventre. ( I20G ) » L'individu envoyé par M. Morel, sons le n° i/j, est long de om,88. » L'Irex de Saint-Thomas [Irex americanus, Val.). C'est la première espèce qui nous a Fait connaître cette nouvelle forme générique; elle se dis- tingue de celle de l'Inde par deux rayons de moins à la dorsale, et un de moins à l'anale, par un museau pins pointu et par un préopercule plus arrondi. Il faut cependant avouer que les deux espèces sont très-voisines. Nous l'avons observé dans les collections faites en 182/j par notre infortuné voyageur naturaliste M. Plée. Il l'a prise à Saint-Thomas, l'une des petites Antilles danoises. Cette courte diagnose est suffisante pour indiquer aux iclithyologistes les deux seules espèces connues de ce genre nouvellement établi dans l'étude récente des Poissons de cette petite collection. » LeCniiiLiNE trilobé (Cfieilinus trilobatus, Lac, t. XIV, p. 79). Sous le n° 1 5, nous avons reçuf sans nom de pays, un bel exemplaire de ce Labroïde, long de om,5c). » Le Scare (Scarus capilaneus, Val., t. XIV, p. 9.39). Ce grand Scare est celui que j'ai appelé Scarus capilaneus. M. Morel l'a placé dans sa collection n° 16, sous le nom de perroquet, nom collectif donné aux espèces de ce genre par les pécheurs dans toutes les mers. » Telles sont les espèces envoyées en nature par le zélé directeur du Musée de l'île Bourbon. M. Morel m'a fait connaître la collection ichlhyo- logique du cabinet de la colonie par un catalogue raisonné qui nous donne des documents intéressants sur les Poissons de cette contrée. Il porte à 258 le chiffre des espèces qu'il a réunies. Dans ce nombre, il n'y a que 1 1 genres fluviatiles : ce sont les Osphronèmes, les Mugils, les Nestis, quelques Gobics, les Sycidiums, les Eleotris, quelques Cyprins et quelques Anguilles. Encore peut-on se demander si les Cyprins, les Anguilles et les Osphronèmes n'ont pas été importés dans les eaux douces de l'île. Toutes les autres espèces sont pêchées sur la côte ou à une certaine distance du rivage. » Comme à l'ordinaire dans toutes les mers, les Spares, les Perches, les Scombres et quelques Sciènes fournissent une quinzaine d'espèces exposées en vente sur les marchés de Saint-Denis de Bourbon. » M. Morel cite un poisson d'une rareté extrême du genre des Gorctles. Je ne connais jusqu'à présent aucun de ces Sciénoïdes dans les mers de l'Inde; je prie instamment de ne pas laisser échapper l'occasion de nous envoyer ce poisson. Il confirme cette ressemblance signalée dans ce travail, entre les espèces de l'Atlantique, surtout aux Antilles, et celles des mers de Bourbon. Nous avons souvent indiqué dans notre ouvrage l'affinité des ( I207 ) Poissons de la Méditerranée, et ceux de Gorée et du cap de Bonne-Espé- rance. Ces remarques ne doivent pas être négligées par les naturalistes qui s'occupent de la distribution géographique des animaux sur le globe. » PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Migration des Entozoaires. Réponse à la Note de M. Van Beneden, par MM. Pouchet et Verrier aîné. « Nos doutes relativement aux migrations des Entozoaires se trouvent suffisamment autorisés par ceux qu'expriment eux-mêmes les deux plus célèbres helminthologistes de France. Cependant ce n'est qu'après de lon- gues et sérieuses études critiques et expérimentales que nous nous sommes adressés à l'Académie des Sciences. » De Siebold considère le Cœnurus cerebralis comme la larve du Tœnia serrata. Nous avons expérimenté en nous basant sur les données du zoolo- logiste qui est incontestablement le plus fondé et le plus illustre parmi tous ceux qui se sont occupés des transmigrations. Nous n'avons donc pas commis l'erreur que nous reproche M. Van Beneden. Le Tœnia cœnurus n'a jamais été une espèce distincte du Tœnia serrata. Plusieurs des zoolo- gistes ou des physiologistes qui ont écrit ou expérimenté après le savant professeur belge ne l'admettent même pas. Quelques-uns d'entre eux, et tel est en particulier de Siebold, regardent même ce Ténia du chien et celui de l'homme comme n'étant absolument que la même espèce. » Il règne dans les œuvres des expérimentateurs une fort regrettable confusion à l'égard de la détermination des espèces. Quelques-unes de celles-ci n'ont réellement été admises que dans un but purement théo- rique (i) » Cependant M. Van Beneden peut être assuré que si son Tœnia cœnurus est réellement une espèce distincte, ce dont nous doutons beaucoup, c'est bien positivement lui qui a été employé dans nos expériences. » Nous avons strictement administré la même espèce que celle que nous rencontrions sur nos chiens, après leur avoir donné des Cœnures. Or si ce (i) Pour ne pas être soupçonnés de partialité, nous empruntons à un ouvrage élaboré avec le plus grand soin ce que l'on a dit du Tœnia serrata. 11 provient : i° du Crsticcrcus pisi/ormis, suivant Kiichennieister, Van Beneden, de Siebold, Baillet; 2° du Crsticcrcus tenuicollis, suivant de Siebold ; 3° du Crsticcrcus cellulosœ, suivant de Siebold; 4° <'" Cœ- nurus cerebralis, suivant Haubner?, de Siebold, Van Beneden, Eschrichl?, Leuckart?. Da- vaine, Entozoaires, Synopsis, p. 34- ( 1208 ) n'est pas là le Tœnia cœnurus, M. Van Beneden renverse lui-même sa théorie, car alors toutes nos expériences ont été absolument négatives. En effet, si les Ténias que nous avons rencontrés ne peuvent être rapportés aux em- bryons ingérés, la métamorphose du Ccenure cérébral en Tœnia cœnurus est donc un fait strictement erroné. Il n'y a pas moyen de sortir de cette proposition. » Nos expériences, continuées sur une large échelle, seront avant peu exposées au monde savant, et détermineront positivement si la transmis- sion des Entozoaires du mouton au chien, et vice versa, est ou non un fait sérieux. » Nous saisissons cette occasion pour dire à l'Académie que deux expé- riences nouvelles exécutées par nous semblent encore de nature à autoriser nos doutes. Deux chiens ayant avalé chacun une centaine de têtes de Cœ- nures provenant de la même vésicule furent tués deux mois après. L'intestin de l'un contenait deux Tœnia citcwnerina, gorgés d'œufs et longs de 5o cen- timètres, et celui de l'autre deux Tœnia serrata, un de 12 millimètres et l'autre de 20 centimètres. Sans doute qu'un même Ccenure ne produit pas deux espèces différentes! Et l'extrême inégalité de taille des Tœnia serrata indique qu'ils ne peuvent provenir d'une même mère; et d'ailleurs le plus grand lui-même est beaucoup trop petit pour être le résultat de l'ex- périence. » On a vu que nous n'avons été effrayés que de nos succès. Nous récol- tions beaucoup plus de Ténias que nous n'avions ensemencé de têtes de Cœnures. C'était capital. M. Van Beneden lui-même n'explique pas ce mys- térieux résultat! » Les scolex de Cœnures ne survivent que quelques heures à l'animal qui les porte; nous nous en sommes assurés par l'expérience. M. Valen- ciennes fait la même remarque à l'égard des cysticerques du porc. Il est donc bien difficile d'admettre à priori que les Cœnures du mouton puissent parvenir encore vivants dans l'intestin du chien. Et d'ailleurs, la tête du ver de l'encéphale du mouton différant énormément de celle de l'Entozoaire du chien, cela doit rendre infiniment douteux que l'un puisse provenir de l'autre. » Jusqu'à de nouvelles preuves, nous avons peine à croire qu'un em- bryon microscopique de Ténia, éclos dans l'intestin d'un mouton, puisse se creuser un passage jusqu'au cerveau du Ruminant, et s'y transformer en vésicule qui engendre de nombreux scolex, pour me servir de l'expression de M. Van Beneden, tandis que tous les embryons des autres Ténias ne ( iao9 ) feraient que se développer temporairement comme individus, lit où s'arrête leur inexpliquable pérégrination. » Nous avons montré à plusieurs Membres de l'Académie des fragments d'intestin de mouton absolument obstrués par des amas de Ténias. Cela a été observé à diverses reprises par l'un de nous. Ces Ruminants ne se nour- rissent cependant ni de porc, ni de lapins, ni d'aucune chair infestée de cysticerques. Si ces Ténias se plaisent si bien dans l'intestin, pourquoi donc y en aurait-il parmi eux qui iraient, au milieu de mille entraves, gagner le cerveau pour y subir une métamorphose à laquelle les autres ne sont point astreints? Comment se fait-il aussi que nous rencontrions dans des chiens séquestrés plus du double de Ténias que nous n'avions administré de têtes de Ccen ures? » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Commission chargée de juger le concours pour le grand prix de Mathé- matiques de 1862, question concernant la théorie des marées. MM. Delaunay, Liouville, Mathieu, Laugier, Duperrey, réunissent la majorité des suffrages. MEMOIRES LES STATISTIQUE MÉDICALE. — Dangers des mariages consanguins : influence sur la fréquence de la surdi-mutité chez les enfants; Mémoire de M. Boudin. (Commissaires, MM. Andral, Rayer, Bernard, Bienaymé.) L'auteur en terminant son Mémoire le résume dans les termes suivants » i° Les mariages consanguins représentent en France environ 2 pour 100 de l'ensemble des mariages, tandis que la proportion des sourds-muets de naissance, issus de mariages consanguins, est à l'ensemble des sourds- muets de naissance : a. A Lyon, au moins de iS pour 100 ; h. A Paris, de 28 pour 100; c. A Bordeaux, de 3o pour 100. »i 20 La proportion des sourds-muets de naissance croit avec le degré de la consanguinité des parents; si l'on représente par 1 le danger de procréer un enfant sourd-muet dans un mariage ordinaire, ce danger est représente C. R., 186a, Ier Semestre. (T. L1V, N° 23.) ' ^7 ( I2IO ) par 18 dans les mariages entre cousins germains; 37 dans les mariages entre oncles et nièces; 70 dans les mariages entre neveux et tantes. » 3° A Berlin, on compte : 3,i sourds-muets sur 10000 catholicpies; fi sourds-muets sur 10000 chrétiens en grande majorité protestants; 27 sourds-muets sur 10000 juifs. En d'autres termes, la proportion des sourds-muets croît avec la somme des facilités accordées aux unions con- sanguines par la loi religieuse. » 4° On comptait en 18/jo, dans le territoire de Jowa (Etats-Unis) : 2,3 sourds-muets sur 10000 blancs; 212 sourds-muets sur 10000 esclaves. C'est-à-dire que dans la population de couleur, dans laquelle l'esclavage facilite les unions consanguines et même incestueuses, la proportion des sourds-muets était 91 fois plus élevée que dans la population blanche, pro- tégée par la loi civile, morale et religieuse. » 5° La surdi-mutité ne se produit pas toujours directement par les pa- rents consanguins; on la voit se manifester parfois indirectement dans des mariages croisés. » 6° Les parents consanguins les mieux portants peuvent procréer des enfants sourds-muets; par contre, des parents sourds-muets, mais non con- sanguins, ne produisent des enfants sourds-muets que très-exceptionnelle- ment; la fréquence de la surdi-mutité chez les" enfants issus de parents consanguins est donc radicalement indépendante de toute hérédité morbide. » 70 Le nombre des sourds-muets augmente souvent d'une manière très- sensihle dans les localités dans lesquelles il existe des obstacles naturels aux mariages croisés. Ainsi la proportion des sourds-muets, qui est, pour l'en- semble de la France, de 6 sur 10000 habitants, s'élève : en Corse, à 14 sur 10000 habitants; dans les Hautes-Alpes, à a3; en Islande, à il; dans le canton de Berne, à 28. »> 8° On peut estimer à environ 25oooo le nombre total des sourds-muets en Europe. » 90 Les alliances consanguines sont accusées encore de favoriser chez les parents l'infécondité, l'avortement; chez les produits, l'albinisme, l'aliéna- tion mentale, l'idiotisme, la rétinite pigmenteuse et autres infirmités; mais ces diverses propositions nous paraissent réclamer une démonstration nu- mérique qui leur manque plus ou moins jusqu'ici. » M. Hecrtelocp lit une Note ayant pour titre : Sur l'ensemble de mes tra- vaux relatifs aux deux litliotripsies et sur quelques perjectionnements de la petite lithotripsie ou lithotripsie de main. ( '2'I ) La première partie de cette Note, qui a rapport à des travaux successi- vement soumis au jugement de l'Académie, ne peut être qu'indiquée ici; quant aux perfectionnements nouveaux qu'annonce le titre, l'auteur en parle dans les termes suivants, qui, pour être bien compris, exigent qu'on se reporte à ses communications antérieures. « i° Comme dans le commencement de mes travaux sur l'instrument recto- curviligne coudé, je me sers toujours, dans la lithotripsie de main, de cet instrument et de son compresseur volant, ce qui me fait éviter tous les in- convénients et la perte de temps qui fatiguent le malade lorsque le compres- seur et l'instrument sont joints ensemble. 20 J'évite, dans l'acte de prendre, toute recherche; la dépression du bas-fond amène naturellement la pierre ou les fragments, car la pierre attaquée par la petite lithotripsie, dont le pouvoir est naturellement très-borné, doit toujours être d'un petit volume. 3° Le temps du broiement et l'action de saisir la pierre ne sont séparés par aucun mouvement imprimé à l'instrument ; le broiement se passe à peu près dans le lieu où la saisie du corps à broyer s'est opérée. 4° Le compresseur volant se pose sur l'instrument sans imprimer une seule secousse à cet instrument; de là absence de mouvements et de manoeuvres. 5° Le dégor- gement, que ne peut jamais opérer la pression, est remplacé par l'aplatisse- ment forcé du détritus amassé. Alors l'instrument est toujours plein d'action pour saisir et pour prendre, bien que cependant il ne se ferme pas complè- tement. 6° La force nécessaire pour opérer le broiement et la pulvérisation lorsque la résistance est petite, est confiée au chirurgien qui opère. 70 La force qui doit surmonter une plus grande résistance est confiée à un aide, de manière à exonérer le chirurgien de tout emploi d'une force qui nuit à son adresse, et qui d'ailleurs est souvent insuffisante; mais cette force, sous la protection d'un frein régulateur, demeure constamment à la dispo- sition de l'opérateur. 8° Le dégorgement définitif qui doit précéder le retrait de l'instrument se fait au moyen du compresseur volant. Ce compresseur ouvre l'instrument par un mouvement de levier, et le dégorge par une per- cussion légère et répétée après une ouverture de l'instrument facile et répé- tée. Par suite de ces manœuvres fondamentales, dégorgement complet et impossibilité de déchirer l'urètre en retirant l'instrument. » L'appareil de M. Heurteloup est mis sous les yeux de l'Académie. La Note est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de MM. J. Cloquet, Jobert de Lamballe et Civiale. 157.. ( 1212 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. i KiUTOi.OGiE. — Mémoire sur la /iroduclion artificielle îles monstruosités; par M. C. Dareste. « J'ai fait connaître à l'Académie, au mois d'avril 1861, les premiers résultats d'un grand travail entrepris depuis longtemps sur la produc- tion artificielle des monstruosités dans l'espèce de la poule. Ces résultats, complétés par des observations nouvelles, forment le sujet du Mémoire actuel. » J'ai employé, pour produire des anomalies, deux procédés différents. Tantôt j'ai couvert d'une couche d'huile une moitié de la coquille de l'œuf; tantôt j'ai fait couver les œufs dans une position verticale. En agissant ainsi, j'ai obtenu un très-grand nombre d'anomalies. Toutefois j'ai lieu dépenser que ces deux sortes d'actions dont j'ai cherché à disposer ne sont point les seules qui ont exercé, dans mes expériences, leur influence sur le dévelop- pement de l'embryon : car, jusqu'à présent, je n'ai pu réussira obtenir une constance parfaite de la température dans mes appareils d'incubation ; et je dois supposer que les variations de température contre lesquelles il m'a été impossible de me mettre en garde, ont joué un certain rôle dans la produc- tion des anomalies que j'ai obtenues. » Du reste, il m'a été jusqu'à présent impossible d'établir une relation de cause a effet entre les événements tératologiques qui se sont manifestés dans mes expériences et les conditions physiques particulières dans lesquelles l'avais placé mes œufs. En effet, les deux procédés dont je me suis servi m'ont donné et me donnenttous les jours les mêmes types anomaux ; aussi je suis disposé à croire qu'ils n'exercent point d'action spécifique et qu'ils ne font en réalité qu'introduire une perturbation plus ou moins grave dans la marche des développements. Il faut d'ailleurs attribuer à l'œuf lui-même une prédisposition plus ou moins grande à subir l'influence des causes exté- rieures ; car les œufs placés dans des conditions identiques, et soumis par conséquent aux mêmes influences, m'ont donné à la lois des embryons nor- maux et des embryons monstrueux. >> J'ai constaté d'ailleurs, par l'emploi de ces deux procédés, plusieurs faits physiologiques intéressants. Les embryons peuvent se dév< lopper com- plètement dans les œufs placés dans la position verticale ; ils éprouvent seu- lement beaucoup de peine pour éclore, et le vilellus ne rentre pas toujours facilement dans la cavité abdominale. Toutefois la mortalité des embryons ( I2l3 ) est beaucoup plus grande clans ces conditions que clans l'incubation ordi- naire. L'application d'une subslance imperméable à l'air sur la moitié de la coquille de l'oeuf a au contraire pour résultat certain de faire périr l'embryon du dixième au quinzième jour de l'incubation, même en l'absence de toute anomalie. L'examen des embryons qui ont ainsi péri prématurément m'a montré que, dans ces conditions, la mort peut tenir, tantôt et le plus sou- vent, à l'asphyxie; tantôt, mais plus rarement, à l'anémie. Dans le premier cas, les vaisseaux de l'allantoïde et ceux du vitellus présentent la teinte brune du sang veineux ; l'embryon présente de nombreuses congestions et souvent même des hémorrhagies ; les eaux de l'amnios sont plus ou moins colorées par le sang. Un fait très-général et fort curieux que m'ont présenté ces embryons asphyxiés est l'existence d'une dilatation considérable de l'oreillette gauche du cœur, cpii est souvent plus volumineuse que le ven- tricule, et qui alors peut produire des changements de position du cœur que j'ai pris pendant quelque temps pour do véritables ectopies. Je me suis assuré plus tard que cette chlatation de la région auriculaire est également produite par une accumulation de sang qui se fait clans la cavité pendant l'agonie. L'anémie se manifeste au contraire par une décoloration plus ou moins marquée de tous les organes et par la diminution des globules du sang. Dans l'un des cas les plus remarquables d'anémie que j'ai eu occasion d'observer, le sang était complètement incolore; et cependant j'ai vu, clans ces conditions, le cœur battre pendant un certain temps après l'ouverture de la coquille, et me présenter, par conséquent, un spectacle bien curieux pour un physiologiste. Toutefois l'examen microscopique du sang m'a prouvé que ces globules n'y avaient pas entièrement disparu. » I.a position verticale et l'application d'une couche d'huile sur les œufs sont donc des conditions défavorables à l'embryon, même normal : mais la condition la plus défavorable à la vie est l'anomalie elle-même. 11 y a là pour l'embryon monstrueux une cause de mort plus ou moins prompte, et qui l'empêche le plus ordinairement d'atteindre l'époque de l'éclosion. C'est même très-probablement ce qui fait que, clans les conditions ordinaires de l'incubation, la plupart des embryons monstrueux échappent à l'observa- teur. Je reviendrai sur ces faits clans un Mémoire particulier sur la réparti- tion des divers types de monstruosités dans les diverses classes de l'em- brancherrient des Vertébrés. » Comme j'ai déjà fait connaître, dans ma Note du mois d'août dernier, les principales formes monstrueuses que. j'ai obtenues, je nie contenterai ici d'ajouter les faits nouveaux que j'ai acquis depuis cette époque. ( 121/, ) » J'ai reconnu que j'avais été trop loin en considérant les changements de position de l'embryon par rapport au vitellus comme le fait initial de la plupart des phénomènes tératogéniques que j'avais observés. Ces chan- gements de position ont certainement une grande importance, puisqu'ils peuvent, dans un grand nombre de cas, devenir le point de départ d'événe- ments tératologiques. Mais ils sont souvent eux-mêmes précédés par d'autres faits anomaux. » J'avais cru, par exemple, en me fondant sur mes observations et sur une observation déjà fort ancienne de M. de Baer, que l'inversion des viscères était le résultat d'un changement de position de l'embryon qui, au lieu de se coucher sur le vitellus, de manière à être en rapport avec cet or- gane par le côté gauche du cœur, se met en rapport avec le vitellus par le côté droit. Cette position particulière de l'embryon s'observe en effet dans les cas d'inversion des viscères ; mais elle n'est pas la condition primitive de l'anomalie. L'inversion des viscères a un point de départ beaucoup plus reculé et antérieur aux changements déposition de l'embryon. Lorsque le cœur se forme, le tube cylindrique qui le constitue d'abord et qui est pri- mitivement dans la ligne médiane au-dessous de la tète, se recourbe au bout de très-peu de temps, pour former une anse visible sur le vitellus à droijte de la colonne vertébrale. Dans les cas d'inversion des viscères, cette anse se forme à gauche de la colonne vertébrale. J'ai eu deux fois occasion de con- stater le point de départ d'une anomalie aussi importante ; et je montrerai, dans un Mémoire spécial, comment les faits que j'ai observés peuvent nous servir à expliquer un grand nombre de faits encore obscurs de la mon- struosité double. » Le changement de position de l'embryon est une conséquence natu- relle de ce changement dans la disposition du cœur et par suite dans celle de la circulation générale. Toutefois il peut se manifester aussi, même lorsque l'anse cardiaque s'est placée à la droite de la colonne vertébrale, ce qui est la règle ordinaire. Si ce changement de position précède l'époque de la clô- ture de la cavité thoracique, le cœur occupe ces positions singulières, der- rière la colonne vertébrale ou au-dessus de la tète, que j'ai signalées dans mon précédent travail. Si au contraire la clôture de la cavité thoracique a eu lieu, l'embryon ne présente point d'anomalies. » J'aieu également occasion de constater plusieurs cas d'hyperencéphalie. Ces faits m'ont d'autant plus intéressé, que l'année dernière je n'en avais pas obtenu un seul, et qu'ils ont fait reparaître pour moi une monstruosité que j'avais observée en 1860, à l'époque où j'ai commencé à obtenir des ( 121-5 ) monstres par des procédés artificiels. J'avais obtenu cette monstruosité dans un œuf placé dans la situation verticale et j'en avais immédiatement envoyé la description à l'Académie. Les nouveaux faits d'hyperencéphalie que j'ai observés me permettent de compléter l'histoire de cette intéressante ano- malie. » Enfin j'ai eu occasion d'observer un très-grand nombre d'anomalies de Pamnios et de l'allantoïde, ainsi que des adhérences de ces organes entre eux, avec l'embryon ou avec les feuillets séreux et vasculaire du blasto- derme. J'ai constaté plusieurs fois la permanence de l'ombilic amniotique, ou l'absence complète du capuchon caudal. J'ai constaté également dans mes expériences la persistance du pédicule amniotique, et ce fait est si fré- quent, que j'ai lieu de croire qu'il joue un rôle assez important dans la production des anomalies. » J'ai décrit en détail toutes ces observations dans le Mémoire qui est ac- tuellement soumis au jugement de l'Académie. Dans une série de commu- nications ultérieures, j'en déduirai les conséquences qui en dérivent natu- rellement et qui nous donnent l'explication de l'origine et du mode de formation d'un grand nombre de types monstrueux. » [Renvoyé, comme la précédente communication du même auteur, à l'exa- men de la Commission du prix Alhumbert (modifications déterminées dans l'embryon d'un vertébré par l'action de causes extérieures.)] GÉOMÉTRIE. — Recherches sur la représentation plane de la surface du i/lobe terrestre ; par M. Ed. Collignon. (Commissaires, MM. Babinet, Bertrand, Serret. ) « Ce Mémoire a pour objet la description d'un nouveau système de cartes géographiques, auquel je donne le nom de système central d'égale superficie. Après avoir consacré deux chapitres à une discussion sommaire des princi- pales méthodes employées pour le tracé des cartes générales, je passe à la description du nouveau tracé, qui forme l'objet du chapitre III, à l'excep- tion d'un premier paragraphe où se trouve posée la formule générale de la conservation des surfaces, formule qui permet de vérifier pour chaque sys- tème particulier s'il possède ou non cette propriété. » Le point de départ de cette étude est une transformation peu connue de la mesure d'une zone sphérique à une base : la surface d'une telle zone est équivalente au cercle décrit sur un plan avec un rayon égal à la corde ( I2l6 ) menée fin pôle de la zone à sa base. Le système central consiste a prend» . en vertu (le ce théorème, un point quelconque de la sphère pour centre, et à reporter sur le papier, dans leurs azimuts par rapport à ce point, les points qu'on se propose de figurer, à une distance égale à la corde qui les joint au point central. L'étude de l'altération produite dans les angles conduit à déterminer en chaque point la déviation subie par une direction donnée, el par suite la direction que subit la déviation maximum. Elle montre de plu* qu'en chaque point il y a une infinité de groupes de deux droites conjuguées dont l'angle n'éprouve sur la carte aucune modification. On reconnaît enfin, par la discussion des altérations dans les distances, que la direction de déviation maximum a la propriété de ne pas altérer les longueurs, d'où résulte le tracé d'une courbe isopérimèlre le long de laquelle les mesures peuvent être prises sans erreur à l'échelle de la carte, comme elles le seraient sur le globe. Ces diverses propriétés servent à formuler une méthode gra- phique pour trouver en vraie grandeur l'angle formé sur la sphère par deux directions données sur la carte, ou pour mesurer approximativement la lon- gueur d'un arc de courbe. On en déduit également une méthode pour la recherche de l'équation de la transformée d'un grand cercle de la sphère, et pour d'autres problèmes du même genre. Le paragraphe se termine par un aperçu d'un système de mappemonde mixte d'égale superficie, dans lequel le système central serait appliqué aux deux calottes sphériques com- prises entre les pôles et les cercles de 3o degrés de latitude, et où la zone equatoriale serait représentée parla projection sur le cylindre circonscrit à l'équateur, décomposition qui aurait pour résultat de réduire notablement les erreurs sur les directions et sur les mesures à l'échelle; celles-ci n'offri- raient au plus qu'un écart de -~^j en plus ou en moins; les directions ne seraient déviées au maximum que de 8° \i'. » Le troisième paragraphe est consacré au tracé de- la mappemonde sur le plan d'un méridien, problème qui se ramène au cas où le pôle de la terre est pris pour station centrale, par une simple transformation des coordon- nées sphériques. Trois tableaux renferment les principaux résultats numé- riques des formules : le tracé des méridiens et des parallèles s'en déduit sans difficulté. Plus loin sont indiquées les équations des courbes qui représen- tent les méridiens et les parallèles sur la carte. Elles sont du quatrième degré, mais ne contiennent que les puissances de degré pair des coordon- nées. Comme le tracé de courbes du quatrième ordre est plus difficile que celui des circonférences, il convenait de chercher les moyens d'en simplifier le plus possible l'exécution. C'est dans ce but que j'expose une méthode ( 1217 ) générale de transformation du système stéréographique, par laquelle les points de la projection d'Hipparque servent à établir les points correspon- dants du système central. Cette méthode, développée dans le quatrième para- graphe, se prête à un triple mode d'application : l'un purement géométrique, l'autre numérique, le troisième enfin mécanique, au moyen d'un système articulé dont l'emploi n'exige qu'un peu d'adresse. La question du tracé sur la carte d'une circonférence quelconque de la sphère se trouve résolue sub- sidiairement par cette méthode; la transformée est une courbe du qua- trième ordre. » La construction de cartes projetées sur un horizon quelconque forme l'objet du cinquième paragraphe, où se trouve indiquée une méthode qui sert à déduire les éléments du tracé des méridiens et des parallèles pour un horizon quelconque des éléments semblables calculés pour les deux projec- tions sur le plan d'un méridien et sur l'horizon du pôle. » Le dernier paragraphe du chapitre III renferme diverses recherches sur le tracé des cartes particulières, et notamment des caries de l'Europe et de la France. La portion centrale du canevas de la carte de l'Europe peut servir au canevas de la carte de la France, si l'on prend pour chacune la station centrale à la même latitude, à 45° par exemple. La première présen- terait au plus dans les points éloignés du centre une déviation de 2°o/, avec une altération dans les dislances élémentaires de 4 pour ioo en plus ou en moins. La seconde, en y comprenant toutes les contrées de l'occident de l'Europe qui sont groupées autour de la France, et la côte nord de l'Afrique, n'offrirait dans les extrémités les plus éloignées que 52' de déviation maxi- mum, et que i \ pour ioo d'écart en plus ou en moins sur les longueurs les plus altérées. Réduisant enfin de plus en plus les dimensions du tracé, on retrouve à la limite le lever à la planchette d'un terrain, pris d'une station unique. » Le chapitre IV a pour objet l'élude de l'influence de l'aplatissement du globe terrestre. J'y déduis de la formule générale de la conservation des surfaces des équations qui approprient à l'ellipsoïde de révolution le tracé central effectué sur l'horizon du pôle, et le tracé sur le cylindre cir- conscrit à l'équateur. Rigoureusement, le tracé central ne s'applique qu'à la projection sur l'horizon du pôle du sphéroïde terrestre. Mais dans les cartes particulières on tiendra un compte suffisant de l'aplatissement du globe en substituant à l'ellipsoïde une sphère dont le rayon soit compris entre les rayons de courbure principaux de l'ellipsoïde au point choisi pour sta- C. R., i86i, 1" Semestre. (T. LU, N° 23. l J$ ( I2l8 ) tion centrale. La faible excentricité de l'ellipse méridienne rend en effet ces deux rayons peu différents l'un de l'autre. » Dans le chapitre V sont résumées les conclusions du Mémoire. Je ne présente pas le système central comme pouvant se substituer à tous les systèmes de cartes actuellement employés. Chacun de ces systèmes a, au contraire, suivant moi, un usage spécial auquel il est mieux approprié qu'aucun autre. Mais le simple ex posé des conclusions fait ressortir les avan- tages du nouveau tracé, qui reproduit les traits du globe plus fidèlement que tous les tracés d'égale superficie imaginés jusqu'à ce jour. Une collec- tion de cartes jointe au Mémoire peut au besoin servir à compléter la dé- monstration de cette supériorité. » Le Mémoire est accompagné de notes destinées à combler certaines lacunes et à indiquer la solution de quelques problèmes curieux ou utiles. Une note complémentaire, dont l'objet est spécialement l'étude analytique de la question des cartes d'égale superficie, présente, dans une première partie, les résultats généraux de l'intégration de la formule fondamentale transformée pour une surface de révolution quelconque, avec des applica- tions à certains cas particuliers, entre autres à un tracé homnlograpliique pour une surface ellipsoïdale. La seconde partie de cette note contient l'étude à priori des altérations des longueurs dans les cartes qui conservent les surfaces, étude qui ramène, par l'emploi de l'analyse seule, à plusieurs théorèmes démontrés géométriquement pour le tracé central. Cette partie fait connaître un résultat analytique fort utile : c'est l'emploi d'une certaine fonction qui donne, par les valeurs numériques qu'elle prend en divers points de la carte, une mesure de l'altération maximum des longueurs en chacun de ces points. De là résulte une méthode qui, appliquée aux divers tracés d égale superficie connus, permet d'apprécier numériquement la fidé- lité de ces tracés. Le système central se distingue parmi eux par les faibles variations qu'il fait subir à la valeur de cette fonction pour un hémisphère entier : elle s'écarte peu du nombre qui correspond à une reproduction parfaite. Le tracé central présente donc une foule d'avantages, parmi les- quels il faut compter en première ligne les suivants : il offre toujours en vraie grandeur le centre de la région reproduite, et il n'altère.pas l'orien- tation, par rapport à ce centre, d'un point quelconque de cette région. Toutes ces propriétés font du tracé central celui qui semble le mieux répon- dre aux besoins généraux de la géograpliie, et tel est, en effet, le but pratique que je me suis proposé dans ce travail. » ( i*'9 ) CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur le vin tourné; Note de M. J. Nicklès. (Commissaires désignés pour une communication récente de M. Béchamp, concernant le même sujet : MM. Balard, Peligot.) « Dans l'intéressant travail que M. Béchamp a soumis, dans l'avant-der- nière séance, à l'Académie [Comptes rendus, t. L1V, p. 1 148), ce chimiste con- state entre autres : i° que l'altération 'qui donne lieu au vin tourné est une cause d'augmentation de la potasse dans ce vin; 20 que le vin tourné con- tient de Vacide propionique. Le hut de la présente Note est de montrer que ces faits sont la conséquence d'un seul et même phénomène qui a été ca- ractérisé dès 1846 dans mou Mémoire intitulé : De la fermentation du tartre brut (Bévue scient, de Quesneville, décemhre 1846). » Le tartre brut des tonneaux ou bitartrate de potasse contient, en effet, tous les éléments nécessaires à la production de la potasse et celle d'un acide ayant la formule C6H604 de l'acide propionique ou de son isomère l'acide butyro-acétique (1), puisque, d'une part, l'acide tartrique est susceptible de fermenter et de donner lieu entre autres à un acide bouillant à i4o°et présentant la composition C°H604, ainsi que certaines propriétés dudit acide propionique, et que de l'autre, en se modifiant ainsi par voie de fer- mentation, le tartre brut rend au vin la potasse qu'il lui avait soustraite au moment de sa précipitation. » Admettre, comme le fait M. Béchamp, que l'acide provient de la glycérine est une hypothèse qui a son intérêt, mais qui n'explique pas l'ori- gine de l'excédant de potasse contenu dans le vin tourné, pas plus qu'elle ne rend compte de ce cpie devient l'acide tartrique lorsque le tartre dispa- raît au contact du vin ainsi altéré. La théorie que je propose, et qui, comme on le voit, est basée sur la fermentation de l'acide tartrique et sa transfor- mation en acide CcH60*, découle purement et simplement des faits et relie (1) Bien que présentant la composition de l'acide propionique, l'acide butyro-acétique ne lui est pas identique; j'ai fait voir dès l'origine ou'il dérive d'un groupement particulier des acides: byturique C'H'O', et acétique C II1 0(, et j'ai depuis prouvé le fait en préparant l'acide butyro-acétique par voie de synthèse (Journ. de Pharm. et de C/iim., t. XXXIII, p. 35i): C»H»0' + C,I1,0< = CH^O^a = C il'O1 Acide Acide Acide butyrique. acétique butyro-aeélique. i58.. ( 1220 ) entre eux, de la manière la plus satisfaisante, les trois résultats d'observa- tion consignés dans le travail qui nous occupe, savoir : » i° En présence du vin tourné, le tartre brut des tonneaux disparait peu à peu. » 20 Le vin tourné est plus riche en potasse que ne l'est le vin non tourné. » 3° Le vin tourné contient de l'acide propionique. » CHIMIE appliquée. — Observations sur la réponse qui a été faite à une réclamation de priorité ; extrait d'une Note deM. Maumené. « L'extrait qui a été imprimé dans les Comptes rendus (numéro du 5 mai) n'a pas rendu ma pensée. La phrase où il est dit que le brevet de M. Logeois « se confond tout à fait avec celui que M. Maumené lui-même a fait con- » naître », s'appliquait au procédé de MM. Possoz et Périer qui est identique au mien, comme ils l'ont reconnu eux-mêmes dans les coupures qu'ils ont faites successivement dans leurs certificats d'addition... Les brevets de MM. Possoz et Périer, pris sous les nos 4ooi4 et 4°926, seront ma seule ré- plique, si la Commission veut bien en prendre connaissance. » (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Pelouze, Payen.) M. Cabieu, à l'occasion d'une communication faite dans la précédente séance par .)/. A. Dumont, adresse une Note sur les eaux de Paris. « Je suis loin, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, d'avoir l'intention de critiquer le travail de M. Aristide Dumont; mais il me sera permis de faire remarquer que l'initiative de la proposition du filtrage des eaux par galeries souterraines ne lui appartient pas. Depuis longtemps, préoccupé de l'orga- nisation vicieuse du service des eaux de Paris, je trouvai une combinaison de filtre, en galeries souterraines, se nettoyant lui-même sans interrompre ses (onctions. J'avais même pris un brevet, non pour me créer un monopole, mais pour en généraliser la connaissance et l'usage — » Ce Mémoire est renvoyé à l'examen de la Commission nommée pour le travail de M. Dumont, Commission qui se compose de MM. Dupin, Le Verrier, Clapeyron, Daubrée et de M. le Maréchal Vaillant. M. MaAhisse adresse des Recherches sur la mortalité des enfants au-dessous de deux ans dans la ville de Bordeaux, et demande que ce travail soit adjoint ( 1221 ) à celui qu'il a présenté l'année précédente sur la statistique mortuaire pour la mèiue ville, c'est-à-dire qu'il soit compris clans le nombre des pièces ad- mises au concours pour le prix de Statistique de 1862. Dans le cas où, à raison de l'époque de sa présentation, ce dernier envoi ne pourrait faire partie des pièces de concours pour cette année , l'auteur demande qu'il soit renvoyé à l'examen de la Commission nommée pour un Mémoire de M. Bouchut sur la mortalité des enfants dans Paris. (Renvoi à l'examen de la Commission de Statistique, qui jugera si ce travail peut être considéré comme un appendice au précédent, qui avait été pré- senté longtemps avant la clôture du concours.) M. Bedeau soumet au jugement de l'Académie la description et la figure d'un compteur pour voitures de place. (Renvoi à l'examen de M. Morin.) CORRESPONDANCE . HISTOIRE NATURELLE. — Sur Information du limon du Nil et sur la constitution des lacs Natron de l'Egypte; observations de M. Méhédin, et analyses chi- miques de M. Willm. (Communication de M. Dumas.) « M. Dumas pense que l'Académie entendra avec intérêt la lecture d'une Lettre qui lui a été adressée par M. Méhédin, bien connu par de beaux tra- vaux photographiques exécutés en Crimée et dans d'autres pays intéres- sants. « Au mois d'avril et de mai, le kamsin ou vent du désert souffle pendant cinquante jours sur l'Egypte. Le sable qu'il apporte obscurcit le ciel et couvre la terre d'une légère couche, tandis que le sable qui tombe dans lt Nil va au fond, vu sa pesanteur. Au mois de juin, le calme se rétablit : le vent du nord commence à se lever chaque jour de plus en plus puissant. Il doit durer pendant presque tout l'été, et sans lui il serait difficile de vivre a cette époque en Egypte. Ce courant atmosphérique est-il occasionné par les pluies torrentielles qui tombent alors au Soudan et au delà? Je l'ignore. Mai-. toujours est-il que dès le Ier juillet on voit au Caire le ?sil grossir et changei de couleur ; de gris-vert il passe au jaune terreux, pour arriver bientôt à l'ocre jaune. Sa crue n'est pas régulière, il monte plus ou moins rapidement et baisse quelquefois momentanément. ( 1222 ) » Au rebours de tous les voyageurs qui profitent de l'hiver pour remon- ter le fleuve, je m'embarquai à Boulac le 5 juillet 1 860; j'arrivai à la seconde cataracte le 1 5 août et je redescendis à Thèbes où, le 10 septembre, je m'éta- blis pour plusieurs mois. J'ai donc eu occasion de bien voir l'inondation et d'en apprécier les immenses résultats agronomiques. C'est ce qui me donna l'idée de récolter quelques échantillons de ce limon. » Vers le 3o septembre l'inondation est à son apogée, et dans certains jours la vallée maintenue entre les deux chaînes libyque et arabique ne présente plus que l'aspect d'un interminable détroit semé de nombreuses îles. » En octobre, l'eau ayant pris décidément un mouvement de retraite, je vis la couche du limon déposé sur la terre. Il formait une croûte plus ou moins épaisse selon l'irrégularité et les pentes du terrain. En séchant au so- leil, elle se fendillait, se racornissait naturellement du côté de la chaleur. La couche de sable déposée sur la terre par le kamsin au mois de mai précé- dent, si légère qu'elle pût être, avait empêché l'adhérence de cette couche de limon au sol de l'année précédente, et la récolte des échantillons sem- blabes à celui que j'ai eu l'honneur de vous envoyer, devenait la chose la plus simple et la plus facile du inonde, sans aucune chance d'erreur. Aussi vous pouvez compter avoir sûrement entre vos mains le limon du Nil de l'inondation de 1860. » J'aurais pu recueillir plus de cinq cents couches de ce même limon, et ce dans leur ordre chronologique ; car, grâce au passage du kamsin qui vient chaque année aussi régulièrement que l'inondation du Nil, j'ai vu, alorsque le fleuve montait, de vastes éboulements de ses berges laissant à nu et au vif une coupe remarquablement lisible de ces terrains d'alluvion, et où chaque année est indiquée en caractères aussi clairs que peut l'être l'âge d'un chêne séculaire suivant sa coupe horizontale. » Ayant recueilli la couche déposée en forme de croûte sur la terre, j'ai complété sans plus de difficulté l'échantillon des matières roulées pendant l'inondation en jetant au plus fort du courant un seau qui a descendu jusqu'au fond et m'a ramené d'une profondeur de 10 à i5 mètres le sable que je vous adresse aujourd'hui, sable qui m'a paru, après plusieurs son- dages, former le fond général du fleuve et être en majeure partie le même que le kamsin soulève comme je l'ai dit plus haut et dont les nuages s'abat- tant sur le fleuve s'en vont au fond. » Enfin sur ma barque, où je n'avais d'autre boisson que l'eau boueuse qui roulait à mon bord, je la filtrais pour la rendre potable, et je vous en- voie aussi le résultat de cette opération, qui représente par conséquent la ( 1223 ) portion la plus légère du limon, puisqu'elle a été constamment prise à la surface des eaux, comme le sable a été recherché à la plus grande pro- fondeur. » J'ai pensé qu'il vous serait agréable d'analyser aussi l'eau et la terre formant le fond des lacs à natrou. Je vous envoie une bouteille contenant ces deux échantillons. L'eau a été recueillie au i5 novembre 18G0 (toujours à Tbèbes), c'est-à-dire à une époque où elle n'a point encore repris cette couleur rouge lie de vin qui la distingue pendant la majeure partie de l'année. » J'avais aussi récolté l'écume épaisse et grasse qui couvre ces lacs à cette époque. Je la filtrai sur du papier où elle perdit les couleurs rouge, bleue, blanche, violette qui la marbraient sur toute la surface, et elle prit en séchant une teinte uniforme (vert feuille de chêne). » Mais sa nature pestilentielle m'a obligé de m'en débarrasser. Elle con- tenait un genre d'insectes assez curieux. » L'échantillon qui se trouve dans le vase poreux est une terre stérile qui par-ci par-là forme de petites oasis toujours humides, incultes et dé- solées au milieu de la terre féconde et chaude de la vallée. » J'ai dit stérile, c'est à tort : il y pousse une espèce de plante grasse épi- neuse, qui vient également aux alentours des lacs à natron, ce qui m'a fait supposer que le niveau des eaux de soude naturelle étant quelquefois infé- rieur à la surface du sol, la nappe invisible manifestait encore sa présence, grâce à la capillarité des terrains supérieurs. Enfin comme dernière et utile remarque, tout ce que j'ai eu l'honneur de vous faire remettre a été recueilli dans la plaine, aujourd'hui nivelée, où s'élevait, d'après les historiens, la fameuse Thèbes aux cent portes, opinion sur laquelle un observateur qui voit la place trouve beaucoup à redire. » Parmi les échantillons qui m'ont été remis par M. Méhédin, ajoute M. Dumas, ceux qui concernaient le limon du Nil ont été confiés à M. Ilervé- Mangon, qui avait eu déjà l'occasion d'analyser des produits semblables et qui s'est chargé d'en effectuer l'analyse. Mon attention s'est portée plus particulièrement sur l'eau des lacs Natron, qui n'a été jusqu'ici l'objet d'aucune analyse exacte. Elle a été étudiée avec soin, sous mes yeux et dans mon laboratoire, par M. Willm. Voici les résultats de cette analyse, qui appellera, sans doute, sur ces lacs l'attention des observateurs placés sur les lieux; car elle montre qu'ils dif- fèrent en quelques points essentiels de tous les lacs à natron dont l'eau a été jusqu'ici soumise à l'analyse : ( 122/f ) Composition de l'eau des lacs Natron , par litre. te Carbonate de chaux o,3j5 Carbonate de magnésie o,53i Carbonate de soude i , 3^3 Chlorure de sodium i , 798 Silice 0,057 Alumine et peroxyde de fer o,o63 Matières organiques et pertes 0,210 Poids du résidu salin par litre. . . . 