>'^^^-il ' yiuf WHITNEY LIBRARY, 1 1 AKYARD UNIYERSITY THE GIFT OF .). I). WHITNKY, Slui-i/is lliioper Prnfessor IN TIIK MUSEUM or COMPAKATIVE ZOOLOGY ■"j îl)^^(Y^5t)U^ \ \^ Ci ^ 'l COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. PARIS. — IMPRIMERIE DE GAUTIIIER-VILLARS, RUE DE SEI^•E-SAI^■T-GEnMAI^, 10, PRES I, INSTITUT. COMPTES RENDUS HEBDOMxVDAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PUBLIÉS, CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE «Lu date va 4$ duiUet 4835. PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME SOIXANTE ET ONZIÈME. JUILLET — DÉCEMBRE 1870. PARIS, GAUTHIER- VILLARS , IMPRIMEUR -LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, SUCCESSEUR DE MALLET-BACHELIER, (Juai des Auguslins, 55. 1870 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, SÉANCE DU LUNDI 4 JUILLET 1870. PRÉSIDÉE PAR M. CHEVREUL. MEMOIRES ET C03OITJNICATI01VS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. GÉODÉSIE. — Noie sur les pyramides de VUlejuif el de Juvisy; par M. Delaunay. « La base géodésiqne de Villejiiif à Juvisy a joué un rôle important dans l'hisloire des sciences. C'est à la suite de la première mesure de cette base par Picard, en iG'yo, et à l'aide des conséquences que ce célèbre astro- nome en a tirées sur les véritables dimensions de la Terre, que Newton a pu reconnaître l'identité entre la force qui retient la Lune dans son orbite et la pesanteur terrestre. » On lit dans le Mémoire intitulé : Mesure de la Terre par M. l'abbé Picard [Mémoires de l'Académie des Sciences, t. YII, p. i3'}i) : « Dans le dessein que l'on s'était proposé de travailler à la mesure de la Terre, on a jugé que l'espace contenu entre Sourdon, en Picardie, et Malvoisine, dans les confins du Gasti- nais et du Hurepois, serait très-commode pour l'exécution de cette entreprise; car ces deux termes, qui sont distants l'un de l'autre d'environ Sa lieues, sont situés à peu près dans un même méridien, et l'on avait su, par plusieurs courses faites exprès, qu'ils pouvaient être liés par des triangles, avec le grand chemin deVillejuive (i) à Juvisy; lequel chemin, étant pavé en droite ligne sans aucune inégalité considérable, et d'une longueur telle qu'on verra ( i) On disait autrefois FillejuU'e au lieu de Fillejiiif, qui est l'orthographe actuelle. ( 6 ) ci-après, est propre pour servir de base fondamentale à toute la mesure qu'on y avait en- treprise. » Pour mesurer actuellement la longueur de ce chemin, on chosit quatre bois de pique de deux toises chacun, qui, se joijjnant à vis deux à deux par le gros bout, faisaient deux mesures de quatre toises chacune. >i L'ordre que l'on garda en mesurant, fut que lorsqu'une des mesures avait été posée à terre, l'on y joignait l'autre bout à bout le long d'un grand cordeau, puis on relevait la première, et ainsi de suite; et pour compter avec plus de facilité, on avait donné dix fiches à celui des mesureurs qui s'était rencontré la ])remière fois à la tète des deux mesiiies, le- quel devait laisser une fiche à chaque fois qu'il poserait sa mesure à terre; ainsi, chaque fiche valait 8 toises, et quand les dix fiches avaient été relevées, on marcpiait 80 toises. a C'est ainsi qu'on a mesuré deux fois la distance depuis le milieu du moulin de Ville- juive tout le long du grand chemin jusqu'au Pavillon de Juvisy, laquelle distance a été trouvée de 6662 toises 5 pieds en allant, puis de 5663 toises i pied en revenant; mais, comme l'on n'espérait pas pouvoir approcher plus près de la justesse, on a partagé le dif- férent, s'arrêtant au compte rond de 5663 toises pour la longueur ou base fondamentale, sur laquelle nous avons établi tous les calculs ci-après. » » La même base a été mesutce de nouveau en 1740 par Jacques Cassini et Lacaille. On lit, en effet, dans l'ouvrage de Cnssini de Thin-y intitulé : Ln Méridienne de r Observatoire royal de Paris, vérifiée dans toute l'étendue du royaume par de nouvelles observations (p. 19) : « Pendant ce temps, mon père, aidé de M. l'abbé de Lacaille, s'occupa à vérifier la base de M. Picard et la direction de la méridienne. X On ne voyait plus, des deux termes de la base de M. Picard, que l'emplacement du moulin de Villcjuive; et quand même on les aurait reconnus, les maisons qu'on a bâties et la quantité d'arbres que l'on a plantés dans l'alignement de cette base n'auraient pas permis de voir récipro(]uement ces deux termes. » Le parti que |)rit mon père, après avoir bien examiné le terrain, fut de mesurer une autre base, à peu près dans la même direction, et de la rapporter, soit à celle de M. Picard, au cas que l'on en pût reconnaître évidemment les termes, soit ."i un des côtés de ses triangles. » Nous parlerons, dans la suite, des différents moyens qui furent mis en usage pour tenter cette voie; il nous suffira de dire ici qu'elles ont réussi toutes deux, et qu'il en a ré- sulté que la base de M. Picard était trop longue d'environ 6 toises. » » Et plus loin (p. 37 du même ouvrage) : i Les échantillons sont au nombre de cent vingt-sept, mais il reste une lacune correspondante aux parties du tunnel qui ont été percées depuis le mois de septembre dernier et à celles qui restent encore à percer. Éva- luant à sept le nombre des échantillons qui combleront plus tard cette lacune, j'ai numéroté toute la collection en une seule série, depuis le n° 1, qui se rapporte à la partie du tunnel, voisuie de Modane, jusqu'au n" 134 qui appartient à la |iartie voisine de Bardonnèche. C. K., 1870, i' Semestre. (.T. LXXl, N" 1.) 2 ( «o) » J'ai dressé ensuite, de la collection totale, un catalogue où les échan- tillons se suivent dans l'ordre de leurs numéros qui est celui de leurs distances à l'entrée septentrionale du tunnel; mais avant de parler de ces distances, qui sont indiquées pour chaque échantillon, il est nécessaire d'entrer dans quelques détails sur la longueur et la position du tunnel. » L'ouverture septentrionale du tunnel est située près de Modane, dans la vallée de l'Arc, affluente de l'Isère et du Rhône, à 1202™, 82 au-dessus de la mer. L'entrée méridionale est située près de Bardonnèche, dans la vallée de RochemoUe, affluente de la Doire ripaire et du Pô, à l'altilufle de 1 335™, 38. La distance horizontale entre les verticales des deux entrées du tunnel est de 12220 mètres. » L'entrée méridionale étant, d'après les données précédentes, plus élevée de i32™,56 que l'entrée septentrionale, on voit que le tunnel a dans son ensemble une pente d'environ 1 1 millimètres par mètre corres- pondant à peu près à ^degré (37' 17"). Mais cette pente moyenne n'ap- partient rigoureusement à aucune partie du souteri'ain qui forme un léger coude dans le sens vertical. Près de l'entrée méridionale il présente un point culminant élevé de 3 mètres au-dessus de cette entrée, et à partir de ce point il descend régulièrement, d'une part vers Bardonnèche et de l'autre vers Modane, de manière à ce que les eaux qui pourraient s'y introduire, près de l'une ou de l'autre entrée, tendent naturellement à s'écouler par cette même entrée. » Pour l'objet que nous nous proposons, nous pouvons faire abstraction de ces pentes légères et considérer le tunnel comme représenté par luie ligne droite horizontale tirée de l'une à l'autre des verticales de ses deux extrémités. » Le plan vertical dans lequel se trouve compris le tunnel est dirigé, par rapport au méridien astronomique, du nord i4 degrés ouest au sud i4 degrés est; c'est aussi la direction de la ligne droite horizontale à laquelle nous le réduisons par la pensée. )) Cette direction n'est pas perpendiculaire aux plans des couches du terrain, qui, d'aprèsles observations obligeamment communiquées à M. Sis- monda par M. l'ingénieur Mella, sont dirigées en moyenne, et d'une ma- nière à peu près constante, du nord 35 degrés est au sud 35 degrés ouest du monde et plongent du côté du nord-ouest en formant, avec l'horizon, un angle de 5o degrés. Le tunnel les coupe donc obliquement, et par con- séquent suivant une longueur supérieure à leur épaisseur réelle. )) Pour l'exploration d'iui groupe de couches fortement inclinées, un ( II ) tunnel est comparable à un sondage : un sondage vertical couperait de même ces couches obliquement. Dans le cas qui nous occupe, le tunnel a sur le sondage un double avantage : d'abord, il a beaucoup plus de développe- ment que ne pourrait en avoir un sondage, car il a 12220 mètres de lon- gueur, tandis qu'on n'a guère fait de sondages ayant 1000 mètres de profondeur, c'est-à-dire -^ de la longueur du tunnel. En outre, le tunnel a entamé les roches sur une largeur assez grande pour qu'on puisse y pénétrer, les observer en place et choisir les échantillons destinés à les représenter, ce qu'on ne peut faire dans un sondage. » L'obliquité de la perforation n'entraîne aucun inconvénient sérieux. Le tunnel des Alpes occidentales apprend à la géologie fout ce que pourrait lui apprendre un sondage dirigé perpendiculairement aux plans des cou- ches ; mais un sondage ou un puits de plus de 7000 mètres de pronfon- deur, dirigé suivant une ligne oblique à l'horizon serait, quant à présent, inexécutable; et si la géologie pouvait disposer des millions nécessaires pour opérer, dans son seul intérêt^ un pareil percement, on ne saurait faire au- trement que de le diriger horizontalement. L'ouverture du tunnel a relevé la science de sa pauvreté comparative, et elle a lieu de se féliciter de ce que ce grand monument de l'industrie est devenu, en même temps, un véri- table monument scientifique. » Remarquons toutefois qu'il ne l'est devenu que par l'énergique persévé- rance de M. Sismonda et de MM. les ingénieurs Copello et Borella, qui ont pris soin de noter toutes les couches traversées, et d'en recueillir des échan- tillons, avant que le muraillement du tunnel les ait dérobées pour toujours à nos regards. Cette séquestration forcée dçnne un prix tout spécial à la collection que M. Sismonda m'a permis de présenter, en son nom, à l'Aca- démie et m'a engagé à en dresser un catalogue plus détaillé que ne l'a- vait fait mon savant ami. J'espère qu'elle portera l'Académie à accueillir ce catalogue avec bienveillance dans son Compte rendu, comme le procès- verbal d'observations qui ne pourront être réitérées. » Il est essentiel de remarquer que, le tunnel coupant les couches obli- quement, les distances auxquelles il les rencontre successivement ne don- nent pas la mesure exacte de leurs épaisseurs respectives, comme le ferait un sondage vertical dans des couches horizontales. 11 donne des épaisseurs exagérées comme le fait un sondage vertical traversant des couches in- clinées. » Les épaisseurs des couches indiquées par le tunnel sont donc sujettes à une réduction, mais cette réduction est facile à opérer. Le tunnel étant di- 2.. ( 12 ) rigé vers le nord i4 degrés ouest, et les couches vers le tiord 35 degrés est, la direction du tunnel coupe celle des couches sous un angle de 49 degrés. On a aussi à tenir compte de l'inclinaison des couches qui plongent, comme il a élé dit, du côté du nord-ouest, en faisant avec l'horizon ini angle de 5o degrés. D'après ces données, on trouve aisément, par une fornnile con- nue, que l'épaisseur des couches mesurée obliquement sur la direction du fmmel est à leur épaisseur réellej" mesurée perpendiculairement à leur sur- face, dans la proportion de 100 à 58 environ (1). Il faut ajouter que le parallélisuie des couches, dans la longueur du tunnel, n'étant (pi'approxi- malif, et quelques-unes d'entre elles présentant des inflexions assez mar- quées, ou ne peut viser à ime très-grande rigueur dans la réduction tlont il s'agit; d'où il résulte qu'an nombre 58 on pourrait substituer, pour sim- plifier, le nombre 60 et réduire les épaisseurs indiquées par le Imniel dans la proportion de 100 à 60 on de 10 à 6, c'est-à-dire en retrancher suiq)lo- ment les -^ pour avoir les épaisseurs normales. » Le percement du tunnel a été commencé séparément à ses deux extré- (l) a étant l'angle formé par la direction des couches et celle du tunnel, / étant l'incli- naison des couches par rapport à l'horizon, e l'épaisseur d'une couche mesurée par la ligne du tunnel el F. l'épaisseur normale de cette même couche, on a E = 6".sina sini. Dans le cas actuel a = 49", ' ^= 5o° ; si l'on fait e = i , on a logE = Iogsin49°logsin5o" : logsin49" = 9,8777799 logsin5o" = 9,8842540 19,7620339, d'où l'on tire logE = — I -1-0,7620339, E = 0,57014, soit environ 58 centièmes. Appliquant la même formule à l'épaisseur totale des couches traversées par le tunnel dont la longuein- est de 12 220 mètres, on a logsin49" = 9,877,7799 logsinSo" := 9,8842540 l0gI2 22O =: 4,0871423 23 ,8491762, logE = 3,8491762, E = 7o66,o4- Cette épaisseur est inférieure à la longueur totale du tunnel de 5 i54 mètres, quantité i\n peu supérieure aux ,'„ de cette longueur, (|ui seraient de 4f^<^''^ mètres. ( i3 ) mités sous la forme de deux galeries marchant à la rencontre l'une de l'autre, pour se réunir dans l'intérieur de la montagne intermédiaire. Les deux galeries ne se sont pas encore rencontrées. Le 3o juin dernier, la ga- lerie partant de Modane avait atteint la longueur de 4723™, 55, et celle par- tant de Bardonnèche la longueur de 66o3'",65. La somme des longueurs des deux percements exécutés était donc de 11 327™, 20, et la longueur totale du tunnel devant être de 12220 mètres, on voit que les deux fronts de taille marchant à la rencontre l'un de l'autre, n'étaient plus éloignés que de 892"', 80. » De part et d'autre, on cheminait depuis assez longtemps dans des cal- caires schisteux forts analogues entre eux, et connue ces calcaires schisteux sont d'une composition très-uniforme, il est prohable que, dans le perce- ment des 892'", So encore intacts, on ne rencontrera pas autre chose que ces mêmes calcaires schisteux. » M. Sismouda a joint à chacun des échantillons qu'il a eu la bonté de me donner la distance du point où il a été pris à l'entrée de la galerie d'où il provient, distance déterminée avec le concours de l'ingénieur, directeur du travail, M. Copello, pour la galerie partant de Modane, et M. Borella, pour la galerie [partant de Bardonnèche. J'ai conservé soigneusement dans le catalogue ces précieuses indications, mais, pour les échantillons pro- venant de la galerie de Bardonnèche, j'y ai joint celle de la distance à l'en- trée septentrionale du tunnel, près de xModane, distance qui s'obtient par luie simple soustraction, en partant de la longueur connue du tunnel entier, qui est de 12220 mètres. Cela permet de comparer les couches entre elles, comme étant les membres d'une même série, ainsi qu'elles le sont en effet, et de les comprendre toutes dans un catalogue unique et continu. Catalogue des roches traversées par le tunnel des Alpes occidentales. JN° 1, à 282 mètres de Modane. — Schiste artrileux ou grès à grain très-fin, un peu micacé, (le couleur ardoisée. N" 2, à 283 mètres de M. — Schiste argileux à texture fibreuse, de couleur ardoisée. N° 3, à 365 mètres de M. — Quartis hyalin blanc, avec un peu de chlorite, en veines dans le schiste argileux. N" 4, à Sto mètres de M. — Schiste argileux ou grès à grain fin, un pdu micacé, de couleur ardoisée. N" 5, à BtS mètres de M. — Schiste argilo-calcaire à surfaces luisantes, de couleur noire. 11 est légèrement effervescent dans l'acide chlorhydricjue. N" 6, à 385 mètres de M. — Schiste argileux d'une structure fibreuse très-prononcée, ;i surfaces luisantes, de couleur noire. ( '4) N° 7, à 4^9 mètres de M. — Quartz hyalin blanc, accompagné de spath calcaire, de dolomie lamellaire, de talc, de chlorjte et de pyrite, en veines dans les schistes. N° 8, à 658 mètres de M. — Schiste argilo-quartzeux noir, à surfaces d'écrasement luisantes, contenant des veinules d'anthracite, semblable à celui qui forme habituellement le toit et le mur des couches d'anthracite. N° 9, à 790 mètres de M. — Schiste gris, légèrement calcarifère, à surfaces micacées bril- lantes, contenant des nodules irréguliers de quartir hyalin. N° 10, à 1 102 mètres de M. — Grès schisteux gris à surfaces micacées brillantes. N" II, à ii36 mètres de M. — Grès schisteux légèrement calcarifère, gris, à surfaces mi- cacées brillantes. N" 12, h 1228 mètres de M. — Schiste argileux ou grès, à grain très-fin, un peu micacé, de couleur ardoisée, à surfaces luisantes d'un aspect fibreux, analogue aux n°' 1, 2 et i. N° 13, à laSi mètres de M. — Grès schisteux légèrement calcarifère, gris, à surfaces mica- cées brillantes. N" 14, à i3i3 mètres de M. — Conglomérat quartzo-talqueux, à noyaux de quartz hyalin fondus et ramifiés dans la masse, d'apparence métamorphique. N° 15, à 1872 mètres de M. — Grès quartzeux gris, à gros grains, calcarifère, à surfaces micacées brillantes. N" 16, à i3']3 mètres de M. — Conglomérat quartzeux, à noyaux de quartz hyalin fondus et ramifiés dans la masse, à surfaces micacées brillantes, analogue à la fois aux n"^ U et 1,5. N° 17, à i388 mètres de M. — Schiste argileux ou grès à grain fin micacé, de couleur ardoisée, sujet à contenir les empreintes végétales qui accompagnent ordinaire- ment l'anthracite. N° 18, à 1425 mètres de M. — Anthracite, d'une variété très-habituelle «Jans la contrée. N° 19, à i586 mètres de M. — Grès quartzeux à grains fins, à feuillets minces, à surfaces micacées brillantes, d'un gris clair. N" 20, à 1707 mètres de M. — Grès quartzeux gris, à surfaces micacées brillantes. N" 21, à i865 mètres de M. — Quartz hyalin accompagné de dolomie lamellaire présen- tant la forme du rhomboèdre primitif, de talc, de mica, de chlorite et de pyrites, en veines dans les grès. N° 22, à 2027 mètres de M. — Schiste micacé verdâtre, probablement métamorphique. N° 23, à 2o36 mètres de M. — Schiste gris calcarifère, à surfaces micacées brillantes, tra- versé par des petits filons remplis de cristaux de carbonate de chaux, offrant la forme du rhomboèdre équiaxe et du prisme hexagonal. N" 24, à 2090 mètres de M. — Schiste talqueux verdâtre, onctueux au toucher. ^"25, à 2i5o'",65 de M. — Quartzite blanc grenu, à éclat gras dans la cassure, conte- nant une veine de quartz hyalin blanc avec veinules talqueuses, et quelques py- rites, accompagné d'anhydrite; situé à la base du système anthracifère. N° 2C, à 2i52"',90 de M. — Quartzite à grain fin, d'un gris bleuâtre, à éclat gras dans ( i5) la cassure, à surfaces de séparation ondulées, luisantes, couvertes de petites paillettes d'apparence talqueuse, avec veines d'anhydrite blanc cristallise. N° 27, à 2i54 mètres de M. — Quartzite à grain fin d'un gris bleuâtre pâle, à éclat gias dans la cassure, à surfaces de séparation ondulées, couvertes de petites pail- lettes d'apparence talqueuse; avec veines d'anhydrite. N' 28, à 2i56 mètres de M. — Quartzite grenu blanchâtre, à éclat gras dans la cassure, avec pyrites et veines d'anhydrite cristallisé. N" 29, à 2171 mètres de M. — Quartzite grenu, à éclat gras dans la cassure, présentant des nuances verdâtres et violacées irrégulièrement entremêlées, et des surfaces de séparation courbes couvertes de petites paillettes d'apparence talqueuse. N° 30, à 2i8i mètres de M. — Quartzite grenu, à éclat gras dans la cassure, présentant des nuances légères de couleur verdâtre ou violacée, des surfaces de séparation courbes recouvertes de petites paillettes d'apparence talqueuse, traversé par un petit filon d'anhydrite blanc cristallisé et renfermant de nombreux cristaux d'anhydrite pénétrant la masse. N° 31, à 2188 mètres de M. — Anhydrite blanc saccharoïde à gros grains, intercalé dans le quartzite et contenant des modules irréguliers d'une substance blanchâtre d'apparence stéatiteuse (lithoraarge ?), ainsi que du talc. M" 32, à 2189 mètres de M. — Anhydrite blanc saccharoïde à gros grains, semblable au précédent et intercalé de même dans le quartzite. Il est traversé par des feuillets interrompus de talc verdâtre, onctueux au toucher, analogue au n° 24. N" 33, à 2211 mètres de M. — Quartzite blanc grenu, à éclat gras dans la cassure, divisé en feuillets courbes couverts de paillettes verdâires, d'apparence talqueuse et enveloppant un rognon irrégulier d'anhydrite lamellaire à gros grains d'une teinte rosée, donnant sur la langue une légère saveur salée. N° 34, à 233o mètres de M. — Quartzite blanc grenu, à éclat gras dans la cassure, présen- tant des traces de schistosité et des nuances verdâtres, renfermant quelcpes cris- taux d'anhydrite qui paraissent avoir pénétré dans les fissures. N" 35, à 2425 mètres de M. — Quartzite blanc grenu, à éclat gras dans la cassure, à sur- faces de séparation couvertes de paillettes d'apparence talqueuse, et associé à du talc verdâtre, onctueux au toucher, analogue aux n"' 24 et 32. N° 36, à 2435 mètres de RI. — Schiste talqueux, verdâtre, onctueux au toucher, analogue aux n°° 24, 32 et 35, intercalé dans le quartzite. N° 37, à 2442 mètres de M. — Quartzite blanc, à éclat gras dans la cassure, à feuillets couverts d'un enduit talqueux verdâtre et associé à un anhydrite lamellaire à très-large clivage, transparent, blanc et nuancé de teintes violacées. (Très-bel échantillon.) N" 38, à 2444 mètres de M. — Quartzite blanc grenu, à éclat gras dans la cassure, présen- tant sur les surfaces de séparation quelques traces de matière talqueuse. N° 39, à 247^ mètres de M. — Quartzite grenu à éclat gras dans la cassure, de nuances vertes et violacées, ayant une surface couverte d'un reste de l'anhydrite auquel ( i6 ) il était adhérent, et semée de nombreux cristaux de pyrites de fer, qui se mon- trent aussi dans l'intérieur du fragment. W 4-0, à 247^ mètres. — Quartzite grenu, à éclat gras un peu terne dans la cassure, nuancé de vert et de violet, renfermant quelques pyrites. N° il, de 2476 a 2480 mètres de M. — Talc schisteux d'un vert clair, onctueux au toucher, avec veines irrégulières d'anliydrite blanc saccharoïde. N° 42, à 2482 mètres île M. — Anhydrite blanc saccharoïde contenant do ]ietits noyaux irrcguliers de talc d'un gris verdàtre en paillettes agglomérées. N" i3, de 2481 à 2487 mètres de M. — Anhydrite grenu d'un blanc bleuâtre, non effer- vescent, contenant des cristaux d'anhydrite blanc lamelleux et des groupes de fragments de calcaire compacte, noirâtre, un peu bitumineux, effervescent et soluble dans l'acide chlorhydrique, qui semblent résulter de la dislocation de fragments plus gros. ]N° kk, à 2489 mètres de M. — Anhydrite grenu, d'un gris bleuâtre, contenant des nodules irréguliers de talc, d'un blanc verdàtre en lamelles agglomérées, du quartz bleuâtre cristallisé, des nodules ramifiés de dolomie lamellaire blanchâtre et des rognons de sel gemme cristallisé, d'un jaune de miel, qui paraît avoir rempli des cavités géodiques, où il s'est moulé sur les cristaux des autres substances. N" 45, à 25o3 mètres de M. — Anhydrite grenu d'un gris bleuâtre clair, à cassure esquil- leusc, ne donnant pas sur la langue de saveur salée. N° 46, à 25o5 mètres de M. — Anhydrite grenu grisâtre, à cassure esquilleuse, sans saveur. N" 4-7, de 2491 à 2624 mètres de M. — Anhydrite d'un gris bleuâtre clair, à cassure esquil- leuse, non effervescent, sans saveur. N" 48, à 2613 mètres de M. — Anhydrite grenu, blanc, sans saveur, non effervescent, pré- sentant des traces de soufre, renfermant de petits fragments de calcaire compacte, noirâtre, un peu bitumineux, soluble dans l'acide chlorhydrique, comme au n°43. 1N° 49, de 2525 à 2665 mètres de M. — Anhydrite grenu d'un gris verdàtre, donnant sur la langue une saveur salée, contenant des fragments de calcaire noir et de pe- tites cavités irrégulièros qu'on peut supposer jirovenir de la dissolution de petits nodules ramifiés de sel gemme. IN° oO, à 2697 mètres de M. — Calcaire compacte brun, à cassure esquilleuse, analogue aux fragments des n"' 43 et 48, renfermant des petits fdons et des veines irrégulières tl'anhydrite blanc grenu. N° 51, à 2G()8 mètres de M. — Calcaire gris schistoïde grenu, très- effervescent, avec veines et petits fdons de spath calcaire blanc, et lamelles noirâtres. La masse et les veines se dissolvent très-rapidement dans l'acide chlorhy(lri8 mètres du B. (^352 mètres de M.). — Calcaire cristallin gris, schisteux, à feuillets d'un gris noirâtre, luisants, contournés, avec veines blanches de spath calcaire et de (|uartz hyalin, très-effervescent; laisse un squelette cohérent, com- ])0sé en grande ])arlie de particules de quartz liyalin. N" 108, il 4855 mètres de B. ('j365 mètres de M.). — Calcaire schisteux gris, cristallin, silicifère, à feuillets d'un noir verdàtre, d'apparence talqueuse, avec veines blanches de quartz hyalin et de spath calcaire. N° 109, il 4700 mètres de B. (^520 mètres de M.). — Calcaire schisteux gris, cristallin, avec veines blanches de quartz hyalin et de spath calcaire, contenant de petites veines tal(]ueuses. Il est trés-eflervescent el laisse un squelette cohérent, siliceux. N° 110, à 4688 mètres de B. (7532 mètres de M.). — Calcaire cristallin gris, silicifère, schisteux, à feuillets luisants d'un gris noirâtre, avec veines blanches de quartz hyalin et de calcaire. N° 111, à 4000 mètres de B. (8220 mètres de M.). — Calcaire cristallin gris, schisteux, à feuillets contournés, noirâtres, à reflets talqueux, avec veines blanches de quartz hyalin et de spath calcaire blanc. Il est très-effervescent, et laisse dans l'acide chlorhydrique un squelette peu solide, contenant beaucoup de parties schisteuses et du quartz hyalin blanc, grenu ou fragmentaire. IS" 112, il 35oo mètres de B. (8720 mètres de M.). — Calcaire schisteux gris, cristallin, à feuillets noirs luisants. Il est très-effervescent, et laisse dans l'acide chlorhvdrique un squelette peu cohérent, contenant beaucoup de schiste noir et un peu de quartz hyalin blanc, grenu ou fragmentaire. N° 113, il 3ooo mètres de B. (9220 mètres de M.). — Calcaire schisteux gris, cristallin, à feuillets noirs, luisants. • ]N° ni, il 25oo mètres de B. (9720 mètres de M.). — Id. N" 115, entre 2200 et 2i4o mètres de B. (entre 10020 et 10080 mètres de M.). — Id. N" 116, entre igi6 et 1873 mètres de B. (entre io3o4 et io347 mètres de M.). — Id., avec veines blanches de quartz hyalin et de spath calcaire. N° 117, entre 1873"', 60 et i825",5o de B. (entre io346'",4o et io394"',5o de M.). — Id., avec veines blanches de quartz hyalin et de spath calcaire i>résentant des traces de talc. N" 118, entre 1825 et 178 j'", 60 de B. (entre loSgS et io435"',4o de M.). — Id., avec jietits filons blancs de qiiarlz hyalin et de calcaire spalhi(|ue. TU" 119, entre 1784"', 60 et i744"',5o de B. (entre io435"',4o et 10475"', 5o de M.). — Calcaire gris, cristallin, schisteux, à feuillets ondulés d'un gris noirâtre, brillants, avec veines de quartz hyalin et de calcaire spathique blanc contenant du talc jaunâtre et de>. pyrites. N" 120, entre 1744"', 5o et 1701 mètres de B. (entre io475'",5o et loSig mètres de M.). — Calcaire gris, cristallin, schisteux, à feuillets d'un gris noirâtre, brillants, (juel- <|uefois micacés, avec veines de quartz hyalin et —■ o B o - ". r ^ ^" « C ~ ^ » ^ ^ F) i ^ g ^ g -J ^ ^ *" ^ OS - - Cl Cfl CO -kJ 00 Ci cô t,' oc o- 3 >- ■o -o ce C-' 53 c m. H •S 1 u tû u p 13 M W Q p B = = 3 C 3 1^ c c c 3 lo M W _ IJ — to _ ij 3 O" — ^ O OJ Oi OJ w ^-- ^ "i >■ n > n > n ifi o > O :/: C/3 j^ i u » o -^ ^ P "i 3- -î CT* r — ' o ^ ^ 3* y 3 S =^ 52 j «^ S. ^ ^ w cr ii »-ï -J =.. r- w rB -! Ç- 1 D ■^' s: 1* 5 "* ffi 0 7 t X CD J ■5 o = u 2 ?= 0 1 ^ •î O =r p -, B Êr 3" n' ^* "" : ï* ^•g ^ â ^ ■? 2 u = :> S rs 1 < f. ^ =• ifl 5" r> S -a ça - 0 1 " P 5- P H •S . S - rr. 3 n o* M - o r» 3 p • S =5. : - o" o . n 3 » -' o ; i- o- ■ 1 — .— •O "^ ^ 3 Cl) 2 3 t>j LO ti h3 IsJ to to o rO 10 lO o O :c -A. co co -o - C^ — -^ o 11^ : Cl ri -o o GO ,— V -^ ^^'■. D ^-.■^1 ^ o* 0 0 ti- ra -j '^^ O" ." 5 3. Ci •?J"9-"^ p- :» o — t-. o o 3 «-■ ^1 O 0-.1 c t^ \Xo o c « 0 1 ^' 53 O o p. s^ 2. un M- ■J- o O ÈP- ÎSp- V lO p- M ^ o c' p- P-2^ "1 ■y. Ci w _o w ^-^ =^ ,.„ :» c/: C^oo 7- o r^ ^ ^— ■- M O lO c 0 c 0 5 n- n 3- ce Ci O LJ o Oi - 1 o o o o i o O Ul 6i U' w o O o C-n ■a V o ^ ^ tj' to (5 ."!, .s ■a •0 1 c D ^ •o tO . ^ hJ CO Ci c c- 0 a. -a 3 31 o - <; 0 O - ■^1 ocSr » -A o j •o co _o O (ji .;>. L-J o S o 0 PI -n L»» "^ D W li D o O O t/1 o a !» M B. 3:j co OJ ^4 ô 1 7D t/1 *GO u c. i 1 5 ^ Ul §^ çn t" 1 59 wn^m i^fi — _ W^HH ■■««■ ^i^MM ^^ - — JHMÎ ■MM ^^^ H > ::5 S S. ■a ( 23 ) " Il me reste à ajouter, au Catalogue et au tableau qui précèdent, des remarques et quelques observations générales tirées en partie des Lettres et des Communications verbales de M. Sismonda. » PHYSIQUE. — Réponse aux Observations présentées par M. H. Sainte-Claire Deville, sur (es varindons de température produites par le mélange de deux liquides; par M. Jamin. « Mon confrère M. H. Sainte-Claire Deville m'accuse d'avoir supprimé, dans une citation extraite de l'un de ses Mémoires (i) , les six mots sui- vants : n d'après la règle que j'ai donnée », et d'avoir ainsi altéré ou obs- curci sa pensée. Cette suppression, que je n'ai pas dissimulée, puisqu'elle est indiquée par des points, s'explique très-naturelleirient. Toute citation ayant pour objet de mettre en liuuière un point déterminé doit être courte et négliger les accessoires, pour ne pas distraire l'attention du lecteur. J'ai obéi à cette nécessité. Je l'ai fait de bonne foi, sans aucune intention mal- veillante, et sans soupçonner l'émotion que j'allais produire. Je prie mon honoré confrère de croire à tous mes regrets. » Pour ce qui est de la question scientifique qui a donné lieu à ce débat, il importe qu'elle soit sérieusement discutée. Je vais donc résumer les idées de M. H. Sainte-Claire Deville et les miennes, discuter les objections qui m'ont été faites et laisser l'Académie juge. » M. H. Sainte-Claire Deville mêle, à zéro, un équivalent d'acide sul- furique pur avec deux équivalents d'eau. La température monte jusqu'à i38 degrés, mais le volume ne change pas. Cette conservation du volinne jiendant le changement de température est un fait très-remarquable. M. H. Sainte-Claire Deville l'avait prévu, dit-il, en s'appuyant sur des considérations de mécanique, qu'il expose comme il stiit (2) : « En partant de la théorie des ondulations, on admet que l'intensité de la chaleur varie comme le carré de la vitesse des niolecides de l'élher. En supposant (\i\c les températures représentent à peu près proportionnellement l'intensité de la chaleur, on voit qu'elles repré- sentent aussi le carré de ces vitesses, et par conséquent des forces vives. « Dans l'hypothèse de la matérialité de la chaleur, je suppose que la chaleur latente est comme un ressort bandé entre deux molécules qni s'attirent en vertu de la cohésion; et de (i) Comptes rendita. t. L^ p. 536. (2) Cnmptes rendus, t. L, p. 535. f 24 I l'équilibre de ces deux foires risnltc l'étal arliiel du cnips. Soit r (irio fonclion du (om|is qui i-c])i rsenic l'espace que parcourrait dans lo Iciiqis l la luolrcnlc m si clic recevait l'inqyul- sionde cercssort,au nionicnl où il se d'^liande; 0^^ — élanl la vitesse dont elle serait animée, * ctt me' serait la force vive on l'intensité de cette clialcur devenue sensible. Or je crois (|u'on ne peut, à moins de tomber dans l'erreur des créations de forces, admettre d'autre source à la chaleur dégagée dans les combinaisons cliiiniqucs que la clialcur latente enfermée dans les corps qui s'unissent. Du moment ([u'il v a un échauffement produit, il y a une force mé- canique développée dont il est même facile de donner aujourd'hui l'exacte valeur; donc le principe mécanique de la conservation des forces vives doit ici trouver son a|iplication. Or la chaleur sensible, développée par deux corps qui se combinent sans changer d'état, et en se contractant comme l'acide sulfurique, doit être fournie par la clialeur latente qu'exhalent ces deux corps au moment de la combinaison, et cette chaleur est é'galc à celle que perd le composé pour passer de la température à laquelle s'est opérée la réaction à la température initiale. » » L'Académie veri'a dans ces lignes des suppositions sur la nature de la chaleur; elle y reconnaîtra surloiit une lirpolltèsc flagrante, &uv la chaleur latente considérée comme exhalée par les corps an moment de leur com- binaison; je pense cju'elle n'y trouvera rien qui, de près ou de loin, res- semble à tme détnonstration de la conservation du volume pendant que deux liquides se combinent, c'est-à-dire du fait qui est en question. » Elle ne l'y trouvera pas, parce que cette démonstration est impossible el que, d'autre part, le fait n'est pas général. 11 n'est plus vrai, si l'oti change les proportions d'acide sulfurique et d'eau; il ne l'est pas davantage quand on mélange l'alcool et l'eau ou les liquides examinés par MM. Russy et Huignet. Il n'est à pou près vérifié, en un mot, qise dans le cas particulier qui a servi à l'ét.iblir; dans tous les autres, on voit le volume diminuer, et, si l'on voulait qu'il redevînt égal à celui ries composants, il faudrait chauffer le mélange à une température supérietire à celle qu'il pretid en se formant. » Malgré cette variation qu'il a reconnue lui-inéme, 1\I. H. Sainte-Claire Deville persiste à maintenir la conservation du volume comme une loi in- discutable, nécessaire et démontrée en principe. Dans mon opinion, c'est une hypothèse. » Mais comme, an réalité, le volume dimiiuie, il faut expliquer la diver- gence qu'on trotive entre l'hvpothèso et les faits. M. H. Sainte-Claire De- ville croit y réussir en disant qu'au moment de la réaction le mélange se refroidit, perd de sa tem|)ératuie, de sa chalein-, de sa force vive, comme les machines, et cpiil en perd précisément la (pianlilé (|u'il (audrait lui rendre |)oiir l'élever, de sa teiiqx'ralin'e, à ctdie (|ui lui donnerait le volume ( ^5 ) des composants; telle est la rècjle que M. H. Sainte- Claire Deuille a donnée pour calculer In chaleur perdue. » On le voit, cette théorie revient à ces deux points : i" admettre, con- trairement à l'expérience et sans aucune raison théorique, le fait de la con- servation du volume; 2" corriger l'inexactitude de cette première hypothèse par cette seconde supposition, tout aussi gratuite, que si le mélange n'a pas la température qui lui est assignée, c'est qu'il se refroidit. IL )) La théorie que j'ai proposée est plus simple (1 ) ; elle ne spécifie aucune relation entre le volume des composants et celui du mélange; elle admet seulement que la chaleur contenue dans les éléments, à la température où on les mêle, est égale à celle du composé, à la température qu'il prend en se formant. Cette hypothèse peut être considérée comme un axiome. On en déduit aisément, entre les températures et les chaleurs spécifiques, l'équa- tion de condition M = (7- y,)t + '^0, dans laquelle M est une quantité constante pour chaque mélange, et qu'on peut déterminer par une expérience unique et une lois pour toutes (2). » M. H. Sainte-Claire Deville critique la démonstration que j'ai donnée de cette formule, et il propose de la remplacer par la suivante, sur laquelle j'appelle particulièrement l'attention (3) : n On prend quatre vases imperméables à la chaleur : dans deux de ces vases, on intro- duit des poids éijaux £ d'eau; dans les deux autres, des poids égaux a d'un autre corps, l'alcool par exemple (la somme e + a =; i''^). La température de tous ces liquides est la même et égale à t°. On prend un des vases pleins d'eau, et l'on verse intégralement cette eau dans un des vases contenant de l'alcool, de manière à en faire un mélange homogène. En se formant, ce mélange s'échauffe jusqu'à (f-t-9)°, tandis que la température de l'alcool et de l'eau, qui sont séparés dans les deux autres vases, ne change pas et reste égale à t°. Il est nécessaire, à moins de supposer une création de forces, que la quantité de chaleur contenue dans le mélange d'eau et d'alcool à la température (t -h S)° soit exactement la même que la quantité totale de chaleur contenue dans les éléments eau et alcool dans les deux autres (i) Comptes rendus, t. LXX, p. i3og. (2) M. Berlhelot a donné, dans le tome VI des Annales de Chimie et de Physique, une formule pour calculer la chaleur dégagée dans les actions chimiques. Cette formide et la mienne sont analogues et peuvent rentrer l'une dans l'autre, comme je le montrerai lors de la publication des expériences que je poursuis avec M. Amaury. (3) Comptes rendus, t. LXX, p. iS'jC). C R., 1870, 2" Semeitre. (T. LXXl, IN" 1.) 4 ( 26 ) vases, et qui sont toujours à la température de i"; car nous supposons qu'il n'y a aucune perte de chaleur, par travail externe, par rayonnement ou par contact avec les vases. Pre- nons les trois vases restants et plongeons-les dans la glace fondante. Le mélange d'eau et d'alcool à (l -H 6)° va perdre une quantité de chaleur '/(/-+- 6), son poids étant i et sa cha- leur spécifique y. Les éléments séparés, eau et alcool, étant à t°, perdront une quantité de chaleur égale à y, t (y, étant la chaleur spécifique moyenne ec ■+- ctc' des deux liquides, en adoptant la notation de M. Janiin). L'excès de la perte de chaleur subie par le mélange d'al- cool et d'eau sur la perte de chaleur subie par les éléments de ce mélange, quand tous ces liquides arriveront à la même température zéro, sera y(^-t-e) — y,/ = (y-y,)f-+-ye. Or, c'est précisément cette expression M à laquelle arrive M. Jamin par la considération du zéro absolu, et qui, dans tous les cas, ne peut être définie que par une somme algébrique de deux quantités de chaleur. Cette définition acceptée, l'expression M =(v — y,)t-hyQ équivaut à une identité. " » Résumons : on calcule la différence des chaleurs perdues par le mé- lange et par ses éléments; on trouve y[t -h- 6) — y, t. Or, pour avoir une relation, il faut égaler cette différence à quelque chose; eh bien! on écrit qu'elle est égale à elle-même ou à {y — ''/,)t -h yO : c'est là toute la démons- tration. C'est comme si l'on disait deux et deux font quatre. Pour en arriver là, il ne fallait ni raisonnement ni quatre vases; on pouvait écrire tout de suite un résultat qui n'a besoin d'aucune espèce de démonstration. M Je ne puis laisser croire que « c'est là précisément l'expression à la- )> quelle arrive M. Jamin. » Je n'ai pas commis une faute de raisonnement aussi flagrante; je n'ai pas écrit cette identité. J'ai écrit que (y — y^)t + yO est une quantité constante^ ce qui établit une véritable relation entre y,y,,t et 6. J'ai lieu de me plaindre que ma pensée ait été altérée et trans- formée en une véritable naïveté. M Je poursuis : n Comme il n'existe aucun moyen de déterminer directement RI et autrement qu'en déterminant par l'expérience toutes les quantités y, y,, t ei 0 qui entrent dans l'expression, il s'ensuit que celle-ci ne peut servir ni à prévoir ni à expliquer aucun phénomène. Par conséquent, MM. Bussy et Bnignet ont tiré de leurs belles expériences toutes les conclusions dont elles sont susceptibles à ce point de vue. » » Si mon honorable confrère votdait bien prendre la peine de relire la Note qu'il critique, il regretterait peut-être la condamnation qu'il prononce contre ma formule, car il verrait qu'elle a expliqué beaucouj) de résultats et qu'elle en a prévu quelques autres, que j'ai explicitement énoncés et que (27 ) l'expérience a vérifiés depuis; elle n'aurait jamais pu le faire si elle n'était qu'une identité. » Mais je vais lui prouver son erreur par un argument plus palpable, et lui montrer que cette formule explique, prévoit et même calcule la tempé- rature t' d'un mélange formé de £ parties d'eau à t° et de a. parties d'alcool à i°. On trouvera, dans le tableau suivant, ces températures calculées à côté des températures observées par M. Amaury et moi. Ces résultats sont inédits et font partie d'un travail qui sera ultérieurement communiqué à l'Académie : N" 1. t 0,9', a = 0,09, M = 6. Obs ervé. Calculé. 3 5o c 0 ,20 0 8 00 8° 66 11 ,35 24 ,00 26 10 26,36 59 80 26 ,40 60 00 60,23 86 80 27 60 N 84 ■>2. 20 85, 5o 1 = 0 83, / = 0 •7> M = 10, 10. t" t 1 Observé. Calculé. c I '50 — 0 '40 c 9 5o 0 10,60 3 10 20 10 i3, 70 i3,8o 18 00 22 70 25 5o 25, go 59 5o 23 ,20 59 ,20 59,50 84 90 26 00 79 80 81 ,20 N" 3. E = 0 t ,75, » = o t' ,a5, M = 10,00. 1" Observé. Calculé. 0 20,60 0 21 ,60 28° 80 28° 06 45,70 45,20 49,80 5o,57 79.00 62,00 77, 5o 78,08 N° 4. ;o,G6, K = o,34, M = 9,5. i" 4,00 55,60 84,40 -4,00 55,00 63,85 Observé. Calculé. 0 o I I ,00 I 1 ,02 57,60 58,57 79,00 80,54 » Je serais heureux que M. H. Sainte-Claire Deville voulût bien sou- mettre sa théorie à la même épreuve; si elle en triomphe aussi aisément que la mienne, elle aura acquis une sanction expérimentale qui lui a jusqu'à présent manqué : mais je crois qu'elle ne le peut pas. C'est parce qu'elle ne le peut pas qu'elle est vague, et c'est parce que ma formule le peut qu'elle est précise. m. » Lorsqu'un gaz exprimé dans un volume invariable se refroidit peu à peu, il perd par degré une fraction -^^^ de sa pression; par consé- quent, à — 273 degrés, cette pression doit être nulle. La température de — 273 degrés est donc « celle où les molécules absolument immobiles » et séparées les unes des autres par les mêmes distances qu'aux tempéra- » lures ordinaires, n'agissant plus par leurs chocs continuels sur les corps (28 ) » extérieurs, cesseraient de produire l'effet inécaiiiqne que nous appelons » i)ression; en un mot, c'est la teni|iérature où la somme des forces vives » moléculaires serait nulle. Mais force vive et chaleur sont devenues » poiu". nous termes synonymes, et nous pouvons dire, sans abandonner » le terrain solide de l'expérience, que la température de — 273 degrés est » ce zéro absolu declinlf.wquon a cherché à déterminer de tant de manières, » et qu'on a cru, à une certaine époque, séparé par un intervalle infini de » tonte température observable (i). » » La nécessité du zéro absolu est ime conséquence de la théorie méca- nique de la chaleur; son existence est démontrée par les belles expé- riences de M. Person; elle a été admise par tous les physiciens, et il n'y a plus qn'à savoir le point de l'échelle thermométrique où il faut le fixer. J'ai donc légitimement employé ce mot, et je le maintiens. Mais il est facile de voir que, s'il entre dans la phrase que M. H. Sainte-Claire Deville cii- tiqne, la chose qu'il représente n'entre pas dans mon raisonnement, qui subsisterait tout entier lors même que ce mot disparaîtrait. » Ce raisonnement s'appuie uniquement sur cette hypothèse : à la tem- pérature de la glace fondante, l'eau et l'alcool contiennent une quantité de chaleur déterminée, qui est inconnue, mais qui est définie. Je m'étotuie d'autant plus de voir M. H. Sainte-Claire Deville critiquer celte hypothèse que j'aurais trouvé naturel qn'il la réclamât comme sienne, tant il s'est donné de peine pour l'établir : « ... J'insiste sur ce point, que mon expérience de l'enseignement me fait considérer comme à peu près inaperçu dans la science aujourd'hui, qu'à moins de supposer une créa- tion de force, il faut admettre que la clialeur dégagée pendant la combinaison préexiste dans les éléments à l'état de chaleur latente ou de force définie, comme je viens de le faire. . . . (t. L, p. 538). » ... Les corps simples sont des composés de chaleur et do matière;" la chaleur se dé- gage par la combinaison, el le composé devient de plus en plus slable et inerte, au fur et à mesure que, s'étant plus intimement combiné,- il a perdu plus de chaleur. . . (p. 538). « » M. H. Sainte-Claire Deville a même été jusqu'à donner un nom à cette chaleur; il l'appelle chaleur jjldocjislkjue. <• Dans le cours de ce travail, j'ai appelé chaleur latente ou p/ilogistique la somme de chaleur emmagasinée dans les corps. Cetle chaleur latente n'est donc jias uniquement celle qui fait varier l'état des corps. Je ferai remarquer, à ce propos, qu'en supposant au- tour des molécules, et même entre les molécules intégrantes des corps composés, une atmo- (l) Veudet, Exposé de la Théorie mécanique de la chaleur, p. 74- ( 29) sphère calorifique, je ne fais que reproduire Vhypnthèse des atmosphères électriques d'Am- père, et m'appuyer sur l'opinion de Berzclius (p. 587). » » L'Académie voudra bien remarquer que notre confrère avoue ici ce qu'il a nié dans sa Note: il avoue avoir fait une hypothèse, et même avoir re- produit celles de Berzélius et d'Ampère. Il admet une chaleur de constitution, une chaleur latente, tout en essayant de me l'interdire; il supprime le mot de zéro absohi qui paraît lui déplaire; mais il en crée un autre que je n'ai pas mission de défendre, celui de chaleur plilogislique. » Si l'on veut bien y réfléchir, on reconnaît qu'il sera à tout jamais im- possible de voir la constitution intime de la matière, et que nous sommes condamnés à la deviner, à la représenter par des hypothèses. Tout le monde en fait, ceux qui les condamnent bruyamment, comme ceux qui croient qu'elles sont un de nos moyens d'étude. Nos plus grandes découvertes n'ont été que de grandes hypothèses : Gilbert a supposé que la Terre est un ai- mant pour expliquer la boussole; Newton a supposé que la lumière est composée pour expliquer le spectre ; Pascal a supposé que l'air est pesant pour expliquer le baromètre; entre Kepler et Newton il y a toute la dis- tance de l'attraction universelle. Rappelons-nous Ohm et la théorie des cou- rants. Ampère et son hypothèse sur le magnétisme; rappelons-nous Fresnel^ dont le génie semblait être de deviner la cause de tous les phénomènes qu'il entrevoyait. Rappelons-nous que toutes nos théories reposent aujour- d'hui sur l'hypothèse de l'éther, et nous reconnaîtrons que, si, dans les sciences, l'observation a eu sa grande part, l'imagination des hommes a joué un rôle supérieur. Ces généralisations seraient à l'avenir impossibles si, par l'effet d'une philosophie qui n'est pas la mienne, l'horizon scienti- fique se réduisait à la simple portée de nos sens. » Je crois avoir établi : » 1° Que la théorie thermo-chimique de M. H. Sainte-Claire Deville est une hypothèse et ne permet d'établir aucune vérification expérimentale; » 2° Que ma formule ne mérite pas les critiques dont elle a été l'objet; » 3" Que la démonstration donnée par M. H. Sainte-Claire Deville con- duit à une simple identité; » 4° Que ma théorie explique et calcule l'élévation de température du mélange de deux liquides. » ( 3o ) Observations de M. H. Sainte-Claire Deville sur ta Communication précédente de M. Janiin. « M. Jamin, malgré ma prière, et au détriment de la discussion, a ré- pondu verbalement à ma Note du 27 juin. Sans cette circonstance, j'au- rais attendu la publication de ses critiques avant de faire mes observations. Les critiques qu'il a faites de mon Mémoire de 1860 me semblent toutes inexactes, et il m'a prêté des opinions que je n'ai jamais énoncées. Mais comme elles n'ont aucun trait à la question qui nous divise, je n'en par- lerai pas. Toutefois il m'a semblé que, dans son exposé verbal, M. Jamin citait encore d'une manière incomplète certains passages de mes Mémoires. S'il en est ainsi dans ce qui sera imprimé, je rétablirai purement et simple- ment les textes dans leur intégrité. Un mot seulement sur ce qui a été dit en séance par M. Jamin. » Il a développé ce qu'il a écrit au bas de la page i3i i , tome LXX : « 1° M est constant pour un mélange en proportions données : donc le deuxième membre » de l'équation doit être invariable, ce qui exige que 9 diminue si t augmente. » M Les nombreuses expériences Jaites par MM. Jamin el Amaury pour véri- fier ces concUisions [voir p. i3j2) ne pouvaient aboutir à un autre résultat, si la quantité de chaleur reste constante, à moins d'erreurs conunises dans la détermination des chaleurs spécifiques 7 et y, ou des températures t et ô. » Je maintiens donc tous les termes de ma dernière Note. » PHYSIQUE. — Action de l'eau sur le fer et de l' hydrocjène sur l'oxyde de fer [troisième Mémoire (i)]; par M.. H. Sainte-Claire Dkvili.e. « Pour compléter l'exposé succinct de mes travaux, il me reste à don- ner les résultats que j'ai obtenus, en faisant réagir l'hydrogène sur l'oxyde de fer. » Mes expériences dans cette voie sont encore peu nombreuses, mais les conséquences qu'on en déduit sont très-claires et identiques à celles que la réaction inverse de l'eau sur le fer métallique m'a permis d'établir dans mes deux premières Communications. » L'oxyde de fer que j'expérimente aux températures élevées doit être nécessairement l'oxyde magnétique. Je le prépare en chauffant dans la va- peur d'eau, vers 800 degrés, du fer spongieux résultant de la réduction du (i) Voyez Comptes rcntlus, t. LXX, p. i io5 et 1201. ( 3. ) sesquioxyde de fer par l'hydrogène. Cet oxyde est amorphe, noir, présen- tant à sa surface quelques points rouges dus sans doute à une quantité très-petite de sesquioxyde de fer. » Des échantillons ainsi préparés ont été mis dans trois tubes de porce- laine, communiquant^ d'une part, à mes appareils manométriques, et d'autre part à une source d'hydrogène parfaitement pur. » L'un de ces tubes de porcelaine a été chauffé dans un four à huile minérale à une température voisine de 1600 degrés. Le second a été chauffé dans de la vapeur de zinc (io4o degrés), et le troisième dans la vapeur de cadmium (860 degrés). » Après avoir fait le vide dans les appareils et y avoir introduit l'hydro- gène, j'ai vu ce gaz s'absorber peu à peu, de l'eau se former et se condenser dans une petite cornue qui en contenait déjà et qui était maintenue à une température constante. J'ai obtenu les résultats suivants (i) : Température Température Tension Tension Oxyde Oxygène de Toxyde de de Thydrogène de l'hydrogène de fer enlevé à l'oxyde de fer. l'eau. humide. sec. employé. de fer. mm mm 860° j 0° 17,4 12,8 1 ?■■ er i .5 35,9 23,2 1 9,78 0,56 io4o I " ;^'° 9'4 14,55 0,38 ( i5 3o,o 17,3 ) 1600 ? o 10,0 5,4 20 qq.™"'s » On vérifie l'exactitude de ces nombres en réoxydant la petite quan- tité de fer formé au moyen de la vapeur d'eau fournie par la cornue et après avoir extrait l'hydrogène formé par une première ou une seconde réduction. Malgré la prépondérance considérable de l'oxyde de fer, l'hy- drogène se reproduit et donne invariablement les nombres que je viens d'inscrire au précédent tableau. » Il s'ensuit que toutes les lois qui président à la formation de l'hydro- gène, quand ou met une faible quantité d'eau en présence d'une grande quantité de fer, se retrouvent au.\: températures citées les mêmes et avec les mêmes constantes dans le cas de l'absorption d'une faible quantité d'hydrogène par une grande quantité d'oxyde de fer. » J'ai vérifié d'une autre manière le même principe lorsque le fer est chauffé dans le soufre bouillant à 44o degrés. (i) Si la matière contient un peu de sesquioxyde de fer, il faut détruire celui-ci en rem- plissant l'appareil deux ou trois fois d'hydrogène, le poids de ce gaz restant toujours très- petit par rapport au poids de l'oxyde employé. ( 32 ) » Du fer, qui avait déjà servi à des déterminations de tensions faites à 36o degrés, a été chauffé pendant trente jours et trente nuits consécutifs à 44o degrés, pendant qu'un courant de vapeur d'eau, à une tension moyenne de i5 à i6 millimètres, passait à sa surface. L'hydrogène humide était en- levé au feu et à mesure de sa production par une pompe de Sprengel fonc- tionnant constamment pendant la journée et permettant de recueillir !e gaz dans une cloche graduée. A la fin la pompe indiquait que la production de l'hydrogène était devenue nulle ou insensible. » A quelque moment qu'on interrompe l'action de la pompe, par con- séquent quelle que soit la proportion du fer oxydé relativement au fer métallique, pourvu que celui-ci existe encore en quantité sensible, la ten- sion de l'hydrogène devient invariable et égale à sa valeur primitive, l'eau de la cornue étant maintenue à zéro. u Le fer introduit à l'origine pesait 7^"^, 80. La quantité d'hydrogène recueillie dans la dernière de ces expériences a été de 3263 centimètres cubes, mesurés à la température et à la pression extérieures. L'oxyde de fer du tube pesait 10^, 25 ; mais ce dernier poids avait perdu un peu de son exactitude par suite d'un accident. J'ai fait l'analyse de la matière et j'ai trouvé que i^', 5i65 de cet oxyde donnaient i^^SgS de sesquioxyde de fer calciné (i), d'où l'on conclut : Fer 73,8 Oxygène 26,2 100 ,0 » Il est amorphe, noir, magnétique mais non polaire. L'acide sulfurique concentré et bouillant l'attaque superficiellement, en le recouvrant d'une couche de sulfate anhydre. L'acide nitrique concentré exerce sur lui une action presque nulle à froid et très-faible à chaud, L'acide chlorhydrique le dissout facilement à froid, en donnant une liqueur d'un brun foncé pré- cipitable en noir par la potasse. Je n'ai jamais obtenu une quantité sensible d'hydrogène en dissolvant la matière par l'acide chlorhydrique. (1) L'analyse avait été tentée en traitant au ronge i^'.S de cet oxyde par un lourant d'hydrogène. Quoique l'expérience ait été recommencée trois fois et qu'elle ait duré seize lieures, l'oxyde était loin d'être réduit. Il n'accusait que :>.4,6 pour 100 d'oxygène. Enfin, traité par l'acide nitrique faible, le fer produit laissait encore un résidu notable d'oxyde. J'ai dû préférer une méthode d'analyse moins commode mais plus sure, qui con- siste à transformer la masse entière en sesquioxyde. ( 33 ) » Les rapports équivalents Fe' 73,7 0^ 26,3 représentent exactement la composition de cet oxyde (i). Le composé 2FeO, Fe^O' = Fe''0'* pourrait être comparé à un sel bibasique. » Quand on aura préparé la série de tous les oxydes obtenus à toutes les températures depuis 200 jusqu'à 1600 degrés, il sera très-curieux d'en étudier la composition, la densité et enfin la chaleur de combinaison avec un même acide, l'acide chlorliydrique par exemple. » Si tous ces oxydes avaient la même composition, si par exemple ils étaient tous de l'oxyde magnétique, ils différeraient entre eux probable- ment comme les divers soufres étudiés par MM. Mitcherlicb, Dumas, mon frère, MM.Favreet Silbermann,Berthelot et d'autres chimistes; ce seraient de vrais isomères, peut-être en nombre indéfini, dont les propriétés physiques varieraient d'une manière continue, depuis ceux qui sont prodiuts à 200 degrés, jusqu'aux oxydes préparés à 1600 degrés. » Si tous ces oxydes n'avaient pas la même composition, par exemple si leur formule était successivement (3FeO, Fe^O^), (aFeO, Fe^O'), (FeO, Fe-0'), il est probable que le phénomène de leur formation serait discontinu. Il y aurait alors à déterminer entre quelles limites fixes de tem- pérature chacun d'eux pourrait être obtenu, et, au point de vue de la chimie générale, cette étude aurait de l'importance. Ce serait un excellent sujet de travail pour un jeune chimiste qui voudrait entrer dans l'étude de la chimie de précision. » Résumé et conclusion. — J'ai donné une méthode pour comparer des phénomènes qui ont résisté à toute mesure et qu'on a expliqués jusqu'ici par l'intervention de forces imaginaires. » Appliquant cette méthode à l'oxydation du fer par leau, je fais voir : » 1° Que l'accroissement de la tension de l'hydrogène formé au con- tact du fer et de la vapeur d'eau est un phénomène continu, quand on fait (i) Je ne puis affirmer que le fer introduit dans mes appareils ne contenait pas, même après un long traitement par l'hydrogène, des traces d'oxyde magnétique. La matière ana- lysée avait été oxydée partiellement à 36o degrés par la vapeur d'tau avant de l'élre com- plètement à 44° degrés. C. R., 1870, 2» Semestre. (T. LXXI, N» 1.) 5 ( 34 ) varier (l'une manière progressive la tension de la vapeur d'eau sans faire varier la tem|)(''ratiire du ler; » 2° Que la tension de l'hydrogène correspondant à nne tension inva- riable de la vapeur d'enu décroit d'une manière continue, quand la tempé- rature augmente progressivement; » 3° Que ces mêmes lois s'observent dans le phénomène inverse de la réduction de l'oxyde de fer par l'hydrogène. M Ces résultats ont une expression mathématique très-simple que je dé- velopperai lorsque j'aurai un nombre d'expériences assez grand pour dé- terminer ses constantes avec quelque précision. » Ou en conclut qu'il sera possible d'établir, entre les réactions de certains métaux, des relations numériques fondées sur les tensions de l'hydrogène obtenu par la décomposition de l'eau dans des conditions de température, de pression et même de réactions chimiques convenable- ment choisies. » C'est ainsi qu'on pourra comparer, en les déterminant en nombre, les actions qu'exercent sur l'eau, le fer, le cuivre et même le platine. J'ai trouvé, en effet, que ce métal peut décomposer l'eau avec une très-grande facilité dans les circonstances suivantes : si l'on fait passer au-dessous du rouge sombre un courant de vapeur d'eau sur un mélange de platine en mousse et de cyanure de potassium, il se dégage beaucoup d'hydrogène et il se forme, entre autres produits, de grandes quantités de platino-cyanure de potassium. » Persuadé que tous les phénomènes de changement d'état : combinai- son, décomposition, dissolution, passage à l'étal solide, liquide ou gazeux, lesquels sont tous accompagnés d'un dégagement ou d'inie absorption de chaleur latente, que ces phénomènes sont liés entre eux par luie cause commune dont nous devons rechercher et mesurer les effets, persuadé enfin que l'établissement des analogies est la voie la plus sûre, non pas pour arriver aux premières vérités, mais pour s'en rapprocher, sans danger pour la science, j'ai comparé, sans faire aucune hypothèse, aux phénomènes de l'hygrométrie les résultais auxquels je suis parvenu. Cette méthode exclut les théories absolues; elle ouvre, par le procédé de l'induction, la voie aux expériences nouvelles; el, comme les analogies indiquent d'elles-mêmes les différences à |)ressenlir, elle ouvre la |)orle à l'analyse et à la critique qui n'a dès lors rien à détruire, mais tout à discuter, préciser et perlec- tionner. » (35) CHIMIE ORGANMQUE. — Sur tes isomères des étitcrs cyamiriques. Réponse à M. S. Cloêz par M. A.-W. Hofmann. « Dans la séance de l'Académie du 3o mai, M. Cahonrs a déposé nne Note due à M. Cloëz et portant pour titre : Rëclamalion de priorité pour la découverte des étiiers cyaniques et c/nnuriques. Les vacances de la Pentecôte m'ont empêché de lire, immédiatement après leur apparition, quelques numéros des Comptes rendus : M. Cloêz voudra donc bien m'excuser de ne répondre qu'aujourd'hiîi à sa réclamation. » La Note de M. Cloëz est relative à une Communication que nous avons faite, M. Oishausen et moi, à l'Académie des Sciences, et qui portait sur quelques corps engendrés dans une réaction découverte par M. Cloëz. Cette Note contient le passage suivant : « Maintenant, pour montrer que le Mémoire, présenté le 9 mai dernier, à l'Aeadémie des Sciences, par MM. Hufmann et Otto Oishausen sur les isomères des élhers cyanuriques ne reiif<'rme rien de nouveau sur le sujet que j'ui traité, dont je ni'orcu|)e toujours, et jiour lequel je revendique hautement la priorité, je demande la permission à l'Académie de lui soumettre les principaux passages de mon travail pouvant servir à établir mes droits. » )) Dans la longue citation qu'il fait suivre, M. Cloëz présente un résumé de ses observations sur les corps en question. Personne ne pensera à lui en contester le mérite. Mais les détails que l'auteur donne sur ses expériences ne touchent en rien aux recherches dont nous avons communiqué les résultats à l'Académie. » Je pourrais me contenter de cette simple déclaration et laisser aux personnes compétentes la tâche de décider otj les observations de M. Cloëz cessent et où les nôtres commencent. Mais comme le domaine |de la chimie s'est étendu à un tel point que les savants ne peuvent qu'à grand'peine se tenir au courant des recherches dont ils ne s'occupent pas spécialement, l'Académie me pardonnera de revenir en peu de mots sur les diverses phases, quelquefois singulières, des expériences dont il s'agit. M 11 y a treize ans, en 1857, M. Cloëz (i) a fait à l'Académie une intéres- sante Couuiuinication intitulée : Nouvelle série des bases artificielles oxygé- nées. S'appuvant sur la réaction du chlorure de benzoïle sur les élliylates métalliques, réaction qui donne naissance à l'éther benzoïqiie, M. Cloëz a traité l'étliylate de sodium par le chlorure de cyanogène. Il dit à ce sujet : (i) Comptes rendus, t. XLIV, p. 482. 5.. (36 ) « J'iii essayé île ])ro(Iiiiie les élhers cvaniqiie et cyanmiqiie par un procédé scnihl.ihle, en faisanl réagir les cliloiiues tle cyanogène gazeux, li(|uicles et solides sur l'alcool sodé ; la léaction a Lien eu lieu eoiiime je m'y attendais; mais, en examinant les produits, je me suis aperçu (|u'ils difléraient complètement par leur nature de ceux que je cliercluiis à ob- tenir. » » Le produit obtenu n certainement la composition du cyanate cilivlique, mais il dilfére essentiellement dans ses propriétés de l'éther cyanique dé- couvert par M.Wurtz. M. Cloéz noaime le prétendu nouveau cor|)s cyané- iholinc.^ et est disposé, ainsi (pi'il ressort du titre doiuié par lui à sa Com- luunication, à le regarticr coiume une base oxygénée. Voici ses ]iaroles : o La cvanetlioline appartient, avec les corps analogues fournis par les divers alcools, à une nouvelle série parallèle à celle du glycocolle, de l'alanine, de la lencine, etc. Ces deux séries sont très-rapprochées ; les ])ropriétés chimiques de leurs termes respectifs corrcs])on- dants sont semblables; connaissant les unes, on peut presque à coup sûr deviner les antres. >> » Celte manière de voir ]iaraît, en effet, justifiée par les ol)servations cpie M. Cloëz déclare avoir faites sur la façon dont ce corps se comjjorfe vis-à- vis des acitles. c La plupart des acides, dit IM. Cloëz, le dissolvent en formant des combinaisons cristal- lisables parfaitement définies. Il se dissout dans l'acide cldorhydrique, avec lequel il forme un rlilorhvdrale cristallin, susceptible de s'unir au bichlorure de platine, en donnant lieu à un sel double de couleur jaune. Le sulfate s'obtient sous forme de petits cristaux prisma- tiques. " » Toutefois on peut remarquer que M, Cloëz ne relate aucune analyse de ces combinaisons « parfaileineiU définies ». » Tel est le résiuué du Mémoire de M. Cloëz. La cyanétboliiie n'a été l'objet d'aucune reclierclie pendant les huit amures suivantes. Ce nVst qu'en i8G5 (i) que l'attenlion des cbimisles a été de nouveau attirée sur la cyané- tboline, par quelques expériences remarquables de M. Gai, expériences qui ont contribué à faire connaître la véritable natiu-e de ce cor[)s. » Après avoir examiné l'action des acides cblorhydrique et bromliydri- que sur quelques-uns des étliers ordinaires, et avoir reconiui que l'alcool se sépare toujours à l'état de cblornre ou de bronuire étli\ liqiie, M. Gai a étudié aussi l'innuence de ces deux acides sur l'éther cyanique de M.Wurtz, et la cyaiiétholine de M. Cloëz. Ayant trouvé cpie le premier doiuiail de l'acide carbonique et de l'étbylamine, tandis que le dernier se décomposait en acide cyanurique et clilorure d'élbyle, il est arrivé à la conclusion, par- (l) Comptes tendus, t. LXI, p. 52^. ( 37 ) faitement logique, que ce qu'on nommait cyanétlioline n'est que le véritable éther élhylique de l'acide cyanique. « Ce serait donc, dit-il, au produit obtenu par l'action du chlorure de cyanogène sur l'alcool potassé qu'il faudrait conserver le nom iVéther cyanique; cette formule devrait s'écrire C'H* C^Az \ » Quant à la substance provenant de la réaction du sulfo-vinate et du cyanale de potasse, les propriétés qu'elle possède tendraient à la faire dériver plutôt de l'ammoniatine. Dans cette hypothèse, sa composition doit être, ainsi qu'on l'a proposé, représentée par la for- mule C'H= Az » Les deux Mémoires que nous venons de citer sont les setds dont nous ayons eu connaissance lors de la rédaction de notre travail sur les isomères des élhers cyanuriques. » En 1866, un an après les travaux de M. Gai, M. Cloëz est revenu sur la matière dans sa thèse de docteur, intitulée : Recherches sur les élhers cjaniqiies el leurs isomères. » C'est de ce travail, qui n'a été inséré ni dans les Comptes rendus de l'Académie, ni dans les Annales de Chimie et de Physique, ni dans \e Journal de la Société Chimique de Paris, qu'ont été puisées les citations faites par M. Cloèz dans la Note soumise à l'Académie le 3o mai. » 11 résulte de ces citations que M. Cloëz a renoncé aux idées sur la cyanétholiue d'abord émises par lui. Le nom même de ce corps disparaît entièrement des citations; il n'est plus aucuiîcment question des combinai- sons parfaitement définies dont il était parlé dans la première Note. M. Cloèz se rallie aux idées exprimées par M. Gai, sans cependant se pro- noncer clairement sur la question de savoir si les corps dont il parle sont des éthers cyaniques ou cyanuriques. Voici ses paroles : « Ces produits sont isomériques avec les éthers cyaniques de M. Wurtz, mais ils en dif- fèrent complètement i)ar leurs propriétés : ce sont des liquides huileux, insolubles dans l'eau, non volatils; ils se comportent avec les alcalis hydratés à la manière des éthers com- posés ordinaires, en donnant de l'alcool et un cyanate : ils rentrent donc dans la règle gé- nérale, et doivent être considérés à ce titre comme les véritables éthers cya/iùjiics ou ija- nuriqiics. a » Au sujet des doutes qui lui sont restés à cet égard, M. Cloèz, à la fin de sa citation, dit encore fort clairement : (38) « Fidèle à la méthode expérimentale, je ne déciderai pas si les composés cyaniques qui correspondent aux otliers df M. AViirlz sont des polyraèri's de ces mêmes éthers, pouvant être représentés d'une manière générale par la formule M(C"AzOC="rP"-^'0). » Il m'a été impossible d'employer le nioven auquel on a ordinairement recours pour résoudre une question de ce genre. Les produits que j'ai étudiés n'étant pas volatils sans décomposition, je n'ai pas pu en prendre la densité de vapeur. » » C'est précisément à ce point que, quatre ans après la publication de la théorie de M. Cloëz, nous avons repris, M. Olshausen et moi, l'étude des corps formés par l'action du chlorure de cyanogène sur l'élhylate de so- dium. » Ce n'est pas seulement en prenant la densité de vapeur qu'on peut décider si l'on a affaire à un élher cyanique ou cyanurique. Il est d'autres moyens d'y arriver. La méthode employée par M. Olshausen et moi est fondée sur les faits bien connus, que l'élher d'iui acide monobasique, traité par l'ammoniaque, produit un amide, que celui d'un acide bibasique en produit deux, et que l'éther d'un acide tribasique doit en produire trois. Étant admis que le corps étudié était un élher cyanique, il ne pourrait donner naissance qu'à un amide. Le composé CN,CIPO traite par l'ammoniaque produit seulement l'amide CN,H=N. » Du corps trimoléculaire, du cyanurate de méthyle, j CH'O C W CH' O ( CH'O par contre, déiiveroul trois amides différents, dont voici les formules : C=N' ( CH'O ( CTFO ( IPN CIFO C'N' ) H=N C'N' IPN ir-N H^N H^N » De ces trois amides les deux premiers caractérisent l'éther cyanurique. » C'est dans le coiu's de nos éludes au sujet de l'aclion de l'auMnouiaque sur le corps résultant du traitement de l'éthylale de sodiiun par le chlo- rure de cyanogène, que nous avons été assez heureux pour découvrir les ( 39 ) corps dont la théorie indiquait l'existence, et nous avons ainsi résolu la question que les expériences de M. Cloëz avaient laissée sans réponse. » En traitant le corps mélhylique, nous avons obtenu le composé niono- amidé, que nous avons analysé, soit seul, soit combiné avec le nitrate d'ar- gent. En voici les formules : ICWO (CH'O C'N' CIPO et C'NMCH'O, AgNO'. ( H^N ( H=N i> Du traitement du corps éfhylique par l'ammoniaque sont sorties les combinaisons monoamidée et biamidée que nous avons également analy- sées. Ces corps renferment : Combinaisons monoamidées. C'N' C-H^O et C'NMC^H'O, AgNO% Combinaison biamidée, (C^H^O c?w H^N. ( H-N )) Les combinaisons amidées, que nous venons de découvrir, dérivent, personne ne le contestera, cVélhers cyaniiriques et non cyaniques. » Ces observations présentées, nous croyons pouvoir êlre assurés que M. Cloëz, après avoir relu notre travail avec une bienveillante attention, reconnaîtra qu'en somme nos résultats ne sont pas si dénués de nouveauté qu'il s'est hasardé à le dire. » Peut être fera-t-il davantage et acoordera-t-il que notre travail non- seulement comble une lacune importante, laissée par ses piopres recher- ches, mais encore fait à celles-ci des rectifications qui ne sont pas sans va- leur. » Ainsi, parlant de la combinaison mélhylique, M. Cloéz dit dans un passage qu'il emprunte à sa thèse : « Lorsque l'esprit de bois employé à la préparation du métliylate de soude n'est pas anhydre, la production de l'isocyanate par le chlorure de cyanogène diminue beaucoup, elle est même quelquefois nulle; il se fait dans ce cas des produits secondaires dont l'étude mérite d'être suivie. ( 4o ) « Je mentionne à ce propos l'existence d'une belle substance blanche cristallisablc, qui s'est foiniée dans une préparation où l'esprit de bois employé n'avait pas été snf(isaninicnt rectifié. Cette matière, peu soluble dans l'eau, a pu être séparée facilement du chlorure de sodium. En la traitant ensuite par l'alcool bouillant, elle s'est déposée par le refroidissement de la dissolution, en cristaux brillants, aplatis, de forme rhoniboïdale. 1 L'analyse de cette matière m'a conduit à la représenter par la formule C''H"'Az'0", et j'ai proposé de la désigner provisoirement sous le nom de méthylantoïne. o » Je crois ne pas me tromper en disant qu'après avoir ht notre Mémoire, M. Cloëz sera le dernier à maintenir la formule qu'il avait donnée à la méthylantoïne ou, si nous recourons à la notation maintenant en usage, Q6IJ.0JVJ4O3. » Il ressort de nos recherches que la méthylantoïne n existe pas et que si ÎM. Cloëz est ai rivé à admettre l'existence de ce corps et la formule ci- dessus, c'est qu'il Itii a échappé qu'il avait entre les mains un mélange de deux substances différentes. M. Cloè'z, s'occupant encore du travail com- mencé par lui dès i86'j, répétera, nous en avons la ferme conviction, nos expériences, et nous espérons que, dans ses mains comme dans les nôtres, la prétendue méthylantoïne, simplement traitée par l'élher, se séparera encya- nurate méthylique et le dérivé amidé, savoir : les corps CH^^N'O^ et C'H'N'O^ » Quand il se sera procuré de cette manière le cyauin-ate de méfhyle, M. Cloëz ne manquera certainet)\ent pas de vérifier cet autre fait assez curieux que nous avons constaté, savoir : tpie le cyanurale de méthvle, qtii, traité par des réactifs, fournit, avant d'être clinnjjé, de V alcool mélhj- liqiie et de V acide cyanurique, se transforme, après avoir été citauffé, en acide carbonique et métliylamine. » Nous nous bornons à ces observations et laissons l'Académie apprécier si M. Cloëz était fondé à déclarer, comme il l'a fait dans sa Note dti «S mai, que le Mémoire île MM. Jlofmann et Ollo Olshausensurles isontèies des éthers cyanuriques ne renferme rien de nouveau. » (4i ) NOMEVATIOAS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'ini Cor- respondant, pour la Section de Médecine et de Chirurgie, en remplacement de feu M. Lawrence. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant Sg, M. Ticbert obtient 36 suffrages. M. Kolliker 2 » M. Bowman i » M. Lebekt, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Corres- pondant, pour la Section d'Anatomie et de Zoologie, en remplacement de feu M. Cams. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 3g, M. Brandt obtient 19 suffrages. M. Darv^in 16 » M. Huxley 3 » M. Loven i » Aucun des candidats n'ayant réuni la majorité absolue des suffrages, il est procédé à un second tour de scrutin. Le nombre de votants étant 38, M. Brandt obtient 22 suffrages. M. Darwin 16 » M. Brandt, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. L'Académie procède, par la voie du scrutin^ à la nomination d'une Commission de deux Membres, pour la vérification des comptes de l'année précédente. MM. Mathieu et Brongniart réunissent la majorité des suffrages. C. R., 1870, a« Semestre. (T. LXXI, N» I.) 6 ( 4a ) RAPPORTS. ANALYSE MATHÉMATIQUK. — Rapport Sur un Mémoire de M. Bouquet, relatif à la théorie des intégrales ultra-elliptiques. (Commissaires : MM. Bertrand, Hermile, Serret rapporteur.) « Le Mémoire de M. Bouquet dont l'Académie nous a chargés de lui rendre compte se rapporte au célèbre théorème d'Abel sur les transcen- dantes ultra-elliptiques, et il a exclusivement pour objet la démonstration d'un théorème nouveau qui peut être regardé comme un complément de celui d'Abel, au moins en ce qui concerne le cas le plus simple des trans- cendantes de première espèce d'une classe quelconque. Ce cas est le seul que l'auteur ait développé, mais l'analyse dont il a fait usage est assurément susceptible d'extension. » Dans le cas dont il s'agit, le théorème d'Abel assigne une valeur con- stante à une certaine somme d'intégrales du même élément différentiel^ prises avec des signes convenables; on peut supposer que les limites infé- rieures de ces intégrales soient zéro et les limites supérieures sont des variables liées entre elles par des équations algébriques. » C'est l'étude de la constante du théorème d'Abel que M. Bouquet a entreprise, et cet habile géomètre est parvenu à démontrer qu'on en obtient la valeur en ajoutant entre eux un certain nombre d'éléments fixes, après les avoir multipliés par des nombres entiers, qui peuvent'étrc positifs, nuls ou négatifs. Les éléments dont je parle sont des intégrales définies qui répondent au même élément différentiel que celles à limite supérieure variable auxquelles se rapporte le ihéorème d'Abel; elles sont prises, comme celles-ci, à partir de zéro, et leurs liniiles supérieures sont les valeurs de la variable pour lesquelles l'élément différentiel devient infini. » La démonstration que M. Bouquet a donnée de son théorème est remar- quable |iar sa simplicité. Prenant pour point de départ des résultais impor- tants dus à ses devanciers et particulièrement à M. Puiseux, l'auteur a su mettre habilement à profit la considération, reconnue aujourd'hui indis- pensable, de rinlégralion exécutée suivant des contours quelconques. » I>e résultat obtenu |)ar AT. liîoiiqupt remplit un desideratum signalé à plusieurs reprises par Legendre. L'illustre fondateur de la théorie des fonctions elliptiques a développé dans le tome III de son ouvrage (3""" sup- plément) un grand nombre d'applications du théorème d'Abel, et il s'est (43) occupé, à l'égard de quelques trauscendantes pailiculières, de la délermi- nation delà constante. « Celte question, dit-il, dont il ne paraît pas qu'on » puisse donner la solution à jiriori et d'iuie manière générale, mérite de » fixer rattention des analystes par les résultats très peu variés et très- )) simples qu'on obtient constamment dans les cas parliculiers. » Traitant à un autre endroit des mêmes transcendantes particulières, il affirme, cpioi- qu'il n'en ait pas la démonstration, que la constante peut toujours s'expri- mer par les deux mêmes éléments, quel que soit le nombre des iniégrales dont la somme algébrique a pour valeur cette constante; et il ajoute : « Des » exemples nombreux appuient cette assertion, que la théorie n'a pas jiis- » qu'à présent établie d'une manière absolument certaine. » » La généralité de ce fait analytique, qu'admettait LegendiT, est nu'se hors de doute par le théorème de iM. Bouquet, duquel elle résulte imnié- diatement. M En résumé, le Mémoire de M. Bouquet renferme un résidlat nouveau et intéressant. Nous proposons donc à l'Académie de lui accorder son n]i|)ro- bation, et d'en ordoiuier l'insertion dans le Recueil des Savants élranqers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ZOOLOGIE. — Observations sur l'histoire naturelle des Ecrevisses. Note de M. Chantran. (Commissaires : MM. Milne Edwards, Coste, Claude Bernard, É. Blanchard.) « Les observations que j'ai l'honneur de communiquer a l'Académie ont été faites au Collège de France, sous les yeux de M. Coste, dans son labo- ratoire d'embryogénie comparée, où il m'a chargé de donner mes soins à celles de ses expériences qui sont relatives à la pisciculture. Je présente donc ces observations avec d'autant plus de confiance, que leur exactitude a été vérifiée par l'illustre professeur. » Accouplement. — L'accouplement chez les Ecrevisses a lieu pendant une période qui comprend les mois de novembre, décembre et janvier. Le mâle saisit la femelle avec ses grandes pinces, il la renverse, et, pendant qu'il la tient couchée sur le dos, il se place de manière à verser, dans un premier acte, sur les deux lamelles externes de l'éventail caudal, la matière fécondante. Puis, après cettepremièreopération qui dure quelques minutes, 6.. ( 44 ) il la romène brusquement sous son ;ibdomen, afin d'effectuer un second dépôt de semence sur le plastron, autour de l'ouverture externe des ovi- ductes, par le curieux mécanisme si exactement décrit par M. Coste. » Ponte. — Suivant le degré de maturité des œuls, lors du rapproche- ment des sexes, la ponte a lieu à une époque qui varie de deux à quarante- cinq jours après l'accouplement. Au moment où cette fonction va s'accom- plir, la femelle se couche sur le dos et ramène sa queue sur le j)lastron, de manière à former avec son abdomen une chambre dans laquelle l'ouvertiu'e des oviductes se trouve comprise, et dont la paroi sécrète une humeiu- vis- queuse destinée à engluer les œufs et à les retenir attachés, pendant l'incu- bation, aux appendices abdominaux. Quand les choses sont dans cet état, la ponte s'effectue. Elle s'opère en une seule fois, ordinairement pendant la nuit, rarement pendant le jour. L'incubation dure environ six mois, l'éclosion a lieu en mai, juin ou juillet. » Mues. — La première mue a lieu dix jours aprèsl'éclosion ; la seconde, la troisième, la quatrième et la cinquième, de vingt à vingl-cinq jours de distance les unes des autres, en sorte que le jeune animal change cinq fois de carapace dans l'espace de quatre-vingt-dix à cent jours, qui correspon- dent aux mois de juillet, août et septembre. A partir de ce dernier mois, jusqu'à la fin du mois d'avril de l'année suivante, il n'y a pas de mue. » La sixième mue a lieu en mai, la septième en juin et la huitième en juillet. Il y a donc huit mues pendant les douze premiers mois de la vie de la jeune Ecrevisse. » Dans la seconde année, il y a cinq mues : la première et la deuxième en août et septembre, la troisième, la quatrième et la cinquième en mai, juin et juillet. » Dans la troisième année, je n'ai observé que deux mues, qui s'opèrent : la première en juillet et la deuxième en septembre. C'est à partir de ce moment que la jeune Ecrevisse devient adulte en entrant dans sa quatrième année. » Lorsque les Écrevisses sont adultes la mue n'a plus lieu qu'une seule fois par an pour les femelles; elle a lieu, au contraire, deux fois pour les mâles : ce qui explique pourquoi ces derniers ont une j)lus grande taille que les femelles, l'accroissement étant en proportion du nombre des mues. Pour les mâles adultes, la première unie a lieu en juin et juillet et la seconde entre août et septembre. Quant aux femelles, leur unique mue s'accomplit entre août et septembre. » Pour effectuer sa mue, l'animal se met sur le flanc, avec sa tète et son (45) dos il soulève son corselet qui fiiit bascule, comme un couvercle sur sa char- nière, ptiis quand il a ainsi presque complètement dégagé la partie anté- rieure de son corps, il se sépare entièrement de sa vieille carapace par un brusque mouvement de la partie postérieure. Ce travail, qui dure environ dix minutes, est favorisé par la sécrétion préalable d'une matière gélatineuse entre les deux carapaces qui facilite leur dégaînement. » Douze heures après la mue, les pattes de l'Écrevisse sont déjà assez fermes pour pincer fortement, vingt-quatre heures après elles sont complè- tement durcies; les parois du dos restent plus longtemps flexibles, mais au bout de quarante-huit heures elles ont atteint un degré de consistance à peu près normal. » Les petits restent attachés aux fausses pattes de la mère pendant dix jours après l'éclosion, c'est à ce moment que la première mue a lieu : elle s'effectue sous la queue même de la mère (i). Si les jeunes s'en détachent avant cette époque, ils ne jieuvent pas vivre séparément; mais après cette première mue ils abandonnent parfois la mère pour y revenir jusqu'au vingtième jour, époque à laquelle ils peuvent vivre indépendants. » Je suis disposé à croire qu'après leur première mue les jeunes Écre- visses se nourrissent, sous la queue de la mère, des pellicules des œufs et de la carapace provenant de cette première mue. Mais, j'attends de nou- velles observations pour pouvoir l'affirmer d'une manière positive. » MÉTÉOIWLOGIE. — Le printemps de 1S70. Note de M. Guapelas. (Renvoi à la Section île Physique.) « Quand un mois est très-pluvieux ou trop sec, que sa température semble dépasser la moyenne ordinaire ou lui être inférieure, on est générale- ment prompt à s'imaginer que le climat du lieu qu'on habite ou même celui du monde entier se modifie. C'est ce qui eut lieu en effet, à Paris, au mois d'avril iSSy. Pour mettre fin à ces bruits ridicules, M. Arago ouvrit les registres de l'Observatoire et fit voir clairement que la quantité de pluie tombée en 1837, qui s'élevait à 63 millimètres, et qui paraissait si extra- (i) J'ai pu constater, à l'aide du microscope, comme l'a inonlré M. Chantran à l'Académie, que les petits restent pendus sous l'abdomen de la mère, par l'intermédiaire d'un fdament hyalin, chitineux, qui s'étend d'un point de la face interne de la coque de l'œuf jusqu'aux quatre filaments les plus internes de chacun des lobes de la lame membraneuse médiane de l'appendice caudal. Ce filament existe déjà lorsque les embryons n'ont encore atteint que les trois quarts environ de leur développement avant l'éclosion. (Ca. Robin.) ( ^.<3 ) ordinaire, n'atteignait même pas celle qui avait été constatée pendant les années antérieures. » Le priiileiiips de 1870 offre certainemont des caractères s|H'ciaiix qu'il est utile de constater, et qui seront rendus plus intéressants encore par la comparaison que l'on peut établir avec les années précédentes. » Dans cette étude rapide, nous considérerons trois points principaux : la température, la direction des vents, le degré d'humidilé. » i" Tempcraltire. — Les observations faites à Paris, de 1 SoG à 1869, fournissent, pour la température moyeiuiedu printemps (avril, mai etjuin), i/| degrés, qui se répartissent ainsi : avril, 9", 81; mai, i/i",52; juin, 17", 34- On trouve aussi que la température la plus élevée observée à P;iris depuis i665, à l'air et à l'ombre, est de + 38°, 4 le 8 juillet 1793. » Ceci posé, celte année, nous avons obtenu, pour températin-e moyenne du printemps (avril, mai et juni), 16°, 3. soit 2°, 3 au-dessus de la moyenne. La tempéralm-e moyenne de juin s'est élevée à 20°, 29, soit 2", 95 au- dessus de la moyeuîie. » Mais, si nous nous reportons seulement à 18GS, que l'on semble avoir déjà oublié, nous trouvons, pour le printemps d'abord, une température moyenne égale à 19°, i; puis, pour la température de juin, une moyenne égale à 23", 17, températures vraiment extraordinaires. Le |)riiitenips de 1870, tout en étant évidemment fort chaud, n'a donc pas ce|)endant pré- senté une température aussi exceptionnelle qu'on pouvait le croire à /jnon". » Les journées les plus chaudes de la saison que nous venons de tra- verser ont été les 18, 20, 21 mai, qui ont donné jusqu'à ■+- 82 degrés à l'ombre, et le 23 juin, qui s'est élevé jusqu'à + 33 degrés. » 2° Direction des venls. — Ce qu'il y a de principalement remarquable, et ce qui doit surtout attirer l'attention, c'est la prédominance marquée des vents compris entre le nord et le nord-est. En effet, si nous consultons nos registres météorologiques, nous voyons que ces vents, depuis le mois de février, n'ont pour ainsi dire pas cessé de souffler sur notre horizon. )) En calculant la direction moyenne des vents enregistrés depuis cette époque, nous obtenons un courant général situé à i" /\2' du nord-nord- ouest, entre le nord et le nord-nord-ouest. » Un tel résultat explique immédiatement cette sécheresse persistante, péiiodique, et celte chaleur très-grande qui caractérisent si bien le prin- temps de 1870. » 3° Humidité. — En établissant la balance entre les jours de pluie et de beau temps, nous trouvons 22 jours de pluie, ré|)artis ainsi (pi'il suit : ( 47 ) 5 jours en avril, 12 en mai et 5 en juin, contre 69 jours de beau temps. Il faut remonter, je pense, au siècle dernier pour trouver un résultai semblable. » Comme dernier point intéressant, nous dirons, en terminant, que, si l'on considère seulement la série d'années comprises entre i8/|2 et 1870, on trouve ce fait très-curieux, pour cette saison, bien entendu : c'est qu'une période humide est parfaitement indiquée depuis 1842 jusqu'à 1861, épo- que depuis laquelle les choses se passent tout différemment, c'est-à-dire qu'à partir de 1862 jusqu'aujourd'hui, une période de sécheresse s'ac- centue déplus en plus, comme aussi, depuis cette même année 1861, la température semble augmenter d'une manière très-appréciable. » M. Daitdix adresse un Mémoire relatif à diverses questions de Météoro- logie, et particulièrement à la sécheresse actuelle. Suivant l'auteur, la cause de cette sécheresse doit être attribuée à la persistance des vents fixés, de- puis plusieurs mois, du nord-ouest au nord-est; ces vents n'ont passé vers le sud-ouest, pendant un jour ou deux et à de rares intervalles, que pour revenir aussitôt à leur direction primitive. Chaque année, au printemps, les mêmes phénomènes se produisent, mais avec moins de durée. Enfin, l'auteur pense que les particularités offertes, à cette saison de l'année, par notre climat, doivent se rapportera quelques phénomènes correspondants dans les régions glaciaires du pôle nord. (Renvoi à la Section de Physique.) M. Ch.Leblon soumet au jugement de l'Académie un Mémoire portant pour litre : « Système de chemin de fer rural et de montagnes ; adhérence parfaite des roues avec le rail «. « Dans ce système, dit l'auteur, l'adhérence des roues de la locomotive au rail résulte uniquement du poids du train à remorquer. La locomotive, réduite au rôle de générateur de force, devient très-légère et n'est plus qu'une locoiuobile, les roues n'étant plus motrices, mais soutenant seule- ment l'ensemble du système, chaudière, machine, etc. Sa puissance motrice agit sur un système mlliésif, composé de quatre roues d'inégales grandeurs, dont le travail utile consiste à serrer les deux côtés angulaires du rail, avec une force résultant du poids total du train. » (Renvoi à la Section de Mécanique.) M. W. DE FoNviKLLE trausmetà l'Académie, par l'entremise de M. Jamin : 1° Une description, accompagnée de plusieurs figures, d'un halo solaire (48) observé le 23 juin 1870. Cette description est le résumé de trois observa- tions extraites du numéro du 3o juin du journal anglais Nature, observa- tions qui doivent, suivant l'auteur, se rapporter à un seul et unique nuage glacé, venant du nord. 2° La description d'un halo solaire observé par lui-même, à Pontoise, le 3 juillet 1870. Le phénomène a été vu de 6^20™ à 7*'3o™ environ : le re- froidissement brusque de la température, observé ce jour-là, serait en fa- veur des idés de Bravais, attribuant la production des halos à des prismes de glace formés dans les nuages. » M. W. de Fonvielle pense que les apparitions de ces phénomènes pourraient être considérées comme annonçant de la pluie, en plus ou moins grande abondance suivant que les nuages glacés sont plus ou moins épais. On a constaté de la pluie en Angleterre, aussi bien qu'en France, après les apparitions de halos dont il fait mention. (Renvoi à la Section de Physique). M. Cave Thomas adresse, pour être substituée à son précédent Mémoire manuscrit « sur la Théorie esthétique de la lumière », une épreuve, impri- mée en anglais, d'une Lecture faite par lui sur le même sujet. Ce document sera renvoyé, comme l'avait été le Mémoire manuscrit, à la Section de Physique. M. Pretis de Sainte-Croix adresse, de Menton, une démonstration élé- mentaire du postulalum d'Euclide. (Renvoi à la Commission nommée pour toutes les Communications relatives à ce sujet.) M. Terrien adresse une rectification au Mémoire qu'il a soumis au juge- ment de l'Académie, sur la décomposition de l'eau par la pile électrique. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) CORRESPONDANCE. M. LE Ministre des Lettres, Sciences et Beai;x-Arts informe l'Acadé- mie qu'il approuve le choix lait par elle, du lundi 11 juillet, pour sa séance publique annuelle. ( 49 ) M. LE Ministre des Lettres, Sciences et Beaux-Arts autorise l'Acadé- mie à prélever sur les reliciiiats disponibles des fonds Montyon, conformé- ment à sa demande, diverses sommes destinées à des publications ou à des recherches scientifiques. M. le Secrétaire perpétuei, sii^inale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, une brochure de M. Husson, portant pour titre : « His- toire du sol de Toul. Dix-se|)tième Note sur l'origine de l'espèce humaine dans les environs de cette ville ». ASTRONOMIE. — Sur la lumière de la comète de TVinnecke [Comète I, 1870). Note de MM. Wolf et Rayet, présentée par M. Delaïuiay. « Nous avons pu, depuis les premiers jours de juin, observer à plusieurs reprises le spectre de la nouvelle comète de Winnecke. Comme ceux des deux comètes du même astronome, déterminés en i868 et 1869 par l'un de nous, celui-ci paraît se composer de trois bandes lumineuses, se déta- chant sur un fond continu. La plus brillante de ces bandes est celle du milieu; la seconde est assez rapprochée de la première, du côté le moins réfrangible; la troisième, située de l'autre côté et un peu plus éloignée, est beaucoup plus pâle. L'extrême faiblesse de la lumière de ces bandes ne nous a pas permis d'en déterminer les positions absolues. Mais l'aspect en paraît identique à celui des spectres de comètes déjà observés; et il est à souhaiter que la détermination des positions puisse être faite sous des climats où l'astre, à son lever, n'est pas déjà noyé dans la lumière de l'au- rore. Il est peu probable que, d'ici à son périhélie, la comète augmente assez d'éclat pour nous permettre ces mesures. L'identilé ou du moins la ressemblance des spectres des diverses cou)ètes, leur différence au con- traire avec les spectres des nébuleuses proprement dites, sont des carac- tères précieux qui permettront sans doute un jour de déterminer la nature et l'origine de ces astres singuliers. » Nous avons été particulièrement frappés de la faiblesse du spectre de cette comète, qui cependant est assez brillante pour être bien visible à l'aide d'un chercheur de 6 centimètres d'ouverture. Une nébuleuse du même éclat apparent donnerait un spectre facilement mesurable. Sans doute il faut remarquer d'abord que la lumière de ta comète est pour nous bien affaiblie par les premières lueurs de l'aurore. Mais nous avons dit que les C. K., 1870, 2« Semeatre. (T. LXXI, M» 1.) 7 ( -'ïo) bandes lumineuses se détachent sur un spectre contiiui, particulier à la comète. Celle-ci diffère donc, à ce point de vue, d'une nébuleuse, dont la lumière se concentre tout entière dans un petit nombre de lignes, qui sont par suite très-hriilantes. Eu même temps, nous reconnaissons l.i double ori- gine de la lumière de la comète, une lumière propre qui donne les bandes, et luie autre portion empruntée au Soleil. Que la lumière réfléchie existe en quantité très-sensible dans la comète, c'est ce que prouve le fait, con- staté par nous, que la limiière de cet astre est partiellement polarisée dans un plan passant par le Soleil. Cette polarisation est assez forte pour èiro démontrée à l'aide d'un simple prisme biréfringent. D'ailleurs elle ne peut élre confondue avec la polarisation atmosphérique, si l'on a le soin, coiiune l'a indiqué depuis longtemps iM. Praczmouzki, d'observer les deux images de la comète sur la partie couunune des deux images du fond du ciel. » GÉOMÉTRIE. — Remarques sur une Note de M. Darboux, relalive à la surface des centres de courbure d'uue surface algébrique; par 31. E. Catalan. « Je demande à l'Académie la permission de lui soumettre les remarques suivantes, qui me sont suggérées par la lecture du Compte rendu de l'avant- dernière séance. A peine ai-je besoin de déclarer que je ne suis animé d'au- cun esprit de dénigrement à l'égard de M. Darboux; nul, plus que moi, ne reconnaît le mérite de ce jeune et déjà célèbre géomètre. » I. La formule R = '^ se trouve à la page 26'i de mes Mélanges ma- thématiques. » II. Les formules X^ = -,7-1 — , , , , , — *-4t' etc., ne sont pas nouvelles : a^[a^ — b^) [a' — c^) ' je les ai trouvées (ce qui n'était pas difficile) en 1868; M. Gilbert, mon savant confrère à l'Académie de Belgique, les a trouvées aussi, et il est pro- bable qu'elles se sont présentées à tous les professeurs qui ont eu à traiter la question du lieu des centres de courbure de t' ellipsoïde . » IIL il est bien vrai que l'équation R = B* — 4A.C = o ne présente pas toujours l'enveloppe des courbes (*) représentées elles-mêmes par (■) Mêr+''(s)+'=="^ mais M. Darboux ne va-t-il pas un peu loin en affirmant que c'est précisé- (*) A la page i33i des Comptes rendus, on a imprimé par erreur : des cercles. (5i ) ment le contraire qvi arrive, et que R = o représente le lieu des points de re- broiisseinent des combes? Si, par exemple, on prend les liyperboles dont l'équation est (2) c- -i-{a: -hj)c -hi — jcy = 0, on trouve (3) (20o'^+ i) (I) V {:r^-^2Xj+j"- + 2) g + 27^+1 = o, et, comme équation de l'enveloppe, (4) x^ + 6xj- + jr^— 4 = o. Dans ce cas, la fonction R a pour valeur [œ -jY{jc^ -h 6jcj-hJ^ - 4); donc, si l'on fait abstraction du facteur (x — jY, sur lequel je reviendrai tout à l'heure, R = o représente l'enveloppe des hyperboles données, et non le lieu des points de rebroussemenl de ces courbes, au moins je le suppose. » IV. Ce n'est pas fout : à l'appui de sa thèse, M. Darboux fait ob- server qu'e/j général les équations ne peuvent être vérifiées simultanément. D.ins l'exemple précédent, l'équa- tion (6) est {jc'' H- 2XJ + j" -+- y-){J -^ 3x) — 'î{2X- -h i) [x -+- 3j) = o, ou ( J - Jc) {j- + 6x7 + x^ - 4) = o; c'est-à-dire [j — x)'K = o. I) On pourrait évidemment midtiplier les vérifications de la règle ordi- naire. Quels sont donc les cas d'exception ta cette règle? » V. Soit (7) c^+Pc--+-Q = o, P et Q étant fondions de x et de j'. La solution singulière est (8) P^--4Q = o. » D'iui autre côté, si l'on élimine c entre la proposée (7) et sa différen- 7-- ( -^2 ) tielle immédiate, on tronvo une rqiialion de la forme (i), dans laquelle (A=(;?)'-p.^^5?-Q(fy. d.TJ ,h- djC ^^\dx j Il résulte, de ces valeurs, Par conséquent, l'éijiiation lî = o se décompose en (8) P'^-4Q = o, qui représente r enveloppe des < nurhes ['j), et en /f/P ,IQ _ dP f/Q\\_ ^ ' \d.r dy dy d.r I Celle-ci appartient nu lien îles j'oints nii se touchent les courbes simultanément représentées par P = X et par Q - P; X, [). étant des constantes arbitraires. n Dans l'exemple ci-dessus, V = x -i- y, Q = I — .Tj, et l'équalion (i f) se réduit à (12) {.T—j)-=0. Celle-ci, dont nous avons déjà parlé, représente donc le lieu des points de contact d'un système de droites parallèles et d'li)'per!iolcs homolhélicpics. En outre, celte équation (12) est une solution singulière de ou . l'd^ \ 2 , - . , / dy\ -+- 2}- 4-1=0. » VI. Soif encore l'équntioi) /n<^f//'a/e (i3) 4j:'-' -4- 2(j: — 3j) + c -+-X- = o. ( 53 ) que j'ai prise pour exemple dans une Note sur In Théorie des solutions sin- (/idièrcs [Journal île l'Ecole Polytechnique , XXXP cahier). Il en résulte l'équation différentielle (•4) 3x(|)'-6r| + ^ + 2j = o, et, comme équation de l'enveloppe des paraboles (i3), (r5) (x - 3jr)2 = 4-r-. Si l'on égale à zéro la fonction B^ — 4 AC, on a 3^'^ = jc[jc -h 2J-), c'est-à-dire la relation (i5). Ici l'on ne rencontre pas du tout l'exception que M. Darboux signale comme devant arriver si fréquemment. » VII. Soient, pour abréger, f a\ dP dp n dq , d(i ^ ('^) ^=«' dV = ^'' -;z7.==«' ^=r^' alors ies fonnules'fg) deviennent A = fr--pfif5'-f-Qfi% B == 2(a'fi' + Qap) - V{oc[i'+a'fi), C = a'--Paa' + Q«='; et la relation (lo) se réduit à l'identité B--4AC = (P^- liQ){afi'- a'/3)-, que l'on rencontre dans la théorie des nombres. On a ainsi un rapproche- ment, peut-être bien inattendu, entre deux parties différentes de l'analvse. » VIII. Puisque l'occasion s'en présente, je mentionnerai trois proposi- tions sur le lieu des centres de courbure de i ellipsoïde : » 1° Le lon(/ (rime même liipie de couibure de l'ellipsoïde, le rayon principal varie eu raison inverse de la distance du centre au fdan taii4 1822 20,96 1,11 + 1,00 -H 0,98 1844 i7,oG 5.79 -+- o,i3 — 0,07 1823 19,72 1,24 + 1,09 + 1,08 1845 11,33 5,74 -0,23 - 0,42 1824 20,81 ';09 - 1,33 - 1,34 1846 5,97 5,35 — 1,10 — 1 ,26 1825 '9,75 1,06 — 1,79 — 1,80 1847 2/1.59,61 6,36 — ",07 — 1,18 1826 17, ''1 2,6. - 0,88 — 0,90 18 '18 51,82 7,79 + 0,29 H- 0,23 1827 14,10 3,04 -+- 0,28 + 0,24 1849 lib.ii 6,61 -h 0,38 -1- 0.37 1828 I i,c6 3,o'i + 1,25 -t- >,'9 1850 38,96 6,î5 -(- o,o3 H- 0,o5 1829 8,68 2,38 + 1,38 + i,3o 1851 3i,3.'i 7,62 -H 0,97 -i- 1,01 1830 6,62 2,06 + 1 ,00 + 0,92 1852 25,20 6,14 + 0,36 -+- 0,39 1831 4,20 2,42 + 0,80 + 0,70 1853 18,69 6,5i -!- 0,07 + o,o5 1832 rt r ,/ 1854 II, 8î 6,77 + 0,09 — 0,02 1833 // n // // 1855 5,25 6,57 — 0,24 -0,45 1834 // ti „ // 1835 21.54,50 II - 1,82 — 2,20 » J'ai traité les premières et les dernières dix différences A de la co- lonne 4 du tableau, par la formule ordinaire de sinus, ce qui donne, pour la variation par rapport à la moyenne, i84r,5 à i85o,5; A = o', 754 sin(|x4- 81°); p. = o pour 1841,5, et le maximum a lieu pour 1841,75, 1846,5 à i855,5; A = o',992 sin ([j!, + 94°); juL = o pour i85i ,5, et le maximum a lieu pour i85i,4. » Il résidte de ces calculs, qu'une cause produisant une inégalité dans la marche de l'aiguille aimantée vers l'est avait son effet maximiuu de retar- dalion vers le milieu 'i M- = 0,1 820,5. l822-l83l A = l',26sUl(fJL+92°) "^ ' » La conclusion est la même que celle que j'ai déjà déduit des obser- vations de Makerstown, le maximum de retardation ayant lieu vers le milieu de 1820. » Des observations de Makerstown et de Paris, nous pouvons tirer la con- clusion que l'inégalité décennale est indépendante du mouvement des pôles magnétiques, puisque sa valeur a peu varié, pendant que le mouvement sé- culaire a changé depuis moins de i minute jusques près de 7 minutes par année. » La formule (i) donne, pour l'époque du maximum de déclinaison occi- dentale àMakerstown, i8i5,7, qui n'est probablement pas loin de la vérité. Si l'on pouvait supposer que cette formule, calculée d'après les données pour l'époque moyenne de 1848, 5, soit aussi exacte pour les trente-trois années suivantes que pour les trente-trois années précédentes, nous pour- rions conclure que la marche accroissante di- l'aiguille aimantée vers le nord a déjà cessé. IL » Des observations horaires de la déclinaison magnétique ont été faites à Trevandrum de 1 854 à 1 865 ; mais depuis février de cette dernière année, huit observations seulement ont été faites journellement, avec le même instrument et avec toutes les précautions observées depuis le commence- ment (**). Les moyennes annuelles se trouvent dans le tableau IL (*) Une différence assez considérable dans la valeur de a ne changerait pas les valeurs de A; ainsi, si nous prenons a = 190', comme pour Makerstown, nous aurons 9 = i''5o',4ï et a ^ 6"8', et les valeurs de A seraient les mêmes (pour l'arc de 1820,5 à i835,5) que celles trouvées dans le tableau paria formule (4). (**) Cet instrument est lu à travers le mur de la chambre dans la(|uclle il est enfermé, et (6a) Tablead II. — Déclinaison magnétique à Trevandrum. A DECLINAISON ACCROISSEMENT orientale- annuel. ^^ FormQle (s). Formule (G). Formale (7). 1855,5 " 1 0.26,52 — 0,36 — 0,80 - 0,72 55,5 26,52 0,00 - 0,36 — 0,47 — 0,45 56,5 26,90 0,38 — 0,20 — 0,11 - o,.4 57,5 27,77 0,87 - 0,17 -f- 0,08 -f- 0,07 58,5 29.37 .,5o — 0,29 -+- 0,10 -1- 0,01 59,5 30,91 1,64 — 0,28 -1- 0,22 -H 0,12 60,5 32,56 1,65 -t- 0,22 -+- 0,57 -+■ 0;47 61,5 34,85 2,29 -f- 0,20 -H 0,45 -t- 0,35 62.5 37, >6 2,3. -t- 0,29 -+- 0,40 -1- 0,33 63,5 39,62 2,46 + 0,25 -h 0,23 -1- 0,18 64,5 42,10 2,48 -H 0, l3 — 0,02 — o,o5 65,5 44,49 2,39 — 0,07 — o,3i -o,3i 66,5 46,56 2,07 — o,ig - 0,48 — 0,45 67,5 47,84 1,28 — 0,06 — 0,12 — 0,08 68,5 43, 9> 1,07 -(- 0,08 . ■+- 0,12 -+■ 0,18 69,5 49>98 1,07 — 0,02 + 0,01 -+- o,i3 » La première conclusion à tirer de ces moyennes est que la déclinaison orientale a eu un minimum vers i854 ou i855. Des observations faites par mon prédécesseur, M. Caldecok, en i84i, donnent une déclinaison, pour cette année, de près de o°4o'E.; comme cette déclinaison a été de nouveau atteinte vers i86/},o, si le mouvement vers l'occident avait suivi la même loi que celui vers l'orient, le minimum aurait dii avoir lieu eu iSSa ou i853 : cependant les moyennes mensuelles indiquent plutôt i855,o pour l'époque de minimum. )) Ainsi les différences de moyennes pour les mois correspondants en i854 et i855 sont, depuis février (*) : 1853-1854. Févr. -o',o4 Mars. — o',20 Avril. -o',33 Mai. -o',i3 Juin. -l-o',l5 Jiiill. 4-0', 21 Août. Ho',08 !Scpt. Oct. -o',i6 Nov. - o',oo Déo. -o',i3 » Les différences de moyennes annuelles (troisième colonne du tableau) un senoiid instriimt'nt, dont la liinelle a pour point de repère une marque à près de 2 lieues de dislanrc, est toujours <)l)servé en même temps que l'autre. (*) Les observations avec cel instrument commençaient avec le mois de fc:vrier i854. (63) montrent qu'il y a un arrêt dans l'augmentation de la vitesse de la marche vers l'est en i858-i86o; que l'augmentation de vitesse a cessé en 1862- 1864, et que l'accroissement annuel a diminué après cette dernière année, mais restant constante de 1867 à 1869. Tout ceci indique, ou tuie forte inflexion dans la courbe qui représente la marche de l'aiguille aimantée vers l'est, ou une période extrêmement courte comparée avec la période que nous connaissons en Europe. Mais si l'on regarde la carte de déclinaison magnétique calculée d'après la théorie de Gauss, on trouvera une expli- cation pour une période assez limitée, et l'on verra qu'outre la ligne de nulle déclinaison à l'occident des Indes, il y en a une autre plus à l'orient qui forme un nœud, et qu'il y a des points de rebroussement dans les autres lignes. » J'ai cherché, comme pour Paris et Makerstown, à trouver des formules qui représentent la marche de l'aiguille à ïrevandrum. A cause de la courte période, dix ans couvrant plus de 90 degrés, la méthode des diffé- rentielles n'est pas possible; et l'on ne peut pas supposer la seconde diffé- rence constante, comme pour les petits arcs de Makerstown et de Paris. Comme l'arc parcouru dans une année est assez considérable, j'ai pu em- ployer la méthode suivante ressemblant à celle pour Paris [formule (4)]- 1) J'ai pris les différences pour dix ans, et j'ai supposé, comme aupa- ravant, que l'on pourrait représenter la différence, entre la déclinaison à une époque quelconque et au minimum, par la formule jo — a[i -h cos(a + n6)], où a est l'arc depuis le minimum jusqu'à 1 854,5, 6 est l'arc parcouru dans une année, et n est le nombre de l'année à partir de 1 854,5. Les différences décimales Aj" nous donnent les équations suivantes : / 2asin(a + 59) sinSO = Ajo =: i5,58, (I) < 2flsin(a -f- 69)sin59 =:4ji ^ 17,97, 2« sin(a + 7G) sin59 = Aj) 3 = '9)66, d' ou Ajo ■+- Ar2 cosô = 2 A/, 2« sin(a -+-79) sin59 =r Sji ^= 19,66, (II) } 2« sin(a + 89) sin59 = Aja := 20,07, 2asin(a -I- 99)sin56:= Aj, = 19,64, d' ou ( 64) 2 A J-, o I De I, on tire e = ii.ao, a.^ — 8.0, «1=12,42, De II, on tire 6 = 11.45, a=: — 3,49, « = i1î'j4' » J'ai pris les moyennes de ces valeurs pour calculer j', ou e = ii°32', a = -5°55', a = i2',o8, et la formule devient (5) Déclinaison =o°26',i + i2,o8[i — cos(«.i i°32' - 5°55'). » Les quantités A, colonne 4 du tableau, ajoutées aux moyennes ob- servées, donnent les valeurs dérivées de cette formule. i> Ou a, pour l'époque du minimum, i855,o, qui s'accorde parfaitement avec la conclusion tirée des moyennes mensuelles. )) Comme une petite erreur dans les constantes donne ime différence dans les valeurs, et aussi dans l'époque exacte du maximimi et du minimum de A, et comme dix ans n'est probablement pas exactement la durée de l'inégalité, j'ai fait aussi le calcul avec des différences pour onze ans, en substituant 5|ô à la place de 5Ô dans les équations (I) précédentes; les dif- férences i866,5-i855,5 = 20', o4, io67,5-i856,5 = 20', 94, 1868,5-1857,5 = 21', i4 donnent 5 = io"3o', a^ + S^S', fl = i3',33, et nous avons la formule (6) nécHnaison = o°25',72 + i3',33[i - cos(/i.io<'38' -+- 3°5')]. » On a les valeurs dérivées de cette formule, en ajoutant les quantités A ('colonne 5 du tableau II) aux moyennes observées. J'ajoute les valeurs de A (colonne 6) qui résultent des équations ayant un petit changement dans les valeurs des différences : la formule approximative obtenue est (7) Déclinaison = 0°25',8 + i2',47[i— cos(«. io°38'+ i°io')\. » On verra, par le tableau ci-dessous, à quel degré les différences déri- vées de ces formules approclient des différences observées. (65 ) Différences observées. calculées Hifférences observées. calcu lees. 10 ans. form.(5). II ans. form. (6). form. (7) 1864-1834. . . i5,58 16,07 1865-1854.. • '7.97 18,46 18, 38 1865-1835.. • '7'97 18,26 1866-1835.. 20,04 20, o3 20,04 1866-1836.. 19,66 •9'72 1867-1836.. . 20,94 20,93 21 ,00 1867-1837... 20,07 20, 38 1867-1857.. . 21,14 21,18 21 ,25 1868-1858... 19,64 20,21 1869-1858.., . 20,71 20,62 20,77 1869-1859.. • 19. °7 19,23 » On peut voir que c'est la formule (6) qui représente le mieux les diffé- rences observées. J'ai supposé que les différences observées sont indépen- dantes de l'effet de l'inégalité, aussi bien que de toute autre i» régularité. Si ces suppositions sont inexactes, une représentation exacte des différences par le calcul sera impossible: mais, quelle que soit la formule approximative que l'on emploie, les différences A donnent toujours à peu près le même résultat; qu'il y a une inégalité dans la marche de l'aiguille aimantée vers l'est, qui a eu son maximum en accélération vers l'année 1861 ou 1862. Ce résultat, on le remarquera, est exactement l'opposé de celui qui a été déduit des observations de Paris et de Makerstown pour les années 1820- 1825 et 1 841-1 845 ; mais on doit se rappeler que Trevandrum est dans une latitude magnétique sud. » J'ai exprimé l'idée que, quoiqu'il y eût une liaison appareiite entre cette inégalité et la période des perturbations magnétiques, il n'y avait cependant pas un rapport de cause et d'effet (*) ; cette idée n'a pas été partagée par M. Xiloyd, qni a fondé son opinion sur l'inégalité pour la force magnétique. J'ai basé ma conclusion, pour la déclinaison, sur le fait que la déclinaison magnétique à Makerstown^ déduite des observations des cinq jours, les plus calmes magnétiquement de chaque mois, en i844i ft de sept jours de chaque mois en i845, a été la même, à quelques centièmes lie minute près, que la déclinaison obtenue de toutes les opérations (**). J'ai cru que les perturbations magnétiques pourraient être liées avec les phénomènes électriques qui accompagnent si probablement la formation des taches solaires, et on a rapporté la production de ces taches, au moins en partie, à une action des planètes. Si l'on pouvait accepter cette hypothèse, il me paraît probable que l'action, quelle qu'elle soit, ne pourrait pas être (*) Phil. Mag., Jiily i858. (**) Iraris. Roy. Soc. Eitiii., t. XIX, 2= Part., p. xxiv. C. R., 1870, 1' Semestre. (T. LXXI, N" « .) (66) limifée au Soleil, mais qu'elle devrait être sentie directement par les courants électriques de la Terre aussi. Nous aurions donc, de celte manière, une cause directe pour l'inégalité décennale, et peut-être pour une partie des pertuibations magnétiques. )) Les observations de Trevandrum ont im intérêt spécial, pour ce qui concerne la position et le mouvement des lignes de déclinaison et des pôles magnétiques. J'ai réussi, en quittant Trevandrum, à avoir des observations continuées, particulièrement en vue de la variation séculaire, jusqu'à la fin de cette année-ci, et j'espère que. dans l'intérêt de la science, le Gouver- nement de Ravaucore pourrait se décider à laisser continuer les observa- tions pendant quelques années encore, puisque nous sommes arrivés pré- cisément à luie époque de la plus grande importance, pour ce qui concerne cette variation. » PHYSIQUE. — Sur les thermomètres de Deluc. Extrait d'une Lettre de M. Legrand à M. Jamin. « Dans la Note que vous avez insérée au Compte rendu de la séance de l'Académie du 2 mai dernier, vous vous êtes laissé aller à dire, d'après Renou, auquel vous répondiez, que Deluc fixait la température du sang à 29^,9 R., au lieu de 29°, 5 R., se trompant ainsi de 4 dixièmes de degré. Pourtant il n'y a là aucune erreur du physicien genevois, et les deux nom- bres se réduisent l'un à l'autre, quand on remonte aux règles qu'il suivait dans la construction de ces instruments. En effet, il prenait le point d'ébul- lition de l'eau à la ])ression atmosphérique de 27 pouces de mercure qu'on a souvent à Genève ; il le dit expressément {Modifications de ratmosplière, par Deluc), et désire qu'on suive son exemple afin de rendre les thermo- mètres comparables. Or, un instrument mar<|uant 80 degrés dans l'eau bouillant sous la pression de 27 pouces ou ^So™™, 89, marquerait 80^,874 sous la pression de 760 millimètres, et, là où il marque 29°, 9, un tlieruio- mèlre octogésimal, gradué comme on le fait aujourd'hui, eu prcnaul le ])oiiit de l'eau bouillante à cette dernière pression, marquerait seulement 29°, 57, conformément à la proportion 80", 874 R. de Deluc : 80" R. actuel :: 290,9 : x = 29°, 57. » L'erreur serait ainsi réduite à o°,07; mais y at-il erreur? On peut en douter, puisque M. Renou dit lui-uièrue que la tempér.iture du sang de l'hounue varie nolableiuenl. Pour mou compte, je n'estiiue pas la mienne à moins de Z-] degrés C. ou 29°, G R. » ( 6? ) PHYSIQUE. — Sur la compressibililé el la dilntalion des cjaz. Note de M. A.magat, présentée par M. Balard. n J'ai présenté à l'Académie, le 17 mai 1869, un travail relatif à la com- pressibililé tles gaz, dans lequel j'ai essayé de démontrer, j)ar une expérience directe, que les attractions entre molécules gazeuses sont insuffisanles pour expliquer les écarts de la loi de Mariotte. Je me suis aperçu depuis que ma démonstration n'élait pas rigoureuse, et je désire anjourd'iuii la com- pléter; les résultats auxquels j'arrive sont du reste les mêmes. » J'ai dit : « Si les écarts de la loi de Mariotte résultaient seulement de » l'altraclion des molécules, ces écarts seraient fonction de leur distance » moyciine, et par conséquent du volinue, de telle sorte qu'en opéiant snr » la même masse gazeuse à des températures différentes, ces écarts seraient » les mêmes si le volume final et le volume initial, c'est-à-dire avant et » après la compression, étaient les mêmes. » Ayant donc pris un volume V de gaz à la pression P et à la température ordinaire, je l'ai réduit à un vo- lume V à peu près moitié, au moyen d'une pression P', et j'ai déterminé PV la valeur du rapport ^tït?; puis, ayant chauffé ce gaz jusque vers 98 degrés, el l'ayant de nouveau ramené au volume initial V par une pression P", je l'ai encore comprimé jusqu'à V, comme précédemment, sous unq pression P'", et j'ai déterminé la valeur du rapport ^s-^ ; ce rapport s'étant trouvé très-différent du premier, j'en ai conclu, comme cela est vrai du reste, que l'écart n'est pas fonction du volume seul ; mais cela ne suffit pas pour prouver que cet écart n'est pas produit par l'attraction moléculaire seule. En effet ; » Supposons, pour un instant, que l'attraction seide produise les écarts, et désignons par p la [)ression interne qui, selon plusieurs auteurs, s'ajou- terait à la pression extérieure pour diminuer le volume du gaz, et soit p' la quantité analogue qiiand le gaz est réduit à moitié; on devra alors avoir eu réalité d'où l'on tire facilement (P'+//)V' ' V' P'V ' "*" P'V « L'écart se trouve ainsi représenté par P'V ( 68 ) o Soit L^^ cet écart, on a donc ^ — p'v' ■ » Dans la seconde phase de l'expérience, soit à 98 degrés, nous aurons de même (P"+/^)V _, (P"'h-//)V' ' puisque p ei p' sont les mêmes, les volumes V et V n'ayant pas été changés. On a donc, pour le nouvel écart (à 98 degrés), "" - P"'V' ' d'où l'on conclut que C _ P'" C' ~ ¥" » Or voici les résultats d'une expérience sur l'acide sulfureux : C = 0,01 86, P"'=ri87', i4o; i'= 0,0078, P'= 138*^, 222. » Ces nombres sont loin de satisfaire à la relation précédente; il faudrait, pour cela, que, «^ étant égal à 0,0186, C' fût égal à 0,0137, au lieu de 0,0078. La différence entre ces deux nombres ne saurait être attribuée aux erreurs expérimentales. Du reste, mes résultats relatifs à l'ammoniaque et à l'acide carbonique conduisent à la même conclusion. » Il reste donc établi, par l'expérience directe, que les attractions entre molécules ne suffisent pas pour expliquer les écarts de la loi de Mariotte. » Ces expériences m'ont conduit à étudier les variations des coefficients de dilatation des gaz; mais il y a ici une difficulté de plus : il faudrait avoir pour point de comparaison un gaz parfait, et ce gaz n'existe pas. Cepen- dant, si l'on compare, par exemple, l'acide sulfureux, qui s écarte beaucoup de la loi de Mariotte, avec l'air, qui s'en écarte fort peu, on jiourra, ayant déterminé les écarts successifs du coefficient de dilatation de l'acide sulfu- reux et les écarts de la loi de Mariotte aux mêmes températures, trouver une relation entre ces deux sortes d'écarts; cette relation se rapprochera d'autant plus de la relation vraie, que le gaz étudié sera plus imparfait rela- tivement à l'air. » On pourra ensuite, en appliquant à l'air lui-même la relation trouvée, sinon déterminer, du moins se faire une idée assez nette des variations que subit le coefficient de dilatation de ce gaz, en considérant comme gaz par- ( 69) fait celui dont le coefficient de dilatation serait, non pas constant, comme on le dit souvent, mais en raison inverse de la température absolue à partir de laquelle on le prend. » J'ai déjà commencé un travail dans ce sens; sans donner aujourd'hui de résultats numériques, je puis cependant dire que le coefficient de l'am- •iioniaque, comparé à celui de l'air, décroît plus vite que celui de l'acide carbonique, et que celui de l'acide sulfureux décroît plus vile que celui de l'ammoniaque : résultat qui vient confirmer cette remarque, que j'ai déjà faite, que les gaz se rapprochent d'autant plus de la loi de Mariotte pour une même élévation de température, que leur point d'ébidlition est plus élevé. » CHIMIE. — Sur les composés phnsphoplatiniques. Note de 31. P. Schutzesberger. « J'ai l'honneur d'annoncer à l'Académie que je suis parvenu à isoler les radicaux des combinaisons pliospho-platiniquesdécrite dans ma dernière Note insérée en Extrait dans les Comptes rendus. » En traitant les composés Ph(C=H50)'PtCl= et Ph'' (C='HM))«PtCl- en solution alcoolique, par du zinc, le Uquidc, primitivement j.iune clair, passe au brun et laisse, après évaporalion, une masse visqueuse noiie doù l'eau retire du chlorure de zinc. Le résidu noir, insoluble dans l'eau, so- luble dans l'alcool, a pour formule Ph(C='H^O)'Pt ou Ph-(C-H=*0)''Pt, suivant que l'on a employé l'un ou l'autre chlorure. lise combine direcle- meut au chlore ou au brome, et reproduit les sels jaunes primitifs. » Je me propose d'appliquer la même réaction aux sels ammonio-pla- tiniques de Reiset et Magnus. J'ajoute, pour compléter cette première partie de mon travail, que les acides Ph(HO)^PtCP, Ph-(HO)''PtCr-, et leurs éthers Ph(C'H'0)'PtCl% Ph'(C'H'0)«PtCl- ont été obtenus par l'ac- tion de l'eau ou de l'alcool absolu sur les combinaisons PhCPPtCl- et Ph-Cl*PtCl^; l'alcool ordinaire peut être remplacé par d'autres alcools homologues pour la formation des éthers homologues des précédents. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la fermentation carbonique et alcoolique de l'acétate de soude etde l'oxalate d'ammoniaque; par M. A. Béchamp. « L'acétate de soude, comme beaucoup d'autres sels, peut moisir lors- que, dissous dans l'eau, ou l'expose au contact de l'air. J'ai voulu profiter ( 70) de ce fait pour résoudre un poiut de l'histoire des fermentations. J'ai tenté de produire de l'idcool avec des matières presque minérales, sans addition d'aucune matière fermeiitescible capable de produire du sucre, ni d'aucun ferment provenant d'un milieu en fermentation. Ce problème, je l'ai résolu par les expériences suivantes. » I. F trinenlalion carbonique et alcoolique de C acétate de soude. — L'acé- tate de soude a été préparé, de toutes jiièces, en saiurant la soude caus- tique récemment fondue avec de l'acide acétique rectifié sui- l'acide sul- furique. Le sel a été cristallisé, et l'on n'a employé que les cristaux des premières cristallisations. Je ne rapporterai que les deux expériences sui- vantes. » A. Le 4 février 1864, on mit dans une fiole : Acétate de soude cristallisé 3oo grammes Eau aSoo centimètres cubes J^a fiole, simplement fermée par un papier, est abandonnée sur une étagère du laboratoire. Le 10 mai, les moisissiu-es commencent à apparaître. Le i5 aoiJt, la solution, qui était parfaitement neutre, est franchement alcaline. Je ne mets fin à l'e-xpérience que le 20 mai 1868. La liqueur est filtrée et les ferments recueillis sur un filtre taré. Ils sont composés de microzymas, de petites bactéries ou bactéridies, et de mucors volumineux, formés de filamenls enchevêtrés d'un mycélium grêle. Poids des ferments séchés à 100 degrés o^', i5 La liqueur filtrée est largement alcaline. Par des distillations et rectifi- cations sur du carbonate de potasse calciné, j'obtiens enfin une liqueur qui, versée dans un tube gradué sur un carbonate de potasse également calciné, laisse se séparer une couche d'alcool qui mesure o'^'^,6. C'est bien de l'alcool, car il brrile, au bout d'une baguette de verre, avec la flamme caractéristique; car, oxydé par l'acide chromique, il dégage de l'aldé- hyde, et forme de l'acide acétique dont j'ai formé de l'acétate de soude qui a cristallisé. » L'acétate de soude du résidu de la distillation a été séparé par cris- tallisation. Les eaux mères alcalines ont exigé, pour leur saturation, ii5 cetitimètres cubes d'un acide titré, contenant 48, G pour 1000 d'acide sulfurique, ce qui correspond à 6^'', 85 d'acide acétique disparu. Pendant la saturation, il se dégage de grandes quantités d'acide carbonique. Enfin, en distillant les liqueurs saturées, et transformant en sel de soude le pro- ( 71 ) duit distillé, j'ai isolé des eaux, mères incristallisables eik petite quantité, dans lesquelles j'ai pu constater, par la réduction du nitrate d'argent et du bichlorure de mercure, l'existence de traces d'acide formique. » B. Le 29 mai 1868, dans le but de déterminer quelle pouvait être l'influence de l'air dans la réaction, l'opération suivante a été mise en train : Acétate de soude cristallisé loo grammes. Carbonate de chaux pur o^'', lo Phosphate de chaux o^'', lo Alun ammoniacal o^'', 07 Eeau 2000 centimètres cubes. La fiole est d'abord fermée par un papier. Huit jours après, on adapte her- métiquement un tube abducteur, fermé par une couche d'eau. Bientôt l'eau s'élève dans le tube, et le 28 octobre elle atteint un niveau qui ne varie plus. Je fais sortir, pour l'analyser, de l'air de l'appareil : ce n'est que de l'azote; son volume ne change pas par la potasse et l'acide pyrogallique réunis. Le volume de l'air dans l'appareil était, à zéro et o™, 76, de l\5o centimètres cubes. Il avait donc été absorbé 94", 5 d'oxygène. >) Les liquetu's distillées ont fourni assez d'alcool pour le caractériser par l'inflammation. » La Hqueiu- alcaline, résidu de la distillation, a exigé i4''S4 de l'acide sulfurique au titre de ^—^, soit acide acétique disparu : o^', 86. De l'acide carbonique se dégage pendant la saturation. » Pour brûler o^'', 86 d'acide acétique, il faudrait o^'',9i7 d'oxygène, soit 641 cenliuiélres cubes. Or l'air n'en a fourt)i que 9^ centimètres cubes. Ce sujet mérite donc un nouvel examen ; d'autre part, pour former l'alcool il faut de l'bydrogène : l'eau est probablement dècom|Kisée. J'ai institué des expériences pour résoudre cette nouvelle face de la question. » IL Ferinenlntion carbonique et alcoolique de roxalnle if ammoniaque. — Dans les mêmes circonstances que l'acétate de soude, l'oxalate d'auuno- niaque engendre |)areillement de l'alcool, et, en outre, de l'acide acétique. )) L'oxalale d'auunoniaqtie avait élé préparé avec de l'acide oxalique sublimé et de l'aunnouiaque caustique préparée exprès. L'oxalate avait été cristallisé et recrislallisé. » Le 8 octobi-e 1868, mis en expérience : Oxalate d'ammoniacjiie cristallise ... 65 grammes. Euu aooo centimètre cubes. ( 7- ) » La solution est parfaitement neutre. Des moisissures se développent lentement; la liqueur devient, bientôt après, franchement alcaline et l'alcalinité augmente rapidement. On met fin à l'expérience le ■y avril 1869. M Les moisissures sont fixées aux parois de la fiole, en touffes d'une grande blancheur. Elles se composent essentiellement d'un mycélium grêle, entrelacé de belles cellules ou spores elliptiques et de microzymas; pas de bactéries. Leur poids, lorsqu'elles sont desséchées, est à peine de oS'',o8. » La liqueur est très-alcaline. Elle exige 2^'^,o3 d'acide oxalique pour être neutralisée, et il se dégage de l'acide carbonique. Il y a donc au moins 2 grammes d'acide oxalique détruits. La solution saturée est distillée. Le produit étant alcalin, on le rectifie avec de l'acide sulfurique; enfin, par des rectifications sur le carbonate de potasse calciné, et en versant le produit dans un tube gradué sur une nouvelle partie du même sel, il se sépare au moins 0*^*^,3 d'alcool, que j'ai caractérisé comme plus haut, par l'inflamma- tion et par l'oxydation à l'aide de l'acide chromique, etc. » Dans une autre expérience, confirmative de celle-ci, je me suis assuré que l'oxygène de l'air était aussi totalement absorbé, mais que cette quan- tité n'était pas suffisante pour rendre compte de la destruction de l'acide oxalique. » Enfin, dans l'une et l'autre expérience, il se forme une petite quantité d'acide acétique. » Ainsi, l'acétate de soude et l'oxalate d'ammoniaque, même en absor- bant de l'oxygène, produisent de l'alcool, et, en outre, l'un de l'acide for- mique, l'autre de l'acide acétique, accompagnés d'une quantité considérable d'acide carbonique. Il paraît évident, en tenant compte de la quantité d'oxy- gène absorbé, que l'eau est décomposée dans ces opérations; je n'insiste pourtant pas sur ce point, les expériences n'ayant pas été dirigées dans ce sens. J'y reviendrai. Quoi qu'il en soit, l'oxalate d'ammoniaque, si voisin du carbonate, donne de l'alcool : c est bien là un phénomène de synthèse totale. Et si l'on considère que les ferments n'ont pu consommer que les éléments de l'oxalate d'ammoniaque en même temps que les éléments de l'air, on doit considérer que la cellulose de leur trame est elle-même for- mée par synthèse totale à l'aide des mêmes matériaux. » Et puisqu'on désigne une fermentation par les composés les plus abondants qui se forment, on voit que le titre de ce travail est parfaitement légitime. Mais qui ne voit en même temps qu'ici l'expression de fermen- tation n'a plus de sens, l'acétate de soude et l'acide oxalique, ou l'oxalate d'ammoniaque ne contenant évidenunont pas, même en puissance, l'un au ( 73 ) moins, l'édifice de l'alcool ? Voilà pourquoi je considère que ces expériences démontrent absolument que les produits formés viennent des moisissures, sont formés dans ces moisissures, lesquelles, fonctionnant d'abord connue appareils de synihèse, forment la matière organique de leurs tissus, et dé- sassimilant ensuite, sécrètent l'alcool et les autres produits qui prennent naissance. » Mais on peut réduire l'expérience à des termes encore plus simples. » m. Production de l'nlcool par les éléments de l'air et de V eau. — J'ai pris de l'eau distillée très-pure, je l'ai exposée au contact de l'air, dans une fiole fermée par un papier. Des moisissures incolores y ont apparu : ces moisissures étaient formées de microzymas, de très-petites bactéries et d'un mycélium très-fin. L'appareil a été misa l'étnve, et après six mois, j'ai pu recueillir assez d'alcool pour s'enflammer largement. Il s'était formé en même temps une petite quantité d'un acide volatil et de l'ammoniaque. Je n'ai pas besoin de dire que de l'eau distillée, placée dans les mêmes con- ditions, mais où des moisissures ont été empêchées d'apparaître, n'a rien fourni du tout. u Dira-t-on que l'eau distillée, que l'acide carbonique et les éléments de l'air, lesquels sont seuls intervenus, ont fermenté? Évidemment non; mais on dira avec raison que les moisissures ont végété, ont opéré la synthèse de leur propre substance, comme font tous les végétaux, et qu'elles ont ensuite désassimilé de l'alcool formé par elles à l'aide de cette même sub- stance. » PHYSIOLOGIE. — Sur la vitalité du virus-vaccin ; par M. Melsens. « Sans prétendre discuter les diverses opinions émises sur la nature du virus-vaccin, je me suis demandé s'il ne serait pas permis de le considéier comme iu\ ferment, susceptible, quand on le place dans des conditions convenables, de se reproduire à la façon du ferment alcoolique, ou de l'as- similer à certains ferments solubles tels que le principe actif du malt ou la partie soluble de la levure de bière. » S'il en était réellement ainsi, le virus-vaccin devrait être /ue ou rendu inactif par les corps qui détruisent la vitalité du ferment alcoolique; il en serait encore de même poin- certames actions physiques, par exemple lors- qu'on l'expose, à l'état humide, à une température un peu élevée. Par contre, ce virus devra résister à des températures très-basses dans les con- C. R., 1870, 2« Semestre. (T. LXXI, NT) I O ( 74 ) ditions de mes expériences récentes sur le ferment alcoolique [Comptes rendus, t. LXX, séance du ar mars 1870, p. 609). » Voici le résullat d'une première expérience à ce sujet : » Du vaccin, d'origine jcnnérienne, a été recueilli à riiô|)ital Saint-Pierre, à Bruxelles, le 14 juin 1870. Il m'a été remis le 18 du même mois, dans quatre tubes capillaires scellés à la cire à cacheter. J'ai enfermé ces quatre tubes dans un petit tube de verre d'un faible diamètre et à parois excessi- vement minces; ce tube a été ensuite scellé à la lampe, puis introduit au centre d'un tube large, à parois minces et bien garanti de l'action de la température extérieure par des enveloppes de linge. Le gros tube a été rempli d'acide carbonique solide, et l'on y a ajouté peu à peu de l'élher refroidi et de l'acide carbonique solide, de façon à maintenir le tube avec le vaccin au centre de la pâte, pendant environ une heure et demie, à une température de 78 degrés C. au-dessous de zéro. » M. le D'^ Jacobs, médecin de l'École de Médecine vétérinaire de Bruxelles, a fait usage de trois de ces tubes le lundi 20 juin dernier. Voici ce qu'il m'écrit à ce sujet, en date du 28 juin : « Deux tubes ont été employés pour vacciner un enfant de sept mois; cinq ])iqûres ont donné, le ay, cinq belles pustules, présentant à un degré remarquable le caractère du bon vaccin. Un tube a été employé le même jour pour vacciner un entant de treize mois; quatre piqûres ont donné, le 27, trois belles pustules offrant le même caractère que cliez le pre- mier enfant. » » Je poursuis mes recherches dans le but de savoir si de nouveaux faits pourront autoriser de nouveaux rapprochements entre le vaccin et cer- tains ferments susceptibles de se reproduire en dehors de l'économie vivante, en lui mot, si le virus-vaccin peut être 5ei?îe et peut se multiplier dans des vases de laboratoire. Quelques expériences m autorisent à en conserver l'espoir, » Conclusion. — Abstraction faite de toute considération sur la nature du virus-vaccin, il est donc prouvé qu'un froid d'environ 80 degrés C. au- dessous de zéro ne détruit pas la vitalité, l'action spéciale du virus-vaccin. A cette même température, la vitalité du ferment alcoolique subsiste, comme je l'ai rappelé plus haut. » PHY.SIQUE DU GLOBE. — Le climat de l'Alsace et des Fosges. Note de M. Ch. Grad, présentée par M. Ch. Sainle-Claire Deville. « J'ai eu l'honneiu" d'exposer à l'Académie les lois de la distribution de la pluie en Alsace et dans les Vosges, dans luie Communication faite à la ( 75 ) séance du 2 septembre 1866 : aujourd'hui je me propose d'appeler son attention sur les autres éléments du climat de la même région, uotammenl sur la température et la direction des vents. J'ai recueilli dans ce but les observations faites sur une vingtaine de points différents, embrassant des séries plus ou moins complètes, mais dont les unes, celles de Strasbourg, ont été continuées presque sans interruption pendant une période de soixante-dix ans, de 1801 à iS'jo. Ne pouvant examiner ici ces observations en détail, je me bornerai à en iudicpier les plus importants résultats pour les principales stations. » Voici d'abord les températures moyennes depuis i845, pour six sta- tions d'Alsace et deux des Vosges : STRASBOURG ICDTRATUZEIM COLMAP. COIÎRSDORFr THASN WESSERLING SYNDICAT ÉPINAL AMNÉES. Altllude ■■ Altitude : AlUIudc : Altitude: Altitude: Allilude: Altitude : Altitude : ii4 moires. iGo mèties. 300 mètres. 222 mètres. 23» mètres. 487 melres. G20 mètres. 33» mètres. 1S45 0 8,3 // 0 // 0 9,0 0 0 II 0 0 // 1846 11,1 II // 1 1 ,0 II II II 1847 9,3 II ,r 9,5 7,8 II II 1848 9,8 II II •0,7 7,2 II II 1849 9,6 II II 9,6 8,2 II II 1850 9,' II II 1 1 ,3 7, ' II II 1851 9,6 1, II 9,2 7,6 II II 1852 .1,3 II II 10,0 7,8 II 9,2 1853 9,3 II II 8,8 8,4 8,1 8,5 1854 10,1 II II 8,5 7,8 8,1 8,6 1855 9,2 II 9,2 8,1 8,2 6,5 9,3 1856 10,3 II 1 1 , 1 8,7 8,2 8,2 8,6 1857 11,1 II 10,4 9,8 9,0 8,3 9,8 1858 11,0 ,1 '■,9 8,6 8,2 8,2 8,7 1859 11,2 II // II 9,4 8,3 9,9 1860 .0,3 8,8 II II II 7,0 8,0 1861 n,/, 10,4 " II If 8,4 9,3 1862 "A 10,3 // II II 8,3 9,9 1863 II, I 11,2 ,/ II II 7,3 9,8 1864 9,' 9,'l // II II 5,8 8,2 1865 10,3 .0,8 9,8 II 10,8 1/ 8,5 10,7 1S6G 10,1 10, G 10,3 II n,4 II 7,9 10,2 1867 9,8 10,5 10,5 II 11,6 II G, S 9,8 1868 10,6 10,6 1 1 ,G n 11,1 II 7,5 10,9 1860 10,6 10, G 11,1 II 11,5 II 7,' 10, G » La température moyenne à Strasbourg a été de 10°, 2 pour la période de 1845 à 1870, tandis que pour la période de 1801 à i8/|i, le professeur Herrenschneider a obtenu une moyenne de 9°, 9, la température annuelle 10.. ( 76) la plus basse étant de 8°, a en 1829, et la plus élevée de 11°, 4 pu i8i/). Au Syndical, dans les Vosges, nous trouvons une moyenne de 8 degrés pour des observations faites de i856 à 1870, à 620 mètres d'altitude. A Goers- dorff, qui se trouve à 222 mètres au-dessus de la mer, vers la rencontre de la plaine d'Alsace avec la région montagneuse, la moyenne obtenue pour vingt-deux années d'observations, par M. l'abbé Mûller, est de 9°, 54, et, à Wesserling, dans la vallée de la Thur, à 4^7 d'altitude, la moyenne de 1846 a 1864 est de 8°,!. Chaque année le thermomètre s'élève en moyenne, à Strasbourg, à 3i degrés centigrades; il y a toujours atteint au moins 26 degrés et n'en a jamais 36 en ce point. A Ichtratzheim, également situé en plaine et à une distance de quelques lieues seulement, la température s'est élevée à lui maximum de 37°, 4 dans le courant du mois d'août i863. C'est la plus haute temjjérature de l'air observée en Alsace à l'ombre. Quant aux degrés les plus bas, Strasbourg présente une température mi- niuia moyenne de — 1 3 degrés par année, toujours inférieure à — 4 degrés et qui est descendue à — 23 degrés le 3 février i83o, et à — 19 degrés le 3i décembre 1869. Le même jour, où la température s'abaissa à Stras- bourg .'I — 23 degrés, elle est descendue à — 28 degrés à Mulhouse. En aucun point de la France, un froid aussi violent n'a sévi en ce siècle dans la région habitée. Dans les montagnes d'Alsace, nous ne trouvons non plus un froid comparable pendant toute la durée qu'embrassent nos observa- tions. En somme, le thermomètre a varié à Strasbourg de 59'',3 en ce siècle, tandis que les températures extrêmes présentent entre elles une amplitude de 56", 6 à Ichtratzheim; de 60", 7 à Wesserling; de 55 degrés à Épinal; de 50", 5 seulement au Syndicat, dont l'élévation est cependant de 620 mètres au-dessus du niveau de la mer. A Paris, pendant la période des observa- tions exactes faites depuis le dernier siècle, le thermomètre a oscillé en tout de 61°, 5, quantité égale à l'écart des températures extrêmes en Alsace. » Les variations mensuelles ou d'une même saison sont beaucoup moins fortes. Ainsi, pendant les dix dernières années, de 1860 à 1869, la tempé- rature de l'hiver a varié à Ichtratzheim de 37 degrés, soit de — i^°,'2 à 18 degrés, et à Wesserling l'écart a été de l^o degrés, soit de — 23 degrés à 17 degrés. En été, les variations sont plus faibles : elles ont atteint 34 de- grés à Ichtratzheim et 37 degrés à Wesserling, tandis qu'en autonuie et au printemps les oscillations s'élèvent à 49 degrés ponr Wesserling et à 42 de- grés pour Ichtratzheim. Quant aux variations pendant le même mois, nous constatons à Ichiralzheim, de 1860 à 1869, des oscillations de 38 degrés en avril, de 36 degrés en septembre, de 28 degrés en décembre, de 3i degrés ( 77 ) en juin. A Wesserling, il y a eu, de 1 846 à 1 864, des variations de 4° degrés en décembre et en mars, de 38 degrés en juin, de Sa degrés en octobre. Dans les hautes Vosges, au Syndicat, les variations ont été, de i856 à [86g, de 34 degrés en avril, de 26 degrés en décembre, de 3o degrés en juillet, de 27 degrés en octobre. On voit combien varient les écarts extrêmes des différents mois. Les moyennes mensuelles ont aussi différé d'une année à l'autre de i5 degrés, témoin le mois de janvier, qui a atteint à Strasbourg la température uioyenne de 6", 6 en i834j et celle de — 8°, 2 en i83o. Voici d'ailleurs, pour les diverses .saisons et pour l'année entière, le tableau des températures observées simultanément dans deux stations de la plaine et dans deux stations des montagnes. 1867-68. RÉGION DE LA PLAINE. Moy. RÉGION DES MONTAGNES. ICmRATZHElM. COLMA MASSEVAtX SY.NDICAT. Haï. Min. Moy Mai 0 i5,9 29, G 31,4 28,0 Min. Mai. 0 10,0 27,8 28,6 24,2 28,6 Min. Moy. Mai. 0 12,0 3o,2 3o,5 27,0 3o,5 Min. Moy. Hiver Printemps . . . Été 0 18,0 3o,8 34,4 3o,o 34,4 0 — l5,2 — 5,6 6,5 — 9,0 0 0,89 11,11 19,52 10,64 0 -.7,5 - 5,3 9, S - 7,0 0 .,54 12,57 20,96 11,39 0 -.1,4 - 2,5 8,2 -5,4 0 0,61 9,38 ,7,88 8,9'l 0 — 16,0 — 8,8 4,0 -7,2 0 - 2,72 8,5i 16,43 7,8. Automne. . . . Année. . . -l5,2 10,55 3, ,4 -17,5 11,61 -11.4 9,36 — 16,0 7,56 » Ichtratzheimse trouve à 160 mètres d'altitude et Colmar à 200 mètres, mais j)lus au sud, tandis que Massevaux est situé à 4 16 mètres d'altitude vers l'entrée de la vallée de la Doller, et le Syndicat dans la vallée de Clenrie à l'intérieur des hautes Vosges, à une élévation de 620 mètres. La distribu- tion de la température aux différentes époques de l'année est à peu près la même dans la plaine et sur les montagnes. Sa diminution dans le sens de la hauteur est de i degré pour i5o à 200 mètres d'élévation verticale : dans les Alpes suisses, on observe une diminution toute semblable. Sous le rap- port des cultures, nous ferons remarquer que la plaine d'Alsace est surtout vouée à la production des céréales; les pentes des Vosges, moins sujettes à la gelée que les régions basses, portent de beaux vignobles entre 200 et 400 mètres d'altitude, tandis qu'à une élévation plus grande le fond des vallées est revêtu de prairies et qu'on ne trouve plus de champs de blé qu'aux bonnes expositions entre 4^0 et 800 mètres d'altitude. ( 78 ) » La comparaison des vents aux différentes stations met tout d'abord en évidence l'influence du relief sur la marche des courants inférieurs. Cepen- dant si l'on se borne à mettre en regard les observations des stations de la plaine, on trouve une concordance frappante entre la direction des vents à Strasbourg, à Ichtratzheim et à Colmar. La prédominance appartient aux vents du sud-ouest, et, dans une année moyenne, le rapport des vents aus- traux aux vents boréaux est de i48 à loo. La proportion n'est pas con- stante pour toutes les saisons. Pendant le semestre d'été, du 21 mars an 21 septembre, le rapport des vents du sud au vent du nord est seidement de 121 à 100, et pendant les six autres mois, il est de 178 à 100. Ainsi les vents du sud arrivent plus souvent à la surface du sol en hiver qu'en été. Les caractères des courants opposés sont d'ailleurs nettement distincts. Les vents du nord paraissent plus froids, accompagnés d'une forte pression barométrique : ils amènent un ciel serein, et le beau temps persiste pendant leurdurée. Au contraire, avec les vents du sud et du sud-ouest, la tempé- rature s'élève, le baromètre se tient moins haut, l'atmosphère devient hu- mide, le ciel se couvre de nuages et le temps tourne à la pluie. Enfin, tan- dis qu'en Alsace les vents d'est et d'ouest manquent souvent pendant un mois entier, les vents du sud et du sud-ouest se montrent chaque mois. L'espace dont je dispose ne me permet pas d'entrer ici dans de plus longs développements. Je me bornerai à caractériser le climat de l'Alsace par ses variations brusques de température, présentant souvent un écart de 20 de- grés et plus le même jour, de plus de 5o degrés entre les extrêmes de l'été et de l'hiver, avec la prédominance des pluies d'été et un état hygro- métrique moyen de ^5 degrés environ. » ZOOLOGIE. — Nos deux Hirondelles et leurs nids; par M. J.-B. IVoitlet. « J'aime beaucoup les oiseaux, et par-dessus tout les Hirondelles, qui, tous les ans, viennent nous demander un asile pour quelques mois, nous rendre, en retour, des services incontestables, sans néanmoins aliéner ja- mais leur liberté. Je me suis déclaré leur protecteur dans noire bourg de Venerque, près de Toulouse, et, depuis bien des années, les enfiints, pour m'èlre agréables, ont pris l'habitude de résister au triste plaisir de violer les nichées de celles qui, presque à la portée de leurs mains, s'établissent sous le péristyle de ma maison, ou sous les planchers de mes étables et tle mes granges. J'ose dire tjue, depuis mon enfance, j'ai vécu dans la familia- rité de ces charmants oiseaux. ( 79) » Les étudiant depuis si longtemps, je n'ai jamais vu qu'ils aient modifié leurs habitudes en quoi que ce soit, et c'est avec une très-grande surprise que j'ai lu la Communication faite à l'Institut de France par M. A. Pou- cliet, le 7 mars dernier, sur la transformation des nids de l'Hirondelle de fenêtre. » Si, à Rouen, cette Hirondelle a modifié l'architecture de son nid, comme l'a cru M. Pouchet, je puis affirmer que rien de semblable ne s'est passé ici, où nos Hirondelles restent fidèles à leur vieille manière, qui n'est pas la même, tant s'en faut, pour chaque espèce. » Il va sans dire qu'il ne faudrait pas se méprendre sur la valeur de l'identité des nids dont il va être question ; il en est de ceux-ci comme des nids de tous les oiseaux, que des circonstances, dues à leur empla- cement, peuvent modifier, sans eu changer la forme essentielle el caracté- ristique. » Voici comment toutse passe chez nous et certainement partout ailleurs, même à Rouen : nous avons deux espèces à' Hirondelles familières; je né- glige les Hirondelles de rivage et les Martinets, pour ne penser qu'à celles qui établissent leurs nids à l'intérieur ou l'extérieur de nos habitations. Linné les a nommées : l'une est son Hirundo rustica, et l'autre son Hirundo urbica. » La première revient à l'espèce que les ornithologistes français désignent par la dénomination à^ Hirondelle de cheminée, et que, dans notre idiome roman-languedocien, nous nous contentons d'appeler Hiroundèlo, signi- fiant la vraie Hirondelle. En cela nous avons raison, puisque c'est celle-là qui, avec des pieds nus et le ventre blanc, a le Iront, les sourcils et la gorge teints de brun-marron très-vif, représentant ainsi la Progné de la Fable an- tique, tachée du sang dn jeune Itys, stigmate indélébile de son crime. M ^J Hirundo urbica de Linné, en français Hirondelle de fenêtre, est dé- signée dans notre patois sous le nom de Faucil : elle est d'un beau blanc sur tout le dessous du corps et le croupion ; ses pieds sont revêtus d'un épais duvet blanc. )> Ces deux types, distincts par de si excellents caractères, ne se mêlent pas entre eux et ont des habitudes quelqî'.e peu différentes. C'est ainsi que l'Hirondelle rustique arrive toujours la première et nous quitte aussi avant l'autre. Elle se montre plus confiante que sa congénère et se rend, en quel- que sorte domestique. C'est celle-là seule qui niche dans l'intérieur de nos maisons, dans les lieux fréquentés par l'honune, dont elle semble recher- cher la compagnie. Autrefois, avec nos grandes et vieilles habitations à la ( 8o ) campagne, mal fermées et souvent en partie inhabitées, ces Hirondelles trouvaient des abris partout; maintenant, nous ne les supportons guère que sous les grandes galeries, les grands couverts, et dans nos métairies et nos granges, où nos paysans les respectent, dans la croyance que ces oi- seaux portent bonheur aux maisons qu'elles préfèrent. « Leurs nids n'ont jamais ressemblé à ceux de l'Hirondelle citadine, et à défaut des oiseaux qui les habitent, on ne peut se méprendre sur les ou- vrières qui les ont bâiis. Les nids de l'Hirondelle rustique rentrent dans la catégorie de ceux que M. Pouchet suppose avoir été récemment perfec- tionnés et qu'il attribue, bien mal à propos, à l'IIirondelle citadine. Ceux-ci sont largement ouverts en balcon dans toute leur partie libre, et les oisil- lons qui les occupent peuvent, en se rangeant tout autour, montrer leurs têtes à l'extérieur, ce qu'ils ne manquent pas défaire, en attendant la bec- quée de leurs parents. » L'Hirondelle citadine, moins confiante, ne choisit jamais l'intérieur de nos maisons pour y construire son nid : c'est à l'extérieur, sons les auvents de nos toits, sous les grandes corniches, toujours très-haut, qu'elle s'éta- blit. Au lieu d'isoler ses nids, comme le fait l'Hirondelle rustique, elle les groupe par lignes continues, parfois doublées et même triplées. Je viens d'en compter, ainsi rangées, plus de cent sous la saillie du toit de ma mai- son, au midi, sur une cour. » Mais ce qui distingue essentiellement ces nids de ceux de l'Hirondelle rustique, c'est leur plus grande profondeur et leur très-petite entrée circu- laire, tout juste assez grande pour laisser passer l'oiseau, non sans quelques efforts de sa part : c'est là ce que M. Pouchet* a ajipelé l'ancien système de nidification de l'Hirondelle citadine, à laquelle ces nids appartiennent réel- lement, mais à l'exclusion des premiers formant galerie. » Nous sommes convaincu que, malgré les adhésions déjà obtenues par l'ingénieux système de M. Pouchet (tant certains esprits se laissent gagner facilement aux choses de l'imagination), les naturalistes qui prendront la peine d'étudier scientifiquement cette question arriveront à cette consé- quence, que l'Hirondelle de fenêtre n'a introduit aucun perfectionnement dans son mode de nidification durant la première moitié du siècle actuel, comme M. Pouchet l'a annoncé au monde savant. L'observation des faits vient, au contraire, confirmer l'opinion de Spallanzani, fornudée dans l'iui de ses intéressants Mémoires sur les Hirondelles, et que M. Pouchet vf- grettera d'avoir (jualifiée d'erreur »j«)i/yé5te, à savoir : « que chaque espèce » construit son nid sur un modèle qui lui est propre, qui ne change jamais ( 8i ) » et se perpétue de siècle en siècle. » Ainsi sera rétablie la vérité, nu mo- ment éclipsée par le merveillieux, qui est, en histoire naturelle, ce que le surnaturel est en philosophie. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Expériences sur (a fanaison des plantes. Note de M. Ed. Prillieux, présentée par M. Ducharire. « Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, je me suis proposé de résoudre la question de savoir si une plante fanée peut, dans certaines conditions, reprendre sa fermeté et sa fraîcheur sans absor- ber de l'eau du dehors. Dans les expériences qui ont trait à l'absorption de l'eau par les feuilles, il est souvent fort difficile d'essuyer bien complète- ment les plantes, et par suite d'employer la balance pour constater s'il y a eu absorption ou non. Il y avait donc, à ce point de vue, un intérêt parti- culier à déterminer d'une façon précise si, quand on voit une plante fanée se redresser et relever ses feuilles, on est en droit de conchu'e, sans avoir recours à la balance, qu'elle a absorbé de l'eau. » J'exposerai ici sommairement plusieurs expériences faites dans ce but. » Première expérience. — Cinq feuilles de Malvn sylvestris, complètement fanées, sont coupées en laissant aux pétioles toute leur longueur, et les coupes sont mastiquées pour empêcher qu'il n'y ait absorption par les sur- faces à vif. Elles pèsent S^'^gS. Elles sont suspendues, sous une grande cloche de verre, dans de l'air saturé d'humidité. Au bout de trois jours, les feuilles ont repris leur turgescence ; elles sont redevenues fermes et fraîches. Elles ne pèsent plus alors que 5^% 58; elles ont perdu oS',4o : elles n'ont donc pas absorbé d'humidité du dehors, tout en cessant d'être fanées. » Deuxième expérience. — Une jeune tige de Campanula Trnclielium, extrêmement fanée au soleil et amollie à tel point que son exirémité pend perpendiculairement sous l'action de la pesanteur, est suspendue dans l'air humide, après qu'on a mastiqué la coupe. Dès le lendemain, la |)ortion pendante se relève et atteint presque la position horizontale, puis elle con- tinue à se redresser encore et finit par être verticale. » De jeunes inflorescences de Solidago canadensis se relèvent de même, quoique moins complètement. Au commencement de l'expérience elles pesaient, pendantes, 4^% 53 ; à la fin elles pesaient, relevées, /|S',i 5 seu- lement. » Troisième expérience. — Une jeune branche de Sureau, portant trois paires de feuilles, pèse, très-fanée, i6s',6o. Mise dans l'air humide, ellere- C. R., 1870, 2» Semestre. (T. LXXI, IN» 1.) II ( 8a ) prend lentement un peu de fraîcheur. Au bout de six jours, la paire supé- rieure de feuilles et l'extrémité de la tige se sont redressées. Les feuilles inférieures, bien qu'assez fraîches, ne se relèvent pas. Le rameau, à ht fin de l'expérience, ne pèse plus que ]56%6o. )> Qtialrième expérience. — Un pied mâle de Mercurialis annua pèse, très- fané, S^'jSS. On le suspend dans l'air humide; la tige est si molle que ses deux extrémités pendent perpendiculairemeut c!e chaque cÔLé du support. Dès les lendemain la plante devient plus ferme : au bout de deux jours, elle est complètement redressée, et ses feuilles sont redeveiuies fraîches. Elle ne pèse plus alors que 3s'', 'j'y. » Cinquième expérience. — Un pied très-fort de Parielaria nfficinolis se fane à un soleil ardent; la partie supérieure et encore tendre de la tige pend sans soutien, sous l'action de la pesanteur. Elle pèse S^^ôS. On la suspend dans l'air humide. Dès le troisième jour, elle est beaucoup moins fanée; le quatrième jour, la fige est presque complètement redressée; les feuilles sont relevées et ont repris leur turgescence et leur fraîcheur. La plante cepen- dant a perdu de son poids une quantité assez notable; elle ne pèse plus que 46% 78. M Les feuilles supérieures et les petits rameaux secondaires qui portent les fleurs et, en général, les parties les plus jeunes deviennent surtout fermes et fraîches. La tige, dans une partie de sa longueur, s'est retirée sur elle-même, et au lieu d'être cylindrique comme d'ordinaire, elle s'est aplatie; mais ce resserrement n'a pas atteint jusqu'au sommet; l'extré- mité de la tige, sur une longueur d'environ 8 centimètres, est demeurée cylindrique. » Cette expérience montre assez nettement un fait qui ressort, du reste, de l'ensemble de mes observations : c'est que les parties les plus jetuies et les plus rapprochées du sommet reprennent leur fraîcheur aux dépens des parties inférieures. Dans une plante fanée, isolée dans l'air humide, elles cèdent le peu d'eau qu'elles contiennent encore aux parties élevées, auxquelles elles rendent la fermeté et la turgescence. » Il se passe là quelque chose de fort analogue à ce qu'on voit se produire dans ini tubercule de Pomme de terre qu'on laisse exposé à l'évaporalion dans une chambre, comme l'a très-bien observé M. Nœgeli [Botnn. Miltlieil., p. 38). La Pomme de terre, qui était ferme et lisse, s'amollit et se ride, en perdant de l'eau par évaporation. Or, on voit que ces changements se font d'abord à la base du tid)ercule, jiuis se propagent de la base au sonunef. A un moment on voit la Pomme de terre molle et plissée dans sa moitié ( 83 ) inférieure, ferme et lisse encore dans sa moitié supérieure; puis il n'y a plus que le sommet même et les parties voisines des bourgeons latéraux en voie de développement qui soient lisses; tout le reste est ridé et plissé. Enfin, quand le tubercule est déjà presque sec, la pousse terminale con- tient encore un tissu turgescent et un épidémie lisse. 11 se produit là un courant d'eau très-évident, qui se dirige de bas en haut. Il en est de même dans les expériences que je viens de rapporter : il s'y est fait aussi un trans- port de l'eau, de la base au sommet des organes isolés au milieu de l'air humide, et c'est par suite du déplacement du liquide, de la base au sommet des tiges, des tiges dans les feuilles, du pétiole dans le limbe des feuilles (première expérience), que les tissus fanés, qui sont voisins du sommet, reprennent leur turgescence, tandis que les feuilles inférieures restent fanées et que la partie inférieure de la tige se resserre, se vide et se des- sèche. » Il résulte de l'ensemble des expériences que je viens de rapporter, que les parties fanées des plantes peuvent reprendre, dans certains cas, leur fermeté, leur fraîcheur, et redevenir turgescentes sans recevoir d'eau du dehors. Ces expériences permettent, en outre, de se rendre compte de ce qui se passe en pareil cas, et de reconnaître que la cessation de la fanaison est due alors à un déplacement de l'eau qui se porte de la base au sommet des organes; certaines parties regagnant leur fraîcheur pre- mière, grâce à l'eau que d'autres leur cèdent. » BOTANIQUE. — Sur In zone génératrice des appendices végétaux. Note de M. Cave, présentée par M. Duchartre. « La zone génératrice, dont nous avons signalé l'existence chez les ap- pendices normaux ou modifiés est en parfaite continuité avec celle qui existe dans les organes axiles. Pour le prouver, je prends sur n'importe quel végétal un bourgeon très-peu avancé, et je le coupe longiludinalement. J'observe alors ce qui a été décrit par un grand nombre de botanistes et étudié par tous. Je vois l'axe très-surbaissé, entièrement cellulaire, ainsi que les feuilles rudimentaires auxquelles il donne naissance. Dès cet ins- tant, on peut reconnaître la zone génératrice, et s'assurer qu'elle est con- tinue avec elle-même dans l'axe et les appendices. ). Ce que je viens de dire suffit, à la rigueur, pour prouver noire pro- position. Mais il me semble utile de suivre les changements qui vont s'ef- fectuer. La structure, exclusivement cellulaire, ne persiste ni dans la tige I !.. (B4 ) ni dans les feuilles, et les faisceaux tîbro-vasculaires ne lardent pas à se dessiner. Pour eux. encore la continuité est parfaite. Pourtant une diffé- rence est à noter, différence importante, car elle entraînera une diversité de position pour les parties nouvelles. » Dans un organe jeune, la zone génératrice n'est pas réduite à une mince couche, elle forme pioportionnellement une grande jiartie de l'éj^ais- seur totale, et cette importance relative va en diminuant à mesure que l'organe avance en âge. C'est dans l'épaisseur de cette couche formatrice que les trachées ont pris naissance. Dans l'axe, elles laissent en dehors d'elles la portion la plus active de la zone génératrice. La même chose a lieu pour les nervures des feuilles. w Au contraire, dans tous les points où du parenchyme doit se dévelop- per, c'est la partie interne de cette même zone qui conserve l'activité la phis grande. En conséquence, les nervines vont se comporter à la façon des tiges : on doit y distinguer une portion corticale et une portion cor- respondant au bois. Entre ces deux régions se trouve englobée une portion de la zone génératrice commune à tout l'organe. Cette disposition explique le degré croissant de complication que nous offrent les nervmes à mesure qu'elles deviennent plus âgées. Elle nous montre en outre que les nervures, s'accroissant surtout par leur face externe ou inférieure, doivent faire de ce côté de la feuille une saillie de plus en plus prononcée. )) Suivons par la pensée le parenchyme dans son développement. La zone génératrice de ce tissu cellulaire est d'abord continue avec celle des nervures qui le traversent. Mais, peu à peu, de nouvelles rangées de cellules s'organisent entre les parties préexistantes et l'épiderme supérieur. C'est immédiatement sons cette enveloppe que l'on trouve la fraction la plus active du cambium foliaire. La conséquence naturelle est une séparation de plus en plus nette, entre les parties jeunes des nervures et les éléments nouveaux du parenchyme. En d'autres termes, la continuité qui a existé d'abord disparaît par suite des progrès de la végétation, et échapperait à celui qui se contenterait d'examiner une petite portion d'une feuille adulte, soit en section transversale, soit en coupe longitudinale. Maison en trou- vera toujours au moins les traces, si l'on étudie des parties suffisamment jeunes. » Ainsi l(; sonunet de la feuille du tilleul, ainsi la base des folioles infé- rieures du rosier nous montrera la zone génératrice générale contenant encore les nervures. Chez la plupart des feuilles, le développenu-nt, dans chaque section transversale, se fait du milieu vers les bords. Presque tou- ( 85 ) jours aussi, en regardant ces bords au microscope, nous y avons signalé l'existence d'une zone unique. )) En dernière analyse, si l'on venait à me demander où se fait le chan- gement de position de cette zone génératrice, je dirais : Il se fait sur toute la feuille, le long des lignes de séparation des nervures et du parenchyme. Mais pourrait-on dire encore : Où s'établit la transition entre ces deux dis- positions différentes? La réponse est facile : La transition se fait par les parties nouvelles, quelles qu'elles soient, par les endroits où la zone géné- ratrice, commune à tout l'organe, contient encore les nervures. » Je me résume en formulant quelques principes : » 1° Dans un organe appendiculaire jeune, on remarque une continuité parfaite entre la zone génératrice de l'organe et celle de l'axe sur lequel il naît; » 1° Cette continuité primitive persiste toujours entre l'axe et les ner- vures. Mais la zone génératrice des nervures et celle du parenchyme s'éloi- gnent l'une de l'autre, par suite des progrés de la végétation. » 3° Même dans une feuille adulte, on trouve des traces de la continuité primitive en examinant les parties les plus récemment formées. » GÉOLOGIE. — Sur la position des calcaires à Terebratula janitor, dans tes Basses-Alpes. Note de M. Ch. Vélain, présentée par M. Des Cloizeaux. « 11 existe, dans certaines parties du midi de la France et notamment dans le département des Basses-Alpes, entre l'oxfordien supérieur et les marnes néocomieunes à belemnites plates et à petites ammonites ferrugi- neuses, des assises puissantes de calcaires compactes lithographiques, dans lesquels, les géologues de la Provence voulaient voir les représentants de tout le jurassique supérieur ; M. Hébert depuis longtemps avait établi que ces calcaires devaient appartenir plutôt au néoconiien le plus inférieur; mais cette opinion, loin d'être admise par tous les géologues, était au contraire vivement discutée. Plusieurs mois d'explorations faites dansles Basses-Alpes, sous les auspices de M. Hébert, avec deux de mes amis, MM. Hollande et Bachelet, me permettent de pouvoir donner sur ces régions nue bonne série de coupes qui doivent 6xer déQnitivement la place que ces calcaires occupent dans la série des terrains. » Dans toutes les localités que nous avons explorées dapuis Saint-Julien- en-Beauchène jusqu'à Castellane, nous avons constaté que la formation jurassique s'arrête à cette zone de l'oxfordien supérieur que caractérisent ( 86 ) les ammonites tortisulcatus , polyplocm , tenuiholatiis , etc. Au-dessus vienneut en concordance parfaite des calcaires lithographiques, im|)ossibles souvent à distinguer miuéralogiquemeut des précédents, mais qui ren- ferment une faune nouvelle et distincte d'ammonites néocomiennes et qui sont caractérisés par la lerebralula janilor (Pictet). Ces calcaires, d'une épaisseur assez variable, deviennent très-marneux à leur partie supérieure, et passent ainsi insensiblement aux marnes à bélemnites plates qui les sur- montent. » Deux coupes que j'ai l'honneur d'adresser à l'Académie, prises l'une près de Castellane, l'autre près de Barréme, pourront démontrer la superpo- sition immédiate des calcaires à Terebratula janilor sur l'oxfordien supérieur. » A cette distance de Castellane, si l'on franchit les crêtes successives du mont Cheirou pour faire l'ascension du Courchon, on quitte les calcaires néocomiens à Scapliiles Ivanii pour se trouver bientôt devant luie masse considérable de couches fortement repliées vers le nord, constituées à la base par des calcaires très-durs, pétris de gryphées arquées et appartenant par conséquent au lias inférieur. Au-dessus viennent d'autres calcaires avec silex branchus, puis des marnes noires, très-schisteuses, presque sans fos- siles, alternant dans leur partie supérieure avec de petits lits de calcaires renfermant de nombreuses Ammonites plicalilis de petite taille : ces der- niers calcaires deviennent de plus en plus puissants et sont alors très-fossi- lifères. Avec V Ammonites tortisui atus, qui y est très-commune, j'ai trouvé là une ammonite ayant beaucoup de rapports avec V Ammonites Hauffii d'Oppel, et qui indique là l'oxfordien supérieur, le niveau de V Ammonites te- nuilobatus; cette espèce, en effet, accompagne toujours {'ammonites tenuilo- batus, dans le Wurtemberg, à Barjols, à Escragnoiles, à Grenoble, etc. Sur cet oxfordien reposent des calcaires, noduleux, bréchiformes, avec.4»i/»o- niles rocjoznicensis (Zeischner), espèce néocomienne, puis les calcaires li- thographiques à Terebratula janitnr. La superposition immédiate du riéoco- mien inférieur sur l'oxfordien supérieur est donc là bien évidente, et rien en ce point ne saurait être rapporté au Coral-rag, au Rimmeridje ni au Porlland. » J'ai retrouvé cette même superposition en me rendant de Digne à Bar- réme par l'ancienne route. » Cette roule coupe la grande chaîne des Dourbcs au col de Chaudon, et l'on peut aborder facilement eu ce point les sommets de ces montagnes. J'ai retrouvé là, sur des marnes oxfordiennes, des calcaires avec Ammonites pol/plocus constituant les crêtes abruptes de cette grande chaine, et recou- ( 87 ) verts directement par des calcaires Ammonites ptycho'icus et Terebmlula ja- nilor. Ces derniers calcaires se lient d'une façon insensible aux marnes néocomiennes à belemnites plates et à ammonites ferrugineuses qui vien- nent ensuite; de sorte que les caractères stratigrnphiques vieiment s'ajou- ter à ceux que la Paléontologie nous avait précédemment fournis pour em- pêcher de pouvoir mettre entre ces deux assises une séparation nette et tranchée; les calcaires à Terebmlula janilor doivent donc faire partie du néocomien et en représenter les dépôts les plus inférieurs. » PHYSIOLOGIE. — Observation d'une inégale production et d'une différence de composition du lait pour les deux seins de la même femme ; par M. Louis SocRDAT. (Extrait.) « Ayant remarqué la préférence très-visible qu'un enfant manifestait pour le sein droit de sa mère, préférence déjà manifestée par deux enfants précédents, et ayant fait en même temps la remarque que le sein préféré était plus volumineux que l'autre et fournissait environ le double de lait, j'ai pensé qu'il serait intéresssnt d'examiner séparément chacun de ces deux laits. Je me suis d'abord borné à prendre la densité et le poids du résidu sec, puis j'ai dosé le beurre; enfin, voidant voir comment les autres élé- ments étaient répartis, j'en ai fait l'analyse complète. » De cet examen sont ressorties les conclusions suivantes : )) 1° La composition du lait de la même femme (pour les deux seins en- semble), comparée d'un jour à l'autre, est très-variable, sans qu'il y ait des changements appréciables dans l'état de sa santé. Il suffit d'une fatigue momentanée, d'un petit changement de régime, d'un séjour du lait plus ou moins prolongé dans les mamelles, etc., poin- amener ces variations de composition. Ainsi, dans huit analyses portant sur l'ensemble du lait des deux seins, le poids du résidu sec a varié depuis io,io jusqu'à 13,70 pour 100, ou :: I ; 1,35. w La densité a été aussi très-variable. J'ai obtenu, pour la moyenne des deux seins, depuis 0,980 jusqu'à i,o3i. » 2° I^a composition du lait varie encore d'un sein à l'autre, et cela dans le même temps. C'est là le fait principal de ma Communication. Ainsi, le lait du sein droit, qui est de beaucoup le plus abondant, est aussi le plus riche en matières fixes, dans des rapports qui sont :: i,ao: i pour le minimum, et :: 1,74*. i pour le maximum. » 3° Dans ces conditions, le beurre est ordinairement sécrété en bien ( 88 ) plus grande quantité par le sein droit que par le sein gauche : ; t,5o; i (minimum) et 9 : i (maximum). J'ajoute ici que le seul aspect de ces deux derniers laits aurait suffi pour amener la constatation d'une différence si considérable. » 4° Les matières azotées, caséum et albumine, sont, de même que le beurre, sécrétées. par le sein droit en plus grande quantité que par le sein gauche, ;; 1,90 : I pour le maximum. » 5° Les principes solubles, lactose et sels, ceci est digne de remarque, dosés dans cinq analyses, se sont trouvés seuls répartis d'une manière à peu près égale dans les deux seins. Cependant, dans les deux analyses où il y a eu une petite différence, cette différence s'est trouvée en faveur du côté le plus faible en beurre. » Pour les sels, cette différence est encore dans le même sens. De sorte qu'il semblerait, d'après ces quelques analyses , qu'il y ait quelque corré- lation entre les matières grasses et azotées, d'une part, et les matières solubles, d'autre part. » La dernière analyse adonné, par exception, des nombres plus forts pour le sein gauche. La raison de ce renversement paraît être dans ce fait : que, cette fois, le lait n'a pu être extrait qu'à grand'peine pour les^, le dernier dixième étant venu très-facilement. Ce lait pourrait donc être con- sidéré comme une réserve plus complètement élaborée, le lait nouveau n'étant pas encore monté, et l'on sait que les dernières parties du lait sont bien plus crémeuses que les premières. Cette raison expliquerait cette ano- malie. » M. MoRELLET adresse, de Strasbourg, une Noie relative à une machine à coudre, mise en mouvement par un moteur mécanique. Cette machine, imaginée par M"^ Garcin, a reçu le nom de « couseuse automate ». Cette Note sera soumise à l'examen de M. le général Morin. A 5 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 6 heures un quart. É. D. B. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE PUBLIQUE DU LUNDI 11 JUILLET 1870, PRÉSIDÉE PAR M. CLAUDE BERNARD. PRIX DÉCERNÉS. SCIENCES MATHÉMATIQUES. GRAND PRIX DE 3IATHEMATIQUES. (Commissaires : MM. Bertrand, Chasies, Liouville, Bonnet, Serret rapporteur.) Piapport sur le Concours de l'année 1069. L'Académie avait proposé, pour sujet de grand prix de Mathématiques à décerner en 1869, la question suivante : « Perfectionner en quelque jjoint essentiel la théorie du niouveiiient de trois » corps qui s'attirent mutuellement, suivant la loi de la nature, soit en ajoutant » quelque intégrale nouvelle à celtes déjà connues, soit en réduisant d'une » manière quelconque les difficultés que présente la solution complète du pro- » blême, n Un seul Mémoire a été envoyé au Concours, il porte cette épigraphe : « Il y a peut-être quelque avantage à présenter la théorie de la Lune comme » une application des formules générales du problème des trois corps. » C. R., 1870, 2" Semestre. (T. LXXI, M» 2.) I 2 (90 ) La première partie du Mémoire est consacrée au développemoiit d'une analyse éli'g.inte et ingénieuse, pai- laquelle l'auteur ramène la solution générale du problème des trois corjis à l'intégration d'mi système canonique de huit écpiations différentielles du premier ordre dont on connaît une intégrale, savoir : celle des /orces vives. L'une des variables primilivemenl introduites ne figurait que par sa différentielle, et elle a été éliminée, à l'instar du nœud i\b Jacobi; sa détermination ultérieure s'effectue donc par une quadrature. Enfin, comme !e temps n'entre aussi que par sa dif- férentielle, dans les équations, il peut lui-même être éliminé, et il est per- mis de dire, avec l'auteur, que la solution du problème exige seulement l'intégration de six équations différentielles du ])remier ordre et deux quafi ratures. INIais tel était déjà l'état de la question après le travail de Jacobi sur V élimination des nœuds. Qiuuit au perfectionnement f|ui consiste à former un svstème canonique de huit étpiations différentielles du premier ordre dont on connaît l'intégrale des forces vives, il a été déjà réalisé récemment, d'une manière très-différente à la vérité, dans un tiavail comiiuniiqué à l'Académie et inséré dans les Comptes rendus de ses séances. La seconde partie du Mémoire a |)oiu- objet l'application des formules de la première partie à la théorie de la Lune. L'auteur ne préseule qu'à titre d'essai cette application, et il se borne à une première approximation ; la Commission exprime le regret que celte partie importante du Mémoire n'ait pas reçu plus de développements. Si le Mémoire envoyé au Concours ne rem])lit pas suffisamment les con- ditions du |)rogramme arrêté par l'Académie, il n'eu révèle pas moins chez son auteur des qualités éminentes et un talent mathématique d'un ordre élevé. Le résultat déjà obteiui permet d'espérer que de nouveaux efforts apporteront des iierfectiouncmenis |)lus notables à inie théorie qui intéresse à la fois, à un haut degré, l'Analyse mathématique et l'Astronomie. En résiuné, la Commission décide qu'il n'y a pas lieu de décerner le prix, et elle propose à l'Académie de remettre la question au Concours pour 1872. L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport. ( 9' ) GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES. QUESTION PROPOSÉE EN 1864 POUR lOGC, PUIS REMISE AU CONCOURS, APRES MODIFICATION, POUR 18G9. (Commissaires : MM. Faye, Liouville, Laugier, Le Verrier, Delaunay rapporteur.) Rapport sur le Concours de l'année 1869. L'Académie avait mis au Concours, pour 1869, '^ question suivante: « Discuter complètement les anciennes observations d'éclipsés qui nous ont été » transmises par l 'histoire, en vue d'en déduire la valeur de l'accélération séi u- » taire du moyen mouvement de la Lune, sans se préoccuper d'aucune valeur » théorique de celle accélération séculaire; montrer clairement à quelles con- » séquences ces éclipses peuvent conduire relativement ci l' accélération dont il » s'aqit, soit en Un assignant forcément une valeur précise, soit au contraire en » /;( laissant indélerminée entre certaines limites. » Deux pièces sont parvenues au Secrétariat de l'Institut; aucune d'elles n'a paru mériter le prix. La Commission, vu l'importance de la question proposée, demande à l'Académie de la mettre de nouveau au Concours pour l'année 1873. L'Académie adopte cette proposition. PRIX D'ASTRONOMIE, FONDATION LALANDE. (Commissaires : MM. Delaunay, Faye, Mathieu, Liouville, Laugier rapporteur.) Rapport sur le Concours tle l'année 1869. L'existence d'iui grand nombre de petites planètes entre Mars et Jnpiter est sans contredit un des faits les plus remarquables dont la science soit redevable aux astronomes du xix" siècle. Les découvertes successives des astéroïdes exercent sur les progrès de l'Astronomie une double influence : elles agrandissent le domaine de nos connaissances uranographiques, et elles augmentent d'année en année le nombre et l'habileté des astronomes calculateurs. Aussi l'Acadénne, à plu- sieurs reprises, a-t-elle encouragé un genre de recherches si utile; nous lui 12.. (9^ ) rappellerons avec plaisir les noms bien connus de MM. Hencke de Driessen, Hind, de Gasparis, Luther, Goidschmidt, Chacornac, etc., qui tous ont obtctui plusieurs fois la médaille de Lalande. Parmi les astronomes qui, dans ces dernières années, ont enrichi la nombreuse famille des petites planètes, la Commission signale M. James Watson, directeur de l'observatoire d'Ann-Arbor (Etats-Unis). Cet habile astronome a découvert les neuf astéroïdes n°' 79, 93, 94, 100, loi, io3, io4, io5 et 106, dont les htiit dernières dans le court intervalle d'une année. En conséquence, la Commission propose à l'Académie de décerner, pour l'année i86g, le prix d'Astronomie fondé par Lalande à M. James AVatson. L'Académie adopte la proposition de la Commission. PRIX DE MÉCANIQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. (Commissaires ; MM. Morin, Combes, Diipin, de Saint-Venant, Phillips rapporteur.) Rapport sur le Concours de l'année 18C9. M. Arson, Ingénieur en chef de la Compagnie parisienne d'éclairage et de chauffage par le gaz, est auteur d'un travail important exécuté dans ces dernières années par ordre de iAL de Gayffier, Directeur de la Compagnie, sur l'écoulement des gaz dans de longues conduites. L'envoi du gaz à de grandes distances du lieu de sa production présente particulièrement un intérêt considérable, et cette question n'avait pas en- core été l'objet d'études précises, comme il en avait été fait pour le mou- vement de l'c-au dans les conduites de distribution, notamment par feu M. Darcy. Girard avait bien fait connaître, en 1821, les résultats d'expé- riences exécutées par lui sur ce sujet; mais l'emploi qu'd fit de tubes très- petits (des canons de fusils) ne permettait pas de croire que ces résultats fussent applicables à de grosses conduites en fonte brute. D'Aubuisson, en i^-i"], avait avancé la question en soumettant à l'expé- rience des tuyaux (h" pUis grandes dimensions; m:ii'< U n'avait pu. apprécier les volumes de gaz écoulés que par le calcul, tM la détermination déjà si dé- licate des diminutions de pression par le frottement ])ouvait être affectée de toutes les incertitudes qui planent sur celle des volumes ainsi obtenus. (93) De ces deux séries d'observations, Navier avait conclu, pour représenter le frottement des parois, une formule monôme qui, avant les recherches de M. Arson, était exclusivement employée et qui supposait cette force in- dépendante du diamètre et de la nature des tuyaux. Les expériences de M. Arson ont eu lieu, d'abord à l'usine de Saint- Mandé sur de l'air, puis à celle de la Villette, sur de l'air et sur du gaz de l'éclairnge. Elles ont été exécutées sur des conduites de grandes dimensions. Toutes les précautions ont été prises pour garantir l'exactitude des obser- vations. Les volumes étaient mesurés par des compteurs dedimensionset de puissance diverses selon les cas. Les pressions étaient constatées au moyen d'instruments spéciaux d'une extrême précision. Voici maintenant les principaux résultats obtenus par M. Arson et qui lui ont valu la médaille d'or de la Société des Ingénieurs civils. Il ressort de ses expériences que la formule monôme précédemment adoptée comme représentant le frottement des parois ne doit pas être con- servée, mais doit être remplacée par une expression binôme, contenant deux termes proportionnels, l'un à la vitesse moyenne et l'autre à son carré. Il a montré que les coefficients numériques qui entrent dans cette for- mule ne sont pas constants pour un même gaz, comme on le croyait jusqu'a- lors, mais qu'ils dépendent du diamètre et de la nature des parois, résultat qui présente une analogie frappante avec ceux obtenus par M. Darcy pour les conduites de distribution d'eau. Il a donné, comme conséquence de nombreuses expériences, les valeurs de ces coefficients pour les dimensions des conduites qui se rencontrent le plus fréquemment dans les applications. Enfin, pour répondre à un besoin de la pratique qui se présente aussi dans la question des conduites de distribution d'eau, il a calculé et publié des tables très-étendues, relatives à l'air et au gaz de l'éclairage et destinées à éviter des calculs souvent longs et pénibles, ainsi que les chances d'er- reur qui en résultent. Ces tables font connaître, pour les volumes du gaz écoulés pas seconde ou par heure, les vitesses moyennes et les pertes de charge rapportées à looo mètres de longueur de conduite et évaluées en mètres de hauteur d'eau. L'importance et l'utilité pratique de ces recherches et des résultats aux- quels elles ont conduit ont amené la Commission à accorder à 31. Arson le prix de Mécanique. (94 ) PRIX DE STATISTIQUE, FONDÉ PAR M. DE MOKTTON. (Commissaires : MM. Mathieu, Diipin, Eoussingault, Passy, Bienaymé rapporteur.) Rapport sur le Concours peler les /(/tts superficielles; qui', la nuit, au contraire, ces grains étaient réunis sur les parois latérales, les faces snperficielles en étant dépourvues. Il s'assura que ce changement de position s'opérait assez rapidement soit à la lumière solaire, soit à la lumière d'une lampe. Enfin, en étudiant l'action des rayons colorés, il vit, comme M. Boehm, que les rayons bleus avaient la même action que la lumière blanche et, qu'au conlrairt-, sous l'influence des rayons jaunes, ainsi qne M. Boehm l'avait observé pour les rayons rouges, les grains de chlorophylle occu|)aient leiu- position nocturne. Les observations publiées en 1869 par M. Borodine étendraient l'exis- ( ,ri ) tence de ces phénomènes à diverses plantes phanérogames sur lesquelles les ohservations ont pu être faites avec la même précision que sur la Mousse étudiée par M. Fariiitzin. Les résultats sont les mêmes quant à l'influence de l'obscurité ou de la lumière sur la position des grains dv chlorophylle. Enfin, les observations que j'ai déjà citées de MM. Prillieux et Roze ont montré dans une autre Mousse des phénomènes semblables, qui se géné- raliseront sans doute. Remarquons toutefois que ce n'est que dans les cellules où les grains de chlorophylle sont écartés les uns des autres qu'on peut espérer observer ces phénomènes, toutes les plantes à coloration verte intense et à grains de chlorophylle contigus ne paraissant pas pouvoir y donner lieu. L'action de la lumière y détermine-t-elle quelque autre chan- gement? c'est ce que nous ignorons. Rien n'établit encore bien positivement la nature de ces mouvements. Les grains de chlorophylle sont-ils actifs ou passifs dans ces change- gements de position? M. Famitzin, comme M. Boehm, semble penser, sans l'établir d'une manière positive, que les grains de chlorophylle se meuvent par eux-mêmes, rampent sur la paroi de la cellule et se répandent sur la partie la plus éclairée, comme certains animaux infusoires et les Zoospores se dirigent vers la lumière. Les observations que M. Roze a communiquées à l'Académie dans une de ses dernières séances, en montrant que, dans ces Mousses, les grains de chlorophylle sont unis entre eux par des filets très-ténus de plasma, peuvent faire penser que ces filets plasmatiques, qui représentent la partie essen- tiellement vivante de la cellule, sont la cause des changements de position des grains de chlorophylle; mais il ne faudrait pas confondre ces change- ments de position de certains éléments constitutifs de la cellule, sous l'in- fluence du passage de l'obscurité à la lumière ou de la lumière à l'obscu- rité, suivis de l'immobilité de ces parties, tant que les conditions physiques extérieures ne changent pas, avec les nu^nvements de circulation intracel- lulaires continus, ayant lion la nuit et le jour, sans que la lumière paraisse avoir d'influence marquée sur eux. Dans ces mouvements comme ceux qui se présentent dans les tubes des Chara, dans les cellules du Vallisneria et du Nayas, dans les cellules dos poils corollins, etc., des grains de chlorophylle peuvent être entraînés par le courant général du suc cellulaire, ou dans les canaux particuliers du pro- toplasma, mais ils n'occupent pas de position fixe diurne et nocturne. Ce sont des mouvements de ce genre que M. Gris, dans son Mémoire sur la ( '12 ) chlorophylle, a signalés dans les jeunes cellules du Sempervivum, mouve- ments qui entraînaient de petits granules de chlorophylle du nucleiis vers la paroi de la cellule, ou, réciproquement, en suivant les petits filets de pro- toplasma qui irradiaient de ce nucleus. On voit quelle différence il y a entre les observations de M. Famitzin sur ce sujet et celles qui les avaient précédées; jointes à celles du même savant siu- l'action de la lumière siu- l'accroissement des cellules du Spiro- gyra et sur le développement de la matière verte, elles ont paru à la Com- mission très-dignes du prix de Physiologie expérimentale, qu'elle décerne à 31. Famitzix. En outre, une mention honorable est accordée par elle à 3IM. Léon Tripier et Arloing : i° poiu- avoir démontré les premiers, dans les nerfs sensitifs cutanés, l'existence d'une sensibilité récurrente jusqu'ici reconnue seulement dans les nerfs moteurs; 2° pour avoir établi expérimentalement que l'influence des nerfs sensitifs de la peau s'étend en dehors de leur zone de distribution anatomiqtie; 3° que la persistance de la sensibilité dans le bout périphérique des nerfs sectionnés, et la persistance de la sensibilité dans la peau corrcspondanic sont deux phénomènes connexes, qui ne se présentent jamais l'un sans l'autre. Ayant coupé successivement les nerfs collatéraux d'un doigt sur des chiens, ces expérimentateurs ont recoiuiu qu'une pareille section n'a pas pour conséquence, comme on l'auniit cru, l'anesthésie du quart, de la moitié, puis des trois quarts des téguments de ce doigt, mais que la pré- sence d'un seul nerf collatéral dans v\u doigt suffit pour y conserver partout de la sensibilité. Dans l'expérience précédente, MM. Tripier et Arloing (en prenant cer- taines précautions indiquées dans leur Mémoire) ont constaté la sensibilité dans le bout périphérique des nerfs collatéraux d'un doigt, tant qu'un de ces quatre nerfs était intact. Cette sensibilité récurrente disparaissait avec la section du quatrième nerf collatéral. Dans une autie expérience, ayant découvert le bout périphérique d'une branche métacarpienne du radial, chez le chien, vingt-quatre jours après sa résection, ils l'ont trouvé sensible, et, de plus, l'examen microscopique qui en a été fait, après durciss(;ment convenable, a montré des tubes ner- veux sains au milieu de faisceaux de tubes dégénérés. Dans ce cas, con- cluent les auteins, la sensibilité du bout périphérique, après un temps jilus que suffisant pour amener sa dégénération, tenait donc à la présence de fibres nerveuses sensibles dont les propriétés physiologiques étaient con- servées. ( n3 ) Enfin, pour démontrer la relation constante, signalée par eux, entre la sensibilité de la pean, après la section des nerfs cutanés et l'existence de la sensibilité récurrente dans ces nerfs (relation indiquant la présence de communications anastomotiques entre leurs filets terminaux), MM. Tripier et Arloing ont institué l'expérience qui suit. Sur un chien, ils ont sectionné un des nerfs collatéraux externes de l'in- dex; puis, à l'aide de trois incisions, deux longitudinales et une transver- sale, ils ont isolé (les incisions s'étendaient jusqu'aux os) la peau recou- vrant le bout périphérique de ce nerf des trois auti-es nerfs collatéraux; le lambeau ne comnuiniquait plus avec les neris que par la peau du bourielet du doigt. Trois quarts d'iieure après l'opération, le lambeau et le bout nerveux périphérique qu'il recouvrait étaient sensibles. D'après cette expé- rience, MM. Arloing et Tripier ont été amenés à admettre un réseau ner- veux cutané, accepté jusqu'ici seulement par quelques histologistes, et ilont l'existence se trouverait pour la prenuère fois démontrée physiologiqucment. La Commission, en accordant à MM. Léon Tripier et Arloing une men- tion très-honorable pour ce travail, propose à lAcadémie, outre la somme attribuée au prix de Physiologie expérimentale décerné à M. Famitzin, d'accorder une somme de six cents francs à AIM. LÉo.\ Tripier et Arloing. L'Académie adopte cette proposition. PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE, FONDÉS PAR M. DE MONTYON. (Commissaires : MM. Andral, J. Cloquet, Cl. Bernard, Nélaton, Laugier, Longet, Coste, Bobin, Bouillaud rapporteiu*. ) Rapport sur le Concours de l'année 10G9. Parmi les nombreux Ouvrages soumis à la Commission, il en est trois auxquels elle propose de décerner des prix (lui de deux mille cinq cents francs et les deux autres de deux mille francs chacun); trois auxcjuels elle propose d'accorder des mentions honorables de mille cinq cents francs chacune: et elle en cite trois autres, à l'iui desquels elle [)ropose un en- couragement de mille francs pour continuation de travaux, et une citation sans argent aux deux autres. § L — Prix. L M. i.E D' JuxoD, inventeur de ces grandes ventouses désignées souvent sous son nom, adresse à l'Académie un travail manuscrit ayant pour titre : C. R., 1870, 2' Semestre. (T. LXXI, N" 2.) l5 ( "4 ) Des médications hémospasique et aérothéra pique ^ on De la compression et de la raréfaction de l'air tant sur le corps que sur les membres isolés. Dans l'introduction de son manuscrit, M. le D"^ Junod a eu soin de pré- ciser l'expression de médication aérothérnpique ou d'aréotliérapie, déclarant qu'il ne s'en sert que pour indiquer l'emploi des bains d'air comprimé. Il revendique, comme lai appartenant, \a. première idée ou l'initiative de cette méthode, dont la première application formelle à la thérapeutique appar- tient à M. Tabarié, et qui, depuis une vingtaine d'années, a été le sujet de plusieurs Ouvrages. Les plus importants de ces Ouvrasses sont ceux, sans contredit, de M. le D"^ Pravaz, ancien élève de notre glorieuse École Poly- technique (i), et de M. Berlin, de Montpellier. En 1 835,- dans un Rapport de M. Serres à l'Académie sur les prix de Médecine et de Chirurgie, le savant rapporteur indique d'abord les effets puissants qu'on obtient des grandes ventouses du D' Junod, et dont la cause immédiate est la diminution de pression atmosphérique dans les ré- gions où ces ventouses sont placées, effets que l'art peut utiliser dans cer- taines maladies. Puis il ajoute : « M. Junod fait servir aussi ses grandes ven- touses à comprimer l'air autoin- d'un membre, et alors, par un effet inverse du précédent, le sang est refoulé vers les parties soustraites à la compression. On peut ainsi déterminer une action et ime réaction dont il est permis d'espérer des résultats utiles dans le traitement de certaines maladies. » La Corimiission dont M. Serres était le rapporteur, considérant que les cylindres de M. Junod et la pompe qu'il y adapte constituaient une acquisi- tion importante pour la thérapeutique, proposait d'accorder à ce médecin un encouragement de deux mille francs, et la proposition fut adoptée par l'Académie. Il ne s'agissait pas alors des effets de l'augmentation et de la diminution de la pression atmosphérique sur le corps humain tout entier. Mais M. le D' Junod ne tarda pas à s'occuper de cette nouvelle question. Le Mémoire qu'il lui consacra fut adressé par lui à l'Académie, et confié à une Com- mission dont M. Magendie fut le rapporteur. Nous reviendrons un peu plus loin sur ce Rapport. Qu'il nous suffise poiu" le moment de rappeler à l'Aca- démie que ce travail n'a jusqu'ici reçu d'elle aucune récompense, et c'est pour cela que M. Junod le présente au Concours de cette année. Il y a déjà trois quarts de siècle passés, en 1783, la Société des Sciences de Harlem proposait un sujet de prix dans lequel il était question de l'in- (i) Cet Ouvrage a pour titre : Essai sur Temploi médical de l'air comprimé; Lyon, i85o. ( ii5 ) fluence de l'air condensé sur l'économie vivante. Voici, d'ailleurs, dans quels termes elle avait formulé cette proposition de prix : « i° Décrire l'ap- pareil le plus propre à faire des expériences sur I'aiR condensé, de la façon la plus commode, la plus assurée; i° rechercher avec cet appareil l'action de l'air condensé dans des cas différents, s'occuper, entre aiilres, de la vie animale, de l'accroissement des plantes et de l'inflammabilité des différentes espèces d'air. » Un tel sujet de prix annonce bien l'époque à laquelle il fut proposé. Il était, en effet, pour ainsi dire, à l'ordre du joiu-, en 1783-, dans ces temps mémorables où la chimie pneumatique marchait de conquête en conquête; dans ces temps où Lavoisier, bien jeune encore, mais en quelque sorte pressé d'arriver à l'immortalité, venait, par un trait de son beau génie, de dérober à la nature ce secret, si longtemps caché, de la combustion respira- toire, et, comme un autre Prométhée, de découvrir ainsi un véritable /eu sacré de la vie, puisqu'il ne saurait s'éteindre sans que la vie ne s'éteignît elle-même. Quoi qu'il en soit, la Société des Sciencos de Harlem fnt assez mal récom- pensée d'avoir si heureusement choisi le sujet de son prix, car il ne lui fut adressé aucun Ouvrage contenant la solution des problèmes proposés. De l'aveu de Pravaz lui-même, dont l'Académie a récompensé les tra- vaux sur Vemploi médical de T air comprimé^ c'est à M. le D' Junod que l'on doit Vinitialive autlienticjue des recherches concernant Vaction de l'air com- primé sur le corps humain. Celte initiative date de i834, époque à laquelle M. le D' Junod, dans un Mémoire présenté à l'Académie, fit connaître les effets de la condensation de l'air sur l'homme en état de santé. « Lorsque, dit-il, on augmente de moitié la pression naturelle de l'at- mosphère, on remarque ces phénomènes : La membrane du tympan, refou- lée vers l'oreille interne, devient le siège d'une pression incommode qui, toutefois, se dissipe peu à peu à mesure que l'équilibre se rétablit, proba- blement par l'introduction de l'air condensé dans la caisse du tympan, à travers la trompe gutturale; le jeu de la respiration se fait avec une facilité nouvelle, la capacité du poumon pour l'air semble augmenter, les inspi- rations sont grandes et moins fréquentes que dans l'état ordinaire, et, au bont de quinze minutes, une chaleur agréable se fait sentir dans la poitrine. » La circulation du sang paraît modifiée; le pouls est plein, et se dé- prime difficilement ; le calibre des vaisseaux superficiels diminue et peut i5.. ( ii6 ) même s'effacer coinplôtcmcnt, de sorte que le sang, dans son retonr vers le cœur, suit la direction des veines profondes. » Les fonctions inlelleclnelies sont excitées, l'iaiagiiuiiion est vive, les pensées s'accompagnent d'un charme parlicnlier, et, chez quelques per- sonnes, il se manifeste une sorte de délire, d'ivresse; le système musculaire partage cet accroissement d'activité, les mouvements sont faciles, éner- giques, et semblent plus assurés. » Les actes digestifs et toutes les sécrétions, particidièremenl celles de la salive et de l'urine, s'exercent avec facilité. » Ou dirait que le poids du corps est diminué d'une manière sensible : du moins telle est la sensation qu'éprouve la personne renfermée dans l'ap- pareil à condensation. » Dans le Mémoire où M. Jiuiod faisait ainsi ooniirtître l'influence de l'air condensé sur l'homme vivant, il s'occupait également de celle ([u'exerce sur celui-ci la diiuinulion de la pression de ce même gaz. Aussi portait-il ce titre : Des effets de raiiginentalian et de la diminution de la jjrcssion alnto- sphérique sur le corps huinfiin. Le Ra|jport fait à l'Institut, en i835, par Magendie, siu' le Mémoire de M. Junod, se terminait ainsi : « Vos Commissaires, qui ont été témoins îles expériences de cet auteur, ont en outre remarqué avec intérêt les modifica- tions que la voix subit sous l'influence de la |)lus ou moins grande densité de l'air : à mesure que la pompe joue pour raréfier l'air, la voix perd de son intensité; dans le cas de compi'ession, elle piend, au contraire, lui éclat, nn timbre très-prononcé et non moins extraordinaire. » Ainsi, à l'aide de l'appareil de M. Junod, où l'air comprimé ou raréfié se renouvelle sans cesse par lui mécanisme très-simple, on peut avoir la plupart des sensations qu'éprouvent les aéronautes lorsqu'ils s'élèvent à une grande hauteur, ou celles qui naissent sous la cloclie à plongeur. » En résumé, à M. le D"" Junod, qui, par sou invention des grandes ven- touses, avait déjà bien mérité de la thérapeutique, et obtenu de l'Académie, comme nous l'avons rappelé plus haut, un |)nx de deux mille francs; à M. le D'' Jiuind appartient l'Iicureuse et féconde initiative des travaux siu' les effets de l'air couijirimé, soit siu- l'homme sain, soit sui' l'iiouime malade. Les applications importantes dont cet inventeur peut, jusqu'à un certain |)oint, être considéré comme le promoteur, et dcuit queUjues-unes ont été récompensées par l'Académie (celles de Trd^arié et Pravaz), ajoutent en quelque sorte à la valeur intrinsèque des travaux de M. Jiuiod. Aussi voire ( '17 ) Commission vous propose-t-elle de lui accorfîer le plus élevé des trois prix qu'elle a décernés. II. M. LE D' Hubert vo\ Lusciika, professeur d'anafomie à l'Univer- sité deTuhingen, est déjà bien connu de l'Académie par de nombreux Ira- vaux d'analomie qu'il s'est empressé de lui d'adresser, à compter de l'an- née 1 856 (i). Ces travaux, soit sous forme de simples Mémoires, soit sous celle de véri- tables Ouvrages, roulent particulièrement sur \'aualomie dite des régions, l'une des plus importantes divisions de l'analoinie. Cette anatomie des ré- gions ou topographique porte aussi le nom de chirurgicale, en raison des données si précieuses et si nndiipliées qu'elle fournit à la chirurgie, sous le double rapport du iliagnostic et du traitetiient des maladies, qui sont du ressort particulier de cette branche de la science de l'homme malade. Le nom de méclico-cliinirgicnle lui convient mieux encore, puisque, sous le double rapport indiqué tout à l'heure, elle n'éclaire et ne sert pas moins la médecine que la chirurgie elle-même, lesquelles ne diffèrent po'wl au fond l'une de l'autre, et constituent, par leur alliance fraternelle, une seule et même science. Quoi qu'il en soit, M. le D*' von Luschka a choisi pour objet de ses recherches les questions encoie peu étudiées et les plus difficiles de l'ana- tomie des régions. Il a mis à contribution, pour l'élucidatiou de ces ques- tions, les divers moyens d'analyse anafomique par l'intermédiaire des- quels la connaissance de la structure interne des tissus s'est ein-ichie, depuis une trentaine d'années, de tant d'heureuses découvertes. Mettons sous les yeux de l'Académie la liste des principaux tra\aux dont il s'agit : 1° llechcrches sur In stniclitre des corps dits glandes de Paccliioni; 2° Reclien lies sur les nerfs du canal vertébral et de In dure-mère céréhro- raclndienne,sur le nerf jliréni(jue; 3° Sur une nouvelle espèce de glande sans conduit excréteur que M. Lusciika a découverte, et désignée ious le nom de glande coxigienne ; 4° Traité sur In constitution et le développenjenl des articulations sympln- saires et liémidinrtliroïdnles (l'Académie, en iSSg, a décerné une menlion honorable à ce Traité); ( I ) Comptes rcnrius des séances île l 'Acailéinie, t. XLII, etc. ( ii8 ) 5° et 6° Monographie des membranes séreuses de l'homme et des plexus vas- culaires sniitjuins de l'encéphale; n° et 8" Analonne médico-chinin/icale du thorax el des organes inlrn-thora- ciques; Etude anatomique du pharynx de l'homme [i). C'est ce dernier Ouvrage que M. le D'' Luschka a plus particulièrement soumis à l'examen de la Commission, et c'est aussi celui que vos Commis- saires ont l'honneur de vous proposer comme digne de l'une des hautes récompenses dont l'Académie peut disposer en faveur des travaux de cet ordre. Voici quels sont les points les plus saillants et les données les plus neuves de cet important Ouvrage. On y trouve d'abord d'intéressantes particula- rités sur les dispositions des muscles et des nerfs du pharynx, ainsi que sur leurs rapports avec les vaisseaux du cou. Nous ne saurions trop signaler les recherches de l'auteur sur la structure de la trame, des papilles et des glandes de la membrane muqueuse du pharynx, jusqu'ici entrevues plutôt que décrites avec une clarté vraiment anaiomique. Ces parties, que M. Luschka, armé des instruments et procédés de précision employés de- puis déjà plusieurs années, a si bien décrites, figureront désormais parmi les objets les mieux connus. Ou peut considérer comme de véritables dé- couvertes, en matière de science anatomique, plusieurs des détails relatifs à la structure inliuie et de la membrane muqueuse pharyngienne elle-même, et de ses glandes, de ses follicules clos, ainsi que les dispositions, aux divers âges, de cette portion qui fevèt la voùle du pharynx, laquelle est le plus souvent le siège de prédilection des tumeurs diies pol/pes naso-pharjngiens. On aime à voir avec quelle sagacité l'auteur insiste sur les rapports qui exis- tent entre ces dispositions aiiatomiques et le développement des affections aiguës ou chroniques de la partie qui les présente. En cela, comme en tant d'autres choses, on aime à reconnaître res|)rit de celte Ecole française qui, depuis Bichat, l'un de ses plus grands maîtres, n'a jamais cessé le cours de ses conquêtes. Eu somme, l'Ouvrage de M. Luschka, dont un atlas de douze planches représente, avec une fidélité remarquable, les particularités du texte, jusque-là peu ou point connues, comble une des lacunes de l'anatomie. Il mérite donc, à plusieurs titres, l'approbation de l'Académie. Aussi la Commission vous propose-t-elle d'honorer d'iui de vos prix le i) Sur le Hxxu aiiénoiite de la partie niisale du pharynx de l' homme, i vol. in-4°. ( 119 ) savant professeur de Tiibingen, prix auquel il a d'autant plus de droits que, dans les aulres travaux adressés par lui, se rencontrent aussi des re- cherches dont la Médecine et la Chirurgie pourront, sous plus d'un rapport, faire d'utiles applications. III. MM. Paulet et Sarazin ont présenté, pour le Concours aux prix de Médecine et de Chirurgie, un Ouvrage intitulé: Traité d' Analomie lopo- (jraplïiqiie (grand in-8°, avec Atlas), comprenant les applications de cette branche de l'anatoinie à la pathologie et à la médecine opératoire. Depuis une cinquantaine d'années que l'anatomie descriptive a été étudiée sons le nouveau point de vue, qui lui a mérité ce nom lV analomie lopograpliique ou A' analomie des régions, elle a été fléjà le sujet de plusieurs publications plus ou moins importantes, au premier rang desquelles il f;mt placer celles de Velpeau (1826), de Blandin (1826), de Jarjavay, de M. le Professeur Richet, de M. Béraud, dont l'Académie, il y a quelques années, a récompensé les efforts (i). En Allemagne et en Angleterre, comme en France, divers Ouvrages ont été publiés sur l'anaiomie des régions. Mais une telle matière est si vaste à la fois et si féconde, qu'il faudra bien du temps à ceux qui la travaillent pour parvenir à l'épuiser. Les livres qui lui sont consacrés seraient d'iuie assez médiocre utilité, s'ils n'étaient accompagtiés d'un nondjre suffisant de planches, représentant exactement les objets dont ils conliennent la description. Sous ce dernier rapport, en particulier, tous laissaient plus ou moins à désirer. L'Ouvrage de MM. Paulet et Sarazin, sous cet important rapport, non moins que sous celui de la description elle-même, est destiné à combler de nombreuses lacunes. Ces anatomistes ont disséqué chaque région, en respectant leur configu- ration, de manière à ce que les chirurgiens et les médecins qui consulteront leurs figures puissent en quelque sorte se reconnaître immédiatement. Ils ont également eu soin de conserver scrupuleusement les rapports des or- ganes situés dans chaque région. L'un des deux (M. le ly Sarazin) a lui- même reproduit ensuite, par le dessin et la chromo-lithographie, tous les détails anatomiques, et il a fait preuve, dans cette opération, d'une exac- (i) M. Duval , chirurgien de la Marine française, M. Leyendre ont également publié, l'un un Atlas d' Anatoinie chirurgicale, l'autre un Allas d' Anntomic chirurgicale homolo- graphique. ( I20 ) titiifle à laquelle ne sauraient toujours |)arvenir les plus habiles artistes, étrangers aux connaissances anatomiques (i). Le partie descriptive achevée, les auteurs font ensuite ressortir, avec une rare clarté, quelles sont les applications des diverses dispositions anato- miques à la pathologie et à la médecine opératoire, en se montrant toujours au niveau de l'état de la science sur laquelle portent leurs études. Non contents d'exposer les choses déjà reçues dans le domaine de nos connaissances, MM. Paulet etSarazin ont enrichi d'un bon nombre de nou- veaux détails la description, quelquefois obscure en certains points, de plusieurs régions. Ces données nouvelles sont plus spécialement relatives à la déteimination rigoureuse des rappoits des organes entre eux, délermi- nation qui peut être considérée comme le principal flambeau du chirurgien, dont l'instrument doit être porté dans les lieux où ces organes ont leur siège. D'après tout ce qui précède, on ne saurait refuser à MM. Paulet et Sa- razin, chirurgiens d'armée, l'honneur d'avoir bien mérité de la science à laquelle ils ont consacré leurs recherches. Aussi la Commission à l'examen de laquelle ces recherches ont été renvoyées a-t-elle pensé qu'il était juste de vous proposer de décerner à leurs auteurs im des prix dont elle dispose. § II. — Mentions honorables avec encouragemi';nts de la valeur DE « QUINZE cents FRANCS ». I. I/Ouvrage de M. le D' H. Rogeii, médecin de l'Hôpital des En- fants, etc., a pour litre: Recherches cliniques sur la cliorée, te rhumatisme et les maladies du cœur chez tes enfants. Le but principal auquel tendent ces recherches, c'est de démontrer : 1° Que la chorée constitue une affection de nature rhumatismale, idée pathogénique à peine entrevue, dit M. Roger, par les auteurs, et n'ayant pas encore cours dans la pratique, « malgré les travaux remarquables de quelques observateurs modernes, IMM. Sée et Bolrel principalement » ; 2° Qu'il existe entre cette chorée d'origine rhumatismale et les maladies du cœur les mêmes rapports qu'entre ces maladies el d'autres formes rhu- matismales. M. Roger commence par une étude spéciale du rhumatisme chez les enfants. Il en signale la fréquence, à partir de l'âge de cinq ans (il est, selon (i) I.c nombre de ces belles planciies, pour les deux volmiifs ilc texio, ne s'élève pas à moins de deux cents. ( 121 ) lui, tout à fait exceptionnel avant l'âge de trois ans) jusque dans la seconde enfance, époque à laquelle il devient presque aussi fréquent que chez les adultes. Il affirme ensuite que, dans l'enfance, comme à tous les âges, le froid humide est la cause la plus active du rhumatisme, sans en excepter celui de la scarlatine. Enfin, il a constaté que, comme aux âges plus avancés, de toutes les coïncidences rhumalismales, celles du côté du cœur sont les plus fréquentes, et il fait remarquer que, dans certains cas de ces coïncidences, c'est par une phlegmasie cardiaque que commence la série des manifesta- tions rhumastismales. M. Roger a constaté que le rhumatisme cérébral est moins fréquent chez les enfants que chez les adultes. Il ne l'a observé que dans des cas où le rhu- matisme articulaire coïncidait avec la chorée, et il se demande si celle-ci ne peut pas être considérée elle-même comme une forme de rhumatisme céré- bral ou spinal. Mais il est une coïncidence, une complication du rhumatisme que, selon M. Roger, l'on peut dire propre à l'enlânce; et c'est de la chorée qu'il s'agit. Cette autre loi de coïncidence repose sur des faits observés par l'au- teur, en grand nombre, et dans des circonstances diverses. M. Roger termine cette première partie de ses recherches par la proposi- tion suivante, que nous rapportons textuellement : « La description du rhumatisme chez les enfants ne peut plus ne pas comprendre la danse de Saint-Guy à titre d'élément important, de même que les descriptions de la chorée ne sauraient omettre la chorée rhumatismale. Il y a entre ces deux maladies non-seulement liaison, parenté, filiation réciproque, mais presque identité de nature. » Dans la seconde partie, le médecin de l'Hôpital des Enfants traite, comme nous l'avons dit, des rapports des maladies du cœur avec la chorée chez les enfants, et désigne sous le nom de chorée cardiaque celle qui coïncide avec ces maladies (i). Il rapporte plus de soixante observations particulières pour démontrer que cette coïncidence n'est pas fortuite, mais bien l'ex- pression d'une loi entre ces dernières maladies et la chorée elle-même. D'ailleurs, étant donnée l'origine ou la genèse rhumatismale de la chorée, il ne s'agit plus ici que d'un cas particulier d'affection rhumalismale, confir- mant la loi de coïncidence entre les affections rhumatismales en général et les affections du cœur, telle qu'elle a déjà été formulée par l'auteur de ce (i) M. Roger a soin de noter qu'il ne donne pas ce nom aux palpitations choréiques purement nerveuses. C. R., 1870, 3« Semestre. (T. LXXI, N» U.) 16 ( 122 ) Rapport. On lit, avec un vif intérêt, dans le travail de M. Roger, toutes les particularités, toutes les conditions relatives à l'espèce particulière de rhu- matisme que représente la chorée, espèce dont il a fait une étude spéciale. Cet habile et ingénieux observateur ne croit pas, dit-il, se faire illusion en pensant que cette étude est essentiellement neuve. I.a Connnission, en tenant compte, avec M. Roger lui-même, de quelques travaux antérieurs, et notamment de ceux de M. Sée sur les rapports de la chorée avec les ma- ladies du cœur, se plaît à reconnaître que son étude, sous certains poinis de vue, est en effet essentiellement neuve. En tout cas, c'est bien à M. Roger qu'appartient l'honneur d'avoir essayé de prouver que, sous des noms si différents, et malgré la diversité îles appa- rences, rhumatisme, chorée, phlerjmasie du cœur, ne sont, en dernière analyse, que trois formes d'un seul et même processus morbide. Par sa monogr;ipliie de l'entité nosologique, à laquelle il a donné le nom de chorée rhumato- cardinque, ayant pour fondement ses observations sur les enfants, il s'est acquis de justes droits à figurer très-honorablement parmi les observa- teurs qui, (le notre temps, ont été assez heureux pour fournir à l'histoire des altections rhumatismales des matériaux plus ou moins nouveaux et précieux. Nous proposons donc à l'Académie de décerner une mention à l'auteur de cette monographie, auteur qui porte dignement un nom trop cher à l'Institut pour qu'il en ait perdu le souvenir. II. Un auteur anonyme (i) a composé une longue monographie sons ce titre : Typhus des Arabes [Typhus exnnlhémaùque ou pétéchinl) : épidémie de 18G8 (2). Voici la substance des sept Chapitres en lesquels cette mono- grapliie est divisée. 1" C luses. — !/é|)i(léinie du typhus arabique qui, en 18G8, a éclaté sur toute la c6\f .septentrionale de l'Afrique, est une des suites de la misère et de la famine d(nit le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la régence de Tripoli ont subi les atleuites. Après avoir couvé au sein des populations malheureuses, (i) Le cachet de son Mémoire ayant été rompu par M. le Président, nous avons constaté cjue l'auteur était M. Amedée Maurin, l'un des médecins de notre armée d'AIViciue. (2) Manuscrit (petit in-folio) de 5o4 pages, accompagné de deux yrands tableaux. L'auteur appelle l'attention de ses juges sur le second de ces tableaux, relatif à einquaule- qiuilre cas de fièvres intei niitteutes, c> Ijrpe spécial, observés en un seul mois, affection, selon lui, jus(]u'alors inconnue, et (jui serait comme le mélange des deux maladies régnantes à cette époque. ( 1^3) le génie épidémiqiie a sévi non-seulement sur les indigènes, mais aussi sur les Eiu'opéens en contact avec eux. Les agglomérations formées de leur réunion donnèrent naissance au conlaghim, cause première et essentielle de la maladie. Après avoir exposé les conditions météorologiques de l'Algérie, de i865 à 1868, l'auteur trace la description des lieux dans lesquels ses observations particulières, au nombre de cent quarante-cinq, ont été re- cueillies, et indique les mesures de précaution qui furent prises. 2° Pathogénie. — Le typhus des Arabes, dit l'auteur, provient cVtin miasme procluil par l'organisme humain^ descendit à un certain état de clébilité qui favorise la décomposition des tissus, et communicpie une virulence spéciale aux émanations passant du corps de l'homme dans l' atmosphère ambiante. Divers agents plongés dans le foyer ou le milieu de la contamination possèdent la pro- priété de conserver et de communiquer la contagion typhigène. 3° Anatomie pathologique. — Une lésion pour ainsi dire palhognomonique du typhus arabique est celle que l'auleur annonce avoir trouvée dans les intestins, et qu'il décrit sous le nom de plaques rasées. Cette lésion, selon lui, serait au typhus indiqué ce que l'altération des plaques de Peyer est à la fièvre typhoïde, c'est-à-dire son caractère analomique. L'auteur ajoute qu'elle n'avait point été signalée jusqu'à ce jour (i). L'état de plusieurs organes, considérés soit dans leur élément solide, soit dans leur élément flnide, n'est pas décrit d'une manière suffisamment dé- taillée, lacune d'autant plus regrettable que les procédés physiques et chi- miques d'exploration ont acquis, dans ces derniers temps, les plus heureux perfectionnements. En ce qui concerne, par exemple, les altérations du sang, si importantes à étudier en matière de maladies de l'ordre typhique, l'auteur s'exprime ainsi : « L'action du miasme dans le typhus ne peut être analysée ni décrite. Elle doit se réjléchir sur les éléments constitutifs les plus précieux du sang, la fibrine et les globules Elle ôte à ces éléments la propriété de servir à la réparation organique.... » Lorsqu'on place sur le champ du microscope le sang d'un typhique, on observe que les globules sont en quantité moindre qu'à l'état normal, mais que les globulins y sont en plus grande abondance; d'où l'on peut (i) IM. Maurin a fait parvenir à l'Académie un échantillon de la lésion intestinale qu'il a décrite sons le nom de plaques rast-t-s, échantillon conservé dans un flacon d'alcool. Le rapporteur, en présence de M. J. Ciocjuci, a examiné la ])ièce, U'ès-bien conservée, et ils avouent n'v avoir trouvé aucune lésion considérable et carcictéristique des plaques intesti- nales. 16.. ( 1^4 ) conclure, on bien qu'il y a eu déperdition rapide des globules, ou arrêt dans la nutrition. » C'est à l'article Analomie pathologique (p. 67), que l'auteur a cru devoir discuter la question très-grave de la nature spéciale, pour ne pas dire 5/je- cifique, de la maladie nommée par lui typhus des Arabes. Celte maladie, dans son opinion, constitue une variété typhique parfaitement définie, qu'il ne faut pas confondre avec les autres variétés du même nom. Les altérations anatomo-palhologiques ne peuvent, à son avis, être confondues avec celles pro|)res à la fièvre typhoïde. « Le typhus des Arabes, ajoute l'auteur, a son génie propre, ses manifestations propres, qui ne permettent pas de le con- fondre avec des affections typhiques offrant pourtant une symptomatologie à peu près semblable. » Les confrères de l'auteur qui ont partagé avec lui la tâche, honorable à la fois et périlleuse, de soigner les personnes frappées par l'épidémie, ne paraissent pas avoir tous adopté sa théorie, puisqu'il déclare hii-mème, à l'article Traitement, que la divergence dont ce point capital a été l'objet doit être attribuée à la divergence des opinions sur la nature de la maladie. Pour les uns, en effet, il s'agissait d'une forme de fièvre typhdule ; pour d'autres, du typhus feber d'Irlande; pour d'autres enfin, du typhus des camps. Il a donc régné quatre opinions différentes sur la nature de l'épidémie, dont l'Ouvrage que nous analysons contient la description. Votre Commission n'a pas trouvé, dans les faits et les raisonnements de l'estimable auteur de cet Ouvrage, les données nécessaires pour la solution du problème dont nous venons de nous occuper. 4° Symptomatologie. — Composé de soixante pages, ce Chapitre ne sau- rait être ici l'objet d'une analyse détaillée. Contentons-nous d'appeler l'attention de l'Académie sur les trois symptômes suivants, signalés parti- culièrement par l'auteur : éruption pétéchiale plus ou moins abondante; odeur nauséeuse exhalée autour d'eux par les malades; acidité très-pro- noncée de leur haleine. 5° Contagion. — Parmi les observations que l'auteur a recueillies, vingt- cinq lui ont paru particulièremtnt propres à témoigner en faveur de la contagion. Il partage en quatre catégories les individus atteints par voie de contagion : la première contient les individus qui ont couché dans la même chambre que des typhiques, et par conséquent respiré le même air; la seconde, ceux qui, par suite de liens de parenté, se sont trouvés en con- tact continuel avec les malades; la troisième, ceux qui ont seulement ap- ( ï=^5 ) proche des malades ou couché dans les appartements que ces derniers avaient occupés; la quatrième enfin, ceux qui ont donné des soins aux malades. 