"V /ji"^- i I s m^::*^^v.O;W WHITNEY LIBRARY, HARVARD UNIVERSITY k THE GIFT OF J. I). WHITNEY, Stuvgii Hooptr Pntfessor if ^>. MUSEUM 01 COMPARATIVE ZOÔLOGY -,,,K'3,\°\0\ ^r hïfW*!^^. ^\Lr *mm wmsTim mm COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. PARIS. — IMPRIMEflIE DE GAUTIIIER-MLLARS, RLE DE SEINE-SAINT-GERMAIN, 10, PRES L INSTITUT. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PUBLIÉS, CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE i «Lit T^aîe ?u. -i3 diuUet -i835 , PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME SOIXANTE-DEUXIÈME. JANVIER — JUIN 1860. PARIS, GAUTHIER- VILLARS , IMPRIMEUR- LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, SUCCESSEUR DE MALLET-BACHELIER, Quai des Augustins, 55 *T 1866 ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES Al! 1" JANY1EU 18CG. SCIENCES MATHEMATIQUES. Section Ire. — Géométrie. Messieurs : Lamé (Gabriel) (o. g). Chasles (Michel) (o. &). Bertrand (Joseph-Louis-François) ©. Hermite (Charles) <&. SeRRET (Joseph-Alfred) &. Bonnet (Pierre-Ossian) ®. Section H. — Mécanique. Le Baron Dupin (Charles)(G. C.&). Poncelet (Jean-Victor) (g.o.$). Piobert (Guillaume) (G. o. &). MORlN (Arthur-Jules) (c.&). Combes (Charles-Pierre-Mathieu) (c. ^). Foucault (Jean-Bernard-Léon) (o. $). Section HI. — astronomie. Mathieu (Claude-Louis) (c.$). Liouville (Joseph) (o. @). LAUGIER (Paul-Auguste-Ernest) (o. $). Le Verrier (Urbain- Jean-Joseph) (g. o. &). Faye (Hervé-Auguste-Étienne-Albans) (o. $). Delaunay (Charles-Eugène) ®. Section IV. — Géographie et Navigation. De Tessan (Louis-Urbain Dortet) (g. #). Le Contre-Amiral Paris (François-Edmond) (c.@). N ÉTAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES. Section V. — Physique générale. Messieurs : Becquerel (Antoine-César) (c. $). Pouillet (Claude-Servais-Mathias) (o. &). BABINET (Jacques)^. Duhamel (Jean-Marie-Constant ) (o. ®). FlZEAU ( Armand-IIippolyte-Louis) g. Becquerel (Alexandre-Edmond) &. SCIENCES PHYSIQUES. Section VI. — Chimie. Chevreul (Michel-Eugène) (G. 0.$). Dumas (Jean-Baptiste) (g.c.^j). Pelouze (Théophile-Jules) (c $). Regnault (Henri-Victor) (c.#). Balard (Antoine- Jérôme) (c. $). Fremy (Edmond) (o. @). Section VII. — Minéralogie. Delafosse (Gabriel) (o. $). Le Vicomte d'Arciiiac (Étienne-Jides-Adol[)he Desmier de Saint- Simon) &. Sainte-Claire Deville (Charles-Joseph) (o. ©). Daubrée (Gabriel-Auguste) (o. $). Sainte-Claire Deville (Étienne-Henri) (o. $). Pasteur (Louis) (o. &). Section VIII. — Botanique. BnONGNiART (Adolphe-Théodore) (c.^). Montagne (Jean-François-Camille) (o. $). Tulasne (Jxniis-Bené) @. Gay (Claude) £. I)i CHARTRE (Pierre-Étienne-Simon) @. Naudin (Charles-Victor) ®. ETAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES. Section IX. — Economie rurale. Messieurs : Boussingault ( Jean-Baptiste-Joseph-Dieudonné) (c. $). Païen (Anselme) (c.$). Rayer (Pierre-François-Olive) ( G. o. $). Decaisne (Joseph) (o. &). Peligot (Eugène-Melchior) (o. $). Le Baron Thenard ( Arnould-Paul-Edmond ) ®. Section X. — Analomie et Zoologie. Edwahds (Henri-Mil ne) (c.@). Coste (Jean-Jacques-Marie-Cyprien-Viclor) $j. De Quatrefages de Bréau ( Jean-Louis-Armand) (o. @). Longet (François-Achille) (c. <&). Blanchard (Charles-Emile) ®. N , Section XI. — Médecine et Chirurgie. Serres (Étienne-Renaud-Augustin) (c. ^). Andral (Gabriel) (c. &). Velpeau (Alfred-Armand-Louis-Marie) (c. ^). Bernard (Claude) (o. &). Cloquet (Jules-Germain) (c.^). Joeert de Lamdalle (Antoii;e-Joseph) (c. $&). SECRETAIRES PERPETUELS. ÉLIE de Beaumont (Jean-Baptiste-Armand-Louis-Léonce) ( G.O.&), pour les Sciences Mathématiques. Flourens (Marie-Jean-Pierre) (G.o. &), pour les Sciences Physiques. ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. ACADÉMICIENS LIBRES. Messieurs : Le Baron SÊGU1ER (Armand-Pierre) (o.ig). CiviALE (Jean) (o. &}. Bussv (Antoine-Alexandre-Brutus) (o. &). DELESSERT (François-Marie) (o. $). Bienaymé (Irénée-Jiiles) (o. ©). Le Maréchal Vaillant (Jean-Baptiste-Philibert) (c.c.$; De Verneuil (Philippe-Edouard Poulletier) $. Passy (Antoine-François) (c.§). Le Comte Jaubert (Hippolyte-Francois) (o. $). Boulin (François-Désiré) ®. ASSOCIÉS ÉTRANGERS. Faraday (Michel) (c. &), à Londres. Brewster (Sir David) (o. £<), à Edimbourg, Ecosse. HERSCBEL (Sir John William), à Londres. Owen (Bichard) (O. &), à Londres. Ehrenberg, à Berlin. Le Baron DE Liebig (Justns) (o. &), à Munich. WÔHLER (Frédéric) (o. ©), à Gottingue. De la Bive (Auguste) ©, à Genève. CORRESPONDANTS. Nota. Le règlement du G juin 1808 donne à chaque Section le nombre de Correspondants suivant. SCIENCES MATHÉMATIQUES. Section I,e. — Géométrie (6). Le Besgue &, à Bordeaux, Gironde. Tciiéiîychef, à Saint-Pétersbourg. RUMMER, à Berlin. Nedmann, à Kœnigsberg. Sylvester, à Woolwich. N ÉTAT DE L ACADÉMIE DES SCIENCES. 9 Section* II. — Mécanique (6). Messieurs : Burdin (o. $), à Clermont-Ferrandj Puy-de-Dôme. SEGUIN aîné (Marc) -g, à Montbard, Cùle-d'Or. Moseley, à Londres. Fairbairn (William)^, à Manchester. Bernard (c. $), à Saint-Benoit-du-Saulx, Indre. CLAUSIUS (Julius-Emmannel-Biidolf), à Zurich. Section III. — astronomie (16). Valz $, à Marseille, Bouches-du-Rhone. Airy (Biddell)^, à Greenwich. Hansen, à Gotha. Santini, à Padoue. Argelander, à Bonn, Prusse Rhénane'. Hind, à Londres. Peters, à Altona. Adams (J.-C), à Cambridge, Angleterre. Le Père Secchi, à Rome. Cayley, à Londres. Mac-Lear, au Cap de Bonne-Espérance. Struve (Otto Wilhelm), à Pulkowa. Plantamour (Emile), à Genève. N N N Section IV. — Géographie et Navigation (8). Le Prince Anatole deDémidofe, à Saint-Pétersbourg. D'Abbadie (Antoine-Thomson)®, à Urrugne, près Saint- Jean-de-Luz, Basses-Pyrénées, et à Paris, rue du Bac, n" 104. L'Amiral deWrangell, à Saint-Pétersbourg. Givry (o. $), au Goulet, près Gaillon, Eure, et à Paris, rue de Beaune, n° 1 1. L'Amiral Lotke, à Saint-Pétersbourg. Bâche (Dallas),;» Washington. De Tcmhatchef (c. •§), à Saint-Pétersbourg. N C. H., 1866, i" Semeur*. (,T. LX1I, N° I.) 2 FO ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. Section V. — Physique générale (9). Messieurs : HANSTEEN, à Christiania. MARIARINI, à Modène. FORBES (James-David), à Edimbourg. Wuu aTSTONE #, à Londres. Plateau, à G and. Delezenne q, à Lille, rue des Brigtytines, "° |a> Nord. Matteucci, à Pise. MAGNDS, à Berlin. Weber (Wilhelm), à Gottingue. SCIENCES PHYSIQUES. Section VI. — Chimie (9). Bérard $, à Montpellier, Hérault. Graham, à Londres. Bunsen (o. $), à Heidelberg. Malaguti (O. ig), à Bennes, Ille-el-Filaine. Hofmann, à Londres. SCHOENBEIN, a Baie. Favre $>, à Marseille. N N S ection YTI . — Mit > éra log ie ( 8 ) . BOSK ( Gustave), à Berlin. D'OMALIUS d'IIalloy, à Halloy, près de Ciney, Belgique. Murchison (Sir Roderick Impey) $, à Londres. l'OURNET®, à Lyon, liliùuc. IIaidinger, à Vienne. SEDGWICK, à Cambridge, Angleterre. LYELL, à Londres. Damoub (o.®), à Villemoisson, Sciiie-cl-Oise, et à Paris, rue de la Fernie-des-Mathurins, n° 10. ÉTAT DE L ACADÉMIE DES SCIENCES. | i Sectiox VIII. — Botanique (10). Messieurs : De Martius, à Munich. Moiil (Hugo), à Tùbingue. Lestiboudois (Gaspard-Thémistocle) ^, à Lille, iYorrf, et à Paris, rue de la Victoire, n° g?.. Candolle (Alphonse de) t&, à Genève. SCHIMPEU®, à Strasbourg, Bas-Rhin. Thuret, à Antibes, Far. Lecoq #, à Clermonf-Ferrand, Puy-de-Dôme. Braun (Alexandre), à Berlin. Hofmeisteu, à Heidelberg. N Section IX. — Economie rurale (10). Girardin (o.&), à Lille, Nord. Kuhlmajnn (o.^), à Lille, Nord. Pierre (Isidore)^, à Caen, Calvados. Chevandier &, à Cirey, Meurthe. Reiset (Jules) #, à Écorchebceuf, Seine-Inférieure, et à Paris, rue de la Ville-l'Évèque, n° 3g. Martins $s, à Montpellier, Hérault. De Vibraye, à Cheverny, Loir-et-Cher. De Vergnette-Lamotte, à Beaune, Càle-d'Or. N ... N Section X. — Anatomie et Zoologie (10). QuOY (C.$), à Brest, Finistère. Agassiz(o. &), à Cambridge, Étals-Unis. Eudes-Deslongciiamps &, à Caen, Calvados. Pouchet®, à Rouen, Seine-Inférieure. De Baer, à Saint-Pétersbourg. Carus, à Dresde. Nordmann, à Helsingfors, Russie. Pureinje, à Breslau, Prusse. Gervais (Paul)$, à Montpellier, Hérault. N .... 12 ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. Section XI. — Médecine cl Chirurgie (8). Messieurs : Panizza, à Pavie. SÉDILLOT (c.$), à Strasbourg, Bas-Rhin. Guyon (c.$), à Alger. De Virchow (Rodolphe), à Berlin. Bouisson $, à Montpellier. Ehrmann (o. ©), à Strasbourg. Lawrf.nce, à Londres. Gintrac (Élie) i&, à Bordeaux. Commission pour administrer tes propriétés et fonds particuliers de F Académie. Chasles. Decaisnk. Et les Membres composant le Bureau. Conservateur des Collections de F Académie des Sciences. Becqukrel. Changements survenus dam le cours de l'année i865. (Voir à la page i4 de er volume.) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU MARDI 2 JANVIER 1866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER. RENOUVELLE UÉNT ANNUEL DU BUREAU ET DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Vice- Président qui, cette année, doit être pris dans les Sections de Sciences phy- siques. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 46 : M. Chevreul obtient 22 suffrages. M. Claude Bernard 19 » M. Balard 4 " Il y a un billet blanc. Aucun des Membres nommés ci-dessus n'ayant réuni la majorité abso- lue, il est procédé à un second tour de scrutin. Le nombre des votants étant 47 '■ M. Chevreul obtient 26 suffrages. M. Claude Bernard 21 » M. Chevreul, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé Vice-Président pour l'année 1866. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la no- mination de deux Membres de la Commission administrative. Conformément ( '4 ) au Règlement, les Membres sortants peuvent être réélus; mais clans le cas présent, M. Chevreul, qui vient d'être nommé Vice-Président de l'Acadé- mie et qui en cette qualité fuit partie de la Commission administrative, n'y peut figurer à un double titre, et ainsi un nouveau Membre doit être dési- gné par le scrutin. Au premier tour, le nombre des votants étant 48 : M. Gbasles obtient [\i suffrages. M. Decaisxe 22 » M. BaLARD 9 » M. Dumas 8 » les autres suffrages étant répartis entre MM. Mathieit, Milne Edwards, Boussixuault, Pelolze, Bernard, Broxgxiart, Comres et Pouillet. M. Chasles, Membre sortant, ayant réuni la majorité absolue des suf- frages, est déclaré élu, et pour la nomination du second Membre, il est procédé à un nouveau scrutin. Le nombre des votants étant cette fois 42 : M. Decaisne obtient 3o suffrages. M. Balard 6 » M. Dumas 5 » Il y a un billet blanc. M. Decaisxe, ayant réuni la majorité des suffrages, est déclaré élu. Conformément au Règlement, le Président sortant de fonctions doit, avant de quitter le Bureau, faire connaître à l'Académie l'état où se trouve l'impression des Recueils qu'elle publie et les changements arrivés parmi les Membres et les Correspondants de l'Académie dans le cours de l'année. M. Decaisne, donne à cet égard les renseignements suivants : Etat de l' impression des Recueils de l Académie au 1er janvier 18G6. Volumes publiés. a Mémoires de /' Académie. — Aucun volume n'a paru dans le courant de l'année 1 865. » Mémoires des Savants étrangers. — Aucun volume n'a paru dans le cou- rant de l'année 1 865. » Corn/iics rendus de l'Académie. — Les tomes LVIII et LIX (ier et 2e se- mestre 186/j) ont été mis en distribution avec leur Table. ( '5 ) Volumes en cours de publication. » Mémoires de l'Académie.— Le tome XXIX, qui est affecté au travail de M. Delaunay, a soixante-dix-huit feuilles tirées et quatre composées. — Le tome XXXV, qui est affecté aux Recherches de M. Becquerel, a soixante feuilles tirées. b Mémoires des Savants élraïujers. — Le tome XVIII a seize feuilles tirées pour le Mémoire de M. Doyère, douze pour le Mémoire de M. Phillips, onze pour le Mémoire de M. Hesse, quatorze pour le Mémoire de M. Rolland, quatre feuilles un quart pour le Mémoire de M. Delesse, et quatre pour le Mémoire de M. Rouché. » Il reste en copie à l'imprimerie trois feuilles environ qui composent le Mémoire de MM. Tresca et Laboulaye. » Le tome XIX a, pour le Mémoire de M. Bazin, soixante-treize feuilles tirées; neuf dernières feuilles seront tirées dans les premiers jours de jan- vier 1866. » Comptes rendus de l'Académie. — Le tome LX (ier semestre i865) paraîtra prochainement avec sa Table. Les numéros ont paru, chaque semaine, avec leur exactitude habituelle. Changements arrivés parmi les Membres depuis le 1" janvier i865. Membres décédés. » Section de Géographie et Navigation : M. Duperrey, le 2 5 août i865. » Section d'Anatomie et Zoologie: M. Valenciennes, le ]3 avril i865. Membres élus. » Section de Mécanique : M. Foucault, le 23 janvier i865, en remplace- ment de feu M. Ceapeyron. » Académicien libre : M. Rouux, le 6 mars i865, en remplacement de feu le Vice-A.miral du Petit-Thouars. Membres à remplacer. » Section de Géographie et Navigation : 31. Duperrey. » Section d'Analomie et Zoologie : M. Yalencienxes. ( '6 ) Changements arrivés parmi les Correspondants depuis le \" janvier i 865. Correspondants décédés. » Section de Géométrie: RI. Hamilton, à Dublin, pu septembre 1 865. » Section d'Astronomie : RI. Encke, à Berlin, en septembre 1 865 ; RI. l'Amiral Smyth, en septembre 1 865 ; RI. Petit, à Toulouse, le 27 no- vembre 1 865. » Section de Géographie et Navigation : RI. l'Amiral Fitz-Roy, à Londres, le 3o avril 1 865. » Section de Botanique : Sir William lloohr.it, à Kew, le 12 août 1 865. » Section d'Economie rurale : RI. le Marquis Ridolii, à Florence, le 5 mars i865; RI. Lixdley, à Londres, le 1e1 novembre 1 865. » Section d'Anatomie et Zoologie : RI. Dcfoitr, à Saint-Sever, le 18 avril i865. Correspondants é/us. » Section de Mécanique : RI. Ci.ausics, à Zurich, le 29 mai 1 865. » Seclio)i d'Astronomie : RI. O.-W. Struve, à Pulkowa, le i5 mai 1 865 ; RI. Plantamour, à Genève, le 22 mai 1 865. » Section de Physique générale : RI. Weber, à Goltingue, le 3 avril 1 865. » Section de Botanique : RI. Alex. Braun, à Berlin, le 20 mars 1 865 ; RI, IIofmelster, à Heidelberg, le 17 avril i865. » Section d'Economie rurale : RI. de Verc.nette-Lamotte, à Beaune (Côte- d'Or), le 20 février 1 865. Correspondants h remplacer. » Section de Géométrie : RI. Hamilton, à Dublin, décédé en septembre i865. » Section d'Astronomie : RI. Encke, à Berlin, décédé en septembre 1 865 ; RI. l'Amiral Smyth, à Londres, décédé en septembre 1 865 ; RI. Petit, à Toulouse, décédé le 27 novembre 1 865. » Section de Géorjnijdiic cl Navigation : RI. l'Amiral Fitz-Roy, à Londres, décédé le 3o avril i865. » Section de Chimie : RI. Rose (Henri), à Berlin, décédé le 28 janvier 1864 ; RI. Woiii.Eit, à Gôttingue, élu Associé étranger le 20 juin 1 864- » Section de Botanique : Sut William Hooker, décédé à Kew, le 12 août .8 S i ë '••' o ' t> — "' il est facile de résoudre la congruence xm = r, mod.p, dans l'hypothèse de m diviseur de p—.i. » i° Si le nombre r est contenu dans la période de a, (a) i, A, «%•••, «"'-' («"■=')• qui revient à O > 6 i ë >•""' O ' et que l'on trouve r=gA", mod.p, la condition de possibilité sera kn = md ou kn multiple de m. Une valeur de x est alors x^gd qu'il est facile de mettre en nombre en posant ci = en -hj, f < n, car on a ad — gen pf:=r et les facteurs g-', g"1 se trouvent dans les suites (i) et (2). Si l'on voulait avoir toutes les valeurs de X, il faudrait prendre les restes des produits />— 1 /' — ' , t_ .y — » m m m 'o> '00 » 'o& >•••> 'o& » 20 Si r n'est pas contenu dans la période de a, l'un des restes des produits rg, rg'-,..., rg' = rh..., rg"-' y sera nécessairement compris, et si l'on a /•i = 'grssg*'\ il en résultera r = gk"~'; la condition de possibilité est d'avoir kn — i multiple de m : soit donc kn — i = md, on aura comme pré- cédemment X^2Zgd. » Cette méthode conduira à un calcul d'autant plus court que n sera plus petit. Il est avantageux, quand a appartient à un exposant impair n', ( 21 ) de changer a en — a, car la période de a ayant n' termes, celle de — a en aura an' et n diminuera. » Soit, par exemple, p = yS; i appartient à l'exposant 9, et l'on rem- placera la période 1, 2, 4, 8, 16, 3?., 64, 55, 37, 1,... , par p» cri CT8 „!! „\ù CT20 „24 „2S „r.J 1, 71, 4, 65, 16, 41, 64, 28, 37, » 72, 2, 69, 8, 57, 32, 9, 55, 36, 0-36 o-iO ali 5>o; o > s > 6> » ' & ' s La période de — 2 a 18 termes, qu'on obtient en prenant des compléments à 73; elle est partagée en deux demi-périodes dont ies termes correspon- dants sont complémentaires. Les exposants de g dans la quatrième ligne surpassent de- , ou 36, les exposants correspondants de la première ligne. » Voici des applications de la période (3) du nombre — 2. Si l'on veut résoudre .r4= — 2, mod.73, on fera:c= ( — 2)*. 5' , mod.73, et comme l'on a 5*^4! = ( — s)5, la congruence 4#-i-5j3 — 1=0, mod. 18, donnera, pour jS = 1, a = 8', pour p = 2, a = 1, x^ — 2. ia5 = — 3i; de là quatre racines toutes primitives, ±. 3i, ± 34- On a la suite 3i, 3i2 = i2, 3i3 = 7, 3i* = — 2, qui permet de résoudre les congruences xm = r, mod.73, m divisant />-I = 72. » Voici des exemples : i° x2 = 48, mod.73. Comme 48 n'est pas clans la période de — 2, si 48 est réellement résidu quadratique, il faudra avoir 48g2 =48.12 = 65 = g12 dans la période de — 2. On a donc g,0 = 48 = .r2, mod./;, d'où .r = g5 = — 2.3r = 1 1 , mod. p, ( *2 ) et en effet n2 = 48, mod.73. 20 x3 = 5 1, mod.73. Comme 5i n'est pas dans la période de — 2, on prendra les restes des pro- duits 5i.g, 5 1 . g"2 , 5 1 . g 3 on 5i.3i, 5 j . 1 a, 51.7, savoir 48, 28, 65; le der- nier est clans la période de — 2 : on a 5i.g* ^g'1, on bien g9 = 5i , mod.73; par suite x = g3 = 7, et en effet 7' = 343 = 5i, mod. 73. On voit par ces exemples que le calcul sera d'autant plus court que n sera plus petit. » G. La distribution des modules et des valeurs correspondantes de n, indice minimum de 2 ou de — 2, a été donnée dans le n° 2 ; la voici avec un peu plus de développement pour les nombres premiers < 1200 et qui sont au nombre de 1 83. » i° Pour /? = 8A-h3, 8&-f- 5, n est impair; x" = 2, mod. p, déter- mine g. On a n = 3i pour 1 module, savoir 683; » 33 1 , ioi3; 397; 25i, 571, 971; 41, 109, 157, 229, 277, 307, 499> 643> 69!» 733> 739, 811, 997, 1021, io5i, 1069, iog3; n = 1 • 7 1 » qui se trouvent par exclusion. » 20 Pour p = 8A-+- 7, n est impair; x"= — 2 détermine g. On a n = 9 pour 1 module, savoir 127; n = 7 » 1 » 63 1 ; n = 5 » 3 » i5i, 43l> 9IT> n = 3 » 5 » 3i, 223, 439> 7^7> 9'9> n = 1 * 37 ■ qui se trouvent par exclusion. 47 u 3° y» = 8 A — f- 1 , /^ impair, ,r" = 2 détermine g. On a «=12 pour 1 module, savoir 601; n— 8 . 2 » 337, 881; B=:' 4 » ; 5 » 73, 89, 2.33, 281, 937. n = il w 2 "= 9 B I n-= 5 u 3 n= 3 u 17 n = l4 ■ 2 n = 10 » I «= 6 n 2 «= 4 > 8 7?= 2 » iQ (23) 4°/j = 8£ + i, /z pair, x" = 2 détermine g. On a «=i6 pour 1 module, savoir 257; » 673, 953; » 64i; • 433> 457; » 1 1 3, 353, 577, 593, io33, 1049, 1097; » qui se trouvent par exclusion. 33 » 7. Voici quelques remarques relatives au théorème du n° 1. Quand pour résoudre xn^a, mod. p, en supposant que a appartient à l'exposant £ =: n', on pose .r = rtK/3'3, il est clair, quand a est rendu quadratique, que si l'on veut que a* b's représente l'une des racines de x"^a qui appartiennent à l'exposant p — 1, il est nécessaire que b soit un non-résidu quadratique, car autrement x serait constamment résidu quadratique. On suppose de plus que l'on a //' = av, sans avoir bh^al , le nombre h étant < 71. Cela est toujours possible, car on peut prendre b = gk"+l, i < n; de là 6A=g*?-B+'*, h <«; il faut donc avoir ih non divisible par n. Cela arrive nécessairement dans deux cas très-généraux : i° n premier. De 1 à 1200, le tableau du n° 6 montre qu'il n'y a parmi les modules 8A-+3,5,7 que deux qui donnent n composé et égal à 9, savoir : 127 et 397. 20 Pour les nombres p= 8k -hi, pour le cas très-général n = 2m, ih ne saurait être multiple de n. Il n'y a que six modules répondant à n = 6, 10, 12, \[\ pour lesquels ih pourrait être multiple de n. Alors il faut faire entre les non-résidus qua- dratiques un choix qui ne présente pas de difficulté. » Au moyen de celte remarque, on rectifiera la fin du paragraphe 2 où il faut supprimer un mot et en changer un autre pour avoir un sens raison- nable. Il faut ajouter aussi que dans le tableau relatif au module 43, il faut au-dessous de Jï les nombres o, 3, 6, 9, 12, 21. Le zéro a été omis et 24 est de trop. <> Dans les calculs numériques, il sera souvent plus sûr de remplacer les restes négatifs — r par leur complément p — r. C'est ce qui sera fait dans les Tables. » PATHOLOGIE. — Quelques observations tendant à établir l'identité du choléra avec des épizoolies concomitantes; par M. Gcyox. « On sait qu'il n'est pas rare que des maladies épizootiques, sur diffé- rentes sortes d'animaux, accompagnent le choléra. C'est ce qui a été observé ( *4) chez nous et ailleurs, et on doit regretter que cette simultanéité patholo- gique n'ait pas appelé davantage l'attention des observateurs. Dans cette rencontre d'une maladie épizootique avec le choléra, tantôt c'est la pre- mière qui précède, tantôt, au contraire, c'est la seconde, tantôt aussi elles apparaissent, pour ainsi dire, en même temps. Ainsi, dans un village de Hongrie, une épizootie sur des faisans, que nous rapportons en son lieu, aurait apparu le même jour que le choléra. C'est, du moins, ce qui résul- terait d'un renseignement puisé, comme on le verra, à la meilleure source. » I. Obseivalion sur des chevaux d'un régiment polonais dans les envi- rons de Varsovie, en i 83 1 . — Dans une épizootie qui régnait dans le régi- ment polonais lu Fistule, en mémo temps que le choléra, il mourut cinq ou six chevaux. Le docteur Brasseur, chirurgien-major du régiment, en vit deux après leur mort, l'un dans la citadelle de Modlin, et l'autre à Blonie, popu- lation entre Posen et Varsovie. Ce qui le frappa le plus, dans le faciès des cadavres, fut l'enfoncement ou la rétraction des yeux au fond de l'orbite, symptôme si remarquable dans le choléra. » Le régiment n'avait perdu qu'un seul homme de cette maladie, bien qu'une centaine environ en eussent éprouvé des symptômes plus ou moins graves. Le docteur Brasseur, de qui nous tenons encore ce renseigne- ment, était un de ces jeunes médecins français qui, lors de l'insurrection des Polonais contre la Russie, étaient allés servir dans leurs rangs. » IL Observation sur des vaches dans une ferme de Vierqba, village des en- virons de Varsovie, en 1 83 1 . — Dans une épizootie qui régnait sur des bêtes à cornes, vingt-sept moururent dans l'espace de huit jours. La maladie avait débuté le 5 août. Ce jour-là, une vache, qui avait avorté depuis six semaines, refuse de manger, mais elle est très-altérée; elle boit beaucoup, rappelant ainsi la soif inextinguible des cholériques. Les yeux de l'animal étaient in- jectés, larmoyaient; la base des oreilles était brûlante, tandis que ces par- ties elles-mêmes étaient froides, ainsi que les cornes. L'animal mourut le 8, sans avoir eu de déjections d'apparence morbide. » Dans la soirée du 1 2 suivant, une vache, qui était sur le point de mettre bas, refuse sa nourriture accoutumée et rend des excréments très-noirs, comme desséchés; le ventre fait entendre un bruit qui rappelle les borbo- rygmes du choléra. Comme chez la première vache, la base des oreilles est brûlante, tandis que ces parties elles-mêmes, ainsi que les cornes, sont froides. L'animal, comme le précédent, est très-altéré. Ainsi, le i3 au ma- tin, pressé par la soif, il court à un ruisseau voisin; il y arrive et s'enfonce à tel point dans la vase, pour s'être trop avancé dans le courant, emporté par ( 25 ) sa précipitation pour boire, qu'on ne peut l'en retirer qu'à l'aide de quatre chevaux. 11 mourut le lendemain. » Les autres vaches avaient plus ou moins larmoyé, bien que les yeux ne fussent pas très-injectés. La langue était nette, d'une teinte un peu sombre. Les oreilles, les cornes, les extrémités, tout le corps, enfin, était froid. Les animaux faisaient de grands efforts pour rendre des selles qui ne se présentaient que difficilement. Ces selles étaient noires, dures, sèches. Mme Marchand , la directrice de la ferme, les comparait à la fiente de cheval. » Trois mulets, trois moutons et une ànesse qui, habitant la même ferme que les bêtes à cornes, étaient sans cesse en rapport avec elles, furent res- pectés par l'épizootie qui décimait les dernières. » Sur cinq domestiques qu'avait Mme Marchand, deux moururent du choléra. L'un des deux était son cocher qui, deux jours avant, l'avait con- duite à Varsovie, où régnait alors le choléra. Il mourut le 4 avril. Comme on l'a vu plus haut, l'épizootie débuta le 5. La mort du second domestique suivit de près celle du premier. » Sur trente personnes, tant hommes que femmes, employées dans la ferme, deux seulement eurent le choléra. C'étaient deux femmes. Le i4 août, jour où Mme Marchand me racontait l'histoire de son épizootie, il en était mort une; l'autre était encore au lit, où nous fûmes la voir. » La ferme où se sont passés les faits que je viens de rapporter apparte- nait au grand-duc Constantin de Russie; elle était dirigée par la dame déjà nommée, Mme Marchand, femme très-entendue dans les soins à donner aux bestiaux, et que le grand-duc avait fait venir de la Suisse pour diriger sa ferme. » C'est ici le lieu de rappeler que, presque tous les ans, en Pologne, comme en Russie, mais à une époque plus avancée de l'année, apparaît, sur les bestiaux, l'épizootie qui, cette année, est sortie de ses limites accoutu- mées, pour se répandre sur les autres contrées de l'Europe. » III. Observation sur an jeune taureau dans une rue de Varsovie, le 27 sep- tembre i83i. — Dans une rue qui longe la Vistule, et dont tonte la popu- lation est israélite , un jeune taureau venait de tomber mort comme il rentrait du pâturage. 11 était midi. Le matin, comme de coutume, l'animal était sorti de l'étable pour aller dans la prairie, où il avait mangé selon son habitude, au rapport de son gardien. » Le cadavre annonçait un individu de deux à trois ans; il était trapu, C. R. 1866, 1er Semestre. (T. LXII. N« 1.1 4 (26) fortement musclé, de couleur noire. La tête était froide, mais conservait de la mobilité. Les extrémités étaient roides et pour ainsi dire glacées. Les yeux étaient profondément retirés dans l'orbite; un vide considérable existait entre les paupières et le globe de l'œil, autour duquel nous pou- vions, avec la plus grande facilité, promener plusieurs doigts réunis (i). Les vaisseaux de la conjonctive étaient injectés d'un sang noir; il donnait à toute la membrane un aspect sombre, bleuâtre. La langue et les gencives étaient froides, d'une lividité extrême. Rien n'annonçait que l'animal eût éprouvé des déjections alvines. » On sait que par des piqûres faites dans les muscles, comme aussi par d'autres excitations musculaires, on obtient facilement des contractions plus ou moins fortes chez les cadavres cholériques (2) : sur le cadavre du jeune taureau, il suffisait, pour en obtenir de semblables des muscles de la face, de piquer seulement le derme qui les recouvrait, voire même de passer le doigt sur les poils du mufle. » IV. Observation sur une couvée de poulets à Ujard, village des environs de Cracovie, en 1 83 r . — Dans les premiers jours de juillet, toute une couvée de poulets, composée de six petits, mourut le même jour, avec la mère. Les cadavres étaient maculés de taches noires sur différentes parties du corps. Les malades n'avaient rien rendu ni par le bec ni par l'anus. La crête noircissait, le jabot se gonflait et l'oiseau mourait. » Sur une vingtaine d'autres volailles vivant en rapport avec la couvée, aucune n'a été malade. » Comme on l'a vu plus haut, la couvée mourut dans les premiers jours de juillet, et ce n'est que huit jours plus tard que le choléra s'est déclaré dans la population. Toutefois, déjà, à cette époque, il exerçait ses ravages à Cracovie, c'est-à-dire à peu de distance du village. » Sur une population de cent vingt individus, le village eut de vingt-cinq à trente malades, sur lesquels il en mourut six. (1) C'est ce que j'expérimentai avec un confrère, le docteur Vérat, avec qui je rentrais à Varsovie, sortant de l'hôpital de Bagatelle, maison de plaisance alors convertie en hôpital pour les cholériques. (a) Ce qui n'a lien de spécial pour le choléra, bien entendu. Les contractions dont il est question s'observent pendant toute la durée de la détente si remarquable qui, dans le cho- léra, survient après la mort. C'est alors aussi qu'apparaissent parfois les mouvements des doigts, des orteils et de tout un membre même, mouvements que nous croyons avoir été le premier à observer en Pologne, en iS'ii, et que nous avons signalés à la même époque, dans notre correspondance avec le Ministère de la guerre. ( *7 ) » Nous tenons tons ces renseignements de M. Like, pharmacien fie Cra- covie, et auquel appartenait le village d'Ujard lors de notre mission en Pologne. » V. Observation sur des faisans à Vôdrod, village du comital de Pres- bourq, en i83i. — Sur six cents faisans que possédait le comte François de Zichi, au village précité, il en perdit une centaine dans l'espace de huit jours. La mort était prompte; elle suivait de près l'apparition du mal. » Des taches noires étaient parsemées sur différentes parties du cadavre. Lorsque la mort était moins rapide, l'oiseau rendait des glaires par le hec, en même temps que des selles liquides avaient lieu. » L'épizootie, nous assurait l'éminent personnage que nous avons déjà nommé, avait apparu sur les oiseaux le jour même que le choléra dans la population. C'était le Ier septembre. » Ce même jour, le choléra apparut aussi dans deux autres villages voi- sins de Vôdrod, Uifallu et Pusztaplax, sans toucher à Kortoéles, village intermédiaire entre Vôdrod et les deux autres. Les trois villages sont situés sur une même ligne, et tous trois aussi sur la rive gauche d'un cours d'eau, mais Kortoéles est assez éloigné de celui-ci. Or, le jour dont nous parlons, le Ier septembre, de bonne heure, une masse de brouillard roulait sur le ruisseau, dans la direction de son cours, c'est-à-dire de Uifallu et Pusz- taplax vers Vôdrod , sans s'étendre jusqu'à Kortoéles, où le choléra ne se montra ni alors ni plus tard, lorsque le fléau eut envahi toute la Hongrie. » Des moissonneurs, au nombre de trente^ tous trente du village de Cziffer (1), qui, pour se rendre à leurs travaux, avaient dû s'engager, en s'avançant vers le cours d'eau, dans le brouillard dont il est question; ces trente moissonneurs, disons-nous, eurent, le même jour, un bon nombre de cholériques parmi eux; plusieurs moururent promptement. » Tous ces détails, nous les tenons de M. le comte de Zichi, propriétaire dn village de Vôdrod lors de notre passage à Presbourg, et qui, à la même époque, était investi, par le gouvernement autrichien, de la haute mission de diriger les mesures hygiéniques qu'il avait prescrites contre le choléra en Hongrie. » VI. Observation sur des poules à Paris, rue Saint-Jacques, 264, en avril 1 832 (2). — Du 21 au ^5 avril, c'est-à-dire dans le court espace de quatre (1) Cziffer est silué aussi sur la rive gauche du cours d'eau, au-dessus de Pusztaplax, mais à une distance plus grande encore que Kortoéles. (2) Pendant le règne du choléra en France en la même année, 1882, des épizooties conco- 4-. ( 28 ) jours, sur 64 poules et 4 coqs qui se trouvaient dans la basse-cour du numéro précité, il en mourut 64, dont 3 coqs. Les poules, après avoir mangé, voire même en mangeant, poussaient un cri en tournant sur elles-mêmes (i), toujours de droite à gauche, et parfois en faisant deux ou trois sauts, puis tombaient mortes roides et froides. Elles rendaient alors une bave gluante par le bec, et, par l'anus, des matières liquides en petite quantité. Il y avait, chez toutes, saillie du rectum, avec rougeur de sa muqueuse. La crête était noire chez la plupart, .le fus témoin de la mort des deux dernières, qui eut lieu le 25 au soir. Les deux cadavres furent portés chez moi. La crête était noire chez tous deux. Le poitrail était livide, lividité due à l'injection des vaisseaux de la face interne de la peau; les muscles y étaient étrangers. Les cuisses étaient fléchies, les doigts ou orteils contractés. Les yeux étaient caves, une bave glaireuse s'échappait du hec. L'examen des cadavres donna lieu aux observations ci-après : » Tontes les cavités séreuses étaient à sec. » Le cerveau, le cervelet et la moelle épinière étaient d'une grande blan- cheur, sans aucune injection vasculaire. » Le cœur était flasque. Le sang des cavités simulait une gelée de gro- seille un peu pâle ; aucune concrétion lymphatique ne s'y voyait. » Blancheur de la muqueuse de l'œsophage et des deux jabots, déve- loppement prononcé de ses follicules, à partir du pourtour de la glotte ; un mucus abondant était fourni par la pression des follicules ou glandes du deuxième jabot. » Le gésier était plein d'orge et de petits cailloux, n'offrant aucun autre sujet d'observation. » Teinte rosée, de l'étendue de 2 à 3 pouces, dans la première partie du tube intestinal, qui était dans son état normal dans tout le reste de sa longueur. » Le contenu des voies digestives, à partir du gésier, était successivement : une matière très-épaisse, grisâtre ; une matière assez liquide, d'un blanc mitantes ont été signalées dans plusieurs départements. Ainsi, on m'annonçait de Ville- soilS-Corbie (Somme), à la date du 1er juin, que le choléra, qui régnait dans cette commune cl dans quelques antres des environs, était accompagné d'une maladie qui emportait beaucoup de chevaux et de porcs. On me citait, comme un exemple de cette mortalité parmi les che- vaux, un cultivateur de Riguemnnt qui en avait perdu jusqu'à six. (i) C'est ainsi que mouraient des volailles dans une épiaootie qui régnait dernièrement à Savigny-sur-Orge, et à Monljay, commune de Bures, dans le département de Seine-et-Oise. ( -9) assez pur; une matière d'un blanc coloré en vert, et une dernière d'un blanc coloré en brun verdâtre. » Il y avait, dans la basse-cour où étaient les poules, a chevaux, 3o vaches, des chiens, des chats et 3o pigeons : aucun de ces animaux ne fut touché par l'épizootie. » A la même époque, le choléra était dans toute sa force dans la capitale; il comptait un assez grand nomhre de malades dans le voisinage de la basse- cour où régnait l'épizootie. Je veux parler de l'hôpital du Val-de-Grâce, où j'avais alors un service de cholériques. » Je ne puis terminer ce que j'avais à dire de l'épizootie du n° 264, rue Saint-Jacques, sans rappeler que des journaux de la même époque annon- çaient,^ ne sais plus sur quelles autorités, qu'au plus fort de l'épidémie, des hirondelles tombaient mortes dans les rues. » M. Focrnet fait hommage à l'Académie d'une Note imprimée « sur le caractère périodique de l'établissement des journées orageuses ». M. dé Vergnette-Lamotte adresse de Vignoles, près Beaune, un exem- plaire d'un opuscule qu'il vient de publier « sur les grands vins de Bour- gogne en 1 865 ». MÉMOIRES PRÉSENTÉS. L'Académie a reçu depuis sa dernière séance, mais avant la fin de l'année 1 865, un nouveau travail destiné au concours pour le prix Cuvier. M. A. Gaudrt a déposé au Secrétariat le 29 décembre, avec la i3e livraison de ses « Animaux fossiles de l'Attique », et les planches /|8-6o qui complè- tent l'Atlas, la dernière partie du texte en manuscrit, l'impression n'en ayant pu être terminée avant le 3i décembre, clôture du concours. (Réservé pour la future Commission.) ORGANOGRAPHIE végétale. — Des vaisseaux propres dans les Aroïdées; par M. A. Trécul. (Seconde partie.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Brongniart, Tulasne, Fremy, Pasteur.) « Dans la séance du 26 décembre 1 865, j'ai eu l'honneur de commu- niquer à l'Académie la première partie de mon travail sur les vaisseaux propres des Aroïdées. Cette partie contient la description des laticifères ( 3o ) proprement dits, dont le siège principal est aux deux côtés de la portion libérienne des vaisseaux fibro-vasculaires. Aujourd'hui, j'ai pour objet de faire connaître une espèce de vaisseaux propres qui n'a pas encore été signalée dans cette famille. » Ces vaisseaux sont des canaux à suc d'aspect oléorésineux, formés par deux ou trois rangées de petites cellules oblongues, plus étroites que celles du parenchyme environnant. Ils existent dans les feuilles, dans les tiges et dans les racines adventives des plantes nommées ci-dessous. Dans la lame des feuilles, ils sont étendus parallèlement aux nervures, vers le milieu de l'espace parenchvmateux qui sépare deux des nervures tertiaires; mais, suivant les espèces, ils sont plus ou moins éloignés de la face infé- rieure de la feuille. Dans les Philodendron exiniium, Rudgeanwn, Sellowia- num, pedatum, cannœfolium, triparlitum, Simsii, pinnalifidwn, ils sont à une ou deux cellules de cette face inférieure, tandis que, dans les Philodendron micans, lacerum, Houllelianum, crinipes, calophjllum, Melinoni, Imbe, has- tatum; Hornatonema rubescens, Porleana Hort. Par., ils sont vers le plan moyen de la lame, soit plus haut, soit plus bas (i). Dans le pétiole, ces canaux sont répandus dans le parenchyme, et souvent les plus externes sont enclavés en totalité ou en partie dans le collenchyme. Dans la tige des Philodendron, ils ont la même constitution et sont répandus de même, soit dans le parenchyme externe seulement, soit dans l'externe et l'interne à la fois, entre les faisceaux fibro-vasculaires. Dans la tige de l'Homato- neina rubescens, ils ne sont pas tubuleux. Ils ne. constituent que des cavités elliptiques (qui ont de omm,25 à omm,5o de longueur sur omm,20 à omm,38 de largeur), bordées de séries rayonnantes de cellules à parois minces. Dans les racines adventives des Homalonema rubescens et Porleana, ils sont tubuleux comme dans les feuilles et limités par deux ou trois rangées de cellules oblongues, à parois minces aussi. Dans les racines adventives de tous les Philodendron nommés dans ce travail, ils ont, de plus, autour de leurs cellules oblongues pariétales, deux ou trois rangées de fibres à parois épaisses et poreuses, en sorte que chaque vaisseau propre occupe le centre d'un faisceau fibreux. Ces faisceaux sont répartis sur trois, quatre ou cinq cercles plus ou moins régulièrement concentriques. Il y a jusqu'à huit séries concentriques dans les racines adventives du Philodendron Melinoni. Les vaisseaux propres des faisceaux les plus internes sont ordinairement plus étroits que ceux des faisceaux les plus externes, et assez souvent, dans (i) UHomaloncmn Wendlandii n'a pas de canaux oléorésineux comme les deux espèces nommées ici. (3i ) certaines espèces, les fibres du côté extérieur de ces faisceaux externes ne sont pas épaissies. » L'oléorésine que ces canaux renferment est ordinairement incolore dans la racine; mais, dans la tige et les feuilles, elle passe au jaunâtre, à l'orangé et au rouge : elle brunit même au contact de l'air. Les canaux externes des pétioles de certains Philodendron ont quelquefois le suc orangé, tandis qu'il est encore sans couleur ou faiblement teinté dans les canaux du centre. Cette oléorésine est communément en colonnes homo- gènes; cependant elle est divisée au point de paraître plus ou moins lai- teuse dans le pétiole du Philodendron calopltyllnm. Le sulfate de fer, qui n'a souvent pas d'action sur ce suc propre, le salit de noir dans quelques cas, et parfois même avec intensité. » Après avoir exposé les caractères généraux des vaisseaux propres des Aroïdées, je signalerai le parti que l'on en peut tirer pour faciliter la déter- mination des plantes qui n'ont ni fleurs ni fruits. J'ai déjà indiqué dans l'Institut (n° du 8 février i865) les avantages que l'on en peut obtenir pour les Légumineuses. Des Aroïdes appartenant à des genres différents et même à des tribus diverses peuvent être aisément confondues. Une simple coupe transversale de la tige, ou seulement du pétiole, ou même de la racine adventive, suffira pour aider à cette distinction. Ainsi, des Callacées et des Caladiées peuvent être prises pour des Philodendron. L'absence de latici- féres à tannin éliminera tout de suite les Heleropsis, Lasia, Scindapsus, Mons- lera, /4nthuriuin, etc. (i). Le manque de canaux oléorésineux distinguera les Syngonium des Philodendron qui en sont pourvus. Une coupe transver- sale d'une racine adventive fera reconnaître un Philodendron parmi toutes les Aroïdes que j'ai étudiées, à ses faisceaux fibreux corticaux avec canal oléorésineux central. » D'autres caractères anatomiques peuvent servir à la distinction de cer- tains genres, mais, ne voulant pas sortir de mon sujet, qui est l'étude des vaisseaux propres, je ne m'en occuperai pas dans cette Note, que je préfère terminer par quelques réflexions que me suggère la comparaison des vais- seaux du latex tannifères des Aroïdées avec les vaisseaux ou séries de cel- lules tanniferes des Légumineuses. » Dans ma communication du 6 février 1 865, j'ai déjà cherché à mon- (i) Des Callacées que j'ai eues à ma disposition, le seul Calla palustris possède des vais- seaux propres à tannin de chaque côté de ses faisceaux libériens. ( 32 ) trerle lien qui existe entre ces cellules ou vaisseaux à tannin des Légumi- neuses et les laticifères en général. Les Aroïdées m'en fournissent une nou- velle occasion. En effet, leurs vaisseaux du latex chargés de tannin, et qui ne sont le plus souvent formés que de cellules superposées, distinctes, sem- blables en cela aux vaisseaux à tannin des Légumineuses, sont placés, ai-je dit, sur les deux côtés de chaque faisceau libérien. C'est aussi exactement la position que des séries de cellules à tannin occupent dans divers genres de Légumineuses (Lolus, Tetnigonolobus, Dorycnium, Hedysarum, Ornitlwpus, Onobrychis, etc.). Il est vrai que ces plantes en ont aussi, pour la plupart, dans d'autres positions que j'ai indiquées dans le travail cité. » Il y a donc pour bon nombre de plantes non-seulement analogie de forme, mais aussi similitude de position, sur les côtés des faisceaux du liber. Mais l'analogie ne s'arrête pas là. J'ai signalé un Sesbania dans lequel les séries de cellules en question ont le suc à la fois laiteux et tannifère. Dans le Mimosa sensiliva le suc laiteux se salit seulement quelquefois de noir par la macération dans la solution de sulfate de fer; et dans les Mimosa proslrala et floribunda, le suc laiteux ne se colore pas dans les mêmes circonstances. Tl en est de même dans quelques Aroïdes. Ainsi, dans les jeunes tiges des Dieffcnbnrliia Seguine et pictn, le suc laiteux est dépourvu de tannin, et il est renfermé dans des séries de cellules qui ont le même siège que les séries de cellules tannifères de beaucoup d'autres Aroïdées. Absolument aussi, comme dans Y /ipios tuberosa, des séries de cellules pleines d'un suc laiteux sans tannin sont disposées (sous le liber) à des places qui, chez d'autres Légumineuses (Pbaseolus, Robinia, etc.), sont occupées par des séries de cel- lules tannifères. » L'analogie des séries de cellules à tannin des Légumineuses avec les vais- seaux du latex, déjà évidente par ce que j'ai dit antérieurement, devient plus manifeste encore par la comparaison avec les mêmes organes dans les Aroï- dées. C'est que cette dernière famille contient en même temps des plantes avec des séries de cellules tannifères semblables à celles des Légumineuses, et des plantes dans lesquelles ces séries de cellules sont remplacées par des vais- seaux tubuleux continus, qui s'anastomosent entre eux à l'aide de ramifica- tions latérales, de manière à former un réseau comme les vaisseaux du latex les plus parfaits. Et, non-seulement le suc de ces vaisseaux est chargé de tannin [Colocasin cucullala, etc.), mais il est en même temps laiteux dans les Syngoniwn aurilwn, Xanlhosoma violaceum, etc. » Les organes qui renferment le tannin dans les deux familles offrent encore un autre point de rapprochement. Dans les Légumineuses, le tannin ( 33) n'est pas contenu seulement dans des cellules régulièrement superposées en séries qui simulent des vaisseaux, il en existe aussi dans des utriculés éparses isolément ou par petits groupes de (]eu\ ou trois dans le parenchyme cortical ou médullaire [Qljrcyrrhiza glabra, Robinià pseudoacacia, Wîsfèria sinensis, etc.). Des cellules semblables se rencontrent également dans quel- ques Aroïdéës [Philodendron variabiîe, etc.). » Enfin, de même aussi que l'on trouve des Légumineuses dont tous les tissus sont imprégnés de tannin, et cela chez des espèces qui n'ont pas de vaisseaux à tannin proprement dits, de même aussi l'on a des Aroïdéës dépourvues de laticifères, dont tous les tissus se salissent plus ou moins de noir par la macération dans le sulfate de fer [Anthurium nilidum, viola- ceum, etc.). » L'analogie îles organes qui contiennent le tannin dans les deux familles est donc complète sous tous les rapports. » ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. — Sur la vrille des Cucitrbitacées; par M. Ad. Chatix. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires : MM. Brongniart, Duchartre, Naudin.) « Il est peu de sujets de morphologie végétale qui aient, été l'objet de plus de débats entre les botanistes que la vrille des Cticurbitacées. Mais telles sont les difficultés du sujet, que la plupart de ceux qui s'en sont le plus occupés ont successivement modifié leurs opinions, et qu'après un demi-siècle de patientes observations et de discussions savantes, la question n'a pas reçu une de ces solutions acceptées par tous comme définitives. » Cette vrille procède pour les uns (de Candolle, Gasparrini, Braun, Seringe, Payer, MM. Fermond, Lestiboudois, Guillard, Clos, Cauvet) d'organes appendiculaires (feuilles ou stipules); pour les autres (Link, MM. Fabre, Naudin et Decaisne) d'organes axiles (rameaux ou pédoncules) pouvant émettre, quand ils se divisent, des fleurs et des feuilles. Des bota- nistes ont aussi rattaché les vrilles aux racines, opinion d'autant plus spé- cieuse que la vrille est quelquefois remplacée par une racine, ou coexiste avec une racine née soit près d'elle, soit sur le côté opposé de la feuille. » La plupart des botanistes ont demandé leurs preuves à la morphologie; quelques-uns (MM. Lestiboudois, Guillard, Payer, Cauvet) ont plus ou moins considéré le sujet au point de vue anatomique. La tératologie, sou- vent invoquée, a semblé donner raison tour à tour à toutes les opinions, et C. R., 1866, Ier Semestre, (T. LX1I, N° 1.) 5 ( 3/, ) jamais peut-être cette pensée : « Les monstruosités sont des expériences » toutes faites au profit de l'observateur, » n'a servi à étayer plus d'opi- nions contradictoires. » C'est l'anatomie, mais l'analomie complète de chacun des organes, suivis dans les divers genres de la famille, qui fait la base du présent tra- vail, sorti incidemment de mes recherches générales d'anatomie comparée. » Après avoir étudié avec détails la structure de la vrille, tant simple que rameuse, et celle des autres organes, j'ai comparé, sans parti pris, mes ob- servations, et les conclusions se sont déduites d'elles-mêmes. » Je rappelle ici sommairement les faits. » Cucukbita. — La vrille est rameuse. Le corps de vrille se compose : a) de faisceaux vasculaires disposés en un cercle régulier brisé, sans gout- tière au coté supérieur, sans faisceau inférieur ou dorsal plus gros qu'on puisse comparer à la nervure moyenne d'une feuille; b) d'une couche fibreuse continue placée dans l'épaisseur du parenchyme cortical (ces fibres portent souvent les ponctuations en X observées par M. Duchartre dans la Clandestine). Les ramilles ou divisions de la vrille présentent deux struc- tures fort différentes : les unes, presque arrondies, ne diffèrent pas sensi- blement du corps de vrille; les autres, très-aplaties ou même canaliculées le long de la face supérieure, n'ont de faisceaux vasculaires que du côté inférieur, avec l'un d'eux dorsal, et leur couche fibro-corticale est segmen- tée : ces derniers ont la structure pétiolaire; les premiers, celle des axes. » La tige du Cucurbita présente : a) un cercle fibreux continu dans l'épais- seur du parenchyme cortical ; b) un système fibro-vasculaire ordonné symé- triquement autour du parenchyme médullaire. Dans le pétiole, au contraire, le système vasculaire est formé de faisceaux (en nombre impair) 'ordonnés sur les côtés d'un faisceau dorsal plus gros que les faisceaux latéraux, et la couche fibro-corticale est divisée en segments placés respectivement der- rière chacun des faisceaux vasculaires. » Du rapprochement îles faits il ressort : i° que le corps de vrille et les ramilles arrondies ont leur analogue dans la tige; que les ramilles les plus aplaties ont la structure du pétiole fies feuilles : double conclusion singuliè- rement d'accord avec les observations morphologiques faites par MM. Nau- din et Decaisne dans ces dernières années, » Benincasa. — La vrille du Senincasa présente un cercle fibreux com- plet, des faisceaux vasculaires en nombre pair et régulièrement espacés autour de la moelle. » La tige a aussi une couche fibro-corticale entière et le système vascu- ( 35) laire disposé symétriquement autour du centre médullaire. Le pédoncule, avec ses faisceaux vasculaires unisériés, ressemble plus encore à la vrille. Quant à la feuille, sa couche fibreuse est segmentée et ses faisceaux, en nombre impair, sont ordonnés sur les côtés d'un faisceau dorsal. a Donc chez le Benincctsct, comme dans le Cucurbita, ce n'est aucunement avec la feuille, mais avec la tige, avec la tige florale ou pédoncule surtout, que sont les analogies de la vrille. » BRYONIA. — Sa vrille a une couche fibro-corticale complète et des fais- ceaux vasculaires (quatre ordinairement) disposés autour de l'axe médul- laire. » Le pédoncule ne diffère en rien de la vrille. Il en est de même de la tige, excepté que ses faisceaux vasculaires (comme dans l'ordre en général) sont bisériés. Mais les feuilles ont la couche fibreuse segmentée, et leurs fais- ceaux vasculaires, en nombre impair, sont placés à droite et à gauche d'un faisceau dorsal. » La vrille du Bryonia a donc aussi la structure du pédoncule, nulle- ment celle de la feuille. » Cucumis. — On retrouve dans la vrille du Cucumis un cercle fibreux complet et un système vasculaire à faisceaux entourant la moelle; de même pour la tige. La feuille diffère par la segmentation de la couche fibro-corti- cale, par les faisceaux vasculaires bilatéraux à un faisceau dorsal, et aussi par l'absence d'un tissu épidermoïdal particulier. » On voit qu'ici encore les rapports anatomiques de la vrille ne sont pas avec la feuille. « ECBALLIUM. — Il manque de vrille. La tige et le pédoncule ont la couche fibreuse complète et les faisceaux vasculaires autour de l'axe mé- dullaire. Dans la feuille, au contraire, le corps fibreux est segmenté et les faisceaux vasculaires en nombre impair et bilatéraux à un faisceau médian. » On peut admettre sans témérité que si un jour on observe des vrilles sur l' Ecballium, ce n'est pas avec les feuilles que seront leurs analogies. » Lagenaria. — La vrille de cette plante se termine assez fréquemment par deux ramilles. Dans son corps les faisceaux vasculaires sont en nombre pair (huit ordinairement) et disposés sur un cercle au dehors duquel est la couche fibreuse, toujours continue. Dans les rameaux, au contraire, les faisceaux, souvent en nombre impair, sont ordonnés tantôt sur les côtés de l'un d'eux qui est dorsal, tantôt régulièrement autour de la ligne axile : dans le premier cas seul, la couche fibreuse de l'écorce est segmentée. » La lige a sa couche fibreuse continue et ses faisceaux autour de la 5.. ( 36) moelle. Le pédoncule présente, exceptionnellement pour ce genre d'or- ganes, une couche fibreuse et segmentée. Le pétiole diffère : du pédoncule, par ses colonnes vasculaires symétriques autour de l'axe; de la tige, parle caractère précité et par la segmentation de sa couche fibreuse. » Par l'ensemble de ces faits, on voit que le corps de vrille du Lagenaiia a pour analogues la tige et le pédoncule, et qu'au contraire les divisions de la vrille se rapprochent, les unes des feuilles, les autres des organes axiles. » Luffa. — La structure du Luffa présente un intérêt tout spécial, au point de vue de la détermination de l'origine de la vrille dans les Cncurbitacées. En effet, tandis que la tige et le pédoncule ont, par exception entre les autres genres, une couche fibro-corticale segmentée, la vrille conserve le type complet des organes axiles aériens des Cncurbitacées. » On peut donc affirmer qu'ici la structure axile de la vrille est moins contestable que celle même de la tige et du pédoncule; comme s'il eût été mis dans la vrille du Luffa une preuve irrécusable de l'origine vraie de cet organe. » Racines. — Elles sont de deux sortes, les racines ordinaires et les ra- cines adventives. Celles-ci se développent sur la tige quand elle traîne sur le sol; tantôt elles sont à l'opposite des feuilles, où elles tiennent la place d'un pédoncule généralement rudimentaire; tantôt elles sont près de la vrille; parfois elles remplacent la vrille elle-même. » Les racines ordinaires et les racines adventives manquent toutes de couche fibro-corticoïde. Mais tandis que celles-là ont le système fibro-vas- culaire axile (et lobé), celles-ci l'ont disposé sur un cercle périmédullaire. Entre les premières et les vrilles, aucune analogie de structure n'existe; il n'en est pas de même des secondes, qui paraissent avoir avec les vrilles une origine commune. » Conclusions,. — Hennissant les conclusions partielles qui sont sorties, identiques, de l'étude de chacun des genres, nous dirons : » I. La vrille des Cucurbitacées est d'origine axile (rameau ou pédon- cule). » II. Si la vrille est indivise, l'analogie invariable est avec les organes axiles. Si au contraire la vrille se ramifie, ses divisions répondent tantôt aux organes appendiculaires (feuilles), tantôt aux organes axiles; son corps re- présente le rameau. » III. Il u'j a aucun rapport d'origine entre la vrille et les racines or- dinaires; ce rapporl existe au contraire entre la vrille et les racines adven- tives. » (37 ) PHYSIQUE. — Nouvelles recherches sur tes solutions salines sursaturées , et critique de la pancristallie ; par M. J. Jeannel. (Commissaires : MM. Chevreul, Dumas, Fremy, Pasteur.) L'auteur, en terminant son Mémoire, résume dans les termes suivants les conclusions auxquelles il a été conduit : « Les conclusions que je crois pouvoir tirer du présent travail sont de deux ordres : les unes résument les observations qui me semblent en con- tradiction avec la pancristallie, les autres les observations qui prouvent l'influence des parois des vases et celle de l'état bygrométrique de l'air sur le curieux phénomène des solutions sursaturées. » § Ier. — i° Si la pancristallie existait réellement et devait expliquer la cristallisation des solutions saturées chaudes qui se refroidissent au contact de l'air libre ou des solutions sursaturées froides qu'on y expose, il devrait exister dans l'atmosphère une foule de sels qui sont des produits de l'art, comme le séléniate, le carbonate, le tartrate, l'acétate et l'hyposulfite de soude; l'arséniate de potasse; l'acétate, l'oxalate et le phosphate d'ammo- niaque; l'alun, le sulfate de zinc; l'acétate de plomb; le sulfate de glu- cine, l'azotate d'urane, etc., etc., tous sels qui donnent le phénomène de la solution sursaturée; sans compter les sels doubles et l'acide citrique qui le donnent aussi; il devrait exister dans l'atmosphère des sels que l'air décompose, comme le sulfate de protoxyde de fer, que décompose le suif- hydrate d'ammoniaque, comme les acétates de plomb et de cuivre, etc.; des sels déliquescents qui ne peuvent pas exister à l'état solide dans l'atmo- sphère, comme l'azotate de chaux. » 2° Si l'esprit ne reculait pas devant l'impossibilité manifeste de la présence de tous ces composés dans l'atmosphère, il faudrait encore consi- dérer que les sels anhydres n'offrent rien de semblable au phénomène des solutions sursaturées. Les chlorures de potassium et de sodium, le chlor- hydrate d'ammoniaque, le bichlorure de mercure, l'azotate de plomb, le bitartrate de potasse, etc., n'offrent pas ce phénomène. Ils cristallisent par le refroidissement de leur solution saturée bouillante, bien que celle-ci soit abritée du contact de l'air libre ou même soit refroidie dans le vide. Voilà donc des solutions dont la cristallisation est tout à fait spontanée à à l'abri de l'air et sans le contact d'aucune parcelle de la matière dissoute. Ce contact ne serait donc indispensable que pour les sels hydratés suscep- tibles d'offrir le phénomène dont nous nous occupons. ( 38 ) » 3° La solution de sulfate de soude saturée à + 33 degrés centigrades elle-même, refroidie vers -+- 12 degrés centigrades à l'abri de l'air libre, donne de très-beaux cristaux d'un hydrate beaucoup inoins soluble dans l'eau que le sulfate de soude ordinaire, ainsi que l'avait remarqué Lcevel (1). i> Voilà certes une cristallisation qui n'a pas besoin pour se déterminer du contact d'un cristal similaire. La plupart des solutions sursaturées peuvent donner ainsi par le refroidissement des hydrates cristallisés. Ce fait suffit pour prouver que les solutions chaudes cristallisent fort bien à l'abri de l'air sans qu'il soit nécessaire que la cristallisation soit entraînée par une parcelle du corps dissous. » 4° La solution sursaturée de sulfate de soude, mise à l'abri de l'in- fluence atmosphérique sous une couche d'eau distillée, cristallise par le contact d'une solution de sulfate de soude ordinaire, saturée à froid et filtrée, ou du moins par le contact d'une pipette lavée à l'eau bouillante, puis à l'eau froide, et séchée. » 5° Un corps sec quelconque, un brin de papier, fait cristalliser la solution sursaturée d'acétate de soude. » G° Le tarira te de soude, dont la solution sursaturée se prend en masse par le refroidissement dans le vide , ainsi que je l'ai annoncé précédem- ment (séance du 4 septembre 1 865) , cristallise par le contact d'une ba- guette de verre lavée à l'eau bouillante, puis à l'eau froide, et séchée. » 70 L'azotate de chaux, qui est déliquescent, et qui par conséquent ne peut exister à l'état solide dans l'air, donne le phénomène de la solution sursaturée; de plus il cristallise de lui-même sous une cloche dont l'at- mosphère est desséchée par de la chaux vive. L'alun cristallise également dans ces conditions. » § IL — i° L'attraction seule des parois, lorsqu'elle prédomine sur la masse de la solution saline sursaturée , empêche la cristallisation ordinaire de quelques-unes de ces solutions, bien que celles-ci restent exposées à l'air libre et y cristallisent lentement par évaporation. C'est ce que j'ai constaté pour le sulfate et pour le carbonate de soude, l'alun et l'acétate (1) Ces cristaux deviennent opalins, comme l'a observé M. Gêniez, lorsque la solution qui lis a produit) et qui les surnage vient à cristalliser en masse au contact de l'air. Lavés d'abord à l'eau distillée, puis à l'alcool, Bêchés et calcinés, ils ont perdu 4l)>-rK) pour 100 d'eau, ce qui approche beaucoup de 8 équivalents. ( 39) neutre de plomb (i). J'adresse à l'Académie, à l'appui du présent Mémoire, plusieurs nouveaux spécimens de ces cristallisations particulières, provenant de solutions sursaturées de sulfate de soude et d'acétate neutre de plomb évaporées et cristallisées à l'air libre sur des lames de verre ou des verres de montre. » 20 Les solutions sursaturées d'alun, de sulfate de magnésie et d'acé- tate de soude, se maintiennent dans un air saturé d'humidité, bien qu'elles y soient exposées dans un grand espace; elles reprennent l'état cristallin ordinaire dans l'air sec, quoiqu'elles y restent abritées des poussières at- mosphériques. » 3° Enfin, la double influence des parois des vases et de l'état hygromé- trique de l'air suffit pour rendre compte du phénomène des solutions sur- saturées que présentent les sels hydratés, et probablement un grand nombre d'autres corps cristallisables à l'état d'hydrates. » Les sels cristallisés hydratés se constituent dans l'eau bouillante dans un état d'hydratation particulier qui peut se maintenir après le refroidis- sement dans des vases couverts ou complètement clos, en raison de l'at- traction des parois et en raison delà saturation de l'atmosphère intérieure par la vapeur d'eau émanée de la solution elle-même. Mais ces influences sont très-faibles; elles cèdent le plus souvent au contact des corps solides et secs, et toujours au contact d'une parcelle solide du corps dissous. » PHYSIQUE mathématique. — Note sur le nombre des molécules contenues dans l'unité de volume; par M. Athanase Dupré. (Commissaires : MM. Regnault, Bertrand.) « Des données physiques que l'on possède ou que l'on peut se procurer pour chaque substance, j'ai réussi à déduire une limite inférieure du nom- bre des molécules contenues dans l'unité du volume. Avant de la faire connaître, je dois fournir sur quelques-unes des questions que j'ai traitées précédemment des explications devenues nécessaires. » Dans mes démonstrations relatives à l'attraction au contact, au travail (i) Les figures des cristaux obtenus par l'évaporation à l'air libre des solutions sursa- turées de sulfale et de carbonate de soude étalées en couches minces sur des lames de verre étaient jointes à ma précédente communication (séance du 4 septembre i865). Elles sont reproduites dans les Annales de Chimie et de Physique (octobre i865). ( 4o) de désagrégation totale et au travail de séparation normale (Annales de Chimie cl de Physique, juin 18O4 et novembre 1 865), j'ai désigné par s le rayon de la sphère d'attraction sensible, quantité introduite depuis long- temps dans la science ; on peut objecter contre son emploi que l'attraction s'exerce en toute rigueur jusqu'aux limites du corps et même sur les au- tres corps jusqu'à l'infini. Mais il est toujours permis de considérer à part dans les calculs la somme 'o des actions dues aux molécules dont la distance surpasse s, et il suffit de l'ajouter aux relations connues pour faire dispa- raître les erreurs provenant de ce que généralement on néglige co. La va- leur de cette quantité dépend du choix de £ ; avec une valeur £, trop faible, u> surpasse les erreurs expérimentales, et l'on a une limite inférieure du nom- bre qu'il convient de choisir pour s, eu égard à l'état actuel de la science ; si l'on peut montrer que, pour une autre valeur e2 , w est moindre que les erreurs provenant des expériences, on a ce que j'appellerai une limite supé- rieure. Le même degré d'exactitude ne peut pas être obtenu dans des re- cherches expérimentales variées; il en résulte la nécessité d'une discussion quelquefois très-épineuse, heureusement inutile dans une première ap- proximation où l'on n'emploie que des limites fort éloignées, mais qui pourra rendre de plus en plus difficiles les approximations successives : ici, comme en astronomie, des observations plus précises forceront à tenir compte de quantités négligées jusque-là. J'ai indiqué dans ma précédente communication des moyens qui permettent d'obtenir ainsi deux limites entre lesquelles se trouve le rayon de la sphère d'attraction sensible. » On a encore objecté que l'emploi des intégrations pour des systèmes matériels discontinus, tels que sont les corps de la nature, n'est pas légitime. Il est évident qu'il ne peut conduire qu'à des erreurs négligeables, si les dislances des centres des molécules voisines sont extrêmement petites par rapport aux autres quantités considérées dans le raisonnement, par rapport à s, par exemple, qui est la plus petite d'entre elles, et c'est ce que presque tous les savants admettent. Toutefois, c'est là une hypothèse qui a besoin d'être confirmée par les vérifications expérimentales des conséquences qui en découlent, et je puis citer, comme la rendant déjà très-probable, l'exis- tence de la force contractile qu'elle m'a fait découvrir dans la couche d'épaisseur e à la surlace d'une masse liquide quelconque. Lorsque des déductions nombreuses ne permettront aucun doute, on ne pourra plus rien dire contre le partage des corps en tranches très-minces ou en filets très-petits destiné à faciliter les raisonnements et les calculs : si l'un des plans de division coupe une molécule, on la négligera ou mieux on l'attri- ( 4i ) buera à la portion qui en contiendra la plus grande partie. L'emploi des méthodes infinitésimales doit d'ailleurs être considéré dans toutes ces ques- tions comme fournissant une limite plus facile à calculer que le- résultat qui correspond à des divisions très-petites et non infiniment petites; l'erreur qui en provient est négligeable, et, sans ces méthodes, mie partie notable des progrès qui s'accomplissent deviendrait impossible. » Après ces éclaircissements, nécessaires pour préciser le sens de ce qui suit, j'arrive au but principal de cette Note dans laquelle je prends pour unités le millimètre et le milligramme. Au moyen de plans parallèles à l'une des faces, partageons un millimètre cube d'un corps quelconque en n tranches avant chacune pour épaisseur la distance des centres de deux molécules voisines. Pour opérer la séparation du cube en deux parties d'épaisseur plus grande que s, il faut un travail 2F beaucoup plus grand que le travail 2F,, nécessaire pour séparer la première des tranches. La division effective en tranches exigera donc un travail inF, considérable- ment moindre que 2 «F. D'ailleurs le travail a. de désagrégation restant à effectuer est négligeable en présence du travail total de désagrégation A, et il en résulte (1) A = anF, < 111V . F, est inconnu ; j'ai au contraire étudié A et F; ce sont ces quantités qu'il faut conserver. Pour obtenir la formule utile, remarquons que le nombre N des molécules est le produit de h3 par un coefficient qui dépend de far- rangement et serait y/2 si l'on supposait les molécules voisines également éloignées les unes des autres et formant des tétraèdres réguliers. Ce coeffi- cient n'a d'ailleurs pas d'importance, et l'on peut se borner à remplacer n3 par N, ce qui donne » Si l'on refusait de considérer comme négligeable le travail a, on pour- rait encore fournir une autre démonstration. On concevrait enlevées, au moyen d'un travail 2F,, sur une face du cube, un système de molécules disposées à des distances s les unes des autres, et dont le nombre serait (3) » = ^p- C. F,., r866, 1" Semestre. (T. LXH, N» I.) ^ (42 ) On produirait ensuite un mouvement des molécules restantes destiné à maintenir plane la face du cube ; cela n'occasionnerait aucune nouvelle dépense de travail (abstraction faite du travail dû aux frottements qui est étranger à la question); il y aurait même un travail produit si les trous à combler n'étaient point négligeables. Imaginons qu'on recommence la même opération n' fois et qu'il ne reste rien, la désagrégation serait totale et l'on aurait (4) A — 7.7l'F2<0.7lF. Le nombre total des molécules est nn' = N ; il est donc facile d'obtenir, par la multiplication de (3) et (4), la limite A (5) N> Fc-V3 » Enfin, on peut encore concevoir un cube formé par un système de molécules, distantes des molécules voisines de la quantité s; le nombre total sera ~ • Le travail de désagrégation restant à accomplir sera négli- geable, et, comme dans un corps réel il a une grande valeur à l'état solide et à l'état liquide, sans être entièrement négligeable même dans les gaz et les vapeurs ordinaires, on voit que les molécules y sont plus rappro- chées et plus nombreuses, c'est-à-dire qu'on a (6) N > ^ « Dans ma précédente communication j'ai montré que aF est moindre que Ae; cette remarque suffit pour déduire (5) et (G) avec facilité de (a), s étant inconnu, on remplace cette quantité, dans les formules qui la con- tiennent, par une limite supérieure; dans la relation (?.), au contraire, tout est connu, et les applications numériques n'offrent aucune difficulté : pour l'eau on trouve (7) N> iî5 000 000 000 000 000 000. Un cube de ce liquide ayant pour côte un millième de millimètre, et qui ne devient visible qu'à l'aide d'un bon microscope, contient encore plus décent vingt-cinq mille fois un million de molécules. » (43) PHYSIQUE. — Nouvelle méthode d'essai des huiles minérales; Note de MM. J. Salleron cl V. Urbain, présentée par M. Pouiilet. (Commissaires : MM. Pouiilet, Pelouze, Regnault.) « En résumé, disent les auteurs en terminant leur Mémoire, nous avons cherché un mode d'essai des huiles minérales employées pour l'éclairage (pétroles, schistes, etc.) qui fût plus rigoureux que la détermination de leur densité et la mesure directe de leur inflammahilité, seuls procédés qui ont été employés jusqu'ici. Nous montrons les inconvénients de chacun d'eux, et nous proposons de leur suhstituer la mesure de la tension de vapeur de ces liquides, tension qui est évidemment proportionnelle à leur degré de volatilité, et par suite à leur inflammahilité. Nous faisons voir en outre com- bien cette méthode l'emporte en sensibilité sur les précédentes. Nous don- nons ensuite la description d'un nouvel appareil pouvant servir à la déter- mination de ces tensions (i), et en dernier lieu une table contenant les forces élastiques de la vapeur d'une même huile prise pour type aux différentes températures comprises entre zéro et 35 degrés, de telie sorte que, cou- naissant la tension de l'huile à essayer correspondant à une température donnée, et d'un autre côté la tension que donne à cette température l'huile type, on pourra, de la comparaison de ces nombres, conclure immédia- tement la valeur de l'échantillon sur lequel on a opéré. Enfin, de nos expé- riences nous avons conclu cpie la tension de 64 millimètres d'eau pourrait être adoptée comme limite de celle que devraient posséder les huiles livrées à la consommation publicjue. » MÉCANIQUE appliquée. — Appareil régulateur de la pression de la vapeur. Note de M. Eue Rolland, présentée par M. Combes. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires : MM. Morin, Combes.) « Ea vapeur est appliquée à la fois, dans beaucoup d'usines, à la produc- tion de la force motrice et au chauffage, sous des pressions très -différentes. Le plus ordinairement, elle est fournie par un seul générateur, et la pression dans les appareils de chauffage est réglée par des robinets adaptés aux tuyaux d'amenée de la vapeur, que l'on ouvre plus ou moins, en même (i) Cet appareil est mis sous les yeux de l'Académie. 6.. ( 44 ) temps qu'elle est limitée par des soupapes de sûreté placées sur les appareils eux-mêmes. Ce mode de règlement laisse beaucoup à désirer : il donne lieu à des pertes de vapeur par les soupapes et quelquefois à des ruptures de récipients, tels que cylindres sécheurs, vases à double fond, etc. » M. E. Rolland l'a remplacé, il y a plusieurs années, par un appareil fort simple, qui règle automatiquement la pression, de telle sorte qu'elle ne s'écarte jamais de plus de o, i5 d'atmosphère de la pression moyenne jugée la plus convenable. 11 consiste en un tube de fer courbé en siphon à deux branches verticales et contenant du mercure ; l'une des branches du siphon s'ouvre dans le bas du récipient de vapeur dont elle traverse le fond, infé- rieur; l'autre s'ouvre dans l'atmosphère. La première est terminée par une partie cylindrique d'un diamètre plus grand, formant une cuvette dans laquelle est un flotteur en fonte évidé à l'intérieur pour en diminuer le poids; la cavité est d'ailleurs remplie d'une matière plus légère, telle qu'un mélange de bitume et de sable. La vapeur est amenée au récipient par un tuyau qui traverse son fond supérieur; la partie de ce tuyau qui se trouve dans l'intérieur du récipient est verticale; son axe est sur le prolongement de l'axe de la cuvette du flotteur. Elle est fermée à son extrémité et la vapeur sort par plusieurs ouvertures allongées, de forme rectangulaire, disposées sur le contour de la paroi cylindrique. Un manchon glisse à frot- tement doux sur la partie du tube où sont pratiquées ces ouvertures, qu'il masque complètement ou laisse découvertes en totalité ou en partie, suivant la position qu'il occupe. Ce manchon, qui joue ainsi le rôle d'un tiroir cylindrique sur lequel les pressions exercées par la vapeur se font toujours équilibre entre elles, est lié au flotteur par une tige verticale, de telle sorte qu'il monte ou descend à mesure que le niveau du mercure, et, par suite, le flotteur lui-même s'élève ou s'abaisse dans la cuvelte. Les choses sont réglées de façon que, lorsque la pression dans le récipient est inférieure à la pression normale qui doit y exister, le manchon est au-dessus des ouver- tures qui sont entièrement démasquées. La pression vient-elle à augmenter, la surface du mercure s'abaisse dans la cuvette, le flotteur descend et entraine le manchon qui masque graduellement les ouvertures d'admission de la vapeur et doit les avoir complètement couvertes pour peu que la pres- sion normale soit dépassée. Il faut, pour la sensibilité de l'appareil, que le mouvement du flotteur et du manchon soit lent, tant que la vapeur n'a pas atteint la pression normale, et qu'il devienne très-rapide dès que celle-ci est légèrement dépassée. Ce résultat est obtenu en donnant à l'espace annulaire, (pu sépare le flotteur de la lace intérieure de la cuvette où il est contenu, ( 45 ) une superficie assez petite par rapport à la section totale de cette cuvette, et en ménageant un élargissement considérable vers le haut de la branche du tube ouverte dans l'atmosphère, dans la partie correspondante à la position qu'y occupe la surface du mercure au moment où la pression normale est atteinte. » L'appareil régulateur de M. E. Rolland est établi, depuis plusieurs années, dans les principales manufactures de tabacs, celles de Paris, de Dieppe, de Châteauroux, etc., où il a toujours maintenu les écarts de la pression entre les limites précédemment indiquées. » On pourrait d'ailleurs le rendre beaucoup plus précis encore, si le besoin s'en faisait sentir, en liant le flotteur à un levier à contre-poids corn- pensateur, du genre de celui que M. Rolland a introduit dans son thermo- régulateur, dont la description a été insérée, par ordre de l'Académie, dans le Recueil des Savants étrangers pour l'année 1864. » GÉOLOGIE. — Des phénomènes diluviens. Note de M. Contejean, présentée par M. Daubrée. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires : MM. d'Arcbiac, Ch. Sainte-Claire Devillc, Daubrée.) « 1. Parmi les causes, prises en dehors des phénomènes orographiques, qui ont contribué à donner aux terres fermes (au moins en Europe) leur relief actuel, il y en a deux d'importance capitale : les ablations et les érosions. » 2. Les ablations sont des dénudations fort étendues dans tous les sens et qui ont fait disparaître, sur de vastes surfaces, de puissantes assises et même des étages entiers et des séries d'étages dans les terrains de sédi- ment. » 3. Sur le sol de la France, les ablations se remarquent surtout au pourtour des massifs des terrains anciens qui formaient les rivages des mers secondaires; elles s'arrêtent toujours à une certaine distance de ces rivages, et se présentent comme un phénomène essentiellement littoral. Ainsi, sur l'ancien rivage vosgien, on constate au moins trois ablations distinctes qui ont enlevé : la première, les étages jurassiques supérieurs, sur une longueur de plusieurs myriamètres et sur une largeur variable, entre Belfort et Rou- gemont; la deuxième, les étages néocomien et urgonien, sur une foule de points du rivage nord-ouest de la mer crétacée, et qui a laissé des lambeaux isolés de ces étages au milieu des chaînes jurassiques franc-comtoises; la troisième, qui a fait disparaître la presque totalité des dépôts de craie (46) supérieure occupant l'emplacement du Jura central et méridional, mais cpii a respecté quelques ilôts de ce terrain comme des témoins de son ancienne extension. » 4. Toutes ces ablations sont antérieures à l'époque tertiaire. Ce qui le dé- montre, c'est que les bassins sidérolitbiques (éocène) et la molasse (miocène) des environs de Montbéliard et de Belfort se trouvent en contact el en stratification transgressive avec tous les niveaux des étages jurassiques supérieurs; c'est, en outre, que les dépôts tertiaires des vallées du Jura central (par exemple, de la Cbaux-de-Fonds) sont en contact dans le même lieu, soit avec le terrain jurassique supérieur, soit avec des assises crétacées appartenant à tous les niveaux des étages intérieurs de la formation de la craie. >i 5. Puisque les ablations existent le long des anciens rivages, dont elles dessinent en quelque sorte les contours, et qu'elles sont antérieures à l'époque tertiaire, on peut admettre que la cause dont elles dérivent est liée plus ou moins étroitement aux phénomènes d'exhaussement successif qui ont émergé ces rivages. Très-vraisemblablement, elles en sont la consé- quence, et ont été produites par les eaux marines, qui ont facilement délayé et entraîné au loin les sédiments encore meubles et encore peu élevés au-dessus du niveau des mers à l'époque qui a suivi leur émersion. m C. Les érosiotis sont des dénudations limitées dans le sens de la largeur et dont l'effet principal a été de creuser dans le sol géologique delongs sillons flexueux connus sous le nom de vallées d'érosion. Elles sont extrêmement nombreuses dans les terrains de sédiment, à toutes les altitudes. Elles com- mencent toujours dans les lieux les plus élevés, d'où elles descendent en suivant les déclivités du sol; elles rayonnent autour des massifs monta- gneux; à chaque instant et sur tout leur trajet elles reçoivent des affluents latéraux connus sous le nom de vallées sèches, dont le fond n'est plus occupé par un cours d'eau; elles commencent, soit par des dépressions insensibles partant des points les plus élevés du sol où elles sont creusées, et qui vont en s'élargissanl et en s'excavant de plus en plus, soit par des dépressions à pic constituant des cirques plus ou moins étendus. m 7. Les mêmes apparences s'observent dans les ravines qui se forment sur les terrains meubles à la suite de pluies torrentielles. Leur aspect est identique a celui des vallées d'érosion, elles commencent parles mêmes pentes douces ou les mêmes cirques escarpés; elles offrent les mêmes sinuo- ■itéc dans leur lit principal où aboutissent les mêmes affluents; elles pro- ( 47 ) duisent les mêmes atterrissements, de sorte qu'on peut dire qu'une ravine est une petite vallée d'érosion à la formation de laquelle nous assistons. » 8. Puisque les érosions ont entamé tous les terrains, même les plus modernes, on doit conclure qu'elles sont distinctes des ablations qui se sont manifestées avant l'époque tertiaire, et qui d'ailleurs ne leur ressem- blent en rien quant aux traces qu'elles ont laissées. » 9. Comme les points de départ des érosions se remarquent absolument sur tous les points de notre sol, les eaux qui leur ont donné naissance ont dû intervenir à la fois sur toute la surface des terres émergées. » 10. Puisque les sillons, les vallées sèches et les vallées ordinaires d'éro- sion commencent toujours dans les lieux les plus élevés, ces eaux ne peu- vent provenir de sources ni d'infiltrations. » 11. Elles ne proviennent pas non plus de glaciers; car s'il est vrai qu'un certain nombre de vallées ont un glacier à leur origine, un nombre infini- ment plus considérable commence à des niveaux où les glaciers n'ont ja- mais existé. » 12. L'immense extension des phénomènes d'érosion et leur existence à tous les niveaux exclut l'idée de les attribuer, au moins en général, à des déplacements de grands amas d'eaux douces ou marines. Dans aucun cas d'ailleurs, de semblables déplacements n'auraient creusé des sillons rayon- nant autour des points les plus élevés, effets évidemment produits par des eaux courantes s'écoulant longtemps dans la même direction. » 13. A plus forte raison ne peut-on admettre l'hypothèse d'une inon- dation générale reconvrantlescontinentsjusque verslesplus hauts sommets, non plus que celle d'une immersion complète des terres sous les eaux mannes, suivie d'une émersion, hypothèses toutes gratuites et en opposi- tion manifeste avec les notions de la géologie moderne. » 14. Puisque les eaux qui ont donné naissance aux érosions ont dû se trouver à un même moment sur toute la surface du sol émergé (au moins en Europe); qu'elles ne proviennent ni de sources, ni d'infiltrations, ni de glaciers, et que les hypothèses d'inondation générale, de déplacement des mers sont inadmissibles, ces eaux ont leur origine dans l'atmosphère. » 15. Les érosions ont été faites par des eaux pluviales. » 16. Il est à peine utile d'ajouter que les pluies qui les ont produites, et qu'on pourrait appeler pluies diluviales, avaient une abondance et une durée proportionnelles aux effets observés, et qu'elles dépassaient en intensité les pluies tropicales les plus fortes qu'il nous soit donné de constater de nos jours. ( 43) » 17. Certains faits qui se passent sous nos yeux viennent confirmer notre hypothèse. Puisque les ravines occasionnées par les orages sont abso- lument semblables aux vallées d'érosion par leur commencement, leur forme, leurs sinuosités, leurs affluents, leurs atterrissements, nous devons être conduits à rapporter à une même cause des effets identiques. » 18. Les phénomènes connus sous le nom de diluviens et de glaciaires sont la conséquence des érosions et ont la même cause. » 19. L'hypothèse des pluies diluviales explique complètement tous ces phénomènes. Elle rend compte notamment : du creusement des vallées et des vallées sèches; du transport et de la dissémination des matériaux di- luviens autour des centres qui les ont produits; de la disposition, de la forme, et, dans certains cas, du triage de ces matériaux; delà superposition, des al- ternances, des enchevêtrements de certains dépôts diluviens; de la substitu- tion d'une espèce de diluvium à une autre qui occupait d'abord la même place; de l'alternance, dans quelques lieux, de matériaux diluviens et de matériaux glaciaires; du transport loin de leur lieu d'origine de blocs angu- leux ou émoussés; de l'ancienne extension des glaciers; du retrait souvent interrompu de ces derniers; du remplissage des cavernes à ossements à quelque niveau qu'elles soient situées. Elle satisfait donc aux conditions que doit remplir toute hypothèse pour être admise dans la science. » 20. Les causes des pluies diluviales sont expliquées par les seules lois de la physique, ainsi que j'espère le démontrer dans un prochain travail. Il n'est pas nécessaire de les connaître pour admettre l'existence de ces pluies, mise hors de doute par les effets qu'elles ont produits. » zoologie. — Note sur les Abeilles et un de leurs parasites. Extrait d'une Note de M. E.m. DtcHEMiN. (Commissaires: MM. Milne Edwards, Blanchard.) « Je fus témoin, dans ma jeunesse, du désespoir d'un pauvre paysan qui se trouvait subitement frappé dans ses intérêts par la perte d'une trentaine de ruches d'Abeilles. Il cherchait naturellement quelle pouvait être la cause de ce désastre, et l'attribuait (à tort, ainsi que j'ai pu m'en convaincre plu- sieurs fois depuis) à certaines plantes de son clos que les pauvres mouches amaient sucées. L'Abeille est, selon moi, trop intelligente pour se tromper ainsi. Elle sait fort bien éviter les poisons qui pourraient la tuer, et elle peut extraire même, impunément, le suc de l'arbrisseau appelé Azalea pontica, dont parlent Xénophon et Pline. Si parfois son miel est vénéneux ( 49 ) comme il le fut pour les trois cohortes de l'armée de Pompée, la santé de l'Abeille n'en a pas souffert pour cela. » La perte d'une trentaine de ruches était la conséquence d'un fait que j'ai observé et que je puis expliquer maintenant. » L'Abeille a un ennemi terrible, presque aussi meurtrier pour elle que le froid; le dard de l'Abeille ne pourrait rien contre lui; et cet ennemi de- vait être naturellement introuvable pour le pauvre paysan qui ne voyait que par ses veux, tandis qu'il eût fallu la tonte-puissance du microscope pour le découvrir. » L'ennemi mortel de l'Abeille est un Acarus. Il s'attache à elle; il lui donne la mort. » L'immortel Réaumur a-t-il parlé de ce parasite dans ses ouvrages? Il donne le dessin (i) d'un pou trouvé sur l'Abeille ; mais ce pou ne ressemble en rien à l'Acarus que j'ai observé. C'est, dans tous les cas, un encourage- ment de plus pour aborder résolument la question de la maladie des Abeilles. Je joins à cette Note la figure considérablement grossie de l'insecte dessiné par mes soins et le plus fidèlement possible. » Trouve-t-on seulement cet être microscopique sur l'Abeille malade? Comment naît cet être invisible et meurtrier? Vient-il naturellement sur le Corps de sa victime qu'il sait étreindre avec ses griffes et qu'il ronge et per- fore jusqu'à ce que la mort s'ensuive? » J'ai découvert ce singulier Acare, non-seulement sur l'Abeille, mais souvent aussi sur une plante, YHelimitlnts aiimms. » Est-ce l'Abeille qui dépose sur cette fleur son parasite, ou est-ce la fleur qui communique à l'Abeille le parasite qui fait mourir l'Abeille? » En 1864, j'ai passé tout un été à chercher à résoudre cette dernière question, si intéressante à tous les points de vue. Après avoir protégé en- tièrement la plante de tout contact extérieur, j'ai découvert encore sur elle l'Acare destructeur. » Je crois pouvoir affirmer que. l'ennemi invisible de l'Abeille naît sur Y Helianlhm annuus, et que cette plante est, par ce fait, désastreuse pour la vie de la mouche utile que la main de l'homme ne saurait trop protéger. » (1) Mémoires pour servir à V histoire des Insectes, t. V, p. "]iS, PI. XXXVIll. C. R , iSCO, 1" Semcslre. (T. I.X1I, N° 1.) ( 5o) CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. le Maréchal Vaillant, un opuscule de M. F, Vallès ayant pour titre : « De l'aliénation des forêts au point de vue gouvernemental, financier, climatologique et hydro- logique » . PHYSIQUE DU GLOBE. — Bolide 92 i,47 2>lb 1,84 2>01 2,25 2,5î 3,27 i,i3 3,5o 1,10 3,g4 2,5o 4,oi 2,64 » On voit que la vapeur saturée à 125 degrés, se détendant avec un excès de pression de i'",i3, ne se condense pas, mais que la vapeur à 129 degrés se condense avec un excès de pression de am,52. On conçoit en effet que cette dernière, atteignant pendant la détente la température d'inversion, au moment où elle a une pression égale à la tension maxima qui correspond à cette température, se comporte dès ce moment comme une vapeur qui part d'une température inférieure à celle de l'inversion; aussi, dans ce cas, le brouillard n'est-il visible qu'à la fin de la détente. » M. Lk Yehmer ajoute que l'Association Scientifique a mis à la disposi- tion de M. Cazin tous les moyens de continuer son travail. PHYSIQUE. — Sur la conductibilité du gaz acide hypoazoticjue pour l'électricité. Note de M. Hehpel, présentée par M. Le Verrier. « M. O. Hempel, constructeur de machines électriques d'un nouveau modèle et d'une grande puissance, a observé un fait remarquable de con- ductibilité des gaz. Une machine étant en activité et donnant de fortes étincelles, si l'un place un vase renfermant de l'acide nitrique et de. la tournure de Cuivre au-dessous de l'intervalle qui sépare le conducteur de la boule excitatrice, les étincelles cessent complètement et la machine perd toute sa tension, dès que la vapeur rutilante s'élève dans l'espace que tra- versait l'étincelle. La tension réapparaît immédiatement lorsque, par le renouvellement de l'air, le nuage rouge a été dissipé. » Cette expérience curieuse est facile à répéter dans les cours. Elle ne réussit bien que dans un air sec. Si l'air est humide, la formation d'acide nitrique l'empêche de reprendre aussi vite sa faculté isolante. » ( 59) M. Le Verrier présente un travail de M. l'abbé Ginard, curé d'Agon (Manche), intitulé : « Nouvelle théorie de la fondre, et moyens simples de s'en préserver » . CHIMIE MÉDICALE. — Sur les boues médicinales de l'île d'Ischia; par M. Phipson. « La troisième Lettre de M. Ch. Sainte-Claire Deville sur les émanations volcaniques des Champs Phlégréens (1), dans laquelle ce savant étudie les points d'émanation dans l'île d'Ischia, me rappelle qu'on m'avait prié, il y a environ un an, de faire l'analyse de deux échantillons de boues volca- niques de cette île, l'un provenant d'une source appelée Gurgilello, l'autre de la source delV Arita, et dont j'ai l'honneur de communiquer les résultats à l'Académie. » Les deux flacons contenant ces boues, qui ont été expédiés directe- ment à mon laboratoire à Londres, portaient les étiquettes Fango del Gur- gitello et Fango delV Arila. Les invalides qui visitent l'île d'Ischia ont l'ha- bitude, m'a-t-on dit, de plonger leurs bras et leurs jambes dans ces boues volcaniques pour guérir les attaques de rhumatisme, etc. Les contenus des deux flacons diffèrent en apparence et par leur odeur, quoiqu'ils soient composés à peu près de même. Ces fanges sont formées en effet de grains feldspathiques et volcaniques qui résultent de la destruction des roches de la localité. Le tout constitue un sable volcanique rendu boueux par de l'eau et des débris de matière végétale. Les grains examinés à la loupe et au mi- croscope ont été reconnus pour être formés de lave, feldspath vert, ryacolite en grains vitreux, augite, quartz, mica, oxyde magnétique, et par-ci par-là quel- ques fragments de marbre. Voici l'analyse et les propriétés de ces deux fanges : Fango dcl Gurgilello. l4*ango delV Arita Gris-verdâtre; pas d'odeur i in- Ps'uir ; odeur d'algues pi itréfiées sipide, sableux, avec pe u de et d'hydrogène sulfuré . Donne boue. Dépose du soufre sur PbS sur un papier imbibe une plaque d'argent en vingt- d'acétate de plomb lorsqu'on quatre heures. chauffe. 3o,o 4,0 Eau 42,85 4,o5 Matière organique. . . . Matière organique. . . . ',4 Sulfure de fer noir. . . i,36 Carbonate de chaux. . . 1,2 2 ,00 point Carbonate de chaux . . 2,60 traces point Sable volcanique de la Soufre. quantité notable nature indiquée. . . . 63,4 4o,i-f 100,0 100,00 (1) Comptes rendus de V Académie des Sciences, 1 3 novembre iS65. 8.. (6o ) » La quantité d'acide sulfhydrique est si faible, que j'ai cru que l'agitation causée par le voyage avait chassé ce gaz des flacons, dont les bouchons fer- mant à l'émeri et recouverts de cire à cacheter pouvaient peut-être laisser échapper l'hydrogène sulfuré. Cependant, comme M. Ch. Sainte-Claire Deville a trouvé que, même pour les émanations du Monle-Citto qui noir- cissent le papier à acétate de plomb, l'acide sulfhydrique n'est pas dosahle, je crois que mes échantillons sont arrivés à Londres inaltérés par le voyage. » La couleur noire de la fange dell' Arila est due à une faible couche de sulfure de fer noir qui enveloppe chaque grain de feldspath vert. L'acide liytlrochlorique dilué l'enlève avec dégagement d'hydrogène sulfuré; l'expo- sition à l'air suffit aussi pour la faire disparaître par oxydation. Dans ces circonstances la boue dell' Arila devient tout à fait semblable à celle du Gur- gitello. » Ce qui est curieux, c'est que l'acide sulfhydrique (comme on l'a re- marqué dans d'autres circonstances pour l'acide sulfureux et l'acide carbo- nique) attaque Y oxyde ferreux des roches feldspathiques de préférence aux air, dis de ces roches, car les grains incolores et vitreux de ryacolite qui existent en quantité dans [efango dell' Arila n'ont pas subi la moindre dé- composition. « L'eau séparée du sable et de la matière végétale des boues ne présente rien de particulier; elle donne les réactions de la chaux, des sulfates, des chlorures, etc., mais ne paraît différer de l'eau de rivière ordinaire que par une faible odeur putride. La quantité d'acide sulfhydrique dans cette eau a été dosée; j'ai trouvé que cette quantité s'élève seulement à t u 060 u 0 du poids de l'eau. » Le brome et l'iode n'ont pas pu être mis en évidence dans ces boues, ni dans l'eau que j'en ai séparée. En passant un aimant à travers bipartie sableuse desséchée à l'air de la boue dell' Arila, j'ai vu qu'il se recouvrait sur les bords d'une quantité notable d'oxyde de fer magnétique tout à fait exempt de titane. Dans \eJimgo del Gurgitello il y en avait inoins. » L'action thérapeutique de ces boues réside sans doute dans la friction produite sur la peau par les grains de sable et dans la petite quantité de soufre qu'elles contiennent a l'état d'acide sulfhydrique et de sulfure noir de fer. » (6, ) physique DU GLOBE. — Observations sur une Note de M. Liais sur In ren- contre de la Terre et de la queue de la grande comète de 1861, séance du a'] novembre 1 865 ; par M. Phipson. « Dans cette Note insérée au Compte rendu de la séance du 5.7 novembre dernier, M. Liais dit : « Aucun brouillard sec ne s'étant produit en 1 8(3 r , » on voit qu'il faut renoncer à attribuera des queues de comètes les brouil- » lards secs de 1783 et 1 83 1 . » » J'ai l'honneur de rappeler à l'Académie, à cette occasion, que nous avons eu en 1861 un brouillard sec immense dont j'ai donné la des- cription dans les Comptes rendus de r Académie des Sciences (24 juin 1861). Cependant je ne crois pas pour cela que les brouillards secs soient causés par les queues des comètes. » M. Ramon de la Sagra, qui dans une des précédentes séances avait adressé un exemplaire des « Tables nécrologiques du choléra-morbus qui a sévi à lu Havane en i833 », demande que cette pièce, qui avait été envoyée à titre de renseignement à la Commission du prixBreant, soit réintégrée à la Biblio- thèque, où elle pourra être consultée par les personnes qui étudient ces questions. Conformément au désir exprimé par M. Ramon de la Sagra, cette pièce sera redemandée à la Commission et prendra place dans la Bibliothèque. M. Becker adresse de Cassel une Note écrite en allemand « sur l'abus de la vaccination et sur les moyens de préserver des marques de la petite vérole » . M. J. Cloquet est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoir à l'Académie s'il y a lieu de la renvoyer à l'examen d'une Com- mission. M. Starck envoie de Bozen, en ïyrol, une Note sur la nature du choléra et sur un traitement qu'il dit avoir employé avec succès contre cette ma- ladie. A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à G heures un quart. É. D. B. (6a ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 2 janvier 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Selccta Fungorum Carpologia, etc.; par MM. L.-R. Tulasne et C. Tu- LASNE; t. III; 1 vol. in-4°, avec 22 planches. Paris, i865. Note sur le caractère périodique de l'établissement des journées orageuses; pat M. Fournet, Correspondant de l'Institut. Opuscule de 4 pages grand in-8° avec 1 planche. Lyon, 1 865. Tableaux de population, de culture, de commerce et de navigation pour l'an- née i863, publiés par M. le Ministre de la Marine et des Colonies, i vol. in-8°. Paris, i865. Bulletin de Statistique municipale, publié par les ordres de M. le Baron HAUSMANN, mois d'août 1 865. Paris, (865; br. in-4°. La France et l'étranger, études de Statistique comparée; par M. A. LEGOYT. Paris, 1 865 ; 1 vol. grand in-8°. (Commission du prix de Statistique. ) Animaux fossiles et Géologie de l'Atlique; par M. Albert Gaudry. Feuilles 37 à 4 '? avec les planches XLIX à LX. Cet ouvrage est complété par un ma- nuscrit. (Renvoyé au concours Cuvier.) La prévision du temps ; peu M. BRESSON. Paris, 1866; t vol. in- 12. Annuaire philosophique; par M. L.-A. Martin; t. II, 1 865. Paris, 1866; 1 vol. in-8°. Le choléra est- il contagieux? par M. Stanski. Paris, 1866; br. in-8°. Société académique de Nantes et de la Loire-Inférieure, Piapparl de la Com- mission des prix sur le loncours de Vannée 1 865 ; par M. le Secrétaire Ed. Du- FOUR. Nantes, sans date; br. in-8°. Compte renilu des travaux île la Société d'Horticulture pendant l'année 1864 ; par M. Ed. Dufour. Nantes, sans date; br. in-8°. Exposé de la théorie physiologique pendant la fermentation, d'après les tra- vaux de M. Béckamp; par M. A. Estor. Montpellier, i865; br. in-12. (Exti ait du journal le Messager du Midi.) Enuméràtion des Mousses nouvelles, rares et peu connues des enviions du Mont-Blanc; parM. Payot. Chamounix, 1 865; br. in-8". (Extrait du Dul- letin de laSo iélê Vaudoise des Sciences naturelles, n° 53.) Mémoire sur la théorie anal) tique de la chaleur; par M. de Coi.net - d'Huart. Luxembourg, 1 865 ; br. in-8°. De l' aliénation des forêts; par M. V ALLÉS. Paris, 1 865; 1 vol. in-8". Note sur le choléra; par M. P. VALANTE, avec l'exposé de sa méthode cu- rative. Paris, i865; br. in-8". 3 exemplaires. (Renvoyé à l'examen de la Commission Bréant.) ( 63) Commission géologique du Portugal. Végétaux fossiles, ire livraison; Flore fossile des terrains carbonifères; par M. B.-A. Gomès. Lisbonne, i865; in-4°. PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR l' ACADEMIE PENDANT LE MOIS DE DÉCEMBRE 18Gi>. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, Boussingault, Regnault ; avec la collaboration de MM. Wurtz et Vehdet; mois de novembre i865; in-8°. Annales de i 'Agriculture française ; nos22 et 23, 1 8G5 ; in-8°. Annales Forestières et Métallurgiques; mois de novembre i865; in-8°. Annales médico-psychologiques ; mois de novembre i865; in-8°. Annales de la Société d' Hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des séances; t. XII, ire livraison; i8G5; in-8°. Annuaire de la Société météorologique de France; mois de novembre, feuilles 11 à a3, 1 865 ; in-8°. Annales du Génie civil; mois de novembre et décembre i8G5; in-8°. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXXI, n° l\, 1 865 ; in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; mois de septembre, octobre et novembre 1 865 ; in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; n°* 8 et 9, i865; in-8°. Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale; mois d'octobre 1 865 ; in-4°. Bulletin de la Société de Géographie; mois de novembre 1 865 ; in-8°. Bibliothèque universelle et Bévue suisse; n° 95. Genève, i865; in-8°. Bulletin de la Société d'Anthropologie de Paris; juin à juillet ï 865 ; in-8°. Bullettino meteorologico detl' Osservatorio del Collegio romano ,• n° 1 1 , i865; in-4°. Bulletin de la Société impériale de Médecine, Chirurgie et Pharmacie de Toulouse; mois de juillet à octobre i865 ; in-8°. Bulletin général de Thérapeutique; nos 10, 1 1 et 12, 1 865 ; in-8". Cosmos; nos 22 à 26, i865 ; in-8°. Gazette des Hôpitaux; nos 142 à ï52, 1 865 ; in-4°. Gazette médicale de Paris; n"s 49 à 52, 1 865 ; in-40. Gazette médicale d'Orient; numéro du 8 novembre i865; in-4°. Journal d'Agriculture pratique ; uos 20 et 24, 1 865 ; in-8u. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; mois de décembre 1 865 j in-8°. (64 ) Journal de ta Société impériale et centrale d Horticulture ; mois de no- vembre 1 865 ; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; mois de décembre 1 865; in-8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n0' 33 à 36, i865; in-8°. Journal de Médecine vétérinaire militaire; mois de novembre et décembre i865; in-8°. Journal des fabricants de sucre; nos 33 à 37, i865; in-f°. Kaiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne; nos 26 et 27; 1 feuille d'impression in-8°. La Science pour tous; nos 1 à 4, 1 865 ; in-4°- La Science pittoresque ; nos 3 r à 35, 1 865 ; in-4°. L'Abeille médicale; nos 5o à 5a, i865; in-4°. L Agriculteur praticien; n0S2i à a3, i865; in-8°. L'Art dentaire; mois de novembre et décembre i865 ; in- 12. Le Gaz; n° 10, i865; in-4°. Le Moniteur de la Photographie; n05 18 et 19, 1 865; in-4°. Le Mouvement médical; nos 33 à 33, 1 feuille, i865; in-8°. Le Technologiste ; mois de décembre i865; in-8°. Les Mondes... nos i3 à 17, 1 865 ; in-8°. LIncoraggiamento. Giornale di Cltimica e di Scienze qffini, d'Industria e di Arti; organo delV Associazione délie conferenze chimiche di Napoli; n05 9 et 10, i865 ; in-8°. Montpellier médical... Journal mensuel de Médecine; mois de décembre 1 865 ; in-8°. Magasin jnltoresque; mois de décembre i865 ; in-4°. Nouvelles Annales de Mathématiques; mois de décembre i865; in-8°. Pharmaceulical Journal and Transactions ; n°' 5 et 6, 1 865 ; in-8°. Presse scientifique des Deux Mondes; nos 1 1 et 1 2, 1 865 ; in-8°. Répertoire de Pharmacie; mois de novembre et décembre i865; in-8°. Revue maritime et coloniale; mois de décembre i865; in-8°. Revue de Tliérapeuliquc médico-chirurgicale ; n05 23 et 24, 1 865 ; in-8°. Società reale di Napoli. Rendiconto dell' Accademia délie Scienze fisiche c matetnaliche. Naples, mois d'octobre et novembre 1 865 ; in-4°- The Journal of the royal Dublin Society; mois de juillet, août et sep- tembre i86>. Londres; in-8°. The Reader, n05 1 53 à 157, i865; in-4°. The Scientific Revieiv; n°5 10 et 11, 1 865 ; in-4°- COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SEANCE DU LUNDI 8 JANVIER 1866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. A l'ouverture de la séance, M. le Président annonce la perte doulou- reuse que l'Académie vient de faire dans la personne de M. Montagne, décédé le 5 janvier 1866. M. Adolphe Brongniart, interprète des sentiments de l'Académie, a prononcé un discours sur la tombe du savant botaniste. M. le Président donne ensuite lecture d'une Lettre de M. Barreswil, cpii, faisant connaître en qualité de parent du défunt cette triste nouvelle, ajoute que la dernière pensée du vénérable botaniste a été pour l'Académie qu'il a constituée sa légataire après certains prélèvements en faveur du Muséum d'Histoire naturelle, de savants ou d'amis. ALGÈBRE. — Sur l'équation du cinquième degré; par M. Hermite. (Suite.) « IX. Les résultats obtenus dans l'étude des formes à deux indéterminées, indépendamment de leur intérêt propre, paraissent avoir pour conséquence de donner à la théorie des équations algébriques une base nouvelle, et je ne pense pas m'éloigner trop de l'objet principal de ces recherches en mon- trant de quelle manière les nouveaux éléments de l'Algèbre, invariants et covariants, s'introduisent dans les questions résolues pour la première fuis par le théorème de Sturm. Mais on verra leur rôle commencer seulement C. R., 1866, 1er Semestre. (T. LXII, N° 2.) 9 ( 06 ) à partir du cinquième degré, comme pour rendre manifeste, sous un nou- veau point de vue, la profonde différence qui sépare les équations des quatre premiers degrés, seules soluhles par radicaux, de celles des degrés supérieurs. Ainsi on a déjà remarqué que la formule générale de transfor- mation _ t, y, (.r, i) -+- ttf, (.r, l) -+- . . ■ -+- /„_, ?„_, Q, i) n'a pas d'existence effective à l'égard des équations du troisième et du qua- trième degré; mais, ces cas exceptés, je vais donner la définition des n — i covariants qui servent à la composer. » Je dis, en premier lieu, que toute forme du degré n admet un cova- riant quadratique du second ordre en supposant n impair, du troisième pour n = 4 ' + 2> et enfin du cinquième pour n = '\i 4- 8, ce qui exclut le cas de n = !\. » On a effectivement, pour les formes du second et du troisième degré («, /;, a) (jc,y)2, [a, b, b', a') (x, y)3, ces covariants : [aa! — b2 f(a,b,a'){jc,y)2, {a2 a'2 4- l^nb'3 + 4a' b3 - 3b2 b'2 - Gaa'bb'Y X [b2 - ab', bb' - an', b'2 - a'b) (x, y)2, d'ordre 2/4-1 et 4*4- 2; on en conclut par la loi de réciprocité l'exis- tence, pour les formes de degré ar -H 1 et 4' 4- 2, de covariants quadra- tiques fin second et du troisième ordre. Pour le dernier cas, il est nécessaire de partir des formes du cinquième degré, et je vais établir qu'elles ont un covariant quadratique d'ordre 4' 4- 8. J'opère à cet effet sur le covariant cubique et du troisième ordre, ayant pour expression canonique (■*> ') +■ ■ ■ + /„-, y»-, (.r, ') on aura n2 (n) + n2 {b) + . . . + n2 (k) = nt% + $2 («) + o convient aux deux autres cas de cinq racines réelles OH de quatre imaginaires, qu'il s'agit donc d'examiner. » Pour le premier, F doit se réduire à une somme de carrés tous affectés (69) de coefficients positifs; ainsi il faut et il suffit que les formes quadratiques (I) D.^-ôBD/i» — D(D(- ioAB)f% (II) - B«2+2D,mv-+- (9BD — ioAD,)w2 soient définies et positives. Faisant donc, comme au § VIII, N = D2 — ioABDf + gB2D, on aura les crileria suivants : N < o, D, > o, B < o. » Pour le second, deux des coefficients des carrés doivent être négatifs, ce qui est réalisé de deux manières différentes : d'abord par la condition unique N > o, car les formes (I) et (II) seront ainsi des différences de car- rés, et ensuite en les supposant toutes deux définies, l'une étant positive et l'autre négative. Cela donne avec N < o les conditions D, > o, B > o, ou bien celles-ci D, < o, B < o, c'est-à-dire simplement BD, > o. » On remarquera que parmi ces criteria ne figure point la combinaison N < o, D, < o, B > o; et le motif de cette exclusion est qu'on supposerait ainsi les formes (I)et (II) définies et négatives, c'est-à-dire F réductible à quatre carrés affectés de coefficients négatifs, ce qu'on reconnaît impossible d'après son origine même. Le tableau suivant peut donc résumer nos conclusions : N > o, une racine réelle, quatre imaginaires; N < o, BD, < o, une racine réelle, quatre imaginaires; N < o, BD, > o, cinq racines réelles. » Mais voici un autre système de criteria auquel va nous conduire la méthode suivante. » Supposant toujours le discriminant positif de manière à n'avoir à dis- tinguer que deux cas, j'écris, comme au § VIII, ( 7°) Cela posé, soit pour un instant _)_ 0J^=[^2 — Gco^+([oÀw — Dj v2] — [un2 — aD«u' + D(ioA — ()03)u'2 j. On observera qu'on peut rendre un carré parfait chacune des deux formes quadratiques en t et v, u et w, en posant t) o)'J - i o A w + D = o, de sorte qu'en nommant w et &>' les deux racines de cette équation, on aura )2 — oj (« w) > >f + u'^.= {t — 3o/f)2 - &>'(« — -, w\ , et, par conséquent, ^ » ™^ D,w — BD r, ., , ., ,/ D V"| D, a de sorte que F deviendra (T4- V-TV)8-}- (T- v'^V)2- (U + v-Tw)2- (U - V^W)2, ( 7' ) ou bien 2T!-îV2-2U2+ 2W2. » Nous parvenons ainsi à deux carrés affectés rie coefficients négatifs, et, par conséquent, quatre des racines de l'équation proposée sont imaginaires. » Soit, en second lieu, 2jA2- 9D > o; deux cas seront à distinguer suivant que A sera positif ou négatif. » Dans le premier, les deux racines w sont positives, on est donc comme tout à l'heure conduit à deux carrés dont les coefficients sont négatifs. Et 11 1 -i 1 -î ... , D,&> — BD dans le second cas u en sera de même encore si les quantités — , D,w'— BD , . ~ — ; sont de signes contraires. Or on trouve (D, w - BD) (D, 0/- BD) = - ND, d'où la condition N> o. » Enfin, en supposant N < o, F se réduira à une somme de carrés, dont les coefficients auront tous le même signe, et par conséquent seront positifs, le cas où ils seraient négatifs devant être rejeté comme on l'a déjà vu. Ees conclusions qui précèdent sont ainsi résumées : •25A2 — qD < o, une racine réelle, quatre imaginaires; 25A2— qD > o, A > o, une racine réelle, quatre imaginaires; 25A2 — qD > o, A < o, N > o, une racine réelle, quatre imaginaires; 25 A2— qD > o, A < o, N < o, cinq racines réelles. » Elles s'accordent avec les résultats auxquels est parvenu M. Sylvester dans le Mémoire déjà cité, et j'observerai, pour en faciliter la comparaison, qu'on a, entre A, B, C et les quantités désignées par J, R, L, A dans ce Mémoire, les relations suivantes : J = A, K = - B, qL = C-H AB, A = A3- »«*L. » Mais la marche que j'ai suivie ne saurait conduire à ce fait, si important et si nouveau en Algèbre, des criteria renfermant un paramètre variable entre certaines limites, et qui me paraît une des plus belles découvertes du ( 7* ) savant géomètre anglais. C'est clans une autre direction que je vais suivre encore ces questions intéressantes, en m'occupant du système des fonctions dont les signes servent à déterminer le nombre des racines réelles, com- prises entre des limites données. » COSMOLOGIE. — Météorites tombées le 25 août 1 865 dans la tribu des Scnhadja, cercle d'Aumale, province cl' Alger; fer météorique signalé à Dcllys; pur M. Daibuée. « Une chute de météorites a eu lieu le a5 août dernier, entre onze heures et midi, en Algérie, dans le cercle d'Aumale, à 5o kilomètres au nord de cette ville, non loin du ruisseau dit Oued Soufflât. » Principales circonstances de la chute. — Les principales circonstances de la chute que je vais faire connaître ont été recueillies sur les lieux mêmes, et dès le lendemain, par M. Grenade, géomètre de première classe du service topographique, qui m'a adressé avec la plus grande obligeance le résultat de ses investigations. J'ai emprunté aussi quelques détails au Rapport cpie M. Vatonne, ingénieur des Mines, a adressé à M. le Gouver- neur général (i), et dans lequel il mentionne des faits recueillis par deux officiers du bureau arabe, que le commandant de la subdivision d'Aumale, M. le colonel Renson, s'était empressé d'envoyer sur les lieux. » Il n'est pas sans intérêt de connaître dans quels termes un indigène a rendu compte de la chute dont il a été témoin, à moins de vingt pas de dis- tance, près de la Mechta nommée Gouamar, dans la tribu des Ouled Sidi Salem : n 11 était à peu près la moitié du jour; je revenais de la forêt, lorsque » tout à coup j'entendis une forte détonation semblable à celle de plusieurs » pièces de canon. Je fus surpris et regardai de tous côtés. Ce ne pouvait être » le tonnerre, car un instant auparavant le ciel était très-pur. Presque au » même instant j'entendis un ronflement dans l'air. Je regardai au-dessus » de moi : je vis un nuage et quelque chose de noir qui se précipitait sur » ma tète. Je m'affaissai et recommandai mon âme à Dieu, en pensant de- » voir être écrasé sous l'objet qui descendait du ciel ; mais à l'instant cet » objet tomba près de moi et fit jaillir un tourbillon de poussière. Je cou- » rus en cet endroit, tout surpris de ne pas être mort. Je vis alors une (i) Gazctie médicale de l'Algérie du 25 octobre i865. Je dois faire remarquer ici que la (laie de la chute n'est pas du 21 juillet, comme il est imprime dans ce Rapport, mais du 25 août. (73) » pierre. En voulant l'extraire du trou qu'elle avait produit, je fus obligé » de retirer immédiatement la main; car je sentis une chaleur excessive. » J'attendis quelque temps; puis j'allai chercher d'autres personnes avec » des pioches, et dans la soirée nous retirâmes la pierre, qui avait perdu » presque toute sa chaleur. Nous en brisâmes des fragments pour les con- » server précieusement, afin de nous garantir desChitanes; puis nous la » portâmes au caïd (i). » » L'échantillon qui était entre les mains du caïd de la tribu, au moment de la visite de M. Grenade, formait encore la plus grande partie de la masse primitive; aussi a-t-il été possible, en s'aidant des renseignements de ceux qui avaient vu la météorite avant qu'on la brisât, de se représenter la con- figuration qu'elle avait en tombant sur le sol. Sa forme, que l'on ne peut définir en termes géométriques, a été comparée à celle d'un parallélipipède à base carrée qui serait renflé par son milieu, ou mieux à une double py- ramide, aussi à base carrée, à angles terminaux très-aigus, et tronquée de manière à présenter à ses extrémités deux bases quadrangulaires. Elle avait 35 centimètres suivant sa plus grande dimension; sa section, prise vers le milieu, était de 16 centimètres sur 22 ; la face, à peu près de forme carrée, qui la terminait vers ses deux extrémités, avait moyennement 11 centimè- tres de côté. Le poids ne devait pas excéder 25 kilogrammes. Quant au fragment transmis à Alger, il pesait 6kll,8oo. » Le tronque la masse avait formé en pénétrant dans le sol, avait une profondeur de 5o centimètres. Le terrain était meuble jusqu'à 20 centi- mètres; mais au delà il consistait en un calcaire très-dur qui, malgré sa résistance, avait été perforé sur 3o centimètres. Les parois de la cavité étaient très-lisses, ce qui dénote l'intensité du frottement. » En comparant la section du trou à la forme de la météorite, il fut pos- sible de constater que la météorite, au moment où elle vint frapper le sol, présentait l'une de ses pointes en avant. » Le même jour et à la même heure, on vit tomber une seconde météo- rite dans la tribu des Senhadja, fraction des Béni Ouelben ; ce second point, d'après M. Grenade, est situé à 4800 mètres de distance du premier, vers nord 12 degrés est. Il est par i°2o' de longitude est, et 36°27' de latitude nord . (1) Ces pierres, au dire des marabouts, sont lancées contre des Chitanes insubordonnés, et par conséquent émanent d'une source divine; aussi les marabouts de la tribu des Ouled Sidi Salem les recherchèrent-ils avec empressement pour les porter en amulettes et s'en servir de talisman contre toute divinité infernale. C. R., 1SGG, i8r Semestre. (T. LXII, N° 2.) ' ° ( 74) » Le bruit qui se fit entendre clans cette localité ressemblait aussi « à un » coup de tonnerre suivi de nombreuses petites explosions, semblant pro- » venir de trois canons tirant ensemble, et dont les boulets éclateraient dans » tous les sens. » A ce bruit, qui était extraordinaire par un temps parfaite- ment clair, un indigène leva la tête; il vit la terre sauter et un nuage de poussière s'élever à peu de distance de lui. Sur-le-champ il se rendit à l'en- droit où ce phénomène s'était produit, et remarqua dans la terre une exca- vation vide, de 3o centimètres de profondeur et de 4o centimètres de rayon à la surface; un petit buisson placé au-dessus et à l'ouest du trou avait eu les branches coupées. Le corps solide dont le choc avait causé ces accidents avait dû rouler plus bas, par suite de la pente très-abrupte de la montagne. Il fut en effet trouvé, quelques instants après, sur un chemin qui passe au- dessous du point de la chute (i). » Ce second échantillon était, dit-on, à peu près de même dimension que le premier, dont il se rapprochait également par sa forme rappelant celle d'un parallélipipède (2). » Il paraît certain que d'autres météorites ont été projetées au même instant, en dehors des deux points où des circonstances particulièrement favorables les ont fait signaler ; mais le pays étant peu habité et très-acci- denté, la chute de la plupart d'entre elles a dû passer inaperçue. » Les deux plus volumineux des échantillons que je mets sous les yeux de l'Académie, du poids de6kil,700 et de ikil,620, sont dus à la libéralité de M. Ville, ingénieur en chef des Mines à Alger, auteur de nombreuses et in- téressantes recherches sur la constitution géologique de l'Algérie. Il les avait reçus par l'intermédiaire de M. le colonel Renson, et a bien voulu ac- cueillir ma prière en les offrant à la collection du Muséum d'Histoire natu- relle. C'est également un devoir pour moi d'adresser de vifs remercîments à MM. Grenade; Nicolas, conducteur des Ponts et Chaussées; Gustave Mercier, pharmacien à Aumale; Paradis, pharmacien en chef à l'hôpital militaire, ainsi qu'à M. le baron Aucapitaine, adjoint au bureau arabe de Médéa. L'Académie des Sciences s'associera, je n'en doute pas, aux senti- (1) Ces renseignements ont été recueillis sur place par M. île Ferron, adjoint au bureau arabe d'Aumalc. (?.) Comme les indigènes de la tribu des Scnliadja ne soni pas marabouts, de même que leurs voisins, ils l'ont conservé entier et l'ont fait remettre à M. le colonel Renson, qui en a transmis à Alger un morceau pesant 3kil, 3oo. Cet échantillon, l'un de ceux qui sont déposes au Muséum, offre trois faces sensiblement planes, dont deux presque exactement perpen- diculaires entre elles; l'arête d'intersection de ces faces antérieures est à peine arrondie. (75) ments de gratitude de l'administration du Muséum envers les personnes qui ont ainsi contribué à enrichir une collection dont le développement pré- sente un très-grand intérêt. » Caractères minéralogiques de la météorite du a.5 août i865. — La mé- téorite des Senhadja se rapporte par ses caractères minéralogiques au type le plus commun parmi les masses qui nous arrivent des régions planétaires. » Elle consiste, pour la plus grande partie, en une substance pierreuse d'un gris cendré, à grains fins, et rayant le verre avec facilité. » Dans cette pâte lithoïde sont disséminés en grand nombre de petits grains à éclat métallique, dont beaucoup sont discernables à l'œil nu. Un examen attentif a montré que ces grains à éclat métallique appartiennent à plusieurs espèces distinctes : » i° Le barreau aimanté sépare de la masse, préalablement pulvérisée, des grains gris d'acier et malléables, qui consistent en fer allié de nickel; c'est à la présence de ces grains, parfois très-fins, que la météorite doit la pro- priété d'agir très-fortement sur l'aiguille aimantée. Toutefois le gaz hydro- gène qui se dégage, quand on traite ces grains par l'acide chlorhydrique faible, est accompagné, dans les premiers instants, d'acide sulfhydrique, ce qui annonce le mélange d'une petite quantité de sulfure à un état facile- ment attaquable par les acides faibles. » La partie attirée, déduction faite des particules pierreuses adhérentes au fer nickélifèreet qui sont entraînées avec lui, a été trouvéedeg^ pour ioo. » 2° Dans la partie non attirable il se trouve de nombreux grains, aussi à éclat métallique, d'une teinte jaune-bronze et présentant parfois une iri- sation vive à leur surface; ils sont dépourvus de formes cristallines. Traités par l'acide chlorhydrique faible, ils dégagent aussi de l'acide sulfhydrique, et se comportent comme le protosulfure de fer. » 3° Quelques grains d'un jaune de laiton résistent à l'action de l'acide chlorhydrique concentré, et ne sont solubles que dans l'eau régale : ces derniers ont donc les caractères de la pyrite proprement dite. Il est à remar- quer que cette pyrite, inattaquable par l'acide chlorhydrique, s'effleurit rapidement. Des grains humectés se recouvrent déjà, au bout d'un ou deux jours, d'une croûte verte de sulfate de protoxyde de fer qui gagne graduellement vers le centre. » 4° Enfin, la masse renferme de nombreux grains noirs, opaques, sans action sur le barreau aimanté, inattaquables par les acides, qui ont tous les caractères du fer chromé; quelques-uns d'entre eux présentent la forme de l'octaèdre régulier avec des troncatures sur les arêtes. io.. ( 76) » Quant à la partie pierreuse de la météorite, elle est généralement à grains très-fins; elle présente çà et là, mais en petit nombre, des globules sphériques, à texture compacte, d'un gris verdâtre, dont le diamètre varie de \ à 5 millimètres. » On reconnaît également, en quelques points, une substance d'un gris verdâtre plus foncé, dont la cassure se distingue par une structure fibreuse très-fine, mais fort régulière. Examinée à la loupe, cette cassure présente une succession d'arêtes parallèles et très-rapprocbées, alternativement rentrantes et saillantes, qui rappellent tout à fait les stries bien connues dans les feldspaths du sixième système, où elles sont produites par une succession d'hémitropies. Une substance tout à fait analogue a même été signalée dans la pierre de Château-Renard comme appartenant à l'albite. L'examen que j'ai pu faire sur de très-petites parcelles apprend que cette substance, malgré ses apparences, ne peut faire partie du groupe des feldspaths; elle paraît se rapporter à un silicate magnésien analogue à l'enslatite et à la bronzite. » En examinant les cassures fraîches de la météorite avec un grossisse- ment convenable, on y découvre, en une multitude de points, des parti- cules striées ou cannelées longitudinalement, d'une manière parfois assez régulière pour simuler certaines formes organiques, ou imiter, avec des proportions incomparablement plus petites, ces configurations si fréquentes dans certains calcaires du muschelkalk, auxquelles on a donné le nom de stylolithcs. Ces diverses apparences, d'une régularité souvent surprenante, doivent être attribuées, non-seulement à la dissémination de la substance fibreuse que je viens de signaler, mais peut-être aussi à certaines actions mécaniques de frottement et d'arrachement. » Une plaque très-mince de cette météorite, soumise au microscope, montre qu'à part les grains opaques et métalliques qui ont été décrits plus haut, elle se compose, pour la plus grande partie, de grains transpa- rents, sensiblement incolores, et remarquables par les nombreuses fissures de clivages qui les traversent, rappelant ainsi la texture des tracbytes. Quelque ir réguliers que soient leurs contours, tous les grains transparents, même les plus petits, agissent sur la lumière polarisée à la manière des corps cristallisés. Au milieu de grains à contours irréguliers, quelques-uns présentent les contours d'un hexagone non régulier, mais symétrique. Comme ils disparaissent sous Faction d'un acide, ils consistent probable- ment en péridot cristallisé. L'état de fendillement de ces cristaux ne permet pas de les dégager pour les examiner plus complètement. En outre, quel- ( 77 ) ques petits grains d'un vert jaunâtre, et facilement attaquables par l'acide chlorhydrique, paraissent aussi du péridot, mais avec sa teinte habituelle. Ces parties vertes sont, en général, juxtaposées à des grains de fer mé- tallique. » Il est encore à remarquer que les grains de fer chromé sont tantôt accumulés autour des globules pierreux, tantôt logés entre les fissures de cristaux incolores; ces fissures étant parfois en séries parallèles et disposées suivant deux directions rectangulaires, il en résulte que le cristal ainsi pénétré présente une certaine ressemblance avec la structure cellulaire des végétaux. » De même que dans les autres météorites d'apparence semblable, l'ac- tion de l'acide chlorhydrique concentré décompose la masse pierreuse en deux silicates, l'un facilement attaquable avec formation immédiate de gelée, l'autre inattaquable dans les mêmes conditions. Les bases prédomi- nantes de cette masse silicatée sont la magnésie et le protoxyde de fer. » La densité de la météorite prise dans son ensemble a été trouvée par M. Vatonne de 3,65. » En ce qui concerne la composition chimique de cette partie silicatée, je renverrai à l'analyse qui en a été donnée par M. Vatonne, ainsi qu'à celle qui en sera faite prochainement dans le laboratoire de chimie du Muséum. Je me bornerai à signaler ici une particularité digne d'intérêt, c'est la présence de sels solubles dans l'eau, et consistant en chlorure de sodium, avec accom- pagnement de carbonate de soude, comme M. Vatonne déjà l'a reconnu. Il y a absence de potasse. L'analyse spectrale de cette partie soluble y a en outre fait reconnaître à M. Baille les raies caractéristiques du nickel. » Jusqu'à présent, la présence du chlore n'a été signalée que rarement dans les météorites On sait toutefois que certains fers donnent lieu à un suintement lent de chlorure de fer, et que le chlorhydrate d'ammoniaque a été trouvé par M. Cloëz dans la météorite charbonneuse d'Orgueil. Il est difficile d'admettre que, dans le cas particulier, le chlorure de sodium pro- vienne du sol dans lequel la masse météorique a pénétré, puisque cette der- nière était protégée par sa croûte vitrifiée, et que d'ailleurs elle en a été retirée immédiatement. » Par ses caractères minéralogiques et chimiques, la météorite d'Àumale offre une grande ressemblance avec un certain nombre d'autres météorites, et notamment celles qui sont tombées à Bachmuth (Russie), en i8i4; a Vouillé, près Poitiers, en i83i ; à Château-Renard (département du Loi- ( 7») ret), en 1 8/§ i ; à New-Concord (État d'Ohio), aux États-Unis, en 1860, et à Tourinnes-la-Grosse (Belgique), en i8G3. » La croûte mince ou vernis qui enveloppe l'échantillon est, comme d'ordinaire, d'un noir mat et légèrement rugueuse. La partie interne de l'échantillon soumise à l'action du chalumeau fond au rouge blanc en un émail dont l'aspect est absolument le même que celui qui s'est formé pen- dant le trajet de la météorite à travers l'atmosphère terrestre. Au moment de sa formation, ce vernis s'est infiltré de la surface vers l'intérieur, sur quelques points où il a rencontré des fissures très-minces. » Enfin, la météorite d'Aumale, de même que beaucoup d'autres, ren- ferme dans son intérieur des surfaces presque planes, qui ont été striées par le frottement énergique des deux parois l'une contre l'autre, à la ma- nière des miroirs de filons. « Fer météorique signalé à Dellys. — Je terminerai en annonçant que M. l'ingénieur en chef Ville a bien voulu joindre à son envoi un petit échan- tillon d'un fer désigné comme provenant de Dellys, province d'Alger. Il a tous les caractères du fer météorique : il renferme en effet du nickel, et offre sur une surface polie et traitée par les acides les figures cristallines dites de fVidmanstaett , d'une manière très-caractérisée. Je ne suis pas encore par- venu à obtenir des renseignements précis sur ce nouveau gisement de fer météorique, dont la chute remonte à une époque indéterminée. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. GÉOMÉTRIE. — Sur les surfaces réglées télraédrales symétriques. Mémoire de M. de la Gouuxekie, présenté par M. Chasles. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Chasles, Bertrand.) « Dans deux Mémoires présentés à l'Académie en 1 865, j'ai montré que la développable circonscrite à deux surfaces du second ordre, et la dévelop- pable osculatricede l'intersection de deux surfaces du second ordre, étaient des variétés de deux surfaces réglées sur lesquelles j'ai donné de nombreux théorèmes. Dans le nouveau travail que je soumets au jugement de l'Aca- démie, j'établis que les principaux de ces théorèmes sont applicables à un nombre infini de surfaces réglées qui jouissent de propriétés symétriques par rapport aux plans et aux sommets d'un tétraèdre. » Je dois d'abord faire connaître certaines courbes qui servent comme directrices pour la génération de ces surfaces. (79) Courbe plane triangulaire symétrique. » 1. Je dis qu'une courbe plane est triangulaire symétrique quand, en la rapportant à un triangle de référence convenablement choisi, on peut la représenter par une équation de la forme A a™ -+- B (3m -+- C 7™ = o . a, ]3, 7 sont des coordonnées trilinéaires; A,B, C, des coefficients; m un nombre rationnel, positif ou négatif, que je suppose réduit à sa plus simple expression fractionnaire, et que j'appelle Vexposant de la triangulaire (i). » Le triangle par rapport auquel l'équation de la courbe prend la forme ci-dessus est son triant/le de symétrie. » 2. Les courbes homographiques d'une triangulaire sont des triangu- laires de même exposant. » 3. Les corrélatives d'une triangulaire d'exposant m sont des triangu- laires d'exposant 1 m — i » 4. Une triangulaire est une courbe algébrique. Son ordre est égal à une fois ou à deux fois le produit du numérateur par le dénominateur de son exposant, suivant que cet exposant est positif ou négatif. » 5. La ligne droite est triangulaire par rapporta tout triangle. » La conique est triangulaire par rapport à chacun des triangles qui lui sont conjugués ou circonscrits ou inscrits. Dans ces trois cas son exposant est respectivement 2, - et — 1. » Dans les courbes dont l'ordre est plus élevé que le second, certaines variétés sont seules triangulaires, et le triangle de symétrie est déterminé. » Le point doit être considéré comme étant une triangulaire ayant l'in- fini pour exposant. » 6. Je classe les triangulaires en trois genres suivant que l'exposant a son numérateur pair, son dénominateur pair ou ses deux termes impairs. 11 existe des différences essentielles entre les formes et les propriétés des courbes comprises dans les trois genres. (1) Des courbes de cette nature ont déjà été étudiées par M. Lamé (Examen des différentes méthodes..., p. io5), et par M. Euzet (Nouvelles annales de Mathématiques, i854); mais les théorèmes que je démontre sont d'un genre différent de ceux que ces géomètres ont établis. ( 8o) Courbe gauclie tétraédrale symétrique. » 7. J'appelle cône triangulaire symétrique, le cône qui a pour directrice une courbe triangulaire symétrique. Les plans menés par le sommet, et res- pectivement par les trois côtés du triangle de symétrie de la directrice, forment la pyramide de symétrie du cône. » Toutes les sections planes d'un tel cône sont des triangulaires symé- triques d'un même exposant. On peut considérer ce nombre comme l'expo- sant du cône. » Un cône triangulaire d'exposant m est corrélatif dans l'espace d'une courbe triangulaire et exposant _ • » La classification que j'ai indiquée pour les courbes triangulaires s'étend naturellement aux cônes. » 8. L'intersection de deux cônes triangulaires symétriques d'un même exposant, et dont les pyramides de symétrie ont deux plans communs, appartient à deux autres cônes triangulaires ayant le même exposant que les premiers. Les quatre cônes sont tels, que les arêtes de la pyramide de symétrie de l'un quelconque d'entre eux passent respectivement par les sommets des trois autres. Les douze plans des quatre pyramides coïncident ainsi trois à trois, et forment un tétraèdre dont les faces et les sommets jouissent de propriétés symétriques par rapport à la courbe d'intersection. J'appelle cette ligne courbe gauche télraédrale symétrique. Les quatre plans déterminés par les sommets des cônes forment son tétraèdre de symétrie. » Si les cônes sont du second genre, leur intersection comprend deux courbes tétraédrales distinctes. » 9. La courbe d'intersection de deux surfaces du second ordre est la tétraédrale d'exposant a ; les sommets de son tétraèdre de symétrie coïn- cident avec ceux des cônes du second ordre auxquels elle appartient. » La conique est la tétraédrale d'exposant --, le tétraèdre de symétrie est formé par quatre quelconques de ses plans tangents. » La cubique gauche est la tétraédrale d'exposant — i et d'exposant j- Dans le premier cas, les sommets du tétraèdre sont quatre points quel- conques de la courbe; dans le second, le tétraèdre est formé par quatre plans oscillateurs de la cubique. Surface réglée tétraédrale symétrique. » 10. Considérons dans l'espace deux triangulaires symétriques d'un ( Si ) même exposant, et telles, que leurs triangles de symétrie aient un côté com- mun : les six sommets de ces triangles, réduits à quatre points distincts, peuvent être regardés comme les sommets d'un tétraèdre. En faisant des divisions sur les triangulaires, suivant le mode indiqué dans ma communi- cation du 5 juin 1 865 pour deux coniques rapportées à des triangles con- jugués, et joignant par des droites les points homologues, on obtient une sur- face qui possède sur les dernières faces du tétraèdre des triangulaires de même exposant que les premières. Les arêtes du tétraèdre situées sur ces faces forment respectivement leurs triangles de symétrie. » 11. Il y a un parallélisme complet entre les propriétés des quatre trian- gulaires. Toute proposition établie pour l'une d'elles s'étend immédiatement aux autres. Tout théorème, relatif à deux ou trois triangulaires, subsiste quelles que soient celles de ces lignes auxquelles on l'applique. » 12. On peut regarder une surface tétraédrale comme ayant un exposant qui est précisément celui des triangulaires directrices. La classification éta- blie pour ces courbes s'étend d'elle-même aux surfaces. » 13. Dans les tétraédrales du premier genre, chaque triangulaire direc- trice est l'intersection de deux nappes réelles de la surface. Dans les tétraé- drales du troisième genre, il ne passe par les triangulaires qu'une nappe réelle. » Lorsque les triangulaires sont du second genre, la surface obtenue par le mode de génération exposé à l'article 10 se décompose en deux tétraé- drales distinctes. Sur chacune d'elles, les directrices déterminent une seule nappe réelle. » 14. Les quatre triangulaires directrices d'une surface tétraédrale appartiennent à d'autres tétraédrales de même exposant que la première. Je considère ces surfaces comme formant un groupe. Leur nombre est égal à celui qui indique l'ordre des triangulaires. » 15. La surface corrélative d'une tétraédrale d'exposant m est une autre tétraédrale d'exposant — m ; les tétraèdres de symétrie de ces surfaces sont corrélatifs. On déduit de là, et du théorème de l'article 3, que la surface réglée tétraédrale symétrique d'exposant m est inscrite dans quatre cônes triangulaires d'exposant — — dont les sommets coïncident avec ceux du tétraèdre de symétrie. On a ainsi pour les surfaces tétraédrales un second mode de génération corrélatif du premier. » 16. L'ordre d'une tétraédrale est le double ou la moitié du carré de l'ordre des triangulaires directrices, suivant que l'exposant est positif ou C. R., 186G, i°r Semestre. (T. LXII, N» 2.) I I (8a ) négatif. Le nombre ainsi obtenu doit être divisé par 2 quand la surface est du second genre. » 17. On peut tracer sur une surface réglée tétraédrale symétrique, et par chacun de ses points, une courbe tétraédrale gauche ayant le même tétraèdre de symétrie que la surface. » Les génératrices sont divisées homographiquement par les courbes tétraédrales. Les quatre triangulaires directrices appartiennent à la série de ces lignes, et par suite les points où une génératrice rencontre les quatre plans du tétraèdre sont dans un rapport anharmonique constant. » 18. Quand les triangles de symétrie de deux triangulaires d'un même exposant m ont un côté commun, on peut circonscrire à ces courbes un nombre de tétraédrales développables égal au numérateur du binôme [m — 1) mis sous la forme d'une fraction irréductible. Deux développables, au plus, sont réelles. Chacune d'elles représente deux surlaces tétraédrales d'un même groupe confondues en une seule. » 19. L'arête de rehaussement d'une tétraédrale développable d'expo- sant m est une courbe tétraédrale gauche d'exposant — — • » 20. Une surface tétraédrale développable d'exposant m est corrélative d'une courbe tétraédrale gaxiche d'exposant — — ■■ »> 21 . On peut circonscrire à une surface gauche tétraédrale d'exposant m une infinité de tétraédrales développables d'exposant • Les triangu- laires directrices de ces surfaces sont sur les plans du tétraèdre de symétrie de la surface gauche. » Les génératrices de cette dernière surface sont divisées homographi- quement par les courbes de contact. » Quatre des développables circonscrites se réduisent à des cônes. » 22. Les quatre plans qui passent par une génératrice d'une surface tétraédrale, et respectivement par les quatre sommets de son tétraèdre de symétrie, sont dans un rapport anharmonique constant. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Mémoire sur la hauteur des vagues à la surface des océans; par M. Coitpvent des Kois. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Géographie et de Navigation.) « On ne sait pas encore quelle est la plus grande hauteur qui puisse être assignée aux vagues, et l'on peut voira ce sujet quelques renseignements (83) donnés par Dumont d'Urville dans la partie historique de notre Voyage (t. II, p. 188 à io/i)> à propos d'une discussion sur laquelle nous n'avons pas à revenir ici. » Nous ne nous occuperons que des vagues qui ont été vues et mesurées dajis le cours de notre expédition. » Pour mesurer ces hauteurs on montait dans les haubans, et on déter- minait par le tâtonnement le point qui répondait à la tangente aux sommets des vagues les plus élevées. Ce point fixé, les dimensions connues du navire donnaient la hauteur des vagues au-dessus de la flottaison qui correspon- dait à l'horizon de la mer dans le creux de la vague. » Ces observations, classées et régularisées au moyen d'une courbe, nous ont permis d'établir les relations suivantes: NUMEROS d'ordre. ÉTAT DE LA MER. HAUTEDR DES VAGUES en mètres. 0 1 2 3 4 5 6 7 Petite houle 0,6 i,o i,5 2,3 3,3 4,7 6,3 8,7 Grande houle. . . . Très-grosse houle. Très-grosse mer. » On voit assez souvent deux systèmes de vagues se superposer en s'en- tre-croisant sous un angle plus ou moins ouvert; elles répondent à des vents différents qui ont régné successivement. » La longueur des lames a également été mesurée : l'exemple le plus remarquable a été observé le 6 juillet 1 838. » Des lames de 27 pieds furent reconnues avoir 5oo mètres de lon- gueur. » L'état de la mer étant sur V Astrolabe régulièrement noté six fois par jour, et les annotations étant celles du tableau précédent, nous avons pu en conclure la hauteur correspondante des vagues, puis la moyenne de celles- ci dans une zone quelconque. 11.. ( 8* ) » Nous avons adopté les mêmes divisions de l'Océan que dans notre Mémoire sur les vitesses du vent, afin de pouvoir comparer cette vitesse avec la hauteur des vagues. » Nous sommes arrivé aux résultats que voici : LONGITUDES. 75 1 10 ■ 4o 170 160 i3o 120 u 90 à tio à 110 O. 140 I 70 160 E, i3o 100 90 E. 60 3o 10 E. à 10 à 3o à 10 0. 3o 5o HAUTEURS MOYENNES DES VAGUES EN MÈTRES : ÉTAT DE LA MER PAR NUMERO et nombre d'observations. NOMBRE total d'observations. NOMBRE des vagues. SUR L'OCÉAN PACIFIQUE ÉQUATOKIAL, DE 0 A 30 DEGRÉS DE LATITl 276 234 l86 378 i3o5 I 123 0 38 1 168 3o 0 39 0 2l3 12 9 0 0 0 3o 127 1 4 6 8 10 48 273 22 i5 5 6 9 180 966 0 n ~ J 66 20 12 34 53 1023 IO 22 i5 0 0 SLR L'OCÉAN INDIEN ËQUAT0R1AL 0 3o o 76 ■4 76 20 0 1 2 6 12 >4 0 0 22 92 7 44 0 0 M) 198 54 162 SUR L'OCÉAN ATLANTIQUE ÉQUATORIAL. 5?. 12 14 0 0 0 193 43 36 16 0 0 55 2 37 2.3 0 0 Sur toute lit zone équatoriale, de o à 3o degrés Sur toute la zone, de 3o à 5o degrés de latitude ,,,... ,, , . 1 de 5o à 60 degrés de latitude.... Méridien d Amérique < , ,. . _. ( de 00 a 04 » » ...... , , „ .,..,, ,1 de 5o à (io degrés lalit Méridien de la Nouvelle-Hollande { __ de 00 ii Ou » » 78 3i8 120 4438 1 106 .87 294 78 ,,4 DE 3, 5 2, o 1, 5 1, 2 1, 2 1, o 1,73 3, 6 2, 0 '7 ., 3 2, o 2, 3 1,87 2,0 2,2 1 4 Ïi4 2,1 ( 85 ) » De ce qui précède il résulte que : » i° Sur l'océan Pacifique équatorial, la hauteur moyenne des vagues diminue en allant de l'est à l'ouest, cette hauteur étant de trois à quatre fois plus grande près de l'Amérique que vers l'Asie. » -2° Sur l'océan Indien équatorial, la hauteur moyenne des vagues est plus grande à son milieu que vers ses extrémités est et ouest. » 3° Sur l'océan Atlantique équatorial, la hauteur moyenne des vagues augmente de l'est à l'ouest, c'est-à-dire dans un sens contraire à ce qui se passe sur l'océan Pacifique. « 4° La hauteur moyenne des vagues est à peu près la même à toute lati- tude; quand on prend en considération la zone entière et parallèle à l'équa- teur, cette moyenne est de 2 mètres environ. » 5° Cette hauteur moyenne se réduit à i mètre dans la partie de l'Océan plus ou moins protégée par les terres. » 6° Les vagues les plus élevées ont été ohservées entre la Nouvelle- Hollande et la terre Adélie, de 5o à Go degrés de latitude. Leur moyenne est plus que double de la moyenne générale; elle offre ainsi une exception re- marquable à la quatrième conséquence ci-dessus. » Il se présente d'autres anomalies, même très-fortes, lorsque l'on com- pare la vitesse moyenne du vent avec la hauteur des vagues. Cette dernière ne dépend pas seulement de la force, mais aussi de la permanence de direc- tion des courants aériens à la surface de la mer. » Cette considération explique pourquoi les vagues ont une hauteur moyenne à peu près constante sous toutes les latitudes, quoique la vitesse moyenne du vent soit plus forte dans les hautes latitudes. » Au reste, voici cette correspondance entre les vents et les vagues telle qu'elle résulte des nombres ci-dessus et de ceux de notre neuvième Mé- moire. (86) Comparaison entre la vitesse du vent et la hauteur des vagues en pleine mer. VITESSE HAUTEUR RAPPORTS entre LONGITUDES. du des cette vitesse vent. vagues. et cette hauteur. o o 75 à 110 0. 4,7 3,4 1,34 110 à i/Jo 4,2 2,0 2,10 Océan Pacifique équato- i4o à 170 4,4 1,5 2,g3 170 0. à 160E. 4,i 1,2 3,42 160 à i3o 4,0 1,2 3,33 1 i3o à 100 3,2 1,0 3,20 Océan Indien équatorial. 120 à 190 90 à 60 4,8 7,(.) 2,1 3,6 2,29 2,06 60 à 3o 4,3 2,0 2,40 ' 10 E. à 11 0. 5,7 i,3 4>39 Océan Atlantique équatorial. 1 0 à 3o 3o à 5o LATITUDES. 4,' 4,6 2,0 2,3 2,o5 2,00 0 0 3o à 5o 4,3 2,2 i>95 5o à 60 4,6 2,1 2, l5 Méridien Nouvelle-Hollande 5o à 60 5,8 4,4 1,32 60 à 64 7,6 2,1 3,62 j Méridien Nouvelle-Hollande 60 à 66 7»3 2,1 3,45 5,. 2,0 2,59 » L'irrégularité des rapports de la dernière colonne montre suffisam- ment que l'expérience ne peut rien apprendre ici à la théorie sur la relation qui existerait entre la hauteur des vagues et la vitesse des vents, si ces der- niers étaient constants en direction. » Nous pouvons constater ce seul fait : » Une vague de 2 mètres de hauteur répond à un vent de 5 mètres par seconde, terme moyen, et dans l'hypothèse que le carré de la vitesse du vent serait proportionnel aux cubes de la hauteur des vagues, on pour- rait former le tableau suivant, indiquant la correspondance effective entre la vitesse du vent et la hauteur des vagues, lorsqu'aucune circonstance parti- culière ne vient la modifier. ( «7 ) VENTS. 0 . Calme moyen 1 . Faible brise 2. Petite brise 3 . Jolie brise I . . h. Belle brise .• 5. Forte brise 6. Grand frais 7 . Tempête 8 . Ouragan VITESSE du vent. mètres. I 5 8 i3 21 33 5o ?3 HAUTEUR de la vague. mètres. n h ■ ,4 2,0 3,8 5,2 7>° 9,3 12,0 ÉTAT DE LA MER. Unie . Belle. Petite houle. Houle. Grande houle. Très-grande houle, Grosse mer. Très-grosse mer. Mer furieuse. » Les hauteurs des vagues ainsi conclues de la vitesse des vents, quoi- que un peu plus fortes que celles déduites ci-dessus de la mesure directe, ne s'en éloignent guère, et représentent bien l'ensemble des phénomènes de cette nature. » MÉTALLURGIE. — Nouveau procédé pour convertir rapidement et économique- ment une masse quelconque de fonte en acier fondu, homogène et bien épuré. Note de M. Galy-Cazalat. (Commissaires : MM. Chevreul, Fremy, Daubrée.) « On sait que l'acier fondu est une combinaison de fer avec quelques mil- lièmes de carbone, et que la fonte se compose de fer et de 5 pour ioo envi- ron de carbone allié avec du silicium, du soufre et autres métalloïdes. D'où il résulte qu'on obtient de l'acier en faisant passer à travers un bain de fonte des courants de gaz contenant de l'oxygèue, notamment des courants de vapeur surchauffée. En traversant le bain, la vapeur se décompose; son oxygène brûle progressivement le carbone et oxyde le fer, tandis que l'hy- drogène enlève au métal fondu le soufre, le phosphore et les autres métal- loïdes qui rendraient l'acier cassant. » A mesure que la fonte se décarbure, sa température s'élève rapidement au delà du terme de fusion de l'acier. Quand la couleur des flammes qui s'élancent de toutes les parties du bain qu'elles brassent indique une décar- buration convenable, on opère la coulée de l'acier. ( 88 ) » Ce moyen, le plus simple et le moins dispendieux, de fabriquer l'acier en grandes masses, a été imaginé par moi et expérimenté au Palais de l'In- dustrie, lors de l'Exposition universelle de 1 855. Depuis cette époque, j'ai opéré en grand, soit dans un cubilot pouvant contenir 5ooo kilogrammes de fonte, soit dans un four à réverbère perfectionné dont la flamme perdue produit la vapeur nécessaire à la décarburation. « Malheureusement, les caractères indicateurs de la transformation précise de la fonte en acier étant incertains, on obtenait tantôt du fer pur, sans car- bone, tantôt un alliage d'oxyde de fer et d'acier trop carburé, selon qu'on avait laissé passer trop ou trop peu de vapeur. Cet inconvénient était com- mun à mon procédé et au système de Bessemer, qui, en i856, prit un bre- vet pour fabriquer l'acier en faisant passer à travers un bain de fonte des courants d'air comprimé à grands frais par des machines trente fois plus coûteuses que le four à réverbère produisant la vapeur. » Enfin, depuis trois ans, l'inconvénient provenant de l'incertitude du nombre de minutes après lesquelles il faut arrêter les courants décarbura- teurs d'air, de vapeur, ou pour mieux dire d'oxygène, n'existe plus; aujour- d'hui, la fabrication est régulière, et l'on obtient toujours de l'acier com- mun, en décarburant complètement les bains de fonte, soit par l'air, soit par la vapeur, puis en y versant 10 pour 100 de fonte spathique qui restitue au fer le carbone qui lui manque pour composer l'acier. « Toutefois, cet acier, actuellement en usage pour les rails des chemins de fer, a besoin d'être refondu pour devenir homogène et acquérir des qua- lités supérieures; et cette seconde opération, qu'on fait dans des creusets contenant une vingtaine de kilogrammes, double, au moins, le prix de re- vient de l'acier fondu homogène. » Fabrication en grandes niasses. — En réfléchissant sur les réactions chi- miques qui s'opèrent dans les creusets, j'ai reconnu que pour que ces réac- tions agissent, il faut et il suffit que l'acier commun, ou hétérogène, soit maintenu, durant au moins quinze minutes, en fusion tranquille, et à une température d'environ i 5oo degrés : alors le bain métallique devient homo- gène et ses particules s'aggrégent régulièrement. Ce fait expérimental s'ex- plique comme il suit : sous les deux conditions prescrites ci-dessus, l'oxygène abandonne le fer oxydé pour se combiner avec le carbone resté libre dans l'acier, d'où il se dégage en oxyde de carbone ou en acide carbonique. » Pour remplir ces deux conditions essentielles, j'ai perfectionné le four à réverbère de manière à pouvoir arrêter les courants décarburateurs, sans que leurs orifices d'écoulement soient obstrués par le métal liquide qui s'y (*9) introduit, sans se figer. Sous le bénéfice de ce perfectionnement, il suffit de fermer le robinet qui laissait passer la vapeur surchauffée à travers le bain dont la masse n'est plus agitée, puis d'ouvrir un autre robinet qui lance la vapeur dans la cheminée afin d'activer la combustion sur là grille du four qui s'élève à une très-haute température. » Coulée de l'acier sous de grandes pressions. — On sait que les pièces d'acier fondu coulées dans des moules sont criblées d'ampoules qui affai- blissent considérablement leur ténacité. Pour donner au métal toute sa ré- sistance il faut, après l'avoir chauffé convenablement, le soumettre à la pres- sion d'un laminoir, ou bien aux chocs d'un marteau-pilon qui rapprochent les particules du métal et font disparaître les ampoules. » Le laminage et surtout le martelage étant très-dispendieux et souvent impraticables, comme quand il s'agit de canons d'acier avec leurs touril- lons et les anses, j'ai imaginé de faire disparaître les cavités, en soumettant les pièces à feu à de grandes pressions gazeuses pendant qu'elles sont en- core liquides dans leurs moules de sable maintenus par des châssis de fer convenablement résistants. » A cet effet, immédiatement après la cordée du canon complet, on couvre hermétiquement la masselotte avec un chapeau métallique fixé sur le châssis par des clavettes de serrage. Ce chapeau porte un tube vertical muni d'un robinet inférieur et fermé supérieurement par une membrane de moindre résistance ou de sûreté. Il contient de 6 à 10 grammes de poudre, sans soufre, composée de 80 parties de salpêtre et de 20 parties de charbon. Quand on ouvre le robinet, la poudre tombe sur le métal qui l'enflamme, et la combustion produit rapidement 10 litres de gaz pour chaque gramme du mélange de salpêtre et de charbon. Ces gaz emprisonnés sous le chapeau exercent sur la surface de l'acier liquide une pression qui se transmet instan- tanément et régulièrement sur toutes les parties du canon dont elle efface les ampoules en augmentant la ténacité du métal qui est la même partout. » M. Peyrasi adresse, de Ferrare, une Note ayant pour titre : Sur la non- régénération de la rate, réponse à une communication récente de M. Phili- peaux. « Dans sa séance du 18 mars 1861, l'Académie, dit l'auteur de la Lettre, reçut une Note de M. Philipeaux concernant des expériences tendant à prouver que la rate enlevée en totalité ou. en partie sur des rats albinos se C. R., 186G, i" Semestre, (T. LX1I, N» 2.) 12 (9°) reproduisait toujours. Au mois de décembre de la même année, j'envoyai une Note dans laquelle j'annonçais (d'après les résultats d'expériences faites sur des cochons d'Inde, au laboratoire de physiologie de l'Université de Turin, où j'étais alors aide en chef) que la rate enlevée, soit en totalité, soit en partie, ne se reproduisait jamais (Comptes rendus hebdomadaires, séance du n décembre 1861). » Dans le Compte rendu de la séance du 1 1 décembre, je trouve une nouvelle Note de M. Philipeaux sur le même sujet, dont les conclusions sont « i° que la rate complètement extirpée sur des surmulots ou des la- » pins très-jeunes ne se reproduit jamais; 20 que la rate enlevée incom- » plétement sur ces mêmes animaux et dans les mêmes conditions d'âge » se reproduit toujours. . . » » Puisque les nouvelles recherches de M. Philipeaux l'ont ramené à mon avis quant à la première conclusion, il est inutile que j'y insiste. Quant à la seconde, sur laquelle nous différons, je dois déclarer que ma conviction n'est nullement ébranlée par ce désaccord. Le cochon d'Inde n° 2, sur lequel j'avais laissé une portion de rate, m'a montré, cinq mois et demi plus tard, cette portion endurcie, mais conservée sans changement de dimen- sions, de couleur ni de forme. Les arguments que j'ai tirés de l'anatomie et de la physiologie micrographiques ne font que m' affermir chaque jour dans l'opinion exprimée dans ma première Note, et aujourd'hui je répète, sans y rien changer, cette proposition appuyée sur mes anciennes expé- riences (Gazelta italiana, 1 décembre 18G1) : « La rate incomplètement » enlevée ne se reproduite/Km. » (Renvoi à la Commission chargée d'examiner la Note de M. Philipeaux, Commission qui se compose de MM. Flourens, Coste, Bernard.) CORRESPONDANCE . La Société Royale des Sciences d'Upsae remercie l'Académie pour l'envoi du tome XXXII de ses Mémoires et de deux nouveaux volumes des Comptes rendus; elle lui envoie la deuxième partie du volume V de ses Nova Acta. La Société Royale des Sciences de Danemark adresse le programme des questions qu'elle a proposées'en i8Gj comme sujets de prix. La clôture du concours est fixée au dernier jour d'octobre 1866. (9« ) M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un exemplaire de la quatrième édition de la « Géodésie » de feu M. Francœur. Le fils de l'auteur fait hommage à l'Académie, qui a compté M. Francœur au nombre de ses Membres, de cet ouvrage qui a été son dernier travail. OPTIQUE. — Sur des effets de coloration et d'extinction de couleurs produits par des lumières artificielles. Note de M. J. IVicklès, présentée par M. Chevreul. « En préparant un soir du perchlorure de manganèse (Comptes rendus, mars i865), je reconnus que la couleur du composé éthéré n'est pas verte, comme elle le parait le jour, mais noire, et qu'il en est de cette belle cou- leur verte comme de la couleur bleue engendrée par la liguline et le bicar- bonate de chaux qui, elle aussi, parait d'une couleur différente quand on la regarde à la flamme de la bougie (Journal de Pharmacie, i85o,; t. XXXV, p. 332). J'ai reconnu depuis que la nuance bleue se maintient quand on l'éclairé au moyen de la lumière du magnésium. » Cette lumière possédant, sous tant de rapports, les propriétés de la lumière solaire, on peut s'attendre à ce qu'elle se comportera, à l'égard des composés colorés, comme le fait le soleil, et qu'elle leur laissera prendre la teinte qu'ils offrent, tout au moins, à la lumière diffuse. C'est, en effet, ce qui arrive : sitôt qu'on allume un fil de magnésium, le beau vert du perchlorure de manganèse éthéré paraît dans tout son éclat, même alors que la bougie continue à brûler. » Or, ce que fait la lumière magnésique à l'égard des deux couleurs en question, elle le fait pour les couleurs les plus variées, tant naturelles qu'artificielles. On sait qu'une fleur, une étoffe teinte ou un tableau sont loin d'offrir, à la clarté de la bougie ou du gaz, la richesse de tons qu'ils présentent au grand jour. Grâce à la lumière magnésique, il sera désormais facile de les voir à toute heure avec leurs teintes normales, bien que cette lumière soit plus blanche que ne l'est celle des rayons solaires. » Les expériences que j'ai faites à ce sujet ont surtout porté sur le genre de peinture dit « au pastel ». Entre un tableau, même fortement éclairé à la lampe ou au gaz, et le même tableau vu à la lumière magnésique, la diffé- rence est frappante; l'expérience convient à merveille pour faire voir 12.. (90 combien sont grands les effets d'absorption on d'extinction produits sur les différentes couleurs par la lumière qui résulte de la combustion de certains combustibles organiques. » Comme la lumière du magnésium n'absorbe ou n'éteint les couleurs pas plus que ne le fait la lumière du jour, elle permettra donc aussi à l'artiste de travailler la nuit, ou dans les cryptes ou les souterrains, avec la certitude de voir les objets avec la couleur qu'ils ont à la lumière diffuse. » Bien que je ne prétende pas connaître toutes les causes qui peuvent intervenir dans les pbénomènes d'absorption ou d'extinction de couleurs occasionnés par la lumière du gaz, de la bougie ou de la lampe, il en est une, cependant, sur laquelle je crois devoir appeler l'attention : elle tient à la présence de petites quantités de soude dans ces flammes toujours jaunes. Le gaz de l'éclairage en contient, ainsi que l'a vu M. Vogel (Journal de Pharmacie, t. XLIV, p. 172), et quant à la flamme de la bougie et de la lampe à huile, la soude peut et doit leur venir des substances minérales contenues dans la mèche. » On connaît déjà certains effets d'absorption produits par la flamme de soude, et on sait le parti que M. Bunsen, M. Cartmel et M. Vogel en ont tiré dans l'analyse (Journal de Pharmacie, t. XXXV, p. 353, et t. XLIT, p. 171). Des expériences spéciales m'ont appris qu'un grand nombre de matières vertes paraissent noires dans cette lumière, notamment celles à base de manganèse, et par conséquent le beau vert de M. Bosenstiehl, le manrjanale de baryte (Journal de Pharmacie, t. XLVI, p. 345). De même aussi, beaucoup de substances de couleur rouge; de ce nombre, les cris- taux de nitro-prussiate de soude, ceux d'iodure d'arsenic et d'antimoine, Y ocre ou sesquioxyde de fer. Le « sang artificiel », tel qu'on l'obtient en traitant un sel ferrique par du sulfo-cyanure de potassium, parait noir quand il est à l'état concentré; étendu d'eau, il paraît incolore, avec un ton gris, dans la flamme de l'alcool salé, tandis qu'il reprend sa couleur rouge quand on le regarde, soit au jour, soit à la lampe, et, à plus forte raison, à la lumière du magnésium. » Dans la flamme de soude, les mains et le visage paraissent d'un vert livide, nuance qu'on remarque aussi chez les ouvriers des forges au moment où ils travaillent dans la fournaise chauffée au bois; ici encore, c'est évidem- ment la soude des cendres qui, en se volatilisant et peut-être en se rédui- sant, occasionne cet effet de coloration. » Des différents verts que j'ai regardés à la flamme sodique, c'est le vert de Schvveiiifurth qui en est le moins affecté; c'est ce qui explique l'opinià- 1)1 anc. (93 ) treté avec laquelle on l'applique à la coloration des abat-jour. La flamme ordinaire ne le modifie pas, celle de soude le jaunit sensiblement. » Le vert des feuilles en est diversement affecté : les unes y paraissent jaunies, les autres noircies; il semblerait que sous ce rapport elles se par- tagent comme les autres verts. » Les autres nuances ont donné lieu à des observations semblables. » Avec des couleurs convenablement choisies, j'ai peint un spectre lequel, à la flamme sodique, ne laisse paraître, en réalité, que deux cou- leurs, un peu nuancées, il est vrai : le blanc et le noir. A ce spectre, la lumière magnésique restitue instantanément la coloration normale, alors même que l'alcool salé continue à brûler à proximité. » Voici la composition de ce spectre et les couleurs avec lesquelles il a été obtenu : Couleur vue Couleur vue au jour. Agent colorant. à la flamme de soude. Rouge .... Ocre Noir. Orangé . . Deuto-iodure de mercure Jaune Chroma te de plomb .... Vert. . , Manganate de baryte. . . . Bleue Blanc d'aniline , » La différence ressort encore plus fortement quand on emploie un bec de Bunsen dans lequel on fait rougir un fil de platine chargé de chlorure de sodium. A la lumière du gaz ou de la bougie, ces couleurs sont parfaite- ment distinctes, sans doute parce qu'il n'y a pas assez de soude en présence; le supplément de sodium qu'on y ajoute au moyen du fil de platine change les choses du tout au tout et permet ainsi de faire une série d'ex- périences à la fois très-brillantes et très-instructives, et qu'il sera bon de ne pas perdre de vue toutes les fois qu'on aura affaire à des pigments nou- veaux ou peu connus. » Remarques de M. Chevrecl sur la Note de M. Nicklès. « M. Nicklès m'ayant prié de présenter à l'Académie la Note qu'on vient de lire afin de s'assurer la priorité des observations qu'elle renferme, je me suis conformé à son désir. Je ne ferai qu'une observation, c'est que la lu- mière de la combustion du magnésium n'est pas la seule qui conserve aux corps qu'elle éclaire la couleur sous laquelle ils apparaissent respective- ment à la lumière du jour. J'ai constaté, MM. Becquerel présents, que la lumière électrique qui apparaît entre deux électrodes de charbon est abso- lument dans le même cas. (94) » Il y a plus de vingt ans que j'ai étudié la modiQcation que les douze couleurs de tout cercle chromatique, le rouge, le rouge-orangé, l'o- rangé, etc., qui ne sont pas précédées des chiffres i , 2, 3, 4 et 5, sont vues à la lumière électrique comme elles le sont à la lumière du jour. Je n'oserais dire que l'identité soit parfaite, parce qu'il serait possible que la lumière électrique développée dans les circonstances où j'en ai observé les effets fût un peu bleuâtre. Dans tous les cas, la lumière électrique est la seule qui jusqu'à ce jour m'ait présenté ce résultat; il était frappant, surtout parce que le jaune, l'orangé se distinguaient du blanc aussi bien qu'à la lumière du jour. Je ne fais pas d'autres remarques en ce moment; seulement j'ajou- terai que les effets sont extrêmement complexes^ et que M. Nicklès n'a rap- porté aucune observation propre à éclaircir les difficultés qui m'ont empêché de publier mes expériences sur la vision des couleurs exposées au jour, à la flamme de divers carbures d'hydrogène, de l'alcool salé et de l'alcool mêlé de chlorure de cuivre. » CHIMIE GÉNÉRALE.— Formation de V acétylène dans les combustions incomplètes. Note de M. Berthelot, présentée par M. Balard. « L'acétylène prend naissance, comme je l'ai montré, aux dépens de la plupart des composés organiques soumis à l'influence prolongée d'une tem- pérature rouge. Je me propose d'établir aujourd'hui la formation de ce même carbure dans une circonstance non moins générale; je veux parler de la combustion incomplète. » "Voici une expérience générale qui le démontre soit avec les gaz, soit avec les liquides très-volatils. » Soit un gaz, tel que 1 ethylènc, C*H*; l'éther chlorhydrique, Cil5 Cl ; lepropylène, C8H6; l'éther méthylique, C2H2 (C2II4Oa); le gaz des marais, C2 II*, etc.; ou bien un liquide très-volatil, tel que l'éther ordinaire, CH*(Ciroa); l'amylène, C,0TI'0; l'hydrure d'amylène, C°H'2; et même la benzine, C'-II0; l'acétone, C°Ha02; l'éther méthylformique, C2Ha(CaHaO*), etc. » Remplissons une éprouvette de 3oo centimètres cubes avec le gaz, ou versons-y quelques gouttes du liquide volatil ; puis versons encore quelques centimètres cubes de chlorure cuivreux ammoniacal, enflammons alors la vapeur combustible et inclinons l'éprouvette presque horizontalement, en la faisant rouler entre l l'une d'elles s'étant séparée en plu- sieurs fragments, le cocon contenu dans son intérieur devint tout à fait libre et put être dessiné. C'était une sorte de poche à parois minces, sou- levées ça et là par les saillies du corps de l'animal, longue de om, 12 environ large de om, 07, arrondie vers son gros bout et complètement fermée à l'autre extrémité par un opercule de om,o4 de diamètre, un peu bombé et muni d'une petite ouverture. Le 5, le Lépidosiren en sort; il dépasse tous les autres par ses dimensions qui sont de om,3o. Le quatrième et dernier cocon ne s'est pas ouvert, ranimai qui y était, contenu avait péri. Tl ne resta donc dans 1 aquarium que trois Lépidosirens, et, le 9 septembre, le nombre en fut encore diminué par la mort de l'un d'eux qui était couvert d'ulcérations. » Les deux survivants fournirent l'occasion d'observer ce qui n'avait point encore été vu. Vers le 20 septembre, en effet, ils donnèrent la preuve, comme l'avaient l'ail déjà en février les deux premiers Lépidosirens, que le moment était venu pour eux de chercher, au milieu du sol mou que l'eau ( 99 ) recouvrait, l'abri qui, dans les conditions ordinaires de leur vie, est indis- pensable durant la saison sèche : agitation, sécrétion abondante de mucus, efforts pour fouir, tout annonçait un irrésistible besoin de trouverun milieu autre que celui dans lequel ils étaient plongés. » Averti par les fâcheuses conséquences de l'impossibilité où s'étaient trouvés les premiers individus de céder à cette force instinctive, je tâchai de les placer dans des conditions analogues à celles qu'ils rencon- trent dans les rizières dont le sol abandonné peu à peu par les eaux se dessèche et finit par se durcir. Dans ce but, l'eau de l'aquarium fut, en grande partie, retirée dès que les animaux eurent pénétré dans la vase. Successivement, et dans un temps assez court, on enleva la petite quantité de liquide laissée dans l'aquarium. Trois semaines environ s'étaient à peine écoulées, et déjà la terre peu à peu durcie formait une masse fendillée sur plusieurs points par la dessiccation. Nulle trace ne restait de la présence des Lépidosirens. )> Désireux de savoir ce qui s'était passé depuis le 22 septembre, date de l'enfouissement, je me décidai au bout de soixante-dix-huit jours, le 10 dé- cembre, à explorer le sol. Profitant de la facilité que me donnaient les fentes qvii s'y étaient formées, je pus détacher plusieurs portions de cette masse desséchée. Un bloc voisin du fond de l'aquarium étant enlevé, je pus constater que les deux Lépidosirens avaient trouvé des conditions favorables pour traverser sans danger la saison de sécheresse artificielle- ment produite. Ce qui contribua surtout à rendre intéressante la rencontre que je venais de faire des deux animaux qui, depuis plus de deux mois et demi, s'étaient soustraits à l'observation, c'est qu'ils étaient enveloppés dans des cocons. L'un de ceux-ci ne devint apparent qu'à l'une de ses extrémités, après l'enlèvement du bloc qui les recouvrait en partie tous les deux ; mais il avait laissé le second à nu sur une étendue de om,o6 en- viron, et dans la moitié supérieure de sa circonférence. Là, le bloc, main- tenant conservé dans les collections du Muséum, est creusé d'une cavité moulée sur le cocon et dont la paroi parfaitement lisse est tapissée par une portion très-adhérente du cocon. » Nul doute ne peut donc rester maintenant : » i° Sur le rôle d'étui protecteur que le cocon remplit à l'égard du Lépidosiren. » '2° Sur son mode de formation : il est le produit d'une sécrétion mu- queuse. Examinée par M. le professeur Decaisne, cette enveloppe, dont l'aspect et la couleur brune auraient pu faire supposer qu'elle est formée i3.. ( IO° ) par des fouilles desséchées, ne présente aucune trace de tissu végétal; elle répand, en brûlant, l'odeur caractéristique des matières animales soumises à la combustion. » 3° Enfin, les Lépidosirens, au moment où ils veulent s'enfouir, lais- sent échapper de la surface du corps, je l'ai déjà dit, une mucosité abon- dante. Elle recouvre d'abord et agglutine les parties du sol qu'ils tra- versent ; aussi, les parois du canal souterrain creusé par chaque animal et resté béant après la dessiccation sont-elles lisses et comme polies; puis, dans le lieu où il s'arrête, elle acquiert la consistance d'une enveloppe membraneuse. » Malgré les précautions prises pour amener graduellement la terre qui entourait les cocons à un état d'humidité et de ramollissement convenable pour que les animaux pussent quitter leur étui protecteur et reprendre leur genre de vie aquatique, ils ne sont pas sortis. Quoique la vie fût ren- due manifeste, au moment où le bloc vint à être détaché, par les petits mou- vements que déterminait le contact du cocon avec le doigt, les deux Lépi- dosirens ont péri dans leur enveloppe. )> Ee fait de la construction du cocon par l'animal, au moment où les eaux se retirent, se trouve donc démontré par les observations que j'ai l'honneur de soumettre à l'examen de l'Académie. » MIKÉRALOGIE. — Sable fjmnalifère de Pesnro. — Tlutlite de Trcwersella en Piémont. — lhtslamite du Ficenlin. Note de M. F. Pisaxi, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. « Sable qranalifère de Pcsaro, dans les Marches. — Parmi les produits en- voyés à l'Exposition de Londres en 18G2, par la province de Pesaro et Lrliino, se trouvait un sable appelé sable fin siliceux et composé de grains cristallins roses et blancs, mêlés à des parties jaunâtres, à du fer magné- tique et à d'autres grains noirs attirables. Ce sable se trouve dans un court espace de 100 mètres de longueur sur la plage de l'Adriatique, à 1 kilo- mètre de Pesaro, où il est porté, surtout au printemps, par les grands vents d'est. On l'emploie pour la taille des cristaux, ainsi que pour scier le marbre; aussi est-il exporté, à cet objet, jusqu'à Rome et Florence. » Lorsqu'on fait agir sur ce sable un barreau aimanté, on en retire un peu de fer oxydulé; puis, en traitant par l'acide chlorhydrique étendu, on a une vive effervescence due à un mélange de calcaire. La matière, ainsi débarrassée du fer oxydulé et du calcaire, consiste principalement en grains ( ioi ) roses mêlés de grains blancs de quartz et de quelques autres grains rouges et noirs. J'ai séparé avec soin tous les grains roses, et j'ai constaté, par l'analyse comme parles autres caractères minéralogiques, qu'ils consistent en un véritable grenat. » Ces grains sont transparents, roses, et sans action sur la lumière pola- risée. Leur densité est de 4,087- Fusibles au chalumeau en une scorie noire et devenant alors attaquables en grande partie par l'acide chlorhydiïque. Ils ont donné à l'analyse : Oxygène. Rapports. Silice 36, 19 !9729 2 Alumine 22,66 10, 56 1 Protoxyde de fer . 33*,67 7 ,47 Protoxyde de manganèse 1 ,62 o,36 „, or) 10,22 1 Chaux 3,76 1,07 Magnésie 3,3a 1 , 32 101 ,22 Cette composition est celle du grenat almandin. » ThuUle compacte de Traversella [Piémont). — Ce minéral m'a été remis par M. Bertrand de Loin, qui l'a recueilli aux environs de Traverselln, où il forme de petites veines mêlées de talc et d'amphibole verte, subordonnées à une roche granitique composée de quartz, mica, orthose et amphibole. Cette substance ressemble, au premier abord, au granatoïde des collections à l'amphodélite, ou bien encore à un minéral rose compacte de Wurlitzen Bavière, que j'ai reconnu être un quartz. » La thulite de Traversella est compacte, translucide en lames minces; son éclat est faible. Couleur rose; très-tenace; dureté, 6,5; densité, 3, 02. Dans le matras donne un peu d'eau. Au chalumeau elle fond assez facile- ment avec léger bouillonnement en un verre blanc-verdàtre ; la partie non fondue se décolore; à peine attaquée par l'acide chlorhydrique ; fait gelée après fusion. Elle contient : Oxygène. Rapports. Silice 4'>79 22,27 3 Alumine 3i ,00 J4>44 2 Protoxyde de fer . 1 ,q5 Oj43 j Chaux 19.68 5,62 \ 7,02 1 . Magnésie 2,43 0,97] Eau 3,70 ioo,55 ( I02 ) Comme on le voit par ces résultats, l'analyse comme les propriétés minéra- logiques identifient cette substance avec la thulite, variété rose de zoïsite qui ne s'était trouvée jusqu'ici qu'à Soûlaud, en Tellemarkeu (Norvège), avec idocrase bleue (cyprine), grenat blanc, quartz, fluorine et épidote. C'est donc une seconde localité à ajouter pour ce minéral rare. ï> Buslamile du Viccntin. — La Bustamite, qui est un silicate de manga- nèse contenant une forte proportion de chaux, a été rapportée de Realminas deFetela, au Mexique, où elle se trouve en nodules d'une structure fibreuse radiée d'un gris rougeâtre. On lui rapporte une substance d'un gris jau- nâtre, ayant le même aspect et présentant les mêmes réactions, qui a été rencontrée avec blende, galène et amphibole d'un vert grisâtre, à la Cava del Piombo, dans le Campigliese (Toscane). Je possède en outre un échan- tillon de rhodonite recueilli par M. Bombicci à Imprunetta, près Florence, et accompagné d'une substance qui ressemble également à la Bustamite du Mexique. » La Bustamite du Vicentin, que je vais avoir l'honneur de décrire à l'Académie, provient de Monte Civillina, entre Schio et Valdagno. Elle provient de la collection de M. Cordier, à qui elle avait été donnée par M. Maraschini. Cette Bustamite se présente en nodules à structure fibro- lamellaire, accompagnée de parties noires qui sont un produit de décompo- sition de la rhodonite. Sa couleur est d'un gris rose. Densité, 3,i6i. Au chalumeau elle fond en émail noir; dans le matras elle donne de l'eau. L'acide chlorhydrique l'attaque à froid avec effervescence (mélange de calcaire); à chaud l'attaque continue en partie sans formation de gelée. Elle m'a donné à l'analyse : Oxygène, Rapports. Silice 46>'9 24,62 2 Protoxyde de manganèse 28,70 ^i47 \ Chaux i3,23 3,78 Magnésie 2>'7 0,86 Protoxyde de fer 1 ,o5 o,23 Carbonate de chaux 6,95 Eau 3,o6 101 ,35 » Cette analyse, abstraction faite du calcaire mélangé, est assez rap- prochée de celle de la Bustamite du Mexique analysée par M. Dumas et M. Ebelmen. Maintenant, si l'on remarque que les rhodonites ne se trouvent jamais à l'état fibreux et qu'elles ne contiennent pas au delà de 8 pour ioo 11,34 ( io3 ) de chaux, la Bustamite pourrait bien constituer une espèce à part par sa constance d'aspect et de composition, tant au Mexique qu'en Italie. » M. Fock annonce l'envoi d'un ouvrage qu'il vient de faire paraître sur un sujet dont il s'est déjà occupé dans plusieurs précédentes publications : les proportions du corps humain. (Voir au Bulletin bibliographique.) L'auteur, dans la Lettre d'envoi, annonce une figure photographiée du ver solitaire plus satisfaisante, dit-il, que celie qui accompagnait son Mémoire sur ce Ténioïde adressé au mois de février dernier à l'Académie. M. Jodix signale une erreur qui s'est glissée dans sa Note du 26 dé- cembre dernier. On lit page 1181, ligne 7: « 3o décigrammes chacun », au lieu de : « 3o grammes chacun », qui est la vraie leçon. A 4 heures l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. M. Milne Edwards, Doyen de la Section de Zoologie et d'Anatomie, présente, au nom de cette Section, la liste suivante de candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Valenciennes : En première ligne. M. Lacaze-Dctmers. En deuxième ligne M. Robin. En troisième ligne M. Gervais. En quatrième ligne M. Dareste. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. « La Section remarque que des zoologisles dont les noms figuraient sur les listes précédentes, et n'ont pas été inscrits sur celle-ci, ne se sont pas portés comme candidats pour la place actuellement vacante. » La séance est levée à 6 heures. C. ( io4 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 8 janvier 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Géodésie ou Traité de In figure de la Terre et de ses parties; par M. B. Fran- COEUR, 4e édition, revue et corrigée par M. Francœur fils. 1 vol. in-8°. Paris, i865. Rapport sur les travaux du Conseil central de Salubrité' et des Conseils d'ar- rondissement du département du Nord pendant l'année 1 864; par M. le Dr Pilât, secrétaire général, n° 23. 1 vol. in-8°. Lille, 1 865. Essai sur la minéralogie du département de Maine-et-Loire; par M. Ch. Me- nière. (Extrait des Mémoires de la Société académique d'Angers, t. XVIII.) Br. in-8°. Paris, 1866. Société générale d'assistance, d'éducation et de patronage en faveur des écoles pour les enfants sourds-muets ou aveugles. Distribution des livrets, distribution des récompenses. (Séances des 18 août 1862, i863, 18G4.) 3 br. in-8°. Paris, 1862, i863, i86/|. Documents relatifs aux moyens de généraliser l'éducation et l'assistance des sourds-muets et des aveugles; par M. Beanchet. Br. in-4°- Paris, 1 865. Moyens de généraliser l'éducation des sounls- muets sans les séparer île la famille cl des parlants; par M. BLANCHET. 6e édition, br. in-4°. Paris, 1 865. Sur ta structure en éventail du Mont-Blanc ; par M. Al. Favre. (Extrait de la Biblothèque universelle et Revue suisse, novembre 1 865.) Genève, 1 865 ; br. in-8°. Analomie canon'upie, ou le canon de Polyclèle retrouvé; par M. II.-C.-A.-L. Fock. In-folio cartonné, avec planches. Utrecbt, 1 865. Proceedings... Comptes rendus de l'Académie royale d'Irlande, t. VII (i857 à 1861); t. VIII (1861 à 1 864 ) . 2 vol. in-8° reliés. Dublin, 1862 et 1864. The Transactions... Transactions de la Société royale d'Irlande : Belles- Lettres, 2e partie; Sciences, 4e et 6e parties; Antiquités, 2e, 3e et 4e parties. Dublin, 1864 ; 6 numéros. Transactions... Transactions de la Société royale d'Edimbourg, t. XXIV, irc partie; 1864 et i865. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 15 JANVIER 1866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Lettre de M. le Ministre de l'Instruction publique. h Paris, le I3 janvier 1S66. » Monsieur le Secrétaire perpétuel, j'ai l'honneur de vous adresser une ampliation du Décret impérial, rendu sur nia proposition le 3 janvier cou- rant, par lequel le nombre des Membres de la Section de Géographie et Na- vigation de l'Académie des Sciences est porté de trois à six. » Je vous prie de vouloir bien porter ce Décret à la connaissance de l'Académie, afin qu'il y soit donné la suite qu'il comporte. » Agréez, Monsieur le Secrétaire perpétuel, l'assurance de ma considé- ration très-distinguée. Le Ministre de /' Instruction publique, V. Dup.uy. » Je joins à cette ampliation une ampliation du Rapport à l'Empereur qui a précédé ce Décret. » RAPPORT A L'EMPEREUR. « Sire, » Dans l'organisation primitive de l'Institut, établie par la loi du 3 bru- maire an IV, la Section de Géographie appartenait à la Classe des Sciences C. H., iSGG, i« Semestre. (T. LXII, N" 5.) I 4 ( 'o ) tité considérable d'acide sullhydrique, en même temps qu'il se forme un abondant précipité de sulfure de manganèse. » Cette propriété est éminemment caractéristique pour les sullhydrates de sulfures on bisidfbydrates alcalins. » Il résulte de ce qui précède que les dissolutions de sels de chaux soumises à l'action des monosulfures solubles, se décomposent en hydrate de chaux et en bisulfhydrate, ou en sulfhydrate de sulfure de calcium. » Cette curieuse réaction est représentée par l'équation suivante : CaO, A + 2NaS + aHO = CaO, HO + NaO, A 4- NaS, IIS. » Sels île magnésie. — Les sels de magnésie en dissolution faible ou concentrée sont entièrement décomposés par un excès de sulfure de so- dium ou de potassium ; le précipité disparaît entièrement dans un excès de sel magnésien. » Le chlorure de magnésium anhydre, pur et cristallisé, dissous dans Gooo fois son poids d'eau, se trouble immédiatement et d'une manière très-apparente, quand on y mêle une dissolution de sulfure de sodium. » La réaction est la même que pour la chaux, mais plus nette et plus complète, car la première de ces bases est sensiblement soluble dans l'eau, tandis que la seconde ne s'y dissout pas. La dissolution contient toujours du sulfhydrate de sulfure de sodium, avec un plus ou moins grand excès de monosulfure de sodium. » Le mélange d'hydrate de chaux ou de magnésie et de sulfhydrate de sulfure peut être porté à l'ébullition et y être longtemps maintenu, sans que la liqueur cesse de donner les réactions de ce dernier composé. » J'ai eu occasion de constater que les solutions aqueuses de sullhv- drates de sulfures alcalins résistent beaucoup mieux et beaucoup plus longtemps à l'ébullition qu'on ne le eroil généralement ; cependant à la longue la chaleur les transforme en monosulfures. » Il est curieux de rencontrer dans le même milieu et à une température de 100 degrés un oxyde libre, et particulièrement la chaux qui est une base énergique, avec un sel acide. » L'équation qui rend compte de la réaction des sulfures alcalins sur les sels de magnésie est semblable à celle dont il a été question pour les sels de chaux ; elle peut s'exprimer ainsi : MgO,A + aNaS-t- 2llO = Mg()HO + iNa(),A + NaS,HS. » Les sulfhyd rates de sulfures de sodium et de potassium ne décom- ( ni ) posent pas à froid les dissolutions calcaires et magnésiennes ; mais à l'ébul- lition ils y forment un précipité dû à leur transformation en monosulfures. » Le sulfhydrate et le bisulfhydrate d'ammoniaque sont sans action, soit à froid, soit à chaud, sur les sels calcaires et magnésiens. L'ébullition chasse rapidement de ce mélange la totalité des sels ammoniacaux, sans qu'or remarque la formation d'aucun précipité. » Sels d'alumine cl de glucine. — Les sulfures produisent dans ces sels un dégagement immédiat d'acide sulfhydrique et un dépôt d'alumine et de glucine hydratées. Ce dégagement est aussi vif qu'avec l'acide chlorhy- drique et les sulfures alcalins. » Si les sels d'alumine et de glucine sont en excès, il ne teste plus en dissolution que des traces d'hydrogène sulfuré. » Pour produire un hydrosulfate de sulfure alcalin, il faut verser peu. à peu la dissolution du sel d'alumine dans un grand excès de sulfure. L'hy- drogène sulfuré est retenu par l'excès de sulfure de la même manière que si on avait employé directement un acide. » Ces dernières réactions sont d'ailleurs parfaitement connues des chimistes. deuxième partie. — Sulfures et sulfhydrates de calcium et de magnésium. » Sulfure de calcium. — Le sulfure de calcium, ainsi qu'on l'a vu pré- cédemment, ne peut être obtenu par précipitation. On le prépare, au contraire, avec facilité, en décomposant le plâtre par le charbon. C'est par ce procédé qu'a été obtenu le sulfure de calcium dont il va être question. » D'après les expériences de IL Rose, qui datent de vingt-cinq ans, l'eau décompose le sulfure de calcium (Journal de Pharmacie, t. II, p. g3, an- née 1842). » IL Rose n'a pas mentionné dans son Mémoire si l'action de l'eau sur le sulfure de calcium s'exerce plus ou moins rapidement : il n'a pas fait connaître non plus la mesure de cette action. « M. Gossage et M. Scheurer-Restner considèrent le sulfure de calcium comme étant à peu près complètement insoluble dans l'eau. D'après ce dernier chimiste, il ne faudrait pas moins de i2 5oo parties d'eau froide pour dissoudre une seule partie de sulfure de calcium. » J'ai répété ces expériences et j'ai obtenu des nombres qui indiquent, en effet, une action dissolvante très-faible. Ainsi, après quelques minutes d'agitation avec un grand excès de sulfure, 1 litre d'eau me donnait, en général, de 3oo à 5oo milligrammes de résidu; ces nombres, quoique beau- ( "a ) coup plus forts que ceux de M. Scheurer-Kestner, me laissaient d'accord avec lui quant à la très-petite proportion des matières enlevées an sulfure de calcium par l'eau froide; mais je reconnus bientôt que l'action dont il s'agit devient plus énergique avec le temps, et qu'elle le devient surtout dans des proportions plus notables sous l'influence de la chaleur. Je re- connus également l'exactitude des observations de Henry Rose qui éta- blissent que l'eau ne dissout pas le sulfure de calcium, mais qu'elle le décompose en produisant de la chaux et du sulfhydrate de sulfure de calcium. » Lorsqu'on maintient pendant quelques heures en ébullition dans un matras de verre à long col un mélange de 20 à a5 grammes de sulfure de calcium et de 200 à 3oo centimètres cubes d'eau, on observe un dégagement d'acide sulfhydrique très-sensible à son odeur et surtout par le noircisse- ment d'un papier imprégné d'un sel de plomb, de cuivre ou d'argent. » La liqueur filtrée répand également l'odeur des sulfures, qui devient plus forte au contact d'un sel de manganèse. L'analyse y indique des quan- tités notables de sel de chaux; ces quantités peuvent s'élever à un ou même à plusieurs centièmes du poids de l'eau. La liqueur concentrée présente tous les caractères du sulfhydrate de sulfure de calcium, particulièrement celui de produire une vive effervescence avec les sels de manganèse. Quant au résidu qui a résisté à l'action de l'eau, il est formé, pour la plus grande partie, de sulfure de calcium non attaqué et d'une certaine quantité de chaux, car il rend caustique le carbonate de soude, quand on le mêle avec ce sel préalablement dissous, et qu'on maintient le mélange à [\o ou 5o de- grés. La dissolution provenant de l'action de l'eau bouillante sur le sulfure de calcium se décompose peu à peu : cependant on peut la concentrer, mais, au moment où la matière vient à se dessécher, il s'en dégage une quantité considérable d'hydrogène sulfuré. Le résidu, lavé avec de petites quantités d'eau, ne contient plus de composé sulfuré ; c'est de l'hydrate de chaux. Berzélius avait reconnu depuis longtemps que le sulfhydrate de sulfure de calcium ne peut exister à l'état solide, mais il croyait qu'il lais- sait nécessairement du monosulfure de calcium pour résidu. » L'action de l'eau froide sur le sulfure de calcium, à l'intensité près qui est bien moindre, n'est pas différente de celle de l'eau bouillante. » Après un contact de plusieurs jours avec un excès de sulfure de cal- cium, 1 litre d'eau froide contient de 1 gramme à iBr,5oo de sulfhydrate de sulfure et demande, pour être neutralisé, de 10 à i4 centimètres cubes d'acide sulfurique normal. Les sels de plomb, d'argent et de cuivre y for- ( 1x3 ) ment ries précipités noirs. Les acides en dégagent de l'hydrogène sulfuré sans dépôt de soufre. Cette dissolution est parfaitement incolore; elle jaunit peu à peu an contact de l'air. » Le sulfhydrate de sulfure de calcium ne passe pas à l'état de sulfure par le contact de la chaux, même en excès très-considérable. Ainsi, lors- qu'on introduit de l'hydrogène sulfuré dans un lait de chaux, dès les pre- miers instants la liqueur filtrée contient toute la chaux qu'elle a dissoute à l'état de sulfhydrate de sulfure, et le précipité, lavé à l'eau chaude ou froide, ne présente aucune trace de monosulfure de calcium : c'est de l'hydrate de chaux pur. L hydrogène sulfuré cesse d'agir sur le lait de chaux lorsque la dissolution filtrée contient environ 70 grammes par litre de sulfliydrate de sulfure de calcium. Berzélius avait observé qu'à un certain degré de satu- ration, l'absorption du gaz sulfhydrique s'arrêtait, même en présence d'un excès d'hydrate de chaux. Ce moyen est le meilleur et le plus sûr pour obtenir une dissolution pure de sulfhydrate de sulfure de calcium. » Si on reçoit dans de l'eau de chaux de l'hydrogène sulfuré, c'est encore de l'hydrosulfate de sulfure qui prend naissance, et il ne s'y forme aucun précipité. Ce qui prouve une fois de plus ce que j'avance, c'est qu'une dis- solution de sucrate de chaux produit encore, avec l'hydrogène sulfuré, du sulfhydrate de sulfure qu'on peut obtenir directement dans un grand état de concentration. » Enfin, la chaux éteinte, à laquelle on a fait absorber de l'hydrogène sulfuré, cède à l'eau du sulfhydrate de sulfure, et la chaux en excès n'est pas sulfurée. » Le carbonate de chaux mêlé avec de l'eau est attaqué, quoique très- lentement et en faible proportion, par l'hydrogène sulfuré. La dissolution filtrée contient, même après avoir été portée à l'ébullition, des quantités sensibles d'un sel de chaux qui est sans doute encore du sulfhydrate de sulfure. » Le sulfure de calcium provenant de la calcination du plâtre avec le charbon et le marc de soude, délayés dans l'eau et soumis à l'action de l'hydrogène sulfuré, fournissent facilement des dissolutions de sulfhydrate de sulfure de calcium. » Sulfure de magnésium. — Il est, comme celui de calcium, mal connu. » D'après Berthier, on peut l'obtenir en chauffant fortement le sulfate de magnésie dans un creuset brasqué. Si le charbon est en excès et mêlé au sulfate, il ne se produit pas de sulfure : le soufre se dégage et il ne reste que de la magnésie. C. R. 186G, ier Semestre, (T. LXII, N« 5.1 l5 ( iî4) » M. Fremy a fait connaître, en i8j3, une méthode plus sûre et beau- coup plus facile pour obtenir le sulfure de magnésium par voie sèche. Elle consiste à faire passer la vapeur de sulfure de carbone sur la magnésie chauffée au rouge. Notre honorable confrère a remarqué que ce sulfure n'est pas volatil, qu'il est légèrement soluble dans l'eau, qui le décompose ensuite, mais plus lentement que les sulfures de silicium, de bore et d'alu- minium. » D'après Berzélius, la meilleure manière de se procurer le sulfure de magnésium par la voie humide consiste à délayer l'hydrate magnésique dans l'eau, et à y faire passer du gaz sulfhydrique jusqu'à ce qu'une quantité considérable de l'hydrate ait disparu. On filtre la dissolution et on la fait bouillir; l'hydrogène sulfuré non décomposé se dégage, et il se précipite une masse blanche gélatineuse cpii est le sulfure magnésique. » J'ai répété cette expérience et me suis assuré: » i° Que l'hydrate de magnésie délayé dans l'eau se dissout dans l'acide sulfhydrique, en produisant du sulfhydrate de sulfure de magnésium ; » 20 Que la dissolution de ce sel se décompose rapidement par l'ébulli- tion en hydrogène sulfuré qui se dégage et en hydrate de magnésie qui se précipite; on ne retrouve aucune trace de soufre ni de sulfure, soit dans la liqueur soit dans le précipité, ce qu'explique la facile et rapide décom- position du sulfhydrate de sulfure de magnésium. La magnésie ne forme donc pas de monosulfure; elle se comporte absolument comme la chaux en présence de l'eau et de l'acide sulfhydrique. » Il me semble bien établi par les expériences que je viens de rapporter que le sulfure de calcium, quoique très-lentement et très-difficilement atta- quable par l'eau, ne peut exister en dissolution dans ce liquide, qu'il s'y décompose, équivalent contre équivalent, en chaux libre et en sulfhydrate de sulfure de calcium. Il en est de même du sulfure de magnésium. » Ces réactions remarquables expliquent comment les sulfures alcalins, au lieu de former des précipités de sulfures terreux, dans les sels de chaux et de magnésie, en séparent les bases à l'état de liberté. » Une autre conséquence des expériences dont il vient d'être question, c'est que les procédés indiqués dans les Traités de Chimie comme propres à la préparation par voie humide des monosulfures de calcium et de magné- sium ne fournissent que des mélanges d' hydrosulfates de sulfure et de chaux ou de magnésie, quelles que soient les proportions des matières mises en réaction. » J'aurai occasion de revenir sur ce sujet dans un prochain Mémoire ( "5 ) sur la théorie de la formation de la soude artificielle et sur la nature du marc de soude. » « Après la lecture de ce Mémoire, M. Chevreul demande à M. Pelouze s'il a appliqué le mercure coulant à l'analyse immédiate des sulfures alcalins dits hydrogénés dissous dans l'eau. On sait que ces solutions noircissent d'abord le mercure en le sulfurant, et qu'ensuite le sulfure de mercure passe au rouge; on sait encore que tant que le sulfure est noir il peut y en avoir de dissous, tandis qu'il n'y en a plus lorsqu'il est rouge, ce qu'on reconnaît en décomposant la solution par l'acide chlorhydrique; il ne se précipite rien alors, et dans le cas contraire il se forme un précipité noir. Après une réponse négative de M. Pelouze, M. Chevreul insiste sur l'im- portance de savoir si le sulfure alcalin qui n'agit plus sur le mercure est un sulfure alcalin (ou sulfhydrate neutre) ou un sulfhydrate de sulfure alcalin neutre, ou un sous-sulfure (sulfhydrate alcalin avec excès de base). Proust a le premier, croit M. Chevreul, employé le mercure à ce genre d'analyse des sulfures hydrogénés. Il engage M. Pelouze à résoudre ces questions dans le second Mémoire dont il s'occupe. » ASTRONOMIE, — Seconde inégalité du mouvement des taches du Soleil; par M. Faye. « L'inégalité que j'ai signalée, dans la première partie de ce Mémoire (séance du 18 décembre dernier), est un simple effet de perspective, ana- logue aux parallaxes; aussi pourrait-on la nommer parallaxe de profondeur, de même qu'on appelle parallaxe d'altitude le changement apparent de po- sition des astres déterminé par la hauteur de la station au-dessus du niveau des mers, avec cette seule différence qu'ici la cause se rapporte à l'objet et non à l'observateur. » Maintenant que la connaissance de cette inégalité apparente débarrasse les mouvements des taches de leur plus grande complication, je vais aborder la question des inégalités réelles, dont le troisième exemple cité dans la première partie nous a révélé déjà l'existence. C'est ainsi que nous pouvons arriver à quelques notions précises sur le singulier mode de rotation du Soleil. » Voici l'idée que j'ai suivie. On sait qu'à l'inverse des planètes, la vitesse angulaire de rotation de la photosphère n'est pas la même sur tous les pa- i5.. ( "6) rallèles : elle diminue régulièrement d'un parallèle à l'autre à partir de l'équateur. D'autre part on sait aussi que les taches ne restent pas toujours sur le même parallèle : leur latitude varie avec le temps; on était même arrivé à cette conclusion que. sur chaque hémisphère, elles sont animées d'une translation générale vers le pôle de cet hémisphère. Or, leur vitesse diurne ne fût-elle que de i à 2 minutes, au bout de trois ou quatre rota- tions, une tache aurait franchi 2 ou 3 degrés de latitude. » D'après les idées théoriques que j'ai présentées l'an passé, à pareille époque, à l'Académie, sur la constitution du Soleil (*), les taches doivent prendre à chaque instant la vitesse angulaire du parallèle sur lequel elles se trouvent. Le changement en latitude, dont je ne recherche pas actuellement la cause, devra donc introduire dans le mouvement de la tache en longitude une inégalité dont on aura aisément la formule si l'on parvient à exprimer les variations de la latitude en fonction du temps. La suite de ces recherches devra d'ailleurs modifier ce qu'il peut y avoir d'incorrect dans cet aperçu; en tout cas, je crois utile' d'indiquer la marche que j'ai réellement suivie. » Si l'on veut bien se reporter à mon dernier Mémoire, on y trouvera la série des latitudes de la dernière tache pendant quatre rotations successives. Voici une formule empirique qui les représente suffisamment : — X= 12", 80 — o°,ooo7d(£ — 169J)2. Il est remarquable que la formule n'exige pas, malgré l'opinion accréditée sur la marche progressive des taches, de terme dépendant de la première puissance du temps. On en déduit la variation du mouvement propre m en latitude, à raison de — i',6 par accroissement de 1 degré de la latitude dans celte région ; m devient m 4- o°, ooo^S -!— (t — 169)2, et, par suite, la longitude vraie sera const. -+- mt -+- o°, 0000067 (t — 169)9. Retranchons ce dernier terme des longitudes de la tache déjà corrigées de la parallaxe de profondeur, il viendra : (*) Comptes rendus des 16 et 23 janvier i865, t. L. 860. Longitude; Correction 126,7 0 21,69 0 + °>49 i56,o 20,79 -h 0,01 i83,6 19,27 — 0,02 206, 1 i8,43 — o,34 ( 117 ) Longitude moyenne. Différence. 22, 18 20, So 19,25 18,0g — i,38 — 2,8 — i,55 — 3,4 — 1,16 — 3,i » Ainsi ces quatre apparitions (*), ramenées à la même latitude — I2°,8, s'accordent à donner à peu près le même mouvement angulaire pour la zone qui répond à cette latitude. Et il est essentiel de noter ici que cet accord n'a pas été obtenu par l'introduction d'une indéterminée, car le facteur — 1',6 était donné d'avance. » Toutefois, avant de conclure, j'ai voulu contrôler ce résultat à l'aide d'une sixième apparition de la même tache (la première par ordre de date) que M. Carrington a indiquée, mais dont il ne s'est pas servi parce qu'elle ne s'accorde pas du tout avec les quatre retours suivants. Voici cette nou- velle série d'observations; elle prolonge de 55 jours la durée déjà si remar- quable de cette tache. Il devait y avoir là, dans ma pensée, une vérification décisive de mes résultats. Voici cette nouvelle série : IS60. Distance. Longitude. Latitude. 67 ',6 0,9673 0 20,40 -n°,58 69)5 0,761 I 21,67 — 10,90 72>4 0 ,2296 20, 3o — I I ,32 74.-5 o,256o 20,52 — 10,67 77>6 0,8198 20,55 — 10 ,95 » Mais cette nouvelle série contredit absolument la formule des latitudes : celle-ci donne 4 degrés au lieu de 1 1. Sans doute il ne faut pas s'attendre à une grande fidélité en pareil cas, mais cette erreur de 7 degrés était par trop choquante; elle m'a ouvert les yeux, Inutile d'ajouter que la correc- tion correspondante en longitude est tout à fait absurde. Ainsi les lati- tudes ne suivent pas la marche supposée; elles ne progressent pas indéfini- ment avec le temps dune manière plus ou moins compliquée, mais elles repassent par les mêmes valeurs; en un mot, elles semblent osciller autour d'une valeur fixe. » Pour abréger, j'ai eu recours à un procédé graphique. La courbe obtenue par ces cinq apparitions ressemblait si bien à une sinusoïde, que j'ai dû mettre immédiatement cette forme à l'essai du calcul. En relevant (*) Ce sont ici les moyennes de toutes les observations relatives à chaque retour de la tache; ces moyennes sont beaucoup plus exactes que les observations individuelles. ( "S ) sur l'épure, que j'ai l'honneur de placer sous les yeux de l'Académie, les éléments de cette courbe, j'ai trouvé la formule - ). = 1 1°,64 + i°, 24 cos2°, 535 (* - 1673,4), qui représente comme il suit les observations : Tache nos 664 — 710— 730 — 753 — 777 Carrington (*). Dalcs. X calculé. X obs. Obs. — cale. lro apparition. 1860+ 67,6 0 — 1 I ,25 - 11° 58 0 — o,33 69,5 "»>9 10,90 + 0,29 72;4 1 1 ,o3 1 I ,32 — 0,29 74,5 10,90 10,67 -+- 0,23 77>(» 10,82 3e appar tio/i . 10,95 — 0, i3 123,5 11,12 1 1 ,65 — o,53 ia3,6 1 1 ,20 ,,,45 — o,25 1 2.4 , 5 I I ,25 ,.,45 — 0,20 i25,5 11,29 11,72 — o,43 126,5 n,34 11,28 + 0,06 127,5 11,41 n,58 — 0,17 129,6 11 ,52 1 1 ,o3 ■4-0,49 i33,6 ",74 4e appar tion. n,53 -+- 0,21 i5o,4 12,55 12,60 — o,o5 i56,4 12,73 .2,48 -4- o,25 157,5 12,77 12,78 — 0,01 i59,5 ta, 8a 12,80 -4- 0,02 5'' apparition. '77, 3 12,77 .2,77 0,00 182,6 12,62 I 2 , 25 -4- 0,37 i84,5 12,54 12 ,5a -4- 0,02 ■ 85,5 12,50 12,43 + 0,07 187,7 12, 4o 6e ap/iai ition. 12,22 + 0,18 2o5,6 1 1 ,5o 11,68 - 0,18 206,6 n,4'. .1,45 o,ûo La correction relative S la parallaxe de profondeur, à peu prèa constante en latitude, a été omise afin de simplifier. ( "9) » On obtiendrait peut-être un accord pins satisfaisant encore en modi- fiant un peu les constantes relevées sur l'épure. » Ce phénomène n'est pas isolé. Voici deux* autres taches à longue durée dont les latitudes oscillent suivant la même loi. La seconde, située dans l'hémisphère austral, comme la précédente, a pour formule - X = 25°,68 + i0,g3 cos3°, 184 (t - 3o5,a); la troisième, située dans l'hémisphère boréal, "m'a donné, toujours par le même procédé graphique, -4- X = 27°,3o-+- i°,4ocosa°,74o (t — 265,5), et voici comment ces longues séries d'observations sont représentées : Tache nos 785 - -8o9-835 — g >53 Carrington Dates. 1 cale. Ire apparition. X obs. Obs. — cale. 1860+ 21 3, 66 - 26,38 - 24°, 68 0 2 1 6 , 54 26,09 26, 12 — o,o3 217 ,56 25,98 25,92 -t- 0,06 219,53 25,77 2e apparition. 25,80 — o,o3 241,57 23,89 25,32 »(*) 242,67 23,85 24,10 — 0,25 243,53 23,8a 24, 10 — 0,28 244,56 23,79 23,55 + 0,24 245,45 23,78 23,58 -t- 0,20 246,50 23,76 23,70 + 0,06 247,53 23,75 23,77 — 0,02 248,4s 23,75 23,82 — 0,07 25o , 56 23,76 3e apparition. 25,78 — 0,02 273,44 25, 3i 25,93 — 0,62 275,45 25,52 25,45 + 0,07 276,51 25,63 25,37 + 0,26 277,46 25,74 25 ,3o -f-0,44 279,53 25,96 25,47 + 0,49 281 ,40 26, 16 25,90 -1-0,26 (*) Observations faites trop près du bord du Soleil. ( lao ) Dates. / cale. 4e apparition. ). obs. Obs. — cale. > + 297,59 27-44 0 26.97 0 3oi,45 27,58 27,78 — 0,20 3o2,45 27. 59 27,65 — 0,06 3o3,4g 27,61 27,70 — 0,09 3o5,48 27 ,6i 27 ,82 — 0,21 3oG,46 27,61 27 ,63 — 0,02 307 ,5i 27>59 27 ,32 + 0,27 3o8,53 27,57 27,63 — O,o6 3og,55 27,56 27,02 (+0,54) r 1800 Tache nos 754 — 779 — 8o3 — 828 Carrington. ire apparition. 182' 58 -1-26,35 0 -t- 26,20 — 0, i5 184, 56 26,25 25,67 -o,58 i85,53 26,2? 26, 1 3 — 0,08 187,72 26, 1 3 2e apparition. 26,85 + 0,72 2o5,63 25 ,96 25,95 — 0,01 206 , 64 25,97 26,08 -1- 0,1 1 21 1 ,55 26, 1 1 26,o5 — 0,06 2i3,66 26,20 26,30 -+- 0, 10 216,54 26,32 26,53 -1- 0,21 217 ,56 26,38 25,87 — o,5i 3e apparition (*' >)■ 233,52 27.31 27,73 -4- 0,42 238, 5i 27.% 27,87 + 0,18 239,52 27,75 28,o5 -+- o,3o 240,57 27,81 28,07 + 0,24 9.41,57 27,87 27,73 — 0,14 242,67 27.94 27,42 — 0,52. 243,53 28,00 27. '7 — o,83 2.44 >56 28,06 27,57 — 0.49 ■45,55 28, 1 1 27,18 — 0,93 2.46,50 28,16 4e apparition. 27 ,35 — 0,81 267,45 28,70 28,75 -l- o,o5 (*) Observations faites trop près du boni du Soleil. (**) La 3e apparition est fort mal représentée à la fin. Il y a là, dans les observations, l'in- ( 121 ) » Toutes ces séries sont de la même année et du même habile observa- teur, le Dr von Bose, attaché en 1860 à l'Observatoire de Rcdliill. Cette année est précieuse pour la théorie du Soleil. » La longue durée de ces oscillations nous interdit d'en chercher les éléments dans les autres taches observées à deux ou trois rotations seu- lement; mais celles-là se conduisent comme si elles décrivaient des portions de sinusoïdes analogues aux précédentes. Quant aux taches qui n'ont été observées qu'à une seule rotation, il est encore un moyen de les faire servir ici. Sur 323 mouvements propres déterminés par M. Carrington, générale- ment par une seule apparition, on en trouve i3o, positifs, i3o négatifs et 54 nuls, ce qui répond assez bien aux chances diverses de rencontrer en sept ou huit jours des arcs ascendants, des arcs descendants et des arcs à peu près horizontaux sur une sinusoïde de grande étendue. La résultante générale de tous ces mouvements devrait être nulle, et c'est ce qui a lieu à très-peu près, car elle se réduit à une minute, bien que les composantes aillent à 10, i5, 20 minutes et même beaucoup au delà. » Nous pouvons donc regarder ce phénomène comme général et l'exprimer ainsi (*) : » Les taches n'ont pas de mouvements progressifs en latitude, mais des mouvements oscillatoires dont l'amplitude est de plusieurs degrés, et dont la durée dépasse de beaucoup celle de la rotation du Soleil. dicalion d'un maximum antérieur qui se trouve démenti par la 4e apparition. Pour celle-ci, on a dû rectifier le choix de M. Carrington; la tache indiquée par lui diffère de 8 degrés avec le mouvement connu en longitude. Je prie le lecteur de vouloir bien attendre, sur ce point, les éclaircissements que je donnerai dans la partie relative à l'inégalité en longitude. (*) Je ne connais, dans l'histoire de cette partie de la science, qu'un seul fait contradic- toire, en apparence, avec cette conclusion. Bianchi, astronome de Modène, commença, en novembre 1816, l'observation d'une tache qu'il crut avoir retrouvée et suivie pendant les quatre rotations suivantes. Voici les latitudes qu'il lui assigne : o , ire apparition -1- 6.26 2e » -4- 8.22 3e » +8.18 4e » -+- 1 o . 55 5e » -t- 14.57 » Mais, à cette époque, il n'existait aucun moyen de s'assurer de l'identité de ces diverses taches dont le mouvement diurne aurait dû varier, .1 l'insu de Bianchi, de 12 minutes environ si elles avaient été réellement identiques. De pareilles méprises ne seraient plus possibles aujourd'hui, ou, du moins, elles seraient aisément reconnues. C. R., 1866, 1er Semestre. (T. LX1I, N° 5.) I G ( 122 ) » Ce dernier point est essentiel à noter : autrement il y aurait lieu de se demander si des oscillations de ce genre ne proviendraient pas tout simple- ment d'une erreur dans les nombres adoptés pour l'inclinaison de l'équateur solaire et la longitude de son noeud ascendant. La correction qui en résul- terait pour les latitudes pourrait être mise, comme la précédente, sous la forme 36o° , ,. acos — ( La coloration de la troisième membrane est généralement indépen- dante de celle de la membrane épidermique. C'est ainsi que dans le Plum- bago scandens, V Helerocentrum roseum, le Megazea alba et le Syiphium, tous à membrane interne jaunâtre ou presque incolore, on trouve la membrane épidermique bleue pour le premier, rose pour le second et le troisième, d'un bleu noir dans le Syiphium. » Quelquefois la seconde membrane partage exceptionnellement la co- loration de la troisième, comme on l'observe dans YAponogelon, le Gono- lohus et le Salvia splendcns. » Il ressort de ce qui a été dit plus haut des caractères opposés de la troi- sième et de la seconde membrane que, si une seide d'elles est colorée, c'est ordinairement la troisième; mais l'inverse peut avoir lieu, comme si la na- ture diverse des deux membranes sous-épidermiques devait être établie par tous les genres de preuves. C'est ainsi que la troisième membrane est inco- ( i?-9 ) lore dans le L) copersicon et le Cassia, qui ont la deuxième membrane, celui- là verte, celui-ci d'un jaune fauve. » Mais si la coloration de la troisième membrane n'a que de rares rap- ports avec celle des deux autres membranes, elle est au contraire directe- ment liée (comme la cause à l'effet) à celle du pollen. Telle est même la généralité de ce rapport qu'on peut, soit remonter à peu près avec certi- tude de la couleur du pollen à celle de la membrane détruite, soit prévoir par la coloration de la troisième membrane quelle sera celle du pollen. Ces rapports constatés sont d'autant plus susceptibles d'applications, que la formation et la coloration de la troisième membrane précèdent celles du pollen, et que le pollen reste après la destruction de la membrane elle- même. » Structure. — Qu'elles s'avancent en papilles dans la cavité des loges, ou que, plus ou moins aplaties, elles ne forment qu'une membrane étroite, sorte d'épiderme intérieur, les cellules de la troisième membrane sont gé- néralement à parois minces, fort délicates, non ponctuées par conséquent. Quelques exceptions se présentent dans les Pyrola, Cassia, Vaccinium et Rhododendron, plantes à anthères sans cellules à filets, mais qui, par une sorte de compensation, ont la membrane interne notablement épaissie. » La troisième membrane est ordinairement constituée par une seule assise d'ntricules. Cependant elle compte deux assises dans le Sparmannia, deux à six dans les Viola, Crassula orbiculaiïs, plusieurs Cassia et Canna. Comme pour la deuxième membrane, c'est vers l'attache des valves au con- nectif que les assises d'utricules sont le plus nombreuses. « La membrane interne ne s'étend pas seulement sur les valves de l'an- thère ; elle tapisse toute la cavité des loges, aussi bien la portion des parois de celles-ci formées par la cloison, le conneciif et le placentoïde, que celle répondant aux valves elles-mêmes. » Contenu. — Les substances que contiennent principalement les n t ri— cules de la troisième membrane sont, avec des matières colorantes variées, des corps gras souvent réunis en gouttelettes chargées de principes colo- rants, des substances azotées, du mucilage, du sucre et de Paleurone. Il est inutile de faire remarquer combien la présence de toutes ces matières, essentiellement plastiques, est favorable à l'opinion que la troisième mem- brane fabriquerait et tiendrait en dépôt des éléments nourriciers. » Fonctions. — Tout l'indique : son existence transitoire, les phases de son développement, son siège sur toute la paroi interne des loges pollini- C. R., 18G6, Ier Semestre. (T. LXII, K° .V) I J i3o ) ques, sa production précédant celle du pollen qu'elle isole de tous les autres tissus; sa destruction lorsque le pollen, arrivé à son développement complet, n'a plus besoin do nourrice; ses rapports décoloration avec le. pollen ; les matières alimentaires contenues dans ses utricules, notamment dans sa période d'activité : la troisième membrane est la nourrice du pollen. » Quand on considère d'autre part que la troisième membrane est à son maximum de développement et de richesse en dépôts nourriciers, à l'é- poque où les filets se produisent dans les cellules passant à l'état fibreux ; que cette membrane disparaît peu après cette formation des cellules fibreu- ses; qu'elle persiste en général dans les anthères privées de cellules fibreuses (Ericacées, etc.), on est porté à penser qu'elle est aussi le réservoir où les cellules de la seconde membrane puisent les aliments nécessaires à leur rapide transformation. >> Les faits et les considérations que je viens d'exposer mettent hors de doute, on l'accordera, l'existence dans l'anthère d'une troisième mem- brane, en même temps qu'ils assignent à celle-ci un rôle important. On ne saurait plus, dès lors, conserver à la seconde membrane le nom à'endothe- cium. Ou ce nom doit être abandonné, ou il faut l'appliquer à la troisième membrane, et créer celui de mesothecium pour la seconde membrane. » Je termine par cette remarque, que si dans quelques plantes (Mêla- stoma, Oclomeris) la troisième membrane tranche peu sur la seconde, ce n'est pas un motif suffisant pour douter de sa présence dans ces plantes elles-mêmes. On comprend que, comme la première membrane (l'épi— derme), dont on ne contestera pas cependant l'existence, elle puisse se confondre en apparence avec la seconde par une texture commune. Je donnerai comme exemple le Cliœlopliora et le Clandestine! (ce dernier dans la portion des valves privée de cellules (ihreuses), plantes où sont confon- dues en un tissu homogène la membrane épidermique et la membrane sous-jacente. Les faits de cet ordre ne sont d'ailleurs pas rares dans le règne végétal. » mécanique. — Quatrième complément au Mémoire lu le 10 août 18^7 sur l'impulsion, la résistance vive et les vibrations des pièces solides, etc.; par M. de Saint-Venant. (Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Lamé, Bertrand, llerinile.) « Dans ce Mémoire et dans ses compléments de i865, en traitant, pour ( i3i ) des cas variés de conditions aux limiles, les équations du mouvement soit longitudinal soit transversal de barres élastiques heurtées par un ou plu- sieurs corps durs, et en les résolvant par des expressions (r) 9 = ^(Asinni2< -f-Bcosmai)X, où m est un paramètre dont les valeurs sont fournies par une équation transcendante, y est le déplacement, au bout du temps t, d'un point dont x est l'abscisse, et X est une fonction de x et de m astreinte à satisfaire une équation différentielle du second ou du quatrième ordre, j'ai observé cpie la détermination des coefficients A, B avait besoin d'être opérée d'une ma- nière particulière toutes les fois qu'une barre élastique, au lieu de se mou- voir seule, vibrait avec des masses étrangères qui lui restent unies. Et, en effet, alors, X' étant ce que devient X pour une autre valeur m' du para- mètre, et a étant la longueur de la barre, on ne trouve pas comme à l'or- 1 XX' dx = o, en sorte que la multiplication parXaa; des termes 0 des équations de condition initiale et leur intégration ne fait pas disparaître tous les termes de la série ^ hors un seul, mais ne fait que la réduire à une série plus simple dont il faut trouver la somme avant de tirer les valeurs cherchées de A, B. » Mais l'équation donnant ainsi 1 XX' dx peut être écrite, si, par exem- ple, P, (j, Q sont les poids de la barre et de deux corps qui restent fixés à ses extrémités x = o, x = a, et si les indices désignent les valeurs de X pour ces valeurs o et a de x (a) qX0X'0 + QXaX;; 4- XX'-^p = o; et la valeur qu'on tire pour le coefficient B, si

/ X> — » Or on peut remarquer que dans les trois trinômes, les deux premiers termes représentent en quelque sorte la même intégrale que le troisième, t7.. ( >32 ) excepté qu'au lieu d'être effectuée pour le poids P de la barre, elle l'est pour les poids étrangers 4> » Cette remarque fait rentrer l'exception dans la règle. Elle montre qu'en multipliant les équations de condition initiale 2BX = f(x), 2'«2AX = ^(.r), non pas par Xdx, mais par Xrfp, et intégrant tous les termes non pas de o à a ou pour le seul poids de la barre, mais pour tout celui du système, tous les termes des jv s'annuleront hors un, et l'on pourra tirer de suite les expressions (5), dont le numérateur et le dénominateur se développent comme dans l'équation (3). De cette manière on n'a pas besoin de trouver de sommation de série, ou d'user, comme a fait Navier pour l'impulsion longitudinale, d'un expédient qui consiste à différentiel' préalablement les équations de condition initiale (il faudrait les différentiel' deux fois pour le choc transversal), ce qui laisse des doutes sur le résultat, parce que souvent de pareilles dilféren liai ions font cesser la convergence des séries. » J'ai obtenu la même chose en traitant, depuis, des cas plus généraux : » i° Celui d'une barre composée d'un nombre n de parties prismatiques et homogènes, de grosseurs et même de matières différentes, aux extrémités ainsi qu'aux jonctions desquelles peuvent se trouver des masses étrangères, heurtantes ou autres. Eu niellant les indices i, 2,..., n pour ce qui est relatif à ces diverses parties, on a, pour les déplacements de leurs points, (6) 71 = Y(Asinm»<+Bcosma*)X(,..., j„=2(Asinma<+Bcosma<)Xn, expressions où m, A, 15 sont les mêmes pour toutes, mais où X,, X2,... sont des fonctions différentes de m et de l'abscisse x comptée à partir d'une ( i33 ) même extrémité de la barre composée. Ces fonctions sont à deux ou à quatre constantes arbitraires, suivant que le mouvement est longitudinal ou transversal ; et comme les conditions aux extrémités et aux raccorde- ments sont en nombre 211 dans le premier cas et 4'* dans le second, on a tout juste assez d'équations pour éliminer les in — 1 ou 4" — 1 rapports de ces constantes à l'une d'entre elles; d'où l'équation transcendante en m, dont les racines en nombre infini fournissent ses valeurs. Et en combinant ensemble, comme ont fait MM. Liouville et Sturm (1837) pour un autre problème, deux des équations différentielles donnant X, relatives à deux valeurs différentes m, m' du paramètre, on obtient de I XXV/x, pour les diverses parties, sans avoir à effectuer d'intégrations, une suite de valeurs qui, convenablement multipliées et ajoutées ensemble, ainsi qu'avec des termes relatifs aux corps étrangers, donnent précisément l'équation (4) I XX' dp = o, p étant encore le poids total du système; d'où toujours (5) pour B et A. » 20 Le cas d'une barre hétérogène et non prismatique (mais ayant tou- jours une droite pour axe). Alors on a à résoudre une équation J) dx- s dt 2 = O où E, -, w, I, Jonctions de .r, sont l'élasticité, la densité de la matière, l'aire et un moment d'inertie de la section transversale. Elle est satisfaite par (8) y = ^(Asinm2£-t-Bcosm2£)X, où X, fourni par l'équation simplement différentielle (9) VJ** }=m*^X, o est à quatre constantes, dont les trois rapports à l'une d'elles s'éliminent au moyen des conditions aux extrémités, soit qu'il y ait liberté, encastrement, ou simple appui sur des points fixes; d'où, toujours, une équation four- nissant m. » Et, sans avoir besoin d'obtenir l'expression de la fonction X, qui ne sera pas toujours sous forme finie, on trouve facilement, par le même pro- ( i34 ) cédé de MM. Sturm et Liouville, a étant la longueur de cette lame hété- rogène, f " n « XX' dx = O, c'est-à-dire ( /» ) f XX ' dp = O , d'où toujours les valeurs (5) de B et A. XX' dp = o fournit une autre conséquence remarquable que la détermination des coefficients. On a, en appelant T le binôme m2 A cos m2 t — m2 B sin m* t, et T' ce qu'il devient quand m se change en m', l'expression générale suivante de la demi- force vive du système, le second ^ s'appliquant à toutes les combinaisons deux à deux des ra- cines m, m', .... Or il est nul. Il ne reste donc que le premier; en sorte que si l'on nomme i>n, vm,, . . . les portions de vitesse répondant aux diverses valeurs du paramètre m, on a pour la demi-force vive totale „„ r^,:v + ..,^r^+r^+r^+„„ » D'où il suit que le théorème nouveau de séparation des forces vives dues aux mouvements simples isochrones composants, annoncé à mon deuxième com- plément (-10 avril) et déjà vérifié sur une suite de cas particuliers, s'observe encore dans les cas généraux de barre hétérogène et de barre composée, vibrant avec ou sans des corps étrangers, et peut être regardé comme expri- mant une loi générale de Mécanique physique. » PHYSIQUE mathématique. — Mémoire sur les phénomènes capillaires ; par M. E. Ro«:er. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires : MM. Lamé, Bertrand, Serret.) « Newton décrit, dans son Optique, les phénomènes qui se produisent lorsqu'on plonge verticalement dans une eau tranquille deux plaques de verre, planes et polies. Il indique que l'eau s'élève à une hauteur inverse- ment proportionnelle à la distance des plaques, puis il fait remarquer qu'il en doit être ainsi, car la force attractive des plaques étant indépendante de ( i35) leur distance, il faut que le poids de l'eau soit invariable; une force ana- logue, ajoute-t-il, maintient, dans un tube très-étroit, le niveau de l'eau à une hauteur inversement proportionnelle au diamètre intérieur du tube. » Depuis .Newton, les géomètres qui se sont occupés des phénomènes capillaires ont tous admis, comme lui, l'existence de forces attractives qui deviennent tout à fait insensibles aux plus petites distances perceptibles à nos sens. » Nos recherches démontrent que ce principe n'est pas rigoureusement exact. On peut, sans contredire les faits d'expérience, supposer que les molécules liquides infiniment voisines de la ligne de contact sont seules soumises à l'attraction de la paroi ; mais il faut nécessairement admettre que ces molécules sont attirées partons les éléments de la paroi, depuis les plus rapprochés jusqu'à une distance indéfinie. » L'analyse conduit alors à exprimer la hauteur II d'une colonne liquide soulevée ou déprimée dans un tube de diamètre D par la formule suivante : (l) hd+ 4- =* + _ + _+..., dans laquelle Y désigne le volume du ménisque, volume négligeable lorsque le tube est suffisamment étroit, et k, k', k" , .. des constantes arbitraires qui dépendent de l'état physique du liquide et de la paroi. » Lorsque le diamètre des tubes dépasse une certaine limite, le second membre de cette formule se réduit à la constante k, et l'on retrouve ainsi le résultat généralement connu; mais au-dessous de cette limite, l'influence des termes — -> — »• •• devient sensible et rapidement prépondérante. uy L) il» » Notre formule théorique représente-t-elle exactement la marche des phénomènes? On en jugera par le tableau suivant, où nous avons groupé les éléments des expériences si remarquables faites, il y a plus de vingt ans, par M. Simon (de Metz), et vérifiées, depuis, dans leurs résultats essentiels, par plusieurs physiciens (*); à côté de ces éléments, nous indiquons les valeurs théoriques de IID qui correspondent aux différentes expériences, (*) Simon, Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. XXXII; Wertheim, ibid., t. LXIII. L'exactitude des résultats obtenus par M. Simon n'a été sérieusement contestée, à notre connaissance, que par M. Desains ( Annales de Chimie et de Physique, t. LI); mais il est à remarquer que les expériences de RI. Desains ont porté uniquement sur des tubes d'un diamètre supérieur à omra, i; à cette limite, la hauteur est encore sensiblement réciproque au diamètre. ( <3G) ainsi que la valeur qu'il faudrait attribuer à chaque diamètre pour rendre la formule exactement applicable, les hauteurs étant supposées mesurées avec une précision absolue. Nous nous sommes borné aux seuls tubes dont le diamètre est inférieur à omm,i, parce que ce n'est qu'à partir de cette limite que le produit HD, corrigé de l'influence du ménisque, cesse d'être constant. s HD HD CALCULÉ (*). D CALCULÉ. min o,o5 33, i5o 33 , i55 o,o5o.oi o,o3o.8 33 ,264 33,275 o,o3o.8i 0,028 33,2f)2 33,3i2 0,028.02 O ,025 33,3a5 33,369 0,02.5.o3 O ,020 33,86o 33,52t O,0IC).80 0,012 34,608 34,452 0 ,oi 1 .q5 0 ,007 .5 37 ,56o 37 ,525 0,007.49 0,007 37,733 38,447 0,007 . 10 0,006. 1 4i ,5o8 4 1 , 068 0,006 o52 (*) Les valeurs ; attribuer aux constantes arbitraires sont * = 33,i, À' = o,ooo.i6, À" = o,ooo.oo o.oô. Les termes d'ort ,re supérieur sont s ans influence. » En comparant la quatrième colonne de ce tableau à la première, on voit que les corrections à faire subir aux diamètres portent uniquement sur les décimales non exprimées, et ne s'élèvent, dans aucun cas, à plus de -±A_ tle la valeur du diamètre. » On peut rendre sensible aux yeux l'exactitude de la formule donnée tout à l'heure. 11 suffit, après avoir porté sur une ligne horizontale des abscisses proportionnelles aux différentes valeurs de —, d'élever, en chaque point, des ordonnées proportionnelles aux valeurs, soit théoriques, soit expérimentales, de (111) — 33, 1). On obtient ainsi une parabole toujours très-voisine du diagramme, dont elle fait seulement disparaître les irrégu- larités. » La méthode d'analyse par laquelle nous obtenons la formule (1) est fondée sur l'emploi d'un système de coordonnées particulier. Soit M un point quelconque de la ligne de contact, nous supposons que cette ligne est ( i37 ) horizontale et qu'elle se confond avec Tune des lignes de courbure de la paroi, double condition qui est nécessairement remplie lorsque la paroi est une surface de révolution à axe vertical, ou encore lorsqu'elle est plane. La seconde ligne de courbure coïncide alors avec la ligne de plus grande pente. Par le point M pris comme origine, on peut imaginer trois axes rectangu- laires Mx, My, Mz, dirigés : les deux premiers, parallèlement aux deux lignes de courbure, et le troisième normalement à la paroi. D'autre part, on peut définir la position d'un point N de la paroi par deux paramètres seu- lement, savoir : la distance MN=X, et l'angle u. que la section normale MN fait avec le plan normal xz. Les formules de transformation propres à passer du système (x, y, z) au système (X, p.) sont : x = Gcosu., ] (ii, i . „ 1 l - = — cos-/j. + - surii, y — Gsinu, 7 A ' B i ' » avec < . = £+...) (g=^-*"=x-87. Dans ces formules, G désigne la projection de la distance X sur le plan tan- gent; y le rayon de courbure de la section normale MX; A et B les rayons de courbure principaux de la surface. Les deux premières équations et la dernière sont, pour ainsi dire, évidentes; la troisième exprime que la section normale MN se confond, aux quantités du huitième ordre près, avec le cercle de rayon y; quanta la quatrième équation, elle traduit un théorème bien connu, dû à Euler. » La nature de la paroi étant définie au moyen d'une relation telle que on pourra toujours développer les variables x, y, z suivant les puissances croissantes de X; les coefficients des termes successifs seront des fonctions de \j. seulement. » Cela posé, considérons sur la paroi les courbes en nombre infini dont les équations sont X = constante, p. = constante; en désignant par ds et ds' les éléments linéaires des deux trajectoires qui se coupent en N, on aura ds = d^y^T ) + te) + [r, *="y(sHS),*-(sy- C. R., i8GG, i" Semestre. (T. LXII, N° 3.) 18 ( i38) On peut considérer le point N comme le centre d'un élément superficiel dont l'étendue est ds ds' . sin V, en nommant V l'angle des deux, trajectoires déterminé par l'équation suivante : 'dx dx dy dy dz dz _, du. d\ du. d~K du. d\ cos\ == r—-, ! ds ds du. d'k L'attraction exercée par l'élément superficiel N sur l'élément linéaire dont M est le centre est dirigée suivant MN, et elle est évidemment propor- tionnelle à dsds'sinV. Cette attraction doit donc s'exprimer par une fonc- tion telle que f(\)dsds' sin V; et. elle donne, parallèlement à la seconde ligne de courbure, une composante dont la grandeur est (X) '- ds ds' sinV sin p.. De là, s'il s'agit d'un cylindre vertical, l'équation d'équilibre se présentera sous cette forme : îtHD' Y = nD £' £>fi}.)\^sinVsinlJ.dl,dl. Le développement de la quantité placée sons le signe de l'intégration ne présente aucune difficulté; et il est, de plus, très-aisé d'effectuer une pre- mière intégration dans laquelle u seul est variable. C'est de cette manière que s'introduisent les constantes arbitraires £, k', k , — La signification analytique de ces constantes est donnée par les formules suivantes : k= 8 (" extrême lenteur et demande plusieurs jours pour être complet. Cepen- dant ce réactif est préférable an permanganate lorsqu'il s'agit de séparer le manganèse du nickel et du cobalt. » Si la matière à analyser contient à la fois du cobalt, du nickel et du manganèse, ce dernier métal peut être dosé en opérant comme il vient d'être dit, mais en employant des quantités connues de permanganate titré d'avance. On recueille le précipité d'oxyde de manganèse, que l'on calcine après l'avoir lavé et séché. Du poids de l'oxyde rouge obtenu on retranche la quantité de manganèse ajoutée à l'état de permanganate. » La séparation du manganèse du cobalt ou du nickel est des plus faciles; on la détermine également au moyen des hypochlorites alcalins ou du per- manganate de potasse, qui précipitent complètement le manganèse des dis- solutions ammoniacales, et qui ne précipitent, dans les mêmes circonstances, ni le cobalt ni le nickel, que l'on retrouve dans les liqueurs filtrées. La ma- nière d'opérer est semblable à celle qui a été décrite plus haut. » « En présentant ce Mémoire de M. Terreil, M. Fiuc.my ajoute qu'il est très-heureux de voir sortir un travail analytique aussi intéressant des labo- ratoires du Muséum d'Histoire naturelle, qui sont consacrés aujourd'hui, comme on le sait, à l'enseignement pratique de la Chimie. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note sur In théorie des équations; par M. II. Laurent. (Commissaires précédemment nommés.) ,< Soient \0, A,, \2,... des coefficients indéterminés; ç> (z) une fonc- tion synectique a l'intérieur du cercle de rayon au décrit d'un point a du plan comme centre ; soient 9' (s), 9" (z), ... , 9" (z) ses dérivées. Proposons- « ( *4t ) nous d'étudier la fonction f(x) définie par l'équation (i) /(*).= ^./[ffd + xi-fW], 71=0 Nous supposons le module de x inférieur à u, et la série qui entre dans le second membre de l'équation (i) convergente pour toutes les valeurs de x en question. » J'ai démontré, dans un ouvrage que j'ai publié sur la théorie des rési- dus, que lorsque les différents termes d'une série convergente pour toutes les valeurs d'une variable x contenues dans une aire À étaient des fonctions synectiques de x à l'intérieur de l'aire A, cette série représentait une fonc- tion synectique à l'intérieur de cette aire, que l'on pouvait différentiel' en différentiant chacun des termes de la série. J'ai fait observer aussi que ce théorème cessait d'être vrai pour les valeurs de x situées sur le contour de l'aire A. » Il résulte de Là que la fonction f {x) est synectique à l'intérieur du cercle de rayon a décrit de l'origine comme centre, et sa dérivée piime est donnée par la formule lfe~ 2ikn[x"on+P(a-hx)-h£.nxn-,?n+P-,(a-hx) +... quand n = p, le dernier terme du coefficient de A„ devient [f(a-hx) - f(a)]p{p -i){P- i)...2. En sorte que si l'on suppose x = o, la formule précédente donne (£?)x=0= ^P(rt) [Ao + />A. + P(P -i)A,... + p[p -i)...3.a.Af_(], d'où l'on tire, en vertu d'un théorème de Cauchy, \f{x) = k0x(?'{a) + {k0+ aA,) -^9" (*)+.. . (a)l \ +[k0-^Pk{+p{p-i)k,...+p{p-i)...?>.2kp_t\:r£-p9P{a).... ( i4a ) Si l'on fait alors (3) A0 = A, ou A0 = A-, A0H-2A, = A-, A< = - — £, o » O A 73 A *(* — l)(2*— i) A0-f- 3A,4- 3.2A2 = A3, A2 = -i ^ £, etc., A0 + 4A, + 4-3Ao + 4-3.2A3 = A4, etc. on trouve (4) /(*) = ?(* + **)•.-?(«)? mais cette formule ne sera exacte qu'autant que la série qui entre dans la formule (i) sera convergente pour les valeurs de A0, A(,... tirées des équa- tions (3). Or observons que si l'on fait a = o,

" (a -f- .r) — ip"(fl) Si cette quantité a un module moindre que i, quand le module de x est moindre que u, la série de la formule (i) sera convergente et la combi- naison des formules (i) et (/j) donnera dn ekl- (7) ?(a + kx)-9(a) = £ ^-—T^^x"[f(a + x)-f(a)]. n:=o Pour k = 1 on retrouve la formule de Stirling. La formule d'Euler, celle de M. Boole se démontreraient de la même manière. ». Nous allons maintenant montrer comment on peut appliquer cette for- mule à la résolution des équations. Soient a + xetrt deux valeurs appro- chées de la racine a -+- kx de l'équation y (z) = o. Dans ce cas on a f (a -h kx) — o, et la formule (7) donne (8) o =: f (a) -+- k [f {a h- x) —

+-r)-?» n. ■ — . h. — %A, : : ; — — 2 cp(aH-xJ — y\a) + f! f 2A'3 - 3 A'2 ■+- À') i - - W'[a + *> ~ ?"(fl)] + ?'(« + *) - y»? + Cette série est très-convergente. Son premier terme A' est celui que fournit le terme de correction de la méthode de fausse position. Enfin elle n'est pas d'une application pénible. » M. E. Jordan envoie une reproduction de la deuxième partie de ses « Recherches sur les équations algébriques n , destinée à remplacer le Mé- moire envoyé en i865, et dont un extrait a été imprimé dans le Compte rendu . (Commissaires précédemment nommés : MM. Bertrand, Serret, Bonnet.) M. Bertrand de Lom présente une Note sur la Roméine. Ce minéralogiste a constaté de nouveau que la roméine constitue un filon qui a traversé ver- ticalement l'amas de manganèse de Saint-Marcel, ce qui prouve d'abord son arrivée postérieure à celle de l'oxyde de manganèse, dans lequel la roméine s'est pourtant épanchée. M. Bertrand de Lom signale quelques faits remarquables de sublimation, tels que celui de nombreux octaèdres microscopiques de roméine conden- sés sur des cristaux d'épidote violette, de fer oligiste, etc. Il a trouvé un échantillon renfermant au moins une centaine d'octaèdres de roméine dans un parfait état de conservation, tandis que jusqu'à présent on ne l'avait trouvée qu'en petits cristaux isolés. (Commissaires précédemment nommés : MM. Delafosse, Daubrée.) M. Xo«ii:s soumet au jugement de l'Académie une nouvelle Note sur les ophites des Pyrénées, en réponse à une communication récente de M. Leymcric sur le même sujet. Cette Note sera soumise à l'examen de la Commission déjà nommée, Corn- ( r45 ) mission qui se compose de MM. d'Archiac, Ch. Sainte-Claire Deville et Daubrée. M. Bavoux adresse de Chàtillon-lès-Combes (Ain) une Note sur les marées atmosphériques et leurs rapports avec la production des vents autres que les alizés et les moussons. ( Renvoi à l'examen de M. Delaunay.) M. Nelson envoie de New-York la description et la figure d'un char aérien. Cette description, quoique imprimée, étant écrite en anglais et publiée hors de France, pourrait devenir l'objet d'un Rapport verbal; elle est en conséquence renvoyée à l'examen de la Commission des Aérostats qui jugera si elle doit en entretenir l'Académie. M. Lespiau soumet au jugement de l'Académie une Note intitulée : « Des pastilles de fibro-globuline employées comme analeptique ». M. Bernard est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoir à l'Académie s'il y a lieu de la renvoyer à l'examen d'une Com- mission. CORRESPONDANCE. M. Eue de Reaumont présente, au nom de M. N. de Kokscharow, le tome Ier de ses « Leçons sur la Minéralogie », et plusieurs Notes et Mémoires du même savant, qui ont paru dans les « Mémoires » ou dans le a Bulletin de l'Académie de Saint-Pétersbourg ». M. Elie de Reaumont présente également, au nom de M. Alexis Perrey, une « Note sur les tremblements de terre en i863 », avec supplément pour les années antérieures, de 1 843 à 1862; Au nom de M. André Poey, divers opuscules relatifs à la météorologie et à la physique du globe (voir au Bulletin bibliographique); Et enfin, au nom de M. Zantedesclii, un opuscule écrit en italien et inti- tulé : « Résumé des avertissements magnétiques des tempêtes et bourras- ques de juillet et d'août 1 865, donnés à Rome avant qu'y arrivassent les dépêches télégraphiques ». C. R., 1866, 1" Semestre. (T. LXII, N° 3.) I 9 ( r/,6 ) M. Coste présente, au nom de M. H. Bertltowl, un volume intitulé : « les petites Chroniques de la science », 5e année; Et au nom de M. A. Sanson, un livre ayant pour titre : « Semaines scienti- fiques ou Exposé critique dos progrés de la science et de leurs applications à l'économie sociale, agricole, industrielle et domestique », ir0 année. M. Jules AIakcoit prie l'Académie de vouloir bien comprendre dans le nombre des pièces de concours pour le prix Cuvier sa « Carte géologique de la Terre ». « Par la datede sa présentation, postérieure à la dernière distri- bution du prix Cuvier, comme par son sujet, mon travail, dit M. Marcou, me paraît rentrer dans les conditions du programme, qui comprend à la fois les recherches de géologie et de zoologie. » (Réservé pour la future Commission.) ANATOMIE comparée. — Sur les organes de la parlurition chez les Kancjuroos. Note de M. Edmond Aux. « J'ai pu dernièrement, grâce à la générosité de M. Edouard Verreaux, étudier les organes de la parturition chez un Kanguroo fie Bennett (Ualnm- turns Benncllii). Cette étude m'a permis de résoudre une question depuis longtemps controversée. Les organes de la génération se composent, comme on le sait, chez le Kanguroo femelle, de deux ovaires, de deux trompes, de deux matrices (.lisant suite aux deux trompes, de deux vagins latéraux qui, après s'être recourbés en forme d'anses, vont, se terminer dans le vestibule urétro-géuilal,et d'une poche médiane ou vagin médian. Ce vagin médian, qui doit plus particulièrement attirer notre attention, a la forme d'un cône allongé. La base du cône, tournée vers les matrices, communique largement de chaque côté avec les vagins latéraux; le sommet s'avance entre ces deux conduits et va toucher le fond du vestibule urétro-génital. Eve- raid Home avait affirmé (Philosophical Transactions , 1 79^) qu'il existait une communication directe entre la cavité du vagin médian et celle du vestibule urétro-génital, que l'ouverture s'agrandissait peu à peu à mesure que l'époque de la parlurition approchait, et qu'elle devenait alors capable d'une dilatation suffisante pour permettre la sortie du fœtus. Cuvier n'ac- cepta pas cette opinion, ses dissections ne lui ayant pas montré l'ouverture signalée par Everard Home. Il admit en conséquence que le fœtus s'enga- ( '47 ) geait clans un des vagins latéraux et y cheminait lentement jusqu'à ce qu'il fût expulsé. M. Richard Owen (Cyctopedia of Analomy and Physiology, i 84 1) a confirmé les assertions de Cuvier, et cette manière de voir est généralement adoptée. La disposition des organes aurait pour but de multiplier les obstacles destinés à prévenir l'expulsion trop brusque d'un embryon si délicat. » Cependant, si l'on considère l'étroitesse des vagins latéraux et surtout l'extrême finesse qu'ils présentent à environ 1 centimètres du vestibule urétro-génital, on peut être effrayé de la lenteur du trajet et de la violence des pressions auxquelles cet embryon délicat devrait être soumis. La raison ne parle pas plus en faveur de la seconde opinion qu'en faveur de la pre- mière, et l'observation des faits seule peut nous dire où est la vérité. » Dans la préparation que j'ai soumise à l'examen de mes collègues de la Société Philomathique, il est facile de voir sur la face pubienne du ves- tibule urétro-génital, immédiatement au-dessus du méat urinaire, une ouverture circulaire, plus grande que ce méat, plissée à la manière du sphincter anal. Une sonde introduite par cette ouverture plonge aussitôt dans la cavité du vagin médian. » Cette préparation nous montre avec une évidence incontestable l'exis- tence de l'ouverture niée par Cuvier et par M. Richard Owen, affirmée par Everard Home. Le dissentiment qui s'est produit entre ces auteurs tient peut-être à ce qu'ils n'ont pas observé les mêmes espèces. » Les vagins latéraux n'offrent aucune trace de distension, et rien n'in- dique qu'ils aient servi de passage an fœtus. Ils ne paraissent pas avoir eu d'autre usage que de recevoir le sperme au moment de l'accouplement et de le conduire jusqu'au col de l'utérus. Ils mériteraient ainsi le nom de vagins spermatophores, tandis cpie le vagin médian serait un vagin embryo- phore. Cette manière de voir est confirmée par un fait intéressant, c'est que le vagin médian est recouvert d'un épithélium pavimenteux, tandis que les vagins latéraux sont revêtus d'un épithélium à cylindres. » Il résulte de ces faits que la sortie de l'embryon n'offre pas ici cette lenteur que lui ont attribuée les contradicteurs d'Everard Home; mais il ne faut pas croire pour cela que la prévoyance de la nature puisse être prise en défaut; elle y a pourvu par l'instinct de la mère. M. Jules Ver- reaux, pendant son séjour en Australie, a possédé un grand nombre de Kanguroos qu'il tenait en captivité. Grâce à une surveillance attentive de jour et de nuit, il a pu surprendre le secret de leur parturition. Lorsque la femelle se sent avertie qu'elle va expulser un embryon, elle applique ses 19.. ( -48 ) deux pattes antérieures de chaque côté de la vulve de manière à en écarter les lèvres, puis elle introduit son museau dans le vestibule et reçoit l'em- bryon dans la cavité buccale. Aussitôt les pattes antérieures se portent sur les bords de la poche marsupiale de manière à en dilater l'ouverture, la tète plonge dans la poche et y dépose l'embryon. Quelques instants après, celui-ci est attaché au mamelon. MM. Ovven et Bennett avaient soupçonné ces faits, mais l'honneur de la découverte appartient à M. Jules Verreaux. » PHYSIQUE. — Sur un appareil destiné à produire des températures très-élevées au moyen du gaz de V éclairage mélangé à l'air. Note de M. Ad. Perrot, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. « Si l'on réunit un certain nombre de becs de Bunsen de manière à for- mer avec leurs flammes un seul faisceau, sans permettre cependant qu'elles se pénètrent complètement, on obtient une colonne de gaz en ignition dont la puissance calorifique est des plus remarquables, à condition toutefois de lui donner par un tirage convenable une énergie et une vitesse qu'elle n'au- rait pas. Il faut aussi, pour tirer de cette flamme le meilleur parti pos- sible, la faire arriver dans un fourneau dont la forme peut varier suivant les circonstances, mais dans lequel on devra établir une circulation des pro- duits de la combustion, de manière que l'enveloppe qui contient le creuset ou le moufle soit elle-même chauffée sur ses deux faces; enfin, on devra régler le tirage, l'arrivée du gaz et celle de l'air de manière à perdre le moins de chaleur possible. La forme des fourneaux est loin d'être indiffé- rente, et parmi celles qu'on a données jusqu'à présent à ces appareils, c'est celle adoptée par M. Gore qui est de beaucoup la meilleure; cependant elle n'est pas sans inconvénients et ne peut s'appliquer à tous les cas. La construction d'appareils en terre réfractaire exigeant un temps assez long, je prends la liberté de présenter à l'Académie quelques-uns des résultats que j'ai déjà obtenus. » Avec un appareil brûlant 2 mètres cubes de gaz par heure, sous une pression de 5 à 6 centimètres d'eau et sans autre tirage que celui obtenu par un tuyau de tôle de 2 mètres de hauteur, j'ai pu en quinze minutes fondre 670 grammes d'argent au titre de 0,680. Il me faut trente minutes au plus, quand l'opération marche bien, pour fondre et couler 1 kilogramme de cuivre en barres. Enfin j'ai pu fondre plusieurs échantillons de toutes grises et blanclies : T>oo grammes d'une fonte qui passe pour très-difficile à fondre ont ètèfondus et coulés en trente minutes. Un autre échantillon de ( i4g) 75o grammes a été fondu en une heure au plus. Pendant l'opération on peut voirie creuset à l'aide d'un miroir, ou, mieux encore, par réflexion à la sur- face d'un baquet contenant de l'eau dans laquelle on peut retrouver tout le métal lorsque le creuset vient à se fondre. On peut aussi observer le métal en fusion en ouvrant le fourneau, dont la forme est cylindrique, et qui, avec l'appareil de chauffage, n'a pas plus de 80 centimètres de haut sur 25 de largeur. » optique. — Prisme polarisateur de MM. Hartnack et Prazmowski. Note de M. Deleuil, présentée par M. Regnault. « Le prisme de Nicol, le plus précieux parmi les différents appareils polarisants, présente pourtant plusieurs inconvénients que nous nous per- mettrons de signaler. » i° L'incidence et l'émergence des rayons de la lumière, que nous sup- posons suivre la direction de l'axe du prisme, se fait très-obliquement sur les faces d'entrée et de sortie. Les moindres défauts d'exécution, inévi- tables dans le travail d'une substance aussi tendre que le spath d'Islande, se font fortement sentir par des réfractions irrégulières dans les incidences, sous des angles assez considérables. Chaque fois que les rayons, après leur passage par le prisme, doivent former une image soit réelle, soit virtuelle, elle est confuse et mal définie. En même temps la réflexion des rayons sous l'incidence oblique est très-abondante, et elle affaiblit notablement la quan- tité des rayons transmis. » 20 La longueur du prisme, qui est égale à la projection de sa grande diagonale sur la direction des rayons, étant très-considérable, empêche souvent, faute de place dans les appareils, de se servir de ce précieux pola- risa teur. » 3° Le champ angulaire, qui cependant embrasse une étendue de 22 à a3 degrés, n'est pas suffisamment grand. » En étudiant la marche des rayons séparés parla double réfraction dans un cristal de spath, nous sommes parvenu à donner à cet appareil une forme bien plus commode, en le raccourcissant, lui donnant un cbamp angulaire de 35 degrés, et en disposant les faces d'entrée et de sortie nor- malement à la direction des rayons. » Pour atteindre ce but, il a fallu donner à la coupe du cristal une autre direction que celle du prisme de Nicol, et chercher une matière collante ( i5o ) plus convenable à donner un champ (tendu que le baume du Canada généralement employé. » En effet, dans le î\Ticol,les deux rayons séparés après leur entrée pour- suivent leur route en faisant un angle assez restreint avec l'axe principal du cristal, et rencontrent la couche du baume avec des vitesses peu diffé- rentes, si on les compare avec la différence de vitesse dans le plan perpen- diculaire à l'axe. Le rayon ordinaire seul subit une réflexion totale dans une étendue peu considérable et donne un champ relativement restreint. » En s'imposant comme condition essentielle la direction normale des rayons à l'entrée et à la sortie, la coupe la plus avantageuse du cristal est perpendiculaire à l'axe; c'est elle qui assure à l'appareil le champ le plus étendu, qui peut aller avec certaines substances collantes jusqu'à 35 degrés. Une fois la coupe ainsi exécutée, on taille les faces d'entrée et de sortie qui font avec le plan de la coupe des angles cpii sont fonction de l'indice de la réfraction de la substance collante. » Voici les angles qu'il faut donner, suivant la nature de la matière col- lante, aux faces d'entrée et de sortie avec le plan de la coupe, pour obtenir le champ également disposé par rapport à l'axe du prisme : DÉSIGNATION de la matière collante. INDICE de la réfraction de la substance colorante. ANGLES DES FACES d'entrée et de sortie avec le plan de la coupe. LONGUEUR du prisme. ÉTENDUE angulaire du champ. 1,549 i,5o7 i,485 i,463 0 79>° 7<;,5 73,5 71,' 5,2 3,7 3,4 3,o 0 33 35 35 28 ' » On voit qu'il y a de l'avantage, pour l'étendue du champ, à se servir d'une substance collante dont l'indice se rapproche autant que possible du minimum de l'indice extraordinaire. Avec des indices inférieurs on obtient un prisme plus court encore, mais son champ n'est plus aussi grand. » Le prisme que nous avons l'honneur de soumettre à l'Académie est collé avec l'huile de lin, substance suffisamment siccative pour se prêter à cet usage, en suivant quelques précautions que la pratique nous a indi- quées, m ( i5i ) M. Regjvault appelle l'attention de l'Académie sur un grand modèle de machine pneumatique à piston construit par /)/. Deleuil, et exposé dans la pièce qui précède la salle des séances. « En présentant cette machine, dit l'habile constructeur dans une Lettre adressée à M. Regnaulr, mon but est de faire voir cpi'il n'est pas nécessaire, comme on pouvait m'en attribuer la pensée, de donner au piston une longueur égale à deux fois son diamètre. Le frottement étant nul, il m'a semblé que je pourrais conserver la longueur que j'avais adoptée pour ces pistons et en doubler le diamètre. Je n'avais à m'inquiéter que de la résis- tance au départ, exercée par la pression de l'atmosphère sur la surface de section de mon piston, qui a 12 centimètres de diamètre; pour la vaincre, j'ai commandé le mouvement par un pignon, et cette grosse machine devient aussi douce à manœuvrer que les petites. Le nombre de coups de piston dans le même temps est un peu moindre que dans les petites; mais, ainsi que je le faisais observer lors de la première présentation, la vitesse n'est pas abso- lument nécessaire. Le résultat a répondu à mon attente, car j'obtiens dans une cloche de i3 à 14 litres un vide de 3 millimètres. Toutes les conduites de cette machine ont une section de 10 millimètres. » Mes différents modèles sont munis d'une éprouvette à dessécher, afin que les gaz absorbés soient dépouillés de leur humidité avant d'arriver dans le cylindre. » COSMOLOGIE. — Note sur les périodes par lesquelles a dû passer la terre dans sa formation ; par M. Daxtox. « Il est bien peu de géologues, s'il en est encore de nos jours, qui ne reconnaissent la fluidité ignée de la masse de la terre, autrement dit le feu central. » Tous les physiciens reconnaissent aussi que les forces ou énergies di- verses dont est douée la matière concourent, en dernière analyse, à un but unique, la concentration sous des formes spécifiques. C'est ainsi que la matière qui remplit l'espace se présente à nous sous forme de globes dissé- minés, et qu'à la surface de notre planète le travail moléculaire qui s'opère sous nos yeux a pour effet de constituer les formes ou les individus. >> Enfin, personne ne contestera non plus que les lois de la matière sont immuables, et que les mêmes phénomènes s'accomplissent en tous temps et ( i5a ) en tous lieux sous l'influence des mêmes causes, car c'est cette immutabilité des lois de la nature qui fonde la certitude et la science. » Notre globe se montre à nous comme composé d'une niasse principale fluide, incandescente; d'une mince écorce solide, espèce de scorie qui l'en- veloppe; d'une seconde enveloppe liquide qui recouvre plus des f de la première; enfin, d'une troisième enveloppe aériforme de iaà i5 lieues d'épaisseur, et qui pèse également sur tous les points de la surface. » Ces différentes parties concentriques de la terre, d'une densité crois- sante delà périphérie au centre, ont dû se former successivement : la partie centrale, en vertu d'une force de cohésion qui, en agrégeant et condensant les éléments, développait une chaleur énorme; la partie solide, par la com- binaison des corps simples avec l'oxygène, c'est-à-dire par leur oxydation(i); l'enveloppe liquide, par la combinaison de l'hydrogène (que Lavoisier a si justement nommé) avec l'oxygène en excès contenu dans l'atmosphère ; enfin l'enveloppe aériforme, par la disparition successive de l'atmosphère primordiale, de tous les éléments combinés et minéralisés, » On est donc ainsi conduit à diviser la formation de la terre en quatre périodes : la période de cohésion centrale, la période d'oxydation, la pé- riode de scorification , et la période géologique. Mais comme chacune de ces périodes devait présenter des phénomènes particuliers, que le noyau incandescent devait donner à l'atmosphère primordiale la lueur d'une nébu- losité; que l'oxydation des corps simples, et particulièrement de l'hydro- gène, devait produire un phénomène lumineux; que la scorification devait intercepter l'émission du calorique et de la lumière centrale; qu'enfin c'est pendant la période géologique que les formes végétales et animales prirent naissance, on peut aussi désigner l'évolution terrestre par les phases suc- cessives de nébulosité, de combustion, d'extinction, et d'organisation. » Ces inductions ne sont pas purement conjecturales, car on peut les appuyer sur des faits nombreux aujourd'hui acquis à la science, et c'est ce que nous nous proposons de faire ressortir dans une Notice que nous prépa- rons. Mais le but decetle analyse succincte est de formuler cette idée, que nous croyons nouvelle, à savoir : que l'eau, constituant l'élément prédomi- nant de l'écorce terrestre et n'ayant pu se produire que parla combinaison de l'oxygène avec l'hydrogène, phénomène de combustion accompagné de (i) Des idées analogues à celles qui sont exprimées ici par M. Danton ont été professées plus d'une fois et depuis longtemps dans les cours publics de Paris; ee qui n'enlève en aucune faeon à l'auteur le mérite d'v être arrivé de son côté. E. D. B. ( '53 ) chaleur et de lumière, la terre a dû être le théâtre d'un vaste incendie, d'un immense foyer lumineux, avant de se refroidir et d'arriver à l'état plané- taire. » Cette idée n'a sans doute pas la valeur d'une découverte utile ; mais comme elle peut appeler sur ce point l'attention des esprits, et que c'est par l'association et le concours des idées que la vérité se fait jour, nous avons jugé utile de la publier. » M. Jazadé demande et obtient l'autorisation de reprendre les pièces qu'il avait précédemment présentées concernant la scietie mécanique des pierres de taille. M. Fixardi, auteur d'une Note présentée en 1864 sur diverses modifica- tions proposées pour les machines locomotives, prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle son travail a été renvoyé. M. Finardi attache surtout de l'importance à une modification concernant les moyens d'utiliser la chaleur conservée par la vapeur qui a agi sur le piston; il craint que le retard du Rapport qu'il demande ne lui soit un obstacle pour établir ses droits de priorité à l'égard d'autres per- sonnes qui, depuis, ont proposé, dans le même but, des dispositions qui ont avec les siennes certaine ressemblance qui pourrait bien n'être pas for- tuite. Si M. Finardi désire seulement constater la date de son invention, il peut faire prendre au Secrétariat de l'Institut une copie de sa Note, dont la date sera attestée par M. le Secrétaire perpétuel. A 4 heures et demie l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 8 janvier i 866 les ouvrages dont les titres suivent : On the various... Sur les différentes années et le mois en usage parmi (es Egyptiens; par M. Edward Hincks. (Extrait des Transactions de la Société royale d'Irlande.) Dublin, i865; br. in-4°. C. P.., 1S6G, ier Semestre. (T. LXII, N° 5.) 20 ( i54 ) On the... Sur la mesure du temps assyrio-babylonienne ; par M. Edward IIijscks. (Extrait du même recueil.) Dublin, i865; br. in-4°. Transactions... Mémoires et Comptes tendus de la Société royale de Victoria pour les aimées 18G1 à 1864 inclusivement, t. VI, publiés par M. T.-E. Ra\v- lunson. Melbourne, 1 8G5 ; 1 vol. in-8° relié. Proceedings... Comptes rendus de i Académie royale d 'Irlande, t. IX, ire partie. Dublin, i8G5; 1 vol. in 8°. Observations... Observations sur tes fonctions du foie, particulièrement sur la formation d'une substance amyloïde ou dexlrine animale, et sait rôle dam l'économie; par M. R. Mac Donnell. Dublin, 1 865 ; br. in-8°. 5 exem- plaires. Nova Jeta regiae Societatis Scientiarum Upsaliensis, seriei tertiac t. V, fas- cicule 2. Upsal, 1 8G5 ; in-4°. Upsala... Publications annuelles de l'Université d'Upsal, année 1864. Upsal, 1864; in-8°. Atti... Actes de l'Académie pontificale des Nnovi Lincei , 18e année, dé- cembre 1864 à juillet (865. Rome, i865; in-4°. L'Académie a reçu dans la séance du i5 janvier 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Discours de M. Rrongniart, Membre de l'Académie, prononcé aux funé- railles de M. Montagne, au nom de la Section de Botanique. Br. in-4". Paris, 1866. Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1844, t- El; 1 vol. in-j". Paris, Imprimerie impériale, 1 865. Bulletin de Statistique municipale, publié par les ordres de M. le Baron Haussmann. Mois de septembre 1 865. In-4°- Paris, 1 865. Essai de pneumalologie médicale; par M. DEMARQUAY. i vol. in-8° avec figures. Paris, 1866. (Présenté par M. Velpeau.) Traité élémentaire d'Astronomie à l'usage des lycée; ), *^ x — a (x- que je vais d'abord indiquer. C. R., [866, Ier Semestre. (T. LXH, N° 4.) 2 1 ( '58 ) » Employant avec M. Sylvester (*), afin d'abréger, le symbole Ç(rt, b,..., g) pour désigner le produit des carrés des différences des racines a, b, . . . , g, je poserai ♦-▼2ï=ï' -b) r b) * (x' — a) (.r'— 6) (.r'— r) »-°vz*,:::r; ««■*)■ tf„ = (x' — a)(x' — b) . . . {x' — k) Ç {a, b,c,...,k), de sorte que —^ sera l'invariant de la forme quadratique 2 1"^ ('<> + «', + «2 '2 + • • • + a1 U)\ » De la. on conclut déjà, d'après le principe de Jacobi (**), que le nombre des variations de la suite (i) V, \'\, %,..., » 7> '') = 2 (a ~ /;< irt ~ 7) (" _ r) ^ ~ •*')' et ainsi de suite. On trouvera ainsi ^ = [2 (OB' -«)]", U2 = 2(o;-rt)(a'-a)$2(a), U, = 2(jc - a)(ar - ô).(a/ - c l- = {a - b)(a— c)... {a- k), tJ\o L=(b-a)(b-c)..':(b-k), m, on aura les expressions suivantes w , = v? y — u„_, _ y\„2à [x_a){x [X{b — x') — Dl, (n — x ')]' b).(x'—a)(.v'— b) On voit assez, sans aller plus loin dans cette étude, l'étroite liaison de ces nouvelles fonctions avec celles du théorème de Sturm dont elles repro- duisent les propriétés analytiques. Elles servent ensuite de transition natu- relle et facile pour arriver à celles dont je vais établir l'existence à partir du cinquième degré et qui sont des covariants doubles de la i'ormej {x, y), l'équation proposée êin\\\J{x, i) = o. Pour cela, il suffira de remplacer la forme quadratique x — a t0 + at, +a-t, -\-...-\-alti)i qui donne naissance aux fonctions *; i En effet, les expressions étant des covariants doubles, et lesquan- 1 .r — a y * tités U(a) des invariants, tous les coefficients de cette forme seront des covariants doubles en x et y d'une part, x' et y' de l'autre, et auxquels on pourra donner^ (x, y) pour dénominateur commun. Mais je ne veux pas m'étendre davantage sur ces questions générales, qui m'éloigneraient de ( i6a ) mon sujet; je m'abstiendrai même d'appliquer ce qui précède à l'équation du cinquième degré, pour entrer immédiatement dans l'étude de la méthode de résolution par les fonctions elliptiques dontM.Kronecker est ['auteur. Les recherches que je vais exposer m'offriront d'ailleurs l'occasion de donner un système spécial au cinquième degré de ces covariants en xety, x'et y1 qui peuvent remplacer les fonctions de Sturm. » ASTRONOMIE. — Note sur la variation du moyen mouvement de la Lune ; par M. Joseph Bertrand. « L'Académie a entendu, dans une de ses dernières séances, un de nos savants confrères exposer les raisons qui lui font croire que, contrairement à une opinion généralement admise, la vitesse de rotation de notre globe n'est pas rigoureusement constanle. Cette unité de temps, croissant suivant lui dans une proportion qui n'est pas absolument insensible, produit la di- minution apparente des durées que l'on évalue, et, en particulier, la très- petite accélération, jusqu'ici imparfaitement expliquée, du moyen mouve- ment de la Lune. » En acceptant les simplifications considérables faites par M. Delannay dans le phénomène si compliqué des marées, et par conséquent aussi les conséquences relatives à la rotation de la Terre qu'il en a déduites, il m'a semblé indispensable de rechercher quelle est en même temps l'influence réelle d'une telle hypothèse sur l'élément qu'il s'agit surtout d'évaluer. Or, un raisonnement simple, bien aisé à convertir en un calcul précis, montre que les deux masses mobiles dans lesquelles notre savant confrère concentre à chaque instant les eaux soulevées de la mer, produiraient sur le moyen mouvement de la Lune une diminution comparable à l'accélération appa- rente qui résulte de l'action sur la Terre. Le rapport des deux effets que je calcule dans cette Note me semble même beaucoup plus certain que la gran- deur absolue de chacun d'eux. » Nommons r le rayon vecteur de la Lune, c'est-à-dire la distance du centre de gravité de la Lune à celui de la Terre; » a le grand axe de l'orbite qui serait décrite à chaque instant si, le mou- vement cessant d'être troublé par le Soleil, noire satellite décrivait une ellipse parfaite; » u. l'action exercée à l'unité de dislance sur une unité de masse par la partie de la Terre dont nous considérons la forme comme invariable, et dé- ( i63 ) duction f.iite des deux petites masses mobiles dont on veut apprécier l'effet; » mK la masse de la Lune; » v la vitesse de la Lune à l'instant considéré. » On a, par une formule bien connue, M ?-* 2 [I : 2 fi Les deux masses fictives dans lesquelles se concentre, dans l'hypothèse admise, le liquide déplacé, produisent sur la Lune, dans un temps infini- ment petit dt, un travail que je nomme dT, . Il en résulte pour le carré de zdT la vitesse une variation '■■, et l'on déduit de (i) la variation qui en résulte m, x ' * pour le grand axe, ( 2 ) a a = v p. m, Mais en nommant ts la durée de la révolution elliptique de la Lune, on a (3) -p- = /M on en déduit , . . 6n-a2clti (4) dt* = — 7— ' et par conséquent, à cause de l'équation (2), (5) ^ .2^WT,; ou, en remplaçant p.0- par sa valeur déduite de (3), (6) ^, = ^îl, et par conséquent, dans un temps fini quelconque, £, augmente de (7) 4*1 = r4fi--Tl, T, étant le travail produit par l'action des deux masses fictives dans les- quelles on concentre les eaux soulevées de la mer. » Soit w la vitesse de rotation de la Terre ; M sa masse ; M k~ son moment d'inertie. Si l'on nomme dTa le travail développé dans un temps infi- niment petit dt par l'action de la Lune sur les masses dont nous avons parlé, ( i64 ) on aura (8) -dorMk2 = dTn, i (9) f/w~M^' mais en nommant t la durée du jour, on a 27T « = > t (io) d(ù = — —dt, et, à cause de (9), La variation de la durée du jour est donc t \ A, '3T' ou, en supposant la Terre homogène et nommant p son rayon, On déduit des équations (7) et (i3) \t, 6t3t M PJ T, M ~ 5 t» M, fla T, Dans la démonstration de cette formule, nous n'avons négligé que des termes absolument insignifiants. Les seules inconnues qui y restent sont les tra- vaux T, et T2. Le coefficient qui multiplie leur rapport est égal à peu prés à /joo. Si l'on néglige l'excentricité de l'orbite qui, sur la valeur totale de T2, n'exerce qu'une petite influence, le rapport ^ est égal à —— et — | égal, par conséquent, à 1 4, 5o environ. Les deux termes du rapport sont d'ail- leurs bien faciles à calculer tous deux dans les hypothèses qui ont été faites et en ayant égard à l'excentricité de l'orbite. Mais on voit qu'il s'agit de nombres bien éloignés d'être négligeables, même dans une première approximation. » ( >65) Remarques de M Delaunay à l'occasion de celle communication. « Dans la Note qui précède, M. Bertrand s'est occupé de compléter la question dont j'ai entretenu l'Académie dans sa séance du 1 1 décembre dernier. » Je dirai à ce propos que l'idée d'une réaction des protubérances li- quides dues au pbénomène des "marées sur le mouvement de la Lune ne m'avait nullement échappé. C'est même à cette réaction des eaux de la mer sur la Lune que j'avais pensé tout d'abord. J'avais vu tout de suite que cette réaction se traduisait par une force agissant continuellement sur la Lune, dans le sens même de son mouvement amour de la Terre. En réfléchis- sant à l'effet que pourrait produire une pareille force, je n'ai pas tardé à reconnaître que cet effet consisterait principalement en un ralentissement du moyen mouvement de notre satellite. Il m'a suffi pour cela de penser au résultat auquel on a été conduit en calculant l'influence d'un milieu résis- tant sur le mouvement de la Lune : la résistance du milieu occasionnant une accélération progressive de son moyen mouvement, la force dont je viens de parler, et qui agit dans le sens opposé, devait produire un effet contraire. Cette force ne pouvait donc pas rendre compte de la partie non encore expliquée de l'accélération du moyen mouvement de la Lune. C'est alors que j'ai pensé à l'action exercée par la Lune sur les protubérances li- quides dues au phénomène des marées, et que j'ai été conduit à cette con- séquence très-nette d'une accélération apparente de la Lune occasionnée par un ralentissement progressif de la rotation de la Terre sur elle-même. » J'ai déjà eu l'occasion de donner les explications qui précèdent dans la séance du Bureau des Longitudes du mercredi 27 décembre dernier (1). Comme il était question du ralentissement de la rotation de la Terre dû à l'action de la Lune sur les eaux de la mer, par suite de la communication (1) J'ai aussi donné les mêmes explications par écrit en répondant à une lettre qu'un de mes anciens élèves, actuellement ingénieur des Ponts et Chaussées, m'avait adressée le 28 dé- cembre, et dans laquelle il avait essayé de calculer l'effet produit par la réaction des eaux de la mer sur la Lune. L'auteur de cette lettre, en vue de donner à son calcul la plus grande simplicité possible, y avait introduit une hypothèse un peu trop forcée qui l'avait notable- ment éloigné du véritable résultat; sans cette circonstance, j'aurais eu l'honneur de présenter son travail à l'Académie. C. R. 1866, i« Semestre. (T. LXII,N°4.) '2<1 i66 ) détaillée que j'avais faite à ce sujet au Bureau, M. Foucault m'a dit en forme de question : Mais il y a aussi la réaction. J'ai immédiatement ré- pondu en disant, comme ci-dessus, que j'avais pensé tout d'abord à cette réaction, et que l'assimilation de la force qui en résulte à l'action d'un mi- lieu résistant m'avait montré que l'effet dû à cette réaction des eaux de la mer sur la Lune devait produire, non une accélération, mais un ralentisse- ment du moyen mouvement de cet astre. » Si je n'ai parlé à l'Académie, dans sa séance du 1 1 décembre, que du ralentissement de la rotation de la Terre, c'est que cet effet principal du genre d'action considéré était le seul sur lequel je fusse en mesure de don- ner immédiatement des indications très-nettes. Les autres effets dus à ce même genre de forces perturbatrices ne pouvaient être déterminés que par des calculs auxquels il m'était impossible de me livrer en ce moment, où tout mon temps est absorbé par les détails de la publication du second vo- lume de mon grand ouvrage sur la Lune. Je mé proposais de m'occuper ultérieurement de ces calculs dont j'entrevovais les résultats (i). » Je suis heureux que M. Bertrand, en étudiant une des questions qui devaient naturellement surgir à la suite de ma communication du 11 dé- cembre, ait montré ainsi l'importance qu'il y attache. Le travail qu'il pré- sente sur ce sujet me facilitera d'autant les recherches qui me restent à faire pour donner tous les compléments nécessaires à ma Théorie du mouvement de ta Lune. » (i) La Note que j'ai lue à l'Académie, dans la séance du 1 1 décembre, se terminait ainsi : c Le genre d'action que nous avons eu à considérer dans ce qui précède donne lieu encore » a d autres ellets dans diverses parties du système du monde. J'ai voulu montrer aujour- » d hui en quoi consiste l'effet principal de ce genre d'action, nie réservant d'étudier ullé- » neu rement les autres conséquences qui peuvent s'en déduire. » En relisant cette dernière phrase, déjà imprimée à l'état d'épreuve, je lui ai trouvé une signification un peu différente de celle que j'avais voulu lui donner en l'écrivant. Au lieu d annoncer tout simplement que j'avais l'intention de calculer ultérieurement les autres effets dus au genre d'action considéré, j'avais l'air de vouloir me réserver le droit exclusif de faire ces recherches ultérieures, ce qui n'avait pas pu entrer dans ma pensée. C'est ce qui m'a déterminé a faire disparaître du Compte rendu cette partie finale de ma Note. ( iG7 ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com- mission de cinq Membres chargée de proposer une question pour sujet du prix Bordin de 1866 (Sciences mathématiques). MM. Liouville, Bertrand, Chasles, Delaunay, Pouillet réunissent la majorité des suffrages. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la nomi- nation de la Commission qui sera chargée de proposer la question pour sujet du prix Bordin de 1867 (Sciences physiques). Sont nommés Commissaires : MM. Milne Edwards, Brongniart, Bous- singault, Bernard, Decaisne. MÉMOIRES LUS. ZOOLOGIE. — Considérations sur la fixation des limites entre l'espèce et la variété, tirées principalement de l'étude de l'ordre des Insectes hyménoptères ; par M.. Sichel. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires : Milne Edwards, Coste, Blanchard.) « Ce travail n'étant pas susceptible d'un extrait qui en rende un compte ex.ict, je me borne à en reproduire ici l'introduction, suivie des propositions générales. » 1 . La question zoologique relative aux caractères de l'espèce, à sa dé- termination exacte et à la limite précise qui la sépare de la variété, a été discu- tée depuis longtemps par les naturalistes les plus illustres. Pourtant la discus- sion n'est pas définitivement close, et sans avoir la prétention de produire des idées entièrement neuves sur cet important sujet, on peut essayer, en le trai- tant à un point de vue en partie nouveau, de fortifier les grandes lois déjà connues, et de développer quelques principes généraux non encore établis. L'entomologie surtout, par la multitude des faits d'une observation jour- nalière et facile qu'elle met à notre disposition, offre pour une pareille ten- tative une base très-favorable. L'ordre intéressant des Hyménoptères, en particulier, s'y prête à merveille si l'on prend à tâche, comme je l'ai fait de- puis longtemps, de l'étudier non dans les collections seulement et sur un nombre restreint d'individus, déjà en partie altérés par la dessiccation et la 22.. ( >C8 ) vétusté, mais pendant la vie, au milieu des bois et des campagnes, où son élude n'a presque pas de limite numérique, et où il est aisé fie tenir tou- jours compte des mœurs de ces animaux et du jeu de leurs organes. » Tel est l'essai que je me propose de tenter, en prenant pour sujet la fixation des limites qui séparent l'espèce de la variété. » Pour plus de clarté, et afin de me faire mieux comprendre, j'interver- tirai l'ordre habituellement suivi, et je placerai en tête de chaque para- graphe de ce travail sa conclusion sous forme de proposition générale. « 2. Première proposition. — Les caractères de l'espèce, pour avoir une valeur réelle et fixe, doivent être formés sur de grandes masses d'individus. » 3. Deuxième proposition. — La formation de grandes séries, groupées selon leurs affinités naturelles, est le moyen principal et le plus sur d'arriver à la délimitation de l'espèce et de la variété. » 4. Troisième proposition. — Les mœurs des Insectes, identiques pour la même espèce et ses variétés, diffèrent d'une espèce à l'autre, et peuvent servir de caractères spécifiques auxiliaires. » 5. Quatrième proposition. — L'étude des larves forme un élément com- plémentaire et auxiliaire pour la fixation de l'espèce. » 6. Cinquième proposition. — Les parasites, différents selon l'espèce, contribuent également à la différencier de la variété. » 7. Sixième proposition. — Contrairement à l'opinion généralement reçue, la nature du terrain géologique d'une région semble exercer une plus grande influence sur la fréquence ou la rareté des espèces et même des genres, que l'existence dans celte région de telle ou telle plante. » 8. Septième proposition. — Le climat est un des agents les plus puis- sants à modifier l'espèce et à développer les variétés. » 9. Huitième proposition. — L'espèce est immuable, mais peut se mo- difier à l'infini, comme variété, sous l'influence du climat, de la constitution géologique du sol, des autres agents extérieurs, et de l'hybridation. » physiologie. — Réponse à une Note de M. Pasteur insérée aux Comptes rendus, séance du 1 8 décembre 1 865 ; par M. Victor Meunier. (Extrait par l'auteur.) « Trois Notes dans lesquelles «j'essaye, suivant les expressions de M. Pas- » leur, de contredire les résultats des expériences qu'il a faites avec des » matras à rois recourbés et sinueux, » sont l'objet de ses critiques. Il est nécessaire de rappeler «pie je me suis servi d'abord d'un ballon de G litres . ( '69 ) dont le bouchon portait plusieurs tubes qui, après s'être plies deux fois, redescendaient jusqu'à Péquateur du ballon en décrivant de six à dix cour- bures. « Comment M. V. Meunier n'a-t-i! pas vu, dit M. Pasteur, qu'avec neuf » ou dix ouvertures le moindre mouvement d'air dans la pièce où sont » conservés les mat ras aura inévitablement son contre-coup jusque dans » l'intérieur de ces matras, et que l'air extérieur pourra y pénétrer en na- » ture avec toutes ses poussières? » » Avant de procédera l'expérience des ballons à cols multiples, j'ai pris un ballon de 6 litres muni de deux de mes tubes, et l'ayant placé le col en bas, j'ai introduit un index liquide dans la branche horizontale de l'un d'eux. Cela fait, et l'index se montrant très-mobile, l'air de la chambre a été violemment agité au moyen d'un écran : l'index n'a pas bougé. On agita l'écran tout près de l'ouverture des tubes : rien ; on imprima à la porte de la chambre un mouvement rapide de va-et-vient; on plaça l'appareil entre la porte et la fenêtre ouverte; la fenêtre restant ouverte, on fit aller et venir la porte comme précédemment : de quelque manière qu'on variât l'expérience, l'in- dex ne bougea pas. Dans une autre série d'épreuves, au lieu d'index liquide on a employé un carré de papier très-léger, de a centimètres de côté, sus- pendu par un fil sans torsion, à l'intérieur du ballon, entre les deux tubes, et dont le centre se trouvait sur une ligne passant par l'ouverture de ceux-ci : l'effet fut le même que précédemment, c'est-à-dire nul. Ainsi, dans mon appareil comme dans celui de M. Pasteur, « l'air intérieur fait coussin ou » ressort, et le mouvement du gaz n'a de vitesse sensible que dans les pre- » mières parties de la courbure. » On s'en aperçoit bien quand, ayant mis un index dans les brandies horizontales de chacun des deux tubes, on souffle dans l'un d'eux de manière à déplacer de quelques centimètres le mobile qu'il contient : le mouvement transmis au second mobile n'est ja- mais qu'une fraction très-petite du mouvement imprimé à celui sur lequel on a agi. » M. Pasteur passe ensuite à ma dernière Note, dans laquelle je résume les expériences que j'ai faites en me servant de matras à cols sinueux iden- tiques aux siens. « M. Victor Meunier, écrit-il, dit que les résultats de mes » expériences peuvent tenir à ce que je chauffe plus ou moins longtemps. » Les résultats dont parle M. Pasteur sont ceux que lui donnent ses ballons à cols droits dont les uns sont stériles et les autres féconds. L'inégale durée du chauffage est en effet une des causes que j'ai signalées comme possibles; mais j'en ai en même temps signalé trois autres, et je n'ai pas la prétention de les avoir épuisées toutes. L'atmosphère est le récep- ( ll° ) tacle de tons les gaz, de toutes les vapeurs, et d'une infinité de corps solides excessivement divisés; que sait-on de la composition du mélange qui, à un moment et en un lieu donnés, entre dans un ballon vide d'air dont on brise la pointe? » M. Pasteur a pour toutes ces objections une réponse, c'est que, « quel » que soit le mode de préparation de la liqueur, si on vient à détacher le » col du ballon par un trait de lime, le lendemain ou le surlendemain le » liquide est envahi par des organismes inférieurs. » J'en conclus qu'une liqueur qui se comporte d'une certaine manière, dans des conditions don- nées, se comporte d'une manière différente quand les conditions changent. Qu'une grande masse d'air, de l'air pur, de l'air en mouvement, agisse sur une substance putrescible autrement qu'une petite quantité d'air confiné ou difficilement renouvelable, c'est un fait susceptible de plus d'une interpré- tation... et sans nécessité de recourirà une pluie de germes. 11 manque donc une chose à la démonstration de M. Pasteur : la preuve que le ballon dont on détache le col par un trait de lime ne deviendrait pas fécond au contact de l'air libre, mais dépouillé de germes, comme il le devient au contact de l'air commun.... J'en dirai autant de l'expérience au moyen de laquelle il pense avoir établi que les vibrions du lait résistent à une tempé- rature humide de plus de ioo degrés; il y manque la preuve qu'il y a des vibrions dans le lait qu'il fait bouillir. Et de même il manque à ses expé- riences d'ensemencement la preuve qu'il sème des spores et des œufs, et qu'une quantité de poussières organisées, mais mortes, égale à celle qu'il emploie, la croyant composée de germes, ne produirait pas le même effet que celle-ci. Enfin il manque à tout son système de nous avoir montré dans l'air, je ne dirai pas les germes des microzoaires et des fnicrophytes les plus infimes, mais au moins ceux que les micrographes connaissent, qu'ils ont décrits et figurés. Cependant, nous les eût-il montrés, il lui resterait encore une chose à faire, ce serait de prouver que les œufs et les spores disséminés dans l'air proviennent de la génération ordinaire. » J'arrive à la dernière partie de la Note de M. Pasteur : « M. V. IWeu- » nier, écrit M, Pasteur, cl i i encore que les résultats des expériences s'expli- » quent par la nature des infusions. Je le crois bien : c'est là un résultat » qui m'appartient el que je revendique. » » Mais les différences que mes ballons m'ont données sont exactement inverses de ce qu'elles eussent dû être pour que M. Pasteur put en tirer avantage, puisque ce sont les liquides neutres ou alcalins qui, entre mes mains, n'ont rien produit, el que ce sont les liquides acides ou qui de- ( i7' ) viennent promptement acides qui se sont montrés féconds. Je ne vois pas qu'il y ait là matière à une revendication ; je la comprendrais mieux si le résultat contraire se fût produit « M. Pasteur a posé en fait que lorsque, dans un matras à col sinueux, on a par l'application d'une chaleur suffisante tué les germes que pouvait contenir une substance putrescible, cette substance reste indéfiniment im- productive. Il a déclaré, en outre, qu'une ébullition de deux à trois mi- nutes suffit pour rendre l'urine stérile (i). Donc, si dans un matras à col recourbé je fais bouillir de l'urine pendant deux à trois minutes, d'après M. Pasteur elle sera inféconde; or, je la fais bouillir pendant cinq minutes, et j'obtiens des végétaux et des animaux. » Un passage de sa Note montre cependant que ces difficultés ne lui ont pas échappé : « J'ajouterai, écrit-il, que je n'ai jamais dit que dans la série » de mes expériences avec matras à cols recourbés ou sinueux, cent expé- » riences sur cent réussissent. » Voilà un langage qui me semble nouveau dans la bouche de M. Pasteur. 11 n'a jamais dit que cent ballons sur cent réussissent, mais où a-t-il dit qu'un seul ballon sur cent échoue? Je l'ignore, de même que je ne connais de lui aucun passage qui donne l'explication des cas où l'expérience échoue. Ce résultat anormal tient-il au tube sinueux ou à la substance fermentescible? M. Pasteur ne nous le dit point, ce qui ne l'empêche pas de poursuivre en ces termes : « Ce succès, n'existerait-il qu'une fois sur mille, serait à mes yeux tout » aussi probant » » Mais si sur mille ballons un seul ballon stérile prouve qu'un col recourbé arrête les germes et que la génération spontanée n'est pas, je demanderai ce que prouvent les neuf cent quatre-vingt-dix-neuf autres. » Dans l'incertitude où me met la dernière Note de M. Pasteur sur son opinion définitive actuelle, je concentrerai le débat sur un point bien défini. D'après ses anciennes assertions, l'urine qui a bouilli moins de deux à trois minutes dans un matras à col sinueux est stérile; d'après mes expé- riences, l'urine cpù a bouilli pendant cinq minutes dans un ballon à col sinueux est souvent féconde. Cela posé_, je demande à M. Pasteur s'il accepte ou s'il repousse le résultat que j'ai obtenu. S'il le repousse, j'aurai l'honneur de prier M. le Président de me mettre en mesure de répéter mon expérience devant une Commission. » Le Mémoire de M. V. Meunier est renvoyé à l'examen de la Commission (i) Comptes rendus, t. L, p. 85l. ( J72 ) nommée dans la séance du 4 janvier 1 8G4 pour les diverses communications relatives à la question des générations dites spontanées, Commission qui se compose de MM. Flourens, Dumas, Brongniart, Milne Edwards et Balard. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ORGANOGRAPHIE végétale. — Localisation des cellules fibreuses dans quelques anthères; absence de ces cellules dans les anthères d'un grand nombre de plantes ; par M. A. Chatix. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à la Section de Botanique.) « Je viens démontrer, contrairement à l'opinion accréditée par les tra- vaux de M. de Mirbel, de Mc-yen et de Purkinje, que les cellules dites fibreuses, cellules dont ces savants anatomistes admettaient l'existence générale dans les anthères et sur toute l'étendue des valves de celles-ci, peuvent : » i° N'exister que sur une portion donnée des valves ; » 20 Manquer sur toute l'étendue des valves. a I. Localisation des cellules fibreuses. — Les cas dans lesquels les cel- lules fibreuses ne se produisent que sur un point donné des valves de l'anthère ne sont pas rares, et leur constatation m'a paru offrir d'autant plus d'intérêt, qu'en dehors de la valeur du fait anatomiqne ils permettent de remonter, par cette considération qu'ils traduisent des arrêts de déve- loppement, aux points premiers de la transformation des cellules simples en cellules fibreuses. C'est ainsi que les zoologistes reconnaissent, par la solidification variée des pièces osseuses dans les diverses espèces animales, des centres d'ossification qui se fussent déduits avec moins de facilité et de certitude de l'organogénie et de la tératologie. » C'est dans les Lathrœa, Orohanche et P/iclipiea, que je constatai d'abord ce que M. Dticliarlre avait vu dans le Clandestina, la localisation des cel- lules fibreuses. Dans ces plantes, comme chez les Iihinanthus et Melam- prrumf les cellules fibreuses n'occupent que la portion des valves voisine de la ligne suturale ou de déhiscence. » Un mode de localisation des cellules fibreuses, inverse du précédent, savoir, dans lequel ces cellules ne sont placées que le long de l'attache des valves au connectif, existe dans VJIalesia, le Chlora perfoliata et le Chironia Centaurium. Telle est aussi à peu près la structure des anthères du-Cathar- tocarpus Fislula. ( i?3 ) » Un troisième mode de localisation est présenté par le Solarium, genre de plantes dont les anthères n'ont de cellules fibreuses qu'à leur sommet, autour du pore de déhiscence. Purkinje, cpii a figuré l'anthère du Solanum comme privée de filets, doit, ou l'avoir observée avant son entier déve- loppement, ou n'avoir fait porter ses études que sur les régions moyenne et inférieure de l'organe. » Une autre Solanée, le Witheringia , présente dans l'anthère de ses diverses espèces des différences profondes qui pourraient bien répondre à des caractères morphologiques justifiant la division du genre. Nous ne relèverons ici que le type représenté par le Wiiherinqia rubra, type curieux en ce qu'il porte des cellules fibreuses sur toute la valve interne des loges, la valve externe en étant tout à fait dépourvue. » Autre genre de localisation chez les Laurinées. Les anthères de ces plantes s'ouvrent, comme on sait, par des valvuves ou châssis. Or, c'est uniquement sur les valvules et à la charnière sur laquelle s'opérera leur mouvement de bas en haut, que sont placées les cellules fibreuses. » Les Berbéridées, qui partagent le mode de déhiscence des Laurinées, en diffèrent parce que leurs anthères portent aussi des cellules fibreuses sur la portion des parois de l'anthère qui ne se soulève pas. . m Enfin les Oplirjs, Gymnadenia, plusieurs Orchis, Orobanche, etc., ont des cellules fibreuses le plus souvent éparses et incomplètes, ou ne portant que de rares et assez courts filets sur quelques points de leurs parois. » En résumé, les cellules fibreuses peuvent n'exister que sur des points donnés des valves de l'anthère, et leur localisation être rattachée aux types suivants : » a) Les cellules fibreuses sont disposées le long de la ligne de déhiscence (Rliinantbus). » b) Elles occupent encore la longueur de l'anthère, mais vers la ligne d'attache des valves au connectif (Clilora). » c) Elles n'existent qu'à l'extrémité des loges, près des pores de déhis- cence (Solanum). » cl) Elles ne sont portées que sur l'une des deux valves (TVilherinqia rubra). » e) Elles sont localisées sur les valvules de soulèvement (Laimis). » f) Elles s'étendent beaucoup au delà des valvules (Berberis). » rj) Elles sont éparses et à filets incomplets (Orchis mascu/a). » IL Absence complète de cellules fibreuses. — Les livres avec lesquels on C. R., 1866, Ier Semestre. (T. LXII, N° 4.) ^3 ( i74) apprend la Botanique enseignent que dans la paroi des anthères entre tou- jours une membrane composée de cellules fibreuses, et les travaux origi- naux des botanistes qui se sont occupés en ces trente dernières années de l'étude du pollen n'ont introduit dans la science aucune donnée modifiant une opinion restée classique. Mais les observations auxquelles ont donné lieu les présentes recherches, observations ayant pour règle le « voir venir,» comme le recommandait avec tant de raison M. de Mirbel, me permettent d'établir que, dans un grand nombre de végétaux, dans des familles na- turelles importantes tout entières, ces cellules font au contraire complète- ment défaut. .. Il faut être prévenu que l'absence de cellules fibreuses peut quelque- fois tenir à des circonstances accidentelles. C'est ainsi que depuis deux années je constate à Paris „; >. 3° Par (C,„,„)2, (Cm,„)% (Cm,„)4, respectivement, les conditions d'un contact du deuxième, du troisième ou du quatrième ordre; » Et 4° par C,n>„*0, (C,n>„)2/5', respectivement, les conditions d'un con- tact du premieroudu second ordre en un point donné : par (2Cmi„i6), etc., la condition d'avoir deux contacts dont l'un dans un point donné, etc. » Le Mémoire contient les résultats suivants : h}'." m , ms + p." ( m, n^ -4- nu nt ) -H [l'n, n2, ou [j! = 2/7/ (m -4- n — 3) -t- t, p." = v' = a m (/» + 2B-5)+2«, p.'" = v" = 2 « (2 m -+- n — 5) -+- 2 7/, v'" =27/ (/h -I- « — 3) ■+■ d (**). 20 (3C„,,„, €,„„„,) = (rT m, + p.'»,, v"wi, -+- v'/i,), ou [}.' = \ \im3+Giirii — ii3— 3o///2 — i87H/i-r-i3«2+84/« — 4a « H- (G/77 + 3// — 26) /:], jx" = v' = g jf/77 + 77! [— (/// + n)* — 7 (m -+- 77) + 48] + 4 '»" [3 (m + 7/) — ; 3] + 2(7/4- e) [3 (/«-+-»)— 20)]}, V" = I [— ?//'+ tW///72+ 2//3-f- l3//72— 18/// 77 — 3o/7'— 4 2 '77 -f- 84/7 + (3 /77 + G 77 — 26) d] . 3° (4C,n,„) = (/J.,v), (*) Lorsque les coniques d'un système doivent toucher plusieurs courbes, on les distingue par des indices, par exemple C,,,,, „,, Cm„ n>1 etc. Les six nombres m, n, d, d', t, t' doivent satisfaire aux équations de M. Plucker. (**) Après avoir trouve ces formules, j'en ai vu une confirmation dans la correspondance de M. Cremona, qui est insérée dans les Comptes rendus Au 7 novembre 1864. ( *79 ) où p. = i j 2 (m — 3) (m — 4) («* — '» — ") + (" — 3)(/î — 4)('»2 — '» — «) + 4 / (m2 — 1 1 m ■+■ 28) 4-2fl?(/îa— 1 i«4- 28) + (af/+<)[4(« — 4)('« — 4) — i]-t-arf2-t-*2}, v = - |(ra — 3) (m — 4'("2 — '" — "1 + 2l'2 — 3) (h — 4)("i2— '« — ") + 1 1 [m1 — 1 1 m + 28) -H 4 fi {n2 — 1 1 n H- 28) + {d + 2t) [4 (n - 4) (jh - 4) - r] -f- da+ 2t%\ . 4° (iC,„tniQ, Cmiini)==([j." m, -h p/ nt, v"mt-i-v'n{), où p.' = 2 m -+- n — 4 > fi" = v' = 2 (/H -f- » — 3), v" = /n + 2 n — 4 • 5° (3C,n>ni'0)= [(/h — 2) (m + m — 9) -h t, [n — 2) (2 m H- /« — 9) -f- G?]. /p.'" m , /?z2 + p." (;;(,«,+/«,»,) -+- p.' « , ;/ 2 , \ 6° UCm„)~, C,„ „ , C,„ „ J ^ I I, \v m, /h2 + v [m, n2 -+- m2/i, ) -+- -/n, nj où jx' = v*=3m -+-«' = 3« + rf', v' = p." = v" = p.'" = 2 (3 m + t') = 2 (3ra + c?'). 7° [(Cm,„)2, Cm,„, Cm„ni] == (p/m, + p'/z,, v"/72( + v'n,). » Les coniques ont deux contacts avec Cm>n, l'un du premier et l'autre du second ordre. p.' == 3{imji + ?r-+- 4'" — ion) -+- (2 m -f- /j — îtyd', p"= v'= 2 (3w 4- f/') (m + n — 12) + 24(<7Z + n), v"= 3 (?n2 + -imn — 10m -+■ l\ti) + (m -+- 2/j — i4) £'. 8° [(Cm.„)2, 2Cm,„] = (p.,v), où p = {2m + « — 7) [6i W(n — 3)J + [[m — n)(m+ n — 5)-\-t]@n+d'— 36) 4- 1 2 (m — n) (m + // — 3), v = (m-f-ara — 7) [6 d-ht'(m — 3)] + [(« — /«) (/?*+/* — 5)-+-„ iO] = [3 {m -2)4- f, 3 (m - 2) + f ] . ( 180 ) » Les coniques ont avec C,n,„ un contact du premier ordre en un point donné, et du second ordre en un point non donné. i o° [(C,n,„)2 i$\ Cm>„] = (2 m + n - 6, m + 2 n - G). ^(3n^d')2-3{3?i + d')-8t'-ç)d'\ 12° [(Cm,»)4» C,„tini] = (^."/w, + /*'«,, v"/h, + v'«,), ou jx'= 6» — 4'» + 3d' = 5m — 3n ■+- 3t', ft"= v' = a {5n — l\m -+- 3^') = 2 (5m — 4/2 -+- 3*'), v"= 6/« — 4"+ 3i'== 5« — 3/7z -f- 3*'. [(C,n>„)3,C,n>„] = (//., v), ou u, = a(— 4 '«2+3/«n+ 3«2h- 28m — 32«)-t-3(2/?n-/2 — i3)rf', v = — 3 m2 — 3nm-\- ion2 -1- 53m — 61/1 -+- 3 [m -\-%n — i3j<7'. x 4° [{Cm.»)*] = {a[5 (« - m) + 3rf'], 2 [4 (/1 - m) + 3rf']j , ou =={a[4(/n-re)-i- 3*], a [5 (m— n) +3i']|. « Le Mémoire contient encore une application à la discussion de la déve- loppée d'une courbe Cm„, et à celle de l'enveloppe des droites suivant les- quelles C,n>„ réfléchit les rayons issus d'un point. » La méthode qui m'a conduit à ces résultats est fondée sur les théorèmes suivants (*) : » Dans un système de coniques il y en a 2p. — v infiniment aplaties. et2V — p, douées d'un point double. » En désignant par 1 et zs ces deux nombres, on aura donc p. = | (a> + ©), v = ^ (X -t- asr). ( *) Communiqués à l'Académie des Sciences par M, Cliaslcs, le 27 juin i8G.{. ( x8t ) » Il n'est pas difficile, ordinairement, de compter les coniques singulières d'un système. La seule difficulté consiste donc à trouver le coefficient avec lecpiel toute conique singulière entre dansX ou dans st. » En discutant les différents systèmes élémentaires (*), on trouve qu'il faut compter dans les nombres X qui sont relatifs à ces systèmes : » Toute conique infiniment aplatie joignant le point d'intersection de deux droites données à celui de deux autres et limitée par ces points, une seule fois; » Toute conique infiniment aplatie passant par un point donné et par le point d'intersection de deux droites données, et limitée par ce dernier point et par le point où elle rencontre une troisième droite donnée, deux fois; » Toute conique infiniment aplatie joignant deux points donnés et limitée par les points où elle rencontre deux droites données, quatre Jois. » On aura des règles analogues pour les coniques douées d'un point double. » Or, on peut considérer le mouvement d'une conique qui touche tou- jours une courbe fixe et qui satisfait à trois autres conditions, à volonté, comme un glissement sur les tangentes successives, ou comme une rotation autour des points successifs de la courbe. » Donc, les théorèmes que nous venons d'indiquer pour les systèmes élémentaires donneront lieu à la généralisation suivante : » Il faut compter dans le nombre X qui est relatif à un système de coniques qui lourlient quatre courbes données: » Une seule fois, toute conique infiniment aplatie joignant un point d'in- tersection de deux courbes données à un point d'intersection des deux autres et limitée par ces points; » Deux fois, toute conique infiniment aplatie touchant une courbe don- née, passant par un point d'intersection de deux autres, et limitée par ce point et par un de ceux où elle rencontre la quatrième courbe; » Et quatre fois, toute conique infiniment aplatie contenue dans une tangente commune à deux courbes données et limitée par deux des points où elle rencontre les deux autres courbes. » Ces théorèmes (et les analogues sur les coniques douées d'un point double) servent à trouver les caractéristiques du système \ "'l."i' *-'«'.,«)> V-W,,»,) *-'"',,/!,,'• (*) Nous appelons, avec M. Chastes, élémentaires les systèmes dont les quatre conditions sont de passer par des points donnés et toucher des droites données. C R., i Si G, [« Semestre. (T. LXII, IS° 4.) 24 ( ï8a ) » Ils sont encore en vigueur lorsque deux ou plusieurs courbes données coïncident de façon que les coniques du système doivent avoir un contact double ou multiple avec une courbe donnée; mais dans ce cas les coniques singulières que nous venons d'indiquer ne sont plus les seules. Le système (aCm,B, C„,itni, Cmj,„J contient encore les infiniment aplaties que ren- ferment les tangentes d'inflexion de C,„t„, et qui sont limitées par un des points où elles rencontrent Cm1)Bi et par un de ceux où elle rencontre C„,t i„]. On introduit en X le nombre de ces coniques singulières (et en tz celui des coniques analogues douées d'un point double) suivi d'un coefficient indé- terminé x. Puis on trouve, pour les caractéristiques du système (2'-Jm)«) *-'ml,riti MHj.nJ) des expressions qui contiennent encore x. » Si nous désignons par p la condition de passer par un point donné, par / celle de toucher une droite donnée, les systèmes (2Cm>„, p{, p2), (aCm,jj} p, l) seront des cas particuliers du système actuel. La caractéris- tique v du premier de ces systèmes devant être égale à la caractéristique p. du second, on pourra déterminer le coefficient x. Il deviendra égal à 3. » Les coefficients trouvés se conservent pour les systèmes On en trouve donc sans difficulté les caractéristiques. Dans la formule \\S-'m,it)" i *■ '/»,,«,) L1™../!,]" ou [j.'"i>!,m2-+- \)" (in,n2-h m2nt) -+- p.'n,n2, vMmtm2-j- v" (m, »2+ rn2nt) -+- v'nt ns p' = ^ (xni -t- 2jn -+- ud'-h vt'), v (xm -+- iyn -+- ud' -\- vt'), F "==\\z(m+ 2b) + s(2d' + «')], x, y, z, n, v, s étant des coefficients indéterminés qui doivent être entiers et positifs, en remplaçant Gmi>ni et CmjjBl, successivement, par deux points et par un point et une droite, on trouve N[(C„,,„)% /;„/;„ l] = p." = v'. ( i83) Cette équation se décompose en 2 3C — z= i [iy — z) = 3 (s — îf) = 6 (« — s). » Par d'autres procédés on trouve que N [(M)2, p„ p2, p3] = 6m — 6, où nous avons désigné par (M)2 la condition d'un contact du second ordre avec une courbe de l'ordre m et douée d'un point multiple de l'ordre m — i. » Or les formules déjà trouvées donnent, dans ce cas particulier, N[(M)% Pn p-2, p3] = \(x+hj+ 3v)m — ^(/ir-^6v). » Les deux expressions devant être égales, on aura x -+- 4/ + 3i»= 18, 2j--i-3t> = 9. » Les équations trouvées suffisent pour trouver les six coefficients qui doivent être positifs et entiers. » Ces exemples montrent les procédés dont on se sert dans le Mémoire actuel . » ANALYSE mathématique. — Sur la théorie des fonctions abéliennes. Note de MM. Clebsch et Gordan, présentée par M. Hermite. « La théorie des fonctions abéliennes, dont la partie relative aux fonc- tions hyperelliptiques a été donnée en i853 par M. Weierstrass, et le déve- loppement complet en 1857 par M. Riemann, est néanmoins susceptible d'une grande simplification en ce qui concerne les principes fondamentaux sur lesquels elle est basée. Nous sommes parvenus à mettre, au lieu des principes transcendants et profonds de M. Riemann, quelques considé- rations simples et élémentaires, et nous établissons cette théorie d'une manière tout à fait nouvelle, qui n'exige qu'une série de théorèmes géo- métriques connus et les théorèmes sur l'intégration entre des limites imaginaires donnés il y a longtemps par MM. Cauchy et Puiseux. En appliquant ces principes aux intégrales algébriques, nous obtenons une combinaison d'intégrales de troisième espèce qui ne devient jamais infinie qu'avec le signe négatif et qui ne diffère que par une constante additive de log ô. Nous oserons soumettre à l'Académie, dans ce qui suit, un abrégé des méthodes qui nous ont conduits à ce résultat important. 24-- ( '84 ) » Nous nous servons d'une double représentation géométrique. Une fonction homogène f(xtx2xt) = o représente une courbe plane du degré //, et l'intégrale r *2±c, x dx, X\ — • (voir le Mémoire de M. Aronhold dans les Berliner Monatsberichte, séance du 25 avril i8br), dans laquelle $ est une fonction entière ou fractionnaire du degré n — 3, se réduit, à l'aide de l'équation f= o, à l'intégrale d'une fonction d'une seule variable, dont les irralionnalités ne dépendent que de l'équation f= o même. En posant x,5x égaux à des fonctions fractionnaires linéaires de xt, x2, x3, on obtient, au lieu de f= o, une équation F [sx,x) — o, qui donne sx comme fonction de x, et M comme intégrale de la forme J Y (sx, x) dx. Nous considérons comme limites des intégrales deux points donnés de la courbe /=o; mais pour définir les manières différentes de parvenir d'un point limite à l'autre, nous représentons ces deux points, ainsi que tous les points de la courbe /= o, par les points d'un plan dont les coordonnées sont la partie réelle et imaginaire de la variable x, et par la racine convenable sx qu'on doit combiner avec cette variable. » Nous démontrons qu'on peut réduire toute intégrale & à une combi- naison d'intégrales abéliennes de première, seconde et troisième espèce. Pour les intégrales I de première espèce, la fonction devient une fonction entière 0 du degré n — 3 ; si la courbe f— o a des points doubles ou de rebroussement, la courbe 0 = o passera par ces points. Il y a p intégrales 1 i i " — ' • " — 2 i ■ 'i indépendantes entre elles, /; étant le nombre diminue au nombre d des points doubles et du nombre r des points de rebroussement. » Pour les intégrales S^, de troisième espèce, la fonction <ï> a cette expres- sion : n , £ y, étant les deux seuls points pour lesquels l'intégrale ï ± x, Ç, », devient infinie. La courbe û = o, du degré n — 2, passera par les points doubles ou par les points de rebroussement, et par les n — i points où la courbe /'= o est coupée par la droite joignant les points 2, Y). La forme algébrique que nous avons donnée à la fonction 12 fait que l'intégrale S?), se réduit à — log2 ± x, £, ■/}, lorsque le point x se rapproche de S, et à cos2 ± x, £., rl3 lorsque le point X se rapproche du point v). L'intégrale Sf„ est complètement définie, à une intégrale de première espèce près. ( .85 ) » L'intégrale de seconde espèce est donnée par l'équation r/S, dSj. dSgjl E f = «,-# + «2 -Tr + ^-TT' ? C/Ç, systèmes de modules de périodicité. Soient m n m2,..., m.ip, nt, «2,..., nîp les modules correspondant à deux quelconques des intégrales I, on a tou- jours une équation de la forme i, k = -xp (i) 2 cikmink = o, i, k — I dans laquelle les cik sont des nombres entiers qui ne dépendent pas des intégrales choisies; on a cik = — cki, et le déterminant des cik est égala l'unité. Cette propriété remarquable fait qu'on peut ramener les modules à un sys- tème de modules nouveaux qui dépendent des premiers par des équations linéaires à coefficients entiers dont le déterminant est l'unité. Soient H„ f-2,..., [J.2p, v,, v2,. .., v2p les modules nouveaux correspondant aux m, n, l'équation (i) devient i=p (2) 2 (FfVi--v'-rl/H-i) = °- Alors on peut prendre, au lieu des intégrales I, /; intégrales complètement définies, u,, u2, ... , up, ayant pour modules correspondants les quantités u, \ 27iy — 1, o,..., o, a,„ rt12,..., rr,p, ll2 ! O, 271 y — 1,..., o, <72l, rt22,..., tlip, • > u2 ; o, o, ..., 27ry'— 1, api, ap2,..., app1 ( '86 j et les équations (2) donnent les relations simples aik = aki. Ce système de modules n'est autre que celui auquel M. Riemann est parvenu par la con- sidération de la fonction 0. » L'intégrale de troisième espèce S^ sera prise d'une manière telle, qu'une ligne quelconque, droite ou courbe, tirée dans le plan des x entre les points |, t], n'ait aucun point commun avec le chemin d'intégration. On pourra alors prendre les constantes contenues dans Sf, de manière que les modules de périodicité appartenant à cette intégrale et correspondant aux p premiers modules des u s'évanouissent. » L'intégrale qui est aussi complètement définie, nous la nommons inté- grale normale n* Elle a, entre autres, une propriété remarquable que voici : » Soit / diZfy cette intégrale prise entre deux points fixes a, /3. Alors on a toujours f*d** =£***- » Nous nommons ce théorème le principe d'échange entre les paramètres et les arguments. Ce théorème nouveau est fondamental pour tous les déve- loppements qui suivent. » De ce principe découlent un grand nombre de théorèmes spéciaux. Par exemple, on en déduit que la fonction / dnh peut être ramenée à la forme o £,«)-? (2, /3) - ? (u, «) + f (nj, 0), y étant une fonction de deux arguments seulement. A l'aide du même prin- cipe, on ramène les intégrales de seconde espèce y M In à des fonctions algébriques ne contenant dans leurs coefficients que de cer- taines intégrales complètes de troisième espèce. » Enfin on a polir conséquence presque immédiate de notre formule le théorème d'Abel.qui prend la forme ( i87 )

i,<> Az 03,4 53, p. » Les températures produites par la combustion de ces deux gaz dans des volumes d'air strictement suffisants sont de 1905 et 1996 degrés. Elles ( >89 ) sont loin d'atteindre le chiffre admis ci-dessus pour le gaz d'éclairage. On a bien la ressource de chauffer les gaz et l'air par les chaleurs perdues des foyers; le calcnl donne, pour des températures initiales de 3oo et 5oo de- grés, les nombres suivants : Ier gazogène. 2e gazogîmo. _ , . . . , l 3oo degrés 2210 degrés ..... 2200 degrés. Température initiale j _ ° , [ OOO n 24IO » 249" " » Il ne faudrait donc rien moins qu'un échauffeinent préalable de 5oo de- grés pour se rapprocher de la température de combustion du gaz d'éclai- rage. » Une autre source de gaz, condamnée comme non industrielle par Ebel- men, est la décomposition de l'eau en hydrogène et en oxyde de carbone par son passage à travers du charbon incandescent. Le mélange en volumes égaux de ces deux gaz donnerait, même à froid, une température de 2S70 de- grés, sensiblement supérieure à celle que produit le gaz de houille. Ce chiffre me fait espérer que le jugement d'Ebelmen n'est pas sans appel, surtout quand je considère que, dans les fours à haute température, la consomma- tion de chaleur par les matières mises en œuvre n'est qu'une faible propor- tion de la chaleur totale, et que les gaz qui s'échappent ont encore une puis- sance calorifique bien suffisante pour le chauffage des cornues chargées de la production du mélange d'hydrogène et d'oxyde de carbone. » Il est temps que je dise le motif qui m'a fait présenter les comparaisons précédentes. Avec les gaz des gazogènes on a fondu la fonte; on fondrait l'acier. Ebelmen rapporte qu'après quelques jours de marche, les gaz étant portés avant la combustion à 3oo degrés, les voûtes des fours fondaient; mais on n'a pas fondu le fer. Avec le gaz de houille, je fonds ce métal ; je le fondrais avec tout autre gaz donnant une température équivalente. Ne pourrait-on pas le jondre industriellement en produisant en grand les tempéra- tures qui me réussissent en petit? » La fusion facile de quelques centaines de grammes de fer, dans un creuset, permet d'étudier, avec tout le soin désirable, les propriétés phy- siques du métal pur ou plus ou moins souillé de corps étrangers, et de pré- ciser ses affinités chimiques quand une haute température l'a réduit à l'état liquide : c'est un travail que j'ai commencé. La surface supérieure de mes culots est nette et polie, ce qui prouve déjà que le fer ne dégage pas de gaz pendant sa solidification; cette observation pourra avoir plus laid son importance. C. R., 1SGG, 1" Semestre. (T. LX1I, N" 4.) 2$ ( '9" » Allons plus loin : la fusion du fer affiné serait un moyen de le débar- rasser des impuretés interposées, oxyde ou laitier, et de lui donner de l'ho- mogénéité. Dùt-on procéder avec des creusets, l'opération pourrait présen- ter des avantages pour les fers destinés à quelques usages spéciaux. Mais fondre le métal pendant l'affinage, ne serait-ce pas activer les réactions qui transforment la fonte en fer, puisqu'on agirait sur une matière liquide et non plus sur une substance pâteuse devenant de plus en plus ferme et opposant une résistance croissante aux réactions qui doivent la purifier? Ne serait-ce pas obtenir d'emblée un fer homogène, plus pur, capable même d'être coulé? Certes ces questions méritent bien de fixer l'attention. Je veux en poursuivre l'étude dans la mesure de mes forces, puisque j'ai eu le bon- heur de rencontrer des faits qui me semblent montrer que leur solution est possible. Actuellement, je ne pense pas que la difficulté la plus sérieuse consiste dans la production de températures assez élevées; je la vois dans le choix d'enveloppes suffisamment réfractaires, mais elle ne me parait pas de nature à décourager de toute recherche. » CHIMIE APPLIQUÉE A LA. PHYSIOLOGIE. — Sur l'exigence de l'urée dans le lait des animaux herbivores. Extrait d'une Note de M. J. Lefokt. « Depuis que MM. Dumas et Prévost ont signalé la présence de l'urée, à l'état normal, dans le lait, quelques chimistes, convaincus dès lors que cette substance, considérée comme le terme ultime de l'oxydation dans l'orga- nisme des matières azotées de nature albuminoïde, se répandait dans tout le torrent circulatoire, s'appliquèrent à la rechercher dans plusieurs liquides de l'économie (i), et le plus souvent leurs efforts furent couronnés de succès. » L'urée n'ayant pas encore été recherchée, du moins que nous sachions, dans le lait des animaux herbivores, nous nous sommes livré à cet égard à quelques expériences qui, en même temps qu'elles confirment les résultats obtenus par nos devanciers, permettent d'ajouter une substance de plus à la liste des principes constituants et normaux du lait. Voici pour arrivera ce but le procédé que nous avons suivi : 8 litres de petit-lait, provenant du lait de deux vaches en parfait état de santé, ont été évaporés un peu au- dessous de ioo degrés et, de temps en temps, on séparait par la fi.lt ration les matières caséeuses et albuminoïdes qui se précipitaient peu à peu. (i) M. Millon, M. Wurtz, MM. Poiseuillc el Gobley, etc. ( l«l ) i» Le liquide, amené ainsi en consistance sirupeuse, a abandonné après son refroidissement une grande quantité de sucre de lait imprégné de quel- ques-uns des sels les moins solubles du lait. » La partie liquide séparée du dépôt a été versée dans de l'alcool à 85 degrés centésimaux, et on a chauffé le mélange au bain-marie afin de permettre à l'urée de se dissoudre entièrement dans le véhicule hydro-alcoo- lique. » La solution a été filtrée et concentrée au bain de sable jusqu'en consis- tance de sirop, et celui-ci a été mis en contact avec de l'acide nitrique concentré et pur. » Après quarante-huit heures, il s'était formé un abondant dépôt, coloré en jaune, très-soluble dans l'eau, qui renfermait avec du nitrate d'urée une proportion notable de nitrate dépotasse en raison de l'état de concentra- tion et acide du mélange. » La solution aqueuse a été additionnée de carbonate de baryte et chauffée au bain de sable jusqu'en consistance d'extrait mou. Celui-ci a été repris par l'alcool concentré qui a donné une solution colorée en jaune et renfermant une quantité très-notable d'urée cristallisée en aiguilles pris- matiques. » Nous avons pu retirer ainsi de 8 litres de petit-lait représentant plus de io litres de lait pur i | gramme de nitrate d'urée facilement reconnaissable à la forme de ses cristaux et à sa combinaison insoluble avec le nitrate de bioxyde de mercure. » ÉCONOMIE rurale. — L'ostréiculture à Arcachon; par M. J.-L. Soubeirajv. « Après avoir donné pendant longtemps des produits considérables, les huîtrières d' Arcachon se sont trouvées dans ces dernières années presque complètement ruinées, et la misère a remplacé l'abondance. A quelles causes faut-il attribuer ce changement? Il en existe certainement plusieurs; mais on peut accorder une large part, sans contredit, à la pèche laite sans trêve ni merci, aux époques permises comme en temps prohibé, sans nul souci du volume des huîtres enlevées. Il est facile d'exprimer à quel fâcheux état est arrivée la pèche des huîtres en disant que dans le chenal d'Eyrac cinq embarcations n'ont récolté par le draguage que douze huîtres, et que lors de notre visite à Arcachon, en décembre i865, quatre-vingts embar- cations n'ont récolté, dans les chenals de Lanton , de Certes et de Ger- manan, que 28800 huîtres. i5.. ( '9» ) » Cet état peut être modifié heureusement, et nous en avons la preuve clans les résultats déjà obtenus aux trois parcs impériaux de Crastorbe, Graud-Cès et Lahillon, établis sous l'inspiration de M. Coste, puisque au- jourd'hui, à eux seuls, ils contiennent plus d'huîtres que tout le reste de la baie. » Les parcs de Crastorbe et de Grand-Ces, établis sur des crassats (ter- rains émergents) qui étaient dans des conditions très-ordinaires de peu- plement en huîtres, ont été nettoyés, par les soins des marins du Léger, de la vase qui les encrassait et des herbiers qui gênaient le cours de l'eau au moment des marées; on y a établi des collecteurs en y versant des tuiles et des fascines et de grandes quantités de coquilles de sourdon et d'huître, qui ont offert de nombreux points d'attache au naissain; si bien qu'au- jourd'hui, là où il n'existait (en 1862) que 2000000 d'huîtres, on en a compté plus de 16000000, sans parler de 8000000 qui ont été enlevées sur les parcs pour repeupler d'autres localités voisines ou éloignées. » Quant au parc de Lahillon, il fut établi sur une huîtrière entièrement éteinte; il a été aussi mis en culture par les marins du Léger, de juin i863 à janvier 1 865 ; il était infesté de bigorneaux perceurs, puisque douze hommes, en une marée de deux heures, en ont récolté i/j6oo; il a reçu 5ooooo huîtres mères, et à l'automne dernier on en a compté sur les collec- teurs (tuiles, fascines, piquets, coquilles, etc.) f>i85a62, non compris les mères! Or les travaux d'installation et de culture de Lahillon ont coûté 28284 francs pour mise en état, gardiennage, corvées, achat de bateau ponton, tuiles et huîtres mères, et aujourd'hui le parc aune population dont la valeur est telle, qu'en mettant les choses au pis on peut compter sur un revenu de près de /1000 francs par hectare. » Ces résultats sont étonnants, mais ils ne sont rien en comparaison de ce qu'on est en droit d'attendre le jour où des concessions nouvelles se- ront accordées sur les deux cents hectares qui peuvent être, dès aujour- d'hui, livrés ,'t la culture des huîtres; car alors la chasse faite aux ennemis de l'huître sur une plus grande échelle diminuera la perte d'un quart à un dixième, et il est à noter que dès maintenant les parqueurs voisins de Lahillon ont constaté une diminution sensible dans le nombre des bigor- neaux perceurs depuis les chasses du Léger. D'autre part, plus il y aura de parcs, plus il y aura de naissain répandu, et les parties restées soumises à la pèche commune profiteront de ce surcroît de semence, surtout si on drague les cheuals. En effet, le draguage, dans les mers intérieures, nettoie ( i93 ) les bancs, met à découvert des points d'attache pour le naissain ,*et, comme on a pu le constater à Lorient et à Pénerf (Morbihan), a pu quelquefois régénérer des bancs qu'on considérait comme perdus. » M. Depibris demande l'ouverture d'un paquet cacheté dont l'Académie avait accepté le dépôt dans sa séance du 9 janvier 1 843. L'auteur se pro- pose par là de constater une question de priorité, les conceptions déve- loppées dans sa Note cachetée ayant, dit-il, trouvé récemment en Angleterre et en Prusse des applications utiles. Le paquet ouvert en séance, conformément à la demande de l'auteur, ren- ferme une Note ayant pour titre : « Exposé d'une nouvelle théorie dyna- mique dans laquelle l'air condensé par la vapeur est employé comme force motrice dans les arts ». Cette Note est parafée par M. le Secrétaire perpétuel. L'auteur en pourra faire prendre au Secrétariat une copie qui sera certifiée, et à laquelle il pourra donner le mode de publicité qu'il jugera convenable pour assurer ses droits de propriété. M. Stamm, qui avait précédemment adressé comme pièce de concours pour le prix Bréant un livre sur l'extinction des maladies épidémiques, et qui ré- cemment a fait parvenir à l'Académie un autre travail concernant les épi- démies de fièvre puerpérale, transmet aujourd'hui un numéro d'une feuille allemande témoignant des bons résultats obtenus de son système de ventila- tion, qui, de même que les autres mesures recommandées par lui, a été adopté en Autriche et suivi dans l'établissement du nouvel hôpital de Prague. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) M. Montani adresse de Constantinople quelques journaux contenant le texte en français de ses communications à la Société littéraire et scientifique grecque concernant les observations ozonométriques faites en i865 dans cette grande ville pendant que le choléra y sévissait. M. Graf, qui avait présenté il y a quatre ans au concours pour le prix dit des Arts insalubres un exposé des moyens employés dans son aiguiserie pour mettre les ouvriers à l'abri des fâcheux effets produits par l'inhalation ( >o4 ) des poussières dégagées dans l'opération, prie l'Académie de lui faire savoir si ses inventions ont été soumises à la Commission chargée de décerner le prix. On fera savoir à M. Grafqnesa Note a été soumise à l'examen rie la Com- mission, et que si son nom ne se trouve pas dans le Rapport qu'elle a fait à l'Académie, c'est que ce Rapport mentionne seulement les inventeurs qui ont paru mériter un prix ou une mention honorable; le silence de la Com- mission sur tous les autres concurrents indiquant suffisamment que leurs inventions n'ont pas eu, à ses yeux, toute la nouveauté ou toute l'impor- tance qu'ils leur attribuaient. 31. Bobœuf adresse un nouvel ouvrage sur les applications à l'hygiène et à la thérapeutique de l'acide phénique et du phénate de soude, et demande que cette pièce soit jointe à celles qu'il a déjà présentées au concours poul- ies prix de Médecine et de Chirurgie. (Réservé pour la future Commission.) M. Miiialixez, dans une Lettre écrite de la Nouvelle-Orléans en date du 2 janvier 1866, prie de nouveau l'Académie de lui retourner une Note qu'il avait envoyée en décembre 1 8G2 « sur le Soleil et sa relation avec les autres corps célestes ». L'Académie ne se charge point de renvoyer les Notes et Mémoires qui lui ont été présentés. L'auteur peut les reprendre lui-même ou les faire retirer par une personne dûment autorisée. On a déjà fait savoir à M. Mihalinez et on lui indiquera une seconde et dernière fois, aussi clairement que pos- sible, la marche à suivre pour rentrer en possession de son manuscrit. A 4 heures un quart l'Académie se forme en comité secret. ( '95 ) COMITÉ SECRET. La Section de Géographie et Navigation présente la liste suivante de candidats pour la place vacante dans son sein par suite du décès de M. Duperrey : En première ligne M. Juriex de la Gravière (Vice-Amiral). iM. d'Abbadie (Correspondant). M. Bourgois (Capitaine de vaisseau). M. Loi'pvext i>es lîois (Contre-Amiral). M. Miii'ciiEz (Capitaine de frégate). M. Renoc. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures trois quarts. C. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. . L'Académie a reçu dans la séance du 22 janvier 186G les ouvrages dont les litres suivent : Traité pratique des maladies des yeux; par M. le Dr Fano. T. Ier, avec figures. 1 vol. in-8°. Paris, 1866. (Présenté par M. Velpeau.) Traité de la pellagre et des pseudo-pellagres; par M. Théophile ROUSSEL. 1 vol. in- 8°. Paris, 1866. L Année scientifique et industrielle ; par M. Louis Figuier, 10e année. Paris, i8(JG; 1 vol. in- 12. Séance publique de l'Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles- Lettres d'Aix. Aix, 1 865 ; 1 vol. in-8°. Bulletin de la Société Vaudoise des Sciences naturelles, t. VIII, Bulletins nos 52 et 53. De l'acide phénique, de ses dissolutions aqueuses et du phénol sodique, etc.; par M. P. -A. -F. Boboeuf. Br. in-8". Paris, sans date; 3 exemplaires. Le choléra et le congrès sanitaire diplomatique international; par M. BONNA- FONT. Br. in-8°. Paris, 1866. ( 196 ) Rapprochement entre les monticules de Ninive et les Uimuli; par M. Eugène ROBERT. P.r. in-8°. Paris, 1S66. Sulle istituzioni... Sur les institutions d'instruction primaire en Lombardie, et particulièrement dans la circonscription de Monza ; par M. Guill. ROSSI. ae édition, br. iu-4°. Milan, 1866. Annali... Annales du Musée royal de Physique et d'Histoire naturelle de Florence pour l'année 1 865, nouvelle série, t. 1er. Florence, 18G6. 1 vol. in -4° cartonné, avec figures. Reise... Foyacje de circumnavigation de la frégate autrichienne Novara, exécuté dans les années \85-], 1 858, 1859, sous le commandement du corn- inodore B.-V. Wullf.rstorf-Urîuir. Partie nautique et physique; 3e et der- nière livraison avec une carte, Journal météorologique. 1 vol. in-4°- Vienne, 1 865. Nyt Bidrag... Addition à la théorie des systèmes de coniques qui satis- font à quatre conditions; par M. H. -G. ZEUTHEN. Copenhague, i865; in-8°. ERRATA. (Séance du i5 janvier 18G6.) Page 137, ligne 19, au lieu de du huitième ordre, lisez du troisième ordre. Page i38, ligne i/j, au Heu de l'équation d'équilibre se présentera sous celte forme, lisez l'équation d'équilibre sous cette forme. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 29 JANVIER 18G6. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une ampliation du Décret impérial qui confirme la nomination de M. Ch. Robin à la place va- cante dans la Section d'Anatomie et de Zoologie, par suite du décès de M. Valenciennes. Il est donné lecture de ce Décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Ch. Robin prend place parmi ses confrères. astronomie. — Sur l'accélération apparente du moyen mouvement de la Lune due aux actions du Soleil et de la Lune sur les eaux de ta mer; par M. Delaunay. « Après avoir pris connaissance de la Note que M. Bertrand a commu- niquée à l'Académie dans sa dernière séance, .j'ai pensé qu'il ne serait pas inutile d'ajouter quelques remarques à celles que j'ai déjà présentées à la suite de cette communication. » La Note que j'ai lue à l'Académie le n décembre dernier avait pour objet de faire connaître un nouveau genre de forces perturbatrices qui, tout en ayant une intensité extrêmement petite, finissent à la longue par produire des effets appréciables dans le mouvement des corps célestes sur C. h., 1866, i« Semestre. (T. LXII, N" 3.) 26 ( '98 ) lesquels elles agissent, parce que leur action s'exerce toujours dans un même sens. Je me suis borné clans celte Note à signaler l'effet principal dû à ce genre d'action, effet qui consiste dans le ralentissement progressif du mouvement de rotation de la Terre produit par les actions du Soleil et de la Lune sur les eaux de la mer, et qui devient sensible par une accéléra- tion apparente dans le moyen mouvement de la Lune. Afin de mettre mes honorables confrères en mesure de se faire immédiatement une conviction à ce sujet, j'ai fait un calcul réduit au dernier degré de simplicité, en vue de donner une idée de l'ordre de grandeur de l'effet dû à la cause que je considérais. » Puisque M. Bertrand a bien voulu essayer de mettre un peu de précision dans cette question dont je n'avais présenté qu'un premier aperçu, je lui viendrai en aide en indiquant une correction dont il est indispensable de tenir compte, même dans une première approximation de la valeur numé- rique du résultat, et qui modifie beaucoup la conclusion à laquelle il a été conduit. » En cherchant à évaluer la grandeur du ralentissement de la rotation de notre globe, produit par l'action de la Lune sur les deux masses fictives que j'avais substituées aux protubérances liquides occasionnées par les marées, je n'ai pas hésité à altérer notablement la valeur du résultat que je cherchais, pour conserver l'extrême simplicité du calcul. Ayant besoin de connaître le moment d'inertie de la Terre par rapport à un de ses dia- mètres, j'ai évalué ce moment d'inertie en supposant la Terre homogène. 3e savais bien que, par là, je trouverais un moment d'inertie trop grand, et par suite une valeur trop petite pour le ralentissement de la rotation du globe terrestre dû à la cause considérée; mais je préférais cette altération notable du résultat à l'introduction d'une complication tout à fait inutile dans un pareil calcul. Pour suivre M. Bertrand dans la voie de précision où il a voulu s'engager, je dois revenir sur la circonstance que jesignale, et faire disparaître cette cause d'inexactitude que j'ai volontairement introduite. » Nous ne connaissons pas exactement le mode de répartition des ma- tières à l'intérieur du globe terrestre. Nous savons seulement que la den- sité moyenne de la Terre est plus grande que celle des matériaux qui composent ses couches superficielles; et nous avons de fortes raisons de penser que la densité va en croissant progressivement de la surlace au centre. A la surface, la densité peut être regardée comme étant la moitié de la densité moyenne fia densité des calcaires et tics granités est envi- ron 2,7; et nous adoptons, d'après Cavendish, 5,5 pour la densité ( r99 ) moyenne). Admettons qu'au centre du globe la densité soit égale à quatre fois cette densité moyenne (c'est à peu près la densité du platine). Si nous représentons la densité en un point quelconque situé à une distance x du centre par l'expression a -+- bx -+- ex- , nous déterminerons facilement les quantités a, b, c, de manière à satisfaire aux conditions qui viennent d'être indiquées, et aussi à la condition que la masse totale du globe corresponde à une densité moyenne égale à 5,5. Or, en calculant le moment d'inertie de la Terre à l'aide du mode de réparti- tion des densités que cette formule indique, on trouve que ce moment d'inertie est les \j de celui qu'on obtient en supposant la Terre homogène. L'effet produit par l'action d'une cause quelconque sur la rotation du globe terrestre sera donc plus grand dans le cas de cette loi de densité va- riable que dans le cas de l'homogénéité, dans le rapport de i4 à n, ou bien de 1,27 ai. Le résultat auquel j'ai été conduit, en admettant que la Terre est homogène, est donc trop faible : il doit être augmenté d'environ le quart de sa valeur, si l'on veut tenir compte de la variation de densité du globe de la surface an centre. » M. Bertrand, en évaluant l'effet de la réaction des eaux de la mer sur la Lune, arrive à cette conséquence que, quel que soit le ralentissement de la rotation du globe terrestre dû à l'action de la Lune sur les eaux de la mer, et par suite quelle que soit l'accélération apparente qui en résulte pour le moyen mouvement de la Lune, la réaction des eaux sur la Lune produit sur ce moyen mouvement un ralentissement réel qui est la moitié de l'accélération apparente dont il vient d'être question; d'où il conclut que le résultat auquel je suis parvenu doit être diminué de la moitié de sa valeur. Mais nous venons de voir que, par la cause expliquée ci-dessus, relative à la manière d'évaluer le moment d'inertie de la Terre, mon ré- sultat devrait être augmenté du quart de sa valeur : en réunissant ces deux corrections, on voit qu'elles se traduisent en définitive par une diminution d'un quart, au lieu de la diminution de moitié énoncée par M. Bertrand (1). » Cette modification du résultat que j'avais indiqué tout d'abord est en (1) Il est bon de remarquer que cette réduction indiquée par 51. Bertrand ne porte que sur la partie du phénomène occasionnée par la marée lunaire. La marée solaire, qui con- tribue, pour une faible part il est vrai, au ralentissement de la rotation de la Terre, ne peut déterminer, par son action sur la Lune, qu'un changement périodique insignifiant dans le mouvement de cet astre. 26.. ( 200 ) somme peu importante; elle conduit à porter de ia à i4 le nombre des degrés de l'équateur formant la largeur de la couche d'eau qui a été sub- stituée à chacun des points matériels de masse (x. Cela ne peut nullement in- firmer la conclusion que j'ai formulée à la fin de ma Note du 1 1 décembre. L'étude un peu plus approfondie qui vient d'être faite de la question fournit au contraire une confirmation de celte conclusion, qui se trouve ainsi, jusqu'à un certain point, établie sur des bases plus solides. >< COSMOLOGIE. — Expériences synthétiques relatives aux météorites. Rapproche- ments auxquels elles conduisent, tant pour la formation de ces corps planétaires que pour celle du globe terrestre; par M. Daitbrée. (Première partie.) « J'ai eu l'honneur d'entretenir l'Académie plusieurs fois, et tout ré- cemment encore, de diverses chutes de météorites, et j'ai insisté sur les particularités de l'arrivée de ces corps planétaires, ainsi que sur leur com- position minéralogique. » En donnant des descriptions souvent chargées de détails, il y avait, comme on a dû le penser, un but plus élevé que d'enregistrer des faits d'ailleurs pleins d'intérêt et de mystère. Ce qu'on avait en vue, c'était de parvenir à de nouvelles données qui permissent de baser sur elles des con- clusions satisfaisantes. » Chacun comprend tout l'intérêt que présente l'étude des météorites, non-seulement pour l'Astronomie, mais aussi pour la Géologie, qui voit ainsi s'agrandir ses horizons, et qui tire de la comparaison de ces corps loin- tains avec notre globe d'utiles enseignements sur le mode de formation de ce dernier et de notre système planétaire. » Il m'a paru que le moment était venu de compléter par des expé- riences synthétiques les nombreuses notions que l'analyse a fournies sur la constitution des météorites. Il était en effet permis d'espérer que la synthèse expérimentale ne rendrait pas moins de services dans cette étude que dans celle des minéraux et des roches terrestres. » Obligé de me restreindre, je ne puis donner aujourd'hui qu'un résumé sommaire de nombreuses expériences que j'ai déjà exécutées. » Avant d'entrer en matière, je dois rappeler très-brièvement que les diverses météorites connues se rapportent à deux grandes divisions : les fers et les pierres. » Dans les fers on a établi trois subdivisions : i° fer sans mélange de matières pierreuses ; 2° fer renfermant des globules de péridot (fer de ( 20 1 ) Pallas) ; 3° fer associé à des silicates, péridot et pyroxène (Sierra de Chaco). Ce dernier mélange établit le trait d'union entre les extrêmes, en appa- rence si différents, des deux grandes divisions établies. » Les pierres pour la plupart ne renferment le fer natif qu'en petits grains et disséminé au milieu de silicates, principalement à bases de ma- gnésie et de protoxyde de fer. C'est ce groupe que nous désignerons ici, à raison de son extrême fréquence, sous le nom de type commun. » D'autres, sans fer natif et formées d'ailleurs comme les précédentes de silicates magnésiens, renferment de l'olivine (Chassigny), ou d'autres sili- cates moins basiques (Biscbopville), ou enfin sont caractérisées par la pré- sence de matières cbarbonneuses (Mais, Orgueil). » Enfin, un dernier groupe, sans fer natif ni péridot, pauvre en magné- sie, renfermant l'alumine en quantité notable, se caractérise par un mélange grenu d'anorthite et de pyroxène, et par son analogie avec certaines laves. I. Produit de la fusion des météorites. » J'exposerai d'abord les résultats obtenus par la fusion des pierres météoriques à de fiantes températures. » On sait que les pierres météoriques nous arrivent toujours recouvertes d'une croûte noire et vitreuse due à une fusion superficielle opérée dans leur trajet à travers l'atmosphère. On pouvait donc croire qu'en les fondant dans des creusets ou n'obtiendrait pas autre chose que cette même matière vitreuse. Or l'expérience est venue apprendre qu'il en est tout autrement et que ces substances possèdent au contraire une aptitude bien prononcée pour la cristallisation. Ainsi, en liquéfiant des météorites de plus de trente cliutes différentes^ j'ai toujours obtenu des masses éminemment cris- tallines. » Toutes ces opérations ont été faites à une température voisine de celle de la fusion du platine. Pour les obtenir, j'ai eu recours à l'obligeance de M. Gandin, auquel je me fais un plaisir d'adresser ici mes remercîments. » Je dois remarquer que les météorites renfermant en général des ma- tières telles que le fer natif allié à des sulfures, à des phosphures, ainsi qu'à des silicates, on ne peut les fondre ni dans la terre, ni dans le platine, sans éviter, entre la matière du creuset et la substance traitée, une action qui dénature plus ou moins cette dernière. On a dû, pour la plupart des cas, se servir d'une brasque de charbon ; mais alors le fer qui se trouvait dans la météorite naturelle à l'état de silicate de protoxyde se trouve réduit et se réunit à celui qui préexistait : la masse silicatée fondue a donc perdu une ( 20a ) petite fraction de ses bases et est devenue d'autant plus siliceuse ; malgré ce changement dans l'état de saturation de la partie silicatée, cette cris- tallisation artificielle fournit, comme on va le voir, des renseignements utiles et très-précis. » Météorites du type commun. — On a d'abord opéré sur des météorites du type commun (Ensisbeim, Laigle, Charsonville, Chantonna}', Agen, Vouillé, Favars, Montrejeau, New-Concord, Aumale). » La masse après fusion se compose de deux parties, l'une pierreuse, l'autre métallique et sous forme de grenailles ou de culot. » La partie lithoïde se partage généralement en deux substances cristal- lines bien distinctes. » L'une est en octaèdres rectangulaires très-surbaissés ayant la forme et la disposition qui caractérise le péridot, surtout celui qui se forme dans les scories. La même substance paraît également se présenter dans ces produits de fusion sous deux autres formes que M. Des Cloizeaux a bien voulu dé- terminer. Ce sont des lames à six faces composées de la base P, du prisme g3 et de la troncature g, ; puis une forme composée de la base P et de deux biseaux, dont l'un placé sur les angles obtus du prisme primitif de i ip,°i3' appartient par les angles à la forme a,, et dont l'autre est placé sur les angles aigus. » La seconde substance présente habituellement des prismes à section rectangulaire souvent alignés parallèlement entre eux et dont la cassure fibro-lamellaire rappelle beaucoup celle de la bronzite. Leur opacité n'a pas encore permis de décider s'ils appartiennent au système droit du prisme rhomboïdal ou au système oblique. Cependant, comme la plupart sont exempts de fer et ne renferment plus que de la magnésie, on doit les considérer comme appartenant, non au pyroxène, mais au bisilicate de magnésie, c'est-à-dire à l'espèce enstatite. » L'essai chimique de ces deux substances justifie la détermination à laquelle conduit l'examen cristallographique. » On sait que l'analyse de la plupart des météorites du type commun y décèle l'existence d'au moins deux silicates, l'un attaquable, l'autre inatta- quable par les acides. Dans les expériences dont je viens de rendre compte, il se lait un départ entre ces silicates qui étaient primitivement en mélange si intime, qu'on ne pouvait les distinguer. Ils se séparent par une sorte de liquation, et bien plus nettement que dans la météorite naturelle; c'est ainsi qu'on voit apparaître, sous différentes formes, les deux silicates magnésiens, le péridot (Mg.Si) et l'enstatile (Mg.Si2). (2o3 ) » La situation respective de ces deux espèces au sein de la niasse ob- tenue mérite d'être signalée. En général le péridot, quand il existe, forme à la surface une pellicule mince et cristallisée, tandis que l'intérieur se com- pose de longs cristaux d'enstatite qui traversent : ces deux substances se sont ainsi groupées conformément à leur ordre de fusibilité. » Quant à leur proportion relative, elle varie beaucoup avec les météo- rites; c'est en général l'enstatite qui prédomine, et dans un certain nombre le péridot ne se montre pas en cristaux distincts (Chantonnay, Ensis- beim, Agen, Château-Renard -et Vouillé). Au contraire le péridot peut se montrer en abondance prédominante, comme dans celle de New-Concord. La réduction du fer, qui était à l'état de silicate, ne paraît avoir eu d'autre effet que d'augmenter la proportion d'enstatite, aux dépens de celle du péridot, sans apporter d'autre cbangement dans la nature même des com- posants. » Très-fréquemment les aiguilles d'enstatite s'étendent à la surface de la masse avec une disposition qui rappelle tout à fait celle du mica dit palmé que renferment certaines pegmatites des Pyrénées et du Limousin. Ce grou- pement dendritique de l'enstatite a une disposition bien prononcée à s'aligner sous un angle constant. b On remarque aussi sur les deux espèces de silicate magnésien une tendance remarquable à se grouper régulièrement l'une sur l'autre, ainsi qu'on l'observe pour la staurotide et le distbène, et certains cristaux ayant la forme du péridot ne servent en quelque sorte que d'assemblage à de nom- breuses aiguilles d'enstatite qui les traversent, rappelant ainsi la structure de pseudomorphes » Ces mélanges, bien reconnaissables à l'oeil nu, passent à d'autres qui sont indiscernables, et dans lesquels la substance, ayant l'apparence homo- gène, comme certaines météorites naturelles, ne trahit plus sa complexité que par son partage en présence des acides. » On remarquera que les météorites renferment encore certaines sub- stances, telles que le silicate d'alumine, qui ne font pas partie essentielle du péridot ni de l'enstatite, mais qui restent cachées dans les cristaux de ces deux espèces minérales, sans doute par suite de l'affinité que M. Chevreul a nommée capillaire. » Météorite de Chassujny. — La météorite de Chassigny donne une masse de péridot bien cristallisé. » Météorite de Bisehojivdlc. — Celle de Bischopville fournit des prismes d'enstatite d'une blancheur parfaite, recouverts seulement cà et là de quelques lames de péridot. ( 204 ) » D'après ces caractères, ces deux météorites, dont on a fait des espèces distinctes, se rapprochent beaucoup du type commun, seulement elles en forment en quelque sorte les deux termes extrêmes : l'un le plus ba- sique, l'autre le plus acide et d'une faible teneur en fer. » Météorites charbonneuses d 'A 'lais et d'Orgueil. — Les météorites char- bonneuses d'Alais et d'Orgueil produisent des masses tout à fait semblables entre elles, d'un vert olive, très-fibreuses et ressemblant beaucoup à la bronzite. » Ainsi, à part la présence de la matière charbonneuse, elles se rappro- chent des météorites ordinaires en ce qui concerne le produit de la fusion. » Météorites du groupe de Juvenas et de Slannern. — Quant aux météo- rites alumineuses dont celles de Juvenas, de Jonzac et de Stannern offrent les exemples les plus connus, elles donnent un produit entièrement diffé- rent de toutes les météorites magnésiennes dont il vient d'être question : c'est une masse vitreuse, quelquefois rubannée par un commencement de dévitrification, mais sans cristaux, ni de péridot, ni d'enstatite. Ainsi se jus- tifie la distinction qui a été faite entre les unes et les autres. » Remarquons toutefois que la météorite de Juvenas, une fois fondue, est extrêmement bulleuse, comme si, à cette haute température, il s'était produit un dégagement de substances qu'elle renfermait. » Quant aux caractères de la partie métallique qui s'isole par la fusion des météorites des divers groupes, et qui est ordinairement remarquable par son état cristallin, j'y reviendrai plus tard. » Déduction des expériences cpii précèdent en ce qui concerne le mode de formation des météorites. — Puisque, dans nos expériences, les silicates qui composent les météorites magnésiennes se transforment avec une telle faci- lité en cristaux bien accentués, et cela malgré un refroidissement rapide, comment donc se fait-il que la météorite naturelle ne présente que des cris- taux très-petits et essentiellement confus? » S'il était permis de chercher quelque analogie autour de nous, nous verrions que les cristaux obtenus par la fusion des météorites rappellent les longues aiguilles de glace que l'eau liquide forme en se congelant, tandis que la structure à grains fins des météorites naturelles ressemble plutôt à celle du givre ou de la neige formée, comme on le sait, par le passage immédiat de la vapeur d'eau atmosphérique à l'état solide, ou encore celle de la fleur de soufre. A part cette comparaison avec une précipitation directe de vapeur, faite sous toutes réserves, on pourrait encore supposer d'autres causes qui auraient brouillé l'étal cristallin des météorites, comme « ( 2û5 ) une température trop peu élevée, un refroidissement très-rapide, ou une agitation qui aurait surpris la cristallisation (i). II. Analogies et différences des météorites et de certaines roches terrestres. — Imitation des météorites par une action réductrice exercée sur ces roches. — Conséquences de cette synthèse. » analogie de composition des météorites et de certaines roches terrestres. — Les météorites comparées aux roches terrestres silicalées, et particulière- ment à certaines d'entre elles, présentent des analogies à la fois chimiques et minéralogiques (2). » On sait qu'aucun des corps simples rencontrés dans les météorites n'est étranger à notre globe; que le fer et le silicium, si prédominants dans nos roches, se trouvent soit libres, soit combinés, dans toutes les météorites. » Les météorites pierreuses renferment des silicates dépourvus de quartz libre et analogues à quelques roches silicatées basiques, de nature érup- tive et dont le réservoir est au-dessous de l'enveloppe granitique. Pour celles du type commun, cette partie silicatée offre les plus grandes ressemblances avec le péridot et surtout avec la lherzolite, roche composée de péridot mélangé d'enstalite et de pyroxène diopside, d'après l'examen qu'en a fait M. Damour (3), et abondante dans la chaîne des Pyrénées où elle a fait éruption sur divers points (4). » A côté de ces ressemblances, il existe des différences qui ne méritent pas moins de fixer l'attention. (1) Ce résultat de l'expérience est d'ailleurs conforme à celui que vient d'obtenir un observateur distingué, M. Sorby, d'après des études microscopiques, qu'il a fait connaître par un extrait [Gcological Magazine, t. II, p. 44-7 )• (2) Je rappellerai que M. Angelot a attiré l'attention sur ce sujet dans deux ingénieux Mé- moires [Bulletin de la Société géologique de France, ire série, t. XI, p. 1 36, et t. XIV, p. 58g). (3) A cette occasion, il est de toute justice de rendre hommage à la finesse d'observation de M. Lelièvre, qui, dès 1787, en signalant la découverte de cette roche remarquable, l'avait déjà reconnue comme une variété de chrysolite ou péridot [Journal de Physique, mai 1787, Lettre à de la Métherie). Vingt-cinq ans plus tard, M. de Charpentier crut démontrer que cette même roche n'est autre qu'un pyroxène en roche, et on s'empressa d'adopter unanimement cette conclusion. Les variations que présente la lherzolite expliquent la conclusion trop absolue d'un minéra- logiste aussi exercé. (4) On peut aussi comparer les météorites magnésiennes à l'hypersthène parsemée de grains de péridot que l'on a rapportée du Labrador. C. R. 186C, 1" Semestre. (T. LXII, N° a.ï 27 ( 206 ) » Ces différences portent essentiellement sur l'état d'oxydation du fer. Les météorites, comme les roches terrestres, renferment du protoxyde de fer combiné à la silice (silicate) et à l'oxyde de chrome (fer chromé). Par contre, le fer oxydulé, si fréquent dans nos roches silicatées basiques, manque, en général, dans les météorites. Il s'y trouve, en quelque sorte, remplacé par le fer natif qui, de son côté, manque dans nos roches (i). » Il est une seconde différence du même caractère que la précédente : le phosphure de fer et de nickel, reconnu d'abord par Berzélius, se ren- contre presque toujours associé au fer météorique. De même que le fer natif, il fait complètement défaut dans nos roches où il est remplacé par les phosphates, particulièrement fréquents dans les roches silicatées basiques (2). » Sans insister davantage sur quelques autres contrastes de même nature, nous reconnaissons que la différence essentielle entre les météorites et les roches terrestres analogues consiste en ce que les premières renfer- ment, à l'état réduit, certaines substances que les secondes renferment à l'état oxydé. Tout porte à croire que les masses entre lesquelles il existe une telle similitude de composition auraient été identiques, malgré leur immense éloignement, si elles n'avaient subi des actions différentes. » D'une part, dans le globe terrestre, l'eau sort avec une abondance extrême des bouches volcaniques; elle pénètre ou a pénétré dans toutes les profondeurs et jusque dans le tissu même des roches, malgré les contre- pressions de vapeur, ainsi que j'ai cherché à le prouver par l'expérience. Ce sont des conditions incompatibles avec la présence du fer métallique, et d'autres combinaisons très-facilement oxydables. » D'autre part, les roches terrestres les plus voisines des météorites, notamment le péridot et la Iherzolite, soumises à certaines actions réduc- trices, ne seraient-elles pas susceptibles de se transformer de manière à imiter les météorites? Telle est l'idée que j'ai soumise au contrôle de l'ex- périence. » Je demande à l'Académie la permission de lui présenter très-prochai- nement la continuation de ces recherches. » : (1) Il est vrai qu'on l'a trouvé dans 1rs météorites charbonneuses, telles que celle d'Or- gueil; mais ces dernières rentrent dans une catégorie raie et toute spéciale. (2) La pierre de Juvenas, dans laquelle M. Rammelsberg a annoncé le fer à l'état de phpsphate, ne fait que confirmer cette règle; car elle ne renferme pas de fer métallique : il ne pouvait donc se foi nier de phosphure de ce métal. ( 207 ) anatomie COMPARÉE. — Note sur une nouvelle espèce de Glyptodon (G. giganteus); par M. Seriies. « Les Mammifères cuirassés fossiles devaient naturellement donner lieu, dans les nomenclatures zoologiques, à plus de difficultés que tous les autres. Un grand nombre d'espèces n'ont été décrites, que d'après des fragments de carapace. Et il est évident, comme je l'ai dit en parlant du Gl/plodon omatits, qu'un grand nombre de ces descriptions feront double emploi, le jour où chaque dermato-squelette sera connu dans toutes ses parties d'abord, et surtout rapporté au squelette musculaire qui l'accompagnait. » J'ai déjà fait part à l'Académie des difficultés de cet ordre, très-sé- rieuses, que présente l'étude des Glyptodon ; pour moi, j'ai soigneusement évité, jusqu'à ce jour, de décrire aucun des fragments de carapace que pos- sède le Muséum, chaque fois que je n'ai pas été à même de rapporter ces fragments, à une espèce nettement distincte par l'organisation de son sque- lette. J'ai craint d'augmenter une confusion déjà trop grande. » Aujourd'hui, je viens signaler à l'Académie une espèce nouvelle ap- partenant au même groupe. I^e Muséum n'en possède qu'un bassin, qui bientôt va prendre place dans les collections. Cette région du squelette, est en assez mauvais état. Elle suffit toutefois à distinguer nettement l'animal auquel elle a appartenu du G. elavipes et du G. ornatus, tant par ses dimensions que par sa constitution anatomique propre. » Comment étaient les ostéites qui composaient, sans doute aucun, une carapace épaisse à cet animal? Ont-ils été décrits? Je ne saurais dire. En tous cas, il était contraire à une méthode scientifique rigoureuse, de cher- cher à tenter ici des rapprochements donl l'imagination eût fait forcément tous les frais. J'ai préféré recourir à une dénomination nouvelle, parce qu'elle était basée ici sur des différences anatomiques sûres. Je propose, pour la nouvelle espèce, le nom de G. giganteus. » Le bassin que je veux décrire est en effet énorme. L'éloignement extrême que l'on peut mesurer entre les ischions, atteint im,o5, pendant que dans le G. elavipes, récemment restauré par mes ordres, cet éloigne- ment n'est que de om, 60. » Ce bassin provient d'un individu tout à fait adulte. Les apophyses transverses des deux vertèbres coccygiennes sacrées (Huxley) sont absolu- ment soudées à l'ischion, et toute cette région du squelette ne forme plus qu'une masse homogène commune, où ne se lit pas même la trace îles anciennes lignes articulaires. ( ao8 ) » La cavité cotyloïde mesure, d'avant en arrière, om, 16 d'ouverture. L'espèce de prolongement qu'offre en dedans la surface diarthrodiale, et qui lui donne, dans certaines espèces, une forme trifoliée, est ici très-peu développé. » La naissance des branches du pubis et de l'ischion, rappelle assez bien ce qu'elle est dans le G. clavipes. La branche du pubis, plus massive que dans cette dernière espèce, est en même temps beaucoup plus courte. Il résulte de là que chez le G. giganteus, malgré sa plus grande taille, le trou obturateur est plus petit. Il n'a que o™, 10 de long sur om,4 de large. Chez le G. clavipes les diamètres correspondants mesurent plus de om, i5 de long et plus de om,07. » Les os iliaques sont relativement peu étendus et peu élevés. Les points extrêmes des deux crêtes ne sont guère distants de plus de om, 80. » Je n'ai pu déterminer exactement le nombre des vertèbres, qui com- posent la région sacrée proprement dite. C'est là, en effet, dans l'étude des Glyplodon, une difficulté que l'on retrouve presque sur chaque individu, tant est fragile la colonne vertébrale dans toute la région pelvienne, tant est mince la lame en forme de gouttière, qui seule représente les corps ver- tébraux au niveau des os iliaques. » Le volume, et les rapports des deux vertèbres sacro-coccygiennes sont caractéristiques. » Les apophyses transverses de la deuxième vertèbre coccygienne sacrée sont énormes. Elles sont un peu aplaties comme d'ordinaire; leur coupe représente un ellipsoïde, dont l'axe horizontal et l'axe vertical ne mesurent pas moins de om, 10 et de om,o4. Elles ont om,2/j de circonférence. Les chiffres correspondants chez le G. clavipes sont om,o5; om,o3; om,i3. » Ces apophyses, au lieu d'être droites comme dans le G. clavipes et le G. ornalus, présentent une incurvation extrêmement accentuée, à concavité tournée en avant, de telle sorte que les extrémités de ces apophyses, ré- pondent presque au niveau du corps de la vertèbre qui précède les deux coccygiennes sacrées. » Mesurée au point où ces apophyses se soudent à l'ischion, la cavité pelvienne a om,G7 de diamètre transversal. Cette ligne est la corde de l'arc, figuré par les deux apophyses transverses. La distance du centre de la corde au centre de l'arc, est plus grande que tous les diamètres antéro-posténeurs de la première coccygienne sacrée. » A l'extrémité de ces apophyses transverses, la synostose avec l'ischion est complète, absolue. On ne retrouve rien là de cette mobilité, dont j'ai ( 209 ) essayé de démontrer l'existence chez le G. ornatus, et qui se' retrouvait aussi probablement chez le G. clavipes. Le pelvis tout entier forme ici un système solide. »< Les apophyses transverses de la première vertèbre coccygienne sacrée, comparées à celles de la vertèbre suivante, sont extrêmement grêles et dé- passent à peine la grosseur du pouce. Elles apparaissent aussi relativement très-courtes. Nées des côtés du corps de la vertèbre, elles se dirigent obli- quement en arrière, et viennent aboutir et se souder aux grosses apophyses transverses de la dernière coccygienne sacrée, à peu près vers le milieu de leur longueur. » Cette soudure se fait un peu vers la face supérieure de la grosse apo- physe, sur son bord concave ou antérieur. Évidemment, dans le jeune âge, les deux apophyses encore distinctes devaient se superposer, comme cela existe dans le G. clavipes et surtout le G. ornatus. Mais ni dans l'un ni dans l'autre de ces deux animaux, on ne trouve une pareille disproportion entre les deux apophyses, non plus que la forme arquée de la seconde. » Tels sont les caractères, qui peuvent actuellement servir à distinguer le G. giganteus. Ces caractères ont une valeur évidemment supérieure, à tous ceux que l'on pourrait tirer ou que l'on a pu tirer déjà, des plaques du der- mato-squelette. » Sans préjuger la question de savoir si la distribution zoologique des animaux du groupe des GlyjAodon n'est pas à réviser, sans vouloir recher- cher, quant à présent, dans quel sens devrait être opéré ce remaniement, il m'a semblé suffisant de donner à cette nouvelle espèce, un nom nouveau qui rappelât en même temps, que cet animal est le plus grand des Mammifères fossiles à cuirasse que nous connaissions. » Si l'on considère que le groupe des Glyptodon est confiné dans l'étage subapennin des pampas de Buenos-Ayres, en dehors duquel il n'a pas été retrouvé; si ces Mammifères fossiles, si bien protégés par la nature, n'ont eu qu'une existence passagère, quelle puissance aurait dû avoir la révolu- tion du globe qui les a fait disparaître? Mais si, avec notre illustre géologue, M. Élie de Beaumont, nous admettons que les révolutions du globe se sont réduites chacune au soulèvement d'un certain système de chaînes de mon- tagnes, système circonscrit dans un fuseau ou dans une zone médiocrement large de la sphère terrestre, il devient alors possible de concevoir comment un pareil événement subit aurait pu faire disparaître complètement un ordre d'animaux soumis directement à cet événement géologique. » ( 210 ) ASTRONOMIE ET physique DU GLOBE. — Rapport entre la variation des taches solaires et celle des amplitudes de l'oscillation magnétique. Spectre de la comète de Tempel. Extrait d'une Lettre du P. Secchi à M. Élie de Beaumont. o Hume, i3 janvier ]866. » Je viens d'achever la réduction des observations magnétiques faites pendant les années i85o,-65, et des taches solaires pendant cette même période. Les résultats sont assez intéressants, car ils mettent en évidence l'influence réciproque des deux variations périodiques des taches et des am- plitudes de l'oscillation magnétique diurne dans nos climats. En voici le résumé. Jours Nombres Variation diurne Variation innées. d'observation des groupes de la déclinaison de l'intensité des lâches. observés. magnétique. Uiv horizontale, dif i859 164 25^ 8,.o5 9,53 ï86o 122 25. 8,025 9>59 1861 .24 269 7,011 9,42 1862 49* 102* 6,572 9,o3 1,363 126 io5 5>579 9>3x 1864 100 97 6, .21 9.'8 i865 .Si 86 5,547 9,00 n (Chaque division de déclinaison égale i',34i, et de la force horizon- tale égale o',oooif)o.) » L'année 1862 est très-pauvre d'observations. On voit, par ce tableau, qu'au minimum des taches correspond le minimum des variations magné- tiques. » J'ai observé le 8 janvier au soir le spectre de la comète de Tempel. J'ai trouvé qu'il est composé de trois raies seulement : une qui correspond à f de la distance entre b et J de Frauenhofer et est assez vive; sa couleur est verte, mais diffère de celle des nébuleuses de toute sa largeur; les autres deux lignes ou raies sont trop petites et faibles pour en pouvoir fixer exac- tement la position. L'une est, du côté rouge, assez près de la large raie prin- cipale, l'autre assez éloignée du côté violet. D'après cela on doit ranger les comètes, pour leur constitution physique moléculaire, entre les nébuleuses; mais leur réfrangibilité do lumière n'est pas la même que celle des nébu- leuses. » ( 211 ) THÉRAPEUTIQUE. — De la supériorité du chloroforme comme agent aneslliésique; par M. G. Sédillot. « M. Pétrequin, dont le caractère et les travaux sont si justement appré- ciés, a communiqué à l'Académie des Sciences (séance du 4 décembre 1 865) une Note intitulée : L'élliérisation et la chirurgie lyonnaise, pour servir à l'his- toire de l'anesthésie chirurgicale en France. » C'est un plaidoyer en faveur de l'éther contre le chloroforme, et M. Vel- peau y a répondu avec tonte l'autorité de sa haute expérience. Nous n'au- rions rien ajouté à ce jugement s'il nous avait paru accepté; mais la chirur- gie lyonnaise, comme la nomme M. Pétrequin, ne se croit pas seulement en possession de la vérité, elle s'imagine l'avoir découverte et tient à hon- neur de la répandre et de la faire triompher. » Ces prétentions ne sont pas fondées, et la question de l'anesthésie est d'un si grand intérêt, au double point de vue de l'humanité et de la science, que l'Académie accueillera, j'espère, avec indulgence une nouvelle com- munication à ce sujet. » Personne n'a contesté les admirables avantages de l'anesthésie éthé- rique dont on doit la découverte à l'Américain C. Jackson. Tous les chirur- giens l'ont vantée, applaudie et pratiquée. Quels seraient, dès lors, les droits de revendication de l'école lyonnaise? On se servirait à Lyon d'éther pur, rectifié, à 62 et 63 degrés. Mais M. Élie de Beaumont a immédiate- ment remarqué que M. C. Jackson avait été le premier à recommander l'emploi d'un éther parfaitement pur et très-concentré-. » M. Hepp, pharmacien en chef de l'hospice civil de Strasbourg, nous a toujours donné de l'éther d'une pureté absolue, d'une densité de 0,723 à i5 degrés, sans traces d'alcool. Agité avec parties égales d'eau distillée, cet éther ne perd pas au delà de ~^ de son volume. Les degrés aréométri- ques de 62 et 63 du commerce ne valent rigoureusement que 60 et 61 de- grés et correspondent à des densités de 0,735 et 0,731. De pareils éthers cèdent à l'eau distillée, mêlée à volumes égaux, jusqu'à 12 et 14 pour 100 en raison de l'alcool qu'ils contiennent. M. Hepp exclut l'aréomètre pour estimer l'éther qu'il nous fournit; mais si l'on se servait de cet instrument, il faudrait exiger de l'éther à 65 degrés, l'éther à 60 degrés renfermant jus- qu'à 6 et 8 pour 100 d'alcool. L'éther de l'hospice civil de Strasbourg marque 65 degrés. ( 212 ) » Ces détails prouvent de la manière la plus positive que nous avons constamment employé à nos cliniques de l'éther au moins aussi pur que celui de Lyon. En outre, M. Pétrequin aurait pu lire dans mon Mémoire sur Vin- sensibilité produite par le chloroforme et par l'éther (in-8°, chez J.-B. Bail- lière; Paris, 1848) une série d'expériences dans lesquelles je mêlais direc- tement à l'étlier des proportions variables d'alcool, pour démontrer que la période d'excitation était produite par ce dernier agent. Nous avions expé- rimenté et abandonné l'emploi du sac de M. J. Roux, de Toulon, dans le- quel on enferme la tète du malade, et nous avions étudié avec le plus grand soin les différents modes d'éthérisation. « Nous étions, comme on le voit, parfaitement édifié sur les conditions et les avantages de l'emploi de l'étlier, lorsque M. Simpson communiqua, le 10 novembre 1857, à la Société médico-chirurgicale d'Edimbourg, son Mémoire sur le chloroforme, découvert par M. Soubeiran en i83i et si bien étudié depuis par l'illustre Secrétaire de l'Académie, M. Flourens. Nous fîmes usage, le i5 novembre 1857, de ce nouvel anesthésique sur l'homme après de nombreux essais sur les animaux. » Si nous avons donné la préférence au chloroforme, comme Simpson, Roux, M. Velpeau et la plupart des chirurgiens de l'Europe et de l'Amé- rique, ce n'est pas par ignorance de ses dangers. S'il est vrai, disions-nous (1848), que des accidents ont été provoqués par l'éther, on ne saurait se dissimuler que l'usage du chloroforme entre des mains inhabiles en fera courir de beaucoup plus grands (loc. cit., p. io5). » A l'Académie des Sciences (6 décembre 1847) comme à l'Académie de Médecine (3i octobre 1848) et à la Société de Chirurgie (4 novembre 1 85 1), nous proclamions la grave responsabilité à laquelle exposaient les inhala- tions chloroformiques, et nous soutenions les trois propositions suivantes, que nous prenions pour épigraphe dune de nos publications (in-8°, Bail- lière; Paris, i852) : » i° Chloroformer est un art qui exige une attention de tous les moments, beaucoup d'habileté et d'expérience ; » 20 Toutes les fois qu'on a recours au chloroforme, la question de vie ou de mort se trouve posée; » 3° Le chloroforme pur et bien employé ne lue jamais. » M. Velpeau a déclaré devant l'Académie qu'il avait chloroformé depuis plus de quinze ans plusieurs milliers de malades sans avoir jamais eu la douleur d'en perdre un seul. Les mêmes succès ont été observés à nos clini- ques civile et militaire, quoique nous ayons fait usage du chloroforme avec (»fS ) la plus grande hardiesse, en toutes circonstances et à tous les âges, sans admettre la possibilité d'kliosyncrasies réfractaires à cet agent. » Pour prétendre que le chloroforme pur et bien employé peut être suivi de mort et foudroyer les malades malgré toutes les précautions, il faudrait que ce terrible accident fût arrivé aux partisans les plus déclarés de la chlo- roformisation, et lorsque l'expérience montre leur pratique exempte de mor- talité, tandis que celle des praticiens peu exercés en fournit les exemples les plus fréquents, on est forcé de voir dans ce résultat autre chose qu'un simple hasard. » Nous ne nous sommes pas borné à affirmer des formules arbitraires. En indiquant le danger nous donnions en même temps les moyens de l'éviter. » Il faut, disions-nous, veiller avant tout à la liberté de la respiration et rendre les inhalations intermittentes, afin d'en prévenir les effets progres- sifs vraiment périlleux. » Le chloroforme possède la remarquable propriété de continuer son action sur l'économie après la cessation de son emploi. Nous avions montré en 1 848 que la mort pouvait frapper des animaux chloroformés, dont la res- piration et la circulation ne semblaient ni suspendues ni compromises et qui succombaient néanmoins abandonnés à l'air libre, malgré la suspen- sion des inhalations chloroformiques. L'indication était évidente, il fallait interrompre les inspirations anesthésiques avant la résolution musculaire et en surveiller les effets. » Ces simples précautions bien comprises et bien appliquées assurent l'innocuité du chloroforme, que nos collègues de l'armée ont employé avec le plus grand succès dans les conditions les plus défavorables. » M. Lustreman, médecin principal et professeur au Val-de-Grâce, m'a remis une Note des plus instructives à ce sujet. « Pendant la campagne » d'Orient, dit cet habile chirurgien, j'ai chloroformé des blessés épuisés » par le scorbut, la diarrhée, la fièvre traumatique, les suppurations abon- » dantes et prolongées de la pourriture d'hôpital. Ces pauvres moribonds, « envoyés de Crimée à Constantinople, plaçaient dans une amputation tar- » dive leur dernière chance de salut. Tous demandaient à être endormis. » Je n'eus qu'à me féliciter d'avoir cédé à leurs instances. Plusieurs ont » guéri. Pas un n'a éprouvé le moindre accident imputable au chloroforme. » J'ajouterai qu'ils étaient anesthésiés dans leur lit, portés à la salle d'opé- » rations, amputés, pansés avec la lenteur que commandait une disposition C. R., 18GG, 1" Semestre. (T. LXII, N° S.) 28 ( «4 ) » exceptionnelle aux hémorrhagies, reportés clans leur lit, sans que la ehlo- » roformisation fût un instant suspendue. Ainsi, même dans le cas où la vie » semble prête à s'éteindre, une anesthésie complète peut être prolongée » longtemps sans danger. » {Voyez ma Médecine opératoire, 3e édit., t. Ier, p. 19, i865.) » Il ne saurait donc rester aucun doute sur la possibilité de conjurer les dangers du chloroforme. Si l'on demande pourquoi nous continuons à l'employer et à en recommander l'usage de préférence à l'éther, nous di- rons comme M. Velpeau : « Le chloroforme agit plus vite, plus sûrement et » donne un calme et un sommeil plus complets. » » La rapidité et la persistance de l' anesthésie chloroformique en font la supériorité. Le réveil en est lent et silencieux ; celui de l'éther, rapide, indis- cret et bavard. Avec le chloroforme on peut agir par surprise et pratiquer sur les yeux, la face, à l'intérieur de la bouche, etc., une foule d'opérations impossibles avec l'éther, dont les effets passagers sont cependant assez longs à obtenir. » L'anesthésie chloroformique, prompte, facile et persistante, ajoute donc aux ressources et à la puissance de la chirurgie, sans en diminuer la sécurité. » L'art s'élève et progresse en surmontant les difficultés; il s'arrête et rétrograde, s'il cède à la peine d'en triompher. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un nou- veau Membre qui remplira, dans la Section de Géographie et de Naviga- tion, la place devenue vacante par suite du décès de M. Duperrey. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 56 : M. Jurien de la Gravière obtient 49 suffrages. MM. D'Abbadie, Coupvent des Bois, Mouchet etRenou, chacun 1 » Il y a trois billets blancs. M. Jcbien de la Gbaviebk, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur. ( *■*) MÉMOIRES LUS. ORGANOGRAPHIE végétale. — Des placentoïdes, nouvel organe des anthères; par M. Chatix. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à la Section de Botanique.) « L'organe que nous venons faire connaître n'avait pas encore été signalé. Le nom de placentoïdes, par lequel nous proposons de le désigner, rappelle les analogies de forme, de position, et jusqu'à un certain point de fonctions, qu'il a avec les placentas des ovaires à placentation axile. » Nous le considérerons aux points de vue : a) morphologique ou orga- nographique; b) histologique; c) biologique; d) taxonomique; e) philo- sophique. » a) Morphologie des placentoïdes. — Les placentoïdes rappellent, par- leur place dans les logettes et la forme qu'ils affectent, les placentas axiles des ovaires biloculaires. Que l'on fasse la coupe transversale de l'ovaire d'un Solanum et celle de l'une de ses anthères, on trouvera dans chacune des logettes de celles-ci, comme dans chaque cavité ovarienne, un corps charnu qui s'avance vers le milieu des loges de l'ovaire, des logettes de l'an- thère. » Par la place considérable qu'il occupe dans les logettes, le placentoïde réduit souvent beaucoup l'espace réservé au pollen, à peu près comme, dans un grand nombre de Solanées et de Scrofulacées, on voit les graines pressées entre de gros trophospermes et les valves du péricarpe. » Quelquefois le placentoïde s'avance assez vers la valve qui lui est opposée pour la toucher par son extrémité, subdivisant presque alors chaque logette en deux sous-logettes. La coupe d'une jeune anthère ainsi conformée présente celle-ci divisée en huit sous-logettes si l'anthère est complète (Hemi- toinus), en quatre sous-logettes si, comme dans le Salvia et le Westr'uujia, l'anthère doit être réduite à une seule loge. » Quelques plantes (Justicia flavicoma) n'ont offert de placentoïdes que sur l'une des faces de la cloison, cet organe manquant par conséquent dans la logette placée de l'autre côté. » Comme la cloison, les placentoïdes se taillent dans la masse parenchy- mateuse de la jeune anthère. » La durée des placentoïdes est limitée; ils disparaissent vers l'époque de la maturation du pollen, laissant quelquefois pour traces deux petits 28.. ( 2i(> ) appendices rapprochés du connectif par la rétraction de la cloison qui les porte. » En somme, comme la cloison et plus qu'elle, le développement des placentoïdes est lié à celui du pollen. » b) Histologie des placentoïdes. — Nous avons toujours vu les placen- toïdes formés par un tissu parenchymateux très-semblable à celui qui forme la cloison. Comme celle-ci, ils n'admettent ni fibres ni vaisseaux, et sous ce rapport leur parallélisme avec les placentas ne saurait plus être suivi, de même d'ailleurs qu'on ne peut comparer le pollen, libre dans les logettes comme les spores dans l'urne des Mousses, aux ovules attachés sur les placentas. » Nous n'avons jamais observé, dans les placentoïdes, les cellules dites fibreuses qui font au contraire partie d'un assez grand nombre de cloisons ; il paraît donc que la présence des placentoïdes, toujours de nature paren- chymateuse, soit liée à celle de cloisons de même nature histologique. » Les placentoïdes, comme les cloisons, sont ordinairement recouverts par un repli de la membrane nourricière ou troisième membrane des anthères. » c) Biologie des placentoïdes. — Les placentoïdes me paraissent avoir pour fonction de concourir à la nutrition du pollen. Ils naissent vers la même époque que lui, le suivent dans ses développements, disparaissent quand, sa maturation approchant, ils lui sont inutiles, leur persistance pouvant même nuire à sa dissémination. » La structure, essentiellement parenchymateuse, des placentoïdes; la membrane nourricière qui les revêt et dont ils servent ainsi à multiplier les surfaces ou contacts avec le pollen, dont la masse, déjà divisée par la cloi- son, est subdivisée par les placentoïdes qui la réduisent ainsi en tranches minces presque partout resserrées entre les surfaces nourricières dont les produits ne peuvent lui arriver que par imbibition ou endosmose, sont évi- demment des conditions appropriées au rôle que nous attribuons au nouvel organe. » On est d'ailleurs d'autant plus frappé de l'utilité d'une organisation ayant pour effet de mettre partout l'aliment à la portée du corps à nourrir, que celui-ci (le pollen) ne reçoit pas, comme les ovules, sa nourriture par continuité, mais indirectement par simple contiguïté. » d) Des placentoïdes dans leurs rapports avec la laxonomie. — Étant donnée, comme c'est le cas pour les placentoïdes, l'observation d'un organe nouveau dans les plantes, il est nécessaire à l'histoire de cet organe de re- chercher quelles relations d'existence il peut avoir avec les divisions natu- ( ai 7 ) relies du règne végétal. Ce premier point déterminé, il deviendra possible d'apprécier la signification de l'existence des placentoïdes dans ses rapports avec les degrés variés d'élévation organique des espèces végétales. » Les placentoïdes n'existent dans aucune plante monocotylédone. » 11 n'en est pas de même des Dicotylédones ; mais ici il faut distinguer entre les classes. Les Dialypétales (Monochlamidées et Thalamiflores) manquent, comme les Monocotylédones, de placentoïdes. On pourrait en dire autant des Calyciflores, si nous n'avions observé ces organes dans le Cassia marylandica. » Restent les Corolliflores. Or, c'est dans un certain nombre de familles de cette classe que nous avons vu les anthères être habituellement pourvues de placentoïdes, lesquels existent en effet : » Dans les Gentianées (Chlorct, Chironia) ; » Dans lesSolanées (Âtropa, Habrotamnus, Hyoscyamus, Lycopersicon, So- lanum, Wiiherinq'uî) ; » Dans les Scrofulacées (Hemilomiis, Pedicularis, Verbascum ; non dans les Veronica et Chebne) ; » Dans les Labiées (Salvia, Rosmarinus et JVeslringia, genres à anthères uniloculaires; Lamium, Leonurus et Marrubium, à anthères complètes); » Dans les Acanthacées (Jcanthus, Jasticia, etc.); » Enfin dans quelques Orobanchées (Lathrœa, non dans les Orobanche et Phelipœa). » Les familles suivantes, appartenant aussi aux Corolliflores, ont paru être privées de placentoïdes : les Gesnériacées, les Polémoniacées, les Apo- cynées, les Convolvulacées, les Primulacées, les Plumbaginées et les Plan- taginées. » On sera frappé de ce fait que, parmi les Corolliflores, ce sont les ordres labiatiflores qui sont le plus souvent munis de placentoïdes. » La présence des placentoïdes paraissant être en rapport avec les ca- ractères organographiques, on comprend qu'elle puisse être invoquée comme caractère complémentaire dans la recherche des affinités natu- relles. » e) Philosophie des placentoïdes. — Sous ce titre on pourrait considérer les placentoïdes sous plusieurs côtés, revenir à leur rôle biologique, etc. Mais je circonscris la question à ce seul point : l'appréciation de l'exis- tence des placentoïdes par rapport à la mesure de la gradation organique des espèces végétales. » On peut dire, en se reportant aux faits acquis à la science, que poser la question c'est la résoudre. ( 2.8 ) » En effet, il est admis (et les preuves surabondent) que les Monocotv- lédones sont moins élevées en organisation que les Dicotylédones. Or, les Monocotvlédones n'ont pas de placentoïdes. » Pour les Dicotylédones, la question de gradation entre leurs classes, longtemps controversée, paraît être enfin arrêtée à cette solution que les plantes gamopétales sont d'un ordre plus élevé que les espèces dialypé- tales, et que parmi celles-là les familles à ovaire soudé au calice doivent prendre rang au-dessous de celles à ovaire libre, c'est-à-dire au-dessous des Corolliflores. » Or nous n'avons constaté l'existence générale des placentoïdes que dans les Corolliflores. Donc ces organes sont un attribut des plantes les plus élevées en organisation. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Recquerel présente, au nom de M. Heulliard-Darry, un Mémoire sur .les épidémies cholériques qui se sont montrées dans l'arrondissement de Clamecy (Nièvre) en i832, 1849 et 1 854- « Ce Mémoire, dit M. Becquerel, oeuvre d'un médecin expérimenté, ancien lauréat des hôpitaux (médaille d'or), me paraît renfermer des docu- ments importants sur ces épidémies. L'auteur a cherché à démontrer, par de nombreuses observations : i° que les fièvres paludéennes semblent exclure le choléra; 1° que certaines familles sont prédisposées à' être frap- pées par l'épidémie; 3° que d'autres, au contraire, affectent un antagonisme bien marqué. J'ai l'honneur de demander à l'Académie que ce Mémoire, en raison de l'intérêt qu'il inspire, soit renvoyé à la Commission du prix Bréant. » (Renvoi à la Commission du prix Bréant.) hydraulique. — Sur la théorie des roues hydrauliques : théorie des roues à augets. Note de M. de Pambour. (Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Morin, Combes, Delaunay.) « Dans notre dernière Note, nous avons donné l'équation des roues à augets (1) ; mais pour rendre cette équation facile à calculer, il faut ajouter ici quelques mots sur la détermination des opérants variables^, ,r, z et [x. » Chacune de ces quantités est, comme on l'a vu, exprimée par une (1) Comptes rendus, t. LXI, p. 1121. ( 2I9 ) équation partielle (B), (C), (D), (E), et puisque la section a est donnée avant tout par l'équation (A), il faudrait, pour opérer directement, cherchera en déduire immédiatement la valeur de y. Mais comme il faudrait alors éli- miner x entre les équations (B) et (C), et qu'on serait conduit, pour la valeur de y, à une équation du second degré, tandis que dans l'état actuel des choses on n'a que des équations du premier degré, ce qui est un avan- tage considérable pour la pratique, il sera mieux de résoudre la question à l'inverse. Pour cela, on se donnera à priori des valeurs de y, puis on en déduira la valeur de x au moyen de l'équation (C), et ensuite on en con- clura les valeurs correspondantes de a par l'équation (B). On formera ainsi une table d'un certain nombre de résultats pris dans les limites probables des calculs à faire. Ce tableau une fois formé, on sera en mesure de trouver d'un seul coup d'oeil les valeurs de y correspondantes à toute valeur connue de c, ce qui est le point à résoudre; et la facilité d'établir ce tableau est telle, que le calcul ainsi fait sera plus court que par la solution directe. Une fois y connu, les valeurs de x, z et \x se détermineront directement. Il n'y a donc aucune remarque à faire à leur égard. » Mais il est un sujet sur lequel nous devons revenir en ce moment. On a dit, dans une Note précédente, que dans les roues hydrauliques le frotte- ment additionnel créé par l'application d'une charge sur la roue ou d'une résistance à vaincre peut être fixé à o,ia du poids qui représente la charge ou la résistance dont il s'agit. Nous allons donc entrer dans l'examen de ce chiffre. » En cherchant à déterminer le frottement additionnel dans les roues hydrauliques d'après des expériences déjà faites, on se trouve arrêté par diverses circonstances. Pour les roues à aubes planes, un obstacle principal consiste en ce que les auteurs de l'expérience, ne prévoyant pas que le jeu de la roue deviendrait une des bases du calcul, se sont contentés de l'ex- primer d'une manière suffisante pour apprécier l'exécution de la roue, mais généralement insuffisante pour en faire le calcul. Dans les roues de côté, l'obstacle est le même, parce que le jeu y remplit le même rôle. Dans les roues à augets, au contraire, ces difficultés disparaissent. Le jeu de la roue y est sans effet ; la résistance de l'air peut y être considérée comme nulle. De plus, le choc de l'eau y est très-secondaire, de sorte qu'on peut se contenter d'y appliquer la vitesse de l'eau affluente déterminée par un calcul approxi- matif, tandis que pour les roues à aubes et les roues de côté on désirerait que cette vitesse fût mesurée directement. Enfin, outre ces circonstances favorables, nous trouvons, dans les expériences de M. Morin sur la roue à augets de Senelles, d'ailleurs très-peu compliquée d'engrenages et sans ( 220 ) enveloppe, un avantage particulier en ce que, dans les deux premières séries de ces expériences, la dépense d'eau a été mesurée par un procédé direct, ce qui lève l'incertitude ordinaire à ce sujet. C'est donc à ces deux séries d'expériences que nous allons demander la solution de la question qui nous occupe. » Si l'on recourt à l'équation (3), exprimée plus haut, on verra qu'en la résolvant par rapport à la quantité (i +/')-, et faisant 2 = o, elle donne p - ( Vcosy — v) v 4- (iP I /j' 4- p sin ) (F) !+/'=_£ —± . Î_J. \ i -i rv -\-jv Or on doit observer que dans les quinze expériences dont il s'agit, on a, par l'expérience même, la valeur des principales quantités contenues dans l'équation. La dépense d'eau P a été mesurée par un procédé direct; la vitesse v de la roue est donnée par l'observation; la vitesse d'affluence V est soigneusement déterminée par l'auteur; le frottement propre y de la roue est fixé par une recherche antérieure; la quantité rv est le résultat absolu de l'expérience, sans mélange de calculs; la hauteur h! est donnée à priori. Enfin le terme P - (Vcosy — v) v S se trouve tout calculé dans le tableau donné par l'expérimentateur, et l'on voit que ce calcul a été fait avec une attention particulière. Il n'y a donc, en définitive, que la quantité ^ et le second terme du numérateur qui dépendent i i p' de la théorie proposée. Mais ici /jl exprime simplement le rapport -j et nous croyons que personne n'aurait calculé p' autrement que nous. On peut en dire autant du terme . a 4- 6 » Ainsi, nous croyons pouvoir déterminer la valeur de (i +f) d'après l'équation (F) appliquée aux expériences dont il s'agit. Sans donner ici les détails de ce calcul, qui est bien facile à vérifier, nous rapporterons seule- ment les résultats qu'il a produits. Ce sont les suivants : Première série. Expérience 5 i 4-/' =1,17 Expérience 10 1+/' = 1 ,08 6 1+/'= i,i4 » " ■-+-/' = > .'4 7 !-+-/'= i,n » 12 1 4-/' =1,19 8 1 4-/' = .i,o5 » i3 i+/'=>,o3 y 1 4-/' = 1 ,o5 ( 221 ) Deuxième série. Expérience 5 H-/'=i,i7 Expérience 8 i-4-/'=i,i6 6 i-f-/'=i,o2 » g l+/'z=i,n 7 H-/'=i,i5 » 10 j+/'=i,i4 La moyenne de ces résultats est (i -+-/') = 1,12. » Pour qu'on puisse suivre les formules dans leur application, nous avons calculé, au moyen de l'équation (2), les effets utiles ou disponibles produits par la roue de Senelles dans les six séries d'expériences faites par M. Morin [Expériences sur les roues hydrauliques, chap. VII). » Les données propres à cette roue sont : rayon extérieur p = i^Tia; rayon des tourillons, om, 046; poids de la roue, 583o kilogrammes ; frotte- ment résultant rapporté à la circonférence de la roue, J = 16 kilogrammes; hauteur du point d'introduction de l'eau au bas de la roue, 3m, 425, et ainsi hauteur de chute jusqu'au diamètre horizontal, h' — im, 7 r 3 ; dimensions desaugets mesurées à l'intérieur : largeur à l'ouverture A = om, 20, largeur au fond a = om,o66, profondeur C = om, 366, longueur parallèle à l'axe de la roue /= 2m,2i ; capacité desaugets, omc, 106; nombre des augets, 3o; intervalle qui les sépare sur la circonférence extérieure de la roue, 'Si u EH H 0 y a >a a ?■ H te a a "" G. a — p V r p. p. P V f kii ni m kgm kgm k^'ni kil m m kgm kgm kgm I. 5 e7,b 3, io5 2,023 i53 l45 23g iv. 4 i3g 2,69 2,442 324 320 4b9 6 n W .,•786 i5g 1 55 233 5 » « 2,291 33o 333 475 7 66,6 3,090 1,589 159 162 238 fi i37 2,69 2,023 335 338 478 8 M M >,495 162 '74 238 7 i35 2,67 I,gi5 334 348 473 9 » H 1,345 161 .76 238 8 » « 1,700 34o 348 476 10 W /f 1,195 •64 ■74 238 9 n n I ,625 342 357 477 1 1 G5,8 3,o65 °,99<> j64 160 234 10 1, " J,495 3.'|5 353 479 12 n H 0,896 168 .57 234 1 1 ,1 " 1,409 347 353 480 i3 n « 0.864 • 69 '77 233 12 i3 1! i33 2,C6 1,248 i,i83 349 345 340 349 48i 473 i459 i/|8o 2125 II. 5 in,3 3,o85 ',99' 274 33gi 343g 476i 2G0 399 6 uo,5 3,076 i,85i 274 269 38g V. 7 iCC 2,70 2,1 52 407 3g3 070 7 n /» 1 ,625 281 223 334 8 164 2)69 i>947 410 399 57, 8 io8,5 3,o55 i,4°9 379 268 3 90 9 n // 1,786 41 5 392 575 9 107,0 3,o35 1,237 277 2Sl 384 10 n » 1 ,732 4>7 409 577 10 io'h6 3,oo5 1 ,280 270 26.', 376 1 1 12 i3 160 i58 2,67 2,65 1 ,62.") i,53g 'i377 4°9 4ii 4«9 407 420 3qG 564 566 55p 1 655 i6i5 2332 ■4 n 2,64 I)248 1 . i3o 4>. 401 4oi 393 56o 594 III. /, 5 9»-9 a , 6 1 5 !)99' 21G 23 1 3,7 i.'i 1 55 36go 36io 5ogi f» .,764 221 23 1 3 20 6 ft /f i ,625 225 249 323 "^^™ ^™~ "^— i n n 1 /|09 23o 247 324 8 n n I,3l2 232 =49 325 VI. 5 '7' 2,66 2,442 ■\A 4 io 574 9 " n i,2o5 233 i5g 326 6 n n 2,1 52 4,8 44' 586 10 n „ i.ioS 235 261 325 7 n tr 1,818 430 437 597 1 1 " „ 1 ,024 236 272 325 8 169 2,G5 1 ,6.77 429 435 ■'»ii 12 " 0,927 237 273 325 9 10 i 1 i65 171 2,6.', 2,66 1,571 •)377 1,269 430 427 438 439 428 428 5g4 584 60 5 " 2272 2909 12 n 1,076 433 388 606 3429 3406 474o m uni F. ï DES 1C TAUX P/ RTIELS. i568g i58aa 2ig58 ( 223 ) MINÉRALOGIE. — Sur les gisements stannifères du Limousin et de la Marche, et sur quelques anciennes fouilles qui paraissent s y rattacher; par M. Mallard. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires : MM. Élie de Beaumont, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.) « Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, je fais d'abord connaître les circonstances géologiques que présente le gisement stannifère de Vaulry (Haute-Vienne), découvert en 1812 par MM. de Vil- lelume et Alluaud, et qui a été l'objet de divers travaux de recherche exé- cutés de 1 8i3 à 1826 par l'État, sous la direction de MM. de Cressac, Allou et Manès, puis de i856 à i85g par la société Dutem, Godefroy et Cie. Je signale dans les filons et les alluvions de Vaulry la présence d'une notable quantité d'or, fait intéressant dû aux explorateurs de i856. » J'aborde ensuite l'étude du gisement de Montebras (Creuse), gisement que j'ai découvert en i85g, dont j'ai publié la même année une description sommaire dans le Bulletin des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, et sur lequel la belle découverte de M. Caron a récemment appelé l'atten- tion, De la grande analogie de ce gîte avec celui de Vaulry je conclus qu'il y a lieu de rechercher, avec de grandes chances de succès, d'une part l'or à Montebras, d'autre part le niobium et le tantale à Vaulry. » De l'étude géologique comparée des deux gisements je tire d'ailleurs les déductions suivantes : » i° Les filons d'étain oxydé du limousin et de la Marche paraissent affecter deux diversions principales, sinon absolument contemporaines, au moins d'âge très-voisin, l'une N. 10 à 20 degrés E.; l'autre N. l\o à 5o degrés E. » 20 Ces deux directions se retrouvent, avec les directions à peu près per- pendiculaires, E. O. et N. O., dans l'orientation des principales chaînes et des principaux filons que forment le granit à deux micas (granit des Vosges de M. Delesse; granit proprement dit de M. Bose) et les roches granitiques, selon moi connexes, à savoir la pegmatite et le leptyniteà mica blanc. » 3° Toutes les autres circonstances géologiques qui accompagnent les gi- sements d'étain oxydé montrent que la production de ce minéral est liée, dans le Limousin et la Marche, à l'éruption de ces dernières roches grani- tiques, et en est probablement contemporaine. » L'époque de cette formation stannifère est antérieure à la période car- bonifère. Elle s'est du reste prolongée vraisemblablement pendant un laps 29.. ( «4 ) de temps considérable : c'est au moins ce qu'il est permis de penser, si l'on remarque, d'une part, que les grands cercles de comparaison des systèmes antécarbonifèresdu Finistère, duLongmynd, du Morbihan et du Hundsrùck, transportés en un point voisin de la limite septentrionale de la Creuse, don- nent les orientations suivantes : Finistère E. 16 62 N. Longmynd N. 27 G E. Morbihan N. 47 12 O. Hundsrùck N. 54 i5 E. et d'autre part que ces orientations sont précisément celles que l'on re- trouve habituellement dans les chaînes ou les filons que forment le granit à deux micas et les roches congénères. » Ces conclusions sont confirmées par l'étude des autres gisements stan- nifères et wolframifères de la contrée, au nombre desquels il faut ranger les célèbres amas de pegmatite de Chanteloube, au milieu desquels se rencon- trent, avec l'émeraude, des manganèses phosphatés divers, et de nombreux minéraux tenant du niobium et du tantale. » Je décris ensuite des excavations très-curieuses, ouvertes en des points fort nombreux du Limousin et de la Marche. Ces excavations, qui remon- tent certainement à une très-haute antiquité, sont de tous points analogues à celles que l'on connaît depuis longtemps à Vaulry, et qui ont eu évidem- ment pour but l'exploitation du gisement stannifère de cette localité, ainsi qu'à celles que l'on rencontre à Montebras, et qui m'ont fait soupçonner, puis découvrir en ce lieu l'existence d'une mine d'étain. » De l'étude de ces diverses excavations je déduis les conclusions sui- vantes : » i° A une époque très-éloignée de nous, le Limousin et la Marche ont possédé indubitablement à Montebras et à Vaulry d'assez importantes mines d'étain. » i° De semblables exploitations ont été probablement ouvertes en beau- coup d'autres points de ces deux provinces; c'est à elles que l'on doit les excavations qui y sont disséminées en grand nombre et sur la destination desquelles la tradition et l'histoire sont également muettes. » 3° L'or qui se rencontre dans le gisement de Vaulry, et dont on trouve des traces dans le gisement wolframifère de Saint-Léonard, a été vraisembla- blement, aussi bien à Vaulry que dans toutes les autres exploitations ana- logues, une des matières recherchées par les anciens explorateurs. ( 225 ) » 4° C'est sans doute à cette circonstance que ces anciennes exploitations doivent la dénomination à'Aurièrês qui leur est donnée dans le pays et qui s'est étendue de celles-ci aux villages voisins. » 5° Le silence complet de la tradition sur le véritable but de ces anciens travaux, leur nature exclusivement superficielle et à ciel ouvert, permet- tent de les attribuer avec vraisemblance aux Gaulois, et de supposer que le Limousin et la Marche ont été au nombre des contrées d'où nos ancêtres tiraient l'or qu'ils possédaient en grande quantité et où Marseille venait approvisionner son important entrepôt d'étain. » On est ainsi amené à penser que ces deux provinces du centre de la France, relativement si pauvres, ont eu leur période de prospérité et ont excité peut-être la convoitise des peuplades de la Gaule à un aussi haut degré que de nos jours la Californie, celle du monde entier. » Je termine en exprimant l'espoir que mon travail provoquera de nou- velles recherches qui pourraient n'être pas fort coûteuses, et qui, si elles confirmaient mes conclusions, ajouteraient définitivement un intéressant détail à notre histoire nationale et feraient connaître une richesse ignorée de notre sol. » M. Sichel adresse la fin du Mémoire dont il avait lu le commencement à la précédente séance. Cette seconde partie se trouvait d'avance résumée dans l'extrait qui a été inséré au Compte rendu et correspond à ses septième, huitième et neuvième conclusions. (Renvoi aux Commissaires précédemment nommés: MM. Milne Edwards, Coste, Blanchard.) M. Dcchemin envoie une addition à sa Note du i janvier « sur les abeilles et un de leurs parasites ». L'auteur annonce que, grâce à l'obligeance de M. Hamel, professeur d'apiculture au Luxembourg, il a pu observer les abeilles d'un grand nombre de ruches et constater que ces hyménoptères sont sujets à deux parasites distincts, l'un dont il a parlé dans sa dernière communication, et l'autre qui avait été signalé par Réaumur. M. Duchemin envoie en même temps une Note sur un ver marin phos- phorescent, dont la présence causerait ces points brillants qu'on observe parfois dans les huîtres; il donne une courte description et une figure de cet ( 226 ) animal qu'il a observé au microscope, et rappelle à cette occasion une com- munication précédente qu'il avait faite sur la phosphorescence de la mer aux environs de Fécamp. (Renvoi aux Commissaires déjà nommés: MM. Milne Edwards, Blanchard.) M. Ollive-Meinadier soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : « De la résolution algébrique de l'équation générale du cinquième degré ». (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Hermite et Serret.) CORRESPOND AIVCE. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux purlics adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du n° 10 du Ca- talogue des Brevets d'invention pris en 1 865. M. le Ministre de l'Agriculture invite l'Académie a désigner deux de ses Membres pour faire partie de la Commission qui sera chargée d'une révision générale de la Table de mortalité de Deparcieux ; des doutes s'étant produits sur l'exactitude de cette Table, qui sert de base aux calculs des pensions viagères servies parla Caisse des retraites pour la vieillesse. MM. Mathieu et Bienaymé sont désignés à cet effet. M. l'Inspecteur général de la Navigation de la Seine adresse le Ta- bleau des crues et diminutions de la rivière, observées chaque jour au pont de la Tournelle et au pont Royal pendant l'année r 865. « C'est, dit M. l'Inspecteur dans la Lettre d'envoi, l'année de la plus grande sécheresse observée jusqu'à ce jour.... Les plus basses eaux ont été marquées le 29 septembre au pont de la Tournelle, à 1 mètre au-dessous du zéro. » La Société Géologique de Londres remercie l'Académie pour l'envoi d'une nouvelle série de ses Comptes rendus. La Société Hollandaise des Sciences de Harlem, en annonçant l'envoi ( 227 ) de trois volumes qu'elle vient de faire paraître, y joint une liste imprimée de ses diverses publications, et annonce l'intention de combler, autant qu'il lui sera possible, les lacunes existant dans la Bibliothèque de l'Insti- tut; elle serait heureuse que l'Académie voulût bien user envers elle de réciprocité. Dans cet espoir, elle donne une liste de ce qu'elle possède des Mémoires et des Comptes rendus hebdomadaires. (Renvoi à la Commission administrative.) Le Franklin Ixstitute, Société savante de Philadelphie, prie l'Acadé- mie de vouloir bien lui accorder ses Comptes rendus. La Société, de son côté, lui a déjà adressé le journal qu'elle publie; elle a lieu de croire que plu- sieurs des livraisons ne sont pas parvenues à leur adresse, et elle a pris des mesures pour que ces livraisons parviennent désormais régulièrement. M. le Secrétaire perpétuel, en présentant, au nom de M. Chatin, un opuscule intitulé : « Le Cresson, sa culture et ses applications médicales et alimentaires », rappelle que c'est par un examen chimique de la composi- tion du Cresson que l'auteur a été conduit à cette longue série de recher- ches sur l'iode, dont il a fait l'objet d'intéressantes communications à l'Académie. ANALYSE mathématique. — Sur la théorie des fonctions abéliennes. Note de MM. Clebsch et Gordan, présentée par M. Hermite. (Suite.) « Nous prenons le problème d'inversion proposé par Jacobi pour point de départ des considérations suivantes. Ce problème est donné par les équations t', = / dut ■+- ! du, ■ + . . . + / dùi (i = i, i, . . . , »), Je' Je- i/cW et la solution consiste à représenter comme fonction de c,, <>2,,.., vp toute fonction | rationnelle et homogène des coordonnées des p points .r, ry* 1 .. 1 /y* I ty> À ty\ _ ryt 2 sy\\r ' iyJ^P ' *yi'" **- i > **" 2 > ** 3 ' ^" 1 î "*J) •*■%■>••■■> •*■ , 1 •*- -, 5 **-3 1 qui ne change pas de valeur lorsqu'on échange entre eux deux quelcon- ques de ses points. Nous faisons voir que toute fonction semblable peut ( 228 ) être représentée comme fonction rationnelle de diverses transcendantes de Te la forme e " , Tf, désignant la fonction La considération de cette transcendante fait la partie la plus importante de notre théorie. » Le problème de Jacobi peut être généralisé. Posons les équations Vi=l dUi+i du^-+L, dUi (^ «»?.-./) i=f* dn^ 4-fJdn^u, +■■■+ fc*+ç) dn^ (/ = ,, 2,...,?; Le problème d'inversion généralisé consiste à trouver des fonctions symé- triques des p -H q points x comme fonctions des variables f, \\>. Nous le réduisons au problème fie Jacobi, les quantités v étant prises en signe con- traire, et nous exprimons les fonctions symétriques comme fonctions ration- nelles des quantités ew et des transcendantes eT5i provenant du problème ainsi réduit. ( X* X2 \ » Toute transcendante Tf, ( , a ' ) peut être représentée par la moitié de la différence de deux transcendantes T^, dont l'une ne dépend que des jt, l'autre que des c. Nous désignerons une telle fonction par Tf,.(àc', .r2, . . .), les points x étant les points limites supérieurs. Les points limites inférieurs de cette transcendante spéciale sont les points y situés sur la même courbe du degré n — 2 que les points suivants de^ '= o : » i° Les points x eux-mêmes; » 20 Les points doubles et les points de rebroussement; » 3° Les n — 2 points dans lesquels la courbe j = o est coupée par la droite |, vj. » Formons à l'exemple de cette fonction T?,[.r', .r2,..., xlp)] une série de fonctions semblables. Lorsque nous faisons passer une courbe du degré « — 3 par les points doubles, par les points de rebroussement et par les points x2, x3,...-, x{p>, cette courbe coupera la courbe ûoimref= o en p autres points que nous désignerons par x2', .r31, . . . , .»pl ; nous désignerons les points correspondants par .r12, x{\..., x*'2, lorsqu'une courbe sem- ( 22Q ) blable passe par x' , x3,..., x(p), et ainsi de suite. En faisant usage des points définis de cette manière, nous formons les transcendantes ^/ors l'expression dTJ = \\lu(xl, x2,..., or«5d§ -+- V(*',*V..,Ç)V(r',t ■',...,«) C. !\. iSf.G, i« Semestre. (T. LXII, IS» ij.) 3o (33o ) » Ayant réduit auparavant le problème de l'inversion à la considération des transcendantes eT , nous trouvons par celte formule les fonctions s) métri- ques des p points X exprimées d'une manière rationnelle par tes fondions V. » Mais la fonction V est une fonction des quantités w qui ne devient jamais infinie. Il est facile de démontrer qu'elle en est de même une fonc- tion monodrome; donc elle en est une fonction syneclique. On trouve par elle, à un facteur constant près, l'expression en ne considérant que les facteurs qu'elle acquiert correspondant aux mo- dules de périodicité des quantités w. » Voilà la méthode dont nous nous servons pour représenter comme quotients de fonctions synectiques 0 toutes les fonctions synectiques de p points x ; ce qui est la résolution complète du problème de Jacobi. Nous renverrons pour plus de détails à une publication spéciale que nous consa- crerons à ce sujet. » ASTHONOMIE. — Sur un obscurcissement du Soleil attribué à tort à l'interposition d'étoiles filantes. Lettre de M. Woi.f à M. Élie de Beaumont. « En parcourant le premier semestre des Comptes rendus de T Académie des Sciences, année 1 865, je trouve à la page 653, dans une Note de M. Faye « sur les offnscations du Soleil attribuées à l'interposition des étoiles filantes, » une nouvelle citation d'un fait que M. Erman avait indiqué autre- fois par malentendu : c'est l'obscurcissement du Soleil au 12 mai 1706 par l'interposition d'étoiles filantes. C'est à tort que l'on accuse les étoiles filantes d'avoir occasionné cet obscurcissement : c'était la Lune, car il arri- vait ce jour-là à 10 heures du matin une grande éclipse de Soleil, qui était totale en Suisse. On peut consulter sur ce point les pages 2o3-2o6 du pre- mier volume de mes Biogr-aplden zur Kullurgcschichte der Schweiz, présen- tées il y a quelques années à l'Académie. Je prie M. le Secrétaire perpétuel de communiquer à l'Académie cette correction, pour empêcher que cette date erronée ne se propage de plus en plus. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Note sur un dépôt de biracémale de potasse dans du vin rouge; par M. Phipson. « Grâce aux beaux travaux de M. Pasteur sur les différentes espèces d'acide tar trique, il est permis, au moyen du microscope et des réactifs ( *3i ) chimiques, de mettre en évidence les racémates ou paratartrates avec autant de facilité que Jes tartrates droits ordinaires. Il y a déjà quelques années (i 858 et 1859) que j'ai remarqué dans du vin rouge, à Paris, la présence de nombreux cristaux brillants qui flottaient dans les bouteilles et dans les verres à vin, mais qui étaient assez lourds pour se précipiter au fond des verres après quelques minutes de repos. Ayant recueilli une petite quantité de ces cristaux dans un vin vendu à Mention, près Paris, en i858, je les avais examinés seulement d'une manière incomplète et les avais considérés comme étant formés essentiellement de bitartrate de potasse. Ils étaient, cette année-là, très-abondants dans le vin vendu à Meudon et clans quelques vins de Bordeaux. » Cependant, depuis plusieurs années, je ne les avais plus revus, lorsqu'au mois de mai de l'année passée, une Compagnie anglaise m'avait prié d'exa- miner un dépôt particulier qui s'était produit, plus ou moins, dans 7200 bou- teilles de vin rouge de Bordeaux, renfermées dans leurs magasins à Londres. Plusieurs bouteilles furent expédiées à mon laboratoire, et j'eus bientôt re- connu la même production cristalline que j'avais autrefois remarquée à Paris. » J'ai soumis ce vin à la filtration et le dépôt recueilli a été examiné d'une part au moyen du microscope, et d'autre à l'aide des réactifs. L'examen microscopique du produit séché à l'air a montré des cristaux en tables octo- gones, n'ayant aucun signe d'hémiédrie, colorés partiellement par la ma- tière colorante rouge du vin. » Ayant dissous ces cristaux afin de transformer leur acide en sel cal- cique, celui-ci a été trouvé être insoluble dans l'acide acétique, froid ou chaud ; de plus, il formait de beaux prismes rhombiques avec des faces de l'octaèdre, ayant toutes leurs faces également développées, et puis un cer- tain nombre d'octaèdres parfaits. Les faits ont mis hors de doute pour moi que l'acide du dépôt cristallin fût de l'acide racémique (ou paratar- trique). A l'analyse j'ai trouvé : Biracémate de potasse 88 ,8 Tartrate neutre de chaux ; 6,2 Matière colorante rouge, ferment et autres matières organiques, etc. 5,o 100,0 » C'est, je crois, la première fois que lacide racémique a été rencontré ainsi sous forme de dépôt séparé, et, selon toutes apparences, exempt de bitartrate de potasse. Je dois dire cependant que lors de l'examen microsco- 3o.. ( a3a ) pique, j'ai vu par-ci par-là quelques cristaux prismatiques qui m'ont paru appartenir à ce bitartrate dépotasse; mais leur quantité était trop petite pour influencer notablement le résultat de l'analyse. » Je regarde la présence de ce sel dans le vin rouge comme une grande preuve de sa bonne qualité. En effet, les vins dans lesquels j'ai eu occasion de le trouver étaient de qualité excellente; de plus, il est à présumer que dans des vins impurs ou mélangés ce sel serait décomposé. Enfin, sa pré- sence en petite quantité n'altère en rien ni le goût, ni l'odeur, ni même la limpidité du vin. On pourrait d'ailleurs le séparer facilement par le souti- rage lorsqu'on se serait assuré de sa présence dans les tonneaux (ce que je n'ai pas fait). » Il est possible, cependant, qu'il ne se forme que dans le vin en bou- teilles, et il provient peut-être de la décomposition lente du tartrate éthy- lique, composé qui peut, comme on sait, donner naissance à l'acide racé- mique (paratartrique), par l'action de la chaleur, peut-être aussi par d'autres causes. » PHYSIQUE. — Expériences entreprises dans le but de vérifier plusieurs points de la théorie de V 'électricité slalicpie; par M. Perrot. o On sait qu'une pile voltaïque n'entre en action et ne produit d'élec- tricité que lorsqu'un circuit électrique s'établit entre ses deux pôles. On dit, au contraire, que l'électricité statique peut être développée par un électro- moteur sans qu'il existe aucune communication, aucun circuit interpo- laire. Ainsi, on admet : i° qu'un corps cbargé d'électricité statique électrise à distance sans courant électrique, par influence ou induction en les polarisant, tous les corps conducteurs isolés qui l'environnent ; i° qu'un des pôles ou conducteurs de la machine électrique en activité se charge d'électricité statique quoique isolé de l'autre pôle. » Électrisation, avec ou sans courant, des corps isolés, voilà quels se- raient, dans la théorie admise,, les principaux caractères distinctils de l'élec- tricité statique. » Les expériences qui suivent me paraissent démontrer que ces carac- tères n'ont pas d'existence réelle; qu'il est aussi impossible de charger un corps isolé d'électricité statique que d'électricité dynamique; qu'enfin l'une et l'autre de ces deux électricités ne se transmettent qu'à l'aide de courants, et seulement aux corps faisant partie du circuit interpolaire. Ces électrisa- tions des corps seraient dues à leur défaut d'isolement. Elles seraient, dans ( ^33 ) mon opinion, le résultat de l'excessive tension de l'électricité statique, qui à l'insu de l'expérimentateur établirait une communication électrique, au travers de l'air ambiant, entre les corps posés sur des supports isolants. » En effet, on peut conclure, je crois, des expériences de M. Gassiot que l'électricité d'un conducteur qui lance une étincelle de 25 centimètres de longueur doit avoir une tension un million de fois environ supérieure à la tension de l'électricité d'un élément voltaïque; en d'autres termes, si je ne me trompe, que dans l'air, à une distance de j~ de millimètre, l'ac- tion d'un élément voltaïque est à peu près égale à celle qu'exerce à la distance de 10 mètres le conducteur électrisé qui lance l'étincelle à 25 cen- timètres. » Pour obtenir un isolement suffisant des corps soumis aux expériences, et rendre manifestes les courants et les actions qui s'établissent, j'ai pro- cédé de la manière suivante : ayant isolé une grande capsule de verre remplie d'buile de colza tenant en suspension des parcelles de feuilles d'argent, j'ai plongé dans cette huile une sphère métallique communiquant avec le conducteur d'une machine électrique ordinaire; afin de rendre plus stable la tension électrique du conducteur, j'ai mis ce dernier en contact avec l'armure intérieure d'une bouteille de Leyde dont l'autre armure communiquait au sol. » Première expérience. — Je me suis assuré de la grande sensibilité électrique du liquide, en constatant qu'une charge de i degré environ, indiquée par un électroscope à cadran très-sensible, suffisait pour occasion- ner des courants rapides près de la pointe non isolée que je présentais dans l'huile, à distance de la sphère immergée. » Deuxième expérience. — Après avoir enlevé la pointe d'essai, j'ai élec- trisé le conducteur à 72 degrés, tension correspondante à une charge en- viron cent cinquante fois plus considérable que celle de 1 degré, et cepen- dant la sphère immergée, quoique communiquant au conducteur électrisé, ne m'a paru manifester ni attraction ni répulsion sur les parcelles d'argent environnantes. Elle ne s'est pas électrisée. » Il me semble résulter de là : i° que loin d'être électrisé à distance par influence, comme on l'admet, un corps bien isolé ne peut pas même recevoir d'électricité par contact; 20 qu'un des pôles de la machine élec- trique ne peut être électrisé s'il est isolé; 3° et enfin, que les pointes collec- trices des conducteurs isolés des corps voisins par le plateau de verre électrisé positivement de la machine, se trouvant dans le cas de la ( 234 ) sphère immergée, ne peuvent se charger de l'électricité positive du conduc- teur et par conséquent la dissiper. » Troisième expérience. — A l'aide d'un fd de soie isolant, ayant sou- levé hors le bain d'huile la sphère immergée, maintenue en contact avec le conducteur, je lai touvée fortement électrisée; elle attirait vivement et foudroyait les corps non isolés qu'on lui présentait; mais plongée de nou- veau dans le liquide, elle n'exerçait aucune action sur les parcelles métal- liques environnantes. » 11 suffit donc d'isoler un corps électrisé pour lui faire perdre ses pro- priétés électriques. » Quatrième expérience. — J'ai ensuite plongé dans l'huile, comme dans la première expérience, une pointe métallique non isolée. Tout aussitôt des courants opposés, et dirigés l'un vers l'autre, sont partis de la sphère et de la pointe. « Cette expérience me semble démontrer : i° que si les fluides isolants ne transmettent pas l'électricité par conduction, ils la communiquent par convection, c'est-à-dire en transportant les unes vers les autres les molé- cules électrisées différemment par les corps faisant partie du circuit; 2° que deux corps très-distants et électrisés différemment établissent entre eux, dans l'air toujours un peu humide et mille fois au moins plus mobile que l'huile visqueuse, des courants électrisés qui rendent leur isolement impossible; 3° que les courants liquides nous offrent un exemple de trans- formation d'électricité en force motrice. » CirMjuième expérience. — A l'aide d'un fil isolant, j'ai suspendu et immergé dans l'huile, près de la première sphère, une seconde sphère métal- lique légère, afin de voir si elle serait électrisée par influence. Ayant de nouveau électrisé le conducteur jusqu'à 72 degrés, je n'ai remarqué aucune polarisation ou action électrique, ni entre les deux sphères, ni entre elles et les parcelles d'argent; tout est encore resté en repos; aucune électri- sation par influence ne s'est manifestée. Ici donc encore, l'électricité sta- tique se comporte comme l'électricité de la pile. » Sixième expérience. — J'ai immergé au delà de la sphère suspendue une sphère non isolée; immédiatement après la mise en action de la machine, la sphère immergée, la sphère suspendue et la sphère présentée ont manifesté leur état électrique par des courants liquides partant des pôles de chaque sphère vers la sphère voisine. » Septième expérience. — Apres avoir adapté un manche isolant au ( 235 ) milieu d'un fil métallique pointu à chaque extrémité, j'ai présenté une de ces pointes à la sphère suspendue, l'autre pointe étant dirigée dans l'air : les phénomènes de l'expérience précédente se sont reproduits, mais avec moins d'intensité. x Cette expérience me paraît offrir la preuve qu'entre les corps voisins chargés de l'électricité négative développée par la machine et la pointe dirigée dans l'air, il naît des courants semblables à ceux du liquide, cou- rants à l'aide desquels s'établit le circuit interpolaire indispensable à l'élec- trisation. » Il me reste encore quelques conclusions à soumettre à l'Académie, ainsi que d'autres expériences; j'en ferai l'objet d'une prochaine communi- cation si elle daigne me le permettre. « PHYSIQUE. — Sur la décharge disruptive. Addition à une précédente Note, de M. J.-M. Gaugain, addition présentée par M. Foucault. « Les physiciens qui ont étudié la décharge disruptive dans le but de déterminer les lois qui lient la tension à la distance explosive n'ont consi- déré jusqu'ici qu'une seule des variétés de la décharge, l'étincelle; les trois autres variétés, gommées par M. Faraday aigrette, lueur et décharge obscure, n'ont pas été, je le crois du moins, étudiées au point de vue que je viens d'indiquer. Les recherches dont j'ai rendu compte dans ma précédente Note (Comptes rendus, 6 novembre i865, t. LXI, p. 789) ont au contraire porté sur toutes les formes de la décharge disruptive, et les lois que j'ai exposées peuvent s'appliquer indifféremment à l'une quelconque d'entre elles; seu- lement, pour qu'elles aient cette généralité, il devient nécessaire de modifier un peu la définition de la tension explosive. » Lorsque l'électricité se transmet sous forme d'étincelle, il est facile d'obtenir séparément une décharge unique; il n'en est plus de même quand la transmission s'effectue sous une autre forme. Dans le cas de la décharge obscure et de la lueur, il parait très-probable que la propagation devient réellement continue, et, s'il y a discontinuité dans le cas de l'aigrette, les décharges se succèdent avec trop de rapidité pour qu'il soit possible d'en •isoler une. Le procédé d'expérience que j'emploie pour déterminer la ten- sion explosive lorsqu'il s'agit de l'étincelle doit en conséquence être modi- fié, lorsqu'on veut l'appliquer aux autres variétés de décharge disruptive : alors j'alimente d'une manière uniforme au moyen d'une machine élec- trique le réservoir qui fournit l'électricité au système d'électrodes mis en ( 236 ) expérience ; ce réservoir prend an bout de quelques instants une tension constante qui persiste tant que la machine est maintenue en mouvement, et c'est cette tension que je considère comme la tension explosive. » Lorsqu'on envisage de cette manière la tension explosive, il devient nécessaire, du moins dans le cas général, de prendre en considération la quantité d'électricité qui est mise en circulation dans l'unité de temps. Je n'ai point cherché à déterminer la loi mathématique qui lie la tension au flux pour un système donné d'électrodes et pour un état donné de l'air; mais voici quelle est la marche générale du flux correspondant à des tensions croissantes : il n'y a pas du tout d'électricité transmise tant que la tension reste au-dessous d'une certaine limite inférieure; quand on dépasse cette limite on voit apparaître un flux qui croît d'autant plus rapidement que la tension s'élève davantage; lorsque le flux a atteint une certaine valeur, il peut être triplé ou quadruplé sans que la tension éprouve d'accroissement appréciable; il existe par conséquent une limite supérieure que la tension ne saurait franchir. » D'après cela, l'on voit que la tension explosive correspondant à un système donné d'électrodes et à un état donné de l'air peut prendre une infinité de valeurs comprises entre deux limites déterminées; on peut donc se proposer de déterminer ou la tension maxima, ou la tension mi- nima, ou plus généralement la tension correspondant à un flux de grandeur déterminée. Quand on se borne à considérer la tension maxima, l'on peut dire que la tension explosive est la plus grande des tensions que puisse atteindre l'électrode influençante dans un état donné de l'air; cette défini- tion peut s'appliquera la lueur et à l'aigrette aussi bien qu'à l'étincelle (on n'a plus à s'occuper de la décharge obscure quand on ne considère que la tension maxima, cette tension étant toujours accompagnée d'un dégagement de lumière). Dans les recherches dont j'ai déjà fait connaître le résultat, la tension explosive que j'ai déterminée a toujours été la tension maxima- J'ai comparé non-seulement des étincelles avec des étincelles, des aigrettes avec des aigrettes, des lueurs avec des lueurs, mais aussi des lueurs avec des aigrettes et des étincelles, et les tensions explosives obtenues de la manière indiquée ont toujours vérifié d'une manière satisfaisante les lois formulées dans ma précédente Note. » Depuis la publication de cette Note, j'ai repris la question au point de vue plus général dont j'ai parlé plus haut ; j'ai comparé entre eux un assez grand nombre de systèmes différents d'électrodes cylindriques, et pour cha- cun d'eux j'ai déterminé, non plus la tension explosive maxima, mais la ( s37 ) tension explosive correspondant à un flux de grandeur déterminée, inva- riable pour toutes les expériences d'une même série. Comme ce flux doit être choisi de telle manière que la tension reste notablement au-dessons de sa limite supérieure, la décharge se produit toujours sous forme de lueur ou bien sans aucun dégagement de lumière; mais les résultats obtenus s'ac- cordent encore avec les lois établies d'abord pour le cas. de la tension maxima. » Il convient de remarquer que la première de ces lois peut être pré- sentée sous une autre forme que celle qui lui a été donnée dans ma précé- dente Note; il est aisé de reconnaître qu'on peut la formuler dans les termes suivants : « Lorsqu'on fait varier le diamètre du cylindre extérieur seule- » ment, la tension explosive est proportionnelle à la résistance du volume » d'air compris dans l'espace annulaire qui sépare les deux électrodes; » et quand, au lieu de considérer la tension explosive maxima, l'on considère la tension explosive correspondant à un flux donné quelconque, il faut modi- fier cet énoncé en ajoutant la restriction : « Si le flux transmis dans l'unité » de temps est supposé invariable. » Or on retrouve ainsi l'une des lois connues de la théorie des courants, et c'est un rapprochement qui me paraît offrir de l'intérêt. A la vérité, la fonction qui lie le flux au quotient que l'on obtient en divisant la tension par la résistance est plus compliquée dans le cas de la décharge disruptive que dans le cas de la conduction, mais il n'en saurait être autrement, lors même que les deux modes de propagation seraient en principe régis par les mêmes lois. Dans le cas de la conduction, la conductibilité du milieu peut être considérée comme invariable; c'est en la supposant telle qu'on a établi la théorie des courants; dans le cas de la décharge disruptive, au contraire, la conductibilité de la couche d'air tra- versée est modifiée, et très-notablement, par le fait même du passage de l'électricité. » TOXICOLOGIE. — Nouvelles recherches sur le poison rfuNerium Oleander. Note de M. E. Pelikan, de Saint-Pétersbourg, présentée par M. Bernard. « Dans la dernière Note que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie des Sciences, dans sa séance' du 5 juin dernier, sur un nouveau poison du cœur, l'Onage ou Inée, j'ai énuméré tous les poisons végétaux agissant d'une manière toute particulière sur cet organe. C R., 18GG, i« Semestre. (T. LXI1, N° S.) 3l ( a38 ) » Pensant que la liste de ces derniers pourrait être élargie, si les recher- ches toxicologiques étaient laites d'après la méthode suivie aujourd'hui dans ce but par la plupart des physiologistes, j'ai dirigé mon attention sur quelques autres plantes appartenant, comme le Tanghin et l'Onage, à la famille des Apocynées. Je me suis arrêté sur le Ncrium Oleander, arbuste connu depuis longtemps comme poison narcotique (i) et employé autrefois contre les maladies de la peau, la syphilis, la fièvre intermittente et, tout récemment, contre l'épilepsie (2). » D'après ses expériences sur les chiens, et celles de Grognier sur les chevaux et sur les moutons, ainsi que d'après des faits et des observations recueillis par d'autres savants, Orfila a été conduit, concernant l'action de l'extrait aqueux des feuilles de Nerium, aux conclusions suivantes : » i° Que cet extrait appliqué sur le tissu cellulaire ou introduit dans l'estomac est un poison très-actif, et qu'il agit encore avec plus de rapidité et d'énergie lorsqu'il est injecté dans les veines ; » 20 Qu'il est absorbé et agit sur le système nerveux, et spécialement sur le cerveau, à la manière des stupéfiants; » 3° Qu'il détermine presque constamment le vomissement ; » 4° Qu'indépendamment de ces phénomènes il exerce une irritation locale (3). » C'est précisément d'après ces expériences et la signification que leur a donnée le célèbre toxicologisle français, que ses successeurs ont été d'accord pour ranger le Nerium Oleaiuier dans la classe des poisons narcotiques acres; mais cette détermination ne me paraissant pas sulfisante, comme pour la plupart des substances toxiques de cette classe, pour saisir toutes les pro- priétés physiologo-toxicologiques du poison en question, j'avais pensé qu'il était intéressant de faire de nouvelles recherches sur l'action de cette plante, d'autant plus qu'Orfila, dans six expériences sur dix, après avoir fait l'ou- verture des chiens empoisonnés parle Nerium, a constamment observé im- médiatement après leur mort l'immobilité du cœur. Or ce phénomène, comme on sait, n'arrive jamais si vite lorsque l'animal est empoisonné (1) On sait que les paysans des environs de Nice metlent en poudre l'écorce et le bois de cet arbre, ei s'en servent comme de mort-aux-rats. On se souvient d'un cas d'empoisonnement chez des soldais français, lors de la prise de possession de la Corse,*aui avaient mangé do la viande embrochée avec du bois de Nerium. (2) Dictionnaire universel de matière médicale, etc., par J. Mérat et A. de Lens, t. IV, p. 5t)8, et LuiioMSKi dans le Répertoire de Chimie appliquée, 1861, t. III, p. 77. (3) Oisiii.A, Traité de Toxicologie, 5" édition, t. II, p. 677. ( 239 ) par une substance qui n'agit point d'une manière spécifique sur le cœur. Ayant alors déjà quelques données pour chercher cette action dans le Nerium, j'entrepris les expériences sur les grenouilles. J'ai eu déjà l'occasion d'expliquer ma préférence pour ces animaux, que je considère comme les plus propres pour ces sortes d'expériences (i). Aussi ai-je défini ce que je comprends sous le nom de poison du cœur : « Une substance qui paralyse cet organe dans ses éléments nerveux et » toujours en première ligne, de sorte que la grenouille empoisonnée con- » serve encore la faculté de tous les mouvements, et que ce n'est qu'au » bout d'un certain temps, par suite du manque de circulation, que la mort » survient. » » Pour mes expériences je me suis servi d'abord, à l'exemple d'Orfila, de l'extrait aqueux des feuilles de Nerium, préparé à Paris par M. Ch. Tor- chon. Bien que j'en eusse vu déjà l'action spécifique, je ne la trouvais pas encore aussi prononcée que celle que l'on observe en employant la digi- taline; le Tanghin, l'Upas Antiar et tous les autres poisons du cœur. » Voulant poursuivre mes recherches et croyant que le peu d'activité de l'extrait que j'avais employé pouvait dépendre de sa provenance, c'est-à-dire d'un Nerium de Paris, je me suis adressé à Alger afin qu'on m'en préparât un avec un Nerium du pays. On sait que le Nerium, en Algérie, se trouve dans sa patrie, comme il l'est aussi en Grèce et en Italie. Un pharmacien très-distingué d'Alger, à qui je m'étais adressé, M. Félix Desvignes, m'a envoyé à la fois un extrait aqueux et un extrait alcoolico-aqueux. C'est sur- tout le dernier, l'extrait alcoolico-aqueux, qui m'a donné les résultats les plus évidents, celui dont l'action a été la plus marquée. » Mes recherches n'ayant pas pour but d'entrer dans l'étude des parties constituantes de l'arbuste, étude déjà faite par plusieurs chimistes, particu- lièrement par MM. Landerer (2), Latour (3) et Lukomski (4), j'ai pu cepen- dant me convaincre que c'est dans la substance jaune résineuse, décrite par M. Latour (qui l'a extraite aussi du Nerium de l'Algérie), que se trouve le principe vénéneux, agissant spécifiquement sur le cœur (5). Les expériences (1) Recherches pliysiologo toxicologiques sur l'action de quelques poisons du cœur, dans les Mémoires de la Société de Biologie, 3e série, t. III, p. 97. (2) Vierteljahresschrift v. JVittstein , t. VI, p. 216, t. VII, p. 270, et t. IX., p. 119. (3) Journal de Pharmacie , t. XXXII, p. 332. (4) Répertoire de Chimie appliquée, t. III, p. 77. (5) Cette substance résineuse, presque insoluble dans l'eau (facilement soluble dans 3i.. ( 2/jO ) avec cette substance ainsi qu'avec l'extrait alcoolico-aqueux introduits dans le corps des grenouilles m'ont donné les résultats suivants : » Cette substance agit d'une manière tout à fait analogue à celle des poisons du cœur ci-dessus nommés, c'est-à-dire : » i° Au commencement de l'expérience, elle accélère les battements du cœur; mais » 2° En quelques minutes, ces battements se ralentissent ; » 3° En se ralentissant, ces battements deviennent irréguliers, comme péristaltiques, et puis cessent tout à fait; » 4° Alors le ventricule du cœur est déjà complètement arrêté et vide de sang; les oreillettes continuent encore à se contracter pendant un cer- tain temps, avant de s'arrêter aussi à leur tour; » 5° Enfin, le cœur se trouvant paralysé, sans mouvement, les gre- nouilles conservent toute la faculté des mouvements volontaires pendant un certain temps, suivant l'irritabilité individuelle de l'animal soumis à l'expérience. » Quant à l'action de l'extrait alcoolico-aqueux, elle présente quelque différence qui, comme on le constatera, n'empècbe pas néanmoins de ran- ger cet extrait parmi les poisons du cœur, puisqu'il le paralyse aussi, et toujours en première ligne. Cette différence consiste en ce que : » i°Le cœur, en devenant paralysé, s'arrête distendu par le sang, comme dans un état diastolique, tandis que sous l'action de la substance jaune résineuse de La tour et des autres poisons du cœur, il s'arrête toujours très- contracté, en état de systole; » 2° Une fois arrêté et distendu, mais ne se contractant plus, le cœur peut cependant répondre par des contractions à tous les excitants méca- niques, chimiques ou électriques, cas, comme on se rappelle, contraire à l'action des autres poisons, à quelques exceptions, pour de petites doses de digitaline notamment. » 3° Enfin, quand le cœur ne répond plus à ces agents, il commence à se contracter et à devenir comme rigide. C'est donc un phénomène de paralysie et de rigidité cadavérique, observé sur les grenouilles dans leur marche progressive; naturel dans tous les cas d'empoisonnement par les l'alcool amylique et le chloroforme), a été préparée pour mes expériences par M lel)r Illisch, qui a entrepris aussi des recherches sur les propriétés chimiques (lu Nerium, surtout dans le but d'éclaireit quelques points paraissant obscurs par la divergence des analyses des chi- mistes nommés plus haut. ( 24l ) poisons de cœur, pour les animaux mammifères. C'est un fait sur lequel M. Claude Bernard a déjà attiré l'attention des experts, dans une cause célèbre jugée l'année dernière par la Cour d'assises du département de la Seine. » Cette différence dans l'action de l'extrait alcoolico-aqueux et de la substance résineuse ne dépend-elle pas de ce que l'extrait contient beau- coup d'autres substances, quoique solubles dans l'eau, mais qui, par cela même, empêchent l'action du principe vénéneux, dont la proportion n'est pas considérable dans l'extrait? C'est ce que je pense, en appuyant aussi cette explication sur l'analogie qui existe sous ce rapport entre l'extrait en question et les petites doses de digitaline ou extrait de la Digitale. » Quant à l'action de cet extrait sur d'autres animaux, quelques expé- riences que j'ai faites sur des chiens ont aussi prouvé évidemment l'analogie qui existe entre cette substance et les autres poisons du cœur, la digitaline surtout; ce qui nous permet de croire que le Nerium Oleander, bien que poison énergique, pourrait tout aussi bien être employé dans la thérapeu- tique que la Digitale pourprée, pour les mêmes maladies, et en observant les mêmes précautions pour l'administration de cette dernière. » M. Victor Mecmer remercie l'Académie d'avoir bien voulu, conformé- ment à sa demande, lui désigner des Commissaires devant lesquels il répé- tera, s'il y a lieu, les expériences dont il a annoncé les résultats dans sa der- nière Note, en cas que leur exactitude soit de nouveau contestée. Ces Commissaires étant ceux que l'Académie avait, dans sa séance du /j janvier 1864, chargés de l'examen de diverses communications relatives à la question des générations dites spontanées, M. Meunier croit devoir faire re- marquer que ses expériences n'ont point la portée qu'on pourrait être tenté de leur attribuer d'après ce rapprochement. « L'urine, dit-il, pourrait être féconde dans les conditions mentionnées dans ma dernière Note sans que la génération spontanée fût vraie. Aussi n'ai-je point présenté mes expériences comme venant à l'appui de cette doc- trine, mais simplement comme venant contredire celles que M. Pasteur a faites sur le même sujet. » M. Lefort prie l'Académie de vouloir bien faire rectifier une erreur qui lui est échappée en rédigeant pour le Compte rendu un extrait de son Mé- moire sur la présence de l'urée dans le lait des herbivores. ( 242 ) L'extrait commence par ces mots (p. 190, lignes 19 et 20) : « Depuis que MM. Dumas et Prévost ont signalé la présence de l'urée à l'état normal dans le lait.... » C'est dans le sang et non dans le lait qu'il fallait lire. Madame de Casteexat prie l'Académie de vouloir bien inviter MM. les Membres de la Commission du legs Bréant à examiner avec elle, au micro- scope solaire, les animalcules auxquels elle attribue le développement du choléra et qu'elle tient à leur disposition. (Renvoi à la Commission nommée.) 31. GniiERT, à l'occasion de la précédente communication de Mme de Cas- telnau, annonce que dans deux des grandes épidémies cholériques qui ont sévi à Paris, d a constaté la présence de très- petits insectes dont il fait con- naître les allures, et qui pourraient bien ne pas être étrangers au développe- ment de la maladie; il avoue d'ailleurs ne pas en avoir observé pendant l'épidémie de i865. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) M. Hubert demande et obtient l'autorisation de reprendre sa Note « sur les proportions habituelles du corps humain pendant sa période d'accroisse- ment « , Note présentée en novembre dernier et qui n'a pas encore été l'objet d'un Rapport. M. Cavayé envoie la figure d'un système de ressorts qu'il a imaginé, et qui, appliqué aux chaînes des ancres, leur donnerait un degré d'élasticité suffisant en bien des cas pour en prévenir la rupture dans les gros temps. Sa Lettre contient aussi quelques indications sur une ceinture de sauvetage qu'il croit propre à rendre de grands services. (Renvoi à l'examen de M. de Tessan.) M. Le Bhian adresse de Boulogne une Lettre relative à diverses inven- tions qu'il désirerait soumettre au jugement de l'Académie, et qu'il désigne seulement comme ayant rapport à la navigation, aux sauvetages, aux pèches. Si M. LeBihan veut que l'Académie s'occupe de ses inventions, il faut qu'il les fasse connaître par des descriptions suffisantes. L'Académie reçoit d'un auteur anonyme un Mémoire dans lequel il s'oc- ( 243 ) cupe entre autres choses de déterminer par des procédés graphiques la va- leur numérique du rapport de la circonférence au diamètre pour laquelle il obtient, dit-il, la valeur connue jusqu'aux dix-millièmes près inclusive- ment. Le Mémoire étant anonyme, l'Académie ne peut s'en occuper. A 4 heures trois quarts l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. E. D. B. BULLETIN BIBLIOGBAPIIIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 29 janvier 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Sur la viticulture du centre sud de la France, Rapport fait à S. Exe. M. Ar- mand Béhic, Ministre de l'Agriculture, par M. Jules Guyot. Paris, Impri- merie impériale, i8G5; 1 vol. in~4° avec figures. 2 exemplaires. Le Livre du temps, manuel pratique de météorologie ; par M. l'amiral FlTZ- Roy, traduit de l'anglais par M. Mac-Cleod. Paris, 1 vol. in-8°, avec 2 planches. Physiologie de la voix et de la parole; par M. Edouard FOURNIE. Paris, 1866; 1 vol. in-8° avec figures. (Présenté par M. Claude Bernard et réservé pour le futur concours Montyon, Commission de Médecine et Chirurgie.) Annuaire du Cosmos, 8e année. Paris, 1866; 1 vol. in-18. (Présenté par M. Faye.) Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris , t. II , 4e fascicule. Paris, 1866; br. in-8° avec portrait. Note sur les sjstèmes de courbes et de sur/aces, et sur certaines formules qui s'y rattachent; par M. E. de Jonquières. Saigon, i865; opuscule in-40. Rien ne naît, rien ne meurt; la forme seule est périssable; par M. BOUCHER DE Perthes. Opuscule in-18. Paris, i865. Société d'Encouragement pour l'industrie nationale. Résumé des procès-i^er- baux des séances du Conseil d'administration , séance du mercredi 10 jan- vier 1866. Opuscule in-8°. Le Cresson; par M. Ciiatin. Paris, 186G; br. in-ia. ( a/i4 ) Etude sur la digestion et l'alimentation ; par M. Sandras. Paris, 1 865 ; br. in-8°. Elude sur In diatlièse urique ; par M. Sandras. Paris, 1 865 ; br. in-8°. Recherches sur les sipialodons; pat M. P.-J. Van Beneden. Bruxelles, i865; in-4° avec figures. Ueber... Sur les corps solides cpii se trouvent dans le diamant ; par M. H.-R. GOEPPERT. (Extrait des Mémoires d'Histoire naturelle de la Société Hollan- daise de Harlem.) Harlem, 1 864 ; in-4° relié. Die tertiàrflora.. . La flore fossile tertiaire de l'île de Java d'après les décou- vertes de M. Fr. Junghulm, décrite et examinée dans ses rapports avec l'en- semble de la flore de la période tertiaire; par M. H.-R. Goeppert. La Haye, 1 854 ; i»-4° avec planches. Ueber... Sur la flore fossile des terrains siluriens, devoniens, des formations houillères inférieures ou des terrains dits de transition; par M. H.-R. Goep- pert. 1859; in-4° avec planches. Monographie... Monographie des conifères fossiles, avec remarcpies sur les espèces vivantes; par M. H.-R. Goeppert. Leyde, i85o; 1 vol in-4° avec planches. Yidenskabelige... Communications scientifiques de la Société' d'Histoire na- turelle de Copenhague pour l'année i863. Copenhague, i864; 1 vol. in-8°. Norges.... Sur les crustacés d'eau douce de Norvège. ire partie : Branchio- podes, I. Cladocères ciénopodes; par M. G.-O. Sars. Christiania, 1 865 ; in-4° avec planches. Oni di nopge... Sur les restes fossiles d'animaux appartenant à la période quaternaire que l'on trouve en Norvège, et contributions pour la faune de la période historique; par M. M. Sars. Christiania, 1 865 ; in-4° avec planches. Veiviser... Guide pour les excursions géologiques dans les enviions de Chris- tiania; par M. L.-T. Kjerulf. Christiania, 1 865 ; in-4° avec une carte co- loriée. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 5 FÉVRIER 1866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une ampliation du Décret impérial qui confirme la nomination de M. Jurien de la Gravière à la place vacante dans la Section de Géographie et de Navigation, par suite du décès de M. Dupevrejr. Il est donné lecture de ce Décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Jurien de la Gravière prend place parmi ses confrères. algèbre. — Sur l'équation du cinquième degré; par M. IIermite. (Suite.) « XII. La transformation des fonctions elliptiques conduit à deux sortes d'équations algébriques de la plus grande importance pour l'Algèbre et la théorie des nombres; les unes sont entre les modules X et k, les autres entre le multiplicateur — et le module. Ce sont ces dernières qui ont été, au point de vue de la résolution de l'équation du cinquième degré, le sujet des beaux travaux de M. Kronecker et de M. Brioschi, et comme les résul- tats obtenus par ces éminents géomètres me serviront de point de départ, je vais les rappeler succinctement. » D'après un théorème de Jacobi, démontré dans le n° 3 des Annali di C. R., 1866, l« Semestre. (T. LXII, N° C.) 3a ( 246 ) Matemalica, année i858, par M. Brioschi (*), on sait que les racines de l'équation du sixième degré entre - = xet À-, savoir : — sin am4w sinamSw \X = 7 : g— > ' sin ooan)4&> sm coamou w étant successivement ^- et - — ^ — pour v = o, i, a, 3, 4, s'expriment de la manière suivante. /— .. i > vR+iK' , .. » Désignons par \Jxv celle qui correspond a a> = > > ce qui conduit naturellement à adopter la notation \fx~Z pour la première qui est donnée en taisant w = ■=-; on aura 5 l Ja:ao=Ats/5, y/x0 = A„ -1- A, -H A,, v^i = Ao +f A, -+- p4 A-, (0 _ r- ( sjx2 = A, -4- p2A, + p'A,, y'.r, = A„ + pnA, •+- p'A,, s/x, = A„ + p4 A, -h p A„ p étant une racine cinquième de l'unité. Ces expressions remarquables n'appartiennent pas uniquement d'ailleurs à l'équation entre x et k : elles se retrouvent à l'égard des racines des équations analogues (**) que donne la théorie des fonctions elliptiques entre le module et les quantités x — , x -> x(^F- + ^7=-) » etc. L'idée hardie, et qui devait être si féconde, d'étudier en général toutes les équations du sixième degré dont les racines s'expriment de cette manière, quels que soient A0, A,, A2, revient en entier à M. Kronecker. Un premier résultat, obtenu mais non publié par le savant géomètre, a été donné par M. Brioschi dans le n° 4 des Annali di Mate- malica, année 1 858, et consiste dans la formation même de cette équation (*) Le P. Joubert avait trouvé, de son côté, la même démonstration, en s'occupant delà formation des équations entre M et A pour la transformation relative au cinquième, sep- tième et onzième ordre (Comptes rendus, séance du 12 avril i858). (**) M. Brioschi, Sul methodo di Kronecker per la risoluzione délie equazioni di quinto grndn, nota 2", et le P. Joubert, Comptes rendus, 1858, p. 34 1. du sixième degré. Si l'on pose A = A2 + A, A,, B = 8A*A,A2- 2A"-A\Al + A^Al- A0(K\-h Al), C = 32oA«A2A2- iGoA^AJA3+ 2oA? A* A* + 6A^ A* -4A0(32A*-aoAgA1Aa+5AÎA^(AB1 + Ai)4-A11°-l-A^0, elle aura cette forme remarquable (*) : (a?-A)s(x- 5A)+ ioB(x- A)3 - C (x - A) + 5Ba - AC = o. » Un second résultat extrêmement important est dans l'abaissement de cette équation au cinquième degré (**). Les expressions données par la for- mule J'y — = \Xco xv) yOC.j^-i — xv — , j yjc.j^-2 — &•? — 1)1 l'indice v étant toujours un nombre entier pris suivant le module 5, sont en effet les racines de l'équation suivante, où 55 H représente le discri- minant (***) de la proposée, savoir : js-2oBj*+ 10 (3B2 — AC)^* + 2oB(5B2 - AC) /2 + 5(aiB4 — 2GACB2 + 5A2C2)j + ^ = 0. Enfin cette réduite peut être simplifiée, et, en posant \ly = /\X, M. Brioschi parvient ultérieurement à ce beau résultat (****) ; . 5B . 5(qBJ— AC) 1 4 — X5 ô- X3 H ^— g X + -p Vil = O. o 10 4 Il sert en effet d'origine à ces équations remarquables du cinquième degré dont les racines s'obtiennent sous forme explicite à l'aide des transcen- dantes elliptiques, et qui, à cet égard, offrent deux cas principaux. Le pre- (*) M. Rroneckek, Uber die Gleichungcn fiinften Grades [Journal de Crelle, année 1861). (**) Le cas particulier de l'équation M et k avait été pour la première fois obtenu par le P. Joubert. [Comptes rendus, séance du 12 avril i858.) (***) On trouve aisément, pour A = o, n = 55 (C3 — I23BS):; et pour B = o, n = 5s(C3-f-26C2As)2. (****) N° 5 des Annali di Matcmatica, année i858. 32.. ( 248 ) mier s'obtient en posant Azri, B = o, C=-2*k2k'2; alors l'équation du sixième degré en oc n'est autre que la relation entre le multiplicateur et le module considérée plus haut, et, comme on l'a dit, on a , — sin amu sinamSw X OC =^ — ; : • sin coaai4w sin coaiuBw Quant à la réduite, elle a la forme trinôme x5 + Bk2k'2x + 2 k2 k'2 (1 - 2 k2) = o, à laquelle j'ai eu pour but, dans la première partie de ces recherches, de ramener toute équation du cinquième degré. » Le second cas s'obtient en posant 16 _, . 1 — i6*2A'J A = °' B = -Â^' C=2 k>*» ; il conduit à la réduite ou plus simplement, en mettant -~r,- au lieu de oc, x5 + 5.r3 4- 1 8ox -f- — ' \ - — o, 4/0 A" 3z Pk' et c'est à cette équation particulière que la méthode de M. Kronecker permet, comme on le verra bientôt, de ramener le cas général. Quant à l'équation en x du sixième degré, ses racines s'expriment de cette manière : , — cosam nu rosam4u y'x = - 2_, cu.sani^u cosani2u w étant toujours -? et = ; nous avons ainsi les quantités par les- quelles M. Kronecker est parvenu le premier à représenter certaines fonc- tions cycliques des racines de l'équation générale du cinquième degré, et par conséquent les racines mêmes de cette équation. Riais je renonce à dire, en énumérant ces divers résultats, ce que je crois plus particulièrement appartenir au géomètre allemand et à M. Brioschi, plusieurs choses fonda- ( *49 ) mentales me paraissant avoir été successivement découvertes par les deux auteurs. Je citerai surtout ce qui concerne les résolvantes de l'équation gé- nérale du cinquième degré, dont les racines ont la forme donnée par les équations (i). J'ai étudié avec admiration l'analyse donnée par M. Brioschi sur ce point si important, et elle me servira de base pour les considérations que je vais exposer. » XIII. Désignons par g„, l'indice étant un nombre entier pris suivant le module 5, les racines de l'équation (a, p, 7, 7', /3', «') (£, i)5 = o, de manière à représenter par ces formules de M. Betti, savoir : où a, b, c sont également des nombres entiers pris suivant le module 5, les 120 permutations de ces racines. Elles se décomposent en ces deux groupes de 60 permutations conjuguées, savoir : h I jj |?3a5v-+-i ( -a- v- -I' de sorte que toute fonction rationnelle des racines, invariables par les sub- stitutions d'un de ces groupes, n'aura que deux valeurs distinctes, et s'expri- mera rationnellement par les coefficients de la proposée et la racine carrée du discriminant. Considérant désormais comme quantité adjointe cette racine carrée, on pourra se borner aux subtitutions I, et les fonctions des racines dont nous allons surtout nous occuper, qui ont seulement six valeurs, seront caractérisées comme ne changeant pas par les substitutions ^a,,jH_b. Soit donc it = F (£0, £,, £,, £3, £,) une telle fonction, et un ce qu'elle devient en remplaçant £, par£3j/, , n, les six valeurs qu'elle pourra prendre pour les Go permutations I seront u, u0, ut, u2, u3 , uk , et le système de ces quan- tités donne lieu à la remarque suivante. Convenant de représenter la pre- mière par ux, et les autres par w„, l'indice étant pris suivant le module 5, on vérifiera très-facilement qu'aux substitutions ?» ) |S» ) iÇ» (A) (i,+,r 1&,)' u,,.) correspondent (m ("» I )»- I ("») {'1',+,) \>u») )ui\ Mais les substitutions (A) répétées donnent toutes celles des formules I, ( 25o ) et il est visible qu'en composant entre elles les substitutions (B), on trou- vera pour résultat l uan+j, [> ai b, c,d étant des entiers pris suivant le ( cn-i-d ! module 5 et tels que ad — bc est résidu quadratique. On voit donc que le groupe de l'équation en u, dans le sens de Galois, est le même que celui de l'équation modulaire du sixième degré; mais cette remarque, que j'avais déjà indiquée (*), n'est qu'un premier pas vers un résultat beaucoup plus important donné ainsi par M. Brioschi. » Supposons qu'au lieu d'être invariable par les substitutions Ça>v+l i la fonction des racines qu'on vient de désigner par u soit cyclique, mais change de signe quand on y remplace £v par £, ; on trouvera qu'aux deux , • • /AX I . ' Il • ( "<> I i "'< \ premières substitutions (A) correspondent celles-ci : >, , et que le résultat de la troisième est représenté ainsi : \ «M «o "l U2 «3 "4 | i "0 «a, —,l\ "» «2 — «4 1 Cela posé, faisons dans les relations (1) du paragraphe précédent : A0 v'5 = k„ v 5 4- k0 4- A, 4- A2 4- À-3 4- kA, - A, \/5 = A0 4- pu A-, 4- p8Aa + p3A-'3 + pA*, i A2 »/5 = A-0 -+- p/c, 4- p2A\ 4- p3À-a 4- pU-.,, p étant une racine cinquième de l'unité, satisfaisant à la condition i/5 = p 4- p" - p2 - p3, et elles deviendront \[x^ = Aœ y/5 + A0 -+- A, 4- A-, 4- A3 + kt, jx~0 = Aœ -4- A-oS 5 - A, + /-2 + Ht - A\„ v_ x\ = A'^ — /*„ 4- A-, \ 5 — A2 4- A3 -+- A*, \jxl = AK + A-n — A-, 4- A-2\ 5 - A, 4- A,, J~xt = k^ 4- A0 4- A-, — A, 4- A3 v ■"> — ^4j s fe] = kx — k0 4- A, 4- A2 — A :i 4- A  \J5 . (*) Sur la théorie des fonctions homogènes à deux indéterminées [Cambridge and Dublin Mathcmatical Journal, année l854)- ( »5i ) » Or, en représentant le système des quantités x et k par xn et kn, l'indice devant recevoir les valeurs , o, r, i, 3, 4, on vérifie immédiatement ( ft« ) \ kn \ i 11 • 1 \lXn qu'aux substitutions . , . , correspondent celles-ci , ^ ( ««+. ) ( —«47! ! ( V^«+. ) i ^_ I, et enfin que la suivante j J- ' *« *" *2' *" *4 I donne ( — sfiicZi ) ' Ao> ft«,i — kn «a» «2, — /i4 ) absolument de même pour résultat sjx~2, \!x~0, \!x,, \'X,, \jx3, y/x V^\n ^a,.-^' V'T3> V^2> —^4 On voit donc qu'en posant k,l = un les substitutions élémentaires (A) effec- tuées sur les racines £v ne feront que reproduire, sauf l'ordre ou le signe, les quantités sjx~n ; par conséquent il en est de même de toutes les substitu- tions I, et les coefficients de l'équation du sixième degré en .r sont des fonc- tions rationnelles de ceux de l'équation proposée du cinquième degré, et de la racine carrée du discriminant. » La belle découverte de M. Kronecker est une conséquence immédiate de ce qu'on vient d'établir. Revenant en effet aux expressions désignées dans le paragraphe précédent par À, B, C, on voit qu'en disposant de la fonction cyclique m et du module, de manière à avoir les six quantités y/x seront explicitement données par la formule cosam2w cosam4« cosam4" cosam2to » A cet effet, soit pour un instant la fonction cyclique choisie par le savant géomètre est celle-ci, où figurent deux indéterminées p et q, savoir : u = (012) -f- (ia3) + (234) -f- (34o)+ (4oi) -(o43) — (43a) — (3ai) - (210) - (10/4). » Cela étant, la condition A = o détermine - par une équation du se- ( 2.52 ) cond degré; la relation O _ 16 (i — i6*a/i")3 B5 — A2 À'2 _' dont le premier membre dépend seulement de-, donne /i2À'2; enfin la con- dition B = — -77^77 achève de déterminer p et q. Voici maintenant une remarque importante qui suit de cette méthode. » XIV. On a vu tout à l'heure que l'équation du sixième degré (1) [x- A)5(x — 5A)h-ioB(o7 -A)3 -C{x-k) + 5B2 - AC = o était réductible au cinquième, la transformée obtenue par M. Brioschi ayant pour racines les expressions i_ 4 y/5 où l'indice v prend les valeurs o, 1,2, 3, 4- H s'ensuit qu'en partant de l'équation générale (a, |3, 7, 7', /S', «'•) (?, i)5 = o, et faisant /f„ = m„, nous allons pouvoir revenir au cinquième degré en ob- tenant comme conséquence du passage par l'équation (1) ces résultats bien remarquables. En premier lieu la transformée en z, savoir : , . , 5B , 5(9B3 — AC) 1 4 ïT ne contient pas, comme on le voit, de puissances paires de l'inconnue. En second lieu, comme on l'a dit plus haut, dans le cas de A= 1, B = o, C = — 28k-k -, et dans celui-ci : A = o, B = — 7777-,' C = 2 c'est-à-dire, au fond, en supposant B = o ou A = o, cette transformée peut être résolue par les fonctions elliptiques. On voit donc combien il importe de reconnaître de quelle manière dépendent les inconnues z et ;; voici comme on y parvient. » Soit pour un instant R=A. + *o + ^V - (*» + *,)> S = A, +kt + ^=- ' 'A -U T=/,3 -A24-^ ■ [lu - />•,}, ( 253 ) on trouvera immédiatement v/S^"-Y^ = aS, ^/x~+V3ê==a(i/5+i)Ri y/x^ — \/.r4 = 2T, v'^t + V^\ == 2 (v5 -+- i)S, \lx2 — \jxt = — a(v/5 4- i)T, V-^s ■+■ S^a — aB, et l'on en conclura z0 = sRST, s désignant un facteur numérique. » De cette expression rationnelle par rapport aux diverses quantités /.„, on déduira ensuite une autre racine quelconque z.,, en effectuant la substitu- tion ! ," j. Ce résultat montre qu'en faisant &„=«„, le produit RST, qui devient alors une fonction rationnelle des racines £0, S,,^2, £3, £4, est sy- métrique par rapport à quatre d'entre elles, et peut s'exprimer rationnelle- ment en £0, au moyen des coefficients de l'équation et de la racine carrée du discriminant. Effectivement, la substitution \ \, par laquelle z., se déduit de z0, s'obtient, comme on l'a vu dans le paragraphe précédent, en faisant sur les racines | la permutation circulaire qui consiste à ajouter le nombre v aux indices. Cette propriété singulière et si remarquable du sys- tème des valeurs de la fonction cyclique désignée par u, se retrouverait encore dans le produit de ces trois facteurs où w est arbitraire, savoir : R = «00 4- w0 + w(tta + H„), S = «, + «4 + &>(««,— «0)» T= it3 — u2+ w{n, — uA). » Ainsi on reconnaît que les substitutions ( S ) \ £ J 1 s ) j y (> ) y h { y \> \ ?/r, ) ( Ç3vJ ' ( 5(2»H-2J«— 3 ) donnent pour résultats ( R, S, T ; (R, S, Tj j R, S, T j | -R, -S, T J' j R, -S, -T \' ( -T, R, -S |' » Mais nous proposant d'approfondir cette nouvelle formule de trans- formation qui ramène à l'équation (2) l'équation générale du cinquième degré, nous supposerons toujours dans ce qui va suivre u =■ C. R., 186C, 1er Semestre. (T. LXII, N° GO 2 33 ( 254 ) chimie. — Iodure de potassium. Note de M. Payex. « Au moment où je m'occupais l'année dernière de préparer l'iodure de potassium pur, en vue de le comparer avec les produits commerciaux livrés sous ce nom (i), j'eus plusieurs fois l'occasion de remarquer que les solu- tions de cet iodure, lorsqu'elles sont légèrement acides, éprouvent une décomposition partielle pendant Pévaporation, laissant libre alors une partie de l'iode qui les colore en jaune. En signalant ce fait, j'ai recommandé la précaution d'agir sur des solutions parfaitement neutres et à l'abri du con- tact de l'air. Afin de mettre en évidence la cause complexe de cette décom- position, plusieurs expériences ont été entreprises; j'en citerai seulement quelques-unes qui me semblent concluantes : » i° Dans une solution saturée à froid d'iodure de potassium pur on ajouta o,oo5 d'acide acétique; la moitié de cette solution, introduite dans un flacon rempli et clos, demeura exempte d'altération visible; l'autre moitié, concentrée au contact de l'air, prit une teinte jaune-orangé gra- duellement plus intense : elle contenait alors de l'acétate de potasse, de l'io- dure de potassium et de l'iode libre. » 20 Une solution aqueuse saturée d'iodure de potassium pur reçut o,oo5 d'acide azotique; la moitié du liquide fut introduite dans un tube entière- ment rempli et clos ; l'autre moitié ayant été mise dans un tube qui renfer- mait en outre de l'air aux o,g de sa capacité, les deux tubes clos furent maintenus durant cinq beures dans le même bain-marie à la température de 45 à 5o degrés. Bientôt la solution que contenait le tube rempli d'air aux 0,9 prit une teinte jaunâtre virant peu à peu au jaune orangé de plus en plus intense, accusant ainsi la présence de l'iode graduellement mis en liberté; tandis que dans l'autre tube, renfermant une partie de la même solu- tion à l'abri du contact de l'air, le liquide demeuré incolore ne manifestait aucun signe d'altération. » 3° Les mêmes expériences répétées en faisant usage d'acide oxalique en doses aussi faibles, ne communiquant guère au liquide que le caractère d'acidité auquel on s'arrête dans les essais alcalimétriques, eurent de sem- blables résultats. (i) / o/> les Comptes rendus de l'Académie des Sciences du 8 octobre 1 865 et le 2e fasci- cule du VI" volume des Annales du Conservatoire impérial des Arts et Métiers, p. 24'» 244 et 249. ( a55 ) » 4° Enfin, toutes ces expériences reproduites à froid (de i5 à 20 de- grés) manifestèrent pins lentement les mêmes phénomènes, c'est-à-dire que les mêmes doses des acides acétique, azotique, oxalique ayant été ajoutées à la solution saturée d'iodure de potassium pur, chacun des liquides fut séparé en deux parts : l'une d'elles remplissant un flacon et se trouvant exempte du contact de l'air, l'autre étant versée dans un flacon dont elle occupait seulement 0,1 de la capacité totale, restant ainsi en contact avec 9 fois son volume d'air confiné. Au hout de douze à dix-huit heures, les solutions demeurées en contact avec l'air avaient acquis une teinte orangée qui devint graduellement plus intense, signalant la présence de l'iode lihre, tandis que dans les flacons complètement remplis avec chacune des solu- tions et herméliquement clos, ces solutions restèrent incolores pendant plus de huit jours (1). » De ces faits on est en droit de conclure que les acides acétique, azo- tique, oxalique, et très-probablement beaucoup d'autres, à la dose de o,oo5, ne décomposent pas l'iodure de potassium pur en solution aqueuse sa- turée, lorsque le liquide est à l'abri du contact de l'air, au point de dé- gager l'iode même au bout de plusieurs jours; que les mêmes solutions, en présence de l'air atmosphérique, sous la double influence de l'oxygène ten- dant à oxyder le potassium et d'un acide qui exerce son affinité pour la potasse, l'iode en partie devient libre; qu'ainsi s'effectue la décomposition partielle de l'iodune de potassium pur à l'aide des doses minimes de divers acides, dans les circonstances précitées (2). » En consultant les annales de la science, on s'étonnerait qu'il fût resté jusqu'à ce jour quelques notions importantes à acquérir relativement aux (1) On peut donner de ces remarquables phénomènes une élégante démonstration en fai- sant, il est vrai, intervenir les granules amylacés. 1 gramme de ceux-ci délaye dans 25 cen- timètres cubes de la solution saturée d'iodure de potassium pur légèrement acidulée, produi- sant en quelques instants un magma qui rend le liquide immobile dans un tube aux 0,9 rempli d'air, on vit bientôt, sous les influences multiples de l'oxygène, de l'acide, de l'iode et delà substance amylacée, celle-ci, en présence de l'iode devenu libre, à la superficie se colorer en violet, et la nuance se propager si lentement, à mesure que les réactions elles- mêmes pénétrèrent plus avant, qu'au bout de trois mois le mélange au fond du tube est demeuré incolore et translucide. (2) Si l'on représentait le composé salin dissous comme étant de l'iodhydrate de potasse, on pourrait admettre que l'acide ajouté en faible dose s'unit à la potasse et dégage de l'acide iodhydrique; celui-ci, en vertu de son instabilité, en présence de l'oxygène de l'air, laisse former de l'eau, et l'iode devenu libre apparaît aussitôt. 33.. ( a56 ) propriétés de L'iodure de potassium et aux changements que ce composé peut si facilement subir, si l'on ne voyait combien il a fallu de soins atten- tifs pour déterminer les conditions variables de ces délicates réactions. » Depuis l'époque mémorable ( 1 8 1 1 ) où Courtois découvrit l'iode et G-ay-Lussac en fit une étude classique, assignant à ce corps la plupart de ses propriétés distinctives et marquant sa place auprès du chlore (avant que le brome découvert par M. Balard vînt s'interposer entre eux), tous les chimistes ont eu l'occasion d'examiner et d'utiliser pour une foule de tra- vaux l'iode ainsi que ses combinaisons. Cependant on ignorait encore plu- sieurs réactions intéressantes de l'iodure alcalin et du bromure de potas- sium, qu'une Note précédente et celle-ci ont eu pour but de faire connaître et qui doivent désormais entrer dans l'histoire de ces précieux réactifs de la Chimie pure et appliquée. » Ces faits nouveaux ont d'ailleurs un intérêt particulier en ce qu'ils dévoilent les causes d'opinions divergentes émises par plusieurs savants chimistes qui attribuaient ou refusaient aux acides très-affaiblis le pouvoir de décomposer à froid, soit instantanément, soit d'une manière lente, l'io- dure de potassium, en produisant une coloration jaune : on voit clairement aujourd'hui que le premier cas se réalise toutes les fois que l'iodure inco- lore contient néanmoins de l'iode en excès, ce qui peut arriver en présence du carbonate alcalin ; le deuxième exemple se manifeste lorsque la solution d'iodure de potassium pur est à la fois en contact avec un acide, en dose même très-faible, et avec l'air atmosphérique; tandis que si la solution acidulée d'iodure de potassium pur est à l'abri de l'air ou de l'oxygène, l'iode n'étant pasmisen liberté, la coloration jaune n'apparaît pas (i). » (i) Sans doute il n'y a pas ici, sans air ou oxygène, décomposition de l'iodure de potas- sium au point de rendre l'iode libre et d'en manifester la présence par la coloration jaune que plusieurs auteurs ont considérée comme étant caractéristique de cette décomposition; mais il n'est pas encore absolument démontré, par l'absence seule de coloration, que les acides n'ont pu déterminer simultanément la formation d'un sel de potasse et de l'acide iodliy- drique tous les deux incolores. ( 257 physique. — Mémoire sur la position des pôles dans l'intérieur des barreaux aimantés et sur la mesure absolue des forces magnétiques ; par M. Pouillet. (Extrait par l'auteur.) (i) « Les deux questions indiquées dans le titre de ce Mémoire peuvent être comptées parmi celles qui tiennent de plus près à la théorie générale du magnétisme. » La première a été résolue par Coulomb, mais seulement pour quelques cas particuliers, dans cette belle série de Mémoires qui termine la collec- tion de l'ancienne Académie des Sciences de 1784 à 1790. C'est là que notre illustre confrère posa le premier les bases fondamentales de la théo- rie du magnétisme et de l'électricité. » La seconde a été signalée, et résolue par Poisson, dans un Mémoire lu à l'Académie des Sciences le 28 novembre 1825. Ici l'on voit, pour la pre- mière fois et d'une manière parfaitement nette, où il faut chercher la com- mune mesure des forces magnétiques et quelles sont les données essen- tielfes qu'il faut demander à l'expérience; mais il est, je crois, permis d'ajouter que ces expériences, telles que Poisson les avait conçues, présen- taient des difficultés insurmontables ou presque insurmontables. » Il était réservé à Gauss d'instituer un peu plus lard, en 1 833, la mé- thode qui donne la première solution pratique de cette grande question. » On sait que cette méthode de Gauss est universellement adoptée, à quelques modifications près, dans tous les observatoires magnétiques établis, depuis 1840, en Allemagne, en Russie, en Belgique, et sur un grand nombre de points des possessions britanniques. » Ces observatoires, répandus dans toutes les régions du globe, travail- lent de concert depuis vingt-cinq ans à découvrir, à mesurer, à expliquer tous les phénomènes qui ont ou qui semblent avoir quelque liaison avec le magnétisme terrestre. » Le Mémoire dont je présente ici l'extrait n'a aucunement pour objet de discuter l'ensemble des documents recueillis pendant cette longue période, et dont une partie très-considérable est déjà publiée; il n'a pas non plus pour objet de soulever quelque controverse sur la méthode de Gauss, dont la haute importance est si bien constatée; il se restreint (1) L'Académie a décidé que cet extrait, quoique dépassant les limites réglementaires, serait reproduit en entier au Compte rendu. ( 258 ) exclusivement aux deux questions que j'ai rappelées dans le titre, la seconde même n'y est traitée que comme un corollaire ou une application de la méthode à laquelle j'ai été conduit pour résoudre la première, c'est-à-dire pour trouver la position des pôles dans les barreaux aimantés. h Plusieurs questions se rattachent à cette question principale, princi- palement celle de la torsion des fils métalliques, celle de la distribution du magnétisme dans les corps doués de forces coercitives différentes, celle de l'équilibre dans divers azimuts sous l'influence du couple terrestre el des oscillations correspondantes, etc., etc. Ces questions occupent une grande place dans mon Mémoire et doivent en retarder la rédaction ; mais il m'a semblé qu'il pourrait être utile de faire connaître des à présent la mé- thode elle-même et les premiers résultats qu'elle donne. » Cet extrait se divise en trois paragraphes, sous les titres suivants : » § I. — Force de torsion des fils et force directrice des barreaux aimantés. » § II. — Position des pôles et mesure absolue de la force magnétique dans les barreaux cylindriques ou prismatiques. » § III. — Mesure absolue de la composante horizontale du couple terrestre. § I. — Force de torsion des fils et force directrice des barreaux aimantés . » 1. Torsion. — Les fils de métal propres à mes expériences devaient porter aisément 5 ou 6 kilogrammes sans éprouver d'altération dans leur élasticité. Après beaucoup d'essais sur le laiton et sur le cuivre rouge du commerce, sur de très-beaux échantillons d'aluminium que je devais à l'extrême obligeance de notre confrère M. Henri Sainte-Claire Deville, et sur des fils de cuivre rouge que M. Mouchel (de l'Aigle) avait bien voulu me fabriquer avec des soins particuliers il y a vingt-cinq ans, j'ai donné la préférence à ces derniers, comme étant plus généralement d'une fidélité parfaite. C'est là une condition importante : si le fil éprouvait des variations pendant la durée des expériences, il y aurait à faire des corrections peu certaines. » On comprend toutefois que ce n'est qu'après avoir été rétendu par des poids convenables et pendant plusieurs jours, qu'un fil acquiert cette force constante qui doit le caractériser. » Une seconde condition est la fixité des points d'attache des deux extré- mités du fil à l'endroit précis où la torsion s'arrête; aucun ballottement n'y peut être toléré ; cette condition est mal remplie dans les suspensions ordinaires, et cependant rien n'exige des soins plus scrupuleux. » Enfin, lorsqu'il s'agit, non pas de comparer des forces relatives, mais de déterminer la force absolue d'un fil donné, il y a une troisième con- dition à remplir, c'est l'homogénéité et la régularité géométrique des cylin- dres pesants que l'on fait osciller autour de l'axe du fil. Je dois à M. Tresca trois cylindres de plomb, très-exactement de même diamètre, mais de hau- teurs et de poids différents, qu'il a bien voulu me préparer par ses pro- cédés si ingénieux de compression, et qui m'ont donné des résultats plus précis que ceux que j'avais pu obtenir auparavant. » Ces poids de M. Tresca m'ont servi à déterminer toutes les forces de torsion dont j'ai eu besoin, et à vérifier que pour le même fil les durées des oscillations sont rigoureusement proportionnelles aux racines carrées des poids; mais il n'en est pas de même de la loi relative aux longueurs; avec mes fils on s'exposerait à de grandes méprises si l'on admettait que deux longueurs égales coupées bout à bout ont des forces de torsion égales. » Un compteur à pointage de M. Henri Robert, réglé avec soin pour ces expériences, me donnait la durée des oscillations. » Le fil de cuivre rouge, qui a conduit aux résultats rapportés plus loin, avait une force de torsion ty = 7sr,a479, en prenant le gramme pour unité de poids, la seconde sexagésimale pour unité de temps et le centimètre pour unité de longueur. » Le cylindre de plomb de 5 centimètres de diamètre, pesant 2G58gr,o/i, et 2660 grammes en y comprenant le piton de cuivre qui porte le fil, fait régulièrement 100 oscillations en 33o/', 7. » Ainsi, pour tordre le fil de 1 degré, il faut une force + l = 5773 = 06"'1264^ ou un peu plus de 1 décigramme agissant par un bras de levier de 1 cen- timètre. » Si au lieu d'une seule force on conçoit deux forces égales et symétri- quement placées, tendant a tordre le fil dans le même sens avec le même bras de levier de 1 centimètre, chacune d'elles sera égale à | = V = 06r,063245. ( 2ÔO ) C'est là précisément ce qui arrive quand la torsion se trouve équilibrée par un couple magnétique agissant sur un barreau aimanté horizontal, dont le milieu est dans l'axe du fil. Alors, si l'angle de torsion est A, la force de torsion qui fait équilibre à l'une des forces du couple est vA. » v est en quelque sorte la constante ou la caractéristique du fil; sa valeur n'a pas éprouvé de variation sensible dans le cours de plusieurs mois, bien que ses nombreuses déterminations aient été faites à des températures am- biantes différant entre elles de i5 à 20 degrés. » Lorsqu'on voudra, comme nous le ferons plus loin, substituer le métré au centimètre pour unité de longueur, la valeur de v deviendra cent fois plus petite, et il faudra avoir soin de prendre v = osr,ooo63245, le mètre unité de longueur. » 2. Barreaux. — Les barreaux destinés aux expériences sont rangés par paires, comme on le fait habituellement, chaque paire ayant sa boîte et ses armatures; les boites doivent être conservées à bonne distance l'une de l'autre et assez loin du local où se font les expériences. » Chaque barreau est équipé de la manière suivante : après avoir pris son poids et ses dimensions, on colle sur son pourtour trois bandes de papier, l'une vers le milieu de sa longueur, les deux autres vers ses extré- mités; sur chacune de ces dernières on en colle encore une autre qui couvre une partie du bout, au milieu de sa largeur : c'est sur ces bandes de papier que l'on marque à l'encre le signe de la paire, le numéro du barreau, le milieu de sa longueur sur les deux faces latérales et le milieu de sa largeur sur les bouts eux-mêmes. Au moyen de ces repères, le barreau s'ajuste dans la chape immédiatement et avec précision , comme nous le verrons tout à l'heure. » Le tableau suivant contient ces éléments pour les douze barreaux. » On y trouve aussi deux colonnes pour les forces directrices II dont il sera question plus loin (4); II est, en degrés, l'angle de torsion du fil pour l'azimut de 90 degrés. ( 26 1 ) Tableau I. POIDS en grammes P DIMENSIONS EN CENTIMÈTRES. PAIRES. M III il". FORCE directrice H VALEUR moyenne H LONGUEUR 2l / LARGEUR 2 « U ÉPAISSEUR le X, 1 grammes. 2219 2260 C 5g,6 1 C 3,2 » C .,6 » c 1 ,5o i ,6o 0 96,4 99; 2 0 97,8 x, ( 2 1079 1062 3o,i i5,oo » 3,20 1 ,6o 1,40 i,36 1'° I 23,5 23,0 ) ' Y, i ; 235o 2355 5g,8 )> 29.9 » 3,3o » i,65 1 ,5o 0 17'5 } "4 2 V i i 585 5S5 3o,o » i5,oo 2,5o 1 ,25 o,gG ,8'8 1 .8,0 17,2 ) K, ( 2 i3o4 i3og 53,40 M 26,70 2,60 0 i,3o 1 ,20 M z 1 «•• K, ( « 440 37,60 l8,80 1,80 0,90 0,80 22,5 1 23,3 i 2 1 453 * M » 0,83 24,2 U> )> Les quatre premières paires ont été fabriquées avec soin par M. Limet sur les dimensions que je lui avais demandées; elles sont deux à deux de même étoffe : X, et X2 d'acier fondu, Y, et Y2 d'acier corroyé; ces quatre paires ont été aimantées de la même manière. » Les deux paires K, et R2 m'avaient été fournies par M. Ruhmkorff il y a dix ou douze ans; j'ai lieu de supposer qu'elles sont de même étoffe entre elles et qu'elles ont été aimantées avec le même électro-aimant. » 3. Appareil. — L'appareil sert à toutes les expériences. Il se compose i° d'un support; i° d'un cercle de torsion donnant aisément les dixièmes de degré, et portant, sur la verticale de son centre, l'extrémité supérieure du fil de suspension ; 3° enfin d'une chape qui s'adapte à l'extrémité inférieure de ce fil et qui est destinée à porter les barreaux. » Le support est formé avec quatre montants carrés de bois, ayant 8 ou 10 centimètres de côté et 2m,5 à 3 mètres de hauteur, qui sont assemblés vers le haut par quatre traverses horizontales égales deux à deux, et vers le bas par quatre traverses respectivement pareilles aux premières : ainsi le système est un prisme vertical et rectangulaire dont la base a extérieure- ment 1 mètre dans un sens et seulement 60 centimètres dans l'autre. Les C. K., 1S6G, 1" Semestre. (T. LXll, N° G.) 34 ( 262 ) longues traverses sont deux à deux au même niveau, celles du haut se trou- vant à plus de 2 mètres de hauteur, celles du bas à 20 ou 3o centimètres; il en est de même des petites traverses , mais elles sont ajustées à un autre niveau que les grandes. m Le cercle de torsion est porté par une planche solide qui se pose d'abord sur ses deux grandes traverses supérieures et qui s'y fixe ensuite d'une manière invariable. Les conditions de son ajustement sont les suivantes : 1° son axe de rotation doit être vertical et se trouver dans le voisinage de l'axe vertical du support; 20 l'extrémité supérieure du fil de suspension doit se trouver dans l'axe de rotation du cercle et en suivre les mouvements. Cela fait, et le piton de cuivre qui porte l'extrémité inférieure de ce fil étant vissé dans l'axe d'un cylindre de plomb de poids convenable, on marque le plan qui, en passant parle fil, vient couper les petites traverses supérieures vers leur milieu; pour cela, il suffit de faire descendre un fil à plomb de chacune de ces traverses, alors on fixe la position de ces fils quand l'ali- gnement est exact. C'est le plan de ces trois verticales qui doit plus tard coïncider avec le méridien magnétique et en marquer la direction. » On trace de même par deux fils à plomb descendant des grandes tra- verses le plan qui, en passant par le fil de suspension, est perpendiculaire au précédent et devient ainsi le plan perpendiculaire au méridien magné- tique. » La chape a pour base une croix de bois, dont les deux croisillons égaux ont une longueur qui dépasse de 3 ou 4 centimètres celle des plus longs barreaux deslinés aux expériences. La face supérieure en est plane, et à partir du centre on a tracé deux lignes exactement perpendiculaires entre elles qui se prolongent jusqu'aux extrémités des croisillons; là, de chaque côté de ces lignes, font tracées des divisions en millimètres dont il est facile de calculer la valeur angulaire à partir du centre. » Le bois des croisillons a environ 6 millimètres d'épaisseur sur 6 cen- timètres de largeur, dans la moitié de leur longueur à partir du centre, mais cette largeur se réduit à 4 centimètres pour les portions restantes. » Au reste, ces dimensions doivent être appropriées aux dimensions et aux poids des barreaux. » Deux bagues rectangulaires do cuivre, ayant intérieurement 4 centi- mètres de largeur et 8 centimètres de hauteur, se fixent avec des vis de cuivre sur la face inférieure de l'un des croisillons; elles sont à égale dis- tance du centre et s'élèvent ainsi perpendiculairement au-dessus delà face ( 263 ) supérieure de la croix. Une règle de bois d'environ 5 millimètres d'épais- seur, de la largeur des bagues et d'une longueur supérieure à leur distance, se passe en dedans où elle se fixe avec des vis; c'est cette règle qui sert à atfacher la croix au fil de suspension, car elle est échancrée en son mi- lieu sur un peu plus de la moilié de sa largeur pour donner passage à la tige du piton sur lequel est fixée l'extrémité inférieure du fil de suspension. Alors la planchette qui porte le piton passant sous la règle échancrée vient s'y fixer avec assez de précision pour que le prolongement du fil de sus- pension tombe juste au centre de la croix aussitôt qu'elle est équilibrée horizontalement. » Quand la chape est ainsi ajustée, le barreau aimanté s'y place sur la longueur du croisillon des bagues; alors son centre se met aisément en coïncidence avec le centre de la croix , au moyen des deux repères de ses faces latérales qui marquent le milieu de sa longueur, et des deux repères de ses bouts qui marquent le milieu de sa largeur. » S'd n'y avait pas d'inclinaison magnétique, si les barreaux étaient des prismes géométriques en toute rigueur, la chape resterait horizontale après avoir reçu le barreau : il y aura donc en général de petits contre- poids à ajouter pour la ramener à cette position qui est nécessaire à la jus- tesse des expériences. » On comprend qu'avant de mettre un barreau dans la chape il faut tou- jours avoir soin de charger celle-ci d'un poids égal, ou à peu près égal à celui du barreau, afin de connaître le zéro de torsion qui appartient à cette charge. » Les tâtonnements nécessaires pour amener dans le méridien magné- tique le plan défini ci-dessus et marqué par trois verticales, celle du fil de suspension et les deux fils à plomb des petites traverses, dépendent un peu des moyens qu'on y emploie; mais les détails de cette opération nous mèneraient trop loin. » On admettra donc que le support est tourné de telle sorte que le plan dont il s'agit coïncide en effet avec le méridien magnétique; que le fil étant au zéro de torsion, la ligne principale de la croix, celle des bagues, se trouve dans ce plan ; que l'axe magnétique du barreau qui coïncide avec elle s'y trouve pareillement , et qu'en conséquence l'autre ligne de la croix se trouve dans l'autre plan vertical marqué sur le support, comme perpendiculaire au méridien magnétique. » 4. Force directrice. — Après ces dispositions préparatoires, la première 34-. ( ^64 ) chose à faire est de déterminer les intensités relatives du n° 1 et du n° 2 de chaque paire, pour suivre ensuite les variations qu'elles peuvent éprouver. » Après avoir acquis la certitude que mes fils conservent très-exactement la même force de torsion pendant des mois entiers, j'ai donné la préférence, sans aucune hésitation, au procédé suivant : je cherche, comme Coulomb, la force directrice des barreaux, mais je la cherche exclusivement dans l'a- zimut de 90 degrés, c'est-à-dire en portant le barreau, par la torsion du fil, dans le plan perpendiculaire au méridien magnétique, le point nord à l'ouest et ensuite à l'est, ou vice versa. La chape en croix permet de faire ces observations en quelques instants. L'angle de torsion effective pour ar- river à cet équilibre est désigné pas H : c'est, comme on le voit, l'angle nécessaire pour balancer exactement les deux composantes horizontales du couple terrestre. s Les valeurs de H, rapportées dans le tableau précédent (tableau [, p. 261), sont celles qui appartenaient au n° 1 et au n° 2 de chaque paire, au moment où j'en cherchais les distances polaires, comme nous le verrons dans un instant (5, 6, 7). » Toutes ces forces directrices ont éprouvé des diminutions très-sensibles avec le temps, les unes un peu plus, les autres un peu moins; mais en somme, ces diminutions pendant six mois n'ont pas dépassé ~ de la valeur primitive. » Les différences entre les deux barreaux de la même paire sont restées petites; il aurait été facile de les réduire encore par des réaimantations, mais il m'a semblé plus sûr de laisser ce travail intérieur s'accomplir libre- ment, en me réservant toutefois de constater plus tard quelle est la limite de différence où il faut s'arrêter pour ne pas compromettre l'exactitude des résultats. » La dernière colonne du tableau I, p. 261, contient la valeur moyenne de H pour le n° 1 et le n° 2 de chaque paire; c'est cette moyenne qui est employée dans le calcul de la force absolue. § II. — Position des pôles et mesure absolue de la force magnétique dans les barreaux cylindriques ou prismatiques. » 5. Formules des actions mutuelles. — Pour les recherches de la distance polaire, l'appareil précédent reçoit une addition : à l'ouest ou à l'est du grand support, on dispose un banc de 2 ou 3 mètres de longueur sur i5 ou 20 centimètres de largeur, dont les mouvements restent indépendants; il ( a65 ) s'éloigne, s'approche et se dirige suivant le besoin. S;i surface doit être horizontale et maintenue à peu près au niveau de la face supérieure de la croix, base de la chape; vers le milieu de sa largeur est tracée une ligne droite s'étendant d'un bout à l'autre. » Dans les expériences dont il s'agit, le banc s'ajuste pour que cette ligne se trouve perpendiculaire au méridien magnétique, et dans le plan marqué par le fil de suspension et les deux fils à plomb des grandes traverses. Alors le n° 1 d'une paire étant suspendu clans la chape au zéro de torsion et dans le plan du méridien magnétique, on comprend que si l'on vient placer l'axe du n° 2 sur la ligne du banc, il y aura une action mutuelle des quatre pôles de la paire, et que la résultante aura pour effet de faire tourner le n° 1 en dehors du méridien magnétique, son extrémité nord marchant à l'ouest ou à l'est, suivant la position de l'extrémité nord du barreau fixe n° 2. » On comprend de plus qu'il soit toujours possible, en tournant le cercle de torsion, de forcer le barreau mobile n° 1 à revenir exactement dans le méridien magnétique, et d'arriver par là au but qu'on se propose, c'est-à- dire à exprimer, en fonction de la distance et de l'angle de torsion, la résul- tante de l'action mutuelle des quatre pôles, puisque l'action de la terre est complètement éliminée. » Il est facile de s'assurer qu'en portant le barreau fixe à une distance suffisante du centre du barreau mobile, la résultante des actions mutuelles forme un couple dont chacune des forces a son point d'application à l'un des pôles du barreau mobile. » Nous supposerons que les deux barreaux de la même paire sont sensi- blement de même force et de même distance polaire. » Soient : z l'action mutuelle de deux des quatre pôles à la distance prise pour unité ;

9 0,06129 543 5,5 0,01418 66 3,o 0,06715 4-4 5,6 o,oi355 63 3,i 0,05337 3;8 ' 5,7 0,01296 59 3,2 0,04990 347 5,8 0.01241 55 3,3 0,014671 3ig 5,9 0 , 0 1 1 89 52 3,4 0,04379 292 6,0 0,01 i4o 49 3,5 0,0^108 271 6,1 0,01 093 47 3,6 o,o386o 248 6,2 0, 01049 44 3,7 o,o3G3i 229 6,3 0,01007 42 3,8 0,00419 212 6,4 0,00967 4o 3,9 0,o3223 196 6,5 0,00929 38 4,o o,o3o4t 182 6,6 0,00Sg4 35 4,' 0,02872 169 6,7 0 , 00S60 34 4,2 0 , 027 1 6 i56 6,8 0,00827 33 4,3 0,02571 .45 6,9 0,00797 3o 4,4 0,0^435 i36 7-o 0,00768 29 4,5 0,023o8 127 7," 0,00740 2S 4,6 0,02191 117 7,3 0,00714 26 » Quelques mots suffiront pour montrer à quel point l'usage de celte Table simplifie le problème qui nous occupe. » Soient / la demi-longueur du barreau, p la demi-distance polaire, b la distance du pôle à l'extrémité du barreau, a et a' les deux distances données par la mesure directe entre le centre du barreau mobile et l'extré- mité la plus voisine du barreau fixe, pour la première et pour la deuxième station. » On a les relations suivantes : 4- b Première station l = p-^-b, d = a-hb, n Deuxième station l = p-hb, d'—a'+b, n'= , • Les deux stations ont toujours été choisies d'après des torsions t et t' ( 268 ) données d'avance; alors il restait à varier les distances a et a' dn bar- reau fixe, c'est-à-dire ses positions sur la ligne centrale du banc, afin de trouver le point précis où il devait être pour que le barreau mobile fût ramené très-exactement dans le méridien magnétique; ces positions pou- vaient presque toujours se trouver à ± de millimètre près. Le rapport t est celui qui m'a paru, en général, le plus favorable pour les expériences, parce qu'il importe de concilier ici l'exactitude des torsions t et t' avec l'exactitude de la mesure des distances a et a'. » Si b était connu, on aurait les valeurs numériques de n et n' qui don- neraient, au moyen de la Table, les valeurs de m et m', et celles-ci devraient satisfaire rigoureusement à l'équation de condition m t _ m' t' Mais b est l'inconnue dont il faut trouver la valeur, et si l'équation ci-dessus ne donne pas le moyen direct d'y parvenir, elle donne au moins un moyen indirect d'éviter de longs tâtonnements, comme nous allons le faire voir par un exemple. » 7. Distance polaire. — Dans une expérience sur la paire X,, le n° 1 étant dans la chape en équilibre dans le méridien magnétique, on a donné au fil une torsion de 8o° = t, et l'on a ensuite apporté le n° 2 sur la ligne centrale du banc, l'extrémité sud en avant pour rappeler le n° 1 dans le méridien ; après quelques essais, on trouve que a doit être de 62e, 7 pour que le n° 1 soit revenu très-exactement au méridien. » Cela fait, on réduit la torsion à t'== /|0°, on porte plus loin l'extrémité sud du n" 2, et 1 on arrive aisément à trouver, à inoins de 1 millimètre près, que pour cette deuxième station la distance a' doit être n' = 88c,6 pour que le n° 1 ait repris exactement sa position méridienne; les données de cette expérience sont donc : Première station t = 80 ; a =Gu,7. Deuxième station t' = 4» ; «'=88,6. C'est avérées éléments que l'on procède ;'i la recherche de b; pour cela on attribue à & trois valeurs hypothétiques : b = l\e,o; b— 5c,o; /' — Gc,o, dont ( 269) on mène de front les calculs par la formule a -+- b » On sait, par !e tableau I, que l = 29e, 8. b = 4>o donne n = 2, 5853; m = 0,07705; — = m' = o,o385a; £ = 5, o donne h = 2,7299; m = 0,06928; — = oz' = o,o3464; £ = 6,0 donne n = 2,8866; jti = 0,06190; — = ni' = o,o3og5. Avec ces valeurs de m' on cherche, au moyen de la Table, les valeurs cor- respondantes de n', pour en déduire ensuite les valeurs de a' par la formule a' = n'(l — b) - b, afin de voir si la vraie valeur de a', celle qui est donnée par l'expérience, se trouve comprise entre celles qui se déduiront du calcul : m' = o,o385:i donne n' = 3,6o35 ; a' = 88,97 5 m' = o,o3464 donne n' = 3,7788; a! = 88,72; m' = 0,03095 donne n' = 3,9704; a! = 88, 5o. On voit que la valeur expérimentale a' =88°, 6 est comprise entre la deuxième et la troisième valeur hypothétique qui correspondent à b = 5e, o et b = 6e, o, et qu'elle est un peu plus près de la troisième. Les différences proportionnelles donnent b = 5e, 6, et par conséquent/? = 24, 2. » Au reste, la vérification s'en fait en attribuant à b cette valeur 5,6 pour trouver ensuite directement les valeurs correspondantes de n, de m, de m' = — et de n' qui conduisent en effet à a! = 88e, 6. » Je me borne à cet exemple : il fait voir d'une manière assez complète l'usage de la Table, la nature des expériences à faire, et la marche à suivre dans les calculs pour arriver assez rapidement à découvrir la valeur de £, par conséquent celle de /? ou de la demi-distance polaire. » Deux seules expériences, faites avec précision et répétées au besoin, me semblent préférables à la multiplicité des expériences que l'on pourrait faire en variant les torsions et les distances. C. B., 1866, 1" Semestre. (T. LXII, N" 6.) 35 ( 27° ) » Cependant, après avoir trouvé une distance polaire, il est toujours bon de la mettre à l'épreuve. Le moyen le plus sûr me parait être de la prendre pour point de départ et de s'en servir pour calculer, par les formules précé- dentes, une Table des torsions de 5 en 5 degrés et des valeurs de a qui cor- respondent à chacune d'elles; alors, prenant au hasard quelques torsions dans cette Table, on peut de suite vérifier si les distances correspondantes sont exactes. S'il y avait dans le point de départ une erreur notable, elle se montrerait infailliblement. Ce mode de vérification a d'ailleurs un avantage, c'est de faire ressortir la limite des distances où l'on peut opérer avec une précision suffisante; s'il faut, par exemple, une variation de 2 millimètres dans la distance pour obtenir une variation de -fa de degré dans la torsion, les résultats n'ont plus la même rigueur qu'en opérant aux distances où i millimètre correspond à fa de degré de la torsion. » 8. Force absolue. — Dès qu'on est parvenu à connaître la demi-distance polaire p d'une paire de barreaux, l'expression générale zm ne contient plus qu'une seule inconnue z, dont il est possible alors de trouver la valeur. » En effet, si l'on reprend les deux expériences qui ont été faites à la première et à la seconde station, et qui ont servi à découvrir la valeur de />, et par suite celle dep, on voit que le couple résultant de l'action mutuelle des quatre pôles est équilibré à la première station pour la distance a par une torsion de t degrés. Or,

4 60 18 88,6 5i,7 78,6 52,8 73,6 55,3 iS89,3 363,4 ioS8,4 198,5 1108,8 3o8,6 0,18893 o,ô3634 0, 10SS4 0,01985 0,11088 o,o3oS6 0,43466 0, 19063 0,32991 0,14090 0,33298 0, 17528 » Dans les premières colonnes de ce tableau, j'ai conservé le gramme et le centimètre pour les unités de poids et de longueur, comme elles ont été employées dans le cours des expériences. » Dans l'avant-dernière colonne, en conservant le gramme comme unité de poids, j'ai substitué le mètre au centimètre pour unité de longueur, par diverses considérations et aussi pour rappeler que les distances doivent être toujours assez grandes pour que la réaction des deux barreaux ne dérange aucunement la distribution primitive de leur magnétisme. » Cette substitution laisse invariables les valeurs des angles de torsion t et t', celles de n et par suite celles de m ; ainsi v etp sont les seules quantités qui changent, comme nous l'avons déjà remarqué (1 ); elles deviennent l'une et l'autre cent fois plus petites, par conséquent la valeur de z devient dix mille fois plus petite, ce qui est du reste évident par la formule elle-même vtp m » On voit donc que les barreaux soumis à l'expérience sont tels, que, si l'on pouvait, sans les altérer, isoler deux des quatre pôles qui constituent chaque paire et les mettre en présence à la distance de 1 centimètre ou de 1 mètre, leur action mutuelle serait équilibrée par les poids qui marquent les valeurs de z dans le tableau ci-dessus, savoir : par 1889 grammes ou par 189 milligrammes pour la paire X,, etc. 35.. ( 272 ) » Telles sont donc les forces absolues des barreaux dont il s'agit. » 9. Comparaison des forces. — Il y a un autre élément dont il faut tenir compte : les forces magnétiques prennent naissance par le dévelop- pement des fluides magnétiques que l'on appelle alors les fluides libres; il est vrai que ces quantités de fluide restent sans volumes définis et sans masses pondérables; cependant on admet qu'elles sont proportionnelles aux forces qu'elles produisent, comme les masses matérielles sont elles-mêmes pro- portionnelles aux forces attractives qui en émanent. D'après ce principe, s'il s'agit de deux masses égales, la résultante de l'attraction mutuelle de- vient double quand l'une des masses est doublée, et elle devient quadruple si les deux masses sont à la fois doublées; de même, s'il s'agit de deux pôles égaux, l'action mutuelle est quadruplée quand la quantité de fluide est doublée dans les deux pôles à la fois, pour qu'ils ne cessent pas d'être égaux. Comme jusqu'à présent nous n'avons trouvé la valeur absolue des forces magnétiques que dans le cas particulier des pôles égaux, nous dirons donc que les quantités de fluide [j. et p.', propres à chacun des pôles d'une première paire dont l'action mutuelle est z et d'une seconde paire dont l'action mutuelle est z', sont entre elles comme \jz est à \/z'; ou, en d'au- tres termes, que, dans chaque paire, la quantité de fluide est exprimée par y/z, en considérant toutefois \J z ou p. comme un nombre abstrait qui ne représente plus des grammes. » Enfin, pour compléter ces notions, nous conviendrons de prendre pour unité de force magnétique celle des deux pôles égaux dont l'action mu- tuelle à i mètre de distance est équilibrée par un poids de i gramme , la quantité de fluide qui caractérise chacun de ces pôles étant pareillement prise pour unité. » Alors les barreaux de paires différentes pourront être comparés sous deux points de vue : i° sous le rapport de leur force ; i" sous le rapport de leurs quantités de fluide. » Si l'on dit, par exemple, qu'un barreau de la paire X,, dans l'état ou il était à l'époque des expériences, a une force de osr, 189, cette expression n'aurait aucun sens, à moins de sous-entendre qu'il a cette force en pré- sence de son égal et à 1 mètre de distance. » Il n'en est pas de même de la quantité de fluide; le barreau de la paire X, en possède une quantité 0,43466 à chaque pôle; et si on le met en présence d'un autre barreau connu ou inconnu, c'est avec cette quantité de fluide qu'il exercera son action attractive ou répulsive. De même, chaque barreau de la paire K, possède une quantité de fluide de 0,33298, et c'est (s73 ) aussi avec cette quantité de fluide, que l'on peut se figurer comme conden- sée ou concentrée au pôle, qu'il exercera son action sur tout autre bar- reau ou sur tout autre corps magnétique placé à une distance suffisante. » C'est donc par les fi et non par les z qu'il faut comparer entre eux les barreaux de paires différentes; ainsi, les intensités des barreaux de X, et de R, sont entre elles comme o,43466 est à 0,33298, ou comme i,3o5 est à 1, l'intensité se rapportant aux f/. et non aux s, aux quantités de fluide et non aux forces. » Il n'était pas sans intérêt de vérifier ces principes en mettant en pré- sence, dans l'appareil, deux barreaux de paires différentes pour chercher, non plus les distances polaires, mais les z de ces barreaux à pôles inégaux, ou leur action mutuelle à l'unité de distance. Ces comparaisons sont im- portantes à plusieurs égards, mais la place me manque pour les déve- lopper ici. § III. — Valeur absolue de la composante horizontale du couple terrestre. » 10. Couple terrestre. — Pour chercher la mesure de l'action de la terre, prenons l'un des douze barreaux dont nous venons de trouver les distances polaires; supposons qu'il soit mis en équilibre dans la chape, et que celle- ci soit suspendue au même fil qui a servi aux expériences précédentes; alors, comme nous l'avons dit, les deux repères du barreau, savoir: les deux lignes des faces latérales qui marquent le milieu de sa longueur, et les deux lignes des bouts qui marquent le milieu de sa largeur, se trouvent en coïncidence avec les deux lignes de la croix servant de base à la chape. » Dans ces conditions, le barreau est amené dans le méridien magné- tique, le fil étant au zéro de torsion, et les deux composantes horizontales du couple terrestre sont les seules forces qui le maintiennent dans cette pre- mière position d'équilibre. » En partant de là, on fait tourner le cercle de torsion et l'on porte le barreau dans l'azimut de 90 degrés pour l'amener à la deuxième position d'équilibre; dès qu'elle est bien établie, on fait la lecture de l'angle de tor- sion effective; c'est la valeur dejl inscrite dans le tableau I, p. 261; nous la reproduisons ici dans le tableau III ci-dessous, en nous bornant seulement à la valeur moyenne pour chacune des six paires. m Ces forces directrices ont été déterminées à la suite l'une de l'autre, afin de les mettre autant que possible hors de l'influence des causes pertur- batrices et des variations de la déclinaison; de plus, elles ont encore été déterminées séparément pour chaque paire, soit avant, soit après les expé- ( 274 ) riences qui ont servi à trouver les distances polaires, afin de constater que les barreaux n'avaient pas éprouvé de changements sensibles dans le cours de ces épreuves. » Arrêtons-nous un instant à cette deuxième position d'équilibre dans l'azimut de 90 degrés; elle suffit à elle seule pour donner immédiatement la valeur absolue de la composante horizontale de la terre, pourvu qu'elle se rapporte à un fil connu et à un barreau connu. » En effet, les quantités données sont alors : i° la valeur de v qui carac- térise le fil de torsion ; i° la distance polaire ip du barreau; 3° son inten- sité magnétique ou la quantité p. de fluide que possède chacun de ses pôles. » Soit donc y l'action inconnue que la composante horizontale du couple terrestre exerce sur l'unité de fluide libre dans le lieu de l'expérience, son action sur l'un des pôles sera Jfx, et, dans l'équilibre dont il s'agit, elle s'exerce sur le fil de torsion par un bras de levier p égal à la demi-distance polaire du barreau ; la valeur de cette force est par conséquent fP-Pi d'un autre côté, l'angle de torsion est H, la valeur de la force de tor- sion est i>H, et la condition d'équilibre devient fp.p = vB, ou '/=—• » Le tableau suivant contient les valeurs de y pour chacune des six paires qui ont été soumises à l'expérience. Tableau III. \ X v, ï, K, K, 1 Ml THE UNITÉ DE LONGUEUR. p = 0**, 00063245, 1 CIUMME UNITÉ DE POIDS. log= 4,80103. - - ■ ^— ■ P H- 11 f m 0,2^2 0,43466 97 "8 h, ,'NS 0,l32 0, 190CS 23,5 0,59I 0,244 0,33991 74, a 0,583 0, 1 35 • 0, 14090 18,0 0)599 0,2l/, 0,33398 65,8 11, iN', 0,140 11, i;.'i(is 23,3 0,599 ( ^5) » Ces valeurs de / présentent une concordance remarquable, au moins pour un premier essai ; leur ensemble mène en quelque sorte forcément à cette conclusion : qu'au lieu où les expériences ont été faites (Epinay-sur- Seine, à i3 kilomètres de Paris), la composante horizontale de la terre est très-voisine de 5go ou 5o,5 milligrammes, en prenant pour [unité la force de deux pôles égaux dont l'action mutuelle, à i mètre de distance, est équilibrée par un poids de i gramme. » Il est bon de rappeler encore ici que ce nombre représente seulement l'une des composantes horizontales du couple terrestre. » Je dois ajouter, de plus, qu'il ne peut pas avoir toute la précision que comporte la méthode dont je viens de donner une idée sommaire: » i° Parce que mon appareil de torsion, au lieu d'être un cercle spé- cial pour cet objet, était composé de pièces détachées appartenant à d'autres instruments ; o a° Parce que les expériences ont été faites dans ma bibliothèque, ou les barreaux recevaient quelque influence des ferrures des portes et des fenêtres ; » 3° Enfin, parce que les deux barreaux de chaque paire, au lieu d'être, comme on pourrait les faire, presque identiques entre eux, présentaient de notables différences révélées par l'inégalité de leurs forces directrices. » Cependant je suis porté à croire que ces causes d'erreur ne peuvent affecter que dans de faibles proportions les valeurs de f inscrites dans le tableau ci-dessus. » En admettant que les éléments magnétiques d'Epinay-sur-Seine soient les mêmes que ceux de Paris, l'inclinaison étant à peu près de 66 degrés, on aurait pour l'action totale F que la terre exercerait à Paris sur l'un des pôles du barreau pris pour unité : F=ier,45i pour /=oSr,5go, F=ier,463 pour /=oer,595. » J'avais un grand désir de comparer mes nombres à ceux qui ont été obtenus dans les observatoires magnétiques par la méthode de Gauss; mais il me manque pour ces comparaisons des données essentielles que je n'ai pas pu me procurer jusqu'à présent. » ( 276) ASTRONOMIE. — Seconde inégalité du mouvement des taches du Soleil; par M. Faye. (Suite.) « Nous avons vu (séance du i3 janvier dernier) que les taches pré- sentent, en latitude, une oscillation bien marquée de la forme X = const. -+- a cos/3(i — 0). Si l'on désigne par A la variation du mouvement angulaire de rotation pour une augmentation de i degré clans la latitude (celle-ci étant prise en valeur absolue), le mouvement angulaire, estimé par rapport au méridien mobile pris pour origine, sera, non plus m, mais m 4- aA cos/5 [t — Q), a devenant ici un nombre abstrait. Multipliant par dt et intégrant, il vient long, vraie = const. -+- m(t — 0) 4- -^-sin [i(t — Q), r formule où le diviseur p doit être exprimé en parties du rayon et où la constante doit être déterminée pour l'époque 0. Nous aurons donc ainsi l'inégalité en longitude, sans rien emprunter aux observations. Tout dépend de cette quantité A à laquelle nous sommes obligés de nous arrêter un instant. m Si nous connaissions, ne fût-ce que d'une manière empirique, la loi que suit le mouvement angulaire de rotation d'un parallèle à l'autre, il serait aisé d'en déduire A pour une latitude quelconque. Voici les formules qui ont été publiées à ce sujet (*) : 7. m = i/,' — i65' sin4(X-- i) (M. Carringlon). m=z— 320'-+-355'cosX (Dr C. Peters). ni= 160'— ao3'sin (X-h 4i°,2) (Dr Spœrer). Pour la tache dont nous allons nous occuper en premier lieu (X=— 1 1°,6)> les différentielles de ces trois formules assignent à A les valeurs suivantes : A = — 1',47, -.i',25, — i',o,5; (*) Il faudrait ajouter i4° 1 1' à ces valeurs de m pour avoir la vitesse angulaire totale. ( a77 ) pour la tache suivante, X == — 25,8, ou trouve A = — 2',3i, - 2', 69, — i',39. » Nous retombons ici sur la discordance qui m'a engagé à entreprendre ces recherches, à savoir la différence qui existe entre les résultats de M. Spcerer et ceux de M. Carrington; mais heureusement nous en avons aujourd'hui l'explication fort simple. En jetant un coup d'oeil sur la formule delà parallaxe de profondeur, on verra que cette inégalité produit précisé- ment un ralentissement apparent de la rotation, et comme elle croît avec la latitude, à cause du facteur séc X, elle donnerait lieu, à elle seule, à l'illu- sion d'un ralentissement progressif d'un parallèle à l'autre, si, pour chaque tache, on déduisait le mouvement diurne des observations faites pendant une seule apparition. Ce qui a permis néanmoins aux savants précités d'éta- blir la réalité de ce phénomène, malgré cette cause d'illusion, c'est qu'ils ont aussi employé les retours successifs d'un certain nombre de taches, et qu'ils ont eu la prudence d'attribuer un poids supérieur à ces détermina- tions-là. Il n'en est pas moins vrai que l'immixtion d'un nombre considé- rable de taches observées à une seule apparition a dû vicier leurs résul- tats. De plus le Dr Spcerer s'est astreint à ne pas observer les taches près des bords à cause du peu ^de précision des coordonnées héliocentriques déduites de ces mesures, tandis que M. Carrington, fort heureusement, a tout observé et presque tout calculé. De là la différence de leurs résultats, qu'il ne faut attribuer, comme on le voit, ni à une variation réelle dans la rotation du Soleil, d'une époque à l'autre, ni à des différence constantes dans la manière d'observer, mais tout simplement à l'omission d'une inéga- lité, celle que j'ai nommée parallaxe de jirofondeur. » Je n'ai pas eu le temps de calculer toutes les taches; mais, avant même de connaître les inégalités de leurs mouvements, je m'étais décidé à rejeter les apparitions isolées et j'avais trouvé ainsi que la quantité ni croît, de degré en degré, un peu plus vite que la simple distance angulaire à l'équa- teur, à peu près comme cette même dislance multipliée par la sécante de la latitude. Arrêtons-nous provisoirement à cette forme et écrivons m = — i',6(X — 1 i°)sécX, formule où il faut faire abstraction du signe de À. Voici quatre mouvements propres bien déterminés pour 1860; ils serviront à montrer que cette for- C. R., iRfifi. Ier Semestre. 'T. LXII, NT,.) 36 ( 278) mule un peu rudimen taire est assez voisine de la vérité : Latitude. Valeur de m. Valeur calculée. 0 - 6,6 -+- 6', 6 1 -+- 7,1 (2 apparitions). -11,6 — 0,8 — 1 ,0 (8 apparitions). -a5,8 — 25,8 — -26,3 (5 apparitions). + 27,5 — 3û,2 — 2g, 8 (4 apparitions). » C'est de cette formule que nous tirerons les valeurs de A pour les taches à longue durée dont nous avons déjà étudié le mouvement en lati- tude. Commençons par la première. Sa latitude moyenne est de 1 1°,6 : nous aurons A = — 1',63 au moyen de la formule différentielle — i',6sécX[i-+- (X — ii°) tangX], dans laquelle X — n° sera exprimé en parties du rayon. De l'inégalité en latitude (Compte rendu du 1 3 janvier) - X = 1 1°,65 -hi°M cos 2°,535(£ — 167^,4) nous déduirons le mouvement diurne vrai i° fi3 m-1,24 x -~ cos2°,535(*-i67i,4), et enfin long, vraie = const. + m(t — 167^,4) - 0^76 sin 2°,535(* - 167VI). Les observations de longitude donnent pour la constante iç)°,65 et pour/M — o°,oi5. La connaissance de cette double inégalité en longitude et en latitude m'a engagé à rechercher immédiatement d'autres apparitions de la même tache dont la durée était déjà si remarquable. J'ai eu le bonheur d'en rencontrer encore une, antérieure de deux rotations à celle que j'avais déjà reconnue, en sorte que nous allons opérer sur huit rotations au lieu de six, et sur une durée de plus de six mois. On hésitera peut-être tout d'abord à admettre la possibilité d'une pareille durée. Bien qu'on ait suivi en 1 779 une tache énorme pendant six mois, et qu'en i«45 M. Schwabe ait remarqué un groupe de taches pendant huit rotations consécutives, l'opi- nion générale est que les taches ne durent guère plus d'un ou i\eux mois. Mais je ferai remarquer que cette opinion ne saurait m'ètre objectée; elle provient de ce qu'on n'a pu jusqu'ici déterminer exactement les mouve- ments propres. Imaginons, par exemple, qu'on n'ait remarqué, sur la tache ( 279 ) actuelle, que les deux premiers retours déjà signalés; on en aurait déduit les moyennes (*) J o à 72'4> £=20,64 à i25,5, 4L= 2I >56 et on en aurait conclu m = -t-o°,oJ73; puis, si on avait comparé à cetle tache les observations de la dernière série, on aurait trouvé 24 degrés pour la longitude à 206', 5, au lieu de i8°,38, et l'on aurait prononcé qu'il n'y a pas identité. Ici l'erreur serait provenue de l'omission de la seconde inéga- lité; dans d'autres cas, plus nombreux encore, c'est la première inégalité qui fait méconnaître le retour d'une tache parfaitement observée. Dans tous les cas, faute de savoir comment les latitudes varient, on se bornait à comparer les longitudes. Maintenant nous avons un double critérium pour juger de l'identité de deux taches, et nous arriverons probablement, en appliquant ce critérium, à reconnaître que les taches de longue durée ne sont pas aussi rares qu'on le croyait. » Quoi qu'il en soit, voici les nouvelles positions : N° 616. » La discordance des latitudes ne nous permet pas malheureusement de les faire servir à rectifier la période de l'inégalité. On peut seulement en conclure que l'un des maxima doit tomber dans le voisinage du 16 janvier et que, par suite, la période admise pourrait être sensiblement allongée. Dans cette circonstance, j'ai cru devoir chercher les limites extrêmes entre lesquelles il serait raisonnable de faire varier les éléments de l'inégalité en latitude, et d'examiner les valeurs correspondantes pour l'inégalité en longi- tude. Prenant donc comme l'un de ces termes extrêmes la durée de 142 jours déjà obtenue pour cette période, j'ai trouvé graphiquement que l'on pour- rait encore accepter la durée 1 56j, 5 et reculer de 3 jours l'époque du maxi- mum primitivement fixée à 1860 + 167,4. Les formules relatives à ce se- cond système seront -À = + n°,68 + i°, i2cos2°,3(f - 164), long sa const — m(t — 1 64 ) — o°, 76 sin 20, 3 (t — 1 64 ) . — ■ ■■■—■■■ — — ■ -■■ .. .. , ■ .— — ■—— , , -4 (*) Voir le tableau suivant des observations de cette tache. 36.. Dates. Distanne. Longitude. Latitude. 1860-1- l5,5 0,6662 0 22, l3 — l4,23 l6,5 0,4q3o 21,78 — 12,43 ( -28o ) Reste à déterminer les constantes en employant les huit apparitions. Cette fois, j'ai voulu savoir quelle valeur les observations elles-mêmes assigne- raient au coefficient de l'inégalité, et je l'ai fait entrer comme inconnue dans les équations de condition. Voici d'abord comment ces équations ont été formées. Les longitudes ont été corrigées de la parallaxe en partant de la valeur — = o°,35, à peine différente de celle qui avait été précédemment trouvée (*), puis comparées au premier système. La moyenne des erreurs de chaque apparition a fait connaître la correction due à la longitude théorique et a conduit aux équations normales : Dates. 1860+ i5,5 ijr — i48,5/« — o,3a x = 21,73 0 — 0,42* 72>4 i — 9'>6 — o,5i 20 ,64 i 0,20 — 0,87 i25,5 i — 38,5 + 1,00 2i,56 +0,96 i56,4 i - 1,6 -+- o,3o 20,20 +0,47 .84,6 i -+- 20,6 — °>74 i8,79=ho,io — 0,69 206,6 i -+- 42>6 — °.99 18, 38 —o,99 La constante est désignée par y, le mouvement propre par m, le coefficient de l'inégalité par x; enfin la dernière colonne à droite est relative à la pre- mière période de 142 jours et doit remplacer la quatrième dans cette hy- pothèse. Les deux solutions sont : ire période de 1^2 jours. 2e période de i56J,5. 0 0 y= 19,81 pour. 64' T= '9)9° pour 164 J y= '9.75 » 167,5 m= — o,oi43 m= — 0,0171 x= 1,02 x = 1 ,06 Les positions normales sont représentées de la manière suivante : Date. Observ. 1" syst. Cale. — Obs. 3e syst. Cale. — 01)! 18(J0-r- l5,5 0 21,73 0 21,90 + 0,17 0 21,70 0 — o,o3 72>4 20,64 20,45 — o»'9 20,69 -4- 0 , o5 i25,5 21 ,56 21,47 — 0,09 2.1,47 — 0,09 .56,4 20,20 20,43 + 0,23 20 , 3 I + 0,1. 184,6 18,79 18,75 — 0,04 18, 85 -f- 0,06 206 , 6 18, 38 18, o3 — o,35 18, 3o — 0,08 » Le deuxième système (période de 1 56 jours) est décidément plus exact; (*) Comptes rendus du 1 8 décembre dernier, p. 1087. ( 28i ) mais il est à remarquer que si on voulait accroître encore la période, de ma- nière à cesser de satisfaire aux latitudes, on cesserait aussi de représenter les longitudes. Pour ce qui est de savoir si l'introduction de l'inégalité elle- même est bien réellement exigée par les observations, on en jugera par la comparaison suivante avec les valeurs de j et de m obtenues en faisant x = o dans les équations précédentes : Observation. Calcul. Cale. -Obs 0 21,73 0 22, o4 0 + o,3i 20,64 21,12 + 0,48 21 ,56 20 ,25 — 1 ,3i 20,20 •9.74 — 0,46 18,79 19,28 -4-0,49 18, 38 18,93 + o,55 » Il est impossible que la belle série d'observations de la cinquième ap- parition soit en erreur de i°, 3i, erreur qui devrait s'élever à près de 2 degrés si l'on voulait représenter raisonnablement les quatre séries extrêmes. » Voici maintenant la comparaison du deuxième système avec les obser- vations individuelles (voir le tableau page 282) : » La marche des erreurs est satisfaisante, mais elle ne donnerait pas une juste idée de l'exactitude des observations faites à l'Observatoire de Redlrill si on ne tenait compte de la remarque suivante. Sur le disque du Soleil, la précision des mesures est partout la même à peu près; mais il n'en est pas ainsi des coordonnées héliocentriques qu'on en déduit par le calcul. Con- sidérez la distance au centre : si l'erreur de la mesure directe de sin p est s, l'erreur sur le p héliocentrique sera 240s sécp. Très-près des bords, pour sinp =o°,98 par exemple, sécp = 5, et, par suite, l'erreur d'observation, qui vers le centre serait de l\ minutes héliocentriques par seconde d'erreur dans la mesure terrestre, se trouvera quintuplée à cause du facteur sécp. Il fau- drait donc multiplier les erreurs en longitude observées loin du centre par un facteur à peu près égal à cosp (*), avant de les comparer aux erreurs des observations voisines du centre du disque solaire. De même, pour faire concourir au calcul toutes les observations d'une série, il faudrait leur at- tribuer des poids relatifs à leur degré de précision, poids qui seraient ici sensiblement proportionnels aux carrés de cosp. (*) Plus exactement par le facteur cospcosf, 1 étant ici l'angle dont nous avons fait usage dans le calcul de la parallaxe de profondeur. ( 282 ) Tache n°s 616 — 664 — 710 — 730 — "j53 — 777 Carrington. DATES. DATES LONGITUDE obsorrée COEFFICIENT de la parallaxe PARALLAXE de profondeur LONGITUDE vraie observée. LONGITUDE moyenne. INÉGALITLS. LONGITUDE vraie calculée. OBS. — CALC. Première rotation. 1860 1860 Janv. 16 j ■+- i5,5 0 22 , 1 3 — o,85 0 — o,3o 2i,83 0 22,02 0 — 0,33 0 21, 6g 0 -+- 0,14 ■7 ■ 6,5 21,78 - 0,54 — °,'9 ai ,5g 22,01 — o,36 21 ,65 — 0,06 Troisième rotation. Mars 8 67,6 20,40 — 3,80 — i,33 '9,°7 21,28 — 0,68 20,60 » 10 6g, 5 2. ,67 — i,'7 — o,4i 21 ,26 21,25 — 0,62 20,63 -+- 0,63 i3 7V1 20, 3o — 0,23 — o,oS 20,22 21 ,21 — 0,52 20,69 — o,47 i5 7 \ > 5 20,52 + 0,26 + 0,09 20, Ci 21 , l8 - 0,44 20,74 — o,i3 iS 77,6 20,55 H- i,43 -1- o,5o 21 ,o5 21 , l3 — 0,33 20,80 -+-0,25 Cinquième rotation Mai 2 122,5 22, 3o — 2,74 — 0,96 2i,3/( 20,49 ■+• 1,02 21, 5i — 0,17 3 123,0 21 ,90 - ',46 — o,5i 21,3g 20,48 -+- 1 ,02 21 ,5o - 0,11 4 124,5 22,23 — 0,98 — o,34 21,89 20,40 -t- 1 ,02 21,48 -T- O/)! 5 i25,5 2i,g3 — 0,61 — 0,21 21,72 20,45 -t- 1 ,02 2', 47 + 0,25 C 126,6 21,67 — o,3i — 0,11 21 ,56 20,44 -t- 1,02 21,46 •+- 0,10 7 127,5 21,45 — °,09 — o,o3 21 ,43 20,42 -f- 1 ,01 21,43 0 9 IM|.li 21,47 ■+■ 0,45 -t- 0, iG 21 ,63 20,3g -t- 1 ,00 21,39 -f- 0,14 i3 i33,6 21 ,o3 -+- 4,06 -H ',42 22,45 20,33 -t- o,g6 21,29 n Sixième rotation. Mai 3o 1 r.o , ', 2 1,3 S - '.99 — 0,70 20, G8 20,0g -+- 0,53 20,62 + 0,06 Juin 5 l.M.,/l 20,17 •+- o,3o -t- 0,11 20,28 20,01 -r- 0,3l 20,32 — 0,04 7 157,4 ig,65 -+- 0,62 H- 0,22 '9,87 i9,99 -*- 0,27 20,26 — o,3g 8 159,5 19,10 ■+• 1,62 "t" 0,57 19,67 19,96 -t- 0,18 20, l/| — o,47 Septième rotation. Juin 26 177, 3 ■ 9,90 — 2,55 - °,S9 19,01 '9,7' — 0,52 '9, '9 — 0,18 Juill. 1 182,6 19, o5 -t- o,o3 -t- 0,01 1 g , oG ig.03 — 0,6g 18,94 -4-0,12 3 184,6 18,57 -+- 0,56 , -+- 0,20 '«,77 I9,6l — 0,75 18,86 — 0,0g 4 ■ 85,5 i8,53 -+- 0,91 -+- 0,32 18, 85 '9,5g — 0-77 18,82 -+- o,o3 G '«7,7 18,18 -t- 2,87 ■+- 1,00 19, iS 19,50 — o,83 18,73 ■+- 0,4", Huitième rotation Juill. »4 ao5,6 18,87 - 1,46 — o,5i 18, 36 ig,3i — 1 ,02 18,29 -t- 0,07 25 3tj6,6 18,73 — 0,90 — 0,32 18,41 '9,29 — 1 ,01 18,28 -4- o,i3 ( 283 ) » Arrêtons-nous maintenant aux conclusions. Nous voyons d'abord qu'il existe bien réellement dans les longitudes de cette tache une inégalité pé- riodique correspondante à celle des latitudes, et que si l'on en tient compte, le même mouvement propre, la même longitude initiale suffisent à représenter parfaitement le mouvement delà tache pendant la plus longue série d'observations que l'on ait encore recueillie. En second lieu, la faible différence qui existe entre la valeur trouvée pour le coefficient de cette inégalité, selon qu'on la déduit des observations elles-mêmes ou de la con- sidération théorique qui nous a guidé, ne doit pas être prise actuellement comme une difficulté, car les éléments de la rotation solaire dont on s'est servi pour calculer les latitudes ont eux-mêmes besoin d'une petite correc- tion, et l'effet de cette correction inconnue sur les latitudes, joint aux erreurs de sources diverses, pourrait être de l'ordre de ce désaccord entre i°,02 et o°,76. Quoi qu'il en soit, la combinaison des deux inégalités con- cordantes en latitude et en longitude a pour résultat de faire décrire à la tache (rapportée à un méridien ayant même vitesse moyenne) une ellipse dont le grand axe (2°,3o) est orienté dans le sens de ce méridien, et dont le petit axe (a°,o4) est placé sur le parallèle de — 1 1°,6. Elle est d'ailleurs décrite par la tache dans le sens des aiguilles d'une montre, sens ici iden- tique à celui du mouvement de rotation du Soleil vu de la même station extérieure, puisqu'il s'agit de l'hémisphère austral. Pour s'en assurer, il suffit de transporter cette ellipse au pôle austral en la faisant glisser sur la sphère le long de son méridien central. On verra dans la dernière partie de ce Mémoire que les autres taches déjà étudiées en latitude confirment ce singulier résultat, o « M. Dacbrée présente à l'Académie une météorite au nom de M. le Maréchal Vaillant. a Celte météorite appartient à la chute qui a eu lieu le 14 mai 1864, aux environs d'Orgueil (Tarn-et-Garonne). Sa composition est des plus remar- quables, à raison de la présence d'une matière charbonneuse, de nature organique, qui n'a encore été trouvée que dans un très-petit nombre de chutes, et qui est certainement d'une origine étrangère à notre globe, comme toute la masse pierreuse à laquelle elle est intimement mélangée. Il deviendra désormais possible d'étudier d'une manière plus complète cette substance intéressante, en sacrifiant des échantillons que l'on avait dû conserver pour la collection. » On a vu tomber cette météorite dans des circonstances qui ont déjà été ( a84 ) décrites avec de nombreux détails (i), au château de Beaudanger, com- mune de Nohic. Elle pèse 2 kilogrammes; elle est la plus volumineuse de toutes celles qu'a produites cette chute. » Si l'Académie le permet, une communication prochaine complétera les observations que M. Daubrée a déjà eu l'honneur de lui présenter rela- tivement à la chute du 14 mai 1 864- > M. le Maréchal Vaillant, à la bienveillance duquel le Muséum doit déjà une très-belle météorite, veut bien encore lui offrir la météorite d'Or- gueil, qui sera l'un des échantillons précieux de la collection. » TÉLÉGtiAPEIiE SOUS-MARINE. — Sur ta manière d'immerger les câbles élec- triques. Note de M. l'Amiral Paris, accompagnant la présentation de spécimens des câbles à fourreau de sparterie de M. Roux. « La pose des câbles électriques par de grandes profondeurs n'a que trop montré combien de difficultés pratiques de telles opérations avaient à vaincre, pour qu'il soit utile de démontrer l'importance de diminuer les chances d'enfouir encore des millions dans l'Océan sans arriver au but. L'un des principaux obstacles consiste dans la rapidité avec laquelle le câble électrique file à la mer dès que la profondeur de l'eau est grande. Alors rien ne peut l'arrêter et le moindre obstacle l'expose à quelque rupture, ignorée d'abord, qui arrête ensuite la communication. Il faudrait donc que le câble ne sortît du navire qu'avec une vitesse modérée, et cela sans que des obstacles mécaniques vinssent modifier sa vitesse en produisant des pressions et des tractions nuisibles. Pour atteindre ce but, il faudrait donc que le câble ne coidât pas aussi vite, et que par suite il présentât moins de poids par rapport à l'eau ; bref, qu'il se rapprochât assez d'un corps flottant pour ne s'enfoncer qu'avec lenteur. Mais les matériaux qui composent les câbles sous marins, guttaqiercha et fils de cuivre de fer, ou de chanvre, sont tous trop lourds ; ce n'est donc qu'en leur ajoutant un corps notablement plus léger qu'on peut arriver au but. C'est ce que vient de faire M. Roux, capitaine de frégate, auquel la marine doit déjà des essais intéressants pour tenter d'arrêter les ravages effrayants de la rouille sur les plaques de blin- dage immergées dans le voisinage du cuivre. Pour cela, il enveloppe le câble d'une couche du cordage nommé spartvrie dans la Méditerranée, où il est très-usité. Ce genre de corde flotte toujours sur l'eau, pourrit lente- (1) Comptes rendus, 1. LVIII, p. i)3?, 984 et iolif>. ( 285 ) ment, quoiqu'on ne le goudronne jamais, et même il s'use peu au frotte- ment, puisqu'on en fait des sandales. M. Roux en met une épaisseur d'autant plus grande qu'il faut que le câble file plus doucement, et il ne peut en résulter d'inconvénient que pour le placement à bord du navire destiné à le transporter, à cause de l'augmentation considérable de volume. L'idée de M. Roux est tellement simple, que d'autres personnes l'auront peut- être vue passer dans leur esprit ; mais il a le mérite d'avoir fait des expériences qui permettent d'en souhaiter l'application sur une grande échelle. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. OKGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. — Structure et fonctions île la cloison des logettes de l'anthère; par M. A. Chatin. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) «■ La cloison des logettes, déjà observée, mais d'une façon incomplète, par M. de Mirbel, nous a occupé sous les points de vue suivants : A, orga- nogénique; B, organographiqiie ; C, histologique; D, biologique. » Je résume chacun de ces points. » A. Organogénie. — La cloison des logettes prend forme au milieu de la masse utriculaire des tissus de l'anthère, en même temps que les utri- cules mères du pollen au centre, que les valves de l'anthère à la péri- phérie. » Le développement de la cloison s'achève promptement ; c'est lorsque celle-ci doit compter parmi ses éléments histologique» des cellules à filets ou fibreuses, qu'il ne se complète que vers l'époque de la production de cette sorte de cellules dans les valves; mais cette production de cellules fibreuses est elle-même le signe de la destruction prochaine, au moins par- tielle, des cloisons. C'est que l'organisation des cellules fibreuses précède souvent de peu la maturation du pollen, et que cette maturation est le terme ordinaire de l'existence des cloisons, de celles surtout, et c'est le plus grand nombre, que forment des utricules simples. » B. Organogiaphie. — Le cas ordinaire est qu'il existe une cloison dans chaque loge, que cette cloison soit verticale, et par conséquent que les deux logettes soient collatérales. » Parfois cependant la cloison est horizontale, et dans ce cas les logettes se présentent superposées l'une à l'autre [Sassafras). C. U., 1866, 1" Semestre. (T. LX.II, N" G.) 3j ( 286 ) » En d'autres cas la cloison manque, la logette étant nécessairement indivise (Nuphnr, Berberis, Mahonia, Epimedium). » Enfin, la cloison étant verticale peut être incomplète, ce qui implique des loges simples vers leurs extrémités (Paratropia, cas observés par M. Da- niel Oliver). » Les tissus qui forment la cloison ne dérivent pas toujours des mêmes organes, et à cet égard il importe de faire des distinctions. '> Etant donnée cette définition : la cloison est le tissu qui divise en deux logettes chacune des loges de l'anthère, on est conduit à reconnaître les trois états suivants : » a) La cloison est formée uniquement par un tissu en continuité avec celui du connectif; » b) La cloison est constituée en entier par les valves de la loge, réfléchies sur le connectif; » c) La cloison est de nature mixte, ou participe des deux origines a et b. » Je reprends brièvement ces trois cas. » a) Lorsque la cloison est formée en entier par une lame prolongée du connectif, celle-ci a toute la profondeur de la loge, et c'est sur sa tranche que viennent reposer les bords suturaux des valves à peine infléchies; cette organisation est assez rare [Ardisia, Hippuris, Linum trigynum, Melasloma). » b) Quand la cloison est constituée par les valves seules, celles-ci, bien que formées en place dans la masse anthérale, se montrent comme produites par des valves recourbées jusqu'au connectif et plus ou moins adossées l'une à l'autre. Les cloisons d'origine exclusivement valvaires sont rares; peut-être même doit-on théoriquement admettre qu'elles sont complétées par une cloison vraie rudimentaire. Toujours celle-ci est-elle peu appré- ciable dans quelques plantes (Bitxus, Habrotamnus, Telima, quelques Pas- sijlora et Saxijraga). » c) Les cloisons dans lesquelles les valves et un appendice du connectif entrent chacun pour une part sont de beaucoup les plus communes. Ces cloisons mixtes offrent d'ailleurs toutes les combinaisons possibles quant à la proportion de chacune des parties. C'est ainsi que les valves contribuent approximativement à la séparation des logettes, pour : -~ dans les Chiionia Jrutescem, Tulipa sylveslris, plusieurs Pnssiflora; -—^ dans quelques Cin- chona, Campanula, Phyleumn, Scabiosa, Mimosa, Tropœolwn, Acchmea, Tri- toma; -~ dans les Chelone, Centropogon, Lopezia, Clieiranlhus, Corylus; -~ dans le Mioporum et le Slylidium; ■££$ au moins dans VAtropa, le Belo- perone, le Fœniculumj jfo dans l' AUhœa et le Malva qui passent, celui-ci (287 ) principalement, aux plantes ayant les cloisons formées par le connectif seul. » C'est un assez bon caractère des cloisons valvaires(ou fausses cloisons) de ne pas se détruire vers le moment de la déhiscence. » Il faut être en garde contre ce fait, que souvent la portion de cloison appartenant en réalité au connectif se rattache plus par l'histologie aux valves qu'à ce dernier. Ainsi la cloison est plus ou moins fibreuse, comme les valves, chez des plantes ayant le corps du connectif formé de cellules sans filets, Phyteuma, Centropogon, Lopezia, Knautia, Scabiosa, Cheiranthus, Tropœolum. » C. Histologie. — La portion des tissus de séparation des logettes appar- tenant aux valves partage la nature histologique de celles-ci : nous n'avons plus à nous en occuper. Quant à la cloison vraie ou connectivale, elle a dû être considérée : a) dans ses parois; b) dans sa masse. » a) Parois des cloisons. — La paroi ou surface des cloisons est constituée par un repli de la membrane interne ou troisième membrane des valves. Lorsque approche le moment de la déhiscence des anthères, la portion de cette membrane appliquée sur les faces de la cloison est habituellement résorbée comme celle qui tapisse les valves, laissant à nu la cloison pro- prement dite, dont la composition histologique peut être rapportée comme il suit à quelques états généraux : » i° Les tissus de la cloison ne sont jamais formés de cellules fibreuses; ce cas est commun [Solarium, Acanthus, Justicia, Mirbelia, Kennedia, Pyrus, Fragaria, Slaphylea,Ribes, Saxifraga, Daphne, Grevillea, Rheum, Cytinus, etc.). » 2° Les tissus de la cloison voisins de la cavité des logettes se composent seuls de cellules fibreuses. Deux cas se présentent ici quant au nombre d'assises des cellules fibreuses, qui se présentent tantôt sur une seule assise [Epilobium, Mnothera, Fuchsia, Scabiosa, Hippuris), tantôt sur plu- sieurs rangs [Diclitra, Tropœolum). •» Quelquefois il y a accord de nombre entre les assises fibreuses de la cloison et celles des valves [Epilobium et Lopezia, à une assise; Epidendrum, à deux assises). » Ailleurs le désaccord est manifeste. Nous citerons les Cinchona, Diclitra, Cheiranthus, qui, pour une seule rangée de cellules à filets dans les valves, ont des cloisons avec deux assises de ces cellules clans les deux premiers, avec trois assises dans le Cheiranthus. » 3° La masse à peu près entière de la cloison est formée de cellules 37.. ( «88 ) fibreuses, mais celles-ci n'ont pas envahi le connectif : telle est la structure des Aponogeton, Colchicum, Lobelia, Forsythia. » 4° Enfin, le tissu dit fibreux s'étend des cloisons à la masse du connectif. » Il est rare que, le connectif étant formé de cellules fibreuses, la cloison soit à utricules simples; telle est cependant la structure que présentent plu- sieurs espèces d'Jris. » Une autre disposition spéciale, dont le Pontederia offre un exemple, est celle dans laquelle la cloison et le connectif ne se composant pas de cellules fibreuses, cet élément bistologique se prolonge des valves sous la base même de la cloison, qu'il coupe ainsi de sa communication directe avec le tissu homologue de la masse du connectif. » D. Fondions de la cloison. — L'histoire biologique de la cloison peut être rattachée à l'architecture de la loge, à la nutrition du pollen surtout, à la déhiscence des valves. » a) Architecture de la cloison. — La cloison est d'une utilité architectu- rale non douteuse. On comprend que, soutenant les valves qui viennent s'arc-bouter sur sa tranche, la cloison empêche celles-ci de s'affaisser, assure par là la capacité des loges, et favorise indirectement le développe- ment plus régulier du pollen, préservé ainsi d'une compression anormale. » b) Nutrition du pollen. — Les cloisons concourent indirectement au développement du pollen en prévenant sa compression par la chute des valves; elles favorisent directement sa nutrition en multipliant les replis de la membrane nourricière (la troisième membrane) qui le recouvre et porte ainsi l'aliment au travers de la niasse pollinique. » Les cloisons parenchymateuses peuvent aussi fournir au pollen des aliments en quantité proportionnelle à leur épaisseur (Anémone, Helleborus, Rumex, Phytolacca, Iris). » c) Rapports avec la déhiscence. — La déhiscence des anthères est un phénomène complexe; la destruction des cloisons est l'une de. ses causes. » En effet, que la cloison vienne à manquer, ce qui arrive généralement aux approches de la déhiscence, el les valves se désuniront par suite du porte-à-faux sur la ligne suturale, comme il arriverait aux deux moitiés d'un plancher dont les bords seraient suspendus dans le vide après l'enlè- vement du mur de refend qui les portait. » Dans les anthères s'ouvrant par des pores, la cloison persiste souvent, excepté vers le point même de déhiscence. ( 289 ) » En l'absence de toute cloison (Nuphar), ou de cloison vraie ( Telima), c'est par redressement ou enroulement actif des valves que la déhiscence a lieu. » organographie VÉGÉTALE. — Sur la nature, l'organisation et la structure anatomique des bulbes des Ophrjdées. Mémoire de M. Ed. Puillieux, pré- senté par M. Duchartre. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires : MM. Bronguiart, Decaisne, Duchartre.) « Les bulbes des Ophrydées ont été déjà l'objet de très-nombreux tra- vaux, et il n'y a pas d'organe dont la nature ait été plus controversée. De nombreux auteurs les ont considérés comme des racines; d'autres, parmi lesquels on peut citer Morren, Ach. Richard, MM. Schleiden, Clos et Fabre, comme des rameaux renflés. Pour M. Th. Irmisch, pour Schacht, ils sont le produit de l'intime connexion d'un rameau et d'une ou de plusieurs racines ; pour M. Germain de Saint-Pierre, le résultat de la soudure de plusieurs feuilles, de plusieurs racines et d'un rameau. » Avant de tenter d'expliquer à mon tour quelle est la nature de ces organes compliqués, je commence, dans le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie, par les décrire dans un certain nombre de plantes, et par là je fais voir que tous les bulbes d'Ophrydées n'ont pas absolument la même forme ni la même organisation. » Je rapporte tous ceux que j'ai étudiés à quatre types caractérisés de la façon suivante : » i° Les bulbes d'Opluys, chez lesquels le bourgeon terminal est au fond d'une dépression et la première feuille adossée à la tige mère. C'est à cette forme que se rapportent les bulbes d'Orchis non palmés, ceux des Ophrys, Aceras, Loroalossum, etc. » a° Les bulbes de Gymnodenia, chez lesquels les feuilles du bourgeon terminal sont insérées sur un axe saillant, et où la première feuille est adossée à la tige mère. m 3° Les bulbes de Platanthera , où le bourgeon terminal forme une faible saillie, et où la première feuille a son sommet au-dessus du bourgeon et loin de la tige mère. » 4° Les bulbes à* Her minium, où la première feuille du bourgeon est soudée par le dos au pédicule très-long du bulbe, et a son sommet près de la tige mère et très-loin du bourgeon. ( 290 ) » Reprenant ensuite en détail l'examen de chacune de ces formes de bulbes à partir de leur première apparition, je trouve dans la formation de leurs diverses parties la preuve certaine de la nature complexe de ces organes. Le jeune bulbe apparaît toujours, d'abord sous la forme d'un bourgeon cpii n'offre aucune particularité notable. Ce n'est que plus tard qu'on voit se produire sur le côté du jeune axe, au-dessous de la première feuille, une petite tubérosilé qui croît rapidement et s'organise d'une façon spéciale : c'est le tubercule naissant. On y distingue de bonne heure plu- sieurs faisceaux vasculaires qui partent tous perpendiculairement des fais- ceaux de l'axe du bourgeon et parcourent la tubérosité dans sa longueur, jusqu'à l'extrémité, où ils vont se perdre dans un tissu en voie de formation. En outre, on reconnaît que cette extrémité inférieure est coiffée d'une pilorhize. Le tubercule a donc et le mode de végétation et le caractère ana- tomique d'une racine. Comme toutes les racines adventives, il se forme dans l'intérieur du tissu de l'axe ; il n'est pas, au moment de son apparition, directement exposé au dehors, il est recouvert par une sorte de membrane formée de quelques rangées de cellules appartenant à la couche externe de la jeune tige, membrane qu'il déchire en grossissant, mais qu'on distingue encore longtemps sous la forme d'une petite collerette qui entoure la base. De ces faits il résulte que le tubercule des Ophrydées est formé par une racine adventive charnue, née de la base de l'axe du bourgeon avec lequel elle reste soudée. Quant à l'axe du bourgeon qui forme le plateau du bulbe, c'est à la façon dont il se développe, c'est à l'accroissement inégal des divers points de sa surface que sont dues les différences indiquées précédemment dans la forme et l'organisation des bulbes d'Ophrys, de Gymnodenia, de Platanthera et d' Herminium. » Le tubercule, que je considère comme formé par une racine renflée, est, dans beaucoup d'espèces, profondément divisé. C'est précisément en s'appuyant sur cette considération que la plupart des auteurs ont considéré les tubercules d'Oplirydées comme formés de nombreuses racines soudées tantôt dans toute leur étendue, tantôt dans une partie seulement de leur longueur. Cependant, quand on observe un tubercule palmé très-jeune, on voit qu'il ne porte pas trace de lobes; il est tout pareil à un jeune tuber- cule destiné à demeurer entier : ce n'est que plus tard (pie la partition se prononce à son extrémité. Il me semble naturel d'admettre que, dans cer- taines Ophrydées, la racine charnue qui forme le tubercule est le siège d'une partition normale, comme certaines racines courtes charnues et lobées que l'on peut observer dans les Cycadécs. ( 291 ) » L'examen anatomique des tubercules comparés aux racines des Ophry- dées me paraît propre à confirmer cette manière de voir. » Je termine l'exposé de mes observations par l'étude de la marche de la végétation dans les Ophrydées, puis j'aborde enfin l'examen des nom- breux travaux dont les bulbes des Ophrydées ont été l'objet. » Dans cette dernière partie de mon Mémoire, j'expose et je discute successivement les très-nombreuses et très-diverses théories proposées jus- qu'à ce jour, et j'indique les points qui me semblent d'accord et ceux qui sont en contradiction avec mes propres observations. » CHIMIE. — Note sur des essais concernant l'oxysulfure de calcium ; par M. P.-W. Hofmaxn. (Commissaires : MM. Fremy, H. Sainte Claire Deville.) « Les questions relatives à la théorie de la soude artificielle présentant un très-grand intérêt, j'ai entrepris quelques expériences en vue de la pré- paration directe de l'oxysulfure de calcium. A cet effet on a broyé très-fin les mélanges suivants : » I. 2 équivalents de SCa (obtenu par calcination de SO3, CaO avec charbon) et i équivalent de CaO ; » II. i équivalents SO3 CaO, i équivalent CaO et 8 équivalents carbone pour obtenir aCaS -+- CaO ; » III. 2 équivalents SO3, CaO, 2 équivalents CaO et 8 équivalents carbone pour obtenir CaS -+- CaO. » Ces deux derniers mélanges ont été calcinés au rouge blanc dans des creusets en terre et refroidis à l'abri du contact de l'air. » Avec ces produits et avec de la charrée de soude fraîche retirée des appareils de lixiviation on procéda aux expériences suivantes : » A. On fit bouillir en même temps les trois mélanges et la charrée pendant cinq minutes avec de l'eau, et l'on ajouta ensuite une solution de i équi- valent de chlorure de manganèse. » I. Mélange 2CaS + CaO non calciné. Tout le manganèse a été pré- cipité. » II. aCaS, CaO calciné. Presque tout le manganèse est resté en solution. » III. 2CaS, 2CaO calciné. Tout le manganèse a été précipité. » IV Charrée fraîche. Presque tout le manganèse est resté en solution. » Ces essais furent répétés en n'ajoutant que la moitié de chlorure de manganèse. Les résultats furent les mêmes. ( 292 ) » B. Au chlorure de manganèse on substitua une solution de.CO2, NaO marquant i5 degrés Baume. » Le titre de causticité fut pris sur 5 grammes de CO2, NaO employé à la sulfuration sur 100 grammes C02NaO. » I. Mélange 2CaS + CaO non calciné. Causticité, 38 degrés. Sulfu- ration, 1,10 pour 100 NaS. » II. 2 CaS, CaO calciné. Causticité, a0, 9'. Sulfuration, o, 1 ipour iooNaS. » III. 2 CaS, 2CaO calciné. Causticité, /j6 degrés. Sulfuration, o,o5 pour 100 NaS. » IV. Cliarrée fraîche. Causticité, 5°, 3'. Sulfuration, 0,26 pour 100 NaS. » De ces essais l'on est autorisé à tirer les conclusions suivantes : » I. Un simple mélange de 2 équivalents de CaS avec 1 équivalent CaO, sans calcination préalable, ne forme pas d'oxysulfure de calcium. » II. En chauffant fortement le mélange précédent, l'oxysulfure se forme. » III. La composition de l'oxysulfure est 2CaS, CaO, parce qu'en pre- nant une plus forte proportion de chaux, cette dernière ne se combine plus avec CaS, mais agit comme chaux libre. » IV L'oxysulfure 2 CaS, CaO existe dans la charrée fraîche. » Deux analyses de charrée, dont tous les éléments ont été dosés, ont prouvé qu'indépendamment de CaS et de CaO, CO2, il y a de la chaux vive en présence, et approximativement dans le rapport de 2 CaS à iCaO. » En effet, 12,83 CaO, trouvés dans la charrée n° I, exigent 32,37 CaS '■> l'analyse a donné 3o,55. » 10,9/1 CaO, trouvés dans la cliarrée n° II, exigent 28,i7CaS; l'analyse a donné 29,55. » On a recueilli et dosé CO2 et H2 S dégagés de la charrée par l'action de l'acide chlorhydrique. Analyse. 1. II. Sulfure de calcium 3o,55 -9)55 Chaux vive 12, 83 IO>()4 Carbonate de chaux 1 5 , 4 x i (> , 97 Sulfate de soude o ,24 ° i24 Sulfure de sodium 2)64 2,35 Carbonate de magnésie 1 , 76 1 ,i3 Silice 1 „ .. li ,00 , , \ 5,bo \ , 0 Charbon ) ( 4,80 Alumine / . (2,40 Oxyde de fer j ' ' ''° ' ' ' ' I 1 ,60 Eau 27 ,00 27,60 ioo,23 9^>58 ( ^ ) » Des essais faits en grand flans les fours à soude brute ont prouvé de nouveau qu'en diminuant la dose de calcaire au-dessous du rapport normal (parties égales en poids de sulfate de soude et de calcaire), on obtenait des pains de soude brute qui, par la lixiviation, fournissaient des lessives beaucoup trop chargées de sulfure de sodium et qu'il serait impossible d'employer dans la fabrication industrielle. » J'ai eu l'occasion d'observer combien le sulfure de manganèse (MnS) est instable au contact de l'air. Au bout de fort peu de temps, les f de son soufre sont mis en liberté, en même temps qu'il se forme du sidfate de manganèse et l'oxyde intermédiaire Mn30*. » Je reviendrai plus en détail sur cette transformation intéressante et importante au point de vue de l'utilisation des résidus d'après le procédé de M. E. Kopp. » Géométrie. — Essai d'une théorie des séries et des réseaux de courbes [sur le plan et dans l'espace) et de surjaces. Mémoire de M. E. de Jonquières. (Commissaires précédemment nommés : MM. Chasles, Liouville.) « Ce Mémoire, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi (datée de Saigon, 24 décembre 1 865), développe, rectifie parfois, et surtout complète les Notes que j'ai déjà produites sur le même sujet. Voici en peu de mots quels sont le but, le caractère et la portée de ce travail, entièrement nouveau à ilusieurs egai ds. » Un Mémoire publié en 1 86 1 , dans le Journal de Mathématiques, sur les séries de courbes, avait fait naître quelques doutes, particulièrement à cause de certaines anomalies dont je ne sus pas donner la clef, et qui met- taient les formules en défaut. Ce n'est pas qu'elles fussent inexactes, analy- tiquement parlant ; mais, au point de vue purement géométrique, elles se trouvaient en désaccord, dans certains cas, avec des résultats connus; ce dont je m'étais d'ailleurs aperçu tout d'abord, sans réussir à en donner une explication satisfaisante. » Grâce aux lumières que les beaux travaux de M. Chasles sur les coniques ont dans ces derniers temps répandues sur ce sujet, je puis aujourd'hui donner une solution complète de la difficulté signalée. Je fixe la limite, fonction simple et invariable du degré des courbes, en deçà de laquelle mes formules sont toujours exactes, au point de vue géométrique aussi bien qu'algébrique; au delà de laquelle elles ne conservent que leur valeur théorique ou algébrique. C. R. 186G, 1" Semestre. (T. LXII, N° 6.) 38 ( *94) » Je donne à quelques démonstrations trop brèves plus de clarté et de précision. » Partant de la seule définition géométrique des séries, je fais voir qu'on peut les exprimer sous une forme analytique, dont la généralité et la simplicité me semblent donner satisfaction à un vœu plus d'une fois émis par les géomètres, depuis que leur attention s'est portée sur ces questions. » Je prouve ensuite qu'une série d'indice ;x se comporte dans les appli- cations comme si elle était composée de \i. faisceaux du même degré; en d'autres termes, que le nombre des solutions relatives à une série est tou- jours un même multiple /x du nombre de celles qui conviennent à un fais- ceau ou série d'indice i. D'où se déduisent une foule de conséquences faciles à apercevoir. » Cette loi fondamentale, sans doute bien inattendue, toujours vraie algébriquement parlant, soumise géométriquement à la limite précitée, apportera de grandes facilités dans l'étude des séries ou systèmes de courbes ou de surfaces, puisqu'elle la réduit à celle des simples faisceaux. » J'étends l'application des principes que je viens d'exposer aux réseaux à indices, c'est-à-dire aux familles de courbes et de surfaces soumises à une double indétermination. )> Enfin, je pose les bases d'une tbéorie des séries de courbes (gauches ou planes) dans l'espace, et j'en fais diverses applications aux coniques satisfaisant à sept conditions, sujet traité très-récemment par M. Chasles. Mes résultats, obtenus par une voie entièrement différente, concordent avec ceux de notre illustre géomètre. » Tels sont les cinq points principaux, nouveaux, je crois, qui, si je ne me fais illusion, seraient de nature à appeler sur mon travail l'attention des géomètres. Je serais heureux que l'Académie, qui plus d'une fois déjà m'a donné des marques de sa bienveillante indulgence, en jugeât ainsi. » M. Morin présente une nouvelle Note de M. Tic/ri, de Sienne, sur les bac- téridies qui se trouvent accidentellement dans le sang et dans d'autres pro- duits physiologiques ou pathologiques chez L'homme et chez certains ver- tébrés. L'auteur annonce la publication prochaine d'un ouvrage sur les maladies à bacléridies considérées dans leur nature et dans leur traitement. Il donne de ce travail un aperçu qu'il termine en résumant les points pour lesquels il croit pouvoir réclamer la priorité d'observation . Il annonce donc: i° Avoir signalé le premier une forme particulière de bactéries dans le (295 ) sang humain, puis dansées intestins chez des malades atteints d'affections à type typhoïde; 2° Avoir signalé la présence de ces êtres, avec modifications morpholo- giques et vitales, dans la gonorrhée virulente et dans l'inflammation chro- nique du sac lacrymal et du conduit nasal ; 3° Avoir montré, pour le second groupe, l'efficacité des préparations bal- samiques qui exercent une action toxique sur ces parasites et amènent par suite la guérison de la maladie. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Velpeau, Rayer, Bernard.) M. Soi.vyns adresse de Bruxelles une Note « sur le problème déjà souvent traité de la marche du cavalier des échecs ». (Commissaires : MM. Serret, Bienaymé.) M. Macr (P. -M.) présente un Mémoire ayant pour titre : « Du choléra- morbus, intoxication vermineuse ». (Renvoi à la Commission du legs Bréant. ) CORRESPONDANCE . M. Daroxdeau, ingénieur hydrographe en chef de la Marine, Membre du Bureau des Longitudes, prie l'Académie de vouloir bien le comprendre au nombre des candidats pour l'une des places nouvellement créées dans la Section de Géographie et de Navigation. M. Poirel adresse une semblable demande. Ces deux Lettres sont renvoyées à la Section de Géographie et de Naviga- tion. M. Coste présente, au nom de M. André Sanson, un volume intitulé : « Économie du bétail, deuxième partie; principes généraux de la zoo- technie » ; Au nom de M. le baron Larrey, un exemplaire du discours prononcé aux funérailles de M. Montagne; Et au nom de M. Joty, un « Éloge de M. Fréd. Petit », Correspondant de l'Académie des Sciences, directeur de l'Observatoire de Toulouse. 38.. ( 296 ) métallurgie. — Sur les soufflures de l'acier. Note de M. H. Caro\, présentée par M. Boussingault. « Les aciers fondus en général, et particulièrement ceux que dans le commerce on appelle doux, parce que la trempe en modifie peu la dureté, sont sujets à être huileux. Pour éviter ces bulles ou du moins en diminuer le nombre et les dimensions, on a l'habitude, aussitôt la coulée faite, de charger le lingot avec un morceau de fonte qui entre exactement dans la lingolière. L'effet principal de cet obturateur est de refroidir la surface en fusion qu'il touche, de la solidifier et d'empêcher par là les gaz de s'échapper en produisant ces nombreuses cavités qui déprécient l'acier coulé sans cette précaution. » Les soufflures de l'acier sont de deux sortes : les unes, à parois métal- liques et couleur de fer, semblent avoir été produites par un gaz incapable d'oxyder le métal, elles sont les plus nombreuses; les autres, présentant à l'œil les couleurs variées du fer ou de l'acier chauffé en présence d'un gaz oxydant, sont beaucoup plus rares que les premières et ne se rencontrent guère qu'à la surface des lingots. Il est généralement admis que le contact de l'air au moment où la bulle vient à crever est la cause de la légère couche d'oxyde qui tapisse les parois de ces cavités. » D'après ce qui précède, et si l'on réfléchit à la nature de l'atmosphère ou des corps qui peuvent se trouver en contact avec le métal pendant sa fusion, il est certain que l'hydrogène, l'oxyde de carbone, l'azote ou un mélange de ces gaz sont les séides causes possibles des soufflures dont je viens de parler. L'analyse aurait pu me renseigner à cet égard, je ne l'ignore pas-; malheureusement, la première difficulté qui se présente, difficulté presque insurmontable suivant moi, consiste à recueillir les gaz à l'état de pureté; aussi les recherches faites dans cette voie n'ont-elles abouti à aucun résultat capable de fournir une explication satisfaisante du phénomène. J'ai dû suivre une marche différente. » Ces gaz proviennent-ils de l'atmosphère du foyer et ont-ils été absorbés en nature par le métal en fusion? S'ils ne proviennent pas directement et sans transformation des gaz ambiants, comment et pourquoi se dévelop- pent-ils au moment de la solidification du métal? Enfin, comment éviter ces souffluresi' Tels sont les problèmes que je me suis posés et que j'ai cherché à résoudre expérimentalement. » L'acier fondu dans un creuset en terre réfracta ire et abandonné à un ( 297 ) refroidissement lent est toujours rempli de cavités à parois cristallisées; souvent même, lorsque les gaz du fourneau ont pénétré en assez grande quantité dans le creuset, on trouve le culot surmonté d'une efflorescence métallique et caverneuse, occupant un volume considérable. Ce fait ne se présente jamais avec le fer; sauf une cavité centrale produite par le retrait de la matière, les culots de fer fondu sont toujours parfaitement lisses et l'introduction des gaz du foyer dans le creuset n'y provocjue jamais d'efflo- rescence huileuse. J'ai répété bien des fois ces expériences en me servant du chalumeau Schlœsing, dont le maniement commode et simple à la fois permet d'obtenir rapidement les températures élevées qui m'étaient néces- saires; j'ai toujours eu les mêmes résultats. » Les deux fusions dont je viens de parler ayant été faites dans les mêmes circonstances, les deux métaux ont dû être exposés à l'influence des mêmes gaz qui composaient l'atmosphère du foyer. Il n'y aurait donc plus main- tenant que deux hypothèses possibles : i° les savants qui admettent l'ab- sorption directe de l'hydrogène et de l'oxyde de carbone du foyer par Je métal fondu peuvent supposer que l'acier possède la faculté d'absorber ces gaz, tandis que le fer ne la possède pas; i° ceux, au contraire, qui n'ad- mettent pas comme démontrée cette absorption directe, penseront que les bulles proviennent d'un dégagement de gaz produit par l'action du carbone (qui distingue le fer de l'acier) sur un corps cpii se trouve mélangé ou dissous dans l'acier. » Pour reconnaître celle de ces deux hypothèses qui est la bonne, il m'a semblé qu'il suffirait de fondre de l'acier dans un tube de porcelaine tra- versé par un courant d'hydrogène ou d'oxyde de carbone, et de constater la présence ou l'absence des bulles. Voici ce qu'on observe en faisant ces expériences : lorsque la nacelle dans laquelle l'acier est placé est en porce- laine, on ne voit pas d'efflorescences après le refroidissement du métal fondu, mais la surface du lingot qui touche la porcelaine est couverte de cavités semblables à celles qu'on remarque dans la fusion au creuset. D'a- près cela, je me suis demandé si la nature du vase dans lequel la fusion s'opérait n'avait pas une influence sur le résultat obtenu; j'ai substitué à la nacelle en porcelaine une nacelle en magnésie et ensuite en chaux vive (ces nacelles étaient séparées du tube de porcelaine par une lame de pla- tine). J'ai obtenu alors des lingots complètement exempts de cavités, d'ef- florescences et de soufflures. » Ces expériences démontrent bien, je pense, que ce n'est pas l'hydro- gène et l'oxyde de carbone absorbés par le fer ou l'acier en fusion qui ( 298) produisent les soufflures; elles font voir en outre que les bulles viennent de deux causes qui concourent également à la formation d'oxyde de car- bone. Ces deux causes sont, d'abord et principalement, l'oxyde de fer produit par l'atmosphère oxydante du foyer; ensuite la décomposition, par le charbon de l'acier, du silicate de fer qui se forme au contact de la silice des creusets. » Après avoir constaté dans des courants de gaz différents, mais bien déterminés, l'influence que pouvait avoir sur l'acier, d'un côté la nature du creuset servant à la fusion, et d'un autre côté l'atmosphère au milieu de laquelle cette fusion s'opérait, j'ai voulu me rapprocher un peu plus de ce qui se pratique dans l'industrie. J'ai fait l'expérience suivante : » Deux morceaux d'acier provenant de la même barre ont été placés, l'un dans un creuset de terre réfractaire, l'autre dans un creuset taillé dans un morceau de chaux vive; ces deux creusets, munis de leur couvercle, ont été enfermés chacun dans un autre creuset en terre, en ayant soin de les isoler du creuset enveloppe au moyen d'une substance infusible. Ils ont été ensuite chauffés successivement dans le même fourneau à vent et autant que possible à la même température; en un mot, dans les mêmes conditions. » Après quatre heures de chauffe, les creusets refroidis ont été cassés; l'acier était parfaitement fondu dans les deux cas; le creuset en terre ré- fractaire contenait un culot criblé de btdles à parois cristallisées; le creuset en chaux, au contraire, a donné un culot complètement exempt de souf- flures et moulé exactement sur la forme du vase. Ces expériences confirment donc les résultais que j'ai consignés plus haut. » En employant la magnésie au lieu de la chaux, on observe absolu- ment les mêmes effets. Je crois devoir dire à ce propos qu'il est très-facile d'obtenir par compression des creusets en magnésie très-résistants et infu- sibles. Ces derniers ont sur les creusets en chaux l'avantage inappréciable de pouvoir être conservés très-longtemps sans s'altérer. J'en ai depuis trois ans dans mon laboratoire qui ont été exposés à l'air et à l'humidité; en les chauffant doucement, ils résistent encore très-bien au feu sans se contracter ni se déformer d'une manière nuisible. La magnésie et la chaux possèdent d'ailleurs au même degré la propriété de ne pas former de corps fusibles avec l'oxyde de fer; elles diffèrent essentiellement sous ce rapport de la silice, qui est aujourd'hui l'élément dominant des creusets et des briques réfractaires. Il serait bien à désirer que dans l'industrie on cherchât à sub- stituer les matières réfractaires calcaires aux matières réfractaires siliceuses; la métallurgie du fer principalement y trouverait de grands avantages pour ( 299 ) des raisons sur lesquelles je reviendrai plus tard. Malheureusement, la ma- gnésie est encore en ce moment à un prix trop élevé (200 francs la tonne) pour être employée seule. J'ai fait à ce sujet quelques expériences sur une petite échelle, mais j'ai été obligé de les abandonner, faute d'avoir à ma disposition une presse hydraulique et les matrices nécessaires pour com- primer la terre. » Il reste cependant encore un point obscur que mes expériences sur les soufflures de l'acier n'ont pas suffisamment éclairé. Lorsqu'un métal roche, il n'expulse généralement les gaz qui produisent le rochage qu'au moment de sa solidification : on peut le remarquer facilement avec le cuivre, l'argent, le platine, etc. L'acier possède également cette propriété, et il semblerait d'après cela qu'il pourrait bien exister une certaine analogie entre tous ces phénomènes, analogie qui amènerait probablement à une explication commune et permettrait de classer ces faits dans une même catégorie. » Je terminerai en citant encore une expérience que j'ai gardée pour la dernière, parce qu'elle me permettra de hasarder une hypothèse ou plutôt une explication de ce qui se passe dans le rochage de l'acier; mais, je le répète, ce sera une simple hypothèse à laquelle je n'attache qu'une valeur relative. » Si l'on fond successivement, dans des creusets de terre réfractaire im- parfaitement lûtes, du fer, de l'acier doux, de l'acier vif, de la fonte noire et de la fonte blanche, on observe ce qui suit après le refroidissement des différents métaux : » Le culot de fer n'a aucune soufflure. » Le culot d'acier doux est rempli de cavités. » I^e culot d'acier vif en a sensiblement moins. » La fonte noire n'a pas de soulflures; néanmoins les gouttelettes proje- tées sur le couvercle et retombées à la surface du culot indiquent qu'il y a eu rochage, mais avant la solidification du métal. » Enfin, la fonte blanche n'a aucune soufflure. » Supposons que ces métaux en fusion dissolvent de l'oxyde de fer, mais que cette dissolution (bien qu'en contact avec le carbone de l'acier) ait la propriété de ne produire de l'oxyde de carbone qu'à une température dé- terminée; cette température serait à peu près celle de la fusion de l'acier doux, et par conséquent notablement supérieure à la température de fusion de la fonte blanche. On pourrait alors expliquer ce qui se passe dans le ro- chage de l'acier. En effet, quand on fondra du fer qui d'après mon hypothèse ( 3o<> dissout l'oxyde de fer, mais qui ne contient pas de charbon, il n'y aura pas production d'oxyde de carbone et par suite pas de soufflures. Les carbures, au contraire, qui peuvent dissoudre également l'oxyde de fer, devront avoir d'autant plus de bulles que leur point de fusion sera plus rapproché de la température à laquelle la réaction se produit entre l'oxyde et le charbon, puisque les gaz auront eu d'autant moins de temps pour s'échapper avant la solidification du métal. » Mais, dira-t-on, comment admettre que dans l'acier porté à la tempé- rature de fusion du fer, par exemple, l'oxyde de fer et le charbon puissent exister l'un près de l'autre sans qu'il y ait réaction? Je répondrai à cette objec- tion en citant les belles expériences de M. II. Sainte-Claire Deville sur la dis- sociation. On admet bien que l'hydrogène et l'oxygène, ces corps si avides l'un de l'autre, peuvent se trouver en présence à des températures très-élevées sans être combinés; on admet également qu'à une température plus basse, l'oxygène et le carbone de l'oxyde de carbone se trouvent côte à côte sans combinaison, et à tel point qu'il est possible de les séparer mécaniquement; pourquoi serait-il impossible alors d'admettre que l'oxyde de fer et le car- bone dissous dans le même métal puissent rester en présence, attendant pour s'attaquer l'instant favorable, c'est-à-dire la température utile et néces- saire à la réaction? » Cette explication, je le répète encore, est basée sur une hypothèse, mais elle a du moins l'avantage de faire comprendre le rochage de l'acier, de donner la cause des soufflures, et elle servira, je l'espère, à trouver un moyeu de les faire disparaître, en résolvant ainsi un îles plus intéressants problèmes que puissent se poser aujourd'hui les métallurgistes. » « A l'occasion de cette communication, M. Bai.akd fait remarquer coin- bien il est important pour la métallurgie du fer que l'on suive les idées de M. Caron et que l'on fabrique avec la magnésie non-seulement des creusets, mais encore des briques. La rapidité bien connue avec laquelle s'altère la sole des fours à puddler tient certainement à ce que ces briques, formées de matières combinables avec les alcalis (silice, alumine), provoquent l'oxyda- tion du 1er par l'oxygène de l'air en donnant un silicate fusible formé en partie aussi aux dépens de leur propre substance. Des briques magnésiennes à réaction alcaline seraient probablement d'une durée beaucoup pins longue, et M. Balard a toujours pensé que ce serait là un des emplois les plus utiles que pourrait recevoir la magnésie retirée de l'eau de la mer ou de toute autre source. » ( 3oi ) « M. H. Sainte-Claire Deville dit à ce sujet que les creusets de chaux, de magnésie, d'alumine, de plombagine pure et même de noir de fumée, fabriqués parle procédé de M. Caron, sont, grâce à la complaisance du sa- vant chimiste, employés journellement dans son laboratoire de l'Ecole Normale, et depuis longtemps. Il ne pourrait rapporter ici tous les services qu'on peut tirer de vases aussi réfractaires et aussi précieux par leurs quali- tés chimiques. » « Au sujet de cette communication, M. Regnaclt annonce qu'il est à sa connaissance que Thilorier a fait, il y a plus de vingt ans, des creusets en magnésie qu'il employait à la fusion du platine. Thilorier lui a donné anciennement plusieurs de ces creusets qui ont servi à des essais dans les fours de la manufacture de Sèvres. » CHIMIE industrielle. — Production chimique de gravures maies sur cristal et sur verre. Note de MM. Tessié du Motiiay et Ch.-R. Maréchal (de Metz), présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. « La dissolution aqueuse d'acide fluorhydrique produit sur le cristal et sur le verre des morsures brillantes, alors que l'acide fluorhydrique gazeux produit un dépoli mat et adhérent. En effet, l'acide fluorhydrique dilué forme, soit avec le silicium et le métal du cristal, soit avec le silicium et le métal alcalino-terreux du verre, des fluosilicates de plomb et de calcium solubles dans la liqueur où ils prennent naissance, tandis que l'acide fluor- hydrique gazeux forme du fluorure de silicium volatil et des fluorures de plomb et de calcium insolubles dans le milieu où ils s'engendrent. » La gravure mate produite par la réaction de l'acide fluorhydrique gazeux sur le cristal et sur le verre est, quoi qu'il en soit, un dépoli strié et d'épaisseur inégale; car l'eau engendrée par cette réaction, s'acidifiant peu à peu au contact de l'acide fluorhydrique gazeux, s'accumule en goutte- lettes inégales, et redissout partiellement et inégalement aussi les fluorures de plomb et de calcium formés. » La production des gravures mates par les vapeurs de l'acide fluor- hydrique étant donc, par le fait, industriellement impraticable, nous avons cherché, pour arriver à produire pratiquement cette sorte de gravure, si dans un bain où se dégagerait l'acide fluorhydrique à l'état naissant au contact de l'acide silicique, du cristal et du verre, il n'y aurait pas fonna- C. R., 1866, i" Semestre. (T. LXI1, N° G.) ^9 ( 3oa ) tion de fluorures de silicium , et partant de fluorures de plomb et de calcium. » Pour obtenir l'acide fluorhydrique à l'état naissant, nous avons eu recours à la réaction qu'exercent les dissolutions aqueuses des acides hy- drochlorique et acétique sur les fluorures et les fluorhydrates de fluorures des métaux alcalins. » Expérience faite, nous avons trouvé : i° que si à iooo grammes d'eau, par exemple, on ajoute 25o grammes de fluorhydrate de fluorure de potas- sium bien cristallisé et 25o grammes d'acide hydrochlorique du commerce, on obtient un bain où le cristal et le verre se dépolissent rapidement, mais que le dépoli ainsi formé n'est ni assez épais ni assez régulier; 2° que pour rendre les fluorures de plomb ou de calcium peu ou point solubles dans le bain ci-dessus, et partant pour obtenir des dépolis épais et uniformes, il faut ajouter à ce bain du sulfate de potasse jusqu'à quasi-saturation de la liqueur, c'est-à-dire i/jo grammes environ; 3° enfin, que le sulfate d'am- moniaque , ainsi que l'oxalate de potasse et quelques chlorures avides d'eau, tels que le chlorure de zinc, par exemple, peuvent remplacer le sul- fate de potasse pour rendre insolubles dans le bain graveur les fluorures de plomb et de calcium. » Depuis plus d'une année les usines de Baccarat, de Saint-Louis et du Fort, à Metz, remplacent en grande partie les anciennes méthodes de dépo- lissage et de gravure du cristal et du verre par les réactions ci-dessus. Dans ces usines, la roue et l'acide fluorhydrique, tous deux d'un emploi insa- lubre, tendent de plus en plus à disparaître pour faire place à des sels d'un usage inoffensif et d'un maniement facile. » En conséquence, nous avons l'honneur de présenter à l'Académie des Sciences quelques spécimens de gravures mates obtenus à Baccarat, à Saint-Louis et aux usines de M. Maréchal (de Metz), par les réactions que nous venons de décrire, et de soumettre ces spécimens, ainsi que les méthodes qui ont servi à les produire, à sa haute appréciation. » CHIMIE. — Des oxydes d'antimoine cristallises et des antinwnites. Note de M. A. Terbeil. « J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie des Sciences le résumé d'un travail dans lequel je me suis proposé de déterminer les propriétés phy- siques et chimiques des deux états dimorpbiques de l'oxyde d'antimoine obtenus par voie sèche et découverts par M. Wohler, d'examiner les condi- ( 3o3 ) tions précises dans lesquelles ces corps se produisent, et de comparer à ces différents oxydes ceux que l'on obtient par voie humide, et qui ont été considérés jusqu'à ce jour comme étant de l'oxyde d'antimoine anhydre sous la forme octaédrique. » Mes recherches m'ont conduit aux résultats suivants : » i° Lorsqu'on brûle de l'antimoine ou lorsqu'on grille le sulfure de ce métal au contact de l'air, c'est toujours de l'oxyde prismatique qui se pro- duit. » 20 L'oxyde d'antimoine sous la forme octaédrique ne prend naissance que par la sublimation lente de l'oxyde prismatique dans des gaz non oxydants . » 3° L'oxyde d'antimoine prismatique présente des affinités chimiques plus développées que l'oxyde octaédrique, qui est ordinairement l'oxyde d'anti- moine le plus stable; en effet, le suif hydrate d'ammoniaque colore immé- diatement en brun rouge les cristaux prismatiques et les dissout ensuite complètement, tandis que le sulfhydrate n'altère point les cristaux octaé- driques, qui restent blancs et brillants dans ce réactif. » 4° Les densités des deux oxydes diffèrent beaucoup entre elles : la den- sité de l'oxyde prismatique étant égale à 3,72, celle de l'oxyde octaédrique est de 5,i 1 . « 5° Les densités des oxydes naturels et des oxydes artificiels sont les mêmes pour les mêmes formes. Ayant repris avec soin les densités des oxydes naturels, j'ai trouvé en effet pour l'exitèle de l'Algérie en cristaux très-purs 3,70, et pour la sénarmontite le nombre 5, 20. » 6° Les composés cristallisés qui se déposent dans les liqueurs alcalines contenant du protoxyde d'antimoine, et que l'on trouve souvent dans le kermès, sont des antimonites de soude hydratés parfaitement définis, et ayant pour formules : NaO, Sb203, 6HO (anlimonite neutre) et NaO, 3(Sb203), 2 HO (triantimonite), l'analyse ayant donné pour leur composition les nombres qui suivent : Antimonite neutre. Nombres trouvés. Nombres calculés. Protoxyde d'antimoine 62, 83 63, o5 Soude '3,47 '3,47 Eau .. 23,70 23,48 100,00 100,00 39.. ( 3o4 ) Triantimonite. Nombres trouvés. Nombres calculés. Protoxyde d'antimoine 9°>4° 8q,88 Soude 6,35 6,4o Eau 3,25 3,72 îoo, 00 100,00 » 70 L'antimonite de sonde neutre et l'antimonite de soucie acide cris- tallisent en petits cristaux octaédriques paraissant appartenir au système rectangulaire; ces cristaux dépolarisent la lumière, et présentent souvent le phénomène des anneaux colorés accompagnés des croix noires hyperbo- liques. » 8° L'antimonite de soude neutre n'est pas altéré par le suif hydrate d'ammoniaque, tandis que ce réactif décompose instantanément le trianti- monite et le dissout lentement, mais complètement; ce caractère distingue ce sel de l'oxyde octaédrique avec lequel on peut le confondre. » 90 La dissolution de l'antimonite de soude précipite l'azotate d'argent en blanc ; le précipité est soluble dans l'acide azotique étendu ; l'ammoniaque le colore d'abord en brun foncé, puis le dissout. Cette dernière réaction est tout à fait caractéristique. » L'hydrogène sulfuré et le sulfhydrate d'ammoniaque ne précipitent cette dissolution qu'autant qu'on l'a acidifiée préalablement. » L'antimonite de soude précipite le peroxyde de fer en blanc jaunâtre, les acétates de plomb en blanc, le sulfate de cuivre en blanc bleuâtre, et l'azotate de protoxyde de mercure en blanc; tous ces précipités sont solubles dans l'acide azotique. » Je complète en ce moment mes recherches sur les antimonites, et je vérifie leur isomorphisme avec les arsénites et les phosphites. J'aurai l'hon- neur de communiquer prochainement à l'Académie des Sciences les résul- tats nouveaux que j'aurai obtenus. » CMlliURGlE. — Couteau oa/vano-caustique à chaleur graduée. Note de M. E. de Séuk. « Ce couteau est un instrument de chirurgie, dont la lame en platine s'échauffe à i5oo degrés de chaleur, par le passage d'un courant galva- nique produit par une pile de Grenet. » Le platine étant un métal mou, cette lame n'a pas de tranchant qui ni soit propre; mais elle en acquiert un excellent au moyen du feu élec- ( 3o5 ) trique, qui lui communique instantanément avec un fulgurant éclat une trempe spéciale, car la lame redevient mousse dès que la chaleur dis- paraît. A i5oo degrés, au rouge blanc éclatant prêt à fondre, les tissus coupés net restent béants, le sang en sort à plein canal. Ce couteau à lame fixe est hémorrhagique. » Cet instrument a été gradué de i5oo à 600 degrés. Sa chaleur aug- mente ou diminue au moyen d'un procédé fort simple, qui consiste à allonger ou à raccourcir la portion de platine comprise dans le circuit : la lame ardente passe ainsi par tous les tons de l'échelle lumineuse calorifique, depuis le rouge blanc éclatant qn'on obtient à i5oo degrés jusqu'au rouge somhre à 600 degrés. » Par la graduation on réunit en un seul instrument trois indications chirurgicales : » i° La section hémorrhagique, à i5oo degrés; » 20 La section hémostatique, à 600 degrés; » 3° Les sections et cautérisations graduées, à tous les degrés inter- médiaires. » On peut le graduer de deux façons : hors du manche et dans le manche. » Le couteau qui se gradue hors du manche esta lame mobile : un bouton isolant pousse la lame graduée hors du manche, d'où elle sort en glissant à frottement doux entre les deux extrémités des réophores de la pile. » Le couteau gradué dans le manche est à lame fixe : un bouton mobile en métal très-bon conducteur déplace son point de contact en glissant sur une échelle de graduation en platine placée dans le manche. » Ce petit couteau, envoyé comme modèle à l'Exposition de 1862 à Londres, peut être transformé de façon à remplacer la lame par toute autre forme d'instrument et à les graduer de la même façon. » MÉDECINE. — Sur l'emploi de ialcool dans la coqueluche. Note de 31. A Tripier. « C'est en considérant, chez les phthisiques, les quintes de toux suivies de vomissements comme des phénomènes réflexes à point de départ gas- trique, que je me suis trouvé autrefois conduit à introduire les liqueurs alcooliques dans le régime de ces malades (1). Bien que la relation qui, chez (1) Comptes rendus, t. LVIII, ]»• 1 1 5 ; 1864. ( 3o6 ) les sujets atteints de coqueluche, existe entre les quintes de toux, l'expec- toration et les convulsions de l'estomac soit plus difficile à définir, il existe entre ces quintes de toux et celles des phthisiques au début de la digestion une similitude d'aspect qui m'a conduit à essayer du même moyen. Une cuillerée d'eau-de-vie pure ou, chez les enfants, étendue de son volume d'eau et sucrée, étant administrée à la fin du repas du soir, permet ordinai- rement aux malades de garder celui-ci et suffit pour leur procurer une nuit calme. Une amélioration sensible de l'état général suit de très-près cette substitution d'une petite dose de grog aux tisanes habituelles. » Dans ce cas, pas plus que dans celui de la phthisie, je ne considère l'al- cool comme un spécifique capable de procurer directement la guérison, mais seulement comme un adjuvant utile en ce qu'il place l'organisme dans de bonnes conditions pour attendre la guérison, soit des ressources de la nature, soit des médicaments dont l'influence s'adresse plus immédiatement à l'état organopathique. » 31. de Paravey, à l'occasion de communications récentes sur des appa- eils aéronautiques, et en particulier d'un opuscule de M. Nelson sur un char aérien, rappelle que dans les livres des Chinois, ou, pour employer ses expres- sions, « dans les livres asiatiques portés d'Egypte et d'Assyrie en Chine, » il est fait fréquemment mention de chars volants et d'appareils comparables à nos ballons. Quelques-uns des appareils même sont figurés, et M. de Pa- ravey donne le calque d'un de ces dessins. Il reproduit également un autre dessin où il croit découvrir un reflet de la découverte de Montgolfier. On y voit représenté « un homme portant sur le dos une sorte de petit ballon d'où s'échappe de la fumée, et cet homme marche dans les nuages qui sont figurés sous ses pieds. » M. P. Oletti avait adressé de Turin, en i8G3, une Note manuscrite et un opuscule sur une horloge hini-solaire de son invention, et demandé que ces pièces fussent soumises à la Commission chargée de décerner le prix proposé pour la question de la théorie des marées. La Commission du con- cours devant avoir terminé son travail avant 1 866, M. Oletti demande à con- naître le jugement qu'elle a porté. On fera savoir à M. Oletti qu'il n'y a pas eu de prix décerné, et que la question est définitivement retirée du concours. ( 3o7 ) M. Laborde, à l'occasion de communications récentes concernant la di- minution de l'ozone atmosphérique dans les temps d'épidémie, rappelle qu'il a, depuis plusieurs années, appelé l'attention sur l'action bienfaisante de l'électricité pour purifier l'air des miasmes causes des maladies épidé- miques ; « or, ajoute-t-il, l'ozone n'étant que de l'oxygène modifié par l'élec- tricité, on voit que les observations ozonométriques confirment pleinement ce que j'avais avancé. » A 4 heures et demie l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. C. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 5 février 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Etudes sur la musique grecque, te plain-chanl et la tonalité moderne; par M. Alix-Tiron. i vol. grand in-8°. Paris, 1866. (Présenté par M. H. Sainte- Claire Devillle.) Statistique médicale des établissements pénitentiaires, de i85o à 1 855, i vol. in-4°- i 856 à 1860, i vol. in-4°. Maisons centrales de force et de cor- rection; par M. Max. Parciiappe. Paris, 1859 et i8G5; 1 vol. (Présenté par M. Rayer et renvoyé à la future Commission du prix de Statistique.) Economie du bétail; par M. André Sanson. 2e partie, Principes généraux de la zootechnie. Paris, 1866; 1 vol. in-12. (Présenté par M. Coste.) Eloge de M. Frédéric Petit; par M. N. Joly. (Extrait du Journal d'Agri- culture pratique et d'Economie rurale pour le midi de la France.) Br. in-8°. Toulouse, 1866. (Présenté par M. Coste.) Notice sur M. Montagne; par M. le Baron Larrey. (Extrait du Recueil des Mémoires de médecine, de chirurgie et de pharmacie militaires.) Paris, 1866; br. grand in-8°. (Présenté par M. Coste.) Traité élémentaire des appareils à vapeur de navigation ; par M. A. Ledieu. T. III et dernier; 1 vol. grand in-8°. Paris, 1866. (Présenté par M. l'Ami- ral Paris. ) ( 3o8 ) Étude sur la fabrication et la pose dts câbles électriques sous-marins ; par M. F.-L. Roux. Paris, i865; br. in-8°. (Présenté par M. l'Amiral Paris.) Théorèmes fondamentaux sur les séries de courbes et de surfaces d'ordre quelconque; par M. E. DE Jonquières. ire partie, opuscule in-4°. Sai- gon, i865. L'eau de mer considérée comme engrais. Traité d'engrais naturels et leur emploi à l'usage des agriculteurs, avec suppléments; par M. Lagour-Mansf.au. Niort; opuscules in-4°. De la nature et du siège du choléra-morbus ; par M. le Dr BONNET. (Extrait du Courrier médical. ) Paris, 1866; br. in-8°. Compte rendu des travaux de la Société médicale d'Émulation de Montpel- lier; par M. L.-H. deMaktin. i864-i865. Montpellier, 1866; br. in-8°. Congrès archéologique international. Anvers, 186G; opuscule in-4°- Einige... Quelques remarques sur les cartes géologiques de la Russie d'Eu- rope ; par Edw. Eichwald. Moscou, 1 865 ; br. in-8". Yerhandlungen... Transactions de la Société des Naturalistes de Bdle. 4e partie, 2e livraison. Bâle, 1866; in-8°. Statistika... Matériaux pour servira l'histoire de la statistique officielle de Suède. (A) Population. Nouvelle série 1 et 3, pour les années 1806 à 1860, et pour l'année 1861, avec cartes. Stocldiolm, 1864 et i865; 2 vol. in-4°. Facile... Procédé faede pour embaumer un corps organique animal; par M. Giov. FlNCO. Milan, 1866; br. in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 12 FEVRIER 1866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Secrétaire perpétuel annonce que le tome IX des Mémoires des Savants étrangers vient de paraître et est en distribution au Secrétariat. MÉTÉOROLOGIE. — Mémoire sur les zones d'orages à grêle dans le département de Seine-et-Marne; par M. Becquerel. « Quand j'eus l'honneur, en novembre dernier (voir Comptes rendus, t. LXI, p. 8 1 3), de présenter à l'Académie un Mémoire sur les zones dans lesquelles se meuvent les orages à grêle dans les départements du Loiret et de Loir-et-Cher, Mémoire accompagné de deux cartes où ces zones sont tracées, j'annonçai que j'avais déjà réuni un grand nombre de documents relatifs aux cartes de quatre autres départements, et que je ferais tous mes efforts pour les achever, afin de mettre en évidence l'influence des princi- pales causes locales sur la position de ces zones, et par suite sur la direc- tion des orages qui les parcourent. » Parmi ces cartes se trouve celle du département de Seine-et-Marne, que j'ai pu achever en puisant à de nouvelles sources mises dans ces der- niers temps à ma disposition. J'ai choisi ce département de préférence aux trois autres, en raison de sa proximité de Paris et par ce motif que de nombreux visiteurs seront à même, en parcourant la forêt de Fontainebleau C. !',., 1866, i" Semestre (T. LXII, N° 7.) 4° ( 3.o ) et les forêts environnantes, de vérifier l'exactitude des faits consignés clans ce Mémoire ainsi que les conséquences naturelles qui s'en déduisent. » Mon travail ne repose sur aucune hypothèse, sur aucune déduction d'idées théoriques, mais sur des faits bien constatés. » Dans les deux premières cartes je n'avais fait usage que des documents recueillis de 1847 à 1 865, mais j'ai pensé que, pour leur donner un plus grand degré d'exactitude, il fallait prendre une période plus étendue, de trente années; j'ai été assez heureux pour réunir tous les documents rela- tifs à cette période, c'est-à-dire de i836 à i865. Les cartes du Loiret et de Loir-et-Cher ont reçu également ce complément. » Voici les sources auxquelles j'ai puisé pour la carte de Seine-et- Marne : » i° Les Comptes rendus annuels de la Société d'assurances mutuelles contre la grêle dite de Seine-et-Marne, qui fait à elle seule la plus grande partie des assurances ; » 20 Les Comptes rendus annuels de trois autres Sociétés, l'Etoile, la Providence et la Garantie agricole ; » 3° Les états des communes grêlées depuis i83G, dans lesquelles des indemnités ont été accordées par le département aux indigents qui ont éprouvé des sinistres. » Tous ces documents sont tellement nombreux, cpie, réunis, ils repré- sentent presque en totalité les communes dans lesquelles se trouvent des propriétés qui ont été grêlées. » J'ai suivi d'abord pas à pas la principale zone dans laquelle se sont mus les orages à grêle qui ont causé des ravages dans le département de Seine-et-Marne pendant trente années, après avoir traversé les départements de Loir-et-Cher et du Loiret. » Cette zone, dans Loir-et-Cher, occupe tout l'espace compris entre la Loire et une ligne à peu près parallèle à son cours, passant au-dessous de Vendôme; elle s'étend dans le Loiret jusqu'à la forêt d'Orléans, où elle se bi- furque quelquefois; une branche descend vers le sud, suit le val de la Loire, et l'autre remonte vers le nord pour prendre la direction sud-ouest en évi- tant la forêt; elle tourne ensuite vers l'est en s'éteudant sur une partie de l'arrondissement de Tithiviers, laissant un espace entre sa limite inférieure et la forêt, d'environ i5 à 20 kilomètres de largeur. La carte indique que cet espace est préservé de la grêle. Cette zone, en quittant le département du Loiret, entre dans celui de Seine-et-Marne, où je la suivrai dans un instant. » Je rappellerai, auparavant, que la partie duLoiretsituéeà l'est de la forêt ( 3n ) d'Orléans est très-peu atteinte parla grêle, à l'exception de quelques com- munes comprises principalement dans une zone d'orages venant de la Loire à la hauteur de Nevoy, Gien et Briare. Cette courte description indique la nature de l'influence qu'exercent les forets d'Orléans et de Lorris sur la po" sition de la principale zone des orages à grêle dans le département du Loiret. » La grande zone, dont il a été question avant celle-ci, s'étend vers l'est, dans l'arrondissement de Fontainebleau, d'un côté jusqu'à la forêt, qu'elle semble éviter, de l'autre, du côté opposé, jusqu'à Château -Landon ; elle cesse de se montrer à la hauteur de Montereau; elle est le lieu d'orages qui ravagent fréquemment l'espace qu'elle recouvre. Elle se montre de nou- veau à la hauteur de Nangis, remonte vers le nord, puis s'étend sur une grande partie de l'arrondissement de Provins, autour de la forêt de Jouy, et sur une petite partie de celui de Coulommiers. Cette zone paraît être une suite de la première; entre l'une et l'autre se trouve un espace qui est très- rarement atteint par la grêle. On trouve encore une aulre zone, mais très- petite, autour de Brie-Comte-Robert, entre la forêt de Sénart et celle d'Ar- mainvilliers. Quant aux arrondissements de Melun et de Meaux, la forêt de Fontainebleau, ainsi que les forêts de Sénart et autres, semblent les préser- ver en grande partie, car ils sont faiblement atteints par le météore. Ces forêts agissent donc comme celles d'Orléans et de Montargis, la première à l'égard de la partie Est du. Loiret, la seconde relativement aux cantons de Ferrières et de Courtenay qui souffrent peu de la grêle. » On peut objecter que les forêts ne se trouvent pas dans les mêmes con- ditions que les communes rurales, où les propriétés sont assurées; cela est vrai, mais on a des moyens de les interroger à l'aide des personnes qui s'occupent sérieusement de météorologie dans les localités où elles sont situées. On sait que les jeunes taillis éprouvent des dégâts par l'effet des gelées printanières, des hannetons et autres causes destructives, et d'où résultent des altérations plus ou moins profondes qui nuisent à la végétation et dont on tient note. Cela posé, voyons les observations faites à cet égard dans les forêts dont il vient d'être question. » Les orages à grêle sont très-rares dans la forêt d'Orléans; on ne cite comme ayant produit quelques dégâts que l'orage du 11 mai 18G0 : de jeunes tiges ont été coupées par la grêle dans une plantation de pins; mais il faut ajouter que ce sinistre a eu lieu dans la portion de la forêt qui dépend de la commune de Neuvy-aux-Bois, située au nord et tout près de la zone des orages de la Beauce, commune qui n'a été grêlée que deux années en trente ans. Ajoutons encore que bien que les forêts des trois départements 4o.. ( 3.2 ) en question paraissent exercer une action préservatrice, néanmoins elles ne sont pas elles-mêmes à l'abri des orages extraordinaires qui ravagent tous les lieux par où ils passent; leurs lisières peuvent être atteintes par les orages ordinaires quand elles sont placées sous lèvent qui les amène. » Il grêle assez souvent dans la forêt et sur la ville de Fontainebleau, mais toujours d'une manière inoffensive, comme le constatent les états des dégâts produits depuis 1664 sur les jeunes taillis par les gelées tardives et autres causes, et dans lesquels il n'est fait nullement mention de sinistres causés par la grêle. » D'un autre côté, on ne signale de dégâts sérieux produits par la grêle dans les jardins du château depuis quarante-quatre ans, qu'en 1822 ou i8ï3. La carte de Seine-et-Marne ne fait mention au surplus que d'une seule année de grêle dans la commune de. Fontainebleau depuis trente ans. » La plupart du temps les orages qui passent sur la forêt sont des démem- brements des orages qui parcourent la zone faisant suite à celle de la Beauce; ils arrivent parles gorges de Franchard,à l'extrémité desquelles se trouve un plateau couvert d'une futaie de chênes où ils se bifurquent; la plus forte branche s'infléchit au sud vers Moret, qui n'a été grêlé qu'une seule fois en trente ans, notamment en i865 lors de l'orage du 19 juillet ; l'autre branche se dirige sur Chailly, qui ne l'a été que deux années durant la même période. » La forêt de Montargis n'est point atteinte par la grêle; les orages qui arrivent de la Loire se bifurquent à 1 kilomètre environ de la forêt; les deux branches qui en résultent suivent la vallée du Loing, l'une en aval, l'autre en amont. Le village de Paucourt, situé dans l'intérieur de la forêt, n'a été atteint qu'une seule fois en trente ans. » Les exemples que l'on vient de citer montrent bien que les forêts des départements du Loiret, et de Seine-et-Marne semblent faire dévier les nuages orageux de leurs directions habituelles, les diviser en deux ou plusieurs branches, ou arrêter la chute de la grêle. » Il a été établi dans le premier Mémoire sur la carte des zones d'orages à grêle qu'il existait deux classes de ces orages : les orages réguliers, dont le retour est soumis à une certaine régularité et qui semblent fortement influencés par des causes locales; et les orages irréguliers ou extraordi- naires, paraissant de loin en loin, et qui, en raison de la vitesse du vent, de la compacité des nuages et de la grosseur des gréions, ne paraissent pas être influencés autant que les premiers par les causes locales, et qui ravagent la plupart des lieux que les autres n'atteignent pas ordinairement. ( 3i3 ) » Je parlerai d'abord des orages réguliers. » Si l'on classe pour chaque commune les années de grêle par ordre de date, on voit immédiatement que ces années ne se succèdent pas au hasard, et qu'elles forment des séries de deux, trois, quatre, jusqu'à sept années successives. Cet état de choses existe dans les départements dont les cartes à zones d'orages sont achevées. Je vais en fournir des exemples pris dans les trois départements. Département du Loiret. Jnnées de grêle. Épieds [i836, i837], i839, [1843, .844], [1847, 1848], [i85o, i85i, i85a, i853], i855, i858. Villamblin i839, [1843, 1844, 1845], 1849, [i85a, i853, i854]. Saint-Péravy-la-Colombe 1839, [ 1 84 1 , 1842, 1843, 1844, 1845], [iS52, i853]? [i858, 1859, 1860, 1861], i865. Montbouy [i836, ii837, i838, i839], 1841, [1848, 1849, i85o], 1860. Département de Loir-et-Cher. Châtillon-sur-Cher 1841, .849 [i856, 1857, i858, 1859]. La Chapelle-Saint-Martin.. . . 1845, [i85o, i85i, i853], [i855, i856], [i858, i859], 1861. Lorges i852, i855 [i85S, 1859, i86o, 1861, 1862], 1864. Pouillé i85a [i856, 1857, l858, i859, 1860, 1861]. Villebout [1847, l848- l849, i85o, i85i, i85a], [i855, i856], [i858, i859]. Département de Seine-et-Marne. Tousson [i847, 1848, 1849], [l853> l853]- l86°. l86a- Momlreville 1842, iS45[i849, i85o, i85i, iS52], 1 856, [i 858, 1859, 1860, 1861]. Provins [1841 , 1842], 1844 [ 1 85 1 , i852 , i853], i855 [i858, »859]. » Ces exemples, pris dans plusieurs centaines d'autres, mettent bien en évidence les séries composées de deux ou plusieurs années successives de grêle. » Je signalerai deux communes offrant des séries remarquables : Pouillé, qui n'a été grêlée qu'une seule fois de i836à i852, puis six années de suite, et après rien; Villebout : aucun désastre n'a été signalé jusqu'en 1846; puis la commune a été grêlée pendant six années consécutives et a présenté en- suite deux séries de deux. ( 3i4) » Quelle est la cause ou plutôt quelles sont les causes de ces séries? On l'ignore; on sait seulement que des communes voisines placées sous le vent des orages participent à ces séries, tandis que d'autres un peu plus éloignées en présentent à peine des traces. Cela tend à prouver que les causes de ces séries sont terrestres et atmosphériques. « Quant aux orages irréguliers, j'ai indiqué dans le précédent Mémoire ceux qui ont causé le plus de ravages dans des communes du département du Loiret où il n'était pas tombé de grêle depuis plus de cinquante ans. Je me suis borné pour celui de Seine-et-Marne à rapporter sur la carte l'orage du 19 juillet 1 8G5 qui a causé des dégâts pour 1200000 à 1 5ooooo francs environ dans ces deux départements. Cet orage, quoique ayant tous les caractères d'un orage irrégulier, n'est pas sorti de la zone dans laquelle se meuvent les orages réguliers, et il a même ravagé l'espace qui sépare les deux zones. Il est à remarquer que les nuages composant cet orage ont parcouru une grande étendue de pays sur une largeur de plus de 5o kilo- mètres, puisqu'en même temps qu'il ravageait une partie de l'arrondissement de Pithiviers il tombait dans le canton de Châtillon-sur-Loing, où je me trouvais alors, sans produire de dégâts, des grêlons remarquables par leur grosseur; j'en ai été témoin, et j'en ai fait part à l'Académie à cette époque. » Je me suis abstenu dans le Mémoire, pour expliquer les faits, de mettre en avant des idées théoriques; je me suis borné à exposer purement et sim- plement ces faits, pensant que leur importance suffisait pour attirer l'atten- tion des personnes qui s'occupent de physique terrestre et de météorologie. » CHIMIE. — Sur la composition de la soude extraite du sel marin par le procédé de Leblanc ; par M. J. Pelouze (i). « Les carbonates de potasse et de soude ont été jusqu'au commencement du XIXe siècle presque exclusivement extraits, le premier des cendres des plantes ligneuses, le second des plantes marines et de celles qui croissent sur les bords de la mer; mais une révolution complète, amenée par les pro- grès de la Chimie, a changé un état de choses qui n'était plus en rapport avec les besoins croissants de l'industrie. » Aujourd'hui une grande partie de la potasse est extraite des eaux mères des marais salants et des salins de betteraves : la découverte des (1) L'Académie a décide que ce Mémoire, quoique dépassant les limites réglementaires, serait reproduit en entier au Compte rendu. (3x5) bancs de sels doubles de potasse et de magnésie de Stassfurt, est venue surtout faire la plus rude concurrence aux anciens procédés. » L'industrie de la soude a profité plus encore que celle de la potasse des découvertes modernes; un liomme dont le nom sera immortel, Leblanc, a réalisé la solution d'un des problèmes les plus importants qui pussent être proposés aux chimistes, celui d'extraire la soude de son véritable minerai, c'est-à-dire du sel marin. Non-seulement Leblanc a atteint cet immense résultat, mais son procédé s'est propagé sans modification dans tous les pays. » Le procédé de Leblanc est très-simple. Il consiste à chauffer au rouge un mélange de sulfate de soude, de carbonate de chaux et de charbon. La masse lessivée fournit d'un côté du carbonate de soude et de la soude caustique, et de l'autre un résidu connu sous le nom de marc de sonde ou charrée, formé principalement de sulfure de calcium, de carbonate de chaux et de chaux. » Les proportions employées par Leblanc ont un peu varié, mais celles auxquelles il s'était arrêté, et qui ont été généralement conservées, sont les suivantes : Sulfate de soude ioo parties. Carbonate de chaux. . . io5 parties. Houille 4° 4 Calcium 4' »° Acide carbonique i i ,o qui correspondent à : Sulfure de calcium 54 > 9 Carbonate de chaux ?.5 ,0 Une analyse de M. Schenrer-Kestner lui avait donné, sur u\\ autre échan- tillon de soude de la même fabrique : Soufre •'<) , o Calcium î<) , i Acide carbonique ... 1 3 , 7 abstraction faite des matières étrangères (charbon, silice, alumine). Ce do- sage s'accorde parfaitement avec nies résultais. ( 3a i ) » Pour mieux faire saisir cette concordance, voici les nombres rapportés à ioo : Mon analyse. Analyse de M. Scheurer-Kestner. Soufre 3 1,9 3 1 ,4 Calcium 53,6 53,5 Acide carbonique 14 ,3 i5,o » Ces analyses marchent d'accord avec les proportions de sulfate de soude et de carbonate de chaux employées par M. Restner pour la fabri- cation de la soude (100 de sulfate et 90 de craie). » En transformant par le calcul le soufre (24,4) en sulfate de soude et le calcium (4i) en carbonate de chaux, on a : Sulfate de soude 10S Carbonate de chaux. . ioa,5 on Sulfate 100 Carbonate. . . go ,4 » A Chauny, où l'on emploie plus de calcaire qu'à Thann, la moyenne de plusieurs analyses de marc de soude obtenu au laboratoire, après un contact prolongé entre l'eau et la soude, m'a donné : Soufre 20,40 Calcium 38,io Acide carbonique i5,oo cpii représentent 45,9 de sulfure de calcium et 34 de carbonate de chaux. « Ces proportions correspondent à 100 de sulfate de soude et à io5 de calcaire, qui sont en usage à Chauny. » La composition de ces charrées concourt donc avec leurs propriétés pour démontrer qu'elles ne contiennent pas de chaux libre. Toutes deux sont formées de sulfure de calcium, de carbonate de chaux, et ne diffèrent que par les proportions de ces deux substances. » Si on employait plus de calcaire relativement au sulfate de soude, on aurait sans aucun doute une soude qui laisserait un marc encore plus chargé de carbonate de chaux, mais qui n'en serait pas moins formé de ce sel et de sulfure de calcium, car il n'y a point d'exception à la règle suivante : Toute soude brute, formée dans des conditions industrielles, donne, par un contact suffisamment prolongé avec l'eau, un marc dans lequel la saturation de la chaux est complète. (332 ) » La charrée retenant à peu près complètement le soufre et le calcium contenus dans la soude brute, les analyses qui précèdent confirment l'opi- nion générale des fabricants, cpie la flamme bleue qui jaillit de la soude en fusion ne contient pas d'acide sulfureux. S'il n'en était pas ainsi, le rapport primitif serait dérangé : on y trouverait moins de soufre et plus de calcium, et l'on a vu que dans les usines de Thann, comme dans celles de la compagnie de Saint-Gobain, ce rapport présente exactement celui des matières pre- mières. » Il est peu important que le soufre se brûle ou non pendant la fabrica- tion de la soude, puisqu'on ne tire aucun parti des charrées; mais il n'en est pas de même du sodium. » Il est de notoriété que le sulfate de soude ne fournit pas à beaucoup près le rendement théorique. Certains fabricants croient que la perte dans la première opération, celle de la soude brute, est due à une volatilisation du sodium. C'est une chose à examiner et dont je m'occupe. Mais ce qu'il y a de certain, c'est que le marc de soude contient en général 3 à 4 pour ioo d'alcali qui sont perdus pour le fabricant. » Le sulfure de sodium qui se forme pendant le lessivage correspond à son équivalent de carbonate de soude et représente une autre perte. » Dans un précédent Mémoire sur le sulfure de calcium, j'ai fait voir que ce composé est altéré par l'eau, bien qu'en faible proportion, et que de cette décomposition résulte un sulfhydrate de sulfure, ce qui est d'ailleurs conforme aux indications de M. Rose. » Le bisulfhydrate jouissant de la propriété de saturer l'acide sulfurique, il en résulte que les essais de soude brute faits en lessivant cette matière sont difficiles et jusqu'à un certain point inexacts. » Une certaine quantité de sulfhydrate calcaire et de chaux même peut venir s'ajouter aux sels alcalins, de sorte que l'on court le danger de porter beaucoup trop haut le degré alcalimétrique et de se tromper même de plu- sieurs centièmes sur ce degré. On est ici placé entre deux écucils, celui de ne pas assez laver et celui de trop laver la soude brute. On obvie d'une manière sinon rigoureusement exacte, du moins très-satisfaisante, à ces in- convénients, en agitant pendant une heure 3o grammes de soude passée au tamis avec 3oo centimètres cubes d'eau. 5o centimètres cubes de dissolu- tion représentent la prise d'essai ordinaire, celle de 5 grammes; le reste sert aux essais de caustique et de sulfure. » Tout récemment, MM. E. K.oppet W. Ilolmann, jeune chimiste attaché ( 323 ) à l'usine de Dieuze, ont fait connaître des expériences qui, si elles étaient exactes, viendraient à l'appui de la théorie de l'oxysulfure de calcium. » M. E. Kopp a remarqué qu'un marc de soude analysé par M. W. Hof- mann ne produisait avec le carbonate de soude que des quantités insigni- fiantes de soude caustique, bien qu'on ait trouvé plus de 12 pour 100 de chaux dans cette charrée. » On comprend que je ne puisse contester un résultat qu'il n'est pas en mon pouvoir de vérifier : je demande cependant la permission de dire ici que j'ai examiné des charrées provenant de bien des sources différentes et que je n'en ai pas trouvé une seule présentant une composition aussi anor- male que celle dont il s'agit^ car indépendamment d'une proportion énorme de chaux non combinée aux acides suif hydrique et carbonique, la charrée analysée par M. Hofmann contenait 7 pour 100 de sulfure de sodium (1). Je considère comme exceptionnelle la charrée dont parle M. Kopp, et je suis convaincu que cet habile chimiste voudra bien en examiner de nouveau la composition et les réactions. » Je serai plus explicite sur la Note envoyée il y a quelques jours à l'Aca- démie par M. W. Hofmann sur l'oxysulfure de calcium, car il signale des expériences que chacun peut facilement répéter et juger. » M. Hofmann produit de l'oxysulfure en calcinant avec du charbon un mélange de 2 équivalents de sulfate de chaux et 1 équivalent de chaux vive. Remarquant que le composé ainsi préparé est impropre à caustifier le car- bonate de soude, il en conclut que c'est de l'oxysulfure de calcium (2CaS, CaO), dont l'existence jusqu'alors avait été tant contestée. En consé- quence, il se croit autorisé à considérer avec M. Kopp le marc de soude comme une combinaison identique avec celle dont il est question. Si, comme je le crois, les expériences de M. Scheurer-Kestner et les miennes sont exactes, l'existence de l'oxysulfure de calcium, fût-elle parfaitement con- statée, ne changerait rien à nos conclusions. » Quoi qu'il en soit, j'ai voulu vérifier les expériences de M. Hofmann et n'ai pas tardé à reconnaître que l'oxysulfure de calcium ne se forme pas dans les conditions qu'il indique. Quand on porte à une température rouge avec un excès de charbon un mélange de 2 équivalents de sulfate de chaux et 1 équivalent de chaux, le sulfate se réduit et l'acide carbonique qui résulte de cette décomposition se divise en deux parties, dont l'une se dégage et l'autre se combine avec la chaux. De là un mélange de sulfure (1) Journal de Pharmacie et de Chimie, janvier 1866. ( 3a4 ) de calcium et de carbonate de chaux naturellement impropre à la causti- fication du carbonate de soude. C'est sans doute la matière qu'a obtenue M. Hofinann et qu'il a prise pour de l'oxysulfure. » Mais si on porte plus haut la température du mélange, le carbonate calcaire se détruit et on s'en assure facilement en examinant le gaz que l'acide chlorhydrique dégage de la matière calcinée. Ce gaz ne contient plus d'acide carbonique : c'est de l'hydrogène sulfuré entièrement absor- bable par un sel de cuivre ou de plomb. » Après une décomposition ainsi achevée, le produit caustifie, non-seu- lement avec l'eau chaude, mais encore avec l'eau froide, le carbonate de soude ; c'est en effet un mélange de chaux et de sulfure de calcium comme celui qu'on trouve dans la soude brute, et l'on est ainsi conduit bien plutôt à contredire qu'à confirmer l'opinion des partisans de la théorie qui admet l'existence d'un oxysulfure dans la soude. » M. Ilofmann a encore avancé qu'on obtient son nouveau composé par la calcination directe du sulfure de calcium avec la chaux. » Cette seconde assertion, sur laquelle il ne s'est pas d'ailleurs arrêté et qui était sans doute basée sur un rapprochement théorique, n'est pas exacte : c'est encore un simple mélange de sulfure et de chaux libre qui enlève comme le premier l'acide carbonique au carbonate de soude. » En résumé : » L'analyse des substances qui constituent la soude brute et l'étude de leurs réactions m'ont conduit aux conclusions suivantes : » i° La soude brute est un mélange de carbonate de soude, de sulfure de calcium, de carbonate de chaux et de chaux libre. » 2° Une soude brute, prise indistinctement dans une usine, donne par un contact prolongé avec l'eau, soit à froid, soit à chaud, une quantité de soude caustique proportionnelle à celle de la chaux libre qu'elle renferme. Dans ces conditions, la soude laisse pour résidu un marc dans lequel la totalité de la chaux est neutralisée par les acides sulfhydrique et carbonique. Une telle charrée est impropre à caustifier le carbonate de soude avec lequel on la met en réaction, et on peut la détruire avec un carbonate alcalin sans que de sa décomposition résulte la moindre proportion de soude caustique, ce qui aurait lieu infailliblement s'il restait dans cette charrée de la chaux unie à du sulfure de calcium. » Les soudes brutes du commerce contiennent de G à io degrés de soude caustique, qui représentent 3,5 à n,5 pour ioo de chaux libre. » 3° Le marc de soude, tel que le fournissent les soudières, n'étant ( 325 ) pas obtenu dans des conditions qui assurent d'une manière complète la réaction de la chaux sur le carbonate de la soude brute, contient en général une petite quantité de chaux libre dont on constate la présence et la pro- portion, soit par l'analyse, soit par la propriété qu'elle présente de caus- tiher le carbonate de soude. » Plusieurs fois j'ai constaté par ces moyens que des charrées ne rete- naient plus que des fractions de centième de chaux libre; mais en général on en rencontre de i à 3, quelquefois même de 3 à 6 pour ioo. » 4° Étant donnée une soude brute, on peut, suivant la manière dont on la lessive, laisser ou ne pas laisser de chaux libre dans sa partie inso- luble. » Cette circonstance explique comment certaines charrées sont aptes à caustifier le carbonate de soude, tandis que d'autres, dans lesquelles la saturation de la chaux par l'acide carbonique est complète, sont dépour- vues de cette faculté. » 5° Rien ne démontre jusqu'à présent l'existence de l'oxysulfure de calcium (2CaS, CaO) ni de toute autre combinaison de chaux et de sulfure de calcium. » La calcination du sulfure de calcium avec la chaux, comme celle du sulfate de chaux avec la chaux vive et le charbon, présenté, en quelque pro- portion que ce soit, tous les caractères d'un simple mélange de sulfure et d'oxyde de calcium. » GÉOMÉTRIE. — Relations entre les deux caractéristiques d'un système de courbes d'ordre quelconque ; par M. Chasi.es. « La théorie des systèmes de coniques représentés par deux caracté- ristiques, dont l'une exprime le nombre des coniques qui passent par un point, et l'autre, le nombre des coniques qui touchent une droite, n'est point particulière aux coniques : elle s'étend aux systèmes de courbes d'ordre quelconque, comme on l'a vu déjà par des exemples variés (*). En outre, le procédé général de démonstration, dans les coniques, qui repose sur le principe de correspondance entre deux séries de points ou de droites (**), s'applique aussi à la démonstration des propriétés des systèmes de courbes d'ordre supérieur, et ces propriétés s'expriment en fonction des (*) Voir Comptes rendus, séance du i5 février 1 864 » '■ LVIII, p. 3oo. (**) Tbid., séance du 27 juin, p. 1 175. C. F.., 1866, 1er Semestre. (T. I.X1I, N° 7 ) /| 2 ( 3a6 ) deux caractéristiques, comme dans la théorie des coniques. Mais ce qui manque principalement, pour que la théorie des courbes d'ordre supérieur soit aussi complète, ou du moins aussi avancée que celle des coniques, c'est de connaître le nombre des courbes qui satisfont aux conditions élémentaires de passer par des points et de toucher des droites : en d'autres termes, c'est de connaître les caractéristiques des systèmes élémentaires de chaque ordre de courbes. Il est probable que la connaissance de ces caractéristi- ques, pour un ou deux ordres déterminés, mettrait sur la voie de la loi gé- nérale pour un ordre quelconque, de même que quelques exemples numé- riques du binôme de Newton suffisaient pour dévoiler la formule générale. Il y a donc là un but de recherches bien digne de fixer l'attention des géo- mètres; car il s'ensuivrait une formule générale qui exprimerait le nombre des courbes d'ordre m, satisfaisant à '—— conditions quelconques, et comprendrait ainsi la solution immédiate d'une infinité de questions. Ce qui serait un résultat merveilleux. » Mais je veux indiquer, dans ce moment, certaines difficultés qui doivent se présenter dans la recherche des propriétés d'un système de courbes déter- miné par deux caractéristiques. » On a vu que, dans la théorie des coniques, un élément de difficultés graves provenait des coniques exceptionnelles, ou quasi-coniques, représen- tées par deux droites ou par deux points. Les questions les plus simples n'étaient point affranchies de ces difficultés; car on ne parvenait pas même à déterminer le nombre des coniques passant par deux points et touchant deux droites et une conique. C'est qu'il fallait connaître le nombre théo- rique des coniques exceptionnelles, dans chaque système exprimé par deux caractéristiques. Les difficultés ont disparu, dès que l'on a connu ces deux nombres, qui sont toujours (zv — [j.) et (a/x — v ); \x et v représentant les deux caractéristiques du système (*). » Dès lors une question se présente naturellement. Y a-t-il dans les systèmes de courbes d'ordre supérieur des causes de difficultés analogues à celles qui proviennent, dans les systèmes de coniques, des deux sortes de coniques exceptionnelles? Y a-t-il quelques fonctions des deux caractéristi- - ques, analogues aux fonctions (ap. — v) et (av — /j.), qui puissent servir à lever les difficultés'.' Quelles sont les particularités inhérentes aux courbes d'un système, dont ces fonctions seront l'expression? (*) Comptes rendus, t. I.VIII, p. ii-3. ( 327 ) » On conçoit qne ces particularités pourront être plus variées dans les courbes d'ordre supérieur, que dans les simples coniques, parce que les premières peuvent avoir des branches multiples, de divers ordres de multi- plicité, des points multiples, des tangentes multiples, des tangentes d'in- flexion, etc., dont il faut tenir compte dans chaque démonstration. » Les deux théorèmes suivants paraissent répondre à la question que nous avons posée. » Théorème I. — 5/ toutes les courbes d'un système (y., v) d'ordre m sont douées de points multiples d'ordre r' dont le lieu soit une courbe d'ordre r, et qu'en outre, une courbe du système soit formée de deux courbes distinctes, dont une} d'ordres, soit multiple d'ordre s' (c'est-à-dire, soit l'ensemble de s' courbes égales et coïncidentes), on a In relation 2{J.(m — i) — v == /'(/'' — i) + s(s' — i). « On conçoit que toutes les courbes d'un système puissent avoir un point multiple du même ordre r', soit que cette condition se trouve explicitement dans l'énoncé des conditions qui constituent le système, soit qu'elle dérive implicitement de ces conditions. Tous ces points multiples d'un même ordre seront évidemment sur une courbe d'un certain ordre r. » Si les courbes ne satisfont pas toutes aux conditions qu'implique un point multiple de même ordre, on aura /'=o. Si, au contraire, elles ont toutes un second point multiple d'ordre r\ , dont le lieu soit une courbe d'ordre /,, il entrera dans le second membre de l'équation un terme r, (/'', — i). Pareillement, s'il n'y a pas de courbe qui ait une branche mul- tiple, on aura .y = o; mais s'il y a plusieurs courbes qui aient chacune une branche multiple, il entrera dans le second membre autant de termes tels que s (s' — i). » Théorème II. —Lorsque toutes les courbes d'un système ([x, v) d'ordre m sont douées d'un point multiple d'ordre r, et que d courbes ont en outre un point double, et d' courbes un point de rebroussement; si les courbes ont toutes des tangentes multiples d'ordre t' dont l'enveloppe soit une courbe de la classe t, et toutes des tangentes d'inflexion, dont l'enveloppe soit une courbe de la classe i, on aura la relation av[/ra2 — m — i — r(r — i)j — \x = r/+ o.d' 4- t[t' — i) -+- 21. » Si les courbes n'ont pas toutes le point multiple d'ordre r que suppose l'énoncé du théorème, on fera r = o. Si quelque courbe a un point mul- . , , , , , . , , »{v — i ) tiple d ordre v, on regardera ce point comme équivalent a points 42.. ( 328 ) doubles, et le terme — entrera dans le second membre de l'équation. » On reconnaît immédiatement que, dans le cas d'un système de co- niques, le premier théorème exprime que (2p. — v) est le nombre des coniques infiniment aplaties, et le second, que (av — p.) est le nombre des coniques à point double, c'est-à-dire des coniques représentées par deux droites. » On peut démontrer ces théorèmes de bien des manières, comme je l'ai dit pour les sections coniques, et par les mêmes considérations (*) : il suffit de prendre un théorème connu, et de chercher à le démontrer par un rai- sonnement qui introduise des solutions étrangères, dont on détermine ainsi les causes, le nombre et l'expression. » Démonstration du théorème I. — On sait que le nombre des courbes du système (p,v) qui touchent une conique U est 'i(p.-hv) (**). Cher- chons ce nombre par les considérations suivantes : Par un point x de U passent p. courbes, qui rencontrent U en p. (a//z — 1) points u. De même, par un point u passent p. courbes qui rencontrent U en p.(2in — 1) points x. Il existe donc ip. (im — 1) points x qui coïncident chacun avec un point u correspondant. Ces points de coïncidence appartiennent en général à des courbes tangentes à U; mais un certain nombre proviennent de deux causes différentes : ces points étrangers à la question se trouvent sur les combes d'ordre r et d'ordre s, dont la première est le lieu des points mul- tiples des courbes du système, et la seconde est une branche, multiple d'ordre s', d'une de ces courbes. En effet, soit x un point d'intersection de la combe d'ordre s et de la conique U. Par ce point passe une courbe à point multiple d'ordre r' qui rencontre U en -2.(im— 1) points u, dont (/•' — 1) coïncident avec x. Ainsi, il y a en ce point (/"'— t) points de coïnci- dence de x et de u étrangers à la question; ce qui lait 2r(r' — 1) solutions étrangères, à raison des iv points d'intersection de la courbe d'ordre/- et de U. » Pareillement, soit or un point de la courbe d'ordre s; cette courbe est multiple d'ordre s'; elle a donc (.s' — 1) de ses points n, d'intersection avec U, coïncidant avec x; ce qui fait encore sur U 2s(s' — 1) points étrangers à la question. En tout donc, ir (V — 1) 4- 2 s [s' — 1). » Ainsi l'on a o.p.{p.m— 1) = a(fA-l-v) + 2/'(;'— 1) -+- 2s(s' — 1); (*) Comptes rendus, t. LVIII, p. 3oo. (**) Comptes rendus, t. LVIII, |>. I 1^3. 32 ) d'où 2p. [m— i) — v = r (r' -i)-i-i(/- i). G. Q. F. D. » Autrement. Au lieu de chercher le nombre des courbes tangentes à une conique U, on peut chercher le nombre des courbes tangentes à une droite, lequel est v : le raisonnement est absolument le même, et conduit immé- diatement à la formule. » Autrement. Une droite D étant donnée, le lieu des points qui ont cette droite pour axe harmonique dans toutes les coniques est une courbe de l'ordre v, parce que cette courbe a v points sur la droite D, qui sont les v points de contact des v courbes du système tangentes à D. Cherchons à déterminer directement le nombre des points de la courbe qui se trouvent sur une droite quelconque L. On sait que le point qui a pour axe harmo- nique une droite D, dans une courbe donnée, se trouve à l'intersection des polaires de deux points quelconques de la droite. Soient O, O' ces deux points. Par un pointer de la droite L, passent p. polaires du point O, relatives à p courbes (parce que par ce point O lui-même passent p. polaires, savoir, les polaires des p. courbes qui passent par O). Les polaires de O' relatives aux p courbes rencontrent L en p (m — i) points n, qui correspondent ainsi au point x. De même, à un point u correspondent \J.{in — i) points x. Donc il existe ap(/?i — i) points x qui coïncident chacun avec un point u corres- pondant. Ces points sont en général des points d'intersection de deux po- laires de O et de O', relatives à une même courbe du système : ce sont conséquemment des points du lieu cherché, c'est-à-dire des points qui ont pour axe harmonique la droite D ou 00'. Leur nombre serait donc 2p (m — i); tandis qu'il est réellement v. Il y a donc 2p (m — i) — v solutions étrangères, dont voici la cause. » La droite L rencontre la courbe d'ordre r, lieu des points multiples d'ordre r' des courbes du système, en r points. Soit x un de ces points. Par ce point passent tout à la fois la polaire du point O relative à la courbe qui a un point multiple en x, et la polaire du point O' relative à la même courbe; et cette polaire ayant en ce point x, comme on sait, un point multiple d'ordre (r' — i), coupe L en (r' — i) points u qui coïncident avec x. 11 y a ainsi (r'— i) coïncidences en chacun des r points d'intersection de la courbe d'ordre r et de L; ce qui fait r [r' — i) solutions étrangères. » En outre, la droite L rencontre la branche d'ordre s, multiple d'or- dre s', en s points. Soit x un de ces points. Par ce point passe la polaire ( 33o ; de O relative à la courbe a laquelle appartient cette branche d'ordre s, et passe aussi la polaire de O' relative à la même courbe. Or, cette polaire est une courbe douée d'une branche multiple d'ordre (s' — i) coïncidente avec la branche de la courbe, et qui, dès lors, donne (s' — i) points u coïnci- dant avec x. Ce qui fait encore s (s' — i) solutions étrangères. Le nombre des points de coïncidence de x et de u étrangers à la question est donc r(r' — i) -+- s (s' — i); et dès lors, on a 2 p. ( m — i ) — v = r ( /•' — l ) 4- s (/ — j ). » Autrement. On sait que les tangentes menées d'un point fixe aux courbes du système ont leurs points de contact sur une courbe d'ordre ([j. + v). Démontrons ce théorème comme suit. Les tangentes menées d'un point Q à une courbe ont leurs points de contact sur la polaire de ce point, relative à la courbe. Le lieu des points de contact des tangentes menées aux courbes d'un système ([x, v) est donc le lieu des points de rencontre de ces courbes et des polaires du point Q. D'après cela : par un point x d'une droite L passent \x courbes ; les polaires du point Q relatives à ces courbes coupent L en \x (m — i) points u. Par un point u passent \x polaires, et les courbes auxquelles elles se rapportent coupent L en m[x points x. Il existe donc p.(m — i) -f- mp. = [x [im — i) points x qui coïncident chacun avec un point u correspondant. Ces points sont les points de contact cherchés, abstraction faite de ceux qui forment des solu- tions étrangères. Ceux-ci sont: i° les points de la courbe d'ordre r, lieu des points multiples d'ordre /''; en chacun de ces points, la courbe polaire d'une des courbes qui y passent a un point multiple d'ordre (r' — i), comme il a été dit ci-dessus, et donne donc (/•' — i) points u coïncidant avec le point .r; ce qui fait /'(/'' — i) solutions étrangères; i° les points de la courbe d'ordre s, multiple d'ordre a' ; le point x étant en un de ces points, la polaire de la courbe à laquelle appartient cette branche multiple a elle-même une branche multiple d'ordre (s' — i) coïncidant avec la pre- mière, qui donne donc [s' — i) points u coïncidant avec le point x; ce qui fait encore s (s1 — i) points étrangers. Donc (x(2m — i) = (/x + v) + ;■(/''— i) + s (s'— i); d'où i[j. (m — i) — v = /' (;■' — i) -t- s (s' — i). » Démonstration du théorème II. — Dans le système ([X, v), [i courbes passent par un point quelconque. Cherchons ce nombre \x par le raison- (33, ) nement suivant. Une droite Ix menée par un point I est tangente à v courbes. Ces courbes ayant toutes un point multiple d'ordre r, par hypothèse, on peut leur mener, parle point 1, v [m [m — i)— i — /•(/■ — i )] autres tangentes lu. » De même, à une droite lu correspondent v[m(m — i) — i — r (r — i)l droites Ix. » Donc, il existe 2 V [m (m — t) — i — r (r — i)] droites Ix qui coïncident chacune avec une droite ïu correspondante. Ces droites sont tangentes à des courbes passant par le point I, à l'exception des droites appartenant à des solutions étrangères. Celles-ci sont causées par les points doubles et de rebroussement des courbes du système, par leurs tangentes multiples et leurs tangentes d'inflexion. Si une courbe a un point double, la droite Ix qui passe par ce point coïncide avec une des droites lu qui lui correspon- dent; donc d points doubles introduisent d solutions étrangères. Si une courbe a un point de rebroussement et que la droite \x passe par ce point, deux des droites lu correspondantes coïncident avec Ix. Donc d' points de rebroussement causent W solutions étrangères. Si les tangentes mul- tiples d'ordre t' des courbes du système enveloppent une courbe de la classe t, il passe par le point I t tangentes multiples, et chacune d'elles étant prise pour Ix, il lui correspond (t'—ï) droites lu qui coïncident avec elle, ce qui fait t(t' — i) droites étrangères à la question. Les tangentes d'inflexion des courbes du système enveloppent une courbe de la classe i; par le point I passent donc i de ces tangentes. Si l'une est prise pour lx, il lui correspond deux tangentes lu qui coïncident avec Ix, ce qui fait encore ii solutions étrangères. On a donc l'équation 2V [m (m — i) — i — r(r — i)] = p. -w/+ id'+ t\t'—i) + 2/; ou 2v[in2 — m — i — r{r — 1)] — p. = d -+- id'-¥t{t'— 1) + ii. C. Q. F. D. » Dans un système de coniques, m= 2, r = 0, f/' = o, 2 = 0, ï' = o; et il vient 2V — [J. = d. C'est le nombre des coniques à point double, c'est-à-dire des coniques représentées par deux droites. » Autrement. Cherchons par les considérations suivantes le nombre 2 (a+v) des courbes qui touchent une conique U. La tangente en un point x de l ( 332 ) touche v courbes du système, dont chacune a 2 [m (m — 1)-— /'(r— il] — ] autres tangentes communes avec U ; appelons u leurs points de contact avec U; il y aura ainsi vj 2 [m(m — 1)— r(,r — 1)] — 1 { points u correspon- dants au point x. Pareillement, à un point u correspond un pareil nombre de points x. Donc il existe av j 2 [m(m — 1) — r(r — 1)] — 1 \ points .r qui coïncident chacun avec un point u. Ces points sont les points de contact des courbes du système et de U, abstraction faite de certains points qui s'y trouvent comme solutions étrangères. Ceux-ci sont dus aux points doubles et de rebroussement des courbes du système, à leurs tangentes multiples et à leurs tangentes d'inflexion. » i° Si une courbe a un point double, par ce point passent deux tan- gentes de U qui comptent pour quatre tangentes communes à la courbe et à U; c'est-à-dire que chacune des deux tangentes compte pour deux tan- gentes de U, et donne lieu à un point de coïncidence de x et de u, ce qui fait donc une solution étrangère, et deux pour chaque point double; donc id pour les d points doubles. » i° Si une courbe a un point de rebroussement, par ce point passent deux tangentes de U qui comptent chacune pour trois, et causent deux points u coïncidant avec un point x : ce qui fait quatre solutions étran- gères pour chaque point de rebroussement, et l\d' pour les d' points de rebroussement. » 3° Les tangentes multiples des courbes du système sont d'ordre t! , et enveloppent une courbe de la classe t, qui a donc it tangentes communes avec U. Chacune de ces tangentes touche U en un point .r, par ce point passent (t'—i) autres tangentes coïncidant avec la première, et qui don- nent donc (t'—i) points u coïncidant avec x, ce qui. fait (£'— 1) solutions étrangères, et it(t' — 1) pour l'ensemble des it tangentes de U. » 4° Les tangentes d'inflexion des courbes du système enveloppent une courbe de la classe i, qui a donc 2/ tangentes communes avec U. Une de ces tangentes, qui touche U en x, est considérée comme coïncidant avec deux autres tangentes de la courbe, au même point d'inflexion; il y a donc deux points u coïncidant avec x, ce qui fait deux solutions étrangères, et, par conséquent, f\i, à raison des 2/ tangentes de U. « Ainsi l'on a l'égalité iv j 2 [m [m— 1)— /•(/• — \j] — 1 j = 2(/jl -+- v) + 2r/ + !\d'-h2t(l'— i)-t-4'î ou 2v[m [tu — 1) — i — /• (/■ - ■ i) ] — \). = d -1- -?.d'-\- 1 (/'— 1) -+- 2 i. ( 333 ) » autrement. Si d'un point Q on mène des tangentes aux courbes du sys- tème, et par les points où ces tangentes rencontrent une droite D d'autres tan- gentes : celles-ci enveloppent une courbe de la classe v j 2 [m(m — i) — /'(/' — i)] — i ['. » Par conséquent, v | 2 [m {m — f) — r(r— i)] - i | tangentes de la courbe doivent passer par le point Q. Ces tangentes sont : i° les [p. + v) qui ont leurs points de contact sur la droite D; 2° les droites menées aux d points doubles que possèdent les courbes du système ; les droites menées aux points de rebroussement, dont chacune donne lieuà deux tangentes passant par Q, ce qui fait ad' tangentes; 3° les t tangentes multiples qui passent par Q, dont chacune donne heu à (f — i) autres tangentes passant aussi par Q, ce qui fait t[t' — i); 4° enfin, les i tangentes d'inflexion qui passent par Q, dont chacune donne lieu à deux tangentes passant aussi par Q, ce qui fait ai tangentes. On a donc — r(r— i )] —i j = [J. -+• v -+-d + id'-\- t[t' — \) -+- ai; v i 2 f»i ( m — r ou 2v[raa — m — i— /■(/• — i)] — [J. = d -i- 2d'-h t(i'~i) + ii. C. Q. F. D. » Observations. — Les théorèmes que nous venons de démontrer éta- blissent deux relations générales entre les deux caractéristiques d'un système de courbes d'ordre m, et certains éléments ou particularités r, r',s, s',d, .. inhérentes au système. » Lorsqu'une caractéristique est connue à priori, chacune des deux rela- tions suffit pour déterminer l'autre, mais dans le cas seulement où l'on connaît les éléments qui entrent clans l'équation, ce qui malheureusement n'a pas lieu en général, caries conditions qui déterminent un système ne font point connaître aisément les particularités diverses du système. » Du reste, si ces particularités étaient connues toutes, on en conclurait immédiatement les deux caractéristiques du système, au moyen des deux équations où elles entrent. Cela peut arriver dans quelques questions de la théorie des coniques; on en trouve un exemple très-remarquable dans un Mémoire d'un jeune et habile géomètre de Copenhague sur les contacts multiples que les systèmes de coniques peuvent avoir avec des courbes d'ordre supérieur (*). (*) Mémoire de M. Zeullicn ( Coin/ jIïs rendus, séance du 22 janvier 1866; t. LXII, p. 177. C. R., iS66, icr Semestre. (T. LX11, Nu 7.) 43 ( 3^4 ) » Nous n'avons parlé que des systèmes de courbes d'ordre déterminé; mais il y a pareillement des systèmes de courbes de classe déter- minée. Ces systèmes peuvent être considérés comme corrélatifs des pre- miers; et ils donnent lieu de même à deux relations générales entre leurs caractéristiques, relations qui peuvent se démontrer directement, ou se conclure corrélativement des deux théorèmes généraux ci-dessus. Nous en donnerons l'énoncé dans un autre moment. » Observations c/e?,T. le Général ÏÏFoiux à l'occasion de la présentation, faite par M. Vclpeau, de l'ouvrage de M. le Dr Le Fort sur les Maternités (i). « Parmi les résultats d'observation recueillis avec tant de persévérance et de dévouement h l'humanité par M. le D' Le Fort, ceux qui concernent la mortalité dans les hôpitaux d'accouchement de Paris étaient en partie connus. Le Comité consultatif d'hygiène et de service médical des hôpitaux, créé par décret impérial du 29 août 1862, et qui compte dans son sein neuf Membres de l'Institut et plusieurs de nos grandes notabilités médicales, s'est très-sérieusement occupé des remèdes à apporter à ce fâcheux état de choses signalé depuis longtemps. Après de longues discussions, une Com- mission, que j'avais l'honneur de présider, a présenté, par l'organe de feu M. Malgaigne, un Rapport dont les conclusions, adoptées par le Comité, peuvent être résumées ainsi qu'il suit : <( Les hôpitaux d'accouchement étant nécessaires pour recevoir et secourir » les femmes ou les filles-meres qui ne peuvent être soignées à domicile, » leur suppression absolue ne parait pas possible. » Dans les hôpitaux à créer, le nombre des salles sera calculé de manière » qu'il n'y en ait, en service, que trois sur quatre, afin que l'une de ces « salles soit, à tour de rôle, inoccupée, aérée et nettoyée pendant trois » mois de l'année. » Le nombre des lils par salle sera limité à dix; ils seront écartés de » 3 mètres environ, et l'espace cubique alloué par lit dans ces salles sera » de Les quatre pièces que je mets aujourd'hui sous les yeux de l'Académie ne laissent pas d'incertitude quant au pays où elles ont été façonnées; elles viennent du Mexique, apportées par un officier français qui n'est à Paris qu'en passant, et qui a bien voulu me les confier pour un jour. Elles m'ont paru intéressantes à divers égards; la première pièce surtout, qui montre quelle adresse de main peut acquérir un ouvrier qui ne doit compter que sur un grossier outillage. Quoique dans le travail de la pierre par simple percussion il y ait toujours une part laissée au hasard, cette part, comme on peut le voir ici, est bien réduite par l'habileté du lapicide. Notre fa- bricant de couteaux les a obtenus tous de la longueur que comportait le nucleus. » Non moins habile devait être l'ouvrier qui taillait le silex; et l'on peut être certain que lorsqu'il voulait fabriquer une hache, il savait dégrossir la pierre de manière à laisser à l'aiguiseur le moins de travail possible. Sans doute cela n'est pas apparent dans le plus grand nombre des ébauches rap- portées de Pressigny, mais cela pourrait bien tenir à ce qu'on n'a laissé sur le chantier que les pièces de rebut. « Je reviens aux obsidiennes mexicaines. Des quatre pièces que je pré- sente la seconde est un nucleus traité par un ouvrier qu'on peut supposer moins habile que celui qui a taillé le premier, car on voit qu'il a donné quelques faux coups. Une partie de la surface vierge de l'obsidienne est encore conservée. » La troisième pièce est un bloc qui semble n'avoir été entamé que par un seul coup. ( 337 ) » La quatrième est un couteau ou rasoir ayant exactement la forme qu'on devait attendre en considérant les traces laissées sur le nucleus. C'est une pièce ébréchée, hors de service et probablement abandonnée. On ne devait guère songer à réparer les lames en obsidienne quand on pouvait en faire d'un seul coup. On eût perdu beaucoup de temps à les aiguiser sans parvenir à leur rendre le tranchant vif que leur avait donné la cassure (1). » M. Simonin remarquait, relativement au nucleus de la Pianosa, qu'il est divisé en deux, a On a dû, poursuivait-il, continuer à détacher des éclats, » car les deux nuclei ne concordent plus mathématiquement, mais on voit » bien que ce sont deux jumeaux. » » La découverte de ces deux moitiés de cône dans le voisinage l'une de l'autre, et pour ainsi dire toutes prèles à être rapprochées par l'archéo- logue, n'a rien de bien surprenant. Il n'en est pas tout à fait de même du fait suivant rapporté par M. Troyon (Habitat, lacust. Explication des planches, PL V, n° 9.2, lame en silex trouvée à Concise) : « On les déta- il chail d'un seul coup donné avec dextérité sur l'extrémité de la masse. » On conserve dans le Musée d'antiquités de Copenhague un de ces noyaux » en silex, avec les nombreuses lamelles qu'on en a détachées; celles-ci » ont pu être réunies autour du noyau sans laisser le plus léger interstice. » » On conçoit bien que l'homme de Pianosa ait abandonné sur le chan- tier les deux moitiés d'un nucleus épuisé; mais que dans l'autre cas on ait aussi abandonné, non pas une, mais toutes les lames qu'on venait de déta- cher, c'est ce qui ne s'explique, ce me semble, que par la supposition d'un ouvrier surpris au milieu de son travail et échappant par la fuite à l'en- nemi qui menaçait sa vie; comme il est probable que clans sa frayeur il dut abandonner jusqu'à son marteau, il est bien fâcheux qu'on n'ait pas songé à chercher ce précieux instrument qui serait une pièce intéressante et unique, je crois, dans les collections. « (1) Les lames d'obsidienne ont souvent un tranchant si vif, que pour certains usages elles sont encore aujourd'hui employées de préférence aux instruments d'acier. Ainsi, à Quito, où les dames, très-habiles à broder, font volontiers cet ouvrage en compagnie, M. Boussingault a vu dans chaque corbeille, à côté de fins ciseaux de coutellerie anglaise, un éclat d'obsidienne dont la brodeuse faisait usage toutes les fois qu'il fallait couper le fil au ras de l'étoffe. ( 338) MÉMOIRES PRÉSEXTÉS. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note sur les fondions de Sturin ; par M. Pu. Gilbert. (Commissaires : MM. Serret, Bonnet.) « Soit X = ce" + pt x"-' +. . . 4- pn = o une équation de degré n ; soient a, b, . . . , l ses racines, et R0 = a0 .r»-' + |S0 Je"-2 -4- y0 X»"' + . . . + X0 , R, = «, .*■"-' -+- p, x"-2 -+- 7, cc"~" -h . . . + X, , R„_. = a, fV,^-2 + 7»-.^3+...+ V,, 72 fonctions de degré « — i se déduisant toutes de la première R0, laquelle n'est autre chose que la dérivée X, de X, par la suite d'équations : R, = ,rR0 — , &> 7ux"-3 + . ,.H-X0 X, = «o> CJ°'X"~ + • • ■ -t- X0 a,, ['jsx"~2 4-...+ X, x,= «n f3o 7iX"-8 + ... + X( «as /33 , 72x"-3 + . . .-f-Xs ( 339 ) et enfin X„ = ««-* /3m Pn-t 7o,. y.,. y«- 1 j >, » Ces formules fournissent un moyen facile à retenir, et très-rapide dès que l'on a un peu d'habitude du calcul numérique des déterminants, pour obtenir les fonctions sturmiennes par desimpies multiplications. Elles per- mettent même, aussitôt que les fonctions R,- sont calculées, d'écrire immé- diatement le terme affecté d'une puissance quelconque de x, dans l'une quelconque des fonctions X,, indépendamment de tous les autres termes. Les formes diverses données par MM. Sylvester, Cayley, Brioschi, Hermite se déduisent sans peine des formules précédentes, ainsi que les expressions des facteurs par lesquels il faut multiplier les fonctions X, pour passer aux fonctions de Slurm. » 3° Le dernier terme H de l'équation aux carrés des différences des racines de l'équation X=o, ou le produit de ces carrés, se déduit aussi du calcul des fonctions R,, puisque l'on sait (Journal de Liouville, t. VII, p. 368) que ce dernier terme ne diffère pas de la dernière fonction X„ de M. Sylvester. On a donc ao j p0, . . . , /0 «,, â , X, H = M«— I ) lJH—l 1 • • • J AH— I » Appliquons cette méthode à l'équation du troisième degré x3 4- px2 + qx -+- /' = o ; u v ient immédiatement R0 = 3.r2 + spx -+- q, R, = — px2 — %qx — 3/', R2 = [p2 — 27) x2 + (pq — 3r) x -h pi, d'où II 3> — ?■> P~ — 2'1 a/7, — 27, pq — 3/' a<7' 2j), 2x- + 2f/.r -+- /•, R, = — px3 — 2qx2 — 3/vr — 4S» R2 = [p2 — 2cf) xa + (pq — 3/') .r" -f- ( pr — (\s) x -+- ps, R3 = ['/"/ -■ 3/ ) - P (.P2 — 2V)J x* + [/"' - 4* — 9 (F - 2(l)] *2 ■+■ [ps - r [p- - 27)] ,r - s [p2 - 29). Eu formant le déterminant H et opérant les réductions bien connues, il vient de suite Il = — 4, p, 2q, 3r 3/7, 27, pq -\- ?> r, zpr-h^S 2^, 3/', 2pr -\- 4S) 3ps ■+- qr il reste donc simplement à développer ce déterminant. » Ce procédé pour calculer le dernier terme de l'équation aux carrés des différences semble offrir sur les autres (Serret, Alqèbre supérieure, p. 3o et 4^2) l'avantage d'être facile à retenir, de s'appliquer directement aux équations numériques, et de ne point exiger que l'on forme d'abord ce terme, pour toutes les équations de degré inférieur à n, avant d'arriver à l'équation de degré n. » physiologie végétale. — Recherches chimiques sur la végétation ; /onctions des feuilles (suite); par M. B. Coreiswinder. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires: MM. Brongniart, Boussingault, Peligot.) « Dans ce Mémoire, je présente la suite de mes recherches sur les fonc- tions des feuilles, recherches que je poursuis depuis plus de quinze années. » Les principales observations exposées dans ce nouveau travail peuvent se résumer ainsi : » i° Les feuilles des plantes acquièrent beaucoup plus de carbone pen- dant le jour qu'elles n'en perdent pendant la nuit. Ce fait important, que j'ai démontré en 1 858, vient d'être confirmé par M. Boussingault. ( 34i ) » 2° Tous les botanistes ont remarqué qu'il se forme souvent un dépôt pulvérulent sur les feuilles submergées des plantes aquatiques, telles que le Potamot, les Cl tara, Y H ippuris, etc. MM. Cloëz et Gratiolet ont constaté que ce dépôt est du carbonate de chaux, et ils ont supposé avec raison qu'il avait lieu au moment où la feuille absorbe l'acide carbonique qui tenait le sel en dissolution. » En répétant les expériences d'Ingenhousz sur les feuilles des plantes aériennes, c'est-à-dire en exposant celles-ci au soleil dans des cloches pleines d'eau de source qui contenait du bicarbonate de chaux, j'ai observé que ces organes se couvraient, surtout à la face inférieure, d'une poudre blanche ténue. Je ne me rappelais pas, pour le moment, l'observation de MM. Cloëz et Gratiolet, mais il me fut facile de m'assurer que cette poudre était du carbonate de chaux pur. C'est particulièrement avec les feuilles de la Capu- cine que le fait est bien manifeste. » Cette expérience permet donc d'assister, pour ainsi dire, au phéno- mène de l'absorption de l'acide carbonique par les feuilles. On voit distinc- tement les points où cet acide pénètre dans ces organes. Elle prouve, en outre, que les feuilles aériennes se comportent comme les feuilles submer- gées lorsqu'on les soumet aux rayons du soleil dans de l'eau chargée de bicarbonate calcaire ; seulement, avec les premières, le phénomène n'est pas de longue durée. » 3° Sennebier a démontré que les feuilles devenues rouges lorsqu'elles sont sur le point de tomber, les feuilles sèches, celles qui ont poussé dans l'obscurité, ne produisent pas d'oxygène sous l'influence des rayons solaires. Il a annoncé aussi que les feuilles qui ont des panachures, c'est-à-dire des parties diversement colorées, n'en donnent le plus souvent que par leurs parties vertes. » Cependant de Saussure a fait une expérience sur les feuilles rouges de YAlriplex, et il a découvert que ces organes, exposés au soleil, laissent dégager de l'oxygène en abondance. 11 a prétendu même que ces feuilles colorées en rouge en exhalent une quantité aussi importante que celles de la variété de YAtriplex qui a des feuilles vertes (i). (i) Beaucoup d'autres feuilles colorées expirent aussi de l'oxygène lorsqu'elles reçoivent les rayons du soleil. Cette fonction doit-elle être attribuée exclusivement à la matière verte qu'on trouve généralement dans ces feuilles, et qui exercerait son action spéciale nonobstant le voile dont elle est revêtue? Ne pourrait-on pas supposer aussi que le chlorophylle est sus- C. R., 186C, 1er Semestre. (T. LX11, N° 7.) 44 ( 34a ) » Il résulte de ces observations qu'il faut distinguer les feuilles chez les- quelles la coloration rouge, blanche ou jaune est un indice de dégénéres- cence ou d'épuisement (soit que ces couleurs affectent la feuille entière ou seulement des fragments de sa surface), de celles qui sont normalement colorées en pourpre au moment où leur vitalité est dans toute sa plénitude. Les premières n'ont pas d'action sur l'acide carbonique, les dernières le décomposent avec beaucoup d'activité. » Il m'a paru intéressant de rechercher comment se comportent la nuit les feuilles qui ne donnent pas d'oxygène le jour. » Les feuilles étiolées, par exemple celles de la Chicorée qu'on fait pousser dans une cave, exhalent de l'acide carbonique en l'absence de la lumière, surtout si la température est un peu élevée (1). p L'Erable panaché possède souvent des feuilles entièrement blanches à l'extrémité de ses rameaux; celles-ci n'expirent pas d'oxygène sous l'in- fluence des rayons solaires, mais elles laissent dégager de l'acide carbonique en quantité notable dans l'obscurité entière ou à la lumière diffuse d'un appartement. » Ainsi le phénomène de l'expiration nocturne se manifeste même chez des végétaux dépourvus de chlorophylle (2). » 4° De Saussure n'était pas éloigné de penser que les feuilles produisent constamment de l'acide carbonique, aussi bien le jour que la nuit. Quelques physiologistes partagent cette opinion et assimilent la respiration des plantes à celle des animaux. Dans l'intention d'apprécier la valeur de cette théorie, j'ai fait plusieurs centaines d'expériences qui me permettent aujourd'hui de présenter les affirmations suivantes : » Dans leur première jeunesse, les bourgeons, les feuilles naissantes versent dans l'atmosphère le jour, en plein air, même au soleil, une certaine quantité d'acide carbonique. Cette faculté subsiste pendant une époque variable suivant les espèces. Ces organes, pendant leur exposition au soleil, commencent de bonne heure aussi à exhaler une proportion d'oxygène, ceptible d'éprouver, en certains cas, des modifications dans sa couleur, et même dans ses propriétés chimiques, tout en conservant son influence sur l'acide carbonique? (1) M. Boussingaull a déjà annoncé qu'une plante née dans l'obscurité doit émettre incessamment de l'acide carbonique, tant que les matières contenues dans ia graine four- nissent du carbone [Annales dix Sciences naturelles, t. I ", p. 3i5; 1864). (2) M. Ch. Lory a observé déjà ( tribales des Sciences naturelles; 18^7) que les Orobanches, plantes parasites dépourvues de parties vertes, dégagent de l'acide carbonique a toutes les époques de leur végétation, soit à la lumière, soit dans l'obscurité. ( 343 ) faible d'abord, mais qui s'accroît à mesure qu'ils se développent. Ces deux fonctions sont simultanées pendant une certaine période; bientôt la dernière devient prédominante, et la première cesse de se manifester (i). » Les feuilles adultes et complètement développées n'expirent jamais d'acide carbonique, le jour, lorsqu'elles se trouvent dans des conditions normales, c'est-à-dire en plein air et sous la voûte dn ciel. Mais si on les maintient dans un appartement loin des fenêtres, ou dans un lieu fort om- bragé, elles en dégagent plus ou moins pendant le jour, suivant la nature de la plante et l'affaiblissement de la lumière. Ceci explique pourquoi il est difficile de conserver des végétaux dans des appartements. » J'ai déjà annoncé ces derniers faits dans un précédent Mémoire; dans celui-ci je les confirme par des expériences effectuées avec le plus grand soin, et à l'aide de la méthode dont s'est servi de Saussure lui-même; seule- ment j'ai modifié un peu ses procédés afin d'éviter les erreurs dans les- quelles il est tombé. » GÉOLOGIE. — Sur des faits géologiques et minéralogiques nouveaux concernant divers gisements de phosphate de chaux. Extrait d'une Note de M. Bertrand DE Lojl. « 1er Gisement. Basalte. — M. Damour ayant bien voulu, par une ana- lyse qualitative, reconnaître l'existence du phosphate de chaux dans un basalte que je lui ai remis, mais sans déterminer les proportions, quantités que j'estime très-considérables, rien qu'en voyant la multitude de petits cristaux dont ce basalte est pétri, je viens signaler ce fait important à la science, et quelques autres du même genre, persuadé que l'Académie fera bon accueil à ma communication. » Et d'abord, le basalte en question constitue des galets fortement al- térés gisant sur le sol arable de la Haute-Loire (environs du Puy). Cet état d'altération met en évidence les cristaux de phosphate, qui sont des prismes hexaèdres basés, d'un blanc grisâtre, prismes réduits ou usés en partie par l'action érosive des agents extérieurs, d'où résultent autant de petits vides que de cristaux attaqués. » De prime abord, ayant pensé avoir affaire au carbonate de chaux (à l'état d'arragonite), je ne me suis pas préoccupé, bien que le fait en valût (i) Ces phénomènes sont t!e môme ordre que ceux observés pendant la germination par M. Boussingault [Économie rurale, t. 1er, p. ^o; i85i). 44- ( 344 ) la peine, de rechercher la coulée d'où étaient partis ces intéressants galets de basalte. Maintenant que la chose vaut bien plus la peine d'être recher- chée, j'espère que je ne serai pas longtemps à mettre la main dessus. » 2e Gisement. Déjections volcaniques. — Dans celui-ci le sel de chaux en question est de couleur verdâtre, quelquefois bleue, en cristaux confus, bien que le prisme hexaèdre basé se montre de temps à autre. Ce phosphate se présente en quantité considérable, dans des rognons d'une sorte de pegmatite disséminée parmi ces déjections. » 3e Gisement. Tufja-Peperino (butte volcanique deCheyrac). — Dans ce troisième gisement, c'est encore dans une sorte de pegmatite que le phosphate existe, mais en quantité infiniment moindre que dans le pré- cédent, la roche qui le contient en étant moins fortement imprégnée et étant elle-même distribuée en moins grande abondance dans ledit tuffa. La cou- leur du phosphate de chaux est la même que dans le gisement précédent, sa cristallisation également confuse. » En signalant l'existence de ce sel de chaux en quantité si notable dans les principaux systèmes de terrains volcaniques, on ne devrait plus être étonné de la fertilité extraordinaire du sol arable qui dérive ou résulte de la décomposition de ces produits ignés, de même que de la fertilité de certaines parties des terrains granitiques qui, d'après leur aspect sableux et par le manque d'humus, sembleraient plutôt frappés de stérilité, comme en présente le sol de certaines landes, fertilité due ici encore au même principe qui fertilise le sol volcanique. Ci-après, un trait saillant de ce der- nier genre. » 4e GISEMENT. Granité à grandes parties ou grands éléments. — Dans ma communication du 8 novembre dernier, j'ai déjà dit un mot de ce gi- sement. Le premier échantillon recueilli par moi dans le sol de remblai dont je parlais offrait une quantité très-notable de phosphate de chaux en petits cristaux de couleur verdâtre; et le mica de cette roche offrait cet in- térêt de toujours affecter la forme de prisme rhomboïdal simple, qu'on a ra- rement occasion de rencontrer, et d'une transparence à satisfaire les exi- gences du polariscope. Ces motifs étaient suffisants pour m'engager à remonter jusqu'à la source, et je n'y ai pas failli. » Arrivé sur les lieux où gît cette sorte de granité, le premier fait qui me mit sur la voie de constater la présence du phosphate dans la roche fut la belle apparence d'un seigle, richesse de végétation comme j'en avais rare- ment vu dans cette céréale, précisément dans un endroit assez éloigné des fermes, et même peu accessible aux chariots des cultivateurs. En peu de temps j'eus constaté la présence du phosphate de chaux en ces lieux, dans ( 345) un granité à grandes parties, comme je l'ai déjà dit, granité constituant un système assez développé. Il faut bien le dire, la richesse de végétation si extraordinaire remarquée sur un point était bien loin d'être la même par- tout, ce que doit expliquer la quantité de phosphate de chaux, très-abondant sur certains points, comme dans les échantillons que j'ai soumis à l'appré- ciation de MM. Daubrée et Delafosse, et en très-faible quantité sur d'autres. » Voulant savoir si véritablement le phosphate de chaux était la vraie et seule cause d'une telle fertilité sur ce point, j'interrogeai le propriétaire du seigle en question, et il m'apprit que le fumier de sa ferme était à peine suffisant pour la partie de son domaine qu'on appelle le Vol-du-Chapon, et que, si cette partie de sa propriété donnait de temps à autre de bonnes récoltes, c'était la Providence qui l'ordonnait, me dit-il. J'ajoute qu'il avait remarqué que le sol avait besoin de temps à autre d'être défoncé, mais sans se douter, bien entendu, que le sel de chaux en question fût la vraie cause d'une telle fertilité. » 5e Gisement. Coupel. — Un dernier fait du même genre, et c'est le gisement connu sous le nom de Coupet, volcan enclavé dans les communes de Saint-Èble et de Mazerat-Crespignac, qui va nous le fournir. » Ce sont de gros nodules de titanite de fer empâtant un nombre con- sidérable de cristaux d'apatite, de phosphate de chaux, couleur gris de perle, en quantité paraissant former la base de ces nodules. » On y trouve encore de grands nodules composés d'augite, de py- roxène fibreux verdàtre, de fer titane et de cristaux de phosphate de chaux répandus indistinctement dans ces trois composants, mais alors en moins grande quantité que dans le premier cas, et en cristaux moins gros, pres- que aciculaires. » La découverte récente d'un certain nombre de Pachydermes, Rumi- nants, etc., non encore signalés dans ce gisement, m'engagera à solliciter de nouveau l'attention de l'Académie en lui donnant la nomenclature com- plète des richesses paléontologiques qu'il renferme. Ce sera le sujet d'une prochaine communication. » Un mot encore au sujet du phosphate de chaux. L'origine éruptive de cette substance est parfaitement claire, dans les cas que nous venons de dé- crire, à l'exception de celle du phosphate qui se trouve dans le basalte. » En effet, la lave ayant traversé le calcaire lacustre, si riche en fossiles, du bassin du Puy, et le phosphate du basalte ne portant pas les preuves d'une origine éruptive comme dans tous les autres endroits décrits, quelques géologues seraient peut-être tentés de penser que le phosphate pourrait ( 346 ) avoir ici une origine organique. Mais si l'on tient compte de la quantité si extraordinaire de ce sel contenue dans ce basalte, et delà manière uni- forme dont il y est répandu, il faudra renoncer à la source organique pour s'en tenir à une source commune. Telle est du moins mon opinion à ce sujet. » (Renvoi aux Commissaires déjà nommés pour les précédentes communica- tions de l'auteur.) MINÉRALOGIE. — Sur l'ancienne exploitation des mines d'étain de la Bretagne. Lettre de M. Simonix à M. Élie de Beaumont. « J'ai l'honneur de vous adresser quelques documents nouveaux inté- ressant l'ancienne exploitation des mines d'étain en France. Ces documents viennent corroborer ceux que l'Académie a déjà reçus au sujet des gisements stannifères du Limousin et de la Marche; mais il s'agit cette fois des mines d'étain de la Bretagne. » J'ai visité récemment, près de Ploërmel (Morbihan), dans les environs du lieu dit la Villeder, des gîtes stannifères très-anciennement fouillés. Ces gîtes, au sujet desquels de nombreuses communications ont déjà été faites à l'Académie, notamment par feu M. Durocher, ont été, il y a quelques années, réexploités avec beaucoup d'activité. M. Durocher y a constaté la présence de l'or dans les alluvions de la surface, et même la présence du mercure. Les Comptes rendus de 1861 ont fait connaître le résultat de ses recherches. Il est curieux que l'or ait été également découvert à Vaulry. » Au point de vue de l'ancienne histoire de la Gaule, ces placers ont la même importance que M. Mallard signalait pour ceux de Vaulry et Monte- bras. On y a retrouvé une hache en pierre polie, une hache en bronze, des débris de tuiles, de poteries, des restes de conduites qui portaient l'eau aux placers, pour le lavage des sables métallifères. Je ne parle pas des tas énormes de déblais et des excavations toujours visibles à la surface, non plus que des monticules, retrouvés ràet là, de scories parsemées de grains d'étain. » Le gîte de la Villeder consiste en un système de filons quartzeux placés au contact des granités et des schistes anciens. La direction princi- pale de ces filons est nord-nord-ouest, c'est-à-dire qu'ils correspondent au soulèvement de la Vendée rapporté à la Villeder; d'autres, obliques aux premiers et jalonnés sur une ligne qui oscille autour du nord-ouest, cor- respondent au soulèvement du Morbihan. » Les gîtes de la Villeder se relient à ceux de Penestin (en breton Pcn- ( 347 ) Slaen, le Cap ou la Pointe de l'Étain) et de Piriac, qu'on rencontre à l'em- bouchure de la Vilaine et de la Loire, sur le rivage même de l'Océan. La Cornouailles française, par ce point comme par tant d'autres, se rapproche de la Cornouailles anglaise, sa voisine et sa sœur. » C'est à l'embouchure de la Loire, comme à la pointe de l'Armorique anglaise, que les Phéniciens et les Grecs, ces premiers marchands de la Médi- terranée, venaient, au temps d'Homère, charger l'étain. Les Cassitérides, sur lesquelles on a tant disputé sans se mettre d'accord, pourraient aussi bien être les îles situées vers l'embouchure de la Loire et de la Vilaine, Noir- moutiers, Belle-Ile, l'île d'Houét, etc., que les Scilly que nous appelons les Soiiingues, et qui regardent, mais en plein Océan, le Cornouailles anglais, fertile en naufrages. Strabon, le plus exact de tous les géographes de l'an- tiquité, et celui d'entre eux, en même temps, qui a le plus voyagé, place les Cassitérides au nord de l'Espagne. Les îles que l'on vient de citer répondent à ce signalement mieux que les Sorlingues. Cependant on ne peut nier que les Tyriens, les Grecs, et plus tard les Carthaginois, n'al- lassent même jusque dans la Grande-Bretagne, où les mines d'étain et de cuivre du Cornouailles étaient également alors l'objet d'une exploitation florissante qui n'a jamais été interrompue depuis. » Il est intéressant de remarquer que le mot breton servant à désigner l'étain, slaen, se retrouve plus ou moins reconnaissable dans presque toutes les langues européennes : le latin, l'italien, l'espagnol, le français, l'alle- mand, l'anglais, etc., sous les formes stannum, slagno, estano, élain, lin, tin, etc. » (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. H. Sainte-Claire Deville, Fremy, Commission qui aura également à s'occuper des précé- dentes communications du même auteur.) PALÉONTOLOGIE. — Sur des couteaux d'obsidienne d'Auvergne et les nuclei d'où ils avaient été détaches, trouvés dans les fouilles exécutées pour le chemin dejer de Lunéville à Baccarat. Lettre de M. Guérin à M. Élie de Beaumont. « Tl y a quelques mois, je lisais dans les Comptes rendus un travail de M. Damour sur les matières premières ayant servi à la confection des armes de l'âge de pierre. M. Damour faisait remarquer l'absence presque absolue d'un silicate connu sous le nom d'obsidienne, et qui n'aurait été mentionné jusqu'à ce jour que par M. Simonin comme trouvé à l'île d'Elbe. Je crois devoir, à cette occasion, vous annoncer, Monsieur, qu'il y a deux I 34-S ; ans environ, en exécutant des travaux pour la construction du chemin de fer de Luné ville à Baccarat, les ouvriers ont découvert dans des alluvions très-anciennes quatre ou cinq fragments d'une matière vitreuse et noir-ver- dàtre, qui furent remis à M. Lebrun, architecte à Lunéville, et qui, après constatations, furent reconnus pour être véritablement de l'obsidienne d'Auvergne. Sur ces cinq morceaux, deux sont de véritables noyaux poly- gonaux et présentant sur leurs faces des coups parfaitement portés et résul- tant de l'enlèvement de lames tranchantes; une des trois que l'on possède s'adapte très-exactement à cette matrice. » L'aspect, la présence d'objets dont le gisement est si éloigné, la place qu'ils occupaient dans un gisement parfaitement reconnu, ne laissent aucun doute sur l'authenticité de cette découverte. » Les noyaux ont 8 et 10 centimètres sur 1 et 1 ~ de diamètre; les lames ont 7 à 10 millimètres d'épaisseur. » (Commission nommée pour la Note de M. Simonin.) M. Saint-Lager adresse, de Lyon, un Mémoire concernant l'influence que peut exercer la constitution géologique du sol sur l'existence du goitre en- démique et du crétin isme. Examinant successivement, à ce point de vue, les différentes formations, il arrive à conclure « que le crétinisme et le goitre endémique coïncident avec les terrains métallifères. La pyrite de fer, dit-il, vient au premier rang dans l'ordre de fréquence; c'est le seul élément constant dans les pays à goitre. En second lieu vient la pyrite de cuivre (sulfure double de cuivre et de fer), puis viennent la galène argentifère ou antimoniale, la blende, lastybine, la barytine, etc. » L'auteur a pensé que les résultats de l'observation pourraient être con- firmés par l'expérience, et dans ce but il a administré à un rat un mélange de sulfate ferrique et de pyrite de fer, à la dose d'environ 5 centigrammes par jour. Sous l'influence de cette médication continuée depuis plus de deux mois, il a vu apparaître une tumeur à la place où se manifeste le goitre chez l'homme, et plusieurs médecins auxquels il a fait voir l'animal l'ont consi- déré comme décidément goitreux. Toutefois il n'a pas encore sacrifié le rat pour en faire l'autopsie, qui déciderait ce que la simple observation exté- rieure lui rend seulement vraisemblable. Il continue à suivre cette expé- rience qu'il se propose d'étendre à d'autres sujets. ( Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Pelouze, Ch. Sainte-Claire Deville, Bernard.) ( 349) 31. Charlon, directeur de la Compagnie d'assurances le Phénix espagnol, adresse de Madrid un Mémoire concernant les règles qui doivent guider dans les assurances sur la vie pour régler le payement des annuités d'une manière équitable à la fois pour l'assureur et pour l'assuré. (Commissaires : MM. Mathieu, Bienaymé.) M. de Jonquières. — Essai d'une théorie des séries et des réseaux de courbes [sur le plan et dans l'espace) et de surfaces. Ce Mémoire, présenté dans la précédente séance, a été renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Liouville, Bertrand et Bonnet. C'est par erreur que, dans le Compte rendu, on a reproduit le nom des Membres qui avaient été désignés pour une ancienne communication du même auteur. CORRESPONDANCE. M. le Contre-Amiral Labrouste prie l'Académie de vouloir bien le consi- dérer comme candidat pour une des places que viennent d'être créées dans la Section de Géographie et Navigation. (Renvoi à la Section de Géographie et Navigation.) L'Université littéraire de Luxd (Suède) envoie deux volumes de ses sectes publiés chacun en 1864-1 865, et annonce que chaque année elle en fera paraître un nouveau volume; elle espère que l'Académie, qui recevra régu- lièrement ses publications, voudra bien en retour la comprendre dans le nombre des Sociétés savantes auxquelles elle donne ses Mémoires et ses Comptes rendus. (Renvoi à la Commission administrative.) M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. J. Marcou, un opus- cule géologique intitulé : « Le Niagara, quinze ans après » ; et au nom de M. Deherain, la 5e année de « l'Annuaire scientifique », revue des progrès des sciences publiée en collaboration de plusieurs savants. M. Chatin adresse, relativement aux recherches sur Y iode dont il a à di- verses reprises entretenu l'Académie, la demande suivante : « Des doutes s'étant propagés sur l'exactitude de quelques-uns des C. R., 1866, Ier Semestre, (T. LXII, N° 7.) 45 ( 35o ) résultats de mes recherches sur l'iode que je regardais comme acquis défini- tivement à la science, j'ai l'honneur de solliciter la nomination d'une Com- mission qui veuille bien soumettre ces résultats à un contrôle immédiat et sévère. » Les points généraux, susceptibles d'une prompte vérification, sont les suivants : » Présence générale de l'iode dans les plantes aquatiques et dans les eaux potables, dans le sol et les plantes communes, dans l'air. » L'Académie, obtempérant à cette demande, désigne comme Commissaires MM. Boussingault, Peligot et Balard. HYDRAULIQUE. — Considérations sur la nature du frottement des liquides soumis à de très-grandes pressions; par M. A. de Calicxy. « Je crois avoir remarqué le premier que les expériences faites par du Buat pour établir que le frottement de l'eau était indépendant des pres- sions n'étaient pas suffisantes, parce que les pressions comparées par cet illustre savant étaient petites par rapport à celle de l'atmosphère. On peut voir ce cpie j'en ai dit dans le Journal de Mathématiques de M. Liouville, année i838 et surtout i84i- Les pressions que j'avais observées, celles sur- tout qui ont été mentionnées dans mon Mémoire publié en 1 8Zj i , étaient beaucoup plus grandes que celles qui avaient été observées dans les expé- riences précitées de du Buat; mais il était utile, pour vérifier les conclu- sions, d'en étudier de plus considérables. C'est ce qui a été fait longtemps après par M. Darcy, auquel je parlai de ce que j'avais publié moi-même sur ce. sujet. Les pressions observées par ce célèbre hydraulieien étaient cepen- dant bien loin de celles qui vont se présenter dans des siphons renversés projetés par le gouvernement romain pour l'alimentation de plusieurs villes. Le P. Secchi m'ayant fait l'honneur de me consulter relativement à l'établissement de ces siphons, me connaissant comme confrère de l'Aca- démie pontificale des Nuovi Lincei de Rome, je me suis empressé de lui signaler la possibilité de profiter de ces grands travaux d'utilité publique pour achever d'éclaircir ce point délicat de la théorie des liquides. Il m'a d'ailleurs semblé qu'il ne serait peut-être pas sans intérêt de mieux préciser l'état de la question. On présume, d'après les expériences de du Buat, les miennes et celles de M. Darcy, que les liquides étant extrêmement peu com- pressibles, leur frottement ne doit pas dépendre, des pressions auxquelles ils sont soumis pour des vitesses données. Mais pour des pressions d'une ( 35i ) vingtaine d'atmosphères, comme celles qui vont être l'objet des observa- tions du savant Correspondant de l'Académie, il est permis de conserver un doute, et il est intéressant d'étudier de quelle manière pourront se mani- fester les effets. Le sujet est, comme on va voir, plus délicat qu'il ne semble au premier aperçu. » Dans le cas où le frottement augmenterait pour de très-fortes pressions, il est possible que cela modifie l'engrenure, si l'on peut s'exprimer ainsi, des molécules liquides sur les parois solides. Or, si les molécules engagées sur ces parois sont plus difficilement entraînées par suite d'une augmenta- tion de frottement, on conçoit que cela peut modifier l'état des surfaces frottantes. » On a longtemps admis avec du Buat que les véritables surfaces frot- tantes étaient formées de coucbes liquides adhérentes à la paroi, d'où l'on concluait que le frottement était le même pour des surfaces solides plus ou moins polies de natures très-différentes. Mais il résulte des expériences de M. Darcy qu'il n'est pas vrai que des parois neuves fassent éprouver à l'eau autant de frottement que celles qui sont depuis un certain temps en usage, sans que le diamètre soit cependant sensiblement rétréci. » Il paraît, d'ailleurs que cette modification de surfaces n'est pas très- longtemps à se manifester, quand les vitesses ne sont pas très-grandes; mais que, lorsqu'elles sont assez grandes, comme dans la colonne montante de la machine actuelle de Marly, les surfaces restent nettes comme si elles étaient neuves. » Tel ne sera point en général le cas du genre d'écoulement qui sera observé dans les siphons renversés dont il s'agit. Il sera donc intéressant de comparer le débit de ces siphons neufs à ce qu'il sera après un assez long usage. Si l'on ne trouvait pas de différence sensible dans des circonstances aussi différentes, ce serait une raison de penser que la couche d'eau, tapis- sant mieux les parois selon les anciennes hypothèses, se serait véritablement formée sous l'action des pressions extraordinaires qui auraient modifié l'en- grenure des molécules liquides engagées dans les aspérités des parois. Ainsi, dans le cas où par l'observation directe d'un débit dans une seule cir- constance donnée, on ne s'apercevrait pas d'une augmentation de frotte- ment, s'il y en avait une, provenant de la grandeur des pressions, on aurait d'autres moyens d'éclaircir le point fondamental de la question de physique, d'autant plus délicat peut-être à observer directement, que si le mode d'en- traînement est changé, on conçoit que cela peut modifier les effets de la 45.. ( 3Sa ) communication latérale du mouvement des liquides par laquelle on sait comment peut être influencée l'indication précise des piézomètres. » Dans le cas où les premières observations directes donneraient diffici- lement des résultats concluants par des raisons quelconques, ainsi que je viens de montrer que cela se pourrait dans une hypothèse dont la réalisa- lion n'a rien d'impossible, il ne serait pas sans intérêt d'essayer les observa- tions thermométriques. » D'après la nouvelle théorie de la chaleur, le frottement, quand les surfaces ne sont pas endommagées, serait, selon divers auteurs, une fiction cachant la réalité; et la perte de travail utile qu'il occasionne serait le résultat d'un dégagement de chaleur. On conçoit donc que s'il est intéres- sant, pour une vitesse donnée, quand le régime uniforme sera suffisamment établi, de faire simultanément des observations piézométriques à diverses hauteurs sur un siphon renversé, et dans ses diverses parties, il sera intéres- sant d'essayer, autant que possible, des observations thermométriques, aussi à diverses hauteurs, et dans chaque branche. Sans entrer ici dans le détail des moyens d'observation que j'ai soumis au P. Secchi, et qui vont être essayés notamment sur un siphon renversé de deux lieues et demie de longueur développée, il m'a semblé utile de signaler aux ingénieurs le véri- table état de la question. En effet, s'il se présente rarement des circonstances qui permettent ainsi, pour de très-grandes pressions, de faire des observa- tions précises, il y a lieu d'espérer que, pour de plus grandes vitesses, par exemple à Marly, on pourra faire sur le frottement de l'eau, dans des colonnes montantes assez élevées, des éludes que la variation connue d'ail- leurs des indications des dynamomètres dans ces .circonstances rendront plus difficiles, mais qui ne seront pas sans intérêt, si les pressions ne sont pas aussi grandes que dans ces cas exceptionnels. » chimie APPLIQUÉE. — Sur la coloration du verre. Note de M. D.-E. Splituehgeh, présentée par M. Pelouze. « Dès l'année 1 cS3c) j'ai, dans ce recueil ( Annales de Poggendnrff), essayé d'attirer l'attention des chimistes sur un verre coloré en jaune. L'intéres- sant travail de M. Magnus sur le soufre noir et le soufre rouge a contrihué à mettre en lumière la cause de cette coloration du verre. Il démontre en effet que ces deux modifications du soufre conservent leurs propriétés dans les combinaisons qu'elles forment avec les métaux alcalins et qu'elles com- muniquent leurs couleurs aux silicates. ( 353 ) » Pour donner un aperçu pins complet, je me permettrai de répéter ici quelques détails empruntés à mon premier Mémoire. On produit le verre jaune dont il s'agit en introduisant flans le verre blanc ordinaire une ma- tière susceptible de laisser en se détruisant un résidu de charbon, la crème de tartre par exemple ; mais il faut en même temps avoir soin d'écarter tout corps capable de dégager de l'oxygène. » On admettait que cette coloration jaune était due à la présence de carbone libre dans le verre. J'ai prouvé qu'elle devait être attribuée à du soufre, ou plus exactement à des combinaisons du soufre avec les métaux alcalins, provenant de la réduction des sulfates alcalins employés. Ces com- binaisons sont en effet fort colorées. Suffisamment opaque et sous une épais- seur de om,oo4, le verre paraît rouge-brun; exposé pendant douze ou quinze minutes au rouge naissant, température à laquelle il ne se ramollit point encore, il prend une couleur de plus en plus foncée et devient presque complètement opacpie. Remarquons en passant que pour arriver juste à ce point et ne le pas dépasser il faut une certaine habitude. En cet état, il ne laisse plus passer que la lumière rouge monochromatique; il peut être employé dans les appareils de polarisation et se prêle parfaitement aux ob- servations solaires. » Ce verre ainsi devenu, par une première élévation de température, presque complètement opaque, mais conservant toujours ses bords tran- chants, exposé à une température plus élevée, de manière à lui faire subir un commencement de fusion, redevient transparent et reprend sa couleur primitive. Chauffé de nouveau, il redevient brun foncé. » Dans mon premier Mémoire, j'ai montré l'analogie cpie présentaient ces changements de coloration du verre avec ceux du soufre lorsqu'on le chauffe. La chaleur produit des variations de couleurs semblables sur les sulfures, mais sans permanence. » Ce curieux passage du blanc au jaune et au brun ne peut guère s'ex- pliquer par une réaction chimique des divers éléments qui composent le verre. Il faut plutôt l'attribuer aux changements d'état que la chaleur fait subir au sulfure, qui passe d'abord à l'état de soufre rouge et ensuite à celui de soufre noir, et rend ainsi le verre tout à fait opaque si le sulfure est en assez grande quantité. Cette dernière condition est tout à fait néces- saire; un verre qui n'est coloré qu'en jaune clair ne devient ni plus foncé ni plus opaque lorsqu'on le chauffe, et lorsqu'on le fond la petite quantité de sulfure noir est redissoute dans la masse du verre et revient à la pre- mière modification jaune. ( 354 ) » L'analyse d'un verre jaune-brun, présentant ces variations de cou- leurs par l'action de la chaleur, m'a donné : Silice 62,43 Chaux g ,46 AlJ03,Fe'03Mn30J 1,70 KO et NaO 26,04 Soufre o,35 » Cette quantité de soufre a été dosée à l'état tle sulfate de baryte. J'avais pris soin d'ajouter des cristaux de nitre dans la solution ignée du verre dans la soude pure, pour oxyder le soufre. » En ajoutant aux éléments d'un verre parfaitement blanc 0,750 pour 100 de sidfate de soude et du sucre, on obtient un verre jaune-brun foncé ; mais si au mélange des substances qui doivent donner le verre blanc on ajoute simplement du sucre, sans addition correspondante de sulfate de soude, le verre reste blanc, comme on pouvait le prévoir, le sucre brûlant en entier sans laisser de résidu charbonneux dans le verre. » Je me propose même, à ce sujet, de faire quelques expériences pour voir s'il ne serait pas possible d'introduire, de manière qu'il y restât, du carbone dans le verre. » Voici encore une analogie frappante entre le verre jaune et le soufre chauffé. Lorsqu'il est coloré en rouge brun, il éteint tous les rayons plus réfractés du spectre; le rayon rouge extrême reste seul visible. Le verre enfumé, au contraire, laisse passer plus de rayons jaunes que de rayons rouges. » En ce qui touche le pouvoir diathermane de ce verre, je n'ai pas trouvé pour des épaisseurs égales qu'il y eût de différence entre le verre noir et le verre jaune. Un verre blanc laisse passer une plus grande quan- tité de chaleur rayonnante dans le rapport de 4 à 6. Enfin, j'ai cherché à employer ce verre noir comme photomètre pour la lumière rouge; à cet effet, je l'ai taillé en prisme très-aigu de 4 degrés environ, qu'on abaisse devant les yeux en observant l'épaisseur à laquelle la lumière disparaît. » mécanique CÉLESTE. — Indication d'un passacje de M. Tyndall, concernant l'action de la. Lune sur les protubérances liquides des marées. Lettre de M. L. GlKAUD. « En lisant le beau Mémoire de M. Delaunay sur l'accélération de la Lune, je me suis rappelé un passage du livre de Tyndall : De lu chaleur, pas- ( 355 ) sage où l'action de notre satellite sur les protubérances liquides des marées est nettement indiquée. Voici le texte : « Concevons que la Lune soit fixe et que la Terre tourne comme une » roue de l'ouest à l'est, dans sa rotation diurne. Une montagne de la » Terre, en s'approchant du méridien de la Lune, se trouve comme saisie » par la Lune et devient une sorte de manivelle par laquelle la Terre est » sollicitée à tourner plus vite. Mais quand la montagne a passé le méridien, » l'action de la Lune s'exerce en sens contraire et tend à diminuer la vitesse •< de rotation autant qu'elle l'augmentait auparavant; et c'est ainsi que » l'action exercée par la Lune sur tous les corps^ures à la Terre se trouve » annulée ou neutralisée. « Mais admettons que la montagne reste toujours située à l'est du méri- » dien de la Lune, alors l'attraction du satellite s exercera toujours dans le sens » opposé à la rotation de la Terre, DONT LA VITESSE diminuera, par consé- » quent, d'une quantité proportionnelle à l'intensité de l'attraction. La » marée occupe cette position; elle est toujours située à l'est du méridien de » la Lune; les eaux de l'Océan sont, en partie, traînées comme un frein sur la » surface de la Terre, et, comme un frein, elles doivent diminuer la vitesse de » la rotation de la Terre, etc. » [De la chaleur, par Tyndall, chapitre sur le Soleil.) » En rappelant ces paroles du savant physicien anglais, je n'ai nullement la pensée de vouloir diminuer le mérite du beau Mémoire de M. Delaunay; mon but est de mettre en évidence un texte curieux utile à connaître pour l'histoire du grand problème dont M. Delaunay poursuit la solution. » M. Gcérixeau-Aubry présente une Note accompagnée d'une figure sur un appareil mécanique de son invention. M. Morin est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. A 4 heures trois quarts l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à G heures et demie. É. D. B. ( 356 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 12 février 1 86G les ouvrages dont les titres suivent : Le Jardin fruitier du Muséum; par M. Decaisne, Membre de l'Institut. 83e livraison. In-4°; 1866. Synopsis des Névroptères d'Espagne; par M. A. -Ed. Pictet. 1 vol. grand in-8° avec planches. Genève et Paris, i865. Des Maternités. Etudes sur les Maternités et les Institutions charitables d'ac- couchement à domicile dans les principaux Etals de l'Europe; par M. Léon Le Fort. 1 vol. in-4° avec planches. Paris, 1866. (Cet ouvrage présenté par M. Velpeau est, sur la demande de M. Mathieu appuyée par M. Morin, renvoyé au concours pour le prix de Statistique.) Bulletin de Statistique municipale publié par les ordres de M. le Baron Haussmann. Mois d'octobre i865. Paris, 1 865 ; in-/(°. Anatomie comparée des végétaux; par M. Chatin. 13e livraison, avec planches. Paris, 1 865. Annuaire scientifique publié par M. Dehérain. 5e année, 1866. Paris, 1866; 1 vol. in- 12. De ta distribution des nerfs pneumogastriques dans les poumons des Ophi- diens; parM. Henri Jacquaut. Paris; br. in-8° avec planche. De la valeur de l'os épactal; par M. Henri Jacquart. Paris; br. in-8° avec planches. Mémoire sur la déglutition chez les Ophidiens ; par MM. Ang. DUMÉRIL et H. Jacquart. Paris; br. in-8° avec planches. Le Niagara (/uinze ans après; par M. Jules MARCOU. Opuscule in-8° avec figures. Paris, 1 865. (Extrait du Bulletin de la Société Géologique de France. ) Mémoire sur la structure et la texture des artères; par M. GlMBERT. Paris, 1 865 ; br. in-8° avec planches. (Réservé pour le concours de Médecine et Chirurgie de 1866.) (Présenté par M. Cli. Robin.) Six opérations de fistule vésico-vaginale par la méthode américaine; par. M. Courty. Paris et Montpellier, 1 865 ; br. in-8°. Statistique morale de l'Angleterre cl de la France; par M. A. -M. GUEBRY. Etudes sur cet ouvrage; par M. H. DlABD. Paris et Tours; br. in-8°. Recherches sur les combinaisons du niobium ; par M. C. Marignac (2e Mé- moire). 1866, sans lieu; br. in-8°. (357 ) L'arc de Suze illustré par là philologie appliquée à l'histoire et à la géogra- phie; par M. X. PiNGET. Bonneville, 1866; opuscule in-8°. 2 exemplaires. accidents de chemins de fer. Les essieux actuels et leurs ruptures. Essieux de sûreté; par M. Lucas. Note autographiée in-4°. Angoulême, 1866. (Présentée par M. Chasles.) Mémoires de la Société impériale d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers. Nouvelle période, t. VIII, 2e cahier. Angers, 1 865; in-8°. Société d'Encouragement pour l'industrie nationale. Résumé des procès- verbaux des séances du Conseil d'administration, séance du 24 janvier 1866. Opuscule in-8°. Paris, 1866. L'Avviso... La connaissance de Dieu ; par M. Salvatore, Naples, 1 865; br. in-8°. Sur la structure de l'organe qui donne la lumière dans la Lucciola volante de l'Italie centrale ( Luciola italica) et sur celle des fibres musculaires dans ces Insectes et autres Arthropodes ; par M. A.-T. Tozzetti. Milan, 1866; in-4°. (Extrait du tome Ier des Mémoires de la Société italienne des Sciences natu- relles.) PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l' ACADEMIE PEXDANT LE MOIS DE JANVIER 1866. Actes de la Société d'Ethnographie; 4e livraison; i865; in-8°. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, Boussingault, Regnault ; avec la collaboration de MM. Wurtz et Verdet ; décembre 1 865 et janvier 1866; in-8°. Annales de i Agriculture française ; décembre 1 865 et janvier 1866; in-8°. Annales Forestières et Métallurgiques ; décembre i865; in -8°. Annales de la Société d' Hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des séances; t. XII, 2e et 3e livraisons; 1866; in-8°. Annales de la Propagation de la foi; n° 224; 1 865 ; in-8°. Annales du Génie civil; n° Ier, i865; in-8°. Annuaire philosophique ; 2e semestre 1 865 ; in-8°. Bibliothèque universelle et Revue suisse. Genève, n° 96. i865; in-8°. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; nos 5 à 8, i865; in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; n° 10, j865 ; in-8°. Bulletin de la Société Géologique de France; feuilles 27 à 36, i865; in-8°. C. H. 1866, Ier Semestre. (T. LXII, N° 7.) 46 ( 358 ) Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale; mois de novembre 1 865 ; iu-4°. Bulletin de la Société de Géographie; mois de décembre i 865 ; in-8°. Bulletin de la Société française de. Photographie; n° 12, i8G5; in-8°. Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique; 2e série, t. XX, nos 11 et 12, i865; in-8°. Bulletin général de Thérapcuticpic ; n05 des 1 5 et 3o janvier 1 866 ; in-8°. Bullcttino meteorologico deli Osservatorio del Cotlcgio romano ; n° 12, titre et table, t. IV, i865; in-4°. Catalogue des Brevets d'invention; n°9 9 et 10, 1866; in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; nos 1 à 5, Ier semestre 1866; in-4°. Cosmos; livraisons 1 à 5, 1866; in-8°. Gazette des Hôpitaux ; table i865, nos 1 à 14, 1866; in-4°. Gazette médicale de Paris; nos 1 à 5, 1866; in-4°. Gazette médicale d'Orient; n° 9, i865 ; in-4°. Il Nuovo Cimento. . . . Journal de Physique, de Chimie et d'Histoire naturelle; novembre et décembre 1 865. Turin et Pise; in-8°. Journal d'Agriculture pratique; nos 1 et 2, 1866; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; mois de janvier 1866; in-8°. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture ; décembre i865; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; janvier 1866; in-8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; nos 1 à 3, 18G6; in-8°. Journal de Mathématiques pures et appliquées; septembre à décembre i865; in-4°. Journal de la Section de Médecine delà Société académique du département de la Loire-Inférieure; livraisons 220 à 222, 1 865 ; in-8°. Journal des fabricants de sucre; nos 38 à 4o, 1866; in-f°. Kaiserliclie... Académie impériale des Sciences de Vienne y t. XXIX, titre et table, 1 865-1 866, n° 1"; 1 feuille d'impression in-8°. L'Abeille médicale; nos 1 à 5, 1866; in-4°. L 'Agriculteur praticien ; décembre 1 865 ; in-4°- La Médecine contemporaine ; n° ier, 1866; in-4°- L'Art dentaire; n° 4g, 1866; in-8°. ( 35g) L'Art médical; janvier et février 1866; in-8°. La Science pittoresque ; nos 1 à 6, 1866; in-4°. La Science pour tous; nos 7 et 8, 1866; in-4°. Le Gaz; nos 11 et 12, 186G; in-4°. Le Moniteur de ta' Photographie ; nos 20, 21 et 22, 1866; in- 4°. Le Mouvement médical; nos 1, 2 et 5, 1 feuille, 18G6; in-8°. Le Tec biologiste; n° 3i6, i865; in-4°. Les Mondes... n08 1 à 4, 1866; in-8°. Magasin pittoresque ; mois de janvier 1866; in-4°. Montpellier médical... Journal mensuel de Médecine; t. XXVI, n° 1", 1866; in-8°. Monthly... Notices mensuelles de la Sociétéroyale (V Astronomie de Londres; mois de décembre i865; in-12. Nachrichten... Nouvelles de i 'Université de Gœttingue; nos 17, 18 et 19, 1 865, nos 1 à 3, 1866; in-12. Pharmaceutical Journal and Transactions ; t. VIII, n° 4> 1866; in-8°. Presse scientifique des Deux Mondes; n°9 1 , 2 et 3, 1 866 ; in-8°. Répertoire de Pharmacie; n° 7, 1866; in-8°. Revue maritime et coloniale; t. XVI, janvier 1866; in-8°. Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale; nos 1, 2 et 3, 1866; in-8°. Revue des Eaux et Forets; n° Ier, 1866; in-8°. Socielà reale di Napoli. Rendiconto delP Accademia délie Scienze fisiclte e malematiche. Naples, décembre i865; in-4°. The Reader, n05 1 58 à 162, 1866; in-4°. The Scientific Review; n° 12, 1 865 ; in-4°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES WSHSXS-* SEANCE DU LUNDI 19 FÉVRIER 186(i. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIEK. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Seconde inégalité du mouvement des taches solaires; par M. Faye. (Fin.) « Nous avons trouvé [Compte rendu du 1 5 janvier), pour formule des latitudes de la seconde tache, - X= 25°, 68 h- i0,93cos3°, i84(«- 3o5,a). A la latitude moyenne 25°, 68, on a A = — î ',99 (formule de la page 278), et par suite Ç_== const. ■+- m[t — 3o5, 2) — i°, i5 sin3", 184 [t — 3o5, a). Fes observations donnent const. = 3i/|°,33, m = ■— o",^2']r] ; voici comment elles sont représentées : C. R., iSG6, 1" Semestre. T. LXI1, N° «.) 4 7 ( 362 ) Tache Nos 285—809 — 835 — 853 CaRRINGTON. DATE. HATE LONGITUDE obsel ,ûi' COEFFICIENT 1I0 la parallaxe. r.VRALLAXE Jo profondenr LONGITUDE vraie rllSl.TU'L LOltGITtTDI min <■ ^ÉCALITt L0KG1TUDB vraie calculée. ODS.— CALC. 1 1 Première rotation. 1 18G0 ■ Août I 21 3, Go 0 25 1,97 — 5,22 — 3,65 ,48°3q 253,48 0 ] ,07 0 262,41 O » 4 116,54 2J, ,00 — 1 ,00 — 0)7° 2jo,3o 202,2 î — 1 ,i3 2J1,11 — 0,8, 5 2I7,5G 250,90 — o,55 — o,38 25o,J2 2.Ï, ,Sl - -,'4 250,67 — 0, i5 7 21 y, 53 »49,7a -t- 0,06 -t- 0,04 249.7° 230,97 — , , i5 249,82 — 0,06 Deuxième rotation Août 29 2 '| 1,57 242,83 -5,72 — 4,oo 238,83 241,54 — 0,44 2/(1,10 » 3o J 'l> ,f>7 243,17 - 2,42 — i,"9 2.40,48 24! ,°7 — o,38 2.40,69 — 0,21 3i ,43,53 2.'l 1 , 55 — i,56 — ",09 2/(0,46 a4o,7i — o,3a 240,3g + 0,07 Sept. i ,44,56 2/(1,02 — °>95 — o,G7 2.40,35 240,27 — 0,26 2/|0,01 ■+- 0,34 2 a45,45 240,47 — o,6i — o,43 240,04 239,88 — 0,21 23g, G7 -t- 0,37 3 2/(6, 5o 239,65 — 0,27 — 0,19 23g, 46 23g, 43 — 0,14 23g, 2g + °,'7 4 247,53 /iS.li- 0 0 238,62 239,00 — 0,07 23S,93 — o,3i 5 ,48,48 238,oo ■+■ °>27 + 0,19 238, 19 238,5g — 0,0, .•;;s,;,s - o,3S 7 2Jo,56 237,72 -1-1,10 + o,77 238,49 237,70 -t- o,,3 237,83 -t- o,GG Troisième rotation. Sept. 3o rflM 228,50; — °,7° - o,4g 228,01 227.91 -+- i,,3 229,0.4 — 1 ,o3 Oct. 2 227,98 — o,o5 — o,o3 227,95 227,05 + .,i5 228,20 — 0,25 3 276,51 227,72 -4- 0,27 -i- 0,19 227,91 226,60 + .,.5 227,75 -t- o,iG 4 '•77 1 f • 22G,83 -+- 0,56 ■+■ °>39 227 ,22 226,19 -• ,,,:> 227,34 — 0,12 6 279,53 225,53 -4- 1,57 -t- 1 ,10 ,26,63 225, 3l -t- i,M 226,45 -H 0,18 8 281,40 ! 9: -t- 5,23 -l- 3,G6 228, G3 22.'|,5l + 1,13 223,63 11 Quatrième rotation Ort. 24 297>59 220,45 1- 7,3i - 5,12 2i5,33 2I7,5S -t- 0,/,7 2,R,o5 0 28 3oi ,45 2l6,9G - 0,78 — o,55 •>. 16,4 4 2 1 5 , g3 ■+• 0,24 216,17 -t" 0,27 29 3c ,,45 2 1 6 , 1 3 — o,43 - 0,29 2 1 5 , 84 2,5,35 -t- 0,17 21 > ,5a -r- 0,32 3o 3o3,49 ■' 1 ' • i . — 0,11 — 0,07 2 1 5 , i ' > 2i5,oG -t- 0,10 2,5, iG H- 0,1/, Nuv. > 3o5, ;i 213,73 -H- 0,48 -t- 0,34 2,4,07 11 ,. (5 — 0,02 2,4,43 — o,36 2 loG, ',(, '' -t- o,58 2i3,5G 2i3,8g — 0,08 2i3,8i — 0,25 3 307 , 5 1 21 1 ,5a + 1,33 -+- 0,93 212,45 2i3,3/( — 0,i5 213,19 — °,7Î 4 3o8,53 ■ 1 1 -1-2,20 + 1,54 2 1 3 , , 2 2,2,91 — 0,21 2,2,70 -+- 0,/|2 5 3o9,55 208,95 -t- 3,fl2 H- 2,53 211,48 212,47 — 0,27 212,20 - 0,73 ( 363 ) » Il y a quelques discordances notables, particulièrement au 4 août et au 3o septembre, mais elles sont évidemment imputables aux erreurs de l'ob- servation. En général, l'accord est satisfaisant, quoique nous n'ayons rien emprunté aux longitudes observées pour déterminer les trois constantes de l'inégalité en longitude. Passons à la troisième lâche. » Pour celle-ci, nous avons vu que l'une des séries de latitudes n'est pas bien représentée par notre formule : les latitudes calculées vont en crois- sant, tandis que les latitudes observées décroissent assez rapidement. Il serait abusif d'imputer ce désaccord aux erreurs de l'observation. Après mûr examen, je me suis assuré que le seul moyen de satisfaire aux lati- tudes du u° 8o3 serait de sacrifier le n° 828. Or il est aisé de prouver que 8o3 et 828 sont identiques, de même que 754 et 77g. Donc il y a là deux taches distinctes que l'on a identifiées à toit, l'une par -f- 26 degrés, l'autre par 4- 28 degrés de latitude, la plus boréale des deux se rattachant probablement au groupe 731 auquel la tache 75/1 — 77g est étrangère. Je regrette beaucoup ce sacrifice parce qu'il faut renoncer, pour le moment, à étendre à l'hémisphère boréal la démonstration qui me paraît acquise pour l'hémisphère austral. » Je reviens à la seconde tache, en commençant par la forte constante de la parallaxe qu'elle nous a fournie. Cette constante, exprimée en degrés, est de o°, 70. Pour s'assurer qu'elle convient aux observations, il suffira de former les équations de condition entre l'erreur normale y de la théorie pour chaque apparition et la correction dp de cette constante. On trouve ainsi : ° o ire rotation y' — o,5o dp = -4- o,34 (* ) x ,11 dp = — o,56 2e rotation y" — o,55 dp = — 0,08 6,64 dp = -+- o,45 3° rotation ....... y'" -4- o,3S(7/> = -+- 0,21 2,94 dp = — 0,9'; 4e rotation /" -4- o , 89 dp = -4- o , 09 8, g4 dp = -4- 1 , 5 1 » Ici j'appellerai l'attention sur le fait suivant : quand on supprime la (*) En laissant de côté les deux mauvaises observations signalées plus haut, et en faisant dp 7= o, on trouve, pour les erreurs moyennes de notre théorie à chaque apparition, Cale. — obs. o 1 re rotation . . y' = -4- o , 1 1 2e rotation — 0,08 38 rotation -1-0,01 4e rotation +0,09 Il serait évidemment inutile de chercher mieux. Si on rejette notre inégalité, ces erreurs 47- ( 364 ) correction de la parallaxe pour les observations faites très-près des bords, à o, g8 environ du centre, on trouve qu'elles s'accordent avec la théorie, eu égard, bien entendu, au peu de précision de ces mesures extrêmes, tandis que cette même correction est indispensable pour les observations faites dans toutes les autres régions du disque. On a en effet : Date. Distance. Obs. brnlo. Cale. Obs.— cale. o o o ier août.... 0,9795 25i,97 a52,4i — °>44 29 août . . . . 0,9828 242,83 241,10 + 1 , >j3 8 octobre. . . 0,9793 224,97 225,63 — 0,66' 24 octobre.. 0,9888 220, 45 218, o5 -+-2,40 Ier décembre 0,9748 202,52 204,16 — i,g4(*) » Les écarts répondent à l'incertitude ordinaire des mesures, qui est d'environ o°,i à ou,2 vers le centre, multipliée par le facteur sécp, qui est ici égal à 5, et aux irrégularités probables du contour extérieur de la pénombre. Je dois l'explication de ce fait si embarrassant en apparence à une remarque que M. le Maréchal Vaillant fit à ce sujet dans une des séances du Bureau des Longitudes où l'on discutait la question des taches solaires, A une distance aussi faible du bord du disque solaire (deux centièmes du rayon, ou un tiers de minute), l'un des talus de la pénombre doit nous cacher généralement le fond noir de la tache (**); il en résulte que l'obser- vateur pointe alors sur le milieu de l'ouverture supérieure de Ja pénombre, point qui, naturellement, n'est pas affecté par la parallaxe de profondeur affectent généralement une marche systématique, et sont, en moyenne, o 1 n rotation -+- 1 , 25 2e rotation -l-o,i4 3e rotation — 1 , i5 î' rotation -1-0, i3 (*) Voir pour cette observation la page suivante. (**) Dans les très-granilcs taches isolées la pénombre peut avoir de 1 degré à i°,5 de large. Avec i°,2 et 0,0067 de profondeur, l'inclinaison du talus serait de 18 degrés, et, à partir d'une dislance au centre = 0,96, le bord de la pénombre, vu de la Terre, entamerait déjà le noyau ; à 0,99 le noyau serait entièrement masqué, eût-il l°,5 de large. La distance au bord serait alors de 9", 7. M. Spœrer pense avoir vu le noyau d'une tache pareille, par — 5 degrés de latitude, en octobre dernier, lorsqu'elle était à un peu plus de 12 secondes, et non pas a 10 secondes du bord. Alors en effet ce noyau si pu être en partie visible, même sans l'intervention de la refraction probablement sensible de la niasse gazeuse contenue dans la cavité. ( 365 ) et qui répond, dans les taches régulières, au centre du fond noir quand la tache est vue de face. » On remarquera sans doute la grandeur de la parallaxe; elle est juste le double de celle que nous avons trouvée pour la première tache. Je réunis ici celles que j'ai déterminées jusqu'ici. Nos des (nches. 911 — 925 653 — 677 579— 5g5 — 61 3 616 — 664 — 710 — 730 — 753 — 777 792 — 8i5 — 83g 786-813 785 — 8o9—835 — 853 453-473 » De l'équateur au 12e degré la moyenne est 0,0067; tui 22<> au 3°% ';l moyenne est 0,0104. Si ce résultat remarquable se trouvait confirmé par les déterminations ultérieures, nous serions parvenus ainsi à une vérifica- tion bien inattendue d'un point fondamental de la théorie que j'ai essayé de donner pour la constitution physique du Soleil (*)l, à savoir : la profondeur croissante vers les pôles de la couche intérieure d'où partent les courants ascendants qui vont entretenir la photosphère. Mais je reconnais que ces résultats ne sont pas encore assez nombreux pour établir un fait aussi im- portant : ces variations de p pourraient tenir, en effet, soit à des erreurs systématiques dans les observations, soit à une erreur sur le mouvement propre admis dans les calculs; enfin, p pourrait varier avec le temps. » Je vais maintenant vérifier la théorie de la seconde tache a l'aide d'une cinquième apparition que M. Carrington lui attribue, mais dont il n'a pu tirer parti. Voici les observations et leur comparaison avec la théorie : ; Const. Profondeur. 0 .,6 0 »,4' 0,0070 - 6,6 0,48 o,oo83 — ii,5 o,3i o,oo55 — 11,6 o,35 0,0061 + 14,8 o,47 0 ,0082 •4- 22,0 o,53 0,0093 — 25,7 0,70 0,0122 + 3o,o 0 ,55 0,0096 Date. Date. Lalilmle Latitude Longitude Longitude 18G0 1800 observée. calculée. Ohs.-calc. observée. Parallaxe. calculée. Ohs.- cale. Nov. 22 3?.6,48 — 26* 28 -2ô"3l 0 -1- o,o3 0 202,52 — 3,37 0 204 , i"6 0 » 27 33 1 , ï'i -2.5,i3 — 25,90 -f-0,77 200, 38 — 0,18 201 >99 - > , 79 28 332,58 — 25,07 -25,78 -f-0,71 200,42 -+- 0,06 201,47 ~°>99 Dec. 1 335,52 — 24,65 — 25,4.7 -f-0,82 '99>9° + 0,77 200,25 H- 0,42 » Évidemment cette nouvelle apparition appartient à la tache dont nous venons d'étudier quatre retours consécutifs; quoique les observations soient (*) Comptes rendus du 16 et du 23 janvier i865 ( 366 ) évidemment inférieures en nombre et en qualité aux séries précédentes, leur marche décroissante en longitude et en latitude est bien reproduite, et elles nous permettront de compléter les phases de notre double phéno- mène périodique. Formons en effet, à l'aide des deux dernières longitudes (la précédente paraîtra erronée indépendamment de toute théorie), une sorte de position normale, nous obtiendrons le tableau suivant : J o à 218 -(^= 2i 3, i3 à 248 .Ç = 2i4,36 à 275 .£ = 2i5,35 à 3o3 £_= 2! 4, 58 à 332 -Ç_= 212»92 où les longitudes sont celles de l'observation ramenées à une même époque à l'aide du mouvement propre. En construisant la courbe de ces longitudes on verra: i° que cette courbe a sensiblement la forme d'une sinusoïde; 20 que les maxima et les minima de cette courbe répondent à peu près aux points d'inflexion de la courbe des latitudes; 3° que l'amplitude ou la pé- riode est à peu près la même pour les deux coordonnées. Seulement les longitudes demandent une période un peu plus longue, et leur maximum est en retard de trois jours sur le point d'inflexion de la sinusoïde des lati- tudes; mais ces différences pouvant s'expliquer par de très-petites erreurs d'observation qui allèrent encore un peu les positions normales (*), soit en latitude, soit en longitude, je ne m'arrêterai pas à corriger les éléments pré- cédents à l'aide de cette cinquième apparition. Bornons-nous à faire re- marquer encore une fois que, si l'on rejetait notre inégalité, il serait impos- sible de représenter les observations sans y laisser des discordances de plus de 2 degrés; non-seulement ces grosses erreurs auraient une allure mani- festement systématique, mais encore leur marche répondrait presque rigou- reusement aux mouvements indiscutables qui s'opèrent en latitude. Nous pouvons donc considérer l'existence de celle inégalité comme démontrée par les deux taches à longue apparition, et, comme là où la durée moindre des taches ne permet pas de constater toutes les phases à la fois on en aper- çoit néanmoins des traces évidentes, il nous sera permis de généraliser cette nouvelle notion. » Cependant, avant de parler de démonstration, il convient d'examiner les circonstances que j'ai négligées et qui pourraient influer sur nos résul- tats. Je n'en vois que deux, la parallaxe de profondeur en latitude, et l'effet (*,) L'avant-dcrnièiv paraît être un peu trop forte, de o°, 2 environ. ( 367 j d'une erreur sur l'inclinaison et la longitude du nœud ascendant de l'équa teur solaire. La première correction est facile à calculer; je me suis assuré qu'elle est à très-peu près constante dans le cours de chaque apparition, e que, d'un bout à l'autre de la longue durée de nos deux taches (six mois pour la première et quatre pour la seconde), elle ne varie guère que de -n;de degré. On peut donc tenir pour certain que cette correction n'au- rait pas ici d'effet bien sensihle. Quant aux erreurs des éléments, il convient d'examiner les choses en détail. » Soient i et N l'inclinaison et la longitude du nœud admises dans nos calculs, i' et N' les valeurs véritables ou du moins définitives, mais peu dif- férentes des premières. Désignons encore par / l'angle des deux équateurs, et par v la longitude du nœud ascendant du nouvel équateur sur l'ancien; il y aura entre ces quantités les relations suivantes : jsinv = (N'— N) sin £', ^cosv = i' — i. Les corrections qu'il faut ajouter aux anciennes coordonnées Cet X pour passer de l'ancien équateur au nouveau seront : dl = — J"sin (/— v ), d£ = — (N'— N) cosj'+j'tangXcos(7 — v), expressions où /désigne la longitude comptée à partir de N, et non pas la longitude comptée à partir du méridien mobile pris pour origine, laquelle a été désignée par £.. Or M. Carrington a trouvé : 0 o Par l'ensemble des observations de latitude. .. /= o, 1 15 v = 3io,8. Par 60 des meilleures séries o, 178 3i3,o. On aura donc par un milieu y = o°,i5 v = 3 12°, et par suite, X'=X— o°,i5sin(/— 3.12°), £ = ■£.+ o°,i5 tang).cos(Z- 3i2°), en négligeant le terme constant — (N'— N) cos/. Les observations se trou- veront alors rapportées à un équateur solaire dont l'inclinaison sera 7°io'+6', c'est-à-dire 7°i6', et dont la longitude du nœud ascendant sera 74°3o' — 53'= 73°37' pour i85/j. Tels sont, en effet, les éléments définitifs de M. Carrington, tandis que 7°io' et 74°3o' répondent aux coordonnées qu'il a publiées, et dont je me suis servi moi-même. Ainsi l'erreur maximum 'qui en résulte dans mes calculs ne dépasse pas o°,i5 ( 368 ) pour les latitudes. Quant aux longitudes, comme tangX est de £ pour la première tache et de \ pour la seconde, l'erreur maximum se réduit à o°,o3 et à o°,075. On voit par là que les corrections que j'ai négligées, mais dont il serait facile, de tenir compte dans un calcul rigoureux, ne sau- raient infirmer mes conclusions (*). » Ces conclusions sont aisées à formuler. Lorsque les taches persistent pendant plusieurs rotations successives, elles ne présentent en latitude qu'une simple oscillation périodique de la forme acos/3 (t~Ô). Les longitudes présentent une oscillation périodique de même durée, de la forme A étant la variation du mouvement angulaire de rotation pour une augmen- tation de i degré dans la latitude. » La combinaison de ces deux mouvements fait décrire à la tache autour de sa position moyenne, et dans le sens de la rotation solaire, une ellipse dont le grand axe est dirigé vers le pôle. » Quand on tient compte de cette inégalité, la même longitude de l'époque et le même mouvement propre représentent exactement les posi- tions moyennes des taches pendant leur plus longue durée, fût-elle de quatre ou même de six mois. » Ce phénomène rappelle à l'esprit quelques analogies. D'abord on a déjà remarqué (M. Dawes) sur quelques taches un mouvement de rotation très-marqué dans le sens indiqué ci-dessus, mais dont la durée n'a pu être déterminée; et on a comparé cette rotation à celles des cyclones de notre atmosphère. Je ne pense pas que le caractère géométrique de notre iné- galité se prête aisément à une pareille assimilation. On ne peut l'attribuer davantage à une sorte de nutation commune aux couches superficielles, parce que les deux périodes que nous connaissons sont par trop éloignées de l'égalité. » D'ailleurs, si une portion de la photosphère changeait de latitude., la vitesse angulaire varierait considérablement d'un point à l'autre. Soit X la latitude d'un de ses points : la vitesse diurne linéaire de rotation sera — R cosX, et sa variation pour c/X sera — -=- !i sinArfX; ce point, en le sup- (*) Je profite de cet examen pour corriger nue faute de transcription dans la note de la page :>.Si : au lieu do cosf, on doit lire coséc/, et ajouter qu'il faudrait encore tenir compte de l'erreur probable de l'angle de position. ( 369 ) posant transporté immédiatement à >. -+- r/X, aura donc un excès de vitesse 36o° angulaire de H — — - tang/.r/X. D'après cela, si nous faisons c/a = 0,0175, À = a5°, -^-=i40n', nous aurons pour cette variation de vitesse angulaire 7 minutes. Ainsi, quand le point s'éloignera de l'équateur d'une quantité égaie à 1 degré, ce que nous avons appelé son mouvement diurne serait augmenté de -+- 7 mi- nutes, ou d'une fraction de cette quantité, tandis que les observations s'ac- cordent avec la théorie précédente, qui suppose au contraire dans ces cas un accroissement de — 2',o. Même impossibilité, ce me semble, pour l'hy- pothèse des cyclones. Le phénomène me paraît intimement lié avec la constitution interne du Soleil, et avec son singulier mode de rotation; mais, pour aller plus loin sans se livrer à de simples conjectures, nous aurions besoin de nouvelles séries d'observations plus complètes, moins souvent interrompues par un ciel brumeux, plus précises même, s'il est possible, que la belle collection de l'Observatoire de Redhill et de son savant Directeur, à qui l'Académie a si justement décerné l'an dernier le prix d'Astronomie. La photographie seule pourrait nous les donner; toutefois, il faudrait que les photographies solaires fussent faites, comme les magnifiques photo- graphies lunaires de M. Rutherfurd (U. S.), avec de grands instruments et avec toute la recherche possible de netteté et de précision, » COSMOLOGIE. — Expériences synthétiques relatives aux météorites. Rapproche- ments auxquels elles conduisent, tant pour la formation de ces corps plané- taires que pour celle du globe terrestre; par M. Daubrée. [Deuxième partie (1).] « Essais d'imitation des fers météoriques. — Le trait physique le plus caractéristique que présente le fer apporté parles météorites, comparé au fer tel que nous l'obtenons, consiste dans la structure cristalline qui se ma- nifeste sur une surface que l'on polit, puis que l'on passe à l'acide. Les des- sins réguliers qui apparaissent alors ont reçu le nom défigures de Wid- manstaetlen, du nom du savant qui les a le premier signalées. Depuis lors, cette structure a été l'objet d'observations approfondies parmi lesquelles on doit rappeler particulièrement celles de MM. Haidinger, le baron de Rei- (1) La première partie est insérée à la séance dp 2g janvier dernier, p. 200 du présent volume. C. R., 1866, 1" Semestre. (T. LXII, N°i8.) 4° ( ftô ) chenbach et Gustave Rose. La configuration dont il s'agit n'est pas seulement produite par la cristallisation, mais aussi par la non-homogénéité de la masse et par la séparation qui s'y est faite d'une substance plus difficile- ment attaquable que le fer par les acides. C'est un phénomène de véritable départ qui n'est pas sans analogie avec l'isolement du feldspath ou du quartz au sein des pâtes porphyriques. Quant à la nature de la substance disséminée ainsi au milieu du fer, on l'a considérée comme étant soit le phosphure de fer et de nickel, soit un alliage de nickel et de fer où le pre- mier métal prédomine. » Jusqu'à présent on n'a pas pu imiter cette structure remarquable, dont les aciers damassés ne donnent qu'une idée imparfaite et qu'il importe de ne pas confondre avec le moiré ou le velouté que prend, par l'action d'un acide, une substance homogène et confusément cristalline, par suite du mi- roitement de petits cristaux orientés semblablenient, et formant des groupes distincts. Pour chercher à la reproduire, j'ai d'abord fondu le fer météo- rique de Caille (Var) dans une brasque d'alumine, en évitant le contact du charbon, qui s'y serait combiné. La masse, après fusion, présentait à sa surface et dans sa cassure une cristallisation bien prononcée, mais elle n'offrait plus les lignes brillantes qui s'y dessinaient si nettement à l'état naturel. Peut-être le résultat eût-il été plus satisfaisant si le refroidisse- ment avait pu se faire avec beaucoup de lenteur. » J'ai ensuite examiné le fer provenant des nombreuses météorites pier- reuses dont j'ai opéré la fusion, et séparé de leurs silicates par voie de ré- duction. Ce fer avait nécessairement pris du carbone à la brasque et peut- être aussi du silicium aux silicates. Il est cependant digne de remarque que l'on y a distingué parfois, après le poli et l'action de l'acide, une substance brillante se détachant en saillie sur un fond mat, sous une forme dendri- tique qui rappelle tout à fait la structure dite tricotée du bismuth natif. (Exemple : fer de la mésosidérite de la Sierra de Chaco.) » C'est dans les mêmes essais que l'on a constaté la présence d'un corps qui ne paraît pas avoir été vu jusqu'ici dans les météorites magnésiennes; je veux parler du titane, reconnaissable à sa couleur caractéristique et à son inaltérabilité au contact des acides (carbo-azoture), et que l'on a ainsi trouvé dans les météorites fondues de Montrejeau et d'Aumale (i). » Une autre série d'expériences a eu pour but d'associer le fer doux à (i) Ce même métal, signalé dans la météorite pyroxénique tic .luvenas par M. Rainincls- berg, a apparu très- clairement aussi sur les globules de fer obtenus par la fusion de cette météorite. (37< ) chacune des principales substances qui l'accompagnent dans les fers mé- téoriques, particulièrement au nickel, au silicium, au soufre et au phos- phore. » Le fer doux fondu n'a pas donné de figures proprement dites, lors même que sa surface était très-cristalline et sa cassure éminemment lamel- laire. Même résultat négatif avec du fer d'un essieu de locomotive, devenu également cristallin et lamellcux par le fait d'un long service. » En associant successivement au fer doux du nickel, du protosulfure de fer et du silicium, on a obtenu des masses d'une structure dendritique ou extrêmement cristalline, structure qui se manifeste plus nettement encore après l'action de l'acide, mais sans qu'on y ait reconnu un véritable départ, comparable à celui des fers météoriques. » Il en est autrement, si l'on fond du fer doux avec addition de phos- phure de fer, dans une proportion qui a été portée de 2 à 5 ou 10 pour 100. On voit alors, sur la surface polie qui a subi l'action de l'acide, s'isoler une substance plus brillante et plus résistante, qui rappelle tout à fait celle des fers météoriques, sauf moins de régularité dans le dessin. Après l'attaque, on distingue aussi une substance noire, pulvérulente, d'apparence charbon- neuse, uniformément répartie dans le fer, qui paraît consister également en phosphure de fer. Ce phosphure se présenterait donc, dans le fer artificiel, sous deux états, comme Berzélius l'a reconnu dans les fers météoriques (1). » Un résultat encore meilleur a été obtenu en introduisant du nickel, en même temps que du phosphure de fer, et surtout en opérant sur une masse de 2 kilogrammes (2). Au milieu de dessins dendritiques d'une régu- larité très-remarquable, on aperçoit alors la matière brillante, isolée et comme repoussée, dans les interstices, sous une forme réticulée. » En présence d'un phosphure, la fonte a donné un départ semblable à celui du fer doux. » Une troisième méthode d'expérimentation a consisté à réduire, par fu- sion dans un creuset brasqué, certaines roches terrestres, telles que le péri- (1) Poggendorff's Jnnalcn, t. XXXIII, p. i38. (2) Elle est formée de : Fer doux 1 800 grammes. Nickel 1 70 » Phosphure de fer 5o » Protosulfure de fer 4° " Fonte blanche très-chargée, de silicium i . 10 » 48.. ( 372) dot, la Iherzolite, l'hyperslliène du Labrador, les basaltes et mélaphyres de diverses localités. Je suis également arrivé de cette manière à la production de fers qui se rapprochent beaucoup des fers météoriques, tant pour la composition que pour la structure, notamment en me servant de la lherzo- lite de Prades. » Il est très-digne de remarque que ces derniers fers contiennent des quantités souvent très-notables de nickel, de même que les fers météo- riques (i). L'observation intéressante que Stromeyer a faite, il y a plus de quarante ans, que le péridot renferme très-souvent du nickel, est ainsi con- firmée et généralisée. » Ces mêmes fers sont en outre, dans beaucoup de cas, mélangés de phos- pbure de fer, comme dans les pierres météoriques. Le pbospbure y ressort en longues aiguilles, de manière à rappeler également les dessins naturels. » La plupart des roches éruptives, et surtout les roches basiques, ren- ferment des phosphates, soit qu'on y aperçoive ces petites aiguilles d'apatite sur lesquelles M. Gustave Rose a appelé depuis longtemps l'attention, soit que l'analyse chimique seule puisse en constater la présence, comme notre confrère, M. Ch. Sainte-Claire Deville, l'a démontré en signalaut, il y a long- temps, la présence de l'acide phosphorique dans les laves du Vésuve, en proportion de plusieurs millièmes (2). De là, la présence du phosphure de 1er dans la masse métallique obtenue. » Comme complément de ressemblance, j'ajouterai que le chrome, existant très-fréquemment dans les roches mises en expériences, a passé également dans la masse métallique provenant de leur réduction. Ainsi, le fer fourni par de l'hypersthène du Labrador, entremêlée de petits grains de péridot, renferme à la fois nickel, chrome et phosphure. » Puisqu'en fondant les fers naturels on avait détruit leur structure, on ne pouvait guère espérer un meilleur résultat par une synthèse directe, tout en restant dans les mêmes conditions de refroidissement rapide. L'imita- tion, quoique incomplèie, à laquelleon est arrivé, ne laisse donc pas que de présenter de l'intérêt. (1) Le nickel a en effet été trouvé dans le péridot de Langeae (fiaùte-Loire), la Iherzolite des Pyrénées, la lave à péridot de l'île Bourbon, le basalte de Sncefels-Jockul en Islande, le mélaphyre d'Oberstein, voche qui renferme eu outre de l'arsenic, etc. Je me fais un plaisir de rendre justice au soin avec lequel les analyses chimiques qui se rattachent à ce travail ont été faites par M. Stanislas Meunier, attaché au laboratoire de Géolo- gie du Muséum. (2) Comptes rendus, t. XLII, p. ni»); ici.p- ( 373 ) » Essais d'imitation des météorites pierreuses {type commun). — Nous avons vu que la fusion des météorites du type commun produit deux minéraux principaux, le péridot et l'enstatite. C'étaient donc les roches terrestres ca- ractérisées par la présence des deux mêmes minéraux qui devaient d'abord servir aux essais. « On les a premièrement fondues dans des creusets de terre, sans inter- vention d'un agent réducteur. » Le péridot, quoique réputé infusible ou très-peu fusible, fond à la haute température à laquelle on opérait. Il se convertit alors en une masse verte, translucide, recouverte de cristaux de péridot et entièrement cristal- line à l'intérieur, ainsi qu'il résulte de son action sur la lumière polarisée. Sa structure est souvent lamellaire, comme celle du péridot des scories (i). Le péridot fondu contraste donc, par sa consistance, avec le péridot gra- nulaire et peu cohérent que renferment ordinairement les roches basal- tiques (2). » La lherzolite fond encore plus facilement que le péridot, et donne des masses qui reproduisent, à s'y méprendre, la roche naturelle, avec cette différence que l'on remarque, à la surface et dans l'intérieur, des aiguilles d'enstatite que l'on ne distinguait pas avant la fusion (lherzolite de Vicdessos et de Prades, dans les Pyrénées). » Certains péridots basaltiques, mélangés de pyroxène et d'enstatite, offrent la plus grande ressemblance avec la lherzolite et se comportent de même au feu (péridot de Beyssac, Haute-Loire, et de Dreyser- Weiher, dans l'Eifel). » Par l'addition d'une certaine quantité de silice, on peut à volonté augmenter la proportion du bisilicate ou enstatite, et produire ces mélanges qui foraient le passage du péridot à la lherzolite. Le même bisilicate prend aussi naissance le long des parois du creuset en leur empruntant de la silice. » Les minéraux, qui avaient d'abord été soumis, comme on vient de le (1) Le péridot sur lequel ont été faites la plupart des expériences relatées ici provient du basalte des environs de Langeac (Haute-Loire), où il est en abondance, il a été analysé par Berthier qui y a trouvé i(i pour joo de protoxyde de fer {J anales des Mines, irc série, t. X, p. 269). (2) Le basalte ne paraît pas avoir eu, du moins en général, une température assez élevée pour fondre les gros morceaux de péridot qui y étaient empâtés. Peut-être a-t-il pu toute- fois en dissoudre une partie et donner ainsi naissance aux cristaux nets, mais de petite dimen- sion, qui y sont quelquefois disséminés. ( 374 ) voir, à une simple fusion , ont ensuite subi la même action en présence d'une influence réductive. Pour cela, on a choisi en premier lieu le charbon disposé en brasque dans un creuset. En ce cas, on arrive aux mêmes résul- tats que précédemment, avec cette différence que le fer, qui était combiné dans le silicate, se réduit à l'état métallique : il se sépare en grenailles ou reste disséminé dans le silicate non décomposé, en grains microscopiques séparables au barreau aimanté. » Ce produit de la réduction et de la fusion des roches péridotiques res- semble donc beaucoup à celui des météorites traitées de la même manière; et l'analogie subsiste tant pour la partie pierreuse que pour la partie mé- tallique qui, dans l'un et l'autre cas, renferme du nickel. » Je ferai observer ici qu'en ajoutant au péridot t5 pour ioo de silice, quantité nécessaire à sa conversion en enstatite, puis en le fondant au mi- lieu du charbon, on a obtenu une masse hérissée à sa surface d'octaè- dres rectangulaires surbaissés de la forme qui appartient au péridot, tandis que l'intérieur consiste en une masse fibreuse, inattaquable par les acides, qui a les caractères de l'enstatite. Un fait identique a lieu dans la fusion de certaines météorites. » Les météorites viennent d'être reproduites dans les traits généraux de leur composition; nous allons voir qu'on est même arrivé à imiter certains détails intimes de leur structure. » Quand on examine au microscope une plaque mince de péridot ou de lherzolite après fusion, on y retrouve, comme dans la plupart des météo- rites du type commun, ces séries de lignes droites parallèles, simulant des coups de burin, remarquables par leur régularité au milieu de fendillements de forme irrégulière. Ces lignes sont dues à l'existence de plans de clivage. En outre, des aiguilles fines d'enstatite, parallèles et sensiblement équidis- tantes, disposées aussi par faisceaux, rappellent des détails de texture que fait connaître l'examen microscopique de beaucoup de météorites (i). » La structure globulaire est si fréquente dans les météorites du type commun, qu'elle a valu à tout ce groupe la dénomination de chxmdrite. Or, nous voyons des grains ou sphérules semblables prendre naissance dans plusieurs des expériences faites sur la fusion des silicates magnésiens. Parmi ces globules, les uns sont à surface lisse, d'autres à surface drusique ou (i) A part l'exempte de la météorite d'Anmalc, je renverrai à ceux qui sont figurés dans l'ouvrage classique de mon savaul ami Gustave Rose, pour les météorites de Krasnoi-Ugol, Stauropol, et pour le péridol du fer de Pallas [PL /, /g1. n>, et PV. IV, /!«. 7, 8, 7i in- dividus et 5l espèces. On a donc pu baser lés comparaisons de plusieurs espèces, non point sur des os isolés, niais sur la plus grande partie des pièces du squelette; ceci a eu pour résultai de contribuer à prouver d'une manière frappante que les animaux fossiles jouent, les uns par rapport aux autres, le rôle d'intermédiaire. Leur étude attentive révèle des enchaîne- (377 ) ments entre des êtres qui autrefois semblaient très-distincts. Je demande à l'Académie la permission de lui citer quelques exemples des formes de transition observées à Pikermi. » Dans le temps où écrivait Cuvier, on ne connaissait pas de Singes fossiles, et par conséquent on pouvait supposer que les Singes vivants n'ont pas de liens avec les êtres des temps géologiques; mais depuis, on a dé- couvert i4 espèces de Singes fossiles. Le Mésopithèque de Grèce a laissé des débris si nombreux, que j'ai pu figurer l'ensemble de son squelette : cette restauration a montré qu'il est intermédiaire entre les Semnopitbèques et les Macaques ; il a le crâne des premiers, les membres des seconds. » A côté de ce Singe, en partie Macaque, en partie Semnopithèque, il y avait dansl'Attique un Carnivore, le Simocyon, un peu Ours, un peu Chien et même un peu Chat. » Le petit Carnassier que j'ai nommé Piomephilis forme un passage entre les Moufettes et les Martes. » On a rencontré à Pikermi trois Viverridés du genre Ictitherium : une première espèce qui a certains caractères de la famille des Hyènes; une seconde espèce qui s'éloigne encore moins de cette famille; une troisième espèce cpii, par sa dentition, ressemble extrêmement à une petite Hyène. J'ai rapporté des espèces d'Hyénidés qui réciproquement marquent des affinités avec les Viverridés, l'une par l'existence d'une petite tuberculeuse inférieure, l'autre par ses prémolaires. Enfin, il y a une Hyène véritable, et celle-là est intermédiaire entre les Hyènes vivantes; elle a les dents in- férieures de YHyène taclielée, les dents supérieures de Y Hyène rayée (sauf le plus faible talon de sa carnassière). » I^e grand Édenté aux doigts crochus, que j'ai proposé d'appeler Ancy- loiherium, commence à diminuer l'isolement où se trouvait le Macrolheriurn de Sansan. m Si les os gigantesques que j'ai extraits en Grèce appartiennent, comme il y a lieu de le croire, au Dinotheiium, cet animal offre un exemple d'in- termédiaire bien intéressant, car ses membres se rapprochent de ceux des Proboscidiens, tandis que son crâne a des analogies avec celui d'animaux aquatiques, tels que les Lamantins. » Autrefois, on distinguait sans peine les Mastodontes des Eléphants, mais les recherches des paléontologistes anglais dans l'Inde ont révélé des espèces intermédiaires entre les deux genres. En même temps que les espèces se multiplient, leurs caractères deviennent si peu tranchés, qu'il est C. R., 1S66, 1er Semestre. (T. LX1I, N° 8. 49 ( 378 ) difficile de ne pas les confondre avec les simples variétés. Pour avoir un moyen de se reconnaître parmi les Mastodontes, Falconer avait proposé de les partager en Trilophodons et ïétralophodons ; voilà que le Mastodonte du Pentélique porte à la fois des dents de Trilophodon et de Tétralo- phodon. » Les Rhinocéros ne présentent pas de moins curieuses transitions que les Mastodontes. Le premier Rhinocéros fossile que décrivit Cuvier avait paru bien différent des espèces actuelles, car ses narines étaient séparées par une grande cloison ; maintenant, on possède au moins deux espèces à demi-cloison formant passage entre celles qui ont une cloison et celles qui n'en ont pas. Un des Rhinocéros recueillis à Pikermi est intermédiaire entre les deux espèces qui vivent en Afrique ; il a le crâne de l'une, et, à peu de chose près, les membres de l'autre. Une seconde espèce se lie étroite- ment avec le Rhinocéros qui existe à Sumatra. » Le genre Cheval était isolé dans la nature actuelle; la découverte des Hipparions a permis de le rattacher à l'ordre des Pachydermes. Ces Hippa- rions étaient singulièrement communs en Grèce; j'en ai rapporté 1900 mor- ceaux; la comparaison de toutes ces pièces m'a fait voir d'insensibles dé- gradations entre des os dont les proportions sont assez différentes pour laisser croire qu'ils appartiennent à des espèces distinctes. » Le Sanglier d'Érymanthe s'intercale entre les espèces de Sangliers que l'on connaît déjà dans les terrains tertiaires. » La Girafe de l'Àttique est un anneau qui unit la Girafe vivante aux Ruminants fossiles. » Pikermi est le premier gisement où l'on ait encore rencontré une grande multitude d'Antilopes; ces Antilopes établissent des intermédiaires entre les types qui sont aujourd'hui si nombreux; ainsi le TragôcerUs res- semble aux Chèvres par ses cornes, bien que ce soit une véritable Antilope, le Palœoryx a des cornes iVOryx et s'éloigne de ce genre par ses molaires, le Palœoreas se rapproche des Oreas par ses cornes et des Gazelles par ses autres caractères. » Dans l'ouvrage que j'ai eu l'honneur de remettre à l'Académie, j'ai cherché à montrer que les types intermédiaires ne sont point par hasard rassemblés à Pikermi, mais qu'on les retrouve dans les gisements de tous les pays. J'ai dressé des tableaux où les espèces sont rangées suivant l'or- dre géologique; il y a un tableau pour les animaux du groupe Hyène, un autre pour ceux du groupe Éléphant, un autre pour ceux du groupe Rhi- nocéros, un autre pour ceux du groupe Cochon, un autre pour ceux du ( 379 ) groupe Cheval. Ces tableaux, malgré de nombreuses lacunes, inévitables dans une science aussi jeune que la Paléontologie, semblent indiquer que les types ont subi peu à peu des modifications, à mesure que se déroulaient les âges géologiques. J'ose espérer que mes recherches sur les enchaîne- ments des êtres fossiles auront quelque intérêt pour MM. les Membres de l'Académie, et leur prouveront que j'ai fait des efforts pour justifier la bienveillance qu'ils m'ont témoignée en me confiant des missions. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. botanique. — Nouvelles expériences sur Vhybridilé dans le règne végétal, faites pendant les trois dernières années. Extrait d'un Mémoire de M . D.-A. Godrox, présenté par M. Brongniart. (Commissaires : MM. Brongniart, Decaisne, Naudin.) « L'auteur indique d'abord les résultats obtenus dans les croisements qu'il a opérés dans le genre Datura. Parmi les plantes de ce genre, il en est qu'il considère comme de simples races d'un même type spécifique : tels sont les Dalura Talala L., Stramonium L., Berlolonii Pari., et une forme à fruits inermes du Datura Tatula, née au jardin de Nancy, et qui est restée constante depuis quatre années. Les produits du croisement de ces formes les unes par les autres ont été très-fertiles, comme cela a toujours lieu quand il s'agit de variétés d'un même type spécifique, et de plus ces métis sont revenus dès la première génération, les uns au type paternel, les autres, en nombre bien plus restreint, au type maternel. Les graines de ces métis ont donné l'année suivante les formes originelles, mais en outre quelques pieds de l'une ou de l'autre des deux races qui n'étaient pas intervenues dans le croisement, nouvelle preuve qu'il s'agit ici de races et non pas d'es- pèces distinctes. » Mais de véritables espèces de Datura, telles que le Dalura lœvis L. fil. [non Berlol.) fécondé par le Dalura quercifolia H. B., le Dalura Tatula L. fécondé par le Datura lœvis h. fil. et le croisement inverse des mêmes espèces, enfin le Datura ferox L. fécondé par le Datura Bertolonii Pari., ont donné des produits dont une partie des fleurs n'ont pas noué, mais les autres en plus ou moins grand nombre ont fourni des capsules pleines de graines. Les fleurs de ces hybrides, isolés de leurs parents, ont donc été partielle- ment fertiles par l'action de leur propre pollen. Mais l'un de ces hybrides, celui qui résulte de la fondation du Dalura ferox par le Dalura Bertolonii, deux végétaux à tiges vertes et à fleurs blanches, a donné des pieds se rap- 49- ( 38o ) prochant plus du Datura ferox que de l'autre parent, mais dont les fleurs sont violettes et la tige brune ponctuée de blanc, comme dans le Datura Tatula, qui paraît être la souche primitive du Datura Bertolonîi. » L'auteur a aussi fécondé les unes par les autres diverses espèces de Dianthùs, des espèces du genre Lychnis et du genre Geum, et les hybrides qui en sont provenus ont été fertiles partiellement, mais à des degrés très- mepraux. » De nombreux pieds d'hybrides de Mimulus luteus L. fécondé par le Miinulus Smithii se sont montrés au contraire absolument stériles et ont résisté, deux ans de suite, à une nouvelle fécondation par le pollen des parents. » De nouveaux croisements d'espèces du genre Digitalis ont continué à donner des produits stériles par eux-mêmes, mais ils peuvent quelquefois devenir féconds par une nouvelle fécondation artificielle par le pollen des parents. » L'auteur croit pouvoir tirer de ces expériences et de celles qu'il a pu- bliées précédemment les conclusions suivantes: » i° Les hybrides, qui par leurs caractères paraissent intermédiaires aux espèces génératrices, se montrent habituellement stériles. » 2° Ces hybrides stériles par eux-mêmes peuvent souvent devenir fer- tiles par une nouvelle fécondation résultant du transport sur leur stigmate du pollen de l'un des parents ou d'une plante congénère voisine. » 3° Les hybrides stériles, qui ne se prêtent pas à une nouvelle féconda- tion, dans les conditions indiquées au paragraphe précédent, sont rares et doivent être considérés comme frappés d'une stérilité absolue. » 4° Les hybrides qui participent à la fois, mais dans des proportions plus ou moins inégales, des caractères de leurs ascendants, présentent ordi- nairement par eux-mêmes une fertilité partielle, d'autant plus développée que ces hybrides se rapprochent davantage de l'un des parents. » 5° Les hybrides qui reproduisent, dès la première génération, les carac- tères de l'un des parents, à l'exclusion complète ou à peu près complète des caractères de l'autre parent, sont doués généralement d'une fertilité absolue. » 6° Les hybrides fertiles retournent, tantôt dès la première ou la seconde génération, tantôt au bout d'un temps plus ou moins long et suc- cessivement, à l'un des types générateurs, ou bien périssent si on les aban- donne à eux-mêmes sans culture. » 70 Ils ne peuvent pas dès lors devenir l'origine d'espèces nouvelles. » ( 38 1 ) PATHOLOGIE. — Recherches expérimentales sur les causes du goitre. Extrait d'une Note de M. Maumené. A l'occasion d'une communication mentionnée au Compte rendu de la séance précédente, sur le goitre considéré dans ses rapports avec la consti- tution géologique du sol, M. Maumené rappelle un travail qu'il a présenté en i855 à l'Académie {Comptes rendus, t. XXXIX, p. 538), travail destiné à prouver la thèse que soutient aujourd'hui dans la Note en question M. Saint- Lager, à savoir : qu'il ne faut chercher la cause du goitre que dans les ma- tières capables de le produire directement. « Je crois, dit M. Maumené, que les fluorures sont les agents du déve- loppement goitreux, et pour m'en assurer j'ai soumis une chienne au régime du fluorure de potassium pendant cinq mois; vers le cinquième, on vit apparaître un gonflement général du cou, très-saillant, plus en avant qu'en arrière, et, si cette expérience n'a pas donné de résultat décisif, c'est que je n'ai pu éviter de laisser échapper la chienne, et que j'ai dû attendre trois ans pour la ressaisir et la soumettre à l'examen d'un anatomiste. Le gon- flement existait encore; mais M. Gaillet, professeur à l'École secondaire de Reims, n'a pas trouvé les caractères précis nécessaires pour nous former une conviction. » Les fluorures sont très-répandus dans les pays à goitre : l'année der- nière, je les ai rencontrés dans les Pyrénées sur beaucoup de points. Si M. Saint-Lager trouve les pyrites partout, leur présence n'exclut pas celle des fluorures, et je crois pouvoir persister entièrement dans des vues que j'ai le premier soumises à l'épreuve expérimentale. » (Renvoi à l'examen de la Commission nommée pour la Note de M. Saint- Lager, Commission qui se compose de MM. Pelouze, Ch. Sainte-Claire Deville, Bernard.) M. Paxofka soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : « Observations sur la trachée-artère et sur la production du son dans la voix humaine ». « En comparant entre elles un assez grand nombre de trachées-artères d'hommes et de femmes, j'y ai toujours, dit l'auteur, compté de dix-sept à vingt arceaux, et j'ai pensé que ces arceaux, à distances égales, devaient représenter dans l'instrument vocal les dix-sept ou vingt demi-tons dont se ( 38a ) composent les voix ordinaires d'homme et de femme dont l'étendue ne dépasse guère une octave et demie. Il me semble probable que les trachées des chanteurs qui disposent de deux octaves et de plus possèdent aussi un nombre correspondant d'anneaux cartilagineux. » Poursuivant cette recherche avec la collaboration d'un anatomiste, M. Tassy, médecin du théâtre Italien, l'auteur a cru reconnaître que cha- cun des anneaux était muni d'un faisceau musculaire pouvant en rappro- cher les extrémités de manière à rétrécir en ce point le canal aérien. Suivant que le chanteur veut donner telle ou telle note, il resserrerait tel ou tel point de la trachée, et cela par un mouvement instinctif, car il n'a con- science de sa volonté que relativement au but à atteindre et non au moyen destiné à le produire; c'est, du reste, comme on le sait, le cas pour tous les mouvements volontaires, même pour ceux de l'appareil locomoteur. Le Mémoire de M. Panofka est renvoyé à l'examen de la Commission qui avait été autrefois désignée pour un travail de M. Bataille sur la voix et le chant, Commission qui se compose de MM. Cl. Bernard, Flourens, Mil ne Edwards, Longet, Coste. M. Roiti.v (Edouard) envoie une seconde addition à son « Mémoire sur la possibilité de ralentir l'activité respiratoire et sur les effets de ce ralentisse- ment ». Dans une Note insérée par extrait au Compte rendu de la séance du 19 juin 1 865, l'auteur indiquait sept applications diverses de ses doctrines physiologiques; la présente communication est relative à une huitième application qui consisterait dans la possibilité de prévoir quels agents sont excitateurs de l'alimentation du foie et de la sécrétion biliaire. M. Robin y présente, en outre, de nouvelles considérations à l'appui de sa théorie sur l'acclimatation dans les pays chauds. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés.) M. Marchand adresse de Bruxelles une Note intitulée : « Démonstration du poslulatum d'Euclide ». (Renvoi à l'examen de MM. Bertrand et Bonnet.) M. IV.oi- présente une addition à sa Note du 22 janvier sur la direction des rayons lumineux à travers le prisme et sur la formation du spectre. (Renvoi à l'examen de M. Becquerel, déjà désigné pour la précédente Note.) ( 383 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Instruction publique autorise l'Académie à prélever sur les fonds restés disponibles la somme nécessaire pour porter à 25oo francs, ainsi qu'elle l'avait demandé, le prix de Statisticpie décerné à M. Chenu. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les ouvrages déposés sur le bureau, un nouveau volume des « Mémoires de l'Académie de Médecine » où se trouve un Éloge historique de feu M. Delpech que l'Académie des Sciences a compté au nombre de ses Correspondants. ALGÈBRE. — Sur les solutions multiples communes à plusieurs équations. Note de M. E. Combescure, présentée par M. Hermite. « Aux pages 187 et suivantes de la troisième édition (t. Ier) de son important Traité d'algèbre supérieure, M. Serret établit un remarquable théorème relatif aux solutions multiples communes à deux équations simul- tanées à deux inconnues. La méthode purement algébrique de cet éminent géomètre pourrait s'étendre à un nombre quelconque d'équations à autant d'inconnues; mais la démonstration serait beaucoup plus compliquée sans aucun doute. Comme ce théorème me paraît combler une lacune véritable dans la théorie générale des équations, je me hasarde à présenter la dé- monstration suivante, qui s'applique à un nombre quelconque d'équations algébriques ou transcendantes à autant d'inconnues. Tout dépend et dé- coule d'une définition précise et générale. J'adopte la suivante : )> Définition générale d'une solution multiple. — Soient (1) ijp, = o, 92 = o,..., > x'n + dxn | x„ -+- 2 dxn + d2xn) xn + k — i dxn -+- . . . + dk~ ' x„ ( 384 ) sans être toutes satisfaites par le système infiniment voisin qui suit immé- diatement. » Ceci revient à dire que les différentielles totales successives des pre- miers membres des proposées, jusqu'à l'ordre A' exclusivement, devront être identiquement nulles, ou encore que les différentielles successives des in- connues x,, x2,..., x„, jusqu'à l'ordre A- exclusivement, doivent être les mêmes, de quelque manière qu'on les déduise des équations (i). Ce der- nier point de vue est précisément celui qu'on emploie dans la théorie de l'oscillation des courbes. » Condition générale pour l'existence d'une solution multiple. — D'après la définition adoptée pour que [x,, x2,...,x„) soit une solution multiple, sans spécifier le degré de multiplicité, il faut et il suffit que les proposées soient satisfaites en même temps que do, t dwt . -r~ dx, -+- -r- dx., dx, il.r. {*) d tp2 / -r- (IX. -t- -r- dxn -+- de dx. + '-7~ dxn = O, a .t ,{ do. , 4- ~ dxn = o, (lu- „ è*. + do» (ÛVn + ...-+- -7^- dXlt = O do» dx„ Ces équations déterminent les rapports des différentielles dx, , dx2 ,. .., dxn , et l'élimination de ces mêmes différentielles donne la condition finie e = do, dx, dj: dx, a »„ dx, dxt do% d.v, do» dx2 df, dx„ d•*'•> -t-> dt désignant un infiniment petit arbitraire; et par suite, en adoptant ces accroissements, on aura ç>, (.r , -f- dx, , x2 -+- dxa , . . . , x„ -+- dx„ ) = o, f„(x, -+- dx,, x2 + rfr2, . . ., jr„ ■+- <7.r„) = o, c'est-à-dire que (x,, xa,..., xn) sera pour les proposées une solution multiple au moins du second ordre. Ceci suppose qu'aucun des déterminants partiels que l'on rencontre en résolvant (« — i) équations du système (2) par rap- port à dx,, dx2,..., dx„ n'est égal à zéro, ou, autrement, que l'on peut dé- duire de n — 1 quelconques de ces n équations des valeurs déterminées et finies pour — W — ->•••) -r1- On peut donc, sous cette supposition restric- 1 ilt ilt dt ' ' r tive qui sera maintenue dans ce qui suit, énoncer le théorème suivant : » Théorème I. — Pour que (x,, xa, . . . , xn) soit une solution multiple des équations y-, on tire des équations (2), en mettant pour un moment de côté l'équation dfj = o, et en substituant ces valeurs dans l'équation identique U - "^ dx, + "v dx, -+-••• + U".J dxn on aura _ rf^- ilx^ dy dx,+ d0 _ dh, = o ] dot = o \ d!'~''j, = o o„ = o ( dy2 = o f dk~K dk-2e) 0==o' 7/7 = °' *r = 0»---> -JFÏ = o> d*—'Q sans avoir t-l — o, c'est-à-dire qu'une solution d'ordre k pour les propo- sées sera une solution d'ordre k — i pour le système d'équations obtenu en remplaçant l'une des proposées par leur déterminant fonctionnel. » Réciproquement, si (.r,, .x\, . . ., x„) est une solution du système pro- posé et en même temps solution d'ordre A' — i pour le système obtenu en remplaçant l'une d'elles par 0=o, (.r,, r\,..., x„) sera une solution d'ordre k pour le système proposé. Car en supposant spécialement que c'est l'équation • » • » , , , ■ ■» Par où l'on voit une nouvelle analogie assez remarquable entre le dé- terminant fonctionnel d'un système de fonctions et la dérivée d'une fonc- tion d'une seule variable. » Il est superflu de rappeler que — ? — -j ■■• doivent être formées en ayant égard à l'équation (3) (et que les cas singuliers dont on a signalé l'origine sont exclus des énoncés précédents). Ainsi, par exemple, on aura de de , de . de . '-3Î — T- :'63 Hydrogène 10,81 11, 11 1 1 , 37 100,00 100,00 ioo, 00 » Il est évident que pour des substances si semblables par leur compo- sition, la densité de vapeur constitue le meilleur moyen de décider entre ces formules. Elle correspond, pour chacune d'elles, aux nombres suivants : C"H16 C"H,S C"H'" 5,121 5,6o5 6,089 » La densité de vapeur, déterminée avec le plus grand soin par l'expé- rience, a été trouvée égale à 5,78. Je n'ai donc pas hésité à choisir la for- mule C,2H'8 comme représentant l'hydrocarbure analysé. » D'après ce résultat, la substance serait donc le radical mixte phényle- hexyle, et prendrait naissance par l'union de la benzine avec l'hcxylène. On peut en représenter la constitution, soit par (G6 II6 ) (C6H5 ) » Des recherches récentes sembleraient indiquer que deux substances, constituées d'après l'un ou l'autre de ces modèles, auraient à peu près, sinon absolument, les mêmes propriétés. » 11 y aurait plusieurs autres modes de représenter l'hydrocarbure, n'était le fait de sa préparation au moyen d'un liquide bouillant au-dessous de 70 degrés, et qui ne pouvait donc contenir que des substances distillant entre des limites fort restreintes. » La substance en question est l'homologue du phényle-amyle obtenu ( 39s ) par MM. Tollenset Filtig et: faisant réagir le sodium sur un mélange de bromure de phényle et de bromure d'amyle (i). » Le phényle-hexyle est incolore, transparent et peu susceptible de s'oxy- der au contact de l'air. Le liquide qui se condense dans le ballon après la détermination de la densité de vapeur est parfaitement incolore. L'odeur est particulière et caractéristique. La densité du liquide à i3,2 degrés centi- grades a été trouvée égale à o,8~3r. » J'espère pouvoir démontrer que plusieurs radicaux mixtes, y compris le pliényle-amyle, le phényle-hexyle et le phényle-heptyle, existent dans le liquide préparé de la manière qui a été indiquée plus haut. » J'ajouterai en terminant que j'ai obtenu un alcaloïde huileux, doué d'une extrême susceptibilité à l'oxydation, en réduisant au moyen du fer et de l'acide acétique un composé nitré du phényle-hexyle, et j'espère pouvoir très-prochainement en décrire la constitution et les propriétés. » GÉOLOGIE. — Sur l'apparition d'un nouvel Ilot volcanique dans la rade de Santorin. Lettre de M. Fu. Lexormant à M. Ch. Sainte-Claire Deville. « Je pense que vous ne lirez pas sans intérêt les détails précis relatifs à l'apparition d'un nouvel îlot volcanique dans l'intérieur du vaste cratère qui constitue la rade de Santorin. Je les extrais des lettres que j'ai reçues par le dernier courrier d'Athènes et de Santorin même au sujet de ce cu- rieux phénomène géologique, » Les 28 et 29 janvier, on ressentit dans toute l'île de Santorin plusieurs légères secousses de tremblement de terre, qui ne produisirent aucun dégât matériel, mais causèrent un grand effroi à la population. » Le 3o, les secousses recommencèrent, toujours sans grande violence, à Santorin même, mais prirent une extrême intensité dans l'îlot de Néa- Kamméni, sorti des flots en 1707 à la suite d'une convulsion volcanique analogue à celle qui se produit aujourd'hui. Vers le soir, la mer prit tout autour de cet îlot une couleur blanche due à des dégagements sous-ma- rins de vapeurs sulfureuses. La coloration était surtout intense dans le canal qui sépare Néa-Kamméni de l'autre îlot, également volcanique, de Palaea-Kamméni, et les flots y bouillonnaient comme dans une chaudière. En même temps que ces phénomènes se produisaient, on commençait à en- (1) Annulai (1er Chemic und Pharmacia, t. CXXXI, p. 3 1 3. — Watt's Dict. Chcm., art. Phenyle-amyle. (393 ) tendre clans l'îlot de Néa-Kamméni un bruit souterrain qui se prolongea pendant plusieurs jours, et cpie mes correspondants comparent, les uns au roulement du tonnerre, les autres à une canonnade très-nourrie. » Dans la huit du 3o au 3i, on vit distinctement delà ville de Santorin des flammes rouges, hautes de 3 à [± mètres, s'élever du milieu de la mer dans le canal entre Palaea-Kàmméhi et Néa-Kamméni, à l'ouest du pro- montoire qui forme le côté droit du port Voulcano dans ce dernier îlot (i). » Le 3i au matin, la mer, autour de Néa-Kamméni et dans le canal, changea de nouveau de couleur et prit une teinte rouge très-intense, qui semblait due à un mélange d'un sel de fer. En même temps l'eau devenait au goût d'une extrême amertume. Des secousses de tremblement de terre continuaient dans l'îlot avec une intensité toujours croissante. Vers le mi- lieu du jour, une rupture se produisit à la naissance du promontoire for- mant le côté droit du port de Voulcano; elle va du fond du port à la mer de l'autre côté et sépare ainsi complètement le promontoire de l'îlot auquel il appartenait jusqu'à présent. De la fissure s'élèvent des vapeurs sulfu- reuses tellement intenses que, dès la soirée du 3i, elles mirent en fuite les troupes de goélands et d'autres oiseaux de mer accourus pour se repaître des poissons qui flottaient morts à la surface des flots. u Vers le soir de la même journée du 3i janvier, le sol de l'îlot de Néa- Kamméni commença à s'affaisser rapidement et les quelques familles qui l'habitaient s'enfuirent épouvantées chercher un refuge à Santorin. L'affais- sement fut d'abord de 60 centimètres en deux heures, puis il se ralentit un peu et ne fut plus que de 10 centimètres par heure, proportion qui dura toute la nuit. » Dans cette nuit, les flammes reparurent au milieu des flots au même point que la veille, dans le canal entre les deux grandes Kamménis, et, le matin du Ier février, furent remplacées par un nuage épais de fumée blan- châtre, qui sortait de la mer avec un sifflement très-prononcé. En même temps le bouillonnement des eaux du canal augmentait de moment en mo- ment. » De bonne heure le matin, le sous-préfet de Santorin, accompagné du savant docteur Decigallas, habitant de l'île, se rendit à Néa-Kamméni. L'af- faissement de l'îlot n'était plus que de 5 centimètres par heure et dura (1) Cette présence îles flammes m'est particulièrement attestée par M. le Dr Decigallas, de Santorin. C. R., 1S6G, 1" Semestre. (T. LXII, N° 8.) J ' ( 394 ) ainsi toute la journée jusqu'au soir, moment où il s'arrêta. Ces messieurs constatèrent que les secousses et le fracas souterrain continuaient avec la même force, que la rupture produite clans la journée de la veille s'élargis- sait graduellement, toujours avec le même dégagement de vapeurs sulfu- reuses. Les roches du promontoire ainsi détachées du corps de l' i lot, prin- cipalement celles de la côte regardant le canal entre Néa-Kamméni et Palaea-Kamméni, paraissaient chauffées par un foyer souterrain et étaient presque brûlantes au toucher. Enfin, M. le Dr Decigallas reconnut que pendant la nuit, dans la partie sud-ouest de Néa-Kamméni, jusqu'à présent sèche et sans trace d'eau, s'étaient formés cinq petits lacs d'une eau douce et transparente, qui prit vers le soir la couleur rouge et le goût amer déno- tant avec certitude la présence d'un sel de fer. » Dans la nuit du iei au i février, les flammes, plus grandes encore et plus éclatantes que la veille, se montrèrent de nouveau dans le canal entre les deux Kamménis, et au point du jour la fumée, blanche la veille, apparut toute noire et encore plus épaisse. » Dans la matinée arriva à Santorin la canonnière à vapeur de la marine royale hellénique Plixaura, que le Ministre de la marine envoyait sur la demande du sous-préfet. La fumée s'étant dissipée vers 9 heures du matin, les officiers de la canonnière se rendirent en canot pour explorer le canal qui paraissait le centre de l'action volcanique. Au [joint d'où l'on avait vu tons les jours précédents s'élever les flammes et la fumée, dans un endroit où la carte de L'Amirauté britannique, publiée en 1848, indiquait 45 brasses anglaises de fond, ils trouvèrent un écueil sous-marin qui s'élevait pro- gressivement avec une grande rapidité et dont le sommet n'était plus qu'à une brasse de distance de la surface des eaux. A 4 heures du soir, l' écueil sous-marin devenait île et émergeait du milieu des flots. M. le Dr Decigallas tenta immédiatement d'aller y aborder avec le canot de la Plixaura, mais il en fut empêché par l'agitation de la mer. Il dut encore se contenter d'ob- server du rivage de Néa-Kamméni la naissance du nouvel ilôt. « Le spec- » tacle, m'écrit-il, est magnifique et des plus imposants. On voit l'île ■> grandir et se former de la manière la plus paisible et si rapidement, que n l'œil en suit les progrès. Depuis qu'elle est sortie de la mer, les secousses » de tremblement de terre, le bruit souterrain, les flammes, l'émission de 0 fumée, tout a cessé. L'île nouvelle seule monte silencieusement et s'é- i) tend d'heure en heure davantage. Le 2 février, à la tombée de la nuit, » elle paraissait avoir 5o mètres de longueur sur 10 à 12 mètres de largeur » et s'élever de 30 à 3o mètres au-dessus de la mer. Dans les journées du 3 ( 395) » et du 4 elle a monté et grandi d'une manière continue, mais toujours » aussi paisiblement. » » Tels sont les détails que fournissent mes correspondances. Permettez- moi d'y ajouter quelques remarques personnelles. La première aura trait à ce fait d'une véritable importance, que le nouvel îlot qui vient ainsi de surgir dans la rade de Santorin se trouve précisément à la place où, suivant Cassiodore, Georges le Syncelle et Pline (1), on vit naître, en 19 de notre ère, à la suite d'un tremblement de terre, une petite île qui fut nommée Qûct, «la divine », et disparut au bout de peu de temps, mais pour repa- raître au milieu des mêmes circonstances, et encore pour peu de mois, au printemps de l'an 60 (2). Depuis cette époque, elle ne semble pas s'être montrée de nouveau, mais les environs du point où on vient de la voir revenir au jour étaient demeurés le tbéàtre d'une action volcanique per- manente, qui paraît avoir eu, dans les dernières années, une intensité toute particulière. » Plusieurs bâtiments de guerre ayant eu l'occasion de rester mouillés pendant quelque temps dans le canal Diapori, entre Néa-Kamméni et Mikra-Ramméni, à l'époque de la guerre de l'indépendance grecque, on s'aperçut que leur doublage s'était nettoyé et débarrassé des balanes, ana- tifes, et des plantes marines qui s'attachent d'ordinaire à la carène des vais- seaux. Ce fait ne pouvait tenir qu'à des dégagements sous-marins de gaz méphitiques et sans doute sulfureux qui faisaient mourir les animaux et les plantes, après quoi on les détachait facilement. L'amiral de Lalande, au temps où il commandait notre flotte dans le Levant, fit faire une série d'expériences d'où il résulta que, dans le canal Diapori, l'effet ne se pro- duisait pas régulièrement, mais seulement par intervalles. Mais l'expérience enseigna bientôt que dans le port Voulcano, ainsi que tout le long de la côte méridionale de Néa-Kamméni, les dégagements de gaz sulfureux clans le fond de la mer avaient lieu d'une manière permanente et pouvaient donc être utilisés avec certitude pour le nettoyage de la carène des vaisseaux. » En 1860, M. le Contre- Amiral baron de la Roncière le Nourry envoya à Santorin l'aviso le Héron, dont le doublage s'était entièrement couvert de coquillages et de plantes qui nuisaient beaucoup à sa marche. Il mouilla plusieurs jours dans le port Voulcano. J'avais profité de son voyage pour aller visiter l'île Santorin, et je pus ainsi observer de mes propres yeux (1) Histoire naturelle, II, 89. (2) Vita Apollonii Tyan., IV, 2. 