4>4°7 Composition de la vase des lacs Natron. Perte a u feu 6 , 69 Azote 0,11 Silice (quartz, mica} 71- ,20 Alumine et oxyde de fer ; . . 1 1 , 1 5 Acide phosphorique o,65 Chaux 1 , 90 Magnésie o , 20 Soude o , 3o Acide chlorhydrique et autres matières non dosées (par différence) 1 ,80 100,00 Composition de la terre nvoisinant les lacs TSatron. Matière organique, moins l'azote '4>7^ Acide carbonique uni à la soude 1 , 29 Azote . o , 26 Silice 5i,35 Alumine et peroxyde de fer 9562 Acide phosphorique o , 58 Chaux ( combinée à de l'acide silicique) 1 ,4° Sulfate de chaux 3, 91 Chlorure de sodium i3,45 Chlorure de magnésium 1 ,3fi Chlorure de calcium °>42 Soude à l'état de carbonate 1,82 100, 2r La potasse manque presque totalement dans tous ces échantillons; l'ana- lyse spectrale n'en indique que des traces. On remarquera l'absence de sulfates dans l'eau des lacs Natron. On n'y a en outre trouvé ni brome, ni iode, ni acide nitrique. Toutefois, comme on n'a pu disposer que d'un tiers de litre environ de cette eau, il est possibleque l'analyse opérée sur une plus grande masse vînt modifier ces résultats. » ( 1225 ) CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la série toluique; par M. S. Caxxizzaro. « Dans une Note que j'ai publiée précédemment sur les deux acides to- luiques isomères, j'ai dit que l'acide alphatoluique produit par le cyanure de benzyle n'était pas le véritable bomologue de l'acide benzoïque. Je fon- dais mon opinion sur les caractères de l'aldéhyde qu'on obtient avec l'acide alphatoluique. Je puis à présent ajouter que l'acide nitrique, par son action sur cet aldéhyde^ fournit un acide qui n'appartient pas à la série toluiqne. Cedernier contient, en effet, €7 et paraît être un mélange d'acides benzoïque et nitrobenzoïque. Si l'on rapproche ce fait de celui qu'ont observé MM. Strec- ker et Moeller, c'est-à-dire la transformation de l'acide alphatoluique même en aldéhyde benzoïque, nous sommes conduit à cette conclusion que l'acide alphatoluique n'est pas sorti de la série benzoïque. » Dans l'état actuel de la science, il nous manque donc tout moyen de passer de cette série a l'homologue supérieure. M. Rossi est arrivé de son côté aune conclusion analogue par l'examen de l'acide qu'il a obtenu avec le cyanure decuminyle. Cet acide ne paraît pas être sorti de la série cumi- nique. » Je me propose de continuer l'examen de la loi des cyanures des radicaux alcooliques. Je me bornerai pour le moment à exposer le résultat d'expé- riences qui démontrent que le véritable homologue de l'acide benzoïque est l'acide toluique de Noad qu'on obtient par l'action de l'acide nitrique étendu sur le cymène. L'acide toluique de Noad diffère de l'acide alphatoluique par la solubilité, la cristallisation et le point de fusion; il ne parait pas différer beaucoup par le point d'ébullition. J'ai déterminé le point de fusion de l'acide toluique : il est placé entre 770 et 790; l'acide alphatoluique fond à 76°,5. » J'ai trouvé pour la température d'ébullition de l'acide toluique le nom- bre fixe de 2640. » Dans des conditions tout à fait identiques, l'acide alphatoluique parait bouillir à deux ou trois degrés au-dessous. » Quand j'aurai une plus grande quantité des deux acides, je comparerai avec une plus grande précision les deux points d'ébullition. » La différence de constitution des deux acides se révèle mieux en les transformant dans leurs aldéhydes correspondants. J'ai déjà dit que l'aldé- hyde alphatoluique obtenu par la méthode de Piria n'a rien d'analogue avec C. R., 1862, i« Semestre. (T. I.IV, N° 25.) * $9 ( 1226 ) l'aldéhyde benzoïque; au contraire, l'aldéhyde qu'on obtient par la même méthode de l'acide toluique de Noad se comporte comme le véritable ho- mologue de l'essence d'amandes amères. En effet, en distillant un mélange de toluate et de formiate de chaux, on obtient une huile contenant une ma- tière qui se combine au bisulfite de soude en produisant un corps bien cristallisé. » En isolant ce composé, le dissolvant dans l'eau chaude et en traitant la solution par un carbonate alcalin, il vient nager une huile incolore qui est le véritable aldéhyde toluique G8H80. » Cet aldéhyde possède une odeur poivrée, il bout sans décomposition à la température fixe de 20/4°. Au contact de l'air il se transforme en acide to- luique aussi rapidement que l'essence d'amandes amères en acide ben- zoïque. » Traité par une solution alcoolique de potasse, il se transforme en to- luate potassique et en alcool toluique. L'acide toluique qu'on obtient de son sel potassique ainsi formé possède la même composition, le même point de fusion et d'ébullition que l'acide toluique de Noad; mais il présente la lé- gère différence de cristalliser par évaporation de la solution alcoolique en gros cristaux durs, tandis que l'acide toluique de Noad, quoique épuré par des cristallisations réitérées, ne donne jamais que des aiguilles minces et flexibles. » L'alcool toluique G8H,0Gt que je me suis procuré par le traitement de l'aldéhyde avec la solution alcoolique de potasse, a été purifié par la pres- sion entre le papier et des distillations réitérées. Il présente les caractères suivants. C'est un corps blanc, cristallisé en aiguilles; il fond entre 58°,5 et 5o,°,5; il bout sans décomposition à une température fixe de 21 7'1. Il est peu soluble dans l'eau froide, un peu plus dans l'eau bouillante. 11 se dépose, par le refroidissement de cette solution, d'abord en petites gouttes huileuses qui se prennent ensuite en fines aiguilles. Il est très-soluble dans l'alcool et dans l'éther. » L'alcool toluique chauffé modérément avec l'acide nitrique ordinaire se change en aldéhyde toluique qu'on épure en le combinant avec le bisul- fite de soude. » L'alcool toluique fondu, soumis à l'action d'un courant de gaz chlor- hydrique, donne de l'eau et une huile qui est l'éther toluochlorhydrique ou chlorure de toluyle G"H9C1. Cette réaction est représentée pai l'équation G9H10O + H Cl = G8H9C1 4- HsO. ( li27 ) » J'ai soumis cet éther €"H5C1 à l'action du cyanure de potassium en solu- tion alcoolique dans des tubes fermés au bain-marie : il s'est formé du chlo- rure potassique. En évaporant l'alcool et en ajoutant de l'eau, il s'est séparé une huile qui doit être le cyanure de toluyle €8H9Cy. Sans m'arrêter à l'exa- men des'caractères de ce composé, je l'ai soumis à l'action d'une solution alcoolique de potasse au bain-marie, en faisant retomber clans le ballon l'alcool évaporé et condensé. Dès que le dégagement de l'ammoniaque a cessé, j'ai ajouté de l'eau, évaporé la plus grande partie de l'alcool, puis filtré la solution alcaline, à laquelle j'ai finalement ajouté de l'acide chlor- hydrique; il s'est précipité un acide G9H10O% qui est l'homologue supérieur de l'acide alphatoluique. » Il résulte des expériences que je viens d'exposer sommairement que l'a- cide toluique de Noad, l'aldéhyde et l'alcool toluique qu'on obtient en par- tant de cet acide, sont les termes homologues de l'acide, l'aldéhyde et l'al- cool benzoique, mais qu'il reste toujours à résoudre, an moins dans les séries aromatiques, le problème de passer d'une série à celle homologue supé- rieure, la méthode des cyanures des radicaux élant incapable de conduire à ce but. » CHIMIE. — Recherches sur les acides anhydres; par 51. H. Gal. « 11 y a quelque temps déjà j'eus l'honneur d'annoncer à l'Académie que l'acide acétique anhydre se dédoublait, sous l'influence du chlore et d'une température de ioo°, en chlorure d'acétyle et en acide monochloracétique ; qu'il me soit permis aujourd'hui de lui communiquer la suite de ces recherches. » Le brome agit sur l'acide acétique anhydre même à froid; le mélange abandonné à lui-même ne tarde pas à s'échauffer et se décolore au bout de quelques minutes. Si l'on chauffe à ioo° dans des tubes scellés à la lampe 2 équivalents de brome sec pour i équivalent d'acide acétique anhydre, l'action s'effectue presque instantanément et l'on observe bientôt une dé- coloration complète. Si l'on distille alors au bain-marie le contenu des tubes dans un courant d'acide carbonique, il passe une partie liquide bouillant à 8i° et présentant tous les caractères du bromure d'acétyle, tandis que la portion qui reste dans la cornue cristallise par le refroidisse- ment et présente la composition de l'acide monobromacétique, ainsi que le démontre l'analyse. » Le brome agit donc d'une manière analogue au chlore et détermine le i59.. ( 1228 ) dédoublement de l'acide acétique anhydre en bromure d'acétyle et en acide monobromacétique. L'équation suivante rend parfaitement compte de cette réaction : C H6 0° -f- 2 Br = C4 H3 O2 Br + C4 II3 O4 Br. » De cette expérience on peut, par analogie, penser que le brome et le chlore détermineraient un dédoublement semblable dans tous les acides de- là même série. » J'ai cru devoir aussi rechercher l'action de ces corps sur l'acide benzoïque anhydre. J'ai constaté que, comme précédemment, 2 équivalents de brome étaient absorbés par i équivalent d'acide anhydre sans dégagement de gaz bromhydrique; j'ai reconnu parfaitement l'odeur caractéristique du bro- mure de benzoyle, mais je n'ai pu déterminer jusqu'à.présent d'une manière complète la séparation du bromure de benzoyle et de l'acide bromoben- zoique qui se sont probablement formés. » Cette action du chlore et du brome sur les acides anhydres est telle- ment en dehors des résultats que l'on pouvait prévoir, qu'il m'a paru né- cessaire de lui donner une confirmation. » J'ai trouvé celle-ci dans l'action du gaz chlorhydrique sec sur l'acide acétique anhydre. Sous l'influence de ce gaz, ce corps se dédouble en acide acétique cristallisable et en chlorure d'acétyle. La réaction est des plus nettes; le produit soumis à la distillation commence à bouillir à 55°, la température s'élève régulièrement jusqu'à iao°où elle reste constante. De la première partie qui a distillé on sépare facilement le chlorure d'acétyle que l'on reconnaît à ses caractères. Quant à la portion qui a passé à 1200, c'est de l'acide acétique cristallisable; elle s'est solidifiée dans de la glace, et l'analyse lui a assigné la formule C4 H4 O4. » Cette réaction peut être représentée par l'équation suivante : C8 IIe 0° + H Cl = C4 H3 O- Cl = C4 II4 O4. » Je ferai remarquer que ces expériences, où le chlore se comporte exac- tement de la même manière que le chlorure d'hydrogène, sont un nouvel argument en faveur des idées de Cerhardt, qui voulait qu'on considérât ce corps simple à l'état libre comme du chlorure de chlore. » Une autre remarque est celle-ci : c'est que les acides anhydres se com- portent avec le chlore, le brome et l'acide chlorhydrique, comme s'ils étaient formés par la combinaison de deux radicaux. Ainsi l'acide acétique anhydre donne avec le chlore du chlorure d'acétyle et de l'acide mono- ( 1229 ) chloracétique, quel'on pourrait peut-être considérer comme du chlorure de glycollyle en s'appuyant sur l'action si nette qu'exerce sur ce corps une dissolution bouillante de potasse caustique. •< Ces recherches que j'ai entreprises sur l'étude des acides anhydres ont été exécutées au laboratoire de M. Cahours, à l'École Polytechnique, et sous son inspiration ; qu'il me soit permis de lui en témoigner ici ma recon- naissance. » CHIMIE Organique. — Sur les trois derniers termes de la série des bromures d'élhylènes bromes; par M. Reboul. « M. Sawitsch a vu que lorsqu'on décompose le bromure d'éthylene brome C*HBr, Br2 par une dissolution alcoolique de potasse, il se dédouhle en acide bromhydrique qui reste fixé par l'alcali et en éthylène bibromé; qu'il se forme en outre un produit volatil spontanément inflammable, de nature inconnue, ainsi qu'une petite quantité d'un corps appartenant à la série de l'acétylène, puisque les vapeurs qui se dégagent pendant la réaction donnent, lorsqu'on les dirige à travers une solution ammoniacale d'oxydule de cuivre, un précipité rouge foncé ressemblant par ses propriétés à l'acé- tylène cuivreux (i). J'ai été amené à étudier la réaction qui donne naissance à ce corps. Si l'on fait tomber goutte à goutte du bromure d'érylène brome dans un excès d'une solution alcoolique bouillante de potasse, on obtient une notable quantité d'un gaz qu'on peut recueillir sur le mercure et pur- ger d'acide carbonique au moyen de la potasse. i8 centimètres cubes de bromure donnent environ iht,5o d'un produit gazeux spontanément in- flammable quand il arrive au contact de l'air en masse un peu considé- rable, totalement absorbable par une solution ammoniacale de protochlo- rure de cuivre ou par le nitrate d'argent ammoniacal. Ce* gaz n'est qu'un mélange d'acétylène et d'un nouveau composé, gazeux a la température ordi- naire, s'enflammant à l'air à la façon de l'hydrogène prosphoré et qui n'est autre que l'acétylène brome. La tendance qu'ont l'acétylène et son dérive brome à repasser dans la série de l'éthylène, d'où ils proviennent, est telle, qu'il suffit de les mettre en contact avec un excès de brome pour qu'ils eu fixent immédiatement 4 atomes en donnant naissance du premier coup aux deux avant-derniers termes de la série des bromures d'élhylènes bromes, c'est-à-dire aux deux composés nouveaux C"H2P.r2,lV et C4HBr%Bra. ( I23o ) » Lorsqu'on fait passer le mélange gazeux obtenu et lavé comme je viens de le dire, à travers du brome placé sous une couche d'eau dans un tube entouré d'eau froide, le liquide résultant de l'absorption du gaz par le brome laisse bientôt déposer, si la température est assez basse, un produit cristallisé abondant, qu'on purifie en le faisant recristalliser dans l'alcool. Ce corps est du bromure d'éthylène tribromé C*HBr3, Br2. » C'est un corps d'une odeur camphrée, fusible vers 48 à 5o° comme le protobromure de carbone; mais tandis que celui-ci cristallise de sa solu- tion alcoolique sous forme d'écaillés nacrées, l'autre cristallise en aiguilles soyeuses enchevêtrées de sa solution alcoolique bouillante, sous forme de beaux prismes qui atteignent près de i centimètre de longueur, si l'on a recours à l'évaporation spontanée. En outre la chaleur le décompose, tandis qu'elle volatilise le protobromure. Il est insoluble dans l'eau, aisément soluble dans l'alcool et l'éther, surtout bouillants. » Le produit liquide qui surnage le bromure d'éthylène tribromé qu'il a laissé déposer, n'est qu'une dissolution de ce corps dans du bromure d'éthylène bibromé qui est liquide et qui se dissout avec la plus grande facilité. » L'explication de ces faits devient facile si l'on remarque que dans l'acé- tylène comme dans son dérivé brome les affinités du groupe C ne sont point satisfaites. Pour qu'elles le soient, il faut qu'il y ait fixation de 4 atomes de brome, d'où résultent directement le bromure d'éthylène bibromé C*Il2Br2, Br2 pour le premier, le bromure d'éthylène bibromé C*IIBr3,Br2 pour le second. » Si l'on fait passer du gaz acétylène pur dans du brome, on n'obtient que le premier des deux bromures sans traces du second. Dans ce dernier cas pourtant le bromure d'éthylène bibromé abandonne, au moment où l'excès de brome va disparaître, une quantité extrêmement faible d'un produit cristallisé en lames très-minces, insoluble dans ce bromure, infusible à ioo°, volatil, qui n'est ni du protobromure, ni du sesquibromure de carbone, ni du bromure d'éthylène tribromé. J'en ai eu trop peu à ma disposition pour en faire une analyse, mais je compte y revenir plus tard. » Il est plus commode de préparer le bromure d'éthylène bibromé par l'action directe du brome sur l'éthylène bibromé (bouillant à 88"). C'est un liquide d'une densité 2,88 à 22", insoluble dans l'eau, se décomposant en ( ia3l ) partie à la distillation en donnant des vapeurs de brome et d'acide brom hy- drique. » Ainsi, lorsque le brome en excès agit sur l'acétylène et sur son dérivé brome, 4 atonies du premier se fixent sur i atome de chacun des deux car- bures:, l'action est complète, mais elle s'arrète-là. » Mais vient-on à chauffer en tubes clos à ioo° pendant quinze à vingt heures, ou mieux pendant quelques heures à 1800, soit du bromure d'éthy- lène tribromé, soit un mélange de celui-ci et du bromure d'éthylène bibromé avec du brome et de l'eau, il se forme de l'acide bromhydrique, et l'on trouve au fond du tube, après refroidissement, des cristaux infusibles à ioo° de sesquibromure de carbone. Le liquide restant encore riche en brome, abandonné à l'évaporation spontanée pour chasser celui-ci, laisse déposer un mélange de sesquibromure de carbone et de bromure d'éthylène tri- bromé. » Ce dernier terme de la série est un corps peu soluble dans l'alcool et dans l'éther même bouillants, mais il se dissout aisément dans le sulfure de carbone, qui l'abandonne sous forme d'assez gros cristaux transparents et durs qui sont des prismes droits à base rectangle, biselés sur deux des arêtes de la base et latéralement en croix sur les arêtes des pans. » Soumis à l'action de la chaleur, le bromure d'étylène perbromé C*Br6 se détruit vers 200-2 io° avant de fondre, et dédouble en brome et proto- bromure C4Br\ fusible et volatil. Celui-ci, chauffé avec du brome en tube clos et à ioo°, se transforme intégralement en sesquibromure. Sous le double rapport de sa forme cristalline et de ses propriétés principales, ce corps offre donc le parallélisme le plus complet avec son homologue chloré (1). » PHYSIQUE. — Note sur le rôle que remplit la partie centrale du noyau de fer des électro-aimants par rapport à l'attraction qu'ils exercent; par M. Cil. DU MOXCEL. « Ayant constaté depuis longtemps qu'avec des courants de faible in- tensité la force attractive des électro-aimants n'est pas en rapport avec l'accroissement de diamètre des noyaux de fer, et ayant remarqué d'un autre côté que les électro-aimants dont le noyau de fer est creux ont une force relativement très-énergique, j'ai voulu me rendre compte du rôle que (1) Cette Note a été adressée à M. Dumas dans une Lettre en date du 16 mai 1862. [Note de M. Dumas.) ( ia32 ) pouvait remplir la partie centrale de ces noyaux de fer par rapport au phé- nomène de l'attraction exercée par eux. Dans ce but j'ai fait construire un électro-aimant pouvant être formé de toutes pièces et ayant des noyaux de rechange constitués, l'un par un cylindre de fer plein, un autre par un tube de fer du même diamètre, enfin le troisième par le canon de fer précédent rempli par un cylindre de fer plein de plus petit diamètre. Le premier cylindre avait 7 centimètres de longueur sur i4 millimètres de diamètre ; le second cylindre, de mêmes dimensions d'ailleurs que le précédent, pré- sentait une épaisseur de canon de 1 millimètres. Enfin le troisième cylindre, placé à l'intérieur de ce dernier, avait 9 -i- millimètres de diamètre. La bo- bine recouvrant ces divers noyaux était munie d'une hélice de 3 kilomètres de résistance (fil télégraphique de l\ millimètres), en fil fin (n° 16). )> Une première série d'expériences faites avec l'électro-aimant simple et une pile de 20 éléments Daniell (petit modèle) m'a donné les résultats suivants : i° Avec le cylindre de fer plein : à 1 millimètre de distance 5o grammes. à 2 » » ... 20 à3 » » 9 20 Avec le cylindre creux : ,1 1 millimètre de distance 3 1 à 2 « » • I2 à 3 » >• 5 3" Avec le cylindre précédent muni des cylindres de 9 millimètres : à 1 millimètre de distance 4^> à 2 » » '7 à 3 » » 7 d II résulte de ces expériences que les électro-aimants ayant un noyau creux sont plus faibles que les électro-aimants ayant un noyau plein, et que pour rendre l'énergie de ces électro-aimants à peu près la même, il suffit d'introduire à l'intérieur des noyaux creux des cylindres de fer. Cette conclusion ne me paraissant pas expliquer les observations que j'avais eu occasion de faire, j'ai voulu m'assurer si la faiblesse d'action des noyaux creux ne provenait pas uniquement de la petitesse de la surface polaire exerrant l'attraction, et pour y arriver j'ai fait scier en deux le cylindre ad- ditionnel de 9 millimètres de diamètre, de manière à avoir un bout de ( 1233 ) 5 millimètres seulement de longueur et un autre bout de 65 millimètres. » En appliquant le plus petit de ces deux bouts à l'extrémité du noyau destiné à fournir l'attraction, et en répétant ensuite les expériences précé- dentes, je suis arrivé aux résultats suivants (avec une pile un peu plus faible que la précédente) : i° Avec le cylindre de fer plein : à i millimètre de distance 38 grammes. à a » .. ! 3 à 3 » » ,£ 2° Avec le canon de fer : à i millimètre de distance 25 à 2 » » 8 à 3 •> » 2 3° Avec le canon de fer muni du cylindre de fer de 5 millimètres de longueur : à i millimètre de distance 3^ à 2 » » 1 3 à 3 » » 4 4° Avec le canon de fer muni du cylindre de 65 millimètres placé à 5 milli- mètres au-dessous de la surface polaire : à i millimètre de distance 25 à 2 » » 8 à 3 » >> 2 » Ces résultats très-curieux ont éclairé complètement la question, car ils montrent qu'effectivement la force attractive plus considérable que four- nissent les noyaux de fer plein est indépendante de la masse du fer, mais tient uniquement à ce que la surface polaire qui exerce l'attraction est plus développée. Nous voyons en effet que l'intervention du cylindre de fer de 65 millimètres n'exerce aucune influence sur l'attraction, des lors que celui-ci ne correspond pas à la surface polaire, car cette attraction est de 25 grammes avec le canon vide comme avec le canon muni du cylindre de 65 millimètres. » Au contraire, nous voyons qu'un simple disque de fer de 5 millimè- tres de longueur placé à la hauteur de la surface polaire a suffi pour rendre la force attractive du canon de fer égale à celle du cylindre plein, c'est-a- dire pour l'augmenter de près d'un tiers. Ainsi l'action delà partie centrale du novau de fer des électro-aimants, relativement à l'attraction produite, C. B., 1862, ["Semestre ( T. LIV, N° 93.) 'DO ( 1^34 ) peut être considérée comme nulle, sauf clans le voisinage des surfaces po- laires, où elle n'a d'autre rôle que de contribuer à lenr développement. » Ces effets du reste ne sont pas le propre des électro-aimants droits, on les retrouve peut-être encore plus marqués avec les électro-aimants à deux branches, ou avec les électro-aimants droits surexcités par l'addition d'une masse de fer au pôle libre. Ainsi l'électro-aimant précédent ayant été con- verti en électro aimant boiteux, la force attractive du pôle essayé primiti- vement s'est trouvée augmentée delà manière suivante : i° Avec le canon muni du bouchon de fer : à 1 millimètre de distance attractive o3 grammes. à 2 » » 38 à 3 » » 20 2° Avec le canon sans bouchon de fer : à i millimètre de distance 66 à 2 » » 28 à 3 » » 1 5 » La conclusion pratique de ces expériences, c'est que, quand on recherche des effets de iorce attractive, il faut que les surfaces polaires destinées à réagir sur l'armature soient situées le plus près possible de la surface inférieure de cette armature, et occupent toute la section du noyau magnétisé : par con- séquent les électro-aimants dont les pôles sont en biseau, en pointe ou en dos d'âne, ne doivent pas être employés dans les applications mécaniques de l'électricité. Par contre, des canons de fer peuvent être substitués aux cylindres, pourvu que les extrémités polaires soient terminées par des dis- ques de fer. Cette substitution ne pourrait du reste avoir d'avantages réels que pour les gros électro-aimants. 1- M. Diday, délégué de la Commission pour l'exécution du monument élevé par souscription à la mémoire de feu M. .4. Bonnet, annonce que l'inauguration de ce monument aura lieu à Lyon le 2 juillet prochain. La Commission verrait avec bonheur l'Académie des Sciences, qui comptait AI. Monnet au nombre de ses Correspondants, représentée par un de ses Membres à cette solennité. M. Liim \F!i m, transmet une Lettre de l'auteur d'un Mémoire adressé au concours pour le prix Hordin de i86t, question concernant les vaisseaux du latex. Le prix n'avait pas élé décerné; mais le Mémoire en question, le ( ia35 ) seul qui eût été présenté, avait été jugé digne d'une mention très-honoruble. L'auteur demande l'autorisation de le reprendre et, dans le cas où les règle- ments de l'Académie ne permettraient pas que le manuscrit lui fût rendu, il espère qu'il pourra rentrer en possession des figures et des préparations nombreuses qui accompagnaient le texte. Cette demande est renvoyée à l'examen de la Commission qui a fait le Rapport sur le concours de 1861, Commission composée de MM. Bron- gniart, Decaisne, Moquin-Tandon, Tulasne et Duchartre. M. Mène adresse une Note relative à un passage qui le concerne dans un Mémoire de M. Fournet, imprimé au Compte rendu de la séance du 26 mai dernier. » D'après ce passage, dit M. Mène, on pourrait supposer que j'ai inventé l'analyse du minéral auquel j'ai donné le nom de Fournetite, et que le gîte de Monsol n'a jamais renfermé les échantillons dont j'ai parlé. Ce n'est pas sans doute l'intention de AI. Fournet de porter contre moi une telle accusa- tion; mais, comme il m'importe que l'Académie ne conserve pas le moindre soupçon sur ma loyauté scientifique, je demande la permission de mettre sous ses yeux la copie de deux Lettres qui se rapportent à ce sujet, et qui m'ont été adressées l'une par M. Sanlaviile, directeur exploitant des mines de Monsol (ier novembre i8r>o), l'autre par M. Fournet lui-même. » M. W. Roberts demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mé- moire sur quelques systèmes de surfaces orthogonales qu'il avait précédem- ment adressé et qui ne put, à raison de son étendue, être imprimé dans les Comptes rendus. M. A. Zmurka, professeur de Mathématiques à l'Académie polv technique de Lemberg-Léopol(Gallicie), annonce l'intention de soumettre au jugement de l'Académie un travail sur des « instruments de mathématiques avec lesquels on pourra, dit-il, tracer d'un mouvement continu la parabole, l'hyperbole et l'ellipse avec la même facilité et la même précision qu'on trace une ligne droite avec la règle et un cercle avec le compas. » M. Zmurka, dont la Lettre est écrite en français, ne croit pas cependant pouvoir présenter avec assez de clarté, dans cette langue, les idées qu'il désire soumettre au jugement de l'Académie; il souhaiterait qu'il lui fût permis de les produire en polonais ou au moins en allemand. Il envo»e sous le même pli la préface d'un Traité ( i236 ) de Mathématiques dont il vient de faire paraître le second volume à Lemberg. La Lettre et l'imprimé, qui est en langue polonaise, sont renvoyés à I examen de M. Poncelet. M. Mathieu (de la Drôme), dans une Lettre accompagnant l'envoi d'un opuscule intitulé : « De la prédiction du temps », dit que celte publication, si elle ne provoque aucune réclamation de priorité, lui permettra de retirer divers paquets cacbetés dont l'Académie a'bien voulu accepter le dépôt.' L'auteur pourra toujours reprendre, quand il le voudra, les paquets cachetés qu'il a déposés, et l'Académie n'a point à s'occuper des questions de priorité que pourrait soulever l'opuscule qu'il vient de faire paraître. A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. M. Milne Edwards présente, au nom de la Section d'Anatomie et de Zoologie, la liste suivante de candidats pour la chaire d'Entomologie vacante au Muséum d'Histoire naturelle : En première ligne. . . M. Blanchard, Membre de l'Académie. En seconde ligne. . . M. Lucas, aide-naturaliste au Muséum. Les titres de ces candidats sont exposés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 9 juin 1862 les ouvrages dont voici les titres : Du rouissage du lin, du chanvre, de l'ortie de Chine, et autres textiles , rendu manufacturier et satubre ; par M. L. Terwangne. Lille, 1862; demi-feuille in-8°. Denkschriftî'u... Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de Vienne, classe des Sciences mathématiques et des Sciences naturelles; XXe volume. Vienne, 1862; vol. in-4°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 25 JUIN 1862. PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président de l'Institut rappelle que la prochaine séance trimes- trielle doit avoir lieu le 2 juillet, et la séance publique annuelle au i5 août; il invite en conséquence l'Académie des Sciences à procéder au choix des lecteurs qui devront la représenter dans ces séances. M. le Président de l'Académie annonce que le tome LUI des Comptes rendus hebdomadaires est en distribution au Secrétariat. PHYSIQUE. — Recherches sur les modifications que subit la vitesse de la lumière dans le verre et plusieurs autres corps solides sous l'influence de la chaleur, par M. H. Fizeau. « Ce travail devant être inséré prochainement dans les Annales de Chimie et de Physique, on en donnera seulement ici une analyse sommaire. » Dans la première partie sont rapportées plusieurs expériences relatives à des phénomènes d'interférence, observés avec la lumière jaune émise par la lampe monochromatique. » En faisant l'expérience des anneaux de Newton avec cette lumière, on a pu éloigner à une distance de près de 1 5 millimètres les deux surfaces de C. R., 1862, 1er Semesoe. (T. LIV, N° 24.) '"I ( 1238 ) verre entre lesquelles se produisent les interférences, et dans de telles cir- constances on a pu encore constater l'existence d'anneaux bien visibles. La différence de marcbe entre les deux rayons était alors d'environ 5oooo ondulations. Des observations semblables peuvent être faites avec desglaces de verre dont les faces sont sensiblement parallèles, et en observant dans une direction perpendiculaire la lumière réfléchie à leurs surfaces, on peut y voir des franges d'interférence fort belles, alors même que l'épaisseur du verre atteint jusqu'à 10 millimètres. » Dans ces circonstances on remarque que la température exerce une action très-marquée sur la situation des franges, en sorte qu'en échauffant le verre d'un certain nombre de degrés, on voit les franges se déplacer à sa surface d'une quantité proportionnelle aux excès de la température. Ce dé- placement, qui peut être mesuré avec précision, doit être rapporté à deux modes d'action de la chaleur bien distincts : d'abord à la dilatation qui augmente l'épaisseur de la lame et par conséquent la différence de marche entre les deux rayons; ensuite à une modification dans la vitesse de la lu- mière et par conséquent dans l'indice de réfraction. Maison peut, connais- sant le coefficient de dilatation du verre et la température, chercher par le calcul de combien les franges doivent être déplacées par cette seule cause, et comparer ensuite le résultat du calcul à celui de l'observation. » On a ainsi les éléments nécessaires pour décider si l'indice de réfrac- tion est modifié par la chaleur et pour évaluer numériquement la modifi- cation qui peut se produire. » 11 résulte de là une méthode qui s'applique sans difficultés à tous les corps solides transparents, susceptibles d'être taillés en lames à faces pa- rallèles. » La seconde partie du Mémoire renferme les résultats de plusieurs séries d'expériences faites avec des substances de diverse nature, le verre, le crown, le flint ordinaire, un flint plus dense, le spath fluor et le spath d'Islande. » On a constaté que l'indice de réfraction du verre ordinaire augmente un peu, mais d'une manière très-lente, à mesure que la température s'élève, résultat qui s'accordeavec les recherches antérieures d'Arago et de M. New- mann. Avec le crown , l'indice n'a paru subir aucun changement sen- sible. » Avec le flint ordinaire il y a un accroissement très-notable de l'indice; enfin avec le flint lourd, l'accroissement est plus grand encore. » Le spath fluor possède la propriété singulière de présenter un indice de réfraction qui diminue d'une manière très-marquée lorsque la température ( i23g ) s'élève; c'est le seul corps solide, parmi ceux qui ont été examinés jusqu'ici, qui se comporte de cette manière. Cette propriété lui est commune avec tous les liquides et les gaz. » Enfin le spath d'Islande a présenté des phénomènes intéressants, en rapport avec les changements remarquables que la chaleur occasionne dans la forme de ses cristaux et dans l'intensité de sa double réfraction, d'après les recherches de M. Mitscherlich. On a pu reconnaître et mesurer les effets produits par la chaleur sur les deux indices de réfraction, et tirer aussi des mêmes expériences cerlaines conséquences relatives aux phénomènes de dilatation si singuliers dans ce cristal. » PHYSIQUE terrestre. — De la température dans les couches injérieures de l'air (cinquième Mémoire); par M. Becquerel. (Extrait par l'auteur. J « M. Becquerel s'est proposé dans son Mémoire de présenter le résumé des observations de température de l'air qu'il a faites, du Ier juin 1860 au ier juin 1862, au Jardin des Plantes, en s'attachant surtout à montrer que cette température, dans les couches inférieures de l'atmosphère, dépend, comme on le sait, non-seulement du rayonnement terrestre et du rayonne- ment céleste, mais encore du rayonnement direct du soleil. Il a rappelé en commençant comment les sols agissent, suivant leur nature et leur état phy- sique, pour élever ou abaisser la température jusqu'à une certaine hauteur, quand ils sont échauffés par le rayonnement solaire ou refroidis par le rayon- nement nocturne. » On sait, d'après Schubler, que si l'on représente par 100 la faculté que possède le sable calcaire de retenir la chaleur, faculté qui dépend de ses pouvoirs rayonnants, absorbants, émissifs et conducteurs, on a : Pour le sable siliceux g5 ,6 Pour la terre calcaire arable 74 > 5 Pour la terre arj^leuse 68,4 Pour la terre de jardin 64,8 Pour l'humus 49 >° » L'humus, possédant une faculté moitié moindre que celle du sable cal- caire, se refroidit en moitié moins de temps que ce dernier. La grosseur des parties doit être prise en considération : toutes choses égales d'ailleurs, les sables siliceux et calcaires comparés à volumes égaux aux différentes terres ileuses ou calcaires en poudre fine, à l'humus, à la terre arable et à la ai 161.. ( 1240 ) Une de jardin, sont les sols qui paraissent conduire le moins bien la chaleur. C'est pour ce motif que les terrains sablonneux en élé, pendant la nuit, con- servent une température plus élevée que les autrps terres. » Une terre recouverte de cailloux siliceux se refroidit encore plus lente- ment que les sables siliceux, ce qui explique pourquoi elle convient mieux à la culture de la vigne que les terrains crayeux et argileux, dans lesquels la maturité du raisin est plus lente à s'effectuer. » Ces terres, une fois échauffées par l'action solaire, ne se refroidissant pas dans le même temps, ne réagissent pas également par voie de rayonnement sur l'air ambiant, de sorte que, à un instant donné, la température de l'air n'est pas la même pour une même hauteur pour chacune d'elles-, elle reste plus longtemps élevée sur un terrain caillouteux que sur un terrain calcaire ou argileux. » Il en résulte qu'à latitude égale, dans les mêmes conditions d'abri dans des lieux peu éloignés et dont le sol n'est pas le même, la température moyenne est différente. On voit par là les difficultés qu'on éprouve à déter- miner avec exactitude la température d'un lieu, qui est un des éléments que l'on prend en considération dans la classification des climats. » Dans son Mémoire, M. Becquerel donne toutes les températures moyennes à 6 heures, 9 heures du matin, 3 heures et 9 heures du soir, à im,33 au nord et au midi, à 16 mètres et 21 mètres au-dessus du sol, du 1" juin 1860 au ier juin 1862, les différences entre ces températures, ainsi que les températures moyennes et celles des saisons. La discussion des ré- sultats obtenus par la comparaison des observations consignées dans ce Mé- moire conduit aux conséquences suivantes : » Le rayonnement solaire augmente la température de l'air exposé à son action, effet qui n'a pas lieu au nord, où les instruments sont à l'abri de ce rayonnement. Cet effet est indépendant de l'action terrestre quand le sol a été échauffé. » L'accroissement de température avec la hauteur jusqu'à 21 mètres est mise en évidence dans les tableaux d'observation annexés. » Il est bien difficile d'admettre que la température de l'air observée an nord, comme on le fait ordinairement, représente exactement la tempéra- ture de l'air résultant du mélange des couches d'air n'ayant pas la même température. » Le rayonnement terrestre, selon que le sol a été échauffé par l'action solaire ou refroidi parle rayonnement céleste, exerce sans aucun doute une grande influence sur la température de l'air, jusqu'à une hauteur qui dé- (risnfri ) pend de la nature du sol et de celle des corps qui le recouvrent, influence que l'on a trop négligée jusqu'ici dans les observations de température de l'air; mais il est nécessaire encore de tenir compte de l'action directe du soleil sur l'air, qui possède à la vérité un faible pouvoir absorbant, lequel augmente toutefois avec sa densité en approchant du sol. » CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur ihydrure de caproylène et ses dérivés; par MM. J. Peloi;ze et Airo. Cahours. « Dans certaines parties de l'Amérique, il se dégage des fissures du sol un liquide limpide et très-volatil, analogue au naphte, qu'on peut employer avec avantage soit comme dissolvant, soit pour les besoins de l'éclairage. L'abondance de cette substance exclusivement formée de carbone et d'hy- drogène, son point d'ébullition peu élevé qui semblait indiquer une grande simplicité de composition et de plus sa formation naturelle, excitèrent à un haut degré notre intérêt et nous conduisirent à en entreprendre une étude approfondie. Nous nous proposons aujourd'hui de faire connaître à l'Aca- démie les premiers résultats des recherches que nous avons entreprises sut- la partie la plus volatile du produit brut, recherches qui précisent nettement son rôle, nous proposant de les poursuivre et de les lui soumettre succes- sivement à mesure que nous avancerons dans ce travail. » La partie la plus abondante de cette huile naturelle bout régulièrement à la température de 68°. C'est un liquide incolore et très-limpide, qui possède une odeur éthérée. Sa densité est de 0,669 ^ 'a température de 160; la den- sité de sa vapeur est de 3,o5. » La combustion de cette substance au moyen de l'oxyde de cuivre et la détermination de sa densité sous forme gazeuse conduisent à la formule C,2HM = 4 vol. vap. La composition de ce produit et ses fonctions chimiques lui assignent le sixième rang dans la série fort remarquable dont le gaz des marais forme le premier terme. » Insoluble dans l'eau, ce liquide se dissout abondamment dans l'alcool, l'élher, l'esprit-de-bois, la benzine et divers éthers composés. » Ce carbure d hydrogène dissout abondamment, même à froid, le suif, l'éthal, la stéarine, la margarine, la paraffine, les huiles grasses et les acides qui résultent de leur saponification. Il dissout facilement la nitrobenzine et l'alcool phénique. Il opère à chaud la dissolution de l'aniline, mais celle-ci s'en sépare en entier par le refroidissement. ( 1242 ) u II prend feu par l'approche d'un corps en ignition et brûle avec une flamme très-éclairante. » L'acide sulfiirique au maximum de concentration, l'acide de Nordhau- sen, l'acide phosphorique anhydre et l'acide azotique même fumant n'exer- cent pas d'action sensible sur ce produit, qui sous ce rapport se comporte comme son homologue inférieur, l'hydrure d'amyle, C,cH,a. » Traité par le chlore, le carbure d'hydrogène précédent, que nous dési- gnerons d'après la classification de Gerhardt sous le nom d'hydmre d'Iiexjk ou bien encore sous celui à'.hydrure de caproylène pour rappeler les relations