6" Traitement. — Ce Chapitre ne contient réellement rien d'essentielle- ment nouveau, ce qui, nous devons le faire remarquer, contraste quelque peu avec le caractère de nouveauté que l'auteur reconnaît à la maladie. Cet auteur avoue ne pas connaître de traitement prophylactique capable d'ar- rêter le développement de la maladie, ni de médication à l'aide de laquelle les personnes vivant à proximité des typhiques puissent être préservées. Il conseille fortement néanmoins les moyens désinfectants. Il annonce d'ailleurs, et nous l'en félicitons, « qu'il résulte des relevés statistiques que, dans le service où se trouvaient ses malades (salles Saint- Philippe et Sainte-Elisabeth), la mortalité a été de beaucoup la plus faible. » 7° Mortalité (i). — Elle a été de lo environ pour loo chez les hommes, et de près de i5 chez les femmes. Sur un total de 208 malades, elle a été de 10 à 1 1 pour 100. L'Ouvrage que nous venons d'analyser « est, dit l'auteur, le fruit d'une année entière de laborieuse observation ». Nous le reconnaissons volon- tiers, et nous ajouterons qu'il roule sur un sujet de haute importance. Aussi la Commission propose-t-elle à l'Académie de lui décerner une men- tion honorable. III. M. Knocb, chirurgien en premier de l'hôpital militaire de Saint- Pétersbourg, est auteur de divers Mémoires (a) ayant pour objet l'histoire de l'évolution de l'un des hehninthes parasites de l'espèce humaine, le Bothriocéphale large ( Tœnia lata, Bolhriocepliahim ou Dibotlirium latum). Peu commun en France, cet entozoaire abonde, au contraire, et pullule en Suisse, en Pologne et en Russie. Jusqu'aux travaux de M. Knoch, on ne possédait aucuns renseignements précis sur le mode de propagation des Bothriocéphales. Mais, depuis cinq années que cet observateur a soiunis à l'Académie des Sciences plusieurs Mémoires sur ce chapitre important, nous n'aurons plus à regretter, avec les auteurs de la Zoologie médicale, MM. Beneden et Gervais^ nos savants Correspondants, de ne pas savoir sous (i) Foir l'article Contagion, où l'auteur a consigné ses recherches sur le chiffre compa- ratif des morts et des guéris. (2) Quatre brochures en langues russe et allemande, et une Note manuscrite. ( 1^6 ) quelle forme et dans quelles conditions vit, pendant son premier âge, le Bolhriocéphale, passant dans le canal digestif de l'homme, pour s'y déve- lopper sous son élal strobilaire on propagateur. Les dernières recherches expérimentales du savant physiologiste de Saint-Pétersbourg (i) ont démontré, de la manière la plus précise, que l'embryon du Bolhnocépliale large ne subit pas de métamorphose particu- lière, à l'instar de l'embryon des Ténias chez l'homme, en ver rubané adulte. Tout récemment, cet expérimentateur, par une sorte de bonne for- tune physiologique, a trouvé dans le canal intestinal de jeunes chiens, non-seulement des exemplaires de Bolhriocéphale adulte, mais encore les Scolex, lesquels étaient, avant lui, complètement inconnus. Ses expériences lui ont permis en outre de conclure que les embryons du Bothriocéphale large, introduits dans le canal intestinal du chien, n'opèrent pas de migra- tions dans les divers organes de l'animal soumis à l'expérimentation; d'où il suit que ces embryons ne s'enkystent pas, ne passent pas à l'état de C/slicerques, à la manière des embryons de Ténias, après leur introduction, mais qu'ils accomplissent leur évolution directement, et pour ainsi dire de toutes pièces, dans le canal intestinal de l'animal qui les a reçus, sous forme de Bothriocéphale, d'abord à l'état de développement imparfait, puis à l'état adulte. La Commission n'a pu constater par elle-même les résultats annoncés par M. Knoch; mais elle n'a pu mettre en doute l'exactitude des expériences qui les ont fournis. Ces résultats ne sont pas d'ailleurs seulement décrits par le savant observateur russe, mais ils sont aussi représentés dans des figures cpii, certes, ne sont pas imaginaires. Leur concordance ne s'est jamais démentie dans une assez longue série d'expériences, méthodique- ment combinées, et pratiquées dans les conditions les plus appropriées au sujet étudié. Votre Commission s'est donc crue autorisée à considérer les travaux de M. Knoch comme constituant, en matière d'helminthologie en général et d'helminthologie médicale en particulier, un progrès assez important, pour proposer à l'Académie d'accorder à son auteur une mention hono- rable. (i) Après avoir figuré, en abrégé, clans les Cnviptc.y rendus tics scnncps ilc l'Àradémic des Sciences, ces recherches ont été publiées intégraleiiienl, en 1868, à Paris, dans le Journal d' Anatomic cl de Physiologie. ( 127 ) § III. — Citation sans argent et encouragement de mille francs POUR continuation de travaux. La Commission se plaît à citer avec éloges : 1° L'Essai sur les maladies du cœur chez les enfants, par M. le D"' IIené Blache; 2° Les Etudes photographiques de M. Rocdaxovsky sur le système nerveux de l'homme et de quelques animaux supérieurs. Enfin, elle propose un encoiirfigement de mille francs à M. Saixt-Ctr, pour la continuation de son Elude sur la teigne faveuse chez les animaux domestiques. PRIX DIT DÉS ARTS INSALUBRES, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. (Commissaires : MM. Combes, Boussingault, Payen, Peligot, Chevreul rapporteur.) Rapport sur le Concours de l'année 18C9. Plusieurs pièces ont été examinées par la Commission des Arts insalubres. Deux seulement ont arrêté son attention ; mais ce n'est pas dire que les autres sont rejetées à toujours, parce que depuis l'origine de la fondation Montyon concernant les Arts insalubres, un travail écarté aujourd'hui n'est pas frappé d'une exclusion définitive, et il est tels travaux auxquels un simple encou- ragement avait été donné qui, i)lus lard, ont rendu des services assez mul- tipliés et assez considérables pour qu'on les ait jugés alors dignes d'un prix. C'est conformément à cette manière de voir que la Commission accorde à M. Pnnout un prix qu'elle propose à l'Académie de porter à la somme de deux mille cinq cents francs pour l'invention d'une sorte de mastic propre à recouvrir la surface extérieure des tuyaux, des chaudières, des étuves, etc., avec la double intention de conserver la chaleur interne, et de diminuer ainsi réchauffement de l'air extérieur et l'effet du rayonnement sur les ou- vriers exposés à le recevoir, effet toujours très-incommode quand il n'est pas dangereux. Le procédé de M. Pimont, d'accord avec l'économie du combustible, est donc fort avantageux au point de vue de l'hygiène des ouvriers qui passent de longues heures dans les lieux où les appareils pré- cités sont établis. ( 128 ) Le Rapport ci-joint, de M. Payen, sur la composition du mastic de M. Pi- mont et les nombreux avantages constatés par un long usage, justifie, d'abord l'encouragement que l'Académie a donné il y a plusieurs années à M. PiMO\T, et le prix que nous lui décernons aujourd'hui, en proposant à l'x^cadémie de le porter au maximum, à savoir : deux mille cinq cents francs. La Commission, après avoir examiné avec une attention toute particu- lière les procédés de sauvetage, dans le cas d'incendie, de M. Charrière; après avoir été témoin, dans la grande cour du Palais de r[nstitut,du méca- nisme de ces procédés, elle a pensé, à l'unanimité de ses Membres, que, si ces procédés ne sont point encore entrés dans la pratique, vu leur simplicité, leur nouveauté et la facilité de leur exécution, ils donnent à leur auteur, M. Charrière, droit à un prix que la Commission propose de porter au maximum de deux vaille cinq cents francs. La Commission, avons-nous dit, a examiné avec une attention toute par- ticulière les procédés de M. Charrière, et voici pourquoi : les Commissions auxquelles nous succédons ont constamment observé le principe de ne donner des |irix qu'à des procédés mis en pratique avec tm succès constaté, et ce principe nous le maintenons comme excellent à tous égards. Les considérations suivantes, pensons-nous, convaincront l'Académie que la Commission n'y a pas été infidèle en décernant ce prix à M. Char- rière, On verra d'abord, dans le Rapport ci-annexé de M. Combes, les détails des appareils de sauvetage imaginés par M. Charrière et la raison de leur efficacité; en outre, les conclusions des épreuves auxquelles une Com- mission des sapeurs-pompiers de la ville de Paris les a soumis. M. le lieule- tenant-colonel de Dionne, organe de celte Commission, s'énonce en ces termes : « Aussi la Commission croit qu'il serait très-avanîageux, dans l'in- » térêt de la sûreté publiqtie, que cet appareil fût en quantité suffisante dis- » posé dans les hôpitaux, les lycées, institutions, etc., partout, en un mot, » où les sauvetages pourraient, en raison du grand nombre des personnes à » sauver, présenter de sérieuses difficultés, et que le corps des sapeurs-pom- » piers aura dans cet appareil une précieuse ressource toutes les fois qu'il le » trouvera dans une habitation où doivent se faire les sauvetages. » En pré- sence de ces faits, la Commi.ssion des Arts insalubres n'aurait-elle pas paru à l'Académie manquer à la volonté du fondateur des |)rix concernant les Arts insalubres, si elle n'avait pas profité de l'occasion d'en décerner un à un homme qui, de simple ouvrier devenu fondateur d'un établissement ( 129 ) considérable, a reçu, à la suite des Exposilions de l'iiKhistrie, d'abord la croix de chev.alier, puis celle d'officier de la Légion d'honneur, et qui, retiré des affaires après une fortune lionorableuienl acquise, a consacré ses loisirs et sou argent à l'accomplissement de l'œuvre à laquelle nous proposons à l'Académie de décerner le prix des Arts insalubres le plus élevé. Certes, l'Académie, en le votant, ne trouvera que des approbateurs parmi les nom- breuses personnes qui connaissent la vie industrielle de M. Charrière et les services qu'il a rendus à la Chirurgie. Rapport de M. Payen SUR l'enduit dit '^(3 ) comme on l'a sou\ent répété, que ce soient les alluvions du fleuve qui lui donnent naissance. Lorsque, de simplement endémique, le choléra devient épidémique, les faits relevés par M. Fauvel lui ont appris que le plus souvent cette redou- table transformation est due à des déplacements de grandes masses d'hommes, ceux surtout qu'occasionnent les pèlerinages, et de grands mou- vements de troupes. M. Fauvel admet comme incontestable la Iraiismissibilité du choléra. Ce principe, prouvé par les faits qu il a rassemblés, étant admis, vient luie autre question, celle des agents par lesquels le choléra est transmissible. De ses recherches sur ce point, M. Fauvel conclut que les deux piincipaux agents de cette transmissibilité sont l'air expiré par les cholériques, et cehii qui est chargé des émanations de leins déjections. Il regarde aussi connue susceptibles de transmettre la maladie les divers vêtements portés par les cholériques; mais les faits ne lui ont pas démontré qu'elle ait jamais été communiquée par les marchandises, non plus que par les cadavres des per- sonnes mortes du choléra. Toutefois, comprenant toute la ré.serve qu'il faut apporter dans de pareilles questions, il déclare, avec la Commission, que ces objets doivent être regardés comme suspects. Enfin, au nombre îles moyens de transmission du choléra, M. Fauvel place les localités imprégnées des détritus cholériques, lesquelles, conservant longtemps la propriété de dégager le principe cholérique, peuvent entretenir ainsi une épidémie, ou la régénérer. On sait combien la science est encore peu fixée sur la question de savoir jusqu'à quel point et dans quelle mesure l'air peut être un véhicule du principe cholérique. Il résulte à cet égard du travail de M. Fauvel qu'U n'y a pas de fait bien avéré qui prouve qu'au delà de loo mètres de dis- tance du foyer d'infection, l'air ait jamais été un agent de transmission du choléra. Mais, dit l'auteur, ce qui le transmet au loin et l'enlrelieiit, ce sont les grandes agglomérations d'honunes; la marche des épidémies du cho- léra s'effectue toujours, suivant l'énergique expression de M. Fauvel, dans le sens des coiiranls liiiinains. Il prend une intensité nouvelle toutes les fois qu'il est importé au milieu de pojiidations entassées, et sa violence augmente alors en proportion des mauvaises conditions hygiéniques, telles que la misère, la malpropreté, une aération iusulfisanle, la température élevée de l'atmosphère, les exhalaisons d'un sol imprégné de matières orga- niques. Tandis que les grands déserts, dit M. Fauvel, sont une barrière des plus puissantes contre le choléra, et que les caravanes qui, parties de la ( 1^7 ) Mecque, les traversent pour se rendre en Egypte et en Syrie, n'ont jamais apporté le choléra clans ces contrées, les comninnicalions par uier sont, au coniraire, les voies les plus propres à le propager. La question si importante du temps d'incubation du choléra occupe une grande place dans ce travail, et l'on y trouve sur ce point des approxima- tions c[ui peuvent servir de règle. Voilà la première i)artie de l'Ouvrage de M. Fauvel, qui, tonte impor- tante qu'elle est, n'a été faite en quelcjue sorte que pour fournira la se- conde une base solide et un point de départ assuré. Cette seconde partie est consacrée à exposer quelles sont les mesures à prendre, soit pour éteindre le choléra clans son foyer primitif, soit pour s'opposer à sa propa- gation par les voies de terre et de mer, soit pour faciliter sa disparition des lieux qu'il a envahis. Sur ces diverses questions, sur celle surtout des routes diverses par les- quelles peut s'engager le choléra dans son immense parcours de la vallée du Gange à l'Europe, ce livre contient des études approfondies et des vues nouvelles, relativement siutout aux lieux où il importe le plus de surveiller l'envahissement du fléau. La Commission propose à l'Académie d'accorder à M. Fauvel, pour cet Ouvrage qui a fixé la science sur de graves questions, et déterminé d'impor- tantes améliorations dans les institutions sanitaires, une récompense de cinq mille francs, totalité de l'intérêt annuel du legs Bréant. En dehors de cette œuvre capitale, la Commission a remarqué trois Ou- vrages, ciu'elle croit devoir signaler, à des titres divers, à l'attention de l'Académie. Sous le nom d'Eludés géographiques cl scientifiques sur les causes cl les sources du choléra asiatique, M. Puoeschel a soumis au jugement de l'Aca- démie un travail étendu, accompagné de cartes qui n'en sont pas la partie la moins importante, dans lequel il a réuni un très-grand nombre de faits et de documents relatifs aux questions que soulèvent ces études. On doit nu juste éloge au labeur si considérable cju'a dû coûter à l'aiîteur la re- cherche de tant de matériaux dans les Ouvrages nombreux et divers où ils sont disséminés. Il en est résulté, si je puis ainsi dire, une vue d'ensemble qui a un intérêt véritable, et dont l'utilité est manifeste. Parfaitement au courant des acquisitions de la science moderne, il a recherché, avec les lu- mières qu'elle lui fournissait, toutes les circonstances qui, dans l'atmo- sphère, à la surface du sol, dans les eaux qui le couvrent, et dans les êtres organisés vivants ou morts, peuvent concourir au développement de cer- (;. R., 1870, -i' Semestre. (T. LXXl, M» 2.) ' ^ ( '38 ) tains agents nuisibles, animés ou iiinnimés, cause probable de plusieurs maladies épidémiques. Bien que l'exactitude de plusieurs des opinions émises par l'auteur ne soit pas toujours étayée par lui de preuves sutflsantes, son travail, qui témoigne d'une instruction peu commune et de beaucoup d'in- telligence, ne peut qu'être médité avec fruit par tous ceux qui s'occupent des questions relatives à l'étiologie soit du choléra, soit d'autres maladies endémiques et épidémiques. Dans une Notice sur les mesures de préservation prises à Batna (Algérie) pendant le choléra de 1867, M. Dckerley, médecin-major, a rapporté lies faits qui portent le cachet d'une bonne observation, et qui prouvent l'in- fluence favorable que l'isolement, la destruction par le feu ou la désinfec- tion des matières contaminées, et des mesures bien entendues d'iiygiene ont eue sur l'état sanitaire de cette ville, qui, pendant deux mois, a été, ainsi que ses environs, préservée du choléra, tandis que les territoires voi- sins étaient ravagés par une épidémie de choléra très-meurtrière. Une carte topographique met en évidence les faits consignés dans ce Mémoire. Enfin la Commission a jugé digne d'être honorablement citée ime excel- lente statistique, due à M. le D' Géry père, des décès par le choléra qui ont eu lieu dans le quartier Folie-Méricoiirt pendant les années i865 et 1866. Ce travail, d'une incontestable utilité, est fait avec un soin qu'on ne saurait trop louer. En l'entreprenant, M. Géry a donné un bon exemple; l'exécution de beaucoup de statistiques semblables fournirait à l'histoire du choléra de précieux documents. PRIX CUVIER. (Commissaires: MM. Elie de Beaumont, Brongniart, de Quatrefages, Daubrée, Milne Edwards rapporteur.) Rapport sur le Concours de l'année 1869. La Commission chargée de décerner le prix Ciivier pour l'année iSfig a décidé, à l'unanimité, que celle marque de haute estime senùt donnée à M. EiiKENBERG, Associé étranger de l'Académie à Berlin. Les travaux de M. Ehreidiorg, commencés il y a |)rés d'un demi-siècle, et |)oursuivis sans relâche jusqu'au moment actuel, sont si bien connus de tous les naturalistes, et les services rendus à la zoologie [)ar cet observateur habile sont d'un ordre si élevé que la Commission croit inutile de motiver son vote. ( i39 ) Le nom de M. Ehrenberg ne peut que jeter un nouvel éclat sur la liste des iinturalistes auxquels l'Académie a décerné le prix Cuvier, et votre rap- porteur se borne à l'appeler que ces lauréats sont MM. Agassiz, J. Millier, R. Owen, LéonDufour, Murcliison et de Baer. PRIX BORDIN. RÔLE DES STOMATES DANS LES FONCTIONS DES FEUILLES. (Commissaires : MM. Duchartre, Decaisne, Tulasne, Naudin, Brongniart rapporteur.) Rapport sur le Concours de l'année 1869. L'Académie, en mettant ce sujet au Concours, désirait que les concur- rents déterminassent, par des expériences précises, la part des stomates dans l'ensemble des fonctions des feuilles en distinguant ce qui appartient à l'épiderme dépourvu de stomates et à celui qui en est pourvu, dans le- quel les stomates doivent jouer un rôle essentiel; elle aurait désiré qu'on étudiât le mode d'action de ces deux surfaces différentes des feuilles au point de vue de l'exhalation ou de l'absorption de l'eau, aussi bien qu'à celui de l'exhalation et de l'absorption des gaz. Trois Mémoires ont été envoyés au Concours à l'époque fixée pour sa clô- ture ; chacun d'eux renferme des observations et des expériences intéres- santes. Des points importants qui se rattachent à la question mise au Con- cours ont été étudiés et souvent résolus d'une manière qui laisse peu de doutes, surtout dans deux des Mémoires qui ont été adressés à l'Académie (sous les n"' 2 et 3). Mais on peut dire que ce sont certains élémetits de la question qui ont été abordés, plutôt que la question elle-même. Chacun des auteurs le reconnaît, poin- ainsi dire, en déclarant que le temps lui a manqué pour compléter ses recherches et qu'il n'est pas arrivé au terme des études qu'il se propose de continuer. Il est certain que la question, telle que la posait le programme du Con- cours, n'est pas résolue d'une manière positive, et que les conclusions énoncées par les savants auteurs de ces Mémoires sont, dans certains c;is, des présomptions plus ou moins vraisemblables plutôt que des vérités démontrées ou, dans d'autres cas, seulement des conclusions partielles relatives à des phénomènes particuliers, cpii jouent sans doute un rôle important dans les fonctions qui font l'objet de ce Concours, mais sans résoudre la question elle-même telle qu'elle avait été présentée. i8.. ( >/io ) D.nis cette situation, vu rintérèt du sujet et l'espoir que la question pourra être résolue soit p;ir les concurrents actu(>]s, soit par d autres savants, la Commission pense qu'il y a lieu de remettre la question au Concours. Nous n'entrerons, pour ce motif, ilans aucun détail sur les Mémoires envoyés cette année, car la question étant maintenue au Concours, il y aurait des inconvénients évidents à faire connaître et à discuter les tra- vaux de chacun des compétiteiu-s; les méthodes d'expérimentation em- ployées par eux et les résultats qu'ils eu ont déjà obtenus, ne devant être connus du public et de leurs concurrents qu'autant qu'ils le jugeront con- venable. Conformément h la proposition de la Commission, l'Académie remet au Concours pour l'année 187a, la question du rôle des stomates dans les fonc- tions des feuilles, telle qu'elle l'avait proposée pour 1869. Le terme pour l'envoi des Mémoires est fixé, exceptionnellemeut, au 3i décembre 1871. Ces Mémoires devront être écrits eu hançais ou en latin; ds pourront être manuscrits ou imprimés, |)orler le nom de l'auleur ou le renfermer dans un billet cacheté, la Commission se réservant le droit d'ouvrir ce billet si elle juge nécessaire de se mettre en rapport avec l'auteur pour la vérification des faits signalés dans son Mémoire. [Foir aux Prix PROPOsris.) PRIX BORDIN. (Commissaires : MM. Coste, Milne Edwards, de Quatrefages, Robin, Emile P)lanchar(l rapporteur.) Rapport siii' le Concours de l'année 10G9. L'Académie a proposé en 18G6, comme sujet de Concours pour le |irix Bordiu à décerner en 1869 : la Monncjrapliie (/'iz/i nn'iinnl invertébré marin. Dans la pensée de la Commission chargée de formulei- le programme, les concurrents devaient s'attacher à faire une étude profonde de l'organisation et des conditions biologiques d'un animal qui n'aurait pas encore été l'ob- jet de recherclies bien ^'tendues. On désirait, en un mot, que la science s'enrichisse d'une de ces monographies, qui, en apportant des détails d'une extrême précision sur les appareils organiques et sur les diverses phases du développement end)ryonuaire d'un type |)arliculier, donnent lieu à de nouvelles comparaisons et facilitent ainsi de nouvelles généralisations. Deux Mémoires ont été envoyés pour ce Concours. L'un, inscrit sous le ( i4i ) n° 1, a pour titre : Recherches zoolor/iqucs cl anntomiques sur des N^ëmatoides non parasites, marins, et pour épigraphe : MaQi7v. Les vers de la classe des Helminlhes et de l'ordre des Néin.itoides habitent dans les milieux les plus différents. Il y a les espèces parasites, — ce sont pour la plupart des vers intestinaux — et les espèces errantes, terrestres et aquatiques. I>es premières ont été beaucoup étudiées dans leur organisation; mais les autres, n'ayant pas excité aussi vivement l'intérêt des naturalistes, ont été plus négligées. On a seulement quelques travaux sur les Anguillules et les Gordius, les plus connus des Nématoïdes libres, et uu nombre fort restreint d'observa- tions sur les espèces marines. Le travail que nous avious'à apprécier a pour objet la détermination des caractères zoologiques et l'étude comparative de l'organisation interne de vingt-deux espèces méditerranéennes recueillies dans les parages de Mar- seille. L'auteur, ayant à s'occuper d'animaux qui paraissent n'avoir encore été enregistrés dans aucun Ouvrage descriptif, s'est appliqué d'abord à les bien caractériser, et il a fait preuve d'un bon esprit scientifique, en tenant à s'assurer que les signes distinctifs extérieurs coïncidaient avec des j)arti- cularités anatomiques importantes. La seconde partie du Mémoire est con- sacrée à l'exposition des résultats obtenus par la recherche anatomique. Nous y trouvons une étude consciencieuse des téguments et des muscles, d'intéressantes remarques relatives à la cavité générale du corps. Les ob- servations sur l'appareil digestif qui conserve les traits caractéristiques de- puis longtemps signalés, chez les vers Nématoïdes, nous font connaître simplement quelques modifications suivant les espèces, mais l'auteur a vu et décrit avec soin des glandes qui n'existent pas chez les Nématoïdes para- sites. Le système nerveux, que personne encore n'avait étudié chez les Néma- toïdes marins, a été l'objet d'investigations sérieuses, et nous pensons que ses parties les plus importantes ont été assez exactement reconnues. Une ré.serve plus grande nous est commandée à l'égard d'une détermination des organes des sens, et surtout d'un appareil d'audition que l'auteur croit avoir découvert. Les organes de la génération ont montré dans leur en- semble une très-grande ressemblance avec ceux que l'on a décrits chez d'autres représentants du même type zoologique, mais des détails précis relatifs à diverses espèces ont été constatés. Le Mémoire sur des JScmalovhs marins, se termine par des remarques stn- le développement de l'embryon, qui ajoutent peu aux faits observés, chez des vers du même ordre, et par des considérations physiologiques sur l'alimentation et sur la digestion. On voit par cet exposé que le ti'.ivaii a été exécuté avec une véritable ( l42 ) intelligence du sujet, et qu'il contribue très-notablement à faire connaître un type zoologiquc jusqu'ici assez négligé. L'étude de ce type, cependant, n'est pas achevée. Connue conclusion, l'auteur formule ses appréciations sur les affinités naturelles des Néniatoïdes marins. La détermination précise de ces affinités offre, en effet, un intérêt réel, car elle doit être la consé- quence d'études assez approfondies pour que tous les faits soient rendus bien comi)arables. Il existe plusieurs groupes zoologiques composés d'es- pèces présentant les mêmes caractères généraux et ayant des conditions d'existence fort différentes, par exemple, les Planaires, qui sont des vers aquatiques, et lesTrématodes, qui sont des vers intestinaux. L'auteur estime qu'à la façon de ces deux formes, les Néniatoïdes marins et les Néniatoïdes parasites constituent aussi deux groupes bien distincts du même ordre. La question ainsi posée, il est facile de se convaincre que les comparaisons n'ont pu être suffisamment rigoureuses encore pour que toutes les ressem- blances et toutes les différences entre les représentants des deux groupes se trouvent mises en lumière. On peut croire, d'ailleurs, que les conditions biologiques, si dissemblables en appai-ence, coïncident moins ici que ne le pense l'auteur avec d'importantes particularités d'organisation, car avec les données actuelles encore fort incomplètes, il est vrai, il ne paraît plus douteux que le même genre de vie de certains vers néniatoïdes ne change durant les phases de leur existence. Le Mémoire inscrit sous le n° 2 est la Monocjrapltie de deux esjièces d'Ancées du golfe de Nciptes [Ancœiis paratlelui, J . forficula Costa et //. ille- pidus ) . T,es Ancées, petits Crustacés de l'ordre des Isopodes, furent, il y a quel- ques années, de la part de M. Hesse, l'objet d'un travail jugé digne par l'Acaelémie tle prendre place dans le Recueil des Savants élranqers. M. Hesse, ayant beaucoup observé les espèces des côtes de l'Océan, s'était assuré que les Pranizes, considérées précédemment comme représentant une hirme générique particulière, étaient les larves ou les femelles des Ancées; le pre- mier, il avait recoiuui les métamorphoses de ces animaux. Mais jusqu'ici, seules à peu près, les formes extérieures de ces Crustacés avaient été étu- diées. L'auteur du Mémoire soumis à notre examen s'est attaché à l'obser- vation des parties internes et des changements qui s'opèrent dans l'orga- nisme |iendant les phases successives du développement. Une |iremière partie de sou travail est consacrée aux individus adultes. Les pièces tégu- mentaires, les appendices, les muscles, l'appareil digestif, les organes de la génération y sont étudiés d'une manière comparative dans les deux sexes . ( i43 ) et d'une façon qui laisse peu à désirer, car des rapprochements avec les autres Crustacés de l'ordre des Isopodes contribuent à donner la précision aux faits observés. Le système nerveux a été examiné, dans ses parties prin- cipales tout au moins; à l'égard de l'appareil de la circulation du sang, la recherche a été moins heureuse: elle nous éclaire simplement sur la forme et la position du cœur, et sur le trajet des grosses artères; elle nous laisse encore dans l'ignorance relativement à la marche du sang veineux, ainsi qu'au système de canaux qui apporte au cœur le sang artérialisé. Après l'étude des Ancées adultes, l'auteur s'occupe de leurs larves de- puis la sortie de l'œuf jusqu'à la dernière métamorphose, décrivant avec un soin presque minutieux les divers étals par lesquels passe l'animal quant à ses formes extérieures et à son organisation interne. Il compare ces états transitoires à l'état permanent des adultes, et, dans cette comparaison, il fait ressortir avec habileté la signification biologique des changements qui s'effectuent. Sous leur forme de larves, les Ancées vivent parasites sur la peau des Poissons dont ils sucent le sang; leurs pattes, leurs pièces buc- cales sont appropriées à ce genre de vie ; leur tube digestif, qui doit recevoir une grande qunntité de nourriture, est énorme. Adultes, les Ancées vivent libres et semblent presque ne plus agir que pour les besoins de la repro- duction; alors se modifient leurs appendices, la bouche cesse d'être apte à la succion, il y a une certaine atrophie de l'appareil alimentaire. L'auteur du Mémoire que nous examinons a bien suivi et bien compris ces modifi- cations, qui sont eh rapport avec les variations dans les conditions d'exis- tence. Dans un dernier chapitre, il étudie la formation des œufs et leur déve- loppement après la fécondation, mais cette partie du travail, à la vérité très-difficile, laisse beaucoup de lacunes. Nous devons ajouter que le texte est accompagné de dix planches d'une exécution remarquable, qui permettent de ne conserver aucune incertitude sur la valeur des observations. En résumé, comme on a pu en juger par notre rapide analyse, les deux Mémoires envoyés au Concours pour le prix Bordiu sont des œuvres fort estimables, qui, l'une et l'autre, se recommandent par le nombre des faits constatés pour la première fois. Ces travaux témoignent delà |>art de leurs auteurs un talent d'observation incontestable, beaucoup de persévérance, et une conscience absolue dans des recherclies exirémenient difficiles. Malgré ces qualités que nous nous plaisons à signaler, et malgré la valeur des résultats que nous avons été heureux de constater, aucun des deux ( '44 ) Mémoires cependant ne répond d'nne manière complète au vœu delà Com- mission qui a proposé le sujet, à l'espérance qu'il avait fait naître. La pré- férence à attribuer à l'un ou l'autre des deux Ouvrages demeure délicate. Des deux côtés, il y a des résidlats notables obtenus, et également dus à des efforts persévérants, bien que les grandes difficultés n'aient pas été sur- montées. En présence de cette situation, la Commission n'éprouve aucun embarras; elle pense que ]es Recherches mr les Némaloïdes marins, ei la Monographie des Jncées du golfe de Naples, étant vraiment dignes d'une marque d'estime et des encouragements de l'Académie, il convient de par- tager le prix Bordin entre les deux concurrents. Le Mémoire n" 1, portant pour épigraphe : Ma.ê:7ii, a pour auteur M. A.-F. Mauiox, préi)arateur à la Faculté des Sciences de Marseille. Le Mémoire n° 2 est de M. NicoL.is Wagxeii, professeur à l'Université de Kasan. PRIX JECRER. (Counnissaires : MM. Reguault, Ralaid, Fremy, Wurtz, Cahours, Clievreul rapporteur.) La Section de Chimie, à l'unanimité, a décerné le prix Jecker à M. Friedfx, pour ses Recherches sur des (omposés (ht ilhciuin correspondant aux composés d'origine organique. PRIX BARBIER. (Commissaires : MM. Nélaton, Bussy, Brongniart, Cl. Bernard, Cloquet rapporteur.) Rapport sur le Concours de l'année 10G9. Des sept Mémoires qui ont été envoyés au Concours du prix Barbier, deux seulement ont fixé l'attention de la Connuission et lui ont paru dignes de récompense. Le premier est de M. Mirault, professeur honoraire à l'École de Médecine d'Angers, chirurgien honoraire de l'Hôtel-Dieu, etc.; il a pour titre: De Voc( hision chirurgicale temporaire îles j)aupicrcs dans le traitement de Cectrojnon cicatriciel. H y a vi6a ) » Ce prix, quand l'Académie le jugera utile au progrès de la science, » pourra être converti en prix triennal sur une question proposée. » La question proposée pour l'année 1869 était la suivante : » Revoir la théorie des sntelliles de Jupiter; discuter les observations et en dé- » diiire les constantes qu'elle renferme, et particulièrement celle qui fournit une 0 détermination directe de la vitesse de la lumière; enfin, construire des Tables » particulières pour chaque satellite. » Aucune pièce sur cette question n'étant parvenue au Secrétariat, l'Acadé- mie, sur la proposition de la Commission, décide, d'une part, que la ques- tion sera maintenue au Concours et, d'antre part, que le prix qui sera décerné, s'il y a lieu, en 1872, sera porté à la valeur de cinq mille francs. En conséquence, l'Académie décernera, dans la séance publique de l'année 1872, ce prix de cinq mille francs au travail qui répondra le mieux au programme ci-dessus. Les Mémoires seront reçus jusqu'au i^'"jnin 1872, terme de rigueur. PRIX TRÉMONT. Feu M. le Baron de Trémont, par son testament en date du 5 mai 1847, a légué à l'Académie des Sciences une somme annuelle de onze cents francs pour aider dans ses travaux tout savant, ingénieur, artiste ou mécanicien, auquel une assistance sera nécessaire « pour atteindre un but utile et glo- rieux pour la France. » Un Décret en date du 8 septembre i856 a autorisé l'Académie à accepter cette fondation. En conséquence, l'Académie annonce que, dans sa séance publique de 187a (i), elle accordera la somme provenant du legs Trémont, à titre d'encouragement, à tout « savant, ingénieur, artiste ou mécanicien » (pii, se trouvant dans les conditions indiquées, aura présenté, dans le courant de l'année, lUie découverte ou un perfectionnement paraissant répondre le mieux aux intentions du fondateur. (1) Le prix décerné en 186g, l'a été comme la fois précédente, avec jouissance pour trois années. ( i63 ) PRIX A DÉCERNER EN 1873. GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES. QUESTION PROPOSÉE EN 1304 POUR 186G, REMISE AU CONCOURS APRÈS MODIFICATION POUR 1069 ET PROROGÉE JUSQu'eN 1875. La question proposée est la suivante : « Disculer complélement les anciennes obsei~uations d'écIipses qui nous ont M été transmises par l'histoire, en vue d'en déduire la valeur de l'accélération » séculaire du moyen mouvement de la Lune, sans se préoccuper d'aucune » valeur théorique de celte accélération séculaire; montrer clniremciit à quelles » conséquences ces éclipses peuvent conduire relativement à l'accélération dont » il s'agit, soit en lui assignant forcément une valeur précise, soit au contraire » en la laissant indéterminée entre certaines limites. » Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être parvenus au Secrétariat avant le i" juin ïS'j?>, lenne de rigueur. 11,. ( >64 ) SCIENCES PHYSIQUES. PRIX A DECERNER EN 1870. GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES. QUESTION PROPOSÉE F.N 1887 POUR 1870: REPRODUCTION DU PROGRAMME DE l'annke précédente. (Couiinissaires : JMM. lioiissingault, Cl. Bernard, Brongniart^ Clievreul, Milnc Edwards rapporteur.) « Histoire des plténoniènes (jénésiqucs qui yréc'edciil le dcvcloppemcnl de » l'embryon chez les animaux dioïqiics dont la reproduction a lieu sans accou- )i plement. » Depuis quelques années le mode de reproduction des pucerons et des autres animaux dits jtarthénocjénésiques a été l'objet de recherches nom- breuses, mais les naturalistes ne sont pas d'accord sur plusieurs des points les plus importants de l'histoire de cette fonction. L'Académie désirerait que l'on en fit ime élude plus approfondie, et que l'on déterminât s'il existe, ou non, chez les femelles qui se imdtiplient sans accouplement préalable, quelque phénomène analogue à la fécondation déteriuinéo d'ordinaire par l'action des spermatozoïdes sur l'œuf. Les Mémoires, manuscrits ou imprimés et rédigés en français, ont dû être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i*''juin iS^o. PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE, FONDIl par ai. DE MONTYOIV. Feu M. de Monfyon ayant offert une somme à l'Académie des Sciences, avec l'intention que le re\enu en fût affecté à un prix de Physiologie expé- linienlale à décerner chaque année, et le Gouvernement ayant autorisé cette fondation par une Ordonnance en date du 22 juiliet 1818, L'Académie annonce qu'elle adjugera une médaille d'or de la valeur de ( i65 ) sept cent soixnnle-qiintre jrnncs à l'Ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra avoir le plus contribué aux progrès de la Physiologie expérimentale. Le prix sera décerné dans la prochaine séance publique. Les Ouvrages ou Mémoires présentés par les auteurs doivent être envoyés au Secrétariat de l'Institut avant le i"' juin de chaque année. PRIX DE MÉDECINE ET CHIRURGIE ET PRIX DIT DES ARTS INSALUBRES, FONDÉ PAR M. DE AIONTYON. Conformément au testament de feu RL Auget de Monfyon, et aux Or- donnances du 29 juillet 1821, du a juin iSaS et du i?> août 1829, il sera décerné un ou plusieurs prix aux auteurs des Ouvrages ou des découvertes qui seront jugées les plus utiles à Varl de c/uérir, et à ceux qui auront trouvé les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre. L'Académie a jugé nécessaire de fliire remarquer que les prix dont il s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à perfectionner la médecine ou la chirurgie, ou qui diminueraient les dan- gers des diverses professions ou arts mécaniques. Les pièces admises au Concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles contiendront une découverte parfaitement déterminée. Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous les cas, la Com- mission chargée de l'examen du Concours fera connaître que c'est à la dé- couverte dont il s'agit que le prix est donné. Les sommes qui seront mises à la disposition des auteurs des découvertes ou des Ouvrages couronnés ne peuvent être indiquées d'avance avec préci- sion, parce que le nombre des prix n'est pas déterminé; mais la libéralité du fondateur a donné à l'Académie les moyens d'élever ces prix à une valeur considérable, en sorte que les auteurs soient dédommagés des expériences ou recherches dispendieuses qu'ils auraient entrepiises, et reçoivent des récom])euses proportionnées aux services qu'Us auraient rendus, soit en prévenant ou diminuant beaucoup l'insalubrité de certaines professions, soit eu perfectionnant les sciences médicales. Conformément à l'Ordonnance du aS août 1829, outre les prix annoncés ( i66 ) ci-dessus, il sera aussi décerné des prix aux meilleurs résultats des recherches entreprises sur les questions proposées par l'Académie, conformément aux vues du fondateur. Les Ouvrages ou Mémoires présentés par les auteurs doivent être envoyés au Secrétariat de l'Institut avant le i" juin de chaque année. PRIX BRÉANT. Par son testament en date du 28 août 1849, feu M. Bréant a légué à l'Académie des Sciences une somme de cent mille francs pour la fondation d'un prix à décerner « à celui qui aura trouvé le moyen de guérir du cho- léra asiatique ou qui aura découvert les causes de ce terrible fléau (i). » Prévoyant que ce prix de cetU mille francs ne sera ])as décerné tout de suite, le fondateur a voulu, jusqu'à ce que ce prix soit gagné, que l'intéi'ét du capital fût donné à la personne qui aura fait avancer la science sur la qncstion du choléra ou de toute autre maladie épidémique, ou enfin que ce prix pût être gagné par celui qui indiquera le moyen de guérir radicale- ment les dartres ou ce qui les occasionne. Les concurrents devront satisfaire aux conditions suivantes : 1° Pour remporter le prix de cent mille francs, il faudra : (i) Il paraît convenable de reproduire ici les propres termes du fondateur : « Dans l'état » actuel de la science, je pense qu'il y a encore beaucoup de choses à trouver dans la com- » position de l'air et dans les fluides qu'il contient : en effet, rien n'a encore été découvert » ausujet de l'action qu'exercent sur l'économie animale les fluides électri(jues, ma|,»nétiqiies » ou autres; rien n'a été découvert également sur les animalcules qui sont répandus en » nombre infini dans l'atmosphère, et qui sont peut-être la cause ou une des causes de cette » cruelle maladie. » Je n'ai pas connaissance d'ajjpareils aptes, ainsi que cela a lieu pour les liquides, à >' reconnaître l'existence dans l'air d'animalcules aussi pt'lits que ceux que l'on aperçoit dans » l'eau en se servant des instruments microscopiques que la science met à la disposition de » ceux qui se livrent à cette élude. » Comme il est probable que le prix de cent mille francs, institué comme je l'ai expliqué » plus haut, ne sera pas décerné de suite, je veux, jusqu'à ce que ce prix soit gagné, » que l'intérêt dudit capital soit donné par l'Institut à la personne qui aura fait avancer la • science sur la question du choiera ou de toute autre maladie éiiidcmique, soit en donnant » de meilleures analyses de l'air, en y démontrant un élément morbide, soit en trouvant un • procédé propre à connaître et à étudier les animalcules qui jus(ju'à présent ont échappé • à l'œil du savant, et qui pourraient bien être la cause ou une des causes de la maladie. >• ( '67 ) « Trouver une médication qui guérisse le choléra asiatique dans l'immense » majorité des cas; » Ou « Indiquer d'ime manière incontestable les causes du choléra asiatique, de » façon que)! amenant la suppression de ces causes on fasse cesser l'épi- » demie; » Ou enfin « Découvrir une prophylaxie certaine, et aussi évidente que l'est, par exemple, a celle de la vaccine pour la variole. » 2° Pour obtenir le prix annuel, il faudra, par des procédés rigoureux, avoir démontré dans l'atmosphère l'existence de matières pouvant jouer un rôle dans la production ou la propagation des maladies épidémiques. Dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été remplies, le prix annuel pourra, aux termes du testament, être accordé à celui qui aura trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres, ou qui aura éclairé leur étiologie. Les Mémoires, imprimés ou manuscrits, ont dû être parvenus au Secré- tariat de l'Institut avant le i" juin 1870. PRIX BORDIN. QUESTION PROPOSÉE EN 1867 POCR 1870 : REPRODDCTION DU PROGRAMME DE l'année précédente. (Commissaires : MM. Boussingault, Cl. Bernard, Brongniart, Chevreul, Milne Edwards rapporteur.) « Anatomie comparée des Annélides. » Il existe encore beaucoup de lacunes dans l'histoire anatomique des Annélides marins, particulièrement dans ce qui est relatif aux organes de la génération. L'Académie demande une étude approfondie et comparative de la structure intérieure d'un certain nombre de ces animaux appartenant aux différentes familles naturelles les plus importantes. Elle désire que les descriptions soient toutes accompagnées de figures faites d'après nature. Les Mémoires, manuscrits ou imprimés et rédigés en français, ont dû être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i"juin 1870. ( i68 ) PRIX JECKER. Par un testament, en date du i3 mars i85i, feu M. le D'^ Jecker a fait à l'Académie lui legs destiné à accélérer- les progrès de la Chimie organique. En conséquence, l'Académie annonce qu'elle décernera, dans sa séance publique de 1870, un ou plusieurs prix aux travaux qu'elle jugera les plus propres à hâter le progrès de cette branche de Chimie. PRIX BARBIER. Feu M. Barbier, ancien Chirurgien en chef de l'hôpital du Val-de-Grâce, a légué à l'Académie des Sciences une rente de deux mille francs, destinée à la fondation d'un prix annuel « pour celui qui fera une découverte pré- » cieuse dans les sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans » la botanique ayant rapport à l'art de guérir. » Les Mémoires ont du être remis au Secrétariat de l'Institut avant le i" juin 1870. PRIX GODARD. Par un testament, en date du 4 septembre 1862, feu M. le D' Godard a légué à l'Académie des Sciences « le capital d'une rente de mille francs, » trois pour cent, pour fonder un prix qui, chaque année , sera donné au M meilleur Mémoire sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie des B organes génito-urinaires. Aucun sujet de prix ne sera proposé. B Dans le cas ou une année le prix ne serait pas donné, il serait ajouté » au prix de l'année suivante. » En conséquence, l'Académie annonce que ce prix sera décerné, dans sa séance publique de 1870, au travail qui remplira les conditions prescrites par le donateur. Les Mémoires ont dû être parvenus au Secrétariat de l'Institut avant le i" juin 1870. PRIX SAVIGNY, FONDÉ PAR M-^" LETELLIER. Un Décret impérial, en date du 20 avril 1864, a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation qui lui a été faite par M"^ Lelellier, au nom ( i69 ) de Savigny, d'une somme de vingt mille francs pour la fondation d'un prix en faveur des jeunes zoologistes voyageurs. « Voulant, dit la testatrice, perpétuer, autant qu'il est en mon pouvoir » de le faire, le souvenir d'un martyr de la science et de l'honneur, je » lègue à l'Institut de France, Académie des Sciences, Section de Zoologie, » vingt mille francs au nom de Marie-Jides-César Le Lorgne de Savigny, » ancien Membre de l'Institut d'Egypte et de l'Institut de France, pour » l'intérêt de cette somme de vingt mille francs être employé à aider les » jeunes zoologistes voyageurs qui ne recevront pas de subvention du » Gouvernement et qui s'occuperont plus spécialement des animaux sans » vertèbres de l'Egypte et de la Syrie. » PRIX DESMAZIÉRES. Par son testament olographe, en date du i4 avril i855, M. Baptiste- Henri-Joseph Desmazières, demeurant à Lambersart, près Lille, a légué à l'Académie des Sciences un capital de trente-cinq mille francs, devant être converti en rentes 3 pour loo, et à servir à fonder un prix annuel pour être décerné «à l'auteur, français ou étranger, du meilleur ou du plus utile écrit, publié dans le courant de l'année précédente, sur tout ou partie de la Crypiogamie. « Conformément aux stipulations ci-dessus, un prix de seize cents francs sera décerné, dans la séance publique de l'année 1870, à l'Ouvrage ou au Mémoire jugé le meilleur parmi ceux publiés dans l'intervalle de temps écoulé depuis le précédent Concours, et qui auront été adressés à l'Aca- démie avant le 1" juin 1870. PRIX THORE. Par son testament olographe, en date du 3 juin i863, M. François-Fran- klin Thore, demeurant à Dax, a légué à l'Académie des Sciences une in- scription de rente 3 pour 100 de deux cents francs, pour fonder un prix annuel à décerner « à l'auteur du meilleur Mémoire sur les Cryptogames cellulaires d'Europe (Algues fluviatiles ou marines, Mousses, Lichens ou Champignons), ou sur les mœurs ou l'anatomie d'une espèce d'Insectes d'Europe. » Ce prix, attribué alternativement aux travaux sur les Cryptogames cel- lulaires d'Europe et aux recherches siu' les mœurs ou l'anatomie d'ua G. R., 1870, 2= Semestre. (T. LXXl, N" 2.) 22 ( '7° ) Insecte, sera décerné, en 1870, au meilleur travail, manuscrit ou imprimé, paiini ceux qui auront été adressés à l'Académie avant le i*''JMin 1870, sur un sujet relatif aux mœurs ou à Tanatomie d'un Insecte. PRIX A DECERNER EN 1871. GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES, PROPOSÉ EN 18G8 POUR lUTl. (Commissaires : MM. Brongniart, Milne Edwards, Boussingault, Dumas, Decaisiie rapporteur.) La Commission désignée pour proposer le sujet du Grand Prix des Sciences naturelles qui devait être décerné en 1869 a adopté : V Elude de la Fécondation dans la classe des Chumpifjnons. Les auteurs rechercheront les organes à l'aide desquels s'opère la fécon- dation, soit dans le groupe des B.isidiosporés, soit dans celui des Théca- sporés, sur lesquels on ne possède encore que des notions fort incom- plètes. Les Mémoires, écrits en latin ou en français, devront être accompagnés de dessins explicatifs. Le prix consistera en une médaille d'or de trois mille francs. L'Académie proroge ce concours à 1871. Les pièces de Concours devront être déposées au Secrétariat de l'Institut avant le i" juin 1871. PRIX BORDIN, PROPOSÉ EN 18G8 POUR 1871. (Commissaires : MM. Milne Edwards, Brongniart, Becquerel, Cosie, Elie de Beaumont rapporteur.) <( Faire connaître les ressemblances et les différences qui existent entre les jiro- n dnclions organiques de toute esj)èce des pointes australes des trois continents de » l'Afrique, de l'Amérique méridionale et de t' .dusiralie, ainsi que des terres » intermédiaires, et les causes quon peut assigner à ces différences. » ( 17' ) On comprendra dans le travail les êtres marins qui peuplent les côtes des trois continents et les fossiles qui y ont été découverts. On se bornera à l'élude des parties des trois continents qui sont situés au sud du 2$^ parallèle de latitude australe, et, sans faire tuie étude nou- velle des climats déjà connus des trois régions, on s'attachera essentielle- ment à constater l'influence des constitutions météorologiques que leur assignent les observations recueillies par les différents voyageurs qui s'en sont occupés; on devra surtout tenir compte des effets qu'on sait déjà être produits parles courants marins [voir la Note de M. Becquerel). On indiquera les conséquences que peuvent avoir, pour les théories pa- léontologiques, les résultais auxquels on sera arrivé. L'Académie désirerait que la question fût traitée d'une manière com- plète, mais elle pourrait se contenter d'une solution partielle qui se horrie- rait soit aux végétaux, soit aux animaux, soit même à une partie du règne animal, par exemple aux vertébrés ou aux invertébrés. I/Académie n'hésite même pas à déclarer qu'elle préférerait une solution partielle, mais appro- fondie, à une autre qui serait plus générale et en même temps plus super- ficielle. NOTE DE M. BECQUEREL. Remarques sur ta situation géographique et l'état climatérique des pointes les plus saillantes des continents dans V héinisphcre austral. Cap Horn : Lat., 55° 28' 5o"; temp. mny., 5 degrés. Cap de Bonne-Espéiance : Lat., 33°55'; temp. moy., 19°, 4°- Cap le plus niériilional de l'Australie : Lat., 39 degrés; temp. moy., 10 degrés. Cote ouest de rAméritpie : Lat., 20 degrés; temp. moy., iy°,4o. Injluence des courants marins sur les climats. Le pôle austral est le point de départ de trois courants d'eau froide. Le courant central vient frapper la côte occidentale tie l'Auiéri'pie du Sud, vers le 4o'' dé- gré de latitude; I.à il se partage en deux branches. La liranclie qui se ilirige vers le sud côtoie la Patagonie, tourne le cap Horn; revenant des liasses l.iîludes, elle réchauffe tiuites ce.s côtes. Celle cjui lemonle vers le nord côtoie le Chili et le Pérou el adoucit le climat de ces contrées, voisines de l'equaleiir, dont la leinpéraUire est plus élevée que la sienne, et qui, comme on sait, est très-différent de celui du Brésil, à latitude égale. Il résulte de l'influence exercée |)ar ces di'nx couranis sur la température de l'air, dans les lieux ip-.ine sont pas sous la même latitude, que la végétation piésenle les mêmes carac- tères au Chili qu'à la Terre-de-Feii et que les colibris se trouvent depuis le Chili jusi|u'au cap Horn. Le second courant austral d'eau froide, situé à l'ouest du précédent, vient frapper la côte 22.. ( 172 ) occidentale de la Nouvelle-Hollande et se partage en deux branches. L'iine se dirige vers le sud, où elle côtoie le cap le plus méridional qu'elle réchauffe, venant d'une latitude plus basse. L'autre branche remonte vers le nord, en côtoyant la IV'ouvelle-Iloliande, dont elle re- froidit la cote, venant de hautes latitudes; vers les îles de la Sonde, elle va rejoindre le grand courant É(|uino\ial, se dirige vers le sud, entre l'Afrique et Madagascar, contouine le cap de Bonne-Espérance, où elle est considérée comme courant d'eau chaude; aussi sa température moyenne est-elle de 19", i, sous une latitude de 33°, 5, tandis que l'on rencontre cette même température, sous la latitude de 20 degrés, sur la côte occidentale de l'Amérique du Sud, dont la température est rafraîchie par le courant d'eau froide provenant de la branche cen- trale du courant polaire, qui vient heurter les côtes du Chili. La température moyenne étant la même au cap de Bonne-Espérance que sur la côte occi- dentale de l'Amérique du Sud, à des latitudes bien différentes (33°,55 et 20 degrés), cette différence dépend de ce que le cap de Bonne-Espérance est côtoyé par un courant d'eau chaude, tandis que la côte ouest de l'Amérique l'est par un courant d'eau froide. Les courants marins doivent donc être mis au nombre des causes qui influent sur la faune et la flore des parties les plus méridionales des continents. M. de Humboldt dit, dans son Asie centrale, t. III, p. l'yS : « Dans l'hémisphère austral, les extrémités pyramidales des continents qui se prolongent inégalement vers le pôle sud offrent le climat des îles. Des étés d'une température très-basse sont suivis, au moins jus- qu'aux 48" et 5o' degrés de latitude, d'hivers peu rigoureux; d'où il résulte que les formes végétales de la zone torride, les fougères en arbre et les belles orchidées parasites, ]ieuvent avancer au sud jusque vers le 38" et le 46' degré de lat. aust., tandis que, dans l'hémi- sphère boréal, les fougères en arbre et les orchidées ne dépassent pas le tropique du Cancer, etc., etc. )i Le pi'ix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires niaimscrits devront être déposés an Secrétariat de i'In- slitut avant le i" juin 1871. Les noms des auteurs seront renfermés dans des billets cachetés qui ne seront ouverts que si la pièce est couroiniée. PRIX BORDIN. QUESTION SUBSTITUÉE ES 1866 A CELLE QUI AVAIT ÉTÉ rRÉCÉDEMMENT PROPOSÉE CONCEKKANT LA STRUCTURE DES TIGES DES VÉGÉTAUX : REPRODUCTION DU PROGRAMME DE 1869, QUESTION PROPOSÉE DE NOUVEAU POUR 1871. (Commissaires : MM. Milne Edwards, Boussingault, Bernard, Decaisne, Brongniart rapporteur.) (( Etudier le rôle des stomates dans les foiirlioiis des feuilles. « L'Acadétnie, en proposant cette question, désire que, par des recherches expérimentales et par des observations aiiatomiques sur les plantes sou- ( ^i"» ) mises aux expériences, les concurrents cherchent à déterminer le rôle que les stomates jouent dans les phénomènes de respiration diurne ou nocturne, d'exhalation ou d'absorption aqueuse dont les feuilles sont le siège princi- pal dans les plantes. Les Mémoires (manuscrits ou imprimés) devaient, ainsi que l'annonçait le programme des deux années précédentes, être parvenus au Secrétariat de l'Institut avant le i*" juin 1 871, et porter le nom de leur auteur, afin que les expériences pussent au besoin être répétées par hii sous les yeux de la Commission. PRIX CHAUSSIER. Feu M. Franck-Bernard-Simon Chaussier a légué à l'Académie des Sciences, par testament en date du ig mai i863, « une inscription de rente de deux mille cinq cenis francs par an, que l'on accumulera pendant quatre ans pour donner un prix sur le meilleur Livre ou Mémoire qui aura paru pendant ce temps, et fait avancer la Médecine, soit sur la Médecine légale, soit sur la Médecine pratique. » Un Décret, en date du 7 juillet 1869, a autorisé l'Académie à accepter ce legs. Elle propose de décerner pour la première fois ce prix, de la valeur de dix mille francs, dans sa séance publique de l'année 1871, au meilleur Ouvrage paru dans les quatre années qui auront précédé son jugement. Les Ouvrages ou Mémoires devront élre déposés au Secrétariat de l'In- stitut avant le i^' juin 1871. PRIX DE LA FONS-MÉLICOCQ. Feu M. de la Fons-Mélicocq a légué à l'Académie des Sciences, par tes- tament en date du 4 février 1866, une rente de (rois cents francs, (rois pour cent, qui devra être accuiiudée, et « servira à la fondation d'un prix qui sera décerné tous les trois ans au meilleiu* Ouvrage de Bolanique sur le nord de la France, c'est-à-dire sur les départements du Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne. » L'Académie décernera ce prix, qui consiste en une médaille de la valeur de neuf cents francs, dans sa séance publique de 1871, au meilleur Ouvrage manuscrit ou imprimé remplissant les conditions stipulées par le testateur. Le terme du Concours est fixé au 1^' juin 1871 . ( 174 ) PRIX GEGNER. Feu M. Jean-Louis Gcgner, par testament en date du i 2 mai 1868, a iégiié à l'Académie des Sciences « un nombre d'obligations suffisant pour former le capital d'un revenu de quatre mille Jrancs, destiné à soutenir un savant pauvre qui se sera signalé par des travaux sérieux, et qui dès lors pourra continuer plus fructueusement ses recherches en faveur du progrès des sciences positives. » L'Académie des Sciences a été autorisée, par Décret en date du 2 octo- bre 1869, à accepter cette fondation. Elle décernera, pour la première fois, le prix Gegner dans sa séance publique de l'année 1871. Les pièces adressées au Concours devront être déposées au Secrétariat de l'Institut avant le 1" juin iB^f. PRIX A DECERNER EN 1872. PRIX DE aiEDECiNE ET DE CniRURGIE POUR L'ANNEE 1872. QUESTION PROPOSÉE FN 18G0 POUR liiGG, ET REMISE A 1809, ET ENFIN A 1872. L'Académie avait proposé, comme sujet d'un prix de Médecine et de Chirurgie, et remet au concours pour 1872,1a question suivante: « De Vnpplicalion de F électricilé à la thérapeuticjue. » Les concurrents devront : 1° Indiquer les appareils électriques employés, décrire leur mode d'ap- plicalion et Iciu's effets physiologiques; 2° Rassembler et discuter les faits publiés siu- l'ajjplication de l'électricité au Irailemeiit des mahidies, et en p.irliculicr au Irailemcut des affections des systèmes nerveux, musculaire, vasculaire et lymphatique; vérifier et compléter par de nouvelles études les résultats de ces obticrvations, et déterminer les cas dans lesquels il convient de recourir, soit à l'action des courants intermittents, soit à l'action ties coûtants continus. Le prix sera de la somme de cinq mille Jrnms. Les Ouvrages, écrits en français, devront être parvenus an Secrétariat de l'Institut avant le i" juin 1872. ( 175) PRIX ALUUMDERT. (moue de kutrition des champignons.) (Commissaires : MM. Dumas, Milne Edwards, Claude Bernard, Decaisne, Broiigiiiiirt rapporteur.) Ija grande classe des Champignons se distingue de tous les antres groupes du règne végétal par l'absence constante dans tous ses tissus de la matière verte des feuilles ou chloro|>hylle. Celte absence de la chlorophylle indique des relations très-différentes entre ces plantes et l'atmosphère ambiante, et, par suite, un mode de nutrition aussi très-différent de celui des autres végétaux. Quelles sont les sources où les Champignons puisent le carbone et l'azote qui entrent dans leur constitution? quels sont les autres éléments qui, joints à l'oxygène et à l'hydrogène, sont nécessaires à leur développement? Les expériences faites sur quelques Mucédinées peuvent déjà répandre un certain jour sur ce sujet, mais ne suffisent pas pour expliquer le mode de nutrition et d'accroissement des grands Champignons qui prennent nais- sance dans le sol ou sur le tron'c des arbres, dans des conditions très-diffé- rentes des moisissures, et dont la masse des tissus s'accroît souvent avec une grande rapidité. Des Champignons déjà soumis à la culture, l'Agaric de couches {Agaricm campeslris, L.), le Polypore de la pierre à Champignon, ou Pielra Jomjnia des Italiens [Pol/poriis tuberaster. Pries), et quelques autres qui se prêteraient peut-être à une culture expérimentale, conduiraient sans doute à des résul- tats intéressants. En proposant pour sujet de prix l'élude du mode de nutrition des Chompi- gnons, l'Académie demande que, par des expériences précises, on détermine les relations du mycélium des Champignons avec le milieu dans lequel il se développe, ainsi que les rapports de ce mycélium et du Champignon complètement développé avec l'air ambiant, et qu'on constate ainsi l'ori- gine des divers éléments qui entrent dans la composition des Champignons soumis à ces expériences. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de deux mille cinq cents francs. Les Ouvrages et Mémoires, niannscrils ou imprimés, en français ou en latin, devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i" juin iS'ja. ( ,76 ) PRIX SERRES. Feu M. Serres, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences une somme de soixante mille francs,^ trois pour cent ^ pour l'institution d'un prix triennal « sur l' embryologie générale appliquée autant que possible à la Physiologie et à la Médecine. » Un Décret en date du 19 août 18G8 a autorisé l'Académie à accepter ce legs ; en conséquence, elle propose de décerner pour la première fois un prix de la valeur de sept mille cinq cents francs, dans sa séance publique de l'année 1872, au meilleur Ouvrage qu'elle aura reçu sur celte importante question. Les Mémoires devront être déposés au Secrétariat de 1 Institut avanl le i^'"juin 1872. PRIX A DÉCERNER EN 1875. PRIX MOROGUES. REPKODUCTION DU PROGKAMMR DES ANNÉES PRÉCÉUENTES. Feu M. de Morogues a légué, par son testament en date du aS oc- tobre I 834, "'16 somme de dix mille francs, placée en rentes siu* l'État, pour faire l'objet d'un prix à décerner tous les cinq ans, alternativement : pnr l'Académie des Sciences Physiques et Mathématiques, à l'Ouvrage qui aura fait faire le plus grand progrès à V agriculture en France, et par l'Académie des Sciences Morales et Politiques, au meilleur Ouvrage sur l'état du paupé- risme en France et le moyen d'y remédier. Une Ordonnance en date du 26 mars 1845. a autorisé l'Académie des Sciences à accepter ce legs. L'Académie annonce (pi'elle décernera ce prix, en iSyS, à l'Ouviage remplissant les conditions prescrites par le donateur. IjCs Ouvrages, imprimés et écrits en français, devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le 1" juin 1873. ( ^77 ) PRIX CUVIER. La Commission des souscripteurs pour la statue de Georges Cuvier ayant offert à l'Académie une somme résultant des fonds de la souscription restés libres, avec l'intention que le produit en fût affecté à un prix qui porterait le nom de Prix Cuvier, et qui serait décerné tous les trois ans à l'Ouvrage le plus remarquable, soit sur le règne animal, soit sur la géologie, et le Gou- vernement ayant autorisé cette fondation par une Ordonnance en date du 9 août i83c), L'Académie annonce qu'elle décernera, dans la séance publique de i 873, un prix (sous le nom de Prix Cuvier) à l'Ouvrage qui sera jugé le plusremar- quable entre tous ceux qui auront paru depuis le i" janvier i86(j jusqu'au 3i décembre 1872, soit sur le règne animal, soit sur la géologie. Ce prix consistera en une médaille d'or de la valeur de quinze cents francs . PRIX L. LACAZE. Par son testament en date du 24 juillet i865 et ses codiciles des aS août et 22 décembre 1866, feu M. Louis Lacaze, docteur-médecin, à Paris, a légué à l'Académie des Sciences trois sommes de cinq mille francs chacune, dont il a réglé l'emploi de la manière suivante : « Dans l'intime persuasion où je suis que la Médecine n'avancera réel- » lement qu'autant qu'on saura la Physiologie, je laisse cinq mille francs « de rente perpétuelle à r Académie des Sciences, en priant ce corps savant » de vouloir bien distribuer de deux ans en deux ans, à dater de mon » décès, un prix de dix mille francs (10 000 fr.) à l'auteur de l'Ouvrage » qui aura le plus contribué aux progrès de la Phjsiologie. Les étrangers » pourront concourir » Je confirme toutes les dispositions qui précèdent; mais, outre la » somme de cinq mille francs de rente perpétuelle que j'ai laissée à l'Aca- » demie des Sciences de Paris pour fonder un prix de Physiologie, que je » maintiens ainsi qu'il est dit ci-dessus, je laisse encore à la même Âcadé- » mie des Sciences deux sommes de cinq mille francs de rente perpétuelle, » libres de tous frais d'enregistrement ou autres, destinées à fonder deux » autres prix, l'un pour le meilleur travail sm* la Physique, l'autre pour » le meilleur travail sur la Chimie. Ces deux prix seront, comme celui de » Physiologie^ distribués tous les deux ans, à perpétuité, à dater de mon C. R., 1870, 2" Semestre. (T. LXXI, N" 2.) ^3 ( 178 ) » décès, et seront aussi de dix mille francs chacun. Les élrangers pourront » concourir. Ces sommes ne seront pas partageables, et seront données » en totalité aux auteurs qui en auront été jugés dignes. Je provoque ainsi, » par la fondation assez importante de ces trois Prix, en Europe et peut- » être ailleurs, une série continue de recherches sur les sciences naturelles, » qui sont la base la moins équivoque de tout savoir humain; et, en » même temps, je pense que le jugement et la distribution de ces récom- » penses par V Académie des Sciences de Paris sera un titre de plus, pour ce )) corps illustre, au respect et à l'estime dont il jouit dans le monde rntier. )) Si ces prix ne sont pas obtenus par des Français, au moins ils seront dis- )) tribnés par des Français, et par le premier corps savant de France. » Un Décret en date du 27 septembre iSGg a autorisé l'Académie à accep- ter cette fondation; elle piopose, en conséquence, de décerner poiu- la pre- mière fois, dans sa séance publique de l'année 18^3, Iroix prix de dix mille francs chacun aux Ouvrages ou Mémoires qui auront le plus contribué aux progrès de la Physiolocfie, de la Physique et de la Chimie. Les travaux devront être déposés, manuscrits ou imprimés, au Secré- tariat de l'Institut, avant le 1" juin 1873. CONDITIONS COMMUNES A TOUS LES CONCOURS. Les concurrents, pour tous les prix, sont prévenus que l'Académie ne rendra aucun des Ouvrages envoyés aux Concours; les auteurs aui'ont la liberté d'en faire prendre des copies au Secrétariat de l'Institut. Par une mesure générale prise en i865, l'Académie a décidé que la clô- ture des Concours pour fous les prix qu'elle propose aurait lien à la même époque de l'année, elle terme a été fixé au premier juin. LECTURE. M. Dumas lit l'Éloge historique de Pei-ouze. É. D. B. et D. ( 179 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. I/Académie a reçu, dans la séance du [\ juillet 1870, les ouvrages dont les titres suivent : Recueil de Mémoires de Médecine, de Cliimrqie et de Phnrmncie militaires, publié par ordre du Minisire de la Guerre, 3^ série, t. XXIV. Paris, 1870; in-8°. Mémoire sur une transformation géoméirirpie et sur la surface des ondes; par M. E. Catalan. Bruxelles, 1870; in-/i°. (Extrait du tome XXXVIII des Mémoires de l'Jcadénne royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-zlrls de Belijiciue.) Bulletins et Mémoires de la Société médicale des hôpitaux de Paris, t. VI, 2* série, année 1869. Paris, 1870; in-S" relié. Du trav'iil fonctionnel chez l' homme; par M. C. POELMAN. Bruxelles, 1 8-0, opuscule in-S*^. Sujets de prix proposés par C Académie impériale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse pour les années 1871, 1S72, 1873. Toulouse, sans date; in-8°. Société impériale havraise d'études diverses. Procès-verbaux. Le Havre, 1 870; in-8°. Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire- Inféiieure, 1869, 2* semestre. Nantes, 1870; in-8°. Sur une forme générale de développement et sur les intégrales définies; par M. C.-J. IIlLL. Sans lieu ni date; br. in-4". L'ingegno... Etude sur Ferdinand de Luca; par M. A. CiALDi. Rome, 1870; br. in-8". Se... Si Porlolevante exclut le flot courant comme cause de son ensablement; Lettre de M. A. ClALDl. Rome, 1870; br. in-S". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 18 JUILLET 1870, PRÉSIDÉE PAR M. CHEVREUL. MEMOIRES ET CORIMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE, M. Duhamel, en faisant hommage à l'Académie d'un volume intitulé : Des Méthodes dajis les Sciences de rnisonneineiit [quatrième Partie), s'exprime comme il suit : « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie la dernière Partie de mon ouvrage sur les méthodes dans les sciences de raisonnement. Dans la pre- mière Partie, j'ai exposé d'une manière générale la marche que l'on doit suivre dans la recherche ou la démonstration de la vérité, et dans l'établis- sement d'une science de raisonnement. J'en ai tait d'abord l'application aux sciences les plus simples, celle des nombres et celle de l'étendue : je considère aujourd'hui la science des forces. » Les données des deux premières sont fondées, jusqu'à un certain point, sur l'observation; mais elles sont d'une telle nature, que l'esprit conçoit qu'elles subsisteraient lors même que le monde matériel serait anéanti. Il n'en est pas de même de la science des forces; elle dépentl de la nature de ce monde, qui aurait pu être créé différent de ce qu'il est, et soumis à d'autres lois. Les données de cette science doivent donc reposeï' sur l'ob- servation de ces lois, et sur des expériences propres à les manifester. » Il est un point sur lequel nous espérons obtenir l'assentiment des géomètres et des philosophes : jusqu'ici, dans l'étude du mouvement pro- C R., 1870, 2' Semestre. (T. LXXI, N" 5.) 24 ( i82 ) diiit par les forces, on a commencé par considérer ce qu'on appelle le tnouvement absolu ; et ce n'est qu'après en avoir établi la théorie qu'on passe à celle du mouvement relatif. Nous nous sommes placé dans un ordre d'idées tout différent : nous ne fondons rien sur le mouvement on le repos absolu; nous n'en parlons même que pour coudjattre cette notion, qui ne repose que sur la fixité supposée des points de W'Sjjace abisoUi, c'est-à-dire sur un cercle vicieux, où entre la considération d'un être purement imagi- naire. » SÉRICICULTURE. — Rapport adtes'-é à l\-l( odérnie sur les i-(hitltnts des é liiralions pmiiqnes de ver à soie, effaliiéi s au moyen de graines préparées par les procédés de sélection; par M. Pastelk. « Au mois d'octobre dernier, M. le M;n-échal Vaillant me tit part du désir de l'Empereur, de soumettre à une grande expérience pratique mon pro- cédé de confection de la semence saine des vers a soie, procédé qui résume l'ensemble de mes études de ces dernières années, et que je considère connue propre non-seulement à éloigner le fléau actuel, mais en outre à donner à la sériciculture une prospérité qu'elle n'a jamais connue. J'ac- ceptai donc avec empressement et reconnaissance l'offre du INIaréchal. » La propriété choisie pour cette épreuve fut celle de Villa-Vicentina, près de Trieste, dans le Frioul autrichien, la plus importante parmi celles de la Couronne pour la culture du mûrier. On peut y élever loo onces de graine, que je me procurai auprès de trois des personnes qui avaient appli- qué en 1869 mon procédé de grainage, MM. Raybaud-Lange (Basses- Alpes); D'"Milhau, duPoujol (Hérault), et Gourdin, de Saint-Hippolyte-du- Fort (Gard). Les 100 onces furent distribuées entre les colons de la villa au nombre de cinquante, par petits lots, pour la plupart de i et 2 onces; une éducation était de 3 onces et une autre de 5 onces, mais l'administra- tion se réserva aS onces pour une grande éducation. » La mise en |)r.iti(|ue de mon procédé consiste essentiellement: 1° à élever une graine parfaitement saine,, autant que possible cellulaire, pour éducation de reproduction; 2° à élever, pour éducation de produit, la graine issue de ces éducations de reproduction, lesquelles doivent satisfaire aux deux conditions suivantes : une excellente marche des vers de la qua- trième mue à la moulée à la bruyère, jointe à l'absence complète, ou à peu près, des corpuscides rians les papillons. » Par l'application rigoureiise de ces prescriptions, les récoltes n'ont plus à craindre que les maladies accidentelles provoquées par des condi- ( i83 ) lions climateriques et par l'inexpérience des éleveurs. En d'autres termes, la récolte de la soie se trouve ramenée aux conditions normales de toutes les industries agricoles, toutefois avec cet avantage dont elle était privée, même aux plus beaux jours de sa prospérité, que l'éducateur est sur d'opérer sur une graine originairement très-saine. » Il résulte de ce qui précède que l'épreuve tentée sur le domaine de l'Empereur ne devait pas se borner, pour être complète, à la constatation du résultat des éducations de produit faites avec les loo onces dont j'ai parlé. Il fallait que, par des éducations dirigées en vue de la reproduction, j'établisse la possibilité de la préparation sur place d'une quantité de graine plus ou moins considérable, tout au moins suffisante pour les be- soins de la propriété de Villa -Vicentina en 1871. De cette manière, le cercle des opérations serait complet, et l'administration du domaine n'aurait plus qu'à les continuer avec les mêmes errements dans les années ultérieures. » En conséquence, je confiai au gardien de notre habitation de Villa- Elysa, éleveur soigneux et expérimenté, trois sortes de graines celhdaires, de trois provenances différentes, formant ensemble a|^ onces. Je ferai re- marquer que ces graines cellulaires, pas plus que les 100 onces dont j'ai parlé, n'avaient été préparées par moi. J'insiste sur ces détails, afin de bien montrer que mon procédé est déjà appliqué sûrement dans toutes ses |)ar- ties par un grand nombre de personnes. » De ces 7^ onces de graine cellulaire, une m'avait été fournie par M. le D'' Milliau, une autre par M. Sirand, pharmacien à Grenoble, et la demi once restante par M. de L.lchadenède, |)résidfnt du Comice agricole d'Alais. Ceci posé, voici les résultais de la campagne séricicôle, t;int à Villa-Vicenlina qu'à Vilia-Elysa. » A Vilia-Elysa, les 2^ onces de graine cellidaue ont marché à merveille. La récolte, tout entière en magnifiques cocons jaunes, déiKi.