5 1 .. ( 3g6) avec quelle rapidité, sur ce point, les exhalaisons volcaniques poursuivaient leur action. » Je profitai de ce séjour pour aller reconnaître avec les officiers du Héron, dans le canal entre Mikra-Ramméni et la ville de Santorin, les pro- grès de l'exhaussement graduel du sommet sous-marin qui semble devoir produire encore en ce point une nouvelle île avant la fin du siècle. En 1829, M. de Lalande en avait trouvé le point culminant à 4 i brasses de pro- fondeur; en i83o, Bory de Saint-Vincent ne trouvait plus que 4 brasses; en 1848, la carie de l'Amirauté britannique notait 4 brasses anglaises. En 1860, nous avons constaté que la profondeur n'était plus que de 3 brasses. L'exhaussement suit donc depuis trente ans une marche con- stante. Le petit plateau supérieur de cet écueil, nous avons pu le recon- naître, est entièrement composé d'une pierre ponce d'un gris blanchâtre, pareille à celle qui constituait la portion de Néa-Ramméni apparue la première. » Il serait fort intéressant que les savants qui iront étudier sur place le nouvel îlot volcanique de la rade de Santorin s'occupassent de vérifier s'il y a eu en même temps exhaussement ou affaissement de l'îlot qui tendait à surgir entre Mikra-Kamméni et la ville même de Santorin. De même que cette année Néa-Ramméni s'est abaissée en même temps que naissait la nouvelle île, un affaissement sensible de Mikra-Ramméni coïncida avec l'apparition de Néa-Ramméni en 1707. » « Après cette communication, M. C11. Saixte-Claire Deville fait re- marquer qu'il y aurait un grand intérêt à ce qu'un fait éruptif aussi inté- ressant, qui s'est produit en ce point deux fois seulement en trois siècles (i575 et 1707), put être étudié par un géologue expérimenté envoyé sur les lieux par l'Académie. » M. Fouqué, qui vient de remplir avec succès à l'Etna une mission analogue qui lui avait été confiée par M. le Ministre de l'Instruction pu- blique , accueillerait certainement avec empressement et reconnaissance cette nouvelle occasion d'aller constater les phénomènes chimiques et mé- caniques d'une éruption. » « M. Eue de Beaumont, tout en exprimant le regret que M. Charles Sainte-Claire Deville ne puisse entreprendre actuellement un voyage en Grèce, appuie la proposition qui vient d'être faite et qui sera discutée dans le comité secret qui suivra la séance. » ( 397 ) PHYSIQUE DU GLOBE. — Tremblement de terre ressenti le 2 janvier au Mexique. « M. Ch. Sainte-Claire Deville communique quelques détails sur le tremblement de terre qui a été ressenti au Mexique le 1 janvier 1866, à 6hi5m, et qui lui sont adressés par M. Eugène de Montserrat, jeune sa- vant altaché comme géologue à l'expédition scientifique du Mexique. » Le mouvement était de l'est à l'ouest, et les ondes avaient une ampli- tude qui pouvait aller jusqu'à 20 degrés. » Ce phénomène n'a pas causé de désastres à Mexico même ; mais à Cor- dova, Orizava, Tehuacan, etc., la secousse a été tellement forte, que la plu- part des édifices se sont écroulés. Dans la vallée de Mexico, une localité située au pied du Popocatepetl a ressenti deux ou trois secousses violentes, et une autre localité du nom de Maltrata, au pied de l'Orizava, a été presque entièrement détruite. » Le tremblement de terre a coïncidé avec un fort vent de nord et un grand abaissement de la température, qui, le jour même, est descendue à Mexico à 3 ou 4 degrés au-dessous de zéro. » CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les éthers boriques (deuxième commu- nication); par MM. Hugo Schiff et E. Bechi. « Dans une Note précédente nous nous sommes occupés de l'action des alcools €"H2"+20 sur l'anhydride borique, et nous avons démontré que les termes inférieurs de cette série peuvent former trois éthers des formules générales BEtQ2, BE13©3 et B3EtOs. Il n'en est pas de même pour les termes supérieurs. Si l'on chauffe l'alcool cétylique avec l'anhydride borique, il y a élimination d'eau, et il se forme un borate monocélylique selon l'équation B2Ô3 + 2C,cHnÔ = 2B(G16H33)Ô2 + HîO. On sépare ce composé de l'excès d'anhydride borique au moyen de l'éther anhydre. Le borate cétylique fond à 58 degrés et se solidifie en une masse cristalline blanche, peu altérable au contact de l'air et ne se décom- posant que difficilement avec l'eau froide, L alcool cétylique ne paraît pas former d'autre composé avec l'acide borique. » De même, avec la glycérine, nous n'avons obtenu qu'un seul éther I 398 ) B(G3H5)03 qui se forme sous élimination d'eau selon l'équation B3ô3-h 2G3H803 = 2B(G3H5)Ô3 + 3H!Ô. » Le borate glycérique forme une masse vitreuse jaune, très-hygromé- trique, qui se décompose facilement avec l'eau chaude. L'alcool ne le décompose pas même à la température de ioo degrés. L'éther entre peu à peu en fusion et est très-dense encore à 170 degrés. » Les deux borates précédents peuvent être directement obtenus à l'état de pureté, parce que la réaction se restreint à la formation de ces composés. Il n'en est pas de même avec l'alcool phénique. Ici, il est vrai, la réaction primaire est analogue à celle des alcools précédents; il se forme un borate monophénique selon l'équation B'03-+- G«H,ô = B(G,H,)ôt-r-BHO\ Mais de cette manière on ne réussit pas à obtenir un composé pur. A plus haute température le borate s'unit directement à une molécule d'anhydride borique et décompose même l'hydrate borique en formant un triborate monophénique B3(G6HS)Q5 selon l'équation 2B(G6H5)©24-2BHO2-f-B2O3 = 2B3(GeH5)Ô5 + H,0. » Le triborate est une masse vitreuse, inodore, d'un aspect d'ambre, peu altérable au contact de l'air. Il fournit la matière première pour la prépa- ration d'un borate monophénique plus pur. Une solution alcoolique du triborate phénique se décompose par une ébullition prolongée d'après l'équation B3(GHF)05 + 3G2H6© ^B(G6H5)O2 + B(G*H5)303 + BH50\ » On sépare par la distillation le borate triéthylique du borate mono- phénique, qui ne distille pas et qui peut être chauffé à 25o degrés sans se décomposer sensiblement. Il forme une masse visqueuse à 3o degrés, solide à o degré, d'une odeur faible d'alcool phénique. Au-dessus de 3oo degrés, il se décompose en triborate phénique et en diborate tétraphénique selon la formule 5B(G(,Ht)Gî = Bs(C'!H5)l054-B3(GeH")G3. En même temps, il se forme une petite quantité d'un liquide dense, doué d'une odeur intense de géranium et bouillant entre 25o à 3oo degrés. C'est de l'oxyde phénique dû à la réaction 3B(G6HS)02 = B3(G»H8)Ô5 + (GCH5)!0. ( 399 ) » Le diborate tétraphénique est un liquide dense, d'un jaune doré, d'une densité de i,i3 à o degré, distillant sous légère décomposition à une tem- pérature qui surpasse la limite du thermomètre à mercure. » La propriété des alcools cétylique, glycérique et phénique, de former en réaction primaire des borates monoalcooliques, tient sans doute à la température à laquelle la réaction a lieu. La température est trop élevée pour la formation de l'hydrate BfPtP, mais elle permet l'existence de l'hy- drate BHô% et pour la formation de ce dernier il ne se décompose qu'un seul équivalent d'alcool. « En terminant nous faisons encore observer que les alcools cétylique, glycérique et phénique peuvent former des borates sous élimination directe d'eau liquide, tandis que dans l'action des alcools méthylique, éthylique, amylique, où la réaction primaire produit des élbers trialcooliques, l'eau ne se sépare que sous forme d'hydrate borique. » ANATOMIE COMPARÉE. — Sur la disposition des organes femelles de la génération dans les Kanguroos; réclamation de priorité adressée à l'occasion d'une com- munication récente de M. Pofxman. « Je viens de lire, dans le Compte rendu hebdomadaire des séances de l'Académie des Sciences, p. 146, une Note de M. Edmond Alix sur les or- ganes de la parturition chez les Kanguroos. » Dans cette Note, M. Alix fait connaître que l'étude qu'il a pu faire dernièrement de ces organes chez un Eanguroo de Bennett lui a permis de résoudre une question depuis longtemps controversée, celle de savoir si le vagin médian se termine en cul-de-sac, comme Richard Owen l'a très- bien observé chez le Ranguroo géant, ou bien s'ouvre dans le vestibule urétro-génital, comme Everard Home l'avait affirmé. » La découverte faite par M. Alix est loin d'être nouvelle. En i85i, j'ai présenté, à la séance du i4 juin de l'Académie royale des Sciences de Bel- gique, une Note sur la disposition des organes de la génération chez le Kanguroo de Bennett femelle, dans laquelle j'ai décrit et figuré l'ouverture du vagin médian dans le vestibule urétro-génital. Cette Note a été impri- mée dans le Bulletin de [Académie (t. XVIII, ire partie, p. 5g5) et, si mes souvenirs ne me trompent pas, a été reproduite dans le journal l'Institut. Je prends la liberté de vous en envoyer un exemplaire par la poste, afin de vous permettre de vous assurer que ma réclamation de priorité est fondée. » J'ajouterai que, depuis la publication de ce travail, j'ai eu l'occasion ( /lOO ) de vérifier cette disposition anatomique chez d'autres individus appartenant à la même espèce, et en ce moment je ne conserve plus aucun doute sur son existence constante. » Je prends la respectueuse liberté de vous demander, dans l'intérêt de la vérité, de communiquer ma lettre à l'Académie ou de dire quelques mots à ce sujet à la prochaine séance. » chimie ORGANIQUE. — Formation de l'acétylène. Extrait d'une Lettre de M. P. De Wilde. n Gembloux, le 17 février 1866. d Je viens de lire, dans le Compte rendu de la séance du 8 janvier der- nier, p. o,4> un travail de M. Berthelot intitulé : Formation de l'acétylène dans les combustions incomplètes. Je prends la liberté de vous adresser, avec la présente, un travail que j'ai présenté à l'Académie belge dans la séance du 3 décembre 1864, et qui a été imprimé dans le Bulletin de cette Aca- démie, séance du 14 janvier i865, t. XIX, 2e série, p. 90. » Vous pourrez voir, Messieurs, par la lecture de ce travail, que la priorité de la découverte de la formation de l'acétylène dans les combus- tions incomplètes m'appartient. » M. Dauzat adresse du Mexique un spécimen de tissu soyeux ourdi par des vers d'une espèce particulière qui vivent sur l'Arbousier, « Celle espèce de vers à soie, dit M. Dauzat dans la Lettre jointe à son envoi, se trouve dans les environs de la Sierra Madré. Les Indiens ne tirent aucun parti du produit ; cependant rien ne prouve qu'on ne puisse parvenir à carder et à filer la soie récoltée. Si l'on y parvient, rien ne sera plus facile que de naturaliser ce ver dans nos départements du Midi, où croît spon- tanément l'Arbousier, qui est ici sa seule nourriture. L'arbuste mexicain est beaucoup plus chétif que notre Arbousier d'Arcachon et des Landes; lever ne souffrirait donc point du transport, au point de vue de la nourriture, et s'acclimaterait sans peine. Si sa soie pouvait être utilisée, ce serait pour noire département (Gironde) cl pour celui des Landes une nouvelle source d'in- dustries et de richesses. Dans cette idée, j'élève quelques milliers de vers pour étudier leurs habitudes. Ils travaillent très-vile et peuvent faire dans une huit un tissu de 3 à 4 décimètres carrés. Je ne puis donner en ce moment d'autres détails, ne connaissant l'insecte que depuis huit jours à peine. Je ( 4oi ) me propose de me rendre très-prochainement à la Sierra Madré pour chercher moi-même d'autres vers. » M. Manodori, Procurateur du municipe de Reggio (royaume d'Italie), prie l'Académie de vouloir bien lui indiquer la marche à suivre pour qu'un de ses administrés, M. C. Torregiani, puisse faire usage d'une Note qu'il a adressée sous pli cacheté au mois de septembre 1864, et qui a été inscrite sous le n° 2254- « Cette Note, dit M. le Procurateur, contient l'exposé d'une découverte que son auteur juge digne d'obtenir le prix proposé par le Gouvernement français pour une nouvelle et importante application de la pile de Volta : on demande quelle démarche doit faire l'inventeur pour que sa découverte soit soumise aux juges chargés de décerner la récom- pense? » C'est au Gouvernement français que doit s'adresser, par les voies ordi- naires, M. le Procurateur du municipe de Reggio, et non à l'Académie dont la seule intervention possible dans cette affaire est d'attester la date du dépôt et de le conserver jusqu'à ce qu'il lui soit redemandé par une personne dûment autorisée par l'auteur. M. Pegneriol adresse, de Montpellier, des remarques sur les avantages qu'on pourrait, suivant lui, obtenir de l'emploi des flotteurs pour modérer la rapidité d'immersion des câbles électriques et diminuer les chances de rupture. M. Choitet, dans une Lettre transmise par M. le Ministre de l'Instruction publique, demande qu'on lui fournisse les moyens de réaliser une invention grâce à laquelle il pourra, suppose-t-il, obtenir des lentilles en verre de dimension insolite. Comme l'inventeur ne donne pas même un aperçu des moyens qu'il se propose d'employer, l'Académie ne peut juger si son projet offre la moindre chance de succès. A 4 heures et demie l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures trois quarts. C. C. R., 1866, 1er Semestre. (T. LXII, N° 8.) 02 ( 402 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 19 février 1 866 les ouvrages dont les titres suivent : Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Sciences [Sciences mathématiques et physiques), t. XIX. Paris, i865; in-4°. Mémoires de V Académie impériale de Médecine, t. XXVII, ire partie. Paris, 1 865; in-/j°avec planche et figures. Sur la possibilité d'atteindre le pôle nord; par M. Ch. Martins. Paris, 1 866; br. in-8°. (Extrait de la Revue des Deux Mondes.) Sur l'existence du perchlorure de manganèse et de ses congénères, du brome et de l'iode, etc.; par M. NiCKLÈS. Nancy, 1866; br. in-8°. Note sur la production de l'acétylène : nouvelles méthodes; par M. P. De Wilde, professeur de Chimie à l'Institut agricole de l'État, à Gembloux. (Extrait des Bulletins de l'Académie royale de Belgique, ae série, t. XIX, n° 1.) Choléra. De sa nature et de son traitement. Mémoire présenté à l'Acadé- mie impériale de Médecine dans sa séance du 9 janvier 1866, par M. le professeur J. Cloquet, au nom du Dr Adet de Roseville. 1 feuille d'impres- sion in-8°. (Commission du legs Bréant.) Causeries scientifiques; par M. Henri de Parville. 5e année. Paris, 1866; br. in— 1 2. Avant-hras; par M. DEMARQUAY. Br. in-8°. Bec-de-lièvre; définition; par M. DEMARQUAY. Br. in-8°. (Extraits du Nou- veau Dictionnaire de Médecine et de Chirurgie pratiques, t. IV, i865.) Recherches chimiques et agronomiques ; par M. À. -F. POURIAU. Lyon, sans date; br. in-8". De la sériciculture en France; par M. Georges Renaud. Paris, i865; br. in-8°. (Extrait de V Economiste français.) 2 exemplaires. Pisciculture marine. Etude sur le littoral français de la. Méditerranée au point de vue piscicole; par M. Léon Vidal. Marseille, 1866; br. in-8°. ( 4o3 ) Mémoire à consulter pour la création de chemins de fer à rampes de 5 à 6 centimètres par mètre; par M. Chardon. Lyon, 1 865 ; 4 pages in-4°. Moniteur d'hjcjiène et de salubrité publique, domestique, agricole et indus- trielle, Journal contenant des instructions sur l'alimentation en général, sur l'assainissement des habitations, etc., paraissant tous les mois, sous la direction de M. A. Chevallier fils. ire année, n° ier, janvier 1 866. In-8°. ERRATUM. (Séance du 12 février 1866.) Page 3og, ligne 8, au lieu de tome IX, lisez tome XIX des « Mémoires des Savants étrangers ». COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 26 FÉVRIER 1866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. GÉOMÉTRIE. — Théorie générale des systèmes de suifaces du second ordre satis- faisant à liait conditions. — Caractéristiques des systèmes élémentaires. — Expression générale du nombre des suifaces déterminées par neuf conditions quelconques ; par M. Chasles. « La théorie des systèmes de courbes planes, représentés par deux ca- ractéristicpies, s'étend naturellement aux systèmes de surfaces représentés par trois caractéristiques, dont la première exprime le nombre des surfaces cpii passent par un point; la seconde, le nombre des surfaces qui touchent une droite; et la troisième, le nombre des surfaces tangentes à un plan. Les propriétés d'un système quelconque : par exemple, l'ordre de la courbe lieu des sommets de toutes les surfaces du système; l'ordre de la surface lieu de leurs axes; la classe de la développable enveloppe des plans princi- paux, etc., s'expriment toujours en fonction de ces trois caractéristiques. De sorte qu'on peut dire que tous les systèmes imaginables se ramènent à un seul, défini par les trois caractéristiques, et dont les propriétés font con- naître celles de chaque système défini par huit conditions données. Il sulfit de calculer les caractéristiques de ce système. La méthode de substitution par laquelle nous déterminons les caractéristiques des systèmes de courbes C. R., 1866, i« Semestre. (T. LXII, N« 9.) 53 ( /îo<3 s'applique aux systèmes de surfaces. Cette méthode, et c'est ce qui la dis- tingue essentiellement, évite les équations de condition et les calculs d'éli- mination de l'Analyse; elle se réduit à remplacer dans les systèmes élémen- taires les conditions simples (passer par des points, toucher des droites et toucher des plans) par les conditions du système proposé. >• Mais, de même que pour les courbés, il faut connaître les caractéris- tiques de tous les systèmes élémentaires, base capitale de cette vaste théorie. » C'est la détermination de ces caractéristiques qui fait le sujet de la pré- sente communication. » Les trois sortes de conditions élémentaires, passer par des points et toucher des droites et des plans, combinées huit à huit, donnent lieu à quarante-cinq systèmes différents. Chaque système a trois caractéristiques; mais chacune d'elles entrant dans plusieurs systèmes, il n'y a en réalité que cinquante-cinq caractéristiques différentes. Ce sont ces cinquante-cinq nombres cpi'il faut déterminer. » Les quarante-cinq systèmes dont il s'agit sont formés de huit conditions simples. Mais les conditions simples, points, droites et plans, se peuvent as- socier, de manière à former des conditions multiples, indivisibles. Par exemple, que les surfaces doivent toucher une droite en un point donné, ou bien toucher un plan en un point d'une droite donné..' clans le plan, ce sont là des conditions doubles; que les surfaces doivent passer par une droite, ou bien toucher un plan en un point donné, ce seront des condi- tions triples; que les surfaces doivent passer par une conique, condition quintuple, etc. » Tous ces cas constituent des questions spéciales et indépendantes, et non dis cas particuliers, comme on pourrait les considérer en Géométrie analytique. Ils donnent lieu à des classes ou à des types de systèmes diflé- rents, dont il faut déterminer directement les caractéristiques, de même que pour les quarante-cinq systèmes de la classe îles conditions simples; ce qui entraîne dans d'assez nombreuses recherches. Enutnè ration des conditions multiples. — Notations. « Conditions doubles. — i" Les surfaces touchent une droite L en un point donnée; ce que nous exprimerons par dL; 2" les surfaces touchent un plan P en un point situé sur une droite A donnée dans le plan; PA. » Conditions fripées. — i° Les surfaces passent par une droite G; ■>." les surfaces touchent ou plan Iv ni un point donné 0; KO. » Condition quadruple. — Les surfaces passent par une droite G, et sont ( 4o7 ) tangentes, en un point 0 de cette droite, à un plan R mené par la droite; K0G. » Conditions quintuples. — i° Les surfaces passent par une conique 2; 2° les surfaces passent par deux droites G, G' qui se coupent; G, G'; 3° les surfaces sont inscrites dans un cône du second ordre C. » Conditions sextuples. — i° Les surfaces passent par une conique 2 et sont tangentes, en un point 6 de 2, à une droite 0L; 2$ L; 2° les surfaces passent par deux droites G, G' qui se coupent, et elles sont tangentes, en un point 0 de G, à un plan K mené par G; RÔG, G'; 3° les surfaces sont in- scrites dans un cône C et sont tangentes à une arête du cône en un point donné. » Conditions septuples. — i°>Les surfaces passent par trois droites G, G', G", dont l'une G' s'appuie sur les deux autres; G, G', G"; 2° les coniques passent par deux droites G, G', et sont tangentes, en deux points S, 0' de ces droites, à deux plans R, R' passant, respectivement, par les deux droites; (KG G, K'5'G'). » Conditions octuples. — i° Les surfaces sont toutes inscrites dans un cône avec lequel elles ont une même courbe de contact 22; i° les surfaces passent toutes par deux coniques 2 et 2', qui se coupent en deux points; 2, 2'; 3° les surfaces passent par une conique 2 et par deux droites G, G' qui passent par deux points de 2 et se rencontrent; 2, G, G'; 4° les sur- faces passent par une conique 2 et touchent un plan R en un point 0; 5° les surfaces passent par une conique 2 et par une droite G qui rencontré 2, et elles sont tangentes, en un point 6 de G, ta un plan R mené par G; 6° les surfaces passent par quatre droites G, G', G", G'" qui se coupent deux à deux consécutivement (c'est-à-dire qui forment un quadrilatère gauche); 70 les surfaces sont toutes inscrites dans deux cônes qui ont deux plans tangents communs; 8° les surfaces sont inscrites dans un cône et passent par deux droites situées dans deux plans tangents, et qui se coupent (sur l'arête com- mune aux deux plans); cf les surfaces sont inscrites dans un cône, et passent par une droite située dans un plan tangent au cône; et en outre, elles tou- chent, en un point de cette droite, un plan mené parla droite. » Ces diverses conditions multiples élèvent à dix-huit le nombre des classes de systèmes dont nous allons donner les caractéristiques. 63.. ( 4o8 Caractéristiques des XVIII classes de systèmes. I. (2,) - («, >, M- II. G. 2') = (i, 2. 2). III. (2, G, G') = (1, a, 2). IV. (S, KO) = (i, a, 2). V. (ï\G0k) ^ (1, 2, 2). VF. (g, G', Ko) ^ (1, 2, 1). vu. ((CgCg%'g>') - (1, a, ')• VIII. (2, G, ip.) = (1, 2, 2), (O", >d.) = (2, 4, 4). (O, ip) - (2, 4, 4), IX. (g, G', G*, ip.) = (1, a, 1), (^"gTg", ul.) - (2, 4, 2), (gX>, ip) - (1, ^- >)• X. (kOgT&', 2p. ) = (1, 2, 2). (kOG, G', ip., ni.) = (2, 4, 4), (kOG, G', ad.) = (4, 4, 4), (KOG, G', ip., IP ) = (2, 4, 2), (KOG, G', 2P ) = (2, 2, 1). XI. (G, G', ap. ) = (1. a, 1), (G, G', ip-, ni-) = (2, 4, a), (G, G', ad.) (4, 8, 4), (G, G', ip., iP ) - (1, a, 1). (G, G', aP ) = (1,2, 1). XII. (KO, K'O', ap. ) = (1, a, a), (KO, K'O', ap., k1.) -- (a, a, a), (KO, K'O'. ad.) = (a, 4, 2), (KO. K'O', ip.. il' 1 (a, a, a), (KO. K'O', aP ) (2, a, 1). an. (G, ko, 2 p. ) - (l, 2, 2). (G, KO, ip., id.) ^ (2, 4. 4), (G, KO, 2d.) ^- (4, 4, 4), (G, KO, ip., iP) = (2, 4, 2), (G, KO, aP) a (2, 2, l). av. (2, 3P. ) = (1, 2, 2), (2, ap"., ul. ) - (2, 4, 4), r-, «p., ad. ) - (4, 8, 8), (i. 3(1. ) - (8, 8, 8), (-, 2p., iP) . (2, 4, 4), (Z, .p.. aP) b (4, 8, 8). (2, 3P ) a (8, 8, S), (2, 2(1., iP) - (8, 8, 8), (-, Kl., aP) ^ (8, 8, 8), (2, .p., Kl., iP) ^ (4, 8, 8). KV. (C, 3p. ) - (8, 8, 8), (C, ap., id. ) B (8, 8, 8), (C, ip., ad. ) - (8, 8, 8), (C, 3d. ) . (8, 8, 8), (C. 2 p., •P) - (8, 8, 4), (C, ip-, aP) _ (4, 4, 2), (G, 3P) - (2, 2. i), (C, ad., iP) ^ (8, 8, 4), (C, id.. aP) a (4, 4, 2), (C, .p.. Kl. 1 iP) - (8, 8, 4). XVI. (KOG, 4 p. 9 ) = ( ». 2, 3). (KOG Ip. . Kl. )=■(», i. Cl. (KOG. 2p. , 2(1. ) - ( 4, 8, 12), (KOG. M'. , 3(1. )'- ( 8, .2. r6), (KOG, 4.1. ) - (.2, .2. 12). (KOG, 3p. ï iP) _ ( 3, G, 5), (KOG, ap. ) 2.P ) s ( 5, m 5), (KOG, ip. 3P ) - ( 5, G, 3), (KOG, 4P) - ( 3, 2, 0, (KOG, ap. . Kl. . iP) ■ . ( 6, la. .0). (KOG, ip. , Vil. , iP) (ia, 16, ■a), (KOG, 3,1. , 1 P ) ii 6, 1 .■ . 8), (KOG, ip, , Kl, , aP ) ( h), iv. 6), (KOG, Vil. , aP) = (12, 8, 4). ( '.'*) ) XVII (G, 5p. (G, 4P-, là (G, 3p., ad. (G, 2p., 3d. (G, ip., 4d. (G, 5d. (G, 4P-, iP (G, 3p., aP (G, ap., 3P (G, ip., 4P (G, 5P (G, 3p., id., îP (G, ap., ad., iP (G, ip., 3d., iP (G, 4d., iP (G, 2p., id., 2P (G, ip., ad., 2P (G, 3d., 2P (G, ip., id., 3P (G, ad!, 3P (G, id., 4P XVIII. (7P-> 'd. (6p., ad. (5p., 3d. (4p., 4d. (3p., 5d, (2p., Gd. (ip-, 7<1 ( 8d (7P-. lP =3 ( 1, 2, 3), - ( a, 4, 6), s ( 4, 8, 12), - ( 8, iG, 24), s (16, 24, 32), = (24, 24, 24), - ( 3, G, 5), = ( 5, 10, 5), EEEE ( 5, 10, 5), - ('5, 6, 3), s ( 3, 2, 1), - ( 6, 12, 10), s (12, 24, 20), = (24, 32, 24), = (32, 24, iG), = (10, 20, 10), = (20, 24, 12), s (24, 16, 8), = (10, 12, G), = (12, 8, 4), - ( 6, 4, 2). = ( 1, 2, 3), » ( 2, 4, 0), - ( 4, 8, 12), = ( 8, iG, 24), - ( 16, 32, 48), = ( 32, 56, 80), s ( 5G, 80, 104 ), = ( 80, 92, 104), = ( 92, 92, 92), = ( 3, 6, 9), - ( 9. '8, '7), XVIII. (Suite.) (G p. (5p (4-P- (3p. ( 2 P (IP (5 p. (4 p. (3p. (2 p. ('P (4P (3p. (ap, (ip, (3 p. (ap, (ip. (2 p. (iP- li P. (5p., 3P) (4P-, 4P) (3p., 5P) (2p., 6P) (IP-, 7?) 8P) (7d., iP) (6d., 2P) (5d., 3P) (4d., 4P) (3d., 5P) (ad.. 6P) (.d., 7P) , .d. iP) , ad. iP) , 3d. iP) , 4d. 'P) , 5d. . lP) , 6d. iP) , id. aP) , ad. aP) , 3d. aP) , 4d. aP) , 5d. aP) , id. 3P) , ad. 3P) , 3d. 3P) , 4d. 3P) , id. 4P) , ad. 4P) , 3d. 4P) , Id. 5P) , 2d. 5P) , id. 6P) ( «7, 34, 21), ( ai, 42, 21), ( ai, 34, 17), ( '7, .8, 9), ( 9, G, 3), ( 3, 2, 1), (104, 92, 80), (i°4, 80, 56), ( 80, 56, 32), ( 48, 32, •G), ( 24, 16, 8), ( !2, 8, 4), ( G, 4, 2), ( 6, 12, 18), ( 12, 24, 36), ( 24, 48, 72), ( 48, 80, 112), ( 80, 104, 128), (>°4, 104, 104), ( 18, 36, 34), ( 36, 72, 68), ( 72, 1 12, 104), (11a, 128, lia), (laS, 104, 80), ( 34, 68, 4a), ( 68, 104, 68). (104, 112, 72), (lia, 80, 48), ( 42, 68, 34), ( G8, 72, 36), ( 72, 48, 24), ( 34, 36, .8), ( 36, 24, >2), ( 18, 12, G). » Nous n'avons pas compris dans ce tableau les systèmes qui renfer- ment les conditions doubles 0 L et PA, conditions qui cependant peuvent entrer dans presque tous les systèmes et y être même répétées plusieurs fois. C'est que toute condition double se peut remplacer par deux conditions ( 4io ) simples, en vertu de deux théorèmes que nous exprimerons brièvement par ies deux formules suivantes, qui se correspondent corrélativement : N($L,7Z) = iN(.p.,id.,7Z), N(PÂPA, ;Z)=^N(id., i P, 7Z). Ces expressions donnent lieu à diverses autres, telles que : N(5L, 0'L', 5Z)=4N(sp., ad., 5Z), N (0L, 0'L', PÂ, 3Z) = gN (2p., 3d., iP, 3Z), BT(flL', Ô'L', 0"L",PÂ,Z) = -^N(3p., 4d., iP, Z). On conclut immédiatement de ces diverses relations les caractéristiques des systèmes où entrent les conditions doubles. Ainsi, par exemple : (G, ip.,fL,pÂ)=i(G,ap.,ad.,iP) = (3,6, 5), (5L//L\PA, WÂ') = ^ (ap., /,d., aP) = (7> 8, 7). Exemples de l'expression des propriétés d'un système de surfaces en fonction des trois carac- téristiques ft, v, p r/« système. » Nous avons vu que dans la théorie des courbes d'ordre quelconque, comme dans celle des coniques, les propriétés de chaque système s'ex- priment par une fonction, telle que ap. -h ëv, des deux caractéristiques p., v du système. Chaque propriété se rapporte à une condition donnée, et sert à introduire cette condition dans les systèmes élémentaires. C'est pour cela que nous avons regardé le binôme ap. + ëv comme le module d'une con- dition : a, ë sont les deux coefficients variables qui expriment la condition et la représentent dans les formules. » Pareillement, les propriétés des systèmes de surfaces s'expriment par une fonction des caractéristiques p., v, p du système, telle que ap. 4- ëv + y/5, dans laquelle les trois paramètres variai îles a, ë, y caractérisent la pro- priété du système. » Nous ferons connaître, dans une autre communication, un assez grand (4" ) nombre de ces propriétés; pour le moment, nous nous bornons à citer quelques exemples. » Les normales abaissées d'un poinl I de l'espace sur tes surfaces d'un sys- tème [p.,v,p) forment un cône de l'ordre (2V + p. ■+■ p). » Le lieu des pieds de ces normales est une courbe gauche de V ordre i(p.-\-v) + p, qiîi a en I un jioint multiple de l'ordre p. n Les diamètres parallèles aua; normales forment une surface de l'ordre {p -f-av -+- yp). » Des normales parallèles entre elles ont leurs pieds sur une courbe d'ordre (v + f). » Les normales qui s'appuient sur deux droites données dans l'esj>ace forment une surface de l'ordre ûfafi 4- £v -+- p), sur laquelle chacune des deux droites est une ligne multiple d'ordre (ip. -+- 2 v -+- p). » Les plans diamétraux, perpendiculaires aux diamètres qui passent par un point fixe, coupent les surfaces suivant des coniques (pu forment un système [ip,[J.+ 4/3, p]. » De sorte que les coniques sont sur une suif ace d'ordie (p. -+- 4/0> ct 'ears plans enveloppent une développa/de de la classe ip. » Les plans principaux des surfaces enveloppent une développable de la clisse (p. + v -+- p), qui a un plan multiple d'ordre p à l'infini. » Les axes des surfaces forment une surface de l'ordre ip -+- p. + v. » Les sections principales des surfaces formait un système de conieptes dont les caractéristiques sont [(p. -+- v -+- p), (3p. -+■ 3v + ap), 3p]. » Si par les points d'une droite D l'on mène les diamètres des surfaces qui passent parées points, les plans diamétraux perpendiculaires à ces diamètres coupent les surfaces suivant des coniques qui forment un système [((j.-t-3p), 3(p.-{-2p), p]. » Les coniques tracées sur les surfaces et qui ont leurs centres en un même point 1, forment un système [p., 3p., p. -h p). » De sorte que les coniques sont sur une surface de l'ordre 3p., et leurs plans enveloppent un cône de l'ordre p.. » Les sections planes des surfaces, qui ont unjoyer en un poinl fixe, sont sur une surface de l'ordre 6 [p. + v). » Et leurs plans enveloppcui un cône de la classe 3v. » Les sections planes des surfaces, dont les plans passntpnrune même droite, ont leurs foyers sur une courbe d'ordre 6v. ( 412 ) Expression générale du nombre des surfaces qui satisfont à neuf conditions quelconques. » Les neuf conditions Z, Z', Z'",..., sont exprimées par les trinômes a/u. + 6v -l- yp , a.'[3. -h ê'v-t-y'f,.... On introduit une première condition Z dans les quarante-cinq systèmes élémentaires, et l'on forme ainsi les systèmes dans lesquels cette condition Z est associée à sept conditions élémentaires. On introduit dans ces systèmes la seconde condition Z', et l'on forme les systèmes dans lesquels les conditions Z, Z' sont associées à six conditions élémentaires; et ainsi de suite. Ce calcul, sans doute, est long, quoiqu'il ne présente aucune difficulté. Mais on peut l'éviter et former immédiate- ment la formule cherchée. 11 suffit de remarquer que chaque ternie doit con- tenir neuf facteurs qui sont les coefficients a, 6, y, a',..., appartenant aux neuf conditions données; deux coefficients d'une même condition ne se trou- vant jamais ensemble comme facteurs, c'est-à-dire dans un même terme. Ainsi, un terme sera de la forme, par exemple, aa'a"a'"aIT6v6VI6VII7VI". La somme de tous les termes semblables peut s'exprimer par 2aa'a"a'"6IV6v6,'I6™7vm, comme nous l'avons fait pour les courbes, et même plus simplement en- core, par 25a. 36. 17. Il reste à déterminer les coefficients numériques de ces termes sommatoires 2. Or, cela est bien simple, il suffit d'observer que lorsqu'une condition Z est de passer par un point donné, on l'exprime en faisant a = i,ë = o, 7 = 0; et de même, pour la condition de toucher une droite, on fait a = o, 6=1 et 7 = 0; et enfin, pour la condition de toucher un plan, a = o, 6 = 0 et 7 = 1. D'après cela, on reconnaît que pour déter- miner le coefficient du terme 25a. 36.17, il faut supposer que les neuf con- ditions sont de passer par cinq points, de toucher trois droites et de toucher un plan. On a alors a — a' = a" = a = aIV = 1 , 6V = 6IT = 6V" = r , fm = 1 , 6 = 6' = 6" = 6'" = 6'v = o, ay=ayi=am — o, «T,II=o, y = y' = y" = y" = yIV = o , f = yVI = y v" = o , S"" = o . » Il est évident que tous les termes tels que 5 a. 3 6. 1 y sous le signe 2, se réduisent à un seul, égal à l'unité, celui où entre yvl", puisque les huit y qui entrenl dans les autres termes sont nuls. Mais tous les ternies sommatoires, autres que 25a. 36. 1 y sont nuls, parce que, d'une part, ceux où entrent (dus de cinq a sont nuls, puisque les quatre a qui suivent les cinq premiers sont nuls; et d'autre part, ceux où entrent moins de cinq a renferment néces- ( 4.3) sairement plus de quatre 6 ou y, et conséquemment sont aussi nuls, puis- qu'il n'y a que quatre g ou y égaux à l'unité, et que les autres sont nuls. Ainsi, les cinquante-cinq termes de la formule se réduisent au seul 2 5 a. 3 S. iy qui est égal à l'unité, abstraction faite de son coefficient. Or, ce coefficient est évidemmentN(5p., 3d., îP), égal à 24. Tous les coefficients de la formule générale sont donc des caractéristiques appartenant aux quarante-cinq sys- tèmes. Voici dès lors la formule : N(9Z)=i.(9a)4-228a 1 g+ 427a. ag-f- 826a. 3ê+i 625a. 46 4-32 2 4a.5g+56s3a.6S + 8o22a.7g + 922ia.86-i-9a29g -h 328 a. 1 y -+-927 a. 2 y -(-1726a. 3 y -i-2i 25a. 4y + 21 2 4 a. 5 y 4-i723a.6y + 922a.7y-i-32ia.8y4-92 28g.iy + 8o27g.2y + 5626g. 3y+ 3225g. 4y + 1624g. 5y + 823g.6 y + 422g. 7y + 22ig.8y-f-627a. ig.i y + 1226 a. 20.1 y + 24 25 a. 3g. iy + 48 2 4 a . 4 g- 1 7 + 80 2 3 a . 5 g. 1 y -I- 1 o4 2 2 a.6 g. 1 y -I- 1 04 2 1 a. 7 g. 1 y -f- 1826a.1g.2y-1- 362 5a.2g.2y + 7224a.3g.2y-(- 1 i223a.4g.sy + 1 2822a. 5g.2yH-ro4 2 ia.6g.2y + 3425a. ig.3y+6824a.2g.3y 4-io423a.3g.3y-f-ii222a.4g.3y4-8o2ia.5g.3y+4224a.ig.4y + 6S23a.ug.4y + 7222a.3g.4y-h4S2ia.4g.4y + 3423a.ig.5y -t-3622a.2g.5y + a42ia.3g.5y-t-i822a.ig.6y + i22ia.2g.6y + 62 1 a. ig. 7'/+ 1 (9'/). » On peut déduire de cette formule l'expression générale des trois ca- ractéristiques du système (8Z), en fonction des coefficients a, g, y de chaque condition. On déterminera la première caractéristique N (8Z, 1 p.) en faisant dans la formule avm — 1 , gv,"= o, yvm = o. Pour la seconde, N (8Z, 1 d.), on fera avm=o, gvm = 1 , yVI"=o; et pour la troisième, N(8Z, iP), avm = o, gVIII = o, yv'"= 1. » CHIMIE ORGANIQUE. — Note sur un composé naturel d oxyde de zinc, d'oxyde d'ammonium et d'eau; par M. Malaguti. « En réparant une fosse d'aisances, les ouvriers remarquèrent beaucoup de points miroitants sur une brique qui faisait partie de la maçonnerie sans être en contact avec le contenu delà fosse. Cette brique avait un aspect noir, à cause du sulfure de fer dont elle était imprégnée; une de ses faces C. R , 1S66, 1" Semestre. (T. LXII, N° 9.) 54 (4i4) était parsemée de cristaux blancs quelque peu teintés en jaune, peu volumi- neux, faciles à détacher. Leur forme paraît appartenir au système du prisme rhomboïdal droit. Chauffés dans un tube, ils dégagentde l'eau ammoniacale, perdent plus de la moitié de leur poids, et laissent un résidu d'oxyde de zinc. v Deux analyses faites sur des cristaux triés avec un grand soin ont donné des résultats très-rapprochés qui représentent la composition cen- tésimale suivante : Calculé. Oxyde de zinc 48,00 = 1 ZnO = 32, 60 47>87 Ammoniaque 12, 55 = ifi*3Az = 8,5o 12,62 Eau 39,45 = 3HO =27,00 39, 5i 100,00 100,00 » La formule de ce composé (que, malgré de nombreuses tentatives, [je ne suis pas parvenu à reproduire artificiellement) serait donc 2Z11O, AzH3,6HO. » Serait-il permis de simplifier cette formule, en considérant l'ammo- niaque à l'état d'oxyde d'ammonium, et en complétant sa molécule par de l'oxyde de l'hydrogène, qui dans ce cas jouerait le rôle de composé iso- morphe avec l'oxyde d'ammonium ? Par suite de cette supposition, la com- position des cristaux dont il s'agit serait représentée par la formule très- simple Z,l0'(ÎAmo)+2aCI- » Kn parlant de ce point de vue, j'avais entrepris la révision de certains composés ammoniacaux hydratés à formules compliquées, dans l'espoir d'en simplifier l'expression moléculaire; mais des circonstances particulières m'ont obligé à ajourner ces recherches délicates, malgré l'encouragement que j'avais trouvé dans mes premiers essais. » HYGIÈNE PUBLIQUE. — Sur l'opinion que tes vapeurs sulfureuses pourrait ut neutraliser les causes du choléra. Note de 31. Gl'ïox. « L'immunité à l'endroit du choléra, dont a joui jusqu'à présent Fahlun en Dalécarlie (Suède), pouvait être attribuée aux vapeurs sulfureuses qui se (4i5) dégagent de la grande exploitation de cuivre pyriteux qui s'y fait (i); mais nous apprenons que, lors du choléra qui, en i85/j, a régné à Sainte-Lucie, l'une des Antilles anglaises, le bourg de la Soufrière en a été plus affligé que les autres parties de l'île. On y a compté, en effet, jusqu'à vingt-deux décès en un seul jour, ce qui est beaucoup pour sa faible population. Or, le bourg de la Soufrière, que j'ai visité dans le temps (i8i5), est situé au-dessus, et à moins de 2 kilomètres, des chaudières en ébullition de l'ancien cratère de l'île, chaudières d'où se dégage incessamment une colonne de vapeurs sulfureuses dont l'atmosphère du bourg est toujours plus ou moins im- prégnée; elle en est même, on pourrait dire, saturée, alors que la popula- tion se trouve sous le vent des chaudières. D'où résulte que si le choléra a respecté des lieux d'où se dégagent des vapeurs sulfureuses (2), tels que la grande exploitation suédoise mentionnée plus haut, c'est vraisemblablement parce qu'il ne s'y est pas encore présenté ou, en d'autres ternies, parce que les causes en puissance de le produire ne s'y sont pas encore introduites. » Sans doute, on peut en dire autant de certaines contrées marécageuses et de certaines localités évidemment insalubres, telles que celles où existent des tanneries, des abattoirs, des matières excrémentielles en putréfac- tion (3), etc., et qui pourtant ont été respectées par le choléra, alors qu'il frappait plus ou moins fort, dans le voisinage, sur d'autres contrées ou sur d'autres localités ne laissant rien à désirer sous le rapport de la salubrité. C'est une bizarrerie de la maladie dans sa marche, bizarrerie qui, hâtons- nous de le dire, n'est sans doute qu'apparente : elle doit se rattacher à Vin- connu des causes qui la produisent. Elle rappelle en tous points celle de la marche du fléau cosmopolite du VIe siècle, fléau qui de plus, comme le cho- léra, s'accommodait également bien de tous les climats, climats déterminés soit par la latitude, soit par l'altitude, comme également bien aussi, par (1) On peut évaluer de 3ooo à 4000 âmes la population de Fahlun, et de 200 à 3oo le nombre des ouvriers attachés à son exploitation. (2) On nous écrit de Naples qu'il n'a point pénétré dans les fabriques d'allumettes chimi- ques de cette ville. (3) Un Membre de l'Académie faisait observer, à l'occasion du fait offert par la popula- tion de Fahlun, que lorsque le choléra, peu après son invasion en France, régnait à Mont- pellier, ville assez connue pour sa salubrité, la caserne du Génie, qui en est peu distante, n'en fut pas touchée, bien que cette caserne fut alors infectée par les immondices de la troupe, par suite du mauvais état des lieux d'aisances et des fortes chaleursde l'époque (Comité du 24 juillet i865). 54.. ( m ) conséquent, de toutes les températures (f). D'où, pour le dire en passant, nr serait-il pas déraisonnable de voir, dans la maladie du VIe siècle, le choléra lui-même, admettant toutefois que, dans certaines contrées, elle s'accom- pagnait de la peste orientale; car, dans la description qu'en ont donnée deux auteurs contemporains, Agathias [Histoire de l'Église) et Evagre (Histoire de Justinien), le premier parle de charbons, et le second de boutons, de charbons et de tumeurs ou abcès dans les aines. Du reste, dans ces temps reculés, la peste orientale, comme on sait, était presque en permanence en Europe, mais surtout en Orient. » RAPPORTS. physiologie végétale. — Rapport sur les Mémoires relatifs aux vaisseaux lalicifères, présentés par M. Tkécul pendant Vannée 1 865. (Commissaires : MM. Tulasne, Fremy, Pasteur, Brongniarl rapporteur.) « L'étude des vaisseaux des végétaux désignés sous le nom de vaisseaux laticifères a, depuis plusieurs années, fixé d'une manière toute particulière l'attention des botanistes physiologistes: leur mode de formation, leur structure, leurs relations avec les autres éléments des tissus du végétal, leur destination donnaient lieu, il y a peu de temps, à des opinions très- diverses, et, malgré les travaux d'anatomistes habiles, il reste encore à leur égard des points importants fort controversés. » Le concours ouvert sur ce sujet par l'Académie, il y a quelques an- nées, a été l'occasion de Mémoires étendus, contenant des observations nombreuses qui ont mérité de justes récompenses, mais qui laissaient encore plusieurs questions obscures et indécises. » Ce sont ces questions que M. Trécul cherche à résoudre dans les Mé- moires qui font l'objet de ce Rapport, » Pendant longtemps on a considéré les vaisseaux laticifères comme for- mant un système tout à fait indépendant des vaisseaux lymphatiques ou (i) Procopc, Agathias et Evagre, tous trois témoins oculaires, les deux premiers à Oon- Stantinople, le dernier à Anlioche. « Ce n'était pas, dit le premier, dans une seule contrée, ni contre un seul peuple, ni dans une seule saison qu'elle exerçait ses ravages : elle les éten- dait sur toute la terre, n'épargnant ni âge, ni sexe, ni condition Les îles, les rochers, les cavernes, les chaumières, n'en mettaient pas à l'abri.... L'hiver, le printemps, l'automne, lui étaient également favorables; et si, lorsqu'elle dévastait une ville, elle épargnait des villes voisines, elle y venait l'année suivante, pour ne les quitter qu'après y avoir immolé autant de victimes que dans les lieux qu'elle avait d'abord désolés... » ( Pnocoi'K, Histoire de la guerre contre les Perses. ) ( 4i7 ) spiraux, et comme n'ayant aucune relation directe ni avec eux ni avec le système ligneux qui les renferme. On les considérait, au moins dans les tiges des plantes dicotylédones, comme confinés dans l'écorce et quelquefois dans la moelle. » M. Trécul le premier, en 1857, fit connaître les relations intimes qui dans quelques plantes unissent ces deux ordres d'organes, et semblent quel- quefois les mettre en relation directe. » Ces faits remarquables, signalés par lui dans les Carica ou Papayers, et même dans la Chélidoine, et dont il avait fait constater l'exactitude par plusieurs botanistes, furent cependant considérés comme des faits rares et exceptionnels, qui perdaient ainsi de leur importance. » Mais, depuis cette époque, M. Trécul, avec une persévérance bien digne d'éloges, n'a pas cessé de poursuivre ses recherches sur ce point im- portant de l'analomie végétale, lié si intimement avec les phénomènes de la nutrition, et ce sont les résultats de ses études sur ce sujet, continuées pendant plusieurs années, qu'il vous a présentés dans une succession de Mémoires, et qui seront encore l'objet d'autres communications dont les matériaux sont déjà réunis. » Huit de ces Mémoires sont consacrés à l'examen du mode de forma- tion, de la structure et de la distribution des vaisseaux laticifères dans les divers organes des plantes, étudiés dans neuf familles différentes, remar- quables par le développement que ce système vasculaire y acquiert; ce sont les Chicoracées, les Lobéliacées, les Campanulacées, les Convolvulacées, les Apocynées, les Asclépiadées, les Papavéracées, les Euphorbiacées et les Aroïdées. » Deux Mémoires sont relatifs à un système de cellules contenant du tannin dans les Légumineuses et les Rosacées, cellules qui, par leur dispo- sition , semblent, dans ces familles, jouer un rôle analogue à celui des vaisseaux laticifères. » Trois autres Mémoires ont pour objet l'examen de phénomènes qui se passent dans le contenu des vaisseaux laticifères et dans l'intérieur de certaines cellules des tissus des végétaux soumis à la macération dans l'eau à l'air libre. » Ces dernières observations, quoique signalant des faits intéressants concernant la production de corpuscules remarquables dans ces organes ainsi altérés, sont encore trop obscures, quant au mode de production et à la nature même de ces corpuscules, pour que nous croyions devoir nous ( 4i8 ) en occuper dans ce Rapport. Des reclierches ultérieures seraient nécessaires pour bien apprécier l'origine et le mode de formation de ces corps. » Les recherches anatomiques de M. Trécul sur les vaisseaux laticifères sont, au contraire, de nature à être facilement appréciées par l'examen des préparations qu'il a conservées et par les nombreux dessins qui les retracent avec une rare perfection et avec une exactitude que nous avons pu constater sur les préparations qu'ils représentent. » Les Mémoires de M. Trécul constituent, ainsi que nous l'avons dit, autant de monographies anatomiques, en ce qui concerne les vaisseaux laticifères, des familles les plus importantes par le grand développement de ce système vasculaire. La plupart d'entre elles avaient déjà été l'objet des recherches d'autres anatomistes, mais ces savants s'étant généralement bor- nés à l'étude d'un petit nombre de plantes de chacun de ces groupes natu- rels, des faits importants leur avaient souvent échappé, ou bien ils avaient considéré comme des exceptions des observations qu'ils n'avaient pas pu généraliser. » M. Trécul, au contraire, profitant des nombreuses espèces de ces familles cultivées au Muséum d'Histoire naturelle, a pu étendre et varier ses recherches sur chacune d'elles. » Nous ne saurions ici passer en revue successivement chacun de ces Mémoires spéciaux, que nous avons examinés avec toute l'attention qu'ils méritent; mais nous allons tâcher de résumer les faits généraux, relatifs aux vaisseaux laticifères, qu'on peut en déduire. » On a beaucoup discuté sur l'origine et le mode de formation de ces vaisseaux, mais on admet maintenant presque généralement qu'ils sont formés, comme les autres vaisseaux des plantes, par des séries de cellules dont les cavités communiquent entre elles par la résorption des cloisons qui les séparaient. Il résulte cependant des recherches de M. Trécul que dans les Euphorbiacées, ainsi que dans les Apocynées et les Asclépiadées, on ne peut à aucune époque de leur existence reconnaître leur constitution cellulaire; dans les organes les plus jeunes, dans l'embryon même des Euphorbes, on trouve ces vaisseaux sous forme de tubes continus, ayant leurs parois propres, et qui semblent se prolonger par leur extension en offrant une cavité qui n*est jamais interrompue. » Ces vaisseaux diffèrent en outre des vaisseaux de la plupart des autres végétaux par plusieurs caractères : ils acquièrent, sans offrir d'interruption, une très-grande longueur, se ramifient et se divisent en rameaux nom- ( 4*9) brenx de plus en plus déliés, qui ne s'anastomosent jamais entre eux; les parois des troncs principaux les plus âgés s'épaississent de manière à les avoir fait confondre par plusieurs auteurs avec les fibres du liber de ces mêmes plantes, dont il diffèrent à beaucoup d'égards. » Dans la plupart des végétaux cependant, les vaisseaux laiicifères sont le résultat de l'union de cellules qui se soudent entre elles et dont les ca- vités communiquent par suite de la destruction des cloisons formées par leur juxtaposition. M. lYécul a suivi avec beaucoup de soin les transfor- mations successives de ces séries de cellules et la manière dont elles forment tantôt des tubes simples et longitudinaux , tantôt des tubes obliques et réticulés. » Ces cellules constituantes des vaisseaux restent plus ou moins long- temps distinctes, et leur cavité se remplit du suc particulier qui caractérise cette sorte de vaisseaux avant que les séries de cellules communiquent entre elles et forment un canal continu; quelquefois même des cellules isolées se remplissent du même suc, qui paraît ainsi, au moins dans la jeunesse du vaisseau, le résultat d'une élaboration locale. » Ce mode de formation des vaisseaux laticifères explique bien l'origine des vaisseaux qui suivent la direction des cellules des tissus qui les renfer- ment ; mais il ne pouvait pas s'appliquer aux nombreuses anastomoses transversales cpii unissent souvent ces vaisseaux entre eux, et qui n'ont ni la direction, ni la forme, ni la dimension des cellules ou des fibres dont ces rameaux vasculaires croisent la direction. » Le mode de formation de ces rameaux latéraux, déjà signalé par d'au- tres auteurs, a été étudié par M. Trécul dans beaucoup de plantes dont ses dessins représentent ces rameaux plus ou moins développés (Chicoracées, Lobéliacées, Campanulacées, Papavéracées). Ils résultent de l'extension de la paroi déjà préexistante des vaisseaux, qui forme ainsi des mamelons sail- lants, se prolongeant bientôt en tubes plus ou moins longs qui pénètrent entre les éléments du tissu voisin et établissent bientôt des communications avec les autres vaisseaux laticifères. Ce développement de la paroi du vais- seau pourrait être comparé à celui du tube pollinique qui, dans beaucoup de plantes, s'insinue également dans les interstices du tissu conducteur. » C'est ainsi que se forment le plus souvent les nombreuses anastomoses qui caractérisent dans la plupart des plantes le système des vaisseaux lati- cifères et qui le distinguent des autres vaisseaux. » Ces anastomoses s'établissent soit entre les vaisseaux tres-rapprochés d'un même faisceau vasculaire, soit entre des vaisseaux plus éloignés de ( 420 ) l'écorce on de la moelle, soit enfin entre ceux de l'écorce et ceux de la moelle en traversant la zone ligneuse. Dans d'autres cas, sans s'anasto- moser, ces vaisseaux pénètrent dans la zone ligneuse, s'y replient de di- verses manières et rejoignent ensuite les faisceaux corticaux. » C'est de ces diverses dispositions que résultent les rapports que M. Trécul a le premier signalés entre les laticifères et les fibres ligneuses ou les vaisseaux spiraux, observations qui constituent un des points les plus importants de ses recherches. » Les premières observations publiées par M. Trécul, en 1857, sur ce sujet, quoique en partie confirmées par les observateurs subséquents, avaient été considérées par eux comme des cas exceptionnels qui ne se se- raient montrés que dans un petit nombre de plantes d'une organisation toute spéciale. » M. Trécul s'est attaché, dans les Mémoires dont nous rendons compte, à montrer que beaucoup de plantes, autres que les Carica, présentaient des faits analogues. » Ainsi, dans les Lobéliacées les Campanulacées les Apocynées, les Euphorbiacées, les Morées, il nous fait voir de nombreux vaisseaux latici- fères s'étendant de l'écorce dans le bois, tantôt sans atteindre la moelle, tantôt en venant s'anastomoser avec ceux qui existent dans cette région , soit en suivant les rayons médullaires, soit en passant entre les fibres du bois, et déterminant quelquefois l'inflexion des fibres ou des cellules le long de leur trajet; dans plusieurs préparations de Lobéliacées il nous montre, dans les parois des fibres ligneuses ou des vaisseaux spiraux qui sont en contact avec le vaisseau laticifère, des pores ou de larges ponctuations qui doivent établir entre les cavités de ces organes soit une. communication directe, s'il y a résorption complète des deux membranes, comme quelques préparations semblent l'indiquer, soit au moins de grandes facilités de transmission par endosmose, si la membrane mince du vaisseau laticifère persiste. » Les relations des laticifères avec les fibres et les vaisseaux de la zone ligneuse, si elles n'existent pas toujours, ne sont pas du moins des faits ex- ceptionnels; elles se montrent dans tous les végétaux où ce système de vaisseaux prend un grand développement. » Dans beaucoup de plantes, les vaisseaux laticifères prennent aussi u\) grand développement, dans les feuilles, dans l'écorce extérieure et jusque sous l'épidémie. M. Trécul a étudié avec beaucoup d'attention cette extension du système laticifère dans ces parties du végétal qui sont en rap- ( 4*i ) port plus ou moins direct avec l'atmosphère; il a vu que dans les feuilles les dernières ramifications de ces vaisseaux s'étendaient même au delà des dernières nervures formées par les vaisseaux spiraux et formaient à elles seules les dernières mailles du réseau vasculaire plongé dans le paren- chyme. » Dans l'enveloppe herbacée corticale et dans le parenchyme foliacé, les dernières divisions des laticifères s'étendent jusqu'à l'épidémie et, soit en s'anaslomosant comme dans les Chicoracées, soit en se ramifiant sans s'anastomoser dans certaines Euphorbiacéés, Asclépiadées ou Apocynées, forment un lacis de vaisseaux sous la cuticule, en aboutissant souvent à la base des poils, de manière à mettre presque en contact direct le suc de ces vaisseaux et l'air atmosphérique. » Quand on voit dans la plupart de ces plantes le système des vaisseaux laticifères s'étendre dans toutes les parties du végétal, depuis les racines jusqu'au fruit ; dans toute l'épaisseur de la tige, depuis la moelle jusqu'à la surface de l'écorce; dans les feuilles, au milieu du réseau le plus fin des ner- vures et jusque sous l'épiderme; parcourir les pétales et tontes les parties de la fleur, il est impossible de ne pas attribuer à ces vaisseaux et au liquide qu'ils renferment un rôle très-essentiel dans la vie du végétal, et de ne pas accorder par conséquent beaucoup d'importance aux recherches qui le concernent. » Il est encore un autre fait signalé par M. Trécul qui, tout en limitant peut-être plus que quelques auteurs ne l'avaient fait l'étendue du rôle des vaisseaux laticifères, montre bien leurs relations intimes avec l'activité vitale du végétal. » On peut en effet constater que dans les parties inférieures des tiges de certains végétaux herbacés âgés (Papavéracées) qui ont atteint toute leur croissance, les vaisseaux laticifères semblent s'atrophier; ils s'épaississent, s'obstruent et ne renferment plus de latex d'une manière appréciable. L'activité physiologique de ces vaisseaux serait donc liée à la vitalité des tissus qui les renferment. C'est lorsqu'ils s'accroissent et jouissent de la plé- nitude de leurs fonctions que les vaisseaux laticifères se montrent remplis du liquide qui les caractérise; plus tard ils ne persistent pas comme moyen de communication entre les feuilles et les racines et-ne semblent pas pou- voir concourir à une circulation générale. » Une des objections qu'on a faites à cette importance des vaisseaux laticifères pour la circulation générale des sucs nourriciers de la plante, c'est leur absence dans beaucoup de végétaux; mais en admettant même C F,., iSGG, ier Semestre. (T. LX11, N° 0.) 55 ( 422 ) cette absence comme bien constatée, le rôle de ces vaisseaux n'est-il pas alors rempli par d'autres tissus qui se substitueraient à ces organes au point de vue physiologique ? » Les recherches de M. Trécul sur les tissus qui dans certains végétaux renferment du tannin semblent venir à l'appui de cette manière de voir. Les Légumineuses et les Rosacées ont été spécialement étudiées sous ce rapport dans deux des Mémoires présentés par M. Trécul à l'Académie. Il montre que cette matière, dont la présence est facile à constater par la coloration des tissus qui la renferment sons l'influence des sels de fer, occupe certaines cellules limitées, plus ou moins nombreuses et disposées d'une manière spéciale et constante dans la tige de la plupart des végétaux de ces familles. » Elles forment généralement des séries longitudinales placées soit dans l'écorce, soit dans la moelle, soit dans ces deux zones de la tige et dans des positions déterminées relativement aux faisceaux ligneux de la tige, séries qui ressemblent par leur disposition aux séries de cellules qui doivent constituer les faisceaux laticifères; seulement ici ces cellules ne se transfor- ment pas en un canal continu, mais restent toujours distinctes. Cette orga- nisation a été observée par M. Trécul dans un nombre très-considérable de Rosacées et de Légumineuses, mais dans quelques espèces de cette dernière famille (Apios tuberosa) on trouve, dans la même position qu'occupent en général ces cellules tannifères, de vrais vaisseaux laticifères. Enfin dans divers végétaux, tels que les Musacées, plusieurs Aroïdées, le suc propre renfermé dans les vaisseaux laticifères éprouve sous l'influence du sulfate de fer une coloration qui parait y indiquer la présence du tannin, » Le développement de ces cellules spéciales et du principe qu'elles renferment dans les organes encore jeunes, la résorption plus ou moins complète de cette matière clans les tissus âgés, semblent prouver que sa présence, comme celle du latex, est liée à l'activité des fonctions de nutri- tion de la plante, et que ni l'un ni l'autre de ces liquides ne peut être considéré comme une sécrétion sans importance pour la vie du végétal. » On voit combien de points d'un grand intérêt pour la physiologie vé- gétale ont été abordés dans les derniers Mémoires de M. Trécul, et la lumière que ses travaux ont répandue sur la plupart d'entre eux. » Tous ces Mémoires se lient entre eux et forment les éléments de l'his- toire d'une des parties les plus intéressantes de l'anatomie et de la physiologie végétale. Ils sont accompagnés de nombreuses figures qui composent un atlas de 61 planches représentant avec une exactitude scru- puleuse les faits signalés par M. Trécul. ( 423 ) » Il serait vivement à désirer que les observations détaillées qui n'ont pas pu trouver place clans les Comptes rendus, et les dessins indispensables à l'intelligence du texte, tussent l'objet d'une publication complète qui serait d'un grand intérêt pour la science, et nous proposons à l'Académie de décider que les Mémoires dont nous venons de lui rendre compte seront insérés parmi ceux des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES LUS. cristallographie. — Morpliogénie moléculaire de quelques substances oreja- nico -minérales; par M. M. -A. Gaudix. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Becquerel, Poncelet, Pelouze, Delaunay, Daubrée.) « Après avoir appliqué ma théorie à l'ensemble des minéraux, et l'avoir reconnue rigoureusement exacte partout, il devenait important de savoir comment elle rendrait compte des corps nombreux et si singuliers dont on a récemment enrichi la science, en mettant en jeu le phénomène des sub- stitutions. » J'ai choisi comme sujet la série des alcalis nouveaux à base d'éthyle. Cet hydrocarbure, en se combinant à l'azote, en place d'hydrogène, forme des ammoniaques nouvelles dont l'énergie va croissant avec le nombre des molécules agglomérées; à tel point, qu'à la quatrième condensation la tétraéthyle ammoniaque produite chasse l'ammoniaque elle-même de ses combinaisons, et réalise, à s'y méprendre, toutes les propriétés de la po- tasse et de la soude; ce qui portait à penser que les radicaux de ces ammo- niaques constituaient des atomes composés remplaçant effectivement le potassium atome métallique, c'est-à-dire occupaient le centre de la molé- cule, comme le fait constamment et naturellement cet atome de potassium. » Il n'en est rien cependant : ces ammoniaques composées consistent, au contraire, en systèmes d'atomes qui, loin de se condenser en tourbillon au centre des molécules comme l'atome double de potassium, englobent dans leur vasle périphérie les atomes minéraux, pour former des polyèdres symétriques équilibrés suivant la loi ordinaire. » Je soumets à l'examen de l'Académie trois tableaux que j'ai dessinés en couleur et qui ont été photographiés par M. Bisson jeune. Faute de pouvoir reproduire leurs figures avec le texte, à cause de leur multiplicité, je me bornerai à faire ressortir les points les plus saillants que fournit cette 55.. ( 4a4 ) étude. Et, à l'aide des trois clichés ci-joints représentant la projection, la coupe et le réseau central du dernier terme, qui est la molécule du chlorure double de platine et de tétraéthyle ammonium, chacun pourra, avec un peu d'attention, se rendre compte de sa structure intime. Projection A. O Pm oo o mm o e o e o V o o Rcseaa moyen. O O o ViB o ( 4^5 ) » La formule de ce chlorure platinique étant Pt, Az-,Cls,C,5,II40, elle rentre dans l'immense majorité des formules chimiques qui peuvent être représentées par le symbole général A, B% Cx, IF, Ez, dans lequel A entre deux B désigne invariablement l'axe, tandis que ce, y et z représentent des nombres pairs d'atomes C,D,E, susceptibles de former un système équilibré à trois, à quatre ou à six côtés, c'est-à-dire or- donné par rapport à une même droite. Toute la morphogéuie moléculaire est là. » Car la formule des spinelles, des azotites, des arsénites, des antimo- nites, etc., est A,B2,C; la formule des azotates, des phosphates, des chlorates, des bromates, des iodates, etc., est A,B2,C6; la formule des perchlorates, des permanganates et celle de l'ammoniaque de combinaison est A,B\C8; la formule des aluns est A,B2,C\D*, E>-, la formule des feldspaths est A,B2,c-iy, et les massifs divers prismatiques bipyramidés, à trois, à quatre ou à six côtés, en lesquels toute molécule un peu complexe se décompose par la pensée, peuvent être représentés également par le symbole général A,B2,C%I>\E;. » Pour montrer à quel point ma théorie est vraie, il suffit de décomposer cette molécule platinique en ses divers réseaux : récapitulation faite, on reconnaît que la loi d'équilibre, la pierre de l'édifice, A entre deux B, B entre deux C, etc., s'y trouve représentée 176 fois. De sorte que dans cette seule molécule composée de 65 atomes, indiqués d'avance par les chimistes, dans un corps qui est le nec plus ultra et le chef-d'œuvre des substitutions, j'ai raison 176 fois. » Ce n'est pas tout : de même que dans la formule Pt, Az^Cl^C16,!!40, Pt,Az2 font partie de l'axe principal; de même aussi le troisième terme Cl0 ( 426 ) ne peut former avec Pt,Az2 que deux arrangements équilibrés, soit un hexagone régulier, soit un octaèdre à base carrée; mais la forme hexago- nale étant incompatible avec la disposition symétrique des 16 atomes de carbone et des 4° atomes d'hydrogène, il s'ensuit que la charpente de la molécule, formée par les atomes principaux Pt, Az2,Cl6, est nécessairement un octaèdre à base carrée, avec lequel on engendre l'oclaèdre régulier, qui est en effet le système cristallin de ce composé platinique. Je défie qui que ce soit de découvrir jamais un autre arrangement symétrique et équi- libré, en dehors de l'octaèdre, pour la formule A, B2, C8, D16, E*°. » Enfin, pour mieux faire sentir la réalité de ma théorie, je mets sous les yeux de l'Académie une figure en relief montée avec des perles mobiles. Dans son état normal, l'harmonie de la construction saisit à première vue; mais si, en la retournant, on forçait les perles de s'écarter grandement de leur position mathématique, il en résulterait une confusion incompatible avec les lois de la statique atomique. » Ainsi, de deux choses l'une : ou bien les atomes sont ordonnés en vertu d'une loi mathématique unique qui vérifie mon système; ou bien, au contraire, les atomes placés au hasard ne forment que des assemblages confus, espèces de boules, images du chaos, n'ayant aucun rapport avec les nombres pairs des combinaisons chimiques et avec les formes cristal- lines, ce qui est absurde; tandis que ma théorie montre partout l'existence d'une harmonie mathématique, et constitue ainsi pour la Chimie une sanc- tion impérissable qui lui manquait. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. météorologie chimique — Sur t' activité chimique de l'air considérée comme un état normal de l'atmosphère, et sur la i dation ijiii existe entre l'accroisse- ment de cette activité et certaines perturbations atmosphériques ; par M. Aug. IIoi'zeau. (Extrait pur l'auteur.) (Commission précédemment nommée.) « Des observations qui sont relatées dans ce Mémoire, je tire les conclu- sions suivantes : » i° Ee principe auquel l'air doit l'activité chimique qu'il manifeste sur le papier ioduré et à double base de tournesol vineux et d'amidon existe normalement dans l'atmosphère de nos climats tempérés, telle qu'elle cir- cule librement en rase campagne. » 2° Ea proportion de ce principe varie suivant certaines données météo- rologiques. ( 427 ) » 3° Diverses causes favorisent la manifestation des propriétés actives de l'air. Ce sont les vents et la vapeur d'eau, bien qu'en réalité chacune de ces causes, prise en particulier, soit incapable d'agir directement sur les réactifs employés de façon à les bleuir Quand, malgré la violence du vent, l'iodure de potassium n'éprouve pas d'altération ou seulement une altération insignifiante, c'est que l'atmosphère ne contient pas une dose suffisante d'humidité pour permettre à la réaction chimique de s'accomplir. Ce phénomène n'est pas rare en chimie. On l'observe fréquemment dans les laboratoires lorsqu'on étudie l'action des gaz sur les corps solides. » Mais lorsque, malgré l'agitation de l'atmosphère et une suffisante abon- dance d'humidité, le papier de tournesol vineux mi-ioduré ne bleuit pas, c'est que les effets produits par l'agent actif sont neutralisés par un autre prin- cipe de nature acide dont j'ai déjà signalé la présence dans l'air. » 4° La différence constatée entre l'activité chimique de l'air des villes et celle de l'air de la campagne s'explique d'une manière très-simple par la différence même qui s'observe entre le renouvellement de l'air dans l'une ou dans l'autre condition. A la campagne, la circulation de l'atmosphère est libre; elle est entravée par les édifices et les maisons dans les villes. Pat- conséquent, à égalité de principe actif, l'air des champs doit se montrer .plus actif que celui des villes, puisque, clans le même temps, le réactif ioduré subit le contact d'un plus grand volume d'air. C'est sur une vaste échelle le phénomène qui se passe en petit, ainsi que je l'ai fait voir, lorsqu'on place sur une longue règle en bois disposée verticalement dans une éprouvette ouverte et d'une hauteur moindre, une série de papiers réactifs. L'instru- ment étant exposé à l'air de la campagne, on ne tarde pas à observer que les papiers situés hors de l'éprouvette ont commencé à bleuir, alors que ceux de l'intérieur n'ont pas subi d'altération. » 5° Toutefois, à côté de cette influence purement mécanique, produite par la mobilité normale de l'océan aérien, il existe encore des causes natu- relles dont la manière d'agir est plus spécialement chimique, puisqu'elles enrichissent l'atmosphère du principe même auquel cette dernière emprunte son activité chimique. Ce sont les orages, les trombes et les ouragans (i). L'influence de ces météores sur les propriétés actives de l'air s'étend parfois à de grandes distances et souvent même dans des régions où leur existence (i) Il reste néanmoins à savoir si, dans leur marche rapide, les vents chargés d'humidité n'ajoutent pas au principe actif qu'ils transportent une nouvelle dose de ce principe engen- drée par le frottement mutuel des molécules de l'air et de l'eau, conformément à la curieuse synthèse établie, dans des circonstances analogues, par M. le Général Morin, lors de la publi- cation de ses importants travaux sur la ventilation. ( 4^8 ) reste ignorée, ou n'est établie que par la coloration bleue que prend le papier de tournesol mi-ioduré. Le plus souvent, cependant, l'annonce de la grande perturbation atmosphérique par la coloration du papier est accom- pagnée des autres signes les plus caractéristiques, tels que les coups de vent, un ciel couvert, les ondées et la dépression barométrique, etc. Cela dépend de la direction que suit l'orage, la trombe ou l'ouragan, par rapport au lieu où se fait l'observation ozonométrique. Comme exemple remarquable de cette curieuse influence à distance de l'apparition de certains météores sur les propriétés de l'air atmosphérique, je rapporterai celui qui est inscrit dans mon registre météorologique, à la date du 2 1 septembre dernier (1 865)- » Depuis plusieurs jours, le papier mi-ioduré n'accusait guère d'activité chimique dans l'air de Rouen (au moins dans les limites de sa sensibilité), lorsque, sans cause apparente, il prit dans la journée du 21 septembre 1 865 un coloration bleue intense. L'air était donc devenu très-actif. Cependant rien dans l'état de l'atmosphère locale ne pouvait faire prévoir un pareil Résultat : le temps était magnifique comme les jours précédents (ciel pur, soleil, air calme, quoique un peu plus agité que la veille). » L'énigme fut expliquée quand on apprit le lendemain, 22 septembre, qu'une formidable trombe (pluie torrentielle, tonnerre avec chute de la foudre, vent impétueux) s'était abattue la veille, 21 septembre, à 2 heures du soir, sur Étretat, situé au bord de la mer, à 70 kilomètres nord-ouest de Rouen. Elle y avait occasionné de grands ravages. Le même orage s'était fait sentir une demi-heure plus tard, mais déjà considérablement amoindri dans ses effets, à Fécamp, situé à i3 kilomètres nord-est d'Étretat. » Ainsi, avant le 2r septembre 1 865, absence relative d'activité chimique dans l'air de Rouen; manifestation subite au contraire de cette activité le ai, alors que rien dans le temps ne pouvait faire présager une modifica- tion aussi profonde et aussi instantanée dans les propriétés de l'atmosphère. Mais aussi, violent orage le même jour à 18 lieues nord-ouest de Rouen. » L'influence de ces grandes commotions atmosphériques sur les pro- priétés de l'air semble même se faire encore sentir plusieurs jours après que la cause déterminante parait avoir cessé. C'est ainsi qu'à Rouen l'air con- serva d'une manière; très-sensible son activité chimique du 21 au ?.[\ sep- tembre; elle fut même à son maximum le 22, comme si elle avait exigé qua- rante-huit heures pour franchir la distance qui la séparait de son foyer de production. Mais bientôt elle disparut avec la violence du vent qui semble l'avoir entretenue, et à mesure que l'atmosphère de la capitale normande reprit son calme ordinaire, l'excès de l'agent chimique aérien s'écoula de manière à ne communiquer à l'air que son activité normale devenue ( 4*9 ) désormais inappréciable aux réactifs peu sensibles. Cet état presque néga- tif se maintint alors jusqu'à la fin de l'année, c'est-à-dire aussi longtemps qu'on ne mentionna dans le département aucune nouvelle perturba- tion météorologique. L'arrivée du printemps le modifiera certainement. » Le tableau suivant met en relief cette phase de l'activité chimique de l'air de Rouen, avant, pendant et après le violent orage d'Étretat. Les lignes pointillées indiquent que le réactif vineux mi-ioduré n'a pas éprouvé de changement, et les traits noirs, au contraire, une altération dont l'intensité a été traduite par une longueur plus ou moins grande donnée aux traits. État de i'actknté chimique de l'air de Rouen (rue Bouquet, n° 17) avant, pendant et après l'ouragan d'Étretat (21 septembre i865). 1865 SEPTEJIMIE. PAPIER DE TOUP.NESOL vineux mi-ioduré. VE Intensité. ST Direction. TEMPS. OBSEP.VATIOXS. l8 '9 20 21 22 23 24 2.5 26 27 Beau. Id. Id. Très-beau. Beau. Id. Id. Id. Id. Id. Ouragan à Étretal (pluie, tonnerre, etc.) à 1 S lieues nord-ouest vde Rouen. Faible. Id. Id. Id. Fort. Fort. Assez fort. Faible. Id. Id. S.-O. s.-o. S.-E. 0. N.-E. N.-E. 0. S.-E. S.-E. S.-E. — i » La grande tempête ou tourbillon des 2 et 3 décembre i86'3, qui a été si funeste à la Marine, et dont M. le Maréchal Vaillant a donné à l'époque une savante analyse, a produit également sur mes réactifs des effets chi- miques semblables aux précédents. » On voit donc que les trombes, les ouragans et les orages, qui le plus souvent traînent après eux la dévastation et la ruine au point de vue des intérêts matériels de l'homme, remplissent néanmoins un rôle important dans l'économie de la nature, puisque, d'après mes observations, ils doivent être envisagés comme de puissants modificateurs de l'atmosphère. . . . C. R., 1S66, i" Semestre. (T. LX1I, Nu 9.) JU ( 43o ) » Ainsi se trouve résolue, du moins dans son ensemble, la partie météo- rologique de la question qui divise depuis si longtemps les savants. C'est à l'avenir d'en compléter les détails. Sous ce rapport, le réseau d'observa- tions relatives aux orages de la France établi par l'éminent Directeur de l'Observatoire de Paris, M. Le Verrier, rendra d'immenses services. » Mais dès aujourd'hui les anomalies et les contradictions signalées par les travaux sur l'ozonométrie disparaissent de la science. Elles trouvent leur explication dans les principes mêmes que je viens d'exposer. » Quant à la partie chimique du problème, celle qui doit déterminer la nature du principe auquel l'air emprunte son activité, elle est à l'étude dans le laboratoire de l'École des Sciences de Rouen, et sera l'objet d'un Mémoire spécial (i). » CHIMIE organique. — Sur quelques dérivés de l'acide formobenzoïlique. Note de MM. A. IYaqiet et YV. Locguinine, présentée par M. Balard. (Commission des Arts insalubres.) « Parmi les composés aromatiques, l'acide crésotique d'une part, et l'acide formobenzoïlique de l'autre, nous ont paru offrir un cas d'isomérie digne de fixer l'attention des chimistes. Nous avons commencé ce travail par une étude détaillée de l'acide formobenzoïlique. » On sait que cet acide se forme par l'action réciproque de l'aldéhyde benzoïque et de l'acide cyanhydrique en présence de l'acide chlorhydrique dilué, d'après l'équation C7I-I«0- + GAzH + 2H*0 -+- HCI = AzH*Cl + G*H803 (2). » Les conditions qui nous ont paru les plus avantageuses pour le prépa- rer sont les suivantes : » Dans un ballon en verre de 8 ou 10 litres de capacité, nous introdui- (1) Dès aujourd'hui, je puis cependant annoncer à l'Académie que mes expériences m'ont convaincu de la présence de la vapeur d'eau oxygénée dans l'air de la campagne. J'ar- rive a ce résultat en coude usant, à l'aide du froid, l'humidité de l'atmosphère, et en con- statant sur cette rosée artificielle convenablement préparée les propriétés les pins sensibles du bioxyde d'oxygène découvert par l'illustre Thenard. Mes efforts actuels tendent à rechercher si la présence de celle vapeur d'eau oxygénée esl normale dans l'air et s'il est possible d'en isoler une proportion assez forte pour en déterminer exactement les éléments constituants. Il ne faut pas oublier que l'ail' imprégné de traces de cette vapeur impressionne exactement, comme l'ozone, tous les papiers ozonométriques. Seulement il est inodore. ( Voir mon Mémoire sur le dosage de l'ozone, Annales de ( himie et de Physique.) (2) H= 1; Ô=i6; <", - ia. ( 43i ) sons ioo grammes d'essence d'amandes amères, 5 litres d'eau (d'après la plupart des auteurs, l'essence d'amandes amères se dissoudrait dans 3o par- ties d'eau; mais nous avons trouvé cette quantité insuffisante) ; une quan- tité d'acide cyanhydrique étendu à j-$ triple de celle qu'exige la théorie, et un petit excès d'acide chlorhydrique du commerce, de 3o centièmes en- viron. Nous adaptons à ce ballon un réfrigérant de Liebig disposé de façon que le liquide condensé y retombe sans cesse (appareil cpie nous pro- poserons d'appeler appareil à reflux), et nous chauffons au bain de sable au point d'amener une ébullition lente que nous laissons se continuer pen- dant trente heures. Nous évaporons ensuite le contenu du ballon dans une capsule de porcelaine à feu nu, puis au bain-marie jusqu'à siccité et jus- qu'à ce que toute odeur d'acide chlorhydrique ait disparu. Nous reprenons le résidu de l'évaporation par de l'éther afin de séparer l'acide formé du chlorure ammonique qui est insoluble dans ce liquide, et nous abandonnons l'éther à l'évaporation spontanée. L'acide ainsi oblenu , quoique très-bien cristallisé, n'est pas tout à fait pur. Il est coloré par de petites quantités d'essence d'amandes amères non décomposée et brunie dans la réaction. Il contient en outre de l'acide benzoïque. Pour le purifier, nous le dissol- vons dans l'eau froide, nous filtrons, et nous évaporons à siccité au bain- marie le liquide filtré. La quantité d'acide ainsi obtenue s'élève jusqu'à 5o et même 55 pour ioo de l'aldéhyde employée. » Formobenzoïlale dèlhyle.— Pour préparer ce corps, nous avons fait agir l'iodure d'éthyle à ioo degrés dans un tube scellé à la lampe sur du formo- benzoïlate d'argent complètement desséché dans le vide. Il nous a été impos- sible d'opérer la dessiccation à ioo degrés, parce qu'il commence à se dé- composer à cette température. La réaction commence même à froid, et elle est complètement achevée après douze heures de séjour dans le bain-marie. Le produit est repris par de l'éther, et l'iodure d'argent lavé plusieurs fois avec ce liquide. La liqueur filtrée dépose, en s'évaporant, un corps cristal- lisé, légèrement coloré en jaune par un peu d'iode libre dont on le débar- rasse par une série de pressions et de cristallisations dans l'éther : on obtient ainsi une masse cristalline complètement blanche qui a donné à l'analyse les nombres suivants : I. II. Tliunie. -t 65,;î3 67,44 66,66 H 6,63 6,66 6,66 » Les analyses I et II ont été faites sur des produits provenant de cristal- lisations différentes. 5G.. ( 432 ) » Le formobenzoïlate d'éthyle est un corps blanc, cristallin, très-sol uble dans l'alcool et l'éther, insoluble dans l'eau et fusible à ^5 degrés centi- grades. CRHSG : » Il répond à la formule C!H'/05. II \ » Formobenzoïlate de méthyle. — Ce corps a été préparé par le même procédé que le précédent. Seulement, après l'évaporation de l'éther qui avait servi à le dissoudre, il est resté une huile qui n'a cristallisé qu'au bout de- quelques jours dans le vide. Ces cristaux, purifiés par le même procédé que ceux du formobenzoïlate d'éthyle, deviennent plus aptes à cristalliser à mesure qu'ils se purifient; mais, même quand ils sont purs, ils exigent plusieurs jours pour cristalliser lorsqu'on les dissout dans l'éther. L'analyse de ce produit nous a donné les résultats suivants : G. H. Théorie. 64,43 65 ,06 6.49 6,02 C8H60 j » Ces nombres conduisent à la formule 6HS G!. H ). » Le formobenzoïlate de méthyle est un corps blanc, cristallin, soluble dans l'éther et l'alcool, et fusible de ii3 à 1 14 degrés centigrades. » Il est remarquable que son point de fusion soit situé au-dessus de celui de l'éther éthylique, tandis que normalement il devrait être situé au-dessous. » Àcétqformobenzoïlate d'éthyle. — Dans les composés précédents, un seul atome d'hydrogène de l'acide formobenzoïlique, l'hydrogène basique, est remplacé par uu radical d'alcool. Pour mettre en évidence la diatomicité de cet acide, il était donc important de substituer un radical quelconque à l'hydrogène alcoolique qu'il contient. Nous avons eu recours pour cela à la belle réaction découverte par M. Wislicenus, et qui consiste a faire réagir le chlorure d'acétyle sur l'acide ou sur l'un de ses éthers. » Nous avons introduit dans un matras 25 grammes d'acide complète- ment sec et un excès de chlorure d'acétyle. Une violente réaction s'est établie à froid, et de l'acide chlorhydriquè s'est dégagé. Un fait digne de remarque, c'est que, malgré la violence de la réaction, la masse ne s'est point échauffée d'une manière sensible, ce qui s'explique par la force vive de projection de l'acide chlorhydriquè, qui entraîne avec lui probablement ( 433 ) une portion du produit. Quand le dégagement de gaz a été ralenti, on a scellé le matras à la lampe et on l'a chauffé au bain-marie pendant vingt- quatre heures environ en ouvrant le matras de temps à autre pour voir s'il continuait à se dégager de l'acide chlorhydrique. Quand la réaction a paru terminée, le contenu du matras a été transvasé dans une capsule, et l'on y a ajouté de l'alcool dans le but de décomposer l'excès de chlorure d'acétyle. Le liquide a été ensuite évaporé au bain-marie jusqu'à ce que toute odeur d'acide chlorhydrique et d'éther acétique eût disparu ; nous avons alors placé dans le vide de la machine pneumaticpie la niasse sirupeuse brunâtre et d'odeur de miel qui est restée après cette opération. Après sept jours seulement, des cristaux ont commencé à se former, et trois jours ont alors suffi pour rendre la cristallisation complète. La matière, qui se présentait sous forme de cristaux baignés dans une huile brunâtre, a été exprimée fortement entre plusieurs doubles de papier buvard, et nous avons achevé de la purifier par une série de pressions et de cristallisations successives dans l' et lier. » Le corps ainsi purifié a été soumis à l'analyse : I. II. Théorie. -G- 65,47 64,48 64,86 II 6 ,4 1 6,26 6,3o €8H6Oj Ces nombres correspondent à la formule €3H3Ô > Q2 de l'acétoformoben- G2H5) €RH6Ô) zoïlate d'éthyle, et non à la formule G2 H3 ô > O2 de l'acide acétoformoben- H) zoïlique que nous avions cru obtenir. En reprenant le produit de la réac- tion par l'alcool en présence de l'excès de chlorure d'acétyle, l'acide for- mobenzoïlique formé s'est en effet éthérifié. Cette réaction établit le ca- ractère diatomique de l'acide formobenzoïlique. » L'éther acétoformobenzoïlique se présente cristallisé en fines aiguilles parfaitement blanches et groupées autour de centres communs. 11 a une odeur particulière qui rappelle légèrement celle du miel. Il est insoluble dans l'eau, et se dissout, au contraire, fort bien dans l'éther et l'alcool. Son point de fusion est situé entre 73°, 5 et 7/1 degrés centigrades. Après avoir été fondu, il ne solidifie que très-lentement, même si l'on abaisse la température jusqu'à 10 degrés. » a5 grammes d'acide formobenzoïlique ne nous ont donné que 5 grammes de cette substance. ( 434 ï » Nous continuons nos recherches sur ce corps et sur les dérivés de l'acide formobenzodique en général ; elles ont été faites dans le laboratoire de M. Wurtz. » MÉCAMQUE CÉLESTE. — Remarques sur la variabilité de la roialion de la Terre et sur le phénomène des marées; par M. Allegret. (Commissaires précédemment nommés : MM. Liouville, Delaunay.) « L'Académie me permettra peut-être de lui rappeler l'opinion de Laplace au sujet d'une question qui vient d'être récemment soulevée de- vant elle par l'un de ses Membres. » Après avoir consacré plusieurs pages du premier chapitre du tome V de la Mécanique céleste à ce sujet important, ce savant auteur arrive à celte conclusion : « Il est donc généralement vrai que de quelque manière que les eaux » de la mer réagissent sur la Terre, soit par leur attraction, ou par leur » pression, ou par leur frottement et par les diverses résistances qu'elles » éprouvent, elles communiquent à l'axe de la Terre un mouvement à très- » peu près égal à celui qu'il recevrait de l'action du Soleil et de la Lune » sur la mer, si elle venait à former une masse solide avec la Terre. Nous » avons fait voir que le moyen mouvement de rotation de la Terre est uni- » forme, dans la supposition où cette planète est entièrement solide, et l'on » vient de voir que la fluidité de la mer et de l'atmosphère ne doit point » altérer ce résultat. » » On lit aussi dans l'analyse sommaire qui précède ce chapitre : « Les phénomènes de la précession et de la nutation sont exactement » les mêmes cpie si la mer formait une niasse solide avec le sphéroïde » qu'elle recouvre. Ce théorème a lieu, quelles que soient les irrégularités » de la profondeur de la mer, et les résistances qu'elle éprouve dans ses » oscillations. Les courants de la- mer, les fleuves, les tremblements de » terre et les vents n'altèrent point la rotation de la Terre. » » Il est très-vrai (pie dans la démonstration de ce remarquable théorème, l'illustre auteur né: i quantités du second ordre par rapport aux forces perturbatrices considérées, c'est-à-dire par rapport aux très-petites forces qui produisent les marées. Je m'étonne beaucoup, ou plutôt je ne comprends pas que M. Delaunay, (fui s'est proposé de calculer l'un des effets de ces forces les plus immédiats, et par conséquent du même ordre qu'elles, ait pu penser qu'il avait été omis par Laplace comme étant d'un ordre de grandeur inférieur à ceux dont il a tenu compte. 11 eût été, ce me ( 435 ) semble, plus exact de dire que l'explication du phénomène des marées donnée par l'honorable M. Delaunay est complètement en désaccord avec celle de l'auteur de la Mécanique céleste. Pour Laplace, les résistances de toute sorte que rencontre la mer dans ses mouvements et qu'il désigne sous le nom de circonstances accessoires sont périodiques, comme ceux mêmes de chaque molécule de ce liquide; et cela en vertu du principe important qui sert de fondement à sa belle théorie des marées et qu'il énonce ainsi : « L'état d'un système de corps dans lequel les conditions primitives du » mouvement ont disparu, par les résistances que ce mouvement éprouve, » est périodique comme les forces qui animent ce système. » » M. Delaunay, adoptant, au contraire, une théorie plus ancienne, vive- ment critiquée et combattue par Laplace, pense que ces résistances pro- duisent un effet toujours de même sens, qui altère par suite à la longue la grandeur de la vitesse de rotation de la Terre. Il est utile de rappeler à ce sujet que l'illustre Newton et Daniel Bernoulli, en traitant des causes du phénomène des marées, avaient cru pouvoir attribuer le retard de la marée à l'inertie des eaux de la mer, ce qui conduit au même résultat. Le dernier de ces géomètres avait même pensé qu'une partie de ce retard était due au temps que la gravité met à parvenir du Soleil et de la Lune vers la Terre. » Laplace, après avoir montré l'insuffisance et les défauts de ces expli- cations, ajoute cette réflexion : « Cet exemple nous montre combien on » doit se défier des aperçus même les plus vraisemblables, quand ils ne » sont point vérifiés par une rigoureuse analyse. » » Je n'entrerai pas dans l'examen des critiques de Laplace : on peut consulter à ce sujet plusieurs chapitres intéressants de la Mécanique céleste et de Y Exposition du système du monde. La théorie des marées a toujours été une des plus grandes préoccupations de ce grand astronome qui mettait toujours le plus grand soin à faire accorder le plus possible ses théories astronomiques avec les observations. » Parmi les nombreuses conséquences auxquelles conduit la théorie exposée par M. Delaunay, je crois utile de mentionner les trois suivantes qui me paraissent à l'abri de toute contestation. « i° Le premier satellite de Jupiter devrait être affecté, clans son mou- vement jovicentrique, d'une accélération apparente de 100 secondes sexa- gésimales, par la même cause qui produirait une accélération séculaire de G secondes sur le mouvement de la Lune. » o° En discutant les observations du Soleil à trois siècles de distance, on devrait reconnaître que les distances de cet astre à un même méridien ( 43G ) au moment précis où il correspond au même point du ciel, loin de croître proportionnellement au temps, sont affectées d'une inégalité séculaire s'élevant à un demi-degré environ, pour cette période, et égale à celle qui affecte le méridien de l'observatoire. Cette conséquence résulte évidemment du principe admis et démontré en Astronomie sur l'invariabilité des moyens mouvements des planètes. On évitera d'ailleurs toute chance d'erreur pro- venant des irrégularités périodiques, par la discussion et la multiplicité des observations considérées, et la même conséquence s'étend au surplus à toutes les planètes. » 3" Enfin, le couple qui retarde constamment, par hypothèse, la rotation de la Terre, doit être situé en moyenne dans le plan même de l'écliptique, tantôt au-dessus, tantôt au-dessous de ce plan, à cause du mouvement des nœuds de la Lune. La direction de l'axe de ce couple étant toujours de sens contraire à celle qui correspond à la rotation de la Terre, il en résulterait un abaissement continu de l'axe de rotation de la Terre qui l'amènerait à la longue à coïncider avec le plan de l'écliptique. Cet effet me paraît surtout remarquable, malgré la petitesse de sa grandeur, en ce qu'il détruirait complètement la stabilité attribuée jusqu'ici à notre système solaire actuel. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Analyse de l'eau de la mer Rouge; par MM. Robinet el J. Lefort. (Extrait par les auteurs ) (Commissaires : MM. Clievreul, Pelouze, Fremy.) « Un grand nombre de voyageurs et de géographes, parmi lesquels on distingue le capitaine Maury, admettent que la salure des mers a pour ori- gine la circulation de l'Océan sur toute la surface du globe, et pour cela ils s'appuient sur ce que les caractères de ces eaux restent toujours les mêmes et que leur salure est peu variable. » Quelques auteurs ont même essayé d'appliquer cette théorie à la forma- tion de certains grands lacs, tels que le lac Asphaltite, ou mer Moite, qui possède cependant une composition si différente de l'eau de l'Océan; mais les importantes observations de !MIVI. Élie de Beaumont et Louis Lartct ont montré combien celte opinion était peu fondée (i). » Disposant d'une certaine quantité d'eau de la mer Rouge, puisée le 3i décembre à Suez, nous avons pensé qu'il serait intéressant d'en faire (l) Comptes rendus hebdomadaires des séances de V Académie des Sciences, I. LX, p. 7')''i et Bulletin de la Soiiété Géologique de Fiance, t. XXII, i864-65, p. -|2o. ( 437 ) connaître la composition avant le percement définitif de l'isthme, et de jeter de nouveaux éclaircissements sur le mélange présumé et incessant des eaux de la mer Rouge avec les eaux de la Méditerranée, et même avec les eaux de la mer Morte : disons en outre que l'hydrologie ne possède aucune ana- lyse de cette eau. » Un litre d'eau de la mer Rouge a donné, après son évaporation, 45gI ,38 de sels fixes, et sa densité est représentée par i,o3o6. » Ces nombres sont un peu plus élevés que ceux que donne l'eau de la Méditerranée; mais ce résultat n'a plus lieu de surprendre lorsqu'on sait que la mer Rouge, représentée par un canal étroit de iooo milles de lon- gueur, se trouve entre des rives de sable brûlant, au milieu d'un pays dont la température moyenne n'est pas inférieure à 3a degrés centigrades, où ni fleuve ni pluie ne vient compenser l'évaporation, qui est énorme, et où jamais les vapeurs qui s'élèvent de sa surface ne reviennent sous aucune forme. Mais cette salure est bien inférieure à celle de la mer Morte. » D'après notre analyse i litre d'eau de la mer Rouge renferme : Chlorure de sodium 3o,3o Chlorure de potassium 2 ,88 Chlorure de magnésium 4>°4 Bromure de sodium. o,o6435 Sulfate de chaux 1 ,70, Sulfate de magnésie 2,74 Carbonate de soude. ..-...) ... . indices Chlorhydrate d'ammoniaque ) 4i,8i435 » Afin de mettre davantage en évidence l'analogie qui existe entre l'eau de la mer Rouge et l'eau de la Méditerranée d'une part, et au contraire la différence entre ces deux eaux et celle de la mer Morte d'une antre part, nous allons indiquer ici la proportion relative des corps simples et de l'acide sul- fnrique pour des quantités identiques de sels d'après l'analyse qui précède, et d'après les résultats empruntés aux travaux de MM. Usiglio et Bous- singault. C. R., 186G, Ier Semestre. (T. LX11, N° 9.) I 438 ; Porzr ioo parties de sel. EAU DE LA MÉDITERRANÉE puisée à <$ooo mètres du port de Cette. CM. lisiglio.) EAU DE LA MER ROUGE puisée à Suez le 3i décembre iSG^. (MM. Robinet et Lefort.) EAU DE LA MER MORTE recueillie en 180S. (M. Boussingault.) Chlore 52,98 1,14 3i,i5 7,00 .,18 3,62 G, 42 5o,33 1,11 3o , 92 3,33 .,16 3,54 6,35 65,78 I ,25 I I ,22 3,71 5,67 12,59 1 ,o5 Magnésium Acide sulfurique . . . 103,49 96,74 101 ,3i » L'examen de ces analyses comparatives montre donc de la manière la plus évidente cpie l'eau delà mer Ronge possède, sauf une minéralisation un peu plus élevée, la même composition que l'eau de la Méditerranée, et, partant, de l'Océan, et qu'elle s'éloigne tout à fait de la composition de l'eau de la mer Morte, résultat qui permet de rejeter, du moins à ce point de vue, toute hypothèse d'une communication souterraine quelconque, à l'époque actuelle, de la mer Morte avec la mer Rouge et avec la Méditerranée. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches pour servir à l'histoire plysiologi<]ue /les arbres. Note de M. Arthur Giïis, présentée par M. Brongniart. (Renvoi à la Section de Botanique. ) « Les alternatives de développement et de résorption que subissent, sui- vant les saisons, les matières amylacées contenues dans les profondeurs des tissus des arbres sont indiquées d'une manière Irès-incomplète dans les Traités de Botanique classiques. » Séduit par cette belle question, M. Payen a entretenu fréquemment la Société d'Agriculture de ses importantes observations sur le renouvelle- ment de la fécule pendant la durée des végétations printanière et estivale. Cette même question fut l'objet de mes recherches anatomiques dans le cou- rant de l'année qui vient de s'écouler. ( 43g ) » Je ne savais pas alors que M. Hartig, auquel la science doit de si nom- breux travaux et de si heureuses découvertes, avait suivi avec beaucoup de soin, dès l'année 1839, les diverses périodes de la végétation dans de jeunes pousses de Chêne et de Pin. Son Mémoire était enfoui dans un journal de sylviculture que nos grandes bibliothèques scientifiques ne possèdent pas et que j'ai dû faire venir d'Allemagne. Il paraît même que M. Hartig fit plus tard de nouvelles observations sur ce sujet, car, dans un travail sur le mouvement de la sève des arbres publié en i858 dans le Bota- nische Zeiiuncj, il nous apprend qu'il a étudié les périodes de dissolution et de reproduction des matières de réserve dans le Chêne, l'Érable, le Pin et le Mélèze, en faisant arracher à quinze jours d'intervalle des tiges à peu près grosses comme le bras. Selon lui, la dissolution de la fécule commence d'abord dans les jeunes pousses de la cime des arbres et progresse insensi- blement de haut en bas, tandis que la reproduction de cette matière se fait en sens inverse. Chacun de ces phénomènes exige en moyenne deux mois et l'auteur indique, pour les quatre essences qu'il a étudiées, l'époque à la- quelle commence la résorption ou la reproduction de la matière de réserve. » Sans me laisser décourager par les travaux de mes illustres devanciers, je crois pouvoir dire à mon tour ce que j'ai vu. N'est-ce point par îles ob- servations multipliées et faites dans des conditions diverses que la science assure sa marche dans une voie déjà tracée ? » Le Chêne, le Châtaignier, le Bouleau, l'Acacia, le Firgilia, le Mûrier, le Frêne, le Berberis, le Fusain du Japon et le Houx, telles sont les espèces que j'ai soumises à mon examen. Malheureusement les résultats de cet examen ne me paraissent suffisants que pour certaines d'entre elles. Des lacunes difficiles à éviter dans un ordre de recherches auquel le séjour de Paris est peu favorable ne pouvant être comblées qu'au retour de la belle saison, je dois me borner à parler aujourd'hui du Châtaignier dont la végé- tation est si rapide et la longévité si grande; du Virgilia, arbre remarquable par l'abondance du suc séveux qui s'écoule du tronc lorsqu'on le blesse au printemps ; du Mûrier, qui possède un vaste système de laticifères gorgés de suc blanc; du Houx aux feuilles persistantes, enfin du Berberis, dont le bois est si riche en matières de réserve. » Il importe de rappeler ici que c'est dans les cellules du corps ligneux et quelquefois, mais rarement, dans les fibres (comme MM. Payen et Sanio l'ont démontré) que se dépose l'amidon qui doit servir à la nutrition du vé- gétal. La moelle, les rayons médullaires, le parenchyme ligneux sont les 57.. ( -V.o ) trois principaux systèmes de tissu cellulaire clans lesquels l'amidon se déve- loppe et se résorbe tour à tour. Les deux premiers systèmes sont connus depuis longtemps. L'importance du troisième n'a été réellement appréciée que dans ces dernières années. Ses cellules constitutives s'étendent ver- ticalement dans l'intervalle des fibres ligneuses, se groupent autour des vaisseaux, se distribuent dans toute l'épaisseur du bois depuis la moelle jusqu'à l'écorce. Elles sont en relation les unes avec les autres par les ponc- tuations dont leurs parois sont pourvues, elles communiquent par les mêmes movens avec les rayons médullaires, avec la moelle, avec les vaisseaux. » La structure du bois du Châtaignier est bien connue. Il me suffira de rappeler ici que les ravons médullaires très-fins n'offrent généralement qu'un seid rang de cellules en épaisseur, que les éléments du parenchyme liqneux forment dans l'épaisseur de chaque couche annuelle des séries transversales tantôt brisées à tout moment, tantôt ajustées en zones concen- triques secondaires, et sont fréquemment en relation, d'une part avec les rayons médullaires, et de l'autre avec les vaisseaux. » Pendant les mois de janvier et de février 1 865, je soumis à l'examen microscopique des branches de cinq à six ans. Les rayons médullaires, le parenchyme ligneux, la moelle étaient étroitement remplis de matière amylacée. Au milieu d'avril, alors que les bourgeons étaient encore clos et verclàtres, je pus m'assurer sur une tige de quatorze ans cpie le nombre et le volume des grains d'amidon avaient beaucoup diminué dans la plupart des cellules appartenant aux rayons médullaires et au parenchyme ligneux des quatre couches extérieures du bois. Il n'y avait point à tenir compte des couches plus profondes et plus colorées qui, avant le retour du prin- temps, étaient déjà dépourvues de matière de réserve. Ce travail de la ré- sorption de l'amidon, dont je venais de constater ainsi des indices très- manifestes, se poursuivit et s'acheva rapidement. » En effet, le 3o avril, alors que les Châtaigniers avaient de grandes feuilles, j'étudiai une tige également âgée de quatorze ans, et je vis que les tissus amylifères des mêmes couches extérieures de la tige étaient entière- ment dépourvus de matière de réserve et ressemblaient ainsi aux tissus amy- lifères des couches plus profondes et plus colorées du bois. Mais cet état d'inertie fut certainement de peu de durée, car, ayant fait abattre le 16 juin une tige de Châtaignier de même âge, je vis que dans ces couches extérieures du bois (pu avaient été le siège d'une entière résorption au mois d'avril, une matière de réserve nouvellement et complètement formée remplissait étroi- tement les cellules des ravons médullaires et du parenchyme ligneux. Je ( 44i ) conslatai de nouveau cet état de plénitude des tissus pendant les mois de juillet, d'août et de septembre sur des rameaux un peu moins âgés. » Les réservoirs de substance nutritive sont trés-développés dans le Vïr- r/itia. Les rayons médullaires offrent d'un à quatre rangs de cellules en épaisseur; les vaisseaux qui traversent les couches annuelles sont enve- loppés d'une ceinture de parenchyme ligneux qui se relie ordinairement aux rayons médullaires par des processus latéraux. Une zone continue de ce même parenchyme s'étend, à la limite des couches d'accroissement, dans l'intervalle et à la circonférence des gros vaisseaux. » Le 10 avril 1 865 j'examinai une branche de huit ans dont les bour- geons verdâtres étaient encore clos. Les tissus amyliféres étaient très-riches en matière de réserve, depuis les couches superficielles du bois jusqu'aux plus profondes. Quant à la moelle, les cellules extérieures seules étaient gorgées de grains d'amidon Le 9 mai, les feuilles étant très-développées et les fleurs encore en bouton, je fis couper une branche de douze ans. Le dépôt nourricier avait sensiblement diminué. Les cellules extérieures de la moelle étaient dépourvues d'amidon; le contenu des rayons médullaires était très-appauvri, mais la résorption dans le parenchyme ligneux se mon- trait moins hâtive. Ce n'est que le 6 juin, alors que la floraison était ter- minée, que la résorption de l'amidon dans les tissus d'une branche de sept ans me parut presque complète. La reproduction de cette matière de ré- serve était d'ailleurs très-manifeste le 17 juillet dans des branches de sept ans et de trois ans. A cette époque, l'embryon des graines était déjà très- développé. J'ai constaté l'état de plénitude des tissus amyliféres à diverses reprises, depuis cette dernière date jusqu'à la période du repos hibernal. » Le bois du Mûrier offre la plus grande analogie avec celui du Virqilia, quant à l'épaisseur des rayons médullaires et à la distribution du paren- chyme ligneux. Il est donc inutile d'insister sur sa structure. Le 22 avril 1 865, les bourgeons des Mûriers commençant à peine à s'entrouvrir, j'examinai une branche de dix ans et un rameau d'un an. Les rayons médullaires, le parenchyme ligneux, les cellules extérieures de la moelle étaient très-riches en amidon. Le 9 mai, les feuilles étant grandes et les fleurs épanouies, la matière de réserve avait presque entièrement disparu dans les tissus d'une branche de dix ans, si l'on en excepte les couches les plus profondes. Dans l'espace d'un mois, la résorption dut s'achever et l'activité vitale s'exerça en sens contraire, car, le 10 juin, époque à laquelle les fruits étaient déjà bien développés, des branches de huit ans, de quatre ans, d'un an, offraient un ( 44a ) corps ligneux gorgé dans toute son épaisseur d'une nouvelle matière de ré- serve. Je constatai ce même fait le 17 juillet, lors de la maturité des fruits, pendant les mois d'août et de septembre et en hiver. » Un rameau de Berberis renferme sous son écorce, pendant la période hibernale, un véritable albumen farineux. En effet, dans le bois de ce char- mant arbrisseau, les fibres aussi bien que les cellules du parenchyme li- gneux et des rayons médullaires sécrètent des granules amylacés en abon- dance. Le 11 avril i8G5, au moment où les bourgeons commençaient à s'épanouir, les tissus amylifères d'une branche de quatre ans étaient encore extrêmement riches en matière de réserve. Le 9 mai, la résorption était com- plète dans une branche de deux ans. Le 1 1 juin, alors que les fruits avaient atteint déjà un certain volume, rayons médullaires, parenchyme et fibres ligneux, cellules extérieures de la moelle étaient, dans des branches de six ans et de deux ans, entièrement remplis d'amidon de nouvelle formation. Je constatai ce même état de choses le 18 juillet, le 29 juillet et le Ier sep- tembre de la même année. » Dans le Houx, les réservoirs de substance nutritive offrent un faible développement. Les rayons médullaires sont, pour la plupart, formés d'un seul rang de cellules en épaisseur; le parenchyme ligneux, peu abondant, est disséminé dans l'épaisseur du corps ligneux sans former autour des vaisseaux cette large gaine alimentaire dont le Virgilia, le Mûrier, le Frêne, etc., offrent de si beaux exemples. Le a3 avril i865, les éléments amylifères d'une branche de dix ans étaient encore très-riches en matière de réserve depuis L' écorce jusqu'à la moelle, et toutes les cellules de cette moelle fortement épaissies et ponctuées contenaient un nombre variable de grains d'amidon. Le G juin, tous ces tissus avaient perdu, dans une branche de six ans, la plus grande partie de leur matière de réserve : on en trouvait à peine quelques traces, vers le 18 juillet, dans une branche de huit ans; mais, à la fin du mois d'août, je pus constater qu'une nouvelle et abon- dante sécrétion d'amidon enrichissait tous les réservoirs de substance nu- tritive et se préparait au repos hibernal. » Tels sont les faits que je désirais soumettre au jugement de l'Académie. J'attends le retour de la belle saison pour combler les lacunes qui m'em- pêchent de publier actuellement l'histoire de plusieurs autres espèces li- gneuses sur lesquelles j'ai réuni déjà de nombreuses observations. On pourra tirer alors de ces observations, comparées à celles de MM. Hartig et Payen, des conséquences générales d'un grand intérêt. Il parait toutefois bien établi aujourd'hui : ( 44^ ) » i° Que des substances nutritives occupent les tissus amylifères du tronc ries arbres pendant la plus grande partie de l'année; « 2° Que le temps pendant lequel ces tissus en sont dépourvus est de peu de durée, et ne se doit point compter par mois, mais par jours; » 3° Que l'amidon sécrété en été semble demeurer immuable pendant la maturation des fruits; » 4° Qu'il n'y a que deux grands mouvements des matières nutritives à l'intérieur du tronc des arbres : la genèse de ces matières en été, et leur résorption au printemps. » thérapeutique. — Sur l'emploi de t'éther clans l'anesthésie chirurgicale ; j ar M. lïiitiv du Bcisso\. (Extrait.) (Commission nommée pour le Mémoire de M. Petetin.) « Ayant été appelé un grand nombre de fois, pendant un séjour de quinze années à Lyon (de i85o à 1 865), à pratiquer l'anestbésie par l'étber, nous demanderons à l'Académie la permission de lui exposer quelques faits résultant de nos observations particulières, sans avoir d'ailleurs la préten- tion d'entrer dans le fond même d'une question dont la solution n'est pas de notre compétence. '» Dans le même quartier que notre ancienne officine pharmaceutique il existait, à l'époque où nous avons commencé à recueillir ces faits, deux maisons de santé (réunies aujourd'hui), spécialement disposées pour les opérations chirurgicales. Dans l'une, MM. Gensoul, Bonnet et quelques autres chirurgiens plaçaient leurs malades, tandis que la seconde était presque exclusivement occupée par ceux de M. Pétrequin. M. Bonnet et plusieurs de ses confrères avaient adopté l'usage, depuis deux ou trois ans (en dehors des hôpitaux), de charger un pharmacien très-distingué, M. Fer- rand, du soin d'éthériser leurs malades. MM. Gensoul et Pétrequin en firent bientôt de même à notre égard. Ce fut ainsi que, durant notre séjour à Lyon, nous avons endormi par l'étber exclusivement un millier de malades environ. M. Ferrand, qui s'occupait d'une manière plus générale que nous de la pratique anesthésiqne, a dû nécessairement en élhériser un nombre beaucoup plus grand encore dans le même laps de temns. » J'ai souvent employé avec succès l'éther du commerce à 62 degrés de l'aréomètre, mais j'ai toujours obtenu un sommeil plus calme, plus profond et plus prompt avec de l'éther purifié, puis rectifié, comme nous l'indiquons dans cette Note. On a ainsi un excellent anesihésique dont il faut se servir de ( 444 ) la manière indiquée par M. Pétrequin. Il est préférable de verser du premier coup 5o à 60 grammes d'éther sur les deux petites éponges qui garnissent le fond du sac, lequel doit être placé de manière à comprendre dans son intérieur le menton, la bouche et le nez jusqu'à 2 centimètres des yeux, et non toute la tète du malade, comme le disent les adversaires de l'étber. » Après avoir conseillé au patient de respirer largement et sans se re- tenir dès que le sac sera mis en place, il faut que l'opérateur, de son côlé, agisse promptemcnt et sans hésitation, tout en surveillant avec attention l'état du pouls. C'est le seul moyen d'obtenir un sommeil calme, prompt et profond. » On fait à l'éther les reproches suivants : » i° Son action est trop longue à se produire, comparativement à celle du chloroforme, et fatigante pour les malades. » 20 L'insensibilité est insuffisante, le sommeil agité, le réveil trop la- pide; il est de plus, affirme-t-on, loquace et indiscret. « 3° Enfin, comme reproche plus grave encore, s'il était fondé, on a dit qu'avec l'emploi Au sac et de l'éther les opérations dans la bouche, celles de la face et du cou, sont impossibles. » Nous répondrons sur ces trois points principaux par les faits suivants, qui nous sont tous personnels : » i° Avec de l'éther à G2 degrés du commerce, mais surtout avec de l'éther rectifié comme ci-dessus, appliqué suivant les indications de M. Pé- trequin, l'anxiété pénible qu'éprouvent les malades à la première inspi- ration de la vapeur éthétée cesse au bout de trois ou quatre secondes, pour faire place à une sensation de bien-être dont beaucoup gardent longtemps le souvenir. » 20 Nous avons très-généralement obtenu le sommeil et l'insensibilité au bout de quatre à six ou sept minutes; huit à dix minutes ont été de très-rares exceptions. Nous avons rencontré en tout dvux hommes et une femme à peu près complètement réfractaires à l'action de l'éther : ces indi- vidus, de constitution robuste tous les trois, s'adonnaient aux boissons alcooliques. » Le sommeil obtenu par l'éther est profond, complet; nous l'avons prolongé souvent plus d'une heure sans le moindre inconvénient. Le réveil n'est ni trop prompt, ni loquace, ni indiscret, lorsqu'on sait appliquer l'éther, c'est-à-dire lorsqu'on l'emploie prudemment, mais largement et sans hésitation. » Pour obtenir le réveil, nous avons presque toujours été obligé d'al- ( 445 ) tendre dix à douze minutes, tout en employant souvent l'éventail. A peine réveillés, les malades, en général, se rendorment presque aussitôt d'un sommeil calme et réparateur, qui dure quatre à cinq heures sans inter- ruption. » Nous avons vu, dirons-nous encore, une jeune personne de nos clientes atteinte depuis deux ou trois mois d'une toux nerveuse, intermittente, qui venait le matin à 7 heures, pour ne cesser, sans un seul instant de répit, qu'à 7 heures du soir. Cette très-intéressante malade était traitée par MM. Viricel et de Polinière, qui, à bout de moyens, eurent l'heureuse idée de la tenir presque complètement éthérisée pendant toute la durée de la crise journalière. Le traitement dura près d'un mois, pendant lequel nous eûmes à fournir 1800 grammes d'éther pur, qui furent entièrement con- sommés. Le succès fut complet, la guérison absolue et les inconvénients nuls. Mariée six mois après, cette jeune femme a eu depuis plusieurs en- fants, et sa santé a toujours été parfaite. » 3° Enfin, pour répondre péremptoirement au reproche capital fait à l'éther, nous dirons que nous avons éthérisé plusieurs fois des malades opérés de tumeurs cancéreuses de la langue, des lèvres et du cou, d'une durée de vingt à quarante-cinq minutes, sans que, malgré l'absence du sac, le sommeil ait été un seul instant interrompu. Il nous suffisait, au moindre signe d'agitation, de présenter une des éponges imbibées d'éther ou le sac lui-même à distance de la bouche et du nez. » Comme témoignage plus grand encore, nous terminerons en disant que nous avons tenu endormis pendant une heure, sinon plus, avec le même succès, deux malades chez lesquels l'illustre docteur Gensoul pratiqua l'ablation d'une très-grande partie du maxillaire supérieur, et de la moitié de l'inférieur chez un troisième. » « A l'occasion de la communication de M. Burin du Buisson, M. Élik de Béai. mont annonce qu'il a reçu de M. le Dr Charles T. Jackson une Lettre, datée de Boston le 21 janvier, dans laquelle le savant inventeur de l'éthérisation le remercie d'avoir, dans la séance du 4 décembre dernier, appelé l'attention de l'Académie sur ses Lettres originales relatives à l'em- ploi de l'éther pur comme agent anesthésique. Aujourd'hui, ajoute-t-il, on n'emploie plus le chloroforme à Boston comme agent anesthésique, mais seulement l'éther pur. « J'ai aussi découvert de bonne heure, dit encore le » docteur Jackson, que l'éther récemment lavé et contenant un peu d'eau C. F.., 186G, i« Semestre. (T. LXII, N° 9.) 58 ( 446 ) » délayée dans sa niasse est moins irritant pour les voies aériennes que m l'élher sec. » [Voyez la page 3s du Manuel de t'Elhérisalion.) » chimie APPLIQUÉE. — Mémoire sur l'application de l'acide phosphorique et de ses dérives à la fabrication des engrais et à la salubrité des villes ; par MU. Blanchard et Château. (Commission du prix dit des Ai ts insalubres.) « L'application de nos procédés permet de résoudre trois problèmes de la plus liante importance : » i° La conservation de l'engrais humain ; » 2° La salubrité et l'hygiène des villes; » 3° La fixation, par voie de précipitation pure et simple, et à froid, de l'ammoniaque libre ou faiblement combinée. » Il s'agissait de fixer et de précipiter l'azote à l'état d'un composé suffisamment insoluble dans l'eau pour que la pluie ne l'enlève pas des engrais dans le cours de leur fabrication, non volatil aux plus fortes cha- leurs solaires, facilement décomposable par les agents chimiques et phy- siques de la terre, et facilement assimilable par les végétaux. » Or, le seul composé qui satisfasse pratiquement à ces conditions est le phosphate ammoniaco-magnésien, sel double dans lequel l'azote est à l'état insoluble et en présence de l'acide phosphorique. » Nous avons réalisé sa production par l'emploi de l'acide phosphorique libre ou d'un phosphate acide quelconque, conjointement avec un sel de magnésie, et plus simplement par l'emploi du phosphate acide de magnésie, et mieux encore par l'emploi du phosphate acide double de magnésie et de fer. .. Nous sommes arrivés, tant par l'application industrielle des moyens connus (pie par des procédés nouveaux, à fabriquer et à livrer : » i° L'acide phosphorique libre à 35 degrés Baume, contenant environ 3oo grammes d'acide anhydre par kilogramme, au prix de 5o centimes le kilogramme, produit qui n'est livré actuellement vitreux aux laboratoires qu'à des prix inabordables au point de vue de l'emploi agricole. » 2" Le phosphate acide de magnésie liquide à 35 degrés Bannie, et le phosphate acide double de magnésie et de fer liquide à 35 degrés Baume éga- lement, au prix de ,'p centimes le kilogramme. Ces deux produits contien- nent environ 2 5o grammes d'acide phosphorique anhydre par kilogramme. Nous ferons remarquer en passant que ces derniers sels sont complètement ( kkl ) inconnus dans le commerce des produits chimiques et qu'ils ne sont même pas fabriqués pour les besoins du laboratoire. Ajoutons que la production de ces composés chimiques est en quelque sorte illimitée, attendu qu'ils sont fabriqués avec des coprolilhes et des phosphates minéraux. » On verra dans la suite de ce Mémoire les applications nombreuses de ces sels, qui permettent de précipiter instantanément et à froid l'ammo- niaque libre ou faiblement combinée de toutes matières ammoniacales, tout en décomposant l'hydrogène sulfuré. Les phosphates acides ci- dessus désignés peuvent être remplacés par des phosphates quelconques, neutres ou basiques, en dissolution dans les acides végétaux ou minéraux, ainsi que nous l'avons déjà spécifié ailleurs. § I. Application par voie de filtration. — Fosses mobiles inodores. » Nous faisons filtrer les déjections animales (liquides et solides) sur des couches de matières filtrantes, de préférence organiques, imbibées de phos- phate acide double de magnésie et de fer à 35 degrés. Ces couches sont disposées horizontalement ou verticalement dans un tonnelet, sur un double fond percé de trous, ou entre une ou deux plaques verticales perforées, pour permettre l'écoulement des liquides filtrés, devenus sans valeur. » Au fur et à mesure que la filtration s'opère, les liquides, qui entrent forcément en fermentation parleur mélange avec les matières fécales solides et leur filtration lente au travers d'elles, se dépouillent en grande partie de leur azote; les parties odorantes, l'ammoniaque et l'hydrogène sulfuré, sont arrêtées au passage, elles peuvent donc être impunément dirigées dans les égouts. » Nous arrivons à retirer de nos fosses mobiles des matières fécales sans odeur repoussante, suffisamment épaisses pour que, sans absorbant, elles puissent être sèches en quelques jours, et qui, soumises vertes à l'analyse, ont constamment accusé de 3 \ à 5 et même 7 pour 100 d'azote à l'état sec, soit 2 -j, 3 à 4 et 5 pour 100 d'azote sur l'engrais vendable, fabriqué avec ces matières vertes, engrais dans lequel le commerce laisse ordinai- rement de i5 à 20 pour 100 d'humidité. § II. Application dans les fosses a demeure. » Ces fosses à demeure, étanches à Paris, à fond perdu dans d'autres villes, toujours des foyers permanents d'infection, que l'édilité parisienne notamment combat avec beaucoup de vigueur et d'habileté, par des moyens 58.. ( 448 ) physiques ou par des moyens chimiques qui altèrent la valeur de l'engrais, ont leurs produits transportés dans des lieux, spécialement affectés à cet usage, en un mot dans des dépotoirs qui, il faut en convenir, sont, à Paris surtout, admirablement disposés au point de vue de la propreté et de l'hy- giène. Nous avons alors songé à appliquer nos moyens à ces fosses à de- meure, soit en traitant les matières fécales dans les fosses mêmes, soit en les traitant après leur extraction. » Dans les fosses à demeure, nous introduisons, à des époques fixes et au fur et à mesure qu'elles se remplissent, une quantité déterminée de notre phosphate acide double de magnésie et de fer étendu d'eau, et en rapport bien entendu avec la capacité de la fosse et le temps que la fosse met à s'emplir. » Agissant ainsi, nous obtenons une désinfection continue, permanente. Rien ne se perd; les doubles décompositions ont le temps de s'effectuer, l'urée a le temps de se décomposer, et le phosphate ammoniaco-magnésien a le temps de se produire et de se déposer. » Lors de la vidange d'une fosse ainsi traitée, la matière extraite donne un engrais qui, lorsque l'opération a été bien conduite, dose jusqu'à 7 à 8 pour 100 d'azote à l'état sec. § III. Applications diverses du phosphate acide double de magnésie et de fer. — Production industrielle du phosphate ammoniaco-magnésien. » Il nous reste, pour terminer l'exposé de nos travaux, à décrire succinc- tement les applications spéciales de notre phosphate acide de magnésie et de fer, dont l'emploi nous permet, ainsi que nous l'avons déjà dit, de réali- ser d'une manière pratique les idées et les vues de M. Roussingault sur la production industrielle du phosphate ammoniaco-magnésien, et l'avenir réservé a ce composé en agriculture. » 1" Application sur les urines humaines et animales, l'eau de gaz, etc. — L'urine ou l'eau de gaz introduite dans de grands bacs en bois, en tôle ou en maçonnerie étanche, est additionnée simplement à froid de phosphate acide double de magnésie et de 1er à 3.r> degrés Baume. » En opérant sur 100 litres d'urine humaine fraîche, il n'y faut verser que 0. a 3 kilogrammes de notre phosphate acide double pour obtenir 5 à 6 kilogrammes de précipité humide (c'est-à-dire contenant de 1 5 à 20 pour 100 d'humidité). Pour les urines putréfiées, très-ammoniacales, on ob- tient environ 7 kilogrammes de précipité humide. Avec l'urine des ani- maux de ferme, les purins par exemple, le poids du dépôt atteint ce chiffre, ( m ) et le précipité est plus riche en azote que celui obtenu avec les urines hu- maines. » i° Application du procédé au traitement d'autres madères azotées. — Comme sources d'azote, l'urine et l'eau de gaz sont les seules matières qui, traitées par nos moyens, peuvent donner à l'agriculture, d'une manière con- tinue, le phosphate ammoniaco-magnésien presque pur, si préconisé par M. Boussingault. » Cependant d'autres matières, principalement des résidus de fabriques dans lesquelles se travaillent des substances azotées animales ou végétales, peuvent aussi fournir, par une voie détournée, des quantités assez considé- rables de phosphate ammoniaco-magnésien impur. Nous voulons parler des eaux de fabriques de colle d'os et de gélatine; des eaux sures des amidon- niers, féculeries, etc.; des eaux si infectes du rouissage du lin, du chanvre, etc. ; des eaux d'égouts et autres immondices des villes, etc., etc. « Toutes ces matières, traitées, seules ou mieux mélangées, par le phos- phate acide double de magnésie et de fer, sont désinfectées par suite de la fixation des composés ammoniacaux qu'elles renferment et de la décompo- sition des produits sulfurés. » 3° Conservation des jiimiers, des guanos et autres engrais putrescibles. — Nous terminerons cet exposé en signalant une autre application de notre phosphate acide double de magnésie et de fer, qui n'est pas sans importance. Nous voulons parler de la fixation des composés ammoniacaux volatils des fumiers de ferme, et en général des engrais facilement putrescibles, surtout ceux où l'azote se transforme facilement en carbonate d'ammoniaque, dont la volatilisation souvent rapide fait perdre à ces engrais leur richesse ini- tiale, et par suite leur valeur. Tels sont les guanos, les engrais de viande, les poudres d'os frais et dégélatinés, le sang desséché ou coagulé, etc. Pour les fumiers de ferme, nous proposons, au lieu d'effectuer les arrose- ments à l'eau pure ou avec les urines, d'effectuer ceux-ci avec de l'eau con- tenant du phosphate double ou mieux avec les purins traités préalablement par ce produit. Pour les fumiers faits, c'est-à-dire arrivés au moment où ils dégagent du carbonate d'ammoniaque, le même arrosement arrêterait la déperdition, tout en les enrichissant d'acide phosphorique. » a ( |5o ) physique. — Expériences et observations sur l'électricité; par M. Permit. (Commission précédemment nommée.) « D'après la théorie admise, les molécules de la matière électrique sont douées d'une force répulsive en vertu de laquelle elles tendent à se fuir et à se répandre dans l'espace. Elles se portent en totalité vers la surface des corps, et n'y sont retenues que par la pression de l'air, contre lequel, à leur tour, elles exercent une pression proportionnelle, en chaque point, au carré de leur nombre. Lorsque cette dernière pression est devenue supérieure à la première, la matière électrique s'échappe dans l'air en un torrent invi- sible, ou sous forme d'un trait lumineux que l'on désigne sous le nom d'é- tincelle électrique. (Extrait de l'instruction de 1823 sur les paratonnerres ) » A la pointe d'un cône électrisé, la pression du fluide électrique de- viendrait infinie si l'électricité pouvait s'y accumuler. (Poisson, Mémoii sur l' Electricité, p. (3.) » II suit de là, ce me semble, que si la répulsion théorique existe, il doit être impossible, dans l'air atmosphérique, de s'opposer à l'émission de l'électricité à la pointe d'un cône électrisé, à moins d'expérimenter dans de l'air comprimé à une infinité d'atmosphères. » Mais on connaît aujourd'hui plusieurs dispositions dans lesquelles une pointe électrisée ne perd pas son électricité, quoique communiquant libre- ment avec l'atmosphère. La pression électrique y est donc très-faible, au lieu d'être infinie. La répulsion électrique n'existe donc pas. » La théorie ne considère que des cônes mathématiques que nous ne pouvons réaliser dans les arts. Il m'a semhlé intéressant et facile d'évaluer, en pressions al uiosphériques, la pression théorique à la pointe d'un cône tel que le donne l'industrie, chargé de plus ou moins d'électricité. » Cette évaluation et ses conséquences mettront de nouveau en évi- dence, je le crois, l'impossibilité de la répulsion électrique admise. » Au conducteur d'une machine électrique, munie d'un électroscope très-sensible, j'ai fixé une tige pointue dirigée dans l'air. Après avoir élec- trisé ce conducteur, j'ai attendu que l'aiguille de l'électroscope, devenue stationnaire, indiquât que la pression électrique à la pointe était réduite à équilibrer la pression atmosphérique; présentant alors une sphère métal- lique au conducteur, j'en ai tiré une étincelle d'un demi-millimètre de longueur environ. u J'ai conclu de ces faits, logiquement je le pense, que si, à l'aide d'un ( 45. ) artifice non prévu par la théorie, j'empêchais cette électricité de fuir, je réaliserais la condition indiquée par Poisson, et forcerais l'électricité à s'ac- cumuler à la pointe; alors, la longueur de l'étincelle tirée du conducteur, exprimée en demi-millimètres, me donnerait le nombre d'atmosphères équivalant à la pression exercée sur l'air par le fluide électrique accumulé à cette pointe. » Parmi ces ai'tifices, j'ai dû choisir celui qui me paraît à l'abri des ob- jections spécieuses. Il est connu depuis plus de trente ans, et consiste à placer la tige pointue au milieu d'un tube de verre sec qui dépasse un peu cette pointe. » Ce tube ouvert, de 2a 3 centimètres de diamètre intérieur, étant fixé sur la tige pointue, j'ai pu électriser une petite machine, jusqu'à tirer du con- ducteur des étincelles de 100 millimètres au moins de longueur, la pointe ne laissant pas échapper, d'une manière notable, l'électricité accumulée dont elle était chargée. La pression exercée sur l'air par l'électricité accu- mulée à la pointe devait donc s'élever à 200 atmosphères environ. » Mais ce n'est pas tout : chacune des pointes collectrices aiguës de mon conducteur avait à peu près la même charge, et cependant aucune n'émet- tait d'électricité sensible. » Bien plus, lorsque du conducteur d'une puissante machine électrique on tire des étincelles de 5oo millimètres de longueur, le fluide électrique accumulé aux pointes collectrices exerce donc sur l'air ambiant à une atmo- sphère, et sans vaincre sa résistance, une pression de 1000 atmosphères ! » Ces résultats prouvent surabondamment, suivant moi, la non-existence de la répulsion électro-statique. En effet, l'action paralysante d'un tube dont l'ouverture offre une issue libre au jet de fluide supposé si fortement pressé à la pointe par la force répulsive, ne suffit-elle pas pour démontrer cjue cette force n'existe pas? » Cependant, le tube dépasse un peu la pointe; on peut donc imaginer pour le besoin de la cause une nouvelle force répulsive non prévue pat- Poisson, dont seraient doués les bords du tube, et qui, agissant obliquement sur la pointe, contre-balancerait la force répulsive du fluide accumulé sur cette dernière. C'est à peu près ce qui a été proposé pour expliquer l'action paralysante connue depuis longtemps d'une cloche de verre sur une pointe électrisée qu'elle recouvre. » Mais cette explication ingénieuse me semble en opposition avec la théorie. « Dans les endroits où la pression vient à surpasser la résistance » que l'air lui oppose, l'air cède, ou, si l'on veut, le vase crève et le fluide ( 452 ) » s'écoule comme par une ouverture. » (Poisson, Mémoire cité, p. 6.) Or, l'air qui entoure la pointe est à une atmosphère seulement et communique avec l'air extérieur ; comment donc ce vase d'air n'est-il pas crevé par la pression de 200 atmosphères à la pointe? » C'est pour démontrer combien est inadmissible cette explication basée sur l'admission d'une nouvelle force répulsive des parois opposées à la pointe électrisée, que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie l'expé- rience cpii montre qu'il suffît d'armer cette pointe d'un disque non conduc- teur qu'elle dépasse un peu, pour annuler presque entièrement sa puis- sance émissive. Ici, aucun objet n'est placé devant la pointe; le disque est derrière. Il faudrait donc douer ce disque, non plus d'une force répulsive, mais au contraire d'une puissance attractive équivalente à plusieurs cen- taines d'atmosphères, pour annuler la force émissive de la pointe! Cela n'est-il pas inadmissible? » En rappelant cette expérience, je me trouve à regret forcé de répondre à la critique erronée, qu'a adressée à l'Académie (Comptes rendus, 20 février de l'année dernière) un professeur de physique d'Anvers, M. Montigny. Suivant ce physicien, mon expérience n'infirmerait aucunement les consé- quences de la théorie de l'illustre mathématicien Poisson. » D'après M. Montigny, mon disque non conducteur, qui enserre le cône près de la pointe, met un obstacle à la communication entre la couche électrique répandue sur la surface du cône et celle accumulée à la pointe, communication que la théorie mathématique, dit ce savant, suppose abso- lument libre. » Une seule observation suffit pour faire tomber la critique du savant belge; c'est que, d'après la théorie qu'il invoque, la couche électrique n'existe pas au dehors de la surface du cône, comme il l'affirme, mais à son intérieur; mon disque, étant extérieur au cône, ne peut donc interrompre la libre circulation des diverses parties de cette couche qui se meuvent à l'intérieur du cône, et mon objection subsiste dans toute sa force. » Par déférence pour M. Montigny, j'ai laissé écouler toute une année pour lui donner le temps de rectiher lui-même son erreur. Mais aujour- d'hui je suis forcé de faire remarquer que : i° Poisson a écrit précisément le contraire de ce que lui fait dire M. Montigny. « Cette couche est terminée » extérieurement par la surface même du corps, et à l'intérieur par une sûr- » face très-peu différente de la première. » (Poisson. Mémoire cité, p-3.) 20 On ne trouve l'erreur de M. Montigny dans aucun Traité de Physique. 3° Il faudrait, dans l'hypothèse de M. Montigny, qu'au lieu de se mouvoir ( 453 ) dans le cône métallique conducteur, l'électricité se transmît dans l'air non conducteur. 4° Et enfin, si le collet non conducteur en caoutchouc, de 2 millimètres de longueur, que forme mon disque, pris de la pointe du cône électrisé, suffit pour empêcher la transmission de l'électricité clans ces cônes, comme le prétend M. Montigny, comment donc nos télégraphes électriques, dont les fils sont recouverts de caoutchouc ou de gutta-percha, non pas sur aooo mètres de longueur, mais sur un bon nombre de lieues, transmettent-ils les dépèches? Comment encore nos électroscopes, dont les tiges sont enduites de gomme-laque, sont-ils si sensibles? » En terminant, je crois devoir rappeler que les phénomènes que j'ai signalés comme si opposés à l'hypothèse de la répulsion me paraissent au contraire s'expliquer de la manière la plus simple, ainsi que les autres phénomènes électro-statiques, en n'admettant qu'une seule force : l'attrac- tion mutuelle des corps électrisés différemment. » THÉRAPEUTIQUE. — Sur une baignoire munie d'un appareil électrique. Note de M. de Séré, présentée par M. Becquerel. « M. de Séré présente un petit modèle de baignoire en ciment romain, muni d'un appareil électrique à courant interrompu. L'invention de cet appareil appartient à M. Potin, de Vincennes. » Il se compose essentiellement d'un couple de Bunsen moyen modèle, dont le vase externe poreux et filtrant fait corps avec la baignoire, que l'humidité transforme en une niasse unique d'une conductibilité uniforme. » Une bobine à gros fil produit un extra-courant aux deux extrémités de la baignoire, qu'on règle au moyen d'un flotteur en charbon qui établit une dérivation en quelque point qu'on le place. » M. de Séré, collaborateur de M. Potin depuis deux ans, avant observé des phénomènes qui lui ont paru mériter l'attention des physiciens, des physiologistes et des médecins, propose d'établir une baignoire d'essai, pat- exemple au Collège de France, pour en étudier les effets physiologiques sur l'homme et les animaux. » (Benvoi à une Commission composée de MM. Becquerel, Cl. Bernard, Longet, Edm. Becquerel, P. Thenard.) THÉRAPEUTIQUE. — application faite par MM. Desmartis, père et fils, de l'extincteur, pompe à incendie, aux maladies des voies urinaifes. Extrait d'une Note de 31. Morpain. « On connaît sous le nom d'extincteur un appareil destiné à éteindre C. R., 186G, i« Semestre. ( T. LXII, N° 9.) 5g ( 454 ) les matières le plus violemment enflammées, et qui consiste en un cylindre pouvant contenir de 6 à 5o litres d'eau saturée d'acide carbonique. La Société des Sauveteurs de la Gironde «ayant voulu faire bien dûment con- stater l'efficacité de cet appareil, chargea de cet essai MM. Desmartis père et fils, médecins à Bordeaux, et les expériences eurent tout le succès qu'on pouvait espérer. Cet emploi de l'acide carbonique rappelant à MM. Des- martis les propriétés reconnues à ce gaz d'exercer une action anesthésique, ils pensèrent que le même système d'appareils, au moyen duquel on l'ap- pliquait quand il s'agissait d'étouffer la flamme, servirait également bien quand il s'agirait d'apaiser la douleur. Et en effet, en lui donnant l'eau pour véhicule et dirigeant le jet sur une partie enflammée, siège d'une vive dou- leur, ils ont vu disparaître en très-peu de temps la souffrance; aussi les dou- leurs d'un panaris étaient suspendues comme par enchantement. Bientôt, leurs vues venant à s'étendre, ils ont songé à faire aux maladies des voies urinaires une application du nouvel appareil, non-seulement mettant ainsi à profit l'action calmante du gaz pour atténuer ou faire disparaître la dou- leur, m«iis encore l'action mécanique du jet liquide pour favoriser le cathé- térisme. » (Benvoi à l'examen de MM. Velpeau, Cloquet? Civiale.) M. Bektkaxd de Lom adresse une nouvelle Note sur un gisement de fos- siles situé dans la Haute-Loire. « Ce gisement, connu sous le nom de Coupet, nom qui appartient proprement au volcan voisin, mérite, dit l'au- teur de la Note, une attention toute particulière de la part des géologues; car, indépendamment de la pouzzolane vraie qu'on y trouve en quantité inépuisable, indépendamment des corindons et autres gemmes que l'on y rencontre, il recèle un nombre considérable d'ossements de Mammifères grands et moyens, Pachydermes, Ruminants, Carnassiers, Rongeurs, ap- partenant la plupart à des espèces perdues. Les os du Mastodonte et ceux de l'Éléphant s'y trouvent dans des conditions toutes semblables et qui semblent de nature à prouver que ces animaux ont vécu simultanément, contrairement à l'opinion soutenue par la plupart des paléontologistes. » (Benvoi aux Commissaires précédemment nommés : MM. Delafosse, Daubrée. ) ( 455 ) M. Burq adresse un Mémoire intitulé : « Choléra. Action prophylactique du cuivre à distance ». (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) Un auteur, qui a cru à tort devoir placer son nom sous pli cacheté, en- voie de Marseille un travail très-étendu sur le choléra asiatique de i865. (Renvoi à la Commission du prix Bréant.) M. Joly adresse une Note sur la soie marine, désignant sous ce nom l'es- pèce de tissu qui revêt les œufs de certains Sélaciens. Il envoie plusieurs de ces œufs couverts de leur enveloppe, dont il croit que l'industrie pourrait tirer parti. (Commissaires : MM. Coste, Fremy.) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Instruction publique approuve le choix fait par l'Aca- démie du lundi 5 mars pour sa séance publique. M. le Directeur général des Douanes et des Contributions indirectes adresse pour la Bihliothèque de l'Institut un exemplaire du « Tableau gé- néral des mouvements du cabotage en 1 854 »> qui forme la suite et le com- plément du Tableau général du commerce de la France pendant la même année. M. le Chancelier de la Légation des Pays-Bas transmet trois nouvelles feuilles de la Carte géologique de ce royaume. M. Elie de Beaumont présente, au nom de l'auteur M. J. Bambosson, un exemplaire de la quatrième année de « la Science populaire, ou Revue du progrès des connaissances et de leurs applications aux arts et à l'in- dustrie ». chimie ORGANIQUE. — 5»?' une nouvelle classe de radicaux métalliques composés. Note de M. Berthelot, présentée par M. Balard. « J'ai entrepris de nouvelles expériences pour éclaircir la constitution des composés caractéristiques qui résultent de l'action de l'acétylène sur 5g.. ( 456 ) les sels de cuivre et d'argent. Je viens soumettre aujourd'hui à l'Académie les premiers résultats de ces recherches, me réservant de les étendre et de les développer. » I. — Les composés obtenus au moyen des sels cuivreux dérivent d'un radical métallique particulier, représenté par la formule C'GirH (i), et que j'appellerai le cuprosacétyle. » L'oxyde de cuprosacétyle répond à la formule (C'Gu2H) O. On l'obtient en précipitant le chlorure cuivreux ammoniacal par l'acétylène, et en lavant par décantation le précipité avec de l'ammoniaque concentrée, à plusieurs reprises, jusqu'à ce qu'on obtienne un produit exempt de chlore. On termine alors les lavages avec de l'eau distillée. C'est un précipité flo- conneux, rouge brunâtre, décomposable par l'acide chlorhydrique bouil- lant avec formation d'acétylène et de chlorure cuivreux, etc. Il en est de même de tous les sels qui vont suivre. Ces mêmes sels, traités par l'ammo- niaque en excès et à plusieurs reprises, finissent par se changer en oxyde de cuprosacétyle. » Le chlorure de cuprosacétyle s'obtient en mettant l'acétylène en contact avec une solution concentrée de chlorure cuivreux dans le chlorure de potassium. Le gaz est absorbé, puis donne lieu à un précipité jaune qui ne tarde pas à devenir cristallin (chlorure double de cuprosacétyle et de potassium). Ce précipité, lavé avec une solution saturée de chlorure de po- tassium, ne tarde pas à changer d'aspect : il devient orangé, pourpre, puis rouge foncé. Quand la liqueur est exempte de sel cuivreux, on termine le lavage avec l'eau distillée. Le chlorure de cuprosacétyle est insoluble, d'un rouge plus foncé que l'oxyde, décomposable par l'ammoniaque avec formation d'oxyde, par l'acide chlorhydrique bouillant avec régénération d'acétylène, etc. — Le chlorure cuproso-ammonique donne lieu d'abord à un chlorure double, puis au même composé. » Uoxychlorure de cuprosacétyle peut être obtenu en précipitant par l'acétylène le chlorure cuivreux acide, saturé par un léger excès d'ammo- niaque- Ou lave le précipité avec l'eau distillée. Le corps désigné sous le nom d'acélylure cuivreux esl constitué surtout par l'oxychlorure de cuprosacétyle. (i) Ou, si l'on aime mieux, , _ '. -G-u représente ici le radical des protuscls de cuivre. ( 457 ) » Le bromure de cuprosacétyle se prépare au moyen de l'acétylène et du bromure cuivreux dissous dans le bromure de potassium. Il se forme d'abord un bromure double de cuprosacétyle et de potassium, rouge marron : en même temps que la liqueur absorbe i ou a volumes d'acétylène. Ce bromure double, lavé avec une solution saturée de bromure de potassium, se change en bromure de cuprosacétyle, d'un brun noirâtre. Le lavage est extrêmement long.— En traitant l'acétylène parle bromure cuproso-potas- sique additionné d'ammoniaque, on obtient Voxybromure de cuprosacétyle, d'un rouge foncé, semblable à l'oxychlortire. » L'iodure de cuprosacétyle est un magnifique composé rouge vermillon, beaucoup plus stable que les précédents, et qui s'obtient d'une manière analogue. Son aspect est celui de l'iodure de mercure, dont il se distingue par son insolubilité dans l'iodure de potassium. Sa formation paraît égale- ment précédée par celle d'un iodure double de cuprosacétyle et de potassium, jaune orangé. — J'ai encore obtenu un oxyiodure, rouge brique; un oxy- cyanure de cuprosacétyle, au moyen du cyanure cuivreux dissous dans l'am- moniaque (i); un sulfite basique de cuprosacétyle, au moyen du sulfite cuproso-ammonique, avec un léger excès d'ammoniaque; un sulfure de cuprosacétyle, en agitant l'oxyde avec une solution aqueuse d'hydrogène sulfuré en excès, etc. » Enfin j'ai préparé un composé chloruré, et un composé ioduré ana- logues, en faisant agir l'allylène, C6H*, sur le chlorure double cuproso- potassique, et sur l'iodure cuprosopotassique. » Entre les divers composés acétyliques que je viens de signaler et les sels de protoxyde de cuivre, existe le même parallélisme que l'on a si sou- vent signalé entre les sels des radicaux métalliques composés et ceux des métaux simples dont ils dérivent. » II. — Un parallélisme analogue se retrouve dans l'étude des combi- naisons argentiques de l'acétylène. Ces combinaisons se rattachent à un radical spécial, Vargentacétyle C4Ag2H (2), de formule semblable au cupro- sacétyle. » V oxyde d'argentacétyleiC* Ag2H)0 peut être obtenu en traitant l'acé- tylène par le nitrate d'argent ou par divers autres oxysels dissous dans l'ammoniaque, en lavant le précipité avec l'ammoniacpie, puis avec l'eau (1) Le cyanure cuproso-polassique pur ou ammoniacal n'absorbe pas notablement l'acétylène et n'en est pas précipité. (2) Ou bien encore D >. C'Ag'HJ ( 458 ) distillée, etc. C'est le composé désigné jusqu'ici sous le nom d'acély litre d'argent (i). » Le chlorure d'argentacétyle s'obtient en dissolvant le chlorure d'argent dans l'ammoniaque, en léger excès, et en faisant agir l'acétylène sur cette liqueur. On lave à l'eau distillée. C'est un précipité blanc caséeux, analogue au chlorure d'argent. L'acide nitrique le décompose à l'ébullition, en pro- duisant du chlorure d'argent, sans dissoudre une proportion notable d'ar- gent, ce qui prouve l'absence d'un oxychlorure. L'acide chlorhydrique bouillant reproduit de l'acétylène. Le chlorure double d'argent et d'am- monium ne dissout pas sensiblement et ne précipite pas l'acétylène. » Le sulfate d'argentacétyle s'obtient au moyen du sulfate d'argent ammoniacal. C'est un précipité d'un blanc grisâtre. L'acide chlorhydrique le décompose en produisant de l'acétylène; l'acide nitrique régénère de l'acide sulfurique. » Le phosphate d'argentalljle est un précipité jaune caséeux, qui s'obtient au moyen du phosphate d'argent ammoniacal. On lave à l'eau distillée. L'acide chlorhydrique le décompose en formant de l'acétylène, et du chlo- rure d'argent; l'acide nitrique régénère l'acide phosphorique. » Je ne m'étendrai pas longuement sur les conséquences qui résultent des faits que je viens d'exposer. Non-seulement ils fournissent les premiers exemples de radicaux métalliques composés renfermant de l'argent et du cuivre; mais le mode de formation de ces radicaux indique une constitution différente de celle des radicaux déjà connus. Les oxydes de cuprosacétyle et d'argentacétyle se forment, en effet, comme les bases ammoniaco-métal- liques (sels de platine de Gros, Reiset, Raewsky, sels de palladium, de cobalt de M. Fremy, de mercure de M. Millon, amidures prétendus d'or, d'ar- gent, etc.), par l'action directe d'un hydrure sur un sel métallique. Ces nou- veaux oxydes représentent, en quelque sorte, les analogues de l'oxyde d'am- monium, constitué par l'union de l'ammoniaque avec les cléments de l'eau: AzH\ C'IP. C'GuH. C'AgH. (AzII4)0. (C'Gu2H.€u)0. (C4AgH.Ag)0 (2). (1) M. Max Berend a déjà publié une analyse de ce composé, laquelle est confirmée par les miennes. (2) C'AgH étant comparé à AzH4, (C'AgH.Ag)O est comparable à la base de Reiset (Azll5. Pt)0. Divers faits, observés clans la reaction d'un excès d'acétylène, me portent à admettre l'exis- tence de plusieurs séries acétylmétalliques, celle, par exemple, d'un oxyde [(O AgH)2Ag]0, comparable à la base [(AzlTj'PtJO, c'est-à-dire [C'AgH (C'AgHAg)] O, comparable à [AzlF(AzH'Pt ;]0. ( 459) » Tandis que les alcalis organiques dérivent de l'ammoniaque, c'est-à- dire de l'hydrure d'azote envisagé comme type fondamental, par substi- tution d'un radical organique à l'hydrogène; tandis que les radicaux métalliques composés connus jusqu'à ce jour doivent être rattachés par une substitution semblable aux hydrures métalliques : Telluréthyle . . . (C4H5)2Te2 H2 Te2; Arséniéthyle . . . (C4H5)3As H3 As; Phosphoréthyle. . (C4H5)2P H2P; Cacodyle (CaH3)2As H2 As; au contraire, les nouveaux radicaux dérivent d'un hydrure-carboné, par substitution métallique du cuivre ou de l'argent à l'hydrogène : Cuprosacétyle (C*€kiH . Gu)2; Argentacétyle (C4AgH.Ag)2; Acétyle (C'rP.H)2. » Ce sont les types d'une nouvelle classe de composés, dérivés des car- bures d'hydrogène, et qui me paraissent devoir se multiplier. » chimie ORGANIQUE. — Réponse à une réclamation de priorité de M. De Wilde, relative à l'acétylène; par M. Berthelot. « Pour mettre l'Académie à même d'apprécier la réclamation de M. De Wilde, je demande la permission de reproduire la Note même de ce savant, laquelle m'était restée inconnue (i). — Après avoir exposé diverses tentatives infructueuses qu'il a faites pour découvrir un procédé facile de préparation de l'acétylène, l'auteur continue en ces termes : « Lorsqu'on fait passer le gaz oléfiant à travers un tube chauffé au rouge, » il se forme toujours une certaine quantité d'acétylène, comme l'a indiqué » M. Berthelot. On devait donc prévoir que, lorsqu'un jet de ce gaz brûle, » une partie à l'intérieur de la flamme devait subir la même décomposition. » C'est ce que nous avons pu constater. Au moyen d'un mince tuyau mé- » tallique ou d'un tuyau de pipe de terre, relié à un appareil aspirateur, » nous avons puisé du gaz dans l'intérieur d'un jet d'éthylène allumé. Tou- (i) Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 2e série, t. XIX, n° i, l865. — Voir aussi le Rapport de M. Stas sur la Note de RI. De Wilde. ( 4«o ) » jours nous avons constaté la production de l'acétylène en interposant » sur le trajet du gaz aspiré un flacon contenant le réactif cuprique. — La » même expérience, répétée avec le gaz de l'éclairage, préalablement privé » d'acétylène, a donné le même résultat, comme cela était facile à pré- » voir(i). — Comment l'acétylène se forme-t-il dans ce cas? Est-ce par » l'action de la chaleur sur l'éthylène, ou bien par une combustion incom- » plète de celui-ci? Cette double cause ne pourrait-elle pas être invoquée » ici? C'est ce que l'expérience laisse dans le doute. » » Il résulte de cette Note, et je reconnais volontiers, que M. De Wilde a constaté le premier la formation de l'acétylène dans la combustion incom- plète d'un corps particulier, l'éthylène, mais sans chercher à la généraliser. Ce cas était d'ailleurs facile à prévoir, comme l'auteur le reconnaît, puisque l'acétylène est un dérivé régulier de l'éthylène, d'après mes propres expé- riences : CH4 = cm2 -+- H2. Sa production dans la combustion incomplète de l'éthylène ne conduit, à proprement parler, à aucune idée nouvelle, comme M. Stas l'a fait observer dans son Rapport. Mais la formation de l'acétylène se présente avec un tout autre caractère, lorsqu'elle a lieu aux dépens de la benzine, de la naphta- line et de tous les autres composés organiques. Sans insister d'ailleurs sur la forme saisissante que j'ai donnée à mes démonstrations expérimentales, je revendique comme m'appartenant en propre d'avoir établi cette vérité : « Que la formation de l'acétylène est un phénomène général dans les com- » bustions incomplètes. » CHIMIE MINÉRALE. — Synthèse du chlorure de thionyle; par M. Ad. Wurtz. « On sait que M. II. Sobiff a obtenu le chlorure de thionyle, par double décomposition, en traitant le gaz sulfureux par le perchlorure de phosphore. Dans cette réaction, i atome d'oxygène est échangé contre 2 atomes de chlore : S02 + I>hCl5 = SOCla + PhOCl3 (2). Chlorure Oxycbilorùr'G du thionyle. do phosphore. (1) Attendu l'existence de l'éthylène dans le gaz de l'éclairage. (a)S = 32; 0 = iG; Cl = 35,5. ( 46« ) » D'après mes expériences, le chlorure de thionyle prend naissance par la combinaison directe de l'acide hypochloreux anhydre avec le soufre. Une molécule d'anhydride hypochloreux se fixant sur i atome de soufre, il se forme une molécule de chlorure de thionyle : Cl2() + S = SOCl2 Anhydride Chlorure hypochloreux. de Ihionyle. » Pour réaliser cette synthèse, je dirige la vapeur de l'anhydride hypo- chloreux dans du sous-chlorure de soufre SCI2, tenant du soufre en sus- pension, et j'interromps l'opération avant cpie celui-ci ait entièrement disparu. Il est facile de séparer par distillation fractionnée le chlorure de thionyle du sous-chlorure de soufre. Le premier bout à 78 degrés, le second à i3o, degrés. J'ai obtenu ainsi des quantités notables de chlorure de thio- nyle. Pur, ce corps constitue un liquide incolore, fortement réfringent, doué d'une odeur irritante rappelant à la fois celle du gaz sulfureux et celle du chlorure de soufre. Sa densité à o degré est égale à 1 ,675.1! bout, d'après mes expériences, à 78 degrés sous la pression de om,746. Versé dans l'eau, il tombe d'abord au fond et se décompose ensuite rapidement, à la manière du protochlorure de phosphore, en acide chlorhvdrique et en gaz sulfureux : SOCi2 + H20 = 2HCI H- SO2. » L'action de l'anhydride hypochloreux sur le soufre est tellement éner- gique, que l'anhydride liquide fait immédiatement explosion lorsqu'on y projette du soufre. De là la nécessité de tempérer la réaction en délayant le soufre dans un liquide inerte tel que le sous-chlorure de soufre, qu'on refroi- dit à — 12 degrés pendant toute la durée de l'expérience. Je me suis d'ail- leurs assuré que le chlorure de thionyle prend aussi naissance, en petite quantité, lorsqu'on fait arriver la vapeur d'anhydride hypochloreux sur de la fleur de soufre fortement refroidie, ou dans du sulfure de carbone chargé de soufre. Indépendamment du chlorure de thionyle on obtient toujours du chlorure de soufre. » J'ajoute que ces expériences ne sont pas exemptes de danger. Je les ai faites d'abord en condensant l'anhydride à l'état liquide, et en entraînant ensuite la vapeur à l'aide d'un courant rapide de gaz carbonique sec que je dirigeais sur du soufre. J'y ai renoncé, à cause de l'instabilité de l'anhydride hypochloreux qu'on ne peut pas conserver au delà de quelques heures. C. R. 1S66, i« Semestre. (T. LXII, N° 9.) Go ( 46'2 ) Liquide et refroidi à — 12 degrés, il ne détone pas subitement, niais se dé- compose dans l'espace de quelques secondes avec un vif bouillonnement. Sa vapeur fait explosion avec une violence extrême et sous les influences les plus légères, ainsi que M. Pelouze l'a fait remarquer. » Il est donc démontré que l'anhydride hypochloreux Cl20 peut se fixer directement sur des corps jouant le rôle de radicaux, et l'on pourrait tenter, à ce sujet, bien des expériences. Rappelons, en terminant, que cette propriété de l'anhydride est en harmonie avec les faits si importants décou- verts par M. Carius concernant la fixation de l'acide hypochloreux H CIO sur certains hydrogènes carbonés. » MÉCANIQUE. — Sur des expériences relatives à la théorie de la houle de mer. Note de M. A. de Caligxy. « En 1861, i8(j3 et 1864, j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie des expériences d'où il résulte que les déplacements à la surface et au fond de l'eau d'un canal (les observations étant faites avant et après le passage des ondes, dites courantes, produites par le mouvement alternatif vertical d'un corps de certaines dimensions) cessent à une très-grande distance de l'origine d'être assez sensibles pour qu'on soit sûr de leur réalité. En 1 8^3, j'avais présenté un Mémoire, publié dans les Comptes rendus, où j'expli- quais comment le mouvement de va-et-vient qui a engendré des ondes cou- rantes, n'ayant pas toujours été rigoureusement vertical, il en était résulté des ondes secondaires de l'espèce dite solitaires ou de translation, qui se mêlaient aux premières, dont elles faisaient quelquefois courber les som- mets en volute. Il en résultait qu'il tombait de l'eau dans les creux, et qu'une partie de la force vive était employée en percussions. On conçoit que ces déversements peuvent finir par purger en quelque sorte les ondes courantes de ces ondes secondaires; de sorte que le système peut, en défi- nitive, n'avoir qu'un mouvement de translation réelle extrêmement faible. » Il s'agit maintenant de tirer parti de ces faits pour se former une idée de la houle en mer, quand il n'y a plus de vent depuis un certain temps. Je ferai remarquer d'abord que dans les circonstances où j'ai pu faire des observations sur les vagues, tant en mer que sur des fleuves ou de grandes pièces d'eau, il n'y a jamais de progression à la surface sans un mouvement de recul allcrnalil Ires-prononcé, même contre la direction du venl, du moins quand les vagues observées sont assez, loin du rivage. Cela se con- ( 463) çoit facilement, puisque les exhaussements occasionnés par le vent ne se font, en définitive, qu'au moyen de l'eau enlevée aux creux. « On admet généralement, je crois, d'après La Coudraye, que la force du vent est ordinairement peu de chose par rapport au poids des flots. Si l'on supose que ceux-ci soient encore d'une petite hauteur, telle, en un mot, qu'à l'époque considérée le transport horizontal réel qui peut être occasionné par le vent ne soit pas hien grand, et que ces flots ne puissent augmenter de hauteur qu'en vertu de la même force, la composante hori- zontale de cette dernière lendra à engendrer des ondes dites de translation, c'est-à-dire probablement analogues à celles dont j'ai montré comment les ondes courantes d'un canal factice avaient pu être purgées de manière à ne plus conserver de traces bien sensibles de transport réel. » Voici d'ailleurs un moyen très-simple d'étudier les effets du déverse- ment dont il s'agit. Il suffit de prendre un soufflet de chambre ordinaire et de le faire agir alternativement en inclinant convenablement le tuyau de sortie de l'air sur le niveau de l'eau d'un réservoir. On voit ainsi creuser le niveau; l'eau qui sort du creux s'accumule en avant, et la crête de l'onde se brise; la hauteur des ondes diminue très-rapidement en avant du tuyau dont le vent a engendré la première. De chaque côté de cette onde et en arrière, il se produit des courants faciles à observer au moyen des petits corps flottants qui se dirigent vers elle. Il n'est peut-être pas sans intérêt de remarquer que si l'on fait une expérience semblable dans une cuvette de grandeur convenable et de forme analogue à une calotte sphérique, on voit le mouvement d'ondulation s'accroître graduellement de manière à donner quelque idée de l'accroissement graduel des vagues sous la force du vent qui les engendre. J'ai d'ailleurs souvent remarqué, comme bien d'autres l'ont fait sans doute, qu'un vent violent ne fait d'abord que rider la surface d'une pièce d'eau. » Mais si les effets précités du déversement sont faciles à concevoir, il n'en est plus ainsi des effets qui se présentent lorsque, sous l'action d'un vent assez prolongé, les ondes ne se brisent pas encore, quoiqu'elles soient entremêlées. Il semble rationnel de conclure de l'empiétement de ces ondes les unes sur les autres, que les creux, éléments de mouvement oscil- latoire, étant plus ou moins occupés par suite de cet empiétement, cela peut servir à expliquer pourquoi les ondes n'augmentent pas plus de hau- teur qu'elles ne le font sous l'action constante d'un vent parallèle à l'axe d'un canal tel que celui du parc de Versailles; d'autant plus que les effets de la réaction de l'extrémité du canal ne m'ont point paru dans ces cir- 60.. ( 464 ) constances se propager à une Ires-grande distance en amont pendant la durée du vent. » Après la cessation du vent, quand un canal est terminé par un plan vertical perpendiculaire à son axe, j'ai remarqué un effet intéressant qui distingue bien les effets de la réaction de ce plan de ceux de l'empiétement mutuel des ondes sous l'action d'un vent suffisamment prolongé. Une série d'ondes parallèles au plan vertical contre lequel se sont réfléchies les ondes revient en sens contraire de la direction qu'avait celui-ci ; mais il est bien à remarquer que chaque onde s'étend comme une barre sur toute la lar- geur du canal, si cette surface de réflexion n'est pas courbe, quoique les ondes qui avaient été formées par le vent fussent entremêlées. Quand le plan vertical terminant le canal dans la direction du vent n'est pas perpen- diculaire à l'axe de ce canal, la réflexion des ondes peut èire observée à une assez grande distance, si l'angle de ce plan avec cet axe est suffisant. Lorsque ces ondes réfléchies arrivent dans une région abritée contre le vent par un promontoire, elles se propagent alors comme des barres régulières et parallèles dans cette région abritée. » Ce que j'ai dit sur les effets de l'empiétement des ondes soumises à l'action du vent m'a paru intéressant à signaler, mais ne peut être inter- prété qu'avec une extrême réserve, à cause de ce qu'on sait sur la manière dont certaines ondes élevées et déprimées peuvent se traverser sans se dé- truire, même quand elles marchent en sens contraire. » Quant au déversement du sommet des ondes, il me parait utile de remarquer, abstraction faite même de ce que j'ai dit sur les effets des ondes secondaires de translation, comment le sommet des ondes donne plus de prise au vent que le reste de leurs tranches. Il est clair qu'ils y donnent plus de prise que les creux. Mais, abstraction faite de ce qu'on voit au premier aperçu d'après l'abri mutuel que peuvent se prêter les vagues, on conçoit que la composante horizontale du vent agit pendant une durée d'autant plus longue sur les tranches d'une vague, que ces tranches sont plus élevées. Il est clair que la dernière qui sort à la base de la vague, ou la dernière, en un mot, qui se trouve découverte, ne peut recevoir l'action de cette compo- sante que pendant un temps très-courl à chaque période. On voit donc que le sommet des ondes formées par le vent renferme une cause essen- tielle de déversement, dont on conçoit, d'après ce qui a été dit plus haut, les effets sur la diminution du transport réel. » Cela s'accorde d'ailleurs avec ce que M. le commandant Cialdi, auteur d'un ouvrage sur les ondes, dont la première édition a été présentée à l'A- ( 465 ) cadémic en 1857, et dont la seconde édition, beaucoup pins étendue, est sur le point de paraître avec diverses notes dont je suis l'auteur, a bien voulu me communiquer sur les effets des vagues en pleine mer. En effet, si j'ai bien compris ce que ce savant officier de marine m'a écrit en italien, il pense qu'en pleine mer l'onde proprement dite se brise rarement, que c'est seulement la partie supérieure, c'est-à-dire la crête, qui se brise sou- vent, ainsi que les petits flots qui recouvrent toute la superficie de l'onde. Quant à la masse en ondulation, elle ne se brise, selon lui, comme elle le fait au rivage, que clans des cas extraordinaires. » Cette Note a seulement pour but une étude de transformations de mouvement. Quant à mes observations directes sur le mouvement de pro- gression réelle à la surface des ondes réfléchies par un plan vertical après la cessation du vent, leur interprétation est assez délicate. On conçoit, en effet, que l'eau a dû s'accumuler dans la direction du vent, après la cessa- tion duquel il y a nécessairement un mouvement réel de retour. Aussi je me propose de varier les études sur ce sujet pendant la durée du vent, au moyen de la simultanéité du mouvement des ondes dans sa direction, et des ondes réfléchies par un plan oblique à cette direction, sur lesquelles j'ai donné plus haut quelques indications. Abstraction faite d'ailleurs de la question du transport réel, il n'est peut-être pas sans intérêt de remarquer que le courant apparent, pendant la durée d'un vent suffisamment pro- longé, se comporte d'une manière analogue à un courant réel, quant au mode de divergence, lorsque le canal débouche dans une partie évasée, comme on peut l'observer dans le parc de Versailles quand la direction du vent est convenable. » G1ÎOI.OGIE. — Sur l'éruption volcanique de Sanloiin et les phénomènes qui [ont accompagnée dans le reste de la Grèce. Deuxième Lettre de M. Fit. Lenormant à M. Ch. Sainte-Claire Deviile. « Les nouvelles de Santorin apportées par le dernier courrier vont jus- qu'au g février. La nouvelle île, située un peu plus au sud dans le canal, entre les deux grandes Kamménis, et un peu plus près du port Voulcano que ne le portaient les premières indications, atteignait le 9 dans la journée 140 mètres de longueur, 65 de largeur et environ 45 de hauteur. Elle rejoi- gnait presque Néa-Kamméni, à laquelle elle tendait à se relier rapidement. Le soulèvement avait paru s'arrêter le 7, mais il avait repris le 8 entre 9 et 10 heures du matin avec une grande activité, et il continuait toujours au ( /166 j départ du courrier. Le violent bruit .souterrain des premiers jours avait entièrement cessé, et ce n'était qu'en approchant extrêmement près du nouvel ilôt, baptisé déjà du nom d'île du roi Georges, que l'on entendait encore un sourd mugissement, analogue à celui de la chaudière d'une machine à vapeur. » Le nouvel îlot s'élève en cùne. Il est formé d'une roche volcanique absolument noire et pareille à celle qui constitue Pahva-Kamméni, ftlicra- Kainméni et les portions de Néa-Kamméni apparues postérieurement au premier massif ponceux. De très-nombreuses fissures qui s'entre* croisent et sont dirigées, les unes de l'ouest à l'est, et les autres du sud au nord, laissent apercevoir un noyau de matières incandescentes à l'intérieur. De temps à autre, ces matières se font jour en petite quantité par les fissures; au contact de l'air extérieur, elles se refroidissent rapidement et prennent une couleur noire. Dans son Rapport au préfet des Cyclades, le sous-préfet de Santorin, M. Nakos, dit que, par suite de ces fissures, l'ile du roi Georges a dans la nuit l'aspect d'un immense amas de charbon qui brûlerait par en dessous. La chaleur des roches extérieures de l'îlot est très-grande et va en décroissant de la base au sommet. » Par les fissures se dégagent des vapeurs si intenses, qu'elles en- veloppent toute l'île de Sautorin d'un nuage épais, à tel point que de quelque distance en mer on ne la distingue plus. Ces dégagements gazeux semblent avoir changé plusieurs fois de nature depuis le début du phéno- mène. Pendant les premiers jours, ils exhalaient une odeur sulfureuse insup- portable et étaient devenus un véritable supplice pour les habitants de Santorin. Dans la nuit du G au 7, le nouvel îlot s'est montré presque entiè- rement couvert de petites flammes qui s'échappaient des fissures. Dans u\) Rapport au sous-préfet, en datedu 7, M. leDrDecigallas dit que ces flammes « étaient évidemment produites par des dégagements de gaz combustibles, » au milieu desquels une action mécanique projetait d'imperceptibles mole- » cules de matière incandescente. Ces molécules coloraient les flammes en » rouge à leur base, mais à leur sommet elles étaient bleuâtres comme » celles d'un gaz en combustion. » La même circonstance ne s'est pas re- produite depuis; et, dans les journées des Set 9, les vapeurs qui s'élevaient de l'îlot étaient devenues d'une nature tics-humide, n'ayant plus qu'une fort légère odeur sulfureuse. D'après les observations de M. le Dr Decigallas, la température de ces dégagements gazeux, à leur sortie des fissures, est de Go degrés Réanmur à la base, de Zj5 à mi-hauteur et de 22 au sommet. » L'affaissement de Néa-Kamméni, qui s'était arrêté le 2 au momen de i 467 ) l'apparition du nouvel îlot, a repris dans la journée du 8 avec une très- grande rapidité. Le 9, au départ du courrier, il était en tout de 6 mètres. Outre la rupture qui, dés le Ier, avait séparé du corps de l'île un des promontoires du port Voulcano, une nouvelle grande crevasse s'est pro- duite, qui part du port Saint-Georges, et, passant par le point culminant de Néa-Ramméni dans la direction de l'ouest à l'est, coupe l'île exactement en deux. La partie au nord de cette crevasse ne paraît subir aucune action du phénomène actuel. La portion située au sud est au contraire toute sillonnée de fissures produites dans les derniers jours, les unes allant de l'ouest à l'est, les autres du sud au nord, d'où s'exhalent en grande quantité des vapeurs pareilles à celles qui sortent de la nouvelle île. » Dans toute l'étendue de la rade de Santorin, les eaux de la mer ont une couleur blanc de lait, qui atteste la présence de dégagements sous- marins de gaz sulfureux dans toutes les parties de ce vaste cratère. Le 7, cette coloration s'était presque dissipée, mais elle a repris, plus intense que jamais, le 8 au soir. Autour du nouvel îlot et dans tout le canal entre Néa- Ramméni et Palœa-Ramméni, le bouillonnement des flots n'a fait qu'aug- menter du a au 9; la chaleur des eaux est telle, que l'on ne peut pas y tenir la main. L'échauffemeut et le bouillonnement des eaux ne sont pas, du reste, limités sur ce point; ils se continuent tout au travers de la rade, sui- vant une ligne droite qui, du nouvel îlot, va aboutir à la pointe méridionale de l'île de Santorin. Les officiers du bateau à vapeur de la Compagnie hellé- nique de navigation qui a passé la journée du 8 a Santorin, joints à ceux de la canonnière de la marine royale Salaminict, ont fait sur cette ligne une série de sondages. D'après le Mercure, journal de Syra, ils auraient trouvé sur tout son parcours la hauteur du fond très-diminuée, comme s'il s'y pro- duisait un soulèvement graduel. Le 9, au moment du départ du courrier, le bouillonnement, depuis quelques heures, était devenu tel dans le canal entre Néa-Ramméni et Palœa-Ramméni, sur une ligne allant droit de l'une à l'autre de ces. îles, que la population de Santorin s'attendait généralement à y voir apparaître de nouveaux rochers. » Le gouvernement hellénique, par suite de ces faits, a envoyé à San- torin, pour étudier le phénomène, une Commission scientifique composée de MM. Mitsopoulos, professeur de géologie à l'Université d'Athènes, Christomanos, prival-docenl de chimie, Julius Schmidt, directeur de l'Ob- servatoire, et Bouyoukas, ingénieur des Mines. La Commission a dû arriver le 10 sur les lieux et commencer immédiatement ses observations. » Le soulèvement dont la rade de Santorin est ainsi le théâtre, et qui ( 468) paraît devoir prendre encore un plus grand développement, n'est pas un phénomène isolé. Il se rattache à tout un vaste ensemble de faits volca- niques, qui mériteront une étude attentive et une constatation très-précise de la part du savant missionnaire envoyé par l'Académie. » Le 7 février, à ih45m de l'après-midi, on a ressenti, à Patras, un fort tremblement de terre dont les secousses ont duré vingt secondes. Elles allaient presque exactement de l'ouest à l'est. Légères au début, elles sont devenues violentes et continues dans les dix dernières secondes. Elles étaient accompagnées d'un bruit souterrain, pareil au roulement du tonnerre. « Il » n'y a pas eu de morts à déplorer, dit V Âtni du Peuple, de Patras, mais bon » nombre de maisons ont été renversées. » )> Le même jour et à la même heure, le tremblement de terre a été éga- lement ressenti à Tripolitza, en Arcadie. Les secousses ont duré de même vingt secondes, légères d'abord, puis augmentant d'intensité et causant de nombreux dégâts matériels. On a observé aussi, en ce lieu, qu'elles suivaient une direction presque exacte de l'ouest à l'est. Pour donner une idée de la force de la secousse, le journal V Arcadie raconte « qu'un berger, qui se » tenait debout sur un rocher en gardant son troupeau tout auprès de la » ville, a été renversé par le choc. » » On écrit de Chios au Siècle d'Athènes : « Les violentes secousses de » tremblement de terre, qui depuis quelque temps désolaient notre île, » ont cessé ces jours derniers, après qu'un bouillonnement très-fort, accom- » pagné de la sortie d'une épaisse colonne de fumée, s'est produit au milieu » de la mer entre l'île et le continent opposé. Cependant nous avons res- » senti une nouvelle secousse assez violente de l'ouest à l'est, le 2 février, » jour où le nouvel îlot de la rade de Santorin sortait des flots. » » Enfin la Clio, journal grec de Trieste, annonce, sur le rapport du com- mandant du dernier vapeur du Lloyd autrichien desservant la ligne de Constantinople, arrivé à Trieste, qu'à la suite d'un fort tremblement de terre qui aurait été ressenti, le 7, dans toute la Laconie, un écueil sous-marin, inconnu jusqu'alors, serait apparu entre l'île de Cérigo et le cap Malée. » « A la suite de cette communication, M. Cw. Sainte-Claire Deviixe annonce à l'Académie : en premier lieu, que M. Fouqué a quitté Marseille le samedi 2/4 de ce mois, qu'il sera à Athènes le ier mars, et sans doute le 2 ou le 3 à Santorin; en second lieu, que S. M. l'Empereur a bien voulu autoriser M. François Lenormant à se rendre aussi sur les lieux sous ses auspices. » ( 469) chimie. — Sur le soufre noir; par M. Nickles. « En faisant connaître certains verres jaunis par le soufre, et qui de- viennent bruns quand on les chauffe pour redevenir jaunes par le refroi- dissement (Comptes rendus, t. LXII, p. 35a), M. Splitgerber explique ce phé- nomène en admettant que, sous l'influence de la chaleur, le soufre que le verre contient passe dans la modification noire qu'un savant a décrite il y a une dizaine d'années comme une modification allotropique de ce corps simple. Si rien n'empêche, théoriquement du moins, d'admettre cette ingé- nieuse explication, il convient néanmoins de faire remarquer que ledit soufre noir n'a pas encore été préparé, et que ce qui a été considéré comme tel n'est autre chose que du soufre ordinaire accidentellement coloré par une matière organique. J'ai fait voir, en effet, dès 1860 (Journal de Phar- macie, t. XXXVIII, p. 117), qu'il suffit de très-peu de matière grasse ou de résine pour communiquer au soufre une coloration plus ou moins foncée; je dois ajouter que, jusqu'à ce jour, je n'ai pas vu une seule espèce de soufre d'un brun permanent qui fût exempte de carbone. » Y aurait-il déjà de ce dernier dans le verre particulier dont parle M. Splitgerber? C'est ce qu'il ne m'appartient pas de décider. » C'est, paraît-il, avec du.soufre ainsi coloré qu'on fabrique des médailles, très-friables il est vrai, mais d'un beau brun, qui circulent dans le commerce, et c'est en examinant une de ces médailles que j'ai reconnu la présence des matières organiques. » Le soufre noir actuellement connu n'est donc pas une modification allotropique : c'est du soufre ordinaire coloré par une substance fortement carbonée telle qu'en produisent les résines ou les corps gras. » « M. Ch. Saixte-Claire Deville rappelle, à cette occasion, que notre illustre Associé étranger, M. Mitscherlich, était aussi de son côté, depuis plusieurs années, arrivé à la même conclusion que M. Nicklès, Lui-même, dans ses recherches sur le soufre insoluble, avait à plusieurs reprises obtenu ce soufre noir; mais, y soupçonnant toujours la présence de matières car- bonées, il n'avait pas cru en devoir faire mention dans son Mémoire. » 0. R., 18G6, Ier Semestre. T. LXII, N° 9.) Oi ( 47°) paléontologie. — Marteaux en pierre des anciens Américains, pour l'ex- ploitation des mines de cuivre et d'argent natifs du lac Supérieur. Leltre de M. J. Marcou à M. Élie de Beaumont. « Je vous prie de mettre sous les yeux de l'Académie deux marteaux en pierre, dont l'un est remarquable parce qu'il est emmanché. » On a trouvé depuis longtemps, dans les anciens travaux d'art si remar- quables des vallées de l'Ohio et du Mississipi, des instruments en cuivre et en argent natifs, forgés à froid, sans aucun mélange des molécules d'argent avec celles de cuivre. » Les découvertes des mines de cuivre du lac Supérieur sont venues indi- quer les gisements d'où provenaient ces métaux, et d'anciennes exploitations faites par les aborigènes avant l'arrivée des Européens ont été rencontrées et même mises à profit, comme l'a indiqué le Dr Charles T. Jackson dans son remarquable relevé géologique de la partie méridionale du lac Supé- rieur [voir le Message du Président des États-Unis pour 1 849; Washington). » Dans une de ces exploitations, qui porte le nom de Mine de la Compa- gnie du Nord-Ouest, à la pointe Rievenau, des puits ou plutôt des tranchées ayant de 2 à 3 mètres de profondeur, et s'étendant sur des longueurs de 20 à 4o mètres, indiquent que cette localité a été exploitée en grand, par les Indiens. On trouve dans ces anciens travaux un assez grand nombre de marteaux en pierre, de forme ovale ou elliptique, du poids assez considé- rable de 2 à 3 kilogrammes, et formés de roches très-dures comme la lep- tynite, le quartz et le porphyre, et qui proviennent des places du lac Supé- rieur. Celui que je vous prie de montrer à l'Académie et que j'ai recueilli en 1848 est formé de trap leptynite; il est d'une (orme ellipsoïde plus régu- lière que la plupart des formes que l'on rencontre, et il possède comme tous ces marteaux un sinus en creux ou rainure qui le divise en deux parties, et qui servait à le fixer dans un manche. » Comme ces marteaux sont lourds et difficiles à manier, qu'on les em- ployait à briser des roches très-dures, et que l'on n'a pas rencontré dans ces anciennes mines un seul exemplaire avec le manche, on ne savait pas exactement le moyen employé par les Indiens pour les fixer et en faire usage. » Au mois d'août 1 853, lorsque je traversais les prairies au nord du Texas, j'ai eu le bonheur d'obtenir des Indiens Kioways, qui sont une branche de la tribu des Com manches, un de ces marteaux en pierre avec le (47< ) manche. Les Indiens Commanches sont les plus barbares et les plus sau- vages de tout le continent de l'Amérique du Nord; ils n'ont jamais eu que très-peu de rapports avec les blancs, et il est évident que plus que toutes les autres tribus ils ont échappé à l'influence civilisatrice, et qu'ils ont con- servé presque intacts les ustensiles et les outils primitifs de l'homme amé- ricain. » Ce marteau, qui est en quartz et qui pèse environ 2 kilogrammes, a beaucoup servi, comme le montre une des extrémités fortement ébréchée. Il est entouré par un nerf de bison, qui est enveloppé et retenu sous la rai- nure au moyen d'une large bande de peau de bison qui a été cousue lors- qu'elle était encore fraîche, afin qu'elle put, en se séchant, fortement serrer le nerf et le marteau, et constituer pour ainsi dire un fourreau ou gaine ayant les formes exactes du manche et de la pierre, et qui ne laisse à découvert que les deux extrémités ou tètes du marteau. » Un certain nombre de nos haches gauloises, celtiques et anté-histori- ques, ont dû être emmanchées de la même manière, et c'est surtout à ce point de vue que j'appelle votre attention et celle de l'Académie sur ce mar- teau en pierre d'une des tribus indiennes du pied oriental des montagnes Rocheuses. » M. G. de Mortillet rappelle à l'Académie qu'il lui a envoyé la première année de sa publication intitulée : « Matériaux pour l'histoire de l'homme » : se proposant de continuer cet envoi, il espère que l'Académie voudra bien en retour lui faire don dorénavant des Comptes rendus hebdomadaires de ses séances. (Renvoi à la Commission administrative.) M. Carrère adresse une Note renfermant une rectification et un dévelop- pement de la dernière partie de son Mémoire sur la réduction à une forme simple de l'équation générale des surfaces du second degré. (Renvoi aux Commissaires précédemment nommés : MM. Serret, Bonnet.) Mme Marion Churchill envoie de Boston trois pièces imprimées concer- nant la nature et le traitement du choléra; elle annonce avoir adressé l'une de ces pièces à l'Académie au mois de novembre dernier, et prie qu'on lui fasse savoir, si cela est possible, l'époque précise à laquelle elle a été reçue. Il lui importerait, dit-elle, également de connaître la date de la présentation ( 47* ) d'une Note manuscrite de Mme de Castelnau qui fait jouer, comme elle, à cer- tains petits animaux ailés un rôle dans la production du choléra. A 5 heures un quart l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures trois quarts. E. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 26 février 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Direction générale des Douanes et des Contributions indirectes. Tableau géné- ral des mouvements du cabotage pendant Tannée i86/j. 1 vol. in-4°. Paris, Imprimerie impériale, 1 865. De la foudre, de ses formes et de ses effets; par M. F. SlîSTlER, complété par M. C. Méhu. Paris, 1866; 2 vol. in-8°. (Présenté par M. Cloquet.) Eludes zoologiques sur les Crustacés récents de la famille des Cancériens; j>ar M. Al. Milne Edwards. ire partie: Cancérides, Pirimélides, Carpilidcs. 1 vol. in-4° avec planches. (Présenté par M. Blanchard.) De la contagion en général, en particulier du mode de propagation du ebo- léra-morbus et de sa propbjlaxie ; par M. Bonnet. Paris, 1866; br. in-8°. (Benvoyé à la Commission du legs Bréant.) (Présenté par M. Passy.) La Science populaire; par M. BamiîOSSON. 4e année. Paris, 18G6; 1 vol. in-12. Manuel pratique et élémentaire d'analyse chimique des vins; par M. Ed. Bo- hinet fils. Épernay et Paris, 186G; br. in-8°. 2 exemplaires. Rapport historique et statistique sur les épidémies de choléra-morbus V, d'V, d2V\ elle sera satisfaite si l'on pose d-V d2V d'V ctx2 ely2 riz- TT __ d2V, d2U, d'V, et, en admettant la valeur de V ainsi définie, les courbes ayant pour équations U = ce, U, = (i seront isothermes pendant toute la durée du refroidissement, et il est clair qu'elles ne sont, en général, ni des cercles, ni des hélices, comme le vou- drait l'analyse, fort habilement exposée d'ailleurs, dans le Mémoire présenté au Concours. En résumé, la Commission pense qu'il n'y a pas heu à décerner le prix, et elle propose de remettre la question au Concours pour l'année 1867. 6a,. ( 4?6 ) PRIX D1 ASTRONOMIE, FONDATION LALANDE. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1865. (Commissaires : MM. Mathieu, Delaunay, Liouville, Paye, Laugier rapporteur.) Il y a bientôt vingt-sept ans que la découverte de Daguerre est connue, admirée et exploitée dans le monde entier. Grâce à un grand nombre de travaux distingués, d'importants perfectionnements ont été réalisés, et cette belle invention a fini par donner naissance en quelque sorte à une nouvelle branche d'industrie. Les sciences d'observation, l'Astronomie entre autres, n'ont pas tardé à lui devoir de notables progrés. Nous n'entreprendrons pas d'exposer dans ce Rapport les titres des astronomes et des pbysiciens qui ont contribué à ces progrès; seulement nous allons faire connaître en quelques mots ceux qui ont signalé l'un d'eux, M. Wairen de la Rue, au choix de la Commission du prix Lalande. Il y a dix-huit ans que M. Warren de la Rue a établi son observatoire privé àCranford, près de Londres, et depuis quinze ans environ il s'est spé- cialement livré à l'étude de la photographie céleste. L'instrument qu'il a employé dans ses laborieuses et délicates recherches est un télescope de 1 3 pouces anglais d'ouverture, monté sur un pied parallactique mû par une horloge et construit sous sa direction d'après ses dessins. Les belles photographies lunaires que M. de la Rue a fait connaître au monde savant prouvent le degré de perfection de son grand appareil sous le double rap- port optique et mécanique. A l'aide du mécanisme d'horlogerie, il peut modifier le mouvement de sa lunette, et lui faire suivre exactement les va- riations de la vitesse de la Lune. En perfectionnant les procédés chimiques employés pour la préparation de la surface sensible, il est parvenu à ré- duire notablement la durée de l'exposition de cette surface à l'action des rayons lumineux. Enfin tour à tour opticien, mécanicien, chimiste et astro- nome, M. de la Rue a eu la satisfaction de voir ses efforts couronnés de succès. Les images photographiques de la Lune qu'il a obtenues à diverses reprises sont d'une perfection telle, qu'elles peuvent supporter l'amplifica- tion considérable de 30 pouces anglais en diamètre; et elles se prêtent à des mesures micrométriques si exactes, qu'elles ont fourni des données précises pour la mesure de lalibration. (477) Dans les séances mémorables de l'Académie des Sciences où Arago rendit compte des procédés de Daguerre, il énumérait les applications que l'As- tronomie pourrait en faire un jour, et déjà, d'après la première épreuve de la Lune que Daguerre avait obtenue sur sa demande, il prédisait qu'on ferait des cartes photographiées de notre satellite. Cette prévision se réalise en ce moment : les belles épreuves de M. de la Rue sont employées comme fondements de la grande carte de la Lune de 6 pieds anglais de diamètre entreprise sous les auspices et d'après les ordres de l'Association Britan- nique pour l'avancement des sciences. Il est parvenu à produire des vues stéréoscopicpies lunaires qui peuvent faire connaître exactement les hau- teurs et les dépressions relatives des ravins, plateaux et ondulations dont la surface de la Lune paraît sillonnée. Ajoutons que M. de la Rue a éga- lement obtenu des épreuves photographiques de Saturne, de Jupiter, de Mars et de quelques étoiles. Ces beaux travaux de photographie céleste suggérèrent en Angleterre l'idée d'établir à l'observatoire de Rew un instrument spécial, et ce fut naturellement à M. de la Rue qu'on en confia la direction. Depuis i8j8 qu'il est installé, l'appareil héliographique de Rew a donné plusieurs ré- sultats importants. Lors de l'éclipsé totale de Soleil de 18G0, il fut emporté en Espagne par M. de la Rue à la demande de la Société royale Astrono- mique, et cet habile astronome put prendre une série d'épreuves de l'éclipsé avant, pendant et après la disparition totale du Soleil. Des mesures, effec- tuées sur ces épreuves à l'aide d'un micromètre inventé par M. de la Rue, furent soumises au calcul, et la discussion montra cpie les changements angulaires des proéminences lumineuses par rapport à la Lune s'accordent avec l'hypothèse de leur adhérence au Soleil; que l'apparence des flammes ne varie qu'en raison du déplacement de la Lune, et ne subit aucune autre altération; de sorte que lorsque le mécanisme d'horlogerie est ajusté sur le mouvement du Soleil, les flammes paraissent immobiles. Enfin la compa- raison des photographies de l'éclipsé obtenues à Rivabellosa, où observait M. de la Rue, avec celles que le P. Secchi obtint au Desierto de 1ns Palmas, montra l'identité des proéminences observées aux deux stations, en tenant compte bien entendu des effets de la parallaxe dus à la différence des sta- tions; établissant ainsi qu'aucune modification ne survient dans la forme des proéminences pendant un laps de temps beaucoup plus long que la durée de l'éclipsé totale, puisque, dans ces deux stations, le phénomène se produisit à un intervalle de sept minutes. En 1859, M. delà Rue obtint des vues stéréoscopiques du Soleil en profi- ( 478 ) tant de son mouvement de rotation sur son axe, et ces vues des taches et des facules permettent d'étudier les positions relatives des parties qui com- posent la photosphère. Il a montré également la possibilité d'obtenir, par l'action de la lumière seule, des plaques pouvant imprimer avec les encres ordinaires d'imprimerie les épreuves photographiques de la Lune et du Soleil. Depuis i863 l'appareil héliographique de l'observatoire de Kew fonc- tionne sans interruption, et les épreuves quotidiennes sont relevées et dis- cutées sous la direction de M. de la Rue. Enfin, sur la demande du gouver- nement russe, un second appareil du même genre a été établi à Wilna, et le directeur de cet observatoire a reçu de M. de la Rue toutes les instruc- tions nécessaires pour en faire utilement usage. Conclusions. La Commission propose à l'Académie d'accorder à M.Warren de la Rue, pour l'ensemble de ses beaux travaux de photographie céleste, le prix d'Astronomie de la fondation Lalande. L'Académie adopte les conclusions de la Commission. PRIX DE MÉCANIQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. CCfflCOUBS DE 1865. (Commissaires: MM. Combes, Poncelet, Foucault, Piobert, Morin rapporteur.) La Commission du prix de Mécanique de la fondation Monlyon déclare qu'il n'y a pas lieu cette année de décerner le prix. PRIX DE STATISTIQUE FONDÉ PAR M. DE MONTYON. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 18G5. (Commissaires : MM. Roussingault, Passy, Mathieu, Dupin, Bienaymé rapporteur. ) Les Commissions auxquelles l'Académie délègue le jugement du Concours de Statistique ouvert devant elle par M. deMontyon, n'ont pas manqué de ( 479 ) signalera l'attention des concurrents un double écueil, qu'elles rencontrent presque tous les ans et qu'elles doivent éviter. D'un côté, elles peuvent être taxées de sévérité lorsqu'elles sont contraintes d'écarter des ouvragesqui ne sont pas dépourvus de mérite, mais dans lesquels les recueils d'observations n'ont rien d'original, rien qui appartienne en propre à l'auteur. Elles ont à craindre, d'un autre côté, de détourner le prix de la destination véritable que le fondateur avait en vue presque uniquement, si elles viennent à concéder ce prix à d'excellentes pièces qui ne sont point de la statistique, mais bien des dissertations plus ou moins étendues auxquelles la statistique n'a fourni que des éléments connus ou préparés antérieurement. Pour le Concours de i865, la Commission n'a pas eu cette préoccupa- tion. Elle avait sous les yeux un immense travail qui présente à la fois réu- nies les conditions d'originalité, de multiplicité des faits, de conséquences souvent immédiates, d'une persévérance dans les recherches qu'aucune dif- ficulté n'a pu arrêter, enfin d'nne exactitude consciencieuse qui ne dissi- mule aucune des erreurs restées possibles. La Commission n'a pas hésité à décerner le prix à ce remarquable travail. Il est dû à M. Chenu, médecin principal de l'armée, et il a paru en un volume de plus de 700 pages grand in-quarto, presque toutes remplies de tableaux, sous le titre de Rapport au Conseil de santé des armées sur les résultats du service médico-chirurgical dans les ambulances de Crimée, etc., pendant la campagne d'Orient. Ce titre fait voir que l'auteur s'adresse principalement au corps médical et aux administra- teurs militaires. Mais il n'est personne que ses développements statistiques ne doivent intéresser, et c'est par la statistique seule qu'il veut porter le jour sur un ensemble de faits très-importants pour le pays. Aussi s'est-il montré très-sobre de réflexions, bien qu'elles s'offrent de toutes parts à l'esprit du lec- teur. Rendre compte du service médico-chirurgical, c'était de toute nécessité retracer le pénible spectacle des horreurs de la guerre. L'auteur a su, par la gravité et la simplicité de sa parole, imprimer à son Rapport le caractère que le sujet même imposait; et cependant il a plutôt laissé parler la statistique. Pour qu'elle fût bien comprise, il l'a fait précéder d'un récit très-abrégé des faits qui ont marqué pendant trois ans la présence des armées alliées en Orient. Ce n'est qu'une simple chronique : elle est navrante. Ce n'est pas d'admiration seulement, c'est presque de respect qu'on se sent pénétré en voyant le courage, l'énergie, la constance sans égale de nos soldats lutter à la fois contre les maladies, les froids les plus vifs et les obstacles sans cesse renaissants d'une défense héroïque. Tout le monde sait comment dès le début le choléra envahit l'armée française; plus tard le typhus vint ( 48o ) ravager à la fois le camp et les hôpitaux. La guerre, quelque meurtrière que la rende la précision des armes récemment inventées, a moins enlevé d'hommes que les maladies et les intempéries qui ont régné pendant le long siège de Sébastopol. Il suffira de dire à cet égard que le nombre des soldats tués sur le champ de bataille n'est que de 10240 sur un total de 95625 dé- cès. L'armée française, à laquelle ces nombres se rapportent, a vu successi- vement passer dans ses rangs 309268 hommes, et l'effectif, d'abord inférieur à 3oooo, ne s'est élevé jusqu'à iSoooo que dans les derniers mois. L'armée anglaise, sur un total de 97864 hommes envoyés en Orient, en a perdu 22182. La proportion est bien moindre; mais dans le nombre des décès anglais on n'a pas compris ceux qui ont eu lieu parmi les blessés après le retour des armées; tandis que les décès de cette espèce sont pour une grande part dans le total des pertes de l'armée française. Les proportions des pertes des deux armées se rapprochent dès lors. Il faut néanmoins reconnaître que le service médical anglais a eu le plus de succès. Il n'en était pas ainsi dans les premiers mois de la guerre. Les troupes anglaises perdirent d'abord beaucoup plus d'hommes que les nôtres. Mais il semble qu'à mesure que les combats se prolongeaient, on put donner à ces troupes, beaucoup moins nombreuses, un service médical plus complet, et surtout leur éviter les transports de malades et de blessés à Constantinople, transports qui ont eu lieu dans les plus fâcheuses conditions. Qu'on'ne croie pas que le zèle de nos médecins militaires se soit ralenti. Le nombre des morts qu'ils ont laissés en Crimée ne prouve que trop qu'ils ne se sont pas épargnés. Ce nombre, proportion gardée, est supérieur à celui des officiers, et bien peu différent de celui des soldats. Il faut donc admettre que dans les guerres lointaines, en des climats si rigoureux, il y a obligation pour la France de doter ses armées d'un service de santé et d'administration, monté bien plus forte- ment qu'on ne s'y croyait astreint dans les anciennes guerres, exécutées sous d'autres conditions et surtout avec d'autres armes. Que si l'on est frappé des nombres qui viennent d'être cités, on le sera bien davantage en lisant dans le Rapport de M. Chenu (p. 617) que les morts de l'armée russe ne sont pas estimées à moins de 63oooo, près de sept fois celles des Français. Il convient de se borner à la mention de ces quelques nombres. La sta- tistique est ici tellement triste, même après une victoire d'une si haute im- portance pour la France, qu'il est permis de l'abréger. Cependant il reste à dire encore que pour parvenir à compléter l'histoire de chaque blessure, ce qui fait le principal mérite et ce qui occupe la plus grande partie du llap- ( 48r ) port de M. Chenu, il a eu à constater par des bulletins spéciaux toutes les phases des traitements suivis depuis les ambulances jusque dans les hôpitaux en France. Pour éviter toute confusion, il a été nécessaire de rédiger plus de onze cent mille bulletins, parfois huit ou dix pour le même blessé ou le même malade. On conçoit par là comment ce travail a duré près de huit ans, et comment l'auteur n'a pu livrer à la publicité que les noms des militaires guéris et pensionnés. Il paraît que l'historique de tous les noms aurait exigé près de dix volumes aussi considérables. Sans les souscriptions offi- cielles, il est aisé de sentir que l'impression de la partie publiée n'aurait pu avoir lieu : s'il faut louer M. le Dr Chenu de l'avoir entreprise avec ses seules ressources, il faut en même temps louer le Gouvernement d'avoir contribué à la publication d'un volume aussi instructif, après en avoir mis largement tous les matériaux à la disposition de l'auteur. Il y a là de grandes leçons pour tous ceux qui voudront simplement en parcourir les pages; et ap- puyer ainsi de telles leçons sur une statistique publique témoigne d'une grande hauteur de vues. Lorsqu'on rapprochera du grand et beau travail de M. Chenu les autres pièces du Concours de cette année, toute comparaison ne pourra qu'en diminuer singulièrement la valeur. Il n'y a donc à en faire aucune, et plu- sieurs de ces pièces ont isolément paru mériter d'être mentionnées par votre Commission. Elle a remarqué spécialement un Mémoire intitulé : Du goitre à Plancher- les-Mines, par M. le Dr Poilet. Ce Mémoire est pour ainsi dire la statis- tique de Plancher-les-Mines, village bien connu de la Haute-Saône. Douze années de pratique médicale ont permis à l'auteur d'examiner avec soin toutes les circonstances du sol, du climat, des habitudes hygiéniques de la population qui s'élève à plus de 1700 habitants, et ses descriptions se font bien comprendre. Le nombre des goitreux, au milieu de cette population industrieuse, très-active et relativement aisée, n'est pas moindre de 35 1, un peu plus du cinquième de la population. Les femmes sont le plus atteintes par cette difformité : sur 100 hommes, on ne voit que i3 goitreux; sur ioo femmes, près de 27; c'est plus du double. Chez les enfants, on ne constate que rarement les caractères du goitre avant l'âge de douze ans. Sur 388 en- fants au-dessous de cet âge, on ne comptait que 20 goitreux. Ainsi, la pro- portion des malades monte à 25 sur 1 00 dans les âges supérieurs. La maladie parait attaquer les étrangers aussi fortement que les natifs de Plancher- les-Mines. L'observation était possible, car en peu d'années, de i856à 1861, C. R.,1866, 1" Semestre. (T. LX1I, N° 10.) 63 ( 482 ) les besoins de l'industrie locale ont attiré une immigration croissante, et la population a passé de 1 5i4 à 1730 habitants. Mais dans les familles nouvellement arrivées, ce sont plutôt les adolescents qui sont envahis par le goitre. Il ne saurait être question ici de suivre l'auteur au point de vue médical, pas plus que l'excellent travail du docteur Chenu n'a été consi- déré au point de vue chirurgical qui en domine toutes les parties. Il con- vient cependant de rapporter sous toutes réserves la conclusion du Mé- moire de M. Poulet : c'est que le goitre est le résultat de l'humidité permanente et froide qui règne toute l'année à Plancher-les-Mines, village encaissé dans une vallée dirigée du sud au nord. Selon lui, il ne faut cher- cher la cause du goitre ailleurs que dans l'humidité de l'air et surtout du sol, et il recommande le drainage. Avant de quitter cet intéressant Mémoire, il semble utile d'ajouter des remarques que suggèrent certains passages de ces recherches bien dirigées d'ailleurs. Ces remarques peuvent servir aux savants qui se dévouent aux pénibles travaux de la statistique. En discutant l'effet possible de la nature des eaux, l'auteur trouve sur 567 individus buvant de l'eau de source 1 14 goitreux. 2^5 » buvant de l'eau de rivière j4 * 34o » buvant de l'eau de puits 54 » 43 » buvant de l'eau de ruisseau ... 9 » 1224 261 On voit sur-le-champ que l'avantage semble du côté de l'eau de puits, et M. Poulet se donne quelque peine pour démontrer que cet avantage n'est qu'apparent. Il aurait pu dire qu'il est fortuit et qu'il n'y avait pas à s'en occuper le moins du monde. Le calcul des probabilités démontre que, quand des observations donnent le rapport — j = 0,21 ou environ -=1 il n'est pas permis de conclure quoi que ce soit des variations de ce rapport entre les groupes naturels qui composent le nombre total 1224. Ce nombre est beaucoup trop petit pour qu'une cause, constante cependant pour tous les groupes, ne laisse pas subsister entre les résultats de chacun de ces petits groupes de fortes différences. Il n'y avait donc pas à s'arrêter à celles que l'auteur rencontrait, et si une conclusion était à en tirer, c'est que les diffé- rentes eaux paraissaient agir de la même manière. Dans un autre passage, l'auteur donne des indications imparfaites sur la mortalité. Ce serait manquer de justice que de ne pas faire observer que ce ( 483 ) qui touche les tables de mortalité, ou plus clairement la loi de la durée de la vie, est toujours la partie la plus faible de toutes les statistiques. Les pro- cédés les plus erronés sont malheureusement-répandus sur ce sujet, même dans des ouvrages spéciaux. L'auteur constate que le nombre moyen des décès est de 3i,8 sur 1000 habitants, el il pense que ce rapport dénote une mortalité bien plus forte que la moyenne de toute la France, dont les décès n'atteignent que le rap- port de 24,6 sur 1000. Il s'en prend donc aux épidémies, qui ont frappé presque tous les ans sa résidence durant les années dont il a fait le relevé. Ses réflexions sont sans doute fondées; mais il aurait dû considérer que le rapport du nombre des décès à la population n'indique ce qui se passe dans deux pays différents que si les deux populations sont composées de la même manière. Une population qui croît avec rapidité, comme celle de Plancher-les-Mines, peut subir un plus grand nombre de décès, quoique la longévité y soit plus grande que dans une population qui n'augmente qu'avec lenteur, comme celle de la France. Un travail spécial était donc indispensable pour juger de la grandeur de la mortalité, même au milieu des épidémies. La distribution des décès par Ages, que donne ensuite l'au- teur, ne suffit pas non plus à résoudre la question qu'il s'est posée ; et il n'y a pas lieu de comparer un relevé de ce genre avec la Table de Depar- cieux, construite par un tout autre procédé. Toutes les tables de décès construites par le procédé qu'on appelle très-injustement la méthode de Halley, sont erronées presque nécessairement. Il est vrai que c'est un pro- cédé bien commode, mais, il faut le redire, c'est un procédé qui n'apprend rien, et qui a conduit à des erreurs nombreuses et très-graves dans les applications. Pour une petite population que l'on connaît bien, rien n'est plus facile que de construire une table de mortalité sur un petit nombre d'années, dix par exemple ; mais les recherches préparatoires sont bien plus pénibles que ne l'est le relevé des registres de l'état civil, qu'on a décoré du nom de méthode de Halley. Encore une fois, il ne serait pas juste de mettre entièrement au compte de l'auteur ces fautes, dont l'origine est évidemment dans la confiance qu'il croyait devoir aux ouvrages de ses devanciers. Au contraire, ses ob- servations propres paraissent généralement exactes. Votre Commission lui accorde une mention très-honorable. Votre Commission a regardé encore comme méritant d'être mentionnés honorablement deux autres ouvrages qui cependant n'ont pas à beaucoup près la même profondeur, la même solidité que les précédents. 63.. ( m ) L'un est une Slalisti(jiie des varices et du varicocèle, publiée dans la Ga- zette médicale par le Dl Sistach. Toute la partie statistique est extraite des comptes rendus du recrutement de l'armée. L'auteur a classé les dé- partements de la France d'après les nombres proportionnels des exemp- tions prononcées par les Conseils de révision. Il a pensé que ces nombres devaient représenter à peu près les rapports des nombres véritables qui expriment la distribution de ces maladies. Il a même dressé deux cartes d'après ces rapports, et a donné à chaque département une teinte plus ou moins foncée suivant la grandeur des nombres. On concevra facilement combien ce classement peut laisser à désirer, si l'on réfléchit que devant les Conseils de révision les motifs d'exemption sont placés dans des rangs très-différents par les préjugés des populations diverses; de sorte qu'un motif peut ne venir jamais, pour ainsi dire, à l'application dans un dépar- tement, et qu'au contraire il soit toujours appliqué dans un autre. Quoiqu'il en soit, en prenant l'ensemble des nombres pour toute la France , il est visible qu'on obtient un minimum. Or ce minimum excède 3 pour 100. Il y a donc là un sujet d'études nouvelles d'une importance véritable, et l'au- teur a eu raison d'appeler l'attention sur ces deux maladies. Le dernier ouvrage remarqué par votre Commission rend compte de l'Industrie du département de l'Hérault. On ne saurait trop encourager les recherches qui ont pour objet la con- statation de l'état actuel de toutes les industries locales et du commerce qui en résulte. Malheureusement les obstacles que rencontre sur ce terrain la statistique consciencieuse sont des plus difficiles à surmonter. L'auteur du petit volume dont il s'agit, M. Saintpierre, agrégé à la Faculté de Méde- cine de Lyon (cette année, presque toutes les pièces envoyées au Concours sont signées par des membres du corps médical), M. Saintpierre n'a donc pu donner des nombres plus ou moins exactement recueillis, mais seule- ment des évaluations qui, sauf quelques chiffres officiels, semblent à peu près conjecturales. Au total, il fixe à 129 millions le produit des industries de l'Hérault. Dans cette somme, la fabrication des vins et des alcools en- trerail pour G4 millions, et les soies pour 4 millions. Il ne serait pas très-facile de dire pourquoi en classant une partie de ces produits sous le nom d'indus- trie agricole, le reste des récoltes de l'agriculture n'y a pas été réuni. A la vérité, M. Saintpierre regarde le vin comme une véritable fabrication; il dit qu'aujourd'hui tout le monde en connaît les secrets, et qu'on sait bien que les vins de tous les crus se manufacturent à Celte. Cependant, comme il admet qu'il faut du jus de raisin pour faire du vin, et qu'il affirme que ( 485 ) les trop fameuses fabriques du port de Cette ne font qu'améliorer les vins véritables par des procédés qui n'augmentent pas la quantité de la matière première, mais la font seulement changer de nom, il semble que sur les 64 millions une part tres-considérable doit rentrer dans les produits de l'agriculture, et non grossir ceux de l'industrie. Si le travail de M. Saint- pierre n'a pas la précision qu'exige la statistique, ce n'en est pas moins une source de renseignements qui seront précieux, car même de nos jours les richesses nationales sont bien peu connues dans les derniers éléments. En résumé, la Commission a décerné : i° Le prix de 1 865 , à M. Chenu, pour son excellent Rapport sur les résultats du service médico-chirurgical, pendant la campagne d'Orient; 20 Une mention très-honorable à M. Poulet, pour son Mémoire sur le goitre à Plancher-les- Mines ; 3° Une mention honorable à M. Sistach, pour ses Etudes statistiques sur les varices et le varicocèle; 4° Une mention honorable à M. Saintpierre, pour son ouvrage intitulé ; l'Industrie du département de l'Hérault. PRIX BORDIN. QUESTION PROPOSÉE POUR 1862 ET PROROGÉE A 1864, PUIS A 1863. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1865. (Commissaires : MM. Pouillet, Foucault, Edm. Becquerel, Babiuet, Fizcau rapporteur.) « Etude d'une question laissée au choix des concurrents et relative à la » théorie des phénomènes optiques. » Six Mémoires et trois suppléments ont été envoyés au Concours. La di- versité des sujets traités par les auteurs s'explique naturellement par l'étendue particulière au programme proposé; mais si cette diversité a contribué à rendre plus variées et plus intéressantes pour vos Commissaires la lecture et la discussion de ces Mémoires, elle a contribué aussi à rendre leur tâche plus difficile qu'à l'ordinaire, par la nécessité de comparer entre eux des travaux qui se rapportent à des sujets très-différents, et d'assigner à chacun de ces travaux une valeur relative. Votre Commission, du reste, se félicite d'avoir à signaler l'importance et l'intérêt de la plupart de ces Mé- moires dont nous ne pouvons donner ici qu'une courte analyse. ( 4«6 ) Le Mémoire inscrit sous le n° i, avec supplément, porte la devise : Fiat lux; il est intitulé : Mémoire sur une nouvelle classe de phénomènes optiques. Ce travail renferme des considérations étendues et intéressantes sur les transformations que les diverses radiations paraissent éprouver dans les phénomènes de fluorescence, de phosphorescence et d'échauffement par la chaleur rayonnante; phénomènes dans lesquels les nouvelles radiations possèdent en général une réfrangibilité plus faible que celle des radiations primitives qui leur ont donné naissance. L'auteur s'est posé la question de savoir s'il serait possible de réaliser la transformation inverse, c'est-à-dire celle de radiations moins réfrangibles en radiations plus réfrangibles, et il propose plusieurs dispositions expé- rimentales destinées à résoudre cette question. Malheureusement, le Mé- moire ne renferme pas de conclusions définitives, et l'on doit regretter avec l'auteur que des circonstances particulières ne lui aient pas permis de pousser plus loin ces recherches. En passant à l'examen de la pièce inscrite sous le n° 2, vos Commissaires se sont trouvés en présence d'un volumineux manuscrit, relié en deux tomes in-4°, sans devise et avec le titre : Théorie générale de la lumière, de l'optique, de la vision et des couleurs, contenant en outre l'indication de la nature de la cha- leur. Ce travail ne consiste en réalité qu'en notes détachées sur diverses parties de l'optique, notes qui semblent attendre une rédaction définitive et qui n'ont paru à vos Commissaires constituer qu'un travail inachevé. Le travail inscrit sous le n° 3 (auquel se joint le supplément n° 7) porte la devise : Et quorum pars parva fui. Il est intitulé : Recherches sur ta réfrac- tion. Ce Mémoire intéressant parait être le fruit de longues et conscien- cieuses recherches sur plusieurs phénomènes relatifs à la réfraction. L'au- teur s'est proposé surtout d'étudier les variations que peut éprouver l'indice de réfraction des liquides, des vapeurs et des gaz sous l'influence des chan- gements de température, et de comparer leurs pouvoirs réfringents ainsi que ceux des mélanges de divers liquides et de plusieurs dissolutions. Pour exécuter ces déterminations qui paraissent avoir été laites avec autant de soins que d'habileté, l'auteur s'est servi d'un appareil particulier, qu'il dé- signe sous le nom de réfractomètre, et dont il donne une description dé- taillée. Fondé sur le principe du transport des images lorsque les rayons traversent une lame à faces parallèles diversement inclinée, le nouvel appa- reil présente plusieurs perfectionnements ingénieux qui le distinguent des autres appareils fondés sur le même principe. ( 4»7 ) L'auteur conclut de ses nombreuses expériences plusieurs propositions parmi lesquelles on peut remarquer les deux suivantes : la puissance réfrac- tive d'un mélange est toujours égale à la somme des puissances réfractivés de ses éléments. C'est une extension d'une loi de Biot et Arago déjà signalée pour quelques mélanges liquides. Enfin : l'indice de réfraction d'une substance solide peut, dans certains cas, cire déduit de l'indice de réfraction d'une dissolu- tion titrée de la substance. Relation intéressante, que l'auteur espère utiliser pour le dosage de certaines dissolutions. Le Mémoire renferme enfin une vérification faite au moyen du même instrument des lois de la double réfraction dans le spath d'Islande, ainsi que la détermination des indices de réfraction de plusieurs espèces de verres em- ployés dans la construction des instruments d'optique. En résumé, le n° 3 a été considéré par votre Commission comme un des bons Mémoires de ce Concours. Deux cahiers, plus un supplément, sont inscrits sous le n° /j, avec la de- vise : La lunette rapproche les distances. L'auteur présente son travail comme destiné spécialement aux opticiens qui s'occupent de tailler le verre en lentilles de divers foyers, et de travailler les cristaux doués de la double réfraction en lames diversement orientées par rapport aux axes optiques de ces cristaux. Dans la première partie, l'auteur donne plusieurs règles pratiques et des tables numériques très- étendues propres à faciliter la détermination des foyers et des rayons de courbure des lentilles. Cette partie du Mémoire pourra présenter de l'utilité pratique, mais seule elle n'aurait pas suffi pour fixer l'attention sur ce tra- vail, si elle n'eût été suivie d'une seconde partie où l'originalité et l'esprit d'invention apparaissent avec évidence. On y trouve en effet une méthode nouvelle et fort intéressante sous le rapport théorique, imaginée par l'auteur dans le but d'obtenir avec une exactitude extrême des lames cristallisées dont les faces soient précisément parallèles à l'axe optique du cristal, et de vérifier aisément le degré de ce parallélisme. On ne possédait jusqu'ici que des moyens très-imparfaits pour obtenir ce résultat, et la solution simple et élégante donnée par l'auteur pour résoudre ce problème doit être signalée comme très-importante. On sait en effet que ce sont les circonstances singulières de la propagation de la lumière à tra- vers les corps biréfringents, comme le spath d'Islande, qui ont été la source des progrès les plus considérables apportés à la théorie de la lumière depuis Huyghens jusqu'à Fresnel et Arago. Tout ce qui se rapporte à l'étude de ( 488 ) cet ordre de phénomènes doit donc être considéré comme ayant une impor- tance réelle. Aussi vos Commissaires ont-ils été unanimes pour reconnaître comme très-digne d'approbation la méthode imaginée par l'auteur dans le but de perfectionner la taille des cristaux biréfringents. Le Mémoire n° 5, avec la devise : Semina flammce abstrusa in venis silicis, est divisé en cinq parties dont un supplément. C'est un travail considérable et qui révèle surtout chez son auteur des connaissances mathématiques très- étendues; il aborde successivement plusieurs points importants et des plus délicats de la théorie des mouvements vibratoires, en développant principa- lement les travaux de Lagrange, de Poisson, et surtout de Cauchy. Cependant l'auteur ayant en vue particulièrement des observations ré- centes sur l'absorption des radiations dans leur passage à travers les mi- lieux, cherche à montrer l'insuffisance des formules connues, pour expli- quer ces phénomènes. Cette insuffisance résulte, selon l'auteur, de ce que la théorie n'a pas jusqu'ici attribué à l'influence de la matière pondérable dans les phénomènes optiques tonte son importance; le problème général de l'optique consisterait à déterminer les vibrations simultanées de l'éther et des atomes pondérables des corps. L'auteur n'a pas hésité à s'engager dans cette voie, et la dernière partie de son Mémoire a pour objet d'établir les équations aux différences partielles de ces mouvements concomitants. En résumé votre Commission, tout en regrettant que la partie vraiment ori- ginale de ce travail n'ait pu être plus avancée, et en engageant l'auteur a s'attacher surtout à la réalité physique des phénomènes qu'il considère, s'est accordée à reconnaître que l'ensemble de ce Mémoire est très-digne d'éloges. Il nous reste enfin à rendre compte d'un Mémoire qui a particulièrement fixé l'attention de votre Commission; il est inscrit sous le n° 6 avec la de- vise : L'élude de la lumière nous révélera la constitution physique du système du monde, et il est intitulé : Mémoire sur les raies lelluriques du spectre solaire. On sait que sir David Rrewster a signalé depuis longtemps l'existence dans le spectre solaire de certaines bandes obscures, de plus en plus mar- quées à mesure que le soleil descend près de l'horizon ; ce sont ces bandes, considérées dans leur constitution réelle, leur origine et leurs causes jus- qu'ici si incertaines, qui ont été pour l'auteur l'objet de longues et persé- vérantes recherches, dont il rapporte les principaux résultats dans le Mémoire intéressant qu'il vous a soumis. Ainsi ces bandes ont été résolues en raies fines et bien définies, visibles ( 489 ) à des degrés divers pour toutes les hauteurs du soleil. Des épreuves variées ont permis de distinguer avec beaucoup de probabilité ces raies particu- lières ou telluriques des raies préexistantes dans la lumière solaire. Enfin, si l'ensemble de ces raies paraît avoir pour origine commune l'atmosphère terrestre, un certain nombre d'entre elles semblent avoir pour cause la présence dans l'atmosphère de la vapeur d'eau. Le Mémoire rend compte particulièrement des recherches faites par l'au- teur sur ces phénomènes, pendant le cours d'un voyage dans les Alpes exé- cuté en 1 864 en vertu d'une mission du Ministre de l'Instruction publique. Ainsi, au sommet du Faulhorn, c'est-à-dire à une altitude de u683 mètres, l'auteur a pu constater ce fait important, que les raies telluriques sont beaucoup moins visibles dans les hautes régions que dans la plaine. Une belle expérience, faite à Genève, montre plus directement encore que la cause de ces phénomènes paraît bien résider dans l'atmosphère: à Nyon, sur les bords du lac et à 21 kilomètres de Genève, on a allumé pen- dant la nuit un grand feu de bois de sapin, et puis on a analysé la lumière de la flamme, de près d'abord, et ensuite de loin à 21 kilomètres de dis- tance. Or, clans le premier cas, le spectre est resté continu; dans le second, au contraire, le spectre est devenu discontinu, et des bandes telluriques se sont manifestées avec évidence. Vos Commissaires ont été unanimes à reconnaître le mérite distingué de ce travail et à le considérer comme supérieur à ceux que nous avons précé- demment analysés; cependant la majorité a été d'avis que plusieurs points importants demanderaient à être complétés pour présenter le degré de rigueur et l'étendue des développements qui conviennent au sujet. Les différents Mémoires dont nous venons de vous entretenir ont été de la part de vos Commissaires l'objet d'une étude attentive et de discussions approfondies, à la suite desquelles la Commission m'a chargé de soumettre à l'Académie les propositions suivantes : i°Le Concours pour le prix Bordin de 1 865 (question laissée au choix des concurrents et relative à la théorie des phénomènes optiques) est déclaré terminé. 20 Une récompense de quinze cents francs est accordée à l'auteur du Mémoire inscrit sous le n° 6. L'auteur de ce Mémoire est M. J. Jansseiv. 3° Une récompense de mille francs est accordée à l'auteur du Mémoire inscrit sous le n° 4- L'auteur de ce Mémoire est M. H. Soleil. C. R., 1866, i« Semestre. (T. LXII, N° 10.) ^4 (49o) 4° Une récompense de cinq catls francs est accordée à l'auteur du Mémoire inscrit sous le n° 3. L'auteur de ce Mémoire est M. Pichot. 5° Une mention honorable est accordée à l'auteur du Mémoire inscrit sous le n° 5. Ces propositions de la Commission sont adoptées par l'Académie. PRIX BORD1N A DÉCERNER EN 1865. (Commissaires: MM. Regnault, Pouillet, Duhamel, Fizeau, Combes rapporteur.) Sujet du Concours. — « Apporter un perfectionnement notable à la théorie » mécanique de la chaleur. » L Académie a prorogé le jugement du Concours, qui devait avoir lieu en 1864, à l'année suivante, en décidant qu'il resterait ouvert jusqu'au ier juin i865. Cinq Mémoires volumineux sont parvenus au Secrétariat de l'Institut avant le terme de rigueur. La Commission estime qu'aucun d'eux ne mérite le prix; elle accorde une mention très-honorable au Mémoire inscrit sous le n° -i avec l'épigraphe : Le travail mécanique, la force vive et la chaleur se transforment, sans s'anéantir jamais. Elle propose à l'Académie d'accorder à l'auteur, à titre d'encourage- ment, une somme de quinze cents francs égale à la moitié de la valeur du prix, et de décider que la question est retirée du Concours. Ces propositions sont adoptées, après la lecture du Rapport qui suit. Mémoire n° i avant pour épigraphe : Jamais on ne parviendra à épuiser l'inépuisable richesse de la nature, et aucune génération ne pourra se vanter d'avoir embrassé la totalité des phénomènes. Ce .Mémoire tl'ès-étendu renferme l'exposé complet des idées de l'au- teur sur les relations entre le travail mécanique et la chaleur. Rejetant les principes nouvellement introduits dans la science, il soutient qu'on ne saurait affirmer qu'une production de travail entraîne une disparition de chaleur et n'admet pas que le fait soit établi par les expériences anciennes de Gay-Lussac et les expériences analogues de M. Joule et de M. Regnault, (4gi ) desquelles il résulterait que la dilatation d'un gaz a lieu avec ou sans abais- sement de la température, suivant qu'elle s'effectue avec ou sans produc- tion définitive soit de travail, soit de force vive. Il admet seulement qu'à un travail exprimé en kilogrammètres correspond une transformation de chaleur sensible en chaleur latente et vice versa. Pour lui l'équivalent mé- canique de la chaleur est le rapport, invariable dans tous les cas, du travail mécanique total produit ou dépensé à la quantité de chaleur sensible devenue latente, ou inversement ; mais, comme le travail total comprend à la fois un travail mécanique extérieur, qui seul peut être mesuré, et un travail interne ou moléculaire, il distingue l'équivalent mécanique expérimental corres- pondant au travail externe, lequel équivalent varie d'un corps à un autre, et pour un même corps avec la température, la densité et la force élas- tique, de l'équivalent absolu qui est constant. L'auteur parait donc admettre au fond les modifications introduites dans la théorie mécanique de la chaleur, postérieurement aux travaux de Sadi- Carnot et de Clapeyron; mais il n'est pas nécessaire, suivant lui, de sup- poser que la quantité de chaleur contenue dans un corps varie réellement, ainsi que semblent l'indiquer les changements de température qui accom- pagnent les variations de volume avec développement ou application d'un travail externe, sans addition ni soustraction de chaleur. Regardant la cha- leur comme une substance particulière, il lui répugne d'admettre qu'elle puisse être anéantie ou créée par un travail mécanique, et trouve plus facile de. concevoir, avec les anciens physiciens, une transformation de chaleur sensible en chaleur latente, ou inversement. La même difficulté n'existe pas pour ceux qui, conformément à l'opinion qui est aujourd'hui la plus généralement suivie, attribuent la cause des phénomènes calorifiques aux mouvements vibratoires de lether et des molécules des corps. La Commission n'a point à se prononcer sur la valeur ou la réalité de l'une ou de l'autre hypothèse, mais sur les raisonnements de l'auteur et la confor- mité des conséquences qu'il tire de celle qu'il adopte aux faits bien observés. La première de ces conséquences est que, dans une machine thermique où le corps intermédiaire entre le foyer et le réfrigérant passe, à chaque période, par les mêmes états successifs de force élastique, de température et de volume, en parcourant, suivant l'expression de M. Clausius, un cycle complet et réversible, la quantité de chaleur transmise au réfrigérant est égale à celle qui est empruntée au foyer. La seconde est que la quantité de 64-. ( 49* ) chaleur émise ou reçue par un corps qui passe d'une pression et d'un volume donnés à une pression et à un volume différents, est entièrement déterminée par l'état initial et l'état final de ce corps, indépendamment des états intermédiaires par lesquels il est arrivé du premier au second. L'au- teur revient ainsi, contrairement à ce qu'il avait annoncé dès le début, aux seuls principes que Carnot et Clapeyron avaient pris pour point de départ, sans les modifications introduites postérieurement et auxquelles Clapeyron s'était rallié des premiers. Or, l'inexactitude de ces conséquences est aujour- d'hui démontrée par des observations dont la précision ne laisse rien à dé- sirer et qui ne sont ni contestables, ni contestées. 11 est d'ailleurs facile de montrer que la seconde implique une contradiction avec le principe énoncé au commencement du Mémoire, que la chaleur qui passe de l'état sensible à l'état latent, ou vice versa, est toujours proportionnelle au travail total composé du travail externe et du travail interne. De ces prémisses sont déduites, dans la seconde partie du Mémoire n° i, des équations qui exprimeraient la loi suivant laquelle l'équivalent méca- nique expérimental varierait avec la température, les relations entre les chaleurs spécifiques à pression constante et à volume constant, etc. Ces formules, en particulier pour les gaz, entre les limites où ils suivent à très-peu près les lois de Mariotte et de Gay-Lussac, sont en contradiction avec celles qui sont universellement admises et le plus solidement démon- trées par l'analyse et l'expérience. La dernière partie du Mémoire n° i est une dissertation sur la consti- tution intime des corps, la nature de la chaleur, de l'éther qui serait la matière première de tous les corps, de la force qui serait une et toujours identique avec l'attraction universelle. Composé avec soin, écrit avec méthode, ce Mémoire, malgré les erreurs qu'il renferme, témoigne chez son auteur d'une instruction étendue et d'un remarquable talent d'exposition ; mais il n'apporte aucun perfectionnement à la théorie mécanique de la chaleur. Le Mémoire n° 2, ayant pour épigraphe : Le travail, la force vive et la cha- leur se transforment, s tranchées. » Un de nos confrères, M. Blanchard, protesta le premier contre ce que cette opinion, généralement adoptée, avait de décourageant. Dès 1857, il n'hésita pas à déclarer que « chaque os d'un Oiseau quelconque offre un » ensemble de caractères propres à faire déterminer avec certitude à quel » groupe, à quel genre il se rattache; et qu'on y trouve toujours de petites » particularités suffisantes pour faire reconnaître à quelle espèce il appar- » tient. » Cette conclusion, M. Blanchard l'avait tirée d'une étude atten- tive, non pas de squelettes d'Oiseaux montés comme on les trouve d'ordi- naire dans les galeries, mais d'os détachés, appartenant à un grand nombre d'espèces et rapprochés de manière à former autant de séries que le sque- lette compte de parties osseuses. Eu d'autres termes, notre confrère avait suivi la méthode de Cuvier et il arrivait aux mêmes conséquences (1). Telle est aussi la marche qu'a suivie l'auteur du Mémoire que nous ana- lysons. Il déclare être parvenu à réunir les principaux os d'environ huit cents espèces d'Oiseaux vivants et à former ainsi des séries ostéologiques où sont représentés tous les principaux types ornithologiques. On comprend que ce n'est pas sans des difficultés réelles qu'une collection de cette nature a pu être obtenue, les Oiseaux ne nous arrivant guère qu'en peau. Grâce à la multiplicité de ces termes de comparaison, grâce aussi à la nature même du travail dont ils n'étaient que les premiers éléments maté- riels, l'auteur a été conduit à ne rien négliger dans l'étude de chacun des os considéré isolément. Guidé par un ensemble de connaissances, qui manquent trop souvent aux paléontologistes, il a rattaché les détails ostéo- (1) On sait que M. Blanchard a Fait l'application des résultats de cette étude à la détermi- nation plus exacte des caractères zoologiques de la famille des Gallides (1857) et qu'il a publié en outre un Mémoire étendu sur le sternum des Oiseaux (1859), Mémoire dans lequel il complète ce qu'avaient dit de cet os ses devanciers et surtout Lhermiiaer. 66.. ( 5o8 ) logiques aux faits de la myologio. Il a pu ainsi distinguer, au milieu d'une uniformité apparente, de nombreuses particularités caractéristiques et reconnaître l'importance de chacune d'elles. Plusieurs fois, il a dû traduire par des termes nouveaux les résultats de cet examen poussé bien au delà de ce qu'on avait fait avant lui. De cette étude approfondie sont résultées des descriptions très-dé taillées sans cesser d'être claires et surtout précises. Or, à l'exception du sternum, étudié à part par Blainville, par quelques autres naturalistes et surtout par MM.Lherminier et Blanchard, aucun des éléments du squelette n'avait été l'objet d'un travail de cette nature portant sur l'en- semble de la classe. L'auteur a donc rendu un véritable service, et à la zoologie qui trouvera dans son oeuvre de nouvelles données pour juger des rapports des divers groupes entre eux, et surtout à la paléontologie, qui, ne disposant guère que d'os isolés et très-souvent incomplets, ne saurait se passer de ces renseignements minutieux. Pour mettre l'Académie à même de juger de l'importance de ces résul- tats, nous nous boi lierons à citer un exemple. Sans doute, le sternum, si bien décrit par les naturalistes dont nous rappelions les noms tout à l'heure; sans doute, la tète, le bec, dont les zoo- logistes ont tiré un si grand parti dans les classifications, fourniraient d'excellentes données pour la détermination des fossiles d'Oiseaux. Mais le premier de ces os ne se rencontre que rarement dans les couches fossili- fères, et, à peu près toujours, il n'est représenté que par des fragments où manquent précisément quelques-unes des particularités les plus caracté- ristiques; la tète et le bec se trouvent plus rarement encore. Les os longs au contraire ont résisté beaucoup mieux, et ce sont eux qui figurent le plus souvent dans les collections. Or, il résulte des recherches de notre auteur que ces os présentent pour la détermination des espèces tout autant de ressources que ceux dont la fragilité a entraîné la destruction habituelle. Parmi eux, il en est un qui mérite surtout l'attention. C'est le tarso-méta- tarsien, vulgairement appelé Vos de la patlc. Destiné à porter le poids entier de l'animal, il possède une solidité exceptionnelle. En outre, les saillies et les dépressions de sa surface sont nécessairement en rapport avec la direc- tion des tendons des muscles du pied, qui le longent d'une extrémité à l'autre, et la solidité de l'ensemble exigeait que ces saillies, ces dépressions fussent fortement accusées. De là il résulte qu'on retrouve dans le tarso- métatarsien comme un reflet de la structure du pied. Or, on sait combien est important le rôle attribué dans la classification des Oiseaux à cette partie du corps qui est forcément en harmonie avec le genre de vie de l'animal. ( 5o9 ) De tous ces faits déjà connus on aurait pu conjecturer que le tarso-métatar- sien devait avoir une importance très-grande dans les recherches du genre de celles dont il s'agit ici. Dans son travail, notre auteur confirme plei- nement cette déduction et va même au delà. De l'ensemble de ses études, il a cru pouvoir conclure que « cette partie du squelette présente une » grande fixité et peut être employée pour les déterminations zoologiques » (des Oiseaux) avec non moins de sûreté que la constitution du système » dentaire dans la classe des Mammifères. » La Commission ne pouvait qu'être vivement frappée d'une affirmation aussi nette, annonçant un résultat dont l'importance est manifeste, et aussi peu d'accord avec les idées généralement reçues. Elle a dû chercher à en vérifier l'exactitude. Dans ce but elle ne s'en est pas tenue à l'examen des figures données par l'auteur; elle s'est en outre procuré les tarso-métatarsiens d'un cer- tain nombre d'Oiseaux appartenant aux principaux groupes de la classe. Elle a pu s'assurer ainsi que cet os présente en effet un type général dif- férent d'un groupe à l'autre; que ce type se modifie de manière à ca- ractériser des groupes d'importance décroissante; que, — au moins dans les cas examinés par la Commission , — on peut déterminer les espèces avec certitude sans recourir à d'autres parties du squelette. Ainsi le tarso- métatarsien des Rapaces se distingue très-aisément de celui des autres groupes par la configuration même d'une seule de ses extrémités. Tl en est encore de même pour le même os des Rapaces diurnes comparé à celui des Rapaces nocturnes. Parmi ces derniers, les genres Bubo, Sitrnia, Strix, Nyctea, Scops, sont faciles à distinguer l'un de l'autre par les proportions et par quelques caractères secondaires de leurs tarso-métatarsiens. Enfin le même os présente chez le Bubo atlteniensis et le Bubo niveus, indépendam- ment de la différence de taille, des particularités caractéristiques qui exigent sans doute un examen attentif pour être aperçues, mais qui n'en sont pas moins réelles. L'Académie comprendra d'ailleurs qu'il était impossible à ses Commis- saires de pousser jusqu'au bout cette espèce de contrôle et qu'ils doivent faire leurs réserves pour les résultats à venir. Mais si la Commission ne peut encore accepter ou repousser la proposition de l'auteur dans tout ce qu'elle a d'absolu, elle n'en est pas moins convaincue que le tarso-méta- tarsien présente pour la détermination des Oiseaux fossiles des ressources qu'on était bien loin de soupçonner et de la plus grande importance. Ainsi, l'étude suffisamment attentive des os a dissipé le préjugé qui, en ( 5io ) leur attribuant à tort une uniformité très-grande de formes chez les Oiseaux, s'opposait aux progrès de la paléontologie ornithologique. Nous allons voir l'exploration consciencieuse des localités fossilifères réduire également à sa juste valeur une autre idée préconçue qui n'a guère moins pesé peut- être sur le passé de cette branche de nos connaissances. Un sait en effet que les fossiles d'Oiseau sont relativement fort rares dans la plupart des collections. On pouvait se demander si ce fait a tenu jus- qu'ici à la rareté réelle des ornitholithes ou bien à la négligence des collec- tionneurs. Les recherches de notre auteur ne permettent plus de douter que cette négligence n'ait été la véritable cause d'une pauvreté qui ne tar- dera probablement pas à disparaître. Après avoir visité les principaux ca- binets de France et d'Europe, notre concurrent a entrepris lui-même des fouilles dans les localités qu'il pouvait préjuger devoir le mieux récompenser ses peines, entre autres à Sansan et dans le département de l'Allier. Le succès a promptement répondu à ses espérances. Il assure avoir réuni en quatre ans plus de quatre mille échantillons, c'est-à-dire un nombre de ces fossiles supérieur à celui qu'il a rencontré dans n'importe quelle collection publique ou particulière. Parmi les gisements si heureusement exploités, celui de Saint-Gérand- le-Puv, dans le département de l'Allier, mérite une mention spéciale. Cette localité était déjà connue par les ornitholithes qu'elle avait fournis à divers géologues ; mais sa richesse à cet égard, signalée déjà par Etienne Geoffroy Saint-Uilaire, parait être plus grande encore qu'on ne le supposait. Au milieu des masses de calcaires concrétionnés qu'on exploite comme car- rières, se rencontrent des amas de sable fin, mêlé de petits débris calcaires. C'est dans ces espèces de poches que les ossements sont le plus souvent entassés et dans un excellent état de conservation. Les différentes parties d'un même squelette s'y trouvent parfois réunies; toutefois on n'y ren- contre d'ordinaire que des os isolés. On rencontre dans la même localité ou dans les localités voisines des œufs entiers, dont la coquille est intacte, et jusqu'à des empreintes de plumes assez nettes pour permettre de recon- naître la disposition des barbules. Ainsi une collection ostéologique composée d'os isolés, disposés en séries, et dans laquelle sont représentées environ huit cents espèces vivantes; une autre collection de fossiles comptant plus de quatre mille échantillons provenant tous des terrains tertiaires et quaternaires de la France, tels sont les matériaux mis en œuvre par notre auteur. L'Académie comprend que nous ne pourrions le suivre ici dans les mille détails de son œuvre et que ( 5ir ) nous devons nous borner à exposer succinctement la distribution générale et les résultats principaux de ce travail dont l'étendue se trouve ainsi expliquée. Après une courte introduction, l'auteur examine dans autant de chapitres spéciaux l'ostéologie des groupes (familles ou tribus) auxquels il a quelque fossile à rapporter. Dans ces espèces d'introductions anatomiques, il a souvent l'occasion d'appliquer à la zoologie les faits qu'il met en relief et de si- gnaler des rapports intervertis ou méconnus par les naturalistes qui n'ont pris pour guides que les caractères extérieurs. Le chapitre de cette nature, consacré aux Palmipèdes Lamellirostres, renferme en outre quelques détails relatifs à la conformation générale de chacune des douze parties principales du squelette, à l'exception du ster- num, pour lequel l'auteur renvoie presque toujours aux travaux de ses devanciers et surtout à celui de M. Blanchard. Cette partie du travail, très- utile en ce qu'elle fait connaître les vues propres à l'auteur et sa termino- logie, gagnerait à être isolée. L'auteur a été évidemment gêné par le cadre spécial dans lequel il s'est placé. En faisant de ces généralités un chapitre à part, il serait certainement plus à l'aise et trouverait sans les chercher quelques rapprochements, quelques aperçus généraux qu'on aimerait à rencontrer dans cette partie si intéressante d'ailleurs de son livre. Les termes de comparaison une fois posés, l'auteur en rapproche ses fossiles qu'il décrit un à un avec détail. Il ajoute à ses descriptions des tableaux numériques propres à bien préciser les différences ou les rappro- chements entre l'espèce qui l'occupe et les espèces les plus voisines. Dans les exemples examinés par la Commission, les déterminations ainsi obte- nues ont toujours paru pleinement justifiées. L'auteur donne des détails plus ou moins complets sur quatre-vingt-cinq espèces. Dans ce nombre, il en est vingt qui vivent encore en France et dont les os se trouvent dans les cavernes. Deux autres, qui ont laissé leurs restes chez nous dans les mêmes gisements, n'habitent plus que le nord de l'Europe. Soixante-trois espèces ont disparu. Parmi celles-ci, quelques-unes avaient été indiquées et plus ou moins étudiées déjà par quelques natura- listes, entre autres par Cuvier ou par M. Gervais. Mais la très-grande ma- jorité se compose d'espèces entièrement nouvelles, et plusieurs ont nécessité l'établissement de genres spéciaux. Faisons remarquer au sujet de ces nouveaux genres qu'ils représentent des divisions sérieuses, par cela seul qu'ils reposent sur des caractères ana- tomiques faciles à préciser, et non pas seulement sur quelques traits à peine ( 5.2 ) saisissables comme ceux auxquels les ornithologistes exclusifs attachent évi- demment beaucoup trop d'importance. Les genres, tels que les admet l'au- teur, ont à peu près la valeur que présentent les groupes de ce nom dans le Règne animal de Olivier. La partie de l'ouvrage dont nous parlons en ce moment devait être et est en effet la plus étendue. C'est pourtant celle dont nous entretien- drons le moins longtemps l'Académie. Elle consiste à peu près entiè- rement en détails techniques qu'on ne pourrait suivre à la lecture. La Commission elle-même n'a pu d'ailleurs porter ici un jugement réel, puisque les conditions du Concours l'empêchaient d'avoir sous les yeux les pièces relatives à cette multitude de questions ostéographiques. Mais elle n'en croit pas moins pouvoir déclarer que la description des objets lui a paru faite avec un très-grand soin. Quant aux figures si nombreuses destinées à représenter ces objets, l'au- teur déclare les avoir dessinées à la chambre claire; et en comparant quel- ques-uns des os qu'elle s'était procurés avec les figures correspondantes de l'atlas ostéologique, la Commission a pu s'assurer que celles-ci étaient d'une grande exactitude. Elle est disposée à penser qu'il en est de même des autres, et par conséquent elle attache un prix très-réel à la portion iconographique du travail soumis à son appréciation. La distribution géologique des Oiseaux fossiles, les circonstances du gise- ment et la nature des terrains dans lesquels ils ont été enfouis, ont attiré d'une manière toute spéciale l'attention de l'auteur. Il a consacré à ces importantes questions un chapitre de plus de cent pages. Ici il n'a pas cru devoir se renfermer dans les bornes qu'indique le titre de son travail et s'en tenir aux résultats de ses études personnelles. Il a passé en revue l'ensemble des travaux consacrés à la paléontologie ornithologique ; il a suivi les indices ou les restes laissés par la classe qui nous occupe dans toutes les couches du globe depuis le grès rouge des États-Unis jusqu'aux alluvions modernes de la Nouvelle-Zélande, dans les kjokkenmodings du Danemark et les habi- tations lacustres de la Suisse. L'Académie comprendra que nous devons, sous peine de sortir des bornes que doit avoir ce Rapport, nous contenter de mentionner cette partie de l'ouvrage, qui forme à elle seule un Mémoire à part. Mais l'auteur a insisté avec raison sur la faune ornithologique fossile des terrains tertiaires et quaternaires de la France, c'est-à-dire sur l'ensemble des faits eu rapport direct avec ses propres recherches. En restant dans ces limites nous pouvons faire ressortir quelques résultats qui se rattachent aux ( 5.3 ) conclusions générales formulées par l'auteur dans l'introduction et que nous résumerons brièvement. Sur soixante-deux espèces trouvées par l'auteur dans nos terrains ter- tiaires, pas une seule n'appartient au pliocène; quatre seulement provien- nent de l'éocène; cinquante-huit ont été recueillies dans le miocène. Ces résultats concordent avec tous ceux qu'avait donnés jusqu'ici l'ex- ploration de ces divers terrains. On sait en effet que les couches du plio- cène n'ont fourni jusqu'à ce jour qu'un nombre extrêmement restreint d'or- nitholithes. On sait aussi que, pour être moins rares dans les terrains éocènes, ces fossiles sont bien loin de s'y montrer avec l'abondance qu'on a constatée dans plusieurs gisements appartenant aux couches miocènes. C'est dans celles-ci seulement que la faune ornithologique s'est montrée jusqu'ici avec une richesse et une variété qui semblent ne le céder en rien à ce que présente la faune mammalogique. C'est à elles que se rattachent en particulier tous ces gisements de l'Auvergne qui, dès 1846, avaient fourni, d'après les calculs de M. Pomel, au moins trente mille pièces se rappor- tant à près de deux cent cinquante espèces. Le développement de la faune ornithologique, aux époques dont il s'agit, a-t-il vraiment présenté des différences aussi grandes qu'on serait porté à l'admettre de prime abord d'après les chiffres que nous venons de rap- peler? D'accord avec l'auteur, nous ne le pensons pas. Sans doute les condi- tions physiques et climatériques générales ont dû exercer une influence réelle sur les faunes de ces temps reculés, comme elles le font encore de nos jours. Mais il faut tenir grand compte des conditions d'existence locales et des circonstances propres à faciliter la conservation des débris organi- ques. Or, à ce double point de vue, les anciens lacs de laLimagne, sur l'emplacement desquels sont situés les riches gisements dont nous avons parlé, étaient admirablement partagés. Placés à la base du massif central de la France, alimentés probablement en partie par les sources chaudes qui en sortaient, ils devaient appeler sur leurs bords d'innombrables tribus d'Oi- seaux aquatiques accompagnées de leurs ennemis naturels; et les faits mêmes que nous avons cités plus haut démontrent que les phénomènes locaux assuraient la conservation des restes de ces populations ailées, en les enseve- lissant sur place, bien autrement que s'ils avaient été entraînés au loin et disséminés dans des formations géologiques plus étendues. En dépit des apparences, il pourrait donc bien se faire que les faunes ornithologiques eocène et pliocène aient été aussi riches que la faune miocène. C. R., 1866, i« Semestre. (T. LXII, N° 10.) ®7 ( 5i4 ) L'auteur fait remarquer que tous les Oiseaux fossiles des terrains ter- tiaires rentrent dans les familles naturelles actuellement existantes; mais aucune des espèces qu'il a étudiées ne lui paraît assimilable aux espèces actuellement vivantes, et plusieurs constituent des types génériques particu- liers. En outre, quelques-uns des types actuels aberrants, et qui ne sont représentés que par un petit nombre d'espèces, avaient une tout autre importance à l'époque tertiaire. Ainsi la famille des Flamants comptait alors deux genres au lieu d'un, et chacun d'eux comprenait plusieurs espèces distinctes. Enfin l'ensemble de la faune ornithologique accuse un climat plus chaud que celui de nos jours. Les Ibis, les Pélicans, les Gallinacées de grande taille comme ceux de l'Inde, nichaient sur le bord de nos lacs d'Auvergne, et, comme nous l'avons dit plus haut, on y rencontre leurs œufs à côté de leurs ossements. On voit que sous ces divers rapports la faune dont nous parlons repro- duit les principaux traits de la faune tertiaire mammalogique. L'une et l'autre accusent, ainsi que le fait observer notre auteur, un climat plus chaud que le climat actuel. L'examen des ornitholithes retirés des cavernes, où on les trouve asso- ciés aux restes d'une industrie primitive, conduit à des conclusions fort dif- férentes. Sur vingt-trois espèces déterminées par l'auteur, vingt appartien- nent encore à notre faune; deux ont émigré vers les régions boréales; une seule, une Grue de grande taille, s'est entièrement éteinte. L'auteur ne pense pas que la disparition de cette dernière espèce soit la preuve de quelque grande perturbation géologique dont notre pays aurait été le théâtre. Il n'y voit qu'un fait analogue à ceux qui se sont passés tout récemment et qui ont rayé de nos listes ornithologiques le Dronte, le Soli- taire, et bien probablement aussi le grand Pingouin du Nord. La présence, dans nos cavernes, des ossements de deux espèces d'Oiseaux relégués aujourd'hui dans les régions polaires, est un fait plus intéressant. Ces deux espèces sont le Tétras des saides (Tetrao albus) et la grande Chouette blanche du Nord ou Harfnng [Njctea niveci). Leurs fossiles sont associés à ceux du Renne. Or, si on a pu dire de ce dernier qu'il avait pu être amené en France à l'état domestique par des émigrants lapons ou fin- nois, la même hypothèse est évidemment inapplicable aux Oiseaux que nous venons de nommer. Il est au contraire bien difficile de ne pas admettre que ces espèces boréales appartenant à deux classes différentes avaient été poussées jusque dans nos régions tempérées par les mêmes causes. L'auteur a donc raison de faire remarquer qu'ici encore l'étude des [ 5i5 ) Oiseaux fossiles conduit à des conclusions semblables à celles que suggère la paléontologie mammalogique. Toutes deux nous amènent à conclure qu'à l'époque dont il s'agit, et par suite de causes que nous n'avons pas à examiner ici, le climat de la France avait subi un abaissement notable de température. En résumé, l'ouvrage adressé à l'Académie remplit les deux conditions indiquées par le programme, alors qu'il eût suffi de satisfaire à l'une d'elles pour mériter le prix; le sujet choisi par l'auteur représentait un des deside- rata les plus réels de la paléontologie; ainsi que nous l'avons dit en com- mençant, l'auteur a fait preuve, dans l'étude des détails, de beaucoup de persévérance et de sagacité éclairées par un savoir anatomique dont le tra- vail porte partout l'empreinte; ce travail embrasse l'ensemble de la classe des Oiseaux ; il fournit donc à l'étude des fossiles, pour toute une classe de Vertébrés, les bases sûres que la plupart des paléontologistes regardaient comme ne pouvant être obtenues. Par ces motifs, la Commission, à l'unanimité, a l'honneur de proposera l'Académie : i° de décerner le grand prix des Sciences physiques pour 1 865 à l'auteur de l'ouvrage dont nous venons de rendre compte; a° d'exprimer le vœu que cet ouvrage soit publié. Le pli cacheté annexé au Mémoire dont il vient d'être rendu compte ayant été ouvert, on a lu le nom de M. Alphonse Milne Edwards. PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1865. (Commissaires : MM. Milne Edwards, Flourens, Coste, Brongniart, Claude Bernard rapporteur.) La greffe animale a été jusqu'ici beaucoup plus connue par ses applica- tions à la chirurgie que par les services qu'elle a rendus à la physiologie. C'est pourquoi la Commission a distingué particulièrement un travail de M. Bert, dans lequel ce jeune physiologiste a étudié la greffe animale en se plaçant au point de vue de la physiologie générale, et en la considérant comme un procédé expérimental qui permet de constater des modifications de certaines propriétés vitales qu'on ne pourrait reconnaître autrement. En effet, lorsqu'on soumet des muscles et des nerfs à divers agents modi- ficateurs ou destructeurs de leurs propriétés vitales, on peut, à l'aide de G7.. ( 5i6 ) certains excitants, et notamment au moyen de l'électricité, réveiller l'ac- tivité fonctionnelle des tissus et savoir si leurs propriétés de contractilité ou d'irritabilité sont altérées ou perdues. Mais s'il s'agit d'expérimenter sur les propriétés de nutrition des tissus, la greffe animale ou la transplantation devient le seul procédé applicable. Pour s'assurer qu'une graine ou qu'un œuf ont conservé leurs propriétés germinatives, il faut nécessairement les placer dans des conditions où ils puissent se développer; de même, pour savoir si un tissu a perdu ses propriétés nutritives, il faut le replacer dans des conditions où il puisse se nourrir. Tel est le rôle important de la greffe animale que M. Bert a voulu mettre en lumière dans son travail. M. Bert a particulièrement expérimenté sur le rat, et il a greffé la queue de l'animal, partie complexe contenant des os avec leur moelle, des carti- lages, des muscles, des nerfs, des tendons, du tissu cellulaire et des vais- seaux. Le lieu de la transplantation a été le tissu cellulaire sous-cutané ou bien la cavité du péritoine. Avant d'aborder l'étude des agents modificateurs des propriétés nutritives dans les tissus que renferme la queue du rat, M. Bert a dû, pour avoir un point de départ comparatif, examiner ce qui se passe dans la greffe de la queue de rat à l'état normal, c'est-à-dire dans une queue de rat séparée du corps, dépouillée de sa peau et insinuée dans le tissu cellulaire sous-cutané. Or il a vu qu'après cinq à six jours la circulation a commencé à s'établir entre l'animal vivant et la partie greffée. Parmi les organes élémentaires de la queue, les uns, tels que les muscles et les nerfs, commencent toujours par subir une dégénérescence, tandis que les autres continuent à se nourrir d'une manière normale. Quand la partie transplantée appartient à un jeune animal, elle continue à se développer et à croître, et elle acbève son évolu- tion dans sa forme générale aussi bien que dans les détails de son organi- sation. Après ces expériences préliminaires, M. Bert a soumis des queues de rat à l'influence de divers agents bien déterminés, tels que le froid, la chaleur, la dessiccation, l'immersion dans différents gaz ou liquides. Danstoutes ces expériences, qui sont très-nombreuses, trois cas se sont présentés et se sont manifestés parla greffe animale. Tantôt l'agent employé avait été sans in- fluence, et la queue de rat greffée s'est comportée normalement, ainsi qu'il a été dit plus liant; tantôt l'agent employé avait détruit complètement les propriétés vitales, et la queue de rat greffée n'a contracté aucune union vas- culaire avec l'animal vivant : elle a produit une inflammation et s'est élimi- née comme une partie morte ; tantôt enfin l'action de l'agent modificateur ( 5i7 ) avait été telle, que la queue greffée a pu contracter des adhérences vascu- laires avec l'animal vivant; mais les éléments anatomiques, au lieu de con- tinuer à se nourrir normalement, sont devenus le siège d'une nutrition anor- male, c'est-à-dire d'une véritable maladie. Ces phénomènes montrent que la vie n'a point été éteinte, mais seulement modifiée dans ses effets. Quant aux altérations pathologiques qui résultent de ces modifications, elles sont des plus intéressantes à étudier pour le physiologiste aussi bien que pour le pathologiste Elles portent sur la moelle des os, sur la substance osseuse et sur les cartilages. M. Bert a constaté que la moelle osseuse, qui dans les vertèbres de la queue de rat était presque entièrement adipeuse, perdait peu à peu sa graisse, passait à l'état embryonnaire, se remplissait "de cellules jeunes qui parfois, en continuant leur évolution, se transformaient en tissu lamineux. La matière amorphe du tissu osseux et du cartilage se ramollit, les éléments de ces tissus deviennent libres, et le résultat final de ce travail morbide est la disparition complète des os et des cartilages. Des tendons, des vaisseaux et du tissu fibreux qui s'est chargé de graisse, sont tout ce qui reste delà queue de rat transplantée. Nous ne pouvons entrer ici dans le récit détaillé de toutes les expériences intéressantes que M. Bert a consignées dans son Mémoire; il nous suffira d'indiquer quelques résultats. Une queue de rat séparée du corps peut être conservée pendant huit à neuf jours sans perdre la propriété d'être greffée, pourvu qu'on la conserve dans un air confiné et à une température qui ne dépasse pas 10 à 12 degrés au-dessus de zéro. On peut soumettre une queue de rat ainsi séparée du corps à des températures extrêmes de -f- 56 degrés et — 18 degrés sans que ses éléments cessent de vivre. Mais alors, si la queue greffée peut reprendre, sa vitalité se manifeste par l'évolution du travail pathologique dont il a été question précédemment. L'immersion pendant neuf heures dans de l'eau ordinaire ne fait pas perdre à la queue de rat ses propriétés vitales. Mais l'immersion dans de l'eau très-faiblement acidulée, surtout avec de l'acide acétique ou de l'acide sulfurique, est très-redoutable pour la vitalité des tissus et beaucoup plus redoutable que l'immersion dans les solutions alcalines. L'immersion dans certaines substances douées d'un très-grand pouvoir endosmotique, telles que la glycérine par exemple, est d'une innocuité complète. M. Bert a encore utilisé ses expériences sur le greffe pour la solution de diverses questions de physiologie. Il a montré par exemple qu'une queue de rat greffée par son extrémité fine reprenait plus tard sa sensibilité dans le ( 5.8 ) gros bout resté libre. Ce qui prouve que les nerfs sensitifs doivent alors fonctionner en sens inverse île ce qu'ils faisaient avant la greffe. Il ne faut pas oublier que dans ce cas, ainsi qu'il a été dit plus liant, les nerfs se sont ré- générés et qu'il a dû y avoir des formations bistologiques nouvelles pour établir la soudure nerveuse entre l'animal vivant et la queue greffée. En résumé, la Commission a remarqué dans le Mémoire de M. Bert sur la greffe animale, non-seulement beaucoup d'expériences intéressantes, mais elle a trouvé le travail conçu dans un bon esprit et étant susceptible de donner par des recberches poursuivies dans la même direction des résultats importants pour la physiologie générale. En conséquence, la Commission a décerné à M. Bert le prix de Physio- logie expérimentale. Parmi les travaux envoyés au Concours, la Commission a encore distingué deux travaux dus à M. Réveil dont les sciences ont récemment déploré la perte. L'un de ces travaux est relatif à l'endosmose et à la dyalise; l'autre est intitulé : De l'action des poisons sur les plantes; c'est sur ce dernier tra- vail que la Commission a particulièrement fixé son attention. Le Mémoire de M. Réveil contient un grand nombre d'expériences qui, sans être entière- ment nouvelles, n'en sont pas moins très-intéressantes. Voici quels sont les principaux résultats de ces recherches : Les végétaux sont beaucoup plus sensibles que les animaux à l'action de certaines substances. Non-seulement les acides minéraux, mais les acides organiques, citrique, tartrique, en solution très-étendue, 7^-577, amènent bientôt la mort de la plante qui les absorbe. Il en est de même de plusieurs solutions salines et de mélanges très-étendus d'alcool, d'éther, toutes sub- stances qui, à cet état, seraient absorbées impunément par les animaux. L'inverse a lieu pour d'autres substances. Ainsi les alcalis organiques ont sur les plantes une action toute différente de celle qu'ils ont sur les animaux. Les sels de quinine, et surtout ceux de cinchonine, toujours en solution très-étendue, r^, ont seuls une action nuisible sur la végétation. Ils la ralentissent et souvent ils amènent la mort de la plante. Au contraire, les sels de morphine, de codéine, de narcotinc, de nicotine, de strychnine, qui ont une action si énergique sur les animaux, sont sans influence sur les vé- gétaux. Enfin, l'atropine, loin de nuire ou d'être indifférente à la végéta- tion, semble au contraire la favoriser. Eu résumé, le travail de M. Réveil contient des expériences qui paraissent ( 5i9) bien faites et dont les résultats sont importants. La Commission a voulu rendre honneur à la mémoire de l'auteur de ces recherches en lui accordant une mention très-honorable et en proposant à l'Académie de décider que le travail de M. Réveil soit inséré dans le Recueil des Savants étrangers. PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE. FONDÉ PAR M. DE MONTYON. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1865. (Commissaires : MM. Cl. Bernard, Serres, Velpeau, J. Cloquet, Jobert, Flourens, Rayer, Milne Edwards, Longet rapporteur.) La Commission des prix de Médecine et de Chirurgie a l'honneur de proposer à l'Académie de décerner, cette année, trois prix et trois mentions honorables aux auteurs dont les noms suivent : à M. Vanzetti, de Pa- doue, un prix de deux mille cinq cents francs ; à M. Chauveau et à ses deux collaborateurs, MM. Viennois et Meynet, un autre prix de deux mille cinq cents francs; à M. Litys, un prix de la même valeur; à MM. Desormeaux, Sucqitet et Legrand du Saille, des mentions honorables, avec quinze cents francs pour chaque mention. L — La guérison des anévrysmes a été de tout temps, pour les chirurgiens, la source de sérieuses et légitimes préoccupations : il s'agit là, en effet, d'une de ces affections dont la marche naturelle conduit presque fatale- ment à la mort. Aujourd'hui, la compression pratiquée, non sur la tumeur elle-même, comme on le faisait autrefois, mais sur l'artère entre le cœur et la tumeur anévrysmale, est devenue une méthode presque générale; et les plus éminents chirurgiens sont d'accord sur ce point que, hormis certains cas particuliers qui nécessitent l'emploi de la ligature ou même l'ouverture du sac, on doit recourir à la compression indirecte. Pour la mettre en usage, beaucoup d'appareils avaient été imaginés dans le but d'effacer pour ainsi dire l'artère, de mettre ses parois au contact, et d'empêcher ainsi le sang de pénétrer, à chaque pulsation cardiaque, dans la poche anévrysmale. En agissant de la sorte, on s'était proposé de déter- miner la coagulation ou la solidification du sang dans la tumeur, et, en effet, cet heureux résultat avait été parfois obtenu. Mais, dans ces dernières années, la méthode dont il s'agit a reçu un heureux perfectionnement, et l'on a vu les cas de succès se multiplier dans les proportions les plus encourageantes : à la compression faite par des appa- ( 5ao ) reils toujours susceptibles de se déplacer a été substituée la compression pratiquée, au moyen des doigts, par des aides intelligents. De cette façon, elle peut être graduée au gré de l'observateur ou n'être faite que sur un point très-limité. C'est en 1846 que 31. Vanzetti, alors professeur à Rbarkoff, en Russie, et aujourd'hui professeur à l'Université de Padoue, eut l'idée de traiter un anévrysme poplité par la compression uniquement faite par les doigts ap- pliqués sur le trajet de l'artère. L'occasion s'offrit plus tard, en 1 853, de re- courir de nouveau à ce procédé pour un anévrysme poplité qui fut ainsi guéri en qu?rante-huit heures, alors que la compression instrumentale avait échoué. Depuis lors, M. Vanzetti obtint de nouveaux succès dont il fit part, en 185^, à la Société de Chirurgie de Paris. Dans certains cas, la guérison eut lieu après deux heures et demie et cinq heures. Sept nouvelles observations furent publiées par lui en i864; et, parmi celles-ci, il en est deux sur lesquelles la Commission appelle spécialement l'attention de l'Académie. Il s'agit d'un remarquable perfectionnement encore apporté par le professeur de Padoue au traitement d'une certaine classe d'anévrysmes. Tous les chirurgiens savent combien il est difficile de guérir les ané- vrysmes artérioso-veineux : grâce à la méthode ingénieuse qu'il a mise en usage pour la première fois en janvier i8(>3, M. Vanzetti est parvenu à guérir, en six heures, deux malades atteints de celte grave affection. Pour obtenir un aussi favorable résultat, il a employé la compression digitale, d'abord au niveau de la veine, pour intercepter toute communication entre elle et le sac anévrysmal, résultat dont il s'est assuré en constatant la dis- parition du bruit vibratoire conlimi-rémitlenl ; puis, l'anévrysme artérioso- veineux étant alors transformé en un anévrysme simple, il a pu exercer la compression sur l'artère au-dessus de la tumeur, avec la même efficacité que dans les cas ordinaires. Les heureux résultats obtenus par M. Vanzetti dans ces deux cas per- mettent de croire que cette ingénieuse méthode de traitement pourra être appliquée de nouveau avec succès et être définitivement introduite dans la thérapeutique d'une affection dont le pronostic cessera d'être aussi grave qu'il l'a été jusqu'à présent. Quant à la question de priorité que l'on pourrait soulever, il est juste de reconnaître qu'un chirurgien de New-Ilawen (Amérique), M. Knight, avait guéri en 1848 un anévrysme poplité après quarante heures décompression manuelle employée seule. Mais il est vrai aussi de déclarer que ce fait, ( 5a i ) quoique publié par son auteur, était resté pour ainsi dire inaperçu et n'avait assurément exercé sur la conduite des chirurgiens aucune influence. D'ailleurs, deux années auparavant, en 1846, pareil essai avait été déjà fait par M. Vanzetti à qui l'on ne saurait contester le mérite d'avoir régula- risé la méthode de la compression digitale et d'avoir donné l'impulsion qui a été le vrai point de départ, tant en France qu'à l'étranger, des succès ob- tenus depuis par les chirurgiens à l'aide de cette méthode. Ajoutons que les faits deguérison d'anévrysmes par la compression digitale se sont tellement multipliés, depuis dix ans , qu'il serait aujourd'hui superflu d'insister sur l'excellence de ce mode de traitement. La Commission propose de décerner à M. Vanzetti un prix de deux mille cinq cenls fiancs. II. — Déterminer la nature des relations pouvant exister entre la vac- cine et la variole, tel est l'objet d'un travail présenté au Concours par M. Ciiauveau et par ses deux collaborateurs, MM. Viennois et Paul Meynet. Des controverses récentes venaient d'avoir lieu sur cette grave question : La vaccine n'est-elle, comme l'affirment certains observateurs, que ia va- riole humaine modifiée par son passage sur les animaux, et, pour obtenir le vrai vaccin primitif, suffit-il d'inoculer la variole à la vache? Ou bien, au contraire, d'après l'assertion d'autres observateurs, la variole est-elle tellement étrangère à l'espèce bovine, que son inoculation à des animaux de cette espèce soit impossible? La Société des Sciences médicales de Lyon, persuadée que de pareils dissentiments tenaient à l'insuffisance et au défaut de précision des faits connus dans la science, confia le soin de diriger de nouvelles recherches sur cet important sujet à M. Gh niveau, bien placé, comme professeur à l'Ecole vétérinaire, pour conduire une pareille entreprise à bonne fin. Or, ces recherches ne fardèrent pas à démontrer que la vérité n'était ni dans un camp ni dans l'autre. M. Chauveau vit, en effet, que la variole humaine peut s'inoculer au bœuf et au cheval avec la même certitude que la vaccine; mais il constata (contrairement à ce qui a lieu dans l'espèce humaine) que les effets pri- mitifs produits par l'inoculation des deux virus diffèrent absolument : ainsi chez le bœuf, la variole ne détermine qu'une éruption locale de papules souvent si petites qu'elles passent inaperçues, quand on n'est point prévenu de leur existence; d'où la méprise des expérimentateurs qui nient que la variole soit inoculable aux animaux de l'espèce bovine. La vaccine, au C. R , 1866, |« Semestre. (T. LXH, N° 10.) 6S ( 522 ) contraire, engendre L'éruption pustuleuse type avec ses larges boutons caractéristiques. Des différences analogues s'observent sur les animaux de l'espèce che- valine. Ces différences se manifestent encore, sur un même animal, dans les inoculations simultanées des deux virus; les deux éruptions se développent alors simultanément sans paraître s'influencer et en conservant leurs carac- tères spéciaux. Mais les deux virus n'en sont pas moins susceptibles d'agir l'un sur l'autre et de se neutraliser réciproquement, exactement comme cbez l'homme, quand on les inocule successivement sur un même animal. En effet, la variole échoue en général sur les animaux vaccinés, et la vaccine échoue aussi communément chez ceux qui ont subi une inoculation va- riolique antérieure. Dans aucun cas, M. Chauveau et ses collaborateurs n'ont vu la moindre tendance au rapprochement entre les caractères des deux éruptions chez le bœuf ou le cheval. En cherchant à cultiver méthodiquement le virus vario- leux sur ces deux animaux, ils ont même constaté qu'il ne peut s'y accli- mater, et que, chez le bœuf en particulier, la variole s'éteint à la deuxième ou à la troisième génération, tandis que la vaccine se propage indéfiniment d'un individu à un autre. Quant à l'inoculation, chez l'homme, de ce virus variolique implanté passagèrement dans l'organisme des animaux, elle n'engendre que la variole ni plus ni moins, comme le virus varioleux directement emprunté à l'espèce humaine. L'éruption est alors tantôt discrète et bénigne, tantôt confluentc et grave, parfois régulière et d'autres fois anormale. Dans tous les cas, la maladie conserve la propriété d'infecter les individus sains par contagion miasmatique, et son virus (même quand il est emprunté à une éruption presque absolument locale ) ne fait jamais naître*, sur les animaux de l'es- pèce bovine, que l'éruption papnleuse donnée à ces animaux par la variole ordinaire. Les expériences dont les résultats viennent d'être énoncés, expériences aussi remarquables par leur nombre que par leur netteté et leur concor- dance, paraissent donc propres à résoudre les points litigieux en vue des- quels elles avaient été instituées. En établissant que la vaccine et la variole, malgré les liens qui les rap- prochent chez les animaux comme chez l'homme, n'en sont pas moins totalement indépendantes l'une de l'autre; que leurs virus forment tU'ux ( 523 ) individualités distinctes; que les deux affections constituent ainsi deux espèces différentes, immuables, impossibles à transformer l'une dans l'autre; que, conséquemment, chercher à produire la vaccine avec la variole serait poursuivre une chimère dangereuse qui ferait revivre tous les périls de l'ancienne inoculation; en établissant, disons-nous, des faits d'une aussi grande importance, les expériences dirigées par M. Chauveau ont rendu un incontestable service à la science et à la pratique médicales. Aussi, votre Commission est-elle d'avis de décerner un prix de deux mille cinq cents francs, à M. Chauveau et à ses deux collaborateurs, MM. Viennois et Paul Meynet, et de mentionner la Commission de la Société des Sciences médicales de Lyon, au nom de laquelle ils ont exécuté leur travail, Com- mission composée de MM. Bondef, Delore, Dupuy, Gailieton, Horand et Lortet. III. — L'ouvrage de M. le Dr Luys, intitulé : Recherches sur le système nerveux cérébro-spinal, sa structure, ses Jonctions et ses maladies, a été égale- ment jugé digne d'un prix. Cet ouvrage, qui est accompagné d'un atlas de 4o planches, toutes ori- ginales et dessinées par l'auteur sur des pièces préparées par lui-même, forme dans son ensemble un tout parfaitement coordonné. La constitution intime de la substance blanche et de la substance grise nerveuse, les connexions des diverses parties de l'axe cérébro-spinal entre elles, le rôle que ces parties remplissent, les altérations anatomiques et fonctionnelles qu'elles peuvent subir, y sont successivement étudiés avec un soin et une sagacité auxquels reviennent de légitimes éloges. Les recherches de M. Luys sur le système nerveux se composent donc de trois parties : une partie anatomique, une partie physiologique et une partie pathologique. Les deux premières ayant été déjà l'objet d'une ré- compense décernée par l'Académie, la Commission actuelle a eu à s'oc- cuper seulement de la partie pathologique, qui est comme la suite natu- relle des deux autres. Après avoir étudié d'une manière générale, et parfois sous un jour nou- veau, les différentes altérations des éléments nerveux, tubes et cellules; les congestions, les inflammations, les indurations ; les dégénérescences diverses, tuberculeuse, syphilitique, cancéreuse, etc., M. Luys s'est appliqué à spécifier, à l'aide des manifestations symptomatiques, le tôle de chacun des départements de l'axe cérébro-spinal. C'est ainsi, par exemple, qu'il a réuni un certain nombre de faits cliniques qui tendent à établir : Que la couche optique, dont il a donné une description toute nouvelle 68.. ( M ) dans ses rapports avec la substance grise des circonvolutions, agit dans la transmission des différentes impressions sensorielles, si bien que sa des- truction totale ou partielle entraine une abolition totale ou partielle de la perception de ces mêmes impressions ; Que la substance grise du corps strié étant exclusivement en connexion avec les fibres motrices de l'axe spinal, les lésions de ce corps strié sont exclusivement caractérisées par des troubles de la motricité volontaire ; Que la substance grise des circonvolutions cérébrales étant le dernier terme où aboutissent les impressions extérieures, l'altération progressive de ses éléments nerveux entraine l'affaissement proportionnel des facultés de l'intelligence ; Que le cervelet étant exclusivement relié aux régions motrices de l'axe spinal, ses lésions générales ou partielles déterminent des désordres loco- moteurs en rapport avec de pareilles connexions; Que l'innervation troublée du cervelet joue, par exemple, un rôle pré- pondérant dans la production des pbénomênes tétaniformes, épilepti- formes, hystériformes et choréiformes. M. Luys s'est heureusement servi de ses faits anatomiques et physio- logiques comme d'arguments souvent puissants pour infirmer ou confirmer les opinions des pathologistes sur la valeur séméiologique des différents troubles de l'action nerveuse. Puis un grand nombre d'observations dissé- minées et comme perdues dans les auteurs se trouvent rassemblées et ana- lysées dans son ouvrage avec une rigueur qu'il serait à désirer qu on trouvât plus souvent dans les ouvrages de pathologie en général et dans ceux qui traitent des maladies du système nerveux en particulier; mala- dies qui, longtemps encore, offriront aux investigations des médecins un champ des plus étendus et surtout des plus difficiles à bien explorer. Car, il ne faut pas l'oublier, la pathologie cérébrale est si riche défaits qu elle n'en refuse à aucun système : tout ce qu'on veut y voir on l'y trouve; tout ce qu'on lui demande, elle le donne; suivant la manière dont on l'interroge, elle conduit à la vérité ou à l'erreur. La Commission se plaît à déclarer que la plupart des opinions nou- velles, émises par M. Luys, lui ont paru porter l'empreinte de la vérité; que ces opinions s'appuient sur un grand nombre d'observations cliniques empruntées aux meilleures sources et sagement interprétées. Elle se plait aussi à reconnaître (pie les recherches dont il s'agit pourront être utiles à l'art de guérir en contribuant à donner une précision plus grande au dia- gnostic des maladies du système nerveux central ; et, en conséquence, elle ( 5a5 ) propose de décerner à M. Luys un prix de deux mille cinq cents francs pour la partie pathologique de son ouvrage. IV. — M. le Dr Svcqvet a soumis au jugement delà Commission un très- reeommandable travail intitulé : U une circulation dérivative dans les membres et dans la tète chez l'homme (x86i) (avec planches). On sait qu'entre les plus fines artérioles et les plus fines veinules il existe généralement une partie réticulaire, à mailles microscopiques, composée de tubes extrêmement ténus désignés sous les noms de vaisseaux intermédiaires ou capillaires, et dont les diamètres sont variables non-seulement selon les organes, mais encore dans un même organe suivant les conditions où il se trouve. Or, une des questions les plus importantes de l'étude des vaisseaux capillaires, au point de vue du rôle qu'en vertu de leur contractilité propre ils remplissent comme régulateurs du mouvement du sang dans les organes, est celle qui se rapporte aux communications plus ou moins faciles que ces vaisseaux peuvent établir entre les artères et les veines, suivant les besoins de l'organisme. Vu l'existence généralement admise, chez l'homme, de trois variétés de capillaires, dont le calibre varie depuis 6 ou 7 millièmes de mil- limètre jusqu'à 10 ou 12 centièmes de millimètre, il est manifeste que la cir- culation capillaire doit subir des variations nombreuses : la plus grande partie du liquide étant détournée par les voies les plus larges, le courant se ralentira dans les capillaires les plus ténus, il pourra même survenir dans ces points des stagnations plus ou moins prolongées; et c'est par là qu'on a expliqué comment des substances que le sang a tenues en dissolution se conservent dans certains organes glandulaires longtemps après qu'elles ont été éliminées du reste de l'appareil circulatoire. Ainsi, le sang dans son cir- cuit n'est pas forcé de traverser toujours les capillaires du plus petit calibre ou il éprouverait des résistances considérables; dans certains cas, les com- munications peuvent s'établir entre les artères et les veines par les capillaires du plus fort volume. Ce n'est pas tout : les communications artériovei- neuses peuvent avoir lieu directement, c'est-à-dire sans réseau capillaire intermédiaire, et entre vaisseaux visibles à l'œil nu ou aidé d'une simple loupe, comme l'avaient vu déjà quelques observateurs sur différents ani- maux. Mais, avant M. Sucquet, aucun anatomiste n'avait entrepris un travail d'ensemble sur ce sujet important étudié spécialement chez l'homme. M. Sucquet a observé les anastosmoses larges et directes dont il s'agit spé- cialement dans les membres supérieur et inférieur et aussi à la tête. Tantôt ( 026 ) un ramuscule artériel se jette dans un rameau veineux qui passe; tantôt un autre ramuscule artériel finit en une extrémité décroissante, et sur son par- cours terminal il envoie des ramuscules transversaux dans une ou dans deux origines veineuses nées sur les côtés; tantôt enfin une autre arlériole fait un crochet, et le vaisseau qui suit, et qui s'éloigne en grossissant, est une veine, etc.; et ces anastosmoses directes entre les deux ordres de vaisseaux ont un diamètre tel, avons-nous dit, qu'on peut les apercevoir avec une simple loupe. Au membre supérieur, ces curieuses dispositions ont été signalées par M. Sucquet dans la peau des mains et notamment des doigts, dans le derme sous-unguéal, aux éminences thénar et hypothénaret aussi dans la peau qui recouvre la région du coude; au membre inférieur, dans la peau de la rotule, dans celle des orteils, de la plante des pieds, et dans le derme sous- unguéal. C'est, comme on le sait, des orteils et du pied que naissent les deux veines sapbènes, comme les deux veines céphalique et basilique naissent de la main et des doigts. Or, l'apparition du sang artériel, dans les saignées rapides et abondantes des veines céphalique et basilique ou des veines sa- phènes, trouve son explication dans les communications si directes et rela- tivement si larges qui existent entre ces veines et les artères qui fournissent le sang à leurs origines. Après avoir rappelé avec raison que dans ces différentes veines super- ficielles, qui marchent sans artères parallèles, la circulation est intermit- tente, irréguliere, tantôt très-active et tantôt presque nulle, M. Sucquet propose de l'appeler dérii>titive,\)av opposition à la circulation nutritive qui au contraire est profonde, constante, régulière et toujours à peu près égale. L'existence d'une circulation dérivative dans les membres serait liée, d'après cet observateur, à la nécessité qu'il y a, s'il arrive à un moment donné trop de sang par les artères, que l'excès en soit dérivé momentané- ment dans les veines superficielles de ces membres, veines qui alors peu- vent se dilater considérablement. Cette dérivation sciait surtout nécessaire pour le membre abdominal où un trop-plein artériel peut se produire si aisément en raison de la déclivité. A la tête se rencontre aussi celte curieuse disposition d'artérioles se recourbant en anse pour se continuer directement avec des veinules sans réseau capillaire intermédiaire. Elle se voit surtout dans la peau de la face en général, et notamment dans celle du front, du nez, des lèvres (i du bord libre des oreilles. Comme aux extrémités terminales des membres, il y a ( 5a7 ) donc lieu de distinguer ici deux circulations différentes dans leur but : l'une profonde, constante, régulière et relative à la nutrition de la face; l'autre superficielle, très-mobile, inconstante et dérivalive. L'appareil circulatoire dérivatif de la face, comme le fait remarquer M. Sucquet, est celui qui traduit si bien à l'extérieur l'état actuel de la circulation dans cette partie du corps : ainsi, vient-il à se désemplir, comme dans la frayeur on voit la face se décolorer et pâlir; au contraire, est-il distendu, comme cela s'observe chez l'homme en état d'ivresse ou bien chez l'homme en colère, la face devient vultueuse el rouge momentanément. Quand cet appareil vasculaive dérivatif de la tète a été très-fréquem- ment distendu par l'afflux sanguin (ainsi que cela a heu chez les ivrognes de profession), alors il finit par se multiplier et s'élargir d'une manière durable : aussi, chez eux, les joues, les oreilles, le nez sont-ils continuelle- ment rouges. Le nez prend même des proportions nouvelles, il se déforme, se recouvre de veinules visibles à l'œil nu, et la dissection montre qu'il est devenu alors une sorte d'organe érectile. — Évidemment, le but d'une pareille circulation dérivative de la face doit être surtout de détourner de l'encéphale un afflux sanguin trop considérable et qui pourrait être dan- gereux. Les faits et les déductions qui viennent d'être rappelés suffisent pour té- moigner de tout l'intérêt que présente le travail de M. Sucquet, au double point de vue de l'anatomie et de la physiologie. Votre Commission a l'honneur de vous proposer d'accorder à M. Sccqcet une mention honorable avec quinze cents francs. V. — Dans un ouvrage ayant pour titre : La folie devant les tribunaux, M. Legrand du Saixle a exposé avec art et discuté avec talent les émou- vants problèmes que soulève la médecine légale des aliénés. Abordant, par exemple, l'étude des testaments entachés de folie ou considérés comme tels, il a cru, pour pouvoir écrire avec autorité l'histoire médico-légale des der- nières volontés, devoir interroger dans les hôpitaux de Paris un très-grand nombre d'agonisants. S'étant livré durant plusieurs années à ce genre de recherches dans le but de doser en quelque sorte la somme d'intelligence qui subsiste chez l'homme, aux moments avant-coureurs de sa dissolution physique, il a classé, à son point de vue particulier, les lésions si diverses qui conduisent à la mort et spécifié les conditions intellectuelles, morales ou affectives qui, suivant lui, permettent de tester sainement et librement. L'auteur a aussi traité, avec un soin digue d'éloges, les questions médico- légales relatives aux névroses convulsives : îl s'est appliqué, d'une part, à ( 528 ) définir le retentissement possible de l'hystérie sur la raison et sur la crimi- nalité, de façon à ne guère laisser désormais de prise à l'erreur, et il s'est aussi appliqué, d'autre part, à établir cpie l'épilepsie et le vertige épileptique modifient ordinairement, et d'une façon déterminée, le caractère, les habi- tudes, les mœurs, le degré de responsabilité et la capacité civile des ma- lades. M. Legrand du Saulle a appuyé sa manière de voir sur des observa- tions d'un intérêt saisissant, et il a procédé de même dans les chapitres consacrés à l'ivresse, à l'alcoolisme, à l'état mental des pellagreux, au som- nambulisme naturel, à l'érotisme, à l'anthropophagie, à la monomanie, à la nostalgie, à la congestion et à l'hémorrhagie cérébrales, etc. En exposant l'influence que les principales déviations de l'entendement humain peuvent exercer sur la criminalité, M. Legrand du Saulle a été amené à donner son opinion sur les plus graves sujets de psychologie et de patho- logie : il l'a toujours fait avec clarté, sagesse et élévation. En montrant comment doit être conduite une expertise, de quelle façon il convient d'in- terroger les malades et de démasquer la fraude, il a certainement éclairé la route qui mène à la constatation exacte des phénomènes psychiques et morbides du cerveau, et rendu service à la science, à la magistrature et au barreau. La Commission propose d'accorder à M. le Dr Legkasd dit Saulle une mention honorable avec quinze cents francs. VI. — Elle propose également à l'Académie d'accorder la même marque de distinction à M. Desokmeaux pour son invention de l'endoscope, et les utiles applications qu'il a su faire de cet instrument au diagnostic et au traitement des affections de l'urètre et de la vessie. L'endoscope permet, par exemple, de reconnaître des lésions différentes qu'un symptôme commun avait fait réunir, sous le nom de blennoirhée, en une seule maladie, et, après avoir aidé à les distinguer, il donne le moyen de leur appliquer le traitement local qui leur convient le mieux, de le diriger de l'œil et d'arriver plus vite et plus sûrement ;t des guérisons fort difficiles à obtenir avec les moyens ordi- naires. Il montre au chirurgien la disposition des rétrécissements confirmés de l'urètre et lui fournit de la sorte des indications précieuses, en même temps qu'il lui permet de les franchir et de les inciser dans le cas même où, par tous les autres moyens, il y a impossibilité de trouver leur orifice. Dans la vessie, il fait reconnaître les tumeurs de nature diverse; les cal- culs dont l'œil peut apprécier la forme et le volume; l'étal sain ou malade de la surface vésicale, ainsi que les dispositions que cette surface peut affec- ter autour des pierres enchatonnées. ( 5a9) Il est facile de voir, par ces quelques exemples, quel parti le chirurgien pourra tirer de pareilles notions dans les opérations qu'il aura à pratiquer sur la vessie. L'usage de l'endoscope s'étend encore à d'autres organes que le spéculum ne peut atteindre, tels que la voûte des fosses nasales, la cavité utérine, la partie supérieure du rectum, etc. En permettant aux yeux de diriger la main dans le traitement de maladies chirurgicales, situées dans les organes intérieurs, l'usage de cet instrument a contribué au progrès de la chirurgie, et par les notions plus exactes qu'il a pu fournir dans le diagnostic de certaines affections, et par la sûreté plus grande qu'il a apportée dans l'emploi des moyens propres à les combattre. VII. — MM. Stœber et Tourdes ont adressé, pour le Concours des prix de Médecine et de Chirurgie, un ouvrage ayant pour titre : Topographie el Histoire médicale de Strasbourg et du département du Bas-Rhin. Cet ouvrage considérable est riche de documents utiles se rapportant : à la météorologie envisagée surtout dans ses rapports avec les maladies et avec la mortalité; à la statistique médicale; à l'étude des maladies endé- miques et épidémiques de cette contrée ; à l'histoire de l'ancienne Univer- sité de Strasbourg et de la Faculté nouvelle, etc. Il a fixé l'attention de la Commission et a paru digne d'une citation très- honorable dans le Rapport. Pareille citation est accordée à M. le D1 Moura pour un instrument imaginé par lui et servant à lier les polypes du larynx. PRIX DIT DES ARTS INSALUBRES, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1865. (Commissaires : MM. Roussingault, Payen, Rayer, Combes, Chevreul rapporteur.) La Commission des Arts insalubres a examiné quinze pièces, et, après discussion, elle en a éliminé douze, non que celles-ci soient toutes dépour- vues d'intérêt, mais les pièces qui peuvent en présenter, ou pèchent par la certitude des conclusions, ou concernent des sujets qui ne rentrent pas dans l'esprit de la fondation; parmi ces dernières, deux ont été renvoyées à la Commission de Médecine. C. R. 18O6, i" Semestre. (T. LXII, N° 10.) 69 ( 53o ) La Commission propose : i° De décerner un prix de deux mille cinq cents francs à M. Auguste Achari), ingénieur, pour son frein électrique à embrayage. a° De donner une somme de mille firmes, h titre de récompense, à M. Chaxtrax, pour un appareil de filtrage à éponges. Depuis plusieurs années, ce filtre, en activité au Collège de France, est d'un usage aussi satisfaisant que la construction en est simple. 3° De donner un encouragement de cinq centsfrancs à M. Galibert pour un appareil respiratoire qui consiste en un réservoir à parois flexibles ou inflexibles, léger, d'un transport facile, contenant assezd'air pour entretenir la respiration du porteur pendant dix à quinze minutes. L'usage de cet appareil a été très-satisfaisant en un grand nombre de cas de sauvetage de personnes asphyxiées dans des galeries de mines ou dans des lieux remplis de gaz méphitiques. Frein électrique à embrayage de M. Achard; Rapport par M. Combes. Les chemins de fer desservis par des machines à vapeur, dont l'établisse- ment date de quarante ans à peine, constituent aujourd'hui le principal, souvent l'unique moyen de transport des personnes et des marchandises à des distances un peu considérables, dans tous les pays civilisés. L'opinion publique se préoccupe donc à bon droit de la sûreté de la circulation sur ces voies nouvelles et place au rang des inventions les plus désirables la découverte de moyens propres à prévenir les collisions qui, malgré l'habi- leté et les soins des directeurs de l'exploitation, les règlements et la surveil- lance administrative, viennent encore de loin en loin porter le deuil dans les familles. On ne peut arriver à les rendre moins fréquentes qu'en abré- geant la durée du temps écoulé et la longueur du trajet parcouru, depuis le moment où l'obstacle à éviter est aperçu jusqu'à l'arrêt du train. Il im- porte, à cet effet, que des freins en nombre assez grand, adaptés à des véhicules suffisamment chargés, soient distribués dans le convoi et puissent être serrés tous ensemble, aussi rapidement que possible, à la volonté du chef mécanicien. Réduite à ces termes, la question parait simple. Elle a été pourtant abordée par beaucoup de personnes; une foule d'appareils mécaniques, dont quelques-uns fort ingénieux, ont été proposés. La plu- part ont échoué complètement, quand on a voulu les appliquer; un petit nombre ont obtenu dans la pratique un succès médiocre et encore contesté. M. Auguste Achard a cherché la solution du problème dans la combi- naison des moyens mécaniques avec les courants dérivés de piles élec- ( 53i ) triques, qui peuvent être établis ou interrompus instantanément par le mécanicien lui-même, et lui permettent de commander ou de suspendre à distance, avec la rapidité de la pensée, sans l'assistance d'aucun agent inter- médiaire, l'action des freins distribués en tel nombre et à telle place qu'on voudra dans le convoi. Après de longues années d'études et des essais mul- tipliés, il est parvenu à un système qui a été mis à l'épreuve sur les che- mins de fer français du réseau de l'Est et sur les chemins de fer de l'Etat en Belgique; le résultat bien constaté de ces essais poursuivis depuis plus d'un an, assure définitivement aux combinaisons de M. Achard le premier rang parmi les moyens proposés et tentés jusqu'à ce jour pour détruire, dans le temps le plus court et le trajet le moins étendu, la vitesse des convois en marche. Votre Commission estime que le moment est venu de décerner à M. Aug. Achard, sur les fonds destinés par M. de Montyon à récompen- ser les auteurs de perfectionnements apportés aux arts dangereux ou insa- lubres, un prix de deux mille cinq cents francs, pour l'invention de ses freins à embrayage électrique. Leur description succincte et le compte rendu sommaire des expériences dont ils ont été l'objet, détermineront, nous n'en doutons pas, l'Académie à sanctionner cette proposition. Les convois qui ont servi aux épreuves, tant en France qu'en Belgique, se composent de dix à douze véhicules, y compris les deux fourgons à ba- gages munis de freins, qui sont placés, le premier (fourgon de tête) immé- diatement à la suite du tender, et le dernier à la queue du train. Chacun de ces fourgons porte une pile de six éléments de Daniel, alimentée avec des cristaux de sulfate de cuivre, et dont M. Achard a modifié les dispositions usuelles très-convenablement pour l'approprier aux fonctions qu'elle doit remplir. Une petite corde formée de quatre ou cinq fils de cuivre commis ensemble et enveloppée d'un fourreau de caoutchouc part du pôle positif, par exemple, de la pile du fourgon de tête, se dirige d'abord vers le tender où elle est interrompue par un commutateur placé à la portée du mécanicien, délava, ensuivant le côté droit de toutes les voitures du train, se rattacher au pôle négatif de la pile du fourgon de queue. Une seconde corde semblable se détache du pôle positif de celle-ci et va, en suivant le côté gauche des voitures, se rattacher au pôle négatif de la pile du four- gon de tète. Un courant électrique continu, que nous appellerons le courwnt général, circule ainsi constamment, pendant la marche régulière, d'un bout à l'autre du train, et le mécanicien peut l'interrompre subitement, en dépla- çant la manivelle de son commutateur. L'interruption a pour effet de déter- 69.. ( 53a) miner le serrage simultané des freins de tète et de queue, avec Une rapidité d'autant plus grande que le train va lui-même plus vite, et de mettre en branle des sonneries placées sur les deux fourgons à frein. Un appareil dy- namométrique limite l'intensité du serrage des freins. Voici comment ces effets sont obtenus. Chacun des deux fourgons à frein porte, indépendamment de la pile, deux électro-aimants que nous appellerons t' électro-aimant des glissières et l' électro-aimant de l'interrupteur du courant local. Ces dénominations seront justifiées tout à l'heure. Le courant général passe par les fils en hélice de ces électro-aimants, dont l'aimantation temporaire cesse quand il vient à être interrompu. Chaque fourgon à frein porte en outre les appareils sui- vants : ]° Une poulie calée excentriquemént sur l'un de ses essieux. 2° Un levier en fer établi dans le même plan vertical que la poulie dont nous venons de parler et au-dessus d'elle. L'une de ses extrémités est atta- chée à un boulon fixé sous la caisse du fourgon, de manière qu'il soit mo- bile autour de l'axe de ce boulon; par son autre extrémité il porte sur le contour de la poulie excentrique, sur lequel il est pressé par l'effet de son poids et par l'action d'un ressort auxiliaire, de façon que, quand cette ex- trémité n'est pas relevée par une force extérieure, il reçoit de l'excentrique entraîné dans la rotation de la roue un mouvement circulaire alternatif. Près du bout portant sur la poulie, il est relié à une tige en fer qui s'élève verticalement, traverse le fond de la caisse du fourgon et se bifurque ensuite en une fourchette ou coulisse, dont les deux branches, guidées de manière qu'elles ne puissent pas dévier de la verticale, vont former les arma- tures de Vétectro-aimanl des glissières. Lorsque le courant général passe dans le fil en hélice qui l'enveloppe, la coulisse est soutenue à la hauteur quel- conque où elle se trouve placée, malgré l'action contraire du poids du levier et du ressort qui la sollicitent à descendre. Le levier se trouve ainsi hors de prise; mais il tombe sur le contour de la poulie et reçoit de celle-ci le mouvement alternatif, dès que le courant général est interrompu. 3° Un arbre en fer horizontal, reposant par des tourillons sur des appen- dices fixés au bâti du fourgon, est placé an peu en avant de l'essieu porteur de l'excentrique. Sur cet arbre, vers l'une de ses extrémités, est calée une roue dentée à rochet, située clans le même plan vertical que le levier et la poulie excentrique de l'essieu. Le bout du levier est armé d'un cliquet en prise avec les dents de la roue. Ainsi lorsque, par suite de l'interruption du courant général, le levier porte sur l'excentrique de l'essieu, la roue dentée ( 533 ) est poussée de l'intervalle d'une dent à chaque tour de l'essieu, et l'arbre horizontal avec lequel elle est solidaire tourne sur son axe d'une fraction de circonférence égale à l'unité divisée par le nombre des dents. C'est, on l'a déjà compris, la rotation de cet arbre qui entraine le serrage du frein jusqu'au calage complet des roues du fourgon, non pas directement, ce qui donnerait lieu à de très-fortes pressions, à des ruptures fréquentes de quelqu'une des pièces du frein ou des mécanismes accessoires, et rendrait d'ailleurs le desserrage des freins difficile, sinon impossible, mais indirec- tement, par l'intermédiaire d'un embrayage électrique qui prévient tous ces inconvénients. Sur l'arbre horizontal dont il s'agit, vers le milieu de sa longueur, est calé solidairement un électro-aimant à quatre pôles, d'une construction particulière, que nous appellerons, 'avec l'auteur, V électro-aimant des man- chons. A droite et à gauche de celui-ci, l'arbre est, en effet, enveloppé par deux manchons en fer, dans l'intérieur desquels il peut librement tourner, et dont chacun s'épanouit, à l'une de ses extrémités, en un disque annu- laire plat qui vient toucher un groupe de pôles de l'électro-aimant , dont les deux manchons constituent ainsi les armatures. Sur le contour de chacun des manchons est fixé le bout d'une chaîne en fer. A une petite dis- tance, les deux chaînes vont passer sur un rouleau ou poulie de renvoi à axe horizontal, dont les tourillons portent sur des supports reliés au bâti du véhicule , puis se réunissent en une chaîne unique qui, après avoir embrassé un galet fixé à l'extrémité du levier de serrage du frein, vient se rattacher à un crochet fixé sous la caisse du fourgon. Les manchons sur lesquels s'enveloppent les bouts de chaînes qui produisent le serrage, ne sont donc entraînés dans la rotation de l'arbre que par leur adhérence aux pôles de l'électro-aimant, adhérence dont l'énergie limiterait au besoin la tension des chaînes, et par conséquent les efforts supportés par les diverses parties du mécanisme des freins, ainsi que la pression des sabots contre les roues. Pour faire cesser cette pression, il suffit d'interrompre le courant dans les bobines de l'électro-aimant des manchons. Ceux-ci deviennent dès lors fous sur l'arbre qui les porte et le frein se desserre immédiate- ment par l'action d'un contre-poids ou d'un ressort. Il nous reste à dire quelle est la source du courant qui passe dans les bobines de l'électro- aimant des manchons, et à expliquer comment il s'établit par le fait même de l'interruption du courant général et cesse au contraire par le rétablisse- ment de ce dernier. Le courant de l'électro-aimant des manchons de chaque fourgon est ( 534 ) dérivé de la pile placée dans ce fourgon même , et qui contribue avec celle de l'autre fourgon à produire le courant général allant d'un bout à l'autre du train. Mais, à l'inverse de celui-ci, le courant de l'électro-aimant des manchons ne sort pas du véhicule qui le porte : c'est pourquoi nous l'appellerons, par opposition, le courant local. Le fil qui le conduit se dé- tache du pôle positif, par exemple, de la pile du fourgon, va directement aux bobines de l'électro-aimant des manchons , et revient ensuite au pôle négatif de la même pile, en passant, dans cette dernière partie de son trajet, par un interrupteur, que gouverne l'armature du second électro-aimant placé dans le fourgon, dont le fil est traversé par le courant général, et que nous avons appelé, pour cette raison, l électro-aimant de l'interrupteur du cou- rant local. Il est très-facile de concevoir la disposition par suite de laquelle l'armature établit le courant local, lorsqu'elle est écartée de son électro- aimant par le simple effet de son poids ou d'un ressort antagoniste, et com- ment au contraire elle l'interrompt, lorsqu'elle est ramenée au contact par l'aimantation résultant du passage dans la bobine du courant général. Il suffit que le fil venant de la bobine de l'électro-aimant des manchons se rattache à une plaque de cuivre fixée sous l'armature et qui viendra tou- cher, quand l'armature sera écartée de son électro-aimant, une pièce métal- lique à laquelle sera soudé le fil de retour aboutissant au pôle négatif de la pile, tandis qu'elle cessera de toucher cette même pièce quand l'armature sera amenée au contact des pôles de son électro-aimant. L'arbre horizontal des manchons porte encore un excentrique solidaire avec lui, sur le contact duquel est pressée par un ressort l'extrémité d'un levier, qui reçoit par conséquent un mouvement alternatif de la rotation de l'arbre. Le mouvement du levier est transmis à un ou plusieurs marteaux qui frappent sur les timbres installés dans les fourgons; les agents du train sont avertis par ces sonneries du serrage des freins opéré par le mécanicien. Pour compléter la description des freins à embrayage électrique de M. Achard, nous avons encore à faire connaître l'artifice par lequel il parvient à limiter la tension de la chaîne des manchons qui commande le frein, et, par suite, la pression des sabots contre les roues. Avec les dispositions adop- tées, la tension de la chaîne capable de faire glisser les manchons sur les pôles de l'électro-aimant est de 600 à 700 kilogrammes; elle suffit pour déterminer une pression totale de plus de 3oooo kilogrammes des quatre sa- bots du frein contre les jantes des roues des fourgons. Or, les expériences faites sur la ligne de Paris à Strasbourg ont fait, voir qu'avec des sabots en bois une pression totale de 12000 à i5ooo kilogrammes, suivant que le ( 535 ) temps est sec ou plus ou moins humide, suffit pour caler complètement les roues. Tout effort dépassant ces limites, inutile pour l'arrêt, fatiguerait en pure perte les diverses pièces du mécanisme. Pour parer à cet inconvénient, M. Achard , au lieu d'attacher le bout de la chaîne des manchons à un crochet invariablement fixé au bâti de la caisse du fourgon, ainsi que nous l'avons supposé d'abord, le rattache à l'extrémité d'un ressort à lames étagées, disposé horizontalement et solidement encastré par sa partie la plus épaisse dans le bâti du fourgon. Le ressort fléchit à mesure que la chaîne se tend, et il suffit, pour obtenir l'effet voulu, que le courant local de l'électro-aimant des manchons soit automatiquement interrompu, lors- que la flexion correspond à la tension limite qui ne doit pas être dépassée. Ce résultat peut être obtenu très-simplement de plusieurs façons, qui re- viennent toutes à faire passer le fil qui ramène au pôle négatif de la pile le courant de l'électro-aimant des manchons par un interrupteur composé d'une plaque de cuivre fixée, avec isolement , à l'extrémité du ressort flé- chissant, et qui glisse sur une autre plaque de cuivre fixe, à laquelle est soudé le fil de retour au pôle négatif de la pile, tant que la flexion corres- pondante à l'effort limite n'est pas atteinte. Cette limite une fois dépassée, la plaque de cuivre portée par le ressort dépasse l'étendue de la plaque fixe, qui est réglée en conséquence, et le courant se trouve subitement in- terrompu ; les manchons deviennent aussitôt fous sur l'arbre , le frein se desserre ; mais en même temps la flexion du ressort diminue, les plaques de cuivre reviennent en contact, le courant local est rétabli et le frein serré de nouveau au même point que la première fois. Ces effets de serrage et desserrage alternatifs continuent de se produire tant que le courant général reste interrompu. L'installation du dynamomètre interrupteur du courant local a permis de mesurer, dans les essais nombreux faits sur la ligne de Paris à Strasbourg, la tension de la chaîne, et, par suite , de calculer les pressions des sabots nécessaires pour opérer le calage complet des roues des fourgons. La petite corde de quatre à cinq fils de cuivre tressés, par laquelle le circuit du courant général est établi d'un bout à l'autre du convoi, se com- pose de tronçons distincts, dont les uns sont fixés au corps des wagons, et dont les autres, correspondants aux espaces intermédiaires, sont liés aux extrémités des premiers par des crochets et pinces métalliques à ressorts, qui n'opposent aucun obstacle au passage du courant électrique. L'assem- blage et le désassemblage des tronçons s'opèrent avec beaucoup de facilité et de promptitude, lors de la composition et de la décomposition des con- ( 536 ) vois. Si, par suite d'un déraillement ou de toute autre cause, il survient, pendant la marche, une rupture du train, les tronçons du conducteur cor- respondants à l'intervalle compris entre les deux véhicules qui s'écartent l'un de l'autre se décrochent naturellement, le courant se trouve interrompu. Le mécanicien et les conducteurs sont avertis par le bruit des sonneries; en même temps les freins des fourgons de tète et de queue se serrent, et les deux parties du train rompu sont bientôt arrêtées, si ces deux freins suf- fisent, eu égard au nombre des voitures et à l'inclinaison de la voie. Les freins à embravage électrique de M. Achard ont été, il y a longtemps déjà, l'objet d'expériences demandées par l'auteur, ordonnées par le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, et exécutées par des Ingénieurs, qui les ont jugés susceptibles d'entrer utilement dans la pratique de l'exploitation des chemins de fer. Quoique cette opinion lût partagée par les Membres de la Commission, la réussite d'expériences de courte durée, faites en dehors de l'exploitation régulière, ne leur eut pas paru suffisante pour motiver une proposition de prix. Elle n'hésite pas à vous la présenter aujourd'hui, en présence du succès bien constaté des expériences tout à fait pratiques qui sont poursuivies depuis plus d'un an sur la ligne de Paris à Strasbourg, et depuis trois mois sur plusieurs parties du réseau belge exploité par l'État. Nous parlerons d'abord des essais faits en Belgique. Deux fourgons à bagages munis des freins de M. Achard, installés et disposés conformément à la description donnée dans la partie précédente de ce Rapport, ont été adaptés successivement, pendant trois ou quatre semaines, dans le service régulier : i° A un train omnibus de banlieue composé de neuf à douze voitures, faisant le trajet de Bruxelles à Louvain: 4i kilomètres parcourus, avec onze stations; 2° A un train omnibus de banlieue, composé également de huit à douze voitures, faisant le trajet entre Bruxelles et Gand: $7 kilomètres de par- cours, avec douze arrêts, sur une voie beaucoup plus accidentée que celle de Bruxelles à Louvain; 3" Au train express de Bruxelles (nord) pour Verviers, qui est ordinaire- ment composé de neuf à douze voitures : le parcours total est de \l\o kilo- mètres avec cinq arrêts. Nous avons sous les yeux le Rapport que M. l'Ingénieur chargé de suivre ces essais a adressé, le 28 novembre dernier, à M. l'Ingénieur en chef, Di- recteur de l'exploitation des chemins de fer belges. Nous y voyons que le (537 ) mécanicien s'est servi, pour tous les arrêts aux stations, des freins à em- brayage électrique; que jamais ce serrage n'a fait défaut; que le calage des roues était complet après un parcours variable de i5 à 5o mètres, et l'arrêt du train, par les deux freins des fourgons seulement, après un parcours de 700 mètres au plus, tandis que l'arrêt au moyen de freins ordinaires ma- nœuvres par des gardes, au signal donné par le mécanicien, n'a lieu, dans les mêmes circonstances, qu'après 1000 ou 1200 mètres parcourus; que l'arrêt déterminé par le serrage très-rapide et simultané des freins de tète et de queue ne donne lieu à aucun cboc des voitures du train les unes contre les autres. L'auteur du Rapport déclare que le desserrage des freins a été d'abord très-lent à se produire, après le rétablissement du courant général, ce qu'il attribue à l'isolement imparfait des fils conducteurs du courant et aux dispositions particulières des freins, dont les sabots se meuvent entre des guides, avec un frottement considérable. Dans les dernières expériences, celles du train express de Bruxelles à Verviers, un isolement moins imparlait des fils conducteurs avait rendu le desserrage beaucoup plus prompt. Il avait lieu alors en moins de 45 secondes. M. l'Ingénieur en cbef, Directeur de l'exploitation du réseau belge, n'bésite pas à déclarer que, personnelle- ment, «7 considère le système de M. Achard comme suffisamment complet, pour une application immédiate et utile au service des trains. Depuis le commencement du mois d'août 1864, deux fourgons pourvus de freins à embrayage électrique sont appliqués à l'un des convois express en service régulier sur la ligne de Paris à Strasbourg. Ces convois sont composés de sept à dix voitures. Les fourgons pèsent vides 7000 kilogrammes et sont chargés d'environ 1200 kilogrammes. Dans des expériences faites du 8 août au 3o décembre 1864, on a con- staté que les roues étaient complètement calées parles freins armés de sa- bots en bois, après neuf tours environ par un temps sec et dix-huit tours par un temps pluvieux ou humide. La pression totale des quatre sabots nécessaire pour opérer le calage est moyennement de 1 1 290 kilogrammes dans le premier cas et de 148G0 dans le second. L'arrêt complet du train lancé à la vitesse moyenne de 70 kilomètres à l'heure est obtenu, dans un parcours de 65o mètres, avec le frein du fourgon de tète serré isolément; dans un parcours de 5oo mètres environ, avec les deux freins de tète et de queue serrés simultanément; dans un parcours de 35o mètres, avec les deux freins électriques et le frein du tender (ce dernier serré à la main) agissant ensemble. C. R., 1866, 1« Semestre. (T. LXII, N° 10.) 7° ( 538 ) En faisant usage des freins ordinaires serrés par les gardes, an signal d'arrêt de deux coups de sifflet donnés par le mécanicien, il s'écoule au moins i/| à 17 secondes, en supposant les gardes Irès-attentifs et les sabots réglés à i centimètre de distance des jantes, entre le moment du signal et celui où les sabots sont amenés au contact. A la vitesse moyenne de 70 kilo- mètres à l'heure, ce temps suffit pour un parcours de 270 à 33o mètres, tan- dis qu'avec les freins électriques les roues sont déjà complètement calées, dans les mêmes circonstances de vitesse, après un parcours de 5oà 100 mètres au plus. Le serrage n'a pas plus fait défaut sur la ligne de l'Est que sur les chemins belges, et sur la première le desserrage a lieu aussi rapidement que le serrage lui-même, grâce sans doute à une meilleure installation des conducteurs, des électro-aimants et des freins eux-mêmes. L'installation sur la ligne de l'Est diffère légèrement de celle qui a été appliquée en Belgique. Le courant général n'est point modifié: mais le fil conducteur du courant local qui part de la pile du fourgon de tête passe par le commutateur du mécanicien placé sur le tender, avant d'arriver à l'élec- tro-aimant des manchons du même fourgon. Il en résulte que le mécanicien peut faire marcher les sonneries et serrer le frein du fourgon de queue, sans serrer en même temps celui du fourgon de tète. Cette variante et beaucoup d'autres que l'on pourrait introduire, si on le jugeait utile, par exemple celle qui donnerait la possibilité aux agents du train et même aux voyageurs de mettre les sonneries en mouvement, par l'interruption du courant général, sans pour cela rétablir aucun des courants locaux qui déterminent l'em- brayage des manchons et par suite le serrage des freins, sont faciles à réa- liser, et ajouteraient peu ou même rien au mérite et à l'utilité de l'invention remarquable pour laquelle nous proposons à l'Académie de décerner à son auteur un prix de deux mille cinq cents francs. PRIX BRÉANT. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1865t. (Commissaires: MM. Andral, Velpeau, Jobert de Lamballe, Cl. Bernard, Cloquet, Serres rapporteur.) L'bistoirc des épidémies constitue le ebapitre le plus obscur de la Méde- cine. Aux incertitudes qui se rencontrent si souvent dans le cours des mala- dies ordinaires, se joint, dans les affections épidémiques, l'ignorance de la ( 539 ) cause immédiate qui les produit, et une obscurité quelquefois impénétrable sur l'ordre des appareils organiques sur lesquels elle porte son action. Le fait général qui ressort de l'étude approfondie des grandes épidémies, est celui de l'introduction dans l'organisme de l'homme, d'un élément toxique qui répugne à sa nature, et qui tend à le détruire; la réaction de l'organisme contre cet élément destructeur inconnu, constitue le cortège des symptômes par lequel l'épidémie se manifeste. A toutes les époques de la Médecine, l'air atmosphérique a été reconnu comme étant le récipient probable de cet élément épidémique, et à toutes les époques aussi la science a reconnu son impuissance pour l'atteindre, l'isoler, et le soumettre à un ordre d'expérimentation sur les animaux, qui mît son action hors de doute. C'est en partie en vue de cette impuissance de la Médecine, qu'a été in- stitué le prix Bréant sur le choléra. « Dans l'état actuel de la science, dit le fondateur de ce prix, je pense )> qu'il y a encore beaucoup de choses à trouver dans la composition de l'air » et dans les fluides qu'il contient; en effet, rien n'a encore été découvert » au sujet de l'action qu'exercent sur l'économie animale, les fluides élec- » triques, magnétiques ou autres ; rien n'a été découvert également sur les » animalcules, qui sont répandus en nombre infini dans l'atmosphère, et » qui sont peut-être la cause ou une des causes de cette cruelle maladie. » Les ternies par lesquels le testaieur exprime sa pensée prouvent, de la manière la plus formelle, qu'il veut attirer ici l'attention des savants et des médecins sur de nouvelles analyses de l'air, spécialement entreprises pour la recherche de matières qui pourraient s'y rencontrer, et qui seraient capables déjouer un rôle dans la production, ou la propagation des maladies épidémiques en général, et spécialement du choléra. En considérant, disons-nous, dans notre programme, jusqu'à quel degré de précision a été poussée dans ces derniers temps la connaissance des élé- ments inorganiques de l'air, M. Bréant a pu penser que, précisément à cause de cette perfection des procédés physiques et chimiques, on pouvait entreprendre aujourd'hui des recherches sur les principes organiques mor- hifiques contenus dans l'atmosphère, principes qu'il conviendrait toute- fois de soumettre beaucoup moins à l'analyse chimique, que de chercher à les séparer sans les altérer, afin de pouvoir étudier leur action sur les êtres vivants. Si la Section de Médecine et de Chirurgie, doit demander que de semhla- bles recherches soient faites avec toute la rigueur, et toute l'exactitude 70.. ( Ho ) qu'on est en droit d'attendre des sciences modernes, elle reconnaît, d'un autre côté, que ces études sont entourées de difficultés sans nombre. Ces difficultés, déjà énormes pour le physicien et pour le chimiste, chargés de rechercher et d'isoler les principes morbifiques dans l'air, deviendront peut- être encore plus grandes pour ie physiologiste et pour le médecin, qui de- vront en constater les effets délétères sur l'homme et les animaux. Quant à présent, la Section de Médecine et de Chirurgie, doit déclarer qu'aucune des conditions demandées par le testateur n'a été remplie, dans les communications qu'elle a reçues pour le concours de 1 865. Depuis plusieurs années, la Commission a fait remarquer que, trop préoccupés de la somme de cent mille francs attachée au prix Bréant, les auteurs qui adressent leurs travaux à l'Académie, négligent l'étude de l'ac- tion du choléra sur l'économie de l'homme. Elle a fait remarquer également que si cette terrible maladie est mystérieuse dans son essence, elle ne l'est ni dans ses effets immédiats sur l'organisme, ni dans ses symptômes. Parmi ces derniers, les déjections qui précèdent et accompagnent le cho- léra ont un caractère si particulier, que dès l'abord elles ont frappé les observateurs qui dans l'Inde et en Europe ont été appelés à traiter les cho- lériques. En France, dès la grande épidémie de 18^2, nous avons constaté que ces déjections, coïncidaient avec un développement insolite et morbide des glandes intestinales, de celles particulièrement connues sous le nom de glandes de Bntnner et de Lieberkùhn. Nous avons montré également que l'altération morbide de ces glandes, était pour le choléra, ce qu'est pour la fièvre typhoïde l'altération morbide des glandes de Peyer. De là le nom de psorentërie, pour fixer l'attention des médecins sur ce caractère an atomique du choléra, et celui de fluide psorentérique donné aux déjections riziformes, dans lesquelles le microscope découvre des myriades de vibrions, que Fou rencontre également dans l'intestin grêle des décédés cholériques. A partir de cette époque, non-seulement les déjections cholériques ont été l'objet d'une étude plus attentive, mais, de plus, des médecins distin- gués ont fait la remarque que, les personnes exposées à leurs émanations pouvaient quelquefois être contaminées. En 18/19, M. le Dr Pellagrin a cherché à démontrer que, dans certaines conditions, les fosses d'aisances des cholériques pouvaient dégager un agent qui détermine le choléra. Cette opinion du l)r Pellagrin, est justifiée jusqu'à un certain point par les faits nombreux de choléra observés chez les personnes, qui avaient les- sivé du linge souillé par les déjections cholériques. Elle l'est également, par l'exemple d'animaux morts avec des symptômes de choléra, après avoir ( 54r ) avalé des déjections provenant d'individus affectés de cette terrible ma- ladie. Mais faisons observer, avec M. le Dr Jules Worms, que ce sont les expé- riences de M. Thiersch, faites à Munich en 1 855, qui donnent à l'idée que les déjections cholériques peuvent contenir un élément propre à transmettre le choléra, un degré de vraisemblance qui mérite de fixer au plus haut point l'attention des médecins. Le procédé expérimental ayant pour but de provoquer des phénomènes cholériques chez des animaux, a été institué par M. Thiersch de la manière suivante : « Il a mêlé à la nourriture d'un certain nombre de souris, de petits mor- » ceaux de papier à filtre, d'un pouce carré, trempés dans le liquide intes- » tinal de cholériques, puis desséchés. Cette imbibition a été pratiquée sur » un liquide frais, puis sur du liquide rejeté depuis six jours, et conservé » à la température de 10 degrés; enfin sur un liquide plus ancien. » io4 souris ont avalé ces fragments. Celles qui ont été soumises au traitement » des déjections fraîches, n'ont offert aucun symptôme morbide. Ce qui est » caractéristique, c'est que, sur 34 qui ont avalé du papier trempé dans » des déjections anciennes de trois à neuf jours, 3o devinrent malades et » 12 moururent. Les symptômes qu'elles présentèrent furent des selles » aqueuses, la disparition de l'odeur de l'urine, puis la suppression de » celle-ci ; enfin quelques-unes offrirent, avant de succomber, une roideur » tétanique. Il n'y eut jamais de vomissements. » L'autopsie révéla la congestion des intestins, le dépouillement de leur » épithélium, la dégénérescence graisseuse des reins, et la vacuité de la » vessie. » Les papiers imbibés de déjections plus anciennes ne produisirent » aucun effet. » M. Thiersch conclut de ces faits, qu'il se développe dans les déjections » cholériques, et cela dans l'intervalle compris entre le troisième et le neu- » vième jour après leur émission, un agent qui, introduit dans l'organisme » des animaux sur lesquels il a expérimenté, a produit un mal souvent >• mortel, et présentant des lésions intestinales et rénales, semblables à celles » que l'on rencontre dans le choléra. » Dans le cours de ces expériences, M. Thiersch a été frappé de la rapidité avec laquelle les déjections cholériques se couvrent de champignons. D'après ce fait important, il se demande avec raison si ces parasites, imprégnés ainsi de l'agent morhifique, se répandant ensuite dans l'atmosphère, ne pour- ( 542 ) raient pas devenir le véhicule du poison qui s'introduirait avec eux dans l'organisme de l'homme. Quoi qu'il en soit de cette conjecture, on voit qu'elle justifie pleinement les mesures hygiéniques prescrites pour la désin- fection immédiate, soit des déjections cholériques, soit du linge ou des corps imprégnés de ces déjections. On voit surtout le danger qu'il y a pour la santé publique de les laisser exposés à l'action de l'air atmosphérique. Sans vouloir prétendre que le résultat des expériences de M. Thiersch, apporte à la doctrine qui fait aux déjections une part plus ou moins décisive dans la propagation du choléra, nous croyons devoir faire re- marquer qu'elles coïncident parfaitement avec les vues qui suivent, exposées par M. Chevreul en 1 838 : « ... Il ne doit donc pas être enclin, dit notre illustre chimiste, à partager » l'opinion de quelques esprits trop pressés de conclure affirmativement, » qu'il n'y a ni effluves délétères, ni miasmes, ni virus, parce que les expé- » riences entreprises pour les rechercher ont donné un résultat négatif : et » dans le cas où il aurait découvert une matière particulière qu'il soupçon- » nerait avoir une influence délétère, et qui se trouverait par une expé- » rience ultérieure n'en pas avoir, il faudrait, pour que les recherches fussent » complètes, qu'il procédât à de nouvelles épreuves sur l'économie ani- » maie, en employant, non plus la matière particulière, mais les produits » qu'elle pourrait donner sous l'influence de l'air, de l'eau, de la cha- « leur, etc. » Par exemple, supposons que l'acide butyrique soit un miasme ou un » virus pour un animal : il est clair que le beurre désacidifié, qui serait » sans action sur lui, venant à dégager de l'acide butyrique sous l'influence » de l'atmosphère, deviendrait par la même délétère... » Enfin, si par de nouvelles études, la Médecine expérimentale confirme que les déjections cholériques récentes sont indemnes; si elle confirme que ce n'est qu'après plusieurs jours de leur émission, que l'élément toxique s'y développe, qui ne voit ressortir de ces faits, une conséquence très-avan- tageuse pour l'humanité, savoir : qu'on peut avec sécurité, en prenant les précautions que prescrit l'hygiène, se livrer aux soins assidus qu'exige le traitement des cholériques? C'est dans cette espérance, que la Commission se réserve d'appeler l'at- tention de l'Académie, sur le travail de M. Thiersch dans le concours de 18G6. Interprétanl dans le sens le plus large, la pensée el les intentions de M. Bréant, la Commission a porté son attention sur les maladies parasi- ( 5/,3 ) taires, qui jettent une lumière si vive sur l'étiologie de certaines affections. Les travaux de M. Davaine sur l'étiologie des maladies charbonneuses, l'ont particulièrement frappée, par la netteté et l'importance de ses résultats. En étudiant au microscope le sang des animaux atteints de maladies charbonneuses, M. Davaine y a constaté la présence de corpuscules, ayant la forme de vibrioniens, mais dépourvus de mouvements spontanés, aux- quels il a donné le nom de bactéridies. Ces corpuscules, d'ailleurs, ne sau- raient être confondus avec d'autres plus ou moins analogues pour la forme, qui se développent dans le sang, ou dans les matières animales en voie de putréfaction. En effet, le caractère essentiel des bactéridies, signalées par M. Davaine dans le sang des animaux charbonneux, est de se former pen- dant la vie de l'animal malade, et de disparaître par la putréfaction après la mort. On savait que le sang des animaux atteints de charbon, est capable de transmettre la maladie par inoculation; mais le point nouveau que les re- cherches de M. Davaine mettent en lumière, c'est que les bactéridies jouent un rôle capital dans la transmission de ces maladies si graves et si émi- nemment contagieuses, soit entre les animaux, soit des animaux à l'homme. M. Davaine a pris chez des moutons atteints du sang de rate (maladie charbonneuse des montons), du sang frais et contenant des bactéridies, et il a inoculé ce sang à un grand nombre de petits mammifères, tels que lapins, cabiaies, rats et souris, et il a constaté que ce sang était apte à transmettre la maladie charbonneuse, tant qu'il contenait des bactéridies, et qu'il perdait constamment cette propriété, dès que les bactéridies dispa- raissaient parla putréfaction. M. Davaine a vu, en outre, que tous les ani- maux, inoculés avec du sang charbonneux pourvu de bactéridies, mou- raient au bout de deux jours environ, en présentant dans leur sang, dès les derniers temps de leur vie, des bactéridies qui s'étaient produites par mul- tiplication en quantité énorme. Ici encore, et par une sorte de contre- épreuve, M. Davaine a constaté cpie pendant la vie, le sang de l'animal ma- lade ne devient capable de transmettre la maladie, qu'à partir du moment où les bactéridies s'y sont montrées. Cette transmission de la maladie char- bonneuse d'un animal à l'autre parait indéfinie, pourvu qu'on prenne tou- jours du sang contenant des bactéridies. De ces expériences très-multipliées, on peut donc tirer cette conclusion qui n'est que la conséquence rigoureuse des faits, à savoir: que les bactéri- dies, sont l'agent de la transmission de la maladie charbonneuse, ou au moins que ces corpuscules, accompagnent constamment la condition indis- ( 5/,4 ) pensable de l'inocnlabilité, et du développement de la maladie charbon- neuse. En effet, quand on inocule des femelles pleines, les bactéridies ne se développent que dans le sang de la mère, et non dans celui du fœtus. Ainsi le sang delà mère, est seul capable de transmettre la maladie. D'un autre côté, chez les animaux réfractaires à la transmission du charbon, tels que les chiens, les oiseaux, etc., le sang inoculé, quoique pourvu de bactéridies, n'en développe pas dans le sang de ces animaux. Depuis longtemps, on avait admis une parenté probable, entre les mala- dies charbonneuses des animaux, et la pustule maligne de l'homme. M. Da- vaine a donné la démonstration de la vérité de cette opinion, en prouvant que la pustule maligne de l'homme, est constituée par des infusoires qui non-seulement ont la forme de ceux du sang de rate, mais qui ont, comme eux, la propriété de produire tous les caractères du sang de rate. M. Davaine a examiné six cas de pustule maligne chez l'homme; toujours il a trouvé des bactéridies dans la pustule, et dans trois cas où il a pu inoculer ces bac- téridies à des animaux, il leur a communiqué la maladie charbonneuse, et ils sont morts absolument comme dans le sang de rate. Il est une autre maladie de l'homme, récemment étudiée sons le nom d'œdème malin, qui avait aussi été soupçonnée de nature charbonneuse. M. Davaine a prouvé que cette opinion est exacte. Chez un homme mort à la suite d'un œdème malin de la paupière, il a constaté des bactéridies dans le sang du cœur, et ce sang, inoculé à des animaux, a donné lieu à la mul- tiplication des bactéridies caractéristiques de la maladie charbonneuse. En résumé, le travail de M. Davaine a éclairé la question de la contagion, des maladies charbonneuses de l'homme et des animaux. Il a établi que les bactéridies du sang frais, ou convenablement desséché, constituent le seul agent appréciable de la contagion. Cette contagion, ou cette, transmission charbonneuse par bactéridies, peut du reste se produire de diverses manières, soit par plaies (inoculation), soit par ingestion alimentaire, soit par l'ab- sorption du sang réduit en poussière. Enfin de ces recherches longues et difficiles il résulte encore que, relativement à la pustule maligne de l'homme, on possède maintenant un caractère, qui permettra toujours de la distin- guer des autres affections gangreneuses, en ce qu'elle contient des bactéri- dies, capables de se reproduire et de se multiplier par inoculation. D'après l'importance de ces résultats, la Commission a l'honneur de proposer à l'Académie, de décerner à M. Davaine un prix de deux mille cinq cents francs. ( 545 ) Après l'adoption des conclusions du Rapport, et sur la proposition de l'un de ses Membres, appuyée par la Commission, l'Académie accorde à M. Grimacd, de Caux, une indemnité de quatre mille francs, pour l'acte de dévouement spontané qu'il a accompli, en allant à Marseille étudier le cho- léra au plus fort de l'épidémie. En lui accordant cet encouragement, l'Académie signale et récompense, autant qu'il est en elle, le courage réfléchi et l'esprit scientifique, sous l'in- fluence desquels il a accompli son œuvre. PRIX BORDIN. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1865. (Commissaires : MM. Decaisne, Brongniart, Fremy, Tulasne, Naudin rapporteur.) La question mise au Concours par l'Académie est la suivante : « Déterminer expérimentalement les causes de l'inégalité de l'absorption, par » des végétaux différents, des dissolutions salines de diverses natures que con- » tient le sol, et reconnaître par l'étude anatomique des racines les rapports qui » peuvent exister entre les tissus qui les constituent et les matières qu'elles absor- » bent ou qu elles excrètent. » « Les plantes ne puisent pas dans le sol les mêmes éléments minéralo- giques; par exemple, le trèfle et le froment, végétant sur la même terre, en tirent des principes minéraux différents. Les plantes aquatiques non plus n'absorbent pas indifféremment toutes les matières salines dissoutes dans l'eau qui les baigne; de même que les plantes terrestres, elles choisissent celles qui leur sont appropriées et sans lesquelles elles ne pourraient pas vivre ou parcourir le cercle entier de leur végétation. » A quelle cause doit-on attribuer cette élection de matières servant à l'alimentation des végétaux? Dépend -elle directement d'une structure ou d'une composition particulière des tissus des racines et des autres parties de la plante, ou bien est-elle la conséquence d'actions physiologiques inté- rieures? » Comment se produisent les altérations que les végétaux aquatiques font éprouver à l'eau qui les entoure et au sol dans lequel plongent leurs racines, altérations si fortement accusées par l'insalubrité des lieux maré- cageux et par les gaz qui s'échappent du sol sous-jacent? » Nous devons rappeler ici qu'en Histoire naturelle, et principalement dans les sciences qui traitent des êtres organisés et vivants, les recherches les C. R., 1866, 1" Semeslre. (T. LXII, N° 10.) 7 ' ( 546 ) plus persévérantes et les plus habilement dirigées arrivent tôt ou tard à un point au delà duquel elles ne peuvent plus rien nous apprendre. Là où finit le domaine des faits observables commence celui des hypothèses, qui n'appartiennent plus à la science proprement dite. Tout en voulant reculer aussi loin que possible les bornes du connu, l'Académie sait gré à l'obser- vateur de ne p:>s dépasser, dans ses conclusions, la portée des faits consta- tés, bien convaincue qu'il vaut mieux laisser une lacune dans la science que d'essayer de la combler par des inductions qui, tout, ingénieuses qu'elles puissent être, n'équivalent jamais à une vérité démontrée. La question posée par l'Académie est précisément de celles où se montre le mieux l'impuissance de nos sens et de nos moyens d'investigation pour reconnaître les causes premières et déterminantes des phénomènes. Les faits qu'elle embrasse sont du ressort de la Physique et de la Chimie, uiaisr ils se passent dans un laboratoire animé par l'agent inconnu et insaisissable que nous nommons le principe vital, et qui, sans aucun doute, exerce sur eux son influence. Quelle est ici la part des forces physiques ordinaires? où commence le rôle de la vie dans les phénomènes d'absorption et d'assimi- lation? Problème ardu, mais qui, renfermé dans cette limite, ne semble pas insoluble, et qui méritait bien de devenir l'objet de recherches encouragées par l'Académie. Cette étude, au surplus, n'était pas sans précédents; elle avait déjà occupé Théodore de Saussure, et il s'agissait pour l'Académie de la voir pousser aussi loin que le permettraient des moyens d'investigation nouveaux ou plus parfaits que ceux dont pouvait disposer ce naturaliste célèbre. Un seul Mémoire lui a été présenté. Conformément aux conditions du programme, l'auteur, gardant l'anonyme, ne s'est désigné que par cette épigraphe empruntée à son propre travail : // est l'are qu'une découverte dans les sciences physiques ne trouve j>as son application en physiologie, épigraphe qui, répétée dans un pli cacheté annexé au Mémoire, fera connaître son nom s'il y a heu. Ce Mémoire est très-volumineux (il comprend plus de 200 pages manuscrites) et est accompagné d'une planche d'anatomie végé- tale. A sa lecture, on reconnaît que l'auteur est un chimiste exercé; qu'il est particulièrement versé dans la Chimie organique, et qu'aucun des tra- vaux qui ont été faits sur cette branche de la science ne lui est étranger. Il connaît toutes les expériences faites en France et ailleurs qui se rattachent par quelque point au sujet qu'il avait à traiter; mais c'est avant tout dans ses propres expérimentations qu'il cherche la réponse aux questions posées par l'Académie. Un résumé succinct de son Mémoire fera comprendre la ( 547 ) marche qu'il a suivie et mettra en lumière les résultats auxquels il est arrivé. Les premiers chapitres contiennent l'exposition détaillée des faits qu'il s'agissait d'interpréter. La quantité de cendres laissées par les divers or- ganes des végétaux, la composition de ces cendres, celle du sol où les plantes puisent leurs substances minérales, sont étudiées avec soin. L'auteur développe ici des vues nouvelles sur les causes de la fertilité des terres et sur la raison de certaines pratiques de culture, jusqu'ici peu ou point ex- pliquées, ce qui dénote de sa part des études spécialement dirigées vers la Chimie agricole. Les plantes puisent dans le sol des éléments différents; est-ce l'organe d'absorption lui-même qui est chargé d'en faire le triage? Trouve-t-on dans la composition anatomique de cet organe des différences correspondantes à la diversité des matières dont il doit s'emparer? Non ; aucun anatomisle n'a jamais rien saisi, dans la structure des racines, qui put rendre compte de la diversité des appétits de la plante, et l'auteur du Mémoire présenté recom- mençant, après beaucoup d'autres, l'étude microscopique de ces organes sur des plantes bien connues pour la différence de leur composition chi- mique, n'y trouve rien de plus que ses devanciers. Qu'il s'agisse du blé, du trèfle, du lin, du cotonnier, du colza ou de la betterave; que ces plantes aient été cultivées dans la terre normale ou dans le sable pur, les extrémités du chevelu de leurs racines présentent identiquement la même composition organique, et, sous les plus forts grossissements, l'oeil ne discerne rien qu'on puisse supposer correspondre à leurs préférences pour telle ou telle substance minérale. Peut-être faut-il tenir compte ici de la profondeur très- inégale à laquelle les racines des diverses plantes pénètrent dans le sol, profondeur plus grande qu'on ne le soupçonne généralement, et qui peut avoir pour effet de mettre à la portée de leur chevelu des principes miné- raux différents ou à des états différents de combinaison. C'est ce que révé- leraient peut-être des analyses comparatives du sol, pris à diverses profon- deurs. Dans tous les cas, conclut l'auteur, ce n'est point dans la structure anatomique des organes d'absorption qu'il faut chercher la raison du phé- nomène indiqué. Bien convaincu qu'il n'y aurait rien à découvrir dans cette voie, l'auteur change de route; au lieu de persistera suivre la méthode inaugurée par Th. de Saussure, il se met résolument à la suite de Du Trochet et de ]V1 . Th. Graham, en prenant pour point de départ deux forces physiques, l'endos- mose et la diffusion. Cette route nouvelle le conduit bientôt à un résultat 71.. ( 548 ) curieux et inattendu : comme les plantes elles-mêmes, des vases poreux de diverses natures, placés dans des dissolutions complexes, y font des choix variés; non-seulement deux vases différents ne prennent pas les mêmes quantités de sels dans la même dissolution, mais le même vase prend, dans des dissolutions différentes, des quantités de sels variables. Cette étude longue, minutieuse, et nous pouvons dire d'un genre tout à fait nouveau, et qui a nécessité de très-nombreuses déterminations numériques, est résumée dans un tableau graphique, où des lignes colorées font saisir au premier coup d'œil les divers degrés d'endosmose des sels dans des vases poreux de différentes natures. L'auteur fait voir ici la concordance de ces résultats avec ceux des expériences d'un naturaliste allemand encore peu connu en France, M. G. Wolf, qui a étudié directement sur les plantes l'absorption de dissolutions salines variées, concordance qui mène à con- clure que l'endosmose joue le principal rôle dans le phénomène. Cette con- cordance est telle, en effet, que, dans un tableau graphique où les résultats des deux expériences sont rapprochés, les courbes se suivent avec un re- marquable parallélisme. On y voit que les sels qui pénètrent le mieux dans les plantes sont aussi ceux qui traversent le plus aisément les parois des vases poreux; par exemple, que les sulfates ont un pouvoir endosmotique plus grand que les chlorures. De là l'explication du fait bien connu que les Fucus, qui vivent dans une eau beaucoup plus chargée de chlorures que de sulfates, renferment cependant plus de sulfates que de chlorures. De même encore, les iodures abondent clans les cendres des plantes marines, d'où on peut les extraire avec profit, tandis qu'on ne saurait les tirer direc- tement des eaux de la mer; mais, dans ses expériences, l'auteur a vu les iodures pénétrer beaucoup mieux à travers les vases poreux que les chlo- rures, ce qui lui donne la raison du fait. Pour lui, donc, la composition minérale des plantes qui se développent dans des dissolutions salines est déterminée dans une certaine mesure par le pouvoir endosmotique des dif- férents sels qui existent dans ces dissolutions. Nous disons « dans une certaine mesure, » car il est clair cependant que les inégalités de la force endosmotique des sels ne peuvent expliquer toutes les différences de composition qu'on observe dans les cendres des plantes , aussi l'auteur aborde-t-il bientôt un nouvel ordre de recherches. Dans le sixième chapitre de son Mémoire, il se propose de déterminer l'état sous lequel les principes minéraux sont fixés dans les piaules. Par l'emploi des dissolvants neutres ou des réactifs étendus, il reconnaît que ces principes y sont fixés avec des degrés très-divers d'énergie. Chez certaines espèces ma- ( 549) rines, des lavages prolongés à l'eau douce enlèvent tous les chlorures et laissent les sulfates; une dissolution étendue de soude entraîne toute la silice contenue dans les feuilles ou dans le bois, et laisse celle qui entre dans la composition de la paille de froment ou des feuilles de fougères. Des essais synthétiques, enfin, exécutés avec diverses fibres végétales, et imités de ceux qu'a faits M. Chevreul dans ses mémorables recherches sur la teinture, dé- montrent à l'auteur que ces fibres peuvent prélever, dans une dissolution saline, des quantités variables de sels, et il croit pouvoir en conclure, avec M. Fremy, que les fibres végétales ne sont pas constituées par un principe immédiat unique, mais qu'il existe plusieurs variétés de cellulose suscep- tibles de former avec les dissolutions salines de véritables combinaisons, ou du moins des alliances comparables à celles qui ont lieu entre les fibres textiles et les teintures, alliances déterminées par cette première manifesta- tion de l'affinité chimique que M. Chevreul désigne sous le nom d'affinité capillaire. S'il était possible d'établir que les végétaux excrètent normalement par leurs racines ce qui pourrait leur être inutile, on s'expliquerait assez natu- rellement par là l'accumulation de certains principes à l'exclusion de cer- tains autres. Une dissolution complexe y ayant pénétré endosmotiquement par les racines, un ou plusieurs éléments minéraux de cette dissolution se fixeraient dans la plante et passeraient à l'état insoluble, tandis que les autres, ne contractant pas de combinaison avec les principes immédiats des tissus, et restés en dissolution dans la sève, reflueraient vers les racines et finalement retourneraient au sol par exosmose. Mais pour que cette théorie devînt admissible, il faudrait démontrer l'existence de ces courants exosmotiques, et c'est ce que l'auteur, pas plus qu'aucun de ses prédéces- seurs, n'a pu faire. Il lui faut donc chercher une autre raison, plus con- forme aux faits observés, pour expliquer l'accumulation, dans les plantes, de certains principes minéraux plutôt que de certains autres, qui existent cependant aussi dans le sol à l'état de dissolution, et sont par conséquent absorbables comme les premiers. Celle qu'il propose est ingénieuse, et d'ailleurs fondée sur de nombreux faits de diffusion, phénomène dont il parait avoir fait une étude approfondie. Ses expériences à ce sujet établis- sent le fait général que, si l'on met dans un vase poreux une dissolution saline quelconque, et qu'on plonge ce vase dans une autre dissolution con- tenant en mélange deux sels, dont l'un est identique à celui de la première dissolution, ce dernier ne pénétrera pas dans le vase poreux, tandis que l'autre sel y sera appelé. Ainsi, que de l'azotate de chaux et du sel ammo- ( 55o ) niae soient tenus en dissolution dans un vase de verre où l'on immerge un vase poreux contenant de l'azotate de chaux, on trouvera, au bout de vingt- quatre heures d'immersion, que le vase poreux contient un sel ammoniac, mais ne renferme pas plus d'azotate de chaux qu'au commencement de l'expérience. Ce fait paraît capital à l'auteur, et il en tire, avec une grande vraisemblance, l'explication du phénomène signalé plus haut, c'est-à-dire l'accumulation de certains principes déterminés dans la plante, comme par exemple de la silice dans la paille du froment et la feuille de la fougère. Chez ces deux plantes, la silice forme avec les tissus une combinaison inso- luble, tandis que d'autres sels, le sel marin si l'on veut, y persistent à l'état de dissolution. La plante se trouve donc ici dans la même condition que le vase poreux de l'expérience que nous venons de décrire; elle renferme un élément, le sel marin, en dissolution plus concentrée que dans le sol lui- même, car il y a eu une certaine évaporation d'eau de la sève, tandis que la proportion de silice y est au contraire beaucoup moins grande que dans le sol, puisqu'une partie de cet élément s'est fixée dans les tissus. Il y aura donc appel de silice dans la plante, comme il y a eu appel de sel ammoniac dans l'expérience précitée. Cette nouvelle dose de silice subissant le même sort que celle qui l'a précédée, le vide qu'elle laisse tend de nouveau à se combler, et ainsi de suite, jusqu'à saturation des tissus de la plante. Ces mouvements des sels dans les liquides, indépendants de tout mouve- ment des liquides eux-mêmes, qui, soit dit en passant, ont été très-bien étu- diés par M. Th. Craham, servent encore à l'auteur du Mémoire pour expli- quer l'accumulation de divers principes dans certains organes de la même plante et leur absence de certains autres. Par exemple, si les feuilles an- ciennes renferment surtout du carbonate de chaux et de la silice, c'est, d'après lui, parce que la précipitation de ces matières par le dégagement de l'acide carbonique, qui les tenait en dissolution dans la sève de la feuille, les y rend plus rares, ce qui détermine un nouvel appel de ces substances. De proche en proche elles cheminent à travers les tissus vers les points où leur condensation laisse un vide à remplir. Ici donc encore c'est une force purement physique qui est mise en jeu, mais qui n'en reste pas moins déter- minée, comme l'auteur le reconnaît, par une cause physiologique, car si les tissus de la plante ont le pouvoir de fixer telle suhstance minérale qui leur est nécessaire, c'est en vertu de leur organisation même, c'est-à-dire d'un produit direct de la vie. En résumé, d'après l'auteur, la composition des cendres des végétaux se lie à diverses causes qu'on peut déterminer: d'abord à la station même des ( 55. ) plantes, car il est naturel que celles qui végètent sur un sol crayeux renfer- ment plus de chaux que celles qui vivent sur un sol granitique; ensuite aux inégalités de la force endosmotique, variable suivant les sels, et dont les effets sont si marqués sur les plantes marines; enfin à l'affinité capillaire s'élevant jusqu'à la combinaison chimique qui détermine la précipitation de certains principes par les tissus des plantes, et l'appel, par diffusion, de principes semblables, à l'exclusion de ceux qui, non fixés dans la plante, s'y trouvent en dissolution plus concentrée que dans le sol. L'auteur recon- naît cependant que ces forces physiques, si capital que soit le rôle qu'il leur attribue dans les phénomènes de la végétation, sont encore impuis- santes à expliquer le mouvement des matières azotées et des phosphates, qui semblent converger de tous les points de la plante vers la graine, au moment de la formation de cette dernière, mais il n'en conclut pas non plus que ce soit le résultat d'une action purement physiologique. En l'absence d'observations, il s'abstient sagement d'en préjuger la cause. En dehors de la théorie qu'il présente sur une question complexe, dé- licate et difficile, et des expériences multipliées qui l'ont amené à la for- muler, nous remarquons dans le travail de l'auteur plusieurs faits nou- veaux, d'un grand intérêt scientifique, et sur lesquels nous croyons devoir appeler l'attention de l'Académie. Ces faits sont d'abord les propriétés qu'il a reconnues dans les vases poreux, propriétés dont nous l'avons vu se servir si avantageusement pour expliquer l'élection apparente des maté- riaux contenus dans le sol par les racines des plantes; puis les états diffé- rents sous lesquels les substances minérales existent dans les tissus végétaux, et enfin la comparaison qu'il établit entre la fixation de ces substances dans les tissus et celle des matières colorantes sur les fibres végétales. Si les idées émises sur ce dernier point par notre éminent confrère, M. Che- vreul, avaient besoin de confirmation, elles trouveraient très-probablement cette confirmation dans la dernière partie du travail que nous venons d'analyser. Relativement à la deuxième question du programme, question consi- dérée ici comme secondaire et pour ainsi dire facultative, mais bien digne encore d'être sérieusement étudiée, l'auteur s'est trouvé dès le début en présence de difficultés matérielles qu'il ne lui a probablement pas été possible de surmonter. Les objets à étudier lui ont presque totalement fait défaut, et, les eût-il eus sous la main, il est fort douteux qu'il eût pu, dans l'espace de temps fixé par l'Académie, en faire une étude suffisante. Pour reconnaître la nature des diverses altérations que les végétaux aqua- ( 55a ) tiques font subir à l'eau qui les baigne et au sol dans lequel plongent leurs racines, il faudrait se trouver à proximité d'un marais et y séjourner au moins une année entière, afin de découvrir les changements amenés par les vicissitudes des saisons. Cela même n'eût point suffi : la végétation des marécages varie avec les lieux et les climats, et l'expérience démontre que ces marécages ne sont pas également insalubres partout, ni ne donnent lieu aux mêmes maladies. Il faudrait d'ailleurs reconnaître quelle part prennent à ces effets les microphytes qui vivent en si grand nombre dans les eaux stagnantes, microphytes dont la vie est si courte et les générations si mul- tipliées. "Nous n'avons pas besoin d'insister pour faire saisir l'intérêt, en quelque sorte d'actualité, qui s'attacherait à des recherches sur ce sujet. Limité comme il l'était ici dans ses moyens d'investigation, l'auteur du Mémoire présenté a fait du moins ce qui lui était possible. Ses expériences lui ont démontré que si les plantes aquatiques exigent, plus impérieuse- ment encore que les plantes terrestres, une vive lumière solaire, c'est que, placées dans l'obscurité, ou même simplement à une lumière affaiblie, elles extraient, jusqu'au dernier atome, l'oxygène contenu dans l'eau, ce qui les lait périr asphyxiées. De là la rareté ou le manque total de végétation dans les eaux stagnantes constamment abritées contre les rayons du soleil, et par suite leur innocuité au point de vue hygiénique ; de là encore, pour la culture des plantes aquatiques, la nécessité, d'ailleurs bien connue, de placer les bassins qui les contiennent aux situations les mieux éclairées. En résumé, quoique l'auteur du Mémoire présenté n'ait pas strictement répondu à tous les desiderata du programme de l'Académie, vos Commis- saires estiment qu'il a suffisamment résolu la question principale, celle à côté de laquelle toutes les autres s'effaçaient pour ainsi dire. Il a claire- ment démontré que l'absorption des matières minérales contenues dans le sol par les racines, et l'apparente élection qu'en font ces organes, n'appar- tiennent pas exclusivement à l'ordre des fonctions physiologiques, mais en partie à celui des forces physiques, mises en jeu et réglées par l'organisme vivant. Sans déterminer avec précision les limites respectives de ces deux ordres de choses, ce qui ne sera peut-être jamais donné à la science, on ne peut lui refuser d'avoir fait un pas en avant vers la découverte de cet in- connu. Déclarer que la limite du cognoscible était atteinte eût été de la part de l'auteur ime témérité; mais, tout eu supposant qu'on peut s'avancer encore \m peu plus loin, il a la sagesse de s'arrêter là où l'observation et les expériences ne donnent plus de réponse. En conséquence, vos Commissaires, Messieurs, pensent qu'il y a lieu de ( 553 ) décerner, à l'auteur du Mémoire inscrit sous la devise mentionnée plus haut, le prix Bordin pour l'année i865. Le pli cacheté annexé au Mémoire dont il vient d'être rendu compte ayant été ouvert, on a lu le nom de M. Pierre-Paul Deherain. PRIX JECKER. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1865. (Commissaires : MM. Dumas, Pelouze, Regnault, Balard, Fremy, Chevreul rapporteur.) La Section de Chimie a partagé le prix Jecker en trois parties : 1. Elle a donné trois mille francs à M. Cloez, répétiteur à l'École Poly- technique et aide naturaliste au Muséum d'Histoire naturelle, pour un ensemble de travaux, à savoir : i° Sur les bases organiques obtenues delà réaction de l'ammoniaque et de la liqueur des Hollandais. Ce travail a précédé celui de M. Hofmann. i° Sur les états du soufre dans diverses combinaisons. 3° Sur un composé ayant la composition de Yéther cyanique de Wurtz, mais en différant parce que la potasse le réduit en acide cyanique et en alcool. 4° Sur les graines oléagineuses, leur rendement absolu et industriel ; l'in- fluence des lumières de couleurs diverses sur l'absorption du gaz oxygène atmosphérique par les huiles siccatives. L'action de l'air sur les huiles siccatives est remarquable par la forma- lion des corps qu'elle détermine, à savoir : / Acide formique, acide acétique, acide butyrique, acide acroléique, Produits volatils, } acide carbonique. ! Acroléine. Résidu fixe. \ Acide înargarique, acide oléique (n'absorbant pas d'oxyyène), acide \ d'apparence résineuse. — Zéro de glycérine. 2. Elle a donné mille francs à M. Friedee pour ses recherches sur les acé- tones et sur les composés de silicium et de carbures d'hydrogène faites en commun avec M. Crafts. 3. Elle a donné mille francs à M. de Luynes particulièrement pour ses C. R., 1866, ifr Semestre. (T. LXII, N" 10.) 72 ( 55/1 ) recherches sur Yorcine et Yérytlnite. Elle mentionne en particulier la réac- tion de l'acide iodhydrique et de l'érythrite : Érythrite -+- 5PH, distillés iodhydrate de butylène décomposable par la potasse en butylène («C,6H). PRIX BARBIER. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1865. ( Commissaires : MM. Velpeau, Rayer, Brongniart, J. Cloquer, Claude Bernard rapporteur.) Le prix Barbier devant être accordé à celui qui fera une découverte pré- cieuse pour la science chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans la bota- nique ayant rapport à i art de quérir (i), la Commission a distingué deux travaux qui lui paraissent bien rentrer dans le programme de ce Concours. D'une part un travail de MM. Baillet et Filhol, intitulé : Eludes sur l'ivraie enivrante {Lolium temulenlum) ; d'autre part un travail de MM. Vée et Leven, intitulé : Recherches chimiques et physiologiques sur un alcaloïde extrait de la jève de calabar. MM. Baillet et Filhol ont montré qu'il existe dans le Lolium temulenlum deux substances toxiques bien distinctes par leurs propriétés physiques et chimiques aussi bien que par leur action sur l'économie animale. L'une de ces substances est insoluble dans l'eau et soluble dans l'éther, tandis que la deuxième se dissout très-bien dans l'eau et refuse, au contraire, de se dissoudre dans l'éther. Aucune de ces deux substances n'est volatile. Le principe actif soluble dans l'éther exerce sur le système nerveux une action stimulante spéciale qui n'est pas sans analogie avec celle de la strychnine. Le principe actif soluble dans l'eau produit une action stu- péfiante qui se traduit par des phénomènes de prostration remarquables, rappelant ceux qu'on observe chez l'homme qui a abusé des liqueurs al- cooliques. Cependant l'ivresse produite par le Lolium se dislingue de celle que produisent les liqueurs alcooliques en ce qu'elle n'a pas pour effet, comme cette dernière, d'obscurcir l'intelligence. Le point important du travail de MM. Baillet et Filhol est donc d'avoir séparé, dans le produit toxique complexe tel que le présente l'extrait de l'ivraie enivrante, deux principes toxiques distincts par leurs propriétés (1) Texte du testament. ( 555 ) chimiques et très-différents par leur action physiologique. Sans doute ce n'est point une analyse suffisante: les deux principes toxiques séparés ne sont point isolés à l'état de corps définis, et ils sont peut-être eux-mêmes encore complexes ; mais les résultats signalés par MM. Baillet et Filhol sont des faits importants obtenus dans une bonne voie de recherches. C'est pourquoi la Commission a voulu récompenser les auteurs et les engager à poursuivre dans la même direction ces études longues et difficiles. MM. Vée et Leven ont porté leurs investigations sur l'extrait de la fève de calabar (semence du Physostigma venenosum), dont divers physiologistes ont bien établi, dans ces dernières années, l'action vénéneuse et démontré la propriété singulière de faire contracter la pupille quand on le dépose sur la conjonctive, cette propriété a fait que la fève de calabar a été considérée comme ayant une action antagoniste à celle de la belladone. Le point nouveau et important du travail de MM. Vée et Leven est d'avoir séparé le principe actif pur. En effet, ces auteurs ont donné le moyen d'extraire de la fève de calabar une substance cristallisable capable de saturer les acides, à laquelle ils ont donné le nom d'ésérihe. MM. Vée et Leven ont ensuite fait des expériences comparatives avec leur produit pur et l'extrait de la fève elle-même, et ils ont constaté que Y ésérine constituait le principe actif unique de la fève de calabar, en ce sens qu'elle possède sans exception toutes les propriétés toxiques et médicamenteuses de l'ex- trait. Ils ont montré : i° Que Yésérine produit sur la pupille et sur l'économie animale les mêmes effets que l'extrait de la fève de calabar, quelle que soit la voie d'absorption; 20 Qu'on peut opposer Yésérine à l'atropine pour combattre la mydriase produite par cette dernière, et l'employer à l'intérieur dans les cas où la fève de calabar peut être prescrite. MM. Vée et Leven n'ont point encore fait l'analyse élémentaire de l'alcaloïde auquel ils ont donné le nom d'ésé- rine-, ce sera un complément nécessaire de leur travail. Mais telles qu'elles sont, les recherches de MM, Vée et Leven ont fait faire un grand pas à l'histoire du principe toxique de la fève de calabar. C'est pourquoi la Com- mission a jugé ce travail digne de récompense. En résumé, la Commission a vu dans les deux travaux cpii précèdent un progrès réel pour la matière médicale et la thérapeutique. En conséquence, elle a partagé le prix Barbier entre le travail de MM. Baillet et Filhol et le travail de M31. Vée et Leven. Eu outre, la Commission accorde une mention honorable au Dr René 72.. ( 556 ) de Grosoihdy, pour son ouvrage intitulé : le Médecin botanique créole, ou- vrage qui renferme un grand nombre de f.iits et d'études dont la pharmacie et la thérapeutique pourront tirer avantage. PRIX GODARD. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1865. (Commissaires : MM. Rayer, Civiale, Cl. Bernard, Jobert de Lamballe, Velpeau rapporteur.) Le prix Godard, destiné au meilleur travail relatif à la structure, à la physiologie ou à la pathologie des organes génitaux, nous a paru devoir être accordé à l'ouvrage de M. Hélie, Professeur à l'Ecole préparatoire de Médecine de Nantes. L'auteur, qui s'est livré sans interruption depuis vingt ans à des dissections nombreuses, est parvenu à démêler complètement les divers rubans muscu- laires de la matrice et à en fixer le nombre, la direction, ainsi que les usages variés; de sorte que la composition des plans charnus de l'utérus laissera dorénavant peu de chose à élucider. C'est, en somme, un travail qui laisse bien loin derrière lui ce qu'avaient fait dans le même sens Dugès, M'"e Boivin, Deville, etc. M. Chenantais, également professeur à Nantes, a dessiné d'après nature les principales préparations de M. Hélie, dont la des- cription anatomique est ainsi accompagnée d'un atlas in-folio contenant dix planches. En conséquence, votre Commission propose de donner le prix Godard, qui est de mille francs, à M. IIki.ie. Un autre travail important concernant le même prix a été mis sous les yeux de la Commission par M. le DrBrouardel. C'est un Mémoire bien fait et fort intéressant sur les affections tuberculeuses des organes génitaux de la femme. Sans être absolument original, puisque les éléments s'en trouvent éparpillés dans les annales de la science, et que M. Namias, de Venise, en particulier, a déjà publié d'assez importantes observations sur le même sujet, cet ouvrage aurait peut-être été digne du prix sans l'œuvre tout à fait origi- nale et complète de M. Hélie. La Commission dès lors regrette de ne pouvoir accorder à M. Bkoitàrdel (in'une mention honorable. ( 557) PRIX PPxOPOSÉS Pour les années 1866, 1867, 1869 et 1873. SCIENCES MATHÉMATIQUES. GRAND PRIX DE MATHEMATIQUES, A DÉCERNER EN I8GC. QUESTION PROPOSÉE EN 1864 POUR 186G. (Commissaires : MM. Bertrand, Liouville, Chasles, Hermite, Serret, auxquels ont été adjoints MM. Pouillet, Fizeau, Becquerel et Delaunay rapporteur.) L'Académie propose pour 1866 la question suivante : « Chercher si l'équation séculaire de la Lune, due à la variation de l'excen- » tricité de l'orbite de la Terre, telle quelle est fournie par tes plus récentes » déterminations théoriques, peut se concilier avec les anciennes observations » d'éclipsés mentionnées par l'histoire. » Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille jrancs. Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'In- stitut avant le ier juin 1866, terme de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qu'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée. GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES, A DÉCERNER EN 1807. QUESTION PROPOSÉE EN 1865 POUR 1863 ET REMISE A 1867. (Commissaires : MM. Bertrand, Chasles, Bonnet, Hermite, Serret.) La question déjà proposée était la suivante : a Perfectionner en quelque point important la théorie des équations différen- » tielles du second ordre. » Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. ( 558 ) Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le ierjuin 1867, terme de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qu'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée. GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES, A DÉCERNER EN 18G7. QUESTION PROPOSÉE POUR 18SS, REMPLACÉE PAR UNE AUTRE POUR 1861, REMISE A 1865, PUIS A 186o ET ENFIN A 1867. (Commissaires : MM. Liouville, Lamé, Serret, Chasles, Bertrand.) L'Académie avait proposé pour sujet du prix de Mathématiques et main- tient au Concours pour 1 867 la question suivante : « Trouver quel doit être l'état calorifique d'un corps solide homogène indéfini, » pour qu'un système de lignes isothermes, à un instant donné, reste isotherme » après un temps quelconque, de telle sorte que la température d'un point puisse » s'exprimer en fonction du temps et de deux autres variables indépendantes. » Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires nouveaux, ou les suppléments aux Mémoires déjà envoyés, devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le 1er juillet 1867, terme de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus d;ins des billets cachetés, qu'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée. GRAND PRIX DE MATHEMATIQUES, A DÉCERNER EN 1867. QUESTION SUBSTITUÉE A CELLE DE LA THÉORIE DES MARÉES. (Commissaires: MM. Chasles, Liouville, Pouillet, Bertrand rapporteur.) La Commission chargée de proposer un sujet de prix pour remplacer la question relative à la théorie des marées propose la question suivante pour le grand prix de Mathématiques à décerner en 18G7 : « Apporter un progrès » notable dans la théorie des surfaces algébriques. » Les Mémoires devront être envoyés au Secrétariat avant le 1 er juin 18G7. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qu'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée. ( 559) PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX »DXLE FRANCS sur l'application de la vapeur a la marine militaire, A DÉCERNER EN 1866. QUESTION PROPOSÉE POUR 18S7 , REMISE A 1839, PROROGÉE A 1862, PUIS A 1864, ET REMISE I»E NOUVEAU A 1866. Ce prix n'ayant pas été décerné en 1864, le Concours a été prorogé jus- qu'à l'année 1866. Les Mémoires, plans et devis devront être adressés au Secrétariat de l'Institut avant le Ier juin. PRIX D'ASTRONOMIE, FONDATION LALANDE, A DÉCERNER EN 1866. La médaille fondée par M. de Lalande, pour être accordée annuellement à la personne qui, en France ou ailleurs (les Membres de l'Institut excep- tés), aura fait l'observation la plus intéressante, le Mémoire ou le travail le plus utile au progrès de l'astronomie, sera décernée dans la prochaine séance publique de 1866. Ce prix consistera en une médaille d'or de l'a valeur de cinq cent'jjaa- rante-deux francs. Le terme de ce Concours est fixé au Ier juin de chaque année. PRIX DE MÉCANIQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON, A DÉCERNER EN 1866. M. de Montyon a offert une rente sur l'État, pour la fondation d'un prix annuel en faveur de celui qui, au jugement de l'Académie des Sciences, s'en sera rendu le plus digne en inventant ou en perfectionnant des instru- ments utiles au progrès de l'agriculture , des arts mécaniques ou des sciences. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de quatre cent vingt-sept jrancs. Le terme du Concours est fixé au ier juin de chaque année. ( 56o ) PRIX DE STATISTIQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON, A DÉCERNER EN 1866. Parmi les ouvrages qui auront pour objet une ou plusieurs questions relatives à la Statistique de la France, celui qui, au jugement de l'Académie, contiendra les recherches les plus utiles sera couronné dans la prochaine séance publique de 1866. On considère comme admis à ce Concours les Mémoires envoyés en manuscrit, et ceux qui, ayant été imprimés et publiés, arrivent à la connaissance de l'Académie; sont seuls exceptés les ouvrages des Membres résidants. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de quatre cent cinquante-trois francs. Le terme du Concours est fixé au ier juin de chaque année. PRIX BORDIN, A DÉCERNER EN 1866. QUESTION SUBSTITUÉE EN 1864 A CELLE DES COURANTS THERMO-ÉLECTRIQUES. (Commissaires : MM. Fizeau, Becquerel, Edm. Becquerel, Duhamel, Pouillet rapporteur.) L'Académie propose pour 1866 la question suivante : « Déterminer les indices de réfraction des verres qui sont aujourd'hui ém- ît ployés à la construction des instruments d'optique et de photographie. » Ces indices seront rapportés aux raies du spectre. » Les matières seront désignées par les noms desfabriquesjrançaises ou élran- » gères d'où elles sortent. » Les pesanteurs spécifiques et les températures seront déterminées avec grand » soin, n Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant 1<> 1" juin 1866, teimc de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qu'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée. ( 56. ) PRIX BORDIN, A DÉCERNER EN 18G6. QUESTION PROPOSÉE EN i8G<ï TOUR 18C6. (Commissaires : MM. Chasles, Bertrand, Combes, Delaunay, Duhamel rapporteur.) L'Académie propose pour 1866 la question suivante : « Déterminer par de nouvelles expériences et d'une manière très- précise » les longueurs d'onde de quelques rayons de lumière simple, bien définis. » Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'In- stitut, avant le ierjnin 1866, terme de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qu'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée. PRIX BORDIN. QUESTION PROPOSÉE EN 1 8GS POUR 1867. (Commissaires : MM. Liouville, Chasles, Delaunay, Pouillet, Bertrand rapporteur.) Le prix Bordin sera décerné au savant qui aura exécuté ou proposé une expérience décisive, permettant de trancher définitivement la question déjà plusieurs fois étudiée de la « direction des vibrations de l'élber dans les rayons » polarisés. » Les Mémoires devront être envoyés au Secrétariat avant le ierjuin 1867. PRIX FONDÉ PAR M"E la Marquise DE LAPLACE. Une ordonnance royale a autorisé l'Académie des Sciences à accepter fa donation, qui lui a été faite par Madame la Marquise de Laplace, d'une rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection complète des Ouvrages de Laplace. Ce prix sera décerné, chaque année, au premier élève sortant de l'École Polytechnique. 0. R., 18GG, 1" Semestre. T. LXII, N° 10.) 7^ ( 56a ) PRIX TRÉMCOT, A DÉCERNER EN 18CC. (Reproduction du Programme des années précédentes.) Feu M. le Baron de Trémont, par son testament en date du 5 mai 1847, a légué à l'Académie des Sciences une somme annuelle de onze cents francs pour aider dans ses travaux tout savant, ingénieur, artiste ou mécanicien, auquel une assistance sera nécessaire « pour atteindre un but utile et glo- rieux pour la France. » Un décret en date du 8 septembre 18 56 a autorisé l'Académie à accepter cette fondation. En conséquence, l'Académie annonce que, dans sa séance publique de 1866, elle accordera la somme provenant du legs Trémont, à titre d'en couragement, à tout « savant, ingénieur, artiste ou mécanicien » qui, se trou- vant dans les conditions indiquées, aura présenté, dans le courant de l'an- née, une découverte ou un perfectionnement paraissant répondre le mieux aux intentions du fondateur. PRIX DAMOISEAU, A DÉCERNER EN 18G9. (Commissaires : MM. Laugier, Faye, Liouville, Delaunay, Mathieu rapporteur.) Un décret impérial a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation, qui lui a été faite par Madame la Baronne de Damoiseau, d'une somme de vingt mille francs, « dont le revenu est destiné à former le mon- » tant d'un prix annuel qui recevra la dénomination de prix Damoiseau. » Ce prix, quand l'Académie le jugera utile au progrès de la science, » pourra être converti en prix triennal sur une question proposée. » Conformément à ces dispositions, la Commission propose à l'Académie de mettre au Concours pour l'année 186g la question suivante : « Revoir la théorie des satellites de Jupiter; discuter les observations et en » déduire les constantes qu'elle renjerme, et particulièrement celle qui fournit » une détermination directe de la vitesse de la lumière; enfin, construire des » Tables particulières pour chaque satellite. » Le Bureau des Longitudes a publié successivement des Tables des satel- ( 563 ) lites de Jupiter qui avaient été faites par deux de ses Membres, Delambre et Damoiseau. Les Tables de Delambre allaient jusqu'en i83l); elles ont été remplacées par celles de Damoiseau, qui ont paru en 1 836 et qui s'arrêtent en 1880. Les besoins de l'Astronomie et la publication des Éphémérides qui doi- vent paraître plusieurs années d'avance exigent donc que l'on refasse actuellement de nouvelles Tables des satellites, qui devront commencer avant 1880 et s'étendre suffisamment pour satisfaire à toutes les exigences de la science pendant un assez grand nombre d'années. L'Académie adopte la proposition de la Commission. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois annuités ou de deux mille (rois cent dix francs. Les ouvrages devront être parvenus, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le Ier avril 186g, terme de rigueur. PRIX DU LEGS DALMONT. Par son testament en date du 5 novembre i863, feu M. Dalmont a mis à la charge de ses légataires universels de payer, tons les trois ans, à l'Aca- démie des Sciences, une somme de trois mille francs, pour être remise à celui de MM. les Ingénieurs des Ponts et Chaussées en activité de service qui lui aura présenté, à son choix, le meilleur travail ressortissant à l'une des Sec- tions de cette Académie. Ce prix triennal de trois mille francs sera décerné pendant la période de trente années, afin d'épuiser les trente mille francs légués à l'Académie et d'exciter MM. les Ingénieurs à suivre l'exemple de leurs savants devanciers, Fresnel, Navier, Coriolis, Cauchy, de Prony et Girard, et comme eux obtenir le fauteuil académique. Un Décret impérial en date du 6 mai 1 865 a autorisé l'Académie à accep- ter ce legs. 73. ( 564 ) SCIENCES PHYSIQUES. GRAND PRIX DES SCD3NCES PHYSIQUES, A DÉCERNER EN 1866. QUESTION PROPOSÉE EN 1861 POUR 1863 ET REMISE A 1866. (Commissaires : MM. Milne Edwards, de Quatrefages, Flourens, Blanchard, Coste. ) » De la production des animaux hybrides par te moyen de la fécondation » artificielle. » On sait que chez les animaux supérieurs où la fécondation s'opère dans l'intérieur du corps de la femelle, la reproduction ne peut avoir lieu que par le concours d'individus de la même espèce ou d'espèces très-voisines qui appartiennent à un même genre naturel. Il serait intéressant de savoir si, chez les animaux dont les œufs sont fécondés après la ponte, des produits hybrides peuvent résulter du mélange d'animaux plus dissemblables entre eux. Il serait également important de constater s'il existe ou non quelque relation entre la viabilité des animaux anormaux ainsi obtenus et le degré d'hétérogénéité de leurs parents. En opérant sur des espèces dont les géné- rations se succèdent rapidement, on pourrait aussi espérer obtenir des résultats intéressants au sujet de la fécondité des hybrides et du degré de fixité de leurs caractères zoologiques. L'Académie décernera un prix de trois mille francs au meilleur travail qui lui sera adressé sur ce sujet. Les Mémoires, imprimés ou manuscrits, devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Académie, avant le 3i décembre 1866, terme de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qui ne seront ouverts que si la pièce est couronnée. PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. Feu M. de Montyon ayant offert une somme à l'Académie des Sciences, avec l'intention que le revenu en fût affecté à un prix de Physiologie expé- rimentale à décerner chaque année, et le Gouvernemen! axant autorisé cette fondation par une ordonnance en date du 22 juillet 181 S, L'Académie annonce qu'elle adjugera une médaille d'or de la valeur de ( 565 ) sept cent soixante-quatre francs à l'ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra avoir le plus contribué aux progrès de la physiologie expérimentale. Le prix sera décerné dans la prochaine séance publique. Les ouvrages ou Mémoires présentés par les auteurs doivent être envoyés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le ier juin de chaque année, terme de rigueur. PRIX DE MÉDECINE ET CHIRURGIE ET PRIX DIT DES ARTS INSALURRES, FONDÉ PAR M. DE MONTYON, A DÉCERNER EN 186G. Conformément au testament de feu M. Auget de Montyon, et aux ordon- nances du 29 juillet 1821, du 2 juin i8i5 et du -xi août 1839, il sera dé- cerné un ou plusieurs prix aux auteurs des ouvrages ou des découvertes qui seront jugées les plus utiles à l'art de guérir, et à ceux qui auront trouvé les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre. L'Académie a jugé nécessaire de faire remarquer que les prix dont il s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à perfectionner la médecine ou la chirurgie, ou qui diminueraient les dangers des diverses professions ou arts mécaniques. Les pièces admises au Concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles contiendront une découverte parfaitement déterminée. Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous les cas, la Com- mission chargée de l'examen du Concours fera connaître que c'est à la dé- couverte dont il s'agit que le prix est donné. Les sommes qui seront mises à la disposition des auteurs des découvertes ou des ouvrages couronnés ne peuvent être indicjuées d'avance avec préci- sion, parce que le nombre des prix n'est pas déterminé ; mais la libéralité du fondateur a donné à l'Académie les moyens d'élever ces prix à une valeur considérable, en sorte que les auteurs soient dédommagés des expériences ou recherches dispendieuses qu'ils auraient entreprises, et reçoivent des recompenses proportionnées aux services qu'ils auraient rendus, soit en prévenant ou diminuant beaucoup l'insalubrité de certaines professions, soit en perfectionnant les sciences médicales. Conformément à l'ordonnance du 23 août, outre les prix annoncés ci- dessus, il sera aussi décerné des prix aux meilleurs résultats des recherches ( 566 ) entreprises sur les questions proposés par l'Académie, conséquemment aux vues du fondateur. Les ouvrages ou Mémoires présentées par les auteurs doivent être envoyés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le Ier juin de chaque année, terme de rigueur. PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE POUR L'ANNÉE 1866. PCESTION PROPOSÉE DANS LA SÉANCE PUBLIQUE DU 23 MARS 18G1. (Reproduction du Programme des années précédentes.) (Commissaires : MM. Velpeau, Cl. Bernard, J. Cloquet, Andral, Jobert de Lamballe, Serres, Flourens, Longet, Rayer rapporteur.) L'Académie propose comme sujet d'un prix de Médecine et de Chirurgie à décerner en 1866 la question suivante: « De l'application de l'électricité à » la thérapeutique. » Les concurrents devront : i° Indiquer les appareils électriques employés, décrire leur mode d'ap- plication et leurs effets physiologiques; i° Rassembler et discuter les faits publiés sur l'application de l'électricité au traitement des maladies, et en particulier au traitement des affections des systèmes nerveux, musculaire, vasctdaire et lymphatique; vérifier et compléter par de nouvelles études les résultats de ces observations, et déterminer les cas dans lesquels il convient de recourir } soit à l'action des courants intermittents, soit à l'action des courants continus. Le prix sera de la somme de cinq mille francs. Les ouvrages seront écrits en français et devront être parvenus au Secré- tariat de l'Institut avant le Ie* juin 1866. GRAND PRIX DE CHIRURGIE POUR L'ANNÉE 1866. (Reproduction du Programme de l'année précédente.) (Commissaires : MM. Velpeau, Cl. Bernard, Jobert de Lamballe, Serres, Andral, J. Cloquet, Rayer, Milne Edwards, Flourens rapporteur.) Des faits nombreux de physiologie ont prouvé que le périoste a la faculté de produire l'os. Déjà même quelques faits remarquables de chirurgie ont montré, sur l'homme, que des portions d'os très-étendues ont pu être repro- duites par le périoste conservé. Le moment semble donc venu d'appeler l'attention des chirurgiens vers une grande et nouvelle étude, qui intéresse à la fois la science et l'humanité; ( 567 ) En conséquence, l'Académie met au Concours la question « de la con- » servation] des membres par la conservation du péiioste. » Lés concurrents ne sauraient oublier qu'il s'agit d'un ouvrage pratique, qu'il s'agit de l'homme, et que par conséquent on ne compte pas moins sur leur respect pour l'humanité que sur leur intelligence. L'Académie, voulant marquer par une distinction notable l'importance qu'elle attache à la question proposée, a décidé que le prix serait de dix mille jrancs. Informé de cette décision, et appréciant tout ce que peut amener de bien- faits un si grand progrès de la chirurgie, l'Empereur a fait immédiatement écrire à l'Académie qu'il doublait le prix. Le prix sera donc de vingt mille francs. Les pièces devront être parvenues au Secrétariat de l'Institut avant le ïer juin 1866. Elles devront être écrites en français. Il est essentiel que les concurrents fassent connaître leur nom. PRIX CUVIER, A DÉCERNER EN 18G6. La Commission des souscripteurs pour la statue de Georges Cuvier ayant offert à l'Académie une somme résultant des fonds de la souscription restés libres, avec l'intention que le produit en fût affecté à un prix qui porterait le nom de Prix Cuvier, et qui serait décerné tous les trois ans à l'ouvrage le plus remarquable, soit sur le règne animal, soit sur la géologie, et le Gou- vernement ayant autorisé cette fondation par une ordonnance en date du 9 août 1839, L'Académie annonce qu'elle décernera, dans la séance publique de 1 866, un prix (sous le nom de Prix Cuvier) à l'ouvrage qui sera jugé le plus remar- quable entre tous ceux qui auront paru depuis le ier janvier i863 jusqu'au 3i décembre i865, soit sur le règne animal, soit sur la géologie. Ce prix consistera en une médaille d'or de la valeur de quinze cents francs. PRIX BORD1N, A DÉCERNER EN 1866. QUESTION PROPOSÉE EN 18G1 POUR 18G3, ET REMISE EN 1866. La Commission avait proposé pour le prix Bordin à décerner en i863 une question ainsi conçue: « Déterminer par des recherches anatomiques s'il existe dans la structure des ( 568 ) » tiges des végétaux des caractères propres aux grandes familles naturelles et » concordant ainsi avec ceux déduits des organes de la reproduction. » Le prix n'ayant pas été décerné en i863, la Commission a cru devoir maintenir au Concours la même question d'anatomie végétale, en ajoutant au programme quelle admettra à concourir tout travail consciencieux gui aurait pour ohjet spécial l'étude anatomique comparée d'un ou plusieurs genres de tiges, et notamment l'examen des lianes et tiges grimpantes ou volubiles, étudiées comparativement avec les autres sortes de tiges dans les mêmes familles végétales; de plus, ayant égard aux difficultés inhérentes à de pareilles recherches et au temps qu'elles exigent, la Commission a proposé et l'Aca- démie a décidé qu'on accorderait aux concurrents jusqu'au Ier juin 1866 pour l'envoi de leurs Mémoires. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Ces Mémoires (manuscrits) devront donc être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le ier juin 1866, terme de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés qui ne seront ouverts que si la pièce est couronnée. PRIX BORDIN, A DÉCERNER EN 1807. (Commissaires: MM. Mil ne Edwards, Boussingault, Cl. Bernard, Decaisne, Brongniart rapporteur.) « Étudier la structure anatomupie du jiistil et du fruit dans ses principales » modifications. » L'organisation de la fleur est maintenant ramenée par tous les botanistes à un type général, dans lequel on considère tous les organes qui la con- stituent comme dérivant de modifications diverses des feuilles. Le pistil, placé au centre de la fleur, présente cependant quelquefois des difficultés par une assimilation complète de ses diverses parties aux organes appendiculaires ou foliacés. L'axe même de la fleur, prolongé et diverse- ment modifié, paraît dans certains cas entrer dans la constitution du pistil et des placentas, et par suite dans celle du fruit qui en résulte. On a cherché à résoudre cette question par l'étude des monstruosités et de rorganogénie, mais il reste sur plusieurs points des doutes que l'examen anatomique de ces organes, à diverses épocpies de leur développement, pourrait probablement résoudre. On demanderait aux concurrents d'étudier dans les principaux types d'organisation du pistil (pistils simples, pistils composés offrant divers ( 569) modes de placen talion, pistils libres et adhérents) la distribution des fais- ceaux vasculaires qui se portent soit dans les placentas et les ovules, soit dans les parois de l'ovaire ou dans le péricarpe, ainsi que dans la zone externe des ovaires adhérents, et de déterminer l'origine de ces faisceaux vasculaires et leurs diverses connexions — Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires (manuscrits) devront être déposés, francs de port, au Secré- tariat de l'Institut, avant le Ier juin 1867, terme de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés qui ne seront ouverts que si la pièce est couronnée. PRIX MOROGUES, A DECERNER EN 1075. Feu M. de Morogues a légué, par son testament en date du 25 oc- tobre i834, une somme de dix mille francs, placée en rentes sur l'État, pour faire l'objet d'un prix à décerner tous les cinq ans, alternativement : par l'Académie des Sciences Physiques et Mathématiques, à l'ouvrage qui aura fait faire le plus grand progrès à l'agriculture en France, et par l'Académie des Sciences Morales et Politiques, au meilleur ouvrage sur l'état du paupé- risme en France, et le moyen dj remédier. Une ordonnance en date du 26 mars 1842 a autorisé l'Académie des Sciences à accepter ce legs. L'Académie annonce qu'elle décernera ce prix, en 1873, à l'ouvrage remplissant les conditions prescrites par le donateur. Les ouvrages, imprimés et écrits en français, devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le ier juin 1873, terme de rigueur. PRIX BRÉANT, A DÉCERNER EN 1806. Par son testament en date du 28 août 1849, feu M. Bréant a légué à l'Académie des Sciences une somme de cent mille francs pour la fondation d'un prix à décerner « à celui qui aura trouvé le moyen de guérir du cho- léra asiatique ou qui aura découvert les causes (1) de ce terrible fléau. » (1) Il paraît convenable de reproduire ici les propres ternies du fondateur : « Dans l'état » actuel de la science, je pense qu'il y a encore beaucoup de choses à trouver dans la com- C. R., 1S66, 1" Semestre. (,T. LXIÏ, N° 10.) 74 ( 57o) Prévoyant que ce prix de cent mille francs ne sera pas décerné tout de suite, le fondateur a voulu, jusqu'à ce que ce prix soit gagné, que l'intérêt du capital lût donné à la personne qui aura fait avancer la science sur la question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, ou enfin que ce prix pût être gagné par celui qui indiquera le moyen de guérir radicale- ment les dartres ou ce qui les occasionne. Les concurrents devront satisfaire aux conditions suivantes : i° Pour remporter le prix de cent mille francs, il faudra : « Trouver une médication qui guérisse le choléra asiatique dans l'immense » majorité des cas; » Ou » Indiquer d'une manière incontestable les causes du choléra asiatique, de » façon qu'en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser l'épi- » demie; » Ou enfin « Découvrir une prophylaxie certaine, et aussi évidente que l'est, par » exemple, celle de la vaccine pour la variole. » o.° Pour obtenir le prix annuel, il faudra, par des procédés rigoureux, avoir démontré dans l'atmosphère l'existence de matières pouvant jouer un rôle dans la production ou la propagation des maladies épidémiques. Dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été remplies, le prix annuel pourra, aux termes du testament, être accordé à celui qui » position de l'air et dans les fluides qu'il contient : en effet, rien n'a encore été découvert » au sujet de l'action qu'exercent sur l'économie animale les fluides électriques, magnétiques » ou autres; rien n'a élé découvert également sur les animalcules qui sont répandus en » nombre infini dans l'atmosphère, et qui sont peut-être la cause ou une des causes de cette » cruelle maladie. » Je n'ai pas connaissance d'appareils aptes, ainsi que cela a lieu pour les liquides, à «• reconnaître l'existence dans l'air d'animalcules aussi petits que ceux que l'on aperçoit dans » l'eau en se servant des instruments microscopiques que la science met à la disposition de » ceux qui se livrent à cette étude. » Comme il est probable que le prix de cent mille francs, institué comme je l'ai expliqué » plus liant, ne sera pas décerné de suite, je veux, jusqu'à ce que ce prix soit gagné, que » l'intérêt dudit capital soit donné par l'Institut à la personne qui aura fait avancer la » science sur la question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, soit en donnant » de meilleures analyses de l'air, en y démontrant un élément morbide, soit en trouvant un » procédé propre à connaître et à étudier les animalcules qui jusqu'à présent ont échappé » à l'ail du savant, et qui pourraient bien être la cause ou une des causes de la maladie. » ( 57i ) aura trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres, ou qui aura éclairé leur étiologie. Les Mémoires, imprimés ou manuscrits, devront être parvenus, francs de port, au Secrétariat de l'Institut avant le Ier juin 1866 : ce terme est de rigueur. PRIX JECRER, A DÉCERNER EN ioC6. Par un testament, en date du i3 mars 1 85 1 , feu M. le Dr Jecker a fait à l'Académie un legs destiné à accélérer les progrès de la chimie organique. En conséejnence, l'Académie annonce qu'elle décernera, dans sa séance publique de 1866, un ou plusieurs prix aux travaux qu'elle jugera les plus propres à hâter le progrès de cette branche de chimie. PRIX BARBIER, A DÉCERNER EN 1806. Feu M. Barbier, ancien Chirurgien en chef de l'hôpital du Val-de-Gràce, a légué à l'Académie des Sciences une rente de deux mille francs, destinée à la fondation d'un prix annuel « pour celui qui fera une découverte pré- » cieuse dans les sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans » la botanique ayant rapport à l'art de guérir. » Les Mémoires devront être remis, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le Ier juin 1866 : ce terme est de rigueur. PRIX GODARD, A DÉCERNER EN 186C. Par un testament, en date du 4 septembre 1862, feu M. le D' Godard a légué à l'Académie des Sciences « le capital d'une rente de mille francs, -» trois pour cent, pour fonder un prix qui, chaque année, sera donné au » meilleur Mémoire sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie des » organes génito-urinaires. Aucun sujet de prix ne sera proposé. » Dans le cas où une année le prix ne serait pas donné, il serait ajouté » au prix de l'année suivante. » En conséquence, l'Académie annonce que ce prix sera décerné, dans sa 74- ( 5?3 ) séance publique de 18G6, au travail qui remplira les conditions prescrites par le donateur. Les Mémoires devront être parvenus, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le Ier juin r 866, terme de rigueur. PRIX SAVIGNY, FONDÉ PAR MlLE LETELLIER. Un décret impérial, en date du 20 avril 1864, a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation qui lui a été faite par M"eLetellier, au nom de Savigny, d'une somme de vingt mille francs pour la fondation d'un prix en faveur des jeunes zoologistes voyageurs. « Voulant, dit la testatrice, perpétuer, autant qu'il est en mon pouvoir » de le faire, le souvenir d'un martyr de la science et de l'honneur, je lègue n à l'Institut de France, Académie des Sciences, Section de Zoologie, « vinc/l mille francs au nom de Marie-Jules-César Le Lorgne de Savigny, » ancien Membre de l'Institut d'Egypte et de l'Institut de France, pour » l'intérêt de cette somme de vingt mille francs être employé à aider les » jeunes zoologistes voyageurs qui ne recevront pas de subvention Au » Gouvernement et qui s'occuperont plus spécialement des animaux sans » vertèbres de l'Egypte et de la Syrie. » En conséquence, l'Académie annonce que ce prix sera décerné à partir de l'année 1866. PRIX DESMAZIÈRES, A DECEI\NEH EN I8CC. Par son testament olographe, en date du 14 avril 1 855, M. Baptiste- Henri-Joseph Desinazières, demeurant à Lambersart, près Lille, a légué à l'Académie des Sciences un capital de Irenle-cincj mille francs, devant être converti en rentes 3 pour 100, et servir à fonder un prix annuel pour être décerné « à l'auteur, français ou étranger, du meilleur ou du plus utile écrit, publié dans le courant de l'année précédente, sur tout ou partie de la Cryptogamie. » Conformément aux stipulations ci-dessus, un prix de seize cents francs sera décerné, dans la séance publique de l'année 186G, à l'ouvrage ou au Mémoire jugé le meilleur parmi ceux publiés dans le courant de 1 865 et adressés à l'Académie avant le i par hypothèse. Les points de cette courbe se déterminent individuellement (ce qui va être démontré ci-après). Que l'on conçoive dans l'espace cette courbe d'ordre (m — i) et une droite D, et sur ces deux lignes deux séries de points a, b,... et a', b' ',... qui se correspondent anharmoniquement : les droites aa', bb'... for- meront une surface d'ordre [m — i + i) — m (5). Il existe une génératrice de la surface, située dans le plan de la courbe 2 : c'est la droite qui joint le point a', où la droite D rencontre le plan de 2, au point correspondant a de 2. Cette droite aa! rencontre [m — 2) autres génératrices de la surface en [m — a) points qui appartiennent à la courbe nodale de la surface. Mais 1 1 f • 1 i »' — 2 ) ( m — 3 ) ..iii la courbe 2 possède i ! points doubles qui appartiennent aussi à la courbe nodale. Cette courbe possède donc (ni — i}lm — 3l , •, (m — 'A(m — 3-h'î) (m — i } ( m — ■?.) 1 h (m — a) — = ■ 2 ?. 2 m — 1 ) ( m - points situés dans le plan de 2. Donc elle est de l'ordre ce que nous nous proposions de démontrer. » Maintenant, si m = 3, ou a une surface du troisième ordre, dont on sait que la courbe nodale est une droite, et dès lors est d'ordre k — = 1 . Donc la courbe nodale d'une surface du quatrième ordre est d'ordre — = 3, et par suite la courbe nodale d'une surface du cin- e 5 1 ) ( 5 — 2 1 quième ordre est — — = 2 . 3 = G, et ainsi de suite. Donc la courbe nodale d une surface d ordre m est d ordre- — -• c. Q. F. D. » ( 7) Une courbe plane (V ordre m peut avoir ■ — points doubles. » Ce théorème est une conséquence immédiate du précédent ; car si l'on considère une surface réglée d'ordre ni, un plan la coupe suivant une courbe du même ordre qui a un point double en chacun des — points d intersection de la courbe nodale et du plan. C. R., 1866, Ier Semestre. (T. LX1I, N° 11.) 76 ( 584 ) » (8) Si une courbe Cra [d'ordre m) a (- — points doubles, on peut déterminer ses points individuellement au moyen d'un faisceau de courbes d'ordre (m — i), qui ont (m — 2) points doubles communs avec pareil nombre de points doubles de CU1 , et ■~2 "'~ points simples coïncidant avec les autres points doubles de Cm , et qui passent toutes par un autre point fixe de Cm. » En effet, un faisceau de courbes d'ordre (m — 1) est déterminé par !„,-,)(,» + 3) _ i __ m> -+- m - 4 po.ntS) bage da faisceau Qr jes (,„ _ 2) points doubles équivalent à 3 (m — 2) points simples, qui, avec les [m — 1) [m — — ) _^_ ^ pQjnts par iesqUels passent les courbes d'ordre (m — 1), font "' ~ ' "' ~ ~ — 1. Ainsi le faisceau est déterminé. » Ces courbes d'ordre (m — 1) coupent C,„ en m (m — 1) points, dont 4 [m — 1) se trouvent aux (m — 2) premiers points doubles, (m — 2) (m — 3) aux autres points doubles et i au point fixe pris sur C,„, ce qui fait 4 (m — 2) + (m — 2) (m — 3) + 1 = w*(m — 1) — 1. Donc les courbes n'ont qu'un point d'intersection variable; ce qui dé- montre le théorème. » (9) On peut aussi déterminer les points de la courbe, de diverses manières, au moyen d'un faisceau de courbes d'ordre [m — 2). » Les courbes du faisceau auront pour base cl points doubles coïncidant avec des ftoinls doubles de Cm , — — — d points simples coïncidant avec les autres points doubles de Cm, et (m — 3 — ad) autres points simples pris sur Cm . Application du principe tic correspondance. » (10) Trouver le nombre des coniques du système (jx,vj qui touchent une 1 w-r |J I r (ni I ) f 111 l) . . .. courbe Uni d ordre m, a — points doubles. » Par un point oc de U,„ passent /x coniques qui coupent U,„ en \j.[im — 1) points u. Par un point u passent aussi jx coniques qui coupent U,„ en p.(im — 1) points x. Donc il existe 2jx(2»i — 1) points ,r qui coïncident chacun avec un point u correspondant. Ces points appartiennent à des coni- ques tangentes à U,„, moins un certain nombre qui forment des solutions étrangères. Ceux-ci sont des points de rencontre de U,„ et des (2/j. — v) coniques infiniment aplaties dans le système (fi,v). Ces points sont en [ 585 ) nombre m (2/* — v). Le nombre des coniques tangentes à Um est donc i\x (2111 — 1) — m (2 p. — v) = 2(111 — 1 ) p. -+- wv. c. Q. F. D. » Conséquence. — Par chaque point double de Um passent p. coniques, dont chacune peut être considérée comme tangente à la courbe et compte pour deux, parce que la conique du système, infiniment voisine de celle-là, coupe la courbe en deux points infiniment voisins, et doit donc être comptée aussi comme conique tangente. Ainsi, les coniques menées par — 2 points doubles d'une courbe comptent pour p.(m — i)('« — 2) coniques tangentes à la courbe. Donc le nombre des coniques tangentes à une courbe d'ordre m qui n'a pas de points doubles est 2(111 — 1) p. •+■ m v -+- p(m — 1 ) (m — 2) = 111(111 — i)p. -+- mv. Formule connue (Comptes rendus, t. LVIII, p. 3oo). » (11) Le nombre des coniques (3Z,e) qui passent par un point e de U„, et touchent Ura en d'autres points, est (m — 1) (2 pi -+- v'); pi, v étant les carac- téristiques du système (3Z, 1 rj.)=(pi', v'). » En effet, par un point x de U,„ passent pi coniques qui rencontrent Um en p! (2.171 — 2) points u. De même, par un point u passent p! coniques qui coupent U,„ en p! (2111 — 2) points x. Donc il existe 2p.' (2m — 2) points oc qui coïncident chacun avec un point u correspondant. 11 faut retrancher les points dans lesquels les (2 jx' — v') coniques infiniment aplaties du système (3Z, e) rencontrent Um. Ces points sont en nombre (m — 1) (2p.' — y'). Il reste 2 p.' (2m — 2) — (m — i)(2fx' — v') = (m — 1) (2 p.' + v'). c. q. f. d. » (12) Déterminer te nombre des coniques (3Z, Om) osculalrices à une courbe Om d'ordre m, qui a A points doubles. » Nous remplacerons les trois conditions 3Z par les deux caractéristi- ques p!, v' du système (3Z, ip.) = (pi, v'). » Par un point x de Om passent— coniques tangentes à 0,„ en ce point x. Ces coniques coupent O en — (2 m — 2) = v' (m — 1) points u. Par un point 11 de O passent (m — 1) (2 pi + v') coniques tangentes en des points x. Donc il existe (m — i)v' -+- (m — 1) (2 pi -h v') = 2 (m — 1 ) ( p.' -+- v' ) points x qui coïncident chacun avec un point u correspondant. Ces points appar- tiennent à des coniques osculatrices, moins un certain nombre qui forment des solutions étrangères. Ceux-ci sont dus à des coniques infiniment aplaties, tangentes à 0,„. En eflet, par chaque point de O passent (2p.' — •/) 76.. ( 586 ) coniques infiniment aplaties, satisfaisant aux trois conditions 3Z. Toutes les droites qui représentent ces coniques enveloppent une courbe de la classe (ip! — v'). La courbe O étant de la classe 2 (m - 1) (à raison de ses (m — 1 ) (m — 2) 1 1 1 \ 1 1 1 / s , > points doubles), les deux courbes ont 1 (m — 1 ) ( 2 jj>/ — v ) tan- gentes communes. Mais ou reconnaît aisément que puisque les tangentes de la première courbe partent toutes des points a, a', ... de O, si l'une d'elles est tangente à O en a, et par conséquent passe par a', la droite infiniment voi- sine qui part de a' est aussi tangente à O; d'où il résulte que la courbe enve- loppe de ces droites est tangente à O en a'. Ainsi, les deux courbes ont (m — i)(a//.' — v') points de contact. En chacun de ces points la tangente représente une conique infiniment aplatie faisant partie du nombre 2(171 — 1) fpt,' + v'). Ces solutions étrangères réduisent donc le nombre des coniques osculatrices à 2 (ni — 1) (pj + •/) — (m — 1) ( 2/j.' + •/ i = 3 (m + i] •/. Tel est le nombre des coniques (3Z) osculatrices à la courbe O,,,. On peut écrire 3 (m — i)N (3Z, 1 p . , 1 d). a Conséquence. — On peut conclure de là le nombre des coniques (3Z) osculatrices à une courbe 0,„ qui n'a pas de points doubles. Il suffit d'ob- server qu'un point double diminue le nombre des coniques osculatrices de six, parce que les deux coniques tangentes en ce point aux deux branches de la courbe représentent des coniques osculatrices comme ayant trois points coïncidents, communs avec O, et que chacune de ces coniques compte pour trois, parce que les deux coniques infiniment voisines, consécuti- vement, ont aussi trois points communs infiniment voisins avec la courbe. Il 1 1 . 1 . . [m — 0 ( m — '- ) • 1 11 1 ■ ■ résulte de celte considération que points doubles diminuent le nombre des coniques osculatrices de i(m — i)('« — 2), et qu'ainsi une courbe sans points doubles admet c ■\(m - 1 •/ + G oniques (3Z) osculatrices. » — 1) (m — 2) •/ _ 3/« (m GÉOMÉTRIE. — Noie sur la correspondance de deux points sur une courbe; par M. A. Cayley. « Dans la théorie à laquelle se rapporte celte Note, un point de rebrous- sement, s'il était nécessaire d'en parler, serait censé un cas particulier du point double; mais, pour simplifier, je ne ferai attention qu'aux courbes sans point de rebrousseinent. (587 ) » Une courbe de l'ordre m peut avoir au plus -[m — i) [m — 2) points doubles; la différence entre ce nombre et le nombre actuel â des points doubles d'une courbe donnée, savoir, le nombre D — -(m — i)(m — 2) — &, que je nomme le défaut (en anglais, déficience), joue, comme on sait, un rôle important dans la théorie de la courbe. En particulier, pour une courbe de l'ordre m avec le défaut D = o, ou, comme je dis, pour une courbe unicursale de l'ordre m, les coordonnées (x, y, z) d'un point quelconque de la courbe (je me sers toujours des coordonnées bomogènes) sont pro- portionnelles à des fonctions rationnelles et entières du degré m d'un para- mètre variable Q. » Cela étant, le théorème de M. Chasles : « Lorsque sur une droite deux » séries de points P, P' se correspondent de manière qu'à un point donné P » correspondent a points i', et qu'à un point donné P' correspondent » a' points P, alors le nombre des points P cpii coïncident avec les points » correspondants P' est a + a' ; » ce théorème, dis-je, s'étend sans chan- gement à des points correspondants situés sur une courbe unicursale quel- conque; et l'on peut énoncer le théorème comme il suit : » Lorsque, sur une courbe unicursale, il y a deux séries de points qui ont » une correspondance (a, a.'), le nombre des points unis est a + a'. » Cela donne lieu au théorème : « Lorsque, sur une courbe, avec le » défaut D, il y a deux séries de points qui ont une correspondance (a, a'), » le nombre des points unis est a ■+■ a'-f- 2/1D, » où 2 A' est un facteur qu'il s'agit de déterminer. Cela peut se faire, sinon toujours, au moins dans la plupart des cas, au moyen du théorème que voici, tiré d'une induc- tion qui me paraît suffisante : » En considérant sur la courbe U = o un point donné P', et puis les intersections de la courbe U = o par une courbe 6 = 0 dont l'équation contient d'une manière quelconque les coordonnées {x', y', z') du point donné P'; s'il y ai intersections qui coïncident avec le point P', et que les autres intersections forment un système de points P qui correspondent au point donné P', et si cette correspondance est une correspondance (a, a'), alors le nombre des points unis est a ■+- v! -h 2/îD. » » Je donne quatre exemples de ce théorème : » i° Recherche de la classe. — Si les points correspondants P, P' sont ( 588 ) situés en ligne droite avec un point donné O, alors les points unis sont les points de contact des tangentes menées par le point O; donc le nombre des points unis est égal à la classe de la courbe. La courbe 0 = o est ici la droite OP', il y a donc une seule intersection P'; donc /. = i, et nous avons entre les points P, P' une correspondance (m — i , m — i). Donc nous avons pour la classe M de la courbe l'expression M = a (m — i) h- aD, où, en substituant pour D la valeur D = £('»-»)('»- 2)-°\ nous trouvons !\T = m2 — m — ?.d, comme cela doit être. » 2° Recherche du nombre des inflexions. — Si les points P sont les points de rencontre, avec la courbe, de la tangente au point P', alors les points unis seront les points d'inflexion. La courbe 0 = o est ici la tangente au point P'; il y a ainsi deux intersections au point P; donc k = i; de plus, à chaque point P' correspondent (ni — 2) points P, et à chaque point P correspon- dent M — 2 points P'. On a donc pour le nombre des inflexions î = (OT4-M -4) + 4D, ou, en substituant pour M, D, leurs valeurs, i = 3 m (m — 2) — 6 c?, ce qui est juste. » Avant d'aller plus loin, il convient de généraliser le théorème, en remarquant que les intersections des courbes U = o, 6 = 0 peuvent for- mer plusieurs systèmes simples ou multiples de points : les intersections peuvent être le point I''(/i fois), un système de points V(p fois), un système de points Q (cj fois), etc. Cela étant, s'il y a entre les points P et P' une cor- respondance (a, «'), et si le nombre des points unis de ce système est a; s'il y a entre les points P' et Q une correspondance (jS, |S'), et si le nombre des points unis de ce système est b, et ainsi de suite; alors le théorème prend la forme pa + Le docteur Georges Bennett, de Sydney, en Australie, m'a fourni des matériaux précieux pour mes recherches, et on lui doit un article sur les habitudes de l'Ornithorliynque (3); mais je ne sache pas qu'il ait publié de Notice ou de Mémoire sur la parturition des Kanguroos. » Parle fait, M. É. Alix ne cite qu'un article d'encyclopédie. S'il avait consulté les Mémoires originaux, dont des articles de ce genre ne sont, pour (1) She immcdiately showed symptômes of uneasiness, stoopini,' down to lick llie orifice of llie vagina (Philosnphical Transactions, i83/fi p- 345). (3) Al length she grasjied the sides of (lie orifice of the pouch witii her fore-paws, and, drawing them spart, she tlirust lier lieard inlo llie cavily as fur as the eyes and could be seeii to move it about in varions directions, in the aet of replacing the fœtus [ibid., p. 345). (3) Transactions of the Zoological Society , in-4, vol. I, 1 834» ( 596) la plupart, que des compilations abrégées, il m'aurait épargné la peine que je prends aujourd'hui. Qu'il me permette de le renvoyer à la première ob- servation sur la partufition marstipiale publiée depuis le Mémoire de iS3/|, dans les Proceedimjs of the Zoological Society, in-8, part. XII, p. 1 63, 12 no- vembre i8/|/j; il y trouvera le détail d'une observation de celle opération faite sur vin Potoroo (Bettongia), et rapportée par le comte de Derby, alors président de la Société Zoologique. » Je ne voudrais pas que M. Alix se laissât décourager par le fait que sa prétendue découverte anatomique a été anticipée par au moins deux obser- vateurs. Le champ de la nature est si vaste et si varié, qu'en persévérant à le cultiver de première main, il ne peut manquer de se créer des titres à notre reconnaissance en y recueillant des fruits à la fois nouveaux et solides. » Mais il est bien rare qu'on puisse, au moyen d'un fait anatomique isolé, rectifier ou déterminer la physiologie d'un organe complexe. » ÉCONOMIE RURALE. — Conservation des vins par l'emploi de la chaleur; par M. de Yergxette-Lamotte. « Dans un premier travail, celui que j'ai eu l'honneur de communiquer l'année dernière à l'Académie, j'ai examiné quels étaient les effets de la chaleur sur les vins, lorsque cette chaleur ne dépassait pas l\5 degrés centi- grades, et démontré que sous l'empire de certaines conditions, les vins, soumis à l'action de cette température peu élevée, trouvaient dans ce traite- ment de remarquables principes de conservation. » Je viens aujourd'hui, dans cette Notice, rendre compte des essais aux- quels j'ai soumis des vins de toute provenance, en examinant avec soin quelle était sur eux l'action de la chaleur, suivant que l'on opérait à haute ou à basse température, et que la durée de cette action était plus ou moins longue. » Nous diviserons en plusieurs classes les vins sur lesquels j'ai opéré. » La première comprendra les vins qui présentent le caractère des vins d'Espagne. S'ils sont secs comme les Xérès, Madère, etc., ils contiennent de 18 à 22 pour 100 d'alcool et donnent à l'évaporation un résidu de 4 à 5 pour too; s'ils ont la saveur sucrée des Malaga, ils sont riches de 17 a 19 pour 100 d'alcool et ont un résidu de i5 à 18 pour 100. » Nous mettrons dans la seconde classe tous les grands vins de table; ce sont ceux que produit surtout la France, que leur provenance soit de la Bourgogne, du Bordelais ou des bords du Rhône. Ces vins contiennent de ( 597 ) ii à i5 pour roo d'alcool, et donnent à l'évaporation un résidu qui est à peine de i |- à 3 pour 100. » Enfin, une troisième classe comprendra tous les vins dont la richesse alcoolique sera au-dessous de 9 pour 100, et qui devront à leur acidité ou à leur platitude les caractères que l'on rencontre dans les vins communs de tous les pays. » Les vins blancs de toule provenance se comportent d'une manière par- ticulière lorsqu'on les traite par la chaleur. Nous examinerons à part ce que nous avons observé à leur sujet. » Nous avons d'abord repris avec le procédé Appert les expériences dont nous avons rendu compte, il y a quinze ans, dans un Mémoire adressé à la Société centrale d'Agriculture de Paris. » Puis nous avons soumis les mêmes vins à la chaleur d'une étuve dont la température n'a pas dépassé 45 degrés : c'est le procédé dont j'ai eu déjà l'honneur d'entretenir l'Académie, et que je distingue de la méthode Appert, qui, pour moi, consiste dans le chauffage des vins, en l'appelant traitement des vins par la chaleur. Quelques-uns des vins sur lesquels j'ai opéré sont restés cinq jours dans l'étuve, d'autres dix jours et d'autres quinze jours; d'autres vins ont été déposés pendant deux mois dans un grenier dont la température a atteint 45 degrés pendant le mois d'août (1). » Enfin, un certain nombre de bouteilles de vin ont été pendant huit mois enfermées dans une armoire adossée à une cheminée qui est toujours en feu. La température miniina de cette armoire a été de 21 degrés, la tem- pérature maxima de 43. » Je rappellerai que le procédé Appert est ainsi décrit par les personnes qui l'ont employé. » Dans le Mémoire que j'ai adressé en i85o à la Société impériale d'Agri- culture, je disais ceci (p. 1 1, lignes 3o et suivantes) : « On soumet les bou- » teilles bouchées et ficelées à la chaleur d'un bain-marie, en ayant soin » d'éteindre le feu dès que la température s'élève à 70 degrés centigrades. » Quand l'eau est descendue au degré de la température ambiante, on les » retire, on les goudronne. J'ai soumis à mes essais de grands vins blancs » de Bourgogne, qui, après avoir subi ce traitement, ont fait deux fois le » trajet des Antilles sans subir la moindre altération. » (1) M. Pasteur n'a pas admis que j'aie pu obtenir une température de 45 degrés dans un grenier; ma réponse se trouve dans le remarquable travail du Général Morin sur la venti- lation des édifices publics. ( %8 ) » Voici maintenant le procédé qu'indique M. Pasteur (Comptes rendus de V Académie des Sciences, 1 865, n° 18, p. 899, lignes 3i et suivantes) : « Je » crois être arrivé à un procédé très-pratique qui consiste simplement à » porter le vin à une température comprise entre 60 et 100 degrés, en vase » clos, pendant une heure ou deux » ; et (p. 900, lignes 3o et suivantes) : » Après que le vin a été mis en bouteille, je ficelle le bouchon et je porte la » bouteille dans une étuve à air chaud en la plaçant debout. On peut la « remplir entièrement sans y laisser de traces d'air; voici ce qui se passe : » le vin se dilate et tend à sonlever le bouchon, mais la ficelle le retient, de » façon que la bouteille reste toujours parfaitement close, pas assez cepen- » dant pour que la portion de vin chassée par la dilatation ne suinte entre » les bouchons et les parois du verre. La ficelle ne cède jamais, et je n'ai » pas vu une seule bouteille se briser, quelque peu de soin que j'aie pris dans » la conduite de la température de l'étuve ; on retire la bouteille, on coupe •> la ficelle, on repousse le bouchon dans le goulot pendant que le vin se h refroidit et se contracte, puis le bouchon est mastiqué et l'opération est » achevée. » » Il me semble qu'il y a un grand air de parenté entre ces deux procédés, et si l'on n'en devait pas la priorité à Appert, il me paraîtrait difficile que cette priorité me fût refusée. » M. Pasteur dit, p. 2 de sa Lettre au Moniteur vinicole, « qu'il est » impossible à un membre d'une Société de viticulture de produire authen- » tiquement sur le bureau de cette Société un litre de vin qui ait été con- » serve par son procédé avant le jour de sa première communication à » l'Académie, le Ier mai i8G5. » » Mes Mémoires de i85o et ma communication du Ier mai à l'Académie, répondent à cette assertion. » Dans mes expériences sur le traitement des vins j>ar la chaleur, j'opère toujours sur des vins en bouteilles. M. Pasteur, dans sa Lettre au Moniteur vinicole, p. 1 5, lignes 26 et suivantes, parle des expériences qu'il a faites pour se convaincre que l'on pouvait chauffer au bain-marie des tonneaux cerclés en fer. M. Pasteur ignorerait-il qu'il se produit dans ce cas des effets très- sensibles d'endosmose et que le vin est altéré? Comme je l'ai expliqué dans mon premier Mémoire, avec mon procédé les bouteilles ne sont pas bouchées à l'aiguille, et il reste 3 centimètres de vide entre le vin et le bou- ebon. On maintient dans l'étuve une température de 45 degrés; lorsqu'on a éteint le feu et que les bouteilles ont pris la température ambiante, on frappe le bouchon, on coupe la ficelle, on goudronne la bouteille et on ( 599) descend le vin dans la cave. Il n'y a mil inconvénient, si les vins doivent être bus clans l'année, à ce qu'ils restent enfermés dans des meubles de salle à mange » Voyons maintenant d'abord ce que deviennent les vins qui ont été soumis au procédé Appert. » S'il s'agit des vins de la première catégorie, les vins alcooliques et sucrés, la réussite est complète. Il en est de même pour tous les vins blancs, comme je l'avais d'ailleurs déjà observé en 1840. » La plupart des vins de table, ceux de la deuxième classe, ne résistent pas, au point de vue œnologique, à ce traitement; ils deviennent secs, vieil- (arclent, et ne tardent pas à se décolorer. On m'a reproché de n'avoir pas compris la portée des essais faits en 1840. Je répéterai ce que je disais alors, c'est qu'avec le procédé Appert, le seul que j'eusse en ce moment employé, si les vins sont conservés, chimiquement parlant, ce que j'avais constaté, ils ne le sont pas le plus souvent au point de vue œnologique, ce qui est très à considérer lorsqu'il s'agit de produits aussi délicats que le sont les grands vins; et la plupart du temps il y a, entre ces vins chauffés à haute tempéra- ture et ceux qui se sont conservés sans l'avoir été, toute la différence qui existe entre des légumes frais et les légumes des conserves d'Appert. » De tous les vins de table, ceux qui résistent le mieux au procédé Appert sont les vins de l'Hermitage, et ceux qui perdent le plus sont ceux du Bor- delais. Le peu de succès que nous avons obtenu en opérant sur les grands vins de Bourgogne nous engage à ne point recommander ce procédé dans notre vignoble. » Mais des vins qui sans exception perdent leur valeur, si faible qu'elle soit, lorsqu'on les traite par le procédé Appert, sont les vins communs de la troisième catégorie, tant ils se décolorent et deviennent secs et acides. » Le procédé que j'ai proposé pour le traitement des vins réussit dans le plus grand nombre de cas, et cependant encore ne le conseillerais-je qu'avec beaucoup de réserve pour les vins de la troisième catégorie. » Il réussit sans exception pour tous les grands vins de table (ceux de la deuxième classe) comme pour ceux qui ont le caractère des vins d'Espagne. J'ai surtout remarqué que plus les vins avaient de parties sapides, plus ils avaient été mis jeunes en bouteilles, et mieux ils conservaient leur caractère. Lorsque les vins sont peu alcooliques, donnent peu de résidus à l'évapora- tion et ont été mis vieux en bouteilles, ils se dessèchent toujours un peu, se décolorent et sont plus vieux qu'avant le traitement. C. R., 1866, i<* Semestre. (T. LXII, N° II.) 78 ( 6oo ) » Pendant les deux mois que les vins sont restés au grenier, la tempéra- ture y est souvent descendue au-dessous de 20 degrés; ils résistent parfaite- ment à cette épreuve. » Les vins qui ont passé huit mois dans l'armoire chaude sont hien con- servés et très-remarquables. Il faut dire qu'ils étaient très-corsés, très- riches en parties sapides, et ont pu prendre impunément un léger goût de vieux et une odeur de vin d'Espagne qui est très-appréciée des connaisseurs. » La manière de procéder qui a le plus le caractère industriel consistera dans l'emploi de l'étuve à 45 degrés; on y laissera les vins de cinq à quinze jours. Les divers essais que j'ai faits pour me fixer sur la durée de l'opéra- tion m'ont donné à peu près les mêmes résultats. » Les vins blancs gagnent tous beaucoup au traitement par la chaleur. J'avais eu l'honneur, il y a un an, d'entretenir plusieurs Membres de l'Aca- démie de mes recherches pour conserver à quelques-uns de nos grands vins blancs celle saveur sucrée que l'on apprécie tant dans les produits du château d'iquem. J'ai déjà obtenu quelques résultats assez curieux. Ainsi, il suffit que le résidu de l'évaporation soit de 4,5 pour 100 pour que le vin reste suffisamment doux, et ce que je puis encore dire dès aujour- d'hui, c'est qu'une chaleur de 45 degrés prolongée peut, dans certaines conditions, arrêter les fermentations alcooliques. Ce fait devra amener de grands changements dans la préparation des vins muscats et en général des vins qui ont une saveur sucrée. J'ajouterai que j'ai même réussi à préparer à cette température certaines conserves alimentaires qui, traitées de cette manière, se rapprochaient davantage des produits frais que dans la méthode d'Appert. » On a avancé que les vins chauffés ou traités par la chaleur ne faisaient point de dépôt : le fait n'est pas exact. Je viens d'examiner des vins de Pomard 1847 chauffés en i85o par le procédé d'Appert, et voici dans quel état ils se trouvent. Ils sont conservés, chimiquement parlant, en ce sens qu'ils ne sont ni amers ai gâtés; au point de vue œnologique, ils sont peu agréables, ils sont secs, plus vieux et plus acides que ne le comporte leur âge et leur origine, enfin très-décolorés. Mais ce que je voulais surtout signaler, c'est qu'ils ont fait dans la bouteille un dépôt très-abondant; seulement le caractère physique que présente ce dépôt est de se séparer mé- caniquement avec facilité du vin auquel il est mélangé. » Les vins traités par la chaleur suivant mon procédé forment aussi des dépôts, malgré leur remarquable état de conservation. Comme dans le cas précédent, ces dépôts se séparent facilement du vin. Je comprends que (6oi ) M. Pasteur n'ait point encore trouvé de résidus dans les vins chauffés : il y a trop peu de temps qu'il s'occupe de cette question, pour avoir pu obser- ver les faits que je signale ici. » Pour tous ces vins, qu'ils aient été préparés par le procédé Appert ou par le mien, les dépôts présentent toujours, sans que pour cela ils soient altérés, les filaments plus ou moins organisés que M. Pasteur a considérés comme des végétations parasites, causes premières des maladies des vins. La théorie du savant académicien est donc ici en défaut ; comme nous avons eu encore à constater d'autres faits qui jusqu'à présent sont aussi en con- tradiction avec cette théorie, nous en ferons bientôt l'objet d'une autre communication à l'Académie. » Les droits de priorité ont été dans cette question souvent débattus devant le public. Je demanderai à l'Académie la permission de lui en dire un seul mot. Dans mes recherches qui datent de i84o, dans mes communi- cations à la Société centrale d'Agriculture, j'ai toujours cité le nom d'Appert à propos du chauffage des vins et ne me suis jamais permis de prendre un brevet d'invention pour l'exploitation, dans ce cas particulier, des procé- dés de conservation qu'on lui doit. » Quant au traitement des vins par la chaleur, j'ai le premier expérimenté, sur les vins dits de table, l'action plus ou moins prolongée qu'une tempé- rature de 4oà 45 degrés exerce sur eux, et cela, toujours en opérant en vase clos (1). » Ainsi donc, tout juge impartial, qui les pièces à la main voudra étu- dier cette question, y reconnaîtra deux initiatives : celle d'Appert, à laquelle on doit le chauffage des vins, et la mienne qui aura donné à l'œnologie ce que j'appelle le trailement à basse tempéralwe des vins par la chaleur. » Eu résumé, deux moyens ont été proposés relativement à l'emploi de le chaleur pour la conservation des vins. Dans l'un, le chauffage des vins, on les expose pendant quelques minutes à peine à une température de ^5 à 80 degrés centigrades; c'est le procédé d'Appert remis en lumière par M. Pasteur dans la séance du Ier mai i865. Les vins de la Bourgogne qui ont subi ce traitement se dessèchent souvent, vieillissent et se décolorent; cette méthode ne réussit que pour les vins de table qui laissent à l'évapora- tion un résidu abondant et sont riches en alcool. (1) J'ai vu avec plaisir que dans les publications qu'il a faites depuis le Ier mai iS65, M. Pasteur se rapproche de mon procédé; la température qu'il emploie n'est plus que de 5o degrés, et il espère même pouvoir opérer à une température moins élevée. 78.. ( 602 ) » Le procédé d' Appert donne de bons résultats avec tous les vins blancs, et avec les vins sucrés et alcooliques présentant les caractères des vins d'Espagne, de Portugal, de Sicile, etc. » De longues et consciencieuses recherches m'ont conduit à recomman- der une autre manière d'employer la chaleur pour l'élevage et la conserva- tion des vins. Mon procédé consiste dans l'action plus ou moins prolongée que la chaleur exerce sur eux, la température ne dépassant pas 45 degrés centigrades. Ce procédé, que pour le distinguer du premier, le chauffage des vins, j'appellerai traitement des vins par la chaleur, réussit d'une manière re- marquable pour tous les vins de table. 11 est spécialement applicable aux produits des grands crus de la Bourgogne. » M. Séguin fait hommage à l'Académie d'un opuscule qu'il vient de pu- blier sur l'aviation ou navigation aérienne. « Neveu et élève du célèbre Montgoifier, j'ai cru, dit M. Séguin, ne pouvoir rester étranger à une ques- tion dont mon oncle a le premier donné une solution théorique et que l'on cherche aujourd'hui à faire entrer dans le domaine de la pratique. » M. Coste présente, au nom de M. Gervais, un exemplaire du Rapport fait à M. le Préfet de l'Hérault par le savant professeur sur les essais de pisciculture entrepris dans ce département pendant l'année i865. NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission chargée de décerner le prix d'Astronomie (fondation Lalande) pour L'année 1SG6. MM. Mathieu, Laugier, Liouville, Paye et Delaunay réunissent la majo- rité des suffrages. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la nomi- nation de la Commission chargée de décerner le prix extraordinaire pour l'application de la vapeur à la marine militaire. (Commissaires : MM. Paris, Ch. Dupin, Jurien de la Gravière, Morin, Combes.) ( 6o3 ) MÉMOIRES LUS. PHYSIOLOGIE végétale. — Nouvelles recherches pour servir à l'histoire physiologique des arbres; par M. A. Guis. (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique. ) « Dans la séance du 26 février dernier j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Académie des périodes de repos, de dissolution et de reproduction que présentent, suivant les saisons, les substances nutritives amylacées sécré- tées à l'intérieur du tronc des arbres. Je viens de m'assurer qne dans le premier chapitre de son Mémoire sur les cellnles amylifères (1), M. Sanio a consacré quelques lignes à cette grave question de physiologie végétale. Des observations incomplètes ont conduit ce botaniste, d'ailleurs très-dis- tingué, à admettre que les cellules amylifères ne contiennent pas de gra- nules en été, que ceux-ci n'apparaissent qu'en automne et se résorbent au printemps, opinion généralement adoptée jusqu'ici; mais dont mes der- nières recherches ont démontré le peu de fondement. Dans le même Mémoire, M. Sanio a tranché avec plus de bonheur, mais seulement en quelques mots et sans citer les faits sur lesquels il s'appuie, a tranché, dis-je, une question que je me propose d'examiner ici avec quelque détail. » Quel est le degré de vitalité des réservoirs de substance nutritive? Pendant combien de temps la moelle, les rayons médullaires et le paren- chyme ligneux conservent-ils la propriété de sécréter de l'amidon? » Je dois faire remarquer ici qu'indépendamment des fibres ligneuses qui quelquefois constituent un quatrième lieu de dépôt de cette matière, il est encore un autre tissu qui, sous ce rapport, doit être pris en considé- ration et que j'aurai à mentionner dans le rapide exposé de ces recherches. On sait, depuis longtemps déjà, que la cavité des gros vaisseaux du bois est souvent occupée par un tissu cellulaire dont le développement est géné- ralement considéré comme un produit anormal de la vieillesse des tissus et un obstacle à la circulation des liquides. Mes observations m'ont conduit à considérer ce tissu d'une manière bien différente, à lui attribuer un véri- table rôle physiologique et à mettre en une juste lumière les recherches et l'opinion d'un observateur anonyme allemand dont les travaux sur ce point (1) Untersuchungen iïber die im IVintcr Suirke fuhrenden Zellcn, etc. (6o4 ) sont demeurés presque complètement inaperçus. Les cellules du paren- chyme intravasculaire jouissent en effet de la propriété de sécréter de la matière amylacée, et cette sécrétion est, dans certains cas, si considérable (Acacia, Vigne vierge), qu'elles acquièrent par là une importance égale à celle des rayons médullaires et du parenchyme ligneux quant aux fonc- tions de nutrition qu'elles sont appelées à remplir au sein des tissus végé- taux. Ces mêmes cellules sont munies d'un nucléus, et je ne crois point inutile de faire remarquer, en passant, que cet organe, dont je me suis ef- forcé ailleurs de faire ressortir l'importance comme appareil d'élaboration et de sécrétion des matières contenues dans la cellule végétale, ne fait point défaut aux éléments des rayons médullaires et du parenchyme ligneux. J'ai constaté souvent, à l'époque de la reproduction estivale de la fécule dans le tronc des arbres, que ces éléments munis de parois épaisses interrompues de distance en distance par des amincissements possèdent, comme les cel- lules délicates des feuilles et des tubercules, un véritable nucléus qu'un amas de petits granules amylacés dérobe souvent à l'œil de l'observateur armé des plus forts grossissements. » Pour résoudre la question de la vitalité plus ou moins grande des ré- servoirs de matière nutritive, il fallait soumettre à l'examen microscopique les tissus d'arbres d'essences diverses, assez avancés en âge, abattus autant que possible dans la période du repos hibernal, étudiés immédiatement ou peu de temps après l'abatage. J'ai donc observé dans ces conditions des troncs de Frêne, de Bouleau, de Hêtre, de Chêne, de Peuplier, de Châtai- gnier et d'Acacia. » Au mois d'avril i865 j'étudiai un tronc de Frêne âgé de quarante ans et abattu à la fin du mois de mars de la même année. Dans toute l'épaisseur du tronc les cellules des rayons médullaires et du parenchyme ligneux, celles même de la moelle, contenaient une notable proportion d'amidon. M. Payen a, du reste, signalé le même phénomène dans le tronc d'un Frêne de vingt-huit ans. » Au mois de février, j'observai les tissus amylifères d'un Bouleau de trente-cinq ans qui venait d'être abattu. Depuis les couches annuelles les plus extérieures jusqu'à celles qui enveloppaient immédiatement la moelle, je constatai la présence d'un dépôt, généralement peu abondant, de très- petits granules amylacés. Le tissu fortement épaissi de cette moelle avait seul perdu la propriété de renouveler sa matière de réserve. » L'étude d'un vieux Hêtre, coupé vers la fin de l'hiver, est particuliè- ( 6oÇ ) rement intéressante au point de vue qui nous occupe ici, parce qu'on y peut suivre, pour ainsi dire pas à pas, l'affaiblissement de l'activité vitale dans les tissus amylifères à mesure que ces tissus avancent en âge et se rappro- chent de l'époque à laquelle ils seront complètement frappés d'inertie. Cette élude, j'ai pu la faire sur un arbre âgé de quatre-vingt-quinze ans. Depuis la dernière couche annuelle immédiatement placée sous l'écorce jusqu'à la quinzième, les cellules des rayons médullaires et du parenchyme ligneux étaient pour la plupart complètement remplies de matière de réserve. Vers la vingtième couche, les grains d'amidon étaient moins nombreux, épars dans ces cellules, et beaucoup d'entre elles en étaient complètement dé- pourvues. Vers la vingt-septième couche, les cellules contenant encore de la matière de réserve n'offraient plus que quelques grains d'amidon groupés ordinairement en un petit amas arrondi n'occupant qu'un point très-limité de la vaste cavité cellulaire. Enfin, depuis la trente-cinquième couche en- viron jusqu'à la moelle, les réservoirs de substance nutritive étaient dé- pourvus d'amidon. « Dans les espèces ligneuses qu'il nous reste à signaler maintenant, nous allons voir, d'une part, l'activité vitale des rayons médullaires et du paren- chyme ligneux s'éteindre non plus par degrés, mais presque subitement ; et, d'autre part, cette profonde inertie se manifester dans des tissus peu avancés en âge ou même très-jeunes. » Sur un tronc de Peuplier (Grisaille) abattu au mois de février, à l'âge de trente-cinq ans, je constatai que les réservoirs de substance nutritive avaient perdu la faculté de sécréter de l'amidon dans la partie centrale du corps ligneux, depuis la moelle jusqu'à la quinzième zone concentrique d'accroissement environ. C'est seulement dans les couches annuelles exté- rieures que ces réservoirs offraient un dépôt amylacé peu abondant con- sistant en granules très-petits et très-inégalement distribués. » Dans le courant du mois de mai 1 865 j'étudiai deux troncs de Chêne coupés au mois d'avril, l'un âgé de cinquante-huit ans, l'autre de quatre- vingt-dix-huit. Dans le premier, le double système des rayons médullaires et du parenchyme ligneux était fortement amylacé depuis la troisième zone au-dessous de l'écorce jusqu'à la quinzième environ : à partir de là jusqu'à la moelle, tous les tissus étaient dépourvus d'amidon, sauf quelque rare cellule isolée. Dans le second, les éléments amylifères avaient conservé leur vitalité dans les vingt dernières couches annuelles, si l'on en excepte les deux extérieures. C'est à peine si l'on trouvait çà et là dans les parties plus centrales du tronc une cellule du parenchyme ligneux contenant encore ( 606 ) quelques grains d'amidon (i). Je dois mentionner ici que M. Payen a con- staté l'inertie des cellules appartenant aux zones centrales du corps ligneux dans les parties inférieures d'un Chêne âgé de treize ans et qu'il l'a égale- ment signalée dans quelques autres espèces du reste assez peu avancées en âge. » Le 16 mai i865, à la base d'un gros tronc d'Acacia chargé de feuilles et de fleurs, je fis scier une rondelle de bois sur laquelle je comptai qua- rante-cinq couches d'accroissement. C'est seulement dans les quatre der- nières couches annuelles que je pus constater la présence de l'amidon. Dans cette région, les vaisseaux étaient complètement remplis de parenchyme intravasculaire, mais les éléments de ce parenchyme étaient dépourvus de matière amylacée. Cependant j'avais observé, le i5 avril, sur une branche de quatorze ans, que ce tissu était, dans les deux couches les plus exté- rieures du bois, aussi riche en amidon que les rayons médullaires et le pa- renchyme ligneux environnants. Dans notre tronc d'Acacia de quarante- cinq ans, le cylindre formé par le corps ligneux avait 12 centimètres de rayon; la partie extérieure de ce cylindre, assez vivante pour sécréter de l'amidon, n'avait guère qu'un -^ centimètre d'épaisseur. » C'est à peu près dans la même proportion que, chez le Châtaignier, la zone de bois capable de sécréter de la matière de réserve enveloppe un axe central frappé sous ce rapport d'une inertie complète. » On peut juger, d'après les exemples que je viens de citer, de l'éton- nante diversité avec laquelle se manifeste l'énergie vitale des cellules amy- lifères suivant que l'on étudie des arbres d'essences différentes et pouvant appartenir à une même famille végétale. En ne considérant que les termes extrêmes de notre série d'observations, on voit que chez les uns la matière de réserve se renouvelle dans les mêmes cellules pendant quatre années consécutives seulement , tandis que chez les autres ce renouvellement s'opère pendant quarante ans, et peut-être plus. » Il est à remarquer, du reste, que la zone ligneuse qui possède encore la vitalité nécessaire à la sécrétion de l'amidon correspond dans beaucoup (1) Cette persistance de l'activité vitale dans quelques cellules appartenant aux couches profondes du bois de Chêne, pendant que toutes les autres sont dans un état complet d'i- nertie, est sans doute plus apparente que réelle. En effet, les granules amylacés que ces cel- lules renferment ne sont pas nécessairement de nouvelle formation; ils peuvent avoir été sécrétés depuis longtemps et avoir échappé par une circonstance quelconque au phénomène de la résorption. ( 6o7 ) de cas et assez exactement (sinon absolument) à la partie extérieure et peu colorée du bois que l'on nomme vulgairement aubier. Les recherches qui viennent d'être exposées donnent donc une certaine importance à ce simple aperçu présenté par M. Sanio : « La vitalité des cellules amylifères dure » aussi longtemps que le bois demeure à l'état d'aubier. » Mais qu'est-ce que l'aubier? Aujourd'hui encore nos meilleurs auteurs le considèrent comme le faisait, eh ij5S, l'illustre auteur de la Physique des arbres, Du- hamel du Monceau. Pour eux, l'aubier est « le jeune bois, le bois imparfait, » l'ensemble des couches extérieures du bois. » On est à bon droit surpris de ce qu'il y a de vague et d'indéterminé dans cette définition. La couleur du bois et l'épaisseur des fibres ne sont pas d'ailleurs de nature à nous donner toujours une idée juste de ce qu'on doit entendre par les mots aubier et duramen; elles ne peuvent servir à tracer toujours la limite précise entre ces deux parties. » Il nous semble que les observations dont nous avons présenté ici les principaux résultats nous permettent de donner une définition plus rigou- reuse de ces parties. Pour nous l'aubier serait cette région extérieure du bois qui conserve encore la faculté de sécréter de l'amidon dans le double système des rayons médullaires et du parenchyme ligneux : le duramen serait cette région centrale de la lige qui a perdu cette faculté. La définition que nous proposons ici étant admise, il en résulterait cpie les tiges de cer- taines espèces ligneuses même très-âgées, dans lesquelles les auteurs recon- naissent un duramen, n'en possèdent réellement pas. Il n'est point inutile de faire remarquer en terminant que l'aubier tel que nous venons de le déter- miner par une méthode scientifique correspond, dans la plupart des cas, assez exactement (sinon absolument vers sa limite) à l'aubier tel que le comprennent les gens du monde et ceux qui exploitent ou travaillent le bois de nos grands arbres. » hygiène publique.— Note sur les moyens à employer pour alimenter ta ville de Nîmes en eau potable; par M. A. Dumont. (Extrait.) (Commissaires : MM. Mathieu, Combes, Poncelet, Regnault, Delaunay.) « Depuis plusieurs années je me suis livré à des recherches et à des études précises sur les meilleurs moyens à employer pour alimenter d'eau potable la ville de Nimes. » J'ai été conduit à adopter une solution analogue à celle que j'ai employée C. B., 1866, i« Semestre. {T. LXII, N° H.) 79 ( 608 ) pour la ville de Lyon, et qui fonctionne avec succès depuis plus de dix ans. Cette solution peut se formuler ainsi : » Filtration naturelle des eaux du Rhône dans les graviers qui bordent ses rives. w F.lévation de ces eaux naturellement filtrées sur le plateau de Nîmes, la cote 60 au-dessus du niveau de la mer, à l'aide de machines à vapeur établies sur le bord du fleuve, près de Beaucaire, et à une distance de 23/j56 mètres de la ville. » Ce projet est arrivé aujourd'hui à un degré de maturité suffisante pour que je croie pouvoir le soumettre au jugement de l'Académie. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. le Ministre de l'Instruction publique transmet un Rapport adressé à M. le Ministre des Affaires étrangères, par M. le Consul de France à Syra, sur les phénomènes volcaniques qui se sont produits dans la rade de l'île de Santorin, avec une esquisse des localités et quelques échantillons des matières composant la masse principale du nouvel îlot. Extrait du Rapport adressé à M. le Ministre Secrétaire d'État aux Affaires étrangères, par M. L. Ledoulx, Consul de France à Syra. «... J'étais devant Santorin le mercredi 7 du courant, avec l'apparition du jour. On pouvait déjà, à 25 ou 3o milles de distance, apercevoir parfaite- ment une immense colonne de fumée blanche, partant du centre de l'île, et qu'une grande force motrice poussait régulièrement et par flocons pres- sés, à une hauteur prodigieuse. Nous fûmes dès lors bien assurés, Monsieur le Ministre, qu'il se passait là-bas quelque chose d'extraordinaire, et nous éprouvions tous, comme il est facile de le comprendre, une indicible im- patience d'approcher de ces lieux encore mystérieux pour nous, et qui allaient à coup sûr nous faire voir d'effrayantes merveilles. La nier était calme et l'horizon clair partout; l'air était rafraîchi par une légère brise de vent du nord qui nous avait suivis depuis notre départ de Syra. Nous franchîmes, dans l'espace d'une heure, qui nous parut bien longue, les 12 milles environ qui nous séparaient encore de Santorin. Nous avions déjà remarqué, comme autre ohjet de surprise, que les eaux qui nous en- vi tonnaient avaient une couleur d'un vert foncé que nos marins assuraient n'avoir jamais vue nulle part. Nous entrons enfin dans la rade, qui a à peu près la forme d'un grand fer à cheval, et qui renferme dans son centre trois ( 6o9) îlots volcaniques, appelés en grec les Trois Kriirneni, c'est-à-dire les Trois Brûlés. « Ces trois îlots disparaissaient, en ce moment, au milieu des tourbillons de flammes, de fumées et de vapeurs qui semblaient les couvrir de toutes parts; la mer était brûlante et bouillonnait tout autour avec fracas, offrant des teintes variées et d'apparence métallique. Cependant, dans quelques moments d'éclaircie, l'œil exercé de nos marins, connaissant parfaitement tous ces lieux, observait avec stupeur d'étranges changements survenus; un petit promontoire vers le sud-ouest, attenant au plus grand îlot du milieu, dit Néa Kaïmeni, contenant un vingtaine de grandes maisons blan- ches, servant de lieu de plaisance et de bains thermaux en été, avait à peu près disparu dans l'eau, et ne laissait plus voir que quelques toitures dé- solées; un affaissement de 4 à 5 mètres avait dû avoir lieu dans cette partie du sol. Je me hâte d'ajouter, Monsieur le Ministre, que les habitants, en très- petit nombre, qui gardaient d'ordinaire ces endroits, avaient eu le temps de se sauver dans des barques, et étaient venus, comme de raison, répandre l'alarme dans la ville. Cette partie de terrain, abîmée dans les eaux, est marquée dans l'esquisse ci-jointe par quelques points rouges. » Mais notre surprise ne devait pas en rester là : en portant attentive- ment nos regards vers ces lieux tourmentés et en travail convulsif, nous aperçûmes un îlot tout nouveau, déjà d'une certaine étendue, et remplis- sant une petite crique touchant au promontoire qui disparaissait dans les eaux. » Avant de quitter Santorin, j'interrogeai encore avec anxiété toutes les personnes les plus compétentes et les plus expérimentées du pays, sur les craintes qu'on pouvait avoir en face de ce volcan caché, mais toujours me- naçant; il me fut répondu généralement que la soupape de sûreté fonc- tionnait régulièrement, et que ce jeu terrible de la nature se terminerait, d'après toute apparence, sans autre déchirement ultérieur. » Je ferai connaître à Votre Excellence que les premiers symptômes vol- caniques avaient déjà commencé à se manifester dès le 3o janvier. On s'é- tait aperçu, dès ce jour, que toutes les maisons de campagne situées sur le plus grand îlot de Néa Kaïmeni, avaient été profondément lézardées. Le 3i janvier, après quelques secousses légèrement ressenties dans toute l'île, un grand affaissement s'était fait remarquer dans la partie sud-ouest du même îlot ; dans la nuit précédente, de grands bruits souterrains avaient été entendus à grande distance. » Les Ier, 2 et 3 février, les mêmes bruits avaient continué pendant la 79-- ( 610 ) nuit, rabaissement de l'ilot s'opérait aussi sensiblement, et une épaisse fumée blanche, accompagnée la nuit de flammes phosphoriques, couvrait entièrement le même îlot de Néa Kaïmeni. C'était là évidemment que le volcan sous-marin opérait son travail. » Enfin, le 4 février au matin, après redoublement des phénomènes pré- cités, on s'aperçut qu'un nouvel ilôt se montrait dans la petite baie déjà indiquée, et qu'il croissait, pour ainsi dire, à vue d'ceil, mais sans violence ni irruption. Quand il nous fut donné de l'approcher de très-près, il avait déjà atteint, à vue d'ceil approximatif, la proportion de 120 mètres de lon- gueur sur 100 mètres de largeur et 80 mètres de hauteur. » J'envoie ci-joints à Votre Excellence quelques échantillons des ma- tières volcaniques qui composent la masse principale du nouvel îlot apparu ; elles paraissent essentiellement composées de pierres ponces, de scories volcaniques, de basalte et autres matières combustibles, dont Votre Excel- lence pourra ordonner l'analyse. » « M. Elie de Beaumoxt fait remarquer que les fragments scoriacés en- voyés de Santorin sont de nature trachytique. Ils passent à la fois à l'obsi- dienne et à la ponce. Ils ont la plus grande ressemblance avec les déjections produites dans l'éruption du Monte- Nuovo, près de Naples, en 1 538. » GÉOLOGIE. — M. le Dr Decigallas, à qui l'on doit les premières obser- vations sur la récente éruption de l'île de Santorin, écrit à l'Académie pour lui soumettre les vues théoriques au moyen desquelles il cherche à expli- quer les phénomènes dont il a été le témoin. La Lettre de M. Decigallas est renvoyée à l'examen de M. Ch. Sainle- Claire Deville. M. i.e Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics transmet un Mémoire portant pour titre : « Du choléra, ou intoxication vermineuse », Mémoire adressé à l'Empereur par M. le Dr Maùr, de Paris. L'auteur avait déjà adressé directement à l'Académie un travail sur ce sujet; le nouveau Mémoire est renvoyé, conformément à la demande de M. le Ministre, à la Commission du prix Bréant, déjà saisie de l'examen du premier. L'Académie renvoie à la même Commission un Mémoire de M. Bassaget (6,1 ) sur le choléra et sur le système ganglionnaire du grand sympathique, considéré par l'auteur comme siège de cette affection. Un Mémoire sur le typhus, adressé de Lyon par M. Faucoknet, est éga- lement renvoyé à la Commission du legs Bréant, conformément au désir exprimé par l'auteur. Dans une Lettre, dont l'envoi est postérieur à celui du Mémoire, M. Fau- connet prie l'Académie de lui renvoyer plusieurs communications anté- rieures qui n'ont pas été l'objet d'un Rapport. L'Académie ne renvoie point les pièces qui lui ont été adressées, mais l'auteur pourra faire retirer du Secrétariat,. par une personne dûment auto- risée, celles qu'il désire reprendre. L'Académie reçoit un travail destiné au concours pour le prix Bordin de 1866 (question concernant la structure des tiges des végétaux consi- dérées dans les grandes familles naturelles. L'auteur, qui a placé son nom sous pli cacheté, a joint au texte de son Mémoire une série de préparations anatomiques destinées à y servir de complément. Ces préparations sont renfermées dans deux boites qui portent à l'exté- rieur la répétition de l'épigraphe suivante, placée en tète du manuscrit : « Primum videre, iterum al2... , les séries dont nous parlons deviennent divergentes et doivent, par consé- quent, être absolument rejetées. » Il s'agissait de voir si d'autres moyens ne permettent pas d'arriver, poul- ies coefficients cherchés, à des expressions qui subsistent, quelque grande que soit l'excentricité. Il était d'autant plus naturel de penser à recourir, pour cet objet, aux transcendantes astronomiques, que plusieurs fonctions simples se développent de cette manière avec une grande facilité, ainsi que l'ont déjà montré les recherches de plusieurs savants analystes. » Nous nous sommes donc proposé ce problème : Développer, à l'aide de transcendantes, toute espèce de fonctions astronomiques, effectuer par ce moyen toutes les transformations désirables entre les trois espèces d'anomalies (anomalie vraie, anomalie excentrique et anomalie moyenne); enfin, arrive! ainsi à intégrer, sous toutes les formes possibles, les expressions différentielles qui donnent les perturbations. » Nous sommes obligé de renvoyer à notre Mémoire pour les détails de la solution obtenue; nous nous bornerons à dire ici que cette solution n'exige aucune transcendante nouvelle; elle repose uniquement sur les transcendantes de Laplace et celles de Bessel, bien connues de tous les astronomes. Une rapide énumération des résultats trouvés permettra d'ap- précier la généralité de la méthode. Nous traitons, dans notre travail, des transformations qu'on peut effectuer entre les diverses espèces d'anomalies dans le développement de chacune des fonctions ci-après : les multiples des trois sortes d'anomalies; les sinus et cosinus de tous ces multiples, quelque grands qu'ils soient; les puissances quelconques, entières ou fractionnaires, positives ou négatives, du rayon vecteur; les produits des puissances entières du rayon vecteur ou de son inverse par les sinus et cosinus des mul- tiples de l'anomalie excentrique ou de l'anomalie vraie; le logarithme du ( 6*5 ) rayon vecteur; enfin, l'équation du centre et son carré. Par notre méthode, on parvient directement, en quelques minutes, à écrire le terme général de chacun de ces développements, et la combinaison des diverses formules entre elles permet d'embrasser des fonctions astronomiques quelconques. » Mais le plus précieux avantage de notre méthode consiste en ce que les coefficients des développements demeurent calculables, quelque grande qu'on suppose l'excentricité. Eu effet, dans un certain nombre de cas, les coef- ficients sont donnés par des expressions finies, et, quand ils sont exprimés par des suites infinies, ces suites jouissent de cette propriété remarquable, que le rapport de deux termes consécutifs y tend de plus en plus vers zéro. Nous ajouterons que ces suites infinies ne contiennent d'autres facteurs numé- riques que l'unité ou les fractions-? ^> y> ^> etc., de la série connue sous le nom de série harmonique, ce qui, dans les applications numériques, écarte la plupart des chances d'erreur. » La convergence illimitée de nos expressions tient à ce que les dévelop- pements n'y sont plus ordonnés suivant les puissances de l'excentricité e; nos procédés conduisent même à remplacer cet élément par la quantité .... . i — v7 1 — e= e auxiliaire À = = ; e i + y/ 1 — c' » Nous obtenons encore sans difficulté la limite du rapport de deux coefficients consécutifs d'un développement quelconque. Nous montrons que ce rapport final est le même dans toutes les fonctions développées sui- vant les multiples de l'anomalie moyenne, et que sa valeur est alors égale à lcV'~a', ),, e ayant la même signification que ci-dessus et c désignant de plus le nombre dont le logarithme hyperbolique est l'unité. Cette valeur est souvent même très-approchée après un petit nombre de termes, dix ou douze, par exemple, pour des excentricités telles que celles de Mercure et de Pallas. » Lorsqu'on prend l'anomalie excentrique pour variable indépendante, le rapport de deux termes consécutifs d'un développement tend ordinaire- ment vers X, quelquefois vers zéro. » Les procédés d'intégration et les formules qui donnent les perturbations des divers éléments ou les corrections correspondantes de la longitude vraie, du rayon vecteur et de la latitude, sont desimpies applications des méthodes dont nous venons de parler. » On voit, par ce qui précède, que nous avons été conduit à étendre C. R. 1866, 1er Semestre. (T. LXH, N° il.) 80 (616 ) considérablement l'usage des transcendantes de Bessel et de Laplace; nous devions dès lors nous préoccuper des moyens qui peuvent en faciliter le calcul numérique, d'autant plus que, comme on le verra bientôt, les véri- fications relatives à la théorie de Pallas exigent la détermination d'un grand nombre de transcendantes de Laplace, répondant à des bases très-diverses. Nous avons donc construit, et nous mettons sous les yeux de l'Académie, des Tables qui donnent aisément, avec sept décimales exactes, les logarithmes de 18 transcendantes de Bessel et i4a transcendantes de Laplace, entre les limites extrêmes exigées par l'ensemble des théories planétaires; on peut encore en conclure, avec une grande précision et une entière certitude, les dérivées successives de la plupart des transcendantes. Ces Tables ont été vérifiées avec un soin scrupuleux; l'usage en est presque aussi simple que celui des Tables ordinaires de trigonométrie. Cette annexe de notre travail nous semble donc pouvoir intéresser tous ceux qui sont voués aux recher- ches si pénibles de la Mécanique céleste; on pourrait s'en servir (et nous le ferons peut-être dans la suite) pour embrasser, dans des formules et des Tables appropriées, les perturbations de tous les corps circulant dans cette zone si remarquable où l'on a déjà découvert plus de quatre-vingts planètes télescopiqucs, dont nous avons soigneusement étudié l'action sur Pallas, l'une d'entre elles. Les résultats de cette étude feront l'objet d'une troi- sième communication. » GÉOLOGIE. — Recherches sur les phénomènes chimiques des volcans ; par M. F. Focqué. (Résumé et conclusions.) (Commissaires : MM. Élie de Beaumont, Boussingault , Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.) « Le travail que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie se compose de deux parties. Dans la première, j'analyse et je discute tous les phénomènes chimiques dont j'ai été témoin à l'Etna; daus la seconde, j'entreprends de donner une théorie de ces phénomènes. » Les faits positifs que j'ai constatés sont nombreux et variés : » i° J'ai vérifié l'exactitude de la classification des fumerolles établie par M. Ch. Sainte-Claire Deville, et reconnu que les phénomènes éruptifs décroissaient dans un ordre constant et régulier. » 2° J'ai reconnu que les fumerolles à haute température n'étaient pas toujours des fumerolles sèches, mais qu'elles contenaient souvent des pro- portions notables d'eau. ( 6i7 ) » 3° Dans ces fumerolles, j'ai trouvé fréquemment du carbonate de soude, sel qui n'avait jamais été signalé dans aucun volcan en pleine activité. » 4° Dans les mêmes fumerolles, j'ai observé quelquefois des proportions considérables de sulfate de soude et de chlorure de potassium. Les particu- larités qu'offrent ces deux sels dans leur gisement ont été pour moi un sujet d'étude tout spécial. » 5° J'ai examiné avec soin les matières déposées dans les fumerolles acides et dans les fumerolles alcalines. J'ai cherché particulièrement l'ori- gine du chlorhydrate d'ammoniaque, qu'on rencontre si abondamment, surtout dans ces dernières, et, en outre, j'ai constaté cpie l'alcalinité de ces fumerolles était bien réellement due à du carbonate d'ammoniaque. » 6° J'ai fait plusieurs analyses de la lave nouvelle, et recherché avec attention les produits volatils qu'elle pouvait contenir. » 70 L'étude des gaz que j'ai recueillis en Sicile, aux îles Eoliennes et dans la baie de Naples, m'a permis, en comparant mes résultats à ceux qu'avait obtenus M. Ch. Sainte-Claire Deville, en i855 et 1861, d'arriver à des résultats intéressants sur les variations que subissent les émanations gazeuses avec le temps, et sur le rôle relatif de l'hydrogène et des carbures d'hydrogène, considérés comme produits volcaniques. » 8° Enfin, j'ai voulu démontrer qu'une infiltration des eaux de la mer jusqu'au contact de la matière en fusion sur laquelle repose la croûte ter- restre peut expliquer tous les phénomènes éruptifs. Pour cela, j'ai dû exé- cuter certaines expériences synthétiques ayant pour but la reproduction de quelques-unes des substances dont j'avais reconnu la présence à l'Etna. J'ai pu montrer ainsi : i° que la vapeur d'eau seule suffit pour'décomposer le chlorure de sodium et engendrer de la soude caustique et de l'acide chlorhydrique ; 2° que le sulfate de chaux et le chlorure de sodium, réagis- sant l'un sur l'autre en présence delà vapeur d'eau, produisent du sulfate de soude et plusieurs autres composés qu'on observe dans les émanations volcaniques. » OPTIQUE. — Sur un nouvel instrument, l'iridoscope. Note de M. Houdix. (Commissaires : MM. Coste, Cl. Bernard, Edm. Becquerel, Foucault.) « Si l'on couvre un œil avec l'iridoscope en regardant vers le ciel ou vers toute lumière diffuse, la vue est, tout aussitôt, saisie d'un disque lumineux présentant de notables irrégularités. 8o.. ( Ci8 ) s Cette apparition est la représentation de diverses parties constitutives de l'œil. » Pour faire comprendre ce phénomène, je vais faire précéder mon expli- cation d'une comparaison : » Lorsque l'on veut voir si l'eau d'une carafe est limpide et transparente, on la met devant ses yeux en dirigeant le regard vers le ciel, c'est-à-dire vers un but lumineux dégagé d'images sensibles. » Si cette eau est complètement pure, aucun objet ne frappera l'œil. Mais si le liquide contient des corps étrangers, leur forme se peindra dans la vue. » Tels sont les effets produits par l'iridoscope sur les différents milieux de l'œil. » Ainsi, si la lumière envoyée par l'ouverture de l'instrument ne rencontre dans l'œil que des milieux homogènes, calmes, transparents, possédant des courbures et des surfaces égales et régulières, etc., il ne se peindra sur la rétine qu'un disque lumineux d'une complète uniformité. » Mais s'il en est autrement, la lumière, ayant à traverser des corps plus ou moins opaques ou subissant des réfractions irrégulières, n'arrivera plus sur la rétine que modifiée par les obstacles qu'elle aura rencontrés. » L'iridoscope est simple comme le principe sur lequel il est fondé; il ne se compose que d'une coquille opaque au centre de laquelle est un très- petit trou. » La coquille a pour but d'isoler l'œil en le couvrant; son ouverture envoie dans l'œil des rayons lumineux. Cette ouverture suit les lois de tout diaphragme : plus elle est petite, plus les objets qu'elle fait percevoir sont nets et distincts; à la condition, toutefois, d'augmenter l'intensité (\u foyer de lumière proportionnellement à la diminution de l'ouverture cpii lui donne passage. » L'iridoscope procure les observations suivantes : » i° La vision directe (images relativement renversées); » i° L'arrosement du globe de l'œil par les larmes; » 3° Les irrégularités de la cornée; a 4° La forme de l'iris, sa dilatation, ses bords irisés; » 5° Les insudations des humeurs aqueuses, leur trouble accidentel; » 6° Tout trouble ou toute déformation dans les différents milieux de l'œil ; » 70 Deux curieuses illusions de la vue. » La vision directe s'explique parla figure n° i ci-jointe. Les objets placés en dehors de l'iridoscope se peignent à l'envers sur la rétine selon les lois (G. 9 ) de la vision naturelle, tandis qu'à l'intérieur de l'instrument ces objets sont représentés à l'endroit. La paupière, lorsqu'on la ferme à moitié, paraît, par ce fait, dans une position renversée. Deux pointes placées l'une en dedans, l'autre en dehors de l'instrument, sur une même ligne et dans la même direc- tion, paraissent dans une position opposée; leurs pointes se touchent. « Dans l'arrosement du globe de l'œil, le mouvement des larmes, leurs surfaces et leurs courbures irrégulières les font facilement percevoir sur la rétine. « Les irrégularités de la cornée sont le résultat de fissures et de déforma- tions dans ses surfaces. H On voit très-distinctement dans l'iridoscope la dilatation et la contrac- tion de l'iris. Ces effets se produisent à volonté dans de grandes proportions, li ne s'agit pour cela que de saisir l'œil libre d'une vive sensation de lumière et de le faire rentrer ensuite dans l'obscurité. La moindre déformation de l'iris est très-sensible. Deux observations faites par deux personnes affectées d'un trouble dans la vue ont produit les résultats indiqués par les images a et 3. » Les insudations des humeurs aqueuses se perçoivent facilement lorsque l'œil est fatigué par une longue observation. Ne serait-ce pas un remplace- ment de liquide nécessité par une dilatation trop prolongée? » Le trouble des humeurs aqueuses se produit très-facilement en frottant, à travers la paupière, le globe de l'œil. Celui-ci se trouvant déprimé produit des ondulations sensibles sur les liquides qu'il contient. » Les troubles des différents milieux sont également constatés par des images. Ainsi la cataracte dans ses envahissements successifs se perçoit par un voile qui couvre plus on moins le disque lumineux. » MÉTÉOROLOGIE : Explication de ses principaux phénomènes par un même principe physique. M. le Capitaine de vaisseau Mottez, autorisé par M. le Ministre de la Marine, à qui il avait d'abord adressé son travail, soumet au jugement de l'Académie l'exposé d'une hypothèse qui lui semble suffisante pour expli- quer tous les grands phénomènes dont s'occupe la Météorologie, et qui donnerait, dit-il, à cette science un principe autour duquel viendraient se grouper les observations que l'on fait de toutes parts. « Je viens, poursuit l'auteur dans sa Lettre à M. le Ministre de la Marine, d'être en position de faire sur ce sujet de sérieuses réflexions. Votre Excel- lence m'avait confié le commandement de la frégate la Sibylle, chargée de ( 62o ) porter du personnel à la Réunion, à Port-de-France (Nouvelle-Calédonie) et à Taïti. Dans ce voyage, que j'exécutai en onze mois, je passai vingt-six fois d'une zone des vents généraux dans une autre ; les occasions où je pou- vais voir se vérifier les théories admises sur la cause des vents ne m'ont donc pas manqué, et comme elles se succédaient très-rapidement, mes ré- flexions pouvaient embrasser plusieurs observations à la fois, ce qui facilite beaucoup le travail de coordination qui se fait dans l'esprit. Le principe de physique à l'aide duquel tous les faits que j'ai recueillis s'expliquent faci- lement est celui-ci : l'électricité à l'état latent entre dans la constitution de l'eau, mais y entre en quantités différentes dans les trois états de ce corps. En cela l'électricité se comporterait comme la chaleur » (Commissaires : MM. Pouillet, Regnault, de Tessan.) M. Edouard Robin adresse une Note se rattachant à ses précédentes communications et ayant pour titre: « Théorie motivée de la putréfaction. Réponse à quelques objections. Nouveaux faits à l'appui d'applications con- tenues dans les dernières Notes. Développements apportés à quelques-unes de ces applications. » Cette Note est renvoyée à l'examen de MM. Rernard et Ch. Robin. M. Saixt-Lager adresse de Lyon une Note sur les résultats auxquels il est arrivé en poursuivant ses expériences sur les rats , résultats qui con- firment, dit-il, ce qu'il avait déjà annoncé : que chez ces animaux on voit se développer rapidement le goitre, quand on les soumet à l'action des sul- fates métalliques, avec les précautions nécessaires pour ne pas abréger promptement leur vie ; M. Saint- Lager dit, de plus, avoir remarqué que les femelles soumises à ce traitement avortent promptement. (Commission précédemment nommée.) M. Moui.ixf. envoie de Vais (Ardèche) une nouvelle Note sur les maladies des vers à soie, en demandant qu'elle soit jointe aux Notes déjà adressées par lui en septembre et octobre i805. (Renvoi à la Commission des vers à soie.) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Ixstritction publique autorise le prélèvement, sur les reliquats disponihles des fonds IMontyon, de la somme de 45oo francs que l'Académie désire mettre à la disposition de MM. Fouqué et Da Caro- gna, chargés d'aller étudier l'îlot volcanique de la rade deSantorin. ( 6*J ) « M. Mii.xe Edwards communique à l'Académie une Lettre de M. Brandi, Membre de l'Académie de Sainl-Pétersbourg, relative aux figures d'animaux trouvées récemment dans le Périgord, et attribuées au Mamont (ou Mam- mouth). M. Brandt rappelle que dans son Mémoire sur la distribution géo- graphique du Tigre il avait émis l'opinion que le Rhinocéros Tichorhinus, le Cervus Euryceros, le Dos primigenius, le Bos Unis, le Bos moschalus, le Cervus Alces, le C. Élaphus et le C. Tarandus appartenaient, ainsi que l'homme, à une même époque. La figure gravée sur une lame d'ivoire, et trouvée par M. Lartet dans le département de la Dordogne, ainsi que la tète sculptée décrite par M. de Vibraye, lui paraissent avoir été bien dé- terminées par ces auteurs comme se rapportant au Mamont, et par consé- quent il trouve dans la découverte de ces objets de nouvelles preuves de l'exactitude de ses vues relativement à la conlemporanéité des espèces citées ci-dessus. En terminant sa lettre, M. Brandt ajoute au sujet du Mamont : o C'est à tort que la plupart des naturalistes prétendent que les cadavres » des grands animaux découverts dans la Sibérie ont été trouvés dans des » masses formées seulement de glace; c'est la terre, à présent entièrement » gelée, qui les a fournis. » M. Dcpuy de Lôme, Directeur du matériel naval de la Marine impériale, prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi les candidats pour l'une fies trois places de nouvelle création dans la Section de Géographie et Navigation. (Renvoi à la Section de Géographie et Navigation.) M. Bâillon prie l'Académie de vouloir bien le compter au nombre des candidats pour la place vacante dans la Section de Botanique par suite du décès de M. Montagne, et envoie une Note imprimée de ses travaux. (Renvoi à la Section de Botanique.) L'Académie reçoit des Lettres de remercîment de divers auteurs auxquels elle a décerné, dans sa séance publique du 5 de ce mois, des prix ou des encouragements; ce sont : 3IM Chexu (prix de Statistique); Achakd (prix dit des Arts insalubres); Baillet et Filhol (prix Barbier); Grimai i>, de Caux (indemnité de 4ooo francs prise sur le fonds du legs Bréant); Cloez ( 622 ) (prix Jecker); Friedel (prix Jecker); Saixtpierre (concours de Statistique, mention honorable); Pellarin (concours du legs Bréant, mention hono- rable). M. Dupré, professeur à la Faculté des Sciences de Rennes, se fait con- naître comme l'auteur du Mémoire n° 2 auquel l'Académie vient d'accorder une mention honorable avec une somme de i5oo francs; il demande en conséquence l'ouverture du pli cacheté joint au Mémoire portant l'épi- graphe suivante : Le travail mécanique, la force vive et la chaleur se trans- forment sans s'anéantir jamais. » Le pli cacheté joint à ce Mémoire est ouvert en séance, et l'on y lit le nom de M. Dupré. ZOOLOGIE. — Des erreurs auxquelles peuvent conduire les observations faites à un seul moment de la vie des animaux. Note de M. Lacazk-Detiiiers, présentée par M. Chevreul. « Nos erreurs, a dit Destutt de Tracv, dérivent de notre trop grande » précipitation à généraliser et de notre ardeur à tout réduire en prin- » cipe. » » Ces paroles, d'une vérité et d'une sagesse incontestables, peuvent dans bien des cas nous donner la raison des erreurs qu'on rencontre en histoire naturelle; car, bien souvent, de quelques faits rapidement observés, on dé- duit des conséquences trop prornptement généralisées, qui deviennent fau- tives quand, les examinant de prés , on veut en faire l'application en leur donnant toute l'étendue qui leur a été attribuée par leurs auteurs. » Dans une précédente communication, j'ai montré combien il serait imprudent de juger de la nutrition des animaux inférieurs d'après ce que l'on sait des organes de cette fonction dans les animaux supérieurs. » Aujourd'hui je nie propose de montrer, à l'aide de deux exemples, que rien n'est trompeur en zoologie, et par conséquent propre à faire tomber dans l'erreur, comme la généralisation, les lois déduites des obser- vations faites à un seul moment de la vie des animaux. » Cuvier, dont les admirables recherches resteront toujours comme des modèles véritables, a réformé la zoologie en introduisant dans son étude les observations d'organographie, en ajoutant la notion anatomique au ta- bleau abstrait, qui représente à notre esprit l'animal désigné par un nom d'espèce ou de genre, et en choisissant l'organe qui parait fournir le carac- tère dominateur. ( 6a3 ) ■> Mais, comme il arrive souvent, il s'arrêta avant d'avoir atteint le but qu'il se proposait, parce qu'il n'introduisit pas dans ses études une notion de plus, celle qui découle des observations physiologiques et du dévelop- pement. Aussi fit-il des erreurs qui nous étonnent. » C'est surtout dans l'observation des animaux inférieurs que la vérité de la critique que je fais en ce moment trouve une démonstration irrécu- sable. » Est-il nécessaire de rappeler que les Méduses et les Sertulariens, placés les uns et les autres dans deux classes distinctes par lui , ne sont qu'une seule et même chose? » Certainement, un naturaliste qui placerait une chenille et son papillon dans deux classes distinctes ne serait pris au sérieux par personne, et ce- pendant c'est quelque chose de tout à fait semblable qui a été fait par Cuvier pour les animaux dont je viens de citer le nom ; c'est ce que l'on faisait il y a bien peu d'années encore pour la plupart des Vers parasites, et pour des Poissons même, pour des Lamproies. C'est ce que l'on fait certaine- ment encore aujourd'hui pour un grand nombre d'animaux , et en parti- culier pour ces Infnsoires, dont la reproduction donne lieu à tant de dis- cussions, alors qu'il serait si naturel et à la fois si logique de commencer par les étudier et par apprendre à les connaître avant de discuter sur eux. » Lorsqu'il existe des métamorphoses, l'utilité de l'embryogénie ne saurait être mise en doute; mais en dehors de ce cas, cette branche de la physiologie ne peut-elle éclairer souvent le zoologiste en lui faisant ap- précier la valeur réelle d'un caractère? C'est ce que je vais examiner en prenant des exemples. » Les Zoophytes coelentérés, du groupe particulier des Coralliaires, pré- sentent des squelettes couverts, dans un grand nombre de cas, par des ca- lices à cloisons rayonnantes, qui leur valurent de la part des anciens natu- ralistes le nom de pierres étoilées. » Si l'on considère l'animal et non le squelette, ou bien si l'on observe une jeune Sagarlia ou un jeune Bunodes, ou toute autre espèce restant toujours molle, on trouve autour de leur bouche, qui occupe le centre d'un disque circulaire, une série de tentacules qui rayonnent symétriquement autour d'elle et sont régulièrement et alternativement grands et petits. Les lames calcaires radiées des calices des pierres étoilées ne sont pas autrement disposées. » Il n'est pas possible, quand on observe ces animaux, que leur figure C. R , 1866, !« Semestre. (T. LX1I, IN° 11.) 8 I ( 624 ) étoilée, à rayons alternativement et régulièrement inégaux, ne fasse naître dans L'esprit, si, par exemple, six lames ou six tentacules sont grands et six petits: que les six plus grands sont les plus âgés, les six plus petits les plus jeunes, et que tous les éléments de même grandeur sont nés en même temps. » Quand on rencontre vingt-quatre tentacules dont six grands, six moyens et douze petits, il est encore impossible de ne pas supposer et croire que la grandeur et la position ne soient en rapport avec l'âge et l'é- poque du développement. » Or, la position relative et la grandeur de ces éléments rapportées à Tàge ont été à chaque instant employées dans les classifications. » Il était naturel de se demander si l'embryogénie démontrerait la va- leur de ces caractères, admise à priori d'après l'observation des animaux, à un moment donné de leur existence; si, en un mot, la vérification à poste- riori des lois annoncées confirmerait leur importance et leur existence. » Le premier fait révélé par l'étude du développement a été celui-ci : le nombre douze des tentacules alternes et régulièrement inégaux n'est pas primitif. La masse embryonnaire des jeunes Smjarlia et Bunodes se divise successivement en deux, quatre, six, huit et définitivement en douze par- ties. Quand ce chiffre est atteint, alors les tentacules apparaissent au-dessus de chacune des douze loges produites d'abord à l'intérieur du corps, et, quand ils sont formés en grande partie, ils croissent différemment. Les uns restent petits, les autres deviennent grands, et cela indépendamment de l'âge et de la position respective qu'ils occupent. » Après le nombre douze, la loi de multiplication des parties n'est plus la même. Il semble naturel de supposer qu'il se développe un tentacule nouveau entre les premiers, c'est-à-dire dans les douze intervalles qu'ils laissent entre eux, et cette pensée est bien légitime quand on voit une jeune Sagartia ayant alternativement six grands, six moyens et douze petits tentacules. Ici encore, la déduction à priori découlant de l'observation à un moment donné de l'existence de l'animal est fautive. » Voici ce qui se passe : » Il naît six paires de nouveaux tentacules qui viennent se placer dans chacun des six intervalles laissés libres par les plus grands et qui, avec les six plus petits, loi nient autant de groupes de trois. Or, c'est le tentacule du milieu de ce groupe de trois, le troisième par l'âge et non le second, qui, en se développant ultérieurement, occupe bientôt le second rang et par la taille et par la position. ( 6^5 ) » Ainsi, dans cette couronne tentaculaire d'un polype, la grandeur n'in- dique pas l'ordre d'apparition, pas plus que la place des parties. Il n'est donc pas exact de dire que dans les Zoanthaires, six tentacules apparaissent en premier lieu et en même temps; puis, que six autres de deuxième ordre viennent se placer entre eux; que douze de troisième et vingt-quatre de quatrième ordre s'ajoutent ainsi de suite, régulièrement, successivement dans les intervalles laissés libres par ceux qui les ont précédés. » Si, dans leur apparition, les parties molles suivent une loi contraire à celle qui se déduit tout naturellement et en apparence très-logiquement de leur position observée à un moment donné de l'existence, on se prend à douter quand il s'agit d'indiquer la loi de multiplication des cloisons dures des calices des polypiers. » On voit donc, ainsi que je le disais en commençant, que les observa- tions sur des êtres présentant certains caractères, à un moment donné de leur existence, conduisent souvent à des déductions erronées, bien qu'elles soient en apparence d'une légitimité irréprochable. » On doit, par conséquent, redouter d'affirmer à priori ce qui doit être d'une manière générale, d'après ce qui est, sans avoir vérifié l'affirmation par la méthode expérimentale à posteriori, seule méthode qui permette, ainsi que l'a montré M. Chevreul, d'arriver à la vérité dans toutes les sciences. » En résumé, il ne suffit pas qu'un être porte le caractère destiné à le faire classer, il faut encore que les cbangements qui se passent en lui pen- dant son évolution soient connus, en un mot, que la valeur des caractères qu'il présente soit, vérifiée et démontrée par l'étude des lois du dévelop- pement. » BOTANIQUE. — Etudes sur les Orchidées. Végétation et structure analomique des tic/es; par M. Ed. Prilliecx. (Deuxième Mémoire.) a Les Orchidées, tout en formant une famille étroitement unie, pré- sentent dans leurs mœurs une grande diversité; non-seulement elles vivent sous les climats les plus différents, depuis les pays glacés qu'habite le Ca- lypso borealis jusqu'aux régions les plus chaudes de l'Inde et de l'Amérique, mais, de plus, elles y végètent dans les situations les plus diverses. » Tandis qu'un grand nombre d'entre elles sont des plantes aériennes qui croissent sur le sommet des arbres et parent de leurs magnifiques fleurs les forêts tropicales, d'autres poussent au milieu de la mousse qui couvre 81.. ( 6*8 ) la surface du sol dans les marais et dans les bois, à demi aériennes, à demi terrestres; d'autres, en plus grand nombre, dans les pays tempérés, sont terrestres, plongent leurs racines dans le sol et étendent au soleil leurs feuilles vertes et leurs fleurs; quelques autres, enfin, méritent le nom de plantes souterraines : entièrement cachées sons la terre durant une grande partie de leur vie, elles ne montrent qu'un instant au-dessus de sa surface une hampe florale qui ne survit pas à la formation des graines. » Non-seulement la vie de ces plantes s'exerce ainsi dans des conditions fort diverses, mais encore elle a une durée très-variable. Sans doute on peut dire, en un certain sens, que toutes les Orchidées sont vivaces; mais elles ne le sont pas toutes de la même façon. Tantôt la perpétuité de la plante est produite par la permanence de l'activité vitale d'une pousse unique dont la croissance ne s'arrête jamais et qui s'allonge indéfiniment par une extrémité, tandis que l'autre vieillit, perd ses feuilles, meurt et se décom- pose; tantôt elle est due au remplacement incessant d'un membre par un membre nouveau, destiné à vivre durant un temps déterminé. » Les Orchidées à végétation indéfinie ou indéterminée sont des lianes qui grimpent le long des arbres et portent sur tonte la longueur de leur tige des feuilles vertes bien développées et des racines. » Dans les Orchidées à végétation bien déterminée, au contraire, il y a, même chez celles qui vivent sur les arbres, une portion de la tige destinée à une vie terrestre, au moins relativement, c'est-à-dire une portion tra- çante qui seule porte des racines et n'a pas d'autres feuilles que des écailles, en d'autres termes un véritable rhizome parfaitement distinct de la portion dressée de la tige qui porte les feuilles, et sur laquelle ne se développent jamais de racines. » La durée de la vie, dans cette région aérienne, des tiges déterminées d'Orchidées varie beaucoup. Tantôt cette partie meurt au bout de quelques mois seulement, tandis que la portion traçante survit seule durant un temps parfois très-long : c'est ce qu'on voit dans le plus grand nombre des Orchi- dées des climats tempérés; tantôt, au contraire, elle est destinée à vivre plusieurs années, et alors elle prend un développement tout spécial, car, à partir du moment où elle est formée, elle ne doit plus, tout en demeurant vivante, croître ni produire de feuilles nouvelles; aussi est-elle constituée de manière à emmagasiner dans ses tissus les aliments qu'elle consomme ensuite lentement durant la période d'assoupissement qu'elle doit par- courir. » Les pousses aériennes, destinées ainsi à une vie toute spéciale, ont le ( 6^7 ) plus souvent un aspect particulier, et on leur a donné, pour les distinguer de lotîtes les autres tiges, un nom à part, celui de pseudo-bulbes. » D'après ces faits, on voit qu'au point de vue de la végétation on peut diviser les Orchidées en trois groupes : les Orchidées à végétation indéfinie, les Orchidées à végétation déterminée et à pseudo-bulbes, et les Orchidées à végétation déterminée et sans pseudo-bulbes. » Ce sont ces dernières dont j'étudie en détail le mode de végétation et la structure anatomicpie dans la première partie de mon travail que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui au jugement de l'Académie. » Il m'est impossible de résumer ici la description des nombreuses Or- chidées terrestres et souterraines dont j'expose le mode de végétation; tou- tefois, on peut dire que dans toutes on doit considérer la plante comme formée d'un ensemble de pousses toutes semblables, qui naissent les unes des autres d'année en année et se succèdent sans fin. » Chaque pousse présente une région essentiellement terrestre, qui est traçante, et une portion dressée qui se termine par une inflorescence; à l'aisselle des dernières écailles du rhizome se développent un ou plusieurs bourgeons destinés à reproduire et à multiplier la plante. Quand un seul bourgeon se développe, il continue la portion souterraine, le rhizome, de la plante mère; quand plusieurs donnent naissance à des pousses, le rhi- zome se ramifie et la plante se multiplie lorsque la pourriture vient isoler chacun des rameaux. Si diverses que soient dans le détail les formes et les mœurs des plantes que j'étudie dans ce Mémoire, toutes ont du moins ces traits communs. » Après avoir exposé en détail le mode de végétation des tiges, j'en décris la structure anatomique, et je montre qu'à ce point de vue encore la por- tion dressée ou tige florifère diffère de la portion traçante ou rhizome. Dans ce dernier, les faisceaux fibro-vasculaires ne sont pas d'ordinaire tous isolés au milieu du tissu cellulaire, mais soudés ensemble, au moins les plus exté- rieurs, de façon à former un anneau. Dans la ti°e florifère, au contraire, ils sont isolés, et de plus le parenchyme externe est le plus souvent séparé du parenchyme central, où se trouvent les faisceaux ligneux, par une zone de fibres ou cellules allongées à parois épaisses. Cette organisation de la tige florifère des Orchidées sans pseudo-bulbes offre la plus complète res- semblance avec celle de la hampe florale des Orchidées à pseudo-bulbes. » (6,8) CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle classe de radicaux métalliques com- posés. (Suite.) Note de M. Berthelot, présentée par M. Balard. « T. — L'hyposulfite double de soude et d'or, additionné d'ammoniaque, est précipité lentement par l'acétylène, avec formation de flocons jaunâtres. Ce précipité, sec, détone avec violence au moindre contact d'un corps dur, en laissant un mélange d'or et de charbon. C'est sans doute un oxyde d'au- rosacélyle. » Le sulfate chromeux, dissous dans un mélange de chlorhydrate d'am- moniaque et d'ammoniaque, selon les indications de M. Peligot, absorbe rapidement l'acétylène. En même temps la liqueur se décolore presque complètement; lorsqu'elle est très-concentrée, elle donne lieu à un précipité rose-violacé. Dans tous les cas, elle ne tarde pas à se colorer de nouveau et à prendre une teinte rosée, qui indique la suroxydation du chrome; un nouveau précipité se forme, et il se dégage de l'étbylène. » En résumé, il paraît se former d'abord un oxyde de cliromosacétyle, lequel décompose l'eau presque aussitôt, par affinité complexe, l'oxyde chro- meux prenant l'oxygène, tandis que l'acétylène s'empare de l'hydrogène. Le résultat total de ces réactions peut être représenté par la formule sui- vante : C*H2 H- aCr202 + H202 = G*W + aCrsO\ » Je poursuis l'étude des réactions de l'acétylène à l'égard des divers sels de protoxydes métalliques » II. — L'allylène fournit des résultats analogues. Je rappellerai d'abord les indications citées dans la Note précédente et qui tendent à faire admettre l'existence d'un chlorure et d'un iodure de cuprosallyle, moins stables d'ail- leurs que les sels de cuprosacétyle. » L'allylène réagit également sur l'hyposulfite de soude et d'or ammo- niacal, quoique avec plus de lenteur que l'acétylène. » L'analogie se poursuit à l'égard des sels chromeux. En effet, l'allylène est absorbé abondamment par le sulfate chromeux dissous dans un mélange d'ammoniaque et de chlorhydrate d'ammoniaque. Bientôt le chrome se suroxyde, et il se dégage du propylène : C0IP + 2Cr202 + II202 = CBH" + aCraOf. » J'ai observé des faits plus caractéristiques encore avec les sels d'argent. On sait que ces sels, dissous dans l'ammoniaque, sont précipités par l'ally- ( &$ ) lène. Au moyen du chlorure d'argent ammoniacal, j'ai obtenu un chlorure (Cargenlallyle [C'H3 Ag(C6H3 Ag. Ag)]Cl (i), précipité blanc, qui devient rosé à la lumière. L'acide chlorhydrique le change en allylène : [C0H3Ag(C°H3Ag2)]Cl H- aHCl= 2C6H'' -+- 3 AgCl. » L'acide nitrique l'oxyde, en produisant du chlorure d'argent et du ni- trate, renfermant un poids d'argent double de celui du chlorure (2). » Je n'ai réussi à isoler aucun oxyde d'argentallyle. On sait, par les ana- lyses de M. Liebermann, que le précipité formé par l'allvlène dans le nitrate d'argent ammoniacal répond à la formule C6H3Ag, c'est-à-dire qu'il diffère de l'oxyde d'argentallyle (C° H3 Ag.Ag) O parles éléments de l'oxyde d'ar- gent : c'est de l'argentallylène. » L'oxyde d'argentallyle paraît d'ailleurs exister pendant quelques in- stants : en effet, le premier produit de la réaction de l'allylène sur le nitrate d'argent ammoniacal est jaune; mais il blanchit rapidement au contact de la liqueur, en même temps qu'il prend la composition de l'argentallylène. Tout ceci est facile à comprendre, en se reportant à l'assimilation que j'ai établie entre l'ammoniaque et l'acétylène : Ammoniaque. . . . AzIP, Cil- et C6H', C'HAg et C6H3Ag, Oxyde d'ammonium. (AzH3.H)0, (C'HAg. Ag)0, (C6Il3Ag. Ag)0. » L'oxyde d'argentacétyle répond à l'oxyde d'ammonium et il est stable; tandis que l'oxyde d'argentallyle, corps peu stable, se dédoublerait, à la façon de l'oxyde d'ammonium, en argentallylène, correspondant à l'ammo- niaque, et en oxyde d'argent, correspondant à l'oxyde d'hydrogène : (AzH3.H) O = AzH ' -+- HO; (C6H3 Ag.Ag) O = C°I13 Ag -f- AgO. » Si l'argentallylène est réellement comparable à l'ammoniaque, il doit former des sels en réagissant sur les solutions métalliques. C'est en effet ce cpii arrive lorsqu'on fait digérer ce composé avec le sulfate d'argent dissous (1) Correspondant à la deuxième série acétylmétallique [C'HAg (C'HAg. Ag) ] 0, à la base [AzH3(AzH3Pt)]0, enfin à l'oxyde d'argent ammoniacal [AzH3(AzH3Ag)]0. (2) Je dois rectifier ici une faute d'impression qui s'est glissée daDS mon premier Mémoire, Comptes rendus, 1866, p. 458, ligne 7, après ces mots : a sans dissoudre une proportion notable d'argent, » ajoutez : « en excès sur le poids équivalant au chlorure d'argent formé simultanément. » En effet, la formule du chlorure d'argentacétyle est (C H Ag.Ag) Cl. Même page, dernière ligne du texte, lire (C'-tuH.-G-u)O au lieu de (C4I u'H . C u)0. Première ligne de la deuxième note, lire AzH3 au lieu de AzH'. ( <;3o ) dans le sulfate d'ammoniaque. Il se forme un sulfate d'çirgentaUjrle, à peu près insoluble, mais ce sel est peu stable. Maintenu en digestion avec l'eau, il se décompose lentement, en reproduisant du sulfate d'argent et un sel qui jaunit, à mesure qu'il devient de plus en plus basique. L'ammoniaque le sépare immédiatement en sulfate d'argent soluble et argentallylène. » L'argentallylène est également attaqué par le chlorure d'argent dissous dans le chlorhydrate d'ammoniaque, et par le chlorhydrate d'ammoniaque seul. Il se dissout dans ce dernier sel, en formant une liqueur décompo- sable à l'éhullition en allylène et chlorure d'argent pur : C°H3Ag + AzH3HCI = C6H4 + AgCl + AzH*(i). » En résumé, les réactions de l'allylène et de l'acétylène sur les sels mé- talliques sont parallèles jusqu'à un certain point; mais les composés ally- liques sont plus aisément scindables que les composés acélyliques. La diffé- rence est comparable à celle des sels ammoniacaux et des sels dérivés d'alcalis hydrogénés faiblement basiques. » III. — Je terminerai par quelques faits relatifs à l'action des métaux alcalins sur les carbures d'hydrogène. » Le sodium, chauffé dans une cloche courbe, en présence d'un excès d'acétylène, attaque ce carbure. A une douce chaleur, une partie du gaz est absorbé, en laissant un résidu gazeux voisin de la moitié de son propre volume, C"H2 -+- Na = C'HNa + H. » Il se forme par là un acétylure monosodique, C4HNa, et de l'hydro- gène. » Toutefois cet hydrogène n'est pas pur; il est mêlé avec de petites quan- tités d'éthylène, CH", et d'hydrure d'éthylène, C1!!0, lesquels résultent de sa réaction à l'état naissant sur l'acétylène. » Au rouge sombre, la réaction du sodium sur l 'acétylène est plus com- plète. Le carbure disparaît, sans que le volume gazeux change notablement, avec formation d'hydrogène presque pur et d'une matière charbonneuse, laquelle renferme de l'acétylure disodique : C?Hî-j-Naî.= C,Naa + H!!. » Les deux acétylures sodiques sont violemment attaqués par l'eau, en reproduisant de l'acétylène. (i) De même le chlorure d'argentacétyle, mais avec beaucoup plus de lenteur : (C'HAg.Ag)ClH A/.ll IK.I C.'U'-l - 2 AyDI l A/. II'. ( «3, ) » Ces faits, rapproches des expériences de Gay-Lussac et Thenard sur l'ammoniaque, continuent le parallélisme entre l'acétylène et l'hydrure d'azote, puisque ce dernier fournit les deux composés AzIl2K el AzK3. » C'est, je crois, le premier exemple d'un carbure d'hydrogène atta- quable directement et régulièrement par les métaux, à basse température. Le formène, C2H4, et l'éthylène, C4H% ne m'ont rien fourni de semblable avec le sodium. » Au contraire, l'allylène est attaqué par le sodium à une douce chaleur; mais il éprouve par là une décomposition complète, se résolvant en acéty- lure sochque, carbone et hydrogène (i) : C6H« + Na2 = C4Na2 + C2 + 2 H2. » Le produit de la réaclion, traité par l'eau, se résout en soucie et acéty- lène, exempt d'allylène. Ce dernier carbure est ainsi ramené à la composi- tion de l'homologue générateur le plus simple. » Le potassium, chauffé doucement dans une atmosphère d'acélylène, s'enflamme avec explosion et formation d'acétylure. Le même composé prend naissance en petite quantité dans la réaction du potassium sur l'éthy- lène, au ronge sombre (a). Le potassium du commerce en contient des traces. Enfin les acétylures se rencontrent parmi les produits complexes de la réaction des métaux alcalins sur l'oxyde de carbone et sur les carbonates alcalins. — J'ai étudié la réaction d'un grand nombre de métaux sur l'acé- .tylène.... » Ces faits indiquent l'existence de trois séries de composés métalliques, dérivés de l'acétylène, les uns par substitution : C4H2, CSH\ AzH\ C4HNa, C'HAg, C6H3Ag, C*Na2, et correspondants à l'ammoniaque AzH3; les autres par substitution et addition simultanée : C4HAg.AgCl, AzIP.HCl, C4HAg.AgO, AzH1. HO, C'HCu.GuO, (1) Une partie de cet hydrogène naissant se porte sur l'allylène et le change en propylène ; C6H<-f-H2=C!H8. (1) A une douce chaleur, il n'y a pas réaction C. l;., i86G, 1" Semestre. (T. LXII.N" 11.) 82 (63? ) et correspondants à l'oxyde et an chlorure d'ammonium. La formation de ces derniers répond au caractère incomplet do l'acétylène et à la fixation d'hydrogène, d'eau et d'hydracides qu'il éprouve, d'après mes expériences. » On peut être également frappé de cette circonstance, que l'acétylène réagit spécialement sur les sels peroxydables, comme s'il venait occuper une place vide, réservée d'ordinaire à l'oxygène : GuO + (0) = CuO(0), GuO + (C4H6u) = GuO(C'HGu). » Enfin, je ferai observer que l'acétylène fournit, dans la suite symétrique de ses dérivés, un exemple frappant du passage du type éthéré au type salin. Le premier type prend naissance dans la réaction du corps hydrogéné sur les acides et sur l'eau : C4H* + HC1; C*H2 + aHI; C'rP + IPO2; tandis que le second type prend naissance dans la réaction sur les sels mé- talliques : C"HAg-r- AgCl, C'HGu+GuO. » CHIMIE. — Sur la formation de l'acide trithionique par la réduction spon- tanée du bisulfite de potasse. Note de M. C. Sauvtpieure, présentée par M. Balard. « 1. On sait que l'acide trithionique (S305.TIO) s'obtient par le pro- cédé de Langlois, en traitant le bisulfite de potasse par le soufre en fleur. Or, il est impossible de se rendre compte de l'équation par laquelle l'acide sulfureux passerait à l'état d'acide trithionique sans faire intervenir l'action de l'oxygène, ou sans admettre une réaction complexe entre les éléments de ce mélange (BÉGHAMP, Leçons orales, 1861). D'un autre côté, quelle est l'action de la fleur de soufre dans cette équation? C'est dans le but de dé- terminer les rôles respectifs de l'air et du soufre que j'ai entrepris les expé- riences suivantes. » 2. Preaiière expérience. — 5o grammes de carbonate de potasse dis- sous dans l'eau sont transformés en bisulfite. La liqueur est divisée dans deux ballons et additionnée de fleurs de soufre bien lavée, dans la propor- tion de 2 équivalents de soufre pour 1 de bisulfite. Un des ballons est scellé à la lampe, l'autre reste ouvert et le niveau du liquide est maintenu constant. Le tout est chauffé dans une étuve à -4- 5o degrés environ. Au ( 633 ) bout de quelques jours, de l'acide trithionique a pris naissance dans les deux ballons, en même temps que de l'acide sulfurique. De plus, la fleur de soufre se retrouve en quantité égale et même un peu supérieure à la quantité employée. » 3. Deuxième expérience. — Dans le but de vérifier ce premier résultat, j'ai entrepris une seconde expérience, en laissant réagir pendant un temps plus long, à une température de 35 à J\o degrés. Le 7 mars 1861, je plaçai dans un ballon scellé pendant l'ébullition du liquide une quantité de bi- sulfite correspondant à 5o grammes de carbonate de potasse fondu et 22 grammes de soufre en fleur. Onze mois après, le l\ février 1862, le ballon fut ouvert : il contenait encore de l'acide sulfureux, de l'acide trithionique, et une quantité d'acide sulfurique correspondant à /(5 grammes de sulfate de baryte. Quant à la fleur de soufre, son poids, malgré tous les lavages, était devenu égal à 23gr,78o. » 4. Il résulte des expériences ci-dessus : i° que ni l'air ni le soufre ne paraissent indispensables à la génération de l'acide tritbioniqne; 20 que du soufre est mis en liberté dans la réaction; 3° que l'acide sulfureux du bi- sulfite de potasse paraît capable de se réduire lui-même en soufre et acide trithionique, d'où résulterait nécessairement l'acide sulfurique. Cette opi- nion est confirmée par l'expérience suivante sur le bisulfite seid » 5. Troisième expérience. — Le 26 mars 1862, 3o grammes de carbo- nate de potasse fondus sont transformés en bisulfite. La dissolution du sel est rendue égale à 200 centimètres cubes. Le liquide est divisé dans plu- sieurs tubes scellés à l'ébullition. » J'ai eu le soin de tenir compte de la quantité d'acide sulfurique qui peut prendre naissance pendant la manipulation avant la fermeture des tubes. A cet effet, un des tubes n° 4 est ouvert le même jour; l'acide sulfu- rique est dosé et trouvé égal à 2sl',2/î pour 100 centimètres cubes de la liqueur. » Les autres tubes ont été chauffés au bain-marie pendant plusieurs jours, puis à l'étuve pendant quelques semaines; enfin, aucun dépôt ne s'étant ma- nifesté, ils furent abandonnés à la température du laboratoire. En 1 865, un léger trouble parut se former; durant l'été il devint très-apparent, et un dépôt couleur de soufre tapissa les parois des tubes. On laissa continuer l'action jusqu'au 6 février 1866. » Le 6 février 1866 deux tubes ont été ouverts. Voici le résultai de leur examen : » Tube n° 2. —Le liquide est fortement acide. Le soufre déposé, recueilli 82.. ( 63/j ) sur un double filtre taré, séché à Pétuve, pèse oe',270 pour 25 centimètres cubes de liquide, soit iB',o8 pour ioo. L'ouverture du tube n'adonné lieu à aucun dégagement de gaz, il n'y restait ni gaz sulfureux ni sulfite. L'acide sulfurique dosé par la baryte a été trouvé égal à 8g',23 pour 100. Si de ce nombre on retranche agl',24 d'acide sulfurique formé avant la fermeture du tube, il est évident que la réaction en vase clos a donné naissance à 5gr,99 d'acide sulfurique (SO3). La liqueur barytique filtrée contenait un mélange de trithionate de baryte et de trithionate de potasse. Les sels ont été isolés et ont donné les réactions caractéristiques par le nitrate de protoxyde de mercure et le sulfate de cuivre. » Tube n° 3. — Le liquide présente les mêmes particularités, seulement il contient encore de l'acide sulfureux. Le soufre précipité pèse ogr,i2S pour 100. L'acide sulfurique total pèse 6er,4i pour ioo; il s'en est donc formé en vase clos 4sr, 1 7 pour ioo. On constate de même la présence d'une quantité notable d'acide trithionique. » 6. Le dosage d'acide sulfurique offre quelques difficultés, à raison de la rapidité avec laquelle j'ai constaté que l'acide sulfurique se forme pen- dant l'exposition de la liqueur tiède à l'air. Il n'est pas prudent de laver à l'eau chaude et puis à l'eau acidulée le précipité de sulfate de baryte, avant d'être assuré d'avoir enlevé à peu près tout le trithionate par l'eau froide. » 7. Dans les deux tubes, le soufre précipité a été trouvé totalement so- lubie dans le sulfure de carbone; les liqueurs étaient acides, et l'expérience n'a pas permis de saisir la formation d'aucun autre acide de soufre que les acides sulfurique et trithionique. En effet, le sel obtenu ne se décomposait pas par les acides à la manière des hyposulfites, et ne donnait pas avec les sels de mercure trace de précipité jaunâtre. Le précipité formé à froid avec le nitrate de protoxyde de mercure était absolument noir. » 8. De ces expériences il résulte donc : i°quela fleur de soufre ni l'air n'interviennent dans la formation de l'acide trithionique; 2° que l'acide sulfureux du bisulfite de potasse est capable de se suroxyder lui-même en déposant du soufre. Dans mon Mémoire, je montrerai que l'équation pro- bable du phénomène est la suivante : 5 (S03)2KO.HO = 5SOMU) -t- S3Os.HO + 2S -+- \ HO. » Cette réaction intéressante du bisulfite de potasse en vase clos sur ses propres éléments, qui rappelle les dédoublements si communs de la Chimie organique, n'est pas d'ailleurs un fait isolé en Chimie minérale. On connaît la décomposition (pie subissent les sulfites et les arsénites alcalins soumis à ( 635 ) l'action de la chaleur : 4 (S02.KO = 3S03.KO + KS, 4 (As03.3KO) = 3(As05.3KO) -+- AsK:!. Il y a là des réductions analogues à celles que je viens de constater. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur tes déiivés chlorés de la benzine. Note de M. É. Jungfleisch, présentée par M. Bussy. « L'étude systématique de la suite des dérivés d'un même carbure d'hy- drogène présente cet intérêt, qu'elle peut mettre en évidence les changements successifs que produit la substitution, soit dans les propriétés physiques des composés produits, soit dans leurs réactions, c'est-à-dire dans leur consti- tution chimique. C'est à ce point de vue que j'ai entrepris l'étude des déri- vés chlorés de la benzine, dont plusieurs ont déjà été l'objet des travaux d'un certain nombre de chimistes. » A priori, la benzine pouvant donner naissance à plusieurs séries isomé- riques de composés chloro-s'ubstitués, j'ai cherché à produire des corps appartenant à une même série, en employant pour les obtenir un système de réactions identique pour tous. Cette précaution, presque toujours négli- gée, me parait d'une certaine importance dans une étude de ce genre; elle met à l'abri des causes d'erreur que peut entraîner la comparaison de corps ne se correspondant pas, spécialement de ceux que M. Berthelot a désignés sous le nom de corps kénomères. Les procédés dont je parlerai aujourd'hui ont été préparés par une méthode uniforme, par l'action du chlore sur la benzine additionnée d'iode (i). » La benzine monochlorée (2), C<2 115 Cl, est un liquide d'une densité égale à 1,118 à 10 degrés. J'ai trouvé son point d'ébullition situé à 1 33 degrés. Refroidie dans un mélange d'acide carbonique et d'éther, elle cristallise vers — /j° degrés. » La benzine bicldorée (3), C'2 A4 Cl2, est solide. Elle donne dans l'alcool (1) Bulletin de la Société Chimique, nouvelle série, i865, IV, p. 24' • Je me slus assuré que ces composés chlorés sont les seuls rjue produise la réaction qui leur a donné naissance, et, de plus, qu'ils peuvent, par l'addition de chlore, être transformés les uns dans les autres. (2) Déjà obtenue par M. Church. (3) Déjà obtenue par M. H. Mùller. ( 636 ) et surtout dans l'étlier, par évaporation lente, des cristaux incolores, très- volumineux et d'une grande netteté. La densité de ces cristaux est i,45 , o CI2H3C13 » 16° I CH'Cl* » 1399 C,2H Cls » 69° CCI8 » 220° g3° en plus. en moins. 123° en plus. 700 en moins. i5i° en plus. » Mais en y regardant de plus près on distingue deux séries très- régulières. Différence. Différence. C'2 H5 Cl fond à — 4o° j 56° C" H' Cl.2 fond à 53° i C'H'Cl2 » -+- 160 86° 53° C'2 H1 Cl1 » 1 390 CH Cl1 » +69" ) 8i° CCI' » 220° ' » Ces deux séries, constituées, l'une par les composés dans lesquels du chlore remplace un nombre pair d'équivalents d'hydrogène, l'autre par ceux dans lesquels cette substitution a été opérée sur un nombre impair d'équivalents, vont toutes deux en croissant régulièrement, mais suivant des lois différentes. Les corps à nombre impair d'équivalents d'hydrogène, qui forment la première série, sont beaucoup plus fusibles que les autres; ils fondent à des températures qui vont en augmentant d'un peu plus de 5o degrés; les points de fusion de la seconde série, des corps à nombre pair d'équivalents d'hydrogène, vont aussi en augmentant, mais de plus de 80 degrés, c'est-à-dire suivant une progression beaucoup plus rapide. » Si l'on examine à ce point de vue les différents travaux exécutés sur les dérivés bromes et nitrés de la benzine, on voit varier dans le sens que je ( 638 ) viens d'indiquer les fusibilités des corps qui y sont décrits; toutefois, les chiffres sont ici peu nombreux, et les corps n'ont pas tous été obtenus par des procédés semblables. » Mais il y a plus : j'ai réussi à préparer avec chaque composé chloré de la benzine, y compris la benzine qui ntichl orée, au moins un dérivé nitré, et l'étude de cette série vient apporter un nouveau contingent de faits du même ordre qui feront l'objet d'une prochaine communication. » Ceci établi, il devient naturel de rechercher s'il existe des relations analogues entre les divers dérivés de la benzine, tels que le phénol, l'ani- line, etc., lorsqu'on les modifie par substitution chlorée. La relation que je viens d'indiquer pour la benzine est-elle particulière à ce corps? Est-ce une conséquence, accidentelle en quelque sorte, de sa constitution, ou bien, au contraire, est-elle la manifestation d'un phénomène plus général et qui se retrouverait dans l'étude des dérivés chlorés des autres carbures d'hydro- gène, et en général des composés organiques ? » Sans vouloir me prononcer à cet égard, je dois dire que les faits, trop peu nombreux à la vérité, que j'ai pu recueillir sur les corps chlorés dérivés d'un même corps et obtenus dans des conditions comparables, tendent à faire croire que des relations du même genre se rencontrent dans d'autres séries. Je continue mes recherches à ce sujet. » Qu'il me soit permis de remercier ici M. Berthelot. Ce travail a été exécuté dans son laboratoire, et ses conseils ne m'ont jamais fait défaut. » CHIMIE. — Elude théorique sur la fabrication de la soude par le ]irocédé Le Blanc. Note de M. J. Koi.b, présentée par M. Pelouze. « La première partie de cette étude est consacrée à la préparation de la soude brute ; en voici les conclusions : » En présence de l'eau froide ou tiède, il n'y a nullement incompati- bilité entre le sulfure de calcium et le carbonate de soude. » Une soude brute, dans laquelle il n'est entré qu'un équivalent de craie pour un équivalent de sulfate de soude, donne au lessivage sensiblement les mêmes résultats qu'une soude n'en différant que par l'excès de craie exactement nécessaire pour la formation de l'oxysulfure CaO, 2CaS. » L'action du charbon sur nombres égaux d'équivalents de sulfate de soude et de carbonate de chaux donne du carbonate de soude et du sulfure de calcium facilement séparablcs par lixiviation à l'eau froide ou tiède. » Il ne se fait pas à haute température un échange d'acides entre le sul- ( G39 ) fate de soude el la craie ; la première réaction qui se passe dans le four à soude est la réduction du sulfate de soude par le charbon. » Dans cette réduction, il se forme de l'acide carbonique et non de l'oxyde de carbone. » Il résulte ensuite d'une série d'expériences que lorsque le mélange des trois matières est porté au rouge, l'action du charbon se partage entre le sulfate de soude qu'il réduit et la craie qu'il convertit en même temps en chaux. » En substituant à la craie son équivalent de chaux, on obtient une soude identique et parfaitement carbonatée. » Il résulte des deux faits précédents que l'acide carbonique de la craie ne contribue pas à la formation du carbonate de soude, et des expériences de laboratoire amènent à conclure que : c'est sous l'influence de l'acide carbonique, provenant en partie de la réduction du sulfate de soude et sur- tout des gaz du foyer du four à soude, que la réaction finale se produit, c'est-à-dire que le sulfure de sodium, la chaux et l'acide carbonique donnent du carbonate de soude et du sulfure de calcium. » Cela explique pourquoi ou éprouve de telles difficultés à préparer de la soude dans un creuset fermé, tandis qu'on peut en faire d'excellente dans un tube traversé par un courant d'acide carbonique. » La formation du carbonate de soude résulte donc de trois réactions qui sont, pour ainsi dire, simultanées : NaO, SO3 + aC = COa + NaS, CaO, CO2 + C = 2CO + CaO, NaS -+- CaO + (CO2 en excès) = NaO, CO2 -+- CaS. » La seconde partie de cette étude s'occupe de l'action de l'air, de l'eau, de la chaleur et du temps sur la soude brute. » L'air rigoureusement sec n'a entre o et 100 degrés aucune action sen- sible sur la soude brute, quelle que soit la durée du contact : il n'agit même pas par son acide carbonique ; les expériences faites à ce sujet ont amené à observer que l'acide carbonique parfaitement sec n'a aucune action sur la chaux anhydre ni sur le sulfure de calcium ardiydre. A la chaleur rouge, et même au-dessous, l'air oxyde le sulfure de calcium, et le sulfate de chaux formé détruit au lessivage une partie de la richesse alcalimétrique. » L'air humide agit, au contraire, très-énergiquenient sur la soude brute dont la chaux s'hydrate, puis se carbonate, et dont le sulfure de sodium se C. R., 1866, 1" Semestre. (T. LXII, N° 110 83 ( 64o ) transforme en hyposulfite; mais en même temps le sulfure de calcium se sulfatise soit directement, soit surtout par l'inépuisable intervention de l'oxyde de fer qui se trouve dans la soude anhydre, et qui se régénère indé- finiment par une série de transformations. » Une étude complète de l'action de l'eau sur la soude brute d'une part, et d'autre part sur le sulfure de calcium, soit seul, soit mélangé de chaux et de carbonate de soude, pris ensemble ou isolément, amène dans les deux cas à des résultats identiques qui sont ceux-ci : » La lessive obtenue présente une composition très-variable et qui dépend de trois éléments : la concentration de la liqueur, la durée de la digestion et l'élévation de la température. » La durée de la digestion et l'élévation de la température favorisent non-seulement la caustification d'une partie du carbonate de soude par la chaux, mais facilitent aussi un échange lent entre le carbonate de soude et le sulfure de calcium. Cet échange paraît résulter d'une formation de sulfhy- drate de sulfure de calcium. La concentration de la lessive et la présence de la soude caustique s'opposent complètement à cette formation que n'em- pêche pas un excès de chaux. » S'd est donc utile d'avoir un peu de chaux libre dans les soudes brutes, c'est uniquement pour produire une petite quantité de soucie caustique qui portera obstacle à la sulfuration des lessives. » CHIMIE MINÉRALE. — Recherches sur le peroxyde d'hydrogène et sur l'ozone ; par M. C. Weltzien. « 1. Action dit fer et de l'aluminium sur le peroxyde d'hydrogène. — Lorsqu'on ajoute du fer en fils très-fins à une solution de peroxyde d'hy- drogène, les deux corps s'unissent en formant cle l'hydrate ferrique : Fe4-3H2ô! = H6Feôl! (i). » L'aluminium forme de même avec le peroxyde d'hydrogène un hydrate aluminique. » 2. Action des sels ferreux sur le peroxyde d'hydror/ène. — a. Lorsqu'on ajoute du stilfocyauure de potassium à une solution de sulfate ferreux, aucune coloration ne se produit; mais lorsqu'on ajoute du peroxyde d'hydrogène, la liqueur se colore en rouge de sang; il se forme du sulfo- (i) fe = 56 de ferrure; Fe = fe2 = i in de ferride. ( 64i ) cyanure ferrique et il se précipite de l'hydrate ferrique : 6fe S 04 + 12KCN S = 6feG2N2 S2, 6KsSô\ 6feG2N2S2 + 3H2Q2 = 2FeG6N6Se4-H6FeO«. » l>. Lorsqu'on ajoute du peroxyde d'hydrogène à une solution d'io- dure ferreux, il se forme de l'hydrate ferrique et il se sépare de l'iode : 2fel24- 3H2Oa = H6 FeO6 4- 2I2. » c. Lorsqu'on ajoute du peroxyde d'hydrogène à une solution de sul- fate ferreux, il se précipite immédiatement un sous-sel ferrique, et un sel acide reste en dissolution : 6feSÔ4 + 3H'ô2 + f5H!O = Fe5SO94-8H20-4-FeS8O1R. » d. Si l'on ajoute de l'eau oxygénée à de l'hydrate ferreux précipité par la potasse en excès d'une solution de sulfate ferreux, il se forme rapidement de l'hydrate ferrique. » 3. Jction du magnésium sur te peroxyde d'hydrogène. — Le magnésium agit lentement sur le peroxyde d'hydrogène : il se forme une liqueur for- tement alcaline, qui, évaporée à siccité, fournit un résidu blanc alcalin, soluble dans l'eau, d'hydrate de magnésium : Mg + H2ô2 = H2Mg02. » h. Action du thallium sur le peroxyde d'Iiydrogène. — Elle donne lieu à la formation d'un hydrate thalleux, d'un hydrate thallique, et d'eau : 2TI2 4- 4H502 = 2H tlO 4- H2T10» -+- 2H!0, le thallium étant monoatomique et hexatomique. Mais lorsqu'on verse du peroxyde d'hydrogène sur de l'hydrate thallique, celui-ci est réduit à l'état d'hydrate thalleux avec dégagement d'oxygène. Cette action est très- lente. » 5. Action du nitrate argenlb-ammonique sur le peroxyde d'hydrogène. — Ce nitrate est réduit immédiatement avec un vif dégagement d'oxygène et précipitation d'argent métallique. Celui-ci est blanc grenu lorsqu'il se dépose du sein de solutions concentrées. Il est probahle qu'il se forme d'abord du peroxyde d'argent qui est ensuite réduit par l'excès d'eau oxygénée : iW AgN, N O» + W&1 = 2H4N, NÔ3 + Ag2G2, Ag2 O2 + 2H2Ô! = Ag2 -+- H20 4- 202. » 6. Action de Viodure de potassium sur le peroxyde d'hydrogène. — Lors- 83.. ( 642 ) qu'on ajoute à une solution d'iodure de potassium du peroxyde d'hydro- gène en solution neutre, la liqueur prend sur-le-champ une réaction alcaline. Il se forme de la potasse, et il se sépare de l'iode, immédiatement ou au bout de quelque temps, si les liqueurs sont très-étendues. La réac- tion paraît s'accomplir en trois phases distinctes. Dans la première, il se forme du peroxyde de potassium et de l'acide iodhydrique; dans la seconde, le peroxyde est décomposé, avec formation de potasse caustique et d'oxy- gène, et dans le troisième, celui-ci réduit l'acide iodhydrique avec forma- tion d'eau et d'iode : I. 2KI + H'ô! = K202 + 2HI, II. R3Ôî + H!ô=2KHÔ + 0, III. 2HI + Ô = H2Ô+P. » Dans une solution acide, la séparation de l'iode s'accomplit plus rapi- dement : le peroxyde d'hydrogène y rencontre de l'acide iodhydrique tout formé. » 7. Action de l'iodure de potassium sur le peroyde d'hydrogène en présence des sels ferreux. — Le réactif le plus sensible du peroyde d'hydrogène est l'iodure de potassium, en présence de l'amidon et d'une petite quantité d'une solution très-étendue de sulfate ferreux. Le mélange bleuit immé- diatement. Cette réaction a été indiquée, mais non expliquée, par M. Schôn- bein. Voici l'explication. Il se forme de l'iodure ferreux qui est décomposé par le peroxyde d'hydrogène, selon l'équation indiquée plus haut. La quantité d'iode séparée étant considérable, il en résulte que la réaction est très-sensible. » 8. Action du permanganate de potassium sur le peroxyde d'hydrogène. — Elle donne lieu à un dégagement d'oxygène et à la formation d'hydrate de potassium et d'hydrate de peroxyde de manganèse : 2KmnOt4-2H2Oî= 2HKO -+- H2muOb -4- 50. » Si l'hydrate de peroxyde de manganèse était directement réductible par le peroyde d'hydrogène, 5 autres atomes d'oxygène pourraient être mis en liberté : H2mnsô5+3H2Ô2=: 211111 G* -+- 4H2Ô + 50. » En condensant les deux équations en une seule, par l'élimination des termes semblables, on arrive à représenter la réaction par l'équation sui- vante : 2Knint>4+5H,0, = 2HK0 4-2mnO-+-4H*0-+-5Ôs. ( 643 ) » Dans la première phase de la réaction, il intervient 2 molécules de peroxyde d'hydrogène; dans la seconde, il en intervient 3. On ne saurait donc admettre que l'oxygène libre qui se dégage provient par moitié du permanganate et par moitié du peroxyde d'hydrogène. » 9. Action du ferrocjranure de potassium sur le peroxyde d'hydrogène. — Lorsqu'on ajoute du peroxyde d'hydrogène neutre à une solution de ferro- cyanure de potassium, la liqueur devient alcaline par suite de la forma- tion de l'hydrate de potassium, et il se produit en même temps du ferri- cyanure de potassium : 2KfcCy6-f-H202 = KfiFeCy124-2HKO. » 10. Action du ferricyanure de potassium sur le peroxyde d'hydrogène. — M. Schonbein recommande, comme un des réactifs les plus sensibles du peroxyde d'hydrogène, un mélange de ferricyanure de potassium et d'un sel ferrique. Il admet que le sel ferrique est réduit à l'état de sel fer- reux et que celui-ci donne du bleu de Prusse avec le ferricyanure. L'in- terprétation n'est pas exacte. C'est du bleu de Turnbull fe3FeCy12 qui devrait se former dans ces circonstances. Or, je me suis assuré que les sels ferriques ne sont pas réduits par le peroxyde d'hydrogène; mais le ferricya- nure est réduit en ferrocyanure : de là, formation du bleu de Prusse : K6FeCyl2 + H202 = H2K-feCy6+KtfeCy6 + 02, 3H!R2fe%6 + 2FeClfi = fe3Fe5Cy18 + 6HCl4-6KCl. » 11. Peroxydes de potassium, de sodium et de baryum. — En faisant réagir l'hydrate de peroxyde de baryum sur les sulfates ou les carbonates de potassium et de sodium, on n'obtient pas les peroxydes hydratés de ces derniers métaux, mais bien des hydrates alcalins et du peroxyde d'hy- drogène qui se décompose bientôt sous l'influence des alcalis formés. » Tels sont les faits sur lesquels je voulais appeler l'attention de l'Aca- démie. J'y rattacherai, dans une prochaine communication, quelques consi- dérations concernant la nature du peroxyde d'hydrogène. » PHYSIQUE. — Sur la perturbation magnétique du 21 février 1866. Note de M. L. Dcfoi'r (de Lausanne), présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. « On sait que, le 11 février dernier, une perturbation magnétique consi- dérable s'est fait sentir dans une partie de l'Europe, et a affecté, entre au- tres, d'une manière très-prononcée, les appareils magnétiques des Observa- toires de Paris, Livourne et Rome (voir Bulletin de l'Observatoire du 21 ( 6/,4 ) février). En même temps, des courants spontanés se sont produits sur un grand nombre de lignes télégraphiques. Entre 5 et 6 heures du matin, par exemple, on avait, au Bureau de Genève, des courants constants et énergiques, sur les lignes de Bàle, Berne, Milan, etc. Dans la matinée du même jour, les relations télégraphiques entre Genève et Paris, Berne et Paris, furent entravées par la présence, dans les lignes, de courants spon- tanés assez intenses pour affecter les appareils. » Cette production de courants électriques sur des lignes étendues, coïn- cidant avec un orage magnétique, a déjà été constatée dans quelques occasions ; mais ce qui me paraît devoir être signalé, c'est que, ce même jour, des courants exceptionnels ont aussi été observés dans un circuit très-court. J'ai fait installer dans le sol, il y a plusieurs mois déjà, près du bâtiment académique, à Lausanne, une plaque de cuivre de 36 décimètres carrés de surface. A cette plaque est fixé un gros fil de fer, de 3 millimètres d'épaisseur, qui aboutit dans mon laboratoire, où il peut être relié avec les tuyaux du gaz. La plaque de cuivre est à 2m,8 de profondeur, dans du ter- rain végétal ordinaire; la distance qui la sépare du point le plus voisin, où les conduits (en fer) du gaz sont plongés dans le sol, est d'environ 29 mètres. » Depuis plusieurs semaines (à l'occasion de recherches qui ont pour objet la polarisation secondaire des plaques métalliques enfouies dans le sol), j'avais introduit dans ce circuit un galvanomètre à système astatique ordinaire et à 60 tours de fil. Dans l'état habituel, il y a un courant dirigé de la plaque de cuivre aux tuyaux du gaz, déviant d'environ 43 degrés l'aiguille du galvanomètre. Ce courant, dû sûrement à une action électro- chimique dans la terre, est très-constant. D'un moment à l'autre, la déviation de l'aiguille ne varie le plus souvent pas du tout; d'autres fois, elle présente des déplacements d'une petite fraction de degré. Des changements plus considérables ne se produisent qu'avec beaucoup de lenteur, dans le cou- rant de quelques jours, et ils sont probablement dus à une variation dans l'état d'humidité du sol. » Or, le ai février, dans la matinée, lorsque je voulus entreprendre une expérience sur la polarisation secondaire, je fus surpris de trouver des mouvements tout à fait exceptionnels de l'aiguille. La déviation variait de 4 à 5 degrés, d'une façon irrégulière, intermittente. Dans l'espace de quel- ques minutes, l'aiguille passa de 44 à 4o degrés, puis elle revint vers 45 de- grés, et ces déplacements se continuèrent, tantôt lents, tantôt assez brus- ques. La variabilité était tout à fait semblable, sauf l'intensité, à ce qui ( 645 ) s'observe, en pareil cas, dans les lignes télégraphiques, où les boussoles accusent, on le sait, des courants intermittents, tantôt dans un sens, tantôt dans un autre. Cette agitation fut pour moi inexplicable, parce que je ne soupçonnais point qu'une perturbation magnétique pût se faire sentir dans un aussi court circuit, et que j'ignorais d'ailleurs, à ce moment-là, l'exis- tence d'une perturbation semblable. Ces mouvements variables de l'aiguille furent observés et notés entre 10 et 1 1 heures du matin ; je n'ai malheu- reusement pas continué à les suivre, parce que je n'y attachais pas alors une grande importance, et c'est seulement le jour suivant que la perturba- tion magnétique, générale en Europe, me fut connue par le Bulletin de r Observatoire de Paris, et par les renseignements de M. le Directeur des télégraphes à Lausanne. » On admettra sans doute comme extrêmement probable que la per- turbation électrique de mon court circuit, dans la matinée du n\ février, avait pour cause l'influence générale qui agissait, au même moment, sur les longues lignes télégraphiques, et ce fait me semble avoir quelque intérêt, puisque les deux plaques extrêmes de ce circuit sont séparées seulement par une couche de terrain qui n'a pas 3o mètres d'épaisseur. » ANATOMIE comparée. — Organes de la parlurition chez les Kanguroos. Lettre de 31. E. Alix, reconnaissant l'antériorité d'un travail de M. Poelman sur cette question. « M. Poelman a adressé à l'Académie des Sciences une réclamation de priorité, à propos de la Note que M. Milne Edwards a bien voulu remettre en mon nom sur les organes de la parturition chez les Kanguroos. Je n'a- vais pas attendu cette réclamation pour rendre justice à M. Poelman. Ayant, quelques jours après ma communication, trouvé dans les Bulletins de l'A- cadémie royale de Bruxelles (i 85 1) le Mémoire de ce savant professeur, je me suis empressé d'en faire part à la Société Philomathique, dans la séance du 17 février. Renonçant volontiers à l'honneur de la découverte, je reste heureux d'avoir pu contribuer, pour ma part, à élucider une question dont l'importance est appréciée par les hommes les plus éminents. » ( 646 ) GÉOLOGIE. — Sur une récente éruption boueuse des salses de Palerno, en Sicile. Note de M. Silvestri, présentée par M. Ch. Sainte-Claire Deville. « Le i5 janvier, à 9h3ora du soir, les habitants de Paterno, à la base sud-ouest de l'Etna, sentirent dans le pays et dans les environs un trem- blement de terre. Le 22 du même mois, le terrain argileux presque sec de l'ancienne salse nommée la Salinella de Paterno, au milieu de laves basaltiques, a été percé par des colonnes de boue à 46 degrés centigrades de température, qui ont fait de la Salinella un lac fumant qui a étonné tous les campagnards. Les colonnes de boue avaient de 4o à 5o centimètres de diamètre et jaillissaient, pendant les deux premiers jours, avec une impul- sion extraordinaire jusqu'à hauteur d'homme, à cause du dégagement violent d'une grande masse de matière gazeuse qui produisait un bruit particulier par la densité des liquides. Cette éruption boueuse se faisait prin- cipalement par six cratères circulaires de im, 5o à 2 mètres de diamètre; mais il y en avait une quantité d'autres moins actifs à température ordi- naire; j'en ai vu jusqu'à dix-huit qui se sont formés sur divers points du sol de la Salinella, et j'ai noté le fait que, lorsque des cratères nouveaux ont fait leur apparition, d'autres ont disparu. J'en ai formé aussi à ma volonté en perçant artificiellement le sol au bord du lac. » L'eau boueuse naturelle des cratères, dont la température s'est ainsi élevée, manifeste l'odeur des œufs pourris et noircit le papier d'acétate de plomb : elle a une densité de 1,1469 et, après la filtration, de i,o5o'3 ; la matière suspendue qui reste sur le filtre se trouve dans la proportion de 12,63 pour 100 parties d'eau, et est formée par f d'argile et par \ de grains siliceux, et de petites incrustations calcaires avec quelques particules minimes de pyrite martiale ou bisulfure de fer; il n'y a pas Irace de débris organiques. L'eau traversée par les gaz dans ces cratères forme à la surface une écume noirâtre, où j'ai trouvé du soufre et une substance bitumineuse qui brûle avec une flamme très- vive. L'eau est très-salée : elle contient #4 pour 100 de matières salines, représentées par des bicarbonates, sulfates, phosphates, nitrates (traces), chlorures, bromures (traces), iodures, fluorures à, base de sodium, potassium, calcium, magnésium, aluminium, Jerrum : par l'a- nalyse spectrale, j'y ai trouvé le caesium, le rubidium, le lithium. Le chlorure de sodium est dans la proportion très-remarquable de 6,5 pour 100; le bicarbonate de chaux et le bicarbonate de magnésie donnent à l'eau des réactions alcalines. Elle tient en solution une quantité notable d'un mé- ( 647 ) lange gazeux d'acide carbonique, oxygène, azote; en effet, 370 centimètres cubes d'eau ont donné, après une ébullition prolongée, io5 centimètres cubes de matière gazeuse ainsi composée : Acide carbonique 101 ,76 Oxygène 1 , 09 Azote 1 , 1 5 io5,oo » La grande masse gazeuse qui n'est pas dissoute, mais qui accompagne les sources de boue, présente une odeur de pétrole. Je l'ai analysée en deux conditions différentes, dans les cratères à température élevée et dans les cratères à température ordinaire. « J'ai trouvé : Cratères à température Cratères à température de 4f) degrés centigrades. ordinaire. Acide carbonique 92?53 9^,43 Oxygène 0,12 0,77 Azote 4» 7° 2>97 Hydrogène protocarboné 1 ,49 °?96 Hydrogène °>99 o,55 Acide sulfhydrique o,3o » 100, i3 100,67 » On voit que dans les gaz des cratères chauds il y a une proportion plus grande d'azote que dans les autres; et il y a de plus l'acide sulfhydrique, tandis qu'en faisant la comparaison entre les chiffres que j'ai obtenus, re- latifs aux cratères à température ordinaire, et ceux qu'a trouvés M. Ch. Sainte-Claire Deville sur les gaz de la Salinella de Paterno en calme parfait, pendant i856, et que M. Fouqué a confirmés par l'analyse des gaz que nous avons recueillis ensemble l'année passée i865 à la même localité, je vois seulement de petites différences, que je considère comme comprises dans les limites de variabilité naturelle des mélanges gazeux. » Après cette petite éruption boueuse de Paterno, je me suis occupé de toutes les salses et de tous les endroits où il y a des phénomènes semblables et qui se trouvent dans le périmètre de l'Etna, ou plus loin sur quelques points de la Sicile, pour savoir s'il y avait quelque chose à remarquer. J'ai dû en effet observer que, à la Salina del I'nime, au sud-ouest de Paterno, à 1 \ kilomètre de la Salinella, près du fleuve Simeto, s'est formé un nou- C. R., I866, i« Semestre. (T. LXI1, Pi" il.) 84 ( G48 ) veau cratère qui, quoique à température ordinaire, est très-actif pour la quantité d'eau et de gaz. A San-Biagio, à 2 kilomètres de distance au sud-est de Paterno, où M. Fouqué et moi avons étudié ensemble, en avril 1 865, un petit cratère toujours actif, le sol est maintenant fermé et ne donne plus ni eau ni gaz. J'ai répété l'analyse du gaz de Sanla-Fenerina, près d'Aci-Reale, et elle n'a pas présenté de différences appréciables avec les dernières ana- lyses. Le lac de Naflia ou dei Palici, près Palagonia, les salses de Terra- pilata, près Caltanisetta, et les macalube de Girgenti n'ont présenté non plus rien de particulier et sont restés clans leur calme. » Enfin, le Ier février, c'est-à-dire neuf jours après l'événement de Paterno et l'anniversaire exact du commencement de l'éruption de l'Etna, j'ai fait une nouvelle visite aux cratères; j'ai confirmé la présence de l'acide carbo- nique que j'avais annoncé précédemment, mais qui s'y trouve maintenant en quantité très-faible. L'ensemble des sept cratères est presque entouré par une coucbe de neige de 2 à 5 mètres d'épaisseur et ne donne plus en général que des fumerolles aqueuses : néanmoins, à l'intérieur de leurs entonnoirs, il y a toujours des fumerolles acides qui ne sont pas totalement éteintes. D'après cela, il n'y a rien de particulier qui se rattacbe au phénomène de Paterno. L'éruption boueuse, au moment où j'écris, n'a plus l'activité des premiers jours et va perdre continuellement sa force : je crois que bientôt on n'observera plus que la salse primitive. » Après cette communication, M. Cn. Sainte-Claire Deville présente les remarques suivantes : « Le fait intéressant, si bien décrit dans la Note de M. le professeur Silvestri, est peut-être l'équivalent de celui que j'ai eu l'occasion d'observer en février 1862, aux fumerolles hydrocarburées de Torrc del Greco, qui, deux mois après l'éruption de 1861, subirent un accroissement notable de température, et dégagèrent l'acide sulfhydriqne (qui leur était d'abord absolument étranger), en formant de légers dépôts de soufre. » L'interruption des dégagements de San-Biagio, que j'avais trouvés aussi actifs en 1 856 que MM. Fouqué et Silvestri en 1 865, semble indiquer un éboulement intérieur, qui aurait fait refluer vers les orifices de Paterno les gaz qui s'écbappaient deux kilomètres plus loin. Mais ce simple phénomène mécanique ne suffirait à expliquer ni l'accroissement de la température, ni l'apparition de l'acide sulfhydriqne. » D'un autre côté, ce petit mouvement du sol, le i5 janvier, suivi de ( <%) l'éruption boueuse du 22, n'était-il pas en rapport avec la commotion qui, six jours après, a agité toute la Grèce et a amené l'éruption de Santorin? » MÉCANIQUE CÉLESTE, — Sur l'influence que l'action de lu Lune sur les eaux de ta mer peut exercer sur le mouvement de rotation de la Terre; par M. Dubois (1). « Dans la séance du 1 1 décembre i865, M. Delaunay a annoncé à l'Aca- démie « qu'il avait réussi à découvrir une nouvelle cause à laquelle il est » très-naturel, dit-il, d'attribuer la portion de l'accélération lunaire qui » n'est pas produite par la cause assignée par Laplace. » » J'ai l'honneur de demander à l'Académie de vouloir bien me permettre de lui présenter quelques observations relatives aux hypothèses qui servent de bases à la Note que M. Delaunay a fait insérer dans les Comptes rendus du 1 1 décembre. » Le travail du savant académicien repose en réalité : » i° Sur la valeur — -^ — qu'il a obtenue pour grandeur du moment total dû à l'action de la Lune sur les deux masses p. placées en E et E', c'est-à-dire sur les deux protubérances liquides; » i° Sur le retard que, par suite des résistances et du frottement, l'axe de ces protubérances éprouve relativement à la ligne qui joint le centre de la Lune au centre de la Terre. _ . , . , . 3f/>iur! ,_ ~ , » Pour arriver a cette expression numérique — ^f— 1 M. Delaunay sup- pose que la mer recouvre la Terre de toutes parts, et que la Lune est située dans le plan de l'équateur; puis, pour fixer les idées, dit-il, il suppose enfin que le diamètre aux deux extrémités duquel sont les deux protubérances liquides fasse un angle de 45 degrés avec la ligne allant du centre de la Terre au centre de la Lune. » Si, au lieu de supposer cet angle égal à 45 degrés, nous le prenons égal à une quantité a indéterminée pour l'instant, le moment total du couple agissant, d'après M. Delaunay, sur la rotation de la Terre, sera, non pas Sf/nar* , . 3 fin ar1 sin 2 a .... , ~ . , , . — ïtj — i mais bien ~- , ce qui indique que a = 4^ degrés donne le moment maximum. (r) Voir la Note (i), au bas de la ^age 577, clans laquelle M. Delaunay répond à celte communication de M. Dubois. 84.. ( 65o ) » Reportons-nous maintenant au livre IV de la Mécanique céleste, et, comme M. Delaunay, laissons de côté l'action du Soleil sur les eaux de la mer. Laplace a trouvé que l'action de la Lune sur les eaux de notre globe, supposées recouvrir entièrement la Terre, détermine, à un moment donné, une élévation a. y contenant trois termes principaux et qui constituent pour la mer trois espèces d'oscillations. » L'oscillation de la première espèce, qui a une très-longue période, se réduit à une constante quand on suppose la Lune dans le plan de l'équa- teur. Dans la même hypothèse, l'oscillation de la deuxième espèce, c'est-à- dire le second terme de ay, disparaît ; il n'y a donc lieu de considérer que le troisième terme, c'est-à-dire l'oscillation de la troisième espèce. » D'après ses calculs sur l'aplatissement de notre globe, Laplace a cru pouvoir conclure que la profondeur moyenne des mers n'est qu'une petite fraction de l'excès du rayon de l'équateur sur celui des pôles. » D'après M. de Humboldt, la profondeur moyenne des mers serait égale à cinq on six fois la hauteur moyenne des continents; cette dernière hauteur étant égale à 3o6 mètres environ, \\ s'ensuit, d'après M. de Hum- boldt, que la profondeur moyenne des mers serait à peu près égale à 1800 mètres. » En adoptant les idées de ces deux grandes autorités scientifiques, on peut donc admettre que l'épaisseur de la couche liquide qui recouvrirait l'écorce solide de notre globe, si (les continents et les montagnes s'affais- sant et le fond des mers se soulevant) la Terre prenait cette forme sphéroï- dale régulière que lui a supposée M. Delaunay; on peut donc admettre, dis-je, que cette épaisseur serait inférieure à 2200 mètres, c'est-à-dire à -^— du rayon terrestre. » Or, dans cette hypothèse de la profondeur de la mer, Laplace {Méca- nique céleste, ite partie, livre IV, p. 220, ie édition) a trouvé que la hau- teur de la marée a y, à un instant donné, était exprimée par l'équation 1,000 -4- 20,1862 \ h 10,1 164 — i3,io47 J -o'V23i6x|+o'V23i6 !" l5>M88~ 7.458i !cosl2„<^27r_^). 5 j — 2,1975— o,45oi l - 0,0687 — 0,0082 l - 0,0008 — 0,0001 / « Alors, » dit Laplace, a par une singularité remarquable, la basse mer a (65, ) « lieu quanti les deux astres sont dans le méridien, tandis que la haute mer » arrive lorsqu'ils sont à l'horizon. » » D'après ce résultat, et en admettant que l'action lunaire produise in- stantanément son effet, l'angle a, que nous avons envisagé plus haut, n'est pas égal à l\5 degrés, comme l'a supposé M. Delaunay, mais à 90 degrés, ,,,.., . , Zfm iir1 sin 2 a . ■., > »«■ t» 1 j d ou d s ensuit que le moment — — r - qui, d après M. Delaunay, tend à ralentir le mouvement de rotation de la Terre, est complètement nul. » Si l'on supposait qu'en raison des résistances et. des frottements, l'axe des protubérances liquides fût en relard (1) sur la position que nous venons de déterminer, l'angle a serait alors PLUS grand que 90 degrés, et le mo- ment ci-dessus deviendrait négatif, c'est-à-dire que l'action de la Lune sur les deux masses E et E' produirait une accélération dans le mouvement de rotation de la Terre, au lieu de produire un ralentissement. <> M. A. Chevallier rappelle, à l'occasion d'une Lettre de M. Dauzat sur un tissu soyeux ourdi par des vers mexicains, les détails qu'il a lui-même donnés en 183g sur des produits analogues. Sa Note, publiée dans le premier volume du Journal des Connaissances nécessaires, et dont il adresse aujourd'hui une copie, a pour titre : « Tissus très-fins, d'une grande dimension, d'une grande résistance, fabriqués par des chenilles et par divers insectes ». M. Chevallier, dans cet écrit, mentionne diverses communications faites à l'Académie sur ces sortes de tissus : l'une qui était toute récente au mo- ment où il écrivait (Note de M. Levasseur, 26 août 1839); une autre, de date déjà plus reculée (9 octobre 1826), par M. Lenormand, qui faisait con- naître les ingénieux procédés par lesquels M. Hebenstreit avait tenté de diriger, de manière à le rendre utile, le travail des larves de la Tineapunc- lata; enfin, une communication faite à la Société Philomathique il y a près d'un demi-siècle, et où il s'agissait du ver à soie commun auquel on deman- dait, non plus de fournir la matière de nos tissus, mais de les fabriquer lui-même. M. Desnos adresse de Nancy la description et la figure d'un moteur à air chaud de son invention. Il présente ce Mémoire comme pièce de con- cours pour un prix qui'il croit avoir été proposé par l'Académie et qui (1) Ce retard étant de l'ordre de celui que M. Delaunay a admis. ( 652 ) serait destiné à récompenser les découvertes les plus utiles à la classe ouvrière. On fera savoir à M. Desnos que l'Académie n'a point à décerner un pareil prix, mais que son travail, s'il le désire, pourra être compris dans le nombre des pièces de concours pour le prix de Mécanique. M. Smith, agent d'affaires et avoué (solticitor et prolector) à Belfast, trans- met une réclamation de son client M. fVallace, qui croit avoir droit au prix Bréant et demande que ce prix lui soit promptement délivré. Cette lettre, écrite en anglais et conçue dans des termes peu convenables, devra rester sans réponse. A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. COMITE SECRET. M. Chasles, au nom de la Section de Géométrie, présente la liste sui- vante de candidats pour la place de Correspondant devenue vacante par suite du décès de sir William Hamilton. En première ligne M. Riemamv à Gcettingue. M. Rorchardt à Berlin. 31. Bkioschi à Florence. M. Clebscii à Giessen. M. IIesse à Kcenigsberg. En deuxième lu/ne cl ixtr I __ ._ , . _, , , il,,- {M. de Jo.\<>riEREs. . . a loulou. ordre alphabétique. . . M. Khonecker à Berlin. M. Richelot à Kœnigsberg. M. Roskmiai.n à Berlin. M. Weierstrass. ... à Berlin. M. Hermite expose les titres des candidats. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. M. Broxgxiart, au nom de la Section de Botanique, 'propose à l'Académie { 653 ) de déclarer qu'il y a lieu de nommer à la place devenue vacante dans cette Section par suite du décès de M. Montagne. L'Académie est consultée par la voie du scrutin sur cette question. Il y a 38 oui. » i non. La vacance est déclarée. La Section présentera dans la prochaine séance une liste de candidats. La séance est levée à 5 heures un quart. C. BL'IXETI.V BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 26. février 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Essai d'éludés rétrospectives sur la pharmacie au XVIIe siècle ; par M. Louis Cazag. Br. in-8°; sans lieu ni date. Société d Encouragement pour l'industrie nationale. Résumé des piocès- verbaux des séances du Conseil d'administration, séance du mercredi 7 fé- vrier 1866. Paris, 1866; opuscule in-8°. Clinical... Notes cliniques sur la chirurgie de l'utérus, avec applications spé- ciales au cas de stérilité; par M. J. Marion SlMS. 1 vol. in-8° relié. Lon- dres, 1866. Sulle linee... Sur les lignes iséoriques de la péninsule italienne et sur quel- ; in-folio. L' Académie a reçu dans la séance du 12 mars 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Recueil de Mémoires de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacie militaires, publié par ordre du Ministre de la Guerre. 3e série, t. IV. Paris, i865; in-8°. Bulletin international de l' Observatoire impérial de Paris, mois de dé- cembre 1 865, janvier et février 1866. 67 numéros in-folio. Bulletin de Statistique municipale, publié par les ordres de M. le Baron Haussmann, mois de novembre 1 865. Paris, i865; in-4°. Mémoire sur l'aviation ou navigation aérienne ; par M. SEGUIN aîné, Cor- respondant de l'Institut. Paris, 1866; br. in-8°. Essai de pisciculture entrepris dans le département de l'Hérault pendant l'année i865. Rapport de M. Paul Gervais. Montpellier, 1866; opuscule in-8°. Nouvelles observations sur les applications du coaltar saponiné à la thérapeu- tique; par M. J. Lemaire. (Extrait du Moniteur des Sciences médicales et pharmaceutiques.) Paris; br. in-8°. De l' aciile phénique ; par M. J. LEMAIRE. 2e édition. Paris, i865; in-12. (Présenté par M. Chevreul.) Maladies de poitrine, conseils ù suivre, ou Traité de la vie moderne; par M. A. HOGEL. Paris, 1866; in-12. Tables des logarithmes à sept décimales; par M. J. LuviNI. Paris, 1866; in- 18. Notice sur les travaux scientifiques de M. H. Bâillon. Paris, 1866; in-4°. Etude pratique sur le charbon, la fièvre contagieuse et la pustule maligne en Comouaille; par M. Tanguy. Brest, 1866; br. in-18. Moniteur d'hygiène et de salubrité publique, journal publié sous la direc- tion de M. A. Chevallier fils. 1N° iw, janvier 1866. Paris, 1866; in-8°. Observations sur les bourgeons et sur l 'inflorescence des Papilionacées ; par M.Gouron. Nancy, 1866; br. in-8°. ( 655 ) Mémoire sur la pélorie des Delphinium; par M. Godron. Nancy, i865; br. in-8°. Recherches sur les animaux sauvages qui habitaient autrefois la chaîne des Vosges; par M. Godron. Nancy, 1866; br. in-8°. Choléra. De sa nature et de son traitement; par M. ADET DE ROSEVILLE. Saint-Germain-en-Laye, 18O6; br. in-8°. Note sur la production de l'acétylène, nouvelles méthodes; par M. P. De Wilde. (Extrait des Bulletins de i Académie royale de Belgique.) Bruxelles; br. in- 8°. Nouveau parasite de l'homme (Helophilus borridus, Lortet); par M. LOR- tet. Lyon, 1866; br. in-8°. Cinquième Mémoire sur les foraminifères du lias; par M. O. Terquem. Metz, 1866; br. in-8°. Société d'Encouragement pour l'industrie nationale. Résumé des procès- verbaux des séances du Conseil d'administration, séance du mercredi 2 r fé- vrier 1866. Opuscule in-8°. On the marsupial... Sur les poches marsupiales, les glandes mammaires et les fœtus mammaires de /'Echidné Hystrix; par M. Rich. Owen. Br. in-4° avec figures; sans lieu ni date. Proceedings... Comptes rendus de la Société Royale de Londres, t. XIII et XIV, nos 70 à 77, 8 décembre 1864 au 1 5 juin 1 865. In-8°. Transactions. . . Transactions philosophiques de la Société Royale de Londres, année 1864, 3e partie, et i865, ire partie (t. CLIV etCLV). Londres, i865; 1 vol. in-4°. The Royal... Liste des membres de la Société Royale de Londres au 3o no- vembre 1864. Londres; br. in-4°. Memoirs.... Mémoires de la Société royale Astronomique, t. XXXIII (ses- sion de i863-i864). Londres, 1 865 ; in-4° cartonné. Transactions... Transactions de la Société philosophique américaine pour l'avancement des connaissances utiles, t. XIII, nouvelle série, 2e partie, art. VII, .Myriapodes de l'Amérique du Nord. Philadelphie, 1 865 ; in-/(°. Astronomical... Observations astronomiques, magnétiques et météorolo- giques faites à l'Observatoire de Greenwich en l'année i863. Londres, i865 ; in-4° relié. Die koniglich. . . Triangulation de la carte du royaume de Prusse. 1 re partie : Mesure trigonométrique, province de Prusse, Fistule et pays sur la rive orientale du fleuve; publié par le Bureau topographique. Berlin, 1866; in-4°. C. R., 18G6, i" Semestre. (T. LXII, N°H.) 85 ( 656 ) Sulla origine... Sur l'origine des fièvres périodiques de Rome et de la cam- pagne romaine; par M. J. FOLCIU. 2e Mémoire. Rome, i8/j5 ; in-8°. Veget;ies... Commission géologique de Portugal. Végétaux fossiles, flore fos- sile du terrain carbonifère; par M. B.-A. GOMES. Lisbonne, i8G5; br. in-4° avec planches. Da existencia... Commission géologique de Portugal. De l'existence de l'homme à des époques reculées dons la vallée du Tage. Notice sur les sque- lettes humains découverts dans la colline d'Arruda; par A. -P. Da COSTA. Lis- bonne, i865; i vol. in-4° avec planches. Silzungsberichte. .. Comptes rendus des séances de l'Académie royale des Sciences de Bavière, 1 865, 2e partie, ire et 2e livraisons. Sitzungsberichte... Comptes rendus des séances ds l'Académie impériale des Sciences de Vienne. Classe des Sciences mathématiques et naturelles, t. LI, 4e et 5e livraisons; t. LU, ire livraison, ire Section : Mathématiques, Phy- sique, Chimie, Physiologie, Météorologie, Géographie physique cl Astronomie; t. LT, 4e et 5e livraisons : Minéralogie, Botanique, Zoologie, Anatomie, Géo- logie et Paléontologie. Vienne, i 865 ; 3 br. in-8°. PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT LE MOIS DE FÉVRIER 1866. Annales de l'Agriculture française; n° 2, 1866; in- 8°. Annales du Génie civil; n° 2, 1866; in-8°. Annales médico-psychologiques ; janvier 1866; in-8°. Bibliothèque universelle et Revue suisse. Genève, n°g7, 1 865 ; in-8°. Bulletin de V Académie impériale de Médecine; n° 9, 1866; in-8°. Bulletin de l' Académie royale de Médecine de Belgique; n° 1 1 , t. VIII, 1 866; in-8°. Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique; n° Ier, 1866; in -8°. Bulletin de la Société d Encouragement pour l'industrie nationale; dé- cembre 1 865 ; in-/|°. Bulletin de la Société française de. Photographie; n° Ier, 1866; in-8°. Bulletin de la Société de l'Industrie minérale; avril, mai, juin 1 865 ; in-8° avec allas in -fol. Bulletin général de Thérapeutique; 1 5 février 1 866 ; in-8°. (657) Butlettino meteorotogico dell' Osservatorio del Collegio romano ; t. V, n° Ier, 1866; in-4°. Bulletin des travaux de la Société impériale de Médecine de Marseille; janvier 1866; in-8°. Cosmos; nos 6, 7 et 8, 1866; in-8°. Gazette des Hôpitaux; nos i5 à 23, 1866; in-4°. Gazelle médicale de Paris; n°s 6, 7 et 8, 1866; in-4°. Il Movimenlo scientifico; janvier et février 1866. Milan; in-4°. Journal d' Agriculture pratique ; nos 3 et 4> 1866; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; février 1866; in-8°. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture ; janvier 1866; in-8°. Journal de Médecine vétérinaire militaire ; n° 8, 1866; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; février 1866; in-8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; nos 4 et 5, 1866; in-8°. Journal de Médecine vétérinaire militaire; n° 8, 1866; in-8°. Journal des fabricants de sucre; nos4i à 45, 1866; in-f°. Kaiser liche... Académie impériale des Sciences de Vienne; nos 3, 4 et 5 ; 1 feuille d'impression in-8°. L'Abeille médicale; nos 6 à 9, 1866; in-4°. La Science pittoresque ; n°9 6, 7 et 8, 1866; in-4°. La Science pour tous; nos 9 à 12, 1866; in-4°. Le Moniteur de la Photographie; n° 23, 1866; in-4°. Le Technologisle ; n° 317, 1 865 ; in-4°. Les Mondes... nos 5 à 8, 1866; in-8°. LTncoraggiamento. Giornale di Chimica e di Scienze affini, d'Industria e di Arti; organo deW Associazione délie conferenze chimiche di Napoli; nos 1 1 et 12, 1866; in-8°. Magasin pittoresque ; mois de février 1866; in-4°. Moniteur d'hygiène et de salubrité publique, domestique, agricole et îWus- trielte; janvier 1866; in-8°. Montpellier médical... Journal mensuel de Médecine ; t. XVI, n° 2, 1866; in-8°. Presse scientifique des Deux Mondej ; n° 4, 1 866; in-8°. Revue maritime et coloniale; février 1866; in-8°. ( 658 ) Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n° /j, 1866; in-8°. Revue des Eaux cl Forets; n0s 1 et 2, i8()6; in-8°. Società reale di Napoli. Rendiconto dell' Accademia délie Scienze fisirhe c malemaliche. Naples, janvier 1866; in-4°. The Reader, n05 i63, 164 et i65, 1866; in-4°. ERRATA. (Séance du 26 février 1866.) Page 443> ligne 12, au lieu de M. Petetin, lisez M. Pàrequin. Page 425, ligne 17, au lieu de i854, lisez 1864. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SEANCE DU LUNDI 19 MARS 1866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Secrétaire perpétuel dépose sur le bureau de l'Académie une Notice imprimée récemment sur les travaux scientifiques <) du présent volume. ( 66. ) échantillons sur lesquels on a opéré pouvaient renfermer un peu plus de silice que le type de la formule (Mg3Si4), dont on était parti. » Il n'est pas nécessaire, pour opérer la transformation que je viens d'indiquer, de mettre la serpentine en présence d'une quantité de magnésie rigoureusement pesée suivant le rapport atomique. La réaction se produit encore et tout aussi nettement quand on se borne à chauffer de la serpen- tine au milieu d'une brasque de magnésie. La masse ainsi obtenue est entièrement cristalline, ainsi que le confirme son action sur la lumière polarisée; ses surfaces sont complètement recouvertes de cristaux dont la plupart ont la forme d'octaèdres rectangulaires, habituelle au péridot. On ne saurait non plus distinguer ces masses de celles que donne la fusion immédiate de ce dernier. » Ces résultats m'ont conduit à examiner le produit de la fusion pure et simple des serpentines. L'expérience faite dans des creusets de terre sui- des échantillons de provenances différentes, Snarum, Zœblilz en Saxe, Faveroen Piémont, a donné aussi des mélanges de péridot et d'enstatite, mais dans lesquels le premier minéral se montre en moindre proportion que dans les fusions faites en présence de la magnésie. La serpentine de Baldissero, en Piémont, connue par les veines de magnésite et de quartz résinite qu'elle a sécrétées, a présenté le résultat le mieux caractérisé : des aiguilles d'en- statite groupées avec une régularité remarquable parallèlement entre elles et par faisceaux se détachent au milieu du péridot cristallin (i); c'est identi- quement le même produit que donne la Iherzolile. » On doit toutefois remarquer qu'alors même que la serpentine est fondue sans aucune addition dans un creuset, elle ne peut manquer d'em- prunter aux parois de celui-ci une partie de ses éléments et particuliéremenl de la silice. » Dans ces fusions, comme dans celles des météorites, la tendance que le péridot et l'enstatite ont à cristalliser les fait apparaître en cristaux bien distincts; mais le produit obtenu renferme en outre d'autres silicates, alu- mineux ou autres, qui restent mélangés intimement et comme dissous dans l'intérieur des premiers. » Ces divers résultats, les derniers surtout, montrent que la serpentine (i) La pseiulophite du mont Zdiar, en Moravie, qui renferme l'enstatite et qui diffère de la serpentine, comme on le sait, par la présence de l'alumine, n'a pas donné de cristaux bien distincts. 86.. ( 662 ) a une tendance décidée à se changer en péridot, comme si elle ne faisait que rentrer alors dans son état normal. C'est une raison de plus pour con- sidérer la serpentine, au moins dans un certain nombre de ses gisements (i), comme un péridot ou une lherzolite qui a perdu une certaine quantité de sa magnésie, et s'est hydratée par une opération qui rappelle celle de la conversion du feldspath en kaolin. » L'observation directe des roches confirme cette conclusion. S'il existe des lherzolites qui dégénèrent graduellement en serpentine, comme cela a lieu dans certaines localités des Pyrénées, il y a, d'un autre côté, des ser- pentines qui manifestent aussi clairement leur relation avec les roches de péridot. On ne peut en voir un exemple plus démonstratif que dans la ser- pentine de Baldissero dont je viens de parler. Lue des variétés de cette ser- pentine, appartenant à la collection du Muséum et recueillie par M. Cordier, rappelle tout à fait dans ses caractères extérieurs la lherzolite des Pyrénées. J'ai en outre reconnu que, comme cette dernière, elle est parsemée de cris- taux d'enstatite, variété bronzite (2), de pyroxène diopside vert-émeraude et chromifère, ainsi que de spinelle noir chromifère, parfois en octaèdres ré- guliers (variété dite picotite). Ces trois espèces minérales présentent dans l'une et l'autre roche exactement le même faciès. Cependant, malgré ces analogies, la serpentine de Baldissero se distingue de la lherzolite par sa très-faible dureté et sa teneur en eau; elle constitue comme l'un des états de transition de la première roche à la seconde. Les minéraux qui ont résisté à l'hydratation restent comme les témoins de l'état primitif, de telle sorte que la relation du kaolin au feldspath n'est pas mieux démontrée que la transformation qui nous occupe. » Rien ne prouve d'ailleurs que l'hydratation qui s'est produite dans la transformation des roches de péridot en serpentine ait été opérée par les agents de la surface du globe. La serpentine éruptive des Apennins, des Alpes et de tant d'autres contrées, a pu être poussée des profondeurs après y avoir déjà acquis l'eau qu'elle renferme aujourd'hui. La manière dont le verre se décompose dans l'eau suréchauffée et se change en un silicate hy- (1) Il faut bien remarquer que toutes les masses serpentineuses ne proviennent pas de la transformation de roches de péridot. Il en est qui dérivent de roches pyroxéniques et autres. 12) M. Des Cloizeaux, qui a bien Voulu faire l'examen optique de cette enstatite, lui a re- connu : deux axes lics-écarlés dans un plan parallèle au clivage facile et bronzé; bissectrice négative normale au clivage difficile ; 2 II (rouge) = i24"4^'- ( 663 ) draté (i) ne paraît pas être sans analogie avec la réaction qui a produit la serpentine aux dépens de silicates anhydres préexistants. a Les analogies qui rapprochent la serpentine des roches de péridot por- taient à examiner aussi cette roche au point de vue de la synthèse des mé- téorites (2). » Si on fond la serpentine dans une hrasque de charbon, les grains de fer ou de fonte qui s'en séparent renferment du nickel en quantité très- notable, comme lorsqu'on opère sur du péridot (exemple : serpentine de Sainte-Sabine, dans les Vosges). » A ces traits de ressemblance s'ajoute la présence du chrome. D'une part, le chrome se trouve dans la plupart des serpentines; de l'autre, l'ob- servation importante que Laugiér a faite dès 1806 (3), savoir, que le chrome manque rarement dans les météorites, n'a fait que se confirmer. Il est, en effet, très-peu de météorites pierreuses qui ne soient mélangées, au moins en petite proportion, de chromite de fer ou fer chromé. » Ainsi, à part sa teneur en eau, la serpentine peut être rapprochée des météorites du type commun presque au même titre que le péridot et la Iherzolite. » IV. Observations générales ; dernières expériences faites à l'appui. IMPORTANCE DES ROCHES MAGNÉSIENNES DU TYPE PÉRIDOT, TANT DANS LE CLOBE TERRESTRE QUE DANS NOTRE SYSTÈME PLANÉTAIRE. » Les météorites, si analogues à certaines de nos roches, diffèrent consi- dérablement de la plupart de celles qui forment l'écorce terrestre. » La différence la plus importante consiste en ce qu'on n'a trouvé, dans les météorites, rien qui ressemble aux matériaux constitutifs des terrains stratifiés : ni roches arénacées, ni roches fossilifères, c'est-à-dire rien qui (1) Expériences synthétiques sur le métamorphisme [Annales des Mines, 5e série, t. XVI, p. 435). De la formation îles zéolilhes [Bulletin de la Société Géologique de France, 2e série, t. XVI, p. 588). (2) Toutes les t'usions dont il vient d'être question dans ce travail ont été faites dans un fourneau de l'usine à gaz de Vaugirard, habilement établi par M. Gandin, et communiquant avec une cheminée d'une hauteur de ^o mètres, de telle sorte que le tirage correspond ha- bituellement à une pression manométrique de 3o millimètres d'eau. Le combustible était du coke de cornue à gaz. (3) Annales du Muséum, t. VII, p. 392; 1806. ( 664 ) rappelle l'action d'un océan sur ces corps, non plus que la présence de la vie. » Une grande différence se révèle, même quand on compare les météo- rites aux roches terrestres non stratifiées. Jamais il ne s'est rencontré dans les météorites ni granité, ni gneiss, ni aucune des roches de la même famille, qui forment avec ceux-ci l'assise générale sur laquelle reposent les terrains stratifiés. On n'y voit même aucun des minéraux constituants des roches granitiques, ni orthose, ni mica, ni quartz (i), non plus que la tourmaline et les autres silicates qui sont l'apanage de ces roches. » Ainsi les roches silicatées qui forment l'enveloppe de notre glohe font défaut parmi les météorites. C'est seulement dans les régions profondes qu'il faut aller chercher les analogues de ces dernières, c'est-à-dire dans ces roches silicatées basiques qui ne nous parviennent qu'à la suite d'éruptions qui les ont fait sortir de leur gisement initial. » Ce contraste fait ressortir combien est juste et profonde la division des roches silicatées en acides et basiques, que M. Elie de Beaumont a établie dans son mémorable travail sur les émanations volcaniques et métal- lifères (2). » Par le chemin que nous venons de suivre on arrive à reconnaître que ces deux groupes de roches sont d'ordres différents et s'écartent l'un de l'autre, autant par leur mode de formation que parleur composition. Toute- fois, les éruptions des diverses époques ont souvent amené à la surface de notre globe des masses de nature intermédiaire que l'on peut considérer comme des mélanges des deux types normaux. » En tout cas, l'absence, dans les météorites, de toute la série des roches qui forment une épaisseur si importante du globe terrestre, quelle qu'en soit la cause, est une chose tout à fait remarquable. Cette absence peut s'expliquer de diverses manières, soit que les éclats météoriques qui nous arrivent ne proviennent que des parties intérieures de corps planétaires qui auraient pu être constitués comme notre globe, soit que ces corps plané- taires eux-mêmes manquent de roches silicatées quartzifères ou acides, aussi bien que de terrains stratifiés. Dans ce dernier cas, ils auraient donc suivi des évolutions moins complètes que la planète que nous habitons, et c'est à (1 ) M. Gustave Rose a, il est vrai, signalé du quartz dans le fer météorique de Toluca. Cet exemple singulier, et jusqu'à présent unique, n'empêche pas de dire que le quartz n'a encore été rencontré dans aucune des météorites pierreuses. (2) Bulletin de la Société Géologique de France, I. IV, p. 12/J9; l847- ( 665 ) Ja coopération de l'Océan que la terre aurait dû dans l'origine ses roches granitiques, comme elle lui a dû plus tard ses terrains stratifiés. » Parmi les silicates basiques, il en est un qui se présente avec une constance remarquable dans presque toutes les variétés de météorites, depuis les fers jusqu'aux pierres proprement dites, c'est le péridot. Il est rarement seul (Chassigny), ordinairement il est mélangé de silicates plus acides, souvent en parties indiscernables (i). » D'un autre côté, le péridot existe nécessairement dans les profondeurs de notre globe; car les basaltes des régions les plus distantes en ont apporté des fragments restés souvent anguleux et que l'on dirait arrachés à une masse profonde et préexistante. Le péridot fait partie constituante d'autres roches, comme la lherzolite qui a fait éruption sur divers points et comme la roche dont M. Hochstetter a reconnu récemment des massifs considérables dans la Nouvelle-Zélande et qu'il a nommée (limite. 11 importe de remar- quer que ces Iherzolites, notamment celle des Pyrénées, sont identiques aux Iherzolites dont les basaltes empâtent des fragments, comme si les unes et les autres dérivaient des mêmes massifs. Enfin, le lien de famille que nous avons reconnu entre certaines serpentines et les roches de péridot fait encore mieux ressortir toute l'importance du type péridotique et de ses dérivés. » On est donc amené à reconnaître que le rôle de ces roches de péridot, si restreint à la surface de la terre, est sans doute prédominant à une cer- taine profondeur. Son importance s'étendrait aussi bien à notre globe qu'au l'esté de notre système planétaire, autant, du moins, que l'on peut juger de ce dernier par les échantillons qui nous en arrivent; les roches à base de péridot méritent donc de prendre dorénavant un rang particulier et consi- dérable dans la classification générale de lithologie où, en leur annexant la serpentine, on pourrait les comprendre sous le nom de famille péridotique. » Dans ces gisements si différents, terrestres et extra-terrestres, le péridot se présente avec des caractères de composition communs et des associations souvent semblables. Aux rapprochements qui ont déjà été faits, j'ajouterai que la météorite de Chassigny est semblable à la dunite de la Nouvelle- Zélande, qui est également formée de péridot et de chromite. Les météo- rites charhonneuses (cap de lionne-Espérance, Kaba et Orgueil) paraissent (i) Sur plus de cent cinquante chutes représentées dans les collections, on n'en possède encore que quatre qui appartiennent au type alumineux, comme Juvénas, Jonzac, Stan- nern. Les antres sont des météorites magnésiennes qui, presque toutes, renferment du péridot. ( 666 ) renfermer un silicate magnésien hydraté que M. Wôhler a rapproché de la serpentine. » Parmi les caractères qui distinguent nettement ces roches péridotiques de toutes les autres roches silicatées, j'appellerai l'attention sur les sui- vants : » i° Le péridot nous représente le type silicate le plus basique que l'on connaisse, soit dans les météorites, soit dans les roches éruptives. A ce seul titre, il a droit d'être placé avant le type pyroxénique normal qu'a établi M. Bunsen (i), et avant tous ceux qu'a distingués M. Durocher (2). Dans cette série, dont il constitue le premier terme et qui se termine au granité, il forme l'espèce à la fois la plus simple de composition et la mieux définie. » 20 Au point de vue du mode de cristallisation, le péridot, ainsi que le bisilicate de magnésie ou enstatite, qui est son compagnon fréquent, se dis- tinguent des silicates alumineux, tels que ceux du groupe du feldspath, par la facilité avec laquelle ils se forment et cristallisent par la voie sèche à la suite d'une simj>le Jusion. Au contraire, on n'a jamais pu faire cristal- liser artificiellement, dans les mêmes conditions, rien qui ressemblât, même de loin, au granité. » 3° Les roches de péridot sont très-remarquables aussi par leur forte densité (3,3), qui est supérieure à celle de toutes les autres roches éruptives et même à celle des basaltes (3). Cette forte densité justifie la position nor- male qu'elles paraissent avoir dans l'écorce terrestre, au-dessous du revê- tement granitique, au-dessous même des roches basiques alumincuses. » Faisons enfin remarquer qu'il n'y a pas à s'étonner si les roches de pé- ridot ne nous sont pas arrivées plus fréquemment et plus abondamment de la profondeur jusqu'à la surface. Les expériences qui précèdent nous montrent avec quelle avidité le péridot s'empare d'une plus forte propor- (1) Poggcndorff's Annalcn, t. LXXXIII, p. 197 ; i85i . (2) Essais de pétrologie comparée [Annales des Mines, 5e série, t. II, p. 217; 1857). (3) Péridot 3,33 à 3,35 Enstatite 3,3o3 Lhcrzolite 3,25 à 3,33 Basalte 2,9 à 3,1 Diabase 2,66 à 2,88 Porphyrite 2,76 Traehyte 2,62 à 2 ,88 Granité 2>64 à 2,76 (667 ) tion de silice, puisqu'il la soustrait même aux parois du creuset et se con- vertit en un bisilicate, tel que l'enstatite ou le pyroxène. De là ces pas- sades de la llierzolite à des roches pyroxéniques ou atnphiboliques; delà encore les roches hybrides que le péridot a dû engendrer nécessairement si, étant à l'état de fusion, il a cherché à se frayer une voie à travers d'antres roches plus acides, et a dû rester longtemps en contact avec elles. DU MODE DE FORMATION ORIGINELLE DES MASSES DONT PROVIENNENT LES MÉTÉORITES. — NOU\ ELLES EXPÉRIENCES A l'aPPUI. » Température. — Les masses dont proviennent les météorites ont sans doute, tout aussi bien que notre globe lui-même, été formées à l'origine sous l'influence d'une haute température. Et cependant deux considérations feraient croire que ces masses ont cristallisé à une température moins élevée que dans nos expériences. Ainsi : » i° La partie pierreuse ne possède qu'une cristallisation confuse et à peine agrégée, qui contraste avec celle que donne la fusion artificielle. » a° Les grains de fer disséminés au milieu de ces silicates ont une forme irrégulière et non globulaire, qui annonce qu'ils se sont constitués à une température inférieure à celle de la fusion du fer doux, et probablement même à celle de la fusion des silicates qui leur servent de gangue. Le fer dit de Pallas conduit également à cette conclusion. Mais rien ne la fait mieux ressortir que la structure de certaines météorites très-riches en fer (mésosi- dérites), et en particulier celle de la Sierra de Chaco, au Chili, qui se pré- sente en quelque sorte à l'état granitoïde. Le tout a dû se former à une tem- pérature au plus égale à celle du fer soudant. » Une expérience a confirmé cette manière de voir. J'ai cherché à imiter le mode de dissémination du fer métallique dans les silicates, tel que le présentent les météorites ordinaires, en exposant à une température élevée du fer réduit, mélangé intimement à de la lherzolite. Après fusion du tout, les parlicules de fer se sont réunies en de nombreux grains encore très- petits, mais dont la forme globulaire facilement reconnaissable, surtout après que l'échantillon a été poli, contraste avec les grains de forme tuber- culeuse disséminés dans les météorites. » Faisons bien remarquer, en tout cas, que cette chaleur originelle n'existe plus quand ces masses pénètrent dans notre atmosphère. En effet, la mé- téorite charbonneuse d'Orgueil se compose d'une matière pierreuse renfer- mant en combinaison ou en mélange intime, jusque dans ses parties cen- C. R., 1866, î" Semestre. (T. LXII, N° 12.) 87 ( 668 ) traies, de l'eau et des matières volatiles : c'est, à raison de cette nature si impressionnable, un véritable thermomètre à maximum qui nous indique que ces corps ne pouvaient être que froids au moment où ils nous sont arrivés de l'espace; car ces composés volatils ne paraissent pas s'être con- stitués dans notre atmosphère. » Constitution chimique. — Il importe avant tout de faire remarquer que nous ne recherchons pas ici la cause qui apporte les météorites sur notre globe. Nous avons pour but d'éclairer leur mode de formation, autant que le permet la difficulté du sujet. » Les météorites nous parviennent à la surface de la terre avec une forme qui est en général celle de polyèdres à angles émoussés; elles ne pa- raissent être que des éclats détachés de masses plus ou moins considérables qui ressortiraient probablement de notre atmosphère après y être entrés, quand une sorte de ricochet serait possible (i). Ces masses errantes pour- raient elles-mêmes, comme on l'a pensé, n'être que des fragments de corps planétaires brisés à des époques indéterminées et peut-être extrêmement reculées. » Quoi qu'il en soit des suppositions précédentes, il est certain que ces masses, en circulant dans les espaces, ne possèdent point une tempéra- ture élevée; par leur entrée dans notre atmosphère, elles acquièrent une incandescence subite, qui sans doute les fait éclater, mais qui, tout en vitri- fiant leur surface, n'a pas modifié l'intérieur des éclats. Celui-ci représente donc l'état de la masse, tel qu'il était dans les espaces, et jusqu'à un cer- tain point, par conséquent, l'état des corps planétaires dont ces frag- ments sont dos échantillons. Étudier ces échantillons d'une manière ap- profondie, c'est donc préparer certains jalons de l'histoire, si pleine d'in- térêt, de ces corps planétaires. » Les expériences qui précèdent nous ont appris que les météorites du type commun peuvent être imitées dans leur composition principale par le produit de la réduction du péridot ou de la lherzolite au milieu d'une atmosphère réductrice. » Si ces météorites se sont ainsi formées, il a dû se produire de l'eau à la surface des corps dont elles faisaient partie. Mais ces corps auraient bien pu ne pas conserver cette eau, en raison de leurs faibles dimensions. (1) La chute du i4 mai 1864, des environs d'Orgueil (Tarn-et-Garonne), parait en avoir donné un exemple, ainsi que je l'ai exposé [Comptes rendus, séance du 3o mai 1864, t.LVIII, P- 177)- (669) » En outre, la réduction, si elle a eu lieu, n'aurait été que partielle; car, en général, le fer n'est qu'en partie réduit, soit à l'état métallique, soit à l'état de sulfure ou de pkosphure. Une autre partie de ce même métal est ordinairement combinée, comme protoxyde, dans un silicate, et aussi à l'état de fer chromé (chromite de protoxyde de fer). » Mais il est une autre idée à laquelle j'ai été conduit dans le cours de ces recherches, et qui me paraît devoir être préférée comme plus simple et plus concluante. C'est en quelque sorte l'hypothèse inverse de la précé- dente. » Supposons, ainsi qu'on l'a fait pour notre globe, que le silicium et les métaux des météorites n'aient pas toujours été combinés à l'oxygène, comme ils le sont aujourd'hui pour la plus grande partie; et cela peut être, parce que leur température initiale était assez élevée pour les empêcher d'entrer en combinaison. » Si, par suite d'un refroidissement ou par une autre cause, l'oxygène vient à agir subitement sur ces corps, il attaquera d'abord ceux pour les- quels il a le plus d'affinité, et, s'il n'est pas assez abondant pour oxyder Je tout, ou s'il n'agit pas pendant un temps suffisant, il laissera un résidu métallique composé des corps les moins oxydables. » J'ai également contrôlé cette seconde hypothèse à l'aide de l'expé- rience. » Il convenait d'abord de rechercher comment se comportent les trois corps prédominants des météorites du type commun, le silicium, le ma- gnésium et le fer, quand on les chauffe clans une atmosphère incomplè- tement oxydante et qu'on en opère non-seulement le grillage, mais aussi la fusion, c'est-à-dire la scorification. » Pour diriger convenablement cette opération, tout en obtenant une température très-élevée, je ne pouvais mieux faire que de recourir à l'ap- pareil à gaz, aussi simple qu'ingénieux, imaginé par M. Schlœsing. Ce savant distingué a bien voulu me permettre d'opérer dans son laboratoire et m'a prêté son utile concours. » Notre confrère, M. Fremy, m'a aussi donné une nouvelle marque de son obligeance, en mettant à ma disposition du siliciure de fer bien pur et cristallisé qu'il avait préparé, par l'action du chlorure de silicium sur le 1er, pour ses importantes recherches sur la production des aciers. Quant au sili- ciure de magnésium, dont la préparation en quantité suffisante offrait des difficultés, et qui sans doute se serait immédiatement oxydé, je l'ai rem- placé dans ces premiers essais, en plongeant le siliciure de fer dans de la 87.. ( 670 ) magnésie calcinée et bien tassée. Le tout était placé dans un creuset brusqué de magnésie; le couvercle, incomplètement luté, permettait quelque accès aux gaz du foyer, et le tout a été soumis à la température la plus élevée du fourneau à gaz. » Après un coup de feu d'un quart d'heure, le siliciure a disparu. La plus grande partie de son fer se retrouve à l'état métallique, en grains émi- nemment malléables et ductiles, qui ne retiennent plus qu'une faible quan- tité de silicium. Pour ce dernier corps, il se change en acide silicique et se combine à la magnésie, en entraînant dans le silicate une certaine quantité de protoxyde de fer qui s'est formé. Le silicate qui prend ainsi naissance est vert et de nuances diverses, parmi lesquelles la teinte olive se fait remarquer; ses géodes sont hérissées de cristaux petits, mais fort nets, ayant la forme d'octaèdres rectangulaires et possédant les autres caractères du péridot. » Par cette expérience, on arrive donc à la composition des météorites du type commun dans ce qu'elle a de plus essentiel : i° séparation du fer tant à l'état métallique qu'à l'état de silicate de protoxyde; i° production du péridot. » Il importait aussi de rechercher comment, dans une oxydation de ce genre, se répartissent les autres corps qui entrent habituellement dans la constitution des météorites, notamment le nickel, le phosphore et le soufre. Pour cela, on a opéré sur un alliage de fer renfermant du nickel et mélangé à du phosphure de fer, du protosulfure de fer, ainsi qu'à de la silice et à de la magnésie; ce dernier corps étant, par rapport à la silice, dans une pro- portion un peu plus faible que celle qui correspond à la composition du péridot (i). Après la scorification , qui fut conduite comme dans l'opéra- tion précédente, la majeure partie du fer était restée à l'état métallique. Lue certaine portion du métal était cependant passée à l'état de protoxyde et combiné, sous forme de silicate, avec la magnésie. Ce silicate, vert-olive, (i) Les proportions étaient : Fer allie à g pour 100 de nickel 10 Phosphure de 1er ' Protosulfure de fer ' Silice 43 Magnésie J>7 1 12 ( ^7' ) présentait à sa surface des cristaux en tables rectangulaires, comme le péridot, dont il a également les caractères chimiques. » L'analyse des produits de la fusion a donné aussi des résultats très- dignes d'attention et qui montrent que la ressemblance avec les météorites se soutient dans leurs particularités les pins délicates. » Berzélius a signalé, mais sans en donner l'interprétation, un contraste singulier que présente la composition des péridots (i). Tandis que les péridots terrestres renferment à peu près tous du nickel, les péridots des fers météoriques, comme ceux de Sibérie et d'Atacama, n'en renferment pas, bien qu'ils soient noyés dans une masse de fer où le nickel entre dans la proportion de 6 à 10 pour ioo. La même opposition se reproduit dans notre expérience : le péridot, artificiellement formé en présence d'un alliage renfermant 9 pour 100 de nickel, ne contient, en effet, pas de trace sensible de ce dernier métal. Cette exclusion paraît devoir être attribuée à ce que le nickel, ayant une moindre tendance à s'oxyder que le fer, se concentre en quelque sorte dans celui-ci, tant qu'il en reste à l'état métallique. Si l'oxy- gène est assez abondant pour oxyder les deux métaux, le nickel lui-même passe aussi à l'état de silicate, comme il est arrivé dans la formation du péridot terrestre. » Dans cette même expérience, le protosulfure s'est mélangé intimement au fer métallique, comme dans les météorites. » Il en est de même du pbospliure ; on n'a pas trouvé de phosphate dans le silicate formé. On pouvait s'attendre à ce dernier résultat, d'après la réduction qu'éprouvent les phosphates en présence du fer métallique et des silicates. » Remarquons aussi que le phosphure à éclat métallique, que l'action de l'acide sépare du fer obtenu, n'est plus le même qu'avant la fusion. Il s'est assimilé une quantité considérable de nickel et une certaine quantité de magnésium. Au lieu du phosphure de fer que l'on avait introduit, on retrouve donc ce phosphure triple de fer, de nickel et de magnésium, dont la découverte est due à Berzélius. » Le phosphure de fer qui s'est isolé dans la préparation synthétique du fer météorique, comme je l'ai mentionné antérieurement, s'était égale- ment emparé de nickel. » En résumé, dans nos scorifications, les principaux corps qui composent (1) Poggendorffs Annalen, t. XXXIII, p. i33; i834- ( 672 ) les météorites se combinent et se distribuent exactement de la même manière que dans les masses naturelles. » Cette nature caractéristique des météorites, semi-métallique, semi- oxydée, et qui n'a pas d'analogue dans les roches terrestres qui nous sont accessibles, résulterait de ce que le mélange des corps, tant métalliques que non métalliques, qui constituent les météorites, aurait subi une sorte d'o.tj- dalion et de scorificalion, mais ces opérations auraient été incomplètes, connue celles que produirait, soit une pénurie d'oxygène, soit une action de trop courte durée de la part de ce corps. » En outre, dans les scorifications, en présence du magnésium ou de la magnésie, il se produit du péridot qui, au lieu d'être exclusivement fer- rugineux, comme celui qui prend naissance dans les opérations métallur- giques, est à base de magnésie et de protoxyde de fer, c'est-à-dire ressem- blant au péridot ordinaire des météorites et des roches terrestres. » La constance si remarquable avec laquelle le péridot se retrouve dans les météorites est donc expliquée. » D'ailleurs, dans cette sorte d'affinage de métaux alcalins ou terreux, si la quantité de silice est suffisante, le péridot se mélange de silicates plus acides, comme on l'observe dans la plupart des météorites. » Enfin, on se rend compte de l'existence des phosphures dans les mé- téorites, au lieu des phosphates que renferment nos roches terrestres, et de la répartition du nickel qui se refuse à entrer dans le silicate, mais se réfugie dans le fer métallique et en même temps pénètre en combinaison dans le phosphure avec le magnésium. » En présence de cette reproduction fidèle et complète des traits carac- téristiques des météorites et de leurs principales particularités, on est amené à conclure que l'idée à laquelle ces expériences servent de vérification explique d'une manière très-satisfaisante la formation des masses dont les météorites sont des fragments. APPLICATION AU MODE DE FORMATION DE NOTRE GLOBE. — ORIGINE DU PÉRIDOT COMME SCORIE UNIVERSELLE. » L'idée à laquelle je viens d'être conduit pour expliquer l'origine des corps planétaires dont proviennent les météorites éclaire aussi le mode de formation de celte masse silicatée épaisse qui constitue la partie externe du globe terrestre. » Déjà, au commencement du siècle, Davy, après avoir fait connaître les résultats de son admirable découverte de la composition des alcalis et des (673) terres, supposait que les métaux engagés dans ces oxydes pouvaient exister à l'état libre dans l'intérieur du globe, et il entrevoyait dans leur oxydation par l'accès de l'eau et de l'air la cause de la chaleur et des éruptions des volcans. » Plus tard on a agrandi cette hypothèse en l'étendant à l'origine de l'écorce terrestre elle-même, qui renferme précisément à l'état de silicates les oxydes des métaux les plus avides d'oxygène, potassium, sodium, cal- cium, magnésium, aluminium, etc., et en considérant l'eau des mers elle- même comme le résultat de la combustion de l'hydrogène dans cette oxy- dation générale. Sir Henry de la Bêche, dont l'esprit savait embrasser toutes les grandes questions de la Géologie, exposa l'un des premiers celte idée (1), qu'avaient bien préparée les importantes observations de Haussmann, de Mitscherlieh et de Berthier, sur les scories d'usines (2), et que M. Élie de Beaumont a résumée par l'expression de coupellation naturelle (3). » On reconnaît, sans de plus longues explications, comment cette vue théorique se trouve confirmée et précisée par les résultats que j'ai obtenus dans la synthèse des météorites. » Il est, en effet, naturel d'admettre que les roches de péridot, dont nous venons de reconnaître l'importance dans la constitution des régions pro- fondes de notre globe, ont la même origine que les silicates semblables qui font partie des météorites. Ces roches péridotiques seraient le produit le plus direct d'une scorification qui se serait opérée à une époque extrême- ment reculée sur tout le globe. » Quant aux roches feldspathiques, bien que la plupart des géologues admettentqu'elles n'ont pas été produites simplementpar voie sèche, comme les couches péridotiques profondes, mais avec l'intervention d'agents par- ticuliers, on pourrait y voir l'autre terme extrême de cette scorification générale. » La différence principale que nous avons signalée entre les roches mé- téoriques et les roches terrestres les plus analogues porte surtout sur l'état (1) Researches in theoretical Geology, i834 (traduction française, par M. de Collegno, publiée en i838). (2) Parmi les nombreuses observations de Haussmann qui remontent à 181(1, je dois signaler son travail intitulé : De u$tt experientiarum metallurgicariim ad disquisitiones geolo- gicas adjuvandas [Gœttingen Gclchrtc Anzeigen, 1837). Il est juste aussi de rappeler que dès i8?.3 Mitscherlieh reconnut les formes du péridot et du pyroxène dans les cristaux des scories [Abhandlungen der k. Académie der IVissenschaftcn zu Berlin, i8?.3, p. 25). (3) Bulletin de la Société Géologique, 2e série, t. IV, p. l32Ô; 1847- ( G74 ) d'oxydation plus avancé de ces dernières. Si le fer métallique, tout à fait habituel dans les premières, manque dans les secondes, cette différence peut simplement résulter de ce que dans notre globe, où l'oxygène de l'at- mosphère est en excès, l'oxydation aurait été complète et n'aurait pas laissé de résidu métallique, au moins pour les masses magnésiennes dont il nous arrive des témoins jusqu'à la surface. C'est par la même cause que, dans nos roches, les phosphores seraient remplacés par des phosphates. m En résumé, le privilège d'ubiquité du péridot, tant dans nos roches profondes que dans les météorites, s'explique, comme le font voir les expé- riences qui précèdent, parce qu'il est en quelque sorte la scorie universelle. » On pourrait conclure de ce qui précède que l'oxygène, si essentiel à la nature organique, aurait aussi joué un rôle important clans la formation des corps planétaires. Ajoutons que sans lui on ne conçoit point d'Océan, point de ces grandes fonctions superficielles et profondes dont l'eau est la cause. » Nous arrivons ainsi à toucher aux fondements de l'histoire du globe et à resserrer les liens de parenté décelés déjà, par la similitude de leur composition, entre les parties de notre système planétaire dont il nous est donné de connaître la nature. » NOMINATIONS L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor- respondant pour la Section de Géométrie, en remplacement de feu sir IV. JlamiUon. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant [\o, M. Riemann obtient 3() suffrages. M. brioschi i » M. Riemann, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. L'Académie procède ensuite, de même par la voie du scrutin, à la nomi- nation de la Commission qui sera chargée d'examiner les pièces présentées au concours pour le grand prix de Mathématiques de i. Note de M. Coulvier-Gravier. (Commissaires précédemment nommés : MM. Babinet, Regnault, Faye, Delaunay.) « La Commission chargée par l'Académie des Sciences, en 1864, de se prononcer sur un ensemble de travaux présentés par M. Chapelas et moi, disait, en terminant son Rapport, qu'avant d'émettre une opinion défini- tive sur nos études, elle désirait posséder encore de nouveaux résultats ca- pables de confirmer ces découvertes importantes, C'est pour répondre à ce vœu que j'ai l'honneur de mettre aujourd'hui sous les yeux de l'Académie les résultats obtenus pour 1 865. Mais auparavant je demande la permission de rappeler deux faits remarquables obtenus à laide de vingt années d'ob- servations. » i° Dans les époques de sécheresse, la résultante des étoiles filantes s'approche le plus près de l'est; comme, au contraire, dans les périodes de pluie, elle descend autant que possible vers le sud-ouest. » 20 Les mêmes résultats se présentent pour la résultante des perturba- tions éprouvées par les étoiles filantes dans le parcours de leurs trajectoires. » Parlant de ces deux principes fondamentaux , de même qu'en 186/j les deux résultantes se trouvant le plus près possible de l'est nous ont donné une balance de soixante-deux jours en faveur du beau temps, et pour niveau moyen des eaux de la Seine au-dessus de l'étiage o™,^, de même, en i8G5, les résultantes se trouvant également vers l'est nous ont donné une balance de trente-cinq jours en faveur du beau temps, et pour niveau moyen des eaux om,g8 au-dessus de l'étiage. En 1864, la température moyenne était de io°,5; en i8G5, elle s'est élevée à 12°, 7. » Ces résultats, comme on va le voir, sont entièrement conformes aux théories que nous avons émises. En effet, en 1864, la résultante générale des étoiles filantes était à l'est-sud-est, et celle des perturbations entre lest- nord-est et le nord-est ; nous devions évidemment avoir une année moyenne plus sèche et plus froide que l'année 1 865, qui , nous montrant la résul- tante des étoiles filantes vers le sud-est, ainsi que celle des perturbations, ( 683 ) devait, d'après la théorie, être plus chaude et un peu plus orageuse ou pluvieuse ; ce qui est arrivé, car sous le rapport de la température moyenne, nous avons eu i°,i de chaleur en plus pour 1 865, comme aussi nous avons eu om,24 également en plus au niveau moyen des eaux. » Enfin, si l'on examine la résultante générale des perturbations et la di. rection moyenne des vents constatés du troisième au quatrième jour après l'observation de ces perturbations, on voit que, pour 1 865 comme dans les années précédentes, les deux résultantes, à très-peu près, occupent la même position azimulale. » M. Em. Duchemix adresse une nouvelle Note sur les maladies des abeilles. Ayant eu l'occasion d'examiner certains rayons de miel loqueux dans les alvéoles desquels on voyait plusieurs abeilles mortes, il trouva que ce miel contenait des acarus d'autres espèces que ceux qu'il avait précédemment signalés : ici il s'agissait de l'acarus du sucre, dont jusqu'à présent on ne paraissait pas avoir reconnu la présence dans le miel. M. Duchemin pense que ces acarus pourraient bien avoir été la cause de la mort des abeilles, et il se demande si le propriétaire de la ruche n'aurait pas lui-même contribué à produire le mal en essayant, comme on le fait quelquefois, de nourrir ces insectes avec du sucre brut. La Note est renvoyée à l'examen des Commissaires désignés pour les pré- cédentes, MM. Milne Edwards et Blanchard. M. Galibert présente, comme pièce de concours pour le prix dit des Arts insalubres, la description d'un perfectionnement qu'il a fait subir à son appareil respiratoire. L'auteur adresse en même temps ses remercîments à l'Académie, qui, dans sa dernière séance annuelle, avait honoré d'un encouragement les efforts qu'il avait déjà faits dans la même direction. M. Poulet, en remerciant l'Académie de la distinction dont elle avait bien voulu honorer le travail sur le goitre qu'il avait présenté au dernier con- cours pour le prix de Statistique, lui adresse un Mémoire ayant pour titre : « Recherches expérimentales et cliniques sur la cause prochaine de l'épi- lepsie ». Ce Mémoire, suivant le désir exprimé par l'auteur, sera réservé pour être mis sous les yeux de la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. C. R., 1866, i" Semestre. (T. LXII, N° 12.) 89 ( 634 ) CORRESPONDANCE . RI. LE RIlXISTRE DE l' AGRICULTURE, DU COMMERCE ET DES TRAVAUX PUBLICS adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, le n° 1 1 du Catalogue des bre- vets d'invention pris pendant l'année 1 865. RI. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, le quatrième et dernier volume du Traité de Docimasie de M. Bivot, et donne une idée du contenu, en lisant les passages suivants de la Lettre d'envoi : « Ce quatrième volume comprend les métaux les plus usuels, le cuivre, le zinc, l'étain, l'antimoine, le mercure, le plomb, l'argent, l'or et le pla- tine. J'insiste longuement, pour tous les métaux, sur les procédés de dosage; je décris en détail les procédés d'essais par la voie sèche des mine- rais et des produits d'usines, du cuivre, de l'étain, du plomb, du mercure, de l'argent et de l'or. Je cite de nombreux exemples de la composition des minéraux, des minerais et des produits d'art. Je donne des détails sur les principales méthodes métallurgiques : ces détails pourraient, à première vue, paraître étrangers à un Traité de Docimasie; ils sont cependant indis- pensables pour faire comprendre le but des opérations analytiques, ainsi que la nécessité des précautions qu'il faut prendre dans les essais par voie sèche et par voie humide. » I^es méthodes d'analyse et les procédés d'essais que je décris diffèrent, pour la plupart, de ceux qui ont été publiés jusqu'à présent. J'ai donné, dans les quatre volumes de mon ouvrage, les méthodes et les procédés dont une expérience déjà bien longue, acquise au laboratoire et au bureau des essais de l'Ecole des Mines, m'a fait constater avec certitude la supé- riorité. » RI. le Secrétaire perpétuel annonce, d'après un journal de Eochefort, que le puits artésien commencé il y a cinq ans, à l'hôpital de celte ville, par MM. Laurent et Degousée, a atteint, à la profondeur de 816 mètres au-des- sous de la surface, des couches qui paraissent se rapporter à la formation du trias, et qu'il en est sorti de l'eau, à une température de 4> degrés centi- grades, qui a débordé par l'orifice du puits. L'opération continue. RI. Paxi/.zi, Bibliothécaire en chef du British Muséum, remercie l'Aca- [ 685 ) demie des Sciences pour l'envoi fait à cet établissement de nouveaux vo- lumes des Comptes rendus, et l'Académie des Inscriptions pour d'autres pu- blications faisant partie du même envoi. M. Ramo.\ de la Sagra transmet à l'Académie des tableaux météorolo- gicpies empruntés à un journal espagnol et relatifs à l'ouragan qui a été res- senti à l'île de Manille et dans ses environs le 27 septembre dernier. , Le journal d'où sont extraits ces tableaux rappelle un phénomène semblable survenu dans les mêmes lieux le 26 octobre 1 856. M. Vaxzetti, dans une Lettre écrite de Padoue, en date du i5 de ce mois, prie M. le Secrétaire perpétuel d'être l'interprète de sa reconnaissance envers l'Académie, qui lui a décerné un des prix de la fondation Montyon pour sa méthode de traitement des anévrysmes. M. Deherain remercie l'Académie, qui a décerné le prix Bordin à son tra- vail sur les causes de l'inégalité de l'absorption par les racines des diffé- rents végétaux. M. Deherain demande et obtient l'autorisation de faire prendre copie de son Mémoire. MM. Hélie, Bert, Hollard, Vée et Levev, de Luynes, Soleil, adres- sent également leurs remercîments à l'Académie, qui, dans la séance pu- blique du 5 mars dernier, leur a décerné des prix ou des encouragements. OROG1UPHIE. — Note sur l'application de la Photographie à la Géographie physique et à la Géologie; par M. A. Civiale. UOrtclcr et le canton des Grisons. « J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie l'album et les pa- noramas qui forment la suite de ma description photographique des Alpes. J'ai opéré comme les années précédentes (t) et n'ai apporté au procédé par le papier sec d'autre modification que de laisser séjourner plus long- temps le papier négatif dans le bain d'alcool ioduré; j'obtiens ainsi plus de profondeur dans les vues et des résultats plus satisfaisants dans la reproduc- (1) Comptes rendus, séances des 3o avril 1SG0, 22 avril 1861, 17 mars 1862, 23 mars i863, i4 mais 1864, 3 avril i8G5. 89.. ( 686 ) tion des glaciers. La bienveillance que m'a toujours témoignée l'Académie me fait espérer qu'elle voudra bien accueillir cette nouvelle série de vues dont je lui fais hommage. » Le travail se compose de trois grands panoramas, deux plus petits, et un album de vues de détails. » Premier panorama (i). — Ce panorama, composé de treize feuilles, est pris du sommet du pic Mezdi, à 2924 mètres au-dessus de la mer, et em- brasse presque toute la circonférence (346 degrés). Il fait voir dans leur ensemble les montagnes de la basse Engadine, et comprend : à l'est, le massif qui domine Zernetz; au sud, la haute Engadine et la chaîne du Ber- nina; à l'ouest, le massif compris entre le pic Kesch et le pic Linard; au nord, la chaîne du pic Linard et du pic Buin. Le plus grand diamètre de ce pa- norama est d'environ 78 kilomètres. » Le pic Mezdi est situé près de Siiss, dans la partie orientale de la basse Engadine. » Deuxième panorama. — Ce pano.rama, composé de quatorze feuilles, est pris de la pointe Confinale, à 2852 mètres au-dessus de la mer, et em- brasse toute la circonférence. » Il comprend les montagnes de la Valteline et du val Malenco; au nord- est, la route de Bernina, les montagnes de la vallée de Campo; à l'est, le Sassablo; au suri, les pointes de Canciano et de Scalino; à l'ouest-sud-ouest, le massif du Monte Délia Disgrazia; à l'ouest, le massif de la Cima-Largo; au nord-ouest et au nord la chaîne du Bernina. » Le plus grand diamètre de ce panorama est d'environ 3o kilomètres. » La pointe Confinale est à la frontière occidentale de la vallée de Pos- chiavo (Grisons) et de l'Italie. » Troisième panorama. — Ce panorama, composé de quatorze feuilles, est pris du sommet du Minschuns, à 2y36 mètres au-dessus de la mer, et embrasse toute la circonférence. » Il comprend au nord-nord-ouest la frontière du Tyrol et les montagnes de la vallée de Santa-Maria; à l'ouest, les montagnes du val da Fraele et du val Livigno; au sud-ouest, l'Umbrail et la chaîne de l'Orteler; au sud, l'Oiteler, les Suldcner et Laaser-Femer; à l'est, la vallée de Mais; au nord- est, la chaîne de l'OElzthal. Les sommets occidentaux du Tyrol occupent les deux tiers de ce panorama. Le plus grand diamètre est de 53 kilomètres. (1) Dans la reproduction des panoramas il est indispensable que l'axe optique de l'instru- ment soit rendu rigoureusement horizontal. (637 ) » Le pic Minschuns forme la frontière de la vallée de Munster (Grisous) et du Tyrol, presque en face de l'Orteler. » Quatrième panorama. — Ce panorama, composé de six feuilles, est pris à ioo mètres au-dessus du col du Stelvio, 2877 mètres au-dessus de la mer, et embrasse un angle de 162 degrés. Il représente la chaîne de l'Orteler, des Suldener-Ferner et des Laaser-Ferner de l'est au sud, et la route du Stelvio à la hauteur du premier poste autrichien. Le plus grand diamètre de ce panorama ne dépasse pas 1 5 kilomètres. » Cinquième panorama. — Ce panorama, composé de huit feuilles, est pris du pied du Rirchalphoru, à 2525 mètres au-dessus de la mer, et em- brasse un angle de 216 degrés. » Tl comprend de l'ouest au sud-sud-ouest la vallée de Zapport, le Rheinwaldhorn et les pointes du glacier de Zapport; au sud, le col du Rernardino; au sud-est, le massif qui sépare le Bernardino du Splugen, et à l'est la vallée de Hinterrhein. Le plus grand diamètre de ce panorama est d'environ 3i kilomètres. Le point de station est au-dessus du village d'Hin- terrhein. Fîtes de détails. » La série des vues de détail, comprend : la vallée d'Hinterrhein ; le massif de Tambohorn; les abords du Bernardino; la vallée de Zapport; les som- mets des glaciers de l'Hinterrhein ; la basse Engadine; Sùss et ses environs; la route de Zernetz à Sùss; la route de Sùss à Lavin; la chaîne du pic Li- nard ; le passage de Fluela ; la vallée de Munster ; le passage de la Buffalora ; les pics Lat, Umbrail, etc.; Santa-Maria et ses environs; la frontière du Tyrol dans la vallée de Mais ; la route du Stelvio ; le col de Bernina ; la pointe et le glacier de Cambrena; les pointes et le glacier de Pain; la pointe et le glacier de Verona; le Campaccio; la pyramide deTéo; le Corno di Campo; le Sassablo; l'entrée de la vallée de Campo; la route du Bernina; la vallée de Poschiavo; Poschiavo et ses environs; le passage de Canciano; le lac de Poschiavo. » La direction de l'axe optique de l'instrument est indiquée sur chaque épreuve. » analyse mathématique. — Sur les conqruences du second degré ; par M. Camille Jordax. « THÉORÈME. — i° La congruence à module premier p et à in indéterminée:; a, x\ -+ a2x\-4-... -t- ainx\n = k (mod. p) ( G88 ) a (i) fj-"-> — p"~' y systèmes de solutions si k^o (moû.p), et (2) />2"~' -+- (/)" — p"_l) v systèmes de solutions si A = o (mod. p), v désignant, pour abréger, le symbole — -1'' ' *"'" suivant la notation de Legendre. » 20 La congruence à 2n-h 1 indéterminées a{x\-\- a2x\ -ï-.-.-h a2a+{xln+, = A- (mod.//) en a (3) p2n + p"v', en posant ,-_ r(—i)"a,at. • .a,„+il;~\ » Si ces formules sont vraies pour n = l et pour n = m, elles le seront pour n = l-hm. Nous allons le démontrer, par exemple, pour la for- mule (1). La congruence a{ x\ ■+■ a2 x\ + ... + a2ii+m) x\il+m) == A- (mod. p) équivaut aux deux suivantes : (A) a, x\ -+- a2 x\ -4- . . . + fl2/ x\i =f (mod. p), (B) a2i+txll+,-h...+ a3,i+m)xl(i+m)~k— y (mod.p), où y est une nouvelle indéterminée. » Pour toute valeur de y différente de o et de A-, la congruence (A) a par hypothèse, /r'_l — p1"' 1 solutions, et la congruence (B) en a p2'"'' p'"'* p. , . , f (—!)'«,«,... a,f| f(— T)"g,/+,...fl,(/+,)"] en posant, pour abréger, a= — et p. = — „ Pourj- = o, (A) a /r"-' -+-(//- //-')). solutions, et (B) en a p"'"-p"-'p. Enfin, pour y = k, (A) en a p"-'-//-' X, et (B) en a /J2'""' + (//"-p'"-> Le nombre total des solutions sera donc ^ _. 2) (prf-l ._/,->.) (/^,-. _r-. p) + (,,>/- _/- ).)[/;-'+ fr" -/>-') (x] j = ,_, _ ( 689 ) et comme \u. = v, la formule est démontrée. Les formules (2) et (3) s'éta- blissent de même. » La formule (3) est évidente si n — o. Il ne reste donc plus qu'à éta- blir les formules (1) et (2) pour n — 1 . » Or la congruence a{x\-+- a2x\=k (moà. p) devient, en posant a2x2^yn — a{a2 = m, k^ — a,n, (C) y\ = m(x\-+-n) (m'bd.p). » Si m est résidu quadratique de p, soit w = a2 (mod.p); posant j, + ax, = p, y,— a.r, = <7, la congruence (C) devient p<7~mn (mod.p1) et aura p — 1 systèmes de solutions : car on peut donner à g une quel- conque des valeurs 1,..., p — 1 et déterminer ensuite p sans ambiguïté. » Si m = o, y\ = o, x, reste arbitraire; d'où p systèmes de solutions. » Si d'ailleurs m était indéterminé, ainsi que x, et y, , on aurait en tout p2 systèmes de solutions : car, x, étant pris arbitrairement, on pourra prendre y, arbitraire aussi et déterminer ensuite n, pourvu que •rï + ,î>° (mod.p); dans le cas contraire, j*, = o et m reste arbitraire. » Le nombre total des systèmes de solutions pour m= o ou m = un résidu quadratique étant p-h(p — 1) -■> le nombre des systèmes où m • • 1 1 • •> (p — 'ï2 P1 — 1 „ . . „ est un non-residu quadratique sera p- — p = Mais si 1 on prend pour m deux non-quadratiques quelconques, le nombre des sys- tèmes de solutions respectivement correspondants sera le même. Car si y\^m (xi -+- n), on aura (Xj-,)2 = ml2 (x2 -4- n). Le nombre des non- résidus quadratiques étant 5 à chacun d'eux correspondront p-\-i sys- tèmes de solutions, ce qui complète la démonstration. » Corollaire.— Si l'on forme la série ( - j» (-)»•••> I- J dont les termes sont les uns positifs =-f-i, les autres négatifs = — 1, le nombre des variations sera » En effet, la congruence y2 = x2 -+- 1 (mod./>) a, d'après ce qui pré- cède, p — 1 solutions. Ces solutions sont d'ailleurs de trois espèces : i° celles où .r=o, ,7"= ± 1, au nombre de deux; 20 celles où x2^a, y2^a-\- 1, a étant un résidu quadratique suivi d'un autre résidu quadratique dans la série des nombres naturels : soit

) sera 2 4- 4'> -1- 2 = p — 1 , d'où ç> = ^ 1 . Le nombre total des résidus quadratiques dans la série des nombres 1, 2,..., p — 1 est égal à Nous venons de voir que — -, 1 sont suivis de résidus quadratiques. Le dernier p — - 1 n'est suivi d'aucun terme. Il en reste donc ——. — qui sont suivis de non-résidus quadratiques. En d'autres termes, la série f-b (-]>••■) (- ) présente —, — passages pi \p) \ p 1 4 du signe -+- au signe — . Mais le premier terme et le dernier ayant le signe 4-, le nombre des passages du signe — au signe -4- sera le même — — •. — Le nombre total des variations sera donc 2 » Deuxième cas. p = !\7i ■+- 3. On a p — 1 = 2 4- 4?i d'où

••> (- )• Mais le premier terme aie signe + et le dernier le signe — . Le nombre des passages du signe — au signe 4- sera donc moindre d'une unité, = — 1, et le nombre total des variations P — ' sera encore » MINÉRALOGIE. — Sur une nouvelle espèce du Cornouailles, la Clienevixile. Note de M. F. Pisani, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. a La Note suivante m'a été remise il y a quelque temps par M. Adam : « On connaît jusqu'à présent onze espèces d'arséniatcs de cuivre; six sont » composées essentiellement d'acide arséniquc et d'oxyde de cuivre : trical- » cite, olivénite, encliroïte, cornwallite (érinite d'IIaidinger), aphanèse et H érinite (de Rendant); cinq contiennent en combinaison du carbonate » de chaux, du phosphate d'alumine, du plomb et du sulfate de nickel : » conichalcite, tirolite, liroconite, bayldonite et Lindàckérite. Aucune de ( 691 ) » ces espèces n'offre l'oxyde de fer comme élément constitutif. J'avais de- » puis longtemps dans ma collection un échantillon du Cornouailles acheté » sous le nom de cuivre arséniaté; le minéral est amorphe, presque com- » pacte, d'un vert sombre, et il présente les caractères extérieurs de l'oli- » vénite, mais l'analyse qualitative fait reconnaître dans sa composition » une quantité notable d'oxyde de fer. Ce serait donc un arséniaté hydraté » de fer et de cuivre, combinaison dont l'existence n'a pas été constatée » d'une manière certaine. Haussmann indique bien une olivénite compacte, « mais il ne donne aucun détail à cet égard; d'un autre côté, Bournon, et » après lui Haûy, Beudant, etc., citent, parmi les anciennes analyses des » arséniates du Cornouailles par Chenevix, la suivante, qu'ils rattachent à » la description de i'aphanèse (strahlerz), As 33, 5; Cu22,5; Ke 27, 5; H 12; sable 3 = 98, 5. » Mais, comme I'aphanèse, d'après lesanalyses assez récentes de MM. Ram- » melsberg et Damour, ne contient pas de fer, l'analyse de Chenevix, à » moins d'être tout à fait erronée, devait s'appliquer à un autre minéral. » Un fragment de mon échantillon, transmis par M. Saemann à M. Tal- » ling, qui a déjà fait de si utiles recherches au Cornouailles, a amené la » découverte de plusieurs morceaux semblables dont j'ai reconnu l'iden- » tité. Cette substance, fort rare jusqu'à présent dans les collections, me » parait mériter une analyse complète; er si les résultats de cette analyse » constatent une combinaison en proportions définies, l'essai de Chenevix » serait confirmé, du moins quant à l'existence simultanée des oxydes de » cuivre et de fer, et le nom de Cbenevixite pourrait être attribué à l'espèce » nouvelle. » » Ayant eu à ma disposition un morceau de cette substance, j'ai pu en faire l'étude et constater que c'est bien en effet une espèce différente des autres arséniates de cuivre connus; j'adopte donc pour ce minéral le nom de Chenevixite que M. Adam propose de lui donner. » La Chenevixite se trouve disséminée en petites niasses compactes dans une roche quartzeuse du Cornouailles. Elle est tellement pénétrée de gan- gue, qu'il m'a été impossible de l'en débarrasser d'une manière complète; aussi sa densité, que j'ai trouvée être de 3,g3, n'est-elle qu'approximative. Dureté, 4,5; opaque; cassure conchoïdale; couleur d'un vert sombre ; pous- sière vert-jaunâtre. Dans le matras elle décrépite et donne de l'eau; devient brune après calcination. Au chalumeau, sur le charbon, fond facilement C. R., 1866, 1er Semestre. (T. LXII, N° 12.) Ç)0 ( 6fc>d ) en donnant des vapeurs arsenicales et laissant une scorie noire magnétique avec des grains de cuivre. Facilement soluble dans les acides. » Voici quels sont les résultais de l'analyse, déduction faite de io,3 pour 100 de sable que la matière contenait : Oxygène. Rapports. Acide arséninue 32, 20 1 1 ,2 ) 10 l 12 5 Acide pliosphorique 2,3o 1 ,3 \ 5 Oxyde de cuivre 31,70 6,4 5 Oxyde ferrkjue 25, 10 7,5 6 Chaux o , 34 Eau 8 , 66 7,7 6 ioo, 3o » Cette analyse est, comme on le voit, très-voisine de celle faite par Chenevix sur un des arséniales de cuivre du Cornouailles qu'il avait exa- minés et que la plupart des minéralogistes ont regardé jusqu'à présent comme se rattachant à l'aplianèse ; seulement, maintenant qu'il est bien constaté que ce minéral contient en effet une forte proportion d'oxyde de fer, il doit être séparé des autres arséniates de cuivre et former une espèce à part sous le nom de, Chenevixile. » minéralogie. — Sur V A damine, nouvelle espèce minérale. Note de M. C Friedel, présentée par M. Daubrée. « En examinant un échantillon provenant de Chaiïarcillo (Chili), et ap- partenant à la collection de l'Ecole des Mines, j'ai remarqué, en outre de l'argent natif et du calcaire mélangé de limonite qui en formaient la partie principale, des grains cristallins qui m'ont paru ne se rapporter à aucune espèce minérale connue. » Ces grains, d'une couleur jaune de miel, d'un éclat vitreux assez vif, sont rayés par la fluorine et rayent la calcite. Leur poussière est blanche. Chauffés dans un tube fermé, ils décrépitent faihlement et dégagent, à une température élevée, une petite quantité d'eau en devenant blancs et en prenant l'aspect de la porcelaine. Sur le charbon, ils fondent en s'entourant d'une auréole d'oxyde de zinc et en émettant une très-faible odeur arse- nicale. Quand on les chauffe dans un tube fermé avec du carbonate de soude et du charbon, on obtient un anneau d'arsenic. Avec le borax, au feu d'oxydation, la perle est jaune à chaud, incolore à froid. Sur la lame ( 693 ) de platine, avec du carbonate de soude, il se forme une fritte d'un vert bleuâtre clair. » La substance est facilement soluble dans l'acide cblorhydrique même étendu. Elle paraît être attaquée aussi par l'acide, acétique, ce qui em- pêche de la dégager de sa gangue à l'aide de ce réactif. » La densité à 18 degrés a été trouvée de 4,338. » Les fragments présentent deux clivages nets dont l'angle a été trouvé de I07°7', 5 en moyenne. » Ces caractères suffisaient pour indiquer l'existence d'un arséniate hy- draté de zinc, renfermant une petite quantité de fer et de manganèse. » J'avais remarqué, accompagnant la substance jaune, de très-petits cristaux incomplets, d'un joli violet, qui m'avaient d'abord paru, à cause de leur couleur, appartenir à une autre espèce. Ils se rapportent néanmoins à la même. M. Des Cloizeaux, ayant eu l'occasion de voir ces échantillons, passa en revue, dans la riche collection de M. Adam, les minéraux venant de Chanarcillo, et il trouva, associés à de beaux cristaux d'embolite, d'autres cristaux brillants d'un violet clair qui, tout examen fait, présen- taient les mêmes caractères chimiques que la matière jaune décrite plus haut et possédaient également deux clivages à 107 degrés. Ces cristaux lui ont permis de déterminer la forme cristalline de la nouvelle espèce avec beaucoup plus de détails et de rigueur que je n'aurais pu le faire sur les fragments imparfaits extraits de l'échantillon de l'École des Mines. » Ainsi qu'on le verra plus loin, par la Note que M. Des Cloizeaux a bien voulu me remettre, cette forme est presque identique avec celles de l'olivénite et de la libéthénite. » L'analyse a été exécutée sur de petits fragments soigneusement triés à la loupe. On a déterminé l'eau en calcinant, dans un courant d'air sec, la matière réduite en poudre fine, et en recueillant l'eau comme dans les analyses organiques. La substance ainsi calcinée a été dissoute dans l'acide chlorhydrique, puis la liqueur a été additionnée d'acide sulfureux et dou- cement chauffée jusqu'à disparition de l'odeur de cet acide. On a précipité l'arsenic par l'hydrogène sulfuré ; au bout de huit jours, et la liqueur ne sentant plus que faiblement l'hydrogène sulfuré, on a recueilli le précipité sur un filtre taré; on l'a séché et pesé. On a détaché du filtre la plus grande partie du sulfure, et on l'a dissous à l'aide du chlorate de potasse et de l'acide chlorhydrique, à l'exception d'une petite quantité de soufre qui est restée indissoute et qu'on a recueillie sur un petit filtre taré. Dans la li- queur, on a dosé le soufre à l'état de sulfate de baryte, et, après élimination 90.. (694 ) de l'excès de baryte, on a précipité l'acide arsénique à l'état d'arséniate ammoniaco-magnésien. Ce dernier sel a été recueilli sur un filtre taré, séché et pesé. On a obtenu ainsi le poids de l'arsenic directement par l'arséniate, et en même temps par différence au moyen de la proportion de soufre : les deux nombres s'accordaient très-bien. La petite quantité de soufre non dissoute a été traitée sur le filtre par le sulfure de carbone, qui en a dissous la plus grande partie. Il est resté une très-faible proportion de sulfure d'arsenic qui s'est dissoute dans l'ammoniaque et qu'on a pesée après avoir évaporé l'ammoniaque. » La liqueur chlorbydrique dans laquelle s'était déposé le sulfure d'ar- senic a été légèrement sursaturée d'ammoniaque, puis additionnée d'un excès d'acide acétique. On y a fait ensuite passer un courant d'hydrogène sulfuré. Le sulfure de zinc s'est déposé légèrement coloré et a été recueilli sur un filtre. Après lavage, il a élé traité, sur le filtre même, par l'acide chlorbydrique; il s'y est dissous avec dégagement d'hydrogène sulfuré, à la réserve d'une petite quantité d'une poudre jaune, qui a été dissoute dans l'ammoniaque et pesée dans une capsule, après évaporation de l'am- moniaque. C'était du sulfure d'arsenic qu'on a ajouté à celui précédem- ment trouvé. Le zinc a été précipité par le carbonate de soude, recueilli sur un filtre, calciné et pesé. Quoique blanc, l'oxyde de zinc renfermait un peu de peroxyde de fer qu'on a séparé en dissolvant l'oxyde dans l'acide chlor- bydrique et sursaturant légèrement par l'ammoniaque. Dans la liqueur séparée du sulfure de zinc, le suif hydrate d'ammoniaque a donné un léger dépôt de sulfure de fer, qui a été réuni au fer précédemment trouvé. Quant au manganèse, la quantité en était trop faible pour qu'il put être dosé. » On s'est assuré, à l'aide du permanganate de potasse, que, dans la substance primitive, une partie au moins du fer est à l'état de protoxyde. » L'analyse ainsi faite a donné les résultats suivants : Théorie. Chygône. (As-Zii'HO') Acide arsénique 3f),95 i3,8() 5,oo 4°>2° Oxyde de zinc 54,3?. 10,73) Protoxyde de fer 1 ,48 o,33 ) '9 ' H Oxyde de manganèse. . . . trace Eau 4,55 4>°î ' >45 3,i4 ioo,3o » La proportion d'eau a été trouvée un peu trop forte, ce qui n'est ( 6q5 ) pas étonnant, le minéral en renfermant très-peu. Néanmoins les rap- ports donnés par l'analyse s'accordent avec la formule AsZn*HÔ5, qui, en même temps que la forme cristalline, montre l'isomorphisme le plus com- plet existant entre la substance nouvelle, l'olivénite et la libéthénite. Le fait est remarquable en lui-même, les exemples d'isoinorphisme des sels de zinc avec les sels de cuivre étant extrêmement rares. 11 sera permis aussi de faire observer qu'en admettant la diatomicité du zinc et du cuivre, on se rend parfaitement compte de la stabilité du groupement salin AsM'HÔ5, et du rôle que joue la demi-molécule d'eau qu'il renferme et qui est nécessaire pour le compléter. L'acide arsénique tribasique sera saturé 3 par le remplacement des 3 H qu'il renferme par- Zn; mais Zn étant indi- visible débordera, s'il est permis d'employer cette expression , le groupe arsénique, et entraînera avec lui un résidu HQ, de même que, dans l'apatite et dans la Wagnérite, comme l'a montré M. Wurtz, la chaux ou la magnésie, d'atomicités paires, pour saturer un acide d'atomicité impaire, s'adjoignent un atome impair de chlore ou de fluor. » C'est ce que montrent les formules suivantes : Mg j 4 Ga \ Mg FI Wagnérite. » Je proposerai de donner le nom d' Àdamine au nouvel arséniate de zinc, pour rendre hommage à la libéralité avec laquelle M. Adam met à la dis- position des minéralogistes les richesses qu'il a accumulées depuis de longues années avec une persévérance et une connaissance des minéraux qui font de sa collection un trésor unique, et pour rappeler en même temps que les plus beaux cristaux de la nouvelle substance ont été trouvés dans cette précieuse collection. » [Voir, pour la description de ces cristaux, la Note suivante de M. Des Cloizeaux.) CRISTALLOGRAPHIE. — Note sur la forme cristalline et les propriétés optiques de l Adamine ; par M. Des Cloizeaux. « Les cristaux d'Adamine que j'ai trouvés dans la collection de M. Adam ont des dimensions qui ne dépassent guère a millimètres; ils sont fortement engagés les uns dans les autres, et tapissent un petit filon dans AsO 1 Zn Ô! Zn 1 H 1^ Adam ine. (G9G) une gangue ferrugineuse pénétrée de calcaire et sur laquelle repose un groupe de jolis cristaux d'embolite verte de Chaùarcillo. Au premier aspect, le vif éclat vitreux de l'Adamine, sa couleur d'un violet plus ou moins foncé par places et sa transparence font ressembler la nouvelle substance à une croûte d'améthyste pâle; mais l'illusion est promptement dissipée par la forme des cristaux, par leurs clivages et leur peu de dureté. » Les cristaux, dont l'apparence générale est celle d'un octaèdre cunéi- forme, peuvent être rapportés à un prisme rhomboïdal droit de o,i°33', et ils présentent un isomorphisme complet avec l'olivénite et la libéthénite. La combinaison la plus habituelle se compose des formes m, h3, g\ g\ a\ M. Friedel a de plus observé une face b2 sur l'un des fragments de clivage qu'il a analysés. Le biseau a' est toujours très-prédominant et ses faces offrent un clivage très-net, Les faces des cristaux sont plus ou moins for- tement ondulées, et, malgré leur éclat, leurs incidences ne peuvent pas se mesurer avec une très-grande précision. » Voici le tableau comparatif des angles calculés, des angles mesurés et des angles correspondants de l'olivénite. Calculé. Observé. Olivénite; calculé. mm = 9i°33' gi°52', moyenne g?.°32' m/<»adj. = i6i"43'3o" i6i°38' à i62°5o' wg'adj. = i6i°25' i6i°3' à i6i°43' mg< — i34°i3'3o" i34°34' à i34°4a' i33"44' //'g' = n5"57' 116" a n6°5i' *h*h» ^r 128° 6' en avant 128° 6' g3 g' = i52°49' i52°5' à i53°4o' £'/<3adj. = i43°8' i43- à i43° 28' g' g' = i25"38'surg' ir-.5°i4' à i25" 48' ' a'n' = io7°2o' sur p I07°20' ioS°36' d'à' = 72°4o' sur /;' 7 20 i5', moyenne 7 2- 24' b1 m = 1 35=45' i35°53' b1 b~' = i2o"4' sur a' I20°3o' 1 t b'b' — n8°i4' de côté 1 i7°3o' m a' ad}. = il 5° i 11 5° 34' A'a'adj. z=z 122° I l' I22°4' à 122°37' A'"':ll].i- = I(.5"42' io5"6' à io5"5r>' g'n'oVV- = 74°. 8' 74° 20' /i'i^adj. J= i32»5i' /<>/>' — io4°4' siir "' iof"2o' à 2.5' b;h:\ 1000:512,973, D= 716,606, d = 697 ,478. (697 ) » L'enveloppe extérieure des cristaux est en général plus transparente et d'un violet plus prononcé que le noyau central qui tire sur le jaune et n'est quelquefois que translucide. Le plan des axes optiques est parallèle à la base du prisme primitif, comme dans l'olivénite et la libélhénite. La bis- sectrice aiguë, positive comme dans l'olivénite, est normale au plan g1, et par conséquent parallèle à la grande diagonale de la base, comme dans la libélhénite. La dispersion des axes est très forte et p < v. L'angle apparent des axes est très-ouvert et ne peut se mesurer que dans l'huile. J'ai trouvé à i3 degrés centigrades : » i° Sur une lame normale à la bissectrice aiguë et appartenant à la variété jaune analysée par M. Friedel, 2 H = i o8° 34' rayons rouges ; 1 1 1 " 3g' ray nos bleus j » 2° Sur une lame normale à la bissectrice obtuse et prise dans un cristal violet transparent, 2 H = i i5°5o' rayons rouges; 1 13°52' rayons bleus. » L'angle apparent, dans l'huile, des axes optiques de l'olivénite, étant d'après mes observations de io5°5' pour les rayons rouges et de 1090 47' pour les rayons bleus, autour d'une bissectrice positive, normale à h' , on voit que j 'Ad ami ne et l'olivénite ne diffèrent optiquement qu'en ce que leurs bissectrices aiguës sont rectangulaires l'une à l'autre. Il était donc permis d'admettre à priori que la formule chimique de l'Adamine devait être AsZn'HQ-3, qui correspond à celle de l'olivénite. » PHILOSOPHIE CHIMIQUE. — Théorie générale de l'exercice de l'affinité; par M. E.-J. Maumené. (Troisième Mémoire, présenté par M. H. Sainte-Claire Deville.) « Loi de l'action chimique des mélanges. — Dans mes deux premiers Mémoires (1), j'ai fait surtout ressortir la loi de l'action chimique de con- tact, c'est-à-dire dans tous les cas où deux corps, mis en présence, con- servent leur état physique pendant toute la durée de l'action et ne cessent pas d'être en simple contact (comme un acide et un métal, etc.). » Aujourd'hui, je désire soumettre à l'Académie une deuxième loi, celle de l'action chimique dans tous les cas où deux corps mis en présence se mêlent complètement ou se dissolvent avant la température qui défer- ai) Le premier, Annales de Chimie, novembre 1864 ; le deuxième, sous presse. ( 698 ) mine leur réaction. Cette seconde loi n'est vraiment qu'un corollaire de la loi fondamentale indiquée pour les cas de contact. Voici cette seconde loi : » Lorsque deux corps se mêlent où se dissolvent avant l'action chimique, leurs densités se changent en une densité commune. Mais l'action réelle, ou, si l'on veut, l'affinité, s'exerce toujours entre des volumes égaux et, par suite, entre des poids égaux. » Nous citerons un petit nombre d'exemples. » i° Formation de la benzoïl-anilide — On mêle des volumes presque égaux d'hydrure de benzoïleet d'aniline desséchés, et l'on chauffe légère- ment ce mélange. De l'eau se sépare et monte à la surface. Toute la masse restante cristallise et n'est que de la benzoïl-anilide. » Les deux corps employés ont agi par des poids égaux; mais l'équi- valent de l'hydrure de benzoïle est 10G) , • . ,. •,• „ rapport 1,1. celui de l aniline 90) ' r n Les poids sont presque égaux. L'action réelle doit avoir lieu entre 1 équivalent de chacun des deux corps, et c'est ce que l'expérience montre nettement. » La toluidine ayant pour équivalent 107, son action doit être encore mieux accusée que celle de l'aniline. » 20 action de l'acide cyanhydrique sur l'eau. — MM. Bnssy et Buignet ont établi récemment d'une manière frappante l'action de ces deux corps. Elle a lieu entre 1 équivalent d'acide et 3 équivalents d'eau. » L'équivalent de l'acide est 27; les 3 équivalents d'eau sont 27; les poids sont rigoureusement égaux. » 3° Le mélange d'alcool et d'eau présente les mêmes résultats. La plus grande contraction a lieu pour à peu près 55 volumes d'alcool = 44 poids et 4^ volumes d'eau = ^5 poids. Le maximum vrai correspond à des poids égaux. » 4° Formation de l'acide sulfovinique. — On a cherché pendant bien longtemps la règle de cette formation; mais ce sujet difficile n'avait reçu aucune lumière, et son obscurité a été mise en évidence par des expériences déjà anciennes de M. Millon, expériences dont on n'a pas tenu assez de compte, malgré le talent de leur auteur (i). » Ma théorie dissipe de la manière la plus complète cette profonde obscurité. (l) Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. XIX, p. 227. (699) » Rappelons les deux expériences de M. Millon, expériences que j'ai répétées et trouvées exactes naturellement. » M. Millon a fait deux mélanges : ( i équivalents d'acide S03,HO 98 grammes. | 1 équivalent d'alcool C'Hs02 fà » i 2 équivalents d'acide 98 » ( 2 équivalents d'alcool 92 » » Les deux mélanges ont été exposés pendant quelques instants à la température de 100 degrés, et malgré toutes les présomptions tirées des idées ordinaires, le premier mélange, qui devrait se convertir tout entier en acide sulfovinique, ne donne en moyenne que 5/| centièmes de cet acide. Le deuxième mélange en donne 77. » Ma théorie rend compte de ces faits si étranges au premier abord, si complètement inexplicables dans les vues admises; elle montre comment ils sont simples et inévitables. On peut le voir avec détails clans le numéro de janvier du Bulletin de la Société Chimique. » 5° Formation du sel d'or de MM. Fizeau, Fordos et Gélis. — Ce sel (hyposulfite double de protoxyde d'or et de soude) prend naissance en mê- lant 1 équivalent de chlorure d'or Au2 Cl3 avec 8 équivalents d'hyposulfite NaO, S202. » L'action est évidemment une action de mélange, et par conséquent elle a lieu entre des poids égaux. » L'équivalent de TNaO, S202 = 79; celui de Au2Cl3 = 3oa, 5; l'ac- tion a donc lieu entre 3oa , 5 de Au2Cl3 et 3o2,5 de NaO, S202; mais — — = 3, 83, c'est-à-dire qu'une première phase a lieu entre Au'Cl3 -4- 4NaO, S2 O2 = 3 Na Cl H- NaO, S1 O5 -+■ Au'O, S1 O5. » Cette première phase a été parfaitement reconnue par MM. Fordos et Gélis qui ont observé la formation d'un corps brun précipitable par l'alcool, et qui n'est autre cpie le tétrathionate de Au20 seul ou combiné au NaO, S'O5 (1). » Lorsqu'on emploie un excès de NaO,S202, une deuxième phase a lieu, et c'est alors que le sel (photographique) prend naissance. (1) Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. XIII, p. 3g4- C. R., 1866, I« Semestre. (T. LX1I, IN0 12.) 91 ( ?°° ) » Le tétrathionate de AirO peut seul agir sur l'byposulfite de NaO, el comme ils sont tous deux en dissolution, c'est encore une action de mé- lange comme la première. » L'équivalent de Au2 0,S4 O5 = 3o8 ; l'action a lieu sur 3o8 de Na O, S2 O2, 3o8 0 et comme — = o.q, on a 79 J Au'0,S'Os -f- 4NaO, S'0: = NaO.S'O5 + Au'O.S'O5 + 3NaO.S:0'. » Bien évidemment l'action ne peut aller au delà, et la formule de la réaction entière devient Au'Cl» + 8NaO, SJ0' = 3NaCl -+■ aNaC^S'O* -+- (Au'O, S'O1 -l- 3NaO, S!0>), comme MM. Fordos et Gélis l'ont reconnu. » Ces exemples suffisent pour bien montrer avec quelle sûreté et quelle précision ma théorie permet de discerner les phénomènes les plus intimes des actions chimiques les plus complexes. » La loi des actions au contact et la loi des actions de mélange sont néces- saires et suffisent, avec la loi ancienne des proportions définies (dont la loi des proportions multiples n'est qu'un corollaire, souvent fort mal interprété) et avec la loi des volumes de Gay-Lussac, pour expliquer tous les phéno- mènes chimiques, sans aucune exception. » PHYSIQUE. — Pile à la tournure de fer. Note de M. Ggrardin, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. « Ayant besoin pour diverses expériences d'une pile de faible tension, douée d'une force électromotrice considérable, et pouvant donner écono- miquement de grandes quantités d'électricité, j'ai modifié la pile de Bunsen de la façon suivante : » Je remplace la lame de zinc par des copeaux de fer ou de fonte. Une lame de fer plongeant au milieu de ces copeaux sert de réophore. » La tournure de fer est plongée dans de l'eau ordinaire. » Dans le vase poreux je mets une dissolution de perchlorure de fer ad- ditionnée d'eau régale. » L'électricité de cette dissolution est recueillie par un charbon servant de pôle positif. Il est formé de charbon de cornue pulvérisé et aggloméré avec de la paraffine, d'après le procédé de M. Carlier. » On peut donner à cette pile de très-grandes dimensions, et obtenir ainsi beaucoup d'électricité à un prix extrêmement minime. » ( 701 ) M. IIrisr.it, qui avait adressé précédemment des observations sur le ra- chitisme des poules dans certaines campagnes voisines de Strasbourg, avec des considérations sur les causes de cette maladie et sur les inconvénients que pourrait avoir dans l'alimentation l'usage de la chair des animaux malades, prie l'Académie de lui faire savoir si sa Note a été l'objet d'un Rapport. (Renvoi aux Commissaires désignés : MM. Rayer, Bernard.) La Société Industrielle d'Axgers prie l'Académie de vouloir bien con- tinuer à lui accorder ses Comptes rendus; elle craint que cette faveur ne lui ait été retirée, n'ayant rien reçu en 1864 et 1 865. Si la Société n'a pas chargé un fondé de pouvoir de retirer du Secrétariat les volumes qui lui sont destinés, elle ne doit pas s'étonner de ne les pas avoir reçus, l'Académie ne se chargeant point d'en faire l'envoi aux établis- sements à qui elle en fait don. M. Lévèqce présente une Note ayant pour objet « d'établir la concor- dance entre l'ère des Hébreux et celle des autres peuples de l'antiquité ». M. Faye est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. Huard demande à l'Académie si un Mémoire qu'il se propose de sou- mettre à son jugement peut être envoyé manuscrit ou doit être imprimé. Ce travail est relatif à deux appareils de son invention destinés à prévenir certaines maladies communes chez les femmes. On fera savoir à l'auteur que si son travail était imprimé avant d'être soumis à l'Académie il ne pourrait devenir l'objet d'un Rapport. M. Facciolla (Vito) adresse de San-Martino, province de Molise (Italie), une Lettre annonçant l'intention de soumettre au jugement de l'Académie une Note sur la trisection de l'angle. On fera savoir à l'auteur que cette question est une de celles dont l'Aca- démie, par une décision déjà ancienne, a renoncé à s'occuper. A 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. ( 7°2 ) COMITÉ SECRET. La Section de Botanique, par l'organe de son Doyen M. Broxgxiart, présente la liste suivante de candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Montagne : En première ligne M. Trecul. En deuxième ligne M. Ciiatlx. En troisième ligne M. Gris (Arthur). En quatrième ligne M. Bâillon. En cinquième ligne, ex œquo ( M. Bureau. et par ordre alphabétique... ( M. Prillieux. Les titres des candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures trois quarts. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 19 mars 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Notice sur les travaux de S. A. le Prince Charles-Lucien Bonaparte ; par M. Élie de Beaumont. Paris, 1866; br. in-8°. La Californie : histoire, organisation politique et administrative, etc.; par M. Ernest Frignet. Paris, 1866; in-8°. (Présenté par M. Dauhrée.) Connaissances complètes du cavalier, de Vccuyer et de l'homme de cheval; par M. Félix Van DER Meer. Bruxelles et Paris, sans date; 1 vol. in-8°. Les Palafilles ou constructions lacustres du lac de Neuchdlel; par M. E. Desor. Paris, 1 865 ; 1 vol. in-8° avec gravures. ERRATUM. (Séance du 12 mars 186G.) Page 620, avant-dernière ligne, au lieu Je Da Carogna, lisez Da Corogna.) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SEANCE DU LUNDI 26 MARS 1866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. « M. Le Vekrier présente à l'Académie le tome XX des Annales de V Observatoire impérial de Paris, contenant, à l'état de réduction, l'ensemble des observations faites à Paris et dans différentes stations, en l'année 1 864- » Indépendamment des étoiles, du Soleil et des planètes principales, les observations des petites planètes ont été continuées au grand Cercle mé- ridien. Suivant la convention passée entre les Observatoires de Paris et de Greenwich, ces astres sont observés à Paris depuis la pleine Lune jusqu'à la nouvelle Lune; à Greenwich, depuis la nouvelle Lune jusqu'à la pleine Lune. On trouvera dans l'exposé le texte même de cette convention, qui fixe l'époque et la durée de chaque série d'observations d'une planète. Les observations faites dans les deux établissements sont réunies et insérées d'abord au Bulletin international de /' Observatoire impérial de Paris, et en- suite dans les volumes publiés chaque année parles deux Observatoires. » La détermination des longitudes de divers points du réseau géodé- sique a été continuée. Marennes, Rodez, Carcassonne et Lyon ont été dé- terminées pendant cette campagne. On a aussi mesuré les latitudes de Rrest, Rodez et Carcassonne, ainsi qu'un azimut en chacun de ces trois derniers points. » Les stations géodésiques dont les positions ont été déterminées jusqu'à C. R., 1866, i" Semestre. (,T. LXII, N° 15.) 92 ( 7^4 ) ce jour sont : Greenwich, Bourges, le Havre, Dunkerque, Strasbourg, Talmay, Brest, Biarrits, Nantes, Marennes, Rodez, Carcassonne et Lyon. Elles sont dès à présent assez nombreuses pour qu'on puisse les comparer aux positions géodésiques et en déduire d'importants résultats. » Toutes les déterminations faites dans la partie Est et , sur la méri- dienne, à Dunkerque, à Rodez et à Carcassonne, sont dues à M. Yvon Villarceau, qui s'occupe actuellement de réunir toutes ces déterminations dans un travail d'ensemble, et d'en déduire des conclusions que M. Le Verrier exposera dans la prochaine séance. » MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur la controverse relative à l'équation séculaire de la Lune; par M. Delaux.vy. « L'Académie n'a pas oublié la longue et importante controverse qui s'est élevée il y a quelques années au sujet de l'accélération séculaire du moyen mouvement de la Lune. Je pense qu'elle apprendra avec intérêt que, par suite de la publication récente de certains documents, il n'existe plus aucun motif de divergence d'opinion sur cette question. » Rappelons en quelques mots le point en litige. Laplace avait reconnu que la variation séculaire de l'excentricité de l'orbite de la Terre produi- sait une accélération séculaire du moyen mouvement de la Lune. L'effet dû à cette cause, déterminé d'abord par lui, puis par Plana et Damoiseau qui poussèrent l'approximation beaucoup plus loin, semblait s'accorder très-convenablement avec les indications fournies par les anciennes éclipses dont l'iiistoire fait mention ; lorsque M. Adams, en calculant de nouveau cet effet, lui trouva une valeur beaucoup plus petite que ses devanciers. En examinant alors attentivement le calcul de Plana, M. Adams reconnut que la différence tenait à ce que le géomètre italien avait regardé à tort comme invariable la vitesse aréolaire moyenne de la Lune autour de la Terre. La même hypotbèse, adoptée par Damoiseau, l'avait naturellement conduit à un résultat pareil à celui de Plana. » La conclusion de M. Adams fut vivement attaquée. Mais le calcul de l'accélération séculaire de la Lune, due à la variation de l'excentricité de l'orbite de la Terre, ayant été repris par divers savants, et les résultais aux- quels ils furent conduits par l'emploi de méthodes différentes, qui ne repo- saient d'ailleurs sur aucune hypothèse, se trouvant complètement d'accord avec celui de M. Adams, on fut bien obligé de reconnaître que M. Adams avait raison. L'accélération séculaire de la Lune ainsi calculée était réduite ( 7°5 ) à environ 6 secondes. M. Hansen seul persistait à la faire de 12 secondes, valeur qu'il avait déduite de ses calculs théoriques, qu'il avait introduite dans ses excellentes Tables de la Lune, et qui semblait s'accorder beau- coup mieux avec les anciennes éclipses que la valeur moitié moindre de M. Adams. Comment M. Hansen, par un calcul purement théorique, avait- il pu trouver 12 secondes, tandis qu'il paraissait complètement hors de doute que ce calcul ne devait donner que la moitié de ce nombre? Telle était la difficulté qui restait à résoudre. Elle vient d'être résolue d'une ma- nière complète dans les circonstances que je vais indiquer. » En présence de l'importance des recherches de M. Adams sur la théorie de la Lune, et en particulier sur la question de l'accélération sécu- laire qui nous occupe en ce moment, la Société Royale Astronomique de Londres décida que sa médaille d'or serait décernée à cet illustre astronome dans la séance solennelle qui a eu lieu le 9 février dernier. Le président de la Société, M. Warren de la Rue, dans le discours qu'il fit à cette occasion {Monlhly Notices, vol. XXVI, p. ii'7 à 182), analysa d'une manière remar- quable cette question de l'accélération séculaire de la Lune, et fit ressortir avec une grande netteté la cause de la divergence entre le résultat théo- rique de M. Hansen et le résultat moitié moindre, mais certainement exact, de M. Adams. M. Hansen dit formellement, dans le Mémoire où il expose son calcul, qu'il regarde une certaine quantité 3 comme n'étant affectée d'aucune variation séculaire; or, d'après l'expression analytique qu'il donne de cette quantité H, on voit qu'en agissant ainsi il fait exactement la même chose que s'il regardait la vitesse aréolaire moyenne de la Lune autour de la Terre comme invariable. M. Hansen a donc adopté gratuite- ment, sans aucune raison plausible empruntée à la théorie, une hypothèse identique à celle qui a vicié les calculs de Plana et Damoiseau : il n'est pas étonnant dès lors qu'il ait trouvé comme eux une valeur trop grande pour l'accélération séculaire de la Lune produite par la variation de l'ex- centricité de l'orbite de la Terre (1). » M. de la Rue ne s'en est pas tenu là. Il a prié M. Hansen de lui expli- quer les motifs qui l'ont déterminé à conserver dans ses Tables cette valeur de l'équation séculaire de la Lune plus grande que celle à laquelle conduit une théorie rigoureuse. Voici la traduction de la réponse de M. Hansen, (1) Il est curieux de rapprocher l'explication donnée ici de ce que je disais à l'Académie dans la séance du 12 mars 1860 [Comptes rendus, t. L, p. 5i8). 92.. ( yor. ) telle qu'elle est donnée dans les Monlhly Notices de la Société Astrono- mique, à la suite des discours de M. de la Rue. « Je n'ai jamais contesté l'exactitude de la théorie de l'équation séculaire » de la longitude de la Lune, telle que M. Adams l'a donnée le premier; » mais je ne suis pas satisfait du développement des diviseurs en séries, » dont il a fait usage, de même que plusieurs autres géomètres. Comme le » coefficient qui résulte de la théorie de M. Adams ne s'accorde pas avec » les observations, il ne pouvait être employé pour les Tables lunaires; » parce que, dans la construction des Tables, soit des planètes, soit de la » Lune, la première condition à remplir est de les construire de telle ma- » nière qu'elles représentent les observations aussi exactement que pos- » sible, sans quoi elles n'auraient aucune valeur pratique et seraient par u conséquent inutiles. » La théorie de M. Adams est venue trop tard pour me permettre d'en » faire usage dans mes travaux; et il a été heureux qu'il en fût ainsi, parce » que j'avais déjà trouvé par ma propre théorie un coefficient qui repré- » sente les anciennes observations aussi exactement qu'on peut le désirer, » ce qui n'est pas le cas du coefficient de M. Adams. » Comme mes deux Mémoires, intitulés Darlegimq, etc., étaient destinés » au développement des calculs par lesquels j'ai obtenu les coefficients » employés dans mes Tables lunaires, je ne pouvais y employer la théorie » de M. Adams; et dans l'introduction au second Mémoire, p. l\, je me » suis expliqué sur ce point, ajoutant que des recherches ultérieures sur » ce sujet étaient réservées pour un Mémoire spécial. Plus tard, j'ai cherché » à rendre compte de ce fait que le coefficient de M. Adams ne s'accorde » pas avec l'observation, et j'ai trouvé qu'un ralentissement extrêmement » petit dans la rotation de la Terre sur son axe suffit pour l'expliquer; cela » a été publié dans la Note sur laquelle vous avez appelé l'attention » (Bericlite der K. Sachs. Gesctlscliaj't r« Leipzig, 1 863.) Avant cela, M. Mayer, ■> de Heilbronn, dans son Traité sur la Dynamique au ciel (Beilraye zur Dy- » namik des Himmels, etc.), ouvrage qui m'était alors inconnu, avait dirigé » l'attention des géomètres sur le phénomène des marées comme étant ca- » pable d'occasionner un pareil ralentissement dans la rotation de la Terre; » et récemment M. Delaunay a soumis ce point à l'analyse. » Dans l'état actuel de la question, on peut conclure de toutes ces re- » cherches que l'accélération du mouvement de la Lune dépend de deux » causes, c'est-à-dire de la diminution de l'excentricité de l'orbite terrestre » et d'un ralentissement de la rotation de la Terre autour de son axe; et ( 7°7 ) « que c'est l'effet combiné de ces deux causes qui produit'la valeur de o l'accélération telle que les observations la donnent. « Il est toutefois très-remarquable que, au milieu de toutes ces circon- » stances, l'hypothèse que 3 = o, eu égard à l'accélération, conduit à une » valeur, pour le coefficient en question, qui représente les anciennes » éclipses aussi bien qu'on peut le désirer, et qui, pour cette raison, doit » être regardée comme la vraie valeur du coefficient de l'équation sécu- » laire de la longitude moyenne de la Lune. » Golha, 10 février 186G. » P. A. Hansen. » » Ainsi, contrairement à ce qu'on pouvait inférer des assertions qui ont été produites à diverses reprises devant l'Académie [Comptes rendus, t. L, p. 454? 527, 563), M. Hansen déclare qu'il n'a jamais contesté l'exactitude de la théorie de M. Adams sur l'équation séculaire de la Lune. Il déclare en outre que, s'il a conservé dans ses Tables lunaires la valeur de 12 secondes du coefficient de cette équation séculaire, telle qu'il l'avait déduite d'une théorie rendue inexacte par l'hypothèse toute gratuite H = o, c'est unique- ment parce que cette valeur concordait avec les indications fournies par les anciennes observations d'éclipsés : ce coefficient de 12 secondes perdait donc par là le caractère théorique, pour prendre celui d'un coefficient em- pirique. Après de (elles déclarations, il est clair qu'il n'y a plus matière à discussion : nous sommes tous d'accord. » Un mot encore au sujet d'un passage de la Lettre que je viens de re- produire. On pourrait croire que M. Hansen veut revendiquer pour lui la priorité de l'idée qui consiste à expliquer une partie de l'équation séculaire de la Lune par un ralentissement du mouvement de rotation de la Terre. Il n'en est certainement rien. M. Hansen sait fort bien que cette idée est depuis longtemps dans le domaine de la science. Elle est développée d'une manière très-explicite dans un des passages les plus connus de la Mécanique céleste (1), celui où Laplace essaye d'établir que la durée du jour sidéral n'a pas varié d'une manière appréciable depuis l'époque des plus anciennes observations (introduction au livre VII de la Mécanique céleste). » (1 ) Voici ce passage : « Si cette durée (du jour) surpassait maintenant d'un centième de seconde celle du temps » d'Hipparque, la durée du siècle actuel serait plus grande qu'alors de 365", a5; dans cet » intervalle, la Lune décrit un arc de 534", 6; 'e moYtn mouvement séculaire actuel de la » Lune en paraîtrait donc augmente de cette quantité, ce qui ajouterait i3",5i à son équa- » tion séculaire, etc. » ( ?o8) astronomie PHOTOGRAPHIQUE. — Photographies du Soleil, présentées par M. Faye. « M. Faye, présente à l'Académie quelques épreuves très-remarquables qu'il tient de l'obligeante libéralité de M. Warren de la Rue, ainsi que les positifs que M. de la Blanchère a bien voulu en tirer pour lui, à l'aide de l'appareil d'amplification de M. Liébert. Ces épreuves, très-fortement agran- dies, font voir avec netteté beaucoup de détails intéressants; deux d'entre elles, relatives à une même tache observée à deux jours d'intervalle, se prêtent assez bien à la vision stéréoscopique dont l'application aux astres est également due à M. Warren de la Rue. » astronomie. — Sur la réfraction solaire; par M. Fave. « Notre savant Correspondant, le P. Seccbi, a bien voulu appeler mon attention sur un point délicat de la théorie des taches solaires. Il remarque que la réfraction de l'atmosphère du Soleil doit nous faire voir une partie de l'hémisphère opposé par des rayons rasants ramenés dans la direction de la Terre; que, par suite, la réfraction près des bords diminue la dis- tance apparente des taches au centre du disque; qu'enfin il en doit être de même pour les autres points du disque en vertu de la loi de continuité. Et comme cet effet serait de même sens que l'inégalité observée, inégalité que j'explique par la parallaxe de profondeur, il y aurait lieu d'examiner de plus près le rôle de la réfraction. » Quand il s'agit de lignes visuelles rasantes et de l'extrême bord, il est évident que les choses doivent se passer comme le dit le P. Secchi; il est même facile de déterminer géométriquement l'amplitude de la zone visible située sur l'hémisphère opposé. L'arc de cette zone est compris entre le rayon perpendiculaire à la ligne visuelle qui rase le bord apparent et le rayon qui aboutit au point où la trajectoire curviligne de cette ligne visuelle vient toucher le globe solaire. Cet angle est précisément égal à la réfraction horizontale sur le Soleil. » Supposons que le globe observé soit la Terre : la zone rendue visible aurait une amplitude de 3/j minutes; la distance au centre du disque d'un point vu sur le bord sérail donc de o,o°34'. » Mais il ne serait pas permis de généraliser cette notion au delà du ras particulier qui nous occupe, car la dislance héliocentrique p d'un point ( 7°9 ) quelconque au centre du disque ne s'obtient pas directement ; on la conclut de la formule suivante (*) p = arcsin^-^, dans laquelle (R) désigne le rayon du disque solaire, /' la distance de la tache au centre, évaluée avec la même unité arbitaire, A le diamètre angulaire actuel du Soleil vu de la Terre. Or ces quantités sont affectées fort inéga- lement de la réfraction, et l'on ne voit pas à priori l'erreur qui doit en résulter pour p : on voit seulement, comme je l'ai indiqué dans ma Note du 18 décembre dernier, que ses effets sur r et (R) doivent se compenser en partie. » Je remarque d'abord que p -f- — - - est la distance zénithale vraie de la Terre pour un observateur placé au point observé sur le Soleil. Si nous pouvions exprimer la distance zénithale apparente en fonction des éléments mesurés, nous aurions résolu la question, car la différence entre ces deux angles aurait pour expression la réfraction astronomique. Or il existe, comme on sait, entre les distances zénithales apparentes z, z,, z2,..., zn d'un même astre prises dans les couches successives de l'atmosphère dont les indices seraient /, l,, L,..., lin et les rayons R, R,,..., R„, une relation simple et surtout très-générale, RZsinz = R„/„ sinz„, relation totalement indépendante de la succession des densités et des indices, et qui ne suppose qu'une condition, à savoir la sphéricité et la concentricité des couches de l'atmosphère. » On sait aussi que Rsinz, R,jSinz„,... ne sont autre chose que les per- pendiculaires abaissées du centre sur les tangentes à la trajectoire, c'est-à- dire sur la direction de la ligne visuelle dans chaque couche. Pour la der- nière couche, où /„== 1, à très-peu près, cette perpendiculaire n'est autre chose que l'élément/' par lequel nous mesurons la distance du point observé (*) D'après le triangle dont les sommets sont la Terre, le centre du Soleil et la tache. L'angle à la Terre est -— -• Pour ce qui va suivre, il faudrait sur cette figure infléchir la (ix) 2 ligne visuelle à partir de son entrée dans l'atmosphère du Soleil et en tracer la partie CUT- viligne jusqu'à la photosphère. ( 710 ) au centre du disque. On a donc RZsinz = r. Mais en vertu d'une remarque analogue qui a déjà été faite par notre savant Correspondant, M. Adams, dans le cours de ses recherches sur la parallaxe de la Lune, Rsinz et R„sins„ sont respectivement le rayon vrai et le rayon apparent du Soleil lorsque z = 900 (*). Ce dernier étant représenté par (R), l'équation précédente devient (R)sinz = /•; d'où r z = arc sin 77—- (R) Il résulte de là que la formule employée dans le calcul de p ne donne pas p, mais bien Z~ (R) à" Pour avoir véritablement p, il faut y remplacer la distance zénithale appa- rente z par z + $z, èz étant la réfraction astronomique relative à z, ou, si on se contente des valeurs de p comprises entre o et 75 degrés, par z+ /Stangz, ou même, sans erreur sensible, par z H- /3tangj3. On a donc finalement, en ajoutant la correction de parallaxe, p = arcsin(-f)-(-Iy^+(|+/3)tang/î. » On voit qu'il n'y a rien à changer à l'étude que j'ai faite de la première inégalité, dont la constante est en moyenne de o°, 5 ; seulement, pour obtenir la profondeur réelle et non plus apparente de la photosphère, il faudra auparavant retrancher, de o°, 5, la constante /3 de la réfraction (*) Prof. Challis, On the Indications by phenomena of atmosphères, etc. (Mémoires de la Société R. Ast., vol. XXIII, p. ?.3i, 23a.) J'ajouterai que la remarque de M. Adams n'est pas toujours applicable. Elle cesserait de l'être, par exemple, si on avait — < / — 1 , h étant la hauteur de l'atmosphère du Soleil. Alors (R) = R ( 1 -f- =M) et l'influence de la réfraction solaire serait fort diminuée. Mais, d'après les idées régnantes, /( serait très-grand ; aussi ne me suis-je pas préoccupé de cette face de la question. (7" ) astronomique sur le Soleil. Pour notre atmosphère, cette constante est de i' = o°,oi6, quantité insensible. » Il me reste à examiner jusqu'à quel point il est permis de juger ainsi de l'atmosphère du Soleil d'après celle de la Terre. Sans vouloir discuter les opinions assez divergentes qui régnent parmi les astronomes sur l'éten- due de cette atmosphère, je m'arrêterai à un ordre de phénomènes qui ont un rapport intime avec la réfraction. Laplace a montré que l'extinction pro- duite par l'atmosphère du Soleil a pour expression e sinp, dp désignant la réfraction astronomique, ou, de o à 75 degrés et même 80 degrés, par e cosp. En combinant cette extinction avec l'intensité de la lumière émise par les différents points du disque solaire, intensité qu'il suppose proportionnelle à sécp, il a pour expression de l'éclat apparent, dans les limites indiquées plus haut, 1 g cos p COSp puis, en comparant cette formule aux mesures de Bouguer sur l'éclat appa- rent de deux régions du disque solaire, Laplace détermine la constante /3Q, et, par suite, l'épaisseur de la couche d'air (prise dans notre atmosphère, à la température de o degré et à la pression de om,']6) qui serait capable de produire la même extinction sur le Soleil. Il a trouvé ainsi 55 000 mètres. Mais j'ai montré, il y a sept ans, que la loi d'émission admise par Laplace était incompatible avec l'état actuel de la physique, et qu'en la remplaçant par une loi plus plausible, la formule de l'éclat apparent sur le disque solaire se réduisait à - ,3 Q sécp et celle de l'éclat total à 1 f°cospé-^té,iPd.cosp. J9o° » Or, dans ce cas, les mesures de Bouguer nous conduisent à une épais- G. R., iSGG, 1" Semestre. (T. LXII, N° 15.) 93 ( 712 ) seur d'air beaucoup plus faible pour représenter l'extinction de l'atmo- sphère solaire. J'ai trouvé iSooo mètres au lieu de 55ooo mètres, et j'ai fait voir en outre, par les belles mesures d'intensité thermique du P. Secchi, qu'avec cette épaisseur réduite l'extinction procédait encore trop rapide- ment vers les bords (*). » Avec les mesures d'intensité de M. Arago, cetie épaisseur se réduirait à 199 mètres et l'extinction totale à -5^; mais ces mesures sont actuellement considérées comme donnant un décaissement d'éclat beaucoup trop faible sur les bords. » Toujours est-il que l'étude de l'extinction produite par l'atmosphère du Soleil nous conduit à assimiler cette atmosphère à une couche d'air de dix ou douze mille mètres : la nôtre en vaut huit mille. » Sur le Soleil cette masse gazeuse serait, il est vrai, sollicitée par une pesanteur 28 fois plus grande que sur la Terre, mais, d'autre part, la pres- sion qu'elle exercerait sur la couche en contact immédiat avec la photo- sphère serait amplement contre-balancée, en ce qui concerne la densité et par suite l'indice de cette dernière couche, par la haute température de cette région. Or c'est de cette dernière couche que dépendent exclusive- ment les réfractions astronomiques, du moins dans l'amplitude de o à y5 ou 80 degrés, et il est à remarquer que les seules mesures de taches qu'il soit permis de soumettre au calcul ne s'étendent pas plus loin. » On arrive aux mêmes résultats si l'on considère le phénomène de la dispersion très-sensible dans notre atmosphère. En attribuant à la couche inférieure de l'atmosphère du Soleil l'indice 1,00029, comme sur la Terre, le demi-diamètre apparent du Soleil serait augmenté de o",28 seulement par la réfraction. L'augmentation serait de a", 8 si / — 1 était 10 fois plus grand. Il me semble que dans ce dernier cas l'irisation des bords deviendrait très- sensible dans les éclipses totales; les grains de chapelet passeraient succes- sivement par les couleurs du spectre avant de disparaître. Ce passage serait très-rapide sans doute, mais très-frappant. Or rien de semblable n'a été noté dans les observations d'éclipsés ; le premier et le dernier rayon nous envoient de la lumière blanche. » Ainsi nous pouvons espérer de ne pas rester beaucoup au-dessous de la vérité en posant /= 1,00029; et comuie /3 = Z — I, indépendamment de (*) Comptes rendus de 185g, t. XLIX, p. 696. Depuis, M. Roclic a publié un travail étendu sur le même sujet et est arrivé aux mêmes conclusions. ( 7*3) toute hypothèse sur la constitution de l'atmosphère du Soleil, nous aurons ]3 = 206265" x 0,00029 = 5o/' = o°, 016, quantité que nous ne saurions démêler dans les observations des taches du Soleil. » Quant à la réfraction produite par le gaz contenu dans les cavités des taches, il ne serait guère permis d'étendre jusque-là l'hypothèse relative à l'équation d'où nous sommes partis, à cause des mouvements incessants qu'on y remarque; nous ne saurions donc nous en faire une idée quel- conque. » Je conclus de cette étude que l'influence de la réfraction sur le mou- vement des taches s'exprime par un théorème très-simple (*); mais qu'elle ne modifiera pas sensiblement les résultats acquis sur l'inégalité du mouve- ment des taches due à la parallaxe de profondeur. » En terminant, je désire signaler une correction beaucoup plus sensible; je n'ai pu l'appliquer dans mes calculs, parce que les publications an- glaises ne fournissent pas les données nécessaires. La parallaxe de profon- deur s'obtient en différentiant, par rapport à (R), l'expression de p, et en remplaçant d(R) par ^, p étant la profondeur des taches. Si (R) est affecté d'une erreur s autre que la réfraction, et si, à l'inverse de la réfraction, cette erreur £ n'existe qu'aux bords et n'affecte pas la mesure de /•, il en résul- tera pour p une correction + gtaag> qui s'ajoutera à la parallaxe. Ces causes existent, et il y en a quatre : » i° L'erreur physiologique dans l'appréciation du contact des fils du réticule avec les bords de l'image solaire (il ne s'agit pas ici de l'équation personnelle ordinaire); » a° L'irradiation oculaire, dont M. Plateau a fait connaître les lois; » 3° La diffraction qui se produit aux bords de l'objectif ou de son dia- phragme ; » 4° L'effet delà chaleur solaire sur l'air contenu dans le tube de la lunette : le faisceau de rayons solaires qui traverse cet air y détermine (*) La coordonnée héliocentrique p doit être augmentée de la réfraction astronomique qui répond à la distance zénithale de la Terre vue de la tache. 93.. (7*4) instantanément une très-petite élévation de température, suffisante cepen- dant pour dévier les rayons latéraux et amplifier un peu l'image. » Ces effets ne se compensent pas en partie comme ceux de la réfraction qui opèrent à la fois et dans le même sens sur /' et (R) ; ils se retrouvent donc en entier dans nos constantes de la parallaxe. Tâchons d'en apprécier l'effet total. » Il existe un mode d'observation affecté à la fois par ces quatre causes : c'est l'observation du Soleil aux instruments méridiens. Il en existe un autre qui en est complètement indépendant, au moins en théorie : ce sont les passages de Vénus ou de Mercure sur le Soleil. Or les observations mé- ridiennes de Greenwich donnent 3a' 3", 6 pour le diamètre moyen du Soleil, tandis que les passages de Mercure discutés par M. Le Verrier ont donné 32 minutes juste. La différence étant de 3", 6, il en résulte pour p une correction égale à i" 6 -^rtangp = o°,ii tangp. » Si donc les observations de M. Carrington ont été calculées avec des rayons trop forts en moyenne de i",8, il en résulte que sur la constante o°,5 de la parallaxe, o°,ii reviennent à la correction ci-dessus, et que les profondeurs doivent être diminuées de o,ooio,R. Cette correction, comme celle de la réfraction, n'exerce aucune autre influence sur les résultats de mes recherches relatives aux inégalités du mouvement des taches. » THÉORIE des NOMBRES. — Sur ta forme à cinq indéterminées xtx2 -+- jj.r, -f- x3xA + xixi. Note de M. Liouville. « La fonction numérique qui exprime la somme des puissances de degré p. des diviseurs d'un entier quelconque ?i, fonction que j'ai coutume de désigner par Ç (??), se présente utilement dans la recherche du nombre des représentations de n par certaines formes quadratiques. Mais il n'y a guère que le cas d'un indice fx impair qui ait donné lieu jusqu'ici à de belles applications. Le cas de y. pair a été peu étudié. On me saura donc gré peut-être d'indiquer un exemple où devront être employées à la fois la fonction Ç0 (n) ou Ç («)qui exprime le nombre des diviseurs de n et la fonc- tion Ç2 (;i) qui exprime la somme des carrés de ces diviseurs. Il s'agit cette fois d'une forme à cinq variables, savoir ce i X% -\- X% X 3 ~\- X '3 X 4 -+- X \ X 5 . ( 7'5) Comme celte forme est indéfinie, je limite les valeurs des indéterminées en exigeant que x(, jc2, .r4, x.0 soient des entiers positifs; quant à l'entier ara, il sera positif ou égal à zéro. Cela posé, on demande une expression simple du nombre N des représentations de n sous la forme citée. En d'autres termes, on demande une expression simple du nombre N des solutions que l'équation indéterminée comporte sous la condition de Or, je réponds à cette question par la formule suivante, N = Ça(n)-«Ç(n), qui ne laisse, ce me semble, rien à désirer. Pour n = i, comme la valeur commune de Ç(i) et Ç2(i) est l'unité, cette formule donne N = o, résultat évidemment exact. Dans tout autre cas N est >o. Quand n est premier, on a Ç(«) = a, Ça(n) = na+i; ainsi alors N = («— i)2. o ALGÈBRE. — Sur l'équation du cinquième degré; par M. Hekmite. (Suite.) « XV. Les recherches qui me restent à exposer dépendent principale- ment du choix de la fonction cyclique des racines |0, £,, §a, £3, £4 , de l'équation générale («,|3,y,7', |3',a')(^, i)5 = o, qu'on a précédemment désignée par m. C'est de là en effet que se déduira la formule de transformation z = RST, où la nouvelle inconnue est une fonc- tion rationnelle et entière de la racine |0, et en prenant pour u un invariant par rapport aux racines, cette formule, comme celle dont j'ai d'abord fait usage, savoir, _ t4 (x, i) conduira à une transformée dont les coefficients seront des invariants de la (7i6) forme f=(oc, j3, /3', 7', a')(r,j")5. Les deux substitutions se ramènent en effet au même type, et chaque expression u donne naissance à des co- variants cubiques tels que 9, (.r, y), 9j(jc, y), etc., mais dont l'ordre est toujours un multiple de 4 augmenté de 3. J'ajouterai encore à ce rappro- chement entre les deux méthodes de résolution de l'équation du cinquième degré, en déduisant de la seconde les conditions de réalité des racines. Sous ce nouveau point de vue, on verra qu'il ne sera plus nécessaire de re- courir au principe de Jacobi, le caractère propre de la seconde méthode consistant en ce qu'on opère toujours directement sur les racines. C'est pourquoi nous aurons lieu d'employer, dans tout ce qui va suivre, une transformée canonique de la forme proposée, différente de celle qui a été considérée au début de ces recherches. Nous la définirons par une substi- tution linéaire qui donne pour résultat f=(o, a, b, b',a',o) (r, g)5, et de manière qu'aux racines |0, |,, |2, |3 , |, correspondent respective- ment les quantités 1, £, o, oc , n, en posant _ (& — £>) (?■ — £») _ (lo — g3) (^ — g4) £" (I.-S0 (?.-?>)' Y1~ (?. — 5i)(?s-ï0" » Soit donc I = a"0(|o, |,, |a, |3, |4) l'expression en £0, g,, etc., d'un invariant dont l'ordre soit un nombre pair quelconque»; en désignant le coefficient de ^ dans B par 0 (|0, |,, |2, ?3> !*)> o» aura pour forme cano- nique I = (5ttf0(i}î,o,j}).. » Je vais appliquer ce résultat à l'invariant du dix-huitième ordre K, dont je rappellerai d'abord l'expression en fonction des racines. » Soient à cet effet F = (& - s,)(fe - I,) (I, - 10 + (g, - 10 (lo - &■) (& - g,), G = (|0 - |,) (;„ - |2) (|< — S3) H- (lo — la) (lo - 10 (I, - |2), H = (lo - I,) (lo - I,) ( = , - ?0 + (lo - I.) (lo - 10 (la - S,), et convenons de représenter par F.,, G„, II„ ce que deviennent respecti- vement ces quantités, en ajoutant aux indices des racines, toujours pris suivant le module 5, le nombre v; on sait qu'en faisant XV=F,G,H, ( 7!7 ) on aura, abstraction faite d'un facteur numérique, K = a? — SYJ, 5 = I — 2£ -+- £ÏJ, S = «J — I > #f = a s — r — vj , (J, = 2£7J — £2 — V}, #a = £ -h vj — £•/?, (ï2 = £ — •/? + £'/?, §s =£-+-•/; — I , gi = - i -,l rï iji #4 = — £ + 2 £/} — 'O2, (J4 = £ — 2>J 4-vr, 5* = £ - "i 54 = - s + h o2, et si l'on pose &*i = $\ & 5v , la transformée canonique de l'invariant du dix-huitième ordre sera K = (5rt)ls AV.V-, 3G,3G83Gt. » Ces quantités F, G, II ont pour notre objet une grande importance, et tout à l'heure il sera nécessaire de connaître comment elles se permutent les unes dans les autres, lorsqu'on effectue la substitution r1 • Or on ( Sa*' ) trouve aisément ces résultats, savoir : F F, F2 F3 F4 F Ga -H4 -H, -G2 G G, G, G3 G4 — G -H3 -F, -F, H2 II H, IL H3 "« -H -F, G, -G, -F2 substi tution . Ç2v ) obtienc Irait : F F, F2 Fs F4 — H -H2 -H* -H, -n, G G, G2 G3 G4 -G -G2 -G4 -G, -G3 H H, IL Ha H4 F F2 F, F, F. ( 7'8 ) et par conséquent les expressions suivantes, KcFF,F,F3Ft, a'H^H.H.Hf, qu'on reconnaît immédiatement être des invariants, et qui sont aussi des fonctions cycliques des racines, se reproduiront l'une et l'autre, changées de signe, lorsqu'on fera la substitution |. Elles réunissent donc les ( ?i» ) conditions qui permettent de les employer à composer une fonction u con- tenant deux indéterminées; mais leur étude exige qu'on considère en même temps que F, G, H les quantités /= (|3 - g, ) (Ç, - =4), g= % - g,) (I, - |,), *=(«,- I.) (=3 - Si). En désignant par _/i, g.,, /?., ce qu'elles deviennent lorsqu'on ajoute v aux indices des racines, on trouve que la substitution " J opère les chan- ( <=3v' ) gements que voici : ( / fi À fi fi ) i ./' g3 *i k< g2 r j g gi g'-' g* g* j ( g *i /i y; ^ I' a //, //, //3 ^4 ) /? y3 g* g. y* i » La substitution j " donne pour résultats : g., / y. /. /? m i & tu 02 gS 6> (1 g &2 - è* _ tr -g.- v /# »| h. K hA , -y -/> -fi -fi -fi v d'où l'on voit que sauf certains changements de signe, les deux groupes de quinze quantités se permutent de la même manière, quand on effectue les mêmes permutations sur les racines de la proposée. Me bornant à reniai- ( 7'9 ) quer en ce moment qu'en posant, pour abréger, *=(§.-à)'(lo-S.)(&-?,)fê.:-à), on a les relations suivantes : G2 - H2 = 4 lj\ H2- F2=4fe, F1 — G» = 4///, j'arrive immédiatement à l'étude de nos fonctions cycliques. » XVI. Soient à cet effet U = «6FF,F2F3F4, V=«aHII,H2H3II4, de sorte qu'on ait pour l'expression de u avec deux indéterminées u = pV 4- f/V, le système des six valeurs : u^, u0, u,, u2, ie3, ut s'obtiendra, d'après ce qui a été dit au § XIV, en effectuant sur la première, qui représente ux, la ( £» ) substitution , ce qui donnera «,- en prenant /= o, i, 2, 3, t\. On ( Ç3»«-M ) aura d'après cela : UK = «•FF1F1F,F4, Vco = a8HH(H2H3H4, U0 = -a6FII,G2G3H4, V0 =«ÎHG,F2F,G(, U, = - «8HF1H,G3G4, V, = a6GH,G2F3F4, U, = - a6GH,F2H3G4, V2 = a6FG,H2G3F4, U3 = — «,GG,H1F1H4, V3 =a«FF,GjH,G„ U4 = - ««HG, G2H3F4, V4 = a6 G F, F,G3H4, or ces expressions donnent lieu aux transformations remarquablesque voici : Uœ = 4- a0 F [A8 H2 4- (I>3 4-/gtf)FH + {h2 +fg)*l], U0 = 4- a«F[/i3H2 - (h3 +fgh) FH 4- [lr +fg)H], j U, = _a»H[S'G»-(g'+/gA)GH+(g»+->A)»/], 1 U4 = -««H[g'G2 + (g3+/gA)GH4-(gî4i^)H], C. R., 18C6, i«r Semifstrë. (T. LXII, N° 15.) 9^ ( 72° ) j U2 = + a«G[/'Fs - [f3 +fg?>)FG+(f* + ghyi), ( U3 = -a6G[/3F2 -+-(/3 +/ë^)FG+(/a + ^j2/], j Vcr. = -a6H[/3F2-(/3+/g/OFH-(/2 + g/02/J. j V0 = + a» H [/'F9 + (/3+/g/i)FH - (/*+ gfc)àfl, j V, = + «°G[/;3H2 - [h* -t-y^)GH- (/r + /g)2/], V2 = + «•F[g»G" + (g3 + /gfc)FG ~ (ë? + »'*], V3 = 4-a°F[g3G2 -(g3 +^)FG-(g2+//0a/]- » La démonstration est facile, comme on va voir; il suffit, en effet, d'éta- blir la seule relation UM = «6F[/i3H2 + {h' +/ê70FH + (# +f8)*[l' pour en déduire toutes les autres. Or elle revient à cette égalité : F,F2F3F, = A«Ha -h (?i3 -hfgh)FH -h {h*+fg)*l, qu'on vérifie immédiatement en employant les expressions suivantes : F, F.2 = (S, - &)*H + (fe - Sl)(& - &) C»1 +'M F3F4 = (§, - ?4)fcH + (S0 - §,) (|0 - 10 (/*2 -t-yg), et observant qu'on a identiquement = (ë0- £,)(£„ - Ç4) (S, - I.) + (|0 - H2) &-£,)(§; - ?4) = F. Quant aux produits F,F2, F3F4, je remarque qu'en multipliant le premier, par exemple, par «'_/, /2, on obtient un invariant par rapport aux racines, dont la forme canonique est (f>(l)*ï}(s — vj) (2s — s2 — vj) (s -f- y; — s>j). Voici d'ailleurs la forme canonique de la quantité savoir, (5a)«n(« - u)[(e - i)*j2 4- (s3 - 3s2 + s)>j - s2(s — a)], de sorte qu'ayant (as - s2 -ij) (s + -/j - oj) = (6 _!)*,» + (e« - 3r + e)>j - s2(s - a), ( 7a? ) on établit par l'égalité des formes canoniques celle des expressions propo- sées elles-mêmes. Après avoir démontré la relation UOT = a°F[hnV + {h* +fgh)FR + [lr +^)2/], nous en déduirons comme il suit toutes les autres. » Soit pour un instant Uw = (F,H,kJr+fg,l), nous obtiendrons d'abord U0, en effectuant sur les racines la substitution ?3v> qui laisse l invariable et donnera XJ0 = $(F,-H,h,h*+jg,l). » Maintenant, ajoutons aux indices les nombres 1,2, 3, ^,\\ viendra, en désignant par /,, /2, Z3, Z4 les valeurs correspondantes de l : Ul = *(Fi»-Hl,A1,A;+/lérll/f), U2=:$(F2, -na,h3,hi+fiS2, '«), U3 = 0(Fs, -H„A„A|+/I«„i), U4 = <Ï>(F4, -H4,£4,^+/4g4,Z4). Effectuons ensuite dans chacune de ces égalités la substitution en tirera les suivantes : -U,=$( G,, F,, fM, fl+g3h3, l3), U3 = (-II4,-G4, gt, gl+J\h<, Z4), U2 = (- G, -H, - A, /r +/gr, /) , V, = (- F, G, -g,g-+jh,l), V2 = 15.) 9^ ( 7*8 ) pour nettoyage et vérification se trouverait économisé; une partie des dépôts qui se forment principalement au moment du refroidissement du liquide serait ainsi évitée; le capital consacré à l'acquisition des locomotives et à leur entretien serait considérablement diminué. » L'adhérence de nos roues motrices horizontales, puisée dans la seule résistance du convoi, permet aux essieux moteurs de tourner constamment sans un minimum de pression, par conséquent avec la moindre force perdue dans les frottements d'axe. Notre système jouit seul de cet avantage. Il en est tout autrement des essieux moteurs des locomotives actuelles; ceux-ci tournent toujours sous un maximum de frottement, puisqu'ils supportent incessamment la partie du poids de la locomotive qui leur est affectée pour l'adhérence des roues sur les rails, soit que la locomotive chemine seule, soit qu'elle trahie un lourd convoi. Par notre dispositif, emprunté à la pince du banc à étirer, les choses se passent autrement : la résistance du convoi étant la cause unique du serrage de nos roues motrices contre le rail intermédiaire, elles tournent sans un frottement d'axe minimum, puisque l'effort de rapprochement reste constamment en équation avec la résistance même des wagons traînés qui le produit. » Tous les progrès de l'art de la construction peuvent, par un tel sys- tème, être utilisés au profit de la légèreté du moteur. » La locomotive, avant de rien remorquer, doit se transporter elle- même; aussi notre intelligence souffre vivement lorsque nous voyons les fortes rampes admises dans les tracés nouveaux franchies par le seul poids de lourdes machines dont la plus grande partie de la puissance est ab- sorbée pour leur propre ascension. w Messieurs, les conditions économiques d'établissement et d'exploi- tation des chemins de fer du troisième réseau exigent évidemment des in- novations capitales. Le mode de traction actuel, par le fait seul du poids des locomotives, doit être remplacé; il entraîne trop de frais dans l'éta- blissement et l'entretien de la voie; il amoindrit les profits de la traction par le transport de poids morts trop considérables. » La locomotion rapide fait naître l'idée de puissance unie à légèreté. L'étude des êtres vivants nous démontre que c'est ainsi que le Créateur a résolu ce difficile problème. L'hirondelle dans l'air, le cerf sur la terre, le marsouin dans l'eau en sont des exemples frappants. » Espérons donc qu'un système deux fois conçu en France, qui vient de faire preuve d'une possibilité pour nous jamais douteuse, hautement ( 729 ) patronné par le chef de l'État qui en a eu lui-même la pensée, figurera à l'Exposition prochaine autrement que par la seule ascension du mont Cenis, réalisée sous la direction d'un ingénieur étranger. » CHIMIE ORGANIQUE. — Action du Irichlorure de phosphore sur tes sels des monamines aromatiques; par M. A.-W. Hofmann. « C'est une expérience fortuite qui a été le point de départ des recher- ches qui suivent. En étudiant les dérivés chlorés, bromes et pitres de l'ani- line, on avait préparé une grande quantité de phénylacétamide par l'action du chlorure d'acétyle sur l'aniline, et il s'agissait de séparer, par l'action de l'hydrate de sodium, l'aniline du chlorhydrate obtenu en abondance comme produit secondaire de cette réaction. Après que la plus grande par- tie de l'aniline fut séparée par la distillation, il passa une huile visqueuse cpii, fixée sur les parois du réfrigérant, ne tarda pas à se prendre en une masse cristalline. Cette substance fut facilement purifiée par un lavage à l'alcool froid et par une seconde cristallisation dans l'alcool chaud. » On obtint de la sorte de belles lamelles blanches, fusibles à i3^ de- grés, volatiles sans décomposition à des températures trop élevées pour être constatées par le thermomètre à mercure. Ces cristaux sont à peu près insolubles dans l'eau, peu solubles dans l'alcool froid, facilement solubles au contraire dans l'alcool chaud, solubles également dans l'éther. Ces so- lutions sont neutres. » Les mêmes cristaux se dissolvent aussi facilement dans les acides, et l'addition d'un alcali à ces dissolutions reproduit la substance primitive inaltérée. La dissolution dans l'acide chlorhydrique donne, avec le chlo- rure de platine, un précipité cristallin peu soluble. » La nouvelle substance fut ainsi reconnue pour une base bien carac- térisée, dont la composition, établie par combustion, s'exprime atomi- quement par la formule C7H7N. » Cependant la manière d'être du nouveau corps, et surtout la repro- duction de l'aniline et de l'acide acétique par l'action de l'acide sulfurique concentré, ne permit pas de douter que cette expression dût être doublée, la composition de la nouvelle base devait par suite être représentée par la formule CMH,4N'. » Cette nouvelle formule a été confirmée par ]'analy6e du sel de platine 95.. ( 73o ) déjà mentionné, et par celle d'un azotate d'abord oléagineux, mais qui ne tarda pas à se prendre en beaux cristaux. » Les formules de ces deux corps ainsi obtenues sont, en effet : » Sel platinique : a[C14HuN8HGl],PtCl4; » Azotate : C«*H,4Na, UNO3. » Restait à trouver l'origine de la nouvelle substance et l'interpréta- tion de sa formule. Cette double donnée fut fournie par l'étude du chlorure d'acétyle employé à la préparation de la phénylacétamide. Lors de la distillation de ce chlorure, après que le produit principal eut passé, la température s'éleva peu à peu de 55 à 78 degrés, et les dernières portions recueillies consistaient en trichlorure de phosphore pur qui, évidemment, avait joué un rôle dans la formation de la nouvelle base. » En conséquence, je soumis la phénylacétamide à l'action du trichlo- rure de phosphore, et je constatai, en effet, la formation du nouveau corps, mais en très-faible quantité. Le résultat fut plus favorable quand je soumis la phénylacétamide et l'aniline mélangées en proportions variables à l'ac- tion du trichlorure de phosphore. La combinaison se forma dans tous les cas, mais en quantité variable. Les meilleures conditions paraissent être de chauffer ensemble 1 partie de trichlorure de phosphore, 2 parties d'aniline et 3 parties de phénylacétamide, ce qui correspond à 1 molécule de tri- chlorure de phosphore, 3 molécules d'aniline et 3 molécules de phénylacé- tamide, et la réaction s'exprime par l'équation 3 CH'N + 3C8I19 NO -t- PCI8 = 3 C" II1 * N2 + H3 PO3 + 3 HCl. » Il revient au même d'employer dans cette expérience, au lieu de l'ani- line, une quantité proportionnelle de chlorhydrate d'aniline. » Il était évidemment désirable d'éviter la préparation et la purification de la phénylacétamide et de produire ce corps dans le cours même de la réaction. A cet effet, 6 molécules d'aniline furent mélangées avec 3 molé- cules de chlorure d'acétyle, et le tout soumis à l'action de 1 molécule de tri- chlorure de phosphore. Le résultat n'aurait pas pu être plus favorable : 6C°H7 N 4- 3C2 IPOC1 -+- PCI1 = 3C,4II,4N2 + H3 PO3 + GHCI. » Après cette expérience, il n'y avait plus qu'un pas à faire pour arriver à la véritable préparation de la nouvelle matière et par suite à une iné- ( 73' ) thode générale pour la production d'une série infinie de corps analogues. » Évidemment il n'était pas non plus nécessaire de préparer à part le chlorure d'acétyle, la nouvelle combinaison devant être obtenue tout aussi facilement par l'action du trichlorure de phosphore sur l'aniline et l'acide acétique. Seulement il fallait effectuer le mélange dans des propor- tions telles, qu'après la transformation de l'acide acétique en chlorure d'acétyle il y eût encore assez de trichlorure de phosphore pour achever la réaction. Pour cela il fallait prendre 6 molécules d'aniline, 3 molécules d'acide acétique et 2 molécules de trichlorure de phosphore : 6C6H7N + 3C2H402 + 2 PCI3 = 3C4HMN2 + 2H3 PO3 + 6HC1. » La réaction est très-vive et doit être conduite avec précaution. On mé- lange, suivant l'équation ci-dessus, 3 parties en poids d'aniline avec 1 partie d'acide acétique, et l'on verse lentement dans ce mélange entouré d'eau froide 2 parties de trichlorure de phosphore, qui, dans ces proportions, se trouve être en excès. Le liquide visqueux ainsi obtenu est ensuite chauffé à 160 degrés pendant deux heures environ. Après le refroidissement on a une massse résineuse dure, cassante, d'un brun clair, transparente, qui se dis- sout dans l'eau bouillante en laissant généralement comme résidu de faibles traces d'un corps amorphe renfermant du phosphore. La dissolution claire obtenue par filtration, étant décomposée après refroidissement par l'action de la soude, donne un précipité cristallin blanc qu'il ne reste plus qu'à laver et à faire cristalliser une seconde fois dans l'alcool. » Les équations mentionnées ci-dessus nous font connaître la nature des expériences décrites au point de vue qualitatif et quantitatif, mais elles ne ne nous apprennent rien sur le véritable mécanisme de la réaction, qui est du reste très-simple. Le trichlorure de phosphore fait naître de l'eau qu'il fixe ensuite. L'oxygène est fourni par la phénylacétamide, mais la molécule de cette substance ne renfermant qu'un seul atome d'hydrogène typique, l'action est complétée par une molécule d'aniline qui abandonne le second atome d'hydrogène. Il se produit une diamine où le groupe trivalent C2H5 fonctionne à côté de deux résidus phényliques univalents, et d'un atome d'hydrogène typique restant de 2 molécules d'ammoniaque. » Qu'il nous soit permis pour le moment de donner à ce groupe le nom iVélliényle. La nouvelle combinaison serait alors Y éthényle-diphényldiamine, (C2H3)'" C,4Hur=j(C°H5)2 [N2, H ( 73s ) dont la formation, exprimée de la manière la plus simple, consisterait dans l'élimination d'une molécule d'eau abandonnée par une molécule de phé- nylacétamide et une molécule d'aniline : CaH»0] (C6H5j j(CaH8)'") C°H5 N+ H !n= H 0+ (C°H5)2 N2. H ) ( H ) *H> ( H ) Je fus curieux de vérifier cette interprétation par l'expérience. » L'iodure d'éthyle n'exerce aucune action à ioo degrés sur l'éthényle- diphényldiamine, mais à i5o degrés les deux corps réagissent l'un sur l'autre. Maintenu pendant cinq ou six heures à cette température, le mé- lange abandonna après refroidissement de beaux cristaux d'un iodure qui fut transformé en chlorure au moyen du chlorure d'argent et précipité sous la forme de sel plati nique. L'analyse montra que la combinaison ne renfer- mait qu'un seul groupe éthylique. En traitant le chlorure par la soude, on obtint la base correspondante, qui est une huile épaisse, insoluble dans l'eau, à laquelle elle ne communique pas la moindre réaction alcaline. Par l'action renouvelée de l'iodure d'éthyle elle fut bien de nouveau transformée en iodure, mais l'examen de ce dernier montra qu'il n'y avait pas eu adjonc- tion d'un second groupe éthylique, comme l'exigeait l'interprétation ci-des- sus. L'expérience fut donc répétée avec l'iodure de méthyle, qu'on sait réagir beaucoup plus fortement que l'iodure d'éthyle. L'iodure de méthyle agit en effet sur le composé éthylique déjà vers ioo degrés. L'iodure ainsi formé étant décomposé par l'oxyde d'argent donne naissance à une solution très-alcaline, d'où l'on peut conclure immédiatement que le groupe méthy- lique était venu s'ajouter au groupe éthylique déjà renfermé dans la combi- naison. Cette conclusion fut du reste pleinement confirmée par l'analyse du sel platinique obtenu par précipitation. » Cette expérience dévoile d'une manière satisfaisante la nature de l'éthé- nyle-diphényldianiine. L'action de l'iodure d'éthyle l'avait transformée en diamine tertiaire, Ycllicnylctltjle-diphényldiamine : (c2H'n (C2II5) N2, (CaH5)2! (lui avait donné avec l'iodure de méthyle une combinaison soluble dans ( 733) l'eau avec réaction alcaline et s' exprimant par la formule [(CaH3)'"(C2H5) (C6H5)2N2] r g O. » L'éthényle-diphényldiamine est d'une stabilité remarquable; elle dis- tille, comme nous l'avons dit, à une très-haute température sans subir au- cune décomposition. Fondue avec de l'hydrate de potassium, elle est à peine attaquée; cependant elle est facilement décomposée sous l'action de l'acide sulfurique concentré. La dissolution sulfurique de l'éthényle-diphé- nyldiamine chauffée doucement dégage de l'acide acétique, et par l'addi- tion d'eau le liquide faiblement coloré se prend en une masse cristalline d'acide salfanilique (C"H ) j (C2H301 (C6H5)2 N2 + 2H2S04= J 0 + 2(C°H7N, SO3). H ) ( ' » Inutile de remarquer qu'en changeant l'acide ou la base ou tous les deux dans la réaction entre le trichlorure de phosphore et l'acétate d'ani- line, on peut former une série incalculable de corps nouveaux dont la com- position est connue d'avance dans chaque cas particulier. Je n'ai presque pas poussé mes recherches dans ce sens. » La toluidine se comporte exactement comme l'aniline. La base produite se distingue à peine de la base phénylique. L'analyse du sel platinique a conduit à la formule i(C2H3)'"} C,,H,8Na==](CTH,)a Na. ( H 1 » La réaction est moins simple avec la naphlhy lamine. Le produit obtenu par l'action d'une molécule de trichlorure de phosphore sur 3 molécules de chlorure d'acétyle et 6 molécules de naphtylamine fut une masse peu attrayante, épaisse, à peine cristalline, qui, même après plusieurs dissolu- tions et précipitations successives, conserva ses propriétés résineuses. Toute- fois, l'analyse du sel platinique conduisit à la formule (C* H3)'"\ C»H,8Na = {(C,0HT)1 N2. H ) ( 734 ) » L'aniline, la tolnidine et la naphtylamine sont des monamines pri- maires; il me parut intéressant tle soumettre au même ordre d'expériences une monamine secondaire. Je choisis à cet effet la diphény lamine. En sou- mettant à l'action du trichlorure de phosphore un mélange à molécules égales de diphénylamine et de phénylacétamide, la réaction s'accomplit comme à l'ordinaire; la masse précipitée dans le chlorure par l'ammoniaque ne put être cristallisée et dut être par conséquent analysée sous la forme de sel platinique. La détermination du platine aussi bien que la combustion montrèrent que Y élliényle-lriphényldiamine s'était bien formée comme on s'y était attendu : C2II30] (C6H5 C6H5 N + CCI15}N = H H (H H (C2II3)" .'(C6H5)M C6H5 » On arriva au contraire à un résultat tout à fait inattendu en étudiant l'action du trichlorure.de phosphore sur un mélange d'acide acétique et de rnéthy (aniline. Comme j'opérais exclusivement sur une monamine secon- daire, j'avais espéré que la réaction s'effectuerait suivant l'équation [C6H C8H 5 il icï>H>!£*":>:k 1 ' ( > ((CCH5):1) Mais ce ne fut pas le cas; la réaction s'accomplit d'une façon irrégulière, et parmi les produits se trouva un chlorure dont la base correspondante, mise en liberté par l'oxyde d'argent, est soluble dans l'eau avec réaction alca- line; précipitée sous forme d'un sel platinique, elle fut reconnue pour être l'éthényle-diphényldiamines'étant approprié un double groupe méthylique. Il s'agissait donc d'une combinaison exprimée par la formule [(CH'ntfH^CH»)!*2]^! MO. » Évidemment, le groupe méthylique avait été abandonné dans ce cas par l'une des molécules de méthylaniline sous forme de chlorure de méthyle qui, s'étantjeté sur l'élhényle-diphénylinéthyldiamine, l'avait transformée en un chlorure correspondant à l'oxyde ci-dessus : 2[(C8Hs)(CII3)HNJ+C2ll3OCl = ll20+ [(C2II3)"'(C°Hs)a(CH3)N2]CHsCl. (735 ) » Qu'il nous soit permis de mentionner maintenant brièvement quelques recherches exécutées sur les dérivés des acides valérique et benzoïque. » Quintényldiphényldlamine. — Pour sa préparation, on opéra un mé- lange de 3 molécules d'acide valérique avec 6 molécules d'aniline, auquel on ajouta lentement, après refroidissement, 2 molécules de trichlorure de phosphore. En soumettant ensuite le tout pendant deux heures à une tem- pérature de i5o degrés, on obtint une masse visqueuse soluble dans l'eau. La solution traitée par la soude donna comme précipité un corps basique cristallin presque insoluble dans l'eau qu'on fit cristalliser dans l'alcool. » La combustion de la base dont le point de fusion est à 1 1 1 degrés, ainsi que l'analyse d'un sel platinique cristallisant en tables rhomboïdales, peu soluble dans l'eau, à peu près insoluble dans l'alcool, conduisirent à la formule j(C5H9)'") ;,7H20N'-= (C6H5)2 \W. ( H ) » Benzyldiphényldiamine. — Si, dans la dernière réaction, on remplace l'acide acétique par l'acide benzoïque, on obtient la combinaison benzy- licjue correspondante. J'ai préparé ce corps par l'action d'une molécule de trichlorure de phosphore sur un mélange de 3 molécules de phénylben- zamide et 3 molécules de chlorhydrate d'aniline. La réaction s'accomplit de la manière ordinaire. La base, qui est excessivement faible, cristallise sous forme d'aiguilles très-fines, douées de l'éclat du satin ; le chlorhydrate sous forme de lamelles brillantes peu solubles dans l'eau et perdant tout leur acide par une seconde cristallisation. L'analyse conduisit à la formule ((C7H5)'") C«9H,6N2 = (C«Hs)a N2. ( H ) » Cette combinaison a été déjà précédemment observée par Gerhardt. Il l'obtint dans un travail ayant pour but l'action du pentachloruro de phos- phore sur les amides, la dernière recherche qui l'ait occupé avant sa mort. De courtes notices sur ce sujet, trouvées dans ses papiers, ont été publiées par M. Cahours (1). (i) 4/wales de Chimie et de Physique, 3e série, t. LUI, p. 302. C. R., 1866, 1er Semestre. (T. LX.II, N° iô.) 96 ( 736) » Les termes phényliques des groupes acétique et valérique étudiés ci-dessus se rattachent naturellement à un corps que j'ai obtenu précédem- ment par une tout autre voie, et décrit sous le nom de formyldiphényldia- mine (i), mais auquel j'aimerais maintenant attribuer le nom de métliényl- diphényldiamine , conformément à la nomenclature employée dans ce Mémoire. » J'obtins ce corps par l'action du chloroforme sur l'aniline; la relation avec les combinaisons citées plus haut se reconnaît par un simple coup d'œiljeté sur les formules qui suivent : (Cil)'" ) Méthényldiphényldiamine C,3II,2N2 = j (CH5)2 ' N2, H (C2H8)"' Ethényldiphényldiamine CuHMJSa =<|(C6H5)2 \W, II (C5H9)"' QnintényldiphényldiamineC,7H20N2 = < (C°H5)2}]N2 H » Il me parut utile de prouver par une expérience spéciale l'analogie existant entre la méthényldiphényldiamine obtenue par une voie si diffé- rente et les corps décrits dans ce Mémoire. A cet effet, j'exposai la phényl- formamide (2) à l'action d'un mélange d'aniline et de trichlorure de phos- phore. L'expérience montra que, de cette façon, on peut obtenir beaucoup plus facilement la combinaison méthénylique qu'à l'aide du chloroforme. (1) Prnceedi/igs 0/ thc Rnyal Society, t. IX, p. 22g. (2) J'ai préparé, dans cette occasion, des quantités assez considérables de phénylforma- niide, que Ton obtient plus facilement en faisant digérer de l'aniline avec de l'éther éthylfor- mique que par l'ancien procédé (distillation de l'oxalale d'aniline). La phényllormamide présente la propriété remarquable, inconnue jusqu'ici, d'être précipitée de sa solution aqueuse sous forme d'une masse solide faiblement cristalline par une dissolution concentrée de soude. Le corps ainsi formé étant promptenient desséché dans du papier Joseph, peut être soumis à l'analyse qui donne la formule /CHO\ C'HcNaNO= C'H1 N; ( Na) mis en cpntactavcc de l'eau, il régénère la phénylforraaniide et l'hydrate de sodium. (737 ) » Rappelons brièvement, en terminant, le rapport existant entre les bases décrites ci-dessus et Yacédiamine C2H6N2 = l TI3J N% ( H3 ) corps obtenu par M. Strecker (i) en traitant l'acétamide par l'acide chlorhy- drique gazeux, et auquel, suivant la nomenclature précédemment adoptée, il faudrait donner le nom à'élhényldiamine. Cette combinaison est remar- quable par sa faible stabilité; elle se décompose facilement en acide acé- tique et ammoniaque, contrairement au dérivé phénylique qui ne subit la transformation analogue qu'avec la plus grande difficulté. » On n'a pas encore produit la quintényldiamide correspondante à la quintényldipbényldiamine. En revanche, la mélhényldiamine existe, quoique la combinaison à laquelle je fais allusion n'ait pas été probablement consi- dérée à ce point de vxie; elle n'est du reste autre chose que le cyanure d'ammonium : h» n2 MéthényldiPhé"yi- C6HL N2 ( ' diamine r ( H ) ( II ) » L'instabilité de ce corps est très-connue; parmi les produits de la dé- composition se trouvent Y acide formique et Yammoniaque. » On sait, de plus, que l'action de l'ammoniaque sur le chloroforme (trichlorure de méthényle) produit du cyanure d'ammonium, au moyen dune réaction tout à fait semblable à celle qui donne naissance à la base phénylique analogue dans l'expérience correspondante faite avec l'ani- line. » BOTANIQUE. — Sur les racines aérifères des espèces aquatiques du genre Jussiaea; par M. Cu. Maktins. « Le genre Jussiœa, de la famille des Onagraires, se compose actuelle- ment d'environ 80 espèces, les unes terrestres, vivant même dans les lieux secs, les autres aquatiques, végétant dans les eaux douces et tranquilles de l'Asie, de l'Afrique, de l'Amérique et de l'Australie. Rheede le premier (2) (1) Annalen der Chemie und Pharmacie, t. CIII, p. 321. (2) Hortus malabaricus, t. II, p. 99 et tab. 5i; 1679. 96.. ( 738 ) figura sur les rameaux du Jassiœa repens du Malabar des racines blanches, spongieuses et flottantes dans l'eau. Ces organes furent revus par Humboldt et Bonpland (i) sur le Jussiœa natans de la Nouvelle-Grenade qui, suivant eux, n'est pas fixé au fond de l'eau, mais soutenu à la surface par ses ra- cines aérifères. John Sims (2) signala ces organes sur les Jussiœa grandiflbra de la Géorgie cultivés dans le jardin de Rew, et Delile les décrivait dans une Note manuscrite de l'Herbier du Jardin des plantes de Montpellier. Plus tard de Martius (3) donnait le nom de Jussiœa lielminthoriza à une espèce de Bahia dont les racines aérifères ressemblent à des vers intestinaux. Enfin, de tous les auteurs modernes, Hasskarl (4) est celui qui a le mieux décrit et distingué ces racines singulières sur le Jussiœa repens des marais de Java. a Ces organes signalés par les botanistes descripteurs n'avaient jamais été l'objet d'une étude spéciale. En 1862, M. Durieu de Maisonneuve me montra dans le Jardin des plantes de Bordeaux le Jussiœa diffusa de Forskahl [J. repens, L., J. stolonijera, Guill. et Per.)que M. Letourneux avait décou- vert près de Bone, en Algérie. La plante végétait dans un baquet, et le fond de l'eau était hérissé de corps blancs, cylindriques, spongieux, s' élevant ver- ticalement comme de petites colonnes. Je résolus d'étudier ces organes, et grâce aux graines envoyées par M. Durieu, je cultivai l'année suivante le Jussiœa dijjusa dans le Jardin des plantes de Montpellier et l'observai si- multanément avec le /. grandiflora qui non-seulement se maintient dans le canal de l'Ecole botanique depuis 1823, mais encore s'est naturalisé dans la rivière du Eez et les canaux d'irrigation qui en dépendent (5) depuis l'année i83o. » Quand on étudie ces deux plantes, on trouve qu'elles ont quatre sortes de racines naissant sur les renflements des rameaux immergés qui portent également des feuilles et des fleurs : i° des racines filiformes, non ramifiées, situées vers l'extrémité des rameaux; 20 des racines rameuses ou plutôt pectiniformes; 3° des racines également pectiniformes, mais dont l'axe est devenu plus épais, blanchâtre et spongieux : ces trois espèces de racines sont flottantes ou s'enfoncent dans la vase ; 4° enfin des racines d'un aspect (1) Plantes œquinoctiales, t. I, p. 16 et tab. 3,Jîg. B; 1808. (2) Curtis's botanical Magazine, t. XLVII, tab. ?\2i; 1820, (3) Berbarium Florœ brasiliensis dans Flora, t. XXII, pars I. Bcy-Blactter, p. 61; 1839. (4) Plantée javanicee rations, y. 44°î '848. (5) Alphonse de Candulle, Géographie botanique, p. 71 4- ( 739 ) complètement différent de celui des précédentes, simples, cylindriques ou coniques, molles, spongieuses, blanchâtres ou rosées, toujours flottantes, dressées verticalement dans l'eau et remplies d'une grande quantité d'air : ce sont les racines aérifères, véritables vessies natatoires delà plante qu'elles soutiennent à la surface de l'eau. L'examen microscopique de ces racines, fait avec mon collègue M. Charles Rouget, nous a montré qu'elles se com- posent d'un faisceau vasculaire central, puis d'un tissu cellulaire à grandes mailles lacunaires remplies d'air qui sont en contact direct avec l'eau, sans l'interposition d'une couche épidermique. Cette structure, comparée à celle d'une racine ordinaire ramifiée, montre que la racine aérifère n'est qu'une modification de la racine absorbante. Celle-ci se compose en effet : i° d'un faisceau vasculaire central identique à celui de la racine spongieuse; 2° d'un tissu cellulaire formé de rangées de cellules prismatiques juxtaposées au centre, mais séparées vers la circonférence par des lacunes intercellulaires remplies de gaz et d'autant plus grandes qu'on les examine plus près de la périphérie; 3° d'une couche épidermique formée de plusieurs rangées de cellules allongées. La transformation du tissu cellulaire simple en tissu la- cunaire produit la distension et le raccourcissement de la racine, amène la destruction de l'épidémie, détermine l'avortement presque constant des ra- mifications latérales, et transforme un organe absorbant en une véritable vessie natatoire qui soutient les stolons du végétal à la surface de l'eau. Sur quelques individus, le tissu spongieux aérifère se développe également sur la tige et fait saillie à travers 1'épiderme déchiré. » Il était curieux de connaître la composition de l'air contenu dans ces racines. M. Moitessier, agrégé de Chimie à la Faculté de Médecine de Montpellier, s'est assuré par quinze analyses très-concordantes, faites cha- cune sur i5 à 3o centimètres cubes d'air à l'aide du phosphore, que cet air se compose en moyenne de : Azote 87 ,0 Oxygène 1 3 , o La composition de l'air dissous dans l'eau était de 3i,3 pour 100 d'oxygène dans l'eau courante, et de 16,7 pour 100 quand l'eau ne se renouvelait pas, sans que la composition de celui des racines aérifères fût modifiée par ces différences. ( 7*o) » Ces expériences sont dans le même sens que celles de Dutrochet (i), qui a trouvé 8 pour ioo d'oxygène dans l'air des racines enfoncées dans la vase, et 16 pour ioo dans les rhizomes du Nupliar luteitm. Elles ne sont pas contraires à la théorie de ce célèbre physiologiste, suivant lequel cet air se- rait de l'air atmosphérique qui aurait pénétré successivement des feuilles aux racines en s'appauvrissant de son oxygène qui se combinerait avec les tissus végétaux. » Ainsi donc, chez les végétaux aquatiques, divers organes, les feuilles dans les Utriculaires et Y Aldrovanda vesicutosa, les pétioles dans le Trapa nalans et le Pontederia crassipes, les racines dans les Jussiœa, jouent le rôle de vessies natatoires. lien est de même dans les animaux, où la vessie natatoire des Poissons est l'analogue du poumon des Mammifères, tandis que dans les Nautiles ce sont les chambres de la coquille, dans certains Siphono- phores des vésicules aériennes ou des boucliers aérifères, comme dans les Vélelles, qui soutiennent l'animal à la surface ou dans une zone déterminée au-dessous de la surface de l'eau. Ainsi, dans le règne animal comme dans le règne végétal, les mêmes fonctions sont remplies par des organes diffé- rents qui n'ont jamais une destination unique et déterminée d'avance. » M. Velpeau présente au nom de l'auteur, M. Séditlot, un exemplaire de la troisième édition de son Trailé de Médecine opératoire, nouvellement publiée par le savant Correspondant de l'Académie. NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un nouveau Membre qui remplira, clans la Section de Botanique, la place devenue vacante par suite du décès de M. Montagne. Au premier tour, le nombre des votants étant de 54, M. Trécul obtient 3g suffrages. M. Chatin i4 » Il y a un billet blanc. M. Tkécul, ayant réuni la majorité des suffrages, est proclamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur. (i) Mémoires pour servir à l'histoire anatomique cl physiologique tics Fègëlaux, t. II, p. 34o; 1837. ( 74 « ) L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la nomi- nation de la Commission qui sera chargée de l'examen des pièces admises au Concours pour le prix de Mécanique de 1860. MM. Combes, Morin, Delaunay, Piobert, Séguier réunissent la majorité des suffrages. L'Académie procède enfin, toujours par la voie du scrutin, à la nomina- tion de la Commission qui aura à décerner le prix de Statistique de 1866. (Commissaires : MM. Bienaymé, Mathieu, Dupin, Passy, Boussingault.) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. GÉOGRAPHIE. — De l'effet des attractions locales sur les longitudes et les azimuts; applications d'un nouveau théorème à l'étude de la figure de la Terre. Note de M. Y von Villarceau, présentée par M. J.-A. Serret. (Renvoi à l'examen de la Section de Géographie et de Navigation.) « Quelle que soit la figure du sphéroïde terrestre, par un point M de sa surface menons une parallèle à l'axe du monde et, par cette parallèle, un plan de direction encore indéterminée et assujetti seulement à faire un petit angle avec le méridien astronomique du lieu; dans ce plan, et par le point M, menons une droite de direction indéterminée et assujettie seule- ment à faire un petit angle avec la direction du zénith astronomique. Nous nommerons le plan ainsi défini plan méridien auxiliaire, et la droite zénith auxiliaire. Soit B un signal géodésique observé du lieu M, Z son azimut par rapport au méridien auxiliaire, et compté du sud à l'ouest. « Si nous construisons une sphère ayant son centre au point M, les trois plans menés par le zénith auxiliaire, par le point B et la droite parallèle à l'axe du monde (dont nous considérons seulement la partie boréale), détermineront un triangle sphérique. Soient A, B, C les trois angles de ce triangle, répondant respectivement aux trois points où les droites percent la sphère;, #, b, c les trois côtés opposés; ces côtés seront respectivement égaux à la distance polaire du signal B, à la colatitude du lieu et à la dis- tance zénithale du signal (les deux derniers se rapportant bien entendu au zénith auxiliaire). On aura, dans le triangle ABC, cotAsinC -f- cosb cosC — cota sinJ = o. » Considérons actuellement la vraie direction du zénith, telle que la dé- ( 7^ ) terminent les attractions locales et autres, et formons un nouveau triangle sphérique au moyen de cette direction et de celles du pôle et du point B. Soient alors A', B', C, a', b' ', c' les angles et les côtés de ce nouveau triangle. Les deux triangles n'auront de commun que le côté a = a'. Pour déterminer les différences des quantités homologues dans les deux triangles, il suffira de différentier l'équation précédente en y supposant a constant. Effectuant la différentiation et ayant recours à des relations connues, on trouve âA -h (cosb — cotcsinZ* cosA) âC -4- cote sinA âb = o. Or, le point B étant censé à l'horizon du lieu M, on a c' = 90 degrés et cote' = o; d'où, en négligeant les quantités du deuxième ordre, (1) (?A-t-cos^c?C = o. » Pour nous conformer aux usages géodésiques, nous remplacerons les azimuts par leurs suppléments, ce qui donnera c?A = A' — A = — [71 — Z). Si nous comptons les longitudes 4^et^ du méridien auxiliaire et du méridien astronomique dans le sens de l'est à l'ouest, nous avons C+ ^=C'+ £_', d'où c?C= C— C = — (r_' — .çj ; enfin, b étant égal au complément de la latitude L du zénith auxiliaire, nous pouvons prendre cos£ = sinL = sinL', en nous tenant au même degré d'approximation. Moyennant la substitu- tion de ces valeurs, l'équation (1) devient (2) Z'-Z + rinL' (£-{.). = °. relation qui a nécessairement lieu, quels que soient les attractions locales et le plan méridien auxiliaire considéré, pourvu que l'écart angulaire entre ce plan et le méridien astronomique reste un petit angle. Application à la démonstration d'un théorème de Laplacc relatif aux sphéroïdes peu différents de la .y/ hère. » Soit une ligne géodésique issue d'un lieu dont la longitude et la lati- tude sont £0 et L0, et menée suivant la direction 'australe du méridien de ce lieu : il est clair que si la Terre est un sphéroïde de révolution autour de son axe de figure, la ligne géodésique sera contenue tout entière dans le plan méridien passant par le lieu de départ; mais si le sphéroïde n'est pas de révolution, la ligne géodésique s'écartera progressivement de ce plan. En un point de latitude L, la direction de la ligne géodésique ne coïncidera pas non plus avec le méridien astronomique de ce lieu. Si nous prenons, ( 743 ) pour direction du signal B, celle du prolongement austral de la ligne géodésique, l'azimut astronomique de B sera Z'. Maintenant, considérons l'ensemble des points de la ligne géodésique compris entre L0 et L, et soit, en un point de cette ligne, 4L la longitude d'un plan méridien auxiliaire assujetti à être tangent à la ligne géodésique en ce point. Au point L0, j^se confondra avec .Ç_o> et au point L on aura <-=**+ J[ sfrfi* Or la dérivée -^- étant supposée développée en séries suivant les puissances de l'accroissement L — L0, elle aura la forme rf-Ç. dh = p(L- L0) + q (L - L0)s + puisqu'à l'origine le pian méridien auxiliaire se confond avec le méridien astronomique; on aura donc Le sphéroïde étant actuellement supposé peu différent de la sphère, les coefficients p, q,... seront très-petits, du premier ordre par exemple, car ils doivent s'annuler dans le cas de la sphère; si nous supposons, en outre, que l'amplitude L — L0 soit du même ordre de petitesse, l'intégrale précé- dente sera une quantité très-petite du troisième ordre : d'où il suit qu'aux termes près de cet ordre, on aura 4^= £„. Prenant donc pour plan méri- dien auxiliaire au point M celui qui est tangent à la ligne géodésique en ce point, on aura, pour l'azimut Z de B rapporté à ce plan, Z = o. Substituant enfin dans l'équation (2) les précédentes valeurs de .^ et Z, i! viendra (3) Z'+sinL'(^-4Lo) = o, équation qui coïncide avec le théorème donné par Laplace dans la Méca- nique céleste (t. II, p. [ 17), sous la forme (V — V,) simj;, = st. Il faut remar- quer que zz est l'azimut Z' compté en sens contraire, et quo à, est la lati- tude du point de départ; or, au degré d'approximation de ce théorème, on peut écrire 1/ au lieu de ^,. L'auteur de la Mécanique céleste a déduit son résultat d'une analyse assez compliquée; il en caractérise l'importance en ces termes : C. R., 18CG, i« Semestre. (T. LXI1, N° 15.) 97 ( 744 ) « Ainsi l'on peut, par l'observation seule et indépendamment de la con- » naissance de la figure de la Terre, déterminer la différence en longitude » des méridiens correspondants aux extrémités de l'arc mesuré, et si la » valeur desr est telle qu'on ne puisse l'attribuer aux erreurs des observa- » tions, on sera sûr que la Terre n'est pas un sphéroïde de révolution. » » lie théorème de Laplace ne concerne que les arcs méridiens, et son application est limitée par la condition que leur amplitude reste faible. Il n'en est pas ainsi de notre formule (2) que nous allons appliquera l'en- semble des points principaux d'un réseau trigonométrique. application générale à l'étude de la figure de la Terre. » On est dans l'usage de comparer la surface terrestre à un ellipsoïde de révolution dont l'axe coïncide avec l'axe de figure, sauf à vérifier ensuite si les résultats auxquels conduit cette assimilation s'accordent d'assez près avec les observations. Admettons, en nous conformant à cet usage, que l'on dispose de données astronomiques et géodésiques relatives à un nombre convenable de points convenablement espacés, et qu'après avoir résolu les équations de condition propres à déterminer les valeurs des inconnues qui établissent le plus grand accord possible entre les données, on prenne pour méridien auxiliaire au lieu (.£_, L) le plan normal à la surface du sphé- roïde qui est parallèle à l'axe du monde. Partant d'un point donné, au moyen des valeurs fournies par la résolution des équations de condition, on calculera de proche en proche les coordonnées et la direction du méri- dien pour les divers points qui conduisent au lieu (£_, L). Alors il arrivera que si la figure de la Terre est telle qu'on l'a supposée, la direction australe du méridien, fournie par le calcul, coïncidera, au moins approximative- ment, avec celle du méridien tracé sur le sphéroïde; dans le cas contraire, la direction calculée fera un certain angle p. avec ce méridien. Supposons cet angle compté du sud vers l'ouest : un azimut, rapporté à notre méri- dien auxiliaire, se trouvera être égal à l'azimut calculé, augmenté de l'angle /j.. Convenons, pour plus de simplicité, que Z désigne désormais l'azimut calculé, nous devrons changer, dans l'équation (9.), Z en Z -t- \j.. Alors cette équation deviendra (4) Z'-Z-4-sinL'(t'-^) = fJ- » On en conclut que si le sphéroïde peut, dans son ensemble, être assi- milé à un ellipsoïde de révolution, on aura, aux erreurs près des obser- ( 745) vations, et quelles que soient les attractions locales, (5) Z'-Z+ sinL'(<:-0 = 0- S'il en est autrement, la figure de la Terre n'est pas celle d'un ellipsoïde de révolution. » Les mêmes considérations s'appliqueraient au cas d'un ellipsoïde à trois axes inégaux, et le résultat jxrîo en détruirait la possibilité. » Il est à peine nécessaire d'ajouter que les différences Z'— Z et .£_' — £ n'auront pas besoin d'être effectivement calculées après la résolution des équations de condition, car ces quantités exprimeront précisément les erreurs de ces équations. » On peut remarquer que si l'exactitude des azimuts géodésiques pouvait permettre de les substituer aux latitudes (*), au lieu de poser des équations de condition de la forme L' — L == o ou £ — .f.= o, auxquelles il est géné- ralement impossible de satisfaire, il serait préférable d'employer la forme unique (5), puisque cette équation devrait être satisfaite, quelles que fussent les attractions locales. » GÉOLOGIE. — Sur te terrain nwnmulilique de l'Italie et des Alpes : réponse à une réclamation de M. Delbos ; par M. Hébert. (Commissaires précédemment nommés : MM. d'Archiac, Daubrée.) « Le Compte rendu de la séance du 9 octobre dernier contient une récla- mation de priorité faite par M. Delbos, au sujet du travail que j'ai pré- senté à l'Académie le 7 août précédent, « sur le terrain nummulilique de » l'Italie septentrionale et des Alpes ». Cette réclamation m'avait échappé jusqu'ici, c'est pourquoi je réponds aussi tardivement. » J'ai été fort étonné, je l'avoue, de lire cette phrase : « Je suis heureux » de voir M. Hébert arriver aux mêmes résultats que moi, à l'aide de do- » cuments qui n'existaient pas encore il y a onze ans, à l'époque delà » publication de mon Mémoire. » » Si M. Delbos a eu, comme d'antres géologues, l'idée de placer le jlysch au niveau du gypse du bassin de Paris, il est facile de voir, d'a- près plusieurs passages du travail (p. i3o, i3i, 1 34) qu'il invoque, que (*) La triangulation anglaise de l'Inde s'y prêtera sans doute, dès que la détermination astronomique des longitudes sera effectuée. Cette détermination est déjà commencée. 97- f 7ï6 ) cette idée est, chez lui, tout à fait hypothétique. Cette idée, d'ailleurs, nous l'avions, M. Renevier et moi, exprimée avant M. Delbos, dans un Mémoire lu à la Société Géologique de France, le 16 janvier 18G4, imprimé, par extrait, au Bulletin de cette Société (t. XI, p. 587-614)» et publié in extenso, dans le cours de celte même année , dans le Bulletin de In Société de Statis- tique de l'Isère. Le Mémoire de M. Delbos n'a été rendu public qu'en dé- cembre. » Le flysch n'a d'ailleurs fait l'objet de mes études que d'une manière accessoire, et on va voir, par quelques exemples, combien la classifica- tion de M. Delbos diffère de la mienne. Je place les assises nummulitiques de Fatidon et des Diablerets, ainsi que les lignites d'Entrevernes , au ni- veau du gypse et du calcaire de Saint-Ouen, et j'en fais l'éocéne supérieur des Alpes. M. Delbos considère toute cette série comme l'équivalent de l'éocéne inférieur du bassin de Paris, savoir : les lignites d'Entrevernes, répondant, pour lui, aux lignites du Soissonnais; les calcaires à nummu- litesdesHautes-Alpes, aux lits coquilliers. Il met Faudon au-dessous de Nice, tandis que nous avons démontré, dès 1 854, qu'il est supérieur. Il sépare ainsi les assises nummulitiques de Faudon et des Diablerets du système du flysch par tout l'éocéne moyen, tandis que je les considère comme com- pris ensemble dans l'éocène supérieur. M. Delbos place aussi les lignites de Cadibona au niveau des lignites du Soissonnais, tandis qu'ils correspon- dent aux calcaires de Beauce. » Je me crois donc autorisé à déclarer que dans l'essai de classifica- tion de ce grand système si controversé des assises nummulitiques , que j'ai livré à l'appréciation des géologues, je n'ai pu, en aucune façon, m'ap- puyer sur le Mémoire, si estimable d'ailleurs, de M. Delbos. » J'ajouterai qu'il en est de même relativement à SirRoderick Murcbison, dont le nom a été cité a cette occasion par M. Élie de Beaumont. Son grand et beau Mémoire sur les Alpes, destiné à fournir longtemps encore de fruc- tueuses données aux investigateurs, a tranché définitivement la question de l'âge du terrain nummulitique; mais il n'est point entré dans le détail des subdivisions de ce grand ensemble, et il n'a donné par conséquent au- cune classification analogue à celle que je propose. » Le travail dont le résumé a paru dans les Comptés rendus de l'Aca- démie sera prochainement publié en son entier. Il deviendra alors plus facile d'apprécier la méthode que j'ai suivie et d'en discuter les résultais. » (747 ) anatomie COMPARÉE. — Développement de i 'encéphale des Poissons. Nouvelles recherches de M. Hollard. « Les personnes qui ont étudié le développement de l'encéphale chez les Poissons, aux différentes périodes de la vie embryonnaire, savent combien il est difficile de mettre à découvert la base du cerveau sans lésion, et de voir d'une manière nette les détails d'organisation qu'elle présente pendant ces premiers âges. C'est faute d'avoir obtenu des préparations satisfaisantes que j'ai du, dans le travail que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie sur la détermination des organes encéphaliques des Poissons, m 'abstenir de parler de mes recherches sur l'état primordial de ces organes, sujet que je n'ai cependant ni négligé, ni même perdu de vue depuis la rédaction de mon Mémoire. Ayant reçu, il y a huit jours, des œufs de Truite (d'IIunin- gue), j'ai repris mes observations, et cette fois j'ai été assez heureux pour réussira bien voir les lobes inférieurs, sujet de controverse pour les ana- tomistes, et sur lesquels l'Académie avait appelé très-spécialement notre attention. » Une préparation qu'il m'est maintenant facile de reproduire, et que j'ai fait voir à plusieurs personnes, est venue confirmer de la manière la plus manifeste le fait nouveau que j'ai signalé dès l'année dernière et qui décide de la place des lobes inférieurs dans la série des organes cérébraux des Poissons, fait que M. le Rapporteur de la Commission qui a jugé mon Mé- moire a parfaitement analysé: je veux parler du passage des pédoncules cé- rébraux par les lobes inférieurs avant leur terminaison dans les hémi- sphères. Déjà, sur le Poisson adulte, cette disposition est si incontestable, que j'ai vivement regretté que la Commission ne l'eût pas vérifiée, car elle lui eût donné sans hésitation toute sa signification; confirmée par la nou- velle observation que j'ai l'honneur de communiquer aujourd'hui à l'Aca- démie, cette relation des lobes inférieurs avec l'ensemble du faisceau pé- donculaire, et par suite avec les lobes antérieurs ou hémisphériques, con- vaincra, je l'espère, toutes les personnes qui ont bien compris les connexions et l'ordre sériai des organes encéphaliques, que ce n'est pas arbitrairement que je considère les lobes inférieurs comme les équivalents des corps striés. Non-seulement j'accepte à cet égard la responsabilité de ma détermination, mais je me permets de penser, malgré la réserve de M. le Rapporteur de la Commission, que tous les anatomistes qui voudront bien prendre la peine de vérifier mes observations m'allégeront le fardeau de cette responsabilité ( 748 ) et rendront avec moi, à la dernière classe des animaux vertébrés, un organe encéphalique de premier ordre qu'on leur refuse encore, et qui ne manque à aucune des autres classes. » [Renvoi à la Commission qui a fait le Rapport sur les pièces de concours du grand prix de Sciences physiques de i8G5 (question concernant le système nerveux des Poissons)]. CORRESPONDANCE. 31. LE MlXISTRE DE l' AGRICULTURE, DU COMMERCE ET DES TlUVAUX PURLICS adresse des billets d'entrée pour la séance de distribution des prix aux lauréats du concours d'animaux de boucherie qui aura lieu à Poissy, mer- credi prochain 28 mars, jour de l'exposition publique. M. le Ministre de lIxstructiox publique transmet un nouveau Rapport adressé à M. le Ministre des Affaires étrangères par M. Ledoulx, Consul de France à Syra, sur les phénomènes volcaniques dont les environs de Santorin continuent à être le théâtre. D'après les renseignements fournis à M. le Consul, ces phénomènes ont depuis sa première communication pris une nouvelle intensité : les bruits souterrains, souvent comparables à des détonations d'artillerie, s'entendent à de grandes distances; des tourbillons de fumée et de cendres lancées à des hauteurs considérables s'aperçoivent de fort loin et jusqu'à 5o nulles au large; la mer, dont la couleur est altérée, bouillonne, et sur divers points laisse échapper des vapeurs blanches à odeur sulfureuse; enfin, il faut signaler l'apparition croissante à vue d'œil de plusieurs îlots. Des bâtiments de guerre à vapeur grecs, français, autrichiens, anglais et russes n'ont pas cessé de se succéder sur la rade, malgré les difficultés plus grandes qu'elle présente en ce moment. Le gouvernement hellénique a déjà envoyé sur les lieux une Commission composée de nationaux et de quelques étrangers que leurs connaissances spéciales recommandaient à son attention. L'effroi des habitants avait commencé à se calmer, lorsque, le 21 fé- vrier, jour où la mer était agitée par une violente tempête, le volcan sous-marin prit un redoublement d'activité et sembla s'être ouvert une issue plus large au milieu des îles Caïmeni; les commotions furent ressen- tir-, au loin, et de noires colonnes de fumée el île cendres s'élevèrenl à une hauteur considérable; des pierres incandescentes lancées en même temps ( 749 ) parvinrent à de grandes distances et plusieurs atteignirent la grande île ha- bitée. Plusieurs navires qui se trouvaient dans ces parages, en même temps que la tempête les menaçait de sombrer, purent se croire en danger d'être in- cendiés par les projectiles brûlants qui retombaient sur eux. Deux membres de la Commission, qui en ce moment étaient près du théâtre des éruptions, faillirent également être écrasés sous les pierres. Ailleurs plusieurs per- sonnes ont été tuées, d'autres en nombre assez considérable plus ou moins grièvement blessées. Les habitants qui se rappellent les catastrophes anté- rieures redoutent non-seulement ces sortes d'accidents, mais encore craignent que les exhalaisons méphitiques, auxquelles ils attribuent les maladies qui après la dernière éruption eurent de terribles suites pour le pays, n'en aient encore cette fois de semblables. Géologie. — « M. Ch. Saixte-Claiiie Deville lit l'extrait d'une Lettre qui lui est adressée de Naples et dans laquelle M. Pignant, professeur à la Faculté chimique de cette ville, annonce qu'ayant fait, le 12 mars, en compagnie de M. A. Mauget, l'ascension du cône supérieur du Vésuve, il a trouvé ce volcan en éruption de la veille. Cette éruption consiste en une sortie de laves dans l'intérieur même du cratère : « éruption fort calme, » dit l'auteur de la Lettre, mais qui n'en est pas moins destinée à changer » complètement l'aspect du cratère. De i5o mètres environ, la profondeur » était réduite à 40 mètres, et il paraît qu'elle a encore diminué depuis. » » M. Pignant promet, d'ailleurs, des détails plus complets et des dessins exacts de l'état actuel du cratère supérieur. » CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches chimiques sur les cires. Note de M. Liès-Bodart, présentée par M. Fremy. « Depuis qu'il nous arrive d'Amérique de grandes quantités de cires plus ou moins paraffinées, les acheteurs attendent une méthode exacte de dosage de l'hydrocarbure C51 H54 contenu dans la cire. Cette méthode, je l'ai trou- vée, et je demande à l'Académie l'autorisation de la lui présenter; elle repose sur deux faits chimiques : la saponification et Y élhërificalion . Voici comment s'exécute l'analyse. » Je dirai tout d'abord, pour ne pas y revenir, que je n'opère que dans des vases de Bohême qui supportent, sans se briser, des variations brusques de température. » Je dissous 5 grammes de cire paraffinée dans 5o centimètres cubes d'al- ( ?5o) cool amylique; je porte à 100 degrés au bain-marie; d'un autre côté je chauffe également à ioo degrés ioo centimètres cubes d'acide sulfurique fumant, étendu préalablement île la moitié de son volume d'eau ; je le verse dans l'alcool, et je maintiens sur le feu jusqu'à ce que tout dégagement de huiles ait cessé, et je laisse refroidir. » Je retire avec facilité un gâteau dont le poids est plus du double de celui de la cire employée; c'est un mélange de paraffine, d'alcool mélis- sique, de cérotate et de palmitate d'amyle^ les trois derniers étant déjà un peu altérés par l'action de l'acide sulfurique en excès. » Je traite ce gâteau au bain-marie à 100 degrés par 5o centimètres cubes d'acide sulfurique monohydraté, et 25 centimètres cubes de Nordhausen ; l'attaque, qui est très-modérée, dure deux heures environ (dans tous les cas, on doit aller jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus la moindre bulle de gaz, même pendant l'agitation avec une baguette de verre; il est impor- tant que tout, moins la paraffine, soit charbonné). » Après refroidissement, j'obtiens un gâteau charbonné que j'exprime et (pie je dissous à ioo degrés dans 5o centimètres cubes d'alcool amylique, et je dispose un filtre sur un entonnoir de verre placé lui-même dans un entonnoir de fer-blanc rempli d'eau bouillante (sans cette précaution le li- quide ne passerait pas); je lave une première fois avec 5o centimètres cubes d'alcool, puis une seconde fois avec la même quantité; cela fait en tout i5o centimètres cubes. Je chauffe la dissolution à ioo degrés, et j'y verse 70 centimètres cubes d'acide sulfurique monohydraté, à peu près la quantité nécessaire pour transformer l'alcool en acide sulfamylique, qui ne dissout pas la paraffine (ainsi que l'a trouvé M. Roard), et on maintient encore dix minutes sur le feu. » On laisse refroidir et on obtient un gâteau de paraffine qui n'est pas encore pur, mais que l'on purifie par le procédé Roard. » Si la carbonisation a été bien faite, deux purifications suffisent; le dernier gâteau est la quantité exacte de paraffine. Sur 5 grammes de cire contenant 29 de paraffine, j'en ai retrouvé ig'\99. » Dans cette opération, la paraffine n'est pas touchée; elle léserait, au contraire, notablement si l'on employait du Nordhausen pur, de sorte que la méthode de M. Landolt n'est pas suffisamment exacte. » Quand on veut avoir les produits de la saponification, on n'agit pas d'une façon aussi brusque; voici comment on opère : » On dissout à 100 degrés 20 grammes de cire pure dans 5o centimètres cubes d'alcool amylique, et on y verse 5o centimètres cubes de l'acide sul- ( 7*1 ) fïirique, également à ioo degrés, qui a servi à la première saponification. Après avoir agité pendant quelques instants, on retire du feu et on porte le vase dans l'eau froide. On obtient un gâteau A et un épaisse bouillie B. On traite de la même façon 20 autres grammes de cire qui donnent également un gâteau A et une bouillie B. » On redissout à 100 degrés les gâteaux A dans 5o centimètres cubes d'alcool amylique, et on verse, comme précédemment, 5o centimètres cubes du même acide sulfurique. » Cette troisième opération donne un gâteau A' et une bouillie B'. » On traite le gâteau A'dc la même façon, et, après cinq opérations, le der- nier gâteau a tout à fait changé d'aspect : il est blanc, soyeux, très-onctueux et se laissant malaxer avec une grande facilité; c'est de l'alcool mélissiqne à peu près chimiquement pur, souillé encore par un peu de cérotate d'amyle, et il est facile de les séparer : on le chauffe avec de l'alcool ordinaire qui, à rébullition, dissout l'alcool mélissique et laisse indissoute une huile lourde qui, par le refroidissement, se concrète sous la forme oolithique (la gros- seur des œufs varie avec la quantité de matière; j'en ai obtenu du volume d'une noisette, de petits pois et d'œufs de poisson); ce corps est certaine- ment le cérotate d'amyle ; il fond à 44 degrés. » Revenons à la partie dissoute par l'alcool bouillant. Par le refroidisse- ment du véhicule, le tout se prend en une espèce d'empois d'un blanc éclatant, à reflet soyeux; il fond à 86 degrés : c'est le beau corps obtenu et décrit par M. Broche. » On réunit les bouillies B, B', etc., et on les verse dans une grande quantité d'eau que j'appellerai C. Une matière solide monte à la surlace, et quand le liquide C s'est éclairci, on le siphonne et on filtre pour le débar- rasser de la présence de l'acide sulfurique; on détache la matière du filtre et on la fait fondre sur l'eau, puis on la traite par l'éther qui dissout le céro- tate et le palmitate d'amyle, et qui ne dissout pas ou à peine l'alcool mélis- sique. » Quand l'éther s'est évaporé, il reste dans le verre un mélange d'huile et d'un corps qui parait cristallisé; on jette sur le filtre et on fait en sorte d'opérer à une température d'au moins 20 degrés; l'huile passe seule. » Ce singulier corps peut, en quelque sorte, servir de thermomètre (tous les matins, lorsque j'arrive au laboratoire, je le trouve concrète, et dès cpie le poêle a élevé la température au delà de i4 degrés, il redevient liquide) ; c'est le palmitate d'amyle de M. Duffy. C. B., 1866, i« Semestre. (T. LX1I, N° 15.) 9^ ( 7«? ) » Je me propose de soumettre prochainement à l'Académie une Note plus détaillée sur ces produits de la saponification et de l'éthérification de la cire ; si je lui envoie un travail inachevé, c'est afin de prendre date, car il est le point de départ d'intéressants travaux à faire sur les cires et les corps gras en général. Il sera intéressant d'effectuer sur ces corps, en présence d'un milieu éthérifiant, la saponification sulfurique trouvée par mon maître M. Fremy. » Dans le but de rechercher le produit acide que M. Lewy appelle la céroléine, je me suis demandé si celte substance ne pourrait pas se trouver à l'état d'acide copule dans la liqueur C. » J'ai donc partagé celte liqueur en deux parties égales, et j'en ai porté une à l'ébullition pour décomposer l'acide sulfamylique; puis j'ai saturé par le carbonate de baryte, et j'ai obtenu, par le rapprochement des liqueurs, de jolies tables transparentes polarisant très-bien la lumière. » H y a là, certainement, du sulfomélissylate de baryte. Y a-t-il autre chose? C'est ce que je dirai dans ma prochaine Note. » J'ai immédiatement saturé la deuxième partie de la liqueur C par du carbonate de soude, et je n'ai pas eu le temps encore de pousser plus loin mes investigations. » ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. — Observations sur la matière colorante des raisins noirs. Note de M. Ed. Prillieux, présentée par INI. Duchartre. « Les raisins noirs sont, on le sait, colorés par une matière violette ou rouge fort abondante dans ce qu'on nomme la peau des raisins. Or, la cou- leur rouge ou violette est produite d'ordinaire dans les végétaux par un liquide qui remplit l'intérieur de certaines cellules et se mêle à l'eau quand la cellule est déchirée. En est-il de même pour la matière colorante des raisins noirs? Cela parait difficile à admettre quand on fixe son attention sur les procédés qu'emploient les vignerons pour faire le vin rouge. En effet, quand on écrase la pulpe des raisins, le jus qui s'en écoule est presque in- colore; si on le laissait fermenter à part on ne produirait pas un vin rouge; il est indispensable, pour que la liqueur prenne de la couleur, qu'on la mette cuver, c'est-à-dire fermenter dans une cuve contenant les peaux des raisins qu'on a presses. » D'où vient, si la matière colorante est liquide, que par le foulage elle ne s'écoule pas avec le jus et que la coloration ne se manifeste dans la li- (753) queur qu'après que la fermentation a commencé de se produire et a donné naissance à de l'alcool? » C'est dans le but de me rendre un compte exact de ce qui se passe dans ces conditions que je me suis livré à un examen attentif du contenu des cellules de la peau du raisin. » La structure anatomique des grains de raisin a déjà été l'objet d'une étude attentive de la part d'un observateur très-ingénieux, M. Ch. Morren, qui y a signalé l'existence d'un très-grand nombre de corps rouges d'une teinte fort intense. Selon M. Morren, ces corps seraient situés entre les cel- lules sur la surface extérieure desquelles ils seraient appliqués. Ce seraient des organes composés de corpuscules globuleux qui sécréteraient une sub- stance liquide rouge, violette ou bleuâtre, sortes de glandes internes qu'il propose de désigner par un nom nouveau, celui de corèse, et auxquelles il attribue entre autres propriétés celle de sécréter le bouquet des vins. » Ce travail du savant botaniste belge, que je résume avec détail dans le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie, est, je crois, bien peu connu ; il contient, au milieu d'erreurs considérables, des observations exactes. » La peau des raisins, la seule portion du grain qui contienne des ma- tières colorantes dans la plupart des variétés, est formée de deux parties : de la pellicule qui enveloppe la chair, ou l'épicarpe, et d'une portion de la chair elle-même, ou, en d'autres termes, du sarcocarpe, qui demeure adhé- rente à l'épicarpe. » L'épicarpe est formé d'une couche de cellules dans lesquelles on ob- serve un liquide d'un rouge incarnat qui ne se mêle pas avec la liqueur incolore que contiennent aussi les cellules et au milieu de laquelle il nage sous forme de larges gouttes probablement contenues chacune dans une vésicule dont les parois sont d'une excessive ténuité. » Quand on place dans l'eau un lambeau d'épicarpe, on voit cette ma- tière colorante subir des altérations notables. Dans les cellules déchirées où l'eau a un libre accès, le liquide rouge est remplacé par un dépôt de fins granules violets. Dans les cellules intactes l'altération ne se produit que peu à peu à mesure que l'eau y pénètre par endosmose. Au bout d'un temps plus ou moins long, la goutte rouge disparaît (probablement par suite de la rupture de la vésicule qui la contenait); la liqueur qui la formait se mêle à la liqueur incolore que contenait aussi la cellule et produit un li- quide lilas au milieu duquel apparaissent des granules de matière solide d'un rouge violet foncé. 98.. ( 7*4 ) » Un phénomène analogue se produit bien plus rapidement quand à l'eau dans laquelle baigne le lambeau d'épicarpe on ajoute une goutte d'un acide énergique; alors ou voit tout à coup la goutte rouge disparaître, et un dépôt de matière granuleuse rouge se former. Si au lieu d'un acide on emploie un alcali comme la potasse, il se produit encore une altération subite de la liqueur rouge, mais alors la matière solide qui se précipite est d'un beau bleu. On peut du reste à volonté faire passer la substance du bleu au rouge après sa précipitation, en la traitant par un acide, et la ramener ensuite du rouge au bleu à l'aide de la potasse. » En résumé, on voit que sous l'influence de divers agents, qui sans doute rompent la vésicule qui contenait le liquide colorant rouge, celui-ci se dédouble en un liquide qui se mêle à l'eau et en granules insolubles assez analogues en apparence à des grains de résine, et qui sont violets dans l'eau pure, rouges dans une liqueur acide, bleus dans une liqueur alcaline. » La matière colorante contenue dans la partie du sarcocarpe qui forme avec l'épicarpe la peau du raisin se présente sous deux formes: non-seule- ment les cellules contiennent un liquide rouge pâle, mais on y observe aussi une substance solide qui forme des amas relativement assez considé- rables d'une couleur violette ou d'un rouge foncé, couleur qui varie selon le degré d'acidité du liquide dans lequel on les observe. Dans l'eau pure ils sont d'un beau violet. » Ce sont ces amas de matière colorante que Morren a considérés comme de petits organes glanduleux, appliqués sur la face externe des cellules, et qu'il a nommés des corèses. Ils ont la forme de disques ou de lentilles, et sont certainement contenus à l'intérieur des cellules. Leur surface est assez irrégulière, je n'y ai jamais pu reconnaître une véritable organisation; par- fois ils contiennent quelques granules, mais ce sont simplement des grains de chlorophylle qui se sont trouvés englobés dans le dépôt de matière vio- lelte. La complète opacité de ces corps rend, il est vrai, difficile l'examen de leur structure; mais quand on les traite par l'alcool sous le microscope, on les voit, devenir plus transparents, et c'est alors qu'on aperçoit souvent dans leur niasse quelques granules. Si on laisse continuer l'action dissol- vante de l'alcool, on ne voit bientôt plus à leur place qu'un nuage violet qui disparaît lui-même, et il ne reste enfin plus rien ou seulement quelques granules. » T^ matière colorante déposée ainsi en amas relativement considérables dans les cellules du sarcocarpe me parait du reste identique avec celle que nous avons vue se déposer sous forme de fins granules dans les cellules de l'épicarpe, sous l'influence de certains agents. ( 7^ ) » Les observations qui précèdent permettent, ce me semble, de se rendre maintenant aisément compte des opérations cpie pratiquent les vignerons pour obtenir un vin coloré. » Quand on presse le raisin, le jus qui s'écoule est très-faiblement coloré; en effet, la presque totalité de la matière colorante est solide et inso- luble dans l'eau, elle doit rester déposée sur les parois des cellules. Inso- luble dans l'eau, la matière colorante est soluble dans l'alcool; dans la cuve, quand le jus fermente, il se forme de l'alcool, et alors seulement la matière colorante solide se dissout et le vin se colore. » CHIMIE. — Sur de nouveaux dissolvants de For. Note de M. J. Nicklès, présentée par M. Dumas. « L'or est soluble dans les percblorures et les perbromures éthérés que j'ai fait connaître l'année dernière [Comptes rendus de l'académie des Scien- ces,t. LXI, p. 479)? à mesure que la dissolution s'opère, et elle s'effectue assez vite avec de l'or battu, la couleur verte du composé manganique pâlit, car le perclilorure ou le perbromure de manganèse se réduit à l'état de protocblorure ou de protobromure insoluble dans l'éther et peu coloré d'ailleurs, en sorte que l'expérience peut être considérée comme terminée quand le liquide a échangé sa couleur verte contre la couleur jaune ou rouge des dissolutions d'or. » Si le liquide ne contient pas d'autres substances fixes et qu'après l'avoir fait évaporer on chauffe suffisamment le résidu pour le décomposer, le fond du tube se tapissera d'une couche d'or assez fortement adhérente pour qu'il soit possible d'entrevoir dans cette réaction les éléments d'un procédé de dorure sur verre. » Chauffée avec de l'acide azotique, cette couche métallique perd de son adhérence sans se dissoudre; elle se détache alors au moindre frottement. » La même dissolution éthérée donne avec le sulfate de protoxyde de fer le précipité d'or si caractéristique par ses reflets dichroïques. » Le protochlorure d'étain donne lieu à une réaction analogue; je n'ai pas vu se produire de pourpre de Cassius dans cette circonstance. » Les percblorures et les perbromures ne sont pas seuls aptes à dis- soudre l'or, et la présence île l'éther n'est pas indispensable au succès; beaucoup de sesquichlorures et de sesquibromures sont également dans ce cas; tels sont tous ceux qui se réduisent facilement, par exemple les com- posés correspondants aux sesquioxydes de manganèse, de nickel et de ( 756) cobalt. Le sesquichlorure et le sesquibromure de fer résistent à la réduction, évidemment parce qu'ils sont plus stables en cet état qu'à celui qui corres- pond au protoxyde FeO. » La solubilité de l'or dans les circonstance indiquées s'explique sans peine : elle est due au chlore ou au brome émis par les composés halogènes si altérables. Le chlore et le brome sont, comme on sait, d'excellents dissol- vants pour l'or, et il est admis avec raison dans la science que ce métal est attaqué toutes les fois qu'il est en présence d'une source de ces métal- loïdes. » Autrement se comporte leur congénère l'iode, qui agit si peu sur ce métal précieux, que pour obtenir de l'iodure d'or on procède par des détours, en commençant par attaquer au moyen de l'eau régale, car l'iode en substance n'agit sur l'or ni à chaud, ni à froid, ni par la voie sèche, ni parla voie humide. » Des essais directs que j'ai tentés à ce sujet ne font que confirmer cette remarque déjà faite par Pelletier; par des raisons dont la justification se trouve dans ce qui suit, j'ajouterai que l'iode est sans action, même lorsqu'il se trouve en dissolution dans l'éther. » C'est que ce métalloïde n'est pas toujours si indifférent à l'égard de l'or; employé. à l'état de periodure éthéré, il le dissout rapidement et le convertit en iodure. Il n'est pas même nécessaire de préparer d'abord un periodure, il suffit de projeter dans de l'acide iodhydrique un peroxyde, un acide métallique ou, en général, un oxyde dont l'iodure correspondant offre moins de stabilité que le protoiodure, pour obtenir aussitôt un proto- iodure métallique et de l'iode libre qui attaque l'or mis en présence. » Comme exemple que j'ai directement vérifié, je citerai l'action produite par l'acide iodhydrique sur le sesquioxyde de manganèse et celui de fer, les peroxydes de manganèse et de bismuth. » Si donc l'iode est sans action sur l'or lorsqu'il se trouve en liberté et à l'état de substance, il se comporte différemment lorsqu'il est à l'état nais- sant. Parlant de ce fait, j'ai pensé qu'il devait même être possible d'attaquer l'or par de l'acide iodhydrique, puisque cet acide offre assez peu de stabi- lité pour abandonner peu à peu de l'iode. C'est, en effet, ce qui arrive, et même très-promptement, en présence de l'éther. Que l'on dirige du gaz iodhydrique dans de l'éther anhydre ou hydraté contenant des feuilles d'or ou qu'on place de celles-ci dans de l'acide iodhydrique aqueux auquel on ajoute de l'éther, la dissolution ne tardera pas à s'opérer et le liquide cou- ( 7^7 ) tiendra une certaine quantité d'or qu'on peut faire reparaître par l'un ou par l'autre des procédés qui viennent d'être indiqués. » L'acide iodhydriqne des diverses provenances s'est comporté de la même manière : sans action sur l'or quand il est en dissolution dans l'eau pure, il attaque promptement ce métal en présence de l'éther, sans doute parce que, à la propriété de déterminer promptement la décomposition de cet acide, il joint celle d'être un assez bon dissolvant à la fois pour l'iode et pour l'iodure d'or, propriétés que l'eau ne partage pas au même degré. »> Quant à l'acide bromhydrique exempt de brome, aucune des expé- riences que j'ai laites avec lui ne m'autorise à penser qu'il puisse, à la lumière diffuse, se comporter comme l'acide iodbydrique et devenir un dissolvant pour l'or. » En résumé : » Le nombre des dissolvants pour l'or est plus grand qu'on ne l'a cru jusqu'à ce jour; dans cette catégorie il faut ranger : » i° Les trois classes de composés que j'ai fait connaître sous le nom de perchlorures, de perbromures et de periodures, et qui appartiennent au groupe de corps que M. Dumas a appelé, dès 1828, les composés singuliers [Traité de Chimie, 1828, p. 129, t. II) (1); » 20 Les sesquichlorures, les sesquibromures et les sesquiodures peu stables, surtout quand ils se trouvent en présence d'un dissolvant tel que l'étber; n 3° L'iode dans certaines conditions d'étal naissant peut se combiner avec l'or. » chimie minérale. — Sur le peroxyde (V hydrogène et sur l'ozone. Note de M. C. Wei/tziex, présentée par M. Balard. « Considérations théoriques sur la nature du peroxyde d'hydrogène. — Les cliiinistes ont adopté en général l'opinion exprimée parThenard sur la na- ture du peroxyde d'hydrogène, opinion qui consiste à l'envisager comme de l'eau oxydée. Un atome d'oxygène étant faiblement combiné avec l'eau, l'eau oxygénée se dédouble en une foule de réactions en eau et en oxygène, et cède facilement ce dernier aux corps oxydables. L'eau oxygénée était donc envisagée, en conséquence, comme un agent d'oxydation énergique. (1) Je ferai prochainement connaître le perchlorure de plomb PbCI- étheré, qui dissout l'or avec une grande facilité. ( ?5* ) » Mais le peroxyde d'hydrogène pur, en solution aqueuse étendue et même concentrée, ne se décompose pas à lui tout seul, el ne constitue pas un agent d'oxydation ordinaire. M. Schœnbein a déjà fait remarquer que l'acide phosphoreux et le phosphore se maintiennent inaltérés en présence du peroxyde d'hydrogène, et qu'on pouvait distiller une solution éthéréc d'eau oxygénée. » On peut même concentrer par l'éhullition une solution aqueuse, et lorsqu'on exécute l'opération dans une cornue, on peut constater, à l'aide de l'acide chromique et de l'éther, la présence du peroxyde d'hydrogène dans le produit de la distillation. J'ai fait l'expérience suivante : un morceau de phosphore, du poids de i gramme, a été introduit dans une solution de peroxyde d'hydrogène préalablement titrée par le permanganate. Au bout de trois mois de contact avec le phosphore, le titre n'avait pas changé. La surface du phosphore avait blanchi, phénomène qui se fût accompli de la même façon sous l'eau pure (Baudrimont). » M. Schœnbein envisage le peroxyde d'hydrogène comme de l'eau as- sociée à l'ontozone. Des raisons théoriques s'opposent à ce qu'on puisse envisager le peroxyde d'hydrogène comme de l'eau oxydée. Une telle opi- nion est d'ailleurs combattue par les faits expérimentaux relatifs à ces deux corps. » On sait, en effet, que l'eau est décomposée par le chlore, à la cha- leur de l'ébullition ou sous l'influence de la lumière solaire, et que cette décomposition est constante quoique difficile. Une décomposition de l'eau par l'ozone n'est point connue et serait un fait paradoxal. Mais le peroxyde d'hydrogène est décomposé très-facilement par le chlore, le brome, l'iode, ainsi que par l'ozone. Et la comparaison des réactions du chlore et de l'o- zone sur l'eau me conduit aux conclusions suivantes, savoir: » i° Que tout l'oxygène dégagé provient du peroxyde d'hydrogène Cl2+H20-=2HCl + 02, &-t-H*0, = H!€> -t-O3; » 1° Que l'hydrogène est moins fortement combiné dans le peroxyde d'hydrogène que dans l'eau, et que cette circonstance explique le pouvoir réducteur de ce peroxyde. » Partant de cette supposition, que les deux atomes d'oxygène du per- oxyde s'en vont ensemble dans toutes les réactions, c'est-à-dire se dégagent à l'état d'oxygène libre ou s'engagent dans une nouvelle combinaison, ces réactions apparaîtraient dans le premier cas comme une réduction pure et ( 7^9) simple, dans le second cas comme une réduction accompagnée, d'autre part, de la formation d'une molécule plus oxygénée. 02 = Ag2+H2O+ô2, GaCl2 H2GrOa H26rô3 KinnÔ2 KmnO2 o + H2 O2 + 2 H2 O2 + 2 H2 o -f- H2 H2 O2 O2 + 2 H2 2 H2 Os = GaCl2 + 2H2© -4- 2O2, ô2 ô2 O2 O2 , + H2Ô5 = H6€rOB+ aH2t>+ 3Ô2, 2HKO + H6Mn06 + 402. » Dans toutes ces réactions il se dégage autant de molécules d'oxygène qu'il intervient de molécules de peroxyde d'hydrogène. rPAsô2 O + H2 H3 P O2 ô -+- H2 O2 = H3As04+H2©, » Dans d'autres cas, le peroxyde d'hydrogène s'ajoute purement et sim- plement à une molécule, celle-ci pouvant être la molécule d'un corps simple, ou encore une molécule formée de plusieurs atomes. Il se produit alors des hydrates soit métalliques, soit d'acides, soit de peroxydes. » Les hydrates métalliques ainsi formés par addition directe du peroxyde d'hydrogène sur une molécule d'un métal sont ceux de magnésium, de fer, d'aluminium, de thallium, selon les réactions indiquées dans la première partie de ce travail, page 6/j 1 . » Des hydrates d'acides prennent naissance dans les réactions suivantes: As2+3H202 = 2H3Asô', Sô2+ H2Ô2= Ha SOl. C. R., 1S66, ipr Semestre. (T. LXII, N° 15.) 99 ( 76o ) « L'hydrate de peroxyde de baryum se forme par l'addition directe du peroxyde d'hydrogène sur l'hydrate de baryum HsBaOs+ Hs02 = H'BaO4. » Le réactif le plus caractéristique du peroxyde d'hydrogène est, comme on sait, l'acide chromiquc, qui se convertit en acide perchromique, soluble dans l'éther avec une belle couleur bleue (Barreswil). Cette transformation s'accomplit probablement en vertu d'une addition d'hydrogène, 2Gr03 + Hs02 = H5€i?O8. » Sur l'ozone et sur l'antozone. — On connaît les idées de M. Schcenbein sur l'ozone et l'antozone. Ne considérant que l'oxygène dans les corps oxydés et rattachant leurs propriétés uniquement à celles de cet élément, ce chimiste admet que l'oxygène existe sous trois formes différentes, soit à l'état libre, soit dans les combinaisons, savoir : à l'état d'oxygène négatif ac- tif Q (ozone), d'oxygène positif actif 0 (antozone), et à l'état d'oxygène or- dinaire inactif résultant de la combinaison de l'ozone avec l'antozone. Il nomme ozonides les combinaisons renfermant l'oxygène à l'état d'ozone, an- tozonides les combinaisons renfermant de l'oxygène à l'état d'antozone. Dans son opinion l'oxygène est susceptible d'éprouver une polarisation, opération par laquelle il est converti par certains corps en ozone, par d'autres en antozone; de plus, certains corps peuvent transformer l'ozone en antozone, et réciproquement. On voit que le système d'interprétation s'adapte à tous les cas et ne laisse jamais dans l'embarras. » En 1 855, M. Houzeau a dégagé du peroxyde de baryum, par l'action de l'acide sulfurique, un oxygène actif, qu'il a nommé oxygène naissant, et que M. Schcenbein a déclaré constituer de l'antozone. » Les réactions indiquées par M. Houzeau s'appliquent à l'ozone. » M. Schcenbein admet que l'antozone ne décompose pas l'iodure de po- tassium, et en profite pour séparer l'ozone de l'antozone. » D'après M. Mcissner, le brouillard que répand le phosphore dans l'air humide est formé par l'antozone. D'après M. Schcenbein, il serait dû à du nitrite d'ammoniaque. Le même chimiste attribue à l'antozone la pro- priété de s'unir directement à l'eau pour former du peroxyde d'hydrogène, et celle de former des fumées blanches avec le même corps. Discutons ces différents points. » M. Schcenbein constate des différences dans les propriétés de divers peroxydes, tels que les peroxydes d'hydrogène et de baryum d'un côté, les ( 7*' ) peroxydes de manganèse et de plomb de l'autre. Au lieu de chercher la rai- son de ces différences dans la nature diverse des corps combinés avec l'oxygène, il croit la trouver dans des états différents de l'oxygène lui- même, et suppose que les premiers peroxydes renferment de l'antozone. Si donc dans une certaine réaction on constate la formation du peroxyde d'hy- drogène, on suppose encore qu'elle est due à la présence de l'antozone qui a formé ce peroxyde d'hydrogène en se portant sur l'eau. Ainsi l'oxygène dé- gagé du peroxyde de baryum par l'acide sulfurique est de l'antozone. » Pourquoi? Parce que la liqueur renferme en même temps du peroxyde d'hydrogène. Singulière conclusion. Ne sait-on pas en effet qu'on prépare le peroxyde d'hydrogène par l'action du peroxyde de baryum sur les acides? S'il fallait donc s'étonner de quelque chose, ce serait de l'absence du per- oxyde d'hydrogène dans la réaction dont il s'agit. « En ce qui concerne la propriété de l'antozone de former des fumées, tout le monde sait que dans une foule d'expériences sur les gaz il s'en pro- duit. Mais il est à remarquer que l'oxygène actif et sec, dégagé par l'action de l'acide sulfurique sur le peroxyde de baryum, et qui doit être de l'anto- zone d'après Schœnbein et Meissner, n'en produit pas. » Préparation et état naturel de l'ozone. — M. Brodie a trouvé que par l'action de l'acide chlorhydrique sur le peroxyde de baryum il se dégage de l'oxygène ou du chlore ou les deux gaz, suivant la concentration, Baô2 + 4HC1= BaCl2+2H20-t-Cl2, Ba0!+CP = BaCl2-4-Ô% et par conséquent 3 BaGs+ 8HC1 = 3BaCP+ 4H20 + CP+ O2. » Il serait possible de produire de l'ozone dans cette réaction. En effet, dans deux cas où j'ai fait réagir sur le peroxyde de baryum du gaz chlorhy- drique, j'ai constaté la formation de l'ozone indépendamment de celle du chlore et de l'oxygène. » En ce qui concerne l'existence de l'ozone dans la nature, il est possible qu'il s'en forme pendant les orages, ainsi que l'admet M. Schœnbein. Mais je regarde comme douteux qu'il soit répandu dans l'atmosphère dans d'autres circonstances, et je fais remarquer que pour le démontrer la réac- tion sur le papier ioduro-amidonné est insuffisante, et que la formation du peroxyde d'argent serait seule démonstrative. » 99- ( 7O2 ) MÉTÉOROLOGIE. — Périodicité des aurores boréales. Note de M. E. Rf.xoi-, présentée par M. Ch. Sainte-Claire Deville. « Les aurores boréales sont soumises à deux périodes de retour, l'une annuelle, l'autre séculaire. » La première a été indiquée déjà par Mairan dans son Traité de i Aurore boréale, Paris, i^33. Le tableau dans lequel il donne la répartition par mois de 229 aurores boréales depuis l'an 5oo jusqu'en iyîi montre nettement deux maxima vers les équinoxes. De 1732 à 1767, on ne connaît pas la distribution des aurores qu'on sait avoir été fréquentes en France. De 17G8 à 1779, Cotte a donné cette répartition très-exactement. Après cette époque, jusqu'en 1800 ou même 1806, on ne sait rien. Depuis cette époque jusqu'à la nôtre, j'en ai fait le relevé complet. La réunion de ces trois tableaux forme le suivant, dans lequel j'ai supprimé trois apparitions signalées par Cassini en juillet 1G87, comme ne pouvant se rapporter que d'une manière très-douteuse à l'aurore boréale et bien plus probablement au crépuscule de l'été. Nombre d'aurores boréales par mois. Années. Janv. Fcv. Mars. Avril. Mai. Juin. Juill. Août. Sept. Oct. Nov. Dec. SûO-l^l 21 27 22 12 1 5 4 9 34 5o 26 l5 1 768-1 779 8 7 4° '7 3 2 o 7 17 i5 (i 9 1806-1865 221 1 4 t 1 5 6 8 6 6 Totaux... 