qu'il présente avec les composés de la série caproïque, se comporte à la ma- nière de tous les carbures d'hydrogène en échangeant successivement de l'hydrogène contre des quantités équivalentes de chlore. Nous avons ob- tenu de la sorte une série de produits de substitution auxquels l'analyse assigne les formules suivantes : C,2H,3CI, C,2H,2C12, C,2H"C13, C,2H,0C1\ C,2H8C18. » Le premier terme de cette série présente la composition de l'éthei chlorhydrique de l'alcool caproylique. Or nous nous sommes assurés que ce composé jouit bien en réalité de toutes les propriétés que doit posséder cet éther et qu'il se comporte entièrement à la manière de l'éther chlorhy- drique ordinaire. » En effet, ce composé dont la formule C,2H,3C1 correspond à 4 volumes de vapeur, étant traité par une dissolution alcoo- lique de monosulfure de potassium envases clos, laisse déposer un abondant précipité de chlorure alcalin, tandis que la liqueur alcoolique distillée au bain-marie laisse un résidu qui, purifié par des lavages à l'eau, la digestion sur du chlorure de calcium anhydre et la rectification, se présente sous la forme d'un liquide incolore et limpide, doué de l'odeur fétide de l'éther sulfhydrique. » Ce produit, qui bout vers la température de a3o°, fournit à l'analyse ( 1^43 ) des nombres qui conduisent à la formule C,2H,SS. » Remplace-t-on la dissolution de monosulfure de potassium par le suif- hydrate de sulfure de ce métal, des phénomènes analogues se produisent et l'on obtient dans ce cas un liquide beaucoup plus volatil que le précédent, qui bout entre i45 et 1480, et dont l'odeur à la fois fétide et éthérée rap- pelle à un haut degré celle du mercaptan. » L'analyse de ce produit nous a du reste fourni des nombres qui con- duisent à la formule C,-H,3S,HS = C,2H,4S2, qui ne laisse aucun doute sur sa véritable constitution. » De même que le mercaptan, ce composé s'échauffe fortement dans son contact avec l'oxyde rouge de mercure, en produisant une matière visqueuse qui possède une odeur des plus désagréables. » De même que le mercaptan, ce produit est vivement attaqué parles métaux alcalins à l'aide d'une douce chaleur, eu donnant des produits blancs cristallisés, analogues aux mercaptides. « L'acide azotique même étendu l'attaque énergiquement à l'aide d'une douce chaleur, des vapeurs rutilantes se dégagent, il se sépare une huile rou- geâtre, qui disparaît graduellement à mesure qu'on continue l'ébullition, et par l'évaporation de la liqueur au bain-marie on obtient un acide sirupeux qui forme avec la baryte un sel cristallisable. La réaction qui se produit est encore comparable à celle que fournit le mercaptan, qui dans cette circonstance se change en acide sulfétholique. » Une dissolution alcoolique de cyanure de potassium est attaquée com- plètement par l'éther chlorhydro-caproylique, lorsque le mélange intro- duit dans des tubes scellés à la lampe est maintenu pendant plusieurs heures à la température du bain-marie. Du chlorure de potassium se dépose et l'on obtient une liqueur brunâtre qui, soumise à la rectification au bain-marie, laisse un résidu de même couleur, d'où l'eau sépare une huile brune qui la surnage et qu'on décolore par la distillation. Le liquide ainsi formé contient de l'azote et présente l'odeur caractéristique de l'éther cyanhydrique. Ce produit ne nous ayant pas paru présenter de garanties suffisantes de pureté, nous n'avons pu le soumettre à l'analyse ; mais la manière dont il se com- porte avec la potasse ne saurait laisser aucun doute sur sa nature. En effet, une lessive alcaline attaque ce produit à l'ébullition avec dégagement dam- ( 1244 ) moniaque, tandis qu'on obtient un sel de potasse d'où les acides minéraux séparent un acide huileux. » En faisant agir le brome sur l'hydrure de caproylène (hydrure d'hexyle), nous n'avons pu nous procurer l'éther bromhydro-caproylique, contraire- ment à ce que nous devions espérer en nous fondant sur l'action réciproque du chlore el de ce carbure d'hydrogène. En employant ces deux corps dans le rapport de 2 équivalents du premier pour 1 équivalent du second, ce composé devait en effet prendre naissance en vertu de l'équation C,2H,1+ 2Br=HBr -+- C,2H,3Br. h Or les choses sont loin de se passer de la sorte, et si l'on emploie ces matières dans les proportions précédentes, on peut facilement s'assurer que la moitié du carbure d'hydrogène seulement a pris part à la réaction et qu'il s'est formé le composé C,2H'2Br% qui diffère du carbure normal par la substitution de 2 équivalents de brome à 2 équivalents d'hydrogène et qu'on peut, par conséquent, considérer comme Yéther bromhjdro-caproylique monobromé. » Ce liquide, qui possède une couleur d'un jaune légèrement brunâtre et dont la pesanteur spécifique est supérieure à celle de l'eau, bout régulière- ment entre 2 1 o et 2 1 20. » L'iodure de caproyle est une huile incolore et très-limpide, qui brunit rapidement à l'air et dont l'odeur éthérée rappelle celle de l'iodure d'amyle. Il bout régulièrement entre 172 et 175°. » Sa composition est exprimée par la formule C,2H,3I. » En introduisant cet éther avec un sel d'argent dans des tubes qu'on scelle à la lampe, le mélange s'échauffe rapidement, la couleur jaune de l'iodure d'argent se manifeste, et si l'on termine la réaction par une exposi- tion de quelques heures à la température du bain-marie, on obtient des liquides incolores qui ne sont autres que des éthers composés correspon- dants à l'acide du sel d'argent qu'on a fait intervenir. Cette méthode fort simple, qu'on doit à M. Wurtz, permet, comme on sait, d'obtenir avec la plus grande facilité les éthers composés des différentes séries alcooliques, en mettant à profit l'action mutuelle des sels d'argent et de l'iodure de la série alcoolique que l'on considère. » Eo faisant agir l'acétate d'argent sur cet iodure, nous avons vu se for- ( 1^45 ) mer un liquide incolore, plus léger que l'eau, qui bout vers la température de i45°. Soumis à l'analyse, ce composé nous a donné des nombres qui conduisent à la formule c"H,,o'=c,H.0.r- » Par l'ébullition avec une lessive concentrée de potasse, ce produit, qui n'est autre que l'acétate de caproylène, se dédouble à la manière de l'éther acétique en fixant les éléments de l'eau, engendrant ainsi de l'acétate de potasse qui reste dans la cornue, tandis qu'il passe à la distillation avec les vapeurs aqueuses un liquide incolore dont l'odeur rappelle celle de l'alcool amylique et qui bout à la température de i5o°. Ce produit n'est autre que l'alcool caproylique, substance dont M. Faget a signalé l'existence, il y a dix ans environ, en quantités minimes dans certaines eaux-de-vie de marc et qui n'a jusqu'à présent été l'objet d'aucune étude en raison de sa rareté. La facilité qu'on a de se procurer aujourd'hui le composé C,2H'\ que le commerce nous offre en quantités considérables et qu'on peut consi- dérer comme le pivot des différents dérivés de cet alcool, permettra d'étu- dier facilement ces produits sur une grande échelle. » Enfin, nous avons constaté qu'en faisant digérer pendant vingt-quatre heures au bain-marie, dans des tubes scellés à la lampe, le chlorure de caproyle avec un excès d'une dissolution alcoolique d'ammoniaque, il y avait production d'une base homologue de l'éthyhaque et de l'amyliaque, formant des sels nettement cristallisés, ainsi qu'un chloroplatinate qui se sépare de sa dissolution dans l'alcool sous la forme de belles écailles jau- nes d'or, qui présentent la plus grande ressemblance avec les composés correspondants formés par l'éthyliaque et l'amyliaque. » La base libre que nous désignerons sous le nom de caproyliaque, est un liquide incolore et très-limpide, dont l'odeur est à la fois aromatique et am- moniacale. Sa saveur est caustique et brûlante. Elle se dissout assez bien dans l'eau, la potasse la sépare de sa dissolution aqueuse. Elle bout entre îa/jet 1280. » L'analyse de ce produit nous a fourni des nombres qui conduisent à la formule i C,2H,S C'2H,5Az=Az- H I H C. R., 1862, Ier Semestre. (T. LIV, N° 24.} iba ( i»46 ) » C'est donc un alcali nouveau dérivé de l'ammoniaque parla substitu- tion d'une molécule du radical C,2II13 à une molécule d'hydrogène. » Cette base développe de la chaleur dans son contact avec les acides. On obtient ainsi des sels qui cristallisent facilement. Nous avons analysé le chlorhydrate qui se sépare par l'évaporation lente d'une dissolution alcoo- lique sous la forme de lames incolores. lia combustion au moyen de l'oxyde de cuivre et la détermination du chlore nous ont donné des nombres qui s'accordent avec la formule |.C"H" C,2H45Az,HCl = Az H , HC1. ( H » L'analyse du chloroplatinate confirme les formules précédentes; en effet, la combustion de ce sel et deux déterminations de platine nous ont fourni les nombres suivants : Carbone 23,22 Hydrogène 5,35 ( 3l>88 Platine { _ ' | J2, 03 » La formule C,aH.,sAz, HClPtCl* exige C = 23,49, H = 5,22, Pt = 31,97. » Lorsqu'on soumet à la rectification le liquide alcalin brut qui se sé- pare lorsqu'on décompose, par un excès de potasse caustique, les sels engen- drés dans l'action réciproque du chlorure de caproyle et de l'ammoniaque, on observe que la majeure partie du liquide distille entre 125 et i3o°, puis bientôt la température s'élève assez rapidement pour se fixer de nouveau entre 190 et 195°. Le liquide qu'on recueille à cette température possède une odeur moins fortement ammoniacale que le précédent. Il est également moins soluble dans l'eau. » L'analyse de ce dernier produit, qui est fortement alcalin, ainsi que celle de son chloroplatinate, conduisent aux formules CS4II27Az et C"H2TAz,HCl, Ptcr. ( >247 ) » Or la formule de la base libre peut évidemment se décomposer de la manière suivante : (C,2II13 C"H"Az=: Az?C,2H13 II ce qui ferait de ce corps la dicaproyliaque, c'est-à-dire de l'ammoniaque dans laquelle 2 équivalents d'hydrogène seraient remplacés par 1 équiva- lents du radicale2 H'3. » Les iodures de méthyle et d'éthyle réagissent sur la caproyliaque au bain-marie. Dans l'action réciproque de ces liquides, il se forme des pro- duits cristallins qui renieraient à la fois le radical caproyle et les radicaux éthyle et méthyle. » Il résulte évidemment des faits que nous venons d'exposer d'une ma- nière sommaire que l'hydrure de caproylène ou hydrure d'hexyle, homo- logue du gaz des marais, peut, à la manière de ce dernier, servir de point de départ à la formation d'une série de composés comparables à ceux qui dérivent de l'esprit-de-bois, et qu'on peut, à l'aide de réactions conve- nables, engendrer au moyen de ce carbure d'hydrogène un alcool qui présente lanalogie la plus frappante avec l'alcool amyhque à côté duquel il se place, constituant ainsi le terme immédiatement supérieur dans le groupe des congénères de l'alcool ordinaire. » Nous avons entre les mains plusieurs carbures d'hydrogène de prove- nances diverses bouillant à de basses températures et parfaitement définis dont nous avons commencé l'étude; dès que celle-ci sera suffisamment avancée pour intéresser l'Académie, nous nous ferons un devoir de lui en communiquer les résultats. » PHYSIOLOGIE BOTANIQUE. — De la fécondation indirecte dans les végétaux; par M. li i:\r.i Lecoq. « Les organes de la reproduction dans la majeure partie des végétaux sont réunis dans la même fleur et placés de telle manière, que souvent ils se touchent, et qu'au premier abord le contact du pollen et du stigmate parait assuré. D'autres plantes ont les sexes séparés, bien que plusieurs d'entre elles portent les deux sexes sur le même pied; delà les dénominations de végé- 162.. ( i*48 ) faux hermaphrodites, monoïques ou dioiques. La fécondation paraît donc plus facile dans les êtres hermaphrodites, moins certaine dans les plantes monoïques et plus difficile dans les espèces dioiques. On n'a tenu compte jusqu'ici que de ces trois états possihles. Nous verrons qu'il existe un grand nombre d'intermédiaires. » En étudiant la situation relative des organes sexuels dans les plantes, pour reconnaître les moyens de contact si variés que nous offre la nature, j'ai été surpris des difficultés nombreuses qui se présentent dans certaines fleurs pour empêcher ou gêner ce contact, et je suis arrivé à ce résultat, qu'un pistil fécondé par le pollen de sa propre fleur est l'exception et non la règle. Nous réserverons, pour ce dernier cas, le nom de fécondation directe, et nous réunirons tous les autres sous le titre de fécondation indirecte. » Dès l'année 1827, nous avons cité des exemples assez nombreux de fécondations indirectes sur des fleurs hermaphrodites. Ces exemples, nous pourrions les multiplier à l'infini. Nous préférons, pour abréger, indiquer les principales circonstances dans lesquelles les fleurs hermaphrodites ne peuvent se féconder elles-mêmes. Ce sont : » i° L'avortement plus ou moins complet de l'organe mâle ou de l'or- gane femelle; » i° L'imperfection du pollen; » 3° La position des étamines, ou trop élevées ou trop basses, relative- ment au pistil ; » 4° L'ouverture extrorse des anthères; » 5° La non-concordance d'aptitude des organes mâles et des organes femelles; » 6° La viscosité du pollen. » Il existe évidemment un motif pour que la nature mette autant d'obsta- cles à la fécondation directe, et ce motif est surtout accusé par l'impuis- sance où sont certaines espèces de se féconder avec les étamines de leur propre fleur ou même avec les étamines d'autres fleurs situées sur le même pied. » Je pourrais citer des exemples parfaitement constatés sur des Passi- flores, des Zéphirantes, des Jmariltys, des Oncidium, etc., et si nous pou- vions supprimer, pour quelque temps, le veut et les insectes, nous verrions un bien plus grand nombre d'exemples de ces unions infertiles pour cause de parenté. » Dans l'état naturel des végétaux, une foule de causes s'opposent, ( i*4g ) comme nous l'avons dit, aux fécoudalions directes, tandis que de nom- breuses dispositions facilitent les fécondations indirectes. » C'est principalement dans les inflorescences que nous trouvons la preuve de ces sortes de fécondations. Ainsi il arrive souvent dans les épis qu'une fleur inférieure est fécondée par celle qui est placée au-dessus d'elle, celle-ci parcelle qui lui est supérieure, et ainsi de suite. Quelquefois c'est le pollen de la troisième ou de la quatrième fleur qui tombe sur le stigmate de la première, et il arrive fréquemment que l'aptitude du stigmate de la première fleur est en rapport avec l'anthère de la deuxième, de la troisième ou de la quatrième : phénomène qui donne une grande importance aux modes et aux temps de l'inflorescence. Ce qui se passe dans les épis se pré- sente avec quelque différence dans les cymes, dans les corymbes, dans les ombelles et surtout dans les calathides des Sjrnanthérées dont Linné a si bien saisi les curieuses dispositions. » Dans les plantes monoïques, il arrive plus souvent que les fleurs fe- melles sont placées au sommet des rameaux, tandis que les fleurs mâles sont insérées en dessous. Les Pins, les Sapins, les Châtaigniers, les Noyers et une foule d'autres végétaux ont leurs fleurs femelles au sommet des ra- meaux. Dans la plupart des cas leurs pistils sont fécondés par les et a mines du rameau supérieur, et ainsi de suite. Ces plantes rappellent les féconda- tions étagées des épis. Dans les Noisetiers, les fleurs mâles sont situées au- dessus des fleurs femelles, mais souvent il n'existe plus de chatons quand les styles pourprés sortent des bourgeons, et la fécondation devient forcé- ment dioïque; d'un autre côté, l'examen du Noisetier nous montre que les fleurs mâles appartiennent au bois de l'année pendant laquelle les feuilles se sont développées et que la floraison vernale de cet arbre est une floraison tardive, tandis que les fleurs femelles enfermées dans le bourgeon qui va s'ouvrir appartiennent à une autre année et sont plus jeunes d'un an que celles qui doivent les féconder. Or on considère les bourgeons, et par con- séquent les branches, comme autant d'individus greffés naturellement les uns sur les autres, et la différence d'une année d'existence entre les deux sexes équivaut certainement à une fécondation dioïque. .» La tendance à la diœcie se manifeste plus encore sur des végétaux mo- noïques qui pendant leurs premières années de floraison sont réellement dioïques. C'est ainsi que le Noisetier donne des fleurs mâles plusieurs an- nées avant d'avoir des fleurs femelles, tandis que le Pin sylvestre montre au sommet de ses jeunes pousses des cônes de pistils entourés d'écaillés, longtemps avant d'avoir le pollen qui peut les imprégner. ( 12 5o ) » Les Mollusques hermaphrodites présentent aussi les mêmes faits de fécondation indirecte et réciproque, comme clans les IJetix, de fécondation en séries, comme dans les Lymnées, et de l'apparition d'un sexe avant l'au- tre, comme dans les Huîtres. » La nature semble avoir antipathie pour les fécondations directes des plantes, comme pour les alliances consanguines des animaux. Seulement l'inconvénient de ces alliances directes entre parents paraît d'autant plus sérieux que les êtres sont placés plus haut dans la série. Faibles dans les plantes et dans les animaux inférieurs, les conséquences fâcheuses de ces unions deviennent plus graves chez les Oiseaux et les Mammifères, si ter- ribles dans l'espèce humaine, qu'une grande partie des dégradations qui touchent même à l'intelligence proviennent de mariage entre parents. » La conséquence de ces faits est la tendance des végétaux à la diœcie ou tout au moins à la fécondation dioïque. » Les expériences que j'ai faites à cet égard sur les Mirabilis et sur les Primula, fécondés entre individus différents, ne me laissent aucun doute sur les avantages que l'agriculture et l'horticulture peuvent retirer de ces alliances; les individus qui en proviennent sont pins robustes, plus fertiles que ceux qui résultent de l'union directe des étamines d'une fleur avec son propre pistil, lorsque toutefois cette union peut avoir lieu. » Il est vrai que la nature opère elle-même ces croisements par les tribus turbulentes des insectes qui, pendant tout le jour et souvent pendant la nuit, viennent butiner sur les fleurs et deviennent ainsi les médiateurs les plus actifs de leurs mariages. » A toutes ces causes de fécondation indirecte que nous avons énumé- rées, il faut ajouter encore le dimorpliisme dans les organes sexuels, phéno- mène fréquent dans les plantes, et sur lequel M. C. Darwin a appelé l'attention des botanistes dans un Mémoire plein d'intérêt sur le genre Primula. » Nous ne reproduirons pas ici le texte des nombreuses expériences de M. Darwin; mais nous regarderons, ainsi que lui, le dimorphisme comme une tendance à la diœcie. » Nous terminerons par une simple observation sur l'ancienneté relative tles végétaux dont les sexes sont distincts. Il semble que les groupes que l'on considère comme ayant paru les premiers sur la terre soient principa- lement dioïqucs ou monoïques. Presque tous les Cryptogames dont la fruc- tification est bien connue sont monoïques. Les sexes sont aussi séparés dans les Gymnospermes; ils sont distincts dans un grand nombre de monocoty- ( I2DI ) lédons, dans lesCypéracées, les Palmiers, les Typhacées, les Aroïdées, tandis que la fécondation est le plus souvent indirecte dans les Graminées, les Iridées, les Orchidées, etc. » Parmi les dycotylédons, les Amantacées, que l'on considère comme les plantes de cette grande classe qui ont apparu les premières sur la terre, la séparation des sexes est constante, tandis que les végétaux à corolle gamopétale, que l'on regarde comme les plus parfaits et les derniers créés clans l'ordre successif des apparitions sur la terre, sont généralement her- maphrodites. Nous ne voulons pas examiner ici cette hypothèse de savoir si, dans la suite des siècles, la tendance bien positive à la séparation des sexes peut amener dans les espèces la monœcie ou la dicecie. Nous réserverons pour une autre communication les applications de ces données scientifiques à la pratique des fécondations croisées et de l'hybridation. Nous citerons seulement les différents degrés de parenté ou d'alliance cpie l'on peut observer dans les unions des plantes entre l'hermaphroditisme réel et la dicecie. » Premier degré. — La fleur est fécondée par son propre pollen, c'est- à-dire par les étamines de celte même fleur où existe le stigmate. » Deuxième degré. — La fleur est fécondée par le pollen d'une autre fleur appartenant à la même grappe, au même épi, ou enfin à la même inflo- rescence. » Troisième degré. — La fleur est fécondée comme ci-dessus, mais par le pollen d'une fleur appartenant à une autre inflorescence ou à un autre rameau florifère du même individu. » Quatrième degré. — La fleur est fécondée par le pollen de la même espèce, mais pris sur un individu différent. » Cinquième degré. — La fleur femelle est fécondée par une fleur mâle appartenant au même rameau ou à la même inflorescence. » Sixième degré. — La fleur femelle est fécondée par une fleur mâle appartenant à un rameau différent. » Septième degré. — La fleur femelle est fécondée par le pollen d'une fleur mâle, située sur un pied différent. » Huitième degré. — La fleur hermaphrodite ou unisexuée est fécondée par le pollen d'une autre variété. » Neuvième degré. — La fleur hermaphrodite ou unisexuée est fécondée par le pollen d'une espèce différente. » Dixième degré. — La fleur hermaphrodite ou unisexuée, hvbridée, est fécondée par le pollen d'une autre fleur, également hybride. ( 1252 ) » On comprend tous les intermédiaires qui peuvent exister entre ces derniers degrés et toutes les exceptions que les insectes peuvent apporter partout, en troublant les unions les plus régulières. » M. Isidore Pierre adresse la suite de ses Etudes sur le colza. Cette deuxième partie a pour titre : « Recherches expérimentales sur la production des matières grasses dans le colza, sur les proportions et la ré- partition de ces matières dans les diverses parties de la plante aux diverses époques de son développement ». RAPPORTS. marine ET art militaire. — Rapport sur trois Mémoires présentés à l'Aca- démie, le 23 septembre i844> par M. Aristide Vincent, ingénieur civil à Brest. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Duperrey rapporteur.) « A l'époque où ces Mémoires ont été présentés, la Commission chargée de les examinera jugé qu'il n'y avait pas lieu d'en faire l'objet d'un Rap- port à l'Académie; mais M. Vincent ayant insisté tout récemment, dans le but de faire valoir le mérite et surtout la priorité de ses propositions, la Commission croit devoir rompre le silence en résumant définitivement sur les Mémoires dont il s'agit les conclusions suivantes : » Premier Mémoire. Appareil pour empêcher les embarcations de chavirei sous voile. » 11 n'y a pas lieu d'appeler l'attention de l'Académie sur ce procédé. Il est évident qu'à chaque coup de langage le chariot, destiné par son poids à remplacer l'homme chargé de larguer l'écoute de la voile, dans le cas d'une rafale ou d'un grain, se promènerait sur la coulisse inclinée, en allant tantôt vers l'arrière, tantôt vers l'avant de l'embarcation, à chaque nouvelle inclinaison que prendrait cetle coulisse, ce qui ferait que la voile ne serait jamais tendue ou bordée d'une manière permanente, ainsi que cela est indispensable sous toutes les allures et principalement lorsque l'on fait route au plus près du vent. Les fortes rafales sont rares, et, clans le cas exceptionnel où elles deviennent menaçantes, l'homme qui tient à la main l'écoute de la voile est encore le meilleur mécanisme dont on puisse faire usage avec sécurité. i> Deuxième Mémoire. Projet d'un nouveau canon se chargeant pai la culasse. ( ia53 ) )> La Commission déclare que ce projet, qui aurait besoin d'être con- sidérablement modifié, n'est point admissible dans l'état où il est présenté par l'auteur. » Troisième Mémoire. Nouveau système de défense des côtes. » Ce Mémoire ayant été imprimé dans la Revue Bretonne du 1 5 août 1 84 5 et reproduit immédiatement par plusieurs autres journaux n'a pu être, par ce seul fait, l'objet d'un Rapport; mais do moment que l'auteur persiste dans l'espoir que l'Académie prendra en considération l'importance et la priorité de son système de défense des côtes, il importe à la Commission de faire connaître les motifs d'un autre ordre qui l'obligent à maintenir sa première résolution. » La batterie flottante mue par la vapeur proposée par M. Vincent n'est point exécutable au point de vue de la construction qu'il a imaginée, et d'ailleurs l'idée de rendre les navires impénétrables aux boulets n'est point nouvelle. » Dès l'année 1 8 1 3, les Américains, à l'instigation de Fulton, avaient déjà construit un bâtiment à vapeur de grande dimension, capable de résis- ter à l'artillerie de l'époque. » En iS/Ja, c'est-à-dire deux ans avant M. Vincent, des ingénieurs distin- gués, MM. Robert et Stevens, exposèrent au gouvernement des États-Unis la convenance et la possibilité de défendre les ports et leur immense matériel au moyen de batteries flottantes, impénétrables aux boulets. De nombreuses expériences eurent lieu par ordre du gouvernement sur la pénétration des projectiles. Ces expériences ayant établi qu'une muraille de fer de om, 1 14 d'épaisseur pourrait remplir le but annoncé, MM. Robert et Stevens se sont immédiatement engagés, envers les États-LTnis, à construire une bat- terie flottante propre à la défense du port et de la rade de New-York jusqu'à son entrée à Sandy-Hook. Il est stipulé dans le contrat que la batterie sera en fer impénétrable aux boulets et aux obus en usage sur les vaisseaux, qu'elle sera mue par une machine à vapeur conduisant un propulseur sub- mergé et qu'elle aura une marche de grande vitesse. L'épaisseur du blin- dage en fer, primitivement fixée à om,ii4, a été élevée à om,i52, afin de mieux résister au tir de la nouvelle artillerie. » Les auteurs de ce navire ont cberché plus tard à le disposer en vue du combat à la manière des galères romaines, c'est-à-dire en l'élançant de toute sa vitesse contre les navires ennemis dans le but de les couler à fond. Cette batterie flottante, qui portait le nom (Y Hoboken , constituait donc un type C. R., 1862, 1" Semestre. (T. LIV, N° 24.) '63 ( 1254 ) dans des conditions logiquement conçues et clignes, dès celte époque, de fixer l'attention des personnes intéressées aux progrès de la marine mili- taire. » M. Vincent, n'ayant présenté son Mémoire à l'Acadi'mie que vers la fin de 1 844 ? n'est donc pas le premier cpii ait imaginé, non-seulement les bat- teries flottantes mues par la vapeur, mais encore le blindage en fer, attendu cpie celui qu'il propose ne devant avoir que i centimètre d'épaisseur ne saurait être pris au sérieux. Il croit néanmoins que l'on s'est emparé de ses idées; mais l'on peut facilement lui prouver que clans les batterips flot- tantes exécutées dès l'année i8i3, comme dans tous les bâtiments blindés qui ont été construits depuis 184a jusqu'à ce jour, tant en Amérique qu'en Europe, on ne trouve absolument rien dont il ait le droit de revendiquer la possession. » En résumé, vos Commissaires, éclairés parles faits qui viennent d'être successivement exposés, déclarent que les trois Mémoires présentés par M. Vincent ne peuvent être pris en considération par l'Académie. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMINATIONS L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination des deux candidats qu'elle doit présenter à M. le Ministre de l'Instruction publique pour la chaire d'Entomologie vacante au Muséum d'Histoire naturelle. Élection du < andidnt qui sera présenté en première ligne : Nombre des votants 4o. M. Blanchard réunit l'unanimité des suffrages. Élection dit candidat qui sera présenté en second ligne : Nombre des votants 38. M. Lucas réunit l'unanimité des suffrages. D'après les résultats de ces deux scrutins, les candidats présentés par l'Académie au choix de M. le Ministre de l'Instruction publique sont : En première ligne M. Blanchard. En seconde ligne M. Lucas. ( i-255 ) MÉMOIRES LUS. HISTOIRE DES CORPS SIMPLES. — De l'existence W un nouveau métal, te thallium; parM. A Lamy. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Dumas, Pelotize, H. Sainte-Claire Deville.j a En examinant, il a trois mois, avec l'appareil de MM. Kirehhoff et Bunsen pour l'analyse spectrale, un échantillon de sélénium extrait par mon beau-frère, M. Fréd. Kuhlmuin, des boues des chambres où l'on fabrique l'acide sulfurique par la combustion des pyrites, j'aperçus une raie verte, nettement tranchée, qui ne m'était apparue dans aucun des nombreux corps simples ou composés minéraux que j'avais étudiés. J igno- rais alors qu'un chimiste anglais, M. W. Crookes, avait non-seulement découvert la même raie verte dans des circonstances à peu près analogues, mais avait donné le nom de thallium à l' élément nouveau, du mot grec 9aXXoç, ou du latin thallus, fréquemment employé pour exprimer la riche teinte d'une végétation jeune et vigoureuse. Avec une grande sagacité, M. Crookes avait indiqué quelques-unes des réactions de l'élément qu'il considérait comme un métalloïde appartenant probablement au groupe du soufre, mais la petite quantité de matière sur laquelle il avait opéré ne lui avait pas permis d'isoler cet élément et de reconnaître si véritable nature. » De notre coté, nous avons essayé d'isoler le nouveau corps en allant le chercher dans les boues des chambres de plomb, d'où avait été extrait le sélénium qui nous avait donné au spectroscope la ligne verte caractéris- tique. C'est cette ligne qui nous a naturellement servi de guide dans nos recherches et qui nous a permis d'arriver à la préparation de composés cris- tallins parfaitement définis, d'où nous avons pu retirer le thallium, la pre- mière fois avec le secours de la pile électrique. » Propriétés du thallium — Le thallium présente tous les caractères d'un véritable métal, et par la plupart de ses propriétés physiques se rapproche beaucoup du plomb. Un peu moins blanc que l'argent, il est doué d'un vif éclat métallique dans une coupure fraîche. Il paraît jaunâtre lorsqu'on le frotte contre un corps dur; mais cette teinte est due sans doute à une oxydation, car le métal qui vient d'être précipité par la pile d'une disso- lution aqueuse, ou fondu dans un courant d'hydrogène, est blanc avec une nuance gris-bleuâtre qui rappelle l'aluminium. » Le thallium est très-mou, très-malléable; il peut être rayé par l'ongle i63.. ( iz'»G ) et coupé facilement au couteau. Il tache le papier en laissant une trace à reflets jaunes. Sa densité (i 1,9) est un peu supérieure à celle du plomb. Il fond à 290°, et se volatilise au rouge. Enfin le thallium a une grande ten- dance à cristalliser, car les lingots obtenus par la fusion font entendre le cri de l'êtain quand on les plie. Mais la propriété physique par excellence du thallium, celle qui, d'après les beaux travaux de MM. Rircbhoff et Bun- sen, caractérise l'élément métallique, celle qui a amené sa découverte, c'est la faculté qu'il possède de donner à la flamme pâle du gaz une coloration verte d'une grande richesse, et, dans le spectre de cette flamme, une raie verte unique, aussi isolée, aussi nettement tranchée que la raie jaune du sodium ou la raie rouge du lithium. Sur l'échelle micrométrique de mon spectroscope, cette raie occupe la division 120, 5, celle du sodium étant à la division 100. La plus légère parcelle de thallium ou de l'un de ses sels fait apparaître la ligne verte avec un tel éclat, qu'elle semble blanche. Un cinquante-millionième de gramme peut encore, d'après mes évaluations, être aperçu dans un composé. » Le thallium se ternit rapidement à l'air en se recouvrant d'une pelli- cule mince d'oxyde qui préserve d'altération le reste du métal. Cet oxyde est soluble, manifestement alcalin, et a une saveur et une odeur analogues à celles de la potasse. Parce caractère, comme par le caractère optique, le thallium se rapproche des métaux alcalins. » Le thallium est attaqué par le chlore, lentement à la température ordi- naire, rapidement à une température supérieure à 2000. Alors le métal fond, devient incandescent sons l'action du gaz en donnant naissance à un liquide jaunâtre, qui se prend par le refroidissement en une niasse de cou- leur un peu plus pâle. » L'iode, le brome, le soufre, le phosphore peuvent aussi se combiner au thallium pour former des iodures, bromures, sulfures et phosphures. » Récemment préparé, le thallium conserve son éclat métallique dans l'eau. Il ne paraît pas décomposer ce liquide à la température de l'ébullition, mais, avec le secours d'un acide, il en sépare les éléments en dégageant de l'hydrogène. » Les acides sullurique et azotique sont ceux qui attaquent le thallium le plus facilement, surtout avec l'aide de la chaleur. L'acide chlorhydrique, même bouillant, ne le dissout que très-difficilement. Dans ces circonstances il se forme des sels blancs solubles, sulfate et nitrate, cristallisant avec faci- lité, comme le montrent les échantillons présentés à l'Académie, et un chlorure peu soluble, mais pourtant susceptible, lui aussi, de cristalliser. ( 12^7 ) d Le chlorure formé par l'action directe du chlore ou par l'eau régale se dépose de sa dissolution aqueuse sous forme de magnifiques lamelles jaunes qui paraissent appartenir au système rhomboédriqiie. » Le zinc précipite le thallium de ses dissolutions de sulfate et de nitrate : le nouveau métal se dépose en lamelles cristallines brillantes. » L'acide chlorhydrique et les protochlorures donnent avec les mêmes dissolutions un précipité blanc de chlorure de thallium, ressemblant au chlorure d'argent, mais un peu soluble dans l'eau, d'ailleurs fort peu so- luble dans l'ammoniaque et inaltérable à la lumière. » L'acide suhhydrique est sans action sur les liqueurs pures neutres ou acides; mais si elles sont alcalines, il produit un volumineux précipité noir de sulfure de thallium, qui se rassemble aisément au fond des vases et qui est insoluble dans un excès du précipitant. » Enfin la potasse, la soude et l'ammoniaque ne déplacent pas l'oxyde de thallium en combinaison avec les acides sulfurique et azotique. » Etal naturel et extraction. — Le thallium ne peut pas être considéré comme très-rare dans la nature. Il existe en effet dans plusieurs espèces de pyrites dont on exploite aujourd'hui des masses considérables, principale- ment pour la fabrication de l'acide sulfurique. Je citerai notamment les py- rites belges de Theux, de Namur et de Philippeville. Je l'ai trouvé aussi dans des échantillons minéralogiques de Nantes et de Bolivie en Amérique. » On pourrait à la rigueur extraire le thallium de ces pyrites; mais il est beaucoup plus simple de le préparer à l'aide des dépôts des chambres de plomb, où il s'accumule en quantités relativement considérables pendant la fabrication de l'acide sulfurique. C'est de ces dépôts thallifères que j'ai ex- trait, par une méthode que je fais connaître dans mon Mémoire, les chlo- rures de thallium, qui sont devenus le point de départ de l'étude que j'ai faite du nouveau métal et de ses composés. » Quant au métal lui-même, on peut l'extraire de l'une de ses combinai- sons salines, soit par l'action décomposante d'un courant électrique, soit par la précipitation à l'aide du zinc, soit par la réduction avec le charbon à une température élevée. On peut également le séparer du chlore de ses chlorures par le potassium ou le sodium sous l'influence de la chaleur: dans ce dernier cas la réaction est très-vive. » Le petit lingot du poids de 14 grammes que j'ai eu l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie a été tout entier isolé par une pile de quelques éléments Bunsen, d'abord des chlorures que j'avais primitivement obtenus, ( ia58 j ensuite du sulfate cristallisé formé directement par la dissolution de ce thal- lium dans l'acide snlfurique pur. » En terminant mon Mémoire, je prie l'Académie de vouloir Lien croire cpie je n'ai pas eu la prétention de lui présenter un travail complet sur le thallium. Mon but a été surtout de lui montrer le nouveau métal et quel- ques-uns des principaux sels auxquels il donne naissance. Dans une pro- chaine communication j'essayerai de combler quelques-unes des lacunes que présente encore son histoire. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux pubiics transmet un travail de M. Lavocat, ayant pour titre : « Revue générale des os de la tête des Vertébrés » (2e partie). Au Mémoire original est joint l'extrait suivant, préparé par l'auteur : « Cette deuxième partie peut être résumée par les conclusions suivantes : » On doit éliminer du temporal, comme n'appartenant pas au vrai sque- lette, le rocher, le cadre dit tympan et les osselets de ïouïe. » La caisse du tympan, c'est-à dire le véritable os tympanique, peut, chez les Vertébrés ovipares, se détacher de la cavité auditive. En outre, cet os peut rester fixe ou devenir mobile sur les côtés du crâne; mais, dans tous les cas, il s'articule en bas et en avant avec l'écaillé temporale, comme dans les Mammifères. « Il a été nommé par Cuvier temporal chez les Poissons, et mastoïdien chez les Serpents et les Lézards. » V écaille temporale ou le squamosal peut aussi se détacher du ci âne et devenir mobile. Son caractère invariable est de donner articulation au maxillaire inférieur. C'est elle qui forme le suspensorium de la mâchoire inférieure, tantôt avec l'os du tympan, tantôt sans lui, lorsqu'il reste fixe ou lorsqu'il disparaît. » Le squamosal des Vertébrés ovipares est généralement connu sous les noms d'os tympanique, os carré, etc. » Un autre caractère essentiel du squamosal est d'être relié à la mâchoire supérieure par deux tiges parallèles et presque semblables : l'une, externe, formée par V apophyse zygomatique et le jugal ; l'autre, interne, constituée par les ptérygoidiens et le palatin. » Celte disposition est évidente chez tous les Vertébrés, mammifères ou ovipares, et la comparaison démontre que dans les Vertébrés ovipares : ( I259 ) » L'iipopliysc zygom9 8 jours 7,3 20 jours n,8 34 jours 16,2 4g jours 21,0 72 jours 26,0 g5 jours 3o ,0 2° Même système, dans les conditions de la température ambiante du laboratoire, c'est-à-dire entre o° et 25° environ. — Mai 1861 à juin 1862. Durée de Pejpérience. Proportion d'acide éthérifié. i5 jours 10,0 22 jours i4»o 70 jours 37,3 72 jours 38,3 128 jours 4^)8 1 54 jours 48, ' 277 jours , 53 , 7 368 jours 55 , o ( 1265 ) » On peut tirer de ces deux tableaux diverses conclusions relatives au mode d'exercice des affinités entre un alcool et un acide. Nous remarque- rons seulement ici le ralentissement extrême que l'action éprouve à mesure qu'elle avance vers son terme. Tandis que 8 jours suffisent pour combiner 7, 3 d'acide au début, plus tard il faut 56 jours pour atteindre le même résultat; et à la fin de la deuxième série 214 jours n'ont pas suffi pour y parvenir. A ce moment, la quantité moyenne qui s'éthérifie en un jour n'est plus que la soixantième partie de celle qui s'étbérifiait au début dans le même intervalle. Ce ralentissement se retrouve également, qu'on rapporte les résultats à la quantité totale d'acide, ou bien à la quantité éthérifiable jusqu'à la limite, et alors même que l'on compte cette dernière à partir du début de chaque intervalle. 3° Acide valérique et alcool ordinaire à équivalents égaux. Mêmes conditions que la série précédente, exécutée simultanément. Durée de l'expérience. Proportion d'acide éthérifié. 22 jours 3,2 72 jours 18,0 128 jours ." 21 ,8 184 jours 22 ,8 277 jours 3i,4 » On voit que la marche générale du phénomène est la même qu'avec l'acide acétique, quoique beaucoup plus lente. Nous reviendrons sur ce dernier fait. » Mais voici une autre remarque qui nous paraît digne d'intérêt. L'ac- tion, lente au début, s'accélère ensuite d'une manière très-marquée. En effet, la quantité moyenne combinée en un jour pendant les 22 premiers jours est égale à'0,12; du 22e au 72e jour elle devient presque triple et égale à o,3o; puis l'action se ralentit et la proportion moyenne combinée tombe successivement à 0,068 et à 0,60. » Cette accélération initiale pouvait déjà être remarquée dans la première série relative à l'acide acétique; mais elle était si faible dans ce cas et res- treinte dans un si court intervalle, qu'on pouvait à peine la distinguer des erreurs d'expérience. Avec l'acide valérique, au contraire, la marche du phénomène est tout à fait tranchée. Nous y attachons d'autant plus d'intérêt, que nous avons retrouvé ce même fait d'une accélération initiale dans plu- sieurs autres séries signalées dans notre Mémoire; elle est surtout sensible ( 1266 ) quand l'action est ralentie. Les indications théoriques qui découlent de ces faits sont développées dans notre Mémoire. Température de i oo°. Acide acétique et alcool à équivalenti égaux. Durée de l'expérience. Proportion d'acide clhérifié. 4 heures a5,8 5 heures 3 1 , o g heures 4 ' > 2 1 5 heures 4 7 > 4 32 heures 55 , 7 60 heures 5q,o 83 heures 60,6 1 5o heures 65 , o » La marche est analogue à celle de la combinaison opérée à froid, mais bien plus rapide. En effet, 1200 heures entre 6° et g° combinent à peu près la même proportion que 4 heures à ioo°; 3a heures à 100 degrés pro- duisent le même effet que 368 jours à froid, etc. Températures supérieures à ioo°. Même système. Durée de l'expérience. Température. Proportion d'acide éthérifié. 