-sa 45 kilo- grammes à l'once de 25 grammes pour chacune des trois petites éduca- tions. Bien plus, j'eus la satisfaction de constaier que toutes trois étaient excellentes pour la reproduction. C'était plus que je n'avais espéré, car en faisant trois éducations de graine cellidaire de trois provenances diffé- rentes, j'avais eu principalement pour but de ne pas me mettre a la merci des résultats d'une seule éducation faite en vue du grainage, précaution toujours bonne à prendre. )> Quant aux 100 onces de graine industrielle élevée par les colons de Vdia -Vicentina, le produit total a été de 3ooo kilogrammes, c'est-à-dire de 3o kilogrammes à l'once. C'est une fois et demie au moins le rende- 24.. ( >84 ) ment moyen des époques de prospérité. Dans ce nombre moyen sont comprises quatre éducations qui ont complètement échoué par la maladie des moi'ts-flats, quatre qui n'ont eu qu'une demi-récolte, et deux un quart de récolte seulement. I/éducation des aS onces de l'adunnistration a pio- duit près de 89 kilogrammes à l'once. Je l'avais composée à dessein avec trois des sortes de graine des trois personnes que j'ai nommées : 10 onces graine Milhau, 9 onces graine Gourdin et G onces graine Rayhaud- Lange (i). w Je dois ajouter que la moyenne du rendement aurait été sensiblement plus élevée si bon nombre des colons n'avaient mal fait écloreleur graine. L'hiver ayant été fort rigoureux, la graine fut très-dure à éclore. Quelques- uns la cliatdfèrent outre mesure; d'autres même, croyant qu'elle n'éclo- rait pas, la remplacèrent par de la graine japonaise de reproduction, qui, pour le dire en passant, donna un produit presque nul. On peut évaluer à 10 onces au moins la graine qui fut perdueà l'éclosion, par l'inexpérience des éleveurs. » En résumé, et malgré les accidents que je signale et les insuccès que je viens de mentionner, accidents et insuccès qui ont été de tous les temps et de tous les pays, l'épreuve tentée à la demande de l'Empereur a eu le résultat le plus satisfaisant. Depuis vingt-cinq ans on n'avait vu à Villa- Vicentina une récolte de cocons aussi abondante et de plus belle soie. La joie était générale parmi tous les colons, et on le comprendra aisément --i j'ajoute, d'une part, que la récolte a été absolument nulle dans le pays pour toute une partie de graine de Transylvanie d'une valeur atteignant un million de francs, et si, d'autre part, je mets en regard de ce qui précède le résuliat d'une récolte des années précédentes à Villa-Vicentiiia. Voici celle de ,869: » En 1869, on a posé io5 onces de graine à Villa-Vicentina : 55 cartons japonais originaires, 5o onces de graine de la Corse. » Le produit total a été de Hoo kilogrammes de cocons marchands qui ont été fournis uniquement par les 55 cartons japonais, lesquels ont donné, en conséquence, environ 14''^, 5 par carton. Les 5o onces de graine de la Corse ont échoué complètement. Il faut noter, en outre, que les cocons (i) On cite une cHiicafion faite en Italie de la graine de RI. Pasteur, qui a donné, chez M. le professeur Chiozza, pour ■?.5 yrauinies, 67''% 678 de cocons, nombre qu'on n'avait pro- bablement jamais réalisé. [Nntc du Sccrèlaite perpétuel.) ( i85 ) japonais n'ont été vendus, en 1869, qu'à raison de 5 francs le kilogramme, tandis que les cocons de nos belles races indigènes ont atteint, en 1870, le prix de 8*^', 4o. Enfin, le carton japonais avait coûté a5 francs en moyenne fen 1869, tandis que la graine élevée en 1870 fut achetée i5 francs l'once seulement. Bref, la récolte de 1869 a produit environ i5oo francs, et celle de 1870, au contraire, plus de 22000 francs, défalcation faite du prix d'achat des semences. D'autre part, la récolte de 1871 se trouve assurée par la confection sur le domaine même d'une centaine d'onces de graine industrielle et de plusieurs onces de graine cellulaire, qui seront une source de semences pour les années ultérieiues. » Je ne sais quels efforts ont été tentés cette année, en France, pour l'application de mon procédé de confection de la semence saine; j'espère qu'ils auront continué actifs et fructueux, et qu'ils auront triomphé des résistances intéressées et des contradictions sans fondement. Dans la liante Italie et dans la basse Autriche, le progrès est de plus en plus marqué. A peine étais-je arrivé dans le Frioul, que je faisais connaissance avec un des plus riches et des plus intelligents agricidteurs de la contrée, M. le DT^évi, et j'apprenais avec autant de bonheur que de siu'prise, qu'à lui seul et pour ses propres éducations de cette année, il avait fait, en 1 869, 1 5o onces de graine cellulaire. Présentement il en confectionne plus de 3oo. Tout auprès de Villa-Vicentina, M. le professeur Chiozza en prépare 4oo onces, et c'est la première fois néanmoins qu'il se livre à ce travail. » Dans la haute Italie, M. le marquis Crivelli vient d'obtenir une récolte de plus de loooo kilogrammes de cocons jaunes par une nouvelle appli- cation rigoureuse, savante et perfectionnée même, paraît-il, des principes que j'ai établis. Encore quelques années, et le commerce des graines avec le Japon aura disparu et la sériciculture aura reconquis toute sa pro- spérité. » L'Académie ne s'étonnera pas que je lui offre les prémisses du Rappoi t par lequel je devais rendre compte à M. le Maréchal Vaillant de la mission que Sa Majesté avait daigné me confier. L'intérêt persévérant que la Com- pagnie a témoigné à l'étude de la maladie des vers à soie et à mes propres travaux, m'obligeait à l'instruire la pre:nière du succès qui couronne ses efforts et les miens. » L'Académie décide qu'un exemplaire de ce Rapport sera adressé aux Comices et Sociétés d'agriculture par l'intermédiaire de M. le Ministre de l'Agricidture et du Commerce. ( i86) HYDRODYNAMIQUE. — Démonslration élémentaire de In Jannitle de propagation d'une onde ou d'une intumescence dans un canal prismatique; et remarques sur les jiropagations du son et de la lumière, sur les ressauts, ainsi que sur la distinction des rivières et des torrents ; par M. de Saint- Vexant ('). « 1. Plusieurs ingénieurs s'occupent en ce moment, dans une vue pra- tique, fie questions relatives aux ondes liquides. Dans l'espoir de faciliter leurs utiles recherches, où ils paraissent vouloir employer surtout des méthodes géométriques, je crois devoir donner ici, avec diverses remar- ques qui s'y rattachent, une démonslration élémentaire du plus simple et du mieux confirmé des résultats que l'analyse a fournis sur ce sujet intéres- sant, c'est-à-dire de la formule de Lagrange (**) (i) A=v^, dans laquelle, g désignant l'accélération 9™, 809 due à la gravité, k repré- sente la célérité ou la vélocité (***) de propagation d'une intumescence ou d'une onde solitaire provoquée dans l'eau primitivement stagnante d'un canal prismatique à section rectangle, d'ime profondeur Ii, par une impul- sion horizontale qui a été donnée quelque part au liquide sur toute cette profondeur. » A tous les phénomènes de variation de pression dans des masses ga- zeuses répondent généralement, comme on sait, des phénomènes de varia- tion de niveau dans des masses liquides. » Aussi, ce que nous avons à dire est tout à fait analogue à la démons- tration qui a été donnée il y a plus de (juarante ans par M. Babinet, dans ses leçons orales, de la fornuile de la propagation du son : démonstration qui devrait figurer, je crois, dans tous les cours de physique (****); car (*) L'Académie a décida' que celle Commtinicalion, bien que dépassant en étendue les limites réglementaires, serait insérée en entier au Compte rendu. (**) Méc. anal., 2" ])artie, section XI, article 36. (•**) Mois que j'emploierai quel(|iief(iis afin d'éviter la confusion avec les vitesses réelles des molécules ou des tranches fluides ou solides. (**** ) On ne la trouve que dans l'ouvrage : E.rcrcires sur la physique, ou Recueil de ques- tions susceptibles de J aire l'objet de compositions écrites, ])ar M. I. (Isidore) Pierre, dont la seconde édition est de 1862 (igG"" exercice, p. i55). Comme je ne connaissais pas ce livre de l'éminent (Correspondant de la Section d'itconomie rurale lors de la publication (iSb'j ) de mon Mémoire Sur le choc longitudinal de deu.r barres élastiques [Journal de M. Liouville, 1' série, t. XII, n' IG, p. 355j, je présentais comme élanl de moi cette démonstration ( i87 ) elle se réduit, en appelant p la densité de la matière d'une colonne élas- tique soit gazeuse, soit solide, E son coefficient d'élasticité ou Ey les forces à appliquer en sens contraires à ses deux bases extrêmes, d'une superficie supposée =1, pour la raccourcir dans une petite proportion j, à dire très-simplement que si une pareUle force est supposée appliquée à une seule des deux bases, et si l'on nomme k la longueur primitive inconnue de la partie de celte colonne ou de ce prisme dans l'étendue de laquelle la compre^siouy se sera propagée au bout de l'unilé de temps, on doit égaler l'inlensité Ey de la lorce motrice au produit de la masse pk de la partie ainsi mise en mouvement, par la vitesse qui lui a été communiquée, vi- tesse qui est kj, puisque c'est bien là ce dont a cheminé la base sollicitée, avec les autres sections, qui, après leur rapprochement, sont restées aux mêmes dislances les unes des autres : ce qui donne Ey = pk.kj, d'où l'on tire bien la formule connue de propagation d'une compression ou d'une dilatation dans l'air ou dans une tige (.) k=^^. Du reste, dans cette formule, le coefficient d'élasticité E peut avoir une va- leur autre que celle qui convient à l'état d'équilibre, vu que le mouvement de compression d'un amas de molécules disjointes peut y susciter des vibra- tions calorifiques; en sorte qu'elle |)eut tout aussi bien donner la valeur réelle de k que sa valeur newtonienue, qui lui est toujours inférieure (*). " 2. Soient donc maintenant ABDC la section longitudinale de l'eau simple. J'en ai déjà restitué à M. Babinet la priorité dans une Note d'un Rapport du ai fé- vrier 1870 sur un Mémoire de M. Boussinesq relatif aux ondes liquides périodiques (Comptes rendus, t. LXX, p. 36l). (*) On peut démontrer de même, pour expliquer simplement les principes mathématiques de la théorie de la lumière, la formule de propagation des glissements -Gg transversaux ou des ondes planes, que l'on tire ordinairement des équa- tions différentielles du mouvement intérieur des corps ou des milieux élas- tiques. Soit G le coefficient de l'élasticité transversale dans un ])risme de matière abcd dont les sections, d'une superficie = i , sont supposées glisser l'une devant l'autre en restant parallèles, sous l'action d'une force G g appliquée tangentidlement à la base ad, en sorte que les fibres longi- tudinales mn, sans se courber, s'inclinent toutes d'un très-petit angle mnm' ^ g sur les normales à ces sections. Si, au bout de l'unité de temps, k est la longueur totale mn des portions ainsi mises successivement en mouvement, la force Gg aura imprimé à une masse ^k une vitesse mm' =z /g. On a A E'JT ,G T ( 188 ) slagiiante d'un canal |jrisiiialique indéfini à arêtes horizontales, et abcd sa section transversale, qne nous supposerons d'abord rectangle et d'une hauteur h. L'équihbre subsis- \- -y-j / tera si l'on remplace sa partie Y^ïEfir-Zr7 de gauche AEFC par un jjlan i; ' — <: vertical solide E'EF joignant normalement le fond et les bords. Or supposons qu'on imprime à ce plan une petite vitesse horizon- tale constante de gauche à droite, il en résultera un relèvement de l'eau ou une intumescence d'une hauteiu' ties-pctite s, croissant uniformément en longueur. Si, au bout de l'unité de temps, k désigne la longueur inconnue qu'avait primitivement la portion du fluide FE'GI ainsi tumé- fiée, ou dont la hauteur h est devenue h -\- i, comme cette longueur se trouve réduite à /-; » le plan solide aura cheminé de k — k-, ou -7-5 vu la petitesse supposée de c devant h. Ce cheminement pendant un temps = I est la vitesse du plan E'F, vitesse qui aura été imprimée à toute la portion fluide FE'GI par la force avec laquelle il a fallu pousser le plan. Et cette force, différence des pressions sur les sections E'F et GI, a pour intensité og£ par unité superhcielle de la section primitive si ^0 re- présente la densité du fluide. La masse de cette portion fluide mise en mouvement est (sX-, aussi par unité de section. Égalant la force au produit donc G{; = p/.Xg, d'où -^' (2 his] P exprimant la vélocité de la propagation longitudinale du iiioiiveincnt de glissement trans- versal supposé. On pourrait, comme je l'ai dit au IMcnioire sur le choc des barres, laire comprendre clai- iement,avec des plaques de verre rtrfsuper|)osées, comment une vitesse très-petite /j; = «mî', qu'on imprime aux sections les unes après les autres dans un sens parallèle à leur surface, et dans des temps qui sont de plus en plus courts ainsi que les espaces ])arcourus, engendre une vélocité île propagation nin = /■ très-grande. ha />ério I ? » Théoriquement, c'est-à-dire en négligeant les frottements, les forces centrifuges qui peuvent agir aux extrémités des intumescences, les inéga- lités des vitesses dans une même section, etc., l'intumescence liquide sera : 1° immobile si U- = g/r, 2" entraînée par le courant avec luie vitesse U_ i^jah siU^ excède g/?, à moins qu'un dispositif particulier, tel qu'un barrage en aval, ne la retienne à la même place ou ne renouvelle on quel- que sorte l'effusion qui la provoque. )) 6. Cela est d'accord, tant avec les faits, qu'avec une théorie présentée par M. Bélanger dès 182S d'une manière différente et plus adaptée aux circonstances dans lesquelles ils ont été observés; car ces faits sont ceux du ressaut, observés par M. Bidone, vers i8ao,dans un courant artificiel rapide et peu profond, et, depuis plus longtemps, par les meuniers de l'Alsace et d'autres pays, vers l'extrémité inférieure des coursiers de leurs roues motrices, quand le niveau de l'eau d'aval s'élève jusqu'à un certain degré seulement au-dessus de l'eau de ces coursiers. Or M. Bélanger a reconnu théorique- ment la nécessité de l'existence de ce phénomène en discutant l'équation du ( 192 ) mouvement permanent non imiiorme des eaux, posée par le j)rincipe des forces vives, en ayant égard à ce que celle — > que l'eau possède par unité 2. g de poids écoulé à lra\ers une section où sa vitesse est U varie avec la pro- fondeur // (vu la constance du débit hlV ), conformément à ce que donne '^^^ dh ~ gh » Mais le principe des forces vives n'est pas le seul qui doive être em- ployé dans les calculs relatifs aux eaux. .) On sait que D. Bernoulii, qui s'en est servi pour déterminer leurs vitesses et leurs écoidements, a employé, dans une dernière section de son Hydro- dynamique, un autre principe, celui des quantités de mouvement, estimées dans un sens choisi à volonté, pour calculer leurs réactions et impulsions. » M. Bélanger, après avoir ingénieusement combiné ensemble ces deux principes qui lui ont fourni, sur des points où Borda a combattu Ber- noulii, des conclusions justes et lucidement motivées, a recoiuiu que le ressaut ne pouvait être bien calculé que par celui des quantités de mou- vement (le même que nous avons employé ci-dessus pour d'autres éva- luations), qui dis|)ense de faire entrer dans les équations, comme il le remarque, les forces intérieures, dont le travail est inconnu. » Suivant son raisonnement fort simple, si h et /;, sont les profondeurs nb, a,b, de l'eau avant et après iid( son brusque relèvement dans un canal rectangulaire de j largeur /, et si U, U, sont les vitesses dans les deux " *' sections correspondantes, la force qui agit sur la por- tion abh,n, pour retarder son mouvement supposé permanent est la diffé- rence p"lk, — — Pglh - des pressions sur ces deux sections, et la quantité de mouvement engendrée dans un petit temps dt est la différence de celles des deux tranches écoulées en amont et en aval, d'épaisseurs respectives Udt, \],df, ce qui donne à M. Bélanger l'équation (5) Lglh/li-poih'l\fU = plh\]dt.\]-plh,V,df.U,, ou, en remplaçant U, par U -^ et divisant par pgldt, puis par {fi,—h) h-, h, (h, \ U' Drf< (6) - 1 " + n = 2 ( 193 ) équation dont M. Bélanger tire la hauteur /?,, et jiar suite celle //, — h du ressaut, et qui évidemment, comme il l'observe, ne peut en donner un que quand U'U excède gh. Cette condition qui lui était déjà fournie par l'équa- tion différentielle qu'il a posée en i8a8 pour exprimer le mouvement per- mriuent dans un lit régulier, est, comme on voit, aussi celle que l'on tire des considérations du numéro précédent. » Remarquons même que si Q désigne le débit hW par unité de temps, du courant permanent que nous considérons, d'où U = -y? et si nous sup- posons le ressaut infiniment petit, l'équation (3) se réduit à 1 g h d'où, effectuant les différentiations et divisant par dh, On obtient ainsi immédiatement U = slgh pour la condition du passage entre les deux états où il y a et où il n'y a pas ressaut. » Sans entrer dans plus de considérations, j'ose recommander l'étude de ces diverses manières d'arriver à la même formule, comme étant sans doute propre à éclairer cet intéressant sujet, et à concilier peut-être en- semble les explications diverses qui ont élé proposées du phénomène de la bnrre ou du mascaret, qui se manifeste à marée montante vers lenibou- chure des fleuves aux grandes marées montantes : phénomène très-bien étudié il y a quelques années par M. Partiot (*), qui parait disposé aujour- d'hui à le rattacher à la propagation de l'intumescence suivant la loi trouvée par Lagrange. » 7. Mais, ce qui précède peut conduire à une autre conséquence digne d'intérêt. » De la discussion de l'équation citée du mouvement permanent, et aussi des relatioiis ci-dessus, exprimées par les équations (i), (4), (7), dont les deux dernières donnent les variations de force vive et de quantité de mouvement répondant à des variations de profondeur, l'on peut conclure qu'il existe deux sortes de cours d eau, se comportant de manières bien (*) Comptes rendus, i858, t. XLVII, p. 65 1, et Annales des Ponts et Chaussées, i86i, "■ semestre, p. i']. ( 194 ) différenles, et caraclérisés respeclivement par \]-gA. » Dans les premiers, les abaissements et relèvements de la surface des eaux se propagent ou se font sentir en amont jusqu'à des distances indé- finies, et les accidents du fond du lit n'ont sur cette surface cpi'une influence peu sensible. » Dans les seconds, au contraire, les relèvements et abaissements du fond se font sentir dans le même sens, sur la surface, d'une manière frès- marquée, et les gonflements et dépressions de celle-ci ne se propagent en amont qu'à des distances ordinairement très-faibles, et en tous cas bornées. » Dans les premiers, où la liantcnr due à la vitesse U est inférieure à la demi-profondeur -> les obstacles ne sont surmontés que par le seul poids de l'eau qui s'amoncelle en amont. » Dans les seconds, c'est en quelque sorte de haute lutte que le fluide les franchit, et par la seule impulsion due à sa vitesse acquise U, plus grande par rapport à la profondeur h; à moins que ces obstacles ne soient assez hauts pour que le courant devienne forcément de première espèce sur une certaine longueur. » Les diverses parties ou tranches des premiers s'appuient, se sou- tiennent, modèrent mutuellement leur descente, et sont en quelque sorte solidaires les unes des autres. Tandis que dans les courants de seconde espèce chaque partie coule à peu près indépendamment de ce qui arrive aux autres, sans que l'existence de celles d'aval exerce d'influence retarda- trice sur celles qui sont à une certaine distance en amont. » D'où il suit que, dans les premiers courants, tout est calme, dans les seconds tout est impétueux; que la surface des premiers doit être à peu près unie, malgré ini fond rugueux, et que la surface des seconds doit être onduleuse, agitée, et porter l'empreinte plus ou moins distincte des rugosités prononcées du fond. » Or il me semble que les dénominations de ces deux espèces de cours d'eau sont déjà trouvées. Pour peu qu'on se rende compte de l'idée que l'on attache aux mots (orient et rivière, celui-ci doit être appliqué aux cou- rants de première espèce, celui-là aux courants de deuxième. Celle sorte (le définition paraît préférable à celles qu'on trouve dans quelques ailleurs anciens. ( 195) » Leur distinction ne tient ni à la senle grandeur de la vitesse ni à la profondeur, elle tient à leur "relation on au rapport, pour les nues plus petit, pour les autres plus grand que l'unité, entre la hauteur due à la vitesse et la demi-profondeur moyenne. Presque tous les cours d'eau, en temps d'étiage, ont des parties calmes ou non torrentueuses, appelées dor- mants, et des parties réellement torrentueuses, qui sont les rapides ou les gués; et, pendant les crues, tout est ordinairement à l'état non torrentueux, malgré la grandeur plus considérable des vitesses. Et ce n'est pas une pure affaire de mots, car, dans l'état torrentueux, pour peu que le fond soit pier- reux, vu l'agitation de la surface et de toute la masse fluide, les coefficients du frottement sont probablement plus considérables que dans l'état non torrentueux. Il y aurait lieu, ainsi, de considérer, dans le choix de ces coefficients, la relation qu'il y a outre la vitesse et la profondeur des cours d'eau pour lesquels ou les fait entrer dans des calculs de vitesses, de pentes et de débits. » PHYSIQUE. — Sur les pouvoirs rolaloires magnétiques des liquides. Extrait d'une Lettre de M. de la Uive à M. Dumas. « .... Je viens de terminer, sur la polarisation rotaloire magnétique des liquides, un travail que je vais incessamment livrer à l'impression; mais je tiens auparavant à vous en transmettre un extrait abrégé, que je vous prie de vouloir bien communiquer à l'Académie. » La première Partie de ce travail est consacrée à la description de l'appa- reil et des procédés d'expérimenlatiou dont j'ai fait usage ; j'y décris en par- ticulier un électro-aimant d'une grande puissance, et la manière dont j'ai pu annuler l'influence des tubes de verre cjui servent à clore les tubes pleins des liquides soumis à l'expérience, et celle des variations d'intensité du courant qui aimante l'électro-aimant. A l'occasion des divers essais prt'li- minaires que j'ai faits, j'indique un moyeu assez exact et assez sensible de mesurer la force de l'électro-aimant, en particulier de ce qu'on nomme, avec Faraday, le champ magnétique, en se servant, pour cela, de la polari- sation magnétique. » Dans la seconde Partie, je donne les résultats que m'a fournis la déter- mination du pouvoir magnéto-rotatoire de quelques liquides; j'insiste sur le fait assez curieux que, tandis que l'acide sulfurique monohydratc (HOSO') a pour coefficient magnéto-rotatoire spécifique, l'eau distillée étant prise pour unité, 0,750; l'acide sulfureux liquide anhydre (SO^) a 1,240 pour coefficient, à la température de 12 degrés. ( 19^ ) » Dans la troisième Partie, j'étudie l'influence delà température sur le pouvoir magnéto-rofatoire des liquides; sou effet général est de diminuer ce pouvoir. Pour quelques liquides très-dilatables, tels que l'alcool, la dimi- nution du pouvoir magnéto-rotatoire est assez exactement proportionnelle à celle de la densité; pour d'autres moins dilatables, tels que l'eau, il dé- croît plus rapidement que la densité, ce qui prouve que la chaleur agit de deux manières, soit surtout en modifiant la densité, soit aussi directe- ment. » Dans la quatrième Partie, je compare le pouvoir magnéto-rotatoire d'un mélange de deux liquides à celui que possèdent ces deux liquides. Dans le cas où les deux liquides qu'on mélange n'exercent point d'action chimique l'un sur l'autre, ou n'en exercent qu'une très-faible, comme l'alcool et l'eau, ou l'eau et l'acide sulfurique formant une solution qui ne ren- ferme qu'une très-petite proportion d'eau ou d'acide (moins de -^ en volume), le pouvoir magnéto-rotatoire du mélange est la moyenne du pouvoir magnéto-rotatoire des ingrédients, et, s'il y a changement de den- sité, son augmentation est proportionnelle à celle de la densité. Mais s'il y a une forte action chimique entre les liquides mélangés, comme cela a lieu en mélangeant de l'eau et de l'acide sulfurique en quantités qui se rap- prochent de l'égalité, alors la variation du pouvoir magnéto-rotatoire n'est pas proportionnelle à celle de la densité; elle est plus rapide, ce qui prouve que le fait de la combinaison modifie le pouvoir magnéto-rotatoire des corps qui se combinent, en le rendant plus faible qu'il ne le serait s'il était simplement la moyenne des pouvoirs magnéto-rotatoires des ingrédients. » Dans la cinquième Partie, j'expose les résultats que j'ai obtenus en soumettant à l'expérience deux liquides isomères, l'éther amylacétique et l'éther valérique, qui m'ont été donnés par M. Rerthelot au printen)ps de i86(). Plus tard, dans le courant de l'hiver dernier, M. Wur!z ayant bien voulu m'envoyer quelques échantillons de liquides isomères qu'il avitii préparés lui-même, j'ai pu étendre le champ de mes expériences. Soit avec les échantillons de M. Berthelot, soit avec ceux de M. Wurtz, j'ai trouvé que l'acétate d'amyle avait un pouvoir magnéto-rotatoire sensiblement plus fort que le valératc d'étiiyle, et que ce dernier a un pouvoir légèrement plus fort que le butyrate d'isopropyle que M. Wurtz m'avait aussi envoyé avec ses deux isomères, l'acétate d'amyle et le valérate d'éthyle. L'alcool amylique est aussi un peu supérieur, sous ce rapport, à l'hydrate d'aniylèue son isomère, et l'amylamine a également un pouvoir magnéto-rotatoire plus fort que l'isoamylamiue, son isomère; ces quatre derniers liquides ( 197 ) m'avaient aussi été envoyés par M. Wuriz. Ainsi les corps isomères ont des pouvoirs magnéto-rotatoires différents, ce qui prouve que cette propriété ne lient pas seulement à la nature même des éléments qui entrent dans leur composition, mais aussi au mode de groupement de ces éléments, La den- sité ne paraît pas exercer sur le pouvoir niagnéto-rotatoire des isomères la moindre influence, tandis que l'ordre que suit la grandeur de ce pouvoir dans un même groupe d'isomères est exactement le même que celui que suit lélévation de leur température d'éhullition. n On trouvera dans le Mémoire lui-même bien des détails que j'omets ici, ainsi que le tableau des expériences. J'ajouterai seidement encore que l'étude du pouvoir magnéto-rotatoire des corps me paraît devoir jeter du jour, soit sur leur constitution moléculaire, soit sur la différence qui peut exister entre de simples phénomènes de dissolution et de véritables com- binaisons chimiques. » PHYSIQUE. — Nouvelles recherches sur les actions électro-capillaires. Formation de Voxychlorure de cuivre cristallisé et d'autres composés analogues ; par M. Becquerel. (Extrait.) » Les phénomènes électro-chimiques résultant d'actions capillaires con- stituent aujourd'hui une des branches les plus importantes des sciences phvsico-chimiques, attendu qu'ils se produisent dans tous les cas où deux liquides différents, étant séparés par un tissu perméable, un espace capil- laire a parois de nature quelconque, donnent lieu à des courants électriques agissant comme forces chimiques. La paroi de ces espaces eu contact avec le liquide qui se comporte comme acide, dans sa réaction sur l'autre li- quide, est l'électrode négative, et la paroi opposée l'électrode positive. On conçoit d'après cela que les actions électro-capillaires doivent se produire dans la plupart des corps poreux en contact avec des liquides différents qui ne se mêlent que très-lentement. M L'intensité de ces actions dépend de la force éleclromotrice des deux liquides et de leur pouvoir conducteur. Cette force a déjà été déterminée dans un assez grand nombre de cas; dans ce Mémoire, j'ai cherché comment elle variait avec la densité des liquides. M. Ed. Becquerel avait reconnu que, dans la réaction d'un liquide sur un métal, la densité du premier était en général sans influence bien sensible sur l'intensité de cette force; je montre, par une série d'expériences, qu'il en est de méiue dans le contact des liquides que j'ai essayés. C. R., 1870, a" Semestre. (T. LXXl, N» 3.) 26 ( i9« ) » Mais si la force électromotrice des liquides en contact ne varie pas sensiblement avec leur densité, il n'en est pas de même de la quantité d'ac- tion chimique produite, attendu qu'elle est dépendante de la conductibi- lité du circuit, avec laquelle elle est dans un rapport direct. » Les expériences dont il vient d'être question m'ont conduit à recher- cher quels étaient les effets chimiques produits, en soumettant à l'expé- rience, dans un appareil électro-capillaire, l'acide nitrique et une dissolution de potasse caustique, liquides employés dans le couple à gaz oxygène, dont j'ai donné la description en i835 [Comptes rendus de l'Académie, t. I, p. /|55), appared dans lequel les deux liquides sont séparés par un dia- phragme perméable et mis en communication par un fil de platine; l'acide est décomposé et il y a un dégagement abondant de gaz oxygène autour du fil qui se trouve dans la potasse. » Dans l'appareil électro-capillaire, la fissure remplace le fil de platine ; l'expérience démontre que l'acide nitrique est également décomposé. Quant au gaz oxygène, il paraîtrait qu'au lieu de se dégager sur la paroi positive, il reste en dissolution ou se combine avec la potasse pour la peroxyder. » Lorsqu'on remplace la dissolution de potasse par une autre de prot- oxyde de plomb dans cet alcali, la force électromotrice est à peu près la même et est égale à 29, celle du couple à acide nitrique étant 100; mais les effets chimiques sont différents, lorsque l'on substitue à l'acide nitrique une dissolution métallique, telle que celle de nitrate.de cuivre, de nitrate d'argent, de chlorure d'or, etc., avec le nitrate de cuivre on obtient sur la paroi négative une couchée paisse de deutoxyde de cuivre anhydre, formé de couches concentriques ayant un aspect cristallin et une certaine densité. Ce composé a l'apparence d'un minéral. En opérant avec les dissolutions de nitrate d'argent et de chlorure d'or, les métaux sont réduits, en même temps qu'il se forme, sur la paroi positivede la fêlure, du peroxydedeplomb ayant une certaine dureté. )) En opérant avec la dissolution de potasse, la réduction métallique n'a pas lieu, quoique la force électromotrice soit à peu près la même dans les deux cas ; la présence dans l'alcali d'un composé oxydable pour opérer la réduction métallique, est nécessaire pour dépolariser la paroi positive, re- couverte d'oxygène donnant lieu à un courant en sens inverse, qui s'oppose à l'action chimique, c'est-à-dire à la réduction. » A la suite du Mémoire, se trouve une Note relative à la production, dans un laps de temps de quinze années, de l'oxychlorure de cuivre cris- tallisé (alacamite) ou cuivre chloruré des minéralogistes, absolument sem- ( Ï99') blable à celui que l'on trouve dans les mines de cuivre du Chili et du Pérou; quant à l'aspect, à la couleur et à la cristallisation, la couleur est d'un vert foncé et les cristaux sont des prismes droits rhomboïdaux avec des pointe- ments aux sommets. On a obtenu des produits semblables avec le bismuth. L'appareil employé est le même que celui qui m'a servi, à quelques diffé- rences près, pour former les doubles chlorures, les doubles iodures, etc. [annales de Physique et de Chimie^ t. XXXXI, p. 33). » météorologie:. — Des observations de température faites sous le sol au Jardin des plantes, de i864 à 18^0; par MM. Becquerel et Edm. Becqcerel. (Extrait.) « Nous avons établi au Jardin des Plantes, en 1864 (i)i des câbles thermo-électriques, à l'aide desquels ou observe la température de la terre de 5 mètres en 5 mètres au-dessous du sol, à partir de i mètre de la surface, jusqu'à 36 mètres. La discussion des observations recueillies a conduit aux conséquences suivantes : » La marche des températures, qui est régulière, prouve que ces ap- pareils sont susceptibles d'une très-grande précision, quand on est familia- risé avec leur emploi, qui ne présente du reste aucune difficulté. Leur in- stallation est telle, qu'ils ne peuvent éprouver aucune altération sensible, dans un laps de temps considérable, puisque le Irou de sonde où ils ont été placés est rempli de béton. Aussi pourront-ils servir à constater si la température locale, jusqu'à la profondeur de 36 mètres, éprouve ou non des changements pendant une longue période de temps. » Dans les tableaux I et II, on voit que les températures moyennes à chacune des huit stations de i86/| à 1868, de 1864 à 1869 et de 1867 à 1869, comparées aux températures moyennes de l'air à l'Observatoire impérial et à celles observées au Jardin des Plantes, lesquelles sont déduites des maxima et des minima, conduisent aux conséquences suivantes : )) A 36 mètres, la température est invariable et égale à 12°, 47 : les très- légères différences que l'on trouve tiennent à des erreurs d'observation. » A 3i et 26 mètres, la température moyenne est la même et égale à i2'',34- » A 21, i6, 1 1 et 6 mètres, elle est sensiblement la même, puisque les différences ne j)ortent que sur les centièmes de degré. » Les différences entre les températures moyennes ont été, aux huit sta- (i) Voir Mémoires de l'Académie des Sciences, t. XXXVI. 26.. ( 200 ) tions, pendant les six années : De 6 à I mètres o°,68 » II 6 » , \ » i6 II » > insensibles. » 21 i6 » 1 » 26 21 > qo.So ■> 3i 26 ■> nulle. .. 36 3i " o",i3 EnGn de 36 i » i°,2i » Or, comme à i mètre au-dessous du sol la température moyenne esta peu près la même que celle de l'air à la surface, il en résulte que, pour ime profondeiH" de 36 mètres, il y a augmentation de température égale à i'',2i; et de i°,o8, pour des profondeurs de 26 à 3i mètres : ce qui rentre dans les déterminations faites sur différents points de nos climats moyens. Pen- dant 1868, année exceptionnelle, où la température de l'air à été de i i°,90 à l'Observatoire impérial, les différences de températures moyennes ont été Entre 6 et i mètre o°,22 Entre 1 1 et 6 mètres o'',o8 » Ce sont les seules profondeins oîi la température extérieure ait exercé une influence, car an delà les différences ont été à peu prés nulles. » Si l'on examine quelle est la distribution de la chaletu' pendant les six années dans les diverses saisons, comme on le voit d;ius le tableau H, on arrive aux résultats suivants : )) A 36 et 3 1 mètres les saisons n'exercent auciuie influence sur la distri- bution de la chaleur. n A 26 et 16 mètres, les maxima et minima de temj)érature ont lieu aux mêmes époques que dans l'air, c'est-à-dire en été et en hiver. Cet état de chose est facile à expliquer, comme nous l'avons déjà dit dans le précédent Mémoire ()) : à 16 mètres, on commence à pénéirer dans la nappe d'eau sou- terraine qui alimente les puils du J.iniin des Vlanles et s'écoule sans cesse vers la Seine, nappe qui reçoit directement les eaux atmos|iliériques: à ■î6 mètres on trouve la deuxième nappe souterraine qui repose sur l'argile plastique et qui est alimetuée également par les eaux pluviales. » A 1 1 et 1 6 mètres, les maxima et les itiinima se montrent (-n auloiiim; et au printemps à i mètre; ils ont lieu comme dans l'air. » On voit, d'après ce qui précède, que le câble électrique est capable de résoudre avec une grande exactitude les questions relatives à la distribu- (l) Voir Coinplcs rendus, I. I,XVI1, p. l i5o. ( 20I ) tion de la chaleur dans l'écorce du globe et de constater si elle éprouve ou non des changements avec le temps. » Nous venons de disposer également au Jardin des Plantes des câbles thermo-électriques qui permettront d'observer la température jusqu'à I mètre de profondeur à des distances très-rapprochées, sous un sol dénudé et sous un sol couvert d'une végétation herbacée, là où se trouvent les ra- cines des plantes et des arbres, afin de voir l'influence qu'exerce l'état du sol sur le rayonnement calorifique à l'intérieur. » Voici les résumés des observations indiquées plus haut : Températiiic moyenne de Tair. Observatoire. Jardin des Plantes. 1867 io°5o io°8o 18G8 11,90 1869 10,80 11,62 Tableau I. — Moyennes des six années de l864 « 1869. ANNÉES. A 36™. A SI"». A 26m. A 21"". A 16". A 11"». A 6"». A 1". 1864 0 12, /,S 12,52 12,55 12, /i2 12, /JO 12, /|5 0 12,38 12,38 .2,/i'l 12,28 12,25 12,35 0 12,35 12,41 ■2, 'il 12,24 I2,3o 12,35 0 12, 14 12,10 12,02 11,94 12,00 12,08 0 12,08 11,75 11,78 11,88 1 2 , o5 12,07 0 12,18 1 1 ,60 ■•>77 11,87 12,12 12,23 0 12,05 .1,64 '1,77 ",77 12,04 ,2,36 0 10,52 10,87 11,07 ",59 11,82 12,01 1 1 ,26 1865 1866 1867 1868 1S69 Moyennes des si.\ années. .-. . . . Mot. des cinq premières années. MoY. des trois dernières années. ■5,''l7 12,34 12,34 12, 04 11,92 11,96 ">94 12, /i7 ,2,34 12,. 34 12,04 11,91 i',9' 11,85 11,11 ■ 2,/,S 12,29 1 .,29 12,00 12,00 12, o5 12,06 11,70 TAEi.F.Air II. — Mijycnucs des saisons de 1864 « 18'yo. saisons; A 36'". A 31"". A 261". A 21'". A 16'". A 11"». A 6"». A 1'". Hiver (décembre, jaiiv. et lévr.). Printemps 0 12,47 12,4/ 12,48 12,47 0 12,34 12,34 12,35 12,33 0 12,11 12,28 12,58 12,40 0 12,04 12,19 12,09 12,05 0 1 1 ,80 11,87 12,02 ">99 0 12,01 11,87 11,93 12,17 0 12,41 1 1 ,22 11,65 12,56 0 7,70 8,3i 14, 58 14,4s Été. Moyennes 12,47 ■2,34 12,34 12,09 ",02 ",99 11,96 11,27 ( 202 ) PHYSIQUE. — Sur les variations de température produites par le mélange de deux liquides. Réponse à l;i dernière Communication de M. Jamin ; par M. H. Sainte-Ci.aiiie Deville (i). « J'ai cru devoir, dans ma Note du 27 juin (voir Comptes rendus, t. LXX, p. 13^9 et i38o), abréger autant que possible l'examen critique d'une for- mule publiée par M. Jamin dans le même volume (p. i3i i). Les termes de sa réponse me prouvent que je n'ai pas été compris, et me forcent d'entrer dans quelques détails. » A cette page i3i i, M. Jamin écrit : g Ae H- A'a — A" est une quantité constante pour un même mélange, variable avec les )) proportions e et a. Appelons-la M, on a M = (7 — 7,) f + 76. » Cette formule doit représenter tous les phénomènes. » » Ma critique ne porte que sur le cas général, le seul intéressant, 011 s est variable, le seul cas dont MM. Bussy et Buignet se soient occupés. Je la reprends. » Par un raisonnement inattaquable et élémentaire, je démontre que l'expression j{t -h 6) — y, <, identique (2) avec la formule (7 — 7i) ^ "*" 7^^ que M. Jamin avait trouvée par la considération du zéro absolu, représente là différence entre deux quantités de clialeur parfaitement spécifiées dans ma Note. Quand on discute cette formide, on trouve tout de suite deux cas à examiner. » 1° Dans le premier cas, e étant variable (le seul dont je me sois occupé, le seul intéressant), l'expression M = (7 — 7,)^ + yS est composée de Irois termes, tous trois variables, puisque M, 7, 7, et 6 sont des fonctions incon- nues d'e, et qu'il n'existe auctuie relation entre set les quantités M, 7, y,, 6. (1) Foir séance du 4 ji'iii P- 23. (2) Dans sa Note {vnir le Compte rendu du 4 juillet, p. 26), M. Jamin affecte de croire que je lui attribue l'identité (7^ — 7,) f -)- 78 = 7 (/ + 8) — 7,/, qui n'oxprinie, en effet, qu'une transposition d(.' tcruK's indiquée d'une manière abrégée. Ici, pour tonte [jcrsonne li;ibituée au lang.ige algébrique, le signe n= signifie c'est-à-dire. Toute confusion, d'ailleurs, doit cesser (jiiand j'écris iMuucdiatenicnt après: « l'expression M = (7 — 7t)'-l-76 équi- vaut à une identité. » Malgré cela, malgré les explications que j'ai données en séance sur ce point, M. Jamin persiste à imprimer un long passage de forme ironiipie {7>oir )>. îG) comme s'il pouvait encore se tromper sur le fonds de ma critique. L'Académie jugera le procédé. ( 203 ) » Il sera donc impossible d'eu rien tirer d'une manière générale; car, si l'on détermine par expérience y, y,, Q pour une valeur parliculière d'e (o, i par exemple), il sera évidemment impossible d'en déduire par le calcul au- ciuie valeur correspondante de ces quantités quand on donnera à s une autre valeur quelconque (0,2 par exemple), de prévoir, par conséquent, aucun phénomène. « MM. Bussy et Buignet ont donc tiré de leurs belles expériences toutes » les conséquences dont elles sont susceptibles à ce point de vue », comme je l'ai dit t. LXX, p. i38o. » D'ailleurs M ne peut être défini autrement que par la somme algébrique des deux quantités de chaleur (y — j,)t et yO. J'en conclus que cette ex- pression ne vaut pas plus qu'une identité, c'est-à-dire qu'elle équivaut à une identité, comme je l'ai dit (séance du ij juin, p. i38o). )) Ainsi, dans le cas difficile et seul intéressant où £ est variable, l'expres- sion M = (y — y,)t — yô ne nous dit rien (i). » 2° Si, au contraire, £ est constant (2), tout est dit, et le jjroblème, bien connu d'ailleurs, est tout résolu ; car y et y, sont constants, et il n'y a dès lors besoin d'auciui principe nouveau, d'aucune expérience pour faire voir que la somme M = (y — y, )t -t- yd est nécessairement constante, quel que soit t. Cette équation, en réalité, nous apprend, ce que nous savons déjà, que le rapport des accroissements des températures est invariable quand les chaleurs spécifiques sont constantes. Par conséquent, M est constant, quelle que soit la température t (3). (i) Comme il faut d'abord déterminer 7, y, et 9 pour chaque valeur particulière d't avant de calculer M, il s'ensuit que les conclusions des paragraphes 2°, 3° et 4" (lignes de i3 èi 27) de la page i3i i ne peuvent avoir aucune utilité dans le cas général, surtout la conclusion 3°, qui est d'ailleurs entachée d'une erreur de raisonnement que je signale à l'attention de M. Jarain. (3) Je n'ai pas discuté ce cas dans ma Note du 27 juin. L'ne conlusion, à la(]uelk' je n'ai pourtant pas donné lieu, se manifeste à chaque instant dans la réponse de M. Janiin, parce qu'il ne distingue pas ces deux cas si différents. (3) Voici la démonstration élémentaire de cette proposition ; Prenons deux vases iraperraéal'les à la chaleur, contenant l'un une quantité donnée t d'eau, l'autre une quantité i — e = a d'alcool, et tous les deux à zéro. En les mélangeant, nous obtiendrons de l'alcool étendu à 0„ degrés. Prenons deux autres vases contenant les mêmes quantités e d'eau et i — s d'alcool encore à zéro. Ajoutons une même quantité de chaleur au mélange à 9„ et aux éléments de ce mélange à zéro. La température du mélange deviendra t -\- 0 (notation de M. Janiin), et la température commune des éléments séparés deviendra t. La chaleur spécifique 7 du mélange et la chaleur spécifique moyenne 7, dis [ 204 ) » Démontrer la constance de M au moyen de l'expérience, en faisant varier t seulement, c'est, non pas démontrer un principe nouveau (quand on en a la prétention on fait un cercle vicieux), ou, ce qui revient au même, énoncer inie idée nouvelle ( i ), mais c'est constater jiar l'expérience la légi- timité des principes qui ont servi à calculer les chaleurs spécifiques intro- duites dans les formules, ou contrôler l'exactitude de ses déterminations expérimentales. En faisant subir cette épreuve aux nombres publiés par M. Jamin (p. 27), on voit que les erreurs d'observation peuvent, par l'em- ploi de ses procédés calorimétriques, aller jusqu'à ji^, —;, ^, jj, -^ et même ^ de la quantité observée dans ses expériences. » PHYSIQUE. — Réponse à des critiques de M. Jamin à propos d'un Mémoire publié en 1860; par M. H. Sainte-Claire Deville (2). « Les discussions scientifiques, quand elles sont dépouillées de tout caractère personnel, ont, je crois, une grande importance pour les progrès des sciences. Je vais profiter de la circonstance présente et des dissenti- ments profonds qui me séparent de M. Jamin pour exposer, sous forme de réponse, quelques idées que je crois utile de propager. » Dans le Mémoire (voir Comptes rendus, t. LX, p. 534) qu'attaque M. Jamin, j'ai exposé quelques opinions dont une partie, la meilleure sans doute, doit être rapportée à l'inlliience qu'ont exercée sur mon esprit l'en- seignement et les conversations scientifiques de mon excellent maître, iVF. Dumas. Je lui ai rendu l'hommage que je lui dois dans ma dernière leçon sur l'affinité devant la Société Chimique. (Paris, Hachette, 1869, p. 65.) » Je pourrais me contenter de déclarer qu'il n'y a aucun rapport, ni pro- éléments sont invariables par hypoihèse; on aura, d'après le principe même qui a servi à calculer ces chaleurs spécifiques, (^+ 9 — e„)y =7,/. Cette équation se vérifiera toujours, quel que soit /, et pourra servir à calculer l'une des quantités qui y entrent en la prenant pour inconnue. On en tire f{t + B) — 7,f, c'est-à-dire (7 — y,)t 4-78 = 79,, = M. Or 79„ est constant; donc 1\1 est constant, quel que soit/, pourvu que z, 7 et 7, soient constants. c. q. r. d. (i) Foir l. LXX, p. i3io, lif^ne 16. (2) Voir Comptes rendus du 4 juillet, p. 28. ( 205 ) chain ni éloigné, entre les idées que m'attribue M. Jamin et celles que j'ai publiées, et renvoyer les lecteurs à mon Mémoire de 1860; mais comme il s'ae;it ici de points de doctrine fort délicats, je traiterai la question avec quelques détails. » A l'époque où j'écrivais mon Mémoire, la cause des phénomènes calorifiques de la Chimie était universellement rapportée à une cause occulte, à une sorte d'archée que l'on i\ppe.\\e ofinité. Cependant, dans son enseignement, M. Dumas faisait intervenir les chaleurs de combinaison comme déterminant, par leurs grandeurs relatives, les réactions ihimiques et les déplacements réciproques des corps les uns par les autres. MM. Favre et Silbermann, dans leur travail devenu classique, ont donné à cette idée une vérification expérimentale des plus frappantes, et qui restera comme un monument de la science française. » Mais l'affinité était toujours là comme cause première et, selon moi, comme cause occulte, capable de donner aux problèmes de la Chimie une solution facile, mais entachée de cercle vicieux. » Je pensais alors et je pense encore qu'aucune différence essentielle ne sépare les phénomènes mécaniques attribués à la cohésion et les j)héno- mènes chimiques rapportés à l'affinité. Dès lors la chaleur de combinaison existe en puissance dans les éléments, avant leur combinaison, au même titre que la chaleur latente dans la vapeur d'eau avant sa condensation. Les phénomènes de dissociation que je découvrais à cette époque rendaient encore plus prochaine cette analogie, que je crois avoir aujourd'hui rendue incontestable. M Pour donner un corps à cette idée, j'eus recours, non pas à une hy- pothèse, mais à une image (i), en comparant chaque particule élémentaire (i) Il y a en effet une grande différenic entre une comparaison et une hypothèse, et je !a montrerai dans les phénomènes de l'élasticité des gaz. Toutes les expressions : tension, force élastique, détente, qui se rapportent aux fluides élastiques, indiquent que les proprié- tés d'un gaz comprimé ont toujours été ciim])arées uniquement et nécessairement aux pro- priétés d'un ressort bande. Anssi faut-il considérer comme une fiction mathématique foit utile sans doute, mais échappant, comme le point et la ligne droite, je ne dis pas seidement à la réalisation, mais encore à l'imagination, l'hypothèse du zéro absolu situé à • — 2^3 de- grés environ pour le gaz parfait encore inconnu qui, restant gazcu.x à cette température, ne se détend plus dans le vide. Je dis gaz parfait, car si l'on prend les gaz incoercibles, comme l'hydrogène, l'azote, l'oxygène, etc., chacun de ces gaz possède un coefficient de dilatation propre, comme l'a fait voir iNI. V. Regnault, et détermine un zéro absolu particulier. r,. K.. 1870, Q« Spmeure. ( T. LXXl, N" 3.) ^7 ( 206 ) à un ressort à détente très-sensible qui se débande par une action exté- rieure très-fail)le (allusion à l'action de la lumière sur un nu-lange de chlore et d'hydrogène), et produit un mouvement dont la destruction en- gendre la chaleur. Cette image fait percevoir très-netteineut que la chnleur peut exister en puissance dans un corps sans que sa manifestation soit né- cessaire en toutes circonstances. » Cette image m'a servi à exposer mes idées sur l'affinité : elle me per- met de faire voir, ce qui paraîtra tout simple aujourd'hui, que la chaleur est, en puissance, à l'état latent dans les corps qui se combinent. J'en prends un exemple dans les combinaisons ou dissolutions des liquides entre eux. Je trouve que, si l'on détermine la chaleur de contraction, c'est-à-dire la quantité de chaleur qu'il faudrait dépenser pour comprimer par un pro- cédé mécanique les éléments d'une combinaison et les réduire au volume ordinairement plus petit que garde la matière conibinée, cette quantité de chaleur est plus que suffisante pour expliquer les phénomènes calorifiques de la combinaison. Dans un seul cas la chaleur de contraction est juste suffisante pour rendre compte de réchauffement produit par le mélange de 2 équivalents d'eau et de i équivalent d'acide sulfiuique monohydraté. » J'appelle chaleur de contrnction la quantité de chaleur nécessaire pour ramener le volume V des éléments au volume v de la combinaison. Si l'on connaît le coefficient de dilatation du liquide depuis zéro jusqu'à une tem- pérature plus élevée que la température manifestée pendant la combinai- son, la chaleur spécifique c du liquide sujjposée constante entre les mêmes températures et m son poids, on aura pour la chaleur de contraction la valeur /y— c\ m V \ me 7-')-' la température à laquelle le mélange reprend son volume primitif étant V— c » Croirait-on que M. Jamin appelle principe, celle règle que j'ai donnée pour calculer les perles de lempéralure, et par conséquent (\ps pertes de vo- lume, et il m'attribue l'énormilé d'appeler ce prétendu principe le principe de la conservation des volumes (voir page 24), quand la règle que j'ai donnée n'a plus de sens général si V = v dans tous les cas. )i Je ne veux |)as atlribiu;r à M. Jamin l'iulenlion d'avoii' altéré ma pensée exprimée brièvement dans mon Mémoire de 1860, appliquée dans ( 207 ) le tableau que contient ce Mémoire développée dans une leçon professée en 1864 devant la Société Chimique pour rendre cette pensée ridicide et plus facilement attaquable. Cependant il dit de ma modeste formule : n Malgré cette variation ([ii'il a reronnue lui-même, M. H. Sainte-Claire Deville pcr- 1) siste à maintenir la conservation du volume comme une loi indiscutable, nécessaire et » démontrée en principe (souligné). Dans mon opinion, c'est une hypothèse. » » On ne trouvera nulle part dans mon Mémoire ni les mots prétentieux conservation du volume, ni les mots principes de la conservation du volume, loi indiscutable, nécessaire et démontrée en prim ipe, quoique ce dernier soit souligné par M. Jamiii. Mais on y trouvera les six mots : avec la règle que j'ai donnée, six mois dont la suppression, accompagnée d'un jugement plus que sévère sur des expériences qui n'avaient pourtant aucun rapport avec celles de M. Jamin, a déterminé ma réclamation du 27 juin. » Cela dit et après avoir répudié toute ressemblance entre mes travaux et l'analyse ironique qu'en a faite M. Jamin, je rétablirai en entier un pa- ragraphe que M. Jamin a encore tronqué au détriment de la clarté et du sens de mes idées. Le voici tout entier, et je souligne les lignes supprimées par M. Jamin {voir t. LX, p. 538 et SSg) : « Lorsque Lavoisier eut détruit le système de Stahl, on' ne lui laissa pas le temps d'expli- quer les phénomènes physiques de la combustion. Si du phlogislique on dégage l'oxygène, on voit qu'il n'y reste plus que la chaleur latente, et dès lors les idées de Stahl deviennent ab - solument justes : Les corps simples sont des composés de chaleur et de matière : la chaleur se dégage par la combinaison, et le composé devient d'autant plus stable et inerte au (ur et à mesure que s'étant plus intimement combiné, il a perdu plus de chaleur, ce qui /ait que le sulfate de baryte est un corps qu'on ne peut plus ouvrir, suivant l'expression allemande, qu'en le soumettant aux températures les plus élevées. » » On voit qu'en m'exprimant ainsi j'emploie le langage adopté par Lavoisier qui faisait de l'oxygène la combinaison d'un radical inconnu avec le caloricjue, le langage de Stahl (consultez les opinions philosophiques de M. Chevreul) et de ses successeurs, qui ont parlé très-savamment des corps dépouillés de phlogistique, et doués, par suite, d'une grande stabilité. Iso- lée de ce qui la précède et la suit dans mon Mémoire, la citation de M. Jamin permet, en effet, de m'attribuer une hypothèse et un style qui paraîtront ridicules aujourd'hui. « J'ai écrit, connue me le reproche M. Jamin, les mots : chaleur Intente ou phlogistique. Si j'avais pu deviner, il y a dix ans, que M. Jamin ferait aujourd'hui île phlogislique un adjectif, ce qui est bien hardi, j'aurais prudemment écrit, en renversant l'ordre des mots, phlogistique ou chaleur 27.. ( 208 ) latente. Mais comme le mot phlogistique est un substantif, je peux consi- dérer le terme au moins bizarre de chaleur phlogistique, connue appartenant en propre à M. Jamin et non à moi-même à qui il l'attribue dans un passage très-ironique de sa réponse. » Je passe volontiers sur les termes désobligeants qui fourmillent dans la réponse de M. Jamin qui n'a rien de pareil à me reprocber. Mais je dois, pour mon honneur scientifique, relever une expression blessante contenue dans cette phrase : 1 Tout le monde, dit M. Jamin (p. 29), en fait (des hypothèses), ceux qui les con- damnent bruyamment comme ceux qui croient qu'elles sont un de nos moyens d'étude. « )) Tout le bruit que j'ai jamais fait depuis trente-deux ans que j'ai pré- senté mon premier Mémoire à l'Académie, je l'ai fait devant notre compa- gnie. J'ai encore dans son sein des maîtres aimés et vénérés qui m'eussent averti, si j'avais devant eux manqué de modestie et dont je n'ai jamais reçu que des encouragements. Je ne puis admettre que M. Jamin ait pesé mûrement tous les termes de cette phrase, sans quoi il aurait pensé que ce n'est pas à un confrère plus jeune que moi dans la vie, dans la science et dans l'Académie qu'il convenait de me conseiller le silence après avoir pro- voqué cette discussion par des citations tronquées et par une critique que je crois injuste et inopportune. » CHIMIE OUGANIQUE. — Recherches relatives à l'action des chlorures de platine, de palladium et d'or sur les phosphines et les arsines; par 3131. Aie. Cahours et H. Gal. « La triméthylphosphine retrace d'une manière si fidèle les propriétés de la triéthylphosphine qu'il semblait superflu de répéter sur cette sub- stance des expériences semblables à celles que nous avons relatées relati- vement à l'action réciproque du bichlorure de platine et de la combinaison éthylée. Nous avons cru néanmoins devoir entreprendre cette recherche afin de nous assurer s'il ne se présenterait pas quelque différence dans la conduite du phénomène. Il n'en est rien, ainsi que nous avons pu nous en convaincre, et nous n'aurons en quelque sorte qu'à répéter ici ce que nous avons dit dans notre première Note. » Du contact de la triméthylphosphine et du bichlorure de platine nais- sent deux produits, l'un jaune et l'autre blanc, possédant luie composition identique et présentant des apparences exactement semblables à celles des composés que fournit la triéthylphosphine. L'insolubdilc du sel blanc dans ( 209 ) l'éther et la solubilité du sel jaune dans ce liquide permettent, comme dans le cas de la phosphine éthyU^e, d'opérer la séparation de ces corps d'une manière complète. » Affectant la forme de prismes opaques jaune de soufre lorsqu'd se sé- pare d'une dissolution alcoolique, le sel jaune se dépose d'une solution éthérée sous la forme de prismes transparents jaune de succin.Ce produit se transforme dans le composé blanc isomérique, sous les diverses influences que nous avons signalées à l'égard de la combinaison éthylée. » Mis en présence d'une dissolution alcoolique de bromure et d'iodure de potassium, il reproduit des phénomènes analogues à ceux qui résultent du contact des mêmes dissolutions avec le sel jaune formé par la triéthyl- phosphine. » Considérant comme inutile de pousser plus loin l'énumération de ces analogies, nous nous bornerons à citer les analyses qui établissent les for- mules des sels jaune et blanc : I. o*'',354 de sel jaune ont donné, par leur combustion avec l'oxyde de cuivre, o*'',i47 d'eau, et o^'',228 d'acide carbonique. II. o8'^,382 du même produit ont donné o^', 257 de chlorure d'argent. III. 06'', 479 du même échantillon ont donné o^"', 222 de platine métallique. IV- o«%389 de sel blanc ont donné, par leur combustion avec l'oxyde de cuivre, o^'', 147 d'eau et o5'',247 d'acide carbonique. Résultats qui, traduits en centièmes, conduisent aux nombres suivants : r. II. m. IV. Carbone i7î56 » » i7)36 Hydrogène 4)^' " " 4i47 Chlore » 16, 68 » v Platine • » 4^ > ^^ " qui s'accordent avec la formule Ph(C='H^)'PtCl. » Cette dernière exige en effet : C 36, o 17,18 H' 9,0 4,28 Ph 3i,o 14,80 Pt 98,0 46,98 Cl 35,5 16,96 209,5 100,00 » On voit donc que la trimétliylpliosphiue réduit, à la manière de son ( 2IO ) homologue éihylé, le bichlorure de platine, et le ramène à l'état de proto- clilorure, avec lequel elle forme deux composés isomériques dont les pro- priétés vnrient suivant le mode de préparation. » Le sel jaune, insoluble dans l'eau pure, se dissout dans ce liquide lors- qu'on lui ajoute une certaine quantité de triméthylphosphine, et laisse dé- poser, par l'évaporation, un produit cristallisable qui paraît être le corres- pondant du sel de Reiset. » Une solution concentrée de bichlorure de platine forme, dans la dissolution de co produit, un précipité semblable à celui que nous avons signalé dans notre dernière Note, relativement à la combinaison éthylée. ACTION DU BICHLORURE DE PLATINE SUR LES ABSINES. « Les phosphines formant, avec le protochlorure de platme, des com- binaisons qui correspondent aux sels de Magnus et de Reiset, il y avait quelque intérêt à rechercher si les arsines ne se comporteraient pas d'une manière toute semblable. Les analogies si frappantes que présentent ces deux groupes de combinaisons le faisaient pressentir, l'expérience a plei- nement réalisé ces prévisions. Nous avons pu nous procurer, en effet, en nous plaçant dans des circonstances analogues à celles que nous avons signalées dans nos précédentes Notes, des combinaisons de composition analogue, et présentant l'isomoriihisme le plus complet. Nous allons décrire en quelques mots le mode de préparation de ces produits. » Si, à une dissolution aqueuse concentrée de bichlorure de platine, additionnée de son volume d'alcool, on ajoute, goutte à goutte, de la tri- éthylarsine, en agitant vivement, après chaque addition, pour établir un contact intime entre toutes les parties du mélange, celui-ci s'échauffe nota- blement. La couleur brun foncé, que présentait le liquide au début, va s'affaiblissant graduellement, et finit par devenir d'un jaune légèrement brunâtre lorsque la réaction est terminée. » La liquciu-, abandonnée au refroidissement, laisse bientôt déposer des cristaux jaunes de soufre, que l'éther sépare eu deux substances distinctes, l'une se dissolvant avec facilité dans ce véhicule, tandis que l'autre y est complètement insoluble. )) La solution éthérée, étant abandonnée à l'évaporation spontanée dans un petit cristallisoir à fond plat, laisse déposer de gros cristaux jaunes de succin, d'une transparence parfaite, qui ressemblent de la manière la plus complète au sel jaune formé par la triéthylphosphine avec lequel ils sont isomorphes. { 211 ) » En opérant sur une dizaine de grammes de matière, on obtient des prismes volumineux et d'une grande netteté qui atteignent au iDoins t cen- timètre de côté. Dissous dans l'alcool bouillant, ce produit s'en sépare par le refroidissement sous la forme de prismes opaques plus déliés d'un jaune de soufre. » Soumis à l'analyse, ce composé nous a donné les résultats suivants : I. o'"", 35o d'un premier échantillon ont donné, par leur combustion avec l'oxyde de cuivre, o'^iGi d'eau et o"", 3o8 d'acide carbonique. II. G*'', 4o3 du même produit ont donné o'^igS de chlorure d'argent. III. o''', 5oo du même produit ont donné o^'', i63 de platine. IV. q"',382 d'un second échantillon ont donné o'^ii^ô d'eau et o^"', 339 d'acide carbonique. » Ces résultats, traduits en centièmes, conduisent aux nombres suivants : I. II. m, IV. Carbone 23,98 » » 5'4>'9 Hydrogène 5, 08 » » 5, 11 Chlore >> 12, 1 5 » » Platine » » 82,60 > qui s'accordent avec la formule Ai(C*H>)',PtCl. » Cette dernière exige en effet C'= 72,0 24,38 H" i5,o 5,01 As 75,0 25, o4 Pt 98,0 32,83 Cl 35,5 i2,o4 295,5 100,00 )) La portion que l'éther a refusé de dissoudre se dissout avec facilité dans l'alcool bouillant, et se dépose de ce liquide par le refroidissement sous la forme de longs prismes d'un jaune très-pâle. Lorsque la liqueur qui renferme les cristaux s'est refroidie très-lentement, on obtient des prismes minces qui atteignent plusieurs centimètres de longueur si l'on opère sur environ 10 grammes de matière. « Soumise à l'analyse, cette substance nous a donné les résultats sui- vants : I. 0^,452 de matière ont donné, parleur combustion avec l'oxyde de cuivre, o"',207 d'eau et o''',4o5 d'acide carbonique. ( 212 ) II. o«'',429 ^" même produit ont donn<'- o*'',2i2 de chlorure d'argent. m. o*',45i du même produit ont donné, par la calcinaiion, o8%i47 de platine. » Ces résultats, traduits en centièmes, conduisent aux nombres : I. n. m. Carbone 24,42 » » Hydrogène 5, 09 » ■> Chlore » 12,12 » Platine » » 32 ,48 qui s'accordent, comme on voit, avec la formule précédente, et établissent de la manière la pins nette l'isomérie de ce produit avec le sel jaune de succin. )) Les arsines se comportent donc, ainsi qu'il résulte des faits que nous venons de rappeler, de la tiiênie manière que les phosphines dans leur contact avec le bichlonire de platine. » Les sels jaune et blanc, dont nous venons d'indiquer la formation, agissent sur des solutions alcooliques de bromure, d'iodure de potassium et d'acétate de potasse, de la même manière qne leurs analogues dans la série phosphorée. Quant à ces corps, ils diffèrent des composés qui résid- tent de l'action réciproque du bichlorure de platine et de la Iriétliylplios- phine, en ce que la variété jaune ne paraît pas se transformer dans la variété blanche, sous les influences qui permettent d'opérer cette modi- fication dans la série phosphorée. » Les sels jaune et blanc s'unissent à la Iriéthylphosphine en donnant naissance au correspondant du sel de Reiset [As(Cm»)']%PtCl. » action du clilorurc de palladium sur la Iriéthylarsine. — Le chlorure de palladium se comporte à l'égard de la triéthylarsine do la même manière qu'avec la triéthylphosphine. Les phénomènes qui se produisent dans le contact de ces corps sont exactement les mêmes, et nous n'aurions en quelque sorte qu'à répéter ce que nous avons dit dans notre seconde Note. " Le produit qui résidte de l'action réciproque de ces corps se présente sous la forme de beaux prismes, d'un jaune légèrement orangé, très-volu- mineux, d'une transparence parfaite, qui sont isomorphes avec ceux que fournit la Iriéthylphosphine. Leur composition est exprimée par la fornude As(C'nn%PdCl. ( 2.3 ) ACTION DU SESQUICHLOEURE u'oR SUR LA TRIÉTHYLARSINE. » Une dissolution alcoolique de sesquichlorine d'or s'échanffe lorsqu'on y verse de la triéthylarsine goutte à goutte, et ne tarde pas à se décolorer. Il est important d'éviter l'élévation de la température. Si l'on négligeait en effet cette précaution, une certaine quantité d'or pourrait se séparer sons forme métallique, et dans ce cas l'opération serait manqnée. La liqueur incolore étant filtrée, puis soumise à l'évaporation spontanée, laisse déposer de magnifiques prismes complètement incolores, entièrement semblables à ceux que fournit la phospbine triéthylée, mais qui sont plus volumineux et possèdent un plus grand éclat. » Cette matière, dont nous ne décrirons pas ici les propriétés, présente une constitution parfaitement analogue à celle de la combinaison phospho- rée, ainsi que l'établissent les analyses suivantes: I. o^^rjoû de matière ont donné, par leur combustion avec l'oxyde de cuivre, o»'', i^o d'eau et o^'',268 d'acide carbonique. II. o*'',4i8 du même produit ont donné o"',i54 de chlorure d'argent. III. o*'',497 du même produit ont laissé, par la calcination, o5'',249 d'or métallique. » Ces résultats, traduits en centièmes, conduisent aux nombres sui- vants : I. II. III. Carbone 18,26 » » Hydrogène 3 ,90 » » Chlore » 9 > °9 " Or 11 o 5o, 12 et s'accordent avec la formule As(C*H»)',Au'Cl, d'où l'on déduit les noimbres C" 72,0 18,12 H'-' i5,o 3,78 As 75,0 18,87 Au' 200,0 5o,3i Cl ,..., 35,5 8,92 397,5 100,00 » La triéthylarsine se comporte donc, ainsi qu'il résulte des faits relatés C. R., 18-0, a» Semestre. (T. LXXI, N<> 5.) 28 ( 2,4 ) clans cette Note, de la même manière que la triéthylpliospliine, résultat au- quel on devait s'attendre, en raison des analogies si profondes que l'on observe entre ces deux composés. » Quelques expériences que nous avons tentées avec la triélhylslilhine tendent à conduire à la même conclusion. » PHYSIQUE. — Recherches thermiques sur le caractère métallique de l hydrogène associé au palladiuui (suite) : Sur un couple vollaïque dans lequel l'hydro- gène est le métal actif; par M. P. -A. Favre. « L'année dernière j'ai eu l'honneur de communiquer à rAcadémie(i) les résultats des recherches que j'avais entreprises sur la chaleur mise en jeu lorsqu'une lame de palladium remplace la lame de platine d'un couple de Smée ou bien la lame négative d'un voltamètre à lames de platine et fixe l'hydrogène du sulfate d'hydrogène électrolysé; ou bien encore lors- qu'une lame de palladium, préalablement chargée d'hydrogène, remplace la lame positive du même voltamètre et fixe sur l'hydrogène qu'elle ren- ferme le radical métalloidique, SO', du sulfate d'hydrogène électrolysé pour reconstituer cet électrolyte. » On se rappelle que l'interprétation de ces résultats fournissait de nouvelles preuves du caractère métallique de l'hydrogène à ajouter à celles que T. Graham venait de faire connaître. » Pour ne pas laisser incomplètes mes recherches thermiques sur la nature métallique de l'hydrogène associé au palladium, il restait à faire une dernière expérience, afin de démontrer que cet hydrogène, lorsqu'U remplace le métal actif d'un couple voltiiïque, constitue le métal actif d'un nouveau couple. Il fallait établir que ce nouveau couple possède une énergie voltaique (exprimée en calories) qui lui est propre, et qu'en l'asso- ciant à d'autres cou|)les de même nature on peut former une pile suscep- tible de développer un courant dont Vénergie, exprimée aussi en calories, est également bien déterminée. » C'est ce que j'ai réalisé on opérant de la manière suivante : » Dans un couple de Daniell, j'ai remplacé la lame {le zinc amalgamée, qui baigne dans l'acide sulfurique siilfisanuuent dilué, par une lame de palladium chargée d'hydrogène. » Le nouveau couple, ainsi fornié, fonctionTie en tout couHiie le couple (i) Comptes rendus, séances des 'j et ?8 juin i86g. (215) ptiinilif : seulement c'est l'hydrogène, et non |ilus le zinc, qui joue le rôle de niélal actif, en se substituant au cuivre du sulfate de cuivre électrolysé; et, comme dans le couple de Danieil, ce dernier métal se dépose sur le pl.itine qui plonge dans le sulfate de cuivre que renferme le vase extérieur. I) Dans une tiès-procliaine Communication, qui sera la seconde que j'aurai l'honneur de taire à l'Académie sur V énercjie vollaùjiie des couples, je ferai connaître l'énergie voltaïque du coujile hydrogène et plaline ac- tionné par le sulfate de cuivre. Cette énergie est faible et peut être déter- minée ex|)érimentalement ou bien pai- le calcul et à l'aide des données numériques qui m'ont été fournies par des expériences antérieures ( i ). Mais si, comme je viens de le dire, l'énergie voltaïque de ce nouveau couple est faible, il suffit, comme pour toute autre espèce de couple, d'en réunir un nombre suffisant pour obtenir une pile capable de développer un courant très-énergique et susceptible d'opérer la ségrégation chimique des sels qui s'électrolysent le plus difficilement. » N03IINATI0NS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Commission chargée de juger le concours du prix de Statistique pour l'année 1(870. MM. Hienaymé, Mathieu, Ch. Dupin, Passy, Boussingault réunissent la majorité des suffrages. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com- mission de neuf Membres, pour juger le concours des prix de Médecine et de Chirurgie. MM. Cl, Bernard, Cloquet, Nélaton, St. Laugier, Bouillaud, Andral, Longet, Robin, I^arrey réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. jVetter adresse, de Rennes, une Note relative aux soins à prendre pour détruire, après la variole et pendant la ])ériode de dessiccation des pus- (i) Comptes rendus, séances ilcs 7 t't 8 juin et du 5 juillet i86f). 28. ( 51^i ) tnips, les croûtes qui entourent le lit du malade. En étalant un drap autour du lit, et l'enlevant à mesure qu'il se couvre de débris cutanés, pour dé- truire ces débris par le feu, l'auteur a observé une diminution notable dans la transmission de la maladie. C'est d'ailleurs un fait admis en Médecine que, dans toutes les fièvres éruptives, rougeole, scarlatine, variole, c'est surtout à l'époque de la convalescence qu'il y a danger poiu' l'entourage du malade, sans doute à cause de la desquammation elle-même : enfin on s'est servi autrefois pour les inoculations, à défaut de pus variolique, des croûtes elles-mêmes. (Renvoi à la Section de Médecine.) M. Cauvet adresse un Mémoire « sur la structure du Cytinet (Cytinus hypocyslis, L.) et sur l'action que produit ce parasite sur la racine des Cistes ». Une seconde Partie de ce Mémoire est relative à la structure de la racine du Cisliis monspcliensis. (Renvoi à la Section de Botanique.) M. RÉZARD deWouves adressc, poiu' être joiute au Mémoire présenté par lui le 6 juin dernier, sur l'émétique comme traitement abortif de la variole, luie observation qui vient à l'appui de ce mode de traitement. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. V. Cassaigxes adresse, de Marseille, une Note relative à la filtration naturelle des eaux de rivière, et à l'application qu'il croit pouvoir en faire prochainement aux eaux de la Durance. (Commissaires : MM. Dumas, Moiin, Combes, H. Sainte-Claire Deville.) M. Ehri.icii adresse, d'Alexandrie, une Note relative au choléra. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) M. Goubet adresse une Note relative à la théorie des principes île la Géométrie élémentaire. (Renvoi à la Commission nommée i)our les Communications relatives au postulatum d'Euclide.) ( 217 ) CORRESPOXD ANCE M. H. Lebert, nommé Correspondant pour la Section de Médecine et de Chirursie, adresse ses remercîments à l'Académie. MM. AitsoN, BoxxET, Hoffmann, Kxoch, Le Rors, Luschka, Marion, Sai\t-Cyr adressent des remercîments à l'Acadéiiiie, pour les distiuclions dont leurs travaux ont été l'objet dans le concours de l'année 1869. GÉOMÉTRIE. — Délerinination des cléinenls de rarêle de rebroussement d'une surface dévelopjiable, définie par ses équations tangenlielles. Noie de M. L. Painvin, présentée par M. Bertrand (1). « 1. Il arrive très-fréquemment que les équations tangentielles d'une surface développable résullenl immédiatement des données d'une question, ou s'en déduisent par des calculs généralement simples, tandis que la re- cherche (les équations ordinaires de son arête de rebroussement présente des difficultés très-grandes et souvent insurmontables. Il est donc impor- tant d'avoir des formules qui permettent d'étudier, sur les équations tan- gentielles elles-mêmes, les propriétés de cette arête de rebroussement; ces formules, qui n'ont jamais été données, font l'objet de cette Note. » 2. Notations : u, p, U' sont les coordonnées tangentielles d'un plan, c'est-à-dire les in- verses des coordonnées à l'origine de ce plan; les axes des coordon- nées sont supposés rectangulaires. Si ce |)lan est tangent à une surface développable, ce sera le plan osculateur en un certain point M de l'arête de rebroussement; .r, j-, z seront les coordonnées du point M. » Je désignerai, en outre, par a, p, y, les angles de la tangente en M à l'arête de rebroussement ; X, p., V, les angles de l'axe du plan osculateur; ^, v7, Ç, les angles de la normale principale ; (i) L'Académie a décidé que cette Communication, liien ((ue dépassant en étendue les limites réglementaires, serait insérée eu entier au Compte rendu . ( 2.8 ) lis, l'élément de l'arête de rebroiissement ; d'y, l'angle de deux tangentes infiniment voisines; dz, l'angle de deux plans osculateiiis infiniment voisins; 6, l'angle au sommet du cône droit osculateur; R, le rayon de courbure; T, le rayon de torsion. » 3. Une surface développable étant définie par deux équations langen- lielles, telles que /{a, i-, u') = o, F(u, V, w) = o, nous pouvons regarder u, v, w comme des fonctions déterminées d'un cer- tain paramètre arbitraire. Pour siinplifiei" l'écrituie des formidcs, nous po- serons / ,, (0 a, = du, a., = d'- u, V, = dv, l'o = d'- <,>, H', := d<,y, M'o = d'- w; (3) (lu ih TT -'^^ V - ''^ A = u V i', w = dA cl\ ilA (/A elA \ ' au, «Cj " an'.j (4) R ^ -{Ud'u+Yd'v-hWdUv) w II' ?/.> l*., U'n » On aura alors les formules suivantes : (II) V z w ( ) 'î^ — '!l — El —"^ (3) ,/, = £'^^^/u^-^V.! Wj. ;ni COSfi : s/u' , > cosa cos p cos'/ I (3) cosÇ 6'v/u^-(-v',+w^ cos» cosÇ cW:— (l'V, (.■l), — «W, hV,— .'U, £"^„..t.„:-4.„,^y/uj+v;+"\V^ . , rfcos). ( 219 d COS p. dcoiv ■u. flV] ;2) (3) f/cosa rfcosS rfcos7 £ fl COS E = Il — ■- ^ — u , A .(,/' -hv 3 5 A .'(U ■ V^+Wl) 3 3 \/u' + ('2+«'' (U! -W.! l) dz — - ££' „^U;+V;+W^ '2) r/a=s's"'^"^^"^'"' (V) (3) R=:£ v/^ H (4) T =-££'£" ^(U w « Les lettres £, e', c" désignent rt i ; ainsi on a £ =: ± i, e' = ± j, £" = ± I ; j'ai adopté des accents différents ponr conserver au choix des signes + et — toute l'indépendance qu'il peut avoir. » Remarque I. — Dans les formules qui précèdent, les cond^inaisons des quantités £, c', e" ont été faites de manière à vérifier constamment, en gran- deur et signes, les importantes relations (J.-A. Serret, Calcul différentiel, p. 4oH; ou Bertrand, Calcul différentiel, p. 622) : dx = ciscosa; dcosa =^ cos,^clc; ^cosX = cos^(/t; dcosS, = — cosada — cosldx; » Remarque II. — Si l'on assujettit les qiianlités R et T à élre jositives, on a les conditions suivantes : (VI) £'=—£, si A > o; £'==+£, si A < o ; + 1, si -->o; A H » On voit alors que les formules précédentes ne renfermeront plus que la seide quantité £ = ± i ; on fixera sa valeur suivant les besoins de la question. » Rcin^ = h-v' m'a conduit à des résultats simples et remarquables, que je vais signaler. » La seconde des équations (i) représente un ellipsoïde dont les axes sont a, h, c; la première équation représente une sphère concentrique dont le rayon est /■. » On sait que la surface développable circonscrite aux denx surfaces (i) est dii huitième ordre et de la cpintrièmc classe, et que son arête de rebrons- senient est du douzième ordre et de la quatriètne classe. ( 221 j )) Après avoir posé A = h-- c\ P. = r== - a-, C = a-- Ir (A, = i--, B,= i--, C.