3i 36 63 3o 8 8 5 21 27 73 38 3o Pour 100 aurores. 7,7 g,5 i5,6 7,5 2,0 2,0 1,2 5,2 14,2 18,1 g,5 7,5 d Ces nombres ne représentent pas la fréquence relative vraie des aurores boréales : i° parce que les mois sont inégaux; 20 parce que la clarté du ciel n'est pas la même dans les différents mois; 3° parce que le crépuscule en été empêcbe de voir les aurores faibles ou de peu de durée. » On rétablit facilement l'égalité entre les mois par une légère modi- fication aux nombres ci-dessus. On pourrait aussi les corriger de ce qui est relatif à la nébulosité du ciel dans les différents mois. La clarté du ciel est la plus grande au mois d'août, et chaque jour vers 1 1 heures du soir, vers l'heure où l'on observe le plus souvent les aurores boréales. A cette heure la nébulosité du ciel en centièmes est, pour août 4«, et pour décembre 70. Cette différence dans la nébulosité du ciel compense, ou du moins tend à compenser, l'effet du crépuscule qui est beaucoup plus difficile à évaluer; ( 763 ) il fait disparaître complètement les petites aurores, surtout celles de pou de durée, tandis qu'il n'empêche pas de voir les plus intenses qui se pro- longent jusqu'à ii heures ou minuit. Son action est évidemment moindre dans les temps d'apparition des grandes aurores; la suppression d'une partie des aurores de l'été ayant évidemment pour effet d'écarter les deux maxima et de les éloigner du solstice d'été, leur constatation plus exacte les rapproche : c'est ce qui ressort clairement des tableaux dressés par Cotte et Van Swinden. » En résumé, les aurores boréales ont bien positivement >\eux maxima vers les équinoxes, celui d'automne étant le principal, et deux minima vers les solstices, celui d'été étant, à beaucoup près, le plus tranché. » La deuxième période, la période séculaire, n'a pas été indiquée jus- qu'ici. On sait bien que les aurores boréales ont été fréquentes à certaines époques et rares à d'autres. Il est évident que nous sommes actuellement dans un minimum. Voici par années le nombre des aurores boréales que j'ai indiquées précédemment par mois. Aurores boréales a Paris ou environs, i 806- 1 865. 1806 22 décembre. 1817 .. . 6 et 8 février. 18 19 ier février. 1820 i5 novembre. 1822 17 juillet. 1826 29 avril. 1826 19 octobre. 1827 9 janvier. 1827 25 août. 1827 8 septembre. 1827 a5 septembre. 1828 3i octobre. 182g 2 mai. 1829 ier juin. 1829. . 21 et 22 septembre. i83i 7 janvier. 1 83 1 9 décembre. i835 18 novembre. i836 18 octobre. 1837 18 février. 1837 18 octobre. 1837.. I2eti3 novembre. 1839 7 mai. 1 839 3 septembre. 1839 22 octobre. 1 84 1 .... . 12 novembre. i843. . i844... .847... .847... .847.. 1848... 1854... i85g... iS5g 1" 1860. . 9, 10, 1 1 1S61 9 1862 14 7 29 24 1" ll ll 26 29 mai. décembre. octobre. novembre. décembre . novembre. septembre. août. octobre. août. mars. déc. (1). » Tandis que les aurores sont si rares dans ce siècle, le précédent offrait un maximum bien tranché de 171G à 1780; elles ont été d'une rareté re- (1) Me sera-t-il permis de faire remarquer que, sur ces 43 apparitions d'aurores boréales, 19, ou près de la moitié, appartiennent aux mois de février, mai, août et novembre, dont 3 les g, 10 et 11 août 18G0, 2 le 12 novembre, une le i3 novembre et une le i5 novembre; enfin que, de 1 835 à 1837, 4 consécutives tombent les 18 novembre, 18 octobre, 18 février et 18 octobre? (Note de M. Ch. Sairitc-Claire-Devule.) ( 7^4 ) marquable dans le xvne siècle, où des observateurs tels que Cassini n'au- raient pas manqué de les signaler; dans le XVIe siècle elles étaient très- communes. Nous voyons donc que la période complète de ces phénomènes est d'environ deux siècles. Mairan, en voulant fractionner les apparitions des aurores boréales en un grand nombre de reprises partielles, avait masqué cette période; en voyant les choses d'un peu plus haut, on conclut de ses Tables elles-mêmes la suivante : Années Années Années de fréquence. du maximum. du minimum. 3g4 à 412 379 477 557 à 6o3 575 673 770 à 775 771 869 gio à 990 967 io65 iog5 à 1 157 n63 1261 i35i i35g i457 i5so à i583 i555 i653 17 16 à 1790 1751 1849 » On voit que la période qui s'accorde le mieux avec ces données histo- riques est de 196 ans. En calculant ainsi, le prochain maximum n'arriverait qu'en 1947; les aurores boréales seraient surtout fréquentes de 191 5 à 1980, pendant 60 ou 80 ans. i) La période que nous venons de signaler n'est relative qu'à la fréquence des apparitions de l'aurore boréale dans nos contrées. Elles sont si com- munes dans les régions polaires, qu'il est bien difficile qu'il y en ait eu jamais davantage; ainsi en 218 jours, du 12 septembre 1 838 au 18 avril i83g, la Commission scientifique du Nord a observé 1 53 aurores boréales bien nettes et G ou 7 douteuses. La périodicité consiste donc en une diminution d'étendue du phénomène. » Mais tandis qu'il est si rare en France, il est devenu extrêmement com- mun aux États-Unis, peut-être plus qu'il ne l'était à Paris pendant le xvine siècle. » Le catalogue de M. Boue constate qu'en i85o, pendant qu'on signalait i3 aurores boréales à New-York, on en comptait 27 à Litchfied (Connec- ticut), 77 à Somerville et g5 dans tout l'État de New- York, qui s'étend entre les parallèles de 4i et 45 degrés. » Il parait qu'il y a alternance dans la fréquence des aurores boréales entre la France et les États-Unis. » Les aurores polaires ont une relation si intime avec la direction de I 765 ) l'aiguille aimantée, qu'on devrait s'attendre à trouver un rapport entre les mouvements périodiques des unes et de l'autre. Mais nous ne connaissons jusqu'ici que la période de l'aiguille de déclinaison pour nos pays, sans sa- voir ce qu'est cette période pour les autres régions du globe. Nous ne savons rien de la période de l'inclinaison, qui diminue constamment depuis qu'on observe d'une manière quelque peu précise; l'inclinaison peut avoir eu un maximun dans le XVIIe siècle. Nous ne connaissons pas davantage l'oscil- lation de l'équateur magnétique, qui se déplace d'une manière assez rapide; par exemple, au Pérou, il marche actuellement vers le sud, en s'éloignant de l'équateur terrestre. » On parviendra sans doute un jour à signaler la relation de ces mouve- ments avec la période des aurores polaires. Ces changements doivent cor- respondre à des changements dans les vents, et par suite dans les climats, changements que nous ne pouvons encore que soupçonner. » CÉOLOGIE. — Sur un bas-fond qui a apparu clans les parages au suc/ du Péloponnèse. Extrait d'une Lettre de M. François Lenormaxt à M. Ch. Sainte-Claire Deville. « A bord du Niémen, •) mars, clans le golfe de Laconie. » Nous voici déjà en pleins travaux d'exploration scientifique, et j'ai un premier résultat positif d'observation directe à vous envoyer. » M. le commandant Giost, du Niémen, bateau des Messageries impériales sur lequel nous sommes montés avec M. Da Corogna, a consenti avec la plus extrême obligeance, dans l'intérêt de la science et de la navigation, à se détourner de sa route ordinaire et à relarder sa marche de quelques heures pour nous permettre de relever avec précision recueil sous-marin dont on signalait le récent soulèvement vers l'extrémité méridionale du Péloponnèse. Il n'est pas situé, comme les journaux de Trieste l'avaient dit, et moi-même d'après eux, entre l'île de Cérigo et le cap Saint-Ange, mais par 36°3'3o"N. et 20°i3'E., le cap Matapan restant au N.3°3o'0., et l'îlot Ovo, au sud de Cérigo, à l'E.3°3o'N. » La sonde montre que le sommet de cetécueil, peu étendu et qui parait purement rocheux (car les plombs de sonde reviennent màchurés), est à 3m,65 sous l'eau. Sa présence est annoncée par un changement de couleur à la surface de la mer. » Cet écueil n'existait certainement pas il y a un an; il s'est soulevé de- ( 7^ ) puis. Mais son soulèvement n'a pas coïncidé, comme je l'avais cru d'abord, avec ceux de Santorin et avec le tremblement de terre du Péloponnèse. En effet, le 19 juillet 1 865, c'est-à-dire clans l'été de l'année dernière, ainsi qu'il appert d'un Rapport du vice-amiral Smart à l'Amirauté britannique, la barque anglaise Figilia, capitaine George Yeoman, a touché sur cet écueil encore inconnu. » Son soulèvement, que l'on n'a malheureusement pas pu observer au moment précis où il s'est produit, fournit donc une date intermédiaire entre l'éruption de l'Etna du mois de janvier de l'année dernière, et l'érup- tion actuelle de Santorin. » Un bâtiment grec, que l'on vient de héler pendant que je vous écris, nous apprend que le jeune roi de Grèce est parti en personne pour San- torin, où les phénomènes volcaniques continuent en augmentant toujours d'intensité (1). » Nous allons, M. Da Corogna et moi, aussitôt en arrivant au Pirée, où nous serons demain matin vers 10 heures, nous occuper des moyens de gagner au plus tôt Santorin, afin d'y rejoindre MM. Fouqué et de Verneuil. » « A la suite de cette communication, M. C11. Sainte-Claire Deville met sous les yeux de l'Académie deux épreuves photographiques, transmises par M. Lenormant, et représentant le nouveau promontoire du Roi-Georges, le point où s'est soulevé l'ilot de l'Aphroëssa, etc. » M. le Dr Ciirestie\, Agrégé de la Faculté de Montpellier, à l'occasion de la question mise au concours, « De la conscwation des membres par la conser- vation du périoste, » adresse un Mémoire relatif à l'hisloire de cette question et où se trouvent reproduits des extraits d'un ouvrage, publié dès 1788 sur ce sujet par Vigarous, chirurgien de Montpellier, professeur de la Société royale des Sciences, et Correspondant de l'Académie royale de Chirurgie. Dans la relation de ses nombreuses opérations, à la suite desquelles il réussit à conserver des membres dont les os étaient cariés, Vigarous, ap- puyant le système de Du Hamel, avança que les os partiellement extraits se régénéraient, pourvu toutefois que la membrane du périoste eût été res- pectée, car,affirmc-t-il, c'est le périoste qui est l'agent de cette reproduction. (1) Le promontoire du Roi-Georges a maintenant i5oo mètres de circonférence et 65 mètres de haut. ( 767 ) C'est ainsi qu'il cile un grand nombre d'opérations à la suite desquelles il vit des portions de tibia (jusquà six pouces) se reproduire intégralement. (Réservé pour la future Commission qui aura à examiner les pièces admises au Concours sur la conservation des membres par la conservation du périoste.) M. de Quatrefages présente au nom de l'auteur, M. Bourdin, une Note ayant pour titre : « De la tendance instinctive de l'homme à reproduire dans le dessin et la sculpture le type de la race à laquelle il appartient, et delà difficulté d'exprimer les types d'une autre race ». Les faits et les considérations sur lesquels l'auteur dans cette Note appelle l'attention de l'Académie l'ont conduit à conclure : i° Qu'en vertu d'un instinct méconnu jusqu'ici l'homme tend à repro- duire les traits de sa race ; 20 Que de cet instinct résulte une difficulté plus ou moins grande de représenter des hommes de races étrangères; . 3° Que l'art n'est autre chose que la victoire remportée sur cet instinct. M. Y von Villarceau prie l'Académie de vouloir bien le comprendre au nombre des candidats pour l'une des trois places nouvellement créées dans la Section de Géographie et Navigation. (Renvoi à la Section de Géographie et Navigation.) MM. Chavveau, Viennois et Mey.net adressent leur remercîments à l'Aca- démie, qui dans sa dernière séance publique a honoré d'un des prix de la fondation Montyon leurs recherches sur les relations pouvant exister entre la vaccine et la variole. M. Ramon de la Sagra envoie un certain nombre de tubercules d'une plante qui porte à Cuba le nom de Llerenes ou Yerenes, plante qu'il croit être ÏAllouia de Plumier, rapporté, comme on le sait, par Aublet au genre Maranla. Conformément au désir de l'auteur, ces tubercules seront transmis au Jardin des Plantes où l'on essayera de les cultiver en serre chaude. M. Decaisne est prié de vouloir bien prendre à cet effet les mesures nécessaires. M. Allegret adresse une Note intitulée : « Nouvelles remarques sur la variabilité de la rotation de la Terre et sur le phénomène des marées ». C. R.,1866, i« Semestre. (T.LX11,N° 13.) I OO ( 7^8 ) M. Dubois présente quelques remarques relatives à la dernière commu- nication de M. Delaunay. M. Desnos prie l'Académie de vouloir bien comprendre parmi les pièces destinées au concours pour le prix de Mécanique le Mémoire sur un mo- teur à air chaud qu'il lui a adressé le 5 mars dernier. (Renvoi à la Commission du prix de Mécanique.) M. Joffroy (Joseph) adresse une Note sur le calcul direct de la hauteur de l'atmosphère. " Dans ce premier travail, dit-il, j'établis l'équation particulière qui fournit l'épaisseur de la couche aérienne, suivant la verticale des pôles, et qui ne s'applique à un point quelconque du globe qu'en supposant celui-ci sans rotation. » • M. Joffroy demande que cette Note, qui est fort courte, soit renvoyée à l'examen d'une Commission. Comme l'auteur paraît disposé à communi- quer prochainement la suite de son travail, on attendra un nouvel envoi avant de lui nommer des Commissaires. M. Ji un \, en adressant, sous le titre « d'Introduction à la Chimie in- dustrielle », un opuscule qu'il donne comme formant la huitième partie des Mémoires qu'il publie depuis quatorze ans sur la théorie de la trempe, y joint un complément manuscrit relatif à certains phénomènes que présentent divers corps en passant de l'état liquide à l'état solide, phénomènes qui, suivant lui, expliquent une des causes principales des ruptures d'essieux. Cette Note faisant partie d'un ouvrage imprimé ne peut être renvoyée à l'examen d'une Commission. M. Ed. Robin demande et obtient l'autorisation de reprendre une Note dont il est fait mention au Compte rendu de la séance du i 2 mars, Note qui n'était point, dit-il, destinée à l'Académie, et ne lui a été transmise que par suite d'un malentendu. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. C. ( 7<% ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 19 mars 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Matériaux pour servir à l'histoire des métaux de la cérite et de la gadolinite ; par M. Marc Delafontaine. Sans lieu ni date; br. in-8°. Les Bouées électriques; par M. Duchemin. Paris, 1866; opuscule in-8°. 1 5 exemplaires. Choléra de i865. Sa marche, son mode de transmission, etc., -par M. L.-J.-M. Solari. Paris, i865; br. in-8°. La phosphorescence, étude théorique; par M. Félix LUCAS. Paris, 1866; br. grand in-8°. Théorie mathématique de la vision des corps lumineux; par M. Félix Lucas. Paris, 1866; br. grand in-8°. Notice sur les travaux scientifiques de M. A. Chatin. Versailles, 1866; br. in-4°. Upsala... Annuaire de i 'Université d'Upsal pour l'année 1 863. Upsal, 1 863; 1 vol. in-8°. Nova Jeta regiœ Societalis Scientiarum Upsaliensis. Seriei tertiae vol. V, fasc. 1, 1864. Upsal, i864; 1 vol. in-4°. Erster... Annuaire de la Société de Géographie de Dresde, ire année, 2e ti- rage; ie année. Dresde, i865; 2 br. in-8°. L'Académie a reçu dans la séance du 26 mars 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Annales de l'Observatoire impérial de Paris, publiées par M. Le Verrier. Observations, t. XX, 1864. Paris, i865; 1 vol. in-4°. Traité de Médecine opératoire. Bandages et appareils; par M. Ch. SÉDILLOT. 3e édition avec figures. Paris, Baillière, i865; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Velpeau.) Traité d'Histologie comparée de l'homme et des animaux; par M. Franz Leydig, traduit de l'allemand par M. R. Labillonne. Paris, 1866; 1 vol. in-8° avec figures. (Présenté par M. Velpeau.) Physiologie des mouvements, ire partie; par M. Duchenne (de Boulogne). Paris, 1866; 1 vol. in-8° avec figures. (Présenté par M. Rayer, et renvoyé au concours pour les prix Montyon de Médecine et Chirurgie, application de l'électricité à la thérapeutique.) ( 77° ) La Trichinaspiralis d'Owen;parN. Prosper dePietra-Santa. Paris, 1866: br. in-8° avec figures. Rapport sur- un Mémoire manuscrit de M. le Dr Henri Dumont, relatif à la maladie des sucreries ; par M. le Baron Larrey. Paris, 186G; opuscule in-8°. Questions d'hygiène publique; par M., le Dr L-ECADRE. Le Havre, 1866; opuscule in-8°. (Présenté par M. Chevreul.) Etude sur les ganglions nerveux / ériphériques; parM. Polaillon . Paris, 1 865; in-8°. Choléra de 1 865. Hôpital Saint-Antoine [service des hommes) ; par RI. Mes- net. Paris, 1866; br. in-8°. (A cet ouvrage se trouve joint un tableau ma- nuscrit portant pour titre : Tableau général du mouvement des cholériques pendant l'épidémie.) Régénération ou système de l'émission ; par M. ROBLET. Luxeuil, i8f>6; in- 12. 2 exemplaires. Introduction à l'élude de la Chimie industrielle; par M. C.-E. Jullikn. Paris etLiége, 1866; 1 vol. in-18. Quelques mots sur te Marnent à l'occasion des gravures trouvées récemment ilans le Périgord et attribuées à cet animal; par M. BRANDT. Opuscule in-8°; sans lieu ni date. Le choléra est-il, oui ou non, une maladie contagieuse; par M. Cb. Shriimpton . Paris, 1866; br. in-8°. (Présenté par M. Cloquet.) Le choléra à Marseille en i865; par M. Didiot. Paris, 1866; br. in-8u. (Présenté par M. Cloquet.) La Seyne et son épidémie cholérique en i865 ; par M. Prat. Toulon, 1 86b; br. iu-8°. (Présenté par M. Cloquet.) Mémoire sur la transformation des séries et sur quelques intégrales définies, par M. Catalan. Calendrier perpétuel; par M. C.-A. Béguinet. I angres, 1860; opuscule in-8°. Monlhly... Notices mensuelles de la Société Royale astronomique de Londres, 1. XXVI, n° 4, février 1H6G. 3 exemplaires. ERRATA. (Séance publique annuelle du 5 mars 1866.) Page 54o, lignes 4 et 7 en remontant, au lieu de Pellagrin, lisez Pellarin. COMPTE RENDl DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SEANCE DU LUNDI 2 AVRIL Î866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMRRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. THÉORIE DES NOMBRES. — Nombre des représentations d'un entier quel- conque sous Informe dune somme de dix nombres triangulaires. Note de M. Liiouville. « J'ai donné dans les Comptes rendus (séance du 19 juin 1 865) une expression simple du nombre N ou ~N{i*m) des représentations d'un entier pair ou impair i"in{m impair,, a = o, 1, 2, 3,...) sous la forme d'une somme de dix carrés, c'est-à-dire du nombre N(2K/n) des solutions de l'équation indéterminée 2«m = X* + XJ + ...+ XJ 4-X*0, où X, , X2, • • -, Xg, X,0 sont des entiers quelconques positifs, nuls ou néga- tifs. En désignant par X l'excès [pris positivement) de la somme des qua- trièmes puissances des diviseurs de m qui sont = 1 (mod. 4) sur la somme des quatrièmes puissances des diviseurs de m qui sont = 3(mod. 4), puis par p. le nombre des solutions de l'équation 2 e 'm = s2 + s'2, où les entiers s, s' sont indifféremment positifs, nuls ou négatifs, enfin par V C. R., 18G6, 1" Semestre. (T. IA1I, N° 14.) IOI ( 772 ) la somme prise pour toutes ces solutions, l'on a N(a-m)=|[ie-+1 + (-i) a ]x+^rF.-^v. 5 ' 5 » L'excès défini plus haut, et dont 1 est la valeur absolue, s'exprime na- turellement par d — l le signe sommatoire portant sur tous les diviseurs de m, dont i et m font toujours partie. Soit d le diviseur conjugué à d, en sorte cpie m = r/c?. Comme on a d — î /» — i o • — r et parlant équation où le dernier facteur est toujours positif, on voit que cet excès sera positif ou négatif suivant que l'on aura m = i ou = 3(mod. l\). Quanta sa valeur absolue, elle s'exprime par Ainsi On reconnaît ici une fonction numérique d'un grand usage et que j'ai coutume de désigner par p4(m), faisant généralement V(-l) a ct = Pl,(m). ( 7?3) » La fonction p4 va figurer de nouveau dans une formule que je vais don ner pour calculer le nombre T(Â) des représentations d'un entier quel- conque k sous la forme d'une somme de dix nombres triangulaires. On sait que les nombres triangulaires o, i, 3, 6,. .., A,. .. résultent de l'expression .r(.r-f- 1) î en y prenant successivement x = o, x = i, x = a, x — 3, etc.; ceci rap- pelé, la question est de trouver le nombre T(A) des solutions de l'équation indéterminée k ■ — A, + A2 + . . .+ A0 4- A,0, où A,, A.,,. .., A9, Al0 sont des nombres triangulaires à volonté. Or,j'ai réussi à rattacher la valeur de T(À) à celle, actuellement connue, du nombre N(4A" + 5) des représen- tations de l'entier 4 A • -f- 5 par une somme de dix carrés. Je me suis^ en effet, assuré que N(4/iH-5) + iG3T(k) = aop<(/,/l+ 5). Ayant donc trouvé comme on l'a dit ci-dessus la valeur de N(4^' -+- 5), on en conclura celle de T(A), savoir : T(/.) = -i[>-°^UA- + 5)-N(4*+5)], ou bien TW = 4^6 [aoP«(4* + 5) - N(4A + 5)], en effectuant le cube de 16. >■ géologie. — Sur des tremblements de terre éprouvés récemment à S/ioleto. Extrait d'une Lettre du P. Secchi à M. Ch. Sainte-Claire Deville. « Rome, ce 23 mars iSCG. » Dans la dernière livraison des Comptes rendus, je vois cpie vous avez demandé s'il n'y aurait pas une connexion entre les éruptions de Santorin et celles de Paterno, en Sicile, vu la proximité des époques auxquelles elles sont arrivées. Permettez-moi de vous indiquer que, plus près de nous, nous 101 .. ( 774 ) avons eu des commotions qui pourraient aussi bien se rattacher à ces crises. Dans la vallée de l'Umbria, près de Spoleto, à te Vene (sources du Clitunno), on a eu des tremblements de terre assez forts le ier février, le 21 février et le 17 mars. Ces secousses ont été assez violentes et continues pour exciter des craintes considérables dans le pays, et M. le comte Campello, propriétaire des lieux qui paraissaient le centre des secousses, m'a dit qu'elles ont produit de grands fendillements dans le sol. Les fendillements sont peut-être l'effet ordinaire des secousses dans les terrains meubles, et qui sont communes dans les terrains de sédiment qui reposent sur des roches calcaires. Il est remarquable que le centre des commotions paraît avoir été assez restreint, puisqu'à une distance de quelques kilomètres on a senti très-peu les se- cousses (1). » M. le comte Campello m'a promis de me faire avoir des notices ulté- rieures de ces phénomènes, et surtout des détails sur la nature des crevasses produites dans le sol. Je vous les transmettrai aussitôt que je les aurai. » P. S. J'avais commencé, il y a quelque temps, à calculer la tempéra- ture moyenne des jours de l'année pour faire ressortir les inégalités dont vous vous occupez, mais malheureusement ces calculs sont restés inachevés. Les chaleurs d'août et l'été de Saint-Martin me paraissent bien probable- ment reliés aux apparitions des étoiles filantes. Il serait intéressant de com- parer les observations de l'autre hémisphère, où les étoiles manquent en août. » Après la lecture de cette Lettre, M. Ch. Sainte-Claire Deville présente les réflexions suivantes : « Depuis deux mois, l'Europe méridionale est évidemment le théâtre d'une foule de manifestations qui ont leur origine dans les forces éruptives du globe. Voici la liste que j'ai pu en dresser jusqu'à présent et qui est cer- tainement destinée à grossir encore. » Date inconnue, mais antérieure au 19 juillet 1 865 : soulèvement d'un écueil sous-marin au sud du Péloponnèse et à l'ouest de Cérigo. » 1 5 janvier 186G : tremblement de terre à Paterno. » 22 janvier : éruption boueuse à Paterno. » 28 et 29 janvier : secousses dans l'île de Santorin. (1) Vous savez, d'ailleurs, que, ilans la vallée de Spoleto et Norcia, les tremblements de terre sont périodiques avec grands dégâts. ( 775) » 3o et 3i janvier : secousses d'intensité croissante aux Kamménis; ap- parition des flammes dans le canal entre Palœa-Kamméni et Néa-Kamméni; affaissement d'une partie du sol de Néa-Kamméni. » ier février : première apparition d'un îlot entre les deux Kamménis (devenu le promontoire du Roi-Georges). » ier février : secousse à Spoleto. » 2 février : secousse violente à Chios (onze jours auparavant, bouillon- nement et colonne de fumée sortant de la mer entre l'île et le continent voisin, à la suite de très-fréquentes et violentes secousses). » 7 février : tremblement de terre à Patras (i). » 7 février : tremblement de terre à Tripolilza, direction de l'est à l'ouest. » i3 février : apparition de L'île d'Aphroëssa dans la baie de Santorin. » 17 février : tremblement de terre à Nauplie (2). « 21 février : secousse à Spoleto. » 1 mars : tremblement de terre près de Valona, en Albanie, sur l'Adria- tique. » 6 mars : même localité. La mer y entre en ébullition jusqu'au 7 à la nuit. » Du 3 au 16 mars, des secousses se font sentir chaque malin dans la même contrée (3). » Nuit du 9 au 10 mars : apparition de l'île Réka, dans la rade de San- torin (4). » Nuit du 9 au 10 mars : tremblement de terre à Patras. » Nuit du 9 au 10 mars : tremblement de terre à Drontheim et dans la contrée voisine (5). » 10 ou 1 1 mars : éruption du Vésuve. » 17 mars : tremblement de terre à Spoleto. » La seule observation que je veuille ajouter est la suivante : » Ces divers points, situés en apparence au hasard sur la carte de l'Europe, sont en réalité liés par des relations géologiques d'une grande importance. » Ainsi le cercle du Ténare lie le Vésuve à l'Etna, passe au pic de la (1) \] Indépendance hellénique du 28 février assigne au tremblement de terre de Patras et de Tripolitza la date du 6 février : mais j'ai préféré adopter celle du 7 février, qui est citée par M. F. Lenormant d'après Y Ami du Peuple, de Patras. (2) La Grèce, journal français d'Athènes, n" du 22 février. (3) Journal des Débats, n° du 27 mars. (4) Payez ci-après la Lettre de M. Fouqué à M. Élie de Beaumont. (5) Journal dés Débats, n" du 25 mars. ( 7?6) Majella, à très-peu de distance de la contrée de Spoleto et de Norcia, que notre savant Correspondant, le P. Secchi, représente comme agitée pé- riodiquement par les tremblements de terre, et qui l'a été notamment trois fois du ier février au 17 mars dernier, et va sortir au nord de l'Europe, dans la région de Drontheim, qui a été violemment agitée dans la nuit du 9 au 10 mars,^ c'est-à-dire en quelque sorte au même moment où avaient lieu l'éruption du Vésuve, le tremblement de terre de Patras, et où appa- raissaitjl'île Réka, dans la rade de Santorin. » Ce même système du Ténare se retrouve vraisemblablement dans l'ap- parition de l'écueil sous-marin entre Cérigo et le cap Matapan, signalé dans la Lettre de M. F. Lenormant; car on peut s'assurer (1) que, construit d'après la position géographique qui lui est assignée par le capitaine Giost, il se trouve précisément sur le prolongement de la chaîne même du Ténare, qui a pris son nom du nom antique du cap Matapan, court vers le nord du Péloponnèse, séparant les golfes de Patras et de Corinthe, et dont le prolon- gement coupe la côte d'Albanie à une faible distance de Valona, et dans la contrée agitée du 2 au 16 mars. » D'un autre côté, si Ton joint cet écueil sous-marin à la Néa-Kamméni, on a une ligne qui coupe la baie de Santorin dans une directiotrun peu différente de celle qui est assignée par M. Fouqué à la fissure de l'éruption ;actuelle (2); mais ces deux lignes viennent se couper sensiblement à angle droit sur l'écueil, et si l'on reconnaissait que l'une appartient au système du Ténare, l'autre devrait représenter l'axe volcanique de la Méditerranée. » Pour Tripolitza, non-seulement le cercle auxiliaire qui réunit l'Etna et Madère y passe directement, mais, en joignant Tripolitza et Nauplie, on a une ligne orientée à l'E. 7 degrés N., qui va réunir les points d'éruptions modernes de la presqu'île volcanique de Methana. » Voilà donc au moins deux grandes directions (peut-être quatre), sen- siblement perpendiculaires deux à deux, qui relient entre eux la plupart des points signalés plus haut. » Mais elles ne paraissent pas les seules. » Il est facile de voir, en effet, que la ligne qui va de la baie de Santorin à Patras est parallèle à la bande volcanique de l'Archipel, et passe même sur les îles de Polycandro, de Polino, de Kimolo, et y représente probablement (1) La plupart des concordances que je signale dans celte Note peuvent se vérifier sur la carte de la Morée, construite par les géographes de l'expédition scientifique, et dont la partie géologique est due aux travaux de MM. IJoblaye et Virlet d'Aoust. (■?.) Voyez ci-après la Lettre de M. Fouqué. ( 777 ) Je système des Pyrénées, qu'on retrouve si nettement à l'Etna et dans toute la Sicile. » Le petit axe volcanique qui réunit l'île d'Egine à la presqu'île de Me- thàna lui est sensiblement perpendiculaire. » Enfin, si nous allons plus à l'est, vers Chios et Smyrne, très-fréquem- ment agités par les tremblements de terre, nous trouvons un point remar- quable du réseau pentagonal, où viennent converger l'axe volcanique de la Méditerranée et le cercle du Thuringerwald, que j'ai déjà signalé dans les Comptes rendus (t. LU, p. 43a) comme parallèle aux manifestations érup- tives de la mer Rouge, et sur lequel on obtient une ligne perpendiculaire si l'on joint ce point à l'écueil survenu dans le sud du cap Matapan. » Bien que toutes ces relations aient besoin d'être soumises au con- trôle d'une représentation plus précise, il me paraît difficile de n'être pas frappé de la disposition générale, des grandes lignes de fractures dans cette région du globe, par rapport au petit nombre de points qui viennent d'être si souvent agités pendant ces derniers mois. Au reste, ces remarques, que je ne fais ici qu'indiquer brièvement, se rattacbent à un très-grand nombre du même genre, que je me propose de coordonner ultérieurement, et dont j'ai déjà donné un aperçu ( Comptes rendus, t. LUI, p. 1 086). » NOMINATIONS. L'Académie procède, parla voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission chargée d'examiner les Mémoires destinés au concours pour le prix Bordin (Sciences mathématiques) de 1866 (question substituée en 1864 a celle des courants thermo-électriques : « Déterminer les indices de réfrac- tion des verres qui sont aujourd'hui employés à la construction des instru- ments d'optique et de photographie »). MM. Pouillet, Fizeau, Edm. Becquerel, Foucault, Regnault, réunissent la majorité des suffrages. L'Académie procède également, par la voie du scrutin, a la nomination de la Commission chargée d'examiner les Mémoires destinés au concours pour le prix Bordin (Sciences mathématiques) de 1866 : « Détermination expérimentale des longueurs d'onde de quelques rayons de lumière simple, bien définis ». (Commissaires : MM. Pouillet, Fizeau, Foucault, Regnault, Edm. Becquerel.) ( 77» ) MÉMOIRES LUS. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches sur les gaz du mûrier cl de la vigne, les parties qui les renferment, les changements que la végétation y détermine ; par MM. E. Faivre et V. Dcprè. (Extrait.) (Commissaires : MM. Brongniart, Decaisne, Fremv.) « On connaît depuis Malpighi la présence des gaz dans l'intérieur des végétaux, mais la science est loin d'être fixée sur la valeur et la constance de ce fait, sur les changements de composition de ces gaz aux phases diverses de la végétation, sur leurs rapports avec les éléments et les tissus. » Pour étudier ces questions, nous avons eu recours à un procédé fort simple : il consiste à injecter au moyen du mercure les portions de racines ou de rameaux à examiner; la liqueur et les gaz expulsés sont recueillis dans une éprouvette, sur la cuve à mercure. Les gaz extraits sont analysés à l'aide du phosphore et de la potasse. » En opérant ainsi, nous avons pu recueillir, dans les différentes saisons et dans des conditions comparables, les mélanges gazeux contenus dans les rameaux et les racines du minier et de la vigne; les quantités de gaz obtenues s'élevaient en moyenne à 2 ou 3 centimètres cubes. » Nous ne citerons ici, faille d'espace, qu'une série d'expériences : » Expériences sur le mûrier. — Dans les derniers jours de mars 1 865, nos premières analyses, encore imparfaites, ont porté sur des rameaux qui n'offrent pas le moindre signe de végétation. » Deux analyses eudiométriques nous ont donné dans ces circonstances : Oxygène 21 pour 100; dans un troisième essai à l'aide du phosphore nous avons obtenu : Oxygène 20,8 pour 100. » L'acide carbonique n'a pas été dosé. » i5 mai : branches feuillées, végétation active; 3 centimètres cubes de gaz retiré des rameaux ont fourni à l'anayse : Acide carbonique, 3,33 pour 100. Oxygène 1 3 , 33 ■ » [G juin : végétation très-active; nous retirons des pousses de l'année un mélange gazeux qui donne la composition suivante, en tenant compte, comme nous l'avons toujours fait à partir de celte analyse, de la tempéra- ( 779 ) ture et de la pression : Acide carbonique '5,7 pour 100. Oxygène 2,5 » » 2 juillet : nous retirons des pousses de deux ans un mélange gazeux ainsi constitué : Acide carbonique 6,3 pour 100. Oxygène i o , 2 1 » Quelques jours après, le 7 juillet, on extrait des racines 2cc,g de gaz qui fournissent à l'analyse : Acide carbonique 1 4 »G pour 100. Oxygène 1,9 » » Le 17 août, l'analyse des j>az extraits des pousses ligneuses de l'année a donné : Acide carbonique 9 pour 100. Oxygène 10,7 » » Au i5 octobre, époque à laquelle l'activité de la végétation est sensi- blement ralentie chez les mûriers, nous examinons les gaz retirés de rameaux de l'année, et de racines. Le gaz des rameaux offre la constitution suivante : Acide carbonique 3, 19 pour 100. Oxygène 1 3 ,96 • et celui des racines : Acide carbonique 3,76 pour 100. Oxygène 7,5 » » La diminution d'acide carbonique, l'augmentation d'oxygène sont de plus en plus manifestes à mesure que la végétation se ralentit et cesse entiè- rement. C'est ce qui résulte des analyses suivantes : » 1 7 novembre : branches de l'année : Acide carbonique 3,8 pour 100. Oxj'gène 1 3 , 1 » » 24 novembre : racines, après la chute des feuilles : Acide carbonique 1 ,6 pour 100. Oxygène 16 ,6 » » 3i janvier 1866 : rameaux, en l'absence de toute végétation : Acide carbonique 0,01 pour 100. Oxygène ao>9 " C. R., 186G, 1er Semestre. (T. LXII, N° 14.) 103 ( ?8o ) » Ces faits, et d'autres analogues, conduisent aux conséquences sui- vantes : » La présence de mélanges gazeux dans l'intérieur de la racine et des rameaux, chez le mûrier et la vigne, est un fait normal et constant. Ces mélanges sont constitués par l'oxygène, l'acide carbonique et une notable quantité d'azote. Les proportions relatives d'acide carbonique et d'oxygène changent avec les époques de la végétation. » Pendant la période d'inactivité, l'acide carbonique est en proportion très-faible, l'oxygène se rapproche du chiffre normal qu'il présente dans l'air atmosphérique. Pendant la phase d'activité, le contraire se produit, et les changements sont d'autant plus accusés que la végétation est plus éner- gique. Avec ses progrès, la proportion d'acide carbonique augmente, la proportion d'oxygène diminue. » Dans les racines, pendant la phase végétative, le chiffre de l'oxygène est généralement inférieur, celui de l'acide carbonique supérieur aux chiffres des mêmes gaz dans les rameaux. Dans les rameaux comme dans les racines, l'oxygène et l'acide carbonique offrent des rapports inverses; l'acide carbonique augmentant, l'oxygène diminue, et inversement. » Examinons maintenant ce que nous apprennent les injections, relative- ment aux éléments et aux tissus desquels les gaz peuvent être retirés. » Avec l'apparition des vaisseaux, les injections deviennent possibles; localisées chez les jeunes pousses herbacées au voisinage de la moelle, elles s'étendent successivement chez les rameaux lignifiés à toutes les couches ligneuses; dans les vieilles tiges de mûrier, et dans les rameaux de plus de deux ans, la couche ligneuse extérieure est perméable, les couches cen- trales cessent de l'être, ce que nous n'avons pas remarqué dans la vigne. » Dans la vigne comme dans le mûrier, l'injection des racines est plus riche que celle des tiges, et le seul aspect des vaisseaux, examinés à la loupe, peut faire aisément conjecturer qu'il doit en être ainsi ; toutes choses égales d'ailleurs, le mélange gazeux qu'on en peut extraire est plus abon- dant que celui qu'on obtient d'un égal volume de rameaux. Un fait inté- ressant consiste dans l'imperméabilité de l'écorce et de la moelle, soit des tiges, soit des racines de la vigne et du mûrier; ces parties sont, comme on sait, dépourvues d'éléments vasculaires proprement dits. » Ce que la marche des injections indique, l'examen microscopique le prouve; il nous montre les vaisseaux aréoles, réticulés, scalariformes, les trachées elles-mêmes, pénétrées par le mercure, le plus souvent déchirées par la pression énergique qu'a provoquée l'injection. (78i ) » Le même examen nous apprend encore que les aréoles, les ponctua- tions, les réliculalions des vaisseaux peuvent rester isolément remplies par le mercure, qui s'y loge comme clans autant de petites poches vasculaires formées aux dépens des parois amincies du vaisseau. » La question du contenu des vaisseaux a donné lieu aux dissidences d'opinions les plus extrêmes, et les importants travaux publiés dans ces derniers temps ne les ont pas fait cesser; la question, qu'on eût dû envi- sager d'une manière relative, a été résolue dans un sens trop absolu, et on a donné pour vrai, dans toutes les conditions, ce qui n'avait de réalité que dans les conditions particulières où s'était placé l'observateur. )> On injecte, aux premiers jours du printemps, le mûrier et la vigne : l'injection chasse la sève mêlée à des gaz en quantité notable. » Dans les jours qui suivent l'épanouissement des bourgeons et la for- mation des feuilles, alors que l'injection est devenue très-difficile, même à une pression de plus de deux atmosphères, on obtient des quantités presque insignifiantes de liquide et de gaz. » Pendant l'hiver, lorsque toute végétation a cessé, on expulse aisé- ment des gaz par l'injection des rameaux de mûrier et de vigne, on n'en extrait pas de sève d'une manière appréciable. » Pendant les phases intermédiaires de la végétation, de mai en no- vembre, l'injection chasse devant elle des gaz mêlés aux liquides séveux dans des proportions différentes. Des rameaux de mûrier injectés au mois de juillet, après des journées sèches et chaudes, fournissaient peu de liquide; au mois d'août, au contraire, après les pluies, une sève plus abondante pou- vait en être extraite par le mercure. Généralement, les gaz sont d'autant inoins abondants que la sève l'est davantage, et inversement. » L'expérience nous a donc appris jusqu'ici, dans les circonstances où nous avons opéré, que deux conditions régleraient le contenu des vais- seaux : les époques de la végétation, les conditions météorologiques. » Elle nous a prouvé également que ce contenu peut varier à la même époque sur les parties différentes d'un même individu. » Au mois de novembre, un pied de vigne fut arraché et porté au labo- ratoire ; les sarments étaient riches en sève, les racines en contenaient à peine. Au 3i janvier de cette année, nous avons observé des faits inverses chez le mûrier; les tiges renfermaient seulement du gaz dont la composi- tion se rapprochait de celle de l'air; les racines contenaient, mêlé à une sève abondante, un gaz pauvre en oxygène et riche en acide carhonique. » 102.. ( 7** ) CNIMIK APPLIQUÉE. — Notice sur les mortiers qui entrent dans la fabrication des blocs artificiels pour la fondation des ouvrages à la mer; par M. Poirel. (Renvoi à la Section de Géographie et Navigation.) « Quand j'ai conçu le système des blocs artificiels, j'avais à satisfaire à deux ordres distincts de conditions pour la solution du problème, savoir : les conditions mécaniques et les conditions chimiques. Les premières con- cernaient d'abord les dimensions à donner au bloc pour qu'il pût isolément résistera l'action des vagues dans les plus gros temps; ensuite les disposi- tions à prendre, les engins à employer, pour le fabriquer et transporter an lieu de l'immersion. Sur ces deux points, les nombreux dessins cotés des planches de mon ouvrage et le texte à l'appui sont devenus une sorte d'aide- mémoire pour les ingénieurs. Restaient les conditions chimiques relatives à la composition des mortiers employés à la fabrication des blocs. Dans l'ou- vrage précité, j'ai exposé comment j'avais résolu cette seconde partie du problème, au moyen de la pouzzolane de Saint-Paul, à Rome, tamisée dans des blutoirs métalliques, et combinée avec un hydrate de chaux grasse dans lequel entre deux fois et demie son poids d'eau. Une partie en volume de cet hydrate est mélangée, soit avec deux parties de pouzzolane pure, soit avec une partie de pouzzolane et une partie de sable de mer, suivant que le béton est immergé frais ou bien qu'il subit une dessiccation préalable à l'air, de manière à acquérir une cohésion suffisante pour qu'il puisse être transporté et échoué. » La condition sine quâ non du système de fondation en blocs artificiels, c'est que les mortiers avec lesquels se fabriquent les bétons qui les consti- tuent soient inaltérables à l'eau de mer. L'Académie a reçu plusieurs com- munications de M. Vicat sur cette question d'une grande importance dans la pratique, et qui a été l'objet spécial des derniers travaux de ce savant. » Dans une Note, à la date du mois de novembre 1 854, en réponse à des observations de M. Minard, inspecteur général des Ponts et Chaussées, il disait : « Il ne s'agit plus seulement aujourd'hui de confectionner des w gangues ou mortiers hydrauliques destinés à des massifs revêtus de pare- )> ments imperméables, ce à quoi se réduisaient principalement leurs fonc- n lions dans les travaux à la mer exécutés par nos devanciers. L'innovation » des môles ou jetées en blocs artificiels a donné aux composés hvdrau- » liques une tâche infiniment plus difficile à remplir; » et il annonçait la possibilité de créer, à un prix de revient qui les rendit d'un emploi pra- ( 7^3 ) tique, des silicates magnésiens tout à fait inattaquables par l'eau de nier, promesse qu'il ne lui a pas été donné de réaliser. » L'expérience a démontré que, dans cette discussion, M. Minard avait raison contre M. Vicat. Le premier soutenait que « les mortiers de chaux » grasse et de pouzzolane d'Italie présentaient toute sécurité pour la fabri- » cation des blocs artificiels; que les expériences de laboratoire ne pou- » vaient, sur ce point, être admises comme concluantes; qu'il importait » fort peu en réalité que les mortiers ne pussent pas résister, par leur na- » ture intime, à l'action des sulfates magnésiens de l'eau de mer qui les dé- » compose entièrement dans les baquets; que du moment où, en mer libre, » ils sont protégés soit par une pellicule de chaux qui se concrétionne à » leur surface, soit par des algues marines, soit par des coquillages ou ani- » malcales qui les tapissent à l'extérieur, on n'a pas à s'inquiéter du reste. » » Pour que l'Académie se fasse une idée exacte de la manière dont le béton des blocs artificiels se comporte à la mer, je mets sous ses yeux deux fragments détachés en 1842 de blocs qui avaient été immergés en i835. A leur inspection, elle reconnaîtra qu'après sept années d'immersion des blocs, le béton avait acquis assez de solidité pour avoir pu se polir et être amené à l'état d'un prisme à arêtes vives, dans lequel la gangue du mortier a pris le même degré de poli que la pierre calcaire très-dure qu'elle enve- loppe. » A Livourne, comme à Alger, j'ai employé la pouzzolane de Rome, celle qui provient des galeries ouvertes dans les terrains avoisinant l'église de Saint-Paul hors des murs, sur les bords du Tibre. Seulement, à Alger, la chaux était complètement grasse, tandis que celle de Livourne était légère- ment hydraulique, ce qui a contribué à augmenter encore la solidité du béton, fait important sur lequel je reviendrai tout à l'heure. » En Italie, en Espagne, en Autriche pour les ports de l'Adriatique, on continue à employer, comme je l'ai toujours fait, la pouzzolane de Rome pour la fabrication des blocs artificiels et la confection de tous les ouvrages à la mer. Dans tout le Levant, en Grèce et en Turquie, c'est également la pouzzolane que l'on emploie, mais celle provenant de l'île de Santorin, l'une des Cyclades, où se passent en ce moment ces curieux phénomènes d'éruption sous-marine qui ont attiré l'attention de l'Académie. Dans une mission que j'ai remplie en Turquie, pendant les années 18/17 ct I848, j'avais commencé, pour un nouveau port que j'avais projeté en remplace- ment de l'ancien port d'Énos complètement atterri, des essais avec cette pouzzolane de Santorin; ils ont donné de bons résultats, mais les expé- ( 7»4) riences auxquelles je l'ai soumise n'ont pas eu une assez longue durée pour qu'il m'ait été possible d'établir entre celle-ci et celle de Rome une compa- raison basée sur des faits irrécusables. » Aucun des ciments romains connus, pas plus ceux de France que d'Angleterre, ne résiste à l'action destructive des sels marins. Les essais mul- tipliés auxquels je les ai soumis m'autorisent à me prononcer aussi catégori- quement, et je ne doute pas que tous les ouvrages exécutés, dans les ports anglais, en mortiers de Porlland-cemcnl ne soient destinés à une destruction plus ou moins procbaine. » En France, depuis quinze ou vingt années environ, on a renoncé à la pouzzolane de Rome : le mortier des blocs artificiels, et en général de tous les ouvrages à la mer, se fait avec de la cbaux bydraulique du Theil. Elle est employée exclusivement à Alger, à Toulon; à Marseille et à Port-Saïd, placés tous deux sous la même direction. L'avenir prouvera si les blocs artificiels ainsi confectionnés résistent aussi bien à l'eau de mer que ceux dont les mortiers ont été fabriqués avec de la pouzzolane de Rome. » Quant à moi, je persiste à la regarder comme étant, jusqu'ici, la seule de toutes les matières connues qui présente toutes garanties pour la con- fection des mortiers exposés à l'eau de mer. Je désire que, sur ce point, l'avenir ne me donne pas trop raison et qu'il justifie la confiance avec la- quelle nos ingénieurs emploient aujourd'hui la cbaux du Tbeil. Mais ce qui me laisse, à cet égard, des craintes sérieuses, c'est que d'abord ils les ont eux-mêmes ressenties au moment où ils renonçaient à la pouzzolane, puisque alors ils commencer ent par construire, sur leurs cliantiers, des fours dans lesquels ils faisaient cuire le calcaire du Theil, afin de se prémunir contre les chances de mauvaise fabrication et même de fraude, possibles avec la chaux, impossibles avec la pouzzolane qui est un produit naturel ; tandis qu'on les voit aujourd'hui, pleins d'une confiance en contradiction avec leur prudence première, recevoir directement la cbaux toute faite des mains d'un entrepreneur, et laisser ainsi à des négligence;?, soit calculées, soit volontaires, une influence bien dangereuse sur la nature de l'élément qui seul doit décider de l'avenir de leurs constructions. Ils ont d'ailleurs, en abandonnant la pouzzolane, renoncé bien gratuitement au bénéfice de la propriété qu'elle possède, comme je l'ai dit plus haut, de donner dos mortiers d'une énergie et d'une résistance croissantes à mesure que les cbaux avec lesquelles OH la combine ont un degré d'hydraulicité plus pro- noncé; propriété bien précieuse depuis que les travaux de M. Vicat ont constaté l'existence de calcaires, plus ou moins hydrauliques, dans la plu- (785 ) part des localités. La considération d'économie est sans doute celle qui aura principalement motivé ce changement radical apporté clans la nature des mortiers fabriqués. Or, c'est là une considération bien secondaire; d'abord en raison de la petite quantité, o,i25, de pouzzolane qui entre dans un mètre cube de bloc confectionné moitié en béton, moitié en moel- lons, comme à Livourne; ensuite en regard de la question de sécurité qui, dans les travaux à la mer, domine toutes les autres. » Je ne parle pas d'une espèce de blocs artificiels, fabriqués par vitri- fication, qui a été soumise à l'Académie et dont on a pu voir un spécimen à l'Exposition universelle de Londres, en i85i. La cuisson d'un bloc de grande dimension, pour le réduire à un état d'homogénéité qui lui per- mette de supporter des chocs considérables, présente de telles difficultés, qu'elle peut être considérée comme à peu près impraticable. D'ailleurs, aucune brique ne résistant à l'eau de mer, il doit en être ainsi, à plus forte raison, d'une grosse masse solidifiée parle même procédé. » En finissant, j'appelle l'attention de l'Académie sur cette importante question : « Quels sont les mortiers que l'on peut employer avec le plus de » sécurité dans la fabrication des blocs artificiels pour la fondation des » ouvrages à la mer? » De la solution de cette question dépend l'avenir des grands travaux que l'on exécute, dans ce système, sur tant de points diffé- rents. Il est donc permis de dire que la haute autorité scientifique de l'Aca- démie n'aura jamais été mise au service d'un intérêt public mieux caracté- risé. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ZOOLOGIE. — Note sur de nouvelles analyses chimiques relatives à la maladie des vers à soie}jailes par M. le Dr F. Droxke. (Renvoi à la Commission de sériciculture.) « J'ai eu l'honneur de communiquer précédemment à la Commission impériale de sériciculture les recherches que j'ai faites pour montrer l'in- fluence que les [quantités de potasse et d'acide phosphorique contenues dans les feuilles du mûrier ont sur le développement des vers h soie. De nouvelles analyses de cendres sont venues confirmer ces résultats, et elles ont en même temps mis en évidence l'importance du rôle que joue la quantité de chaux contenue dans les feuilles. » Les résultats de ces analyses sont renfermés dans le tableau suivant : ( 786 ) NUMEBO! des 100 PARTIES DE CENDRES DE : Feuilles de mûrier à fruit blanc Feuilles de mûrier à fruit rouge / Rien portants. . . Vers provenant de graines \ Malades du Japon, nourris avec) (Symptômes : les feuilles du mûrier à j plus d'appétit, fruit blanc / le corps devient \ noir.) Feuilles de mûrier Papillons bien portants Papillons malades Cocons avec trous blancs provenant des papil- lons bien portants Cocons avec trous bruns provenant des papil- lons malades CONTIENNENT KO. NaO. CaO. P0S. SiOs. i3,S 3,o «4, •■> "5,4 20,2 l5,2 5,6 10,0 10,0 25,2 i!i, i 3,8 18,1 26,1 1 1 ,5 "7.4 6,i 8,/, n,3 ■5,3 '9>° 5, î ■ 1,3 "5,7 25,0 ifi,6 5-9 ■ 5,8 i5,8 25, S 1 1 , ', 7>" ■4.8 10,0 '9l^ "9>4 3)7 '4>9 17,8 20,0 16,0 6,3 i3,8 16,4 21,8 ORSERVVTIONS. Les fouilles et vers des d8' 1 ai proviennent d'une uiaçrnanerlcdeTou- raine. On a oniervé en Tou- raine (|ue les vers nnur- ris aver les feuilles du mûrier à fruii blanc sont moins malades que cem nourris avec les feuilles du mûrier à fruit rouge. Les feuilles, papillons ei cocons provenaient de la magnanerie de M. J.-A. Heere . éducateur de Uerlin. On oliserve très-peu de maladie dans les vers nourris avec les feuilles de ce mûrier. » i° Les analyses (1) et (2) montrent que l'observation que les éduca- teurs de Touraine ont faite sur la préférence à accorder aux feuilles du mûrier à fruit blanc coïncide avec une quantité de chaux notablement plus grande que dans les feuilles du mûrier à fruit rouge. » 20 Les analyses (3) et (4) montrent que les vers malades sont très- appauvris en chaux et en acide phosphorique. » 3° L'analyse (5) des feuilles de mûrier employées par l'éducateur de Berlin renferme des nombres que nous avons rencontrés dans les analyses (1) et (2). Comme on n'observe que très-peu de maladie dans les vers qui sont nourris avec ces feuilles, on est autorisé à penser que cette feuille comprend les diverses substances minérales dans les meilleures proportions, ou, autrement, que la feuille qui convient à une même race de vers doit contenir les éléments potasse, soude, chaux, acide phosphorique, silice, dans des proportions bien déterminées. » 4° Enfin les analyses (6), (7), (8) et (9) montrent que la proportion des diverses substances minérales varie de la même manière dans les papil- lons et les cocons provenant de vers sains ou malades; ainsi les papillons et les cocons sains contiennent plus de potasse, moins de soude, plus de chaux, plus d'acide phosphorique que les papillons et les cocons malades. h En résumé, je conclus de ces diverses analyses : 1" que la quantité de chaux contenue dans les feuilles a une grande importance sur le développe- ( 787 ) ment des vers, et que clans les engrais potassiques qui doivent être donnés à la terre pour remédier à l'appauvrissement du sol en potasse, il faudra également faire entrer des sels de chaux; i° qu'une même race de vers est amenée à son meilleur développement par certaines feuilles renfermant les différentes substances salines dans des proportions bien déterminées. » hydraulique. — Sur la théorie des roues hydrauliques. Théorie des roues à aubes courbes. Note de M. de Pambour. (Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Morin, Combes, Delaunay.) « La roue à aubes courbes est mue par-dessous, comme les roues à aubes planes; mais l'ingénieuse idée de donner une courbure aux aubes fait que l'eau y exerce son action d'une manière différente, et produit des effets beaucoup plus considérables. Cette roue a été conçue par M. Poncelet, et il en a donné la théorie. Il a montré que l'eau arrive sur l'aube avec la vitesse relative V — v, s'y élève jusqu'à la hauteur — > g étant la gra- vite; puis en redescend avec une vitesse relative égale et contraire à V — c, et sort de la roue avec la vitesse absolue V — 2c. » Nous adopterons ces résultats, en les appliquant à notre manière d'éta- blir le calcul des machines, c'est-à-dire en exprimant qu'il y a équilibre entre la puissance et la résistance; et nous y ajouterons les considérations qui nous ont servi pour les roues précédentes. » En conservant aux lettres la même signification que pour les roues à aubes planes (*), on aura encore les trois équations primitives En outre, en faisant une distinction entre le jeu sous la roue, que nous avons appelé y, et le jeu latéral que nous appellerons/', et L" étant la largeur totale du coursier, on reconnaîtra que la perte d'eau, qui a lieu entre le coursier et les aubes, sera représentée par l'expression w = L"; 4- 27'. Ainsi, on aura les quantités a et w, et par suite la fraction ———, qui exprime le rapport de l'eau utilisée à l'eau totale. (*) Comptes rendus des séances de l'Académie, des Sciences, t. LX, p. Il8.l, Iî83. C R., 1866, i« Semestre. (T. LXII, N° 14.) ' °3 ( 738) « En ce qui concerne le rayon d'impulsion, l'eau admise dans la roue monte le long de l'aube et s'y élève jusqu'à la hauteur h' = £=*., puis elle redescend de ce point jusqu'au bord inférieur de l'aube. Il s'ensuit donc que la hauteur moyenne de l'eau pendant son action sera—» et par conséquent le rayon d'impulsion p' sera h' (V — vY ? =P-T-P--Jg— » Enfin, puisqu'on a la valeur de la fraction > et celle de p', on en conclura celle de l'opérant variable P' " ' p a -+- a et le poids efficient de l'eau motrice sera représenté par jxP. » Cela posé, pour établir l'équation d'équilibre entre la puissance et la résistance, on remarquera que puisque l'eau alfluente arrive à la roue avec une vitesse de chute V, qui est supposée connue, et que la hauteur h correspondante à celte vitesse est donnée par la formule h= — ? il s'ensuit que la quantité de travail appliquée par l'eau motrice sera /xP/j, et que la force qui représente cet effet à la vitesse constante V sera uP/i P V ou u. - 2ff Ce sera donc le premier élément de la puissance. » Mais il v a encore un autre effet, qui contribue à l'action delà puis- sance. Il consiste en ce que le centre de gravité de l'eau, au moment où elle pénètre dans la roue, se trouve à une certaine hauteur au-dessus du fond du coursier; et que, lorsqu'elle en sort, en tombant sur un seuil en con- tre-bas, ce centre de gravité descend jusqu'au bord inférieur de l'aube, c'est- à-dire au niveau du fond du coursier moins le jeu sous la roue. Cette chute de l'eau, de la hauteur d'arrivée à la hauteur de sortie, produit donc un surplus de travail qui s'ajoute à celui de la puissance. » Si l'on appelle i la hauteur de l'eau dans le coursier avant son arrivée à la roue, comme l'eau se meut à la vitesse V, et qu'elle est contenue dans ( 789) un coursier dont la largeur est alors L', on voit que la valeur de e' sera L'V _/ • Ainsi, il y aura une chute du centre de gravité, de la hauteur - — -, qui sera connue; et l'effet qui en résultera pourra être représenté, à la vitesse v, par la force P s' — j ' V 1 Ce sera donc une nouvelle force qui s'ajoutera à celle qui vient d'être cal- culée, et leur ensemhle sera l'expression de la puissance. » Maintenant, en ce qui concerne la résistance, comme l'eau sort de la roue avec une vitesse ( V — ac) ou (îp — V), qui est perdue pour l'effet utile, il en résulte une perte de travail exprimée par (2„_ V)2_ F-P et cette perte sera représentée, à la vitesse c, par la force P (2C—V) En y ajoutant les frottements et autres éléments secondaires, qui s'opposent au mouvement, on aura l'expression totale de cette résistance. » Enfin, en l'égalant à celle de la puissance, puis développant le terme (îc- V)2 et simplifiant, on obtiendra, pour l'équation de la roue, et ensuite pour son effet utile et son effet total, les expressions suivantes : (0 (' +/')('• + /+ 2*)=^|(V-p) + [»£^. (2) E.u.= n>=2^.?(V-^+7^7rP.^->-^% (3) E.t. = (r + /+ 2*> = s-^.^V-^ + ^P.^'- » Pour qu'on puisse examiner ces formules dans leur application, nous avons calculé les expériences faites par M. Poncelet, sur un modèle de roue de ce genre [Mémoire sur les roues hydrauliques à aubes courbes, p. 29). » Les données principales de cette roue sont : rayon de la circonférence extérieure p = ora,25o; nombre des aubes [\o, hauteur dans le sens du rayon om,o62, largeur Z = om,076; largeur du coursier avant la roue to3.. ( 79° ) L' = om,076; largeur totale à l'endroit de la roue L" — om, i i i ; largeur libre au même point, pour le passage de l'eau, L = om,o8/j; hauteur du seuil o"',o3o; jeu sous la roue ; = om,oo2, jeu latéral;' = o'",oo4. » Comme les expériences donnent l'effet total de la roue, nous les avons calculées par l'équation (3). Les résultats sont contenus dans le tableau suivant. Le total des chiffres du calcul excède de i ■§ pour 100 celui des expériences. » Nous avons ajouté au tableau une colonne contenant les résultats du calcul fait d'après la formule théorique en usage, S Le total des chiffres de ce calcul excède de 32 pour i oo celui des expériences. Lorsque au lieu de prendre pour v la vitesse de la circonférence extérieure de la roue, on en prend une moindre, basée sur une évaluation approchée du rayon d'impulsion, l'excès du calcul sur l'expérience est moins grand, mais il reste encore de 26 pour 100 environ. =1 VITESSE VITESSE do de la cir- EFFET EFFET VITESSE la cir- EFFET EFFET POIDS con- total EFFET total de con- !..Kll EFFET total Sl'MÉROS d'eau férence calculé total calculé suMÉnos d eau l'eau férence calculé total calculé des dépensé nflluelile ex- par donné par des dépensé nffliuMite ex- par donné par par pur s (•(.'mule térieure la par la expé- par térieure la par la rienres seconde de théorie 1 expé' formule riences. secondo seconde de Mi. -..rie l'expé- formule 1'. v. la roue par seconde V. pro- posée. en usage. P. kll V. m la mue par seconde i'. pro- posée . rience. en usa •„'..'. Ml m m kcm K^'rn kgra III kgm kgm kgm 2 3,894a l,giS 1 ,6()3 0,2. .29 0 , 2S0G 0,2984 20 3,8942 I,()l5 1,227 0,5144 0,0024 0,6703 3 • » 1,671 0,2705 0,2C)S0 o,3i37 21 1 ,2oS 0,5200 0, Jl 1 1 0,6782 4 » » t,G3G 0 , 1 \ o,3i3G 0,3624 22 1,172 0,5275 o,5n8 o,Ggi4 5 » ., 1 ,610 0,3227 o,33o5 0,3899 23 1,145 0,53iG 0,5i53 0,7001 (i ., .. 1 , 5S/| o,3383 o,346S o,4tG3 24 I , 1 22 o,5358 0,52O2 0,7065 7 .. » 1,559 0,3566 0,3626 0,4407 25 1 , 106 0,5368 0,5279 0,7105 S « .» 1,534 0 ,';;- i 0,3776 0,4641 20 1 ,076 0,5391 0,5281 0,7168 !l » ■ 1 ,5io o,:issi 0,3922 o,4856 27 1 ,0/17 0,540.', 0,5282 0,7216 10 » » 1,482 i., înhii 0,4045 0,5095 28 1 ,020 o,55i5 0,5379 0.7249 11 ■' » 1,454 ",ï'-"7 0,4170 0,5322 21) 0,994 0,5399 0,5277 0,7269 12 11 » 1)428 0,4367 0.42S8 0,5522 30 0 ,(j."iS o,5385 o,52i3 .. .'_ .s,. 13 » » i ,^o3 0.44S5 o,44»4 o,57o.'| 31 0,924 o,53'|i o,5i56 0,7271 li .. » 1,378 0, /ifloç) 0 ,45:3 0,5876 32 ... 893 o,53oo 0 , 5 1 00 0,7347 I.-. .. » 1,354 0,4708 0,4621 o,Go3i 33 0,86.3 0 5a5i o,5o5i 0,7209 Il) .. » i,33i 0,48o8 0,4726 0,6172 .'Il 9,744 0,4934 o,4G72 0,6918 17 18 » ■ 1 ,3o5 1 . ■ ■ 0 , jgoa «,4987 0,4811 0,4 908 o,G32t o,G'|39 35 ... 'inii o',3a4o o,2g3i 0,4865 " * * l'J " " 1 ,355 .., .'10I. s 0,4968 0,6577 Tnt. i5,4g5o |5,2G02 30,2l3'2 ( 791 ) thermodynamique. —Sur la loi qui régit le travail de réunion des corps simples et sur les attractions à petites distances. Note de MM. Athaxase Duprk et Paul Dupré, présentée par M. Regnault. (Commissaires précédemment nommés : MM. Regnault, Bertrand.) « L'emploi des pesées dans la mesure du travail et des forces molécu- laires conduit à une précision cpii n'avait point encore été atteinte. Il est devenu possible de commencer l'étude des attractions à petites distances, et il y a lieu d'espérer, pour les parties des sciences physiques qui se rat- tachent à la mécanique moléculaire, un progrès notable et prochain. » Lorsque deux corps terminés par des faces planes parallèles se rap- prochent jusqu'au contact, il s'effectue un travail proportionnel à la surface et indépendant de l'épaisseur, pourvu qu'elle dépasse le rayon s de la sphère d'attraction sensible. Nous avons démontré qu'un même nombre représente ce travail, la force de réunion et la force de contraction de la couche super- ficielle; les appareils propres à le déterminer ont été décrits (Mémoire adressé à l'Académie en octobre 1 865 et Annales de Chimie et de Physique, février, mars, avril 1866). Si on ramène par le calcul à l'unité de surface et à l'unité de poids spécifique, on rend le résultat obtenu pour chaque corps comparable avec les nombres analogues. Les deux lames qui se réunissent peuvent d'ailleurs être de même nature ou avoir une composition chimique différente; il est commode de représenter la force de réunion par un carac- tère^accompagné de l'indication chimique des corps considérés : ainsi jC B représente la force de réunion du mercure avec lui-même, après réduction à l'unité, et jn celle de l'hydrogène avec l'oxygène. A l'aide de cette nota- tion, on peut calculer la force de réunion d'un corps composé en fonction des forces de réunion des éléments qu'il est souvent impossible d'obtenir d'une manière directe. En l'égalant à la valeur trouvée par expérience, on obtient une équation qui, à la vérité, contient plusieurs inconnues; mais d'autres composés contenant les mêmes corps simples dans des proportions différentes fournissent de nouvelles équations, et, si leur nombre est assez grand, on arrive non-seulement à obtenir les quantités cherchées, mais en- core à des vérifications précieuses. Ce travail, que nous communiquerons entièrement à l'Académie quand il sera terminé, a déjà donné une loi très- importante : » Les forces de réunion des corps simples ramenées à l'unité de surface et ( 792 ) de poids spécifique sont inversement proportionnelles à leurs équivalents. » Pour l'hydrogène nous avons obtenu 27 milligrammes par millimètre, et cela de quatre manières : » i° Au moyen du mercure; » 20 Au moyen du brome; » 3° Au moyen de l'essence de térébenthine et de la benzine; » 4° Au moyen de l'eau, de l'esprit de bois et de la benzine. » Mais nous ne proposons ce chiffre que comme résultat d'une première étude du nombre fondamental ; il subira probablement quelques corrections après que les expériences auront été renouvelées et les produits plus com- plètement purifiés. Les expériences à faire sont longues et délicates; il faut de grandes précautions pour éviter les graves erreurs. » Les faits déjà constatés portent sur des intégrales définies; à cause de cela, il est très-probable mais non entièrement certain que : » A même distance très-petite et à égal poids spécifique, deux éléments de volume d'un corps simple exercent l'un sur l'autre une attraction dont la valeur doit être seulement multipliée par le rapport des équivalents quand on vent l'appliquer à i\n autre corps simple. » Cette loi de l'attraction reproduit évidemment la loi expérimentale des forces de réunion. Elle conduit immédiatement à plusieurs autres lois que nous examinerons expérimentalement, et dont voici les énoncés : » Dans les corps simples, les attractions au contact ramenées à l'unité de surface et de poids spécifique sont inversement proportionnelles aux équi- valents. » Dans les corps simples, le rapport de l'attraction au contact à la force de réunion est : » i° Indépendant du poids spécifique; » 20 Indépendant de la nature chimique; » 3° Indépendant du groupement moléculaire. » Pour tous les corps simples, pris à l'état fluide, on obtient un produit constant lorsqu'on multiplie les quatre nombres suivants, relatifs à une même température et à une même pression : « i° L'équivalent chimique; » 2" Le coefficient de dilatation à pression constante; » 3° L'inverse du coefficient de compressibilité; » 4" L'inverse du carré de la densité. » Les attractions au contact de deux corps simples différents agissant l'un sur l'autre, et par suite de deux composés quelconques, s'obtiennent ( 793) par des calculs semblables à ceux que nous avons employés pour les forces de réunion; les attractions des parties très-voisines y entrent évidemment pour une plus grande part. Des calculs de vérification de ce genre sont déjà commencés; malheureusement les données fournies par les expérimenta- teurs ne sont point encore assez nombreuses et assez précises. Nous avons une marche tracée; en la suivant, nous espérons pouvoir jeter de la lumière sur plusieurs points de la mécanique moléculaire. » Lorsqu'un corps simple se réunit avec un autre élément, la force de réunion n'est pas toujours attractive, et l'on a ainsi l'explication de faits jusqu'ici difficiles à comprendre : par exemple, la chaleur produite par l'a décomposition du bioxyde d'azote. Les atomes d'oxygène et ceux d'azote s'attirent à des distances plus grandes que £ avec une force (pesanteur uni- verselle) qui n'est appréciable que pour de grandes masses. A des distances moindres qu'une certaine quantité s' très-petite par rapport à s, ils s'attirent encore; mais dans l'intervalle se' ils se repoussent et le travail de réunion chimique est composé d'une partie négative et d'une partie positive moindre. Ils ne se combinent point directement parce qu'ils se repoussent; mais quand, par un moyen quelconque, on a réussi à leur faire franchir l'intervalle es', ils peuvent rester unis. Ces dernières vues sont en partie hypothétiques; aussi ne manquerons-nous pas de les soumettre à toutes les vérifications dont elles sont susceptibles. Les principales difficultés tiennent à ce qu'il faut employer des produits chimiques très-purs et capables de fournir les meilleures déterminations. Avec les composés ternaires, si le choix n'est pas bon, les erreurs à craindre s'accumulent très-vite dans les calculs. Autant que possible, nous employons des corps simples ou des composés binaires : un groupe de deux substances de ce dernier genre, contenant les mêmes éléments, permet de joindre aux nombres cherchés une vérification très-utile. Lorsque nos résultats seront plus nombreux, nous essayerons d'en déduire la loi qui régit les forces de réunion des corps simples différents. » J'ai démontré, au moyen des valeurs connues des forces de réunion et des attractions au contact, que la loi générale de l'attraction ne saurait être exprimée par plusieurs termes obtenus en multipliant des puissances entières de l'inverse de la distance par des coefficients constants. Elle parait devoir être représentée par la somme de trois fonctions de la distance dont la première, c'est-à-dire la fonction astronomique, prédominerait complè- tement à de grandes distances et serait entièrement négligeable à de petites distances. La deuxième, qu'on peut nommer la fonction physique, prédo- ( 794) minerait dans l'intervalle îs'; elle déterminerait presque complètement la force de réunion et serait commune à tous les corps simples pourvu qu'on la fasse précéder de l'inverse de l'équivalent pris comme facteur. Enfin la troisième, c'est-à-dire la fonction chimique, prédominerait à son tour de zéro à a'. » PHYSIOLOGIE. — Résultat de quelques expériences faites au moyen du laryn- goscope. Note de M. le Dr Gmxier, présentée par M. Jules Cloquet. (Commissaires précédemment nommés : MM. Flourens, Cl. Bernard, Longet.) « La facilité de l'exploration du larynx au moyen du laryngoscope est quelquefois étonnante; elle est toujours réelle, pourvu que l'examen la- ryngoscopique soit fait avec une dextérité suffisante. » Pour obtenir l'insensibilité tactile de la luette, du voile du palais et de la paroi postérieure du pharynx, parties touchées par le miroir guttural dans l'examen laryngoscopiquc, il n'est besoin d'aucun médicament anes- thésique préalable; il suffit que la personne examinée maintienne intacte sa respiration et opère de larges mouvements respiratoires. L'occlusion spasmodique de la glotte, quelque courte qu'elle soit, est la cause active de l'acte réflexe qui produit la nausée ou le vomissement. » La muqueuse du pharynx, du larynx et de la trachée présente une indifférence remarquable, spontanée ou acquise au contact des corps étran- gers solides; une sensibilité tactile spéciale siège à la base de la langue, au bord libre et à la face laryngée de l'épiglotte, au bord libre des ligaments vocaux. » Le mécanisme des accès de suffocation de certaines maladies, telles que le croup et la coqueluche, peut être imité parla cautérisation des ligaments vocaux. Ce mécanisme consiste dans l'occlusion toute spasmodique, et plus ou moins complète et durable de la glotte. » Il est facile d'obtenir par une action méthodique et toute locale la gué- rison d'altérations pathologiques ou de productions organiques anormales (ulcérations, polypes, végétations épithéliales, etc.) situées dans les pro- fondeurs du larynx, et dont le diagnostic positif serait impossible sans le secours du laryngoscope. » ( 79"> ) M. Tfxi.ier adresse une Note sur la fabrication de l'éther méthylique el son application à la production artificielle de la glace et du froid. (Renvoi à une Commission déjà nommée pour des communications sembla- bles, Commission qui se compose de MM. Pouillet, Regnault, Balard.) M. Rollin adresse, pour prendre date, le résumé d'un ouvrage qui l'oc- cupe depuis quatre ans, et qui est relatif à diverses maladies, en particulier à la pbtliisie pulmonaire et aux maladies de la même espèce, dont il pense avoir découvert la cause clans un appauvrissement du sang en albumine. (Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.) MM. les Drs L. Bouter, deSaint-Pierre-de-Fursac, et J.-A. Maxdox, de Limoges, adressent, pour le concours des prix de Médecine et de Chirurgie, un Mémoire ayant pour titre : « Destruction traumalique des régions bul- baire et membraneuse de l'urèthre, et création d'un nouveau canal ». f Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. J. Brick envoie de Breslau, pour le concours des prix Montyon, la description imprimée de son slomaloscope, pour rendre diaphanes les dents et leurs parties adjacentes au moyen de la lumière électrique. Il y joint un Mémoire manuscrit sur la carie centrale des dents, observée à l'aide du même appareil. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. le Dr WiM.EMix adresse, pour le concours du prix Bréant, une bro- chure ayant pour titre : « Considérations sur le mode de propagation du choléra ». M. Bassaget adresse un « Nouveau Mémoire sur le système ganglion- naire du grand sympathique et sur le choléra ». M. Felice Kviuii.v écrit de Naples pour soumettre au jugement de l'Aca- démie un remède contre le choléra. Ces trois communications sont renvoyées à la Commission du prix Bréant. C. [ï. iSGG, i" Scmrstre. (T. LXII, N° M.) 1 o4 ( 796 ) CORRESPONDANCE. M. Costf. présente, de la part de M. le Dr Marey, une brochure ayant pour titre : « Essai de théorie physiologique sur le choléra ». GÉOLOGIE. — Sur la nouvelle éruption de Santorin. Lettre de M. Foitquk à M. Élie de Beaumont. « Santorin, 12 mars 1866. » Par suite du mauvais temps et du défaut de correspondance des bateaux à vapeur, je ne suis arrivé à Santorin que dans la soirée du 8 mars, bien que je fusse parti de Paris depuis le 23 février. Je suis accompagné de votre savant collègue M. de Verneuil, qui a voulu observer par lui- même la nouvelle éruption et voir l'île de Santorin. » Le 9 mars, lendemain de notre arrivée, nous avons pu visiter le siège de l'éruption, grâce au concours obligeant des officiers du navire autri- chien Réka. » Voici ce que j'ai observé : » Au sud de l'île Néa-Kamméni s'élève un monticule haut de 5o mètres environ : c'est ce qu'on appelle aujourd'hui le promontoire Georges. Ce ino?iticule couvre non-seulement le petit port de Voulcano, mais encore une grande partie de la plage qui s'étend à partir de là vers le sud-ouest. Il s'avance, en outre, dans la mer vers le sud, en dépassant l'ancien rivage d'environ ioo mètres. L'ancienne lave de Néa-Kamméni forme donc encore les deux caps qui terminent cette île vers le sud, et le promontoire Georges occupe à peu près le milieu de l'espace compris entre ces deux pointes. » L'îlot nommé Jjjltroëssa a paru le 1 3 février; il se trouve placé dans le canal compris entre Pakra-Kamméni et Néa-Kamméni, en face du cap sud-ouest de cette dernière île. Il n'est séparé de Néa-Kamméni que par un canal ayant environ io mètres de largeur et dont la profondeur diminue sans cesse. D'après les sondages effectués le 6 mars par les officiers de la Réka, cette profondeur était alors de 17 mètres; le 9, elle n'était plus que de 10 mètres. » L'îlot d'Aphroéssa est de forme à peu près arrondie; son diamètre est d'environ joo mètres. La hauteur de son sommet au-dessus du niveau de la mer est de i5 à 20 mètres. Le promontoire Georges ainsi que l'îlot d'Aphroéssa sont formés par une lave noire, vitreuse, très-feldspathique, identique pour l'aspect à certaines laves anciennes de l'Etna, ainsi qu'à celle ( 797 ) qui forme les couches compactes de l'île de Santorin. On dirait une obsi- dienne imparfaite. Au milieu de la pâte noire qui la constitue presque entiè- rement, on trouve des cristaux de feldspath vitreux extrêmement abon- dants. Je n'y ai vu jusqu'à présent aucun cristal nettement formé de péridot ni même de pyroxène. Cette lave est compacte, homogène dans l'intérieur des blocs, mais à leur surface elle est très-scoriacée. » Il ne paraît y avoir nulle part de véritable cratère. Les deux monti- cules qui constituent, l'un Georges, l'autre Aphroëssa, semblent être deux énormes champignons de lave incandescente et fluide, revêtus de blocs soli- difiés qui s'écroulent sans cesse sur leur pourtour. Dans l'intervalle des blocs, surtout vers le sommet des deux éminences, se trouvent de profondes crevasses, au fond desquelles on aperçoit la lave incandescente même en plein jour. » Les projections de lave liquide ou solide sont rares et peu abondantes. Cependant, il y a de fréquentes détonations, mais chacune d'elles n'est suivie que de l'émission de substances volatiles ou pulvérulentes. Les cendres sortent surtout du sommet d'Aphroëssa, ce qui fait que les fumées de ce monticule sont rougeàtres, tandis que celles de Georges sont d'un blanc pur. Il y a eu précédemment, surtout le 20 février, des projections de pierres incandescentes. Les blocs ainsi lancés ont quelquefois même été très-volumineux. Dans l'église abandonnée de Néa-Ramméni, j'en ai vu un qui avait défoncé le toit de l'édifice et dont le volume était d'en- viron un demi-mètre cube. Ce point est à 100 mètres à peu près du promontoire Georges. Quelques fragments légers ont été lancés jusqu'à Palœa-Ramméni, d'autres ont été portés par le vent jusqu'à Santorin. Ces projections ayant causé le 20 février l'incendie d'un bateau du commerce amarré dans le canal entre Micra-Ramméni et Néa-Ramméni et tué le capi- taine de ce bateau, il en est résulté une grande frayeur dans toute la population de Santorin. Mais, en somme, ces projections sont bien peu de chose, quand on les compare à celles des éruptions ordinaires du Vésuve et de l'Etna. Il faut une recherche attentive pour trouver çà et là quelques blocs pierreux lancés par les deux sommets volcaniques nouveaux. J'at- tribue l'absence de véritable cratère précisément au peu d'abondance des matières projetées, car j'ai pu voir à la dernière éruption de l'Etna que les parois des cônes volcaniques étaient presque exclusivement formées par des blocs de lave plus ou moins volumineux, retombant autour de leurs orifices de sortie. » La nature des produits gazeux émis par les nouveaux centres d'értip- 104.. ( 7i>« ) lion n'est pas moins remarquable que la disposition de ces cratères. En effet, on trouve réunies dans un très-petit espace toutes les substances volatiles qui, dans les grands volcans, sont ordinairement séparées par des dislances considérables. Près des points où la lave est incandescente, les blocs sont couverts d'un léger dépôt de chlorure de sodium; à quelques pas de là, on respire l'odeur suffocante de l'acidechlorhydrique et surtout celle de l'acide sulfureux; mais, si Ton s'éloigne encore un peu du centre d'éruption, on voit bientôt la température s'abaisser rapidement, et alors c'est de l'acide siilfhydrique qui se dégage en abondance. La base des deux monticules volcaniques est couverte d'un dépôt de soufre provenant de la décomposi- tion de cet acide et mélangé avec du chlorhydrate d'ammoniaque. Enfin, un peu plus loin, il n'y a plus que des dégagements purement gazeux, qui font bouillonner la mer dans tout le voisinage. Ces gaz sont combustibles ; ils s'enflamment au contact de l'air en présence de la lave incandescente, et l'ilot d'Aphroëssa se trouve ainsi environné de flammes qui s'étalent même quelquefois à la surface de la mer, en communiquanf le feu aux dégage- ments gazeux qui se produisent tout alentour. Mais, chose remarquable et qui n'a peut-être été constatée jusqu'à présent dans aucun autre volcan en activité, ces gaz combustibles se dégagent même au sommet de l'ilot d'Aphroëssa et paraissent sortir du sein de la lave liquide. Ils brûlent avec une flamme jaune, due aux sels de soude qu'ils entraînent. Tout l'ilot semble lormer un énorme bûcher- C'estdonc un fait bien certain maintenant qu'il peut exister des flammes véritables dans un volcan en pleine éruption et au centre même de l'action volcanique. » Le 10 mars, je suis retourné aux mêmes lieux afin de recueillir les gaz qui se dégagent autour d'Aphroëssa. Je faisais le tour de cet îlot sur un canot du navire autrichien, lorsque nous avons aperçu avec surprise un nouvel îlot qui n'existait pas la veille et qui venait de sortir du sein de la mer. Nous l'avons appelé Réku en l'honneur du navire qui nous avait si obligeamment conduits pendant ces deux journées. Cet îlot est situé tout près d'Aphroëssa, dont il n'est séparé que par un canal large d'environ 10 mètres et profond de 10 mètres également. Son diamètre est d'à peu près 3o à /jo mètres. Sa hauteur au-dessus du niveau de la mer est de im,5o. 11 est composé de blocs de lave identiques à ceux qui proviennent de Georges et d'Aphroëssa. Il semble qu'il n'y ait aucune différence notable entre des blocs de lave qui se sont ainsi solidifiés au fond de l'eau et ceux qui se solidifient à l'air libre. La surface est un peu plus rugueuse, voilà tout. L'intérieur est compacte de même, subvilreux et parsemé de cristaux de feldspath au milieu d'une pâte noire à peu près homogène. ( 799 ) » Si l'on imagine une ligne droite passant par le sommet de Georges et celui d'Aphroëssa, cette ligne dirigée sensiblement E. 20 degrés N. magné- tique (déclinaison, 9 degrés) passe par la nouvelle ile Réka. Cette direction est donc celle de la fissure de l'éruption nouvelle, cardans l'intervalle de ces trois centres le sol est à une très-haute température. Entre Réka et Aphroëssa, de même qu'entre cette dernière et Néa-Kamméni, la température de la mer est d'environ 60 degrés. L'eau est blanche comme du lait, à cause du soufre pulvérulent qu'elle contient et qui provient de la décomposition de l'acide sulfhydrique dégagé dans ses profondeurs. Enfin, sur la pointe de Néa-Kamméni, étendue entre Georges et Aphroëssa, se trouve une longue ligne de fumerolles sulfureuses à température élevée, indiquant nettement une continuité des phénomènes volcaniques dans cette direction. » De même que l'île Georges, formée le 3 février, s'est transformée dès le 6 février en un simple promontoire de Néa-Kamméni, de même il est probable que bientôt Réka et Aphroëssa se réuniront à la pointe sud-ouest de cette île pour former un cap dirigé vers Palœa-Kamméni. » L'affaissement du sol éprouvé par la pointe sud-est de Néa-Kamméni s'est enfin arrêté. Il a été sensible surtout auprès du promontoire Georges, où il a été de 6 mètres. » Tels sont, Monsieur le Secrétaire perpétuel, les principaux faits que j'ai cru devoir vous communiquer immédiatement. Je me propose mainte- nant de les étudier en détail et d'en observer régulièrement la marche, heureux si je puis, dans le cours de ces recherches, mériter la confiance dont l'Académie a bien voulu m'honorer. » J'ai l'honneur de joindre à ma Lettre une Carte dressée par le com- mandant de la/?e'«, qui donne très-exactement l'état de l'éruption à la date du 7 mars. Les lignes rouges tracées au sud de Néa-Kamméni indiquent les accroissements successifs du promontoire Georges. L'îlot Réka n'est pas tracé, mais vous trouverez facilement sa place d'après ma description. J^es chiffres noirs indiquent les profondeurs fournies par les sondages à la date du 7 mars, et les chiffres rouges la température de l'eau de la mer. Pour ces derniers, je ferai observer que j'en ai obtenu, le 9 et le 10 mars, de bien plus élevés, principalement dans la petite rade au sud-ouest de Georges, ainsi qu'entre les deux îles de nouvelle formation. » La Note de M. Fouqué est renvoyée à l'examen d'une Commission com- posée de MM. Élie de Beaumont, Boussingault, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée. ( 800 ) physique. — Nouvelle Noie sur un résultai d'expériences relatives à un moyen d'obtenir un ressort àjorce constante ; par M. A. de Caugxy. « Quand j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie la Note sur ce sujet publiée dans les Comptes rendus, t. LIX, p. iio3; je me proposais seule- ment de signaler une idée telle qu'elle m'avait été confiée par M. Cagniard de Latour. On m'a fait verbalement sur cette Note quelques observations dont l'examen rentre plus particulièrement dans le cercle de mes études; on a demandé s'il ne résulterait pas de l'application de cette idée des oscillations qui ne permettraient de l'employer utilement que pour des mouvements d'une extrême lenteur. » Supposons un tube au sommet duquel serait fait ce qu'on appelle le vide barométrique, ce sommet étant bouché, l'extrémité inférieure étant ouverte et plongée dans un bain de mercure. Le frottement du liquide se réunira, il est vrai, aux autres causes quelconques qui peuvent rendre la résistance contre le tube, tiré de bas en haut par hypothèse, moins sensi- blement constante que si l'on avait à vaincre seulement la pression atmo- sphérique sur le sommet. Mais s'il en résulte des oscillations dans la co- lonne liquide à l'intérieur de ce tuyau vertical, cela n'empêchera pas le principe de l'appareil de subsister, si ces oscillations n'atteignent pas le sommet du tube, quoiqu'on ait d'ailleurs à tenir compte, ainsi que je viens de l'indiquer, de quelques variations possibles dans les effets de la résis- tance. D'ailleurs, il est clair que ces variations seraient bien peu de chose par rapport à la pression atmosphérique. » Je suppose, à cause de la forme des expériences dont je vais parler, qu'au lieu d'employer le mercure, comme le proposait M. Cagniard de Latour, on emploie seulement de l'eau et qu'on tire le tube de bas en haut; il pourra résulter du frottement et de l'adhérence de l'eau un exhausse- ment quelconque de ce liquide, au-dessus du niveau où il serait resté en équilibre si le tube n'avait pas été mis en mouvement. Quand cette ascen- sion quelconque sera finie, il y aura une oscillation en retour au-des- sous du niveau d'équilibre qui finirait par redevenir stable si le tube res- tait en repos. Mais si, pendant la durée de cette oscillation, le tube reçoit du moteur un mouvement assez régulier de haut en bas, on peut demander si le frottement et l'adhérence du liquide ne pourraient pas tendre à aug- menter l'amplitude de cette oscillation au retour, et si, quand cette der- nière serait finie, la suivante ne monterait pas plus haut que la première fois quand on relèvera le tube, et ainsi de suite. ( «or ) » Il paraît, pour diverses raisons, que ces effets ne peuvent pas augmenter de plus en plus les hauteurs obtenues, de manière qu'en général on doive craindre, pour un mouvement oscillatoire régulier, que l'oscillation ne finisse par frapper le sommet du tube. » Mais, sans entrer dans ces détails, il est intéressant de montrer qne la question peut être résolue par une expérience familière. Il est, en effet, facile de voir qu'il n'est pas indispensable d'employer pour cela un tube barométrique oscillant dans un bain ds mercure, le point à étudier étant le résultat des oscillations successives d'un tube contre une masse de liquide, que ce soit ou non dans le vide. J'ai cru donc pouvoir me contenter de prendre un tube vertical en zinc de 5 centimètres de diamètre et d'une hauteur de 3j centimètres, plongé en partie dans un vase rempli d'eau. Il était facile, à cause de la petite longueur de ce tube, d'observer les mouvements à l'intérieur pendant la durée de diverses séries d'oscillations plus ou moins rapides de ce tube. Malgré les dénivellations provenant du frottement ou des autres causes quelconques de résistance, les oscillations du tube, quoique en très-grand nombre, n'ont rien produit de semblable aux effets dont la crainte avait été exprimée; c'est-à-dire que les exhausse- ments de l'eau qui en sont résultés ont été d'une amplitude vraiment insignifiante, relativement aux effets qu'il s'agissait de comparer à la hau- teur d'un vide barométrique même d'une médiocre étendue. » Il me semble résulter de ce qui précède que le ressort à force sensible- ment constante de M. Cagniard de Latour est réellement applicable d'une manière plus générale qu'on n'aurait pu le croire au premier aperçu, et que j'ai été assez heureux pour faire une chose utile en conservant la trace d'une idée ingénieuse de ce savant ami. » MÉTÉOROLOGIE. — Relation paraissant avoir existé entre les vents qui, pendant une partie de notre hiver, ont régné en même temps à Versailles et au Cap de Bonne Espérance; par M. Laktigce. « A Versailles, depuis le mois de novembre jusqu'à la fin du mois de mars, les vents ont presque constamment soufflé entre le sud-sud-est et le sud-ouest (i). Ils commençaient à peu près au sud-sud-est, à la suite de (i) J'ai observé la direction des vents sur la girouette de la chapplle du palais, qui est assez élevée pour n'être que peu ou point influencée par le voisinage des maisons et par les bois au milieu desquels Versailles est situé. ( 8o2 ) calmes ou de faibles brises, et après une durée d'un ou deux jours ils pas- saient plus ou moins brusquement au sud-sud-ouest et au sud-ouest. Par exception, les vents d'entre le sud-ouest et le nord-ouest, cpii sont ordinai- rement très-fréquents, ont été assez rares pendant cet hiver. » Mes observations et mes études sur le mouvement de l'atmosphère m'ont fait admettre que la partie supérieure des courants d'air polaires de l'hémisphère austral parvenait jusqu'à l'équateur, que souvent même elle continuait sa marche vers le pôle boréal, en passant au-dessus des alizés du nord-est, et qu'elle descendait ensuite à la surface terrestre, à une distance plus ou moins grande du tropique du Cancer (i). Or, comme d'après les dernières nouvelles venues du Cap de Bonne-Espérance, il paraîtrait que les vents polaires d'entre le sud et le sud-est y ont soufflé, pendant les mois de novembre, de décembre et une partie du mois de janvier, avec une con- stance beaucoup plus grande que les années précédentes, je pense qu'il a existé une certaine relation entre ces vents et ceux du sud-sud-est au sud, qui ont régné en même temps à Versailles, et je croirais même mon hypo- thèse parfaitement confirmée, si les observations météorologiques faites au Cap, pendant cette période, constataient la persistance des vents du sud au sud-est. » Ces vents y soufflent très-fréquemment pendant notre hiver et une par- tie de l'automne, n'étant interrompus que de temps en temps, par des calmes et par des vents de nord-ouest. Ces derniers sont accompagnés de pluie, mais ceux du sud au sud-est sont très-secs, et pendant leur durée le ciel est clair, la terre brûlante, bien que le fond de l'air conserve quelque fraîcheur (2). Les journaux n'indiquent pas la direction des vents, ils ne font mention que de la sécheresse excessive et de l'ardeur du soleil qui ont brûlé les récoltes et ta végétation en général, ainsi que du manque d'eau dans une foule de localités; mais je sais par expérience que ces circonstances ne se produisent, dans la colonie du Cap de Bonne-Espérance, que dans les années où les vents du sud au sud-est ont régné avec le plus de continuité. o A partir de l'équinoxe d'automne, ces vents cessent d'y être aussi fré- quents, et ceux du nord-ouest le deviennent de plus en plus. A Versailles, clans la nuit du 21 au 22 mars, les vents ont encore commencé au sud-sud- (1) Exposition du système des vents, par M. Lartigue, ?.e édit., 1 855, p. 10, 20 el 21. — Comptes rendus de l'Académie des sciences, séances du 7 juin ■ 854 e^ ''" '9 jinn '8(35. (2) Les propriétés de ces venls sont absolument les mêmes que celles <\\\ mistral qui règne pendant l'été sur nos cotes de la Méditerranée et sur les terres qui en sont voisines. ( 8o3 ) est, à la suite de faibles brises, et après une durée de trente-six heures., pen- dant lesquelles ils ont soufflé avec une grande intensité, ils ont sauté au sud-sud-ouest et au sud-ouest. Depuis lors ils se sont maintenus entre le sud-ouest et le nord-ouest. » chimie. — Sur le silicium dans la fonte; par M. Phipsox. (Deuxième Note.) « Le i5 mai 1 865 j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie une Note sur l'existence du silicium sous deux états dans la fonte, et leur influence sur la production de l'acier, etc. (Voir Comptes rendu;, t. LX, p. io3o). J'ai fait depuis quelques nouvelles observations sur ce sujet, et je demande la permission de compléter ici la Note que je viens de citer. » Plusieurs chimistes distingués ont refusé d'admettre les conclusions auxquelles je suis arrivé dans mon premier travail; cependant je vais mon- trer que ces conclusions sont néanmoins très-exactes, et qu'il faut seulement leur donner une signification quelque peu différente de celle qu'on leur a attribuée jusqu'ici. » Personne n'a discuté le fait fondamental, savoir, qu'en dissolvant la fonte dans les acides, une partie du silicium se dissout, une autre partie se précipite (à l'état d'acide). La quantité d'acide silicique précipité n'influe en rien sur la production de l'acier de Bessemer, tandis que la quantité de celui qui se dissout exerce, au contraire, une influence énorme, de sorte que lorsque la fonte en contient seulement i à 2 pour 100 il n'y a plus moyen d'en faire de l'acier de Bessemer tolérable, du moins dans la pratique ac- tuelle. Nous allons voir comment cela a lieu. » Lorsque j'ai trouvé que le silicium se divisait ainsi invariablement en deux parties pendant l'analyse, j'ai pensé naturellement qu'il en était du sili- cium comme du carbone, et que le premier existait sous deux états allotro- piques dans la fonte. Cependant je n'y ai pas insisté et je me suis borné à indiquer simplement ces deux états par les lettres a cl b : a silicium com- biné, b silicium libre (ou qui se précipite). J'ai trouvé depuis que cette opinion ne représente pas assez nettement l'état des choses. Il n'existe pas dans la fonte deux modifications allotropiques du silicium, mais bien du silicium combiné a (à l'état de siliciure de fer), et du silicium oxydé b (à l'état de silicate de fer). C'est ce dernier que j'avais d'abord appelé silicium libre. En effet, il se précipite à l'état d'acide pendant l'analyse, et sa quantité C. R., 18CG, 1" Semestre. (T. LXII, N° 14.) I o5 ( 8o4 ) peut s'élever à 4 pour ioo daus la fonte (i) sans exercer d'influence sur la production de l'acier. Au contraire, le silicium a existant dans la fonte à l'état de siliciure de fer nuit considérablement, et voici comment cela a lieu. Dans le procédé de Bessemer, dès que le métal fondu est introduit dans le converler et que le courant d'air est appliqué, tout le silicate de fer (silicium b) se liquéfie plus ou moins promptement, tandis que le siliciure de fer (silicium a) s'oxyde d'abord et se liquéfie ensuite. Mais pour éloigner complètement ce dernier, il faut continuer si longtemps le courant d'air, que la perte de métal par oxydation devient très-considérable; en consé- quence, il arrive le plus souvent qu'il reste dispersé dans l'acier produit, et celui-ci ne peut alors être travaillé au marteau. C'est ce dont j'ai pu m'as- surer par l'examen des trois échantillons d'acier produits par les trois échan- tillons de fonte dont j'ai donné l'analyse dans ma première Note. » Une question fort importante à résoudre est celle de savoir comment le silicium s'introduit sous ces deux formes dans la fonte et par quels moyens on peut éviter la production du silicium a (siliciure de fer) dans la fonte destinée à faire de l'acier. Ce problème présente bien des diffi- cultés; je n'ai pu encore le résoudre d'une manière complètement satis- faisante. » GÉOGRAPHIE. — Comparaison des déterminations astronomiques faites par l 'Ob- servatoire impérial de Paris, avec les positions et azimuts géodésiques publiés par le Dépôt de la Guerre; par M. Yvox Yillarceau. (Extrait commu- niqué par M. Le Verrier.) k Les travaux entrepris par l'Observatoire impérial de Paris ont été poursuivis jusqu'à la fin de i 865. Bien que la publication n'en soit pas en- tièrement terminée, j'ai été chargé de comparer nos résultats avec les po- sitions géodésiques du Dépôt de la Guerre. Il a paru nécessaire, en effet, avant d'aller plus loin, d'examiner les conséquences auxquelles la partie actuellement terminée du travail pouvait conduire m Jetons un coup d'œil sur les données que nous avons à comparer. Déterminations astronomiques. » De 1 854 à «856, l'Observatoire a déterminé, à l'aide des signaux élec- triques, les longitudes de Greenwich et de Bourges, la première avec le (i) Voir les trois analyses données dans ma première Note {Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, i5 mai i865). ( 8o5 ) concours des astronomes anglais, la seconde, en commun avec le Dépôt de la Guerre. En 1861, époque d'une première détermination de la lon- gitude du Havre, les travaux de l'Observatoire ont pu être repris; ils ont été continués sans interruption jusqu'à la fin de i865. Des simplifications considérables ont été apportées dans l'observation des longitudes : durant cet espace de temps, on a pu déterminer astronomiquement les longitudes et latitudes des stations suivantes : Dunkerque, Strasbourg, Brest, Talmay (Cùte-d'Or), Biarritz, Madrid, Nantes, Marennes, Bodez, Carcassonne, Lyon (Fourvières). Dans quatre de ces stations il a été en outre mesuré des azimuts; enfin, une détermination de latitude et d'azimut a été effectuée à Saligny-le-Vif (Cher) et un alignement méridien a été repéré à Lyon pour la détermination ultérieure d'un azimut. » A ces opérations ont été employés dans les stations : une lunette méri- dienne appartenant au Dépôt de la Guerre, un cercle méridien portatif de Bigaud appartenant à M. Ismaïl-Bey, puis deux autres cercles méridiens, l'un de Bigaud et l'autre de Secretan-Eichens, appartenant à l'Observa- toire. Positions et azimuts géodésiques. » La Commission royale, instituée en 181 7 pour la nouvelle Carte de France, fixa les chaînes méridiennes et les chaînes perpendiculaires de trian- gles du premier ordre qui devaient constituer les fondements principaux de la triangulation, et conserva la méridienne de Dunkerque, dont la mesure avait servi à la détermination de l'unité fondamentale de notre système métrique décimal. Pour les autres chaînes, les bases de départ et les coor- données devaient être prises sur cette méridienne. L'accord inespéré des bases de Melun et de Perpignan, que l'on avait cru bien établi, suffisait, aux yeux de la Commission, pour adopter ce parti. Cependant, lorsqu'on vint à comparer la méridienne de Bayeux au parallèle moyen, on rencontra une discordance inacceptable, intolérable, dit le Mémorial du Dépôt de la Guerre (t. VI, p. 37). La mesure de la méridienne latérale, dite de Fontaine- bleau, conduisit à une correction de près de 4 mètres pour la distance de Bourges à Dun-le-Boi, et la substitution de la méridienne de Fontainebleau à la partie correspondante de celle de Delambre eut pour résultat d'éta- blir plus d'harmonie entre la méridienne et le parallèle moyen. Mais alors le grand accord des bases de Melun et de Perpignan a fait place à une discordance de im,82 sur une longueur de nkm,7i, ou de -^^ en- viron, résultat peu satisfaisant dans l'état actuel de la science. io5.. ( 8o6 ) » Hâtons-nous d'ajouter que nous sommes parvenu à rétablir l'accord des bases de Melun et de Perpignan, en appliquant des corrections légitimes au parallèle de Rodez, jusqu'au côté Tbil-Arzac qui est commun à ce pa- rallèle et à la chaîne des Pyrénées : ce qui circonscrit l'espace défectueux de la méridienne aux triangles compris entre Rodez et Perpignan. » La mesure des chaînes principales était à peu près terminée, lorsque la Commission royale perdit son illustre président et cessa de se réunir. C'est sans doute à cette circonstance qu'il faut attribuer la marche ulté- rieurement suivie, non dans les opérations (rigonométriques, mais dans les calculs des triangles et des positions géographiques. Le but principal des officiels au Dépôt de la Guerre était l'achèvement de la Carte, et l'on pou- vait y procéder, tout en réservant pour une époque ultérieure les travaux que nécessiterait l'application de la Géodésie française à la solution de questions plus spécialement scientifiques. C'est en effet ce qui eut lieu. » Sans assujettir la triangulation à la concordance des bases et des côtés communs aux chaînes principales, on a néanmoins procédé au calcul des longitudes, latitudes et azimuts géodésiques. Dans ces calculs, on a adopté les éléments de l'ellipsoïde terrestre, la latitude de Paris et l'azimut de départ qui avaient été arrêtés par la Commission royale. Toutefois, l'a- mélioration provenant de la mesure de la méridienne de Fontainebleau ne s'est pas introduite sans inconvénient dans la triangulation : une partie des calculs basés sur la méridienne de Dunkerque était terminée, quelques-uns ont été recommencés pour tenir compte des nouvelles données; mais il est arrivé, en plus d'une circonstance, que l'on a substitué aux côtés de la mé- ridienne de Dunkerque, pris pour point de départ des parallèles, des lon- gueurs empruntées à d'autres chaînes, tout en conservant les longitudes, latitudes et azimuts fournis par celte méridienne. » Enfin, une partie seulement de la triangulation a été recalculée dans ces derniers temps, pour tenir compte des termes du troisième ordre négligés. » Les développements dans lesquels nous venons d'entrer expliquent la •nécessité d'appliquer généralement aux positions géodésiques du Dépôt de la Guerre de certaines corrections, pour Ici ramener à une origine com- mune. Nous donnons dans le Mémoire les formules qui ont servi à les ob- tenir, et c'est le résultat de leur application qui figure au tableau suivant. ( 8o7 ) « s. k 0 XI «, <-> *c ■tb r -.; q > k ^ Xs ■8" s S o S & s: •■5 <* *â S On en ^rr^~ co -^r^— « ci o lo •^■•-rrin OtO^O^iO tets lO to te oo CC C'1 CO GC CO CC GQ CO OO GO 00 coca ri lo ^ c-i lo ltj c-.lo MM ce oo in co H «< q 2. S o ta co tC co OKO ••^rec lo oo lo cl - l-:mv? Cl Cl Ci OC - co - lo LO -<3- ^r lo Cl lO co C.co Ci CO Ci ci o O Cl M lO es — Cl LO Cl - ^3- CI co -CO LO c^ co S S "Vj CO .O -i " -^r — m f< o - M O - LO r* es co Ci tC lo o te ci o Ci ci co co co ci et o O + + + + + I + r> d lo co »"T? O S S S-s g :i!ÎSC0.ï V2 cfiU — r- " "H _j — cj — *-: »- a. ( 808 ) » A l'inspection des chiffres de ce tableau, on remarque une allure sys- tématique dans les différences entre les résultats de l'Astronomie et de la Géodésie : en conséquence, il paraît possible de les atténuer en corrigeant les nombres qui ont servi de points de départ aux calculs géodésiques. » Le Mémoire contient les formules d'après lesquelles ont été calculés les coefficients des équations de condition. Après avoir formé ces équations, au lieu de les résoudre simultanément, on a pris le parti de les séparer en deux groupes admettant des inconnues spéciales et qui sont relatives aux données astronomiques de départ de chaque groupe; l'objet de cette sépa- ration est d'éviter une solution de continuité qui paraît exister entre Paris et Bourges, et qui est particulièrement accusée dans la marche des erreurs azimutales. Après avoir éliminé les inconnues spéciales, on a réuni les deux groupes pour en déduire les corrections des éléments de l'ellipsoïde. » La résolution des équations a conduit au résultat suivant : Aplatissement de l'ellipsoïde = 285,8 Quart du méridien 2= ioooi334m, Demi-grand axe = 6378204™ ■ Ces nombres sont déjà beaucoup plus approchés des éléments les plus dignes de confiance, que ceux obtenus par les géodésistes français avant l'appli- cation de la télégraphie électrique à la mesure des longitudes. Ils repré- sentent d'une manière très-satisfaisante les latitudes, et laissent dans les longitudes et dans les azimuts des discordances assez prononcées. » En appliquant à quatre stations de la méridienne de Dunkerque, Paris, Bourges, Bodez et Carcassonne, notre méthode pour éliminer les effets des attractions locales, on obtient des résultats manifestement systématiques. Leur examen conduit à cette alternative d'admettre que la surface de la France n'appartient pas à un sphéroïde de révolution, ou bien qu'il existe dans la méridienne de Dunkerque, particulièrement au delà de Bodez, des erreurs autres que celles dévoilées par la méridienne de Fontainebleau : or, on a déjà vu que cette seconde hypothèse rétablit l'accord des bases de Melun et de Perpignan; elle est donc plus vraisemblable que la première. » Une discordance considérable, 12", subsiste encore dans la longitude de Lyon; il nous a été impossible de la soumettre au même genre d'inves- tigation, attendu que l'enlèvement de la borne géodésique de Verdun nous a empêché de mesurer un azimut à Lyon. » Qu'il nous soit permis, en terminant, de remercier M. le Général Blondel pour l'empressement avec lequel il a mis à notre disposition les ( 8o9 ) nombreux et précieux documents que possède l'Administration de la Guerre. » 31. Desnos envoie de Nancy la copie d'une Lettre adressée à M. le Ministre d'État, au sujet du moteur à air chaud mentionné au Compte rendu du 12 mars. M. liinom: demande que son Mémoire sur le diabète soit admis à con- courir pour le prix de Physiologie pathologique. (Renvoi à la Commission des prix de Physiologie.) M. Hamilton Howe prie l'Académie de vouloir bien lui faire connaître les conditions du concours du prix Bréant. 31. Heiser demande une copie du Rapport relatif au travail qu'il a adressé à l'Académie le 8 août 1 856. On fera savoir à l'auteur que les Commissaires nommés ont déclaré qu'il n'y avait pas lieu de faire ce Rapport. 31. Liaxdier adresse une Notice sur l'hiver de 1 866. (Renvoi à l'examen de M. Babinet.) 31. Brate envoie de nouvelles explications, relativement à la solution de ses problèmes de Géométrie. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) 31. de Paravey signale à l'Académie des expériences faites en 1784, à Péking, par le P. Amjot, sur les relations entre l'électricité et le magnétisme, et appelle l'attention des physiciens sur une Lettre du savant jésuite rela- tive à ce sujet et imprimée au tome Xï, p. 572-073, des Mémoires in-4° concernant les Chinois, année 1786; Paris. A 5 heures l'Académie se forme en comité secret. ( »>o ) COMTÉ SECRET. La Section d'Économie rurale, par l'organe de M. Boussincault, pré- sente la liste suivante de candidats pour une place de Correspondant vacante dans son sein par suite du décès de M. liidolfi : En première ligne. . M. Mares, à Montpellier. En deuxième ligne. . M. Lebel, à Bechelbronn (Bas-Rhin). En troisième ligne. . M. Henri Bouley, à Alfort (Seine). Les litres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures. L. 1). B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 2 avril 18G6 les ouvrages dont les titres suivent : Comptes rendus hebdomadaires des Séances de l'Académie des Sciences; par MM. les Secrétaires perpétuels; t. L1X; janvier-juin 1 865. Paris; 1 vol., in-4°. Commission nommée pour examiner les procédés de culture cl de féconda- tion artificielle de M. Daniel TI00ÏRRENK. Rapport à S. Exe. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commet ce cl des Travaux publics, par M. le Maréchal VAILLANT. 2 e partie: Fécondation artificielle des céréales. Paris, 18G6; hr. in-folio. Catalogue des livres d'Histoire naturelle, et spécialement de Botanique, com- posant la bibliothèque de feu M. C. Montagne. Paris, 18G6; br. in-8°. Congrès scientifique de France. 33e session. Amiens, i01' août i865. Amiens, 186G; br. in-4°. Notice sur la constitution physique du Soleil; par "M. Ciiacornac. Lyon, sans date; br. in-8°. Bulletin de la Société impériale de Chirurgie pendant l'année i8G5. 2e série, t. VI. Paris, r865; in-8°. Etude sur les trichines et sur les maladies (pi' elles déterminent chez l'homme ; par M. Scoutetten. Paris, 186G; br. in-8°. (Présenté par M. Cloquet.) ( 8n ) Essai de théorie physiologique du choléra; par M. Marey. Paris, 1 865 ; br. in-8°. (Présenté par M. Coste.) Note sur le chemin de fer projeté de Tours à Vierzon, tracé par Saint- Aignan, Vatan et lssoudun. Mémoire présenté à la Société du Berry par M. Herpin. Paris, i866;br.in-8°. Anthropologie de la France. Rapport de M. Gustave Lagneau. Paris, 1866; opuscule in-8°. Des sources du sentiment patriotique ; par M. le Baron Rervyn de Let- tenhove. Bruxelles, 1866; br. in-8°. Proposition sur la nécessité et l'utilité d 'adapter des adjectifs latins aux noms génériques des plantes potagères ; par M. BOSSUS. Paris, 1866; br. in- 18. Gli impieghi... Sur les emplois; par M. F. Barilla. Naples , 1860; in-32. La pena... La peine de mort; par M. F. Barilla. Naples, i863; br. in-12. Istruzione... Instruction élémentaire du bas peuple. Sans lieu ni date; br. in-12. Sul colera... Sur le choléra et sur sa méthode curalive ; parle professeur P. Valente. Bari, 1 865. Novella... Nouvelle découverte pour soigner et guérir le choléra asiatique ; par M. D. Guglielmi. Borne, i865; br. in- 8°. 3 exemplaires. (Renvoyé à la Commission du legs Bréant.) Intorno... Contre l'usage de la chaleur comme moyen de vieillir et de con- server le vin; par M. E. Pollacci. Sienne, 1866; br. in-8°. Compendio... Compendium de Géographie générale, politique, physique et spéciale des Etats unis de Colombie; par M. DE Mosquera. Londres, 1866; in-8°. Revista... Revue trimestrielle de l'Institut historique, géographique et ethno- graphique du Brésil, t. XXVIII , Ier, 2% 3e trimestres i8G5. Rio-de- Janeiro, i865; 3 br. in-8°. PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR L'ACADEMIE PENDANT LE MOIS DE MARS 1866. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, Boussingault, Regnault ; avec la collaboration de MM. Wurtz et Verdet; mois de février 1866; in-8°. C. R., 1866, 1" Semestre. (T. LXII, Ps° 14.) I 06 ( èia ) Annales de i Agriculture française ; n05 3 et 4> 1866; in-8°. Annales de la Propagation de la foi; n° 2î5 ; 1866; in- 12. Annales des Conducteurs des Ponts et Chaussées ; janvier 1866; in-8°. Annales du Génie civil; mois de mars 1866; in-8°. Bibliothèque universelle et Revue suisse, n° 98. Genève, 1866; in-8°. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; nos 10 el 11, 1866; in-8°. Bulletin de la Société d' Agriculture } Sciences el Arts de la Sarthe, 3e et 4e trimestres 1 865 ; in-8°. Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'industrie nationale; janvier i866;in-4°. Bulletin de la Société de Géographie; janvier 1 86(> ; in -8°. Bulletin de la Société française de Photographie; n° 2; février 1866; in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; mois de décembre 1 865 et mois de janvier 1 866 ; in-8°. Bulletin des séances de la Société impériale el centrale d'Agriculture de France; nos 1 et 2, 3e série, t. 1er, 1866; in-8°. Bulletin général de Thérapeutique; 28 février et i5 mars 1866; in-8°. Bullettino meteorologico dell' Osservatorio del Collegio romano ; t. V, n° 2, 1866; in-4°. Catalogue des Brevets d'invention; n° il, 1866; in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie des Sciences; nos 10 à i3, ier semestre 1866; in-4°. Cosmos; nos g à 12, 1866; in-8°. Gazette des Hôpitaux; nos 24 à 34, 1866; in-4°- Gazette médicale de Paris; nos 9 à 1 2, 1866; in-4°. Gazette médicale d'Orient; n°9 10 et 11, 1866; in-4°. // Movimento scientifico ; mars 1866. Milan; in-4°. Journal d'Agriculture pratique ; nos 5 et 6, 1866; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; mars 1866; in-8°. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; février 1866; 111-80. Journal La température la plus haute possible à la surface de la terre. » Une pression atmosphérique notablement plus basse que dans les régions voisines. » Des courants d'air réguliers, horizontaux, qui permettent à l'atmo- sphère de rester pendant un temps suffisamment long dans un état d'équi- libre instable. « Enfin un mouvement rapide qui tend à rétablir l'équilibre de tempéra- ture et de pression en mêlant ensemble les différentes couches de l'atmo- sphère. » Le mélange de cristaux de glace à — 4° ol1 — 5o degrés avec des globules d'eau liquide à — 20 degrés produit instantanément de la glace qui peut être seule et au-dessous de zéro, ou à zéro exactement et accom- pagnée d'eau plus ou moins froide, selon les proportions relatives des cirrus et des cumulus. » Les autres chutes d'eau sous diverses formes ne diffèrent du phénomène de la grêle que du plus au moins. Cependant deux masses d'air saturées, en se mélangeant rapidement, peuvent donner lieu à des averses de quelques minutes; la superposition de deux couches, l'une inférieure froide, l'autre supérieure chaude, donne, avec une forte pression, du brouillard, du givre ou de la bruine; ce dernier phénomène est alors absolument distinct de la pluie proprement dite. » La distribution de la pluie à la surface du globe est réglée par les cinq conditions suivantes : » i° Température; 11 20 Humidité; » 3° Abaissement barométrique; » 4° Variations de la température; » 5° Forme du sol. » Ces considérations suffisent pour rendre complètement compte, soit de la formation de la pluie, soit de sa répartition géographique. » Enfin cette distribution est indépendante de la nature du sol et des végétaux naturels ou artificiels qui le recouvrent. » ( ^1 ) PHYSIQUE. — Sur la pile; par M. Zaliwski-Mikorski. (Extrait.) (Commissaires : MM. Becquerel, Fizeau, Edm. Becquerel.) « La théorie de la pile et les perfectionnements que je crois possible d'y apporter me paraissent donner lieu à quatre questions que je viens traiter avec brièveté : la question physique, la question chimique; les questions de forme et d'économie. » Question physique. — En me bornant à rappeler que l'électricité sta- tique est due notamment à un frottement superficiel des corps, je vais es- sayer de prouver la loi suivante : » L'électricité dynamique est due à un frottement moléculaire. » L'action chimique favorise le mieux cet état. La théorie de Volta et celle de MM. Becquerel trouvent dès lors une place digne d'elles. En outre, un lien s'établit entre les électricités statique et dynamique. Le phéno- mène chimique seul ne produit point de courants; autrement, plus l'ac- tion chimique générale serait grande, plus fort serait le courant; or, cela n'est pas. » Quant à la loi du frottement moléculaire, elle ressort des expériences suivantes que je résume. » On prend deux couples séparés, sans vases poreux, et s'ils dissolvent un sel, des matières organiques ou inorganiques, s'il y a un simple mélange de liquides, si l'on fait imbiber un morceau de drap dans chaque couple, si on agite une liqueur, ou si l'on chauffe les éléments zinc et charbon dans une eau dont les couches changent alors de place, on produit un courant qui suffit à une décomposition voltamétrique. Si l'on évapore, à la surface des éléments, une portion aqueuse, on obtient encore un courant. En un mot, quelle que soit l'épreuve que l'on puisse imaginer, toutes les fois qu'il se produit un frottement moléculaire, il y a production de courants, et l'on conçoit maintenant comment le phénomène chimique favorise le mieux ce développement par une pénétration inter-moléculaire plus complète. » Question chimique. — Les corps hétérogènes, dont l'importance avait été remarquée par Volta, ont encore dans ce nouvel ordre d'idées une influence spéciale; ils obéissent à la loi suivante : » Les corps oxydants conviennent le mieux au pôle positif ou cbarbon, et les corps hydrogénés au pôle négatif ou zinc. » En effet, tous les corps oxydants sans exception, l'acide azotique, le ( 8s8 ) bichromate, le chlorate, le permanganate de polasse, et les chloroïdes par extension, donnent des résultats énergiques quand on les verse ou quand on les dissout dans le vase poreux dune pile de Bunsen. » Quant aux corps hydrogénés, les résultats sont encore plus marqués. J'ai trouvé qu'au lieu de dégager l'hydrogène, on avait intérêt à se servir de liquides purement hydrogénés, et que l'ammoniaque, les sels qui en dérivent, surtout le chlorhydrate, avaient une action puissante. » J'emploie, pour ma part, dans le vase poreux, de l'acide azotique con- centré par l'acide sulfurique, et, dans l'autre compartiment, une dissolution de sel marin à saturation et d'ammoniaque au quinzième. J'évite ainsi l'ef- fervescence. Les vapeurs n'ont lieu qu'au commencement et à la fin de l'opération. » Questions de forme et d'économie. — L'influence double des corps hé- térogènes conduit aux piles à deux liquides. Ce sont elles que j'ai cherché à simplifier. » J'ai supprimé les pattes, les pinces et la multiplicité des vases externes. La pile estime auge en bois à deux liquides, mastiquée à l'intérieur; elle contient alternativement un charbon et un diaphragme poreux. Une face de chaque lame plonge dans l'acide et l'autre dans l'eau saline ou aci- dulée. Les électricités de noms contraires sont en communication directe à l'aide du charbon. Le corps de la pile est presque inaltérable. » Comme accessoire principal, de la grenaille de zinc, ou une plaque de ce métal, mais mobile à volonté, baigne dans l'eau acidulée. » Enfin deux rigoles latérales amènent les liquides, à l'aide d'entailles, dans leurs cases respectives. Elles servent en même temps à recueillir ces liquides quand l'opération est terminée. Pour cela les cases de l'acide sont fermées d'un côté à leur partie supérieure. On penche l'auge de ce côté pour recueillir l'eau, puis en sens inverse pour l'écoulement de l'acide. » Par économie, au dernier pôle négatif est un zinc au heu d'un charbon. » Le mastic employé a été obtenu en étudiant les travaux de M. Che- vrenl sur les corps gras et en unissant les suifs aux résines. Ce procédé suffit à la pile de Bunsen. Dans les piles où interviennent soit les alcalis, soit l'acide sulfurique concentré, les parois de l'auge sont enduites d'un mélange de caoutchouc dissous dans une essence et de sulfate de baryte. a J^a pile dont j'ai l'honneur de déposer un modèle peut rivaliser de prix avec celle de Bunsen. » ( 8a9) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIMIE. — Expériences et observations sur (oxygène et le bioxyde d'hydrogène; par M. A. Bacdrimont. (Commissaires : MM. Pelouze, Fremy, Edm. Becquerel.) « Le baryum et le manganèse, que l'on s'accorde à classer parmi les corps dits improprement diatomiques et que je nomme diphty piques, présentent clans leurs bioxydes des différences très-notables qui sont connues depuis longtemps. Par exemple, le bioxyde de manganèse traité par l'acide chlor- hydrique donne du chlore, tandis que, dans les mêmes circonstances, le bioxyde de baryum donne du bioxyde d'hydrogène. » Thenard, l'illustre auteur de la découverte de ce dernier corps, a trouvé qu'il demeure intact en présence du bioxyde de baryum qui sert à le produire, et qu'il se décompose en eau et en oxygène sous la seule in- fluence du bioxyde de manganèse, lequel agit sans éprouver aucune espèce d'altération chimique qui soit connue. » L'oxygène qui peroxyde le manganèse décomposant l'acide chlorhy- drique en prenant la place du chlore pour constituer de l'eau, il est évident que l'oxygène du bioxyde de baryum ne peut en faire autant, au moins dans les circonstances ordinaires. Jamais Thenard, jamais les chimistes qui ont préparé l'eau oxygénée dans les conditions indiquées par ce savant n'ont obtenu du chlore. On peut donc admettre que le chlore a plus d'affi- nité pour l'hydrogène que l'oxygène qui peroxyde le baryum, tandis que c'est le contraire qui a lieu pour l'oxygène qui constitue le manganèse à l'état de peroxyde. Cela est démontré par l'expérience suivante. » Si l'on remplit de chlore gazeux un flacon dans lequel on a introduit un peu d'eau et de bioxyde de baryum en poudre très-fine, on observe en agitant le mélange qu'il se fait une vive effervescence, que la couleur du chlore disparaît, et que finalement le flacon se trouve rempli d'oxygène pur, inactif sur le papier ozonoscopique. » Les expériences suivantes démontrent encore les différences qui exis- tent entre le bioxyde de baryum et celui de manganèse. » On sait que l'acide sulfovinique donne del'aldéhyde lorsqu'on le chauffe en présence du bioxyde de manganèse. En présence du bioxyde de baryum, quoiqu'il se dégage de l'oxygène en abondance, les faits se passent exacte- ment comme s'il n'y en avait pas, et cependant la réaction commence à ( 83o ) io3 degrés et finit à i5o; on obtient del'éther, du bicarbure d'hydrogène, jnèlé avec de l'oxygène et de l'acide sulfureux. » Poussant les analogies encore plus loin, je suis parvenu à préparer de l'eau oxygénée avec le peroxyde de manganèse. Cette eau est détruite par la seule présence du bioxyde de baryum, comme celle obtenue par ce dernier corps l'est par le bioxyde de manganèse : expérience qui démontre nettement la différence qui existe entre ces deux produits. Mais cette diffé- rence est rendue encore plus évidente par le fait suivant : l'eau oxygénée obtenue par le bioxyde de baryum et celle obtenue par le bioxyde de man- ganèse se détruisent mutuellement; l'effervescence qui se produit n'est pas violente, mais elle est continue, certaine, indubitable. » Je me propose de continuer l'étude comparative des deux oxygènes et des deux eaux oxygénées. Bien des expérimentateurs, et notamment M. Schœnbein, ont étudié les deux premiers corps. Je suis heureux d'avoir confirmé les idées que ce savant a émises sur la différence qui existe réelle- ment entre les deux oxygènes qu'il a nommés ozone et antozone. » J'ai surtout l'intention d'étudier la constitution physique de ces corps, et de voir si elle se rattache à quelques faits relatifs à l'hémiédrie, à la pla- giédrie ou à quelque action rotatoire qu'ils exerceraient sur la lumière po- larisée. » Je puis dire dès à présent que l'eau oxygénée obtenue par le bioxyde de baryum n'exerce aucune action de ce genre sur la lumière polarisée. J'ajouterai comme complément que cette même eau oxygénée, soumise à l'action de quatre forts éléments de Bunsen, donne par l'électrolyse des volumes égaux d'hydrogène et d'oxygène, alors même qu'elle est fort loin d'être saturée, d'où il résulte que le bioxyde d'hydrogène est décomposé de préférence à l'eau. » Enfin, je ferai remarquer que si l'oxygène présente deux états allotro- piques, il est éminemment probable qu'il on est de même pour les corps aux- quels il est uni; que l'hydrogène pouvant à lui seul donner naissance à deux bioxydes distincts, il est probable qu'il présente aussi deux états dis- tincts et complémentaires l'un de l'autre dans les deux bioxydes qu'il forme. » Il est encore probable que le baryum se présente sous l'un de ces états, et le manganèse sous l'autre état, ce qui permet de comprendre les différences que l'on observe entre leurs bioxydes. Il est encore probable que ces deux corps pourront être trouvés dans l'état opposé à celui que nous connaissons, et qu'enfin tous les corps sont susceptibles de présenter cette espèce d'allotropie. » ( 83. ) PHYSIOLOGIE végétale. — Notice sur le pigment rouge des Floridées et so>i rôle physiologique. Note de M. S. Rosanoff, présentée par M. Decaisne. (Commissaires : MM. Brongniart, Decaisne, Duchartre.) « Il n'y a pas longtemps, M. Van Tieghem a présenté à l'Institut (Comptes rendus, séance du 6 novembre i865, p. 8o4) un aperçu de ses recherches sur la présence, dans le tissu des Floridées, d'une formation amyloïde peu différente de l'amidon ordinaire. En terminant sa communication, il ex- prime sa surprise de voir figurer une substance semblable dans des plantes dépourvues de chlorophylle, et, conséquemment, pour employer sa propre expression, essentiellement comburantes. En donnant aux Floridées une telle épithète, M. Van Tiegliem a simplement appliqué à ces plantes les résultats des expériences faites par M. Cloëz sur des Phanérogames à feuilles rouges à la surface, expériences qui avaient démontré que ces dernières renfer- ment toujours une certaine quantité de chlorophylle, en vertu de laquelle elles décomposent l'acide carbonique. » M'étant occupé à Cherbourg, depuis le mois d'octobre dernier, des recherches physiologiques sur les plantes marines, j'avais porté mon atten- tion principalement sur l'assimilation du carbone, la respiration de ces plantes et le rôle que joue dans ces phénomènes le pigment rouge. Voici les principaux résultats que j'ai obtenus : » Les expériences faites sur le Ceramium rubrum, le Plocamium coccineum, le Rhodymenia palmata, le Dumonlia filiformis, le Cysloclonium purpurascens, le Gracillaria confervoides, le Cliondrus crispus, le Gigarlina mamillosa, le Po- lysiphonia Brodiei, le Rbodomela subfusca , le Lomentaria articulatn , le Co- rallina qffîcinalis, le Jania rubens m'ont démontré que les Floridées ne sont pas plus comburantes qu'une plante chlorophylliphère quelconque: elles dégagent, sous l'influence de la lumière solaire, de l'oxygène, si on a le soin de leur fournir constamment de l'acide carbonique. La décomposition de ce dernier est d'autant plus intense que la plante reçoit plus de lumière et est soumise à une température plus rapprochée de 1 5-20 degrés centigrades ; elle commence déjà à 5-7 degrés si la lumière est assez vive ; à i5-20 degrés le dégagement d'oxygène est pour ainsi dire tumultueux. Il n'est pas dif- ficile de se convaincre que le gaz dégagé, que j'avais recueilli en grande quantité, est composé dans sa majeure partie d'oxygène. » Quant aux divers rayons du spectre solaire, j'ai trouvé que la moitié du C. R., 1866, 1er Semestre. (T. LXII, N° 13.) I 09 ( 83a ) spectre composée des rayons les plus réfrangibles est la moins favorable à la décomposition de l'acide carbonique par les Floridées. Dans l'obscurité, ce phénomène cesse complètement, et on observe une vive absorption d'oxygène accompagnée d'un dégagement d'acide carbonique. » Ainsi nous voyons que les Floridées ne se distinguent en rien, quant à leur respiration et à leur assimilation du carbone, de toutes les plantes chlo- rophylliphères, et qu'elles ne peuvent nullement être assimiléesaux Champi- gnons ou aux Phanérogames parasites. Leur mode de végétation devait faire prévoir ce résultat. » De même que dans les plantes vertes la présence de la chlorophylle est indispensable pour que la décomposition de l'acide carbonique puisse avoir lieu; de même dans les Floridées, qui dans l'état normal ne sont jamais vertes, le pigment rouge doit être considéré comme un organe essentiel de l'assimilation. » Les circonstances suivantes parlent en faveur d'une telle manière de voir. » 1. La structure du pigment. — 11 présente, comme la chlorophylle, des formations protoplasmatiques, disposées sous la couche membraneuse du protoplasma et plus denses que cette couche. Ce sont des granules allongés en baguettes diversement recourbées (Bornetia, Griffdhsia, etc.), ou des granules plus ou moins sphéroïdaux (Lridœa edulis, Callithamnion floridulum, etc.), ou enfin des bandes ramifiées , continues et gonflées de place en place (Rhyliplilœa pinaslt oides, divers Polysiphonia, etc.). Dans l'état normal elles sont homogènes, mais après l'action de l'eau de mer ou de l'eau douce elles deviennent granuleuses, sphéroïdales, vésiculaires. Elles ne contiennent pas de quantité appréciable d'amidon et sont imprégnées d'une matière colorante rouge. » 2. Lu disposition des formations pigmentai) es. — Elles se trouvent tou- jours d'autant plus accumulées dans l'intérieur des cellules que celles-ci sont plus rapprochées de la superficie de la fronde. d 3. Lu position relativement aux grains d'amidon. — Quand les lorma- tions pigmentaires présentent des granules disposés en chapelets ramifiés, ces derniers sont souvent interrompus par des grains d'amidon. Quel- cpiefois les grains d'amidon sont entourés de plusieurs grains de pigment. Dans le Callithamnion floridulum, la couche du protoplasma qui contient les granules de pigment est parsemée de très-petits grains amylacés. Dans le llornelia et le Qriffithsia, les granules cylindriques de pigment recouvrent la face intérieure des cellules, en couche qui est assez régulièrement inter- ( 833 ) rompue de distance en distance. Dans les petits vides formés de cette façon, se trouvent des grains d'amidon qui, dans le Bornelia, ont une forme très-bizarre. J'ajouterai ici que mes recherches me portent à croire que la matière amylacée des Floridées ne présente pas dans toutes les espèces la même intensité de réaction; ainsi, par exemple, dans le Rhpiphlœa pinas- troides, elle se colore, par l'eau iodée, en acajou; dans le Bornetia, la colo- ration est plus violàtre; enfin, dans le Delesseria sanguinéa, }' 'ai vu des gra- nules qui se coloraient immédiatement en bleu-violâtre foncé. Encore faut-il faire remarquer que les grains d'amidon ou de la substance amylacée ne sont jamais revêtus d'une couche de protoplasma coloré. » k. Les propriétés de la matière colorante. — Les Floridées changent de couleur sur les lieux mêmes où elles végètent. Elles deviennent d'un rouge brique, puis vertes, et enfin elles se décolorent complètement. Ce sont des phénomènes pathologiques qui dépendent de l'action de la lumière, de la chaleur et d'une dilution de l'eau de mer par la pluie pendant la basse mer. Le premier des changements cités dépend de ce que la matière colo- rante, qui était auparavant concentrée dans les formations protoplasma- tiques, se répartit dans le suc cellulaire; le second changement est la suite d'une altération de la constitution de la matière colorante, et la décolo- ration complète dépend de sa destruction finale. » A 60-70 degrés centigrades les frondes des Floridées deviennent vertes. Si on les traite avec de l'eau distillée à la température ordinaire, on obtient un extrait d'un beau rouge cramoisi, quand on l'examine par transparence, et d'un jaune plus ou moins rougeàtre quand on le regarde à la lumière réfléchie devant un objet noir. C'est une fluorescence des plus prononcées, qu'on peut observer sur chaque goutte de la dissolution et qui se manifeste aussi sur des préparations microscopiques fraîches : les granules de pigment apparaissent, au milieu, d'un rose violàtre, et aux bords et aux protubé- rances, c'est-à-dire sur les endroits dont l'oeil reçoit la lumière réfléchie, ils sont toujours jaunâtres. En projetant le spectre solaire sur une couche de ce liquide, on voit toute la partie qui correspond aux rayons verts pré- senter la couleur jaune. L'analyse spectroscopique montre qu'à une cer- taine profondeur la dissolution aqueuse absorbe tous les rayons verts et quelquefois une petite partie des rayons violets. » L'extrait aqueux se décolore par l'élévation de sa température à 5o-6o degrés centigrades, par addition de la potasse caustique et par son exposition à l'action simultanée de la lumière et de l'air. Les acides anéan- tissent seulement la fluorescence; l'alcool, ajouté à la dissolution, fait la 109.. ( 834 ) même chose, ce qui est d'autant plus surprenant que les frondes, traitées parce liquide neutre, donnent un extrait d'un beau vert émeraude, jouis- sant de toutes les propriétés physiques et chimiques d'une dissolution de la chlorophylle véritable. L'éther produit le même effet que l'alcool. » Je dois me contenter ici de ces courtes données, en me réservant de traiter la question et de décrire les détails des phénomènes et des méthodes employées, dans un travail ultérieur plus complet. » CHIMIE. — Noie pour servir à l'histoire fie i abstraction faite de l'influence que pourrait avoir 0 i44 400000 cette augmentation de masse sur la forme de l'orbite lunaire. Or, en pré- sence de valeurs de cet ordre, la quantité de matière apportée par les aéro- lithes en un siècle n'est pas un infiniment petit. En supposant que leur den- sité soit les | de la densité du globe, il faudrait pour cela une chute de 1 1 000 kilomètres cubes par siècle ou de 1 10 par an. La Terre a 5oo 000 000 de kilomètres carrés, la France en a 5oo 000 à peu près. La France est donc la - ' 0- partie de la surface du globe; il faudrait donc qu'il tombât annuel- lement sur la surface de la France 0,1 1 kilomètre cube de substance pour produire l'accélération de 6 secondes. Mais il n'y a pas besoin de tout cela, car l'action des marées doit aussi produire quelque chose, comme on l'a fort bien montré dans les derniers temps : il reste donc à expliquer non plus une accélération de 6 secondes, mais seulement ce qui n'est pas dû aux causes indiquées par Laplace et par M. Delaunay; nous arrivons donc ici à des chiffres qui n'ont rien d'impossible. 1 10.. ( 84a ) » D'ailleurs, on voit souvent des météores qui ont de grandes dimen- sions. Le 20 avril 1 865, on en observa un, je croisa Metz, qui avait i4 mi- nutes de longueur au diamètre horizontal et 8 minutes de largeur au diamètre vertical. Sa distance est demeurée inconnue, mais dans tous les cas il n'y aurait pas besoin de beaucoup de corps pareils, tombant ou se volatilisant sur la Terre, pour augmenter sa masse de quantités pareilles à celle dont il est ici question. » En outre, l'accélération du mouvement de la Lune nous est révélée par la comparaison que l'on peut faire entre le lieu et l'heure d'anciennes éclipses totales de Soleil et la position actuelle de la Lune. Or, il est fort possible que la chute des aérolithes n'ait pas été régulière, et que dans quel- ques années exceptionnelles il en soit tombé de grandes quantités, soit en petites masses, soit en masses plus considérables. » La recherche des causes qui produisent l'accélération séculaire de la marche de la Lune présente un haut intérêt, non-seulement pour ce qui concerne la Mécanique céleste et les lois du mouvement de notre satellite, mais il y a une grande importance à trouver quelle part de cette accéléra- tion peut être attribuée aux forces qui agissent sur la Lune, et quelle part peut être attribuée à l'augmentation de la grandeur du jour, car en consta- tant l'invariabilité de cette durée, on a conclu que depuis les temps histo- riques la Terre ne s'était pas refroidie d'une petite fraction de degré; or, si la durée du jour est remise en question, toute cette dernière démonstra- tion pèche par sa base (1). De même, si le jour vient à changer, la seconde sera différente aussi, et on pourrait en tirer des conclusions fausses sur la variation de la longueur du pendule qui bat les secondes, sur la variation de l'intensité de la pesanteur, etc. Et l'on soulève ainsi de nombreux pro- blèmes auxquels paraissait d'abord étranger tout ce qui concerne l'accélé- ration séculaire de la Lune. » chimie. — Sur la formation de l'acide trilhionique. Note de M. Langlois, présentée par M. Pelouze. « M. Balard a présenté à l'Académie, dans sa séance du 12 mars, une Note de M. Saintpierre contenant quelques remarques sur la production de (1) M. Fourier a démontré, par des considérations qui n'empruntent rien à l'Astronomie, que depuis l'époque de l'École d'Alexandrie, c'est-à-dire depuis vingt siècles, l'excès de la température de la surface du globe sur celle du milieu extérieur (température moyenne de l'air), n'a pas diminué de ~ de degré centigrade. (Voyez Annales de Chimie cl de Phy- sique, t. XIII, p. 435.) É. D. B. ( 843 ) l'acide trithionique par le procédé que j'ai décrit dans les Annales de Chimie el de Physique, t. IV, 3e série. Dans ce procédé, comme on sait, l'acide tri- thionique prend naissance lorsqu'on soumet à l'action de la fleur de soufre une solution très-concentrée de bisulfite de potasse, dans laquelle existent encore des cristaux non dissous, ce qui estime condition presque nécessaire au succès de l'opération. C'est pour n'avoir peut-être pas tenu assez compte de ces conditions que M. Saintpierre a vu se produire certaines réactions que je considère comme secondaires, et qui ont dû nuire forcément à l'in- terprétation exacte du phénomène. Il est utile de rappeler, je crois, qu'on obtient facilement et abondamment du trithionate de potasse en faisant dis- soudre à froid, dans de l'eau distillée, du carbonate de potasse pur, jusqu'à ce que l'eau en soit complètement saturée, et en faisant arriver ensuite dans cette dissolution un excès de gaz acide sulfureux. Il se dépose alors au fond du liquide une quantité notable de cristaux de bisulfite de potasse. Le tout est introduit, avec de la fleur de soufre lavée, dans un ballon main- tenu à une température de 5o à 60 degrés, soit dans une étuve, soit sur un bain de sable. La liqueur acquiert, sous l'influence du soufre, une teinte jaunâtre qui ne disparaît qu'au moment où tout le bisulfite est transformé en trithionate. On trouve dans ce signe, qui se manifeste ordinairement au bout de trois ou quatre jours, une indication précieuse pour mettre fin à l'opération, qu'il faut avoir soin de ne pas prolonger inutilement. Quand on agit ainsi, il ne se forme presque pas de sulfate de potasse, tandis que ce sel se produit en assez forte proportion lorsqu'on opère sur des liqueurs très- étendues, et c'est sans doute ce qui a eu lieu dans les expériences rapportées par M. Saintpierre. Le trithionate de potasse cristallisé est très-stable, on peut le conserver indéfiniment sans qu'il éprouve la moindre altération; mais, dès qu'il est dissous dans l'eau, il se décompose, plus ou moins rapi- dement, en sulfate de potasse neutre, acide sulfureux et soufre. L'équation suivante fait exactement comprendre ce genre de décomposition : KO, S3 O5 = KO, SO3 + SO2 + S. Si j'ai bien compris la pensée de M. Saintpierre, le soufre, dans mon pro- cédé, ne jouerait aucun rôle dans la formation de l'acide trithionique; celui-ci résulterait uniquement de modifications profondes de l'acide sulfu- reux. Le bisulfite de potasse, dissous dans l'eau, peut bien, au bout d'un certain temps, se métamorphoser en sulfate et trithionate; mais ce n'est pas de cette manière que les choses se passent quand ce même bisulfite est mis en contact avec le soufre, puisqu'alors la transformation en trithionate se ( 844 ) fait relativement avec une rapidité extrême et sans production bien sensible de sulfate. » la théorie la plus probable, déjà indiquée par M. Mathieu-Plessy, annales de Chimie el de Physique, t. If, 3e série, consiste à admettre que le soufre concourt d'abord à la formation de l'hyposulfite de potasse, qu'un excès d'acide sulfureux fait passer immédiatement à l'état de trithionate. L'expérience a démontré depuis longtemps cette dernière réaction, que l'on exprime de la manière suivante : 2 (KO, S2 O2) + 3 (SO2) = 2 (KO, S^O5) + S. » Je profiterai de la communication que j'ai l'honneur de faire aujour- d'hui à l'Académie pour annoncer que je n'ai jamais pu parvenir, après maintes tentatives, à donner naissance à un trithionate en traitant directe- ment un hyposulfate par le soufre, comme le dit M. Baumann, Avchiv der Pharmacie, t. XXXIII, p. 286. Le soufre est toujours resté iuactif en pré- sence des hyposulfàtes de baryte, de chaux et de potasse, quoique j'aie pris, dans l'exécution de ces expériences, toutes les précautions que l'auteur indique. Je ne sais donc à quoi attribuer ces résultats négatifs. » MÉDECINE. — Hypertrophie chronique des amygdales; son influence sur le développement et la santé des enfants. Note de M. Cuampolillon, présentée par M. J. Cloquet. « Il est de tradition dans la plupart des familles de n'accorder qu'une attention médiocre ou passagère à l'hypertrophie chronique des amygdales chez les enfants. Cette indifférence est d'autant plus surprenante que les avertissements ne lui font pas défaut, car il est dans la nature de cette infirmité de constituer, suivant les nuances de son développement, une cause permanente de tracasseries, de malaises ou même de souffrances cruelles; j'ajoute qu'elle peut devenir un obstacle à l'essor des constitu- tions les mieux préparées à u\w brillante évolution. En effet, lorsque les tonsilles ont acquis un volume considérable, elles poussent devant elles et immobilisent le voile du palais ainsi que lahuMte habituellement déformée; elles bouchent plus ou moins complètement l'orifice postérieur des fosses nasales et elles se rapprochent quelquefois sur la ligne médiane au point de transformer l'orifice guttural en une simple fissure perpendiculaire. Ces changements de rapports analoiniques altèrent .le timbre de la voix et ap- portent une gène extrême dans les mouvements de déglutition ; pendant le ( 845 ) sommeil, la respiration s'accompagne de râles on d'un ronflement insup- portables. La bouche est ordinairement sèche et l'haleine fétide. » La trompe d'Eustache participe presque toujours à l'irritation chro- nique qui a envahi les amygdales; sa membrane muqueuse, devenue turges- cente, occasionne souvent une surdité plus ou moins prononcée. » La déformation, avec étroitesse, de l'orifice guttural des voies aériennes est un accident de tout autre importance. L'effet immédiat qui en résulte est une diminution proportionnelle clans la quantité d'air inspiré; aussi le murmure vésiculaire n'a-t-il alors un peu d'ampleur et d'éclat qu'au som- met des poumons. Une certaine réduction dans le champ de la respiration n'est pas absolument incompatible avec la vie, mais il est hors de doute aussi qu'une respiration insuffisante (quant à la ration atmosphérique) nuit à l'hématose, rend imparfaite l'oxydation des globules sanguins, favorise l'anémie, abaisse la chaleur animale et altère l'élaboration des matériaux nutritifs. » Avec le temps, l'hypertrophie chronique des amygdales amène une déformation particulière du thorax, que Dupuytren a décrite pour la pre- mière fois en 1828. » L'hypertrophie indurée des amygdales pouvant devenir, comme on voit, préjudiciable à la santé et à la prospérité physique du jeune âge, il importe de remédier à cette infirmité par les moyens les plus sûrs. » Lorsqu'on a vainement employé toutes les ressources de la matière médicale, si l'on a affaire à une amygdalite décidément rebelle, il finit en venir résolument à l'ablation des glandes : malgré les nombreuses difficultés qu'elle présente dans son exécution chez les jeunes malades, toujours indociles sous la main du chirurgien, cette opération ne devrait jamais être ajournée; car à mesure que l'on temporise, la constitution se détériore davantage et sa restauration devient de plus en plus difficile. » Aussitôt que les deux amygdales, ou l'une d'elles seulement, ont été enlevées, le sujet respire avec une aisance et une satisfaction manifestes, le poumon s'épanouit, et dans les mouvements vitaux de l'organisme tout va changer d'allure. Cette transformation suit une marche et atteint un déve- loppement dont je vais emprunter les principaux détails à l'observation clinique, afin de les présenter avec une variété suffisante d'aspect dans l'exposition qu'ils comportent. » I. — L. T..., né de parents sains et robustes, a été dès l'âge de trois ans sujet à de fréquents maux de gorge qui amenèrent un gonflement con- ( 846 ) sidérable des amygdales. Quand je vis cet enfant pour la première fois, il venait d'atteindre sa neuvième année, il était alors d'une apparence chétive et d'une santé fort chancelante; les amvgdales, toujours volumineuses, étaient dures et absolument indolentes. » Je mesurai, à cette époque, la capacité des poumons deT... au moyen d'un spiromètre consistant tout simplement en un tube courbé en forme de siphon et dont la branche la plus courte s'engage dans une cloche graduée remplie d'eau et plongeant dans une cuve. L'échelle de cette cloche com- prend 80 degrés. » Une inspiration maximum faite a l'air libre, par T..., et suivie d'une expiration maximum dans la longue branche du spiromètre, fit baisser le niveau du liquide de 80 à 62 degrés. L'expérience répétée plusieurs jours de suite donna le même résultat, sauf quelques écarts insignifiants. » Les amygdales furent enlevées par Robert, le g juin. Trois mois et vingt jours après l'opération, la capacité pulmonaire de l'enfant avait augmenté de 8 degrés (54 du spiromètre). Le thorax, de forme cylindrique jusque-là, acquit rapidement de l'ampleur et de la symétrie; les membres se garnirent de tissus fermes, épais, et la taille un peu déformée prit une élongation régulière. Dix mois avaient suffi à cette heureuse transformation. » La constitution de T... ayant été reconnue suffisamment fortifiée, il fut placé dans un lycée de province. Depuis lors j'avais perdu de vue ce sujet, lorsqu'il y a deux ans je le retrouvai par hasard au conseil de révi- sion, où je le vis classer pour l'arme des lanciers. » II. — IL H... est le second enfant d'une famille dont le père est mort tuberculeux, mais dont tous les autres membres se font remarquer par leur vigueur et leur santé. Vers 1 âge de quatre ans, H... fut atteint d'une rou- geole, qui laissa après elle un engorgement considérable des tonsilles et un peu de surdité à droite. De quatre à douze ans, cet enfant eut à subir de très-nombreux retours d'amygdalite aiguë, de rhume, d'otorrhée et de gan- glionite cervicale; sa peau, celle de la face palmaire des mains surtout, était continuellement en moiteur; le cœur n'offrait aucune lésion anatomique, mais le sommet des poumons devenait fréquemment le siège d'un mouve- ment fluxionnaire. A treize ans, II... était bien loin d'avoir acquis le déve- loppement d'un sujet de son âge; sa maigreur était excessive; nul exercice ne lui était possihle sans suffocation immédiate. Deux saisons aux Eaux- Bonnes, sous la direction de M. Darralde, n'apportèrent aucune améliora- tion dans l'état de la muqueuse pulmonaire, non plus que dans l'état des ( 847 ) amygdales. La respiration élait devenue tellement laborieuse et sifflante, que la famille se prit enfin d'inquiétude sur l'avenir du malade. L'ablation des amygdales fut donc résolue et pratiquée par mon neveu. » Antérieurement à l'opération, l'expiration donnait 69 degrés au spiro- mètre; cinq mois après l'enlèvement des tonsilles, elle marquait 56 degrés- Dès que l'air put entrer abondamment dans les poumons et y féconder les matériaux de la nutrition, il y eut pour ainsi dire émulation entre tous les appareils organiques pour leur évolution simultanée, et depuis lors tons les malaises, toutes les souffrances qui avaient si obstinément tourmenté l'en- fance de H... ont successivement disparu. » Ce cas m'a laissé le souvenir d'un succès tbérapeutique vraiment idéal. » J'ai vu récemment, chez M. Mathieu, fabricant d'instruments de chi- rurgie, une jeune personne qui, sous l'influence latente d'une amygdalite très-ancienne, était restée chétive, chlorotique, sans animation et sans forces, jusqu'au moment où elle fut opérée par M. Bauchet. Depuis cette époque, c'est-à-dire depuis deux ans, Mlle X... est devenue difficilement reconnais- sable, tant sa santé et sa constitution diffèrent de ce qu'elles étaient précé- demment. Le changement, ici encore, a été d'une rapidité surprenante, car il a suffi de trois mois pour transformer les conditions d'existence ac- tuelle et d'avenir chez cette malade. » Je pourrais donner, comme une suite de celles qui précèdent, cinq autres observations du même genre et ayant la même signification : elles ne s'en distinguent que par une proportion moindre dans les détails. » Il résulte, ce me semble, des faits que je viens de rapporter, que chez les enfants la santé et l'évolution plastique peuvent être gravement compro- mises par l'hypertrophie invétérée des amygdales, mais que l'ablation de ces glandes a pour effet immédiat de restituer aux fonctions vitales la liberté et la plénitude de leurs impulsions. » PHYSIOLOGIE MÉCANIQUE. — Contribution à l'étude de l'équilibre et de la locomotion chez les Poissons. Note de M. Ferd. Moxoyer, présentée par M. de Quatrefages. « En étudiant, suivant les règles de la méthode expérimentale, les con- ditions d'équilibre et le mécanisme de la locomotion chez les Poissons, je suis arrivé à un certain nombre de résultats que je crois de nature à inté- resser l'Académie. C. R., 186Ç, 1" Semestre. (T. LX1I, N'° 1S.) ' ' ' ( «48 ) » Les Poissons sur lesquels j'ai expérimenté ont été privés plus ou moins complètement de leurs divers moyens de locomotion, tantôt par l'ablation des nageoires, tantôt par la paralysie des organes du mouvement, obtenue à l'aide de la section de la moelle épinière à diverses hauteurs; j'ai déterminé la position du centre de gravité de l'animal et la situation relative de sa vessie natatoire; j'ai fait varier le volume de ce dernier or- gane, etc. De cet ensemble de recherches j'ai dû conclure, contrairement aux idées généralement reçues, que : » i° Parmi les Poissons munis d'une vessie aérienne, il en est qui ont habituellement un poids spécifique moindre que celui de l'eau dans la- quelle ils vivent; il en est d'autres, au contraire, qui sont plus lourds que ce liquide. » L'Ablette, par exemple, est plus légère que le milieu dans lequel elle vit; le Goujon, d'autre part, paraît avoir un poids spécifique supérieur à celui de l'eau. » Je n'ai pas besoin de faire remarquer que le poids spécifique des Pois- sons ne diffère jamais de celui de l'eau que d'une quantité très-petite, soit en plus, soit en moins, et qu'il peut varier suivant certaines circonstances accidentelles, sur lesquelles je ne veux pas insister pour le moment. « 20 L'équilibre des Poissons est instable, c'est-à-dire que leur centre de gravité est situé au-dessus du centre de poussée, lorsqu'ils sont dans le dé- cubitus abdominal. Toutes mes expériences, sans exception, confirment cette proposition. » La position habituelle d'équilibre stable de l'Ablette est le décubitus dorsal, l'axe longitudinal du corps incliné sous un angle d'environ ao à a5 degrés avec la surface de l'eau, la queue placée plus bas que la tète, e.t la partie où s'insèrent les nageoires ventrales émergeant tant soit peu. » 3° Le jeu des nageoires, et plus particulièrement de la caudale, est nécessaire au maintien du décubitus abdominal. » 4° Non-seulement la vessie aérienne ne contribue pas à rendre stable l'équilibre des Poissons en allégeant leur région dorsale, mais encore elle est un obstacle à la stabilité de l'équilibre, car elle allège la région abdo- minale. » Le centre de gravité de l'Ablette est situé dans un plan qui est perpendi- culaire à l'axe longitudinal du Poisson, et qui le coupe à très-peu près au point de réunion des deux cinquièmes antérieurs de la longueur totale de l'animal avec les trois cinquièmes postérieurs; ce plan est très-facile à reconnaître par cette circonstance particulière, qu'il passe en même temps par le point ( 849 ) d'implantation des nageoires ventrales. D'antre part, le centre de gravité est contenu dans un plan longitudinal, perpendiculaire à la fois au premier et au plan de symétrie, et coupant ce dernier un peu au-dessus du milieu de la hauteur totale du Poisson. Inutile d'ajouter qu'en général le plan de symétrie de l'animal renferme aussi le centre de gravité. Relativement à la vessie, ce point est situé dans son intérieur, au milieu de sa longueur totale, et par conséquent dans la partie antérieure du lobe postérieur, plus long d'un tiers que l'antérieur; mais il est placé plus près de la paroi supérieure de l'organe que de sa paroi inférieure. « Dans le Goujon, la situation relative du centre de gravité est la même; mais il ne présente pas cette particularité de se trouver dans le plan vertical qui passe par le point d'insertion des nageoires ventrales; celles-ci sont placées plus en arrière. » 5° Les Poissons ne montent ni ne descendent à la manière des lu- dions, c'est-à-dire par les variations seules de leur poids spécifique. Ces mouvements s'opèrent par le changement de position relative du centre de gravité, soit en avant, soit en arrière du centre de poussée, changement qui est dû au déplacement en sens contraire de la masse gazeuse contenue dans la vessie aérienne, et qui a pour effet de faire basculer la tête du Poisson en haut ou en bas et la queue dans la direction opposée. Les nageoires se chargent alors de faire avancer l'animal dans la direction nouvelle qu'a prise l'axe de son corps. » 11 est à remarquer en outre que l'action de la vessie est aidée et paraît même pouvoir être suppléée par le jeu de certaines nageoires; ainsi les pectorales, en frappant l'eau de bas en haut, ont manifestement pour effet de faire tourner le Poisson autour de son centre de gravité et de faire des- cendre la tête. » 6° La locomotion des Poissons en avant a lieu par le mouvement de la queue et principalement de la nageoire caudale; les autres nageoires ne jouent aucun rôle dans ce cas, du moins lorsque la progression est rapide. C'est là un fait connu depuis longtemps, mais j'ajouterai que le recul de l'animal est dû principalement au jeu des nageoires pectorales. Si d'autres nageoires interviennent dans cette circonstance, ce n'est que pour em- pêcher le Poisson de tourner autour de son axe transverse et pour lui faire suivre une trajectoire parallèle à son axe longitudinal. » Il va de soi que je n'entends appliquer les propositions qui précèdent qu'aux seules espèces de Poissons sur lesquelles a porté mon examen et iii ( 85o ) qui sont l'Ablette (Cjrprînus alburnus), le Goujon [C. gobio), le Gardon (C. idus), le Barbeau (C. barbus) et la Perche (Perça Jhtvialilis). Ce dernier Poisson présente un détail d'organisation qui n'a peut-être pas encore été signalé : sa lèvre supérieure est munie intérieurement d'une sorle de val- vule membraneuse, dont l'un des bords est libre, tandis que l'autre est adhérent à la muqueuse. Lorsque la Perche aspire l'eau, cette valvule est appliquée contre la voûte palatine; mais sitôt que le Poisson diminue le volume de sa cavité buccale pour faire passer l'eau à travers les branchies, on voit la valvule dont je parle s'abaisser ; le bord libre vient se mettre en contact avec la lèvre inférieure et l'eau ne peut pas refluer à travers l'orifice buccal. » Je terminerai par une remarque générale : c'est qu'à l'époque de la reproduction, alors que les ovaires et les glandes spermatogènes sont chargés d'ceufs ou de laitance, les conditions d'équilibre des Poissons sont modi- fiées : leur poids spécifique est augmenté, leur centre de gravité s'abaisse et se rapproche du centre de poussée, mais sans jamais le dépasser; le plus souvent, il sort en même temps un peu du plan de symétrie, par suite du développement inégal des organes de la reproduction. » Géographie. — De la limite des erreurs que l'on peut commettre en appliquant la théorie des lignes géodésiques aux observations des angles des triangles. Note de M. Yvoh Viixarceau, présentée par M. Bertrand. « Les triangles que l'on trace sur un sphéroïde de révolution sont for- més par des lignes géodésiques ou lignes de plus courte distance sur la sur- face, entre deux points donnés; les angles des tangentes aux extrémités de deux lignes géodésicpies qui se croisent en ce point sont les angles des triangles considérés. » Est-il suffisamment évident que ces angles coïncident avec ceux que fournit l'observation des signaux élevés verticalement aux extrémités de deux lignes géodésiques, angles qui sont donnés par les projections, sur l'horizon du lieu de l'observation, des directions des derniers éléments de la trajectoire lumineuse? On sent bien que l'erreur commise dans la substi- tution de ces angles à ceux des lignes géodésiques ne doit pas être consi- dérable, les observations l'auraient certainement dévoilée; mais le calcul est nécessaire pour apprécier le degré de petitesse de cette erreur. » Si l'on imagine (pie la surface du sphéroïde soit simplement recouverte ( 85i ) par une couche infiniment mince d'un fluide transparent et homogène, et qu'un rayon lumineux pénètre tangentiellemeut dans cette couche, ce rayon, qui ne pourra sortir de la couche, décrira rigoureusement une ligne géo- désique; par suite, l'angle des rayons visuels compris entre les deux direc- tions extrêmes de ces rayons sera exactement égal à ceux des lignes géo- désiques menées du lieu de l'observation aux deux signaux. » Si, d'autre part, on imagine que l'observation se fasse au travers du vide, l'angle observé sera celui des projections, sur l'horizon, des deux lignes droites menées par le lieu de l'observation à ces signaux; or, il est clair que cet angle ne sera plus égal à celui des tangentes aux lignes géodésiques correspondantes. « Mais l'observation ne'se faisant, ni au travers d'un milieu homogène infiniment mince, pour lequel l'erreur en question est nulle, ni au travers du vide, il est admissible que l'erreur commise ait pour limite celle qui correspond au cas du vide. « En faisant le calcul de cette erreur limite et poursuivant, comme cela est nécessaire, les développements jusqu'aux termes du troisième ordre, dans l'expression des lignes géodésiques, nous sommes parvenu au résultat suivant : /( cos-Lsin iT, Z — La = U. — -. — r, — > 0 IN sin i où Z — Z0 est la différence des azimuts correspondante à la direction de la ligne géodésique et au cas du vide, a l'aplatissement du sphéroïde, h la hauteur du signal, N la longueur de la normale, L la latitude et Z l'azimut. » L'erreur s'évanouit avec la hauteur; elle est indépendante de l'altitude du lieu de l'observation et de la distance du signal ohservé. » Exemple : le mont Blanc observé du Granier donnerait Z-Z0= - o",i3, et s'il existait, à 90 degrés de distance azimutale, une autre sommité de même élévation, l'erreur, pour cette seconde sommité, s'élèverait à + o",i3; l'erreur limite de l'angle des deux sommités serait ainsi de ± o",26. » Ces considérations, capitales, lorsqu'il s'agit île passer de la théorie pure aux applications, n'ont été présentées par personne jusqu'ici, autant du moins que nous puissions le savoir. » M. Touueggiam demande l'ouverture du pli cacheté qui a été envoyé par ( 852 ) lui le 20 septembre 1864, et la publication des documents qu'il contient. M. le Secrétaire perpétuel procède à l'ouverture de ce pli, et donne lecture de la Note suivante, qui sera renvoyée à l'examen de M. Chevreul : « Après des expériences répétées, j'ai pu constater qu'une pile dont le pôle positif est représenté par du plomb métallique et le pôle négatif par du charbon, et contenant une solution saline (acétate alcalin), donne une grande quantité de carbonate de plomb assez pur, outre l'électricité qui pourra être mise à profit. » C'est dans le but d'être utile à l'industrie et de m'assurer la priorité d'une méthode facile, économique, et sans danger pour préparer la céruse, que je fais cette communication à l'Académie des Sciences, pendant que je travaille pour compléter les études de perfectionnement. » M. Cakox demande à l'Académie de vouloir bien lui accorder des fonds pour continuer plus activement ses recherches : il trouverait dans le con- sentement de l'Académie un encouragement pour l'avenir et une marque d'approbation pour ses travaux. (Renvoi à la Section de Chimie.) M. Pagaxini envoie de Gênes une Note sur la théorie des nombres. Cette Note sera soumise à l'examen de M. Liouville. M. Cavavé propose à l'Académie de lui envoyer un modèle d'un appa- reil destiné à remplacer l'hélice dans les navires à Vapeur. (Renvoi à l'examen de MM. deTessan et Paris.) M. Julien prie l'Académie de vouloir bien comprendre, parmi les pièces destinées au concours pour le prix Trémont, son opuscule ayant pour titre : « Introduction à l'étude de la Chimie industrielle » , ainsi que le complé- ment manuscrit qui y est annexé. (Renvoi à la Commission du prix Trémont.) Mmc de Castei.nau adresse h l'Académie une Lettre relative au dévelop- pement des animalcules auxquels elle attribué le choléra. (Renvoi à la Commission du legs Tiréant.) ( 853 ) M. Cahen adresse, pour le concours du prix Bréant, un Mémoire im- primé ayant pour titre : « Du choléra, sa nature et son traitement ». (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) M. Lespiault adresse, pour le concours du prix de Statistique, une bro- chure ayant pour titre : « Exposé clinique des blessures de guerre soignées dans les hôpitaux militaires français de Puebla et de Cholula ». (Renvoi à la Commission du prix de Statistique.) La séance est levée à 5 heures et demie. E. D. B. L'Académie a reçu dans la séance du 9 avril 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Le Ciel, notions d'Astronomie; pr M. A. Guillemin. Paris, 1866; 1 vol. grand in-8° illustré, relié. 3e édition. (Présenté par M. Le Verrier.) Météorologie. Les mouvements de l'atmosphère et des mers considérés nu point de vue de la prévision du temps; par M. Marié-Davy. Paris, 1866; 1 vol. grand in-8° illustré. Traité de la dyspepsie; par M. Beau. Paris, 1866 ; 1 vol. in-8° relié. (Pré- senté par M. Velpeau.) Mémoires de la Société Académique de Maine-et-Loire. T. XVII et XVIII. Angers, i865; 2 vol. in-8°. Études sur le rôle physique de Peau dans la nutrition des plantes; par M. Henry Émery. Paris, i865; br. in-8°. (Présenté par M. Duehartre.) Essai sur les croisements ethniques (suite), troisième Mémoire par M. J.-A.-N. Perier. Paris, 1 865 ; br. in-8°. La Savoie, le mont Cenis et l'Italie septentrionale; par M. A. Goumain- Cornille, enrichi d'une Note sur l'Histoire naturelle de la Savoie, par M. Boisduval. Paris, 1866; 1 vol. in-12. Recherches chimiques sur la betterave, deuxième Mémoire par M. Coren- winder. Lille, 1866; br. in-8°. ( 854 ) The Heavens... Le Ciel;parM. A. Guillemin. i vol. grand in-8° illustré, relié. Édition J. Norman Lockyer. Londres (Richard Bentley), 1866. (Pré- senté par M. Le Verrier.) Treatise... Traité sur la construction des vaisseaux enfer; par M. W. Fairbaikn. Londres, i865; 1 vol. in-8° relié, avec figures. (Présenté par M. le Baron Charles Dupin.) Vorlesungen... Leçons de Géométrie analytique; parN. O. Hessk. Leip- zig, 1 865; 1 vol. in-8°. ERRATUM. (Séance du 2 avril 1866.) Page 784, ligne 8 en remontant, au lieu de volontaires, lisez involontaires. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 16 AVRIL 1866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIEK. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. H. Sainte-Claire Deville, en offrant à l'Académie ses a Leçons sur la dissocialion », s'exprime comme il suit : « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un travail (i) sur la dissocia- tion, les relations de l'affinité et de la chaleur, la théorie des opérations dé- robées et des combinaisons éphémères qui produisent les minéralisations ou cristallisations sous l'influence de quantités très-petites d'agents divers, etc. Ce travail contient une partie des Mémoires que j'ai eu l'honneur de sou- mettre à l'Académie, et l'annonce de recherches inédites que je publierai prochainement. » MÉTÉOROLOGIE. — Des plaies dans les lieux boisés et non boisés; par MM. Becquerel et Edji. Becquerel. (Extrait.) « Les causes qui influent sur la chute de la pluie dans une contrée soûl tellement nombreuses, qu'il est difficile de savoir à priori, et même après avoir recueilli de nombreuses observations pendant plusieurs années, quelles (i) Leçons professées devant la Société Chimique en 1864 ; 1 vol. in-8°. Paris, Hachette, 1866. C. R., 1866, i« Semestre. (T. LXII, N° 16.) I 12 ( 856 ) sont toutes celles qui interviennent ; néanmoins, il faut mettre en première ligne : » i° La pression atmosphérique; »> 20 La proximité de la mer; )- 3° Les vents, suivant qu'ils sont secs ou humides; » 4° La latitude. » Mais, indépendamment de ces causes générales, il y en a d'autres pu- rement locales qui ne sont pas toujours faciles à apercevoir, et qu'il importe de connaître pour caractériser le climat d'un lieu sous le rapport de l'hu- midité; en effet, on observe souvent des anomalies entre les quantités d'eau tombées dans deux localités peu éloignées l'une de l'autre, situées par con- séquent sous la même latitude, près ou loin de la mer et exposées au même vent. Ces quantités varient selon que le lieu se trouve ou non dans une enceinte fermée ou ouverte du côté opposé aux vents humides, ou qu'il est placé sur un plateau élevé ou dans une vallée, etc., etc. » Nous citerons à cette occasion un fait observé depuis longtemps. Les nuages, quand ils rencontrent une montagne et souvent une simple colline, s'élèvent et, la pression venant à diminuer, se résolvent en pluie ; on est porté à croire, d'après cela, que les bois futaies, quand les nuages sont très-bas, produisent des effets semblables qui peuvent varier suivant les saisons. s Quant a l'influence exercée sur les pluies par des masses de bois plus ou moins considérables, les idées ne sont pas encore fixées à cet égard, par la raison que l'on ne possède pas jusqu'ici d'observations udométriques assez nombreuses faites dans des conditions convenables pour résoudre la question. » Désirant connaître quelle pouvait être l'influence des forêts sur les pluies, abstraction faite de toute théorie, de toutes idées préconçues sur les causes qui interviennent sur la chute de la pluie, nous en avons appelé à l'observation, seul moyen de résoudre une question très-complexe; à cet effet, nous avons établi, avec l'aide de l'Académie, cinq observatoires sur différents points de l'arrondissement de Montargis (Loiret), dans chacun desquels on se livre, depuis le mois de juillet de l'année dernière, à des observations journalières sur la température de l'air et du sol et sur la quantité d'eau tombée, sous bois, à la lisière et à des distances plus ou moins éloignées. Ces observations ne sont pas encore assez nombreuses pour que l'on [misse en tirer des conclusions définitives; néanmoins nous avons pensé qu'il était utile de communiquer à l'Académie les premiers ré- sultats obtenus, ainsi que les conséquences qui en découlent. ( 857) » Il n'est question dans le Mémoire que des observations udométriques, réservant celles qui concernent la température pour un autre travail qui suivra de près celui-ci. » Nous avons fait précéder ces observations, comme se rattachant à notre travail, de celles faites en Danemark sur le même sujet, par les soins de l'Institut agricole de Copenhague, dans quatorze stations différentes, dans l'intérieur, près et loin des forêts, et dont nous devons la communica- tion à M. Lacour, adjoint à cet Institut, Danois, mais Français d'origine, et qui a été chargé cette année d'une mission scientifique par son gouver- nement. » On a rapporté seulement dans cet extrait les conséquences auxquelles conduisent les observations danoises consignées dans les tableaux annexés au Mémoire; les localités où elles ont été faites forment deux groupes dis- tincts : l'un celui du Jutland, l'autre celui de la Seeland. Le premier se compose de dix observatoires, le deuxième de quatre. Les observations ont commencé en septembre 1862, et ont continué jusqu'à ce jour. Leur dis- cussion montre que les quantités d'eau tombées à neuf lieues des forêts et à deux lieues diffèrent entre elles de 243mm, 129 en moyenne, tandis que, dans les autres localités, au milieu des forêts, à la lisière, à cinq lieues et dans une campagne déboisée, les différences ne dépassent pas, en plus ou en moins, 3o millimètres. » Il en estde même dans le groupe de la Seeland à l'égard des pluies tom- bées en forêts et à deux lieues ; ces différences, à l'exception de la première, sont trop faibles pour que l'on puisse en conclure qu'en Danemark il tombe plus d'eau en moyenne en forêt qu'au loin. En cherchant si les saisons n'in- tervenaient pas dans la distribution des pluies, on a trouvé qu'en général les quantités d'eau tombées en été et au automne étaient à peu près doubles de celles tombées en hiver et au printemps. Le Danemark se trouve donc dans la région des pluies d'été. » On a reconnu un fait qui n'est pas sans intérêt, à savoir, que, dans six localités sur huit, il est tombé un peu plus d'eau en été et en automne, au milieu des forêts et à leurs extrémités, qu'à deux lieues et à cinq lieues. Dans les autres localités, les effets ont été inverses. Cette inversion ne doit- elle pas être attribuée à des causes locales? On ne saurait le dire. » Les tracés graphiques des observations mettent bien en évidence les faits que l'on vient de rapporter. » Nous ferons remarquer toutefois que le Danemark étant placé entre 112.. ( 858 ) deux mers, l'Océan et la Baltique, possède un climat très-humide, qui le rend moins accessible aux influences locales. » Arrivons maintenant aux observations udométriques faites dans cinq localités du département du Loiret, du mois d'août i865 au 1er avril der- nier, dans un cercle d'environ 20 kilomètres de rayon, au milieu des bois, sous des arbres, à la lisière et dans des lieux non boisés. » En discutant ces observations, on a trouvé, en les comparant à celles de Paris, qu'il est tombé, dans l'espace de huit mois, un quart plus de pluie dans les lieux boisés que dans ceux qui ne le sont pas. En sera-t-il de même dans la suite? Nous ne pouvons le dire, attendu que les observations ne sont pas encore assez nombreuses pour que nos idées soient fixées définiti- vement à cet égard. » On a comparé ensuite les quantités d'eau tombées dans des bois, sous des cbènes, avec celles recueillies hors du bois, afin de connaître la portion d'eau retenue par les branches, selon que celles-ci ont leurs feuilles ou les ont perdues. On a trouvé les résultats suivants; la portion retenue par les brancbes est d'autant plus grande que la pluie est moins forte, ce qui était facile à prévoir. Lorsque les branches sont encore pourvues de feuilles, cette portion est de 0,47 de la quantité d'eau tombée en dehors du bois, tandis qu'elle est moitié moindre environ quand les arbres ont perdu leurs feuilles. » Que devient donc l'eau retenue par les brancbes et les feuilles? Il est probable que la portion qui n'est pas vaporisée se rend lentement, par l'in- termédiaire de ces dernières, du tronc et des racines dans le sol et le sous- sol, où elle sert à alimenter les réservoirs. » Nous dirons en terminant, sans rien conclure définitivement faute d'ob- servations assez nombreuses, que, dans les lieux boisés de l'arrondissement de Montargis (Loiret), il tombe plus de pluie dans les lieux boisés que dans les lieux qui ne le sont pas. » En continuant les observations udométriques pendant une année ou deux flans les mêmes conditions, non-seulement dans le Loiret, mais en- core sur divers points en France et à l'étranger, et les coordonnant avec celles de température et les recherches entreprises au moyen d'appareils particuliers pour déterminer le degré d'humidité de l'air au-dessus et loin des arbres, on a lieu d'espérer que l'on pourra apporter des documents utiles à la solution de l'importante question de l'influence des forêts sur les pluies, ta température et le degré d'humidité de l'air dans une contrée. » ( 859) ASTRONOMIE. — Sur la réfraction solaire et sur certains phénomènes nouveaux observés dans les taches; par le P. Secchi. « Rome, ce S avril 1866. » Je vois avec plaisir, dans le dernier Compte rendu du 26 mars (t. LXII, p. 709), que M. Faye a bien voulu prendre en considération les remarques que je lui avais adressées à propos de la réfraction solaire. Mais comme d'après son analyse il arrive à des conclusions qui ne s'accordent pas avec ce que je croyais plus probable, je demande la permission défaire quelques remarques sur ces conclusions mêmes. » Avant tout, il est évident que les formules proposées par M. Faye ne peuvent pas trancber la question de savoir si les inégalités observées dans le mouvement des taches sont dues à une réfraction, ou à ce qu'il appelle parallaxe. En effet, les deux causes ayant le même argument, il est impos- sible, dans la formule qui exprime la correction de décider à laquelle des deux parties du coefficient on doit attribuer une plus grande valeur, à la parallaxe ^ ou à la réfraction p. Il est donc né- cessaire de recourir pour cela à des considérations d'un autre ordre; et, en effet, M. Faye tâche de démontrer que la réfraction est très-faible. » Quoique ses considérations soient très-savantes, nous devons avouer que sur la constitution de cette atmosphère nous sommes dans une com- plète ignorance; mais que si nous avions à juger par ce cpie nous en sa- vons, nous serions plutôt porté à lui attribuer un pouvoir réfringent, car on y a constaté la présence des métaux en vapeur qui paraissent les sub- stances douées du pouvoir réfringent le plus considérable. » Mais si nous ne pouvons connaître le pouvoir réfringent de l'atmo- sphère, nous pouvons mesurer la profondeur des taches. Or celle-ci se trouve beaucoup moindre que la valeur fournie par le coefficient ^- = o°, 53. Ce coefficient donne, d'après M. Faye, p = 0,0093 R, et en supposant le demi- diamètre R du Soleil 1 1 1 fois celui de la Terre, la valeur de/3 devient égale à un rayon terrestre. Or, toutes les taches dont j'ai mesuré la profondeur ne m'ont jamais donné une valeur aussi grande, mais environ ^ de ce rayon. Cette conclusion a été aussi obtenue par M. Tacchini, par des observations ( 86o ) faites à Païenne, avec un réfracteur égal au nôtre. Mais il est à remarquer que celte profondeur est exagérée malgré sa petitesse : car elle exprime la différence de niveau entre le bord de la pénombre et le novau; mais comme le bord de la pénombre est toujours relevé au-dessus de la photosphère environnante, la différence entre la surface générale du Soleil et le fond des taches doit être plus petite que | de rayon terrestre. Toutefois, en ad- mettant pour/) un<- valeur égale à -^ de celle qu'indique M. Faye, il s'ensuit que les autres | du coefficient seraient dus à la réfraction. » M. Faye trouve que la force absorbante de l'atmosphère solaire doit être assez faible et son effet réfringent insensible, car elle ne produit pas de dispersion. Je crois, pour ma part, que l'on a évalué trop bas cette force d'ab- sorption; et à part les observations thermiques qui la montrent assez forte, même pour la lumière, je trouve qu'elle est bien plus considérable qu'on ne croit. Ayant fait faire un dôme destiné exclusivement aux observations solaires, et l'ayant fait peindre en noir à l'intérieur, avec un rideau égale- ment noir qui arrête toute lumière autre que celle qui vient de l'image so- laire projetée sur un écran blanc, j'ai été surpris de voir l'énorme différence d'intensité au centre et au bord, de sorte que celui-ci prend une teinte rougeâtre enfumée, que l'on n'aperçoit pas avec les moyens ordinaires d'observation. Je me propose de faire de nouvelles mesures photomé- triques, et je suis sûr que leur résultat sera bien supérieur à ce qu'on a admis jusqu'ici. La dispersion solaire doit être assez petite, car il s'agit d'objets lumineux plongés dans le milieu réfringent, ce qui réduit beau- coup cette dispersion, et on pourrait bien attribuer à cette cause une partie de la couleur rouge vue près du bord du Soleil pendant les éclipses. » Du reste, je conviens parfaitement avec M. Faye que les observations que nous possédons jusqu'à présent ne sont pas suffisantes pour trancher des questions si délicates, et qu'il faut en faire des nouvelles exprès, en pre- nant micrométriquement la distance des taches au bord; car les méthodes des projections et des passages, outre les défauts indiqués par M. Faye, ont encore celui que l'oculaire projectant peut déformer l'image dans le sens du rayon du disque solaire, et cette déformation peut conduire à des appré- ciations erronées des distances au centre. Au moins il est nécessaire de s'assurer d'avance qu'une telle cause de perturbation ne subsiste pas. Une série de ces observations, faites avec tout le soin possible, est déjà com- mencée dans notre observatoire, et heureusement elle s'applique à une tache qui fait déjà sa quatrième apparition. » La discussion de M. Faye est du reste très-intéressante, car elle montre ( 86. ) vers quel but doivent èlre dirigées les recherches des astronomes dans l'avenir, sur un sujet qui a été trop négligé, et pour lequel M. Faye lui- même a démontré de quelle précision il est susceptible. » Je prendrai cette occasion pour rappeler l'attention des astronomes sur des faits que j'ai observés déjà plusieurs fois dans les taches et qui ont une grande importance pour cette théorie. » Le premier est l'existence de voiles couleur rose, à l'intérieur des noyaux des grandes taches, et la transformation des courants et ponts lumi- neux des taches dans ces voiles. Je dois la constatation de cette couleur à l'usage de l'hélioscope polarisateur, qui, n'ayant pas de verres colorés, laisse sa couleur naturelle au Soleil. Avec ces oculaires aussi, le bord du Soleil paraît jaune enfumé, comme j'ai dit ci-dessus qu'il parait par pro- jection. » Je citerai ici quelques faits de cette transformation. Dans la grande tache du 3,5 septembre i865, il y avait un pont lumineux qui séparait ie noyau en deux régions : dans l'une il \ avait quatre trous noirs environnés de voiles rouges contournés en spirale comme les tourbillons; l'autre partie, au delà du pont, était parfaitement noire : ces voiles avaient été précédés par des langues blanches ou feuilles de saule. Mais l'observation suivante est plus remarquable : le 23 janvier dernier, à io heures du matin, il y avait une petite tache à double noyau triangulaire; les deux noyaux paraissaient tendre à se séparer par un pont, car les langues ou courants s'allongeaient sensiblement; à n heures, le bout rond de ces langues s'était effilé et était devenu complètement rouge; à ih i 5m après-midi, ces voiles s'étaient répan- dus sur l'isthme qui séparait les deux noyaux et avaient formé un léger voile cendré. D'autres langues arrondies avaient pris la place des premières. L'air s'étant troublé, je ne pus voir si le phénomène se continuait, mais la tache ne se sépara pas. Voici un autre cas plus singulier. Le 16 février der- nier, parut une grande tache qui avait dans le noyau un courant en forme de fer à cheval : des voiles rouges étaient encore répandus sur le vaste noyau noir. Le jour suivant, 17, le courant était interrompu et le fer à cheval brisé à un de ses points d'attache. La pointe brisée allait en s'effilant gra- duellement et en s'amincissant, laissant à sa place une traînée rougeâtre. Le soir, lare était disparu presque tout entier, et une anse de voile rouge couvrait la partie du noyau sur laquelle existait auparavant le courant de photosphère en fer à cheval. » Ces phénomènes ne sont donc pas rares, et si l'existence de cette cou- leur a échappé à l'observation, il faut l'attribuer à l'usage des verres colorés, ( 862 ) qui ont aussi empêché longtemps les astronomes de voir les protubérances pendant les éclipses. On ne saurait douter, ce me semble, que ces voiles rouges soient de même nature que ceux qui produisent les protubérances vues dans les éclipses. » Un autre fait très-important, qui, quoique observé plusieurs fois, n'a pas attiré l'attention des astronomes comme il le mérite, est la dissolution de la matière photospbériqne renfermée entre les noyaux. Je ne citerai que deux exemples. L'un est celui du 29 mai 1 863, dans lequel on observa une tache composée d'une couronne de noyaux contenant au milieu une masse lumineuse, comme le moyeu d'une roue, qui communiquait avec la photo- sphère par autant de rayons lumineux. Cette masse centrale fut dissoute en trois jours. Tout dernièrement, le 27 mars, il y avait trois noyaux séparés par une masse lumineuse large de 5 secondes : après deux jours, cette masse était réduite à un mince filet. » Je dis que ces faits sont intéressants pour la théorie des taches, car ils prouvent que le centre ou le noyau de la tache est le siège d'une force dis- solvante de la photosphère, en même temps qu'il est aussi un centre d'appel de la matière environnante, qui se trouve entraînée vers lui comme dans un gouffre. On voit, en effet, plusieurs fois les petites discontinuités de la photosphère entraînées dans la pénombre et de là dans le noyau. » La manière la plus simple d'expliquer ces phénomènes est de supposer que le centre de la tache est un centre d'éruption de matière plus chaude et gazeuse qui sort de l'intérieur; cette matière, en rencontrant la couche photosphérique à l'état de précipitation, lui restitue son état élastique, et produit en même temps tout autour un appel de matière photosphérique, qui va s'y dissoudre à son tour. L'état gazeux fait que celte matière, quoique à une température plus élevée, a cependant un pouvoir rayonnant moindre; dès lors elle nous paraît obscure et agit moins fortement sur nos therino- scopes. » L'étude des taches s'est appliquée jusqu'à ce jour surtout aux plus grandes, mais les petites peuvent aussi nous conduire à des conclusions im- portantes. Ainsi on peut conclure, selon moi, que la couche photosphérique est très-mince, surtout dans la région des taches. Dans une autre occasion, j'exposerai les observations qui m'ont conduit à cette conclusion. » ( 863 ) ASTRONOMIE. — Constitution physique du Soleil. Remarques sur la Lettre du P. Secchi, par M. Faye. « Au moment de quitter Paris pour un voyage qui doit durer plusieurs mois, je demande à l'Académie la permission de faire immédiatement les remarques que vient de me suggérer la très-importante communication du P. Secchi; et d'abord je tiens à expliquer un passage qui, mal interprété, pourrait me faire attribuer une opinion dont je suis très-éloigné, relative- ment à la valeur des observations anglaises. » Le P. Secchi pense avec moi, dit-il, que les observations ne sont pas assez précises pour permettre d'aborder des questions délicates, et qu'il faut recourir à des mesures plus exactes. Outre les causes d'erreur que j'ai indi- quées et qui tiennent à la nature même du sujet, il en signale une qui doit vicier sensiblement les distances mesurées par le procédé de M. Carrington, à savoir : la déformation de l'image solaire projetée sur un écran au moyen d'un objectif armé de son oculaire. « Loin de regarder les mesures de M. Carrington comme insuffisantes, je dois dire que leur précision générale m'a surpris au dernier point. Il m'a fallu beaucoup de temps pour m'habituer à l'idée d'une marche aussi ré- gulière dans les phénomènes. A l'origine de mes recherches, je me conten- tais d'à peu près, ne croyant pas qu'il y eût autre chose à espérer; peu à peu j'ai été amené à reconnaître que les observations anglaises de Redhill supportaient la discussion la plus approfondie, et je suis ainsi parvenu à reconnaître l'existence de deux inégalités périodiques qui, jointes à la varia- tion de la vitesse diurne d'un parallèle à l'autre, complètent la théorie du mouvement des taches, c'est-à-dire de la rotation de la photosphère. » Quant à l'objection du P. Secchi, je pense qu'elle s'applique aux pho- tographies de Kew et non à la méthode de M. Carrington. Lorsqu'on pro- jette le Soleil sur un écran ou sur une plaque sensible en se servant uni- quement d'un objectif, il n'y a pas de déformation, à moins que l'objectif ne soit tout à fait mauvais : il faudrait en effet qu'un objectif fût bien mau- vais pour ne pas présenter un centre optique nettement défini, quand les in- cidences ne dépassent pas 16 minutes. Seulement il faut alors une longueur focale énorme pour obtenir immédiatement des épreuves de grandes dimen- sions, pareilles à celles que MM. Porro et Quinet ont bien voulu faire pour moi en 1 853, à l'aide d'un objectif de i5 mètres de longueur focale, et que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie. A Kew, où l'on se sert d'une C. R., 1866, 1" Semestre. (T. LXII, iN0 1G.) l l3 ( 864 ) lunette beaucoup plus courte, on est obligé de regagner de l'amplification au moyen de l'appareil oculaire, et jl peut y avoir lieu dans ce cas de soup- çonner quelque défaut de proportionnalité entre l'image agrandie et l'image focale. Je tiens de M. Warren de la Rue que l'on s'est déjà occupé à l'Ob- servatoire de Kew de contrôler la magnifique série de photographies so- laires déjà obtenues, en prenant avec le même appareil des épreuves d'ob- jets terrestres éloignés, dont tontes les dimensions sont parfaitement connues. S'il y a quelque déformation inconnue dans les images, comme le P. Secchi le craint avec raison, on en déterminera le sens et la quantité. » Mais cette cause d'erreur ne peut pas avoir agi sur les observations de M. Carrington, attendu que l'astronome anglais ne mesurait pas les parties de l'image projetée à l'aide d'un micromètre extérieur, mais au moyen des fils d'un réticule placé dans le plan focal de l'objectif et projeté lui-même sur l'écran en même temps que l'image focale du Soleil. La déformation due à l'emploi d'un simple oculaire comme appareil d'amplification étant ri- goureusement commune à ces deux objets, elle s'élimine d'elle-même dans l'observation des passages des taches et des bords sous les fils, absolument comme dans l'observation du passage du Soleil aux instruments méri- diens. » Je suis si loin de craindre pour la précision des observations anglaises, que je m'étais décidé à les soumettre toutes indistinctement au calcul, tâche que j'aurais déjà terminée si je n'en avais été distrait par mes occupations officielles. J'espère que notre savant Correspondant de Rome voudra bien comprendre que je devais cet hommage public aux belles observations où j'ai puisé presque tout ce que je sais de neuf sur le Soleil. o Quanta la réfraction solaire, à laquelle le P. Secchi tient à attribuer une grande influence, il est bien vrai que mes recherches aboutissent à lui donner la même forme et le même argument qu'à la parallaxe de profon- deur, et qu'il faut retrancher du coefficient o°, 53 de celte dernière la valeur que l'on voudra supposer à la réfraction astronomique sur le Soleil; mais je ne saurais admettre que les vapeurs métalliques dont l'existence est accusée par les raies du spectre solaire puissent jouer ici un rôle considé- rable, car, pour produire de pareilles raies dans nos lumières terrestres, des traces de vapeurs sont suffisantes. La théorie de l'extinction de Laplace ré- pond d'ailleurs à cet argument. » Une difficulté plus réelle est celle que le P. Secchi tire de ses mesures sur l'épaisseur de la photosphère à laquelle il croit devoir assigner une profondeur trois fois moindre que la mienne. Examinons la valeur fin [ 865 ) procédé qu'il a suivi. Il consisté à mesurer l'épaisseur de la pénombre d'une tache parvenue à la limite du discpie solaire. Dans cette position ex- trême, où la perspective réduit énormément une des dimensions, il est im- possible de s'assurer que l'on voit encore le fond des taches; or, lorsque le fond noir est masqué par la projection du bord le plus voisin du centre, on ne sait plus ce que l'on mesure, et je ne m'étonne pas que l'on obtienne ainsi une fraction quelconque de l'épaisseur véritable. Mes calculs sont fondés, au contraire, sur l'exclusion de ces positions extrêmes dont j'ai fait voir l'incertitude en m'aidant d'une ingénieuse remarque de M. le Maréchal Vaillant, et sur des observations où le phénomène cherché est parfaitement net. Si l'on voulait en contrôler les résultats, il faudrait suivre une méthode toute différente que j'ai indiquée moi-même, méthode qui consiste à choisir des taches bien régulières et à mesurer l'écartement des centres des deux ellipses formées par les contours intérieur et extérieur de chaque tache. En opérant à diverses distances du centre, mais non près des bords, et sur un grand nombre de taches régulières, on arriverait peut-être à des résul- tats comparables en précision à ceux que j'ai déduits des mouvements. Cette méthode est évidemment indépendante de la réfraction; en attendant qu'elle soit appliquée micrométriquement, je ferai remarquer qu'elle l'a été déjà d'une autre manière et qu'elle a prononcé en ma faveur. Ce n'est autre chose, en effet, que la fameuse remarque de Wilson cpie l'on complète en mesurant l'excentricité au lieu de se borner à la constater par simple in- spection. On sait que cette loi de Wilson a été vérifiée par Herschel I, et d'une manière encore plus décisive par les astronomes de Rew qui ont opéré dernièrement sur un très-grand nombre de taches. Si la profondeur, dont ces travaux ont ainsi démontré l'existence sans lui assigner de valeur, était réduite, comme le veut le P. Secchi, au tiers de la valeur que je lui ai trouvée, c'est-à-dire 10 minutes au lieu de 3o minutes, je dis que la loi de Wilson porterait sur une quantité trop faible pour être nettement perçue et qu'elle n'eût pas été découverte. L'ordre de grandeur que je lui assigne répond, au contraire, au phénomène observé, et cette conclusion, rappro- chée de la mienne, exclut la possibilité d'une puissante réfraction solaire, puisque, des deux méthodes, l'une est affectée, l'antre est indépendante de cette réfraction. Si l'on veut bien peser toutes les circonstances, on verra qu'elles convergent, sans exception, vers cette conclusion, que je regarde comme l'Une des plus certaines de 1;( physique solaire (t). (i) Le P. Secchi parle aussi de l'influence du bourrelet qui entoure, selon lui, l'orifice n3.. ( 866 ) » Encore quelques mois sur les très-importantes questions que le P. Secchi nous communique à la fin de sa Lettre. Bien qu'elles" révèlent sous sa plume un cachet de netteté et d'intérêt tout nouveau, il me permettra de l'appeler à l'Académie les observations analogues que nous devons à M. Chacornac, observations vérifiées l'an passé par M. Lockyer (Comjites rendus, 4 sep- tembre 1 865, t. LXI, p. 397). J'en ai moi-même parlé à l'Académie, en faisant remarquer qu'elles confirment de la manière la plus frappante cer- tains points de la théorie que j'ai proposée pour rendre compte de la forma- tion et de l'entretien de la photosphère. » Quant à l'aspect du Soleil, vu à l'aide du nouvel oculaire polarisant dont se sert aujourd'hui le P. Secchi, mes propres observations ne concor- dent pas lout à fait avec celles de Rome. On sait que cet ingénieux moyen d'éteindre une grande partie de la chaleur et de la lumière du Soleil a été suggéré, il y a de longues années, par sir J. Ilerschel. Il a été réalisé en France par M. Porro et appliqué à un télescope en verre construit d'après les vues d'Herschel I. L'ensemble a produit sur moi, et sur tous ceux qui ont observé le Soleil avec cet appareil, l'effet le plus saisissant; mais je n'ai pas remarqué cette rapide extinction, cette coloration rougeâtre des bords dont parle le P. Secchi. Je me rappelle seulement une nappe lumineuse d'un magnifique blanc de neige, sur laquelle les taches se dessinaient avec tant de netteté, cpie l'auteur de l'instrument s'efforçait d'en imiter le relief sur des feuilles de dessin à l'aide de courbes de niveau plus idéales que réelles. M. Carrington a vu l'instrument à Paris; il s'en est servi et en a rendu le compte le plus favorable à la Société royale Astronomique de Londres. Entre les mains du P. Secchi et sous le beau ciel de Rome, le nouvel oculaire me semble appelé à fournir les plus importantes décou- vertes à la physique solaire (1); mais pour l'appréciation délicate des colo- supérieur des taches. Je ferai remarquer que ce bourrelet ne saurait altérer la parallaxe con- clue de l'étude du mouvement des taches. (1) Je saisis cette occasion de rectifier deux erreurs de transcription dans ma Note sur la / //\ , rélraction solaire [Comptes rendus du 26 mars denier). La formule (R) = R I 1 -f- - j 5 a la fin de la page 710, devrait être écrite (R) = R" ( 1 -f- -^ ) , R" désignant la valeur angulaire vraie du rayon R vu de la Terre. A la page 713, ligne 18, il faut dire que d[K) doit être remplacé par />, et non par — • R ( 867 ) rations, je préférerais, je l'avoue, l'emploi d'un bon miroir de télescope en verre non argenté à celui d'un objectif dont le défaut d'achromatisme peut devenir sensible pour d'aussi puissants faisceaux de lumière. » PALÉONTOLOGIE. — Lettre relative à la découverte récente d'un Mammouth dans le sol gelé de la Sibérie arctique; par M. Ch.-E. de Baer. h 3o înars-n avril 1866. » Présumant que l'Académie prendra intérêt à la découverte récente d'un Mammouth avec sa peau et ses poils, dans le sol gelé de la Sibérie arctique, je crois de mon devoir, comme Correspondant de cette illustre institution, de lui faire cette communication. » C'est déjà en 1864 que ce Mammouth a été trouvé par un Samoïède dans les environs de la baie du Tas, bras oriental du golfe de l'Obi. Ce n'est qu'à la fin de l'année i865 que j'en ai reçu la nouvelle. Mais comme dans ces régions les corps des grandes bêtes se conservent longtemps, s'ils ne sont pas mis pleinement à découvert, et que ce Mammouth, au moins en 1864, restait encore enchâssé dans les terres gelées, l'Académie de Saint- Pétersbourg, aidée par le Gouvernement, a expédié, au mois de février de cette année, M. Schmidt, paléontologue renommé, pour examiner l'ani- mal et sa position dans la localité. Nous espérons que M. Schmidt arrivera avant que la destruction soit trop avancée, et qu'on aura connaissance non- seulement de l'extérieur de l'animal, mais aussi de sa nourriture par le contenu de l'estomac. Ce serait la première fois qu'un naturaliste serait arrivé à temps; car Adams, comme on le sait, est arrivé trop tard : aussi a-t-il négligé d'examiner la nourriture. » On pourra alors comparer la figure antéhistorique du Mammouth, tracée sur une planche d'ivoire trouvée dans une caverne du Périgord par M. Lartet, et publiée récemment à Paris. » Un Rapport en détail sur la découverte de ce Mammouth est sous presse, et j'aurai l'honneur de le faire parvenir à l'Académie. Mais les nouvelles de ce qu'aura trouvé M. Schmidt ne peuvent arriver qu'a- près quelques mois. Dans ce moment, il ne peut pas même être près de l'animal, et les postes ne s'étendent pas jusqu'aux environs de la baie du Tas. » ( 868 ) THÉORIE DES NOMBRES. — Sur une congruenve du deuxième degré à plusieurs inconnues} par M. V.-A. Le Bésgite. « Dans les Comptes rendus du 19 mars 186G, M. Camille Jordan énonce el vérifie des formules qui expriment le nombre des solutions de la con- gruence (a) aix\ + aixl-^-...-\-ahx]Ll^k, mod. p. Ce sont : » i° Pour h = 271, p*"-< _|_ (^ _ //'-' )v, p1"-' - p"v, selon que k est ou non divisible par p. On a [Y— !)*«,«,... tf,Bî , ,-fT~" + '3 = p-o-^...fl„j ou (_i}— en représentant par j3 le nombre des coefficients ai,a%,...,ain non-résidus quadratiques de p. » 20 Pour h = in -+- 1, p2" + />"•/, en posant v' = [(~ '^'^ ' ";"+,/] = (- i)" "^ (*)» « représentant par |3 le nombre des coefficients a,,ai,...,a2ll+i non-résidus quadratiques de p. Pour A multiple de p on a v' =5 o. » L'important étant, ce semble, de montrer comment on a pu parvenir aux formules, avant de les vérifier, j'en vais donner deux démonstrations qui se tirent très-facilement du § Ier de mes Recherches sur les nombres, Journal de Mathématiques, t. II, p. 2r>3. » Première démonstration. — On ramène très-facilement l'équation (a) aux deux formes suivantes : (f,) x\+ .r\+...-hx/f~a, mod.p, (c) x]+...+xf, + n{j\ +:..-hjr?)=za. » Dans la congruence (b) on suppose : » i° Que a est nul, et alors le nombre des solutions est représenté par NX; ( 869 ) » %° Ou que a est résidu quadratique, et alors le nombre des solu- tions est NA ; » 3° Ou que a est non-résidu quadratique, et alors le nombre des solu- tions est N', . h » N.B. x,, jc2, ..., xn sont pris dans la suite o, i, 2,. .,, p — 1 . » Dans la congruence (c) n est un non-résidu quadratique, et a un ré- sidu quadratique; les nombres de solutions sont, pour a = o, N°,; et pour a résidu quadratique, Ny_,. Il est inutile de considérer le cas de a non- résidu quadratique, qui se ramène au précédent. » J'ai donné [Journal de Mathématiques, t. II, p. 270) les valeurs de N0, N,, N2; ce sont celles de M. Jordan en remplaçant v par (— i);, v' par (— i)/' ou par o. » J'ai donné aux pages 267, 268, pour le cas de a = o, les formules n • ,. = n ; n; + p-^- ( NfN, + n>n; ) , n;„ = n; n; + K~. (Nr n; + n; n,-) , selon que p a la forme /j p f(V) = r où

les indices devant être diminués du plus grand multiple de p qui s'y trouve, les deux équations (5) PSk = pk + zsJ(zbze...zi), (6) pS'* = Pk+h [T{zazb...zi)-X{z6ze,..zi)], SA, S\ étant les nombres de solutions des congruences (3) et (4). » L'application au cas de m — i est bien facile : les fonctions T(zazb...zc), T{zbzc...Zi) n'ont que deux termes égaux et de même signe pour un nombre pair de facteurs za,Zj,..., égaux et de signe contraire pour un nombre impair, de sorte que les équations (5) et (6) deviennent (7) pSk = P* (* impair), (8) />SA = //-+- {p — \)zbzc...Zi (&pair), (9) p$!k = pk + zbze...zi (/tpair), (10) p$\ = pk + za zb.. . z-i {k impair). » Or, si l'on remplaçait g", g*,..., g' par —A-, at, a2, a,, on aurait *=(=r*)«, z*=(^z' Ze= (5)z'-; C. R. 1866, i« Semestre. (T. LXII, N<> !G.) ' '4 ( 872 ) de là fa,a... . .aM\ I — i\ " _ \'[— l)n.fl,a,. . .a*,~] „ „ zbzc...Zi= (_-_ j(_) y^y j/z^v./)», et semblablement **-*'- V. 1> )KT) P en changeant (— i)"+2 en ( — i)n; de là les formules de M. Jordan. » La transformation des équations (5) et (6) dans le cas général présente bien plus de difficultés. J'ai traité, du moins partiellement, les cas de /;/=3, m = 4 • » M. Mares, nommé, dans la séance du 9 avril, Correspondant de la Sec- tion d'Économie rurale, adresse ses remercîments à l'Académie. M. Makès adresse également un exemplaire d'une Note qu'il vient de publier sur le prix de revient des vins dans le département de l'Hérault. RAPPORTS. Rapport de la Section de Géométrie relatif aux huit volumes de Mémoires de Lagrange, Laplace, etc., offerts à l' Académie par M. Maxmieim au nom de M. Bour. (M. Chasles rapporteur.) « La Section de Géométrie pense qu'il y a lien d'agréer le vœu de M. Bour, exprimé par son ami M. Mannheim. En conséquence, elle propose que les volumes transmis successivement de d'Alemberl à Condorcet, de Condorcet à Lacroix, de Lacroix à Biot, de Biot à Binet, puis de Biot à Bour, soient déposés à la Bibliothèque de l'Institut, pour être offerts, sous les mêmes conditions de transmission, au jeune savant que l'Académie désignera ulté- rieurement. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. ( *?3 ) OROGRAPHIE. — Rapport relatif à des Ftudes photographiques sur les Jlpes,Jaites au point de vue de l'orographie et de la géographie physique, par M. Aimé ClVIALE. (Commissaires: MM. Regnault, Daubrée, Ch. Sainte-Claire Deville rapporteur.) « Lorsqu'il s'agit de reproduire par l'imitation une scène ou un objet naturels, on peut se placer à deux points de vue sinon opposés, au moins entièrement différents : le point de vue de l'art et celui de la science. » Le premier, aussi bien dans les phénomènes de l'ordre intellectuel que dans ceux de l'ordre physique, implique à un certain degré l'interven- tion d'une personnalité, et c'est ce qui fait même en partie le charme ou le mérite de l'œuvre. Il arrivera aussi rarement que l'imitation absolument exacte ou photographique d'une contrée étendue constitue ce qu'on appelle un paysage, qu'il arrivera que la reproduction textuelle d'une scène de la vie ordinaire ou d'un épisode historique puisse, sans variantes, se trans- porter sur le théâtre ou se raconter dans un poème. A cause de cela, la pho- tographie ne remplacera jamais l'art. » Le point de vue scientifique est tout autre. Ce que le savant désire avant tout, c'est la connaissance exacte des rapports entre les objets qu'il veut étudier. En d'autres termes, et pour rester fidèles à la comparaison que nous faisions en commençant, le réalisme, qu'il serait déplorable de regar- der comme le but final de l'art, est, au contraire, ce à quoi doit tendre la reproduction scientifique des objets naturels. u La géologie positive, en particulier, se fondant avant tout sur les coor- données géographiques exactes des divers points de la surface du globe, ne peut raisonner en toute sécurité que d'après des représentations fidèles des accidents de cette surface. » Les trois procédés généraux qui servent à représenter les positions relatives des points géographiques ( les projections sur un plan horizontal ou les cartes; les profils ou vues qui ne sont que des projections sur un plan vertical; enfin les reliefs, où l'on tient compte à la fois des trois dimen- sions) ont successivement obéi aux progrès réclamés par ce besoin de plus en plus pressant d'exactitude. » C'est ainsi que les cartographes ont été amenés à substituer aux traits ,.4- ( «74 ) informes et tracés à peu près sans méthode, qui servaient autrefois à ex- primer les reliefs du sol, la seule projection réellement irréprochable, les courbes de niveau équidistantes. » Pour les plans en relief, c'est de nos jours seulement en France que nous avons obtenu des images dans lesquelles le rapport des bases aux alti- tudes fût respecté; et l'on sait quelle reconnaissance la géographie et la géologie doivent à la persévérance et au talent dont M. Bardin a fait preuve en ce genre si intéressant de travaux. » On peut dire que l'art de figurer les profils ou les vues a été le dernier a refléter ce besoin impérieux de précision. Quelque soin que mette un dessinateur à retracer fidèlement les lignes d'une montagne ou d'une con- trée, à n'en rien exagérer, il ne sera jamais sur de s'être affranchi de cer- taines illusions d'optique ou de perspective. Bien plus, les géologues, dans leplus grand nombre des coupes, faussent sans nécessité les rapports entre les bases et les hauteurs ; et il ne faudrait pas remonter bien loin dans la science pour retrouver des arguments qui ne semblaient avoir quelque portée que parce qu'ils s'appliquaient à des profils ou à des reliefs, dans lesquels non-seulement les pentes étaient grossièrement altérées, mais qui, par suite du même défaut de construction, ne présentaient que des rapports inexacts entre les vides et les pleins d'une contrée, entre les espaces effec- tivement occupés par les massifs montagneux et les espaces laissés à décou- vert par les cols, les vallées, les échancrures. » M. Aimé Civiale a compris que cette lacune ne pouvait être remplie d'une manière irréprochable que par la photographie. Convaincu que le géographe, le géologue, le météorologiste doivent trouver dans celte admi- rable découverte de notre siècle un moyen au-dessus de toute controverse et indépendant de toute idée préconçue ou de toute erreur personnelle, de connaître la forme et le relief réel des massifs montagneux, il a mis au ser- vice de cette pensée aussi juste que féconde les ressources de la forte édu- cation scientifique qu'il avait puisée à l'École Polytechnique, et depuis neuf ans rien n'a été négligé par lui pour arriver à des résultats utiles à la science. » La chaîne des Alpes, à la fois la plus élevée, la plus étendue et la plus complexe de toutes les chaînes européennes, s'offrait naturellement comme le plus beau sujet d'études en ce genre; mais, avant d'engager en quelque sorte la lutte avec un aussi rude jouteur, M. Civiale avait voulu mettre de son côté toutes les chances de succès. » Deux voyages faits aux Pyrénées pendant les étés de 1857 et de 1 858 ( «75 ) lui avaient servi d'apprentissage. Mais déjà, dans ces campagnes d'essai, et bien qu'il ne disposât, une première fois, que d'appareils photographiques de faibles dimensions, M. Civiale, des trois stations principales qu'il avait choisies (Bagnères-de-Luchon, Luz près Saint-Sauveur et Saint-Jean-de-Luz) avait rapporté des épreuves très-remarquables et dont l'Académie a pu ap- précier le mérite: en particulier, un panorama donnant l'ensemble du massif de la Maladetta, différentes vues du chaos de Gèdre et du cirque de Gavar- nie, enfin, de nombreuses reproductions des falaises des environs de Biar- ritz, si instructives pour le géologue. » De retour à Paris, et décidé à entreprendre la description photographi- que des Alpes, M. Civiale voulut d'abord introduire dans les procédés et les instruments spéciaux les perfectionnements que son expérience lui suggérait, comme devant faciliter le transport et la manoeuvre de ces appareils délicats dans les lieux le plus difficilement accessibles. » Il s'est servi, pour l'obtention de ses négatifs, du procédé sur papier sec : l'emploi des glaces collodionnées devant présenter de trop grandes difficultés pour le transport dans des contrées aussi accidentées. » Mais il a fait subir au procédé habituellement employé pour le papier ciré, plusieurs modifications dont la plus importante a été l'inlroduclion de la paraffine dans le cirage (4 parties de paraffine et i partie de cire d'abeilles). Les épreuves ainsi obtenues sont plus fines et plus rapides. » M. Civiale a fait construire pour ses voyages un appareil dont le trans- port est facile, la stabilité complète, le poids modéré, et qui donne des épreuves de grande dimension : om,38 sur om, 27. Il a fait aussi construire un objectif double qui lui permet de reproduire toute la circonférence en quatorze épreuves, au lieu de dix-huit qu'il fallait auparavant. Enfin, pour diminuer le poids de l'objectif, il a remplacé la monture de cuivre pesant 3kll,7 par une monture en aluminium parfaitement solide et pesant 85o grammes. » Malgré toutes ces simplifications et bien que tout ait été le plus ingé- nieusement combiné pour qu'il n'y eût aucun double emploi, l'ensemble des appareils photographiques, joint au bagage personnel le plus modeste, n'en constitue pas moins un poids de 25o kilogrammes, qu'il faut transporter à dos de mulet ou à dos d'homme dans les points choisis pour les stations. » Ces stations sont de deux ordres assez différents, suivant que l'auteur se proposait d'y obtenir des panoramas ou des vues de détail. » Four ces dernières, on recherchait naturellement les points les mieux placés pour faire ressortir la structure des roches, la disposition régulière ( 876 ) ou anormale des couches, les brisements Ou plissements qu'elles présentent ; les formes générales et les pentes des glaciers, les allures de leurs moraines latérales ou frontales; les accumulations de roches moutonnées, polies et striées; enfin, toutes les circonstances qui rendent aussi fructueux au géo- logue qu'intéressant pour le touriste le parcours des Alpes. » Les stations de ce genre sont habituellement d'un choix et d'un accès plus faciles que celles qui sont destinées à la reproduction d'un ensemble de montagnes ou d'un panorama. Le plus souvent, d'ailleurs, pour la re- présentation d'un accident partiel et limité, l'emploi d'une ou de deux planches suffit. Aussi les Membres de l'Académie ont pu se convaincre, en examinant le bel album qui, chaque année, est offert à l'Académie par M. Civiale, que ces épreuves de détail sont traitées avec une perfection égale à celle qu'on peut rencontrer dans les épreuves obtenues par les photo- graphes de profession. » Les panoramas, qui constituent la partie la plus originale et la plus im- portante du travail, présentent de grandes difficultés, tant à cause de l'éclairage nécessairement discordant des diverses parties qui les com- posent, qu'en raison du choix même de la station. Outre que la com- binaison de ces stations exige, pour que leur réunion représente bien l'ensemble des divers massifs, une connaissance parfaite de la topographie, il y a des conditions d'altitude auxquelles elles doivent satisfaire. Ainsi les pics ou les cols d'une hauteur au-dessus de la mer comprise entre 2200 et 3aoo mètres offrent généralement, dans les Alpes, les meilleures stations pour les vues panoramiques. Quand l'altitude atteint 35oo mètres, les val- lées cessent de se dessiner nettement; quand elle s'abaisse à 2000 mètres, on n'aperçoit plus un assez grand nombre de sommets. » On conçoit aisément qu'une opération qui se poursuit pendant un assez grand nombre d'heures dans la journée exige dos précautions parti- culières pour que le déplacement régulier du soleil n'éclaire pas d'une ma- nière trop inégale et trop disparate les différentes parties du tableau. M. Civiale a reconnu, par expérience, qu'en commençant vers 7 heures du matin, il faut se tourner d'abord vers le nord, puis aller successivement du nord à l'ouest, de l'ouest an sud. etc. En procédant ainsi, l'opérateur se trouve généralement, vois 11 heures ou midi, en face de l'est, qui est alors éclairé do la manière la moins défavorable. » Afin > Dans le troisième chapitre se trouve traité le problème de la représen- tation d'égale, superficie d'une surface donnée sur une autre surface quel- conque. C'est une extension des principes posés dans le chapitre premier, qui n'était lui-même qu'une extension du premier Mémoire. La question est d'abord traitée au moyen des coordonnées géodésiques, puis au moyen des coordonnées quelconques : on détermine, pour ce dernier cas, la foi nie de la fonction TI. Si l'équation H = 2 peut être satisfaite en tous points, on est certain que les surfaces données sont applicables l'une sur l'autre. » Le chapitre quatrième et dernier renferme une étude des tracés d'égale superficie qui conservent sur le plan l'angle droit des lignes isothermes ou des lignes géodésiques. On démontre que ce problème revient à décom- poser une fonction donnée de deux variables u et v en deux facteurs X et Y tels, qu'on ait l'équation Tfr \ Y dp) ~*~ du \X tlu ) ~°' » On essaye ensuite l'intégration de l'équation suivante, qui est aux dé- rivées partielles du second ordre: d\ il\ ijr + q") 1 - bpqs H- (//- + qa)t + ' - 1 />2 - y- ) = 0, ( 883 ) dans laquelle X est une fonction donnée des deux variables indépendantes x et y. La méthode d'Ampère conduit à une équation intermédiaire de la forme log iP + '2° Azote 82 ,5o 81 ,37 100,00 100,00 » Le tube extrait du four est recouvert d'une couche épaisse de noir de fumée (1); ainsi, comme dans le haut fourneau, l'oxygène a été à peu près sans action sur le charbon. Les corps combustibles sont cependant brûlés dans le courant gazeux, le fer s'y oxyde en développant une température bien supérieure à celle du four : l'œil armé d'un verre coloré peut vérifier ce fait. L'écoulement des scories prouve également l'oxydation du fer, qui peut monter à plus de 10 pour 100 pendant la température nécessaire à son soudage. » Si tous les corps portés à une température suffisante peuvent être dis- sociés, ainsi que cela est probable, la tension de dissociation de l'oxyde de (1) Exactement comme dans les tubes froid et chaud de M. Deville. ( S94) fer doit être bien plus faible que celle des gaz que nous avons examinés. A la température à laquelle nous opérons, l'affinité de l'oxygène pour le fer n'est donc pas détruite, et c'est grâce à la double action de la chaleur du foyer et de la température développée par l'oxydation que ce métal a pu être soudé dans les ateliers métallurgiques. » Comme terme de comparaison, après avoir établi la composition des gaz au point où la température est la plus élevée, j'ai dû les analyser après leur parcours sous une partie de la chaudière. » A i5 mètres de la grille le courant gazeux ne fond plus le cuivre, mais l'antimoine s'y liquéfie facilement : il faut donc admettre que sa tempé- rature est supérieure à 5oo degrés. » L'analyse des gaz recueillis donne : v. VI. Oxygène 8 , oo 7 , 3o Oxyde de carbone 2 ,4<3 4 'oa Acide carbonique 7)i2 7>72 Azote 82,48 80,96 100,00 100,00 » Les éléments gazeux que la température tenait éloignés se sont donc recombinés en partie ; mais ce phénomène devient plus saisissant si, au lieu de recueillir les gaz avec mon appareil refroidi à 10 degrés, on les aspire au moyen d'un simple tube métallique. » Dans ce dernier cas, les gaz passant lentement de la température rouge à celle de l'aspirateur, leurs éléments se combinent de nouveau, ainsi que le démontrent les analyses ci-contre, entreprises sur le même gaz au moyen du tube froid, et la seconde, n° VII, avec le tube métallique. Moyenne des deux analyses précédentes. VII. Oxygène 7 ,65 1,21 Oxyde de carbone 3, 21 1 ,42 Acide carbonique 7>42 i5,o2 Azote 81,72 82,35 100,00 100,00 » Ainsi, l'oxygène a disparu en grande partie pour former 1 5 pour 100 d'acide carbonique aux dépens de l'oxyde de carbone et surtout du charbon tenu en suspension dans la flamme. » Ebelmen, qui, le premier, s'est occupé de déterminer, par de longues ( 895 ) et savantes recherches, la composition des gaz recueillis dans les foyers de l'industrie, employait pour ses expériences un tube de porcelaine enfermé dans un canon de fusil. Les gaz aspirés par ce procédé se refroidissaient graduellement, et c'est par cette raison que leur examen ne pouvait lui faire soupçonner les étranges phénomènes de la dissociation. Les analyses pu- bliées par Ebelmen, sur les gaz des cheminées des fours à réchauffer, con- cordent très-sensiblement avec celle n° VII; mais si le savant métallurgiste a pu constater près dcîjo pour ioo d'oxyde de carbone dans les gaz recueillis près de la tuyère du haut fourneau de Clairval (1), c'est que ce composé se formait, aux dépens des gaz primitivement dissociés, dans le long tube de porcelaine qu'il employait. » Je crois pouvoir conclure des expériences cpie j'ai eu l'honneur de rapporter, que les gaz composés n'existent qu'en très-petite quantité clans la partie la plus chaude des hauts fourneaux et des fours à souder. Puisque les appareils employés pour recueillir ces gaz ne peuvent donner un re- froidissement infiniment rapide, ce qui tend à élever la quantité des gaz composés recueillis, il faut admettre que, dans ces conditions, la tension de dissociation est plus grande que ceile que j'ai constatée dans mes analyses. » D'après les expériences comparatives que j'ai entreprises, il me semble nécessaire également de tenir compte des phénomènes si nouveaux et si imprévus de la dissociation, dans toutes les expériences anciennement entreprises sur les gaz recueillis dans les foyers à haute température. » M. H. Sainte-Claire Deville fait, à la suite de la communication pré- cédente, les réflexions suivantes : « La Note de M. L. Cailletet contient des expériences et des analyses auxquelles les métallurgistes doivent attacher une grande importance. L'auteur veut bien les considérer comme une confirmation de mes propres travaux : sa modestie ne doit enlever à son travail ni l'originalité qui est incontestable, ni le mérite des difficultés vaincues qui étaient considérables. Je dois pourtant ajouter quelques mots aux conclusions de M. L. Cailletet pour augmenter encore leur légitimité, si c'est nécessaire. » La seule objection qui pourrait être faite à ces conclusions, c'est qu'on (i) Recueil des travaux scientifiques de M. Ebelmen, t. Il, p. 420. C. H., 1866, i« Semestre. (T. LX.II, N° iG.) < '• ~ ( 896 ) peut concevoir que le mélange des gaz comburants et combustibles dans un fourneau ne soit pas intime, et que l'appareil de refroidissement subit enlève des gaz à des couches superposées dont la réaction n'est pas défini- tive. Mais cette objection, que les praticiens ne seraient pas tentés de sou- lever, tomberait devant les observations suivantes : » i° Les résultats constatés par M. L. Cailletet sont en concordance par- faite avec ceux que j'ai obtenus avec des gaz purs, intimement mélangés et introduits dans mes chalumeaux à flammes homogènes. » 20 Ebelmen empruntait ses gaz à des filets de flamme de très-petite section qu'il refroidissait lentement, et avec lesquels il obtenait les produits normaux de la combustion complète. Il a démontré ainsi que les mélanges gazeux des fourneaux étaient homogènes et confirmé par avance la néces- sité des conclusions de M. L. Cailletet. » GÉOLOGIE. — Sur la récente éruption de Santorin. Lettre de M. F. Fouqué à M. Ch. Sainte-Claire Deville (r). « J'ai consigné dans une Lettre adressée à M. le Secrétaire perpétuel de de l'Académie des Sciences les résultats principaux de mes premières obser- vations à Santorin. Depuis lors, quinze jours se sont écoulés; maintenant l'éruption s'affaiblit lentement et semble avoir pris une marche décrois- sante régulière. Les mouvements de soulèvement et d'affaissement qui ont été observés à Néa-Kamméni continueront encore probablement à se pro- duire pendant quelque temps, la lave poursuivra encore sa marche enva- hissante, mais je ne crois pas que l'on ait à redouter aucun cataclysme subit. Aussi, après avoir suivi attentivement la marche de l'éruption pendant les dix-sept jours qui viennent de s'écouler, j'ai cru pouvoir quitter mo- mentanément Santorin et aller visiter les autres points de l'Archipel grec qui sont le siège d'émanations volcaniques. « Toutefois, avant d'entreprendre cette excursion, je veux vous donner ici quelques détails sur l'état actuel du volcan et sur le développement des phénomènes qu'il a présentés depuis son origine. Les renseignements précis que j'ai recueillis sur ce qui s'est passé avant mon arrivée vont me per- mettre avant tout de vous tracer exactement une histoire abrégée de l'érup- tion depuis son début jusqu'à aujourd'hui. (l) L'Académie a décide que ce Mémoire, quoique dépassant les limites réglementaires, serait reproduit en entier au Compte rendu. ( 897 ) » Les premiers indices du mouvement émptif se sont manifestés dans la journée du 3o janvier dernier. Des bruits sourds et des mouvements lents du sol à l'extrémité sud de Néa-Kamméni sont ce qu'on a remarqué tout d'abord. Ce jour-là même, les maisons bâties à la pointe sud de l'île se lézardent peu à peu et bientôt menacent ruine. » Dans la matinée du 3i janvier, les bruits souterrains redoublent d'in- tensité; il se dégage de la mer, dans le petit port de Néa-Kamméni nommé Voulcano, une multitude innombrable de bulles de gaz; la température de l'eau s'élève, et il s'en exhale une très-forte odeur d'acide sulfhydrique. Dans l'après-midi, on remarque un affaissement du sol à la pointe sud-est de Néa-Kamméni, près du port Voulcano. » Le ier février, à 5 heures du matin, des flammes apparaissent sur la côte ouest du port Voulcano et à la surface de la mer dans le voisinage. Le sol se déchire profondément dans la partie de Néa-Kamméni comprise entre le port Voulcano et le cap Phlego, à l'extrémité sud-ouest de l'île. Le som- met du cône de Néa-Kamméni se déchire également; il s'en détache des blocs volumineux qui roulent le long de ses pentes jusqu'à sa base. » Pendant la journée, le bouillonnement des eaux de la mer produit par les dégagements gazeux augmente de plus en plus. La mer prend une colo- ration rougeâtre due à des sels de fer (i) en dissolution. En même temps, il se forme à Néa-Kamméni, à l'est du port Voulcano, quatre petits lacs d'eau douce. » Le soir, à 5 heures, on ressent une très-légère secousse de tremble- ment de terre à Santorin. La nuit suivante, les flammes apparaissent de nouveau tout autour de Voulcano. Le 2 février, le bruit souterrain, les dé- gagements gazeux et la coloration de la mer sont de plus en plus pronon- cés. L'affaissement du sol de Néa-Kamméni sur le bord oriental du port Voulcano devient très-marqué; on entre en bateau dans des maisons qui étaient auparavant à 2 et 3 mètres au-dessus du niveau de la mer. » Le 3 février, la température devient très-élevée sur le bord oriental du port Voulcano; il s'en dégage un nuage de vapeur qui sort avec un sif- flement aigu. Dans le courant de la journée, la fumée est très-épaisse et rou- geâtre; on voit poindre un récif à la surface de la mer dans l'intérieur du port Voulcano, près de sa rive occidentale. » Le 4 février, le récif aperçu la veille se transforme rapidement, mais sans phénomènes violents, en un îlot auquel on donne le nom de Georges. (1) Très-probablement, du chlorure de fer. (Ch. S.-C. D.) "7- ( 898 ) » Le 5 février, cet îlot forme un monticule ayant 70 mètres de longueur, 3o de largeur et 20 de hauteur. La plus grande longueur est dirigée sensi- blement dans l'axe du port Voulcano, c'est-à-dire du nord au sud. Les blocs qui couvrent sa surface sont sans cesse rejetés du centre vers la périphérie, comme si le développement de l'îlot se faisait par son centre. Ceux de ces blocs qui tombent tout autour sont remplacés par d'autres dont la tempéra- ture est de plus en plus élevée, si bien que les blocs noirs et froids qui ont paru d'abord finissent par être remplacés par des masses incandescentes, et l'îlot tout entier devient lumineux dans l'obscurité. Des flammes rou- geâtres se produisent sur toute sa surface, mais plus particulièrement à son sommet. » Le 6 février, ce monticule, continuant à se développer, se réunit à Néa- Kamméni, dont il ne constitue plus dès lors qu'un simple promontoire. » Ce même jour, on signale un tremblement de terre dans le Péloponnèse. La secousse se fait particulièrement sentir dans la direction de Patras à Tripolitza et cause des dommages importants, surtout dans la première de ces deux villes. Les oscillations durent vingt secondes ; elles s'effectuent de l'est à l'ouest et sont accompagnées de bruits souterrains. Dans les Cyclades, et particulièrement à Santorin, ce tremblement de terre ne se fait nulle- ment sentir. » Le 7 février, Georges atteint i5o mètres de longueur, 60 de largeur et 3o de hauteur. » Le 8 février, quelques symptômes d'éruption prochaine se manifestent à l'ouest du cap Phlcgo, du côté de Palœa-Kamtnéni. La mer y devient très- chaude et très-fortement colorée en jaune verdàtre. Les dégagements gazeux y sont d'une abondance extrême. » Le g février, ces manifestations augmentent encore d'intensité, et même on voit au milieu de la journée se produire une petite projection de lave scoriacée, précisément au point où elles sont le plus évidentes. « Jusqu'au i3 février, tous les phénomènes précédemment décrits conti- nuent à augmenter. A cette date, Georges remplit non-seulement tout le port Voulcano, mais il en dépasse l'ouverture de 60 mètres environ et, de plus, s'étend du côté opposé jusqu'au pied du cône de Néa-Kamniéni, en recouvrant les petits lacs d'eau douce formés au commencement de l'érup- tion, lesquels étaient promptement devenus saumàtres. En même temps, il devient le siège de détonations dont la fréquence et l'intensité sont plus marquées chaque jour. Ces détonations sont accompagnées de petites pro- jections de pierres incandescentes. ( 899 ) » Le i3 février, un nouvel îlot, auquel on donne le nom d' Aphràëssa, paraît à 5o mètres environ de la côte, à l'ouest du cap Phlego, c'est-à-dire dans l'endroit où l'on avait vu les jours précédents se produire les phéno- mènes avant-coureurs d'une éruption. Les blocs de lave qui constituent Aphroëssa au moment de son apparition, de même que ceux qui s'étaient montrés les premiers au moment de la formation de Georges, portent à leur surface des huîtres et d'autres mollusques. Aphroëssa se développe plus lentement que Georges ne l'avait fait et surtout plus irrégulièrement. Le jour de son apparition, elle s'enfonce et reparaît alternativement trois ou quatre fois. Elle ne devient stable qu'à la fin de la journée. Le canal qui la sépare de Néa-Ramméni a 17 brasses de profondeur. » Du i3 au 10 février, il ne se produit rien d'extraordinaire, si ce n'est une très-forte détonation de Georges dans la soirée du i5. » Le 20 février, à 9 heures du matin, a lieu une détonation plus forte encore : les pierres projetées blessent deux des membres de la Commission scientifique envoyée par le gouvernement grec, lesquels stationnaient alors sur le cône de Néa-Kamméni. Un bloc incandescent met le feu à un navire du commerce amarré entre Néa-Kamméni et Micra-Kamméni. Le capitaine de ce navire est lui-même blessé mortellement par une pierre. Ces accidents frappent de terreur la population de Santorin, ainsi que les bateaux mar- chands qui s'éloignent de l'île. d Jusqu'au 8 mars, jour de notre arrivée à Santorin, personne n'ose plus s'aventurer près du lieu de l'éruption; c'est pourquoi je n'ai rien de bien précis à dire sur ce qui s'est passé pendant cet intervalle de temps, si ce n'est que des projections abondantes, accompagnées de détonations très- fortes, ont eu lieu une ou deux fois chaque jour, du 20 février au Ier mars. Pendant ce temps, des blocs de plusieurs mètres cubes ont été lancés par Georges jusqu'à plus de 100 mètres de distance; d'autres, plus petits, l'ont été jusqu'à 200011 3oo mètres. Parmi ces blocs quelques-uns, surtout les plus volumineux, ont été projetés à l'état de bombes volcaniques; on les trouve aujourd'hui en assez grande quantité sur le sol de Néa-Kamméni, offrant des formes arrondies et présentant à leur surface des déchirures opérées au moment de la solidification par le retrait de la matière qui les constitue. » Du ici au 8 mars, les détonations semblent avoir diminué d'intensité, et, depuis lors, il n'y a plus eu aucune projection qui mérite d'être signalée. » Je dois ajouter ici que dans la nuit du 20 au 21 février, on a ressenti à Santorin trois secousses très-légères de tremblement de terre. Enfin, je men- 1 9°° ) tionnerai aussi une projection de cendres qui, dans la journée du 24 fé- vrier, fut portée par le vent jusque sur les pentes extérieures de l'île de Santorin. » Le 10 mars, un nouvel îlot, Réka, s'est élevé au delà d'Aphroëssa vers l'ouest, dans la direction de la ligne joignant ce point avec Georges. Les blocs composant Réka étaient très-scoriacés à la surface, compactes dans leur intérieur. Ils ne portaient ni mollusques, ni aucun dépôt de fond de mer, contrairement à ce qui a été observé pour Georges et Apbroëssa. Un canal large de 10 mètres et profond également de 10 mètres séparait Réka et Aphroëssa; un autre canal offrant à peu près la même largeur et la même profondeur que celui-ci séparait aussi Apbroëssa de la partie sud-ouest de Néa-Kamméni. » Le i3 mars, Réka était déjà réunie à Aphroëssa. Enfin, le 19, le canal qui séparait ce dernier centre de Néa-Kamméni s'est trouvé comblé à son tour, et aujourd'hui Néa-Kamméni s'est accrue seulement de deux caps nouveaux : l'un, formé par Georges et dirigé du nord au sud, dé- passe d'environ i5o mètres l'ouverture du port Voulcano; l'autre est formé par Réka et Aphroëssa réunies et s'allonge vers l'ouest. Il est encore facile de distinguer ces deux anciens îlots malgré leur union. En effet, la partie correspondant à Aphroëssa présente une hauteur d'environ 3o mè- tres, et celle qui correspond à Réka n'a pas plus de i5 mètres de haut. De plus, il existe entre ces deux parties une dépression très-marquée corres- pondant à l'ancien canal qui les séparait. La hauteur de Georges est d'en- viron 5o mètres. L'élévation de tous ces points a très-peu varié depuis plusieurs jours; Georges s'allonge surtout vers le sud, Aphroëssa et Réka réunies s'allongent aussi vers le sud, mais elles s'étendent principalement vers le nord, de telle sorte que si leur développement continue encore à s'opérer de la sorte pendant quelques jours, on peut prévoir que le petit port Saint-Georges, situé sur la côte occidentale de Néa-Kamméni, ne tar- dera pas à être obstrué. » L'accroissement des monticules volcaniques de nouvelle formation se fait certainement en partie par l'effet d'un soulèvement lent du sol; il y a même des moments où l'action soulevante paraît prédominer, mais ce n'est pas le cas le plus ordinaire. Ce qui contribue surtout à l'agrandissement continu de Georges, d'Aphroëssa et de Réka, ce sont les coulées de lave qui en sortent. Ces coulées se déversent de chaque côté de la fissure dont Georges et Aphroëssa sont les deux points principaux! Elles marchent avec une extrême lenteur, refroidies qu'elles sont dans leurs parties extérieures ( 9°' ) par !e contact de la mer, mais elles avancent néanmoins au-dessons de l'eau qu'elles échauffent à une température voisine de celle de l'ébullition. Elles offrent à leur surface une pente régulière de chaque coté de l'ouverture qui leur donne naissance, de manière à représenter assez bien les deux pentes opposées d'un toit peu incliné dont la ligne de faite correspondrait à cette ouverture. A mesure que ces coulées avancent, leur épaisseur en un point donné de leur parcours augmente sans cesse, d'où il résulte qu'elles émergent peu à peu; et comme leur surface est recouverte de hlocs irré- guliers, ceux-ci apparaissent au-dessus de l'eau les uns après les autres et forment comme des récifs tout autour des points déjà précédemment émerges. » Quand, au contraire, le soulèvement du sol est le fait dominant, les hlocs qui sortent de l'eau sont situés à une certaine distance des centres en acti- vité, et, de plus, ils sont toujours à une température peu élevée au moment de leur apparition, comme si la matière qui les compose était solidifiée depuis longtemps. C'est de cette façon que nous avons vu apparaître Réka, à une distance de plus de 10 mètres d'Aphroëssa et sans que l'eau de la mer fût très-échauffée dans le voisinage. Aujourd'hui, il se forme encore de cette façon, par voie de soulèvement, de nouveaux écueils à l'ouest de Réka, du côté de Palœa-Kamméni; mais actuellement Georges, Aphroëssa et Réka augmentent principalement par l'effet de l'autre cause que nous avons signalée. » De l'autre côte d'Aphroëssa, dans l'intervalle compris entre Georges et ce dernier point, c'est-à-dire dans la partie de Néa-Kamméni qui avoisine le cap Phlego, il se produit des phénomènes très-remarquahles. Il existe dans cette région de profondes crevasses, longues d'environ i5o mètres, sensiblement parallèles entre elles et parallèles aussi à la ligne de fume- rolles sulfureuses que j'ai signalée dans ma Lettre à M. Elie de Beaumont, c'est-à-dire dirigées E. 200 N. Elies présentent en outre quelques ramifi- cations transversales qui les réunissent les unes aux autres. Ces crevasses datent très-probablement du début de l'éruption. Je les ai observées pour la première fois le 12 mars; mais, si elles m'avaient échappé lors de mes premières excursions à Néa-lvamméni, cela tient uniquement à ce que mon attention s'était plus spécialement portée vers les points qui étaient le siège de phénomènes plus violents. Le 12 mars, je les ai trouvées au nombre de quatre principales, profondes de 8 à 10 mètres, larges de 3 à _'| mètres, tail- lées à pic, et cela quelquefois au milieu de bancs de lave compacte de plu- sieurs mètres d'épaisseur. Ces bancs, formés par la lave de 1707, sont ( 9°2 ) coupés comme s'ils avaient été séparés eu deux par un instrument tran- chant. Au fond de> crevasses circulaient des courants rapides d'eau salée, dirigés de Georges vers Aphroéssa et débouchant dans le canal compris entre Aphroéssa et Néa-Kamméni. L'eau de ces courants avait une tempé- rature comprise entre 61 et 78 degrés; ce sont les deux limites extrêmes de température que j'y ai observées. Sur tout son parcours, cette eau était traversée par d'abondants dégagements de gaz combustibles. Une petite quantité d'acide sulfhvdrique, une proportion très-forte d'acide carbo- nique, et enfin des carbures d'hydrogène et probablement de l'bvdrogène libre, voilà ce qui constitue essentiellement ces mélanges gazeux, que j'ai recueillis et que j'analyserai plus tard. » Enfin, au sommet de l'ancien cône de Néa-Kamméni, on observe des crevasses formées probablement aussi au début de l'éruption. C'est ce que semblent indiquer les éboulements qu'on a observés dans les premiers jours. L'une de ces crevasses, dirigée E. 200 N., coupe le cratère de Néa- Kamméni de son bord oriental jusqu'en son milieu; elle est profonde seu- lement de 2 à 3 mètres et large à peu près de la même quantité. Elle ne donne lieu à aucun dégagement de gaz ou de vapeurs appréciable. Une seconde plus importante que la première suit tout le contour du cratère dans sa moitié méridionale inférieure, en formant l'arc dont la fissure pré- cédente, supposée prolongée, formerait la corde; elle a une profondeur qui, en certains points, va jusqu'à 4 ou 5 mètres; elle est le siège de fumerolles nombreuses qui fournissent de la vapeur d'eau, de l'acide sulfhvdrique et probablement aussi de l'acide carbonique. Ea température semble y être de 3o à 4« degrés environ (1). » Aujourd'hui, les crevasses du sommet du cône de Néa-Kamméni ont peu changé d'aspect; mais il n'en est pas de même de celles qui occupent l'intervalle compris entre Georges et Aphroéssa. Celles-ci se sont considé- rablement élargies, et surtout elles sont devenues bien plus profondes. Quelques-unes ont jusqu'à 10 à ao mètres de profondeur et 7 à 8 de lar- geur; or, leur fond est toujours resté très-peu inférieur au niveau de. la mer : il faut donc en conclure que leurs bords se sont élevés. Ainsi, depuis quatorze jours, l'ancien sol de Néa-Kamméni s'est soulevé de plusieurs mètres (1) Ju n'ai pu m'assurer positivement de ces derniers faits; car, le cône de Néa-Kamméni étant formé, au moins dans sa partie supérieure, de cendres et de lapilli, il serait impos- sible de descendre au fond de la crevasse sans courir le risque d'être enseveli sous un écou- lement. ( 9°3) dans le milieu de l'espace compris entre Georges et Aphroëssa. Au fond des crevasses il existe encore des courants d'eau salée dirigés vers Aphroëssa; mais ces courants ne marchent plus qu'avec lenteur. Ils donnent encore heu à des dégagements de gaz combustibles qui paraissent plus riches en acide sulfhydriquë que précédemment. Les limites extrêmes de température que j'y aie récemment observées sont 68 et 8 1 degrés. La température moyenne paraît donc s'y être élevée. En même temps que ces canaux se sont agrandis dans tous les sens, leur fond s'est en grande partie comblé par la chute des blocs tombés de leurs parois, et, au lieu d'y voir des ruisseaux d'eau chaude circulant librement comme dans les premiers temps, on n'aperçoit plus maintenant l'eau que sous forme de petites flaques au milieu des mor- ceaux de lave éboulés. » En même temps que les fissures de Néa-Ramméni subissaient ces chan- gements, la ligne de fumerolles sulfureuses parallèle à leur direction et située environ [\o mètres plus au nord a éprouvé un redoublement d'acti- vité. Le 12 mars, aucune de ces fumerolles n'avait une température supé- rieure à 4°° degrés; aujourd'hui, on y peut fondre le zinc en plusieurs points. On y sent une odeur d'acide chlorhydrique très-marquée, et on y entend de temps en temps des bruits souterrains qui font trembler la terre et qui ressemblent à ceux que produiraient des chocs violents exercés contre le sol de bas en haut à une petite profondeur. » Le fond du canal entre Néa-Ramméni et Palaea-Ramméni est aussi le siège d'un soulèvement lent très-marqué, principalement dans la partie comprise entre Réka et la pointe sud de Palœa-Ramméni. Au commen- cement de l'éruption, la plus grande profondeur constatée était de iao brasses; aujourd'hui les sondages qui viennent d'être effectués par les officiers de la frégate italienne Principe Carignano montrent que cette pro- fondeur n'est plus que de 6o brasses : elle a donc diminué de moitié. « On doit remarquer encore que la direction de ce soulèvement n'est pas celle de la ligne droite qui réunit Georges, Aphroëssa et Réka; elle est plus inclinée vers le sud-ouest de plusieurs degrés. Si donc le sol s'entr'ou- vrait sur cette ligne, la fissure totale représenterait non plus une ligne à peu près droite, mais une ligne brisée formant à la pointe de Réka un angle obtus ouvert vers le sud. » Enfin, de l'autre côté de Georges, le mouvement d'enfoncement du sol à la pointe sud-est de Néa-Ramméni, qui paraissait arrêté depuis quel- ques jours, a repris sa marche depuis trois ou quatre jours. Le quai s'est enfoncé d'environ om,4o au-dessous du niveau précédemment atteint. C. R., 1866, i" Semestre. (T. LXII, N° 16.) I ' 8 ( 9°4 ) » Les flammes continuent à briller chaque soir aux sommets des trois centres d'éruption, mais il ne s'en produit plus à leur base. » En résumé : » i° Il existe aujourd'hui, dans la partie méridionale de Néa-Kamméni, une déchirure du sol dirigée E. ao° N., dont Georges, Aphroè'ssa et Réka sont les trois points principaux. Cette fissure donne issue, au niveau de ces points, à des coulées de lave qui se déversent de chaque côté vers le sud et vers le nord, c'est-à-dire à très-peu près perpendiculairement à la direction de la fissure. » 2° Les dimensions des trois centres éruptifs augmentent chaque jour, surtout par le développement de ces coulées beaucoup plus que par le soulèvement du sol. » 3° Le fond de la mer s'est considérablement soulevé entre Réka et la pointe sud de Palœa-Kamméni. » 4° La portion de Néa-Kamméni comprise entre Georges et Aphroëssa a aussi subi, dans ces derniers temps, un mouvement de soulèvement très- marqué. » 5° L'abaissement du sol de l'extrémité sud-est de INéa-Kamméni, lequel semblait arrêté, continue à se produire de nouveau. » 6° 11 y a maintenant réunion complète de Georges, d'Aphroëssa et de Réka avec Néa-Kamméni. » Dans trois semaines environ, je retournerai à Santorin pour y faire un nouveau séjour. J'y ai laissé M. Da Corogna, qui s'occupe spécialement de rechercher les influences qu'exercent les émanations volcaniques sur la santé des hommes et des plantes. » (Renvoi à la même Commission que les communications précédentes de l'auteur.) A la suite de cette Lettre, M. Cu. Saixte-Claire Devii.le communique l'extrait suivant d'une autre qui lui a été adressée postérieurement par M. Fouqué. h Calamaki (isthme du Corimhc), 8 avril 1866. » Depuis mon départ de Santorin, j'ai visité Méthana où j'ai trouvé le cratère de Strabon. La roche qui le compose est un trachyte, comme le trachyte ancien de la presqu'île, ce qui n'empêche pas le cratère d'être le plus beau et le plus régulier que j'aie jamais vu. Depuis trois jours, je suis à Calamaki occupé à étudier la soufrière de Sousaki. 11 y existe des déga- (9°5) gements d'acide carbonique comme auprès de Naples, plus abondants encore, et, chose remarquable, tout cela est lié avec une éruption de serpentine, dont l'origine ignée ne saurait être douteuse en ce point. Tout cela s'observe dans deux ravins, longs de plusieurs kilomètres, situés à une heure et demie de marche de Calamaki. » « M. Ch. Sainte-Claire Deville met enfin sous les yeux de l'Académie une série de vues photographiques, représentant l'éruption de Santorin dans ses différentes phases, et rapportées par M. F. Lenormant, de retour de la mission spéciale qui lui avait été confiée par S. M. l'Empereur et qu'il a remplie avec le plus grand succès. » CHIMIE ORGANIQUE. — Action de laclialeur sur quelques carbures d'hydrogène. (Première partie.) Note de M. Berthelot, présentée par M. Pelouze. « Ayant été conduit par la suite de mes expériences à observer l'action de la chaleur sur l'acétylène, j'ai reconnu, non sans étonnement, que ce carbure se détruit avec une extrême facilité sous l'influence de la chaleur : résultat en apparence contradictoire avec la stabilité extraordinaire qui est attestée par les conditions de la synthèse de l'acétylène, et par sa formation pour ainsi dire universelle sous cette même influence de la chaleur. L'ex- plication de ce paradoxe peut être trouvée, en examinant de plus près l'action de la chaleur sur l'acétylène et sur divers autres carbures d'hydro- gène, soit purs, soit mélangés entre eux, soit enfin mis en contact avec cer- tains corps étrangers. I. — Action de la chaleur sur l'acétylène. » 1 . En chauffant l'acétylène pur dans une cloche courbe, sur le mercure, à la température de ramollissement du verre, on le voit peu à peu diminuer de volume. En même temps des produits goudronneux apparaissent. Si on ne porte pas la chaleur au point le plus élevé, ou si l'on ne prolonge pas son action au delà de quelques minutes, la transformation est à peine sen- sible. Mais en chauffant plus fort et plus longtemps, elle devient à peu près totale. Au bout d'une demi-heure, le gaz était réduit au cinquième de son volume; 97 centièmes de l'acétylène primitif avaient disparu; le résidu ga- zeux était formé par de l'hydrogène renfermant 3 centièmes d'acétylène inaltéré, 1 centièmes d'éthylène et un peu d'hydrure d'éthylène. » La presque totalité des éléments de l'acétylène se retrouvent dans les 118.. ( 9°6) produits liquides et fixes de la réaction. Ces derniers consistent surtout en deux carbures : l'un volatil et qui présente les propriétés et les réactions du styrol, autant que permet de le reconnaître une étude faite sur les petites quantités de matières liquides, obtenues par la transformation d'un volume gazeux considérable; l'autre presque fixe, résineux, et qui paraît être du métastyrol. Le styrol C,6H8 offre la composition d'un polymère de l'acéty- lène, comme je l'ai fait remarquer il y a longtemps : 4C4H2 = (C4H2)4 = C,6H8. Ajoutons, pour ne rien omettre, qu'il se forme encore une trace de naph- taline et un peu de charbon, corrélatifs de l'hydrogène libre qui constitue le résidu gazeux. » 2. La transformation de l'acétylène s'opère d'une manière toute diffé- rente selon qu'elle a lieu isolément ou en présence de divers autres corps. En présence du charbon, par exemple (coke éteint sous le mercure), j'ai trouvé que la disparition de l'acétylène était à peu près aussi rapide ; mais presque tout l'hydrogène se dégage à l'état libre, c'est-à-dire que le car- bure se résout principalement en ses éléments. Cette influence du charbon est d'autant plus remarquable, que la présence de ce corps est à peu près inévitable dans toutes les réactions pyrogénées où l'acétylène prend nais- sance. » 3. Parmi les métaux proprement dits que j'ai étudiés, le fer exerce l'influence la plus intéressante. Il détermine la destruction complète de l'acétylène, à une température plus basse et à une vitesse plus grande que lorsque le gaz est seul. De là résultent, d'une part, du charbon et de l'hydro- gène occupant un volume voisin de la moitié de celui de l'acétylène primitif, et d'autre part, des carbures empyreumatiques, différents de ceux fournis par la chaleur seule. D'après la proportion du carbone déposé sur le fer, ces carbures doivent être plus riches en hydrogène que l'acétylène et ses poly- mères. » 4. L'acétylène, mélangé avec son volume d'azote, ou d'oxyde de car- bone, ou de gaz des marais, ou d'hydrure d'éthylène, se transforme un peu plus lentement que s'il était seul et sans paraître donner lieu à des phéno- mènes spéciaux (i). (i) Le formènc, chauffé de même pendant un quart d'heure dans une cloche courbe, résiste à peu près complètement, sauf la production d'une trace d'acétylène. Je rappellerai qu'à une ( 9°7 ) » Dans tous les cas, la quantité transformée est à peu près proportion- nelle à la durée de la chauffe. » 5. L'acétylène, mêlé avec son volume d'hydrogène, se transforme de même, c'est-à-dire un peu plus lentement que s'il était libre. En outre, il donne lieu à une proportion beaucoup plus grande d'éthylène, comme si l'hydrogène entrait en combinaison avec l'acétylène à cette température : C1H2 + H2_=C''H\ » Citons des nombres. Au bout d'une demi-heure, sur ioo parties d'acétylène, 5a avaient disparu; 12 parties d'éthylène s'étaient formées, 6 parties d'hydrogène ayant disparu. Il semble donc qu'une partie de cet éthylène résultait d'une fixation directe d'hydrogène libre, tandis qu'une autre partie dérivait immédiatement de l'acétylène. Je reviendrai sur ces faits, ainsi que sur les réactions plus décisives qui ont lieu entre l'acéty- lène et l'éthylène, la benzine, etc. » 6. Je rappellerai, en terminant, mes observations relatives à la conden- sation que l'acétylène libre éprouve à 25o degrés sous l'influence du chlo- rure de zinc (1) et aux condensations probables de l'acétylène naissant formé aux dépens du formène tribromé, C2HBr3, de la vapeur d'alcool et de celle de l'acide acétique. En effet, j'ai expliqué par ces condensations la formation de la benzine C,2H°, qui dérive réellement de ces divers com- posés (2). » En résumé, la transformation de l'acétylène par la chaleur n'est pas comparable aux phénomènes de dissociation : elle ne résulte pas d'une destruction de l'affinité qui tient réunis le carbone et l'hydrogène; mais elle s'effectue suivant un mécanisme bien différent, et qui n'est nullement incompatible avec la grande stabilité de l'acétylène. Ce que la chaleur détermine ici, ce n'est pas une décomposition, c'est au contraire une combinaison d'un ordre plus élevé, développée par l'union réciproque de température plus haute il produit de l'acétylène, de la naphtaline et des carbures goudron- neux. La naphtaline, au bout d'une heure, dans une cloche courbe, ne donnait pas signe de décomposition. La benzine en manifeste un très-léger indice avec dégagement gazeux. Ce même corps, dirigé dans un tube de porcelaine chauffé au rouge vif, se décompose en partie, en formant un carbure cristallisé. (1) Leçons sur les Méthodes générales de synthèse, p. 307; Gauthier- Villars, i864- (2) Même ouvrage, p. 309 et 3i5. (9°8) plusieurs molécules d'acétylène. Le même mécanisme me paraît présider à un grand nombre de réactions pyrogénées, quoiqu'il soit rarement aussi net que dans le cas de l'acétylène. » Si l'on soumet les corps ainsi condensés à l'influence d'une tempéra- ture beaucoup plus élevée, tantôt ils reprendront leur état primitif; tantôt ils éprouveront pour leur propre compte de nouvelles condensations, trans- formations et décompositions, sans repasser par l'état initial, parce que le genre de travaux qui doivent être accomplis pour reproduire cet état ne s'effectue pas d'une manière nécessaire. Par exemple, le styrol (i), dirigé à travers un tube de porcelaine cbauffé au rouge vif, reproduit d'une part de l'acétylène en proportion sensible, d'autre part du charbon, de l'hydro- gène, du styrol non décomposé, enfin de la naphtaline et ces carbures gou- dronneux qui se retrouvent dans tant de décompositions. » Mais revenons à l'acétylène. La tendance de ce corps à engendrer une suite de carbures polymères me paraît être une conséquence naturelle de sa composition. Au même titre que ce carbure fondamental peut fixer soit 4> soit 8 volumes d'hydrogène ou d'hydracide, H2 et 2H2, HI et 2HI, ce même carbure peut se combiner avec les carbures d'hydrogène en général, comme je le montrerai dans la troisième partie de ce Mémoire, et spécialement avec un carbure identique à lui-même, comme je viens de l'établir. Ce résultat découle de la théorie générale des corps polymères que j'ai déjà développée à plusieurs reprises. II. — Action de la chaleur sur l'êthylène et sur l'hydrure d'éthylène. » L'action de la chaleur sur l'êthylène et sur l'hydrure d'éthylène, purs ou mêlés d'hydrogène, peut être regardée, comme typique. » 1. L'êthylène, C*H% est un peu moins stable que le gaz des marais. Une heure de chauffe dans une cloche courbe, au point de ramollissement du verre, a détruit seulement 1 3 centièmes d'éthylène, avec formation d'une proportion notable d'hydrure d'éthylène et de quelques traces de carbures goudronneux et d'acétylène. » 2. Réciproquement, l'hydrure d'éthylène, C4 II6, éprouve une décom- position inverse. Il résiste un peu moins que l'êthylène et augmente légère- ment de volume, avec production de traces de carbures goudronneux. Au (1) Du styrax. ( 9°9 ) bout d'une heure, 21 centièmes se trouvent changés en éthylène. L'éthylène prend également naissance (1) lorsque l'hydrure d'éthylène est chauffé dans une cloche courbe avec un mélange d'oxyde de plomb et d'oxyde de cuivre. » 3. Cette réciprocité de transformation entre les carbures précédents m'a engagé à examiner l'action de l'hydrogène sur l'éthylène. Les deux gaz étant mélangés à volumes égaux et chauffés pendant une heure, comme précédemment, l'éthylène a disparu en proportion bien plus forte que s'il avait été seul : 5i centièmes ne se retrouvent plus et la diminution du volume gazeux total est précisément égale à celle de l'éthylène disparu. Ce gaz est remplacé en majeure partie par de l'hydrure d'éthylène. » En d'autres termes, l'éthylène s'unit directement à l'hydrogène vers le rouge naissant : C4H4 + H2 = C*H% réaction qui me paraît être le type d'une multitude d'autres, effectuées dans les conditions de la distillation sèche. » Réciproquement, l'hydrure d'éthylène se partage à cette même tem- pérature en hydrogène et éthylène. » Ainsi, entre ces trois gaz : éthylène C'H'', hydrogène H2, hydrure d'éthylène, C4H6, il s'établit vers le rouge naissant un certain équilibre, qui dépend de leurs proportions relatives et qui est comparable aux phéno- mènes de dissociation. L'existence d'un semblable équilibre, entre l'hydro- gène pur et les carbures d'hydrogène libre, n'avait pas encore été démontrée par expérience : il me semble jouer un rôle essentiel dans toutes les réac- tions organiques accomplies vers la température rouge. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau radical acély ligue; par M. Berthelot. « L'oxyde de mercuracétyle s'obtient au moyen d'une solution d'iodure de mercure ronge dans l'iodure de potassium, additionnée d'ammoniaque en proportion convenable pour ne pas se troubler. Cette liqueur, intro- duite dans un flacon rempli d'acétylène, absorbe peu à peu le gaz et se remplit d'un précipité blanc, chatoyant et cristallin, semblable au bimar- garate de potasse. On lave le précipité avec une solution concentrée d'io- (1) Avec un peu d'acide carbonique. ( 9IQ ) dure de potassium, afin d'éliminer les composés ammoni-mercuriques : il change ainsi d'aspect et se transforme en une poudre blanche, extrême- ment explosive, qui constitue le nouveau dérivé de l'acétylène. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Note sur les trépidations du sol observées à Nice ; par M. Prost. (Extrait d'une Lettre adressée à M. Élie de Beaumont.) « Nice, 8 avril 1866. » J'ai cessé d'habiter la maison dans laquelle j'ai poursuivi pendant longtemps les observations de trépidations du sol, dont je vous ai précé- demment communiqué les résultats. Mon nouvel appartement à Nice est à environ 5oo mètres de l'autre. Il est beaucoup moins élevé au-dessus du sol, puisque je ne monte que quinze marches au lieu de soixante-dix, et puis les murs ont beaucoup plus d'épaisseur : 70 centimètres au lieu de 45.... Il était naturel de penser que ces deux nouvelles conditions pourraient influer sur l'amplitude des oscillations du pendule d'une part, et de l'autre sur l'in- tensité de la transmission des chocs. Mais il n'en a rien été. Les tremblements de terre de Rhodes, de Viterbe, et surtout les phénomènes volcaniques de l'île de Santorin, ont eu leur retentissement ici. Surtout dans ce dernier cas, les cristaux et les lustres des deux salons se sont mis de la partie. Dans le moment où je vous écris, le pendule est encore fort agité; cela dure depuis deux jours. En somme, on peut dire qu'il y a eu depuis le commencement de l'hiver beaucoup plus de trépidations du sol que dans tout le cours de l'année dernière, qui a été de tous points une année anormale. Ce qui se passe en ce moment ne l'est guère moins; l'hiver a été extrêmement plu- vieux, et il est tombé dans les Alpes une quantité de neige telle qu'on ne l'avait pas vue depuis longtemps. C'est probablement pour nous indemniser des neuf mois de sécheresse de l'année passée. Les cultivateurs et les pro- ducteurs d'huile en sont aussi contents que les visiteurs en sont ennuyés. » En terminant sa Lettre, M. Prost annonce la mort de son ancien collègue M. Féraud, Colonel d'Artillerie en retraite, enlevé à Marseille par le choléra le 2 novembre dernier, et il ajoute : « Chose à noter dans l'histoire de cette singulière et cruelle maladie; cette recrudescence du icr et du 2 novembre, qui a emporté mon pauvre Féraud, s'est fait sentir en même temps à Paris, à Marseille, à Toulon, et même à Nice.... Ce sont les deux seuls jours où j'ai ressenti l'influence!!... » ( 9" ) paléontologie. — Monographie des Cancériens fossiles. Note de M. Ai.imi. Milxe Edwards, présentée par M. Blanchard. (Extrait.) « En 1822, lorsque Desmarest, après avoir réuni tous les matériaux épars dans les collections et les ouvrages antérieurs, publia son Histoire na- turelle des Crustacés fossiles, il ne put faire connaître que six espèces appar- tenant à la grande famille des Cancériens. Celaient : i° le Cancer pa La plupart des Cancériens fossiles ne peuvent rentrer dans les coupes génériques existantes et ne présentent pas d'analogues directs dans la na- ture actuelle. Il faiît cependant se garder de croire qu'ds doivent former des groupes complètement à part; an contraire, dans la majorité des cas, ils ne paraissent être que des modifications génériques de nos types vivants. Ainsi, le groupe des Carpilides, qui dans nos mers a pour principal re- présentant le genre Carpilius (Leach), comptait, à l'époque du dépôt des C. R., 186G, l« Semestre. (T. LXII, N<> 16.) I IQ. ( 912 ) terrains éocènes, des espèces nombreuses et remarquables, par exemple celles pour lesquelles j'ai proposé la création d'une division générique spéciale sous le nom de Palœocarpilius. » Le nouveau genre Harpactocarcinus se range à côté du précédent et comprend sept espèces de grande taille, spéciales au terrain nummulitique soit de la France, soit de l'Italie. » Le genre Phlyctenodes se compose, dans l'état actuel de nos connais- sances, de trois espèces tertiaires : l'une est propre au terrain miocène, les àeuii autres n'ont été rencontrées que dans les couches à nummulites. » Le genre Elyus, au contraire, n'a fourni que des espèces crétacées, et cependant ces dernières, par tous les traits de leur organisation, se rap- prochent beaucoup des précédentes. » J'ai pu constater que le genre Jtenjalis, si largement représenté dans la nature actuelle, existait déjà à l'époque tertiaire inférieure, mais à partir de cette période se trouve une lacune que des recherches ultérieures vien- dront probablement combler. » Le groupe des Xanthides, de même que celui des Carpîlides, comprend quelques espèces que j'ai pu faire rentrer dans des divisions génériques connues, et d'autres, en beaucoup plus grand nombre, qui ont nécessité l'établissement de genres nouveaux. Parmi les premières je citerai un Xanthe proprement dit, le A'. Fischeri du Gault de Sainte-Croix (canton de Neufchâtel), un Zozymus et un Actœa qui proviennent à la vérité des allu- vions récentes des côtes de l'océan Indien et du golfe Persique; parmi les secondes, on doit placer en première ligne le genre Xanthopsis qui, jus- qu'ici, paraît spécial aux couches tertiaires inférieures. A l'époque où se formaient ces dépôts, il était répandu sur une vaste surface. En Angleterre, on le rencontre dans l'argile de Londres; en France, dans le calcaire grossier des environs de Paris et dans les marnes nummiilitiques du dé- partement des Landes; en Bavière, il se trouve à Sonthofen et au Kressen- berg. » Les données géologiques que l'on peut tirer de la répartition du genre Titanocardnus sont moins précises, car on en connaît à la lois des représentants dans les terrains crétacés et dans les dépôts éocènes et mio- cènes. » Les grès verts du Maine m'ont fourni une très-jolie petite espèce, assez voisine des Xanthes, pour laquelle j'ai dû créer un genre nouveau sous le nom de Caloxanllim,. ( 9'3 ) » Les Syphax du numnuilitique de l'Aude semblent relier la division des Xantliides à celle des Galénides. » Le groupe des Carïcérides paraît s'être montré au commencement de l'époque tertiaire; mais il était représenté alors par un genre éteint très- remarquable, le genre Lobocarcinus, qui ne se rencontre qu'en Egypte. A l'époque pliocène, au contraire, les Lobocarcinus ont disparu et le genre Cancer proprement dit s'est montré avec une assez grande variété de.formes. Aujourd'hui, il comprend encore beaucoup d'espèces réparties sur presque tous les points du globe. » Les Galénides, si remarquables au point de vue zoologique, à raison des liens qu'ils établissent entre les Crabes arqués ou Cyclométopes et les Quadrilatères ou Calomélopcs, comptent de nombreux représentants fossiles répartis en sept genres, qui sont les suivants : Galena, Galenopsis, Cœloma, Cotjiocaris, Plagiolophus, Glyptonolus et Podopilumnus. » Le genre Cœloma est très-remarquable à cause des particularités organiques qu'il présente et qui constituent une exception parmi les Can- cériens. Les orbites sont en effet extrêmement développées, ce qui montre que chez ces Crustacés les yeux étaient portés sur des pédoncules d'une grande longueur. Jusqu'à présent, on ne connaissait parmi les Cyclomé- topes que deux genres de Portuniens offrant celte disposition : savoir les Euphylax et les Podophthalmes. Le Cœloma vicjil provient des couches du terrain tertiaire des environs de Vicence. » M. Blanchard présente, en même temps que la Note précédente, au nom de M. Alphonse Milne Edwards, le 1er volume de son ouvrage ayant pour titre : « Histoire des Crustacés podophthalmaires fossiles ». M. Rod. Wolf adresse à l'Académie les numéros 19 et 20 de ses Mit- tlieilungen ùber die Sonnenjlcckcn qui complètent le premier volume de cette publication. Le dernier de ces numéros contient une courte récapitulation de ses travaux relatifs aux taches solaires. « Vous y verrez, dit l'auteur en terminant sa Lettre, ce que j'ai fait pour rassembler et étudier toutes les observations des taches du Soleil depuis leur découverte, et surtout de quelle manière j'ai réussi à établir les périodes de 11 |, 55 | et 16G années qui coïncident (toutes les trois) pour la fréquence des taches solaires, des perturbations magnétiques et des "9- ( 9*4 ) aurores boréales. La période de n i n'est autre chose que la période dé- cennale de Scliwabe, rectifiée et élargie par moi à i \ siècles; et il ne sera guère possible de fixer définitivement dans notre siècle la grande pé- riode de 166 années, vu que les séries d'observations régulières ne possè- dent pas encore l'étendue nécessaire; mais la période de 55 -5, découverte et publiée par moi (1860-1 861), est d'une part ma propriété incontestable, et d'autre part elle est assez bien établie soit pour les taches solaires, soit pour les aurores boréales. » Il est d'autant plus important pour moi que l'Académie des Sciences n'oublie pas mes découvertes, qu'elles m'ont coûté depuis 1847 au moins dix années de travail consécutif, que M. Faye ne les a pas citées dans ses articles importants relatifs aux taches solaires, et enfin que M. Renou, dans une communication récente (voir les Comptes rendus du 26 mars 1866), affirme que personne n'a indiqué jusqu'à présent une période séculaire pour les aurores boréales. » M. Faye est invité à faire un Rapport verbal sur l'ouvrage de M. Wolf, qui est imprimé en allemand. M. Casxas envoie de la Martinique l'exposé de quelques observations qui lui semblent démontrer l'action des phénomènes atmosphériques sur le magnétisme terrestre. L'auteur compte faire plus tard de ces observations l'objet d'un Mémoire. CHIMIE. — Sur une expérience récente de M. E. Kopp; par M. E.-J. Malmené. (Renvoi à l'examen de M. Regnault.) M. Pagam.m adresse une nouvelle Note relative à la théorie des nombres. Cette Note est renvoyée à l'examen de M. Liouville. M. Bories adresse un Mémoire relatif à un appareil désigné par lui sous le nom de « Courroie de sûreté contre l'emportement des chevaux >-. (Renvoi à l'examen de M. Séguier.) ( 9«5 ) M. Javssex remercie l'Académie pour la récompense qu'elle lui a dé- cernée dans sa séance publique du 5 mars 1866. M. Parrot présente une épreuve de la Carte itinéraire de Tours à Nantes, au moyen âge. A 5 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures un quart. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 16 avril 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Etudes crislallographiques ; par M. Auguste Bravais, Membre de l'Institut. Paris, 1866; 1 vol. in-4°. Leçons sur la dissociation, professées devant la Société Chimique par M. H. Sainte-Claire Deville, le 18 mars et le ier avril 1864. Sans lieu ni date; br. in- 8°. Du prix de revient des vins dans le département de l'Hérault; par M. Mares. (Extrait du Messager agricole.) Montpellier, 1866; br. in-8°. Notices sur les colonies françaises , accompagnées d'un Atlas de 14 cartes, publiées par ordre de S. Exe. le Marquis DE Chasseloup-Laubat. Paris, 186G; 1 vol. in-8° avec atlas in-4°. Histoire des Crustacés podophthalmaires fossiles; par M. Alphonse MiLNE Edwards. T. Ier. Paris, i86i-i865; 1 vol. hW,° avec planches. (Présenté par M. Blanchard.) Nouveau Traité de matière médicale, de thérapeutique et de pharmacie vêlé- (9'6) rinaires ; par M. F. Tabourin. 2e édition. Paris, 1 865 ; 2 vol. in-8° avec figures. (Présenté par M. Velpeau.) Recherches sur la représentation plane de la surface du globe terrestre ; par M. E. COLLIGNON. Paris, 1 865 ; br. in-/j°. Dictionnaire encyclopédique des Sciences médicales. T. IV, ire partie, AMP-ANE. Paris, 1 866; 1 vol. in-8° avec figures. (Présenté par M. Vel- peau.) Traité d'optique photographique comprenant la description des objectifs et appareils d'agrandissement; par M. Van MONCKHOVEN. Paris, 1866; 1 vol. in- 12 avec planches et figures. Du choléra, sa nature et son traitement; par M. Cahen. Paris, 1866; br. in-8°. (Renvoyé au concours du legs Bréant.) Considérations sur le mode de propagation du choléra; par M. WiLLEMIN. Strasbourg, 1866; br. in-8°. (Renvoyé au concours du legs Bréant.) Mélanges ophthalmologiques; par M. Sichel. Bruxelles, 1 865 ; br. in-8°. Extrait des Annales d'oculistique.) (Présenté par M. Rayer.) La ladrerie du porc dans l'antiquité; par M. J.-M. GuAliDiA. 2e tirage. Paris, 1866; br. in-8°. Note sur l'acclimatation du moineau à l'île de la Réunion; par M. HENRY. (Extrait des Mémoires de ta Société impériale des Sciences naturelles de Cher- bourg.) Opuscule in-8°, sans lieu ni date. Exposé clinique des blessures de guerre soignées dans les hôpitaux militaires français de Puebla et de Cholula; par M. H. Lespiau. Paris, i865; br. in-8°. (Renvoyé au concours de Statistique.) Société d'Encouragement pour l'industrie nationale. Résumé des procès-ver- baux des séances du Conseil d' administration , séance du mercredi 4 avril 1 866. Opuscule in-8°. Sur l'atmosphère à Rruxelles pendant l'année i865; par M. E. Quetelet. Bruxelles, 1866; br. in-8°. (Extrait des Bullclim de /' Académie royale de Médecine.) Monthly... Notices mensuelles de la Société royale Astronomique de Londres, t. XXVI, n° 5, mars 1866. 4 exemplaires. ( 9'7 ) Mittheilungen... Communications sur les taches solaires; par M. R. Wolf. Br. in-8°; sans lieu ni date. Elementos... Eléments d'arithmétique ;-par M. J.-C. Feyo. 3e édition. Lis- bonne, 1 864 ; 1 vol. in-12. 2 exemplaires. Memorias... Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Lisbonne, classe des Sciences mathématiques, physiques et iiaturelles, nouvelle série, t. III, 2e partie. Lisbonne, i865; 1 vol. in-4°. a exemplaires. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SEANCE DU LUNDI 23 AVRIL 1866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ALGÈBRE. — Sur l'équation du cinquième degré ; par M. Hermite. (Suite.) « XVII. La considération des quantités U et V ne suffit pas seule à l'objet que nous avons en vue, et aux résultats précédents il est nécessaire de joindre ceux que nous allons tirer des fonctions cycliques du second ordre envisagées par M. Brioschi dans le beau et important travail déjà cité : Sul metodo di Kronecker per la risoluzione délie equazioni di quinto grado. Voici d'abord les valeurs de ces fonctions, ainsi que leurs formes canoniques en s et vj : «» = aM2o-?1)(?1-?2)(?2-?3)(S3-£1)(|,-50) = a5a2£(i-£)(,-^), n„ = «2 (£0- g,) (Ks_|4) (|4_§,)(5,_ g2) (|2_|0) = 25a2; („- s)', n, = «2 (|, - -Q (S,- £0) &- 1.) (|,-£.) (£,-£,) = 25a2s (« _„) (i- ,), ». _= a* (l.-i.KS,-?,)^-.?,)^,-^) (|,-&) ==.?5«»iî.{i-^«)» u, == a2 (£,- S,) (S, - y (|2-|4) (?4- 10) (£0-Q = 25tta n, (i, - .), B* = a» (§4-10(1,-5.) (§,-§,) (Ç0-Ç1)(l«-Ç«) = a5»«ij(«-u)(«-i); C. R., 1866, i« Semestre. (T. LXII, N° 17.) 1 'lO ( 92° ) vx = «2 (Ç,-?S)(|2-|41 (Ç4-Ç,) (?, - g,) (?*-?.] = aSa'vjfa-O, »O = a!'(§0-|4)(l4-^(i2-f.)(?8-?.)(^-|») = a5OîY,(l-£)(l-V,), i-, =a2(S1-S„)(So-23)(?3-D(S,-?2)(?2-?,) = 25a2£-<î(£-i), o2 = a2(§a-?0(i«-i4)(i4-?o)(?o-?3)(?3-?2) = 25tta6(£-Y3)(>3-i), », *«»i(§,-|,)(|1-§.)(?.^i)(|,-l4)(§4-?t) = a5a»(ï-1î)(i-6), t., = a2(?4-S3)(?3-|1)(?«-y(?2-?o)(Ço-?,)=25a2£(i-y;). Cela posé, et au moyen des formes canoniques, on vérifiera immédia- tement les relations suivantes, dont on verra bientôt l'importance, savoir : (') 2u-*-«î) + »!»; (iC + n: + n' + uJ) Elle est la même pour les deux groupes de quantités u et u, et a pour valeur 4-59 ( — D, + AD ) • C'est donc un des invariants du douzième ordre qui s'évanouissent comme D, , lorsque la forme proposée admet deux couples de racines doubles; je l'introduirai en le désignant par®, de sorte que l'on aura > = gW(6a + H')(Ha + F')(F'+Gs) + ^/*(F2-H2)2[g2(F2+G2) + /r(G2+H2)] -+- ^ g4 (G2 - Fa )2 [fi2 (G2 4- H2) + /2(H2 + F2)] + _L^(H2_G2r-[/2(H2 + F2)4-g2(F2 + G2)]. Mais ces diverses expressions ne sont pas sous leur forme définitive; obser- vant en effet que F, G, H n'y entrant que par leurs carrés, on pourra, au moyen des relations G2 - H2 = 4 IJ, H2-F2 = 4%, F2 - G2 = 4 lk, auxquelles je joindrai f+g + h = o, les faire uniquement dépendre des quatre quantités F2, g, h et l. On trou- vera ainsi : ^=-3(g2+g/2 + fi2)F2-2(g-/i)(2g2 + g/; + 2fi2)/, 5-l^R=fgM=-(g + h)ghl, 5-£ = (g + hyg>hH>, | = (g + A)agW + 4 (g - h)(g + hfgWW 4-(g8 + 4g7^ + i2g6//-' + 6g5/^- 5g4Â*+ 6g3h* +.i2g2AaH-4gA7 + ^8)Z3Fa - 2gh [g-h)(g* + 3g5// -f-8g4Aa+i i g9A«4-8gaÀ4 + 3g*»+ *•}/•, 120.. ( 922 ) et la valeur de cD montre bien effectivement qu'il s'évanouit pour / = o et g = o, c'est-à-dire lorsque deux couples de racines deviennent égales entre elles. » Les équations (i) peuvent aussi servir à démontrer immédiatement ces identités remarquables données par M. Brioschi, savoir : Uo -+- Ui + u2 4- u3 -+- m = u*4- 2 uœ, Ux — »i ■+■ «» 4- u» — u« =n04- 2t)0, «„— «o — Us -+- «s H- U; = Us -+- 2 t),, Ux-+- «o — U, — Us 4- Ui = U2 -+- 2 »,, Hoo-f-Uo 4- th— Uo — Ul = U3 + 2l)3, Ux— Uo 4- Ui 4- U-, — U3 = U4 ■+- 2 D4. Mais nous les employons principalement à l'étude des nouvelles fonctions cycliques du sixième ordre formées en élevant u et 0 au cube, et que nous allons joindre à U et V. » Je montrerai en premier lieu que ces deux groupes de quantités U et u3, de nature si différente au premier abord, peuvent être compris dans la même forme algébrique. Pour cela, je remplace les carrés F2 et H2, dans l'équation 8u3 = a6^(F3+3F2H + 3FH2 + H3), par H2 — 4 Ig et F2 -+- ^lg, après avoir divisé par 4 il viendra ainsi : 2ïil = o6(h"F3-hhUl3-^3ghUF- ZghHU). J'opère de même dans la relation UM= u«{k3F\V- -+- (h' 4- fgh)F*H 4- [h* +Jgf /F], ce qui donne Ua, = «8[A,F,-i-(A8-/A -J-)hlP + (/* + 2/*A-/ïAs - Sfh* - lh*)l¥ -4C/'*-t- »/"**- A4)/H]. » On voit donc que les deux fonctions cycliques du sixième ordre sont comprises dans cette forme : ?(/ h)f + 4 (7, />) H3 + 9{ (J, h) /F 4- |, (/, h) IH, ( 9^3 ) f et ^ étant deux polynômes homogènes du troisième degré, * = *Î-M** - (f- *ë) Vfl¥ + gHG], (g ) » En opérant ensuite dans O la substitution , j'en déduis ce second système, savoir : \ <>„ = v* [-JghF* + (f- ih) g-flY + h* /H], I V* = «« [+fghW -(h- ig)phlH+g-lG], j i Le cœur est, de tous les organes que présentent les Crustacés en nais- sant, celui dont la forme générale subit le moins de changements ultérieurs. Il est dans les larves très-peu différent de ce qu'il est dans les adultes, et il occupe invariablement au-dessus de la portion pylorique de l'intestin, au-dessous du plancher supérieur du céphalo-thorax, la place qu'il aura plus tard. Chez les Zoés (larves de Décapodes Brachvures), on le trouve immédiatement à la base de l'épine éphémère qui s'élève au milieu du thorax. » A l'exception de la larve du Nymphon de nos côtes (2), dans laquelle (1) L'Académie a décidé que ce Mémoire, quoique dépassant les limites réglementaires, serait reproduit en entier au Compte rendu. (2) La larve de ce Nymphon est des plus curieuses, tant par sa forme extérieure que par son organisation interne, et diffère autant des adultes que les Phvllosomcs diffèrent des Langoustes, les Zoés des divers Crabes auxquels elles appartiennent. Leur corps n'est nulle- ( 9^3 ) il ne m'a pas encore été possible de voir distinctement le cœur, tous les Crustacés dont j'ai pu étudier les métamorphoses (i) ont l'organe central de la circulation composé, à tous les âges, de deux parties bien distinctes, l'une enveloppée, l'autre enveloppante, et reliées seulement par quelques brides musculaires dont l'action se manifeste pendant la diastole. » La partie enveloppée correspond évidemment au cœur artériel des ani- maux supérieurs. Elle consiste en une sorte de poche contractile; de forme variable selon les espèces; à piliers musculeux internes; à parois minces, transparentes, formées de fibres musculaires longitudinales et annu- laires, entre-croisées en divers sens; et elle présente, de chaque côté, une seule petite fente semi-lunaire à laquelle est adaptée intérieurement une valvule de même forme. C'est de cette poche contractile qu'émanent toutes les artères qui vont partout distribuer !e sang. » La seconde poche, beaucoup plus vaste, à parois plus minces, moins musculeuses, enveloppe complètement le cœur artériel et communique, par deux ou trois ouvertures oblongues, avec autant de grandes lacunes vei- neuses qui ramènent le sang au cœur. Cette partie enveloppante de l'organe circulatoire central est assimilée au péricarde des animaux à sang rouge. Il y a dans cette assimilation une apparence de vérité, si l'on s'en lient à la forme; mais elle est loin d'être exacte, si l'on a égard à la fonction, qui est autrement importante que la forme. Le péricarde, chez les Vertébrés, est un organe clos de toutes parts, sans communication ni avec les cavités du cœur ni avec les vaisseaux qui s'y rendent; ici, au contraire, la poche que l'on assimile au péricarde reçoit directement tout le sang dans sa cavité et le transmet au ventricule. Elle est l'intermédiaire entre les lacunes veineuses et le cœur artériel, et remplit exactement le rôle que, sous une autre forme, l'oreillette, chez les Poissons par exemple, remplit par rapport aux veines caves et au ventricule. Cette seconde cavité serait donc, par ses fonctions, l'analogue de la portion auriculaire du cœur des Vertébrés. » Cinq branches artérielles émergent de l'extrémité ou de la moitié antérieure de la poche contractile centrale; une seule naît de son extrémité postérieure. Des cinq artères antérieures, l'une (artère ophthalmique) suit ment articulé, et leurs pattes proprement dites, au nombre de deux seulement, n'ont que deux articles et un crochet terminal. Je me propose, d'ailleurs, d'en faire l'objet d'une com- munication spéciale. (i) Voir le Compte rendu de l'Académie des Scienee.i du 26 décembre 1864, t. LIX (note). (934) la ligne médiane, se porte directement sur le cerveau et se distribue dans les pédoncules oculaires. Chez les espèces dont le rostre, dans le jeune âge, prend la forme d'une longue épine, l'artère ophthalmique se prolonge jus- qu'à l'extrémité de cet appendice après avoir fourni une branche à chaque œil. Ce tronc artériel, l'un des plus vastes, est pourvu à sa sortie du cœur d'une double valvule, ou plutôt de deux clapets opposés, séparés à la base, en contact par le sommet, qui s'écartent et se rapprochent alternativement pour laisser passer les globules sanguins et pour empêcher leur reflux au cœur. Le jeu de ces clapets, complètement indépendant des contractions de l'organe central, est tantôt lent, tantôt rapide; souvent même il est brus- quement et momentanément suspendu. Deux autres branches, l'une de chaque côté, nées un peu en arrière de la précédente, se portent également en avant, en suivant une ligne oblique qui les écarte de l'artère médiane ou ophthalmique, envoient en passant un rameau aux cœcums rudimentaires qui représentent le foie, et vont se distribuer à la base des antennes externes. Les deux dernières enfin, à leur issue du cœur artériel, se réflé- chissent immédiatement en bas et se perdent sous le foie et sur les côtés de l'estomac. Ces quatre artères ont la base garnie d'une valvule simple. » L'artère qui naît de l'extrémité postérieure est généralement aussi volumineuse que l'artère médiane antérieure. Chez les Phyllosomes, elle suit pendant quelque temps la ligne dorsale de l'intestin, puis, arrivée au niveau des ganglions nerveux de la troisième paire de pieds proprement dits, elle se coude, passe au côté gauche du tube intestinal et se divise en deux troncs : l'un, très-gros, traverse la chaîne ganglionnaire, remonte jusqu'à la bouche et distribue à droite et à gauche une branche à chacun des membres ambulatoires et des appendices buccaux : il répond à l'artère sternale; l'autre, très-grêle, descend jusqu'au dernier anneau abdominal en suivant l'intestin et envoie, dans son trajet, un rameau aux bourgeons rudimentaires qui représentent la quatrième et la cinquième paire de pieds proprement dits. » Dans les larves à forme de Zoé, clans celles des Porcellanes, des Cran- gons, des Homards, etc., l'artère postérieure, au lieu de ne se diviser qu'après un certain trajet, se bifurque dès sa sortie du cœur. L'une de ses branches se dirige directement en bas pour former l'artère sternale, après avoir traversé la masse ganglionnaire thoracique au même point que chez les Phyllosomes; l'autre branche suit l'intestin jusqu'à l'extrémité, en con- servant partout un assez grand volume. Cette branche, qui répond à l'aorte abdominale supérieure des Crustacés adultes, présente, chez les jeunes ( 935 ) Homards, une particularité des plus remarquables : elle a sur son trajet, très-loin du cœur, un peu au-dessus de l'étranglement cpii divise l'intestin en duodénum et en rectum, une sorte de sphincter ou de valvule circulaire qui se contracte absolument comme le fait la pupille des chats. Ses contrac- tions, qui se produisent à des temps indéterminés, progressivement et len- tement, ont pour effet d'oblitérer en totalité ou en partie le calibre de l'ar- tère, de manière à suspendre, durant quelques secondes, la circulation dans le post-abdomen, ou à modérer l'afflux du sang vers cette région. Ce fait est tellement exceptionnel, que je crois devoir le signaler à l'attention des physiologistes. » Toutes les artères, quel que soit leur volume, ont leur extrémité coupée en biseau, et se terminent brusquement dans une lacune veineuse par une ouverture ovalaire, généralement un peu évasée en trompe. » La circulation veineuse est dans les larves, aussi bien que dans l'animal parfait, plutôt lacunaire que vasculaire. Le sang que les artères ont distribué à toutes les parties du corps retourne, il est vrai, par des voies constantes et déterminées, mais ces voies consistent en une succession de cavités que laissent entre eux les organes; cavités auxquelles il est difficile de recon- naître des parois propres et des formes régulières : aussi ce genre de cir- culation échappe-t-il à la description. Tout ce que l'on peut dire d'une manière générale, c'est que trois courants principaux, parfaitement limités, deux antérieurs et latéraux, un postérieur et médian, aboutissent au coeur. Les deux premiers, dans les Phyllosomes, sont déterminés par les liquides qui circulent dans le bouclier céphalique seulement ; le troisième est formé par ceux qui arrivent des pieds proprement dits, du thorax et de l'abdomen. Dans les larves des autres Décapodes Macroures, dans celles des Décapodes Brachyures, ce sont, au contraire, les fluides distribués à la tète et au thorax qui se réunissent pour former les courants latéraux, tandis que le courant postérieur est uniquement produit par le sang qui revient de l'abdomen. » Les éléments du sang, chez les Crustacés du premier âge, consistent en un liquide parfaitement incolore, et en petits corpuscules diaphanes, isolés, les uns oblongs ou carrés, les autres anguleux ou en virgule, à con- tours bien accusés, mais toujours très-irréguliers, même lorsque ces sortes de globules affectent une forme plus ou moins arrondie. » Appareil nerveux. — Le système nerveux des larves de Crustacés se compose, comme celui des individus parfaits, d'une double série de gan- glions, ou masses médullaires, auxquels aboutissent les nerfs de toutes les C. R., 1866, 1" Semestre. (T. LXII, K° 17.) I 22 (936) parties du corps. Réunis entre eux par des cordons longitudinaux, ces gan- glions, d'autant plus volumineux que les organes de la vie de relation aux- quels ils correspondent sont plus développés, forment sur la ligne médiane Un système continu, qui s'étend de la base des pédoncules oculaires au dernier article de l'abdomen. Cependant, eu égard aux régions qu'il occupe, l'appareil nerveux central peut se diviser en portion céphalique, en portion thoracique et en portion abdominale. » La portion céphalique, ou cerveau proprement dit, est composée, aussi bien chez les Phyllosomes que chez les Zoés et les autres larves de Déca- podes Macroures et Brachyures, d'une masse ganglionnaire unique, située entre la base des antennes rudimentaires, et symétriquement divisée en trois paires de lobes inégaux, qui fournissent chacun un nerf sensorial. Des deux lobes antérieurs naissent les nerfs optiques qui se portent directement dans les pédoncules oculaires; des deux médians proviennent les nerfs antennaires internes, et des deux postérieurs les nerfs qui vont se distribuer dans les antennes externes et à l'organe auditif situé à la base de ces an- tennes. Chacun de ces lobes fournit, en outre, une paire de nerfs qui se ren- dent aux muscles et aux téguments. » Deux cordons émergeant du lobe postérieur du cerveau, unis par une commissure anté-œsophagienne, mettent cet organe en communication avec la portion thoracique du système nerveux central. Ces deux cordons, exces- sivement courts dans les larves des Palémons, des Porcellanes, des Maias, des Portunes, etc., un peu plus étendus et renflés dans les Homards, sont démesurément longs et grêles dans les Phyllosomes, et offrent en outre chez ceux-ci une deuxième commissure un peu en arrière du cerveau. » Mais c'est surtout par la disposition des ganglions du thorax que les larves des Langoustes se distinguent de celles des autres Décapodes que j'ai pu observer. Chez celles-ci, le système nerveux thoracique, représenté par les cinq paires de ganglions afférents aux appendices buccaux, par les cinq paires correspondant aux pieds ambulatoires, forme une masse unique, oblongue, percée au niveau îles troisième et quatrième pattes pro- prement dites, pour le passage de l'artère sternale; masse dans laquelle les ganglions ont entre eux des rapports si étroits, que quelquefois, comme chez les Porcellanes, par exemple, dessillons à peine accusés en marquent la séparation. Chacun de ces ganglions fournit ('.eux paires de nerfs : l'un émane directement du noyau médullaire central, l'autre m'a paru avoir des rapports étroits avec la portion nerveuse qui constitue les commissures. Leur origine serait donc différente. ( 9^7 ) » Chez les Phyllosomes, le système nerveux thoracique forme bien une double chaîne comme dans les autres espèces; mais les ganglions, au lieu d'être groupés de manière à faire corps, sont au contraire trèsécartés les uns des autres, et n'ont de communications entre eux que celles qu'éta- blissent d'assez longues commissures longitudinales et transversales. En outre, le volume de ces ganglions est excessivement inégal, et se trouve en rapport avec le développement desorganesde la vie de relation auxquels chacun d'eux correspond. Les appendices masticateurs, les pieds-mâchoires de la première paire, les pieds proprement dits de la quatrième et de la cinquième paire étant ruclimentaires ou incomplets chez les Pliyllosomes, les ganglions affectés à ces parties se présentent également sous un état ru- dimentaire. » La concordance que je signale ici est bien plus manifeste encore dans la portion de l'appareil nerveux qui appartient à la région abdominale. » Cette région où tout, chez les Phyllosomes, se trouve à l'état d'ébauche, pour ainsi dire, les anneaux qui la composent aussi bien que les fausses pattes que les mues successives feront apparaître; cette région, dis-je, au lieu de six paires de ganglions qu'on y découvre lorsqu'on prend des indi- vidus pourvus de leurs appendices abdominaux, n'offre actuellement que les prolongements des deux cordons nerveux ou commissures longitudi- nales, sur lesquelles on aperçoit à peine de très-légers renflements qui re- présentent les futurs ganglions. » Dans les larves de Homard, au contraire, dans celles à forme de Zoé, chez lesquelles l'abdomen est bien développé, l'on voit dès les premiers temps la double chaîne ganglionnaire formée, comme elle le sera plus tard, de six paires de ganglions déjà assez volumineux, et reliés par la commis- sure longitudinale. Ici, comme pour la portion du système central thora- cique, deux paires de nerfs émanent de chacun des ganglions et des cor- dons qui les mettent en rapport. » « M. Milxe Edwards fait remarquer que les observations intéressantes de M. Gerbe sur les Phyllosomes ou larves de certains Crustacés Décapodes s'accordent parfaitement, en tout ce qu'elles ont d'essentiel, avec les résul- tats relatifs à la constitution de l'appareil circulatoire et au mode de circu- lation du sang chez les Crustacés adultes présentés à l'Académie par feu M. Audouin et lui il y a plus de trente-huit ans, et exposés avec de nouveaux détails dans le troisième volume de son ouvrage sur la Physiologie et l'Ana- tomie comparée, publié en 1 858 (voyez p. iSoetsuiv.). Quelques-unes des 122.. (938) parties sont désignées sous d'autres noms, mais les choses sont les mêmes. M. Milue Edwards voit aussi avec satisfaction que les observations récentes de M. Gerbe sur le système nerveux des Phyllosomes s'accordent également très-bien avec la description et la figure qui en ont été données par M. Audouin et lui, en 1828. (Voyez Annales des Sciences naturelles, i,e série, t. XIV, PI. III.) » HYGIÈNE PUBLIQUE. — Du choléra en Egypte dans ses rapports avec l'épidémie de Marseille, en 1 865 ; par M. G. Grimaud, de Caux. (Renvoyé à la Commission du legs Bréant.) « La question des quarantaines, posée devant l'Académie dans sa séance du 21 août 1 865, est un problème de science appliquée des plus impor- tants de notre époque. Les observations destinées à servir de base à sa solution ont été recueillies et soumises à l'Académie, au fur et à mesure qu'elles ont été signalées. 11 est utile de démontrer que cette solution est complète et à l'abri de toute contestation. » Le navire à vapeur la Stella est entré dans le port de Marseille le 11 juin 1 865. Il était parti d'Alexandrie le Ier; il avait touché Messine le 7. Le manifeste de ce navire mentionne 97 passagers dont 67 pèlerins algé- riens venant de la Mecque et 3o Européens; sa patente était nette. » Le 9 juin, la Stella perd 2 pèlerins jetés à la mer le 10. L'un de ces pèlerins était atteint de dyssenterie chronique (Rapport du capitaine). Un troisième pèlerin meurt le 12 juin, dans le fort Saint-Jean, aussi d'une dyssenterie chronkpie (Certificat de décès). » Les antécédents de voyage du plus grand nombre des passagers de la Stella étaient déplorables. Un bateau à vapeur anglais, le 19 mai précé- dent, avait déposé sur la plage de Suez i5oo pèlerins de la Mecque. Pen- dant la traversée de la mer Rouge, ce bâtiment, avait jeté à l'eau plusieurs morts; et, le lendemain de son arrivée à Suez, le capitaine et sa femme avaient été pris du choléra. » Ces pèlerins avaient été expédiés tout de suite à Alexandrie par le chemin de fer; et le 22 mai, en route, l'un d'eux avait été frappé de cho- léra, dans le wagon, à Damanhoiir. » Du 22 mai au if' juin, on avait expédié ainsi de Suez sur Alexandrie plusieurs milliers de pèlerins (pie l'on envoyait camper sur les bords du canal de Mahmoudieh, en attendant de les embarquer « pour l'Europe ou ailleurs », dit le Rapport officiel qui me fournit ces détails. (939) s Le bateau à vapeur la Stella, parti d'Alexandrie le Ier juin, avait donc pris ses 67 pèlerins dans une population arabe infectée. » Quand on délivra une patente nette à la Stella, les autorités consu- laires ignoraient l'existence de la maladie sur les bords du canal Mahmou- dieh, où le bateau à vapeur avait fait son chargement. Peut-être les consuls d'Alexandrie ignorèrent-ils encore son apparition jusqu'au 12 juin, car c'est seulement à cette date que le médecin en chef de l'isthme, qui con- naissait le cas de Damanhour, survenu le 22 mai précédent, expédia sa circulaire aux médecins de chacune des circonscriptions du canal. » Ainsi le choléra était arrivé de Suez à Alexandrie en deux jours, du 20 au 22 mai. « C'est autour des quartiers où les pèlerins venus de la Mecque » ont campé et séjourné qu'ont lieu les premiers cas et le plus grand » nombre de décès. » (Rapport du docteur Companyo.) » On pourrait dire : Vincubation du mal parmi les Alexandrins a duré dix jours, du 22 mai au 2 juin. Mais ce n'est point en paraphrasant de tels mots que l'on peut rendre l'observation des faits profitable à la science. » Les faits constatent que le choléra a paru d'abord à la Mecque; qu'il a suivi les pèlerins à Djedda ; cpi'il les a accompagnés sur le bateau à va- peur faisant la traversée de Djedda à Suez; qu'il les a suivis en chemin de fer; et enfin qu'il s'est montré sur les bords du canal de Mahmoudieh pour se répandre ensuite dans toute la ville, après être resté confiné parmi la population qui se trouvait dans le voisinage du campement des pèlerins. » On embarque les pèlerins à Alexandrie comme on les avait embarqués à Djedda ; et ils s'en vont, qui à Constantinople, qui à Marseille. Et le choléra reprenant le chemin de fer remonte avec les Alexandrins à Tantah et au Caire. » En route, il prend, à Bena-Lacel, l'embranchement sur Zagazig, et il va, sur le canal d'eau douce, frapper, le 16 juin, un ouvrier employé aux terrassements des écluses de ce canal. « J'ai inspecté les lieux, » dit le mé- decin en chef, « les terrains sont secs, les baraques espacées, bien aérées : » il n'existe aucune trace d'insalubrité. » (Rapport de M. Aubert-Roche.) » La salubrité d'un pays démontre l'absence de toute cause locale de maladie. Le choléra de l'écluse est donc venu du dehors. Et comme l'épi- démie n'a pas encore fait son apparition au Caire, c'es! d'Alexandrie qu'il est arrivé. » Le 20 est la date officielle donnée par l'autorité pour l'invasion de la ligne du canal maritime. « Mais, dit le docteur Companyo dans son Rap- » port sur l'épidémie d'Ismaïlia, l'épidémie sévissait déjà à Zagazig, depuis ( 94o) » le 1 5 ou le 16; le fléau était à nos portes ; et déjà le docteur Ibrahim me » disait, confidentiellement dans une lettre, qu'il venait de constater le » décès d'une femme à Tell-el-Rébir, par le choléra; que cette femme » arrivait d'un marché qui avait eu lieu dans un village situé à quelques » kilomètres de Zagazig. ...» » Le choléra atteignit donc la ligne du canal maritime par son milieu. Le docteur Zuridi est emporté, et la terreur fait déserter les campements. « Nous jugeâmes prudent, dit le médecin en chef, devant l'effet moral pro- » duit par cette mort, de faire évacuer momentanément le chantier. . . » » Ce choléra de l'isthme a la valeur démonstrative d'une expérience de laboratoire bien réussie. Quel laboratoire, en effet, mieux approprié pour une telle expérience que cette partie de l'Egypte, avec son désert isolant, son chemin de fer unique, son canal d'eau douce et son canal mari- time, tous deux en plein désert, et enfin ses agglomérations de travailleurs confinées dans des circonscriptions forcément et très-nettement limitées? Là, rien ne vient à la traverse pour dérouter l'observateur en le forçant à mul- tiplier les hypothèses. On peut suivre le fléau pas à pas. En y regardant avec attention, partout où il se montre, on découvre d'où il vient; presque toujours on pourrait dire qui l'a apporté. » Ismaïlia est le point central et principal de la ligne; c'est déjà la capi- tale du canal maritime; c'est là qu'arrivent les approvisionnements et les marchandises. Au point de vue de la salubrité, rien ne peut être comparé à Ismaïlia. Telle est l'opinion du médecin en chef de l'isthme: •< S'il existe, » affirme-t-il avec conviction, je ne dirai pas dans l'isthme, mais dans le » monde entier, une localité salubre, c'est Ismaïlia. Je défie l'hygiéniste le » plus exigeant de trouver ici une cause d'insalubrité capable de fixer une » épidémie ou de former un foyer. » » Port-Saïd aussi est une localité des plus salubres, quoique, d'après le même Rapport, elle ne puisse point entrer en comparaison avec Ismaïlia. » Les deux autres centres de population, Suez et Kantara, ne passent pas pour moins salubres que Port-Saïd. » A Kantara est le Pont du Trésor, sur le lac Menzaleh. C'est un point obligé de passage pour les voyageurs d'Egypte allant en Syrie, et vice versa. Pendant l'épidémie, Kantara a été traversé par 2000 émigrants d'Ismaïlia ; et néanmoins, les cholériques morts, au nombre de 12, sont tous arrivés ou expirants ou trépassés : aucun cas de choléra n'a pris naissance à Kan- tara. » Suez a livré passage à tous les pèlerins infectés; mais, comme on ne ( 94' ) les a pas laissés séjourne!', et qu'on les a éloignés du contact des employés et des ouvriers du canal, du 23 mai au 3o juillet, la Compagnie n'a eu à déplorer que 8 morts. » La question reçoit de cette topographie une vive lumière. Les chantiers et les centres de population sont tous à peu près également saluhres; ils ne diffèrent entre eux que par des degrés de plus parfaite salubrité. En considérant le point où le choléra s'est manifesté avec le plus d'intensité, le point où il a fait le plus de ravages, on voit tout de suite d'où il est venu directement. » Le choléra est venu, par le canal d'eau douce, deTell-el-Kébir, avec la femme du marché. » Telle a donc été la marche du choléra en Egypte : » Il apparaît à Suez le 20 mai; à Damanhour, près d'Alexandrie, le 22 mai. » Il éclate à Alexandrie le 2 juin. » Ensuite il remonte le chemin de fer, prend à Bena-Lacel l'embranche- ment de Zagazig et atteint, par Tell-el-Kébir, la ligne du canal maritime, exerçant ses plus grands ravages à Ismaïlia, localité réputée l'une des plus saluhres du monde. y> Si nous nous transportons maintenant à Marseille, nous verrons que le sort de la Stella, déposant sa cargaison sur le quai de la Joliette le 1 1 juin, a été, à peu de chose près, le même que celui du bateau à vapeur anglais déposant la sienne sur le rivage de Suez, le 19 mai précédent. » La Stella a pris ses passagers dans le campement infecté des bords du canal de Mahmoudieh à Alexandrie, comme le bateau à vapeur anglais avait pris les siens dans la population infectée de Djedda : première simi- litude. Pendant la traversée, la Stella, comme le bateau à vapeur anglais, jette des morts à la mer : deuxième similitude. Enfin, arrivés au lieu de débarquement, l'un et l'autre déposent des mourants sur le rivage : troi- sième similitude. » Coin ■lusion. — Des cholériques ont été importés d'Alexandrie à Mar- seille par la Stella et d'autres bâtiments, comme il en avait été importé de Djedda à Suez par le bateau anglais et les navires arrivés à sa suite. » GÉOLOGIE. — De la théorie des soulèvements appliquée à l'apparition des deux ilôts George 1er et Aphroè'ssa dans la baie de Santorin; par M. G. Delexda. Mémoire présenté par M. Velpeau. (Extrait.) « L'auteur, qui habile Santorin, et a été témoin de la dernière éruption, ( 94* ) présente, dans la première partie de son Mémoire, l'historique de ces phé- nomènes, dont il a été déjà plusieurs fois question dans le sein de l'Acadé- mie. Il cite aussi l'effet des vapeurs volcaniques sur les végétaux et sur les animaux. « Mon ami, M. Da Corogna, ajoule-t-il, est chargé de rédiger un » Mémoire sur cette intéressante question. » » Dans la seconde partie de son travail, M. Delenda aborde des consi- dérations plus générales sur l'ensemble des faits présentés par l'éruption. Avec Léopold de Buch, il considère l'île de Santorin comme les restes d'un cratère de soulèvement, et les Ramménis comme des cônes d'éruption. » Le Mémoire de M. Delenda est renvoyé à l'examen de la Commission %J nommée pour les communications de M. Fouqué, Commission qui se com- pose de MM. Élie de Beaumont, Boussingault, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée. M. Marchand, de récamp, en soumettant à l'Académie un Mémoire qui contient de nombreux documents sur l'économie rurale et la statistique agricole dans le pays de Caux, demande que ce Mémoire soit examiné par une Commission spéciale et admis ensuite à concourir pour le prix de Sta- tistique. Ce Mémoire, présenté par M. Bussy, sera envoyé d'abord à une Commis- sion composée de MM. Pelouze, Boussingault et Bussy : il sera ensuite ren- voyé à la Commission du prix de Statistique. M. de Cigalla adresse de Santorin un échantillon de pierre provenant d'une troisième île formée dans la baie, et nommée Réka par MM. de Ver- ncuil et Fouqué. Cet envoi est accompagné de trois numéros du journal la Grèce. (Renvoi à la Commission nommée pour les communications relatives à l'éruption de Santorin, Commission qui se compose de MM. Elie de Beaumont, Boussingault, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.) MM. A. Martin et H. Léger adressent, pour le concours du prix Godard, deux exemplaires d'un Mémoire ayant pour titre : « Recherches sur l'anatomie et la pathologie des appareils sécréteurs des organes génitaux externes chez la femme ». (Renvoi à la Commission du prix Godard.) ( 943 ) M. Gaillard soumet à l'Académie un nouveau mode de fabrication des allumettes phosphoriques, consistant à plonger d'abord les bûchettes dans le phosphore, puis dans le soufre. Ce dernier corps, étant insoluble dans l'eau et n'entrant en fusion qu'à 110 degrés, empêcherait le phosphore de se dissoudre dans les liquides alimentaires dans lesquels les allumettes auraient pu tomber. D'un autre côté, le frottement un peu plus considérable qui serait né- cessaire pour enlever la couche de soufre, afin d'obtenir du feu, serait un sûr garant contre les incendies. (Renvoi à la Commission des Arts insalubres.) M. Mariox Churchill écrit de Boston pour faire remarquer que sa dé- couverte de la cause du choléra remonte à 1 865, et que, déjà à cette époque, il a fait part de cette découverte à l'Académie. (Renvoi à la Commission du legs Eréant.) M. Cl. Bernard, qu'une raison de santé appelle à la campagne, écrit pour demander le renvoi à la Commission du legs Bréant de trois Mémoires relatifs au choléra, savoir : « i° Un Mémoire en allemand de M. Thiench sur des expériences d'infection cholérique par le contenu des intestins des cholériques : ce Mémoire est accompagné d'un volume, écrit également en allemand, dans lequel se trouvent des appréciations relatives au travail de M. Thiersch; » 2° Un Mémoire de M. Nelier sur la contagion du choléra; » 3° Un Mémoire en italien de M. Pacini sur le choléra asiatique. » Ces Mémoires seront envoyés à la Commission du legs Bréant. CORRESPONDANCE. La Société des Sciences naturelles de Bru.x.v transmet à l'Académie, par l'intermédiaire du Consul général d'Autriche, un volume contenant ses der- niers Mémoires; elle désirerait que l'Académie voulût bien la comprendre parmi les Sociétés scientifiques avec lesquelles elle fait échange de ses publi- cations. (Renvoi à la Commission administrative.) C. R. 1866, i«r Semestre. (T. LXII, N° 17.) I li (944 ) Les éditeurs du Journal de Médecine et de Chirurgie de Boston demandent à l'Académie de vouloir bien leur envoyer, à titre d'échange, les numéros de ses Comptes rendus. (Renvoi à la Commission administrative.) La Société de Géographie adresse des Lettres d'invitation pour sa pre- mière assemblée générale de l'année, qui doit avoir lieu le vendredi 27 avril. M. Swaix adresse à l'Académie, au nom du Franklin Institut de Philadel- phie, ses remercîments pour l'envoi qu'elle vient de faire de ses Comptes rendus. M. le Secrétaire perpétitei, présente, au nom des auteurs : i° un ouvrage de M. L. Figuier ayant pour titre : « Tables décennales de l'Année scienti- fique et industrielle » ; 2° une Note de M. Fautconnier, extraite des Annales de la Société Enlomoloijique de France, sur des observations de Piopltila trouvés vivants dans un moule fermé hermétiquement depuis un an. chimie ORGANIQUE. — Sur une nouvelle classe d'urées composées. Note de M. Ad. AVurtz, présentée par M. Bussy. a En décrivant, dans mon Mémoire sur le pseudo-alcool amylique, l'ac- tion de l'iodhydrate d'amylène sur le cyanate d'argent, j'ai mentionné le cyanate d'amylène (G5H10. H) Cvô. J'ai regardé cet éther comme isomé- rique avec le cyanate d'amyle (G6H")CyO. Les expériences que je vais décrire ne laissent aucun doute sur cette isomérie. » En effet, si le cyanate d'amyle donne, en fixant les éléments de l'am- moniaque, de l'amylnrée, le cyanate d'amylène donne dans les mêmes cir- constances une urée isomérique avec l'amyhirée. Les homologues du cya- nate d'amylène, qu'il sera très-facile de préparer avec les iodhydrates de butylène, d'hcxylène, etc., donneront avec l'ammoniaque des urées isomé- riques avec celles que j'ai décrites il y a dix-huit ans. Il existe, sans doute, entre ces nouveaux corps et les urées proprement dites les mêmes rapports que ceux que l'on constate entre les psendo-alcools et les alcools, et l'iso- mérie qu'on remarque entre tous ces produits admet la même interpréta- tion. L'amylène conserve, dans le pseudo-alcool et dans tous les produits qui s'y rattachent, une certaine individualité, idée cpii est exprimée par (945 ) les formules suivantes s : €BII»{0 (CSH>«,H)'> Hj~ H Alcool amjlique. Pseudo-alcool amylique. (€©)") (eon (GSH")H Az2 (€«H,0,H)H Az1 H2 ) H2 ) Amylurée. Pseudo-urée amylénique. » Pour préparer la pseudo-urée dérivée du cyanate d'amylène, on com- mence par former ce dernier en traitant le cyanate d'argent par de l'iodhy- drate d'amylène. Le mélange étant fait à une très-basse température, on le chauffe et on recueille le produit dans des récipients bien refroidis. Le liquide distillé, qui est doué d'une odeur très-irritante, est agité avec un excès d'ammoniaque aqueuse. Du jour au lendemain, il se prend en une masse solide qui constitue une nouvelle urée. On sépare celle-ci de la liqueur ammoniacale, on la comprime entre des feuilles de papier non collé et on la fait bouillir avec une grande quantité d'eau. Elle s'y dissout et se dépose par le refroidissement de la liqueur sous forme de magnifiques aiguilles. » Ces cristaux fondent vers 1 5 1 degrés (i). Chauffée dans un tube ouvert, la pseudo-urée se volatilise en partie en donnant un sublimé cristallin, mais en même temps il se manifeste une odeur ammoniacale, indice dune décomposition partielle. Peusoluble dans l'eau, la nouvelle urée se dissout aisément dans l'alcool, i partie de la pseudo-urée exige pour se dissoudre 79,3 parties d'eau à 27 degrés. » Lorsqu'on chauffe la pseudo-urée amylénique dans des tuhes scellés, avec une solution très-concentrée de potasse caustique, elle se dédouble, vers i4o ou i5o degrés, en acide carbonique, ammoniaque et un alcaloïde liquide, plus volatil que l'amylamine avec laquelle il présente de très- curieuses relations d'isomérie. Je le décrirai prochainement sous le nom ù'isoamylamine. » Lorsqu'on arrose les cristaux de pseudo-urée amylénique avec l'acide nitrique étendu de son volume d'eau, ils se convertissent en un liquide oléagineux, dense, qui reste au fond de la liqueur acide. C'est un nitrate. ^1) Ce point semble s'abaisser à la suite de fusions répétées. 123.. ( 946 ) Conservé pendant quelque temps dans une atmosphère sèche, ce liquide se couvre de quelques cristaux : il semble perdre de l'acide nitrique dans ces conditions. L'eau mère acide d'où il s'est déposé donne par l'évapora- tion des cristaux de nitrate d'urée. Ainsi, sous l'influence de l'excès d'acide nitrique qui existe dans l'eau mère, la pseudo-urée amylénique perd de Pamylène et se convertit en urée qui demeure unie à l'acide nitrique. Nous retrouvons ici cette tendance, que possèdent les pseudo-alcools et tons les produits qui s'y rattachent, à se dédoubler en donnant des carbures d'hy- drogène C"H!". » Le cyanate d'amylène lui-même possède cette tendance : au moment où il se forme par l'action de l'iodhydrate d'amylène sur le cyanate d'ar- gent, il se dédouble en amylène et en acide cyanique qui vont se mêler au principal produit de la réaction (cyanate d'amylène) : » En effet, lorsqu'on agite celui-ci avec de l'ammoniaque, il se forme toujours, indépendamment de la pseudo-urée amylénique, une petite quan- tité d'urée ordinaire qui reste en solution dans la liqueur ammoniacale avec une portion de la pseudo-urée. L'inégale solubilité des deux urées permet de les séparer facilement. » Voulant mettre hors de doute l'isomérie entre la pseudo-urée amylé- nique et l'amyltlrée, j'ai préparé et étudié comparativement cette dernière. Elle cristallise en lamelles blanches douées d'un grand éclat et faciles à dis- tinguer des aiguilles que forme son isomère. Elle est environ trois fois plus soluble dans l'eau que cette dernière, i partie d'amylurée exige pour se dissoudre 28,1 parties d'eau à 27 degrés. Elle fond à 120 degrés. Arrosée avec de l'acide nitrique, elle forme un nitrate liquide. » Action de la potasse sur le cyanate d'amylène. — On sait que le cyanate d'amyle se dédouble, sous l'influence de la potasse caustique, en acide car- bonique et en amylainine. Son isomère, le cyanate d'amylène, n'épfouve point une semblable décomposition, lise convertit dans ces circonstances en une urée qui présente la composition de la pseudo-urée diamylénique : (GO)") y.[G'Az(G5Hll,,H)0j + 2KH0 = (GsII1%H)!'Az2 + KîG03 Cyanate d'amylène. Carbonate l'M.mlo-urco de P°laSM;- dianiylcnique. ( 947 ) » Ce corps se sublime, dans les ballons scellés où se fait l'opération, en magnifiques aiguilles incolores. On le purifie en le dissolvant dans l'alcool et en ajoutant de l'eau à la solution jusqu'à ce qu'elle commence à se troubler. La nouvelle urée se dépose alors en belles aiguilles brillantes. Elle est très-volatile. Chauffée dans un tube, elle se sublime, sans fondre, en un lacis d'aiguilles très-fines et très-légères. Elle est presque insoluble dans l'eau. Elle se dissout dans l'acide nitrique, et l'eau précipite cette solution. Elle n'est point attaquée par la potasse à la température de l'huile bouillante. » Lorsqu'on abandonne le cyanate damylène avec de l'eau, il se dédouble en acide carbonique et en une urée qui présente la composition de la précédente. » CHIMIE ORGANIQUE. — Action de la chaleur sur quelques carbures d'hydro- gène. (Suite.) Note de M. Berthelot, présentée par M. Balard. III. — Action de la chaleur sur les carbures mélangés. « La théorie que j'ai exposée sur les causes générales de la condensation de l'acétylène en carbures poly méiiques, par suite de la combinaison de ce carbure avec lui-même, conduit à essayer la réaction de l'acétylène sur les autres carbures d'hydrogène, et spécialement sur les carbures incomplets, c'est-à-dire susceptibles de fixer également l'hydrogène libre ou naissant pour leur propre compte. » 1. En chauffant volumes égaux d'acétylène et d'éthylèue, dans une cloche courbe, à la température de ramollissement du verre, j'ai constaté en efiet que les deux gaz disparaissent à la fois. Au bout d'une demi-heure, 66 centièmes d'acétylène avaient disparu, et simultanément 66 centièmes, c'est-à-dire un volume égal, d'éthylène. Par suite de cette réaction, divers carbures prennent naissance. Le principal est un liquide très-volatil, dont la vapeur, analysée par la méthode eudiométrique, répond sensible- ment à la formule C8H8, laquelle représente le produit de l'union de l'acé- tylène et de l'éthylène à volumes égaux, avec condensation de moitié : C*H4 + C,H2 = C8H8, comparable à C4H4 + H- = C4HG. » Cette vapeur est isomérique ou identique avec le crotonylène. Le brome et l'acide sulfurique monohydraté l'absorbent immédiatement, lorsqu'elle ( 94» ) est mélangée avec d'autres gaz; mais elle est peu soluble dans le chlorure cuivreux ammoniacal. » 2. L'acétylène chauffé avec la benzine, dans les mêmes conditions que ci-dessus, disparaît plus rapidement que s'il était seul. Le résidu ga- zeux représente à peine le cinquième du gaz primitif; il est formé d'hydro- gène, contenant un peu d'éthylène etd'hydrure d'éthylène. Mais la portion principale des éléments de l'acétylène demeure combinée avec la benzine. L'évaporation spontanée de celle-ci laisse à l'état de pureté un carbure cristallisé en fines aiguilles, et qui m'a paru distinct de tous les principes connus. » La naphtaline réagit sur l'acétylène plus rapidement encore que la benzine. En moins de dix minutes, l'acétylène a disparu presque entière- ment. Les résidus gazeux sont à peu près les mêmes que ci-dessus. » Enfui l'éthylène, chauffé avec la benzine pendant deux heures, donne également des indices de combinaison. Mais je n'insiste pas quant à pré- sent sur ces derniers résultats. « Les faits que je viens d'exposer me paraissent démontrer que l'acétylène a la propriété de réagir directement à la température du rouge naissant sur un grand nombre de carbures d'hydrogène. Cette propriété, qu'il partage avec l'hydrogène, et sans doute avec bien d'autres corps, éclaire d'une lumière inattendue l'étude de la distillation sèche et celle des réactions pyrogénées. Elle ouvre une voie toute nouvelle à la synthèse, en montrant que les principes hydrogénés peuvent réagir par affinité directe les uns sur les autres, à une température que j'évalue voisine de 600 à 700 degrés. La con- dition principale qui préside à ces réactions est le concours du temps, sur lequel j'ai déjà si souvent appelé l'attention. Les carbures les plus simples et spécialement l'acétylène semblent ne pouvoir coexister que pendant un temps peu considérable, à une haute température. Ils réagissent peu à peu et donnent naissance à des combinaisons et à des produits condensés, à moins qu'ils ne soient ramenés par un refroidissement rapide à une tempé- rature assez basse pour cpie leurs affinités réciproques cessent de s'exercer. » La plupart des carbures d'hydrogène pourront sans doute être engen- drés ainsi par des synthèses directes, au même titre que les carbures homologues (C'H2)" ont été engendrés par des synthèses indirectes, c'est- à-dire dans des conditions de l'état naissant, et à partir du formène, C2H4, dérivé lui-même régulièrement de l'acide formique, d'après mes expériences (1). (1) Voir Leçons sur les méthodes générales de synthèse, p. l56 et 343. ( 949 ) » A ce point de vue, les produits obtenus par la condensation de l'acé- tylène méritent une attention toute particulière. J'avais déjà été conduit, par des expériences rappelées dans ma première communication, et parti- culièrement par la formation de la benzine C,2I16=3C"H2- 3(C2H)2 au moyen du cuivre et du formène tribromé, (C2H)Br3, à regarder la benzine comme produite par la réunion de 3 molécules d'acétylène; il vient d'être montré que la même origine semble applicable au styrol. L'acétylène serait donc le générateur véritable des séries aromatiques. Rapprochons en effet la suite des carbures (C2H2)", générateurs des acides gras proprement dits, de celle des carbures (G2 H)2", générateurs des acides aromatiques : Premier terme (inconnu). . C2H2 Acétylène (C2H)2, c.-à-d. C*H2 Éthylène (C2!!2/2 Fumarène (inconnu). . . (C4H2)2 Propylène (C2H2)-' Benzine (C'H2)3 Butylène (C2H2)4 Styrol (C*H2)4 Amylene (C2H2)5 Hydrure de naphtaline. . (G4H2)5 Caproylène (C2II2)0 Hydrure de diphényle. . (C4H2)6 OEnanthylène (C2H2)7 Benzyle (C4H2)T Capryléne (C2H2)8 Bétinolène (C4H2)8 » J'ai déjà établi expérimentalement que toute la première série pouvait être obtenue par la condensation de son premier terme, dans les conditions de l'état naissant; j'espère arriver à démontrer d'une manière définitive que la seconde série peut être engendrée semblablement par les condensations de l'acétylène libre ou naissant. » Cet ensemble de résultats tend donc à établir par expérience que deux carbures fondamentaux, les plus simples de tous, C2II2 et (C2H)2, par leurs condensations successives et par leurs combinaisons, entre eux et avec l'hydrogène, à l'état libre et à l'état naissant, engendrent tous les autres carbures d'hydrogène. » MINÉRALOGIE, — Sur l'origine des carbures et des combustibles minéraux. Note de M. BEr.TiiFxoT, présentée par M. Bâtard. « L'origine des combustibles minéraux ne donne lieu, dans la plupart des cas, à aucune contestation : ce sont les cas où les combustibles dérivent évidemment de matières organiques transformées. Mais en est-il de même ( 95° ) dans toutes les circonstances? Ces carbures, ces pétroles, ces bitumes qui se dégagent de l'épaisseur de l'écorce terrestre, souvent en grande abondance, d'une manière continue et en sortant de profondeurs qui semblent dépasser les terrains stratifiés, ces combustibles, dis-je, résultent-ils toujours et d'une manière nécessaire de la décomposition d'une substance organique préexistante? En est-il ainsi des carbures si souvent observés dans les érup- tions et émanations volcaniques, et sur lesquels M. Ch. Sainte-Claire Deville a appelé l'attention dans ces dernières années? Enfin doit-on assigner une origine pareille aux matières charbonneuses et aux carbures d'hydrogène contenus dans certaines météorites qui paraissent provenir d'une origine étrangère à notre planète? Ce sont là des questions sur lesquelles l'opinion de plusieurs géologues distingués ne paraît pas encore fixée. Sans prétendre décider un débat qui exige le concours d'observations étrangères à la syn- thèse chimique, il m'a paru intéressant de montrer comment les carbures d'hjdrogène naturels pourraient être formés synthétiquement, je veux dire par des réactions purement minérales, de l'ordre de celles que les géolo- gues font intervenir entre les substances contenues dans l'intérieur du globe et les matériaux constitutifs de son enveloppe. » Admettons, d'après une hypothèse rappelée récemment par M. Daubrée, admettons que la masse terrestre renferme des métaux alcalins libres dans son intérieur : cette seule hypothèse, jointe aux expériences que j'ai publiées dans ces derniers temps, conduit d'une manière presque nécessaire à expli- quer la formation des carbures d'hydrogène. » En effet, l'acide carbonique, partout infiltré dans l'écorce terrestre, arrivera en contact avec les métaux alcalins à une haute température et for- mera des acétylures, conformément à mes expériences. Ces mêmes acéty- lures résulteront encore du contact des carbonates terrestres avec les mé- taux alcalins, même au-dessous du rouge sombre. » Or, les acétylures alcalins, une fois produits, pourront éprouver l'action de la vapeur d'eau : l'acétylène libre en résulterait, si les produits étaient soustraits immédiatement à l'influence de la chaleur et à celle de l'hydro- gène (i) et des autres corps qui se trouvent en présence. Mais, en raison de ces conditions diverses, l'acétylène ne subsistera pas, comme le prouvent mes récentes expériences. A sa place on obtiendra soit les produits de sa condensation, lesquels se rapprochent des bitumes et des goudrons, soit les produits de la réaction de l'hydrogène sur ces corps déjà condensés, 1 | Produit au même moment par la réaction de l'eau sur les métaux libres. ( 95« ) c'est-à-dire des carbures plus hydrogénés. Une diversité presque illimitée dans les réactions est ici possible, selon la température et les corps mis en présence. » On peut donc concevoir la formation, par voie purement minérale, de tous les carbures naturels. Cette formation pourrait d'ailleurs s'effectuer dune manière continue, parce cpie les réactions qui lui donnent naissance se renouvellent incessamment. » La génération des matières charbonneuses et des carbures contenus dans les météorites s'expliquera de la même manière, pourvu que l'on ad- mette que ces météorites ont appartenu à l'origine à des masses planétaires. » Ces hypothèses pourraient être développées davantage; mais je préfère demeurer dans les limites autorisées par mes expériences, sans vouloir d'ailleurs énoncer autre chose que des possibilités géologiques. » physique appliquée. — Sur les accidents arrivés aux tuyaux de gaz pat l'effet de la foudre pendant l'orac/e du 8 avril 1866. Note de M. I5akki.ii, pré- sentée par M. Séguier. « Au plus fort de l'orage qui s'est déchaîné sur Paris dans la soirée du 8 courant, la foudre est tombée sur la maison située boulevard Montparnasse, n° 8o, où son passage a occasionné en même temps deux accidents de même nature en deux endroits différents, savoir : dans une salle de marchand de vin au rez-de-chaussée, donnant sur le boulevard, et dans une arrière-cour séparée de cette salle par plusieurs pièces. » Dans la salle se trouve, dans l'angle formé par le mur et le plafond, un tuyau de gaz en plomb, passant à proximité d'un trou de cheminée destiné à recevoir le tuyau d'un poêle, et resté ouvert par suite de l'enlèvement de ce dernier. » Dans la cour existe également un tuyau de gaz en plomb, posé hori- zontalement contre le mur de la maison, à une hauteur de [\ mètres environ, et passant derrière un gros tuyau de fonte servant de conduite aux eaux pluviales; il faut ajouter que le bout inférieur de ce tuyau se trouve éloigné du sol de 10 centimètres environ. » Vers les 8h3om du soir, un éclair éblouissant accompagné d'une forte détonation, comparable à celle d'une pièce de canon tirée de près, mit en émoi tous les habitants de la maison, et en même temps l'apparition d'une forte et persistante clarté dans la cour attira les regards de ceux C. R., 1866, 1" Semestre. (T. LXII, K° 17.) ' 24 ( 9~'2 ) d'entre eux dont les croisées donnaient de ce côté. On ne tarda pas à s'aper- cevoir que cet éclairage si subitement improvisé provenait d'un énorme bouquet de flammes qui sortait de derrière le tuyau de fonte, et l'envelop- pait entièrement à l'endroit où il se rencontre avec le tuyau de gaz. Il de- vint donc évident que ce dernier avait été endommagé par la foudre, de manière à laisser une issue au gaz qui s'était enflammé sur le coup. » Pendant que les clioses se passaient ainsi dans la cour, un accident pareil arriva au tuyau de gaz dans la salle donnant sur le boulevard. Ce tuyau, percé parle passage de l'électricité à l'endroit où il toucbe au bord du trou de la cheminée, donna également lieu à un jet de gaz, mais bien moins considérable que celui du tuyau de la cour. » L'un et l'autre furent promptement éteints en fermant les robinets des compteurs; car, bien qu'établis dans la même maison, il n'existe aucune communication entre les deux tuyaux, dont chacun puise directement dans la conduite de canalisation sur le boulevard. » J'ai été témoin des faits sur lesquels j'ai l'honneur d'appeler l'atten- tion de l'Académie, et je pense qu'ils admettent l'explication suivante : » La foudre, tombée sur un point quelconque du toit qui est entièrement en zinc, a dû se diriger vers le sol en suivant la conduite des eaux pluviales et en franchissant probablement en grande partie le pelit intervalle de 6 cen- timètres qui sépare cette conduite du pavé de la cour. Toutefois, cette la- cune a dû opposer une résistance au passage de l'électricité, suffisante pour provoquer des dérivations du courant principal, d'une intensité subordon- née à la conductibilité relative des corps traversés. Au nombre de ces déri- vations, il faut placer en première ligne celle qui a eu lieu par le tuyau de gaz de la cour, dont la charge a été fournie par contact direct avec le tuyau de descente en fonte. C'est sur ce point qu'en raison de l'exiguïté des sur- faces de contact a dû se produire une forte étincelle : celle-ci frappant le tuyau de plomb l'aurait partiellement fondu. Quant au tuyau de la salle donnant sur le boulevard, il paraît plus que probable qu'il a été frappé par un courant de dérivation relativement faible, lequel, partant du toit, sera descendu par la cheminée qui vient aboutir, comme il a été dit, juste- ment au point où la détérioration du tuyau s'est produite. » Il serait superflu de faire remarquer que, en dehors de la coïncidence • singulière et fortuite du double accident, aucun fait, ne s'est produit qui ne s'explique facilement d'après les lois qui régissent le passage de l'élec- tricité dans les corps, en raison de leur conductibilité, de leur section et de la longueur des circuits qui les séparent de la terre. Toutefois, on verra ( 953) peut-être dans ces mêmes faits quelques conclusions pratiques à tirer, relativement aux fonctions remplies actuellement par les tuyaux établis pour la descente des eaux pluviales, envisagés au double point de vue de leur position et de leur conductibilité, et des dangers que présentent leurs solu- tions de continuité avec la terre. Ne serait-il pas opportun de rétablir cette continuité, en armant leur bout inférieur d'une forte tringle en fer s'enfon- canl de quelques décimètres dans le sol, et surtout d'en éloigner les con- duits à gaz, d'autant plus susceptibles d'attirer l'électricité atmosphérique de tout conducteur chargé, qu'ils se trouvent directement reliés avec le sol. » Depuis la rédaction de cette Note, il est arrivé à la connaissance de l'auteur qu'un accident pareil à ceux qui y sont signalés est arrivé, le même soir et à la même heure, dans la maison située rue de la Pépinière, n° 17 bis (14e arrondissement), où un tuyau de gaz passant derrière une conduite d'eau, dans l'encoignure d'un mur, a été également frappé par la foudre et fondu sur une longueur de om,20, avec inflammation du gaz. » thermoélectricité. — Sur les propriétés inverses du fer et de la fonte dans les piles thermo-électriques. Note de M. Arxould Thexard, présentée par M. Pouillet. « Dans un travail que je poursuis sur les piles thermo-électriques, j'ai été conduit à construire des piles en fer et bronze d'une part, et en fonte et bronze de l'autre. » Mais les ayant essayées au même galvanomètre, je fus assez surpris de voir l'aiguille aimantée se diriger de droite à gauche avec l'une, tandis qu'elle allait de gauche à droite avec l'autre (1). » C'est-à-dire qu'avec la pile fer et bronze le courant va de la soudure froide à la soudure chaude par le bronze, tandis qu'avec la pile fonte et bronze il va inversement de la soudure chaude à la soudure froide éçale- ment par le bronze, ce qui prouve que le fer et la fonte sont de signes opposés. » Cette observation m'a nécessairement conduit à rechercher ce que donnerait une pile en foret fonte. » D'abord j'ai vu que la déviation de l'aiguille aimantée augmentait, (1) A eu moment, je ne connaissais pas les expériences de Joule sur le même sujet; elles ne m'ont été révélées par M. Ed. Becquerel qu'après la présente communication. 124.. ( 9^4 ) mais cette plus grande déviation ne représentait pas la somme des dévia- tions de mes deux premières piles. » Ainsi, tandis que la déviation avec la pile fer et bronze était de +23 de- grés, et celle de la pile fonte et bronze de — i i°, 5, la déviation de la pile fer et fonte n'était que de 27 degrés au lieu de 34°, 5 = 23 + 1 1,5. » Cependant je ne m'arrêtai pas là, et je rechercbai la force électromotrice de chacune de ces piles; c'est la méthode de Ohm que j'ai suivie pour cela; la longueur du fil de résistance était de 17™, 63. » La pile fer et bronze m'a donné sans le fil 23 degrés, avec le fil i4 de- grés; la pile fonte et bronze sans le fil 1 1°,5, avec le fil 6°, 5; la pile fer et fonte sans le fil 27 degrés, avec le fil 18 degrés; ce qui, par le calcul, donne pour la force électromotrice de la première pile, 691 ; de la seconde, 263; de la troisième, 952. » Or, en sommant 691 et a63, on obtient q54, qui, étant à deux unités près égal à 95a, prouve que les forces électromotrices se somment avec le fer et la fonte. » L'intensité a d'ailleurs été croissante dans les trois piles depuis — 1 1 de- grés thermométriques jusqu'à -+- 200 degrés; l'expérience n'a pas été pous- sée plus loin, parce que les soudures étaient en étain. » En isolant les éléments les uns des autres à l'aide de petits vases de verre dans lesquels plongeait chaque soudure, je n'ai obtenu aucune différence, ce qui du reste était à prévoir à cause -du peu de tension de ces piles. » Quant à ces piles, elles étaient construites en barreaux carrés de 1 centimètre de côté et de 29 centimètres de longueur. » Chaque barreau, qui était d'ailleurs contourné en forme de fer à cheval, allait par un talon se souder au talon du barreau suivant, de façon que toutes les soudures chaudes étaient sur une même ligne, pendant que les soudures froides étaient sur une autre ligne parallèle à la précédente. » L'intervalle vide entre les soudures chaudes et les soudures froides était de 10 centimètres, et l'intervalle vide entre les soudures de même signe de 1 centimètre. » Pour fonctionner, chacune des deux lignes parallèles de soudure était plongée dans une petite auge horizontale, ce qui faisait deux auges, dont l'une remplie d'eau ou d'huile était chauffée avec des lampes à alcool, tandis que l'autre était remplie de glace. Charpie pile comptait six soudures de même signe. (955) » Le bronze sortait du même creuset, ainsi que la fonte et le fer de la même barre. » L'expérience a été reprise avec des métaux de provenances différentes; toujours j'ai obtenu des résultats dans le même sens, mais non identiques. » Je poursuis mes recherches sur ce sujet, et quand je serai arrivé à de nouvelles conclusions intéressantes et précises, j'aurai l'honneur de les pré- senter à l'Académie. » pathologie. — Note sur le diagnostic des paralysies symptomatkpies et des paralysies essentielles de la sixième paire, au moyen de t'ophlhalmoscope; par M. BoicHiiT. (Extrait.) « L'ophthalmoscopie, si utile au diagnostic des maladies dusystème ner- veux cérébro-spinal, peut rendre de grands services dans le diagnostic de quelques affections des nerfs. » La paralysie du nerf de la sixième paire ou moteur oculaire externe et le strabisme convergent qui en résulte sont tantôt une maladie essentielle musculaire rhumatismale ou syphilitique, sans lésion du système nerveux, tantôt une maladie du nerf optique ou de l'encéphale et des méninges. » Dans ce dernier cas, la paralysie de la sixième paire pourra quelque- fois se distinguer des paralysies essentielles, parce qu'il y a dans l'une une infiltration granuleuse de la papille avec disparition des vaisseaux veineux, des hémorrhagies de la rétine, et des plaques graisseuses qui n'existent pas dans l'antre. » « KLECTRO-CHIM1E. — Propagation de V électricité dans une dissolution qui contient plusieurs sels. Note de M. E. Bou«:hotte, présentée par M. Ed. Becquerel. (Extrait.) « Voulant opérer avec des courants de force souvent très-variable, et à défaut de la balance électro-magnétique de M. Becquerel qui permet d'obtenir des pesées entre des limites très-écartées tout en exprimant direc- tement l'intensité du courant, j'ai employé un galvanomètre différentiel très- sensible. J'ai pris la précaution de graduer cet appareil à l'aide d'une série de couples à courant constant, qui fonctionnaient dans des conditions de résistance telle, que l'intensité du courant était proportionnelle à la force électromotrice. Pour satisfaire à cette condition essentielle, j'ai opéré en faisant traverser les liquides par l'électricité à l'aide d'électrodes en cuivre ( 9^6 ) recouvertes d'oxyde de cuivre quand il s'agissait des dissolutions où entraient les sels de cuivre; il ne se manifestait donc aucune polarisation sur les lames, et l'on se trouvait dans les conditions énoncées plus haut. Lorsque j'ai opéré sur des dissolutions de sel de zinc, j'ai pris des électrodes en zinc. » Il résulte des tableaux d'expériences qui accompagnent le Mémoire que j'ai l'honneur d'adresser à l'Académie, sur des mélanges d'azotate et de chlorure de zinc, de sulfate de zinc et de sulfate de cuivre, que la conduc- tibilité de chaque sel introduit dans le mélange ne fonctionne pas en vertu de la masse totale d'eau; dans le cas particulier du mélange d'azotate et de chlorure de zinc, les sels soumis à l'expérience paraissent conserver leur conductibilité primitive. » On trouve également que dans des dissolutions étendues de différents sels mélangés, chaque sel s'approprie une partie du volume total de l'eau, et qu'il fonctionne comme conducteur en vertu de cette combinaison par- tielle. » Ainsi, dans un mélange de sulfate de cuivre et de sulfate de zinc, on trouve une conductibilité supérieure à celle que l'on pouvait prévoir comme résultant de la moyenne des conductibilités des deux dissolutions prises séparément. On ne saurait expliquer ce fait qu'en admettant une nouvelle répartition des molécules d'eau entre les sels. » On voit donc que la rhéométrie peut fournir des procédés analytiques qui permettent d'étudier avec fruit l'influence exercée par l'eau sur les sels qu'elle contient et qui conduiront à discerner les effets particuliers qui se produisent dans le mélange de plusieurs sels au sein d'un même liquide. » M. Dupuis présente à l'Académie le modèle d'un appareil qu'il désigne sous le nom de pompe capillaire. L'appareil se compose essentiellement d'une éponge enfermée dans un cylindre de caoutchouc et placée à une certaine hauteur au-dessus du liquide à élever. Deux tubes munis de robi- nets sont adaptés à la partie inférieure du cylindre : l'un de ces tubes vient plonger dans le puisard, l'autre sert de tube de déversement. Lors- qu'on presse l'éponge imprégnée de liquide, l'eau s'écoule par le tube de déversement, le robinet de l'autre tube étant fermé. On ferme ensuite ce robinet, on ouvre celui du tuyau d'aspiration, et l'élasticité du cylindre de caoutchouc, jointe à l'action capillaire, fait monter le liquide dans l'éponge. La manœuvre peut ainsi se continuer indéfiniment. M, PfiBSOZ, au moment de faire imprimer son Mémoire sur l'état mole- (9h) culaire, demande et obtient l'autorisation de retirer les parties de ce Mé- moire qui ont été successivement communiquées à l'Académie pour être insérées par extraits dans les Comptes rendus. M. Bassaget adresse à l'Académie un troisième Mémoire relatif au sys- tème ganglionnaire organo-sympathique. Dans la Lettre qui accompagne cet envoi, l'auteur demande qu'on veuille bien lui accuser réception de son second Mémoire. Le Mémoire actuel sera envoyé à l'examen de MM. Bernard et Longet. M. de Paravey, à l'occasion d'une récente communication de M. Poirel, offre de soumettre à l'Académie des échantillons d'une pouzzolane rappor- tée de Gergovie, localité où elle lui a paru très-abondante et de trèsd)onne qualité. 11 pense que cette pouzzolane pourrait remplacer avantageusement celle de Rome, dont la cherté a fait abandonner l'emploi dans la confection des blocs artificiels pour constructions sous-marines, et qu'ainsi on n'aurait plus à craindre le peu de durée de constructions faites avec des blocs que quelques-uns croient facilement attaquables par les sels de l'eau de mer. Dans une deuxième Lettre, M. de Pakavey revient sur une communica- tion qu'il a faite antérieurement sur les rapports de l'électricité et du magné- tisme, et sur les connaissances des anciens en Histoire naturelle et en Mé- canique. M. de Paravey demande et obtient l'autorisation de reprendre sa Note sur une étude relative aux connaissances aérostatiques des Chinois avec les calques qui y étaient joints. M.Dessoye adresse un Mémoire relatif aux origines de la numération. M. Paganixi reproduit une Note sur la théorie des nombres qu'il a déjà adressée à l'Académie et qu'il suppose à tort avoir été perdue. La communication en question, qui avait été reçue par l'Académie, a été renvoyée à l'examen de M. Liouville. A 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. ( 9^8 ) COMITÉ SECRET. La Section de Géographie et Navigation, par l'organe de M. de Tessan, présente la liste suivante de candidats pour l'une des trois places nouvel- lement créées dans cette Section par le Décret impérial du 3 janvier 1866. En première ligne M. Dcpcy de Lomé. M. d'Abbadie. M. Bourgois. M. COUPVENT DES BoiS. M. Daboxdeau. En deuxième ligne, ex a?quo, I M. Labrousse. el par ordre alphabétique. . . \ M. Liais. M. Mouchez. M. Poirel. 31. Rexou. \ M. Yillarceau. Les titres des candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à G heures un quart. G. ERRATA. (Séance du 16 avril 1866.) Page H78, ligne 1 S, tut lieu de est arrêté, connue le Rhin, lisez est arrêté, comme le Rhône. Page bijo, ligne 20, au lieu de Pareiga Lichenoliga, lisez Pareiga Lichenologica. ii COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 50 AVRIL 1866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ALGÈBRE. — Sur V équation du cinquième degré; par M. Hermite. (Suite.) « XIX. Je reviens maintenant, pour en effectuer la détermination, aux quantités précédemment désignées par R, S, T, et qui figurent dans la for- mule de transformation propre à la méthode de M. Rronecker, savoir : R = ux -+- u0 -H w [u2 -+- u3), S = u, -h i/t -f- a (ux — u0), T = it3 — u„ -f- w (m, — uA). ./g T On se rappelle qu'on a posé u = — - — faisant d'après cela, pour abréger, f = - *gh¥> - (/' + agh) (g -h)l + fîfl, g = - ijhV- (g* + *fh){h -f)l+ JZg*l, \) = - 2JhW- {]f + 2jh) (f- g) l + v5 ft> l, C. R., 1866, i" Semestre. (T. LXll.JN» 18.) 125 (960 ) on trouvera immédiatement ©* 4- ©0 4- « (Oa -+- ©») = H- '»^ff F, O, 4- t>4 + w (Ox— o0) = — »a'Al)H, Os - O, + 0) (o, — ©4) = - u«6 g-gG, &>( ,) = 4- ««•/f F, », 4- »4 4- w (»« — »0) = — wa*AI)'H, t)3 — »2 4- w (», — »4) = — wasgfl'G. Or il résulte des équations (1) que p et p' n'entreront dans R, S, T que par la combinaison w/> 4 /, et des relations (2) que q et q' se réuniront dans l'expression analogue q 4- uq'; posant, en conséquence, <■>/> 4- p' = P, q-j- oq' = <\, on trouvera simplement R = a<7F(pf4-qf), -T = a6gG(P0 4-qg'), -S = a8/*H(pl)4-ql)')- La formule de transformation 2 == RST peut donc être présentée comme le produit de ces deux facteurs, qui, l'un et l'autre, sont des invariants, ( #> ) savoir : «•/gftFGH et «,2(pf+.lf')(Pfl + 1fl')(P1) + ilb')- Le premier, qu'on peut écrire ainsi : „ ,, ,,FGH ,2 t^ a'FGH a. jglu —j— = 5 \JdD — - — » met immédiatement en évidence une fonction rationnelle de la racine £0; mais il reste encore à donner explicitement au second cette même forme, et c'est ce que je vais faire, après avoir ajouté cette remarque, facile à vérifier, que la substitution ! n'a d'autre effet que d'y changer le signe du radical y5. » XX. Comme élément essentiel de l'importante transformation qu'il s'agit d'opérer, j'introduirai l'expression suivante : * = «•(/-*) (g -*) (A -/)*• C'est un invariant, comme on le voit de suite, et de plus une fonction rationnelle de la racine 20, car le facteur a3 [f — g-) (g — h) {h —f) repré- sente l'invariant cubique de la forme du quatrième degré obtenue en divi- sant la proposée par % — £0. Désignant donc par X0, X,, X2, X3, X4 les cinq déterminations qui correspondent ainsi aux racines £0, ^,, £2, £3 , £4, on aura ces relations remarquables, savoir : >„-X, =+aa*(|0-£,)H2G!lH,, X0-X2 = -2«4(Ç0-£2)G,F3F4, X« - X3 = - 2xu (So - £3) F, F2 G4, X0 — X4 = + 2a4 (20 - £4) H, F2 G3; >, - h = - 2«' (?, - S,) F G2 F4 , X2 - X4 = - 2a4 (22 - £,) F F, G3, X4 -X4 = - ia.*% - S4)GF2F3, X2- X3 = + aa*(|2- §,) GH( H4, X3-X4 = H-2«4(£3-£4)HGlH2, X, -X2 = -H 2a4 (Ç, -£2)HH3G4. Pour les établir il suffit, par exemple, de démontrer celles-ci : X0 - X, =+ 2a4(20-^)H2G3H4, X0- X2 = - 2a4(S0-£2)G, F3 F4, 125.. (9^ ) les autres s'en déduisant par une simple permutation cyclique des racines ; or elles se vérifient au moyen des formes canoniques en £ et yj des facteurs de l'invariant du dix-huitième ordre et des quantités X elles-mêmes, dont voici le tableau complet : X0 = (5fl)*(i - e)(i -ïj)(e-r-nj)(e - an) (as - n), X, =(r)a)4£(i- £)(£ - vj)(i ■+-»}) (i - a»j)(ï] - 2), Xa = (5o)*evj(e -f- yj — 2) (s — aij + 1) (yj — 2e + 1), Xj = (5it)'(s -+- tj — iêf)) (s — iri -+- Ét))(tj — 2£ -4- êïj), X, = (6«)*ij(i -vj)(--î - e)(i + e)(i — ae) (« — 2). » Cela posé, et en se rappelant qu'on a désigné par K. l'invariant du dix-huitième ordre, on tire des premières multipliées membre à membre ou bien (X0 - Xf)(X0 - Xa) (X0 - XS)(X0 - X4) = ^GÏÏ' .6/K 11 \**)- «>FGH ' en faisant, pour abréger, n(X) = (X - x0) (X - x.) (X - x2) (X - x3)(X - x4), et, par suite, i(W K n'a) a'F G H V V V pour les diverses valeurs de l'indice. C'est ce qui va permettre d'établir la proposition suivante : » Tout invariant donné sous forme de fonction entière des racines, symétrique par rapport à^,,^2, £3) |4 et dont le degré' en \0 est multiple de /(, s'exprime par L04-X0L,+X2La + X?L, + X*L4, les coefficients L0, L,, etc., étant des fonctions entières des invariants fonda- mentaux A, B, C. » Soient en effet, pour un instant, 0O, 0,, etc., les cinq valeurs de cette ( 963 ) fonction, j'observe que le polynôme du quatrième degré en X V qui se réduit à 0O, 0,, etc., pour X = X0, X = X,, etc., peut, d'après la valeur de IT(XV), s'écrire ainsi : o » Or a/, étant la dérivée du premier membre de l'équation proposée pour 2; = % , on sait par un théorème élémentaire que i6K0 s'exprimera en fonction entière des coefficients de cette équation. D'ailleurs les quanti- tés 0, et — " '' " sont des invariants, donc il en est de même des coefficients des puissances de X. Or, d'après la supposition faite sur le degré de 0„, leur ordre sera = i, mod. 4 ; ainsi ils seront tous le produit de K par une fonc- tion entière de A, B, C, l'invariant du dix-huitième ordre disparaissant ainsi comme facteur commun, et l'on en conclut relativement à 0 la pro- position annoncée. » Je vais l'appliquer à l'expression «12(Pf+^)(Pll-M9')(pl)-Ml)'), préalablement mise sous la forme 0 + aifghls/r5Q', [l ) où 0 et 0' restent invariables quand on fait la substitution J j ; mais, avant ' '2 » ) de commencer le calcul, j'ajouterai quelques remarques sur le système des quantités X. » XXI. Je considère à cet effet la combinaison suivante : (vx u0 -+- Vi v>, — v,. o3 ) — ( ttx ito -i- Ui u, — n» u3 ) ; en employant les relations (i) du § XVII, on trouvera qu'elle devient « [/2(Fs _ H2)+s'(G' - F») + h*{W- G')] ~ 7 U~ (G2 - p2) •+" §' 1R2 - °2) + h* (F2 ~ R1)l ( 964 ) ou encore (-r-g - g*?* - *■/+/■* + ë2/+ *w = (/- &)(? - *)(* -/k et, par suite, que sa valeur est X0. En partant de là et effectuant sur les racines £0, £,, etc., une permutation cyclique, on en conclut cet ensemble de relations, savoir : 10 = (u^Uo 4-tiixn — t)2t)s) — (ttxUo + Uiin— U2U3), X, == (t)xt), 4-»»flo — »>»*) — («xlli + UjU0— Hslh), ^2 = («x»2 ■+-»»»( »*»o) — (UalIj + MsUj — mito), *t — (Dœtt3-f-lUt'2 — U0U1) — (tt»lts -h ll*tts — UoU,), X4 = (i)œtu4-ti0i)3 — »!»,) — (ttKu« -HU0U3 — n,Uj). » Or, en faisant usage de nouveau des relations (1), on voit qu'on pourra exprimer les seconds membres au moyen de F, G, H etyj g, h. Ainsi, nous avons déjà 4X0=««[/2(2F2-G2-H;:) + g2(2G2-F2-H2) + /i2(2H2-F2-G2)], et en faisant, pour abréger, f=f>+gh, g' = g2+//,, K = lf+fg, $(x,y, z) = - f*a?-f*jl -pz1 -h if'jz 4- 2g'xz -+- ilïxy, on parviendra à ces expressions fort simples : 4X1 = «41>( F, G, -II), 4X2 = «*( F, G, H), 4X, ==«*$( F, -G, H), 4X4 = a4$(-F, G, H). On en tire ensuite les relations suivantes : 1, - X4 = «4F (g'II + ft'G), X3 - X, = «'F (g'H - h'G), >,2-X3 = ^G(//F 4-/'H), XJ-X4 = «*G(A'F -/'H), ), - X, = 'a*n'{fG + g'F ), X4 - Xa = «*H(/'G - g'F ), et par conséquent, en employant les expressions précédemment obtenues ( 9^ ) pour les différences des quantités X, 2&-è2)FlG3= g'U + h'G, s(ï,-?3)G2F4=g'H- A' G, 2(Ç2-Ç3)H(H4 = AT +/'H, a(|, -Ç'OF.F, = AT -/'H, a(§, - £2)H,G< =/'G + g'F, 2(|, - ?3)G,H2 =/'G - g'F. » Ces dernières équations multipliées entre elles conduisent à cette valeur de l'invariant du dix-huitième ordre, savoir : 64/gAK = «,8FGH(g'2H2 - A'2G2)(A'2F2 - /'2 H2)(/'2G2 - g'2 F2). » Nous parviendrons à l'égard de la même quantité à un autre résultat en considérant les différences X„ — X, , X0 — X2, etc., et employant l'équation 16/K (>o- Wo-X2)(X0-X3)(X0-X4) = a3FGH on trouve, en effet, après quelques réductions faciles, qu'en faisant pour un instant C, (x, j, z) =/' (.r2 -jz) H- g' (j2 -zx) + h' (z2 - xjr), on a 2 (X0-X() = «*$,( F, G, -H), a (X0-X2) = «<$,( F, G, H), 2(X0-X3) = ««,( F, -G, H), 2(X0-X<) = «'<*»,( -F, G, H). On en conclut par conséquent, en multipliant membre à membre, IK = a" FGH [/' (F2 + GH) -+- g' (G2 H- FH) h- A' ( H2 - FG)] X [/'(F2 - GH) -h g' (G2 - FH) -h A' (H2 - FG)] X [/' (F2 + GH) -+- g' (G2 - FH) -+- A' (H2 + FG) ] X [f (F2 - GH) -+- g' (G2 + FH) + A' (H2 4- FG)]. Enfin, nous joindrons à ces expressions celle du carré de l'invariant du dix- huitième ordre, sous cette forme, savoir, K* = «"F'G'H* [fgif- g) F2 -''f"l][fh{f- A)F2 +f2l] X [gk (g - A)G2 - g'2 /] [fg{g-J) G2 +g'2/] x [/A (A -/) H2 - A'2/] [gh (A - g) H2 + A'2/]. ( 9<&) Elle se tire de la relation K5 = U.U0.U, U, . U2U3, en employant les éga- lités VmV0 = x»J*[fh(h-f)n* -KU][gh(k- g)W + h'H], U2U3=at2G2[/g(/-g)F2-/'2/][/M/-/0TF2+y''2/], VtV^^Wlghig-fyG'-g'HUfgig-fîG'+g'Hi qu'il est aisé de vérifier. J'indique ces résultats, bien que je n'aie pas à en faire usage plus tard, pour montrer dans la théorie algébrique des formes du cinquième degré le rôle des deux groupes de quantités F, G, H et/, g, h, qui servent de base au calcul suivant. » PHYSIQUE. — Mémoire sur les pouvoirs thermo-électriques des corps et sur les piles thermo-électriques; par M. Edmond Becquerel. (Extrait.) « J'ai communiqué l'année passée à l'Académie (i) quelques-uns des résultats auxquels j'étais parvenu en étudiant la production des courants thermo-électriques dans diverses combinaisons solides amorphes, et princi- palement en faisant usage du protosulfure de cuivre fondu pour la con- struction de couples thermo-électriques à forte tension. » J'avais observé, à cette époque, que les différents barreaux de sulfure de cuivre obtenus par fusion, à peu près à la même température, ne présen- taient pas des effets semblables; quelques-uns étaient doués d'une force électromotrice énergique; d'autres agissaient beaucoup plus faiblement quoique étant toujours positifs par rapport au cuivre et même à l'antimoine. Ces effets ne devaient provenir que de l'état physique des matières, puisque la composition restait la même. » Les recherches que j'ai faites depuis cette époque, et dont les résultats se trouvent faire le sujet de la première partie de ce travail, montrent que l'on peut donner à tous les barreaux de protosulfure de cuivre à peu près le même pouvoir thermo-électrique; il suffit, une fois préparés, comme je l'ai indiqué précédemment (i), par une seule fusion et à une température ne dépassant pas beaucoup io^o degrés qui est la température de fusion du sulfure, de les soumettre à un recuit qui doit atteindre le rouge sombre et se prolonger pendant plusieurs heures. Ees différences observées prove- (i) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, I. LX, p. 3i3, et t. LXI, p. i46; i865. (2) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. LXI, p. l4>- ( 9^7 ) naient donc d'une espèce de trempe que les barreaux acquéraient au mo- ment de la solidification. » Voici du reste quelques-uns des résultats indiquant la force électro- motrice de couples thermo-électriques formés de barreaux de sulfure de cuivre, terminés par des plaques et fils de maillechort. Un des barreaux indique l'action maximum que j'ai obtenue; l'autre un effet moindre pour les températures inférieures à 3oo degrés, mais donne à peu près l'action moyenne obtenue avec des barreaux plus ou moins recuits. Ces couples sont formés comme on l'a vu dans le travail que je viens de rappeler; l'une des jonctions de ces couples était maintenue à zéro, l'autre portée à la tem- pérature indiquée dans la première colonne. Les températures ont été prises, à différents points de l'échelle thermométrique, à l'aide d'un pyromètre thermo-électrique platine-palladium (i), et les valeurs indiquées dans le tableau ont été déduites de la courbe passant par les points déterminés directement par expérience. Les forces électromotrices sont rapportées à celle d'un couple hydro-électrique à sulfate de cuivre : Tableau n° I. — Couple sulfure de cuivre -maillechort. 1° BARREAU DE SULFURE DE CUIVRE 2° BARREAU DE SULFURE DE CUIVRE DIFFÉRENXE ( action maximum )• {action moyenne . do température -— lui-poivr i des FORCE ÉLECTRO- FORCE ÉLECTR0- T NOMBRE SOMDRE effets produits des celle du couple des éléments RAPPORT cclle du couple des éléments ■nécessaires RAPPORT par extrémités hydro- électrique pour équivaloir do hydro- électrique pour équivaloir de les couples de chaque à sulfate à un couple 1 à T. à sulfate à un couple de sulfate 1 à T. 1 et ï. . couple. de cuivre de cuivre étant 100. de cuivre. étant 100. de cuivre. 100° 3,/,o 29,4 0,034 1 35o C6,6 o,oi5 2,27 200 5>98 ,6,7 o,o3o 3,17 3i ,5 0,016 <,~1 3oo 8,70 1 1 ,5 0.029 6,o3 16,6 0,020 » »44 4 00 12, G3 7>9 o,o3i 1 1 , 1 j 9.° 0,028 1,14 4Go 17,82 5,6 o,o38 16,75 5,9 o,o36 i,o5 5 oo 21,75 4,6 0,0.^4 /' il // // Soo 3S,o6 2,6 o,o48 " " 11 » Avec différents barreaux de sulfure autres que les précédents, entre (1) Études sur la pyrométrie [Annales du Conservatoire des Arts et Métiers, t. IV, p. 697 ; i863). C. F>., 1S66, \** Semestre. (T. LX1I, N° 18.) 126 ( 9^8 ) o et 100 degrés, la force électrotuotrice moyenne varie entre o,oi5 et o,025; mais, comme on le voit sur le tableau, s'il y a inégalité, de o et 3oo degrés, entre les résultats présentés par les barreaux 1 et 2, au delà, les effets deviennent à peu près semblables et la plupart des couples à sulfure de cuivre que j'ai essayés présentent la même force électromotrice. » Il est préférable de s'en tenir aux températures comprises entre 35o et 4°o degrés, ainsi que je l'ai déjà dit dans les premières publications, et en raison de l'altération du sulfure de cuivre; il faut alors io à i5 éléments pour faire, en force électromotrice, l'équivalent d'un élément hydro-élec- trique à sulfate de cuivre; à une température plus élevée, il en faudrait moins. » Cette propriété que possède le sulfure de cuivre fondu, de varier de pouvoir thermo-électrique suivant son degré de recuit, est analogue à celle que l'on a observée depuis longtemps dans les métaux dont le pouvoir thermo-électrique change suivant qu'ils sont plus ou moins écrouis ou recuits; seulement, dans cette circonstance, le changement est beaucoup plus grand, puisque des barreaux de sulfure de cuivre ont augmenté d'ac- tion dans la proportion de i à io et même davantage. Les matières fondues, comme l'antimoine, peuvent présenter aussi un accroissement d'effet, mais bien moindre ; ainsi l'antimoine fondu et coulé dans une lingotière à la température ordinaire, et recuit pendant vingt-quatre heures entre 3oo et 4oo degrés, n'a présenté qu'une augmentation telle, que réuni au cuivre, sa force électromotrice s'était accrue de o,i3 de sa valeur. Le fer, comme on le sait, est dans le même cas ; écroui, il est moins positif que recuit. Le cuivre et L'argent se comportent d'une manière inverse. » Ces changements peuvent peut-être expliquer comment on obtient des effets si inégaux en intensité avec des minéraux naturels de même compo- sition, tels que les oxydes, sulfures, etc., qui ont dû être produits dans des conditions physiques bien différentes les unes des autres. Il serait intéres- sant de soumettre ces matières à un recuit suffisamment prolongé. n Dans la seconde partie de ce travail, j'ai étudié les forces électromo- trices de différents alliages en m'attachant à reconnaître de quelle manière la nature des éléments constituants pouvait influer sur les elfets produits quand ils avaient subi un recuit préalable. Ne pouvant pas, pour chaque alliage, déterminer la force électromotrice à différents points de l'échelle thermométrique, car le nombre des alliages que j'ai essayés est très-consi- dérable, je me suis borné, pour la plupart, à chercher quel est l'effet pro- duit en formant, avec un barreau de chaque matière et des fils de cuivre qui (9%) ont toujours été les mêmes, un couple thermo-électrique dont une des extrémités a été maintenue à ioo degrés, l'autre à zéro. Ce couple était comparé à un couple normal bismuth-cuivre, toujours le même, dont les soudures étaient aussi maintenues l'une à zéro, l'autre à ioo degrés. » J'ai évalué l'intensité du courant obtenu, avec un magnétomètre, en met- tant les deux couples dans le même circuit, successivement dans le même sens et en sens inverse; d'après la somme et la différence des effets, il a été facile de déduire le rapport de la force électromotrice cherchée à celle du couple normal indépendamment de la conductibilité du circuit. Ce dernier couple ayant été comparé à un couple hydro-électrique à sulfate de cuivre, on a pu avoir la force électromotrice de chaque couple thermo-électrique entre o et ioo degrés, par rapport à celle du couple à sulfate de cuivre (i). » Si l'on consulte les tableaux dans lesquels sont rangés les corps d'après leur pouvoir thermo-électrique, non-seulement ceux qui se trouvent dans ce travail, mais encore ceux qui ont été donnés par d'autres expérimentateurs, on ne reconnaît pas de propriétés chimiques ou physiques de ces corps qui puissent rendre raison d'une manière satisfaisante de l'ordre qu'ils pré- sentent les uns par rapport aux autres; cependant, on peut remarquer que les corps les plus positifs sont ceux, comme le tellure, l'antimoine, l'arsenic, dont les oxydes donnent des acides énergiques ; les métaux bons conduc- teurs de l'électricité et de la chaleur n'ont que des pouvoirs thermo-élec- triques peu énergiques, et les corps les plus négatifs ou placés à l'autre extrémité de l'échelle thermo-électrique sont le nickel, le cobalt et le bismuth. » En formant des alliages avec ces substances, on remarque que la réunion de celles d'entre elles qui sont très-voisines dans l'échelle des pouvoirs thermo-électriques ne donne que des matières dont l'effet est peu diffé- rent de celui des substances prises isolément : tels sont les alliages de tellure et d'antimoine, de bismuth et de plomb, de cuivre et d'argent, etc. ; mais si l'on allie des corps comme l'antimoine et le bismuth, l'antimoine et le zinc, qui occupent des positions éloignées et pour ainsi dire opposées dans l'échelle des pouvoirs thermo-électriques, le pouvoir électromoteur, loin d'être neutralisé, est augmenté dans un sens ou dans l'autre. » Pour ne pas multiplier les exemples et ne citer dans cet extrait que (i) Voir Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. LXI, p. l5o; i865. llG.. ( 97° ) les plus remarquables, je dirai que, parmi les métaux qui augmentent le pouvoir électromoteur positif de l'antimoine, on doit placer en tète le cad- mium (fait que j'avais déjà signalé en i865), le zinc ne vient qu'ensuite; le maximum d'effet est obtenu quand les alliages d'antimoine et de cad- mium, ou d'antimoine et de zinc sont faits à équivalents chimiques égaux. On indiquera ci-après les forces électromotrices de quelques-uns de ces alliages. » Les alliages de cadmium donnent une action qui peut aller à près de trois fois celle des combinaisons analogues de zinc lorsqu'on forme avec eux et le cuivre des couples thermo-électriques. Quant aux métaux comme le bismuth, l'étain, le plomb, pris en petite quantité, ils ne font que donner de la solidité aux alliages d'antimoine en diminuant plus ou moins l'intensité des effets produits; le bismuth la diminue beaucoup moins que les autres. » Le corps qui m'a semblé donner au bismuth le plus grand pouvoir thermo-électrique est l'antimoine, quand il se trouve en très-petites propor- tions. Le maximum est obtenu quand il y a environ, en antimoine, -^ du poids du bismuth, c'est-à-dire 9 équivalents de bismuth pour 1 d'antimoine. Cet alliage est très-solide et présente une cassure à grains fins. Il y a avan- tage, comme on le dira plus loin, à s'en servir à la place de bismuth poul- ies piles thermo-électriques. » Ne pouvant rapporter ici que quelques-uns des résultats numériques auxquels je suis parvenu, je me borne à indiquer, dans le tableau ci-après, les forces électromotrices de quelques couples que l'on peut utiliser. Ce tableau est relatif à l'intervalle de température de o à 100 degrés; mais, dans le travail, on a montré comment l'action varie à mesure que la tem- pérature s'élève et s'approche, pour quelques alliages, de leur point de fusion : ( 971 ) Tableau n° 2. COUPLES THERMÛ-ÈLECTRIOTES entre o et 100 degrés. ; Le métal qui précède est positif par rapport à celui qui le suit [1) Tellure Maillechort. (2) Sulfure de cuivre (maximum observé : Maillechort. ruf.i i ÈLECTROMOTRICE, celle du couple hydro-électrique à sulfate de cuivre étant 100. NOMBRE DE COl'PLES thermo-élertriques nécessaires pour être équivalents en force électromotrice à celle d'un couple hydro-électrique à sulfate de cuivre. Antimoine. SoG , Bismuth. 10 (3) Alliacé. J Cadmium G96 J Alliage. , , J I u Antimoine i \ (équivalents égaux) (4) Alliage. Antimoine So6 ' I Cadmium 696 I I Plus jL de bismuth du 1 poids du mélange. , Antimoine SoG ' \ Cadmium 69b' (51 Alliage. ( , . ,, u 1 Plus j^ de bismuth du poids du mélange. Antimoine 806 Zinc qo6 (6) Alliage. ■' (équivalents égaux). Alliage, ( Bismuth.. ( Antimoine Maillechort. j Plus 7— de bismuth du ' poids du mélange. Maillechort. poids du mélange. (7) Antimoine Bismuth. (8) Cuivre Bismuth . B.,121 3.. ',03 a, 761 1,910 ,,.',nfi 0,896 0,533 0,391 2i|,2 36,2 D2, I 1 I ,C lSb,0 25G,o » Les couples (3) à alliage de cadmium seraient éminemment propres pour la construction des piles thermo-électriques destinées à l'étude du rayonnement calorifique, car le tellure est d'un prix tellement élevé, que l'on ne peut songer actuellement à son emploi; mais, comme l'alliage à équivalents égaux de cadmium et d'antimoine est très-cassant, l'addition d'un peu de bismuth {-fo de son poids) le rend solide, et l'on peut alors se servir des couples (4) qui ont une force électromotrice plusieurs fois aussi forte que les couples bismuth-antimoine dont on fait généralement usage (1). (1) L'antimoine et le bismuth destinés à faire des alliages doivent être exempts de métaux étrangers; à défaut de métaux chimiquement purs, on obtient sensiblement les mêmes effets ( 972 ) » J'ai l'honneur de présenter à l'Académie une petite pile thermo-électrique de 3o éléments construite avec ces alliages par M. Ruhmkorff; placée dans les mêmes conditions que les piles thermo-électriques ordinaires bis- muth-antimoine d'un même nombre d'éléments, elle donne, avec les gal- vanomètres, des effets qui sont six à huit fois plus considérables en inten- sité. Ces effets sont même plus forts que ne l'indiqueraient les forces électro- motrices desalliages employés; cela tient à ce que ces derniers sont meilleurs conducteurs que l'antimoine. On pourrait encore aller au delà comme sen- sihilité(i), et je ne doute pas, en raison de la facilité de leur construction, que ces piles ne puissent être très-utilement employées dans l'étude de la chaleur rayonnante. » Pour les piles thermo-électriques à forte tension, on peut avec avan- tage se servir des couples(2), sulfure de cuivre-maillechort, disposées comme je l'ai dit antérieurement dans le travail cité plus haut; mais le sulfure étant peu conducteur, elles ne peuvent être utilisées que dans des circuits résis- tants. Les couples (5) à alliage de cadmium et d'antimoine ont une puis- sance un peu plus de deux fois moindre, mais le point de fusion de l'alliage est tel qu'on ne peut guère dépasser 35o à /Joo degrés. Quant aux couples (6), alliage d'antimoine et de zinc, qui ont été employés et dont on s'est déjà occupé, ils ont un point de fusion un peu plus élevé que les précédents; mais, comme leur force électromotrice est moindre, il faut un plus grand nombre de couples pour produire le même effet. » La compa raison des pouvoirs thermo-électriques des corps, comme, on a pu le voir d'après cet extrait, présente un sujet d'études des plus inté- ressants, en ce qu'elle montre que des changements en apparence très-faibles dans l'état des corps, ainsi que la présence de faibles quantités de matières, modifient profondément leurs propriétés physiques. » en fondant, à pin sieurs reprises, l'antimoine du commerce avec moitié de son poids d'oxyde d'antimoine, les deux matières étant pulvérisées et mélangées. Pour le bismuth, il faut le maintenir en fusion pendant quelque temps avec ^y de son poids de nitrate de potasse. ( i ) On augmenterait la sensibilité en se servant, pour métal positif, de l'alliage de cad- mium et d'antimoine à équivalents chimiques égaux, mais auquel on ajouterait moins de ~ de son poids de bismuth et seulement la quantité nécessaire de ce dernier métal pour que cet alliage put permettre la formation des petits barreaux. Il faut aussi, pendant la fusion, éviter la déperdition du cadmium. (973 ) Note de M. Coste relative aux remarques faites par M. Milne Edwards dans la séance précédente, à l'occasion de ta communication de M. Gerbe. « Notre savant confrère M. Milne Edwards a inséré au Compte rendu de la dernière séance une Note dans laquelle il considère les observations faites par M. Gerbe, sur la circulation des larves des Crustacés marins, comme « s'accordant parfaitement, en tout ce qu'elles ont d'essentiel, avec les » résultats relatifs à la constitution de l'appareil circulatoire et au mode » de circulation du sang chez les Crustacés adultes, présentés à l'Académie » par feu M. Andouin et lui il y a plus de trente-huit ans, et exposés ré- » cemment avec plus de détails par M. Milne Edwards. » » La forme de ces larves est si éloignée de celle de l'animal parfait; leur organisation est encore tellement incomplète, qu'il ne faut pas s'étonner que leur circulation diffère. Dans l'état adulte, le sang, suivant MM. Au- donin et Milne Edwards, passerait tout entier dans l'appareil branchial avant d'arriver au cœur; dans les larves, au contraire, ce fluide arrive directement au coeur sans qu'il en soit passé un seul globule dans les bran- chies, puisque ces branchies n'existent pas. Il ne saurait donc y avoir si- militude entre les faits décrits par M. Gerbe et ceux auxquels notre savant confrère fait allusion. » Quant aux relations qui s'établissent plus tard entre cette circulation embryonnaire et l'appareil branchial futur, c'est une question dont la solu- tion appartient à des observations ultérieures. Je borne là mes remarques sur ce point particulier, afin de ne pas empiéter sur le Rapport de la Com- mission chargée d'examiner les trois Notes de M. Gerbe. » « M. Milxe Edwards répond à M. Coste qu'il n'aurait pas pris la parole si son savant confrère, en rendant compte du travail intéressant de M. Gerbe, n'avait présenté à l'Académie, comme étant des découvertes nouvelles, des choses qui, pour la plupart, étaient connues depuis fort longtemps et sont confirtnatives des résultats auxquels M. Milne Edwards était arrivé, résultats dont M. Cosle n'avait pas parlé. Il s'en réfère d'ailleurs à ce qui est imprimé dans le troisième volume de son ouvrage sur l'anato- mie et la physiologie qui date de 1 858, et il se bornera à citer ici quelques passages de ce livre. Voici en quels termes M. Milne Edwards y expose l'en- semble de ses observations sur la circulation chez les Crustacés : « Le » cœur se trouve suspendu clans un espace libre, qui est limité par une » menihrane délicate et qui a été considéré par quelques anatomistes ( 074 ) » comme étant une oreillette servant à contenir le ventricule, mais qui » n'est en réalité qu'une chambre péricardique. Les canaux branchio-car- » diaqnes y débouchent de chaque coté, et par conséquent le sang se ré- » pand librement dans l'espace compris entre ses parois et la surface du » cœur. Ce dernier organe baigne donc dans le sang, et c'est en passant » par des orifices pratiqués dans ses parois que ce liquide arrive dans la » cavité contractile dont il est creusé. Deux de ces orifices occupent les » côtés du cœur, vis-à-vis la terminaison des canaux branchio-cardiaques; » les autres, au nombre de quatre, sont placés par paires à'sa surface supé- » rieure, et tous sont garnis de valvules bilabiées qui sont disposées de » façon à livrer facilement passage au liquide ambiant quand celui-ci les » pousse de dehors en dedans, mais qui se resserrent et se ferment quand » la pression s'exerce en sens opposé [op. cit., t. III, p. i8'3) Lors de la » systole résultant de la contraction des muscles intrinsèques du cœur, le « liquide ainsi introduit se trouve comprimé, mais il ne peut plus retour- » ner dans le réservoir péricardique, et il s'échappe par les autres ouver- » tures dont le cœur est pourvu. Ces derniers constituent l'entrée du sys- » tème artériel, et leurs bords sont garnis de valvules dont le jeu est » l'inverse de celui des valvules des orifices afférents, car elles permettent » la sortie du liquide mais ne le laissent pas rentrer. A chaque battement » du cœur, une ondée de sang est donc lancée dans le système artériel » (p. 1 85 ) . Suit la description anatomique de cet appareil vasculaire com- posé d'une artère ophthalmique ou céphalique, d'une paire d'artères an- lennaires, d'une artère abdominale, d'une artère sternale, d'artères pê- cheuses, etc.; et, après avoir exposé le mode de distribution du sang dans les diverses parties du corps au moyen de ces vaisseaux ramifiés, l'auteur ajoute que le retour de ce liquide « ne s'effectue pas à l'aide d'un système » de tubes comparables aux artères. Le sang veineux se répand dans les » espaces de forme irrégulière que les divers organes laissent entre eux, et )- c'est en passant par ces lacunes qu'il arrive à l'entrée des canaux afférents » des branchies. Les portions de la cavité abdominale qui sont inoccupées » par les viscères font toujours partie de ce système de méats veineux et » constituent même chez, beaucoup de Crustacés les principaux réservoirs » où ce liquide s'accumule avant de pénétrer dans l'appareil respiratoire » [op. cil.) t. III, p. 191). Dans l'ouvrage cité, M. Milne Edwards passe en- suite à la description des sinus veineux et des canaux qui ramènent le sang dans le sinus péricardique, puis il traite de la circulation chez d'autres Crustacés, et notamment chez diverses espèces qui n'ont pas de branchies et qui respirent par la peau, par exemple chez les Mysis, qui appartiennent ( 975 ) à l'ordre des Décapodes, comme les Langoustes, dont les Phyllosomes sont des larves, mais qui sont abranches comme celles-ci. M. Milne Edwards ajoute qu'il n'existe entre M. Gerbe et lui aucune divergence d'opinion quant au fond des choses, et cpi'il ne doute pas que les observations faites sur les Phyllosomes ne permettent de donner une excellente démonstration du mode de circulation semi-vasculaire et semi-lacunaire qu'il a depuis longtemps constaté chez les Crustacés. La discussion entre M. Coste et lui ne porte que sur les opinions émises par M. Coste, lorsque, dans la dernière séance, remplissant les fonctions de Secrétaire perpétuel, celui-ci avait rendu compte verbalement des observations de M. Gerbe. M. Milne Edwards pense d'ailleurs que pour résoudre la question de prio- rité soulevée de la sorte, il suffira de comparer les extraits présentés ici avec la description de la circulation du sang chez les Phyllosomes insérée dans le dernier cahier des Comptes rendus (voyez p. 932). Il n'insistera donc pas davantage sur ce sujet. » Après la communication de M. Coste et les remarques de M. Milne Edwards, M. Emile Blanchard présente les observations suivantes : « J'ai lu avec beaucoup d'intérêt le Mémoire de M. Gerbe dont j'ap- précie infiniment les recherches; je crois cependant devoir présenter à l'Académie quelques remarques au sujet de la discussion qui vient d'avoir lieu. M. Gerbe a étudié le mode de circulation du sang chez la larve de la Langouste (le Phyllosome), où cette étude n'avait pas encore été faite ; à ce titre le travail de ce naturaliste acquiert, à mon avis, une importance réelle. M. Milne Edwards a rappelé que la description du système artériel et du système veineux lacunaire, publiée en 1828 dans le Mémoire qui lui est commun avec Audouin, est confirmée dans tous les points essentiels par l'étude récente de M. Gerbe sur la larve de la Langouste. J'ai remarqué, au reste, que ce dernier a eu soin d'insister sur ce fait que, dans les Crustacés, dès le moment delà naissance, le cœur et les principales artères sont déjà constitués comme chez les adidtes. » Un fait déjà depuis longtemps acquis à la science, à l'égard de la cir- culation du sang chez tous les Invertébrés pourvus d'un riche système ar- tériel, c'est la manière dont le fluide nourricier tombe des extrémités des artères dans les espaces lacunaires. En s'occupanl des Mollusques, M. Uobin a nommé ces espaces, plus ou moins vaguement délimités, de gros capil- laires, expression donnant une idée assez exacte des parties. C. R., 186G, i« Semestre. (T. LXII, N° 18.) 