3 heures 1 700 64 , i 42 heures 1700 66,5 22 heures 2000 66,4 » Ainsi 3 heures à 1 700 suffisent pour arriver presque au même terme que i5o heures à .00° et pour arriver plus loin qu'un an à la température ordinaire. » La décomposition des éthers par l'eau obéit à des lois analogues à celles de leur formation; mais elle est beaucoup plus lente, toutes choses égales d'ailleurs. » ÉCONOMIE RURALE. — Aperçu sommaire de l'état actuel de [épidémie des mûriers et des vers à soie; par M. Guéri;n-Méxevii.le. (Extrait par l'auteur.) (Commission des vers à soie.) « Dans la Note que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie, ( i^7 ) j établis d'abord que les caractères de l'épidémie se sont modifiés, ainsi que je l'avais fait remarquer l'année dernière, ce qui montre qu'elle est entrée dans sa période de décroissance. Je rappelle les travaux, accompagnés de nombreuses figures des altérations produites par l'épidémie, que j'ai pré- sentés à l'Académie en 1849 et en i853, et je continue de soutenir que la cause première de l'épidémie des vers à soie est dans la maladie végétale qui a aussi atteint le mûrier, explication qui s'accorde mieux avec la généralité des faits observés dans la grande culture, puisque l'on a remarqué comme moi que la maladie des mûriers se manifeste de diverses manières; tantôt ce sont des tacbes nombreuses, tantôt les mûres tombent avant d'arriver à ma- turité, tantôt les feuilles ne peuvent être conservées comme à l'ordinaire sans se flétrir et tomber en fermentation; et un observateur italien, M. Moglia deOrsinovi, qui a une usine pour distiller les mûres et en obtenir de l'alcool, faisait connaître récemment un fait non moins concluant et caractéristique, en annonçant que, dans ces dernières années, ces fruits, au lieu de lui don- ner de l'alcool, comme dans les temps ordinaires, ne lui avaient donné qu'une espèce d'huile aromatique. » Je rappelle ensuite que, dans mes travaux de 1849 sur 'es altérations du sang des vers malades, j'ai fait connaître les corpuscules vibrants et les cristaux qui sont les principaux caractères de la maladie, et que ces décou- vertes ont été le point de départ de travaux récents que l'on a crus neufs. Un observateur, en découvrant mes hémalozoïdes, auxquels il a seulement donné un autre nom, a conclu, encore comme moi, que la maladie était le résultat d'une altération essentielle de la nutrition ; seulement, au lieu d ad- mettre avec moi, comme cela était naturel, que cette altération de la nu- trition provenait d'une nourriture viciée, il est allé chercher quelque chose de très-vague, qu'il a cru probablement plus scientifique, en ajoutant que cette altération essentielle de la nutrition était provoquée par un principe miasmatique ou contagieux. » M. Chavaunes ayant aussi étudié mes corpuscules vibrants et les cristaux du sang, et ayant aussi remarqué que ce fluide ne montrait pas ces cristaux dans les chenilles sauvages en bonne santé, en a conclu que l'on pourrait ramener l'état normal en élevant les vers à soie comme la nature élève les chenilles sauvages, c'est-à-dire à l'air libre. Il est arrivé ainsi à de bons ré- sultats, mais rien ne prouve que cette amélioration ne provient pas plutôt de l'emploi de feuilles saines pendant plusieurs générations. » ( 1268 ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur un excentrique à mouvement uniforme varié; par M. Mauin. (Commissaires, MM. Piobert, Morin.) « Le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Institut, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, a pour but l'étude de la courbe polaire p = d-\- au2 et de son emploi à la construction d'un excentrique. Les propriétés méca- niques qu'elle possède pourront, je crois, rendre quelques services à l'in- dustrie. J'ai été conduit à cet excentrique en cherchant à faire mouvoir deux soufflets circulaires à double vent, de la maison Enfer, de façon à obtenir un jet d'air continu. Le succès que j'ai obtenu m'a engagé à présenter ce Mémoire à l'Académie. » hygiène PUBLIQUE — Influence des chemins de fer sur l'hygiène publique; par M. Gallard. Cette Note forme un supplément au Mémoire que l'auteur avait lu dans la séance du 26 mai dernier. Nous en extrayons les paragraphes sui- vants : « Si dans ma première communication j'ai glissé très-rapidement sur l'examen des conditions hygiéniques dans lesquelles se trouvent les méca- niciens et les chauffeurs, c'est que sur ce point je croyais n'avoir rien à ajouter à ce qui a été dit par mes devanciers. Il paraît cependant que l'opinion qui consiste à considérer ces deux professions comme très-nui- sibles à la santé de ceux qui les exercent, est assez généralement accréditée, puisque dans une Lettre qui m'est adressée à ce sujet par un savant méde- cin, je trouve la question ainsi formulée : « Est-il faux que cette double » profession ne puisse se continuer sans inconvénient pour la santé au delà » d'une certaine période, au delà, par exemple, de dix ans? » » Déjà M. le Dr Bisson avait répondu à une semblable question en éta- blissant que sur 85 agents on en comptait 28 remplissant ces fonctions depuis plus de 10 ans*et 7 seulement depuis moins de 3 ans. » J'ai tenu à produire des renseignements plus complets encore et je viens de faire faire sur tout le personnel employé par la compagnie du che- min de fer d'Orléans (la ligne de Sceaux à Orsay non comprise) un nou- veau recensement duquel il résulte que sur 617 mécaniciens et chauffeurs, ( ia69 ) il y en a 107 qui ont plus de 10 ans de service actif sur les machines 10 ans seulement . . 12 De 1 o à 1 5 ans 57 De i5 à 20 ans . 32 Plus de 20 ans 6 Total... 107 » Plusieurs d'entre eux ont été antérieurement employés sur d'autres lignes, car les premières sections du réseau d'Orléans n'ont été mises en exploitation qu'en 18/40, et le plus ancien de nos mécaniciens exerce sa profession depuis 28 ans; il était, en i834., élève machiniste sur le chemin de fer de Rhône et Loire. » En rapprochant les renseignements ci-dessus de ceux fournis par l'é- tude des maladies observées chez les mécaniciens et les chauffeurs, ofi voit que rien ne justifie les idées préconçues en vertu desquelles on a cru pou- voir considérer ces deux professions comme nuisibles à la santé. » (Renvoi aux Commissaires précédemment nommés : MM. Dupin, Andral, Velpeau, Clapeyron.) travaux PUBLICS. — Eaux de Paris; extrait dune Lettre de M. Arist. Dl'MOXT. « Je lis dans le Compte rendu de C Académie du 16 juin dernier que M. Cabieu réclame pour Paris l'initiative de la proposition du filtrage des eaux par galeries souterraines Qu'il me soit permis de faire remarquer que cette réclamation de M. Cabieu repose sur une erreur, car je n'ai ja- mais proposé pour Paris l'emploi de galeries souterraines creusées sur les bords de la Seine, analogues à celles que j'ai établies à Lyon, attendu qu'il existe une grande différence dans la nature des couches qui composent les deux vallées du Rhône et de la Saône. J'ai proposé, au contraire, pour Paris l'emploi de filtres artificiels à courants inverses, tels qu'ils se pratiquent sur une grande échelle dans plusieurs villes d'Angleterre, des États-Unis et à Marseille.... » (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Dupin, Le Verrier, Daubrée, Clapeyron, Maréchal Vaillant.) C. R., 1862. i« Semestre. (T. L1V, N°24. 1 65 ( 127° ) 31. Tigri adresse de Sienne une Note écrite en italien et ayant pour titre : '« Recherches anatomiques et cliniques sur un cas d'oblitération spontanée et complète du sac herniaire, et guérison radicale de la hernie par suite d'un décubitus prolongé ». (Cette Note est renvoyée à l'examen de MM. Cloquet et Jobert de Lamballe.) M. Calixte Sais adresse de Genève une Note sur un moyen qu'il a ima- giné pour donner l'impulsion et par suite la direction aux aérostats. (Renvoi à la Commission des Aérostats.) CORRESPONDANCE. 31. le Ministre de i/ Agriculture, du Commerce et des Travaux publics envoie pour la Bibliothèque de l'Institut le ifr numéro du Catalogue des Brevets d'invention pris en 1 86?.. L'Académie royale des Sciences de Lisbonne remercie l'Académie pour l'envoi de ses dernières publications. 31. Flourens fait hommage à l'Académie, au nom de M. le Dr Liliarzik, du prospectus d'un ouvrage intitulé : « La loi de la croissance et la struc- ture de l'homme ». Diverses figures au trait, images photographiques et figures de ronde- bosse représentant l'homme et la femme à différents âges, depuis le mo- ment de la naissance jusqu'à l'état adulte, pièces préparées pour la publi- cation de ce grand travail, sont mises sous les yeux de l'Académie et ren- voyées à l'examen d'une Commission composée de MM. de Quatrefages et Bernard. « 31. Payen présente, de la part de M. Jourdier-Decrombe44 Thermomètre nu t°,56 Thermomètre enduit de terre. 3°,25 Thermomètre enduit de terre. . 2", 60 » La différence moyenne de o°,8i entre les deux thermomètres exposés au rayonnement calorifique du sol et ceux qui ont été soustraits à ce rayon- nement est l'expression de la chaleur émise par le sol qui atténue les effets du rayonnement zénithal et de la température propre de l'air. » Je crois donc avoir établi expérimentalement les faits suivants : » i° Pendant la nuit, la tranche superficielle du sol se refroidit moins que la couche d'air en contact avec elle; >< 20 L'émission de chaleur de cette tranche superficielle réchauffe les corps placés au-dessus d'elle à une faible hauteur. » Cet excès de chaleur de la tranche superficielle du sol comparée à la couche d'air en contact avec lui s'explique aisément. En effet, la chaleur solaire qui arrive au sol pendant la journée pénètre dans son intérieur avec une vitesse d'environ om, 1 en trois heures ; la chaleur de la journée s'emma- gasine donc dans le sol et compense en partie les pertes dues au rayonne- ment nocturne : aussi l'excès de la température du sol sur celle de l'air au contact est-il plus considérable dans la saison chaude que dans la saison froide de l'année. » (Renvoi à l'examen de M. Becquerel.) chimie industrielle. — Sur les gaz de houille et de tourbe. De l'action des dissolvants sur la houille; par M. de Commixes de Marsilly. (Présenté par M. Pelouze.) « Dans un Mémoire présenté le 10 mai 1 858, j'ai fait connaître la com- position élémentaire des principales variétés de houille que l'Angleterre, ( ^lh ) la Belgique et les bassins de Valenciennes et du Pas-de-Calais expédient sur le marché du nord de la France. Il m'a paru non moins utile d'étudier les produits que donnent les houilles en se décomposant par l'action de la chaleur; ces produits sont de deux sortes, les uns liquides, les autres gazeux. Ce Mémoire traite uniquement des gaz. .. Pour les recherches de chimie industrielle, une grande précision dans les méthodes d'analyse n'est pas nécessaire; ce qu'il faut, c'est observer beaucoup de faits avec un degré suffisant d'exactitude. Il importait d'ana- lyser un grand nombre de gaz. J'ai toujours opéré sur le mercure, avec des tubes de ao centimètres cubes de capacité, et divisés en centimètres cubes et dixièmes de centimètre cube. La potasse servait à absorber l'acide carbo- nique et l'acide sullhydrique : additionnée ensuite d'acide pyrogallique, elle absorbait l'oxygène. L'acide sulfurique fumant a été employé pour absorber l'hydrogène bicarboné et autres gaz polycarbonés; puis, par l'analyse eudiométrique du résidu, on obtenait le gaz des marais, l'oxyde de carbone, l'hydrogène et l'azote. •> L'action de l'acide sulfurique fumant ne doit pas être prolongée plus de vingt-quatre heures; douze heures suffisent; autrement il décompose sensiblement le gaz des marais. L'acide sulfurique monohydraté absorbe aussi les gaz polycarbonés; mais son action est lente. Le brome présente de l'incertitude dans son emploi ; il agit d'une manière sensible sur le gaz des marais et sur l'hydrogène. L'alcool ne peut guère servir à séparer les gaz polycarbonés les uns des autres; il peut être utile cependant pour les recherches quantitatives. Divers essais m'ont conduit à regarder comme suf- fisamment exacte la méthode d'analyse reposant sur l'emploi de l'acide de Nordhausen. » Les houilles auxquelles s'appliquent mes recherches se divisent en cinq classes: i° houilles maigres; 2° demi-maigres; 3° grasses maréchales; 4" grasses à longue flamme; 5° sèches à longue flamme. J'ai étudié un ou plusieurs échantillons de houille appartenant à chacune de ces classes. » Je rappelle d'abord la teneur en cendres et la composition élémentaire de chaque houille, carbone, hydrogène, oxygène et azote, cendres; puis je donne l'analyse des gaz obtenus en calcinant, soit 8 à io grammes dans un tube de verre réfractaire, entouré d'une feuille de laiton, soit 8oo à iooo grammes dans une cornue en grès. a I ,;i houille maigre de France que j'ai essayée donne 216 litres de gaz par kilogramme ; c'est un gaz très-léger, peu éclairant et composé de i/|,6i de gaz des marais, de 5,58 d'oxyde de carbone et 79,71 d'hydrogène. ( 1*7* ) » Les houilles demi-maigres donnent beaucoup plus de gaz, jusqu'à 3oo litres par kilogramme; on y remarque une très-petite quantité de gaz polycarbonés et du gaz des marais en assez grande proportion ; mais l'oxyde de carbone et l'hydrogène surtout dominent. Par une calcination lente, on obtient beaucoup moins de gaz que par une calcination rapide; la différence de rendement est de 3o à 4o pour ioo. Quand on chauffe les houilles grasses maréchales au bain d'huile, à une température de 3oo à 3ao°, on obtient par kilogramme, si la houille est fraîche, 3 à 4 litres d'un gaz inflammable et très-éclairant. J'ai trouvé sur un échantillon de houille de l'Agrappe, bassin de Mons, que ce gaz était composé d'azote et de gaz des marais; celui-ci domine: il y a très-peu d'hydrogène et d'oxyde de carbone. 11 n'y avait que des traces de gaz polycarbonés ; ceux-ci étaient peut-être dégagés déjà, quoiqu'il n'y eût pas longtemps que la houille avait été extraite. » Le rendement en gaz est de a5o à 270 litres par kilogramme. » Ce qui distingue le gaz des houilles grasses maréchales du gaz des houilles demi-grasses, c'est : » i° La combustion d'une plus grande quantité d'oxygène par 100 de gaz; » 20 Une quantité notable de gaz polycarbonés. » Les houilles grasses à longue flamme sont celles que l'on emploie spé- cialement à la fabrication du gaz; elles ont été l'objet de nombreuses expé- riences, d'où je tire les conclusions suivantes : » i° Les houilles grasses à longue flamme donnent environ 3oo litres de gaz par kilogramme. » 20 Quand elles sont fraîchement extraites, elles donnent plus de gaz que quand elles sont restées quelque temps à l'air. « 3° Les houilles fraîches donnent plus de gaz polycarbonés et moins d'hydrogène que celles extraites depuis longtemps. » 4° La calcination lente produit moins de gaz que la calcination rapide ; celle-ci a l'avantage de déterminer la formation de gaz polycarbonés. » 5° Les gaz obtenus en chauffant de la houille à 3oo° sont : pour les houilles des mines à grisou, du gaz de marais principalement; pour les houilles des mines où il n'y a pas de grisou, de l'azote et de l'acide carbo- nique. Je donne dans mon Mémoire l'analyse de quinze gaz de houilles grasses. » On remarque des différences très-notables dans la composition des gaz ; un échantillon du nord du bois de Boussu nous a donné un gaz composé presque uniquement de gaz protocarboné sans presque aucune trace de gaz ( -276 ) bicarboné. Nous avons recherché si le gaz se conserve longtemps sans alté- ration sur l'eau ; au bout de quarante jours, nous avons trouvé une diffé- rence dans leur composition; il y avait une plus grande proportion d'hy- drogène. » Les houilles sèches, comme les flénus de Mons, s'altèrent moins à l'air que les houilles grasses; mes expériences ont porté sur une houille du Haut- Flénu (bassin de Mons) qui peut être considérée comme type de houilles sèches du bassin de Mons. » Le rendement en gaz n'est pas aussi élevé que celui des bonnes houilles grasses à longue flamme; l'analyse du gaz permet de le considérer comme bon pour l'éclairage. C'est sur cette houille que j'ai étudié particulièrement les variations de composition du gaz à mesure qu'il se dégage; les gaz polv- carbonés se dégagent au commencement; vers la fin de l'opération, il ne s'en dégage plus; le gaz des marais persiste jusqu'à la fin, mais il y en a moins qu'au commencement : la proportion d'oxyde de carbone augmente peu, mais celle d'hydrogène devient très-considérable. » Les expériences que nous avons faites démontrent combien il importe dans la fabrication du gaz : » i° De n'employer que des charbons frais et récemment extraits de la fosse; « i° D'appliquer brusquement la chaleur et de calciner rapidement ; » 3° De ne point conserver longtemps le gaz dans le gazomètre. » Au point de vue de la combustion et de la fabrication du gaz, elles ser- vent à expliquer comment les houilles se comportent si différemment. Les houilles maigres ne dégagent guère que de l'hydrogène et de l'oxyde de carbone en faible quantité; la flamme est chaude et courte. Elles sont im- propres à la fabrication du gaz d'éclairage. Les houilles demi-grasses don- nent une proportion de gaz beaucoup plus grande, mais l'hydrogène domine, et quoiqu'il y ait une proportion notable de gaz des marais, elles ne sont pas propres au chauffage des fours à réverbère ; le gaz qu'elles produisent n'est pas éclairant. Avec les houilles grasses maréchales, on voit apparaître les gaz polycarbonés et le gaz des marais en forte proportion, mais la quan- tité de gaz n'est pas considérable. Aussi ces houilles donnent-elles une flamme courte et chaude; or. ne les emploie pas pour la fabrication du gaz d'éclairage. Les houilles grasses à longue flamme sont au contraire très- propres à cet usage ainsi qu'au chauffage; les gaz qu'elles donnent ont une composition très-variable; ce qui les caractérise, c'est une grande quantité de gaz des marais; la proportion de gaz polycarboné varie de 5 à 16 p. 100. ( I277 ) Enfin les houilles sèches dégagent et brûlent plus de vapeur d'eau que les précédentes, le gaz renferme plus d'hydrogène : aussi la flamme est-elle moins chaude ; elles sont propres au chauffage des chaudières à vapeur et à la fabrication du gaz d'éclairage. » CHIMIE ORGANIQUE. — Note sur le sulfure d'éthjlène et sur une combinaison qu'il forme avec le brome; par M. J.-M. Crafts. (Présenté par M. H. Sainte-Claire Deville.) « On sait que MM. Lœwig et Weidmann ont obtenu, en abandonnant à Pair une dissolution alcoolique de monosulfure de potassium mélangée avec du chlorure d'éthylène, un précipité amorphe qui se détruit lorsqu'on essaye de le distiller. Ils ont nommé ce corps sulfure d'éthjlène, et ils expli- quent sa formation en admettant la production préalable d'une combinai- son €2H*S, K2S qui se détruit par l'action de l'air. » Invité par M. Wurtz à étudier l'action du brome sur le sulfure d'éthy- lène, j'ai préparé ce corps par le même procédé, mais en me servant, au lieu du chlorure, du bromure d'éthylène, qui est beaucoup plus facilement attaqué par le monosulfure de potassium. Le brome est remplacé immédia- tement par le soufre en donnant un composé mieux caractérisé, comme espèce chimique, que celui obtenu par MM. Lcevvig et Weidmann. » La réaction s'accomplit avec un dégagement considérable de chaleur, et une grande partie du bromure se transforme en un corps blanc, qui est très-soluble dans l'alcool, l'étherou le sulfure de carbone. Ce corps distille vers 2000 et se condense sous la forme de cristaux blancs, dont les dernières portions sont souillées par une petite quantité d'une matière huileuse qui se décompose en partie par la chaleur, en laissant un résidu de carbone. » Les cristaux, débarrassés de la matière huileuse par des lavages à l'éther, donnent à l'analyse des chiffres correspondant à la formule G'H'S. » Le sulfure d'éthylène est un corps solide, un peu volatil à la tempéra- ture ordinaire. » Il se solidifie à 112° en devenant cristallin. » Il distille sans décomposition de I99°à200°. » Il est soluble dans l'alcool, dans l'éther, et surtout dans le sulfure de carbone; sa dissolution dans ce dernier dissolvant l'abandonne en cristaux bien nets, que M. Friedel a eu la complaisance de mesurer. C. R., 1862, 1" Semestre. (T. LIV, N° 24.) l^6 ( !278 ) » Le sulfure d'éthylene cristallise eu prismes rhomboïdaux obliques de 690 44'» portant une seule modification symétrique a' sur l'angle inférieur du prisme. » L'inclinaison de la base sur une face h' tangente à l'arèle antérieure du prisme est 470%'- » Le rapport du côté de la base à la hauteur est 1 : 1,1 1 33. Celui du côté à la diagonale horizontale et à la diagonale inclinée de la base est i:o,4638:o,8888. » L'angle plan de la base est 55° 16'. » L'angle plan des faces latérales i26020,'. Angles observes. Angles calculés. M. sur M = 6 9° 44 P » P = 1 1 1° 3o' M » «' = 710 13' M » a'... m0 11' P » h' i3î° 1' » Les cristaux sont en général développés parallèlement à la base. Dans la lumière polarisée, on aperçoit un des systèmes d'anneaux très-oblique- ment à P, et l'autre presque normalement à a' . » Le sulfure d'éthylene ne se combine pas avec l'ammoniaque en disso- lution aqueuse ou alcoolique, ou même lorsqu'on le distille dans une atmo- sphère du gaz sec. » Le chlore l'attaque avec dégagement d'acide chlorhydiïque, mais je n'ai pas réussi à isoler les produits de la réaction. » Le sulfure d'éthylene se combine directement avec le hrome sans qu'il y ait dégagement d'acide bromhydrique, et, que le brome ou le sulfure d'éthylene soient en excès, il se forme toujours le composé G2H4SBrs. » Le bromure de sulfure d'éthylene est un corps jaune, presque inso- luble dans l'éther rectifié ou dans le sulfure de carbone. » Il attire avec avidité l'eau de l'atmosphère en se transformant en cris- taux blancs. Il éprouve aussi la même transformation, en s'échauflant, lors- qu'on y ajoute un peu d'eau, et l'eau se trouve fortement chargée d'acide bromhydrique. Les cristaux formés contiennent moins de brome que le bromure; ils se dissolvent complètement dans une plus grande quantité d'eau, et^si l'on traite la dissolution par l'oxyde d'argent pour fixer l'acide bromhydrique mis en liberté, et qu'on la filtre, elle donne par l'évaporà- tion un corps neutre qui cristallise en petites tables rhoinbiques. ( I579 ) » L'analyse des cristaux leur assigne la composition G2H4SQ : ainsi le brome se trouve simplement remplacé par l'oxygène. » Chose digne de remarque, la combinaison du brome avec le sulfure d'éthylène ne présente aucune analogie avec le corps G2 H* SCI- obtenu par M. Guthrie par l'action du perchlorure de soufre sur l'élhylène. » Comme il me paraissait intéressant de comparer ie sulfure d'éthylène avec son isomère, qu'on obtient en faisant passer de l'hydrogène sulfuré dans l'aldéhyde, j'ai préparé ce corps d'après la méthode de Weidenbusch, et les observations suivantes ont été faites sur les cristaux distillés une lois, et débarrassés ensuite par des lavages à l'alcool de leurs produits de décom- position. » Je propose pour ce composé, afin de rappeler son origine, le nom de sulfure d'éthvlidène. » Lorsqu'on le fond et qu'on le laisse refroidir, la température reste un instant stationnaire à 95° pendant qu'il se dépose des feuilles cristallines, ensuite toute la masse devient molle et ne se solidifie complètement qu'à -jo°. » Le sulfure d'éthylidène commence à distiller à 2o5°, mais le point d'ébnlliti'on monte jusqu'à 2600, température à laquelle le composé se détruit en partie. « Le snlfure d'éthylidène se dépose de sa dissolution dans le sulfure de carbone en aiguilles très-fines. M. Friedel a pu en déterminer la forme cris- talline sur quelques lamelles plus nettes qu'elles ne sont d'ordinaire. Il se présente en prismes rhomboidaux droits très-allongés et le plus souvent aciculaires. Ces prismes offrent un clivage facile perpendiculairement à leur direction. En regardant au microscope polarisant une lamelle obtenue par le clivage, on y voit deux systèmes d'anneaux symétriques. » Les angles observés sont : ■&■ M sur M 95° M sur h' i37°3o' M sur P 90" » On conclut de ces données que ces deux sulfures isomères différent essentiellement dans leurs propriétés physiques, et je crois avoir constaté aussi qu'ils ne donnent pas par l'action des agents chimiques des produits identiques; mais je me propose de revenir sur ce sujet quand j'aurai com- plété l'étude des produits d'oxydation du sulfure d'éthylène. » 66.. { 1280 ) OPTIQUE. — Noie sur les raies teUuritjùes du spectre solaire; par M. J. Janssex. « Je suis arrivé récemment à constater dans le spectre solaire la pré- sence des raies permanentes qui doivent être incontestablement attribuées à l'action de l'atmosphère terrestre. Divers physiciens, parmi lesquels je citerai MM. Khun, Piazzi Smith, Brewster et Gladstone, avaient décou- vert dans le spectre des raies ou bandes singulières apparaissant seulement le soir ou le matin, mais s'évanouissant aussitôt que le soleil atteignait une certaine hauteur au-dessus de l'horizon. L'existence temporaire de ces raies les avait fait considérer soit comme accidentelles, soit comme «lues à l'action des vapeurs que les rayons solaires doivent nécessairement traverser lorsque cet astre est à son lever ou à son coucher. Les éminents physiciens que je citais en dernier lieu ont signalé, il est vrai, quelques bandes visibles d'une manière permanente, mais alors seulement que le soleil était obscurci par la présence de brouillards ou de vapeurs atmo- sphériques. » Or il est incontestable que s'il existe dans le spectre solaire des raies dues à une absorption élective des gaz de l'atmosphère terrestre, ces raies doivent y exister d'une manière permanente et présenter seulement des variations d'intensité en rapport avec l'épaisseur de la couche d'air traver- sée. Je me suis donc attaché à construire un appareil qui permît de décider la question de l'existence ou de la non-existence de ces raies pour les plus grandes altitudes du soleil. I^e spectroscope que j'ai construit à cet effet produit l'effet de cinq prismes de flint lourd, et possède un pouvoir consi- dérable de dispersion. Une seconde fente, disposée en avant et à quelques décimètres de la fente ordinaire, permet de modérer à volonté l'intensité lumineuse, et donne par là une netteté beaucoup plus grande aux images, surtout dans la région D où l'excès de lumière empêche la vision des raies les plus fines. » A l'aide de cet instrument, j'ai pu suivre depuis le lever du soleil jus- qu'à son coucher, et d'instants en instants, des groupes de raies toujours visibles, variant seulement d'intensité suivant que semble l'exiger la hauteur de l'atmosphère, hauteur qui, étant mal connue, ne permet pas d'asseoir des rapports d'une manière certaine. » I,cs groupes de raies que j'ai particulièrement étudiées sont situés ( 128. ) dans la région CD du spectre, surtout près de D où l'on observe des groupes très-remarquables, et je compte en publier la carte avec le Mémoire que j'aurai l'honneur de présenter à l'Académie, aussitôt que ce travail sera ter- miné et complété par l'étude des spectres positifs des gaz azote et oxygène obtenus par l'étincelle d'induction ou l'électricité atmosphérique, l'objet de cette Note étant uniquement de me réserver le droit de continuer ces études dans le cas où un nouveau travail sur ce sujet viendrait à être publié. » PHYSIQUE. — Sur une observation des images de Moser ; par M. D. V. Moxckhovex. « On sait que les images photographiques sont formées d'argent pur disséminé dans une couche transparente de coton-poudre, d'albumine ou de toute autre matière transparente et poreuse. On se rappelle aussi la célèbre observation du sculpteur Rauch, qui, ayant laissé une gravure en contact avec une glace, y vit l'image de cette gravure reproduite au bout d'un cer- tain temps. » Il y a déjà plusieurs années nous avions observé un fait analogue. Un verre recouvert d'une image photographique présenta, après le nettoyage, la même image à sa surface, lorsque l'haleine y était condensée. L'image ne tarda pas d'ailleurs à s'effacer. Nous venons de nouveau d'observer le même fait. La glace qui supportait la couche est verdâtre (c'est un vent à base de soude et d'une petite quantité de plomb); elle portait un portrait sur collodion, fait en 1837, et se trouvait, depuis cette époque, dans un grenier très-sec et très-peu éclairé, avec plus de cinquante autres glaces. 11 y a quelques semaines toutes ces glaces furent nettoyées. Le hasard nous en fit découvrir une qui, sous l'influence de l'haleine, montra une image d'une grande visibilité ; on aurait dit un portrait au daguerréotype. Cette image, vue par réflexion, est négative; elle correspond donc exactement à celle de la couche de collodion. C'est la seule glace, entre toutes, qui offrait ce phénomène. » D'après des renseignements puisés à très-bonne source, ce fait se pré- sente parfois chez les photographes de profession qui conservent leurs né- gatifs. Il serait, au point de vue de la théorie du daguerréotype, très-utile que leur attention fût appelée sur ce fait, car voici les expériences curieuses auxquelles il a donné lieu. ( 1282 ) » La glace que nous venons de décrire fut recouverte de collodion iodnré, passée dans un bain de nitrate d'argent pour la rendre sensible à la lumière, et placée dans un appareil ordinaire dirigé sur un modèle. Le négatif obtenu fut double, l'image nouvellement obtenue, et une seconde au-dessous très-faible qui rappelait l'image invisible imprimée sur le verre. L'expérience, recommencée plusieurs jours après dans la crainte d'avoir affaire à un des phénomènes d'emmagasinement de la lumière, tels qu'ils ont élé décrits par M. Niepce de Saint-Victor, donna toujours deux ima- ges, celle nouvellement obtenue et une seconde au-dessous très-faible, mais très-visible cependant. La glace fut de nouveau nettoyée et gardée plus de quinze jours dans l'obscurité. Elle donna toujours le même résultat, mais cependant, soit qu'elle fût altérée, soit que les conditions où se fai- saient les expériences eussent varié, l'image secondaire élait de plus en plus faible. » Nous nous préoccupions beaucoup de ce fait, lorsque l'idée nous vint d'opérer dans l'obscurité, sans exposer la glace dans la chambre noire. Nous n'aperçûmes cette fois, après le fixage, qu'une image à peine perceptible. » On sait que la polarisation de la lumière résultant de la réflexion à la surface des métaux ne possède pas les mêmes propriétés que celles des sur- faces réfléchissantes non métalliques. Nous nous sommes servi de cette propriété pour rendre visible l'image précédente. Il suffit, en effet, d'exa- miner avec un prisme de Nichol la couche contenant l'image, sous l'in- cidence nécessaire pour polariser la lumière et en tournant le prisme de manière à éteindre la lumière réfléchie par le verre. On réussit mieux en noircissant la glace par derrière. L'argent constituant limage ne parti- cipant pas aux propriétés de la lumière polarisée ordinaire, l'image, qui n'était visible pour nous (pie parce que nous la soupçonnions, devint d'une grande visibilité, même pour les personnes qui ne voyaient d'abord rien. » Ce moyen de reconnaître l'argent peut être très-utile par son extrême sensibilité, pour rechercher si la lumière, dans les procédés photogra- phiques ordinaires, décompose réellement l'iodure d'argent, ou si elle ne lui communique que de nouvelles propriétés physiques. » Quelle peut être maintenant la cause mystérieuse de l'impression d'une image sur la surface du verre et qui lui donne ensuite la propriété de réduire l'iodure d'argent? Ce n'est, sans aucun doute, pas un phénomène d'emnia- ( 1283 ) gasinement de la luniière, car toute glace recouverte, pendant un certain temps, d'une image photographique et exposée à la lumière, devrait offrir des propriétés analogues. Si c'est une modification moléculaire de la sur- face du verre, dans quelles conditions s'opère-t-elle? D'où lui vient la pro- priété d'agir surl'iodure d'argent? » Ce n'est bien certainement qu'en recueillant un grand nombre défaits et en les discutant, que l'on parviendra à émettre une hypothèse sérieuse sur cette série de phénomènes. » M. Hauxet adresse le plan lithographie d'un nouvel appareil réfrigérant destiné à produire un abaissement de la température dans l'intérieur des théâtres, hospices et autres édifices publics ou privés. L'inventeur n'a pas cru nécessaire d'accompagner d'une description son dessin, qui lui semble donner une idée suffisante du jeu de l'appareil; il offre au reste de fournir de vive voix les explications qui sembleraient nécessaires. M. Savalle, à l'occasion d'une communication récente de M. Beau sur l'angine de poitrine des fumeurs, remarque que, dans un travail sur l'an- gine présenté à l'Académie de Médecine en février 18G1, comme pièce de concours pour le prix Civrieux et honoré d'une récompense dans la séance du 17 décembre, il a appelé l'attention sur l'usage abusif du tabac et sur son influence dans la production de diverses maladies parmi lesquelles figure l'angine. (Cette Lettre est renvoyée à titre de renseignement à la Commission nommée pour le Mémoire de M. Beau, Commission qui se compose de MM. Serres, Amiral et Bernard.) M. A. Chevallier fait hommage à l'Académie des autographes de huit Lettres adressées, de 1826 à 1 829, a son père et à son grand-peie par M. Ni- céphore Niepce, Lettres qui, étant des documents pour l'histoire de la photographie, lui semblent mieux placées dans les archives de l'Académie (pie dans une collection (.rivée. M. Després adresse en double exemplaire un Traité de l'érysipèle qu'il vient de faire paraître, et prie l'Académie de comprendre cet opuscule dans le nombre des pièces de concours pour les prix de Médecine et de Chi- ( i*84 ) rurgie. Une Note manuscrite faisant partie de cet envoi indique, conformé- ment à une des conditions du programme, ce que l'auteur considère comme neuf dans son travail. L'ouvrage sera réservé pour le concours de i863, celui de 1862 étant clos à partir du Ier avril. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. E. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 9 juin 1862 les ouvrages dont voici les titres : Sitzungherichte.. . Comptes rendus des Séances de l'Académie impériale des Sciences de Vienne (classe des Sciences mathématiques et des Sciences natu- relles). T. XLIV, n° 4, t. XLV, n° 1 (novembre 1861-janvier 1862). Vienne, 1 861 -1862; in-8°. Register... Tables des volumes XXXI à XLll des Comptes rendus de la classe des Sciences mathématiques et des Sciences naturelles de l'Académie impé- riale des Sciences de Vienne; If livraison. Vienne, 1862; in-8°. Memoria... Mémoire sur les propriétés médicinales de la salsepareille em- ployée en poudre contre les inflammations érythémateuses et phlegmoneuses ; parle professeur Ange Altobelli. Aquila, 1862; br. in-4°. Ohservatorio.... Publications de l'Observatoire météorolo 845 i;o nombre quelconque de variables indé pendantes; Note de M. O. Bonnet — Sur l'intégration des équations différen- tielles partielles du premier et du second ordre; Mémoire de M. Bour 439, 54g, 588 et — Remarques sur ce travail; par M. ZAour ville — Remarques de M. Bertrand sur la com- munication de M. Liouville 94^ — Méthode pour la résolution, par approxi- mations successives, des problèmes à deux inconnues posés ou non posés en équations; Note de M. de Saint-Venant. — Détermination de quelques intégrales dé- unies; Note de M. J'olpicelli 2a3 — Sur les nombres de Bernoulli; Note de M. Catalan io3o et io59 — Note sur l'équation du troisième degré; par le même • G5g Analyses spectrales. — Note de M. Dcbray sur l'analyse des spectres colorés par les métaux — Sur le thallium, nouveau métal dont l'a- nalyse spectrale a fait connaître l'exis- tence; étude de ce métal par M. Lamy. — Sur les raies telluriques du spectre so- laire; Note de M. Janssen Anatomie. — Étude sur la structure du sys- tème nerveux spinal et du système cé- rébelleux ; par M. Luys — Recherches sur l'origine apparente et sur l'origine réelle des nerfs moteurs crâ- niens; par M. Chauveau. Anatomie comparée. — Ostéologie comparée des articulations du coude et du genou dans la série des Mammifères, des Oiseaux et des Reptiles; Mémoire de M. Ch. Marlins ' ^2 — Revue générale des os de la tète des ver- tébrés; par M. Lavoeat 11 10 et — Sur la structure du cœur de la tortue franche ; Recherches de M. Jacquart — Sur un organe particulier du cerveau des Mormyres; Note de M. Mareusen — Études sur la larve du potamophilus; par M. Léon Dufour '^° Anémomètres. — Description d'un anémo- mètre totalisateur; par M. Morin a32 Amcsthésie. — De l'acide carhoniquo en in- halations comme agent anesthésique pen- dant les opérations chirurgicales; Note de M. Ozanam *'*4 Aniline. — Recherches sur les matières co- lorantes dérivées de l'aniline; par M. ffof- mann . — Étudo des matières colorantes et colorées extraites, à l'état de pureté, des produits ,6g 12.55 1280 729 52 1258 7G3 35 128 ( «a Pages, commerciaux do l'aniline; Note de M. Ja- quelain 612 Anonymes (Communications) adressées pour des concours dont une des conditions est que les auteurs ne se fassent pas con- naître avant le jugement de la Commis- sion. — Mémoire sur l'assimilation des substances isomorphes (Concours pour le prix du legs Barbier ) CG8 — Mémoire destiné au concours pour le grand prix de Mathématiques de i863 (question concernant la théorie des phé- nomènes capillaires), 1" et 20 parties. 668 et 1024 — Mémoire destiné au concours pour le prix Bordin de 1862 (question concernant la différence de position du foyer optique et du foyer photogénique) 76401 937 — Mémoire destiné au concours pour le prix Alhumbert de 1862 (question des générations spontanées) 791 — Mémoire destiné au concours pour le grand prix de Mathématiques de 1862 (question concernant la théorie mathé- matique des marées) , 1148 Anthropologie. — Dangers des mariages consanguins : leur influence sur la fré- quence de la surdi-mutité chez les en- fants ; Mémoire de M. Boudin 1209 — M. Ftourens présente le prospectus d'un ouvrage de M. Liharzik sur la loi de la croissance et la structure de l'homme, et met sous les yeux de l'Académie des fi- gures préparées pour cette publication. 1270 Appareils divers. — Description d'un ané- momètre totalisateur; par M. Morin. . . 1I1 — Régulateur électrique de M. Scrrin. (Rap- port sur cet appareil ; Rapporteur M. Pouillet.) ' 538 — Appareil pour l'élude des lois de la chute des corps; Note de M. Bourbuuze. 52 et 128 — Description d'un pluviomètre écrivant; Note de M. Guillet. . , 690 — Nouveau compteur pour la distribution de l'eau à domicile; Note de M. Rivière. . . 729 — Appareil de M. Carré pour la production artificielle du froid. (Rapport sur cet appareil ; Rapporteur M. Pouillet. ) . . . . 827 — M. Haunet présente le plan d'un appareil destiné à abaisser la température de l'air dans l'intérieur d'un édifice public ou d'une maison privée 1283 — M. Guirelle présente un appareil inhala- teur destiné à faire pénétrer dans les poumons un volume d'air supérieur à celui qui y entrerait par le seul jeu des parois thoraciques io33 — Appareil de perspective à l'usage des 9' ) Paj»es. peintres qui ont à représenter des mo- numents; figure et description de l'ap- pareil par l'inventeur M. Lameyre lo33 — Lettre de M. Krazuski concernant un ap- pareil de son invention pour arrêter un cheval qui s'emporte io34 — Lettre de M. Paris concernant l'appareil qu'il désigne sous le nom de masque hygiénique 1 '6 1 — Description et figure d'un compteur pour voitures de place, de l'invention de M. Bedeau 1221 Argenture des glaces substituée à l'éta- mure; procédé de MM. Brossettc etPe- titjean 7^° Arts insalurres. — Document adressé par M. Grnf concernant son procédé de fa- brication des aiguilles, procédé exemptde tout danger pour la santé des ouvriers. 463 Arts militaires. — Des canons rayés et de leur avenir; Mémoire de M. Faoé \i~^ — Rapport sur un Mémoire de M. Vin- cent concernant un projet d'un nouveau canon se chargeant par la culasse; Rap- porteurM. Duperrer. Un autre Mémoire du même auteur intitulé : « Nouveau système de défense des côtes», ayant été déjà imprimé, ne peut être l'objet d'un Rapport i'-* >•< Astronomie. —Remarques de M. Le ter- rier à l'occasion d'une Lettre de M. t ah concernant l'observation faite à Marseille du passage de Mercure sur le Soleil. . . 16 — Nouvelle Lettre de M. Vulz sur les obser- vations de Marseille '9° — Sur une prétendue erreur dans l'observa- tion faite à Marseille du passage de Mer- cure sur le Soleil ; Réponse de M. Le Verrier à la Lettre de M. Valz 229 — Observation faite à Toulouse du passage de Mercure ; Extrait d'une lettre de M. Petit à M. Élie de Beaumont 3 1 — Lettre de M. Temple-Chevallier à M. Le Verrier concernant l'observation, faite à Durham, du passage de Mercure sur le Soleil >6i — Observation du même passage à Varsovie ; Lettre de M. BardmowsMbM.. Le Verrier. 1 6 '< — Sur le système des planètes les plus voi- sines du Soleil, Mercure, Vénus, la Terre et Mars; par M. Le Verrier (suite). . . 1; — Remarques de M. Delaunay à l'occasion de celle communication 77 — Réponse de M. Le Verrier 82 — Nouvelles remarques de M. Delaunay.. U'> — Observations à Paris et à Marseille de l'éclipsé de Soleil du 3i décembre 1861 ; Note de M. Le Verrier s3o 168.. ( lag Pages. Astronomie. — Note de M. Le Verrier ac- compagnant la présentation du volume des Annales de f Observatoire qui con- tient les Tables de Vénus et de Mars. . . 23i — Surlavariabilitéde la nébuleuse de Hind et d'une étoile voisine; Note de M. Le Ver- rier 299 — M. Le Verrier présente le XVIe volume des Annales de ^Observatoire (obser- vations méridiennes de 1860), et la cin- quième livraison des cartes écliptiques. — M. Le Verrier annonce aussi l'ob- servation faite le 20 mars, à Paris par M. Chacornae, du satellite de Sirius dé- couvert aux États-Unis 626 — Sur les nouvelles Tables des planètes in- térieures; Mémoire de M. Fine 63o — M. Le Verrier remarque à cette occasion qu'une discussion dans laquelle aucun chiffre n'est apporté, n'a pas à ses yeux un caractère scientifique 63g — M. Le Verrier présente le XIVe volume des Annales del 'Observatoire impérial et un dessin par M. Chacornae de la nébu- leuse du Chien de chasse septentrional. 888 — M. Z.e^°/77Vvprésentedesdessins du sa- tellite Titan sur le disque de Saturne faits par M. Chacornae au moyen du grand télescope de M. Foucault 1012 — Sur la découverte de la variation lunaire par Aboul-Wefa ; Lettre de M. Chasles à M. Sedillot 1002 — Sur l'accélération séculaire du moyen mou- vement de la Lune; communications de M. Delaunay. 