= i--, on Irouve, pour les coordonnées .r, j-, z du point M, les valeurs très- simples » On trouve encore que : » i" Les axes des plans osculateurs sont parallèles aux génératrices du cône A, x^+ B,j^+ C, s=' = o. » 2° Les tangentes de l'arête de rebroussement [ou génératrices de la déve- loppable) sont parallèles aux génératrices du cône x' r' ~- x; + i; + c: = °5 ces deux cônes sont réciproques; les propositions i*^ et 2" sont des con- séquences l'une de l'autre. M 3° Les normales principales sont parallèles aux génératrices du cône A, A' B, B= C, C= — l 1 -, 1 r- = o. X-' y- z- » L'arête de rebroussement est une courbe rectifiable; en représentant par s la longueur d'un arc quelconque, on a 3 (4) s = const. - — -— - {k\iî' + B^- + C7U'-)2 Al ri] C"! » Si l'on désigne par p la distance du centre couiniuii à un point quel- conque M de l'arête de rebroussement ; si 11 et T sont le rayon de cour- bure et le ra\on de torsion en ce point, on a les équations suivantes, remarquables par leur sim|)licité, (5) f =. r^- + [s + k)\ (6) r-V^,-^^^mnv, (7) '■'I^='^^('^ + /')"-., (8) \ = '~-^ c. R., i8-;o, i' Semestre. (T. LXXl, N" ô.) 29 ( 222 ) S est la longueur de l'arête de rebroussement, comptée à partir d'un cer- tain point fixe; //, v, w sont les coordonnées du plan osculateur à l'ex- trémité M de l'arc s ; A est une constante. » Si l'on suppose, par exemple, a>b^c et a~;>r';^b, l'arc s sera compté à partir du plan des xj\ et la constante k aura pour , \l~ A, B, valeur r- — • Cl » 6. Je me suis également occupé de la courbure des surfaces définies par leur équation tangentielle ; je demanderai à l'Académie la permission de lui soumettre prochainement les résultats relatifs à cette (pieslion. » PHYSIQUE. — De la possibilité d' obtenir des signaux de feu d'une très-grande portée. Note de M. F. Lucas, présentée par M. Ed. Becquerel. « Dés l'année 1867, certaines considérations théoriques m'ont conduit à penser que le problème des feux de brume, pour les phares et les télégraphes lumineux, pourrait probablement être résolu au moyen de la décharge périodique d'un puissant condensateur électrique. Une JNote que j'avais eu l'honneur d'adresser à ce sujet à l'Académie a été publiée dans les Comptes rendus du 23 septembre. » Le point de départ de ma théorie consistait dans Vextiéme petitesse de la durée d'une étincelle électrique. A défaut d'autres données numériques, j'avais assimilé la durée des grandes étincelles à celle de l'éclair, qu'Arago disait inférieure au nnllionicme de la seconde. Cette hypothèse était erronée, mais je suis en mesure de la rectifier. » Les recherches expérimentales sur la durée des étincelles électriques que j'ai entreprises, dans ces derniers temps, en collaboration avec M. Cazin, professeur de physique au Lycée Bouaparle, permettent de substituer une donnée certaine à la donnée hy|)othélique dont j'avais d'abord fait usage. » Deux Notes que nous avons présentées, en nom collectif, à l'Académie des Sciences, et qui ont été insérées dans les Comptes rendus des aS avril et 20 juin 1870, ont établi que la durée j>^ de l'étincelle électrique est liée à la surface s de la batterie et à la distance explosive / par la formule (>) j = h{i-a'),i-b'), a al b étant deux fractions indépendantes de la nature et du diamètre des boules. (2a3 ) » En prenant pour unité de surface ^ celle de l'armature extérieure (1243 centimètres carrés) d'une des jarres de Leyde dont nous disposions, et pour unité de distance explosive l le millimètre, nous avons trouvé i a = o,8o36i, ^^^ ( /; = 0,93955. » Le paramètre h reste indépendant du diamètre des boules, pourvu que ce diamètre soit au moins de 7 millimètres; mais ce paramètre dépend de la substance des boules. )) En prenant le millionième de seconde pour unité de temps, nous avons obtenu, pour des boules de platine, (3) h = \Ç>i. » L'étain, le charbon, le laiton, le cuivre et le zinc nous ont donné des valeurs un peu plus grandes. » Dans nos expériences, les étincelles jaillissaient à l'air libre; une faible résistance était interposée entre la batterie et les boules; les surfaces de ces dernières étaient recouvertes de la couche pulvérulente que font naître les fortes décharges. Les mêmes conditions seront toujours faciles à rem- plir. » La formule (i) montre que si j et / augmentaient indéfiniment, j ten- drait vers un maximum égal au paramètre h. Or c'est en faisant croître la surface du condensateur et la distance explosive qu'on peut augmenter la puissance de l'étincelle. Par conséquent : » Loisquon augmente l'énergie de la décharge électrique, la durée de l'étin- celle tend vers un maximum déterminé. » Ce maximum est de 161 millionièmes de seconde pour des boules de platine. Ce métal est inoxydable et peu volatil; c'est lui qui donne aux étincelles les moindres durées; il conviendrait parfaitement pour créer les signaux de feu périodiques dont j'ai parlé plus haut. » Supposant qu'on ait écarté les deux boules de platine d'une quantité convenable, imaginons : » j° Que l'on construise un condensateur assez puissant pour donner à l'é- tincelle électrique une intensité de 10000 becs de Carrel ; » 2° Que ion mette en œuvre une source d' électricité statique assez abon- dante pour faire succéder les décharges de deux en deux secondes. » Avec une période aussi courte, qui permettrait à l'éclat de se repro- duire 3o fois par minute, l'observation du signal périodique dont il s'agit 29.. ( 224 ) serait aussi facile, aussi imtnanqunble que celle d'un feu continu de même intensité. » Comme, toutes choses égales d'ailleurs, la portée Inmineuse d'nn si«ïnal est indépendante de sa durée et dépend seulement de son intensité réelle, notre signal aurait la même portée qu'un feu permanent d'une in- tensité de loooo becs Carccl, soit 5oo fois l'intensité de lare vol laïque du phare de la Hève. Il serait donc visible de très-loin, alors même que l'at- mosphère serait chargée de brumes. » Or, la dinéed'un éclat étant inférieure à i6i millionièmes de seconde, et, à forliori, inférieure à-^^ de seconde, le rappoil de la duiée d'un éclat à celle d'une éclipse serait inférieur à 7^^. » Pendant un temps quelconque, une heure, par exemple, il n'y aurait dépense de lumière que pendant la dix-millième partie de la durée totale du fonctionnement du feu périodique. La quantité de lumière dépensée serait inférieure à celle cpie dépenserait, dans le mente temps, une seule lampe Carcel. » Ce mode de distribution de la lumière présenterait donc un immense avantage. » Ainsi se trouve confirmée, par des considérations nouvelles et basées sur une donnée numérique certaine, la possibilité d'obtenir^ au moyen de i étincelle élettriaue, des siijnaux de feu d'une portée considérable. » Suffira-t-il, pour obtenir ce grand résultat, d'atteler en assez grand nombre les engins dont on fait usage aujourd'hui dans les cabinets de phy- sique? Faudra-t-il construire des engins d'une force nouvelle, jdus puis- sants que ceux qu'on emploie dans les laboratoires les mieux montés? » Cette question ne peut être élucidée que par l'étude jîliotométrique des étincelles. Or les seuls travaux qui, ;i ma connaissance, aient été faits sur ce sujet, sont dus à Masson. Ils datent d'une trentaine d'années et, i)ar conséquent, remontent à une époque où l'on ne savait produire l'étincelle électrique que sur une très-petite échelle. Les Mémoires de Masson, malgré leur incontestable mérite, ne sauraient donc pas indiquer avec certitude les intensités des fortes étincelles qu'il conviendrait d'employer pour des signaux de feu. » S'il m'est possible d'exécuter, comme j'en ai le projet, les expériences nécessaires pour compléter les travaux de Masson relativement à la photo- mélrie électrique, j'aurai l'Iionneur de communiquer à l'Académie les résultats de ces recherches. « ( 225 ) ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Etuclc pltotngrnjihiciiie du Soleil à V Observalnire impérial de Paris. Note de M. L. Sonrel. (Extrait.) « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie des spécimens des études photographiques solairt^s entreprises à l'Observatoire impérial, giàce à la bienveillance de M. Delaunay, directeur de cet établissement. Ces étiules se poursuivent sans interruption, depuis le commencement d'avril. L'ap- pareil dont je me sers est l'équalorial du jardin, à monture anglaise, dont l'objectif a été travaillé par Foucault. » Des quatre épreuves soumises aujourd'hui à l'Académie, deux sont des soleils entiers, de ii et de i8 centimètres. Les deux autres sont la repro- duction, l'une d'un groupe entier pour le 17 mai 1870, l'autre d'une por- tion de ce même groupe, vu le lendemain. Ces deux dernières sont extraites de soleils de 80 centimètres et de i"',70 de diamètre. » Dans toutes ces épreuves, on distingue très-nettement l'ombre et la pénombre des taches, la différence d'éclat de leurs diverses parties, enfin les facules qui les avoisinent » Après quelques détails, poiu- l'intelligence desquels l'examen des photo- graphies elles-mêmes est nécessaire, l'auteur ajoute : a J'ai pu déjà, grâce à l'emploi de grossissements très-variés, me faire une idée de l'évolution des taches, et contrôler, par des observations dont on ne peut contester la sincérité, les iflées que j'ai eu Thonneur de sou- mettre à l'Académie en août 1869, et que je ne pouvais alors étajer que sur des dessins très-consciencieusement faits. Les faibles grossissements me servent à réiniir les éléments nécessaires à la détermination des trajectoires des taches ; les forts grossissements doiuient les détails des taches. Leur ensemble est une base indispensable à l'étude de la météorologie solaire. Quand la série des groupes étudiés sera suffisante, l'exposé des résultats obtenus sera l'objet d'un Mémoire spécial. » Aujourd'hui je désirais surtout montrer le parti que l'on peut tirer de la photographie pour entrer dans le détail de l'élude du Soleil. Il me paraît démontré que, même avec un réfracteur dont l'objectif a un très- long foyer, on peut faire des photographies astronomiques, si l'on se place dans des conditions convenables, qui dépendent à la fois de l'éclat de l'astre à photographier, du pouvoir optique de la limette et de l'état de l'atmosphère le jour de l'expérience. » ( 226 ) CHIMIE ORGANIQUE. — Décomposition de l'acide oxalique. Note (le ^I. P. Cables, présentée par M. Bussy. « Contrairement à ce qui arrive pour les autres acides organiques, quand on soumet à rélectrolysc une solution d'acide oxalique, on con- state que non-seuI(Mi)ent l'acide ne se concentre pas au pôle positif, mais qu'il éprouve à ce pôle une; perte considérable. Ou n'y trouve, en effet, que de l'acide carbonique dû à l'action de l'oxygène qui se dégage à ce pôle(i). >' Or l'oxygène se trouve ici dans les conditions que l'on désignait na- guère encore sous le nom d^étnt naissant, état qui, selon M. H. Sainte- Claire Deville, ne saurait exister, puisqu'à l'état libre les corps paraissent avoir les mêmes propriétés; c'est-à-dire, dans le cas actuel, que si la for- mation d'acide carbonique était due à l'état naissant de l'oxygène, à l'état libre ce gaz devrait produire les mêmes phénomènes. C'est dans cet ordre d'idées que M. Bussy nous pria d'examiner laction d'un courant d'oxygène, sur ime solution d'acide oxalique à différentes températiu'es : voici les résultats de nos expériences. )) Dans un malras contenant une solution concentrée d'acide oxalique pur, nous avons fait passer un courant d'oxygène pur. Au sortir du matras, ce gaz lavé traversait deux flacons d'eau de baryte. L'appareil ayant élé privé d'air, nous avons fait passer un courant d'oxygène |)endant trois heures, et nul phénomène uo s'est manifesté à la température ordinaii'e. Le matras a alor.s été chauffé au bain-marie vers loo degrés, et au bout d'une demi-heure il s'était formé assez de carbonate de baryte pour que nous ayons pu vérifier .ses caractères. L'expérience paraissait décisive. Mais l'action de l'oxygène pouvait bien n'être que mécanique, ce qui nous en- gagea à la répéler d'une autre façon. » Le courant d'oxygène fui remplacé par un coiu-ant d'hydrogène pur et l'expérience répétée dans les conditions premières. Or, à la température ordinaire, l'eau de baryte ne se troubla j)as, tandis que lorsque nous chauf- fions le matras vers loo degrés, elle accusait à sa sortie la présence mani- feste de l'acide carbonique. Les deux gaz avaient donc agi de la même façon, ils paraissaient n'avoir eu qu'une action mécanique, c'est-à-dire avoir uniquement servi au lrai)s|wrl des jjroduils de la décomposition de l'acide oxalique : l'acide carbonique et l'acide forniique. (l) lîoiJRGdlN, Jniirnnl concentré, il régénère le chloral anhydre, avec formation de sulfate d'am- moniaque; enfin l'eau le découipose en chloroforme et tormiate d'ammo- niaque. » Si, pour effectuer cette combinaison, on opère sur des quantités de chloral de plus de 2 à 3 grammes, et que le courant de gaz ammoniac ne soit pas bien ménagé, la masse s'échauffe, malgré l'emploi d'un réfrigérant énergique, et alors on obtient toujours, outre le produit princi|)ai (aldéhy- dale d'ammoniaque trichloré), une quantité assez grande d'un liquide siru- peux. L'examen de ce liquide m'a fait voir qu'il était constitué par du chloroforme C-HCl% qui a été isolé par distillation, et par de la formamide C'AzlFO", avec laquelle j'ai obtenu de l'acide cyanhydrique à l'aide; de l'anhydride phosphorique. L'ammoiiiaque, en se combinant avec le chloral anhydre, peut donc, selon les circonstances, s'tuiir directeiiunt à lui ou provoquer son dédoublement selon l'égalité suivante CMIC1'0--+- AzH^ = C-HCP-f- C=0=,AzIP. » Quoique la production du chloral par 1 action directe du chlore sur ( 229 ) l'aldéhyde n'ait pu encore être réalisée, je pense que les faits que je viens d'exposer, joints à la combinaison du chloral avec le bisulfite de soude déjà connue, ne doivent plus laisser subsister le moindre donte sur la véri- table constitution de ce corps, et qu'on doit considérer le chloral comme de l'aldéhyde trichlorée. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Influence du développement hâtif des os sur leur densité. Note de M. A. Sanson, présentée par M. Ch. Robin. « J'ai fait connaître, il y a déjà plusieurs années, la théorie du phéno- mène de la précocité des animaux de boucherie, réalisé empiriquement par Backewell, an siècle dernier. J'ai montré que toutes les conséquences de ce phénomène, d'une importance économique assez grande pour que son auteur ait pu être, à juste titre, considéré comme l'un des bienfaiteurs de l'humanité, ont leur point de départ dans l'achèvement hâlif du sque- lette, manifesté par la prompte soudure des épiphyses des os longs, et par l'éruption corrélative des dents permanentes ou dents d'adulte. » L'examen anatoiniqne et physiologique de l'animal précoce fait voir, en effet, que sous l'influence île cet achèvement hâtif de l'évolution du système osseux, tous les autres tissus de son économie acquièrent, dans un moindre temps, les propriétés qui les caractérisent à l'état adulte, lorsqu'ils l'ont atteint normalement. Les propriétés organoleptiques de la chair ou de la viande, par exemple, qui sont surtout à prendre en considération dans ce cas, ne diffèrent point, chez les sujets d'une même race, au même degré d'évolution des os, quel que soit le temps écoulé depuis leur nais- sance. Ainsi, chez les espèces qui sont communément adultes après six ans, ces propriétés se montrent après quatre ans avec leur développement com- plet lorsque, dès ce moment, la soudure de toutes les épiphyses est indiquée par l'évolution entière de la dentition permanente, ce qui est le signe exté- rieur non douteux de la précocité, en vertu de laquelle l'animal a réelle- ment vécu davantage en moins de temps. » Mais la modification produite dans la durée de l'évolution du système osseux par les circonstances de la précocité n'est pas sans influence sur les propriétés particulières de ce système. C'est un fait bien connu que le sque- lette des sujets précoces est toujours moins volumineux que celui des ani- maux de même race, considérés comparativement comme tardifs. L'ossa- ture fine de ces sujets est une de leurs qualités les plus estimées par les éle- C. R., 1870, -l" Semestre. {T. LXXI, N» 5.) 3o ( ^3o ) vpurs. Ils pensent et disent aussi, en se fondant, par nne simple induction, sur celle exiguïté coinparative dn squelette, qne cehii-ci est plus léger. Il y a là une erreur sur laquelle mon but principal est d'appeler, dans cette Note, l'altenlion par une démonstration rigoureuse. » Nous prendrons pour base de cette démonstration deux fémurs pro- venant de deux béliers mérinos, âgés l'un et l'autre de quinze mois. L'un de ces béliers appartenait à une famille précoce qui vit dans le département du I>oiret ; l'autre était un de ces méiinos communs qui peu|)lent le dé- partement d'Eure-et-Loir, et qui sont connus sous le nom de méiinos de la Beaiice. Les deux os ont été choisis de préférence, parce que ce sont ceux chez lesquels la soudure des épiphyses a lieu d'abord. Toutes celles du pre- mier sont entièrement soudées; elles sont toutes au contraire encore dis- tinctes et séparées de la diaphyse dans le second. Nous désignerons le pre- mier sous le nom de fémur précoce; le second sous celui de fémur commun. Leurs densités respectives ont été déterminées au laboratoire de l'École Normale, par M. H. Sainte-Claire Deville lui-même, que je me plais à remercier ici de son obligeante condescendance. » Voici maintenant les résultats numériques de l'examen de ces deux os : Lonîjiieur Poids de l'os Volume de Tos de la diaphyse. entier. entier. Densité, m gr ce i" Fémur précoce o,i3 Q^jQS 70 ^ j^4^ 2° Fémur commun. .. . 0,16 99>4') 78 '>274 )) Les chiffres qui précèdent expriment le phénomène |)our tous les cas analogues. La réduction de la taille et du poids absolu du squelette, chez les sujets de même âge et de même race, doués de la précocité, s'accom- pagne toujours d'une augmentation du poids spécifique ou de la densité des os, contrairement à l'opinion reçue pai mi les éleveurs. Or, cette aug- menialioii de densité fournit une confirmation nette de la théorie physio- logique que j'ai donnée de la précocité. En elfet, elle ne peut être due qu'à une proportion |)lus forte des matières minérales dans la constitution du sys- tème osseux; et en déterminant les conditions de la méthode d'alimentation qui réalise, à coup sur, la précocité du développement, j'ai fait voir que le rôle |)rincipal, dans celte méthode, appartient aux graines ou semences ri- ches en phosphate calcaire, qui entrent dans la ration à titre d'aliment com- plémentaire. Par la direction ainsi imprimée à l'active nutrition du jeune âge, les corpuscules osseux s'organisent en abondance; ils envaliissent plus tôt la couche de chondroplastes qui séj)are les épiphyses de la diaphyse et par la- ( 23i ) quelle se fait en longueur l'accroissement de celle ci. Une fois la soutiure opérée par l'ossification complète de cette couche de ch()n 80 Acide antimonique 35, 5o Acide carbonique 4 > ^o Oxyde de plomb 5i ,5o Eau 4 ' 00 100,00 » L'oxyde d'antimoine provient d'un peu de la combinaison Sb'O'.aPbO non encore altérée, et l'on peut écrire l'analyse ainsi : Sb-O^aPbO 11,80 Sb=O^PbO 59,10 CO'.PbO 25,10 HO 4,00 » Les quantités d'antimoniate de plomb, de carbonate de plomb et d'eau conduisent à la formule Sb^O'.PbO + CO^PbO + aHO. )) L'antimoniate et le carbonate de plomb sont-ils considérés ensemble ou seulement mélangés? L'action des acides me ferait penser qu'ils sont combinés, mais je réserve mon opinion jusqu'à ce que j'aie pu me procurer des cristaux purs en aiguilles pour en faire l'analyse. M Outre ces matières cristallisées, la calamine fie Hammam Nbaïl con- tient en mélange une substance amorplie, ressemlilant ;t de l'argile ocreuse, qu'on isole aisément au moyen de l'acide chlorhydrique dans lequel elle est insoluble, et qui, tlesséchée à 100 degrés, a pour composition Acide antiuioni(jue 63, 5o Sesquioxyde de fer . 3i ,4o Eau 5,10 100,00 » Cette composition correspond à la formule Sb-0*.Fe"0' + IHO. » Si la combinaison d'oxyde d'antimoine et d'oxytle de [)lond) que je viens de décrire est bien une espèce minérale nouvelle, je pro(>oserai de l'appeler nadotite, du nom de la localiié où est son gisement, laquelle porte le nom de Djehtl-Nador. » 3i.. ( 24o ) M. A.Valabrègue adresse une Note concernai)! riiifliieiice île la force centrifuge sur les marées. M. DcKAiVD soumet à l'apprécialion de l'Académie une lassefiltrc, destinée à rendre la limpidité à une eau contenant en suspension des corps solides. Ce petit appareil a la dimension d'une lasse moyenne; elle est en toile iiu- perméable, et munie à l'intérieur d'une sorte d'entonnoir renversé, en fla- nelle épaisse, qui est surmonté d'un petit tuyau servant à as])irer l'eau avec la bouche. M. Trémaux adresse une épreuve de la quatrième Partie d'un Ouvrage en voie de publication, sur le « principe de la vie animale et végétale ». « M. Chasles fait hommage à l'Académie, de la part de M. le prince Boncompagni, des deux premiers cahiers du tioisième volume du Bullellino délie Scieiize tnatematiche efisiche. Le premier cahier, de janvier 1870, con- tient un article fort étendu de M. E. Siacci, de Turin, sur les Ouvrages du comte de Fagnano. Il s'agit principalement du célèbre théorème sur cer- tains arcs d'ellipse dont la différence est algébrique, théorème qui a inspiré aussitôt de beaux Mémoires à Euler, à Lagrange et à Legendre, et marque ainsi l'origine de la théorie des fonctions elliptiques. A la suite de ce tra- vail se trouvent deux pièces qui se rapportent au même sujet : d'abord un Mémoire sur le comte de Fagnano, existant en manuscrit dans la Biblio- thèque du Vatican; puis un Exposé, par M. A. Genocchi, des recherches auxquelles la théorie des fonctions elliptiques et abéliennes a donné lieu jusqu'à nos jours. La livraison de février contient une analyse, parM.Hoûel, d'un Ouvrage du D'' G. Friedlein, écrit en allemand, sur les procédés de calcul employés dans l'antiquilé et au moyen âge. » « M. CiiASLES présente en outre, au nom de ses collègues de la Section mathématique des Hautes Études, les quatre numéros de mars, avril, mai, juin, du Bulletin des sciences tnalliémaliiiues et aslrononiiqitcs. Ces luiméros contiennent un article de M. Bcrlrand, sur la vie et les travaux de Caucliy; un article de M. Radau, sur les complexes de Pliicker; de M. lloiiel sur le Diclionniiirc nialliémalicjue allemand de MM. Hoffmann etNatani, sur les Eléments de inatlicmatiques de M. Ballzer, sur lui Traité de M. Hankel relatif à la discontinuité des fonctions; des articles de M. Darboux, sur i\n modèle delà surface du troisième degré à vingt-sejjl droites réelles exécuté ( 24i ) par M. Wiener, sur ks siiigiilarilés des courbes et sur un Mémoire de M. Zeuthen; un article de M. Beltranii, sur un Mémoire île M. Christoffel, relatif aux lignes géodésiques. La partie relative aux Mémoires comprend l'analyse des Malhemalisclte Jniialcn, de MiNI. Clebsch et Neunianii, des Astronomische Nacliricltlen, du Journal de M. Liouville, du Bulletin dit j)rincc Boncompacjni, des Archives de M. Grïinerl, des journaux danois, des Pliilo- sopliical Transactions de la Société royale de Londres, du Giornale publié à Naples par M. Battaglini ; du lîecueil des Sociétés d'Edinburgli, de Man- chester, de l'Institut Lombard ; des Académies de Berlin, d'Amsterdam, de Goettingue, etc. » A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 6 heures. 1). BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du i8 juillet 1870, les ouvrages dont les titres suivent : Des méthodes dans les sciences de raisonnement; par M. J.-]\L-C. DUHAMEL, Membre de l'Institut. 4* Partie. Paris, 1870; in -8°. Bulletin des Sciences mathémnliijues et astronomiques, rédigé par M. G. Dah- BOUX, avec la collaboration de RIM. HoiJEL et I>OEWY, sous la direction de la Commission des Hautes Études, t. P% mars à juin 1870. Paris, 1870; 4""' iu-S". (Présenté par M. Chasies.) Histoire du solde Tout. Dix-septième Noie sur l'oiigine de l'espèce humaine dans les enviions de cette ville: par M. HUSSON. Toul, 1870; br. in-8''. -Rapport à i Académie de Bordeaux sur deux Mémoires de MJNI. LiNDER et le Comte Alexis de Chasteignier, et réplique aux observations critiques de M. Raulin sur ce Ilapport, suivi d'une Note additionnelle relative à deux fos- siles du sud-ouest; par M. Ch. DES MouLiNS. Bordeaux, 1870; in-8°. Expériences comparatives exécutées en 1S68, près de Berlin, avec un canon ( 2^2 ) prussien en acier Rriijip se clinrtjt'unt /i 4.) J2 ( 246 ) duits de la décomposition végétale dans la couche supérieure d'un sol presque sans peiile, l'alios a fixé pendant des siècles la fièvre intermittente dans ces pauvres contrées, où, de plus, une nourriture presque antédilu- vienne, le pain sans levain {craclmde), a conservé longtemjis piiinii les liabi- tanls comme une dernière trace des maladies préhistoriques. Aujourd'hui les fièvres ont disparu, on ne parle plus de la mystérieuse et sinistre pel- lagre, et l'alios ne fait guère sentir désormais ses effets que sur les racines pivotantes des pins qu'il force à se transformer en racines traçantes. » Ayant eu, ces jours-ci, l'occasion d'assister à Mont-de-Marsan à une excellente leçon de INI. le D' Mourrus sur la constitution physique du sol des Landes, j'ai cru m'apercevoir que 1 aiios n'était guère plus coiuui qu'à l'époque où j'étudiais nioi-même ce pays, il y a un tiers de siècle. J'en ai conclu que les idées que je m'étais faites autrefois sru' la formation de cette couche si singulièrement intercalée dans l'épaisseur du sable pourraient offrir encore quelque intérêt, et j'ai espéré que l'Académie me permettrait de revenir sur d'anciens souvenirs que l'aspect tout nouveau pour moi des Landes assainies et enrichies vieiit de rappeler bien vivement à mon esprit. » Chargé, en 1837, d'opérer le nivellement d'une partie des Landes de Bordeaux, entre les étangs du littoral et le bassin d'Arcachon, j'avais dû y joindre d'assez nombreux sondages dans le but d'estimer les difticultés du terrain pour les opérations subséquentes. Je fus frappé alors de ne rencon- trer l'alios que dans les Landes proprement dites, tandis que je n'en trouvais ni dans les marais, ni sur les rives des étangs, ni dans les dunes, même celles qui, à l'abri des vieilles forêts, n'avaient jamais été remaniées par les vents depuis des siècles. » Entrons d'abord dans quelques détails bien connus des Landais. Le sable de la Lande, ainsi que celui des dunes et celui que la mer rejette jour- nellement sur le littoral, est bianc, mêlé de quelques giains nnirs qui con- tiennent du fer peroxyde et une certaine proportion d'oxyde de manganèse. Lavé d'abord par l'eau de la mer, puis par les pluies, pendant bien des siècles, il ne contient absolument rien d'immédiatement sohible. Quant à l'alios, c'est une couche inférieure d'un brun rouge foncé, assez com- pacte, et qui ne cède cpi'à la pioche. En ceitains lieux il se délite assez vile à l'air en se desséchant; ailleurs, il est assez dur pour être employé comme pierre; à bâtir. C'est un sable analogue au précédent, coloré et surtout cimenté par une sorte de matière organique légèrement ferrugineuse. Quand on pratique en été un trou un peu large dans le sol, en s'arrètant à l'alios, on voit le fond de ce trou se reuiplir peu à peu, par infiltralion ( '-47 ) latérale, (run peu d'eau jaune à peine potable. Mais si l'on perce l'alios, ou trouve immédiatement au-dessous une eau assez abondante et parfaite- ment limpide. Depuis mon premier voyage on est parvenu à conserver à cette eau inférieure sa limpidité première en recouvrant de ciment les pa- l'ois des puits jusqu'à l'alios, de manière à supprimer les infiltrations de la couche de sable supérieure. » Comment cet alios s'est-il formé? car il est bien évident qu'il n'a pas été déposé sur une couche de sable plus ancienne, pour être ensuite uni- formément recouvert d'une nouvelle alluvion de sable. Il a dû se former sur place, au sein de la couche sablonneuse qui constitue le sol actuel des Landes, et la présence d'ime matière organique dans cet alios donne à penser que la végétation superficielle de la Lande a dû y contribuer. Mais, s'il en est ainsi, pourquoi l'alios ne se trouve-t-il pas dans les forêts sécu- laires des dunes, dont le sol est recouvert de broussailles et de fougères; pourquoi pas dans les marais également séculaires du liltoral (là du moins où les dunes sont fixées de temps immémorial)? » Mes sondages me donnèrent la solution de ces questions, 11 en résulte en effet que si en hiver et au commencement du printemps le sol presque horizontal des Landes est constamment baigné d'eau pluviale, l'action du soleil pendant la moitié chaude de l'année abaisse progressivement par évaporation le niveau de ces eaux jusqu'à une profondeur de i à 2 mètres. Cette sorte d'étiage des eaux souterraines est d'ailleurs en rapport avec le niveau général des étangs et marais qui bordent à l'intérieur la chaîne des dunes, en sorte qu'il se produirait à la fin de chaque été, à la même profondeur à peu près, alors même que l'alios n'existerait pas. Cela posé, il suffit de se reporter à la décomposition que les racines des végétaux de la Lande doivent subir par leur longue immersion semi annuelle dans l'e-ui stagnante (eau pluviale), pour comprendre que les produits de cette dé- composition ont dû être entraînés chaque aimée pendant l'été à travers la couche supérieure, non plus au loin comme dans les pays à sources, mais verticalement jusqu'à la profondeur constante de i mètre. Pendant la stagnation périodique de l'étiage, les produits de la pourriture végétale ont le temps de se déposer à cette profondeur, et de cimenter en quelque sorte les grains de sable de cette couche (i). Puis, comme l'opéiation a dû se renouveler chaque année pendant une longue série de siècles, il en (1) J'imagine que ce ciment de nature organique, coloré par un peu d'oxyde de fer livdraté, doit contenir aussi des matières siliceuses provenant de l'aclion végétale [voir à ce 32.. ( 2/,8 ) est rpsullé une couche ci'oissanle d'alios plus ou moins comp;icle, qui continue sans doute à s'accroître sous nos yeux. » On s'explique dés lois poin-quoi l'alios manque dans les marais, qui restent presr|U(' loujoiu's couverts d'eau en <'U'\ et où, par suite, cet étiage de I à 2 niélrcs de profondeur ne se prodini pas; pourquoi l'alios manque dans les dunes qui ont été fixées bien des siècles avant le célèbre Brémon- tier par les forêts du littoral, car ces dunes ne sont jamais uiouillées comme les Landes en hiver, et ne présentent, pas plus que les marais, le phéno- mène d'une napp»^ d'eau souterraine qui ne s'abaisse jamais en été au delà d'uni' limite donnée. Ou voit donc nettement que la formation de l'alios a dû être déterminée |)ar la réunion de ces trois circonstances : i° immersion du so! pendant l'hiver; 2^ dessèchement progressif du sol à partir du prin- lem|Ds; 3' étiage permanent de la couche d'eau provenant des pluies an- nuelles et forcée, faute de pente, à baisser verticalement sur place. A ces conditions, d'ailleurs, la végétation piopre aux Landes a pu s'y établir, et il ne faut pas l'oublier : sans végétation, point d'alios. » iMais, je \i' répète, là où une seule de ces conditions mancjue, notre couche imperméable manque aussi. Dans les dunes boisées, par exemple, bien que le sablf en soit partout humide, sauf à la surface, l'eau qui tombe du ciel y descend constamment sans s'arrêter à un niveau donné; elle coule incessamment soit vers la mer, soit vers les marais de l'intérieur; aussi peut-on trancher une dune du haut en bas et y suivre les longues racines des pins qui s'y étendent sans obstacle. Nulle part je n'y ai vu de traces d'alios, même dans ces parties horizonlales qu'on nonune lètes, où pousse non plus le pin ni la bruyèi'e, mais nue herbe l'are et succulente. n II restait pourtant un caractère inex|iliqué de l'alios : je veux parler de ces traces de matièie ferrugineuse qui contribuent sans doute à sa ci- nK^ntalion et à sa coloration rougeâtre. Mes idées ne purent se fixer à ce sujet que beaucoup plus tard, giâce aux travaux des chimistes qui ont étudié l'action que la poui riture végétale exerce sur les oxydes de fer et sur la formation du fer limoneux des mar.iis. Il y a une trentaine d'années, un de ces chimistes, M. Spindler, a montré comment la décomposition des ra- cines r.'iméne le peroxyde de fer contenu dans le so! à nu état d'oxydation inférieure et le reiici attaquable par les acides faibles provenant de la pour- siijot In Note (le i\I. le Si'cri'l.iire |)ci|)(liu'l el colle di' i\I. TlKiiaitl dans le Compte tendu (lu a' juin denier, p. i.'jia), :iiinenient on ne s'ixpliiiiniail gucie \:\ dureté et ia consis- lance que prrscnlc fréipicniment l'idios. ( '49 ) ■ riture végétale, tels que i'acide carbonique et l'acide créniqiie de Berzeliiis, de telle sorte que des racines en décomposition finissent par décolorer com- plètement le terrain ocreux qu'elles traversent. D'un autre côté notre confrère M. Danbrée, dans un Mémoire remarquable en date de iS/jS, a rattaché à cette action chimique des végétaux la formation des fers limo- neux des lacs de Suède, en montrant que le fer ainsi rendu soluble sur de grands espaces est réuni et entraîné par les sources et les ruisseaux, et qu'il reprend ensuite son oxydation première lorsque les eaux reviennent au contact de l'air. Il se dépose alors, sous forme de fer limoneux, au fond des lacs et des marais, où l'eau ferrugineuse de ces petits cours d'eau s'arrête et devient stagnante, en constituant à la longue des couches d'un minerai d'une grande richesse. » Ijes choses se sont passées autrement dans les T>p.ndes, comme on vient de le voir; car le manque de pente et les touffes mcltipliées de gazon à la surface ne permettent pas aux eaux, en général, de se réunir ainsi en cours d'eau ou en sources, puis en lacs ou en marais stagnants. C'est donc sur place que l'effet s'est produit sous l'infliiejice de l'air qui a pénétré dans le sol à mesin-e que le niveau de la couche aqueuse s'abaissait pen- dant l'été, et la quantité de fer qui se retrouve dans telle partie de l'alios représente seulement la quantité infinitésimale qui a été attaciuée jusie au-dessus d'elle par la pourriture végétale dans la partie noirâtre (\u sable des Landes. » Cependant on rencontre aussi dans les I^andes des régions à pente suf- fisante, où l'opiM-alion de concentration des eaux ferrugineuses si bien dé- crites par M. Daubrée, a dû se pioduire; mais alors le résultat a été, comme en Suède, une couche de fer limoneux dé[)osée dans les bassins de stagnation, tels que les marais situés du côté de Mimizan, où l'on retrouver en effet des nùncrais exploitables. Des forges ont même été crééts dans cette partie des Landes, mais après avoir épuisé le fer limoneux de (es contrées, elles en sont réduites aujourd'hui, si je suis bien informé, à faire venir de loin des minerais d'une autre origine. » Revenons maintenant au rôle de ce sous-sol imperméable, et à son in- fluence sur la salubrité du pays. Depuis mon prenùer voyage, des rigoles peu profondes ont suppriuîé les unlle ol)stacles superficiels à l'écoulement des eaux, en sorte que la moindre pente devient efficace; les racines peu altérables des pins ont remplacé celles des bruyères et des herbes dont le chevelu pourrissait en partie chaque année; il en est résidté Cjue la conta- nùuation du sol supérieur par les matières végétales eu fermenlation a dis- ( 250 ) paru, el avec elle ont disparu aussi ces fièvres intermittentes qui impri- maient un cachet particulier de di'hilité à la race de ce pays. Celte influence des fermenis maintenus dans le sol supérieur par un sous-sol imperméable m'a vivement frappé, et m'a conduit plus tard, par voie d'analogie, à une généralisation qui intéresse l'iiygiène. Partout où il existe à o™,7.^ ou I mètre de profondeur un sous-sol imperméable, ou rencontre la fièvre intermittente si le sol est contaminé par la pourriture végétale, et des fièvres de nature typhoidale si le sol est contaminé par la pourriture animale. Ce dernier point est établi à mes yeux par une longue expérience personnelle. Chaque fois qu'en visitant un établissement public j'ai appris que les affec- tions muqueuses ou typhoïdales y revenaient périodiquement, j'ai constaté aussitôt, par l'étude du sol, la présence d'une couche supérieure infectée reposant sur un sous-sol imperméable; et réciproquement, chaque fois que j'ai trouvé un pareil sous-sol horizontal, avec des couches supérieures contaminées de longue date par des puisards, des fosses non étanches, etc., j'ai constaté la permanence ou plutôt le retour de l'épidémie. Incapable d'apprécier en homme de l'art le rapport qui doit exister entre un sol in- fecté et ces maladies, j'ai pu du moins constater l'existence de ce rapport, et indiquer le moyen d'en supprimer le premier terme, c'est-à-dire la cause. Ce moyen est analogue à celui (|ui a si bien réussi à assainir les Landes, en supprimant en grande partie la pourriture végétale, et en pro- curant l'écoulement latéral des eaux que l'alios empêche de se perdre dans l'épaisseur d'un soi perméable. De même, après avoir supprimé les causes d'infection animale, il suffit de faciliter, aux eaux de pluie qui doivent en- lever les ferments dangereux accumulés dans le sol, un écoulement latéral rapide au moyen d'un drainage convenable, au lieu de les laisser stagner dans la couche superficielle où les maintiendrait l'imperméabilité du sous- sol. » Je ne quitterai pas ce sujet sans dire un mot des incendies qui vien- nent de ravager et qui désolent peut-être encore, an moment où je parle, ces immenses plantations de pin maritime qui font aujourd'hui la richesse, la salubrité et l'ornement des Landes. En parcourant en wagon ces vastes pi^nadas, j'ai été frappé de voir que l'incendie n'a nulle part pu franchir la voie ferrée. A l'est, des espaces incendiés s'étendent à porte de vue; à l'ouest, des pignadas intactes et verdoyantes. Il m'a semblé dès lors qu'en ménageant de distance en distance, dans les semis, des bandes de terrain où l'on se bornerait à arracher les bruyères et les ajoncs qui, en temps de sé- cheresse, propageraient l'incendie au ras du sol, on liu)itcrait à coup sur et f 25[ ) d'avance les ravages du fléau, surtout si ces bandes réservées étaient per- pendiculaires à la direction des vents régnants. Bientôt ces bandes de ter- rain se recouvriraient d'une herbe fine et courte; elles offriraient à la vaine pâture une ressource qui tend à disparaître entièrement dans les semis opérés aujourd'hui sans solution de continuité. Les propriétaires per- draient, il est vrai, le revenu de ces bandes protectrices, mais ils éviteraient la ruine de l'incendie, ou bien ils verraient diminuer notablement la lourde prime d'assurance qu'ils ont à payer annuellement pour s'en garantir. Les pasteurs des Landes ont de tout temps mis le feu aux bruyères à la fin de l'été, pour augmenter quelque peu, l'année suivante, les ressources paca- gères de ce maigre sol : c'est une coutume des plus antiques, témoin le fait cité par M. Arago, dans une Notice sur lu Météorologie, des doléances que les vignerons du Médoc adressèrent à la couronne d'Angleterre (à l'époque où les Anglais possédaient la Guyenne) contre cette habitude invétérée qu'ils considéraient comnie capable de nuire à leurs vendanges. Les gens du Médoc se plaignaient en effet île ce que ces incendies continuels, au commencement de l'automne, produisaient des nuages de fumée lourde, de véritables brouillards secs que les vents régnants amenaient et faisaient planer sur leurs vignes. Cette pratique a diminué à mesure que les semis envahissaient les Landes; elle n'a pourtant pas entièrement disparu; c'est pourquoi l'on a soupçonné ces joiu's-ci les pasteurs landais d'avoir causé les sinistres actuels par leur procédé habituel de mettre le feu aux bruyères desséchées. J'espère que les enquêtes ouvertes aujourd'hui démontreront l'innocence de ces braves gens et que les récents sinistres seront unique- ment imputables à de simjjles accidents favorisés par la sécheiesse exlra- orduiaire de cette année. Cette sécheresse a doinié en effet un degré de combustibilité de plus à des matériaux déjà si inflammables en temps or- dinaire. Mais, quelle que soit l'origine de ces malheurs, il y a lieu d'es- pérer que le procédé d'isolement systématique c[ue je viens d'indiquer pour les semis nouveaux suffirait à circonscrire étroitement les dévasta- tions de ces mers de feu qui se propagent aujourd'hui sans obstacles sur des milliers d'hectares (i) : j'ai donc cru qu'il était utile de le signaler en attendant une solution meilleure. » (i) C'est par des trancliées analogues, pratiquées à la hâte à travers les pignadas, qu'on parvient quelquefois à limiler l'incendie; mais c'est là une ressource extrême et trop sou- vent impraticable. ( 252 ) CHIMlli MlNtHALE. — Examen d'une roche schisteuse imprécjnée d'une malicre charhontieuse^ tirée de la collection adressée à r académie par M'Sl. Ravizza et Colomba (i). Noie de M. H. Saixte-Claike Deville. « L ecliarililloii soiiniis à l'analyse est composé d'une substance schis- teuse, très-fusible, sur laquelle se trouve une matière charbonneuse qui im- prègne également la niasse. » Cette malière perd 9 pour 100 au ronge et il suffira de l'incinérer pour avoir fait tout ce qui! est bon de tenter pour arriver à la connaissance de sa nature. » L'échantillon hrojé et traité par un acide dunne un très-faible déga- gement d'acide carbonique. Si l'on calcine la pierre en vase clos, puis à l'air, on trouve : Matières volatiles 9> '4 Charbon 0,22 Cendres 90 ,64 I 00 , 00 w Le rapport entre la quantité des matières volatiles et le résidu de char- bon prouve qu'on a affaiieà une malière bitinnineuse qui imprègne la roche, et non une substance de la natiu'e de la houille ou de l'anthracite. )) Les cendres ou stdjstances fixes et incombustibles contiennent : Silice .... 56 Alumine et oxyde de fer 26 Chaux, alcalis, etc 18 » C'est probablement un schiste bilinnineux. » 100 Ati'IiiONOMiL l'iiYSlQUli. — JSoiiihdlcs renuirijucs sur Icà s/itclres fournis pur dwers types d'étoiles. Lillrc du P. Seccih à M. le Secrétaire perpétuel. « Rome, ce 1 5 juillet 1870. » Dans uno de mes Communications précédentes sm- les spectres stel- laires, j'ai indiqué que j'ai abordé cette élude avec un grand prisme placé devant l'objectif, ayant 6 pouces (o'",i6) de diamètre et environ i i degrés (i) Voir Comptes rendus, t. LXX, p. i 122 (séance du 23 mai 1870 j. ( 253 ) d'angle réfringent; il a été exécuté par M. Merz. La dispersion directe opérée par ce prisme est d'environ un demi-degré entre les raies extrêmes de l'hydrogène, pour les étoiles de premier type. En employant des oculaires différents, on peut obtenir des grossissements divers et une séparation des raies très-considérable. Ordinairement j'emploie une lentille cylindrique, combinée avec lui oculaire sphérique grossissant loo fois, et lui oculaire à deux lentilles cylindriques dont le pouvoir est 200 environ. Avec cette disposition, la hunière reste considérable, car la dilatation transversale est très-modérée. Cette grande dispersion est très- utile pour reconnaître les détails des raies et lein-s formes, mais la quantité de lumière reste dimi- nuée'à cause de la petite ouverture à laquelle la lunette se trouve bornée: elle es! réduite d'un tiers. Pour cette raison, ce prisme n'a pas une supériorité considérable sur le système employé d'abord par moi et qui consistait eu lui spectroscope ordinaire composé, mais dans lecpiel on avait substitué à la fente une large Iculille cylindrique. Un avantage réel pourrait être obtenu seulement si l'ouvertuie du prisme égalait celle de la Ituiette, ce qui, dans le cas actuel, serait bien difficile à réaliser. Ce sys- tème cependant, comme l'a déjà remarqué M. Respighi, peut bieix s'appli- quer à de petites limettes. On peut avoir un bon résultat même avec un angle réfringent plus petit, car le grossissement de l'oculaire peut com- penser la quantité de la dispersion directe. Pour reiulre les observations plus expéditives, jai placé sur la grande lunette un aulie chercheur, con- venablement dirigé, de sorte cju'd était très-facile de retrouver les étoiles. « Venons maintenant aux résultats obtenus. » J'ai déjà averti que Sirius présentait une dilatation remarquable des mies de l'hydrogène, ce qui pouvait conduire à juger de la pression consi- dérable que ce gaz possède datis l'atmosphère de cette étoile. J'ai vérifié cette particidarité dans lui grautl nombre d'étoiles de ce type, comme a d'Ophiuchus, celles de la Grande Ourse, a de l'Aigle, « de la Lyre, etc. Les trois raies qui se retrouvent dans le bleu et le violet, pour cette der- nière étoile, peuvent se représenter, par rapport à leur intensité, par les trois coiu'bes suivantes : T w » Ou voit que la dernière raie VV «st très-dilatée et dillnse, et conslitue une véritable bande. La raie F est plus tranchée, mais notablement dilfuse. C r;.. 16-0, 1' Semestre. (T. LXXI, N" 4.1 -'^3 ( 254 ) La dernière W, qui est ordinairement difficile à voir dans l'hydrogène, est une bande très-large et très-faible. Il est remarquable que l'ordre de ces dilatations suit celui qui a été déjà relevé dans le spectre direct du gaz lui-même, selon les différentes pressions. La raie C est difficile à bien dé- finir, à cause du défaut de lumière dans le rouge extrême. » jNIais la classe d'éloiles les plus intéressantes à examiner, par ce moyen puissant, était celle des troisième et quatrième types. Le troisième type paraît réellement composé de la superposition de deux spectres : l'un [a) consistant dans les raies métalliques propres au deuxième type, seulement grossies et dilatées à cause de la couclie plus épaisse de vapeurs que les rayons ont traversée, à peu près comme dans les taches de notre Soleil; l'autre [b) paraît lui spectre à larges bandes (sept ou huit principales) dont le type est a Hercule. Le second spectre est plus ou moins fort dans les dif- férentes étoiles; ainsi, à peine sensible dans Aldébaran, il est très-fort dans Antarès, «Orion, ^ Pégase, etc. M II fallait d'abord s'assurer que la diffusion observée dans les zones du premier type n'est pas due à un défaut de précision dans l'appareil : cela résulte de l'examen des étoiles de deuxième et de troisième type, car les raies métalliques connues sont nettement définies et tranchées, malgré la grande dispersion. C'est ce qui est très-nettement visible dans Antarès, surtout dans le vert pour celles du fer et du magnésium. Les raies D cependant sont diffuses et mal terminées, ce qui rend leur séparation diffi- cile, comme dans les taches très- profondes. iMalgré que cette étoile soit tro|> basse et que l'atmosphère ait été habituellement trop agitée pour donner des résultats complètement satisfaisants, il n'y aucun doute à cet égard. » Quant à « d'Hercule, cette étoile, examinée plusieurs fois avec un état atmosphérique très-bon, n'a donné aucune trace de résolubilité des coloiHies principales, quoique ces colonnes fussent très-nettement tranchées du côté le moitis réirangible du spectre. Malgré les forts gro.>>sissements employés, on n'a vu aucune trace des lignes secondaires, mais seulement une irrégularité d'intensité dans la lumière de ces colonnes. Cette con- clusion est remarquable, car le pouvoir dispersif du prisme combiné avec l'oculaire est équivalent à ce que donnent trois prismes dans le spcctroscope ordinaire : dispersion bien sutfisante pour montrer les lignes secondaires dans les spectres cannelés de l'azote et du carbone. On ne saurait donc attribuer à l'impuissance de l'instrinm iil un tel défaut de résolution. » Il est vrai que, dans des soirées exceptionnelles, avec de faibles dis- ( 255 ) persions, on a réussi à voir des traces de résolubilité, mais il peut se faire que ce soit là un effet des inégalités d'intensité, faisant que des bandes un peu plus vives se présentent comme des raies ou des lignes. Il arrive ici ce qui a lieu pour les bandes ou zones des planètes, Jupiter par exemple, lesquelles avec des faibles grossissements apparaissent très -nettes et bien terminées, tandis que, avec des pouvoirs plus forts, leurs bords sont diffus. Or ici la réalité est évidemment mieux représentée par de forts grossisse- ments, car ces zones ne peuvent pas avoir des limites tranchées comme les solides : elles doivent être diffuses. » TTn contrôle à cette théorie pouvait être obtenu au moyen des étoiles du quatrième type, et surtout de la belle étoile qui se trouve dans la Grande Ourse en ^ = i2''38'°3o^ c? = -f- 46''i3', grandeur 6. Cette étoile donne un spectre formé de trois bandes principales, qui, avec un faible grossissement, paraissent sillonnées de lignes brillantes; mais avec le grand prisme, ces lignes se résolvent en bandes brillantes, mal terminées aux bords. Ainsi, par exemple, la bande du milieu a une intensité lumi- neuse qui peut se représenter |iar la courbe suivante : » On voit que les lignes plus vives du milieu qui, avec une petite dis- persion, paraissent être des raies brillantes, sont de véritables bandes. » J'ai déjà fait remarquer ailleurs l'analogie de ce spectre avec celui de l'étincelle électrique produite dans la vapeur de benzine, qui, lui aussi, est indécomposable en raies fines et capillaires, comme les métaux. » Il est sans doute prématuré de tirer des conséquences de ces faits, encore trop incomplets, mais je crois ne pas trop aller au delà des faits observés en disant que non~seidement les atmosphères de ces astres de troisième et surtout de quatrième type ont une composition différente de celle de notre Soleil, mais qu'elles paraissent être à une température suffi- samment basse pour donner les spectres propres aux gaz à basses tempéra- tures, ceux qu'on appelle de premier oidre. » Dans Satinne, j'ai vérifié les trois bandes dans le jaune et le rouge que j'ai déjà annoncées autrefois. » 33.. ( 256 ) MÉTÉOROLOGIE. — Sur une brochure nouvelle de M. Hirn; par M. Faye. « J'ai riiomiour i\v présenter à l'Académie, (fe la part de noire savant Correspondanl M. Hirn, une brochure inlitidée : Inlroduclion à l'élude mé- téorolocjique de l'Alsace. Celle curieuse brochure devrait plutôt s'appeler une Invitation à l'étude de la Météorologie en France, car l'auteur s'y est pro- posé (le montrer conniient les théories nouvelles de la chaleur sont appe- lées à donner luie f:ice nouvelle à cette science. Si, en effet, la Météorologie est, malgré les belles entreprises de M. I.e Verrier et la croMlion à Paris d'un Observatoire spécial, bien moins généralement cultivée chez nous que chez nos voisins, c'est qu'il n'est |)as du génie français tle s'attacher ar- demment à des problèmes trop indéterminés; nous n'aimons guère, eti gé- néral, acciuuuler les faits poiu' l'amour des faits, ou dans un but trop va- guement appréciable. C'est ce que M. Hirn a coiiqiris : aussi s'est-il attaché à donner un coips à la Météorologie en y iritroiluisant la Thermo-dyna- mique. Ou remarquera, en particulier, sa théorie nouvelle de la grêle. Je ne l'ai pas encore assez étudiée pour donner à ces idées une adhésion sans réserve, mais je crois pouvoir dire du moins que le travail de M. Hun feia é|ioque en Météorologie, et qu'il sera lu par tous Us amis des sciences avec le jilus vif intéiét. » NOMIÎMATIOIVS. L'Académie procède, par l.i voie du scrutin, à la nomination d'une Com- mission qui sera chargée de juger le concoins du pi-ix des Arts insalubres, pour l'aïuiée 1870. MM. Chevreul, Payen, Combes, Boussingaull, ])(uiias réiuiissent la ma- jorité des suffrages. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com- mission qui devra juger le concours du prix de Physiologu> exj)éruuentale |)our l'année iS'yo. MM. Cl. Bernard, Longet, Hobin, Mihie Edwards, Coste réunissent la majorité des sulhages. ( ^--'l ) RAPPORTS. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Rapport Sur an Mémoire de M. Massieii , inli- (iilé : Mémoire sur les fonctions caractéristiques des divers fluifles et sur la théorie des vapeurs. (Commissaires : MM. Regnauit, Combes, Bertrand rapporteur.) « Le Mémoire de M. Massieu, dont nous venons rendre compte à I'Acm- démie, nous semble conçu dans un excellent esprit. Acceptant sans les dis- cuter et sans s'arrêter à les démontrer de nouveau les deux théorèmes im- portants dont on a fait la base de la théorie mathématique des effets calorifiques, M. Massieu s'attache d'abord à les lésumer sous la forn)e la plus simple, et son travail apporte à cette théorie tant étudiée un progrés réel et incontestable. » Le problème dont la solution rendrait la théorie parfiite et déiiniiive serait celui-ci : « Exprimer pour chaque corps, en fonction de deux variables indépen- » dantes, la température et la pression, parexemjjle, les divers éléments » physiques qui en dépendent, tels que le volinne et les deux caloriques » spécifiques. En se bornant à ces trois inconiuies qu'd semble impossible » de séparer, la théorie générale résinnée dans deux tViéorèmes, dont l'un » peut s'appeler ihéorcme de Carnol ou de Clausnis, et l'autre théorème de H Mayer ou de Joule ^ fournit deux équations .seulement entre trois incon- » nues, qui restent par conséquent indéterminées, et il ne saurait en être » autrement, puisque les relations à obtenu- changent complètement de » forme, cela paraît évident, avec la nature et l'état des corps. » » La première partie du travail de M. Massieu, consacrée à ce problème général, en donne la solution complète et fort simple, dans l'expression de laquelle figure explicitement une fonction arbitraire qu'il nonuiie caracté- ristique, et dont la forme, variable d'une substance à l'autre, peut servir à caractériser chacune d'elles en déterminant tous ses éléujents calori- ficjues. « L'intégration complète de deux équations différentielles partielles du second ordre doit sembler, dans l'état de la science, une boinie fortune inespérée qu'aucune méthode coiuiue ne pourrait promettre. Aussi n'est-ce pas par cette voie que I\L Massieu aborde le problème. Les deux équa- tions dont il s'agit expriment, on lésait, que certaines expressions sont des ( 2*58 ) différentielles exactes; c'est en prenant pour inconnues leurs intégrales, ou plutôt eu les considérant comme données, que l'on obtient la solution dont l'extrême simplicité accroît plutôt qu'elle n'amoindrit le mérite. Nous croyons utde de donner ici l'expression complè;e des formules Us plus simples définitivement adoptées par M. Massieu. » Soit f/Q la quantité de chaleur nécessaire pour faire passer un corps, de la température t à la température t + dt, et du volume v au volume V + dv; ou sait que p désignant la pression, et A un coefficient constant pour tous les corps, les expressions dQ—Apdi', dq où T désigne la température absolue comptée à partir de — 278 degrés, doivent être des différentielles exactes; et que c'est ainsi que peuvent se traduire les deux théorèmes fondamentaux de la théorie nouvelle. » Posons donc dQ—Apdi> = d\] nous en conclurons r/U + Apdi' + SdT = SdT -4- T^S = ^(TS); SdT + Apdif = d{TS - U). H =TS — U, ^H = Sdt -j- Apdv. on a donc Posons nous aurons La fonction H est caracléristique du corps, et M. Massieu montre très-aisé- menl que cette fonction étant connue, on peut, par de simples différentia- tions, exprimer toutes les propriétés calorifiques du corps correspondant, au moyen de cette fonction H et de ses dérivées. On a |)ar exemple, i)our représenter les deux ciialeurs spécifiques. A=T ^ A' r/ H dt' r/-H dv- = T d\i dt' ( 2% ) Le coefficient de dilatation jS à pression constante, c'est-à-dire le rappoit de la dérivée du volume — - an volume ini-niême, est clt ^ d'K /5 — I dvclt dv'' à vol urne const s(«. (T. I.XXI, N<>4.) -^^ f 962 ) concave sur lacuiellc Irois lignes sensiblement droites rayonnant dim même centre étaient recroisées pnr trois autres tracées dans le sens de la coiirhiire de la surface. » M. Bertrand, à qui M. Renan fit voir cette pierre, n'hésita pas à y re- connaître un cadran solaire conique ; les lignes snisiblement droites étaient des lignes horaires et les coui'hes étaient les trajectoires de Tondjre de l'extrémité dti style aux solstices et aux éqninoxes. En mesurant l'espace- ment de ces arcs de cercle, on arrivait facilement à en conclure l'angle au sommet du cône, qui se trouva être sensiblement égal à la latitude du lieu pour lequel avait été construit le cadran. » M. Bertrand ni'ayant engagé a étudier à mon tour la pierre jiliéni- cienne, je n'eus d'abord qu'à reconnaître l'exactitude de son diagnostic et celle du résultat auquel il était parvenu. En examinant ensuite attentive- ment les lignes horaires, je constatai qu'une seide était droite et que les deux autres coupant la base au cône et les arcs de cercle qui lui sont paral- lèles sous des angles aigus, ne l'étaient pas. Cette remarque m'a heu- reusement mis sur la voie de la restitution complète du cadran (i). La ligne droite était indubitablement la méridienne, t'X les grandeurs des arcs inter- ceptés \y,\r les lignes horaires montraient que ces lignes ti'étaient pas desti- nées à indiquer ]es heures (kjalcs que nous enq)loyons aujourd'hui, mais les heures temporaires (2), en usage chez la plupart des peuples <îe l'antiquité. » La disposition aussi bien que I;) forme du cadran, et ou pourrait ajou- ter celle du mouvement lui-inéme, résultaient de cet indice assez faible en apparence. A la rigueur, la méridienne qui était une génératrice du cône aurait pu être couchée horizontalement, et l'égalité de l'aiigle au sommet avec la latitude semblait appeler cette solution; mais le sens dans lequel croissent les angles horaires, de l'tm des solstices à l'autre (angles que l'on peut évaluer d'après les grandeurs des arcs interceptés entre les lignes ho- raires), l'écartait absolument et obligeait à donner à la méridienne une inclinaison égale au double de la latitude (3). » [>e cadran devant marquer les heures, depuis le lever jusqu'au coucher (i) Les conjectures que j'ai du faire el les calculs auxquels elles donnaient lieu exigeaient des vcriiications <|ui m'ont été facilitées, grâce à l'obligeance de M. le Conservateur des an- tiques du Louvre (jui a bien voulu melire à ma disposition un surmoule de la pierre. (2) L'heure temporaire est le douzième de l'intervalle de temps écoulé entre le lever et le cnuclier du soliil, i|iiellc ipie soit l.i saison ou l'époque de l'année. (3) M. Rerli.ind .ivail eu le pressentiment de cette disposiliou du cadran. ( 263 ) du soleil, on peut aftiriiiei' à coup sûr qu'il était terminé su|jé!ieuiement par le pian horizontal mené par l'extrémité indicatrice tlu style, lecpiel plan coupe le cône suivant une parabole .Du côté méridional, le |)lan de la base de ce cône, dont luie partie se trouve conservée, formait une siu-- face terminale inclinée parallèlement à l'équateur. Langle de la méi'i- dienne avec ce plan pouvait se mesurer avec assez d'exactitude sur la pierre, et l'on avait ainsi une vérification de la latitude. Les résultais obtenus par les deux voies différentes s'accordent entre eux, et avec la véritable latitude qui est de 33° 8', à ^ degré près. » Quant aux" lignes horaires, les trois arcs des solstices et des équinoxes étant tracés siu' la surface conique, et limités au plan horizontal, le con- structeur du cadran n'a eu, pour les délerminei-, qu'à diviser chacun de ces arcs en douze parties égales, et à luiir par un trait contiru! les poinis de division coirespondants. Il était même iiuuile tle les prolonger au delà de l'arc du solstice d'hiver, mais on voit sur le fragment conservé qu'elles ont été continuées jusqu'à la rencontre de la méridienne en un point qui est leur sommet coinnuin. Ces lignes sont eu effet des branches d'hyper- boles dégénérant en une ligne droite, la méridieiuie, et passant à la parabole qui répond siu' le pl-aii de l'horizon au commencement de la première hetiie, et à la fin de la douzième. Peut-être l'astronome [)liénicien n'avait-il achevé ces lignes que dans un but de décoration; peut-être était-il assez bon géomètre pour avoir voulu conq^léter les hyperboles jusqu'à leur sommet. Ce qu'il y a de certain, c'est que ce cadran offrait à !a vue simul- tanément la ligne droile, le cercle, la parabole et des hyperboles, dont les paramètres varient progressivement. L'ellipse seule faisait défaut dans celte série des sections coniques. » L'extrémité méridionale du style parallèle à l'axe du monde élant seule en état d'indiquer l'heure sur cette espèce de cadran, il est en quelque sorte évident qu'on devait substituer à ce style luie simple lis^e horizontale placée dans le plan du méridien, et partant du sonunet comnuin des courbes horaires. o Le cadran proprement dit se Irouvait ainsi entièrement reconstitué, maison ne pouvait pas se contenter de le poser sur lui base horizontale à cause (lu surplomb considérable de sa face méridionale parallèle à l'équa- teur. Il était donc extrêmement probable qu'il devait être soutenu par ties coins ou consoles placés de part et d'autre de la cavité conique. Cette construction rationnelle du petit édifice que nous avions conjecturée et que nous avons fait réaliser dans le modèle exposé sous les yeux de l'Aca- 34.. ( a6/, ) demie, s'est trouvée pleinement justifiée par la Forme donnée aux anciens cadrans sphériques, dont plusieurs spécimens sont conservés au Musée du Louvre, au Brilish-Musenm, à Naples,.etc. » Tous ces anciens cadrans appartiennent d'ailleurs au type désigné par Vitruve sous le nom à'hemicycHuin, lequel est luie modification de Vhemi- splieriuni de Bérose, dont il ne diffère que par l'ablation de la partie méri- dionale de l'hémisphère, à partir du tropique du Cancer. » Dans une énumération des cadrans connus de son temps, Vitruve nomme le cône et en attribue l'invention à Dyonisiodorius, sans autres détails. Delambre, qui connaissait si bien l'astronomie ancienne, n'en savait rien de plus. Il est donc fort probable que la découverte de M. Renan a mis au jour pour la première fois un exemplaire de cette espèce de cadran qu'il faut considérer comme étant d'invention plus récente que l'hémi- sphérium et l'hémicyclium. La construction matérielle en était certaine- ment plus simple (la suiface du cône étant plus facile à travailler que celle de la sphère); mais, par cela même, elle était plus savante, et la forme en était beaucoup plus élégante. (La partie ombrée île ce dessin représeiile le frjgmenl du cadran rapporlé de Pliënicie.) » L'époque de cet intéressant petit nionumeiit est certainement posté- rieure aux travaux des grands géomètres d'Alexandrie sur les sections co- niques. M. Renan a découvert en outre, dans le même lieu, d'autres inscriptions dont la date ne pouvait pas remonter à plus d'un siècle avant l'ère chrétienne; il est donc extrêmement probable que ce cadran doit être rangé parmi les œuvres de la renaissance gréco-égyptienne, et c'est ce que ( 2(3,'-. ) nous avons voulu exprimer par le système de décoration que nous avons appliqué à son siq5|)orl:. Quoi qu'il en soit, la pierre phénicienne paraît mériter d'être signalée à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire des sciences. ■» P. S. — M. Renan avait antérieurement soumis la pierre phénicienne à l'examen d'un éminent archéologue, M. Woepcke, qu'une mort pi'ématurée a enlevé à la science. Le résultat des recherches de M. Woepcke (i) est entièrement conforme, dans son ensemble, à celui auquel nous sommes arrivé de notre côté. Nous n'en avons eu connaissance, M. Bertrand et moi, que tout récemment, et quand le travail cjue j'ai l'honneur de sou- mettre à l'Académie était entièrement terminé. Celui de M. Woepcke, au mérite duquel je m'empresse de rendre justice, était néanmoins incomplet; il laissait plusieurs points de la question dans l'ombre, et pour quelques autres, la solution était soupçonnée, mais sans démonstration. Nous n'a- vons donc pas seulement retrouvé l'interprétation de M. Woepcke, nous en avons comblé les lacunes, et, en lisant la Lettre du savant antiquaire, bien loin de regretter le tenqis que nous avons passé à refaire son travail et à le compléter, nous y avons trouvé avec une vive satisfaction la preuve de l'exactitude d'un'e restitution que l'on peut, croyons-nous, considérer désormais comme authentique. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Nouvelles remarques sur les variations de iaiXXI,p. 56 (séance du 4 juillet 18'jo). ( 266 ) La forumle (i) donne i858 pour l'époque, à Makerstown, où raccoisseaieut lie la maiche vers l'est auiait dû cesser. » J'ai reçu aujourd'hui, de M. Lamont, les moyennes annuelles de la déclinaison magnétique à Munich, poiu- les années iS^i a 1868 (elles ont |)aru dans ses JVoclienberichte)^ elles montrent que la conclusion tirée de la formule pour Makerstown était juste. » Voici les décroissements décennaux de la déclinaison occidentale à Munich : Période de lo ans. Diflércnce décennale. 1841 à l85l .... 1. 9,77 1842 i852 1.11,88 1843 i853 ..i3,66 ■ 1844 1854 i.i4,36 1845 i855 1.15,39 1846 iS56 .. 1.14,62 1847 '^^7 i.i5,3o 184s i858 '.«4,90 1849 1859 I.12,5l 1 850 1 860 I 1 3 , 99 i85i i8fii i.i5,56 i852 1862 1.12,90 i853 i863 1 . 1 1 ,42 1 854 1 864 • 1.10,10 i855 i865 I. 9,80 1 856 1 8()6 1 . 1 G , 97 1857 1867 1 . 1 1 ,o3 i858 1868 1.11,75 » Ainsi la différence décennale, après avoir crû jusque vers i85o (i845 à i855), est restée avec des valeurs variables jusqu'à i856; elle a diminué jusque vers 1860 (i855 à i865), sa valeur étant la même que vers 1846 : d('|>uis 1860 (i855 à i865), il y a eu une recrudescence, mais si leule (pi"d es! douteux si cela continuera. » I^es différences pour des périodes moins longues, comme poui' trois ans, montrent d'iuie manière plus marquée le changement du décroishC- ment annuel ; ainsi De 184 f .1 1844 '<-' ilccroisscment était 6,7 par ;innée. .. i85i 1854 » » 8,0 . i86i 1864 >. . 6,4 » Il n'est pas possible de représenter les différences décennales poiu- ( ^-^1 ) Munich par une formule quelconque; elles sont trop irrégulières vers l'épo- que du maximum. » Nous sommes arrivés, en Europe comme à Trevat)clrum, à une partie importante de la combe qui représente la marche annuelle de l'aiguille aimantée. » GÉOMÉTRIE. — Réponse aux observations de M. Catalan, dti ^juillet dernier; par M. G. Darboux. « M. Catalan a présenté à l'Académie [Comptes rendus, t. LXXI, p. 5o), quelques remarques sur deux points de ma Note relative au lieu des centres de courbure d' une surf ace algébrique. [Comptes rendus, t. LXX, p. rSsS.) Comme la proposition critiquée par cet habile géomètre me paraît offrir quelque intérêt, je demande la permission à l'Académie de la défendre et de ré- pondre aux observations de M. Catalan. Je rétablis d'abord le passage critiqué : p premier étiiit âgé de ig ans, le second de l\g. Chez le pins jeune, la reproductioi) a été plus abondante et plus régulière; il y a eu iiou-seu- lenient reconstitution de l'articulation, par le rapprocliemenl des surfaces de section, mais encore l'égénéralion des extrémités osseuses : tuhérosités humérales, oiécràne. >i Unit mois après la résection, mon opéré se trouvait dans de bormes conditions locales et générales. Il ne restait qu'un petit trajet fistnleux, qui donnait de temps à autre ini peu de .sérosité purulente. Les mouvements actifs d'extension, de flexion, de pronation et de supination étaient rétablis et se perfectionnaient de jour en jour. » Une phtliisie pulmonaire se déclara, et, à [larlir île ce moment, jusqu'à la fin de la vie, le malade traîna mie existence misérable. Plusieurs articu- lations (épaule, hanche), saines jusque-là, furent atteintes de tumeur fon- gucuse et de carie; l'articulation réséquée éprouva de nouveau les mêmes altérations et supj)ura jusqu'à la fin. » Voici les principaux détails de raiito|)sie, relativement à la forme des extrémités osseuses reproduites et à leurs rapports. » L'extrémité inférieure de l'huméius est la partie la plus régidièremcnt reconstituée. Vue par sa face antéiieure, elle présente nue forme triangu- laire. Son sommet se confond avec la diaphyse de l'os, et ses angles, terminés par des prolongements saillants, représentent l'épicondyle et l'épitrochlée. Sa base cori-espoml à l'inlerligue articulaire. Les tuhérosités latérales mesin-eut près de 4 centimètres, de leur sommet à leur base qui se contitjue avec la diaphyse. La section de l'os ayant porté à 42 millimètres de l'inter- ligne articulaire, et toute la portion élargie de l'humérns avant jjar cela même été retranchée, il n'y a pas de doute possible sur l'origine des tn- l)éiosités que nous avons cfuistarées à l'autopsie. Rien que la p.ortion nou- velle se continue régulièrement et paraisse, au premier abord, confondue avec la p'iiiion ancienne, on la distingue à son aspect rugueux et à l'ab- sence de la concile compacte, lisse qui recouvre les os normaux. » I.,e cubitus se termine par un olécrâne de non\('Ile for-mation, long de 3 centimètres, qui forme, avec la portion ancrenne de l'os, un angle obtus ouvert en avant, de sorte que les limites entre la portion anciiMine et la ]i()rtion nr)uvelle sont faciles à établir, (let olécrâne forme ainsi un crochet qui, ])lacé en ai'rière entre It^s Inbérosilés nouvelles, emboile rinmK'iiis et assure la solidité de l'.'.rlicnlation. » En dedans du point ou roh'crâite s'articule avec la face postérieure de ( 277 ) l'hiimérds, on trouve, sur le nouveau condylo interne, nne gouttière bien dessinée et occupée |)ar ie nerf cubital, cotninea l'état normal. » Quant au radius, il se termine par un renflement formé \r.iv l'addition d'iuie substance osseuse nouvelle, mais sans que la forme fie la cujnile ait été rej)ro(luite. » Toutes ces masses nouvelles étaient recouvertes par un périoste épais. » Les diverses insertions musculaires, qui avaient été détachées au mo- ment de l'opération, se sont rétablies dans leiu-s rapports normaux. T,es nuiscles sont pâles, atrophiés, en raison du long repos auquel ils ont été condamnés dans les derniers mois de la vie, mais on retrouve distincte- ment toutes leurs insertions, même celle de l'ancôné. Le triceps s'insère sur la pointe et sur les bords de l'olécràne, et agit sur le cidjitus seid. f.e brachial antérieur s"insère sur une saillie coronoïdienne de nouvelle for- mation. » Au centre de la portion nouvelle de i'huiiiérus, dans l'écaitement des deux tubérosités latérales, on trouve une masse tibrt-use, dure, mais non encore ossiiiée, recouverte en avant par quelques lobules graisseux. Les surfaces articulaires ne sont pas recouvertes d une couche chondroïde. Le retour de la suppuration dans le coude avait non-seulement empêché les processus réparateurs de se compléter, mais encore amené les désordres qu'on constate dans les arthrites chroniques sup|)urées; l'iiilérieur de l'ar- ticulation était, dans presque toute son étendue, tapissé pai' une mend)rarie granuleuse, plus ou moins bourgeonnante. » Le second opéré sur lequel j'ai [)u constater, par l'aulopsie, le degré réel de la régénération osseuse est mort d'albuminurie, un an après l'opé- ration. Malgré les mauvaises conditions dans lesquelles d a vécu, >a santé n'ayant été satisfaisante que du deuxième au .sixième mois après 1 1 résec- tion, j'ai trouvé, du côté de l'humérus, deux niasses latérales, épaisses, sail- lantes, dirigées, comme dans le cas précédent. L'une en bas et en dehors, l'autre en bas et en dedans, de manière à former une espèce de mortaise qui empêchait toute mobilité latérale du radius ei du cubitus. La tubérosité externe est surtout très-développée; elle est d'une seule pMèce, et mesure 4 centimètres; l'interne est complétée par un noyau osseux indépendant. » Le nerf cubiial était logé dans une gouttière osléo-bbreuse, en arrièie » .. 75,13 H 12,65 12,36 » » » 12,36 Az » » 2,09 1,61 2,77 2,24 O » » » >» D H On remarquera la présence de petites quantilés d'azote parmi les elémenls de cette matière grasse. 