1 2~] ( 976) » Après les recherches de MM. Audouin et Mdne Edwards, qui datent de 1828, plusieurs travaux sur la circulation du sang chez la plupart des types du groupe des animaux articulés ont montré que les principales dis- positions de l'appareil circulatoire étaient communes, non-seulement aux Crustacés, mais encore aux Arachnides. » Partout, il existe un cœur enveloppé d'un péricarde remplissant la fonction d'oreillette, même chez les Insectes, comme Georges INewport le reconnut il y a vingt-cinq ans. Dans les Arachnides, de même que dans les Crustacés, des artères partent du cœur, allant distribuer le fluide nourri- cier aux différentes parties du corps. J'ai décrit, dans l'étude du Scorpion publiée il y a une dizaine d'années, dans mon ouvrage intitulé : l'Organisa- tion du règne animal (1), de quelle manière le sang s épanchait par les extré- mités des artérioles pour tomber dans les capillaires lacuncux, et être porté ensuite par les canaux veineux aux organes respiratoires. Afin d'obtenir une démonstration du fait, j'introduisais une petite quantité de matière co- lorante dans le cœur d'animaux vivants, et l'observation devenait facile. La description s'accorde ainsi de tous points avec celle qui vient d'être donnée par M. Gerbe pour le Phyllosome. D'un autre coté, à l'époque où l'at- tention des naturalistes était si vivement excitée par d'importantes recher- ches relatives à l'appareil circulatoire des Mollusques, un passage analogue du sang artériel dans les espaces interorganiques a été également bien re- connu (2). » Au sujet de la remarque de M. Coste relative à l'absence d'organes respiratoires particuliers chez les larves des Crustacés étudiées par M. Gerbe, et à la présence de ces organes dans les Crustacés adultes sur lesquels ont porté les expériences de M. M il ne Edwards, je présenterai une simple observation. » Dans la larve de la Langouste, la peau seule évidemment sert à la res- piration. Si l'on parvient à injecter de ces larves, on verra certainement d'admirables réseaux vasculaires répandus dans l'épaisseur de la peau. Lors- que, avec les progrès de l'Age, les branchies se développent, les téguments prenant aussi plus de consistance, il n'est pas douteux que, dans la dispo- sition de l'appareil circulatoire, surviennent des changements secondaires; les réseaux cutanés doivent s'atrophier et le sang se porter presque en totalité vers les branchies. » M. Coste ne regarde pas comme démontré le passage dans les organes (1) Classe Jes Arachnides, p. 84 et suiv., p. 92, etc. (2) Annales des Sciences naturelles, 3* série, t. IX, p. 172-187; 1848, etc. ( 977 ) respiratoires de tout le sang qui revient au cœur. A cet égard, il y a des différences entre les types du groupe des animaux articulés très-appré- ciables. Ces différences déjà signalées, nous permettent de concevoir des idées assez précises sur ce point : ainsi, chez les Arachnides, où le système veineux est plus parfaitement endigué que chez les Crustacés, on peut être assuré que tout le sang veineux passe dans les organes respiratoires avant de se rendre au cœur. Il n'en est sans doute pas tout à fait de même chez les Crustacés, où les trajets veineux et les canaux branchio-cardiaques sont loin d'être aussi bien délimités. » J'ai cru utile de présenter à l'Académie ces observations générales ; mais, je le répète en terminant, je ne veux rien ôter de sa valeur au travail de M. Gerbe qui porte sur un sujet spécial. C'est avec éloge, d'ailleurs, que j'ai cité, en plusieurs circonstances, les recherches de ce naturaliste sur les métamorphoses des Crustacés. » M. Le Verrier présente à l'Académie un volume des Annales de V Obser- vatoire impérial de Paris : le tome X des Observations. Le P. Secchi adresse à l'Académie un exemplaire d'une lecture faite par lui à l'Académie pontificale, sur les taches solaires, et ayant pour titre : Sulla struttura délie macchie solari. NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un nou- veau Membre qui remplira, dans la Section de Géographie et de Naviga- tion, l'une des trois places nouvellement créées par le Décret impérial du 3 janvier 1866. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5G : M. Dupuy de Lôme obtient 52 suffrages. MM. d'Abbadie, Bourgois, Poirel, chacun. ... 1 » Il y a un billet blanc. M. Dcpcy de Lomé, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission chargée de décerner les prix de Médecine et de Chirurgie. MM. Serres, Velpeau, Cloquet, Cl. Bernard, Longet, Rayer, Robin, Coste, Andral, réunissent la majorité des suffrages. 127.. (978) L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la no- mination de la Commission chargée de décerner les prix relatifs aux Arts insalubres. MM. Boussingault, Rayer, Payen, Clievreul, Dumas, réunissent la majo- rité des suffrages. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux purlics transmet à l'Académie une Lettre de M. Roy, de la Nouvelle-Orléans, dont une communication a déjà été adressée par son Ministère, à la date du i4 novembre 1 854- Cette Lettre est relative à un remède auquel l'auteur attribue la propriété de guérir le choléra. Cette Lettre sera renvoyée à la Commission du legs Bréant. Sur la demande de M. Longer, l'un des Membres de la Commission nommée dans la précédente séance pour l'examen des recherches de M. Gebbe sur les larves des Crustacés marins, MM. de Quatrefages et Blan- chard sont adjoints à cette Commission. PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — De l'ichthyopsophose ou des différents phénomènes physiologiques nommés voix des Poissons; par M. Dufossé. (Extrait par l'auteur.) « J'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie la dernière partie d'un Mémoire dont l'ensemble est résumé dans les propositions suivantes : » Première proposition. — L'examen anatomique et l'étude expérimen- tale des propriétés physiologiques de deux muscles propres aux Lyres et aux Malarmats, qui n'ont pas encore été décrits et que je propose de nommer muscles intra-costaux , sont la clef du présent Mémoire. » Deuxième proposition. — Quelques muscles de certains Poissons devien- nent, en se contractant, capables de produire un mouvement vibratoire. » Troisième proposition. — Ce mouvement vibratoire est le principe des sons que font entendre ces Poissons. » Quatrième proposition. — La trépidation ou vibration musculaire n'est pas l'apanage exclusif de l'homme et de quelques Mammifères, elle existe aussi chez d'autres animaux et en particulier chez certains Vertébrés de la quatrième classe. ( 979 ) » Cinquième proposition. — Les sons qu'émettent les Lyres, les Malarmats, les Maigres d'Europe, les Ombrines communes et les Hippocampes à mu- seau court sont volontaires. » Sixième proposition. — Les vibrations musculaires qui , sous forme de frémissements, se manifestent chez les Hippocampes et les jeunes Ombrines quand ces animaux sont incontestablement dans leur état normal, prouvent surabondamment que les frémissements identiques à ces premiers que l'on constate dans les vivisections faites sur des sujets pris parmi les Poissons de nos cinq espèces sont normaux, physiologiques, et ne sont pas dus à une action nerveuse réflexe. » Septième proposition. — Le mécanisme de la formation des sons chez les Lyres, les Malarmats, les Maigres et les Ombrines consiste principa- lement dans le mouvement vibratoire des muscles qui est la cause primitive des sons, et secondairement dans la transmission des vibrations sonores ainsi produites à la vessie qui les renforce. » Huitième proposition. — Une partie des phénomènes acoustiques émis par les Hippocampes résultent de vibrations qui ne sont pas renforcées par la vessie pneumatique. Dans ce dernier cas bien remarquable, la vibration musculaire, sans aucun auxiliaire organique, suffit à la production de bruits expressifs chez un Vertébré. » Neuvième proposition. — La faculté ichthyopsophique a été accordée aux mâles aussi bien qu'aux femelles de nos cinq espèces de Poissons. » Dixième proposition. — Au temps du frai, cette faculté parvient au plus haut point de sa perfection. » Onzième proposition. — En constatant que les Ombrines vivent en troupe et émettent des sons, j'ai complété les documents qui manquaient à Cuvier pour établir que l'individu de l'espèce Umbrina cyrrhosa (Lin.) est le Poisson qu'Aristote nommait Xpw[x<<; ; j'ai donc, d'après l'illustre auteur du Règne animal, complété la solution d'une question historique débattue depuis plusieurs siècles. » C'est aussi dans la vessie pneumatique de l'Ombrine que j'ai décou- vert la troisième membrane vésicale, l'interne proprement dite ou la dia- phragmatique, membrane que j'ai ensuite retrouvée dans les Sciénoïdes de trois espèces européennes. » Douzième proposition. — Les Maigres, par la forme, la grandeur et le jeu de leurs organes producteurs de sons, par l'intensité des vibrations sonores propres à chaque individu, par les imposants phénomènes acous- tiques qu'ils produisent dans leurs rassemblements au temps du frai, méri- (98o) tent seuls le nom d'orgues vivantes. Chez ces Sciénoïdes, l'entrelacement des ramifications tubuletises de la vessie avec les faisceaux charnus des muscles voisins constitue un instrument physiologique et musical dont le type n'existe chez aucun autre animal de la même classe habitant les mers d'Europe. Les Maigres enfin, dont la grande taille ajoute un attrait de plus aux sin- gularités qui les distinguent, doivent donc être considérés par les zoolo- gistes comme des spécimens ichthyopsoplùques des plus intéressants, et seront désormais regardés, à bon droit, par les gens du monde, comme les Poissons européens les plus extraordinaires. Conclusions générales. » i° L'anatomie, la physiologie et l'histoire des mœurs des animaux s'accordent pour prouver que la nature n'a pas refusé à tous les Poissons le don d'exprimer par des sons leurs sensations instinctives, mais qu'elle n'a pas conservé chez ces êtres l'unité de mécanisme dans la formation des vibrations sonores, comme elle l'a fait dans les trois premières classes des Vertébrés. Elle a eu recours, dans l'organisme des Poissons, au moins à trois mécanismes essentiellement différents les uns des autres et dont la valeur physiologique va se dégradant. Plusieurs espèces, qu'elle a le plus favorisées, ont reçu d'elle le pouvoir d'émettre des sons connnensurables, musicaux, engendrés par un mécanisme dans lequel la vibration muscu- laire est le principal moteur; elle a, de plus, doué d'autres espèces de la faculté de donner naissance à des bruits de souffle analogues à ceux que font entendre plusieurs Reptiles, et n'a enfin accordé à d'autres espèces que les moyens de former des bruits de stridulation résultant d'un mécanisme grossier qu'on retrouve chez bon nombre d'Insectes. » 2° Ce serait méconnaître la définition physiologique du mot voix (i) que de désigner par ce mot les bruits si différents les uns des autres, ainsi que les sons commensurables que produisent les Poissons au moyen de trois mécanismes organiques qui n'ont entre eux aucune ressemblance. Je propose donc de nommer iclith) opsopliose ÇiyQuoç, de poisson; ^o^oç, bruit, son) l'ensemble de ces phénomènes acoustiques, et de donner également à ce mot le sens collectif de bruits et de sons expressifs des Poissons. >• M. DrpossÉ, en adressant à l'Académie l'extrait qui précède, prie M. le (i) Voir Aristotf.lis de animations Historiœ, édition Diderot, liv. IV, ebap. ix, p. 71, et tous les principaux Traites de physiologie. (9»i ) Président de vouloir bien ouvrir : i° le pli cacheté déposé le 17 juillet 1 865, inscrit sous le n° 229,3, qui contient le manuscrit du premier chapitre de cette seconde partie de son travail sur richlhyopsophose; 20 le pli cacheté déposé le 18 janvier i864» et inscrit sous le n° 2181 ; 3° le pli cacheté déposé le 27 janvier 1864, et inscrit sous le n° 221 5. Ces divers documents, conformément au désir de l'auteur, seront ren- voyés à la Commission précédemment nommée pour examiner ses travaux. Cette Commission, nommée en j858, étant maintenant réduite à deux Membres, MM. de Quatrefages et Longet sont désignés pour en faire partie : elle se composera donc de MM. Coste, de Quatrefages, Claude Bernard, Longet. Enfin M. Dufossé demande et obtient l'autorisation de retirer le pli cacheté inscrit sous le n° 2807. HYDRAULIQUE. — Expériences sur les vitesses des ondes de diverses espèces dans les canaux et sur le mouvement de quelques images à la swjace de ces ondes; par M. de Caligny. (Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Piobert, Combes.) « J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie une Note puhliée dans le Compte rendu de la séance du 4 janvier 1864, ayant pour objet des expé- riences sur les ondes, dont celle-ci est le complément. J'y ai donné les dimensions d'un canal dont la profondeur d'eau était de 1 mètre, et où je produisais des ondes au moyen des balancements d'un bateau de 6 mètres de long. Il n'est pas nécessaire, pour produire des ondes courantes s'éten- dant comme une barre sensiblement rectiligne d'une rive à l'autre de ce canal et perpendiculaire à son axe, que la longueur du bateau soit elle- même perpendiculaire à cet axe. Il est même quelquefois plus commode d'attacher le bateau par une chaîne à une extrémité du canal, sa longueur étant sur l'axe de ce dernier, parce qu'après avoir produit les ondes en s'appuyaut alternativement de chaque côté du bateau, il élait plus facile de se précipiter sur le. rivage pour suivre à la course les ondes qu'il s'agissait d'étudier. Je faisais surtout mes observations sur la moitié de la longueur de la partie du canal où la vue était arrêtée par un pont, c'est-à-dire sur 4om,8o à partir de ce pont, et je comptais les intumescences sur cette dernière longueur. Après bien des tentatives pour lesquelles j'ai fini par me faire aider, on en a trouvé dix-sept en nombre rond sur la partie dont il ( 98* ) s'agit, de sorte que chacune des ondes avait une longueur d'environ deux fois et demie la profondeur de l'eau. Leur vitesse paraissait sensiblement uniforme; elle était beaucoup plus grande que celle des ondes qui les sui- vaient un certain temps après que les balancements du bateau étaient ar- rêtés. Ces dernières ondes, beaucoup plus petites, peuvent être suivies au pas ordinaire, la vitesse des premières étant à peu près double. » Ce que je viens de dire a seulement pour but de fixer les idées sur ce que le rapport de la longueur des grandes ondes à la profondeur du canal était bien moindre que dans le canal factice en planches, dont la section était un trapèze un peu variable, sur les détails duquel il est inutile de s'étendre ici pour l'objet de cette Note. J'ai fait, sur ce canal, des expé- riences dont j'ai présenté quelques-unes à l'Académie, et où la longueur de chacune des ondes courantes était assez sensiblement de \ mètre, du moins vers l'origine de la première partie du canal, où la profondeur d'eau variait de 1 1 à i 2 centimètres sur une longueur de [\i mètres, sauf quel- ques petites planches de 1 centimètre de haut, de 4 mètres en 4 mètres. Il y a lieu de croire, la longueur de chaque onde courante étant environ deux fois et demie seulement la profondeur de l'eau dans le grand canal, que le mouvement se propageait relativement d'une manière moins sensible jus- qu'au fond de l'eau dans le grand canal que dans le petit, où j'avais pu observer, pour, la hauteur d'eau précitée et pour une hauteur d'eau à peu près double, que les ondes courantes avaient sensiblement la même vitesse qu'une onde solitaire de même hauteur, bien entendu pour chaque pro- fondeur d'eau, dans les circonstances exposées dans ma Note précitée de 1864. » Mais, dans le grand canal, je n'ai eu jusqu'à présent à ma disposition aucun moyen de produire une onde solitaire de hauteur comparable à celle des grandes ondes courantes dont j'ai parlé. Je n'ai donc pu que calculer la vitesse qu'aurait eue cette onde solitaire si j'avais pu la produire, afin de la comparer à celle des ondes courantes. Il est moins facile qu'on ne le croit, surtout pour un seul observateur, de mesurer cette dernière vitesse. On sait d'ailleurs combien il est difficile de ne pas confondre, dans une série d'ondes courantes, une oncle avec celle qui la précède ou qui la suit. J'ai d'abord essayé, en me tenant à une extrémité du canal, après avoir imprimé des mouvements de balancement au bateau, d'observer à une grande dis- tance, en temps calme, l'instant où les images des objets environnants indi- quaient l'arrivée de l'ondulation. Il en résulta d'abord que je ne crus devoir noter aucune différence assez sensible entre la vitesse des ondes ( 983 ) courantes et celle d'une onde solitaire qui aurait eu la même hauteur. Mais il y a, clans ce mode d'observation, une chance d'erreur provenant notam- ment de ce qu'il est difficile de ne pas imprimer involontairement au ba- teau quelques mouvements préliminaires; de sorte que la vitesse des ondes peut sembler plus grande qu'elle ne l'est réellement. Le moyen de mesurer cette vitesse, qui m'a semblé provisoirement le plus pratique, est de les suivre à la course. On conçoit que cela exige un certain apprentissage, même pour des vitesses aussi modérées; il faut, autant que possible, une suite de sauts cadencés que l'on parvient, à force de patience, à coordon- ner au mouvement des images des corps environnants. » J'ai au moins pu constater que ces ondes courantes allaient bien moins vite qu'une onde solitaire qui aurait eu la même hauteur. Mais leur longueur était bien moindre que celle qu'aurait eue sans doute cette onde solitaire. Il est probable que la longueur trouvée était bien la véritable; car la somme des longueurs d'une onde déprimée et d'une onde élevée dif- férerait assez peu du double de la plus grande largeur du bateau dont les balancements les ont engendrées. Il est rationnel de penser que le mouve- ment s'étend à une profondeur moindre que pour l'onde solitaire. Ces observations viennent d'ailleurs à l'appui des prévisions d'après lesquelles les géomètres ont annoncé que la vitesse des oncles est fonction de la pro- fondeur à laquelle leur mouvement peut atteindre. » Le long du grand canal s'élève, parallèlement à son axe, un mur ver- tical, garni d'un treillage régulier, formé de lattes en bois composant des carrés dont les côtés sont tous horizontaux ou. verticaux. Quand les oncles, observées à une certaine distance de l'origine, passent devant un point donné, les lattes verticales, si l'on regarde leurs images dans l'eau, semblent agitées comme une corde en ondulation. Lorsqu'on regarde du côté de la direction apparente des vagues, il semble que l'ondulation de cette corde s'élève du fond de l'eau. Quand on regarde de l'autre, elle paraît au con- traire descendre. Enfin, si l'on regarde perpendiculairement à l'axe du canal, ces ondulations apparentes ne montent ni ne descendent; le mou- vement apparent de corde ondulée des lattes horizontales dans l'eau est bien dans le même sens que le mouvement apparent des oncles courantes. Cela est très-commode pour observer rigoureusement le changement de sens de celles-ci, car on voit changer en même temps le sens du mouve- ment apparent de ces espèces de cordes ondulées. Quant au sommet du mur de hauteur constante dont l'image est bien tranchée sur l'eau tran- C. R., 1866, 1" Semestre. (T. LXII, N° i8.) ' 2^ (9^4) quille, il est très-commode de s'en servir pour contrôler les observations sur les ondes courantes, qui, lorsqu'elles sont assez fortes, donnent aux limites de cette image des formes comparables à celles d'une espèce de scie à dents courbes; c'est en suivant de l'œil ces formes très-faciles à observer, qu'on parvient avec moins de difficulté à suivre ces ondes à la course. » Je crois intéressant de terminer cette Note par quelques détails numé- riques sur les déplacements observés dans le petit canal de 77 mètres de long. » Une suite de pentes douces avait été disposée dans les 35 derniers mètres, de manière qu'à la fin la profondeur était nulle, et que les ondes venaient expirer le long de cette espèce de plage très-inclinée, sans revenir sensiblement en arrière. Je produisais ordinairement à l'autre extrémité du canal /joo ondes, dont 90 par minute, au moyen d'un mouvement de va-et- vient vertical, s'élendant bien sur toute la largeur. Ainsi que je l'ai déjà dit, les déplacements définitifs étaient insensibles à une grande distance de l'origine. De 4 mètres en 4 mètres étaient des points de repère, près des- quels on avait posé, sur l'axe du canal, des brins d'herbe servant de flot- teurs. Après le passage de 4oo ondes, je veux dire après 4°° périodes, 4 mètres ont été parcourus à la surface de l'eau par le flotteur posé près du premier point de repère. » Pendant un même temps qui n'a pas été noté, mais que l'on peut calculer, le flotteur posé près du premier point de repère n'a parcouru que 3 mètres; le suivant n'a parcouru que ira,5o; le troisième n'a parcouru que 60 centimètres; le quatrième, i$ centimètres; le cinquième, 20 centi- mètres; le sixième et le septième, chacun 10 centimètres. Les déplacements des deux suivants ne furent pas assez exactement notés. Le dixième par- courut encore 10 centimètres; le onzième, ^5 millimètres seulement : les déplacements devenant de plus en plus petits ne pouvaient plus être assez facilement notés; enfin, les déplacements observés beaucoup plus loin finirent par devenir trop peu sensibles pour qu'on fût certain de leur exis- tence. Dans le canal dont je viens de parler, où l'eau avait une petite pro- fondeur, les déplacements étaient beaucoup plus faciles à constater à la surface que sur le fond, où je disposais des grains de raisin aussi sphériques que possible, mais offrant toujours des causes de résistance passive. Ce- pendant j'ai pu remarquer sur le fond un recul définitif de 4 mètres à l'origine du canal, après un nombre suffisant de périodes. Puisqu'à de très- grandes distances de cette origine on n'observait plus sensiblement ni mouvement de progression définitif à la surface, ni mouvement de recul (985 ) définitif au fond de l'eau, j'ai cru pouvoir en conclure une compensation assez sensible dans les effets de ces déplacements pour l'ensemble des ré- gions plus voisines de l'origine, pendant la durée de cette expérience. » ZOOLOGIE. — Elude sur les Bryozoaires perforants de la famille des Térébri- porides. Note de M. P. Fischer, présentée par M. d'Archiac. (Commissaires : MM. Milne Edwards, de Quatrefages, Blanchard.) « La présence d'animaux perforants a été constatée dans presque toutes les classes d'Invertébrés : Mollusques, Annélides, Echinodermes, Spon- giaires, etc. ; le règne végétal nous offre également des exemples de Proto- phytes creusant leur demeure dans le test des coquilles et dans les pierres. » La perforation , et par suite la destruction des corps perforés, sont donc les effets d'une grande loi de la nature. A côté des êtres qui accu- mulent des masses de Polypiers calcaires, de ceux dont les coquilles jon- chent nos rivages et couvrent le fond des mers, la nature a placé d'autres organismes plus petits, mais non moins puissants dans leurs effets, et qui restituent à l'Océan les éléments qui lui avaient été soustraits. » Chez les Bryozoaires, l'existence de cellules perforantes est un fait presque nouveau ; on savait seulement cpie quelques Lepralia et Cellepora altéraient légèrement la surface des coquilles sur lesquelles elles se fixaient ; mais, avant la découverte d'Alcide d'Orbigny, personne ne les avait vues logées à l'intérieur même du test des coquilles. » Les agents de la perforation nous sont encore inconnus ; nous n'avons pu découvrir de corpuscules siliceux dans les excavations des Térébripores, circonstance qui suffirait seule à les distinguer des Spongiaires perforants [Cliona, Thoosa), si leur organisation n'était pas infiniment supérieure. Jus- qu'à plus ample informé, nous admettrons donc que la perforation est due à une action chimique. » Dès le début de ce travail, nous y signalerons une lacune importante; nous n'avons pu étudier les animaux dont les habitations sont décrites. Pour notre excuse nous dirons qu'il est déjà très-difficile de se douter de la pré- sence de leurs excavations, et que les cellules de la Térébripore vivante, sur les côtes de France, ont à peine -~ de millimètre de longueur. » La classification systématique de nos Bryozoaires est donc fondée sur la forme de leurs cellules, leur groupement et leur développement, carac- tères qui suffisent pour les faire connaître. » Le genre Terebripora a été institué par A. d'Orbigny pour deux Bryo- 128.. ( 986 ) zoaires recueillis pendant son voyage dans l'Amérique méridionale, l'un sur les côtes du Pérou, l'autre aux îles Malouines. » D'Orbigny faisait remarquer que ce genre diffère de tous les autres de sa classe par ses cellules creusées dans le test même des coquilles, dont la disposition est d'ailleurs identique et le mode de reproduction sem- blables à ceux des Hippothoa. » Depuis la publication que nous venons de rappeler, aucun auteur n'a parlé des Térébripores. » Les recherches que j'ai entreprises sur les Spongiaires perforants à l'état fossile m'avaient permis incidemment de constater combien les Térébri- pores sont répandues dans les couches secondaires et tertiaires. J'en avais reconnu quatre ou cinq espèces dans les premières et autant dans les secondes. Leur présence dans les couches tertiaires moyennes et supé- rieures de la Touraine et de l'Astésan me donnait l'espoir que ce genre n'était peut-être pas éteint dans nos mers d'Europe, lorsqu'en sep- tembre 1 865 je recueillis, dans le bassin d'Arcachon (Gironde), une Huître perforée par une colonie de Térébripores. La même espèce se retrouve dans la Méditerranée. » Il est facile de rectifier, d'après l'examen de cet exemplaire, quelques détails inexacts donnés par d'Orbigny, qui avait représenté les ouvertures des cellules comme rondes, tandis qu'elles sont munies d'une entaille plus ou moins longue, caractère qui a une très-grande importance pour la clas- sification systématique des Bryozoaires. « Outre la Térébripore, j'ai trouvé, sur les côtes de la Gironde et de la Charente-Inférieure, un Bryozoaire appartenant à la même famille et ayant les mêmes mœurs; mais il en diffère par ses cellules alternantes et portées sur des axes alternes; il laisse dans les coquilles des empreintes élégantes qui ressemblent aux arborisations des Sertulaires ; je propose de le nom- mer Spathipora. » Les Spathipores vivantes ne sont pas nombreuses; je n'en connais que deux espèces : l'une de nos côtes de France et de la Méditerranée, l'autre de l'océan Pacifique ; mais la première ne diffère pas sensiblement d'un Bryozoaire qui a criblé de ses colonies les coquilles des faluns de la Tou- raine. » En résumé, les Térébripores et les Spathipores constituent un groupe très-naturel et probablement très-nombreux en espèces ; l'intérêt qu'il pré- sente s'accroît par les preuves de son existence durant toute la série des dépôts secondaires et tertiaires. Je classe la famille des Térébriporides dans (987 ) l'ordre des Bryozoaires cheilostomes, à côté des Hippothoïdœ. Cette dernière famille est composée des véritables Hippothoa {H. divaricata, Patagonica, elc.) et du nouveau genre Cercaripora (Fischer), institué pour les OElea truncqta, iujulala, argillacea, etc. » OPTIQUE MINÉRALOGIQUE. — Nouvelles recherches sur les propriétés optiques des cristaux naturels ou artificiels et sur les variations (pie ces propriétés éprouvent sous l'influence de la chaleur; par M. Des Cloizeaux. [Troisième Mémoire, présenté par M. Fizeau. (Extrait par l'auteur.)] (Commissaires : MM. Delafosse, Ch. Sainte-Claire Deville, Fizeau.) « Les nouvelles observations, dont j'ai l'honneur de présenter le résumé très-succinct à l'Académie, font suite à celles dont j'ai déjà eu l'occasion de l'entretenir plusieurs fois. » Les principales substances dont le système cristallin, inconnu ou in- certain jusqu'à ce jour, a pu être déterminé par l'intervention des phéno- mènes optiques, sont : dans le système rhomboédrique, la (achydrite de Stassfnrt, où l'on avait seulement constaté l'existence de deux clivages; dans le système rhombique, {'acide molybdique, Y Adamine, nouvel arséniate de zinc, isomorphe de l'olivénite ; la Carnallite de Stassfurt et la polybasite_, regardées jusqu'ici comme hexagonales; dans le système clinorhombique, Yamphibole anthophyllite, variété dimorphe de l'antliophyllite rbombique; V azotate cérico-ainmonique , le corundophilile, variété de clinochlore ; Vhy- drargillite, considérée naguère comme hexagonale; le prussiate rouge de po- tasse, sur la forme duquel on avait toujours été en désaccord; la Scheffe'rite de Michaelson, qui n'est qu'un pyroxènc manganésifère, et la triplite, qui ne possède en réalité que deux des trois clivages rectangulaires qu'on lui attribue généralement ; dans le système triclinique, la prosopite décrite par M. Scbeerer comme clinorhombique, et la Tankile, pseudomorphe de l'an- orthite. « Parmi les substances cubiques, j'ai reconnu que la boracite, sur la forme de laquelle quelques observateurs avaient émis des doutes par suite des phénomènes de double réfraction qu'on y a constatés, se composait en réa- lité d'une masse principale monoréfringente traversée par des lamelles bi- réfringentes assez régulièrement groupées et appartenant à la parasite de M. Volger. » La Senarmontite, qui présente, avec moins de netteté, des phénomènes (988) analogues à ceux de la boracite, doit peut-être leur manifestation à la pré- sence de lamelles d'acide arsénieux rhombique. » Les modifications que la chaleur apporte aux propriétés optiques bi- réfringentes peuvent être facilement étudiées, sur les plus petites lamelles cristallines, à l'aide d'une étuve que j'ai ajoutée au microscope de Norren- berg disposé horizontalement, et qui a été décrite en i86/j dans les Annales des Mines (6e série, t. VI). » Les résultats les plus remarquables de cette étude sont les suivants : » i° La chaleur paraît sans aucune action sur les phénomènes optiques des cristaux uniaxes qui, par suite de groupements à axes imparfaitement parallèles ou d'une constitution irrégulière, offrent en quelques-unes de leurs plages, dans la lumière polarisée convergente, une croix disloquée dont les branches se rapprochent beaucoup des hyperboles d'un cristal à deux axes très-rapprochés. Ainsi, un écartement de 8 à i5 degrés constaté entre les branches d'une croix disloquée, sur des cristaux d'anatase, d'apo- phyllite, de béryl, de corindon, d'idocrase, de mellite, de pennine, de Schéelite, de tourmaline, de zircon, est resté sans changement appréciable à des températures qui ont varié entre io et 190 degrés centigrades. Par conséquent, lorsqu'un cristal de forme douteuse présente au microscope polarisant des plages à axes réunis et des plages à axes séparés, si les an- neaux présentent des solutions de continuité, et si les branches de la croix disloquée conservent leur position à toutes les températures, on a, non pas la certitude, mais au moins une forte présomption que le cristal est réel- lement uniaxe. » 20 Un changement de température modifie en général l'écartement des axes optiques dans les cristaux biaxes; or, cet écartement étant lié à la valeur des trois indices principaux du cristal, il paraît naturel de croire que chacun d'eux est modifié en même temps, mais d'une manière inégale; cependant l'expérience directe ne nous a encore rien appris à cet égard. La modification est plus ou moins considérable, et l'on ne voit pas jusqu'ici qu'elle soit en rapport constant avec d'autres propriétés optiques des cristaux. » Sur 72 substances appartenant au système rhombique que j'ai sou- mises à des températures comprises entre 10 et 200 degrés c, j'ai ob- servé : » 19 déplacements des axes optiques forts ou notables, accompagnant une dispersion forte ou notable ; (989) » io déplacements faibles, avec une dispersion forte ou notable; » 4 déplacements inappréciables, avec une dispersion notable ; » 10 déplacements forts ou notables, avec une dispersion faible; » 12 déplacements faibles, avec une dispersion faible ou presque nulle; » 17 déplacements inappréciables ou incertains, avec une dispersion très-faible ou presque nulle. » Parmi les corps qui éprouvent la plus grande variation dans l'angle apparent de leurs axes optiques, je citerai : » L'autunite (diminution de G0 47' entre 20 et 90 degrés c); la barytine (augmentation de ii° 17' entre )5 et 200 degrés c); la calamine (diminu- tion de 8° 49' entre 12 et 125 degrés c); la célestine (augmentation de G0 4 l'entre 10 et io5 degrés c.) ; l'euchroïte (diminution de 5° 3' entre 20 et 90 degrés c); le formiate de chaux (augmentation de 4° 5G' entre 18 et 60 degrés); la leadliillite (diminution de i6°5o' entre i5 et 180 de- grés c); le sel de Seignelte potassique (augmentation de i5°5o' entre 17 et 70 degrés c); la Struvite (augmentation de io° 1' entre 10 et 100 de- grés c). b Parmi les corps qui offrent les changements les plus faibles, on peut noter : l'aragonite, les micas, la Karsténite, où l'angle apparent des axes a été trouvé le même à 10 et à 175 degrés c, et la Thomsonite. » Si l'on en excepte la Zoïsite, aucune des substances nouvellement exa- minées n'a pu être chauffée à une température suffisante pour y rechercher des modifications permanentes semblables à celles que j'ai découvertes dans la Brookite, la cymophane et l'orthose, et que j'ai eu l'honneur de commu- niquer à l'Académie dans sa séance du 27 octobre i8G2. » 11 va sans dire que dans tous les cristaux à trois axes cristallographi- ques restangulaires, les bissectrices des angles aigu et obtus que les axes optiques font entre eux étant les mêmes pour toutes les couleurs du spectre et coïncidant toujours avec un des axes cristallograpliiques, cette coïnci- dence ne peut être influencée par la chaleur. » 3° Dans les cristaux du système clinorhombique, non-seulement l'an- gle des axes optiques varie avec la température, mais il en est généralement de même pour l'orientation du plan qui les contient, lorsque ce plan n'est pas parallèle au plan de symétrie, ou pour celle de leurs bissectrices quand le parallélisme existe entre les deux plans. » M. Neumann avait constaté, dès 1 835, qu'en chauffant de 10 à 100 de- grés c. une lame de gypse normale à la bissectrice de l'angle aigu des axes optiques, ces axes se rapprochaient l'un de l'autre avec des vitesses iné- ( 99° ) gales, ce qui entraînait le déplacement de leur bissectrice. J'ai reconnu de mon côté que c'était là un phénomène presque général, et que sur 22 cris- taux à axes optiques situés dans un plan parallèle au plan de symétrie, chauffés entre i5 et 200 degrés c. : » 11 offrent un déplacement notable de leur bissectrice, avec une modi- fication plus ou moins forte dans l'écartement de leurs axes, les plus remar- quables étant V azotate d'ammoniaque et de lanthane, \ecldinocliloie,\e diopside, Yeuclase, V hrdrargillite, le sucre de canne et le tartrate d'ammoniaque; » G offrent un déplacement de la bissectrice faible ou à peine appré- ciable; » 5 restent à peu près sans changement. » Cinq cristaux, ayant leurs axes optiques, correspondant aux diverses couleurs du spectre, ouverts dans des plans parallèles à la diagonale hori- zontale de la base et les bissectrices de l'augle aigu normales à cette ligne, ont été cbauffés de i5 à 170 degrés, sans qu'il se soit manifesté le moindre déplacement dans les plans qui contiennent les axes, ou la moindre modifi- cation dans la dispersion horizontale. » Sur onze cristaux, dont les axes optiques sont encore compris dans des plans parallèles à la diagonale horizontale, mais dont la bissectrice aiijuë est parallèle à cette ligne, pour les axes de toutes couleurs : » 4 manifestent dans l'orientation des plans où s'ouvrent leurs axes, entre i5 et i5o degrés c, une rotation de plusieurs degrés (le borax et la Brewstérite sont les plus remarquables sous ce rapport); » 7 n'éprouvent qu'une rotation à peine appréciable du plan de leurs axes optiques, tout en offrant pour ces axes un rapprochement ou un écar- tement plus ou moins notable. » Des observations précédentes il résulte que dans certains cas on pourra utiliser l'action de la chaleur pour séparer optiquement des corps de forme douteuse et très-voisins par leurs caractères physiques ou chimiques; la pennine uniaxe, par exemple, se distinguera immédiatement du clinochlorc vert avec lequel elle offre la plus grande ressemblance; il en sera de même pour la Kàmmerérite et la Kotschubéite (clinochlorc violet de l'Oural ). » 4" Les cinq cristaux dérivant du prisme doublement oblique que j'ai pu examiner à des températures comprises entre i5 et 176 degrés c. (albite, amblygonite, axinite, disthène, sassoline) n'éprouvent, dans l'écar- tement de leurs axes optiques et l'orientation des plans qui les renferment, que des modifications à peine appréciables. » ( 99' ) GÉODÉSIE. — Sur la rectification delà lunette zénithale; par M. A. Sekvier. (Commissaires: MM. Laugier, Faye.) « La détermination de la latitude d'un lieu, au moyen d'une lunette dirigée exactement sur le zénith, se réduit à mesurer avec un micromètre, au moment de leur culmination, les distances, suivant le méridien, des étoiles qui passent dans le champ de la lunette, au centre optique qui cor- respond au zénith. Les déclinaisons de ces étoiles, en général télescopiqties, se trouveront dans les catalogues ou seront demandées aux observatoires. Ce mode d'observation, simple, rapide et précis, n'a pu être employé jus- qu'à présent par la difficulté d'installer convenablement la lunette. M. Faye a proposé récemment de la mettre horizontale, et de renvoyer les rayons émanés du zénith au moyen d'un prisme droit. Mais les moyens indiqués pour installer la lunette et le prisme laissent à désirer. La présente Note a pour objet de proposer un mode d'installation simple et pratique. » Précisons d'abord les conditions qui doivent être remplies. » L'axe de la lunette dirigé suivant le méridien doit être parfaitement horizontal. Le plan réflecteur doit être perpendiculaire au plan vertical méridien et incliné à 45 degrés. Il faut de plus que l'on puisse s'assurer à tout instant que ni la lunette ni le réflecteur n'ont éprouvé aucun déran- gement. » Supposons que la lunette d'observation A, dirigée dans le méridien, ait été mise exactement horizontale en faisant coïncider l'image de la croisée des fils, renvoyée vers le nadir par un plan réflecteur à 45 degrés, et réflé- chie par un bain de mercure, avec l'image directe. » On place une lunette de repère B vis-à-vis de la première, en enlevant le miroir, et on fait coïncider les deux axes. L'axe optique de B est alors ho- rizontal comme celui de A. Si le réflecteur consiste en une lame de métal ou de cristal argenté, dont les deux faces soient parfaitement planes et exacte- ment parallèles l'une à l'autre, en plaçant le réflecteur dans une position telle, que l'image de la croisée des fils de B réfléchie par le mercure coïn- cide avec l'image directe, la face réfléchissante sera inclinée à 45 degrés vers le nadir, et la face opposée qui lui est parallèle sera exactement inclinée de 45 degrés vers le zénith. Si les deux faces du miroir ne sont pas exactement parallèles, on peut du moins obtenir de l'artiste que l'angle des deux plans soit très- petit, et nous aurons dans l'appareil le moyen de le mesurer avec C. R., 1866, i" Semestre. (T. LXII, N° 18.) I 29 ( 992 ) une extrême précision, et d'avoir par suite la correction à appliquer aux distances zénithales observées. » En pratiquant au centre de la plaque une ouverture de i à 2 centi- mètres de diamètre, on pourra s'assurer continuellement que les axes opti- ques coïncident, et, au moyen de la réflexion sur le mercure, que l'horizon- talité de B n'a pas varié. >' La lunette zénithale, devant servir à observer de très-petites étoiles, doit être d'une grande puissance. Porro en avait construit une pour le Dépôt de la Guerre, qui devait être placée verticalement et surmontée d'une capsule transparente. Ce moyen fort ingénieux a présenté de telles difficultés dans la pratique, qu'on a dû y renoncer. Cette lunette est dans les magasins du Dépôt, et pourrait être employée avec peu de changements. » Cette lunette a 2 mètres de longueur. L'objectif, de 1 décimètre de dia- mètre, a im,8o de longueur focale. Il y a un réticule de l\o fils de latitude, espacés d'environ 1 minutes, et 3 fils méridiens. La distance des fils est étu- diée avec un grand soin. Un micromètre à vis sert à mesurer la distance de l'étoile au fil de latitude le plus voisin. On peut observer des étoiles à plus de 4- degré au nord et au sud du zénith. » La lunette B d'épreuve, outre les deux fils en croix, est armée d'un fil mobile horizontal que l'on peut amener dans toute l'étendue du champ de la lunette. Le réflecteur, formé, comme nous l'avons dit, d'une plaque de cristal à faces sensiblement parallèles, aura une monture qui donnera les moyens de la placer en azimut et. en inclinaison dans telle position qu'on voudra. Si on met le réflecteur vis-à-vis de A dans une position à peu près verticale (l'axe de A étant d'ailleurs horizontal), quand la croisée des fils réfléchie par le réflecteur coïncidera avec l'image directe, la face réfléchis- sante sera verticale, et, si elle est parfaitement plane, cette coïncidence conti- nuera d'avoir lieu en faisant tourner la plaque autour d'un axe perpendicu- laire. Avec la lunette B et la face réfléchissante devant l'objectif de B, on verra si les deux faces de la plaque sont parallèles; si elles ne le sont pas, on trou- vera deux positions pour lesquelles, la coïncidence des images directe et réfléchie de A ayant lieu, l'image réfléchie de la croisée de B se trouvera au-dessus ou au-dessous du centre. Alors l'intersection des deux faces du réflecteur est horizontale, et ces deux faces sont perpendiculaires au plan vertical méridien. Amenons maintenant la face vis-à-vis de B à la verticalité. L'image réfléchie deAsurla face réfléchissante qui lui est opposée viendra se peindre dans la lunette à une distance qui sera facilement évaluée au moyen des fils et de la lecture du micromètre. Cette distance est le double (993 ) de l'angle a du cristal, et est en totalité la correction à appliquer aux dis- tances zénithales observées, lorsque la face vis-à-vis de B est inclinée à 45 degrés, et celle vis-à-vis de A à 45 degrés -4- a. » On peut aussi placer le fil mobile de A à cette distance, puis amener le fil mobile de B à correspondre avec le fil mobile de A. Alors, en faisant coïncider l'image réfléchie de cette croisée de fds auxiliaires dans le mer- cure avec l'image directe, la face réfléchissante vers B sera inclinée de 45 degrés -+- a, et la face vers A sera exactement à 45 degrés. » On peut se dispenser de mesurer l'angle des deux faces de la plaque. En la retournant bout par bout, la déviation sera en sens contraire de la première position, et la moyenne des distances zénithales observées pour une étoile sera la distance zénithale exacte. » Avec un cercle répétiteur, on pourrait, d'une manière analogue, avec la réflexion sur le mercure, la réflexion sur la face du cristal, et en visant sur le centre optique de A, obtenir avec une extrême précision l'angle d'un cristal quelconque, d'où l'observation d'étoiles éloignées du zénith, » ASTRONOMIE. — Mémoire sur les étoiles filantes et la théorie cosmique; pur M. Cuapelas-Coulvier-Gravier. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi aux Commissaires précédemment nommés : MM. Babinel, Begnault, Faye, Delaunay.) « Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, et dont j'extrais ces quelques passages, j'ai établi tout d'abord d'une manière bien caractérisée la différence qui existe entre l'observation des phénomènes astronomiques et l'observation des phénomènes météorologiques. D'où j'ai conclu que la condition première que doit remplir l'observateur, pour être en mesure de fournir à la science des données exactes sur tel ou tel phéno- mène atmosphérique, c'est de se livrer à ses recherches en dehors de toutes idées préconçues. Mais, comme je le fais remarquer aussi, il est fâcheux que de tout temps cette condition essentielle n'ait été que fort rarement obser- vée, et, aujourd'hui même, l'attrait du merveilleux se plaît à entourer le phénomène des étoiles filantes, déjà si difficile à saisir, de mille particula- rités ingénieuses propres à captiver l'attention de la foule plutôt qu'à répandre quelque lumière sur ces apparitions, dont en réalité on ignore encore l'origine véritable. » A l'appui de ce que j'avance, je ne crains pas de citer les narrations fabuleuses publiées sur les grandes apparitions de 1799 et i833; comme 129.. ( 904 ) aussi ces poussières cosmiques qui, suivant quelques astronomes, sont par- faitement visibles à l'œil nu et descendent à la surface de la terre, en vertu des lois delà pesanteur; comme enfin l'analyse spectrale d'un météore filant, faite en Angleterre en 1864. Il me semble bien difficile, en effet, d'ad- mettre la possibilité de reconnaître si le spectre d'un corpuscule lumineux, qui décrit sa trajectoire avec une rapidité extrême, contient des raies iso- lées, ou s'il est simplement continu. » Faisant ensuite ressortir ce point important que l'hypothèse cosmique repose entièrement sur l'existence d'un point de radiation spécial aux grandes apparitions, j'ai rappelé un travail considérable présenté à l'Acadé- mie en 186/1, et inséré depuis dans les Annales de Physique et de Chimie, par lequel, à l'aide d'une méthode analytique fort simple, j'ai démontré qu'il existait en effet un centre d'émanation, mais qu'il était le même à toutes les époques de l'année, et que, de plus, ce centre, ne participant pas au mouvement diurne, n'était pas un lieu astronomique; d'où j'ai tiré cette conclusion, que l'origine cosmique des étoiles filantes, fondée sur cette seule observation, n'avait qu'une valeur douteuse. » J'ai également fait voir que les méthodes employées jusqu'ici pour déterminer la position de ce point de radiation ne rendaient nullement compte du phénomène et ne faisaient ressortir que l'idée préconçue. » En effet, par ce mode d'opérer qui consiste à prolonger en arrière et indéfiniment la trajectoire observée de chaque météore, et à déterminer le point où tous ces chemins apparents se coupent, ce qui fournit le centre cherché, il faut admettre que l'étoile filante venant des régions extra-atmo- sphériques ne subit aucune perturbation en pénétrant dans notre atmo- sphère, c'est-à-dire clans un milieu résistant, ce qui est peu probable. De plus, il faut remarquer que la plupart des observateurs ne considèrent comme périodiques que les météores qui parcourent les directions exigées par la théorie, les autres météores rentrant alors dans la catégorie des météores sporadiques. » Dans ce Mémoire, j'ai fait remarquer également que cette théorie, imaginée à priori, semblait surtout créée pour les besoins de la cause sou- tenue par les observateurs, car on sait que généralement, pour les astro- nomes, cette matière cosmique, purement idéale, répandue suivant eux dans l'espace ou groupée par anneaux, joue un rôle très-important pour l'explication de l'origine et de la découverte des nombreuses petites pla- nètes qui, depuis le commencement du siècle, sont venues enrichir les ca- talogues astronomiques. (995 ) » On conçoit facilement tout ce que cette explication peut offrir de séduisant, niais il fallait alors découvrir dans la nature une preuve quel- conque de l'existence de cette matière cosmique, et l'on comprend facile- ment pourquoi cette origine extraatmosphérique attribuée aux étoiles filantes, c'est-à-dire à un phénomène encore aujourd'hui si mystérieux, trouva immédiatement, parmi les astronomes, des défenseurs ardents qui, dans ces apparitions, virent une démonstration fort simple, une preuve toute naturelle de la présence de cette matière dans l'espace. » Mais comme de tout temps on a observé des étoiles filantes, de tout temps aussi il y a eu de la matière cosmique répandue dans l'espace, et, par- tant de l'hypothèse des astronomes, il a dû de temps en temps se produire des agglomérations de cette matière; donc de tout temps on a dû observer et découvrir des astres nouveaux. Or, comme je l'ai dit plus haut, la décou- verte des petites planètes ne date guère que du commencement du siècle. 11 y a donc là une anomalie difficilement applicable à priori, et à laquelle, cependant, j'ai donné dans ce Mémoire une solution que je pense satisfai- sante. » Examinant enfin les différentes particularités que présentent les étoiles filantes dans le parcours de leurs trajectoires, j'ai fait voir que l'hypothèse cosmique rend très-difficilement compte de ces phénomènes intéressants, qu'un observateur impartial est à même de constater dans toutes les appa- ritions simples ou extraordinaires détoiles filantes. D'où j'ai conclu, en ter- minant, qu'il étart nécessaire d'examiner si, en modifiant certaines parties importantes des théories admises aujourd'hui, il ne serait pas possible d'arriver à une solution convenable de ce curieux problème. » CHIRURGIE. — Note sur un instrument nouveau appelé spéculum laryngien; par M. de Labordette. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) « Faciliter l'exploration du larynx, rendre pratique la laryngoscopie, tel est le but que je me suis proposé en imaginant l'instrument que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie. » L'usage fréquent du spéculum laryngien, dans mon service à l'hôpital de Lisieux et dans ma clientèle, les applications qui en ont été faites par plusieurs de mes confrères, me mettent à même de signaler aujourd'hui les faits suivants : » i° Le spéculum laryngien est un instrument de laryngoscopie très* ( 996 ) pratique, car il peut être employé par tout chirurgien ou médecin, sans élude préalable, chez tous les sujets. » 20 II est supporté sans nausées par le plus grand nombre des sujets bien portants ou atteints d'angine auxquels on l'applique. » 3° Il ne nécessite, pour voir le larynx, l'emploi d'aucune lumière artificielle, c'est-à-dire qu'avec la lumière du jour, et la nuit avec une lumière ordinaire, il permet l'examen du larynx, qui se reflète dans le mi- roir dont est munie la valve postérieure de l'instrument à son extrémité interne. » 4° On aperçoit très-distinctement la partie postérieure de l'épiglotte, les replis aryténo-épigloltiques, le ventricule du larynx, les cordes vocales inférieures, et une partie de la trachée lorsque les cordes vocales ne sont pas contractées. » Le spéculum laryngien ne peut aucunement blesser l'arrière-gorge; je l'ai fait introduire et je l'ai introduit moi-même plus de vingt fois dans une matinée, chez le même sujet, sans qu'il en conservât le pins petit mal de gorge. Les malades chez lesquels on l'introduit respirent facilement à travers l'instrument, que l'on peut laisser longtemps en place. On com- prend aisément de quel avantage il peut être pour un opérateur, qui peut à son aise, sans provoquer de nausées et sans toucher les parois de la bouche et de l'arrière-gorge, porter directement dans le larynx et dans l'œsophage tel instrument qu'il jugera convenable. » J'ai désigné le spéculum laryngien comme dilatateur de l'orifice buc- cal et pharyngien dans les cas d'asphyxie par accident ou par submersion. Je crois qu'il peut être utilement employé pour vaincre le spasme de la gorge chez les malades qui respirent le chloroforme; dans l'asphyxie des nouveau-nés son usage me paraît aussi indiqué. » Enfin, quand l'instrument est introduit dans l'arrière-gorge, il y est maintenu ouvert aveclamain gauche, et l'opérateur peut, avec sa main droite, porter à travers le spéculum les instruments dont il voudra se servir, tels que: port e-causti que, scarificateur, sonde œsophagienne, sonde à insuffler de l'air, pince œsophagienne, instrument pour enlever les polypes, etc., et il peut user de ces instruments pendant tout le temps qui lui est nécessaire. » M. de Cir.Ai.LA, dans une Lettre écrite de Santorin, présente une rectifi- cation à la théorie de l'éruption qu'il a précédemment adressée à l'Aca- démie. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) ( 997 ) Ht. S. VoorÈT adresse un Mémoire contenant la description et la théorie d'une machine motrice à air atmosphérique. (Commissaires : MM. Regnault, Combes, Delaunay.) M. Bouchotte demande à l'Académie de vouloir bien désigner une Com- mission pour examiner la Note qu'il a adressée dans la dernière séance et qui a pour titre : « Propagation de l'électricité dans une dissolution qui contient plusieurs sels ». (Commissaires : MM. Becquerel, Pouillet, Ed. Becquerel.) M. A. Gelllsseau adresse, pour le concours des prix relatifs aux Arts in- salubres, un Mémoire ayant pour titre : « L'air comprimé dans la con- struction des ponts : études médico-physiologiques de l'application de l'air comprimé à la fondation des piles du pont de Mauves ». (Renvoi à la Commission des prix relatifs aux Arts insalubres.) M. Démarquât adresse, pour le concours des prix de Médecine et de Chirurgie, un ouvrage intitulé : « Essai de pneumatologie médicale », et y joint, conformément à une des conditions imposées aux concurrents, une indication des parties sur lesquelles il croit devoir attirer plus spécialement l'attention de la Commission. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Debacx adresse de Bastia un exemplaire d'un « Essai sur la pharmacie et la matière médicale des Chinois ». L'auteur dit ignorer si ce Mémoire, traitant de matières spéciales à la pharmacie et à la thérapeutique actuelle des Chinois, peut concourir pour le prix Barbier, ou s'il répondrait à l'une des questions dont la nature est laissée au choix des concurrents. Il exprime le désir que son ouvrage soit soumis d'abord à la Section de Médecine et de Chirurgie. (Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.) M. Martinencq adresse de Grasse, pour être soumis au jugement de la Commission du legs Bréant, un exemplaire d'une brochure ayant pour titre : « Appendice au choléra de Toulon de i835, à propos de l'épidémie de (998) Marseille de i865 ». Cette brochure fait suite à trois autres ouvrages qui ont été successivement envoyés à l'Académie par l'auteur. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) M. Morix présente, de la part de l'auteur M. Graeff, un Mémoire ma- nuscrit destiné au concours du prix Dalmont, et ayant pour titre : « Théorie du mouvement des eaux dans les réservoirs à alimentation variable ». (Renvoi à la Commission du prix Dalmont.) CORRESPONDANCE. M. le Maire de la ville de Nice écrit pour demander à l'Académie de vouloir bien mettre à sa disposition, pour la bibliothèque publique de la ville, les volumes des Comptes rendus qui manquent à la collection. (Renvoi à la Commission administrative.) M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, deux brochures ayant pour titre : « Résumés de physique mathématique », par le P. J. Delsaux. Le premier de ces résumés contient les éléments de la théorie mathématique de la capillarité, le second les éléments de l'optique géométrique. M. le Secrétaire perpétuel, en présentant, au nom de l'auteur, M. Zantedeschi, un opuscule intitulé : Dimostratione spectrometrica dell' influenza de climiet dell' aggregamento délia materia suite righe deicorpi celesti, donne une idée du contenu de l'ouvrage en lisant les passages suivants de la Lettre d'envoi : « ... Dans cet opuscule, je me propose de mettre en lumière ce que j'ai écrit louchant l'influence des climats et de l'agrégation de la matière sur les raies des corps célestes. Les observations des célèbres astronomes Huggins, Miller et le P. Secchi m'ont prouvé de la manière la plus claire que dans l'année 1 8 /j 6 j'ai lu dans mes expériences ce qui se passe dans l'univers; le spectre était pour moi un miroir qui réfléchissait les images des change- ments auxquels étaient sujettes les atmosphères des planètes et leur consti- tution chimique et physique. » Voici mes propres paroles que je transcris fidèlement : « Je termine ce ( 999 ) » chapitre en observant que le spectre solaire est un photoscope et le plus » délicat qu'on puisse imaginer dans l'état actuel de la science. La lumière » remplit la fonction de décrire et de représenter avec l'exactitude la plus » surprenante les variations qui surviennent, ou dans la nature du corps » lumineux, ou dans celle du milieu à travers lequel passent ses rayons; » c'est pourquoi je crois devoir proposer aux physiciens une chambre » obscure destinée exclusivement aux observations pholoscopiques. Je » crois que ces observations seront fécondes en observations des plus inté- » ressantes, soit pour la météorologie, soit pour la science de la lumière, » ainsi que pour l'astronomie; la lumière, qui de nos jours se charge de » peindre la nature se peindra encore elle-même en manifestant de nou- » velles merveilles tirées des secrets de son essence propre, et en dévoi- » lant les changements continus, incessants, auxquels est soumis notre » système planétaire, ainsi que tout l'univers. Et ce ne sont pas là de » simples réflexions, mais l'expression des effets que la nature m'a » manifestés jusqu'à ce jour » (page 77 des Recherches physico-chimiques et physiologiques sur la lumière, du professeur François Zantedeschi, Membre de l'Institut impérial et royal; Venise, 1846, dans /. R privilegiato slab. nazionale di G. Antonelli). Aux pages 77-79 sont décrites de nouvelles expériences faites avec la vapeur d'iode et les observations sur les chan- gements atmosphériques qui me fournissaient toujours les spectres les plus variés. En comparant les découvertes faites sur les spectres des planètes, des étoiles et des nébuleuses par les trois célèbres astronomes, je ne vois rien à rétracter de ce que j'ai dit en 1 846. Alors les portes du ciel furent ouvertes pour ainsi dire à la contemplation de ces merveilles, qui ne pourra se ter- miner qu'à la consommation des siècles. » CHIMIE. — Recherches sur la cristallisation de quelques sulfures métalliques. Note de M. Sidot, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. « L'action du soufre à haute température sur les oxydes métalliques libres ou combinés à la silice m'a permis d'obtenir quelques espèces miué- ralogiques que je demande à l'Académie la permission de lui présenter. » Les nombreux sulfures naturels sont soumis journellement dans les usines métallurgiques au grillage, opération qui les transforme en oxydes ; mes expériences m'ont montré la possibilité de réalisera haute température la réaction inverse, c'est-à-dire la transformation d'un oxyde en sulfure, lequel se présente à l'état cristallisé. C. R., 1866, i« Semestre. (T. LXII, N° 18.) I 3o ( IOOO ) u L'oxyde de zinc est un des oxydes qui se prêtent le mieux à mettre en évidence l'importance de ces réactions. En effet, en chauffant de l'oxyde de zinc amorphe dans une atmosphère de vapeur de soufre, l'oxyde se trans- forme en une masse compacte de sulfure, formée de petits cristaux enche- vêtrés. » Lorsque la température a été extrêmement élevée, les cristaux s'isolent et le tube de porcelaine dans lequel se fait l'opération est littéralement tapissé de cristaux prismatiques dont la longueur atteint au moins 3 milli- mètres, cristaux remarquables par leur transparence et leur couleur ambrée. » Le silicate de zinc, chauffé dans la vapeur de soufre, donne également naissance à du sulfure cristallisé. » J'ai pu faire cristalliser le sulfure de zinc en soumettant à une tempéra- ture très-élevée et longtemps soutenue du sulfure amorphe, obtenu par voie humide, contenu dans un creuset de porcelaine muni de son couvercle et renfermé dans un creuset de terre bien cuite. Cette cristallisation donne des cristaux de blende hexagonale. » En remplaçant le sulfure amorphe par de la blende naturelle, les cris- taux se sont encore produits, et avec la même forme. » MM. H. Sainte-Claire Deville et Troost ayant fait cristalliser la blende en mettant à profit la volatilisation apparente de ce sulfure dans un cou- rant d'hydrogène, je me suis demandé si la formation de mes cristaux n'était pas due à la même cause, le gaz du foyer ayant pu, dans les expériences que je viens de rapporter, donner les mêmes résultats qu'une volatilisation réelle : aussi ai-je dû, pour m'éclairer sur le mécanisme de la cristallisation, chauffer le sulfure amorphe dans du gaz azote bien pur. Cette précaution n'ayant pas apporté d'obstacle à la volatilisation, il est possible que dans mes expériences la blende ait cristallisé par sublimation simple. » Les cristaux de blende volatilisés sont très-propres, par les grandes dimensions qu'ils peuvent atteindre, aux déterminations cristallographiques. Mes mesures, qui seront complétées par celles de M. Friedel, identifient mes cristaux et ceux de blende hexagonale trouvés dans la nature par ce miné- ralogiste, et reproduits pour la première fois par MM. Deville et Troost. » Le sulfure de cadmium se conduit en toutes circonstances et cristallise exactement de la même manière que le sulfure de zinc. » Les quelques expériences que j'ai faites me permettent d'espérer la reproduction d'un grand nombre de sulfures par l'action directe du soufre à haute température, soit sur les oxydes, soit sur les silicates. Je me bornerai pour l'instant à signaler la formation de la galène en cristaux cubiques ( IOOI ) remarquables par l'éclat de leurs faces, obtenue en chauffant au rouge du silicate de plomb, le cristal, par exemple, dans de la vapeur de soufre. » Ces expériences montrent de la manière la plus nette deux réactions inverses qui permettent, en grillant les sulfures à basse température, de les transformer en oxydes, et en traitant les oxydes à haute température, de reproduire les sulfures. Il y a probablement une température moyenne où les deux effets inverses tendent également à se produire. C'est peut-être au moment correspondant à cet équilibre instable que les matières prennent la mobilité nécessaire pour passer à l'état de cristaux d'une dimension sou- vent assez considérable, les petits cristaux étant toujours alors les premiers à se détruire. C'est probablement la même cause qui produit ici la cristalli- sation de la blende hexagonale, et, dans la réaction de l'acide chlorhy drique sur les oxydes, du chlore sur les métaux nobles, la cristallisation de ces oxydes et de ces métaux. » MINÉRALOGIE. — Sur les cristaux de sulfure de zinc obtenus par M. Sidol. JNote de M. C. Friedel, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. « Les cristaux de Wurtzite (sulfure de zinc hexagonal) artificielle que M. Sidot a bien voulu me remettre, plus grands et plus nets que ceux obtenus en 1861 par MM. H. Sainte-Claire Deville et Troost, m'ont permis de déterminer la forme primitive de cette substance avec plus de précision que je n'avais pu le faire jusqu'ici soit sur les cristaux artificiels, soit sur les échantillons naturels de Bolivie que j'ai décrits [Comptes rendus, t. LU, p. 983, 1061). Us sont formés de prismes jaunâtres d'un vif éclat, tantôt hexagonaux (M), tantôt à douze faces et formés alors par la réunion des deux prismes tangents (M et h* ). Quelques-uns portent une étroite bordure formée par les facettes appartenant à une ou même à deux doubles pyra- mides hexagonales \b* et b2 ), qui forment une zone entre elles et avec les faces de l'un des prismes et de la base. Ces facettes sont très-réfléchissantes. Pour déterminer les dimensions de la forme primitive, on s'est servi de l'angle P^2 ; on a trouvé ainsi pour le rapport de la hauteur du prisme au côté de l'hexagone = 1 '.0,61 164. » Le tableau suivant donne la concordance des angles observés avec les angles calculés et avec ceux de la greenockite, dont l'isomorphisme avec la wurtzite est parfait et se poursuit jusque dans les moindres particula- rités. i3o.. ( 1002 ) Angles mesurés. Angles calculés. Grecnockilc. M sur M = 120.0 0 t 120.0 0 / 120.0 M sur P = 90.0 90.0 90.0 M sur /(' = i5o.o i5o.o i5o.o P sur b7 = 117.54,6 1 17 .54,6 ii^.So Des Cloizeaux 1 1 6* sur b2 adj. = 127 .32 127. 33,4 127.30 Id. P sur b' = i36.39,2 1 36. 38,9 1 36.23 Breithaupt. » Les clivages sont très-faciles parallèlement aux faces du prisme h'; il existe aussi un clivage difficile parallèle à la base. Dans les descrip- tions faites de la greenockite, on indique les clivages comme parallèles au prisme M. Surpris de trouver cette différence entre deux substances aussi semblables, j'ai examiné les cristaux naturels de greenockite : j'ai reconnu que le clivage se fait sur les angles et non, comme on l'a dit, sur les arêtes horizontales de la pyramide hexagonale. Le clivage se trouve placé de même sur les cristaux naturels de Wurtzite. » Une plaque taillée perpendiculairement à l'axe sur un des beaux cristaux de M. Sidot a permis de voir les anneaux et la croix, et de reconnaître que la Wurtzite est biréfringente à un axe positif. La double réfraction est faible et les anneaux sont larges pour une assez grande épaisseur de la lame. » Les cristaux artificiels de greenockite présentent la plus grande res- semblance avec les précédents; je n'y ai pas rencontré jusqu'ici d'autres faces que celles des deux prismes hexagonaux et que la base. » CHIMIE INDUSTMELLE. —Fabrication des charbons de varechs. Nouvelle méthode d'en extraire le brome et l'iode et de doser ce dernier corps au moyen des hyposulfites alcalins. Note de M. Ed. Moride, présentée par M. Balard. « Depuis longtemps on fabrique sur les côtes de l'Océan et de la Manche la soude de varechs en brûlant dans des fosses à l'air libre et à une haute température les algues marines desséchées. Mais celte opération encore pri- mitive donne lieu à beaucoup de pertes; une partie des sels alcalins sont transformés eu produits sulfurés ou en silicates insolubles. Les chlorures de magnésium, les ioduresde sodium sont décomposés, et il se volatilise alors de l'acide chloibydrique, de l'iode, des bromures et chlorures de sodium. (*) Annales de Chimie et Physique, 3e série, t. XIII, p. 328. ( ioo3 ) » Bien des fois on a cherché à retirer directement les sels solubles con- tenus dans les goémons au moyen de la macération soit à chaud, soit à froid; mais les transports des algues à l'usine devenaient souvent impraticables, l'encombrement était gênant, le produit des macérations se décolorait diffi- cilement, et les liqueurs, qu'on n'obtenait que d'une faible densité, étaient coûteuses à évaporer. » Récemment M. Edward Stranford a essayé en Angleterre de distiller les varechs à vase clos dans des cornues à gaz. Les résultats de l'opération étaient des huiles pyrogénées et des résidus charbonneux d'où il retirait les sels et par suite le brome et l'iode; là encore, ce travail, qui nécessite une main-d'œuvre considérable, un grand encombrement et des transports oné- reux, a dû être abandonné. » Ma méthode évite tous les inconvénients ci-dessus. En effet, je me borne à torréfier, ou plutôt à convertir en charbon à l'air libre, en tout temps, et sur les lieux mêmes où elles ont été récoltées, les plantes marines fraîches ou sèches. Je me sers pour cela d'un appareil portatif particulier, une espèce de petit fourneau, qui produit un charbon que je lessive ensuite avec facilité et promptitude dans des appareils à déplacement. » En général, ioo parties de goémon frais représentent 20 parties de goémon sec, 5 parties de charbon et 3 parties de cendres. » Quant aux quantités d'iode et de brome, elles varient selon l'espèce des plantes employées; ainsi, comme l'avait démontré le premier M. Gaultier de Claubry, ce sont les grandes laminaires qui contiennent le plus d'iode (1). « Le produit de la lixiviation, constituant des liqueurs d'une densité déjà élevée, est concentré dans des chaudières chauffées par la vapeur; j'en retire les sulfates de potasse, les chlorures de sodium et de potassium; puis, après les avoir additionnées d'un hypochlorite ou d'acide hypoazotique, je les traite par la benzine dans un appareil spécial, disposé de telle sorte que le carbure d'hydrogène enlève l'iode aux liqueurs, le cède ensuite à de la soude ou de la potasse, et puisse, régénéré de la sorte, resservir indéfini- ment. » Le mélange d'iodure et d'iodate alcalins est ensuite précipité par l'acide H Cl, ou mieux encore par des liqueurs chlorées, résidus de la fabrication du brome; l'iode obtenu est alors desséché et amené à l'état de masses ayant l'aspect métallique. Le brome lui-même est enfin retiré des liqueurs (1) Voir notre Mémoire sur les grandes laminaires des côtes de Bretagne au point de vue médical, industriel, physiologique et chimique. ( ioo4 ) privées d'iode par la benzine, soit en la traitant par l'acide sulfurique et le peroxvde de manganèse et distillant, soit en l'éliminant directement à l'état liquide dans des liqueurs concentrées et rendues très-acides. » On peut tirer encore un parti avantageux des charbons d'algues ma- rines en les lessivant et évaporant les liqueurs jusqu'à siccité pour en obte- nir des sels concrets naturels, qui constituent des sels alcalins iodés et bromes, jouissant d'une puissante action médicale. » Quant aux résidus charbonneux, ils sont pulvérisés, séchés, additionnés de phosphate de chaux, de sang, de chairs et d'autres matières animales qu'ils désinfectent et conservent. Ils constituent ainsi d'excellents engrais. » Un fait digne de remarque, c'est que ces composés noirs, poreux, phosphatés, alcalins, fermentent facilement et deviennent de véritables ni- trières artificielles, à la surface et à l'intérieur desquelles il est facile de recueillir de nombreux cristaux d'azotate de potasse, de chaux et d'ammo- niaque. » Du dosaqe de l'iode.— La méthode que je propose pour doser l'iode est fondée sur deux principes bien connus : d'une part, la dissolution de l'iode dans la benzine ou le pétrole; de l'autre, la décoloration des solutions iodées par l'hvposulfite de soude, qui, à raison de sa stabilité, doit être préféré au sulfite ou à l'acide sulfureux indiqués par Dupasquier et M. Bunsen. » Voici comment on doit opérer : » On prépare d'abord une liqueur normale contenant par litre d'eau environ /jo grammes d'hyposulfite de soude, de telle sorte que 5o centimètres cubes (ou ioo demi-centimètres cubes) de cette solution décolorent complè- tement i gramme d'iode. » On prend alors 10 centimètres cubes de la liqueur iodée à essayer, on l'étend d'eau si elle est très-concentrée, ou riche en iode, et on y ajoute avec précaution, après l'avoir rendue acide par l'acide chlorhydrique, quel- ques gouttes d'acide hypoazotique. Dès qu'elle jaunit, on l'agite avec la benzine ou le pétrole qui se colorent immédiatement en rose ou en violet. Le carbure iodé est séparé du liquide acide au moyen dun tube à déplace- ment. L'opération doit être répétée ainsi jusqu'à ce que le liquide dissolvant arrive à ne plus se colorer. » La benzine iodée provenant de ces divers traitements est réunie et lavée avec de l'eau distillée qui lui enlève toutes les traces de composés chlorés ou bromes, sans emporter sensiblement d'iode. C'est alors qu'en l'agitant sans cesse on y ajoute, au moyen d'une burette divisée par dixièmes de cen» ( ioo5 ) timètre cube, la liqueur normale d'hyposnlfite jusqu'à ce qu'on obtienne une parfaite décoloration; chaque demi-centimètre cube de la liqueur nor- male employée correspond à i centigramme d'iode contenu dans les liquides à essayer. » Il faut toujours avoir soin de désnlfurer les solutions contenant des sulfures, sulfites, ou des byposulfites, en les faisant bouillir avec les acides nitrique, sulfurique ou cblorhydrique. » Pour apprécier la pureté des iodes du commerce, on en dissout 5o cen- tigrammes ou i gramme dans de l'eau alcoolisée, et on opère comme ci- dessus. » Lorsqu'il s'agit de la recherche de l'iode dans les plantes marines sèches ou humides, il suffit de les couper par petits morceaux ; on les place alors dans une capsule en porcelaine en les recouvrant d'alcool, on enflamme l'alcool, on agite avec soin la masse au moyen d'une baguette de verre, et on obtient ainsi du charbon sans perte d'iode; on lessive parfaitement ce dernier dans un appareil à déplacement, et on agit sur la solution obtenue ainsi qu'il est dit plus haut. » MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. — Sur l 'affection typhoïde du cheval. INote de M. J.-P. Mégnin. « Parmi les nombreuses maladies auxquelles le cheval est sujet, il eu est une qui, depuis quelques années, est, avec juste raison, l'objet des préoccu- pations des hommes spéciaux. Elle est épizootique, et partage avec la morve le privilège de s'attaquer surtout aux grandes agglomérations de chevaux; l'armée et les grandes administrations de voitures publiques ont reçu sa visite à deux ou trois reprises dans l'espace de dix ans ; il y a un an à peine, elle sévissait en plein Paris sur les chevaux de la garnison et des om- nibus. » Cette maladie n'est pas nouvelle, car malgré les dénominations diverses, employées par les différents auteurs qui ont écrit sur l'art vétérinaire dès les temps les plus reculés, il est facile de la reconnaître aux symptômes qui ont servi à la caractériser : l'ancienne hippiatrie l'appelait fièvre pestilen- tielle, putride, mal de feu, mal d'Espagne, jaunisse; plus récemment, sous l'influence des idées de Broussais, on l'a appelée gastro-entérite épizootique, gastro-entéro-pneumo-ëpatile, méningo-épatite, etc. ; actuellement, pour beau- coup de vétérinaires, c'est une fièvre, une affection ou une diathèse typhoïde; pour d'autres, c'est une maladie encore peu connue; enfin quelques-uns ne ( ioo6 ) veulent y voir qu'une maladie inflammatoire, plus ou moins accompagnée d'altération du sang. » Depuis douze ans que j'étudie cette maladie, j'en suis arrivé à recon- naître, avec plusieurs de mes collègues, qu'elle est, primitivement, essen- tiellement humorale; que le sang y est altéré d'une manière toute par- ticulière ; que cette altération peut, à elle seule, déterminer promptement la mort ou être vaincue par les efforts de la nature, seule ou secondée par l'art; qu'après cette réaction de nombreux et très-variés accidents inflammatoires peuvent survenir, ayant pour but d'éliminer de l'orga- nisme ou de déterminer la résorption des suffisions sanguines passives, des engouements hypostatiques qui se sont produits soit dans les pou- mons, soit sous le péritoine, soit ailleurs, dans la première période de la maladie. De là les nombreux aspects, la grande variété des phénomènes qui l'accompagnent et les nombreuses opinions qui ont cours à son sujet. « En 1 863, dans une communication faite à l'Académie des Sciences, M. Signol constatait l'existence de bactéries dans le sang de chevaux atteints d'affection typhoïde. Ce fait, que j'ai été à même de vérifier bien souvent, établissait un rapprochement entre cette maladie et les affections charbon- neuses des Ruminants dans lesquelles le sang présente aussi cet infusoire, ainsi que l'ont constaté MM. Brauell, Davaine et Delafond. » En rassemblant mes nombreuses observations, en instituant des séries d'expériences dont quelques-unes ont été faites avec le concours de M. Colin, à Alfort, et qui ont consisté en inoculations du sang du cheval atteint d'affection typhoïde au lapin et au cabiai, j'ai voulu établir rigoureu- sement le relation qui existe entre cette affection et la fièvre charbonneuse que les auteurs ont décrite comme propre au cheval. De ces travaux et de ces recherches, qui feront l'objet d'un Mémoire complet, je crois pouvoir déjà tirer les conclusions suivantes : » i° Dans les cas graves d'affection typhoïde du cheval, l'altération du sang est la seule lésion constante que l'on trouve à l'autopsie. Cette altéra- tion est caractérisée par un état de diffluence particulier, d'absence de fer- meté des globules qui adhèrent par leurs bords et en masses, et par la pré- sence de bactéries ou bactéridies en apparence inertes, qui flottent dans le sérum. » 2° Ce sang, inoculé à des lapins ou à des cabiais, les tue dans l'espace de trente-six à quarante heures. Le sang de ces petits animaux, inoculé à d'autres, leur communique la même maladie, mais les conséquences en sont d'autant moins foudroyantes qu'on s'éloigne davantage, par cette culture du ( ioo7 ) virus, de son point d'origine : à la cinquième ou sixième génération, le sang a perdu presque toute sa virulence et ne détermine plus la mort par inoculation. » 3° Les lésions que l'on trouve à l'autopsie de ces sujets d'expériences et celles que l'on voit à l'ouverture des chevaux morts de cette maladie sont, outre l'état du sang signalé plus haut, de vastes suffissions san- guines passives le long de quelques gros troncs veineux, sous les séreuses splanchniques, ou dans les organes parenchymateux, suffusions qui sont elles-mêmes entourées d'infiltrations séreuses, citrines ou safranées, plus ou moins étendues. Ces lésions ne se distinguent en rien de celles que les auteurs attribuent à la fièvre charbonneuse. » 4° L'inoculation transmet seule cette maladie, car les animaux sains cohabitent impunément avec les animaux malades, ou inoculés, ou morts récemment. » 5° Entre les cas les plus graves de Yaffcction typhoïde et les cas les plus bénins se placent une foule de degrés qui sont à la fièvre charbonneuse, expression ultime, selon moi, de cette maladie, ce que la cholérine et même la simple diarrhée sont au choléra foudroyant. Ces différents cas sont d'au- tant plus facilement curables qu'ils sont plus légers; on les combat avec succès par l'emploi des toniques antiseptiques et des excitants diffusibles, combinés aux révulsifs externes. » C'est la bénignité relative de ces cas, heureusement les plus nombreux, qui a probablement fait écarter jusqu'ici l'idée d'une analogie avec les maladies charbonneuses, si terribles chez les Ruminants. V affection typhoïde du cheval ne doit plus être distraite désormais de cette catégorie. » 6° Enfin, comme causes prédisposantes, sinon occasionnelles, de cette maladie, je suis porté à classer en première ligne : l'air confiné des écuries où se trouvent renfermés un grand nombre d'animaux; la consommation de matières alimentaires avariées ou altérées, et l'usage d'eaux croupies en boissons. » GÉODÉSIE. — Sur tes travaux géodésiques exécutés en Espaqne, à propos de la publication d'une traduction de l'ouvrage intitule' : Base centrale de la triangulation géodésique de l'Espagne. Note de M. Laussedat, pré- sentée par M. Morin. « En offrant cet ouvrage à l'Académie, au nom des auteurs et au mien, je demande la permission de lui rappeler que j'ai eu, à deux reprises, l'hon- C. R., i866, i" Semestre. (T. LXU, N° 18.) I 3l ( ioo8 ) neur de l'entretenir des travaux géodésiques qui se poursuivent depuis plusieurs années en Espagne. Les principaux résultats consignés dans ce nouveau volume (i) ayant même été déjà publiés dans les Comptes rendus (a), je crois inutile de les reproduire dans cette Note. Je me bornerai donc à faire remarquer que l'extrême précision de ces résultats est due, comme il est facile de s'en assurer en parcourant les chapitres du livre et le registre détaillé des opérations, au cboix judicieux fait par les officiers espagnols des meilleurs instruments, et des méthodes d'observation et de calcul les plus parfaites. Il est juste d'ajouter que le gouvernement n'a pas cessé de fournir les fonds nécessaires avec une libéralité qui lui fait le plus grand honneur. » La règle qui a servi à la mesure de la base centrale de Madridejos, et qui est un chef-d'œuvre de Brunner, à été déposée, aussitôt après l'opéra- tion terminée, dans les archives de la Junte générale de statistique, où elle est conservée à titre de module. Les Ingénieurs espagnols ont procédé à la mesure d'une autre base, dans l'île Mayorque, et se disposent à mesurer toutes celles qui doivent servir de vérification à la triangulation; mais ces mesures sont ou seront effectuées au moyen d'un appareil beaucoup plus simple, construit par MM. Brunner fils, dont l'emploi sur le terrain rst très-rapide et qui, comparé avec le module, avant et après l'opération, offre toutes les garanties d'exactitude désirables. La mesure faite récemment aux environs de Palma ne laisse aucun doute à cet égard. Enfin, la règle espa- gnole ne paraît pas seulement destinée à assurer le succès des opérations poursuivies dans la péninsule ; elle a déjà servi à l'étalonnage d'une règle semblable, également construite par Brunner pour le compte du gouverne- ment égyptien. L'Appendice n° 9 de l'ouvrage que j'ai l'honneur d'offrir à l'Académie renferme les résultats de cette opération, exposés en français par l'un des auteurs espagnols et déjà publiés antérieurement par l'astronome égyptien M. Ismaïl-Effendi-Mustapha (3). Il est également question de la prochaine comparaison des règles de Bessel avec la règle espagnole. On ne (1) Le premier volume, intitulé : Expériences jattes avec l'appareil à mesurer les bases, appartenant à la Commission de la Carte d'Espagne, in-8, Paris, 1860, a été également offert à l'Académie à l'époque de sa publication. (?) Comptes rendus tirs séances de l'Académie des Sciences, t. XLVIII, p. 4?3> et '• LVIII, p. 70. (,-î) Recherche des coefficients de dilatation et étalonnage de l'appareil à mesurer les bases géodésiques appartenant au gouvernement égyptien, in-8°; Paris, i864- ( foog ) doit pas oublier que cette règle procède en définitive du module de Borda, mais elle a sur ce dernier l'avantage d'offrir une longueur comprise entre deux repères beaucoup plus nets. En un mot, la règle espagnole est une règle à traits, tandis que celle de Borda est une règle à bouts. » Parmi les additions à la description de la base centrale de la triangula- tion géodésique d'Espagne, je signalerai encore une bibliographie très-éten- due, concernant les publications relatives aux travaux géodésiques exécutés dans différents pays, et un état de la triangulation espagnole à la date du 3o octobre dernier, sur laquelle je crois devoir donner les détails suivants, qui me semblent de nature à intéresser l'Académie. » Celte triangulation, représentée sur l'une des planches de l'ouvrage, se rattache d'une part à celle du Portugal et de l'autre aux triangles français des Pyrénées et de la méridienne de Dunkerque. Les chaînes principales ont reçu les noms des méridiens de Salamanca, de Madrid, de Pam- plona et de Lérida, et des parallèles de Palencia, de Madrid et de Ba- dajoz. Ces chaînes, dirigées suivant des méridiens et des parallèles, et celles qui suivent le littoral, forment de grands quadrilatères, couverts eux- mêmes de triangles du premier ordre. Le nombre total des sommets de cette triangulation primordiale s'élèvera à 520, dont l\S5 sont choisis et signalés. Les observations définitives ont déjà été faites en -2i[\ stations, pour lesquelles on a calculé en grande partie les directions les plus probables, par la méthode du général Baeyer. » Indépendamment de la mesure de nouvelles bases, on prépare un ni- vellement géodésique spécial qui traversera le territoire de la péninsule, de l'Océan à la Méditerranée. Les sommets de la célèbre triangulation de Biot et Arago ayant malheureusement disparu, des opérations destinées à ratta- cher de nouveau les Baléares à la côte de Valence sont projetées et. confiées au colonel Ibanez. Enfin, le directeur de l'Observatoire de Madrid, don Antonio Aguilar, et les autres astronomes attachés à cet établissement, sont chargés de la détermination des longitudes et des latitudes géogra- phiques, et ont déjà obtenu celles de 17 capitales de provinces, dont la position est également rattachée aux côtés des triangles du premier ordre. » La géodésie du second et du troisième ordre, les levés topographiques et les opérations cadastrales sont en voie d'exécution dans la province de Madrid (où ces différentes opérations sont très-avancées), dans celle de Tolède, dans le Cuipuzcoa et dans l'île Mayorque. » Depuis l'année i85g, les travaux de mensuration, comme tous ceux qui doivent servir à l'étude complète du territoire espagnol, ont été placés i3i.. ( IOIO ) dans les attributions de la Junte générale de statistique, dans le sein de la- quelle ont été créées plusieurs directions. Celles des opérations géodésiqties et cadastrales comprennent un personnel de vingt officiers, ayant sous leurs ordres un certain nombre d'auxiliaires plus spécialement chargés des levés topographiques et du cadastre. Une troisième direction, composée d'ingé- nieurs civils, s'occupe des études géologiques, hydrologiques, etc. » L'impulsion donnée à cette vaste entreprise, qui intéresse à la fois la géodésie, la géographie, la géologie et la statistique, est telle, qu'il y a lieu d'espérer qu'elle sera menée rapidement à bonne fin. Les deux premiers volumes relatifs aux opérations géodésiques témoignent que rien n'a été négligé pour la rendre digne de la science moderne, au progrés de laquelle elle est sans aucun doute destinée à contribuer. » histoire DES SCIENCES. — Lettre concernant tes manuscrits de M. Ampère adressée par M. Chf.uvrelx à M. le Président de l'Académie. « M. J. J. Ampère, qui m'honorait de son amitié, m'a légué la propriété de ses papiers, au nombre desquels se trouvent les manuscrits de son illustre père. Je sais qu'il avait l'intention de les déposer dans vos archives. La mort est venue le frapper avant qu'il ait pu réaliser ce projet. Je ne fais donc que me conformer à sa volonté en offrant ces précieux documents à l'Académie. Si, avant de les recevoir, elle juge à propos de les soumettre à un examen, je les tiendrai à la disposition des Membres de la Commission qu'elle aura déléguée à cet effet. » Cette Lettre sera renvoyée à la Section de Géométrie et à la Section de Physique. statistique MÉDICALE. — Perles comparées des armées anglaise et française en 1 863 ; par M. Boudin. (Renvoi à l'examen de M. Bienaymé.) M. Boudin adresse en outre une communication sur la génération plas- tique, ou la tendance des peuples à représenter leur propre type. M. Alessandro Ci w m adresse un ouvrage écrit en italien ayant pour titre : Sut moto ondoso del mare e su te correnti ili esso specialmente su quelle lit- torali. Ce volume est accompagné d'un sommaire manuscrit en français. M. de Tessan est invité à faire à l'Académie un Rapport verbal sur cet ouvrage. ( ion ) M. Morpaiv adresse la description d'un nouvel appareil aspirateur du Dr Desmartis, contre les maladies des voies respiratoires. La séance est levée à 5 heures et demie. E. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du ï3 avril 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Des propulseurs sous-marins; par M. LABROUSSE. (Extrait de la Bévue géné- rale de l'Architecture et des Travaux publics.) Paris, 1 843 ; br. in-4° avec figures. (Présenté par M. l'amiral Paris.) Notions des anciens sur les marées et les euripes; par M. Th. -H. Martin. Caen, 1866; br. in-8°. Recherches sur ianatomie et la pathologie des appareils sécréteurs des organes génitaux externes chez la femme; par M. C.-A. Martin et M. H. LÉGER. (Extrait des Archives générales de Médecine.) Paris, 1862; br. in-8°. Perspective-relief; par M. Poudra. Paris, 1866; br. in-8° avec figures. (Présenté par M. Chasles.) Un Mollusque bien maltraité, ou comment M. V. Hugo comprend l'organi- sation du Poulpe; par M. H. Crosse. Paris, 1866; br. in-8°. De la rage en Algérie et des mesures à prendre contre celte maladie; par M. C. Rougher. Paris, 1866; br. in-8°. (Présenté par M. Velpeau.) Essai mo)iographique sur le Bombus montanus et ses variétés; par M. SlCHEL. Lyon, 1 865 ; br. grand in-8°. (Présenté par M. Blanchard.) Tables décennales de l'Année scientifique et industrielle, 1 856- 1 865; par M. Louis Figuier. Paris, 1866; 1 vol. in-12. (Présenté par M. Coste.) Des diverses manières de mesurer la durée de la vie humaine; par M. Ber- TlLLON. Strasbourg, sans date; br. grand in-8°. (Présenté par M. Rayer.) Der Epithelialkrebs... Recherches analomico-cliniques sur le cancer épithé- lial dit communément cancer de la peau; parM. C. Thiersch. Leipzig, i865; 1 vol. in-8° relié, avec atlas de 1 1 planches d'images miscroscopiques. Infections... Recherches sur l'infection communiquée aux animaux par te contenu des intestins des cholériques; par M. C. Thiersch. Munich, 1 856; ( IOI2 ) br. in-8°. (Présenté par M. Cl. Bernard.) Renvoyé à la Commission Bréant. Hanpt-Bericht... Recherches générales sur l'épidémie cholérique de i854 dans le royaume de Bavière; par M. Aloys MARTIN. Munich, 1867; 1 vol. in-8° relié. (Ce volume est adressé comme pièce à consulter pour l'ou- vrage de M. Thiersch et à raison d'un article qu'il y a inséré.) Deuxième Mémoire sur la contagion du choléra; par M. Netter. Stras- bourg, sans date; br. in-8°. (Présenté par M. Cl. Bernard.) Renvoyé à la Commission Bréant. Du choléra asiatique au point de vue de sa cause spécifique, de ses conditions pathologiques et de ses indications thérapeutiques ; par M. Pli. PACINI, traduit de l'italien par M. E. JâNSSENS. Bruxelles, 1 865 ; br. in-8°. (Présenté par M. Cl. Bernard.) Renvoyé à la Commission Bréant. Parcrqa Lichenologica, supplément au Systema Lichenwn Germaniœ; par M. G.-W. Korber. Breslau, i865; vol. in-8° relié. (Renvoyé au concours Desmazières.) Catalogus specierum generis Scolia (sensu latiori) continens spteierum dia- gnoses, descriptiones synonymiamque, addilis annotationibus explanatoriis criti- cisque. Conscripsernnt H. DE Saussure et J. Sichel. Genève et Paris, i864; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Blanchard.) On some... Sur quelques cas particuliers d'équation personnelle dans les observations de dislance zénithale; par M. E. DUNKIN. Greenwich, i865; br. in-4°. On the... Sur V erreur probable d'une observation de transit par la méthode Eye and Ear cl la méthode chronographique ; par M. E. DuNKlN. Lon- dres, i864; br. in-8°. Verhandlungen... Mémoires de la Société d'Histoire naturelle de Brimn, t. 111, 1864. Bruno, i8G5; 1 vol. in-8° avec planches. L'Académie a reçu dans la séance du 3o avril 18GG les ouvrages dont les titres suivent : Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. Decaisne. 84e livr. Paris, 1866; in-4°. Annales de C Observatoire impérial de Paris, publiées par M. U.-J. Le Ver- rier. Observations, t . X., i852-i853. Paris, 1866; 1 vol. in-4°. (Présenté par M. Le Verrier.) ( ioi3 ) Statistique de la France, 2e série, t. XIV. Statistique des Asiles d'aliénés, de i854 à 1860. Strasbourg, i865; 1 vol. in-4°. Leçons sur la physiologie générale et comparée du système nerveux; par M. A. Vulpian. Paris, 1866; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Longet.) Essai de pneumalologie médicale; par M. DliMARQUAY. Paris, 1866; 1 vol. in 8°. (Renvoyé au concours de Médecine et Chirurgie 1866.) De Vart dentaire, considérations sur sa pratique ; par MM. R. VICTOR et A. Prest. Paris; br. in-8°. Age de la pierre polie dans les Pyrénées ariégeoises; par MM. F. Garrigou et H. Filhol. Paris et Toulouse, sans date ; br. in-4° avec 9 planches. (Pré- senté par M. d'Archiac.) Mémoires de l'Académie impériale des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen. Caen, 1866; 1 vol. in-8°. Traité pratique et élémentaire de Botanique appliquée à la culture des plantes; par M. Léon Lerolle. Paris, 1866; 1 vol. in-12. (Présenté par M. Velpeau.) Recherches analomiques sur les Mélobésiées; par M. S. Rosanoff. Cher- bourg, 1866; br. in-8° avec planches. Réponse à M. le Dr Marchai (de Calvi) sur l'origine et la cause spécifique du choléra-morbus asiatique; par M. J. Mailloux, de l'île Maurice. Opus- cule in-4°. 2 exemplaires. (Renvoyé au concours du legs Bréant.) Formules et rubriques; par M. Gaillard. Poitiers, 1866; br. in-8°. Des instruments dont les Celles devaient faire usage pour réduire les céréales enfariné; par M. Eugène Robert. Clichy, sans date; opuscule in-8°. Base centrale de la triangulation géodésique d'Espagne; par MM. D.-C. Iranez e Ibanez, D.-F. Saavedra Meneses, D.-F. Mojnet et D.-C. Quiroga, traduit par M. A. Laussedat. Madrid, i865; 1 vol. grand in-8° avec planches. (Présenté par M. le général Morin.) Acta... Actes de l'Académie des Curieux de la nature, t. XXXII. Dresde, i865; 1 vol. in-4° avec planches. Sul moto. . . Sur le mouvement ondulatoire de la mer et de ses courants; par M. A.. CiALni. Rome, 1866; 1 vol. in-8° avec planches. Ueber... Sur /'Aphyllostachys, nouvelle espèce de plante fossile du groupe des Calamariées, et sur le rapport de la flore fossile avec la théorie de transmu- tation de Darwin; par M. Goeppert. Dresde, 1 864; opuscule in-4° avec planche. Beitràge... Matériaux pour servir à la connaissance des Cycadées fossiles; par M. Goeppert. Opuscule in-8°, sans lieu ni date, avec planche. ( ioi4 ) Ueber... Sur la flore tertiaire de Java; par M. GOEPPERT. Opuscule in-8°; sans lieu ni date. Beitrage... Matériaux pour servir à la connaissance de la flore du succin; par M. Goeppekt. Opuscule in-8°, sans lieu ni date. Die... Notice sur les phénomènes volcaniques de Santorin ; par M. le Ch. F. DE HAUER. Br. in-8°. (Extrait de Y Annuaire du Bureau géologique de Vienne.) Die... Le choléra, sa propagation, et des moyens les plus propres à en pré- server ; par M. A. Levy. i 866 ; opuscule in-8°. Resultate... Résultats des observations météorologiques prises en plusieurs lieux du royaume de Saxe, de 1848 à i863, et dans les vingt-deux stations royales de Saxe en i864; parM. le Dr C. Bruhns. Leipzig, 1866; br. in-4°. Mittlieilungen... Mémoires de la Société des Sciences naturelles de Slyrie , 1 863-1 864-1 865. Graz; 3 br. in-8°. Il valore... Confirmation et défense de la latitude assignée à Modène; par M. Bianchi. Modène, 1866; br. in-4°. Le specie. . . Description des différentes espèces de cotonniers; par M. F. Par- latore. Florence, 1866; br. in-4° avec atlas in-folio cartonné. ERRATUM. (Séance du 23 avril 1866.) Page 927, ligne 21, au lieu de sont comme le Drontc et le Solitaire des Oiseaux, lisez sont, comme le Dronte et le Solitaire, des Oiseaux insulaires. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SEANCE DU LUNDI 7 MAI 1866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIEK. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une ampliation du Décret impérial qui confirme la nomination de M. Dupny de Lôme à l'une des places créées par le Décret impérial du 3 janvier 18G6, dans la Section de Géographie et de Navigation. Il est donné lecture de ce Décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Dupuy de Lomé prend place parmi ses confrères. chimie. — Nouvelle communication sut la nature du suint de mouton; par M. CllEVREUL. « Dans une communication faite à l'Académie dans la séance du 4 de mai 1857, j'ai signalé l'existence de vingt-neuf corps dans le suint de mouton. » J'y ai signalé un grand nombre d'acides : la plupart sont unis à la po- tasse et les autres le sont à l'ammoniaque, à la chaux, à la magnésie, aux oxydes de fer, de manganèse et de cuivre. Les acides indiqués sont : » Le carbonique ; C. R. 1866, i« Semestre. (T. LXII, N° 19.) > 3a ( ioi6 ) » Le phocénique ; » Un acide volatil x, indéterminé; » Un principe gras cristallisable à la limite des acides; » L'acide stéariqne; » L'acide élaiérique; » Un acide cristallisable incolore, j » Un acide incristal lisable orangé jaune, > liquide brun ; » Un acide azoto-sulfuré, ) » Une matière acide azotique sulfurée insoluble dans l'eau ; » L'acide sulfurique ; » L'acide silicique; » L'acide phosphorique; » L'acide oxalique. » Je viens d'y reconnaître un acide que je nomme éliqae (sAaiov, huile). » Liquide à la température ordinaire, il a une densité un peu plus grande que celle de l'eau pure. » Il est incolore. » Il rougit le tournesol. » Il est insoluble ou presque insoluble dans l'eau pure. Quelques eaux acidulées peuvent le dissoudre. d II est très-soluble dans l'éther et l'alcool absolu. » L'élate de baryte est dissous par une proportion convenable d'eau, mais la solution diluée se trouble et laisse déposer sur les parois du vase une matière affectant la forme d'un vernis; elle est acide et retient de la baryte : c'est un sur-élate. » Ainsi voilà un acide gras, affectant la forme de l'acide oléique, qui con- stitue un composé soluble dans l'eau, tandis que l'oléate de baryte y est insoluble; et, fait remarquable, la solution de l'élate de baryte se comporte avec un excès d'eau comme le font les stéarates, les maigarates solubles, qui se réduisent aussi en sur-sels dans les mêmes circonstances. » L'élate de baryte est soluble dans l'alcool. » Il m'a semblé que l'éther en altère la neutralité en dissolvant, propor- tionnellement à la base, plus d'acide qu'il n'y en a dans le sel neutre. » MM. Maumené et Rogelet considèrent le suint comme neutre. Je l'ai trouvé constamment alcalin, et cette alcalinité est due à du carbonate de potasse hydraté que j'ai obtenu en cristaux. ( ioi7 ) » Je me suis assuré que ces cristaux ne renferment pas de soude. » Dans ma communication du 4 de mai 1857, j'ai dit n'avoir trouvé que des sels à base de potasse. MM. Maumené et Bogelet, ayant eu l'idée de brûler le suint pour en retirer ensuite la potasse, n'hésitent pas à considé- rer cet alcali comme absolument exempt de soude; mais je me suis bien gardé de prononcer d'une manière définitive, attendant, pour le faire, la fin de mon travail » MM. P. Gervais et Ch. Coqitekel font hommage à l'Académie d'un exemplaire de leur « Note sur le Dronte, à propos d'os de cet Oiseau ré- cemment découverts à l'île Maurice ». Cette Note, extraite des Comptes reîïdus du 23 avril, est accompagnée de quatre planches lithographiées. NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission chargée de décerner le prix de Médecine et de Chirurgie pour l'année 18GG (application de l'électricité à la thérapeutique). MM. Velpeau, Bayer, Longet, Serres, Cl. Bernard, Becquerel, Bobin, Cloquet, Coste, réunissent la majorité des suffrages. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la no- mination de la Commission chargée de décerner le grand prix de Chirurgie pour l'année 1866 (conservation des membres par la conservation du périoste). MM. Velpeau, Cl. Bernard, Rayer, Longet, Serres, Robin, Cloquet, Coste, Milne Edwards, réunissent la majorité des suffrages. M. Andral, ne pouvant prendre part aux travaux de la Commission nommée dans la séance précédente pour décerner les prix de Médecine et de Chirurgie (fondation Montyon), écrit pour prier l'Académie de vouloir bien accepter sa démission de cette Commission, et lui nommer un rem- plaçant. M. Milne Edwards, qui avait réuni le plus de voix à ce scrutin après M. Andral, le remplacera dans la Commission. l32.. ( 1018 ) MÉMOIRES LUS. PHYSIQUE DU GLOBE. — Notice sur le phénomène de la rotation diurne des vents et sur les mouvements généraux de l'atmosphère; par M. Boirgois. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à la Commission de Géographie et de Navigation.) « Sur les côtes exposées comme celles de Provence et du nord de la Tunisie, dont le gisement est à peu près celui des parallèles, lorsqu'il n'existe aucun courant général atmosphérique établi et que la chaleur so- laire a une certaine intensité, on observe le phénomène suivant, auquel je donnerai le nom de rotation diurne des vents. » Sur la rade d'Hyères, par exemple, la brise, fréquemment pendant l'été, se lève à l'est le matin, tourne au sud, en fraîchissant vers le mi- lieu du jour, passe ensuite à l'ouest en diminuant d'intensité le soir, tourne enfin au nord et à l'est pendant la nuit, pour recommencer le lendemain la même évolution si le temps ne change pas dans l'intervalle. Sur la rade de Tunis, dans les mêmes circonstances, la brise se lève à l'ouest le matin, tourne pendant le jour au nord en fraîchissant, puis le soir à l'est en per- dant de sa force. Enfin, pendant la nuit, elle achève son évolution en pas- sant à l'ouest par le sud, pour recommencer encore le même circuit, si rien n'est changé le lendemain dans les conditions atmosphériques. » La tendance naturelle des vents à tourner ainsi, sur la côte de Tunisie, est clairement indiquée par le dépouillement des journaux du Solferino qui, avec l'escadre d'évolution dont il faisait partie, a séjourné, du il\ mai au i[\ septembre 1864, sur la rade de Tunis. » Il résulte de ce dépouillement que, sur 7-2 jours pendant chacun des- quels le vent a varié notablement, il en est 28 signalés par une rotation complète et 3i par une rotation partielle de la brise dans le sens indiqué ci-dessus. » On voit aussi, en consultant les observations faites entre 4 heures et 8 heures du matin et du soir, que, le matin, le vent a soufflé 43 fois des rumbs voisins de l'ouest, et 8 fois seulement des rumbs voisins de l'est; le soir, le venta soufflé rôi fois des rumbs voisins de l'est, et seulement 7 fois des rumbs voisins de l'ouest. » Les hauteurs barométriques ne semblent pas avoir été influencées par les variations diurnes de direction de la brise. ( ,or9 ) » La cause première du phénomène est évidemment celle qui produit les brises de terre et du large. C'est l'inégalité des températures de la terre et delà mer, de même que l'inégalité des températures sur les divers parallèles, qui est la cause première des vents alizés. » Ce qui reste à expliquer dans la rotation diurne des vents, c'est la ten- dance des brises de terre et du large à prendre la direction des parallèles, tantôt dans un sens et tantôt dans un autre, tendance qui doit évidemment avoir la même cause que la composante des vents alizés dans la direction de l'est à l'ouest. » Deux théories ont été proposées à ce sujet. » L'une est celle de Musschenbroeket deLacoudraye, adoptée en partie par l'amiral anglais Fitz-Roy, et qui lait dépendre cette composante des variations diurnes de la température sur les différents méridiens, à mesure qu'ils sont successivement échauffés par le soleil. » L'autre, plus généralement admise, est celle de Hadley, qui voit la cause de cette composante dans les différences des vitesses de rotation des divers parallèles traversés par les courants. » De ces deux théories, la première est entièrement impuissante à rendre compte des faits observés dans des parages et dans une saison où cepen- dant l'effet de la chaleur solaire ne doit pas différer beaucoup de ce qu'il est habituellement sous les tropiques. La seconde, au contraire, donne de ces faits une explication complètement satisfaisante. a Ainsi, sur les côtes qui courent de l'est à l'ouest environ, et clans les circonstances qui donnent naissance aux brises de terre et du large, ces brises, dirigées d'abord suivant les méridiens, doivent être déviées sur la droite, dans notre hémisphère, par l'accroissement ou la diminution des vitesses de rotation des parallèles qu'elles coupent successivement sur leur chemin. D'où résulte qu'en rade d'IIyères la brise du large, arrivant du sud, doit tourner à l'ouest, et la brise de terre, venant du nord, à l'est; qu'en rade de Tunis, la brise du large, venant du nord, doit tourner à l'est, et la brise de terre, venant du sud, à l'ouest. » L'observation est, sur ce point, tout à fait d'accord avec les consé- quences de la théorie de Hadley. Il est à remarquer, en outre, que les faibles vitesses de ces brises de transition du matin et du soir correspondent, pour les lieux déjà cités, aux différences des vitesses de rotation de paral- lèles éloignés d'une quinzaine de milles, distance à laquelle paraît s'étendre en moyenne l'influence des brises solaires. ( 1020 ) )) On trouve donc une explication satisfaisante et plausible du phénomène delà rotation diurne des vents dans la théorie de Hadley, qui admet comme cause des vents alizés les différences des températures et des vitesses de rotation sur les divers parallèles. « Mais ces causes ne sauraient avoir leur effet limité par les tropiques. Elles agissent sur toute la surface du globe et déterminent les directions générales des grands courants atmosphériques. » Dans un Mémoire publié, il y a trois ans, sous le titre de : Réfutation du système des vents de M. Maury, j'ai tracé approximativement l'orbite que tendent à décrire ces courants. v La partie occidentale de leur parcours, bien qu'accomplie dans les régions supérieures de l'atmosphère, est signalée à la surface de la terre par les trajectoires des cyclones. » Leur partie septentrionale, dans notre hémisphère, est dessinée par de grandes courbes, concaves vers l'équateur, et dont les éléments coupent les méridiens sous des angles variables qui correspondent aux directions successives de vents tournant graduellement du sud-ouest au nord-ouest, et enfin au nord-est, direction normale des vents alizés. » Une confirmation remarquable de cette opinion se trouve dans le Bulletin météorologique de l'Observatoire impérial du H septembre 1 864- » C'est, en effet, dans les termes suivants que M. Marié-Davy résumait à cette époque les conséquences générales des observations antérieures con- signées dans ce Bulletin : « Dans l'état normal de l'atmosphère et abstraction faite des accidents » qui s'y produisent d'une manière très -fréquente, un grand courant aérien » traverse l'Atlantique nord dans la direction du sud-ouest au nord-est, » aborde les côtes de l'Europe, à peu près à la hauteur moyenne des Iles » Britanniques, en s'inclinant graduellement vers l'est, et se transforme peu » à peu en courant du nord au nord-est à mesure qu'il pénètre plus avant » sur le continent. » La largeur de ce courant varie dans des limites très-étendnes suivant » la saison. Son lit se déplace, tantôt vers le nord, tantôt vers le sud ; l'am- » pleur de l'arc qu'il décrit à la surface de l'Europe, avant de se transformer » en un courant de nord-est de retour, est pareillement très-inégale. » ( 1021 ) HYGIÈNE PUBLIQUE. — Propagation du choléra dans la ville de Marseille, après i 'arrivée des pèlerins arabes, en juin 1 865 ; par M. Grimaud de Caux. (Extrait.) (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) « Pour bien exposer le mode de propagation de la maladie, j'ai besoin d'entrer dans quelques détails circonstanciés. Ces détails offriront la mesure du crédit que les recherches présentes doivent avoir dans la science. » Dès mon arrivée, je fis connaître publiquement l'objet spécial qui m'amenait à Marseille : « il se rapporte, disais-je, aux circonstances qui ont » mis en fuite une partie des habitants. » » Une visite, faite aux autorités supérieures, m'ouvrit toutes les portes et me ménagea partout un accueil sympathique. » Je reçus communication d'une foule de faits. Mais, ces faits, il fallait les réduire à leur valeur, les dégager des exagérations dont l'émotion géné- rale pouvait les avoir affectés. Il fallait distinguer les plus significatifs, remonter à l'origine, apprécier les conséquences immédiates ou éloignées. Il fallait, en un mot, assigner à chacun son vrai caractère. » De l'ensemble de mes premières recherches, résultait la conviction que le choléra s'était manifesté à Marseille bien avant le 23 juillet, date fournie par la première déclaration officielle. » Nous étions au 20 septembre, rémigration avait atteint le chiffre de 104,000 personnes et la mortalité son maximum depuis le 16. La frayeur et l'abaltement étaient peints sur tous les visages : on ne voyait que des figures attristées et des vêtements de deuil. » A cette époque, on commença à allumer de grands feux dans les rues. Ces feux produisirent deux résultats intéressants : pour le peuple, une dis- traction puissante, démontrée par l'animation que cette sorte de spectacle produisait partout jusque bien avant dans la nuit. Sous ce rapport, c'étaient de véritables feux de joie. Aux yeux de l'hygiéniste, l'autre résultat ne fut pas moins important : ces feux firent brûler tous les bois pourris, les vieux débris, les chiffons, réceptacles de vermine et foyers de mauvaises odeurs, dont on purgea ainsi toutes les maisons de haut en bas; car l'incendie fut général dans Marseille et ses environs. » Après avoir fouillé, non sans danger, dans tous les quartiers, visité des maisons et des rues presque entièrement vidées de leurs habitants par ( 1022 ) l'émigration ou par la mort, je n'avais encore aucun fait démontrant nette- ment que la maladie était bien venue du dehors. » Je savais, de science certaine, une seule chose, que la maladie s'était manifestée d'abord dans les vieux quartiers et dans cette partie percée de lues étroites qui fait face au fort Saint-Jean et aux ports neufs. » Je savais en outre que, sur le quai du port de la Joliette, du côté des escaliers de la Major, dans la nuit du i4 au i5 juin, on avait relevé deux cholériques. » Je savais enfin, mais d'une manière vague et sans aucun détail précis qui me permît de remonter à la source, qu'un navire avait apporté des pèlerins de la Mecque, et que plusieurs de ces pèlerins étaient morts. » Cependant le fait des deux cadavres de cholériques relevés sur les es- caliers de la Major et le fait de la manifestation de l'épidémie dans le même quartier étaient si bien liés, que, selon toute probabilité, le décès des Arabes, si ce décès avait eu lieu réellement, avait avec eux quelque re- lation, peut-être même un rapport de cause à effet. » J'allai à la municipalité dépouiller les registres du mois de juin. Il était nécessaire de relever les décès sur les bulletins mêmes. Je me vis en présence de ^58 chiffons de papier, de grandeurs et d'écritures diverses, à déchiffrer et à compulser. » Je cherchais des cas de mort par le choléra; et naturellement je por- tais mon attention sur l'indication des causes de la mort de chaque sujet. Or, dans le plus grand nombre des bulletins où cette cause était men- tionnée, je ne trouvais que des cas dits de mort naturelle. A Marseille, il n'y a que les morts violentes et provoquées qui sont spécifiées. » La difficulté était donc assez grande. Je pensai à la fin que les Arabes n'avaient pas un nom européen; et, négligeant les causes de mort, je repris les bulletins pour y lire les noms. » C'est ainsi que fut découvert l'Arabe Ben Kaddour : son acte de décès fait partie de la journée du 12 juin, qui compte 20 morts. Je fus heureux de cette rencontre comme d'une véritable découverte. » Restait à savoir d'où venait ce Ben Kaddour. La déclaration de décès avait été faite par deux voltigeurs du 38e de ligne, et l'aide-major du même régiment avait signé le bulletin de décès. Les renseignements fournis par laide-major, M. le Dr Renard, me conduisent au capitaine Dol, comman- dant du fort Saint-Jean ; et ceux de M. Dol me font remonter au Commis- sariat du port, où j'apprends que la Stella, qui a amené les pèlerins, est ( 1023 ) aussi le navire par lequel on a su à Marseille la première nouvelle de l'existence du choléra à Alexandrie. » Je ne pouvais borner là mes recherches; je voulus voir, de mes yeux, ce nom arabe inscrit sur le manifeste de la Stella. » Ce manifeste était à la Préfecture. Il fallut feuilleter des liasses pour le trouver. Quand je l'eus en main, j'y vis encore autre chose que le nom du hadj cl arbi Ben Kaddour. Au lieu du pèlerin mort, j'en avais trois maintenant, dont deux jetés à la mer le 9 juin. » Dès ce moment, je pus croire et affirmer que le choléra était arrivé à Marseille par la voie de mer. (Voyez Comptes rendus, t. LXI, p. 5g 1.) Et désormais nul ne peut plus y contredire. Je pus croire à tous les cas de choléra dont on m'avait parlé : je n'avais plus le droit d'en nier aucun, sans y aller voir. Je pouvais croire aux deux foudroyés de la Major, à la femme de l'ouvrier génois et à son enfant morts du choléra dans la rue Sainte-Catherine, au peintre en bâtiment atteint sur le Moeris, après y avoir passé la journée, etc., etc. » Cependant je me serais bien gardé d'accepter ces faits sans contrôle. Ils ne figurent point dans mes récits, parce que je ne les ai point vérifiés; ils ne m'étaient point nécessaires. » Les allures du choléra ont donc été les mêmes à Marseille et en Egypte. A Marseille, comme en Egypte, c'est dans les environs des lieux d'arrivage que le choléra s'est manifesté tout d'abord. A Marseille, comme en Egypte, la maladie est restée confinée dans ces mêmes lieux pendant plusieurs jours. A Marseille, comme en Egypte, les conditions de salubrité n'ont point été des conditions absolues de santé publique; elles n'ont pas produit 1 immunité. » Si en Egypte on peut suivre la diffusion mieux qu'à Marseille, c'est que, dans une cité populeuse, les voies sont diverses et très-multipliées; la foule va dans toutes les directions; les rencontres, les rapports, les con- tacts sont infinis et toute surveillance est impraticable. Tandis qu'en Egypte, les limites du désert, la ligne du chemin de fer, les canaux, tout est frontière et peut être surveillé directement avec une incontestable effi- cacité. » M. Arthur donne lecture d'un « Mémoire sur les générations spon- tanées ». (Renvoi à la Commission nommée pour les communications relatives aux générations spontanées.) C. B., 1866, i« Semestre.^. LX1I, 1N° 19.) l33 ( 1024 ) MÉMOIRES PRÉSENTES. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux purlics transmet à l'Académie, pour être soumise à la Commission du prix Bréant, une Lettre adressée à l'Empereur par M. Maûr, concernant les droits que l'auteur croit avoir à ce prix. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) M. Chevreul présente à l'Académie : « i° Une lettre de M. l'ingénieur Eymard. qui a trouvé un moyen éco- nomique d'isoler les acides gras des savons ordinaires de la matière grasse du suint. 11 pense que celle-ci sera d'un bon usage pour la conservation des cordages des vaisseaux. M. Bussy se propose d'analyser prochainement le travail de M. Eymard. » 2° Un Mémoire de MM. Maumené et Rogelel sur le suint et l'extrac- tion par calcination de la potasse qu'il renferme. On sait que ces chimistes ont eu l'idée de cette industrie, et qu'une médaille leur a été décernée à l'Exposition de Londres. » M. Chevreul propose le renvoi de ces travaux à l'examen d'une Com- mission dont il désire ne pas faire partie, par la raison qu'il ne partage pas l'opinion de MM. Maumené et Rogelet sur plusieurs points. » Les deux Mémoires sont renvoyés à une Commission composée de MM. Pelouze, Payen, Fremy, Bussy. EMBRYOGÉNIE comparée. — Métamorphoses des Crustacés marins. Quatrième Note de M. Z. Gerre. (Renvoi à la Commission nommée pour les trois Notes précédentes.) « Conclusions. — De l'ensemble des observations que j'ai faites sur les larves des Crustacés marins, observations dont j'ai eu l'honneur de commu- niquer les principaux résultats à l'Académie des Sciences dans les séances du 26 décembre i8(i/|, du 9 janvier 1 865 et du 23 avril 18GG, je crois pou- voir tirer les conclusions suivantes : » i° Les larves des espèces appartenant aux genres Main, Pisa, Plalycar- cinus, Cancer, Xantus, Gonoplax, Portunus, Porcellana, Palinurus, Ilomarus, ( 1025 ) Callianassn, Cranrjon, Àthanas, Palemon, Mysis, Jone, et très-probablement celles d'une foule d'autres genres, subissent tontes, immédiatement après la naissance, une première mue qui leur donne une forme différente de celle qu'elles avaient dans l'œuf. » 2° Aucun des Crustacés marins de la division des Podophthalmes et de celle des Edrioplithabnes que j'ai observés n'apporte en naissant une orga- nisation complète et des formes qui puissent les faire rapporter à l'espèce à laquelle ils appartiennent, et tons sont pourvus d'appendices transitoires de natation qui leur donnent une locomotion différente de celle qu'ils auront à l'état parfait; appendices qui persistent jusqu'à la cinquième ou à la sixième mue, et qui s'atrophient sur place sans tomber. » 3° Ce n'est, chez les uns, qu'à la cinquième mue qui suit la naissance, qu'à la sixième chez les autres, et après avoir subi des modifications à chaque mue, que les formes générales de l'adulte et que les organes externes sont complets. w C'est à ces formes externes transitoires, si différentes de celles des animaux parfaits, et se modifiant à chacune des cinq ou six premières mues, que sont dus une foule de fausses espèces, de faux genres, des fa- milles douteuses (i), et même, en ce qui concerne les larves des Lan- goustes, un ordre tout entier à éliminer. » 4° Si rapprochées que soient par la forme extérieure les larves des diverses espèces de Crustacés, elles offrent cependant dans la disposition, la configuration, le nombre des taches de la peau ou de l'intestin, notam- ment dans le nombre et la conformation des appendices transitoires qui ornent l'extrémité du dernier anneau de l'abdomen, des caractères certains qui permettent de dire à quelle espèce telle ou telle larve appartient. o 5° L'estomac des larves des Crustacés marins ne présente aucune pièce solide propre à broyer les aliments : il est simplement muni à sa face interne de y/mt/es roicles, rangées par séries, et de cils vibratiles semblables à ceux que l'on trouve dans l'estomac d'une foule d'animaux inférieurs. Ces cils impriment aux molécules organiques dont l'animal se nourrit des mouvements incessants de rotation. » 6° Dans toutes les larves des Crustacés, le foie, d'abord réduit à deux simples culs-de-sac, un de chaque côté, est manifestement un diverticulum (i) La famille des Ericliihicns, dans l'ordre des Stomapodes, me paraît en grande partie établie sur des Crustacés à l'état de larve. i33.. ( 1026 ) du tube intestinal, avec lequel il a de larges communications, et forme, en se ramifiant, un arbre creux, à la base duquel on voit osciller les globules vitellins que la vésicule ombilicale verse dans la portion pyloriquedc l'in- testin. » 70 Les Crustacés marins, de quelque manière que s'exécute plus tard leur fonction respiratoire, ont tous, à l'état de larve, une respiration tégu- m en taire. » A l'exception des Homards, qui ont en naissant un appareil branchial tout à fait rudiment aire et impropre à exercer aucune fonction, les larves des autres genres de Crustacés dont j'ai donné plus liant rémunération sont absolument dépourvues de cet appareil : il en est même qui n'en présentent de traces qu'après plusieurs mues. » 8° L'absence de la fonction respiratoire branchiale entraîne néces- sairement une différence radicale entre la circulation de l'individu à l'état de larve et de l'individu à l'état parfait , c'est-à-dire ayant acquis ses brancbies. » Chez toutes les larves de Maïa, de Porcellane, de Crangon, de Palé- mon, de Langouste, de Homard, de Crabe, d'Étrillé, etc., le sang que les artères ont distribué aux diverses parties du corps revient, tout entier, direc- tement au cœur, et cet état se continue jusqu'à un âge avancé. Ce n'est qu'après la troisième mue que, dans l'a larve la plus complète des espèces de nos mers, celle du Homard, quelques globules sont distraits de la cir- culation générale primitive pour pénétrer dans les branchies naissantes. » q° Toutes les artères s'ouvrent directement dans les trajets veineux par une ouverture plus ou moins coupée en biseau et plus ou moins dilatée en forme de trompe. « io° Chez quelques larves, l'artère abdominale peut présenter sur son trajet, et très-loin de l'organe central de la circulation, une sorte de sphinc- ter qui, en se contractant, suspend momentanément l'apport du sang aux parties postérieures (1). n 1 i° Quoique les épines transitoires qui arment le thorax de certaines (1) Cette singulière particularité e.\iste non-seulement chez les larves des Homards, comme je l'ai indiqué, mais aussi chez celles des Porcellanes. Il est même probable qu'elle se ren- contre sur beaucoup d'espèces et peut-être sur toutes; car, lorsque l'on observe la circula- tion dans le dernier anneau de l'abdomen des larves de Tourteau, de Crabe, de Palemon, etc., on constate des interruptions dans cette circulation. ( 1027 ) espèces ne reçoivent aucun rameau artériel, il s'établit pourtant dans leur cavité une circulation complète. Quelques-uns des globules que les lacunes veineuses ramènent au cœur font diversion dans ces appendices transitoires, les parcourent dans presque toute leur longueur et reviennent par une voie parallèle dans la lacune même d'où ils étaient partis. » 12° Le système nerveux central des larves de Crustacés présente une disposition et des formes différentes de celles des individus parfaits, et le développement de chacun des noyaux médullaires qui constituent les masses ganglionnaires est en rapport avec le développement des organes auxquels ces noyaux correspondent. » i3° Enfin, les larves d'aucune espèce de Crustacés ne présentent des traces de l'appareil génital. » Tous les faits sur lesquels ces conclusions sont établies, faits dont on ne saurait nier l'importance, tant au point de vue zoologique, qu'au point de vue anatomique et physiologique, avaient complètement échappé jusqu'ici à l'observation des naturalistes. » Cette Note est accompagnée de dix planches. ANATOMIE vétérinaire. — Note sur les muscles adducteurs de la cuisse chez les animaux domestiques ; par M. Goubaux. (Extrait.) (Commissaires : MM. Velpeau, Coste, Cloqutt.) Les résultats de ces recherches peuvent être résumés de la manière sui- vante : « i° Chez le Cheval, l'Ane, le Chien, le Chat et le Lapin, le muscle adducteur de la cuisse se compose de trois portions dont on pourrait faire trois muscles particuliers : le court adducteur de la cuisse, le grand adduc- teur de la cuisse et le petit adducteur de la cuisse. » 2° Chez le Bœuf, le Mouton, la Chèvre et le Cochon, le muscle adduc- teur de la cuisse se compose de deux portions : l'une qui correspond au court et au grand adducteur de la cuisse des animaux dénommés dans le premier groupe, et l'autre qui est le petit adducteur de la cuisse. » ( ioa8 ) CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur les phénomènes généraux de la combustion; par M. A. Boii.i.ot. (La première partie de cette Note était contenue dans un pli cacheté déposé par l'auteur le 12 mars, et ouvert aujourd'hui sur sa demande.) (Commissaires : MM. Chevreul, Fremy.) « Le grand phénomène de la comhustion, si bien analysé par Lavoi- sier, ne doit pas être exclusivement circonscrit à la combinaison des corps avec l'oxygène, lorsqu'ils brûlent dans ce gaz ou dans l'air. » En général, la combustion consiste dans la combinaison des corps avec production de chaleur souvent accompagnée de lumière. » Cette définition est fondée sur les considérations suivantes : » i° Un jet d'hydrogène (produit par la décomposition de l'eau au moven du zinc et de l'acide sulfurique, ou par tout autre moyen) brûle à l'air ou dans l'oxygène, en portant sa température à un degré conve- nable. » Réciproquement, un jet d'oxygène (produit par la décomposition du chlorate de potasse au moyen de la chaleur, ou par l'action de l'acide sul- furique sur le peroxyde de manganèse, ou, etc.) brûle dans une atmo- sphère d'hydrogène, en enflammant ce jet gazeux. Un jet d'air atmosphé- rique brûle dans les mêmes circonstances. » Pour réaliser cette expérience, on peut, dans une longue éprouvelte remplie d'hydrogène qu'on allume (l'éprouvette étant renversée), intro- duire un jet d'oxygène; il y brûle en produisant de l'eau. On pourrait encore enflammer le jet d'oxygène dans l'atmosphère d'hydrogène, au moyen de l'étincelle électrique, en opérant à vase clos. » 20 Dans un vase rempli de chlore gazeux, le gaz hydrogène conti- nuera à brûler, si on l'enflamme d'abord à l'air, et si on introduit le jet enflammé dans le chlore. » Réciproquement, dans un vase rempli d'hydrogène, un jet de chlore gazeux brûlera, si on porte sa température au degré suffisant, soit par l'é- tincelle électrique, soit au moyen d'une bougie allumée, soit encore en allumant une épronvetle d'hydrogène à l'air, en la renversant, et en intro- duisant aussitôt un jet de chlore gazeux dans son intérieur. La production de l'acide chlorhydrique doit avoir lieu dans les deux cas. C 1029 ) » 3° L'oxyde de carbone, l'acide suif hydrique, etc., brûlent dans l'air et dans l'oxygène. » Réciproquement, l'oxygène et l'air doivent brûler dans des atmo- sphères des gaz précédents. » Dans une prochaine communication, je donnerai des explications sur des phénomènes du même ordre, étendus à d'autres gaz. » L'objet de la deuxième Note est de montrer que l'oxygène n'est pas seulement un corps comburant, mais qu'il est aussi combustible. A cet égard, il ne se distingue en aucune façon de l'hydrogène, de l'oxyde de carbone, et généralement de tous les autres gaz susceptibles d'entrer en combinaison avec dégagement plus ou moins grand de chaleur et de lu- mière. » Pour le démontrer, je décrirai seulement deux expériences que j'ai répétées plusieurs fois. » Première expérience. — J'ai rempli une grande éprouvette de gaz hy- drogène recueilli sur l'eau. A côté, j'ai dégagé un courant de gaz oxygène, en chauffant du chlorate de potasse dans un ballon en verre surmonté d'un tube effilé suffisamment long. Lorsque je me fus assuré du dégage- ment de l'oxygène, j'allumai l'hydrogène de l'éprouvette, en la tenant renversée, et j'en recouvris le tube à oxygène, de manière à placer son ex- trémité à la partie supérieure de l'éprouvette. Pendant que l'hydrogène brûlait au bas de celle-ci , on voyait brûler le jet d'oxygène en haut du même vase, avec une jolie flamme rouge-pourpre d'une intensité assez vive. » Le courant d'oxygène étant devenu moins fort, je recommençai l'expérience, et la flamme d'oxygène devint plus petite et d'un rouge bleuâtre, mais toujours complètement distincte et séparée de celle de l'hy- drogène. » Seconde expérience. — Elle est relative à la combustion d'un courant ou jet d'air, opérée dans les mêmes conditions. Pour obtenir un courant d'air uniforme, j'ai adopté une disposition très-simple : j'ai pris une bou- teille ordinaire, de la capacité d'un litre, j'ai fait traverser son bouchon par un petit entonnoir en verre et à rainures intérieures. Dans l'entonnoir passait un tube d'un petit diamètre, retenu par un bouchon servant sim- plement de support et échancré tout autour. Ce tube pénétrait dans l'in- térieur de la bouteille, un peu au-dessous du petit orifice de l'entonnoir. Ce même tube était graissé, au bout plongeant dans la bouteille, sur une ( io3o ) petite étendue tle ses deux parois, afin d'empêcher l'eau coulant de l'en- tonnoir de remonter dans son intérieur et d'interrompre le courant d'air produit à son extrémité extérieure. En versant de l'eau dans l'entonnoir, de manière à le maintenir à peu près plein, j'avais un courant d'air constant. » J'ai fait brûler ce jet d'air dans l'éprouvette d'hydrogène, comme je l'avais fait pour l'oxygène dans l'expérience précédente. La flamme inté- rieure de l'éprouvette était d'une couleur rouge à l'intérieur et verte sur son pourtour. » Ainsi, j'avais en même temps de l'hydrogène brûlant dans l'air et de l'air ou de l'oxygène brûlant dans cet hydrogène. » Il est évident que l'expérience durerait plus longtemps en opérant à vase clos, dans une atmosphère d'hydrogène qu'on pourrait d'ailleurs ali- menter de gaz. » Je ne doute pas que l'on ne puisse effectuer de la même manière la com- bustion de l'oxygène et de l'air dans l'oxyde de carbone, dans l'hydrogène sulfuré, et généralement dans tous les gaz qui brûlent dans l'oxygène ou dans l'air. » J'ai répété cette combustion de l'air plusieurs fois, toujours avec le même succès. Au lieu d'une éprouvette, j'ai rempli une bouteille d'hydro- gène; l'expérience durait plus longtemps. J'ai aussi empêché la continua- tion de la combustion de l'hydrogène, en appliquant à la partie inférieure de l'éprouvette une rondelle de papier humide, et en bouchant la bouteille d'hydrogène dès que le tube à air y était introduit, au moyen d'un bouchon passé sur ce tube à air. J'ai ainsi obtenu la combustion de l'air dans l'hy- drogène, sans que celui-ci continuât à brûler dans l'air. » M. Liais adresse à l'Académie deux exemplaires de la Notice sur ses tra- vaux scientifiques qu'il a fait imprimer à l'appui de sa candidature pour les prochaines élections dans la Section de Géographie et de Navigation. (Renvoi à la Section de Géographie et de Navigation.) M. Duhamel présente, au nom de M. Guldberg, un Mémoire sur les fonc- tions inverses, appliquées à la théorie des fonctions algébriques. (Commissaires : MM. Hermite, Serrel.) M. Motet adresse, pour le concours du grand prix de Chirurgie, un Mé- moire sur la conservation des membres par la conservation du périoste. (Renvoi à la Commission du grand prix de Chirurgie.) ( io3. ) M. Coste présente au nom de l'auteur, M. Empis, qui le destine au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, un ouvrage ayant pour titre : « De la granulie ». (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Instruction publique autorise l'Académie à prélever, sur les reliquats disponibles des fonds Montyon, diverses sommes qui de- vront recevoir les destinations indiquées par la proposition l'Académie. M. le Préfet de la Seine adresse à l'Académie un exemplaire du « Bulle- tin de Statistique municipale » pour le mois de décembre i865. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un opuscule de M. Ed. Hébert ayant pour titre : « Note sur le terrain nummulitique de l'Italie septentrionale et des Alpes, et sur l'oligocène d'Allemagne ». chimie organique. — De l'acide bromocuminique. Note de MM. A. Naquet et W. Louguinine, présentée par M. Balard. « Désirant obtenir l'acide oxycuminique d'une manière plus directe que ne l'a fait M. Cahours, qui prépare d'abord de l'acide amidocuminique, le dissout clans de l'acide nitrique el fait passer dans cette dissolution de l'oxyde d'azote, nous avons pensé qu'il serait possible d'arriver au même résultat en prenant comme point de départ l'acide bromocuminique. Cet acide n'étant pas encore connu, nous nous sommes servis pour l'obtenir de la belle réaction que M. Peligot a appliquée à la préparation de l'acide bromobenzoïque, homologue de celui que nous cherchions. Nous avons préparé l'acide cuminique en faisant réagir de l'aldéhyde cuminique pur sur de la potasse fondante, d'après le procédé décrit dans tous les traités de Chimie; après avoir précipité le sel d'argent de cet acide, nous l'avons complètement desséché à l'étuve, ce qui ne présente pas de difficultés, vu que ce sel est assez stable. Une capsule contenant 25 grammes de cuminate d'argent, réduit en poudre aussi fine que possible, a été disposée sur un C. R., 1866, 1er Semestre. (T. LX1I.N0 19.) I 34 ( 1032 ) trépied en verre, au-dessous duquel se trouvait une autre capsule plus petite contenant une quantité de brome ne dépassant que de très-peu la quantité théoriquement nécessaire pour la réaction que nous avions en vue. Le trépied et la capsule à brome reposaient sur un plateau de verre, et le tout était recouvert d'une cloche graissée sur le plateau. L'intérieur de la cloche s'est rempli bientôt de vapeurs de brome. Après avoir attendu près d'une semaine, nous avons vu ces vapeurs diminuer. Il ne restait plus de brome dans la capsule inférieure, nous en avons conclu que la réaction était terminée; la cloche enlevée, nous avons traité avec de l'éther le con- tenu de la capsule. Il est resté un dépôt de bromure d'argent. L'éther en s'évaporant a laissé déposer en abondance des cristaux colorés en rouge par un excès de brome. Ce corps a été purifié par des pressions, dissolulion dans de l'éther et cristallisations successives, jusqu'à le rendre complètement blanc. Nous avons soumis le corps ainsi obtenu à l'analyse. Mais les nombres qu'elle nous a donnés ne correspondaient pas à ceux exigés par la théorie pour l'acide bromocuminique; nous avions évidemment affaire à un mélange d'acide bromocuminique et d'acide cuminique régénéré. Les nombres que nous avait donnés notre analyse nous permirent d'évaluer approximativement à 12 pour 100 la quantité d'acide cnminiqne mêlé à l'acide bromocuminique. Pour nous débarrasser de l'acide cuminique, nous avons eu recours à des lavages réitérés à l'eau bouillante; la quantité d'acide cuminique ne formant qu'un dixième environ de la masse, nous avons réussi à l'éliminer ainsi en totalité. Après avoir fait bouillir une dizaine de fois le mélange et décanté chaque fois l'eau qui avait servi à cet usage, nous sommes parvenus à le séparer en deux parties, dont l'une, soluble dans l'eau bouillante, s'était déposée par le refroidissement des eaux décantées, et l'autre partie, qui était de beaucoup la plus considérable, était restée insoluble. Chacune des deux portions fut desséchée et recristal- lisée dans de l'éther. Toutes deux se présentaient sous forme de masses cristallines complètement blanches. Nous avons soumis à l'analyse la partie insoluble dans l'eau bouillante. » L'analyse nous a donné les nombres suivants : I. II. Théorie. C 5o,oo 49,38 49>35 H 4,80 4.84 4,5-2 » Un dosage de brome nous a donné : Théorie. Br 33, 10 3a, r/a ( io33 ) » Ces nombres nous conduisent à la formule €,0H" Br G»2. L'acide bromocuminique ainsi obtenu est un corps cristallin blanc, fusible à il\6 degrés, presque complètement insoluble dans l'eau bouillante et ab- solument insoluble dans l'eau froide, peu soluble dans l'alcool froid, plus soluble dans l'alcool chaud, et très-soluble dans l'éther. » Nous avons préparé le sel d'argent de cet acide en précipitant le sel de potasse avec du nitrate d'argent. Le bromocuminate d'argent est un précipité blanc insoluble dans l'eau et inaltérable par elle, même à i5o de- grés; il se dissout légèrement dans l'alcool bouillant. Le sel de potasse qui a servi à la préparation du bromocuminate d'argent a été obtenu en saturant de l'acide bromocuminique par un léger excès de carbonate de potasse en solution aqueuse, évaporant à siccité, reprenant par l'alcool pour éliminer le carbonate alcalin en excès et évaporant de nouveau. C'est un sel blanc, soluble dans l'eau et l'alcool. Sans pouvoir rien préciser sur la manière dont agit le brome sur le cuminate d'argent dans cette réaction, nous ne pouvons que donner une hypothèse qui nous paraît probable. » Il se peut que la réaction s'opère en deux périodes distinctes : il se formerait d'abord du bromocuminate d'argent et de l'acide bromliydrique £io fjn ' | q + jj Bl,5 leque] agissant sur le bromocuminate d'argent déjà formé donnerait de l'acide bromocuminique libre et du bromure d'argent. Pour vérifier jusqu'à un certain point cette supposition, nous nous propo- sons de triturer le cuminate d'argent avec de l'iode qui, d'après M. Ivekulé, ne donne pas de produit de subsiitution. Si la réaction s'est faite comme nous le supposons, nous n'obtiendrons pas d'acide iodocuminique par ce procédé. Au contraire, nous en obtiendrons probablement un si la réaction s'est faite conformément à l'équation directe C10H" AgO2 -H aBr = C,0H"BrO2 -+- AgBr. » Nous avons vainement essayé jusqu'ici de préparer l'acide oxycumi- nique en traitant le bromocuminate d'argent par l'eau à i5o degrés. Celle difficulté que présente le brome à être remplacé par l'oxhydryle peut s'ex- pliquer d'après la belle tbéorie de M. Kekulé sur la série aromatique, en admettant que le brome se trouve substitué dans la chaîne benzine de l'acide cuminique. Nous continuons ces recherches dans le laboratoire de M. Wurtz, où les travaux que nous présentons actuellement ont été laits. » i34.. ( io34 ) CHIMIE minérale. — Analyse de Veau de Vergèze (source Dulimbert) et composition des gaz qui se dégagent de la source des Bouillants; par 31. A. Bèchamp. « Les sources de l'eau minérale dont il s'agit sont situées dans le dépar- tement du Gard, entre INimeset Montpellier, près du chemin de fer, à une petite distance de la station du village de Vergèze. D'après M. Dumas (de Sommières), elles traversent le néocomien et arrivent à la surface à travers une première couche d'argiles suhapennines et une seconde couche de sables subapennins recouverts de diluvium alpin. J'ai analysé l'eau de la source Dulimbert et le gaz de la source dite des Bouillants. » Un litre d'eau de la source Dulimbert contient : Acide carbonique 2,29090 Acide sulfurique 0,04371 Acide silicique o,o2233 Chlore 0,01761 Potasse 0,00178 Soude 0,01600 Cliaux o,522i6 Magnésie 0,01477 Oxvdede manganèse traces Peroxyde de fer 0,00292 Alumine o, 00 106 Oxyde de cuivre 8,oooo3 Arsenic traces décelables dans 25 litres Matière organique o,oo363 Azote 3C%7 Oxygène °c°>9 La saveur de cette eau est légèrement bitumineuse et acidulé. La tempéra- ture varie de iG à 17 degrés et la densité est 1,00139. » Une analyse est souvent aussi remarquable par l'absence de certains éléments que par ceux dont elle révèle l'existence. L'eau de la source Dulimbert ne contient pas d'acide borique décelable par le procédé de Rose, ni d'acide pliosphorique, ni de baryte, ni d'acide nitrique. J'y ai re- cherché l'iode par le procédé très-sensible que j'ai publié à propos de l'ana- lyse de l'eau de Balaruc : il n'en existe pas une quantité suffisante pour être décelée dans G litres d'eau. » Gaz de ta source des Bouillants. — Ils s'échappent en bouillonnant, sous ( io35 ) la forme de grosses bulles, à travers l'eau minérale, sur une surface de près de i hectare, ce qui donne une idée de l'énorme volume de gaz qui se dégage à chaque instant et sans interruption. M. Dumas suppose qu'une colonne unique de gaz arrive à la surface de l'argile subapennine, pour se diviser en nombreux filets à travers la couche de sable qui la recouvre. » La source des Bouillants était connue des Romains, car M. Granier, le propriétaire actuel, a découvert dans le bassin qui la contient une piscine romaine, et dans celle-ci des monnaies qui attestent l'antiquité de la source actuelle et de son emploi. » J'ai analysé les gaz que l'eau tient en dissolution et ceux qui s'en dégagent spontanément. » (a) La partie non absorbable par la potasse des gaz dégagés par l'ébul- lition se compose, en centièmes : ce Azote 69» 9 Oxygène 3o , 1 C'est la composition de l'air dissous dans l'eau. 1 litre d'eau minérale contient 7e0, 81 de ce mélange. » (6) La composition des gaz spontanément dégagés est la suivante : » \[\ litres de gaz, ramenés à zéro et sous la pression normale, se rédui- sirent à 1^235 centimètres cubes; ils renfermaient pour 1000 parties en volume : Acide carbonique 982,75 Azote. ... i 3 , 74 Oxygène 3,5i 1000,00 Le gaz avait été recueilli dans la matinée, alors que le soleil était voilé. » Une seconde analyse, faite dans l'après-midi, par un soleil ardent, a fourni, en analysant 7 litres de gaz qui à zéro et om,76 représentaient 6618 centimètres cubes, les résultats suivants : Acide carbonique ... 977 ,44 Azote i8,54 Oxygène 4>02 1000,00 La composition du gaz varie donc avec le moment de la journée, ou plutôt avec la température, ce qui était prévu. » ( io36 ) MINÉRALOGIE. — Sur un diamant particulier à couleur variable. Note de Al M. Halphen, présentée par M. Fremy. a MM. Halphen ont l'honneur de présenter à l'Académie un diamant du poids de 4 grammes environ, présentant un phénomène qui n'a jamais été observé, du moins à leur connaissance. » Cette pierre est, à l'état normal, d'un blanc légèrement teinté de brun. Lorsqu'on la soumet à l'action du feu, elle prend une teinte rosée très- nette, qu'elle conserve pendant huit à dix jours, et qu'elle perd peu à peu pour revenir à sa couleur normale primitive. » Cette modification peut être réalisée indéfiniment, ainsi que le retour à l'état primitif; car la pierre soumise à l'Académie a subi cinq fois cette épreuve. » Le phénomène en question a frappé une première fois l'attention d'un observateur qui essayait sur ce diamant et par hasard l'action prolongée du feu. Des expériences faites depuis sur d'autres diamants n'ont pas produit le même résultat. » Cette question de coloration du diamant a une importance que l'Aca- démie appréciera facilement quand elle saura que la pierre présentée en ce moment, à son état normal, a une valeur d'environ 60000 francs, et que son prix à l'état de coloration rose, si cette coloration était permanente, serait de iSooooà 200000 francs. » MM. Halphen ont rencontré déjà une pierre qui devenait rose par le frottement, mais qui perdait presque aussitôt sa couleur. » « AI. Jiti.es Cloqiet annonce qu'il a reçu de Belfast (Irlande) une Lettre dans laquelle l'auteur, M. JVallace, prétend avoir guéri beaucoup de cholériques par une forte décoction de café. Si l'agent cholérique agit, comme le pense M. Cloquet, sur le système nerveux par une véritable in- toxication, par sidération de ce système, il serait possible que le café ne fût pas sans efficacité. C'est à l'expérience à prononcer. » AI. Dipitis adresse une Note destinée à compléter la communication faite par lui, dans la séance du 23 avril, relativement à une pompe capillaire. La séance est levée à 5 heures. C. ( io37 ) l!l I II .1 IN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 7 mai 1866 les ouvrages dont les titres suivent : appendice au Compte rendu sur le service du recrutement de l'armée. Sta- tistique médicale de l'armée pendant l'année 1864. Paris, 1866; 1 vol.in-4°- 2 exemplaires. Sur le Dronte, à propos d'os de cet oiseau récemment découverts à l'île Mau- rice; par MM. P. Gervais et Ch. Coquerel. Paris, 1866; br. in-4° avec 4 planches. (Extrait des Comptes rendus de l' Académie des Sciences.) Bulletin de Statistiijue municipale, publié par les ordres de M. le Baron Haussmanis, mois de décembre i865. Paris, i865; br. in-4°. De la granulie ou maladie granuleuse ; par M. G. -S. EMPIS. Paris, i865; 1 vol. in-4°. (Renvoi aux concours de Médecine et de Chirurgie 1866.) 2 exemplaires. Sur les erreurs personnelles; par M. R. Radau. Paris; br. in-4°. (Extrait du Moniteur scientifique Quesneville, i865.) 2 exemplaires. Notice sur les travaux scientifiques et les services du capitaine de vaisseau S. BOURGOIS. Paris, 1866; br. in-8°. Notice sur les travaux scientifiques de M. E. Liais. Paris, 186G; br. in-/|°. Le mûrier, ses avantages et son utilité dans l'industrie; par M. F. Cabanis. Paris, 1866; 1 vol. in- 12. Etudes sur les maladies de la peau. Traitement des dartres par la méthode expulsive; par M. F. RociURD. Paris, 1866; 1 vol. in-12. Etjmologie du nom de l'aconit; par M. de Paravey. Bordeaux, sans date ; br. in-8°. Remarques sur des Piophila trouvés vivants dans un moule fermé herméti- quement depuis un an; par M. Eug. Faulconnier. Paris, 1866. (Extrait des Annales de la Société Entomologique de France, i865.) Note sur le terrain nummutitique de l'Italie septentrionale et des Alpes, et sur l'oligocène d'Allemagne; par M. E. HÉBERT. Paris, 1866; br. in-8°. (Extrait du Bulletin de la Société Géologique de France.) Résumé de Physiipie mathématique. iet Résumé : Eléments de la théorie mathématique de la capillarité. 2e Résumé : Eléments d'optique géométrique ; parleV. J. Desaulx. Bruxelles et Paris, i865 et 1866; 2 br. in-8°. ( io38 ) Rien ne naît, rien ne meurt, lafonne seule est périssable; par M. Boucher de Perthes. Paris, 1 865 ; opuscule in-12. Société d'Encouragement pour l'industrie nationale. Résumé des procès-ver- baux des séances du Conseil d 'administration, séance du mercredi 1 8 avril 1 866; opuscule in-8°. Carte géologique des environs de Paris; par M. Edouard COLLOMB. (Pré- sentée par M. d'Archiac.) Reliquiœ Aquilanicœ, being contributions to the Archœology and Palceon- tology 0/ Perigord; par MM. Lartet et Christy. ire et 2e parties, décem- bre i865-mars 1866. Londres; in-4° avec figures. (Présenté par M. Milne Edwards.) Untersuchungen... Recherches sur l'histoire naturelle de l'homme et des animaux; par Moleschott. T. X, ier cahier. Giessen, 1866; br. in-8". Erster... Premier Rullctin annuel de l'Association des Sciences naturelles de Rrcine. Brème, 1866; in-8°. Die maritime... Les produits maritimes des côtes de l'empire d'Autriche, ie et 3e parties; par M. L. Schmarda. Vienne, 1 865 ; br. in-8°. Monatsbericht. . . Rullctin mensuel de l' Académie des Sciences de Rerlin, jan- vier 1866. Berlin, 1866; br. in-8°. Sulla struttura... Sur la structure des taches solaires; par le P. SECCHI. Borne, 1866; br. in-8°. Specimina... Spécimens zoologiques mozambicaniens; par M. J. BlANCONI. Fascicule 16. Bononirc, 1862; br. in-/|° avec figures. (Présenté par M. Milne Edwards.) ( io39 ) LE MOIS D'AVRIL 18GG. Annales de V Agriculture française ; mars 1866; in-8°. Annales de la Société a? Hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des séances; t. XII, 5e et 6e livraisons; 18GG; in-8°. Annales de Chimie et de Physique; par MAI. Chevreul, Dumas, Pelouze, Boussingault, Regnault ; avec la collaboration de M. Wurtz ; mars et avril 1866; in-8°. Annales des Conducteurs des Ponts et Chaussées; mars 1866; in-8°. Annales du Génie civil; avril 1866; in-8°. Annales médico-psychologiques ; mars 1866; in-8°. Annales Télégraphiques; novembre et décembre 1 865 ; in-8°. Bibliothèque universelle et Revue suisse, n° 99. Genève, 1866; in-8°. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; n° 12, i865; in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; t. IX, n° Ier, 1866; in-8°. Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de Belgique; nos 2 et 3, 1866; in-8°. Bulletin de la Société cl' Anthropologie de Paris; juillet à décembre 1 865 ; in-8°. Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'industrie nationale; février 1866; ïn-4°. Bulletin de la Société de Géographie; février el mars 1866; in -8°. Bulletin de ta Société française de Photographie; n° 3, 1866; in-8°. Bulletin de la Société Géologique de France; feuilles 6 à 12, 1866; in-8°. Bulletin de la Société impériale de Médecine, Chirurgie et Pharmacie de Toulouse;\\° ier, 1866; in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; février i 866 ; in-8°. Bulletin de la Société médicale des hôpitaux de Paris; t. II; 2e série, 1 865 ; in 8°. Bulletin des séances de la Société impériale el centrale d'Agriculture de France; 1105 3 et 4, 3e série, 1866; in-8°. Bulletin des travaux de la Société impériale de Médecine de Marseille; avril 1866; in-8°. Bulletin général de Thérapeutique; 3o mars, i5 et 3o avril 1866; in-8°. C. R., 18G6, \" Semestre. (T. LXII, N° 10.) I 35 ( io4o ) Bullettino meteorologico dell' Osservatorio del Coltcgio romano ; nos 3 et 4> 1866; in-4°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; nos 14 à 18, ("semestre 1866; in-4°. Cosmos; nos i3 à 17, 1866; in-8°. Gazette des Hôpitaux; nos 36 à 4g, 1866; in-4°. Gazette médicale de Paris; nos i3 à 17, 18G6; in-40. Gazette médicale d'Orient; n° 12, i865, et n° Ier, 1866; in-4°. Il Nuovo Cimento — Journal de Physique, de Chimie et d'Histoire naturelle; janvier à avril 1866. Turin et Pise; in-8°. Journal d' Agriculture pratique ; nos 7 et 8, 1866; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; avril 1866; in-8°. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; mars 1866; in-8°. Journal de Mathématiques pures et appliquées; février 1866; in-4°. Journal de Médecine vétérinaire militaire; nos 10 et 1 r, 1866; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; mars et avril 186G; in-8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; nos 9 à 1 2, 1866; iu-8°. Journal des fabricants de sucre; nos 5o à 52, 1 865, et nos 1 et 1, 1866; in-f°. Kaiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne; nos 8 à 10; 1 feuille d'impression in-8°. L'Abeille médicale; nos 1 3 à 18, 1866; in-4°. L'Art médical; avril 1866; in-8°. La Science pittoresque ; n°9 i3 à 17, 1866; in-4". La Science pour tous; nus 17 à ai, 18G6; in-4°. Le Gaz; n° 2, 1866; in-4°. Le Moniteur de la Photographie ; nos 2 et 3, 186G; in-4°- Le Technologiste ; n° 319, 186G; in-4°- Les Mondes... nos i3 à 17, 18G6; in-8°. La Guida del popolo ; avril 1866; in-8°. Leopoldina. . . Organe officiel de l'Académie des Curieux de ta Nature, publié par son Président le Dr C.-Gust. Carus; nos 7 et 8, 1866; in-4°. L'Incoraggiamenlo. Giornale di Chimica e di Scienze affini, dlndustria e di Arti organo deli Associazione délie conferenze chimiche di Napoli; 1" fasci- cule, 2" année, ibGG; in-8°. ( io4i ) Magasin pittoresque; mars et avril 1866; in-4°. Matériaux pour ihistoire positive et philosophique de l'homme,- par G. DE Mortillet; septembre i865 à mars 18G6; in-8°. Montpellier médical... Journal mensuel de Médecine ; t. XVI, n° 4, 1866; in-8°. Nouvelles Annales de Mathématiques; mars 1866; in-8°. Presse scientifique des Deux Mondes; nos 7 et 8, 1866; in-8°. Revue de Sériciculture comparée; n09 11 et 12, 1866; in-8°. Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; nos 7 et 8, 1866; in-8°. Revue des Eaux et Forets; n° 4> 1866; in-8°. Revue maritime et coloniale; avril 1866; in-8°. Revue orientale; 6e année, n° 58. Socielà reale di Napoli. Rendiconlo delV Accademia délie Scienze fisiche e malematiche. Naples, février 1866; in-4°. The Reader, nos 170 à 174, 18G6; in-4°. The Scienlific Review ; n°° 1 et 2, t. II, 1866; in-4°. ERRATA. (Séance du i3 avril 1866.) Page g44i ligne 1", au lieu de Journal de Médecine et de Chirurgie de Boston, lisez Journal de Médecine et de Chirurgie de la Nouvelle-Orléans. (Séance du 3o avril 1866.) Page 972, ligne 7, au lieu de cela tient à ce que ces derniers sont meilleurs conducteurs que l'antimoine, lisez cela tient à ce que ces derniers sont probablement meilleurs conduc- teurs que le bismuth; c'est une question que je compte étudier. ~ ^ •" r ig~ COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. >»9-ftO^ SEANCE DU LUNDI li MAI 18GG. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIEK. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. Serret, en présentant le tome II de la troisième édition de son Cours d'Algèbre supérieure, s'exprime ainsi : « J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie le tome II de mon Cours iï Algèbre supérieure. » Comme je l'ai annoncé dans l'avertissement placé en tète du tome Ier, le volume que je présente aujourd'hui est divisé en trois sections, dans les- quelles j'ai traité successivement de la tltéorie des congruences, de la théorie des substitutions et de la résolution algébrique des équations. Peut-être ju- gera-t-on que je n'ai pas donné le même développement aux diverses ques- tions qui se rapportent à ces grandes théories ; mais le plan que je me suis tracé comporte de telles inégalités, et je reconnais volontiers que j'ai pu accorder quelque préférence aux prohlèmes qui ont été plus spécialement l'objet de mes propres travaux. » C'est ainsi, par exemple, que j'ai présenté avec des détails étendus la théorie si ardue des substitutions, sur laquelle j'avais publié antérieurement plusieurs Mémoires. Mais en reproduisant dans Y Algèbre supérieure les ré- sultats que j'avais obtenus, j'ai pu les compléter et en même temps les éta- blir par des démonstrations plus simples et plus élégantes. C. R., 1866, 1" Semestre. (T. LXII, N° 20.) I 36 ( io44 ) » J'ai cru utile de reproduire aussi intégra lement cette partie importante de la théorie des congruences qui a été de tua part l'objet d'un travail pré- senté à l'Académie au mois de décembre dernier, et imprimé dans le tome XXXV du recueil de nos Mémoires. » Mais le désir de développer mes recherches sur l'analyse algébrique ne m'a pas fait perdre de vue l'obligation que je m'étais imposée de pré- senter un ensemble complet des faits acquis à la science, dans les limites que je m'étais fixées. J'ai l'espoir d'y avoir réussi. » Les recherches qui ont été entreprises dans ces dernières années sur la résolution algébrique des équations ont pour fondements les travaux d'Abel et de Galois. Dans la précédente édition de mon ouvrage, je m'étais borné à faire connaître une démonstration de l'un des théorèmes de Galois, due à notre illustre confrère M. Hermite; on trouvera, dans le volume que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie, un exposé complet de la remarquable méthode de Galois, avec les conséquences principales que ce grand géomètre en a tirées. » L'ouvrage que je viens de terminer est le résultat d'un long travail; j'espère qu'il ne sera pas sans quelque utilité pour la science, et je le soumets avec confiance au jugement des géomètres. >> En offrant à l'Académie son nouvel ouvrage intitulé : Les Poissons des eaux douces de la France, M. Emile Blanchard présente les remarques suivantes : « L'absence d'une Faune de la France m'a toujours semblé regrettable : c'est ce qui m'a donné le désir de contribuer, pour une part, à l'exécution d'une œuvre de ce genre. Quand il s'agit d'étudier en particulier certains groupes d'animaux ou d'entreprendre des essais de propagation, on ren- contre souvent des obstacles par le défaut d'observations précises sur les habitudes de beaucoup de nos espèces indigènes, sur les localités qu'elles habitent. Les Poissons des eaux douces de la France n'ayant encore été étudiés que d'une manière fort incomplète, je me suis attaché à les observer sur la plupart des points de la France. Ge travail, qui m'a occupé pendant plus de quatre années, m'a conduit à reconnaître diverses espèces qui n'avaient point été signalées, à constater les variations de plusieurs Poissons réputés à tort d'espèces différentes. Des caractères tirés de la conformation des écailles, caractères toujours fort négligés jusqu'ici, m'ont fourni le moyen d'apporter une grande précision dans les distiuc- ( io45 ) tions spécifiques. Je ne me flatte pas, malgré mes longues recherches et malgré l'assistance de heaucoup de naturalistes de nos départements, de m'ètre procuré absolument toutes les espèces des eaux douces de notre pays. Il est très-possible que les petites rivières et les lacs des montagnes, comme les Alpes et les Pyrénées, soient habités par quelques espèces qui ont encore échappé aux investigations des naturalistes, les recherches étant assez dilficiles à poursuivre dans ces régions. Aujourd'hui il sera plus aisé, en explorant toutes les eaux de ces montagnes, de constater ce qui manque encore à notre Faune ichthyologique. Dans ce livre sur les Poissons des eaux douces de notre pays, qui est accompagné de nombreuses figures exécutées d'après nature, je me suis efforcé de réunir tout ce que j'ai pu avoir de renseignements sur les habitudes, les instincts, les conditions de propagation de chaque espèce. J'ai terminé par une série de chapitres présentant lhistoire économique des Poissons des lacs et des rivières. Là, se trouve résumé l'ensemble des faits concernant les produits des eaux douces de la France, le commerce des Poissons, la pêche, les essais et les procédés de pisciculture, la législation relative à la pèche, etc. » PHYSIQUE DU GLOBE. — avertissements donnés aux côtes sur l'approche des tempêtes. Etat présent de la cpiestion ; par M. Le Verrier. « Lorsqu'un travail scientifique est entrepris, c'est toujours avec une idée préconçue; il n'en saurait être autrement. L'emploi des matériaux dont on dispose, les observations qu'on est à même de faire ou les expé- riences auxquelles on se livre montrent plus tard en quoi les premières vues doivent être modifiées. Le tact scientifique consiste alors à savoir abandonner ce qui n'était pas juste et à se laisser guider par l'étude dans la voie où l'on peut rencontrer la vérité. » Ces variations n'apparaissent pas aux yeux du public pour des tra- vaux effectués dans le silence du cabinet, parce qu'on ne livre que le résul- tat définitif. C'est un avantage qui n'a pas pu se rencontrer dans l'établis- sement du système d'avertissements météorologiques. Dans des études qui nécessitent le concours d'un grand nombre de personnes en France, en Europe, sur l'Océan, on se trouve dès l'abord en présence du public; et ainsi celui-ci se trouve témoin des incertitudes des commencements, des difficultés inhérentes à toute modification ultérieure. » A plusieurs reprises, l'Académie a assisté à des discussions sur les i36.. ( io46 ) questions dont je vais l'entretenir encore aujourd'hui. Ces discussions se sont apaisées, et chacun ne retenant que ce qui pouvait être considéré comme un résultat acquis à la science, j'ai la satisfaction de croire qu'un accord s'est établi sur les principes entre tous les météorologistes sérieux de l'Europe. » Voulant surtout parler de la marche du travail depuis une année et de la situation actuelle, je n'ai point à reprendre ici l'historique du passé, sinon dans des termes succincts pour faire bien comprendre l'état présent. » En proposant, il y a dix années environ, le système d'avertissements à donner aux ports, nous admettions que le mauvais temps venant à se montrer en un point de l'Europe, sa marche serait attentivement surveillée de manière à prévenir, en temps utile, par le télégraphe, les régions mena- cées. Tel était aussi l'esprit d'une réponse faite, le 16 janvier 1860, au Ministre de la Marine, et d'une Lettre adressée le 4 avril de la même année à mon illustre collègue de Greenwich : « Signaler, disions-nous, un ouragan » dès qu'il apparaîtra en un point de l'Europe, le suivre dans sa marche » au moyen du télégraphe, et informer en temps utile les côtes qu'il pourra » visiter, tel devra être le dernier résultat de l'organisation que nous pour- » suivons. » Dans la Commission mixte réunie au commencement de la même année, j'exposai tous les détails d'exécution. Les ressources maté- rielles indispensables ne me furent pas accordées. » Plus heureux, M. l'Amiral Fitz-Roy, ayant obtenu un subside du Par- lement, commença plus tard un système d'avertissements organisé autre- ment. Cet éminent météorologiste entreprit, en se fondant sur les observa- tions recueillies chaque malin, de prévenir les côtes du Royaume- Uni du temps probable pour le lendemain. Des signaux furent élevés sur toutes les côtes pour transmettre les avis de M. l'Amiral Fitz-Roy. » Vers le milieu de l'année 1 863, le Ministre de l'Instruction publique, M. Duruy, prit connaissance de l'ensemble de cette situation, et dès qu'il fut convaincu qu'il y avait là une question importante pour la science et la marine, il nous invita à marcher en avant en nous assurant de tout le concours dont il pourrait disposer. » L'organisation d'un service aussi compliqué et qui demande un per- sonnel assez nombreux et aguerri ne pouvait toutefois s'improviser; et, en attendant, on se borna au système de prévisions inauguré par M. l'Amiral Fitz-Roy, système plus simple et moins pénible pour ceux qui sont chargés de le mettre en pratique. ( Io/i7 ) » Quelques bons résultats furent obtenus, et toutefois des réclamations se firent entendre. M. le Maréchal Vaillant éleva des doutes sur la néces- sité d'un système d'avertissements journaliers et demanda qu'on en vint au système que j'avais d'abord proposé. Etait-il possible d'arriver à prévoir le temps jusqu'à trente heures à l'avance avec une certitude telle, que les na- vires fussent toujours avertis en cas de mauvais temps et sans s'exposer à les troubler inutilement par l'annonce d'un danger qui ne serait pas sérieux? N'y aurait-il pas trop de circonstances où, dans l'impossibilité de pronon- cer d'une manière claire et précise, on se tiendrait dans un système d'an- nonces vagues et indécises? Ce qu'il importait, c'était d'annoncer seulement les gros temps, mais les vrais gros temps. » Ce n'était pas sur cette partie de la Note de M. le Maréchal que s'é- leva une discussion. Je me bornais sur ce point à faire remarquer que, quelque préférence que je pusse avoir pour notre premier projet, j'étais arrêté par l'absence des moyens d'exécution. » On se trouvait, en effet, en présence de deux systèmes, l'un consis- tant à prévenir de l'approche des tempêtes de l'existence effective des- quelles on aurait été informé; l'autre dans lequel on s'imposait l'obligation de prévoir, sur des observations faites à un jour donné à 7 heures du matin, le temps du lendemain. Or, la force des choses ayant conduit à mettre en pratique le second, il ne convenait pas de l'abandonner sans en avoir fait un essai suffisant. La pratique a montré que nos côtes de la Manche et de l'Océan sont souvent abordées les premières par l'ouragan; d'où il résulte qu'un système d'avertissements qui ne fonctionnerait que lorsque la tempête aurait déjà été constatée en quelque lieu laisserait à désirer pour nos propres côtes. » D'un autre côté, l'expérience nous apprend encore que, dans notre climat, le mauvais temps est presque toujours accompagné d'une dépression barométrique dont le centre, après avoir traversé une plus ou moins grande étendue de l'Atlantique, aborde les côtes de l'Europe. L'existence de cette dépression nous est en général connue par les observations du baromètre lorsqu'elle se trouve encore assez loin en mer. Mais il n'en est pas de même de la route qu'elle tiendra. Nous ignorons si le centre de la tourmente se dirige sur les côtes de France ou sur celles d'Angleterre, on s'il passera au nord des Iles Britanniques; et cependant, c'est là ce qu'il faudrait connaître pour prédire avec sécurité le temps du lendemain. » Quel parti prendre en pareil cas? Mettre tout au pire et annoncer ( io48 ) mauvais temps? On bien, espérant que la tourmente ira se perdre dans les latitudes élevées, doit-on signaler beau temps? Dans l'un et l'autre cas, ce serait se prononcer au hasard. Un esprit consciencieux et réfléchi n'en agira pas ainsi; il fera passer dans la dépèche l'indécision que la situation laisse dans son esprit et transmettra un avis sans utilité. » La pratique conduit donc à l'emploi d'un système intermédiaire vers lequel nous faisions un pas lorsque, dans la séance du 2/j juillet i865, nous disions : « Il m'a semblé qu'on se conformerait à toutes les règles de la pru- » dence si, pour des circonstances exceptionnelles, on se ménageait le » moyen d'envoyer des avis supplémentaires. » Il s'agissait d'établir un service du soir pendant lequel les dépèches qui viendraient de l'étranger pourraient être reçues et utilisées. La Hollande par les soins de M. Buys- Ballot, l'Espagne par ceux de M. Aguilar, l'Angleterre grâce à M. Babington, nous envoient, en effet, dans la soirée, des dépêches supplémentaires de Groningue, de la Corogne, de Valentia. » Plus tard encore, au mois d'octobre, j'estimais qu'il y avait définiti- vement lieu de supprimer la prévision faite invariablement la veille pour le temps du lendemain, dans des termes absolus, et de s'en rapporter de plus en plus au service combiné du soir et du malin. La mise à exécution de ces modifications ne s'est point effectuée sans difficulté. 11 en est ainsi toutes les fois qu'il faut rompre avec des habitudes prises. Nous ne pouvions d'ailleurs nous trouver d'accord avec ceux qui s'imaginent qu'il deviendra possible de fixer quelques jours à l'avance le lieu et l'heure des phéno- mènes météorologiques. Mais de telles affirmations chimériques, bonnes pour nourrir le public de fausses illusions, ne sont pas propres à assurer la marche de la science. La route la plus sûre du progrès est de se tenir à chaque époque dans la vérité. » Le gouvernement anglais, à la mort de l'Amiral Fitz-Boy, avait voulu qu'un Rapport lui fût fait sur les travaux météorologiques; une Commis- sion en avait été chargée. » S. Exe. l'Ambassadeur d'Angleterre transmettait, au commencement de cette année, une demande dont l'objet était de savoir à quel système d'avertissements la pratique nous avait définitivement conduits. C'était une assez lourde tâche que d'avoir à répondre à de telles questions : nous ne pouvions cependant nous y soustraire, l'Angleterre nous ayant toujours donné, dans nos entreprises météorologiques, un cordial appui. » La réponse que je remettais le 17 avril dernier à M. le Ministre de ( !o49 ) l'Instruction publique était basée sur les mêmes considérations que j'ex- pose aujourd'hui devant l'Académie et concluait de la manière la plus for- melle à l'établissement d'un service du matin et du soir, en dehors duquel je ne trouvais aucune sorte de sécurité. » Lorsque aucune perturbation de l'atmosphère ne nous menace à bref délai, disons-nous dans ce Rapport, l'étude des observations du matin, jointe à la considération des observations de la veille au soir, permet souvent de prononcer sur la journée du lendemain et d'avertir les ports qu'ils n'ont rien à redouter. Si un tel avis n'est pas le plus important que les ports puissent recevoir, il permet toutefois aux marins d'agir avec sécurité; et, d'une autre part, cette étude journalière est indispensable pour qu'on ne se laisse pas surprendre par l'arrivée des mauvais temps. » Si, au contraire, la situation menace de se troubler, on pourra être embarrassé pour conclure nettement. Les inconvénients d'un service de prévision absolue se présenteront alors, puisqu'on ne pourra transmettre aux ports que l'indécision où l'on se trouvera, sans leur fournir aucun moyen de la lever. » Nous estimons que dans ce cas un service supplémentaire doit être fait le soir en se basant sur les quinze observations de 6 heures, service qui permet alors de multiplier les avis, de les donner jde douze en douze heures pour ainsi dire, et d'arriver ainsi à l'exactitude que demande la sécurité de la marine. » On objecte que les dépèches envoyées à cette heure tardive ne trouve- raient personne pour en prendre connaissance. Nous sommes persuadé du contraire. L'expéditeur de la dépèche du matin, inquiet sur le temps du lendemain, se trouvant dans l'impossibilité de prononcer avec certitude, avertira franchement de cette situation et annoncera une dépèche supplé- mentaire pour le soir. On peut compter que les marins intéressés et qui seraient tentés de sortir avec la marée du soir ou de la nuit, voyant un service d'avertissements fait avec ce sérieux, auront soin de se trouver à l'arrivée de la dépèche annoncée, et qu'ainsi elle aura porté tous les fruits qu'on en attendait. » Le 25 avril, M. Babington, qui a succédé dans le service au regretté Amiral Fitz-Roy, voulait bien nous écrire : « Votre réplique aux questions » qui vous ont été posées par l'intermédiaire de lord Cowley, de la part du » gouvernement anglais, est parvenue dans mes mains. Je l'ai lue avec soin, ( io5o ) » intérêt, aussi bien qu'avec satisfaction, et j'agrée cordialement à tout a votre exposé. » J'ai vu aussi avec grand plaisir l'honorable mention que vous faites » du nom de mon dernier et si estimé chef, l'Amiral Fitz-Roy. » » M. Babington a raison de vouloir qu'on paye un juste tribut d'éloges à M. l'Amiral Fitz-Roy. Prenant pour point de départ un système de prévi- sions absolues, M. l'Amiral Fitz-Roy a rendu les plus grands services en l'étudiant avec un zèle persévérant. S'il n'est pas arrivé à des résultats pra- tiques suffisants, nul autre à sa place n'eût mieux fait. La discussion de son travail est de nature à porter la lumière dans ces difficiles questions. » Cet examen a été fait dans le plus grand détail par la Commission an- glaise composée de MM. Francis Gabon, Commandeur Evans et Th. Farrer. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie le Rapport de cette Commission, tel qu'il vient de paraître, et d'en analyser quelques résultats. » Dans la première partie, la Commission s'occupe des études de météo- rologie au moyen des observations faites sur l'Océan, de leur état actuel et des améliorations qu'elles comportent. » Dans la seconde partie, la Commission traite des pronostics et avertis- sements météorologiques pour les Iles Britanniques. » Dès l'abord, la Commission nous révèle sa tendance en s'attaquant au mot lui-même foreenst, par lequel sont désignés les avertissements donnés aux côtes. « Pourquoi, dit-elle, n'avoir pas employé les mots usuels predict » ou foretell? C'est sans doute que Jorecast est moins précis. L'usage de » termes vagues a pour résultat de permettre à ceux qui s'en servent de se » contenter de conclusions incertaines. » » Passant tout le système en revue, les avertissements télégraphiques, les signaux de tempêtes, la Commission se prononce dans le § 25 contre la continuation d'un système absolu d'avertissements journaliers donnés la veille et s'exprime ainsi : » Considérant, en conséquence, qu'on n'a encore aucune base scienti- » fique pour des avertissements journaliers; qu'en fait ils ne se montrent » pas généralement exacts, nous ne voyons point une bonne raison de les » continuer. » Dans cette conclusion, nous nous trouvons d'accord avec les meilleurs » météorologistes pratiques. L'Observatoire de Paris, qui pendant quelque » temps avait suivi la même pratique, l'a abandonnée. Maury lui est op- ( io5i ) » posé; M. Dovc, à Berlin, se restreint à un système de signaux d'annonce » de tempêtes, et là même rencontre des difficultés; M. Matteucci, à Turin, » est dans le même cas. » » Arrivant au § 42> >d ses conclusions, la Commission les formule ainsi : » I. — Que le système de télégraphier le temps de stations éloignées, tel qu'il a été proposé par M. Le Verrier et adopté par lui et par l'Amiral Fitz-Roy, soit continué ; » IV. — Que la publication des prévisions journalières (forecasts), ou du temps probable pour les côtes nord, est, sud et ouest, soit cessée; » V. — Que le sommaire sur les résultats généraux des télégrammes, tel qu'il est publié dans le Bulletin de l'Observatoire de Paris, et tel que M. Babington l'a récemment ajouté aux prévisions journalières, soit main- tenu ; mais qu'on ne se croie pas obligé de le donner tous les jours, mais seulement lorsqu'on juge qu'il peut y avoir quelque intérêt; » VI. — Que la pratique d'élever les signaux de tempête soit continuée, mais avec les modifications suivantes.... (Bornons-nous, parmi ces modifi- cations, à constater que la Commission demande que les signaux ne soient hissés que quand une tempête est proche, et qu'alors ils soient maintenus jusqu'au moment où elle va cesser.) » Pour l'ensemble des services météorologiques, la Commission propose d'allouer une somme annuelle d'environ 25oooo francs. » Ce Rapport est complètement d'accord avec les vues que nous nous efforçons de faire prévaloir, et nous espérons que les météorologistes s'en- tendant tous sur ce point, il sera enfin possihle, comme je le demandais à la fin du Rapport remis au représentant de l'Angleterre, d'organiser et de faire fonctionner le système semi-diurne d'une manière régulière, continue et sans trouble. » Les explications dans lesquelles nous venons d'entrer suffiraient sans doute pour entraîner tous les esprits non prévenus, de même qu'elles ont déterminé les météorologistes. Et toutefois nous trouvons une confirmation dans les circonstances qui se sont présentées depuis le commencement du mois de mai. » Les dix premiers jours, jusqu'au jeudi de l'Ascension, ont été calmes. Le jeudi 10 au malin tout est parfaitement tranquille, partout un vent mo- déré. Encore moins que la veille, les courbes barométriques ne pourraient C. R., iB6G,'ierSi»Hu 20.) I 3y ( IOJ2 ) faire prévoir l'approche d'une bourrasque. Le baromètre est à 762 à Va- lentia, à 738 à Greencaslle, à 754 à Nairn. Et cependant, le lendemain matin, le baromètre est tombé à 745 au centre de l'Angleterre, il y a baissé de i3 millimètres pendant qu'il se relevait de 3 à Nairn. » Mais ce n'est pas tout. En présence de cette anomalie, je me suis adressé à mon collègue de Londres pour lui demander des observalions du soir, et il a bien voulu m'adresser celles de 3 heures. M. Babington me fait remarquer que la chute du baromètre « entre le soir du 10 et le matin » du 1 r a été excessivement soudaine. A 3 heures de l'après-midi du 10, » à l'exception d'une baisse insignifiante de imra,4 à Valentia, le baromètre » avait monté partout ailleurs en Anglelerre. » A celte remarque de M. Babington j'ajoute que le baromètre avait monté sur toutes les côtes de France. Un peu de pluie à Valentia et une baisse barométrique de imm,4 de 7 heures à 3 heures n'étaient certes pas suffisants, même à 3 heures, pour prédire une bourrasque pour le lendemain. » En conséquence, tenant compte des faits passés et de l'expérience acquise, je persiste à penser : » i° Qu'il faut maintenir l'envoi journalier aux ports de la situation présente de l'atmosphère sur une grande étendue de pays; » 20 Qu'il faut limiter les prévisions à l'annonce du commencement des gros temps, de leur persistance et de leur fin; » 3° Qu'à cet effet le système d'avertissements doit être semi-diurne, sans exclure pour cela les prévisions faites vingt-quatre heures à l'avance, lors- que l'état général de l'atmosphère le permet ; » 4° Qu'une étude complète de l'état de l'atmosphère doit être faite cha- que jour le matin et le soir. » 0 A la suite de cette communication, M. Ce. Sainte-Claire Deville, sans entrer aucunement dans la question des prévisions et avertissements météorologiques, qui lui esl absolument étrangère, fait remarquer que les observateurs auraient peut-être été moins pris au dépourvu par la baisse barométrique si subite du 1 1 mai dernier, s'ils s'étaient souvenus que celte date est comprise dans la période singulière que nos ancêtres avaient nom- mée des sainls de glace; si, en même temps, ils avaient rapproché cette échéance de celles des 11 février 1866 et 11 novembre i4 Rome.. 743,5 i,6 Tarifa 761,2 i5,2 11 février 1865. — Les gros temps continuent à régner sur la Méditerranée. Pression barom. Tempér. mm u 10 mai 1865. Helsingfors 764,3 7,4 » Premier centre de dépression : Napoléon-Vendée. 749,4 '4,7 » Deuxième centre de dépression : Greenwich 749,4 8,8 » San-Fernando 763 ,1 1 3 , 3 Dépression barométrique accompagnée d'orages, qui ont passe, l'un le g, à 6 heures du soir, à Cherbourg, l'autre, le même jour, à 7 heures et demie, à Paris. Des orages ont éclaté le 10, à 4 heures du soir, à Paris; à 6 heures à Dunkerque ; dans la soirée à Bruxelles. (La carte de ces orages est rapportée par M. Marié-Davy, d'après les travaux recueillis et publiés par l'Observatoire impérial. Les Mouvements de V atmosphère et des mers, p. 3t6.) 11 août 1865. — Dépressions barométriques au nord de l'Irlande (745 millimètres). Des mouvements orageux ont traversé, le 1 1 au soir, presque toutes les contrées de l'Europe. Aux deux extrémités, un orage a éclaté à Nairn (nord de l'Ecosse) et un à Palerme. 12 août. — Le temps est resté orageux toute la journée. 11 novembre 1865. Riga » Strasbourg . Pression barom. Température mm 731,2 0 2, 1 773,3 5,5 Au fond du golfe de Riga, le baromètre est descendu de 19 millimètres depuis hier; à 137.. f 4 — 16,8 » Saint-Pétersbourg 7^7) 1 — 4>9 » Strasbourg 775,'J -I- 4>^> » Ancône, sur l'Adriatique.. . » ' ' »7 » Lessino, sur l'Adriatique . . » 10,0 La bourrasque des régions du nord a encore son centre sur le golfe de Finlande. Le vent souffle en ouragan de la région ouest sur les côtes de Courlande. 9 février 1866. — Une bourrasque aborde le matin les cotes d'Europe par la Manche et les côtes de Bretagne. 10 février. — Le mouvement de la bourrasque se continue vers l'est. Pression barom. Température. mm o A Nairn ... ^47 > ' — 1 > ' 11 février. — L'insuffisance des renseignements ne permet pas de déterminer le centre de la dépression. Mais, à Cherbourg, la pression est seulement de ^4' millimètres, et la forme delà courbe montre qu'elle devait s'abaisser, en Irlande, au-dessous de ^3o millimètres. 12 février. — La dépression a encore gagné à l'est, et son centre est placé entre l'Angle- terre et le Danemark. 13 février. — Le centre, encore plus a l'est, tombe sur la partie méridionale des royaumes Scandinaves. Pression barom. Température. mm Skoudernœss 7^7» 2 » Saint-Pétersbourir » — 2o°,5 Haparanda " — 23, o Livourne * +14,0 Ancône ■ -4- 1 8 , 5 11 mai 1866. — Forte dépression barométrique dans le canal Saint-Georges, entre l'Ir- lande et l'Angleterre. ( io55 ) (H, ) comme on l'a remarqué plus haut, change de signe par la suhstitution j ' \, contient dans tous ses termes le facteur jghl. Or en faisant, par exemple, /= o, et par suite g = — II, on trouvera pf-Mf = apAs (F2 - ihl) — ai] A.3/, p|, + q|,'=_ f,A3/(i — s 5); d'où (pf + if) (M +■ «') M + M) = - 8P,/j" /2 0 (p - 2/,/) - 1/(/]' et l'on verrait que le radical \J~5 disparaît pareillement lorsqu'on suppose g = o, 7i = o et l = o. On peut donc écrire «1S (Pf + qf ) (Pfl + qfl') (Pb + M ?f ® -+- «VfcWe', ou 0 et B' seront invariables par la substitution " K qui change de signe ( b2v ) le produit fghl, et par suite symétriques par rapport aux quatre racines £,, Iî> £3, !«■ Ces quantités, qui sont des invariants, réunissent donc les con- ditions du théorème donné § XX, et comme elles sont du douzième et du huitième ordre, on est assuré de pouvoir les mettre sous la forme de poly- nômes en 10 du troisième et du second degré. Faisant ainsi (1) 6 -+- a-fghlQ1 = U -h *„ L, + X; U H- K L, , les coefficients L0, L,, L2, L3 seront respectivement d'ordre 12, 8, 4 et o, et s'exprimeront au moyen des invariants fondamentaux et de la racine carrée du discriminant par ces formules, où je pose X = 54A, A—^l), afin de simplifier quelques expressions, savoir : L» = a. , L, = BX -f-ni y/ A, L, = c al,2 -f- c A 4- » &> \/A~, L» = ? X3 -f- VX A -h y'CQ -f- p -A.2 ^ + p' y/A3, a, p, etc., étant des constantes numériques qu'il s'agit maintenant de déter- miner. ( io56 ) » A cet effet, j'observe que le premier membre de l'équation (i) peut être mis sous la forme d'une fonction homogène de F2 et /, dont les coefficients contiendront seulement g et //, car il suffira d'y remplacer G2 et H2 par F2 — !\lh, F2 + 4/é', lni's d'éliminer f au moyen de la relation f ~\- g + h = o. D'ailleurs le second membre est immédiatement de cette même forme, en vertu des expressions des invariants fondamentaux obtenus au § XVII, et de la valeur >o = rj} (/- g) (g -h) (h -f) l = - «« (ag H- h) (g - h)(*h + g) /. Cela étant, je dis que dans les deux membres les coefficients'des diverses puissances de F2 sont identiquement les mêmes; car autrement on aurait entre F2 et / une équation homogène qui pourrait donner — exprimé en g et //, c'est-à-dire une fonction delà racine |0, et par conséquent cette racine elle-même exprimée au moyen des quatre autres, puisque g et h ne contiennent pas |0. On voit donc qu'il suffira de calculer ces coefficients des diverses puissances de F pour arriver par l'identification aux valeurs des constantes «, G, etc. En supposant h= i, et n'ayant pas égard aux puis- sances de g supérieures à la seconde, ce qui rend les opérations faciles, on pourra ainsi les obtenir toutes, à l'exception de p', facteur d'un polynôme en g, commençant par le terme g3. Mais afin de simplifier encore, je vais, en considérant le cas particulier de f= o, établir à priori qu'on a c — o, 3 = o. Cette supposition donne, en effet, -v = - 2«4/ia(Fs - 3hl), A = o, © = v.K- h" l- (F2 - 4///), 10= 2 a* h* /, et tout à l'heure on a obtenu (pf+ ^f) (H + «') (rt + qk') = - W»p [9 (F5 - 2w) - q«]. L'identité qui en résulte, savoir : SahU* — 8lh>l'(¥* — 3hl] + SchTl[F* — Ul)t _ 8? (F' — :\hiy ■+- y/,*p (F1 — /»/>/) = — 8p" A" /-[}.( F1 — 2 A/) — i] M], conduit immédiatement aux résultats annoncés. ( '°57 ) » Sans entrer maintenant dans tous les détails du calcul, j'en rapporterai les éléments principaux, qui seront d'abord les expressions suivantes, où l'on n'a gardé que la première puissance et le carré de g, en supposant, pour simplifier, a = i, h = i, / = i, savoir : ^ = 8 + 36g-t-i8g2, r- j. = :- a (/, + 16g + .3g'2) F2 + 8 + aog - ,4g2, X2^ = - 4g - i6g2, X„A = 2g2, /0A.NA = (4g + .4g2)F2- 4g -8 .2 XA = — 2g2 F! â) = g2 F» - 4g2 F< 4 (i -h 4g 4- )2g3) F2 + 2g 4- 4g2, X2 v' = - (4g + 1 2g2) F* 4 (8g -,- , ug2) F2 - 4 g, y/ A3 = o. » En second lieu, si l'on fait (pf + qf ) (Pfl 4- tU]') (plj 4- il!»') = LF8 4- MF4 4- NF2 + P, on aura o ' L = -l. 8p3 M==_8p3[-V5g+(4-3v5)g2], N = - 8p3 - i6p3 (a - v 5) g- 8 [(u - 3 y/5) p3 4- 8p?q - 2pq2] g\ P = i6p3- 8p2q 4-4[i4P3 - (9 + 5 V'5) p!i] 4- apqa] g 4- 8 [(1 1 4- 4 \/5) P3 -H (2- ! o v'5) fn - (5 - 4 v'5) pq*4- q3] g' » Cela posé, on obtient sans peine : « == 2p9— p*4, ... = \fS( — 2p' 4-5psq — apjj»), G =; o, m = o, c' = 46ps — i5p*.q — i2pq2 -i- 4q3, p = av^p3. D'=4p»_ 32pâq4-Spq% y=8»3, ( io58 ) » La constante p' reste donc seule à déterminer; je considérerai pour l'obtenir le cas particulier degi= i, h = i, ce qui donnera, en supposant toujours «•= i, l = i, X= - 6F2, A =4, (D = 4F6 -i- 4iF-, ^0 on aura d'ailleurs (Pf+qf) (Pfl + 18') (P>) +#) = [— ap(F»-4 v/5) 4- aq\/5j x[p(4Fa-74-v/5) + 2q(3-4-v^l x[p(4Fs + 7 + v/5) — 2ll(3-y/5)] et le terme indépendant de F2 suffit pour donner immédiatement p ' = y/ 5 ( — 44p3 + n5p2q — 4 a p q 2 + 4 q 3 ) . » Les éléments de la nouvelle formule de transformation de l'équation du cinquième degré, à laquelle conduit la méthode de résolution de M. Kronecker, sont donc maintenant complètement obtenus, et l'on a mis en évidence le mode d'expression de cette formule comme fonction rationnelle et entière de la racine £0, ce qui est un des résultats auxquels je désirais surtout parvenir. On observera que les valeurs de a, 8, etc., prennent une forme un peu plus simple par le changement de q en q — 2P; on trouve alors en effet : a = — p3q, m =— \5(3p5il + 2pq9), c = — i5p8q + i2pq2 + 4qs, p — 2\/5f, y = — aSp'-r- apq% p'= V5(5ups — 5p5q — i8pq2+4q3, y = 8p\ d'où on conclut : Tp(f- af) + qf] [P(9 - »fl') + 19'J I H')- »W + l')'J = p3 (— 8 lD + 28 JU A + 2 ju' V'Ï +5n v:"> A3 ) — p2q(>04-\/5"Ây — apfl*(î.;v5 — o^„A + 4.v,A-+-i8v/5Âr + 4q3(^A+v/5Â3), ( lo59 ) et c'est en multipliant ce résultat par «6/g/?FGH que s'obtient en résumé la valeur de z. Or on va voir qu'on est ainsi ramené au type de substitu- tion donné par la formule ^ *67 ) nentes, sans qu'il soit possible de les attribuer à des effets de trempe ou à des altérations dans la composition chimique. Des phénomènes analogues se reproduisent dans la brookite et la cymophane. » Les nouvelles recherches dont nous avons maintenant à parler font suite aux précédentes, et, comme elles, ont pour objet: i° la détermination, à l'aide des seules épreuves optiques, du système cristallin de plusieurs substances dont les formes sont restées jusqu'à ce jour inconnues ; i° la rectification parle même moyen de plusieurs déterminations anciennes re- gardées comme douteuses; 3° la détermination du sens de la double réfrac- tion et la mesure d'un grand nombre d'indices principaux; 4° enfin l'étude des modifications que la chaleur apporte à la position des axes optiques et de leurs bissectrices. » Les déterminations nouvelles ou rectifications de systèmes sont au nombre de i5. L'une d'elles se rapporte à une substance cubique (la boiacite), dont les formes sont bien connues depuis longtemps, mais sur lesquelles on avait essayé de jeter des doutes, par suite de phénomènes de double réfraction que les physiciens y avaient reconnus. M. DesCloizeaux a fait disparaître cette discordance purement apparente, en montrant que la boracite se compose en réalité d'une masse principale uniréfringente et de lamelles biréfringentes interposées dans cette masse et appartenant à la parasite de Volger. Parmi les autres espèces, nous citerons, dans le système rhombique, V acide molybdique; Yàdamine, nouvel arséniate de zinc, iso- morphe de l'olivénite; la carnallite et la polybctsite, regardées jusqu'à pré- sent comme hexagonales; dans le système clinorhombique, Yhydrargillite, dont on faisait aussi une espèce hexagonale; Yamphibolê anllioplijllite, variété dimorphe de l'anlhophyllite rhombique; la triplite, dans laquelle l'auteur n'a reconnu que deux des trois clivages rectangulaires qu'on lui attribue généralement. » Le nombre des cristaux naturels ou artificiels qui ont élé examinés, soit pour la détermination des indices non encore mesurés, soit pour l'orien- tation et la dispersion des axes et de leurs bissectrices, dans les cristaux biaxes, et surtout pour les modifications produites par l'action de la chaleur sur ces derniers phénomènes, est tellement considérable, que nous ne pour- rions les énumérer tous. Nous nous bornerons à donner sur ce point quel- ques indications générales, après quoi nous citerons, parmi les nouvelles observations, quelques-unes des plus remarquables. » Le nombre des cristaux cubiques que l'auteur a examinés est de i3 ; C. R. i866, i« Semestre. (T. LXII, N° 20.) I 39 ( io68 ) celui des cristaux à un axe de a3, et celui des cristaux à deux axes de 106. Sur ce dernier nombre, 72 ont été chauffés pour y étudier les effets de la chaleur. » La chaleur ne parait pas agir d'une manière sensible sur les cristaux uniaxes, qui, en quelques-unes de leurs plages, offrent dans la lumière polarisée convergente une croix disloquée. Un changement de température modifie en général l'écarlement des axes dans les cristaux biaxes; mais le déplacement des axes optiques ne s'y montre point en rapport avec les autres propriétés, avec la dispersion par exemple : on observe toutes les combinaisons possibles entre les variations fortes ou faibles dans les deux caractères. Parmi les substances qui éprouvent les plus grands change- ments dans l'angle de leurs axes, on peut citer la baryline, l'autunite, le sel de Seignette potassique; et parmi celles qui offrent les changements les plus faibles, l'aragonite, la karsténite et les micas. Certains cristaux (comme ceux de sulfate de morphine et de sulfate d'igasurine) lui ont présenté une inversion dans les deux bissectrices. La zoïsite est la seule substance qui ait pu être chauffée assez fortement pour éprouver des modifications per- manentes, comme l'orthose, la brookite et la cymophane. » Dans les cristaux du système clinorhombique, non-seulement l'angle des axes varie avec la température, mais encore l'orientation de leur plan, quand il n'est pas parallèle au plan de symétrie, et, dans le cas contraire, celle de la bissectrice. Dans les cas de dispersion croisée, l'auteur a observé une rotation considérable du plan des axes, entre 10 et 60 degrés (borax, brewstérite), le déplacement des hyperboles ayant pu être mesuré à l'aide des divisions du micromètre. Les cinq cristaux du dernier système que l'auteur a pu examiner ne lui ont donné par la chaleur aucune modifi- cation appréciable. » De l'ensemble des observations contenues dans ce Mémoire, on peut déduire, comme conséquence générale, que le caractère positif ou négatif de la double réfraction, ainsi que l'orientation et l'écarlement des axes optiques dans les cristaux biaxes, loin d'être caractéristiques pour une espèce minérale, comme on l'a cru pendant longtemps, peuvent varier, par suite des mélanges isomorphiques qui modifient la composition de ses cris- taux, comme aussi par suite de la température à laquelle ils sont soumis dans nos laboratoires, ou de celle à laquelle ils ont pu letre accidentelle- ment dans la nature. Les caractères optiques que M. DesCloizeaux signale comme étant les plus constants sont, dans l'ordre de leur valeur relative, l'existence d'un seul axe ou de deux axes optiques, et dans les cristaux C '069 ) biaxes la position de la bissectrice aiguë, l'orientation du plan des axes, le sens et le mode de la dispersion. » Les détails dans lesquels nous venons d'entrer sont loin d'être suffisants pour donner une idée exacte de l'importance de ce travail, fruit de quatre années de rechercbes ; il faut l'avoir examiné dans toutes ses parties, pour bien juger du nombre vraiment prodigieux d'observations, de mesures, de calculs auxquels il a donné lieu, et l'on ne peut que s'étonner alors, en considérant quelle patience infatigable il a fallu à son auteur pour entre- prendre et accomplir seul un travail aussi étendu et aussi consciencieux. M. DesCloizeaux est trop avantageusement connu de l'Académie pour qu'il soit besoin de dire que les résultats de ses recherches méritent toute con- fiance; il suffirait d'ailleurs de rappeler que toutes les données fournies par cet habile observateur sont généralement admises et citées par les physiciens et les minéralogistes étrangers, et qu'aucune de ses déterminations impor- tantes n'a été jusqu'à présent contestée. » Par toutes les raisons que nous venons d'exposer, le nouveau travail de M. Des Cloizeaux nous paraît digne de prendre place à côté de ceux qui ont déjà été hautement appréciés par l'Académie. En conséquence, nous avons l'honneur de lui demander qu'elle veuille bien accorder son appro- bation à ce travail et décider qu'il sera inséré dans le Recueil des Savants étrangers. » I^s conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission chargée de décerner le prix Bordin en 1866 (structure des tiges des végétaux). MM. Brongniart, Trécul, Duchartre, Decaisne, Tulasne, réunissent la majorité des suffrages. L'Académie procède ensuite, par la voie du scrutin, à la nomination de la Commission chargée de décerner le prix Cuvier en 1866. MM. Milne EJwards, d'Archiac, Coste, Daubrée, Blanchard, réunissent la majorité des suffrages. i39.. ( 1070 ) MÉMOIRES LUS. HISTOIRE NATURELLE. — Propositions sur ta caractéristique de l'espèce et de la race; par M. André Sanson. (Extrait.) (Commissaires : MM. Chevreul, Serres, Milne Edwards.) « Mes études zootechniques m'ont conduit à établir, sur quelques points controversés de l'histoire naturelle, des solutions que je crois neuves et importantes. Je demande la permission de formuler brièvement ces solu- tions en quelques propositions fondamentales. » I. — L'espèce est, dans la série des êtres organisés, l'expression d'une loi naturelle. Son caractère unique est la reproduction indéfinie dans le temps, d'où résulte la permanence, manifestée par la fécondité continue. » Les propositions ultérieures donneront à celle-ci un cachet de certi- tude expérimentale qu'elle n'avait, à ce qu'il me semble, point encore tout à fait acquis. » II. — La considération des formes est, dans une certaine mesure, in- différente pour la caractéristique de l'espèce qui n'est point une réalité objective, mais bien une réalité abstraite seulement. La détermination de l'espèce ne peut s'appuyer que sur le phénomène physiologique des géné- rations successives. L'étude des hybrides en est la seule mesure certaine. La question de l'espèce, en dernière analyse, se réduit à celle de savoir s'il existe ou non des hybrides, c'est-à-dire des individus nécessairement inféconds ou ne jouissant que d'une fécondité limitée, en tant qu'ils se perpétueraient avec les caractères de leur race, dont il va être parlé. » Auparavant, faisons remarquer que l'idée d'espèce entraîne nécessai- rement celle de permanence, d'immutabilité. La conception opposée serait contradictoire en logique. Si deux individus appartenant à des espèces considérées comme distinctes pouvaient donner naissance à d'autres indivi- dus capables de se reproduire indéfiniment avec leur type, ce serait la meilleure preuve que la notion d'espèce ne correspond point à une loi na- turelle. En un mot, l'espèce ne serait que l'expression d'un artifice de clas- sification. » Mais aucune observation connue n'autorise à penser qu'il en soit ainsi. Les contestations dont l'espèce est l'objet, de la part des naturalistes qui fondent indûment leurs argumentations sur des analogies de forme, laissent ( 1071 ) entière sa réalité fondée sur le seul caractère que la logique indique : celui de la fécondité continue et de la reproduction indéfinie du type. » III. — Un fait nouveau, qui résulte de mes études, et que j'ose pré- tendre à introduire dans la science, est celui de la permanence de la race, expression d'une loi naturelle, absolument comme l'espèce. » Dans le plan général de l'espèce, il s'observe des formes particulières fixes, persistantes, ou immuables, c'est-à-dire se transmettant infaillible- ment par hérédité. Ce sont ces formes qui caractérisent la race, dont la dé- finition juste, d'après cela, doit être ainsi formulée : « La race est une variété constante dans l'espèce. » » Les naturalistes ont jusqu'à présent considéré la race comme étant une variété accidentelle, produite par l'influence du milieu, par la domestica- tion ou la culture, par l'industrie de l'homme enfin. Il n'en est rien. On ne connaît pas plus l'origine d'aucune race que celle d'aucune espèce. Les opinions admises à cet égard ont pour base des illusions d'observation. Il n'est au pouvoir d'aucune méthode zootechnique de créer des races nou- velles. L'habileté des expérimentateurs s'exerce seulement sur des aptitudes physiologiques, qui n'ont rien de commun avec la caractéristique de la race. » C'est en vue de ce fait surtout qu'il importe beaucoup aux naturalistes de porter leur attention sur les résultats des études de la zootechnie diri- gées dans un esprit réellement scientifique. a IV. — Ces études ont permis de mesurer exactement la puissance des méthodes zootechniques et de déterminer la limite de leur action sur les formes des animaux. » Il existe un certain nombre de ces formes qui ont toujours résisté, dans tous les cas, à toutes les tentatives faites pour les modifier essentielle- ment. Ce sont ces formes, je le répète, qui expriment la loi naturelle dont la race dépend et qui la caractérisent. Cette loi naturelle, dont je crois avoir fourni la démonstration péremptoire, dépose contre la variabilité de l'es- pèce, concédée à toit par les naturalistes qui ont combattu la doctrine de sa mutabilité par voie de sélection naturelle. L'espèce présente des variétés constantes, qui sont les races, mais elle ne varie pas actuellement. Nous sommes sans documents positifs pour résoudre la question de savoir si elle a jamais varié dans l'espace ou dans le temps. Nous ne pouvons conclure que d'après ce qui est. » On peut faire osciller, pour ainsi dire, les formes typiques des races par le croisement : elles reviennent toujours infailliblement à leur type pri- mitif, lorsque les métis se reproduisent entre eux. ( p072 ) » On peut agir sur leur étendue absolue, l'augmenter ou la diminuer, par la gymnastique, et fixer ces formes dans leurs nouvelles dimensions, par la sélection : les lignes et les rapports n'en demeurent pa& moins les mêmes; le plan n'a point changé, et c'est ce plan, précisément, qui constitue le type. » V. — C'est que la puissance des méthodes zootechniques, ne pouvant agir que dans la limite des lois naturelles, s'arrête où finissent les aptitudes des individus ou des races. » Je ne crois pas me tromper en considérant la démonstration expéri- mentale de ce fait comme très-imporlante pour la science. » Par des combinaisons dont les principes sont déterminés, lezootech- niste a le pouvoir d'agir sur les formes animales pour hâter ou retarder leur développement, pour augmenter le volume de certains organes aux dépens de certains autres, en réglant à sa guise l'exercice qui leur est donné. Ces résultats sont produits par la direction imprimée aux aptitudes physiolo- giques; mais les méthodes zootechniques, également applicables à toutes les aptitudes et à toutes les races, en vue de les modifier dans leurs fonc- tions économiques, n'en laissent pas moins subsister, après comme aupara- vant, les formes typiques auxquelles la race emprunte ses caractères, dé- pendant du plan naturel par lequel toutes nos combinaisons sont déjouées. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. MÉCANIQUE iMOLliCULAlRE. — Note sur la théorie de la diffusion; par MM. A. Dupré et P. Dupké. (Commissaires précédemment nommés : MM. Regnault, Bertrand.) « Lorsque deux liquides ou deux gaz sont en contact, leur différence de densité tend à empêcher le mélange; elle tend aussi à les séparer s'ils ont été d'avance mêlés par des moyens mécaniques. Mais cette cause bien connue est rarement seule en jeu dans ces circonstances, et l'étude des forces de réunion peut éclaircir ce qu'il y a d'obscur dans les phénomènes observés. Désignons par F, F,, F' les forces de réunion du premier fluide avec lui- même, du second fluide avec lui-même, du premier fluide avec le second, et considérons d'abord ce qui se passe dans l'intérieur de la masse totale. » Si l'on conçoit que la surface commune s'accroisse de As, un travail de réunion 2 F' Ai sera produit. En même temps, la surface totale de chacun des deux fluides croîtra aussi de as, ce qui exige un travail de séparation (F 4- F,) As (communication précédente ou Annales de Chimie et de Phy- ( i<>73 ) sique, février 1866). Ainsi un travail (1) (ssF'-F-F,)Às sera accompli, et il sera positif si la condition (2) 2F'>F + F, est remplie. Comme il ne peut exister de travail sans force, il est certain que, dans ce cas, le mélange s'effectuera de lui-même en produisant une quantité de chaleur équivalente au travail opéré, et l'on est en droit d'affir- mer que : » La diffusion a lieu toutes les fois que In force de réunion des deux fluides l'un avec l'autre surpasse la moyenne arithmétique entre leurs forces de réunion respectives. » Du moins elle tend à se produire et la différence de densité est la seule cause qui pourrait l'empêcher. » Tant qu'une parcelle de l'un des fluides possède des dimensions beau- coup supérieures au rayon s de la sphère d'attraction sensible, son expan- sion dans l'autre fluide continue, puisque les forces de réunion demeurent les mêmes; mais, pour des dimensions moindres, ces forces diminuent sui- vant des lois encore inconnues, et l'on ne peut dire jusqu'à quel moment la condition (2) subsiste. Toutefois, en s'arrètant à s, on obtient facilement une limite inférieure de la quantité de chaleur qui accompagne la diffusion. Elle est très-notable dans certains cas, et il en résulte qu'une variation de température ne peut servir à prouver l'existence d'une combinaison chi- mique. » Les deux fluides peuvent occuper d'abord des compartiments distincts, séparés par une cloison poreuse dans l'intérieur de laquelle les parois des cellules peuvent être mouillées d'avance par le premier fluide ou par le second, ou bien être incapables de se laisser mouiller par l'un deux; les notions nouvelles appliquées à ces divers cas paraissent devoir conduire à l'explication des phénomènes d'endosmose. » Quand la ténuité finale est produite, la forme des parcelles et les valeurs des forces de réunion devenant tout à fait inconnues, on ne peut dire si les deux fluides ont une tendance égale à venir former la surface libre du mélange. Il est à craindre que dans certains cas, et nous en avons observé au moins un exemple, l'eau de savon, F et F, n'ayant pas la même valeur, l'un des fluides, qui peut être remplacé par un solide très-ténu, se porte principalement à la surface libre, alors même qu'il serait beaucoup moins ( '°74 ) abondant. Comme on ne peut déterminer les forces de réunion qu'en s'ap- puyant sur ce qu'elles égalent les forces de contraction qui dépendent de l'état de la surface, on voit que les observations faites sur une substance même légèrement impure peuvent quelquefois fournir des nombres très- inexacts, et que l'étude des lois des forces de réunion exige de grands soins. » Lorsque l'inégalité (2) est remplacée par l'équation (3) 2F = F + F„ il ne reste point de force autre que la différence de densité. » Enfin, si l'on a (4) aF' [(Rî-hR»)»-+-RÎ -R2]f. Si R, = R il reste (7) *">£• v2 Cette condition est remplie lorsque F' surpasse F ; toutefois il ne faut pas perdre de vue que le travail total peut être positif sans qu'il en soit ainsi ( !°75 ) pour le travail élémentaire à chaque instant, pendant que le phénomène se produit. Au début se présente d'ailleurs un autre obstacle, depuis longtemps indiqué par M. Plateau et d'autres observateurs : quand deux sphères liquides ou gazeuses s'avancent l'une contre l'autre jusqu'à se choquer, on les voit souvent ne pas crever, même alors que leur nature chimique ne dif- fère nullement; elles se déforment et se repoussent comme des sphères élastiques. Lorsqu'elles ne sont plus séparées que par une mince couche du fluide qui les entoure, l'adhérence de ce fluide aux deux sphères rend con- sidérables les frottements de ses molécules, et cela suffit pour empêcher la réunion. Quant à l'élasticité, elle s'explique par la tendance à la forme sphé- rique due à la force contractile des couches superficielles. » La diffusion d'un fluide, et en particulier d'un liquide, ne s'effectue pas toujours dans un autre fluide; elle peut se faire à la surface d'un solide, quel- quefois même en surmontant la pesanteur. Prenons pour exemple un solide dont la surface horizontale est à une hauteur h au-dessus de celle du liquide, un tube amorcé allant de l'une de ces surfaces à l'autre. Si on suppose que le liquide s'avance sur le solide et couvre une étendue As d'une couche ayant pour épaisseur e, un travail 2(F' — F) As sera produit, F désignant la force de réunion du liquide et F' celle du liquide avec le solide. Le tra- vail contraire dû à la pesanteur a pour expression T)eh . As; la dissémina- tion s'opérera donc si (8) 2 (F' -F) As > De//. As, ou si l'on a (9) he < -^-g - La hauteur de l'élévation possible sera d'autant plus grande que la diffé- rence des forces de réunion F' et F sera plus considérable. Elle dépendra en outre de e et croîtra quand le liquide, manquant de viscosité, pourra s'étendre en couche plus mince. On peut facilement faire monter de la sorte de l'huile de naphte sur du verre à plus de 8 millimètres. » Les forces de réunion fournissent l'explication d'un grand nombre de faits fort difficiles à comprendre sans elle; leur utilité se fait surtout sentir pour les liquides. Leur effet n'est pourtant pas, à beaucoup près, toujours négligeable pour les gaz, dont la diffusion a été l'objet de travaux remar- quables; il se montre encore dans les mouvements des corpuscules solides en suspension dans l'air. L'atmosphère comprimée qui les environne jusqu'à C. !'.., 1866, ier Semestre. (T. LX11,N° 20.) ' ^° ( '°76 ) une faible distance joue par rapport à l'air ordinaire le rôle d'un fluide différent, et produit les attractions apparentes qu'on observe lorsque ces cor- puscules se rapprochent les uns des autres ou des solides fixes. Il est à craindre qu'on n'ait quelquefois attribué à l'élasticité ou au magnétisme certains phénomènes de ce genre. » BOTANIQUE. — Sur la structure anormale des tiges des Lianes ; l>ar M. Lad. Netto. (Extrait.) (Commissaires : MM. Brongniart, Decaisne.) « Dans le Com/ite rendu du 21 septembre 1 863, il a été publié un extrait de mes premières recherches sur la structure anormale des Lianes. Les forêts qui environnent Rio-de-Janeiro m'ont offert de nouveaux sujets d'études qui, malheureusement, ont été interrompues par mon présent voyage en Europe. En revanche, grâce à l'accueil bienveillant accordé spontanément aux naturalistes étrangers par les savants professeurs du Muséum de Paris, j'ai eu à ma disposition la riche collection de bois de la galerie botanique, ce qui m'a permis de compléter et de rectifier quelques- unes de mes observations. » Ce que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie se rap- porte seulement à la tige des Cissus et surtout à celle des Bauhinia et Sclinella, appelée généralement au Brésil Cijio d'escada, à cause des sinuo- sités régulières et alternatives qui la font ressembler aux marches d'un escalier. Mes autres observations sur l'ensemble de ces végétaux feront, dans la suite, l'objet de nouvelles communications. » L'accroissement, en diamètre proprement dit, de la tige des Bauhinia n'a lieu qu'en deux points diamétralement opposés de sa périphérie. Il se fait dès le premier développement fibro-vascnlaire de la plante ; un fait digne d'attention, c'est que le plan vertical selon lequel ces deux ailes se développent coupe à angle droit celui qui réunit les insertions opposées des feuilles distiques de cette tige. Si l'on fait une coupe transversale dans un entre-nœud de deux ans environ et qu'on l'observe à un grossissement suffisant, ou remarque que la périphérie de la moelle décrit une croix très- régulière dont l'un des bras, un peu plus long que l'autre, correspond aux deux ailes ligneuses placées selon une ligne droite, le plus court répondant aux deux séries opposées des insertions des feuilles. Cette moelle est com- posée d'ulricules légèrement ponctuées, surlout vers le centre. Les rayons médullaires sont distribués régulièrement à travers les faisceaux ligneux, ( '°77 ) munis déjà de plusieurs vaisseaux ponctués d'autant plus larges qu'ils se trou- vent plus près de l'écorce. Considérons une coupe transversale, pratiquée à la hauteur de l'insertion même d'une feuille : dans cette coupe, on remarque quelques modifications apportées au plan de Ja coupe précédente; d'abord la moelle n'est plus au centre, non pas qu'elle ait été déplacée, mais parce que le cylindre ligneux a reçu, par suite de la formation de la branche, un épaississement assez considérable du côté de celle ci. Ensuite, on remarque que les rayons médullaires et les faisceaux ligneux qui appartiennent aux deux ailes, et également le bras correspondant de la croix formée par la moelle, se trouvent recourbés vers le côté opposé à la branche, et que, par suite de cette modification, les ailes elles-mêmes ont été refoulées de ce même côté; si nous observons une tige plus âgée, nous remarquerons que les ailes se sont rapprochées, et en outre qu'elles tendent à se courber l'une vers l'autre, en sorte que si la coupe est observée à l'œil nu, elle rappelle à peu de chose près une coupe qu'on aurait pratiquée verticale- ment sur un calice adhérent à l'ovaire. Mes dessins expliquent mieux que je ne puis le dire toutes ces particularités, car ils représentent des tiges très- âgées où le rapprochement des deux ailes a atteint son plus haut degré. » J'ai dit plus haut que l'accroissement en diamètre de cette tige se fai- sait sur deux points seulement de sa périphérie, et que ces deux points, se développant plus tard en deux grandes ailes ligneuses, se trouvent dans le plan qui coupe la ligne des deux séries des insertions des feuilles à angle droit. Les deux ailes des Cipos d'escada se développent donc bien loin du concours immédiat des organes latéraux de la tige, comme j'ai pu m'en assurer, et ce simple fait suffit pour contredire, ce me semble, les idées si ardemment appuyf'es par Gaudichaud; mais le phénomène dont je donne ici un aperçu n'est pas mentionné dans les travaux de ce botaniste, ni dans ceux de Crûger, de Schleiden et de Schacht, qui se sont occupés de la structure des tiges anormales. » Revenons maintenant au développement, non pas des ailes, dont nous connaissons quelques exemples analogues dans les Ménispermées, dans les Bignoniacées, dans les Cassia et dans les Malpighiacées, mais à celui qui s'opère particulièrement à l'insertion de la branche (i). Ce développement (i) On ne voit qu'un petit nombre de branches à l'extrémité des tiges des Bauhinia. Presque toutes meurent par la suite ou bien restent réduites aux deux vrilles (quelquefois une) qui se trouvent à leur premier nœud en sortant de la tige mère. Mais ordinairement i4o.. ( i.o.7* ) ne se faisant qu'à la base de cet organe, l'accroissement du bois ne se fait normalement que de ce côté, tandis que de l'autre côté il est nul. » C'est là la cause de la forme si remarquable de ces tiges. En effet, les faisceaux ligneux, se dédoublant et en même temps s'accroissant radiale- ment comme dans une tige ordinaire, rendent la moitié correspondante du cordon ligneux central (tige primitive) beaucoup plus volumineuse que l'autre. Or, les ailes de la tige, ne participant nullement à l'action qui se pro- duit sur la face développée, accompagnent naturellement le mouvement du côté inactif qui tend à se plier sur lui-même, et de là leur courbure mutuelle, peu sensible d'abord, mais fort remarquable dans les anciennes tiges. La moelle est au reste le meilleur guide qu'on puisse prendre pour l'observation de ces modifications. Représentant une croix régulière dans la coupe transversale pratiquée au milieu de l'entre-nceud, on la voit cour- ber graduellement les deux moitiés de son bras le plus long vers le côté opposé à celui d'où naît la branche la plus voisine, à mesure que, par des coupes successives, on s'approche de celle-ci. Les rayons médullaires suivent aussi cette direction. Qu'on se figure maintenant le même phénomène ayant lieu alternativement, tantôt pour un côté, tantôt pour l'autre, et l'on aura exactement l'explication de la structure des concavités et des con- vexités alternantes de la tige des Bauhiniu. En effet, si l'on prend une tige de ces Lianes et que l'on considère trois coupes pratiquées, l'une au milieu de l'entre-nceud et les deux autres aux deux nœuds qui lui sont voisins, ces coupes projetées horizontalement donneront, la première une figure à peu près en forme d'un oc très-allongé, et les deux autres deux croissants dont les faces concaves se regardent. Il s'ensuit donc que le maximum d'amincissement du cordon ligneux central correspond au milieu de rentre- nœud et le maximum de son développement à la hauteur de la feuille. » La tige des Cissus, quoique n'offrant pas extérieurement des caractères aussi saillants que colle des Batildnia, n'en est pas moins remarquable quant à l'arrangement de son système fibro-vasculaire. » C'est le Cissus hydrophora, dont la sève a été étudiée par Gaudichaud, à Rio, qui est pris ici comme lype. » Lorsqu'on observe au microscope la coupe transversale d'une jeune tige de cette Liane, on voit en partant de l'écorce, et aussitôt après la couche tous ces appendices finissent par disparaître, et la lige devient complètement nue. J'ai vu aussi parfois des individus dont les feuilles se trouvent tout à fait dépourvues de bourgeons à leur aisselle. ( io79 ) subéreuse, une large couche parenchymateuse, contenant très-peu de chlo- rophylle et parsemée à son côté externe d'amas de cellules ponctuées dont les parois deviennent fort épaisses plus tard. Dans les régions plus internes de ce parenchyme, on voit des paquets libériens devant des faisceaux ligneux dont l'anomalie est frappante au premier abord. Ces faisceaux, loin d'être continus dans le sens des rayons, se. trouvent subdivisés tan- gentiellement et séparés par du parenchyme en paquets distincts entre eux. » Mais ce qui rend le corps ligneux plus remarquable, c'est qu'au lieu de rayons médullaires ordinaires il est partagé radialement par de larges bandes cellulaires identiquement organisées comme la couche corticale dont elles semblent être les prolongements. En effet, les larges lacunes remplies de raphides et les amas de cellules aux parois épaisses de la couche parenchymateuse de l'écorce s'y trouvent aussi, avec cette seule différence que dans les rayons médullaires, si je peux les appeler ainsi, ces cellules ne sont abondantes que vers le voisinage de l'écorce. Une particularité égale- ment notable du bois de cette Liane, c'est que, malgré le développement d'une tige assez avancée, les fibres ligneuses sont comme à l'état d'ébauche et se détachent à peine des éléments parenchymateux qui les entourent. Ce n'est que dans les tiges de plus de trois ans qu'elles peuvent atteindre leur développement définitif. C'est pourquoi la tige du Cissus hydrophora a aussi peu de consistance que celle d'un Coslus. » J'ai parlé plus haut des raphides contenues dans les lacunes qui sont répandues pour ainsi dire dans toute l'épaisseur de la tige. Leur forme, comme on le verra d'après mes dessins, est celle d'une longue aiguille pointue d'un côté et bifurquée de l'autre, et leur abondance est telle, qu'elles gênent parfois les observations. Je ne pense pas qu'il y ait une plante où ces cristaux soient en aussi grande quantité. Les lacunes qui les contiennent ne sont que de grandes cellules dont le diamètre vertical égale deux fois le diamètre transversal. Mais comme caractère histologique par- ticulier de cette Liane, il faut mentionner spécialement la structure de ses fibres ligneuses. On vient de voir qu'elles restent dans un état rudimen- tàire jusqu'à l'âge d'environ deux ans; en les examinant à une époque plus avancée, on est encore frappé de la minceur de leurs parois, et bien plus de les trouver remplies de cellules ballonnées en grand nombre dans chaque fibre. » Au premier abord, on pourrait croire que ce sont simplement des cloisons particulières à ces tissus ; mais, en les traitant par l'acide nitrique, ( to8o ) on voit de petits ballons se détacher des parois internes des fibres et les laisser complètement à nu. Les vaisseaux ponctués eux-mêmes présentent cette particularité; seulement, chez ces derniers les cellules ont été absor- bées, et il n'en reste que quelques lambeaux ponctués de leurs parois horizontales. » M. Coulvier-Gravier transmet les résultats généraux de ses recherches sur les météores en 1866, et les prévisions auxquelles peuvent conduire ces résultats, peu nombreux d'ailleurs à cause des mauvais temps qui se sont produits pendant les quatre premiers mois de l'année. (Commissaires précédemment nommés : MM. Babinet, Regnault, Faye, Delaunay.) M. Savary adresse à l'Académie un Mémoire ayant pour objet : i° la détermination du prix de revient de l'unité de force voltaïque; 1" la suite et le résumé de son travail relatif au maximum d'aimantation des électro- aimants. L'auteur croit avoir démontré la possibilité de résoudre la ques- tion si importante de l'électricité à bon marché. Il désirerait que son travail fût admis à concourir pour l'un des prix décernés par l'Académie. (Renvoi à la Commission du prix Trémont.) M. Gellcsseau, quia adressé à l'Académie, dans la séance du 3o avril, un Mémoire ayant pour titre : « L'air comprimé dans la construction des ponts : études médico-physiologiques sur l'application de l'air comprimé à la fondation des piles du pont de Mauves », envoie deux photographies des machines employées pour ce travail, et un extrait de son Mémoire. Ces documents sont renvoyés, comme le précédent Mémoire, à la Com- mission des Arts insalubres. M. Jcdé adresse, pour le concours du prix de Physiologie expérimen- tale de 1866, un Mémoire ayant pour titre : « Du degré de confiance qu'il faut accorder aux derniers travaux entrepris dans le but d'expliquer la circulation cardiaque chez l'homme ». (Renvoi à la Commission du prix de Physiologie expérimentale.) M. Adet de Roseviixe prie l'Académie de vouloir bien admettre au ( 1081 ) concours du legs Bréant le Mémoire qu'il lui a adressé, au mois de février dernier, sur la nature et le traitement du choléra. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) M. Guglielmi écrit de Rome pour rappeler l'envoi fait par lui, au mois de mars dernier, d'une brochure relative au choléra. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) M. Delâgrée adresse, pour le concours de l'un des prix Montyon, et de la part d'un auteur dont le nom est contenu dans un pli cacheté, avec l'épi- graphe : Ex experientia nascitur scivitia, un Mémoire concernant l'indication de deux nouveaux procédés thérapeutiques. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. le DrBoucmjT prie l'Académie de vouloir bien renvoyer à la Commis- sion des prix de Médecine et de Chirurgie l'ouvrage qu'il lui adresse et qui a pour titre : « Diagnostic des maladies du système nerveux par l'opli- thalmoscopie ». Cet ouvrage sera renvoyé à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. M. Lancereaux adresse, pour le concours des prix de Médecine et de Chirurgie, un volume ayant pour titre : « Traité historique et pratique de la syphilis ». (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. de Cigalla transmet, par l'intermédiaire de M. Ledoulx, Consul de France à Syra, deux nouveaux numéros du journal la Grèce, qui contiennent des documents sur les phénomènes volcaniques de Sanlorin. ( Renvoi à la Commission composée de MM. Éliede Beaumont, Boussingault, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.) M. S. Vogcet adresse un Mémoire ayant pour titre : « Simple idée sur la direction des ballons » ; l'auteur exprime le désir que ce Mémoire soit ren- ( 1082 ) voyé à la Commission qui a été désignée précédemment, pour une commu- nication faite par lui sur une machine à air atmosphérique. (Renvoi à cette Commission, qui se compose de MM. Regnault, Combes, Delaunay.) M. BRATEprie l'Académie de vouloir bien nommer une Commission pour examiner le travail adressé par lui le 2 avril dernier. (Commissaires : MM. Bertrand, Serret.) M. Yvox Villarceau adresse à l'Académie un exemplaire de la Notice sur ses travaux scientifiques qu'il a fait imprimer à l'appui de sa candidature, pour les prochaines élections dans la Section de Géographie et de Navi- gation. (Renvoi à la Section de Géographie et Navigation.) CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. Quelelet, le second volume de son ouvrage intitulé : « Sciences mathématiques et physiques chez les Belges au commencement du XIXe siècle ». Au sujet de cette présentation faite par M. le Secrétaire perpétuel, M. Chasles demande la parole et fait une analyse succincte de cet ou- vrage. « L'Académie, dit-il, se rappelle le savant volume intitulé : Histoire des Sciences mullwinaliqucs et physiques chez les Behjes, offert pari!/. Quetelet, dans noire séance du 7 août de l'année dernière. Le volume actuel, bien que sous un litre un peu différent, lui fait suite. L'auteur s'y est proposé princi- palement de réunir des Notices fort développées sur les hommes distingués dans les Sciences, les Lettres et les Arts, que la Belgique a perdus depuis une trentaine d'années. 11 y a eu association d'efforts, de la part de tous, pour rendre à la vie intellectuelle de celte belle contrée le mouvement et la splen- deur qu'elle a eus au temps de Charles-Quint : aussi M. Quelelet, dont les aptitudes embrassent les Lettres comme les Sciences, a cru devoir ne point séparer ces divers genres d'illustration. Des Notices sur les savants étran- gers qui ont visité la Belgique et y ont entretenu des relations intimes, tels que de Ilumboldt, Arago, Bouvard, Schumacher, Gauss, Goethe, etc., ajoutent à l'intérêt que présente ce nouveau volume de l'illustre et infati- gable Secrétaire perpétuel des trois Académies royales de Bruxelles. » ( io83 ) MM. Coste et Robin adressent à l'Académie une Lettre relative aux travaux récents de M. Gerbe, et demandent qu'elle veuille bien lui ac- corder des fonds pour lui permettre de continuer ses recberches au bord de la mer. ÉLECTRICITÉ. — Sur la décharge de la batterie électrique et sur l'influence de la configuration des conducteurs. Note de M. C-M. Guii.lemix, présentée par M. Foucault. « Des essais de paratonnerres dont la Commission de perfectionnement des Lignes télégraphiques nous avait chargés, MM. Berlsch, Hugbes et moi, nous ont donné l'occasion, l'année dernière, d'observer un fait qui m'a semblé ne pas pouvoir se déduire des lois relatives à la conductibilité des corps pour le courant voltaïque. Un fd de cuivre continu ne conduisait pas notablement mieux le courant de la batterie qu'un pareil fil dans lequel on avait intercalé un paratonnerre à pointes : tel est le fait qui s'était pro- duit devant nous. » J'ai l'honneur de présenter à l'Académie le résultat des recherches auxquelles je me suis livré, dans le but de savoir jusqu'à quel point ce tait pouvait s'écarter des lois connues. » D'après la loi d'Ohm, l'intensité du courant parvenu à l'état stable ou permanent est indépendante de la surface des conducteurs. Mes expériences démontrent que, pour le courant de la bouteille de Leyde, qui représente l'état variable sans état permanent sensible, l'augmentation de la surface du conducteur facilite le passage du courant. » Pour faire cette démonstration, je dispose deux conducteurs de ma- nière qu'ils soient traversés simultanément par la décbarge d'une forte batterie de six jarres, représentant au total un condensateur d'environ 1 mètre carré de surface. L'un d'eux contient un fil de fer de -— j de milli- mètre de diamètre, dont on varie la longueur à volonté ; l'autre dérive une partie du courant. C'est ce dernier dont on modifie la forme et la dis- position, sans changer sa section. L'influence de ces modifications est mise en relief par la longueur plus ou moins grande qu'on peut donner au fil de fer sans qu'il cesse d'être fondu. « Ce conducteur étant formé d'une lame mince d'étain de 2 mètres de longueur et de 6 centimètres de large, isolée sur une table de verre, C. R., iRfifi, i" Semestre. (T. LXII, N° 20.) ' 4 • ( io84 ) on s'assure d'abord que cette lame dérive une assez grande partie du cou- rant de la batterie pour empêcher le fil de fer d'environ i5 centimètres de longueur d'arriver à la température rouge. Si alors on replie la lame d'étain sur elle-même, suivant sa longueur, de manière à diminuer sa sur- face sans changer ni sa section ni sa longueur, le fil de fer s'échauffe an rouge sombre, et, si la surface de la lame a été suffisamment réduite, il entre en fusion dans toute son étendue. » L'avantage est encore au conducteur à grande surface quand, au lieu de le mettre en dérivation, on l'emploie à. transmettre le courant au fil de fer de -^ de millimètre de diamètre. » Cet effet semble dû aux actions inductrices que les différents éléments des conducteurs exercent les uns sur les autres, pendant l'état variable; l'augmentation de surface facilite le passage du courant instantané en éloi- gnant les parties réagissantes. L'expérience suivante paraît confirmer cette explication. » On emploie comme conducteur dérivant le courant de la batterie f)0 fils métalliques de 2 mètres de longueur, de \ de millimètre de diamètre. Lorsque ces fils sont éloignés les uns des autres de 1 centimètre, le fil de fer est bien protégé et ne s'échauffe pas à l\oo degrés ; mais si l'on rapproche les fils métalliques, le fil fin s'échauffe davantage ; il est recuit, puis il rougit et fond, quand les 60 fils sont très-rapprochés. L'effet est à son maximum lorsqu'on tord ensemble les fils métalliques de manière à en faire un câble. * n En exagérant les conditions du phénomène, il est facile de constater que le conducteur à grande surface peut être beaucoup plus résistant au courant voltaïque que le fil cylindrique, sans qu'il cesse de conduire mieux le courant de la batterie. » Quand les conducteurs sont gros et courts, l'interposition d'une lame mince d'air dans l'un d'eux ne modifie pas beaucoup le rapport des quan- tités d'électricité qui les traversent, pendant le passage du courant instan- tané. C'est en cela que consiste le fait primitif observé. » Les résultats précédents ont été confirmés par les indications du ther- momètre de Riess. » Ces faits conduisent naturellement à penser qu'il y aurait avantage à substituer, aux fils de cuivre qui font communiquer les parafoudres des télé- graphes avec la terre, des lames de cuivre de 2 ou 3 centimètres de largeur, en leur donnant au moins l'épaisseur de 1 millimètre. Il est à présumer que la protection serait rendue plus efficace. ( iob5 J » Dans ces expériences, la batterie était chargée au moyen de la bobine Ruhmkorff (grand modèle). Il suffit de 5 ou 6 secondes pour charger fortement la batterie composée de 6 grandes jarres. La grande puissance de cet appareil permet de réaliser aisément des expériences qu'il serait très-difficile de faire à l'aide des machines ordinaires. » CHIMIE. — De i isomérie dans la série ail) tique. Note de M. Oppenheim, présentée par M. Balard. « Quand les combinaisons allyliques ont été découvertes par MM. Ber- thelot et de Luca et par MM. Cahours et Hofmann, la question de l'isomérie occupait moins qu'aujourd'hui les esprits des chimistes, et on a souvent dé- signé depuis l'iodure, le bromure et le chlorure d'allyle par les noms de propylène iodé, brome et chloré. Il convient aujourd'hui de chercher si ces noms sont en effet synonymes ou s'il n'y a pas entre les produits de substi- tution du propylène et des éthers allyliques un de ces cas d'isomérie dont chaque jour nous apporte de nouveaux exemples intéressants et imprévus. » Parmi les produits de substitution du propylène, le propylène chloré est le mieux connu et le plus facile à préparer depuis que M. Friedel a prouvé son identité avec un des produits de l'action de l'acétone sur le per- chlorure de phosphore. Il restait à trouver un procédé facile pour obtenir en quantités suffisantes le chlorure d'allyle qui, jusqu'à présent, n'a été préparé qu'à l'aide de l'alcool allylique, moyen long et coûteux qui n'a pas permis jusqu'à présent d'étudier les propriétés de ce corps. » J'ai trouvé ce procédé en partant de la conviction que les éthers ne sont pas autre chose que des sels, et en appliquant dans toute sa généralité la loi de Berthollet à la décomposition des éthers par les sels métalliques. » L'oxalate d'allyle, mêlé avec une solution alcoolique de chlorure de calcium et chauffé en vase clos à ioo degrés, produit un dépôt abondant d'oxalate de calcium. On n'a qu'à ajouter de l'eau et à distiller au bain- marie pour obtenir, avec les premières portions, le chlorure d'allyle formé dans cette opération. » Mais un moyen encore plus simple pour préparer cet éther se fonde sur la grande affinité du mercure pour l'iode. Si on mêle l'iodure d'allyle avec son volume d'alcool ordinaire et avec un petit excès de bichlorure de mercure, on observe un dégagement très-fort de chaleur et la transforma- tion du sel de mercure en iodure rouge. On laisse refroidir en condensant les vapeurs dans un réfrigérant Liebig, et on distille. En ajoutant de l'eau I 4 ! - - ( io86 ) au liquide distillé, bien refroidi, on sépare de l'alcool une huile qui surnage et qui passe à la distillation entre l\o et 70 degrés. » Les premières portions sont en partie solubles dans l'eau. Leur odeur et leur analyse prouvent qu'elles contiennent de l'éther ordinaire. Les der- nières portions donnent à l'analyse des chiffres qui se rapprochent de la composition de l'éther allyl-éthylique. La plus grande partie qui distille entre 43 et 5o degrés est du chlorure d'allyle presque pur. On voit que l'opération que je viens de décrire donne lieu aux réactions suivantes : 2C3H5I + HgCl2 = HgP + 2C3HsCl, C3 H5 Cl +■ C2 H° O = (C3 HSJ (C2 Hb ) O + H Cl , H Cl + C2 H6 O = H2 O + C2 H5 Cl , C2 H5 Cl H- C2 H6 O = (C2 H5)2 O + H Cl , H Cl -+- (C3 II5) (C2 H5) O = C H5 Cl h- C2 11° O. » On parvient facilement à séparer, par la distillation fractionnée, le chlorure d'allyle pur qui bout entre 44 et 4^ degrés. » Sa densité à zéro est égale à 0,9340. » Il y a entre les points d'ébullition du chlorure d'allyle et du propylène chloré une différence de 19 degrés. Le point d'ébullition de ce dernier corps obtenu par la méthode de M. Friedel, qui a vérifié à cette occasion ses recherches, est de 25°, 5. Sa densité, sensiblement égale à celle du chlorure d'allyle, a été trouvée de 0,9307. » L'isomérie de ces deux composés est donc évidente Elle se manifeste de nouveau par leurs réactions. Le propylène chloré traité par l'éthylate de sodium à 120 degrés se transforme, on le sait, complètement en ally- lene. Le chlorure d'allyle, au contraire, réagit sur la potasse alcoolique déjà au-dessous de 100 degrés en ne formant (comme fait aussi l'iodure d'allyle) que de l'éther allyl-éthylique. » L'hydrogène des éthers allyliques est plus fortement lié au carbone que celui des composés propyléniques. On ne parvient à l'en séparer que par la destruction complète de la molécule de l'allyle. Ainsi, en faisant passer la vapeur de l'iodure d'allyle à travers un tube chauffé au-dessous du rouge sombre, on n'obtient pas trace d'allylène, mais bien de l'éthy- lènc, du propylène et du carbone. » Enfin, les produits de substitution du propylène se combinent diffici- lement avec d'autres composés non saturés. Leurs isomères de la série allylique, au contraire, produisent facilement par addition directe des coin- ( 1087 ) posés nouveaux que j'espère faire connaître dans une prochaine communi- cation. » La réaction du chlorure de mercure sur les iodures de radicaux alcoo- liques paraît être générale. J'ai obtenu par la même manière les chlorures d'amyle et d'éthyle. Le cyanure de mercure, traité par une solution alcoo- lique d'iodure d'éthyle, m'a donné de l'acide cyanhydrique et de l'éther ordinaire. » chimie minérale. — De l'emploi du nitroferrocyanure de sodium pour démon- trer qu'une eau minérale contient ou ne contient ]>oinl de sulfure alcalin; par M. A. Béchamp. <• Plusieurs savants admettent la préexistence du sulfure de calcium, et même celle du sulfure de magnésium, dans les eaux minérales dites sul- furé-calciques. Cependant, le sulfure de calcium étant facilement alté- rable non-seulement par l'acide carbonique, mais par l'eau elle-même, je me suis demandé si dans une dissolution très-étendue de ce composé le calcium et le soufre sont encore unis sous la forme de sulfure et si une réaction exprimée par l'équation suivante ne s'accomplit point en présence d'une grande masse d'eau : SCa-h2H0=:Ca0,H0 + HS. » On sait : i° que les dissolutions des sulfures alcalins produisent une belle coloration pourpre lorsqu'on y ajoute du nitroprussiate de soude; i° qu'une' dissolution étendue d'hydrogène sulfuré additionnée de nitro- prussiate ne se colore pas, et 3° qu'il suffit d'ajouter un peu de potasse ou de soude à la dissolution d'acide sulfhydrique pour que le réactif des sulfures détermine aussitôt la coloration pourpre caractéristique. » Cela posé, supposons une dissolution concentrée, à froid, de sulfure de calcium (obtenu par la réduction du sulfate de chaux) : le nitroferrocya- nure y développe instantanément la réaction caractéristique. » a. A travers cette dissolution faisons passer un courant d'acide carbo- nique pour saturer la chaux : le nitroprussiate ne produira plus rien, si ce n'est, au bout de quelques secondes, une coloration bleue. La coloration sera toujours bleue si l'on arrête le courant d'acide carbonique dès que la liqueur est devenue louche par le carbonate de chaux formé. » 6. A i volume de cette dissolution de sulfure de calcium, ajoutons 2 à 3 volumes d'eau distillée et faisons-en deux parts; dans l'une versons ( io88 ) un peu de nitroprussiate : il n'y a plus de coloration, car il n'y existe plus de sulfure de calcium, mais, d'après l'équation ci-dessus, de l'hydrogène sulfuré, lequel ne produit dans ces conditions aucun phénomène apparent avec le réactif. La preuve que cette interprétation est la vraie, et que l'ab- sence de coloration ne tient pas à la dilution de la liqueur, c'est que, si dans l'autre partie de la dissolution étendue de sulfure de calcium, on ajoute une goutte de potasse caustique, la coloration pourpre se manifeste aussitôt, parce que la potasse a formé du sulfure de potassium avec l'hydrogène sulfuré que l'on pouvait supposer dans la liqueur. » Une eau minérale qui contient des bicarbonates, ou qui ne représente- rait pas une dissolution concentrée de sulfure de calcium, ne saurait donc plus contenir de sulfure de calcium, mais seulement de l'acide suif hydrique libre. » L'eau sulfureuse des Fumades, dont il sera question dans l'article sui- vant, est dans ce cas. Lorsqu'on y ajoute une dissolution étendue de nitro- prussiate, il ne se manifeste d'abord aucune coloration, mais au bout d'un peu de temps une coloration bleue. Cette coloration est déterminée par la présence des carbonates alcalino-terreux que cette eau contient. En effet, si dans une dissolution étendue d'hydrogène sulfuré on délave un peu de carbonate de chaux, ou même de carbonate de magnésie, et que l'on ajoute ensuite du nitroprussiate, la coloration, violette ou bleue, se manifeste peu à peu. Sous l'influence des carbonates alcaline-terreux, sans doute en vertu d'une affinité prédisposante, le nitroprussiate agit donc sur l'hydrogène sulfuré. » Une nouvelle preuve de la justesse de cette interprétation, c'est que, si dans l'eau minérale sulfureuse, qui ne produit avec le nitroprussiate que la coloration violette ou bleue, on ajoute une goutte de potasse et ensuite le réactif, la coloration pourpre apparaît aussitôt, malgré la précipitation des carbonates insolubles que la potasse a déterminée. » chimie MINÉRALE. — Analyse de l'eau minérale sulfureuse des Fumades (source Thérèse) ; par M. A. Béciiamp. « Les sources sulfureuses dont j'ai l'honneur de communiquer l'analyse à l'Académie sont situées près du village des Fumades, dans l'arrondissement d'Alais. D'après l'observation de M. Dumas (de Sommières), elles sortent des calcaires lacustres éocènes dont les couches sont couvertes par des argiles alluviales et détritiques nouvelles qui foraient le fond de la vallée ( ioS9 ) de l'Alauzenne. Les terrains d'où elles jaillissent sont bitumineux. Elles sont nombreuses. Les sources Augustine, Élienne et Thérèse sont les plus récemment découvertes et les plus abondantes. La source Thérèse, dont voici l'analyse, débite près de 2/40000 litres par vingt-quatre heures. Pour l'analyse, j'ai puisé l'eau au griffon même. La température de l'eau à son émergence est de i4 degrés. Son odeur est sulfhydrique très-prononcée. Des bulles de gaz se dégagent par intervalle de l'eau qui jaillit en bouil- lonnant. Sa densité à r5 degrés est de 1,00245. Composition de l'eau de la source Thérèse, rapportée à 1000 centimètres cubes. gr Gr Acide sulfhydrique o,o4i5 Chaux... °>8944 Acide carbonique o,333a Magnésie o, i552 Acide silicique o,o337 Protoxyde de fer 0,0006 Acide sulfurique 1 ,3233 Protoxyde de manganèse. . . traces Acide hyposulfureux o,oog5 Alumine o,oo5?. Chlore o , oo45 Glucine traces Potasse 0,0010 Oxyde de cuivre traces Soutle o,oi56 Mat. org. bitumineuse. . . . indéterminée Ammoniaque traces Azote i3cc » Cette analyse a donné lieu aux remarques suivantes : » i° L'acide sulfhydrique y est libre, car par l'addition du nitroprus- siate de soude il ne se manifeste que lentement une coloration bleue ou violette, ainsi qu'il arrive pour l'acide sulfhydrique en présence des carbo- nates alcalino-terreux ; mais si l'on y ajoute un peu de potasse et ensuite le nitroprussiate, la coloration pourpre se produit immédiatement. » 20 L'acide hyposulfureux préexiste dans cette eau, car si on l'évaporé à l'ébullition de manière à expulser l'hydrogène sulfuré, que l'on sépare le sulfate de chaux et les autres sels devenus insolubles, les dernières parties solubles, traitées avec précaution par l'acide nitrique, dégagent de l'acide sulfureux et laissent déposer du soufre. C'est du poids de ce soufre, trans- formé en sulfate de baryte, qu'on a conclu celui de l'acide hyposulfureux. » 3° Le chlore doit être dosé dans l'eau concentrée. La liqueur acidulée, étant traitée par le nitrate d'argent, donne le précipité cailleboté, mais il devient noir par du sulfure d'argent dû à la décomposition de l'hyposulfite. Il faut donc un nouveau traitement pour isoler le chlorure d'argent. » 4° La glucine existe dans cette eau. En voulant caractériser l'alumine que j'avais séparée du fer par la potasse, je n'avais pas pu obtenir de colo- ration en bleu par la calcination au chalumeau avec le sel de cobalt. Mais ( lo9° ) après avoir séparé la glucine en la dissolvant dans le carbonate d'ammo- niaque, j'ai pu caractériser l'alumine par sa coloration bleue; la glucine isolée, chauffée au chalumeau avec le sel de cobalt, n'a donné qu'un pro- duit gris. Cet ensemble me paraît démonstratif et ne me permet pas de douter que la glucine existe effectivement dans cette eau. » Les sources Augustine et Etienne, dont l'analyse est commencée, sont bien plus sulfureuses que la source Thérèse. Dans la source Etienne : acide suif hydrique 0,0974 Dans la source Augustine : acide sulfhydrique . . . . 0,0751 Elles contiennent en même temps moins d'acide sulfhydrique et plus d'acide carbonique. » zoologie. — Sur le Mi-lou ou Sseu-pou-siang, Mammifère du nord de la Chine, qui constitue une section nouvelle de la famille des Cerfs. Note de M. Alph. Milne Edwards, présentée par M. Blanchard. (Extrait.) « Le R. P. Armand David, missionnaire de la congrégation des Laza- ristes à Pékin, a envoyé dernièrement au Muséum d'Histoire naturelle une collection zoologique très-intéressante, dans laquelle se trouvent les dé- pouilles du Mi-lou, Mammifère de grande taille qui me paraît être complè- tement nouveau pour les zoologistes, et qui, tout en appartenant à la grande famille des Cerfs, ne peut prendre place dans aucune des divisions naturelles établies jusqu'ici dans ce groupe des Ruminants. » A raison de sa forme générale, de son pelage, de ses allures lourdes et de la manière dont le mâle porte ses bois, le Mi-lou ressemble jusqu'à un certain point au Renne, et le R. P. David, qui possède des connais- sances très-étendues en Histoire naturelle, avait pensé, à première vue, que cet animal devait se rapporterai] genre Taraudas; mais l'étude comparative que je viens de faire de cette espèce nouvelle m'a démontré qu'elle en est bien distincte et qu'elle doit servir de type pour l'établissement d'un groupe zoologique spécial. » Le Mi-lou se rapproche des Cerfs proprement dits par l'existence d'un mufle nu et par les caractères anatomiques de la tète osseuse; mais il se distingue de tous les Cervidés connus jusqu'ici par la direction et le mode de ramification des bois, ainsi que par la conformation de la queue. » Les bois ne présentent pas, comme chez les Rennes et tous les Cerfs ordinaires (Élaphiens et Rusiens) d'andoutller basilaire antérieur; ils sont cependant très-développés et très-branclius. Les prolongements de l'os ( !09i ) frontal, sur lesquels ils naissent, sont plus longs que chez le Cerf commun. Le merrain est gros et, à une assez grande distance au-dessus de la meule, il s'en détache une longue branche postérieure qui se dirige à peu près horizontalement en arrière, de façon à toucher presque le dos de l'animal; cette branche n'est guère moins forte que la perche et porte dans sa partie subterminale plusieurs andouillers disposés sur son bord externe et très-rap- prochés entre eux, de façon à constituer par leur ensemble une sorte de palmure qui rappelle un peu celle de Pandouiller basilaire antérieur des vieux Rennes. La perche, au lieu d'être régulièrement arquée comme d'or- dinaire, est contournée en forme d'Set porte deux grands andouillers dirigés en arrière et en dedans; elle se termine par une fourche; enfin toute la partie supérieure de cette portion des bois est armée d'une série de gros tubercules, dont plusieurs se développent de façon à constituer sur le bord externe des petits andouillers accessoires. » La femelle est dépourvue de bois. » Le pelage de ces animaux est rude, cassant, très-épais et uniformément coloré en gris jaunâtre, excepté sur la ligne médiane du dos et du poitrail où existe une bande noire. » Un des caractères les plus remarquables de cette espèce est fourni par la disposition de la queue; en effet, cet appendice, au lieu d'être court et épais comme d'ordinaire dans la famille des Cervidés, est très-allongé et garni vers le bout de longs poils, qui parfois descendent plus bas que le talon. Cette disposition rappelle ce qui se voit chez l'Ane. » D'après les renseignements qui nous sont transmis par le P. David, les Chinois désignent souvent le Mi-lou sous le nom de Sseu-pou-siang, ce qui veut dire les quatre (caractères) qui ne se conviennent pas, parce qu'ils trouvent que cet animal lient du Cerf par les bois, de la Vache par les pieds, du Chameau par le cou, et du Mulet ou mieux de l'Ane par la queue. » Les particularités d'organisation qui distinguent ce Cervide de tous les autres animaux de la même famille sont aussi importantes que celles à raison desquelles les zoologistes séparent les Tarandus ou les Jlces des Ëla- phiens, des Rusiens, etc. » Par conséquent, je crois devoir ranger ce Mammifère dans une divi- sion particulière du grand genre Cerf, tel que Cuvier le délimitait, et je le désignerai sous le nom à'Etaphurus Davidianus (i). (i) De £A«ifiJî, cerf, et oùço;, queue. C. R., 1866, i« Semestre. (T. LXII, N° 20.) 1^2 ( i°92 ) » Le Mi-lott est de la taille d'un grand et gros Cerf; un mâle adulte que le Muséiml vient de recevoir mesure im,3o au garrot, et le P. David nous apprend qu'on voit souvent des individus dont la taille est encore plus élevée. Cetle espèce vit en troupeaux dans le parc impérial situé à quelque distance de Pékin; elle s'y trouve depuis très-longtemps; mais les Chinois ignorent à quelle époque et comment elle y est arrivée. Le P. David pense que les Rennes dont parle M. Une dans son Fojnae en Tartarie, comme vivant en troupeaux au delà du Koukon-Noor, vers le 36e degré de latitude, pourraient bien être identiques au Mi-lou. » HI. Blanchard fait hommage à l'Académie, au nom de M. Jlph. Milne Edwards, d'un exemplaire de sa Note ayant pour titre : « Remarques sur des ossements du Dionte (Didus ine/ilits) nouvellement recueillis à l'île Maurice u. Celte Note est accompagnée de cinq planches. GÉOLOGIE. — Sur les tremblements de terre des trois premiers mois de 1866 en Orient. Lettre de M. F. Lenormant à M. Ch. Sainte-Claire Deville. « Vous avez si bien démontré l'intérêt scientifique des nombreux trem- blements de terre qui se sont produits pendant les trois premiers mois de cette année en Orient, et leur liaison avec les phénomènes volcaniques de Santorin, que c'est à vous que je dois adresser les renseignements précis sur ces tremblements de terre que j'ai pu recueillir sur les lieux pendant mon dernier voyage de Grèce, ou qui m'ont été envoyés depuis mon retour en réponse à mes questions. A votre exemple, je classe ces renseignements d'après l'ordre des dates des divers faits auxquels ils se rapportent. » Du 19 au 21 janvier. Six fortes secousses dirigées horizontalement d'est en ouest ont été ressenties à Chios. Plusieurs maisons ont été lézardées. On n'a pas pu me préciser les heures où les secousses avaient eu lieu. « 1-2. janvier. Forte secousse dirigée d'est en ouest, ressentie à Chios un peu après midi. Dans la même journée, on a remarqué un fort bouillonne- ment de la mer et la sortie d'une colonne de fumée au indieu des dots, à mi-dislance entre l'île et la côte voisine de l'Asie Mineure. m 2 février. Forte secousse à Chios, dirigée horizontalement d'est en ouest. Une maison a été renversée et plusieurs autres lézardées. » La source sulfureuse d'IIypate, eu Phlhiolide, où l'on avait créé de- puis trois ans un établissement thermal appartenant à M. Chatziskos, cesse hrusquement de couler le même jour. ( '°93 ) » 6 février. C'est à cette date, et non à celle du 7 que j'avais indiquée d'abord d'après un renseignement inexact, qu'a eu lieu le tremblement de terre de Patras et de Tripolitsa. » A Patras, les secousses ont été ressenties à ih 45™ de l'après-midi; elles étaient horizontales el dirigées d'est en ouest. Elles ont duré vingt secondes, légères d'abord, puis augmentant d'intensité et devenant continues pendant les dix dernières secondes. Deux maisons ont été abattues et quelques autres ont plus ou moins souffert. Deux sergents de ville au service de la munici- palité m'ont dit avoir observé une première secousse légère à iohi5m du matin le même jour, mais d'autres habitants que j'ai interrogés ne s'étaient aperçus de rien. » Le tremblement de terre a été ressenti dans les villages de la banlieue immédiate de Patras, mais il ne s'est pas propagé sur la côte du golfe de Lépante, du côté de Vostitsa, de Calavryta et de Coiïnthe. » A Tripolitsa, les secousses ont été ressenties également à ih/|5m de l'après-midi. Elles ont duré de même vingt secondes, allant d'est en ouest, et les observations sur la manière dont elles se sont produites ont été exacte- ment les mêmes qu'à Patras. Il n'y a eu dans la ville que des maisons lé- zardées, mais aucune renversée. » Le tremblement de terre s'est fait sentir dans les campagnes jusqu'aux limites de la plaine d'Argos, mais à Argos même il n'y a pas eu de secousse. Au reste, les tremblements de terre même les plus violents qui ont ravagé le Péloponèse, tels que ceux de 1808 et de 1862, ont été à peine ressentis à Argos. Les habitants attribuent cette préservation constante aux puits profonds et nombreux qui existent dans toutes les maisons de la ville. » A Gythium et dans tout le Magne, on a encore éprouvé le même jour une violente commotion d'est en ouest. Je n'ai point pu obtenir d'indication d'heure précise, mais on m'a dit que le tremblement de terre avait en lieu entre 1 et a heures de l'après-midi; ce qui semble bien coïncider avec la secousse ressentie à Patras et à Tripolitsa. » A Zante, la même secousse a été observée à ih45m; mais elle a été extrê- mement légère. On a cru remarquer qu'elle n'était pas précisément dirigée d'est en ouest, mais de l'est-nord-est à l'ouest-sud-ouest. » 10 février. A 4 heures après midi, secousse légère dans la même direc- tion que les précédentes, ressentie à Patras. » 17 février. A Nauplie, dans l'après-midi (on n'a pu me préciser à quelle heure), une légère secousse horizontale d'est en ouest a été sentie. Elle n'a causé aucun dommage et n'a été observée nulle part ailleurs. 142.. ( i°94 ) » 30 février. Secousse d'ouest en est à Chios. On ne m'en a indiqué ni l'heure ni le degré d'intensité. » a mars. Tremblement de terre d'Avlona et de la côte d'Albanie. Vingt secousses d'une extrême violence, dirigées, au début, du sud au nord, puis verticales, ont été éprouvées de n heures du matin à midi à Avlona et à Pollina, l'antique Apollonia d'Illyrie. Douze maisons ont été renversées à Avlona, et il y a eu soixante victimes entre les deux villes. Les secousses étaient accompagnées d'un bruit souterrain que les témoins comparent au bruit du tonnerre. » Cette portion de l'Albanie est, du reste, le théâtre d'un curieux phé- nomène, bien connu des anciens, mais que je n'ai vu signalé en ce point par aucun géologue moderne. Au sommet d'une colline voisine de Pollina, se produisent constamment, par des fissures du sol, des dégagements consi- dérables d'hydrogène carburé, qui souvent s'enflamment par des causes ac- cidentelles. J'ai visité cette colline en 1861 ; mais, comme j'en croyais le phénomène bien connu, j'ai négligé d'y faire des observations précises. De- puis, j'ai vu que personne n'en parlait, et j'ai amèrement regretté ma négli- gence. Tous les géographes anciens signalent les feux de la colline d'Apol- lonia, et ces feux, autour desquels des nymphes dansent en rond, sont le type des médailles antiques de la ville. » Les secousses du 2 mars, toujours dirigées du sud au nord, ont été ressenties sur la côte d'Épire jusqu'à Butrinto. A Corfou également, elles ont été observées, mais elles n'y avaient presque pas d'intensité', et elles n'ont produit aucun dégât matériel. » Je manque absolument de données sur les secousses qui ont pu être éprouvées au nord d'Apollonia, dans l'Albanie proprement dite. » Du 3 au 16 mars. Chaque matin, entre 9 heures et midi, pendant ces treize jours, on a ressenti à Avlona et à Pollina une secousse du sud au nord, mais sans grande intensité. Chaque jour, du reste, elles devenaient plus légères, sauf le 6 et le 7, où elles avaient repris une nouvelle force. Celles du 6 et du 7 ont été seules éprouvées sur la côte au midi d'Avlona, et très-faibles. A Corfou on n'a rien ressenti. » Le 6 et le 7 mars, jusqu'à la nuit, on a observé devant Avlona une agitation des flots tout à fait extraordinaire et contrastant avec le calme de l'atmosphère. Le 7, au coucher du soleil, un vent violent s'est élevé, accom- pagné de pluie, et le lendemain malin, quand le vent est tombé, la mer est redevenue paisible. » Dans la nuit du 9 au 10 mars, à 2 heures et quelques minutes du ma- ( '°95 ) tin, une très-légère secousse de l'est-nordest à l'ouest-sud-ouest a été ob- servée par une partie seulement des habitants de Patras, qu'elle a réveillés dans leur lit. » 20 mars. A 4b35m après midi, forte secousse d'est en ouest ressentie à Chios. Quelques maisons encore ont été lézardées. » Je me borne à ce simple exposé des faits et à cette sèche énumération. C'est à vous à en tirer les conséquences et à les coordonner théoriquement, comme vous l'avez fait déjà pour ce que vous possédiez de renseignements il y a un mois. » ASTRONOMIE. — Sur les rapprochements quon peut établir entre les taches solaires et les dislocations géologiques; par M. J. Chacounac. (Extrait.) « A l'origine de leur formation, les taches solaires d'un même groupe apparaissent isolément, les bouches érnptives d'un même système volca- nique se montrent séparées les unes des autres malgré qu'elles se soient for- mées simultanément. » Plus tard, lorsque la puissance des forces érnptives a acquis un cer- tain degré, il apparaît des lignes de dislocations, indiquant la relation qu'ont entre eux tous les cratères d'un même groupe. » Or, il est bien remarquable que ces orihces d'éruption soient situés aux extrémités des lignes de grandes dislocations, ainsi que les vallées cir- culaires d'élévation se trouvent aux extrémités d'une brisure de l'écorce de notre globe. » La majeure partie des groupes de taches solaires confirme cette confi- guration des chaînes volcaniques, et semble d'accord avec la théorie des cratères de soulèvement. En effet, les vallées circulaires d'élévation se mon- treraient aux extrémités d'une ligne de rupture, parce qu'en ces points les forces érnptives rencontreraient une plus grande résistance. 11 A la surface du Soleil, les bouches érnptives les plus considérables sont en effet situées aux extrémités des grands axes volcaniques, et aux brisures en étoilement. Ce n'est aussi qu'en ces points que se montrent ces entou- rages concentriques appelés pénombres, dont la similitude avec les cratères de soulèvement est si frappante, et ils n'apparaissent que lorsque les forces éruptives ont acquis un certain développement. » Ainsi la photosphère nous masquerait les lignes de dislocations d'une même chaîne volcanique solaire, tant que la puissance des forces éruptives ( '°96 ) n'aurait pas acquis un certain degré, qui donne ordinairement lieu à la formation des pénombres. » Ces traits caractéristiques des volcans solaires m'ont paru dignes de l'attention des géologues. » MÉTÉOROLOGIE. — Sur les tempêles qui se sout produites, entre le 19 et If 23 mars dernier, à Buenos-Ayres, sur la côte de France et à Versailles; par M. Lautigue. « Il y a eu à Buenos-Ayres, dans la journée du 19 mars, un ouragan ter- rible, venant des Pampas. C'est le plus violent qui se soit produit depuis i8o5. Telles sont les nouvelles que le Moniteur et d'autres journaux ont publiées le 5 de ce mois. » Les tempêtes, à Buenos-Ayres, comme clans tous les environs de Bio de la Plala, sont causées par des vents violents du S.-O. qui, du sommet des Cordillères, descendent comme un torrent impétueux vers les plaines voisines de la mer, où on les nomme pamperos. » Dans la nuit du 23 au 24 mars dernier, les vents d'entre le S."-S.-E. et le S.-O. ont soufflé en tempête à Versailles, en même temps que des venls violents du S. au S.-O. et à l'O.-S.-O. se faisaient ressentir en mer, à environ 70 milles dans l'ouest de Brest. N'ayant pu, jusqu'à ce jour, me procurer des renseignements sur les vents qui ont régné au Cap de Bonne-Espérance pendant notre hiver, je ne puis pas encore affirmer que les vents de S.-S.-E. venaient du Cap; mais je suis intimement convaincu que ceux du S. au S.-O. et à l'O.-S.-O., qui ont soufflé sur les côtes de France et à Versailles, étaient la continuation des vents de S.-O. qui ont causé la tempête à Buenos- Ayres (1). J'avais déjà émis une opinion semblnble à propos de la tempête du 2 au 5 décembre 1 863, dans une Note qui fut communiquée, en mai 1864, à M. Marié-Davy (2). (1) La vitesse moyenne du vent aurait été à peu près de 65 à 70 milles à l'heure, et la direction approximative le N. 32 degrés E. (2) M. le Maréchal Vaillant pense, avec raison, que les tempêtes denosclimats ne sont pas de l'espèce de celles que l'on nomme tournantes, et qu'elles ne prennent pas naissance dans le golfe du Mexique; mais il suppose qu'un des courants d'air qui les déterminent pourrait bien venir de ce golfe ou du Brésil. Si Son Excellence eût connu les documents nautiques sur Rio de la Plala, il aurait proba- blement trouvé que c'était de là que pouvaient venir les venls de S.-O. qui sont une des ( I097 ) » Une seule observation ne suffit pas, sans cloute, pour prouver ce que j'avance; mais comme les relations entre l'Europe et Buenos-Ayres sont fréquentes, il est bien facile de s'assurer si, effectivement, les tempêtes de S.-O. sur nos côtes se manifestent quelques jours après qu'un pamperos a éclaté sur les rives de la Plata (i). Si, comme je le pense, il en était ainsi, la question la plus importante concernant le mouvement de l'atmosphère se trouverait résolue. Cette question, que j'ai traitée dans la deuxième édi- tion du Système des vents et dans mon Essai sur les ouragans et les tempêtes, est relative à l'influence que les vents des deux hémisphères peuvent exercer les uns sur les autres, depuis l'équateur jusqu'aux environs des pôles. Observations faites en mer, Dates. Observations faites à Versailles. à environ -o milles dans 1 O. de Brest. 1866 22 mars (2). Beau temps, faibles brises de la Vents faibles et variables de l'O.- partie de l'E. S.-O. au S. -S.-O. 23 mars. Dans la nuit, petite brise d'entre le A minuit, vents frais du S.-S.-.O S. et le S.-E. augmentant graduellement de Au jour, jolie brise du S. -S.-E. force. causes des tempêtes sur les côtes de l'Europe centrale. Là, en effet, surviennent subitement des vents violents du S.-O. plus ou moins froids, dont la partie supérieure peut, à cause de la vitesse initiale acquise, passer au-dessus des alizés du S.-E. et des alizés du N.-E., et par- venir jusque dans les environs du pôle boréal. Les vents de S.-O. dévient d'abord sur la gauche jusqu'à l'équateur; mais comme ils dévient sur la droite aussitôt qu'ils l'ont dépasse, leur direction est à peu près la même, lorsqu'ils arrivent sur le parallèle de Gibraltar, qu'à Buenos- Ayres même. M. le Maréchal ne dit pas où les vents du S. au S.-E., qui ont figuré au commencement de la tempête du 2 au 5 décembre, ont pris naissance; mais pourquoi n'admettrait-il pas que, comme ceux du S.-O., ils peuvent venir de l'hémisphère austral? Les vents du S. au S.-E. sont très-fréquents, surtout pendant notre hiver, au Cap de Bonne- Espérance et dans les mers voisines, etc., etc. ( 1 ) Pendant notre été une grande partie de l'air transporté par les vents de S.-O-, venant de Buenos- Ayres, descend à la surface terrestre aux environs de l'équateur, entre la côte d'Afrique et le méridien de 3o à 35 degrés O., et l'autre partie, qui est moins considérable, ne se rapproche du sol que sur des parallèles élevés, circonstance qui, sur les côtes de France, rend les tempêtes de S.-O. plus rares en été qu'en hiver. (2) Il parait que je me suis trompé en copiant la Note que j'ai adressée à l'Académie des Sciences le 2 avril 1866. Ce n'est pas dans la ntiil du 21 au 22 mars que les vents ont encore commencé au S.-S -E., mais bien dans celle du 22 au 23. Ce n'est jamais que le vendredi que je traverse, dans la nuit, la cour du palais où j'ai manqué d'être renversé par le vent, vers les 1 1 heures du soir. io(}8 ) Dates. 1866 a'3 mars. 2.j mars. Observations laites à Versailles. A midi, bon Irais du S.-S.-E.; le temps commence à se couvrir. A la nuit, grand frais du S.-S.-E. De 8 à 11 heures du soir, tempête du S.-S.-E. A minuit, tempête du S.-S.-E. Entre 4 ,et 7 heures du matin, les vents ont sauté au S.-S.-O. et au S.-O. ; ils ont soufflé en tempête jusqu'à û heures du matin. De- puis lors ils se sont graduelle- ment modérés. Dans l'après-midi ils ont passé àl'O. Observations faites en mer, à environ 70 milles dans l'O. de Brest. A 5 heures du matin, grand frais du S.-S.-O. A 10 heures, tempête du S. A 1 heure de l'après-midi, tempête du S.-O. A 2 heures, gouverné pour relâcher à Cherbourg. A g heures du soir, tempête de l'O.-S.-O. A minuit, tempête de l'O. A 9 heures du matin, grand frais de l'O.; les venls commencent à se modérer. Le bâtiment est dans la Manche. Les rtimbs de vent sont corrigés de la déclinaison de l'aiguille ai- mantée. » CHIMIE APPLIQUÉE. — De quelques modifications du soufre; par M. Zaliwski-Mikorski. (Extrait.) « En cherchant un mastic économique pour une pile à auges, j'ai pensé à utiliser le soufre avec les résines, comme on l'utilise avec le caoutchouc. Je trouve qu'en mélangeant le soufre liquide avec de très-petites quantités de corps étrangers, on obtient un étal moléculaire comparable au caout- chouc durci. Cette loi est générale. C'est ainsi que le brome et l'iode, en proportion minime, communiquent de la souplesse au soufre. J'arrive plus simplement à un résultat pareil avec un peu de goudron. Les composés de ce genre résistent à la plupart des agents chimiques. » D'un autre côté, l'idée première du soufre uni à des substances de la chimie organique m'a permis de concevoir un procédé qui est au caout- chouc vulcanisé ce que le ruolz est à l'argent. J'ai dissous le caoutchouc dans le sulfure de carbone saturé de soufre. J'ai obtenu alors une matière visqueuse qui, étendue au pinceau sur le bois par exemple, le couvre d'une pellicule inattaquable à l'acide sulfurique concentré. » ( io99 ) M. Dobbard écrit à l'Académie pour lui exposer que, selon lui, les acci- dents arrivés à des tuyaux de gaz par l'effet de la foudre, et signalés dans une Note de M. Barker insérée au Compte rendu du 23 avril, peuvent s'expliquer simplement par le passage suivant de Franklin : « Nous ne connaissons aucun exemple où un conducteur complet dans la terre humide se soit trouvé insuffisant, pour peu qu'il eût \ pouce de dia- mètre. Il est à présumer que quantité de coups de tonnerre ont été con- duits par les tuyaux de plomb ordinaires attachés aux maisons pour porter l'eau du toit en terre. » Selon M. Dobbard, il serait à désirer qu'on prît toujours la précaution de prolonger en terre les tuyaux de conduite des eaux. M. Montucci adresse une Note « sur la lumière des comètes ». (Renvoi à l'examen de M. Faye.) M. Dessoye adresse une Note sur les moyens de faire servir l'arithmé- tique à diverses déterminations géodésiques. M. G. Bakracano écrit à l'Académie pour rappeler l'envoi fait par lui, l'an dernier, d'un Mémoire relatif au choléra. On fera savoir à l'auteur que son Mémoire a été renvoyé à la Commission du legsBréant. Un auteur, dont le nom est contenu dans un pli cacheté, soumet à l'examen de l'Académie la description d'une arme nouvelle, qui devrait ses effets à un développement d'électricité. La séance est levée à 5 heures un quart. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du i/| mai 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Les Poissons des eaux douces de la France; par M. É. Blanchard, Membre de l'Institut. Paris, 1866; un vol. grand in-8° avec figures. C. R., 186C, 1er Semestre. (T. LXII, N° 20.) I 4^ ( I IOO ) Cours d'Algèbre supérieure; par M. J.-A. Seuret, Membre de l'Institut. T. II, 3e édition. Paris, 1866; 1 vol. in-8°. Sciences mathématiques et physiques chez les Belges au commencement du XIXe siècle; par M. Ad. Quetelet. Bruxelles, 1866; 1 vol. grand in-8°. (Présenté par M. Élie de Beaumont.) Matériaux ]>our la Paléontologie suisse; par M. F.-J. PlCTET. IVe série, 5e et 6e livraisons. Genève, janvier et avril 1866; in-4° avec figures. Traité historique et pratique de la syphilis ; par M. E. LANCEREAUX. Paris, [866; 1 vol. grand in-8° avec planches. (Renvoi au concours de Médecine et Chirurgie.) Le choléra dans les hôpitaux civils de Marseille pendant l'épidémie de 1 865 ; par M. Seux. Paris, 1866; br. in-8°. De l'origine des sexes dans les animaux domestiques; par M. DARESTE DE LA Chavanne. Lille, 1 865 ; br. in-8°. Note sur quelques faits relatifs à la végétation des betteraves à sucre; par M. Dareste. Lille, sans date; br. in-8°. Précis analytiipte des travaux de l'Académie impériale des Sciences, Belles- Lettres et Arts de Bouen pendant l'année 1 864-65. Rouen, i865; in-8°. Notice sur les travaux scientifiques de M. YvON Villarceau. Paris, 1 866 ; br. in-4°. The distribution... Distribution et migrations des oiseaux de l'Amérique du Nord; par M. F. Baird. Br. in-8°; sans lieu ni date. EBBATA. (Séance dn 7 mai 7866.) Page 1019, lignes 3 et 4, au Heu de sur les divers parallèles; qui est la cause, lisez sur les divers parallèles est la cause. Page 1023, ligne 4 en remontant, au lieu de M. Arthur, Usez M. Artur. Page 1024, ligne 8, au lieu de M. Eymard, lisez M. Evrard. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 21 MAI 1866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. Dcchartke présente à l'Académie la première partie des Eléments de Botanique qu'il vient de publier. PHYSIQUE. — Mémoire sur la dilatation des corps solides par la chaleur; par 31. Fizeau. (Première partie. ) « J'ai eu l'honneur d'entretenir déjà l'Académie de mes premières re- cherches relatives à la dilatation par la chaleur des corps solides et particu- lièrement des corps cristallisés. La nature des phénomènes observés sur le cristal de roche, le diamant, le protoxyde de cuivre et plusieurs autres substances, la netteté des résultats obtenus par la méthode des longueurs d'onde, enfin la facilité et la sûreté des observations, m'ont engagé à pour- suivre ces recherches que j'espère étendre plus loin encore. Je présente aujourd'hui la première partie de ces études nouvelles, dans laquelle j'exa- mine quelques propositions générales, plutôt géométriques que physiques, se rapportant aux phénomènes de dilatation dans les substances cristalli- sées. » C'est qu'en effet si l'on considère d'abord les changements de volume dus à réchauffement, dans des corps amorphes et homogènes, possédant C. R., 1866, \" Semestre. (T. LXII, N<> 21.) 1^4 ( I 102 ) une constitution moléculaire identique clans tons les points et suivant toutes les directions possibles, les phénomènes de dilatation doivent parti- ciper à la simplicité et à l'uniformité de la structure, comme on l'a reconnu pour les autres propriétés physiques, telles que l'élasticité sonore, la con- ductibilité calorifique, l'action sur la lumière polarisée, etc. » Tandis que si l'on considère les substances cristallisées, dans lesquelles on remarque les formes polyédriques les plus variées et quelquefois les plus irrégulières en apparence, bien qu'elles soient toujours soumises à une certaine ordonnance et à des lois de symétrie bien déterminées, en rapport avec la division mécanique ou le clivage, on est obligé d'admettre alors l'existence d'une structure interne tout à fait distincte de la précédente, homogène sans doute encore dans toutes les parties d'un cristal, mais différente suivant l'orientation des directions que l'on considère. Ces particularités de la structure interne ne peuvent manquer de se révéler, par des dilatations inégales dans diverses directions, aussi bien que par des mo- difications correspondantes dans les autres propriétés physiques que je viens de rappeler. » Cependant, ces modifications dans les propriétés physiques, selon des directions diversement orientées, suivent un certain ordre en relation avec la disposition des facettes cristallines et la symétrie générale des cristaux; et cet ordre paraît surtout évident, lorsqu'on considère certaines direc- tions fixes employées par Fresnel dans la théorie de la double réfraction. Je veux parler des trois directions rectangulaires, désignées sous le nom d'axes d'élasticité, et autour desquelles sont venus se grouper dans un ordre parfait, non-seulement tous les phénomènes optiques des cristaux doués de la double réfraction à un ou à deux axes optiques, mais encore les principales lois de symétrie des divers systèmes cristallins, les observations relatives aux vibrations sonores des plaques cristallisées, les découvertes de Senarmont sur la propagation de la chaleur dans les cristaux, enfin les observations de Fresnel et de Mitscherlich sur l'inégale dilatation de plu- sieurs corps cristallisés. » Les mesures de dilatation d'un grand nombre de corps cristallisés, que je rapporterai dans la suite de ce travail, s'accordent avec ces considérations déjà très-certaines, pour établir que les principaux phénomènes de la dila- tation des cristaux dépendent de la situation des axes d'élasticité, au même degré que les autres propriétés physiques; et l'on doit admettre par consé- quent que dans un corps cristallisé il existe trois directions rectangulaires suivant lesquelles se manifestent trois dilatations principales «, «', a", l'une ( i,o3 ) de ces directions présentant la dilatation linéaire maximum de la substance, l'autre la dilatation minimum, la troisième une valeur intermédiaire; et ce sont les effets combinés de ces trois dilatations qui donnent lieu aux dilata- tions variées qui s'observent suivant les autres directions que l'on peut considérer. » Il convient de remarquer, de plus, cpie ces dilatations complexes sont nécessairement accompagnées de petites modifications dans les angles résultant de l'inclinaison mutuelle des faces, mais que celles-ci restent tou- jours planes, et que les angles varient de quantités assez petites, dans les limites des observations, pour permettre de les considérer comme tout à fait négligeables. » Il résulte de ce qui précède que si l'on veut déterminer le change- nient de volume ou la dilatation cubique d'une substance au moyen de dilatations linéaires directement observées, il faut en général faire trois déterminations distinctes suivant les trois directions que l'on vient d'indi- quer; la somme des trois valeurs donnera, en négligeant les quantités du second ordre, la valeur de la dilatation cubique. Quelques substances ont été étudiées de cette manière; mais le temps exigé pour ces observations, et les difficultés de la taille des cristaux souvent très-petits, devaient limiter nécessairement beaucoup ce genre de déterminations. J'ai donc été conduit à rechercher s'il n'existerait pas quelques directions particulières propres à faciliter les observations, et je crois être parvenu en effet à découvrir une relation remarquable par sa simplicité et sa généralité, relation qui réalisera, je l'espère, un progrès notable dans l'étude des dilatations par les facilités inattendues qui en résulteront pour les observations. » J'ai cherché d'abord une expression propre à représenter la dilatation que doit éprouver un cristal appartenant à l'un quelconque des types cris- tallins, suivant une direction quelconque donnée par les angles &, on parvient, après quelques transformations, à la formule finale (3) D = acoss0 =1.1,97 ®* — '£, = 1 . 3o , 4- » MM. Wolf et Rayet ont étudié le spectre de l'étoile et remis à M. Le Verrier la Note suivante : « L'analyse de la lumière a été faite à l'aide d'un spectroscope à vision ( no9 ) » directe, adapté à la lunette de l'équatorial de 9 pouces, et réglé de façon » à donner immédiatement un spectre linéaire de l'étoile. Ce spectre est » ensuite élargi par l'emploi d'une lentille cylindrique placée contre l'ocu- » laire. Cette disposition, qui, croyons-nous, n'a pas encore été employée, » donne beaucoup de lumière et laisse le spectre à peu près indépendant » des défauts de la lentille cylindrique. » La lumière de la nouvelle étoile, réduite aujourd'hui (20 mai) à la » 5-6e grandeur, donne un spectre complet très-pâle, sur lequel se déta- il chent un certain nombre de bandes brillantes. » On sait que les étoiles et le Soleil donnent des spectres entrecoupés » de lignes noires. Ce caractère des bandes brillantes ne s'est retrouvé » jusqu'ici que dans la lumière des nébuleuses et de l'atmosphère des co- » mètes. Il conduit donc à regarder le nouvel astre comme devant princi- » paiement son éclat à. des vapeurs incandescentes. » Entre ces bandes, la plus brillante et la plus large apparaît d'une ma- » nière continue à la limite à peu près du jaune et du vert. Elle est pré- » cédée, du côté du jaune, par un espace un peu sombre, puis par une » ligne brillante, mais faible. Dans le jaune assez brillant, et vers l'orangé, » se trouve une troisième ligne qui semble correspondre à D. m Enfin, si l'on marche de la ligne la plus brillante vers le violet, on » rencontre le vert bien caractérisé, puis un espace plus sombre et un peu » plus large que celui dont nous avons déjà parlé, et une nouvelle ligne » brillante qui ne le cède en éclat qu'à la bande principale. » Le reste du spectre est pâle, mal limité, et nous n'y avons rien pu » distinguer de saillant. » '&* » En examinant la carte écliptique n° 39 de M. Chacornac, M. Stephan a constaté, dans la nuit du 8 mai, que l'étoile de 12e grandeur indiquée sur cette carte pour 18G2 par 1 3h 1 5™ 35s d'ascension droite et 95° 20' de distance polaire, a disparu. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission chargée de décerner le prix Barbier en 1866. MM. Velpeau, Rayer, Cloquet, Brongniart, Cl. Bernard, réunissent la majorité des suffrages. C. R.,1866, Ier Semestre. (T. LX1I, N° 21.) l4^ ( mo ) L'Académie procède ensuite, par la voie du scrutin, à la nomination de la Commission chargée de décerner le prix Godard en 1866. MM. Velpeau, Cloquet, Rayer, Civiale, Serres, réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES LUS M. Poggioli donne lecture d'un Mémoire ayant pour titre : « De l'action de l'électricité statique sur le développement physique et intellectuel chez les jeunes sujets » . (Commissaires : MM. Serres, Andral, Velpeau.) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. le Ministre de l'Instruction publique transmet à l'Académie une Lettre qui lui a été adressée de Saint-Loup (Saône-et-Loire), par M. L. Jmiot, sur les causes du choléra. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics transmet à l'Académie, pour le concours des prix de Médecine et de Chirur- gie, une Note de M. Poulet faisant suite à son précédent Mémoire sur la cause prochaine de l'épilepsie. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. E. Moxier présente à l'Académie un nouvel hygromètre à cheveu, contenu dans une boîte à cadran de 9 à 10 centimètres de diamètre, et tout aussi portatif que le baromètre anéroïde. Il espère que cet instrument pourra être utilement introduit dans les stations météorologiques et la marine. (Commissaires : MM. Pouillet, Regnault, Edm. Becquerel.) M. Clément adresse un Mémoire relatif à l'emploi de l'électricité, comme force motrice applicable dans l'industrie. (Commissaires : MM. Morin, Combes, Delaunay.) M. Clot-Rey prie l'Académie de vouloir le comprendre parmi les can- didats pour une place de Correspondant de la Section de Médecine et de Chirurgie; il rappelle ses principaux titres scientifiques, et envoie plusieurs ( «Il ) ouvrages qu'il a publiés sur diverses questions de médecine et sur l'ensei- gnement médical. (Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.) 31. Roze adresse à l'Académie, pour le concours du prix Desmazières, trois brochures publiées par lui sur les anthérozoïdes des Cryptogames. L'auteur joint à cet envoi un résumé manuscrit de ses travaux. (Renvoi à la Commission du prix Desmazières.) L'Académie reçoit également, pour le concours du legs Bréant : i° une brochure de M. Decori, ayant pour titre : « Relation de l'épidémie de cho- léra de i865 à l'hôpital Saint-Antoine » ; 2° un Mémoire manuscrit de MM. C. Biernacki et/. Czernicki, ayant pour titre : « Traitement spécifique du choléra asiatique ». (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences de l'Institut de Rologne transmet, à l'Académie cinq fascicules des tomes IV et V de ses Mémoires, et un volume de ses Comptes rendus. 31. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Cor- respondance, un ouvrage de M. Sicitel ayant pour titre : « Iconographie ophthalmologique ». « Cet ouvrage, résultat de trente années de travail, contient la des- cription et la représentation de toutes les maladies des yeux qui peuvent être reproduites par le dessin, des opérations chirurgicales auxquelles elles peuvent donner heu, et des instruments que ces opérations exigent. Quatre planches sont consacrées à l'ophthalmoscope et aux altérations anatomi- ques qu'il fait connaître, et un grand nombre d'autres planches à l'ana- tomie pathologique de l'œil par l'auteur, et aux résultats des recherches micrographiques faites par M. Ch. Robin sur les matériaux fournis par M. Siebel. » Chaque chapitre contient des recherches propres à l'auteur. La partie qui traite de l'opération de la pupille artificielle, opération que l'auteur a été le premier à vulgariser en France, comprend un texte très-complet et huit planches. i45.. ( ,I12 ) » Les figures ont toujours eu pour but la reproduction exacte de la réalité; dans les ophthalmies, par exemple, les vaisseaux formant l'injection ont été dessinés à la loupe et comptés. » chimie. — « M. Dcmas présente à l'Académie, au nom de l'auteur, M. Slas, l'ouvrage qu'il vient de publier sur les poids atomiques des corps simples. » Non -seulement cet ouvrage offre la réunion de tous les Mémoires bien connus des chimistes, publiés par M. Stas sur cet important sujet, mais il renferme, en outre, les détails les plus circonstanciés sur les procédés opé- ratoires, qui garantissent l'exactitude des expériences de l'auteur, et qui permettent de les reproduire à volonté. » M. Stas s'est attaché à faire disparaître tout ce qui rend trop nécessaire dans ces sortes de recherches l'habileté propre de l'expérimentateur. Non assurément qu'il soit donné à tout le monde d'accomplir avec succès des expériences de cette nature, mais il est bon cependant que les méthodes, les appareils et la marche des procédés aient été réglés par de nombreux essais, de manière à en fixer le formulaire. Personne n'avait plus que M. Slas les qualités propres à ce genre de travail, qui exige un sens délicat dans le maniement des appareils de précision, un amour profond de la vérité et une persévérance à toute épreuve. » Les chimistes trouveront dans cet ouvrage, pour les principaux corps simples, un exposé complet des précautions indispensables à observer pour obtenir à l'état de pureté absolue, des masses considérables, plusieurs kilo- grammes, par exemple, des matériaux nécessaires aux expériences qui doivent conduire à la détermination de leurs poids atomiques. » Sans doute, les chimistes qui ont précédé M. Stas dans la voie qu'il a parcourue avaient cherché comme lui à se procurer des produits absolument purs, et ils y étaient souvent parvenus. Mais ils n'avaient pas toujours jugé indispensable d'insister sur les procédés qu'ils avaient employés pour leur purification. M. Stas a compris qu'il fallait que chacun pût reproduire les faits qu'il énonçait, el qu'il était nécessaire, en conséquence, de faire con- naître toutes les causes d'erreur provenant de l'impureté des corps, les moyens de les écarter et ceux par lesquels on s'assure que les matières en préparation sont parvenues à l'état d'homogénéité absolu. Pour ceux qui n'ont pas encore abordé ces sortes d'expériences, il n'y a qu'à suivre M. Stas dans les indications précises et abondantes qu'il fournit, et pour tous ceux à qui ce sujet est familier, ils trouvent dans l'exposé de ses expériences l'occasion de s'étonner qu'un sujet aussi simple en apparence que la prépa- ( '"3 ) ration d'un produit pur, offre encore tant d'obstacles et ait donné matière à tant de fines observations. » Les vases dans lesquels s'opèrent les réactions cpii servent à fixer les équivalences des corps que l'on compare doivent être choisis de manière à donner la certitude que leur poids restera invariable pendant la durée de l'expérience, sous les influences complexes de la chaleur, de l'action de l'air au dehors et de celle des réactifs au dedans de ces vases. Sous ce rapport, les soins donnés par M. Stas à l'étude des conditions de fabrication et d'em- ploi des vases de verre, de porcelaine ou de platine, l'ont conduit à formuler des préceptes dont tous les chimistes feront leur profit. » Une troisième condition non moins importante réside dans la nécessité de maintenir, quand on opère sur des masses considérables, la température nécessaire aux réactions parfaitement uniforme, pendant de longues heures ou même des journées entières. Il faut que les réactions soient lentes; il faut qu'elles soient complètes. M. Stas a étudié avec le plus grand soin ce pro- blème, et il l'a heureusement résolu. Un système d'étuvesà gaz, modifiées, quant à leur forme, selon la nature des réactions à produire, mais toujours capables de fournir une température à très-peu près constante, pendant toute la durée des expériences, lui a permis de régler à son gré cette partie si diffi- cile à conduire des opérations relatives à la détermination des équivalents. Tous ceux qui ont eu à effectuer de telles recherches en faisant usage du charbon ou même de l'alcool comme moyen de chauffage, apprécieront tous les avantages que le système préféré par M. Stas apporte avec lui. » M. Stas a donc porté une incontestable amélioration dans l'art de dé- terminer les équivalents, en montrant comment on parvient à opérer avec précision sur des masses atteignant i kilogramme de matière et au delà, sans rien perdre du côlé de la pureté des produits, de la précision des réactions et de leur accomplissement certain et absolu. » En mettant tous ses soins à obtenir de la sorte des résultats exacts, M. Stas arrive à établir que les poids atomiques des corps simples ne sont pas des multiples par des nombres entiers de celui de l'hydrogène ou d'une plus faible unité. » Si ses propres expériences, conformes en ce point à celles de ses pré- décesseurs, mais assurément plus précises et plus concluantes, établissent ce point, elles montrent aussi cpie ces multiples ne diffèrent des nombres entiers que par des fractions d'un ordre tel qu'on est fondé à y voir l'inter- vention de quelque cause perturbatrice masquant la simplicité de la loi signalée par le Dr Prout. ( »«4 ) » M. Marignac a déjà fait à ce sujet des réserves auxquelles je m'asso- cie, et comme lui, tout en rendant hommage à M. Stas pour les soins qu'il a mis à la rectification des équivalents des corps simples, je suis porté à con- clure que la loi de Prout n'en a rien perdu de son importance. Elle se ran- gera probablement, comme celles de Mariotte, de Gay-Lussac, de Dulong et Petit, etc., parmi les lois de la nature qui ne sont vraies dans leur sens absolu que sous des conditions qui ne se réalisent pas dans les conditions ordinaires et qui sont toujours influencées par des perturbations d'autant plus appré- ciables qu'on élève l'importance des masses sur lesquelles on opère; de telle sorte que ces lois, très-simples quand opère avec moins de précision, appa- raissent compliquées de corrections d'autant plus nécessaires qu'on met plus de soin dans l'évaluation de leurs éléments numériques et qu'on en agrandit l'échelle. » Quoi qu'il en soit, l'ouvrage offert à l'Académie par M. Stas constitue le document le plus digne de l'attention et de la reconnaissance des chi- mistes, pour les soins extrêmes qu'il a donnés à ses expériences et pour la persévérance avec laquelle il en poursuit l'achèvement. » GÉOMÉTRIE. — Sur la géométrie des courbes gauches tracées sur une surface générale du troisième ordre. Note de M. Clebsch, présentée par M. Chasles. « Parmi les surfaces d'un ordre quelconque, il yen a qui peuvent être transformées algébriquement en un plan , de manière qu'en général à chaque point de la surface correspond un seul point du plan, et récipro- quement. Cette propriété, proposée par M. Chasles pour les surfaces du se- cond degré et pour les surfaces réglées du troisième et du quatrième degré, convient à toutes les surfaces du troisième degré, et celles-ci sont les sur- faces du degré le plus élevé auxquelles elle convient généralement. » La représentation algébrique d'une surface générale du troisième degré peut être effectuée de 72 manières différentes conjuguées deux à deux. En prenant sur la surface six droites qui ne se coupent pas (une « six » de M. Schlaffli), on fait répondre à ces droites fondamentales six points quel- conques d'un plan, qui ne sont pas situés sur une conique, et que je nom- merai points fondamentaux. Alors tous les autres points de ce plan peuvent correspondre individuellement aux points de la surface. On représente quinze des autres droites de la surface par les quinze droites qui joignent deux à deux, dans le plan, les six points fondamentaux, et six droites par les six coniques qui passent par cinq de ces points. Les droites représentées ( "«fi ) parles coniques ne se coupent pas, et donnent naissance à une représenta- tion algébrique de la surface qui est conjuguée et réciproque à celle dont il s agit. » Par cette représentation algébrique, la géométrie des courbes gauches situées sur la surface se trouve ramenée à la géométrie du plan. Pour obte- nir les théorèmes qui correspondent, sur la surface, aux théorèmes connus de la géométrie du plan, on fera usage des formules suivantes. Soit donnée dans le plan une courbe du degré N, ayant les points a,tuples, aaft*/f*,..., Ka'"ples respectivement, et douée de t points doubles et de /3 points de re- broussement. A celte courbe correspond une courbe gauche douée elle- même de t points doubles et de |3 points de rebroussement ; elle coupera la première droite fondamentale en a points, la seconde en a, points, etc. Désignons par m l'ordre de cette courbe, par r le nombre de ses plans tangents passant par une droite donnée, par n le nombre des plans oscilla- teurs passant par un point donné, par v le nombre des plans qui passent par quatre points consécutifs de la courbe; alors on a m = 3N — 2a,-, r=N(N + 3)- 2a,-(a,-4-i) - -xt - 3/3, n=3N(N + 3)-32«; -G* -8/3, v = 6N(N — i) - a2«r(3«i- i) — 12/ — i5/3. » ASTRONOMIE. — Apparition d'une nouvelle éloile dans la constellation de la Couronne boréale ; observation faite à Rochefort par M. Courbebaisse. (Extrait d'une Lettre à M. Delaunay.) « Bochefort, 14 mai 1866. » Hier soir, i3 mai, à 10 heures, étant sur la terrasse de ma maison à regarder les étoiles, suivant mon habitude quand il fait beau, et venant d'ad- mirer dans ma petite lunette la belle étoile double /3 du Cygne et quelques autres de la Lyre, je remarquai avec étonnement dans la Couronne boréale une étoile nouvelle assez brillante, de 3e grandeur au moins, que je n'avais jamais vue; et je me rappelais avoir regardé cette partie du ciel l'avant- veille, 11 mai, en sortant, à 1 ih 3om du soir, de la Préfecture maritime, sans avoir fait cette remarque. Le temps avait été couvert le 12 au soir. » Sachant qu'il ne pouvait y avoir de planète connue en ce point du ciel, l'astre que je voyais pour la première fois n'ayant d'ailleurs dans ma lunette aucune apparence cométaire, j'en conclus que j'avais affaire à une étoile; et je constatai bien sa position au sud-est et près d's de la Couronne bo- ( '"^ ) réale, sur le prolongement de l'alignement «y. i° Fibro-carlilages articulaires. — Les auteurs s'accordent pour ad- mettre que ces fibro-cartilages ne possèdent ni vaisseaux ni nerfs. Plus heu- reux dans mes observations, j'ai pu constater l'existence des uns et des autres. » Parmi les fibro-cartilages interarticulaires, ceux du genou se placent au premier rang par leur vascularité. Les vaisseaux marchent d'abord pa- rallèlement aux faisceaux de tissu conjonctif qui les composent essentiel- lement. Chemin faisant, ils fournissent un grand nombre de branches qui les croisent sous des angles divers. Toutes ces divisions et subdivisions s'anastomosent entre elles, pour former des réseaux qui embrassent ces derniers. Elles s'avancent jusqu'à la partie moyenne des fibro-cartilages, quelquefois jusqu'au voisinage de leur bord tranchant. Les artères, dans la première partie de leur trajet, sont encore munies de leurs trois tuni- ques; leurs ramifications ultimes se terminent par des anses qui s'étalent sur les deux faces du fibro-cartilage, et qui affectent, par leur ensemble, ( "I? ) les dispositions les plus élégantes et les plus variées. Les veines suivent le trajet des artères. Dans les fihro-cartilages qui appartiennent aux autres articulations, les vaisseaux se dirigent de la circonférence au centre, mais parcourent seulement un trajet de 3 ou 4 millimètres et se terminent aussi par des arcades qui encadrent leur partie centrale, complètement dépourvue d'artères et de veines. » Les fibro -cartilages périarticulaires, généralement connus sous le terme générique de bourrelets, sont beaucoup plus vasculaires que les pré- cédents. Ils ne diffèrent pas, à cet égard, du périoste, dont on pourrait les considérer comme une dépendance. Leurs vaisseaux présentent la même disposition que les artères et les veines des fibro-cartilages interarticu- laires. » Ces deux ordres de fibro-cartilages reçoivent des nerfs qui tantôt sui- vent les vaisseaux et tantôt en restent indépendants. Ceux qui suivent les vaisseaux s'en écartent fréquemment, d'autres fois ils les croisent à angle droit ou à angle aigu. Leur volume, sur certains points, surpasse celui des vaisseaux. Comme ceux-ci, ils s'anastomosent et forment des plexus à mailles inégales et souvent très-étroites. » Les fibro-cartilages articulaires, et plus particulièrement les bourre- lets, sont remarquables en un mot par la multiplicité des artères, des veines et des nerfs qu'on observe dans leur épaisseur. Leur structure est beaucoup plus complexe qu'on ne l'avait pensé. » 2° Ligaments. — Des vaisseaux en très-grand nombre pénètrent dans les ligaments. Ils suivent les interstices des faisceaux fibreux qu'ils en- tourent de leurs anastomoses. D'interstices en interstices, d'aréoles en aréoles ils arrivent, en se divisant et subdivisant, jusqu'à leur face profonde où leurs dernières ramifications unies entre elles forment sur les points re- couverts par les synoviales, un réseau d'une extrême richesse. Dans les liga- ments capsulaires et dans quelques autres ligaments périphériques, leurs couches les plus profondes, considérées jusqu'à présent comme privées presque complètement de vaisseaux, sont donc au contraire les plus vascu- laires. Ces vaisseaux se distribuent dans leur épaisseur à peu près comme ils se distribuent dans la peau. » Tous les ligaments reçoivent des nerfs, et tous en reçoivent un grand nombre. Ils en sont aussi abondamment pourvus que l'enveloppe cutanée; quelques-uns même sont plus richement dotés que la peau du tronc et des membres, et pour donner une juste idée du plexus nerveux que présentent ces derniers, il faudrait les comparer à la peau des doigts et des orteils. C. R., l8G6, 1" Semestre. (T. LXII, N°8I.) lfà ( i'>8) » En cheminant au milieu de ces faisceaux fibreux, ces nerfs se divisent, émettent une foule de branches, de rameaux, de minuscules par lesquels on les voit presque continuellement s'unir entre eux. Les plexus nerveux s'entremêlent le plus ordinairement aux réseaux sanguins; sur quelques points cependant on observe des plexus entièrement isolés de ceux-ci. Les divisions nerveuses peuvent être facilement suivies jusqu'à leurs dernières ramifications ; elles finissent par se réduire à quelques tubes, et même à deux ou à un seul tube, en sorte qu'elles sembleraient se terminer par des extrémités libres. Je n'oserais toutefois l'affirmer, car il serait téméraire d'avancer que les tubes isolés ne vont pas se réunir plus loin à quelque autre tube ou filament nerveux. » 3° Tendons. — Les vaisseaux et les nerfs sont un peu moins nombreux dans les tendons que dans les ligaments. Ils se comportent du reste de la même manière. » 4° aponévroses. — Dans toutes les enveloppes fibreuses des muscles, on voit se ramifier aussi des artères et des veines qui sont accompagnées par des filaments nerveux, souvent aussi volumineux et quelquefois plus volumineux que ces vaisseaux. Les nerfs qu'on remarque dans leur épais- seur sont de deux ordres : les uns, après avoir parcouru un trajet plus ou moins long, les abandonnent pour aller se terminer dans les parties sous- aponévrotiques; les autres leur sont au contraire destinés, ils s'anasto- mosent très-fréquemment, comme ceux des ligaments et des tendons; beaucoup d'entre eux proviennent des divisions qui ne font que traverser les aponévroses. » En résumé, toutes les parties fibreuses et fibro-cartilagincuses reçoi- vent des vaisseaux et des nerfs. Dans toutes, les uns et les autres se ré- pandent avec une grande abondance, mais cependant en nombre inégal : les ligaments et les fibrocartilages périarticulaires tiennent, sous ce point de vue, le premier rang ; les tendons et les aponévroses occupent le second, et les fibrocartilages interarticulaires le troisième. Dans toutes, les uns et les autres sont remarquables par l'extrême multiplicité de leurs anastomoses. » PATtioi.OGi te— -Production expérimentale de la vaccine naturelle improprement appelée vaccine spontanée; /wi' M. A. Ciiauveau. « Il serait superflu de chercher à démontrer combien il importe, soit au point de vue pratique pur, soit au point de vue scientifique P"r> de ( •"«) ) connaître exactement les lois de l'évolution des virus, combien il importe surtout de résoudre la question de savoir si les maladies virulentes peuvent se développer spontanément. Serait-il vrai que ces maladies, certaines d'entre elles au moins, pussent naître indifféremment sous l'influence d'un germe spécifique, d'un virus, ou sous l'influence de causes morbifiques géné- rales ou communes? » La question posée en ces termes au pbysiologiste ne saurait rester douteuse. Pour lui, les phénomènes vitaux, quels qu'ils soient, ne peuvent résulter tantôt d'une cause, tantôt d'une autre. S'il y a réellement des mala- dies virulentes capables de naître d'emblée snns le concours d'un germe spécial, le procédé intime de révolution par contagion doit pouvoir, en définitive, être ramené aux lois du développement spontané. Ou bien il n'y a pas de maladies virulentes spontanées, et celles qui nous paraissent telles sont tout simplement des affections nées d'un germe virulent dont l'origine est restée cachée, c'est-à-dire dont nous n'avons pu suivre la filiation. » Tout ce que l'on sait sur l'histoire naturelle des maladies virulentes tend à prouver que cette dernière alternative est appelée à rester dans la science comme l'expression de la vérité. En effet, la plupart des exemples invoqués comme preuves delà réalité du développement spontané des mala- dies virulentes peuvent être récusés sommairement. Que ces exemples soient empruntés à la variole, à la rage, à la morve, etc., pour aucun la preuve irrécusable de la non-intervention d'un germe ne peut être scienti- fiquement donnée; et pour tous, l'identité absolue des caractères présentés par la maladie, dans ces cas dits spontanés, avec ceux des cas dus positive- ment à la contagion, entraîne impérieusement la notion d'une identité de causes. » Parmi ces exemples, cependant, il en est un qui semble faire exception, une exception unique, il est vrai, mais tellement tranchée que, si elle était bien justifiée, elle serait de nature à fonder à elle seule la doctrine de la spontanéité. Il s'agit de la vaccine. » L'affection relativement très-rare dite vaccine naturelle ou spontanée est un exanthème pustuleux généralisé, qui surgit avec un caractère de con- fluence toute spéciale dans certains lieux d'élection, comme la région mammaire chez la vache, la région naso-labiale et la région des talons chez le cheval, et qui parfois même se manifeste exclusivement dans ces régions. Transmis à un autre animal par insertion sous-épidermique, le virus de cet exanthème détermine une éruption locale dans la région inoculée, et, en i46.. ( ! 120 ) aucun cas, il ne survient à la suile de cette inoculation de manifestations dans les régions qui forment le siège de prédilection de l'éruption dite spontanée, dont l'homme n'a pu ainsi, jusqu'à présent, reproduire expéri- mentalement les caractères. » Cette différence entre la vaccine dite spontanée et la vaccine transmise est si saisissante, qu'on s'imagine difficilement qu'elle n'implique pas une différence d'origine. Aussi n'y a-t-il pas de conception aussi populaire, aussi généralement acceptée que celles du cow-pox ou du horse-pox dits spontanés, c'est-à-dire d'une vaccine naturelle engendrée sinon par l'action de causes morbifiques générales et communes, au moins sous l'influence de causes spécifiques autres qu'un germe virulent; et cette conception se justifie d'autant mieux que le virus de l'éruption naturelle a un genre spécial d'ac- tivité. » Rien ne s'opposerait cependant à ce que ces caractères particuliers de la vaccine naturelle pussent être attribués à un mode particulier dans l'im- prégnation de l'organisme par la matière virulente. Malgré sa fixité, ou mieux à cause de sa fixité, le virus vaccin peut être disséminé dans l'atmo- sphère à la manière des graines des végétaux, sous forme de poussière de croûtes vaccinales. Les particules de vaccin solide que constitue cette poussière, suspendues dans l'air, sont aisément entraînées avec lui jusque dans les vésicules pulmonaires, d'où le virus que ces particules recèlent peut pénétrer au sein des vaisseaux, pour infecter l'organisme. Ne serait-ce pas à ce mode d'infection qu'il faudrait attribuer les cas de vaccine animale que l'on a jusqu'ici considérés comme spontanés? » C'était là une question à soumettre à l'expérimentation. Je résolus de faire cette recherche. Mais, pour introduire le virus vaccin dans le système vascnlaire, au lieu de prendre la voie indirecte du poumon, voie sûre quand il s'agit de virus volatil, mais tout à fait incertaine pour un virus fixe comme le vaccin, je préférai injecter directement la matière vaccinale dans les vaisseaux. » Ces expériences furent faites sur de vieux animaux appartenant à l'ordre des Solipèdes. Quatre reçurent le vaccin à l'état liquide dans le système sanguin, quatre autres dans un vaisseau lymphatique suivi d'un ganglion. Voici les résultats obtenus : )> Sur les animaux de la première série, échec complet. Quant aux sujets de la deuxième série, à l'exception d'un seul, ils prirent tous du septième au douzième jour une magnifique éruption de vaccine généralisée, ayant tous les caractères du horse-pox dit spontané. L'un, c'était un cheval, eut ( I'2I ) aux naseaux et aux lèvres l'exanthème type décrit par M. Bouley, ainsi qu'une éruption, avec sécrétion abondante, aux talons des membres posté- rieurs. Le second se trouvait être une jument qui eut des boutons sur tout le corps, mais principalement dans la région mammaire et sur les lèvres. Sur le troisième sujet enfin, une jument également, l'éruption se mani- festa surtout aux organes génitaux et à la face interne des cuisses. » L'éruption constatée sur ces trois animaux était bien un exanthème vaccinal parfaitement légitime, car le virus fourni par chacun d'eux donna la vaccine à la vache et à l'enfant, et une vaccine à évolution extrêmement prolongée, telle qu'on l'a observée dans toutes les occasions où le cow-pox dit spontané a pu être directement inoculé à l'espèce humaine. » L'importance de ces faits n'a pas besoin d'être mise en évidence. » Ils mettent fin aux discussions sur l'origine de la vaccine, en prouvant qu'on peut produire à volonté, avec son activité spéciale, la vaccine natu- relle si improprement appelée vaccine spontanée. » Ils apportent, si la nécessité de l'intervention du système lymphatique dans la production de cette vaccine vient à se confirmer, une belle contri- bution à la physiologie de ce système. » Enfin, ils en apportent une plus importante encore à la physiologie des virus et à l'histoire naturelle des maladies virulentes, surtout par le coup porté à la doctrine du développement spontané. » J'aurai à entretenir prochainement l'Académie de mes expériences sur les animaux de l'espèce bovine. » Géologie. — Exploration îles principaux êvents volcaniques de la Grèce. Extrait d'une Lettre de M. Fouqcè à M. Ch. Sainte-Claire Deville. « Santorin, 2 niai 1866. » Depuis mon départ de Santorin {16 mars) mon temps a été bien em- ployé. » i° J'ai trouvé le cratère de Méthana, indiqué par Strabon, et qui n'avait été que soupçonné par les auteurs de la géologie de la Morée. » 20 J'ai reconnu que l'une des sources minérales de Méthana est sur- tout riche en bicarbonate, et donne naissance à un dégagement abondant d'acide carbonique. » 3° J'ai trouvé, à la soufrière de Sousaki, une grotte comparable à la grotte du Chien, près de Naples, avec un dégagement beaucoup plus abon- dant de gaz délétère. ( I 1 22 ) » 4° J'ai vu que ce dégagement gazeux est lié à une ancienne éruption de serpentine, dont je puis déterminer l'âge géologique. n 5° A Milo(i), j'ai trouvé des dégagements d'acide carbonique, mélangés ou non d'acide sulfliydrique, dans dix endroits différents de l'île, dont j'ai déterminé la température. » 6° J'ai à signaler l'un de ces dégagements, qui se produit avec tous les caractères des salinelles de la Sicile. » 70 J'ai reconnu que, dans plusieurs autres points (quatre), dont la tem- pérature est élevée, il n'y a aucun dégagement de gaz ; on n'y trouve que de l'air chaud. » 8° J'ai pu reconnaître l'âge géologique des éruptions diverses de Milo, qui ne sont pas toutes de la même époque. » 90 J'ai constaté que la région occidentale de l'île est presque entiè- rement volcanique et que les roches anciennes y jouent un rôle bien moins important qu'on ne l'avait cru jusqu'à ce jour. » io° J'ai mesuré la hauteur des principaux sommets de l'île, et je suis en mesure d'en ;dresser une carte plus exacte que toutes celles que j'ai eues sous les yeux. » Je ne suis rentré à Santorin que ce soir; j'écris de suite parce que les lettres doivent partir cette nuit pour Syra. » On me dit que l'éruption continue; les détonations sont toujours très- fortes; il y a de nouveaux points en action à l'ouest de Néa-Kamméni, au delà du port Saint-Georges, mais je ne puis rien dire de précis avant d'avoir vu de nouveau l'éruption; j'irai demain. » Géologie. — Sur un tremblement de terre ressenti en Sicile le 26 mars 1866. Extrait d'une Lettre de M. II. Silvkstki à M. Ch. Sainte-Claire Deville. « Calane, 8 mai 18GG. » Pour compléter les réflexions que vous avez présentées après la Lettre du P. Secchi sur les tremblements de terre de l'Umbria, et que j'ai lues dans le Compte rendit de la séance du hindi 2 avril, vous pouvez noter un (1) La forme extrêmement laconique de celte Lettre, qui n'est, en quelque sorle, qu'une table des matières, n'a pas permis à l'auteur de citer les noms des géologues qui l'ont pré- cédé sur les lieux; mais je sais qu'il rend, comme moi, pleine justice à l'excellent travail publié en 1846 par M. Sauvage sur l'île de Milo. (Note de AI. Ch. Sainte-Claire Deville. ) ( na3 ) tremblement de terre qui, le 26 mars, à 2h35m du soir, a agité presque toute la moitié est de la Sicile. Il s'est produit deux secousses successives : la première a duré trois secondes; la seconde, plus forte, cinq secondes. On les a senties fortement à Catane, Caltagirone, Militello, Syracuse, Messine. On peut dire que l'ondulation n'a pas dépassé, au sud et au nord, les deux limites formées par le système orographique général de la Sicile, c'est-à- dire les deux chaînes qui ont leur direction générale, l'une est-nord-est, l'autre sud-est, et qui, partant des deux extrémités nord et sud du côté oriental de la Sicile, se rencontrent pour former le noeud montagneux de l'île. » tératologie. — Etudes sur un monstre humain né à Toulouse, et affecté tout à la fois d'exencéphalie, de pied bot, de polydaclylie, d'hermaphrodisme et d'inversion splanchnique générale; par M. N. Joly. " Convaincu que les lois véritablement dignes de ce nom doivent se foncier sur des faits bien observés et nombreux, je me suis imposé le devoir de ne laisser passer inaperçue aucune des monstruosités qu'un heureux hasard mettrait à ma disposition. C'est pourquoi je demande à l'Académie la permission de l'entretenir d'un enfant monstrueux né à Toulouse, et présentant une série d'anomalies plus ou moins graves qui, du moins à ma connaissance, ne se sont jamais trouvées réunies chez un seul et même individu. » En effet, son crâne, fortement déprimé, était percé à sa partie posté- rieure, et il laissait échapper par cette ouverture une tumeur d'un rouge violacé, qui n'était autre chose qu'une partie de l'encéphale recouverte par ses membranes propres et le cuir chevelu très-aminci. Des cheveux, longs pour cet âge (le fœtus était à terme), partaient des bords de la tu- meur et garnissaient le reste du crâne. La face, moins laide qu'elle ne l'est habituellement chez les monstres exencéphaliens, ne rappelait qu'assez imparfaitement ces monstres à tète de crapaud ou à tète de chat (Katzen- kœpfe) dont parlent les auteurs. Cependant le front était très-fuyant, les yeux à peine un peu plus saillants qu'à l'ordinaire, le nez épaté, les oreilles grandes, mais non déformées, la bouche largement ouverte, le cou très-court et comme enfoncé dans les épaules ; la langue, bifide à sa pointe, comme celle des serpents ou des phoques, était renflée à sa base comme celle des ornithorhynques. La voûte palatine, incomplète, rappelait celle des poissons. On comptait sept doigts à chaque main, six orteils à chacun ( 112/» ) des pieds qui, tous deux, étaient atteints de la difformité connue sous le nom de pied équin ou pied bol. Enfin, les organes de la reproduction étaient tellement peu développés, qu'une dissection attentive seule a pu faire connaître le véritable sexe de l'individu monstrueux. » Le scalpel m'a aussi révélé une particularité fort curieuse et qui n'a encore été, que je sache, observée chez aucun monstre affecté à'acranie ou à'exencéplialie, et même chez aucun monstre unitaire appartenant à l'un quelconque des groupes tératologiques établis par notre illustre maître M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. » Les dimensions de l'estomac et des intestins étaient considérablement réduites. Il en était de même de celles de tous les organes contenus dans l'abdomen, les reins exceptés. Le foie était plus aplati et plus étendu dans le sens transversal qu'il ne l'est habituellement. La rate avait à peu près le volume ordinaire à cet âge, mais les reins avaient acquis des pro- portions réellement extraordinaires. Us mesuraient de 10 à 12 centimètres de longueur sur 7 à 8 de largeur. De plus, ils étaient distinctement multilo- bés et parcourus à l'extérieur par des sillons ou méandres qui, vus à travers leur tunique péritonéale fortement épaissie, rappelaient assez bien les cir- convolutions cérébrales. A l'intérieur, leur tissu ressemblait à une espèce de stroma fibro-celluleux, dans lequel on ne pouvait distinguer nettement la substance corticale de la substance tubuleuse. Enfin, ils étaient gorgés d'un liquide séreux (urine?), et ils renfermaient une foule de petites vési- cules remplies du même liquide et en tout semblables à de vraies hy- datides. )> Malgré ce développement énorme et tout à fait pathologique des glandes urinaires, l'artère et la veine rénales n'avaient pas augmenté de vo- lume : leur calibre m'a même semblé réduit. Les uretères n'étaient pas plus gros qu'une aiguille ordinaire à tricoter. Tous deux aboutissaient à une vessie rudimcntaire. » Les capsules surrénales, entourées d'une membrane fibreuse très- épaisse, étaient comme gorgées d'un sang noir et entièrement coagulé. « Cette grosseur excessive des reins nous rend facilement compte de la réduction de volume qu'avaient éprouvée les viscères digestifs, gênés qu'ils étaient dans leur développement. La même cause explique d'une manière toute naturelle la formation très-imparfaite de l'appareil reproducteur, dont il nous reste à dire un mot. » Les organes génitaux externes étaient frappés de graves anomalies. Ainsi, quoiqu'il y eût un scrotum bien formé, avec raphé médian, dar- ( 1125 ) tos, etc., le pénis était à peine représenté par un simple tubercule, simu- lant un vrai clitoris, puisqu'il n'avait pas plus de 2 à 3 millimètres de lon- gueur sur à peu près autant de diamètre. Néanmoins, ce pénis rudimentaire était percé d'un canal de l'urètre aboutissant à la vessie, elle-même fort réduite dans ses dimensions. » Les testicules, très-peu volumineux, étaient descendus dans les bourses; mais au delà de l'anneau inguinal, j'ai cru voir les épididymes contournés sur eux-mêmes, soutenus par une espèce de mésentère, et en contact avec de petits corps rougeàtres qui étaient peut-être les derniers vestiges des corps de Wolf. Enfin, les canaux déférents aboutissaient à des vésicules séminales très- petites, mais normalement placées. « L'enfant dont il s'agit était donc un vrai mâle, bien qu'il ait été in- scrit sur les registres de l'état civil de Toulouse comme appartenant au sexe féminin. Nous signalons cette erreur dans l'intérêt de la statistique (1). » Comme la plupart de ses congénères, notre monstre n'a pas vécu. A peine a-t-il respiré pendant quelques instants. On cite toutefois des exencé- phaliens qui ont vécu trois ou quatre jours. » Contre l'ordinaire, l'accouchement a été long et laborieux. La présen- tation s'était cependant faite par la tète; mais là n'était pas l'obstacle: il se trouvait dans la région abdominale, considérablement grossie par le volume insolite des reins. Néanmoins la mère (2) s'est parfaitement rétablie au bout de quelques jours. Elle a même eu depuis, m'a-t-on dit, deux autres enfants régulièrement conformés. » Je confesse, en terminant, que je suis assez embarrassé pour assigner au monstre ci-dessus décrit la place qu'il devra occuper dans les cadres tératologiques. Il appartient sans contredit au groupe des exencéplialiens ; mais à quel genre faut-il le rapporter? Après un examen très-attentif et (1) Mû par le désir assez naturel de ne pas trop mutiler ce spécimen tératologique, jus- qu'à présent unique non-seulement dans les collections de la Faculté des Sciences de Tou- louse, mais encore, je crois, dans toutes les collections publiques ou privées, nous avons sacrifié volontairement l'étude des systèmes osseux et nerveux. Ce sacrifice nous a causé moins de regrets qu'il ne nous en aurait coûté, si nous n'avions su que M. Natalis Guillot, et plus tard M. Malherbe, de Nantes, avaient déjà donné des détails pleins d'intérêt sur l'ostéologie et la névrologie d'un monstre génériquement très-voisin de celui que nous avons décrit. {Voir, dans le journal /' Expérience, novembre i838, le Mémoire de M. N. Guillot, ainsi que celui de M. Malherbe, ayant pour tire : Observation de notencéphalie.) (2) C'était la femme d'un artilleur, nommé Erb, alors en garnison à Toulouse. C. R., 1866, i*r Semestre. (T. LXII, N° 2i.) ' 47 ( ua6 ) comparaison faite des caraclères^que ce monstre nous présente relativement aux autres types établis, je ne puis certainement l'identifiera aucun d'eux. Aussi proposerai-je d'en faire un genre à part qui viendrait se placer parmi les exencéphaliens sans spina bifida, entre les genres Hyperencéphale et No- tencéphale de Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Si ce nouveau genre était adopté, je lui donnerais le nom de Métencéphale ou Opisthenccphale. » HISTOIRE NATURELLE. — Lettre relative à une exposition faite à Madrid des produits rapportés de V Amérique du Sud par des savants espagnols; par M. Ramov de la Sagiia. « Je viens d'extraire d'un journal de Madrid l'intéressante nouvelle de l'ouverture d'une exposition des produits industriels et naturels rap- portés de l'Amérique du Sud par les savants espagnols qui composaient l'expédition scientifique qui est partie, il y a quelques années, pour les côtes de la mer Pacifique. Ce sont d'heureuses et pacifiques conquêtes pour la gloire de la nation et des naturalistes qui les ont obtenues. » Outre un grand nombre d'objets des arts indigènes, intéressants pour l'ethnographie de ces pays, il y a des produits naturels très-nombreux et variés : tels sont de riches et beaux échantillons de minéraux, recueillis, en grande partie, par le regrettable M. Amor, mort victime de son zèle et de, son courage; la collection des herbiers, qui comprend plus de i3ooo espèces, collection formée par une autre victime de la science, M. Iseru, qui est venu rendre son dernier soupir sous le ciel de sa patrie. Il y a aussi beaucoup d'échantillons de bois, de fruits et de graines; des exemplaires de Mammifères, d'Oiseaux et de Reptiles; parmi les premiers, beaucoup de Singes, et parmi la riche série des seconds, grand nombre d'Oiseaux-Mouches, de Cygnes à cou noir et une espèce de Flamant extrêmement rare dans les musées de l'Amérique et encore inconnue en Europe. » Dans un autre salon sont exposées plus de 800 espèces de Poissons, parmi lesquelles figure celle qu'on appelle, dans le pays du Pérou, prefia- dillus, qui est rejetée, au milieu de l'eau et de la boue, par un volcan des Andes. Suivent les Crustacés, une riche collection d'Insectes de 16000 in- dividus, parmi lesquels des Cantharides de Montevideo, exemptes des in- convénients qu'offre l'emploi de celles de l'Europe ; enfin plus de 1000 es- pèces de Mollusques, dont quelques-unes ont été déjà publiées dans les Mémoires de l'Académie de New-York. ( "27 ) » Par ce rapide exposé on peut reconnaître que les savants voyageurs n'ont négligé aucune des branches les plus importantes de l'histoire naturelle. 11 est à espérer que cette riche moisson de tant de zèle et d'en- thousiasme scientifique, de la part de ces modernes investigateurs, ne sera pas ensevelie, comme celles de leurs savants devanciers, dans les magasins du Jardin botanique de Madrid, où restent ignorés depuis tant d'années les restes des herbiers de Ruiz et Pavon, de Mocino, de Seré, de Née, et les admirables dessins et manuscrits, pour la flore de Bogota, de l'éminent bo- taniste et astronome Don Celestino Mutis. » J'ose espérer que l'Académie entendra avec intérêt cette nouvelle et qu'elle fera aussi des vœux pour que les objets réunis dans l'Amérique du Sud deviennent un monument de véritable gloire pour l'Espagne, au moyen d'une publication soignée. » ARCHÉOLOGIE. — Instntments de l'âge de pierre; par M. l'abbé C. Richard. (Extrait.) « La semaine dernière, en explorant, pour y découvrir des sources d'eau, le parc de M. de Bonnault, à Villegenon, canton de Vailly, à 20 ki- lomètres de la ville de Sancerre (Cher), je vis, sur un terrain labouré et ensemencé, des silex dont la forme ne me semblait pas naturelle. Dans un instant, j'eus la certitude que j'étais sur les débris d'un atelier d'instru- ments de l'âge de pierre le mieux caractérisé : des haches, des couteaux, des flèches, des grattoirs, des enclumes et des marteaux. » C'était un sol boisé qu'on a défriché et cultivé; et, pour l'améliorer, on a enlevé et on enlève chaque jour ces silex, surtout les plus gros (les mar- teaux et les enclumes), et comme personne jusqu'ici n'avait fait attention à la valeur de ces objets, un grand nombre a déjà servi à paver les routes. Il en reste cependant encore une grande quantité. Je suis persuadé que cet atelier n'est pas isolé et qu'il y en a d'autres dans le voisinage. » M. Duciiemin adresse une Note dans laquelle il annonce qu'il emploie maintenant, pour ses bouées électriques, le fer, la fonte et l'acier, au lieu du zinc, chacun de ces métaux étant attaqué plus fortement que le zinc par l'eau salée. M. Nourrisson annonce qu'on a ressenti à Marseille, le 19 mai à 9 heures i47- ( 1128 ) du matin, deux secousses de tremblement de terre. Ces secousses ont été assez fortes pour causer une grande frayeur à certaines personnes; elles n'ont cependant, à la connaissance de l'auteur, produit aucun accident. A 5 heures l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. La Section de Chimie, par l'organe de M. Chevreul, présente la liste sui- vante de candidats pour une place de Correspondant vacante dans son sein par suite du décès de M. Henri Rose: En première ligne M. Marigxac, à Genève. ' M. Frankland, à Londres. En deuxième ligne, ex œquo, M. Kolbe, à Bonn. M. Schrœtter, à Vienne. . . , ,', , ... ' < M. Stas, à Bruxelles. et par ordre alphabétique. ' M. Strecker, à Tubingue. M. Williamson, à Londres. M. Zinin, à Saint-Pétersbourg. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à G heures. ( ( ua9 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 21 mai 1866 les ouvrages dont es titres suivent : Éléments de Botanique; par M. Duchaktre, Membre de l'Académie des Sciences. Paris, 1866; 1 vol. in-8° avec figures. Traité de plessimétrisme et d'organographisme ; par M. P. -A. PlORRY. Paris, 1866; 1 vol. in-8° avec figures. (Présenté par M. Rayer.) Considérations sur le mode de propagation du elioléra; par M. A. WlLLEMIN. Strasbourg, 1866; br. in-8°. (Présenté par M. Rayer.) Le choléra dans les hôpitaux civils de Marseille pendant l'épidémie de 1 865 ; par M. Seux. Paris, 1866; br. in-8°. (Présenté par M. Rayer.) Aperçu généralsur l'Egypte; par M. A.-B. Clot-Bey. Paris, 1840; 2 vol. in-8° reliés. Quelques mots sur le choléra à l'Institut et à l'Académie de Médecine de Paris; par M. Clot-Bey. Paris, 1866; br. grand in-8°. Mélanges. 28 brochures in-8°, par M. Clot-Bey. i vol. in-8° relié. Compte rendu de l'état de renseignement médical et du service de santé civil et militaire de i 'Egypte ; par M. Clot-Bey. Paris, 18/19; ' v°ï- hi-/|° relié. Réorganisation du service médical civil et militaire d'Egypte en i856. Règle- ments; par M. Clot-Bey. Paris, 186a; 1 vol. in-4° relié. Coup d'œil sur la peste et les quarantaines ; par M. Clot-Bey. Paris, 1 85 r ; 1 vol. in-8° relié. Calamités enfantées par la croyance de la contagion; par M. Clot-Bey. Paris, sans date; br. grand in-8°avec figures. Su la peste... Sur la peste et les quarantaines; par M. Clot-Bey. Malte, i856; in-12 relié. Riforma... Réforme des quarantaines; par M. Clot-Bey. Milan, i845; in-8° relié. Procès-verbal de l'examen soutenu par douze élèves de l'école d' Abou-Zabel à l'Académie royale de Médecine de Paris, 1 8 novembre 1 832. Marseille, sans date; br. in-8°. Recherches sur les anthérozoïdes des Cryptogames ; par M. Ernest Roze. Paris; br. in-8° avec 1 planche. ( n3o ) Nouvelles recherches sur les anthérozoïdes des Cryptogames ; par M. Ernest Roze. Paris; br. in-8° avec 1 planche. Recherches sur les anthérozoïdes des Mousses ; par M. Ernest Roze. Paris; br. in-8° avec planches. (Ces trois brochures sont renvoyées à la Commis- sion du prix Desmazières, 1866.) Relation de l'épidémie de choléra de 1 865 à l'hôpital Saint- Antoine; par M. C. Decohi. Paris, 1866; br. in-8°. 2 exemplaires. (Renvoi à la Commis- sion du legs Bréant.) Annales de la Société de Médecine de Saint-Etienne et de la Loire. Comptes rendus de ses travaux, t. III, 1 865. Saint-Etienne; br. in-8°. Extraits de géologie ; par MM. Delesse et A. DE Lapparent. Sans lieu ni date; br. in-8°. Société de prévoyance des pharmaciens de la Seine. Assemblée générale an- nuelle du 11 avril 1866. Paris, 1866; br. in-8°. Rapport sur les travaux du Conseil central d'hygiène publique et de salubrité de la ville de Nantes et du déparlement de la Loire-Inférieure pendant l'an- née 1864, adressé à M. G. Mercier-Lacombe. Nantes, i865; in-8°. 2 exem- plaires. Sur les travaux d'ensemble de l'Académie royale et sur ses rapports avec les Sociétés savantes étrangères pendant le demi-siècle qui vient de s'écouler; par M. A. Quetelet. Opuscule in-8°. (Extrait des Bulletins de l'Académie royale de Belgique.) De la pression stetlaire universelle. Astronomie et physique universelle ; par M. C. Salles. Montaigu-la-Brisette ; opuscule in-8°. Iconographie ophthalmologique ; par M. Sichel, texte et atlas. Paris, 1 85a- 1859; 2 vol. in-/[° reliés. Rapport adressé à S. Exe. le Ministre de l'Instruction publique par la Commission instituée en exécution du décret du 29 décembre 1 863 pour l'in- spection du matériel du Muséum d'Histoire naturelle en i865. Société d'Encouragement pour l'industrie nationale. Résumé des procès- verbaux des séances du Conseil d'administration. Séance du mercredi 2 mai 1866. Opuscule in-8°. Rendiconto... Compte rendu de la sessioii de l'Académie des Sciences de l'Institut de Bologne, année académique 1 864 -1 865. Bologne, 1 865 ; br. in-8°. Mémoires de l'Académie des Sciences de l'Institut de Bologne, 2e série, t. IV, fascicules 2, 3 et 4> 2e série, t. V, fascicules 1 et 2. Bologne, i865; 5 br. in-4°- ( »i3. ) Sulla... Sur la dépression barométrique du i4 mars i866;parM. Ragona. Opuscule in-8°, sans lieu ni date. Orazione... Treizième Discours du Dr B. RAMAZZINI, traduit par T. Ma- GLIEP.i, précédé d'un Mémoire sur l 'épizoolie et l'épidémie; par M. G. VOLPE. Naples, 1866; grand in-8°. ERRATA. (Séance du 7 mai 1866.) Page io34, ligne 23, atilieu de oxyde de cuivre 8,oooo3, lisezoxyde de cuivre o,oooo3. Page io35, ligne 2, au lieu de 1 hectare, lisez 1000 mètres carrés. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 28 MAI 1866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIQUE. — Mémoire sur la dilatation des corps solides par la chaleur; par M. Fizeau. [Deuxième partie (*).] « Je rappellerai en quelques mots les principes de la méthode d'obser- vation qui a été décrite ailleurs (Comptes rendus, mai 1864, et Annales de Chimie et de Physique, 4e série, t. II), afin de pouvoir expliquer plus clai- rement les dispositions qui ont été prises pour accroître l'exactitude des nouvelles déterminations. » Un fragment du cristal ou de la substance quelconque que l'on veut étudier est taillé de manière à présenter deux faces planes, parallèles entre elles et polies; le corps ainsi préparé est posé librement sur le plateau d'un petit trépied de métal, dont les pieds sont formés par trois vis qui traversent le plateau et se terminent en pointes mousses à leurs extrémités supérieures. Sur ces trois pointes, et très-près de la substance, repose un plan de verre poli dont la distance à la face supérieure de la substance peut être réglée par le mouvement des trois vis, de manière à donner lieu au phénomène des anneaux colorés de Newton. (*) L'Académie a décidé que ce Mémoire, quoique dépassant les limites réglementaires, serait reproduit en entier au Compte rendu. C. R., 186C, ier Semestre. (T. LXII, N° 22.) < 4$ ( n34) » Pour les observations en question, on produit les anneaux ou franges avec la lumière d'une flamme colorée en jaune par du sel marin, et, au moyen d'une réflexion et de quelques dispositions optiques très-simples, on peut observer à distance les anneaux ou franges produits à la surface de la substance sous une incidence normale. La situation des franges et les dé- placements qu'elles peuventéprouver sont déterminés en les rapportant à des points fixes régulièrement gravés sur la surface du plan de verre; ce sont de véritables points de repère qui se voient dans la lunette en même temps que les franges. » Ce petit appareil, très-simple, est placé au centre d'une éttive à deux enceintes en enivre fort épais, susceptible d'être échauffée par deux lampes bien constantes. Des ouvertures convenables, fermées par des glaces, et deux thermomètres à tiges courtes plongées dans l'étuve et à gros réservoirs pres- que en contact avec lasubstanceetletrépied, permettent d'observer àchaqne instant la situation des franges et les températures correspondantes. » Sans entrer dans pins de détails sur quelques dispositions acces- soires, on peut dire que l'appareil, dans son ensemble, est peu volumi- neux, d'un usage facile, et qu'il fonctionne avec une régularité remar- quable (*). » Le trépied, qui était en acier dans les premières expériences, a pu être exécuté définitivement (**) en platine fondu avec ~^ d'iridium, d'après les procédés de M. Henri Sainte-Claire Deville, qui a eu l'obligeance de me pro- curer i kilogramme de matière très-pure. Les avantages offerts par le pla- tine, dans cette circonstance, sont dus à sa grande densité, donnant une stabilité plus grande, à son inaltérabilité, à son mode de dilatation, cpii varie moins avec la température que celui de l'acier, enfin à sa résistance au feu, qui a permis de soumettre le trépied, dans le laboratoire de l'École Nor- male, an rouge blanc pendant huit heures sans l'altérer. Cette opération a paru nécessaire, afin de détruire tonte trace d'écrouissage qui aurait pu oc- casionner de petites différences de dilatation entre les diverses parties des vis et du plateau. m On a pris des soins particuliers afin d'obtenir, dans ces expériences, une connaissance exacte des températures; pour cela, on a fait une déter- mination directe des erreurs de divisions des deux thermomètres de l'appa- (*) Cet appareil a été construit par M. Soleil, dont l'habileté bien connue clans la taille des cristaux m'a été en outre d'un gçand secours dans ces recherches. (**) Par MM. Biunner. ( n35 ) reil, en comparant leurs indications avec celles d'un thermomètre étalon déjà étudié par M. Regnault; pour cela les trois instruments ont été entière- ment plongés dans un vase dont une paroi verticale était formée par une glace, et qui pouvait contenir environ 5o litres d'eau chauffée à diverses températures et mise en mouvement avant chacjue lecture au moyen d'un agitateur. Cette comparaison a permis de dresser, pour chacun des deux thermomètres, une table de corrections à l'aide de laquelle les indications de ces deux instruments sont devenues d'une grande exactitude. De plus, la forme circulaire donnée aux deux étuves concentriques, l'épaisseur et la conductibilité du métal dont elles sont formées, et surtout le soin que l'on a pris de ne faire aucune observation si ce n'est à des températures peu éle- vées et devenues tout à fait stationnaircs depuis plusieurs heures, toutes ces circonstances, jointes à diverses vérifications très-satisfaisantes qui résultent des observations elles-mêmes, autorisent à considérer les températures ob- servées comme méritant toute confiance. J'estime que les incertitudes, qui doivent être plus sensibles dans les températures élevées, ne dépassent pas i i o uv- "*-&* » Il convient de rappeler que lorsqu'un cristal à étudier a été placé dans l'appareil et que l'on élève la température, on observe dans la lunette la surface du cristal toute couverte de larges franges qui se déplacent lente- ment par rapport à un certain nombre de points noirs immobiles servant de repères; on sait aussi que lorsqu'une frange entière a passé sur un point de repère en allant du centre à la circonférence, c'est que l'intervalle où se forment les franges, entre le cristal et le plan de verre, a diminué de la longueur d'une demi-ondulation — de la lumière jaune, c'est-à-dire de om,n,ooo5888 „ r ni rn ; en sorte que 1 on a toujours n lranges = — ; il suffit donc de prendre la moitié du nombre entier ou fractionnaire de franges déplacées et de multiplier par la valeur de X pour avoir en millimètres la mesure très-précise du rapprochement entre les deux surfaces (*). (*) J'ai cherché à contrôler l'exactitude, d'ailleurs bien certaine, de ce principe, ainsi que la valeur numérique de lD qui résulte des observations de Frauenhofer sur les phénomènes des réseaux, au moyen des expériences suivantes. Un petit instrument analogue à la machine à diviser, mais formé par une vis partagée en deux parties, dont le pas diffère d'environ -^, a élé construit sur mes indications par M. Duboscq; il est muni de deux chariots guidés par des rainures, l'un fixe, l'autre suscep- tible de recevoir un mouvement excessivement lent par la vis différentielle. On a formé les i/»8.. ( i i3G ) » C'est la dilatation apparente de la substance pour son épaisseur e et pour l'élévation de température t' — t. Mais cette dilatation apparente D" est évidemment égale à la différence entre la dilatation réelle D de la sub- stance, qui tend à diminuer l'intervalle des surfaces, et la dilatation D' des vis de platine qui, soulevant le plan de verre, tendent à augmenter cet intervalle. On a donc D" == D — D', d'où l'on voit que si D' était connu on aurait D = D" -+- D', c'est-à-dire que la dilatation cherchée serait la somme de la dilatation du platine et de la dilatation apparente observée, et l'on aurait enfin le coefficient de dilatation en divisant cette valeur par e (t' — t). » La méthode exige donc la détermination préalable et très-exacte de la dilatation du métal dont le trépied est formé (*). » Je vais rapporter maintenant les expériences faites pour déterminer les constantes de la dilatation du nouveau trépied en platine, qui devait servir à tontes les déterminations ultérieures. » On a formé entre le plan de verre supérieur et le plateau poli du tré- pied des anneaux ou franges à grande différence de marche. La distance anneaux de Newton avec la lumière jaune, entre deux plans de verre, !'un porté sur le cha- riot fixe, l'autre, muni de points de repère, porté sur le chariot mobile; sur ce dernier était I mm en outre fixé un micromètre de Froment tracé sur verre, dont les divisions étaient obscr- 20 vées à l'aide d'un microscope immobile muni de fils croisés. Première observation. — Les plans de verre étant presque en contact, pendant que le chariot mobile a marché de ~ de millimètre, on a compté 170 franges passant par un même point de repère. Deuxième observation. — Les deux plans de verre étant éloignés de 7m,n,a environ, pen- dant que le chariot mobile s'est avancé de ~ de millimètre, on a compté le même nombre de franges déplacées, c'est-à-dire 170 franges. Le phénomène calculé avec la longueur d'onde de Frauenhofer, >D = o™m,ooo5888, devait donner iGc/^S/f, concordance qui doit être considérée comme satisfaisante, si l'pn a égard à la précision assez limitée de cet appareil. (*) On remarquera que si l'on connaissait avec une grande précision la dilatation d'une substance on en pourrait conclure celle du métal du trépied avec une précision semblable; or, la détermination de cette dernière dilatation devant être faite en particulier pour le tré- pied de chaque appareil, j'ai cherché le moyen d'épargner ce soin aux physiciens qui vou- draient se livrer à ce genre d'observations; et en effet il suffira (ce dont je m'occupe en ce moment) de déterminer avec une précision particulière (en multipliant les expériences et prenant les moyennes de plusieurs séries de mesures) les deux constantes de la dilatation d'une substance bien définie que tous les observateurs pourront toujours se procurer dans un état de pureté et d'identité parfaites (le spath fluor, par exemple). Il deviendra dès lors facile de déterminer en peu de temps et d'une manière très-sûre les conslantes de la dilata- tion du trépied pour chaque nouvel appareil que l'on pourra construire. ( "37 ) adoptée pour le plus grand nombre des expériences, ou la longueur des vis, a été de iomm, 36o et pour quelques-unes 3mm,387 ; ce qui a permis de constater que les vis se dilataient bien également dans toute leur longueur. » Le trépied étant alors placé au centre de la double étuve (dans laquelle on avait disposé quelques fragments de potasse caustique pour dessécher l'air), on a relevé la situation des franges par l'apport à dix points de repère, d'abord à la température ambiante, 12 degrés environ, puis à des températures de plus en plus élevées, jusqu'à 80 degrés (l'appareil ayant été d'abord chauffé sans l'observer jusqu'à 90 degrés). Au moment de chaque observation on notait les indications des deux thermomètres de l'étuve et du baromètre extérieur. Comme on l'a déjà fait remarquer, les observa- tions n'étaient considérées comme bonnes que lorsque la température accusée par les thermomètres et la situation des franges étaient restées tout à fait constantes pendant deux ou trois beures (le baromètre étant supposé n'avoir subi aucune variation sensible). » Quelques observations spéciales avaient fait connaître combien il passait de franges pour un nombre donné de degrés (environ i8fr,i pour 63°, 7) ; le nombre entier était ainsi toujours connu avec certitude, et la fraction précise était obtenue en faisant la somme des excursions tnaxima et minima des franges par rapport à chacun des dix points de repère, et prenant la moyenne des dix valeurs ainsi trouvées. » Mais ce nombre de franges déplacées doit subir une correction, résul- tant des effets de la dilatation de l'air par réchauffement, et parfois de l'in- fluence d'un changement notable dans la hauteur du baromètre, pendant l'intervalle d'un minimum à un maximum de température (huit à dix heures environ). Cette correction est donnée en nombre de franges par la for- mule cp = 4- y (m — m'), e étant la longueur des vis, m et m' les indices de réfraction de l'air sec, déduits de la loi de Biot et Arago (*), pour les températures les plus basses (*) La loi de Biot et Arago sur les variations de l'indice de réfraction des gaz avec les températures et les pressions est la suivante : m' — 1 m ■ — 1 d d' c'est-à-dire que la densité venant à varier par des changements de pression ou de tempéra- ( n38 ) et les plus hnules, et pour les pressions correspondantes. Appelant f le dé- placement observé, on a, pour le déplacement qui aurait lieu dans le vide, / = /'+?■ Le coefficient de dilatation ag s'en déduit immédiatement: / a» = ie{e—t) ture, la quantité — > ou le pouvoir réfringent, reste constante. Or, cette loi ayant été sur- tout établie par des observations sur les changements de pression, et les observations relatives aux changements de température ayant été moins nombreuses et moins certaines; comme, en outre, dans l'application aux expériences présentes, la correction