491, 528, 809, 869,942 et 996 — Remarques de HL.de Pontécoulant sur deux des Notes de M. Delaunay relatives à l'accélération séculaire du moyen mou- vement de la Lune 983 — Réponse de M. Delaunay 999 ) fages. io38 io53 iofi; 1089 — Nouvelles remarques de M. de Ponté- coulant • — Réponse deM. Delaunay à ces remarques. — Remarques de M. de Pontécoulant sur une Note lue le 12 mai parM. Delaunay. — Nouvelle réponse de M. Delaunay — Remarques de M. de Pontécoulant sur les corrections apportées par M. Delaunay aux expressions données par M. Plana des trois coordonnées de la Lune 1120, 1157 et 1189 — Parallaxes et vitesses de deux nouveaux bolides ; Note de M. Petit 110 — Lettres de M. IVarren de la Rue accom- pagnant l'envoi : i° de diverses images photographiques se rapportant à l'éclipsé solaire de juillet 1860, observée par lui en Espagne; 20 des figures de plusieurs planètes et de la tête de la comète de Donati gravées d'après ses des- sins 384 et — Rapport sur ces dessins ; Rapporteur M. Paye — Règles pour la solution du problème de Kepler; Note de M. de Gasparis — Explication de l'anneau de Saturne ;Note de M. Lcpetit — M. Castillan, à l'occasion des communi- cations de M. Faye sur la force répulsive considérée relativement à la marche des comètes, rappelle d'anciennes Notes qu'il a présentées et où se trouvent émises des idées qui, suivant lui, se rapprochent de celles du savant Académicien 104; Aurore boréale. — Description d'un appa- reil qui reproduit les aurores boréales et australes avec les phénomènes qui les accompagnent; Note de M. de la Rive. 1171 Azotates. — Nouvelles recherches sur l'azo- tate ferrique; par M. Sclwurer-Kestner. G 1 4 497 545 ng5 987 B Balistique. — Sur le mouvement d'un pro- jectile dans l'âme d'un canon rayé; Mé- moire de M. Gorlof 5g6 — Des canons rayés et de leur avenir; Mé- moire de M. Fané 1 175 Barrages. — Mémoire de MM. Chanoine et Lagrenée sur les barrages à hausses mo- biles 729 Bégaiement. — Sur le traitement de ce vice de la parole; Lettre de M. Anselmier. . 800 Bismuth. — Sur l'emploi croissant des pré- parations de bismuth en thérapeutique, et sur la nécessité d'une production plus abondante de ce métal ; Note de M. Dor- viudt 801 Botanique. — Note de M. Montagne accom- pagnant la présentation de sa Florula Gorgonea, et des doux premières décades de sa neuvième Centurie de plantes cel- lulaires 33g Brome. — Sur l'existence présumée d'un ra- dical commun au chlore, au brome et à l'iode ; Note de M. de la Roche 600 — Remarques de M. Regimbeau à cette oc- casion ; Lettre à M. Dumas 9»i Bromures — Sur les trois derniers termes ( i2g3 ) Pages. de la série des bromures d'éthylène bromes; Noie de M. Reboul. 1229 et 1287 — Sur le sulfure d'éthylène, et sur une com- binaison qu'il forme avec le brome; Note de M. Crafts 1277 Bulletin bibliographique. — 62, 1 33, i85, 226.287, 401, 4"2i 52i, 572, 622,691, 745, 770, 802, 867, g38, 988, 1049, 1086, u32, 1162, 1200, 1236, 1284. Pages. c Cadavériques (Phénomènes).— Considéra- tion de ces phénomènes au double point de vue de la physiologie et de la méde- cine légale ; Mémoire de M. Larchcr. . . 562 Café. — Sur les propriétés hygiéniques et thérapeutiques du café; Mémoire de MM. Riche ;9'2 Cm^Dioatvres pour les places auxquelles l'A- cadémie est appelée à présenter. — M. le Ministre de l'Instruction publique invite l'Académie à lui présenter deux candidats pour la chaire de Physique gé- nérale et mathématique, vacante au Col- lège de France par suite du décès de M.Biot ;3i — Une Commission composée des Membres de la Section de Physique et de la Sec- tion de Géométrie propose à l'Académie comme candidats pour la place vacante : au ier rangM. Bertrand;au 2CM. Vcrdct. 769 — L'Académie élit par la voie du scrutin comme candidats pour cette place et présente à M. le Ministre de l'Instruc- tion publique : en première ligne M. Bertrand; en seconde ligneM. Fer-dot. 790 — M. le Ministre de V Instruction publique invite l'Académie à lui présenter deux candidats pour la chaire de Zoologie (Mammifères et Oiseaux), vacante au Muséum d'Histoire naturelle par suite du décès de M. Geoffroy-Saint-Hilaire . . io34 — La Section d'Anatomie propose comme candidats pour la place vacante : au premier rang M. Milne Edwards, au second rang M. Pucheran 1086 — L'Académie présente comme candidats pour cette chaire : en première ligne M. Milne Edwards; en seconde ligne M. Pucheran 1 102 — M. le Ministre de l 'Instruction publique invite l'Académie à lui présenter deux candidats pour la chaire d'Entomologie, vacante au Muséum d'Histoire naturelle par suite de la nomination de M. Milne Edwards à la chaire de Zoologie (Mam- mifères et Oiseaux ) 1 1 90 — La Seclion d'Anatomie et de Zoologie pro- pose comme candidats pour la chaire va- cante: au premier rangM. Blanchartl;au second rang M. Lucas — L'Académie présente comme candidat? pour cette chaire : en première ligne M. Blanchard;em secondeligneM. Lucas. 1 Candidatures pour des places de Membres et de Correspondants de l'Académie : — M. Joly demande à être compris dans le nombre des candidats pour la place va- cante, dans la Section d'Anatomie et de Zoologie, par suite du décès de M. Geof- froy-Saint-Hilaire — M. Cazenace prie l'Académie de vouloir bien le considérer comme candidat pour une place vacante de Correspondant de la Section de Médecine et de Chirurgie. — M. S. De Luca demande à être compi - dans le nombre des candidats pour une place vacante de Correspondant de la Section de Chimie — M. Leymerie et M. Marcel de Serres adressent, chacun de leur côté, une sem- blable demande pour une place vacante de Correspondant de la Section de Miné- ralogie et de Géologie 387 e! Carbures. — Nouveau mode de formation de quelques hydrogènes carbonés ; Note de M. fl'urtz — Nouvelles recherches sur la formation des carbures d'hydrogène. Remarques sur la formation des carbures amyliques : Notes de M. Berthclot 5i 5 et — Remarques de M. Jf'urtz à l'occasion des communications de M. Berthclot — Synthèse de l'acétylène par la combinai- son directe du carbone avec l'hydrogène : expérience de M. Berthelot annoncée dans la séance du 17 mai parM.i?«/«/r/, et reproduite par l'expérimentateur à la séance suivante 577 et — Lettre de M. Morren donnant quelques détails relatifs à des faits analogues qu'il avait communiqués à l'Académie en 1 859. — Sur les hydrocarbures et leurs combinai- sons avec l'acide picrique; Note de M. Fritzsche — Recherches sur un carbure d'hydrogène 1236 254 264 a86 765 3S7 568 612 1 |< 9"' ( «» Pages. liquide, l'hydrurc de caproylene, et sur ses dérivés; par MM. Cahburs et Pe- loazc 124 1 Chaleur. — Mesure, par la pile, des quan- tités spécifiques de chaleur de combi- naison des principaux métaux; Note de M. Marié-Davr l lo3 Chaubon. — Expériences sur la liquéfaction du charbon ; Note do M. Muston 7G9 Chaudières a vapeur. Voir l'article Machines h vapeur. Chemins de fer. — Système de chemins do fer à rail moyen ; Note de M. Karst 127 — Note de M. Montel sur un procédé des- tiné à prévenir les collisions sur chemins de fer 127 et 691 — Nouveau frein pour les véhicules mar- chant sur chemins de fer; description et figure de cet appareil, par M. Sabou- reau 7-^7 — Sur un nouveau système de chemins de fer dit chemin de fer glissant; Note de M. Girard 93a — Sur un moyen supposé propre à retarder utilement la vitesse d'un train en marche sur chemin de fer; Note de M. Naut. . n3a — De l'influence exercée par les chemins de fer sur l'hygiène publique ; Mémoire de M. Gallard. 1 10G Chirurgie. — Compte rendu des résultats obtenus par la lithotrilie pendant l'an- née 1 86 1 ; Note de M. Civiale 34o — Note de M. ReurteloUp sur les perfec- tionnements récents qu'il a apportés à la petite lithotripsie ou lithotripsie de main 1210 — Nouvelle méthode pour pratiquer l'opé- ration delà taille; Mémoire de M. Cla- parède GQ1 — Restauration du nez par l'ostéoplastie; Mémoire de M. Ollier 73o — Ankylose vraie de l'articulation coxo-fé- morale guérie par l'ostéotomie cunéi- forme; Note de M. Berend, do Berlin, présentée par M. Velpeau 855 — Sur la translucidité complète de certaines hydrocèles de la tunique vaginale : moyen d'éviter la lésion du testicule et de l'épididyme dans l'opération do la ponction ; Note de M. Duval. 1 153 — Sur une nouvelle méthode de traitement chirurgical du croup ; Note de M. Picard. 1 155 Chlore. — Recherches relatives à l'action du chlore sur l'acide acétique anhydre; Note de M. Cal 670 — Sur l'existence présumée d'un radical commun au chlore, au brome et à l'iode; Note de M. de la Ruche Goo 94 ) Pages. — Remarques de M. Regimbcau à cette occasion ; Lettre à M. Dumas 921 Chlorures.— Action du protochlorure d'iode sur quelques substances organiques; Mémoire de MM. Sihutzenberger etiSen- genwald * 197 — Action de l'ammoniaque sur les chlo- rures; deuxième Notedc M. Behérain. 724 — Sur la réduction du perchlorure de fer par le platine, le palladium et l'or : ré- duction des chlorures d'or et de palla- dium par le platine ; Note de M. Saint- pierre 1077 Ciioléra-morbus. — Du traitement du cho- léra par l'administration coup sur coup d'énormes quantités de boissons aqueu- ses ; Mémoire et Lettre de M. Netter. . . 73o et 768 — Mémoire sur l'origine, la nature et le traitement du choléra, principalement d'après des observations recueillies en Cochinchine; (adressé par un auteur qui a cru devoir placer son nom sous pli ca- cheté) 7G4 Voir aussi l'article Legs Bréant. Chronologie. — M. Jiodicr demande et ob- tient l'autorisation de reprendre son Mé- moire sur des vérifications astronomi- ques de la chronologie égyptienne 1199 Climatologie. — Note sur le climat de la ville deVienne en Autriche; par M. Gri- maud, de Caux 45 Colorantes (Matières). — Recherches sur les matières colorantes dérivées de l'ani- line; Note de M. Hofmann 428 — Étude des matières colorantes et colorées, extraites, à l'état de pureté, des produits commerciaux de l'aniline ; Note de M. Jacquelain 612 — Sur un produit du lentisque en arbre em- ployé par les Arabes comme substance atramentaire; Note de M. Guyon 634g Cosmétiques. — Recherches sur l'histoire et les propriétés des préparations cosmé- tiques depuis les temps anciens jusqu'à nos jours ; par M. Guislain - j 1 Couleurs. — Note sur l'harmonie des cou- leurs; par M. Montant (écrit par suite d'une signature confuse Montain) 85a Cyanogène. — Mémoire surl'acétato de cya- nogène; par M. Schutzenbcrger ( 1296 ) D Pages. DÉCÈS de Membres et de Correspondants de l'Académie. — L'Académie, réunie le 3 février pour sa séance habituelle, a appris la perle qu'elle venait de faire de son doyen M. Biot, décédé le matin même. L'assemblée s'est aussitôt séparée. 229 — Le 3o juin l'Académie a appris de même le décès de M. de Senarmont, aussi dé- cédé le matin du jour où devait avoir lieu la séance. L'assemblée s'est égale- ment séparée. — M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg an- nonce le décès de M. Ostrogradski, Cor- respondant de la Section de Géométrie, mort le 1" janvier 1862 191 — M. le Secrétaire perpétuel annonce le dé- cès de M. Bretonneau, Correspondant de la Section de Médecine et de Chirurgie, mort le 18 février 1862 4°5 Pages. Décrets Impériaux confirmant la nomination de Membres de l'Académie. — Nomina- tion de M. Blanchard, Section d'Anato- mie et de Zoologie, en remplacement de feu M. Is. Geoffroj-Saint-Hibnre Vp — Nomination de M. O. Bonnet, Section de Géométrie , en remplacement de feu M. Biot 869 Densités. — Sur la mesure des densités des vapeurs saturées ; Note de M. Dupré. . . 972 Dextrine. — Sur la transformation de l'ami- don en dextrine et glucose; Note de M. Musculus, présentée par M. Payen. . 194 Diffraction. — Note sur la théorie de la diffraction, par feu Aug. Ffcsnel, con- tenue dans un paquet cacheté déposé par l'auteur le 20 avril 181 8 et ouvert sur la demande de son frère, M. L. Frcs- nel, dans la séance du 10 mars 18C2.. 56l"> E Eaux potables. — Sur un moyen d'assurer la pureté des eaux de la Seine dans la traversée de Paris; Note de M. Salmon. 206 — Lettre de M. Dumotit. accompagnant son travail sur les eaux de Paris et de Lyon. 1084 — Notice de M. Dupin sur les travaux exé- cutés et les travaux projetés par M. A. Dumont 1090 — M. Le Verrier et il. Elie de Beaumont font, à cette occasion, remarquer que, en raison des différences dans les conditions géologiques, on ne peut rien conclure pour Paris des succès obtenus à Lyon. .. 1092 — De la distribution de l'eau dans les villes; Mémoire de M. A. Dumont 1 182 — Sur les eaux de Paris; Note adressée par .M. Cabieu à l'occasion de la communi- cation de M. Dumont 1220 Remarques de M. Dumont en réponse à cette Note 1 269 — Analyse chimique de l'eau du puits arté- sien de Passy; Note de MM. Poggiale et Lambert 1062 — Nouveau compteur d'eau, présenté par M. Rivière 729 — Action purifiante de la congélation sur les eaux potables; Note de M. Robinet 1020 — Sur la possibilité de remplacer pour les opérations photographiques l'eau distil- lée par l'eau sortant des glaciers ; Noie de M. Martcns 1 i3a Voir aussi l'article Puits artésiens. Éclairage (Gaz de l'). — Sur les gaz de houille et de tourbe; Mémoire de M. de Commines de Marsillr 1 27 3 — Procédé pour empêcher les fuites du gaz circulant dans les tuyaux de distribution ; Note de M. Lèmoine 127 Éclipses. — Images photographiques de l'é- clipse solaire du 3i décembre 18G1 , prises à Belfort par M. fermer.. 43 et 1 59 — Observation de la même éclipse à Ouargla (Algérie), par M. Billard (extrait par M. Le Verrier) 162 — Observation de cette éclipse à l'île de la Trinité (Lettre deM. Eind, extraite par M. Le Verrier ) 42O — Observation de celte éclipse à Gorée (Sé- négal), par MM. Poulain et Dutaillis, avec Lettre d'envoi par M. Laussedat: (pièces transmises par M. le Maréchal Vaillant) 49^ — Addition à une précédente communica- tion de M. d'Abbadie concernant l'ob- servation qu'il a faite en Espagne de la même éclipse 58G Économie rurale. — Note de M. Gaj ac- compagnant la présentation du premier l37 i Pages volume d'agriculture chilienne, faisant partie de son Histoire du Chili 4^5 — Rapport sur un Mémoire de M. Nadault de Buffon concernant l'aménagement des rizières; Rapporteur M. Boitssin- gauh 262 — Rapportsur un Mémoire de M. A. LePlay relatif à l'origine de la chaux qui se trouve dans les plantes cultivées sur les terrains primitifs du Limousin; Rappor- teur M. Damas 354 — Remarques de M. Chevreul à l'occasion de ce Rapport 357 et 4°5 — Sur la composition de quelques terres ara- bles; Note de M. Dehérain 122 — Sur le dosage de l'acide phosphorique en présence de l'oxyde de fer et des bases terreuses ; Note de M. Cirant 468 — Sur la culture du lin en Algérie; Mémoire de M. Lestiboudois 1012 — Éludes sur le colza : suite d'un travail de M. Isidore Pierre 1 252 — Sur la culture du tabac en Alsace; Mé- moire de M. Schattenmann 1066 — Analyse de pailles de divers froments; Note de M. Gueymard 3go — Sur l'emploi de l'eau des torrents pour un système d'irrigations dont une des con- séquences serait de prévenir les inonda- tions; Mémoire de M. Bargnâ 839 — Lettre de M. Genin concernant une pré- cédente communication relative au moyen de reconnaître dans l'œuf le sexe du pculet 119g Électricité. —Description d'un appareil qui reproduit les aurores boréales et aus- trales avec les phénomènes qui les ac- compagnent; Note de M. de la Rive ... 1 171 — Remarques sur l'électricité atmosphéri- que ; par M. Perrot 1 59 — Sur les conductibilités électriques des dis- solutions salines; Note de M. Marié- Davy 405 — Sur la conductibilité électrique des gaz plus ou moins raréfiés; Lettre de M. Mor- ren 735 — Sur la conductibilité électrique et la ca- pacité inductive des corps isolants; Note de M. Gauguin io65 — Sur la polarité électrostatique; Note de M. J'olpicelli io83 Mesure par la pile des quantités spécifi- ques de chaleur de combinaison des prin- h|mux métaux; Note de M. Mariê- Daey ,I03 — Sur le rôle que remplit la partie centrale du noyau de fer des électro-aimants par C. R., 1862, 1" Semestre. (T. LIV ) Pages, rapport à l'attraction qu'ils exercent; Note de M. du Moncel 1231 — Sur le spectre de l'étincelle électrique dans les gaz composés, en particulier dans le fluorure de silicium; Note de M. Seguin g33 — Phénomènes électriques dans la fumée du Vésuve pendant l'éruption du 8 dé- cembre 1861; Note de M. Palmieri 284 — Rrosse vollaïque de M. Imme, de Rerlin; présentée par M. Babinet 276 — Lettre de M. HiffeUheim concernant son ouvrage sur l'électricité médicale io85 — Application de l'électricité aux vers à soie malades; Lettre de M. Sauvageon io85 Électrophysiologie. — Rapport sur les re- cherches de M. Moreau concernanl la nature de la source électrique de la tor- pille; Rapporteur M. Becquerel 963 — Sur la fonction électrique de la torpille ; Note de M. Matteucci à l'occasion du précédent Rapport 1092 — Note de M. Becquerel en réponse à celle de M. Matteucci 1 i3j Encre. — M. Guyon met sous les yeux de l'Académie un produit résineux du len- tisque en arbre, employé par les Arabes pour faire de l'encre 63g Entozoaires. — Expériences sur les migra- tions attribuées à ces animaux ; Mémoire de MM. Pouchet et Verrier g58 — Note de M. Pan Benedcn sur les trans- formations et les migrations des ento- zoaires. Remarques à l'occasion de la précédente communication 1 1 5; Errata. — Page 1254, ligne 6, après le mot attendu ajoutez d'ailleurs. — Page 1277, ligne 22, au lieu de très-soluble lisez très-peu soluble. — Page 1278, ligne 12, au lieu de P:P lisez M: P. — Même page, ligne i3, au lieu de M'.a'= 7i°i3', lisez P:«'= 8i°i3'. Voir encore aux pages 1 35, 187, 227. 4o3, 524, 623, 6g2, 772, io5i, 1088, 1 1 36 et 1287. Étain. — Sur les combinaisons de l'iode et de l'étain ; Note de M. Personne 21 G — Substitution de l'argenture des glaces à l'étamure ; procédé de MAI. Brossette et Petitjean 73o Éthers — Sur la préparation de quelques élhers sulfurés; Note de M. E. Baudri- mont 0 1 ci — Action de l'éther chloracétique sur la triéthylamineetsurlatriéthylphosphine; action du cyanate d'éthyle sur la dié- thylamine et la triéthylamine; Note de M . Hoj marin 2S1 169 ( '298 Pages. ÊthîLE. — Action du cyanate d'éthyle sui- te diéthylamine et la triéthylamine; Note de M. Hof matin 252 Êthylène.— Nouvelles recherches sur l'oxyde d'éthylène; par M. // urtz 277 Sur les trois derniers termes de la série des bromures d'éthylène bromes; Note de M. Reboid 1229 et Sur le sulfure d'éthylène, et sur une com- binaison qu'il forme avec le brome: Note de M Crafts Pages. FER. _ Note M. Mnrifi accompagnant la présentation de la 3e édition de son ou- vrage sur la Résistance des Matériaux . . 235 — Analyses des fers et des fontes du com- merce; laitiers des hauts fourneaux ; Note de M. Mène 159 et 214 — Recherches sur la composition des fontes, et applications à la théorie du puddlage; Note de MM. Minary et Résal 212 — Recherches sur les fontes et sur le pud- dlage; par M. Cailletet 368 — Sur la constitution de l'acier; Mémoire de M. Blondeau "55 — Ouverture d'un paquet cacheté renfer- mant un premier travail de M. Blon- deau, sur le même sujet 1 190 — Des mines de peroxyde de fer ou limonite de l'Hérault; Note de M. Marcel de Serres 1 1 89 — Nouvelles recherches sur l'azotate ferrique; par M. Seheurer-Kestner 614 — Réduction du perchlorure de fer par le platine, le palladium et l'or; Note de M. Saint-Pierre 1077 — Conservation du fer au moyen d'une com- position particulière de peinture à la cire ; Note de M. Allurs 601 Fermentation. — Du rôle des mycodermes dans la fermentation acétique; Mémoire de M. Pasteur 1G0 et ! — M. Couerbe rappelle, à cette occasion quel- ques passages d'un Mémoire sur la sève de la vigne, qu'il a précédemment pré- senté, et où se trouveraient, relative- ment à la fermentation, des idées sembla- bles à celles qu'a émises M. Pasteur. . . 56 I — Du rôle physiologique de l'oxygène étudie spécialement chez les mucédinées et les ferments ; Mémoire de M. Jodin 917 — Expériences sur la fermentation des li- quides; par M. Muston 76g FnoiD (Production du). — Rapport sur un appareil de M. Carré ayant pour objet la production du froid artificiel ; Rap- porteur M. Pouillet 827 — Production de la glace et du froid au moyen de l'étlivlamine et de la méthy- lamine ; Note de M. Tel/ier 1 1 si- Fusion (Point de). — Recherches sur la so- hdificalion d'un liquide refroidi au-des- sous de son point de fusion ; Note de M. DeSains ^71 — Sur la détermination de la température de fusion des corps mauvais conduc- teurs ; Note de M. Gerardin 1082 i.m.\ano(',ai;stiqi'k. — Procédé de galvano- caustiquo fondé, non plus sur les effets calorifiques des courants continus, mais sur leur action chimique; Note de M. Tripier 571 — M. Schuster rappelle qu'il a depuis long- temps profité dans li' même but des effets chimiques des courants 7 i i - M. Velpeau présente une réclamation dans le même srns. de M. Ciniselli 854 Gaz, — AnaKse des gaz de l'emphysème gé- néral traumatique de l'homme ; par MM. Démarqua? et Leconte 180 Sur la conductibilité électrique des gaz plus ou moins raréfiés ; Lettre de \1 Morren 7^5 — Recherches de MM. DeinondrsireXSeldœ- .»('«£■ sur les phénomènes produits par la combustion de gaz en vase clos 1 1 '. . — Gaz de l'éclairage: gaz de houille et de tourbe; Mémoire de M. de Commines de Marsilly 1 273 — Tuyaux de conduite du gaz : moyen d'em- pèoher les fuites; Note de M. Lemoim . < >~ GÉODÉSIE. — Lettre de M. Gorissen concer- nant diverses opérations qui ont eu pour but la mesure d'un degré du méridien. . 186 — Différence de longitude de l'observatoire de Toulouse '•! de la citadelle de Mont- pellier obtenue à l'aide de signaux élec- triques, par M. Petit a Toulouse, et par M. Laussedat ;i Montpellier 455 ( 1299 ) Pages 691 302 — Description et usage d'un instrument de géodésie appelé Diastasimetre : Note de M. Lanoa 459, 524 et Géographie. — Études sur la structure du globe terrestre; par M. de Villeneuve- Flayosc 200 et — Recherches sur la représentation plane de la surface du globe terrestre; Mé- moire de M. Collignon ' 2 ' J Géologie. — De l'origine des roches de dolomie; Note de M. Cordier déposée sous pli cacheté le 28 octobre 1844, pli ouvert sur la demande de M"" Ve Cordier dans la séance du 1 7 février 1 862 293 — M. Leymerie rappelle à cette occasion qu il "a émis, postérieurement au dépôt de cette Note, mais antérieurement à sa publication, des idées analogues sur la formation des roches de dolomie . . 566 — Communication de M. Élie de Beatimont en présentant une carte géologique du Piémont, de la Savoie et de la Ligurie, par M. Sismonda < io34 — Communication de M. Lecocj en présen- tant sa carte géologique du département du Puy-de-Dôme 891 — Sur l'alternance des assises calcaires et des basaltes dansle bassin de la Limagne d'Auvergne ; Note de M. Lecoq 1 099 — Sur les produits de la vulcanicité corres- pondant aux différentes époques géologi- ques ; Mémoire de M. Ksio 192 et Lettre de HL.Scipion Gras accompagnant l'envoi de sa carte géologique du dé- partement de Vaucluse avec le volume de texte explicatif 385 — Sur les dépôts tertiaires marins et lacus- tres des environs de Provins ( Seine-et- Marne); Lettre de M. Hébert à M.d'Ar- chiac - Sur la découverte de l'étage aptien aux environs d'Orthez ; Note de M. Leymerie. — Sur la structure artificielle des buttes de Saint-Michel-en-Lherm; Note de M. de Quatrefages — Remarques de M. Marcel de Serres à l'occasion de cette Note 1037 — Sur les buttes coquillières de Saint- Michel-en-Lherm; Mémoire de M. Bi- vière en réponse à la Note de M. de Quatrefages io05 et - Note de M. Dubocq accompagnant l'envoi de sa carte géologique d'une partie du Banal ( Hongrie ) — Présentation d'une carte géologique des arrondissements de Valenciennes, Cam- brai et Avesnes ; par M. Meugr k>3; 1 1 85 5i3 683 816 3i m 36 Pages. — Sur l'île de l'Étang de Diane (Corse), Note de M. Aucapilcùne 1 1 1 4 — Considérations sur la chimie du globe; par M. Slerry Hnnt 1 190 Voir aussi l'article Paléontologie. Géométrie. — Propriétés des courbes à double courbure du quatrième ordre provenant de l'intersection de deux sur- faces du second ordre;- Mémoire de M. Chasles 317 et 418 — Mémoire sur les propriétés des surfaces développables circonscrites à deux sur- faces du second ordre; par le a/e'aie.. . 7 15 — Note de M. Poncelet accompagnant la présentation de son ouvrage intitulé : « Applications d'analyse et de géométrie qui ont servi en 1822 de principal fon- dement au Traité des propriétés projec- tives des figures 1 1 44 - Remarques de M. Chasles ù l'occasion de cette communication 1 1 i'i — Considérations générales sur les courbes en espace : courbes du quatrième et du cinquième ordre ; Notes de M. Cayle\ 55 , 396 et 672 — Mémoire sur les sections circulaires d'un ellipsoïde ; par M. Pollah 206 — Mémoire sur les surfaces orthogonales; par M. O. Bonnet 554 et 655 - Recherches sur les surfaces orthogonales: par M. Boberts (suites) 61 et 1235 — Note sur les surfaces parallèles; par le même 797 — Sur les surfaces développables du cin- quième ordre; Note de M. Cremona. . . 604 — Sur l'équation cubique de laquelle dépend la solution d'un problème d'homogra- phie de M. Chasles; Note de M. Hesse. 678 — Détermination du volume maximum d'un tétraèdre dont les faces ont des aires données; Mémoire de M. Pa.in.vin 379 — Théorie géométrique des coordonnées curvilignes quelconques ; par M. l'abbé Aoust 46 1 — Note sur les surfaces du second ordre doublement tangentes, en leurs ombilics. à deux sphères égales; par le même.. . 765 Glace. — Observations sur les glaces de fond; par M. Engelhardt. (Rapport sur ce travail; Rapporteur M. de Senarmont). 897 — Sur la densité de la glace; Note de M. Dufour, de Lausanne 107g — Effet purifiant de la congélation sur les eaux potables; Note de M. Robinet 1020 — Possibilité d'employer, pour les opérations de la photographie, au lieu d'eau dis- tillée, l'eau provenant des glaciers; Note de M- Martens 1 1 3i 169. Glucoses. — Noie sur la synthèse des gluco- sides ; par M. RasenstieU 1 78 — Sur la transformation de l'amidon en dextrine et glucose; Note de M. Muscu- lus, présentée par M. Payen 194 (ibasses (Matières).— Études sur le colza, par ( l3oo ) Pages. Pages M Is. Pierre, deuxième partie: Produc- tion des matières grasses dans le colza ; proportion et répartition de ces matières, dans les différentes parties de la plante, et aux diverses époques de son dévelop- pement 1 2.Î2 H Héliochromie. — Nou\eau Mémoire de M. Ntepce de Saint-Victor sur cette ac- tion de la lumière 281 - Note de M. Chevretdh. l'occasion de cette communication 299 Hernies. — Oblitération complète du sac herniaire, et guérison radicale de la her- nie, par suite d'un décubitus longtemps prolongé; Note de M. Tigri 1270 Histoire des sciences et de l'industrie. — Relations des savants entre eux avant la création de l'Académie des Sciences en 1666 : Descaries et Pascal; Mémoire de M. Pioberl 7o3 — Sur la découverte de la variation lunaire par les Arabes ; communication de M. Chastes 1 002 — Examen de vitres provenant de Pompéï; Note de M . Bontemps 980 Extraits de divers livres chinois concer- nant quelques grands quadrumanes étran- gers à la Chine ; Lettre de M . de Paravey. 6 1 Sur les renseignementsqu'on peut trouver dans les livres chinois touchant diverses questions relatives à l'histoire des scien- ces et à l'histoire du genre humain ; par le même 287 — Lettre sur l'utilité qu'aurait l'acclimatation en notre pays d'une espèce américaine d'abeilles et d'une race arabe d'ànes; par le même 987 Hybrides. — Mémoire deM. Salles en réponse à la question proposée comme sujet du grand prix de Sciences physiques pour i863 (Étude des hybrides au point de vue de la fécondité et de la persistance des caractères) 207 Hydraulique. — Sur l'influence retardatrice de la courbure dans les courants d'eau ; Mémoire de M. de Saint-Venant. 38 et i85 — Théorie générale de l'écoulement des li- quides ; par M. Gauckler 275 — Sur le mouvement des eaux dans la partie maritime des fleuves; Mémoirede M. Lé- chalas, analysé par M. Combes 5g3 — Sur l'écoulement de l'eau dans les puits artésiens; Mémoire de M. Dru 668 Hydrauliques (Appareils). — Lettre de M. de Caligny sur le fonctionnement d'un appareil de son invention installé depuis plusieurs années au palais de l'Elysée [a — Note sur une nouvelle roue verticale à tuyaux plongeurs et à lames liquides oscillantes dans les biefs d'amont et d'aval ; par le même 119 — Sur les moyens de varier le débit de l'eau motrice dans les roues de côté cou- lant à plein coursier, avec ou sans lames liquides oscillantes; par le même >-"> — Note de M. de Caligny sur un moyen pro- posé par lui pour la conservation du vide. 1 56 Hydropiiobie. — Sur l'efficacité du musèle- ment pour s'opposer à la propagation de la rage chez les chiens; Note de M. Renault 822 Hygiène publique. — Sur l'emploi des cui- sines et appareils distillatoires en usage dans la marine : prophylaxie de la co- lique sèche des marins; communication de M. Lefèvre 764 — Nouveau système d'aération pour les hô- pitaux de Paris; Note deM. Ksmnn.. . g36 — Lettre de M. Gra/concernant son procédé pour la fabrication des aiguilles, procédé qui écarte pour les ouvriers le double danger de l'explosion des meules et de l'inspiration dos poussières siliceuses.. 4<> i — De l'influence exercée par les chemins de fer sur l'hygiène publique; Mémoire de M. Gallard 1 106 et 1268 Images de Moser. — Note concernant une nouvelle observai ion des images de Moser; par M. D. v. Monckhoven 1281 Inondations. — Sur un système d'irrigation au moyen de l'eau des torrents, et sur les résultats de ce système pour préve- f i3oi ) Pages. nir les inondations; Mémoire de M. Bar- g"è 839 M. Lagout demande et obtient l'autori- sation de reprendre ses précédentes com- munications concernant les irrigations, les inondations, les dessèchements 1048 Institut. — Lettre de M. le Président de l'Institut concernant la séance trimes- trielle d'avril 1862 '. 577 Instruments d'astronomie. — Théorie de la lunette méridienne, comprenant les cor- rections dues à l'irrégularité de la figure des tourillons : application à la lunette de l'Observatoire impérial de Paris; Mémoire de M. Yvon Villarceau i65 Remarques présentées par M. Le Verrier à la suite de cette communication 189 — Note sur un nouveau télescope de l'Ob- servatoire impérial; par M. Foucault.. 85g Instruments de chirurgie. — Cathéters cannelés, destinés à porter des médica- ments dans le canal de l'urètre; Note de M. Martin 43 - Instruments pour l'opération de l'ovario- tomie ; présentés par M. Mathieu 286 - Modification apportée par M. Gui/Ion à son brise-pierreà levier qu'on rend ainsi, à volonté, sécateur ou pulvérisateur.. . 763 Instruments de géodésie. — Description et usage du diastasimètre ; Mémoire de M. La/ma 45g et 524 — M. Lanoa demande et obtient l'autorisa- tion de reprendre cet instrument 691 Instruments de mathématiques. — Lettre de M. Zmurka concernant des instru- ments de son invention qui permettraient de tracer d'un mouvement continu les sections coniques 1235 Instruments de musique.— M. Zimmermann demande et obtient l'autorisation de reprendre un travail qu'il a présenté sous ce titre : « Les orgues et les pia- nos enrichis par de nombreuses inven- tions et perfectionnements » 471 Instruments de physique. — Appareil pour l'étude de la loi de la chute des corps ; présenté par M. Bourbouze 62 et 128 — Lettre de M. Lefort concernant des ins- truments confiés à M. Biot par l'Aca- démie, et qui doivent maintenant rentrer dans sa collection — M. Rcgnault met sous les yeux de l'A- cadémie une balance construite par M. Dcleuil, et qui permet d'opérer des pesées dans le vide et dans les différents gaz — Héliostat construit par M. Duboscq sur les indications de M. L. Foucault — Nouvelle disposition de la lampe photo- électrique; par M. Duboscq — Rapport sur un régulateur de la lumière électrique imaginé par M. Serrin; Rap- porteur M. Pouillet — M. de Komaroff réclame en faveur de M. Spakoffsky la priorité d'invention pour la pièce qui dans ces régulateurs produit le recul — M. Serrin adresse, à l'occasion de celte communication, un exposé historique dans lequel il assigne la part d'inven- tion qui revient, suivant lui, à chacun de ceux qui se sont occupés de ces sortes d'appareils Instruments d'optique. —Verres de lunettes présentés par M. A. Chevalier comme remarquables par le choix de la matière et la perfection du travail — Ophtalmoscope à lentilles achromatiques , également présenté par M. Chevalier. . Iode. — Action du protochlorure d'iode sur quelques substances organiques ; Note de MM. Scliutzenberger et Sengenwald. . . — Mémoire sur les combinaisons de l'étain et de l'iode ; par M. Personne — Sur l'existence présumée d'un radical com- mun au chlore, au brome et à l'iode; Note de M. de la Roche — Remarques à l'occasion de cette Note ; Lettre de M. Regimbeau à M. Dumas. . — Nouvelles recherches sur l'acétate d'iode; par M. Schutzenberger Isthme de Corinthe. — Sur la topographie et le nivellement de l'isthme de Corin- the : état actuel des travaux entrepris par les Romains pour unir les deux mers: Mémoire de M. Grimaud, de Caux Pages. 5n 618 74' 538 768 79' 287 464 '97 216 600 921 1026 929 Legs Bréant ( Concours pour le prix du ). — Ouvrages imprimés ou manuscrits con- cernant le choléra-morbus ou les dartres, adressés pour ce concours par MM. Reed, Wolff, Caste!!, Haas et Tonella, Zim- mermann, Rode, Robert, Picard, Fit'vi t, Habrofsky, Netter, l'ricbig, Horvath , Borner frères, Steppich , JVcissbrod. 192,276, 383, 464, 565, 668, 73o, 768, 792, 852, 937, 975, 1 189 et 1 1911 ( l302 ) Pages 80 1 366 Lettre de M. Garnier concernant un opuscule présenté par lui au concours de 1861 pour le prix du legs Bréant. . . Lithium. — Sur l'équivalent du lithium; Note de M. Troost Lithotripsie. — Mémoire de M. Heurteloup avant pour titre : « Sur l'ensemble de mes travaux relatifs aux deux lithotrip- sies et sur quelques perfectionnements de la petite lithotripsie ou lithotripsie de main » 1210 Voir aussi l'article Chirurgie. Lumière. —Recherches sur les modifications que subit la vitesse de la lumière dans le verre et plusieurs autres corps solides sous l'influence de la chaleur; Note de M. Fizenit Rapport sur un régulateur delà lumière électrique imaginé par M. Serrin; Rap- porteur M. Pouillet M. de Komaroff, à l'occasion de ce Rap- port, revendique en faveur de M. Spa- hoffski l'invention de la pièce produisant le recul dans ces sortes de régulateurs. Sur les perfectionnements successifs ap- portés à ces sortes d'appareil ; exposé his- torique présenté, à l'occasion de la récla- mation de M . de Komaroff, par M. Serrin . Pages. iv. 3 7 538 768 7'.!' M Machines a vapeur. —Notice historique sur l'enseignement de la construction des machines à vapeur à l'École du Génie maritime; par M. Ch. Dupin 24° Sur la cause des explosions dites fulmi- nantes; Note de M. Mangin 452 Dispositif destiné à prévenir l'incrustation des chaudières ; Mémoire de M. Dumery. 666 M u'.nétisme terrestre. — Sur l'inclinaison magnétique à l'observatoire de Toulouse, et sur la variation annuelle de la décli- naison magnétique au même observa- toire; Notes de M. Petit 349 et 352 Rapport entre les variations du magné- tisme terrestre et les variations météo- rologiques; Note du P. Secchi. 345 et -49 Sur la connexion prétendue entre les varia- tions du magnétisme terrestre et la di- rection du vent; Note de M. Broun. . . 1 12.3 Mécanique. — Sur le travail mécanique et ses transformations; Mémoire de. M. Du- pré (suites ) 907, 972 et io65 Lettre de M. Chabanel concernant son Mémoire sur la théorie mathématique des pressions 937 Sur le calcul des moments de flexion dans une poutre droite à plusieurs travées; Note de M. Bresse 912 — Sur un excentrique à mouvement uni- forme varié; Mémoire de M. Mutin . . . ia68 M idification d'une expérience de M. Pla- teau sur la figure d'équilibre des masses sans pesanteur; Note de M. Guyard.. 61 — Immobilité d'une bille placée sur un disque tournant ; réclamation de priorité adres- sée par M. Tardieu à l'occasion d'un appareil | r l'élude des tremble ntsde terre mentionné dans une Note de M. Marchand ao5 - Lettre de M. Sire concernant des appa- reils de son invention destinés à l'étude des mouvements de rotation 5io — Lettre de M. Passât concernant sa Note sur la loi de variation de la force cen- trale dans les mouvements planétaires. 769 Médecine et Chirurgie ( Concours pour les prix de). — Analyse d'ouvrages impri- més ou manuscrits destinés à ce con- cours et adressés par les auteurs dont les noms suivent : — M. Marx ( Accidents fébriles à forme inter- mittente survenant à la suite d'opérations pratiquées sur le canal de l'urètre ) . . . i53 — MM. Robin et Magitot (Genèse et déve- loppement des follicules dentaires 1 . . . . 1 53 - M. Girard (Frictions et massages dans le traitement des entorsesde l'homme). . . 472 — M. Zambaco (Traité des affections ner- veuses syphilitiques ) 564 - M. Quantin (Étude de la chorée ) 601 — M. Lang/ebert (Nouvelle doctrine s\ phi- lographique) 668 — M. Violette (Sur les défauts delà parole et en particuliersurlebégayement). 668 et-io85 — M. Berrhon (Emploi méthodique des anesthésiques. — Dangers du tatouage). 76a — M. Barallier ( Épidémies de typhus obser- vées au bagne de Toulon en i855 et i856) \ i<>84 - M. Jourdanet (L'air raréfié, dans ses rap- ports avec l'homme sain et avec l'homme malade ) 1 1 ' 8 — M. Després (Traité de l'érysipele) ia83 Métallurgie. — Nouvelle méthode de traite- ment direct des minerais île zinc; Mé- moire de M. Millier m; Métaux. — Analyse des spectres colores par les métaux ; Note de M. Debray 169 ( i3 Pages. Métaux. — Mesure par la pile des quantités spécifiques de chaleur de combinaison des principaux métaux; NotedeM. Marié- Davy 1 io3 Sur la métallurgiedu platine; NotedeMM. AT. Sainte-Claire-Deville et H. Debray. ... i i3g Voir aussi aux articles Etairi, Fer. Météorologie. — Observations météorologi- ques faites à Han-Keou (Chine); par M. Simon 43 — Rapport sur ces observations par M. Faye qui appuie la demande de M. Simon à l'effet d'obtenir de l'Académie des instruments pour la continuation des observations.. 544 - Connexion entre les variations du magné- tisme terrestre et les variations météo- rologiques; Note du P. Seccki. 345 et 749 - Sur la prétendue connexion entre les variations magnétiques et la direction du vent; Note de M. Broun 1 n3 — Observations relatives à l'électricité at- mosphérique; par M. Perrot i5g - Description d'un pluvioscope écrivant; par M. Guillet 690 - Résumé des observations pluviométriques faites à Bordeaux; Note de M. Raulin. . 799 - Sur les caractères météorologiques de l'année 1861 ; Note de M. Fouriwt 816 — Observations météorologiques faites à Nantes durant le deuxième semestre de 1861 ; par M. Hucttc io85 — Observations physiques et météorologi- ques recueillies à Eaux- Bonnes (Basses- Pyrénées); par M. île Pictra-Santa , deuxième partie 204 — Lettre de M. Mathieu (de la Drome) ac- compagnant l'envoi d'un opuscule inti- tulé « De la prédiction du temps ». . . . 1236 Micrographie. — Instrument à l'aide duquel on obtient des tranches très-minces des tissus qu'on veut étudier par transpa- rence sous le microscope; Note de MM. Robert et Collin 20G Minéralogie. — Production artificielle de la levyne; Note de M. H. Sainte-Claire- Deville 324 - Sur un arséniato de cuivre plombifère de Diou ; Note de M. Fournet 1096 - Note de M. Mène touchant un paragraphe qui le concerne dans le Mémoire de M. Fournet 1235 o3 ) Pages. — Sur une pseudomorphose de pyroxène du lac Inférieur; Note de M. Pisani. ... 5i — Sur la Rastolite deMonroe (État de New- York) ; par le même 621 et 686 — Sur leSombrérite (nouveau minéral pro- venant de l'île de Sombrero, petites An- tilles) ; Note de M. Pkipson 11 29 — ■ Sur le sulfate de baryte hydraté des eaux minérales de La Malou ; Note de M. Mar- cel île Serres 764 — Note sur le peroxyde de fer hydraté ou li- monite : gisements de ce minerai dans l'Hérault; par le même 1 189 Moléculaire (Constitution). — Note de M. Gmutin ayant pour titre : « Morpho- génie moléculaire » 861 Momies péruviennes. — Sur des yeux de Momies péruviennes : recherches faites à Arica à l'occasion d'une communication de M. Payen du mois d'octobre i856, Note de M. Baldon 1 197 Monuments élevés à la mémoire d'hommes célèbres. — Lettre de SI. Diday concer- nant un monument élevé à Lyon à la mémoire de M. Bonnet 1234 Morpiiogénie moléculaire : Titre d'un Mé- moire de M. Gandin concernant la re- présentation graphique des formules de l'alun potassique et de l'alun ammoniacal. 86 1 Mortalité (Lois de la). — Remarques sur les sociétés de secours mutuels; par M. Bienaymé >36 — Réclamation adressée par la Société de pré- voyance et de secours mutuels de Metz contre l'exactitude de quelques-unes des données fournies par le Rapport de M. Di- dion, donnéessur lesquelles M. Bienaymé a basé ses calculs 793 — Explications présentées par M. Bienaymé à l'occasion de cette réclamation 796 — Nouvelles remarques sur les Sociétés de secours mutuels; par le même 889 — Sur la mortalité des enfants assistés de Bordeaux; recherches de M. Lebarillier présentées par M. Velpeau 723 — Sur la mortalité des enfants au-dessous de deux ans dans la ville de Bordeaux: Mémoire de M. Marmisse 122» Moteurs. — Description par M. Morel l,a l allée d'un moteur à vent de son in- vention g3; et ni 47 N Nathon. — M. Dumas communique des re- marques sur la formation du limon du Nil et la constitution des lacs à natron d'après les observations de M. Méliédin et les analyses de M. // illm 1220 Navigation. — Rapport sur un appareil proposé par M. Vincent pour empêcher les barques de chavirer sous voile; Rap- porteur M. Duperrcv 1252 N wigation. — Lettre de M. Mackintosh con- cernant une précédente communication sur un « Nouveau propulseur des machi- nes marines » 286 — Sur l'emploi des armes à feu comme porte- amarres ; Note et documents adressés par HL.nidieu ;3i Navigation fluviale. — Mémoire sur les barrages à hausses mobiles ; par MM. Cha- noine et Lagrcnée 72g Nil. — Sur la formation du limon du Nil; extrait d'une Lettre de M. Méhédin communiquée par M. Dumas 1221 Nombres (Théorie des). — Sur les nombres premiers des différentes classes par rap- ( i3o4 ) Pages. Pages. port à la raison d'une progression arith métique donnée; Note de M. A. île Po lignac 1 58 Noir animal. Voir à l'article Sucre. Nominations de Membres et rie ( 'orrespon- dants île F Académie. — M. Blanchard est nommé Membre de la Section d'A- natomie et de Zoologie, en remplacement de feu M. Is. Geoffroy-Seùnt-Hilaire... 262 — M. O. Bonnet est nommé Membre de la Section de Géométrie, en remplacement de feu M. Biot 790 — M. Lycll est nommé Correspondant de la Section de Minéralogie et de Géologie. en remplacement de feu M. Durai lier. . 149 — M. Damour est nommé Correspondant de la même Section, en remplacement de N.Daubrécde\eim Académicien titulaire. 83g O Optique. — Sur la lumière émise par le so- dium brûlant dans l'air; Note de M. Fi- zeau 493 — Recherches sur les modifications que subit la vitesse de la lumière dans le verre et plusieurs autres corps solides sous l'in- fluence de la chaleur; par le même. . . . 1237 Note de M. Lamé accompagnant la pré- sentation d'un ouvrage de M. Gilbert intitulé : « Recherches analytiques sur la diffusion de la lumière » 11 19 — Analyse des spectres colorés par les mé- taux ; Note de M. Debray 169 — Description et discussion de quelques ex- périences de double réfraction ; Note de M. Desains 4^7 Or. — M. Èlie de Ben timon t présente un échantillon d'or natif que lui a commu- niqué M. Marcolel que rendent remar- quables des stries visibles à sa surface. 209 — Note de M. Daubrée sur ce spécimen. . 578 ( ||u;anogénie. — Sur les globules polaires de l'ovule et sur le mode de leur produc- tion: Mémoire de M. Ch. Robin 112 — Mémoire sur la production du blasto- derme, sans segmentation du vitellus, chez quelques Articulés; pat le même.. i5o Organogkaphte végétale. — Sur une mons- truosité des cônes de VAbies Bruno- niana ; Note de M. Par/alore 977 — Lettre de M. Ehrenbcrg concernant un travail sur les vaisseaux du latex, pré- senté au concours pour le prix Bordin de 1861 1234 Ossements humains provenant d'anciens tom- beaux. — Analyse de ces ossements par M. Couerbe et conjectures sur l'époque de leur ensevelissement basées sur la pro- portion de matière organique qu'ils ren- ferment comparée à celle qu'on trouve dans les os frais 4g Oxygène. — Du rôle physiologique de l'oxj - gène chez les mucédinées et les fer- ments; Mémoire de M. Jodin 917 Ozone. — Lettre de M. Lichtenstein accom- pagnant l'envoi d'un opuscule intitulé : « Introduction directe de l'ozonométrie dans la médecine » 1 198 Paléontologie. — Sur le bras d'un Plésio- saure de l'argile de Kimmeridge, au pied du cap de la lleve; Note de M. I aie 11- 1 iennet Sur une mâchoire inférieure de Dauphin fossile envoyée p< rM.Thore; par le même - Sur les ossements d'un très-grand Lopbio- ('128 788 don trouvé à Braconnac, près Lautrec; Note de M. Gervais 870 Examen d'un ornitholitho d'Armissan; par le même 89.Î Résultats des fouilles exécutées en Grèce sous les auspices de l'Académie : Oiseaux et Reptiles ; Note de .M. Gamin 5oa ( i3o5 Pages. — Sur les singes fossiles de Grèce; par le même 1 1 1 2 — Sur un saurien gigantesque, le Dimodo- saurus Poligniensis des marnes irisées de Poligny (Jura); Note de MM. Pidancet et Chopard 1259 — Sur l'insuffisance des preuves tirées du gisement de silex travaillés de Saint- Acheul pour faire admettre l'existence de l'homme pendant la période quater- naire; Note de M. Scipion Gras 1 126 — Découverte d'habitations lacustres dans le lac du Bourget; Note de M. Despine. 1160 Panification. — M. Chevreul annonce une modification apportée par M. Mège- Mouriès à son procédé de panification. 384 — Du froment et du pain de froment ; Mé- moire de M. Mège-Mouriès 445 — Remarques de M. Chevreul à l'occasion de cette communication 447 — Lettre de M. Gosset accompagnant l'envoi d'un Mémoire imprimé ayant pour titre: « Le blé, le pain » 621 Papier. — Emploi du genêt pour la fabrica- tion du papier d'imprimerie; Mémoire de M. Cabieu 464 et 865 Paquets cachetés. — M. Lamé dépose, séance du 27 janvier 18G2, un paquet cacheté 190 — M""' veuve Cordier demande, séance du 10 février, l'ouverture d'un paquet ca- cheté déposé par feu M. Cordier en 1844 et contenant un Mémoire sur la forma- tion des roches de dolomie 277 — Ouverture de ce paquet dans la séance du 17 février; reproduction du Mémoire qui y est contenu etqui a pour titre :« De l'origine des roches calcaires qui n'appar- tiennent pas au sol primordial » 293 — Sur la demande de M. L. Frejnel, un pa- quet cacheté déposé le 20 avril 181 8 par teuAug. Fresnel, son frère, est ouvert dans la séance du 10 mars 1862 et est trouvé renfermer une Note sur la théo- rie de la diffraction 566 — M. Élie de Beaumont dépose une Note sous pli cacheté, de M. Browne 976 Paratonnerres. — Résultats d'expériences entreprises dans le but d'accroître l'effi- cacité de ces appareils ; Note de M . Perrot. 852 Pathologie. — M. Velpeau présente, séance du 7 avril, une pièce d'anatornie patho- logique se rapportant à un cas de mort subite par embolie de l'artère pulmo- naire, et donne dans la séance suivante les détails de cette observation.. 749 et 773 C. R., 1S62, 1" Semestre. (T. LIV.) Pages. — Remarques de SIM. Çloquet, Joberi et Bayer à l'occasion de cette communica- tion -81 — Enrayement de la lèpre et guérison du goitre par le changement de climat; Notes de M. Guyon 892 et io54 — Recherches sur l'érysipèle ; par M. Des- prez 71 — Sur le froid et l'exercice de la chasse comme causes de congestions cérébrales; Mémoire de M. Legrand du Suit/le 44 — Succès obtenu dans le traitement d'un cheval qui offrait les principaux symp- tômes de la morve; Note de M. Buisson. Ibid. — Douleurs déterminées par les mouvements des doigts, et attribuables à une inflam- mation des tendons des fléchisseurs; Note de M. Legrand t\ 1 — Deuxième Mémoire sur l'ulcère de Mo- zambique ; par M. / 'inson 1 ". i — Considérations générales sur plusieurs maladies épidémiques ; par M. Poulet. . . 275 — Sur [deux nouvelles causes, et sur une nouvelle méthode curative de la blépha- noptose; Note de M. De Lucce 286 — Lettre de M. Wedl concernant son livre sur l'histologie pathologique de l'œil... 171 — Addition de M. Polli à de précédentes communications sur les maladies à fer- ment morbifique et sur les sulfites mé- dicinaux 668 — Sur la contagion de la varioloïde; Mé- moire de .M. I.unel 763 — Sur l'inflammation considérée comme une embolie des vaisseaux capillaires; Note de M. JVanner (écrit par erreur fariner) . 1 1 1 S — Lettre de M. Gros concernant son ou- vrage sur les affections nerveuses sy- philitiques 1161 — De la fumée de tabac, considérée comme cause de l'angine de poitrine; Note île M. Beau 1 1 79 — Lettre de M. Savalle à l'occasion de la Note de M. Beau i-28:> — Lettre de M. /AV/" concernant le choléra- morbus et le diabète 1 190 Voir aussi l'article Thérapeutique. Peinture. — Conservation du fer par l'ap- plication d'une couche de peinture à la cire; Note de il. Alluys 601 — Peinture vitrifiable sur verre; Note de M . Bœsch 73 1 Pesanteur. — Principes de deux appareils destinés à rendre manifestes et mesura- bles les variations dans l'intensité et la direction de la pesanteur à la surface de la terre; Notes de M. Perrot... -j.S et 85a 170 ( i3o6 ) Pases. Pages Phosphates. — Sur les principes minéraux que l'eau enlève aux substances végé- tales par macération, infusion ou décoc- tion ; Note de M. Terreil 1072 Photographie. — Images photographiques de l'éclipsé du 3i décembre 1861, prises à Belfort, par M. Vernicr 43 et 159 — Lettre de M. If'arren de lu Rue accom- pagnant l'envoi d'images photographi- ques relatives à l'éclipsé solaire du 18 juillet 1860, observée en Espagne.. . 384 — Vues des Alpes, album de trente-neuf images photographiques, exécutées par M .M. Bissçn frères ïbid. — Nouvelles séries d'images photographi- ques de diverses parties des Alpes ( mont Rose et mont Blanc) ; par M. A. Civialc lioi — Sur la possibilité de remplacer, pour les opérations photographiques, l'eau distil- lée par de l'eau sortant des glaciers; Note de M. Martens 1 1 32 — M. A. Chevalier fait hommage à l'Aca- démie de huit lettres originales de Nicé- phore Nicpce, comme pièces pour servira l'histoire de la découverte de la photo- graphie 1283 Physiologie. — Sur la coloration des os d'animaux nouveau-nés par la simple lac- tation de mères à la nourriture desquelles a été mêlée de la garance ; Note de AI. Flourcns 65 — Détermination du nœud vital ou premier moteur du mécanisme respiratoire dans les vertébrés à sang froid ; par le même. 3 1 4 — De la régénération des tendons ; Mémoire de M. Jobert de Lamballe. 483, 578 et 698 — Remarques de M. Velpeau à cette occa- sion, et réponse de M. Jobert. . 586 et 6î5 — Sur la régénération des tendons; Note de M. Dememix, présentée par M. Velpeau. 857 Détermination graphique des rapports du choc du cœur avec les mouvements des oreillettes et des ventricules; deuxième Mémoire de MM. Chaiweau et Marey. 32 et 128 — Rapport sur ce Mémoire et sur le précé- dent; Rapporteur M. Milne Edwards* . 899 - Du nerf pneumogastrique considéré comme iigcnt excitateur et comme agent coor- dinateur descontractions œsophagiennes dans la déglutitiou ; Noto de M. Chau- veau 664 - Sur les fonctions des branches œsopha- giennes du nerf pneumogastrique ; Note de M . I h" Kempcn 976 - Lettre de M. Chameau à l'occasion de la Note de M. Van Kempen 1 i3i — Recherches physiologiques sur l'origine apparento et sur l'origine réelle des nerfs moteurs crâniens ; par M. A. Chameau, ii5î — Lettre de M. Rasentktd accompagnant l'envoi de son Mémoire sur le nerf vague. 73a — Sur un nouvel ordre de nerfs moteurs ; Note de M. Kuhne 7^ — Remarques de M. Vallée à l'occasion de cette Note 843 - IiemarquesdeM. PappenheimkYoccasiQn de la même communication 936 — Recherches expérimentales sur l'introduc- tion de l'air dans les veines ; Mémoire de M. Oré 73" — Sur la restauration du nez par l'ostéo- plastie ; Mémoire de M. Ollier 73o — Sur la conservation des membres, au moyen de la conservation du périoste ; Mémoire de M. Millot-Brùté 85i — M. Velpeau, présente un Mémoire de M. Col/ongues, intitulé : « Du biomètre et de la biométrie » 97 r' Physiologie comparée. — Recherches sur la nature de la source électrique de la tor- pille; par M. Moreau. (Rapport sur ces recherches; Rapporteur M. Becquerel) ■ g63 — Sur la fonction électrique de la torpille; Note, de M. Mattcucci à l'occasion du précédent Rapport 1092 - Note de M. Becquerel en réponse à celle de M. Mattcucci u37 — Sur les différents phénomènes physiolo- giques nommés voix des poissons; Note de M. Dufossé 393 — Sur la physiologie du système nerveux du grillon champêtre ; Note de M. Yersin. i-"b — Lettre de M. Balbiani concernant ses pu- blications sur les phénomènes de la re- production des infusoires 764 Physiologie végétale. — De la fécondation indirecte dans les végétaux ; Mémoire de M. Lccoq 1 247 — De l'émission de l'acide carbonique par les racines des plantes, et de l'action qu'il exerce au contact des matières or- ganiques du sol; Note de M. Pollacci. . 564 — Du rôle physiologique do l'oxygène étudié spécialement chez les mucédinées et les ferments; Mémoire de M. Jodin 917 Physique. — Sur la force répulsive considé- rée dans les phénomènes physiques ; Mémoire de M. Fare 5j5 — Lettre de M. Seguin accompagnant l'envoi d'un Mémoire imprimé sur les causes de la cohésion '9° — Recherches sur la solidification d'un li- quide refroidi au-dessous de son point de fusion ; Note de M. Desains 371 ( >3 Pages. — Sur la densité de la glace; Note de M. Dufour, de Lausanne 1079 — Mémoire de M. Gallo écrit en italien, et portant pour titre : « Méditations sur la mécanique et la philosophie de la na- ture » 464 — Mémoire de M. Olwieri ayant pour titre : « Aperçus sur l'avenir de la science ». . 792 Physique du globe. — Sur la température moyenne d'un lieu : sur la température moyenne de l'air à diverses hauteurs; Mémoires de M. Becquerel 3oi et 993 — Rapport sur un Mémoire de M. Engelhardl intitulé : « Observations sur les glaces de fond »; Rapporteur M. de Senatmont. 897 — Aurores boréales et australes : appareil qui les reproduit avec tous leurs phéno- mènes ; Note de M. de la Rive 1 171 — Résumé des observations pluviométriques faites à Rordeaux ; Note de M. Raulin. . 799 — Température de l'océan Atlantique com- parée à celle de l'air, depuis Southampton jusqu'à la Havane; Note de M. Poey. . . 209 — pnfiuencede la rotation de la terre sur le mouvement des corps pesants à sa sur- face; Mémoire de M. Bourgct 1029 Voir aussi les articles Météorologie et Températures terrestres. Pigments. — Note sur le pigment des Tou- racos ( Musophaga ) ; par M. Bogdanow. 660 Pisciculture. — De la liberté de la mer au point de vue de l'industrie des pèches; Note de M. Coste 8o5 Planètes. — M. Le Verrier annonce que la planète (5g) de M. Chacornac a reçu le nom d'Olympia 1 0 Platine.— Mémoire de MM. H. Sainte-Clairc- Dcville et H. Debray sur la métallurgie du platine 1 1 3g 07 ) Pages Plomb. — Présence du sulfate de plomb dans les mines de sulfure de plomb de Kef-oum-Theboul, en Algérie ; Note de M. Marcel de Serres 743 Poids et mesubes ( Uniformité des). — Sur l'avantage qu'aurait, pour prévenir les erreurs ou les fraudes dans le mesurage des céréales, l'emploi d'uno trémie uni- forme; Mémoire de M. Miclwn de Grandpont ' ' ' 7 Porosité. — Sur la porosité des tubes de porcelaine, et l'endosmose de gaz qui en peut résulter; Note do MM. itésal et Mi- riary, et remarques de M. H. Sainte- Claire-Deville (182 Présidence de l'Académie. — M. Vélpéau est élu Vice-Président pour l'année 1 862 ; M. Duhamel, Vice-Président pendant l'année 18G1 , passe aux fonctions de Président 1 3 Pressions. — Lettre de M. Chabanel con- cernant son travail sur la théorie mathé- matique des pressions 937 Prix {Fondations de). — Mme veuve Damoi- seau, en exécution d'un désir mainte fois manifesté par son mari, feu M. Damoi- seau, décédé en 1847, met à la disposi- tion de l'Académie une somme de 20000 francs pour la fondation d'un prix annuel destiné à l'encouragement des travaux astronomiques 669 Puits artésiens. — Établissement ds puits artésiens d'un grand diamètre; Mémoire de M. Gaudin. 445 — Mémoire sur l'écoulement de l'eau dans les puits artésiens; par M. Dru 668 — Sur les chances de succès que présente le forage de puits artésiens à Amiens et dans le département de la Somme ; Note de M. de Commines de Marsilly 84g R Réfractions. — Mémoire sur la réfraction astronomique; par M. Painvin 727 Réfrigérants (Appareils). — Rapport sur un appareil de M. Carré pour la produc- tion artificielle du froid ; Rapporteur M. Pouillet 827 — M. Haunet présente le plan d'un appareil destiné à produire un abaissement de température dans l'intérieur d'un bâti- ment public ou privé 1 283 Répulsive (Force). — Note sur cette force considérée dans les phénomènes physi- ques ; par M. Faye 5a5 Rotation de la terre. — De son influence sur le mouvement des corps pesants à la surface du globe ; Mémoire de M. Bourgct 1029 Rubidium. — Sur la présence de ce corps dans certaines matières alcalines de la nature et de l'industrie, dans la belte- rave, le tabac, le calé, le thé, le raisin ; Notes de M. Grandeau 45o et n>> 170.. ( i3o8 ) Pages. Scintillation des étoiles ; Note de M. Lian- dier concernant les causes auxquelles il attribue ce phénomène O91 et 1048 Sections de l'Académie. — La Section d ' A- natomie et de Zoologie présente la liste suivante de candidats- pour la place va- cante par suite du décès de M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire: i°M. Blanchard; 20 MM. Gratiolet et Robin ; 3uM.Lacaze duThiers; 4°M.Aug. Duméril aa5 — La Section de Géométrie propose de dé- clarer et l'Académie décide qu'il y a lieu d'élire à la place vacante par suite du décès de M. Biot 744 — Cette Section présente la liste suivante de candidats : i° M. 0. Bonnet ; 1" M. Bour; '.MM. BhinchetetPuiseus;4°MM. Bou- quet et Briot. — Sur la demande de quel- ques membres, M. Catalan est adjoint à la liste des candidats 769 — La Section d Anatomic et de Zoologie présente la liste suivante de candidats pour la chaire de Zoologie (Mammifères et Oiseaux ) vacante au Muséum d'His- toire naturelle par suite dudécès de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire : i° M. Milne Edwards; 2° M. Pucheran i<>86 — La Section de Minéralogie et de Géo- logie présente la liste suivante de can- didats pour une place de Correspondant vacante par suite du décès de M. Duro- c/ier: i°M. Lyell ; 20 MM. Abich, Boue, Dana, de Dechen, Domeyko, Hitchcok, Jackson, Logan, Naumann, A. de Sis- monda, Studer 1 33 — La même Section présente la liste suivante de candidats pour une place vacante de Correspondant : i° M. Damour ; 2" MM. Coquand, Lartet, Leymerie, Lory, Marcel de Serres, Perrey, Pissis, Rau- lin 802 Silicates.— Note sur le moulage des silicates en fusion ; par M. Couturier 276 SODIUM. — Sur la lumière émise par le so- dium brûlant dans l'air; Note de M. Fi- xait 4o3 Soleil. — Lettre de M. Wolf accompagnant l'envoi dosa quatorzième communication 1 pneernant les taches solaires G20 — Lettre de M. Thelu concernant une pré- cédente communication sur les taches solaires 801 Pages. Soude artificielle. — Remarques sur un passage du Traité de Chimie de M. Re- gnault concernant la fabrication des car- bonates de soude ; Note de M. Guira- mund (écrit par suite d'une signature peu lisible Gueramaud) 160 et 987 Sourds-muets. — Fréquence de la surdi-mu- tité parmi les enfants nés de mariages consanguins; Mémoire de M. Boudin. . iaeg Spontanées (Générations dites). — Lettre de M. Pasteur accompagnant l'envoi de son travail sur les corpuscules organisés qui existent dans l'atmosphère, et sur la doctrine des générations spontanées. . . . 12711 — Sur l'origine des algues et sur les méta- morphoses des monades ; par M. Schaqf- lutusen 1 046 — Mémoire de M. Salles concernant la ques- tion des générations spontanées, propo- sée comme sujet du prix Alhumbert pour 1 862 207 Statistique. — Note de M. Ch. Dupin ac- compagnant la présentation de son ou- vrage intitulé : « Force productive des Nations » 693 — Remarques sur les Sociétés de Secours mutuels ; par M. Bienaymé 536 — La Société de Prévoyance et de Secours mutuels de Metz conteste l'exactitude des données fournies par un Rapport de M. Didion, données sur lesquelles se fon- dent les calculs do M. Bienaymé 793 — Explication fournie par M. Bienaymé à l'occasion de cette réclamation 796 — Nouvelles remarques sur les Sociétés de Secours mutuels; par le même 889 - Sur la mortalité des enfants assistés de Bordeaux; recherches de M. Lebarillier, présentées par M. Velpeau 723 — Sur la mortalité des enfants au-dessous de deux ans dans la ville de Bordeaux ; Mémoire de M. Marnasse 1221 — Mémoire sur la statistique pharmaceuti- que ; par M Malbranche 937 — Statistique générale des pharmaciens et des médecins de la France ; par M. De- laruc 9~a Sucre. — Sur un nouveau moyen de révivi- lication du noir animal employé dans la fabrication du sucre; Mémoire de MM. //. Leplay et < 'uisinier 27° — Rapport sur le procédé de MM. Possoz cl ( »3og ) Pages. Pcric r pour l'extraction du sucre; Rap- porteur M. Payen 75a Réclamation de priorité adressée à l'oc- casion de ce Rapport par M. Mau- mené 975 Pages Réponse de MM. Perier et Possoz à cette réclamation 1064 Nouvelle Note de M. Maumené relative à la même question r 220 Tabac. — Sur la culture de cette plante dans le département du Bas-Rhin; Mé- moire de M. Schattenmann ioG6 — De la fumée de tabac considérée comme cause de l'angine de poitrine; Mémoire de M. Beau 1 1 79 — Réclamation de priorité adressée, à l'oc- casion de cette communication , par M. Savalle 1283 — Sur un moyen destiné à purger la fumée de tabac d'une portion de la nicotine dont elle est chargée, avant qu'elle arrive à la bouche du fumeur ; Note de M. de la Tour du Pin 1 o85 Tatouage [Dangers du). — Analyse d'un opuscule de M. Berchon 762 Technologie. — Communication de M. Ch. Dupin en présentant le Ve volume de son ouvrage sur la force productive des nations (l'Indo-Chine et l'Inde) 693 — Lettre de M. Chenot concernant ses Mé- moires sur l'équilibre des voûtes et sur la poussée des terres 1 199 — Tables pour le calcul des terrassements , précédées d'un texte explicatif sur leur construction et leur usage; par M. Bap- lista 594 Teinture. — Introduction aux i3eet 14e Mé- moires des « Recherches chimiques sur la teinture »; par M. Ckevreul 877 Télégraphie électrique. — Remarques de M. Mercier-Lacombe sur le câble élec- trique sous-marin qui relie Port-Vendre à Mahon 127 — Recherches sur l'amélioration de la télé- graphie électrique ; par M. Baudry 85î Températures terrestres. — Mémoire sur la température moyenne d'un lieu ; par M. Becquerel 3oi — Mémoire sur la température moyenne de l'air à diverses hauteurs ; par le même. 993 — Note sur la température dans les couches inférieures de l'air; par le même i23g — M. Beron annonce avoir donné d'avance, dans un Mémoire imprimé dont il en- voie un exemplaire, l'explication de quel- ques-uns des faits constatés par M. Bec- querel 1 200 — Sur le refroidissement nocturne de la tranche superficielle du sol comparé à celui de la couche d'air en contact im- médiat avec la terre; Mémoire de M. Martins 1271 Tératologie. — Sur la production des mons- truosités dans le genre de la poule: Notes imprimées et manuscrites de M. Dareste 730 et 1213 — Expériences relatives à la production ar- tificielle des monstruosités dans l'œuf du brochet; Mémoire de M. Lereboullet. 761 — Sur une monstruosité des cônes de l'A- bies Brunoniana; Note de M. Parlatore. 977 Térébenthines. — Mémoire de M. M. Le- grand intitulé : « Essai de thérapeuti- que ( térébenthines) » 763 Terrassements. Voir à l'article Technologie. Thallium. — Recherches sur ce nouveau métal dont l'existence a été révélée par l'analyse spectrale ; Mémoire de M. Lamy 1 a55 Thérapeutique. — Sur l'enrayement de la lèpre par le changement de climat; Note de M. Guyon 8112 — Sur la disparition du goitre par le chan- gement de climat; par le même i<>">i — Nouveau procédé pour l'application de la méthode galvanocaustique à l'opération delà cataracte; Note de M. Tavignot. . 286 — Sur une nouvelle méthode curative de la bléphanoptose ; Note de M. De Lucce. . Ibid. — Sur un mode de traitement des névralgies et des douleurs rhumatismales; Mémoire de M. ( lumière 504 — Traitement des plaies rebelles, par l'acide carbonique et l'oxygène ; NotedeMM. De- marquay et Lcconte (,s,| — Sur l'emploi croissant du bismuth en thé- rapeutique, et sur la nécessitéd'une pro- duction plus abondante de ce métal : Note de M. Dorrault ss<. 1 — Surun nouveau mode de traitement de la gangrène ; Note de M. Laugier 935 — Sur l'emploi de l'extrait de bois de campè- che comme désinfectant des plaies gangre- neuses, putrides, etc. ; Note de M. Des- martis 1 1 1 fi — Lettre do M. Altobclli accompagnant l'en- ( '3 Page», voi d'un opuscule sur l'emploi de la pou- dre de salsepareille contre les inflamma- tions erythémateuses et phlegmoneuses. 1199 Thérapeutique. — Oblitération spontanée du sac herniaire, et guérison radicale de la hernie, par suite d'un décubitus prolongé ; Note de M.Tigri 1270 — Lettre de M. Ecltenberger concernant des découvertes en thérapeutique aux- quelles l'auraient conduit les découvertes anatomiques de M. Hvrtl 286 — Mémoire intitulé : « Propriétés théra- peutiques de l'huile dite des Alpes » ; par MM. Escallicr et Franceschini 383 Voir aussi l'article Médecine et Chi- rurgie et l'article Pathologie. Tremblements de terre. — Trépidations du sol à Nice pendant l'éruption du Vésuve; Lettre de M. Prost à M. Élie de Beau- mont 5i 1 et 1 198 - Sur les secousses de tremblement de terre 10) Pages. ressenties à l'observatoire du Vésuve pendant les mois de décembre 1861 et janvier 1862 ; Note de M. Palmieri 608 — M. Grimaud, de Caux, adresse d'Athènes à M. Flourens une Notice de M. Schmidt, directeur de l'observatoire de cette ville, sur le grand tremblement de terre qui a eu lieu en Grèce le 26 décembre 186 1. 669 — Sur un léger tremblement de terre ressenti à Dijon et dans les départements voisins le 17 avril 1862; Lettre de M. Perrey. 923 Trémies. — Sur les avantages des trémies uniformes dans le mesurage des grains: Mémoire de M. Guiehon de Grandpont . 1117 Trisection de l'angle.— La recherche d'une solution de ce problème par la géomé- trie élémentaire est au nombre des ques- tions dont l'Académie refuse de s'occu- per, conformément à une détermination déjà ancienne et rappelée à l'occasion d'une Lettre de M. P. Lecmi 1 16a Uuiiques ( Matières. ) M. Hardy Mémoire de u 470 Urée. — Note de formation de M. Fleu/y sur une trans- 'urée 5ig Vapeurs. — Sur la mesure des densités des vapeurs saturées: Note de M. Dupré : addition à une précédente communica- tion sur le travail mécanique et ses transformations 972 Ventilation [Appareils de). — Formules théoriques du mouvement de l'air dans les tuyaux de conduite; par M. Morin. 406 Vers a soie. — Sur la découverte du procédé pour le dévidage en soie grége des co- cons du ver à soie de l'Ailante ; Lettre de M"" de Corneillan 126 — M. de Quatrefages présente, au nom de M""' de Corneillan, un écheveau de cette soie 383 - Nouvelles observations sur la présence des corpuscules do Cornalia chez les vers à soie malades; Note de M. Joly.. 274 — Lettre de M. Chavannes accompagnant l'envoi d'un opuscule sur les principales maladies des vers à soie et leur traite- ment G71 — Lettre de M. Plagniol accompagnant l'envoi d'une brochure sur les corpus- cules vibrants et sur la maladie des vers à soie 1 1 5C -- Emploi, dans les magnaneries, des bois do pin sylvestre et de hêtre injectés au sulfate de cuivre, comme préservatifs de la maladie des vers à soie ; Note de M. Brouzct 1188 — Aperçu sommaire de l'état actuel de l'épi- démie des mûriers et des vers à soie : Note de M. Guérin-Méneville 1266 Vin. — Variations dans la quantité de cer- tains principes immédiats du vin : trans- formation de quelques-uns de ces prin- cipes par suite d'altérations spontanées ; Mémoire de M. Béchamp 1 14? — M. Nie/dès, à l'occasion de ce Mémoire, fait remarquer que les deux faits prin- cipaux signalés par M. Béchamp, l'aug- mentation de la potasse et la présence de l'acide propionique dans le vin tourné, sont la conséquence d'un seul et même phénomène qu'il a caractérisé dès 18)6. 1219 Vinaigre. Voir l'article Acide acétique. Vision. — Causes et mécanisme de certains phénomènes de polyopie monoculaire observables dans le cas de l'aberration physiologique du parallaxe; absence de l'aberration de sphéricité dans l'appareil diontriquede l'œil : application à la déter- mination des limites du champ de la vision distincte: Mémoire do M. Cirm/d- Teulon 9°4 — Réclamation de priorité adressée, à l'oc- ( i3 Pages. casion de cette communication , par M. Troucssart 1025 — Lettre de M. Giraud-Tculon relative à Gette réclamation 1 1 3o — « Défaut d'achromatisme de l'œil, instru- ment destiné à le mettre en évidence»; communion lion de M . Le Roux 1 1 55 Vitres. — Examen des vitres de Pompeï; par M. Bonlemps 980 Volcans. — M. Elle de Beaumont fait hom- mage à l'Académie, au nom de Mme veuve Dufrénoy, d'un relief du Vésuve exécuté par feu M. Dufrénoy, il offre en même temps, en son propre nom, un relief de l'Etna exécuté par lui 3 1 — Sur les phénomènes éruptifs de l'Italie méridionale; Lettres de M. Ch. Suinte- Claire-Deville à M. Élie de Beaumont et à M. H. Sainte-Claire-Deville .* 99, 241, 3a8, 473 et 5a8 " ) Pages — Sur les phénomènes électriques qui se sont produits dans la fumée du Vésuve pendant l'éruption du 8 décembre 1861; Note de M. Palmieri 284 — Note sur les tremblements de terre res- sentis à l'observatoire du Vésuve en dé- cembre 1861 et janvier 1862; par le même (108 — Phénomènes consécutifs de la dernière éruption du Vésuve; Lettre deM. Mauget. 926 — Cendres lancées par le Vésuve et recueil- lies à Naples; échantillon envoyé par M. f'olpicelli 2à5 — Recherches sur les produits de la vulca- nicité correspondant aux diverses épo- ques géologiques; par M. Pissis. 192 et 1181 Voyages scientifiques. — Sur les tumuli des anciens habitants de la Sibérie; Mé- moire de MM. Meyer et d'Ekhtal ana- lysé par M. Rayer 55y z Zinc. — Nouvelle méthode de traitement direct des minerais de zinc ; Mémoire de M. Mullcr 1 1 1 7 Zoologie. — Sur un éléphant de Ceylan ré- cemment arrivé à la Ménagerie du Mu- séum ; Note de M. Valeneiennes 23a — Essai de détermination des caractères gé- néraux de la faune de la Nouvelle-Gui- née; Notes deM. Pucheran. 38o, 447 et 56 1 — Observations d'histoire naturelle faites aux Indes, à l'île Bourbon et en Europe; par M. Lanwre-Picquot 565 — Sur l'apparition d'oiseaux étrangers dans les îles Mascareignes ; Note de M. Vinson. 275 Essais d'acclimatation du saumon dans le bassin de l'Hérault; Note de M. Gervais. 147 — Renseignements historiques sur le grand calmar de la Méditerranée; par le même. 148 — Description de quelques espèces nou- velles de poissons envoyées de Bourbon par M. Morel ; Note de M. Valenclennei ii65et 1201 Reproduction des poissons plats sur cer- tains points de nos côtes; Note de M. Coste sur la liberté dé la mer au point de vue de l'industrie des pèches. . 8o5 Études sur la larve du Potamophilus; par M. Léon Dufour 260 Expériences sur les migrations des entu- zoaires ; par MM. Pouchet et Verrier. . . — Et l'extrait d'une Lettre de M. Leymerie sur l'origine des roches calcaires et des dolomies 5Gf> AUCAP1TA1NE. - Note sur l'île de l'Étang de Diane (côte Est de la Corse) 1 1 1 1 B BABINET dépose sur le bureau une brosse voltaïque construite par M. ./. hume, de Berlin 376 BALARD annonce que M. Bertheht est par- venuà produire de I acétj lène parla com- binaison directe du carbone et de l'hy- drogène 577 - Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. Bertheht, concernant cette synthèse de l'acétylène 644 — Remarque relative a l'indication donnée par M. Chevreul touchant la présence d'un composé cuivreux dans l'eau d'un puits des Gobelins 880 BALBIANI. — Lettre concernant ses publica- tions sur les phénomènes de la repro- duction des infusoires 764 BALDON. — Lettre en réponse à uno de- mande de renseignements concernant des yeux de momies péruviennes 1197 MM. BAPTISTA. — Tables portatives pour le cal cul des terrassements , précédées d'un texte explicatif sur leur construction et leur usage BARALLIER. — Analyse de son ouvrage sur letyphusépidémique, et surlesépidémies observées au bagne de Toulon en i855 et i856 BARGNÉ. — Système d'irrigation au moyen de l'eau des torrents : résultats de ce système comme moyen de prévenir les inondations BAUDRIMONT. — Sur la préparation de quelques éthers sulfurés BAUDRY. — Recherches sur l'amélioration de la télégraphie électrique BALTARD. — Lettre accompagnant l'envoi de la table d'un ouvrage inédit de physique. BEAU. — De la fumée de tabac considérée comme une des causes de l'angine de poitrine BÉCHAMP. — Variations dans la quan- tité de certains principes immédiats du vin : transformations de ces principes par suite d'altérations spontanées BECQUEREL. — Mémoire sur la température moyenne d'un lieu — Mémoire sur la température moyenne de l'air à diverses hauteurs 993 et — Rapport sur un Mémoire de M. A. Mo- reau, ayant pour titre : « Recherches sur la nature de la source électrique de la torpille, etc. » — Réponse à des remarques adressées à l'Aca- démie par M. Matteucci à l'occasion du précédent Rapport — M. Becquerel est nommé Membre de la Commission du prix Bordin pour 1862 (question concernant les différences de position du foyer optique etdu foyerpho- togénique ) BEDEAU. — Description et figure d'un comp- teur pour voitures de place BÉGUYER DE CHAXCOURTOIS. - Sur un classement naturel des corps simples ou radicaux appelé « vis tellurique » 757, 840 et BERCHON. — Analyse de son Mémoire sur l'emploi méthodique des anesthésiques, et de sa Note sur les dangers du tatouage . BEREN'D. de Berlin.— Ankylose vraie de l'ar- ticulation coxo-fémorale guérie par l'os- téolomiecunéiforme (Note communiquée par M. Velpeaxi\ BERNARD (Claude) est nommé Membre de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie C. R.,iSC2, 1er Semestre . (T.LIV.) 594 839 61G 852 1048 ■79 1148 3oi I239 963 i37 ( i3i3 ) Pages. MM. pagc5 — Et de la Commission du prix de Physio- logie expérimentale 96G BÉRON. — Lettre à l'occasion d'une commu- nication de M. Becquerel sur les tempé- ratures terrestres 1200 BERTHELOT. — Nouvelles recherches sur la formation des carbures d'hydrogène. 5i5 — Remarques sur la formation des carbures amyliques 568 — Synthèse de l'acétylène par la combinai- son directe du carbone avec l'hydro- gène 640 et 1042 — Nouvelles contributions à l'histoire de l'acétylène 1044 — Sur la présence et sur le rôle de l'acéty- lène dans le gaz de l'éclairage 1070 — Recherches sur les affinités : combinai- son des acides avec les alcools envisagée d'une manière générale; influence de la température. ( En commun avec M. Péan de Saint-Gilles. ) 1 263 BERTRAND. — Remarques à l'occasion d'une communication de M. Liouville sur un Mémoire de M. Bour 942 — M. Bertrand est proposé par une Commis- sion spéciale formée des deux Sections réunies de Géométrie et de Physique, comme l'un des candidats pour la chaire vacante au Collège de France, par suite du décès de M. Biot 769 — M. Bertrand est présenté par l'Académie comme son premier candidat pour la chaire vacante 790 — M. Bertrand est nommé Membre de la Commission du prix Bordin pour 1862 (questions concernant la théorie des phénomènes optiques ) 49 j BLENAYMÉ. — Remarques sur les Sociétés de secours mutuels 536 — Remarques à l'occasion d'une réclamation adressée à ce sujet parla Société de pré- voyance et de secours mutuels de Metz, qui conteste l'exactitude de quelques- unes des données sur lesquelles s'est ap- puyé M. Bienaymé 796 — M. Bienaymé maintient l'exactitude des données que lui a fournies sur cette ques- tion un Rapport de M. Didion, et la légi- timité des déductions qu'il en a tirées. 889 — M. Bienaymé est nommé Membre de la Commission du prix de Statistique.... 36 1 BIOT. — Sa mort, arrivée le 3 février, est an- noncée le même jour à l'Académie, qui se sépare aussitôt sans tenir de séance. 229 BISSON frères. — Représentations photogra- phiques des glaciers des Alpes 384 BLANC. — Sur la navigation aérienne 937 171 9^7 762 855 64o MM ( i3i4 ) Pages 225 264 293 43«) BLANCHARD est présente par la Section d'A- natomie et de Zoologie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. GeoiTroy-Saint-Ililaire.. -M. Blanchard est élu Membre de la Sec- tion d'Anatomie et de Zoologie en rem- placement de feu M. GeoffroySaint-Hi- laire — Décret impérial confirmant cette nomina- tion M. Blanchard est proposé par la Sec- tion d'Anatomie et de Zoologie comme l'un des candidats pour la chaire d'En- tomologie vaeante au Muséum d'histoire naturel1.0 ri36 — M. Blanchard est présenté par l'Académie comme son premier candidat pour cette chaire 1254 M . Blanchard est nommé Membre do la Commission du grand prix de Sciences physiques (question concernant l'anato- mie du système nerveux des poissons). . BLANCHET est présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats pour la place vacante par suitedu décès de M . Biot 770 BLOCK adresse ses remerciments à l'Acadé- mie qui lui a décerné un des deux prix de Statistique qu'elle pouvait donner en 1 861. BLONDEAU adresse un Mémoire sur la con- stitution de l'acier, et prie l'Académie de prendre connaissance d'un premier tra- vail sur le môme sujet qu'il lui avait pré- cédemment adressé sous pli cacheté... Ce premier Mémoire déposé le iC septem- bre 1 861 est renvoyé à l'examen de la Commission désignée pour le nouveau Mémoire de l'auteur sur le même sujet. BOESCH. — Peinture vitrifiablo sur verre. . BOGDANOW.— Analyse du pigment desTou- racos ( Musophaga ) 660 BOND. — Comète télescopique découverte le 29 décembre 18G1 à Cambridge ( États- Unis ) ; Lettre à M. Le Verrier 207 BONNET (OssuN-). — Sur l'intégration des équations aux dérivées partielles du pre- mier ordre et à un nombre quelconque de variables indépendantes 378 Mémoire sur les surfaces orthogonales. . 554 et 655 M. O. Bonnet est présenté par la Section de (iéométrio comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M . Biot 770 - M. O. Bonnet est élu Membre de la Section de (iéométrio en remplacement de feu M . Biot 790 128 n55 190 j3i MM. P»ees — Décret impérial confirmant sa nomina- tion 8G9 BONTEMPS. — Examen des vitres de Pom- péi 98° BOUDIN. — Dangers des mariages consan- guins : leur inlluence sur la surdi-mutité des enfants 1209 BOUE est présenté par la Section de Miné- ralogie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant. . . i33 BOUQUET est présenté par la Section de Géo- métrie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Biot 769 BOUR. — Sur l'intégration des équations dif- férentielles partielles du premier et du second ordre 4^9, 54g, 588 et 045 M. Bout est présenté par la Section de Géo- métrie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Biot 770 BOUBBOUZE. — Appareil pour l'étude des lois de la chute des corps 52 et 128 BOURGET. — Influence de la rotation de la terre sur le mouvement des corps pe- sants a sa surface 102g BOUSSINGAULT. — Rapport sur un Mémoire de M. Nadaud de Bujfon concernant l'aménagement de l'eau dans les rizières. 262 — M. Bottssingault est nommé Membre de la Commission du prix de Statistique.. 36 1 — Et de la Commission du prix dit des Arts insalubres 722 BRESSE. — Sur le calcul des moments de flexion dans une poutre droito à plusieurs travées 91a BRIOT est présenté par la Section de Géo- métrie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Biot 770 BRONGN1ART est nommé Membre de la Com- mission du grand prix des Sciences phy- siques pour 1862. (Études des hybrides végétaux au point de vue de la fécondité et de la persistance des caractères.).. 36 1 — Membre de la Commission du prix Bordin de 1862 (question concernant l'histoire anatomique et physiologique du corail).. 549 — Utile la Commission du prix Barbier pour la même année (chimie et botanique médicales) 1 10a BROSSETTE. - Sur l'argenture des glaces substituée à l'étamure. (En commun avec M. l'etitjenn.) 73o BROUN. —Sur la connexion supposée entre les variations magnétiques et la direc- tion du vent 1 1 ' > MM. BROUZET. — Emploi, dans les magnaneries des bois de pin sylvestre et de hêtre injectés au sulfate de cuivre, comme préservatif des maladies des vers à soie. ( i3i5 ) Pages. MM. pages, BUISSON. —Traitement d'un cheval atteint de la morve 44 BULARD. — Observation, en Algérie, de l'é- clipse de Soleil du 3i décembre 1861 . . 162 CAB1EU. — Emploi du genêt dans la fabri- cation du papier d'imprimerie 464 — M. Cabieu demande et obtient l'autorisa- tion de reprendre ce Mémoire 865 CABIEU. — Lettre concernant la purification des eaux destinées à l'usage de Paris. . . . 1220 CAHOURS. — Recherches sur les dérivés py- rogénés de l'acide citrique 175 - Réponse à une réclamation de priorité élevée, à l'occasion de cette communica- tion, par M. Kekulé 5o5 - Recherches sur les dérivés pyrogénés de l'acide citrique 5oG — Recherches sur l'hydrure de caproylèns et ses dérivés. (En commun avec M. Pc- louze. ) 1241 f.AILLETET. — Recherches sur les fontes et sur le puddlage 368 CALIGNY (de). — Sur une machine hydrau- lique de son invention installée depuis longtemps au palais de l'Elysée 42 — Nouvelle roue verticale à tuyaux plon- geurs et à lames liquides oscillantes clans les biefs d'amont et d'aval 119 - Sur les moyens de varier le débit de l'eau motrice dans les roues de côté coulant à plein coursier, avec ou sans lames li- quides oscillantes 375 — Sur un moyen de faciliter la conservation du vide, notamment pendant les grandes chaleurs 1 56 CANNIZZARO. — Recherches sur la série to- luique 1225 CARRÉ. — Appareil ayant pour objet la pro- duction du froid artificiel. (Rapport sur cet appareil; Rapporteur M. Pouittet.).. 827 CASTELL. — Note destinée au concours pour le prix du legs Bréant 276 CASTILLON. — Rappel d'une précédente com- munication sur la constitution des co- mètes, et sur les forces qui président à leur mouvement 1047 CATALAN. — Note sur l'équation du troi- sième degré 65o — Sur les nombres de Bernoulli et sur quel- ques formules qui en dépendent io3o et 1059 — L'Académie ajoute le nom de M. Catalan à la liste des candidats pour la place va- cante dans la Section de Géométrie, par suite du décès de M. Biot 770 CAYLEY. — Considérations générales sur les courbes en espace 55, 3g6 et 672 CAZENAVE prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place vacante de Correspondant de la Section de Méde- cine et de Chirurgie i85 CHABANEL. — Sur la théorie des pressions. 937 CIIANCOCRTOIS. - Voir à Bégayer de Ckancourtois CHANOINE et Lagrenée. — Mémoire sur les barrages à hausses mobiles 72g CHARGÉ D'AFFAIRES DE BAVIÈRE ( M. le ) transmet , au nom de M. Weissbrod, un Mémoire destiné au concours pour le prix du legs Bréant 1 189 CHARRIÈRE. — Sur un mode de traitement des névralgies et des douleurs rhumatis- males 5G4 CHASLES. — Propriétés des courbes à dou- ble courbure du quatrième ordre pro- venant de l'intersection de deux surfaces du second ordre 317 et 418 — Propriétés des surfaces développables cir- conscrites à deux surfaces du second ordre -,;, — Sur la découverte de la variation lunaire ; Note accompagnant la présentation d'un écrit intitulé: « Lettre à M. A.-L. Sédil- lot sur la découverte de la variation lu- naire par Aboul Weffa 1 — Remarques concernant la date assignée à l'un de ses travaux dans une Note de M. Poncelel ,, ^ — M. Chastes présente, au nom de l'auteur M.Cremona, plusieurs opuscules mathé- matiques , 1 , C11ASTELLUX (de), qui a obtenu en 1861 une Mention honorable au concours pour le prix de Statistique, adresse ses remer- cîments à l'Académie , ,,s CIIAUVEAU. — Deuxième Mémoire sur la dé- termination graphique îles rapports du choc du cœur avec les mouvements des oreillettes et des ventricules. (En com- mun avec M. Marey.) 3a — Rapports sur l'ensemble de ce travail. (Rapporteur M. iJilnc Edwards.) 899 17... ( i3i Pages. MM. CHAUVEAU — Du nerf pneumogastrique con- sidéré comme agent excitateur et comme agent coordinateur des contractions œso- phagiennes dans l'acte de la déglutition. 664 — Réponse à une réclamation de priorité adressée, à l'occasion de cette commu- nication, par M. Van Kcmpen i i3i — Recherches physiologiques sur l'origine apparente et sur l'origine réelle des nerfs moteurs crâniens wbi CHENOT. — Lettre concernant ses Mémoires sur la stabilité des voûtes, et sur la pous- sée des terres 1 199 CHEVALIER. — Présentation à l'Académie de verres de besicles annoncés comme remarquables par le choix de la matière et la perfection de l'exécution. Envoi d'un ophthalmoscope à lentilles achro- matiques 287 et 464 — M. Chevalier fait hommage à l'Académie de huit lettres originales de Nicéphore Niepce, documents historiques pour servir à l'histoire de l'invention de la photographie 1283 CHEVREUL. — Introduction aux XIIIe et XIVe Mémoires des Recherches chimi- ques sur la teinture 877 — Réponse à une question faite à la suite de cette lecture par M. Balard 880 — Remarques relatives à une communication de M. Mège-Mouriès intitulée : Du fro- . ment et du pain de froment.. . 384 et 44? — Note relative aux recherches héliographi- ques de M. Niepce de Saint-Victor 299 — Remarques à l'occasion du Rapport fait sur un Mémoire de M. A. Le Play, concernant l'origine de la chaux fournie par certains sols 357 et 4°5 — M. Chevreul ost nommé Membre de la Commission centrale administrative pour l'année 1862 16 — Membre de la Commission dite des Arts insalubres 722 — Et de la Commission du prix Barbier pour i86'2 (chimie et botanique médicales).. 