36. Première observation : t = 1 3° , 965, /' = 3 1 ° , 60, franges déplacées = 4fr . 86. Correction due à l'air d'après la loi -t- ofr,56i, afi_aa0 „8= 0,00000873. Deuxième observation : t z^So0 ,l\i5, ^ = 75°, 906, franges déplacées = i3fr,o35. Correction due à l'air d'après la loi -t- ifr,2i8, «^530 ,- = 0,0000 o8g4- ( ii4o ) du trépied (*), u6_/o = 0,00000883.847. —=0.7588 » Lorsque l'on a à faire un usage fréquent de ce coefficient pour des de- grés moyens 6 qui varient dans chaque expérience, il convient pour la faci- lité des calculs de dresser à l'avance une table qui donne les valeurs de a de degré en degré entre les limites de température que les observations doivent embrasser. » Dans le but d'apprécier la concordance de ces vingt etune observations partielles, qui ont servi à calculer les deux constantes du platine, on a con- struit une courbe avec les valeurs de Q pour abscisses et les valeurs de a pour ordonnées, courbe qui s'est trouvée être sensiblement une ligne droite; en traçant de plus la ligne droite résultant des deux constantes calculées d'a- près l'ensemble des observations, on a pu reconnaître l'étendue des écarts des observations partielles de part et d'autre de la ligne droite représentant les valeurs moyennes. Cette comparaison montre que la concordance des observations est très-satisfaisante; elle permet de plus d'apercevoir claire- ment et d'évaluer le degré de précision que peut donner la méthode. En effet, les écarts maxima correspondent en longueurs mesurées à ± y- de ).D I œm ou sensiblement == — i et les écarts moyens à la moitié seulement de cette ODOOO J longueur, c'est-à-dire à environ 1 3 uju u 0 de millimètre. (*) L'emploi de ces deux constantes est très-commode dans la pratique pour calculer tous les phénomènes de dilatation, en tenant compte de la variation du coefficient pour di- verses températures. L'essentiel est de prendre la valeur du coefficient qui convient au de- gré moyen compris entre les températures extrêmes que l'on considère. Pour cela, il faut ajouter ou retrancher au coefficient «g_/.0 autant de fois la valeur — qu'il y aura de degrés depuis le degré moyen considéré jusqu'à [\o degrés, soit au-dessus, soit au-dessous; on aura ainsi le coefficient moyen, que l'on appliquera au moyen de la formule /,>=/, [i-f- a {t' — t}]. Pour obtenir les valeurs correspondant à la dilatation cubique, il suffit de multiplier par 3 les deux constantes. On peut remarquer de plus que, si l'on veut exprimer la dilatation par la formule à deux termes /, = /0(i-t- at -t- ht*), on obtient aisément les deux coefficients a et b au moyen des deux précédents, car on a " — "■8=0 et ^^^V ( "4i ) » La dilatation du trépied de platine étant déterminée, l'étude de la di- latation d'un cristal ou d'un corps quelconque peut s'effectuer avec facilité sur de faibles épaisseurs atteignant seulement quelques millimètres, et à l'aide de surfaces polies, également très-petites; car les franges ou anneaux que l'on observe peuvent être amplifiés dans la lunette avec des oculaires convenables. » Lorsque le cristal n'est pas de nature à être bien poli, on dispose à sa surface, et reposant sur trois saillies ménagées à dessein, un très-petit miroir du même platine que le trépied, la face polie en regard du plan de verre. Les franges se produisent alors avec facilité, et la dilatation du corps se me- sure aussi bien que s'il était seul sans le miroir; il est clair, en effet, que dans cette circonstance la dilatation du miroir est exactement compensée par la dilatation des vis, auxquelles on est obligé de donner un accrois- sement de longueur précisément égal à l'épaisseur du miroir. » 11 convient d'ajouter que pour donner une parfaite immobilité au cristal, on a été conduit à le faire reposer sur le plateau du trépied par l'intermé- diaire de trois petites pointes mousses soulevées à l'aide d'un burin sur la surface polie du platine. » Enfin le petit espace où se forment les anneaux, et qui donne lieu dans les calculs à une légère correction, est pris généralement de la même épais- seur s = — de millimètre, mesurée au moyen des divisions que portent les tètes des vis du trépied. » L'épaisseur è de la substance doit, dans tous les cas, être préalable- ment mesurée avec un spliéromètre très-sûr. » Pour chaque substance on a fait au moins trois observations complètes, c'est-à-dire comprenant chacune dix déterminations de la position des franges, toujours à des températures parfaitement stationnaires. Il a paru préférable de commencer par la température la plus élevée, environ 70 de- grés; puis de passer à une température moins élevée, environ 45 degrés; enfin à la température ambiante comprise entre 10 et 20 degrés. » Le coefficient de dilatation ag de la substance, correspondant au degré moyen (/, se calcule au moyen de la formule suivante uo e(y_,) » ). est la longueur d'onde du rayon jaune = o'mn, 000 5888; C. B., 1866, 1" Semestre. (T. LX1I, 1N° 22.) ' ^9 ( n4â ) » t' et t la température la plus élevée et la plus basse; » e l'épaisseur en millimètres de la substance; >• s l'épaisseur de la lame d'air où se forment les franges; t'-i-t » a's le coefficient de dilatation du platine pour le degré moyen 0 = — — ; » f est le nombre de franges déplacées pendant que la température s'est élevée de t à t'. » Il est important de remarquer que cette dernière quantité f doit être affectée du signe -+- ou du signe —, suivant que la substance possède une dilatation supérieure ou inférieure à celle du platine, ce qui se reconnaît immédiatement par le sens du mouvement des franges, mouvement qui se fait dans le premier cas du centre des anneaux à leur circonférence, et en sens contraire dans le second cas (les surfaces polies étant supposées être toujours légèrement convexes) (*). » Les trois observations fournissent ainsi deux valeurs de a correspon- dant à deux valeurs de Q éloignées l'une de l'autre de 20 à 3o degrés. On calcule alors la constante -^ = " ~ " » et, à l'aide de cette constante, on déduit de l'une des valeurs de « la seconde constante 00002331- ff = 4-74- » Diamant (cristallisant dans le système régulier ou cubique). m Écbantillon très-limpide coloré en jaune et taillé en brillant, du poids de igr,o,4» de la collection du Muséum. » Dans une précédente communication [Comptes rendus, t. LX) j'ai signalé la valeur très-faible de la dilatation du diamant, et son décroisse- ment rapide avec la température, en sorte que l'on est conduit à regarder comme très-probable l'existence d'un maximum de densité pour cette sub- stance vers — 4o degrés. L'Administration du Muséum ayant bien voulu me confier encore la belle pierre sur laquelle avaient porté les premières expériences, j'ai pu l'étudier de nouveau dans des conditions d'exactitude bien supérieures; voici les résultats obtenus : ils diffèrent peu des premiers, eu égard à la très-faible dilatation de la substance, mais leur valeur est plus certaine. » L'épaisseur du cristal était o,mm,625; cub. 2f, i« / Q a. . =o,ooooo:554. —T = q.5i. » Le point où la dilatation doit être nulle, c'est-à-dire le maximum de densité, serait à — ^2°, 3. » Protoxpte de cuivre (cristaux appartenant au système régulier). » Dans les premières expériences que je viens de rappeler, j'avais ob- servé, sur des cristaux très-purs de cuivre oxydulé de Cbessy, une dilatation plus faible encore et plus rapidement décroissante que pour le diamant; en sorte que l'existence d'un maximum de densité devenait plus probable encore pour cette substance et devait se rencontrer à une température voi- sine de zéro, c'est-à-dire peu éloignée de celles sur lesquelles avaient porté les observations. Le grand intérêt offert par cette substance m'a engagé à en 149.. ( u44 ) déterminer de nouveau la dilatation, afin de fixer la valeur des constantes avec plus d'exactitude encore. Seize nouvelles déterminations sur des échan- tillons différents et très-purs, formés de cristaux isolés ou de cristaux con- fusément agglomérés, conduisent aux valeurs définitives suivantes : » Les épaisseurs des cristaux ont été f)mra,836, i2U)m,999 et iomm,644> cub. A a c o aa , =0,00000270. — = 6.00 0 = 40 ' / '' A 9 » La température à laquelle ce corps paraît posséder un maximum de densité serait vers — 4°, 3. » Emeraude (Béryl de Sibérie, silicate double d'alumine et de glucyne, du système hexagonal). » Les expériences ont été faites sur plusieurs cristaux différents, mais la plupart des mesures ont été prises sur un béryl aigue-marine très-pur, de l'École des Mines, que je dois à l'obligeance de M. Uaubrée. » Cette substance appartenant à un système cristallin symétrique autour d'un axe, il y a deux dilatations à déterminer, l'une suivant l'axe cristallo- graphiquequi coïncide avec l'axe optique et avec un des axes d'élasticité, l'autre suivant une direction quelconque normale à l'axe. » i° Suivant l'axe, épaisseur du cristal: iomm, 748 et i4mm,564. » On observe dans cette direction une dilatation négative, c'est-à-dire une contraction bien marquée, dont le coefficient décroît en valeur absolue avec la température, suivant la même loi régulière que les coefficients po- sitifs. Les deux constantes sont alors lin. r Aa a„ , = — 0,00000100. — -=1.1 4 •> 20 Normalement à l'axe, épaisseur du cristal : 9'nm, 5g5 et 5mm, 907. Dans cette direction la dilatation est positive, mais très-faible : , lin. « Aa r>o txe = /lo= + 0,0000 01 37. —=i.33 » Pour obtenir la dilatation cubique, il faut faire la somme 2 a' 4- a — acub- et 2 A a' -f- A « = A «c,lb- . On a ainsi les valeurs suivantes pour les constantes de la dilatation cubique de l'émeraude (béryl) : cub. ,»., A a .. n a, = + 0,0000 0100. — = 3.0O 8 = 40 ' A 0 ( n45) » La valeur de cette dilatation, encore plus faible que les précédentes, et son décroissement encore assez rapide, présentent une analogie très-mar- quée avec les phénomènes correspondants du diamant et surtout de l'oxyde de cuivre; et en effet, ces nombres conduisent à un coefficient de dilata- lion nul pour une température un peu inférieure à zéro, en sorte que l'émeraude (béryl) paraît bien présenter aussi un maximum de densité vers — 4°) 2. » Plusieurs émeraudes vertes de Colombie et d'autres de diverses teintes ont donné des résultats semblables avec de petites différences numériques qui peuvent être attribuées soit aux impuretés des cristaux, soit aux nom- breuses fractures qu'ils présentent fréquemment. m Afin de vérifier directement, s'il est possible, cette curieuse propriété du béryl, j'ai fait tailler dans un gros cristal de Sibérie une longue aiguille prise dans le cristal suivant une direction inclinée sur l'axe d'un angle de 54°44'- D'après ce qui a été dit dans la première partie de ce Mémoire, la dilatation, suivant cette direction, est égale à la dilatation moyenne, et cela tout autour de l'axe dans les cristaux de ce système; car deux des axes d'élas- ticité étant égaux, leur situation reste indéterminée autour du troisième, et l'octaèdre de la dilatation moyenne peut être orienté dans toutes les direc- tions possibles autour de l'axe principal du cristal. On peut espérer qu'en refroidissant cette aiguille dans le protoxyde d'azote liquide, c'est-à-dire vers — 78 degrés, et la laissant ensuite revenir à la température ambiante sous un sphéromètre à levier très-sensible, il deviendra possible de s'assu- rer directement si réellement, à ces basses températures, cette substance se contracte en s'échauffant, comme les nouvelles observations conduisent à l'admettre. » Quartz (Cristal de roche, appartenant au système rhomboédrique). » Les premières déterminations (Comptes rendus, mai 1864) relatives au quartz ont été reprises afin d'obtenir des valeurs numériques plus exactes. » i° Suivant l'axe, épaisseur = i5mm,o54 : lin. o i« «„ . =0,00000701. — = i.nn e = .'|0 / a 9 / / » 20 Normalement à l'axe, épaisseur = i5mm,o57: lin. / A « •> r> a. , =0,00001 4 iq. —r = ï.38 » Dilatation cubique du quartz : a„ , =0,00000010. — = 0.53 ( u46 ) » Rutile (acide titanique, système du prisme droit à base carrée). » Les expériences ont été faites sur un beau cristal de Limoges, de la col- lection de M. Des Cloizeaux. Dilatation assez forte. » i° Suivant l'axe, épaisseur = ianrai,863 : lin. Aa c ff. . =0,00000010. —=2.25 ô = 4o J J a 8 » 2° Normalement à t'axe, épaisseur = 7™"" ,07 : lin. , Aa ae = ii0 =0,00000714. — = 1.10 » Dilatation cubique du rutile : cub. 0/ A a a ° ", = o,ooooa3A7. — - = 4.45 » Oxyde détain (Cassitérite, système du prisme droit à base carrée). » Cristal de Saxe sans macle apparente, de couleur noire. Les deux dilatations sont très-faibles. » i° Suivant l'axe, épaisseur = iomm,3g9 : lin. n Aa « , =0,0000 0002. — -=I.IQ » 2° Normalement à l'axe, épaisseur = 1 imm,3o2 : lin. o Aa * a , =0,00000021. -— = 0.70 « = 40 A 8 ' » Dilatation cubique de l'oxyde d'étain : a 0,00001034. -~ = 2.71 0 = 4<> ' ^' AO » Magnésie (Périclase, appartenant au système régulier). » Les expériences ont pu être faites sur des cristaux artificiels (octaèdres) agglomérés, obtenus par M. Henri Sainte-Claire Deville. Dilatation assez forte. » Dilatation cubique de la magnésie pure : a, . =o,oooo3i2q. — = 8.01 0 = 4° -'AS » Oxyde de zinc (Spartalite, du système hexagonal). » En cristaux naturels colorés en rouge, des États-Unis, de la collection de M. Des Cloizeaux. La dilatation est faible. ( "47) » i° Suivatit l'axe, épaisseur = 7mm,555 : a1"1' , =o,ooooo3i6. -? = i.86 » 3° Normalement à l'axe, épaisseur = 9mm,i 18 : lin. m is o a =o,ooooo53q. — = 1.20 >> Dilatation cubique de l'oxyde de zinc : «„ , = 0,0000 ioori. — - = 4-J2 5 = 4» ' ^ A 9 » Corindon (Alumine pure du système rhomboédrique). « Un bel échantillon de l'École des Mines, que je dois à M. Daubrée, a été taillé suivant les deux directions nécessaires pour les expériences : c'est un corindon de l'Inde, bleuâtre et un peu laiteux. Dilatation faible. » i° Suivant l'axe, épaisseur iomm, 027 : lin. c ^a f a , = 0,00000010. — = 2.00 9=4« v A 9 * 20 Normalement à Vaxe, épaisseur = 7™m,265 : lin. r/Q ^a e a , = o,ooooo54j. —7 = 2.20 0 = 40 ' ^ a 9 v» Dilatation cubique du corindon : u™', =0,00001705. -^ = 6.55 e = 40 ' * a 9 » Fer oligiste (sesquioxyde de fer, du système rhomboédrique). o Cristal de l'île d'Elbe fort net extérieurement, mais dans lequel la taille a révélé quelques imperfections intérieures. Les mesures doivent être répétées sur un autre cristal. Deux dilatations très-peu différentes et de grandeur moyenne. » i° Suivant l'axe, épaisseur = Qmm, 58 1 : lin. q ia a, , =0,00000820. — - = i.iq 6 = 4" ' v A 9 «? >■> 20 Normalement à l'axe, épaisseur = (f"m, 146 : al1"" , = 0,0000 o836. — ; = 2.62 9 = 4° A 9 ( n48 ) » Dilatation cubique du fer oligiste : . rnli. c , -ia «„ ', =0,000025oi. —- = 6./j3 0 \Q 4 r> Acide antimonieux (Senarmontite, du système régulier). « Octaèdre très-net de Constantine, un peu laiteux, de l'Ecole des Mines. Dilatation très-considérable : cub. roo ^ a U„ , = O.OOOO 5ooq. — - = 1.71 » Acide arsénieux (cristaux oclaédriques du système régulier). » Très-beaux octaèdres artificiels obtenus au laboratoire de .l'Ecole Normale par M. Henri Sainte-Claire Deville. Dilatation exceptionnelle et plus forte (pie toutes les précédentes : Cllll. "3 o ^a 'i a = 0,0001 2,370. —- = 20.37 » Spinelles (cristaux oclaédriques du système régulier). » Je donnerai enfin, en terminant, les dilatations de quatre espèces de spinelles (alumine et magnésie ou oxyde de zinc et leurs isomorphes), dont les valeurs se rapprochent d'une manière remarquable : » i° Rubis Spinelle (de Ceylan, du Muséum) : mli. o Aa uo = >>o=0>0000i,]8l- Iô==7-29 •> 20 S/tinelle Pléonaste (à oxyde de fer de Warwick) : cub. „„or "a rot OC. , = 0,0000 I0o5. -j-r == 5. OU 5 = 4° A 9 » 3° Spinelle Gahnite (à oxyde de zinc de Fahlun) : c/c"^\ =0,00001766. — ^=5.iq » /|° Spinelle Kreitlonite (de Silbérberg) : cub. r ^a c o , « , =0,00001700. — = O.OI » La suite de ces recherches fera l'objet d'un second Mémoire, dans le- quel tous les résultats numériques seront comparés entre eux et discutés dans leur ensemble. » ( "49) MÉTÉOROLOGIE. — Sur les variations périodiques de la température dans les mois dejéviier, inai, août et novembre; par M. Ch. Sainte-Claire Deville. (Cinquième Note.) « Dans mes quatre premières Notes (i), je n'ai guère fait que poser la question principale de ces variations périodiques de la température et indi- quer rapidement ou effleurer les questions accessoires qui s'y rattachent. » Si les positions variables que la Terre prend par rapport au Soleil dans le cours de sa révolution annuelle étaient la seule cause qui influât sur la tem- pérature moyenne de chacun des jours de l'année en un point donné du globe, il est clair qu'il y aurait, en ce point, par an, un jour de tempéra- ture maxima et un jour de température minima, et qu'entre ces deux mo- ments la température croîtrait et décroîtrait alternativement, en suivant une marche régulière, laquelle se dégagerait suffisamment des perturbations locales ou accidentelles, par la discussion d'un grand nombre d'années (5o, ioo ou 120) d'observations thermométriques. » Mais les choses ne se passent pas aussi simplement. » Il est bien vrai que, d'une manière générale, c'est le mouvement annuel de la Terre qui amène les grandes phases de la température, et qui produit dans nos climats, par exemple, un minimum vers le milieu de jan- vier et un maximum vers le milieu de juillet. Mais la courbe qui réunit ces points extrêmes n'est point une courbe absolument régulière. Il s'y trouve manifestement des points d'arrêt et de rebroussement qui semblent sujets à des retours périodiques. L'observation incessante et intéressée des popu- lations, surtout des populations de la campagne, avait, depuis un temps im- mémorial, consacré quelques-unes de ces variations périodiques par des dic- tons que la science moderne a eu le grand tort de négliger. » Ce n'est que depuis trente à quarante ans que les recherches de Brandes, Màdler, Erman, bientôt suivies par celles de Dove, Quetelet, ISuys-Ballot, Fournet, Petit, ont de nouveau appelé l'attention des physiciens sur la régu- larité que semblaient présenter certaines de ces crises de la température terrestre. » Quelles que soient les causes, peut-être nombreuses et variées, qui pro- duisent ces perturbations, si l'on pouvait déceler quelque chose de pério- dique dans leurs effets, ou, si l'on veut, dans ce que notre savant confrère, (1) Comptes rendus, t. LX, p. 577 et 69G; t. LXI, p. 5, 61 et 35o. C. R., 1866, 1" Semestre. (T. LXII, IN° 22.) I 5o ( n5o ) M. Pouillet, dans ses beaux travaux sur la chaleur solaire, a appelé la con- stante atmosphérique, et qu'on pourrait peut-être nommer, d'une manière plus générale, la constante du milieu ambiant, on voit qu'on pourrait, jusqu'à un certain point, comparer ces perturbations dans leurs rapports avec la marche normale de la température, aux perturbations que subit le mou- vement des astres dans leur orbite. » Dans sa forme la plus générale, la question peut donc se formuler de la manière suivante : » Quel est, pour une localité donnée, l'écart moyen, en plus ou en moins, que présente la température de chacun des jours de l'année par rapport à la marche supposée régulière de ces températures entre les extrêmes an- nuels? » Cet écart est-il sensiblement le même pour chaque année ou pour un petit groupe d'années? Varie-t-il, au contraire, d'une année à l'autre, ou d'un groupe d'années à l'autre, de manière à présenter une certaine pério- dicité? » Quant aux questions qui se rattachent secondairement à cette pre- mière question générale, elles sont extrêmement nombreuses, puisque les quantités de lumière versées dans l'atmosphère, l'état électrique de l'air et ses propriétés dites ozonométriques, son état hygrométrique et tous les mé- téores aqueux qui en dépendent, comme aussi les variations dans la pression barométrique, les déplacements de l'air ou les vents, les tempêtes, en un mot, tous les phénomènes atmosphériques, sont intimement liés avec la ré- partition de la chaleur à la surface du globe. » Enfin, un appendice bien naturel et bien important se trouve dans l'influence de ces perturbations thermométriques sur la santé des hommes, des animaux et des plantes. m Toutes ces questions, telles qu'elles sont posées dans la série de mes diverses Notes, sont du domaine de la statistique. Malheureusement, pour les aborder une à une et sans aide, il faut se livrer à un travail très-long et tellement fastidieux, que je me serais sans doute découragé, si je n'étais sou- tenu par la conviction qu'il s'agit d'un problème des plus intéressants, dont la solution commence à se dégager de son obscurité. » Dans cette cinquième Note, je reprendrai la question principale, et je ferai d'abord deux réflexions : » i° Bien que, comme je l'ai dit tout à l'heure, le problème soit général et s'applique à chacun des jours de l'année, je ne considérerai, ainsi que je l'ai fait dans mes Notes précédentes, que les quatre mois de février, mai, août et ( "Si ) novembre, où les perturbations de la température sont le plus marquées; seulement, pour mieux déterminer les limites de ces perturbations, dont le centre se trouve vers le 10 ou le 12 de ces mois, j'ai fait remonter mes recherches jusqu'au 21 de chacun des quatre mois, janvier, avril, juil- let et octobre, qui précèdent respectivement les premiers : ce qui constitue quatre séries de 4o jours consécutifs, en tout 160 jours de l'année. » 20 Ces quatre mois (ou plutôt ces quatre périodes de [\o jours cha- cune) peuvent être étudiés isolément ou combinés. » Jusqu'à présent je lésai toujours considérés isolément. C'est ainsi que, dans ma deuxième Note (Comptes rendus, t. LX, p. 69g), je discute séparé- ment, pour les cinquante-sept ans (1 806-1 863) de Paris, les mois de février et de mai, et que je divise cette longue période en cinq autres, contenant de dix à seize ans, et dont quelques-unes présentent (par exemple, les périodes 1829- 1839 et 184 3- 18 53), pour chacun des deux mois considérés isolément, des caractères opposés. Plus loin, j'établissais même que chacune de ces deux périodes de dix ans pouvait être décomposée en périodes moins longues et caractérisées aussi par des écarts frappants dans la température. » Les quatre courbes que je mets sous les yeux de l'Académie (PL A) montrent que, pour les mois de février et de mai, cet antagonisme entre les caractères thermiques des jours de même date, considérés dans les deux pé- riodes opposées, résulte d'une véritable oscillation, qui déplace, dans les deux groupes d'années, les termes extrêmes de cette série de jours critiques. On suit, en effet, le parallélisme dans les inflexions de la température du même mois dans les deux périodes. Un seul point de rebroussement leur est commun : c'est le minimum du 12 pour le mois de février, et le maxi- mum relatif du i3 pour le mois de mai. » En réduisant de plus en plus le nombre des années dans les groupes que l'on considère, on arrive à conclure qu'il faudrait, pour bien établir l'étendue et les limites de cette oscillation dans les diverses périodes, cal- culer, pour des localités qui réunissent aujourd'hui cinquante à soixante ans d'observations, et pour chaque année, la température moyenne de chacun des jours des quatre mois dont il s'agit. La simple inspection des quatre sé- ries de courbes qui en résulteraient donnerait, sans aucun doute, la marche du phénomène, surtout si l'on représentait un même jour par la moyenne de plusieurs stations assez voisines l'une de l'autre (1), et dans des condi- (1) Par exemple, Greenwich, Zwanenburg et Berlin; Paris, Prague et Vienne. ( II 52 ) lions assez peu différentes pour qu'on put les combiner sans inconvénient. » Mais il est permis de se placer à un antre point de vue. » Les 160 jours que nous considérons forment, sur l'orbite terrestre, quatre groupes opposés, et les quatre jours du même nom, ou plutôt de même date, y sont placés sensiblement à quatre intervalles égaux. On peut se demander s'il n'y aurait pas une certaine solidarité dans le mouvement combiné de leur température : et, si une telle solidarité se décelait, soit dans l'ensemble des années considérées, soit seulement dans certaines périodes, cette circonstance impliquerait manifestement une origine cosmique ou astronomique pour les perturbations dont il s'agit. » Pour s'en assurer, on peut d'abord comparer la marche des tempéra- tures séparément dans chacune des quatre séries de Zjo jours pendant un assez grand nombre d'années. C'est ce que permet de faire la PL B, dans laquelle j'ai construit la moyenne des températures diurnes de ces mois à Paris pendant les quarante années qui se sont écoulées de 1 8 16 à 1 856. Or, voici ce qu'apprend cette comparaison : » Des quatre séries de jours, deux (celle de janvier-février et celle d'avril- mai) correspondent à une élévation générale de la température moyenne; les deux autres correspondent à un abaissement général de la température. » Malgré ces allures générales entièrement opposées, il est impossible de n'être pas frappé du parallélisme que présentent certaines portions corres- pondantes des quatre courbes, et spécialement toute la partie centrale des quatre séries de jours qu'elles représentent ; parallélisme qui est rendu plus sensible encore quand on compare chacune des courbes particulières avec leur moyenne tracée en ligne ponctuée sur la figure. » En avril-mai, on voit la température, s'élever très-brusquement du 25 avril au n mai, puis décroître avec la même rapidité vers le io et le i4, donnant ainsi deux minima, l'un au commencement, l'autre à la fin des saints déglace, pour reprendre une inarche vivement ascendante jusqu'au 2^, après une légère hésitation entre le ig et le 2 i . » Pour janvier-février, mêmes allures générales, seulement d'une manière plus décidée. La chute, après le 7 février, est très-brusque et va directement au 12, qui ne présente qu'un seul minimum au centre même des saints de glace de février ( 1 ). (1) On peut, au reste, remarquer que cette avance de trois jours environ de février sur août, comme l'avance d'un jour de mai sur novembre, serait assez bien en rapport avec la position réelle des quatre points sur l'écliptique. ( n53 ) » Comme février représente en nos climats les climats du nord, tout y sera extrême, l'ascension comme la chute : en août, au contraire, qui in- troduit en quelque sorte ici le climat tropical, tout est ménagé, beaucoup moins brusque, et le petit mouvement sensiblement parallèle à celui du 10 au i/|, en mai, ou, si l'on veut, des saints de glace d'août, s'y prolonge jusqu'au 16. » En novembre, comme en août, on voit la pente, naturellement décrois- sante, de la température lutter avec les influences qui tendent à un réchauf- fement anormal ; les points de rebroussement correspondent parfaitement à ceux des trois autres mois, et l'un des derniers donne, le i r, Y été de la Saint-Martin. » Si l'on réunit dans un seul coup d'oeil cette portion médiane des trois courbes de mai, de novembre et de la moyenne des quatre périodes, qui sont rapprochées dans la PL B, on y constatera la coïncidence presque par- faite des points de rebroussement dans un sens ou dans l'autre, entre le 3i et le 14. » Ce premier essai pouvait donc encourager à combiner quatre à quatre les jours de même date. C'est ce que j'ai fait (PL B) dans les trois courbes intitulées: Paris, 60 ans (1806-1866); Londres, 5o ans (1 814-1 864); Berlin, 1 10 ans (1) . » 11 me paraît impossible de ne pas remarquer le parallélisme général des trois courbes, qui cependant ne correspondent pas à une même série d'années. On saisit seulement une tendance manifeste à ce que le mouve- ment d'ascension ou de baisse se déclare un peu plus tôt à Berlin qu'à Londres, et un peu plus tôt à Londres qu'à Paris. Pour toute la première moitié, en particulier, Paris se trouve sensiblement en retard d'un jour sur Londres, et de deux jours sur Berlin. » J'ai pris enfin la moyenne des trois courbes pour les jours de même date (2), et la régularité des allures de la courbe qui en résulte est des plus (1) J'ai calculé la première de ces trois séries, en étendant jusqu'à 1866 les cinquante- sept ans de Paris que j'avais arrêtés à i863 dans mes premières communications. J'ai conclu la deuxième série des excellents travaux que M. James Glaislier a publiés dans les Proccedings of tlie British mcteorological Society (février i865). La troisième série est calcu- lée d'après les recherches sur la marche annuelle de la température à Berlin, que M. Mà'dler a publiées dans V Annuaire de Schumacher pour 1 843, et dont un extrait a été donné dans l' Annuaire météorologique de France pour i85o. Les cent dix ans sont compris entre 1718 et i83q, avec quelques lacunes. A partir de 1 54 ) frappantes. On voit, en effet, une dépression centrale qui tombe le i4> et, de chaque côté de ce minimum, les inflexions de la courbe sont placées presque symétriquement. Peut-être cette symétrie serait-elle parfaite, si la moyenne représentait un même nombre d'années et les mêmes années pour les trois localités. » Ainsi, la considération d'un grand nombre d'années montre à Londres et à Berlin, comme à Paris, qu'il y a une certaine solidarité entre les quatre jours de même date, combinés dans leur température moyenne. » Mais cette solidarité, qui résulte manifestement des moyennes, s'applique- t-elleà toutes les années individuellement? Il suffit de jeter un coup d'ceil sur les cinq premières courbes de la Pi. C, pour s'assurer qu'il n'en est point ainsi, et que les cinq périodes, dans lesquelles j'avais divisé les soixante ans de Paris (1806 -1866), sont, du moins en apparence, antagonistes au point de vue des quatre mois combinés, comme elles l'étaient au point de vue des mois pris isolément. C'est ainsi qu'on voit la date commune du \i être alternativement, dans ces cinq périodes, le siège d'un maximum et celui d'un minimum, et l'on saisit aussi des indices de déplacement des points d'inflexion, les portions médianes des cinq courbes présentant des espaces sensiblement parallèles, en avance ou en retrait les unes sur les autres. » Il fallait donc, dans cette nouvelle manière d'aborder la question, arriver aussi à étudier le phénomène année par année, afin de pouvoir déter- miner la limite de ces fluctuations, et s'assurer s'il existe, par exemple, des années ou des périodes d'années pour lesquelles la combinaison des quatre jours de même date donnerait des résultats sensiblement concordants. » Des motifs que j'ai déjà énoncés m'ont fait penser que, si de telles années existaient, elles devraient probablement appartenir à la période que 1806, observes seulement à Berlin ; 2° huit ans (1806-1814), observés à la fois à Berlin et à Paris; 3" vingt-six ans (1814-1840), observes à la fois à Berlin, à Paris et à Londres; 4° vingt-quatre ans ( 1 840-1 864 )> observes à la fois à Paris et à Londres; 5° enfin, deux années (1864 et i865) observées seulement à Paris. Sur les cent trente-sept années effec- tives que comporte la série entière, trente-deux y sont multipliées par le nombre 2, et vingt- six par le nombre 3. Afin de rendre ces nombres comparables, j'ai calculé pour chaque localité la moyenne des 28 jours des quatre mois; j'ai construit ensuite lu moyenne des trois excès de chacun des jours sur la moyenne totale. Seulement, pour que les inflexions de la courbe fussent plus sensibles, j'ai triplé l'excès moyen, ou, ce qui revient au même, j'ai conservé la somme des trois excès. ( ii 55 ) nous traversons en ce moment. C'est ce qui m'a engagé à entreprendre, pour l'année 1864, un travail considérable, dont la PL D présente les détails, et la PL E le résumé. » Les limites imposées à nos communications dans les Comptes rendus ne me permettent pas d'exposer ici avec le développement qu'ils compor- teraient les nombreux résultats consignés dans la première de ces deux planches. J'y ai concentré dans onze courbes la discussion des observations faites, en 1864, sur trente-trois points différents de l'Afrique et de l'Europe occidentales, depuis le Sénégal jusqu'à Christiania et Nijné-Taguilsk (1), et l'inspection de ces courbes montre manifestement l'existence constante, pour ces zones diverses, de quatre minima, séparés par trois maxima, dans la série des 160 jours combinés quatre à quatre, ainsi que je viens de l'indi- quer, ou, si l'on veut me permettre ce néologisme pour rendre en peu de mots ma pensée, des jours compris entre le 21 des januarides et le 28 des fébruarides (2) . » Dans un travail spécial, je ferai voir comment cette circonstance est (1) Voici ces localités rangées par ordre de latitudes : 1. Saint-Louis au Sénégal, lati- tude: 160 1'; 2. Laghouat, latitude: 33° 48'; 3. Madrid, Rome, Alger, Oran, réunis sous le titre général de Méditerranée, latitude moyenne : 38° 42'; 4- Marseille, Perpignan, Montpellier, Toulouse, Beyrie, latitude moyenne : 43° 23'; 5. Lyon, Bourg, le Puy, Bordeaux, latitude moyenne : 45° 28'; 6. Genève, Saint-Bernard, latitude moyenne : 46°; 7. Paris, Versailles, Clermont en Beauvoisis, Vendôme, Ichtratzlieim, latitude moyenne: 48°4°'> 8. Londres, le Helder, Maastricht, Bruxelles, Hendecourt près Lille, latitude moyenne : 5i°2o'; g. Land- bohôiskolen, Hindholm et Tarm en Danemark, latitude moyenne : 55° 38'; 10. Nijné- Taguilsk, latitude: 57°56' ; 11. Christiania, latitude : 5ç)055'. Les observations de Paris et de Versailles sont respectivement celles de l'Observatoire impérial et de M. Bérigny ; les observations de Lyon, Bourg, le Puy, Bordeaux, Marseille, Perpignan, Montpellier, Toulouse, Beyrie, Clermont, Vendôme, Ichtratzlieim, Hendecourt et Alger, dues à divers météorologistes, sont extraites du Bulletin météorologique que M. Barrai a eu l'excellente pensée d'insérer dans chacun des numéros bimensuels du Jour- nal cl Agriculture pratique, et qui fait connaître, pour chaque jour de l'année, les extrêmes de température observés en un grand nombre de localités de la France. Les nombres pour Madrid, Rome, Genève, Saint-Bernard, Christiania, Nijné-Taguilsk sont empruntés aux recueils météorologiques publiés annuellement par ces divers observatoires. Les stations danoises sont trois des écoles vétérinaires qui possèdent des observatoires météorologiques et les deux stations néerlandaises sont choisies, comme points extrêmes, parmi celles dont le savant directeur de l'Observatoire d'Utrecht présente annuellement les résultats; enfin, celles de Laghouat, d'Oran, de Greenwich, de Bruxelles, m'ont été très-obligeamment communi- quées en manuscrit par MM. Berthelé, Aucour, Glaisher et Quetelet. (2) J'appelle ainsi, pour abréger, januarides les quatre mois également espacés de janvier, ( u56 ) affectée directement, suivant les localités, par la position en latitude, par le caractère marin ou continental du climat, etc. Mais, pour le but que je me propose aujourd'hui, il me suffira de constater ce caractère constant, qui appartient à Laghouat, dans le Sahara, comme aux stations méditerra- néennes, à Nijné-Taguilsk comme aux côles de l'Atlantique, de la mer du Nord et de la mer Baltique; caractère qui ressort plus nettement encore sur la Pi. E, où dix des zones précédentes ont été condensées en trois courbes (i) correspondant respectivement aux 38e, 48e et 58e degrés de latitude, et ces dernières courbes elles-mêmes en une moyenne générale. » En définitive, les recherches dont je viens de présenter aujourd'hui un très-court aperçu me permettent de tirer la conclusion suivante : » Il existe une certaine solidarité dans les températures moyennes com- binées des quatre jours de même date, appartenant respectivement aux mois de février, mai, août et novembre. Cette solidarité se remarque aussi pour les quatre jours de même date, dans le dernier tiers des mois de janvier, avril, juillet et octobre. » Cette conclusion se vérifie d'une manière générale, lorsqu'on établit le calcul de ces températures moyennes sur cinquante années d'observations de Londres, sur soixante années d'observations de Paris, sur cent dix années d'observations de Berlin. » Certaines années ou certains groupes d'années présentent de la manière la plus manifeste celte solidarité entre les mouvements de la température moyenne de quatre jours placés sensiblement à égale distance sur l'orbite terrestre. Telle est l'année 1864, discutée à ce point de vue pour trente-trois stations météorologiques de l'Afrique et de l'Europe occidentales. » D'autres années présentent un tout autre caractère : dans quelques- unes, les mouvements de la température moyenne des quatre jours dont il s'agit semblent même se faire en sens opposé. Quelles sont les limites de cet antagonisme? N'est-il que le résultat d'une périodicité qui, dans l'inter- valle de quelques années, fait osciller entre deux limites extrêmes les divers maxima et minima dont se compose la perturbation totale? avril, juin et octobre; fébruarides l'ensemble des mois de février, niai, août et novembre; enfin martides, les quatre mois restants, dont le premier est mars. (1) Pour les trois dernières zones, je n'avais point assez d'observations à discuter, et les stations sont, d'ailleurs, les unes marines, les autres essentiellement continentales. Je repren- drai plus tard le travail en discutant un plus grand nombre de localités, et subdivisant davan- tage, s'il y u lieu. ( "57) » C'est ce qui ne pourra être élucidé que par un travail étendu, dans lequel on calculerait ainsi, année par année, la température moyenne de chacun des 160 jours dont il est question, pour un certain nombre de stations européennes, qui possèdent toutes au moins cinquante ou soixante ans d'observations comparables. » J'ai commencé ce travail, dont la difficulté serait considérablement réduite, si, à l'exemple de M. J. Glaisber pour Greenwich, et Bérigny pour Versailles, les directeurs des grands Observatoires en livraient au public les éléments préparés, en faisant calculer et imprimer la moyenne diurne de chaque jour de l'année, pendant toute la période d'observations dont ils disposent. « Dans une prochaine communication, je compléterai ce que j'ai dit au- jourd'hui sur la question générale, c'est-à-dire sur les perturbations pério- diques de la température; enfin, dans une dernière Note, j'indiquerai ce que je sais jusqu'à présent du contre-coup qui en résulte pour les autres conditions atmosphériques. » CHIMIE. — Sur les densités de vapeur; par M. H. Sainte-Claire Devh.i.e. « Les questions relatives à la véritable constitution des vapeurs com- plexes ont été débattues pendant ces dernières années, sans qu'on puisse dire qu'elles sont aujourd'hui résolues aux yeux de tons les chimistes. Il faut encore en appeler à l'expérience de tous les jugements nécessairement incomplets que les travaux partiels accumulent chaque jour dans la science. C'est donc seulement pour faire une expérience nouvelle que je me suis occupé dernièrement du perchlorure de phosphore, qui à 3oo degrés et au- dessus représente 8 volumes de vapeur d'après M. Cahours. » Si l'on se reporte au beau Mémoire de M. Cahours, publié en 18^7 dans les Annales de Chimie cl de Physique (3e série, t. XX), on trouve à la page 373 une Table dont les nombres, parfaitement ordonnés, démontrent de la manière la plus nette une décroissance régulière de la densité de vapeur du perchlorure de phosphore depuis le nombre 0,076, qui la repré- sente à 182 degrés, jusqu'au nombre 3, 61, qui la représente à 3oo degrés et au-dessus. » On peut admettre deux causes pour expliquer ce phénomène : ou bien le perchlorure de phosphore, comme le soufre (1), comme l'acide carbo- (1) Le soufre entre 44° ct 8lio degrés environ se comporte exactement comme le ferait C. R., 1866, i« Semestre. (T. LXII, N° 2'i.) I 5 I ( m 58 ) nique, etc., possède un coefficient de dilatation décroissant avec la tempé- rature, ou bien le chlorure de phosphore se décompose partiellement au- dessus de son point d'ébullition en chlore et protochlorure (i), la tension des gaz décomposés augmentant régulièrement avec la température jusqu'à devenir à 3oo degrés égale à la pression totale. Alors on a un phénomène de dissociation caractérisé de la manière la plus évidente. » Les expériences de diffusion observées par MAI. Wanklyn et Robinson donnent à la seconde hypothèse un certain degré de probabilité; mais on n'en peut rien conclure relativement à la vraie constitution de la vapeur. » Les observations de AI. Wurtz sur le bromhydrate d'amylène rappro- chent ce corps du perchlorure de phosphore, comme on peut le voir d'après la Table publiée par le savant professeur aux Comptes rendus de l'Académie des Sciences (t. LX, p. 729). » Quoi qu'il en soit, rien ne nous permet d'arriver à une solution abso- lument rigoureuse. On peut admettre que le perchlorure de phosphore et le bromhydrate d'amylène sont comparables au soufre, à l'acide carbonique, et qu'avec un coefficient de dilatation variable ils possèdent 8 volumes de vapeur, quoique aux températures de l'observation leur température de dis- sociation soit sensible. Ils seraient alors clans le même cas que l'eau, l'acide carbonique, l'acide sulfureux, etc., dont la vapeur représente 2 volumes, même à une température où leur décomposition partielle est démontrée par l'expérience. » Voici l'expérience à laquelle j'ai eu recours pour vider la question. J'ai chauffé dans deux tubes de verre incolores, égaux et parallèles, plongés dans un bain d'huile, d'une part un mélange d'air et de chlore à volumes l'ozone; car, depuis la température la moins basse à laquelle on peut supposer qu'on l'ob- tienne à l'état de pureté jusqu'à une température voisine de la température ambiante, sa densité, d'après les travaux de M. Soret, décroîtrait depuis } 1,1 057 jusqu'à 1,057. Darls ce cas, la variation du coefficient de dilatation serait due à un changement dans l'état molé- culaire ou l'équilibre calorifique de la matière, et serait comparable à une véritable disso- ciation avec variation progressive de sa tension. Mais cette comparaison n'a aucune nécessité dans l'état actuel de la science, puisqu'on connaît des phénomènes semblables absolument indépendants de l'état de combinaison des éléments, et qui se présentent pour les acides acétique, formique, carbonique, sulfureux, etc., pour le cyanogène et beaucoup d'autres corps dont M. V. Regnault a étudié la dilatation variable avec la température et la pression. (1) Le chlore et le protochlorure de phosphore dégageant, en se combinant, une très- faible quantité de chaleur, d'après les expériences de M. Favre, on en conclut l'instabilité du perchlorure et sa facilité à se résoudre en ses deux éléments, chlore et protochloi me. ( 11%) égaux, de l'autre du perchlorure de phosphore. Les tubes étaient fermés à leurs extrémités, sortant très-peu du bain d'huile, par deux faces planes et parallèles auxquelles on avait ménagé une très-pelite ouverture qui permît aux gaz dilatés de sortir, et au travers desquelles on pouvait examiner la couche de vapeur sous une épaisseur de om,3o à om,4o. D'après tontes les analogies, la vapeur de perchlorure de phosphore doit être incolore; si, à un certain moment, elle devient jaune verdâtre, c'est qu'elle contient du chlore libre. Et à la température où les deux tubes voisins possèdent une couleur jaune d'une égale intensité, la décomposition du perchlorure de phosphore est complète. » Des difficultés auxquelles je m'attendais m'ont empêché de donner dès aujourd'hui à cette expérience les conditions de précision nécessaires à la détermination de nombres exacts; mais qualitativement elle réussit à merveille, et l'on voit la couleur du chlore se développer au fur et à me- sure que la température augmente, de manière à ne laisser aucun doute sur le résultat que je désirais obtenir. Si la vapeur de perchlorure de phos- phore est incolore, on doit admettre que ce corps est alors en pleine disso- ciation, et on doit conclure de la Table de M. Cahours les tensions de disso- ciation pour toutes les températures auxquelles il a opéré successivement. Dans ce cas, le perchlorure de phosphore peut être considéré comme repré- sentant 4 volumes de vapeur. » L'argument tiré par M. Wurtz de l'analogie du bromhydrate d'amy- lène avec le chlorhydrate correspondant qui représente 4 volumes me semble aussi fort légitime, et alors la dissociation du bromhydrate d'amy- lène est la seule cause pour laquelle sa densité, représentant 4 volumes à l'origine de sa formation, décroît avec la température. » On voit combien il faut être prudent dans toutes les conclusions qu'on tire de pareilles expériences. Une des nécessités de notre époque scienti- fique, c'est la rigueur. Les raisonnements peu rigoureux sont très-dangereux dans les sciences dont le progrès de tous les jours tend à les rapprocher des parties de la Physique dont les résultats obéissent au calcul. C'est pour- quoi je demande à l'Académie la permission d'aller lentement dans la voie que mes expériences ont tracée et dans laquelle il me serait si agréable de marcher vite. » Je tiens pourtant à faire voir ici l'importance de l'observation de tous les phénomènes physiques, même la couleur, qui ne se rattache à rien dans nos théories. Voici une autre circonstance où elle permet de mettre en évi- dence la dissociation ou la décomposition partielle de l'iodure de mercure, i5i.. ( u6o ) composé des plus stables et perdant par conséquent, au moment de sa for- mation, une grande partie de la chaleur de constitution de ses deux élé- ments. » Si on chauffe dans un petit ballon ou une cornue de l'iodure de mer- cure bien pur et volatil sans résidu, l'iodure change de couleur, fond, se volatilise et produit une vapeur incolore qui se condense en une liqueur brune. Si avec une lampe à gaz on continue à chauffer le ballon ou la cornue, à un certain moment des vapeurs violettes se forment au contact du vase, tourbillonnent parallèlement à sa surface sous forme de fumées qui disparaissent au milieu, c'est-à-dire dans l'endroit le moins chaud de l'espace où l'iodure et le mercure se recombinent. A cette température, un mélange d'iode et d'air à volumes égaux présente une coloration bien plus intense que la vapeur chauffée d'iodure de mercure, ce qui prouve que ce corps est dissocié et non décomposé (i). C'est une expérience de cours des plus élégantes et que je recommande d'autant plus volontiers que, l'air n'exerçant aucune action sur l'iodure de mercure, la conclusion est à l'abri de toute objection. » Je ferai remarquer, à cet égard, que l'iodure de mercure représente 4 volumes; que l'eau, l'acide carbonique, l'ammoniaque, etc., en repré- sentent 2 ou 4 à volonté; que tous ces corps sont soumis à la loi de décom- position successive ou dissociation; par suite, ce phénomène ne peut être employé d'une manière exclusive comme argument contre l'existence de la condensation en 8 volumes des éléments d'une combinaison. » Dans une prochaine séance, je donnerai la suite de mes expériences sur l'iodure de mercure et ses analogues. » (i) C'est un argument en faveur de l'opinion qui assigne au chlorhydrate d'ammoniaque les 8 volumes que donne constamment l'expérience entre 35o et io4o degrés. Car, si le sel ammoniac se décompose à haute température, ce qui est certain, il ne doit se décomposer que d'une manière insensible à 35o degrés, température tellement voisine de son point d'ebullition, qu'elle en diffère à peine de quelques degrés. Dans aucun cas, on ne pourrait assimiler le sel ammoniac au bronihydrate d'aniylène; car pour celui-ci il existe aux envi- rons du point d'ebullition un intervalle de /}o degrés pendant lequel la densité donne 4 vo- lumes. Mon raisonnement, qui s'applique au cyanhydràte d'ammoniaque et aux composés du même ordre, n'est encore fondé que sur l'analogie et ne présente pas le caractère de nécessité que nous devons toujours désirer. Mais quand on admet la décomposition subite du sel ammoniac en ses éléments au moment de sa volatilisation, on fait une hypothèse gratuite. ( "6, ) algèbre. — Sur l'équation du cinquième degré; par M. Heumite. (Suite.) « XXIII. Après avoir été précédemment conduit à exprimer en fonction des racines les invariants des formes du cinquième degré, nous allons d'une manière analogue définir quatre covariants cubiques d'ordre 3", 7, 11, i5 qui s'offrent d'eux-mêmes dans la nouvelle formule de transformation à laquelle nous venons de parvenir. N'ayant d'autre but en ce moment que de rattacher à un point de vue commun les deux méthodes de résolution que j'ai étudiées, je ne chercherai pas à étendre au delà de mon objet des considérations qu'il serait peut-être intéressant de généraliser, et je me bornerai aux résultats suivants. » J'observe que l'expression a'FGHXo étant symétrique par rapport à ;,, c, , ?3, S» , on pourra écrire a3 FGHXÔ = aN?J 4- A|J + 3B^ 4- 3B'2„ -h A', les coefficients N, A, etc., étant des fonctions entières de ceux de la forme proposée f(x, j) = (a, /3, 7, 7', /3', a') (xt ff. C'est ce qu'on reconnaît par l'égalité 4 «NS'+AS'+3Bj:' + 3B'£ + A' = y **;*>"<'* .ffkll, qui a lieu quel que soit c, et d'où l'on tire pour le coefficient de \" cette valeur 0 ou, plus simplement, 4 ^ aaFvG„H„V' / Or on a déjà remarqué, § XX, que la quantité '" " est, par rapport aux racines, un invariant comme ).,. Ce coefficient N se distingue donc de tous les autres en ce qu'il est un invariant dont l'ordre est [\n-\-i, de sorte qu'il s'évanouit en supposant n inférieur à l\. ( u6a ) » Cela étant, je dis que Ax' -+- ?>Bx2y ■+- 3B'xy2 -+- A'j3 est un covariant de la forme du cinquième degré, et je l'établirai en cher- chant ce que devient l'égalité a'FGrUo = AS3, + 3.BI2 + 3B'20 + A' appliquée à la transformée F (X, Y) =J'(mX + tn'Y, nX + n'Y). » Faisant à cet effet â = mu' — m' n, et remarquant que les racines de "''' - '"' l'équation F(X, i) = o sont les quantités — > on trouve que le pre- 1 K ' i m — nt, * * ■v mier membre devient . (m — nlaf Si l'on désigne donc par %, j£ï, etc., les valeurs de A, B, etc., lorsqu'on y remplace a, /3, etc., par les coefficients de la transformée F (X, Y), on aura «'FGHl" ^0„+„ = % h'ï>-™y + 3|j (»%-»>')> + 3|5' »'*■•-»'' + y; et, par conséquent, Ag;+3Bg;+3B'g,+A 5,0„+._^ /'l'io-m'Y [ ^ /ii'E,— «A- t ^/Wr„-»i ^ _^,_ Cette égalité, ayant lieu en substituant à 50 l'une quelconque des racines, est identique par rapport à cette quantité, et l'on voit facilement qu'en faisant « = mX + m'Y, f = nX-h n'Y, on en conclut (Ax3 + 3Bx2_/+3B'x;-2-i-A'73)(?,0"+6^ilX3-4-3|ïlX2Y+:il3'XY:i + il'Y3, de sorte qu'aux valeurs n = o, i, 2, 3 correspondent bien, comme on l'a annoncé, quatre covarianls cubiques d'ordre 3, 7, 11, i5. Cela posé, et en les désignant pour un instant par y, {x, j), ?l (x, f), (p^a; j), ftfaf), je reviens à la formule (1) z = «Vs^FCII (U + ).„ L, + \-L3 + X*L4), ( n63 ) où l'on a, d'après les valeurs de *, B, etc., L2 = — v5A(3p*q -4-2pq2), L1-=-A(i5p2q-i2pq2-4if), L0 = «i.A(a8ps-8pp* + v'5Â[2^2p3-f- A(5op3 - 5p2q — i8pq- -t- |q»)]. Or, en multipliant et divisant par a/ =/» (£„> i), elle prend cette forme : _ _ IT Lo?o(Ço» 0 + L, z + _vn = o, les valeurs en p et q de t, u, t', w, savoir : t = L0, u = L, , etc., font disparaître le coefficient de z2, propriété bien remarquable de la forme cubique en /, u, v, w qui représente ce coefficient. » Un autre point de vue sous lequel on peut encore envisager la for- mule (i) résulte de l'équation n'O ï - l6/K établie an § XX, car elle conduit à cette expression où n'entre plus que la (*) A l'égard îles formes du troisième et du quatrième degré f{xt y), le covariant qua- dratique ou Hessien, quand ony fait x = |0, y ■=. i a pour valeur le carré de f't (Ci, i), et le covariant du troisième ordre le cube de la même quantité. ( n64 quantité 10, savoir : ,(]u . ! \ f'' ""^ ^> I'1 + ^» ^-' "•" ^§ ^J: n' (1.) L'équation proposée J'(x-, i) — o disparaît donc pour faire place à celle-ci : II (),) = o, qui est directement ramenée à l'équation (2). Ce résultat obtenu, il ne reste plus, pour arriver à la résolution par les fonc- tions elliptiques, qu'à calculer l'expression de la quantité A, afin de déter- miner par l'équation A = o le rapport -• » XXIV. J'ai indiqué au § XII par quelle voie M. Brioschi avait été conduit à l'équation en z, et je rappelle succinctement qu'en désignant par iu une fonction cyclique des racines de l'équation générale du cin- quième degré y '(!, 1) = o, cpii change de signe par la substitution '" U et nommant ut ce que devient ux par la substitution \ ;'J [, l'expression ( ÇgvVi ) suivante, où 1 est numérique, savoir : z = e [««4- u0 4- w («2 -1- «,)] X [u, 4- uh + oj («x— u0)] X U'3 - «2 + w(«, - kJ], salisfait à l'équation . 5B , z(c)B'— AC) 1 . — z»-_z»4- i6 ^+_vn=:o> les quantités A, B, C et n s' exprimant rationnellement par les coefficients et la racine carrée du déterminant de la proposée. C'est dans le cas parti- culier de A = o que cette équation est immédiatement résolue par les fonc- tions elliptiques, et 011 a trouvé qu'en faisant A0 y 5 = ux y 5 4- uQ 4- u, 4- f.'2 4- «3 4- //4 , A , v 5 = //0 4- pUc, + p3ua 4- p*w, -h pi/.,, -A,*/5 = 2 y 5 = u0 + pu, -h psUt + p3ut 4- />'«,, où jO est une racine cinquième de l'unité, donnant y/5 = p* -H p8 — p - p\ ( fi 65 ) on avait A= A2 + A, A2. Cela posé, voici comment s'obtient cette quantité si importante lorsqu'on prend pour u l'expression dont j'ai fait us;ige, u = pV -H fÇ + 2u''jglil{q\\ ~\- q'v) » On a vu que les quatre indéterminées p, p', c/, q' se réduisaient, dans la valeur de z, aux deux suivantes : p =&)/>+//, i] — q + cor/', de sorte qu'on peut supposer p = o, q' = o, ce qui donne plus simplement u — p \'< + 2 «.*fghlt\n, ou encore, en changeant q en q + 2p, comme au § XXII, ii = p\? + 2 a"Jgïil (q + 2 p ) n. Or, on a pour les six valeurs de «2 = u3 , et, par conséquent, u, = «4, u2 = ut, de sorte que l'équation A = o devient alors une somme de deux carrés, savoir : (" 3+a' + «, + aaj + |>04- (/2 + p-1)". + (p2+p3)»2]2 = o, C. R.)iS66)ierSc-m«;,e. (T. LX1I,N° 22.) l52 ou encore, en faisant toujours w ( 1166 ) y/5 — ! / K. + K„ \ , / , «. — K„ y I h(J«2 + I M, -| M 1 = O. Mais l'hypothèse G = o revient à supposer nul l'invariant du dix-huitième ordre, ou bien à établir entre les invariants fondamentaux de la forme du cinquième degré une relation du trente-sixième ordre, et comme la quan- tité qu'il s'agit d'obtenir est seulement du douzième, cette relation ne pourra la modifier en rien, et c'est en me plaçant dans ce cas particulier que je vais en faire le calcul. » J'observe d'abord que les égalités G2 - H2 = 4 If, H2 - F2 = 4%, F2 - G2 = klh donnant pour G = o : H2 = — [\lj\ F2 = 4//j, il suffit, pour obtenir les invariants d'employer cette valeur de F2 dans les expressions du § XVII. Mais on peut éviter ce calcul, car les invariants, fonctions symétriques des racines, ne changent pas de valeur en effectuant la substitution sui- vante : \J i qui change F, G, H,/, g, h en G, —H, —F, g, ( ?3(v-|-l)a+2) h,J; ainsi l'on a, par exemple, ^ = % = -*(g"- + gh + /r)F>-(g-h)(zg> + gh+2Jr)l Or, cette dernière expression donne immédiatement % = -(h~f){*ha + ¥+*P)l> et l'on aurait de même ^=-2hj{h -f) [h6 + 3 h\f+ 8 h\f- + 1 1 h*J 3 + 8 h*f< + 3 hf* +/ •) / 3 . » Cela posé, en faisant w' = -, on trouve pour G = o, après quelques réductions faciles, «ï±*+ BII, = Ke [wy, (/_ ,w)2 p +fgh{h -» q] /F, ( "67 ) et il vient, pour la somme des carrés, après avoir remplacé F2 et II2 par 4 lh et — (\lj\ 4a,2(/-goJ)'[(/3ro2-/;3u'2)////3.p2 j - 8a<2 (f-g«Y [(i - «0 h - (i - U)/]/2g2/r /'.pq j = o. H-4a"[^(A-/»),-/(g-'A»)']/1ffiA,',.41 J Soit donc, en me bornant au coefficient de p2, 4K<2 (y_ gw)* ^»M« _ h3u'2)fhl3 = aJL3 + aM,A 4-«"(0 + 6 X2 VA +6' s/Â*. On trouvera d'abord a, = o, en supposai] t_/":= o, et, après avoir supprimé le facteur fh, il suffira de faire j = h,f= — h, f= o, et enfin de comparer dans les deux membres les termes en/6/?, pour obtenir bien facilement a' = 2, a" =3, E=--v/5, 6'=-\/5 » Le calcul des deux autres coefficients est plus facile encore, et on ob- tient en définitive l'équation (3a) + 2XA-'VV^I~v/5lA\2-4(^ + v/57Â)Aptl -2(J.-3V^S) Aq2=o. » Ce résultat complète l'étude que je me suis proposé de faire de la mé- thode de M. Kronecker, en prenant pour point de départ les quantités it, u, T3, "7^) GÉOLOGIE. — Note pour servir à l'histoire des pouding ues ; par M. J. Lefort. (Extrait.) (Commissaires : MM. Élie de Beaumont, Daubrée.) « Sur les deux rives qui, dans les départements de l'Allier et du Puy-de- Dôme, avoisinent la rivière de l'Allier, on rencontre des sables tertiaires supérieurs ayant pour origine un grand courant venant des montagnes d'Auvergne, et qui s'est dirigé principalement dans le sens de la vallée de l'Allier. » Ce terrain, qui recouvre le plus ordinairement des marnes et des cal- caires de la formation précédente, est composé de sable quartzeux mêlé de galets arrondis de quartz hyalin dont le volume est souvent considérable, ou bien de galets tantôt incohérents, arrondis, rougeâtres, comme s'ils avaient reçu le contact d'un limon ferrugineux, tantôt réunis par un ciment ferrugineux qui les agglutine en grandes masses; dans ce dernier cas, les galets constituent de véritables poudingues grossiers qui peuvent servir de matériaux de construction. » Ce ciment possède la composition suivante : Sable quartzeux 70,01 Peroxyde de fer 21 ,49 Peroxyde de manganèse 5,28 Alumine 2,07 Acide ulmique 1 , i5 100,00 » La teinte rouge ocracée que l'on remarque sur tous les cailloux isolés ou réunis en conglomérats des sables tertiaires de l'Allier, la présence du sable non plus à l'état de silice précipitée des eaux, et surtout l'existence de l'un des principes dérivant du ligneux, donnent tout lieu de croire que ces poudingues doivent leur formation aux eaux douces d'origine limoneuse, plutôt qu'aux eaux minérales ferrugineuses dont on retrouve, il est vrai, de nombreux griffons tout le long de la vallée de l'Allier. » Ce ciment ferrugineux appartiendrait alors à la variété de minerai fer- rugineux désignée sous les noms de minerai de marais, de lacs, de prairies et de yazuns, et qui a été, de la part de M. Daubrée, l'ohjet d'observations intéressantes. » On conçoit, dès lors, que la formation de ces poudingues peut avoir ( "77 ) lieu, même de nos jours, toutes les fois que des eaux douces superficielles, filtrant à travers des terrains de transport, et charriant du sable en poudre fine, de l'oxyde de fer, et enfin des matières organiques limoneuses, dépo- sent peu à peu sur les galets ces substances minérales et organiques qui, en se desséchant, emprisonnent tous les corps qu'elles rencontrent. » GÉOLOGIE. — Alluvions des environs de Toul, par rapport à l'antiquité de l'espèce humaine; par M., IIusson, « La ville de Toul, qui, l'an dernier, à l'occasion de ses fontaines, opé- rait des recherches au nord de son territoire (plateau de Taconnet), vient défaire ouvrir, également dans les alluvions diluviennes, deux belles tran- chées sur un autre plateau qui domine, au sud, le faubourg Saint-Evre. M. Desloges, Maire, avait eu l'extrême bienveillance de donner l'ordre aux ouvriers de veiller à tout ce qui pourrait intéresser la science, et les fouilles étaient dirigées par un fontainier intelligent; de plus, deux hommes d'un haut mérite, membres de la Commission municipale des fontaines, MM. Mi- chon, Colonel du Génie en retraite, et Balland, dont j'ai déjà eu occasion de rappeler l'obligeance, visitaient souvent les travaux ; en sorte que si quelque fait important s'était produit, il n'aurait pas manqué de fixer l'at- tention. » Les terrains remués étaient, à la base, le diluvium alpin, et, à la partie supérieure, le diluvium post-alpin. Les seuls ossements découverts sont ceux d'un cheval évidemment enfoui par l'homme (diluvium post-alpin de la pre- mière tranchée ou de la Justice) ; ils avaient contracté dans l'argile la belle couleur noire- violette des restes organiques que renferme, dans nos grottes, la partie limoniteuse à teinte non encore altérée. Quant à la deuxième tran- chée ou de Saint-Evre, elle était surtout remarquable comme coupe géolo- gique; le diluvium post-alpin, d'une puissance de 3 à 4 mètres, y présen- tait tous les caractères précédemment décrits. » Mais ce n'est pas seulement au point de vue des couches que ces nou- velles recherches ont corroboré mes Notes antérieures, c'est aussi au point de vue des conclusions qu'elles renferment, et qui, par rapport à la ques- tion posée en tête de mon opuscule, l'homme existait-il déjà dans les environs de Toul quand s'est déposé le diluvium alpin? peuvent se résumer ainsi : » i° Beaucoup d'objets provenant de Pierre-la-Treiche et de Crézilles sont identiques à ceux des principales cavernes de France ou qui figurent dans les grands musées de Paris, de Berlin, etc. ; ( "78 ) » a° Or, plusieurs de ces débris, identiques, étaient non-seulement dans nos grottes, mais ont été trouvés sur le diluvium, et jamais il ne s'en est rencontré dans le dépôt non remanié; » 3° Donc l'homme dans nos environs est de date post et non anté-dï\u- vienne. » L'auteur joint à sa Note des échantillons des terrains traversés par les nouvelles tranchées ainsi qu'une planche photographiée représentant les objets travaillés récemment découverts, et il annonce qu'il les tient à la disposition de la Commission du prix Cuvier, déjà chargée de juger ses précédentes communications et les objets qui y étaient joints. (Renvoi à la Commission du prix Cuvier.) M. Gougy adresse un Mémoire, accompagné de modèles et de dessins, dont le but est d'arriver à déterminer la figure réelle du globe, et de se rendre compte des influences exercées par les attractions solaires et lu- naires. (Commissaires : MM. Faye, Séguier.) M. Duchemin adresse à l'Académie une réclamation de priorité, relati- vement à une modification apportée à la pile de Bunsen par M. Gérardin, et consistant en particulier dans l'emploi du perclilorure de fer. (Commissaires : MM. H. Sainte-Claire Deville, Edm. Becquerel.) SI. Mf.xi-sieii soumet au jugement de l'Académie un projet de bains hydro-électriques. (Renvoi à la Commission nommée pour les applications de l'électricité à la thérapeutique.) M. Masi.ovsky écrit de Moscou pour rappeler l'envoi fait par lui, en août 1864, d'un Mémoire ayant pour titre : « Nouveau système de traite- ment de la syphilis sous le climat du Nord. » (Renvoi à la Commission précédemment nommée, Commission qui se compose de MM. Serres, Rayer, Cloquet.) M. Gaiixard, qui a adressé à l'Académie, le 23 avril dernier, un Mé- moire concernant un nouveau mode de fabrication des allumettes phospho- ( "79 ) riques de sûreté, écrit de nouveau pour donner une indication sommaire des avantages de son procédé. Cette Lettre est renvoyée, comme la communication précédente, à la Commission des Arts insalubres. M. Knoch, auquel l'Académie a accordé, dans la séance du 6 février i865, une mention honorable pour ses Recherches sur le Bothrioce'phale large , adresse un nouveau travail, accompagné de figures, concernant le déve- loppement du Bothriocephalus proboscideus. Ce travail est destiné à complé- ter le précédent; le but de l'auteur a été de résoudre la question qui lui avait été suggérée par l'Académie, en se livrant à des recherches nouvelles. Ces recherches l'ont d'ailleurs conduit à des faits nouveaux. (Renvoi à la Commission du prix de Physiologie expérimentale.) M. Chacveau prie l'Académie de vouloir bien admettre au concours des prix de Médecine et de Chirurgie le Mémoire « sur la production expéri- mentale de la vaccine dite spontanée, » qui a été présenté dernièrement en son nom par M. Cl. Bernard. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) L'Académie reçoit un certain nombre de Mémoires destinés aux divers concours dont le terme est fixé au Ier juin 1866, et adressés par les auteurs dont les noms suivent : CONCOURS POUR LE PRIX DE STATISTIQUE. (fondation montyon. ) M. Brochard. — De la mortalité des 7iourrissons en France, spécialement dans l'arrondissement de Nogent-le-Rotrou. L'ouvrage est accompagné d'une indication manuscrite des points que l'auteur considère comme nouveaux dans son travail. CONCOURS POUR LE PRIX BORDIN. (DÉTERMINATION DES LONGUEURS D'ONDE DR QUELQUES RAYONS DE LUMIERE SIMPLE. ) Un auteur, dont le nom est contenu dans un pli cacheté, adresse pour ce concours un Mémoire ayant pour objet la détermination des longueurs d'ondes de quelques rayons lumineux, et pour épigraphe : La simplicité des méthodes est une garantie de la précision des mesures. ( n8o ) CONCOURS POUR LE PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. M. Moigeot. — Notes médicales sur l'absorption, etc. L'ouvrage est ac- compagné d'un résumé manuscrit. M. Préterre. — Nouvelles recherches sur les propriétés physiques et anes- thésiques du protoxyde d'azote. M. J. Ciiérox. — Recherches pour servir à l'histoire du système nerveux des Céphalopodes dibranchiaux. L'ouvrage est accompagné d'une courte analyse, où l'auteur indique les points qu'il considère comme nouveaux dans son travail. CONCOURS POUR LES PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE. (fondation montyon. ) M. Cii. Bouchard. — Des dégénérations secondaires de la moelle épinière. L'ouvrage est accompagné d'une analyse manuscrite faite par l'auteur ; le texte imprimé s'arrête à la page 48 ; l'envoi de la suite doit être fait pro- chainement. M. F. Frédault. — De l'alimentation. Le Mémoire imprimé est accompa- gné d'une analyse manuscrite. M. A. Axcelet. — Etudes sur les maladies du pancréas. Le manuscrit adressé par l'auteur doit être remplacé prochainement par des exemplaires imprimés. M. Sappey. — Recherches sur les parties fibreuses et fibro-cartilagineuses. M. C arrêt. — Troisième Mémoire sur les effets pernicieux du chauffage des maisons par les poêles en fonte. M. Sales-Girons. — Traité théorique et pratique des salles de respiration nouvelles {à l'eau minérale pulvérisée) dans les établissements thermaux, pour le traitement des maladies de poitrine. L'ouvrage est accompagné d'un résumé manuscrit. M. II. Friedrerg. — Traité clinique et historique des maladies vénériennes dans les temps anciens et au moyen âge. L'ouvrage, imprimé en allemand, est accompagné d'un résumé manuscrit en français. Un auteur, dont le nom est contenu dans un pli cacheté avec l'épigraphe : Quœ sana faciunt in corpore snno, etc., adresse un Mémoire ayant pour titre: Recherches sur les maladies constitutionnelles et diathésiipies dans leurs rapports avec les névroses. ( "8. ) CONCOURS POUR LE PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE. ( APPLICATION DE L'ÉLECTRICITÉ A LA THÉRAPEUTIQUE.) M. Scoctetten. — Analyse de ses travaux sur l'électricité, d'après leur ordre d'apparition. L'ozone, on Recherches chimiques, météorologiques } physiologiques el médi- cales sur l'oxygène élecliisé. (Imprimé.) CONCOURS POUR LE GRAND PRIX DE CHIRURGIE. M. Cii. Sédillot. — De V évidcment sons-périoslé des os, comme moyen de conservation des membres par la conservation du périoste. M. Ollieu. — Traité expérimental et clinique de la régénération des os et de la production du tissu osseux, au point de vue spécial de la conservation des membres par la conservation du périoste. L'auteur demande que cet ouvrage, en partie imprimé, en partie manuscrit, soit joint aux diverses communica- tions qu'il a déjà adressées à l'Académie sur le périoste et les résections sous-périostées. CONCOURS POUR LE PRIX RRÉANT. MM. Legros et Goujox. — Recherches expérimentales sur le choléra. M. Blaxchox. — Du traitement du choléra asiatique par le bichlorure de mercure. M. Faucoxxet. — Etude sur la vaccine, la variole et la fièvre typhoïde. Une Lettre de l'auteur demande que ce manuscrit soit admis comme pièce de concours pour le prix du legs Bréant. Un auteur, dont le nom est contenu dans un pli cacheté, adresse un Mé- moire ayant pour titre : Du choléra asiatique épidémique, avec l'épigraphe : A mon avis, le meilleur système de philosophie est celui qui explique le mieux toutes choses. CONCOURS POUR LE PRIX RARBIER. M. Cuabaxxes. — Traité des eaux minérales de Fais. L'ouvrage est ac- compagné d'une indication manuscrite des points que l'auteur considère comme nouveaux dans son travail. Ces diverses pièces sont renvoyées à l'examen des Commissions nom- mées pour chacun de ces concours. Il en est de même des ouvrages impri- més qui ont été adressés comme pièces de concours, el qui sont mentionnés au Bulletin bibliographique. G. R. 1866, Ier Semestre. (T. LX1I, N° 22.) 1^4 ( I 1 82 ) CORRESPONDANCE. M. Elie de Beacmoxt présente à l'Académie, de la part de l'auteur, M. Zeuncr, professeur de Mécanique à l'École Polytechnique fédérale de Zurich, un ouvrage ayant pour titre : Grundzûge der mechanischen War- metlieoiïe, etc. (Principes de la théorie mécanique de la chaleur). M. Combes fait une analyse succincte de cet ouvrage et s'exprime ainsi : « L'ouvrage dont M. Gustave Zeuner adresse aujourd'hui à l'Académie la seconde partie n'est pas simplement une seconde édition du livre publié sous le même titre, dont nous devons une traduction à M. Hirn. » On y trouve, en effet, une exposition plus complète et plus précise des principes généraux de la théorie, suivant une méthode en grande partie nouvelle, et dans laquelle l'auteur a su très-habilement combiner les beaux travaux de M. Rankine avec ses propres éludes. Des applications étendues et approfondies aux principaux types de machines à gaz et à vapeur usitées avec ceux de M. Clausius et à la recherche des perfectionnements qu'il est possible d'y apporter, en tenant compte de toutes les données de la ques- tion, espaces nuisibles, frottements, etc., en font un ouvrage presque en- tièrement nouveau, très-digne d'être médité par les savants et par les ingé- nieurs. » M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, deux exemplaires des « Observations météorologiques faites à Dijon en i865, » par M. AL Perrey. PHYSIQUE. — Sur les densités de vapeur anomales; par M. Ad. Wurtz. (Deuxième partie.) « Par des expériences publiées il y a quelque temps (i), j'ai fait voir que les densités de vapeur du bromhydrate d'amylène suivent une marche dé- croissante à partir de i85 degrés jusque vers 36o degrés. A l\o degrés au- dessus du point d'ébullition, situé à i 10 degrés, ce bromhydrate présente une densité de vapeur qui répond à une condensation de la molécule ga- zeuse en 2 volumes et que j'ai considérée comme normale. J'ai interprété le fait du décroissement de cette densité de vapeur eu admettant (pie le (i) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. LX, p. 728. ( 1*83 ) bromliydrate se décompose ou se dissocie, selon l'heureuse expression de M. H. Sainte-Claire Deville, en acide bromhydrique et en amylène. Ceux- ci restent mélangés au bromliydrate non décomposé, et se combinent de nouveau pendant le refroidissement, de manière à reconstituer le brom- hydrate d'amylène. » Mon savant ami, M. H. Sainte-Claire Deville, a élevé contre mon opi- nion l'objection suivante (i): « Dans toute l'étendue de l'échelle thermo- » métrique, parcourue dans les expériences de AI. Wurlz, la densité de » vapeur du bromliydrate d'amylène est constamment et considérablement » décroissante. Rien donc n'autorise à penser que son coefficient de di- » latation n'est pas variable, comme celui de l'acide carbonique, de » l'acide acétique et du soufre. » » J'admets qu'il existe une certaine analogie entre la dilatation de la va- peur de soufre et celle du bromliydrate d'amylène. L'expansion qu'elles subissent l'une et l'autre par l'action de la chaleur tient à la fois à une di- latation physique et à une dissociation chimique. Dans les deux cas, des molécules plus condensées se déboublent en des molécules plus simples. Pour le soufre, le groupe S6, qui occupe 2 volumes à 5oo degrés, se dé- double en trois groupes S2 qui occupent chacun 2 volumes à 1000 degrés. Pour le bromliydrate d'amylène, la molécule G5 H,0,HBr se dédouble de même en 2 molécules qui occupent chacune 2 volumes. » En second lieu, je fais observer que ce travail de dissociation ne com- mence, pour le bromliydrate d'amylène, qu'à 75 degrés au-dessus du point d'ébullition, ce qui élablit une différence entre cette vapeur et celle de l'acide acétique. » De fait, la densité de vapeur du bromliydrate d amylène ne varie pas sensiblement à partir de 3o degrés jusqu'à ^5 degrés au-dessus du point d'ébullition, c'est-à-dire pour une étendue de 45 degrés de l'échelle thermo- métrique. Dans une nouvelle détermination que j'ai laite à i4o degrés, j'ai trouvé, pour cette densité, le nombre 5,3t (2). (1) Comptes rendus de l'dcadémie des Sciences, t. LX, p, 82z|. (2) J'avais trouvé antérieurement les nombres suivants: Températures. Densités de vapeur. Densité théorique, o l53,0 5,37 5,24 i58,8 5,i8 i6o,5 5,3a » .... » 1 85 , 5 5,12 . i54- ( "84 ) » Mais de 1 85 à 236 degrés, pour un intervalle de 5i degrés, cette den- sité s'abaisse de 5, 12 à 3,83 (1). » Le chlorhydrate d'amylène qui bout à 90 degrés présente une densité de vapeur constante (étant ramenée à zéro) et un coefficient de dilatation invariable pour une étendue de près de 100 degrés de l'échelle thermomé- trique. Densité de vapeur déterminée à 100 degrés à l'aide de la méthode de Gay-Lussac. 3,66. Densité de vapeur déterminée à 193 degrés à l'aide de la méthode de M. Dumas... 3,58. » Or, cette densité constante entre ces limites, relativement étendues, correspond à une condensation de la molécule gazeuse en 2 volumes. Si à 36o degrés cette densité (ramenée à zéro) diminue de moitié, ainsi que je l'ai montré, il faut attribuer ce fait à une véritable décomposition qui se manifeste, d'ailleurs, par un résidu de gaz chlorhydrique. En effet, l'affinité de ce gaz pour l'amylène étant moins énergique que celle du gaz bromhy- clrique, les corps dissociés par la chaleur ne se combinent plus entière- ment par le refroidissement. » L'iodhydrate d'amylène, qui bout à i3o degrés, présente une densité de vapeur notablement inférieure à la densité calculée (2). J'en ai conclu qu'il ne saurait prendre la forme gazeuse sans éprouver une dissociation partielle. J'admets que sa vapeur non décomposée présente une densité de 6,85 correspondant à une condensation de la molécule en 2 volumes. Cette supposition s'appuie, d'une part, sur l'analogie de l'iodhydrate d'amylène avec le chlorhydrate; d'autre part sur l'analogie entre l'iodhy- drate d'amylène et les iodhydrates de butylène et de propylène. » M. de Luynesa trouvé, en effet, que l'iodhydrate de butylène €4H8, MI, (1) J'ai fait de nombreuses déterminations de densités de vapeur du bromhydralé d'a- mylène à des températures plus voisines du point d'ébullition, en employant la méthode de Gay-Lussac. Ces expériences ont conduit à ce résultat général qu'une diminution de pres- sion agit, sur celte vapeur, comme une augmentation de la température, en lui faisant éprouver une dissociation partielle. Mais les résultats obtenus ne sont pas assez concordants pour qu'on puisse admettre que la densité décroît proportionnellement à la pression, à la même température. (a) Températures. Densités de vr ipeur. Densité calculée, 0 l43,o 6,o5 6,85 i53,5 5»97 » 168,0 5,88 » [ "85 ) qui bout à 1 1 8 degrés, présente à il\ i degrés une densité de vapeur de 6,5 1 7 qu'on peut considérer comme normale parce qu'elle répond à une con- densation de la molécule en 2 volumes. » J'ai préparé moi-même l'iodhydrate de propylène G' H6, III, en chauffant du gaz propylène pur avec de l'acide iodhydrique. Ce corps bout à 91 degrés et sa densité de vapeur déterminée à ii5età 116 degrés, à l'aide de la méthode de Gay-Lussac, a été trouvée égale à 5,97 et à 5,88. Déterminée à 25 1 degrés, à l'aide de la méthode de M. Dumas, elle a été trouvée de 5,91. La densité de vapeur de l'iodhydrate de propylène, ra- menée par le calcul à zéro, est donc invariable pour une étendue de l'é- chelle thermométrique de 1 36 degrés. Elle doit être considérée comme normale, car elle répond à une condensation de la molécule gazeuse en 2 volumes. Le chiffre théorique est de 5,88. » Que conclure de tous ces faits, si ce n'est, en premier lieu, que les corps qui appartiennent à ce groupe et qu'on peut comparer, à bon droit, aux combinaisons de l'ammoniaque avec les hydracides, rentrent, en ce qui concerne leur densité de vapeur, dans la loi commune; en second lieu, que si quelques-uns d'entre eux offrent, dans leurs densités de vapeur, des variations anomales, celles-ci dépendent d'une dissociation plus ou moins complète du composé en des éléments qui, séparés, occupent un volume double de celui de la combinaison, et qui se combinent de nou- veau pendant le refroidissement. » Ils se combinent de nouveau pendant le refroidissement : on peut le prouver par une expérience très-simple. Qu'on mélange sur la cuve à mercure, le mêlai étant chauffé à l\o degrés, volumes égaux de gaz brom- hydrique ou iodhydrique et d'amylène : les gaz vont se combiner immé- diatement, avec un dégagement sensible de chaleur, et il se formera du bromhydrate ou de l'iodhydrate d'amylène. La condensation n'est jamais complète à cause de la difficulté d'obtenir les gaz purs. Elle est beaucoup plus lente avec le gaz chlorhydrique et l'amylène. » La facilité avec laquelle le gaz bromhvdrique se combine avec l'amy- lène m'a suggéré l'idée d'une autre série d'expériences qui me paraissent appuyer l'opinion que je soutiens, par un arguaient décisif. S'il est bien vrai, en effet, que le bromhydrate d'amylène se dissocie à partir de 1 85 de- grés environ, il est clair que les gaz bromhydrique et amylène se rencon- trant au-dessus de cette température ne pourront plus se combiner que partiellement, tandis que la combinaison pourra s'effectuer en totalité à une température comprise entre le point d'ébullition et 1 85 degrés, à 120 ou ( u86 ) i3o degrés par exemple. Et comme une production de chaleur est l'effet et le témoin d'une combinaison chimique, l'élévation plus ou moins grande de la température de la masse des gaz, au moment de leur combinaison, peut donner, jusqu'à un certain point, la mesure du phénomène, une combi- naison totale élevant davantage la température qu'une combinaison par- tielle. L'expérience a vérifié ces prévisions. » J'ai fait rencontrer du gaz bromhydrique et de la vapeur d'amylène, préalablement chauffés à une température donnée, dans un réservoir porté à la même température. L'appareil employé était analogue à celui dont M. H. Sainte-Claire Deville s'est servi dans son expérience ingénieuse sur les gaz chlorhydrique et ammoniac. L'élévation de température a été me- surée à l'aide d'un thermomètre à mercure, soigneusement gradué en demi- degrés, et dont le réservoir n'offrait pas une niasse trop considérable par rapport à celle des gaz qui devaient se combiner. On a fait deux séries d'expériences : la première en opérant à la température de 120 à i3o de- grés; la seconde, en opérant à une température de 2i5 à 11B degrés. Dans le premier cas, les gaz se rencontraient à 10 ou 20 degrés au-dessus du point d'ébullition du bromhydrate d'amylène. Dans ces conditions, où la vapeur de ce corps présente la constitution normale, l'élévation de tempé- rature, produite par la combinaison, a varié de i°, 5 à 6 degrés : ordinai- rement elle a été de 4 à 5 degrés. » Dans le second cas, les gaz se sont rencontrés à 100 ou 1 10 degrés au- dessus du point d'ébullition du bromhydrate d'amylène. Dans ces condi- tions, où la vapeur de ce corps est déjà notablement dissociée, l'élévation de température produite par la combinaison partielle a varié de o à i°, 5; ordinairement elle a été de o°,5. » Je ne puis décrire ici mes expériences; je n'en donne que les résultats sommaires, me bornant à faire remarquer que les variations de température observées dans une même série d'expériences sont dues à diverses causes, telles que la rapidité du dégagement des gaz, les proportions du mélange qu'il est bien difficile de régler, la position du réservoir du thermo- mètre (1). » Sans entrer, pour le moment, dans d'autres développements, je con- clus que cette élévation de température, plus faible à 220 qu'à i3o degrés, témoigne d'une combinaison moins complète des gaz à la première tempé- rature qu'à la seconde. » (1) 11 est bon d'entourer ce réservoir d'une légère couche de noir de fumée pour aug- menter le pouvoir absorbant. ( n87 ) GÉOLOGIE. — Sur la récente éruption de Sanlorln. Deuxième Lettre de M. Fouqué à M. Ch. Sainte-Claire Deville. « Santorin, 17 mai 1866. » Avant de quitter la Grèce après un séjour de trois mois, je vais essayer de vous décrire l'état dans lequel je laisse le volcan de Santorin. » La fissure sur laquelle il est établi ne s'est plus étendue en longueur depuis la fin du mois de mars. Les deux monticules de nouvelle formation, que l'on a nommés Georges et Réka, en occupent toujours les deux extré- mités. Gest entre ces deux points que se manifeste à peu près exclusivement toute l'action volcanique, laquelle semble même se concentrer de plus en plus vers le milieu de l'espace qu'elle occupe. L'éruption paraît donc par- faitement limitée, et même ses limites extrêmes acquises depuis la fin du mois de mars tendent à se resserrer. Cependant, elle présente encore une grande intensité, et, contre mon attente, elle a très-peu décru depuis quel- que temps. Peut-être même pourrait-on la regarder comme douée d'une plus grande énergie que précédemment, si on ne tenait compte que de la fréquence et de la force des détonations. En effet, le 23 avril, il y a eu dans ces phénomènes un redoublement marqué qui dure encore aujourd'hui. Cette recrudescence a été assez prononcée pour jeter de nouveau l'alarme parmi les habitants de Santorin. Je pense que l'éruption se prolongera ainsi pendant plusieurs mois. » Tel est actuellement l'état du volcan. » Entrons maintenant dans quelques détails. Je vous parlerai successive- ment des deux centres d'action principaux, le premier formé par Georges, le second par Aphroéssa et Réka réunis, et enfin j'aurai des détails intéres- sants à ajouter sur la portion ancienne de Néa-Kamméni qui se trouve com- prise dans leur intervalle et qui a subi des changements remarquables. » i° Le monticule Georges, formé par la lave nouvelle, a changé de forme et même un peu de position. Son sommet s'est déplacé, et sa partie la plus élevée se trouve un peu plus au sud-ouest que précédemment, c'est- à-dire plus près du bord de la mer d'environ 5o mètres. Il a aujourd'hui une forme bien plus régulière qu'autrefois; c'est un cône tronqué, haut de Go mètres environ, et dont la base supérieure n'a pas moins de ioo mètres de diamètre. Il est formé de blocs de lave irrégnliers, dont quelques-uns ont un volume énorme, et dont la plupart sont fortement altérés par la va- peur d'eau et les émanations acides. Le sommet du cône est creusé d'un ( n88 ) vaste cratère, mais ce cratère est loin d'être libre; il est rempli par une masse considérable de lave solidifiée, au moins à sa surface, et recouverte de fragments scoriacés. Il n'existe entre cette masse et la paroi intérieure du cratère qu'un étroit espace, large au plus de i à i mètres, comme une sorte de fossé, du fond duquel sortent presque constamment de puissants jets de vapeur, et de temps en temps, au moment des explosions, des fumées épaisses, composées de cendres et de vapeur d'eau, qui s'élèvent dans les airs à de grandes hauteurs, et auxquelles les gens du pays ont donné le nom de n.ovùo\)itièt (choux-fleurs) à cause de leur forme. La nuit, ce volumineux champignon de lave est entièrement incandescent. » Au pied du cône formé par Georges existent des coulées de lave, tontes dirigées vers le sud. La présence de l'ancien cône de Néa-Kamméni au nord fait que la lave se dirige exclusivement du côté opposé. Les coulées les plus récemment formées s'avancent d'environ 3oo mètres dans la mer, vers le sud. Tout alentour, l'eau de la mer est à une température qui varie, près du bord, de 5o à 80 degrés. Elle s'abaisse à /Jo degrés environ à une distance de 3o mètres, et se maintient, assez élevée à une distance de plu- sieurs centaines de mètres dans la direction des courants. L'eau ainsi échauffée tient en dissolution une quantité très-minime d'acide sullhydrique; elle contient aussi du sulfate de fer, qui lui donne une coloration verdàtre ou rougeâtre, suivant que la suroxydation de ce sel est plus ou moins avan- cée. En quelques points, on voit flotter un dépôt rouge limoneux provenant de sa décomposition, et en même temps l'eau de la mer offre une réac- tion acide très-marquée au papier à réactif. » Les flammes ont disparu , tant du sommet de Georges que de sa base. » 20 Réka est entièrement refroidi, et au delà, du côté de Palrea-Kamméni, il n'y a plus aucune trace d'action volcanique. Des sondages, que j'ai effec- tués de ce côté entre Néa-Kamméni et Palrea-lvamméni, montrent que le soulèvement du fond de la mer s'est arrêté. » Aphroëssa, réuni à Réka, présente encore un sommet distinct, d'où sortent toujours d'épaisses fumées roussàtrcs, niais les détonations y sont devenues très-rares; c'est tout au plus s'il s'en produit encore une ou deux par jour, et encore ne présentent-elles qu'une médiocre intensité. La tem- pérature semble même y avoir beaucoup baissé, et les flammes ne s'y mon- trent plus. En revanche, la quantité de lave produite depuis six semaines par Aphroëssa paraît être des plus considérables. Des coulées très-dis- tinctes, quoique placées les unes derrière les autres, se sont dirigées les unes ( 11%) vers le sud, les autres vers le nord. Celles-ci ont non-seulement atteint l'entrée du petit port Saint -Georges, mais elles la dépassent d'environ 200 mètres vers le nord. Heureusement, elles se sont un peu déviées vers l'ouest, si bien qu'au lieu d'obstruer l'entrée de ce petit port, si utile aux navires du commerce deSantorin, ellesforment au devant une sorte de jetée à environ 100 mètres de la côte, et par suite, le port Saint-Georges n'a fait, jusqu'à présent, que gagner à la production de l'éruption actuelle. Les cou- lées de lave d'Aphroëssa ont, en tout, à peu près 1 kilomètre de longueur, mais quand on songe qu'elles coulent dans la mer en des points où la pro- fondeur est de 100 à i5o mètres, et quelquefois même davantage, et qu'elles atteignent une hauteur de 20 à 3o mètres au-dessus du niveau de l'eau, on voit qu'en somme la quantité de lave produite depuis un mois est très-grande. » J'ai fait quelques sondages pour voir la façon dont ces coulées se termi- naient à leur extrémité, et j'ai reconnu qu'elles y offraient une pente exces- sivement rapide. Jusqu'à une distance de 20 mètres, la pente est d'environ 45 degrés; mais, au delà, la profondeur indiquée parla sonde augmente avec une telle rapidité, que la terminaison des coulées dans la mer peut être re- gardée comme offrant une surface presque verticale. De plus, la lave se pré- sente au fond de l'eau sous forme de blocs juxtaposés et couverts d'aspérités, et non sous forme de nappes compactes, car la sonde s'embarrasse souvent au milieu des blocs et ne peut être retirée. » Autour d'Aphroëssa, la mer présente la même élévation de température ■ et la même coloration qu'autour de Georges. Dans le petit port Saint- Georges, où la température de l'eau approche de 80 degrés, la quantité d'acide sulfhydrique en dissolution est telle, que le soufre provenant de sa décomposition au contact de l'air donne à l'eau de la mer une appa- rence laiteuse très-marquée. » 3° Quant à la partie ancienne de Néa-Ramméni, comprise entre Georges et Aphroëssa, je vous rappellerai d'abord l'aspect qu'elle présentait à la fin du mois de mars. Vous avez pu voir dans la Lettre que j'ai eu l'honneur de vous écrire à cette époque, qu'il existait quatre crevasses principales du sol, dirigées de Georges vers Aphroëssa, et de plus une ligne de fumerolles sulfureuses douées d'une très-haute température. Cette température élevée et toujours croissante, jointe à des bruits particuliers dont j'ai décrit le carac- tère dans ma Lettre, m'avait fait présumer qu'il allait se passer en ce point quelque phénomène nouveau. Effectivement, dans la journée du 27 avril, C. R., 186C, 1er Semestre. (T. LX.ll, N° 22.) '55 ( i »o° ) il y a eu une explosion dans la partie la plus chaude de ces fumerolles; le sol a été brusquement projeté de tous côtés, et aujourd'hui il existe en ce point un cratère d'explosion ayant environ 20 mètres de diamètre et autant de profondeur. Jusqu'à présent il n'en est pas sorti de lave. Les pa- rois en sont couvertes d'un brillant dépôt de sels de fer en partie décomposés, et il s'en dégage encore de la vapeur d'eau et un peu d'acide suif hydrique. Les premiers jours il y avait un peu d'eau au fond de cette cavité, mais elle a promptement disparu. » Enfin, au lieu des quatre crevasses dont j'ai parlé précédemment et qui, à la fin du mois de mars, étaient en grande partie obstruées par les éboulements, il s'en est formé un grand nombre d'autres, ayant la même direction, taillées souvent à pic, très-étroites et profondes de 1 5 à 20 mètres. Des courants d'eau salée, dont la température est comprise entre 70 et y5 degrés, circulent dans ces étroits canaux et sont encore le siège de dégage- ments gazeux; mais, tandis qu'autrefois les gaz, beaucoup plus abondants qu'aujourd'hui, étaient combustibles, maintenant ils ne brûlent plus, même quand on les dépouille de l'acide carbonique qu'ils contiennent eu très- grande quantité. » Les déchirures de l'ancien sol de Néa-Kamméni sont tellement nom- breuses, qu'il est très-difficile de parcourir l'étendue de terrain comprise entre Georges et Aphroëssa, laquelle n'a pas aujourd'hui plus de 120 mè- tres de largeur. » En dehors des points que je viens de décrire, il existe encore quelques faibles manifestations volcaniques. » i° Le quai de Néa-Kamméni, du côté de Micra-Kamméni, s'est encore enfoncé de om,3o environ, et chaque jour il subit des mouvements alter- natifs d'affaissement et d'élévation ; mais ces mouvements ont peu d'im- portance. » 1° Les flaques d'eau salée situées à la pointe sud-est de Néa-Kamméni, près du quai, sont encore alimentées par des sources d'eau chaude à 73 degrés, qui déposent un sédiment ferrugineux abondant et dégagent un peu d'acide carbonique. » 3° Enfin, le sommet de l'ancien cône de Néa-Kamméni nous présente des changements notables. La fente diamétrale, qui s'étendait précédemment de son bord oriental jusqu'à son centre, le traverse maintenant de part en part, et celle qui contourne son bord méridional a plus que doublé de lar- geur. Des fumerolles aqueuses s'y montrent toujours. ( "9< ) » Tels sont les principaux phénomènes qui signalent aujourd'hui cette remarquable éruption , que la bienveillance de l'Académie m'a permis d'observer et d'étudier. » géologie. — M. Elie de Beaumont présente, au nom de l'auteur, /17. Ch. Des Moulins, le nouvel ouvrage publié par lui sous le titre d'Éludés sur les cailloux roulés de la Dordogne, et donne une idée du contenu de ce volume en lisant les passages suivants de la Lettre d'envoi : « ..... Un séjour de deux mois en Périgord, à l'entrée de l'hiver dernier, m'a permis d'ajouter à mon Bassin hydrographique du Couzeau (1864) une suite bien nécessaire, je veux dire une étude approfondie de la composition de nos dépôts de cailloux roulés. J'ai l'honneur de faire hommage de ce travail, dont l'impression vient d'être terminée, à l'Académie des Sciences. » Les gros cailloux, étant sujets à de fréquents déplacements, ne m'ont pas paru fournir d'éléments certains à ce que j'oserai appeler une sorte de statistique cailloutière; ces éléments réels sont offerts, au contraire, par les petits cailloux (de -i à 35 millimètres, par exemple) : ce sont ceux-là que j'ai étudiés avec tout le soin dont je suis capable, et leur détermination exacte ( que m'a fournie la complaisante amitié de M. le professeur Raulin, de notre Faculté) m'a fait apercevoir que lorsque le transport des cailloux est violent ou prolongé, toute substance qui n'est pas siliceuse ou protégée par son mélange avec la silice est impitoyablement détruite parla tritura- tion torrentielle. » Mon travail de cette année a porté sur 2934 cailloux étudiés au mar- teau, à la tenaille et à la loupe, et appartenant à trois dépôts d'âges diffé- rents, savoir : cailloux du premier lit de la Dordogne-, cailloux du deuxième lit ; cailloux de la molasse éocène. Le résultat, à ce point de vue, a été pour tous les trois absolument identique. Comment, après cela, pour- rais-je ne pas croire qu'il sera le même partout ailleurs, et, par conséquent, qu'on en viendra à refuser le titre de diluvium, qui implique un transport plus on moins prolongé, ou du moins très-violent, à tout dépôt qui con- tiendrait des roches calcaires, par exemple? Des alluvions, au contraire, peuvent être presque locales ou s'être déposées dans les conditions d'une tranquillité plus grande ou tout au moins plus faiblement troublée. » Je me suis permis d'exposer quelques observations sur des difficultés qui m'ont paru résulter de la séparation en deux dépôts distincts des lam- beaux caillouteux superficiels que vous avez figurés, Monsieur le Secrétaire i55.. ( "92 ) perpétuel, sur les plateaux et sommités de la vallée de la Dordogne dans la Carte géologique de France, et de la masse du dépôt sans roches volca- niques qui remplit le reste du premier lit de la Dordogne. D'après les expli- cations que vous avez données à l'Académie, dans sa séance du 26 dé- cembre 1864, ces lambeaux superficiels constituent un dépôt antérieur au vrai ililuvium, un ANTE-DILUVIUM (1), si l'on veut bien me permettre cette dénomination distinctivc. Quant aux difficultés que j'ai cru apercevoir et que je n'ai pas su résoudre, vous les résoudrez, Monsieur le Secrétaire per- pétuel* avec plus de facilité, je l'espère, à l'aide des détails plus précis dans lesquels je suis entré (p. 233-238). En attendant, j'ai cru pouvoir me per- mettre, pour assurer la concordance et la clarté des descriptions, de con- server dans cette suite du Couzeau l'emploi provisoire de la classification et de la nomenclature dont j'avais fait usage dans le premier Mémoire. » Je me suis empressé, dans ce nouveau travail, de rectifier une erreur dans laquelle m'avait fait tomber, pendant trente ans, l'aspect des ébou- lements de la molasse, où l'on voit à tout instant saillir des blocs de silex à Faujasia. Tout naturellement on s'imagine qu'ils appartiennent indiffé- remment à toute l'épaisseur du dépôt, et il a fallu une recherche spéciale et directe pour me faire apercevoir qu'il n'en existe pas, dans le vif de la molasse, au-dessous de 1 mètre ou 1 \ mètre de profondeur. Donc, ces silex sont venus d'ailleurs et n'y sont venus que vers la fin du dépôt molas- (1) J'espère que M. Des Moulins voudra bien ne pas s'étonner de me voir maintenir la réserve que j'ai faite antérieurement au sujet des différents dépôts diluviens de la vallée de la Dordogne. Aux environs de Toul, d'après les intéressantes observations de M. Husson, le diluvium alpin se distingue du diluvium Scandinave en ce qu'il est composé de galets des différentes roches des Vosges (granités, porphyres, etc.), tandis que le diluvium Scandinave ne renferme que des galets quartzeux. Il me paraîtrait tout naturel qu'une distinction du même genre se pré- sentât entre les mêmes étages diluviens dans la vallée de la Dordugne où le diluvium alpin seul présenterait des galets de roches volcaniques. M. Des Moulins argumente, dans son nouvel ouvrage, de ce que ma manière de voir sup- poserait que M. Dufrénoy aurait confondu le diluvium Scandinave et le diluvium alpin. Il est bon de remarquer, à ce sujet, que c'est seulement dans mes Recherches sur rjuclrjucs-tincs des révolutions île la surface du globe, publiées en l83o, que j'ai établi la distinction que je con- tinue à maintenir entre le diluvium Scandinave et le diluvium alpin. Or, les explorations faites par M. Dufrénoy dans la vallée de la Dordogne sont antérieures à i83o. En 1 83 1 et i832, nous avons parcouru ensemble toute retendue des Pyrénées, et nous y avons distingué avec soin les deux étages diluviens, mais nous n'avons visité ni la vallée du Couzeau ni les parties adjacentes de la vallée de la Dordogne. E. D. B. ( "93 ) sique. Je ne sais si l'on m'aurait jamais reproché une erreur si peu facile à démêler, mais l'intérêt de la vérité exigeait que je m'accusasse moi-même de la faute que j'avais commise. » minéralogie. — Sur le diamant qui devient rose par l'action de la chaleur. Note de M. L. Gallaudo-Bastant. « J'ai appris que M. Fremy avait présenté à l'Académie un diamant, appartenant à M. Halphen, lequel, dans son état naturel, est jaunâtre, mais change de couleur, en prenant la couleur de rose, lorsqu'on élève sa température » Comme je me suis dévoué à l'étude de l'origine des pierres précieuses, je prends la liberté d'adresser à l'Académie l'explication que je crois pou- voir donner de ce phénomène. » Le diamant jaunâtre est un composé de carbone et fluorure d'alumi- nium, et sa couleur jaunâtre se change en couleur de rose; ce même phé- nomène s'observe avec la topaze, qui est un composé d'alumine, de silice et d'acide fluorique, et dont la couleur jaunâtre se change en couleur de rose à une température élevée. I^e changement de la couleur jaunâtre en couleur de rose a pour origine l'absorption de l'acide carbonique; l'ana- lyse accuse en effet des traces de ce gaz. » (Renvoi à l'examen de M. Fremy.) MÉDECINE. — Sur la période de réaction du choléra. Note de M. Worms, présentée par M. Velpeau. « A l'autopsie des sujets morts du choléra, on observe un contraste frap- pant entre l'état de sécheresse générale des tissus de tout le corps et l'état d'infiltration aqueuse des tuniques et des follicules de l'intestin, qui a acquis, en conséquence, une épaisseur et une densité insolites; cette remarque conduit à considérer le phénomène capital et générateur de l'ac- cès de choléra comme étant l'exsudation, par les capillaires intestinaux, d'un liquide spécifique constitué par l'eau du sang, qui entraîne avec elle les sels sodiques et qui tient en suspension les débris des épithéliums des diverses régions du canal digestif. Le départ de ce liquide opère sur le cruor une spoliation qui, après dix-huit heures de durée, s'élève jusqu'à plus du tiers (2 kilogrammes) de son eau et de la moitié de sa contenance en sels de sodium. Ce fait explique non-seulement la perte d'élasticité de la peau et ( "94 ) des cordes vocales, niais encore le collapsus général et l'arrêt de toutes les sécrétions, et il a pour conséquence une stagnation du sang, soit partielle (cyanose des extrémités et de la face), soit généralisée (cyanose cendrée de la totalité de l'enveloppe cutanée), suivie de la suspension de la vie orga- nique, pendant laquelle tout le sang de l'économie prend le caractère veineux. » Cette exsudation est, en réalité, une hémorrhagie, et son produit est évacué par les selles, tandis que la matière des vomissements est principa- lement fournie par l'eau des boissons; circonstance qui doit, au point de vue du pronostic, faire attacher une très-grande importance à la prompte cessation des évacuations alvines dans l'accès cholérique. Au moment où la réaction se rétablit, on voit se renverser le courant de diffusion qui, de tous les points de l'organisme, entraînait l'eau vers le tube digestif, et c'est de la surface et du tissu de l'intestin que le sang rappelle alors l'eau, qui, reprise en raison de contiguïté en premier lieu par le système de la veine forte, est appliquée de prime abord à la sécrétion biliaire, dont la réappa- rition constitue un des premiers et des plus favorables signes dans le choléra. » Le poison cholérique, de sa nature inconnu, a pour effet visible la pa- ralysie respiratoire des globules, accompagnée d'une désagrégation des éléments du cruor. Son action primitive sur le sang est décisivement dé- montrée par les autopsies de fœtus frappés de choléra dans l'utérus, qui montrent, en dehors des autres signes, le tube digestif rempli delà matière spécifique de l'exsudation. s On s'explique les altérations importantes quoique secondaires des fonctions et du tissu du système de la digestion par le processus d'infiltra- tion graduelle de l'intestin (par l'eau du sang), et, dans le plus ou moins de rapidité avec laquelle cette infiltration s'accomplit, on peut trouver la mesure de la durée des phénomènes appelés prodromiques. » La réaction présente deux phases très-distinctes, qui ont été à tort confondues sous la dénomination de réaction typhoïde. » Le premier stade, caractérisé par l'invasion de la somnolence, est uni- quement le résultat d'une compression exercée sur le cerveau par la séro- sité surabondante, compression qui, en paralysant le jeu de la circulation et l'influence du centre cérébral, a pour effet l'arrêt de la réaction. » Le second stade est une pyrexie de forme typhoïde, ayant pour cause et pour effet l'élimination des détritus de la nutrition qui se sont accumulés dans l'économie, pendant la suspension de la vie organique. » Le premier stade a pour indication la nécessité de déterminer la ré- ( i>Ç)5) sorption du liquide, agent de la compression, et on y satisfait en couvrant la partie antérieure de la tête de fomentations résolutives. C'est à l'influence de cet épithème que j'attribue la guérison de 5i malades sur 65, dont l'état en nécessitait l'application. » Enfin je résume dans les termes suivants les résultats de l'étude que j'ai faite dans les diverses épidémies, depuis celle de Pologne en i83r : « Dans le choléra grave confirmé, le salut du malade dépend surtout de » la jeunesse et de la force de la constitution du sujet. La part de l'inter- » vention médicale est au moins très-difficilement appréciable. » Dans la réaction consécutive aux accès graves, le rôle du médecin a » déjà plus d'importance; mais là encore la vigueur de l'âge et de la consti- » tution exercent néanmoins une influence décisive sur l'issue de l'épreuve, » qui présente toujours un grand danger. » Il en est du choléra comme de tous les autres empoisonnements, c'est » au début de l'action du poison que les ressources de l'art ont toute leur » puissance. » En raison des conditions étiologiques, on est naturellement amené à » chercher le moyen de combattre l'intoxication cholérique dans les acides » minéraux, qui sont les plus puissants stimulants du sang et les réfréna- » teurs de la vénosité. » Et après l'avoir exclusivement employé dans trois épidémies succes- » sives, ma conviction est qu'on peut être certain, dans les conditions » ordinaires, de toujours empêcher, au moyen de l'acide sulfurique, la cho- » lérine ou choléra débutant de passer à l'état de choléra confirmé ou « grave. » MÉCANIQUE — Note sur les pertes apparentes de force vive dans le choc des pièces extensibles et flexibles, et sur un moyen de calculer élémentairement l'exten- sion ou la flexion dynamique de celles-ci ; par M. de Saint-Vexant. (Commission précédemment nommée.) « Rien ne se perd dans la nature, et les perles de force vive qui apparais- sent dans les changements brusques des vitesses viennent de ce qu'on ne tient pas compte de tous les effets, et, surtout, de ce qu'aux vitesses ulté- rieures effectives on substitue certaines de leurs composantes qui suivent des lois plus simples, en abstrayant les autres composantes. « Mais la considération de ces pertes apparentes peut servir à calculer ( rtg6 ) simplement certains effets auxquels les composantes complémentaires ne participent pas. C'est ainsi que Borda, en premier lieu, après avoir donné l'expression de celle qui vient du choc direct de deux solides, et l'avoir aus- sitôt appliquée au calcul de ce qui se passe dans un fluide lorsqu'une partie de son mouvement de translation ou d'écoulement se convertit en mouve- ment intestin (Bernoulli), a donné un théorème utile, bientôt généralise par Carnot en ce qui concerne les solides; théorème souvent employé poul- ies systèmes de ces derniers corps, bien que MM. Poncelet, Cauchy, Corio- lis, Duhamel aient montré que son usage pouvait être avantageusement remplacé par celui de l'équation du principe des vitesses virtuelles appli- quée aux inerties en jeu, et intégrée pour la petite durée du choc. » Mais jusqu'à mes communications de 1 854— • 857 sur l'impulsion des barres élastiques et aux quatre compléments de 1 865- 1866, on ne s'était pas servi de la même méthode pour ce qui est relatif aux pièces dont le choc change sensiblement la forme. Complétons, s'il est possible, ce qu'il y a à dire à ce sujet. » Si une pièce heurtée est ou libre ou simplement pivotaule autour d'un point ou d'un axe, son mouvement moyen après le choc sera déterminé par l'emploi ordinaire des principes rappelés. » Mais si elle est attachée, encastrée ou appuyée, le choc l'étend ou la fléchit, et il faut recourir à une manière un peu différente de mettre en œuvre les mêmes principes. » Supposons connue d'avance la forme générale que le choc lui fera prendre dès son commencement, en sorte que les vitesses de tous ses points puissent être déduites, à chaque instant, de la grandeur inconnue de la vi- tesse du point heurté; forme qu'on supposera par exemple être celle que produiraient des actions statiques. Qu'on pose, pour un quelconque des instants dl du temps très-court du choc, l'équation d'équilibre entre les forces diverses qui sollicitent un élément dm de la masse du système et l'inertie de cet élément, ces forces et cette inertie étant projetées sur une ligne dont la direction peut changer arbitrairement d'un élément à l'autre; et qu'après avoir multiplié cette équation par la longueur, aussi arbitraire, d'une portion infiniment petite de cette ligne, représentant ainsi un dépla- cement virtuel, on ajoute les équations semblables pour tous les éléments; on aura ainsi, d'une manière très-générale et incontestable, entre les iner- ties et les forces, l'équation du principe des travaux virtuels, où les dépla- cements devront être pris tels que les écartements moléculaires, à l'inté- ( !'97 ) rieur de chacun des deux corps, restent entre les limites de conservation de leur contexture élastique. » Maintenant, puisque ces déplacements sont du reste arbitraires, sup- posons que ce soient précisément ceux qui sont pris pendant le dernier instant dt de l'action sensible des deux corps l'un sur l'autre, instant où leurs points voisins ont les mêmes vitesses dans un sens normal aux faces de contact. Les travaux des actions élastiques développées à l'intérieur tant du corps heurté que du corps heurtant seront négligeables, comme ceux des forces extérieures telles que la pesanteur, devant les travaux des actions mutuelles entre les deux corps, actions dont la grande intensité est sup- posée produire un effet fini pendant un temps inappréciable. Et le travail total de ces dernières actions sera nul lui-même puisqu'elles sont égales et opposées deux à deux et que les déplacements virtuels choisis, projetés sur leur résultante, sont égaux et de même sens. » En intégrant, pour le temps très-court du choc, tous les termes de l'équation, qui ne contient plus que les inerties, celles-ci multipliées par dt se changeront en quantités de mouvement gagnées et perdues, comme dans les problèmes où il n'y a ni extension ni flexion; et l'on tirera, pour la vitesse commune u à l'endroit du choc, cette formule très-générale, appli- cable au cas où la masse heurtante m se déformerait ou pivoterait comme la masse heurtée m', et où l'une et l'autre auraient été animées primitivement de vitesses v, v' à l'endroit du choc , x vfiydm -f- <-' fr,"dm' ( I ) II := — v ' fi? dm +fn"dm' expression où les intégrales s'étendent aux masses entières, et où y, vj' sont les rapports entre les vitesses de leurs éléments dm, dm' et la vitesse au point du choc, rapports fournis par les modes de déformation supposés connus. Elle comprend, comme cas particulier, celle du choc de deux systèmes de rotation quand on abstrait les frottements. » On la déduit aussi de l'équation de perte de force vive . . I v1 frrdm + i''-/yj'- dm' — irfri" dm — u-J'r/2 dm' ^ j = (v- ufjrrdm 4- {v'-u)-frr-dm', qui peut être démontrée immédiatement à la manière de Lagrange (fin des Fondions analytiques), si l'on remarque avec lui qu'on ne change rien au C. R., 1S6G, i« Semestre. (T. LXII, N» 22.) 1 56 ( '198 ) travail d'action mutuelle des deux masses en communiquant préalable- ment à leurs divers éléments des vitesses égales et opposées à celles qu'ils auront à la fin du choc. » Une fois trouvée ainsi la vitesse u du point heurté, si l'on veut en dé- duire la suite du mouvement, par exemple la plus grande extension ou flexion, c'est-à-dire le plus grand déplacement du point du choc, on n'a, dans l'hypothèse de déformation comme sous une action statique variable, qu'à poser une équation entre le travail de réaction de la pièce jusqu'à anéantissement des vitesses, et la demi-force vive du système immédiate- ment après le choc. » J'ai de cette manière, dans des cas très-variés, tels que ceux de choc longitudinal d'une barre, soit prismatique, soit en pyramide tronquée, et de choc transversal de barres soutenues et heurtées en divers points, trouvé identiquement ce que fournissent les solutions exactes en série trigonomé- trique(') lorsqu'on se borne au premier teime, développé lui-même suivant les puissances du rapport de la masse heurtée à la niasse heurtante, en ne conservant que les deux premières puissances. Et l'approximation, très- grande encore quand ce rapport excède même l'unité, est confirmée par les expériences de la Commission anglaise de 1847- » D'où peut provenir cette remarquable concordance? D'où vient que la considération d'une perte qui n'a pas lieu, et d'une déformation statique qui n'est pas la déformation réelle produite par le choc, donne des résultats aussi approchés? » On l'explique en apercevant que la vibration principale et la plus apparente, fournie par le premier terme des séries de sinus, déforme à peu près les barres comme le ferait une pression statique exercée au lieu d'un choc; et que, d'après le théorème de séparation des forces vives dues aux vibrations de divers ordres, que j'ai communiqué les 10 avril 1 865 et i5 jan- vier i 866, la force vive totale, diminuée de celle qui serait due aux seules vitesses de vibration principale, est justement égale à la force vive due aux vitesses de vibrations secondaires. (*) Le cas intéressant et nouveau de barre en forme de tronc de pyramide ou de cône se résout rigoureusement, grâce à ce qu'on peut intégrer sous forme finie l'équation d'X 2 dX m" , ■j-r H r- h X = o. dx' x -f- x dx a1 ( TI99 ) » Si, au lieu d'attribuer fictivement à la barre la forme donnée par le premier terme de la série, on lui attribuait celle qui résulte de l'ensemble des deux, des trois, etc., premiers, la perte, que donne chaque membre de l'équation (2), ne serait plus que la force vive due aux vibrations d'ordre supérieur, d'une amplitude minime. Enfin, si on lui attribuait, dans le même calcul, la forme qu'elle a réellement dans le premier instant qui suit le choc, la perte de force vive serait absolument nulle. » Ces pertes sont, comme on voit, de pures fictions, tenant à ce qu'aux vitesses réelles et complètes on substitue leurs composantes les plus vi- sibles et les plus utiles à évaluer. Elles se retrouvent tout entières, même quand il n'y a pas eu de travaux de déformation permanente, dans les forces vives vibratoires dues aux autres composantes, par lesquelles les vi- tesses effectives seraient complétées. » M. Grossi fait hommage à l'Académie d'une « Relation historique des ob- servations sur l'éruption de l'Etna de 1 865 et sur les tremblements de terre qui ont été ressentis à la suite dans les Champs Phlégréens ». (Renvoi à l'examen de M. Ch. Sainte-Claire Deville.) M. Poggioli adresse une Lettre relative au Mémoire lu par lui dans la précédente séance. Cette Lettre sera renvoyée à la Commission nommée pour l'examen de ce Mémoire. A 5 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à G heures. É. D. B. i5G. ( 1200 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 28 mai 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Traité d\4 sti onomie à l' usage des gens du monde; par M. F. Petit, Cor- respondant de l'Académie des Sciences. Paris, 1866; 2 vol. in-8° avec figures. L'ozone, ou Recherches chimiques, météorologiques, physiologiques et médi- cales sur l'oxygène électrisé ; par M. Scoutetten. Paris et Metz, 1 856 ; 1 vol. in-12. 2 exemplaires. De l'électricité considérée comme cause principale de l'action des eaux miné- rales sur l'organisme; par M. Scoutetten. Paris, i864; 1 vol. in-8°. 2 exem- plaires. Electro-physiologie. Expériences constatant l'électricité du sang chez les ani- maux vivants; par M. SCOUTETTEN. Paris, 1 863 ; opuscule in-8°. 4 exem- plaires. De la méthode électroly tique dans ses a)>plications aux opérations chirurgi- cales; par M. Scoutetten. Paris, i865; br. in-8°. l\ exemplaires. Recherches nouvelles pour démontrer que l'état électrique des eaux minérales est la cause principale de leur activité ; par M. Scoutetten. Metz, 1 865 ; br. in-8°. 4 exemplaires. Expériences nouvelles pour constater l'électricité du sang; par M .Scoutetten. Paris, 1864 ; br. in-8°. 4 exemplaires. De ta méthode dite électrolytique. Réponse à M. le Dr Morpain ; par M. Scoutetten. Paris, 1 865 ; br. in-8°. 4 exemplaires. Expériences constatant l'électricité du sang chez les animaux vivants; par M. Scoutetten. Metz, 1 863 ; br. in-8". 4 exemplaires. Tous ces ouvrages de M. Scoutetten sont renvoyés au concours de Mé- decine et de Chirurgie [Application de l'électricité à la thérapeutique). Revue scientifique hebdomadaire de Montpellier pour 1 865 ; par MM. M- ( IQOI ) champ, Estor, PÉCHOLIER et Saintpierre. Paris et Montpellier, 1866; 1 vol. in-12. De la peste observée en Egypte; par M. Clot-Bey. Paris, 18/jo; 1 vol. in-8°. Calamités enfantées par la croyance en ta contagion ; par M. Cloï-Bey. Paris, sans date; br. grand in-8° avec une planche. Leçons sur la peste d'Egypte; par M. Clot-Bey. Marseille, 1862; br. in-8°. Effets que la peste produit sur les individus cpii en sont atteints ;par M. Clot- Bey. Marseille, sans date; br. in-8° avec figures. Traité iconographique des maladies chirurgicales ; par M. B. Anger, avec préface de M. Velpeau. Paris, 1 865 ; 1 vol. in-40 avec planches et figures. (Présenté par M. Velpeau. Benvoyé au concours de Médecine et de Chi- rurgie, 1866.) De la propagation du choléra et des. moyens de la restreindre; par M. J. Worms. Paris, 1 865 ; br. in-8°. (Benvoyé à la Commission Bréant, 1866.) Résumé des études sur la galvano-caustique chimique; par M. Ciniselli. [Présenté par M. Velpeau. Benvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie [application de l'électricité à la thérapeutique).] Recherches sur la pneumonie des vieillards; parM. G. BERGERON. Paris, 1 866; br. in-8°. (Benvoi au concours de Médecine et de Chirurgie, 1866.) La Photographie appliquée aux recherches micrographiques; par M. Moi- tessier. Paris, 1866; 1 vol. in-12. (Présenté par M. Balard.) Quelques considérations sur la co'onisation de l'Algérie; par M. BERN1S. Toulouse, 1866; br. in-8°. Description des animaux sans vertèbres découverts dans le bassin de Paris, pour servir de supplément à la description des coquilles fossiles des environs de Paris; par M. G. -P. Deshayes. Paris, 1 856 à 1866; 5o livraisons avec planches. (Benvoi au concours Cuvier, 1866.) Etude sur les cailloux roulés de la Dordogne ( 1 865) ; par M. Ch. Des Moulins. Bordeaux, 1866; br. in-8°. Observations météorologiques faites à Dijon en i865; parM. Alexis Perrey. Sans lieu ni date; br. in-8°. ( 1202 ) Élude anatomique des vulselles; par M. Léon VAILLANT, Opuscule in-8°. Recherches sur la Faune malacologique de la baie de Suez; par M. Léon Vaillant. Paris, i865; br. in-8° avec planche. Observations sur la constitution géologique de quelques terrains aux enviions de Paris; par M. Léon Vaillant. Paris, 1 865 ; br. in-8° avec planche. Sur un nouveau cas de reproduction par bourgeonnement chez les Annélides; parM. Léon Vaillant. Sans lieu ni date; br. in-8° avec planche. Recherches sur la famille des Tridacnides; par M. Léon Vaillant. Paris, i865; br. in-4° avec planche. Propagation du choléra dans la ville de Marseille après l'arrivée des pèlerins arabes en juin i865; par M. Grimaud, de Canx, mai 1 865. Opuscule in-4°. 2 exemplaires. (Extrait des Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences.) Alcune... Quelques modifications à la lampe de M. Lepaute; par M. G. Florio. Païenne, 1866; br. in-4° avec planches. (Renvoi au concours du prix de Mécanique, 1866.) Hygiène. De l'alimentation; par M. FrÉDAULT. Paris, 1866; br. grand in-8°. (Renvoi au concours de Médecine et de Chirurgie, 1 866.) Thérapeutique respiratoire. Traité théorique et pratique des salles de respira- tion; par M. Sales-Girons. Paris, 1 858 ; i vol.in-8°. (Renvoi au concours de Médecine et de Chirurgie.) De la mortalité des nourrissons en France ; par M. Brociiard. Paris et Bor- deaux, 1866; in-8°. (Renvoi au concours du prix de Statistique, 1 866.) Traité des eaux minérales de Fats; par M. Charannes. Aubenas, 1 865; i vol. in-i2. (Renvoi au concours Barbier, 1866.) Notes médicales du Dr Mou geot (de l'Aube). Paris, 1 865; br. in-8°. (Ren- voi au concours de Physiologie expérimentale, 1866.) Recherches pour servir à l'histoire du système nerveux des Céphalopodes dibran- chiaux ; parM. J. Chéron. Paris, 1866; br. in-4° avec planches. (Renvoi au concours de Physiologie expérimentale, 1866.) Relazione... Relation historique et observations sur l'éruption de l'Etna en 1 865 ; parM. M. Grassi. Catane, i865 ; in-8°. 2 exemplaires. ( f203 ) Atti... Actes de l'Académie royale des Sciences de Turin } novembre et dé- cembre 1 865. Turin, 1866; 2 brochures in-8°. Memorie... Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Turin, 2 e série, t. XXI. Turin, 1 865 ; 1 vol. in-40 avec planches. DieLehre... Histoire de la maladie vénérienne dans l'antiquité et au moyen âge; par M. H. FiUEDBERG. Berlin, 1 865 ; 1 vol. in-8°. (Renvoi au concours de Médecine et de Chirurgie, 1866.) Grundzùge... Bases de la théorie mécanique de la chaleur avec applications à la science des machines; par M. G. Zeuner. 2e édition. 2e partie. Leipzig, 1866; in-8°. Die. .. Développement du Bothriocéphale à trompe (B. Salmonis Kolliker's). Recherches pour servir à l'embryologie du Bothriocephalus latus; par M. Knoch. (Extrait des Mélanges biologiques tirés du Bulletin de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg.) ERRATUM. (Séance du 0.1 mai 1866.) Page 1 128, ligne 1 1, au lieu de M. Kolbe, à Bonn, lisez M. Kolbe, à Leipsick. SUR BANS LES MOIS DE LES VARIATIONS PERIODIQUES DE FÉVRIER, MAI. AOIT ET NOVEMBRE — LA TEMPERATURE . PAR M. OH. SAI Ml'. -CLAIRE •DKVILI.I 11 A g PARIS ■H 123 156 789 10 II 12 n il 1S 1G 17 18 n> 20 2\ il 23 24 25 20 27 2ft 20 .10 8] 1813-1853 Février 1839-1839 =- 6".ï „.-- -x \ .. / \ 6" 5<*.S 5° *»5 »° 3° fi 3° 2°5 2° l°.5 1° 0q5 ! 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PARIS il) ANS (U!l(!-18.r>(i ■ (hrn/fti-v rcmhf.' tie.i SdtUUXtf de. / .fan/rmw d&t ScÙHUW , Tomt' f.XH Pan» Iir. ç g" 5. f" 3 -z. o. ° o > os - i - -■ — ï te 2 c 3 t M' O Cï c s 7 3 2 F i S r ^ r - r S- s 13 Mois * UlLIlll'Illl ' IL- Mois MulidM Jnniuwidu rsr^-Miilli(a.rs(iar3 181* - J8G* IBOtt - 1866 I8S3 - ]floa „..,-„„ !B*: - lBta 1816 - 1B2" »..,... s ï "S -i m 0 !.. 3 œ * 3 «: O M O a 3 s 3 s 3 I 1 î 5 3 S 5 3 J S J J = = = n pnipéntfure S" 1 s ' S? = i - C ■S r S c s t \ / -■». ^. 1 '■ N 7 i • 1 \ 1" • " l7 / 1 < - < ^ \ / / • \ / N \ / " ; / \ 1 \ -, / \ -* s ( / i , J 7 \ I 5 / \ /j / \ / / ' -"T N / / 1 / / 1 5 i j , V o "N- \ ; ?■ ' \ / S Ê ] / / \ >- * / Y / ^ ^ 5 \ j \ \ \ f \ / / \ \ \ c" \ | \ ' \ / \ ^ ? 1 s S ■ / ( ^ 5 / \ / \ \ ■"•J ^\^ / / il I / 1 l l\ / V / \ \ - / / v ^ \ i i 1 s 'i : / ^ / S V s r | / \ ^ \ ^ >* g 8 F- v- / ' \ / ■- ; ; .Li_. v. s S ! Laghoual . Méditerranée " -Mai-seille . TVrpioiuni . ctr Février — Mai __ Aoùl Non mblt l « '• lu II lï 13 I» i- ia a :o a ïï a :i î; ^ r; un ; V XCv 3 Lyon, Bourg, le Pnv.etc Genève, S" Bernard. Paris, Versailles ,clc Londres. Hollande. ete ■ /< i -I. „,{,;„„■ ■/.:> COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, SEANCE DU LUNDI i JUIN 1866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIEK. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. MÉTÉOROLOGIE. — Mémoire sur la température de l'air sous bois, près et loin des bois; par MM. Becquerel et Ed.m. Becquerel. (Extrait.) « Rien n'est aussi variable que la température de l'air dans deux lieux voisins au même instant de la journée; car elle dépend, non-seulement des abris plus ou moins éloignés qui mettent obstacle au rayonnement calori- fique des corps placés au delà, mais encore des propriétés physiques du sol et de sa distance du lieu où sont placés les instruments thermométriques. » 11 est bien difficile de connaître toutes les causes qui interviennent pour modifier la température de l'air, tant elles échappent souvent à l'ob- servation ; il faut néanmoins compter parmi elles, indépendamment du sol et des abris, les bois qui agissent, tantôt comme causes frigorifiques, tantôt comme causes d'échauffement. » Commecauses frigorifiques, i° ils privent le sol du rayonnement solaire, quand il est formé de sable siliceux ou calcaire qui s'échauffe fortement sous l'influence de ce rayonnement et conserve longtemps la chaleur ac- quise; puis ils se refroidissent par l'effet du rayonnement nocturne et re- froidissent en même temps l'air ambiant; 2° ils produisent du froid par la transpiration cutanée des feuilles. C. R., 1866, Ier Semestre, (T. LXU, N° 25.) l5"] ( \io6 ) » Comme cause d'échauffement, ils échauffent l'air ambiant, en raison du grand pouvoir absorbant des feuilles. » Quand les arbres sont dépouillés de leurs feuilles, les branches agis- sent de même, quoique à un moindre degré, par leurs parties vertes. » Les effets produits par ces diverses causes sur la température de l'air sont continués par les observations nombreuses de MM. de Ilumboldf, Boussingault, Hall, Rivero, Roulin et autres savants, faites sous les tro- piques, depuis le niveau de la mer jusqu'à des hauteurs où l'on trouve les climats tempérés et polaires. Ces observations prouvent que l'abondance des forets et l'humidité tendent à abaisser la température, tandis que le déboisement et l'aridité produisent xm effet contraire; la différence s'élève quelquefois à i degrés pour la température moyenne de l'année. En est-il de même dans les parties occidentales de l'Europe qui ne se trouvent pas dans les mêmes conditions calorifiques que les pays où ces savants ont opéré? L'observation peut seule le dire. Mais pour résoudre cette question, il faut prendre encore en considération la nature des contrées voisines, selon qu'elle est en terre ou en eau; quand il existe de grandes nappes d'eau, qui possèdent une chaleur spécifique plus considérable que la terre, les variations de température dues à des causes quelconques sont alors moins sensibles : on voit par là combien est complexe l'influence des forêts sur la température de l'air. » Les prairies, ainsi que les bas végétaux qui possèdent les mêmes pou- voirs absorbant et émissif que les branches des arbres pourvus de feuilles, indiquent comment les bois peuvent agir sur les climats : nous prendrons pour thermomètres les jeunes pousses de vigne, qui, étant très-sensibles à la gelée, peuvent servir à indiquer au printemps un abaissement de tempéra- ture, allant jusqu'à zéro et même au-dessous, par l'effet du rayonnement nocturne. On a remarqué que les vignes situées dans le voisinage d'un bois, d'une haie, d'une prairie naturelle ou artificielle ou dans des fonds, sont gelées de préférence à celles qui en sont éloignées, par la raison que les lieux étant humides, -quand le ciel est clair et que la température de l'air n'est que de quelques degrés seulement au-dessus de zéro, la vapeur se précipite sur les plantes, qui en absorbent une partie, et ne tarde pas à for- mer de la gelée blanche par suite du rayonnement céleste, et à geler les jeunes pousses par la congélation île l'eau absorbée. Les bois éprouvent des effets semblables, surtout les jeunes pousses de chêne, qui sont très- sensibles à la gelée. On conçoit d'après cela quels sont les effets qui doivent en résulter sur la température de l'air. ( I2°7 ) » Nous avons résumé, dans le Mémoire, les observations déjà faites par l'un de nous sur le mouvement de la chaleur dans un arbre isolé, exposé au rayonnement solaire et au rayonnement nocturne, afin de se rendre compte des effets produits sur la température de l'air par une réunion d'arbres, un bois ou une forêt. » Les observations ont été faites sur un marronnier de 58 centimètres de diamètre, dans lequel on avait pratiqué une cavité de 25 centimètres de profondeur, destiné à recevoir les instruments thermométriques. La dis- cussion des observations a conduit aux conséquences suivantes : » i° Les températures moyennes de l'air et de l'arbre sont les mêmes, quelle que soit la grosseur de l'arbre. L'équilibre de température s'établit plus ou moins rapidement : dans les feuilles il a lieu promptement; dans les branches, plus tard, et dans le tronc en dernier lieu. » 2° Lorsque la température de l'air éprouve de grandes variations, il en résulte dans l'arbre des effets de température complexes; sont-elles de très-courte durée, à peine sont-elles sensibles dans le tronc à cause de sa mauvaise conductibilité. » 3° Les réactions chimiques qui ont lieu clans les tissus n'interviennent pas sensiblement sur la température de l'arbre. » 4° Le maximum de température dans l'air a lieu vers 2 heures en hiver et dans l'arbre vers 9 heures du soir; en été, les heures des maxima sont 3 heures pour l'air et minuit pour les arbres; la variation moyenne en hiver, c'est-à-dire la différence entre les maxima et les minima moyens, est quelquefois quatre fois moindre dans l'arbre que clans l'air. » 5° Le soleil parait être la source naturelle où les végétaux puisent presque en totalité la chaleur dont ils ont besoin pour leur existence. » On a déterminé la température de l'air à bipartie supérieure des arbres afin de connaître l'influence qu'ils exercent sur elle; les observations ont été faites au moyen du thermomètre électrique au sommet d'un marronnier de 21 mètres de hauteur, à iG mètres dans l'air et à i"\33, au nord et au midi, au-dessus du sol, à quelques centaines de mètres de distance. On a trouvé les résultats suivants : la température de l'air se maintient plus éle- vée, comme on devait le prévoir, au-dessus des arbres sous l'influence solaire, en raison du grand pouvoir absorbant des feuilles, qu'à une cer- taine distance; la différence va toujours en diminuant depuis 3 ou 5 heures dû soir jusque vers le lever du soleil, où elle est quelquefois en sens inverse quand le ciel a été très-clair pendant la nuit, par suite du 157.. ( J208 ) grand pouvoir émissif des feuilles. Les températures moyennes ont été, pendant les années 1 86 1 , 1862 et i8G3, les suivantes : » Au nord, io°,70,; à i6m,25 au dessus du sol, 1 i0,i8-j ; à 21 mètres au sommet de l'arbre, ii°, i56; la différence entre les températures de la deuxième station et de la première a été de o°,427, celle entre la troisième et la seconde, de o°,36c). » On voit, d'après cela, que les arbres, par suite de leurs pouvoirs absorbant et émissif, doivent influer sur la température de l'air. Nous cite- rons à l'appui de ce que nous venons de dire ce fait remarquable que, s'il tombe pendant un orage une ondée de courte durée, la température de l'air s'abaisse davantage plus loin d'un arbre qu'à sa périphérie, à cause de la chaleur que les feuilles absorbent sous le rayonnement solaire. m On a vu précédemment que l'influence des arbres sur la température de l'air commençait à diminuer depuis 3 à 5 heures du soir jusque vers le lever du soleil; nous ajouterons que les observations recueillies pendant 1861, 1862, i8G3 et 1864 montrent qu'à G heures du matin, aux quatre stations, dans toutes les saisons, les températures sont sensiblement les mêmes, mais différentes d'une saison à une autre. Voici les moyennes : au nord, 70, 72; au midi, 7°,8i;à i6m, 25 au-dessus du sol, 770, 72; à 21 mètres au sommet du marronnier, 7°,62-, la moyenne, à G heures du matin, est donc une heure critique et peut servira trouver la moyenne annuelle. » Telles sont les recherches que l'un de nous a faites, avant de nous livrer à des observations de température avec le concours de l'Académie, sous bois, près et loin des bois, dans cinq stations de l'arrondissement de Mon- targis, département du Loiret, situées dans un cercle d'une vingtaine de ki- lomètres de rayon, stalrons où ont été observées également les quantités de pluie tombée, sur lesquelles nous avons déjà présenté un Mémoire à l'Académie le iG avril dernier (1). » La discussion des observations recueillies du Ier août 1 865 au 1er mai 186G montre que la température varie comme il suit : o o Loin des bois, de 9>68 à 10,09 Près des bois, de 9, 18 à 9,35 Sous bois, de 9,28 à 9,4? » On voit par là que la température moyenne, loin des bois, a été un (l) Voir les Comptes rendus de l'Académie. ( Ï209 ) peu plus élevée d'environ | degré que celles sous bois et près des bois; ces deux dernières présentent peu de différence, comme cela semblait déjà résulter de ce fait bien constaté, que la température moyenne de l'air est la même que celle des arbres. » Quant à la variation de température, c'est-à-dire à la différence entre le maximum et le minimum, elle a été plus grande de i°,(38 bors du bois que sous bois, ce qui est d'accord avec les résultats précédemment rapportés. » Neuf mois d'observations ne suffisent pas, à la vérité, pour fixer les idées toucbant l'influence que les bois peuvent exercer sur la tempéra- ture moyenne d'un lieu, ainsi que sur les maxima et les minima; mais ces observations, en les rapprochant de celles mentionnées plus haut, indiquent quels peuvent être les effets du déboisement sur l'état calorifique d'une contrée. » Il serait à désirer que les observations fussent continuées encore pen- dant une année ou deux, pour confirmer les conséquences qui en résultent et dont nous venons d'entretenir l'Académie. » Mi'jTKOnOLOGlE. — Sur les variations périodiques de la température dans les mois de février, mai, août et novembre; par M. Ch. Sainte-Claire Deville. [Cinquième Note. (Suite.)] « Dans ma dernière communication j'ai fait voir, par la discussion d'un grand nombre d'années d'observations (5o ans de Londres, 60 ans de Paris, 1 10 ans de Berlin), qu'il y avait une certaine solidarité entre les mouvements périodiques de la température, dans les jours de même date des quatre mois de février, mai, août et novembre. J'ai montré, en outre, que cette solidarité, qui, considérée clans une longue série d'années, se dégage, seulement par le bénéfice des moyennes, d'un assez grand nombre de termes, dont quelques-uns sont même discordants et antagonistes, paraît, au contraire, se poser avec une grande netteté pour certaines années déterminées; et c'est ce que je crois avoir établi pour l'année 1864, parla discussion des observations faites dans trente-trois stations météorologiques de l'Afrique et de l'Europe occidentales. » Il pouvait être intéressant de savoir si ces périodes se retrouveraient dans les plus anciens documents météorologiques connus. C'est ce que m'a permis de constater la publication, faite par le Muséum de Physique et d'Histoire naturelle de Florence, des observations textuelles des élèves ( I2IO ) de Galilée et de l'Académie del Cimento (i). Ces observations se répartissent sur quinze années (i 655- 1670); mais onze seulement sont assez complètes pour que j'aie pu les discuter au point de vue où je me place ici. La PI. F donne la moyenne des quatre jours de même date des mois de février, mai, août et novembre, soit pour les onze années, soit séparément pour les cinq dernières (iGCS-iGyo). On retrouve dans toutes les deux le minimum des saints de nlace, qui tombe le 12 avec une netteté étonnante, et l'on saisit des rapports frappants entre les inflexions de la courbe «les cinq années ( 1 G65- 1670) et celles des périodes parisiennes (PL C) dans lesquelles le minimum tombe aussi le 1 2. » Dans toutes les deux, enfin, comme dans la courbe cpii réunit (PI. C) les 5o ans de Londres, les 60 ans de Paris et les 110 ans de Berlin, se dégage la symétrie des inflexions de chaque côté du minimum central, et cette sy- métrie serait entière, sans doute, si les documents eussent permis de com- pléter la période des 160 jours, en calculant la moyenne du 21 au 3i des januarides (janvier, avril, juillet, octobre) (2). » Cette discussion et celle que j'ai présentée dans la dernière séance ne me semblent donc laisser aucun doute sur ce fait que, depuis deux siècles, et dans la portion de l'Europe que nous habitons, les anomalies périodiques de la température, dont quelques-unes étaient proverbiales chez nos an- cêtres, se sont manifestées avec les caractères que je m'efforce de préciser. » Mais peut-on tirer une conclusion analogue pour les stations de l'hé- misphère austral? Ici, les documents (du moins ceux qui sont venus à ma connaissance) sont manifestement insuffisants. (1) Archivio nicteorolngico centrale llaliano nelV 1. e R. Museo di Fisica e Storia natu- relle. Prima publicazione (i858). (2) Les divisions des instruments employés par les Académiciens de Florence étant tout à fait arbitraires, j'ai calcule la moyenne des 28 jours communs aux quatre mois, et j'ai construit seulement, pour chaque jour, l'excès de la température sur cette température moyenne. La PL F contient, en outre, le tracé des températures moyennes des quatre jours de même date pour les 160 jours de l'année 1771, observées par le P. Cotte, a Montmorency. C'est malheureusement la seule année qu'il ait publiée de la série météorologique qu'il avait poursuivie avec tant de soin et avec une critique si excellente. Ce serait rendre à la météo- rologie rétrospective un service signalé que de retrouver le manuscrit de ses observations, comme aussi les documents nombreux qui affluaient de toutes parts entre les mains de cet bahile observateur, qui aurait fonde) la météorologie sur des bases certaines, si la Révolution n'était venue bouleverser et disperser son œuvre. ( I2II ) » En effet, comme je le faisais remarquer, cette solidarité des quatre périodes de i\o jours chacune, que je considère ici, peut se déduire de deux manières: ou de la discussion d'un grand nombre d'années (35 au moins) pour une même localité, et je ne connais point de station australe pour laquelle nous possédions une pareille série d'observations (i); ou de la discussion, pour une année déterminée, d'un certain nombre de stations assez voisines l'une de l'autre pour que leurs indications puissent se com- biner sans trop grand inconvénient. » En attendant que nous ayons pu recueillir tout ce qui sera publié sur l'année 1864, par exemple, pour les diverses stations météorologiques de l'hémisphère austral, j'ai construit (PI. G) les courbes des quatre jours conjugués de février, mai, août et novembre pour six localités placées dans cet hémisphère. Ees documents relatifs à quatre de ces localités (Sainte- Hélène, Nossi-Bé, Papeete et Hobarlown) sont ceux dont j'ai déjà fait mention (2). Les deux autres sont : Montevideo, pour lequel je dois à l'obli- geance de M. le Dr Martin de Moussy communication de onze années com- plètes (i843-i854) d'observations, et la Nouvelle-Calédonie. Dans cette der- nière île, j'ai combiné les résultats de deux observatoires de la marine (3) : l'un à Napoléon ville, sur la côte est; l'autre au Port-de-France, sur la côte ouest. Les nombres que représentent les six courbes sont les écarts au- dessus de la moyenne des 28 jours communs. Cet écart est multiplié par 2 pour la Nouvelle-Calédonie, et par 4 pour chacune des cinq autres sta- tions. » Bien qu'on ne puisse rien conclure de définitif sur ce petit nombre de matériaux, disséminés sur un si grand espace et sur des années assez di- verses, voici les remarques qu'il est permis de faire : » i° Les deux premières courbes (Sainte-Hélène et Nossi-Bé) présentent, dans leur ensemble, des allures très-analogues. (1) Le Cap de Bonne-Espérance serait, sans doute, la station australe pour laquelle on aurait le plus de chances de pouvoir établir cette discussion. (2) Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, t. XL, p. 701, 702 et 70!. (3) L'Association Scientifique a décerné, d.ms sa séance annuelle du 5 avril 1866, une médaille d'or à M. Proust pour ces observations, cpioique encore bien imparfaites. Puisse celle récompense, comme aussi celle qui a été accordée à M. Villette pour les observations du Sénégal, encourager MM. les médecins, chirurgiens et pharmaciens de la marine charges du service des hôpitaux coloniaux, et leur faire comprendre quels services ils pourraient rendre à la science en donnant eux-mêmes l'exemple des observations météorologiques, pour les- quelles ils ont reçu de bons instruments et des instructions pratiques. ( 1212 ) » 2° 11 en est de même des deux courbes Hobartown et Nouvelle-Ca- lédonie. » 3° La première de ces courbes, qui correspond à huit années comprises entre i8/t3 et 1 853, présente des inflexions sensiblement inverses de celles qu'affecte cette période à Paris (voir PL C). » 4° La dernière courbe, dans laquelle j'ai réuni Nossi-Bé, Papeete, Montevideo, présente trois maxima séparés par deux minima; mais ces in- flexions, surtout celle du centre, sont presque l'opposé de celles qui do- minent en Europe. » Le phénomène, dans l'hémisphère austral, aurait-il des phases oppo- sées à celles qu'il subit, dans le même temps, dans notre hémisphère? » Avant de terminer cette cinquième Note, je voudrais répondre à une question qui pourrait m'ètre adressée naturellement. On pourrait, en elfet, me demander pourquoi, au lieu de combiner ensemble les quatre jours de même date, je n'ai pas choisi les quatre jours qui correspondent à quatre positions angulaires du Soleil exactement distantes de 90 degrés sur l'éclip- lique. » Partant, par exemple, du 10 août, il faudrait alors rapprocher de cette échéance celles du 10 novembre, du 7 février et du 8 mai; puis, combiner quatre à quatre les jours qui seraient placés à égale distance de chaque côté du point de départ : les 1 1 août, 1 1 novembre, 8 février, 9 mai, etc., et de même, en remontant, les 9 août, 9 novembre, 6 février et 8 mai, jusqu'aux i!\ juillet, 24 octobre, 22 avril et 21 janvier. » J'ai construit, en suivant ce mode de coordination, les cinq courbes re- présentées dans la PL B, c'est-à-dire, séparément, les mois de janvier-février, avril-mai, juillet-août, octobre-novembre des l\o ans de Paris ( i8iG-i85rj), et la moyenne des quatre périodes. » h' examen de ces figures montre que les quatre premières courbes, qui sont identiques dans leur tracé avec celles de la PL B, lorsqu'elles sont coordonnées de cette nouvelle façon, présentent avec bien moins de con- cordance leurs parties analogues et parallèles. Et, quant à la courbe qui représente leur moyenne, non-seulement on a peine à y retrouver quelques allures communes aux quatre courbes isolées, mais la partie la plus acci- dentée dans chacune de ces courbes, qui correspond à l'espace compris entre le Ier et le 1 1 pour août et novembre, et qui remonte, par conséquent, de deux jours pour avril-mai, de trois jours pour janvier-février, y est re- présentée presque par une ligne droite, qui dissimule ainsi à peu près entièrement les vives inflexions des courbes isolées. ( !2l3 ) » Cet essai semble donc prouver que le mode de coordination qui rend le plus frappante la solidarité des perturbations périodiques des quatre mois est celui que j'ai adopté, c'est-à-dire celui qui rapproche les jours, non d'après les positions équidistantes du Soleil en longitude, mais plutôt d'après l'égalité des temps écoulés. » Quelques exemples que j'aurai plus tard l'occasion de citer confirme- ront cette conclusion, en montrant que les dates que nous venons de signaler dans nos quatre mois critiques sont souvent aussi des dates remarquables dans les autres mois de l'année. » N'oublions pas, d'ailleurs, qu'en insistant sur les coïncidences si singu- lières qu'amène le rapprochement des quatre dates semblables, je ne pré- tends nullement qu'il y ait, même dans les années les plus favorisées, un parallélisme absolu dans les quatre fragments analogues des quatre pé- riodes : j'ai voulu seulement montrer par là que ces phénomènes de pério- dicité sont liés à des causes très-générales. C'est, en quelque sorte, un simple procédé de démonstration. Mais, si l'on veut analyser et bien connaître le phénomène en lui-même, il faudra toujours, comme je l'ai dit p. 1 1 5 1 , construire, pour chaque année, la moyenne de chaque jour individuel- lement, sauf à réunir ensemble pour le même jour la moyenne de plusieurs localités voisines et suffisamment comparables. » ALGÈBRE. — Sur l'équation du cinquième degré; par M. Hermite. (Suite et fin.) « XXV. En désignant par A, B, C les invariants fondamentaux et posant D = A2 + 128B, D,= 25 AB + rfiC, N =l>l- [oABD, + <)B2D, j'ai donné, au § X, pour les conditions de réalité des cinq racines, ces trois critéria : D > o, ])D, < o, N < o, qui sont du huitième, du vingtième et du vingt-quatrième ordre, et on a vu que les conditions B > o, D, < o ne pouvant jamais avoir heu simul- tanément, le second critérium donne à la fois B < o, D, > o. Or il est bien remarquable que le théorème de Sturm, appliqué à l'équation en )., reproduise exactement les mêmes résultats, et c'est ce que je vais établir avant de donner le procédé qui conduira à îles critéria d'un ordre moins C. R., 1866, i« Semestre. (T. LXII, N« 23.) I 58 ( 1214 ) élevé. Voici d'abord, en posant avec M. Sylvester 9 A = A3- aH(AB + C), cette équation en X, qui a été calculée par le P. Joubert : (è)s-5A(è), + IoD(^)3-I0^AD-2A)(^ + 5D(5D- 4A2)^ - D(io8A- 9 AD- iooA3) = o. Cela posé, on trouve, par le calcul direct du premier terme des fonctions intermédiaires et en supprimant un facteur numérique, V2 = BX3 H- . . . , Y3 = - NX2 + Mais pour la quatrième fonction, les expressions des différences des quan- tités X, données § XX, montrent qu'elle contient en facteur le carré de l'invariant du dix-huitième ordre, et l'on trouve ainsi, pour le coefficient de son premier terme, l'expression 4 Ks2v(/»gAFvG,Hv)s = a5R2p<. o Quant à Vs, on obtient K4D, d'où il résulte qu'en supprimant les facteurs K2 et K4 on retombe bien sur les critéria déduits de la forme quadratique D,*2-6BD/i'-n(Dl-ioAB)i>2+D[-Bu2 + 2D,jm'+(9BD-ioADf)Tr2]. » Je remarque encore que l'équation en X, donne un système simple des covariants doubles en oc et x' définis au § XI, et servant à déterminer par leurs signes le nombre des racines réelles de l'équation proposée f{oc, i)=o qui sont comprises entre les limites données. En effet, on peut prendre, en désignant toujours ces racines par x0 , .rt, etc., et posant V=f(x, 1), X — x§ \ 3 — V Z. 7— . . . — . t, ^A0, A,, A2J. (a- — xt) (x — ,r, j (.r — ,r2 ) Quant à o, ,l> -f- 3y/A < o, 03 < o, et il est visible que le cas des quatre racines imaginaires sera caractérisé par un changement de signe des deux derniers critéria, en conservant la condition A > o. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — De la locomotion sur routes ordinaires à l'aide de la vapeur; jiar M. Séguier. « L'honneur de la priorité de la pensée de faire progresser sur route or- dinaire un véhicule au moyen de la puissance de la vapeur appartient à la i58.. ( iâi6 ) France. Cugnot est bien le premier qui, en 1770, a effectivement fait mar- cher à Paris une voiture sur le sol de l'arsenal dans lequel il construisit son fardierà transporter les canons. Depuis lui, que de tentatives, soit en France, soit en Angleterre! Notre projet n'est pas, aujourd'hui, de nous livrer à une étude rétrospective sur cet emploi de la vapeur : ce sont les principes suivis par les divers constructeurs que nous vouions discuter, afin de reconnaître si la manière d'appliquer sa puissance au véhicule a réellement fait autant de progrès que le mécanisme qui l'engendre. » Examinons donc comment Cugnot avait disposé son fardier au point de vue de la progression, et rapprochons ce qui a été fait au début avec ce qui a été pratiqué depuis, avec ce qui est exécuté aujourd'hui. » L'appareil à transporter les canons était un tricycle, c'est-à-dire une voiture à trois roues, une roue unique formait l'avant-train, deux fortes roues indépendantes moulées à l'ordinaire sur un essieu composaient l'ar- rière train. C'est à la roue de devant que Cugnot judicieusement appliqua la puissance motrice; bornons-nous à dire que le moteur auquel il donna la préférence se composait de deux cylindres à simple effet dont les pistons étaient poussés par de la vapeur à haute pression, communiquant par la combinaison de leur mouvement alternatif, à l'aide de cliquets et de ro- chets, une rotation continue à l'essieu de la roue unique solidement fixée avec lui. Comme on le comprend déjà, la cause de la locomotion se trouvait en avant du fardier, dans cette roue unique qui, pour trouver plus d'adhé- rence avec le sol, était cerclée d'un bandage strié, et supportait tout le poids de la chaudière, de son eau, ainsi que celui du fourneau formé d'une enveloppe de tôle garnie de terre réfractaire ; les chaudières à foyer intérieur n'étaient point encore imaginées. Le système complet pouvait prendre, comme un avant-train ordinaire, des angles même de 90 degrés par rapport à l'ar- rière train. Le fardier à vapeur de Cugnot tournait aussi facilement sur le terrain que s'il eût été attelé à des chevaux vivants. Cugnot évidemment s'était inspiré de la construction des véhicules pratiqués avant lui, et il s'était trouvé heureux, en réalisant la substitution de la puissance mécani- que de la vapeur à la force musculaire des animaux, de n'avoir pas d'antre problème à résoudre que celui du groupement de son mécanisme dans lavant-train de son fardier. » Est-ce dans la voie ouverte par cet ingénieur novateur que ses succes- seurs ont marché? Oserons-nous dire, sans être taxé d'avoir injustement cédé au désir de faire, dans cette matière sérieuse, un mauvais jeu de mot, qu'ils ont marché en avant en faisant un pas en arrière? Pourtant nous ( i2>7 ) avons la prétention de démontrer que tous les successeurs de Cugnot en attelant leurs chevaux-vapeur derrière la voilure pour la pousser devant eux au lieu de la traîner derrière eux, comme le font les chevaux vivants, n'ont pu produire des effets supérieurs aux siens cpie grâce aux progrès réalisés dans les générateurs de vapeur et dans les mécanismes moteurs. » Entrons dans le fond de la question; disons comment, aujourd'hui, la puissance est généralement appliquée aux véhicules à vapeur; signalons-en les inconvénients; et si nous pouvons être assez heureux pour y parvenir sans placer sous vos yeux des modèles ou des dessins, faisons comprendre quel est le vérilahle progrès qui reste à réaliser dans les appareils de loco- motion sur les roules ordinaires. » Tous les ingénieurs qui ont construit des voitures à vapeur en France, tels que Révon, Dietz, Galy-Cazalat, Lotz; en Angleterre, tels que Gurney, Hannecok, Dasda, Burrell, Garret, ont appliqué à l'une ou aux deux roues de derrière la puissance motrice; l'Anglais Gordon est le seul qui ait cherché, à l'aide de leviers mis en jeu par le mécanisme à vapeur, à imiter sur le sol l'effet des pieds des chevaux, et encore est-ce par derrière le véhicule qu'il fait agir les organes de propulsion. Tous donc, répétons-le, ont attelé leurs chevaux par derrière la voiture! Nous croyons pouvoir attester en toute vé- rité, rappelant les souvenirs des essais que nous, avons tentés nous-même par un mécanisme construit, il y a plus de vingt années, dans les ateliers de feu Saunier, mécanicien de la Monnaie, et dont tous les organes démon- tés subsistent encore dans les ateliers de l'habile constructeur de locomobiles, M. Ronffet, que, depuis Cugnot, nous avons seul maintenu sa pensée pre- mière de communiquer la puissance motrice aux roues de lavant-train pour que cette puissance mécanique s'exerce comme celle des chevaux en avant de la voiture à traîner. » L'application de la force motrice aux roues de derrière oblige, dans les tournants, à faire le sacrifice de l'adhérence d'une des deux roues sur le sol; aussi tous les constructeurs ont-ils disposé, entre ces roues et l'essieu à double coude qui doit leur transmettre la puissance de la vapeur, des es- pèces d'embrayages destinés à rendre tour à tour indépendante ou soli- daire du mouvement de l'essieu chacune des roues de derrière du véhi- cule. » En effet, dans un tournant à 90 degrés, pendant que la roue de devant, et nous raisonnons pour plus de simplicité dans l'hypothèse d'un tricycle, fait cet angle de 90 degrés avec le train de derrière, si la puissance était appliquée au système par les deux roues de derrière d'une façon uniforme, ( .218) ces deux roues, en développant sur le sol des quantités semblables de mouvement, ne tendraient qu'à imprimer une ligne droite au véhicule, en faisant labourer le terrain par la roue de devant, puisque son essieu est alors dans une position perpendiculaire à celui des roues de derrière. Pour obvier à cetle très-grave difficulté, une des roues de derrière est désem- brayée; la puissance ne s'exerce plus que sur l'un des angles de la base de l'espèce de triangle formé par la position relative des trois roues du tricycle; la roue unique placée au sommet éprouve, par suite de la décomposition des forces, un mouvement de rotation, et ajoutons, afin d'être encore plus clair, que pour que cet effet se produise, c'est nécessairement la roue de la base du triangle opposée à la direction que l'on veut imprimer à la roue du sommet, qui doit rester solidaire avec le moteur. « Dans la voiture à quatre roues, les effets sont encore les mêmes, puisque, pour transformer le parallélogramme rectangle résultant de la po- sition des quatre roues sur le sol, quand les deux essieux sont parallèles, il faut nécessairement que la puissance reste appliquée à la seule roue de derrière qui doit décrire la courbe extérieure pendant que par l'effort du conducteur l'essieu de devant est péniblement sollicité à sortir de sa posi- tion parallèle pour former, avec celui de derrière, un angle qui ne peut que très-difficilement approcher de 90 degrés. Aussi les véhicules à quatre roues, ainsi poussés, ne peuvent-ils tourner qu'en décrivant des cercles dont la distance des essieux entre eux règle le diamètre, et pendant cette conversion perdent-ils la moitié de leur adhérence sur le sol! Nous défions les constructions actuelles de pivoter sur elles-mêmes, qu'on nous pardonne la familiarité de l'expression, comme un chien qui cherche à mordre sa queue. Notre vieille construction possédait complètement cette faculté, et nous avons plus d'une fois rendu des spectateuss témoins de celte singu- lière manœuvre, exécutée en tournant instantanément de gauche à droite et de droite à gauche, dans l'espace rigoureusement circonscrit par la dis- tance de la cheville ouvrière de notre avant-train moteur à l'essieu de derrière de notre véhicule. » Un tel résultat avait été obtenu par un dispositif emprunté aux solu- tions théoriques rendues possibles par l'emploi de l'organe dit pignon sa- tellite, imaginé par feu Pecqueur, de si regrettable mémoire, et décrit par lui dans une Note explicative déposée dans vos archives. Grâce à la com- binaison d'engrenages habilement groupés par ce mécanicien, qu'aucune difficulté mécanique n'arrêta jamais, nous trouvions nous-niême la possi. bilité de faire une distribution d'action inégale à chacune des deux roues C »»*9 ) motrices de notre avant-train, et toujours proportionnée au développement exigé par les angles ou les courbes qu'elles devaient décrire sur le terrain. Nous n'offrirons pas cependant comme modèle bon à imiter notre ancienne construction; son succès, pourtant, n'avait été empêché que par une in- suffisante production de vapeur. L'admirable chaudière tubulaire inventée par l'honorable Correspondant de l'Académie des Sciences, M. Seguin aîné, hélas! n'existait pas encore. Une disposition sans engrenage et plus simple nous paraît devoir résoudre encore mieux le problème de la voiture à va- peur sur route ordinaire. Essayons de faire comprendre, par une simple description orale, le dispositif que nous proposons. » Nous avons dit que revenant à l'idée première de Cugnot, imitant comme lui avec les chevaux-vapeur ce qui se pratique avec les chevaux vivants, nous plaçons le moteur dans l'avant-train. Ce moteur se compose de quatre cylindres groupés deux à deux, dont les tiges de piston sont en connexion avec deux systèmes de manivelles à doubles coudes et angle droit pratiqués dans deux essieux distincts, solidaires chacun avec une des roues de Pavant- train. En termes abrégés, chaque roue est séparément menée par un système de locomobile distinct, à double cylindre à manivelles croisées, pour éviter les temps morts dans chacun des systèmes. La cheville ouvrière de cet avant-train est formée d'un tube creux se laissant traverser par les tuyaux d'entrée et de sortie de vapeur, articulés eux-mêmes de façon à se prêter aux changements d'angle entre Pavant-train et le corps du véhicule. La chaudière est chargée sur le train de derrière, de façon pourtant que son poids principal pèse sur l'avant-train; au travers du tube formant cheville ouvrière passent encore deux tiges attachées par un de leurs bouts aux organes de distribution de vapeur, connues en mécanique sous le nom de coulisses Stephenson, par leur autre extrémité à deux leviers articulés sur le support des pieds du cocher, appelé coquille en terme de carrosserie. Ces leviers se terminent par deux poignées facilement saisissables par les mains du méca- nicien préposé à la direction. Nous pourrions continuer à nous servir du mot cocher, caria manœuvre de ces deux leviers sera absolument la même que celle des rênes de cuir d'un attelage ordinaire, et la similitude serait complétée en plaçant au lieu des poignées deux lanières de cuir au bout de nos deux leviers alors chargés d'un 'contre-poids; les courroies inflé- chies sur deux poulies pourraient arriver aux mains du directeur; en lâchant ou tirant toutes les deux à la fois, celui-ci pourrait faire imprimer aux deux moteurs des mouvements de progression, soit en avant, soit en arrière; tout en soutenant les contre-poids dans une position moyenne, il ( 1220 ) produirait l'arrêt; enfin, en tirant l'une des courroies, lâchant l'autre, il opé- rerait le mouvement de conversion, puisque l'on sait que le propre de la coulisse Stephenson est de distribuer la vapeur dans un sens quand elle est dans certaine position extrême, dans un sens opposé quand elle occupe une position complètement inverse, et de supprimer l'introduction quand la coulisse est dans une position intermédiaire, c'est-à-dire où la tige du tiroir occupe précisément la moitié de l'arc de la coulisse. Cet organe de distri- bution ayant en outre la propriété de modifier la durée du temps d'intro- duction de la vapeur dans le cylindre, autrement dit de ménager une détente variable par ses diverses positions, il permettrait de régler la vitesse de cheminement, en faisant ressembler le jeu des pistons au pas, au trot, ou au galop des chevaux; il suffirait pour cela d'admettre la vapeur au |, au {, au 3 ou durant la totalité de la course des pistons dans les cylindres. » Le mode de direction des voitures à vapeur jusqu'ici construites est aussi très-vicieux. Il ne résulte que des angles donnés a l'avant-train par le simple effort de l'homme; or, comme cet effort est grand, la direction ne peut être opérée que lentement par des organes multiplicateurs de puis- sance exigeant un sacrifice de temps, comme le fait un petit pignon agissant sur un assez grand secteur de cercle denté; plusieurs tours de pignon devien- nent donc nécessaires pour faire prendre à Pavant-train un angle presque droit par rapport à l'arrière-train. Pour faire tourner la voiture, cette manœuvre devra être faite et défaite avec précipitation, si l'on veut qu'après un quart de conversion la voiture se remette à suivre la ligne droite. Nous le répétons, cette manœuvre est lente, et avec un véhicule animé de 16 kilo- mètres à l'heure, elle expose à voir la voiture prendre, par suite d'une ouverture d'angle pas assez tôt détruite, des écarts latéraux de direction dangereux dans des routes étroites bordées de maisons, funestes sur des chaussées flanquées de précipices. » Dans la construction que nous conseillons, ces écarts sont évités, puisque notre mécanicien-cocher, tenant dans chaque main un des leviers des coulisses Stephenson, n'a plus à vaincre la résistance considérable de l'avant -train dans ses mouvements de conversion, mais simplement celle très-minime des coulisses Stephenson, manœuvrant des tiroirs équilibrés devenant eux-mêmes, par leur réglage, la vraie cause de la conversion. Dans ce cas, ce n'est plus par l'effort de l'homme, mais bien par la puissance des machines motrices, que les angles de l'avant— train sont rapidement produits et détruits. » Une voiture à vapeur, construite comme nous le conseillons, recevra ( 1221 ) son mouvement de progression et de direction de chaque paire de ma- chines, absolument comme si deux chevaux la traînaient et que pour tourner le cocher ralentit l'allure de l'un et accélérât l'allure de l'autre. » Le succès des voitures à vapeur sur routes ordinaires dépendra prin- cipalement de leur puissance : l'adhérence continue de deux roues sur le sol est donc bien nécessaire; la direction très-facile et sans effort, par le réglage de la vitesse de fonctionnement de chacune des doubles machines qui communiquent séparément le mouvement de rotation aux roues de Pavant-train, nous paraît une condition absolument indispensable. N'ou- blions pas que pour la direction d'une voiture ordinaire l'intelligence des chevaux est un constant auxiliaire que la docilité la plus complète d'un mécanisme ne pourra jamais remplacer; quelque ingénieuse que soit la disposition d'un moteur, il ne pourra jamais prendre d'initiative, et, sous peine d'accidents graves, l'attention du mécanicien-cocher devra rester incessante; il importe donc de ne pas ajouter à sa fatigue intellectuelle de pénibles efforts physiques de direction : c'est cette pensée que nous avons voulu réaliser par le dispositif mécanique que nous venons d'essayer de décrire devant vous. » mécanique moléculaire. — M. J. Px.ateau, en adressant à l'Académie un Mémoire imprimé sur les figures d'équilibre d'une masse liquide sans pe- santeur, donne dans une Note manuscrite les détails suivants sur ce non- veau travail : « On s'étonnera peut-être de voir encore apparaître un Mémoire « sur » les figures d'équilibre d'une masse liquide sans pesanteur. » C'est que ce titre, qui s'adaptait parfaitement à mes premières séries, alors que je ne me rendais pas bien compte du but général de l'ouvrage, n'est pas le plus convenable pour l'ensemble de celui-ci : cet ouvrage, quand il sera com- plet, ce qui exigera quatre séries ultérieures, constituera la « Statique expé- » rimentale et théorique des liquides soumis aux seules forces molécn- » laires, » et pourra, je l'espère, être considérécomme formant une branche nouvelle de la physique. » Dans la série nouvelle, je substitue d'abord, aux procédés indiqués dans ma cinquième série pour la préparation du liquide glycérique, d'au- tres procédés bien plus sûrs et plus efficaces : quand les substances em- ployées, savoir la glycérine d'Angleterre et le savon de Marseille, sont de la meilleure qualité, une bulle d'un décimètre de diamètre, gonflée avec le C .R., l866, 1" Semestre. (T. LXII, N° 23.) I 5g ( 1222 ) liquide ainsi préparé, et déposée, à l'air libre de l'appartement, sur un petit anneau en (il de fer, peut se maintenir dix-sept ou dix-huit heures. Si l'on remplace le savon par de l'oléate de soude pur, la persistance d'une semblable bulle peut dépasser vingt-quatre heures; enfin , en vase clos, elle va au delà de cinquante heures. Avec un tel liquide, les expériences sur les lames deviennent donc d'une extrême facilité, on peut observer ces lames à loisir et leur faire subir toutes les transformations qu'elles com- portent. » Je passe ensuite en revue, sous le rapport de leur génération et des particularités qu'elles présentent, les lames liquides réalisées par les diffé- rents moyens à ma connaissance. Cet examen détaillé me fournit l'occasion de donner la théorie d'un certain nombre de phénomènes inexpliqués ou demeurés sans explication satisfaisante, tels que la génération des bulles de savon complètes et isolées dans l'air, celle des gouttes lancées par le bord des disques liquides décrits par Savart et résultant du choc mutuel de deux veines animées de mouvements directement opposés, etc. » Je termine le Mémoire par l'énoncé d'un principe général concernant la réalisation, à l'état laminaire, des surfaces à courbure moyenne nulle. Voici ce principe : » Une surface à courbure moyenne nulle étant donnée, concevez-y tiacé un contour fermé quelconque, astreint aux seules conditions : i° qu'il cir- conscrive une portion finie de la surface, et a0 que cette portion n'excède pas la limite de stabilité, si la surface donnée a de (elles limites; ployez un fil de fer de manière qu'il figure exactement le contour fermé en question; oxydez-le légèrement par de l'acide nitrique affaibli; plongez-le entiè- rement dans le liquide glycérique, et retirez-le ; vous le trouverez occupé par une lame représent. un la portion de surface dont il s'agit. Ce contour doit être, bien entendu, muni d'un appendice par lequel on puisse le tenir. » On réalise ainsi, comme par enchantement, des surfaces qui, pour la plupart, sont fort singulières. La seule difficulté consiste à choisir le con- tour fermé et à en déterminer exactement la forme ; mais on y parvient toujours quand on connaît, soit l'équation, soit la génération géométrique de la surface. Je donne quelques exemples de ces réalisations, et j'en an- nonce d'autres pour une série ultérieure. » M. Marigxac, nommé, dans la séance du q8 mai, Correspondant de la Section de Chimie, adresse ses remerchuenls à l'Académie. ( 1223 ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission chargée de décerner le prix Desmazières pour l'année 1866. MM. Tulasne, Decaisne, Trécul, Brongniart, Duchartre, réunissent la ma- jorité des suffrages. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la nomi- nation de la Commission chargée de décerner le prix Thorepour )8G6. MM. Blanchard, Milne Edwards, de Quatrefages, Coste, Robin, réunis- sent la majorité des suffrages. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Gcérineac-Acbry communique à l'Académie le projet d'un mécanisme destiné à arrêter les trains de chemins de fer en marche. Ce mécanisme au- rait pour effet de convertir rapidement, mais sans chocs, le mouvement de traction de la locomotive en mouvement de recul. (Commissaires: MM. Morin, Combes.) M. Martixexcq transmet à l'Académie, pour être joint à ses précédentes communications sur le choléra, un fait qui lui parait complètement dé- monstratif contre la doctrine de la transmissibilité. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) L'Académie reçoit un certain nombre de Mémoires, déposés au Secréta- riat avant le ierjuin, pour les divers concours dont le terme est fixé à cette époque, et adressés par les auteurs dont les noms suivent : CONCOURS POUR LE PRIX EXTRAORDINAIRE RELATIF A L'APPLICATION DE LA VAPEUR A LA MARINE MILITAIRE. M. A. Sébillot. — Mémoire sur l'application rie la vapeur à la marine mi- litaire. Ce Mémoire est accompagné de deux planches de dessins. CONCOURS POUR LE PRIX DE STATISTIQUE. (fondation montyon.) M. Rlaxchf.t. — Statistique des sourds-muets (manuscrit). Statistique des aveuales (imprimé). l59- ( 1224 ) M. Girard de Caillecx. — Eludes pratiques sur les maladies mentales. Cet ouvrage est accompagné d'un appendice manuscrit et d'une indication succincte des points sur lesquels l'auteur croit pouvoir appeler l'attention de la Commission. CONCOURS POUR LE PRIX BORDIIN. (détermination des indices de réfraction des différents VERRES. ) Un auteur, dont le nom est contenu dans un pli cacheté, adresse un Mé- moire sur les indices de réfraction de différents verres, avec l'épigraphe : Ce sont les bons verres qui font les bonnes lunettes. Un autre auteur, dont le nom est également contenu dans un pli ca- cheté, adresse un Mémoire sur les indices de réfraction des principaux verres employés dans l'optique et la photographie, en tenant compte de la densité et de la température, avec l'épigraphe : Deus nobis hœc otia fecit. CONCOURS TOUR LES PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE. (fondation MONTYON. ) MM. A. Voisin et H. Lioivili.e. — Etudes sur le curare. Le Mémoire, manuscrit en trois volumes, est accompagné d'un résumé dans lequel les auteurs exposent les points qu'ils considèrent comme nouveaux dans leur travail. M. B.-J. Bérai-d. — Atlas complet d'anatomie chirurgicale topographique. Cet ouvrage, adressé à l'Académie par M,ue veuve Béraud, est accompagné d'une Note manuscrite, rédigée par l'auteur lui-même peu de temps avant sa mort. M. de Robert de Latocr adresse trois brochures relatives à la chaleur animale considérée comme élément du diagnostic de la pneumonie, ou des fièvres intermittentes sans intermittences, et au degré de fréquence de la fièvre pernicieuse à Paris. L'envoi est accompagné d'une indication ma- nuscrite des points que l'auteur considère comme nouveaux dans ces divers ouvrages. M. A. Politzer. — Nouvelle manière de guérir la surdité causée par la fer- meture de la trompe d'Eustache. Le Mémoire manuscrit est accompagné de plusieurs brochures à l'appui. M. Crimotel. — De l'épreuve galvanique appliquée à la recherche de la vie et de la mort. ( 122 5 ) M. L. Raxvier adresse, pour le concours des prix de Médecine et de Chirurgie, quatre brochures relatives aux lissus osseux et cartilagineux, à leur développement, aux altérations qu'ils peuvent subir. Ces Mémoires sont accompagnés d'une Lettre d'envoi, dans laquelle l'auteur indique le but qu'il s'est proposé. CONCOURS POUR LE PRIX DES ARTS INSALUBRES. (fondation montyon.) M. J. Aroxssohn adresse pour ce concours deux flacons contenant une substance verte destinée à remplacer le vert arsenical, sur lequel elle a l'a- vantage d'être d'une complète innocuité, pour l'application à l'impression sur étoffe et sur papier, la peinture, etc. CONCOURS POUR LE PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE. (application de l'électricité a la thérapeutique.) M. Pitet. — Recherches sur les meilleurs modes d'application de l'électri- cité dans tes maladies. M. Namias adresse plusieurs brochures imprimées en italien, et rela- tives aux applications de l'électricité à la thérapeutique ou à l'électro-phv- siologie. La Lettre d'envoi, écrite en français, signale les points principaux sur lesquels l'auteur croit pouvoir appeler l'attention de la Commission. M. Poggioi.i. — Mémoire sur l électro-thérapie. CONCOURS POUR LE GRAND PRIX DE CHIRURGIE. 31. Sédillot.— Observation de résection sous-périostée du tibia. Cette obser- vation, publiée par M. Holmes postérieurement au Mémoire de M. Sédillot qui a été reçu dans la précédente séance, est accompagnée de quelques ré- flexions critiques par M. Sédillot, et devra être jointe à ce Mémoire pour être soumise à l'examen de la Commission. CONCOURS POUR LE PRIX CUVIER. M. L. Fir.uiEii adresse pour ce concours deux ouvrages ayant pour titres : la Terre avant le déluge et la Terre et les Mers. L'envoi est accompagné d'une Lettre dans laquelle l'auteur expose le but qu'il s'est proposé et le point de vue auquel il croit pouvoir se placer pour soumettre ces deux ouvrages au jugement de la Commission. ( 1226 ) CONCOURS POUR LE PRIX BORDIN. (STRUCTURE DES T1CFS DES VÉGÉTAUX.) Un auteur, dont le nom est contenu clans un pli cacheté, adresse un travail sur la structure des tiges des végétaux, avec l'épigraphe : Les recher- ches de M. de Mil bel (nu point de vue des rapports de la sliuclure des lises avec la circonscription des familles naturelles) méritent d'être reprises. (Ad. BnOJN- GNIART.) Un autre auteur, dont le nom est également contenu dans un pli cacheté, adresse un travail sur la structure des tiges des végétaux, avec l'épigraphe : Signa dislinciionum interioris strucluiœ modum experientia. Le Mémoire est accompagné d'une hoitede préparations. CONCOURS POUR LE PRIX RRÉANT. M. G. Grégoire. — atonie et paralysie des nerfs viscéraux, appelées im- proprement choléra. M. Adet de Rosevii.le. — Choiera; de sa nature et de son traitement. Ce Mémoire imprimé est accompagné d'une Note manuscrite, indiquant les points que l'auteur considère comme nouveaux dans son travail. M. TnÉMACX. — Pourquoi le choléra a-l-il cessé presque tout à coup en 1 865 ? Ce Mémoire manuscrit est accompagné de deux brochures imprimées. M. Sérée. — Traité sur la nature, le siège et le traitement du choléra. L'ouvrage est accompagné d'une Lettre dans laquelle l'auteur signale les points qu'il considère comme nouveaux dans son travail. M. J. Aroxssohx adresse un Mémoire relatif au choléra , et annonce l'envoi de diverses autres communications sur le même sujet. Un auteur, dont le nom est contenu dans un pli cacheté, adresse un Mé- moire ayant pour titre : Le choléra-morbus , ses causes, sa marche, son dia- gnostic et sonlraiteme.nl, et pour épigraphe : Piincipiis obsla, seio medicina paratur. CONCOURS POUR LE PRIX SAVICNY. M. L. VAILLANT adresse à l'Académie une Lettre dans laquelle il demande d'être compris an nombre des candidats pour ce concours, et rappelle les titres qu'il croit pouvoir faire valoir pour sa candidature. ( I227 ) CONCOURS POUR LE PRIX TEIORE. Un auteur, dont le nom est contenu dans un pli cacheté, adresse un Mémoire relatif à divers insectes, avec l'épigraphe : L'infini vivant (Michelet, l'Insecte). Ces diverses pièces sont renvoyées à l'examen des Commissions nom- mées pour chacun de ces concours. Il en est de même des ouvrages impri- més qui ont été adressés comme pièces de concours, et qui sont mentionnés au Bulletin bibliographique. CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un ouvrage de M. de Graefe, de Berlin, ayant pour titre : « Clinique ophthalmologique », et donne lecture des passages suivants de la Lettre d'envoi : « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un travail (traduction de M. Ed. Meyer)sur une maladie qu'on guérit à peu près depuis deux mille ans et d'après des méthodes bien différentes, mais dont le traitement est bien loin d'être arrivé à la perfection. Il s';igit de la cataracte. » Pratiquant l'extraction de la cataracte depuis une longue série d'an- nées, tant à l'hôpital que dans la clientèle privée, j'ai été à même d'en ap- précier les avantages et les inconvénients. C'est par l'analyse des causes qui nous font échouer dans un certain nombre de cas, que j'ai été conduit pas à pas au procédé recommandé dans ce travail. » Voici, en résumé, le but que je m'étais proposé : » i° La forme de la plaie doit se rapprocher autant que possible de la ligne droite, pour que, l'opération terminée, les lèvres tendent à se toucher exactement, sans se déplacer l'une contre l'autre, soit par l'effet de l'élas- ticité, soit par celui delà pression iutra-oculaire. » 20 La plaie doit tomber autant que possible, sans pourtant exposer au prolapsus de l'iris et à la rupture de l'byaloïde, dans le bord sclérotical, parce que cette région est moins disposée aux processus suppuratifs. » 3° La plaie, pour mieux te prêtera une guérison rapide, doit avoir le caractère d'une plaie sous-conjonclivale. » 4° Elle doit, quoique close quand elle est livrée à elle-même, devenir assez béante sous l'effet d'une pression convenable pour faire place à la sortie de la cataracte avec un minimum de contusion. ( 1228 ) » 5° La direction du canal de la plaie doit être telle, que les masses cor- ticales, retenues dans le sac capsulaire, puissent s'échapper facilement. » Les résultats de mes essais m'ont conduit aux conclusions suivantes : » i° Le nombre des succès définitifs est plus grand avec le procédé en question qu'avec l'extraction à lambeau ou l'extraction linéaire usitée jus- qu'alors. Je ne parle pas de l'abaissement qui, comme méthode générale, me paraît avoir perdu depuis longtemps le droit de concurrence. » 2° La nécessité d'une opération supplémentaire, soit pour occlusion pupillaire, soit pour cataracte secondaire, se présente moins fréquem- ment. » 3° Les guérisons marchent plus rapidement qu'après l'extraction à lambeau. » 4° Le traitement consécutif est plus simple et demande surtout moins de précaution de la part du malade. » 5° Par conséquent, le procédé est applicable dans les conditions où l'on craignait autrefois l'extraction, par exemple, pour les malades inquiets, asthmatiques, incapables de garderie lit, etc. » 6° 11 est également admissible pour toutes les formes et pour toutes les phases des cataractes survenant dans l'époque moyenne et dans l'époque avancée de la vie. Le degré de maturité surtout n'exerce pas d'influence marquée sur le succès. » 70 Les complications locales, lorsqu'elles ne s'opposent pas à l'opé- ration en général, sont moins gênantes que dans l'extraction à lambeau. » 8° La guérison est plus indépendante des circonstances accidentelles et de l'état général de la santé. » M. Moiux présente à l'Académie un ouvrage de M. Alcan ayant pour titre : Traité de la fabrication des lainages, et s'exprime comme il suit : a Depuis VEssai sur l'industrie des matières textiles, publié en 1847 par M. Alcan, aucun travail d'ensemble n'a été consacré à l'étude delà fabrica- tion des lainages. Les écrits antérieurs remontent à la fin du xvme siècle, avant l'ère des travaux automatiques, et ne peuvent servir aujourd'hui qu'à montrer quel chemin immense a parcouru l'industrie depuis Duhamel- Dumonceau et Roland de la Platiere. Les ouvrages plus récents ne traitent que de certains points spéciaux aux étoffes façonnées ou aux produits pei- gnés. M. Alcan vient de combler cette lacune importante par le Traité de la fabrication des lainages. ( i229 ) » Tout en s'occupant plus particulièrement des tissus drapés, l'auteur n'a négligé aucun des autres produits de la laine, depuis les tissus ras non foulés jusqu'aux produits de la bonneterie et de la chapellerie. Il a su, comme dans son Traité de la filature du colon, adopter un classement qui lui a permis de suivre facilement l'étude des questions variées et complexes dont se compose nécessairement un travail où les considérations théoriques sont toujours appuyées sur les faits de la pratique. L'œuvre nouvelle est divisée en six sections principales. » L'introduction historique est un résumé intéressant des transformations des laines dans les différentes contrées et aux diverses époques, depuis les temps bibliques jusqu'à nos jours : le fdage à la main par les femmes des premiers âges, les foulons romains dont les ruines de Pompéi ont conservé la disposition, l'invention de la tondeuse automatique par Léonard de Vinci, et décrite par lui-même dans un manuscrit existant à la Bibliothèque de l'Institut, indiquent l'intérêt des recherches auxquelles s'est livré l'auteur. Cette revue historique, complétée par l'étude des progrès et du développe- ment de l'industrie lainière, que manifestent périodiquement les expositions internationales, est suivie d'une analyse comparée des caractères, des pro- priétés, des emplois de la matière première et de ses résultats. Toutes les fihres animales, laines, duvets, poils et soie, sont représentées avec un grossissement de deux cents fois dans des planches destinées à en faire saisir la structure. L'auteur présente, à l'aide de ces figures, des aperçus ingé- nieux sur les causes qui modifient la forme de ces fibres, dont la destination naturelle est cependant la même dans les diverses familles d'animaux herbi- vores, rongeurs, carnivores. » La seconde section peut se subdiviser en deux parties distinctes : la première comprenant les opérations préparatoires du triage et de l'épura- tion des filaments, telles que le désuintage, le lavage et le séchage ; la seconde, la filature et l'apprêt des fils. Les divers modes de dégraissage usités pour la laine cardée et pour la laine peignée, les nombreux systèmes de laveuses automatiques, les séchoirs, les principes généraux du filage, les transformations successives de la laine en nappes ou rubans, puis en fils parfaits, simples ou retors, sont l'objet d'autant de discussions appro- fondies qui font ressortir les avantages et les inconvénients des procédés en usage, et conduisent l'auteur à la détermination des éléments les plus favo- rables à l'établissement d'une filature. « La transformation des fils en tissus unis ou façonnés, sur les métiers à C. R., 1S66, i" Semestre. (T. LXH.N0 23.) !6° ( 123o ) la main ou sur les métiers mécaniques, occupe la troisième section. Ici en- core les descriptions sont accompagnées de considérations sur le dessin et sur le montage des tissus, et d'intéressantes observations sur le coloris des étoffes. Le devis d'un atelier de tissage termine cette partie. » La quatrième section comprend l'épuration des étoffes, le feutrage et le foulage. Le remarquable phénomène connu sous le nom de feutrage n'avait été, depuis Monge, l'objet d'aucun travail scientifique. M. Alcaunous paraît avoir heureusement complété les aperçus de l'illustre géomètre par la théorie qu'il déduit des faits de la pratique et des modifications observées au microscope sur les fibres soumises à l'action du foulage. Cet exposé des causes et des effets du feutrage fait mieux comprendre le but d'une opéra- tion que les industriels de tous les pays réalisent par des moyens plus ou moins perfectionnés, mais basés sur un principe identique; il n'est pas sans intérêt, à ce propos, de suivre l'auteur dans la comparaison qu'il établit entre les meilleures machines construites dans nos ateliers et les foulons arabes, dont la disposition est si rustique et si primitive. » Les nombreux apprêts destinés à donner à chaque tissu sa physio- nomie propre constituent la cinquième section et ont été, de la part de M. Alcan, l'objet d'une classification basée sur la nature de la matière pre- mière et sur l'aspect recherché des produits. L'étude de chaque type carac- téristique est résumée dans un tableau, et les considérations établies au préalable permettent de passer utilement à l'examen des appareils eux- mêmes, usités souvent pour les genres les plus divers. L'énoncé seul des différents modes d'apprêt décrits dans l'ouvrage nous conduirait trop loin; nous tenons cependant à appeler l'attention de l'Académie sur une étude aussi ingénieuse qu'exacte des effets produits par le battage des tissus feutrés et drapés. Les observations présentées à cet égard constituent une théorie toute nouvelle basée sur l'élasticité des filaments de la laine. » La dernière partie de l'ouvrage est consacrée à l'examen comparatif de l'état de la fabrication au xvme siècle et aujourd'hui, à l'appréciation des conséquences avantageuses aux points de vue technique, économique et moral, qui sont résultées des moyens nouveaux, soit que la même industrie fût fractionnée dans certains centres, soit que tous les éléments concourant à la création du même produit fussent concentrés dans des établissements uniques. Cette consciencieuse étude est terminée par des considérations importantes sur la voie féconde en nouveaux progrès qui reste ouverte de- vant l'industrie moderne. » ( m3i ) HISTOIRE NATURELLE. — Sur la reproduction el l'embryogénie des Pucerons. Notede M. Balbiani, présentée par M. Ch. Robin. (Extrait par l'auteur.) « Parmi les questions relatives à la génération des animaux, une des plus discutées encore aujourd'hui est celle du mode de propagation des Pucerons vivipares. Suivant les idées que les observateurs se sont formées de la nature des organes reproducteius de ces Insectes, leur multiplication a tantôt été rattachée aux phénomènes des générations alternantes, tantôt à ceux de la parthénogenèse ou génération virginale. Quant à l'opinion qui consiste à admettre un état androgyne chez ces animaux, opinion que quelques auteurs soutiennent encore depuis Leeuwenœck, Cestoni etRéau- mur, elle ne repose que sur une simple hypothèse dont on n'a pas réussi jus- qu'à présent à donner la démonstration matérielle par la constatation de l'existence de l'élément mâle chez les Pucerons vivipares. » C'est cette dernière manière de voir que je viens défendre ici en appor- tant la preuve péremptoire que la science attend depuis les illustres obser- vateurs qui se sont prononcés les premiers en faveur de l'hermaphrodisme de ces êtres. Je me propose, en effet, de montrer que cet état est bien la condition normale des Pucerons pendant toute la période vivipare de leur existence, et je ferai voir en outre de quelle manière la séparation des sexes s'établit chez eux lorsque, sous l'influence de certaines conditions détermi- nées, leur mode de reproduction rentre dans la loi commune à la plupart des autres espèces animales. » L'évolution et le rôle physiologique des organes générateurs com- mençant à une époque très-peu avancée de la vie embryonnaire de ces Insectes, et leur histoire étant, pour ainsi dire, inséparable de celle du développement de l'œuf lui-même, j'aurai à retracer d'une manière fidèle, bien que concise, les principales phases de ce développement. C'est en suivant cette voie que, dans mes observations, je suis parvenu à m'éclairer moi-même sur cette question depuis si longtemps débattue. Cette étude révélera d'ailleurs, comme on le verra, des faits remarquables que je crois d'un haut intérêt au point de vue de l'origine des éléments générateurs mâles et femelles et de leurs relations avec le reste de l'orga- nisme animal. Mais auparavant il est nécessaire de donner une idée de la structure que présente, d'après mes observations, l'organe dans lequel l'embryon prend naissance, c'est-à-dire de l'appareil sexuel femelle ou de l'ovaire des Pucerons vivipares. 160.. ( 1232 ) » Cet appareil se compose, comme chez la plupart des autres Insectes, d'un nombre variable de tubes ou de gaines dont chacune se renfle à son extrémité antérieure en une loge ou chambre terminale renfermant un groupe de petites cellules. Une de celles-ci occupe le centre du groupe et est entièrement entourée par les autres. Cette cellule centrale est la plus impor- tante de toutes, car elle représente l'élément générateur ou la cellule mère de tous les ovules qui, dans chaque gaine, sont destinés à se transformer en embryons. Ces ovules naissent sous forme de véritables bourgeons qui, se détachant successivement de la cellule centrale, apparaissent au bas de la chambre terminale avant de s'engager dans la partie supérieure de la gaine. Quant aux cellules périphériques, fixées sur la première par un pédicule creux, ce sont les cellules nourricières de celle-ci, dont l'unique fonction est d'émettre sans cesse de nouveaux bourgeons ovulaires. » Au moment où l'ovule pénètre dans la gaîne ovarique, il présente distinctement une vésicule et une tache germinatives. Un mince filament le retient encore quelque temps à la cellule mère, mais bientôt ce lien se rompt et l'ovule demeure entièrement isolé dans sa loge. C'est généralement à ce moment que commencent dans l'œuf les modifications cpii doivent conduire à la formation de l'embryon. La tache germinative disparait la première, bientôt suivie par la vésicule qui la renferme. Pendant ce temps, quelques noyaux, rares d'abord, se sont montrés à la surface du vitellus et ont condensé autour d'eux la substance homogène et transparente qui le compose. Par là se trouvent formées les premières cellules blastoder- miques. Aucune membrane ne les entoure encore. Les intervalles assez larges qui les séparent d'abord sont rapidement comblés par l'apparition de nouveaux noyaux et de nouvelles cellules. L'ovule se trouve ainsi fina- lement revêtu sur toute sa surface d'une couche continue de cellules dis- posées sur un seul rang et pressées les unes contre les autres. A ce moment, elles offrent toutes une enveloppe propre bien reconnaissable. » Pendant que le blastoderme achevait ainsi de se constituer, l'œuf a grandi et a passé de la forme sphérique à celle d'un ovale allongé; en même temps il a descendu quelque peu dans l'intérieur de la gaîne ovarique. La masse vitelline centrale, renfermée dans la cavité du blastoderme, a perdu son aspect homogène et s'est pénétrée de fines granulations incolores. Bientôt une ouverture s'établit au pôle postérieur du blastoderme (i), par (1) J'appelle pôle postérieur du blastoderme ou de l'œuf l'extrémité qui est dirigée vers ( i233 ) suite de l'écarlement en ce point des cellules qui le composent, et la masse granuleuse intérieure fait hernie à travers cet orifice. On constate alors net- tement, soit d'une manière directe, soit à l'aide des réactifs, que toute la surface interne du blastoderme est tapissée par une mince membrane qui s'étend comme une enveloppe autour de la masse vitelline centrale. » C'est cette membrane qui, avec une portion du contenu, fait saillie, comme je viens de le dire, à travers l'ouverture de l'extrémité postérieure du blastoderme. Cette portion herniée se fixe sur les cellules épithéliales correspondantes de la loge ovarique, lesquelles se sont hypertrophiées, et s'y greffe en quelque sorte. Cette connexion établie, la vésicule vitelline s'étrangle dans l'intérieur de la cavité du blastoderme à la manière d'une cellule qui se divise, puis se partage en deux vésicules secondaires juxta- posées : l'une, postérieuse, adhérente à l'épithélium de la loge; l'autre, antérieure, complètement libre dans la cavité précédente. J'ai quelquefois réussi à apercevoir un noyau granuleux fort pâle dans la vésicule posté- rieure, moins nettement dans l'antérieure; celles-ci présentent donc tous les caractères de véritables cellules. Ce sont ces vésicules ou ces cellules qui vont être l'origine des éléments générateurs mâles et femelles du futur ani- mal, c'est-à-dire des œufs d'une part et des cellules spermaliques d'autre part. En effet, par un phénomène de bourgeonnement que je ne puis dé- crire ici dans tous ses détails, chacune d'elles se recouvre à sa surface d'une génération de petites cellules, lesquelles, une fois produites, grossissent et continuent à se multiplier pour leur propre compte. Il en résulte ainsi la formation de deux groupes cellulaires bien distincts placés l'un à côté de l'autre dans la cavité du blastoderme. Le groupe produit par la vésicule herniée et greffée sur l'épithélium extérieur représente l'élément mâle et donnera naissance aux corpuscules fécondateurs; celui qui reconnaît pour origine la vésicule demeurée libre dans l'intérieur de l'œuf est au contraire formé par l'ensemble des éléments femelles, c'est-à-dire des cellules géné- ratrices des futurs ovules, entourées de leurs cellules nutritives. Ce der- nier groupe se subdivise bientôt en un certain nombre de groupes secon- daires correspondant à celui des gaines ovariques qui doivent se former plus tard. Les cellules qui le composent restent toujours transparentes et incolores et sont aussi plus petites que celles du premier groupe dont les cellules se pénètrent au contraire de bonne heure de nombreuses petites l'ouverture sexuelle externe, et pôle antérieur celle qui regarde la chambre terminale de la gaîne ovarique. ( 1234 ) granulations vertes ou jaunes qui les font reconnaître avec la plus grande facilité (i). Quant aux vésicules génératrices des deux masses sexuelles, elles se comportent d'une manière bien différente dans la suite du développement: celle qui a donné naissance aux éléments femelles disparaît aussitôt après, tandis que la vésicule qui a engendré les éléments mâles ou spermatiques, loin de disparaître, continue à se développer, devient souvent fort ample et, après avoir contracté des connexions avec l'appareil génital femelle, constitue un réservoir pour les corpuscules fécondateurs, devient, en un mot, une véritable vésicide séminale pour cet appareil hermaphrodite. « Lorsque se terminent les curieux phénomènes que je viens de rappor- ter sommairement, le développement embryonnaire proprement dit n'a pas encore commencé. On remarque, à la vérité, que les cellules du blasto- derme se sont multipliées au pôle antérieur de manière à y produire un épaississement assez considérable, mais cette modification n'est suivie de la formation d'aucune partie nouvelle. Cette couche plus épaisse ne tarde pas en effet à diminuer progressivement et à s'effacer d'une manière com- plète (•2). » Avec les faits qui précèdent se termine ce que l'on peut appeler la pre- mière période du développement de l'œuf des Pucerons vivipares. C'est à tous les points de vue la plus intéressante et j'ai dû l'exposer avec d'assez grands détails. Il me reste à montrer maintenant comment l'embryon appa- raît dans cet œuf qui, outre le blastoderme, ne renferme encore que les deux masses formées par les éléments sexuels, et à décrire la manière dont ces éléments, qui se sont constitués d'une façon complètement indépen- dante du futur animal, finissent par s'incorporer à celui-ci et faire partie intégrante de son organisme. C'est ce que je demanderai à l'Académie la permission de. faire dans une prochaine communication. » (i) C'est cette niasse verte ou jaune, que l'on retrouve dans la plupart des Pucerons à toutes les périodes du développement embryonnaire et même après la naissance, qui a été décrite tantôt comme servant à la nutrition de l'embryon (pseudo-vitellus de Huxley), tantôt comme une masse plastique destinée à la formation de ses organes végétatifs (Leydig). (2) Cette production transitoire du blastoderme des Pucerons est probablement l'analogue du cumulus primitif décrit par M. Claparède comme précédant la formation du rudiment embryonnaire dans l'œuf des Araignées. ( 1235 ) anatomie pathologique. — Sur les tumeurs appelées hétéradéniques. Note de M. Okdonez, présentée par M. Ch. Robin. « Depuis l'époque où M. le Professeur Ch. Robin fit connaître, le premier, cette production morbide, non décrite en effet avant lui, j'ai eu occasion, depuis i S 5 5 , d'étudier à peu près tous les cas pathologiques de ce genre qui se sont offerts à Paris, et un de ceux qui se sont présentés en province. )> J'avais presque acquis la conviction que cette production pathologique, du moins en ce qui concerne les deux premières variétés décrites par M. Robin, était le résultat de la multiplication et de l'accroissement d'un champignon ou d'une algue microscopique, et cette opinion se trouve même émise en mon nom, quoique avec une certaine réserve, dans la thèse soutenue pour le Doctorat en Médecine par M. Eugène Mathan, le 26 mai 1 863, p. i3 et i4, et intitulée : Essai sur l'étude des tumeurs hétéra- déniques. Ma manière de voir était alors doublement fondée. « i° En étudiant avec attention les éléments, si variés au point de vue morphologique, de ces productions pathologiques, et en les comparant aux diverses phases du développement des éléments anatoiniques qui com- posent nos tissus, on ne trouve entre les uns et les autres que de très-vagues analogies de détail, tandis qu'au fond il existe des différences capitales. Les éléments les mieux caractérisés de la production pathologique en question présentent tous les aspects du développement des productions cryptogamiques. » 20 Les réactifs les plus généralement employés pour déceler la nature des parasites végétaux m'ont donné, dans le cas en question, la confirma- tion de l'opinion que j'avais depuis longtemps conçue. » Je n'entrerai pas dans rémunération de la série des réactions que j'ai instituées en vue de m'assurer de la vérité. Je ne parlerai, par conséquent, que des réactifs communément mis en usage dans les cas analogues. » Ammoniure de cuivre. — Ce réactif dissout totalement toutes les par- ties de la tumeur composées de tubes et de vésicules, tandis qu'il est abso- lument sans action sur le tissu lamineux, le tissu fibreux, le tissu élastique, les capillaires sanguins et même le tissu adipeux, car les vésicules adipeuses sont parfaitement reconnaissables, après l'action du réactif : seulement leur contenu devient granuleux et opaque. » Acide suljurique. — Il donne une réaction caractéristique. Si l'on em- ploie ce réactif sur des parcelles de la tumeur conservées dans la glycérine ( ia36 ) et détrempées dans de l'eau distillée, on constate d'abord an mouvement tres-sensible de retrait de toutes les parties appartenant en propre à cette production, parasitaire, suivant mon opinion. Ensuite il apparaît sur les bords de la préparation microscopique une coloration légèrement jaunâtre, qui ne tarde pas à devenir d'un beau bleu cobalt ; puis cette coloration bleue passe successivement au vert, au jaune, au violet et enfin au rouge amarante. Les préparations microscopiques traitées par l'acide sulfurique finissent par être dissoutes totalement au bout d'un temps qui varie entre neuf et douze heures. » Des parcelles de ces tumeurs, traitées par le sirop de sucre d'abord et ensuite par l'acide sulfurique, offrent, au bout d'une ou deux minutes, une belle coloration rose, qui va croissant d'intensité jusqu'au rouge acajou. » Chlorure de zinc iodé. — Il ne produit autre chose qu'une coloration jaune très-prononcée. Le même réactif, préparé d'après la formule de Radlkofer, détermine une coloration rouge foncé. Sous son influence on ne remarque, aucune trace de coloration bleue. » Teinture d'iode et acide sulfurique. — Ces deux réactifs combinés ne produisent aucun effet notable, si ce n'est une coloration jaune des élé- ments de la tumeur. » Potasse et soude. — Elles sont sans action notable. » D'après ces faits, il me semble que les observateurs habitués à des études comparatives entre les productions végétales et animales doivent être, comme moi, enclins à conclure qu'il s'agit ici d'éléments organiques végétaux, appartenant au groupe des Champignons ou peut-être des Algues. » ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Observations de carie chez les Singes anthropo- morphes. Note de M. Bisciioff, présentée par M. Serres. « Je m'occupe depuis quelque temps des crânes des Singes anthropo- morphes, du Gorille, du Chimpanzé et de l'Orang-Outang. M. Serres lui- même a eu la bonté de menvoyer, avec l'autorisation de M. le Ministre de l'Instruction publique, deux crânes de Chimpanzé, d'un mâle et d'une fe- melle adultes, sortant de la riche collection du Muséum d'Histoire natu- relle, afin que je les examine. » Or, j'ai remarqué aux crânes de Chimpanzés qui sont à ma disposi- tion, de deux mâles et de sept femelles, de fréquentes traces de maladie. » Le crâne du vieux Chimpanzé mâle que vous avez eu la bonté de m'en- ( i237 ) voyer présente à l'angle supérieur de l'os pariétal une exostose de la gros- seur d'un pois. Au devant, l'os est enflé et montre des ostéophytes. Le même cas se présente au côté droit de la mâchoire inférieure, devant le forarnen mentale. Ici l'on remarque, correspondant à l'alvéole de la dent canine de droite, une enflure de l'os couverte d'ostéophytes, et il s'est formé dans l'os un sillon à l'extrémité duquel un trou, peut-être l'ouverture d'un canal fistuleux, pénètre dans la substance de l'os. Les dents, quoique si fortement usées que des trois dents canines il ne reste plus que des chicots, n'offrent pourtant pas de traces de carie. » Un crâne d'un Chimpanzé femelle, que j'ai reçu deLuheck, apparte- nant à un vieil animal adulte, montre des traces encore plus fortes de la même maladie carieuse. Uarcade sus-orbilaire droite a été visiblement le siège d'une carie, ensuite de laquelle cette arcade s'est enfoncée, et la substance osseuse au milieu de l'arc s'est gâtée au point que l'on peut voir dans le sinus frontal qui entre dans cet arc. Une osléoporose et de faibles ostéophytes se montrent à la surface de l'os, surtout à Yapophjse nasale. Derrière l'arcade sus-orbitaire, parallèlement à l'ancienne suture coronale, on aperçoit dans l'os pariétal une fissure d'une longueur d'à peu près3o mil- limètres. Il est visible que tous ces changements ne proviennent pas d'une maladie qui aurait eu lieu peu de temps avant la mort de l'animal, mais bien d'une affection morbide guérie longtemps auparavant et occasionnée peut-être par un coup sur le bord supérieur de l'orbite, ce qui fut cause de la fissure et de la carie. Mais à la glnbella se trouve une perforation de l'os de 8 à 9 millimètres carrés, qui atteint encore la partie de l'apophyse nasale de l'os frontal, qui a dégénéré en carie. On croirait à première vue que cette perforation a été amenée par la destruction carieuse de l'os. En exa- minant attentivement, on trouve bientôt qu'il n'en est pas ainsi, car les bords et les angles de cette place perforée sont tellement aigus, qu'ils ne peuvent avoir été occasionnés par une affection carieuse. » J'ai découvert aussi, à la paroi de derrière du sinus fronlalis formant la cavité du crâne, une seconde perforation de l'os dans la même direction et dans les mêmes proportions que la première, qui conduisait dans la ca- vité du crâne et dont les bords et les angles sont tout à fait aigus. Ces per- forations ne montrent aucune trace d'un changement pathologique de l'os; leurs bords et leurs entourages, surtout ceux de la perforation derrière le crâne, sont tout à fait normaux et n'ont visiblement pris naissance qu'im- médiatement avant la mort. On ne peut donc douter qu'elles n'aient une autre cause que la destruction carieuse de l'arcus supraorbitalis (l'arcade C. R„ 1866. \" Semestre. (T. LX1I, N° 25.) 'O1 ( i238 ) sus-orbitaire), et il est probable qu'elles proviennent d'un instrument carré et tranchant, d'une pointe de flèche ou de lance, qui, en pénétrant à cet endroit, occasionna la mort de l'animal. » Enfin, il se trouve encore à ce crâne une destruction de l'os lacrymal de droite et de la lamina papyracea de l'os frontal, ainsi que de la partie correspondante de cet os même. Cette destruction ne me paraît pas non plus avoir été amenée par une maladie, mais bien par une lésion faite avant ou même après la mort de l'animal. » Deux autres crânes de Chimpanzés, savoir : d'un vieux mâle de Lu- beck et d'une vieille femelle de Darmstadt, sont pourvus de dents carieuses. Celui de Luheck a dans la mâchoire inférieure deux dents molaires ca- rieuses; dans celui de Darmstadt toutes les incisives de dessous sont ca- rieuses, ainsi que l'alvéole de l'incisive droite à l'extérieur de la mâchoire supérieure. De même, dans la mâchoire inférieure, la dernière molaire gauche est aussi carieuse. » Comme il s'agit ici de vieux animaux qui n'ont pas vécu en captivité, je ne puis m'empècher de trouver singuliers ces cas si fréquents de carie dans leurs crânes. Que, de neuf crânes de Chimpanzés adidtes, quatre montrent des traces de cette maladie, c'est ce qu'il me parait impossible d'attribuer au hasard. Je ne trouvai rien de tel à aucun des crânes de Go- rille que j'ai examinés, ni aux os ni aux dents. « De trente crânes d'Orang-Outang, un seul, savoir celui d'un sque- lette ayant atteint la moitié de sa crue et en état de seconde dentition, mon- trait des traces de maladie. Mais ces traces proviennent visiblement d'une lésion accidentelle, car on remarque à l'angle inférieur de l'os pariétal un trou irrégulier dans le crâne, aux bords arrondis à l'extérieur, tandis qu'à l'intérieur les morceaux de l'os enfoncé se sont attachés en croissant. » Les os pariétaux et l'os frontal portent des traces d'atrophie. Mais peut-être cet animal est-il aussi mort en captivité. Ce n'est qu'à un seul crâne d'un vieil Orang femelle que j'ai remarqué une dent carieuse. )> Il serait déjà intéressant de connaître les maladies auxquelles sont su- jets les animaux et surtout ces Singes, qui se rapprochent de l'homme par leur organisation, aussi l'Académie a-t-elle dû accueillir avec intérêt, dans sa séance du 9 janvier f865, la Note relative à un cas de scorbut ohservé sur un jeune Chimpanzé, par M. Bérenger-Féraud. Mais en considérant ces cas, proportionnellement si fréquents, de carie des os et des dents du genre Chimpanzé, il me semble presque qu'on pourrait conclure à une plus grande décrépitude dans ce dernier que dans les deux autres genres. ( l^9 ) » Ce qui me frappe aussi singulièrement, c'est que, quoique nous con- naissions ce genre de Singes depuis plus de deux cents ans en Europe, les sujets d'un âge avancé sont une rareté. Ce n'est que cent trente ans après la première description d'un jeune Chimpanzé, par Tyson, que M. Owen parvint à posséder un squelette d'une vieille femelle adulte. Pour ce qui est des vieux squelettes ou crânes de vieux mâles, il n'y en a que trois ou quatre en Europe. Ne pourrait-on pas supposer, d'après tout cela, que ce genre de Singes est peut-être sur le point de s'éteindre? » Maintenant que la science s'occupe de l'origine des genres et du degré d'affinité des Singes avec l'homme, il serait certainement important de sa- voir si le genre des Singes qui ressemble le plus à l'homme, celui des Chimpanzés, doit, selon les prohabilités, disparaître prochainement de la surface du globe. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Perturbations de l'aiguille de déclinaison observées à Marseille avant el après le tremblement de terre du 10, mai; par M. A.-C. Mermet. « Le 19 mai, à o,h5m du matin, on a ressenti à Marseille deux secousses de tremblement de terre. La première a été très-faible et d'une très-courte durée; la seconde plus intense, quoique légère encore. Celle-ci, pendant trois à quatre secondes, a sensiblement fait vibrer le sol dans la direction de l'est à l'ouest. » L'atmosphère était chargée de quelques nuages ; le thermomètre mar- quait 18 degrés; le mercure, dans le baromètre, s'élevait à 7Go,nm,2. » Au moment de la commotion souterraine, j'étais au lycée, occupé à faire aux élèves de Mathématiques spéciales une leçon sur le magnétisme. Je traitais de l'action de la terre sur les aimants. » A gh 5m, la leçon fut un instant interrompue par un bruit particulier partant du cabinet de physique, qu'une simple cloison en briques sépare de la classe. En même temps que le sol oscillait, les portes des vitrines ouvertes criaient sur leurs gonds, le récipient de la machine pneumatique s'agitait sur la platine, la cloche du récepteur d'un télégraphe électrique fut vive- ment mise en branle, les volets frappaient contre le mur. Il ne pouvait y avoir le moindre doute sur la nature du phénomène auquel nous as- sistions. » Je n'aurais pas songé jà le signaler à l'Académie, si je n'avais à lui rendre compte d'un fait curieux dont j'ai été témoin, ainsi que mes élèves. 161.. ( i*4o ) » Cinq minutes au moins avant qu'on ressentît l'effet du tremblement de terre, j'écartais de sa position d'équilibre une aiguille de déclinaison de forme prismatique ayant i5 centimètres de longueur et une section carrée de 3 millimètres de côté. Cette aiguille, que j'avais déviée vers l'est, aban- donnée à elle-même, au lieu d'osciller régulièrement de part et d'autre du méridien magnétique (dont la trace avait été figurée sur le support de l'in- strument), se porta brusquement vers l'ouest de ce plan et fut animée d'un mouvement irrégulier de gauche à droite et de haut en bas tout à fait sem- blable à celui que l'on aurait obtenu en promenant vivement, et dans tons les sens, le pôle boréal d'un aimant devant le pôle austral de l'aiguille ai- mantée. » Me trouvant à proximité et à l'ouest de celle-ci, j'attribuai d'abord les perturbations à l'influence de trois petites clefs en fer que j'avais dans la poche de mon gilet. Je recommence l'expérience après m'ètre débarrassé des clefs, et, pour plus de précaution, je m'éloigne de la table : les mêmes phénomènes anormaux se reproduisent. » C'est pendant que nous examinions la danse folle de l'aiguille et que nous cherchions partout autour de nous l'explication du fait étrange qui se produisait sous nos yeux, que le sol éprouva deux secousses se succédant à peu d'intervalle. » La terre oscillait encore, que l'aiguille fut ramenée vers le méridien magnétique; bientôt elle se maintint dans ce plan. Mais, pendant quatorze minutes, elle fut agitée d'un tremblement rapide que l'on ne peut attribuer qu'à l'action souterraine; car les expériences si simples auxquelles nous nous livrions, reprises verso,b3om, n'offrirent plus rien de particulier. » Beaucoup de savants, M. Pouillet entre autres, pensent que les tremblements de terre ne dérangent la régularité du mouvement diurne de l'aiguille de déclinaison que par une simple action mécanique. Le fait observé à Marseille le 19 mai ne permet plus d'accepter cette opinion d'une manière absolue. » Que, jusqu'à un certain point, on attribue aux ondulations du sol les tremblements prolongés de l'aiguille après la secousse, cela se conçoit. A la rigueur, son mode de suspension peut lui permettre d'obéir à une im- pulsion incapable d'exercer sur nos organes la moindre impression. Mais il est impossible de considérer les mouvements désordonnés de l'aiguille qui ont précédé la secousse si légère que nous avons ressentie comme le résul- tat d'une action purement mécanique. - » L'aurore boréale, avant son apparition, exerce une influence marquée ( i^4« ) sur l'aiguille aimantée, même à de grandes distances. Pourquoi la cause des tremblements de terre, qui souvent ébranlent une portion immense de la surface du globe, ne pourrait-elle pas produire des effets analogues? » Suivant Ampère, les phénomènes magnétiques terrestres sont dus à une multitude de courants électriques auxquels on peut substituer un cou- rant résultant voisin de l'équateur et qui cheminerait de l'est à l'ouest. >> Répugne-t-il d'admettre que l'agent puissant qui a son siège dans les profondeurs de notre planète, et produit trop fréquemment de désastreux effets , agit momentanément sur une partie plus ou moins considérable du solénoïde terrestre, modifie l'intensité et surtout la direction de quel- ques-uns des courants partiels? De là résulteraient les perturbations acci- dentelles que nous avons observées. Je pose la question sans prétendre la résoudre. » ASTRONOMIE. — Sur une progression arithmétique résultant de certaines dates contenue dans la liste d'étoiles temporaires donnée par Humboldt. Note de M. Moxtucci. « La progression en question a pour point de départ l'année 369 de notre ère, et pour différence 7,75. En voici le tableau : Epoques correspondantes Progression arithmétique calculée. .... , „ ... de la liste de Humboldt. 369 = 369 36g 36g -+- 3 X 7 ,75 = 392,25 3g3 Scorpion. 3g2,25 -1- 56 X 7)75 = 826,25 827 Scorpion. 826,25 -I- 24 X 7 ,75 = 1012,25 1012 Bélier. 1012,25 -+- 28 X 7,75 = 1229,25 i23o Ophiuchus. 1229,25 -+- 45 X 7,75 = 1578 1578 1578 + | X 7,75 = 1609 1609 1609 -I- 8 X 7,75 = 1671 1670 Renard. » Il résulterait de ce tableau que Irès-probablement on n'a vu, dans les années indiquées, que le retour d'une même étoile (on comète sans appen- dice?) parcourant une orbite quelconque dans un intervalle de sept ans et neuf mois environ. » Dans la liste de Humboldt les époques sont si vaguement indiquées, que la marge d'une année pour l'erreur du dernier ternie n'est pas excès- ( I2/i2 ) sive. Si l'hypothèse se confirme, l'étoile en question aurait paru ir>3 fois depuis l'an 36o, de notre ère jusqu'en 1O70, et n'aurait été observée que huit fois dans ce laps de temps. £11 partant ensuite de 1670, elle aurait dû parcourir son orbite 24 fois entre 1670 et 1 856, sans être vue. Sa dernière apparition aurait eu lieu en 1864. La différence d'environ trente mois qui existe entre cette dernière époque et l'actuelle me paraît trop forte pour que l'on puisse relier l'étoile temporaire vue dernièrement à la série ci-dessus. Il serait difficile de répartir convenablement l'erreur, puisqu'il partir de 1670 il faudrait augmenter le chiffre 7,75, tandis qu'avant 1670 il faudrait le diminuer pour abaisser 1671 d'une année. » HYDROGRAPHIE. — Sur l'emploi des barrages pour utiliser les eaux de la Dendre; par M. de Paravey. (Extrait.) « La Dendre, qui se rend dans l'Escaut, est une rivière qui a si peu d'eau, que des enfants de cinq à six ans peuvent en été la traverser à pied et sans danger; la France a, ce me semble, bien des rivières aussi faibles et qu'on ne songe pas à utiliser pour le transport des produits de leurs rives plus ou moins fertiles ou boisées. » En Relgicpie on est plus ingénieux, et deux fois par semaine, à des jours et à des heures bien réglés, la Dendre porte, à l'aide de ses barrages écluses et fort distants entre eux, de gros bateaux bien chargés qui se rendent dans l'Escaut, tandis qu'en même temps d'autres bateaux de l'Es- caut remontent la Dendre à laide des mêmes barrages à poutrelles. » Comment grossit-on cette faible rivière et la rend-on si utile? C'est par une habile combinaison des moments où doivent moudre tous les moulins des ruisseaux supérieurs qui aboutissent dans la haute Dendre. » Les réservoirs d'eau de ces moulins, se vidant tous ensemble deux fois par semaine, gonflent la Dendre à l'aide des barrages qu'on y a élevés : elle peut alors recevoir de gros bateaux bien chargés, et par ce flot artificiel, de barrages en barrages, les amener dans l'Escaut. » M. de Paravey signale à l'Académie la remarque suivante, faite par lui dans le Dictionnaire de l'Empereur Hang-Hy : l'hippopotame, qui n'a jamais vécu en Chine, mais bien en Egypte et en Afrique, était décrit sous le nom de Py-Sie, et comparé à un éléphant vicieux. ( 1243 ) M. Zaliwski-Mikorski communique à l'Académie une modification apportée par lui à la pile de Bunsen, et consistant dans l'emploi d'une couche d'huile à la surface du zinc. L'emploi de ce corps gras permettrait de supprimer l'amalgamation et accroîtrait considérablement la durée du courant. Selon l'auteur, l'huile interviendrait comme corps riche en hydro- gène, c'est-à-dire comme corps combustible. Le zinc ne doit pas être noyé dans l'huile, mais en être simplement humecté. L'éther, les carbures d'hy- drogène liquides produiraient le même effet que l'huile elle-même. (Cette Note sera soumise à l'examen de M. Edm. Becquerel.) SI. de Verxejoul exprime le désir de faire quelques essais dans les forêts du département du Gard, pour naturaliser le ver à soie signalé par M. Dauzat comme vivant au Mexique sur les feuilles de l'Arbousier. Il prie l'Académie de vouloir bien lui fournir les renseignements qui pourront lui permettre de se procurer des œufs de ce ver à soie. (La Lettre sera renvoyée à la Commission des vers à soie.) M. Wack adresse une Note relative à la théorie des parallèles. M. Serret sera invité à prendre connaissance de cette Note et à faire sa- voir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. Verdeil adresse la description d'une « expérience paraissant dé- montrer que le pendule ne vibre pas indéfiniment ». (Renvoyé à l'examen de M. Foucault.) M. Pietro Oletti adresse une Lettre écrite en italien et relative à l'hor- loge luni-solaire, marquant le flux et le reflux de la mer, qui a été envoyée par lui à l'Académie. (La Lettre sera soumise à M. Delaunay.) A 5 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. É. D. B. ( "^44 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 4 juin 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Cours d'Algèbre supérieure; par M. J.-A. Serret, Membre de l'Institut. 3e édition, t. II. Paris, 1866; 1 vol. in-8°. Recherches expérimentales et théoriques sur les figures d'équilibre d'une masse liquide sans pesanteur; par M. Plateau. Bruxelles, 1866; br. in-4°. Dictionnaire de Thérapeutique médicale et chirurgicale; par MM. BOUCUUT et Després. 2e partie, H. -P. Paris, 186G; 1 vol. grand in-8" avec figures. (Présenté par M. Velpeau.) Traité du travail des laines; par M. Alcan. Paris, 1866; 2 vol. in-8° avec atlas in~4°. (Présenté par M. Morin.) Histoire de l'expédition de Cochinchine en 1861; par M. L. PALLU. Paris, t'864; 1 vol. in-8°. Relation de l'expédition de Chine en 1 860 ; par M. L. Pallu, rédigée avec l'autorisation de S. Exe. M. le Comte de Chasseloup-Laubat. Paris, 1 863; 1 vol. in-4° avec atlas in-folio. Quelques mots à l'Académie au sujet du nouveau cimetière; par M. Clot- Bey. Marseille, sans date; br. in-8° autograpbiée. Le Livre de la morale; par M. A. Le Dain. Paris, 1866; in- 12. Notions de sciences pour les dames; par M. J. Joffroy. ite série : Entre- tiens sur la Physique. Paris, sans date; in-12. Annales dt la Société académique de Nantes et du département de la Loire- Inférieure. i8G5, ie semestre. Nantes, sans date; 1 vol. in-8°. Instruction populaire pour l'extinction de ta pellagre ; par M. A. COSTALLAT. Bagnères-de-Bigorre, 18G6; br. in-8". Clinique ophthalmolocjique ; par M. A. DE GRAEFE, édition française par M. E. Meyer. Paris, 18GG; 1 vol. in-8° avec figures. Fait-on bien d'élever autant de chats qu'on le fait habituellement? par M. E. Bobert. Paris, sans date; br. in-8°. La Terre et les Mers; par M. Louis FIGUIER. 3e édition. Paris, 1 vol. grand in-8° avec figures. La Terre avant le déluge; par M. Louis FIGUIER. 5e édition. Paris, 1866; 1 vol. grand in-8° avec figures. (Ces àeiw ouvrages sont renvoyés à la Com- mission du prix Cuvier 18G6.) ( 1245 ) Etudes pratiques sur les maladies nerveuses et mentales; par M. H. Girard DE Cailleux. Paris, 1 863 ; i vol. in-8°. (Renvoi à la Commission du prix de Statistique.) Statistique des aveugles; par M. le Dr Beanchet. Paris, 1866; 1 vol. grand in-8°. (Renvoi à la Commission du prix de Statistique.) Sui principii... Sur les principes électro-physiologiques qui doivent diriger l'emploi de l'électricité dans la médecine; par M. J. N.AMIAS. Sans lieu ni date; br. in-8°. Dei... Des récentes études électro-physiologiques et de leur application à la Médecine; par M. J. INAMIAS. Sans lieu ni date; br. in-8°. Sopra... Sur quelques phénomènes électriques; par M. J. Namias. Ve- nise, 1 865 ; br. in-8°. Nuovi... Nouvelles éludes expérimentales d'électricité; par M.. J. Namias. Venise, i8G5; br. in-4°- [Ces quatre derniers ouvrages sont renvoyés à la Commission de Médecine et Chirurgie (Application de l'électricité à la thé- rapeutique).] Ensayos... Essai sur l'emploi, comme force motrice, de la chaleur solaire et de la pression atmosphérique; par M. DE San Germais. Barcelone, 1 866 ; br. in-8°. 2 exemplaires. PUBLICATIONS PERIODIQUES KEÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT LE MOIS DE MAI 18G6. Annales de Chimie et de Physique; par MM. CHEVREUL, DUMAS, PELOUZE, Boussingault, Regnault; avec la collaboration de M. Wurtz ; mai 1866; in-8°. Annales de /' Agriculture française; i5 avril à 3o mai 1866; in-8°. Annales de la Propagation de la foi; n° 226; 1866; in-12. Annales de la Société d' Hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des séances; t. XII, 7e et 8e livraisons; 1866; in-8°. Annales des Conducteurs des Ponts et Chaussées; avril 1866; in-8°. Annales du Génie civil; mai 1866; in-8°. Annales médico-psychologiques ; mai 1866; in-8°. Annuaire de la Société Météorologique de France; t. XIII, 2e partie, feuilles i5 à 22, 1866; in-8°. Annuaire philosophique; t. III, 1866; in-8°. Bibliothèque universelle et Revue suisse. Genève, nos 100 et 10 1, 1866; in-8°. C. R., 1866, 1" Semestre. (T. LXII, N° 23.) I 62 ( 1*46 ) Bulletin de /' Académie impériale de Médecine; n05 i3, i4 et i5, 1866; in-S°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique ;n° 2, t. IX, 186G; în- Biillrlin de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale; mars 1866; in -4°. Bulletin delà Société de Géographie; avril et mai 18GG; in-8°. Bulletin île la Société de l'Industrie minérale; juillet à septembre 1866; in-8" avec atlas in-f". Bulletin de la Société française de Photographie; nos 4 et 5, 1866; in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; mars et avril 1 86G ; in-8°. Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d'Agriculture de France; nos 5 et G, 3e série, 18GG; in-8". Bulletin général de Thérapeutique; 1 5 et 3o mai 1866; in-8°. Bulletin international de l Observatoire impérial de Paris; feuille auto- grapliiée, mars, avril et mai 1866; in-f". Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; nos 19 à 22, mois de mai, Ier semestre 18G6; in-4°« Cosmos; n"s 18 à 22, 18GG; in-8°. Gazette des Hôpitaux; n05 5i à 64, 18GG; in-4°. Gazette médicale de F}aris; uos 18 à 22, j8GG; in-4°. Gazette médicale d'Orient; n° 2, 1866; in-4°. Journal d'Agriculture pratique; nos 9 et 10, 18GG; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; mai 1866; in-8". Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; avril 18GG; in-8°. Journal de Mathématiques pures et appliquées ; mais et avril 186G; in-4°. Journal île Pharmacie et de Chimie; mai 1866; in-8°. Journal des Connaissances médicales tl pharmaceutiques; nos i3, 14 et i5, 18GG; in-8". Journal des jabricanls de sucre; nos 3 à 7, 18GG; in-f". Journal of the Franklin Institute ; n° 485. Philadelphie, 18G6; in-8°. Raiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne; n"3 11 à i3; 1 feuille d'impression in-8°. L'Abeille médicale; n"5 19 a 23, i8G6; in-4°. L'Art dentaire; 11" 53, i8GG; in-8". L'Art médical; mai 18GG; in-8". ( 1^47 ) La Science pittoresque ; nos 18 à 20, 18G6; in-/j°. La Science pour tous; nos 22 à a6, 1866; in-4°. Le Gaz; nM 3 et 4, 18G6; in-4°. Le Moniteur de la Photographie ; nos l\ et 5, titre et table, t. V, 1866; in-4°. Le Technologiste ; n° 320, 1866; in-4°. Les Mondes... t. II, livr. 1 à 5, 1866; in-8°. Magasin pittoresque ; mai 1866; in-4°. Matériaux pour l'histoire positive et philosophique de l'homme; par G. DE Mortillet; avril 186G; in-80. Alontlily... Notices mensuelles de la Société royale d' Astronomie de Londres; avril 1866; in-t 1. Nouvelles Annales de Mathématiques; avril et mai 1866; in-8°. Presse scientifique des Deux Mondes; nos g, 10 et 1 1 , 1 S66 ; in-8°. Pharmaceutical Journal and Transactions; nos 9, 10 et 11, 1866; in-8°. Répertoire de Pharmacie ; nos 10 et 11, 1866; in-S°. Revue de Thérapeutique médico-chinirgicale ; nos 9, 10 et 1 1, 1866; in-8°. Revue des Eaux et Forêts; n° 5, 1866; in-8°. Revue maritime et coloniale; mai et juin 1866; in-8°. Socielà reale di Napoli. Rendiconto dell' Accademia délie Scienze fisiche e malematiche. Naples, mars et avril 1866; in-4°. The Journal ofthe Chemical Socielj; janvier à mars 1866. Londres; in-8°. The Reader, nos 175 à 179, 1866; in-4°. The Scientific Revicw ; n°3, t. II, 1866; in-4°. ( 1248 ) ERRATA. (Séance du 7 mai 1866.) Page 1024, lignes Set 12, au lieu de Eyraard, lisez Evrard. (Séance du 21 mai 18G6.) Page 1104. ligne 4> «« Heu de a! sin'g -+-a"eosJë, lisez a"sin' 6 -+- a'cos26. (Séance du 28 mai 1866.) Page 1182, ligne 12 en descendant, au lieu de travaux de M. Rankine, avec ses propres études, lisez travaux de M. Rankine avec ceux de M. Clausius et ses propres études. Même page, ligne 14 en descendant, supprimez les mots : avec ceux de M. Clausius. ■g Janvier Avril Juillet Octobre Pe v r icr .Mai Aoi'j I N ovcniW _Ë '-il 2î 33 2* 23 an il a» ao 30 ai i a a » î ti t b a i.i n u in u ir, ir, it ih in ;o îi la ?3 ai ;,-. :rt a: an iv Montmorency [1771) t'Ioi'HlI'C [655-1860 I6GS-IB7U COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 11 JUIN 1866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. Chevreul, en présentant à l'Académie le premier volume de son Histoire des connaissances chimiques, s'exprime comme il suit : n J'ai l'honneur de présenter à l'Académie le premier volume de mon Histoire des connaissances chimiques. Il a pour titre spécial : Connexions des sciences du domaine de la philosophie naturelle, exposées conformément à la méthode a POSTERIORI expérimentale sous le double rapport de l'analyse et de la synthèse. » Il comprend cinq livres : » Ier. Notions de philosophie générale. » IP. Notions chimiques réparties en six catégories. » IIP. Rapports de la Chimie avec l'histoire des corps vivants. » IVe. Distribution des connaissances humaines du ressort de la philosophie naturelle, conformément à la manière dont l'esprit humain procède à la recherche de l'inconnu, en allant du concret à l'abstrait et revenant de l'abstrait au concret. » Ve. Notions qui, au premier aspect, peuvent paraître indépendantes de la Chimie. » Le but que j'ai voulu atteindre a été de montrer les relations mutuelles des connaissances du ressort de la philosophie naturelle en les considérant C. R., 1866, 1" Semestre. (T. LXII, N« 24.) I 63 ( I25o ) exclusivement au point de vue de la méthode A posteriori expérimentale, à commencer par la définition du mot fait, puis en en déduisant les consé- quences applicables aux sciences comprises dans cette philosophie. » Le caractère essentiel de ces sciences réside dans la démonstration des propositions qui les composent respectivement. » L'homme est redevable à deux facultés de son intelligence, V analyse etla synthèse, de ce que l'étude lui fait connaître du monde et de soi-même. Autant ces deux facultés le distinguent des animaux, autant, à mon sens, elles le placent au-dessous de l'idée que nous avons de l'intelligence par- faite ; aussi trouvé-je dans l'imperfection de l'intelligence humaine, sa fai- blesse, la raison de la nécessité absolue de la méthode, non d'une méthode vulgaire, mais d'une méthode assujettie à un contrôle sérieux, comme l'est celle que j'ai définie sous l'expression de A posteriori expérimentale. » A mon point de vue je ne sépare pas l'analyse de la synthèse, parce qu'en toutes choses l'une est le contrôle de l'autre, et ce contrôle nous donne la conviction de la vérité. » Comment parvient-on à connaître les êtres, les objets qui tombent sous nos sens, ce qu'on nomme le CONCRET, chose et personne? C'est en étudiant les propriétés, les attributs de celles-ci. Or, la première condition à remplir est d'étudier chaque propriété, chaque attribut que l'on veut connaître, en l'isolant par la pensée, à l'aide de l'analyse, de l'ensemble des propriétés, de l'ensemble des attributs qui constituent chaque chose, chaque personne, en un mot le CONCRET soumis à l'étude à laquelle on se livre. » Comment peut-on connaître une propriété, un attribut? C'est en l'étu- diant d'une manière comparative. » Je cite pour exemple deux connaissances comprenant l'histoire des espèces chimiques, dont l'une, concernant le concret, est la Chimie, et l'autre, concernant l'abstrait, est la Physique. » L'objet de la Chimie est de connaître et de définir l'ensemble des pro- priétés constituant chaque espèce de matière d'origine minérale ou orga- nique que l'on qualifie de chimique. Ces propriétés appartiennent à trois groupes : les propriétés physiques, les propriétés chimiques et les propriétés organoleptiques. » L'objet de la Physique est, dit-on, de connaître les propriétés géné- rales des corps, des espèces chimiques ou d'un ensemble d'espèces chimi- ques. Or, l'étude qu'elle fait de ces propriétés est absolument abstraite, et voici comment. Par exemple, pour étudier la densité, elle prend une série de corps doués de cette propriété; elle les place dans des circonstances ( ia5i ) identiques, et mesure l'intensité de la propriété à l'égard de chacun d'eux. Elle ramène le poids de chaque corps à l'unité de volume pour des cir- constances identiques de température, d'élasticité s'il s'agit de fluides élastiques : c'est après cette détermination que le chimiste rattache à chaque corps la densité qui lui est propre et que le physicien a mesurée. Il en sera de même de la dilatabilité ou de toute autre propriété physique que les corps manifestent sous l'influence des agents naturels appelés chaleur, lumière, électricité et magnétisme. » Il est aisé maintenant de voir : » i° Que la Chimie, envisageant dans chaque espèce chimique l'ensemble de toutes ses propriétés, étudie cette espèce au point de vue concret, tandis que le physicien, ne considérant qu'une même propriété dans une série de corps, n'étudie ces corps qu'au point de vue abstrait , puisqu'il les con- sidère comparativement et exclusivement sous le rapport de cette seule propriété. » 2° Que connaître un corps, c'est l'étudier d'abord au point de vue de l'analyse, en isolant par l'esprit chaque propriété de l'ensemble dont elle fait partie; puis au point de vue de la synthèse, en restituant à ce corps cha- cune de ces propriétés après l'avoir étudiée d'une manière abstraite et com- parative. » Quand on voit clairement cette relation du concret avec l'abstrait, entre la Chimie et la Physique, on saisit ensuite avec facilité une relation semblable entre les deux parties de la Géologie; celle qui concerne la con- naissance des minéraux constituant l'écorce terrestre, c'est le concret; et la seconde, qui concerne les époques relatives de formation où ces minéraux ont occupé la place où nous les voyons aujourd'hui, c'est l'abstrait. » Les sciences des êtres vivants, la Botanique, la Zoologie, l'Anatomie et la Physiologie, se composent chacune d'une partie concrète et d'une partie abstraite. La première comprend 1 étude de l'individu ou de deux individus représentant l'espèce, et la seconde comprend d'abord la méthode natu- relle pour classer les espèces végétales en Botanique et les espèces animales en Zoologie, ajoutons l'étude comparative des organes et de leurs fonc- tions quand il s'agit de l'Anatomie et de la Physiologie. » L'homme ne peut connaître dans les espèces chimiques, quelle qu'en soit l'origine, que des propriétés ou des relations de propriétés, comme dans les êtres vivants il ne peut connaître que des propriétés, des qualités, des attributs; de là on tire cette conséquence, que ce qu'il connaît, ce qu'il sait avec certitude étant ce qui est ou ce qui a été, c'est-à-dire ce qu'on iG3.. ( I25a ) appelle le/ H a 0 "■ Q. 0 a a ■«! H Z £ - O -1 t- SS c Q H 3 Z O o a H ■«! 1-1 OOOO ---rCO — "" — •- ("S ci ci c. ci-^- 0 « pi w « en inmoin r-^co CO X X X X CO ce ce ce 00 ci « r-* r*- r- r**wm w rt w rt — « K X W X ^ t.T * (s n (S es - -r = "* 0 c 0 0 « 0 - 00 ce ce 00 CCS Ott'CO - «-=- c CO CC CO CO Lfi - ' w « -s Z 3 * „ •a _ ■a . - *-rm ci -» c^ ^- Cl o rt - a P- r. n oeû cim om r^p* o —in or^xn « 'n co co r^ o cico 'oooon—cecc 3ie*î n ao*6c c — ce ce m — ce c CM «ce O co --cr^cr- 0*0 c» N ce co o ~cr^crco ci^cr^crr r* es r~in i^cc co ~e-ce ci c. o r~ ~-^ ce ï m « m -crue m co — oencote o o ce -cr - - - -»N--n(irio CI l^iCl MlûMlfllflMro -creo u-i r» ClCC cico co ^ -cr--re U3 ce ce co t^ Cl f^ o Cl o C1CC n n o - — c o r^r^o o — co m ce -c--crio o cire po ci ci — O CiflM -cr-erce o m CN o Cl Cire o -c3--crce"--T — CO CO — C Cl O - — CN t^CC CO - - invri I^CO "" --"■«".--«onncifl es en r*. *o - 0 ^r - co Cl Cfc CiCO O O ce ClCO î> 00 OC nirtiO — CO CO C* M ci es — — — S * . 01 E 5'< 0 - -Q ~— ce ce n h ^c: ci PS = •S"? 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R.,iS66,i«Sem La première petite zone se trouve entre les forêts de Haguenau et de Bienwald; la seconde, partie dans l'arrondissement de Strasbourg, partie dans l'arrondissement de Saverne. » La périodicité des orages à grêle, qui est si remarquable dans les dé- partements du Loiret, de Loir-et-Cher et de Seine-et-Marne, a lieu égale- ment dans le Bas-Rhin. La principale période s'est montrée dans la grande zone, de 1857 à i863. » Il restait à examiner ce qui se passe dans les forêts de ce département pendant les orages à grêle. J'ai été à même d'étudier cette question à l'aide des Rapports que notre confrère M. Daubrée avait demandés en i844 à MM. les agents forestiers sur la climatologie du département, et qu'il a eu l'obligeance de me communiquer. Tous ces Rapports montrent qu'il grêle très-rarement dans les forêts et toujours d'une manière inoffensive, et qu'il existe même des parties où il n'avait pas grêlé depuis trente ans. » Les forêts, comme je l'ai dit dans mes deux précédents Mémoires, n'ar- rêtent pas brusquement les orages à grêle; les lisières placées sous le vent de ces orages sont quelquefois atteintes, mais ils perdent peu à peu de leur intensité en pénétrant dans l'intérieur, tandis que les terres situées au delà de la forêt sont en général préservées, comme cela a lieu dans les départe- ments du Loiret et de Seine-et-Marne. » i65.. ( i268 ) RAPPORTS. GÉOMÉTRIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Jordan intitulé : Recherches sur les polyèdres. (Commissaires : MM. Chasles, Serret, Bertrand rapporteur.) « Le Mémoire de M. Jordan est relatif à une question intéressante et nouvelle qu'il a eu à la fois le mérite de poser le premier et de résoudre d'une façon très-heureuse. » Si l'on cherche, sans le secours d'un modèle en relief, à faire la des- cription d'un polyèdre en mentionnant la forme et l'ordre de succession de ses diverses faces, arêtes ou sommets, il arrivera en général que chacun de ces éléments jouera un rôle distinct et spécial, sans pouvoir être confondu avec aucun autre, et cela indépendamment de toute mesure numérique et en raison seulement de l'ordre dans lequel se succèdent les faces, arêtes et sommets enchaînés autour de lui. Il y a cependant de nombreuses excep- tions, et il peut arriver de bien des manières que la description verbale d'un polyèdre reste la même quand on change le premier sommet autour du- quel tous les autres sont considérés comme groupés. C'est l'étude de ce nouveau genre de symétrie que M. Jordan s'est proposée dans le Mémoire dont nous avons à rendre compte à l'Académie, et qu'il a su faire avec beaucoup de bonheur et d'habileté. 11 convient, avant tout, de préciser, comme l'auteur le fait au début de son Mémoire, le mode de description dont il est ici question. » Soit M, dit-il, un sommet du polyèdre, MN une de ses arêtes. Un ob- servateur placé en M, sur la surface extérieure du polyèdre, et regardant dans la direction MN, verra les arêtes, faces et sommets divers s'enchaîner les uns aux autres suivant un certain ordre que j'appellerai, pour abréger, l'aspect de polyèdre relativement à l'arête MN et au sommet M. « Cette définition un peu vague, ajoute M. Jordan, peut être précisée de la manière suivante. Supposons l'observateur situé sous l'arête MN en un point très-voisin de M extérieurement au polyèdre; supposons qu'il se mette à tourner dans le sens direct autour du point M, en restant toujours sur la surface extérieure du polyèdre. Il traversera successivement une série de faces p., v, n, etc., auxquelles il donnera la série des numéros succes- sifs i,2,3, etc. Il numérotera de même les arêtes MN, MP, . . . dans l'ordre où il les rencontre; quant aux sommets, l'origine M portera le n° i, et les ( ,,î69 ) extrémités des arêtes MN, MP, . . . recevront successivement lesn°'2, 3, etc. » Cela fait, l'observateur se transportera sur l'arête MN clans les envi- rons du point N, et se mettra à décrire sur la surface extérieure du polyèdre un petit contour autour de N; les faces qu'il traverse et qui ne sont pas encore numérotées recevront des numéros à la suite des précédents. De même pour les arêtes nouvelles, dans l'ordre où on les traverse. A mesure qu'on numérote une arête nouvelle, on numérote également son extrémité. » On se transportera ensuite au point P, où l'on opérera de même, et l'on continuera en se transportant successivement aux divers sommets dans l'ordre où ils sont inscrits, sur celle des arêtes déjà numérotées et passant par le sommet dont le numéro d'ordre est le moindre. A mesure qu'on tra- verse une face ou une arête nouvelle, on la numérote à la suite; on numé- rote aussi les sommets qui sont à l'extrémité de ces arêtes nouvelles lorsqu'ils n'ont pas été déjà enregistrés. » En opérant de la sorte, on évite toute ambiguïté, et l'aspect du po- lyèdre pourra être ainsi défini: la relation entre le numéro d'ordre de chaque arête, ceux de ses deux extrémités et ceux des deux faces qu'elle borde, telle qu'elle est donnée par le tableau comparatif que l'on peut dresser aisé- ment. » Soit A le nombre des arêtes du polyèdre, l'observateur peut se placer sur l'une quelconque d'entre elles, en une de ses deux extrémités choisie à volonté. Le polyèdre peut donc être envisagé sous 2 A aspects en général différents, mais plusieurs peuvent être semblables entre eux, et la classifi- cation des diverses manières possibles est le but du travail de M. Jordan. » Les définitions suivantes sont nécessaires pour l'intelligence de l'énoncé des résultats obtenus. » Les faces et sommets du polyèdre sont réunies sous le nom générique d'éléments par opposition aux arêtes. » Deux polyèdres sont dits pareils si, en choisissant convenablement dans chacun d'eux un premier sommet et une première arête, on peut faire en sorte qu'ils présentent un aspect semblable; si plusieurs aspects d'un même polyèdre sont semblables entre eux, les éléments ou arêtes qui por- tent les mêmes numéros sous les divers aspects sont dits pareils. » Un élément ou arête sera dit n fois répété si le nombre des éléments ou arêtes pareils est égal à n. » Si donc les deux aspects relatifs à une même arête sont semblables, le polyèdre sera dit symétrique par retournement autour de cette arête. Si un élément présente le même numéro par rapport à À" aspects semblables entre ( ,27° ) eux, on dira qu'il y a symétrie par rotation d'ordre k autour de cet élé- ment. » Ces définitions établies, les principaux résultats obtenus par M. Jordan se résument dans les propositions suivantes : » Les diverses sortes de symétrie que peut présenter un polyèdre P sont au nombre de cinq. » i° Symétrie par rotation. — Solides présentant deux éléments singu- liers, dont chacun est unique de son espèce et doué d'une symétrie de ro- tation d'ordre A; les autres éléments ou arêtes sont tons k fois ré- pétés. » L'entier A' peut être quelconque. S'il se réduit à deux, l'un des éléments singuliers ou tous les deux peuvent être remplacés par des arêtes à retour- nement. » 20 Symétrie par rotation et renversement. — Solides présentant: i° un système de deux éléments pareils E et E', seuls de leur espèce et doués d'une symétrie de rotation d'ordre A:; 2° deux autres systèmes d'éléments ou d'arêtes remarquables composés chacun, soit de quatre éléments pareils doués de symétrie de rotation binaire, soit de A arêtes pareilles, douées de la symétrie de retournement dont les autres éléments ou arêtes sont 2 A fois répétés. » L'entier A- peut être quelconque s'il se réduit à deux, les éléments E et E' peuvent être remplacés par des arêtes à retournement. » Les trois autres classes dérivent des polyèdres réguliers par le procédé suivant : » Prenons un polyèdre pareil à l'un des polyèdres réguliers : remplaçons les arêtes par des lignes polygonales, ou plus généralement par des fuseaux à facettes polyédriques pareils entre eux et présentant une symétrie de ro- tation binaire autour d'un de leurs élériients, ou une symétrie de retour- nement autour d'une de leurs arêtes; remplaçons de même les faces par des calottes polyédriques pareilles entre elles et présentant autour d'un de leurs éléments une symétrie par rotation dont l'ordre soit égal au nombre des côtés de la face (ces calottes peuvent se réduire à de simples points); nous aurons reconstitué ainsi ou les polyèdres cherchés ou leurs polaires. » Cette construction donne trois types différents, dont le premier se rat- tache au tétraèdre, le second au cube ou à l'octaèdre, le troisième enfin au dodécaèdre ou à l'icosaèdre, la substitution de l'un de ces solides à l'autre revenant à substituer des sommets aux faces et réciproquement. » M. Jordan prouve enfin que ce mode de symétrie relatif au nombre et ( 1271 ) à l'ordre est corrélatif d'une symétrie parfaite et toujours possible, et qu'é- tant donné un polyèdre pareil à lui-même sous plusieurs aspects, on pourra toujours trouver une infinité de polyèdres à faces planes ou gauches, pa- reils à P et exactement superposables à eux-mêmes sous les mêmes as- pects. » Les polyèdres superposables à eux-mêmes, auxquels ceux que con- sidère M. Jordan se trouvent ainsi rattachés par lui, ont été considérés déjà par Bravais sous le nom de polyèdres sphéroédriques, dans ses très- belles et très-importantes Recherches sur la théorie des polyèdres. Ce rap- prochement, loin de rien enlever à l'intérêt de la théorie nouvelle, doit être considéré plutôt comme lui donnant un nouveau prix. Le Mémoire de M. Jordan, très-intéressant par ses résultats, montre chez son auteur, en même temps qu'une grande perspicacité, une rare habileté dans l'emploi des considérations géométriques les plus délicates, et l'Académie ne saurait trop encourager l'auteur à persévérer dans celte voie où il a su, dans une question tout élémentaire et placée en quelque sorte au seuil de la science, déployer un véritable talent de géomètre. » Le Mémoire de M. Jordan nous semble très-digne d'être approuvé par l'Académie et inséré dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. hydraulique. — Rapport verbal sur un ouvrage imprimé de M. Cialdi intitulé : « Sul moto ondoso del mare e su le correnti di esso, etc. » (M. de Tessan rapporteur.) « Dans la séance du 3o avril dernier, M. le Président m'a chargé de rendre compte à l'Académie d'un ouvrage de M. le commandeur Alexandre Cialdi, de la Marine pontificale, et je viens aujourd'hui m'acquitter de ce devoir. » L'ouvrage de M. Cialdi, écrit en italien, porte pour titre : Sul moto ondoso del mare e su le correnti di esso, specialmente su quelle littorali ; Sur le mouvement ondulatoire de la mer et sur ses courants, spécialement sur les courants littoraux. » Comme on le voit, le sujet de cette nouvelle publication est le même que celui des Cenni sul moto ondoso del mare e su le correnti di esso du même auteur, publié en 1 856, et présenté alors à l'Académie. Mais si le sujet est le même dans ces deux ouvrages, il est traité avec beaucoup plus de détail et de méthode dans celui dont j'ai à rendre compte à l'Académie. ( J272 ) » On sait que les ingénieurs des travaux hydrauliques à la mer ont, en Italie, à lutter incessamment contre une difficulté sans cesse renaissante : l'envahissement des ports par les vases et les sables, et la formation de bancs à l'embouchure des cours d'eau qu'ils obstruent, au double détriment de la navigation et de l'écoulement des eaux douces. » L'explication de ces atterrissements fâcheux a donné lieu, depuis long- temps, à deux théories bien distinctes : la première, la plus généralement adoplée en Italie avant les publications de M. Cialdi, les fait dépendre du courant littoral qui longe à petite distance toutes les côtes de la Méditer- ranée de gauche à droite pour un observateur placé à terre et regardant la mer; les vagues, dans cette théorie, n'ayant d'autre effet que de mettre en suspension dans l'eau les matériaux qui constituent le fond delà mer près des côtes, et de les livrer ainsi à l'action du courant littoral qui, seul, les transporterait et les déposerait aux lieux où ils s'accumulent. » L'autre théorie, celle que soutient M. Cialdi, et dont il a mis la vérité en complète évidence dans son excellent ouvrage, fait dépendre ces atter- rissements du transport vers le rivage et du dépôt, opérés par les vagues elles-mêmes, des matériaux qu'elles ont soulevés du fond de la mer, le cou- rant littoral ne jouant qu'un rôle très-secondaire ou même insignifiant dans ce transport et ce dépôt. » Ces deux théories rivales, qui ont compté parmi leurs partisans les sa- vants les plus distingués de l'Italie, ont donné lieu à de très-vives discus- sions, et M. Cialdi n'a pas été l'un des moins ardents dans ces débats scien- tifiques. » Le vif désir d'établir sur une base inébranlable, sur des faits positifs, la vérité de la théorie qu'il avait embrassée, a conduit cet infatigable cher- cheur à compulser tous les ouvrages écrits, soit en italien, soit en français, soit en anglais, et traitant de l'action des vagues et des courants sur les côtes, et, par une suite toute naturelle, à consulter tous les ouvrages écrits en ces trois langues, et contenant des vues sur la constitution intime des ondes liquides et des vagues de la mer au large et près des côtes. De plus, il a profité de plusieurs voyages qu'il a faits en Italie, en Fiance et en An- gleterre, pour se mettre en relation avec les savants et les ingénieurs qui s'occupent de ces difficiles questions, et pour recueillir leurs opinions. » C'est ainsi que, par vingt-cinq années de recherches assidues, M. Cialdi est parvenu à rassembler un nombre immense de faits et d'opinions dont l'ensemble, joint à ses propres observations faites dans le cours de ses ( '273 ) longues navigations et dans ses explorations sur les côtes, constitue le fond de son utile traité. » On se fera une juste idée de l'étendue de ces recherches quand on saura que plus de cinq cents auteurs, parmi lesquels on compte trente-cinq Membres de cette Académie, sont cités dans cet important travail. » L'exposition que fait M. Cialdi de tous les faits qu'il a rassemblés, de toutes les opinions qu'il a recueillies et de toutes les observations qu'il a faites lui-même, est claire, nette, précise et parfaitement coordonnée pour arriver au but qu'il s'était proposé d'atteindre en l'écrivant. Et si la vi- vacité que l'on remarque dans quelques passages de son livre pouvait faire croire que l'auteur n'est pas encore parvenu à convaincre tous les parti- sans de la théorie rivale, le lecteur impartial restera cependant convaincu, après examen, que M. Cialdi a parfaitement établi, par des preuves de fait surabondantes, l'exactitude delà théorie qui attribue à l'action des vagues une très-grande prépondérance sur celle du courant littoral dans les alter- rissemenis et les érosions des côtes. » L'auteur, après avoir bien établi ce point capital, s'.est demandé s'il ne serait pas possible à l'art de diriger le travail des vagues de manière à leur faire produire dos érosions là même où naturellement elles produisent des allerrissements fâcheux : par exemple, à l'entrée des canaux endigués qui conduisent de la mer dans les ports, aux points mêmes où tendent à se for- mer les bancs ou barres si nuisibles à la navigation et à l'écoulement des eaux douces, et à transformer ainsi, suivant la remarquable expression de Scott Russel, les vagues, ces dangereux ennemis, en robustes esclaves. » M. Cialdi pense avoir trouvé un expédient, relativement facile, pour opérer ce changement si désirable. Cet expédient est très-ralionnel; mais, lorsqu'il s'agit de lutter contre des forces aussi puissantes et aussi peu con- nues dans leur mode d'action que celles qui sont mises en jeu par la mer sur les côtes, l'expérience seule peut prononcer d'une manière définitive sur la valeur réelle des moyens employés pour les combattre. Elle ne l'a pas tait encore, mais elle ne lardera pas sans doute beaucoup à le faire; car cet expédient, approuvé par le Gouvernement pontifical et parles ma- gistrats de Pesaro, est aujourd'hui en voie d'exécution à l'embouchure de l'Izauro, sur la côte nord-est des Marches d'Ancône. » Il serait impossible, sans entrer dans de trop longs détails et sans l'em- ploi défigures, de donner une idée nette et précise de l'expédient imaginé par M. Cialdi : c'est dans son ouvrage même qu'il faut la chercher. Qu'il C. K., iSGG. i" Semestre. (T. LXI1, N° 24.) • D^ ( I274 ) nous suffise de dire qu'après avoir dévié par une courbe régulière l'axe du canal endigué, de manière qu'à l'embouchure de ce canal l'axe soit per- pendiculaire à la bissectrice de l'angle que font entre elles les directions des vents dominants et des vents régnants, c'est-à-dire des vents les plus vio- lents et des vents les plus fréquents, M. Cialdi propose de construire deux appendices de quelques centaines de mètres chacun, disposés de manière à recueillir les vagues formées sous l'influence de ces vents, et à les diriger transversalement vers l'embouchure du canal, de telle sorte que leur action se concentre sur le point même où la barre tend à se former, et qu'elles la balayent incessamment. » M. Cialdi propose d'appliquer son système au port Saïd, sur la rade de Péluse, où l'expérience pourrait être faite sur une grande échelle, sans augmentation sensible de la dépense prévue pour la construction des digues projetées et sans dommage pour le port, si, contrairement aux prévisions de l'auteur, l'expédient ne réussissait pas. Mais il est à croire qu'avant d'en- treprendre cette expérience en grand, on voudra connaître le résultat de l'expérience en petit faite à Pesaro. Car on peut craindre que les vagues, en s épanouissant à la sortie de l'entonnoir qui les dirige, ne laissent dépo- ser les matériaux les plus pesants qu'elles entraîneront, à l'entrée même du canal, à l'abri de la digue du vent, où, il est vrai, leur draguage serait plus facile. On peut craindre, en outre, que les bâtiments qui tenteront l'entrée par les vents régnants ne soient trop exposés à la manquer, étant pris de flanc et portés sous le vent par les vagues rendues plus puissantes par leur concentration. » Si l'expérience se prononce en faveur de l'expédient de M. Cialdi; si, comme il le pense, le mal n'est pas seulement déplacé, mais supprimé, ce savant aura rendu un immense service à la navigation et au commerce; car ce ne sont pas seulement les ports et les cours d'eau des côtes de la Méditerranée qui sont sujets aux atterrissements et aux obstructions, mais ceux des côtes de la Manche et de l'Océan, et ceux des côtes du monde en- tier sont dans le même cas, et jusqu'à présent l'art n'a réussi qu'à déplacer l'obstacle par des travaux incessants sans parvenir à le faire disparaître. » L'ouvrage de M. Cialdi forme un volume grand in-8° de plus de 700 pages ; il est divisé en 5 chapitres, 56 articles et plus de 1600 para- graphes numérotés; et le tout est suivi d'un long appendice et de 5 plan- ches. » D.ins le premier chapitre, l'auteur expose brièvement, ou plutôt passe rapidement en revue les divers travaux théoriques sur le mouvement des ( '375 ) ondes faits dans les divers pays de l'Europe et même de l'Amérique, et fait remonter à Léonard de Vinci, son compatriote, les premières idées justes sur ce sujet difficile et encore trop peu connu. C'est un abrégé trop suc- cinct de l'état actuel de la science relativement à la théorie du mouvement ondulatoire de l'eau. » Dans le deuxième chapitre, M. Cialdi expose ses propres vues sur le mouvement intime des particules d'eau dans les vagues, ou plutôt constate que l'on manque d'expériences suffisantes pour s'en faire une idée juste, conclut à ce qu'il faut se borner pour le moment à recueillir des faits, et passe à l'exposition de ceux qui sont relatifs à l'action du vent sur la mer et à cette même action sur les côtes dans quelques cas extraordinaires. » Dans le troisième chapitre, l'auteur mentionne tout ce qu'il a pu re- cueillir dans ses nombreuses lectures relativement à la hauteur, à la longueur et à la vitesse de propagation des vagues de la mer. Il constate la pénurie des observations précises sur ce triple sujet, et engage vivement les navi- gateurs à combler cette lacune. 11 s'étend ensuite longuement sur les ob- servations qui peuvent faire connaître jusqu'à quelle profondeur les vagues exercent sur le fond de la mer une action assez sensible pour mettre en mouvement les matériaux meubles qui composent ce fond. » On remarquera certainement à la fin de ce chapitre l'exposition des expériences très-soignées faites en commun par l'auteur et le P. Secchi sur la transparence de l'eau de mer, au large de Civita-Vecchia, et la savante discussion à laquelle le P. Secchi les a soumises. Les physiciens et les géo- mètres auront, toutefois, à juger jusqu'à quel point il est permis d'ad- mettre, avec ces deux savants, que la profondeur à laquelle cesse d'être visible un disque de 2m,37 de diamètre seulement, et qui n'occupe, lors de sa disparition, que la a 800e partie du champ de la vision, est la même que la profondeur à laquelle cesserait d'être perceptible, même par une simple altération de la couleur de l'eau, un disque occupant le champ tout entier de la vision, un champ 2800 fois plus grand : comme c'est le cas pour l'im- mense banc des Aiguilles au cap de Bonne-Espérance. Ils auront aussi à juger jusqu'à quel point on peut admettre que, même par beau temps et belle mer (car le changement de couleur de l'eau, sur le banc des Aiguilles, est visible en tout temps), les vagues peuvent encore exercer, à 200 mètres de profondeur, une action assez grande pour soulever le sable jusqu'à plus de i5o mètres de hauteur, et cela dans un lieu où l'eau se renouvelle constamment avec une vitesse de près de 2 mètres par seconde, vitesse supérieure à celle de la Seine, à Paris, dans ses débordements. 166.. ( '276 ) » Enfin, ceux qui voudraient admettre que, sur ce banc, par beau temps et belle mer, le sable est soulevé et porlé à la surface, non par les vagues, mais par le courant lui-même, opinion dans laquelle ils pourraient être confirmés par l'abaissement considérable (4 degrés centigrades) que la tem- pérature de la mer éprouve en passant du large sur le banc, ceux-là, dis-je, auront à expliquer comment ce banc, constamment balayé par un tel courant, n'a pas disparu depuis longtemps, ou bien à rechercher par quelle cause il se renouvelle sans cesse à la même place en conservant constamment la même hauteur. » Dans le quatrième chapitre, M. Cialdi a groupé tous les faits relatifs au transport horizontal qui accompagne le mouvement de propagation des vagues, soit au large, soit près des côtes. Il admet au large, lorsque le vent est très-fort, un mouvement de transport très-notable, même au point de vue de la navigation, de l'eau à la surface de la mer et jusqu'à une certaine profondeur. Mais il l'y croit insensible, du moins pour la navigation, lorsque le vent est modéré ou nul et qu'il n'y a que de la houle ; tandis que, près des côtes basses, il regarde le mouvement de transport comme toujours très-notable, qu'il y ait ou cpi'il n'y ait pas de vent. » L'auteur fait ressortir la nécessité de tenir compte, lors des vents très-forts, de cette dérive temporaire de la surface de la mer au large, dans la recherche des courants pélagiques permanents. Il montre le danger que le transport causé par les vagues près des côtes basses fait courir aux na- vires, insiste pour qu'on le prenne en sérieuse considération dans la navi- gation, et demande la construction de tables qui permettraient de l'appré- cier. » Dans le cinquième et dernier chapitre, M. Cialdi arrive à l'objet le plus spécial de son livre : à l'influence que le transport produit par les vagues exerce sur les atterrissements, et à la grande prépondérance de cette action sur celle des courants littoraux. L'auteur établit cette vérité sur des preuves extrêmement nombreuses, développe la théorie de l'expédient qu'il a ima- giné pour éviter la formation des barres à l'entrée des canaux endigués qui conduisent de la mer dans les ports, et s'étend particulièrement sur l'appli- cation qui s'en fait à Pes.iro et sur celle qu'il propose d'en faire à Port- Saïd. » L'appendice contient des Notes ou Mémoires de divers savants. On y trouve entre autres plusieurs Notes de M. de Caligny, souvent cité avec éloge dans le corps de l'ouvrage pour ses divers travaux relatifs an mou- vement des ondes liquides. ( I277 ) » Le toul est précédé d'un Rapport très-approbatif fait à l'Académie dei Nuovi Lincei, par le P. Secchi, au nom d'une Commission composée de quatre membres illustres de cette Académie : MM. Cavalieri, Volpicelli, Ponzi et Secchi rapporteur. » L'immense quantité de faits et d'opinions que contient cet ouvrage, l'ordre et la clarté avec lesquels ils y sont exposés, le fera lire avec beau- coup d'intérêt, non-seulement par les ingénieurs et les marins, mais encore par les physiciens et les géologues, et même par les géomètres qui vou- draient entreprendre le travail si désirable d'appliquer le calcul à un phé- nomène aussi peu connu dans sa constitution intime que celui des vagues de la mer. » Quoiqu'on puisse différer d'opinion avec l'auteur sur l'explication de quelques faits particuliers peu nombreux et sur la portée pratique de quel- ques déductions, on ne peut qu'accorder une approbation complète à l'en- semble de son excellent travail et désirer vivement devoir traduire en notre langue un ouvrage de cette valeur, qui, au mérite d'une vaste érudition et de l'utilité pratique, objet plus spécial de ce traité, joint le double avan- tage de faire réfléchir avec fruit et d'exciter à l'observation de faits d'une importance réelle. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. OPTIQUE. — Recherches sur l'action rotatoire que le quartz exerce sur te plan de polarisation des rayons les moins réfrangibles du spectre; par M. P. Desaixs. (Commissaires : MM. Pouillet, Fizeau, Edm. Becquerel.) « Dans un Mémoire inséré aux Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. XXX, nous avons, de la Provostaye et moi, étudié l'action rotatoire que les substances dites actives exercent sur les rayons calorifiques du spectre visible. J'ai étendu ces recherches à la partie obscure des radiations solaires, et je demande à l'Académie la permission de lui communiquer les résultats que j'ai obtenus. » D'abord, en opérant sur des rayons qui, dans le spectre dont je faisais usage, occupaient une position à peu près symétrique du jaune par rap- port au rouge extrême, je reconnus que le plan de polarisation de ces rayons n'éprouvait qu'une rotation de 19 degrés, en traversant normale- ment une plaque de quartz capable d'imprimer une rotation de 52 degrés au rouge moyen du même spectre. ( '278 ) » Ce premier fait acquis, j'ai opéré sur des rayons moins réfrangibles encore et clans là région symétrique du bleu par rapport au rouge extrême; j'ai trouvé de la chaleur dont le plan de polarisation n'éprouvait qu'une rotation de 8 ou 9 degrés sous l'action de la plaque de quartz précédem- ment définie. A conditions égales, la rotation de ces rayons était donc environ seize fois plus faible que celle du violet extrême de M. Biot. Leur longueur d'onde serait donc quatre fois plus considérable que celle qui caractérise ce violet, s'il était vrai que jusqu'à ces limites extrêmes on pût, au moins à titre de première approximation, admettre que les rotations sont inversement proportionnelles aux carrés des longueurs d'onde. » Pour observer commodément les très-faibles rotations dont je viens de donner la valeur, il n'est pas besoin d'opérer sur des rayons isolés dans la partie obscure d'un spectre. Si l'on transmet un faisceau solaire à travers une couche un peu épaisse de solution d'iode dans le sulfure de carbone préparé d'après les indications de M. Tyndall, on n'y laisse guère subsister que des rayons tout semblables à ceux sur lesquels ont été faites les obser- vations ci-dessus décrites. » J'ai fait sur ce nouveau point un nombre assez considérable d'ex- périences. J'en décrirai une série. » Un faisceau solaire bien polarisé et transmis à travers une couche de sulfure iodé était complètement éteint quand mon analyseur marquait 45 degrés. L'interposition du quartz ramena une action sur le rhéomètre, mais cette action disparut de nouveau quand l'analyseur fut amené à la division 55, et toutes les observations faites en d'autres azimuts s'accor- dèrent à prouver que la rotation avait bien été de 10 degrés. Voici ces observations : Position de l'analyseur. Déviation. 55 o 55 o,i — 35 20,5 -4- 10 10 -t- 100 io,5 » Pour des positions de l'analyseur également distantes de 55 les dévia- tions sont égales et la somme de celles qu'on obtient à -4-10 et à +100 est égale à celle que l'on obtient à —35, comme cela doit être. Indivision du limbe employé dans ces mesures va dans un sens et dans l'autre à partir du zéro des divisions jusqu'à 180. Le quartz était toujours le même. ( I279 ) » Je terminerai cette Note en citant quelques observations d'une nature toute différente qui me paraissent confirmer les résultats précédents. M. Dumoulin-Froment avait eu l'obligeance de me confier un réseau au 25oe, qu'il avait construit lui-même. Sur cet appareil délicat, je fis tomber un faisceau solaire transmis par une ouverture étroite et concentré par une lentille : à une distance convenable, j'obtins sur un écran, et avec beaucoup de pureté, les phénomènes de Fraunhofer. En plaçant la pile dans les espaces noirs qui s'étendent de part et d'autre du faisceau central, je n'obtenais aucune déviation. L'aiguille, au contraire, fut quelquefois chassée jusqu'à i5 degrés par l'action des rayons verts, jaunes et rouges du premier spectre. La limite du rouge extrême de ce spectre touchait le violet du second. En recevant les rayons compris dans cette région, j'obtenais encore 10 de déviation; plus loin, les effets décroissaient rapidement, et, dans les conditions de mes expériences, je n'obtenais plus qu'une déviation de i à 3 lorsque je recevais dans la pile l'orangé et le jaune du second spectre, avec les portions du rouge et du vert les plus voisines de ces couleurs; mais, et c'est sur ce point que j'insiste, en interposant sur la route des rayons, l'auge pleine de sulfure iodé, j'éteignais tous les effets produits par la chaleur que l'on trouvait dans la partie visible du premier spectre et jusque dans le violet du second, tandis que, quand la pile était placée de façon à rece- voir le vert, le jaune et l'orangé de ce second spectre, l'interposition du sulfure ne faisait pas complètement disparaitre l'action calorifique. Telle était donc, dans le premier spectre, la position des rayons obscurs transmis à travers le sulfure. Ces derniers résultats ont été obtenus avec une pile très-sensible construite par M. Ruhmkorff d'après les récentes indications de M. Edm. Becquerel. » HYGIÈNE PUBLIQUE. — Epidémie cholérique de i8G5: par M. de Pietha- Santa. (Extrait.) (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) « En se livrant à l'analyse minutieuse des faits isolés, on aperçoit les traits les plus saillants des épidémies successives, que l'on peut ainsi for- muler : » i° Préexistence, dans la majorité des cas, de la diarrhée prémonitoire et des phénomènes prodromiques; » 2° Possibilité d'arrêter la maladie au moyen d'une intervention médi- cale et hygiénique immédiate; ( ia8o ) « 3° Développement simultané du choléra sur toutes les catégories d'ha- bitants ou de malades. « Le clioléra accuse dans toutes ses phases, par sa subite irruption, par » son développement général, par sa simultanéité d'aclion sur tous, dans » chaque mouvement d'extension ou de décroissance, l'existence d'un » même principe morbide. » (Rapport Blondel.) » 4° Difficulté de plus en plus grande que rencontre l'épidémie pour se constituer, se disséminer et se développer; » 5° L'amoindrissement successif du principe morbide, qui perd de son activité primordiale, puisque à chaque nouvelle épidémie l'on constate suc- cessivement une mortalité beaucoup moins élevée. » Ainsi à Paris : En i83?. i8654 décès sur ^53 9H7 habitants, soit 1 sur 4° En 1849 19 184 » 995504 1 » 5i En 1 853-54- • 9°9^ ■ 1021 5 3o 1 » 112 En i865 6 1 76 » 1667 ^4' ' " 27° » En dehors de ces résultats généraux, il n'existe que difficultés, incer- titudes, obscurité; aussi, M. Grimaud, de Caux, ne s'abuserait-il pas quand il croit connaître la théorie véritable du choléra-morbus, et quand il pense avoir découvert et signalé le point du sol où en débarquant il a touché France? » J'espère faire rejeter les trois similitudes auxquelles il s'attache, en prouvant : » i° Qu'il n'y avait pas de choléra à Alexandrie, le i€r juin, au moment du départ de ce bateau à vapeur; » a" Que l'on a constaté à Marseille des cas de choléra avant le 12 juin, jour de l'arrivée du navire dans le port de la Joliette; » 3U Que les pèlerins de la Mecque ne portaient plus, ni en eux, ni sur eux, les germes de la maladie. » i° A Suez, on observe deux décès cholériques le 21 mai (capitaine du navire anglais et sa femme arrivant de Djeddah), puis quelques cas de cho- léra peu graves et de guérison prompte jusqu'au 21 juin, jour où se déclare le piemier cas mortel. « A Alexandrie, le premier cholérique (Égyptien travaillant au charbon) est observé par M. Aubert-Roche, le 2 juin; mais l'épidémie n'est recon- nue officiellement que le 12. » Pendant que M. Grimaud affirme que h le choléra de l'isthme a la ( ia8i ) « valeur démonstrative d'une expérience de laboratoire, puisqu'on peut » suivre le fléau pas à pas, partout où il se montre on découvre d'où il » vient, » M. Aubert-Roche, médecin en chef de la Compagnie, résume en ces termes l'historique de l'invasion : « D'Alexandrie la maladie rayonne, » frappe à droite et à gauche, sévit avec intensité sur un point, peu sur un » autre, épargne telle ou telle localité, sans que l'on puisse trouver une » raison de son mode d'action : il semble que le démon épidémique a des u caprices. » » 2° Du t i juin au 3i juillet, quarante-neuf paquebots à vapeur ramè- nent d'Alexandrie à Marseille 4ooo personnes; et pourtant la dissémina- tion de l'épidémie est si lente, qu'à la date du i5 août on n'avait enregistré aucun décès dans les principales Administrations. » Si l'on peut contester les faits invoqués par M. Didiot, partisan con- vaincu de l'influence épidémique, décès cholériques survenus les 4> 5, 6 et 9 juin, nous devons avoir pleine confiance dans ce que nous apprend M. Grimaud; or, voici ce qu'il écrit dans sa première communication à l'Académie des Sciences : « Les premiers cas officiellement déclarés sont du 23 juillet; cependant « de nombreux décès avaient eu lieu précédemment. En remontant à la m source des faits, je suis arrivé jusqu'au 9 juin, cinquante-quatre jours » avant la déclaration officielle. » _Ne serait-ce pas là le cas de l'église Saint-Laurent, survenu, au dire de M. Didiot, trois jours avant le débar- quement des hadjis de la Mecque? » 3° Rien ne prouve que les trois Arabes de la Stella aient succombé à des symptômes cholériques : une foule de circonstances s'opposent au con- traire à cette interprétation. » Les pèlerins infectés de la Stella ne communiquent la maladie ni aux autres passagers du navire, ni aux hommes de l'équipage, qui ont vécu au milieu d'eux pendant douze jours. » Ils ne laissent pas dans le fort Saint-Jean les éléments d'un premier foyer de contagion, puisque aucune atteinte de choléra n'a été signalée parmi les soixante-sept personnes logées, à poste fixe, dans les bâtiments du fort. » Les pèlerins de la Stella s'embarquent les i3, 14 et iG juin pour leurs provinces respectives, et aucun cas de choléra ne se manifeste ni parmi eux, ni parmi les autres passagers, ni parmi les équipages des bateaux à vapeur sur lesquels ils sont embarqués. Ils arrivent à Tunis, au Maroc, à Constantine, à Alger, à Oran, et nulle trace d'épidémie ne signale leur passage. C .R., 1866, 1" Semestre. (T.'LXII, N° 24.) I 67 ( 1282 ) h Après avoir combattu les principes contagionistes de M. Grimaud, je repousse les conséquences qu'il en tire pour proclamer la nécessité des cor- dons sanitaires et des quarantaines. L'histoire démontre que l'institution de la quarantaine a toujours été insuffisante pour protéger les pays sains; l'observation prouve, à l'évidence, que les quarantaines, dangereuses pour les populations cholérisées, ont été sans cesse préjudiciables aux intérêts généraux du commerce et de l'industrie. » CORRESPONDANCE. M. le Mixistre de l Ixstrcctiox publique autorise l'Académie à prélever, sur les reliquats disponibles des fonds Monlyon, diverses sommes qui de- vront recevoir les destinations indiquées par la proposition de l'Académie. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i° Une brochure de M. de Labordetle, ayant pour titre : « Note sur le spéculum laryngien » ; 20 Un ouvrage de M. Cretainé, ayant pour titre : « Éludes sur le pro- blème de la marche du cavalier au jeu des échecs et solution du problème des huit dames » ; 3° Un ouvrage de M. Rambosson, ayant pour titre : « les Astres : notions d'Astronomie à l'usage de tous ». M. Elie de Reaumoxt, en présentant à l'Académie, de la part de l'au- teur M. Pascal, son « Étude géologique du Velay », donne lecture des pas- sages suivants de la Lettre d'envoi : « Douze ans de recherches dans cette partie du plateau central de la France qui forme le déparlement de la Haute-Loire m'ont permis de faire des observations nouvelles et nombreuses. » En 1842, je remettais à M. Bertrand de Doue, président de la Société scientifique du Puy, des cristaux de saphir, de zircon hyacinthe, de spinelle noir (pléonaste), de titane silicéo- calcaire, etc., implantés dans des nodules de granit fritte et enveloppé par des roches volcaniques (scories et laves basaltiques). Le problème de l'origine des pierres gemmes de la liante-Loire se trouvait résolu. Ces précieuses substances avaient été arra- chées aux terrains de cristallisation par les feux volcaniques. Les roches ( 1283 ) granitiques des montagnes du Velay ne renferment ni saphirs, ni zircons, ni pléonastes; on n'y connaît que quelques cristaux de grenat et de pinite translucide qu'on a pris pour des cristaux d'émeraude. Les feux souter- rains ont donc amené ces pierres fines des profondeurs inconnues, où ils tiennent en fusion les matières granitiques et les transforment en lave. » M. Bertrand Geslin, qui a laissé un nom aimé dans les sciences, aurait trouvé dès 1822, clans les brèches volcaniques du rocher, ou plutôt de l'aiguille de Saint-Michel , des cristaux de grenat ou de zircon dans un nodule de roche primordiale empâté dans la brèche. Si ces cristaux étaient des grenats, le fait serait des plus incontestables. Les fragments de granit disséminés dans la masse de ce rocher conique, merveilleux support d'une chapelle du xe siècle, contiennent généralement des grenats qui sont souvent d'une très-belle eau; mais si l'on a prisées cristaux pour des zircons, le fait me paraît moins certain. J'ai fait les plus minutieuses recherches dans toutes les brèches volcaniques de la Haute-Loire, et en particulier dans les brèches de Saint-Michel et de Corneille. Je n'y ai rencontré, dans les condi- tions qui nous préoccupent, que des cristaux de grenats et des grains de fer oxydulé titane. Dans les brèches du cône volcanique de Denise, j'ai recueilli des cristaux de sphène silicéo-calcaire. » Eu i844j des doutes s'étant élevés sur Fauthenticité des fossiles hu- mains trouvés dans les cendres volcaniques de la montagne de Denise, j'exa- minai les lieux et fus assez heureux pour mettre à découvert, en fouillant moi-même ce gîte fossilifère, un métacarpien d'homme. Pour moi, il est hors de doute que cet ossement a été enfoui par des causes purement natu- relles; mais ce n'est point là une preuve qui nous autorise à regarder l'homme comme contemporain de l' Elephas primigenius, ainsi que l'ont pré- tendu plusieurs géologues. Ces ossements se trouvaient à une très-petite profondeur et dans des couches de cendres remaniées depuis la période his- torique. » J'ai recueilli un assez grand nombre de minéraux qu'on n'avait pas encore signalés dans les roches de la Hante-Loire, entre autres le wolfram et l'apatite (phosphate de chaux) en prismes hexaèdres. Ces substances, et en général tous les minéraux des laves, des scories et des brèches, ne se trouvent qu'accidentellement dans les terrains volcaniques; ils appartiennent aux formations granitiques. » Les saphirs, zircons, spinelles, grenats, etc., n'étaient connus que dans le seul gisement de Crousles, et plus particulièrement dans les sables du Riou-Pezzouliou (le ruisselet Pouilleux); j'ai rencontré ces mêmes sub- 167.. ( 1284 ) stances dans presque toutes les roches rejetées par les volcans de la troi- sième sous-période, auxquels j'ai donné la dénomination de derniers volcans du Fetay. » Vous savez, Monsieur le Secrélaire perpétuel, qu'il existe dans la Haute-Loire des marnes et argiles que M. Bertrand de Doue a désignées sous le nom de marnes et argiles sans Jossiles. On a voulu voir dans ces ter- rains, qui atteignent souvent plus de ioo mètres d'épaisseur, tantôt des dépôts de la mer, et tantôt des couches formées sous des eaux délétères. J'ai indiqué, je crois, la véritahle origine de ces marnes et argiles. De nom- breuses observations m'ont donné la certitude qu'elles n'étaient qu'un métamorphisme du granit, qui s'opère le plussouvent sur place. J'ai fourni quelques éclaircissements sur l'âge des grès du bassin supérieur de la Haute- Loire, qu'on avait à tort rapportés aux terrains houillers, et qui bien certai- nement appartiennent à une époque postérieure. » ASTRONOMIE. — Note sur la réaction des eaux de la mer sur le mouvement de la Lune; par M. Allégret. « Un géomètre éminent, M. Joseph Bertrand, a montré, dans une Note récente, que, par suite de la réaction des eaux de la mer sur le mouvement de la Lune, la grandeur de l'accélération apparente produite par l'action de notre satellite sur ces mêmes eaux doit être diminuée de moitié environ. Il existe un autre effet non moins curieux de celte réaction. Le principe des aires montre qu'un retard dans la rotation de la Terre, provenant de l'action de la Lune, donne lieu à une accélération correspondante dans la somme des aires décrites par le rayon vecteur mené du centre de gravité de la Terre et de la Lune à ce dernier astre. Si on admet que le couple qui altère la rotation de la Terre est toujours situé dans le plan de l'équateur, il est visible que la réaction de ce couple doit nécessairement abaisser le plan de l'orbite lunaire, et l'amener à coïncider à la longue avec le plan de I équa- teur. » Cette circonstance modifierait, sans aucun doute, la grandeur des per- turbations de notre satellite dues à l'action du Soleil, et contredirait quelque peu les théories actuelles de la Lune. » D'un autre côté, ainsi que je l'ai déjà énoncé dans ma INote du 28 fé- vrier dernier, si le couple qui agit sur notre globe est situé dans le plan de l'écliptique, ainsi qu'il paraît plus naturel de le supposer, on s'assure aisé- ment que cet astre est dans une position d'équilibre instable, et que l'axe ( i285 ) du monde se rapproche constamment du plan de l'écliptique. En même temps, la vitesse de rotation de la Terre tendrait à devenir uniforme. Sans insister sur les graves conséquences qui découlent de là, il est bon de remarquer qu'elles résultent inévitablement du principe élémentaire de l'égalité de l'action et de la réaction, et d'un théorème bien connu sur la composition des moments. Elles subsisteraient d'ailleurs, quelle que fût la loi d'attraction qui existerait entre la Lune et les molécules de l'Océan. » Il n'est peut-être pas inutile de signaler ces divers effets à l'attention des personnes compétentes qui s'occupent de cette question. » HISTOIRE naturelle. — Sur la reproduction et l'embryogénie des Pucerons. Deuxième Noie de M. Balbiani, présentée par M. Ch. Robin. (Extrait par l'auteur.) « Chez les Aphides vivipares le blastoderme contribue pour une certaine part à la formation de l'embryon, mais cette part se borne exclusivement à la production des lames qui complètent en avant l'extrémité céphalique. Tout le reste résulte, au contraire, d'une partie entièrement nouvelle sur- ajoutée au blastoderme. » Le premier phénomène qui dénote le commencement du développe- ment embryonnaire est un bourgeonnement des cellules sur une des moitiés de la circonférence de l'ouverture dont j'ai indiqué précédemment le but et le mode déformation au pôle postérieur du blastoderme. Le résultat de ce bourgeonnement est la production d'une lame celluleuse qui, du bord de l'ouverture précédente, s'élève graduellement dans l'intérieur de l'œuf en se repliant contre la paroi interne du blastoderme qu'elle paraît doubler en quelque sorte dans une certaine étendue. Parvenue à une petite distance du pôle antérieur, elle se replie en dedans, en sens inverse de sa première direction, comme pour redescendre vers l'ouverture qui a élé son point de départ, mais ne dépasse pas, au moins pour le moment, le milieu de la branche ascendante. Cette lame courbe, produite delà sorte par un bour- geonnement du blastoderme dans l'intérieur de sa propre cavité, n'est autre chose que le rudiment embryonnaire ou la bandelette primitive (Keim- stre if des auteurs allemands) moins la partie antérieure de la tête. En effet, la branche ascendante représente toute la paroi ventrale céphalo-thoracique destinée à porter les appendices buccaux et locomoteurs, et la branche descendante la paroi ventrale de l'abdomen. Quant aux éléments destinés à former la paroi antérieure de la tête avec ses appendices ou les antennes, ( ia86 ) ce sont les seuls qui, ainsi que je viens de le dire, résultent d'une transfor- mation du blastoderme. A cet effet celui-ci s'épaissit dans la région corres- pondante à celle contre laquelle est appliquée la branche ascendante ou céphalo-thoracique de la bandelette primitive, de manière à entourer comme un capuchon la base de cette branche avec laquelle cette partie épaissie se continue à travers l'ouverture du pôle postérieur. Dans tout le reste de son étendue le blastoderme se transforme eu une membrane mince, laquelle enveloppe l'embryon comme dans une espèce de sac qui l'isole de la loge ovarique. » A cette époque de son évolution la bandelette embryonnaire offre donc dans son ensemble la forme d'un S dont la courbure inférieure représente le capuchon céphalique, la courbure supérieure le rudiment de l'abdomen, et la branche intermédiaire les rudiments réunis de la tète et du thorax. » La bandelette primitive se divise en deux moitiés longitudinales par la formation d'un sillon sur chacune de ses faces. Ces deux moitiés symé- triques, qui représentent les axes des deux moitiés du corps et accusent le type bilatéral de l'animal, sont les bourrelets germinatifs [Keimwùhle des embryogénistes allemands). Leur formation est un des phénomènes les plus précoces de l'évolution des Pucerons, car elle a lieu au fur et à mesure même de la formation de la bandelette primitive, et par conséquent bien antérieurement à l'apparition des zonites et de leurs appendices. Quant aux autres principaux phénomènes embryogéniques, tels que la formation d'un feuillet réfléchi superficiel (FaUenblalt de M. Weismann), celle des parties primitives de la tète, la division des bourrelets germinatifs en segments transversaux ou zonites, l'apparition des appendices céphaliques et thora- ciques, etc., je ne puis que les mentionner ici, renvoyant tout ce qui est relatif à ces différents points de l'évolution embryonnaire au Mémoire où je me propose de traiter in extenso le sujet résumé dans cette Note. » A mesure que la bandelette primitive pénétrait dans l'intérieur de l'œuf, les masses sexuelles ont suivi celle-ci dans son mouvement et sont venues se placer contre la face interne de la portion supérieure repliée ou portion abdominale de cette bandelette. A ce moment il n'existe rien encore qui ressemble à une cavité viscérale, la bandelette ne renfermant, comme chez tous les Articulés, que les éléments de la tète et de la paroi inférieure du corps. Les masses sexuelles se trouvent donc, par le fait, complètement à nu et en dehors de l'embryon. Mais déjà on peut reconnaître que les cel- lules embryonnaires s'alignent en séries parallèles dirigées vers l'extrémité de l'abdomen, pour former les conduits excréteurs destinés à les mettre en rapport avec celte région. ( ^87 ) » Le développement continuant dans ces conditions, l'embryon grandit, et avec lui tout l'appareil sexuel; les parties déjà existantes se complètent et se perfectionnent, la bouche et l'anus se forment, le tube digestif devient visible à ses extrémités. C'est ici qu'intervient un phénomène aussi simple dans son mécanisme qu'important dans ses résultats pour la marche ulté- rieure du développement chez les Articulés; je veux parler du renversement dans le mode d'enroulement de l'embryon. Ce renversement, qui ne s'ef- fectue pas toujours à l'aide d'un procédé identique chez tous ces animaux, s'opère chez les Aphides par une véritable culbute en arrière que l'embryon exécute dans l'intérieur de sa loge. Par suite de ce changement de position, la tète, qui, dans l'origine, était en rapport avec la partie postérieure de la loge, vient se placer à la partie antérieure, tandis que la surface ventrale, d'abord tournée à l'intérieur, se trouve maintenant regarder en dehors et située immédiatement sous l'enveloppe de l'oeuf. Du même coup, l'ab- domen est reporté au côté dorsal et s'élève, comme une espèce de queue de l'embryon, jusque sous la partie postérieure de la tète, en laissant entre lui et le rudiment céphalo-thoracique un espace dont la majeure partie est remplie par la masse des organes générateurs. Dans cette situation nou- velle, il suffit que l'embryon se complète en arrière par la formation d'une paroi dorsale, pour que ces organes se trouvent, tout naturellement et sans nouveau changement de position, renfermés dans la cavité du corps. » Quant à la fermeture du corps en arrière, elle est réalisée par la simple croissance des arceaux ventraux vers la région dorsale et leur fusion sur la ligne médiane de celle-ci. N » Si l'on cherche à se rendre compte, à cette période du développement, de la disposition de l'appareil hermaphrodite des Aphides vivipares, on retrouve la masse primitive commune des cellules ovariques divisée en deux groupes symétriquement placés dans la partie postérieure du corps, et cha- cun de ces groupes formé lui-même d'un petit nombre d'amas celluleux dont chacun possède une enveloppe propre. On reconnaît facilement dans ceux-ci les chambres terminales des gaines ovariques avec leur contenu de petites cellules transparentes. L'organe mâle s'est également divisé en deux parties, disposées, sous forme de deux cordons de forme variable, de chaque côté du tube digestif, en dedans des ovaires, au-dessus desquels elles s'élè- vent plus ou moins. Toute la masse de ces organes, dont la coloration, d'un vert souvent très-intense, frappe immédiatement la vue, est constituée par de grandes cellules ovales ou polyédriques dont je décrirai les caractères en parlant plus bas de la formation des corpuscules séminaux. Une enve- ( 1288 ) loppe très-ténue s'étend autour de chacun d'eux et se continue à la partie postérieure en un prolongement effilé qui vient se perdre sur les côtés du rectum et représente vraisemblablement un conduit excréteur. Le col de la vésicule séminale pouvant également être suivi jusque dans cette région, il est probable que c'est là que s'opère la réunion de ces conduits avec le réser- voir sper ma tique. Quant à la vésicule séminale, elle est constituée par une poche assez ample, située sur la ligne médiane, au-dessus de l'intestin, et dont le fond s'avance parfois jusque vers le milieu du corps. Sa paroi est formée d'une simple membrane anhiste, véritable membrane de cellule, d'une délicatesse et d'une transparence telles, que, dans la plupart des cas, sa présence n'est accusée que par les granulations colorées et les corpus- cules séminaux qui en composent le contenu, ce qui explique comment elle est resiée inaperçue jusqu'ici de tous les observateurs. La vésicule séminale se termine par un conduit très-grêle qui en représente le col, et que j'ai pu suivre jusqu'au point de réunion des deux trompes ovariques, où probable- ment il s'insère. » Il me reste, pour terminer, à dire quelques mots des corpuscules sper- matiques et de leur formation. Celle-ci commence de très-bonne heure, car tous les embryons des Pucerons vivipares renferment, comme on sait, au moment de la naissance, de nouvelles générations en voie de développe- ment. Bien plus, il n'est pas rare de rencontrer le réservoir spermatique, dont j'ai signalé précédemment la formation précoce, déjà rempli de cor- puscules séminaux avant qu'il y ait encore aucune trace d'un embryon dans l'œuf. Ces corpuscules se forment, comme je l'ai déjà dit plus haut, dans les grandes cellules colorées qui composent la masse des deux organes situés dans le voisinage des ovaires. Au moment de leur apparition, ces cellules ne renfermaient qu'une substance homogène et incolore; mais à mesure qu'elles grossissent elles se pénètrent de fines granulations qui leur donnent la coloration verte ou jaune-verdâtre qu'elles présentent chez la plupart des Aphides; en même temps leur contenu se transforme en une multitude de petites cellules filles pâles, pourvues d'une membrane et d'un noyau : ce sont les cellules de développement des éléments spermatiques. Elles sont, en effet, bientôt remplacées par d'innombrables petits cor- puscules foncés, larges de omra,ooi à omm,oo2, qui, sous de forts grossis- sements, apparaissent comme de très-petites Amibes; mais leur forme ne paraît pas changer sous le microscope. Les grandes cellules mères ont perdu alors leur transparence et leur couleur verte, elles sont devenues opaques et brunâtres et se désagrègent facilement, en se résolvant en une ( i289 ) sorte de poussière après la destruction de leur membrane d'enveloppe. Chez plusieurs Aphides, ces corpuscules amiboides subissent un degré d'évolution de plus par leur transformation en de petits bâtonnets inégaux, droits ou diversement flexueux, immobiles et incolores, longs de o™IU,oo5 à omni,o20. On serait facilement enclin à les prendre pour une production végétale parasitaire, si l'on n'avait pas sous les yeux tontes les phases successives de la transformation de ces éléments. De plus, leur rapide solubilité dans les solutions alcalines constitue un caractère cpii les différencie complè- tement des Oscillaires microscopiques, avec lesquels ils présentent le plus de ressemblance. Plusieurs fois j'ai réussi à apercevoir quelques-uns de ces corpuscules engagés dans les trompes ovariques ou formant de petits groupes au bas de la chambre terminale des gaines ovigères. » Dans la troisième et dernière partie de ce travail, j'étudierai les phé- nomènes de reproduction chez les Pucerons ovipares, et je montrerai com- ment ceux-ci se rattachent aux générations vivipares qui les ont précédés. » ANATOMIE VÉGÉTALE. — Sur la structure des anthères dans les Aroïdées. Note de M. Van Tieghem, présentée par M. Ducbartre. « De ses recherches récentes sur la structure des anthères (Comptes ren- dus, t. LXII, p. 172, 22 janvier 18GG), M. Chatin a cru pouvoir déduire la loi générale suivante : les anthères qui s ouvrent par des pores terminaux sont privées de cellules fibreuses. Cette loi s'appuie sur l'étude des anthères des Éricacées et des Mélastomacées; seul, le genre Solarium, dont les anthères ont des cellules fibreuses autour du pore terminal, y ferait une curieuse exception. Je connaissais dès cette époque aux anthères à déhiscence api- ci ! a i re de plusieurs Aroïdées une structure incompatible avec la relation précédente, et mes recherches ultérieures sur cette famille n'ont fait, en en multipliant les exemples, que confirmer et généraliser mes premiers résul- tais. J'aurais cependant, continuant à garder le silence sur ce point, réservé cette remarque pour un travail dont je réunis les élémenls, si je n'avais vu cette loi pénétrer dans l'enseignement classique par son insertion dans les excellents Eléments de Botanique que M. Ducharlre vient de publier. » Je vais donc, sur quelques exemples, faire connaître la structure des anthères à déhiscence apicilaire des Aroïdées. » L'anthère sessde du Richàrdia qf ricana, Schott, dont je parlerai d'abord, a deux loges divisées chacune en deux logettes pat une mince cloison lon- C. R., 18GC, 1er Semestre, (T. LXII, N° 24.) I 68 ( 1200 ) gitudinale, et qui s'ouvrent «tu dehors chacune à son sommet par un petit tube vertical creusé à travers L'épais plateau que le connectif, en s' élargis- sant, forme au-dessus des loges; sous ce pore terminal la cloison se résorbe pour faire communiquer les logettes. La paroi interne de la loge est revêtue à la maturité par une couche de cellules prismatiques perpendiculaires à sa surface et munies de fortes bandes spirales enroulées dans le même sens. Dans chaque logette, cette couche de cellules spiralées cesse aux deux lignes d'origine de la cloison, où elle s'incurve un peu vers l'intérieur de la loge et se met en contact par des cellules plus petites avec la couche cor- respondante de la logette voisine, formant ainsi avec elle deux arêtes lon- gitudinales. La cloison qui réunit ces arêtes n'est donc pas revêtue par les cellules fibreuses; elle n'est d'ailleurs constituée à la maturité que par une couche de filets transversaux enchevêtrés, débris des cellules qui la for- maient à l'origine. La membrane de cellules délicates qui, dans le jeune âge de l'anthère, tapisse toute la paroi interne de chaque logette, aussi bien la cloison que la couche fibreuse, est résorbée au moment de la déhiscence. La couche de cellules spiralées se continue jusqu'au pore terminal dont elle borde l'orifice interne; mais elle ne revêt pas la paroi du petit tube qui est formée de petites cellules incolores, contenant chacune un grain d'ami- don, tandis que les cellules du plateau sont plus grandes et pleines d'un liquide jaune. C'est donc ici précisément le contraire de ce qui a lieu chez les Solarium où les cellules fibreuses entourent le pore sans s'étendre sur la paroi interne de la loge. » La façon remarquable dont l'anthère du Richardia émet son pollen révèle d'ailleurs en elle un puissant appareil d'expulsion. Par chaque pore en effet, comme par le trou d'une filière, on voit sortir un fil blanc qui s'al- longe peu à peu; il s'élève d'abord verticalement, puis il fléchit, retombe et s'amasse autour de l'orifice en une petite pelote cotonneuse d'un blanc mat, à mesure qu'il s'échappe de l'anthère; et cela dure jusqu'à épuise- ment presque complet de la loge. Ce filament est constitué par deux ou trois rangées parallèles de grains de pollen ovoïdes, riches en granules amyla- cés, et réunis ensemble par un liquide gommeux ; par l'exposition à l'air, ce ciment s'évapore et les grains devenus libres se disséminent. Cette expul- sion du pollen exige qu'il y ail contraction de la paroi et diminution du vo- lume de la loge, et c'est le rôle de la couche fibreuse d'amener ce résultat; mais comment faut-il en comprendre l'action? Si, comme on le f.iit d'ordi- naire, attribuant un rôle actif à la couche fibreuse, on invoque l'élasticité de ses spiricules qui se comporteraient comme de petits ressorts, serrant ( I2CJI ) leurs spires et raccourcissant la paroi sous l'influence de la dessiccation, les écartant au contraire et la dilatant par l'humidité, il est aisé de com- prendre que dans l'anthère du Ricliardia la dessiccation aura pour effet de contracter l'enveloppe fibreuse qui pressera sur le pollen et l'expulsera par le pore; mais alors dans les anthères qui s'ouvrent par une fente, la couche fibreuse se comportera de même et la loge restera close; le retournement des valves ne pourra s'y expliquer que par l'intervention d'une influence extérieure contraire, d'un accroissement d'humidité, ce qui ne paraît pas conforme aux faits : un même organe doit en effet, pour produire deux effets opposés, être soumis à des conditions inverses (i). Que si, au contraire, avec M. Duchartre (2), on assigne aux cellules fibreuses un rôle passif, le volume en étant rendu invariable, indépendant des influences extérieures, par les spiricules qui les entourent, on comprend très-bien que dans les anthères qui s'ouvrent par une fente, la dessiccation, contractant l'épidémie seul, détermine l'enroulement en dehors de la double lame qui constitue chaque valve; mais alors la loge d'anthère du Ricliardia aurait un volume intérieur constant, indépendant des actions extérieures qui ne s'exerceraient que sur l'épidémie sans pouvoir agir sur les parties internes, et l'expulsion du pollen y serait inexplicable; les deux explications me paraissent donc insuffisantes, quoique la dernière s'adapte fort bien au cas le plus général. » Dans l'anthère des Alocasia odora et metallica, Schott, chacune des dix loges rangées autour du connectif épanoui en plateau est constituée à peu près de la même manière; sa capacité est encore divisée en deux logettes par une mince cloison résorbée au sommet; sa paroi interne est encore revêtue d'une couche de cellules fibreuses qui ne s'étend pas sur la cloison; mais la loge, au lieu de s'ouvrir sur le plateau même par un conduit qui en traverse l'épaisseur, s'infléchit au dehors et s'y ouvre directement au-des- sous du plateau par un orifice commun aux deux loges confluentes; les (1) On pourrait être lente d'assimiler chaque spiricule à un brin de fd tordu, et la couche fibreuse à une toile qui se rétrécit par l'humidité et s'étend par la dessiccation, 1'épiderme se comportant au contraire comme une feuille de papier, c'est-à-dire en sens inverse sous les mêmes influences; une feuille de papier collée à un carré de toile, telle serait l'image de la paroi de l'anthère. Le retournement des valves s'expliquerait à merveille par la dessiccation, et dans le Ricliardia l'expulsion du pollen serait due à un accroissement d'humidité. Mais je dois dire que des mesures micrométriques de cellules fibreuses m'y ont toujours montré un resserrement des spires par la dessiccation, un écartement sous l'action de l'eau, ce qui oblige d'abandonner cette explication. (2) Duchartre, Éléments de Botanique, p. 56 t. 168.. ( '292 ) cellules fibreuses régnent autour du porc, et même à la rangée ordinaire s'en ajoutent plusieurs autres dans la partie supérieure de la courbure où la couche est plus puissante. » La différence est pins grande dans X Aqlaonema marantcefolia , Scbott. L'anthère bdoculaire y est munie d'un filet court, et le connectif n'y forme pas de plateau. Chaque loge est divisée en deux logettes par une épaisse cloison, résorbée sous le pore terminal où les logettes communiquent. La paroi interne de chaque logetle est revêtue aussi bien sur la cloison qu'ail- leurs d'une couche puissante de cellules fibreuses perpendiculaires à sa sur- ' face; de là la structure quadriloculau'e de l'anthère. Dans la moitié infé- rieure de la cloison les deux couches fibreuses sont séparées par plusieurs rangées de cellules ordinaires ; plus haut, ces cellules disparaissent et les deux lames spiialées sont en contact; plus haut encore, sous l'orifice, les cellules fibreuses cessent de recouvrir la cloison qui est réduite à quelques filets transversaux, puis résorbée. La couche fibreuse se prolonge d'ailleurs sur les parois externes des logettes jusque autour de l'orifice, où elle est recouverte directement par l'épiderme papilliforme sans épaississement du connectif. » Ces quelques exemples, que je pourrais multiplier, suffisent à établir que les Aroïdées dont les anthères s'ouvrent par des pores terminaux pos- sèdent, tout aussi bien que les plantes de la même famille où la déhiscence se fait par une fente, une couche de cellules fibreuses bien développée, qui tapisse toute la paroi des loges et qui peut même envahir la cloison des logettes. Il n'y a donc pas de conélation nécessaire entre la déhiscence apicilaire et l'absence des cellules fibreuses. La production ou l'absence des cellules fibreuses est un caractère plus constant et d'ordre plus élevé que le mode de déhiscence. On le voit par l'étude des Aroïdées, où de la déhis- cence apicilaire la mieux caractérisée (Richardia, etc.) on passe par transi- tions insensibles (Ai uni, Draeunculm) à la déhiscence ri m aire transversale (Arisarum) ou longitudinale (Colla, Anlhitiïum, etc.), sans que la couche fibreuse cesse de se développer puissamment; on le voit encore par l'ab- sence complète de ces cellules dans les Lycopevsicum où la déhiscence est longitudinale, et presque complète dans les Solarium où elle est apicilaire.il s'en faut de beaucoup enfin que la déhiscence apicilaire appartienne à tous les genres des familles où M. Cbatin a constaté l'absence générale des cellules fibreuses; ainsi les Épacridées ouvrent leurs anthères umloculaires par une fente longitudinale; parmi les Éricacées, les Leiophyllum, Pieris, Epigœa, et parmi les Mélastomacées, les Mouiiiid, Memecylon, etc., ouvrent ( i593 ) leurs anthères biloculaires par deux fentes longitudinales; chez les Mono- tropées, enfin, les anthères uniloculaires des Monotropa et de YHypnpilys s'ouvrent par une fente transversale, tandis que les anthères biloculaires des Pterospara ont la déhiscence longitudinale; et pourtant la couche fibreuse manque dans tous ces genres, tout aussi bien que dans les genres voisins où les anthères s'ouvrent par des pores terminaux. )> D'autre part, dans le cours de ses recherches, M. Chat in a pu observer la structure de quelques anthères anormales (celles de 1'//// oxis erecla et du P.iUQsporum Tubira), « qui manquent de cellules à filets en même temps >. qu'elles sont vides de pollen ou n'en contiennent que d'imparfait; ces » anthères stériles ont s;ms doute été frappées d'un arrêt de développement » portant simultanément sur les tissus de la seconde membrane et sur le » pollen, » et ce savant botaniste en conclut « que dans quelques plantes » dont les étamines ont subi un arrêt de développement, sinon morpholo- » gique, du moins histologique, l'absence de cellules fibreuses coïncide » avec l'évolution incomplète du pollen (i) ». Mes observations récentes sur la Ficaire m'ont montré que les choses peuvent se passer tout autrement. Les anthères de la variété bulbifère de cette espèce ne produisent pas de pollen, et c'est là, comme je le ferai voir dans un travail spécial, l'unique cause de la stérilité de la plante. Chaque loge d'anthère divisée en deux logetles par une cloison, résorbée en partie à la maturité, a sa valve formée d'un épiderme doublé d'une couche de cellules spiralées et réticulées qui ne s'étend ni sur la cloison, ni sur la paroi interne de la loge formée par le connectif, comme ce parait être le cas général chez les Renoncules; la couche de cellules minces qui tapissait cette couche fibreuse à l'origine est résorbée plus tard. Dans l'intérieur de chaque logelte on trouve une longue masse amincie aux extrémités, formée de plusieurs files de grandes cellules po- lyédriques, incolores, à parois épaisses et munies de nombreuses ponctua- tions; ces cellules sont réunies en un tissu continu, isolé des parois delà logette, aussi est-il facile d'extraire de l'anthère ces quatre masses cellu- laires sous forme de quatre bâtonnets blancs. Les cellules mères du pollen, au lieu de donner naissance aux grains ordinaires, pour se résorber ensuite, ont donc en se vidant épaissi et ponctué leurs parois. La couche de cellules fibreuses n'en a pas moins acquis sa structure normale, bien que je n'aie jamais réussi à voir s'ouvrir ces anthères, ce qui semble indiquer que les grains de pollen eux-mêmes ont leur rôle à jouer dans ce phénomène de la (i) Comptes rendus, t. LXII, p. 174 et 176; 11 anvier 1866. ( «294 ) déhiscence encore si peu connu ; et de son côté, la couche transitoire de cellules minces ne s'en est pas moins résorbée. De là deux conclusions dis- tinctes : » D'abord, l'avortement du pollen dans l'anthère n'implique pas tou- jours, comme c'est le cas pour les deux exemples cités par M. Chatin, celui de la couche fibreuse; l'arrêt de développement peut frapper les cellules mères du pollen sans atteindre la paroi de l'anthère. » Ensuite, des deux fonctions simultanées assignées par ce savant bota- niste à la membrane transitoire de l'anthère qui, suivant lui, serait à la fois « la nourrice du pollen » et « le réservoir où les cellules de la seconde » membrane puisent les aliments nécessaires à leur rapide transforma- » tion (i), » la dernière seule se trouve confirmée par les observations pré- cédentes, w M. G. Bergerox, dont les « Recherches sur la pneumonie des vieillards» ont été indiquées au Bulletin bibliographique du 28 mai comme renvoyées au concours des prix de Médecine et de Chirurgie, écrit à l'Académie pour la prier de vouloir bien accepter l'hommage de cet ouvrage, sans le com- prendre parmi ceux qui sont destinés à ce concours. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. (1) Comptes rendus, t. LXII, p. i3o; i5 janvier 1866. ( I295 ) COMITÉ SECRET. La Section de Botanique, par l'organe de M. Brokgxiart, présente la liste suivante de candidats pour la place de Correspondant vacante dans son sein par suite du décès de M. William Hooker. En première ligne M. Hooker (Joseph Dalton), à Kew, près Londres. / M. DeBary, à Fribourg en Brisgau. M. Gasparini, à Naples. En deuxième ligne, et par or- ] M. Gray (Asa), à Cambridge (Mas- dre alphabétique J sachusets). M. Parlatore, à Florence. M. Prixgsheiih, à Iéna. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures trois quarts. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du n juin 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Histoire des connaissances chimiques; par M. E. ChevREUL, Membre de l'Institut. T. Ier. Paris, 186G; 1 vol. in-8°. Quatre Notes physiologiques; par M. DucilARTRE, Membre de l'Institut. (Extrait du Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture.) Paris, 1866; br. in-8°. Navigation intérieure. Traité du louage sur chaîne noyée; par M. C. La- BROUSSE. Paris et Liège, 1866; 1 vol. in-8°. (Extrait de la Revue universelle des Mines. Présenté par M. Paris.) Essai de pathologie et clinique médicales ; par M. H. GUINIER. Paris, 1866; 1 vol. in-8°. ( l296 ) Institution des sourds-muets et des enfants arriérés de Nancy. 38e année. Dis- tribution des prix du 3i août 1 865 , et Documents divers. Nancy, 186G; br. in-8°. Jetés de V Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bor- deaux. 3e série, 27e année, i865, 3e trimestre. Paris, i865; 1 vol. in-8°. Etude géologique du Velay,par M. L. Pascal. Paris, 1 865; 1 vol. in-12 avec une carte. Note sur le spéculum laryngien, présentée à l'Académie des Sciences; par M. le Dr de Labordette. Paris, 1866; br. in-8° (10 exemplaires). Les Astres, ou Notions d'Astronomie à l'usage de tous; par M. Rambosson. Paris, 1866; 1 vol. in- 12. Eludes sur le problème de la marche du cavalier au jeu des échecs et solution du problème des huit dames; par M. A. CltETAiNE. Paris, 1 865 ; 1 vol. in-8° avec planches. Sur V icldhyologie de l'Archipel indien et de quelques autres pays tropicaux; par M. E. Bleeker. 78 opuscules divers in-4°; sans lieu ni date. Memoria... Mémoire sur /'Agave maximilianea; par MM. P. et J. Blas- QUEZ. Mexico, 1 865 ; br. in-8° avec planches (2 exemplaires). Schriflen... Mémoires de l'Université de Iiiel pendant l'année 1 865. T. XII. Kiel, 1866; br. in-/,°. EBRATUM. (Séance du 4 juin 1866.) Page 17.26, ligne 18, au lieu de M. Trémaux, lisez M. Frémaux. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 18 JUIN 186G. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président de l'Institut invite l'Académie des Sciences à désigner un de ses Membres pour la représenter, comme lecteur, dans la seconde séance trimestrielle qui doit avoir lieu le 4 juillet 1866. M. Poncelet, qu'une raison de santé appelle à la campagne., écrit à l'Académie pour lui présenter le tome II de son Traité des propriétés pro- jectives des figures; il exprime le désir qu'on détache de la préface, pour pa- raître dans le Compte rendu, la première partie de l'analyse qu'elle contient. M. le Secrétaire perpétuel donne lecture de cette première partie, qui est ainsi conçue : « Ce second volume est subdivisé, comme le premier, en cpiatre Sections principales, plus une Partie supplémentaire. » Les Sections I et II, composées de la théorie générale des centres de moyenne harmonique et de celle des polaires réciproques, sont la reproduction textuelle des Mémoires présentés ou lus par l'auteur en avril et juin 18^4 à l'Académie des Sciences de l'Institut. Rédigés à l'avance pour servir de base fondamentale à ce second volume, ils étaient destinés à faire immédia- tement suite au texte du premier, dont ils offraient l'application et le déve- C, R., iSSG, i" Semestre. (T. LXI1, N° '2i'.) '('<,) ( 1298 ) loppement. L'impression de ces deux Mémoires dans le savant Journal de Mathématiques de l'honorable Dr Crelle, en 1828 et 1829, a éprouvé des retards regrettables, par des causes indépendantes de ma volonté et suffi- samment indkpiées dans les Notes qui accompagnent les titres des diffé- rentes subdivisions de ce volume. » La troisième Section, sur Y Analyse des transversales, et la quatrième qui en contient les applications aux systèmes de lignes et de surfaces géomé- triques, ont été également présentées ou lues sous la forme de Mémoires détachés, dans la séance du lundi 5 septembre 1 83 1 , à l'Académie des Sciences. Toutefois, le premier de ces deux Mémoires a paru dans le Jour- nal mathématique de Berlin (t. VIII, cahiers de janvier à avril i83a); tandis que le second (Sect. IV), qui traite spécialement des involulions multiples ou composées et de leurs applications à des questions diverses, notamment à la détermination des osculatrices coniques en un point donné d'une courbe géométrique et aux théories qui s'y rapportent, se trouve ici publié pour la première fois. » Toutes ces Sections, du reste, ont, comme dans le premier volume, pour base fondamentale les recherches que, à partir de 181 3 jusqu'en i83i, j'ai entreprises sur divers points de la nouvelle branche de Géométrie. L'en- semble de ces recherches constitue la doctrine des propriétés projectives; mais, parmi elles, j'ai toujours distingué celles qui ont servi de point de départ à toutes les autres, et dont j'ai publié quelques courts extraits dans le tome VIII (181 7 à 1818) des anciennes Annales de Mathématiques impri- mées à Nîmes, extraits qui ont ainsi devancé de beaucoup le tome Ier de ce Traité, paru seulement au mois d'août de l'année 1822. » MÉTÉOROLOGIE. — Sur les variations périodiques de la température dans les mois de février, mai, août et novembre; par M. Cn. Sainte-Claire Devtlle. (Sixième Note.) « Ainsi que je l'ai dit plusieurs fois et comme l'indique suffisamment le titre commun de mes diverses Notes, le but principal que je m'y propose est de constater l'existence de perturbations périodiques de la température et de préciser, si je le puis, le caractère et les limites de la période. C'est sur ce point que je veux concentrer la plus grande somme d'eflorts. Mais, a dit très-bien M. Dove (r), « les renversements apparents de l'ordre » des saisons sont toujours accompagnés d'états particuliers du baro- » mètre et du thermomètre. L'humidité de l'air subit aussi à ces époques (1) Cite dans le Bulletin international du 21 janvier 1 865. ( i?99 ) » des variations peu habituelles.... » Si donc la première partie de ma tâche était remplie, son complément, c'est-à-dire l'influence de ces perturbations de la température sur toutes les autres conditions atmosphériques, serait acquis en principe, et il resterait seulement à démêler la nature et les li- mites de cette influence dans chaque genre particulier de phénomènes. » Néanmoins, sans perdre de vue le but principal, j'ai, dans mes quatre premières Notes, non-seulement signalé ces influences d'une manière géné- rale, mais déjà, pour quelques-unes d'entre elles, essayé quelques mesures dans des circonstances particulières. Mon intention est, maintenant, de revenir sur ces considérations diverses, en les soumettant, quand il y aura lieu, à la vérification que j'ai proposée dans ma cinquième Note, c'est- à-dire en examinant s'd existe une certaine solidarité entre les jours de même date des quatre périodes que j'étudie. » La courte conversation qui a eu lieu récemment dans le sein de l'Aca- démie, au sujet de la subite dépression barométrique survenue le 1 1 mai dernier, m'engage à traiter, en premier lieu, des coïncidences qui pour- raient s'observer entre les quatre centres de perturbations thermométriques (du 10 au i4 de février, mai, août et novembre) et l'apparition, dans nos régions européennes, de bourrasques, signalées par des écarts plus ou moins considérables dans la pression de l'atmosphère. Je suivrai dans cette discussion la même marche cpie dans la Note que j'ai déjà insérée à ce sujet dans le Compte rendu du i4 mai. J'emprunterai tous mes documents au Bulletin international de /' Observatoire impérial de Paris. La note sui- vante (i), qui en est extraite textuellement, montre que des quatre échéances (i) Extraits dc Bulletin international (1864). 10 février. — L'état de l'atmosphère était hier assez remarquable à cause de la faible pression constatée sur l'Europe centrale et occidentale, et de l'existence de trois centres de dépression sur les trois mers du Nord, du Sud et de l'Ouest. Le tourbillon dont nous soupçonnions l'approche depuis le 8 se dessine aujourd'hui à la hauteur de Brest. (A Rome, neige et perturbations magnétiques.) {[février. — Le tourbillon, au lieu de se propager vers la Manche, semble être des- cendu par le sud-ouest de la France vers la Méditerranée. 12 février. — Le baromètre est brusquement tombé depuis hier de 754,3 à 737,8 à Grcen- castle, tandis qu'à Madrid il montait de 758 à 768,9 et à Leipzig de 766,6 à 766,9. De gros temps venus du nord-ouest régnent sur la Manche et le nord-ouest de la France. 13 février. — La tempête qui a eu lieu hier sur l'Angleterre et la Manche s'est un peu avancée vers l'est. Ik février, — La tempête s'est transportée sur la Baltique. 169.. ( i3oo ) de février, mai, août et novembre, en 1864, mie seule, celle de mai, n'a rien présenté de particulièrement significatif à cet égard. Et, si l'on rapproche l'extrait que je viens de donner de celui que j'ai déjà publié page io52, on verra, en définitive, que, depuis le mois de février 1864, c'est-à-dire pendant les années que je considère comme les plus caracté- ristiques au point de vue où je me place, sur dix échéances consécutives des jours critiques de février, mai, août et novembre, une seule, celle de mai 1864, n'a pas été signalée en Europe par des bourrasques, des tem- pêtes ou des ouragans, mais seulement par l'établissement de centres de dépression barométrique, d'ailleurs assez peu marqués. " Le mouvement du baromètre a-t-il, pendant cette même période et dans les limites des mêmes contrées, correspondu au déplacement violent 0 mai. — Le centre de faillie pression barométrique et de mauvais temps qui se trouvait hier sur le golfe de Gascogne s'est transporté ce matin entre Paris et Cherbourg. Un autre centre île faible pression apparaît sur le sud-ouest de l'Irlande. 12 moi. — Un centre de faible pression barométrique s'est transporté de l'Océan sur le nord-ouest de la France. 13 mai. — Il est descendu sur la Méditerranée. (13 mai 18(iG. Étoile variable de M. Courbebaisse. — 14 mai 18G4. Aérolithe d'Orgueil.) Garnit. — La ligne de parcours des bourrasques s'abaisse graduellement vers le sud. 10 août. — Une très-forte bourrasque venue du nord de l'Europe a rapidement envahi le centre du continent. 1 1 amit. — L'état atmosphérique est très-fortement troublé à la surface de l'Europe. La tempête a envahi la Méditerranée pendant la nuit en traversant l'Adriatique. ... La tempête n'a pas diminué de violence sur la Baltique, ainsi que sur la mer du Nord et la partie orien- tale de la Manche. 11 novembre. — La Baltique est traversée par une bourrasque venue des parages de l'Islande. La baisse barométrique est générale à la surface de l'Eurdpe. 12 novembre. — C'est sur le sud-ouest de l'Irlande que la baisse barométrique fait les plus rapides progrès. La pression est descendue à Valentia de 760 à 74*}. Les bourrasques du nord s'abaissent vers le sud. 13 novembre. — La baisse barométrique a fait de rapides progrès depuis hier au soir sur les côtes ouest et nord de la France. L'ensemble des documents fait présumer que le centre de la bourrasque doit être peu éloigné de l'Irlande. 14 novembre. — La tempête sévit avec violence à la surface de la Manche, et son action s'étend d'une part jusqu'à Skudesnœss, de l'autre jusqu'aux côtes nord de l'Espagne. Lé centre de la perturbation serait peu éloigne de Greencastle, en Irlande, où le baromètre est tombé à 72/1- 15 novembre. — La tempéle s'cil étendue sur presque toute la surface de l'Europe et de la Méditerranée. ( i3oi ) de l'air? Voici comment j'ai cherché, en quelque sorte, à faire résoudre cette question par le Bulletin international lui-même. Entre autres docu- ments, on y publie chaque jour, pour 7 heures du matin en été, pour 8 heures en hiver, les cotes tliermométriques et barométriques (ces der- nières ramenées au niveau de la mer) fournies par un grand nombre d'ob- servatoires répandus sur presque tonte la surface de l'Europe. J'ai calculé, pour chacun des vingt et un jours compris entre le 5 et le 26 des quatre mois en question et pour les deux années 1864 et 1 865, l'écart baromé- trique extrême ou la différence entre la pression maxima et la pression mi ni ma indiquées le même jour, quelles que fussent d'ailleurs les stations. Il est clair, en effet, qu'une forte dépression en un point doit nécessaire- ment correspondre à une surélévation ailleurs, et cette surélévation, comme on peut s'en assurer en consultant les cartes diurnes, ne se répartit pas en général sur un grand espace voisin du lieu de la dépression, mais se porte de préférence sur certains points déterminés, la position relative des lieux affectés inversement n'étant pas arbitraire, mais liée à certaines conditions qu'il s'agira de bien définir (1). » Le tableau suivant réunit, dans sa première partie, les écarts maxima diurnes du baromètre calculés comme je viens de le dire et pour les deux années que nous étudions. (1) Et qu'on entrevoit déjà clairement. Ce sont surtout les directions des vents dominants et la configuration des côtes ou des accidents orographiques. Ma Carte des températures des eaux h la surface de la mer des Antilles et du golfe du Mexique indique très-bien, pour les courants d'eau, la position des remous qui doivent s'établir de la même façon dans les cou- rants d'air. ( i3oa ) O O 00 -o On 4>» Oo QO.S-0 OO -C^ Ci -J <0 4>. «o co oo Cl -£>• tD W Ui (Û Cl Ci to -S*. 0O -o 00 On — •fc* «O 4V» -vJ O *J O ^ JN o On OO ^J to oo m JN to OJ OO o 6*S 3ï *> •«J 00 J>» 00 «o - -e- On -fc% o oo On - •c- on On -O. •wj coa Ci OO -c>. O" GO On W O •* to On on CO Ui Cl O Oo o -^» CD Ci u 00 -c^ Cl Cl OO OO GO 00 W OO G0 (O Cl Cl to Cl OO OO Cl Cl OO -^. CO to 00 OO On = I OO oo io to IO w - Ci w On Ci oo o 'O js* en m Ui w yi oo on »*J OO to OO 00 Ci j--^. Ci o oo OO -O u.B 00 oo en M d o M o o o H 0 w H > H W OO CO OO IO On O" Ci « O Ci On Ci on On O Ci oo ^ co o te te .C-s — CO w CO (fl a M H U ■- CO -^J O -*J R tn 00 OO Ci •a-, oo oo Ci .b» ^ - Ë O CO Ci ^i d Cl s] O0 tO N CO Oi -s- .i.-* .&» a>* -a-» 4>» Ci GO *J OO GO Ci o» O Ci *o 00 O 10 - « Oo 00 On 0" JSn On -i^> 00 on on 00 On 00 ( i3o3 ) » En l'examinant, on voit que les mois d'hiver (février et novembre) donnent deux maxima bien nettement tranchés vers les deux périodes cri- tiques (10-i/j) et (2 1-23) marquées, dans les mêmes années, par des dépres- sions considérables de la température (voir PI. D et E, séance du 28 mai). Le mois de mai ne donne très-franchement que le maximum du 20 au 23, tandis que, pour le mois d'août, le maximum du 1 1 est énorme. » Si l'on combine les quatre mois en réunissant les jours de même date, on voit que cette période de vingt et un jours se divise en quatre portions sensiblement égales entre elles et présentant alternativement un maximum et un minimum qui diffèrent entre eux de 3 à 5 millimètres. Enfin, les deux maxima absolus, très-lranchés, tombent le 11 et le 21. » En résumé, depuis trente mois, pour février, trois échéances sur trois; pour août et novembre, deux échéances sur deux; pour mai, deux échéances sur trois, ont amené, sur la portion de l'Europe que nous considérons, une bourrasque ou une série de bourrasques dans les jours critiques (10-14) de ces quatre mois, et l'apparition de ces bourrasques coïncide, comme on pouvait d'ailleurs s'y attendre, avec une répartition de la pression atmo- sphérique plus inégale en ces jours qu'en ceux qui les précèdent ou les suivent. » Ajoutons encore que les quatre dernières colonnes du tableau, con- struites pour le thermomètre comme nous venons de le dire pour le baro- mètre, indiquent aussi une plus inégale répartition de la température en ces jours critiques que dans ceux qui les précèdent ou les suivent immé- diatement. » Ces conséquences, auxquelles m'ont d'abord seules conduit les exi- gences de la discussion, appelaient évidemment l'examen de cette question plus générale : « Les pressions barométriques sont-elles, comme les températures, affec » tées d'une manière régulière dans les quatre périodes de quarante jours » chacune que j'ai considérées dans ma cinquième Note? » » Ne pouvant actuellement me livrer sur cette question à un travail qui, pour être complet, exigerait autant de temps et d'efforts que celui que j'ai entrepris sur la température, je me suis borné à calculer, pour la même année 1864 et pour neuf des trente-trois stations considérées dans ma cin- quième Note (t), la pression barométrique moyenne des 160 jours combinés quatre à quatre, comme je l'ai indiqué précédemment. (1) Voici ces stations et la manière dont j'ai utilisé les observations : Madrid, moyenne des maxima et moyenne des minima diurnes, donnée par l'Observatoire lui-même; Genève, ( i3o4 ) » J'ai réuni, dans la PI. H, les neuf courbes correspondant à ces neuf stations, et une dixième qui donne la moyenne des six premières : Madrid, Rome, Lyon, Genève, Versailles et Paris. » Ici, telle est la perfection du procédé d'expérimentation barométrique, comparée à l'incertitude des indications du thermomètre, que je n'ai point eu besoin de combiner ensemble plusieurs stations voisines. Un seul coup d'œil jeté sur la planche montre, particulièrement pour les six premières stations, une concordance si grande, que la moindre inflexion se retrouve reflétée dans chacune d'elles. On suit aussi les variations graduelles qui affectent les accidents, soit dans leur valeur, soit dans l'époque de leur apparition. C'est ainsi que la légère dépression qui commence à se manifester, le 4 des fébruarides, à Rome, se poursuit, en s'accentuant de plus en plus, jusqu'à Nijné-Taguilsk, où elle arrive le 2, comme à Chris- tiania et à Utrecht, tandis qu'elle se produisait le 3 à Paris, à Versailles, à Genève et à Lyon. » Quant à ces deux dernières stations, leurs deux courbes sont tellement semblables, qu'on pourrait aisément les confondre. » Y a-t-il maintenant un rapport entre les mouvements périodiques du baromètre et les mouvements périodiques du thermomètre? Ce rapport est des plus frappants, et, pour le mettre en évidence, il suffit de rapprocher la courbe barométrique moyenne qui termine la PL H de la courbe ther- mométrique moyenne de la PI. G, en ayant soin seulement d'avancer la pre- mière de trois colonnes vers la gauche, de manière que le 21 des januarides pour le thermomètre corresponde au 24 pour le baromètre. » En d'autres termes, les oscillations delà pression barométrique en 1864, pour les stations européennes que nous considérons dans les quatre pé- riodes de quarante jours combinés quatre à quatre, ont suivi de trois ou quatre jours et dans le même sens les oscillations de la température moyenne. » En présentant ces résultats qui, comme on le voit, sont presque tou- jours concordants, je veux encore répéter que je suis loin de considérer toutes ces questions, non plus que celles que j'aborderai dans une pro- moyenne des vingt-quatre heures publiée par M. Plantamour; Rome, Paris, Lyon cette dernière extraite de la vingt et unième année des observations de la Commission bydromé- trique, publiée par les soins de son savant et zélé président, M. Fournet), observation de midi; Versailles (par M. Bérigny), moyenne de 10 heures du matin à ,j heures du soir; Utrecht, moyenne de 8 heures du malin, ■> heures et 10 heures du soir; Christiania, moyenne de g heures du malin et .j heures du soir; Nijné-Tnguilsk, moyenne de 8 heures du matin et 3 heures du soir. ( i3o5 ) chaine communication, comme résolues. Je serai heureux si, en les posant avec netteté, je pouvais engager les jeunes météorologistes à braver l'in- différence dont, en France, le monde scientifique accueille trop souvent leurs efforls, et à m'aider à établir clairement en météorologie la notion de la périodicité, qui n'est autre chose que celle de la loi et de l'harmonie. Or, elle ne doit pas plus faire ici défaut qu'ailleurs, et le hasard n'a pas plus d'action dans les phénomènes de l'atmosphère que dans les autres phénomènes naturels. » COSMOLOGIE. — Météorites tombées le 3o mai 1866 sur le territoire, de Saint- Mesmin, département de l'Aube; par M. Daubrèe. « Ayant appris qu'une chute de météorites venait d'avoir lieu dans le département de l'Aube, je me suis empressé de me rendre sur les lieux afin d'y recueillir les observations des témoins. Je remercie M. Lagout, ingénieur des Ponts et Chaussées, et notre confrère M. Edmond Becquerel, par l'in- termédiaire desquels j'ai reçu cet avis. » Sur l'invitation de M. Blutel, ingénieur du Chemin de fer de l'Est, à Troyes, M. Brabant, chef de service de la même Compagnie, avait déjà, avec un soin dont on lui saura gré, recueilli les principales circonstances du phénomène, et, depuis lors, il a bien voulu continuer son enquête. C'est surtout d'après ses notes et aussi par les renseignements que j'ai pu prendre, tant en interrogeant les témoins oculaires qu'en visitant les localités où MM. Blutel et Brabant avaient bien voulu m'accompagner, que sont relevés les faits consignés ci-après. » Bien que ces faits soient assez analogues à ceux qui ont été observés dans des chutes antérieures, et que les indications de temps et de direction ne présentent pas un grand degré de certitude, il importe néanmoins de continuer à les enregistrer avec soin, comme les précédents, afin qu'ils puis- sent servir de documents authentiques pour des recherches ultérieures. « Le 3o mai 1866, vers 3b/|5m du matin, par un temps calme et une atmosphère chargée seulement de quelques nuages, on observa entre Mes- grigny et Payns une masse lumineuse qui parcourut l'espace avec une ex- trême rapidité et en répandant au loin une vive clarté (1). (1) A Nangis et à Bray-sur-Seine, où l'on voyait le bolide à distance convenable pour être observé dans de bonnes conditions, il offrait l'aspect d'un globe de feu, moins gros que la Lune, suivi d'une longue queue enflammée, et se mouvant avec la rapidité d'un éclair. C. K., 18G6. Ie"- Semestre. (T. LX1I, ]N° 25.) I 7<5 ( i3o6 ) » Peu d'instants après l'apparition de cette lueur, trois détonations, com- parées au bruit du canon et dont la première fut la plus intense, se succé- dèrent à une ou deux secondes de distance. Elles furent suivies de plu- sieurs autres plus faibles rappelant des coups de fusil et se suivant à des intervalles irréguliers, comme il arrive dans un feu de deux rangs. Cette série de détonations dont la durée totale est évaluée à une minute, s'affaiblit graduellement. On remarqua, au milieu de ces détonations qui se rappro- chaient de plus en plus, un fort grondement ou roulement comme celui du tonnerre (i). » Cette lumière a été vue et les détonations ont été entendues par de nombreuses personnes, d'une part, vers l'ouest, à Montereau et à Maison- Rouge (point kilométrique 78 de la ligne principale) ; d'autre part, vers l'est, jusqu'à La Chapelle-Saint-Luc (point kilométrique i63), sur une distance de plus de 85 kilomètres. Il est à ajouter que dans cette dernière localité on n'a entendu qu'une seule détonation, suivie d'un grondement. On remarquera aussi que deSaiut-Mesmin, lieu où l'on a recueilli les météo- rites apportées à la suite de l'explosion, le bruit ne s'est fait entendre vers Troyes, c'est-à-dire au delà de ce point suivant la direction du mouve- ment, qu'à une distance de 17 kilomètres, tandis qu'on l'a entendu vers Paris, c'est-à-dire en deçà, à des distances de 67 et 8 1 kilomètres. Nous sau- rons peut-être bientôt si l'on a pu les percevoir plus loin encore vers l'ouest. L'enquête qui a eu lieu vers l'est, dans la direction deVandceuvre et de Bar-sur-Seine, n'a encore rencontré personne qui ait vu le phénomène (2). » Plusieurs témoins disent que les premières détonations ont occasionné des secousses dans les murs des habitations. Cinq d'entre eux, domiciliés à Nogent-sur-Seine et aux Ormes, ont cru qu'on frappait à leur porte ou à leurs contrevents et se sont levés pour aller ouvrir. Pour transmettre scru- puleusement les particularités citées par les témoins du phénomène, je dois ajouter que le sieur Sellier qui était au passage de niveau de Romilly, au (1) L'intervalle compris entre l'apparition de la lueur et la première détonation est évalué ù vingt secondes par le sieur Belleuvre qui se trouvait entre Payns et Saint-Mesmin, au point kilométrique i52k'",400> tandis que les trois observateurs placés au point kilomé- trique 1 17, ainsi que près de Nogent-sur-Seine et à Flamboin, assignent à cet intervalle une durée de trois, quatre et cinq minutes. Quoique ces appréciations ne puissent être considérées comme exactes, il importe de remarquer (pie ces intervalles sont d'autant plus considérables que les points d'observation sont plus éloignés du lieu où les météorites ont été recueillies. Les distances mesurées horizontalement sont respectivement de 29, i5 et 52 kilomètres. (2) Les détonations n'ont pas été entendues à Nangis, bien qu'elles aient été distinguées nettement près de Maison-Rouge, à une distance de ci kilomètres. ( i3o7 ) poteau kilométrique i28km,5oo, prétend qu'avant qu'il eût entendu aucun bruit, la guérite dans laquelle il se trouvait a éprouvé une telle secousse, qu'il a pensé qu'elle allait être renversée. Il s'est levé précipitamment pour sortir, et c'est quand il franchissait le seuil de la porte qu'il a entendu la première détonation. » Les témoins s'accordent à dire que la lumière n'était pas blanche comme celle d'un éclair, mais rougeàtre. Plusieurs ont aussi remarqué l'apparition d'un nuage blanc qui descendait à la suite du globe lumineux et qui se dissipa, dit l'un d'eux, quelques secondes après les dernières déto- nations. »?En coordonnant les indications données par divers observateurs, no- tamment par ceux de Flamboin, Nogent-sur-Seine et Bray-sur-Seine, le bolide devait se diriger à peu près de l'ouest-nord-ouest vers l'est-sud-est, c'est-à-dire à peu près dans une direction qui se rapproche de celle de Troyes vers Paris. <> A la suite de ces détonations, une langue de feu se précipita vers la terre (i). On entendit à peu près en même temps un sifflement, comme celui d'une fusée, mais très-violent, dont un observateur de Saint- Mesmin éva- lue la durée à douze secondes. D'après le sieur Carré (Hippolyte), poseur du chemin de fer, qui, dès la première explosion, était sorti de sa guérite située au point kilométrique i/î6kra,5o7, le sifflement fut d'une intensité telle qu'il lui occasionna, à part une grande frayeur, un frisson qui dura pendant quatre minutes environ, un bourdonnement dans les oreilles pendant près d'une heure. Ce sifflement final fut même entendu très-dis- tinctement jusque dans l'intérieur des habitations de Saint-Mesmin (2). » Il fut suivi d'un bruit sourd que le sieur Carré compare à celui qu'au- rait fait une bombe frappant le sol à côté de lui. Persuadé qu'un corps était en effet tombé, il fit aussitôt des recherches, mais d'abord à peu de distance seulement; aussi n'est-ce que dans la soirée qu'il aperçut sur la voie, dans (1) A Bray-sur-Seine, le nommé Hébert, domestique, déclare avoir vu passer un globe de feu qui laissait derrière lui une longue traînée de flammes rougeâtres; ce globe lui a paru éclater au loin et laisser tomber à terre une pluie de feu. (2) A Nangis, le nommé Roubault, garde poseur au passage à niveau de la station, au point kilométrique 69, déclare avoir entendu au-dessus de sa tête un bruit qui ressemblait à celui produit quand on ouvre les robinets purgeurs d'une macbine. Un témoin a entendu sur le viaduc deBlives(i4Hw'",8oo) un sifflement métallique dont il a évalué la durée à dix secondes. Ce n'est qu'ensuite qu'il entendit les détonations qu'il dit avoir élé très-fortes, ce que l'on comprend aisément, puisqu'il ne se trouvait qu'à 3 kilomètres du théâtre de ['explosion. 170.. ( i3o8 ) un lieu dit le Haut-de-la-Garenne, au point kilométrique i46km,575, sur la banquette de droite d'une tranchée de 6m,l\o de profondeur et à 2m,io des voies de fer, un endroit où le sol était fraîchement remué. Il fouilla et vit une pierre noire enfoncée au fond d'un trou qu'elle paraissait avoir formé. Bien que le sol consistât en un gravier très-dur, elle avait fait un trou de om,23 de profondeur. » Cette pierre a grossièrement la forme d'un prisme dont l'une des bases serait un hexagone symétrique. Ses dimensions sont om,i3 sur om, 12 et om,o85. Son poids est de 4kil,200. » Le point où elle est tombée est à 66 mètres de la guérite du sieur Carré; c'est donc à cette distance de 66 mètres que ce projectile, malgré sa faible dimension, avait fait entendre un sifflement si intense. A ce sujet, rappe- lons qu'un boulet de canon, bien qu'ayant à peu près le même volume que la pierre, aurait produit un sifflement beaucoup moins intense, et ce- pendant aurait pénétré dans le sol plus profondément. » Le lendemain, 3i mai, le gendarme Fromonot trouva, à environ 3oo mètres de la gare, sur la droite du chemin de fer, au lieu dit le Bas-de- Brun, situé à 660 mètres du point où la première météorite avait été ren- contrée, une deuxième pierre tout à fait de même nature, du poids de 2kil,2io. Elle avait pénétré dans le sol, de nature assez tendre, de om,28. La forme de ce second échantillon est celle d'un parallélipipède grossier ayant om, 16 sur om,o85 et om,o85. Ses arêtes sont arrondies. » Une troisième météorite a été trouvée le Ier juin par lesieur Protaf, cul- tivateur du hameau de Courlanges, également sur la droite du chemin de fer, au lieu dit Haute-Borne, dans un chemin d'exploitation. Elle pèse ikll,86 et avait pénétré dans le sol seulement de om, 10, puis en était ressortie en ri- cochant sur un fond dur. Cette troisième pierre, de forme plus arrondie que les deux précédentes, a des dimensions de om,i4 sur om,07 et on',o6. » C'est à des distances de i/|32 mètres et i85o mètres des deux premières que cette troisième météorite est tombée. Les trois points sont compris dans la banlieue de Saint-Mesmin. » La météorite de Saint-Mesmin appartient au type commun. » Elle est formée presque en totalité par une substance pierreuse grise dans laquelle se trouvent comme empâtées des parties presque blanches et quelques autres noirâtres, les unes et les autres à formes fragmentaires et à contours le plus souvent arrondis. Cette masse pierreuse est entièrement cristalline, ainsi que l'indique son action sur la lumière polarisée, mais les cristaux sont extrêmement petits et intimement engagés les uns dans les ( i3o9 ) autres. Quelques-uns d'entre eux sont tout à fait incolores et transparents; leur nature n'a pas encore été déterminée avec certitude. » Comme d'ordinaire, la partie pierreuse est parsemée de grains à éclat métallique dans lesquels on reconnaît du fer natif nickélifère, de la pyrite jaune de bronze en grains moins petits que les premiers, et du fer chromé. v La croûte noire résultant de la fusion superficielle de la surface est gé- néralement mate, mais présente dans divers points des portions brillantes, comme si elle n'était pas homogène et se composait de parties inégalement fusibles. Sur une grande face plane que présente l'échantillon le plus vo- lumineux, ces parties brillantes ont ruisselé de manière à former plusieurs bandes parallèles. Le vernis est craquelé sur d'autres parties de la surface. » La densité de cette météorite est de 3,56. » Traitée par l'acide chlorhydrique concentré et bouillant, elle a laissé un résidu de 33 pour 100 de son poids, déduction faite de la silice gélati- neuse correspondant au silicate attaquable. » Parmi les météorites qui s'en rapprochent le plus, on peut particuliè- rement citer celles qui sont tombées à Parnallee, dans l'Inde, le 28 fé- vrier 1857; à Bremervœrde, dans le Hanovre, le i3 mai i855; ainsi que certaines pierres de la chute de l'Aigle (Orne), du 26 avrd i8o3, et celle de Honolulu (îles Sandwich \ du i4 septembre 1825. » L'un des échantillons (celui de ik,1,86) présente une particularité digne d'être mentionnée. Contrairement à ce qui arrive en général, la croûte n'en- veloppe pas complètement la surface de l'échantillon. Au lieu de la recou- vrir avec continuité, elle s'est étendue sous forme de veinules ou de fila- ments. Cet accident se manifeste dans une concavité d'environ 1 centimètre de diamètre qui s'est produite sur l'un des angles de cet échantillon. La disposition se présente comme si la météorite, après avoir été déjà complè- tement enveloppée de son vernis, avait subi, de la part d'une autre météorite voisine, un choc, et par suite une cassure, mais trop peu de temps avant d'arriver à terre pour que le vernis put se reconstituer avec la continuité qu'il avait d'abord. » On peut ajouter, à ce qui vient d'être dit sur les formes générales de ces météorites, que chacune d'elles présente sur une partie de leur surface des dépressions nombreuses et caractéristiques, comme on en voit sur un grand nombre d'autres météorites. » De même aussi que dans beaucoup d'autres météorites, on remarque dans la cassure des surfaces polies et striées par le frottement, mais cette action a eu lieu antérieurement à la formation de la croûte. ( i3io ) » Je demande à l'Académie la permission de lui signaler à qui nous sommes redevables des deux beaux échantillons de la chute de Saint-Mes- min qui enrichissent notre galerie. L'un a été offert par M. Gayot, au nom de la Société Académique de l'Aube, dont il est président, grâce à l'initia- tive généreuse et désintéressée de M. Ray, le zélé et habile conservateur de son Musée. L'autre a été donné par le directeur des Chemins de fer de l'Est, M. Sauvage, ingénieur en chef des Mines, qui a rendu des services distingués à la science, avant de se consacrer à la grande exploitation qu'il dirige. Je dois être ici l'interprète empressé des sentiments de reconnais- sance du Muséum envers ces généreux donateurs. » MÉTÉOROLOGIE. — Note sur les courbes météorologiques; par M. Fournet. « Il fut un temps, et il n'est pas encore bien éloigné, où Y Annuaire du Bureau des Longitudes donnait les éléments thermométriques d'une année moyenne, déduite de calculs faits sur des phases de cinq jours en cinq jours. La courbe qui en résultait présentait des irrégularités; mais on espé- rait, disait-on, les faire disparaître en prolongeant les observations et les calculs au delà des quinze années qui avaient servi de base à l'établissement de cette moyenne. » Par suite de cette manière d'opérer disparaissaient nécessairement divers phénomènes qu'on aurait dû, au contraire, chercher à mettre en évidence au heu de les noyer pour ainsi dire dans la masse. Il existe, en effet, quelques proverbes dont il convenait d'autant plus d'apprécier l'exac- titude et la portée qu'ils sont l'expression d'observations séculaires. Mais à l'époque où furent faits les calculs ci-dessus, la science n'admettait guère les données populaires; il lui restait quelque chose de ce sentiment cpii avait fait reléguer les chutes des aérolithes au rang des hallucinations. » Toutefois, en 1 834 déjà, M. Mredler venait appeler l'attention sur le refroidissement produit à une certaine période désignée sous le nom des trois saints de glace. MM. Lohrman, Brandes et Erman vinrent confirmer l'indication précédente, et à mon tour, en 1847, j'abordai la question pour en étudier l'extension dans nos contrées méridionales [Annales de ta So- ciété d'Agriculture de Lyon). » D'ailleurs, peu disposé à n'envisager les questions de Météorologie que d'une façon bornée, mais décidé à amplifier leur portée autant que possible, j'entrepris bientôt après de mettre en évidence l'ensemble des vicissitudes annuelles. ( i3i, ) » A cet effet, je choisis trois localités qui résumaient bien les trois formes de caractères appropriés au but que je me proposais : Marseille, Paris et Saint-Jean-de-Maurienne. Pour cette dernière station, j'avais à ma disposition les moyennes diurnes des douze années, 1826 à i838, relevées par Mgr Billiet, archevêque de Chambéry. D'autre part, à l'égard de Mar- seille, M. Valz voulut bien me communiquer les éléments de dix années, 18/40 à i85o, basés sur sept observations par jour. Quant à Paris, pour une même période, j'opérai sur les chiffres de l'Observatoire impérial. » Les courbes provenant de ces trois séries d'observations ne présen- tèrent de différences bien sensibles que pour Saint-Jean-de-Maurienne, et celles-ci s'expliquent facilement, vu la position de cette localité dans une profonde vallée des Alpes. Mais, comme en outre elles se trouvent acci- dentées d'un jour à l'autre, de manière à présenter une suite de grandes inflexions compliquées de petites dentelures, je suppose que ces dernières tiennent à l'individualité météorologique de chacune de ces stations. Ainsi, un faible refroidissement peut se faire sentir habituellement à Paris, tandis que Marseille et Saint-Jean-de-Maurienne seront légèrement échauffés. Du reste, on comprend, même à priori, que les brises diurnes et nocturnes des montagnes doivent exercer sur le climat des vallées alpines une influence tout autre que celle qui, sur le littoral maritime, résulte des brises de terre et de mer. Il n'y a d'ailleurs pas de motif plausible pour que les tempéra- tures de Marseille, de Saint-Jean-de-Maurienne et de Paris s'accordent d'une façon tellement rigoureuse que les petites dentelures n'aient pas leur raison d'être. La Météorologie arrivera sans doute un jour à en préciser plus nettement les causes. » Mais si, au contraire, on se reporte aux journées critiques, c'est-à-dire aux grands sinus de ces mêmes courbes, on trouve qu'ils coïncident d'une manière assez satisfaisante polir disposer à les régarder pour ainsi dire comme la confirmation la plus. nette de la pensée de l'immortel Laplace, lorsqu'il disait que la courbe décrite par une simple molécule d'air ou de vapeur est réglée d'une manière aussi certaine que celle des orbites planétaires: « la » seule différence qui existe entre elles est celle qu'y met notre igno- > rance. » » Je n'insisterai pas davantage sur ce dont chacun peut se rendre compte par la seule inspection de ces courbes; mais je tiens à dire que, dès l'an- née i85y, ma planche avec les explications fut publiée dans les Annales de la Société d' Agriculture de Lyon. Bien plus, notre Commission des soies crut devoir en distribuer à tous les sériciculteurs du Midi, ainsi qu'à une foule ( l3l2 ) d'autres correspondants; car tous y étaient intéressés, agriculteurs et éle- veurs, dès que les époques de pluie, de tempête, de crue s'y trouvaient en quelque sorte désignées. » Non content de mes publications du 1847 et ^57, j'ai étendu mes calculs thermométriques à vingt années, pour les mettre en parallèle avec ceux établis pour une période égale à l'égard des pluies, d'après les données de la Commission hydrométrique. En outre, le volume de 1 863 publié par cette Commission contient une première partie de leur application à la pro- nostication des crues, et, tout en embrassant des détails relatifs au mois de janvier, je faisais remarquer que, depuis 1476 jusqu'en 1 856, nos grands débordements coïncident avec des périodes thermoinétriques marquées par les courbes pour les autres mois de l'année. » Ce travail, pénible par suite des recherches qu'il entraînait nécessai- rement, devait se compléter par mes observations sur février et mars, etc.; mais il fut interrompu, non faute de données, car elles sont abondantes et toutes prêtes, mais parce que la Commission hydrométrique avait à répondre à d'autres besoins. Enfin, en 1 865, chargé de la question des orages, à l'in- stigation de M. Le Verrier qui voulut bien m'honorer de sa confiance, j'ai cru que mon système pourrait venir en aide à nos instituteurs, en les met- tant en garde contre un danger probable. » En effet, mes études sur les orages m'avaient permis de faire ressortir la promptitude avec laquelle le thermomètre signale une crise prochaine. Dans ce cas, il devance le baromètre, instrument pour ainsi dire paresseux, au moins comparativement, et quelquefois retardataire, et je dus en con- clure naturellement que les courbes thermométriques sont aussi appli- cables, dans une foule de cas, que celles qui seraient déduites des oscilla- tions barométriques, surtout en laver. » Du reste, loin de moi la prétention de croire à l'infaillibilité des courbes, je ne les considère que comme un moyen de probabilités. Ainsi, pour le mois de janvier, j'ai les chances suivantes : „, . n \ Crues quelconques 62,5 Phase du 2 au (1. . . ' n _ ( Grandes crues 20,0 . , _ l Crues quelconques 75, o Phase du ii> < . ,- ( Grandes crues 02,0 ! Crues quelconejues . 100,0 Crues moyennes 7 1 ,9 Grandes crues 62,5 » Ainsi, avec de telles données, MM. les instituteurs étaient parfaitement ( i3i3 ) avertis et comprenaient que des probabilités aussi fortes méritaient bien de fixer leur attention. » Ma dernière planche comprend trois courbes, les unes au-dessus des autres, et dont voici les éléments : » i° Moyennes diurnes de la température de Paris d'après la période comprise entre 1 835 et i855 : total, ao années. » 2° Courbes des orages dans le bassin de la Saône de 1 844 à 1 864 : 20 années; io stations et 3285 observations de la Commission hydromé- trique. » 3° Courbes de journées pluvieuses dans le bassin de la Saône de 1 844 à 1864 •" 20 années; \i stations et 29202 observations. » Parmi ces vicissitudes thermométriques se trouve la phase des trois saints de glace, qui n'est pour ainsi dire qu'un minime accident comparati- vement à une foule d'autres grands abaissements de température qui ont lieu tant en été qu'en hiver. Mais si cette période du 10 mai a fixé l'atten- tion plus que toute autre, c'est qu'à cette époque la végétation naissante et encore sensible au froid se trouve dans une phase critique. D'ailleurs la Grande nuaison de (a Saint-Jean n'en est que l'extension, et il est arrivé, quoique rarement, qu'elle s'est traduite par des neiges blanchissant les plaines le 6 mai. En hiver, les recrudescences de décembre, janvier et fé- vrier passent comme des faits inhérents à la saison, de sorte qu'on n'a pas attaché une grande importante à leur arrivée. En été, les forts abaissements des températures des 5 juin, Ier, 10 et 25 juillet ne nous apportent que d'agréables fraîcheurs et nous semblent des bienfaits de la nature; mais, pour le météorologiste, ces variations de température avec leurs pluies, leurs orages, ne laissent pas que de mériter beaucoup d'attention pour remonter aux causes. Ainsi, la crue de la Sainte-Catherine est ainsi nommée parce qu'elle est la conséquence des pluies qui tombent d'ordinaire le 25 novembre et dont il faut trouver le motif. » Ayant déjà fait connaître à l'Académie, en 1 865, le résultat de mes re- cherches au sujet des orages, il ne reste plus qu'à expliquer que mes der- nières courbes ont été aussi largement distribuées que les précédentes. Et si d'ailleurs j'ai borné mes calculs à vingt années, c'est parce qu'un météo- rologiste distingué du bassin du Rhône, M. Benon des Chânes, a établi, à l'aide d'une méthode de tâtonnement, que dix-sept années suffisent pour rendre insensibles les variations subséquentes, à moins de vouloir faire in- tervenir les phases séculaires, au sujet desquelles nous ne sommes que très- peu préparés. C. R., 1S66, ier Semestre. (T. LXII, N° 2i>.) I 7 l ( i3.4) » Enfin, je m'empresse d'adresser à l'Académie, en même temps que cette Notice, deux planches déjà publiées, l'une en 1857 et l'autre en 1 865, qui compléteront suffisamment ce qui manque à mes indications au sujet des vicissitudes annuelles. » M. Eudes Desloxgchamps fait hommage à l'Académie de deux brochures ayant pour titres : « Description d'une espèce inédite de Téléosaure, le Teleosaurus Calvadosii », et « Note sur une suture insolite du pariétal et sur l'os intermaxillaire chez l'homme ». NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor- respondant pour la Section de Botanique, en remplacement de feu M. Wil- liam Hooker. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 87, M. Hooker (Joseph Dalton) obtient. . . 3a. suffrages. M. Parlatore 4 » M. de Bary 1 » M. Hooker (Joseph Dalton), ayant réuni la majorité absolue des suf- frages, est proclamé élu. MÉMOIRES LUS. ANATOMIE MICROSCOPIQUE. — Note sur des photographies microscopiques rela- tives à la structure des muscles cl aux phénomènes de la contraction mus- culaire ; par M. Ch. Rouget. (Commissaires : MM. Coste, Bernard, Longet.) « J'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie, il y a cinq ans, un Mémoire sur les tissus contractiles et la contractilitê, dans lequel j'avais pour but d'établir, contrairement à l'opinion dominante à cette époque et au- jourd'hui encore, en Angleterre et en Allemagne, que : » i° Relativement à la structure des fibres musculaires, celles-ci ne sont pas constituées par des particules distinctes (sarcous éléments de Bowman ; disdiaclastes de Briicke), groupées en séries longitudinales et transversales réunies entre elles par une substance unissante amorphe, douée d'une ( i3i5 ) constitution cKimique et de propriétés optiques différentes de celles des particules contractiles. » i° Que les changements qui s'opèrent dans les faisceaux musculaires et les différents aspects qu'ils peuvent présenter au moment de la contrac- tion ne résultent pas d'un nouveau mode de groupement de particules contractiles au sein d'une masse liquide ou demi-liquide. » Je me suis efforcé de démontrer, au contraire, à l'aide de preuves nombreuses (je n'ai pas à les reproduire ici), que les éléments contractiles essentiels des muscles sont des fibrilles, dans les muscles à fibres lisses comme dans les muscles à fibres striées; que ces fibrilles, irrégulièrement onduleuses dans les muscles lisses, se présentent dans les muscles striés transversalement sous la forme de ressorts en hélice, de rubans tordus en une spirale régulière; » Que les stries transversales des fibrilles correspondent aux tours et aux intervalles des tours de l'hélice; » Que les faisceaux striés présentent, tant à la surface que dans leur épais- seur, des alternatives de relief et de dépression dues à des ondulations des fibrilles, et que les alternatives de plissement en saillie et en creux corres- pondent exactement aux stries claires et aux stries obscures des faisceaux ; « Que l'existence de ces stries, leurs apparences diverses, soit dans la lumière ordinaire, soit dans la lumière polarisée chromatique, reconnais- sent pour unique cause ces ondulations du faisceau strié en travers. » J'ai démontré enfin qu'à l'aide d'actions purement mécaniques, de tractions exercées suivant l'axe des fibrilles et des faisceaux, il est possible de modifier à volonté les apparences des stries transversales, de donner aux fibrilles et aux faisceaux les différents aspects observés pendant l'état de vie et de contraction, et de reproduire tous les phénomènes apparents de la contraction dans les muscles sans mettre en jeu d'autre propriété que l'élasticité, aux manifestations de laquelle la structure élémentaire des muscles semble spécialement adaptée. » Ces conclusions reposaient sur un grand nombre d'observations, et j'apportais, pour les appuyer, des dessins exécutés d'après mes prépara- tions ; malheureusement, les faits ne pouvaient pas être facilement contrô- lés et vérifiés par tous, de manière à imposer la conviction. Les prépara- tions ne peuvent pas, le plus souvent, être conservées, et quant aux dessins, dont l'importance est si grande dans ce genre de travaux, quels que soient le soin et la conscience apportés à leur exécution, on ne peut cependant se dissimuler qu'ils ne peuvent être autre chose qu'un mode d'inlerpréta- 171.. ( i3i6 ) tion des impressions de l'observateur et partant peuvent être entachés d'in- suffisance ou d'erreur. » Je cherchai donc un procédé de démonstration accessible à tous et donnant la représentation des faits observés dans toute leur réalité et dans des conditions tout à fait indépendantes de l'interprétation de l'observateur. Je tentai de reproduire par la photographie les principales préparations microscopiques sur l'examen desquelles reposaient les conclusions de mon travail. Grâce à ce mode de représentation dans lequel l'objet imprime lui- même son image en dehors de toute intervention personnelle d'un obser- vateur prévenu, les faits peuvent être soumis dans toute leur réalité objec- tive au contrôle de chacun. » Je mets aujourd'hui sous les yeux de l'Académie le résultat de mes essais. Une première photographie représente un faisceau primitif des muscles de la vie animale d'un oiseau, naturellement décomposé en fibrilles moins de douze heures après la mort. Aucun réactif n'a été em- ployé, et il a suffi d'une simple traction déterminant la rupture du faisceau pour que les éléments fibrillaires qui le constituent normalement se pré- sentassent dissociés en forme de balai au niveau des extrémités rompues. » La photographie d'un segment fusiforme de fibre des muscles lisses (fibre musculaire de l'intestin du chat isolée par l'acide chloro-nitrique, fibre-cellule de Kôlliker) démontre que ces fibres sont en réalité, comme les fibres striées en travers, un faisceau de fibrilles groupées régulièrement et parallèlement à l'axe longitudinal, et dont les extrémités libres font saillie sur le bord en biseau du segment fusiforme. » Les photographies 3, 4, 5, 6, 7 démontrent la véritable structure des fibrilles des muscles striés en travers (1). L'une montre les différents aspects que les fibrilles présentent dans l'état de repos ou bien après la mort, di- versité d'aspect qui souvent ne dépend de rien autre chose que des varia- tions de la distance focale. J^es autres montrent le ruban tordu en spirale partiellement déroulé par les tractions exercées sur la fibrille encore vi- vante et contractile. Un ruban de corne tordu en spirales aplaties repro- duit tous les aspects et jouit de toute l'élasticité d'une fibrille musculaire ; il est facile de constater sur cette photographie que les stries alternative- ment claires et obscures des fibrilles correspondent à des différences d'é- clairage, à des lumières et à des ombres, des tours et des intervalles des tours de l'hélice. [1) Fibrilles des muscles do l'aile du Ce rambyx Haros. ( *3i7 ) » Lesnos8, 9, 10 sont des photographies stéréoscopiques de faisceaux pri- mitifs d'insectes, de reptiles, de mammifères : elles montrent que les stries transversales des faisceaux correspondent à des alternatives de saillies et de dépression, à des ondulations en forme de cannelures transversales, dont les parties ombrées constituent les stries transversales obscures et les parties lumineuses les stries transversales claires; dans l'une de ces photo- graphies on peut suivre les incurvations alternantes des fibrilles qui s'ac- commodent aux ondulations totales du faisceau. » Enfin, les photographies ioet n représentent des faisceaux primitifs dont les stries sont écartées par une forte distension mécanique opérée pen- dant la vie; elles montrent ces mêmes alternatives de saillies annulaires séparées par des dépressions de même forme, et rappellent l'aspect d'un ressort en hélice dont les tours sont écartés les uns des autres par des trac- tions en sens opposés. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIOLOGIE. — De l'absorption cutanée, des causes qui l'entravent ou la favorisent; par^l. H. Scoctetten. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires : MM. Serres, Rayer, Velpeau, Cloquet.) « L'absorption cutanée a beaucoup préoccupé les médecins, surtout dans ces derniers temps; il s'y rattache en effet un grand intérêt physiologique; mais toutes les difficultés de la question n'étant pas résolues, il me parait utile de les examiner de nouveau. « La peau absorbe-t-elle ? A cette question posée d'une manière aussi absolue, nous n'hésitons pas à répondre : Oui, la peau absorbe ; mais aus- sitôt nous ajoutons : Cette fonction peut être facilitée, entravée et même empêchée par des causes diverses que nous allons indiquer rapidement; examinons d'abord le dernier point de la question. » On sait que la peau contient un très-grand nombre de follicules des- tinés à sécréter une matière grasse qui la lubrifie et en maintient la sou- plesse. La sécrétion de cette huile animale est incessante; elle pénètre dans les sillons et les replis les plus déliés de cette membrane ; aucun point n'é- chappe à son action protectrice. » Outre les follicules sébacés, il existe encore dans la peau des glandes chargées de sécréter la sueur, fonction constante, bien que d'une activité variable. Cette sueur, en s'évaporant, n'emporte pas les sels nombreux ( r3i8 ) qu'elle tient en dissolution; elle les dépose sur la matière grasse existant déjà sur la peau, et à laquelle viennent encore s'ajouter les débris épider- miques, les corps étrangers de l'atmosphère et ceux contenus dans nos vê- tements. L'union de tous ces corps forme sur notre peau une couche grais- seuse qui tend à s'épaissir chaque jour et sert à la protéger contre certains agents qui l'irriteraient ou tendraient à la pénétrer. » Cette matière graisseuse qui enduit toute la surface de la peau em- pêche le contact immédiat de l'eau avec cette membrane; il est, en effet, parfaitement démontré que la graisse ne se laisse pas pénétrer par les li- quides aqueux : il est bien connu qu'une goutte d'huile sur une feuille du papier le plus mince suffit pour le rendre imperméable. » La structure de 1'épiderme est encore un obstacle au passage des li- quides; cette membrane, formée de lamelles imbriquées, ne permet pas même à l'eau de s'échapper lorsqu'elle est contenue dans des vésicules formées par des vésicatoires ou par des brûlures; Magendie en a fait la remarque depuis longtemps. Il est encore une troisième cause qui s'oppose à l'absorption des liquides aqueux : c'est le volume et la cohérence des molécules aqueuses qui, non-seulement s'opposent à l'absorption, mais même au passage mécanique de l'eau à travers le derme et plusieurs autres membranes inertes; des expériences le démontrent. Il résulte de ce court exposé que trois causes s'opposent à l'absorption par la peau de l'eau et des sels qu'elle tient en dissolution : i° la couche huileuse qui lubrifie cette membrane et y adhère dans toutes ses parties; 2° la structure lamelleuse et imbriquée de 1'épiderme ; 3° le volume et la cohérence des molécules de l'eau. Une seule de ces causes suffirait pour rendre très-difficile l'absorption de l'eau ; réunies, elles la rendent impossible. » Examinons maintenant les conditions favorables à l'absorption cutanée. » L'état et la nature des corps ont une influence décisive sur l'exercice de la fonction absorbante de la peau. Les corps se présentent sous trois états : gazeux, liquide ou solide; leur propriété de pénétration dans l'orga- nisme dépend de la ténuité de leurs molécules ou de la facilité qu'ils possè- dent de se mêler à la couche graisseuse étendue sur la peau ou de la dis- soudre. «Les molécules de tous les corps gazeux étant d'une infinie petitesse pé- nètrent à travers les pores de la peau; l'absorption de l'oxygène atmosphé- rique est indispensable à l'hématose; lorsqu'elle est empêchée, l'asphyxie survient. C'est à l'introduction de l'oxygène et à son action sur le derme irrité qu'est due la douleur vive occasionnée par les brûlures récentes et ( i3i9 ) superficielles. Tous les gaz, même les plus fétides, sont absorbés par la peau ; de nombreuses expériences l'ont prouvé. » Les liquides qui passent facilement à l'état gazeux sont absorbés avec promptitude, surtout s'ils possèdent la propriété de dissoudre la graisse; tels sont : l'éther, le chloroforme, les huiles essentielles, la benzine, la téré- benthine, la glycérine , etc. Il suffit d'une cuillerée d'essence de térében- thine mêlée à l'eau d'un bain pour occasionner une vive irritation de la peau;- chez les chevaux, la térébenthine pure ou mêlée à de l'axonge pénètre si rapidement, qu'elle occasionne immédiatement la rubéfaction, atteint les bulbes des poils et les fait tomber. » Quelques corps solides, susceptibles de se volatiliser, pénètrent égale- ment dans nos tissus par l'absorption ; tels sont le camphre, le musc, le castoréum, etc. ; les cantharides, appliquées sur la peau , ne déterminent la vésication que parce que l'huile essentielle, la canthavidine, se volatilise par la chaleur, pénètre jusqu'au derme, et quelquefois, par la circulation, jusque dans les organes les plus profonds. » D'autres corps solides, mais réduits à l'état de division moléculaire, sont encore susceptibles d'être absorbés lorsqu'ils sont mêlés à de l'axonge ou à de l'huile, constituant ainsi des pommades ou des liniments : dans ces conditions, la friction opérée sur la peau dissout la couche graisseuse na- turelle ou se mêle avec elle et les sels alcalins déposés par la sueur ; il se forme un savonule qui nettoie l'épiderme, met les pores en contact avec les corps médicamenteux et en facilite l'absorption ; cette fonction s'exerce alors avec liberté entière ; les matières végétales, extraits ou sucs de plantes, sont entraînées ; les minéraux eux-mêmes ne résistent pas ; les iodures, le mercure, les sels nombreux dont la médecine fait usage, sont absorbés et pénètrent dans tout l'organisme, pourvu qu'ils soient tous à un état d'extrême division. » L'utilité d'une friction prolongée se révèle d'elle-même; évidemment elle facilite et accélère le mélange des corps gras médicamenteux avec la couche graisseuse naturelle, elle renouvelle les surfaces, et, en irritant un peu la peau, en active les fonctions. » Si nous ne nous trompons, la grande question de l'absorption par la peau, qui, depuis fort longtemps divise les médecins, se trouve résolue physiologiquement et expérimentalement. Les erreurs tenaient à ce que la fonction de l'absorption était considérée dans son ensemble, tandis qu'il fallait spécifier l'état des corps et les conditions de l'organisme qui en favo- risent l'accomplissement et celles qui s'y opposent. » ( l320 ) CHIRURGIE. — Sur une nouvelle opération propre à rétablir la faculté visuelle chez un certain nombre d'aveugles ; par M. Blanchet. (Extrait.) (Commissaires : MM. Velpeau, Coste, Longet.) « Nous avons donné à cette opération le nom d'Iiélioprotbèse, et à l'ap- pareil que nous appliquons après l'opération celui de phosphore (i). » Tous les aveugles, chez lesquels le nerf optique et la rétine n'ont pas subi d'altérations profondes et ont conservé la faculté de perception, sont généralement susceptibles, à des degrés divers, de bénéficier de cette opé- ration. » La sensibilité de la rétine peut être déterminée à l'aide d'une ponction au centre du globe oculaire et de l'application de l'appareil phosphore. Cette même ponction sert encore à reconnaître l'état des humeurs de l'œil. » Ces opérations sont peu douloureuses, et, pour certains malades dont le globe oculaire a subi diverses dégénérescences, elles sont presque nulles ; l'application de l'appareil phosphore se fait avec facilité et sans souf- frances. . » Le malade ayant la tête appuyée sur la poitrine d'un aide, la paupière supérieure relevée par un élévateur, l'inférieure abaissée, l'opérateur fait la ponction de l'œil avec un couteau lancéolaire, ou avec un simple bistouri droit à lame étroite; la largeur de l'incision doit être en rapport avec le diamètre du tube à poser. Si la ponction donne lieu à une sortie d'humeur translucide, on peut appliquer de suite le phosphore, et la perception de la lumière, dans certains cas, se rétablit immédiatement; dans d'autres cas, après quelques instants seulement. L'absence de perception pendant les premiers moments ne devra pas toujours faire croire à une paralysie com- plète de la rétine. » Avant de placer le phosphore, il faut avoir soin de mesurer le dia- mètre antéro-postérieur de l'œil, afin d'éviter d'appliquer un tube trop long, qui, en toucbant la rétine, pourrait donner lieu à de fausses perceptions ou à une inflammation de cette membrane. Il est utile aussi de ne pas com- primer le globe oculaire, afin de causer le moins de déperdition d'humeur possible. Si le cristallin existait encore et qu'il fût trouvé opaque, il con- viendrait d'en opérer l'extraction avant d'appliquer le phosphore. (i) Cet appareil se compose d'une coque en émail et d'un tube fermé à ses deux extré- mités par des verres de forme différente selon les cas. ( i3ar ) » Cet appareil pouvant servir tout à la fois à procurer le rétablissement plus ou moins complet de la faculté visuelle et à remédier à la difformité existante, on pourra faire exécuter sur la coque phosphore un iris hleu ou brun, selon les circonstances. n La portée de la vue variant suivant la qualité et la quantité des hu- meurs existantes et la forme de l'œil, on appliquera des verres en rapport avec ces divers états organiques. S'il existe de la photophobie, on v remé- diera en plaçant dans le phosphore des verres teintés, ou à l'aide de lunettes plus ou moins sombres. Le premier appareil devra rester appliqué deux ou trois jours sans être changé, s'il n'occasionne pas de douleurs; dans le cas contraire, on ne le laissera pendant les premiers temps que quelques heures chaque jour. » Si l'opérateur trouvait une absence de sensibilité visuelle par suite de dégénérescence des milieux ou de l'altération de la rétine, il devrait s'abs- tenir d'appliquer le phosphore. » Lorsqu'on examine la nature de l'infirmité des sujets qui remplissent les maisons réservées aux aveugles incurables, on voit que le plus grand nom- bre de ces individus offrent des altérations du globe oculaire qui se rappor- tent soit à des lésions de la cornée, soit à des atrophies de l'œil ou à des occlusions incurables de la pupille ou à des staphvlômes opaques de la cornée, ou à des désordres, suites d'opérations pratiquées sur le globe de l'œil. La plupart de ces cas sont du nombre de ceux qui présenteront des chances plus ou moins grandes de succès, car chez ces individus on ren- contre souvent la faculté de perception conservée et les humeurs qui rem- plissent l'œil translucides. » Les animaux chez qui nous avons produit dos ophthalmies artificielles qui ont causé des désordres organiques à peu près semblables à ceux que nous avons mentionnés, nous ont présenté au bout d'un certain temps la rétine et les humeurs de l'œil dans cet état. Les malades chez lesquels nous avons eu occasion, pour des lésions identiques, de faire des ponctions, nous ont offert le plus souvent l'appareil nerveux doué d'une grande sen- sibilité. » C'est l'observation de ces faits qui nous a conduit à pratiquer l'opéra- tion que nous venons de décrire, et à faire l'application d'unappareil capable de remplacer les parties de l'œil manquantes pour conduire les rayons lumi- neux sur la rétine. » La France possède, d'après le dernier recensement el les travaux de statistique que nous avons transmis dans la précédente séance à l'Académie, C. R.,i8(ir>, ,*< San, stie. (T. LX11,N»2S.) I 7^ ( l3l2 ) 30780 aveugles; les autres contrées de l'Europe et l'Amérique on contien- nent un nombre proportionnel qui n'est pas moins grand. On voit par cet aperçu à quel nombre d'individus cette opération pourrait servir. » 31. Erckmaxx adresse à l'Académie un Mémoire ayant pour titre : « Con- sidérations sur l'origine de l'électricité ». (Commissaires : MM. Pouillet, Regnault, Edm. Becquerel.) M. Guérin communique à l'Académie une modification apportée par lui à la construction de la pile à mercure et à sulfate de plomb. La pile est disposée en colonne, et formée d'une série de disques en zinc, charbon et terre poreuse : le centre des rondelles de zinc et de charbon est évidé. Pour construire la pile à sulfate de mercure, on imprègne les plaques poreuses de la solution saline, et on place en outre une petite quantité de sel dans la cavité formée par le zinc ou par le charbon : la pile est contenue dans un manchon, et surmontée d'un vase poreux qui est chargé avec la même so- lution. Quant au sulfate de plomb, on se contente de le déposer dans les cavités du zinc, et on fait arriver l'eau du vase poreux. (Commissaires : MM. Fizeau, Edm. Becquerel.) M. Legros adresse d'Aubusson, pour le concours des prix de Médecine et de Chirurgie, deux Mémoires ayant pour titres : Recherches sur les modi- fications que réclame la trachéotomie, dans les cas de développement anormal du corps thyroïde, et Recherches sur le traitement des ulcères dits scrofuleux. La Lettre d'envoi étant datée du 28 mai 1866, il est permis de supposer que si les Mémoires ne sont pas arrivés en temps utile, c'est par quelque cause indépendante de la volonté de l'auteur. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) Un auteur, dont le nom est contenu dans un pli cacheté avec l'épi- graphe : Multum cerni, semper cogitari, paululum dici, adresse, pour h; con- cours des prix de Médecine et de Chirurgie, une Note relative au traitement des empoisonnements par le phosphore. (L'envoi est daté du 16 juin 1 86G.) (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie, qui jugera si la pièce peut être encore admise au concours, M. Jobert adresse une Notice sur t 'épidémie cholérique de i865. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) ( i323 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, le n° 12 du Catalogue des Bre- vets d'invention pris en i865, et le n° 1 du Catalogue des Brevets pris en 1866. M. Eue de Beaumont, en présentant à l'Académie, de la part de l'auteur, M. Delesse, sa « Carte géologicpie souterraine du département de la Seine », donne lecture des passages suivants de la Lettre d'envoi : « Cette carte, qui est à l'échelle de ~vô, a été exécutée par les ordres du Préfet de la Seine, M. le baron Haussmann. » Le système suivi est celui que j'avais déjà adopté pour ma carte de la Ville de Paris. Les terrains sont indiqués par des teintes, comme dans les cartes géologiques ordinaires ; mais le terrain de transport formant une sorte de manteau qui recouvre le sol, on suppose d'abord qu'il a été enlevé. Si l'on conçoit maintenant qu'on enlève l'un après l'autre les ter- rains qui composent le sous-sol, en commençant par le plus moderne, on découvrira successivement autant de surfaces correspondant à chacun d'eux. Ces surfaces donnent le sous-sol des environs de Paris aux diffé- rentes époques de sa formation ; elles ont été représentées au moyen de cotes au-dessus du niveau de la mer et de courbes horizontales équidis- tantes. » Pour y parvenir on a recherché tous les points où il était possible de dresser des coupes géologiques ; dans ce but on a exploré les carrières, les sondages, les puits, les exploitations de toute espèce, ainsi que les nom- breux travaux souterrains qui ont été exécutés dans ces derniers temps aux environs de Paris. Partant de ces données, on a déterminé avec précision et par des nivellements les cotes des points pour lesquels on avait relevé des coupes géologiques ; puis, multipliant convenablement ces opérations, on a établi un réseau de points assez rapprochés pour permettre de tracer des courbes horizontales équidistantes figurant le relief de chaque surface. » C'est ainsi qu'on a représenté la surface supérieure de la craie, de l'argile plastique, des marnes blanches supérieures au calcaire grossier, du travertin de Saint-Ouen, des glaises vertes, des sables de Fontainebleau et enfin la surface inférieure du terrain de transport. » Il est facde de déterminer, à l'aide de la carte géologique souterraine, 172.. ( .3M ) quels sont les terrains qu'on rencontrera sur un point quelconque des en- virons de Paris. Car les teintes indiquent de suite le terrain se trouvant im- médiatement au-dessous du terrain de transport. En outre, comme le point considéré tombe entre deux courbes horizontales représentant les surfaces des divers terrains, une quatrième proportionnelle suffira pour calculer la cote à laquelle on atteindra chacune de ces surfaces. » Par conséquent, cette carte géologique souterraine permet de déter- miner, non-seulement la nature, mais encore la cote des divers terrains qui forment le sous-sol dans les environs de Paris. La méthode suivie pour son exécution permet d'ailleurs d'étudier bien complètement le sous-sol, en sorte qu'elle pourrait être appliquée avantageusement à la recherche des gîtes métallifères et de toute matière minérale utilement exploitable. » MINÉRALOGIE. — Sur la Gieseckile, considérée comme une épigénie d'élœotilhe. Note de M. F. Pisami, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. " La Gieseckite, trouvée primitivement par Giesecke, au Groenland, en cristaux engagés dans un feldspath compacte, a été retrouvée depuis par M. Brush, dans une roche pyroxénique et micacée, à Diana, comté de Lewis, New-York. Dans ces deux localités elle se présente en gros prismes à six faces, ayant quelquefois les arêtes basiques tronquées. Stromeyer a trouvé pour la composition de la Gieseckite du Groenland les nombres suivants : Si 46,08; Al 33,83; te 3,73; Ma i,i5; K 6,20; Mg 1,20; H 4,88 = 97,07. Celle de Diana, analysée par M. Brush, présente une composition analogue. Une substance qui se rapporte encore à la Gieseckite, c'est la Liebenerite du monte Visena, dans la vallée de Fleinis en Tyrol, où elle se trouve en petits prismes hexagonaux, engagés dans un porphyre feldspathique rouge : les analyses de M. Marignac et M. OEIlacher ont montré qu'elle a une com- position identique avec celle de la Gieseckite. » L'état d'altération manifeste de la Gieseckite l'a fait considérer par certains auteurs comme une pseudomorphose de Cordiérite, analogue à la pinite, et par d'autres comme une épigénie de la néphéline. M. Des Cloi- zeaux, dans son Manuel de Minéralogie, la regarde comme provenant de la néphéline. il était eu effet plus probable qu'elle dérivait de cette dernière, vu les modifications sur les arêtes de la base trouvées sur les cristaux de Diana, ainsi que les espèces de clivages qu'elle possède suivant les faces du ( i3^5 ) prisme, caractères incompatibles avec le système rhombique auquel appar- tient la Cordiérite. J'ai trouvé, en effet, clans une élaeolithe altérée de Brevig, en Norvège, la preuve de la transformation de cette substance en Giesec- kite. L'élœolithe brune de Brevig se trouve, sur certains échantillons, mélan- gée à une substance rouge-brique à laquelle elle passe par degré. On voit sur le même morceau de l'élœolithe normale, translucide, donnant i ,3 pour ioo d'eau par calcinaiion et soluble entièrement dans les acides étendus; à côté se trouvent quelques points rouges qui sont le commencement de l'altération, et plus loin la matière devient d'un rouge brique uniforme, en grande partie opaque, avec quelques parties translucides d'élaeolithe non al- térée. Cette matière rouge donne déjà 5,9 pour 100 d'eau, et ne se dissout qu'en partie dans l'acide nitrique étendu, en laissant un résidu abondant ronge; au spectroscope on voit, outre la potasse et la soude, un peu de lithine. J'ai traité une partie de la masse rouge par l'acide azotique étendu et froid; et, après avoir lavé le résidu (a), je l'ai séché à 100 degrés pour l'analyser séparément. Une autre portion du minéral a été traitée également par l'acide étendu, et j'ai déterminé, outre la proportion de la partie inso- luble, les éléments restant dans la solution. Le résidu est de 47>85 pour 100; la solution contient Si 23,99; ^' 16,23 ; Ca 0,98; Mg o,35; Na 7,90; K 1,01; H 3,47. Déduction faite de la partie insoluble, le silicate dissous présente la com- position de l'élœolithe restante, sauf un peu d'eau en plus. L'analyse de la partie insoluble (a) a été faite après attaque au carbonate de chaux ; elle a donné Si 46,95; Aï 34,65; Fe 1,86; Ca 0,68; K871; NaLi 0,71; Mg o,58; H 5,58=99,72. Ces nombres s'accordent fort bien avec ceux de la Gieseckiteet montrent d'une manière évidente la transformation de l'éloeolithe en cette substance. » Je ferai remarquer, à ce sujet, que cette transformation en Gieseckite vient à l'appui des faits que nous avons constatés, M. Ssemann et moi {Comptes rendus, 1862, et Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. I^XVII), concernant le changement de la Cancrinite en Bergmannite. Cette transformation, évidente sur de nombreux échantillons que nous avons eus entre les mains et où la Cancrinite, parfaitement fraîche et en gros fragments sur certains morceaux, passe insensiblement sur d'autres à la Bergmannite, nous a fait dire que ce n'était pas à l' élaeolithe, comme l'a dit M. Blum, ou à un minéral originaire hypothétique, comme l'a soutenu M. Scheerer, que se rapportaient les formes hexagonales de la Bergman- ( i3a6 ) ni te, mais bien à la Cancrinite dont elle est une épigénie. Cependant, comme M. Bluin a observé sur un échantillon de Bergmannite un noyau d'élseolithe, il faudrait en conclure que la Bergmannite peut dériver à la fois de la Cancrinite et de l'éïaeolithe. 11 faut remarquer toutefois que les cristaux de Bergmannite étant ordinairement très-allongés, tandis que ceux d'élaeo- lithe sont courts et trapus, bien plus analogues en cela aux cristaux de Gieseckite, qui en est la substance pseudomorphe, il est fort probable que la Bergmannite provient le plus souvent par épigénie de la Cancrinite plutôt que de l'éïaeolithe. » MINÉRALOGIE. — Analyse de l'aérolilhe de Sainl-Mesmin , canton de Méry-sur-Seine , département de l'aube, tombé le 3o mai 18GG. Note de M. F. Pisaxi, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. « Cette pierre météorique est analogue par son aspect à celles déjà con- nues, de couleur grise et renfermant des grains de fer et de pyrite. Sa den- sité est de 3,426. Elle est magnétique. Attaquable en partie par l'acide chlorhydrique avec dégagement d'hydrogène sulfuré; la pyrite qu'elle contient n'est pas attirable. N'ayant pu avoir que quelques petits fragments de cette nouvelle météorite, chez M. Saemann, je n'ai pu faire qu'approxi- mativement la séparation de la partie attirable au barreau aimanté. J'ai déterminé séparément la partie attaquable par l'acide chlorhydrique et la partie inattaquable. Voici quels en sont les résultats : Partie attaquable, 5g, 4- Partie inattaquable, 4° ,6. Partie attirable (fer nickélifère), 5,6 pour ioo environ. Partie attaquable. Analyse totale (i). ■ — ? — — ■^■"— Partie inattaquable. ,_ — — —— — Oxygène. — — -— — -» — — Silice 38, io Silice 17,00 9,07 Silice 21,10 Alumine 3,oo Magnésie..... 19,54 7,80 1 Alumine 3, 00 Magnésie 25,64 Oxyde ferreux. 11, 84 2,63 j 10,92 Oxyde ferreux. 5,37 Oxyde ferreux 17,21 Soude 1 ,92 o,4g I Magnésie 6, 10 Oxyde de manganèse, traces Nickel 0,72 Chaux 1^09 Potasse et soude. . . . 3, 1 3 Fer 4)94 Potasseetsoude 1,21 Chaux 1,09 Pyrite (Fe' S* ) . 2,99 Fer chromé... 2,18 Fer 4,94 58^5 4<>,o5 Nickel 0,72 Pyrite 2,99 Fer chromé 2,18 99. (1) Les fragments que j'ai eus avaient un peu de la croûte fondue extérieure de l'aerolithe. ( i32? ) OPTIQUE. — Théorèmes géométriques relatifs à la réflexion cristalline. Note de M. A. Cornu, présentée par M. Bertrand. « Dans une précédente communication, j'ai montré qu'on pouvait ramener l'étude de la réflexion de la lumière polarisée sur la surface des cristaux à celle d'un cône du second degré en relation très-simple avec les rayons réfractés correspondants. Ce cône traduit en effet d'une manière synthétique la loi qui régit les positions correspondantes des plans de pola- risation des rayons incident et réfléchi, car cette surface est le lieu de la droite d'intersection, non pas des plans de polarisation, mais des plans qui leur sont normaux menés par leurs rayons respectifs. » Du reste, le lieu décrit par l'intersection des plans de polarisation est aussi un cône du second degré. Ces deux cônes ont une connexion très- intime, et dans ce qui suit je les considérerai tous les deux à la fois : l'un prendra le nom de premier cône, l'autre de second cône. » Ces cônes peuvent être représentés analytiquement par les équations m tan8 tang(a — a') _ \ ^ _ R a, /3 étant les angles des plans décrivants avec le plan d'incidence; a', |3' et K. des constantes dépendant de l'angle d'incidence, de la valeur et de la direction, par rapport à la surface réfléchissante, des axes d'élasticité optique. » Les azimuts «o = «', Po = P', «. = «'+;' fr = P + l> solutions communes aux deux équations, définissent, comme je l'ai montré précédemment, les deux positions rectangulaires du plan de polarisation réfléchi qui correspondent à des positions rectangulaires du plan de pola- risation du rayon incident; pour simplifier le langage, je les appellerai azimuts principaux. » Voici un théorème qui me paraît donner un grand intérêt théorique et expérimental à ces azimuts principaux, et par suite à la considération de ces cônes auxiliaires : » La racine carrée de i intensité de la lumière réfléchie provenant d'un rayon ( i3a8 ) incident polarisé d'intensité constante varie, suivant son propre azimut de pola- îisation, comme le rayon vecteur d'une ellipse : les axes de cette ellipse, c'est-à- dire tes azimuts de polarisation oit l'intensité est maximum ou minimum, coïn- cident avec les AZIMUTS PRINCIPAUX. » Ce théorème est indépendant de la forme de la surface de l'onde : le principe de la continuité des vibrations, tel que l'admet Mac Cullagh, suffit pour en rendre compte. » Je citerai une autre propriété de ces cônes dont l'importance n'est pas moindre, mais qui se rattache à un autre ordre de considérations. Les théorèmes cités précédemment ne contenaient dans leur énoncé qu'un seul système de rayons réfractés, et par suite se trouvaient indépendants île toute forme spéciale attribuée à la surface de l'onde. Le théorème qui suit, au contraire, se rapporte à un cas plus complexe, puisqu'il embrasse un second système de rayons réfractés et qu'il nécessite la particularisation de l'onde lumineuse. Je suis convaincu qu'il ouvre une voie nouvelle et féconde devant montrer la liaison intime entre la forme de la surface d'onde de Fresnel et les principes mécaniques qui président aux lois de la réflexion cristalline. » Je me bornerai à énoncer le théorème : « Si l'on fini tourner de 1 80 degrés le plan de réflexion autour de la normale à la surface réfléchissante, sans changer iamjle d'incidence, de sorte que le nou- veau rayon incident coïncide avec le rayon primitif; malgré le changement des rayons réfractés, les systèmes de cônes sont les mentes; seulement il y a inversion : le. PREMIER CÔNE de la position directe coïncide avec le SECOND CÔNE de la posi- tion inverse, et réciproquement. » Cette réciprocité se traduit expérimentalement par la vérification la plus simple qu'on puisse imaginer. » Dans l'appareil bien connu destiné à ce genre d'expériences, la lumière se polarise en traversant un prisme polariseur, se réfléchit sur la surface cristalline qu'on a choisie et traverse, après réflexion, un prisme analyseur. C'est en déterminant les azimuts d'extinction de l'analyseur correspondant à des azimuts divers du polariseur qu'on vérifie les lois de ces phénomènes. Mais la vérification de cette réciprocité n'exige aucune détermination nou- velle : si, en effet, l'analyseur étant dans l'une quelconque de ces positions d'extinction, on renverse la marche de la lumière sans toucher à l'appareil, c'est-à-dire si l'on fait entrer le faisceau naturel par l'analyseur et qu'on le fasse sortir par le polariseur, l'extinction du rayon réfléchi a lieu aussi nettement que dans !•.• premier cas. (. i329 ) ■> Pour la vérification des aulres lois, o» n'a pas le bonheur de rencon- trer des phénomènes aussi simples : il faut faire des déterminations numé- riques précises, fl est nécessaire de recourir alors à des appareils spéciaux et à des méthodes particulières. La description des précautions expérimen- tales qui me paraissent nécessaires dans ce genre de mesures et celle de l'appareil que j'ai fait construire dans ce but seront l'objet d'une prochaine communication, j PHYSIQUE DU GLOBE. — Composition des eaux de la mer Morte, des eaux des sources environnantes, et de l'eau du Jourdain. Note de M. A. Terreil, présentée par M. Daubrée. « L'eau de la mer Morte a été l'objet de nombreuses analyses qui ont été faites principalement par Lavoisier, Macquer, Marcel, Klaproth, Gay- Lussac, C.-G. Gmelin ; M. Marchand, MM. Boutron et Henry, M. Boussin- gatilt, etc. Les analyses que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à l'Aca- démie 'pourront peut-être jeter quelque jour sur les points qui n'ont pas encore été résolus par les habiles chimistes que je viens de citer. » Ces analyses ont été faites sur des échantillons qui ont été recueillis vers la fin du mois de mars et au commencement du mois d'avril de l'année 1 86/j , par M. Louis Lartet, pendant l'expédition scientifique de M. le duc de Luynes en Palestine. » L'eau de la mer Morte a été prise dans différents endroits et puisée à des profondeurs qui varient de la surface jusqu'à 3oo mètres; chaque échantillon a été renfermé dans un tube de verre de i3o à i5o centimètres cubes, que l'on a fermé au chalumeau sur les lieux mêmes. » Au moment où l'on brise la pointe des tubes bouchés pour en extraire l'eau, il se dégage des tubes une odeur désagréable rappelant à la fois celle de l'hydrogène sulfuré et celle des bitumes; ce dégagement odorant est beaucoup plus prononcé pour l'eau prise en pleine mer au Ras Mersed. » L'eau présente un aspect huileux, elle mouille difficilement les parois des verres où on la verse; chaque tube contient un léger dépôt ocreux, composé d'oxyde de fer, d'alumine, de silice et d'une matière organique dont la nature n'a pu être déterminée faute d'une quantité suffisante de substance. Quelques tubes renferment un peu de mercure provenant des appareils qui ont servi à puiser l'eau à diverses profondeurs. » Les tubes qui contiennent les eaux des sources avoisinanl la mer Mortene dégagent ni gaz ni odeur sensible lorsqu'on les ouvre; la plupart C K., 1866, ier Semestre. {T. LXII, .." 2a.) I 'j'5 ( i33o ) ont leurs parois couvertes de petits cristaux rhomboédriqucs de carbonate de chaux et de carbonate de magnésie. » Parmi les nombreux échantillons d'eau de la mer Morte mis à ma dis- position, je n'ai fait l'analyse complète que de quelques-uns dont l'eau a été puisée à des profondeurs qui diffèrent sensiblement et prise à des stations diverses. Dans ces analyses, quelques substances ne sont qu'indiquées et non dosées, le volume de chaque échantillon étant trop restreint. Pour les autres échantillons, je n'ai fait que prendre la densité de l'eau, évaluer le résidu salin laissé par elle et doser les quantités de brome et de potasse qu'elle renferme. » Pour les eaux des sources et des rivières, après avoir pris leur densité et dosé le résidu laissé par chacune d'elles, j'ai dû restreindre mes recher- ches à une analyse qualitative des substances salines qu'elles contiennent en dissolution. » Les tableaux qui suivent présentent le résultat de mes analyses : Profondeurs 1 5° Eau Chlore Brome Acide sulfurique. . . . Acide carbonique... Acide sulfhydrique . Magnésium Calcium Sodium Potassium ammoniaque . . . . Alumine et 1er Silice Matières organiques. l'RES EN MER, en face et près du Ras Dale. LAGUNE au nord de Sodome (le l'Ilot, l'extré- mité nord de la EN MER, à fi milles a l'est du Wa.h E\ MER, près du Ras Mersed. EN MER, a. 0 milles a l'est du Ras EN MER à 8 milles .1 l'esl du Ras EN MER, à 5 milles à l'est du Wady Mono Mr.ililia Fescukali Fcsclikab. Mrabba. surface. surface surface. 20 42 120 200 3oo 1 ,0216 1.037a i,i6.',7 ','«77 I ,2l5l 1,2225 I ,2300 1 ,2563 27,078 47,683 205,789 204, 3 1 1 260,994 262,648 271 ,606 27S,i35 972>922 902,3 17 794,211 795,689 739,006 à 0 1 . Jj2 728,394 721 ,865 17,628 29,826 126,621 145,543 165,443 166,340 170,423 '74.985 0,167 0,835 4,568 3,204 4,834 4,870 4,385 7,093 0,202 0,676 o,494 o,362 o,4 i; o,45i 0,45g o,523 traces traces traces traces traces traces traces traces traces traces traces traces traces traces traies traces 4>>97 3,47° 25,529 ag.SSi 4l,004 4 1 . 3o6 42 ,006 i 1 1 ,s 2, i5o i,48l 9,094 11,47;. 3,693 3,704 4,2,8 17,269 0,885 7.845 22,400 i3,i i3 4,786 25,071 25,107 1 i ,3oo 0,474 o,779 3,54; 3,5îo 2,421 3,990 4,503 i,386 traces traces traces traces traces traces traces traces traces Lraces traces traces tiares traces traces traces 0,006 traces traces traces traces Irji . s traces traoes traces traces 1 1 ice traces traces traces traces traces 25,70g Ï7-!" ' 1 93 , 1 i ; 207,09a '!".' ' ' 25l , 101 259,984 ( i33i ) LIEUX 00 LES EAUX ONT ÉTÉ PUISÉES. En mer, à l'embouchure du Jourdain En mer, embouchure du Wadj Mojeb Dans le canal, entre Ras Sénin et la pointe méridionale de la presqu'île delà Lisan En mer, près de Djebel Usdom A 2 milles à l'est d'Ain Ghuwier A 5 milles à l'est du Wady Mrabba. A 2 milles à l'est d'Ain Ghuwier . . . A 5 milles à l'est du Wady Mrabba. PROFONDEURS en mèlres. surface surface 5 surface 140 60 240 80 DENSITÉ à ■+- 15°. I , 0 1 85 1 , 1 1 5o ,1700 ■ 7.',o ,2280 >23l0 ,2320 ,2340 RESIDU salin ser 24,lS2 146, 336 2io,366 209,154 256,oio 273,372 276,989 274,643 0,486 3,590 2,662 2,633 4,463 4,456 4,411 POTASSE anhvdre 5,070 4,332 // 5,25o 5,984 5,943 NOMS DES EAUX DES SOURCES ET DES RIVIERES. Eau d'Ain Jidy Eau d'Ain Zara Eau du Jourdain Eau du Wady Zerka Main Eau d'Aîn Sweimeh Eau d'Ain Turabeh ■i5°. 1,000032 I ,OO0S2O 1,001000 I ,001660 I ,002300 1,002400 RESIDU SALIN. 