1102 CllOPARD et Pidancet. - Sur un saurien gigantesque, le Dimodosaurus polignien- sis 1259 UNïSELLI. — Réclamation de priorité en- vers M. 'fripier pour un procédé de galvanocaustique fondé sur l'action chi- mique des courants continus 854 C1V1VLE. — Compte rendu des résultats de ses opérations de lithotritie pendant l'année 1861 34o CIYIALE (A.). — Note accompagnant la pré- sentation d'un Album- photographique et de deux vues panoramiques des Alpes. 601 6) MM. PaCe5- CLAPAREDE. —Nouvelle méthode pour pra- tiquer l'opération de la taille 601 CLAPEYRON est nommé Membre de la Com- mission du prix de Mécanique J020 CLOQUET (Jules). — Remarques à l'ocasion d'une communication de M. Ve/peau, in- titulée : « Morts subites par embolie de l'artère pulmonaire » 781 — M. Cloquetest nommé Membre de la Com- mission des prix de Médecine et de Chi- rurgie 640 COLNZE. — Sur des vers intestinaux trouvés dans des Coléoptères du genre Pimélie. . 1200 COLLÈGE ROYAL DES CHIRURGIENS D'ANGLETERRE (le) remercie l'Aca- démie pour l'envoi des volumes LU et LUI de ses Comptes rendus hebdoma- daires 464 COLLIGNON. — Recherches sur la représen- tation plane de la surface du globe ter- restre I2t5 COLLIN. — Description d'un instrument au moyen duquel on peut faire des tranches très-minces des tissus qu'on veut étu- dier par transparence sous le microscope. (En commun avec M. Robert.) 206 COLLONGUES.— Note ayant pour titre: « Du biomètre et de la biométrie » 975 COMBES est nommé Membre de la Com- mission dite des Arts insalubres 722 — Et de la Commission du prix de Mécanique. 1020 COMMLNES DE MARSILLY ( de ). — Note sur les chances de succès que présente le fo- rage de puits artésiens à Amiens et dans le département do la Somme 849 — Des gaz de houille et de tourbe; de l'ac- tion des dissolvants sur la houille 1273 COQUAND est présenté par la Section de Minéralogie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant 802 CORDIER (Mmc veuve) prie l'Académie de vouloir bien faire ouvrir un paquet ca- cheté déposé en 1844 par feu M. Cor- dier, et prendre connaissance du con- tenu qui a rapport à la formation des roches de dolomie 277 CORDIER (Feu M.). — De l'origine des roches calcaires qui n'apparliennent pas au sol primordial; Note déposée sous pli ca- cheté le 28 octobre 1 844 et ouverte sur la demande de sa veuve le ^février 1862. 293 CORNEILLAN (M™ de). — Réclamation de priorité pour le dévidage* en soie grége des cocons du ver à soie de l'Ailante. . . 1 26 — M. de Quatrefages présente, au nom de Madame de CorneiUan, un échantillon ( i3i7) MM. Pa{;es. de soie grége obtenue de cocons du ver à soie de l'Ailante 383 COSTE. — De la liberté de la mer au point de vue de l'industrie des pêches 8o5 — M. Coste est nommé Membre de la Com- mission du grand prix de Sciences phy- siques (question concernant l'anatomie du système nerveux des poissons) .... 43g — Membre de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie 640 — De la Commission du prix de Physiologie expérimentale 966 — Et de la Commission du prix Alhumbert pour l'année 186a (modifications déter- minées dans l'embryon d'un vertébré par l'action des agents extérieurs) io5; COUERBE. — Note sur la composition d'os- sements humains trouvés dans d'anciens tombeaux 49 MM. Pages. — A l'occasion d'une Note de M. Pasteur sur le rôle des mycodermes dans la fer- mentation acétique, M. Couerbe rappelle qu'il a précédemment présenté un Mé- moire sur la sève de la vigne qui contient des idées semblables à celles qu'a émises M. Pasteur 563 COUTURIER. — Note sur le moulage des si- licates en fusion 276 CRAFTS. — Note sur le sulfure d'éthylène et sur une combinaison qu'il forme avec le brome , 127; CREMONA. — Sur les surfaces dévelop- pâmes du cinquième ordre 604 CUISINIER. — Sur un nouveau moyen de révivification du noir animal employé dans la fabrication du sucre. (En com- mun avec M. Leplay) 270 D D'ABBADIE. — Addition à une précédente Note sur l'observation, faite à Briviesca, de l'éclipsé totale du 18 juillet 1860... 586 DAMOUR est présenté par la Section de Mi- néralogie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant. . . 802 — M. Damour est élu Correspondant pour la Section de Minéralogie et de Géologie en remplacement de M. Daubrée devenu Académicien titulaire 809 — M. Damour adresse ses remerciments à l'Académie 920 DANA est présenté par la Section de Miné- ralogie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant. . . 1 33 DARESTE. — Sur la production des mons- truosités dans l'espèce de la poule. 73oet 121a DAUBRÉE. — Note sur un échantillon d'or cristallisé présenté dans la séance du 27 janvier par M. Élie de Beaumont.. . 578 DEBRAY. — Analyse des spectres colorés par les métaux 169 — Sur la métallurgie du platine. ( En com- mun avec M. H. Sainte-Claire De ville.). 11 3g DECAISNE est nommé Membre de la Com- mission du grand prix de Sciences phy- siques pour 1862. (Étude des hybrides végétaux au point de vue de la fécondité et de la persistance des caractères.) .... 36i — Membre de la Commission du prixBordin pour 1862 (question concernant l'his- toire anatomique et physiologique du co- rail) 54g — Et de la Commission du prix Barbier pour 1862 ( chimie et botanique médicales). . 1102 DECHEN ( de ) est présenté par la Section de Minéralogie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant 1 33 DEHERAIN.— Recherches sur la composition de quelques terres arables 122 — De l'action de l'ammoniaque sur les chlorures 724 D'EICHTHAL. — Mémoire sur les tumuli des anciens habitants de la Sibérie. (En commun avec M. Mcynier) 55g DE LA RIVE. — Description d'un appareil qui reproduit les aurores boréales et australes avec les phénomènes qui les accompagnent 1171 DE LA ROCHE. — Sur la similitude présu- mée de composition du chlore, du brome et de l'iode 600 DELARUE. — Statistique générale des phar- maciens et des médecins de France. . .. 97a DELAUNAY. — Remarques sur les idées émises par M. Le Verrier relativement à la constitution de notre système pla- nétaire 77 — Réponseàun article inséré par M. Lcl o('.re/<'.v/;omw;.v. 3g3 DUFOUR. — Sur la densité de la glace 1079 PUFOUR (Léon). — Études sur la larve du Potamophilus 26c DUHAMEL, Vice-Président pendant l'année 1861, passe aux fonctions de Président. i3 — M. le Président annonce que le tome XVI du Recueil des Suçants étrangers et le tome LUI des Comptes rendus hebdoma- daires sont en distribution au Secrétariat 941 et DUMAS. -Rapport sur un Mémoire deM. A. Le Pla) relatif à l'origjne de la chaux qui se trouve dans les plantes cultivées sur les terrains primitifs du Limousin — Remarques à l'occasion d'w.ïc communi- cation de M. Berthelot intitulée : « Syn- thèse de l'acétylène par la combinaison directe du carbone el de l'hydrogène — M. Dumas dépose w\ Mémoire de M. Pas- t eur sur \e rôle des Mycodermes dans la fermentation acétique 161 — M. Puma* communique des remarques sur la formation du limon du Nil et la constitution des lacs à natron, d'après les observations de M. Mêhêdin el les analyses de M. Willm 1 •" M. Dumas présente, au nom de M. Bor- gne, un travail sur un système à ■ ( iS..) ) MM. Pages, gation a» moyen do l'eau des torrents, et sur les résultats de ce système comme moyen de prévenir les inondations 83g - M. Dumas est nommé Membre de la Commission du prix Barbier pour 1862 (Chimie et botanique médicales) 1102 DUMERLL (Aug.) est présenté par la Sec- tion d'Anatomïê et de Zoologie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Geoffroy-Saint- Hilnire 225' DDMÉRY. — Note sur un dispositif destiné à prévenir l'incrustation des chaudières. . C66 DU MONCEL. — Sur le rôle que remplit la partie centrale du noyau de fer des électro-aimants par rapport à l'attrac- tion qu'ils exercent i^3i DUMONT présente au concours pour le prix dit des Arts insalubres son ouvrage sur les eaux de Lyon et de Paris 1084 - Note sur les distributions d'eau dans les villes 1 1 82 - Sur le fitrage des eaux de la Seine : Re- marques concernant une question de priorité soulevée, à l'occasion de la pré- cédente Note, par M. Cabieu 1269 DL'PERREY. -+7 Rapport sur trois Mémoires relatifs à la navigation et à la défense de nos côtes, présentés à l'Académie par . M. Vincent 1 25a M. Dupency présente un travail imprimé de M. Darondeau sur les questions rela- tives aux erreurs des compas de route dues aux attractions locales à bord des navires en fer 1 156 M. Duperrey est nommé Membre de la MM. Commission du grand prix dcMathéma tiques de 18G2 (Théorie des marées).. . DUPIN (C11.). — Notice historique sur l'en- seignement de la construction des ma- chines à vapeur à l'École du Génie ma- ritime Note accompagnant la présentation du Ve volume de son ouvrage sur la force productive des nations (l'Indo-Chine et l'Inde) — Notice sur l'élévation des eaux nécessaires à la ville de Lyon en i853-i856, et à la ville de Paris — M. Dupin est nommé Membre de la Commission du prix de Statistique. . . . DU PRÉ. — Mémoire sur le travail mécanique et ses transformations (suite) — Sur la mesure des densités des vapeurs saturées - Sur la définition et la mesure des tem- pératures DUROY, Lallemand et Perrin, qui ont ob- tenu un des prix de Médecine et de Chirurgie, décernés en 1861, pour leurs travaux concernant le rôle de l'alcool et des anesthésiques dans l'organisme., re- mercient l'Académie DUTAILLIS et Poulain. — Observation de l'éclipsé solaire du 3i décembre 18G1 faite à Gorée ( Sénégal) DUVAL. — Sur la translucidité complète de certaines hydrocèles de la tunique vagi- nale : moyen d'éviter la lésion du testi- cule et de l'épididyme dans l'opération de la ponction l'a:;. ■ 1209 1 !\ 1 1 69 1090 30 1 905 972 Io(>'. Ci 4y5 n53 E EDWARDS (Milne), Président pendant l'an- née 1861, avant de quitter le bureau, rend compte à l'Académie de l'état où se trouve l'impression des Recueils qu'elle publie ,. . . 14 - Rapport sur deux Mémoires de MM. Chau- veau et Marey, relatifs à l'élude des mouvements du cœur à l'aide d'un ap- pareil enregistreur 899 M. Milne Edwards présente à l'Acadé- mie la première partie du VIIe volume de ses « Leçons sur la Physiologie et l'Anatomie comparée de l'homme et des animaux » 1 89 — M. Milne Edwards est proposé par la Section d'Anatomie et de Zoologie comme l'un des candidats pour la chaire de Zoologie vacante au Muséum d his- toire naturelle par suite du décès de M. Is. G'eoffroy-Saint-HUaire 1081 L'Académie présente M. Milne Edwards comme son premier candidat pour cette chaire 1102 M. Milne Edwards présente une Note sur la faune carcinologique de l'île de la Réunion, par M. Alph. Milne Edwards et des observations sur les Échinides de la môme localité; par M. Michelin . ... 1 1 ',- M. Milne Edwards est adjoint aux Com- missaires désignés pour l'examen des communications de MM. Chameau et Marey sur la détermination graphique des mouvements du cœur 128 M. Milne Edwards est nommé Membre ( l320 ) MM Paees- de la Commission du grand prix de Sciences physiques (question concernant l'anatomie du système nerveux des pois- sons) • • 439 — Membre de la Commission du prix Bordin pour 1862 (question concernant l'his- toire anatomique et physiologique du co- rail) ". 549 — De la Commission du prix de Physiologie expérimentale 966 — Et de la Commission du prix Alhumbert pour 1862 (modifications déterminées dans l'embryon d'un vertébré par l'ac- tion des agents extérieurs) 1057 EHRENBERG transmet une Lettre de l'auteur d'un Mémoire présenté au concours pour le prix Bordin de 1861 1234 ÉLIE DE BEAUMONT fait hommage, au nom de M™" veuve Dufrénoy, d'un relief du Vésuve exécuté par feu M. Dufrénoy, et, en son propre nom, d'un relief de l'Etna exécuté par lui 3i — M. Êlie de Beaumont met sons les yeux de l'Académie un échantillon d'or de la Californie qui lui a été communiqué par M. Marcol 209 — Remarques, à l'occasion d'une communi- cation de M. Ch. Di/pin sur les cir- constances géologiques qui rendraient difficilement applicable à Paris le sys- tème employé avec succès à Lyon pour l'élévation des eaux nécessaires à la ville 1092 — M. Êlie de Beaumont fait , d'après sa correspondance privée, des communica- tions relatives aux questions suivantes : — Sur les phénomènes éruptifs de l'Italie méridionale. (Lettres de M. Ch. Sainte- Claire De fille.) 99, 241, 378 et 473 — Observation faite à Toulouse de l'éclipsé du 3i décembre 1861. (Extrait d'une Lettre de M. Petit.) 3i — Sur les causes de la cohésion. (Extrait d'une Lettre de M. Seguin.) 190 — Sur le passage de Mercure sur le Soleil. [Extrait d'une Lettre de M. Valz.) 190 — Sur la connexion des variations du ma- gnétisme terrestre et des variations mé- téorologiques. (Extrait d'une Lettre du P. Seechi.) 345 — Sur un appareil qui reproduit les aurores boréales avec les phénomènes qui les ac- compagnent. (Lettre de M. A. de la Rire.) 1 17> — Sur les trépidations du sol à Nice pen- dant l'éruption du Vésuve. (Extrait de deux Lettres de M. Prost.)... 5u et 1198 MM. Pages — Sur les produits de la vulcanicité. (Extrait de deux Lettres de M. Pissis.). 192 et n 85 — Sur un léger tremblement de terre res- senti, le 17 avril 1862, à Dijon et dans les départements voisins. ( Extrait d'une Lettre de M. A. Perrey.) 923 — Sur un nouveau mode de traitement de la gangrène. (Extrait d'une Lettre de M. Laugier.) g35 — Sur la température de la mer comparée à celle de l'air, depuis Southampton jus- qu'à la Havane. (Lettre de M. Poey.). 209 — Sur la chimie du globe. ( Lettre de M. Stcr- ry-Hunt . ) 1 1 go — M. Êlie de Beaumont présente, au nom de M. Murchison, un opuscule sur l'inap- plicabilité au groupe permien du nou- veau terme Dyas proposé par le Dr Geinitz igi — Au nom de M. Plana, un Mémoire conte- nant l'observation faite par lui à Turin, le 12 novembre dernier, du passage de Mercure sur le disque du Soleil 3i — Au nom du P. Seechi, le 3e numéro du Bulletin météorologique 773 — Au nom de M. C. T. Jackson, un « Ma- nuel d'éthérisation » 3 — Au nom de M. Sismonda, une Carte géo- logique de la Savoie, du Piémont et de la Ligurie 1043 — M. Elie de Beaumont, en sa qualité de Secrétaire perpétuel, présente le tome LU des Comptes rendus hebdo- madaires, et annonce que ce volume est en distribution au Secrétariat 65 — M. le Secrétaire perpétuel donne lecture d'une Lettre de M. f'essehfski, annon- çant le décès de M. Ostrogradski, Cor- respondant de l'Académie 191 — M. le Secrétaire perpétuel communique l'extrait d'une Lettre de M. Rosenthal, concernant son travail sur le nerf vague. 732 — M. le Secrétaire perpétuel communique la copie d'une Lettre adressée par M. Re- gimbeau à M. Dumas sur les résultats de l'analyse spectrale appliquée au chlo- rure de chaux 921 — M. le Secrétaire perpétuel appelle l'atten- tion de l'Académie sur un ouvrage con- sidérable intitulé : « Lcthœa Russica ou Paléontologie de la Russie 920 — M. le Secrétaire perpétuel présente au nom des auteurs les ouvrages suivants : — Au nom de M. Pouriau, un volume de ses « Eléments des sciences physiques appliquées à l'agriculture ». — Au nom de M. Massimo, un Mémoire sur le pas- sage de Mercure observé à Rome par ce ( lï MM. Pages, savant. — Au nom fie M. Zantedesehi, la description d'un spectromètre et des expériences, faites avec cet instrument, sur les changements qui s'observent dans le spectre solaire 208 — Au nom de M. ffarrén de la Rue, une série d'images photographiques relatives à l'éclipsé solaire du 18 juillet 1860... 384 — Au nom de MM. Bissân frères, une série d'épreuves photographiques représen- tant les principaux aspects de la chaîne du mont Blanc et celle du mont Rose. . . 384 — Au nom de M. Caiale fds, une nouvelle série d'images photographiques de di- verses parties des Alpes (mont Diane et mont Rose ) Ibid. — Au nom de M. Viqucsnel, une Notice sur la vie et sur les travaux de M. Veroîlot. 731 — Au nom de M. Rimt, le Ier fascicule du IIe volume de sa Docimasie ;G5 — Au nom de M. Laugel, une « Note sur l'âge des silex et des grés dits ladéres ». 0o3 — Au nom de M. Zejszner, un opuscule sur les gypses et les marnes miocènes du sud-ouest de la Pologne j3i s- Au nom de MM. Delesse et Laugel, un exemplaire de la « Revue de Géologie pour l'année 1 8G0 » 793 — Au nom de M. Défalque, une « Notice sur le système Eifélien dans le bassin de Namur » 79^ — Au nom de M. Furiet, un Mémoire inti- tulé : « Avenir de la métallurgie en France vis-à-vis des traités de commerce : fonte, fer et acier » 853 — Au nom de M. Brotvne, une Note sous pli cacheté contenant l'indication d'une découverte qu'il a intérêt à ne pas di- vulguer présentement 976 — Au nom de M. Duboscq, une Carte géo- logique du domaine que la Compagnie des chemins de fer autrichiens possède dans le Banat io3G ,— Au nom de M. Meugy, une Carte géolo- gique des arrondissements de Valen- ciennes, Cambrai et Avesnes 1037 - Au nom de M. Marcel de Serres, trois Mé- moires publiés en collaboration avec M. Cazalis de Fondouce, sur les for- mations volcaniques de l'Hérault 1037 - Au nom de M. Des Chizeaux, le premier volume de son « Manuel dcMinéralogie ». 1118 — Au nom de M. Perrey, une Note sur les tremblements de terre en i858, avec supplément pour les années antérieures. 7C3 — Au nom de M. Bouniceau, des expérien- ces sur la torsion des bois 853 — Au nom de M. E. iPEîêhivtdd, deux Me- 2. ) MM. pages. moires, l'un sur le griinsand des environs de Moscou, l'autre sur le cerf géant 920 — Au nom de M. Mongé, un ouvrage sur les constructions économiques en fer. . ro38 — Au nom de M. du Moncel, le premier fascicule du Ve volume de « l'Exposé des applications de l'électricité » io38 — Au nom de M. Goldberg, un ouvrage intitulé : « Tables des nombres primi- tifs et des facteurs des nombres de 1 à •25 1 6.17 » 702 — M. le Secrétaire perpétuel signa'e parmi les pièces imprimées de le Correspon- dance : un « Traité pratique de Méde- cine légale » par M. Casper, traduit de l'allemand par M. G. Germer- Baillière. 209 — Une Carte géologique du département de Vaucluseavec un volume de texte; par M. Scipion Gras, et un extrait de la Lettre d'envoi 385 ■■ Une publication de M. Robinet, sur les eaux de Paris. — Un Mémoire de M. Mon- tel/ier, sur la valeur des principales den- rées et marchandises qui se vendaient ou se consommaient dans la ville d'Or- léans au cours des xive, xv", xvie. xvh' et xvme siècles. — Un ouvrage italien de M. Gins, de Luca : « Description géographique, historique et administra- tive de l'ancien royaume des Deux-Si- ciles. — Un programme de la Société africaine internationale 386 — Un Mémoire de M. C/iapuis intitulé : « Nouvelles recherches sur les fossiles des terrains secondaires de la province de Luxembourg » 5m — Un Mémoire de M. Pouriau : « Compa- raison de la -marche de la température à l'air et dans le sol à diverses profon- deurs » 6o3 — La première livraison d'un « Prodrome de Géologie » ; par M. T'ezian 6o3 — Un programme du prix Rkliizki, que l'A- cadémie de Saint-Pétersbourg décernera pour la première fois en 1864 604 — Un ojmscule de M. Zantedeschi, sur ses découvertes -concernant l'application du .spectre lumineux à l'analyse chimique. — Un discours d'ouverture du cours de Physiologie fait à la Faculté de méde- cine de l'Université de San-I-'rancisco (Californie); par M. Lane. — Un Mé- moire de M. Claasius, sur l'équivalent mécanique de la chaleur. 73» 1— Un tableau météorologique dressé par M. Bénard : « Distribution annuelle de la température à Paris pendant quarante années » 853 C. R., 1SC2, 1er Sm'Stre. (T. LIV.) I 72 MM. ( i3 Pages In programme de ['Jssociatmn national /mur l'avancement des Seiences soi iales, dont l;i prochaine réunion se tiendra à Londres du 4 au 1 4 juin 1862 793 — Un programme du dixième congrès des savants italiens qui se tiendra à Sienne du 14 au 27 septembre 1862 io34 — Un Rapport adressé par M. Guéri luMènc- ville à M. le Ministre de l'Agriculture Sur les progrès de la culture de l'Ai- lantc et de l'éducation de son ver à soie 22 ) MM. Panes. en 1861 ». Et un Mémoire de M. Th. Scherer sur les gneiss de l'Erzgebirge saxon, et les roches qui y sont associées. 1119 ENGELHARDT. — Observations sur les glaces de fond. (Rapport sur ce Mémoire; Rap- porteur M. de Senarmont ) 897 ESMEIN. — Note sur un nouveau système d'aération pour les hôpitaux de l'aris.. g3G LSCA1.L1KR et Fra.ncesciiim. — Mémoire intitulé : « Propriétés thérapeutiques de 1 huile dite des Alpes » 383 KARNAUD (M"* veuve) demande et obtient l'autorisation de reprendre des Tables de logarithmes dressées par feu M. Far- nmtd, son mari 621 l'AYÈ. — Des canons rayés et de leur avenir. 1 1 7J l'AYE. — Sur la figure de la grande comète de 1SG1 O7 et 137 — Sur la force répulsive considérée dans les phénomènes physiques 525 — Sur les nouvelles Tables des planètes in- térieures G3o — Rapport sur une demande adressée à l'A- cadémie par M. Simon, chargé d'une mission agricole en Chine 544 -- Rapport sur les dessins astronomiques et les épreuves photographiquesde M. ff'ar- ren de la Rue 545 — M. Faye est nommé Membre de la Com- mission du prix d'Astronomie, fondation Lalandc 9<>4 1TÉYET. — Note destinée au concours pour le prix du legs Bréant 505 EIZEAU. — Note sur la lumière émise par le sodium brûlant dans l'air 493 — Recherches sur les modifications que su- bit la vitesse de la lumière dans le verre et plusieurs autres corps solides, sous l'influence de la chaleur 1237 — M. Fizeau est nommé Membre de la Com- mission du prix llordin pour 1862 (questions concernant la théorie des phénomènes optique») [g5 - Et de la Commission du prix Bordin pour la même année (question concernant les dilférences de position du foyer optique et du foyer photogénique) 1 148 1T, VXW V. —Sur une transformation de l'urée. 619 l'I.OUKKNS. — Sur la coloration des os d'a- nimaux nouveau-nés | ar la simple lac- tation de mères i la nourriture des- quelles a élé mêlée de la garance 05 Détermination du nœud vital ou point premier moteur du mécanisme respira- toire dans les vertébrés à sang froid. . . 3i 4 M. Flourens fait hommage à l'Académie de son « Éloge historique de Tiedemann > , lu dans la séance publique du lundi a3 décembre 1 86 1 (i 5 M. Flourens fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du IIIe volume de ses « Éloges » 577 M. Flourens présente une biographie de feu M. Marshall-Hall, parlaveuve de cet illustre physiologiste 565 M. Flourens donne connaissance d'une Lettre de Mrae veuve Damoiseau qui of- fre une somme de 20000 francs pour la fondation d'un prix destiné à l'encoura- gement des travaux d'Astronomie GGy M. Flourens présente, au nom des édi- teurs, le XVIIe volume des œuvres com- plètes de F. Ara«o, et donne commu- nication d'une Lettre de M. Barrai qui accompagne ce volume 1 155 M. Flourens communique une Lettre que lui a adressée M. Martins sur l'os- téologic comparée des articulations du coude et du genou, dans la série des Mammifères, des Oiseaux et des Rep- tiles 182 M. Flourens en sa qualité de Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle vient de faire dans la personne d'un de ses Correspondants pour la Sec- tion de. Médecine et de Chirurgie, M. lin- tonneau, décédé le 18 février îo5 M. le Secrétaire perpétuel fait remarque! à l'occasion d'un ouvrage envoyé de Vienne au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, qu'il serait désirable que les auteurs qui adressent, pour ce concours, des ouvrages écrits en ( '3 M. VI. Paçei. langue étrangère y joignissent un résumé en français, afin d'abréger un peu le tra- vail de la Commission, travail qui s'ae- croit d'année en année ,\~\ — M. le Secrétaire perpétuel communique, au nom de M. Grimaud, do Caux, une Note do M. /. Sehmidt sur le grand tremblement de terre qui a eu lieu en Grèce le 26 décembre 1 80 1 GG«j — M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom des auteurs, les ouvrages suivants : — Au nom do M. Jlpli. de Candolte, un ouvrage ayant pour titre : :c Mémoires et souvenirs de Jus;. Pyramus de Can- dolle » 3 1 — Au nom de M. de Komaroff, deux vo- lumes d'un « Traité des applications do l'analyse mathématique au jeu des échecs » , par M. de ïœnisch {64 — Au nom de M. Chavannes, un Mémoire imprimé sur les principales maladies des vers à soie et leur guérison. — Au nom de M. Minerviiii, un Mémoire sur deux œufs monstrueux. — Au nom de M. Gra- tiolet, des recherches sur le système vas- culairo de la sangsue médicinale et de l'aulastome vorace. — Au nom de M. Ro- senst/ial,un Mémoire sur le nerf vague. — Au nom de M. Wdlf, un Mémoire sur le traitement du bégayement.. G71 et G72 — Au nom de M. Paolini, un Mémoire con- cernant ses recherches sur l'action delà garance chez divers animaux et spécia- lement chez les poissons 976 — Au nom de M. Plagniol, un opuscule in- titulé : « Des corpuscules vibrants et de la maladie des vers à soie » 1 lûG — Au nom de M. le Dr Liharzik, le prospec- tus d'un ouvrage intitulé : « La loi de la croissance et la structure de l'homme », et diverses figures préparées pour cette publication 1270 — M. le Secrétaire jpcrpétuel signale, parmi 23 ) MM. Pages. les pièces de la Correspondance, un Mé- moire de M. de Burg, : « Sur l'emploi des soupapes de sûreté appliquées aux chaudières à vapeur » 1066 — Un programme de la Société d'Agricul- ture, Sciences et Arts de Poligny ( Jura ), annonçant l'ouverture d'un congrès :_i '<- logique et paléontologiquepourle 22 juin iSG2 10GG — Un ouvrage de M. Th.-fl'. llurria, sur quelques-uns des insectes nuisibles à la végétation n5(j — M. Flourèns est nommé Membre de la Commission du grand prix de Sciences physiques (anatomie du système nerveux des poissons) j3g — Membre de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie G.jo — Membre de la Commission du prix do Physiologie expérimentale 966 — Et de la Commission du prix Alhumbert pour 1SG2. (Modifications déterminées dans l'embryon d'un vertébré par l'ac- tion des agents extérieurs.) 1057 FOUCAULT.— Note sur un nouveau télescope de l'Observatoire impérial 8Ô9 FOURNET. — Détails sur les caractères mé- téorologiques de l'année 18G1 8 ni — Sur un arséniate de cuivre plombifôre de Diou 1096 FRANCESCI1LM et Escalueu. — Mémoire intitulé : « Propriétés thérapeutiques de l'huile dite des Alpes » 3S3 FRESNEL (L. ) prie l'Académie de vouloir bien faire ouvrir un paquet cacheté dé- posé le 20 avril 1 8s 8 par son frère feu A Fresnel : le contenu est une Note sur la théorie de la diffraction 3GG FR1EDEL et Macbuca. — Action de l'am- moniaque sur l'acide monobromobuty- rique 220 FRJTZSCHE. — Note sur les hydrocarbures et leurs combinaisons avec l'acide picrique. > GAL. — Recherches relatives à l'action du chlore sur l'acide acétique anhydre 570 — Recherches sur les acides anhydres 1227 GALLARD. — Mémoire et Note concernant {'influence exercée par les chemins do fer sur l'hygiène publique,.... 110G et 12G8 e). —Règle pour la solution du problème de Kepler 1 kjd GAUCKLER. — Théorie générale de l'écou- lement des liquides 27 "> GAUDIN. — Mémoire sur l'établissement de puits artésiens d'un grand diamètre. ... j i "> — Note sur la production de l'aluminato de 172.. MM. Pages, baryte soluble et des sels d'alumine purs pour l'industrie C87 (iAUDIN.— Mémoire intitulé : « Morpliogénie moléculaire » : représentation figurée des aluns potassique et ammoniacal. . . . 861 GAUDRY. — Résultats des fouilles exécutées en Grèce : Oiseaux et Reptiles 5o2 — Note sur les singes fossiles de Grèce. ... ma GAUGAIN. — Sur la conductibilité électrique et la capacité inductive des corps iso- lants io65 GAV (Clavde).— Sur l'agriculture chilienne; Note accompagnant la présentation d'un nouveau volume de son Histoire physi- que et politique du Chili 4^5 GÊNIN. — Lettre concernant sa Note sur les œufs des poules 1 199 GERARDIN. — Sur la détermination de la température de fusion des corps mau- vais conducteurs de la chaleur 1082 iiERVAIS. — Essais d'acclimatation du Sau- mon dans le bassin de l'Hérault 147 - Note sur le grand Calmar de la Méditer- ranée 148 — Note surles ossements d'un très-grand Lo- phiodon , trouvés à Braconnac , près Lautrec 820 — Examen d'un ornitholithe d'Armissan ( Aude ) 895 GIRARD (A.). —Note sur le dosage de l'acide phosphorique en présence de l'oxyde de fer et des bases terreuses 468 GIRARD I L.-D. ). — Sur un nouveau système de chemin de fer, dit chemin de fer glissant g32 G1KARD (T.). — Mémoire sur les frictions et le massage dans le traitement des entorses de l'homme 472 G1RAUD-TEULON. — Causes et mécanisme de certains phénomènes de pojyopie monoculaire observables dans le cas de l'aberration physiologique du parallaxe. Absence de l'aberration do sphéricité dans l'appareil dioptrique de l'œil : ap- plication à la détermination des limites du champ de la vision distincte 904 — Lettre à l'occasion d'uno réclamation de priorité adressée par M. Trouessart u3o GOLDBERG. — Lettre accompagnant l'envoi de ses « Tables des nombres primitifs et des facteurs des nombres do 1 à »5*647 » 792 GOLDSCHMEDT, qui a obtenu une des mé- dailles de la fondation Lalandc pour 1861, adresse ses remereimonts à l'Aca- démie 128 24 ) MM. Pages. GOHISSEN. — Lettre concernant diverses opérations qui ont eu pour but la mesure d'un degré du méridien »86 (JORLOF. — Sur le mouvement d'un projec- tile dans l'âme d'un canon rayé 59G GOSSET. — Lettre accompagnant l'envoi d'un Mémoire imprimé ayant pour titre : « Le blé, le pain » 621 GRAF. — Nouveau document relatif à son procédé de fabrication des aiguilles, procédé exempt de dangers pour la santé des ouvriers <63 GRANDEAU. — Sur la présence du rubi- dium dans certaines matières alcalines de la nature et de l'industrie »5<.> — Sur la piésence du rubidium dans un cer- tain nombre de végétaux (betterave, ta- bac, calé, thé, raisins) n'">7 GRAS (Scipion). — Sur l'insuffisance des preuves tirées du gisement des silex tra- vaillés de Saint-Acheul pour faire ad- mettre l'existence de l'homme pendant la période quaternaire 1 126 GRATIOLET est présenté par la Section d'Anatomie et de Zoologie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Geoffroy-Sainl-Hi- laire 225 GRIMAUD, de Caux. — Note sur le climat de la ville de Vienne (Autriche) (5 — Sur la topographie et le nivellement de l'isthme de Corinthe. État actuel des travaux qui avaient été entrepris par les Romains pour unir les deux mers 929 GROS (L.). — Lettre concernant un ouvrage sur les affections nerveuses syphilitiques qu'il a publié avec la collaboration de M . Lanceraux 1 1 • < 1 GUÉRAMAUD. — Remarques sur un passage du « Traité élémentaire de Chimie » de M. Regnault relatif à la fabrication du carbonate de soude 160 et 987 GUÉR1N-MÉNEVILLE. — « Aperçu sommaire de l'état actuel de l'épidémie des mû- riers et des vers à soie » ia6G GUEYMARD. — Note sur une analyse de paille de froment 390 GUICHON DEGRANDPONT. — Sur la néces- sité d'employer des trémies uniformes dans le mesurage des grains 11 17 GUILLET. — Description d'un pluvioscope écrivant ^9° GLTLLON. — Nouveau perfectionnement do son brise-pierre à levier 7°3 GUIRAMAND. Voir plus haut à Guéramaud, nom resté d'ailleurs indécis par suite de signatures peu lisibles. ( MM Pages GU1RETTE. — Appareil inhalateur de son invention io33 GUISLAIN. — Recherches sur l'histoire et les propriétés des préparations cosmétiques depuis les temps anciens jusqu'à nos jours 73 1 GUYARD. — Modification d'une expérience concernant la forme d'équilibre d'une masse sans pesanteur Oi i325 ) MM. Pages. — Sur les réactions qui ont lieu quand on mélange deux sels non susceptibles de donner un précipité 207 GUYON. — Note sur un produit végétal em- ployé par lesArabespoiirfairedel'encre. 63ij — Enrayement de la lèpre par le change- ment de climat 892 — Disparition du goitre par le changement de climat io54 H HAAS et Tonella. — Lettre relative à un remède contre les dartres 383 UABROFSKI. — Note destinée au concours pour le prix du legs Bréant 5G5. HARDY'. — Sur quelques matières ulmi- ques 470 HASPEL, qui a obtenu une Mention honora- ble au concours de 1861 pour les prix de Médecine et de Chirurgie, adresse ses remercîments à l'Académie 61 HAUNET. — Plan d'un nouvel appareil réfri- gérant destiné à produire un abaisse- ment de la température dans l'intérieur d'édifices publics ou privés.. 1283 HÉBERT. — Lettre à M. d'Archiac sur les dépôts tertiaires marins et lacustres des environs de Provins (Seine-et-Marne). . 5i3 HECHENBERGER. - Lettre concernant des découvertes en thérapeutique qui se- raient basées sur les découvertes ana- tomiques de M. Hyrtl 28C 11ESSE. — Sur l'équation cubique de laquelle dépend la solution d'un problème d'ho- mographie de M. Chastes C78 HEURTÉLOUP. — Note ayant pour titre : « Sur l'ensemble de mes travaux relatifs aux deux lithotripsies et sur quelques perfectionnements de la petite lithotrip- sie ou lithotripsie de main » 1210 HIFFELSHEIM. — Lettre relative à son ou- vrage sur l'électricité médicale io85 HIND. — Éclipse totale de Soleil, du 3i dé- cembre 1 861, observée à l'ilo de la Tri- nité. (Lettre à M. Le Verrier.) 426 HITCHCOCK est présenté par la Section de Minéralogie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant i33 HOFMANN. — Action de l'éther chloracéti- que sur la triéthylamine et sur la trié- thylphosphine; action du cyanated'éthyle sur la diéthylamine et la triéthylamine. 25a — Recherches sur les matières colorantes de l'aniline 428 HORVATH. — Sur le choléra asiatique 792 HUETTE. — Observations météorologiques faites à Nantes; deuxième semestre de 1861 io85 HYRTL, qui a obtenu, pour ses travaux d'a- natomie humaine et comparée, un des deux prix de Physiologie expérimentale décernés en 1 861 , adresse ses remercî- ments à l'Académie 5CG I. l.MME. — Sa brosse voltaïque est mise sous les veux de l'Académie par M. Babinet. 276 INSPECTEUR GÉNÉRAL DE LA NAVIGA- TION (M. l') adresse le tableau des hauteurs de la Seine prises chaque jour de l'année 18G1 à l'échelle du pont de la Tournelle t i J JACKSON est présenté par la Section de Mi- néralogie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant. . . .IACQUART. — Sur la structure du cœur de la tortue franche JACQUELA1N. — Étude des matières colo- rantes et colorées extraites, à l'état de i33 7(13 pureté, des produits commerciaux de l'a- niline Ci 1 JANSSEN. — Note sur les raies telluriques du spectre solaire 1280 JOBERT DE LAMBALLE. — De la régénéra- tion des tendons 483. 578 et 6y8 — Remarques à l'occasion d'une communi- MM ( i3a6 ) Panes. lion de M. J'rlpcau. intitulée : « Morts su- bitesparemboliedel'artèrepulmonaire-»'. -Si M. Jobertest nommé Membre de la Com- mission des prix de Médecine et de Chirurgie 640 IODIN. — Du rôle physiologique rie l'oxy- gène, étudié spécialement clios les mu- édinées et les ferments 017 MM. Panes. JOLV. — Nouvelles observations sur la pré- sence des corpuscules de Cornalia chez les vers à soie malades ■>' i JOURDANET. — Analyse d'un travail inti- tulé : « L'air raréfié dans ses rapports avec l'homme sain et avec l'homme ma- lade » 1 1 iB K KARST. — Note concernant un système de chemins de fer à rail moyen 127 KEKDLÉ. — Réclamation de priorité à l'é- gard de M. Ca/iours, concernant les dé- rivés pyrogénés de l'acide citrique.... 275 — Note sur les produits pyrogénés de l'acide malique et de l'acide citrique 10G4 KOMAROFF. — Revendication en faveur d'un physicien russe, M. Spaknffsky, de la pièce produisant le recul dans les ré- gulateurs de la lumière électrique . . 7G6 KRAZUSKI. — Lettre concernant un dispo- sitif qu'il a imaginé pour contenir un cheval qui s'emporte i63 KUEIINE, qui a obtenu un des deux prix de Physiologie expérimentale décernés en 1SG1, adresse ses remerciments à l'Aca- démie 61 — Note sur un nouvel ordre de nerfs mo- teurs 7i' LACAZE DUT11IERS (de). — Sur la repro- duction du corail 1 16 et 498 — M. de Lacaze du Thiers est présenté par la Section d'Anatomie et de Zoologie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Geoffroy-Saint- Hilaire 225 .. \i;OLT demande étobtient l'autorisation de reprendre son travail sur les inondations, le^ dessèchements et les irrigations, tra- vail qui n'a pas encore été l'objet d'un Rapport 10(8 LAGRENÉE et Chanoine. — Mémoire sur les barrages à hausses mobiles 729 '.ALLEMAND, Pebbin et Duiioy, qui ont ob- tenu en [8G1 un prix de Médecine et de Chirurgie pour leur travail sur le rôle de l'alcool etdes anestbésiques dans l'orga- nisme, remercient l'Académie Gi [.AMARE-PIÇQUOT. — Observations d'his- toire naturelle laites aux Indes , à l'île Bourbon el en Europe 5G5 LAMBERT et POGGIALE. — Analyse chimique dé l'eau du puits artésien de Passy.... 10G2 LAMÉ. — Dépôt d'un paquet cacheté 190 Note accompagnant la présentation d'un ouvrage de M. Gilbert, intitulé : « Re- cherches analytiques sur la diffraction de la lumière 1 n'g LÂMEYRE. — Appareil de perspective à l'usage des peintres, el spécialomeiltdes- tiné au dessin des monuments io33 LAMY. — De l'existence d'un nouveau métal, le thallium ia5S LANGLEBERT. — Analyse de sa « Nouvelle doctrine syphilographique. » GGK LANOA. — Description et usage d'un instru- ment de géodésie (le diastasimètre). 45o et 691 LANOX écrit par suite d'une signature ma- culée pour Laiton; voir à ce nom LARGUER. — Des phénomènes cadavériques au point de vue de la physiologie et de la médecine légale 56a LARTET est présenté par la Section de Mi- néralogie connue l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant. . . Bos LA TOUR DU PIN (de). — Sur un moyen des- tiné à purger la fumée de tabac d'une portion de la nicotine dont elle est char- gée, avant qu'elle arrive à la bouche du tumeur io85 LAUGJER est nommé Membre de la Commis- sion du prix d'Astronomie, fondation Lalande 90 ; — Et de la Commission du grand prix de Mathématiques de 1862 (théorie des ma- rées) I 201) LAUGIER (Stan.). — Sur un nouveau mode de traitement de la gangrène g35 LAUSSEDAT. - Différence de longitude de l'Observatoire de Toulouse et de la cita- delle île Montpellier, obtenue à l'aide de signaux électriques 1" l327 ) MM. P — Lettre accompagnant l'envoi d'une obser- vation de l'éclipsé solaire du 3i décem- bi'p 1861 faile à Gorée (Sénégal) par MM. Poulain et Dutail/is LAVOCAT. — Revue générale des os de la tête des vertébrés 1 1 10 et LEBARILLIER. — Sur la mortalité des en- fants assistés do Bordeaux LÉCHALAS. — Note sur le mouvement des eaux dans la partie maritime des fleuves. LECONTE et Démarquai'. — Analyse des gaz de l'emphysème général traumatique de l'homme — Traitement des plaies rebelles, par l'acide carbonique et l'oxygène.. LECOQ, en présentant à l'Académie sa carte géologique du département du Puy-de- Dôme, donne quelques détails sur ce travail — Sur l'alternance des assises calcaires et des basaltes dans le bassin de la Limagne d'Auvergne — Sur la fécondation indirecte dans les végé- taux LEFEVRE. — Sur l'emploi des cuisines et appareils distillatoires en service dans la marine : prophylaxie de la colique sèche des marins LEFORT prie l'Académie de vouloir bien charger une Commission de reconnaître les instruments de physique qu'elle avait conDés à M. Biot et qui doivent être réintégrés dans sa galerie LEGRAND — Cas de douleurs déterminées par le mouvement des doigts et attri- buables à l'inflammation du tendon des fléchisseurs LEGRAND (Max,). — Mémoire intitulé : « Es- sai de thérapeutique (Térébenthine) ». LEGRAND DU SAULLE. - Sur le froid et l'exercice de la chasse considérés comme causes de congestion cérébrale l.EMOIXE. — Procédé pour prévenir les fuites du gaz de l'éclairage circulant dans les tuyaux de distribution LEONE — Lettre concernant la trisection de l'angle LEPETIT. — «Explication de l'anneau de Sa- turne » LE PLAY (A.) — Mémoire relatif à l'origine de la chaux qui se trouve dans les plantes cultivées sur les terrains primitifs du Limousin. (Rapport sur ce Mémoire; Rap- porteur M- Dumas) LEPLAY (IL). — Sur un nouveau moyen de réviviûcation du noir animal employé dans la fabrication du sucre. (En commun aj ec M . Cuisinier.] âges. •195 1258 723 5r>3 180 689 891 •"99 jges. 7G4 Gi 7G3 1 1G2 987 35 '» 1 MM. i LEREBOILLET. — Expériences relatives à la production artificielle des monstruo- sités dans l'œuf du brochet 761 LE ROUX. — Note intitulée : « Défaut d'a- chromatisme de l'œil : appareil destiné à le mettre en évidence. » 1 155 LEST1BOUDOIS. - Note sur la culture du lin en Algérie 1012 LE YERRIER. — Sur le système des planètes les plus voisines du Soleil, Mercure, la Terre et Mars 17 — Remarques sur une communication faile par M. Delaunay à l'occasion du précé- dent Mémoire 82 — Remarques à l'occasion d'une communica- tion de M. Fine, sur les nouvelles Tables des planètes intérieures 63g — Éclipse de Soleil du 3o décembre 18G1 : observations faites à Parfset à Marseille. -iio — Note sur la variabilité d'une nébuleuse et d'une étoile voisine 29g — Note à l'occasion d'une communication de M. Yt'on-Villarceau sur la théorie de la lunette méridienne 189 — M.- Le Verrier présente le volume des Annales de l'Observatoire impérial qui contient les Tables de Vénus et de -Mars. 23 1 — M. Le Verrier présente un nouveau vo- lume des Annales de l'Observatoire : ob- servations méridiennes de 1SG0. Il pré- sente, en outre, la cinquième livraison des Cartes écliptiques, et annonce l'obser- vation, par M. Chacornac, du satellite de Sirius découvert .aux États-Unis par M. Clarke 626 M. Le Verrier présente un XIVe volume des « Annales de l'Observatoire impé- rial, » comprenant les observations mé- ridiennes faites en i83g et 1840, et un dessin de la nébuleuse du Chien de Chasse septentrional fait par M. Chacornac. . . s8s - M. Le Verrier met sous les yeux de l'Académie deux dessins faits par M. Cluz- cornac, au moyen du grand télescope de M. Foucault : l'un du satellite Titan sur le disque de Saturne ; l'autre, de la né- buleuse annulaire de la Lyre ioiï - M. Le Verrier annonce que la planète 5g de M. Chacornac a reçu le nom d 0- Ijnipia ii; - Remarques à l'occasion d'une Lettre de M. Vulz concernant l'observation laite a Marseille du passage de Mercure sur le Soleil iG ■ Passage de Mercure sur le Soleil : ré- ponse à M. Vuh, au sujet d'une pic- tendue erreur dans les observations de Marseille ( i3a8 ) MM Pages. M. /-'• Verrier communique une dépêche télégraphique de M. O. Struve annonçant la découverte faite par M. Wlnnecke, le 8 janvier 18G2, à l'observatoire de Poulkova, d'une comète télescopique-; une Lettre de M. Bond concernant une comète télescopique découverte par M. Tutilc à l'observatoire de Cambridge (États-Unis), lo 29 décembre 18G1: et une seconde Lettre de M. Tuttlc con- cernant la même comète. 