0,394 0,716 0,873 1,56g 2, 162 3,o32 Composition de l'eau du Jourdain prise par M. Louis Lartet au gué dit des Ghawarinehs À 1 2 kilomètres au nord de son embouchure. Résidu sec 0,873 Eau 999>,27 Chlore o , 425 Acide sulfurique o,o34 Acide carbonique traces Soude , o , 229 Chaux o ,060 Magnésie o , o65 Potasse . . traces Silice, alumine et fer traces Matière organique traces Substances non dosées o ,060 o,873 » Des analyses qui précèdent, on peut tirer les conclusions suivantes » i° La densité de l'eau de la mer Morte augmente avec la profondeur i73.. ( i332 ) » a0 L'eau de la mer Morle ne présente point, dans toute son étendue et à une même époque, une composition identique, abstraction faite même des parties qui avoisinent les rivières el les sources qui s'y jettent. Ainsi, les eaux prises à 5 milles à l'est de Wady Mrabba contiennent quatre fois plus de calcium que les eaux recueillies à 5 milles à l'est du Ras Feschkah ; mais ces dernières renferment environ deux fois plus de sodium que les précédentes. » 3° La concentration des eaux de la mer Morle est également très-variable dans toute son étendue, abstraction faite toujours des parties qui avoisinent les sources et les rivières. Ainsi, l'eau puisée à 6o mètres de profondeur à l'est de Wady Mrabba contient plus de substances salines en dissolution que l'eau puisée à aoo mètres de profondeur à l'est du Ras Feschkah. » 4° L'eau recueillie au nord de Sodome, dans la partie qui forme lagune, contient, contrairement à ce que l'on observe pour l'eau ordinaire de la mer Morte, plus de chlorure de sodium que de chlorure de magnésium. Cette particularité explique la présence dans cette eau des petits poissons qui peuvent y vivre. » 5° Les éléments qui constituent les matières salines de l'eau de la mer Morte restent proportionnellement les mêmes, que l'eau soit prise à la sur- face ou à diverses profondeurs ; les bromures seuls semblent se concentrer beaucoup dans les couches qui atteignent 3oo mètres. « 6° Les eaux de la mer Morte ne contiennent point d'iode; l'acide phos- phorique paraît aussi leur manquer complètement. » 70 Les résidus salins laissés par les eaux de la mer Morte n'accusent au spectroscope ni lithine, ni cœsium, ni rubidium. Ils contiennent peu d'acide sulfurique; ils sont composés presque exclusivement de chlorures de magnésium, de sodium, de calcium et de potassium, et d'une certaine quantité de bromures des mêmes bases. » Les proportions relativement considérables fie brome et de potasse que renferment les eaux de la mer Morte doivent fixer l'attention des indus- triels. Il n'est pas douteux que dans l'avenir la mer Morle ne devienne une source de production abondante de ces deux substances, dont l'une, la potasse, possède une si grande valeur au point de vue de la fabrication des produits chimiques. » 8° Les résidus salins laissés par les eaux des sources et des rivières qui avoisinent la mer Morte se composent de chlorures, de sullales et de car- bonates de chaux, de magnésie, de soude et de potasse; ils ne contiennent pas de brome appréciable à l'analyse. » ( i333 ) PHYSIQUE DU GLOBE. — Recherches sur les variations de salure de l'eau de la mer Motte en divers points de sa surface et à différentes profondeurs, ainsi que sur l'origine probable des sels qui entrent dans sa composition. Note de M. Louis Lartet, présentée par M. Daubrée. « Les divers échantillons d'eau de la mer Morte, dont M. Terreil vient de présenter les analyses chimiques à l'Académie, ont été puisés à l'aide d'un appareil offrant toutes les garanties de précision désirables dans ce genre de recherches. Le principe de cet instrument avait été emprunté à M. Aimé (i), mais nous avions cru, de concert avec feu M. Froment, de- voir introduire dans sa construction quelques modifications importantes qui en ont rendu l'emploi à la fois plus sur et plus facile. Les eaux ont été rapportées en France dans des tubes de verre, de dimensions convenables, et dont l'ouverture fut immédiatement sondée au chalumeau. Du reste, ces diverses opérations ont été faites sous la haute direction de M. le duc de Luynes et, je dois ajouter, avec le concours obligeant et éclairé de M. le lieutenant de vaisseau Vignes et de M. le Dr Combes, attachés comme moi à cette expédition. » L'étude de ces nouveaux matériaux devait jeter un jour nouveau sur la question de la salure du lac Asphallite ou mer Morte, car, jusqu'à pré- sent, les analyses nombreuses, faites d'ailleurs par des chimistes d'une habi- leté reconnue, n'avaient porté que sur des échantillons d'eau recueillis tous à la surface et prés du rivage nord-ouest du lac, le seid qui soit resté acces- sible pour les pèlerins. Malheureusement, ce lieu était le plus défavorable pour ce genre de vérification, en ce que les échantillons étaient nécessaire- ment pris ou trop près de l'embouchure par laquelle affluent les eaux douces du Jourdain, ou, d'autre part, dans le voisinage du contre-courant latéral qui ramène vers le nord des eaux plus concentrées. De là les diffé- rences considérables entre les résultats de ces analyses. Il fallait donc, pour donner à notre étude préméditée sur la salure de la mer Morte une valeur moins contestable, pouvoir s'étayer d'un ensemble d'observations relevées dans des points très-distincts de l'étendue de ce lac, et aussi à des profon- deurs diverses. C'est ce qu'il nous a été donné de pouvoir réaliser; grâce aux (i) Exploration scientifique de l'Algérie, 1 845 ; Recherches physiques sur la Méditer- ranée, p. io3, PI. II. ( i334 ) avantages exceptionnels d'une navigation suffisamment prolongée et, en même temps, à l'emploi de l'appareil de puisage dont il a été question. » On sait que la densité des eaux de la nier Morte est telle, que le corps humain n'y enfonce pas, fait dont Vespasien put s'assurer en voyant surnager des prisonniers qu'il y avait fait jeter, solidement garrottés. On n'ignore pas, non plus, qu'en raison de leur excès de salure toute vie d'êtres animés s'y éteint, et nous en avons nous-même fait l'expérience en y transportant de petits poissons du genre Cyprinodon qui vivaient dans une lagune déjà très- salée, sur les bords du lac, et qui sont morts immédiatement après avoir été plongés dans l'eau de la mer Morte. La densité de cette eau s'accroît ra- pidement avec la profondeur jusqu'à i5oou 200 mètres; au-dessous de cette limite, l'augmentation devient sensiblement moindre. Comme la plus grande partie des eaux douces vient du nord, la densité s'accroît faible- ment en allant du nord au sud. » Dans un premier Mémoire soumis, l'an passé, à l'Académie (1), j'avais essayé d'établir l'indépendance originelle du bassin de la mer Morte par rapport aux mers qui l'avoisinent, et, par cela même, je me trouvais con- duit à attribuer la salure de ces eaux à des circonstances locales. L'opinion exprimée à cette occasion par M. Élie de Beaumont devint un appui bien précieux pour moi en faveur de cette hypothèse. D'un autre côté, M. Mala- guti annonça qu'il n'avait pu découvrir de traces d'argent dans les rési- dus d'évaporation spontanée des eaux du lac Asphaltite, alors que les sels provenant d'un même volume d'eau de l'Océan lui en auraient fourni des quantités très-appréciables. Aujourd'hui, les analyses de M. Terreil constatent qu'il ne s'y trouve ni cœsium, ni rubidium, ni lithium, ni iode; toutes choses qui s'accordent fort bien avec les déductions tirées de l'étude géologique et orographique de cette région. Néanmoins, il faut bien recon- naître que la salure de la mer Morte se rapproche assez de celle des eaux mères de l'Océan ; mais on peut dire qu'à la suite d'une même série de sépa- rations successives, des nappes d'eau d'une salure initiale très-différente finissent par ne conserver que les sels qui résistent à ces éliminations et par s'acheminer vers ces derniers termes de concentration dont la mer Morte et le lac Elton offrent des exemples si remarquables. » La richesse en brome des eaux du lac Asphaltite paraît être, ainsi que (1) Comptes rendus, 17 avril i865; Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. XXII, p. 4°i • ( i335 ) l'a observé M. G. Bischoff (i), l'indice d'une évaporation longtemps prolon- gée. Cette richesse augmente régulièrement avec la profondeur, et, à 3oo mè- tres, elle atteint le chiffre énorme de 7gr,oo,3 par kilogramme d'eau. A la surface, la proportion de cette substance ne varie pas dans le même sens que la densité, car on la trouve en quantités plus faibles au sud qu'au nord. Ceci, joint à la pureté du sel gemme du Djebel-Usdom, ne nous per- met pas d'attribuer uniquement, comme l'ont fait Volney et M. de Bertou, à ces masses salines intercalées à la partie supérieure des terrains crétacés, près du rivage méridional, l'origine de la salure si complexe de la mer Morte. » Le Jourdain, qui fournit un large contingent de salure au lac Asphal- tite, ne fait guère que lui restituer les sels empruntés dans son long par- cours à travers les sédiments anciennement déposés par ce lac à l'époque de sa plus grande extension. II y a lieu de faire les mêmes réserves pour la plupart des autres affluents et au sujet d'un bon nombre de sources des bords du lac. Il n'en est plus ainsi des sources thermales principales du bassin liées à la ligne de dislocation qui en constitue le trait le plus caractéris- tique, lesquelles émergent directement, et avec une haute température, des terrains crétacés, dans le voisinage d'accidents volcaniques. Telles sont no- tamment les sources de Zara et de Callirhoë, près du rivage oriental de la mer Morte, qui renferment, à l'exception du brome, dont la manifestation eût été d'ailleurs très-difficile dans le faible volume d'eau soumis à l'analyse, les éléments de la salure de ce lac, et enfin celle de Hammam, près de Ti- bériade, où le Dr Anderson (2) a reconnu, outre la présence des éléments dont nous venons de parler, celle du brome lui-même dont il n'existe au- cune autre source connue dans le bassin. » Nous ne prétendrons pas, avec le savant professeur Hitchcock (3), que l'on doive faire remonter l'origine des sels de la mer Morte jusqu'aux sources chaudes de Tibériade; mais nous croyons que l'arrivée de ces substances est plus ou moins liée à l'existence de l'axe de dislocation du bassin, et qu'elle est principalement due à l'émergence ancienne de sources plus nombreuses et plus actives, au sein du lac et sur ses bords. Ces sources thermales ont sans doute peu à peu disparu, pour la plupart, à la suite des phénomènes volcaniques auxquels elles paraissent être intimement liées, et (1) Lehrbuch der chemlschen und physikalischen Géologie, i8G4, 2e édition, t. II, p. 49- (2) Lynch, Officiai Report of thc U.S. expédition to explore the Dead Sea, i85a, p. 302. (3) Notes on the geology of several parts of IVestern Asia. Rep, ofchem. and natur. hist. of Americ. geo/ogists and naturalists. Boston, 1 843, p. 3^o. ( i336 ) elles ne sont plus représentées cpie par des dépôts qui témoignent de leur ancienne importance ainsi que par quelques sources chaudes qui servent encore de véhicule aux sels constitutifs de la salure de la mer Morte. » Il doit y avoir d'ailleurs des sources sous-marines dont l'existence ne se révèle que par les anomalies qui se manifestent dans la salure, près de leur point d'émission, comme celle qui ressort, par exemple, de la com- paraison des analyses des eaux recueillies à 5 milles à l'est du Wady Mrahha avec celles prises , un peu plus au nord , à 5 milles à l'est du Ras Feschkah. La proximité du premier de ces deux points des sources de Zara nous autorise à penser que l'émission de ces dernières ne s'ar- rête pas à la surface et que d'autres sources pareilles jaillissent des pro- fondeurs sous-marines. Il doit en être de même près du Ras Mersed, à l'en- droit où l'on sent se dégager des exhalaisons d'hydrogène sulfuré et où les eaux sont douées d'une richesse exceptionnelle en chlorures et en bromures. Il serait d'ailleurs bien naturel qu'il existât dans les plus grandes profon- deurs des sources thermales plus nombreuses et plus actives que sur les bords du lac, puisque la ligne synclinale du fond de la mer Morte doit coïn- cider avec l'axe de dislocation à l'existence duquel se rattache l'apparition de ces sources. Ainsi se trouveraient peut-être réalisées, pour les dépôts que forme aujourd'hui la mer Morte, les conditions qui paraissent avoir présidé à la formation du gîte salin de Stassfurt-Anhalt, dans lequel la po- sition de la boracite indique l'arrivée ancienne de sources thermales émer- geant du fond du bassin où se sont produits ces amas rie sels. » Quoi qu'il en soit, c'est à l'existence de sources thermales, liées à l'axe de dislocation du bassin de la mer Morte, qu'il nous paraît le plus naturel d'attribuer l'origine principale des sels tenus en dissolution par les eaux de ce lac, beaucoup plus qu'aux masses de sel gemme et de gypse des terrains crétacés, qui n'ont pu exercer qu'une influence secondaire sur la concen- tration des eaux. » L'arrivée du bitume au sein du lac Asphaltite et le long de son bassin paraît se rattacher ; un ordre de phénomènes analogues, comme nous es- pérons pouvoir le montrer dans un prochain travail que nous aurons l'hon- neur de soumettre à l'Académie. » ( >337 ) GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE. — Sur les lieux géométriques relatifs à un ou plu- sieurs systèmes de parallèles, tangentes à une série de coniques homofoca les ; par M. P. Volpicklli. (Première Note.) « J'entends par série de coniques, une réunion d'ellipses avec des hyperboles. La série de paraboles sera examinée séparément. Les principaux résultats auxquels m'ont conduit ces études analytiques sont les suivants : » i° Si l'on mène à une série de coniques homofocales un système de tangentes parallèles entre elles, les points de tangence se trouveront tous sur une hyperbole équilatère, que nous appellerons hyperbole de tangence. Celle-ci, passant par les foyers communs, aura une asymptote perpendicu- laire et l'autre parallèle à la direction des tangentes indiquées, et celles-ci se couperont au centre commun des coniques mêmes. » 20 Si l'on désigne par a l'angle formé par la direction des parallèles avec l'axe principal des coniques, c'est-à-dire avec celui qui passe par leurs foyers communs, l'excentricité de l'hyperbole de tangence sera un minimum pour k = oou« = 90 degrés, elle sera égale à celle des coniques homofocales pour a = i5 degrés, et deviendra un maximum pour a = 45 degrés. En continuant de faire croîte ce, nous obtiendrons, pour des valeurs situées à égale distance de 45 degrés, des excentricités coïncidentes. » 3° Si, à l'hyperbole de tangence, on mène une tangente qui passe par un foyer des homofocales, elle formera avec l'axe de celles-ci un angle double de a. » 4° Étant donnée une série de coniques homofocales et deux directions quelconques, les points de tangence des parallèles à ces deux directions se trouveront sur deux hyperboles équilatères, ayant leur intersection aux foyers communs à la série même. Mais si ces deux systèmes de parallèles tangentes sont perpendiculaires entre eux, les points de tangence se trou- veront sur une même hyperbole équilatère, qui passera par les foyers com- muns et qui aura ses asymptotes parallèles aux directions des systèmes eux- mêmes. Ces asymptotes auront leur intersection au centre des coniques homofocales. » 5° Si l'on circonscrit à une série d'ellipses homofocales un système des parallélogrammes, dont les côtés soient respectivement parallèles à deux directions données, les points de tangence seront sur deux hyperboles équi- latères. ayant leur intersection aux deux foyers de la série proposée. De C. R., 18GG, ier Semestre. (T. LXU, N° 23.) ' y'4 ( i338 ) plus, l'une des asymptotes de chacune des hyperboles équilatères sera res- pectivement parallèle à l'une des deux directions données. Si ces parallélo- grammes deviennent des rectangles, les points de tangence seront sur une même hyperbole équilatère qui passera par les foyers communs à la série, et qui aura ses asymptotes parallèles respectivement à chacune des deux directions données. » 0° Si l'on considère un seul système de parallèles, tangentes à la série de coniques homofocales, pour obtenir entièrement l'hyperbole de tangence au moyen des points de contact, il faudra toutes les ellipses et, parmi les hyperboles, toutes celles qui possèdent un demi-angle asymptotique moindre de a. Si pourtant il s'agit de deux systèmes de parallèles tangentes, perpen- diculaires entre elles, alors, soit les ellipses seules, soit les hyperboles seules fournissent entièrement l'hyperbole de tangence au moyen des points de contact. » 70 Étant donnée une hyperbole équilatère et la direction de son dia- mètre, qui passe par les deux foyers d'une série de coniques homofocales, si l'on veut que l'hyperbole même devienne hyperbole de tangence par rapport à la même série, il y aura seulement deux systèmes de parallèles tangentes aux coniques proposées, et ceux-ci devront être perpendiculaires entre eux. En outre, si ce diamètre tourne autour du centre des coniques homofocales, la série de celles-ci variera continuellement de position et de forme. De sorte que l'on aura un nombre illimité de semblables séries; mais les deux systèmes des parallèles tangentes resteront toujours fixes ; l'angle que ces tangentes forment avec le diamètre tournant sera seul variable. Enfin les foyers de chaque série de coniques homofocales se trouveront tou- jours sur les extrémités du diamètre qui tourne. » 8° Si l'on mène à une série de coniques homofocales deux systèmes de parallèles tangentes, les points d'intersection de celles-ci se trouveront sur une hyperbole équilatère, que nous appellerons hyperbole d'intersection, laquelle, passant par les foyers des homofocales mêmes, aura pour asymp- totes des droites dont l'intersection sera au centre de la série, et partageant respectivement par moitié les angles adjacents compris entre les deux direc- tions données de ces tangentes. » 90 Si l'on mène à une série de coniques homofocales trois systèmes P, Q, Il de tangentes parallèles entre elles, de telle façon que la direction de P partage par le milieu l'angle conquis entre Q et R, l'hyperbole de tangence du système P coïncidera avec l'hyperbole d'intersection des deux systèmes Q et R. ( '339 ) » io° Si l'on mène à une série de coniques homofocales un nombre quelconque de systèmes de parallèles tangentes, de manière que les lignes droites qui partagent par moitié les angles des couples des systèmes eux- mêmes soient parallèles entre elles, alors les sommets de tous les angles correspondants à ces couples se trouveront sur une même hyperbole équi- latère, dont une asymptote sera parallèle à la direction commune des bis- sectrices proposées. » ii° Si l'on trace un nombre illimité de quadrilatères, chacun ayant deux angles opposés droits, et les côtés parallèles entre eux, respectivement tangents à une série de coniques homofocales, les sommets des angles obliques devront être sur une même hyperbole équilatère, passant par les deux foyers communs aux coniques et ayant une asymptote parallèle à la direction des bissectrices des angles obliques, lesquelles par conséquent seront parallèles entre elles. » 12° Si l'on mène à une série de paraboles homofocales un système de tangentes parallèles entre elles, l'hyperbole de tangence se réduit à une ligne droite, qui passe par le foyer commun, et qui forme avec l'axe un angle double de a. Donc si les systèmes des parallèles tangentes sont au nombre de deux, les points de tangence devront se trouver sur deux droites, ayant leur intersection au foyer commun des paraboles. Si ces deux sys- tèmes sont perpendiculaires entre eux, les points de tangence seront tous sur une même ligne droite qui passera par le foyer commun, et qui formera avec l'axe deux angles supplémentaires contigus, desquels chacun sera double du correspondant, formé par ce même axe avec l'un des deux systèmes. » i3° Si l'on mène aune série de paraboles homofocales deux systèmes de parallèles tangentes, l'hyperbole d'intersection se réduit à une droite qui passe par le foyer commun et qui forme, avec l'axe, un angle égal à la somme des angles formés avec l'axe même par les deux systèmes proposés. Par suite, l'angle formé par la droite d'intersection avec l'axe des paraboles homofocales sera double de celui que la bissectrice de l'angle des deux systèmes forme avec l'axe de ces mêmes paraboles. » Géométrie. — Recherches sur tes polyèdres (i); par M. C.Jordan. « Une surface sera dite d'espèce {m, ?i) si elle est limitée par m contours fermés, etsi l'on peut d'autre part y tracer n contours fermés ne se coupant (i) Voir les séances du 20 février et du 3l juillet i865. 17/I.. ( <34o ) eux-mêmes ni mutuellement, sans la partager en deux régions distinctes. » L'importance des deux paramètres m et n ressort des propositions sui- vantes : » i° Une surface d'espèce (m, n) est m + iti fois continue (zusammen- hœngenrl), en donnant à ce terme la même définition que M. Riemann (Journal de M. Borcliardl, t. LIV). On doit excepter le cas où m — o ; la sur- face est alors, non plus in fois, mais in -f- i fois continue. » 20 Tout contour tracé sur une surface d'espèce (m, n) peut être réduit par une déformation progressive à une combinaison de certains contours simples, en nombre m -f- an. » 3° Pour que deux surfaces flexibles et extensibles à volonté soient applicables l'une sur l'autre, il faut et il suffit qu'elles soient de même espèce. » 4° On a donc, dans toute surface polyédrique d'espèce (m, ?i), entre le nombre F des faces, celui S des sommets, et celui A des arêtes, la rela- tion F + S =• A -}- 2 — m — 2J2, ' qui n'est autre que le théorème d'Euler généralisé. » En posant m = o et faisant varier n, on aura les diverses espèces dé polyèdres formés. » Les polyèdres de l'espèce (o,o) ne sont autres que ceux que j'ai appelés eulériens, dans mon Mémoire sur les aspects des polyèdres. Le pro- blème de la symétrie se pose d'une manière analogue dans les autres espèces de polyèdres; mais les résultats obtenus sont essentiellement diffé- rents d'une espèce de l'autre. » Prenons par exemple les polyèdres de l'espèce f o, i). (Un polyèdre pré- sentant l'aspect général d'un tore appartiendrait à cette espèce.) Il résulte de mon analyse que ces polyèdres peuvent offrir trois sortes différentes de symétrie. » i° Symétrie mn-quaternaire. — Polyèdres offrant deux systèmes dis- tincts de mn éléments à rotation quaternaire, et un système de a mn éléments à rotation binaire (ou d'arêtes à retournement), les autres éléments étant [\inn fois répétés. Les entiers m et n peuvent être quelconques, sauf cette restriction, que si l'un d'eux se réduit à l'unité, l'autre se réduit à i ou i. » 2° Symétrie mn-binaire. — Polyèdres offrant quatre systèmes distincts de mn éléments à rotation binaire (chacun de ces systèmes pouvant être rem- placé par un système d'arêtes à retournement). Les autres éléments et arêtes sont imn fois répétés. Les entiers m et n sont absolument quelconques. ( i34i ) » 3° Symétrie mn-aire. — Polyèdres présentant rnn aspects semblables, chaque élément ou arête étant mrafois répété. Les entiers m et n sont quel- conques. » Dans les trois cas ci-dessus, les entiers m et «pouvant être pris aussi grands que l'on veut, on peut toujours construire un polyèdre de l'espèce (o, i) qui soit pareil à lui-même, sous un nombre d'aspects qui dépasse toute limite assignée à juiori. La même circonstance se présentait pour les po- lyèdres eulériens, qui sont susceptibles d'offrir nue symétrie de rotation dont l'ordre reste arbitraire. Mais il est digue de remarque que les po- lyèdres appartenant à ces deux espèces sont les seuls polyèdres fermés qui jouissent de cette propriété. La démonstration de cette proposition fera l'objet d'une nouvelle Note. » SÉRICICULTURE. — Sur l'innocuité des vapeurs de créosote dans les éducations de vers à soie; par SI. A. Béchamp. « J'admets que la maladie des vers à soie, qui fait tant de ravages depuis plusieurs années, est parasitaire. La pébrine, selon moi, attaque d'abord le ver par le dehors, et c'est de l'air que viennent les germes du parasite. La maladie, en un mot, n'est pas primitivement constitutionnelle. » Or, la créosote, qui s'oppose à l'éclosion des œufs des microzoaires comme à la germination des spores des microphytes, n'empêche nullement ces êtres adultes de vivre. J'ai pensé que les vapeurs de cette même créo- sote pourraient s'opposer au développement de la maladie appelée pébrine, sur des vers sains, non encore infectés et doués d'une résistance vitale suffi- sante, mais ne s'opposeraient point à l'évolution de la maladie si le parasite avait commencé ses ravages. En partant de ce point de vue théorique, j'ai proposé, une fois les vers nés, de répandre des vapeurs de créosote dans les chambrées pendant toute la durée des éducations, afin d'empêcher la naissance du parasite sur les vers non encore infectés et sains. » A l'époque où je faisais cette proposition (fin de l'été dernier), je ne pouvais encore invoquer aucune expérience. Ne pouvait-il pas arriver que les vers fussent incommodés par la respiration d'une atmosphère créo- sotée? Une Lettre que M. Dumas voulut bien faire insérer dans \esJnnales de Chimie et de Physique (octobre i8G5) me parut un encouragement, et j'entrepris les expériences que je vais résumer. » Pour inspirer confiance aux éducateurs, il fallait pouvoir affirmer l'in- nocuité absolue de cet agent pendant toute la durée de la vie de l'animal ; ( i342 ) et comme il était bon de soustraire celui-ci à l'infection dès sa naissance, il était important de savoir si la créosote ne s'opposerait point à Téclosion des œufs du Bombyx. J'ai donc institué des expériences dans le sens de ce programme; il en est résulté : » i° Que les œufs ou graines du ver à soie peuvent éclore dans une atmosphère très-chargée de vapeurs de créosote; » 2° Que toutes les phases de la vie delà chenille peuvent être parcou- rues, non-seulement sans danger, mais avec utilité dans une semblable atmosphère ; » 3° Que le ver peut filer son cocon, y devenir chrysalide, et en sortir papillon, dans le même milieu ; » 4° Que les papillons peuvent vivre, s'accoupler, et les femelles pondre leurs œufs dans une atmosphère créosotée. » Ces expériences de laboratoire ont duré deux mois. Elles ont été con- firmées dans une éducation en grand. M. Joyeuse a osé suivre mes conseils sur des chambrées contenant les vers produits par 4o onces de graines de diverses provenances, et le résultat a paru satifaisant. » Si l'on tient ces faits pour avérés, ne paraît-il pas sage de recommander, dès cette année, l'expérience suivante ? » i° Faire grainer dans des locaux où l'on maintiendra sans cesse une odeur franche de créosote ; » 2° Conformément à la méthode de Schrœder et Dusch, conserver les œufs entre deux couches de coton, afin de les soustraire à l'invasion des germes du parasite. » MINÉRALOGIE. — Noie sur les placers aurifères des Cévennes ; par M. Simonin. (Extrait d'une Lettre à M. Élie de Beaumont.) a Dans la séance du 29 janvier dernier, M. Mallard a donné d'intéres- sants détails sur les anciens gisements aurifères du Limousin et de la Mar- che. Il voit dans ces deux provinces, aujourd'hui si pauvres, en quelque sorte une Californie gauloise, et appelle de nouvelles recherches, en d'autres points, sur un sujet si intéressant et si peu connu de notre histoire na- tionale. » Il m'a été donné, il y a quelque temps, de visiter au pied des Céven- nes d'anciens placers aurifères dont quelques-uns datent certainement des Gaidois. » Le métal existe en place dans le conglomérat du terrain houiller, au ( i343 ) nord du département du Gard, vers sa limite avec l'Ardèche, à Bordezac. Le conglomérat est formé de débris de quartz et de schistes micacés, re- liées par un ciment argiio-schisteux. C'est dans le ciment seul que réside l'or. Les rares orpailleurs restés dans le pays le savent bien; ni le quartz ni les schistes ne les tentent, mais ils désagrègent le ciment qui lie ces roches et le lavent. Une poudre noire de fer oxydulé magnétique, semblant ici justi- fier le passage si souvent répété d'Agricola : Aurum in Ctvenuis invenilur in lapillis nigris; quelques gemmes, comme le zircon, le grenat, etc., se trou- vent mêlés à l'or. Je n'y ai jamais rencontré le platine comme en Californie. Jamais non plus, ni dans les schistes, ni dans le quartz, pulvérisés, examinés à la loupe, je n'ai vu la moindre parcelle d'or. » Voilà pour le gîte en place. Les gîtes de transport font partie de ceux que les Australiens et les Californiens nomment ivet diggins ou placers de rivières (textuellement placers humides). La Gagnière, qui prend sa source vers Bordezac, la Cèze à partir de son confluent avec la Gagnière, et jamais en amont, roulent des paillettes d'or. Ce sont les Pactoles de nos provinces méridionales. Tous les terrains d'alluvion, sur l'une et l'autre rive, renfer- ment de l'or, mais surtout le lit même des cours d'eau. Sur certains points, les bancs de schiste ou de grès, affleurant dans le chenal et transversale- ment, arrêtent l'or dans leurs feuillets. La récolte est surtout abondante après les pluies d'orage. » Vers Saint-Ambroise, au pied du vieux château de Montalet, non loin de Bességes et de Lalle, enfin vers Bordezac, on rencontre les traces tou- jours visibles des anciennes exploitations. Ce sont des terres remuées, aux flancs des vallées, sur les plateaux, au milieu desquelles gisent des amas de blocs de quartz laissés intacts, ce qui prouve bien que ce quartz n'est pas aurifère. L'aspect du terrain m'a rappelé en ces endroits les placers aban- donnés de Californie. Les gens du pays attribuent ces travaux aux Anglais; mais dans nos guerres du moyen âge, les Anglais n'ont jamais dominé jus- que dans ces provinces. Ces travaux remontent certainement à l'époque romaine et gauloise. Ils furent d'ailleurs poursuivis aussi avec assez d'acti- vité dans les temps moyens, et ils ne diminuèrent d'importance qu'à l'épo- que de la découverte de l'Amérique. Depuis, quelques orpailleurs exercent seuls, de père en fils, l'industrie délicate du lavage de l'or. Ils emploient la vaste sébile ou buttée de bois que j'ai retrouvée aux mains des Espagnols en Amérique, et qui doit être aussi vieille que le monde. Quand les sables sont très-pauM-es, ils font aussi usage d'une petite table inclinée, munie d'une toile, dans les interstices de laquelle s'arrête l'or. Ils sont d'une habileté ( '344 ) rare dans la manœuvre de la sébile, et je n'ai jamais vu ni plus rapide- ment ni plus sûrement opérer les mineurs mexicains ou chiliens. » Le travail de l'or, qui s'est continué jusqu'à nos jours au pied des Cévennes, se retrouve encore dans l'Ariége, au pied des Pyrénées; l'Ariége, au nom latin caractéristique à'Âurigera. Tous ces pays et ceux qu'a cités M. Mallard, si l'on y comprend encore les placers aurifères du iUiône et du Rliin, autrefois plus riches qu'aujourd'hui, étaient la Californie de la Gaule, lis ont eu leur temps de grande prospérité minérale, et comme ces détails ont été jusqu'ici peu connus des historiens, j'ai pensé qu'il y avait lieu de les rappeler. » médecine. — Action de la viande crue et de (a potion alcoolique dans le traitement de la phthisie pulmonaire et autres maladies consomptives ; par M. Fuster. (Extrait.) « J'ai déjà communiqué à l'Académie, dans deux Notes précédentes, les principes du traitement de la phthisie pulmonaire et autres maladies con- somptives, au moyen de la viande crue et de la potion alcoolique, ainsi que les conditions à remplir pour tirer de ce traitement le meilleur parti pos- sible. » Plus de deux mille observations, recueillies par moi-même et par un grand nombre d'autres médecins, m'autorisent aujourd'hui à poser les con- clusions suivantes : » i° La viande crue de mouton ou de bœuf, et l'usage de la potion al- coolique à des doses variables, selon le cas et les circonstances, ont pour effet d'arrêter les progrès de la consomption dans la phthisie pulmonaire et autres maladies consomptives. Cet effet se témoigne par le retour des forces, la ranimation de la physionomie, la renaissance de l'appétit, l'aug- mentation de l'embonpoint. A l'égard de l'augmentation de l'embonpoint, le pesage des malades est un moyen certain d'appréciation. C'est ainsi que nous avons constaté que, sous l'influence de notre médication, les malades pouvaient gagner, en un mois ou trois semaines seulement, un excédant de poids de a, 3, 4 ou 6 kilogrammes. » 2° A la faveur du remontement général de l'économie, aidé, comme nous l'avons indiqué dans notre seconde Note, du traitement des symptômes prédominants, nous voyons disparaître la fièvre hectique, la diarrhée et les sueurs colliquatives. » 3° Les lésions locales de l'appareil respiratoire et des autres appareils ( m$ ) s'amendent à la disparition de ces symptômes et marchent notablement vers la cicatrisation, ainsi qu'on s'en assure par l'examen physique des organes accessibles à notre exploration. » 4° L'efficacité de ce traitement n'est pas la même à tous les degrés de ces affections. Au troisième degré, l'amendement signalé n'aboutit le plus souvent qu'à prolonger l'existence en ajournant seulement une catastrophe inévitable. » 5° Ce traitement ne triomphe bien décidément qu'au second degré, en l'entourant toujours de l'ensemble des précautions hygiéniques recomman- dées dans la Note du mois de juillet, et qu'on ne saurait négliger sous peine d'en compromettre le succès, ou même de l'annuler complètement. » 6° Parmi les maladies consomptives où ce traitement est applicable, il faut placer en première ligne la phthisie pulmonaire à tous les degrés; mais il offre un égal avantage dans les anémies avancées, après les grandes pertes de sang ou de liqueur séminale; à la fin des maladies aiguës, notam- ment du typhus et des fièvres typhoïdes; au dernier degré des leucocy- thémies, des albuminuries, des diabètes; il réussit encore très-bien dans l'infection purulente, dans les cachexies palustres, dans les fièvres nerveuses chroniques, et d'une manière générale dans toutes les affections prolon- gées, où l'on reconnaît aisément que les déchets l'emportent sur les répara- tions de l'économie. » PALÉONTOLOGIE. — Pierre gravée trouvée au milieu d'objets en silex taillé de l'époque du Benne et qui présente la figure d'un Ours. « M. d'Archiac met sous les yeux de l'Académie un caillou roulé de schiste gris-verdâtre, micacé, luisant, d'un grain assez fin, trouvé par M. Garrigou dans la grotte inférieure de Massât (Ariége), au milieu d'une multitude d'ossements et d'objets en silex taillé de l'époque du Renne. Sur la face unie de ce fragment, qui a 18 centimètres de long sur io de large, se voit le profil d'un Ours gravé, représenté marchant comme tous les spé- cimens d'animaux de cette époque, et par un simple trait fort délié, ferme, égal et net dans toutes ses parties. » La tète, l'œil et les oreilles sont bien en place; les contours du corps sont bien accusés; les memhres antérieurs et postérieurs plus vaguement indiqués, mais les proportions de l'ensemble sont remarquablement obser- vées. Le bombement très-prononcé du front a fait penser à .M. Garrigou que le dessinateur avait eu pour modèle l'Ours des cavernes, et une saillie C .R., iSP.G, i« Semestre. T. LiX.II, N° «25. ) '7^ ( i346 ) à l'endroit du garrot pouvait faire soupçonner un caractère ostéologique particulier. Mais une série complète des vertèbres cervicales et dorsales mu- nies de leurs apophyses, mises en connexion dans le laboratoire de paléonto- logie du Muséum, a montré que sous ce rapport l'Ours des cavernes ne différait pas sensiblement de l'Ours brun actuel, et que par conséquent la sadlie du dessin était, ou un accident individuel, ou peut-être une déviation du trait occasionnée par le relief d'un feuillet du schiste en cet endroit. » L'authenticité de ce morceau n'est d'ailleurs point mise en doute par M. Garrigou ni par les autres personnes qui l'ont examiné avec soin, entre autres par M. Lartet, qui avait aussi trouvé dans la même grotte des dessins semblables, exécutés sur pierre ou sur des bois de Ruminants. Les figures d'animaux recueillies dans les mêmes conditions, dans les cavernes du Périgord et ailleurs, comme l'Éléphant gravé sur une lame d'ivoire, présenté récemment à l'Académie par M. Milne Edwards, et dont M. d'Archiac met une photographie sous les yeux de ses collègues, en même temps que celles de la pièce précédente, témoignent souvent d'un sentiment de l'art très- remarquable, pour une époque où il semble cependant que l'homme n'était pas encore arrivé à représenter et à reproduire sa pensée par des signes alphabétiques ou autres, puisque aucun exemple n'en a été jusqu'à présent signalé. » hygiène publique. — Lettre relative à une communication récente de M. de Pietra-Santa sur l'épidémie cholérique de i 865 ; par M. Grimaitd, de Caux. « Je viens de lire dans le Compte rendu de la séance du i i juin 1866 l'extrait d'un Mémoire de M. de Pietra-Santa. Les faits avancés dans ce Mémoire sont diamétralement opposés à ceux que j'ai eu l'honneur de faire connaître à l'Académie. » Il en résulte que la vérité est altérée de mon côté ou du coté de M. de Pietra-Santa. » Pour le moment, je désire seulement faire observer à l'Académie que mes études sur le choléra ont été accomplies par moi-même et que les résul- tats que j'ai présentés sont basés sur des faits incontestables; tandis que M. de Pietra-Santa n'émet que des allégations empruntées et tout à l'ait gra- tuites, quelles qu'aient été ses sources. » M. Zaliwski-!Hikorski adresse une Note sur l'action du chlore et sur celle de l'acide chlorocbloriqne dans la pile. (Cette Note est renvoyée à l'examen de M. Edm. Becquerel. ( i347 ) M. Pagliaki adresse une Noie sur une nouvelle forme d'application de son eau hémostatique au moyen de compresses sèches. La Note est accom- pagnée d'une boîte de compresses préparées par un procédé décrit par l'auteur. (Cette Note est renvoyée à l'examen de M. Cloquet ) M. Gitille.mix écrit de Chalon-sur-Saône pour informer l'Académie qu'il tient à sa disposition les documents trouvés dans les papiers du miné- ralogiste Patrin : ces papiers, qui viennent d'être dépouillés, contiennent, indépendamment des divers travaux inédits de Patrin lui-même, des lettres de Pallas, Lalande, Humboldt, avec qui il était en correspondance. MM. Dslafosse et Chevreul sont désignés pour prendre connaissance de ces documents. A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. La Section d'Anatomie et de Zoologie, par l'organe de M. Milxe Edwards, présente la liste suivante de candidats pour la place de Corres- pondant vacante dans son sein par suite du décès de M. Dujour. En première liy ne M. Van Benedesj, à Louvain. M. F. de Filippi, à Turin. M. Hcxlet, à Londres. M. Leuckart, à Giessen. En deuxième ligne, et paroi- I M. Pictet, à Genève. dre alphabétique M. Sars, à Christiania. M. Siebold, à Munich. M. Steenstrup, à Copenhague. \ M. Vobt, à Genève. Les titres des candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures trois quarts. E. D. B. ( i34» ) BILLETIX BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 18 juin 1866 les ouvrages dont les titres suivent : Manuel de l'amateur des jardins. Traité général d'Horticulture; par MM. Dec.ai.sne et Naudin, Membres de l'Institut. T. II. Paris, sans date; 1 vol. in-8°. Mémoire sur les forets et leur influence climatériquc ; par M. BecQUEIîel, Membre de l'Institut. Paris, i865; in -4°. (Extrait du tome XXXV des Mé- moires de l'Académie des Sciences.) Mémoire sur les zones dorages à grêle dans les départements du Loiret, de Loir-et-Cher et de Seine-et-Marne; par M. Becquerel, Membre de l'Institut. Paris, 1866; in-4°. (Extrait <\yi tome XXXV des Mémoires de l'Académie des Sciences.) Mémoire sur la dilatation des corps solides par la chaleur, par M. FlZEAU. (Extrait des Comptes rendus des séances de V Académie des Sciences, t. LXII.) Description des machines et procédés pour lesquels des Brevets d'invention ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1 844? publiée par les ordres de M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics. T. LU Paris, 1866; 1 vol. in-4°. Rapport sur les vaccinations pratiquées en France pendant Vannée 1 864 ■ Paris, 1866; 1 vol. in-8°. Bulletin de Statistique municipale, publié par les ordres de M. le Baron Haussmann, Préfet du département de la Seine; mois de janvier et fé- vrir 1866. Paris, 1866; à brochures in-4°. Recueil de Mémoires et observations sur l'hygiène et la médecine vétérinaires militaires, publié par ordre de M. le Ministre de la Guerre. T. XV. Paris, 1864; 1 vol. in-8°. Etude sur les terrains quaternaires du Boulonnais et sur les débris d'industrie humaine qu'ils renferment; parMM.. Sauvage et Hamy. Paris, 1866; br. in-8°. (Présenté par M. de Qliâtrefages.) Le ramollissement et la congestion du cerveau principalement considérés chez te vieillard; pur M. LABORDE; i vol. in-8°. (Cet ouvrage est renvoyé au con- cours de Médecine et Chirurgie.) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 25 JUIN 1866. PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER. MEMOIRES ET COaiMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Secrétaire perpétuel fait part à l'Académie de la perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. S. Marianini, l'un de ses Correspon- dants, décédé le g juin 1866. M. Decaisne, en présentant à l'Académie le Manuel de L'Amateur de jar- din, qu'il vient de publier en collaboration avec M. Naudin, s'exprime comme il suit : « Je demande à l'Académie de lui présenter, de la part de M. Naudin et de la mienne, le second volume du Manuel de l'Amateur de jardin, ou Traité général d'Horticulture. Je rappellerai à l'Académie que cet ouvrage doit être, dans l'intention de ses auteurs, une Encyclopédie complète de la culture d'agrément et de la culture d'utilité, y compris celle des arbres fo- restiers. L'ouvrage entier se composera de quatre volumes, où l'on trouvera le résumé de tous les essais faits jusqu'à ce jour sur la culture des végétaux indigènes ou exotiques de quelque importance dans nos différents climats français, en un mot toutes les données déjà fournies par l'expérience pour la naturalisation des végétaux de toute nature dont la culture est compa- tible avec les conditions naturelles de notre pays. » J'ai l'honneur d'offrir également à l'Académie, au nom de M. le Dr Horjg, plusieurs volumes relatifs à la Pomologie anglaise. » C. R., 1866, i« Semetre.CS. LXII, P>° 2G.) l 'P ( i35o ) théorie DES NOMBRES. — Sur la fonction numérique qui exprime pour un déterminant négatif donné le nombre des classes déformes quadratiques dont un au moins des coefficients extrêmes est impair. Note de 31. Liouville. « 1. Je veux surtout m'occuper ici de la fonction numérique F (A) qui exprime le nombre des classes de formes (binaires) quadratiques, primi- tives ou non, de déterminant — k, dont un au moins des coefficients extrêmes est impair. Comme ces formes sont les seules qui puissent représenter des nombres impairs, je prendrai la libellé de les désigner elles-mêmes sous le nom déformes impaires, et de dire en conséquence que F (A) est le nombre des classes de formes quadratiques impaires, primitives ou non, de déterminant — k. Je ne considérerai que des valeurs posilives de k. Ceci convenu, j'entre en matière; car il serait inutile de rappeler au lecteur les recberebes de M. Rronecker, du P. Joubert et de notre ingénieux et profond confrère M. Hermite sur le même sujet. Leurs savants travaux sont connus de tous les géomètres. Je crois avoir à mon tour ajouté beaucoup de résultats nouveaux à ceux qu'ils ont obtenus, et cela sans sortir des procédés purement arithmétiques, au moyeu de certaines^ormu/es générales que j'ai données dans le Journal de Mathématiques et dont la démonstra- tion repose sur l'Algèbre la plus simple (*). Je vais me borner, bien en- tendu, à énoncer un petit nombre de théorèmes; le Mémoire complet paraîtra dans un autre recueil. » 2. Soient m uu entier donné, impair et positif; c/. un entier positif ou nul, donné aussi; i un entier impair variable qui prenne les valeurs succes- sives i, o, j?..., oj, m étant le plus grand entier impair pour lequel on continue à avoir 2 m — or > o ; il est clair que les entiers « H- 2 «a 2 m — i- (*) Un habile géomètre italien, M. Pinma, s'aidant de quelques indications recueillies çà et là dans le Journal de Mathématiques, a donné des formules de mes cinq premiers articles, et de cinq autres, dont les numéros varient de sept à onze, des démonstrations qui rem- plissent les conditions que je m'étais imposées; ces démonstrations ne différent pas an fond des miennes, encore inédites, et peuvent en tenir lieu, du moins quant aux formules dont M. Piuma s'est occupé. ( i35i ) sont tous = '3(mod. 4); niais ils sont = 3(mod.8) quand « = o, = ^(mo(!. 8) quand a. > o. » On sait que dans les conditions indiquées, l'on a 2 F (aK+2 m - P) = i" ^d - VD, équation dans laquelle cl représente un quelconque des diviseurs de m, et D un quelconque des diviseurs de 2am pour lesquels 2"/n = D(D-f-A), A étant un entier impair. Les diviseurs D n'existent cpie quand a est > o; si a = o, les termes où on les fait figurer devront être supprimés. » A la formule connue que je viens de rappeler, j'ajoute d'abord celle-ci : (,) 2r-F(a*- ,1,-1») = a mU^d-^D)-^^), qui n'a pas besoin d'explications nouvelles. » Mais voici une autre équation non moins curieuse. Considérez l'en- semble des classes de formes quadratiques impaires qui répondent aux divers déterminants négatifs fournis par l'expression «+2 2 m. Prenez successivement les représentantes de ces classes et pour chacune d'elles cherchez les deux plus petits entiers impairs a, a' qu'elle exprime proprement, a' étant supposé > a, puis calculez la somme des produits a(a' — a) pour la totalité des formes indiquées. Vous aurez toujours (a) 2rt^'-rt)=^+,';/(2a2'/-2D)-t-22(D3)- » On voit que £,i {a'- a) -h 2 V P F (2K+2 m - i>) = 2a+2 ;«2 F (*a+a m - *'2) ! mais je ne m'arrête pas à ces détails. 176.. ( i35a ) » 3. Soit m un nombre impair donné, positif et de l'une ou de l'autre des deux formes linéaires i2g-f-7, lag- -t-li; désignons par i un entier impair variable qui prenne les valeurs successives i , J, 5, . . ., u, m étant le plus grand entier impair pour lequel on continue à avoir im — 3&r > o; enfin posons m = dd, d représentant un quelconque des diviseurs de m et o1 le diviseur conjugué à d. » On aura (3) 2*<— *■) = «!>:'- (ï)]2(ï)* Nous avons employé au second membre et nous emploierons encore ci-après le signe (?) de Legendre, avec la signification plus étendue que lui attribue Jacobi. On a (?)=■ quand m = iag -+- 7, mais quand m = 1 2g + 1 1. La formule (3) est susceptible d'une grande extension. » i. Soient /// un nombre impair donné, positif, premier à 5, quelconque { t353 ) du reste; a, ]3 des entiers positifs ou nuls, donnés aussi; î un entier impair variable qui prenne les valeurs successives 1, 3, 5,..., ta, w étant le plus grand entier impair pour lequel on continue à avoir 8.2vS!Îm — 5or > o; enfin d un quelconque des diviseurs de m et o1 le diviseur conjugué à d. » On aura (4) 2F(8.a^„z - 5P) = a*- [S-3- _ (- ,r- (f)]2(y) d. Cette formule est une de celles qui se rapportent au nombre 5, comme la précédenle est une de celles qui se rapportent au nombre 3. « S. Soient m un entier impair donné, positif et de la forme linéaire 2l\g ■+- î î ; s un entier variable qui prenne les valeurs successives i, 2, 3, 4,..., w, •a étant le plus grand entier pour lequel on continue à avoir m — 4^-ç2 > o. » On aura (5) F (m) + ^F (m - 48*2) =\J,(j) à. Voilà encore une des formules qu'on peut regarder comme appartenant au nombre 3. » 6. Soit m un entier impair donné, positif et ^3 (mod. 4), en sorte que l'on ait m = /|g + 3. Soit ensuite s un entier variable prenant les valeurs successives o, î, a, 3,..., g; posons g — * = ■ • r(r- — i) • i ii équivaut a — points doubles. » Voici l'énoncé de la proposition qui satisfait à la question, et permet d'étendre aux courbes à points multiples le procédé de démonstration fondé sur la correspondance de deux séries de points sur deux courbes ou sur une seule : correspondance qui s'étend aussi à trois séries de points pris sur trois courbes, comme il sera dit dans un autre, moment. » (2) Théorème. — Lorsqu'une courbe d'ordre m, Um, douée de points multiples d'ordres r, r', r",.--, a, en outre, r(m — i)(m — 2) r(r — i) -4- r'(r' — i) + r"(r" — i) '-+-. . . points doubles : on détermine individuellement tous les points de. la courbe, eu moyen d'un faisceau de courbes Cm — „, d ordre (m — p.), ayant des points multiples d'ordres r — p, r' — p', r" — p",..., coïncidant respectivement avec ceux de Um; des points simples coïncidant avec les jioinls doubles de Ura, et d'autres points simples, en nombre o , „ ii2— 12m -f- 3)fi p2 — i2r-t-0p 3 m — 2 — r — r' — r" — . . . ■+- ■ — 1 1 p"-(2»"-n)p' p^-(2r" + 0p" coïncidant avec des points simples de Um; pourvu que l'on ail entre les indé- terminées p., p, p', p",... Ici relation P:- - 3F. - p(P - o - p'{p' - o -P"(p"- 0 - •• + 2 = o. » Il faut démontrer : t° que les courbes C,,,-* forment un faisceau, > ■ i • in . ('" — f* ) ( m — f- ■+■ 3 ) . . r r. c est-a-dire qu elles ont — : ■ — î points rixes, corn nui ns; 2° que ces courbes coupent U,„ en ni! in — p.) — i points fixes, et dés lors en un seul point variable. » Premièrement, la condition qu'une courbe ait, en un point donné, un ..■ni . . . i i ■ ■ , r(r -+- i) pointmultiple d ordre/' équivaut a la condition de passer par - - points; ( i356 ) conséquemment les courbes C„, _ ,,_ satisfont à la condition de passer par y i>-p)(r-p+i) (m— i)(m — 2) _ y r(r—i) 3^ _ 2 _ y r y.2 — ( 2 « -i- 3 ) (i V,P> — ( 3 r + ' ) P 2 (m — 1 ) ( m — 2 ) 0 ptJ ( 2 m -f- 3 ) u = — — + 3 /H — 2 + i 2[ (r — p) (r— p-t- 1) r(r — 1) _ p'— (îr+i)p 2 2 /n' + 3/« — 2 «1 pi -H ft' — 3pt — 2 2 rif1 — irp -h p- -h r — p — r2 -f- /■ — ïr — f' +2rp + p [m — (i) ( m — pi -H 3 ) points communs. Elles forment donc un faisceau. » Secondement, les points communs à chaque C,„ _ „ et à U,„ sont en nombre V r(r — p) -+- (m — i)(/h — 2) — "V /■(/• — 1) -+- 3m — 2 -+- _ y ,. _ y p; — (2r+Qp = '«('" - f*) - ' + ~^ -1-1-2 e-Ff • pi1 — ( 2 m H- 3 ) pt Si donc on pose la relation pv.2 — 3^. -+- 2 — y] [y- — p) = o, qui s'écrit aussi (p — i)(ft~ 2) -2p(p_ i) = o, les courbes C„, _ „. couperont U,„ en [inlni — jy.) — 1] points fixes, et dés lors en un seul point variable. Ce qui démontre le théorème. » Nous passerons sous silence diverses conséquences de celte relation si simple, pour faire immédiatement les applications que nous avons en vue. Applications du théorème. ». (5) Trouver N(er, e'r,, ue, Um); » C'est-à-dire.: trouver le nombre des coniques t/ui passait par les points ( >357 ) multiples er, e'r' d'une courbe Um, et sont tangentes à cette courbe en deux points, dont un 6 est donné. » Nous supposons que la courbe U„, a, indépendamment des points mul- tiples er, é,.,, d'autres points multiples ou doubles faisant avec er et e'v, Féqui- i i i • ("> — ' ) ( m — 2 ) i - îii i valent du nombre maximum — de points doubles; de manière 2 ■ que les points de la courbe se déterminent individuellement. Cela posé : » Par un point x de U,„ passe une conique (e, e', x, IV, qui coupe U,„ en (a m — r — r' — 3) points u. De même, par un point u passe une co- nique qui coupe U„, en pareil nombre de points x. Donc il existe 2(2 m — r — r' — 3) points x qui coïncident chacun avec un point u cor- respondant (*). Ces points appartiennent à des coniques tangentes à Um. Donc N(er, eV, IV U„) = ?Jim - r - r' - 3). » (4) Trouver N(Z, er, U6, Um). » Nous introduirons immédiatement la condition Z dans le raisonne- ment et dans les formules, en la représentant par les caractéristiques du système (Z,ap.>id.)s=s(fi,,V); d'où (Z, 1 p., B)= (£ , v^ (**). » Par un point x de Um passent — coniques (Z, e, x, Us), qui coupent U,„ en — (2m — r — 3) points u. Donc il existe et elles coupent U,„ en - (2m — r — 2) points u. De même, par un point u de U,„ passent - coniques qui coupent U„, en -(iin — r — 2) points x. Donc il existe v' (2.111 — r — 2) points .r qui coïncident chacun avec un point u correspondant. Ces points appartiennent à des coniques tangentes à U,„, moins certains points qui forment des solu- tions étrangères. » Il existe dans le système (2 Z, 9) des coniques infiniment aplaties de deux sortes. Les unes, en nombre (- v' — /j.' — - v" )> ont un sommet au point 9, ( '359 ) et rencontrent Um en [m — r) l-v' — \j! v" ) points qui sont des so- lutions étrangères. Les autres, situées sur la tangente 6T, sont en nombre \j! — -v' ) (*), et rencontrent U,„ en {in — r — 1) points, qui sont aussi des solutions étrangères qu'il faut retrancher. Il reste y'(am-r-a) - ({jv' — fi' —\*\ ('« - r) ~ [v: ~\A ('" ~ r ~ l) » Mais, en outre, les coniques infiniment aplaties situées sur 01 donnent lieu ici à un ordre de solutions étrangères qui ne s'est point encore présenté dans nos applications de la méthode des deux caractéristiques. Ces solu- tions sont simplement une conséquence des coniques infiniment aplaties, car elles sont dues en réalité à des coniques véritables, infiniment peu dif- férentes des quasi-coniques. » Les coniques infiniment aplaties siluées sur OT sont associées et coïn- cidentes deux à deux, ne faisant ainsi qu'une conique effective du système (2Z, ô) : la conique infiniment peu différente coupe la brandie de U,„ à laquelle toutes ces coniques sont tangentes, en quatre points infiniment voisins qui constituent un double contact. Il y a donc un point de contact, c'est-à-dire une coïncidence de or et de u qu'il faut distraire. Le nombre de ces points est sous-double du nombre des coniques situées sur 0T; c'est donc - ( u.' — - v' ) • 11 reste 1 2 1 ■ u. -+- v \ m — •-. 1 ../ , ../ / ... 9 » Ainsi N(2Z,U?er,U;„) = i^-f VI m --2 Cette formule convient au cas où er est un point simple; il suffit d'y faire (*) C'est par inadvertance cjue j'ai écrit - I y.' •/] en donnant ces formules dans les Comptes rendus, t. LIX, p. 35o. La première ci-dessus f — v' — \t! v"] que j'ai pré- sentée alors sous la forme v" — v'", est exacte, parce qu'on a la relation // /// t i 11 o // III "^ I v — v =-v — u. v, ou 3-/ — 2v =3-/- 2 2 donnée dans la double expression de N(2Z, 0#) [ibid., p. 354)- 177. ( i36o ) /•= i, de sorte que » Faisant successivement 2Z = ap. et 2Z= ip., id. dans la formule générale, on obtient celles-ci : N(ap., Ufler, Um) = 4"» — 2T— 4i N(i p., id., USer, U,„) = 6in — 21 — 8, d'où s'ensuit le système (ip., Uecr, Um) = (4m — 2/— 4, 6m — ar - 8), que nous aurons à invoquer dans une des questions suivantes (9). » (7) Trouver N(Z, Er, U9, Um) ; » C'est-à-dire : trouver le nombre des coniques qui, satisfaisant aune conditionZ, touchent une courbe d'ordre m en deux points, dont un, 0, est donné, et tou- chent une droite E, qui est une tangente multiple d'ordre r de lu courbe. » Nous introduirons immédiatement la condition Z dans le raisonne- ment et dans les formules, en la représentant par les caractéristiques des deux systèmes élémentaires (Z, ap., rd.) = (fA', v'), (Z, ip., ad.) = (v', v"); d'où se conclut le système (Z, id., 0) = (-■> — )• dont nous allons aussi faire usage. « Par un point x de U,„ passent - coniques (Z, E, x, Ufl), tangentes à la droite E, et à la courbe U au point 0. Ces coniques coupent Um en - (a/H — 3) points u. De même, par un point u passent - coniques assu- jetties aux mêmes conditions, et .qui coupent U,„ en -(2111 — 3) points //. Donc il existe v' (2111 — 3) points x qui coïncident chacun avec un point // correspondant. Ces points appartiennent aux coniques tangentes à U;n , moins ceux qui peuvent former des solutions étrangères, et qu'il faut ré- trancher. Il y a ici deux causes différentes qui donnent lieu à de tels points : des coniques infiniment aplaties, comme dans la question précé- dente, et les r points de contact de la droite E et de U,„. ( i36i ) » Il existe dans le système (Z, E, Us), ou simplement (Z, E, 6) = (-> — }> v'— — } coniques infiniment aplaties. Les unes, eu nombre (-v' — \x!~ -)* ont un sommet en Q, et rencontrent U,„ en l-v' — //.'. j (m — i) points; les autres, en nombre (p.' v'U sont situées sur la tangente ÔT, et ren- contrent U,„ en lp,' v') (m— 2) points. En outre, ces coniques sont en nombre effectif -[[*■' v')> et chacune d'elles a, dans le système (Z, id., 0), une conique infiniment voisine, laquelle n'a pas, comme la droite ÔT, un simple contact avec la branche de U,„ à laquelle appartient le point 9, mais bien un double contact formé par quatre points infiniment voisins; et conséquemment un point x coïncidant en 6 avec u. Il y a donc ainsi - I \j! v' j points à retrancher. » En outre, par chaque point de contact de U,„ et de E passent j coniques tangentes à E, et dès lors à Um, et qui donnent donc j coïncidences de x et de u, dont il faut faire abstraction. Il y a de plus j coniques (Z, E, 6) infiniment voisines de celles-là, qui sont aussi tangentes à U. Il faut donc retrancher - points pour chaque contact, ce qui en fait - /•. De sorte que le nombre des points appartenant aux coniques cberchées se réduit à (2m-3)v'- (!•-/*'- Çj (m- 1)- (/,'- V) (m-»)-J (/.'- If) - 1 r _ g\ . . ni — 1 2 ' \ 2 = -F'H-i/"---|jv+-T-v- Donc q\ , . m — i „ 2 N (Z, Er, U,, Um) = Ift'- (hi - J - |) V » (8) Observation. — Nous aurions pu conclure ce résultat de l'expres- sion de N(2Z, Ua, Um) ci-dessus, par une formule générale qui aura des applications très-variées, N(3Z, E,,Um) = N(3Z, id., U.) — 2/\N(3Z, 6). ( i36a ) Cette formule devient ici N(Z, Er, Ue, Um) = N(Z, . d., Ufl, U,„) - »r(Z, Ue, 9') uf I r o\ , «i — I „ = \L — (m 7 v H v ". 2 \ 2 4/ 2 On a de même la formule générale N(3Z, er,Ura) = N(3Z, .p., Ura)-a/-N(3Z, 0). Des formides analogues auront lieu aussi clans les questions de contacts multiples ou d'ordre supérieur (*). » (9) Trouver N(ip., U9er, aUm). » Par un point x de U,„ passent des coniques (ip., U«er, x, U,„) en nombre (4 /h — 2/- — 6), qui coupent U,„ chacune en (2m — r — 4) points», ce qui fait (l\m — 2r — 6) (2m — r — f\) points u. Donc il existe 4(a//z — r — 3) (2/72 — r — 4) points .r qui coïncident chacun avec un point u correspondant. Ces points appartiennent à des coniques double- ment tangentes àU;n, moins ceux qui forment des solutions étrangères. » 11 existe dans le système (ip., \Jgen U,„), dont les caractéristiques ont été données (6), a (/« — r) coniques infiniment aplaties, qui rencon- trent U,„ en a [m — r) (m — r— 1) points qu'il faut retrancher. Il reste 4 (a /h — /• — 3) (a m — /■ — 4) — a (m — r) (m — r — 1) = 2 [7///* — 6/rar — 17m -f- /,2 -+- i3r + a4]. C'est le nombre des points de contact des coniques. Donc N (1 p., Ug,.,. , aU,„) == 7m2 — Gmr— i*jm -+- r- 4- i3r + 24. (*) Ces formules générales permettent d'appliquer à des points pris sur une courbe, et à des tangentes, divers théorèmes démontrés pour des points et des droites quelconques, dans le beau Mémoire de M. Zeulhen [Nyt Bidrag til Lœren om Systemer uf keglesnit, Voir Comptes rendus, t. LXII, p. 177). Elles m'ont été parfois fort utiles comme moyen de vérification des résultats obtenus par la méthode directe que je me suis proposée ici. Du reste, dans ces questions souvent si dé- licates, où l'on a à considérer les effets multiples des coniques exceptionnelles, et à recon- naître ce qui advient de la coïncidence de points ou de droites qui se confondent, il est bien précieux d'assurer sa marche par plus d'une démonstration, ou au moins par quelque moyen de vérification. ( i363 ) » Pour r= i, il vient 7 m2 — 33 m + 38 = (m — 2) (7m — 19). » (10) On a vu (6 et 7) que les coniques infiniment aplaties, indépen- damment des points dans lesquels elles rencontrent la courbe U,„, donnent lieu à d'autres points qui appartiennent, non plus à ces quasi-coniques, mais à des coniques véritables infiniment peu différentes de celles-là, et qui for- ment aus^i des solutions étrangères. Jusqu'ici, une conique infiniment aplatie, effective, n'a causé qu'un seul point de cette espèce. Dans la ques- tion suivante, que nous prenons comme exemple, aussi simple que pos- sible, une conique infiniment aplatie donnera lieu à plusieurs points ap- partenant en réalité à une conique véritable, infiniment peu différente de la quasi-conique. » (11) Trouver N(id.,Us, aUm). » Par un point x de U,„ passent des coniques (1 d., x, JJe , U,«), en nombre 6 (m — 2), dont chacune coupe U,„ en [im — 5) points u; ce qui fait 6 (m — 2) (2 m — 5) points u. Le nombre des points x qui coïncident chacun avec un point u correspondant est donc 12 (m — 2) (2m — 5); ces points appartiennent aux coniques demandées, moins ceux qui forment des solutions étrangères. Ceux-ci sont dus aux coniques infiniment apla- ties du système (1 d., U#, U,„) = [2 (3//* — 5), (5m — 8)]. Ces coniques, dont le nombre est 4 (3m — 5) — (5m — 8) = 7m — 12, sont de trois sortes. i° Les unes ont un sommet en 9 et l'autre sommet en un des m points d'intersection de U,„ et de la droite donnée D; ces m coniques coupent U,„ en m (m — 2) points, 20 D'autres sont situées sur les (2m — 4) tangentes de U,„ menées par le point Q, ont un sommet en ce point et l'autre sommet sur la droite D; elles comptent pour 2 (2m — 4)» et elles coupent U,„ en 2 (m — 4) ('« — 3). 3° D'autres sont situées sur la tangente 0T, ont un sommet sur D et l'autre sommet sur Um; elles comptent pour 2 (m — 2), et elles coupent U,„ en 2 (m — 2) (m — 3) points » Voilà donc déjà m (m — 2) + 2 (2111 — 4) (m —3) + 2 (m— 2) (m — 3) = (111—2) (7 m — 18) points à soustraire. » Il faut remarquer que les (m — 2) coniques infiniment aplaties, effec- tives, situées sur la tangente ST, ont, dans le système (id., U«, U,„), des coniques infiniment voisines qui ne sont plus simplement tangentes à [J,„ au point 0 : elles ont en ce point un double contact, comme nous l'avons déjà vu (6 et 7), et donnent un point x coïncidant avec u. Mais, en outre, ces ( '364 ) coniques véritables n'ont plus un simple contact avec U,„ aux sommets des coniques infiniment aplaties : elles y coupent Um en quatre points infiniment voisins qui forment un double contact, et conséquemmenl deux points de coïncidence de x et h, qui sont deux points à retrancher. Il y a donc ainsi %(m — 2) solutions étrangères qu'il faut ajouter aux précédentes, ce qui fait (m — 1) {'jm — i5). D'après cela, le nombre des points de contact des coniques doublement tangentes à U,„ se réduit à 12 (m — ?.){im — 5) — (m — 2) (7771 — 1 5) = [m — a) (17m — 45). Les coniques sont en nombre sous-double. Donc N(id., hg, îU,„) = ^ '-^ ^ (*). » Nous appliquerons la méthode à d'autres exemples de contacts mul- tiples, et de contacts d'ordre supérieur, et à diverses questions d'un genre différent. Car ce n'est pas seulement aux questions de contact que convient ce procédé de démonstration propre aux courbes dont les points se déter- minent individuellement. Il est susceptible de. très-nombreuses applications différentes. » Nous aurons à dire aussi comment les théorèmes démontrés par cette méthode se généralisent et s'appliquent aux courbes de classe et d'ordre quelconque. » HYGIÈNE PUPLIQUE. — Note sur le choléra île la Soufrière, petite population de Sainte-Lucie, l'une des Antilles; par M. Guton. « La Soufrière est située tout près du littoral, dans un vallon fertile et bien cultivé; elle est traversée, de l'est à l'ouest, par un cours d'eau abon- dant et limpide. A une demi-lieue et au-dessous du village, vers la mer, est un ancien volcan situé entre deux montagnes et à fleur de terre. Outre qu'il fume encore par de nombreuses fissures, il présente aussi de nombreux bas- sins contenant des eaux sulfureuses en ébullition continue. » J'ai dit dans une précédente communication, le 26 février dernier, que, par suite du voisinage et de la différence de niveau existant entre (*) Ce résultat s'accorde avec l'expression (n — ?.)(2/w-t-w — 9) -t- d, donnée par M. Zeulhen (Comptes rendus, t. I.XII, p. «79), dans laquelle on fait« = 2(w — 1) et d_ (m —i)(m— 2) ( i365 ) l'ancien volcan et le village, l'atmosphère du dernier était toujours plus on moins imprégnée, selon la direction des vents, des exhalaisons ou émana- tions sulfureuses du volcan. J'aurais pu ajouter que, par suite de ces mêmes produits, tous les métaux de cuivre, d'or et d'argent mis en usage ou en cours dans la population étaient aussitôt ternis, et de là le nettoiement, en quelque sorte journalier, que nécessitent les objets qui ensont retirés. » La Soufrière jouissait depuis longtemps de la plus grande salubrité lorsque, pour la première fois, le choléra y éclata le 9 juillet i854, et il y fit les plus grands ravages à partir de ce jour jusqu'au 3o du même mois. Depuis, et jusqu'à la fin d'octobre, époque à laquelle il disparut, on ne compta plus que de rares victimes. Alors, sur 900 âmes dont se com- posait la population, il en avait enlevé 4oo. Sans doute, c'est une assez forte mortalité, mais celle due au choléra qui, dernièrement, régnait à la Gua- deloupe n'a pas été moindre, ce qui établit une fois de plus que, bien que le choléra s'accommode de tous les climats, les climats chauds lui sont pourtant plus favorables que les climats froids. » Beaucoup de volailles périrent pendant l'épidémie, mais surtout des canards (1). Pendant ce même laps de temps, la viande se gâtait du jour au lendemain, fait inaccoutumé jusqu'alors (à), et l'atmosphère était infestée d'insectes microscopiques semblables à des mouches pour la forme. « Le médecin de la population, le docteur Boucher, qui y exerce sa profession depuis trente ans, n'y a jamais vu un seul cas de fièvre jaune, ce qui ne peut tenir qu'au peu d'Européens que les circonstances y amènent. Mais, depuis i854, c'est-à-dire depuis l'époque où le choléra a affligé le pays, le docteur Boucher y observe des fièvres intermittentes, maladies qu'on y voyait rarement par le passé, voire même des affections typhoïdes, et, de plus, des cas de choléra caractérisés par des vomissements, des selles blan- châtres, des crampes, un refroidissement général, une altération de la voix, des yeux caves, etc. Toutefois, ces cas de choléra sont généralement peu graves et cèdent au traitement employé par le médecin de la localité, et (1) Pendant le choléra qui régnait dans le Djérid (Pays des dattes) tunisien, de i835 à i836, et dont j'ai donné l'historique dans la Gazette médicale de Paris (du 20 juillet i85o, n" 2g), les chiens, qui sont nombreux dans les tribus arabes, succombaient à une maladie qui présentait tous les caractères de la première, selon le médecin qui les observait l'une et l'autre. Ce médecin était le Dr Mongazon, envoyé par le bey de Tunis au secours de ses sujets. (2) Nous devons faire observer qu'on était alors dans les plus fortes chaleurs de l'année. C .R., iSCG, 1er Semestre. (T. I.Xtl, N« 2C.) I "8 ( i366 ) consistant en des boissons toniques, des lavements astringents et fortement alcoolisés, joints à des sinapismes promenés sur l'abdomen et à des rubé- fiants dont on enveloppe les extrémités. » Lé choléra de la Soufrière, en 1 854, a été considéré comme importé de la Barbade, où il régnait alors. Cette importation se serait effectuée par un bateau qui en venait, et à bord duquel quatre bateliers de la Soufrière avaient passé la nuit. Sur ces quatre hommes, trois ont été atteints et sont morts de la maladie, malgré tous les soins qui leur ont été donnés en temps opportun. » RAPPORTS. GÉOLOGIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Fouqué, intitulé : Recherches sur les phénomènes chimiques des volcans. (Commissaires : MM. Élie de Beaumont, Boussingault, Daubrée, Cl). Sainte- Claire Deville rapporteur.) « L'action volcanique, c'est-à-dire la manifestation, sous sa forme ac- tuelle, des forces éruptives du globe, peut être envisagée sous les trois points de vue de la stratigraphie générale, des phénomènes mécaniques et des phénomènes chimiques. » Si le volcan ou l'évent éruptif s'établit en un lieu plutôt qu'en un autre, c'est qu'il trouve là sans doute un point de moindre résistance ou, si l'on veut, de plus facile pénétration, et on peut se demander comment ce point se lie aux autres orifices éruptifs, voisins ou éloignés, et, plus gé- néralement, à l'ensemble des directions déterminées qui président aux grands accidents de la surface du globe. » Le point, en quelque sorte prédestiné par la nature, étant ainsi défini stratigraphiquement, on y verra presque toujours (surtout s'il s'agit d'une bouche volcanique de premier ordre), les traces d'un phénomène méca- nique originaire, qui aura fait subir aux roches préexistantes, le plus sou- vent elles-mêmes formées par voie éruptive, un relèvement circulaire con- sidérable, suivi d'un effondrement proportionné; puis, vers le milieu de ce cratère de soulèvement, se sera établi l'évent éruptif actuel, le volcan pro- prement dit. » Ses éruptions consisteront en ceci : ouverture ou réouverture d'une fis- sure diamétrale, dont la direction sera ordinairement liée à l'économie stratigraphique de la montagne, et qui laissera échapper, par son somme) ou par des orifices échelonnés sur sa longueur, des substances pierreuses ( i367 ) ou iithoïdes en fusion, — c'est la lave, — et des substances gazeuses ou volatiles. » Là commence le rôle chimique du volcan. La lave ne déborde jamais sans entraîner avec elle d'immenses quantités de matières gazeuses et de vapeurs. Ces dernières peuvent, à la vérité, se manifester seules : mais tout indique qu'elles s'échappent de masses lithoides en fusion, situées plus profondé- ment. Il y a donc une liaison incontestable entre ces deux ordres de pro- duits. Quelle est la nature de ce lien? Comment se fait la séparation, et d'après quelles lois, en rapport avec les propriétés physiques et chimiques des substances? » Ce simple aperçu suffit pour montrer à quelle variété de travaux peut conduire l'étude des volcans. » Deux des Membres de votre Commission s'étaient depuis longtemps livrés à ces recherches. L'un, considérant successivement les formes géné- rales du massif primitif, son étoilement à chaque éruption, la disposition de la lave et son mode de progression, a fixé, dans des Mémoires devenus clas- siques, toute cette mécanique des volcans. L'autre gravissait, il y a plus de trente-cinq ans, les colosses des Andes et y portait les appareils du chimiste à des hauteurs que l'homme n'avait point encore dépassées. » C'est aussi aux phénomènes chimiques des volcans qu'est principale- ment consacré le Mémoire dont nous sommes chargés de rendre compte à l'Académie. » L'auteur, M. Fouqué, n'a pas abordé son sujet sans préparation. An- cien élève de l'Ecole Normale, il a été attaché plusieurs années à ce laboratoire d'où le monde savant a vu sortir, avec un sentiment que l'Académie pardonnera sans doute à son Rapporteur de ne pas exprimer, parmi tant de beaux travaux, les méthodes aussi variées que fécondes qui, entre les mains de l'inventeur comme entre celles de ses élèves, ont su re- produire un si grand nombre de substances minérales, avec les carac- tères qu'elles présentent dans la nature. »> Muni d'un pareil enseignement, M. Fouqué était tout préparé pour aller aborder les phénomènes naturels eux-mêmes. Votre Rapporteur, en accomplissant la mission qui lui avait été confiée par l'Académie en 1861, s'est vivement félicité de l'avoir eu pour compagnon volontaire et pour col- laborateur au Vésuve, dont il a pu ainsi étudier, dans ses plus petits dé- tails, une des éruptions les plus curieuses assurément et les plus instruc- tives au point de vue chimique. » En 1 865, l'Etna s'émut à son tour, après un repos de treize ans. A la 178.. ( .368 ) nouvelle de l'éruption, M. Duruy, Ministre de l'Instruction publique, appréciant le mérite de M. Foucpié, lui donna l'ordre d'aller étudier l'évé- nement sur les lieux. Quelques jours s'étaient à peine écoulés, et déjà notre zélé géologue débarquait à Messine, et, bravant les rigueurs d'une saison exceptionnellement froide, avait établi (avec son courageux et non moins dévoué compagnon, M. Berthier, l'habile photographe dont nous avonsadmiréles magnifiques épreuves) son domicile improvisé sur les flancs mêmes de la montagne, au milieu des neiges, et dans une cabane en bran- chages de pin, construite par les voyageurs eux-mêmes, que le vent et l'incendie détruisirent à plusieurs reprises, et qui, à chaque fois réédifiée par ses habitants, leur servit d'abri pendant plusieurs semaines (i). » On peut affirmer que jamais une éruption de cette importance n'avait été étudiée et suivie avec autant de zèle et de persévérance. » M. Fouqué ne s'est pas, au reste, borné à l'exploration de l'Etna. Chassé une première fois et par l'abondance des neiges el par l'activité des bouches qui n'en permettait pas l'approche, noire voyageur profita de cette interruption forcée pour faire le tour de la Sicile, pénétrer dans son inté- rieur et en étudier les nombreux évents secondaires (solfatares, macahtbe, lac de Palici, eaux minérales, etc.), et pour faire dans les îles Ëoliennes, — Vulcano, Lipari, Panaria, Slromboli, — une excursion des plus intéres- santes. De retour enfin à l'Etna, la saison étant devenue plus clémente et les projections des cratères ayant considérablement diminué, il put reprendre et achever la portion la plus importante de sa tâche. Le 29 mai, il quittait la Sicile, après un séjour de treize semaines, et trouvait moyen, en revenant, de s'arrêter à Naples et d'y explorer le Vésuve, la lave de 1 8(3 1 et tous les évents volcaniques des Champs Phlégréens. « Tels sont les matériaux ou les éléments de travail sur lesquels s'est appuyé l'auteur du Mémoire soumis à l'appréciation de l'Académie. » Pendant la durée de son voyage à l'Etna, M. Fouqué, tout en rendant compte à M. le Ministre de l'Instruction publique du résultat de sa mission, ( 1 ) L'arrêté ministériel est du i4 février. M. Fouqué a quitté Paris le 19, était le 22 à Giarreet le 23 sur le lieu même de l'éruption. Ses deux séjours sur le liane de la montagne n'ont pas duré moins de soixante-deux jours. Nous devons à la justice d'ajouter que M. Fouqué a été, surtout dans la dernière partie de son voyage, constamment aidé et accompagné par M. Orazio Silvcstri, professeur de chimie à l'Université de Catane. Tout nous fait e pérer que la science a trouve en lui ce qu'elle réclamait depuis si longtemps, un savant habile et dévoué, et demeurant au pied même d'un des grands volcans européens. ( i36g ) faisait connaître au monde savant, par des Lettres insérées dans nos Comptes rendus, ses impressions et ses travaux, an fur et à mesure qu'ils se produi- saient sur les lieux. De retour à Paris, il s'est empressé de soumettre, dans le laboratoire, au contrôle des meilleures méthodes d'expérimentation les résultats que lui avaient fournis l'observation directe et l'emploi des ana- lyses sommaires et de ce qu'on pourrait appeler les appareils de campagne. » Le Mémoire dont nous avons plus particulièrement à rendre compte résume ceux de ces travaux qui se rapportent à la chimie des volcans; mais il est juste de faire remarquer qu'aucun des points de vue que nous enn- uierons au début de ce Rapport n'a été négligé par lui. » Il nous suffira, pour le prouver, de rappeler les circonstances sui- vantes. » L'auteur, s'appuyant, comme point de départ, sur la belle carte de M. S. deWaltershausen, a construit, au moyen du théodolite et de la bous- sole, une carte de l'éruption à une grande échelle. On y distingue parfaite- ment et la direction de la fissure qui, jalonnée par les sept cônes adventifs, court sensiblement vers le sommet de l'Etna, et représente, par conséquent, dit M. Fouqué, « une fêlure de la montagne, dont la cheminée centrale au- » rait été le point de départ, » et le cours de la lave, qui s'étend sur une longueur de 7 à 8 kilomètres, et atteint parfois une largeur de a à 3 kilo- mètres, formant comme le pendant de la lave de i85i, à laquelle elle est tout à fait comparable pour l'importance. » La photographie est venue largement à l'aide du géologue, qui l'a, de son côté, très-habilement utilisée. C'est ainsi que les Membres de l'Aca- démie ont pu étudier, dans les belles épreuves de M. Berthier, presque aussi bien que des témoins oculaires, la disposition générale, la forme et les détails des cônes adventifs; les allures diverses de la lave saisies, en quelque sorte, pendant son mouvement même ; le contraste entre ces laves modernes, celle de 1802, par exemple, et les grands escarpements à pans souvent verticaux du Valle del Bove, qui correspondent à une tout autre ère dans l'histoire du volcan, etc. » Ce phénomène si intéressant du mouvement de la lave avait déjà été analysé et expliqué, avec une rare puissance d'observation, dans les Mé- moires que nous avons cités en commençant. M. Fouqué a trouvé, néan- moins, le moyen de glaner très-heureusement dans un champ déjà si bien moissonné; et l'on peut s'en assurer en lisant ses observations sur une for- mation particulière de courants secondaires, à laquelle il donne le nom de formation par éclusage, et qui permet de se rendre compte delà disposition ( i37o ) en escaliers que présentent souvent les laves anciennes, lorsqu'elles ont coulé sur des pentes fortement inclinées. » Tel est aussi le fait, si curieux, d'arbres vivants, enveloppés sur une grande hauteur par ces torrents de lave, entourés d'un étui pierreux formé par cette matière incandescente devenue solide, et non brûlés, ni même carbonisés par elle. « La surface intérieure de cet étui, dit l'auteur, s'était » moulée sur la surface de l'arbre, dont elle représentait quelquefois tous » les détails de l'écorce avec une fidélité surprenante.... Un petit nombre » de ces enveloppes étaient intactes, mais la plupart s'étaient brisées en » fragments, souvent très-volumineux, qui gisaient au pied de l'arbre qu'ils » avaient entouré. Les troncs qu'ils embrassaient se trouvaient alors laissés » à nu ; mais ils avaient été striés et rayés par les blocs rugueux charriés à « la surface du bain, et la direction de ces stries a pu me permettre depuis » de déterminer la direction du courant de lave et la pente de sa sur- » face. » » Recourant alors à une très-ingénieuse pensée, que M. Bunsen a appli- quée aux tufs palagonitiques de l'Islande, recouverts sans altération par des couches trappéennes incandescentes, M. Fouqué explique aussi, par l'interposition d'une mince couche de vapeur d'eau qui empêche le contact immédiat, l'innocuité de la lave brûlante par rapport aux couches ligneuses qu'elle entourait. » Mais c'est surtout en ce qui touche aux phénomènes chimiques que l'étude des volcans a le mieux inspiré M. Fouqué. Partout où il est allé, il a transporté avec lui ses appareils d'analyse expéditive, et, au sommet du cône terminal de l'Etna comme sur les flancs des cônes adventifs de 1 865 et sur les innombrables fissures fumantes de la lave ; aux macalube de Gir- genti, de Paternô, comme au lac de Palici et aux eaux minérales de Santa Venerina ou de Segeste ; à Lipari, à Vulcano, comme à Stromboli et dans les îlots qui séparent cette dernière île de Panaria ; au Vésuve et dans les (.han!psPhlégréensdelaCampanie,comnieaux dernières émanations hydro- carburées de la lave de ïorre del Greco; partout enfin, la température et la composition des gaz dégagés ont été pour lui l'objet de déterminations précises, soit sur les lieux, soit dans le laboratoire. Il serait donc impossible de le suivre pas à pas dans tous ces centres d'émanations, et force nous est de restreindre considérablement ce que nous aurions à dire de ses études sur ce sujet. » L'application sérieuse des connaissances chimiques à l'élude des vol- cans n'est pas fort ancienne, et nous ne savons si on pourrait la faire remon- ( i37i ) ter au delà des travaux de Breislak et du mémorable voyage de Humboldt aux régions équinoxiales du nouveau continent, où, trente ans plus tard, l'un de vos Commissaires devait le suivre et continuer son oeuvre. » Au Vésuve, sur lequel Humphry Davy et Gay-Lussac jetèrent, chacun à son tour, le coup d'œil du génie, il faut citer en première ligne, après Monticelli et Covelli, MlM. Daubeny, Abich, Scacchi et Leopoldo Pilla, qui eût fait faire assurément de grands progrès à ces études, s'il n'eût pas été enlevé avant l'âge et surtout s'il eût pu vivre au pied du volcan napo- litain. » Mais on peut dire que le pas le plus décisif qui eût été fait depuis long- temps vers la connaissance approfondie des émanations volcaniques fut la découverte d'un gaz combustible, l'hydrogène, en proportions considérables dans les produits des gigantesques solfatares de l'Islande. Cette notion capitale et une foule d'autres d'un grand intérêt sont dues, comme on sait, au voyage que fit, en 1846, dans cette contrée, M. Bunsen, peu de temps après l'éruption de l'Hékla (1). » Malgré la notoriété des noms et le mérite incontestable des travaux que nous venons de citer, on doit, néanmoins, remarquer que, jusqu'alors, chaque observateur s'était uniquement préoccupé de la nature du produit qu'il étudiait dans le moment et ne se posait guère la question de savoir si ce produit serait toujours le même dans le même point, et si, en ce moment, le même massif volcanique ne présenterait pas différents produits, échelon- nés sur sa surface suivant certaines lois déterminées. En d'antres termes, et pour nous servir d'une heureuse expression de notre illustre Ampère, on n'avait peut-être pas encore abordé le phénomène au point de vue tropo- nomique. » Dans ces dix dernières années, des études ont été faites dans cette di- rection, et, si nous les rappelons ici, c'est que nous devons constater que les travaux de M. Fouqué, dans toutes les localités que nous avons énumérées, sont venus en général les confirmer et donner à leurs conclusions une force nouvelle. » C'est ce dont il est facile de se convaincre, soit en lisant les Lettres (1) L'illustre chimiste de Heidelberg était, comme on sait, en compagnie de notre savant compatriote, M. Des Cloizeaux, qui, de son coté, apporta les expériences les plus précises sur les phénomènes physiques et mécaniques des geysers. Enfin, il y a toute justice à rap- peler que, par ses analyses des échantillons solides et liquides rapportés par M. Des Cloi- zeaux, notre savant Correspondant, M. Damour, tendit alors à la science des volcans un service signalé. ( '37, ) publiées aux Comptes rendus, soit en parcourant le Mémoire dont il est question en ce moment. » Il y a un point cependant sur lequel les nouvelles études de l'auteur le conduisent à une conclusion opposée à celle qui avait été formulée. » D'après lui, bien qu'il y ait sur la lave des fumerolles complètement anhydres ou sèches, et qu'il en ait constaté lui-même portant les caractères qui leur avaient été assignés, néanmoins, la concomitance d'autres fume- rolles entraînant les mêmes sels, mais avec de l'eau et de l'acide, lui fait penser que le cas général est l'existence de l'acide et de l'eau, et que les fu- merolles dites sèclus ne doivent leurs chlorures et sulfates alcalins qu'à la circonstance d'une température assez élevée pour déterminer la volatilisation de ces sels. « De même, dit-il, que les fumerolles à vapeur d'eau pure ne sont » que des fumerolles alcalines faibles, dépouillées de leurs éléments salins, » de même que celles-ci ne sont autre chose que des fumerolles acides peu » actives, de même encore les fumerolles acides ne sont que des fumerolles » du premier ordre, ne possédant pas la chaleur suffisante pour volatiliser » les sels alcalins. » » Ce ne serait pas le lieu d'expliquer ici pourquoi votre Rapporteur ne s'est pas encore rendu aux raisons apportées par l'auteur en faveur de son opinion; mais il n'était sans doute pas inutile d'indiquer ces divergences aux savants qui seront appelés à étudier expérimentalement une nouvelle éruption d'un des volcans européens. » M. Fouqué ne s'est pas borné à contrôler les opinions émises par ses devanciers : ses recherches ont apporté des faits nouveaux conduisant à des conséquences nouvelles. En voici trois exemples : » On n'avait jusqu'à présent indiqué dans les fumerolles ammoniacales que du chlorhydrate, accompagné quelquefois d'une très-faible proportion de sidfate. M. Fouqué montre que l'alcalinité de quelques-unes de ces fu- merolles est due à la présence du carbonate d'ammoniaque, dont il attribue, d'ailleurs, la formation à la combustion des matières végétales, envahies par la lave. » Un (ait plus important, signalé pour la première fois par M. Fouqué, est l'existence du carbonate de soude dans les produits des fumerolles sèches. Une de ses analyses, faite sur un dépôt salin, blanc, effervescent avec les acides, lui a donné i,oG pour ioo de carbonate alcalin (i). (1) « La production des carbonates alcalins, dit M. Fouqué, ne parait pas être un fait particulier propre à l'éruption de celte année; car j'ai appris de M. le professeur Silvestri ( i373 ) » L'acide carbonique n'est donc pas absolument étranger aux émana- tions des fumerolles sèches. Y apparaît-il dès l'origine en proportions ap- préciables, et peut-on dire, d'une manière générale, en se rappelant l'opi- nion de l'auteur sur la présence de l'eau et des acides dans les fumerolles à chlorures alcalins, que tous les éléments sont représentés dès l'origine de l'éruption dans chaque ordre de fumerolles, et cpie leurs proportions seulement vont en s'inversant, de telle sorte que les chlorures qui domi- naient au début étaient cependant dès lors accompagnés d'une très-faible proportion d'acide carbonique, et que ce gaz, qui caractérise les derniers efforts du volcan, est de sou côlé toujours accompagné, d'une façon en quelque sorte virtuelle, de tous les autres éléments qui ont successivement dominé? C'est une proposition qui ne pourra être résolue que par l'obser- vation attentive et l'analyse minutieuse. Elle modifierait l'énoncé de la loi de succession et aurait l'avantage de rendre compte très-naturellement des passages déjà constatés entre les fumerolles des divers ordres. » Un troisième fait, qui a aussi un certain intérêt, est la présence, dans les fumerolles à haute température, du chlorure de potassium, qui a atteint pour l'un des dépôts la proportion de 32 pour ioo. C'est l'équivalent, pour l'Etna, du fait signalé pour la première fois au Vésuve, en i85o, par M. Scacchi, et du sulfate de potasse trouvé en brillants cristaux sur le courant de novembre i848, par M. Guiscardi. M. Fouqué attribue la for- mation de ce sel à la réaction de l'acide chlorhydrique dégagé par la lave sur les cendres provenant de la combustion des matières organiques. Ne serait-il pas possihle que, sans s'adresser à cette cause étrangère, on trouvât que le potassium (i) eût tendance à se cantonner en certains points et en certains moments de l'éruption? » Nous citerons encore une question à laquelle les travaux de M. Fou- qué ont fait faire un progrès incontestable. » L'un de nous et lui-même ont eu l'occasion de constater pour la pre- mière fois, en 1 86 1 , au Vésuve, l'existence de gaz combustibles (hydrogène et hydrogène carboné) sortant des fissures propres dune éruption. Mais la nouveauté même du fait ne leur avait pas permis de décider lequel des a lave île qu'il y avait d'anciens gisements de carbonate de soude dans les crevasses de la 1660, et que l'importance de ces amas était assez grande pour qu'ils soient devenus l'objet d'une exploitation industrielle. » (i) Et peut-être aussi le magnésium. C. R., 1866, Ie'' Semestre. (T. I.X.1I, N° 2C.) ' 79 ( i374 ) deux gaz correspondait à un état de plus grande intensité de l'appareil volcanique. M.Fouqué, retournant àTorredel Grecoen juin 1 865, retrouva encore les fumerolles affaiblies de 1861. Mais, tandis qu'alors ces émana- tions contenaient de l'hydrogène, dont la proportion à celle du gaz des marais était de 2 et même de 3 à 1, en 1 865, l'hydrogène a disparu; et, à sa place, on trouve une petite quantité d'un gaz plus riche en carbone que le gaz des marais, de gaz oléfiant. » Tout au contraire, dans le massif de l'Etna, que l'on peut regarder comme surexcité en i865, M. Fouqué trouve à la source deSanta-Venerina, dans les macalube de Girgenti, de Paterne, de San-Biagio, au lac dePalici, de l'hydrogène, Là où l'un de nous n'avait rencontré en i856 que de l'hy- drogène protocarboné (1). Il se croit donc en droit de conclure, et ce semble avec toute certitude, que, dans les émanations hydrogénées carburées, la tendance an décroissement d'intensité éruptive se manifeste par la diminu- tion ou la disparition de l'hydrogène libre, et par l'intervention d'un car- bure d'hvdrogène plus riche en carbone que le gaz des marais (2). » Ces exemples suffisent pour montrer combien de questions, et des plus intéressantes, sont soulevées, ou même résolues, par les recherches dont nous avons à rendre compte à l'Académie. » Il nous reste à parler d'une dernière partie du Mémoire intitulée : Théorie des phénomènes volcaniques. Le but que s'y propose l'auteur étant, en effet, une explication théorique de ces phénomènes variés, nous n'aurions peut-être pas à nous occuper ici de questions si controversables, s'il n'avait trouvé le moyen, en traitant un sujet qu'on pouvait croire épuisé, de donner des preuves d'un esprit original et inventif. » Dans ce travail, après avoir passé en revue les différentes théories qui ont été proposées pour l'explication des phénomènes volcaniques, M. Fou- qué, adoptant une des plus anciennes, celle de l'intervention des eaux de la mer (ou de lacs salés), que Gay-Lussac avait rajeunie en i823; que, plus récemment, M. Abich et surtout Durocher, de si regrettable mémoire, (1) Dans un travail (ait en commun avec M. Félix Le Blanc. {Recueil des Savants étran- gers, t. XVI.) (2) Notre illuste confrère, M, Chevreul, m'a fait observer, après la lecture de ce Rapport, ipie l'hydrogène protocarboné et l'hydrogène bicarboné étant tous deux décomposabl'es par la chaleur, à (les températures de plus en plus élevées, il est naturel (pie l'hydrogène, qui pouvait provenir de cette réaction, disparaisse en même temps rpiela température diminuait. ( Note tlu Rapporteur. ) ( i375 ) ont développée avec talent, il cherche à la Confirmer par des expériences mécaniques et par des expériences chimiques. » L'expérience mécanique sur laquelle s'appuie principalement l'auteur est celle par laquelle l'un de vos Commissaires a réalisé la transsudation de l'eau à travers une roche poreuse, dont la surface inférieure touche une cavité chauffée et en partie remplie par un fluide gazeux, susceptihle de réagir par une conire-pression considérable. « Nous n'avons plus besoin, i dit-il, de recourir à l'hypothèse d'obstructions souterraines. L'expérience » de M. Daubrée nous montre comment les choses doivent se passer dans » la nature. » » Après avoir cherché à répondre à l'objection que la vapeur d'eau, ainsi mise en jeu, atteindrait difficilement l'énorme pression nécessaire pour qu'elle pût soulever une colonne de lave qui atteint quelquefois plus de 3ooo mètres, M. Fouqué aborde enfin les problèmes chimiques. Si la théorie qu'il adopte est vraie, si l'eau de mer infiltrée est en partie entraînée avec la matière en fusion qu'elle pousse devant elle, il faudra retrouver dans les émanations non-seulement les masses d'eau vaporisées, mais encore tous les sels si variés qui s'y trouvaient en dissolution, ainsi cpie les produits de leur décomposition réciproque, et des altérations qu'ils peuvent éprou- ver à une haute température. Personne n'avait encore abordé le problème dans toute sa complexité, et M. Fouqué y a employé, avec un rare bonheur, les ressources de la Chimie expérimentale. On comprendra que nous ne puissions le suivre pas à pas dans toutes ces questions délicates. Nous nous bornerons à citer deux réactions nouvelles, auxquelles l'ont conduit ses recherches. » Si l'on chauffe dans un courant de vapeur d'eau un mélange de sul- fate de magnésie et de chlorure de sodium, on sait depuis longtemps, par une expérience qui a été rappelée récemment par M. Ramon de Lima, qu'il se dégage de l'acide chlorhydrique et qu'il reste un mélange de sulfate de soude et de magnésie caustique. Cette réaction explique; dans l'hypothèse de l'intervention des eaux de la mer, le dégagement de l'acide chlorhy- drique et l'absence de la magnésie, qui s'incorpore à la roche. » Une question analogue se présentait pour le sulfate de chaux, qu'on trouve avec une certaine abondance dans l'eau de la mer. Il y a encore là double décomposition et formation de chlorure de calcium et de sulfate de soude. Mais la stabilité du premier de ces sels, Irés-supérieure à celle du chlorure de magnésium, donne lieu à des produits secondaires plus complexes, et il se forme de la soude et de la chaux caustiques, tandis qu'il *79- ( '376 ) se dégage de l'acide chlorhydrique de l'acide sulfureux (1). Cette réaction répondrait donc à l'existence, dans les fumerolles naturelles^, du mélange de ces deux acides, et l'on pourrait peut-être s'appuyer aussi sur elle, soit pour expliquer certains phénomènes de trachylisme, soit pour rendre compte du carbonate de soude des fumerolles sèches, qui ne serait que la soude caustique ainsi obtenue, carbonatée à l'air. » La seconde réaction obtenue par M. Fouqué est encore plus curieuse que la précédente. » On connaît la célèbre expérience par laquelle Gay-Lussac et Thenard ont décomposé le sel marin en chauffant ce sel avec de la silice ou un sili- cate dans un courant de vapeur d'eau. Le premier de ces deux grands chimistes, dans le Mémoire que nous avons déjà cité, nie la réaction de l'eau pure sur le chlorure de sodium. Mais M. Fouqué, en s entourant de tontes les précautions et en agissant, d'ailleurs, sur des substances chimi- quement pures, est parvenu à décomposer partiellement (2 à 3 pour 100) le chlorure de sodium par la vapeur d'eau à une haute température. Il est même presque impossible, d'après lui, de fondre le chlorure de sodium sans qu'après l'opération, ce sel ne présente une réaction alcaline très-mar- quée. » Nous n'entrerons pas plus avant dans cette discussion : s'il est permis, sans doute, de ne pas se rendre aux arguments invoqués par M. Fouqué en faveur de sa thèse, on ne peut lui refuser d'avoir imaginé, pour l'ap- puyer, des expériences ingénieuses et qui resteront certainement dans la science. » En résumé, les deux voyages que M. Fouqué a exécutés, en deux cir- constances importantes, au Vésuve, à l'Etna et aux autres évents volca- niques de l'Italie méridionale, heureusement fécondés, à l'aide d'une forte éducation scientifique, par les ressources d'un esprit créateur et inventif, l'ont conduit à des résultats aussi neufs que variés. L'Académie l'a déjà, en quelque sorte, récompensé de ses efforts, en le chargeant d'aller étudier à Sa nt or in des phénomènes éruptifs qui ne se reproduisent pas une fois par siècle. La Commission, de son côté, après avoir pris connaissance de son Mémoire, pense qu'il y a lieu d'encourager vivement l'auteur à persévérer dans la voie de travail qu'il a embrassée, et elle vous proposerait d'en (1) Pour que celte expérience réussisse, il faut prendre un grand nombre de précautions, qu'indique l'auteur dans son Mémoire. C'est ce qui explique sans doute comment M. Siemens, en l'exécutant, a obtenu des résultats tout autres que ceux de M. Fouqué. ( '377 ) ordonner l'insertion dans le Recueil des Savants étrangers, si elle ne savait que ce travail doit prochainement trouver sa place dans une publication destinée à présenter les résultats des missions accordées par S. Exe. M. le Ministre de l'Instruction publique. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor- respondant pour la section d'Anatomie et de Zoologie, en remplacement de feu M. Léon Dufour. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 35, M. Van Beneden obtient 32 suffrages. M. Pictet 2 » M. Vogt î » M. Van Beneden, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est dé- claré élu. MÉMOIRES LUS. ANATOMIE MICROSCOPIQUE. — Note sur la terminaison îles nerfs moteurs dans les muscles, par M. Ch. Rouget. (Commissaires précédemment nommés : MM. Coste, Cl. Bernard, Longet.) « Depuis l'époque où j'ai fait connaître pour la première fois (i) le mode de terminaison des nerfs moteurs dans les muscles de la vie animale, de nombreux travaux ont paru sur le même sujet : les uns reproduisant, à peu près sans changement aucun, ma description première; les autres, an contraire, contredisant ou modifiant en plusieurs points importants les in- dications que j'avais données. » Après avoir réfuté, en partie au moins, les opinions de mes contra- dicteurs (2), j'ai cependant continué mes investigations sur les points con- troversés et je me suis par-dessus tout attaché à trouver un mode de dé- monstration qui ne laissât plus place au doute sur l'existence même des faits. Je crois avoir enfin, après de longs efforts, atteint ce résultat, à l'aide (1) Comptes rendus des séances de V Académie des Sciences, 29 septembre 1862. (2) Voir Journal de la Physiologie, etc., 1 863, et Comptes rendus des séances de l' Académie des Sciences, novembre 1864. ( '378 ) de photographies microscopiques, qui reproduisent fidèlement mes prépa- rations et qui me permettent de placer aujourd'hui sous les yeux de l'Aca- démie les faits mêmes cpii sont l'objet du litige. » Appuyé sur ces preuves, je vais passer en revue et soumettre au cri- térium de l'observation directe les opinions de ceux qui ont contesté l'exactitude des résultats que j'avais annoncés, et tenté de les transformer par des descriptions ou des interprétations différentes. » M. Lionel Beale est le seul observateur, à ma connaissance, qui ait nié l'existence même des plaques terminales et persiste à les considérer comme une espèce de pelotonnement des fibres nerveuses du réseau qui, d'après lui, envelopperait les faisceaux primitifs. Je pourrais me bornera répondre que tous les autres observateurs qui se sont occupés du même sujet, MM. Krause, Kûhne, Waldeyer, Engelmann et Letzerich, et plus récem- ment encore Conheim et M. Vulpian, ont tous au moins reconnu l'existence de la plaque terminale et son entière indépendance de tout réseau ner- veux; la vue seule des photographies ci-jointes ne peut, du reste, laisser aucun doute sur la complète absence de fondement de l'opinion de M. Beale. » M. Krause, qui a constaté quelques mois après moi l'existence des plaques terminales, en a donné une description différente de la mienne en deux points principaux : l'un relatif à la situation de ces plaques qu'il place en dehors de l'enveloppe conjonctive du faisceau primitif [sarcoleimne), l'autre relatif à leur structure. Il admet une enveloppe conjonctive spéciale et des fibres terminales pâles sans moelle, distinctes de la substance granuleuse et sans continuité avec elle. » J'ai trouvé un procédé qui permet de démontrer assez facilement la véritable situation des plaques terminales. Il suffit de plonger les fibres musculaires vivantes dans une solution de sel marin à 21 degrés, où elles doivent séjourner douze heures environ :on les place ensuite pendant douze à vingt-quatre heures dans un milieu saturé de vapeur d'eau, le faisceau de fibrilles contractiles se rétracte, !e liquide inlerfibrillaire transsude, soulève la gaine conjonctive et l'écarté de la substance contractile : dans les points cor- respondants aux plaques terminales, on peut alors constater, comme le mon- trent plusieurs de mes photographies, que le sarcolemme soulevé forme au-dessus de la plaque une espèce de lente que le cylinder axis traverse à son sommet, tandis que la gaine du tube nerveux se continue avec le sar- colemme. La plaque nerveuse elle-même ne se sépare jamais des fibres contractiles à la surface desquelles elle parait intimement soudée. » La prétendue enveloppe conjonctive spéciale aux plaques, décrite par ( '379 } Krause, ne se voit nulle part; le sarcolemme seul recouvre ces organes et aucune membrane n'est interposée entre la substance nerveuse et la sub- stance contractile. Quant aux fibres pâles et sans moelle, qui constitueraient la terminaison du cjrlinder axis dans les plaques, et que l'on a comparées au filament central des corpuscules de Pacini ou des bourgeons nerveux de la conjonctive, elles ne sont pas distinctes de la substance granuleuse fonda- mentale de la plaque, et se continuent avec elle comme les nervures d'une feuille avec le limbe. » Dans ces derniers temps, M. Rùhne a donné de la structure des plaques terminales une description d'après laquelle la substance granu- leuse que je considère comme l'épanouissement du cylinder axis ne serait que l'enveloppe de la véritable terminaison nerveuse constituée par une plaque irrégulièrement découpée, transparente et homogène. J'ai déjà indi- qué, dans une précédente communication, que la différence essentielle de constitution élémentaire, entre cette prétendue plaque et le cylinder axis, ne permettait pas d'admettre entre eux une continuité qui n'a jamais été di- rectement démontrée ; je me suis assuré également que la prétendue plaque nerveuse, prenant instantanément la coloration des liquides qui la pé- nètrent et ne présentant aucune structure apparente, n'est rien autre chose qu'un ensemble de lacunes, de vides, de fissures, au sein de la véritable plaque terminale. C'est là précisément ce que mes dernières recherches ont confirmé de la manière la plus absolue, en me démontrant l'existence nor- male dans la plaque nerveuse d'un système de canalicules anastomosés, ramifiés et correspondant aux noyaux de la plaque : canalicules et noyaux qui sont les analogues des canalicules et des noyaux plasmatiques, du tissu conjonctif, du tissu osseux, du tissu musculaire, etc. Ce sont des portions de ce système de canaux, distendues par l'imbibition du sérum, qui prennent l'aspect de lagunes irrégulières, tantôt continues, tantôt isolées, et consti- tuent la soi-disant plaque nerveuse, homogène et hyaline de M. Kûhne. » Ces canalicules, qui logent les noyaux dans leurs dilatations, atteignent la périphérie dans la plaque nerveuse et semblent communiquer librement avec l'espace interstitiel qui sépare le sarcolemme de la surface des fibres contractiles. Des portions du réseau des canalicules se voient déjà dans les plaques terminales de fibres encore contractiles et sans l'addition d'au- cun liquide; mais l'ensemble du réseau, ses rapports avec les noyaux, les dimensions réelles des canalicules ne s'observent bien que sur des fibres plongées vivantes dans la solution de chlorure de sodium à 21 degrés. Les photographies que je présente à l'Académie montrent nettement ( i38o ) ces canalicules, Jeurs anastomoses et leurs rapports avec les noyaux; ce qui présente le plus de difficulté, c'est la constatation de l'origine des canalicules et de leurs rapports avec les divers éléments du tube nerveux. Au niveau du point où cesse la couche médullaire et où le cylinder axis perfore le sarcolemme, les canaux principaux du réseau convergent vers le tube nerveux, masquent souvent la terminaison du cylindre-axe et semblent occuper sa place. Mais dans des cas plus favorables on distingue entre ces canaux, ou à côlé d'eux, un ruban grisâtre granuleux réellement continu avec le cylinder axis, tandis que les canaux clairs et hyalins sem- blent communiquer avec l'espace intermédiaire à la gaîne de Schwann et à la couche médullaire, espace qui, d'ailleurs, correspond aux noyaux de la gaîne du tube nerveux, comme les noyaux de la plaque correspondent au réseau des canalicules. Lorsqu'un liquide coloré imbibe la préparation, il pénétre instantanément dans les espaces clairs et hyalins, et, dans le cas où l'on emploie la solution de nitrate d'argent, la substance contractile du fais- ceau primitif et la véritable substance nerveuse (granuleuse) de la plaque ter- minale se colorent d'une teinte bistre, tandis que les canalicules plasma- tiques de la plaque, de même que les lacunes et fissures plasmatiques du faisceau musculaire, restent parfaitement incolores et conservent ainsi l'as- pect clair et hyalin attribué par M. Kùhne à la plaque nerveuse. » L'épanouissement du cylinder axis dans la plaque conserve un éclat et une réfringence caractéristiques qui, surtout dans les vues de profil, permettent de limiter nettement l'expansion nerveuse; mais il y a une dif- férence absolue entre cet aspect particulier qui appartient à la substance granuleuse de la plaque, et la transparence, l'homogénéité parfaite des espaces clairs décrits par M. Kuhne, et qui ne sont autre chose que des portions du réseau de canalicules dilatées et déformées par l'imbibition d'un liquide visqueux comme le sérum. » Les photographies que je présente à l'Académie me paraissent dé- montrer : » i° Que les divisions terminales du cylinder axis du tube nerveux mo- teur constituent, en s'anastomosant et se fusionnant en quelque sorte, une expansion terminale de substance finement granuleuse, identique à celle des filaments terminaux des corpuscules de Pacini, de la lame nerveuse terminale des plaques électriques, des corpuscules ganglionnaires, etc., et en contact immédiat avec la substance contractile du faisceau primitif; » 20 Que cette expansion nerveuse est parcourue en tous sens par des canalicules plasmatiques ou d'irrigation nutritive, établissant des con- ( i38i ) nexions entre les nombreux noyaux de la plaque et communiquant proba- blement, d'une part, avec l'espace intermédiaire au sarcolemme et aux fibrilles contractiles; d'autre part, avec l'interstice entre la gaîne du tube nerveux et la couche médullaire, disposition à laquelle se rattache sans doute l'action spéciale de certains agents toxiques sur l'extrémité termi- nale des nerfs moteurs de la vie animale. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. pathologie ZOOLOGIQUE ET botanique. — De l'influence exercée sur la santé des hommes et sur la végétation par les émanations volcaniques, à Santorin. Note de M. Da Corogna, présentée par M. Cli. Sainte-Claire Deville. (Commissaires : MM. Velpeau, Ch. Sainte-Claire Deville, Duchartre.) « On trouve, dans les relations imprimées ou manuscrites qui nous restent sur les anciennes éruptions de Santorin, des détails fort intéressants relativement à diverses maladies observées à cette époque dans l'île et occa- sionnées par ces éruptions. D'après ces relations, ce sont surtout des con- jonctivites assez intenses, des accidents cérébraux assez sérieux, des suffo- cations et des accidents du côté du tube digestif, qui forment le bilan pathologique de ces différentes éruptions. » L'éruption de 18G6, qui vient de se produire dans la partie méridio- nale de Néa-Kamméni, dans la rade de Santorin, a également donné lieu à certains accidents morbides qui se sont brusquement manifestés, qu'on n'y rencontrait pas auparavant, et qui y sont devenus presque endémiques. » Plusieurs observations recueillies sur les lieux mêmes et rapportées en détail dans mon Mémoire viennent à l'appui de ce que j'avance. » J'ai constaté que les influences morbides ne se manifestaient que dans les rumbs des vents qui apportaient les émanations volcaniques. Dans les parties de l'île qui n'étaient pas atteintes par ces vents, on ne trouvait aucune trace des maladies en question. De plus, selon que les vents s'éle- vaient ou tombaient, on voyait s'aggraver ou s'améliorer l'état hygiénique des lieux situés sur leur parcours. » Les maladies qui ont prédominé sont : des angines, des conjonctivites, des bronchites et des troubles digestifs. Toutes ces maladies, il faut le dire, étaient exemptes d'un pronostic grave. » Ce qu'il y a de remarquable, c'est que les émanations volcaniques ont porté leur action morbide sur les îles plus ou moins éloignée:- de Santorin. C. R., 18C6, 1" Semcsiie. (T. LXII, N« 26.) J 8o ( i38a ) Ainsi, les habitants d'Ios, île située à 3o milles au nord; d'Anaphi, située à l'est à 20 milles environ; et de Sikinos, à 35 milles au nord-ouest, étaient fortement incommodés toutes les fois que la direction du vent les exposait à l'influence volcanique. » Quels sont les produits volcaniques qui ont pu devenir la cause directe des accidents morbides observés à Sanlorin pendant l'éruption? Je pense que c'est aux cendres volcaniques acides et à l'hydrogène sulfuré, répandus en grande abondance sur les différentes localités de Santorin, que ces acci- dents doivent être attribués. Les cendres volcaniques, agissant comme corps étranger et par leur propre acidité, ont donné lieu aux conjoncti- vites. Quant aux angines et aux bronchites, il faut les attribuer à l'action de l'hydrogène sulfuré qui agit surtout sur la muqueuse respiratoire et la muqueuse pharyngo-laryngée. On sait, en effet, que les eaux sulfureuses ont une action spéciale sur les voies respiratoires, que les personnes qui en font usage éprouvent souvent une irritation notable de tout l'appareil respiratoire, pouvant aller jusqu'à l'inflammation et même jusqu'à l'hé- moptysie. Peut-être les cendres acides sont-elles aussi pour une faible part dans l'étiologie de ces maladies. Les troubles digestifs s'expliquent, je crois, également par la présence de l'hydrogène sulfuré, cpii, outre l'action qu'il exerce sur le*système nerveux, exhale une odeur d'œufs pourris qui peut déranger considérablement les fonctions digestives. » L'éruption actuelle de la rade de Santorin a également influencé d'une manière considérable certaines parties de la végétation de l'île. » C'est du 20 au 26 février, bien avant mon arrivée à Santorin, que l'éruption ayant acquis son maximum d'intensité, les premières altérations végélales ont été remarquées. » Les émanations du volcan ont exercé une action morbide sur certains végétaux, particulièrement sur les asphodèles [dsphodelus ramosus) et sur la famille des Liliacées en général. Les Asphodèles, qu'on rencontre en grande quantité sur tous les points de l'île de Santorin, ont été du jour au lende- main modifiées dans leur développement; de fraîches et vigoureuses qu'elles étaient, elles se sont fanées et ont péri presque entièrement. » C'est sur les points élevés, tels que les montagnes de Messavouno et de Saint-Élie, qu'on rencontrait les altérations les plus manifestes. Dans les endroits moins élevés, les altérations existent également, mais elles étaient beaucoup moins étendues. » Pourquoi les Liliacées ont-elles été plus fortement influencées que les autres végétaux? Je suis porté à croire que cela tient uniquement à la ( i383 ) structure délicate de ces plantes, qui les rend beaucoup plus impression- nables et par conséquent plus susceptibles d'être attaquées par les vapeurs malsaines. » On constate sur les feuilles des plantes altérées deux lésions bien distinctes : » Quelqus-unes de ces feuilles, comme l'Académie pourra s'en con- vaincre en jetant les yeux sur les échantillons que j'ai l'honneur de lui présenter, sont parsemées de taches noires, semblables à celles qu'on ren- contre sur les vignes attaquées par l'oïdium. En examinant au microscope des tranches de ces feuilles, on voit que le plus souvent l'altération est superficielle, mais que sur quelques points elle envahit toute l'épaisseur. On n'y trouve pas de champignons, mais il est possible que ces parasites aient été détruits pendant le voyage, soit par le frottement, soit par toute autre cause. u Sur d'autres feuilles on rencontre des taches blanches, transparentes, entourées d'une auréole jaunâtre; à l'examen microscopique, on trouve en ces points la trame parfaitement conservée; on reconnaît très-bien les cellules, les stomates et les vaisseaux; mais on ne voit pas, comme à l'état normal, des granulations dans l'intérieur des cellules. » En lavant les plantes altérées avec de l'eau distillée, on obtient un liquide parfaitement neutre. L'eau provenant du lavage des plantes altérées précipite abondamment par le nitrate d'argent, et le précipité est soluble par l'ammoniaque. Avec l'azotate de baryte, la même eau de lavage ne donne qu'un trouble très-léger. » Quand on évapore cette eau de lavage, on obtient un résidu fixe; ce résidu, desséché à une température voisine du rouge sombre et repris par l'eau distillée, fournit une liqueur qui précipite encore par le nitrate d'ar- gent, et qui donne au chalumeau la réaction des sels de soude. » J'en conclus que les plantes altérées que je possède abandonnent du chlorure de sodium aux eaux de lavage. De plus, je pense que ce sont les filmées du volcan qui ont déposé à la surface des plantes ce chlorure de so- dium, lequel était alors très-probablement accompagné d'une certaine quan- tité d'acide chlorhydrique. Ce qui me confirme dans cette idée, c'est que, après évaporation d'une portion de l'eau de lavage, le résidu, calciné et repris par l'eau distillée, précipite beaucoup moins abondamment par le nitrate d'argent qu'auparavant. J'ajoute qu'en laissant évaporer librement le liquide obtenu par la macération des plantes altérées, et portant le résidu sous le microscope, on reconnaît une grande quantité rie cristaux de chlo- 180.. ( i384 ) rure de sodium et de chlorhydrate d'ammoniaque. Le chlorure de sodium y serait donc arrivé avec l'acide chlorhydrique, qui se serait hientôt trans- formé en chlorhydrate d'ammoniaque en se combinant soit avec l'ammo- niaque provenant de l'altération même de la plante, soit avec l'ammoniaque de l'atmosphère. » Diverses expériences, consignées dans mon Mémoire, viennent à l'ap- pui de l'opinion que j'exprime, à savoir que l'acide chlorhydrique a joué un grand rôle dans les altérations des plantes en question. Et je suis d'au- tant plus porté à admettre cette conclusion que, depuis le commencement du mois de mars, l'intensité volcanique s'étant affaiblie, on ne rencontre plus l'acide chlorhydrique qu'en très-petite quantité; et, bien qu'il se soit encore dégagé des torrents d'acide sulfhydrique, les altérations des plantes n'ont plus continué. » Les émanations volcaniques ont-elles agi d'une manière quelconque sur les vignes, considération si importante pour Santorin, puisque le vin est presque le seul produit de l'île? Les vapeurs volcaniques ne pouvaient nullement nuire au développement des vignes, attendu qu'elles n'avaient pas encore commencé à bourgeonner à l'époque où les altérations des plantes s'étaient montrées. Je crois, au contraire, que l'éruption actuelle peut exercer une action salutaire sur les vignes de Santorin; car il n'est pas probable que les émanations chlorhydriques reparaissent, et, quant aux émanations sulfhydriques, elles pourront peut-être faire disparaître l'oïdium, qui produit tant de ravages dans l'île depuis une dizaine d'années. On convient généralement que c'est le soufre qui a donné jusqu'à présent les meilleurs résultats comme remède à la maladie de la vigne. Or, n'cst-il pas rationnel d'admettre que les émanations sulfhydriques dont l'atmo- sphère est chargée depuis le commencement de l'éruption peuvent, sinon guérir complètement la maladie des vignes, du moins améliorer considéra- blement leur état (i)? Conclusions. » i° L'éruption actuelle de la rade de Santorin a eu une influence mani- feste sur la santé des habitants de cette île. (i) D'après des lettres postérieures, il serait tombé à Santorin des cendres abondantes qui auraient altéré la vigne. Ces cendres seraient acides et très-chargées de sels. Une pluie fine tombée le ?.3 et le 24 mai aurait fait adhérer cette cendre aux feuilles, et aurait surtout con- tribué à rendre les dégâts plus sensibles. Ce phénomène a sans doute été local, et n'a dû avoir qu'une influence secondaire. ( i385 ) » 20 Elle a donné spécialement lien à des conjonctivites, à des angines, k des bronchites et à des troubles digestifs. » 3° Les cendres acides ont été la cause directe des conjonctivites, tandis que c'est surtout à l'acide sulfhydriqne que doivent être attribués les antres accidents morbides. » 4° Les plantes ont également souffert de l'éruption actuelle, et princi- palement celles de la famille des Liliacées. » 5° C'est l'acide cblorhydrique qui a probablement, au début de l'é- ruption, produit les altérations végétales. » 6° Les émanations sulfhydriques paraissent, au contraire, avoir exercé une action salutaire sur la maladie de la vigne; elles pourraient avoir pour effet de détruire l'oïdium. » M. Persoxnat adresse deux brocbures relatives au «Ver à soie du Cbéne », et exprime le désir que son travail, qui se recommande, dit-il, par la dif- ficulté et la nouveauté des observations, puisse concourir pour l'un des prix décernés par l'Académie. (Renvoi à la Commission du prix Thore.) M. Laillier adresse une Lettre relative au nouveau mode de récolte de l'opium indigène qui a déjà été communiqué par lui le ao octobre 1 865. (Renvoi à la Commission du prix Barbier.) M. Ziegler adresse de Philadelphie une Lettre écrite en anglais, et rela- tive aux propriétés médicales attribuées par lui au protoxyde d'azote. Ce gaz aurait, selon M. Ziegler, la propriété de prévenir ou de guérir, non- seulement le choléra, mais aussi un grand nombre d'autres maladies, et ne serait surpassé ou égalé en efficacité par aucun autre agent connu. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) M. Vinci adresse une communication relative au choléra. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) ( i386 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Instruction publique adresse l'ampliation d'un décret impérial, en date du 1 3 juin 1866, autorisant l'Académie des Sciences à ac- cepter, aux clauses et conditions imposées, le legs fait par M. Plumey [Jean- Bapliste-Marie), suivant son testament olographe en date du 10 juillet i85g, et consistant « en vingt-cinq actions de la Banque de France, pour les divi- » dendes être employés chaque année (s'il y a lieu) en un prix à l'auteur » du perfectionnement des machines à vapeur ou de toute autre invention » qui (au jugement de l'Académie) aura le plus contribué au progrès de » la navigation à vapeur. » M. le Ministre de l'Instruction publique autorise l'Académie à employer, conformément à sa demande, diverses sommes provenant de l'exercice de 1 865, pour subvenir aux frais d'impression de ses Mémoires. M. le Maire de la ville de Nice adresse ses remerciments à l'Académie pour le don qu'elle vient de faire à la Bibliothèque de cette ville des vo- lumes I à L des Comptes rendus. GÉOMÉTlilE. — Sur le déplacement continu d'un corps solide; nouvelle méthode pour délei miner les normales aux lignes ou surfaces décrites pendant ce dé- placement Note de M. Mannueim, présentée par M. Chasles. « 1. Tout déplacement infiniment petit d'une figure plane dans son plan est une rotation autour du centre instantané de rotation. » 2. De cette proposition on déduit immédiatement que : Les normales aux trajectoires des différents points d'une figure cpie l'on déplace d'une ma- nière continue dans son plan passent toutes, à un instant quelconque du déplace- ment, par un même point. » De là résulte une méthode que M. Chasles a fait connaître, pour dé- terminer les normales aux courbes décrites pendant le déplacement continu d'une figure de forme invariable. » 3. Je me suis proposé de faire, pour le cas du déplacement continu d'un corps solide, ce que M. Chasles a fait pour le déplacement d'une figure plane. « C'est le résultat d'une partie de mes recherches sur cet objet (pie j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie. ( i387 ) » 4. On sait que : Tout déplacement infiniment petit d'un corps solide est un déplacement hélicoïdal autour de l'axe instantané de rotation glissant; et le problème consiste à trouver la dépendance entre cet axe et les trajectoires des points du solide. Pour arriver à formuler cette dépendance, qui ne s'aperçoit pas immédiatement, il suffit de combiner la propriété qui vient d'être rappelée avec la suivante : » Les plans normaux aux trajectoires de tous les points d'un plan cpie l'on déplace d'une manière continue passent, à un instant quelconque du déplace- ment, par un point de ce plan (i). » 5. On arrive ainsi à cet énoncé : » THÉOKÈME FONDAMENTAL. — Si l'on mène, parallèlement à un plan fixe arbitraire, les normales aux trajectoires des différents points d'un corps solide que l'on déplace d'une manière continue, ces normales s'appuient, à un instant quelconque du déplacement, sur une même droite parallèle à l'axe du dépla- cement. » Cette droite passe par le foyer du plan arbitraire supposé entraîné : je l'appellerai V adjointe de ce plan. » On remarquera que, dans cette manière d'exprimer la liaison entre les normales aux courbes décrites pendant le déplacement d'un solide, l'axe du déplacement n'intervient que par sa direction. » 6. Ce théorème a des conséquences nombreuses ; quelques-unes suffi- ront, je l'espère, pour en montrer l'importance. » Considérons dans un corps solide les points qui sont situés sur des droites parallèles entre elles, et appliquons le théorème fondamental en prenant pour plan fixe un plan (P) perpendiculaire à tontes ces droites. Par suite de cette position particulière de (P), les normales, parallèles à ce plan, aux trajectoires des points de ces droites sont perpendiculaires aux droites mêmes ; elles sont donc aussi les normales aux surfaces gauches engendrées par ces lignes. Nous pouvons donc dire : » Des droites A, B, C,. . . , parallèles entre elles, liées d'une manière inva- (i) C'est par l'énoncé de cette propriété que M. Chastes commence son beau Mémoire sui- tes Propriétés géométriques relatives au mouvement infiniment petit d'un corps solide libre dans l'espace [Comptes rendus, 26 juin 184}). Il donne le nom de foyer au point du plan mobile par lequel passent les plans normaux des trajectoires des points de ce plan. Il désigne sous le nom de caractéristique la droite suivant laquelle le plan mobile touche son enveloppe. Cette enveloppe est une développable que M. Chasles appelle développable trajectoire. J'adop- terai, dans ce qui va suivre, toutes ces expressions, et, pour faciliter le langage, je dirai simplement {'axe du déplacement, au lieu de Y axe instantané de rotation glissant. ( i388 ) riable cl entraînées dans te même déplacement continu, engendrent des surfaces gauches qui jouissent de cette propriété : à un instant quelconque du déplace- ment, les normales à ces surfaces issues des points de A, B, C, . . . s"1 appuient sur une même droite, l'adjointe du plan perpendiculaire à A, B, C, . . . . » 7. On sait que les normales issues de tous les points d'une génératrice d'une surface gauche appartiennent à un paraboloïde hyperbolique. D'après cela, le théorème précédent peut s'énoncer ainsi : » Des droites A, B, C, ... parallèles entre elles, liées d'une manière inva- riable et entraînées dans le même déplacement continu, engendrent des sinfaces gauches qui jouissent de cette propriété : à un instant quelconque du déplacement, les paraboldid.es des normales de toutes ces surfaces ont une génératrice commune. » 8. Considérons maintenant une surface cylindrique ; pendant son dé- placement continu elle enveloppe une surface qui la touche suivant une certaine courbe : les trajectoires de chacun des points de cette courbe sont tangentes à la surface cylindrique. Par suite : » Une surface cylindrique, déplacée d'une manière continue, est, à un instant quelconque du déplacement, touchée par son enveloppe, suivant une ligne qui jouit de cette propriété : les normales à la surface cylindrique issues de tous les îioinls de cette ligne s'appuient sur une même 'droite, qui est l'adjointe du plan perpendiculaire aux génératrices du cylindre. » 9. En particulier : Des plans parallèles à une droite et liés entre eux d'une manière invariable sont entraînés dans le même déplacement ; à un in- stant quelconque de ce déplacement, les plans normaux aux développâmes tra- jectoires de ces plans, menés respectivement par les caractéristiques de ceux-ci, passent par une même droite, l'adjointe du plan perpendiculaire à tous les plans entraînés. » 10. Ce théorème, appliqué à des plans passant par une même droite R, montre que réciproquement les caractéristiques de ces plans sont les pro- jections d'une même ligne L, adjointe du plan perpendiculaire à R. On peut donc dire que ces caractéristiques appartiennent à la surface lieu de l'arête du dièdre droit mobile dont les faces passent constamment par les deux droites R et L. Ce lieu est un hyperboloïde; nous retrouvons ainsi ce théorème de M. Chasles : « Quand plusieurs plans passent par une même droite, leurs caractéristiques » forment un hyperboloïde à une nappe. » » Mais nous voyons de plus, par la génération même de cet hyperbo- loïde, qu'il est particulier, puisqu'il eu résulte que ses sections circulaires ( ï33g ) sont respectivement perpendiculaires à deux de ses génératrices. Nous pouvons dire aussi : Lorsque des faisceaux de plans sont entraînés dans le même déplacement, chacun d'eux donne lieu à un hjperboloule ; l'un des systèmes de sections circulaires de tous ces liyperboloïdes est perpendiculaire à l'axe du déplacement. » 11. Nous avons considéré d'abord des droites parallèles entre elles, puis des plans parallèles à une même droite. Si l'on prend simultanément dans un corps solide des droites et des plans parallèles à une même droite, on aura, en vertu du théorème fondamental, une seule droite, adjointe du plan à la fois perpendiculaire à toutes les lignes et à tous les plans entraînés. Cette remarque est très-utile, comme nous allons le voir dans l'applica- tion que je vais faire des théorèmes précédents. » 12. Un trièdre de grandeur invariable se déplace suivant des conditions données; on demande de construire : i° les caractéristiques de ses J 'aces; 2° le plan tangent en un point quelconque de la surface lieu d'une de ses arêtes; 3° la tangente à la trajectoire d'un point quelconque. » Désignons par (A), (B), (C) les trois faces du trièdre. Pour définir son déplacement, nous dirons, par exemple, que ces faces touchent trois sur- faces données, deux de ces surfaces étant touchées respectivement par(A),(B) en des points situés sur deux courbes [a), [b) données. » Appelons a, b, c les points de contact de (A), (B), (C), à un instant quelconque du déplacement, avec les trois surfaces données, a et b appar- tenant aux courbes (a), (b). La caractéristique de (A) est la tangente conju- guée en a à la tangente de (a); de même pour (B). Appelons u et fi ces deux caractéristiques, et construisons la caractéristique y de (C). » Les plans normaux à (A) et (B) menés par a et ]3 se coupent suivant une droite L, parallèle à l'axe du déplacement. Menons la normale en c à la surface qui contient ce point, et prenons la trace de cette droite sur le plan normal à (B) qui contient |3. En menant de cette trace une droite M parallèle à L, on a une ligne qu'il suffit de projeter sur (C) pour avoir la caractéristique y de cette face. La tangente en c, au lieu [c) des points de contact analogues à celui-ci, n'est autre que la tangente conjuguée de la ligne que nous venons de déterminer. » Cherchons le plan tangent en un point quelconque cl de l'intersection D des faces (A), (B) à la surface engendrée par cette ligne. La droite L, étant l'adjointe du plan perpendiculaire à D, est rencontrée par les normales à la surface gauche considérée. Pour avoir le plan tangent en d, il suffit donc de mener par D un plan perpendiculaire au plan de d et de L. C. R.,i866, Ier Semestre. (T. IA1I,N° 26.) I 8 I ( i39° ) » Enfin, pour construire la tangente à la trajectoire d'un point quel- conque s entraîné dans le déplacement du trièdre, on mène par ce point un plan perpendiculaire à l'intersection D des faces (A), (B) : ce plan rencontre L en un certain point, la ligne qui le joint au point s est nor- male à la trajectoire de s. On opère ensuite de même au moyeu de la droite M. On a ainsi deux normales qui définissent le plan normal, et par suite on a la tangente cherchée. » 13. On voit, par cette application, que clans la méthode des normales qui résulte de mon théorème fondamental, il n'est pas question de l'axe du déplacement. Cet axe ne joue donc pas dans l'espace un rôle analogue an centre instantané sur le plan. » 14-. Si néanmoins on veut construire cet axe de déplacement, il suffit de remarquer qu'il est l'adjointe du plan perpendiculaire à sa direc- tion. Nous avons dit que l'adjointe L d'un plan (P) passe par le foyer de ce plan. Par ce point, on mènera un plan perpendiculaire à L: la trace de ce plan sur (P) rencontrera l'axe du déplacement à angle droit. Si l'on a les adjointes de deux plans, on obtiendra ainsi deux droites dont la perpendi- culaire commune est l'axe du déplacement ( i ). » HiSTOiiŒ naturelle. — Sur la reproduction et l'embryogénie des Pucerons. Troisième Note de M. Balbiam, présentée par M. Ch. Robin. (Extrait par l'auteur.) « Après avoir exposé, dans mes deux communications précédentes, les phénomènes qu'offrent dans leur reproduction et leur développement les Pucerons vivipares (Curn/iles rendus du l\ et du 11 juin), je vais aborder l'examen des mêmes faits chez les Pucerons ovipares, lesquels représentent la dernière génération issue des individus précédents vers la fin de l'année, ('-elle génération automnale se compose, comme on sait, de mâles et de fe- melles qui s'accouplent entre eux, après quoi les femelles pondent des oeufs qui passent l'hiver et n'éclosent qu'au printemps suivant. » Les Pucerons ovipares se forment dans des conditions exactement serio- ( i ) M. Poncelet a construit l'axe du déplacement, connaissant les vitesses île trois points d'un corps solide en mouvement. M. Chasles a construit l'axe du déplacement, connaissant les trajectoires de trois points du corps solide que l'on déplace. Dans les conditions qui dé- finissent le déplacement du trièdre de notre application, ou ne donne la trajectoire d'au- cun point. ( i39i ) blables à celles qui ont présidé au développement des vivipares. Non-seu- lement l'embryon prend naissance dans un ovule qui ne diffère en rien de ceux d'où proviennent ces derniers; mais tout ce que j'ai dit relativement aux premières modifications de. l'œuf, à la formation du blastoderme et de l'embryon, à la production des éléments générateurs mâles et femelles, leur est entièrement applicable. 11 en résulte que ces animaux, qui, après leur naissance, donneront les signes les plus manifestes de la séparation des sexes, se présentent, pendant une grande partie de leur vie embryonnaire, comme des êtres réellement hermaphrodites qu'il serait impossible de dis- tinguer de leurs congénères ovipares. Ce n'est que lorsque le développe- ment est déjà parvenu à une période assez avancée que se manifestent les premières tendances à la séparation des sexes. Comment s'effectue cette séparation ? C'est ce que nous allons examiner actuellement. » De tous les moyens propres à atteindre ce but dont la nature dispose, le plus simple évidemment serait de frapper d'atrophie l'un des deux appa- reils sexuels, l'autre continuant à se développer normalement. Mais ce n'est pas ainsi que les choses se passent. L'appareil mâle ne disparaît point et se retrouve, après la naissance, chez les individus des deux sexes, avec des ca- ractères qui ne diffèrent presque pas de ceux qu'il présentait chez les Pu- cerons vivipares (i). Toutes les transformations portent donc uniquement sur l'appareil femelle, lequel, suivant le sexe que doit revêtir l'embryon, conserve son caractère primitif en le développant, ou se modifie de manière à devenir un véritable testicule. » Les changements que subit cet organe pour devenir un ovaire bien caractérisé, tel que nous le rencontrons chez la femelle parvenue à l'âge adulte, se réduisent à un simple accroissement de toutes ses parties, la forme et la disposition des éléments n'offrant aucune différence fondamentale avec celles qu'elles présentent chez les individus vivipares. On y reconnaît alors de la manière la plus évidente le mode de groupement des cellules dans la chambre ovarique tel que je l'ai décrit chez ces derniers. » Lorsque, an contraire, l'élément femelle de l'appareil hermaphrodite embryonnaire est destiné à devenir un testicule, les petits amas cellulaires, entourés d'une enveloppe propre, qui le constituent, se transforment en au- (i) J'aurai à m'expliquer, dans une autre occasion, sur la nature de cet organe embryon- naire mâle qu'il ne faut pas cou tondre avec un testicule ordinaire. J'en ai retrouvé l'analogue chez plusieurs autres animaux que les phénomènes de leur reproduction, environnés jus- qu'ici d'obscurité, ont fait classer parmi les espèces qui se propagent par parthénogenèse. i H i . . ( ,392 ) tant de capsules ou follicules fusiformes, renfermant des masses arrondies composées de nombreuses petites cellules qui ne sont autre chose que les éléments de développement des spermatozoïdes du mâle. Chez l'embryon, ces capsules forment d'abord deux groupes symétriquement placés dans les deux moitiés du corps; mais, après la naissance, ils se confondent en un groupe unique par leur coalescence sur la ligne médiane. Au moment de la reproduction, on trouve ces capsules remplies de longs spermatozoïdes fili- formes disposés en faisceaux parallèles comme chez les autres insectes. » J'ai dit plus haut que l'organe embryonnaire mâle se retrouvait presque sans aucune modification chez les individus des deux sexes après la nais- sance. Il est facile, en effet, de s'assurer qu'il en est ainsi, par l'existence des deux cordons cellûleux, colorés en vert chez la plupart des espèces, que l'on retrouve, avec la même disposition qu'ils offraient chez les individus vivipares, aussi bien chez les femelles que chez les mâles, c'est-à-dire à la partie interne des ovaires chez les premières, et des testicules chez les se- conds. La persistance de cet élément chez des animaux où la répartition des fonctions sexuelles sur des individus différents se montre d'une manière aussi évidente, ne paraît, au premier abord, pouvoir être justifiée que par cette tendance familière à la nature de conserver une partie alors même qu'elle n'est d'aucun usage pour l'organisme et uniquement pour rappeler une condition typique ou primitive. Il est en effet difficile d'interpréter au- trement sa conservation chez le mâle, où il semble faire double emploi avec le testicule bien développé de ce dernier; mais chez la femelle il en est au- trement, et nous verrons, en parlant du développement de l'œuf, que sa présence chez celle-ci a une signification beaucoup plus importante. » Les conditions qui influent sur la détermination des sexes chez les Pu- cerons sont probablement du même ordre que celles qui agissent d'une ma- nière plus générale pour amener un changement dans leur mode de propa- gation, c'est-à-dire qu'elles sont vraisemblablement sous la dépendance des phénomènes de nutrition chez ces insectes. Les observations suivantes vien- nent à l'appui de cette manière de voir : » Au moment où commencent à se produire les générations dioïques, on remarque que ce sont presque exclusivement des femelles qui sont d'abord engendrées, tandis que les mâles sont encore relativement assez rares. Mais bientôt ceux-ci deviennent de plus en plus nombreux, et finissent même, dans les derniers temps, par être produits en plus grande abondance que les individus femelles. Une même mère hermaphrodite peut d'ailleurs ren- fermer à la fois des embryons de l'un et de l'autre sexe, se succédant sans ( i393 ) ordre apparent dans l'intérieur de ses gaines ovariques. Une observation curieuse est la différence de coloration des embryons mâles et des embryons femelles dans une même espèce. Ces derniers seuls offrent une couleur qui rappelle celle de leur mère; c'est ainsi, par exemple, que dans une espèce où les individus vivipares sont bruns, les femelles ovipares sont également brunes, tandis que les mâles sont constamment verts («), et réciproquement. Cette différence de couleur est due aux globules huileux qui remplissent les cellules du corps graisseux, et se trouve sans doute liée à une composition chimique différente des fluides nourriciers chez les embryons des deux sexes. » Après cet exposé sommaire des phénomènes embryogéniques relatifs à la détermination des sexes chez les Pucerons, il me reste, pour avoir par- couru tout le cycle reproducteur de ces animaux, à décrire brièvement ce que j'ai pu observer du développement de l'œuf destiné à reproduire les générations vivipares par lesquelles nous avons commencé cette élude. Malgré les différences considérables que présente, sous le rapport de sa constitution élémentaire et des conditions de son développement, l'œuf volumineux des Pucerons ovipares comparé au petit ovule des individus vivipares, il n'en existe pas moins une analogie frappante dans les phéno- mènes dont ils sont l'un et l'autre le siège. Bien que l'embryon ne com- mence à se former dans le premier qu'après qu'il a été fécondé par le mâle et mis au monde par la ponte, il offre cependant, quoique renfermé encore dans l'ovaire, des phénomènes qui indiquent que le travail génésique s'est déjà éveillé dans son intérieur. On remarque, en effet, au pôle postérieur de cet œuf, une masse arrondie composée d'un groupe de petites cellules pâles et peu visibles, renfermées dans une enveloppe commune, mais qui deviennent de plus en plus apparentes à mesure que l'œuf approche du terme de sa maturité. A ce moment, il est impossible de méconnaître dans ces éléments les analogues des cellules spermatiques dont j'ai décrit le mode de formation en parlant du développement des Pucerons vivipares. Ces cellules offrent effectivement tous les caractères, et jusqu'à la colora- tion verte, due à de nombreuses petites granulations pigmentaires, que j'ai signalés chez ces derniers, et l'on peut même aussi y reconnaître déjà les pe- tites cellules filles d'où se développeront plus tard les corpuscules séminaux. Ces faits indiquent évidemment que l'œuf a subi déjà dans l'intérieur de l'ovaire une première fécondation à laquelle le mâle est demeuré complé- (i) Au moins à l'état d'embryon et de larve; le mâle adulte est presque toujours noirâtre. ( '394 ) toment étranger, et dont l'effet reste borné à la production des éléments générateurs du futur animal. Or, les agents de cette fécondation ne sont autres que les corpuscules séminaux développés dans l'appareil hermaphro- dite de l'embryon, et qui de celui-ci se sont transmis à la femelle adulte. » Après la fécondation par le mâle et la ponte qui lui succède commence le travail embryogénique proprement dit. Le blastoderme apparaît sous la forme d'une couche continue de cellules entourant toute la surface de l'œuf. Ce blastoderme s'ouvre largement à sa partie postérieure, et la masse des cellules spermatiques pénètre vers le milieu du vitellus. Un large canal, qui du pôle postérieur s'étend jusqu'au centre de l'oeuf, marque pendant quelque temps encore ce passage, puis l'ouverture du blastoderme se re- ferme et les parois du canal s'effacent. Mais, malheureusement, l'œuf qui, pendant que ces phénomènes se passent, a pris à son pôle antérieur une teinte de plus en plus foncée, due à la coloration du chorion, se couvre bientôt d'une extrémité à l'autre comme d'un voile noirâtre qui dérobe aux yeux la suite des phénomènes embryogéniques qui se passent dans son in- térieur. » M. Ch. Sainte-Claire Deville communique les extraits suivants de deux Lettres, l'une de M. Delenda, l'autre du R. P. Hyperl, lazariste, rela- tives à la continuation des phénomènes érupt ifs dans l'île de Santorin. Extrait d'une Lettre de M. Delenda. « 29 mai 1866. » ... J'ai le bonheur1 de vous annoncer la naissance de deux nouveaux îlots situés entre Aphroéssa et Palsea-Kamméni ; ils se trouvent à une distance l'un de l'autre de i5 mètres environ. Ces îlots augmentent de 1 mètre par jour. Ils se forment avec une symétrie en quelque sorte mathématique : leurs pierres se placent avec une disposition, un ordre parfait; ces pierres sont très-lourdes et ressemblent à du charbon de terre; leur lave est plus compacte. Sur ces récifs on trouve des plantes et des coquilles. Tout près de ces deux nouvelles productions volcaniques on aperçoit, de la barque, le fond de la mer. Pas de fumée ni de feu sur ces deux récifs. La mer y est Iroide. En d'autres termes, ces deux îlots sont nés et croissent avec une tranquillité parfaite. Les géologues allemands baptisèrent les deux nou- veaux îlots du nom à'îlots de mai, parce qu'ils ont apparu pendant le beau mois de mai. » Entre Aphroéssa et Diapori, il n'y a plus que 5o brasses de profondeur, ( <%5 ) tandis qu'autrefois le fond de la nier se trouvait à plus de 100 brasses. Entre Aphroëssa et Palpea-Kamméni, 18 brasses; la température de cet endroit est de 5o degrés centigrades. A l'entrée du port Saint-Georges, le fond mari- time était, la semaine dernière, de 25 brasses de profondeur; aujourd'hui il n'est que de 4 brasses... » Extrait de la Lettre du R. P. Hypeut. 0 3o mai 18G6. » Le 19 mai, à 6 heures du soir, entre la pointe de Georges et d'Aphroëssa, il est sorti du fond de la mer une île qui porte le nom de Mai. Elle est presque aussi longue que la coulée de lave de la Palaia-Camméni. Elle ne touche par aucun côté aux autres îles avoisinantes. » Le 22 mai, M. de Cigalla se trouvant ce jour-là au volcan, a vu deux autres îles, dont l'une est située entre Aphroëssa et Palaia-Camméni, vis-à- vis de l'église Saint-Nicolas ; l'autre est sortie dans le port Saint-Georges. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les gîtes bitumineux de la Judée et de la Cœlé- Syric, et sur le mode d'arrivée de l'asphalte au milieu des eaux de la mer Morte, Note de M. Louis Lartet, présentée par M. Daubrée. « Les traditions anciennes relatives à l'apparition du bitume à la surface de la mer Morte témoignent de la liaison évidente de ce phénomène avec l'activité persistante des forces internes du globe qui ont successivement amené clans cette région, à la suite de dislocations profondes au milieu des terrains crétacés et nummulitiques, l'émission de coulées volcaniques et de sources thermales. De nos jours, quelques voyageurs avantagés par la connaissance de la langue arabe, comme l'était le missionnaire américain Smith, ont pu obtenir des tribus stationnées actuellement dans cette région des renseignements assez conformes sur l'arrivée plus récente du bitume au sein de ces mêmes eaux de la mer Morte. Il en résulterait que l'ap- parition de cette substance aurait toujours été précédée de commotions souterraines. Ainsi, après le tremblement de terre de 1 834, on Vli s'échouer à l'extrémité méridionale de cette mer une masse considérable de bitume; les Arabes en détachèrent environ U20 quintaux dont ils tirèrent grand profit. » En 1837, lors d'un autre tremblement de terre qui détruisit en grande partie la ville de Tibériade et fit périr plus de 6 000 habitants de celte con- trée, les secousses, très-violentes, se manifestèrent dans le sens du grand ( i39(3 ) axe de dislocation du bassin; de nouvelles sources chaudes jaillirent près de Tibériade, et, peu de jours après, les Arabes virent flotter sur la mer Morte une île d'asphalte qu'ils s'empressèrent d'exploiter et dont ils ven- dirent pour 16000 francs, au bazar de Jérusalem, à raison de 100 francs le quintal. » C'est seulement le long du rivage occidental de la mer Morte que l'on rencontre des gîtes bitumineux d'une certaine importance. On sait que Strabon avait mentionné l'existence, aux environs de Masada, de rochers distillant de la poix. Nous croyons avoir retrouvé les gisements auxquels faisait allusion le géographe grec : d'abord, dans le ravin, au sud de la colline de Sebbeh dont le sommet est couronné par les ruines de l'ancienne Masada. On rencontre là des calcaires dolomitiques, dont les nombreuses cavités sont en partie remplies d'asphalte qui, après y avoir été introduit à l'état fluide, s'y est graduellement solidifié, de façon à donner à la roche l'aspect d'une véritable brèche asphaltique. Plus au sud, et tout près des gîtes de sel gemme et de gypse du Djebel-Usdom, en remontant d'environ 3oo mètres le Wady Mahawat, on retrouve les mêmes calcaires crétacés fortement imprégnés de bitume qui découle de leurs fissures et reSombe parfois sous forme de stalactites d'asphalte (1). Sur certains points, le bi- tume a cimenté les alluvions anciennes adossées à ces calcaires, et en a fait de véritables poudingues à ciment bitumineux, et dont les parties désagré- gées sont entraînées par les eaux torrentielles vers la mer Morte. » Au nord de Masada, on trouve des traces d'émanations bitumineuses au RasMersed. Enfin, c'est au Nebi-Musa, à l'extrémité nord-ouest du lac, que se montrent les gîtes les plus considérables de calcaires bitumineux où des fossiles crétacés tels que des inocérames, des débris d'oursins et de peignes, etc., se trouvent associés à des restes de poissons fossiles. Ce cal- caire contient jusqu'à i5 pour 100 de bitume, et les couches crétacées qui ont subi cette imprégnation renferment aussi, dans le voisinage, du sel, des veinules de gypse ainsi que des traces de magnésie. Il brûle facilement; aussi les Arabes, qui le connaissent sous le nom de Hajai-Mnsa (pierre de Moïse) s'en servent-ils pour éclairer leurs campements. Les chrétiens de Bethléem en font des emblèmes de piété qu'ils vendent, sous le nom de pierre de la mer Morte, aux nombreux pèlerins qu'attirent, chaque année, à Jérusalem, les solennités de la semaine sainte. (1) Je me fais un devoir de rappeler que la présence du bitume sur ce point m'avait éle signalée par le révérend M. Tristram, qui avait exploré ce wady avant moi. ( '397 ) » Dans la vallée du Jourdain, il existe au même niveau d'autres gisements de calcaire bitumineux : tels sont, sans doute, ceux de Tibériade d'où jail- liraient, d'après le révérend Hebard, les sources cbaudes de Hammam, et dont nous n'avons pu vérifier la situation. A Uasbeya, près des sources du fleuve, le bitume se montre, comme au Nebi-Musa, dans les calcaires à pois- sons fossiles, mais il s'y trouve en moins grande abondance, et cependant c'est le seul gîte où l'on ait tenté, au temps de la conquête égyptienne, une exploitation régnlière de l'asphalte, au moyen de puits peu profonds par lesquels on allait à la rencontre d'une couche assez riche dont nous avons trouvé des débris sur les bords de ces puits. » Outre cette série de gisements du bitume qui s'échelonnent ainsi le long de l'axe de dislocation du bassin, tant sur le bord occidental de la mer Morte qu'en remontant le cours du Jourdain, nous en avons retrouvé des traces assez considérables encore, au même niveau géologique, dans les cal- caires à inocéramesdeKhalwet, dans l'Anti-Liban, entre Hasbeya etRascheya, et même jusqu'aux approches de Damas; mais l'alignement de ces derniers gîtes de bitume s'écarte sensiblement de la direction de l'axe du bassin de la mer Morte pour longer la chaîne de l'Anti-Liban et se diriger vers les gîtes analogues de la Mésopotamie et de la Perse, comme s'ils devaient servir à relier ces derniers à la longue série d'émanations bitumineuses passant par la mer Morte, la pointe du Sinaï et la montagne de l'Huile, en Egypte. » On s'est beaucoup préoccupé de l'origine des fragments d'asphalte que la mer Morte rejette sur les bords et, à raison de son analogie avec celui de Hasbeya, on a pensé qu'il avait été apporté de ce point à la mer Morte par les eaux du Jourdain, oubliant ainsi que si l'asphalte est plus léger que l'eau de la mer Morte, il est bien plus lourd que celle du Jourdain, et que, d'ail- leurs, ce dernier fleuve en aurait dû déposer sur ses bords dans le cours d'un si long trajet. On a aussi cru qu'il s'accumulait au fond de la mer Moite de vastes nappes de bitume qui finissaient par se durcir, se détachaient et remontaient à la surface. Cette hypothèse n'est nullement justifiée par les résultats des nombreux sondages effectués tant par l'expédition améri- caine que par celle de M. le duc de Luynes dont nous avons eu l'honneur de faire partie. Enfin, le Dr Anderson avait eu l'idée que, sous le gisement bitumineux du TNebi-Musa, il existait des couches considérables d'asphalte intercalées au milieu des calcaires et dont les affleurements prolongés jus- qu'au fond de la mer Morte céderaient à l'action érosive des eaux les nom- breux débris de cette substance que les voyageurs viennent ramasser sur ses C. R., iSGG, Ier Semestre. (T. LXII, N» 26.) ' $2 ( '398 ) bords. Cette opinion ne nous paraît pas pins admissible que les précédentes. Nous ne voyons pas d'ailleurs pourquoi les fragments de bitume dispersés sur le rivage et dont on ne retrouve pas de trace an milieu des alluvions anciennes et des anciens dépôts de la mer Morte, ne proviendraient pas, en partie, des débris de ces îles flottantes d'asphalte qui ont apparu, de temps à autre, à la surface de la mer Morte, comme aussi peut-être de la désagré- gation des roches bitumineuses que les eaux du Watly Mahawat et celles du Wady Sebbeh entraînent, dans certaines saisons, à la mer Morte. » Quant à l'arrivée même des émanations bitumineuses au sein de la mer Morte ou sur ses bords, ainsi que le long de la vallée du Jourdain, nous croyons qu'elle se rattache à l'existence d'un système de sources thermales, salines et bitumineuses, lesquelles sont réparties le long de l'axe de disloca- tion du bassin. Cette conviction s'appuierait : i° sur l'alignement des gîtes bitumineux le long du même axe sur lequel se trouvent encore les rares représentants de ces sources qui durent être en rapport avec les phéno- mènes volcaniques aujourd'hui éteints dans cette contrée; i° sur la pré- sence, vérifiée par M. Hebard, du bitume dans les calcaires d'où émergent les sources thermales et salines de Tibériade, dans lesquelles le Dr Anderson a trouvé le brome associé à une matière organique (i); 3° enfin, sur les analyses même de l'eau de la mer Morte, qui, d'après M. Terreil, renferme- rait une matière organique fournissant l'odeur caractéristique des bitumes, et qui serait surtout abondante dans le voisinage du Ras Mersed, où se font sentir les odeurs d'hydrogène sulfuré remarquées par tous les voyageurs et signalées par Strabon comme précédant l'apparition du bitume. » Comme au Ras Mersed le bitume a pénétré dans les fissures du calcaire du rivage et qu'on le retrouve dans des dépôts salins, dans une petite grotte très-iapprochée de ce point, tout porte à croire qu'il existerait encore dans le voisinage une de ces sources sous-marines auxquelles fut due sans doute, autrefois, l'émission de ces masses considérables de bitume et qui, aujour- d'hui, se bornerait à entretenir dans l'eau avoisinant son point d'émission un richesse exceptionnelle en bitume, en chlorures et en bromures, et à y déterminer un dégagement d'hydrogène sulfuré. » En exposant ainsi les raisons qui portent à croire que le bitume a été (i) Celte source présenterait de frappantes analogies avec d'autres sources bitumineuses et broraurées telles que celle de Soultz-sous-Foréts, par exemple, où les bromures, les chlorures et le bitume se trouvent associés, ainsi que l'a montré M. Daubrée, Description géologique et minéralogique dit Bas-Rhin. ( l399 ) apporté par des sources thermales et salines et qu'il a dû imprégner les cal- caires dans lesquels on le rencontre, postérieurement à leur dépôt, nous n'entendons pas pour cela décider la question de savoir si ce bitume a été amené directement des profondeurs, ou bien si les eaux chaudes dont nous venons de parler n'ont pas pu rencontrer sur leur passage des couches charbonneuses sur lesquelles elles auraient réagi. On sait qu'il existe dans le Liban, dans le système des grès inférieurs aux assises crétacées qui ont subi les imprégnations bitumineuses dont nous venons de parler, des amas considérables fie lignites, dont les analogues pourraient bien exister dans l'Anti-Liban et près de la mer Morte. Dans cette hypothèse, que viendrait appuyer l'observation faite par le Dr Anderson de traces de végétaux dans l'asphalte de la mer Morte, des eaux chaudes auraient pu extraire de ces lignites leurs produits hydrocarbures, absolument comme, M. Daubrée a pu en réaliser Ja démonstration dans les belles expériences qui se rattachent à ses recherches sur le métamorphisme. » Quoi qu'il en soit, remarquons ici encore une nouvelle confirmation de la loi de l'association des gîtes de bitume avec le sel, le gypse, les sources thermales et les phénomènes volcaniques. » MINÉRALOGIE. — Analyse de la roche formant la nouvelle île de Santorin. Note de M. A. Terreil, présentée par M. Daubrée. « J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie l'analyse de la roche com- posant la nouvelle île qui a surgi du sein des eaux à Santorin. Cette ana- lyse a été faite sur un échantillon que M. le capitaine Simon, commandant la station navale du Levant, a recueilli, et que S. Exe. M. le Ministre de la Marine a voulu offrir au Muséum, il y a deux mois. » La roche de Santorin est d'un brun noir; elle contient de nombreuses lamelles blanches, transparentes, d'un éclat vitreux; quelques-unes de ces lamelles paraissent avoir une forme prismatique bien nette; il est très-dif- ficile de les isoler de la masse. » On distingue aussi dans quelques parties de la roche des grains vitreux, de couleur verdâtre, ressemblant beaucoup à du péridot ; ces grains vitreux sont assez rares, et il est impossible de les isoler pour en faire une analyse spéciale. » La cassure de la roche de Santorin est pierreuse, un peu luisante; sa poussière est grisâtre; elle raye le verre, mais elle ne raye point le quartz. 182.. ( i4°o ) La densité de la roche prise en masse a été trouvée égale à 2,295, et celle de la roche réduite en poudre égale à 2,594. » Au chalumeau, la roche de Santorin chauffée seule dans le tube bou- ché dégage l'odeur d'une matière organique azotée que l'on grille, et elle produit en même temps des vapeurs qui bleuissent le papier de tournesol rougi ; chauffée seule à l'extrémité de la "pince à bouts de platine, elle co- lore la flamme en jaune; elle est assez fusible et donne un verre transparent d'un blanc verdâtre. La partie blanche et lamellaire de la roche isolée fond également avec facilité, en donnant un verre transparent tout à fait incolore. » Les essais faits au chalumeau pour constater dans cette roche la pré- sence du fluor, du soufre, du phosphore et du bore, n'ont donné que des résultats négatifs, résultats qui ont été confirmés par l'analyse par voie humide. » Lorsqu'on soumet au spectroscope le résidu du traitement de la roche par l'acide fluorhydrique , on y constate de la manière la plus nette la pré- sence de la lithine et l'absence complète du cœsium et du rubidium. » La roche de Santorin ne cède rien à l'eau. L'acide chlorhydrique bouillant l'attaque très-difficilement sans faire gelée, lors même qu'elle est réduite en poudre fine; cet acide lui enlève tout son fer, que l'on trouve dans la liqueur sous ses deux états d'oxydation. » L'analyse a donné pour la composition de la roche de Santorin les ré- sultats suivants : Silice 68, 3y Oxygène. 36, rg Alumine 15,07 » 7 ,o4 \ R , Peroxyde de fer 4 >?6 " ' > 27 1 ' Protoxyde de fer.. 3,83 » o,85 Chaux 3,i() » 0,91 Mayjiésie 0,70 » o , 28 > 3 , 1 5 Soude 3,86 » °>99 Potasse o>73 » 0,12 Lithine traces Matière organique azotée traces 100, o3 » Dans cette analyse, on trouve que le rapport de l'oxygène des bases à l'oxygène de l'acide est sensiblement comme 1 ;3, ou bien encore 1 pour les hases inonoxydcs, '5 pour les bases sesquioxydes et 12 pour l'acide silicique. ( i4oi ) » L'analyse qui suit a été faite sur une petite quantité de la substance blanche contenue dans la roche de Santorin, que je suis parvenu à isoler dans un assez grand état de pureté. Silice , 68,42 Oxygène. 36, 20 Alumine 1 7 ,89 » 8,35 Chaux 4 > 73 » i,35 Magnésie traces ■> » Oxyde de fer traces » 0 Alcalis non dosés (par différence).... 8,96 » 2,3i 100,00 » Dans cette partie blanche de la roche, on trouve que le rapport de l'oxygène des bases à l'oxygène de la silice est encore sensiblement comme 1 ;3 ou bien comme 1 '. 3: 12. » Il résulte de ces analyses que la roche de Santorin a la composition des roches feldspathiques, et qu'elle doit être placée dans cette classe de miné- raux dans le voisinage de l'albite. » GÉOLOGIE. — De la craie dans le nord du bassin de Paris; par M. Hébert. « Dans un travail que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie le 7 mars 1864, j'ai fait connaître la composition générale de la craie glauco- nieuse clans le bassin de Paris, et j'ai annoncé que j'aurais des documents à fournir sur les assises supérieures à cette craie. Je viens aujourd'hui sou- mettre à l'Académie quelques-uns des résultats que m'a fournis l'étude de ces assises. Ils ont été obtenus par une étude détaillée de toutes les parties des falaises de la Manche, du Havre à Calais; de la vallée de la Seine, de Honfleur àMeulan, et de beaucoup d'autres points où la craie se présente en affleurement. § I. — Craie a lnoeerumus labiatus ou craik marneuse. m Cette craie est la partie la plus argileuse de tout le massif; c'est celle qui mérite, à plus juste titre, le nom de craie marneuse. » Cette assise est d'ailleurs facile à reconnaître aux fossiles qu'elle ren- ferme : Inoceramus labiatus, Ecltinoconus subrolundus, Cidaris hirudo, liliyn- chonella Cuvieri, Hulasler coraviurn, etc. Elle est limitée à sa partie supérieure par un banc de craie dure avec Ammonites peramplus et Holaster pldnus, etc., qui est la base de l'assise suivante. Elle repose, dans le bassin de Paris, sur ( 1402 ) la craie glaucoaieuse dont la surface est toujours, au contact, durcie et percée de tubulures comme la craie blanche, à Meudon, au contact du calcaire pisolitique. » .Les limites inférieure et supérieure de la craie à Jnoc. labiatus sont donc très-nettes et de nature à pouvoir être déterminées d'une manière certaine. » On reconnaît ainsi que l'épaisseur de cette assise est très-variable. Ru- dimen taire à l'ouest, où elle vient mourir en biseau sur la craie glauconieuse à peu de distance de la vallée de la basse Seine, elle ne présente dans ces parages, à la pointe de la Roque, à Tancarville, qu'une épaisseur de 8 à q mètres; sur les côtes de la Manche, elle a 12 mètres à Saint- Jouin, 18 mètres à Étretat, 4o à Fécamp, où elle disparaît vers l'est pour repa- raître au delà de Dieppe, au pied des falaises qui s'étendent du Puits à Tocqueville, avec une puissance de plus de 60 mètres; elle forme la partie inférieure des falaises du Tréport, le fond de la vallée de la Rresle jusqu'à Blangy, et se montre avec un grand développement dans le pays de Bray, aux environs de Neufchâtel, d'Auneuil près Beauvais, etc. » Si elle augmente de puissance du sud-ouest au nord-est le long des côtes, son épaisseur s'accroît encore plus rapidement du nord-ouest au sud- est, ce dont il est facile de s'assurer en remontant la vallée de la Seine. A Orcher, à Tancarville, elle n'a que 9 à 10 mètres; à Villequier, où le relève- ment que j'ai signalé la met au jour, elle est déjà plus épaisse; à Rouen, elle a 80 mètres environ; à Vernon, de 80 à 90 mètres, et à Paris, autant qu'on en peut juger par les données du sondage de Passy, elle doit at- teindre 1 10 mètres. » Les fossiles que j'ai cités comme caractéristiques de la craie marneuse le sont surtout par leur abondance, car ils peuvent s'élever au-dessus de cette assise; de plus ils ne sont pas répandus indifféremment dans toute la masse; ainsi on peut y reconnaître plusieurs zones distinctes. » La zone la plus caractérisée par l'abondance de l' Inoceramus labiatits se retrouve partout où l'assise existe. Elle renferme, quelquefois en grand nombre, de grosses Ammonites (A. peramplus; A. rusticits, d'Orb.; A. cati- nus, Sharpe; et plusieurs autres espèces nouvelles). C'est aussi à la base de cette zone qu'abonde surtout le Cidatis liirudo. Sur toutes les côtes de la Manche, et dans la vallée de la Seine de Ronfleur à Vernon, cette zone re- pose directement sur la craie glauconieuse à Holasler subgtobosuselDiscoidea crlindrica; mais entre les deux il existe, à Blangy et à Neufchàtel-en-Bray, une couche de craie blanche très-argileuse où se trouve le Betemnitcs veivs, Miller Sp. Ce fait, dont je dois la connaissance à M. Morel de Glasville, fixe ( i4o3 ) la position encore peu connue de ce fossile. La zone à Bel. vents, épaisse de plus de 12 a 14 mètres à Blangy, est probablement cette craie verdàtre très- argileuse, presque plastique, épaisse de 33 mètres, signalée dans le puits de Passy. » Un autre fossile de la craie à Inoceramus labiatus, VEcliinoconus subro- lundus, forme par son abondance un repère très-marqué, au-dessus de la zone où pullule VI, labiatus. » Puis vient au-dessus un autre système, où les fossiles les plus communs sont Rhynchonella Cuvicri et Holasler coravium. Ici, en général, il y a plus de silex que dans les couches inférieures. » Ces quatre zones se présentent toujours dans le même ordre, mais elles ne recouvrent point les mêmes superficies. » En général, la deuxième et la troisième ne manquent jamais, mais la première ne se trouve ni au nord-ouest ni à l'ouest du bassin, et la qua- trième y manque très-souvent. » La première a été déposée dans un bassin beaucoup plus restreint. La quatrième a probablement été enlevée par dénudation dans beaucoup de points. Toutes quatre atteignent de plus grandes épaisseurs dans les parties centrales. §11. — Craie a Micraster cortestudinarium. » Ce système, où le fossile caractéristique est extrêmement abondant n'est pas moins distinct au point de vue lithologique. Sous ce dernier rap- port cependant on doit le diviser en deux parties. » i° La partie inférieure est compacte, souvent sableuse, passant même à l'état de véritable grès (Étretat), et presque toujours noduleuse. C'est à ce ni- veau que sont ouvertes presque toutes les carrières de pierres de construction qui avoisinent la Seine, de Rouen à Quillebœuf. En haut, cependant, elle res- semble davantage à la craie blanche inférieure ; les caractères paléontolo- giques deviennent alors indispensables. Outre le fossile qui a servi à carac- tériser l'assise, un Échinide de grande taille, l'Holaster placenta, Ag., peut servir également de guide d'autant plus sûr qu'il n'a jusqu'ici jamais éié rencontré à un autre niveau. » Au contact de la craie à Mie. cortestudinarium et de la craie sous-ja- cente à Inoceramus labiatus, cette dernière est toujours durcie et percée de tubulures plus ou moins profondes. Ces lignes de démarcation, qui accu- sent des interruptions dans la sédimentation, et par conséquent des butines, se rencontrent souvent dans l'intérieur d'un même système, mais elles sont ( i4o4 ) alors moins accentuées et moins générales. D'ailleurs, quand même un système, caractérisé par une faune semblable, présenterait ainsi des la- cunes, il est surtout important de constater que ces lacunes existent tou- jours au contact de deux systèmes dont la faune diffère. Cette partie infé- rieure de la craie à Micraster corlesludinarium a une distribution très-diffé- rente de celle que présente la partie supérieure ; il est donc nécessaire de la considérer à part. » A l'ouest, elle recouvre constamment la craie à Inoc. labiatus, et elle augmente d'épaisseur de l'ouest à l'est comme cette dernière. De 25 mètres à Saint-Jouin, elle passe à l\o mètres à Étretat, pour atteindre 65 mètres à Fécamp ; elle disparait à Veulette, en plongeant sous les couches supé- rieures, pour ne revenir au jour qu'à Dieppe. De ce point jusqu'au Tré- port, elle constitue presque à elle seule la partie supérieure des falaises. » Nous avons dit que la base offre une faune spéciale : des Ammonites [A. peramplus, ou prosperianus, etc.), des Scaphites, Baculites, Gastéro- podes, etc. Le Micraster breviporus, Ag. [M. Leskei, d'Orb, non Desm. (i)], y est très-commun, ainsi que YHolaster planus. Nous donnerons à cet hori- zon le nom de zone à H. planus, et celui de zone à H. placenta au reste de la série inférieure. » i° La partie supérieure de la craie à Micraster corlesludinarium n'existe qu'à l'ouest entre Saint-Jouin et Veules ; elle paraît manquer complètement plus à l'est, non-seulement sur les falaises, mais même dans l'intérieur du bassin, car elle manque aussi dans la vallée de la Somme, et je ne la con- nais nulle part en Picardie, tandis qu'elle est très-développée dans la vallée de la Seine. » Elle est formée de craie tendre, souvent presque farineuse, en bancs réguliers presque dépourvus de silex sur une épaisseur moyenne de i mètre, séparés par de gros lits de silex gris-blond, présentant très-fréquemment à l'intérieur des zones concentriques. Dans toute la région occidentale, cette craie à silex zones recouvre très-régulièrement la série inférieure, dont elle renferme d'ailleurs les principaux fossiles. )> L'épaisseur de ce système est de 70 à 80 mètres à Bénouville, entre Dieppe et Etretat. On peut le suivre jusqu'à Fécamp, où la craie à Micraster coranguinum vient le recouvrir sur la falaise occidentale, à une altitude de (1) Le Mie. Leskei, Desm. [Spatangus Leskei, Klein), est une espèce très-différente qui se trouve en Danemark, où je l'ai recueillie, au contact de la craie de Mcudon et de la craie supérieure. ( i4o5 ) 70 mètres, tandis qu'il forme le sommet de la falaise orientale, où sa base ne descend pas au-dessous de 110 mètres. On peut déduire de la la mesure de la faille de Fécamp, et la fixer très-approximativement entre 1 10 et 1-^5 mètres. » ASTRONOMIE. — Sur la lumière zodiacale. Note de M. Liandier. « Depuis plusieurs années j'observe le phénomène de la lumière zodia- cale pendant les soirées des mois de février et mars; celte année je l'ai observé le 19 janvier pour la première fois, et j'ai continué de l'observer par intervalles jusqu'au 5 mai suivant. D'après un grand nombre d'obser- vations, il m'a été permis de constater que la forme de cette lueur est un cône parfait; pour son intensité lumineuse, elle varie: parfois elle offre une teinte d'un gris sale; par moments elle rivalise avec la voie lactée par sa blancheur argentine. Quant à cette variation de teinte et d'intensité lumi- neuse, je crois fermement que cela est dû aux variations de la diaphanéité de l'atmosphère terrestre. Au mois de février, le sommet du cône s'élevait jusqu'aux Pléiades, et au mois de mai jusqu'aux Gémeaux; pour distinguer autant que possible la forme de cette lueur, il ne faut pas la fixer, il faut diriger son regard un peu sur le côté ; elle ne se déplace nullement (en ap- parence) dans une soirée, mais elle semble suivre fidèlement la marche du Soleil; le centre ou l'axe est constamment dirigé vers le centre du Soleil. Dans l'intervalle du mois de janvier au mois de mai , ce cône phospho- rescent a suivi régulièrement le déplacement du Soleil, et tous les jours ce cône disparaît sous l'horizon avec les constellations qu'il parcourt dans toute sa hauteur. » D'après ces observations, il est permis de supposer que ce cône lumi- neux est un fragment d'une immense atmosphère enveloppant le Soleil de toutes parts; si cette supposition est fondée, cette enveloppe gazeuse doit exercer une pression immense sur cet astre, et il doit en résulter un grand dégagement de chaleur ; et si, comme l'atmosphère terrestre, elle est sou- mise à des variations de pressions locales, cela pourrait permettre d'expli- quer la causedes taches que l'on aperçoit presque généralement à sa surface, par l'abaissement de température que la diminution de pression pourrait occasionner. » C. R., 1866, i'r Semestre. (T. I.XII, N° 26.) i83 ( «4o(> ) ASTRONOMIE. — Mole relative à quelques particularités offertes par la surface de la Lune; par M. Chacornac. (Extrait.) « On constate, à la surface de la Lune, d'anciennes traces d'une submer- sion partielle des côtes des mers lunaires situées à un niveau supérieur à celui qu'elles occupent actuellement; c'est-à-dire que l'on observe sur leurs rivages des dépôts sédimentaires, situés à une plus grande élévation que le niveau actuel de ces plaines désignées comme d'anciennes mers. Un fait digne de remarque consiste dans la submersion des rivages, comme si les li- quides n'avaient été ainsi élevés que par l'action des marées. Car ce sont les rivages à pente doucement déclive qui ont été seulement inondés, tandis que ceux qui étaient défendus par un escarpement élevé sont restés à l'abri de tout dépôt sédimentaire; leur sol spongieux, volcanique, n'a pas été recouvert par les dépôts d'alluvion. « Ces dépôts étant identiques par leur surface apparente à celle des mers, il est facile de les reconnaître lorsqu'ils recouvrent le sol volca- nique. A la différence de structure on reconnaît encore que, sur les sols en marais, ces liquides ont dû franchir des barres, des promontoires qui ont plusieurs centaines de mètres d'élévation, pour atteindre le niveau qu'ils occupent actuellement. » Par d'autres considérations, les profondes érosions que l'on observe sur ces rivages démontrent que la force mécanique développée ne peut être attribuée à l'action des vagues résultant de l'agitation des liquides par les courants atmosphériques, d'autant plus que la majeure partie des fluides de l'atmosphère ont dû donner lieu à la formation de ces mers, en se précipitant à l'état liquide. m En effet, considérant par exemple le cratère Fracastor dont tout un côté a été démoli par les phénomènes d'érosion, on trouve que l'épaisseur des remparts ruinés est encore de plus d'un mille géographique, dans la por- tion où l'enceinte du cratère s'avance dans la mer des Nectars comme deux caps isolés. 11 a donc fallu une force mécanique prodigieuse pour renverser, ruiner de fond en comble loutes les parties du cône qui s'avançaient dans les plaines liquides, sur une épaisseur de plus d'un mille géograpbique.- » Lorsque l'on compare ces dégradations à celles analogues subies par le cratère de l'île Saint-Paul ou d'Amsterdam, on reste convaincu que les forces développées étaient autrement puissantes que celles de nos marées ; du ( >4o7 ) reste, à la surface de la Lune comme à l'île Saint-Paul, c'est toujours du côté du large que l'enceinte des cratères a été démolie ; toutes les parties qui ont été adossées à un sol élevé, toutes les enceintes qui ont été proté- gées par une île ou une côte en isthme élevé, ont été respectées et sont res- tées debout. » En somme, l'ensemble des détails de rivages des mers lunaires décèle une submersion partielle de ces rivages, et des phénomènes de profondes érosions qui ne peuvent être attribués à l'action des vagues agitées par les courants atmosphériques. Ce sont évidemment les traces d'anciennes marées causées par l'attraction terrestre, et si les marées ont produit d'aussi pro- fondes entailles, le mouvement de rotation lunaire devait être plus rapide qu'il n'est actuellement. » M. Pallu prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour l'une des places vacantes dans la Section de Géographie et de Navigation. (Renvoyé à la Section de Géographie et de Navigation.) M. le Secrétaire perpétuel fait connaître avec quelque détail la sub- stance d'une Note adressée par M. de Chancùùrtois « sur la production naturelle et artificielle du diamant. » Sur la proposition de M. Poitillet, cette Note, où l'auteur n'avait pour but que de prendre date pour l'idée principale d'un travail plus étendu, dont il s'occupe en ce moment, est renvoyée à l'examen d'une Commission com- posée de MM. Pelouze, Pouillet, Balard, Delafosse, Fizeau. A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. i83. ( i4o8 ) COMITE SECRET. La Section de Chimie, par l'organe de son Doyen, M. Chevreul, présente la liste suivante de candidats pour la place de Correspondant vacante dans son sein par suite de la nomination de M. Wœhler, élu Associé étranger. En première ligne M. Franklasjd, à Londres. M. Fritsche, à Saint-Pétersbourg. M. Kolbe, à Leipzig. M. Schrœtter, à Vienne. En deuxième luine, ex aequo, ! s. „ , „ ,, ,,,,,, \ M. ©tas, a Bruxelles. M. Streecher, à Tnbingue. M. Williamson, à Londres. \ M. Zixin, à Saint-Pétersbourg. el par ordre alphabétique.. Les titres des candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. V>. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 18 juin 1 866 les ouvrages dont les titres suivent : Notes sur une suture insolite et sur l'os intei maxillaire chez l'homme; par M. Eudes DESLONGCHAMPS. Caen, 1866; br. in-8°. Description d'une espèce inédite de Téléosaure des environs de Caen, le Teleo- saurus Calvadosii ; par M. Eudes Deslongchamps. Caen, 1866; br. in-S°. Recherches comparatives sur la menstruation en France; par M. G. LAGNEAU. Paris, 1866; br. in-8°. (Extrait des Bulletins de la Société d'Jnlhropologie, t. VI, i865.) Recherches de Chimie appliquée; par M. NlCKLÈS. Nancy, 1866; br. in-8°. ( >4o9 ) Du désordre dans la science de l'homme el de la société; moyens progressifs de l'atténuer; par M. Prévost. Paris, i 865 ; i vol. in-12. Notice sur l'épidémie cholérique de 1 865 ; par M. le Dr Arui. Jobert, avec une carte par M. F. Rigbdit. Paris, 1866; br. in-8°. Mémoires de la Société impériale des Sciences naturelles de Cherbourg, t. XI, 2e série, t. Ier. 1 vol. in-8°. Carte géologique du département de la Seine, publiée d'après les ordres de M. le Baron Haussmann, Préfet du département de la Seine, et exécutée par M. DEI.ESSE. Paris, 1 865 ; carte en 4 feuilles. Animal... Rapport annuel du Comité de surveillance du musée de Zoologie comparée du Collège Harvard de Cambridge, avec le Rapport du Directeur pour l'année 1864. Boston, 1 865 ; in-8". Illustrated... Catalogue avec figures du musée de Zoologie comparée du Collège Harvard, n° 1. Acalèphes de l' Amérique du Aord ; par M. ÂGASSIZ. Cambridge, i865; in-4°- (Présenté par M. Milne Edwards.) L'Académie a reçu dans la séance du iS juin 1866 les ouvrages dont les titres suivent : The wild... Les fleurs sauvages de la Grande-Bretagne décrites en langage botanique et en langage vulgaire, avec de copieuses notes concernant leur histoire et leurs usages; par MM. R. HoGGetG. Johnson. Londres, 1 863 ; 2 vo!. in 8° reliés, avec figures coloriées par C. Gower. The fruit... Manuel du fruit, contenant les descriptions, synonymies el clas- sification des fruits et arbres fruitiers de la Grande-Bretagne ; par M. R. TIogg. Londres, 1866; 1 vol. in-12 relié. The vegetable... Le règne végétal et ses produits; par M. II. HoGG. Lon- dres, i858; 1 vol. in-12 relié. The apple... La pomme et ses variétés; histoire et description; par M. R. HOGG. Londres, 1859; 1 vol. in-8° relié. (Tous ces ouvrages de M. Hogg sont présentés par M. Decaisne.) Untersuchungen... Recherches sur l'histoire naturelle de l'homme et des animaux,- par M. J. MOLESCHOTT. T. X, 2e liv. Dell antagonismo... De l'antagonisme entre l'électricité el le calorique ; par R. D.\NESC. Chieti, sans date; br. in-8°. Annales de la Société d'Emulation du département des Vosges, I. XII , ier cahier. Épinal, 1 864 ; 1 vol. in-8°. ( i/.ro ) Note sur le terrain jurassique du Boulonnais; par M. HÉBERT. Paris, sans date; br. in-8°. (Extrait du Bulletin de la Société Géologique de France.) Guide pratique pour se conserver la vue et l'améliorer pur le choix des lu- nettes,- par M. Colombi fils. Noyon, 1866; opuscule in-8°. Le docteur Bally, médecin en chef de l'expédition de Saint-Domingue ; par M. Ev. Bertulus. Marseille, 1866; br. in-12. (Extrait de la Gazette du Midi.) 3 exemplaires. Coup (V œil général sur la topographie et la géologie du Mexique et de l'Amé- rique centrale; par M. Yirlet d'Aoust. Paris, sans date; opuscule in-8°. (Extrait, du Bulletin de la Société Géologique de France.) Sur les salures différentes et les différents degrés de salure de certains lacs du Mexique; par M. VlULET d'Aoust. Paris, sans date; opuscule in-8°. (Extrait du Bulletin de la Société Géologique de France.) De l'éjacutalion de la sève aqueuse par les feuilles du Colocasia esculenta (Schot), nouvelle fonction idiosynhydriquc ; par M. Ch. Musset. Toulouse, sans date; br. in-8°. (Extrait des Mémoires de l'Académie impériale des Sciences, Itiscriplions et Belles- Lettres de Toulouse.) Sitzungsberichte... Comptes rendus ■ des séances de l'Académie impériale des Sciences de Vienne. Classe des Sciences mathématiques et naturelles, t. LU, 4e et 5e parties, novembre et décembre f 865. Vienne, 1866; 1 vol. in-8°. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. TABLES ALPHABÉTIQUES. JANVIER -JUIN I8GG. TABLE DES MATIERES DU TOME LXII. A Pages. Académie des Sciences. — État de l'Aca- démie au 1" janvier 1 866 5 — M. Chevreul est élu Vice-Président pour l'année 1866 i3 — M. Decaisne, Président sortant, rend compte à l'Académie de l'état où se trouve l'impression des Recueils qu'elle publie et des changements survenus parmi les Membres et les Correspon- dants de l'Académie pendant l'année i865 14 Acétate de soude. — Recherches pour ser- vir à l'histoire de l'acétate de soude; par M. Jeannel 834 Acétylène. — Formation de ce produit dans les combustions incomplètes; Note de M. Bertlielot 94 — Réclamation de priorité adressée à cette occasion par M. De Wilde 4"° — Réponse de M. Bertlielot 45'.) — Sur un nouveau radical acétylique; par le même . 909 Acide bromocuminique. — Note sur cet acide : par MM. Naquel et Louguinine io3i Acide élique. nouvel acide découvert par M. Chevreul dans le suint de mouton. . . nu 6 Acide fliomqie. — Emploi de cet acide à l'état naissant pour la gravure sur verre et sur ctistal; Note de MM. Tcssié du MotllflY et Mrirec hlll ici 1 Aude formobenzoïliquk. — Sur quelques C. R. , i865, icr Semestre. (T. LXII.) Page», dérivés de cet acide ; Note de MM. Na- t/tiet et Louguinine 43o Acide phospiiorique. — Sur l'application de cet acide et de ses dérivés à la fabrica- tion des engrais et à la salubrité des villes; Mémoire de MM. Blanchard et Château 446 — Sur la fabrication économique des solu- tions d'acide phosphorique et du phos- phore ; Note de M. Trallin 837 Acide racémique. — Sur un dépôt de bira- cémate de potasse dans du vin rouge ; Note de M. Phipson ^3o Acide trithionique — Sur la formation de l'acide trithionique par la réduction spontanée du bisulfite de potasse; Note de M. Saintpierre 63a — Sur la formation de cet acide; Note de M. Langlois «S ji Acides gras. — Voir l'article Suint. Aéronautique. — Lettre de M. Seguin accom- pagnant l'envoi d'un opuscule qu'il vient de publier sur l'aviation ou navigation aérienne Boa — Description et figure d'un char aérien; par M. Nelson i 1 5 — M. de l'aiavcr indique à cette occasion divers passages des livres chinois OÙ il est question de chars aériens el autres appareils d'aéronautique I06 — M. de l'an, vej demande et obtient I .111- 184 ( i4 Pages. ((irisation de reprendre la précédente- Note 9">~ Aéronautique. — Sur la direction des aéro- stats; Note de M. Fbguet 1081 Affinité. — Théorie générale de l'exercice de l'affinité; Note de M. Maumené... . 697 — Remarques de M. Maumené à l'occasion d'une expérience récente de M. Kopp.. 91 4 Air atmosphérique. — Sur l'activité chimi- que de l'air considéré comme un état normal de l'atmosphère, et sur la rela- tion qui existe entre l'accroissement de cette activité et certaines perturbations atmosphériques; Mémoire de M. Hou- zeau a& Ain comprimé. — Considérations médico- physiologiques sur l'emploi de l'air com- primé dans les constructions sous l'eau; Note de M. Gellusseau 997 et 1080 Allylkne. — De l'isomérie dans la série al- lylique; Note de M. Oppenheim io85 Ammoniacaux (Composés). — Note de M. Ma- laguti sur un composé naturel d'oxyde de zinc, d'oxyde d'ammonium et d'eau. 4 1 3 Analyse mathématique. — Sur l'équation du quatrième degré; Mémoire de M. Her- initc. (Suites) 65, 157,245,715,919,959, io54, 1161 et I2i3 — Sur la forme à cinq indéterminées x, x, 4- x., x.s 4- x%xK 4- ■'',■''. • Note de M. Liouville 7 1 4 et 771 — Sur la fonction numérique qui exprime pour un déterminant négatif donné le nombre de classes de forme quadratique dont un au moins des coefficients ex- trêmes est impair ; Note de M . Liouville. 1 35o — Note de M. Serrel accompagnant la pré- sentation du tome II de la troisième édi- tion de son « Algèbre supérieure ».. . . io43 — Note sur la théorie des équations; par M . Laurent 1 4o — Recherches sur les équations algébriques, deuxième partie; par M. /:'. Jordan. . . 144 - Sur la théorie des fonctions abéliennes ; NotedeMM.CtebschelGordan. i83 et 227 — Note sur les fonctions de Sturm ; par .M. Gilbert 338 — Sur les solutions multiples communes à plusieurs équations; Note de M. Corn- bescure 383 — Sur les congru ences du second degré; Note de M. C. Jordan 687 — Sur les fonctions inverses appliquées à la théorie des fonctions algébriques; Mé- moire de M. Giddberg io3o — De la résolution algébrique de l'équation générale du cinquième degré ; Mémoire de M, Ollive-Meinadier 22G ta ) Pages. Anatomie. — Sur les organes de la par- turition chez les Kanguroos; Note de M. Edm. Alix 146 — M. Poelman rappelle à cette occasion ce qu'il a fait connaître relativement à la disposition des organes femelles de la génération dans les Kanguroos 3 — Lettre de M. Cavayé concernant son système de chaînes d'ancre élastiques. . 242 — Lettre de M. Le Bihan concernant des inventions relatives à la navigation, aux sauvetages, etc., qu'il désire soumettre au jugement de l'Académie 242 — Note de M. Guérineau-Aubry sur un ap- pareil de son invention 355 — Nouvelle Note de M. Galibertsur l'appa- reil respiratoire qu'il a inventé 083 — Lettre de M. Huard concernant deux ap- pareils qu'il a imaginés pour certaines affections de la mamelle et pour des affections de l'utérus 7°' — Lettre de M. Cavayé concernant un ap- pareil destiné à remplacer l'hélice dans les navires à vapeur 852 — Note de M. Bories concernant une cour- roie de sûreté contre l'emportement des chevaux 9'-^ — Modèle d'une pompe présentée par M. Du- puis sous le nom de pompe capillaire. Lettre concernant cet appareil. g56 et io3G — Note de M. Morpain concernant l'appareil de M. Desmartis pour le traitement des maladies des voies respiratoires 101 1 — Note de M. Duehemin concernant la sub- stitution du fer, de la fonte et de l'acier au zinc précédemment employé dans ses bouées électriques 1 127 Arbres. — Note pour servir à l'histoire des arbres ; par M. Gris 438 Arts insalubres. - Lettre de M. Graf con- cernant les procédés employés dans son aiguiserie pour mettre les ouvriers à l'abri des effets dangereux dus à l'inha- lation des poussières 1 9 3 — Substance vertequi, pour les applications industrielles, peut être substituée au vert arsenical et qui n'en a pas les pro- priétés vénéneuses; Note de M. Arons- solm I 225 Asphalte. — Note sur les gîtes bitumineux de la Judée et de la Cœlé-Syrie, et sur le mode d'arrivée de l'asphalte dans les eauxdelamerMorte;NotcdoM. L. Lartet. 139.5 Issurances sir la vie. — Voir l 'article Mortalité (Lui de la). Astronomie — Note «le M. le Verrier accom- pagnant la présentation du tome NX des « Annales de l'Observatoire impérial de Paris, année 1 8(>4 » 7" '< — Apparition d'une nouvelle étoile dans la constellation de la Ci inné boréale; Lettre de M. Courbebaixse in". ■ 8',... ( i4i4 ) Pages. Astronomie. — Analyse donnée par M. De- Inuntn d'une nouvelle Lettre que lui a adressée M. Courbebaisse 1 1 » (» — Observation de relie étoile à l'Observa- toire impérial. Disparition constatée le 8 mai 1866 d'une étoile de douzième grandeur indiquée en 1 8G2 dans la carte écliptique n° 39 de M. Cliacornac; Note de M. Le Verrier 1 1<>8 - Des influences exercées sur la figure de notre globe par les attractions lunaire et solaire ; Mémoire de M. Gougy 1 178 - Sur une progression arithmétique résul- tant de certaines dates contenues dans la liste d'étoiles temporaires donnée par Paf;ps. Humboldt; Note de M. Montueci 1241 — Sur la lumière zodiacale; Note de M. Lian- dier i4°5 Voir aussi aux articles Lune, Méca- nique céleste et Soleil. Atmosphère.— Sur le calcul direct de la hau- teur de l'atmosphère ;NotedeM. /o#hy. 7C8 — Observations relatives à l'action du ma- gnétisme terrestre sur l'atmosphère ; Note de M. Casnas 9 ' i — M. Élie de Beaumont fait hommage, au nom de M. Bretvster, d'un Mémoire sur la polarisation de l'atmosphère 1171 Voir aussi l'article Air atmosphérique. B Bactéridies. — Nouvelles recherches de M. Tigri sur l'existence des bactéridies dans divers liquides du corps de l'homme et de certains \ ertébrés 294 Benzine. — Sur les dérivés chlorés de la benzine; Noie de M. Jungfleisch 635 Bolides. — Sur le bolide du 7 décembre; résultats déduits des observations trans- mises de divers points de la France à l'Observatoire impérial; Note de M. Gruey 5o Botanique. — Nouvelles expériences sur l'by- briditédans le règne végétal, faites pen- dant les trois dernières années; Mé- moire de M. Godron 379 Boues médicinales de l'île d'Ischia.— Lettre de M. Phipson sur la composition chi- mique de ces boues et les effets théra- peutiques qu'on leur attribue 5g Brome. — Fabrication des charbons de va- rechs; nouvelle méthode d'en extraire le brome et l'iode, et de doser ce dernier corps au moyen des hyposulfites alca- lins ; Note de M. Moride 1002 Bryozoaires. — Études sur les bryozoaires perforants de la famille des Térébripo- rides ; Note de M. Fischer g85 Bulletin bibliographique. — G2, 104, 1 53, 19.5, 243, 307, 35G, 402, 472> G53, 702. 7G9. 810, 853, gi5, 101 1, 1037, logg, 112g, 1200, 1244, '2g5, i348 et 1408. c Calcium. — Essais concernant l'oxysulfure de calcium ; Note de M. Hofmann 9g 1 Candidatures. — M. Liais prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une des nou- velles places créées dans la Section de Géographie et de Navigation 177 — MM. Darondeau, Poirel, Labrousse, Du- puy di- Lame, Yvon l Marceau, d'Ab- /uif/ie «dressent une semblable demande. 2g5, 34g, 621, 767 et 838 — M. Yvon Villarceau envoie à l'appui de sa demande une Notice sur ses travaux scientifiques 108a — M. Bâillon demande à être compris parmi les candidats pour la pla< e vacante, dans la Section de Botanique, par suite du décès de M. Montagne 6ll — M. /'«//« adresse une semblable demande. 1 î«>7 — M. Clot-Bey prie l'Académie de vouloir bien, quand elle, aura à nommer un Cor- respondant pour la Section de Médecine et de Chirurgie, le comprendre parmi les candidats; il adresse comme pièces à l'appui de cette candidature plusieurs ouvrages qu'il a successivement publiés. 1 1 10 Capillaires (Phénomènes). — Mémoire de M. Roger sur les phénomènes capillaires. 1 '. j Carrures d'hydrogène. — Action de la cha- leur sur quelques-uns de ces carbures; Note de M. Berthelot go 5 et 947 — Sur l'origine des carbures ci des combus- tibles minéraux ; par le même g4g Cavalier. - Sur la marche du cavalier au jeu i\e> échecs; Noie de M. Solvyns.... >\w Chaleur. — Noie de M. Bcitltelot concer- nant l'action de la chaleur sur quelques carbures d'hydrogène go5et g47 ( i4i — Variations produites par l'influence de la chaleur dans certaines propriétés opti- ques des cristaux; Note de M. Des Cloi- zeau.r 987 Chaleur (Théorie mécanique de la). - M. Elle de Beaumont présente la deuxième partie d'un ouvrage de M. Zeuner sur la théorie mécanique de la chaleur. M. Combes fait une analyse succincte de cet ouvrage 1182 Chemins de fer. — Conditions économiques de l'établissement du troisième réseau français ; Mémoire de M. Séguier 723 — Note ayant pour titre : « Moyen d'obvier radicalement aux accidents des chemins de fer » ; par M. Hervy 890 — Moyen d'arrêt des trains de fer en mar- che; Mémoire de M. Guèrineau-Aubry. i2a3 Chimie. — Note de M. Chevreul accompa- gnant la présentation du premier vo- lume de son « Histoire des connais- sances chimiques « 1249 Chirurgie. — Historique des travaux relatifs à la conservation des membres au moyen de la conservation du périoste; Mémoire de M. Chrestien 7G6 — Destruction traumatique des régions bul- baire et membraneuse de l'urètre et création d'un nouveau canal ; Note de MM. Bouycr et Manilon 793 — Sur la conservation des os par la conser- vation du périoste; MémoiredeM. Motet. io3o — Derévidementsous-périostédcsos, comme moyen de conservation des membres par la conservation du périoste; Mémoire de M. Sedillot 1181 — De la régénération des os... au point de vue spécial de la conservation des mem- bres par la conservation du périoste; Traité expérimental et clinique : par M. Ollier 1181 — Sur la conservation des membres par la conservation du périoste ; par M. Motet. io3o — Sur une nouvelle opération propre à ré- tablir la faculté visuelle chez un certain nombred'aveugles ; Mémoire de M. Blan- chet 1 3ao Choléra-morhvs. — Sur l'identité du cho- léra avec des épizooties concomitantes; Note de M. Guyon a3 — Lettre de M. Bamon de la Sagra concer- nasses Tables nécrologiques du choléra à la Havane dans l'épidémie de i8J3.... 61 — Note de M. Doin sur un cas accompagné de cyanose et amené à prompte guérison. 126 — Sur les épidémies cholériques qui uni paru en i83ï. 1849 et i8r>4 dans l'arrondisse- ment de Clamecy ; analyse donnée par 5 ) P&grs. M Becquerel d'un Mémoire de M. Heul- hard-Darcy 218 — Sur l'opinion que les vapeurs sulfureuses pourraient neutraliser les causes du cho- léra ; Note de M. Guyon j 1 4 — Note sur le choléra de la Soufrière, Me de Sainte-Lucie; par le même lie j — Du choléra en Egypte dans ses rapports avec l'épidémie de Marseille en i865; Note de M. Grimaud, de Caux g38 — Note sur la propagation du choléra dans Marseille après l'arrivée des pèlerins arabes en juin 1 865 ; par le même 1021 — Sur l'épidémie cholérique de i865; Mé- moire de M. de Pietra-Santa 1 279 — Remarques de M. Grimaud, de Caux. à l'occasion de ce Mémoire 1 34O — Surles propriétés attribuées par M. Wtd- lace au café contre le choléra-morbus ; communication verbale de M. Cloquet.. io36 — Traitement spécifique du choléra asiati- que; Mémoire de MM. Biernacki et Czernichi 1 1 1 1 — Relation de l'épidémie de choléra de 1 805 à l'hôpital Saint-Antoine ; par M. Dccori. 1 1 1 1 — Recherches expérimentales sur le choléra ; par MM. Legros et Goujon 1 181 — Du traitement du choléra asiatique par le bichlorure de mercure; Mémoire de M. Blanchon 1 1 8 1 — Sur la période de réaction du choléra ; Note de M. Worms 1 193 — Efficacité du protoxyde d'azote comme agent préventif ou curatif du choléra et autres maladies; Note de M. Ziegler. . 1 385 Chronologie. — Sur les moyens d'établir la concordance entre l'ère des Hébreux et celle des autres peuples de l'antiquité; Note de M. Lévéque 701 Chronométriques (Appareils). — Note de M. Oletti concernant un appareil qu'il désigne sous le nom d' « horloge I uni- solaire » 1243 Cire. — Recherches chimiques sur les cires; Note de M. Liès-Bodart - ;,( Climatologie. — Sur le climat de la Califor- nie; Note de M. Simonin 53 Cobalt. — Séparation du cobalt d'avec le nickel, et séparation du manganèse d'avec le nickel cl le cobalt : Note de M. Ternit i 3g — Remarques de M. Fremj surce Lravail.. 140 Combustion.— Formalu a de l'acétylène dans les combustions incomplètes; Note de M. Berthelot 93 — Sur les phénomènes généraux île la com- bustion; Note de M. Boillot i,,a8 ( '4 Pages. Comètes. — Sur In lumière des comètes; Noir de M. Montucci 1099 Commission administrative. — MM. Chasles el Decaisne sont nommés Membres de cette Commission pour l'année 1866. . . 14 Commissions des prix — Prix d'astrono- mie. Commissaires : MM. Mathieu, Lau- gier, Liouville, Faye, Delaunay 602 — Prix extraordinaire concernant Vappli- cation de la vapeur à la marine mili- taire. Commissaires : MM. Paris. Ch. Dupin, Jurien de la Gràvière, Morin. Combes G02 — Grand prix de Mathématiques de 1866 ( question concernant l'équation séculaire de la Lune). Commissaires : MM. De- launay. Liouville, Mathieu. Laugier, Faye G74 — Prix de Mécanique. Commissaires : MM. Combes, Morin, Delaunay, Piobert. Séguier ;4 1 — Prix de Statistique. Commissaires : MM. Bienaymé, Mathieu, Dupin, Passy, Boussingauit 741 — Prix Bordin pour 18GG (détermination des indices de réfraction des verres employés en optique). Commissaires : MM. Pouillet, Fizeau, Edm. Becquerel, Foucault, Regnault 777 — Prix Bordin pour 18U6 (détermination expérimentale des longueurs d'onde de quelques rayons de lumière simple). Commissaires : MM. Pouillet, Fizeau, Foucault, Regnault, Edm. Becquerel. . . 777 — Prix Trcninnt pour 18GG. Commissaires : MM. Combes, Dupin, Chevreul, Pouillet. Morin 8a5 — Prix Dalmont pour 18G6. Commissaires: MM. Combes, Morin, Regnault, Delau- nay, Liouville 881 — Grand prix des Sciences physiques pour 18GG. Commissaires : MM. Milne Ed- wards, Coste, de Quatrefages, Bernard, Robin 928 — l'/i.rc/e Physiologie expérimentale. Com- missaires: MM. Bernard, Longet, Coste, Milne Edwards, Robin 928 — Prix de Médecine et de Chirurgie. Com- missaires : MM. Serres, Velpeau, Cloquet, Bernard, Lon^el . Ua\er. Robin. Coste, And rai 977 — M. Milne Edwards remplacera dans cette Commission M. Andral, démissionnaire. 1017 — Prix dit des Iris insalubres . Commis- saires: MM. Boussingauit, Rayer, Payen, < ln\ reul, Dumas 978 — Prix de Médecine et Chirurgie (applica- tion de l'électricité à la thérapeutique). .6 ) Pages. Commissaires : MM. Velpeau, Rayer, Longet, Serres, Bernard. Becquerel, Robin. Cloquet, Coste m 17 — Grand prix de Chirurgie (conservation des membres par le périoste). Commis- saires : MM. Velpeau, Bernard. Rayer, Longet, Serres, Robin, Cloquet, Coste, Milne Edwards 1017 — Prix Bordin pour 186G (structure des tiges des végétaux). Commissaires : MM. Brongniart. Tréculj Duchartre, De- caisne, Tulasne 106g — Prix Cuvier. Commissaires : MAL Milne Edwards. d'Archiac, Coste, Daubrée, Blanchard 1 0G9 — Prix Barbier pour 18GG. Commissaires : MM. Velpeau. Rayer, Cloquet. Bron- gniart. Bernard 1 109 — Prix Godait pour 18GG. Commissaires : MM. Velpeau, Cloquet. Rayer, Civiale, Serres 1 1 10 — Prix Savigny pour 18G6. Commissaires: MM. de Quatrefages, Blanchard. Milne Edwards, Coste, Gay 1171 — Prix Desmazières pour 18GG. Commis- saires : MM. Tulasne, Decaisne, Trécul, Brongniart, Duchartre 1223 — Prix Thore pour 186G. Commissaires : MM. Blanchard, Milne Edwards, de Qua- trefages, Coste, Robin 1 223 Commissions modifiées. — MM. de Quatre- fages et Blanchard sont adjoints à la Commission chargée de l'examen des re- cherches de M. Gerbe sur les larves des Crustacés 978 — M . Milne Edwards remplace dans la Com- mission des prix de Médecine et de Chi- rurgie M. Andral, démissionnaire 1017 Commissions spéciales. — Commission char- gée de proposer une question pour sujet du prix Bordin de 186G (Sciences ma- thématiques). Commissaires : MM. Liou- ville , Bertrand , Chasles , Delaunay , Pouillet 1G7 — Commission chargée de proposer une question pour sujet du prix Bordin de 18G7 (Sciences naturelles). Commis- saires : MM. Milne Edwards, Brongniart, Boussingauit, Bernard, Decaisne 1G7 Consanguines (Alliances). — Mémoire de M. Rambosson sur la question des al- liance-- consanguines 886 Couleurs. — Sur des effets de coloration et d'extinction de couleurs produits par des lumièresartificielles; Note de M. Yichlès. 91 - Remarques de M. Chevreuil l'occasion de celle Note \f> Cristaux. — Sur les propriétés optiques des cristaux naturels ou artificiels, et sur les variations que ces propriétés éprou- vent sous l'influence de la chaleur; Mé- moire de M. Des Cloizeaux j E Eau de mer. — Analyse de l'eau de la mer Rouge; par MM. Robinet et /. Lefort.. 43t> - Composition des eaux de la mer Morte; Note de M. Terreil i3ag — Recherche sur la salure des eaux de la mer Morte à diverses profondeurs, ainsi que sur divers points de sa surface; Note de M. L. Larlet i333 Eaux minérales. — Analyse de l'eau de Ver- geze (source Dulimbert) et composition des gaz qui se dégagent de la source des Bouillants ; Note de M. Béclmmp o34 — De l'emploi du nitroferrocyanure de so- dium pour démontrer qu'une eau mine- raie contient ou ne contient pas de sul- fure alcalin ; par le même 1087 — Analyse de l'eau sulfureuse des Pumades ( source Thérèse) ; par le naine 1088 — Traité des eaux minérales de Yalz; ana- lyse de l'ouvrage de M. Chabannes. ... 1181 Eaux publiques. — Sur les moyens à em- ployer pour alimenter d'eau potable la ville de Nîmes; Mémoire de M. Aristide Dumo/it 607 ( >4 Pages. Économie rurale. — Introduction et culture des arbres à quinquina, à Java et dans l'Inde; Note de M. Decaisne 720 — M. Decaisne présente, en son nom et relui de M. Naudin, le deuxième volume de leur « Manuel de l'amateur de jardin ». 1 349 — Économie rurale et statistique agricole dans le pays de Caux ; par M. Marchand. 942 — M. Ranmn de la Sagra envoie, pour qu'on en essaye la culture au Muséum, des tu- bercules d'une plante connue à Cuba sous • le nom de Llerenes 767 — Lettres de M. Heiser concernant une pré- cédente communication sur le rachi- tisme des Gallinacés -01 et 80g — L'ostréiculture à Areachon; Note de M. Soubciran 190 — Nouvelle Note sur les maladies des Abeilles; par M. Duchemin : Acarus du sucre découvert dans le miel (>83 — Sur l'application de l'acide phosphorique et de ses dérivés à la fabrication des en- grais et à la salubrité des villes; Mé- moire de MM. Blanchard et Château.. . 446 Electricité. — Sur la position des pôles dans les barreaux aimantés et sur la mesure absolue des forces magnétiques; Mé- moire de M. Pouillet -j.5- — Sur les pouvoirs thermo-électriques des corps et sur les piles thermo-électri- qui s; Mémoire de M. Edm. Becquerel. 966 — Sur la conductibilité du gaz acide hypo- azotique pour l'électricité; Note de M. Hempel 58 — Sur la décharge disruptive ; Note de M . Gaugain i"i "> — Expériences entreprises dans le but de vérifier plusieurs points de la théorie de l'électricité statique ; Note de M. Perrot. 232 — Expériences et observations sur l'élec- tricité ; par le même 45o - Sur une pile à la tournure de cuivre; No'.e de M. Gerardin 700 — Réclamation de priorité adressée à l'oc- casion de cette communication, par M. Duchemin 1 1 78 — Sur les propriétés inverses du Ici' et de la fonte, dans les piles lliermo-electri- ques; Note de M. .//■//. Thenard 953 — Sur la propagation de l'électricité dans une dissolution qui contient plusieurs sels: Note de M. Bouchotte... yj5 et 997 — Sur le prix de revient de l'unité vol laïque el sur le maximum d'aimantation des électro-aimants; Note de .M. Savary. . . . 1080 — Sur la décharge de la batterie électrique et sur l'influence de la configuration îles conducteurs; NotedeM. GuiUemin... io83 18 ) Pages. — Modification proposée pour la pile galva- nique, consistant dans l'emploi de corps gras ; Note de M. ZaliivsJsi-Milsorski. . . 1243 — Notes sur la pile; parle même.. . . 827 et 890 — Action du chlore et de l'acide chlorochlo- rique dans la pile; par le même 1 34G — Considérations sur l'origine de l'électri- cité; par M. Et china nu i322 — Modification de la pile à mercure et à sulfate de plomb; Note de M. Guérin.. i3aa — Lettre de M. de Paravey relative à des expériences faites en 1784 par le P. Amyot concernant les rapports entre l'électricité et le magnétisme 809 — Une Note adressée sous pli cacheté par M. Toreggiani en septembre 1864 et ouverte sur sa demande le 9 avril 1SGG est relative à une pile qui pourrait ser\ ir à la fois comme source d'électricité et comme productrice de carbonate de plomb 8 j 1 — M. Tripier adresse, comme pièce de con- cours pour le prix proposé concernant l'application de l'électricité à la théra- peutique, une nouvelle édition de son « Traité d'électrothérapie » G 1 1 — Mémoire de M. Poggioli ayant pour titre : « Action de l'électricité statique sur le développement physique et intellectuel chez les jeunes sujets » 1 1 10 et 1 199 — Mémoire sur l'électrothérapie ; par le même 1 aa5 — Emploi de l'électricité comme force mo- trice ; Note de M. Clément 1110 — M. Scputetten adresse une analyse de ses travaux sur l'électricité d'après leur urdre d'apparition 1 1 S 1 — Projet de bains hydro-électriques; Noie de M. Menusier 1178 — De l'épreuve galvanique appliquée à la re- cherche de la vie et la mort ; Noie de M. Crimotel 1 1^4 — Recherches sur les meilleurs modes d'ap- plication de l'électricité dans les mala- dies; par M. Pitet iaa5 Applications de l'électricité à la théra- peutique; Lettre accompagnant l'envoi de plusieurs opuscules de M. Namias.. iaa5 Voir aussi au mot Magnétisme. Errata. — Page 8.V3, ligne 4: "" /"'" — Sur les ophites des Pyrénées; Note de M. Noguès 1 4 4 — M. Jules Marcou prie l'Académie de vou- loir bien comprendre parmi les pièces de concours pour le prix Cuvier de iSGGsa « Carte géologique du globe terrestre ». 146 — Sur les périodes par lesquelles a dû pas- ser la terre dans sa formation; Note de M. Danton 1 5 1 — Sur les gisements stanniferes du Limou- sin et de la Marche, et sur quelques an- ciennes fouilles qui paraissent s'y rat- tacher; Mémoire de M. Mallard 223 — Sur l'ancienne exploitation des mines d'é- tain de la Bretagne; Note de M. Simo- nin 3 4 G — - Note sur les placers aurifères des Cé- vennes ; par le même 1 342 — Sur des faits géologiques et minéralogi- ques nouveaux concernant divers gise- ments de phosphate de chaux; Note de M . Bertrand de hum 343 — Sur le terrain nummulitique de l'Italie et des Alpes; Noir de M. Hébert en ré- ponse a une réclamation de M. Delbos. 745 — De la craie dans le nord du bassin de Paris; Note de M. Hébert 1401 — Note pour servira l'histoire do poiidin- gues;parM. Lefort 117G — Alluvions des environs de Toul par rap- port à l'antiquité de l'espèce humaine; Note de M. Husson 1177 — M. I.lie de Beaumont présente un ou- ao ) Pages. vrage de M. De* Moulins sur les cailloux roulés, et donne, d'après la Lettre d'en- voi, une idée de < e travail 1191 — Lettre de M. Pascal accompagnant l'envoi d'un ouvrage intitulé : « Étude géolo- gique du Velay » 1282 — Lettre de M. Delesse accompagnant la présentation de sa carte géologique du département de la Seine i323 Géométrie. — Relations entre les deux caractéristiques d'un système de cour- bes d'ordre quelconque; Mémoire de M. Chasles 325 — Théorie générale des systèmes de surfaces du second ordre satisfaisant à huit con- diiions caractéristiques des systèmes élémentaires. Expression générale du nombre des surfaces déterminées par neuf conditions quelconques ; par le même 4°5 — Sur les courbes planes ou à double cour- bure dont les points se peuvent déter- miner individuellement. Application du principe de correspondance dans la théorie de ces courbes; par le même.. . 579 — Sur les courbes à points multiples dont tous les points se peuvent déterminer individuellement : procédé général de démonstration des propriétés de ces courbes ; par le même 1354 — Extrait de la préface du tome U du livre de M. Poncelet intitulé : « Traité des propriétés projectives des figures »... 1297 — Rapport sur un Mémoire de M. Jordan intitulé : « Recherches sur les polyè- dres » ; Rapporteur M. Bertrand 12G8 — Nouvelles recherches sur les polyèdres; par M. Jordan 1 33g — Sur la correspondance de deux points sur une courbe ; Note de M . ( 'qylejr. . . . 58G — Sur les surfaces réglées tétraédrales sy- métriques; Mémoire de M. de la Gour- nerie 78 — Sur une variété de la courbe d'intersec- tion de deux surfaces du second ordre; par le même Gi 1 — Addition à la théorie des systèmes de coniques ; extrait d'un Mémoire de M. '/.eut lien 177 — Essai d'une théorie des séries el des ré- Seaux de courbes et de surfaces; Mé- moire de M. de Jonquières. . . . ag3 et 349 — Sur la géométrie des courbes gauches tra- cées mu' uni' surface générale du troi- sième ordre; Note de M. Clebsch 111 j Sur les lieux géométriques relatifs à un mi plusieurs systèmes de parallèles tan- ( *4 Pages, gentes à une série de coniques homofo- cales : Note de M. Volpicelli i33y Sur le déplacement continu d'un corps solide; nouvelle méthode pour détermi- ner les normales aux lignes ou surfaces décrites pendant ce déplacement; Note de M. Mannheim 1 386 Sur la réduction à une forme simple de l'équation générale des surfaces du se- cond degré; addition et rectification à une précédente Note de M. Cancre. . . 47' Démonstration du postulatum d'Euclide; Note de M. Marchand 382 2, ) Pages. — Note de M. Brate concernant certaines questions de Géométrie 809 et 1082 — Note de M. fVach concernant la théorie des parallèles 1243 Globe terrestre. — Voir aux articles Géo- désie et Géographie. Glïcogène. — Sur l'existence du glycogène dans les animaux invertébrés; Note de M. ./. Bizio 0;5 Gravure sur verre. — Production chimique de gravures mates sur cristal et sur verre; Note de MM. Tessié du Mothay et Maréchal 3oi H Histoire des Sciences et des Arts. — No- tice historique sur les travaux scien- tifiques de S. A. le Prince Charles-Lu- cien Bonaparte. II. Elie de Beaumont fait hommage à l'Académie (séance du 19 mars) d'un exemplaire de cette No- tice qu'il vient de publier 609 — Note do M. Chevreul accompagnant la présentation du premier volume de son « Histoire des connaissances chimiques». 1249 — Lettre de M. Mannheim concernant une collection de Mémoires de Lagrange donnée par d'Alembert à Condorcet, transmise à Lacroix, à Biot, à Binet, à Bour, et léguée par ce dernier à l'Aca- démie des Sciences 838 — Bapport fait à l'Académie à l'occasion de ce legs par la Section de Géométrie. . . 872 — Note de M. Chastes à l'occasion de la présentation du second volume de l'ouvrage de M. Quetelet intitulé : « Sciences mathématiques et physiques chez les Belges au commencement du xixc siècle » 1082 — Lettre de M. Cheuvreux qui offre a l'Aca- démie les manuscrits de feu M. André- Marie Ampère 1010 — Lettre de M. Guillemin concernant divers documents scientifiques trouvés dans les papiers du minéralogiste Patrin 1 347 — Sur l'ancienne exploitation des mines d'é- tain de la Bretagne ; Note de M. Simonin. 346 — Bemarques de M. de Paravey concernant les connaissances des Chinois sur l'Hip- popotame 1242 Voir aussi l'article Paléontologie. Horloges. — M. Séguierprie l'Académie de vouloir bien faire constater par une Commission l'état de conservation de l'horloge installée à l'Hôtel de Ville par //. Lepaute en 1 780 825 — Lettre de M. Oletti concernant ses précé- dentes communications sur un appareil qu'il nomme « horloge lunisolaire ». 3o6 et 1243 Houle de la mer. — Expériences relatives à la théorie des houles de la mer; Note de M. de Caligny 162 Huiles minérales.— Nouvelle méthode d'es- sai pour les huiles minérales servant à l'éclairage : appareil pour cette sorte d'essais présenté par MM. Salleron et Urbain 43 — Nouvelles recherches sur les hydrocar- bures coutenusdans les parties les plus volatiles de l'huile de houille; Note de M. Gréville II illiams 390 Hvbridité. — Nouvelles expériences sur l'hybridité dans le règne végétal faites pendant les trois dernières années; Mé- moire de M. Godron -S79 Hydraulique. — Sur la théorie des roues à augets. — Sur la théorie des roues à aubes courbes; Mémoires de M. dePam- bour 21 8 et 787 — Considérations sur la nature du frotte- ment des liquides soumis à de très- grandes pressions; Note de M. de Cali- gny 35o — Expériences sur les vitesses des ondes de diverses espèces dans les canaux, et sur le mouvement de quelques images à la surface de ces ondes ; par le même 981 — Théorie du mouvement des eaux dans les réservoirs à alimentation variable ; Mé- moire de M. Grarff 998 — Rapport verbal sur un ouvrage italien de M. Cialdi concernant le mouvement des ondes de la mer, sc> courants et parti- culièrement les courants du littoral; Rapporteur M. de Tessan 1271 i85.. ( 1422 ) Pages. Hydrogène ( Oxydes d' ). — Recherches sur le peri'wde d'hydrogène et sur l'ozone; par M. // eltzien 64o et -b- — Expériences el observations sur l'oxygène et le bioxyde d'hydrogène; Note de M. ./. Baudrimont 82g Hygiène publique — Observations de M. Ma- rin à l'occasion de la présentation faite par M. Velpeau d'un ouvrage de M. Le- Pages. fort sur les hôpitaux d'accouchements. 334 Application de l'acide phosphorique et de ses dérivés à la fabrication des engrais et à la salubrité des villes; Mémoire de MM. Blanchard et Château 44.6 Sur une substance verte destinée à rem- placer dans diverses applications indus- Irielles le vert arsenical ; Mémoire de M. Aronssohn 1225 I Institut. — Lettres de M. le Président de l'Institut concernant la deuxième et la troisième séance trimestrielle de 18G6. 5-5 et 1 297 Instruments d'astronomie. — Sur la recti- fication de la lunette zénithale; Note de M. Scrvier 991 Instruments de chirurgie.— Note de M. de Serê accompagnant la présentation d'un couteau galvanocaustique à chaleur gra- duée 3o4 - Note de M. Bruck sur son stomatoscope et sur la carie centrale des dents 795 — Note de M. de Labordette sur un instru- ment nouveau appelé 0 spéculum laryn- gien » g95 Instruments d'optique. — Sur le prisme po- larisateur de MM. Hartnack et Praz- mowski ; Note de M. Deleuil 149 — Sur un nouvel instrument . l'iridoscope ; Note de M. Boudin 617 Instruments de physique. — Machine pneu- matique à piston; Note de M. Deleuil. i5i — Hygromètre à cheveu plus portatif que l'hygromètre ordinaire; présenté par M. E. Monter 1 1 10 — Lettre de M. Chouet concernant un moyen qu'il croit avoir de fabriquerdes lentilles en verre, de grandeur inaccoutumée . . 401 Iode. — M. Chatin prie l'Académie de vou- loir bien renvoyer à l'examen d'une Com- mission l'ensemble de ses recherches sur l'existence de l'iode dans les plantes, dans les eaux et dans l'air 349 — Fabrication des charbons de varechs : nouvelle méthode d'en extraire le brome et l'iode, et de doser ce dernier corps au moyen des hyposulfites alcalins; Note de M. Moride 1002 Iodures. — Sur l'iodurede potassium; Note de M. Pave// 254 Legs Bréamt.— Communications manuscrites ou imprimées concernant lo choléra- morbus ou les dartres, destinées au con- cours pour le prix du legs Bréant et adressées par les auteurs dont les noms suivenl : MM. Starck, Markey, Mmc de Castelnau, MM. Guibert, Maùr, Bina, h/, Anonyme, M Marion Churchill, MM. Bossage t, Fauconnet, Smith, Il "//- Irmiii. Baritla, HamiltonHowe , Cahen, Thiersch, Netter, /'un/a, Roy, Marti- nencq, Adel de Roseville, Guglielmi, Barbacano, Amiot, Grégoire, Frémaux, Sérée, Aronssohn, un inonyme,Wl,Jo- bert, Vinci. 61, 126, 242, 295, 455, 47', 610, C11, 052, 795, 809, 852, 853, 881, 943, 978, 997, 1024, 1080, 1099, 1110, 1223, 122G, 1322 et i385. Voir aussi l'article Choléra-morbus. Legs Plumet pour la fondation d'un prix destiné à encourager le perfectionne- ment de la navigation par ta vapeur. — M. le Ministre de l Instruction publiipie transmet une ampliation du Décret im- périal qui autorise l'Académie à accepter ce legs i386 Locomotives. — Lettre de M. Finardi con- cernant sa Note sur des modifications proposées pour des locomotives i53 — Do la locomotion sur routes ordinaires au moyen de la vapeur; Mémoire de M . Séguier 1 2 1 5 Lumière. — Sur des effets de coloration et d'extinction de couleurs produits par des lumières artificielles; Note de M. Nicklès 91 ( i4^3 ) Panes — Remarques de M. Chevreul accompagnant la présentation de cette Note g3 — Sur la direction des rayons dans le prisme ; Note de M. Picou 1 76 et 382 Lune. — Note de M. Chacornac concernant Pages, quelques particularités de la surface lunaire i 406 Mouvements rie ta lune. — Voir à l'arti- cle Mécanique céleste. M Machines a vapeur. — Voir aux articles Che- mins de jer, Locomotives, Navigation. Magnésie façonnée en creusets pour la fonte du fer. — Voir à l'article Fer. Magnétisme terrestre. — Sur la perturba- tion magnétique du 21 février i8(36; Note de M. Dufour, de Lausanne — Observations concernant l'action du ma- gnétisme terrestre sur l'atmosphère; Note de M. Casnas — Perturbation de l'aiguille de déclinaison observée à Marseille avant et après le tremblement de terre du 19 mai ; Lettre de M. Mermel Manganèse. — Séparation du cobalt d'avec le nickel et séparation du manganèse d'avec le nickel et le cobalt; Note de M. Terreil — Remarques de .M. Fremy sur ce travail. . Mécanique. — Mémoire sur l'impulsion, la résistance vive et les vibrations des pièces solides ; par M. de Saint-Venant. — Sur les pertes apparentes de force vive dans le choc des pièces extensibles et flexibles, et sur un moyen de calculer élémentairement l'extension ou la flexion dynamique de celles-ci ; par le même. . . — Nouvelle Note de M. de Caligny sur un résultat d'expériences relatives à un moyen d'obtenir un ressort à force con- stante Mécanique céleste. — Sur la variation du moyen mouvement de la Lune; Note de M. Bertrand — Remarques de M. Delaunay à l'occasion de cette communication — Sur l'accélération apparente du moyen mouvement de la Lune due aux actions du Soleil et de la Lune sur les eaux de la mer ; par le même — Remarques sur la variabilité de la rota- tion de la Terre et sur le phénomène des marées; Note de M. dllégret — M. Delaunay. qui avait été désigné comme Membre de la Commission chargée de l'examen de la Note de M. Allégret, dé- clare ne pouvoir accepter le rôle déjuge dans un débat où il figurerait comme partie 643 9'4 1239 1 39 140 i3o 800 162 iG5 "j; 434 575 — Réponse de M. Delaunay à la Note de M. Allégret '. — Sur la controverse relative à l'équation séculaire de la Lune ; par le même — Nouvelles remarques sur la variabilité de la rotation de la Lune et sur le phéno- mène des marées; par M. Allégret. . . . — Remarques de M. Dubois à l'occasion de la dernière Note de M. Delaunay — Sur l'influence que l'action de la Lune sur les eaux de la mer peut exercer sur le mouvement de rotation de la Terre; Note de M. Dubois — Lettre de M. Giraud indiquant un passage du Livre de Tyndal concernant l'action de la Lune sur les protubérances liquides des marées — Sur l'accélération séculaire du mouve- ment de la Lune; Note de M. Dufour. — Note de M. Delaunay sur la question du ralentissement delà rotation delà Terre. — De la réaction des eaux de la mer sur le • mouvement de la Lune; Note de M. Al- légret — Sur les perturbations de la planète Pallas; Mémoire de M. C.-J. Serret Mécanique moléculaire. — Note de M. Pla- teau concernant la continuation de ses recherches sur les figures d'équilibre d'une masse liquide sans pesanteur. . . . Méoecine et Chirurgie (Concours pour les prix de).— Analyse d'ouvrages imprimés ou manuscrits présentés à ce concours par les auteurs dont les noms suivent : — M. Démarqua) (Essai de pneumatologie médicale) — M. Debaux (Essai sur la pharmacie et la matière médicale des Chinois) — M. Souchard[ Dégénérations secondaires de la moelle épinière) — M. Frédrndt ( De l'alimentation) — M. Sales-Girons (Salles de respiration à l'eau pulvérisée, pour le traitement des maladies du poitrine) — M. Friedberg ( Traité historique el ehi- mique des maladies vénériennes dans les temps anciens el au moyen âge)... — M. Girard de Ctulleu.c (-Etudes pratiques sur les maladies mentales) 5;5 704 767 7C8 (349 354 84o 1107 1284 6i3 997 997 1180 1180 1180 1180 1224 ( '4 Pages. — M. Béraud (feu) (Atlas d'anatomie chi- rurgicale topographique) 1224 — H. de Hubert de Latour 1 Chaleur animale comme diagnostic de diverses affections . 1224 — M. Politzer (Nouvelle manière de guérir la surdité «lue à la fermeture de la trompe d'Eustache) 1224 — M. Banvier (Résumé d'ouvrages relatifs aux tissus osseux et cartilagineux ). . . . 1226 — M. Namias (Application de l'électricité à la thérapeutique) 1225 MÉTALLIQUES (Radicaux!.— Sur une nou- velle classe de radicaux métalliques composés; Notes de M. Bcrtlielut 455 et G28 Météorites. — Météorites tombées le 25 août 1 865 dans la tribu des Senhadja, cercle d'Aumale, dans la province d'Alger. Fer météorique signalé à Dcllys ; Mémoire de M. Daubrée 72 — Expériences synthétiques relatives aux météorites; rapprochements auxquels elles conduisent tant pour la formation de ces corps planétaires que pour celle du globe terrestre ; par le même 200, 36g et 660 — M. Daubrée met sous les yeux cle l'Aca- démie le principal morceau de la météo- rite d'Orgueil dont M. le Maréchal Vail- lant vient de faire don au Muséum d'Histoire naturelle 283 — Météorites tombées le 3o mai 18C6 sur le territoire de Saint-Mesmin, départe- ment de l'Aube ; Note de M. Daubrée. . i3o5 — Analyse de cette météorite; Note de M. Pisani 1 326 Météorologie. — Sur les zones d'orages à grêle dans le département de Seine-et- Marne; Mémoire de M. Becquerel 3og — Sur les zones d'orages à grêle dans le dé- partement du Bas-Rhin ; par le menu-. . 1266 — Des pluies dans les lieux boisés et non bojsés; Mémoire de MM. Becquerel et Echu, Becquerel 855 — Mémoire sur la température de l'air sous bois, près et loin des bois; parte mêmes. 1205 — Avertissements donnés aux côtes sur l'ap- proche des tempêtes : état présent de la question; Note de M. Le /erriez 1045 — Remarques de M. Ch. Sainte-Claire De- ville à l'occasion de cette communica- tion 1052 — Remarques de M. Le 1 errier relatives à une addition faite par M. Ch. Sainte- Claire Deville à ce qu'il avait dit dans la séance du 14 juin 1107 — M. < 'h. Sainte-Claire Deville annonce qu'il attendra pour répondro à M. Le Verrier 24 ) Papes. que sa réclamation soit imprimée 1 108 -7- Sur les variations périodiques de la tem- pérature dans les mois de février, mai, aoûl et novembre; Mémoire de M. Ch. Sainte-Claire Deville. . 1149, 1209 cl 1298 — Sur les tempêtes qui se sont produites entre le 19 et le 23 mars 1SG6 à Bucnos- Ayres, sur la côte de France et à Ver- sailles ; Note de M. Lartigue 1096 — Relation qui parait avoir existé pendant, une partie de notre hiver (1S6J-1866) cidre les vents régnants en mémo temps à Versailles et au cap de Bonne-Espé- rance ; par le même Soi — Sur la tempête et le minimum baromé- trique du 11 janvier 1SG6; Note de M. Rqyet 387 — Sur la théorie de la pluie; Mémoire de M. Renou 825 — Sur la périodicité des aurores boréales; par le même 762 — Surl'hiverde i866;Note deM.Lia/ulier. 809 — Sur un service météorologique fondé en Italie par le Ministre de la Marine; Lettre lie M. Matteucci 124 — Note de M. fournet sur les courbes mé- téorologiques i3io — Sur un brouillard sec de 18G1; Note de M. Pkipson à l'occasion d'une commu- nication récente de M. Liais sur la co- mète de 1 8G1 Gi — Lettre de M. Coulvier-Gravier concernant les résultats de ses recherches sur les météores île 1 8GG 1080 — Observations météorologiques faites pen- dant l'ouragan qui a été ressenti à .Ma- nille le 27 septembre 1864. M. Ramon di- la Sagra communique, d'après un journal espagnol, un tableau de ces ob- servations 68 ' — Observations relatives à l'action du ma- gnétisme terrestre sur l'atmosphère; Note de M. Casnas 914 — Sur un principe de physique auquel peu- vent se rattacher tous les grands phéno- mènes de la météorologie; Mémoire de M. Mottez G 19 Minéralogie. — Notices sur le sable grana- tifère de Pesaro dans les Marches, sur la thulite de Traversella en Piémont el labustamiteduVicentin; par M. Pisani. 100 — Sur une nouvelle espèce minérale du Cornouailles, la chenevixite ; par le même 690 — Sur la gieseckite considérée comme une 1 pi ;énie d'< lœolilhe; par le même r324 . Note sur la roméine de Saint-Marcel en Piémont; par M. Bertrand de Lom.... 1 ii ( i4 Pages. — Sur l'adamine, nouvelle espèce minérale; Note de M. Friedel 692 — Sur la forme cristalline et les propriétés optiques de l'adamine; Note de M. Det Cloizeaux (iç)5 — Sur un nouveau minéral de Bornéo, le laurite ; Note de M. Wœhler 1059 — Sur un diamant particulier à couleur va- riable; Note de MM. Halphen io3G — Remarques de M. Gallardo-Bastant à l'occasion de cette communication 1193 — Sur la production naturelle et artificielle du diamant ; Note de M. de Chancoitrtois. 1407 Moléculaire (État). — M. Persoz demande et obtient l'autorisation de reprendre diverses parties de son Mémoire sur l'état moléculaire des corps g56 Moléculaires (Formes). — Mémoire de M. Gandin ayant pour titre : « Morpho- génie moléculaire de quelques substances organico-minérales » 4ï3 25 ) Molécules (Nombre des). ■ — Note deM. Du- pré sur le nombre des molécules conte- nues dans l'unité de volume 3g Monamines. — Action exercée sur les sels des monamines aromatiques par le trichlo- rure de phosphore; Note de M. H&l- maim 729 Mortalité (Loi i>e la). — Compagnie d'as- surance sur la vie. formule fondamen- tale de la théorie des opérations via- gères; Mémoire de M. Cliarhn. 349 et 837 Mortiers. — Sur les mortiers qui entrent dans la fabrication des blocs artificiels pour la fondation des ouvrages à la mer ; Note de M. Poirel ... 782 et 837 Moteurs. — Description el figure d'un nou- veau moteur à air chaud; Lettres rela- tives à ce moteur; par M. Desnos 65i, 708 et 809 — Sur une machine motrice à air atmosphé- rique; Note de M. Foguet 997 N Navigation. — M. Ch. Dupin, en présentant un ouvrage de M. Fairbairn sur la con- struction des navires en fer, donne une idée de cet ouvrage 822 — Sur l'application de la vapeur à la marine militaire ; Mémoire de M. A. Sédillot. . . 1223 — Navigation fluviale : emploi des barrages pour utiliser les eaux de la Dendre ; Note de M. de Paravey 1242 Nickel. — Séparation du cobalt d'avec le nickel et séparation du manganèse d'a- vec le cobalt et le nickel ; Note de M. Terre/7 1 39 — Remarques de M. Fremy sur ce travail. 140 Nombres (Théorie des). -- Sur la forme à cinq indéterminées : Note de M . Lowille 714 — Nombre des représentations d'un entier quelconque sous la forme d'une somme de dix nombres triangulaires; Note de M. Liouville 77 1 — Nouveau théorème sur la résolution des équations binômes à module premier; Note de M. Le Besgue 20 — Sur une congruence du deuxième degré, à plusieurs inconnues; par le même... 808 — Nouvelle Note de .M. Paganinisat la théo- rie des nombres 85?., 914 et . janvier 186G et renferme une Note intitulée : « Exposé d'une nouvelle théorie dynamique. . . air condensé par la vapeur employé comme force motrice dans les arts » — Lettre de M. Manoilori concerna1- j un _- quel cacheté déposé en scptom'ure ,&j _ Ce" >»' ' • ,e ^«iruet, ouvert sur la demande de M. Torrrgiani, dans la séance du 9 avril 18GG, renferme une Note concernant une pile qui, agissant comme source d'é- lectricité, aurait encore l'avantage de produire en quantité utile du carbonate de plomb — Lettre de M. Dufossê concernant divers plis cachetés déposés par lui dans le cours de ses recherches sur la voix des Poissons Pathologie. — Sur l'abus de la vaccination et sur les moyens de préserver des mar- ques de la petite \érole; Note de M. Bêcher — Sur un cas de cyanose traité et guéri dans trois jours; Note do M. Doi/i — Lettre de M. Stamm concernant ses re- cherches pour l'extinction des maladies épidémiques — Sur les maladies à bactéridies; Lettre de M. Tigri — Sur la répartition du goitre endémique et du crétinisme dans les différentes par- ties d'un même pays selon la constitu- tion géologique du sol; production arti- ficielle du goitre; Ni. lis de M. Saint- Loger 348 et — Recherches expérimentales sur les causes du goitre; L( tire de M. Maumenë. . . . — .Mémoire sur le typhus, adressé par M. Fnur mm/ comme pièce de 1 oncoui - pour le prix Bréanl <">i 1 et 1 — Recherches expérimentales et cliniques sur les causes prochaines de l'épilepsie; par M. Poulet ('18! et 1 — Résumé d'un travail de M. Rn/lin sur la tuberculose — Lettre de M. Lcmoiiw concernanl son .Mémoire sur le diabète — Sur l'hypertrophie chronique des amyti C, R., 1%.'', 1er Semestre. (T. IAII.) ( »4^7 ) l\i;res. (;es. 193 4 Ol 8 h f|So Ol v>G >93 294 1 1 79 11 80 1 1 80 1 ■/;-, 129! dales et sa fâcheuse influence quant au développement età la santé des enfants; Note de M. Champouillon 844 — Sur le diagnostic des paralysies sympto- matiques et des paralysies essentielles de la sixième paire au moyen de l'oph- thalmoscope; Note de M. Bouchut g55 — ■ Communication de M. Caste en présentant l'ouvrage de M. Sichel intitulé : « Ico- nographie ophlhalmol jgique » 1 1 1 1 — Production expérimentale de la vaccine naturelle improprement appelée « vac- cine spontanée >;Note de M. Chameau. n 18 et — Études sur les maladies du pancréas; par M. Ancelet - Troisième Mémoire de M. Carret sur les effets pernicieux du chauffage des mai- sons par les poêles de fonte — Sur les tumeurs appelées a hétéradé- niques 0 : Note de M. Ordonez — Lettre de M. Bergemn concernant ses « Recherches sur la pneumonie des vieillards » — De l'influence exercée sur la santé des hommeset sur la végétation par les éma- nations volcaniques à Santorin; Note de M. Dn Corogna 1 38 1 — Sur l'affection typhoïde du cheval ; Note de M. Mégnin too5 — Observations de carie chez les singes an- thropomorphes : Note de If. Bischoff.. Pendule. — Expériences concernant les os- cillations du pendule; par M. Verdeil.. Phosphates. — Sur des faits géologiques et minéralogiques nouveaux concernant di- vers gisements de phosphates de chaux : Note de M. Bertrand tir Loin 343 Phosphore. — Recherches ayant pour objet la production économique des solutions d'acide phosphorique et du phosphore; Note île M. I nllin 8 I7 Piiospiioriques (Allumettes). — Note de M. Gaillard sur un mode de préparation des allumettes qui, suivant lui, écarte- rait toul danger d'incendies el d'empoi- sonnements 94 J et 1 1 S Photographie. — Note sur l'application de la photographie à la géographie physique et à la géologie; Note de M. Civiale Bis accompagnant la présentation d'unenou- velle partie de son Album photogra- phique des Alpes 685 Rapport sur des études photograph ques des Alpes faites au point de \ ne de l'un graphie el de la géographie physi- que; par M. /. Civiale; Rapporteur M CI,. Sainte-Claire Dcvilte S;'! 18G 123C. ia 4 3 G20 ihi 181 79 ' 809 ( Pa Physiologie. — Sur la non-régénération de la rate ; Note de M. Peyrani — Sur la disposition de la trachée artère et sur la production de la voix humaine: Note de M. Panofka — Sur la possibilité de ralentir l'activité res- piratoire et sur les effets de ce ralentis- sement; addition à de précédentes com- munications de M. Ed. Robin — Résultat de quelques expériences faites au moyen du laryngoscope ; Note de M. Guinicr — Recherches médioo-physiologiques rela- tives à l'emploi de l'air comprimé dans les constructions sous l'eau; Note de M. Gelusseau 997 et — Sur les derniers travaux entrepris dans le but d'expliquer la circulation cardiaque ; Mémoire de M. Judé — Nature de la contraction dans les muscles de la vie animale; Mémoire deM. Marey. — Notes médicales sur l'absorption ; par M . Mougeot — Recherches sur les propriétés physiques et aneslhésiques du protoxyde d'azote ; par M. Préterre 1 — De l'alimentation; analyse d'un ouvrage deM. Frédaut 1 — De l'absorption cutanée, des causes qui l'entravent ou la favorisent ; Note de M. Scoutetten 1 Physiologie comparée. — De l'ichthyopso- phose ou des différents phénomènes physiologiques nommés 0 voix des pois- sons »; Note de M. Dufessé et Lettre concernant différents plis cachetés dé- posés par lui dans le cours de ses re- cherches sur cette question.. . 978 et — Sur la reproduction et l'embryogénie des pucerons; recherches de M. Balbiani. . i23i, 1285 et 1 Physiologie végétale. — Recherches chimi- ques sur la végétation : fonctions des feuilles; Mémoire de M. Çoremvinder. , — Note pour servir à l'histoire des arbres; par M. Gris 438 et — Recherches sur les gaz (\u mûrier et de la vigne, les parties qui les renferment, les changements que la végétation y dé- termine; Mémoire de MM. Faiore et Duprê — Observations sur l'accroissement de quel- ques plantes pendant le jour et pendant la nuit; Mémoire de M. Duc/tartre — Sur le pigment rouge des Floridées el sur son rôle physiologique; Note de M. Rosanoff. Physique du qlobe. — Sur la hauteur dos 14 ges. 89 38i 382 080 28 ) Pages. vagues à la surface des Océans : Mé- moire de M. Coupvent des Bois 8a — Sur les marées atmosphériques et leurs rapports avec la production des vents; Note de M. Bavoux i4r> — Notice sur le phénomène de la rotation diurne des vents et sur les mouvements généraux de l'atmosphère : par M. Bour- gois 1018 — Analvse de l'eau de la mer Rouge ; par MM. Robinet el /. Lefort 430 — Composition des eaux de la mer Morte, des eaux des sources environnantes et del'eau du Jourdain ; Note de M. Terreil. 1 J29 — Recherches sur la salure des eaux de la mer Morte à différentes profondeurs, ainsi que sur divers points de sa surface et sur les origines qu'on peut lui attribuer; Note de M. L. Laftet i333 — Note sur les gîtes bitumineux de la Ju- dée et de la Cœlé-Syrie, et sur le mode d'arrivée de l'asphalte dans les eaux de la mer Morte ; par le même 1 39r> Physique mathématique. — Théorèmes géo- métriques relatifs à la réllexion cristal- line; Note de M. Cornu 1327 Plomb (Carbonate de). —Produit utilisable d'une pile agissant d'ailleurs comme source d'électricité ; Note de M. To'rreg- giàni adressée sous pli cacheté en sep- tembre 1864 et ouverte sur sa demande le 9 avril 18GG 8f>i Poids atomiques. — Communication de M. Dumas concernant l'ouvrage que vient de publier M. Stas sur les poids atomiques des corps simples ma 980 Potasse. — Sur l'iodure de potassium ; Note de M. Payen 2J4 — Sur l'extraction par calcination de la pc- 390 tasse contenue dans le suint du mouton ; Note de MM. Maumenè et Rogelet 1024 Voir aussi au mot Suint. 34° Pouzzolane. — Lettre de M. de Paravey concernant une pouzzolane de Gcrgo\ ie 6°3 dont il a rapporté des échantillons 957 PRIX DÉCERNÉS. — Concours de l'année i865. (Séance du 5 mars 1866.) sciences mathématiques. — Grand prix de Mathématiques (théorie desmarées). Le prix n'a pas cii' dé- 8i5 cerné : la question retirée du Concours est remplacée par une autre 4;3 Grand prix de Mathématiques (théorie des équations différentielles partielles du second ordre). — Le- prix n'a pas été 1180 1180 it8o 3.7 ( '4*9 Pages 78 décerné : la question est remise au Con- cours pour 1867 474 — Grand rnix de Mathématiques ( question concernant la théorie mathématique de la chaleur). — Le prix n'a pas été dé- cerné : la question est remise au Con- cours pour 1 8G7 i 7 i - Prix d'Astronomie (fondation Lalandc), décerné à M. Warren de la Rue, pour l'ensemble de ses travaux de photogra- phie céleste 476 — Prix de Méganique ( fondation Montyon). — Ce prix n'a pas été décerné 4/8 — Prix de Statistique ( fondation Mon- tyon). — Prix décerné à M. Chenu, pour son Rapport « sur les résultais du service médico-chirurgical pendant la campagne d'Orient ». — Mention très- honorable à M. Poulet, pour son «Mé- moire sur le goitre à Plancher-les- Mines ». — Mentions honorables à M. Sislach, pour ses « Études statisti- ques sur les varices et le varicocèle », et à M. Saintpierre, pour son ouvrage intitulé : « l'Industrie du département de l'Hérault » — Prix Boudin (questions relatives à la théorie des phénomènes optiques). — 11 n'y a pas eu lieu à décerner un prix. — Une récompense de la valeur de i5oo francs est accordée à M. Janssen, pour son « Mémoire sur les raies tellu- riques du spectre solaire » ; une de 1000 francs à M. Soleil, pour son travail concernant la taille des lentilles et des cristaux doués de la double réfraction; une de 5oo francs à M. Picliot, pour ses « Recherches sur la réfraction »; enfin, une M^ention honorable à l'auteur du Mémoire portant pour épigraphe : Se- mina Jlainnuf abstrusn in vend silicis. . — Prix Boudin (question concernant la théorie mécanique de la chaleur).— Il n'y a pas eu lieu à décerner un prix. — Une somme de i5oo francs égale à la moitié de la valeur du prix est accordée, à titre d'encouragement, à l'auteur du Mémoire inscrit sous le n° 2 — M. Dupré (Athanase) s'estfait depuis con- naître comme auteur de ce Mémoire... — Prix fondé par M"" la Marquise de La- place obtenu par M. Douvillé, sorti le premier en i865 de l'École Polytech- nique et entré à l'École impériale des Mine; 5oi Prix Damoiseau. — Ce prix n'a pas été dé- cerné 5o 1 8"> 190 622 Pages. sciences physiques. Grand prix des Sciences physiques ( anatomie comparée du système nerveux des Poissons). — Il n'y a pas eu lieu à décerner un prix. — La somme affectée à cet usage a été partagée entre deux des concurrents, les deux tiers étant at- tribués au Mémoire de M. Baudelot, et l'autre tiers à celui de M. Hollard 5o2 Grand prix des Sciences physiques ( tra- vail ostéologique contribuant à l'avan- cement de la paléontologie française). — Prix décerné à M. Alphonse Milne Edwards, auteur des « Recherches d'anatomie comparée et de paléontolo- gie pour servir à l'histoire de la faune ornithologique française aux époques tertiaires et quaternaires » 5o6 Prix de Physiologie expérimentale (fondation Montyon). — Prix décerné à M. Bert, pour ses expériences sur les greffes animales. L'Académie, sur la pro- position de la Commission, décide qu'un travail présenté à ce Concours par feu M. Réveil (action des poisons sur les plantes) sera imprimé dans le « Recueil des Savants étrangers » 5i5 Prix de Médecine et de Chirurgie (fon- dation Montyon ). — Prix de 25oo francs décernés : i° à M. Vanzetti, pour sa mé- thode de traitement des anévrysmes; •2° à MM. Chauvcau, Viennois et P. Meynet, pour leurs recherches sur les relations pouvant exister entre la vaccine et la variole; 3° à M. Lurs, pour ses « Recherches sur le système nerveux cérébro-spinal ». — Mentions honora- bles avec une somme de i5oo francs : i° à M. Sucquet, pour son travail sur une circulation dérivative dans les membres et dans la tète chez l'homme; 20 à M. Legrand du Saulle, pour son livre intitulé : « La Folie devant les tri- bunaux » ; 3°àM. Desormeaux, pour son invention de l'Endoscope. — Citation ho- norable de la « Topographie et Histoire médicale de Strasbourg », de MM. Stce- ber et Tourdes; et de l'instrument de M. Moura pour la ligature des polypes du larynx 5ig - Prix relatif aux Arts insalubres ( fon- dation Montyon). — Prix de ?.5oo francs a M. ./. Achard, pour son frein élec- trique à embrayage.— Récompenses de la valeur de 1000 francs à M. Chan- tran, pour son filtrage à éponges; de 186.. ( i43o Paires. 538 hi valeur de 5oo francs à M. Galibert, pour son appareil respiratoire â^o Prix Bréant. — Prix de la valeur de •iî>oo francs décerné à M. Davaine, pour ses travaux sur l'étiologie des maladies charbonneuses. — Une indemnité de 4000 francs est accordée à M. Grimaud, de Caux, pour ses études du choléra faites à Marseille durant l'épidémie. — Les recherches de M. Tiersch sur les déjections cholériques, considérées par rapport à la transmission du choléra, sont réservées pour un prochain Con cours Paix Boroin (question concernant les causes de l'inégalité de l'absorption par les racines chez lesdifférents végétaux). — Prix décerné à M. Dehérain 545 Pnix Jecker. — Le prix a été ainsi par- tagé : 3ooo francs à M. Chez, pour un ensemble de travaux de chimie organi- que; 1000 francs à M. Friedel, pour ses recherches sur les acétones et sur les composés de silicium et de carbures d'hydrogène; 1000 francs à M. De Jjiriics pour ses recherches sur l'orcine et l'érylhrite. , 553 Paix Barbier partagé entre le travail de MM. Baillet et Fiïhol, sur l'ivraie eni- vrante, et celui de MM. / èe et Levai, sur un alcaloïde extrait de la fève de c-ilabar. — Mention honorable à l'ou- vrage de M. René de Grosourdj , inti- tulé : Prix Bordin (question concernant les in- dices de réfraction des verres employés dans les instruments d'optique), à dé- cerner en 1 866 56o Prix Boroin (question concernant la dé- termination expérimentale de quelques rayons de lumière simple, bien définis), à décerner en 1866 56 1 Prix Bordin (question concernant les vi- brations de l'éther dans les rayons pola- risés), à décerner en 1867 56 1 Prix fondé par M'"1' la Marquise df. La- place 56 1 Prix Trémont (encouragement à un sa- vant, un artiste ou un mécanicien, pour poursuivre un travail jugé important), à décerner en 1866 562 Prix Damoiseau (question concernant la théorie des satellites de Jupiter), à dé- cerner en 1 869 562 Prix Dalmont (destiné à récompenser des travaux scientifiques présentés par des ingénieurs des Ponts et Chaussées). 563 SCIENCES PHYSIQUES. Grand prix desScienc.es physiques (pro- duction des animaux hybrides par le moyen de la fécondation artificielle), à décerner en 1866 50 \ Prix de Physiologie expérimentale (fondation Montyon) 564 Prix de Médecine et de Chirurgie et Prix relatif aux Arts insalubres (fondation Montyon ) 565 Prix de Médecine et de Chirurgie (question concernant l'application de l'électricité à la thérapeutique), à dé- cerner en 1 866 566 Grand prix nu Chirurgie (question con- cernant la conservation des membres par la conservation du périoste), à décer- ner en 1866 566 Prix Cuvier (destine à récompenser des travaux remarquables sur le Règno ani- mal ou sur la Géologie), à décerner en 1866 ■'>,;7 l'mx Boudin (question concernant la structure des tiges des végétaux consi- dérée dans les glandes familles natu- relles), a décerner en 1866 567 Prix Bordin (question concernant la ( i43i ) Pages structure anatomique du pistil cl du fruit), à décerner en 1867 568 - Prix Morogues, à décerner en 1873 .... 56g Prix Bréant 569 — Prix Jecker 571 — Prix Barbier 57 1 — Prix Godard 571 — Prix Sayigny (fondation Letellier) 672 — Prix Desmazières 572 — Prix Thore 573 — Conditions communes a tous les con- cours 3;3 Pages. Puits artésiens. — M. le Secrétaire perpé- tuel donne, d'après un journal de Roche- fort, quelques détails sur un puits foré pour l'hôpital de celte ville 684 Putréfaction. — « Théorie motivée de la putréfaction. Réponse à quelques objec- tions. Nouveaux faits à l'appui d'appli- cations contenues dans de précédentes Notes. Développements apportés à quel- ques-unes de ces applications; Mémoire île M. Ed. Robin G20 IÇp Oja Sections de l'Académie. — La Section de Zoologie et d'Anatomie présente comme candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Valencicnnes : i°M. I.a- caze-Duthiers ; 20 M. Ch. Robin; 3° M. Gervais; 4° M. Dareste io3 — La Section de Géographie et de Naviga- tion présente comme candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Duperrey : i° M. Jurien de la Gra- vière; 2° MM. d'Abbadie , Bourgois, Coupvent des Bois, Mouchez, Renou. . . — La Section de Botanique propose de dé- clarer, et l'Académie décide qu'il y a lieu de nommer à la place vacante dans cette Section par suite du décès de M. Mon- tagne — Cette Section propose la liste suivante de candidats : i°M. Trécul ; a0 M. Chatin; 3° M. Giis; 4" M. Bâillon; 5° MM. Bu- reau et Prillieux 702 — La Section de Géographie et de Naviga- tion présente comme candidats pour l'une des trois places nouvellement créées : i° M. Dupuy deLôme; a0 MM. d'Abba- die, Bourgois, Coupvent des Bois, Da- rondeau, Labrousse, Liais, Mouchez, Poirel, Renou, Villarceau g58 - La Section d'Économie rurale présente comme candidats pour la place de Cor- respondant vacante par suite du décès de M. Ridolfi : 1" M. Mares; 2° M. Lebel ; 3° M. Henri Bouley 810 — La Section de Chimie présent? comme candidats pour la place de Correspon- dant vacante par suite du décès de M. H. Roze : 1" M. Marignac; 2" MAL Frank- land, Kolbe, Schrœtter, Stas, Strecker, Williamson, Zinin 1 ia8 — La même Section présente comme candi- dats pour une place de Correspondant en remplacement de M. Wœhlér, élu As- socié étranger : 1" M. Prankland : a" M. Fritzche et tous les autres noms compris dans la liste précédente 1408 — La Section de Botanique présente comme candidats pour la place de Correspon- dant vacante par suite du décès de Sir Il . Hooker : 1° M. L I). Hoôker; a°MM. de Bary, Gasparini, Gray (Asa), Parlatore, Pringsheim 1290 — La Section d'Anatomie et de Zoologie présente comme candidats pour la place de Correspondant vacante par suite du décès do .M. Léon Dufour : 1" M. Van Beneden ; 20 MM. F. de Filippi, Huxley. Leuckart, Pictet, Sars, Siebold, Steen- strup, Vogt i3 J7 — La Section de Géométrie présente comme candidats pour la place de Correspon- dant vacante par suite du décès de M. If. Hamilton : i° M. Riemann; 20 MM. Borchardt, Brioschi, Clebsch. Hesse, de Jonquières, Kronecker, Riche- lot, Rosenhain, Weierstrass — Rapport de la Section de Médecine con- stituée en Commission spéciale sur les pièces admises en l'année i8G5 au con- cours pour le prix du legs Bréant — Rapport de la Section de Géométrie rela- tif au legs fait à l'Académie par feu M. Bour d'une collection do Mémoires de Lagrange, Laplace, etc.. commencée par d'Alembert et transmise par divers savants qui l'ont accrue successivement au géomètre qui leur en a paru le plus digne h';; Silicium. — Note de M. l'/ii/>^>:/ sur le sili- cium dans la Fonte 8o3 Son; MARINE, partie de l'enveloppe de l'œuf 05a 538 ( i432 ) p dé certains Sélaciens.— Note de M. Jofy sur ce produit Soleil. — Seconde inégalité du mouvement des taches du Soleil ; Mémoire de M. Fine h 5, 27G et — Rapport entre la variation des taches so- laires et celle des amplitudes de l'oscil- lation magnétique; Note du P. Secchi. . — Sur un obscurcissement du Soleil à tort attribué à une interposition d'étoiles lilantes; Lettre de M. Wolf à M. Élie de Beaumont — M. Fini: met sous les yeux de l'Acadé- mie quelques épreuves photographiques du Soleil qu'il a reçues de M. Warren de la Rue — Mémoire de M. Fajre sur la réfraction so- laire — Lettre du P. Sccrhi sur la réfraction so- laire et sur quelques phénomènes nou- veaux observés dans les taches — Remarques de M. Fine à l'occasion de la Lettre du P. Secchi — Lettre de M. A^o/faccompagnant l'envoi des numéros 19 et 20 de ses communi- cations sur les taches du Soleil — Rapport des intensités lumineuses du centre et du bord du Soleil ; Lettre du P. Secchi — Sur les rapprochements qu'on peut éta- blir entre les taches solaires et les dis- locations géologiques; Note de M. Chu- cor nac Soude. — Sur la composition de la soude ex- traite du sel marin par le procédé Le- blanc; Mémoire do M. Pelouze — Étude théorique sur la fabrication de la soude par le procédé Leblanc; Mémoire de M. Kolb Soufre. — Sur lo soufre noir; Note de M. Nicidès — Remarques de M. Ch. Sainte-Claire De- ville à l'occasion de cettecommunication. — De quelques modifications du soufre; Note de M. Zaliwski Sources (Recherche des). — Découverte des sources souterraines basée sur l'é- tude de la géologie; Mémoire de M. Lez. Spectrale (Analyse). — Note sur l'histoire 455 36i i3o 708 85G 863 9i3 10 Go 1095 3 1 4 G38 46g 469 1098 G78 Par,cs. 091 168 ■' il 1023 de l'analyse spectrale ; par M. Brewster. — Sur le spectre de la comète de Tempel ; observation du P. Secchi — Lettre du P. Secchi accompagnant l'envoi d'une figure du spectre d'à d'Orion. . . Spontanées (Générations dites). — Ré- ponse de M. y. Meunier à une Note lue par M. Pasteur le i8décembre i865. — M. Meunier déclare qu'en présentant des résultats qui ne s'accordent point avec ceux qu'a annoncés M. Pasteur, il n'a point donné ces faits comme preuves à l'appui de la doctrine des générations spontanées — Mémoire de M. Artur (écrit à tort Arthur) concernant les générations spontanées . Statistique. — Économie rurale et statisti- que agricole dans le pays de Caux; tra- vail présenté par M. Marchand 942 - Pertes comparées des armées anglaise et française en 1 803 ; Note de M. Boudin. 1010 — De la mortalité des nourrissons en France, spécialement dans l'arrondissement de Nogent-le-Rotrou ; analyse d'un ouvrage de M. Brochant sur ce sujet 117:) — Statistique des sourds-muets et des aveu- gles ; par M. Blanchit 1 223 — Études pratiques sur les maladies men- tales, présentées au concours pour le prix de Statistique; par M. Girard île C ad- ieux 1 224 Suint. — Nouvelle communication de M. Che- vreul sur le suint de mouton 101 5 — Sur un moyen économique d'isoler les acides gras ordinaires de la matière du suint; Note de M. Evrard (écrit à tort Eymard ) 1024 — Sur le suint et l'extraction par calcinai ion de la potasse qu'il renferme ; Note de MM. Mau me né et Roge/et 1 " ï i Sulfures. — Mémoire de M. Pelouze sur les sulfures 108 — Remarques de M. Cluvrcul à l'occasion de cette communication 1 1 5 Sursaturées (Solutions). — Nouvelles re- cherches sur les solutions salines sursa- turées : critique de la panciistallie ; Note de M. Jeannel 37 ( i433 ) Pages. Technologie. — Note de M. Morin accom- pagnant la présentation du « Traité de la fabrication des lainages » par M. Alcan.. 1227 Télégraphie électriqiie. — Sur la manière d'immerger les câbles électriques; Note de M. Pârix accompagnant la présenta- tion de cables enveloppés d'un fourreau de sparterie d'après le procédé de M. Roux- 284 — Sur l'emploi de flotteurs pour modérer la descente des câbles électriques et écar- ter une des chances de rupture; Lettre de M. Pegneriol 4°' Températures (Hautes). — Sur un appareil destiné à produire des températures très-élevées au moyen du gaz de l'éclai- rage mélangé à l'air ; Note de M. Perrot. 148 — Sur les applications des hautes tempéra- tures produites par les gaz combustibles et l'air ; Note de M. Schlœsing 1 87 Tératologie. — Études sur un monstre hu- main affecté d'encéphalie, de pied bot, de polydactylie, d'hermaphrodisme et d'inversion splanchnique générale ; Mé- moire de M. Joly 1 ia3 Thérapeutique. — Des pastilles de fibro- globuline employées comme analepti- que ; Note de M. Lcspiau 1 45 — Alcoolature de l'aconit napel dans le trai- tement du choléra ; Note de M. Cramoisy. 1 76 — Lettre de M. Blanchit concernant ses travaux sur les sourds-muets 177 — Note sur une nouvelle opération propre à rétablir la faculté visuelle chez un cer- tain nombre d'aveugles; par le même. . . i32o — Lettre de M. Bobœuf concernant ses pu- blications sur l'application à l'hygiène et à la thérapeutique de l'acide phénique et du phénate de soude 194 — Sur l'emploi de l'alcool dans la coquelu- che ; Note de M. Tripier 3o5 — De la supériorité du chloroforme comme agent anesthésique ; Note de M. Séililtot. 2 1 1 — Sur l'emploi de î'éther dans l'anesthésie chirurgicale; Note de M. Burin du Buis- son 443 — M. Éliè'dé Beaumont annonce, à cette occasion, qu'une Lettre récente de M. Jackson lui apprend qu'à lioston I'éther pur est seul employé comme agent anesthésique i 4"' Pages. Recherches sur les propriétés physiques et anesthésiques du protoxyde d'azote ; Notes de M. Préterre 1 1 80 Sur une baignoire munie d'un appareil électrique à courant interrompu ; Note de M. de Séré 453 Sur l'application faite par MM. Desmartis père et fils de l'extincteur, pompe à in- cendie, aux maladies des voies uri- naires ; Note de M. Morpain 453 « Action de l'électricité statique sur le développement physique et intellectuel chez les jeunes sujets » ; Mémoire et Lettre de M. Poggioli 1 1 10 et 1 199 Lettre de M. Maslavsky concernant une précédente communication sur le traite- ment de la syphilis sous le climat du Nord 1 178 Traité théorique et pratique des salles de respiration nouvelles (à l'eau minérale pulvérisée) dans les établissements ther- maux, pour le traitement des maladies de la poitrine; par M. Sales-Girons 1 180 Sur la conservation des membres par la conservation du périoste; Mémoire de M. Motet io3o De l'évidement sous-périosté des os comme moyen de conservation des membres par la conservation du périoste ; travaux de M. Sédillot 1 181 et 1225 Traité expérimental et clinique de la ré- génération des os et de la production du tissu osseux, au point de vue spécial de la conservation des membres par la conservation du périoste; recherches de M. Ollier , , g , ■ De l'épreuve galvanique appliquée à la recherche de la vie et de la mort; Mé- moire de M. Cri/note/ 1 224 . Lettre de M. de Graefe accompagnant une traduction française de sa « Clinique ophthalmologique » 1227 • Action de la viande crue et de fa potion alcoolique dans le traitement de la phthi- sie pulmonaire et autres maladies con- somptives ; Note de M. Ftiffer 1344 ■ Note de M. Pagliari concernant son eau hémostatique 1 347 - Recherches sur la trachéotomie et sur le traitement des ulcères dits scrofuleux; Note de M. Legros i32a Voir aussi l'article Chirurgie. Pnges. Thermodynamique. — Sur la loi qui régit le travail de réunion des corps simples el sur les attractions à peliies distances; Mémoire de MM. Âth. et P. Dupré. ... 791 Thermo-électriques (Appareils). — Noie de M. de Séré accompagnant la présen- tation d'un couteau galvano-caustique à chaleur graduée 3o4 Tiiionyi.e. — Synthèse du chlorure de thio- m le ; Note de M. If'nr/z $60 Toxicologie. — Nouvelles recherches sur les propriétés vénéneuses du Ncrium Olean- der; Note de M. Pclihan 23- — Études sur le curare; par MM. Voisina 11. LAourille 1 224 Tremblements de terre. — M. Ch. Sainte- Claire Deville donne, d'après les ren- seignements de M. E. de Montscrrat, quelques indications sur le tremblement de terre ressenti au Mexique le 2 jan\ ier 1866 397 — Sur des tremblements de terre éprouvés à Spoleto; Lettre du 1'. Secchi 773 ■-- Remarques de M. Ch. Sainte-Claire De- 1 Pnges. pille à l'occasion de cette Lettre 774 — Sur les trépidations du sol observées à Nice ; Note de M. Prost 910 — Sur les tremblements de terre des trois premiers mois de 1866 en Orient; Note de M. Lenormant 1092 — Sur un tremblement de terre ressenti en Sicile le aO mars 1866; Note de M. Sil- vestri 1 1 22 — Lettre de M. Nourrisson sur deux se- cousses de tremblement de terre ressen- ties à Marseille le 19 mai 186G 1127 — Perturbation de l'aiguille de déclinaison observée à Marseille avant et après le tremblementde terre; Lettre de M. Mer- met ia39 Trisection de l'angle. — L'Académie, à l'oc- casion d'une Lettre adressée de San-Mar- tino, province deMolise, par M. / . Fac- ciolla, (appelle que cette question est du nombre de celles dont, par une décision déjà ancienne, elle a renoncé à s'occu- per 7"' Urée. — Sur l'existence de l'urée dans le lait des animaux herbivores: Note de M. Lefort. et rectification d'une erreur u qui s y était glissée 190 el 241 Sur une nouvelle classe d'urées compo- sées; Note rie M. fl'nr/z 9 1 | Vaccine. — Mémoire et Lettre rie M. Chau- {•idu ayanl peur litre : « Production expérimentale de la vaccine naturelle improprement appelée vaccine sponta- née •• 1 1 lî'i et 1 179 — Des recherches sur les relations pouvanl exister entre la vaccine et la variole, re- cherches faites en commun parMM. Cliatt- vpaii, Mcynet el Viennois, sont l'objel d'un desprix de Médecine et de Chirurgie au concours de l'année 1 865 ">->i Vapeur | Pression de la). — Sur un appareil régulateur île la pression de la vapeur; Mémoire de M. Rolland .\'i Vapeurs. — Sur la détente des vapeurs sa- turées : Note de M. Cazin 50 — Remarques de M. Le Verrier au sujet de celle communication 58 Sur les densités de vapeur; Note de M. //. Sainte-t 'lain Deville > 1 ">~ — Sur les densités de vapeur anomales; Note de M. H'iinz 1 182 N'erre. — Noie rie M. Splitberger sur la co- loration du verre ! >a Vers a soie. — Lettrede M. Daiieat accom- pagnant un spécimen de tissu soyeux fabriqué par un ver mexicain qui vit sur l'Arbousier 4"° — Remarques de M. de Vernejoid à l'occa- sion de la Lettre de M. Dauzal 1 •■ i ! — M. Chevallier reproduit à l'occasion de la même Lettre uneancienneNote dans la- quelle il a parlé des tissus soyeux fabri- qués par des larves de lépidoptères el par d'autres insectes 65i Ici lie de M. Personnat accompagnant l'envoi de deux opuscules sur le \er à soie du chêne 1 . Nouvelle Noie sur les maladies des vers .1 soie; par M. Mouline G20 ( i435 ) Pages. 85 i34> a3o — Nouvelles analyses chimiques concernant la maladie des vers à soie; Note de M. D'ronhe — Sur l'innocuité des vapeurs de créosote dans les éducations de vers à soie ; Note de M. Béchamp Viandes ( Conservation des). — Sur un pro- cédé employé dans la République de l'Uruguay pour la conservation de la viande de bœuf; Note de M. Vavasseur. Vin. — Sur un dépôt de biracémale de po- tasse dans du vin rouge; Note de M. Pkipson — Sur la conservation des vins par l'emploi de la chaleur; Note de M. de Vergnette- Lamotte 5gG — De l'influence de la chaleur sur les vins rouges liquoreux; Note de M. Mares:. 11C8 Volcaniques (Phénomènes). —Recherches sur les phénomènes chimiques des vol- cans ; par M. Fouqué : Résumé et con- clusions GiG — Rapport sur l'ensemble des travaux que résume ce Mémoire ; Rapporteur M. Ch. Sainte-Claire Devillc i366 — Sur l'apparition d'un nouvel îlot volca- nique dans la rade de Santorin ; Note de M. F. Lenormanl 392 — M. Ch. Sainte-Claire Devillc propose que l'Académie envoie à Santorin, pour étu- dier ce phénomène, M. Fouqué qui a été récemment chargé d'une mission sem- blable pour l'Etna. — M. Élie de Beau- mont appuie cette proposition 392 — Nouvelle Lettre de M. Lenormant sur l'éruption volcanique de Santorin et les phénomènes qui l'ont accompagnée dans le reste de la Grèce 4G5 — Remarques de M. Ch. Sainte-Claire De- fille à l'occasion de cette Lettre 4^8 — M. le Ministre de l'Instruction publique transmet un Rapport de M. Ledoulx, consul de France à Syra, sur lus phéno- mènes volcaniques dont la rade de San- torin est aujourd'hui le théâtre 608 — Remarques de M. Elic de Beaumont à l'occasion de cette communication 610 Pages. 610 — Note de M. de Cigalla sur le même sujet — Nouvelle communication de M. Ledoulx sur les phénomènes volcaniques de San- torin 748 — Sur un bas-fond récemment apparu au sud du Péloponèse; Lettre de M. Lenor- mant y65 — Sur la nouvelle éruption de Santorin ; Notes de M. Fouqué. 796, 896, 904 et 905 — Note sur la théorie des soulèvements ap- pliquée à l'apparition des deux ilôts George Ier et Aphroëssa dans la baie de Santorin ; par M. Delenda 941 — Envoi par M. de Cigalla d'un échantillon de pierre provenant d'une troisième île formée dans la baie de Santorin. —Note manuscrite rectifiant la théorie de l'é- ruption exposée par lui dans des articles imprimés 942, 996 et 1081 — Exploration des principaux évents volca- niques delà Grèce; Note de M. Foitr/uc. 1121 — Note sur la récente éruption de Santorin ; par le même 1 1 87 — De l'influence exercée sur la santé des hommes et sur la végétation par les émanations volcaniques de Santorin; Note de M. Da Corogna i38i — Sur la naissance de deux nouveaux îlots entre Aphroëssa et Palœa-Kaméni ; ex- trait d'une Lettre de M. Delenda i3g4 — Sur l'apparition d'un nouvel îlot entre la pointe de George et Aphroëssa; extrait d'une Lettre du P. Hypert i3g5 — Analyse de la roche formant la nouvelle île de Santorin; Note de M. Ter/cil. . . 1399 — M. Ch. Sainte-Claire Devillc communi- que une Lettre de M. Pignant sur l'é- ruption du Vésuve 749 — Sur une récente éruption des salses boueuses de Paterno ; Note de M. Sil- vestri G4(i — Remarques de M. Ch. Sainte-Claire De- vil/ch l'occasion de cette communication. G48 Voyages scientifiques. — Lettre de M. Ra- mon de la Sagra concernant des pro- duits naturels recueillis dans l'Amérique du Sud par des savants espagnols 112G z Zoologie. — Note de M. Coste accompagnant la présentation de la deuxième édition de l'ouvrage de feu M. Moquin-Tandon, intitulé : « Le monde de la mer 0 37G — Note de M. Blanchard accompagnant la C. R., i865, i« Semestre. (T. LXII.) présentation de son livre sur les Pois- sons des eaux douces de la France. ... 1044 Sur la caractéristique de l'espèce et de la race ; Noie de M. Sanson 1 07,1 Sur un Mammifère du nord de la Chine, ■«7 ( i436 ) Pages. qui constitue une section nouvelle de la famille des Cerfs; Note de M. Alph. Milne Edwards 1 090 Zoologie. — Observations sur des Lépidosi- réniens qui ont vécu à la Ménagerie des Reptiles du Muséum d'Histoire naturelle, et y ont formé leur cocon ; Note de M. Duméril 97 — M. Milne Edwards communique deux Lettres que lui a écrites des bords de l'Amazone M. Agassiz qui lui commu- nique divers résultats importants de ses recherches sur l'ichthyologie de cette partie de l'Amérique ia5 — Étude de l'équilibre et de la locomotion chez les Poissons; Note de M. Monoyer. 847 — Sur la voix des Poissons ; Note de M. Du- fossé 978 Pages. Des erreurs auxquelles peuvent conduire les observations faites à un seul moment de la vie des animaux; Note de M. La- caze-Duthicrs 622 Considérations zoologiques sur la fixation des limites entre l'espèce et la variété, tirées principalement de l'étude des in- sectes hyménoptères ; Note de M. Sichel. 1 67 et 225 Sur les Abeilles et sur un de leurs pa- rasites. — Sur un ver marin phospho- rescent; Notes de M. Duchemin 48, 225 et 683 Étude sur les Bryozoaires perforants de la famille des Térébriporides ; Note de M. Fischer g85 Recherches sur le développement du Bo- thriocéphale à trompe; par M. K/wc/i. j 179 ( i437 ) TADLE DES AUTEURS. Pages. 838 958 MM. ABBADIE (d') est présenté par la Section de • Géographie et Navigation comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Duperrey 195 — M. d'Abbadie prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi les candidats pour l'une des trois places de nouvelle création dans la Section de Géographie et Navigation — M. d'Abbadie est présenté par la Section de Géographie etNavigation comme l'un des candidats pour l'une des trois places nouvellement créées dans cette Section. ACADÉMIE DES SCIENCES DE L'INSTITUT DE BOLOGNE (l*) adresse le compte rendu de ses travaux pour l'année 1 864- i865, et plusieurs parties des tomes IV et V de ses Mémoires ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE LISBONNE (l) remercie l'Académie pour l'envoi d'une nouvelle série de ses « Comptes rendus » ACHARD (A.). — Le prix relatif aux Arts insalubres lui est accordé, pour son « frein électrique à embrayage » 53o — M. Achard adresse ses remerciments à l'Académie "21 ADET DE ROSEVILLE demande qu'une Note imprimée sur le choléra présentée en son nom à la séance du 19 février soit admise au concours pour le prix du legs Bréant. _ Mémoire sur le choléra, sa nature et son traitement ALIX (Edm. ). — Sur les organes de la par- turition chez les Kanguroos... . 146 et ALLÉGRET. — Remarques sur la variabilité de la rotation de la Terre et sur le phé- nomène des marées 434 et 767 _ Note relative à la réaction des eaux de la mer sur le mouvement de la Lune 1284 1180 977 1017 17G 1080 1226 045 MM. , u Pa&es- \MIOT (L.). —Lettre sur les causes du cho- léra ,no ANCELET. — Études sur les maladies du pancréas ANDRAL est nommé Membre de la Commis- sion des prix de Médeeine et de Chi- rurgie (fondation Montyon) pour 1866. — M . Amiral annonce qu'il ne peut prendre part aux travaux de cette Commission. ANONYMES. — L'Académie considère comme non avenue toute communication qui ne porte pas le nom de son auteur; elle exige d'ailleurs, pour certains concours, que ce nom soit renfermé dans un pli cacheté qui ne doit être ouvert qu'après le jugement de la Commission. Pour l'in- dication des Mémoires présentés dans ces conditions, et pour quelques autres dont les auteurs se sont crus, à tort, astreints à la formalité du pli cacheté, voir, à la Table des matières, l'article Anonymes ( Mémoires) ARCHIAC ( d' ) présente un caillou roulé de schiste satiné trouvé par M. Garrigou dans la grotte de Massât (Ariége), avec des objets en silex taillé de l'époque du Renne, caillou qui porte sur l'une de ses faces gravé au trait le profil com- plet d'un Ours — M. d'Archiac est nommé Membre de la Commission du prix Cuvier à décerner en 1 8G6 ARONSSOHN. — Substance verte destinée à remplacer le vert arsenical 1225 — Mémoire relatif au choléra 1226 ARTHUR, écrit à tort pour ARTUR. — Mémoire sur les générations spontanées I0;" 1412 i345 1069 B BAER (DE). — Lettre relative à la décou- verte récente d'un Mammouth dans le sol gelé de la Sibérie arctique BA1LLLT et I'ii.uol. — Un prix est accordé 86- par la Commission du prix Barbier à • leur travail sur l'ivraie enivrante 555 MM Baillet el Filhol adressent leurs re- merciments à l'Académie 6àl 187. ( '438 ) MM. Pages. BAILLON prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi les candidats pour la place vacante dans la Section de Bota- nique par suite du décès de M. Mon- tagne fia i — M. Bâillon est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour la place vacante 702 BALARD fait remarquer, à l'occasion d'une communication de M. Canut sur les soufflures de l'acier, les avantages des creusets en magnésie pour les opérations métallurgiques 3oo BALB1ANI. — Sur la reproduction et l'em- bryogénie des Pucerons. ia3i, ia85 et 1390 BARKER. — Note sur les accidents arrivés aux tuyaux de gaz par l'effet de la fou- dre pendant l'orage du 8 avril i8fi(i... çpi BAR1LLA. — Remède contre le choléra 79'j BARRACANO. — Lettre pour rappeler l'envoi fait par lui d'un Mémoire sur le choléra. 1099 BARY (de) est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant. . . 129J BASSAGET. — Recherches sur le choléra. . . 610 — Mémoire sur le système ganglionnaire du grand sympathique et sur le choléra... 795 - Troisième Mémoire sur le système gan- glionnaire organo-sympathique, et Lettre relative à l'envoi du Mémoire précédent. 967 BAUDELOT. — Une récompense lui est ac- cordée pour son travail sur l'encéphale des Poissons. ( Concours pour le grand prix des Sciences physiques : anatomie comparée du système nerveux des Pois- sons.) 5oG BAUDRIMONT. — Expériences et observa- tions sur l'oxygène et le bioxyde d'hy- drogène 829 BAVOUX. — Sur les marées atmosphériques et leurs rapports avec la production des vents 1 45 BÉCI1AMP. — Analyse de l'eau de Vergèze (source Dulimbert) et composition des gaz qui se dégagent de la source des Bouillants io34 — De l'emploi du nitroferrocyanure de so- dium pour démontrer qu'une eau miné- rale contient ou ne contient point de sulfure alcalin 1087 — Analyse de l'eau minérale sulfureuse des Fumades (source Thérèse) 1088 - Sur l'innocuité des vapeurs de créosote dans les ci Imai ions de vers à s 1 34 1 BEC11I. Recherches sur les éthers bori- ques. (En commun avec M. //. Schiff.). S97 BECKER. - Sur l'abus de la vaccination et MM. Pagos. sur les moyens de préserver des mar- ques de la petite vérole 61 BECQUEREL. — Mémoire sur les zones d'o- rages à grêle dans le département de Seine-et-Marne 309 — Mémoire sur les zones d'orages à grêle dans le département du Bas-Rhin i2fifi — Des pluies dans les lieux boisés ou non boisés. ( En commun avec M. Edm. Becquerel. ) 855 — Mémoire sur la température de l'air sous bois, près et loin des bois. (En commun avec M. Et/m. Becquerel.) 1205 — M. Becquerel présente un Mémoire de M. Heulhard-Darcy sur les épidémies cholériques qui ont paru en i832, 1849 et, i854 dans l'arrondissement de Cla- mecy (Nièvre ) 218 — M. Becquerel est nommé Membre de la Commission du prix de Médecine et de Chirurgie (application de l'électricité à la thérapeutique) à décerner en i8fi6.. 1017 BECQUEREL (Edm.).— Mémoire sur les pou- voirs thermo-électriques des corps et sur les piles thermo-électriques 9fifi — Des pluies dans les lieux boisés et non boisés. (En commun avec .M. Becquerel.). 855 — Mémoire sur la température de l'air sous bois, près et. loin des bois. (En commun avec M. Becquerel.) 1205 — M. Edm. Becquerel est nommé Membre de la Commission du prix Bordin de 18G6 (détermination des indices de ré- fraction des verres employés en op- tique) 777 — Et de la Commission du prix Bordin de 186G (détermination des longueurs d'onde de quelques rayons de lumière simple). 777 BÉRAUD ( feu M.). — Atlas d'anatomie chi- rurgicale topographique 1 224 BERGERON. ■ — Lettre concernant son ou- vrage intitulé : « Recherches sur la pneumonie des vieillards » 1294 BERNARD (Claude) est nommé Membre de la Commission chargée de proposer une question pour le prix Bordin de 1867 (Sciences physiques) 1G7 — Membre de la Commission du grand prix des Sciences physiques pour 1 8GG 928 — De la Commission du prix de Physio- logie expérimentale pour 186G (fonda- tion Montyon ) 928 - De la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie 977 De l,i l'.eniniissinii du |u ix de Medei ine 6l deChirurgie (application de l'électricité ii la thérapeutique) à décerner en 18GG. 1017 — De la Commission du grand prix de Chi- ( '439 ) MM. rurgie( conservation des membres par la conservation du périoste) à décerner en 186G — Et de la Commission du prix Barbier à décerner en 1 8G6 — M. Cl. Bernant, que sa santé retient loin de Paris, transmet trois pièces des- tinées au concours pour le prix du legs Bréant. que lui ont adressées dans ce but MM. Tlùersch, Nette?- et Pacini BERT. — Le prix de Physiologie expérimen- tale lui est décerné pour ses expériences sur les greffes animales — M. Bert adresse ses remercîments à l'A- cadémie BERTIIELOT. — Formation de l'acétylène dans les combustions incomplètes — Sur une nouvelle classe de radicaux mé- talliques composés 455 et - Réponse à une réclamation de priorité de M. De Wilde relative à l'acétylène — Action de la chaleur sur quelques car- bures d'hydrogène 905 et — Sur l'origine des carbures et des combus- tibles minéraux — Sur un nouveau radical acétylique BERTRAND. — Sur la variation du moyen mouvement de la Lune — Rapport sur un Mémoire de M. Jordan, intitulé : « Recherches sur les polyè- dres » — M. Bertrand est nommé Membre de la Commission chargée de proposer une question pour le prix Bordin de 186G (Sciences mathématiques) BERTRAND DE LOM. — Note sur la Roméine de Saint-Marcel en Piémont — Sur des faits géologiques nouveaux con- cernant divers gisements de phosphate de chaux — Note sur un gisement de fossiles situé dans la Haute-Loire BIENAVMÉ est nommé Membre de la Com- mission du prix de Statistique pour 1 8GG. B1ERNACKI. — Mémoire intitulé : « Traite- ment spécifique du choléra asiatique ». (En commun avec M. CzernicM.) BISCHOFF. — Observations de carie chez les singes anthropomorphes BIZIO. — Sur l'existence du glycogène dans les animaux invertébrés BLANCHARD. — Remarques relatives à une question débattue entre MM. Coste et Milne Edwards, concernant une commu- nication de M. Gerbe sur les appareils vasculaires et nerveux des larves des Crustacés marins — M. Blanchard fait hommage à l'Académie Pages. 1109 99i 1028 652 9'4 1 1 So 955 99 MM. ( i44o Pages. ) essentielles de la sixième paire, au moyen de l'ophthalmoscope 955 — M. Bouchut prie l'Académie de vouloir bien admettre au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie son ouvrage « sur le diagnostic des maladies du sys- tème nerveux par l'ophthalmoscopie ». 1081 1(( IUDIN. — Lettre relative aux pertes com- parées des armées anglaise et française en i863 1010 Tendance des peuples à représenter leur propre type 767 et 81 3 BOULEY (H.) est présenté par la Section d'Économie rurale comme l'un des can- didats pour une place \acante de Cor- respondant..'. 810 BOURDIN écrit à tort, page 767, pour Boudin. Voir à ce nom. BOURGOIS. — Notice sur le phénomène de la rotation diurne des vents et sur les mouvements généraux de l'atmosphère. 1018 — M. Bourgois est présenté par la Section de Géographie et Navigation comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Duperrey. — Et comme l'un des candidats pour l'une des trois places nouvellement créées dans celte Section ig5 et g58 BOUSSINGAULT est nommé Membre de la Commission chargée de proposer une question pour le prix Bordin de 1807 (Sciences physiques) 167 — Membre de la Commission du prix de Sta- tistique 74' — Et de la Commission du prix dit des Arts insalubres 978 BOUTER. — Destruction traumatique des régions bulbaire et membraneuse de l'urètre, et création d'un nouveau ca- nal. (En commun avec M. Mandon.). . 795 BRANDT. — Lettre à M. Milne Edwards relative sux ligures d'animaux récem- ment trouvées dans lePérigord et attri- buées au Mammouth .... C-^i BBATE. — Nouvelles explications relative- ment ii la solution de certains problèmes de Géométrie. —Lettre concernant cette communication 809 et 1082 BREWSTER Sib David . — Notes sur l'his- toire de l'anal] se spectrale 17 1171 C5a ii6 GÔ2 MM. Pages. — M. Élie de Bcaumont présente, au nom de sir D. Brewster, un Mémoire ayant pour titre : « Observations addition- nelles sur la polarisation de l'atmo- sphère » ; extrait des « Transactions de la Société Royale d'Edimbourg » BRIOSCH1 est présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant BROCHARD. — De la mortalité des nourris- sons en France BRONGNIART. — Rapport sur les Mémoires relatifs aux vaisseaux laticifères, pré- sentes par M. Trécul pendant l'année i865 — M. Brongniart, au nom de la Section de Botanique, propose à l'Académie de dé- clarer qu'il y a lieu de nommer à la place devenue vacante dans cette Section par suite du décès de M. Montagne — M. Brongniart est nommé Membre de la Commission chargée de proposer une question pour le prix Bordin de 186; ( Sciences physiques) 167 — Membre de la Commission du prix Bordin à décerner en 1866 1069 — Membre de la Commission du prix Bar- bier à décerner en 186G (structure des tiges des végétaux) 1 109 — Et de la Commission du prix Desmazières à décerner en 1SG6 1223 BROUARDEL. — Une mention honorable lui est accordée pour son travail sur les affections tuberculeuses des organes gé- nitaux de la femme (concours pour le prix Godart | 55G BRUCE. — Description de son stomatoscope, et Mémoire sur la carie centrale des dents '. 795 BUREAU est présenté par la Section de Bo- tanique comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du duces de M. Montagne 702 BURIN DU Bt'ISSi iN. — Sur l'emploi de l'é- ther dans l'anesthésie chirurgicale 11'' BDRQ. -Sur l'action prophylactique du i'ui\ re à distance relativement au cho- léra 455 CAHEN. Envoi d'un Mémoire imprimé destiné .m concours pour le prix du legs Bréanl 853 CAILLETET. ■ De la dissociation des gaz dans les im ers métallurgiques 891 CALIGNÎ (de). - Considérations sur la na- ture du frottemenl des liquides soumis ;'i de très-grandes pressions 35o ( MM. Pages. — Sur des expériences relatives à la théorie de la houle de mer 4(>2 — Expériences sur les vitesses des ondes de diverses espèces dans les canaux, et sur le mouvement de quelques images à la surface de ces ondes 981 — Nouvelle Note sur un résultat d'expé- riences relatives à un moyen d'obtenir un ressort à force constante 800 CARON. — Note sur les soufflures de l'acier. 296 — M. Car::// prie l'Académie de lui fournir le moyen de poursuivre ses recherches. 852 CARRÈRE. — Complément d'une précédente communication sur une question d'ana- lyse mathématique 47' (JARRET. — Mémoire sur les effets perni- cieux du chauffage des maisons par les poêli^ en fonte 11 80 CASNAS adresse de la Martinique les résul- tats d'observations relatives à l'action du magnétisme terrestre sur l'atmo- sphère 914 CASTELNAU (Mmc de). — Note concernant l'origine du choléra 126 — Lettres relatives à des animalcules qui produiraient le choléra 242 et 852 CAVAYÉ. — Lettre concernant un système de son invention pour les chaînes des ancres 242 — Lettre relative à un appareil destiné à remplacer l'hélice dans les navires à va- peur 852 CAYLEY. — Note sur la correspondance de deux points sur une courbe 586 CAZIN. — Sur la détente des vapeurs satu- rées 56 CHABANNES. -- Analyse de, son « Traité des eaux minérales de Vais » 1 181 CHACORNAC, — Sur les rapprochements qu'on peut établir entre les taches so- laires et les dislocations géologiques. . . 1095 — Note relative à quelques particularités offertes par la surface de la Lune 1 406 CHAMPOUILLON. — Hypertrophie chronique des amygdales; son influence sur le dé- veloppement de la santé des enfants . . 844 CHANCELIER DE LA LÉGATION DES PAYS- 1!\S (M. le) transmet trois nouvelles feuilles de la Carte géologique de ce royaume 455 CHANCOURTOIS. — Note sur la production naturelle et artificielle du diamant .... 1 [07 CHANTRAN. — Une récompense lui est ac- cordée pour son système de filtrage à éponges concours pour le prix dil des Arts insalubres, f lation Vtontyon)... 53o CHAPELAS-COULVIER-GRAVTER. - Mé- i44r ) MM. Pages. moire sur les étoiles filantes et la théorie cosmique o,g3 CHARLON. — Sur les règles à suivre par les Compagnies d'assurances sur la vie pour la fixation des annuités 349 et 837 CIIASLES. — Relations entre les deux carac- téristiques d'un système de courbes d'ordre quelconque 325 — Théorie générale des systèmes de sur- faces du second ordre satisfaisant à huit équations caractéristiques des systèmes élémentaires. Expression générale du nombre des surfaces déterminées par neuf conditions quelconques 4o5 — Pour un errata se rapportant à cette publication, voir à la fin du volume, page 1469 — Sur les courbes planes ou à double cour- bure dont les points se peuvent déter- miner individuellement. Application du principe de correspondance dans la théorie de ces courbes 5;g — Sur les courbes à points multiples dont tous les points se peuvent déterminer individuellement. Procédé général de démonstration des propriétés de ces courbes 1 354 — Rapport fait au nom de la Section de Géométrie, et relatif aux huit volumes de Mémoires deLagrange, Laplace, etc., offerts à l'Académie par M. Mannheim au nom de M. Bour 872 — Communication relative à la présentation d'un ouvrage de M. Quctc.lct, intitulé : « Sciences mathématiques et physiques chez les Belges au commencement du xi\e siècle » 1082 — M. Chasles est nommé Membre de la Commission centrale administrative pour l'année 1 S66 i j — Et de la Commission chargée de proposer une question pour le prix Bordin de 1866 (Sciences mathématiques) 167 CHATEAU et Blanchard. — Sur l'appli- cation de l'acide phosphorique et de ses dérivés à la fabrication des engrais et à la salubrité des villes 446 GHATIN. — Sur la vrille des Cucurbitacées. 33 — Existence d'une troisième membranedan> les anthères ia6 — Localisation des cellules fibreuses dans les anthères d'un grand nombre de plantes 172 — Des placentoïdes, nouvel organe des an- thères 2 1 5 — Structure et fonctions de la cloison des logettes de l'anthère 285 — Lettre de M. Chatinsm ses travaux con- ( 1442 ) MM. Pages cernant la rcherche de l'iode dans les piaules, dans les eaux et dans l'air. . . . 349 — M. Clititin est présenté parla Section de Botanique comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Montagne -02 CHAUYJEAU. —Production expérimentale de la vaccine naturelle improprement ap- pelée « vaccine spontanée ». 11 18 et 117g — Le prix de Médecine et de Chirurgie est décerné à MM. Chameau, Viennois et Meynet, pour leurs recherches sur les relations pouvant exister entre la vac- cine et la variole 5 19 — M. Chauveau adresse ses remerciments à l'Académie 767 CHENU. — Le prix de Statistique lui est dé- cerné pour son Rapport sur les résultats du service médico-chirurgical pendant la campagne d'Orient 479 — M. Chenu adresse ses remerciments à l'Académie 621 C HERON. — Recherches pour servir à l'his- toire du système nerveux des Céphalo- podes dibranchiaux n 80 CHEUVREUX annonce à l'Académiequ'il tient à sa disposition les manuscrits de A.-M. Ampère; ces manuscrits se trouvent au nombre des papiers de J.-J. Ampère qui lui ont été légués 1010 CHEVALLIER. — Reproduction d'une an- cienne Note sur des tissus soyeux fabri- qués par des larves de Lépidoptères et par d'autres insectes 65i CHEVREUL. —Nouvelle communication sur le suint de mouton ioi5 — Note accompagnant la présentation de son « Histoire des connaissances chimi- ques » 1249 — Remarques à la suite d'une communica- tion faite par M. Nicklès sur des effets de coloration et d'extinction de couleurs produits par des lumières artificielles. . g3 — Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. Pelouze intitulée : « Mé- moire sur les sulfures » 1 1 5 — M. Chevreul présente, au nom des au- teurs, un travail de M. Evrard sur le suinl ci un Mémoire de MM. Maumené et Rogelet sur le suinl cl l'extraction, par calcination, de la potasse qu'il renferme. 1024 — M. Chevreul est du Vice-Président pour l innée 186G i3 M. Chevreul est nommé Membre de la Commission du prix Trémont 825 — Et île la Commission du prix dit dv^ Arts insalubres 978 Pages. en 943 MM. CHOUET. — Sur un projet de lentilles verre de dimensions inaccoutumées.. 401 CHRESTIEN. — Mémoire concernant l'histo- rique des travaux sur la conservation des membres.au moyen de la conserva- tion du périoste -06 CHURCHILL (M™ Mamon). - Lettre ac- compagnant l'envoi de pièces imprimées sur la nature et le traitement du cho- léra, et Lettre relative à un précédent envoi 4?I et CIALDI. — Résumé manuscrit d'un ouvrage imprimé sur le mouvement des ondes de la mer ,OIO — Rapport verbal sur cet ouvrage; Rappor- teur M. de Tessan 1 2- 1 CIGALLA (de). — Considérations théoriques sur les phénomènes volcaniques qui se produisent aujourd'hui à Santorin 610 — Envoi de deux échantillons de pierre provenant d'une troisième île formée dans la baie de Santorin 942 — Lettre relative à sa théorie de l'éruption. 996 — M. de Cigàlla transmet deux numéros du journal « la Grèce», qui contiennent des documents sur les phénomènes volca- niques de Santorin 1081 CIVIALE est nommé Membre de la Commis- sion du prix Godart à décerner en 18G6. 11 10 CIVIALE (A.). — Note sur l'application de la Photographie à la Géographie phy- sique et à la Géologie 085 — Rapport sur l'ensemble des études pho- tographiques faites dans les Alpes, au point de vue de l'orographie et de la géographie physique, par M. A. Civiale ; Rapporteur M. Ch. Sainte-Claire De- ville CLEBSCH. — Sur la théorie des fonctions abéliennes. (En commun avec M. Gor- dan.) i83 et — Sur la géométrie des courbes gauches tracées sur une surface générale du troisième ordre — M. Clebseh est présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant CLÉMENT. — Emploi de l'électricité comme force motrice CLOEZ. — Un prix lui est accordé pour un ensemble de travaux relatifs à la Chimie organique (concours du prix Jecker).. — M. Chez adresse ses remerciments à l'A- cadémie 6ai CLOQUET (Jules). — Sur l'efficacité attri- buée par M. Iliilhue à la décoction de 87 227 1 1 1 j 65a MM. café dans le traitement du choléra-mor- bus — M. Cloquet est nommé Membre de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie — De la Commission du prix de Mè et de Chirurgie ( application de l'élec- tricité à la thérapeutique) à décerner en 1866 — De la Commission du grand prix de Chi- rurgie (conservation des membres par la conservation du périoste) à décerner en 1866 — De la Commission du prix Barbier — Et de la Commission du prix Godarl . . . CLOT-BEV prie l'Académie de vauloir bien le considérer comme candidat pour une place de Correspondant de la Section de Médecine et de Chirurgie, et envoie plu- sieurs ouvrages qu'il a publiés sur di- verses questions de médecine COLLIGNON. — Recherches sur la repré- sentation plane de la surface du globe terrestre CONTEJEAN. — Note sur les phénomènes diluviens COQUEREL. — Sur le Dronte, à propos d'os de cet oiseau récemment découverts à l'île Maurice. (En commun avec M. Ger- vais.) 924 et CORENWINDER. — Recherches chimiques sur la végétation ; fonctions des feuilles. CORNU. — Théorèmes géométriques relatifs à la réflexion cristalline COMBES. — Communication relative à la présentation d'un ouvrage de M. Zeuner sur la théorie mécanique de la chaleur. — M. Combes est nommé Membre de la Commission chargée de décerner le prix extraordinaire pour l'application de la vapeur à la marine militaire — Membre de la Commission du prix de Mé- canique — De la Commission du prix Trémont . . . — Et de la Commission du prix Dalmont. COMBESCURE. - Sur les solutions multi- ples communes à plusieurs équations. . COSTE. — Note relative aux remarques faites par M. Milne Edwards, à l'occa- sion d'une communication de M. Gerbe, sur l'appareil vasculaire et nerveux des larves des Crustacés marins — Lettre de MM. Coste el Robin pour de- mander à l'Académie (le vouloir bien accorder à M. Gerbe des fonds qui lui C. R., i8(iô, icr Semestre. (T. LXII.) ( '443 ) Pages. o36 977 1017 1109 1 1 10 881 -) > 34o 1327 602 74o 825 881 383 97 5 MM. Pages, permettent de continuer ses recherches. io83 — M. Coste lit, à la séance publique du 5 mars, l'Éloge historique de M. Du Trochet 573 — M. Coste présente un exemplaire de la ode éditu n du « Monde de la mer », ouvrage de feu M. Moquin-Tandon . . . 376 — M. Coste présente, au nom de M. & rvais, un exemplaire du « Rapport sur les es- sais de pisciculture entrepris dans le département de l'Hérault pendant l'an- née 1 865 » G02 — Au nom de M. Matteucci, le premier vo- lume de la nouvelle série des « Mé- moires du Musée de Physique et d'His- toire naturelle de Florence » 176 — M. Coste, faisant fonctions île Secrétaire perpétuel en l'absence de M. Fleurons, présente, au nom de M. //. Berthoud, un volume intitulé : « Les petites chro- niques de la science », 5e année; — et au nom de M. A. Sanson, un livre ayant pour titre : « Semaines scientifiques », ire année 146 — Au nom de M. Théoph. Roussel, un exem- plaire de l'ouvrage récemment publié sous le titre de « Traité de la pellagre et de la pseudopellagre » 177 — Au nom de M. A. Sanson, un volume in- titulé : « Économie du bétail » ; — au nom de M. Larrey, le discours prononcé aux funérailles de M. Montagne; — et au nom de M. foly, un « Éloge rie M. Fréd. Petit » 2g5 — Au nom de M. Mater, un « Essai de théo- rie physiologique du choléra » 796 — Au nom de M. Empis, qui le destine au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, un ouvrage ayant pour titre : « De la granulie ou maladie gra- nuleuse » io3i — M. Coste signale, parmi les pièces im- primées de la Correspondance, un exem- plaire de la quatrième édition de la « Géodésie » de feu M. Francœur 91 — Un volume des « Mémoires de l'Académie de Médecine » où se trouve l'Éloge his- torique de feu M. Delpech 383 — Une brochure de M. Ed. Hébert ayant pour titre : « Note sur le terrain nuin- mulitique de l'Italie septentrionale et des Alpes, et sur l'oligocène d'Alle- magne » io3i — Un ouvrage de M. SïcAe/ ayant pour titre : « Iconographie ophthalmologique ».... un — M. Coste est nommé Membre de laCom- 188 ( <444 ) MM. Pages mission du grand prix dos Sciences phy- siques pour 1866 — Membre de la Commission du prix de Phy- siologie expérimentale pour 186G — De la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie 977 — Delà Commission du prix de Médecine cl deChirurgie (application de l'électricité àla thérapeutique) à décerner en 18GG. — Delà Commission du grand prix de Chi- rurgie (conservation des membres par la conservation du périoste] — De la Commission du prix Cuvier — De la Commission du prix Savigny à dé- cerner, pour la première fois, en 1866. 1171 — Et de la Commission du prix Thore à d( cerner, également pour la première fois, en 1 866 COULYIER-GRAVIER. - Observations des étoiles filantes pendant l'année 1 865 . . . — Lettre relative aux résultats de ses re- cherches sur les météores de 1866 .... 1080 928 9" 017 1017 1069 223 682 MM. Pages. I '.( IUPVENT DES BOIS. - Sur la hauteur des vagues à la surface des océans 82 — M. Coupvent des Bais est porté à deux reprises par la Section de Géographie et Navigation sur la liste des candidats pour une place dans cette Section : d'a- bord pour la place vacante par suite du décès de M. Duperrej ; puis pour l'une des trois places nouvellement créées dans celte Section ig5 et 958 COURBKBA1SSE. — Apparition d'une nou- velle étoile dans la constellation de la Couronne boréale 1 1 1 5 CRAMOISV. — Alcoolature de l'aconit napel dans le traitement du choléra 176 CRIMOTEL. — De l'épreuve galvanique appli- quée h la recherche de la vie et de la mort 1 224 CZERNICKI. — Mémoire intitulé : « Traite- ment spécifique du choléra asiatique ». (En commun avec M. Biernacki.) un D DA COROGNA. — De l'influence exercée sur la santé des hommes et sur la végétation par les émanations volcaniques à San- torin i38i DANTON. — Note sur les périodes par les- quelles a dû passer la Terre dans sa for- mation : j5i DARESTE est présenté par la Section de Zoologie et d'Anatomie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Valenciennes io3 DARONDEAU prie l'Académie île vouloir bien le comprendre au nombre des candidats peur l'une des places nouvellement créées dans la Section de Géographie et Navigation 295 — M. Darondeay. est présenté par la Sec- tion de ( réographie et Navigation comme l'un des candidats pour l'une des plai 1 s nouvellement créées 908 DAUBRÉE. — Météorites tombées le a5 aoûl i865 dans la tribu des Senhadja, cercle d'Aumale, province d'Alger; fei météo- 1 ique signalé .i Dell] s 72 — Expériences synthétiques relatives aux météorites. Rapprochement auxquels elles conduisent, tant pour la formation de ces corps planétaires qui poùi celle du globe terrestre 200 369 et 660 — M. Daubrée met bous lesyeux de l'Aca- démie le principal morceau de la météo- rite d'Orgueil dont M. le Maréchal Vail- lant vient de faire don au Muséum d'Histoire naturelle 283 — Météorites tombées le 3o mai 18S6 sur le territoire de Saint-Mesmin, départe- ment de l'Aube i3o5 — M. Daubrée est nommé Membre de la Commission du prix Cuvier à décerner en 1 866 1 069 DAUZAT. — Lettre accompagnant l'envoi d'un tissu fabriqué par des vers à soie mexicains qui vivent mu- l'Arbousier... 400 DAVAINE. — Le prix Bréanl esl décerné à M. Dandine peur ses travaux sur l'étio- logie des maladies charbonneuses 544 DEBAUX adresse un exemplaire d'un « Essai sur la pharmacie el la matière médicale des Chinois 0, qu'il destine au concours pour le prix Barbier 997 DECA1SNE. — Introduction et culture des arbres à Quinquina, à Java el dans l'Inde 722 — M. Decaisne présente à l'Académie, de concert avec M. Naudin, le deuxième vol.u le leur « Manuel de l'amateur de jardin » 1349 — M. Decaisne, Président sortant, rend compte à I Veadémie de I étal où se trouve l'impression des Recueils qu'elle publie ( i445 ) MM. et des changements survenus parmi les Membres et les Correspondants de l'Aca- démie pendant l'année iSG5 — M. Decaisne est comme Membre de la Commission centrale administrative pour l'année 1 8GG — M. Decaisne est nommé Membre de la Commission chargée de proposer une question pour le prix Bordin de 1867 (Sciences physiques) — Membre de la Commission du prix Bordin à décerner en 1866 (structure des tiges des végétaux J — Et de la Commission du prix Desma- zières à décerner en 18G6 DECORI. — Relation de l'épidémie de cho- lérade 1 805 à l'hôpital Saint-Antoine.. DEIIÉRAIN. — Le prix Bordin (question concernant les causes de l'inégalité de l'absorption parles racines chez les dif- férents végétaux) est décerné à M. De- hérain — M. De/iérain adresse ses remercîments à l'Académie. DELAFOSSE. — Rapport sur un Mémoire de M. Des Cloizeaux, intitulé : « Nouvelles recherches sur les propriétés optiques des cristaux naturels ou artificiels, et sur les variations que ces propriétés éprouvent par l'action de la chaleur ». DELAGBÉE adresse, de la part d'un auteur dont le nom est contenu dans un pli ca- cheté, un Mémoire concernant deux nouveaux procédés thérapeutiques DELAUNAY. — Remarques à l'occasion d'une communication de M. Bertrand sur la variation du moyen mouvement de la Lune — Sur l'accélération apparente du moyen mouvement de la Lune, due aux actions du Soleil et de la Lune sur les eaux de la mer - Remarques à l'occasion d'une Note de M. Allégret sur la même question. Nommé Membre de la Commission char- e de faire un Rapport sur celte Note, M. Delaunay déclare ne] voirenfaire partie — Réponse à la .Voie île M. Allégret insérée au Cniniite rendu de la séance du 26 lé- vrier — Sur la controverse relative à l'équation séculaire de la Lune — Note sur la question du ralentissement de la rotation de la Terre - Remarques .1 la suite d'une communica- 1 de M. Courbebaisse intitulée Pages ■ 4 167 1069 I2'i3 553 (585 io63 1081 i65 197 575 575 7°4 1 "T MM. Pages. a Apparition d'une nouvelle étoile dans la constellation de la Couronne boréale ». . n 16 — M. Delaunay est nommé Membre de la Commission chargée de proposer une question pour le prix Bordin de 1866 (Sciences mathématiques) 167 — Membrede la Commis-ion chargée de dé- cerner le prix d'Astronomie (fondation Lalande) 602 — De la Commission du inand prix de Ma- thématiques pour 1866 1 que-lion con- cernant l'équation séculaire de la Lune). 674 — De la Commission du prix de Mécanique. 740 — Et de la Commission du prix Dalmont. 881 DELENDA. — De la théorie des soulèvements appliquée à l'apparition des deux ilôts George I" et Aphroëssa dans la baie de Santorin 941 — Sur la naissance de deux nouveaux ilôts entre Aphroéssa et Palaea-Kamméni . . . i3g4 DELEUIL. — Note accompagnant la présen- tation d'un prisme polarisateur de MM. Hartnack et Prazmowski i4g — M. Regnauk appelle l'attention de l'Aca- démie sur une machine pneumatique à ■ [liston de grand modèle, construite par M. Deleuil i5i DE LDYNES. — Un prix lui est accordé pour ses recherches sur l'orcine et l'érythrite (concours pour le prix Jecker) 553 — M. De Lames adresse ses remercîments à l'Académie 685 DEMARQUAY. — Analyse de son « Essai de pneumatologie médicale » 997 DEPIÉR1S. — Un paquet cacheté déposé par lui en 1849, et ouvert sur sa demande (séance du 22 janvier 1866), renferme une Note intitulée : « Exposé d'une nou- velle théorie dynamique » ig3 DESA1NS. — Recherches sur l'action rota- toire que le quartz exerce sur le plan de polarisation des rayons les moins réfran- gibles du spectre „ . . 1277 DESCI.i IIZE U \. - Sur la forme cristalline et les propriétés optiquesde l'Adamine. G(j5 — Sur les propriétés optiques des cristaux naturels ou arl ficiels ri sur les varia- tions que ces propi iétés éprouvent sous l'influence de la chaleur 987 — Rapport sur ce Mémoire. (M. Delafosse Rapporteur.) ioG3 DESMOl LINS. — Lettre accompagnant l'en- voi i!i' ses Eludes sur les cailloux roulés de la Dordogne » 1 191 DESNOS. — Description et figure d'un mo- teur à air chaud 65i — M. Desnos demande que ce Mémoire soit 188.. ( '446 ) MM. Pages, compris parmi le? pièces destinées au concours pour le prix de Mécanique. . . 768 — Copie d'une Lettre adressée à M. le Mi- nistre d'État, par M. Desnos, au sujet de son moteur à air chaud 809 DESORMEAUX. — Une mention honorable lui est accordée pour son invention de « l'endoscope » ( concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie). . . . 519 DESSOYE. — Mémoire relatif aux. origines de la numération 957 — Sur les moyens de faire servir l'arith- métique à diverses déterminations géo- désiques 1099 DE WILDE. — Formation de l'acétylène : réclamation de priorité adressée à l'oc- casion d'une communication de M. Ber- t lielnt 400 DIRECTEUR GÉNÉRAL DES DOUANES ET DES CONTRIBUTIONS INDIRECTES (M. le) adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du « Tableau général des mouvements du cabotage en 1 854 » 455 DOBBARD. — Lettre relative aux accidents arrivés à des tuyaux de gaz par l'effet de la foudre, accidents signalés par la Note de M. Barher du 23 avril 1866. . 1099 DOIN. — Note concernant un cas de cyanose traité avec succès 126 I h ([VILLE. - Le prix fondé par M™ la Marquise de Laplace est obtenu par M. Douvillé, sorti le premier en 1 865 de 1 École Polytechnique, et entré à l'École impériale des Mines 5oi DRONKE. — Note sur de nouvelles analyses chimiques relatives à la maladie des vers à soie 785 DUBOIS. — De l'influence que l'action de la Lune sur les cau\ de lu ruer peut exercer sur le mouvement de rotation de la Terre 649 — Remarques relatives ;> une communica- tion deM. Delaunaj concernant la même question 768 DUC11ARTRE. — Observations sur l'accrois- ni de quelques plantes pendant le jour et pendant la nuit 8i5 M Duchartre présente la première partie de ses Éléments de Botanique 1 ioi M. Duchartre présente, au nom de M. Éincry, un ouvrage ayant pour titre: Études -m le rôle physiologique de l'eau dans la nui 1 il mu des plantes ».. . 838 M. Duchartre est 1 une Membre île la Commission du prix Bordin a décei ner en 1866 (Structure des tiges de vi taux j 10G9 MM. Pages. — Et de la Commission du prix Desmazières à décerner en 1866 1223 DUC11EMIN. — Sur les abeilles et sur un de leurs parasites 48 — Sur les parasites de l'abeille. Sur un ver marin phosphorescent 225 — Nouvelle Note sur les maladies des abeilles 683 — Substitution du fer, de la fonte et de l'a- cier au zinc, dans les bouées électriques de l'invention de l'auteur 1 127 — Réclamation de priorité pour une modi- fication apportée par M. Gérardin à la pile de Bunsen 1 1 78 DUFOSSÉ. — De l'ichthyopsophose ou des différents phénomènes physiologiques nommés voix des Poissons 978 — M. Dufossé demande l'ouverture de trois plis cachetés inscrits sous les n°' 2181, 2215, 2293, et l'autorisation de retirer le pli cacheté inscrit sous le n° 2307. . . 980 DUFOUR. — Sur l'accélération séculaire du mouvement de la Lune 840 DUFOUR, de Lausanne. — Sur la perturba- tion magnétique du 21 février 1866... 643 DUMAS présente à l'Académie, au nom de l'auteur M. S tas, l'ouvrage qu'il vient de publier sur les punis atomiques des corps simples, et en donne une courte analyse. 1112 — M. Dumas est nommé Membre delà Com- mission du prix dit des Arts insalubres. 978 DUMÉRIL. — Observations sur des Lépido- siréniens [Protopterus année tens, Rich. iiwi'ii) qui ont vécu à la Ménagerie des Reptiles du Muséum d'Histoire naturelle et y ont formé leur cocon 97 DUMONT (Aristide). — Sur les moyens à employer pour alimenter la \ille de Nîmes en eau potable 607 DUPIN (Ch.). — Note accompagnant la pré- sentation de l'ouvrage de M. //". Fair- bnirii, intitulé : « Traité sur la con- struction des navires en 1er. son histoire ei ses progrès 0 822 — M. Dupin est nommé Membre de la Com- mission chargée de décerner le prix ex- traordinaire pour l'application de la vapeur à la manne militaire 602 — Membre de la Commission du prix de Statistique 74' — Et de l.i Commission du prix T rémont.. 825 DUPRÉ (A.). — Sur le nombre des molécules contenues dans l'unité de volume 39 — M. /. Dupré se Lui c innaître comme I auteur du ,\K tire inscril sous le n" a - au coi c un pi m' le prix Bordin théorie mécanique de la chaleur), Mémoire au- ( '447 MM. Pages. quel l'Académie a accordé une mention très-honorable 622 DUPRÉ (A.) et Dupbé (P.)- — Sur la loi qui régit le travail de réunion des corps sim- ples et sur les attractions à petites dis- tances 791 — Sur la théorie de la diffusion 1072 DUPRÉ (P.). — Mémoires en collaboratinn avec M. Dlpré (A.) et indiqués à l'ar- ticle ci-dessus 791 DUPRÉ (Y.) et Faiyre ( E.) — Recherches sur les gaz du mûrier et de la vigne, les parties qui les renferment, les change- ments que la végétation y détermine. 778 DUPUIS présente un modèle d'une « pompe capillaire » qu'il considère comme pou- MM. Pages. vant recevoir des applications utiles. . . g5G et io36 DUPUY DE LOME prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour l'une des trois places de nouvelle création dans la Section de Géographie et Navigation 621 — M. Dupiiv de Lôme est présenté par la Section de Géographie et Naïigalion comme l'un des candidats pour l'une des trois places nouvellement créées g58 — M. Dupuy de Lôme est élu Membre de la Section de Géographie et Navigation. 977 — Décret impérial confirmant sa nomina- tion ioi5 E EDWARDS (Milne). - Remarques à l'oc- casion d'une communication de M. Gerbe, présentée par M. Coste, et intitulée : « Appareils vasculaire et nerveux des larves des Crustacés marins » 937 — Réponse à M. Coste relative à la même question 973 — M. Milne Edwards communique des ex- traits de deux Lettres que lui a écrites des bords de l'Amazone M. Âgassiz, qui lui communique divers résultats importants de ses recherches sur l'ichthyologie de cette partie île l'Amérique 125 — M. Milne Edwards communique l'extrait d'une Lettre de M. Brandi relative aux figures d'animaux trouvées récemment dans le Périgord 621 - M. Milne Edwards est nommé Membre de la Commission chargée de proposer la question pour le prix Bordin de 18G7 (Sciences physiques) 167 — Membre de la Commission du grand prix des Sciences physiques pour 1866 928 — De la Commission du prix de Physiologie expérimentale peur 18GG (fondation Montyon ) 928 — De la Commission du grand prix de Chi- rurgie (conservation des membres parla conservation du périoste) à décerner en 1866 1017 - De la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie, en remplacement de M. Andral, démissionnaire 1017 — De la Commission du prix Cuvier à décer- neren 1866 10G9 De la I lommission du prix Sa\ 1 a] à dé- cerner, pour la pi emière Fois, en 1866. 1 171 — El de la Commission duprix Thore à dé- cerner, également pour la première fois, en 186G 1223 EDWARDS (Ai.phonse-Milne). — Le grand prix des Sciences physiques ( travail os- léologique contribuant à l'avancement de la paléontologie française ) est décerné à M. Alplionse-Milne Edwards, auteur des « Recherches d'anatomie comparée et de paléontologie, pour servir à l'his- toire de la faune ornithologique française aux époques tertiaires et quaternaires ». 5i5 — Note sur le Mi-lou ou Sseu-pou-siang, Mammifère du nord de la Chine, qui constitue une section nouvelle de la fa- mille des Cerfs 1090 — Monographie des Cancériens fossiles. ... 911 — Remarques sur des ossements du Dronte [Didus ineptus) nouvellement recueillis à l'ile Maurice 929 — Un exemplaire imprimé de ce travail est présenté parM. Blanchard qui avait déjà présenté, au nom du même auteur, le premier volume de « l'Histoire des Crus- tacés podophtalmaires fossiles». 1092 et 913 ÉL1E DE BEAUMONT. - Tableau des don- nées numériques qui fixent, sur la sur- face de la France et des contrées li- mitrophes, les points où se coupent mutuellement vingt-neuf cercles du ré- seau pentagonal 1267 — Pour un errata relatif à cette communica- tion, voir à la lin du volume, page 1 [6g — M. Élie dr Beaumont fait liomraa l'Académie d'une Notice qu'il vient de publier sur les travaux scientifiques île s. \. le Prince Charles-Lucien Bona- parte GJ9 — A l'occasion d'une communication de ( i448 ) MM. Pages. I MM. M. Burin du Buisson, sur l'emploi do l'éther dans l'anesthésie chirurgicale, M. Étie de Beaumont annonce qu'une Lettre récente de M. Jackson lui ap- prend qu'à Boston l'éther pur est seul employé comme agent anesthésique. . . 4 i'3 M. Elle de Beaumont appuie la proposi- tion faite par M. Ch. Sainte-Claire Dc- ville d'envoyer à Santorin, pour y obser- ver les phénomènes volcaniques qui s'y manifestent, M. Fouqué, qui a été ré- cemment chargé pour l'Etna d'une sem- blable mission 39G Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. Ledoulx sur les phéno- mènes volcaniques qui se sont produits dans la rade de l'Ile de Santorin 610 M. Elle de Beaumont, en sa qualité de Secrétaire perpétuel, fait part à l'Aca- démie de la perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. Marianini, l'un de ses Correspondants pour la Section de Physique, i34g M. le Secrétaire perpétuel annonce que le tome IX des « Mémoires des Savants étrangers » est en distribution au Se- crétariat go3 M. le Secrétaire perpétuel fait connaître avec quelque détail la substance d'une Note adiessee par M de Chancourtois « sur la production naturelle et artifi- cielle du diamant » 1407 ■ M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom île l'auteur, Sir David Brewster, un Mémoire sur la polarisation de l'at- mosphère 1171 - Au nom deM. Quetelel, le second volume de son ouvrage ayant pour titre : Sciences mathématiques et physiques chez les Belges au commencement du \i\' siècle » 1082 Au nom de la veuve de M. Petit, ancien Correspondant de l'Académie, un ou- vrage ayant pour titre : « Traité d'As- tronomie pour les gens du monde ».. . io63 \n nom de M. le Maréchal baillant, un opuscule de y\. F. Vallès, ayant pour titre : « De l'aliénation des forêts .m point de vue gouvernemental, financier, climatologie et hydrologique » 5o - Au nom de .M. Gauthier-} Mars, l'ou- vragede M. Bravais sur la cristallogra- phie 890 • M. le Secrétaire perpétuel présente el fait connaître, en lisant des extraits des 1 ettres d'envoi : « ("ne c rte géologique souterraine du département de laSeine . par M. Delesse i3î3 aje». 084 1282 998 Le dernier volume du « Traité de Doci- masie », par M. Rivot Une 1 Étude géologique du Velay », par M. Pascal.^ In opuscule de M. Zantedeschi, concer- nant l'influence des climats et de l'agré- gation de la matière sur les laies des corps célestes M. le Secrétaire perpétuel fait encore, au nom des auteurs, les présent liions sui- vantes : 0 Leçons sur la Minéralogie », par M. X. de Koksclmmiv, et plusieurs Noti - el Mémoires du même savant qui ont paru dans les « Mémoires 0 ou dans le « Bulletin de l'Académie de Saint- Pétersbourg » 1 1 ' Note sur les tremblements de terre en j 863 . par M. tlexis Perrej ; — divers opuscules de M. A. Poey, relatifs à la météorologie et à la physique du globe : — un opuscule de M. Zantedeschi, inti- tulé : « Résumé des avertissements ma- gnétiques des tempêtes et bourrasques de juillet et d'août 1 865, donnés à Rome avant qu'y parvinssent les dépêches télégraphiques » ■ Un opuscule de M. Chatin, intitulé : « le Cresson » ■ Un opuscule géologique de M. J . Marc,,. intitulé : 1 le Niagara, quinze ans après . — la cinquième année de l'Annuaire scientifique, publié par M. Délierait/ . . . ■ Un volume intitulé : « la Science popu- laire », par M. Rambosson - Un volume intitulé : « Météorologie. Les mouvements de l'atmosphère et des mers considérés .01 point de vue de la prévi- sion du temps ". par M. Marié-Davy. . - La seconde moitié de l'ouvrage de M. Zcti- ner, sur la théorie mécanique de la cha- leur 1 1 82 - Un volume de M. Des Moidins, ayant pour titre : « Étude sur les cailloux rou- ir- de la Dordognc » r 191 - M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces impiimées de la Correspon- dance, les ou\ rages Minants : - Deux brochures du P. /. Delsaux, ayant poiir titre : « Résumés «le physique mathématique » 998 - On opuscule intitulé : 1 Observations mé- téorologiques faites .1 Dijon en 1 865 » par M. //. Perrej n8a - Un ouvrage de M. île C.raefe. ayant pour titre : 0 Clinique ophlhalmologique ». . . 1227 - Une brochure de M. Labordette, ayant pour titre : « Note sur le spéculum la- ryngien ». — Un ouvrage do \i. /. 145 227 349 455 83? MM. ( '449 ) Pages. Cretaine, ayant pour titre : « Étude sur la marche du cavalier au jeu des échecs ». — Un ouvrage de M. Ram- bosson, ayant pour titre : « Les Astres : notions d'Astronomie à l'usage detous'>. 128-2 — M. le Secrétaire perpétuel donne, d'après un journal de Rochefort, quelques dé- tails sur un puits foré à l'hôpital de cette ville 684 ERCKMANN. — Considérations sur l'origine de l'électricité i322 MM. Pages. EUDES-DESLONGCHAMPS fait hommage à l'Académie de deux brochures qu'il a récemment publiées sur une espèce iné- dite de Téléosaure, et sur une suture insolite dans un crâne humain 1 3 1 4 EVRARD. — Note sur un moyen économique d'isoler de la matière grasse du suint les acides gras ordinaires 1024 EYMARD, écrit à tort pour EviunD. Voir a ce nom. Y FACCIOLLA. — Lettre concernant la trisec- tion de l'angle FAIYRE et V. Dipré. — Recherches sur les gaz du mûrier et de la vigne, les parties qui les renferment, les changements que l,i végétation y détermine FAUCO.NET. — Mémoire sur le typhus. . . — Étude sur la vaccine, la variole et la fièvre typhoïde FAVE. — Seconde inégalité du mouvement des taches du Soleil 1 15, 27G et — Sur la réfraction solaire — Remarques à l'occasion d'une communi- cation du P. Si-ci ht, intitulée : « Sur la réfraction solaire et sur certains phéno- mènes nouveaux observés dans les taches » — M. Faye présente à l'Académie quelques épreuves photographiques du Soleil qu'il a reçues de M. // 'arren île lu Rue. . . . — M. Faye est nommé Membre de la Com- mission chargée de décerner le prix d'Astronomie — Et de la Commission du grand prix de Mathématiques pour 1866 (question concernant l'équation séculaire de la Lime) FIGUIER.— Lettre accompagnant l'envoi de deux ouvrages destinés au concours pour le prix Cuvier FILHOL et Baillet. — Un prix est accordé à leur travail sur l'ivraie enivrante (con- cours pour le prix Barbier | — MM. Fil/toi et Baillet adressent lenrs re- rnerciments à l'Académie FILIPPI (F. de) est présenté par la Sei lion d'Anatomie et de Zoologie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant FINARDL— Lettre concernant sa Note de [864 mu les machines locomotives FISCHER.— Élude -m les Bryozoaires per- forants de la famille des Térébriporides. / j° 611 1181 36i 708 863 708 602 C74 1225 555 621 i347 1 53 y85 FIZEAU. — Mémoire sur la dilatation des corps solides par la chaleur.. 1101 et n33 — M. Fizeau est nommé Membre de la Com- mission du prixBordin de 18G6 (déter- mination des indices de réfraction des verres employés en optique) 7-7 — Et de la Commission du prix Bordin de 18G6 (détermination expérimentale des longueurs d'onde de quelques rayons de lumière simple) 77- FOCK.— Lettre annonçant l'envoi d'un Atlas se rattachant à ses recherches sur les proportions du corps humain j03 FOUCAULT est nommé Membre de la Com- mission du prix Bordin de 18G6 (déter- mination des indices de réfraction des verres employés en optique ) — — Et de la Commission du prix Bordin de 1866 (détermination expérimentale de quelques rayons de lumière simple). . . 777 FOUQUÉ. — Recherches sur les phénomènes chimiques des volcans G16 — Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur M. Ch. Sainte-Claire Deville i366 — Sur la nouvelle éruption de Santorin. . . 79<>. 8'ju et n 87 — Exploration des principaux é\ents volca- niques de la Grèce 1 i2I FOURNET. — Note sur les courbes météo- rologiques i3IO — M. Fournel fait hommage à l'Académie d'une Note imprimée « sur le caractère périodique de l'établissement des jour- nées orageuses » 2n FRANKLAND esl porté a deux reprises par la Section de Chimie sur la liste des candidats pour uni' place de 1: rrespon- dant : pour celle qui est devenue va- cante par suite du décès de M. //. Rose, ci poui celle qu'a rendue vacante la nomination de M. // oe/ileri une place d'Associé étranger 1128 et 1408 MM. FRANKLIN INSTITUTE (lb) demande à être compris dans le nombre des So- ciétés savantes auxquelles l'Académie accorde ses « Comptes rendus » — M. Swain remercie l'Académie au nom de cette Institution pour le don de la col- lection demandée FRÉDAl'LT. — De l'alimentation FRÉMAUX (écrit à tort Trémaix]. —Note ayant pour titre : «Pourquoi le choléra a-t-il cessé presque tout à coup en i865? » FREMY. — Remarques à la suite d'une com- munication de M. Terreil, intitulée : « Séparation du cobalt d'avec le nickel et séparation du manganèse d'avec le nickel et le cobalt » FRIEDRERG. — Traité clinique et historique des maladies vénériennes dans les temps anciens et au moyen âge FRIEDEL. — Un pris lui est accordé pour ses ( i45o ) Pages ■2? 7 94 i u8o 1226 i/Jo MM. Pages. recherches sur les acétones et sur les composés de silicium et de carbures d'hydrogène (concours pour le prix Jecker) 553 — M. Friedel adresse ses remerciments à l'Académie 62a — Sur l'Adamine, nouvelle espère minérale. 692 — Sur des cristaux de sulfate de zinc obtenus par M. Sidoi 1001 FRJTSCHE est porté à deux reprises, par la Sei tion de Chimie, sur la liste des can- didats pour une place de Correspondant : pour la place devenue vacante par suite du décès de M. H. Rose, et pour celle qu'a rendue vacante la nomination de M. Wœhler à une place d'Associé étran- ger 11 28 et 1408 FUSTER. — Action de la viande crue et de la potion alcoolique dans le traitement de la phlhisie pulmonaire et autres ma- ladies consomptives 1 ! i 1 GAILLARD. — Sur un mode de préparation d'allumettes phosphoriques qui écarte- rait les dangers d'incendies et d'empoi- sonnements 943 et 1178 GALIBERT. — Une récompense lui est ac- cordée pour son appareil respiratoire (concours pour le prix dit des Arts insalubres) 53o — Note sur son appareil respiratoire 683 GALLARDO-BASTANT. — Note concernant ne diamant qui devient rose par l'ac- tion de la chaleur 1 193 GALY-CAZALAT. — Nouveau procédé pour convertir rapidement et économique- ment une masse quelconque de fonte en acier fondu, homogène et bien épuré. . 87 GASPARLNI est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant. . . 1295 GAUDIN. — Morphogénie moléculaire de quelques substances organico-minérales. 4^3 GAUDRV. — Dernière partie de ses recher- ches sur les animaux fossiles de 1 Ai- tique 29 - Les animaux fossiles de Pikcrmi, au peint de vue de l'élude des formes intermé- diaires 3;li GAUGAIN. — Sur la décharge disruptive.. 235 GAI esl 1 imé Membre de la Commission du prix Savignj à décerner, pour la pn - mieie fois, en 18GO 1171 GELLUSSEAU. Mémoire ayant pour titre : « L'air comprimé dans la construction des ponts : études médico-physiologiques de l'application do l'air comprimé à la fondation des piles du pont de Mauves ». 997 — Complément au Mémoire précédent ac- compagné de deux images photographi- ques des machines qui fonctionnent au pont de Mauves 1080 GERARDIN. — Sur une pile à la tournure de fer 700 GERBE. — Sur les appareils vasculaire et nerveux des larves des Crustacés ma- rins 932 et 1024 GERVAIS — Sur le Dronte, à propos d'os de cet Oiseau récemment découverts à l'île Maurice. (En commun avec M. Co- querel.) 924 — MM. Gervais et Coqueret font hommage à l'Académie d'un exemplaire imprimé de eelte Note 1017 — M. Gervais est présenté par la Section de Zoologie et d'Anatomie, comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. / ïelenciennes io3 lilI.UERT. — Noie sur les fonctions de Slurm. 338 GIRARD DE CAILLEUX. - Études pratiques sur les maladies mentales 1224 GIRAUD. — Indication d'un passage du livre de M. Tyndatt, « La chaleur », 1 1 ncernant l'action de la Lune sur les protubérances liquides <\c~ marées 354 GODRON. — Nouvelles expériences sur l'hy- briditédans le règne végétal, faites pen- dant les trois dernières années 379 MM. GORDAN. - lionnes ( i45i Pages ; 1 1 S i Gu Sur la théoriedes fondions abé- ( En commun avec M. Clebsck.] 1 83 et 227 GOUBAUX. — Note sur les muscles adduc- teurs de la cuisse chez les animaux domestiques 10-27 GOUGY. — Mémoire sur la détermination de la figure réelle du globe 1 178 GOUJON et Legros. —Recherches expéri- mentales sur le choléra — Sur une variété de la courbe d'intersec- tion de deux surfaces du second ordre. GRAF. — Lettre concernant ses procédés pour protéger la santé des ouvriers em- ployés dans les aiguiseries <<)3 GRAY Asa) est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant — 1295 GRÉGOIRE. — Mémoire intitulé : « Atonie et paralysie des nerfs viscéraux, appe- lées improprement choléra » 122G GREV1LLE WILLIAMS. — Nouvelles recher- ches sur les hydrocarbures contenus dans les parties les plus volatiles de l'huile de houille 3go GRIMAUD, dk C.ux. — Une indemnité lui est accordée pour ses études du choléra faites à Marseille durant l'épidémie (con- cours pour le prix du legs Bréant) 545 — M. Grimaud, de Caux, adresse ses re- merciments à l'Académie Gai — Du choléra en Egypte dans ses rapports avec l'épidémie de Marseille en 1 SG5. . r)38 — Propagation du choléra dans la ville de Marseille, après l'arrivée des pèlerins arabes, en juin i8G5 1021 — Lettre relative à une Note de M. dePietra- Santa : « Sur l'épidémie cholérique de i865 » GRIS. — Recherches pour servir à l'histoire physiologique des arbres 438 et — M. Gris est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour i34G 6o3 "09 5o 347 1081 MM. Pages, la place vacante par suite du décès de M . Montagne 702 GROSSI adresse un ouvrage sur l'éruption de l'Etna en 1 SGI GRUEY. — Sur le bolide du 7 décembre iS65. GUÉRIN. — Couteaux d'obsidienne d'Au- vergne et nuclei d'où ils avaient été dé- tachés, trouvés d.ins les fouilles exécu- tées pour le chemin de fer de Lunéville à Baccarat GUÉRIN. — Modification de la pile a mer- cure et à sulfate de plomb i322 filÉRINEAU-AUBRY. — Note sur un appa- reil de son invention 355 — Moyen d'arrêt des trains de chemin de fer en marche 1223 GL'GLIELMI. — Lettre rappelant l'envoi fait par lui d'une brochure relative au cho- léra GUIBERT. — Lettre concernant une remar- quequ'ila faite à deux époques d'épidé- mies cholériques 242 GU1LLEM1N. — Note sur la décharge de la batterie électrique et sur l'influence de la configuration des conducteurs io83 — M. Guillemin annonce qu'il tient à la dis- position de l'Académie les documents scientifiques trouvés dans les papiers du minéralogiste Patrdn 1 347 GU1NIER. — Résultats de quelques expé- riences faites au moyen du lar\ ngoscope. 794 GULDBERG. — Mémoire sur les fonctions inverses appliquées à la théorie des fonctions algébriques io3o GUYON. — Sur l'identité du choléra avec des épizooties concomitantes 23 — Sur l'opinion que les vapeurs sulfureuses pourraient neutraliser les cuises du choléra — Note sur le choléra de la Soufrière, petite population de Sainte-Lucie, l'une des Antilles 4M i3G4 II HALPHEN (MM.). — Note sur un diamant particulier à couleur variable io3G HAMILTON HOWE. — Lettre concernant le programme du concours pour le prix du legs Bréant 80g HÉBERT. — Sur le terrain nummulitique de l'Italie et des Alpes ; réponse à une ré- clamation de priorité 7 i "> — De la craie dans le nord du bassin de Paris 1 4° 1 HEISER. — Lettres relatives à une précé- C. R., i865, i«r Semestre. (T. LX1I.) dente communication concernant des oi- seaux de basse-cour atteints de rachi- tisme 701 et 809 I1ÉLIE. — Un prix lui est accordé pour ses recherches sur la disposition des plans charnus de l'utérus (concours jour le prix Godarl 55G — M. Hélie adresse ses remerciments à l'Académie 685 IIEMPEL. — Sur la conductibilité du gaz acide hypoazotique pour l'électricité. . . 58 189 ( «45s ) Pages. [2l3 MM. 1IERM1TE. — Sur l'équation du cinquième degré (suites] 65, 157, 245, 713. 919, q5ç), io54, 1161 et HERVY. — Moyen d'obvier, radicalement suivant l'auteur, aux accidents de che- mins de fer 890 1IESSE est présenté par la Section de Géo- métrie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant... 652 HOFMANN. — Note sur des essais concer- nant Poxysulfure de calcium 291 — Action dirtrichlorure de phosphore sur les sels des monamines aromatiques. . . . 729 110LLARD. — Une récompense lui est accor- dée pour son travail sur les Poissons (concours pour le grand prix des Sciences physiques : anatomie comparée du sys- tème nerveux des Poissons) 5o6 — M. Hoilard adresse ses remercîments à l'Académie 685 — Suite de ses recherches sur le dévelop- pement de l'encéphale des Poissons HOOKER (Josepii-Dalton ) est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant 12.59 — M. J.-D. Hooker est élu Correspondant de l'Académie pour la Section de Bota- 747 MM. Pages. 1 3 1 4 617 nique en remplacement de feu M. // il- tiain Hooker HOUDIN. — Sur un nouvel instrument d'op- tique, l'iridoscope IIOUZEAU. — Sur l'activité chimique de l'air considéré comme un état normal de l'atmosphère, et sur la relation qui existe entre I accroissement de cette ac- tivité et certaines perturbations atmo- sphériques 4^6 HUARD. — Lettre concernant deux appareils pour maladies des femmes dont il se propose de rendre juge l'Académie 701 HUBERT demande et obtient l'autorisation de reprendre sa Note « sur les propor- tions habituelles du corps humain pen- dant sa période d'accroissement » a ja HUSSON. — Alluvions des environs de Toul, considérées par rapport à l'antiquité de l'espèce humaine 1 177 HUXLEY est présenté par la Section d'Ana- tomie et de Zoologie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant 1 347 HYPERT (P.). — Sur l'apparition d'un nou- vel îlot entre la pointe do George et Aphroè'ssa i3g5 INSPECTEUR GÉNÉRAL DE LA NAVIGA- TION ET DES PORTS (M. h') adresse le tableau des crues et diminutions de la rivière observées chaque jour au pont de la Tournelle et au pont Royal pendant l'année 1 865 226 .1 JANSSEN. — Une récompense lui est accor- dée pour son « Mémoire sur les raies lelluriques du spectre solaire » (concours pour le prix Bordin, question relative à la théorie des phénomènes optiques).. 489 — M. Janssen adresse ses remercîments à l'Académie 91 5 JAZADÉ demande et obtient l'autorisation de reprendre les pièces qu'il avait précé- demment présentées concernant la scie- rie mécanique des pierres de taille. ... 1 53 .IEANNEL. — Nouvelles recherches sur les solutions salines sursaturées, et critique de la pancristallie 3; Note pour servir à l'histoire de l'acétate de soude 834 10BERT. — Notice sur l'épidémie cholérique de 1 86 3 1 322 JODIN signale une erreur qui s'est glissée dans sa Note du 26 décembre i865 c cernant le pouvoir rotatoire des sucres. k>3 JOFFROY. — Sur le calcul direct de la hau- teur de l'atmosphère 768 JOLY. — Note sur la soie marine 455 — Études sur un monstre humain né à Tou- louse, et affecté tout à la fois d'exen- céphalic, de pied bot, de polulac- tylie, d'hermaphrodisme et d'inversion splanchnique générale 11 23 JONQUIÈB.ES (db). — Essai d'une théorie des séries et des réseaux de courbes el de surfaces '-'.93 — Essai d'une théorie îles série- et des ré- seaux de courbes (sur le plan el dans l'espace 1, et des surfaces 3.(9 — M. de Jonquières est présenté par la ( '453 ) MM. Page?. Section de Géométrie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant JORDAN". — Recherches sur les équations algébriques (2e partie) — Sur les congruences du second degré. . . — Recherches sur les polyèdres. (Rapport sur ce Mémoire, M. Bertrand Rappor- teur.) — Nouvelles recherches sur les polyèdres.. JUDÉ adresse, pour le concours de Physio- logie expérimentale de 18O6, un Mé- moire sur les derniers travaux entrepris dans le but d'expliquer la circulation cardiaque JULIEN demande que son « Introduction à la Chimie industrielle » soit admise au concours pour le prix Trémont Jl'LLIEN. — Lettre servant de complément à un opuscule imprimé qu'il envoie. . . . 652 "44 G87 1268 1339 1080 852 768 ! MM. Pages. JUNGFLEISCH (E.). - Sur les dérivés chlo- rés de la benzine 635 JURIEN DE LA GRAYIÈRE est présenté par la Section de Géographie et Navigation comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Du- perrey ig5 — M. Jurien de la Graviers est élu Membre de la Section de Géographie et Naviga- tion en remplacement de feu M. Du- perrey 2 1 i — Décret impérial confirmant sa nomina- tion 245 — M. Jurien de la Gravière est nommé Membre de la Commission chargée de décerner le prix extraordinaire pour l'application de la vapeur à la marine militaire 602 K KNOCH. —Sur le développement du Bothrio- céphale à trompe 1 179 KOLB. — Élude théorique sur la fabrication de la soude par le procédé Le Blanc. . . 638 KOLBE est porté, à deux reprises, par la Section de Chimie, sur la liste des can- didats pour une place de Correspon- dant : pour la place qui est devenue vacante par suite du décès de M. //. Rose, et pour celle qu'a rendue vacante la nomination de M. Jf'œhlcr à une place d'Associé étranger.... 1128 et 1408 KORBER adresse au concours pour le prix Desmazières à décerner en 1866, un ouvrage ayant pour titre : « Parerga lichenologica » 890 KRÔNECKER est présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant 658 LABORDE. — Sur l'absence d'ozone atmo- sphérique durant les dernières épidé- mies LABORDETTE (de). — Note sur un instru- ment nouveau appelé spéculum laryn- LABROUSSE prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des can- didats pour une des places qui viennent d'être créées dans la Section de Géo- graphie et Navigation — M. Làbrousse est présenté par la Section de Géographie etNavigation comme l'un des candidats pour l'une des trois places nouvellement créées LABROUSTE, écrit à tort pour Labeocsse. — Voir à ce nom. LACAZE-DUTHIERS. — Des erreurs aux- quelles peuvent conduire les observa- 307 995 349 958 tions faites à un seul moment de la vie des animaux 62a — M. Lacaze-Duthiers est présenté par la Section d'Ana tomie et de Zoologie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Valenciennes. . io3 LAGOURNER1E (de). — Sur les surfaces réglées tétraédrales symétriques 78 LAILLIER. — Lettre relative à son mode de récolte de l'opium indigène i3S"> LANCEREAUX adresse au concours poul- ies prix de Médecine et de Chirurgie, un ouvrage intitulé : « Traité historique et pratique de la syphilis » 1081 LANGLOIS. — Sur la formation de l'acide trithionique 842 LARTET. — Recherches sur la saline îles eaux de la mer Morte à différentes pro- fondeurs, ainsi que sur divers pointe île 189.. MM. sa surface et sur les origines qu'on peut lui attribuer LARTET.— Sui les ites bitumineux delà Judée et de la Cœlé-S\ rie, et sur le mode d'arrivée de l'asphalte au milieu des eaux de la mer Morte i3g5 L UU'Ii îUE. — Relation paraissant avoirexisté entre les vents qui, pendant une partie de notre hiver, ont régné en même temps à Versailles et au Cap de Bonne- Espérance Soi — Sur les tempêtes qui se sont produites, entre le 19 et le 23 mars de la présente année 1866, à Buenos-Ayres, sur la côte de France et à Versailles 1096 LAUGIER, en sa qualité de Président, rap- pelle à l'Académie la perte qu'elle a faite depuis sa dernière séance dans la personne de M. Montagne, Membre de la Section de Botanique, décédé le 5 jan- vier 1SG6. Une Lettre de M. Barreswil qui annonçait, en qualité de parent, celte triste nouvelle, mentionne une disposition testamentaire du défunt con- cernant l'Académie 65 — M. le Président dépose sur le bureau un exemplaire du discours prononcé par M. Brongniartam funérailles de II. Mon- I ; ;ne, au nom de la Section de Bota- nique ia5 — M. Laugier est nommé Membre de la Commission chargée de décerner le prix d'Astronomie 602 — Et de la Commission du grand prix de Mathématiques pour 1866 (question con- cernant l'équation séculaire de la Lune). G74 — Rapport sur le prix d'Astronomie [fonda- tion Lalande), concours de i865 47G LACHENT. — Note sur la théorie' des équa- tions M" LAUSSEDAT. — Note sur les travaux géodé- siques exécutés en Espagne 1007 LEBEL est présenté par la Section d'Econo- mie rurale comme l'un des candidats pour une place vacante do Correspon- dant 810 LE BESGUE. — Nouveau théorème sur la ré- solution des équations binômes à module premier 20 — Sur une congruence du deuxième degré II plusieurs inconnues 8G8 LE Bill AN. — Lettre concernant diverses inventions qu'il désirerait soumettre au jugement de l'Académie 242 LEDOl L\, Consul de France v Syra. Rapport sur les phénomènes volcaniques qui se sont produits dans la rade de l'île de Santorin G08 et 748 ( i454 ) Pages. i333 9° :G MM. Papes. LEFORT (.L). — Sur l'existence de l'urée dans le lait des animaux herbivores... — Rectification d'une erreur qui s'est glissée dans l'extrait qu'il a donné de ce Mé- moire 241 — Note pour servir à l'histoire des pou dingues — Analyse de l'eau de la mer Bouge. (En commun avec M. Robinet.) 43C LÉGEB et Martin- adressent pour le concours du prix Godart leurs « Recherches sur l'anatomie et la pathologie des appareils sécréteurs des organes génitaux externes chez la femme » 942 LEGBAND DU SAULLE. — Une mention honorable lui est accordée pour son livre de « la Folio devant les tribunaux » (concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie) 519 LEGBOS. — Recherches sur la trachéotomie et sur le traitement des ulcères dits scrofuleux 1322 LEGBOS et Goujon. — Recherches expéri- mentales sur le choléra 1181 LEMOINE. — Lettre concernant son Mé- moire sur le diabète 809 LEXOBMANT. — Sur l'apparition d'un nou- vel ilôt volcanique dans la rade de San- torin 392 — Sur l'éruption volcanique de Santorin et les phénomènes qui l'ont accompagnée dans le reste de la Grèce 465 — Sur un bas-fond qui a apparu dans les parages au sud du Péloponèse 7G5 — Sur les tremblements de terre des trois premiers mois de 18GG en Orient 1092 LESPIAU. - Des pastilles de fibro-globuline employées comme analeptique 1 j "> — Lettre accompagnant, l'envoi d'un opus- cule intitulé : 0 Exposé clinique des blessures de guerre soignées dans les hôpitaux militaires français de Puebla et de Cholula » 853 LESPIAULT écrit à tort, page 853, pour Lespiau. Voir le paragraphe ci-dessus. LEUCKART est présenté par la Section d'A- natomie el de Zoologie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant 1347 LEVENetVÉE. — Un prix leur est accordé pour leur travail sur un alcaloïde extrait de la fève de calabar ( concours pour le prix Barbier ) 555 — MM. Lcven el Vêe adressent leursremer- ciments a l'Académie 685 LÉVEQOE. — Note ayant pour objet d'éta- blir la concordance entre l'ère des Hé- MM. ( 1455 ) Pages brenx et colle des autres peuples de l'antiquité 704 LE VERRIER. — Remarques au sujet d'une communication de M. Cazin sur la dé- tente des vapeurs saturées 58 — Avertissements donnés aux côtes sur l'ap- proche des tempêtes, état présent de la question 1045 — Remarques à l'occasion de l'étendue don- née dans le Compte rendu de la séance du i/| mai à ce qu'avait dit dans cette séance M. Ch. Sainte-Claire Deville à l'occasion de la précédente communica- tion 1 107 — Note sur deux étoiles : l'une nouvellement apparue, l'autre disparue postérieure- ment à 1862 1108 — M. Le Verrier présente à l'Académie un volume des « Annales de l'Observatoire de Paris », le tome X des « Observa- tions » 977 — M. Le Verrier fait hommage à l'Acadé- mie du tome XX des « Annales de l'Ob- servatoire impérial de Paris, année 1 864 » 703 — M. Le Verrier présente, au nom de M. l'abbé Ginard, un travail intitulé : « Nouvelle théorie de la foudre et moyens simples de s'en préserver » 5q — M. Le Verrier présente, au nom de M. Amédée Guillemin, la troisième édi- tion d'un ouvrage intitulé : « le Ciel »; et au nom de M. Norman Lnckyer, un livre : the Heavens, qui n'est autre chose que la traduction anglaise du livre de M. Guillemin 837 LEZ. — Découverte des sources souterraines basée sur l'étude de la Géologie 678 LIAIS prie l'Académie de vouloir bien le com- prendre dans le nombre des candidats pour une des trois nouvelles places créées dans la Section de Géographie et Navi- gation 177 — M. Liais est présenté par la Section de Géographie et Navigation comme l'un des candidats pour l'une des places nou- vellement créées 908 — Envoi d'une Notice sur ses travaux scien- tifiques LIANDIER. — Notice sur l'hiver de 1866. io3« 809 Note sur la lumière zodiacale i4o5 MM. Pages. LIÈS-RODART. — Recherches chimiques sur les cires 749 LIOUVILLE. — Sur la forme à cinq indéter- minées xtxi -\-.vl.r,J-\- XjXt + x4Xj . . . 714 — Nombre des représentations d'un entier quelconque sous la forme d'une somme de dix nombres triangulaires 771 — Sur la fonction numérique qui exprime pour un déterminant négatif donné, le nombre des classes de formes quadra- tiques dont, un au moins des coefficients extrêmes est impair l35o — M. Liouville est nommé Membre de la Commission chargée de proposer une question pour le prix Rordin de 18GG (Sciences mathématiques) 167 — Membre de la Commission du prix Dal- mont 881 — De la Commission du prix d'Astronomie. 602 — Et de la Commission du grand prix de Mathématiques pour 18G6 (question concernant l'équation séculaire de la Lune ) 674 LIOUVILLE (H.) et Voisin. -Études sur le curare 1224 LONGET demande, au nom de la Commission chargée de l'examen des recherches de M. Gerbe sur les larves des Crustacés, l'adjonction de deux nouveaux Commis- saires. MM. de Quatrefages et Blanchard sont désignés à cet effet 978 — M. Longet est nommé Membre de la Com- mission du prix de Physiologie expéri- mentale 929 — Membre de la Commission des prix de médecine et de Chirurgie 977 - De la Commission du prix de Médecine et de Chirurgie (application de l'électricité à la thérapeutique ) à décerner en 1 8GG . 1017 — Et de la Commission du grand prix de Chirurgie (conservation des membres par la conservation du périoste) à dé- cerner en 1 866 1017 LOUGUININE et Naquet. - Sur quelques dérivés de l'acide formobenzoïlique. . . . 43o — Sur l'acide bromocuminique io3i LUYS. — Un prix de Médecine el de. Chi- rurgie (concours de l'année i86:>) lui est décerné pour ses 0 Recherches sur le système nerveux cérébro-spinal «... Ju> ( i456 ) M MM. Pages. MAIRE DE LA VILLE DE MCE (IL le) demande, pour la Bibliothèque de la \ ille, les volumes des « Comptes rendus » qui lui manquent 998 — M. le Maire remercie l'Académie pour l'envoi des volumes demandés i386 MALAGUTI. — Note sur un composé naturel d'oxyde de zinc, d'oxyde d'ammonium cl d'eau /,i 3 MALLARD. — Sur les gisements stannifères du Limousin et de la Marche, et sur quelques anciennes fouilles qui parais- sent s'y rattacher 223 MANDON. — Destruction traumatique des régions bulbaire et membraneuse de l'u- rètre, et création d'un nouveau canal. (En commun avec M. Bouyer.) 795 MANNIIEIM. — Sur le déplacement continu d'un corps solide; nouvelle méthode pour déterminer les normales aux lignes ou surfaces décrites pendant ce dépla- cement i38(5 — Lettre concernant la collection de Mé- moires de Lagrange , de Laplace, etc., transmise par M. Biul à M. Edm. Bour; et léguée par celui-ci à l'Académie. . . . 838 — Rapport de la Section de Géométrie con- cernant l'acceptation de ce legs et la manière d'en disposer 872 MANODORI. — Lettre concernant un paquet cacheté adressé par M. Tonegiani en 1864 ' 401 MARCHAND. — Économie rurale et statisti- que agricole dans le pays de Caux. . . . 942 MARCHAND. — Démonstration du postula- tum d'Euelide 382 MARCUU (.Iii.es) prie l'Académie de vouloir bien comprendre dans le nombre des pièces de concours pour le prix Cuvier sa « Carte géologique de la Terre ». . . . 146 — Marteaux en pierre ayant servi aux an- ciens Américains pour l'exploitation des mines de cuivre et d'argent natifs du lac Supérieur 470 MARÉCHAL et Tkssié du Mothay. — Pro- duction chimique de gravures mates sur cristal et sur verres 3oi MARES esl présenté par la Section d'En - mie rurale comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant 810 — M. Mares est élu Correspondant pour la Section d'Économie rurale en remplace- ment de feu M. Ri/M/t 825 mm. — M. Mans adresse ses remerctments a l'Académie et lui fait hommage d'une Note qu'il a récemment publiée sur le prix de renient des vins dans le dépar- tement de l'Hérault — De l'influence de la chaleur sur les vins rouges liquoreux MAREY. — Note sur la nature delà contrac- tion dans les muscles de la vie animale. MARIGNAC est présenté par la Section de Chimie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant.. . — M. Marignac est élu Correspondant pour la Section de Chimie, en remplacement de feu M. Henri Rose — M. Marignac adresse ses remerctments à l'Académie MARKEY. — Nouveau mode de traitement contre le choléra-morbus MARTINS. — Sur les racines aériferes des espèces aquatiques du genre Jussiœa.. MARTIN et Léger adressent, pour le con- cours du prixGodart, leurs « Recherches sur l'anatomie et la pathologie des appa- reils sécréteurs des organes génitaux ex- ternes chez la femme » MARTINENCQ adresse, pour le concours du legsBréant. un opuscule intitulé :« Ap- pendice au choléra de Toulon en i835, à propos de l'épidémie de Marseille de i865 » — Note sur le choléra MASLOVSKV. — Lettre relative à un précé- dent Mémoire sur le traitement de la sy- philis sous le climat du nord MATHIEU est nommé Membre delà Commis- sion chargée de décerner le prix d'As- tronomie (fondation Lalande ) — Membre de la Commission du grand prix de Mathématiques pour [866 (question concernant l'équation séculaire de la Lune) — El de la Commission du prix de Statisti- que pour 1866 — Rapport sur la question a proposer pour le prix Damoiseau qui sera décerné pour la première fois en 1869 MATTEUCCI. — Sur un service météorologi- que fonde en Italie par le Ministre de la Marine MALMENE. — Recherches expérimentales sur les causes du goitre — Théorie générale de l'exercice de I affi- nité — Sur une expérience récente de M. E. /\'>/y. Pages. 872 1168 1171 1 128 126 942 997 1223 II78 G02 674 74l 562 >-'-i 38 1 «97 9'4 ( >457 ) MM. Pages. — Sur lesuintet l'extraction par calcination de la potasse qu'il renferme. ( En com- mun avec M. Rogelet.) 1024 MAUR. — Mémoire ayant pour litre : « Du choléra-morhus , intoxication vermi - neuse » 293 et 610 — Lettre concernant les droits que croit avoir M. Maiir au prix Bréant 1024 MÉGNIN. — Sur l'affection typhoïde du cheval ioo5 MEINADIER (Ollive ). - Voir à Ollive-Mei- nadier. MENUSIER. — Projet de bains hydro-élec- triques 1 1 78 MERMET. — Perturbations de l'aiguille de déclinaison observées à Marseille avant et après lo tremblement de terre du 1 9 mai 1 23g MEUNIER (Victor). — Réponse aune Note lue parM. Pasteur le 18 décembre i865. 168 — Lettre concernant son dernier Mémoire et les expériences qu'on y trouve contre- disant celles de M. Pasteur 24 1 MEYNET (P.). — Un prix est décerné à MM. Chauveau, Meynel et Viennois pour leurs « Recherches sur les rela- tions pouvant exister entre la vaccine et la variole » ( concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de i865) . . 5ai MIHALINEZ. — Lettre concernant une Note qu'il avait précédemment adressée sur le Soleil et sa relation avec les autres corps célestes ig4 MINISTRE DE L'AGRICULTURE, DU COM- MERCE ET DES TRAVAUX PUBLICS (M. le) adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, un exemplaire des tomes LI et LU de la 0 Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont été pris sous l'empire de la loi de 1844 »j 'es n0> g, ro, n et 12 du Catalogue des Brevets d'invention pour l'année i865, et le n° i'r du Cata- logue pour 186G... 12G, 226, 684 et i32Î — M. le Ministre invite l'Académie à dési- gner deux de ses Membres pour faire partie de la Commission qui sera chargée d'une révision générale de la Table do mortalité de Deparcieux 22G — Lettre accompagnant l'envoi de billets . d'admission à la se ince de distribution des prix du concours d'animaux de bou- chei ie ;48 — M. le Ministre transmet une Note de M. Doin contenant un cas de cyanose traité avec succès 126 — Une Note de M. Markey concernant un MM. Pages. nouveau mode de traitement qu'il emploie contre le choléra-morbus ij.ù — Un .Mémoire de M. Maùr, ayant pour titre : « Du choléra ou intoxication ver- mineuse », et une Lettre de M. Maiir adressée à l'Empereur, concernant les droits qu'il croit avoir au prix Bréant. Omet 1024 — Une Note portant sous pli cacheté le nom de l'auteur, et ayant pour titre : « Ré- flexions sur les idées émises au sujet* des affections infectieuses, et du choléra en particulier » 881 — Une Lettre de M. Roy, do la Nouvelle- Orléans, relative à un remède contre le choléra ç)j8 — Une Note de M. Poulet .sur la cause prochaine de l'épilepsie mo MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE (M. le).— Lettre accompagnant l'envoi d'une ampliation du Décret impérial du 3 janvier qui porte de trois à six le nom- bre des Membres de la Section de Géo- graphie et Navigation. — Ampliation du Rapport à l'Empereur qui a précédé ce Décret 1 o5 — M. le Ministre transmet ampliation des Décrets impériaux qui confirment les nominations suivantes faites par l'Aca- démie. — Nomination de M. Ch. Robin à la place vacante dans la Section d'Ana- tomie et de Zoologie par suite du décès de M. I (tleneiennes îgj — Nomination de M. Jurien île lu Gravière à la place vacante dans la Section de Géo- graphie et Navigation par suite du décès de M. Duperrey 245 — Nomination de M. Trécul à la place va- cante dans la Section de Botanique par suite du décès de AI. Montagne 8i5 — Nomination de M. Ditpttr de Lôme à une des places créées dans la Section de Géographie et Navigation, par le Décret impérial du 3 janvier 1866 101 "> — M. le Ministre transmet l'ampliation du Décret impérial par lequel l'Académie est autorisée à accepter le legs Pliùnej . destiné à la fondation d'un prix relatif au perfectionnement de la navigation par la vapeur 1 386 — M. le Ministre autorise l'Académie à pré- lever, sur les reliquats dos for Is tfon- lyon. diverses sommes qui devront re- cevoir fis destinations indiquées par les propositions de l'Académie 383, 620. 8Ï7, io3l, 1282 et i38G — M. le Ministre approuve le choix fait par ( i458 ) MM. 748 Pages. l'Académie du lundi 5 mars pour sa séance publique 45ô — M. le Ministre transmet un nouveau vo- lume de la « Relation du voyage de la Frégate autrichienne la Novara » 176 — Deux Rapports adressés à M. le Ministre des Affaires étrangères par M. Ledoulx, Consul de France à Syra, sur les phéno- mènes volcaniques produits dans la rade •de l'Ile de Santorin 608 et — Et une Lettre de M. L. Atniot sur les cuises du choléra 1110 MINISTRE DE LA MARINE ET DES COLO- NIES (M. le) adresse à l'Académie un ouvrage ayant pour titre : « Notice sur les colonies françaises » avec un Atlas de 1 4 planches 890 MONTER (E.). — Note sur un hygromètre à cheveu , plus portatif que l'hygromètre ordinaire 1 110 MONOYER. — Étude de l'équilibre et de la locomotion chez les Poissons 847 MONTAGNE. — Sa mort arrivée le 5 janvier est annoncée à l'Académie dans la séance du 8. — Lettre de M. Barreswil annon- çant, en qualité de parent, une dispo- sition testamentaire de M. Montagne en faveur de l'Académie 65 MONTANT. — Observations ozonométriques faites à Constanlinople pendant le cho- léra de 1 865 193 MON J'UCCI. — Sur la lumière des comètes. 1099 — Sur une progression arithmétique résul- tant de certaines dates contenues dans la liste d'étoiles temporaires donnée par Ilumboldt ri.j 1 MORIDE. — fabrication des charbons de varechs. Nouvelle méthode d'en extraire le brome e) l'iode, et de doser ce der- nier corps au moyen des hyposulfiles alcalins 1002 MOltlN. — Observations à l'occasion de la présentation, faite par M. Velpeau, de l'ouvrage de M. Le Fort sur les Mater- nités 334 — M. Mbrin présente, de la pari de M. Graeff, un Mémoire destiné au con- cours pour le prixDalmontel ayantpour titre : a Théorie du mouvement des eaux ■ Lins les réservoirs à alimentation va- 1 iable » 998 — El de la pari du traducteur, M. Lausse- dat, chef de bataillon du Génie, un ou- MM. Pages. vrage traduit de l'espagnol, et ayant pour titre : <■ Base centrale de la trian- gulation géodésique d'Espagne » 1007 — En présentant, de la part de l'auteur M. Alcan, un « Traité de la fabrication des lainages », M. Marin fait une ana- lyse succincte du contenu de cet ou- vrage 1-227 — M. Marin est nommé Membre de la Com- mission chargée de décerner le prix ex- traordinaire pour l'application de la va- peur à la marine militaire G02 — Membre de la Commission du prix de Mécanique 740 — De la Commission du prix Trémont de 1866 8î5 — Et de la Commission du prix Dalmont. 881 MORPALN. — Sur l'application faite par MM. Desmartis, père et fils, de l'extinc- teur, pompe à incendies, aux maladies des voies urinaires 453 — Description d'un nouvel appareil de M. Desmartis contre les maladies des voies respiratoires 101 1 MORTILLET (de) demande les Comptes ren- dus de l'Académie en échange de sa pu- blication intitulée : « Matériaux pour l'histoire de l'homme » 47' MOTET. — Sur la conservation des os par la conservation du périoste, Mémoire des- tiné au concours pour le grand prix pro- posé par l'Académie sur cette question. io3o MOTTEZ. — Sur un principe de physique auquel on pourrait rattacher tous les grands phénomènes de la météorologie. C19 MOUCHEZ esl présenté par la Section de Géographie et Navigation comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Duperrey ig5 — M. Mouchez est présenté par la Section de Géographie et Navigation comme l'un des candidats pour l'une des trois places nouvellement créées dans cette Section. 958 MOUGEOT. — Notes médicales sur l'absorp- tion 1 180 MOULINE. — Nouvelle Note sur les maladies des vers a soie 620 MOURA. — Une citation honorable loi est accordée pour un instrument de son in- vention servant à lier les polypes du larynx (concours pour les prix de Mé- decine et de Chirurgie) 529 ( >4% ) N MM. Pages. NAMIAS. — Application» de l'électricité à la thérapeutique \ii5 NAQUET et Louguinine. — Sur quelques dérivés de l'acide formobeiizo'i'Hque. . . . 43o — Note sur l'acide bromocuminique io3i NAUDIN. — Le deuxième volume du « Ma- nuel de l'amateur des jardins », par MM. Naudin et Decaisne, est présenté à l'Académie dans sa séance du 25 juin. i34o NELSON. — Description et figure d'un char aérien «45 NETTER. — Mémoire sur la contagion du choléra 943 MM. Pages. NETTO. — Sur la structure anormale des liges des Lianes 1076 NICKLÈS. — Sur des effets de coloration et d'extinction de couleurs produits par des lumières artificielles 91 — Sur le soufre noir 4^9 — Sur de nouveaux dissolvants de l'or 755 NOGUÈS. — Sur les ophites des Pyrénées.. i44 NOURRISSON.— Lettre concernant deux se- cousses de tremblement de terre res- senties à Marseille, le 19 mai 1 127 0 OLETTI. — Sur son horloge luni-solaire. . . 3o(> et 1243 OLLIER. — Traité expérimental et clinique de la régénération des os et de la pro- duction du tissu osseux, au point de vue spécial de la conservation des membres par la conservation du périoste 1181 OLLIVE-MEINAD1ER. — Mémoire ayant pour titre : « De la résolution algébrique de l'équation générale du cinquième degré » 226 OPPENHEIM. — De l'isomérie dans la série allylique 108 5 ORDONEZ. — Sur les tumeurs appelées hêtéradéniques ia35 OWEN. — Lettre accompagnant la présenta- tion de son Mémoire « sur les poches marsupiales. les glandes mammaires et les fœtus mammaires de l'Échiriné Hys- trix » 592 PACINI. — Mémoire écrit en italien sur le choléra asiatique 943 PAGANINI. — Notes sur la théorie des nom- bres 852, 914 et 9r>7 PAGLIARI. — Application de son eau hémo- statique au moyen de compresses sèches. 1 347 PALLD prie l'Académie de vouloir bien le considérer comme candidat pour l'une des places vacantes dans la Section de Géographie et de Navigation 1 [07 PAMBOUR (de). —Sur la théorie des roues hydrauliques : théorie des roues à au- gets. — Théorie clés roues à aubes cour- bes 218 et 787 PAN1ZZI remercie, au nom du British Mu- séum, l'Académie des Sciences pour l'en- voi de nouveaux volumes des Comptes rendus (iS j PANOFKA. — Sur la trachée artère et sur la production de la voix humaine 38 1 PARAVEY. — Systèmes aéronautiques men- tionnés dans les livres chinois '!<>('> C. R., i865, Ier Semestre. (T. IAII — Lettre concernant des expériences faites en 1785, par le P. Amyot, sur les rela- tionsentre l'électricité et le magnétisme. 809 — A l'occasion d'une communication récente de M. Poirel, M. de Paravey offre à l'Académie de lui soumettre des échan- tillons d'une pouzzolane de Gergovie. M. de Paravey demande en outre et ob- tient l'autorisation de reprendre des pièces qu'il avait précédemment présen- tées sur les connaissances aérpnautiques des anciens 9/17 — Sur l'emploi des barrages pour utiliser les eaux de la Dendre 1242 - Remarques concernant les connaissances des Chinois sur l'Hippopotame 1242 PARIS. — Sur la manière d'immerger les câbles électriques 284 — M. Paris est nommé Membre de la Com- mission chargée de décerner le prix extraordinaire pour l'application de la vapeur à la marine militaire 60a igo ( «46o ) MM. PARLATORE est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant.. . PARROT. — Envoi d'une épreuve de la « Carte itinéraire de Tours à Nantes.au moyen âge » PASCAL. — Lettre accompagnant l'envoi de son « Étude géologique du Velay »... PASSY est nommé Membre de la Commission du prix de Statistique pour 1866 PAYEN. — Recherches sur l'iodure de potas- sium — M. Pnyen est nommé Membre de la Com- mission du prix dit des Arts insalubres . PEGNERIOL. — Sur l'immersion des câbles télégraphiques PÉLIKAN. — Nouvelles recherches toxicolo- giques sur le Nerium Oleander PELLAGRIN, écrit à tort pour PELLAR1N. — Lettre concernant la mention qui a été faite de ses Observations sur la transmission du choléra par les dé- jections des malades, dans le Rapport sur le concours pour le prix Bréant de 1 865 54o, G22 et PELOUZE. — Mémoire sur les sulfures — Sur la composition de la soude extraite du sel marin par le procédé Leblanc. . PERROT. — Sur un appareil destiné à pro- duire des températures très-élevées au moyen du gaz de l'éclairage mélangé à l'air — Expériences entreprises dans le but de vérifier plusieurs points de la théorie de l'électricité statique — Expériences et observations sur l'électri- cité PERSONNAT adresse, comme pièces de con- cours pour un des prix décernés par l'A- cadémie, deux brochures relatives au ver à soie du Chêne PERSOZ demande et obtient l'autorisation de retirer les parties déjà présentées de son Mémoire sur l'état moléculaire des corps. PEYRANI. — Sur la non-régénération de la rate PHIPSON. — Sur les boues médicinales de l'Ile d'Isehia — Observations sur une Note de M. Liais con- cernant l.i rencontre de la Terre et de la queue de la grande comète de i8(ii. — Note sur un dépôt de birarémate de po- tasse dans du vin rouge — Sur le silicium dans la fonte PICHOT. — Une récompense lui est accordée pour ses u Recherches sur la réfraction » (concours pour le prix Bordio, question Pages. 1295 9i5 1282 74i 254 978 .joi 237 77O 108 23a 45o i385 0,56 «9 59 (il 2.3(> 8o3 MM. Pages, relative à la théorie des phénomènes optiques ) 490 PICOU. — Sur la direction des rayons lumi- neux dans le prisme et la formation du spectre 176 et 382 PICTET est présenté par la Section d'Ana- tomie et de Zoologie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant 1347 PIETRA-SANTA (de). — Sur l'épidémie cho- lérique de i865 1279 P10BERT est nommé Membre de la Commis- sion du prix de Mécanique 740 PISANI. — Sable granatifère de Pesaro ; Thu- lite de Traversella; Bustamite du Yi- centin ». . . . mo — Sur une nouvelle espèce minérale du Cornouailles, la Chenevixite G90 — Sur la Gieseckite, considérée comme une épigénie d'élseolithe 1324 — Analyse de l'aérolithe tombé le 3o mai 18GG à Saint-Mesmin, canton de Méry- sur-Seine, département de l'Aube i3ïG PITET.— Recherches sur les meilleurs modes d'application de l'électricité dans les maladies 1225 PLATEAU. — Lettre accompagnant l'envoi d'un Mémoire imprimé « sur les figures d'équilibre d'une masse liquide sans pe- santeur » 1221 POELMAN rappelle, à l'occasion d'une Note de M. Alix sur les organes de la partu- rition chez les Kanguroos, ce qu'il a lui- même fait connaître concernant la dis- position des organes femelles de la gé- nération dans ces animaux 399 P0GG10LI. - Action de l'électricité statique sur le développement physique et intel- lectuel chez les jeunes sujets — Lettre relative à ce Mémoire — Mémoire sur l'électro-thérapie, présenté au concours pour le prix à décerner en 18GG i2-,.r> POIREL.— Notice sur les mortiersqui entrent dans la fabrication des blocs artificiels pour la fondation des ouvrages à la mer. 782 — Réunion des deux Commissions chargées, l'une d'examiner la précédente commu- nication, l'autre la Noie présentée par l'auteur le 10 juillet i$Gr> 837 — M. Poirel prie l'Académie de vouloir bien le comprendre au nombre des candidats pour lime des places nouvellement créées (Lins la Section de Géographie et Navigation 9.95 — M. Poirel esl présenté par la Section de Géographie et Navigation comme l'un 1 1 10 '"99 ( I MM. Paees. des candidats pour l'une des trois places de nouvelle création g58 POLITZER. — Nouvelle manière de guérir la surdité causée par la fermeture do la trompe d'Eustache 1224 PONCELET adresse le tome II de son « Traité des propriétés projectives des figures », et demande l'insertion au Compte rendu d'un passage delà préface. 1297 POUILLET. — Sur la position des pôles dans l'intérieur des barreaux aimantés et sur la mesure absolue des forces magné- tiques 257 — M. Pouillet est nommé Membre de la Commission chargée de proposer une question pour le prix Bordin de 18GG (Sciences mathématiques) 167 — Membre de la Commission du prix Bor- din de 1866 (détermination des indices de réfraction des verres employés en optique) 777 — De la Commission du prix Bordin de 1 8GO ( détermination expérimentale des lon- gueurs d'onde de quelques rayons de lumière simple ) 777 - Et de la Commission du prix Trémont.. . 826 POULET. — Une mention très-honorable lui est accordée pour son Mémoire « sur le goitre à Plancher-les-Mines » (concours pour le prix de Statistique) 481 — Recherches expérimentales et cliniques sur la cause prochaine de l'épilepsie. . . 083 46l ) MM. Pages — Note sur la cause prochaine de l'épilepsie. 1110 PRÉFET DE LA SELNE (M. le) adresse un exemplaire du 0 Bulletin de Statistique municipale » pour le mois de décembre 1 865 io3i PRÉSIDENT DE L'INSTITUT (M. le). — Lettres relatives à la deuxième et à la troisième séance trimestrielle de 18OO. !.. 57.5 et 1 297 PRÉSIDENT DE L'ACADÉMIE (M. le). — Voir au nom de M. Lmigier. PRÉTERRE. — Recherches sur les proprié- tés physiques et anesthésiques du prot- oxyde d'azote 1 1 So PRILLIEUX. — Sur la nature, l'organisation et la structure anatomique des bulbes des Ophrydées 289 — Études sur les Orchidées : végétation et structure anatomique des tiges 625 — Observations sur la matière colorante des raisins noirs 752 — M. Prillieux est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Montagne 702 PRINGSHEIM est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant 1295 PROST. — Note sur les trépidations du sol observées à Nice 910 Q QUATREFAGES (de) présente, au nom de M. Boudin (écrit par erreur Bourdin), une Note sur la tendance instinctive de l'homme à reproduire dans le dessin et la sculpture le type de la race à laquelle il appartient 7G7 — M. de Quatrefages est nommé Membre de la Commission du grand prix des Sciences physiques pour 18GG 928 — Membre de la Commission du prix Savi- gny à décerner, pour la première fois. en 1 806 1171 — Et de la Commission du prix Thore à dé- cerner, également pour la première fois, en 1866 1223 R RAMBOSSON.— Des alliances consanguines. 880 RAMON DE LA SAGRA. — Lettre concer- nant les Tables nécrologiques du cho- léra à la Havane en i833 Oi -- M. Ramon de la Sagra envoie un appa- reil pour une expérience d'optique et de physiologie mentionnée dans sa Note du 4 décembre 1 865 1 7O — Lettre accompagnant des tableaux météo- rologiques relatifs à l'ouragan ressenti à Manille et dans ses environs le 27 sep- tembre 1 865 685 Envoi de tubercules d'une plante connue a Cuba sous le nom de Uerencs, el dont on pourrait essayer la culture au Jardin îles Plantes 767 Lettre relative à une exposition faite à Madrid des produits rapportés de l'Amé- 190.. ( i4<5* ) MM. Pages. 112G rique du Sud par des savants espagnols. RANYDER. — Ouvrages relatifs aux tissus osseux et cartilagineux 1225 RAYER est nommé Membre de la Commis- sion des prix de Médecine et de Chi- rurgie 977 — Membre de la Commission du prix dit des Arts insalubres 978 — De la Commission du prix de Médecine et île Chirurgie (application de l'électri- cité à la thérapeutique) à décerner en 1866 1017 — De la Commission du grand prix de Chi- rurgie (conservation des membres par la conservation du périoste) à décerner en 1866 1017 — De la Commission du prix Barbier 1 iog — Et de la Commission du prix Godait.. 11 10 RAYET. — Sur la tempête et le minimum barométrique du 1 1 janvier 1866 387 REGNAULT appelle l'attention de l'Acadé- mie sur un grand modèle de machine pneumatique à piston, construite par M. Deleuil 1 5 1 — M. Rfgnault rappelle quel'utilitédescreu- setsen magnésie employés par M. Caron a été depuis longtemps démontrée par M. Thilorier 3oi - M. Regnault est nommé Membre de la Commission du prix Bordin de 18GG (dé- termination des indices de réfraction des verres employés en optique) 777 — Membre de la Commission du prix Bordin de 1866 (détermination expérimentale des longueurs d'onde de quelques rayons de lumière simple ) 777 — Et de la Commission du prix Dalmont. 881 RENÉ DE GROSÛURDY. - Une mention honorable lui est accordée pour son ou- vrage intitulé : « Médecine botanique créole » (concours pour le prix Bar- bier) 555 RENOU. — Sur la périodicité des aurores boréales 7G2 - Sur la théorie de la pluie 825 — M. Renou est présenté par la Section de Géographie et Navigation comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Duperrey nj5 — Puis comme l'un des candidats pour l'une des trois places nouvellement créées dans celte Section g58 REVEIL. — Sur la proposition de la Commis- sion du prix de PhvMologie expérimen- tale, l'Académie décide qu'un travail présenté à ce concours par feu M. Ré- veil (action des poisons sur les plantes) 05-z 052 MM. Pages, sera imprimé dans le « Recueil des Sa- vants étrangers » 5ig RICHARD. — Découverte d'un nouvel atelier d'instruments de l'âge de pierre 1 127 RIC11ELOT est présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant RIEMANN est présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant — M. Riemann est élu Correspondant pour la Section de Géométrie en remplace- ment de l'eu Sir //'. Hamilton 674 ROBERT DE LATOUR (de). — Analyse ma- nuscrite de ses recherches sur la cha- leur animale comme diagnostic de di- verses affections 1224 ROBIN (Ch.) est présenté par la Section d'A- natomie et de Zoologie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Valenciennes h>3 — M. Robin est élu Membre de la Section d'Anatomie et de Zoologie en remplace- ment de feu M. Valenciennes — Décret impérial confirmant sa nomina- tion — M. Robin est nommé Membre de la Com- mission du grand prix des Sciences phy- siques pour 1866 — Membre de la Commission du prix de Physiologie expérimentale 928 — De la Commission des prix de Médecine cl de Chirurgie 977 — De la Commission du prix de Médecine et de Chirurgie (application de l'électri- cité à la thérapeutique) à décerner en 18G6 1017 — De la Commission du grand prix de Chi- rurgie (conservation des membres par la conservation du périoste) à décerner en 18GG •••• 1017 — Et de la Commission du prix Thore a dé- cerner, pour la première fois, en 186G. — Par une Letlre qui leur est commune, MM. Costa et Robin demandent a l'Aca- démiede vouloir bien accorder à M. Gerbe des fonds qui lui permettent decontinuer ses recherches ROBIN (Ed.). — Sur la possibilité de ralen- tir l'activité respiratoire et sur les effets de et' ralentissement 38a — « Théorie motivée de la putréfaction. Ré- ponse à quelques objections. Nouveaux faits à l'appui d'applications indiquées dans les précédentes Notes. Développe- 25 '97 928 1223 io83 ( i463 ) MM. Pages, ments apportés à quelques-unes de ces applications » 620 — M. Robin demande et obtient l'autorisa- tion de reprendre ces Notes 768 ROBINET. — Analyse de l'eau de la mer Rouge. (En commun avec M. /. Lefort.). 436 ROGELÈT. — Sur le suint et l'extraction par caJcination de la potasse qu'il ren- ferme. ( En commun avec M. Mau- mené.) 1024 ROGER. — Mémoire sur les phénomènes capillaires 1 34 ROLLAND. — Appareil régulateur de la pression de la vapeur 43 ROLLIN. — Résumé d'un travail relatif aux maladies pulmonaires .• yG 1223 ( *467 ) U MM. Pages. UNIVERSITÉ DE LUND (l') envoie deux volumes de ses « Actes » publiés en i864-i865 349 MM. Pajes- URBAIN" et S.vlleron. — Nouvelle méthode d'essai des huiles minérales 43 VAILLANT demande à être compris parmi les candidats pour le prix Savignv 1 226 VAILLANT (M. le Maréchal), l'un des Commissaires désignés pour l'examen d'une Note déposée sous pli cacheté en 1862 par M. Rarchaerl et ouverte sur sa demande en novembre i8G5, déclare qu'il n'y a pas lieu à faire de Rapport, l'auteur ayant, depuis l'époque du dépôt de sa Note, rendu ses idées publiques par la voie de l'impression 92S VALLIN. — Recherches ayant pour objet la fabrication économique des solutions d'acide phosphorique et du phosphore. . 83- VAN BENEDEN est présenté par la Section d'Anatomie et de Zoologie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant 1 347 — M. Van Beneden est élu Correspondant pour la Section d'Anatomie et de Zoolo- gie, en remplacement de feu M. Léon Dufour 1377 VAN TIEGHEM. — Sur la structure des an- thères clans les Aroïdées 1289 VANZETTI.— Un des prix de Médecine et de Chirurgie lui est décerné pour sa mé- thode de traitement des anévrismes. . . 019 — M. Vanzetti adresse ses remercîments à l'Académie 685 VAVASSEUR. — Sur un procédé de conser- vation pour la viande de bœuf, employé dans la République de l'Uruguay 884 VÉE et Leve.n. — Un prix est accordé à leur travail sur un alcaloïde extrait de la fève de calabar (concours du prix Barbier ) >5> — MM. Véc et Lercii adressent leurs remer- cîments à l'Académie 685 VELPEAU présente, au nom de M. Sédillot, un exemplaire de la troisième édition, récemment publiée, du « Traité de Mé- decine opératoire » 740 — Et au nom de M. Delenda, un Mémoire sur la théorie des soulèvements appli- quée à l'apparition, dans la baie de San- torin , des deux ilôts George I" et Aphroëssa g.j 1 C. R„ 1866, i« Semestre. (T. LXII.) — M. Felpeau est nommé Membre de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie pour 1866 977 — Membre de la Commission du prix de Médecine et de Chirurgie (application de l'électricité à la thérapeutique) à dé- cerner en 1866 1017 — De la Commission du grand prix de Chi- rurgie (conservation des membres par la conservation du périoste) à décerner en 18G6 joi7 — De la Commission du prix Barbier 1 109 — Et de la Commission du prix Godart.. 11 10 VERDEIL. — Expériences sur les oscilla- tions du pendule 1243 VERGNETTE-LAMOTTE (de) adresse un exemplaire d'un opuscule qu'il vient de publier sur les grands vins de Bour- gogne en 1 865 2g — Note sur la conservation des vins par l'em- ploi de la chaleur 5n6 VERNEJOUL. — Lettre relative au ver à soie qui vit sur les feuilles de l'Arbousier.. . 1243 VIENNOIS. — UnprixestdécernéàMM. C/tau- veau, Meynet et Viennois pour leurs « Recherches sur les relations pouvant exister entre la vaccine et la variole » ( concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de i865) 52I YILLARCEAU (Yvon). — De l'effet des at- tractions locales sur les longitudes et les azimuts; applications d'un nouveau théorème à l'étude de la figure de la Terre 74, — Comparaison des déterminations astrono- miques de longitudes, latitudes et azi- muts terrestres, faites paiT< observatoire impérial de Paris, avec les positions et azimuts géodésiques publiés par le Dé- pôt de la Guerre 804 — De la limite des erreurs que l'on peut commettre en appliquant la théorie des lignes géodésiques aux observations des angles des triangles 85o — M. ' ïïlarceau prie l'Académie de vouloir bien le considérer comme candidat pour '91 MM. ( i468 ) Pages. l'une des trois places nouvellement créées dans la Section de Géographie et Navigation 767 — M. Vittarceau est présenté par la Section de Géographie et .\a\ igalion comme l'un des candidats pour l'une des placi s nouvellement créées 958 — Envoi d'une Notice sur ses travaux scien- tifiques 1082 VINCI. — Note relative au choléra 1 38 J VOGT est présenté par la Section d'Anatomie et de Zoologie comme l'un des candidats MM. Pages, pour une place vacante de Correspon- dant 1347 VOGUET. — Machine motrice à air atmo- sphérique 997 — Note ayant pour titre : « Simple idée sur la direction des ballons » 1081 VOISIN cl H. LiouviLLE. — Études sur le curare 1224 VOLPICELLI. — Sur les lieux géométriques relatifs à un ou plusieurs systèmes de parallèles tangentes à une série de co- niques homofocales i337 W WACK. — Note relative à la théorie des pa- rallèles 1243 WALLACE. — Sur son traitement du cho- léra-morbus par le calé : Lettre adressée à M. /. C loquet io36 WARREN DE LA RUE. — Le prix d'Astro- nomie lui est décerné pour l'ensemble de ses travaux de phutngraphie céleste. 478 WEIERSTRASS est présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant 65ï WELTZIEN. — Recherches sur le peroxyde d'hydrogène et sur l'ozone. .. . 640 et 757 W1LLEMIN. — Considération sur le mode de propagation du choléra 7g5 WILLIAMSON est porté à deux reprises par la Section de Chimie sur la liste des can- didats pour une place de Correspondant : pour la place vacante par suite du décès de M H. Rote, et pour celle qu'a rendue vacante la nomination de M. Wœblerk une place d'Associé étranger. 1128 et 140S WCE11LER. — Sur un nouveau minéral de Bornéo, le laurite [o5g WOLF. — Sur un obscurcissement du Soleil attribué à tort à l'interposition d'étoiles filantes 23o — Lettre accompagnant l'envoi des numé- ros iy et 20 de son ouvrage sur les taches solaires, ayant pour titre : Mit- theilungen tiber. die Sonnenflecken 91 3 WORMS. — Sur la période de réaction du choléra 1 ig3 YSTRTZ. — Synthèse du chlorure de thio- nyle 460 — Noie sur une nouvelle classe d'urées com- posées G), (KO, 5d )-( i4, i4, M), (KO, 4P, iP)=>( 3, 6, 6), (KO, 3p, 2P)=( 6, 12, 8), (KO, ap, 3P);=( 8, 12, 6), (KO, ip, 4P)-( 6, 6, 3), (KO, 5P)^( 3, 2, 1), (KO, 3p, id, iP) = ( G, 12, 12), (KO, 2p. ad, iP) = (12, 16, 16), (KO, ip, 3d, iP) = (i6, iG, iG), (KO, 4d, iP) = (iG, 14, 12), (KO, ap, 1 d, aP) = (ia, 16, 12), (KO, 1 p, 2(1, 2P) = (i6, iG, 12), (KO, 3d, aP) = (i6, 12, 8), p, id, 3P) = (ia, 12, 6), ad, 3P) = (ia, 8, 4), id, 4P) = ( 6, 4, a). Page 408, 1" colonne, ligne 4, en remontant, au lieu de (KO, K'ô', 2p, id), Usez $.6, K'O', îp, id). Page 408, ligne 3, en remontant, au lieu /le (2, 4, 2), lisez (2, 2, 2). (Séance du u juin 186G. — T. LXIT.) Tableau des données numériques, etc., par M. L. Élie de Beaumont. Page 1260, ligne 10 du tableau, au lieu de L= 5i° i2'28",23, lisez L = 5i°2'28",23. Page 1260, ligne 24 du tableau, au lieu de TT bb Hécla, lisez TT bbc Hécla. Page 1261, ligne i5 du tableau, au lieu de TT bb Hécla, lisez TT bbc Hécla , Page 1261, ligne 16 du tableau, au lieu de P = 20, lisez P = 24. GAUTHIER-VILLARS. IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMITES RENDIS DES SEANCES DE L ACADÉMIE DF.< SCIRNCES Paris. — Rue de Seine-Saint-Germain, 10. pies l'Institut. § m •f \ .r W*\ M 1 # te»? M ^M K i\»/£OA m^ Date Due