128, 207 et $65 M. Le ferrier communique une Lettre de M. Winnecke sur la première comète de 1861 ; l'extrait d'un Rapport de M. Billard, directeur de l'observatoire d'Alger, sur l'éclipsé de Soleil du 3i dé- cembre 18G1 ; -et l'extrait de deux Let- tres sur le passage de Mercure, qu'il a reçues de M. Templé~ÇÀevalier et de M. Respighi 160, 162 et 164 — M. Le Verrier annonce avoir reçu une Lettre de M. Baramowski, directeur de l'observatoire de Varsovie, concernant le passage de Mercure, et une Lettre de M. Moësla, directeur de l'observatoire de Santiago, sur la grande comète de 1 8Gi , comète qui a été observée à l'obser- vatoire de Paris jusqu'au 28 décembre. . iGj — M. Le Verrier communique une Lettre de M. Hind concernant l'observation faite à l'île de la Trinité de l'éclipsé so- laire du 3i décembre 18G1 fy& Remarques à l'occasion d'une communica- tion de M. C/i. Ditprn. sur l'épuration des eaux nécessaires à la ville de Lyon. 1092 LEYMERIE — Note sur l'origine des roches calcaires et des dolomies 5G6 — Note sur la découverte de l'étage aptien aux environs d'Orthe/. C83 M. Leymerie prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place vacante de Cor- respondant de la Section de Minéralogie et Géologie 387 — M. Lcyinerie est présenté par la Section do Minéralogie comme l'un des candidats pour la place vacante §02 1 lANDlF.lt. — Sur la cause de la scintillation des étoiles G91 et 10 (8 MM. Pages. LIC11TENSTEIN. - Lettre, accompagnant un opuscule intitulé '• « Introduction directe de l'ozonométrie dans la médecine» 119S LIOUVILLE. —Remarques à l'occasion d'un Mémoire de M. Bout 91 1 — M. Liouville est nommé Membre de la Commission du prix Rordin pour 1862. (Questions concernant la théorie des phé- nomènes optiques.) 4p/> — Membre de la Commission du prix d'Astro- nomie, fondation Lalande 904 — Et de la Commission du grand prix de Ma- thématiques de 18G2. (Théorie des ma- rées.) 1 209 LOGAN est présenté par la Section de Miné- ralogie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant. . . 1 33 LONG ET est nommé Membre de la Commis- sion du prix de Physiologie expérimen- tale 966 — Et de la Commission du prix Alhumbert pour 18G2 (modifications déterminées dans l'embryon d'un vertébré par l'ac- tion des agents extérieurs) 1057 LORY est présenté par la Section de Minéra- logie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant 80a LUCAS est proposé par la Section d'Anato- mie et de Zoologie comme l'un des can- didats pour la chaire d'Entomologie va- cante au Muséum d'histoire naturelle.. 1236 — M. Luciis est présenté par l'Académie comme son deuxième candidat pour cette chaire iî54 LUNEL. — Sur la contagion de la varioloïde. 763 LUTHER, qui a obtenu une des médailles de la fondation lalande décernées en 1861, adresse ses remerciments à l'Académie.. 128 LUYS. — Études sur la structure du système nerveux spinal et du système nerveux cérébelleux 729 LYELL est présenté par la Section de Miné- ralogie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant. . . 1 33 — M. Lyell est élu Correspondant de l'Aca- démie pour la Section de Minéralogie et de Géologie i49 — M. Lyell adresse ses remerciments à -l'Académie 2G1 AT MABBOUX annonce avoir trouvé une cou- leur verte, substituable à celles qu'em- ploie l'industrie, et exempte de proprié- tés toxiques 987 NL\CHUCA.et Fkiedf.l. — Action de l'am- moniaque sur l'acide monobromobuty- rique 220 MACK1NTOSH. — Lettre concernant sa Note sur un nouveau propulseur pour les ma- chines marines 28G ( i32g ) Pages. MM. MAGITOT. — Analyse de son Mémoire sur la genèse et le développement des follicules dentaires chez les mammifères. ( En commun avec M. Ch. Robin.) i53 MALBRANCHE. — Mémoire sur la statistique pharmaceutique 937 MANGLN. — Note sur la cause probable des explosions dites fulminantes 452 MARCEL DE SERRES. — Présence du sul- fate de plomb dans les mines de sul- fure de plomb de Kef-oum-Theboul, en Algérie 743 — Sur le sulfate de baryte hydraté des eaux thermo-minérales de La Malou 764 — Des mines de peroxyde de fer hydraté ou limonite de l'Hérault 11 89 — M. Marcelde Serres prie l'Académie de vou- loir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place vacante de Correspondant de la Section de Minéra- logie et de Géologie 765 — M. Marcel de Serres est présenté par la Section de Minéralogie comme l'un des candidats pour la place vacante de Cor- respondant 802 MARCUSEN. — Sur un organe particulier du cerveau des Mormyres 35 MAREY et Ciiacveau. — Détermination gra- phique des rapports du choc du cœur avec les mouvements des oreillettes et des ventricules; deuxième Mémoire 32 — Rapport sur l'ensemble de ce travail. (Rap- porteur M. Milne Edwards.) 899 MARIÉ-DAVY. — Mémoire sur les conducti- bilités électriques des dissolutions sa- lines 465 — Mesure, par la pile, des quantités spé- cifiques de chaleur de combinaison des principaux métaux 1 io3 MARIN. — Mémoire sur un excentrique à mouvement uniforme varié 1268 MARMISSE. — Sur la mortalité des enfants au-dessous de deux ans dans la ville de Bordeaux 1220 MARTENS. — Sur la pureté de l'eau des gla- ciers considérée par rapport aux exi- gences de la photographie 1 132 MARTIN. — Cathéters cannelés destinés à porter des médicaments dans le canal de l'urètre 43 MARTINS (Ch.) — Ostéologie comparée des articulations du coude et du genou dans la série des Mammifères, des Oiseaux et des Reptiles ; Lettre à M. Flourens 1 82 — Sur le refroidissement nocturne de la C. H., 1862, 1" Semestre. (T. L1V.) MM. Pages, tranche superficielle du sol comparé à celui de la couche d'air en contact im- médiat avec la terre 1 27 1 MARX. — Analyse de son Mémoire concer- nant les accidents fébriles à forme in- termittente, qui suivent les opérations pratiquées sur le canal de l'urètre i53 MATHIEU est nommé Membre de la Com- mission du prix de Statistique 904 — Membre de la Commission du prix d'As- tronomie, fondation Lalande 36i — Et de la Commission du grand prix de Mathématiques de 1862. (Théorie des marées.) 1 209 MATHIEU (L. ) met sous les yeux de l'Aca- démie trois instruments qu'il a modifiés pour l'opération de l'ovariotomie 286 MATHIEU, de la Drome. — Lettre accompa- gnant l'envoi d'un opuscule intitulé : « De la prédiction du temps » 1236 MATTEUCCI. — Sur la fonction électrique de la torpille 1092 MAUGET. — Sur les phénomènes consécu- tifs de la dernière éruption du Vésuve.. 920 MAUMENÉ. — Réclamation de prioritéadres- sée à l'occasion d'un Rapport sur le pro- cédé de MM. Possoz et Périer pour l'ex- traction du sucre 975 et 1220 MËGE-MOURIÈS. - Mémoire intitulé : « Du froment et du pain de froment » 445 MÈNE. — Analyse des fers et des fontes du commerce 1 5g — Note sur les laitiers des hauts fourneaux.. . 2ï4 — Méthode de dosage de l'acide carbonique de l'air, etde séparation de la chaux de son carbonate par liqueurs titrées 668 — Remarques à l'occasion d'un passage qui le concerne dans une Note de M. Four- net sur un arséniate de cuivre plombi- fère 1235 MERCIER LACOMBE. — Sur le câble élec- trique sous-marin qui fonctionne entre Port-Vendre et Mahon 127 MEYNIER. — Mémoire sur les tumuli des anciens habitants de la Sibérie. (En commun avec M. d ' Eichthal.) 55g M1LLOT-BRULÉ. — Mémoire concernant la conservation des membres au moyen de la conservation du périoste 85a MINARY et Rés.vl. — Recherches sur la composition des fontes; application à la théorie du puddlage 212 — Sur la porosité des tubes de porcelaine, et sur les phénomènes d'endosmose des gaz auxquels elle donne lieu 682 .73 ( i33o Pages MM. MINISTRE DE L'AGRICULTURE, DU COM- MERCE ET DES TRAVAUX PUBLICS I M. le ) adresse pour la Bibliothèque de l'Institut les n°! 6 à 12 du Catalogue des brevets d'invention pris pendant Tannée 1861 et le n° Ier de l'année 1862 44, 383, 565, 976, in8 et 1270 M le Ministre adresse pour la Bibliothè- que de l'Institut un exemplaire du XCII'' volume des brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de 1791, et des XXXIXe et XLP volumes des brevets pris sous l'empire de la loi de 1844 160 et 976 - M. le Ministre transmet la première et la seconde partie d'un travail de M. Lavo- cat, ayant pour titre : « Revue générale des os de la tète des vertébrés ». 1 1 10 et 1258 Et un Supplément au Mémoire de M.Heed, de Londres, sur le choléra-morbus 192 M. le Ministre envoie des billets pour la distribution des prix au concours d'ani- maux de boucherie de Poissy 765 IMSTRE DE LA GUERRE (M. le) annonce que MM. Potuelet et Le Verrier sont maintenus Membres du Conseil de per- fectionnement de l'École Polytechnique au titre de l'Académie des Sciences 276 M . le Ministre adresse pour la Biblio- thèque de l'Institut un exemplaire du tome VI de la 3e série du Recueil de .Mémoires de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacie militaires 792 MINISTRE DE LA MARINE ET DES COLO- NIES (M. le) annonce qu'il a compris l'Académie des Sciences dans la répar- tition de la Revue maritime et coloniale . 27G MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE M. le) invite l'Académie à lui présen- ior deux candidats pour chacune des chaires ci-après désignées, chaires va- cantes par la mort des titulaires ou leur appel à un autre enseignement : Chain; de Physique générale et Mathéma- tique, vacante au Collège de Franco, par suite du décès de M. Biot 73i Chaire de Zoologie vacante au Muséum d'Histoire naturelle, par suite du décès de M . h . Geoffroy-Saint-Hilaire 1 "34 ( haire d'Entomologie, vacante au Muséum d'histoire naturelle par suite delà nomi- nation de M. Milite HiUvurils à la chaire de Zoologie > '9° MINISTRE D'ÉTAT (M. le) approuve les pro- positions de l'Académie pour l'emploi d'une portion des fonds restés disponi- ble 128 6g 1 MM. Pages. — M. le Ministre transmet un Mémoire de M. J'issis sur les produits de la vulca- nicité correspondant aux différentes époques géologiques : .. 192 — M. le Ministre transmet ampliation des décrets impériaux confirmant la nomi- nation de M. Blanchard à la place va- cante dans la Section d'Anatomie et de Zoologie, par suite du décès de M. Geof- froy-Saint-Hilaire; et celle de M. Ossian Bonnet à la place vacante, dans la Sec- tion de Géométrie, par suite du décès de M. Biot 293 et 869 MONCKHOVEN ( D. v. ). — Sur une obser- vation des images de Mbser 1281 MONTAGNE. — Note accompagnant la pré- sentation de la Florula Gorgonea et des deux premières décades de la neuvième Centurie des plantes cellulaires 339 MONTAIN écrit par erreur pour MONTANT. — Sur l'harmonie des couleurs. . 852 MONTEL. — Addition à une précédente Note concernant le moyen de prévenir les collisions sur les chemins de fer. . . 127 et MOQUIN-TANDON est nommé Membre de la Commission du grand prix de Sciences Physiques pour 1862. (Étude des hy- brides végétaux au point de vue de la fécondité et de la persistance des carac- tères.) — Membre de la Commission du prix Bordin (question concernant l'histoire anato- mique et physiologique du corail )... . — Et de la Commission du prix Barbier pour l'année 1862 (Chimie et botanique médi- cales) 1 102 MOREAU. — Recherches sur la nature de la source électrique de la Torpille. (Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur M. Becquerel. ) g63 MOREL LA VALLÉE. — Description d'un moteur à vent de son invention. 937 et MORIN. — Dcscriplion d'un anémomètre to- talisateur — Note accompagnant la présentation de la 3" édition de son ouvrage sur la résis- tance des matériaux 235 — Formules théoriques du mouvement de l'air dans les tuyaux de conduite — M. Marin est nommé Membre de la Com- mission du prix de Mécanique toao MORREN. — Formation par synthèse, au moyen de la pile, d'un carbure d'bydro- gène — Sur la conductibilité électrique des gaz plus ou moins raréfiés; Lettre à M. Dumas. 36 1 ' e.i "m: a la [06 33 735 ( i33i Pages MM. MULLER. — Nouvelle méthode de traite- ment direct des minerais de zinc 1 1 1 - MUSCULUS. — Sur la transformation de l'a- midon en dextrine et glucose 194 MM. Pages. MUSTON. — Expériences sur la fermentation des liquides, et expériences sur la disso- lution du charbon ;0(j N NADAUD DE BUFFON. -Mémoire sur l'amé- nagement de l'eau dans les rizières. (Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Soussingaidt .) 262 NAUMANN est présenté par la Section de Minéralogie comme l'un des candidats . pour une place vacante de Correspon- dant 1 33 NAUT. — Note concernant un moyen sup- posé propre à retarder utilement la mar- che d'un train de chemin de fer u32 NETTER. — Du traitement du choléra par l'administration coup sur coup d'énormes quantités de boissons aqueuses. 730 et 768 NICKLÈS. — Sur le vin tourné : Remarques à l'occasion d'un Mémoire de M. Béchamp sur les variations dans la quantité de certains principes immédiats du vin et sur leurs transformations par suite d'al- térations spontanées de ce liquide 1219 NIEPCE DE SAINT-VICTOR. - Quatrième Mémoire sur l'héliochromie 28/ o OLIVIERI. — Mémoire ayant pour titre : « Aperçu sur l'avenir de la science ». . 792 OLLIER. — Restauration du nez par l'ostéo- plastie 73o ORÉ. — Recherches expérimentales sur l'in- troduction de l'air dans les veines OZANAM. — De l'acide carbonique en inha- lations, comme agent anesthésique pen- dant les opérations chirurgicales ?3o I M PAINVIN. — Détermination du volume maxi- mum d'un tétraèdre dont les faces ont des aires données 379 — Mémoire sur la réfraction astronomique. 727 PALLACCI écrit par erreur pour Pollacci. Voir a ce nom. PALMIERI.— Sur les phénomènes électriques qui se sont produits dans la fumée du Vésuve pendant l'éruption du 8 décem- bre 1861 284 — Sur les secousses de tremblement de terre constatées à l'observatoire du Vésuve pendant les mois de décembre 1861 et janvier 1862 608 PAPPENHEIM. — Remarques à l'occasion d'une communication de M. Kuehne, relative aux nerfs moteurs de la cornée transparente 936 PARAVEY (DE). — Extraits de divers livres chinois concernant quelques grands qua- drumanes étrangers à la Chine Ci — Lettre sur les renseignements qu'on peut tr uveT ilans les livres des Chinois rela- tivement à l'histoire des sciences et à l'histoire du genre humain 287 — M. de Pnravey signale une communication qu'il a faite à la Société d'Acclimatation concernant uneespèce d'abeilles de Saint- Domingue et une race d'ânes d'Arabie qu'il voudraitvoir introduire enEurope. 9K7 PARIS. — Lettre concernant un appareil de son invention désigné sous le nom de masque hygiénique PARLATORE. — Note sur une monstruosilé des cônes de X'Abies Brunoniana 977 PASSOT. — Lettre relative à sa Note sur la loi de la variation de la force centrale dans les mouvements planétaires 769 PASSY est nommé Membre de la Commission du prix de Statistique 36i PASTEUR adresse ses remerciments à l'Aca- démie qui lui a décerné le prix Jecker pour l'année 1861 128 — Mémoire sur le rôle des mycodermes dans la fermentation acétique.. . [60 cl — Lettre concernant son Mémoire sur les corpuscules organisés qui existent dans l'atmosphère, ci sur la doctrine des gé- nérations spontanées [270 PAYEN. — Rapport sur le procédé de ,73.. MM ( i332 Pages MM. Possoz et Périer relatif à l'extrac- tion du sucre 752 — M. PnrenprèsenteannomdeM.Muui/ltis une Note sur la transformation de l'ami- don en dextrine et glucose ig4 — Et, au nom de M. Jourdier Dccrombcc- que, une carte générale de la Russie.. 1270 M. Pareil est nommé Membre de la Com- mission du prix dit des Arts insalubres. 722 PÉAN DE SAINT-GILLES. — Recherches sur les affinités ; combinaison des acides avec les alcools envisagée d'une manière générale ; influence de la température. ( En commun avec M. Berthebt.) 1263 PELIGOT fait hommage à l'Académie d'un opuscule qu'il a publié sous le titre de : « Douze leçons sur l'art de la verrerie ». g4> PELODZE. — Recherches sur l'hydrure de caproylène et ses dérivés. (En commun avec M. Cahnurs. ) 1241 PÉRIER et Possoz. — Procédé pour l'extrac- tion du sucre. (Rapport sur ce procédé; Rapporteur M. Payai.) 752 — Réponse à une réclamation de priorité concernant leur procédé d'épuration des jus sucrés 1064 PERREY. — Sur un léger tremblement de terre ressenti à Dijon et dans les départements voisins le 1 7 avril 1 862 923 — M. Perrcy est présenté par la Section de Minéralogie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant. 802 PERRLN, Lallemand et Diroy, qui ont ob- tenu un des prix de Médecine et de Chirurgie décernés en 18G1, pour leurs travaux sur le rôle de l'alcool et des anesthésiques dans l'organisme, remer- cient l'Académie Gi PERROT. — Résultats relatifs à l'électricité atmosphérique obtenus dans le cours de recherches sur les moyens d'augmenter l'efficacité des paratonnerres i5g — Résultats d'expériences entreprises dans le but d'accroître l'efficacité des para- tonnerres 852 Appareils destinés à rendre manifestes et mesurables les variations dans l'intensité et la direction de la pesanteur à la sur- face de la terre 728 et 85 1 PERSONNE. — Mémoires sur les combi- naisons de l'iode et de l'otain 21G PETIT. — Leltre à M. Élie de Beaumont sur l'éclipsé solaire du 3i décembre 18G1 . 3i Parallaxes et vitesses de deux nouveaux bolides 110 — Note sur l'inclinaison magnétique à l'ob- servatoire de Toulouse 349 MM. Panes. — Note sur la variation annuelle de la dé- clinaison magnétique à l'observatoire de Toulouse 352 PETITJEAN. — Sur l'argenture des glaces substituée à l'étamure. (En commun avec M. Brossette. ) 730 PHIPSON. — Sur un nouveau minéral, le sombrérite 1 1 29 PICARD. — Note destinée au concours pour le prix du legs Bréant 565 et G68 — Note sur une nouvelle méthode de trai- tement chirurgical du croup 1 1 55 PIDANCET et Chopard. — Sur un saurien gigantesque, le Dimodosaurus polignien- sis 1 25g PIERRE (Isidore). — Études sur le colza.. 1252 PIETRA SANTA (de). - Observations phy- siques et météorologiques recueillies à Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées) 204 PIOBERT. — Relations des savants entre eux avant la création de l'Académie des Sciences en 1GG6 : Dcscartcs et Pascal. 70 — M. Piobcrt est nommé Membre de la Commission du prix de Mécanique 1020 PISANI. — Sur une pseudomorphose de pyroxène du lac Inférieur 5i — Note sur la rascolite de Monroe (État de New-York ) 621 et 686 PISSIS. — Recherches sur les produits de la vulcanicité correspondant aux différentes époques géologiques; Lettres à M. Élie de Beaumont 192 et n85 — M. Pissis est présenté par la Section de Minéralogie comme l'un des candidats pouruneplace vacantedeCorrespondant. 802 POEY. — Température de l'océan Atlantique comparée à celle de l'air, depuis South- ampton jusqu'à la Havane 209 POGGIALEet Lambert.— Analyse chimique de l'eau du puits artésien de Passy — 10G2 POLIGNAC ( A. de). — Note sur les nombres premiers des différentes classes par rapport à la raison d'une progression arithmétique donnée 1 58 POLLACCI. — De l'émission de l'acide car- bonique par les racines des [liantes, et de l'action qu'il exerce au contact des matières organiques du sol . . . 564 et 692 POLLAK. — Mémoire sur les sections circu- laires d'un ellipsoïde 206 POLLI. — Addition à deux communications précédentes « Sur les maladies à ferment morbifique » et « Sur les sulfites médi- cinaux » 668 PONCELET. — Note accompagnant la pré- sentation do son ouvrage intitulé : « Applications d'analyse et de géométrie ( i333 ) "44 16 MM. Pages qui ont servi en 1822 de principal fonde- ment au Traité des propriétés projectives des figures » — M. Poncelet est nommé Membre du la Commission centrale administrative pour l'année 1 862 — Et Membre de la Commission du prix de Mécanique 1020 PONTÉCOULANT (de). — Observations sur plusieurs Notes de M. Delaunay relatives à l'accélération séculaire du moyen mou- vement de la Lune g83 et io38 — Observations sur une Note de M. Delau- nay relative à l'équation séculaire delà Lune 1067 — Observations sur les corrections appor- tées par M. Delaunay aux expressions données par M. Plana des trois coordon- nées de la Lune 1120, 11 57 et 11 89 POSSOZ et Périer. —Procédé pour l'extrac- tion du sucre. (Rapport sur ce procédé; Rapporteur M. Payen.) 752 — Réponse à une réclamation de priorité concernant leur procédé d'épuration des jus sucrés 1064 POUCHET et Verrier. — Expériences sur les migrations des entozoaires.. g58 et 1207 POUILLET — Deuxième Rapport de la Com- mission des Alcoomètres 357 — Rapport sur un régulateur de la lumière électrique imaginé par M. Serrin 538 — Rapport sur un appareil de M. Carré ayant pour objet la production du froid artificiel 827 — Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. Berthelot intitulée : « Syn- thèse de l'acétylène par la combinaison directe du carbone avec l'hydrogène. . . 644 — M. Pouillet est nommé Membre de la Commission du prix Bordin pour 1862 MM. Pages, (questions concernant la théorie des phé- nomènes optiques ) 495 — Et de la Commission du prix Bordin pour la même année (question concernant les différencesde position du foyer optique et du foyer photogénique) 1 148 TOULA1N et Dutaillis. — Observation de l'éclipsé solaire du 3i décembre 1861 faite à Gorée (Sénégal) 495 POULET. — Considérations générales sur plusieurs maladies épidémiques 275 PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRL\LE D'ACCLLMATATION (M. le) annonce que la Société tiendra le 20 février sa sixième séance publique annuelle 387 PRÉSIDENT DE L'INSTITUT (M. le). — Lettres concernant les séances trimes- trielles du2avril et du 2 juillet.. 577 et 1237 — Lettre concernant la séance publique an- nuelle du i5 août 1237 PRÉSIDENT DE L'ACADÉMIE (M. le). Voir au nom de M. Duhamel. PROST. — Trépidations du sol à Nice pen- dant l'éruption du Vésuve. (Lettres à M. Élie de Beaumont. ) 5n et 1198 PUCHERAN. — Essai de détermination des caractères généraux de la faune de la Nouvelle-Guinée 38o, 447 et 56i — M. Pucheran est proposé par la Section d'Anatomie et de Zoologie comme l'un des candidats pour la chaire de Zoologie vacante au Muséum d'Histoire naturelle par suite du décès de M. /. Geoffroy- Sainl-Hilaire 1 oS(> — L'Académie présente M. Pucheran comme son deuxième candidat pour cette chaire. 110/ PUISEUX est présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M . Biot 769 Q QUANTIN. — Analyse de son ouvrage sur la chorée 601 QUATREFAGES (de). -Sur la structure artificielle des buttes de Saint-Michel- en-Lherm • 816 — M. de Quatrefages présente, au nom de Mme de Corneillan, un échantillon de soie grége obtenue des cocons du ver à soie de l'Ailante 383 — M. de Quatrefages est nommé Membre de la Commission du prix Bordin pour 1 862 ( question concernant l'histoire ana- tomique et physiologique du corail). . . 549 QUETELET, Secrétaire perpétuel de l'Aca- démie des Sciences de Belgique, demande pour la bibliothèque de cette Académie les derniers volumes parus des publi- cations de l'Institut 1 i3a ( i334 ) R MM RAULIN. — Résumé des observations pluvio- raétriques faites à Bordeaux 79g — M. Raulin est présenté par la Section de Minéralogie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant 802 RAYER. — Remarques à l'occasion d'une communication deM. Velpeau, intitulée : « Morts subites par embolie de l'artère pulmonaire. » 781 - M. Bayer présente, au nom de M. Aug. 1 ïnson,\xu « deuxième Mémoire surl'ul- cère de Mozambique » i53 - Et au nom de MM. IHeymeret L. d'Euli- i/itil, un Mémoire sur les tumuli des anciens habitants de la Sibérie: analyse de ce Mémoire 55t) M. Rayer est nommé Membre de la Com- mission des prix de Médecine et de Chi- rurgie 640 — Et de la Commission du prix dit des Arts insalubres 722 REBOUL. — Sur les trois derniers termes de la série des bromures d'éthylène bro- mes 1229 RIÎGLMBEAU. - Lettre à M. Dumas, sur l'emploi de l'analyse spectrale pour ré- soudre une question concernant la na- ture du brome 921 REGNAULT.— Remarques à l'occasion d'une communication de M. Berthelot intitu- lée : « Synthèse do l'acétylène par la combinaison directe du carbone avec l'hydrogène » 644 — M Regnault met sous les yeux de l'Aca- démieune balancé construite par M. De- leuil, (|ni permet d'opérer les pesées dans le vide et dans les différents gaz. 5i) - M. Regnault est nommé Membre de la Commission du prix Bordin pour 186-2 (question concernant les différences de position du loyer optique et du foyer photogénique) 1 1 j,s REN VI I.T. — Note sur la rage du chien, et Mir les mesures à prendre pour empê- cher ou restreindre la propagation de cette maladie 822 '!. el MlNABT. — Recherches sur la ition des tontes; application .1 la théorie du puddlage 212 R111 la porosité îles lubes de porcelaine, el sur les phénomènes d'endosmose des gaz auxquels elle donne lieu 682 MM. Pages. RESP1GHI. — Observationdu passage de Mer- cure sur le Soleil ; Lettre à M. Le Ver- rier 164 RICHE (MM.) — Sur les propriétés hygié- niques et thérapeutiques du café 792 RIVIÈRE. — Sur les buttes coquillieres de Saint-Michel-en-Lherm ; Note présentée à l'occasion d'une communication de M. de Quatrefages io65 — M. Rivière demande et obtient l'autorisa- tion de reprendre ce Mémoire 1 i3i RIVIÈRE (A.). — Nouveau compteur pour la distribution de l'eau à domicile 729 ROBERT. — Description d'un instrument qui permet découper des tranches très-minces dans les tissus qu'on veut étudier par transparence sous le microscope. (En commun avec M. Collin.) 206 ROBERT (A.-A.-W.) — Note concernant un remède contre les dartres 464 ROBERTS. — Recherches sur les surfaces orthogonales 61 et 1235 — Recherches sur les surfaces parallèles. . . 797 ROBIN ( Ch. ). — Sur les globules polaires de l'ovule, et sur le mode de leur production. 1 12 — Mémoire sur la production des cellules du blastoderme sans segmentation du vitellus, chez quelques Articulés i5o — Analyse d'un travail qui lui est commun avec M. Magitot, sur la genèse et le dé- veloppement des follicules dentaires chez les mammifères 1 53 — M. Robin est présenté par la Section d'Anatomie et de Zoologie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Geoffroy-Saint- llilaire 225 ROBINET.— Sur un résultat de la congéla- tion des eaux potables 1020 RODE. — Note concernant le choléra-mor- bUS ;'' RODIEK demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire qu'il avait au- trefois présenté sur des vérifications astronomiques de la chronologie égyp tienne 1199 HOSENSTIEIIL. — Note sur la synthèse des glucosides 178 ROUIS, quia obtenu une mention honorable au concours pour les prix de Médecine etde Chirurgie de l'année 1861, adre si ses remerciments à l'Académie 61 ( i335 ) MM. Pa&cs- SABOUREAU. — Sur un frein pour les véhi- cules des chemins de fer 7a7 SAINT-PIERRE. — Sur la réduction du per- chlorure de fer par le platine, le palla- dium et l'or; réduction des chlorures d'or et de palladium par le platine 1077 SAINT-VENANT (de). — Sur l'influence retar- datrice de la courbure dans les courants d'eau .••■ 38 — M. de Saint-Venant demande et obtient l'autorisation de reprendre ce Mémoire. 1 85 — Méthode pour la résolution, par approxi- mations successives, des problèmes à deux inconnues, posés ou non posés en équation ^45 SAINTE-CLAIRE DEVILLE (Cil). - XIe, XIT XHTet XIVe Lettres à M. Élie de Beau- mont sur les phénomènes éruptifs de l'Italie méridionale — 99, 241, 3a8 et 473 — Lettre à M. H. Sainte-Claire Deville sur les phénomènes éruptifs de l'Italie mé- ridionale • 5'28 — Essai sur la répartition des corps simples dansles substances naturelles. 782, 880 et 949 — M. Ch. Sainte-Claire Deville commu- nique une Lettre de M. Palmieri sur les secousses de tremblement de terre ressenties à l'observatoire du Vésuve en décembre 1861 et janvier 1862 608 SAINTE-CLAIRE DEVILLE (IL). - Produc- tion artificielle de la lévyne 3a4 — Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. Berthelot intitulée : « Syn- thèse de l'acétylène par la combinai- son directe du carbone avecl'hydrogène.» 644 — Remarques à.l'occasiond'une communica- tion de MM. Résal et Minary&ux la po- rosité des tubes de porcelaine 682 — Sur la métallurgie du platine. (En com- mun avec M. H. Debray.) 1 i3g SAIX (Calixte). — Sur la direction des aé- rostats 1270 SALLES adresse deux Mémoires répondant, l'un à la question proposée comme sujet du grand prix des Sciences physiques pour i863 (Étude des hybrides au point de vue de la fécondité et de la persistance des caractères); l'autre, au programme du prix Alhumbert pour 1862 (question des générations dites spontanées) 207 SALMON — Note sur l'épuration des eaux de la Seine 206 SAUVAGEON. — Application de l'électrisa- lion aux vers à soie malades io85 MM. I SAVALLE. — Remarques à l'occasion d'une communication de M. Beau sur l'angine de poitrine des fumeurs 12S3 SCHAAFFHAUSEN. — Sur l'origine des al- gues, et sur les métamorphoses des mo- nades '"i'i SCHATTENMANN — Sur la culture du tabac et sur la dessiccation de cette plante dans le département du Bas-Rhin 1066 SCHEURER-KESTNER. - Nouvelles recher- ches sur l'azotate ferrique 614 SCHIFF. — Sur les acides ditartrique et di- succinique 1070 SCHLQESINGet Demondesir. — Recherches sur les phénomènes produits par la combustion de gaz en vase clos 1 155 SCHMIDT. — Sur le grand tremblement de terre qui a eu heu en Grèce le a6 dé cembre 1 861 069 SCHUSTER. — Des procédés de galvanocaus- tique fondés sur l'action chimique des courants; réclamation de priorité à l'é- gard de M. Tripier 744 SCHUTZENBERGER. — Mémoire sur l'acé- tate de cyanogène > ^4 — Nouvelles recherches sur l'acétate d'iode. 1026 — Action du protochlorure d'iode sur quel- ques substances organiques. (En com- mun avec M. Sengenwald. ) 197 SECCHI (le P.). — Connexion des varia- tions du magnétisme terrestre et des va- riations météorologiques. — Figures de la grande comète de 18C1 prises à Rome et au Chili — Nouvelle communication concernant le rapport entre les variations des phéno- mènes météorologiques et les variations des manifestations du magnétisme ter- restre i!> SECRÉTAIRES PERPÉTUELS (MM. les). Voir aux noms de .M. Flourens et de M. Élie de Beaumont. SEGUIN (Marc). — Lettre accompagnant l'envoi de son Mémoire sur les causes de la cohésion 9< SEGUIN (J.-M.). — Note sur le spectre de l'étincelle électrique dans les gaz com- posés, en particulier dans le lluorure de silicium 9 ' ' SENARMONT (de) -Rapport sur un Mé- moire de M. EngelKardt intitule : « Observations sur les glaces de fond 8g MM. ( i336 Pages. ) - M. deSenarmont est nommé Membre de la Commission du prix Bordin pour 1862 (questions concernant la théorie des phé- nomènes optiques ) 495 — Membre de la Commission du prix lîordin pour la même année ( questions concer- nant les différences de position du foyer optique et du foyer photogénique) 1 148 — L'Académie réunie le 3o juin pour sa séance ordinaire apprend le décès de M. de Senarmont, survenu le matin même, et se sépare aussitôt. SENGENWALD. — Action du protochlorure d'iode sur quelques substances organi- ques. (En commun avec M. Sehutzen- bergcr.) 197 SERRES est nommé Membre de la Commis- sion des prix de Médecine et de Chirur- gie 640 SERRIN. — Régulateur de la lumière élec- trique. (Rapport sur cet appareil; Rap- porteur M. Poitillet.) 538 — Sur le recul automatique des charbons dans la lampe électrique; Note adressée à l'occasion d'une réclamation de prio- rité élevée, en faveur de tl.Spakoffsfy, à l'occasion du précédent Rapport... SIMON. — Observations météorologiques faites à Han-Keou (Chine) — Rapport sur ces Observations, et sur une demande à l'effet d'obtenir les moyens de les poursuivre; Rapporteur M. Faye. SIRE. — Lettre accompagnant l'envoi d'un Mémoire imprimé sur des appareils de son invention destinés à l'étude des mou- vements de rotation 5io SISMONDA est présenté par la Section de Minéralogie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant i33 SKIPT0N. — Lettre relative à son appareil pour le traitement des fractures com- minutives 744 SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE DE SAINT- ÉTIENNE (la) demande à être comprise dan? le nombre des Sociétés auxquelles l'Académie fait don de ses Mémoires .. . 571 SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE (la) adresse des Lettres d'invitation pour son assem- blée générale de 1862 920 SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DES VOSGES (la) annonce l'envoi de la 3" livraison du tome VIII de ses Annales 621 SOCIÉTÉ DE PRÉVOYANCE DE METZ (la). — Note sur la véritable situation de la 79i 43 54-i MM. Pages. Société : réponse à des remarques faites par M. Bienaymé 793 SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE LONDRES (la) remercie l'Académie pour l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus. . . . 67a SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'AGRICULTURE DE MOSCOU (la) envoie le Compte rendit de ses travaux pour l'année 1860 27G SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DE GÉOGRAPHIE DE VIENNE (la) prie l'Académie de vou- loir bien lui accorder ses Mémoires et ses Comptes rendus, et offre d'envoyer en retour les quatre volumes qu'elle a fait paraître depuis sa fondation en 1867 et ceux qu'elle publiera à l'avenir SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'ÉMULATION D'AB- BEVILLE (la) annonce l'envoi d'un exemplaire de ses Mémoires pour les an- nées 1 85-- 1 860 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DES SCIENCES NA- TURELLES DE CHERBOURG (la) a- dresse ses remerciments pour l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus. SOCIÉTÉ ROYALE DES SCIENCES D'UPSAL (la) remercie l'Académie pour l'envoi de plusieurs volumes de ses Mémoires et de ses Comptes rendus, et adresse elle- même ses plus récentes publications . . . SOCIÉTÉ ROYALE DE ZOOLOGIE « Natura artis magistra », adresse de Harlem la 8e livraison de ses Mémoires STARING adresse, par ordre de M. le Mi- nistre de l'intérieur du royaume de Hollande, un exemplaire des feuilles 19 et 20 de la Carte géologique de la Néerlande 45 STEPPICH. — Note relative au concours pour le prix annuel du legs Bréant 975 STERRY-HUNT. — « Considérations sur la Chimie du globe. » 1 190 STICHLENTNER. — Note concernant un ap- pareil pour la locomotion aérienne. . . . STRUVE (Otto). — Découverte d'une comète télescopique ; télégramme adressé à M. Le terrier STUDER est présenté par la Section de Mi- néralogie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant . . . SYLVESTER. - Addition à la démonstration du théorème sur les minima d'une fonc- tion linéaire à coefficients entiers d'une quantité irrationnelle 53 — Sur une classe nouvelle d'équations dif- férentielles et d'équations aux différences finies d'une forme intégrable.. 129 et 170 160 793 672 160 45 104; 28 i. ( '337) MM. Pages. TARDIEU (J.-E.). — Immobilité d'une bille placée sur un disque tournant 2o5 TA VIGNOT. — Nouveau procédé pour l'ap- plication à l'opération de la cataracte, de la méthode galvanoplastique 28G TELLŒR. — Production de la glace et du froid au moyen de l'éthylamine et de la méthylamine 1 188 TEMPEL remercie l'Académie qui lui a dé- cerné une des médailles de la fondation Lalande (concours deiSGi), et transmet une observation de la nouvelle comète faite à Marseille, le 29 janvier 1862 277 TEMPLE -CHEVALIER. — Observation du passage de Mercure sur le Soleil ; Lettre à M. Le Verrier 164 TERREIL. — Sur les principes minéraux que l'eau enlève aux substances végétales par macération, infusion ou décoction. . 1072 TIIELU. — Lettre concernant une précédente communication sur les taches solaires. . 801 THOMAS. — Note concernant la question des pèse-liquides 383 MM. Pages. TIGRI. — Oblitération spontanée du sac her- niaire, et guérison radicale de la hernie par suite d'un décubitus prolongé 127c TONELLA et Haas. — Lettre relative à un remède contre les dartres 383 TR1EBIG. — Lettre concernant un remède pour la guérison des dartres 852 TRIPIER. — Nouveau procédé de galvano- caustique 571 TROOST — Sur l'équivalent du lithium 36(i TROUESSART, — Réclamation de priorité à l'occasion d'une Note de M. Giraud-Teu- bin sur le mécanisme de certains phé- nomènes de polyopie monoculaire 1025 TULASNE est nommé Membre de la Com- mission du grand prix de Sciences phy- siques pour 18G2. (Étude des hybrides végétaux au point de vue de la fécon- dité et de la persistance des carac- tères.) 36i TUTTLE. — Sur la comète du 28 décembre 1861. (Lettre à M. Le Verrier. ) 465 V AILLANT ( le Maréchal ) transmet une Lettre de M. Laussedat accompagnant un Mémoire de MM. Poulain et Dutaillis sur l'observation qu'ils ont faite à Gorée (Sénégal) de l'éclipsé totale du 3i dé- cembre 1861 495 VALENCIENNES. — Sur un éléphant vivant arrivé, le 7 février 1862, à la ménagerie du Muséum a3a — Note sur une mâchoire inférieure de dau- phin fossile envoyée par M. Thore.... 788 — Sur le bras d'un plésiosaure de l'argile de Kimmeridge de Bleville, au pied nord du cap de la Hève. 628 — Description de quelques espèces nou- velles de poissons envoyées de Bourbon par M. More/ 1 i65 et 1201 — M. Vnlencienncs est nommé Membre de la Commission du grand prix de Sciences physiques (question concernant l'anato- mie comparée du système nerveux des poissons ) 439 — Et de la Commission du prix Alhumbert pour 1862 (modifications déterminées C. R., rSG2, i" Semestre. (T. LIV.) dans l'embryon d'un vertébré par l'ac- tion des agents extérieurs) 1057 VALLÉE. — Note sur les nerfs moteurs de la cornée, observés par M. Kuehne, et sur la vision des objets réfléchis ou ré- fractés vers l'œil 843 VALZ. —Note concernant le passage de Mer- cure sur le Soleil - 190 VAN BENEDEN. — Sur la transformation des enlozoaires ; Lettre adressée à l'occa- sion d'un Mémoire de MM. Poucket et / 'errier. . . , m 5; VAN KEMPEN — Sur les fonctions des bran- ches œsophagiennes du nerf pneumo- gastrique; réclamation de priorité 976 VAN MONCKHOVEN. — Voir à Monchho- pen,[D. v.). VANNER écrit à tort pour JVanner. Voir à à ce nom. VELPEAU est élu Vice-Président pour l'an- née 18G2 13 — Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. Jobert de Lambafle sur la régénération des tendons 586 et 6î5 174 MM. Pages VELPEAl*. — Présentation d'une pièce d'a- natomie pathologique se rapportant à un cas de mort subite par embolie de Tarière pulmonaire 74g — Observation du cas mentionné dans la pré- cédente communication : divers cas de mort subite par embolie de l'artère pul- monaire 773 — .M. Velpeau communique une réclamation de M. Cinisflli concernant une Note de M. Tripier sur l'action chimique des courants continus comme base d'un procédé de galvanocaustique 854 — M. Velpeau présente, au nom de M. Le- bafillier, un travail sur la mortalité des enfants assistés de Bordeaux 723 - Et au nom de M. Collnnguef, un Mémoire intitulé : « Du biomèlre et de la biomé- trie » 975 - M. Velpeau est nommé Membre de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie 640 VERDET est proposé par une Commission spé- ciale formée des deux Sections réunies de Géomélrie et de Physique, comme l'un des candidats pour la chaire vacante au Collège de France par suite du décès de M. Biot 769 — M. Vc.rdet est présenté par l'Académie comme son deuxième candidat pour cette chaire 790 YERX1ER. — Images photographiques de ( i338 ) MM. Pages 1J9 3i 1 65 36: l'éclipsé solaire partielle du 3i décembre 1861, observée à Belfort 43 et VERRIER et Poichet. — Expériences sur les migrations des Entozoaires. . 938 et 1207 YILD1EU. — Sur l'emploi des armes à feu comme porte-amarres VILLARCEAU (Yvon). - Théorie de la lu- nette méridienne, comprenant les cor- rections dues à l'irrégularité de la fi- gure des tourillons, et application à la lunette de l'Observatoire de Paris. . . . — Éphémérides pour la recherche de la co- mète périodique de d'Arrest à son pro- chain retour en i863 et 1864 YILLENEUVE-FLAYOSC (de). — Étudesur la structure du globe terrestre. 200 et VINCENT (A.). — Mémoires relatifs à la na- vigation et à la défense des côtes. (Rap- port sur ces trois Mémoires ; Rapporteur M. Dupcrrcv) 12^2 YINSON. — Mémoire sur l'ulcère de Mo- zambique i53 — Mémoire sur l'apparition d'oiseaux étran- gers aux îles de la Réunion et Maurice. 27a MOLETTE. — Analyse de son Mémoire sur les défauts de la parole 668 et io85 VOLPICELLI. — Détermination de quelques intégrales définies 223 — M. Vdlpieelh envoie un échantillon des cendres projetées par le Vésuve dans sa dernière éruption, etrecueilliesàNaples. aa5 — Note sur la polarité électrostatique io83 w WANNER. — Sur l'inflammation considérée comme une embolie des vaisseaux capil- laires 1 1 1 8 W'ARREN DE LA RUE. — Lettre accompa- gnant l'envoi d'images photographiques de l'éclipsé solaire de juillet 1860 ob- servée par lui en Espagne 384 — Lettre accompagnant l'envoi de figures, gravées d'après ses dessins, de plusieurs planètes et de la comète de Donati. . . . 497 — Rapport sur les dessins astronomiques et les épreuves photographiques de M. IVttrrcri tic la Iltir; Rapporteur VL.Faye 545 WEDL annonce l'envoi prochain d'un livre mit l'histologie pathologique de l'œil, qu'il désirerait voir admis au concours pour les prix de Médecine et de Chi- rurgie î;i WEISSBROD. — Mémoire destiné au con- cours pour le prix du legs Bréant 1 189 WINNKCKE. — Observation de la première comète de 1862; Lettre à M. Le Ver- rier 1 60 WOLF (Run.). — Lettre accompagnant l'en- voi d'une nouvelle communication sur les taches solaires 620 WOLFF. — Lettres concernant le choléra et le diabète 276 et 1190 WTRTZ. —Nouvelles recherches sur l'oxyde d'éthylène 277 — Nouveau mode de formation de quelques hydrogènes carbonés 387 — Remarques à l'occasion d'une Note de M. BertheM sur les carbures amy ti- ques Gia — Transformation de l'aldéhyde en alcool . . yii ( '339 ) MM Pages. VF.KSIN. — Sur la physiologie du système nerveux dans le grillon champêtre. . . , 273 MM WON VILLARCEAU. Voir à FiUarceau. ii r>-i /.AMBACO. — Traité des affections nerveuses syphilitiques 504 ZANTEDESCHI. — Description d'un nouveau spectromètre, et expériences faites avec cet instrument 208 ZIMMERMANN. — Lettre concernant un re- mède contre le choléra-morbus 383 ZIMMERMANN demande et obtient l'auto- risation de reprendre un travail qu'il a présenté sous ce titre : u Les orgues et les pianos enrichis par de nombreuses inventions et perfectionnements » 471 ZMURKA. — Lettre concernant des instru- ments de son invention, au moyen des- quels on pourra décrire d'un mouvement continu la parabole, l'hyperbole et l'el- lipse , . . , i/3") BALLET-BACHELIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE LACADÉMIE DES SCIENCES. PARIS. — BLE DE SEINE-SAINT-GERMAIN, 10, PRÈS L'iNSTITLT. mm mm t'P Rs 'M mmmmm m mmto \/ H h r ta* « - (Kik:1! epm mm Date Due :A^ " 3 2044 093 253 292 ■Ak-- km