36.. ( 28o ) d'acide car]joniqiie, <''v,t poires jiisfju à .siccilé et é|)nisées nar de l'alcool à g5 pour loo. J.'cxirail alcoolique évaporé a donné im résidu jaunâtre, sirupeux, fjui ne se dissolvait p;is dans de l'étheiet se mélangeait en toutes proportions avec l'alcool et l'ean. Ce n'était évidemment que la glycérine de la graisse saponifiée. » La portion des matières grasses au chyle soIid)le dans l'élhcr froid est iTSiée, après l'éNaporatiou de l'éllier, à rét;it d'une huile jaune foncé, qui est restée fluide au-dessous de la température ordinaire. Celte huile ne paraît être atitre chose que de l'oléine. M Tout en jjublianl les résultats de nies recherches, je n'ose |)as encore eu tirer des conclusions définitives, surtout i-elativement à la présence de l'azote trouvé dans les graisses, sachant condiien il est difficile de purifier les corps gras en général, et surtout quand on ne peut ojiéter que sur lUie quantité de m.itière peu abondante. » Ce travail a été fait au laboratoire de M. Wnriz, » ZOOLOGIE. — Recherches sur la génération des Gastéropodes. Note de M. Pkrf.z, présentée par M. Milne Edwards. (Extrait par l'Auteur.) « Ij'opinion la plus généralement professée sur la fécondation des Gas- téropodes androgynes consiste à admettre que le sperme déposé lors de l'accouplement dans la poche co|)idatrice séjourne plus ou moins long- temps dans cette cavité, attendant^ pour les féconder au passage, les œufs mùis qui, plus lard, tlesceudront de l'oviducte. Des faits nombreux, obser- vés chez des Limaces et des Hélices, ont convaincu l'auteur que les choses ne se passent point de la sorte. ^ )) Peu de temps après l'accouplement, les spermatozoïdes, devenus libres dans la poche couulalrice par la rupture du s|)ermato])hore, s'engagent dans le can;il de la poche, le jiarcourent dans toute sa longueur, et arrivent ainsi er dans toute sa longcur, et en parfaite continuité, depuis la poche copulatrice jusque ( 2,S, ) dans l.i pMi'tie inléneiire de l'ovuliictp. Les spermatozoïdes qui compost'iit ce faisceau ne diffèrent point par leur forme de ceux c]iie l'on observe dans le canal efférent de la glande hermaphrodite; mais ils s'en distini;;uent par les mouvements dont ils sont animés, et l'arrangement particulier c[u'ils affectent. Agités d'une sorte de tremblotement ondulatoire, ils s'enroulent en spirale les uns autour des autres, et progressent de la sorte m se prêtant un mutuel appui. » Où s'arrête cette migration des spermatozoïdes? En quel lieu se fait la fécondation? l^es anatomistes ont décrit depuis longtemps une sorle de diverticulimi à la terminaison du eau, il efférent de la glaiiiie heiiuaphro- dite. Cet organe, immédiatement accolé contre la base de la glande de l'al- bumine, est remarquable par l'épaisseur et la raideiu- élastique de ses parois; sa forme est celle d'une anse à branches contiguës. C'est tians ce tliverticule, dont la struettu'e intérieure est assez compliquée, que se ren- dent les spermatazoïdes provenant de l'accouplement; c'est là c[u'ils séjour- tienl, et que s'opère la fécondation, au moment de la descente des ovules. Un ai'tifice organique particulier, dont la description ne [lent trouver place ici, paraît s'opposera ce que, lors d'un accouplement ultérieur, ce s|ierme ne soit entraîné par celui qui pourra descendre du canal efférentde la glande liermaphrodite. » Le sperme versé dans la poche copulatrice [jar la rupture du sperma- topbore n'abandonne jamais en totalité ce réservoir poiu' passer dans l'ovi- ducte. Une partie, généralement la plus grande, y demeure et ne tarde pas à se désorganiser. On peut observer, sur un nombre rssez grand de sujets, toutes les phases de sa transformation en cette matière brune bien connue, dont la poche est ordinairement remplie. » Ainsi donc, malgré leur mélange dans la glande hermaphrodite, les deux éléments de la génération demeurent sans action l'un sur l'autre dans cet organe, et l'accoupleuient est nécessaire à la fécondation. » On s'est beaucoup occupé de la formaliou du spermatophore, mais personne encore n'en a observé et décrit le mécanisme. Les analogies dt; sa forme avec celle de la cavité du pénis ont fait penser qu'il est produit dans l'intérieur de cet organe. C'est en effet ce qui a lieu : la partie ddalée ou antérieure du spermatophore [H. aspersa) se fornu; dans le pénis propre- ment dit, la partie amincie ou postérieure, contournée en spirale, se forme dans le flagellum. Durant les préludes de la copulation, au ujonunl niême où elle commence, le spermatophore n'exisîe pas encore. M.'.issi l'on sépare deux Hélices accouplées depuis cpiiuze à vingt minutes, on trouve la paroi ( 282 ) interne du pénis enduite d'une couche assez mince d'une substance molle, analogue à celle dont le spermatophore est formé. A ce moment, tantôt le pénis ne contient pas encore de sperme, tantôt on en voit un amas au-des- sous de l'orifice du canal déférent; mais jamais il n'en pénètre dans le fla- gellum. Quand l'accouplement a duré mi peu plus longtemps, la forme du spermatophore se dessine et se maintient, sa portion flagellaire se consti- tue, et le nodiis, resté d'abord ouvert dans le voisinage du canal déférent, se complète, et achève d'englober la masse spermatique. .1 Le spermatophore entièrement formé remplit exactement le flagellum jusqu'à son souunet, d'une part, et il distend, de l'autre, toute la cavité du pénis, jusque tout près de son extrémité. Il ne commence à pénétrer dans les organes feinelles du conjoint qu'après sa complète formation. ■» Le dard calcaire qui sert aux Hélices à s'exciter mutuellement se dé- tacbe, à chaque accouplement, du sac qui l'a produit. Tantôt il tombe à l'extérieur, et on le retrouve à côté des Hélices accouplées; tantôt elles s'en transpercent réciproquement, et on le voit profondément fiché dans le flanc (le l'une ou de l'autre : dans ce cas, on le retrouve plus tard en voie tie résorption dans la cavité viscérale; tantôt enfin, le retour an sac sur lui- même fait tomber le dard dans le vestibule : il s'élève alors peu à peu dans le canal de la poche ou le canal accessoire, où il se résorbe à la longue. Le dard tombé du sac se régénère; cinq à six jours suffisent à sa complète reproduction, dont on peut suivre tontes les phases. » GICOLOGIE. — Noie sur tes calcaires à Terebratula di[)bya dans les Alpes françaises, de Grenoble à la Méditerranée ; par M. Dieulafaiï. « L'ime des questions qui, depuis quelques années, occupent le plus les géologues en France, en Suisse et en Allemagne, est celle de ces dépôts désignés d'abord par Oppol sons le nom d'e7a^e tilhnniipie, par M. Hébert sous celui de zone à Terehralnla diphya, et que le savant professeur de la Sorboniie rapiîoita, au grand étonnement de tous les géologues, à la for- mation crélacée. » Depuis plus de dix ans cpie j'étudie les Alpes méridionales, j'ai oi)tenu un certain nombre de résultats généraux. Les suivants, en particulier, ex- trails d'un Mémoire fjue j'achève en ce moment, se rapportent direcleMunt à cette grande question. » A. Au point de vue des |)arlies élevées de la formaliou jurassique, il faut dislinguer dans les Al|)es françaises deux régions complètement diflé- ( 283 ) renies : celle de l'Ouest er celle de l'Est, ce qui jusqu'ici n'avait pas même été soupçonné (i). Région de l'Ouest. » B. Les assises qui constituent l'oxfordien, les assises à Ter. dipliya [Ter. janitor), les assises à ^Jin. ptyclioïcm., etc., etc., en un uiot toutes les assises qui s'étendent depuis la base de l'oxfordien jusqu'aux assises à Ammonites ferrugineuses du uéocomien présentent, de Grenoble à Cas- tellane, des caractères généraux et des faunes toujours identiques. La seule chose importante à signaler, c'est la diminution progressive de tout l'en- semble à mesure qu'on s'avance de Grenoble vers Castellane. » G. L'oxfordien supérieur est constitué, au point de vue paléonto- logique, par la zone à Am. biarmalus, Jrn. tra?isversariuSj etc., etc.; puis, à ao ou 3o mèlres plus haut, par la zone à Jm. leimilobatus, Am. iphicerus, Am. tracli/notus, etc., etc. Les espèces les plus essentiellement oxfordiennes, et en particulier ÏAm. tortisulcalus, se rencontrent toujours dims la zone à Am. tenuilobalus ; mais, en outre, l'ensemble des caractères pétrographiques et stratigraphiques est tel, qu'il est absolument impossible de placer cette zone ailleurs qu'à la partie supérieure de l'oxfordien. » D. Les assises à Ter. janitor et à Am. ptyclioïais, etc., reposent immédin- tement sur la zone à Am. tenuilobalus, et jamais je n'ai pu rencontrer un seul fossile commun aux deux zones. L'hiatus vital est absolu. Toutefois, en ce qui concerne les types de Térébratules trouées, je crois qu'on arrivera à établir qu'ds descendent plus bas qu'on ne l'admet aujourd'hui. Région de l'Est. » E. La succession des assises, la nature et la disposition des faunes sont identiquement les mén)es que dans l'Ouest, jusqu'à la zone à Am. tenuilobalus inclusivement. Mais, au lieu de trouver au-dessus d'elle, comme dans l'ouest, les assises à Ter. janitor et à Am. ptyctioicus, on rencontre : (i) Je limite provisoirement ces deux régions par une ligne qui, descendant du nord i peu près suivant le méridien, s'arrête à Castellane, puis de là suit la vallée de l'Asse en se dirigeant par consé(|uent au nord-ouest, tourne à l'est et au sud pour aller passer à JIous- tiers, prend à partir de là la direction du sud-ouest, et, après plusieurs inflexions en sens divers, vient expirer au boCd de l'étang de Berre, où je la reprendrai plus tard. Une autre ligne ayant la même signification se confond, depuis Marseille jusqu'au fleuve du Var, avec la ligne de faîte qui sépare actuellement le bassin de la Méditerranée de celui de la Durance. J'appelle région de l'Ouest ou première région : i° tout ce qui se trouve à droite de la pre- mière ligne quand on la suit en descendant du nord; 2° tout ce qui se trouve au sud delà deuxième ligne, c'est-à-dire la Provence méridionale. J'appelle région de t" Est ou deuxième région tout ce qui se trouve entre les deux lignes tracées plus haut. ( 3«4 ) i" 80 mètres de calcaires compactes montrant, à la partie supérieure, de gros rognons de silex et lui certain nombre de fossiles, parmi lesquels Rh. astieriaiifi d'Orb. (type), une grande Térébratule, tics r.idioies de Rliabdo- ciihiris cupriiuetitaim, des tiges A' yJj)iocriniis intixiiniis d'Oib. (type), des coraux, etc.; 2" 100 mcti'es de calcaires grenus et parfois à pâte assez fine; 3" luie épaisscm- variable de calcaires siliceux et magnésiens montrant, à la paille su|)érieure, luie faune curieuse, connue pendant longtemps seule- ment à i'Ecliaillon près Grenoble, et qu'on ap|)elle aujourd'hui zone à Tere- brnlula inornvica, du nom d'un de ses fossiles les plus remai'quî^.bles. C'«'st seidemenl au-dessus de cet borizon, c'est-à-dii'e à plus de 200 mètres au- dessus de la zone à .7/h. leituilobatiis, qu'où rencontre les calcaires lilho- grapbiques et les calcaires marneux renfermant la faune de V.lin. ply- chuïciis, alors que, dans la région de l'Ouest, cette faune est au contact de la zone à ylm. tenuilohatm. Je n'ai jamais rencontré dans la région de l'Est ini seul fossile commun aux assises à Ter. morauica et aux assises à ^lu. ptychoïcus. H y a donc là encore \.\u bialus \ilal absolu. » F. Les assises qui lecouvrent dans l'Ouest la zone à Ani. lenuilobalus et, dans l'Est, la zone à Ter. moravka offrent, jusqu'aux dt'pôts à Ammoniles fei-rugineuses du néoc:omien, la liaison la plus comjjlete, les passages les mieux ménagés, aussi bien dans la faune que dans la composition des roches et la distribution des sédiments. 1) .\insi, en jugeant sunplement par comparaison, \\ y a nécessairement clans la région Ouest des Alpes françaises, la seule qu'on ait étudiée avec quelque soin jusqu'ici, une lacinie énorme correspondant au corallien, au kimmendgien et au portlandien classiques. Dans cette région des Alpes, la foi inatiou jurassiqns s'arrête à la fin de l'oxfordien. Dans la région de l'Est, la série jurassique est beaucoiq) plus développée que dans l'Ouest; mais je ne la considère pas cependant comme complète. » Les assises à Ter. janitor de l'Ouest et à Jm. plj'choïctis de l'Est sont séparées, de la manière la plus absolue, des assises jurassiques sur lesquelles elles reposent. Elles se relient, au contraire, d'inie manière si intime avec la base de la formation crétacée, qu'il est impossible de songer même à en faire un étage distinct : elles constituent la division inférieure de l'étage néocomien. " J'ari ive ainsi exaclement aux mêmes conclusions cjue M. Hébert, et je m'en a|)plau(lis d'aulaiU plus que les éléments mis en œuvre dans mon Mémoire sont de l'ordre exclusivement stratigrapliicjue, alors (jne ceux du savant prolèsseur de !a Sorbonne étaient, dans celte circonstance, tout à fait du domaine de la paléontologie. » ( 285 ) GKOLOGIE. — Note sur les systèmes de montatjnes et sin- les terrains du désert d'Atacama. [Extrait fl'iine Lettre de M. Pissis à M. Élie de Beau- mont (i).] « Santiago, 1 1 juin 1870. « Le voyage que j'avais à faire dnns l'intérieur du désert d'Atacama s'est heureusement terminé, et j'ai pensé qu'un aperçu de la géologie de cette région peu comme pourrait vous offrir quelque intérêt. » Les grandes lignes qui dessinent le relief de ce désert se rapportent à trois systèmes stratigraphiques; on y trouve, comme dans le reste du Chili, ime chaîner maritime et une vaste dépression longitudinale située entre celle-ci et la cordillère des Andes. La direction de la chaîne maritime, qui s'étend sans interruption depuis les 26°3o' jusqu'à l'embouchure du rio Loa (21 -5^ degrés environ), se rapporte au cercle primitif du pent.igone du Chili (N. 8° 43' 26"). C'est aussi la direction de la grande dépression longitudi- nale et de la ligne anticlinale de la chaîne des Andes jusque sous le j/i" ^'f- gré. Là, elle change brusquement de direction pour prendre celle du nord-est jusqu'au volcan de Panil, situé par 22 degrés. » Ce système de direction nord-est — sud-ouest est celui qui prédomine dans toute l'étendue du désert; les plus hantes crêtes de la région des Andes sont alignées suivant cette direction, et il en est de même de celles de la chiiîne maritime; cette direction se rapproche beaucoup de celle d'ini autre cercle primitif du même pentagone orienté N. l\[\° l^'i' i&' , 'j E. M Enfin, le troisième système parallèle à la direction de la côte du Pérou, entre Arica et Pisco, est représenté par la grande vallée du rio Loa, et par de profondes coupures qui se présentent à la fois dans la chaîne maritime et dans la région des Andes; c'est aussi la direction d'une haute créie neigée qui s'étend du volcan de Missio à celui de Polapi, et qui doit être considérée comme la limite australe du haut plateau bolivien. » C'est dans l'espèce d'anse formée par la rencontre de cette crête avec celle qui, venant du sud-ouest, aboutit au volcan de Paiiil, que l'on trouve le plus grand nombre de montagnes volcaniques. Plusieurs, telles que le volcan de San-Bartole, celui de San-Pedro, le Carcanaîe, le Polapi et le Missio, fument encore. Le dernier était en éruption depuis le conunence- (i) Voir la dernière Lettre de M. Pissis. [Comptes rendus, t. LXIX, p. i3iq, séance du ao décembre 1869.) C R., 1S70, a« 5<-mpjfrf. (T. LXXI, iSo-i.) "^7 ( 28G ) ment du mois de mars, et, le 22 aviil, le village de Calama a été en grande partie détruit par un tremblement de terre qui s'est fait sentir fortement sur toute la côte, depuis Arica jusqu'à Caldera. » Les formations du désert dAlacama sont les mêmes que celles du Chili, mais elles y sont autrement distribuées; le grès rouge du trias, qui ne paraît dans le sud qu'à une certaine distance à lest de lu chaîne mari- time, commence à se montrer sur la côte à partir du 26^ degré, il est tra- versé par de nombreux dykes de porphyre augitique, qui suivent la direc- tion du premier cercle. Les couches des terrains dévoniens et siluriens occupent la majeure partie de la chaîne maritime, où elles ont été soulevées par des masses syénitiques dirigées nord-est — sud-ouest; quelquefois ces masses occupent l'axe de vastes boutonnières, autour desquelles toutes les rocheSj depuis le granité à gros cristaux et le gneiss jusqu'aux grès du trias, ont été relevées. Les mêmes roches se montrent encore dans la région des Andes; mais on y trouve de plus les trachytes, qui occupent de grandes surfaces, ainsi que quelques lambeaux du lias et du terrain jurassique. » Le bassin du rio Loa est occupé par une vaste formation lacustre, qui s'étend depuis la chaîne maritime jusqu'à la base des Andes, où elle entoure les volcans de San-Pedro et de Carcanale. Ce terrain paraît avoir épiouvé plusieurs soulèvements successifs, qui auraient diminué l'étendue de la surface occupée par les eaux ; il présente trois bassins enclavés les uns dans les autres; le plus grand et le plus ancien se compose de hauts pla- teaux, formés de couches de grès et d'argile recouvertes par des calcaires siliceux. Le second bassin, situé à un niveau bien inférieur à celui des pla- teaux, olfre une composition analogue, seulement le calcaire y est remplacé par une puissante formation de gypse. Enfin le troisième bassin, qui paraît devoir se rapporter à l'époque quaternaire, forme les escarpements qui dominent le Loa. Il se compose de terrain de transport, recouvert par des couches d'un calcaire qui contient une grande quantité d'empreintes végé- tales. » C'est aussi à la même époque que paraissent devoir se rapporter les vastes dépôts de sel marin, de sulfate et de nitrate de soude, qui occupent presque toutes les parties planes du désert. Le sel marin y forme des cou- ches dont l'épaisseur dépasse souvent i mètre; il recouvre presque toujours le nitrate de soude, et celui-ci repose immédialen\ent sur une espèce de brèche, composée de fragments de roches anciennes cimentées par du gypse. L'abondance du sel marin pourrait faire croire à une an( ieinie com- mimication de ces |)laines avec la mer; mais je n'y ai trouvé aucun débris ( 287 ) des coquilles qui sont si abondantes dans les terrains quaternaires de la côte; le fond de ces anciens lacs est d'ailleurs à un niveau bien supérieur à celui du terrain quaternaire de Mejillones. » De grandes rivières, si l'on en juge par la longueur du lit et le volume des roches qu'elles ont transportées, venaient se déverser clans ces lacs. En renioniant les lits de ces anciens cours d'eau jusqu'aux montagnes où ils prenaient leurs sources, il n'est pas rare de rencontrer des traces ù'an- ciennes cascades où les roches usées et polies témoignent d'une action des eaux longtemps prolongée; de telle sorte quil n'est pas possible d'attribuer ces anciens lits de rivières aux pluies d'orage qui tombent encore à de longs intervalles sur des parties limitées du désert; celles-ci n'y produisent que des ravins étroits et profonds, et les débris qu'elles entraînent ne pré- sentent jamais des fragments arrondis et polis comme ceux des anciennes rivières. Tout semble donc indiquer qu'à partir de la fin de l'époque ter- tiaire il s'est opéré un grand changement dans le climat de cette région. » Durant ce voyage, je me suis surtout occupé de fixer un grand non)bre de positions géographiques qui seront les bases qui vont me servir pour tracer la carte de ce désert. » GÉOLOGIE. — Examen chimique d'wi ciment tnétamorpltisé dans la source Bayen, de Ludion. Note de 31. F. Garrigou, présentée par M. Daubrée. (Extrait.) « Les faits mis au jour par M. Daubrée sur l'action métamorphique des eaux thermominérales ont éveillé l'attention des naturalistes. M'étant déjà occupé des effets exercés par les eaux suKureiises d'Ax et de Luchon sur les granités et les béions qui ont servi à la construction des bassins dans lesquels on conserve l'eau minérale, je désire faire connaître immédiate- ment un fait que j'ai nouvellement observé. » Pendant que M. J. François terminait, en i852, les galeries de recherche des sources de Luchon, un ouvrier eut l'idée de jeter dans la source Bayen une boule de la grosseur des deux poings, fuite avec le ciment dont ou tapissait les murs des galeries. Cet hiver, ce même ouvrier, s'étant rappelé ce fait, a enlevé le ciment qiû avait ainsi séjourné dix-huit ans dans l'eau minérale, à 6/| degrés centigrades, et me l'a remis. Son adhérence sur le granité d'où s'échappe l'eau de Bayen était complète. » Le ciment naturel qui recouvre encore les parois des galeries de re- cherche des sources, et dont j'adresse un échantillon à l'Académie, est jau- 37.. ( 2S» ) iiâlre et grenu, Irès-friable quand ou le presse avec quelque force; les arêtes de sa cassure ne sont nullement tranchantes. » Le même ciment métainorphisé, et mélangé à quelques fragments de schistes noirs très-petits, est gris très-clair et bleuté à l'intérieur; sa cassuie est tranchante, presque à la façon d'un silex; la substance est dure et ré- sistante au marteau. La surface externe de cette masse métamorphique est couverte de petits cristaux de chaux carbonalée. » D'ajjrès l'examen comparatif de la composition chimique de ces deux ciments, le ciment, d'abord riche en carbonates, a acquis une forte propor- tion de silice; il a gagné en outre de la matière organique et une faible quantité de fluor. » Ce fait vient se placer à la suite d'autres qui sont devenus classiques et qui ont fait reconnaître comme très-probable l'intervention de l'eau dans la transformation des roches pendant les anciennes périodes géologiques. » J'ajouterai que le ciment naturel ne contient pas la moindre trace des microzynias que M. Béchamp a déjà signalés dans plusieurs roches. L'absence de ces organismes n'a rien d'extraordinaire, ])uisque le ciment a été obtenu par la cuisson d'un calcaire et que les microzvmas cessent d'exister et de vivre à une températiue de i lo degrés environ. Le ciment niétamorphisé, au contraire, contenait une certaine quantité de niicrozymas, ainsi que j'ai pu le vérifier avec le savant professeiu' de Montpellier. » GliOI.OGIE. — Conicinporanéilé de l'homme avec le grand otm des cavernes et te renne dans la aiverne de Garcjas {Hautes- Pjrénéi s). Noie de MUI. F. Gakrigou et de Chasteigner, présentée par M. de Quatre- fages. (Extrait.) n La caverne de Gargas est creusée dans le terrain crétacé iidérieur (étage aptien) dont est composée la montagne de Gargas, entre le village de ce nom an nord et celui de Tn)iran au sud, sur la limite des départe- ments des Hautes-Pyrénées et de la Haute-Garonne, à quelques kilomètres de Montrejean. » Immédiatement à gauche de l'entrée, dans un enfoncement du ro- cher, une tranchée peu profonde nous a |)ermis de recoiniaitre un fover de l'âge du remie, avec outils en silex, ossements de cerfs et tle renne, de cheval, de bœuf, tous cassés longitudinalement et Iransversalemenl j)ai- l'homme. » Ce foyer est siiiiérienr à une couche argileuse régnant dans toute la ( 28<, ) caverne, et renfermant en abondance des ossements d'Uisus spelœus. Sin* ceitains points, mie stalagmite plus on moins épaisse reconvre cette couche. Dans un point de la caverne, voisin du foyer de l'âge dn renne, elle avait plus de 4° cenlimèlres d'épaissein'. Au-dessons, gisaient les débris parf\ii- tenient conservés des espèces suivantes : Vrsns spelœus, Ursiis arctos ou prisais (?), Felis spelcei, Hyena spelœn, Bos unis (?), deux chevaux, l'iiii grand, l'antre petit, etc. Les ossements de ces animaux sont artificiellement cassés, suivant le même mode de cassiu'e cpie ceux des autres cavernes habitées par l'homme, à l'époque où vivaient également ces grands mam- mifères; souvent ils sont accompagnés de petits débris de charbon. » M. Garuigou adresse en outre, par l'interMiédiaire de M. Danbrée. luie Noie portant pour titre « Dépôts glaciaires de divers âges géologiques dans les Pyrénées ». i. SÉRICICULTURE. — Sur les résttltats obtenus ciuis les niac/naiier/es du déparlemenl des Basses-Alpes. Extrait d'une I,eltre de M. de Vallier. « La sériciculture a été déplorable cette année dans la partie du dépar- tement qui lient des magnaneries. Seul M. Raybaud-Lange, qui suit à la lettre les doctrines de M. Pasteur, a obtenu un résultat exceptionnel. Il a vendu pour 64ooo frnncs de cocons. » La loutine, malheureusement, est l'ennemi mortel des habitanis et lutte contre le progrès. » M. BuuGGRAEVE adrcssc, de Gand, une Note relative à un système de pansement des plaies, au moyen du plomb laminé, en lames très-minces. Ce système, employé à 1 hôpital de Gand pour le pansement des plaies de fabrique, a déjà fourni des résultats excellents. Les feuilles de plomb s'aji- pliquent comme le taffetas d'Angleterre et sont maintenues par des bande- lettes agglutinantes. Ce mode de pansement présente, suivant l'auteur, les avantages suivants : i" le plond) e^t doux et frais au contact de la plaie; 2" il dispense d'employer la cliarpie, qui est une cause permanente d'é- chanffement et d'infection; 3° la couche de sulfure qui se forme empêche la putréfaction, et le développement des organismes qui raccom[)agnent; 4° la plaie, une lois pansée, peut être lavée et rafraîchie au moyen d<' i'e.iu froide, sans qu'on ait à déranger le pansement; 5" c'est un moyen d'éviter les opérations sommaires. ( 290 ) « M. H. Saixte-Claire Deville communique rextrail d'une Lettre qu'il a reçue de M. Cossa, professeur à Udine. » Dans celte Lettre, M. Cossa mentionne des expériences très curieuses, faites au moyen de l'amalgame d'aluminium. Ces expériences ne sont pas assez différentes de celles qui ont été publiées depuis longtemps par M. L. Cailletet et par M. Ch. Tissier pour que l'auteur en publie les détails, d'ail- leurs très-intéressants. Mais M. Cossa a entrepris des études originales sur les iodures de quelques radicaux alcooliques et sur l'amalgame d'alumi- nium considéré comme réducteur. Suivant lui, et contrairement à ce qu'ont annoncé MM. Hallewacks et Schafarik, l'aluminium attaque com- plètement, au bout de quelques jours, Tiodure d'éthyle en tubes scellés à la températine ordinaire. » M. Cossa a aussi préparé l'aluminium-éthyle au moyen de 1 action de l'aluminium sur le stannéthyle. « A 5 beures, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures trois quarts. E. 1). B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. I/Académie a reçu, dans la séance du ^5 juillet 1870, les ouvrages dont les titres suivent : De 1(1 méthode à posteriori expérimentale et de ta (/énéialilé de ses ap- plicalionsi par M. E, CutîVKEUL, Membre de Flnslituf. Paris, 1870; 1 vol. in-i 2 IiUrodiirtion à l'étude météorologique et cl/tnatérique de C Alsace ; par M. G. -A. IliiiN. Colmar, 1870; in-8°. (Présenté par M. Eaye.) Types de climpie jumillc et des primipnux genres de plantes iroissanl sponta- nément en France, etc.; pur M. F. PLiili, liv. i43 à iGG. Paris, sans date; in-4" texte et planches. /-*(( lunitionncmcitt des amlnilanres dvilcs cl internationales sur le < lianij) de bataille; par M. J.-P. HoiNNAFOlNT. i'aiis, 1870; br. iii-8". (Pré.-enlé par M. Houillaud.) ( 291 ) Remarrjues sur une Note de M. Dnrbou.x relative à la surface des centres de courbure d'une surface algébrique ; par M. E. Catalan. Paris, 1870; in-4°. Journal d' Agriculture de la Càte-d' Or, publié par le Comité central d^ Agri- culture de Dijon, n"' 6 et 7, juin et juillet 1870. Dijon, iS'yo; 2 brochures in-8°. Etudes faites dans la collection de l'Erole des Mines sur des fossiles nouvemix ou mal connus, i" fascicule : Molluscpus tertiaires; parM. F. BayaN. Paris, 1870; in-4° avec planches. Sur les terrains tertiaires de la Vénétie; par M. F. Bayan. Paris, 1870; br. in-8°. (Extrait du Bulletin de la Société géologique de France.) Mélanges botaniques; par M. P. Sagot. i vol. in-8° relié. (Présenté par M. Brongiiiart.) Défense des colonies, IF; par M. J. Barrande. Prague et Pj^is, 1870; in-8° avec luie carte. Di... De quelques écrits attribués à Augustin Cauchy. Observations de M. A. GenoCCHI. Turin, 1870; br. in-8'\ Sur une règle de convergence des séries ; par M. A. GenoCChi. P.iris, sans date; br. iii-8°. Sur la théorie élémentaire des produits infmii; par M. A. GKiNOCCHl. Paris, sans date; br. in-8", Sopra... Sur quelques minéraux et roches du Pérou. Lettre de M. A. d'Achiardi à M. C. Regnoli. Pise, 1870; br. in-S". Siil... Sur un mode de conservation et il' amélioration du vin au moyen de l'électricité. Réflexions de M. G. DoTTO. Sans lieu ni', par MM. Planchon et Lirlitenstein ; « La Phtliiriose, ou Pédiculaire de la vigne chez, les anciens, et les Cochenilles de la vigne chez les modernes », par M. Planchon ; • Essais préliminaires sur la destruction Au Phylloxéra », par.!/. Planchnn. (2) 11 existait quelques individus avec tubercules parmi les femelles pondeuses des galles découvertes par nous, à Sorgues (Vaucluse), te 1 1 juillet 1869. Du reste, d'après les obser- ( 299 ) sans ordre sur les racines, pondent tout au plus du trente à quarante œufs ; leur forme est plus ovoïde, à cause du plus grand allongenienl de l'abdo- men; leur thorax est relativement moins large; enfin, après leurs premières mues, six rangées de tubercules mousses se dessinent sur la région dorsale et sur le rebord ventral de leur corps. M Mais ces différences, tant organiques que biologiques, n'impliquent pas nécessairement une divefsité d'espèce. D'après le polymorphisme connu des Aphidiens et des Coccides, on devait plutôt soupçonner, dans les deux types, des formes allernanles ou parallèles de la même espèce, modifiées dans leur structure eu raison de la diversité même de leurs conditions d'existence, mais dérivant l'une de l'autre, ou pouvant rentrer l'une dans l'autre par des voies de filiation inconnues. Des expériences tentées par nous à Montpellier, par M. Laliman à Bordeaux, parlaient dans le .sens de cette hypothèse. Nous avions vu les jeunes Phylloxéra sortis des galles se fixer sur des fragments de racine, y vivre pendant plus d'un mois et n'y périr que d inanition, par suite d'une insuffisance de nourriture. Réduite à ces proportions, l'expérience était à refaire. Il n'y avait là que les indices d'un fait dont il fallait poursuivre la démonstration évidente : elle confirme de tout point ce que l'hypothèse avait pressenti. » Le 12 juillet dernier, nous enfermions, dans des flacons, des racines fraîches et saines de vigne, à côté de feuilles chargées de galles, que venait de nous envoyer M. Laliman, de Bordeaux. Des centaines de jeunes Phjl- loxera s'échappaient déjà de ces galles. Ne trouvant pas de jeune feuille à piquer pour y développer des galles nouvelles, les insectes se fixèrent sur les racines. Douze jours après, ils formaient sur ces racines des groupes serrés, parmi lesquels des femelles adultes en train de pondre et des jeunes à divers âges, la plupart tendant vers l'état adulte. Les plus jeunes n'avaient pas de tubercules apparents : ceux "de moyenne grosseur, de même que les femelles adultes, portaient les tubercules caractéristiques, et tous, du reste, par leurs formes, leur mode de vie, la dimension et la couleur de leurs œufs, se confondaient absolument avec les Phylloxéra souterrains qui vivent normalement sur les racines. " Voilà donc un fait nettement, expérimentalement établi. Le /'/i///o.ve/(7 des feuilles, ou la forme gallicole et aérienne, peut devenir le Phylloxéra valions de M. le D"" Signoret, corroborées par les nôtres, il y a, parmi les Phrlloxcra des racines, des formes encore mal définies, à lubercules plus ;m mois développés, même lors- qu'il est question d'insectes adultes, comparables quant à l'âge. ( 3oo ) des racines, c'esl-;i-dire la forme /Y7c/jcào/e et soutcM-raiiie du même insecte. » Reste à découvrir néanmoins comment s'établit, dans la nature, Ja fdiafion d'une forme à l'autre. Ici l'hypothèse seule intervient, et c'est sous toutes réserves que nous hasardons les conjectures suivantes. » Les Phylloxéra ailés, sortis de terre à l'état de nymphe, puis passés à l'état paifait et transportés au loin par lèvent, pondent probablement leurs deux ou trois œufs sur les tiges ou les feuilles de la vigne. De ces œuls, sortent les individus aptères qui produisent les premières galles. Les jeunes sortis de ces galles développent de nouvelles galles sur les feuilles en voie d'évolution (expérience du D'Signoret, observation de M. Laliman). Quand l'évolution des feuilles est ai'i'êtée, en septendjre par exemple, les insectes descendent sur les racines : ils s'y établissent peut-être tout seuls, si le cep n'est pas infecté, peut-être parmi des individus souterrains dont ils prennent vite les caractères. » Jusque-là les suppositions sont assez plausibles. Où l'incertitude est complète, c'est sur le cycle des filiations qui ramèneront l'insecte ailé. Toujours rare sur les racines, celle forme ailée se produit-elle parmi les aptères souterrains, par une évolution nécessaire, si bien que tout individu aptère devrait, après un nombre déterminé de générations agames, donner naissance à l'insecte ailé? Est-ce, au contraire, à des circonstances particu- lières de nutrition, de conditions extérieures, qu'est soumise la production de la forme ailée et aérieiuie? Il est permis d'hésiter entre les deux hypo- thèses : le plus sage encore est d'en appeler à l'observation, à l'expérimen- tation pour résoudre le problème. » C'est poui- ne pas mêler davantage l'hypothèse aux faits, que nous ajournons toute discussion sur l'identité probable du Phylloxéra vasUilrix avec le Phylloxéra on Pemphigus vitifolia des Américains. Nous ne voulons pas insister, non plus, sur les caractères des galles, sur le soin que doivent mettre les viticulteurs à bien observer ces excroissances, pour les tlélriiire comme recelant les colonies, les corps d'avant-garde do l'insecte dévasta- teur. Tout cela demande encore des éludes, avant d'être mis hors de dis- cussion. Le seul tait à conclure de cette Note, c'est que le Phylloxéra va$la- trix des galles se transforme directement en Phylloxéra vastalrix des lacines; en d'autres termes, que, sous des formes diverses, les deux types sont la même espèce, modifiée par adaptation à des milieux, à des modes de vie différents. » « M. MiLNE Edwards ajoute qu'ayant eu l'occasion d'examiner hier quel- ( ^oi ) ques feuilles provenant de vignes du Bordelais attaquées par le Phyiloxère, il a constaté que les galles ouvertes ne sont pas toujours des galles aban- données et vides, comme ou le suppose généralement. Ces excroissances sont creusées d'une cavité qui reste béante pendant que l'insecte logé dans son intérieur y pond ses œufs et que ces oeufs se développent. M. Milne Edwards a trouvé, dans beaucoup de ces berceaux, un noudjre tres-con- sidérablede jeunes Phylloxéres dont les dimensions étaient microscopiques. lien conclut que les vignerons ne doivent pas considérer connue inoffen- sives les feuilles qui portent des galles ouvertes ; qu'il faudrait, au contraire, en faire la cueillette avec soin, puis les brûler, car, dans les localités où le Phyiloxère se multiplie de la sorte, ou détruirait, par ce moyen simple et peu dispendieux, une multitude de reproducteurs avant que ceux-ci aient eu le temps de descendre en terre et d'aller attaquer les racines de la vigne. Cette cueillette, pratiquée en grand et avec soin, ralentirait prohableujent les progrès du mal, et peut-être même pourrait-elle donner des résultats encore plus considérables. M. Milne Edwards pense donc qu'il conviendrait d'appeler d'une manière toute particulière l'attention des vignerons sur l'ap- parition des galles ou excroissances en question. » M. DE Séré adresse, de Pau, une Note portant pour titre : « Du couteau électrique et de ses applications à la chirurgie militaire '>. Celte Note est relative au couteau électro-caustique, à chaleur graduée au moyeu d'une échelle de platine, que l'auteur a déjà soumis au jugement de l'Académie (i). (Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.) CORRESPOI\D ANCE . M. LE SECiiÉTAiRE PERPETUEL Signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, une brochure de M. Figuier, portant pour titre : « Armes de guerre et bâtiments cuirassés ». ASTBONOMIE PHYSIQUE. — Sw le specUe de V nlmosphève solaire. Note de M. G. Rayet. ^^ surtout Annales de Chimie et de Pliysi(jue, 4' série, t. XVIII, p. io3. (3) Comptes rendus, t. LXIV, p.4'4- (4) Comptes rendus, t. LXIX, p. 636 et 638. (5) Bulletin de la Société Chimique, -i." série, t. IX, p. 104. (G) Comptes rendus, t. LXIX, p. 635. (7) Comptes rendus, t. LXIX, p. 633. 39.. ( 3o./4 ) la ié;iclion inverse de I acide clilorhydrique sur les oxydes correspon- dants (i). u Par ce même principe, j'ai encore expliqué l'efficacité des doubles décompositions pour former les corps qui dégagent de la chaleur en se dé- composant (2) et les conditions singulières de la forn)ation de ces corps; les phénomènes attribués à Vétat naissant (3); les réactions en 10600, «loue X est positif et dépasse 7000 calories. La formation des sulfiu'es métal- liques par la réaction des sels mél.iUiques dissous sur les sulfures alcalins se produira donc il'uuc uiauicre nécessaire. II. — RÉACTION UKS ACIDES SUE LES SULFURES ALCALINS. » Les sulliuTs alcalins sont décomposés en général par les acides avec spoiulanl et d'hydrogène KS + Il Cl = lvCl +IIS. formation d'un sel conespoiulanl et d'hydrogène sulfuré : (1) La seule exceplion coiimu' csl l;i naflion ilr l'iK-idu cyaiiliy(lii(]iio sur l'oxyde de iiu'icui'f, I;u]uelle dégaine plus de ilialcur (]iie relie i\\\ uièuie acide sur la [lolasse. Aussi la [xilasse ne précipite-t-ellc point l'oxyde de mercure dans les solutions du cyanure. ( 3o7 ) » La réaction peut avoir lieu entre les corps anhydres ou entre les corps dissous. Dans le dernier cas, l'hydrogène sulfuré peut demeurer dissous ou bien prendre la forme gazeuse. » Or, dans tous les cas, la réaction est nécessaire, d'après noire prin- cipe. En effet, en partant des éléments libres à la température ordinaire, K + S = KS solide + 453oo H H- Cl = H Cl gaz -t- 23900 69200 Dantre part K-f- Cl =IC Cl solide io?.70o H -f- S = HS gaz... 235o io5o5o Dissous . 5o8 Dissous 4i3 Dissous 98400 Dissous 5700 I o4 I 00 )> Donc la réaction KS + HCl = KCl + HS dégage : » Tous les corps étant supposés isolés, + 36 200; » Tous les corps étant supposés dissous, + 12000; » Enfin, tons les corps demeurant dissous, à l'exception de HS, qui de- vient gazeux, + 8700. » Soit encore la réaction d'un oxacide sur un sulfure alcalin : NaO dissoute -f- HS dissous, + 36oo, NaO dissoute +SO''H dilué, +16000, NaO dissoute + C'H'O' dilué, +i34oo. » D'où il suit que la réaction de l'acide sulfurique étendu sur le sulfure alcalin dissous, avec formation d'hydrogène sulfuré dissous, dégage + 12400, et celle de l'acide acétique, + 9800. » Si l'hydrogène sulfuré devient gazeux, l'acide sulfurique dégage 9100, et l'acide acétique 6 5oo calories. Toutes ces réactions se produiront donc d'une manière nécessaire. » Entre les acides qui décomposent les sulfures alcalins, l'acide carbo- nique se distingue par des réactions toutes spéciales; on sait en effet que l'acide carbonique en excès décompose les sulfures dissous, tandis que l'hydrogène sulfuré employé sous forme gazeuse et en excès décompose aussi les carbonates alcalins dissous, ou même anhydres. Ces deux réac- tions inverses ont été étudiées, entre autres, par Henry, et discutées avec beaucoup de sagacité par Gay-Lussac : il les explique par la décomposition partielle que les bicarbonates alcalins (i), pris isolément, manifestent déjà (i) Annales de Chimie et de Physique, ?/ série, t. XXX, p. 2g3 ; 1825. ( 3o8 ) à la température ordinaire, l;i décomposition se poursuivant et devenant complète sous l'influence de l'hydrogène sulfuré et en vertu d'un méca- nisme purement physique, que Gay-Lussac ramène expressément à « la » théorie des vapeurs «. Quel que soit le mérite de ces explications, il y manque deux points essentiels, à savoir : pourquoi l'acide carbonique commence à décomposer les sulfures dissous, et pourquoi l'acide sulfhy- drique commence à décomposer les carbonates neutres. C'est cette double lacune que je vais essayer de combler. » Examinons d'abord la formation des carbonates et celle des sulfures, pris isolément : Carbonate jicutre : NaO en solution élendue -+- CO' dissous dégaj^e loioo « " -t- CO' gazeux » 12800 environ Bicarbonate : NaO dissoute + CO- dissous dégage 11 000 " » -h CO' gazeux » i63oo environ Sulfures : NaO en solution étendue -1- HS dissous dégage 36oo o u -f- HS gazeux >■ 6goo » u H- H-S' dissous ■< 7200 » » 4- H' S' gazeux « i38oo >■ Il résulte de ces chiffres que l'acide carbonique dissous ou gazeux doit déplacer l'acide sulfhydrique sous forme dissoute, et cela, soit qu'il forme un carbonate neutre, soit qu'il forme un bicarbonate. L'acide sidfhydrique, ainsi devenu libre dans la dissolution, se dégage ensuite et à mesure, s'il est entraîné par un courant gazeux. » La réaction inverse exige une discussion plus approfondie. Dans une dissolution étendue, elle résulte, comme Gay-Lussac l'a fort bien recoiuui, de la transformation du carbonate neutre en bicarbonate, et de la décom- position spontanée que ce dernier éprouve à la température ordinaire. En vertu de cette dernière décomposition, une partie de l'acide carbonique se trouve à l'état libre dans la liqueur, et, par conséquent, susceptible d'être entraînée par le courant gazeux. Si le bicarbonate se régénère inces- samment par quelque réaction, la totalité de l'acide carbonique finira |)ar être éliminé. Il faut donc établir cpi'iui carbonate neutre en dissolution est changé par un excès d'acide sulfliydrique gazeux en bicarbonate. La réac- (3o9) tion est la suivante : C-0*,2Na() + H=S- =C=0\NaO,HO + NaS,HS. » Le calcul thermique se décompose en deux parties : Séparation du carbonate neutre en bicarbonate et aUali libre. . . — r)9.oo Union de l'alcali libre avec l'acide suUhydrique gazeux -t-i38oo + 4600 )) La réaction dégage 4600 calories : sa réalisation est donc conforme au principe. Mais elle ne sautait avoir lien, si ce n'est au contact du gaz sulfhydrique et de la dissolution. Le bicarbonate produit, étant instable par liii-mètne, exhale une partie de son acide carbonii|ue dans l'atmosphère de gaz sulfhydrique, en présence de laquelle il prend naissance. » On voit par là que la réaction d'un excès d'acide suif hydrique se pro- duira seulement avec le corps gazeux; tandis que celle d'un excès d'acide carbonique aiua lieu mètne en dissolution : les carbonates dissous doi- vent donc être plus difficiles à décomposer par un excès d'acide sulfhy- drique que les sulfures dissous par un excès d'acide carbonique : opposi- tion déjà remarquée par Henry dans ses expériences, et qui avait excité l'étonnement de Gay-Lussac. m. — RÉACTION nE l'hydrogène sulfuré sur les divers sels métalliijues; ET RÉACTION DES ACIDES SUR LES SULFURES MÉTALLIQUES. » Je prendrai comme types les sulfures des métaux suivants : zinc et fer, plomb, cuivre, argent, lesquels fourniront des exemples de toutes les réac- tions essentielles. Sulfures de zinc et de fer. » L'oxyde de zinc, réagissant sur les acides, dégage les quantités de cha- leur suivantes, lesquelles sont à peu près les mêmes avec l'oxyde anhydre ou hydraté : Zn 0 + HS dissous ^600 ( i ) » -I- HS gazeux 1 1000 » + SO^H dilué 1 1 à 12000 » H- H Cl ou AzO'H dilués 10 à iiooo » -t- C'H'O' dilué 7600 » 11 réstdte de ces nond^res que : » 1° Les acides siilfurique, chlorhydrique, azotique étendus doivent dé- (i) Ce nombre est probablement un peu trop faible. C. R., 1870, -2" Semestre. (T. LXXl, N» Ij.) 4° ( 3io ) composer le sulfure de zinc, en formant de l'hydrogène sulfuré dissous : ce dernier prendra consécutivement la forme gazeuse sous l'influence d'un courant gazeux ou de la vapeur d'eau. M La décomposition s'efteclucra mieux avec les acides concentrés, parce que de tels acides dégagent ])lus de chaleur eu s'unissant à l'oxyde de zinc (i); l'excès suffit pour expliquer la formation immédiate du gaz suif- hydrique. » 2° A l'inverse, l'hydrogène sidfuré gazeux produira un conmiencement de décomposition sur les sels neutres de zinc en dissolution, siiécialement sur le chlorure et l'azotate; mais l'action s'arrêtera presque aussitôt, dès que l'acide formé dans la solution tendra à se concentrer. » 3° L'acétate de zinc (et les sels organiques analogues) pourra être dé- composé complètement sous l'influence d'un excès d'hydrogène sulfuré gazeux. » Toutes les circonstances observées dans les expériences sont en con- formité parfaite avec ces prévisions tiiermochimiques. » Soit maintenant le protoxyde de i'er. Ce corps dégage à peu près les mêmes quantités de chaleur que l'oxyde de zinc, en réagissant sur l'hydro- gène sulfuré et sur les acides sulfinique, chlorhydrique, azotique, acétique. Aussi les réactions de l'hydrogène snlfiu'é sur les jM'otosels de fer, et celles du sulfure de fer sur les acides sont-elles analogues, en général, à celles des sels de zinc (2). En effet, les acides minéraux décomposent le sulfure de fer, tandis que l'hydrogène sulfuré gazeux détermine un commencement de précipitation dans une solution d'acétate ferreux. Sulfure de plomb. PbO (3) + HS dissous dégage 10200 » HS gazeux ■- i35oo " AzO'H clciulu (sel soluble). ... » gSoo » HCI étendu (sel insoluble).... " i i 200 » SO' II étendu (sel insoluble) ... » 11 3oo » C'H'O' étendu (sel soluble). ... « 7200 (i) Ils dég.igCMt en plus la sonune des valeurs absolues de la ebaleiir qui serait dégagée ])ar leur dissolution ) » Il résulte de ces nombres que : 1' i" Les sels de plomb solubles seront décomposés par l'hydrogène sulfuré dissous ou gazeux; » a° Le gaz sulfhydrique décomposera tous les sels de plomb, y compris le sulfate et le chlorure; » 3° Les acides qui forment des sels insolubles (chlorure, sulfate) cor- respondent à peu près au même chiffre que l'acide sulfhydrique dissous; ils seront difficilement décomposés par cet agent, et la réaction changera de signe avec la concentration des acides, laquelle augmente la chaleur dégagée; on sait, en effet, que le sulfure de plomb est décomposé par les acides chlorhydrique et sulfurique un peu concentrés; » 4° Cette réaction inverse n'a pas lieu avec l'acide acétique, parce que l'écart est trop grand pour être comblé par la faible chaleur de dissolution de cet acide. Sulfure de cuivre. CuO + HS dissous ''égage i54oo S0< H étendu „ 83oo » HCl et AzO'H étendus.. » 6400 » ci* H* 0* étendu » 5 200 » Ces quantités sont à peu près les mêmes avec l'oxyde anhydre ou hydraté. » Il résulte de ces nombres que les sels de cuivre en solutions étendues seront décomposés par l'hydrogène sulfuré. Le sulfure de cuivre ne se dis- soudra pas dité est dé- composé complètement par la potasse concentrée, avec formation d'oxyde ( 3i3 ) d'argent et de chlorure de potassium. En présence d'une solution très- étendue, non-seulement la réaction n'a plus lieu; mais l'oxyde d'argent dé- compose le chlorure de potassium, avec formation de chlorure d'argent et de potasse caustique. Ces réactions singulières et opposées pouvaient être prévues. En effet Ag -f- Cl := Ag Cl dégage.. .. 34 800 R + 0 = KO diluée 76300 Ag-t-0 = AgO dégage 6 100 K + Cl =K CI dissous .... 97800 io3 goo » La réaction AgO -hRCI +Aq = AgCI + KO + Aq dégage donc + 7200 environ, dans des solutions étendues : ce qui explique la décomposition du chlorure de potassium jjar l'oxyde d'argent. » Four rendre compte de la réaction inverse, il suffit de remarquer qu'en présence d'une moindre quantité d'eau la formation de la potasse dégage de moins en moins de chaleur. La diminution peut s'élever jusqu'à 12900, limite relative à l'hydrate de potasse solide : KO, HO. An contraire, la formation du chlorure de potassium dans une solution concentrée absorbe moins de chaleur que dans une solution étendue; si le sel se séparait sous forme solide, la différence serait 4200. La limite des quantités de chaleur dégagées par les réactions ci-dessus sera donc: Ag-t-CI =AgCI 34300 K-f-H=0-=KOHOsolide.. . 63 4oo Ag + 0 = AgO 6100 K+C1 = KC1 solide 102000 io8 100 98 200 )) La réaction inverse, pour de tels systèmes, Ag O -»- HO -H KCl -. Ag Cl + KO,HO, déeaserait donc loooo calories environ. A la vérité, cette réaction n'est guère possible physiquement, à la température ordinaire. Mais elle de- vient possible, et elle a lieu en effet, avec la potasse en fusion, condition qui diminue à peine de 2000 à 3ooo calories le nombre précédent. La réaction doit aussi avoir lieu, et elle a lieu en effet, avec la potasse en solution très- concentrée, tant que subsiste le signe de la différence précédente. Au delà de ce terme, c'est-à-dire dans des dissolutions plus étendues, c'est la léaction inverse que l'on observe. V. » I>a préparation de la potasse caustique, au moyen de la chaux éteinte et du carbonale de potasse, va nous fournir une autre vérification des ( 3.4 ) mêmes principes. On sait, en effet, que le carbonate de polasse, en solution étendue, est décomposé par l'iiydrate de chaux, avec formation de carbo- nate de chaux et de potasse caustique. Ce résultat pouvait être prévu d'après les nombres suivants: CO' gazeux H- KO en solution étendue = KO,CO' dégage. . . 12800 C0= gazeux -f- CaO, HO . = CaO,CO= .. ... 4700 » Ainsi l'hydrate de chaux doit décomposer le carbonate de potasse, en solution étendue, avec dégagement de 2000 calories environ. » Mais la réaction du gaz carbonique sur l'hydrate de potasse solide, avec formation de carbonate neutre solide, dégagerait environ 25 000 calo- ries, chiffre très-supérieur à 14700. Si l'hydrate de potasse est dissous dans une petite quantité d'eau, la réaction dégagera des quantités comprises entre aSooo et 12800, et qui s'écarteront d'autant plus du dernier chiffre que la solution sera plus concentrée. Il existera doue une concentration limite, pour laquelle l'hydrate de chaux cessera d'agir sur le carbonate de polasse. Pour une concentration plus grande, la réaction inverse deviendra possible, c'est-à-dire que la potasse décomposera le carbonate de chaux. » Toutes ces conséquences sont conformes aux circonstances bien con- nues, mais jusqu'ici inexpliquées, de la préparation des lessives alcalines. » Je ne citerai pas pour le moment de nouveaux exemples, me proposant de revenir encore sur ce sujet. Qu'il me soit permis d'y insister ; car il s'a- git desavoir si la statique de Berthollet, qui a si longtemps régné dans la science, ne doit pas être remplacée par des lois plus profondes et plus gé- nérales. » CHIMIE. — Action du j)eiUachlorute cl du pcnlalxomuic df. phosphore sur divers étiiers. Note de M. L. He.vky (i). « J'ai attiré, à divers reprises déjà (2), l'attention des chimistes sur la différence qui existe, au point de vue de l'action des chlorures des radicaux négatifs en général, notamment du pentachlorure et du pentabromure de phosphore, entre l'hydroxyle (HO) et les groupements éthérés correspon- dants, méthoxyle (CH'O), éthoxyle (C^H'O), etc. (i) L'Académie a décidé que cette Couimunication, bien que dépassant en étendue les limites réglementaires, serait insérée en entier au Compte rendu. (2) Bulletin de l'Académie de Belgique, ■>.' série, t. XXVII, p. (k)i; t. XXVIII, p. 21 l, 399 et 552. ( 3i5 ) » Tandis que l'hydroxyle (HO) est, quelle que soit sa fonction, alcool, acide ou phénol, facilement remplaçable, et dès la température ordinaire, par un atome de chlore ou de brome sous l'action de PhCP ou de PhBr% les groupements éthérés méthoxyle, élhoxyle ne subissent^ dans les mêmes circonstances, aucun remplacement de ce genre et résistent à l'action de ces agents. J'ai l'honiiein- de faire connaître à l'Académie, dans la présente Note, quelques réactions nouvelles à l'appui de cette idée générale. » 1. Glycollate et lactale d'élhjle (i )• — O" sait quelle est l'action qu'exer- cent sur les acides biatomiques et monobasiques (acides alcooliques), tels que l'acide glycollique C=H= O < ^^, le pentachlorurc et le penlabromure de phosphore. » Il était à prévoir que, sous l'action de ces mêmes composés, les éthers de ces acides, éthers qui sont en même temps des alcools monoatomiques, seraient éthérifiés de la même manière, (HO) étant remplacé par Ci ou par Br, et transformés en élhers de l'acide monoatomique et monobasique correspondant, monochloré ou monobromé. Cette prévision a été con- firmée par l'expérience. » Le pentachlorurc et le penlabromure de phosphore attaquent éncrgi- quement, et dès la température ordinaire, le glycollate et le laclate d'éihyle; il se dégage abondamment de l'acide chlorhydrique ou de l'acide broinhy- drique; après deslinction par l'eau du PhOCl' ou du PhOBr' formé, le nouvel éther formé reste sons forme d'un liquide insoluble dans l'eau et plus dense que celle-ci; on le lave avec une solution de carbonate so- dique, et on le dessèche sur du chloriu-e de calcium. » J'ai obtenu de cette façon le chloro-acétate et le bromo-acétate d'éthyle, le chioropropionate et le bromopropionate d'éthvie (2). » Sauf le bromopropionate d'éthyle, ces produits sont bien connus et possèdent des propriétés qui permettent de les recoiuiaîlre aisément; je ne m'y arrêterai pas davantage. Le bromopropionate, qui n'a pas encore, que je sache, été signalé, mérite une mention spéciale. CO,C=H*0 I (i) Le lactale d'cllivle dont il est ici question est le paralaclatc CH, HO ( CH' 1 CO,C=H"0 1 CO,C=H»0 I \ I (?) •; CHCI et CH,Br CH" ( CH' ( 3i6 ) » Il est en tous points analogue au produit chloré correspondant : c'est un liquide incolore, limpide, mobile, d'une odeur éthérée, piquante, inso- luble dans l'eau, d'iuie densité 1,396 à -4- i 1 degrés, et bouillant, sans dé- composition, à 159-160 degrés (non corrigé). oS','^i34 de ce corps ont fourni 0^^7392 de bromure d'argent, ce qui correspond à 44)09 pour 100 de brome; la formule C^H* Br (C^H') 0° en demande 44» '9 ponr 100. » Ces réactions doivent théoriquement s'accomplir entre i molécule de l'élher glycollique ou lactique et i molécule do PhCP et de PliBr'; il n'en est pas ainsi dans la réalité: alors que l'on emploie l'éther et le composé phosphore dans ces proportions, une partie de cehii-ci demeure inaltérée. C'est qu'à côté delà réaction principale, réaction de PhCI* ou Phlîr' sur l'éther, il se produit une réaction secondaire : l'oxychlorure PhOCl' et l'oxybromure PhOBr' de |ihosj)hore réagissent à leur tour sur l'hydroxyle (HO) alcoolique de l'éther primitif, poiu' produire des éthers phosphoriques complexes. C'est une réaction analogue à celle de l'oxyclilonn'e de car- bone (CO)CP et du clilorocarbonate d'éthyle CO C^ . sur le glycollate d'éthyle, réaction que M. Heiniz a fait récemment connaître (1). » Il résulte de là que le rendement final de ces réactions, en éther chloré ou brome, est beaucoup moindre que le rendement théorique. » Je ne me suis pas arrêté pour le moment, malgré l'intérêt qu'ils peu- vent présenter, à examiner ces éthers phosphoriques complexes: ces pro- duits sont vraisemblablement fixes, circonstance qui doit rendre leur purification difficile. » II. Malale el tarlrale diéthyliques. — Le pentachlorure de phosphore, PhCi% réagit aussi et avec beaucoup d'énergie, déjà à froid, sur le malate diélh/lique, C^H* (C" H^ )^0^ (2); l'action de ce composé sur le tarlrale, C*H''(C^H')^0°, du même radical est beaucoup moins vive; il est nécessaire de chauffer légèrement. On opère comme précédemment i)our séparer et purifier le produit formé. Il y a à faire sur ces réactions, au point de vue du rendement, les mêmes remarques que précédemment. » Je pouvais m'altendre à ce que, comme précédemment, V kydroxjle (i) Annalen (1er Chcmie und Pharmacie, t. CLIV, p. 25^ (juin 1870). (2) J'ai préparé le malate diétiiylique par la réarlion de l'iodiire d'éllivlc sur le mainte 7 ) alcoolicjiie (HO) contenu dans ces étiiers fût éthérifié et remplacé |)ai un atome de chlore Cl, avec formation de succinale d'éthyle niottochloré, C*H'C1(C^H^)'0% dans le cas de l'étlier malique, et de succinate d'élhyle bichloré, C*H-Cl^(C^H'j-0*, dans le casderélher tartiique. Les choses ne se sont pas passées de cette manière. » J'ai obtenu avec l'éther malique du fuinarate d'élliyle^ C*H^(C*H°)°0' et avec l'élher tartrique du citloromaléale d'élhyle, CHCI (C^H')^0\ » Les éthers malique et tartrique se sont donc comportés, dans cette circonstance, comme les acides malique et tartrique libres; on sait, en effet, que, soumis à l'action du pentachlornre de phosphore, PhCl"', ces acides donnent respectivement les chlorures de fuinaryle [G' W'0-)Ç\- et de chloromaléyle (C^HClO-)Cr-, produits qui, traités par l'eau, se convertis- sent en acide fumarique (i) et chloromaléique (2). » L'éthery( v< H' Kj 1 r C'Az le cyanolormiale • : •^ CO-C'H'O CO-H'Az C'Az 4-PCI'=i -+- POCP-H 2HCI. CO-C'H^O CO-C'H'O » J'aurai riioinienr de faire connaître ultérietn-ement à l'Académie le résultat des recherches (pic je ferai poursuivre dans celle diieclion, dans mon laboratoire. » (1) Butliliii (le r Aciidcniic tic Bch^niuc, t. XXVII, ?." sOrie, |). Giji . (3i9) CHIMIE MINÉRALE. — Analyse de la narlorile, nouvelle espèce minérale de la province de Conslantine {Algérie). Note de M. F. Pisani. « Dans la séance du i8 juillet dernier, M. Flajolot a présenté à l'Aca- démie des Sciences une Note sur des combinaisons cristallisées d'oxyde de plomb et d'oxyde d'antimoine, d'oxyde de plomb et d'acide antimo- nique. L'auteur donne, pour la première de ces combinaisons, la formule Sb^O','2PbO, ainsi que l'analyse suivante : Oxyde de plomb 56, oo Oxyde d'antimoine 4i>ot) 100,00 » Cependant il ajoute que : « Cette composition ne s'accorde pas bien » avec la formule Sb-0% aPbO. » » Ayant eu occasion d'examiner cette nouvelle substance, j'ai de suite reconiui, outre l'antimoine et le plomb, une quantité assez notable de chlore. Aussi, après avoir eu connaissance de l'analyse de M. Flajolot, je me persuadai que l'un des deux corps, antimoine ou plomb, avait été dosé par différence : autrement, l'auteur aurait dû trouver un déficit assez considérable dans le total de son analyse. Je me mis dès lors à refaire en- tièrement l'analyse de la nadorite, et je trouvai en effet, pour l'oxyde de plomb, des nombres concordant avec ceux de M. Flajolot, et, pour l'oxyde d'antimoine, une quantité bien moindre, le reste étant du chlore dont j'ai également déterminé la quantité (9 pour 100). » Ce nouveau minéral a été trouvé dans un gisement de calamine à 60 kilomètres au sud de Bône, dans une localité nommée Djebel-Nador, ce qui lui a fait donner par l'auteur le nom de nadorite. » La nadorite forme, d'après M. Flajolot, des cristaux très-aplatis, de forme tabulaire, portant des biseaux aigus sur leur quatre cotés. Couleur brun-jaunâtre, translucide. Eclat adamantin dans la cassure. Dureté = 3 en- viron. Densité = 7,02. Poussière jaunâtre. i> Au chalumeau, sur le charbon, se réduit facilement en dégageant des fumées d'antimoine et donnant un enduit jaune; vers la fin, on obtient lin grain métallique assez malléable. Dans le tube décrépite, puis fond en donnant un sublimé blanc. Chauffée, avec une perle de sel de phosphore sa- turée d'oxyde de cuivre, donne la réaction du chlore. Soluble en totalité dans l'acide chlorhydrique étendu; parle refroidissement, il se dépose des cristaux de chlonue de plomb. La liqueur se trouble fortement par l'ad- 41- ( 320 ) flitinn de l'eau. Un mélange d'acide nitrique étendu et d'acide tnrtfiqne la dissout complètement, la solution précipite abondamment par le nitrate d'argent. » Elle m'a donné à l'analyse : Oxyde d'antimoine 37 ,^0 Oxyde de plomb 2'j,ôo Plomb 26,27 Chlore 9 1*^0 100,27 » Ce qui correspond à la formule (Sb^O%PbO) +PbCl, qui donne par le calcul Sb^O^ 36,82 PbO 28,12 Pb 26,11 Cl 8,95 100,00 » La nadorite forme donc bien une espèce minérale nouvelle, et pré- sente de plus un grand intérêt, puisque c'est la première fois qu'on ren- contre du chlore dans un composé naturel contenant de l'antimoine. Les seuls oxychlorures de plomb connus jusqu'ici sont la matlockite et la meu- dipite : la première a pour formule PbO + PbCl, et la seconde 2 PbO + PbCl. La nadorite se rangerait donc à la suite de cette dernière, et pourrait être considérée comme une mendipite antimonifère, et en effet on a pour ces deux minéraux : Mendipite 2(PbO)-f- PbCl. Nadorite (Sb'0%PbO) -h PbCl. » La nadorite est souvent accompagnée d'une substance d'un jaune citron, qui est un produit de sa décomposition , et possède la même forme cristalline. Cette substance, qui, d'après M. Flajolot, contient de l'oxyde d'antimoine, de l'acide antin)onique, de l'oxyde de plomb, de l'acide car- bonique et de l'eau, dans des proportions conduisant à la formule d'un antimoniate et carbonate de plon)b hydraté (mélangé d'iui i)eu de uado- ( 3a, ) rite non altéré), n'est peut-être qu'un mélange de cériise et de bleinière, puisque j'ai constaté, sur certains morceaux, de petits cristaux de céruse. Le peu de matière que j'ai eu à ma disposition ne m'a pas permis d'exanuner plus attentivement ce minéral jaune. » HYGIÈNE PUBLIQUE. — Sur remploi de l'acide phéniqiie. Note de M. F.-C. Calvert, présentée par M.Chevreul. (Extrait.) « C'est au D'' David Davis, de Bristol, que revient l'honneur d'avoir systématisé, depuis 1867, l'emploi de l'acide phéniqne comme agent dés- infectant(i). A l'époque de la dernière apparition du choléra à Bristol, on fit usage d'une poudre composée de i5 pour 100 d'acide phéniqne et crésv- liqiie, que l'on avait soin de projeter soit sur les matières en décomposition, soit sur les déjections des malades: les vêtements des cholériques étaient lavés dans de l'eau contenant de l'acide phéniqne. » Par ce moyen, le D'' Davis n'a pas eu deux cas de mort successifs dans la même habitation, et rarement une seconde personne attaquée. On obtint depuis les mêmes résultats favorables contre le typhus, les fièvres typhoïdes, la scarlatine et la variole. Le chiffre de la mortalité à Bristol, qui était de 36 à 4o personnes sur 1000 avant l'application de ce système, n'est plus aujourd'hui que de 18 à 20. Enfin les villes de Glasgow, Liver- pool et Manchester ont adopté ce même procédé. » L'acide phéniqne a été également employé avec succès pour combattre un cas épidémique de typhus qui s'était déclaré dans le village de Terling (comté de Sussex) dans les mois de janvier et février 1868. Avant l'appli- cation de l'acide phéniqne, sur 900 habitants, 3oo avaient été attaqués du typhus. Pendant trois semaines que dura 1 application du produit, 2 per- sonnes seulement furent attaquées, sans suite fatale, après quoi il n'y en eut plus d autres. » C'est d'apiès ces résultats que le gouverneur anglais a prescrit l'usage de l'acide phéniqne comme désinfectant, soit à bord des navires de guerre ou des navires de commerce, soit dans l'armée, dans les prisons d'État ou dans les hôpitaux. » (i) L'iisaye «le l'acide phénique, comme désinfectant, a ('té prati(]né 7 7>8io Soie '7»6 6,900 M II est inléressani d'obstTver qne les matières azotées d'origine animale perdent toutes environ à peu prés un tiers de leur azote à l'état de gaz. » Je suis occupé, en ce enoment, à étudier les produits organiques qui sont les résultats de cette action chimique. » ( 323 ) PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Résultais de quelques expériences mycolocjiques. Note de M. E. Roze, présentée par M. Brongniart. « I. M. OErsted, de Copenhague, à qui l'on doit d'avoir réalisé le pre- mier des expériences très-concluantes sur la traiisfornialioii du Podisoina de la Sabine en Rœstelia cancellala du Poirier, expériences que j'ai refaites nioi-tnème avec succès, a fait connaître depuis {Bolniilsclte Zeitung, 12 juil- let 1867) que le Podisoma ctavariceforme du Genévrier produisait sur l'Aubépine le Hœstelia penicillala . » Le Genévrier présente deux Podisoma : le P. clauariœjonne dont il vie/it d'être question, et le P./i/snim qui s'y rencontre plus rarement. J'ai répété l'expérience de M. OErsted, mais en opérant à la fois siu- l'Aubépine avec chacun de ces deux Podisoina, et cela dans des conditions absolument iden- tiques. » Lef. clavariœjormey a parfaitement reproduit le R. penicillala; le P. fus- cum n'a, au contraire, donné qu'un résultat négatif. Il est donc à présumer que ce dernier se choisit ime autre de nos Pomacées pour y développer une troisième espèce de Rœstelia : c'est ce qui pourra ressortir d'expériences ultérieures. » II. L'histoire de Veirjot des Graminées, et de celui du Seigle en parti- culier, depuis les beaux travaux de M. Tulasne et les recherches de plu- sieurs autres observateurs, ne laisse plus, pour être complète, que certains points douteux à élucider expérimentalement. Ce sont les résultats de quel- ques expériences faites cette année à ce point c!e vue, que j'ai l'honneur de faire connaître à l'Académie. Je les résumerai en ces ternies : » Des ergots de Seigle, enterrés l'hiver et tenus dès le printemps dans une humidité constante, donnèrent, dans une culture faite en plein air, des Claviceps purpurea, Tul., depuis la fin d'avril jusqu'à la fin de juin. » Des fragments d'ergots donnèrent aussi bien des Claviceps que des ergots entiers. » Des ergots d'une récolte antérieure à celle de l'année dernière ne don- nèrent aucun Claviceps; ceux de la dernière récolte, mis en terre à la fin d'avril, se comportèrent de la même façon. " Des épis de Seigle, rapprochés de Claviceps effectuant leur développe- ment biologique normal, ne furent qu'en très-petit nombre infectés par le transport aérien des spores du Claviceps. » Des conidies de la Sphacélie, récoltées dès le premier ou le deuxième jour de leur émission, germèrent très-bien au bout de vingt-quatre heures ( 324 ) d'immersion conlimie. 11 est k remarquer, du reste, que le liquide qui les fient en suspension se dissout .dors très-rapidement dans l'eau, ce qui n'a plus lieu vers le troisième jour. » Des épis de Seigle, en fleur, trempés dans une solution de ce suc coni- diophore d'émission récente, moulièreut huit à dix jours après, sur quel- ques-unes de leurs fleurs, les piemiers développements de la S|)liacélie, caractérisés par l'émission d'un même suc conidiophore. Des résultats identiques furent obtenus sur des épis d'un Blé de mars [cape wlieal), et sur ceux du Triliciim repens. I.a même expérience, faite avec le suc coni- diophore des Sphacélies de ce Blé, donna les mêmes résultats sur des épis (le Seigle. » De très-petites gouttelettes d'une eau très-chargéc de ces mêmes coni- dies (il s'agissait du suc conidiophore émis par les épillets de Trilicum re- pens infectés eux-mêmes par les conidies de ce Blé) furent déposées avec soin sur l'extrémité des Stigmates de cinq fleurs d'un épi de Lolium perenne; ces cinq fleiu-s exsiulèrent toutes, huit jours après, le suc conidiophore ca- ractéristique du développement des Sphacélies. » Un certain uombi-e de capitules de Clauiceps purpiirca, arrivés à ma- turité, furent écrasés légèrement dans une quantité d'eau suffisante pour y immerger des épis; plusieurs gouttes de cette eau, examinée au micro- scope, contenaient en sus])ension de vingt à trente spores libres du Clnviceps. » L'immersion, dans cette eau, de plusieurs épis de Seigle et de Trili- cum repens hit également suivie, dix jours après, de l'apparition sur ces épis de quelques S])hacélies à suc conidiophore. De plus, des gouttelettes de cette eau introduites entre les balles de quelques fleurs de Seigle y iléter- miuèrent,dans le même temps, lui développement très-net de S|)hacélies. » Enfin, toutes les fleurs de ces Graminées, qui dénotèrent ainsi la pré- sence de la Sphacéiie, y montièrent peu après l'appaiilion du Sclcroliuni, vulgairement appelé ergot. » Il me jjar.iîl résinter de tous ces faits que les agricuiteius ne devraient jamais employer, pour le semis, des graines de Seigle provenant de la ré- colte de l'année; que les spores du Glaviceps éprouvent une certaine diffi- culté à se transporter sur la partie de la fleur des Graminées qu'elles doi- vent infecter, mais qiu' le suc conidiophore des Sphacélies, au moyen de la pluie et des vents, contribue tout au contraire à propager activement le parasite; que la partie de la fleur susceptible d'infection est tout spécia- lement le stigmate; cpie les spoies du Cbvicepi, ont la faculté de déteruii- ner la naissance de la S[)hacélie; que les conidies de la Sphacéiie jouent le ( 325 ) même rôle; enfin, que le Claviceps purpurea est un parasite commun très- probablement à plusieurs de nos Graminées, soit spontanées, soit culti- vées, mais certainement au Seigle, au Blé, au Triticum repens et au Loliiim perenne. » MÉTÉOROLOGIE. — Maximum de température à Poitiers, le 24 juillet 1870. Note de M. Ch. Contejean. « Il est si rare en France devoir le thermomètre dépasser 35 degrés, et à plusforleraison [\o degrés,que jene crois pas inutiledesignalerun maximum inusité et tout à fait extraordinaire qui s'est manifesté à Poitiers le 24 juil- let dernier. Les observations ont été faites dans l'intérieur de la ville, il est vrai, mais au milieu de vastes jardins. Le thermomètre était exposé dans l'un d'eux, tantôt suspendu à l'ombre des arbres ou des murailles à i^jSo du sol, tantôt tourné en fronde, et à l'ombre, à la hauteur du bras étendu. L'instrument dont je me servais est le n° 2446 de M. Baudin; l'hiver der- nier, j'en avais vérifié le zéro, qui correspondait exactement à celui de la graduation. » Les journées précédentes avaient été fort chaudes; le vent soufflait du nord-est, par un ciel constamment serein. Les journaux de Poitiers indi- quent comme maximum : le 21, 34°, 9; le 22, 34°, 8; le 23, 34°, 5. Le 24, même vent et même ciel. Dès la matinée, la chaleur était extrême. J'obser- vai à partir de midi et demi; et jusqu'à 2'' 35" je fis au moins quarante lec- tures du thermomètre. Le maximum absolu arriva à i''io™; il fut de 4i°,2 au thermomètre suspendu à l'ombre d'un arbre, et pendant quelques ins- tants d'un calme parfait. Quelques bouffées d'air venant du côté des mu- railles à l'ombre firent descendre le mercure à 40°, 8. Immédiatement après, loiu-né en fronde, l'instrument marquait 4i°>o. Pendant ces deux heures et demie d'observations, et dans les conditions les plus variées d'expérience et d'exposition, la température se maintint entre un miuimiun de 39°,5 et le n)aximum indiqué. Le plus grand nombre des lectures donna /\o°,'i. A chaque instant, et sous l'influence du moindre vent, les indications se déplaçaient de quelques dixièmes de degré, » Tous les objets à l'ombre, et surtout les corps métalliques, donnaient, au toucher, une sensation de chaleur comme s'ils eussent été exposés au soleil. Pour la première fois de ma vie, et sans doute pour la dernière, je vis le thermomètre baisser rapidement de plusieurs degrés quand on en C. R., 1870, 2= Semeitre. (T. LXXI, N» S.) 4^ ( 326 ) tenait la boule enlre les doigts ou quand ou la mettait dans la bouche. Iv'instrument n'étant pas gradué au delà de 4i degrés, je ne pus, à mon grand déplaisir, prendre la température en plein soleil; mais il me semble qu'elle ne devait que |)eu dépasser le maximum obtenu à l'ombre. » A partir de 2 heures, la chaleur commença à diminuer; à 4''3o'", la température n'était plus que de 39°,2 à l'ombre; mais au soleil, le mercure montait encore à /io"i9- A 5 heures, le vent sauta brusquement du nord-est au sud-ouest; de légers nuages envahirent le ciel et voilèrent momentané- ment le soleil, et des raffales d'un vent relativement frais firent descendre le thermomètre à 35 degrés. Pendant la nuit, le tonneire gronda fréquem- ment, mais il tomba à peine quelques gouttes de pluie. Le aS, le vent con- titniait à souffler du sud-ouest, le ciel était, par moments, nuageux ; le maxi- mum ne dépassa pas 29 degrés. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur le régime pluvial des Alpes françaises. Note de M. V. Raclin, présentée par M. Le Verrier. « Dans deux Notes sur le Réc/ime pluvial du bassin occidental de la AJéditer- ranée, et sur le Régime pluvial de l'Algérie^ publiées en 1868 et 1869, j'ai avancé que, dans l'Europe septentrionale et médiane, etc., en Sibérie jus- qu'au Kamtschatka, il y a, pendant les trois mois d'été, mie prédominance des pluies d'autant plus marquée, qu'on s'avance davantage vers l'est; et j'ai établi que, dans la région méditerranéenne, il y a au contraire pénurie de pluies pendant la même saison. » Il était intéressant de rechercher quel est, en France, le régime pluvial de la chaîne des Alpes qui sépare les deux grands bassins orographiques de l'Europe septentrionale et de l'Europe méridionale: c'est ce que j'ai pu faire au moyen surtout des observations du service des Ponts et Chaussées, que les ingénieurs en chef des départements alpins ont bien voulu me com- muniquer : M^L Du Moulin, pour Chambéry; Gentil, pour les Hautes- Alpes; Monnet, pour les Basses-i\lpes; Forestier, pour l'Ardèche, et Hardy pour la Drôme. Feu Viard ayant rassemblé, en i855, les éléments d'un travail sur la météorologie des Alpes, j'ai trouvé la plupart des documents relatifs à l'Isère, dans les manuscrits déposés à la Faculté des Sciences de Montpellier. Le surplus a été emprunté à diverses publications. » On aurait pu croire, à priori, que le régime septentrional, à pluies d'été, si bien établi dans la plaine de la Suisse, à Zurich et à Genève, à Chambéry et même dans la Maurienne, à Grenoble et àI>yon, et aussi dans (327 ) la vallée du Rhône, jusqu'au confluent de l'Isère, d'une part; et dans la plaine lonibardo-vénitienne, de l'Adriatique jusqu'au delà de Milan et Turin, d'autre part; que ce régime se serait continué dans les hautes mon- tagnes également froides de la partie occidentale des Alpes, qui du mont Blanc s'avance au sud jusqu'à TNice et Draguignan. Mais il n'en est rien, comme l'établissent les deux tableaux ci-après. » Dans les hautes soaunités septentrionales, au grand Saint-Bernard, le régime méditerranéen est fortement accusé : les pluies d'été n'y sont guère que les deux tiers de celles du printemps, qui l'emportent un peu sur celles d'automne: et cette pénurie d'eau atmosphérique en été va en s'accen- tuant davantage, à mesure que de cette station septentrionale on se rap- proche davantage de la Méditerranée, excepté dans la vallée du Drac, à La Mure-et-Corps, où les pluies d'été ne sont pas de beaucoup inférieures à celles du printemps. » Dans les Hautes-Alpes, à Briauçon, les pluies de printemps très-pré- dominantes l'emportent presque au double sur celles d'été. Dans les autres stations, à Embrun, Gap et Serres, et aussi à Die, dans la Drônse, les pluies d'automne atteignent en moyenne une hauteur double de celles de l'été. » Dans les Basses-Alpes, à Barcelonnette, Digne, Manosque et Castel- lane, la différence entre les pluies d'été et d'automne devient encore plus grande. Elle se poursuit sur les plateaux du Var à Régusse. » Sous le rapport de la quantité annuelle de pluie qui arrive moyenne- ment sur le sol, dans les Alpes françaises, il y a de grandes différences entre les diverses stations. Celle du grand Saint-Bernard, la plus élevée, reçoit la plus grande quantité d'eau. Dans la Savoie et l'Isère, dans les Hautes-Alpes et aussi dans les Basses-Alpes, la quantité, beaucoup moins considérable, va en général en augmentant à mesure que les stations sont moins élevées; tout aussi bien de la Maurienne à Chambéry et Grenoble, que de Briançon à Die et Valence (Drôme), et de Barcelonnette à Régusse (Var), ainsi qu'on peut le voir en consultant la colonne des quantités annuelles du premier tableau. » Ainsi, tandis que, dans les Pyrénées, la quantité annuelle d'eau atmo- sphérique va en augmentant avec l'altitude, c'est plutôt (à l'exception du grand Saint-Bernard) l'inverse qui se produit dans les Alpes françaises, d'ailleurs beaucoup moins pluvieuses. » 42.. ( 328 ) Tableau comparatif des quantités moyennes annuelles et trimestrielles générales d'eau tombées dans les seize stations des Alpes occidentales. OBSERTATECRS. ALTr- Tl'DES. Grand Saint Bernard. Genève S'-Jean deMaurienne. Chambéry La Mure-et-Corps. . . Grenoble Briançon Embrun Gap Serres Die Barcelonnelte Digne Manosque Castellane Régusse Les Religieux Plantamour Mottard Ponts et Chauss.. Ponts et Chauss.. Demarclii Mines ; hôp. milit Ponts et Chauss., Ponts et Chauss.. Ponts et Chauss.. Ponts et Chauss.. Ponts et Chauss., Ponts et Chauss. Ponts et Chauss. Ponts et Chauss. Gros-Lejeune. . . mot 2.'l9> !\o-j 577 273 913 2l3 870 7/10 662 4i3 1173 (i39 370 78C 5i5 ANNEES d'oliservalion. 1842-60 (iç)) 1826-60(35) 1835-47(1 3) 1839-G9(i/|) 1845-54(10) 1846-54 (9) 1845-69(11) 1858-68(11) 1846-68(1/1) 1857-66(10) 1848-68(21) 1858-66 (9) 1858-66 (9) 1858-66 (9) 1858-66 (9) 1853-66 (i4) 1209, I 82 '1,2 972,0 1060, 1 C83,/| io52,5 535,2 6o3,6 79'), 9 706, /| 732,9 439,7 705,5 632,2 873,4 999,3 3o5,7 •37,9 iS6,i 220,8 127,3 i83,4 75,2 1 10,8 144.9 i35,3 108,8 86,5 144,8 129,3 187,6 211,0 PRIN- TEMPS. 354,8 ■84,9 208,3 2G'|,6 176,0 260,0 '78,7 143,7 201 , 1 166,3 194,8 ■29,' 211,1 161 ,0 239,8 268,8 349,0 222,9 248,2 273,5 i54,8 3i3,6 108,2 126,9 146,3 112,2 171,2 56,3 101 ,0 84,6 1 16,6 129,3 AU- TOMNE. 329,6 278,5 329,5 3oi ,2 225,3 295,5 173,1 222,2 3o4,6 292,6 258,1 167,8 248,6 257,3 329,4 390,2 II. — Tableau comparatif des quantités moyennes mensuelles générales d'eau tombées dans les seize stations des Alpes occidentales. Grand Sain|.-Eernard.. . Genève Saint-Jean de Maurienne. Chambéry La Mure-et-Corps Grenoble Briançon Embrun Gap Serres Die Barcelonnette Digne Manosque Castellane Régusse JANV. FÉVR. MARS. AVRIL. MAI. JDIN. JUILL. AOUT. SEPT. 1 125,1 93,9 96,3 ■35,9 122,6 100,2 75,7 73,1 98,9 '17,8 38,0 3l,5 59,5 83,9 72,7 69,0 81,2 99,9 68,3 75,6 59,4 56,1 92,7 69,3 88,2 90,7 106, 1 80,1 56,1 94,2 79,'! 9',o 90,0 71,0 1.2,5 111,2 46,2 39,3 32,1 76,2 67,7 -19,7 34,1 71,0 66,3 68,8 66,9 5i,o 129,8 79,2 95,7 97,2 120,7 77,9 26,2 26,5 44,6 79,5 54,6 43,3 28,7 36,2 5i,3 45,2 33,1 53,6 37,4 52,7 58,6 3o,8 37,5 72,4 5', 9 35,7 66,9 58,1 76,1 68,3 32,7 45,3 85,6 46,7 4-, 7 68,5 39,3 58,5 60,2 23,5 28,5 100,3 35,9 35,2 46,0 64,5 84,3 64,6 40,2 66,4 Si, 8 27,7 36,4 '17,0 35,7 46,4 17,8 22,0 16,5 57,6 40,4 33,2 75,4 47,' 88,6 5o,i 21,7 29,2 62,4 38,7 40,5 65,6 33,1 62,3 46,1 1 1 ,6 26,9 75,6 65,6 42,4 90,6 45,. 104,1 61,5 '7,9 37,2 78,6 80,8 54,. 97,3 5o,3 121,2 67,2 23,6 38,5 88,2 129,0 100,6 126,3 100,0 93,7 122,7 77,2 88,0 1 5o , 4 '27,9 108,0 60,9 100,4 110,6 i5i i85,.i 101,7 78,0 97,' 90,0 65,3 94,9 44,' 61,8 68,6 64,4 68,3 49,3 85,8 7',' 99,7 116,6 86,4 52,1 42,2 84,6 41,8 47,7 22,5 32,5 57,3 46,9 37,7 22,4 7', 2 5o,i 79,6 76,1 ( 329) PHYSIQUE DU GLOBE. — Sitr un tremblement de terre survenu au Mexique, le 1 1 mai 1 870; par M. Chassin . Extrait d'une Lettre adressée à M. Larrey, présentée par M. Ch. Sainte-Claire Deville. « J'ai la satisfaction de vous annoncer que je suis heureusement arrivé à Mexico, après une brillante traversée; il n'en a pas été de même pour le parcours de Vera-Cruz à la capitale, car, le soir de notre arrivée à Puebla, nous avons été réveillés par un tremblement de terre, qui a eu lieu le I 1 mai à 1 i*" 18" du soir. » 11 fut assez prolongé, car il dura quarante à quarante-cinq secondes; ses oscillations furent tiés-allongées dans le sens du nord-est au sud-ouest, mais sans secousses ni trépidation. La ville et ses monuments eurent trés-peu à en souffrir. L'État d'Oaxaca est la partie du pays qui a eu à ressentir les plus violents effets; la ville du même nom eut plusieurs de ses maisons et églises détruites par la violence du tremblement; le palais du gouverneur dut être abandonné rapidement; il y eut de trois à quatre cents personnes ensevelies sous les décombres, et beaucoup de blessés. » Cependant là encore n'était pas le centre d'action du fléau : c'est à Pochutla et dans ses environs que se sont produits les phénomènes les plus saillants. Je dois à un ami qui était sur les lieux mêmes une relation trés- détaillée de ce tremblement. Je crois qu'elle vous intéressera. » Pochutla est un petit endroit situé dans l'État d'Oaxaca, à 4 lieues de Puerto-Angel, sur l'océan Pacifique. Le 1 i mai 1870, il y avait fait une chaleur étouffante pour ces pays déjà torrides ; le narrateur dit qu'il fut pris d'une suffocation et d'un malaise indéfinissables, ses cheveux se dressaient sur sa tête (cet état électrique n'est pas rare au Mexique) ; il se sentait comme une envie de pleurer, ii ne put faire sa sieste, l'insomnie se prolongea très- avant dans la nuit : c'est elle qui le sauva. » Le 1 1 mai, à 1 1'' 17" du soir, il était à causer avec un ami, une table les séparait, lorsqu'il se sentit soulevé violemment sur son siège, la table fut renversée, la lampe alla rouler an milieu de la salle, tous les meubles furent agités avec fracas; d'un bond il s'élance vers la porte, il ne peut l'ouvrir, le mur s'est enfoncé en perdant son aplomb, les secousses redoublent, il lui est impossible de se tenir debout, du reste il a le vertige (identique au mal de mer). Les oscillations, les secousses, les trépidations se succèdent avec rapidité; ajoutez à cela les bruits formidables qui précèdent et accompa- gnent chaque ébranlement, l'on aura une faible idée de l'horreur de la si- tuation. ( 33o ) « Les détonations souterraines, que l'on pourrait comparer, dit le correspondant, à la dé- cliarge simultanée de plus de cent canons, sont presque continuelles, à tel point que l'on voit bien plutôt les maisons s'écrouler aux pâles clartés de la lune que l'on ne les entend. La notre est là marquée par un monceau de ruines, un être vivant erre sur ces débris : c'est le domestique qui, retiré dans sa chambre, n'a dû son salut qu'à la chute successive des murs qui la formaient. '< Chaque habitant s'éloigne des habitations, car le danger est là, toutes les maisons en pierre ne forment plus que des débriset des ruines. Les maisons ou jacales, faitesde branches de bambous, de palmiers, ont seules résisté. A part quelques hangars, Pochulla n'est plus qu'un amas de ruines : douze minutes avaient suffi pour le détruire. » La chaleur du sol, qui s'augmente à chaque instant, au point de nous faire craindre la formation d'un cratère, le danger des crevasses nous obligent à chercher un lefugc sur un rocher qui est à quelques cents mètres de la place ; presque toute la populati(m y a passé la nuit. C'était un spectacle bien pénible que celui des mères comptant leurs enfants, des pères courant après les absents, des vieillards fuyant à pas lents im sol qui manquait sous leurs pieds. Ils étaient tous frappés d'épouvante et de stupeur en présence de ce grand cataclysme ; on ne pensait pas encore à pleurer les absents et la perte de ce qui avait été le foyer et le refuge de la famille. » La nuit fut horrible, elle se passa dans des angoisses poignantes. Le 1 2 et le 1 3, les mou- vements tumultueu.x du sol furent incessants. Les grondements étaient continuels; on pou- vait à peine marcher en s'accrochant à un arbre, à une pierre, au sol lui-même. Personne ne cherche d'abri : les jacales sont balancés sur leurs quatre pieux par une force invisible, mais irrésistible. » La chaleur est accablante, l'atmosphère est lourde, on respire avec peine, un léger brouillard en trouble la transparence; à l'horizon, on voit comme une bande légère qui s'il- lumine de temps à autre de lueurs étranges, rougeàtres, qui durent quatre à cinq secondes, on croirait à une aurore boréale pendant ces deux jours; l'on a très-peu pensé à satisfaire son ajipétit, peu de personnes ont pris du sommeil. » Le i4 mai, il tremble un peu moins, l'on peut marcher. Quchjues individus s'aven- tuient dans leurs maisons de bambous, il arrive des nouvelles du dehors. Un habitant de Puerto-Angel dit que le chemin est à peine praticable, à cause des pierres soulevées et de celles qui se sont décrochées du flanc des montagnes. » Le i5, il tremble encore, mais moins fort. Quelques Indiens nous portent la nouvellede la destruction presque totale de IMiahuatlan, ils disent également que le chemin est entière- ment encombré de pierres détachées du flanc des collines, lesquelles sont fendillées en tous sens, laissant échapper à chaque instant une ou plusieurs pièces de roche, qui vont obstruer la route ou rouler au fond des ravins. Ces brfives gens disent qu'il pleut des pierres, la cir- culation est devenue périlleuse. » Le 16, il a tremblé plusieurs fois la nuit et le jour, mais avec moins de violence; ce- pendant il y a toujours trépidation et production de bruits souterrains. Ceux-ci vont en s'affaiblissant, pour se reproduire ensuite comme des coups de piston d'une inuuense machine à vapeur. C'est alors que le sol soulevé représente bien le fonctionnement d'une soupape de sûreté. D'autres fois, ces sourds grondements ont l'air de se produire dans une immense ca- verne creusée sous nos pieds, prête à s'effondrer. ( 33i ) » Le 17 mai, à 4 heures de l'après-midi, il n'y avait eu que trois épouvantables secousses précédées et suivies de ces grognements horribles et sonores se terminant parfois en sourds gémissements, semblables à la plainte qu'arrache la fatigue. L'état général est moins mau- vais que les jours antérieurs, le moindre bruit, une pierre qui se détachait, le hennissement d'un cheval, n'importe quoi, suffisait pour donner l'alarme. La tension électrique diminue. » La nouvelle de la destruction d'Ocotlan nous arrive; il y a eu quelques morts et des blessés. Lasiclia, à i5 lieues d'ici, n'est plus qu'un monceau de ruines : 2 morts, quelques blessés. » Les changements produits dans l'intérieur et à la surface du sol sont les suivants : la lagune de Chicagua a disparu entièrement par une immense fissure, laissant à sec poissons et caïmans. A Cayula, il y a apparition de sources nombreuses qui ne tarderont pas à former un lac étendu. Près de Puerto-Angel, un torrent à sec s'est rempli d'eau courante; cela s'est produit également dans d'autres endroits. A Pochutla, un puits desséché depuis longtemps s'est rempli d'eau, il sert aujourd'hui aux besoins de la localité. A Tanameca, il s'est formé un lac. A Huatalco il est apparu une source d'eau chaude ; le sol environnant est brûlant. Un Indien qui fut visiter sa famille au village de Nahuatla n'y trouva que des ruines; les habi- tants avaient fui. » Le 18 et le ig, il a tremblé très-fort avec trépidation et bruits sourds et prolongés. Le -.^.G, il n'y a plus rien eu. » M. JoccLET adresse une Note relative à un procédé destiné à empêcher la transmission des maladies, par l'arrêt des poussières en suspension dans l'air. Une idée émise par M. Tyndall a conduit l'auteur à faire des expé- riences avec des respirateurs de coton, ne laissant arriver l'air sur les lèvres ou dans les narines qu'après l'avoir tamisé au travers d'une mince couche d'ouate. Ces expériences, commencées depuis (rois mois, semblent indi- quer que c'est là un moyen efficace pour combattre l'anémie des mineurs, les maladies si fréquentes dans les ateliers oii l'on travaille le plomb, le cuivre, le mercure ou le verre. MM. Wallée et BnACHET adressent une Note relative à un « Régula- teur automoteur électrique ». M. Delaurier adresse des remarques concernant une Note récente de M. F. Lucas, sur la possibilité d'obtenir des signaux de feu d'une grande portée. M. Pionnier adresse un travail intitulé : « Le compte du temps ». A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 6 heures im quart. D. ( 332 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQITE. L'Académie a reçu, dans la séance du i*"^ août 1870, les ouvrages dont les titres suivent : Direction générale des forets. Météorologie joreslière, année 1869. Br. in-8°. (aS exemplaires. ) Dialogues sur la Mécanique; par M. PlARRON deMondesir. Paris, 1870; in-S». Travaux du Conseil d'hygiène puhlitjue et de salubrité du département de la Gironde pendant l'année i86g, t. XII. Bordeaux, i87o;in-8°. Le cercle releveur ou graphoniètre-planchette-boussole-niveou. Proposition d'un nouvel instrument de géométrie réunissa)il tous les autres; par IM. J.-A. LouRAU. Pau, 1870; in-8°. Société de Médecine légale de Paris, fondée en 1868. Bulletin, t. I, fasci- cule 2, 1870. Paris, 1870; in-8°. Armes de guerre et bâtiments cuirassés; par M. L. Figuier. Paris, 1870; grand in-8'' illustré. (Extrait des Merveilles de la Science.) Proceedings... Procès-verbaux de la Société royale de Géograplde, t. XIV, n° II. Londres, 1870; in-8''. Proceedings... Procès-verbaux de la Société mathématique de Londres, n°' aS et 26. Londres, sans date; in-8°. Estudios... Eludes analytiques sur la trisection de l'arc et résolution pra- tique de ce problème; par MM. J. Lacheuz et i. Otoun. Madrid, 1870; br. in-8°. Nederlandscli... Archives botaniques néerlandaises rédigées par MM. Su- RINGAR e< Cop, t. IV, 4* fascicule. Leeuwarden, 1870; in-8". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. •-»»»« SÉANCE DU LUNDI 8 AOUT 1870, PRÉSIDÉE PAR M. DELAUNAY. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. I.E PaiêsiDENT informe l'Académie que sa prochaine séance aura lien le mardi 16 août, au lieu du lundi i5. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Relation entre les chaleurs spécifiques et les coef- ficients de dilatation d'un corps quelconque ; par M. Phillips. « Le Mémoire très-intéressant de M. Massieu, au sujet duquel un Rap- port de MM. Regnault, Combes et Bertrand est inséré dans les Comptes rendus du 25 juillet, donne lieu à une conséquence qu'il me parait ulile de mentionner. » Conservons les notations du Rapport. On a, H désignant la fonction caractéristique du corps, d\\ = Sdt -+■ Kpdv, d'où » De plus, k et k' étant les deux chaleius spécifiques, la première à C. R., 1870, a" ifmcs^re. (T. LXXI, N» G.) 4^ ( 334 ) pression constante el la seconde à volume constant, (a) a = t' "" [dm (Il (h dVi di>' //=T d'E et » Le coefficient de dilatation ê à pression consfanto, ou - ^» esl (4) 6= ■ I dii di' 1 dt dv dv' » Enfin, le coefficient §' que M. Massieu a appelé coefficient de dilala- I 1 1 dp tion a volume constant, itl qui n est autre que — h? est ' ^ ^ p dt (5) 6' = dm dtdv dE ' » Éliminons, entre les cinq équations (i), (a), (3)., (4), (5), les quatre dé- d^n dm d^'v df ' dtdv^ dv^ "' di> rivées partielles, ^—5 -^-5 — nr et -r-> ce qui se tait tres-simpiement. Il vient alors (6) A-- A'= ASê'pcT, qui est une relation simple entre les chaleurs spécifiques et les coefficients de dilatation d'un corps quelconque. » Dans le cas d'un gaz permanent, on a /7i' = RT et A-A'=AR, et la formule (6) devient (7) et, en effet, on a, dans ce cas, ê = ^ et g' — • » T ( 335 ) SYSTÈME MÉTRIQUE. — Sur la division décimale du quadrant; par M. A. d'Abbadie. « Deux Lettres que j'ai reçues sur la division décimale des angles m'ont paru assez intéressantes pour que j'en transmette des extraits à l'Aca- démie. )) La première est de M. Radau, qui m'écrivait en juin dernier de Berlin. Après m'avoir appris que M. Fôrster, directeur de l'Observatoire de cette ville, et qui y préside à la Commission du mètre, est tout à fait partisan de la division décimale du quadrant, M. Radau ajoute : « Les objections de MM. Wolf et Yvon Villarccau me semblent inutiles, car la seule raison sérieuse qui puisse être donnée en faveur d'une réforme des divisions du cercle, c'est la simplification des calculs numériques. Or le quadrant est l'unité inévitable ])our les calculs numériques : c'est l'unité des Tables de logarithmes, et la seule qui soit naturelle. Ce serait étrange s'il fallait d'abord retrancher o,25 de o,3i884 avant de prendre dans les Tables le sinus de l'angle oi,3i884 ou bien s'il fallait retrancher o,3i884 de o,5o, la circonférence étant l'unité. Au contraire, avec le quadrant pris pour unité, on n'aurait plus qu'à consi- dérer les décimales, puisque, dans ce cas, sini,35o= coso,35o sin2,35o= — sino,35o sin 3 , 35o = — cos o , 35o sin4,35o= sino,35o Il D'ailleurs l'application à la géographie exige la division décimale du quadrant, puisque le méridien est déjà divisé en quarante millions de mètres et non pas en dix millions. C'est là un point sur lequel vous auriez dû appuyer. La définition du mètre est la division déci- male du quart de la circonférence terrestre. Avec la même 'division appliquée aux latitudes, on aurait inunédiatement la différence de latitude en kilomètres. » » La seconde Lettre est du célèbre directeur de l'Observatoire de Greenwich : " Quant aux divisions décimales de l'espace et du temps, je ne les patronne pas beaucoup, non parce que je ne leur fais pas bon accueil, mais parce qu'il est, à mon avis, impossible de les conserver en usage généralement, et parce /pie celui qui soutient des projets inefficaces ressemble au défendeur d'une forteresse ouverte. Cependant, on peut voir mon grand res- pect pour une division décimale, dans le fait qu'en effectuant mes réductions lunaires (la plus grande réunion de calculs qu'on ait jamais entreprise en astronomie), j'ai employé exclusi- vement la division décimale du quadrant. En outre, je m'en suis servi, il y a longtemps, dans mes investigations sur la masse de Jupiter, où il fallait calculer des lieux de son qua- trième satellite. Mais il ne convient pas de s'essayer à imposer ces choses à l'humanité en général. Que chaque savant emploie la division qui va le mieux à son but. Quand je faisais 43.. ( 336 ) une enquête sur les poids et mesures, je reçus d'un homme pratique une remarque qui me frajipa beaucoup : <• Autant de fois qu'un savant pèse Jupiter, on mesure, dans les mesures » vulgaires, assez de blé pour faire la masse de Jupiter. » Ceci est un peu exagéré, mais il y a de la vérité au fond. » » Malgré l'autorité qu'inspirent, à tant de titres, les opinions de M. Airy, je suis persuadé qu'il serait encore plus favorable à la division décimale du quadrant, s'il avait assisté en France à l'adoption de la très-majeure partie de notre système métrique. Les deux exemples personnels qu'il veut bien citer montrent qu'un calculateur sagace préfère la division décimale quand il s'agit d'un travail considérable. Les facilités que M. Airy s'est ménagées pour ses réductions existent aussi en détail, et on les augmenterait encore si l'on observait aussi décimalement, après avoir ainsi divisé tous les instru- ments qu'on fera dans l'avenir pour l'usage des observatoires. » Les objections qu'on oppose, en les exagérant, à l'usage d'une divi- sion contenue implicitement dans la définition légale du mètre n'existent que poiu' une très-faible partie dans l'arrangement des Tables astrono- miques. On venl en jouir sans aborder l'immense travail de les fonder; peu d'astronomes consentent mêiue à en calculer les résultats, et ce travail est confié à un nombre fort restreint de calcidateiirs, auxquels mi changement de divisions importe assez peu. Mesera-t-il donc permis d'espérer que notre laborieux et savant confrère M. Delaunay adoptera la division décimale dans ses Tables de la Lune, que tout le monde attend avec tant d'impa- tience? » PHYSIQUE. — Sur la délcnniualioit du rapport des deux chaleurs spécifiques des gaz; par MM. Jamin et Richard. « Lorsqu'on fait passer lui courant électrique dans une résistance placée à l'intérieiu' d'iui récipient rempli de gaz, il se dégage, par unité de temps, une quantité de chaleur représentée par la formule Q = RrP. Cette cha- leur élève la températiu'e du gaz, et l'on peut constater réchauffement produit soit en laissant le gaz se dilater librement à la pression atmosphé- rique et en mesurant la variation de son voliune, soit en maintenant son volume constant et en mesurant sa variation de pression. Nous avons pensé que des expériences établies dans ces conditions pourraient présenter quelque intérêt. » Supposons la pression constante; soient V le volume du gaz, P son poids, C sa chaleur spécifiqtu> à pression constante; si l'on doiuu' au gaz la ( 337 ) quantité de chaleur Q, la température s'élèvera de A, et l'on aura Q = PC AT. Soient AV sa variation de volume et a le coefficient de dilatation, on a Va d'où , , „ PCAV (0 Q = T-v- » Comme P = VD, on a a ce qui fait voir que la variation de volume est indépendante du volume de l'appareil, et il en est ici comme pour le thermorhéomètre de M. Jamin. 1) Supposons maintenant le volume constant et la pression variable, on aura comme précédemment Q = PCAt', C étant la chaleur spécifique à volume constant. » Mais M' = --» Ha donc )) Si les deux quantités de chaleur Q sont égales, c'est-à-dire si l'on a employé le même courant pendant le même temps, on aura AH V-^/' c AV )) L'appareil que nous avons employé se compose d'une grande cloche de 6o litres de capacité qui vient se placer exactement dans ime gouttière circulaire pratiquée dans le support sur lequel elle repose. On rend la fer- meture hermétique en versant dans la gouttière une quantité cotjvenahle de mercure. L'appareil calorifère est formé d'une résistance de fil de laiton ou de platine qu'on a tendue à l'intérieur de la cloche sur des fils de soie collés sur le verre par leur extrémité. » Le support est percé de quatre ouvertures. Les deux premières servent à introduire le gaz dans l'appareil et à le vider; une troisième établit la ( 338 ) relation avec un petit manomètre à eau de faible section ; la quatrième, qui est très-large, communique, au moyen d'un robinet à large section, avec un gazomètre analogue à ceux des usines à gaz. Si l'on veut opérer sur des gaz secs, on remplace l'eau du réservoir par de l'huile ou de l'acide sulf'u- rique; le poids du liquide déplacé par l'enveloppe du gazomètre était équi- libré par une longueur convenable de chaîne enroulée sur la poulie d'une machine d'Atwood, afin de donner plus de sensibilité à l'appareil. Enfin, la chaîne était terminée par un contre-poids portant un index qui indiquait les variations de volume sur une règle divisée. L'appareil étant bien équilibré, lorsque l'on fait passer un courant dans la cloche, on voit le gaz se dilater, l'index du gazomètre descendre, tandis que le manomètre n'indique aucune variation de pression. » Pour faire l'expérience à ])ression constante, on fait passer le courant pendant une minute, en notant toutes les cinq secondes la position de l'index du gazomètre; on interrompt alors le courant, on observe la des- cente de cinq secondes en cinq secondes, et l'on construit ime courbe qui permet de faire la correction du refroidissement. » Lorsqu'on veut faire l'expérience à volume constant, on commence par faire sortir un peu de gaz, afin de commencer l'expérience à une pres- sion inférieure à la pression atmosphérique; dans ces conditions on n'a pas à craindre que la cloche se soulève par suite de l'augmentation de pression; on opère exactement de la même manière que précédemment. » Dans la formule (3), on peut remplacer la variation de volume — A H' par une variation de pression -= — En effet, à la fin de l'expérience le vo- lume est V-(- AV, la pression est H. Si l'on voulait le ramener au volume V, la pression serait H 4- AH', de sorte que l'on aurait, d'après la loi de Ma- riotte, (V + AV)H = V(H-4-AH') ou AH' _ AV "h" "■ T ' de sorte que la formule (3) deviendrait » Celte valeur AH' serait donnée par le manomètre; l'index du gazomètre ne donne qu'une quaiitilé proporlioniielle, mais il est facile de (iélcM-niiner ( 339 ) le coefficient de proportionnalité, comme on le fait pour le voluménomètre de M. Regnault. » Nous avons trouvé dans nos expériences 1,67 comme moyenne d'un grand nombre de déterminations. » Lorsque nous opérons à volume constant, nous commençons par faire sortir du gaz de la cloche, de sorte que le poids P n'est pas le même dans les deux expériences. La formule (Zj) devient £ _ P' AH C ~ p" ÂlP ■ » lùi correction est facile à faire; les poids P' et P sont entre eux comme les pressions ; dans l'une de nos expériences, la pression atmosphérique étant 758 millimètres, la pression du gaz était 758 millimètres diminuée C d'une colonne d'eau de 186 millimètres. Dans le cas, le rapport p7doit être diminué de 0,017 ''^ ^^ valeur. » Voici quelques-uns des résultats que nous avons obtenus pour l'air sec, l'acide carbonique et l'hydrogène: Jir sec. AH AV AH' C C 186 166 i34. 94 82- 217 '97 ■ 59 1 1 1 96 129 .18 95 66 57 Moyenne 1,42 i,4o ■'39 1)4' 1,42 .,4, Acide carbonique. l52 192 ii5 i,3i 1 12 142 85 1 ,3o 214 i58 280 2o3 .67 121 Moyenne 1,28 '.29 1.29 Hjdrogèn, e. 174 256 •202 3o3 121 181 i,4i 1,42 172 2o4 122 1,40 Moyenne i,4i ( 34o ) » Pendant la dilatation à pression constante, une partie dn gaz passe dans le gazomètre, de sorte que la chaleur en échauffe une masse constam- ment décroissante; mais il est facile défaire celte correction, qui, du reste, n'influe pas sur le chiffre des centièmes, et nous ne voulons pas aller plus loin dans cette Communication, que nous regardons comme un premier essai. » M. Akin, dans le Pliilosophical Magazine de 1864, p. 34 1, avait pro- posé le mode d'échauffement par le courant électrique pour mesurer la chaleur spéciBque des gaz à volume constant. Le procédé qu'il indique est d'abord peu pratique, et, de plus, il est impossible de mesurer la valeur absolue de la chaleur spécifique à volume constant par la méthode précé- dente. En effet, une partie seulement de la chaleur cédée par le fil sert à échauffer le gaz, l'autre se perd par rayonnement comme si la résistance était placée dans le vide. De sorte que si l'on calculait la chaleur spécifique au moyen d'une des formules (i) ou (2), on obtiendrait un nombre trop fort. Dans l'une de nos expériences à pression constante, nous avons trouvé pour chaleur spécifique de l'air 0,409 au lieu de 0,23^, ce qui donne, pour la fraction de chaleur perdue par rayonnement, o,425. » Cette quantité de chaleur perdue par rayonnement dépend de l'excès de la température du fil sur celle de l'enceinte. Il importait de vérifier que cet excès reste très-sensiblement le même quand on échauffe le gaz à pression constante ou à volume constant. A cet effet, nous avons divisé notre courant en deux parties, la première passait dans la cloche, la seconde dans une résistance égale, maintenue à une teiii|)éralure constante au moyen d'un courant d'eau froide et dans un rhéostat à fil de platine; un galvanomètre différentiel indiquait l'égalité. Lorsque le fil de la cloche s'chauffc, sa résistance augmente, et, pour rétablir l'équilibre, il faut une certaine longueur du rhéostat. Dans nos expériences, un millimètre du rhéostat correspondait à ^^^ <^6 degré. Avec une pareille disposition, il était facile de mesurer la température finale du fil et d'étudier son mode d'é- chauffement. Nous avons constaté d'abord que l'état stalionnaire est atteint au bout de cinq secondes environ. Dans les expériences que nous venons C de décrire pour mesurer — » il ne faut donc pas tenir compte de la pre- mière et de la dernière observation. On trouve ensuite que l'excès est le même, qu'on opère à pression constante ou à volume constant. » Nous avons i)U de cette manière mesurer les températures finales des ( 34i ) fils plongés dans les différents gaz, et nous avons vérifié que les excès sont projjortionnels au carré de l'intensité du courant, ce qui est indiqué par les lois de Joule. Nous avons observé diverses particularités remarquables. Par exemple, pour l'air sec et l'air humide ou chargé de vapeurs de ben- zine, nous n'avons pas trouvé de différences bien marquées, soit pour la température finale du fil, soit pour la quantité de chaleur perdue par rayonnement lorsqu'on emploie une même intensité de courant et une même résistance. » Ces résultats, ainsi que d'autres qui sont en préparation, seront pro- chainement connnuniqués à l'Académie. » PHYSIQUE. — Réplique aux Notes publiées par M. H. Sainte-Claire Deville le \ S juillet dernier; par M. J. Jamin. « Je demande à l'Académie la permission de répliquer brièvement aux deux Notes que M. H. Sainte-Claire Deville a insérées dans le Compte rendu du i8 juillet dernier. Ces Notes, qui témoignent d'une vive irritation, con- tiennent des critiques de détail, des discussions grammaticales, des insi- nuations contre ma bonne foi, et se terminent par lui rappel vigoureux au respect que je dois à l'âge et au mérite de M. H. Sainte-Claire Deville. Ce sont des arguments auxquels je ne répondrai pas un seul mot. Je ne revien- drai pas davantage sur l'analyse et la critique que j'ai données du Mémoire publié par M. H. Sainte-Claire Deville eu 1860. Je maintiens mon opinion tout entière, et je persiste à penser que ce travail n'a pas jeté sur la science la lumière que son auteur suppose. Toutefois je ne continuerai pas la discussion sur ce point: je ne le ferais que si j'y étais ramené par la con- tinuation de mes travaux; mais je viens défendre les idées que j'ai récem- ment exposées. Je le ferai avec calme et bonne foi, sans sortir de la ques- tion scientifique, qui, seule, intéresse l'Académie. » Je rétabhrai d'abord les termes du débat : » Si l'on mêle à t^ un poids e d'alcool avec un poids a = 1 — s d'eau, le mélange prend la température t-\-Q. 0 est-il constant rpiel que soit ^? Non. Peut-on trouver une relation entre la température t des éléments et la tem- pérature f + 0 du mélange? Je réponds oui, et j'établis cette relation comme il suit. » A la température de la glace fondante, le poids £ d'alcool contient une quantité de chaleur Ae, inconnue, mais déterminée; chauffe-t-on ce corps C. R., i8;o, 2» Semeurc'. (T. LXXI, N" G.) 44 ( 342 ) à t degrés, il absorbe zct et contient 7 = As + îct (*). De même, le poids a d'eau contiendra ç'= A'« + ac't; de même aussi le mélange des deux liquides, dont le poids est égal à l'unité, renfermera, à sa température de formation t + Q, ç"=A"+ 7(^ + 0). » Je fais maintenant cette hypothèse que le mélange contient, à / -+- 6, la iiiérne quantité de chaleur que ses élémenls à t, c'est-à-dire que q" ^ q -{- q\ ce qui donne, en représentant par y, la chaleur spécificjue moyenne £C + ac' des deux liquides, 7(< + 0) - 7,« = As-f-A'a — A"; A et A' sont constants; A" varie avec les proportions du mélange. Ac + A'« — A" est donc une quantité absolument inconnue et variable avec £; elle n'est pas déterminée, et par conséquent l'équation précé- dente ne permettra pas de calculer la valeur de 0 pour des valeurs quel- conques de c. » Mais si £ est constant, c'est-à-dire s'il s'agit d'un mélange eu propor- tion déterminée, et qu'on ne fasse varier que sa températuie t, alors le second membre est constant; il suffit de le déteruiiner une fois pour toutes, au moyen d'une expérience unique, jiar exemple en faisant le uiélange à zéro, ce qui donne un réchautfement 9,,, et l'on a 75,, = A£ + A'a — A". Par suite, l'équation devient (1) 7(^ + 5) -7,/ = 7^0 = M. {*) Désignons par m -f- nt ]a chaleur spécifique élémentaire de l'alcool, (jiii est, comme on le sait, égale à -j-- lui intcyrant 011 acira la chaleur totalr contenue dans le liquide on Il ^- q = ml -\ h A. 2 m H est ce qu'on noinnie la chaleur spécifi(|ne moyenne, c'est-à-dire c; A est la cons- 2 tante introduite ])ar l'intégration, c'est la valeur de ij quand / = o. ( 343 ) » Il est bien évident que 5o, et par suite M, change avec e, qu'il ftiut le mesurer pour chaque mélange, et que le résultat obtenu pour l'un d'eux ne se lie pas à celui qui convient à un autre. » Une fois qu'on connaîtra 9„ pour un mélange donné, on poiu-ra cal- culer les réchauffements 0 qui se produiront quand ou fera ce même mélange à des températures quelconques t. On voit de suite que 0 dimi- nue, devient nul et négatif à mesure que t augmente. » Tel est le résumé du problème simple et bien défini que j';ii soumis à l'Académie. Examinons maintenant les objections qui m'ont été faites. » Dans sa première Note, M. H. Sainte-Claire Deville ne fait aucune dis- tinction : mon équation est une identité; elle ne peut rien prévoir, rien calculer. Après que j'eus montré qu'elle explique, prévoit et calcule les températures t -h & que prend un mélange fait à diverses températures t, il distingue deux cas : le premier, qui s'occuperait de tous les mélanges à la fois et les embrasserait dans une théorie commime; le second, qui examinerait chacun d'eux l'un après l'autre et calculerait les valeurs de 0 en fonction de 6„. » Ma critique, dit-il, ne porte que sur le premier cas, le seul inté- » ressaut, » et il démontre aisément que ma formule ne le résout pas, parce que le deuxième membre est indéterminé : c'était évident. Je ne l'ignorais pas. Je réponds donc à M. H. Sainte-Claire Deville que sa critique porte sur un cas que je n'ai jamais songé à traiter, et qu'elle est sans objet. Il ne faut pas me prêter des intentions contraires à l'esprit et à la lettre de ma Note, pour se donner le plaisir facile de les réfuter. » Ce cas écarté, j'arrive au second, qui a fait exclusivement le sujet de mon travail, et que mon contradicteur déclare tout résolu et bien connu. Il critique d'abord ma démonstration, et il en propose une autre. Or j'ai montré, et je maintiens, que M. H. Sainte-Claire Deville fait un raisonne- ment incomplet, qui ne peut conduire à aucune équation. Il affirme qu'en écrivant y{t -+- 6) — y, t = (y — 7i)^ + yO , il a voulu simplement dire y{t -+- ô) — Y,^ ou {y — y,)t -h yO : soif. Mais, pour faire une équation, il faut deux membres : le premier est -/[t +■ Q) — ytt: où est le second? Je demande qu'on me le montre; je ne le trouve ni explicitement, ni implici- tement exprimé; je ne le trouve pas dans le raisonnement, et je défie qu'on l'y trouve. Je prie les personnes que cette question intéresserait de relire le passage que je signale (Comptes rendus, t. LXX, p. 1579). Elles reconnaîtront l'exactitude de mes assertions. » Au reste, tout eu maintenant que sou raisonnement est inattaquable, 44- ( 344 ) je soupçonne que M. H. Sainte-Claire Deville en a reconnu \o défaot; car, tians sa dernière Note, il change sa démonstration. Pourquoi le ferait-il, si la première était bonne? pourquoi ajouterait-il un deuxième membre à son équation s'il ne l'avait oublié une première fois? Malheureusement cette deuxième tentative est aussi infructueuse que la première, ainsi qu'on en va ju£;er. Je transcris textuellement [Comptes rendus, t. LXXI, p. 2o3, en note) : • Prenons deux vases imperméables à la chaleur, contenant l'un une quantité donnée d'ean, l'antre une (juanlité i — e =r « d'alcool, et tous les deux à zéro. En les n)élangeant, nous obtiendrons de l'alcool étendu à 6„ degrés. Prenons deux autres vases contenant les mêmes quantités e d'eau et i — s d'alcool encore à zéro. Ajoutons une même quantité de chaleur au mélange à 6„ et aux éléments de ce mélange à zéro. I>a température du mélange deviendra ^4-9 (notatiou de M. Jamin), et la température commune des éléments séparés deviendra t. La chaleur spécifique 7 du mélange et la chaleur spécifi([ue moyenne 7, des éléments sont invariables par hypothèse; on aura, d'après le principe même qui a servi à calculer ces chaleurs spécifiques {t-h9 — 6,)y=y,t. Cette équation se vérifiera toujours, quel que soit /, et |)ourra servir à calculer l'une des quantités qui y entrent en la prenant pour inconnue. On en tire 7(<-f-9) — y,t, c'est-à-dire (7 — 7,) / 4- 7S = 79, = M. Or 79(1 est constant ; donc M est constant, quel que soit t, pourvu que £, 7 et 7, soient cons- tants. C. Q. F. D. » » Analysons ce raisonnement. On mêle les deux corps à zéro, ce qui élève la température jusqu'à do; puis on donne an mélange une quantité de cha- leur y,t, ce qui le chauffe jusqu'à t-^0. Ainsi, c'est à zéro, et toujours à zéro, que le mélange est formé; ce n'est j)as à f°. Or luie équation ne con- tient que ce qu'on y met, et, pui.squ'on n'y fait pas entrer la condition que le mélange est formé à t", on ne peut en tirer l'élévation de température qui en résidterait. » Que faut-il trouver? la température t -i- & que prend le mélange quand on le forme avec des éléments pris à i°. Que trouve M. II. Sainte- Claire Deville? la température t + 0 que prend le mélange formé à zéro. Quand on lui foiu-nit une chaleiu- y,t, 0 n'est pas le même que 0. M. H. Sainte-Claire Deville a confondu deux choses essentiellement dis- tinctes. » L'équation de M. H. Sainte-Claire Deville est, comme il le remarque fort bien, une relation évidente et coiniue qui exprime les rapports des échauffements de deux corps quand on leur fournit une égale quantité de ( 345 ) chaleur; elle n'apprend rien sur l'élévation de température 0 que prend le mélange foruié à t°, puisque 6 n'y entre pas. » Que faudrait-il faire? [1 faudrait d'abord chauffer les éléments à /", c'est-à-dire leur fournir luie quantité de chaleur -y, /, puis les mêler, ce qui les porterait à ^î H- 0, et prouver que l'on a y{t-h 0) —7,/ =M. Or M. H. Sainte-Claire Deville ne le fait pas. » Ou bien il faudrait prouver que t+Q est égal k t-\-9, c'est-à-dire qu'un mélange formé à zéro, et auquel on fournit ensuite une quantité de chaleur y,t, s'élève à une températiu-e t -h 0 égale à / + 0, ou à la tem- pérature que prend le mélange quand on le produit avec des éléments pris à t°. Cela est justement ce qui est en question. » Or, puisque cela n'est pas évident, il faut prouver que 0 est égal à 5, ce qui exige qu'on s'appuie ou sur un principe reconnu, ou sur une hypo- thèse. On peut y arriver de plusieurs manières. » On peut y arriver : » Eu supposant, comme je l'ai fait, que le mélange, à la température t -\-Q, qu'il prend au moment de sa formation, contient la même (|uantité de chaleur que ses éléments à t°; » Ou bien en s'appuyant sur lui principe que M. Berfhelot a développé dans ses remarquables études sur la Therniochimie [Annules de Chimie el de Physique, 4*" série, t. VI, p. 292). M. Berthelot suppose que le mélange soit en premier lieu formé à zéro, ce qui dégage une quantité de cha- leur Qo. 11 fait ensuite une autre opération, qui consiste : 1° à élever les éléments à i°, ce qui absorbe y^t^, 2"^ à faire le înélange, ce qui dégage Q^; 3° à ramener ce mélange à zéro, ce qui absorbe y t. Or, dans ces deux opérations, les états initiaux et finaux étant les mêmes, les quantités de chaleur dégagées ou absorbées seront les mêmes, et l'on aura la relation générale Qo = Q<- 7.^ + 7^ = Q^ + (7-7.) ^• Or donc Qo = 7^o> Q« = 7^; 7^0 = 75 + (7 -7,)/. » On pourrait encore raisonner comme il suit : à zéro les éléments con- tiennent une quantité de chaleiu' As + A'a que nous désigiserons, pour abréger, par B. ( 346 ) » En les chaiiffitnt séparément jusqu'à t, ils absorberaient y, <; en les mêlant, ils prendront ou dégageront Q^; ils seront ;W + 0 et contiendront finalement B-t-7, i + Q«. Échangeons l'ordre des opérations : mêlons les corps à zéro, ils prendront on dégageront Q„ et arriveront à ôj ; chauffons-les de Sj, à / + 0, ils absor- beront y(< -I- 0 — S„) et contiendront B + Qo + 7(^ + 0- ^o)- Dans les deux cas ils constitueront le même mélange à / -f- 0; leurs cha- leurs totales seront égales, et l'on en tirera » Or, si l'on admet que les chaleurs dégagées ou absorbées par le mé- lange sont les mêmes à o et à /, ce qui est |)robable, le premier membre sera nul et l'on retombera sur l'équation (i). Réciproquement, si l'équa- tion (i) est vraie, on en conclura que Qf = Qq. On pourrait concevoir, au contraire, que Q< ne fût pas égal à Qo, alors l'équation ne serait pas exacte. » En résumé, de quelque façon qu'on s'y prenne, il faut justifier l'équa- tion (i) par une démonstration qui sera plus ou moins facile, n:ais il faudra en faire une. Dans les cas où cette équation est justifiée, on peut remar- quer que 0 =: 6. C'est une sorte de loi physique qui vaut autant que l'hypothèse sur laquelle elle est fondée, et qui s'énoncerait ainsi : Si l'on échauffe les éléments à /", c'est-à-dire si on leur donne une quantité de chaleur y, ^, et qu'on fasse le mélange, il prend une température f -f- 0 égale à celle qu'il aurait si l'on faisait le mélange à zéro, et qu'on lui fournît ensuite une quantité de chaleur y,/. » Quant à l'importance de cette relation (i),elle n'échappera à personne, elle prouve que si -y et y, sont différents, ce qui est le cas général, la chaleur qui se dégage dans une cond^iiiaison est variable : elle est yôp quand cette combinaison est faite à zéro, elle est y0 quand on la produit à t°. Celte chaleur peut être positive ou négative, grande, petite ou nulle suivant les lempérattires. Elle ne représente pas l'équivalent thermique d'une combi- naison, comme on l'a cru; elle est une fonction compliquée, et jusqu'à présent tout à fait inconnue. On l'a mesurée à la lempéralure ordinaire, la croyant constante; il faut maintenant chercher connnent elle varie avec t pour toutes les combinaisons possibles. » ( -^47 ) MÉMOIRES PRÉSEIXTÉS. ÉLECTRICITÉ. — Nouvelles expériences sur les armatures el le plateau fixe de la machine de Hollz. Note de M. Laborde. (Extrait.) (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) « Les armatures jouent un rôle si important dans la machine de Hoitz, qu'elles méritent une attention particulière. On a déjà remplacé la fenêtre du plateau fixe par un simple trou, traversé par la pointe qui entretient la charge de l'armature; puis on a fixé, sur ce même plateau, une bande d'étain qui le contourne et vient présenter sa pointe au plateau mobile. Cetle pointe a peu d'action sur elle, si elle est collée sur le verre : elle doit s'avancer vers le plateau, dont elle prend l'électricité. )) J'ai adopté une autre disposition, dans laquelle un fil métallique relié à l'armature vient présenter son autre extrémité, non entre les deux pla- teaux, mais au devant du plateau mobile, au lieu de dissimuler seule- ment une partie de l'électricité développée sur la face opposée, il la neu- tralise directement et charge ainsi l'armature. Cette disposition a plusieurs avantages: elle permet de rapprocher les deux plateaux, de taire aux pointes tous les changements exigés par les expériences, et de les mettre plus près de la surface chargée, puisqu'elles n'en sont plus séparées par l'épaisseur du plateau mobile. Cette dernière circonstance facilite la mise en train de la machine. Les fils doivent être recuits, [)Our se prêter à toutes les courbures, et revêtus de gutta-percha, excepté aux extrémités où l'on en laisse quelques centimètres à découvert. Pour les soutenir dans lu posi- tion qu'ils doivent occuper, et afin de les en retirer facilement, on fixe un tube de verre horizontalement auprès de l'armature, et l'on y fait entrer à frottement le fil revêtu de gutta-percha, auquel on a donné d'avance les courbures convenables. » J'ai diminué de moitié, puis des trois quarts, la largeur de l'armature, sans m'apercevoir d'une différence dans la quantité d'électricité produite; enfin, poussant les choses à l'extrême, je l'ai remplacée par un fil de cuivre : tout a marché comme piécédemmcnt, avpc cette différence cepen- dant que, si l'on éloigne les deux plateaux, la quantité d'électricité diminue beaucoup plus qu'avec l'armature ordinaire, et la machine se désamorce facilement. » Pour expliquer l'influence de ce simple fil, qui n'avait pas un millimètre ( 348 ) de diamètre, j'ai supposé que l'électricité dont il était chargé se répandait à quelque distance autour de lui et formait ainsi une armature invisible. En effet, si, pendant le jeu de la machine, on le retire, le dévelop])emont de l'électricité n'en continue pas moins, et, dans l'obscurité, on peut voir le fil revêtu de gutta-percha alimenter, par une aigrette, l'armature invisible. Afin que l'action de cette aigrette ne soit pas trop limitf'e, l'extrémité du iil d'où elle s'échappe doit être un peu séparée du verre. Les bouts opposés de ce fil présentent toujours des signes contraires d électricité : ce que l'on comprendra sans peine, si l'on ne perd pas de vue qu'une pointe donne, mais ne reçoit pas. » Quand on nettoie le verre avec beaucoup de soin, l'armature ne s'y forme que lentement et péniblement; mais, une fois qu'elle commence à se |uoduire son efficacité se révèle promptement : l'humidité de l'air, les cor- [)uscules qui y flottent sans cesse ne tardent pas d'y former une couche à demi conductrice, qui tient lieu d'armature. » Dans la revue scientifique /es Mondes, j'ai fait connaître le moyen de transformer la machine électrique ordinaire en machine de Hoitz; et j'ai expliqué le changement de signes électriques qui se produit sur les con- ducteurs, lorsqu'ils sont unis par un condensateur, ou lorsqu'on ramène le plateau sur lui-même. Ce changement peut avoir lieu égalenieiU lorsque les deux conducteurs sont mis en contact; mais il ne se |U'oduit alors qu'après un grand nombre de tours, et il faut doubler ou tripler ce nombre lorsqu'on éloigne les fleiix plateaux; ce qui prouve bien, ainsi que je l'ai fait remarquer dans la même Note, que l'électricité développée sur le pla- teau fixe prend part à ces changements. » Dans celte machine, le plateau fixe est remplacé par une feuille de verre, appuyée sur la tablette et soutenue à sa partie supérieure par un simple tampon de caoutchouc. Cette disposition rend très-faciles les expé- riences suivantes. M Si, après la mise en train de la niachinc, on enlève le tampon de caoutchouc, la feuille de verre deveiuie libre se [)réci|)ite sur le plateau; lorsqu'on veut l'en séparer, on éprouve une assez vive résistance; pour la mesurer, je me suis servi d'un ressort dont la tension équivalait à 4oo grammes au moment de la séparation. Ce poids ne représente (pi'une partie de l'ai traction totale, parce que le ressort fixé sur la partie supérieure de la feuille de verre agit ainsi à l'extrémité d'un levier. D'ailleurs cette attraction varie beaucou|) pendant le jeu de la machine : elle est à son maxinuun lorsqu'on nuit les deux conducteurs, et elle duninue rapidement ( 349) lorsqu'on les sépare. On l'annule entièrement quand on ramène le plateau mobile sur lui -même. » Si l'on met les conducteurs en contact, l'un avec la garniture inté- rieiue d'une bouteille de Leyde, l'autre avec la garniture extérieure, l'at- traction diminue à mesure que la bouteille se charge, et elle augmente tout à coup après chaque décharge spontanée. Ces expériences prouvent que le plateau prend d'autant plus d'électricité que les conducteurs se déchar- gent plus facilement et plus complètement. » Voici quelques effets d'un autre genre, produits sur le plateau fixe. On saupoudre de fécule ou de fleur de soufre la partie du plateau où la pointe doit former l'armature invisible, armature qui peut s'étendre, ainsi qu'on le verra, à plus de 20 centimètres au-dessus de la pointe. Ou met la machine en mouvement : dès que les conducteurs changent de signe, la fécule est chassée dans le sens du plateau mobile, et fuit conune une onde devant l'armature factice, eu laissant derrière elle une stratification large- ment espacée, qui s'arrondit en ellipse an-dessus de la pointe. Un fragment de coton dans les mêmes circonstances ne glisse pas, mais il roule sur lui- même en fuyant l'armature. j) En saupoudrant le plateau fixe après que le changement de signes électriques s'est manifesté, on obtient de suite une stratification toute dif- férente : elle est comme estompée, et souvent parsemée de disques trans- parents. Elle indique la présence de l'électricité négative et s'étend à 20 ou 7.5 centimètres au-dessus de la pointe. Si l'on a affaire à l'électricité positive, la figure n'est plus la même : elle se compose d'aiguilles serrées les unes contre les autres, ou s'embranchant les unes sur les autres, qui naissent de la pointe et s'élèvent en s'épanouissant jusqu'à 12 ou 1 5 cen- timètres. » « M. Eue de Beaumont présente, de la part de M. Delesse, une Carte litliologique de l'embouchure de la Seine. » Cette carte a été exécutée d'après le système suivi précédemment par M. Delesse. Elle fait connaître la nature minéralogique des fonds recou- verts par la mer, et elle montre comment sont répartis les divers dépôts se trouvant à l'état meuble, ainsi que les roches déjà consolidées qui sont antérieures à l'époque actuelle. La constitution géologique des côtes a d'ailleurs été figurée d'après la carte de la Seine-Inférieure par M. Passy. Il en résulte qu'on peut suivre jusque sous la mer les couches formant les C. R., i8';o, a" Semestre. (T. LXXI, N" C.) 4^ (35o) côtes émergées, et particulièrement celles qui appartiennent soit à la craie et anx calcaires jurassiques, soit aux argiles de Dives et de Honfleur. Les affleurements sous-marins de ces couches se retrouvent jusqu'à une grande distance des côtes. " (Renvoi à la Coiumission précédemment nommée.) M. L. AuBERT soiunet au jugement de l'Académie un « onzième Mé- moire sur les solides soumis à la flexion ». (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. Pasqpale adresse, de Rovigo, une Note écrite en itnlien siu- la direc- tion des aérostats. (Renvoi à la Commission des Aérostats.) M. S. Vinci adresse, de Catatie, une Note relative au choléra. (Renvoi à la Commission du legs Rréant.) M. A. Netter adresse, de Rennes, un Mémoire portant pour titre : « Théorie de la variole envisagée au point de vue des fermentations ». (Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie. ) M. J. Gaube soumet au jugeaient de l'Académie un Mémoire portant pour titre « Du bromure de fer et de potassium ». (Reuvoi à la Section de Chimie.) CORRESPOTVDANCE . M. J.-R. Meyer adresse ses remercîments à l'Académie, qui a décerné le prix Poiicelel à ses travaux sin- la théorie mécauique de la chaleur. M. LE Secrétaire perpétuei, signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, une brochure de M. C. D^Dame intitulée : « Étude sur la genèse et la propagation du charbon », et un volume du P. J.-M. Saïuui- Solaro, portant jjour titre : « Recherches sur les causes et les lois des mou- vements de l'atmosphère; vents rcclilignes ». ( 35i ) M. LE Secrétaike perpétuel, en présentant à l'Académie, au nom de l'auteur, un ouvrage intitulé : « Recherches générales sur les surfaces courbes, de M. Gauss », traduites par M. E. Roger, et accompagnées par lui de Notes et d'études sur divers points de la Théorie des surfaces et sur cer- taines classes de courbes, donne lecture des passages suivants de la Lettre d'envoi de M. E. Ro^er: « ... A la suite de l'ouvrage de Gauss, j'ai publié, de mèmc! que dans la précédente édition, deux Mémoire consacrés, le premier à l'étude des propriétés les plus générales des surfiices continues, le second aux trajec- toires minima, c'est-à-dire aux courbes qui, dans l'espace libre ou sur une surface donnée, rendent minimum une intégrale de cette forme fr^[i')(fs, dans laquelle ^^i' est l'élémenl linéaire de la courbe et y(t') une fonction quelconque de la vitesse que prendrait un mobile assujetti à la parcourir sous l'influence d'un système doiuié de forces; cette famille de courbes comprend en particulier les géodésiqucs, les brachistochrones, les lignes de plus grande pente, les trajectoires de moindre action d'Euler, les orbites planétaires, etc.; et ces courbes, ainsi que cela a lieu pour les sections co- niques, possèdent des propriétés tantôt particulières à une ou à plusieurs espèces, tantôt couununes à la famille tout entière. » La présente édition du premier de ces Mémoires renferme plusieurs théorèmes ayant Irait, pour la plupart, à la courbtu'e des surfaces. L'Aca- démie a déjà accueilli (i) l'énoncé de quelques-uns de ces théorèmes. J'ai fait usage, dans presque toutes mes démonstrations, d'un système particu- lier de coordoinièes curvilignes dont l'emploi permet d'aborder et de ré- soudre très-simplement diverses questions de physique mathématique et de géométrie pure qui |jrésenlent, quand on a recours à d'autres méthodes, des difficultés presque insurmontables. Parmi ces questions, je citerai ici seidement celle qui consiste à déterminer la surface qui contient le volume le plus grand possible, sous une étendue superficielle donnée. » Mon second Mémoire s'est accru d'une addition relative aux trajec- toires planétaires. Revenant sur une question importante que j'ai déjà trai- tée dans une publication spéciale (2), j'ai retrouvé, par une autre voie, les lois des mouvements planétaires dans l'hypothèse d'une diminution sécu- laire uniforme et extrêmement lente attribuée à toutes les masses du sys- ii) comptes rendus, t. LXIX. (2) Rcclicrrhcs sur le système du monde (1862). ( 352 ) téme. Mon analyse acUielle se fonde snr la variation des constantes arbi- traires introduites par une première approximation; c'est une nouvelle application d'une méthode dont la fécondité a été souvent éprouvée. Les résultats auxquels je parviens ainsi ne sont point contredits par l'obser- vation et permettent au contraire d'expliquer certaines anomalies récem- ment signalées; ces résultats peuvent se résumer de la manière suivante : » I. La (rajecloire suivie par une planète se compose d'une série d'ellipses dont le grand fixe s'accroît avec le temps, suivant une progression géométrique exactement inverse à. la progression d'après laquelle les masses diminuent. » II. Les périliélies possèdent un mouvement uniforme et direct, identique pour toutes tes planètes. Si la vitesse de ce déplacement angulaire était connue pour une seule |)lanète, la diminution de l'unité de masse dans l'imité de temps serait par cela même déterminée. Or, d'après M. Le Ver- rier, le périhélie de Mercure est affecté d'un mouvement angulaire, inexpli- qué jusqu'ici, de 38 secondes pour un siècle; de là, par un calcul très- aisé, se déduit la valeur de la diminution séculaire de l'unité de masse, et cette valeur est «^0,000092. « IlL Le moyen mouvement décroît., pour chaque jilancle, suivant une pro- gression (jéométricpie deux fois plus rapide que celle qui se rapporte oux masses. » IV. Le rapport de l'excentricité au grand axe est sensiblement constant, de sorte que chaque orbite, variable dans son orientation el dans ses dimensions, demeure toujoiu's semblable à elle-même. « V. En faisant abstra. tion des excentricités et des inclinaisons sur l'ëclip- lique, les trajectoires planétaires, considérées dans leur continuité, se réduisent toutes à une seule et même courbe, une spirale logarithmique qui s'écarte indé- finiment du Soleil. » L'extrême petitesse du coefficient a rend complètement insensibles les variations des dimensions linéaires du système planétaire, au moins pour le petit nombre de siècles que les observations astronomiques embrassent avec certiiude. Quant aux moyens mouvements, une valeur même beau- coup plus faible de a suffirait à mettre rapidement en évidence leurs iné- galités, si la diminution des masses n'influait pas exactement de la même manière, ainsi qiu; je l'ai démontré dans mes Recherches sur le système du monde, et sur les durées des révolutions et sur celles des rotations. » Je dois ajouter que la diminution séculaire des masses ne paraît pas absolument ideulique pour tous les corps du système planétaire. Par là s'exijlicjuerait l'accéléralion séculaire dont le moyen mouvement de la lune paraît affecté; on conçoit, en effet, que si les durées T et T' du jour sidéral .. (35:^ ) et de l'année terrestre viennent à être modifiées de telle sorte que le rap- port — soit altéré, le moyen mouvement de la lune en sera nécessaireiiient troublé. L'explication bien connue à lac[uelle M. Delauna\^ a eu recoiu's, pour rendre compte de l'anomalie dont il s'agit, revient à faire varier, sous l'influence des marées terrestres, un seul des termes du rapport ^r' " PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Recherches sur les effets loxiqiies du ni'boun- dou ou icaja, poison d'épreuve usité au Gabon. Note de MM. Rabuteau et Peyre, présentée par M. Ch. Kobin. « L'un de nous a rapporté du Gabon, en 1869, 8o Phosphate de magnésie i ,80 Résidu 1,10 99>8o (i) » Expérience II. — Le 16 septembre 1869, un petit rat blanc âgé, de dix jours environ, est enfermé seul dans une cage et mis au léginie d'eau distillée et minéralisée comme dans le cas précédent, de riz et de gluten additionnés de phosphate d'alumine dans la proportion de moins de i dé- cigramme par jour. » Aucun changement sensible ne se manifeste dans la santé ou dans les habitudes de l'animal. » Le 29 novembre de la même année, au moment où je m'apprêtais à lui donner de la nourriture, le rat meiut après quelques convulsions. L'au- topsie révèle des désordres intestinaux et une sorte d'entérite grave. L'in- testin est noir-violâtre et rempli de sang. Je songe alors à examiner mon phosphate d'alumine, et j'y trouve une certaine quantité de grains durs et moins ténus que les autres. C'est probablement, l'action prolongée et toute mécanique de ces grains sur l'intestin qui a déterminé l'irritation mortelle. » Le rat est bouilli dans l'eau distillée, puis désossé; 100 d'os calcinés donnent à l'analyse : Alumine 6,9$ Chaux 4 ' > ' " ( ' ) » Expérience III. — Le 16 septembre 1869, un petit rat blaiu-, frère du précédent, est soumis aux mêmes conditions, à cela près que le phosphate d'alumine est remplacé par du phosphate de magnésie. Il est l'objet des mêmes soins et des mêmes observations. » Le aS novembre suivant, ce rat est sacrifié, en pleine vigueur. Les os ( I ) Analyse faite par M. Pisani. ( 374 ) obtenus, et traités comme clans l'autre cas, sont soumis à l'analyse et don- nent siu" loo : Magnésie 3 ,56 Ctiaux 46,i5 (i) » J'ajoute que, chez tous ces animaux, les os avaient conservé leur aspect et leurs propriétés physiologiques, qu'aucune perturbation ne s'était produite dans le système de leurs fonctions normales. » Voilà les laits positifs que je tenais à communiquer à l'Académie. D'autres expériences, plus décisives, plus complètes, et entreprises sur un champ plus étendu, donneront, je l'espère, une nouvelle force et un nouvel aspect à la démonstration que je poursuis. Encore une fois, je réserve pour l'avenir toute discussion théorique et touie induction doctrinale, qui seraient aujourd'hui prématurées. » Ces recherches ont été faites dans le laboratoire de mou éminent maître M. Ch. Robin, que j'aime à remercier ici de son affectueuse bien- veillance et de ses précieux conseils. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la zone (jénéralrice des appendices chez les végétaux moiiocot/lédons. Noie de 31. Cave. « Chez les plantes monocolylédones, la zone génératrice occupe, dans la feuille normale ou modifiée, la position que nous avons déjà signalée, c'est-à-dire qu'elle correspond à la face supérieure ou interne de l'organe. » Voici les principaux arguments que je fais valoir pour établir cette vérité. Qiiehpies-uns sont empruntés à des travaux antérieurs, d'autres me sont personnels. » Chez les Orchidées, M. Tréciil divise la structure des feuilles eu trois types. Dans le troisième, il conslate que le tissu vert est isolé de l'épiderme par des titricules incolores et que ces cellules ne sont pas toutes de même nature. Il a remarqué que le développement de ces diverses rangées de cellules se fait de la face inférieure de la feuille à sa face supérieure. » Dans les planches qui accompagnent son Mémoire sur la sécrétion pré- sentée par la feuille du Colocasia anlicpioruni, M. Duchartre montre, de la manière la ])lus nette, cpie le lissu perpendiculaire ou serré est plus jeune que le reste du mésophyiie. Taudis que ce dernier est, chez certaines feuilles, parvenu à sa structure iléfinitive, le tissu serré conniience à peine (i) Ces analyses ont été faites par M. Cliarles Mène. ( 375 ) à s'organiser sur un organe un peu jeune : il est réduit à une couche. Dans un appendice un peu plus âgé, on trouve, selon les points, une seule ran- gée de ce tissu, ou deux tout au plus. Il y eu a deux ou trois séries dans la feuille adulte. Sur uue même section transversale, pratiquée dans une feuille qui n'a pas encore atteint son état définitif, on voit cette page supé- rieure apparaître vers le milieu et manquer sur les bords. » Afin de généraliser ces résultats, j'ai examiné avec attention un cer- tain nombre de feuilles appartenant à des plantes du deuxième embranche- ment. Parmi celles-ci, je citerai particulièrement les suivantes : Chamœrops humitis, Phœnix dactylifera, Agave americana, Yucca nioëfolia, Hedychium Gœrtiieridnuiii, Hœmantlms cocciiieus, Arundo donax. J'ai même dessiné un certain nombre de figures relatives à cette dernière plante. » Ne voulant pas entrer ici dans des détails que je réserve pour im Mémoire plus développé, je me contenterai de dire : Le développement du parenchyme rappelle, à s'y méprendre, celui du mésocarpe et s'effectue dans le même ordre. Des conclusions identiques s'imposent donc à nous : nous devons considérer comme plus âgé le tissu infériein-, comme plus jeune la région voisine de l'épiderme supérieur. » L'examen des faisceaux fibro-vasculaires confirme ce qu'a montré l'étude du parenchyme. Quelle que soit la plante monocotylédone dont nous ayons regardé la feuille au microscope, nous avons constamment vu les faisceaux en question plus jeunes à la face supérieure qu'à la face in- férieure. Dans V Arundo donax, si l'organe est très-jeune, on remarque une seule rangée de nervures, celles qui, plus tard, correspondront à la face extérieure. Mais, naturellement, la page supérieure ne s'étant pas encore développée, ces nervures sont assez rapprochées de l'épiderme supérieur. A mesure que l'organe avance en âge, ces mêmes nervures .sont éloignées de la face supérieure par le développement des parties nouvelles. En même temps, de nouveaux faisceaux fibro-vasculaires apparaissent dans ces por- tions récemment formées. Aussi l'organe adulte a-t-il deux couches de ner- vures : les plus âgées sont à la face inférieure, les plus jeunes occupent la face supérieure. » Ainsi, les mêmes lois régissent le développement des feuilles en épais- seur, dans les rletix embranchements de plantes phanérogames. S'il s'agit d'appendices modifiés, ces conclusions conservent leur vérité. Pour s'en convaincre, il suffit de se reporter à létude faite par M. Trécul sur la struc- ture du grain de blé et aux conséquences théoriques que jeu ai déduites. Dans mes travaux sur les fruits, j'ai fréquemment analysé des ovaires ( 37f> ) adultes chez des plantes monocotylédones, liliacées ou autres, et j'ai con- stamment trouvé la zone formatrice occupant la même place que dans les fruits provenant de végétaux dicolylédons. » HISTOIRE DES SCIKNCES. — Sur les découvertes nstronotniques des anciens. Note de M. AV. de Foxvielle, présentée par M. Jamin. (Extrait.) « M. Litirow a prononcé, il y a quelque temps, à Vienne, un discours sur Vimperfeclion des connaissances scientifiques des anciens, qui a été traduit daTis un de nos journaux scientifiques. Les principaux arguments de M. Littrow sont empruntés au beau Traité écrit par Plutarque sur les taches de la figure de la Lune. » Ce Traité renferme, entre autres, lui passage qui me paraît avoir été lu par Newton avec plus d'indulgence que par le savant astronome autrichien. Ce passage (p. 1 1 3o du second volume des OEuvres momies de Plutarque, édition Didot) peut se traduire comme il suit : '< Le mouvement même de la Lune, le tourbillonnement produit jwr sa révolution autour de la Terre est ce qui l'cnipéche de tomber. C'est ainsi que le mouvement circulairi' des objets placés dans une fronde s'oppose à ce qu'ils reviennent au centre. Car il est dans la nature du mouvement d'entraîner chaque corps, à moins qu'il ne soit détourné par un autre. Si la pesanteur ne fait pas tomber la Lune, c'est ; opuscule in-8'\ Animal... Rapport annuel du Commissaire pour les brevets d'' invention, année 18(37, '• I ^ i^'- Washington, i8()8; 4 ^o'- iii-8" reliés. L'Académie a reçu, dans la séance du 16 août 1870, les ouvrages dont les titres suivent : Le Jardin fruitier du Muséum ; par M. J. Decaisne, Membre de l'Institut, liv. I 10. Paris, 1870; in-4°, texte et planches. OEuvres de La/jrange^ publiées ]>fir les soins de M. J.-A. Serret, sous les auspices de S. Exe. le Ministre de i Instruction publique, t, Y. Paris, 1870; in-4°. (Présenté par M. Serret.) Le Soleil; par le P. A. Secchi. Paris, 1870; in-8'\ (Présenté par l'aiiteur.) Maladie de la vigne. Le Phylloxéra. I/istructions prntiipics adressées par MM. J.-E. PLAiNcriON elJ. Lichtenstein. Montpellier, 1S70; hr. in-8". La phlhiriose ou pédiculaire de la vigne chez les anciens, et les coche- nilles de la vigne chez les modernes; par M. J.-E. Planchon, Paris, 1870; hr. in-8°. Maladie de la vigne. Conseils pratiques contre le Phylloxéra ; par MM. J.-E. Planchoîn ef J. Lichtenstein. Montpellier, 1870; l)r. in-8". Essais préliminaires sur la destruction du Phylloxéra; par j\L J.-E. Plan- chon. Montpellier, 1870; hr. in- 12°. Mémoire sur l'insalubrité des poêles enfante; par M. Carret. Chamhéry, 18G9; in-8°. Du chauffage des magnaneries comme cause et comme remède de la maladie des vers à soie; parM. Carret. Clunubéry, 1870; in-8". (Ces deux derniers ouvrages sont adressés par l'auteur à la Coin mission des Arts insalubres.) Les ports-chenaux et Porl-Said; par M. A. ClAl.DI. lîomo, 1870; iii-8". (Présenté par M. deTossan.) ( 379 ) Du calcul des machines à vapeur clans le cas de la détente; par M. L.-M.-P. COSTE. Paris et Montpellier, i87o;in-i8. Rapport sur i ostréiculture à Arcaclion et à Hayling en 1869; par M. J.-L. SOUBEYRAN. Paris, sans date; opnscule in-8°. Rapport sur l'acclimatation du saumon en Tasmaniej par M. J.-L. Sou- BEYRAN. Paris, sans date; opuscule in-8°. Rapport sur l'exposition des produits de pêche de la Haye en 1867; par M. J.-L. SouBEYRAN. Paris, 1870; in-8°. La pêche du hareng ; par M. J.-L. SouBEYRAN. Angers, sans date; br, in-8°. Alimentation des armées en campagne: viande de cheval; par M. Degroix, vétérinaire en premier à la Garde de Paris. Paris, 1870; opuscule in-8''. Délia... De la variabilité des espèces : Note sur la théorie de Darwin; par M. A. IsSEL. Gènes, i865; br. in-8°. Délia... De la faune malacologique de la mer Rouge; parM. A. ISSEL. Flo- rence, 1870; br. in-8''. Dei... Des tnollusques terrestres et d'eau douce recueillis dans r archipel de Malte; Note par M. A. Issel. Pise, 1868; br. in-8°. Intorno... Note sur le Chiton de la mer de Gènes; par M. A. IssEL. Sans lieu ni date; opuscule in-8°. Ostriche... Huîtres de la porte de Gênes; par M. A. ISSEL. Turin, 1868; br. in-80. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 22 AOUT 1870, PRÉSIDÉE PAU M. DELAUNAY. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. MiiTROLOGiE. — Note sur la première session de In Commission inlernalionale du mèlre, tenue à Paris du 8 n» i3 août 1870; par M. i-e cÉxÉnAi, Moiii\. « L'Académie sait que le Gouvernement de l'Empereur a proposé, en i86q, aux divers États étrangers avec lesquels il était en relations, la for- mation d'une Commission internationale chargée de l'exécution d'un mètre, aussi cxaclement que possible égal à celui des Archives de l'Empire. » L'époque de la réunion ayant été fixée antérieurement aux événe- ments actuels, et une partie des savants désignés étant déjà arrivés on en route pour se rendre à Paris, il n'était pas possible de différer celle jire- mière session, et elle a eu effectivement lieu au jour indiqué. )) M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce ayant désiré con- naître l'ensemble des travaux de cette session préparatoire, je lui ai adressé le Rapport sommaire suivant, qu'avec son autorisation, et d'accord avec M. Mathieu, Président de la Commission, il me parait intéressant de faire connaître à l'Académie : « La Commission a clos, le samedi 1 3 août, cette première session oiivcric le 8 de ce mois, et, après avoir arrêté le programme des principales questions qu'il convient de meure à C. K., 1S70, 2<= Semestre. (T. LXXI, N" 8.) 30 ( 382 ) l'i-tude, elle s'est ajournée, sans date déterminée, à une épo(|ne assez, ralnic pour pernieltio à tniis les pays intéressés d'y envoyer leurs délégués. » Sur vini;t-tinq États étrangers qui avaient accepté l'invitalion de la France, vingt étaient représentés; ce sont : » L'Aulriclu'-Hongrie, le Chili, la Colombie, l'Kspagne, les Étals Romains, les Élats-tnis de l'Amérique du Nord, la Répuliliipie de l'Equateur, la Grande-Uretagne, la Grèce, l'Italie, le Nicaragua, le Pérou, le Portugal, la Russie, San-Salvador, la Norvège, la Suède, la Suisse, la Turquie. 11 Les hommes distingués dont la Bavière, la Confédération de l'Allemagne du Nord et le Wurtemberg nous avaient fait espérer le l'onconrs, n'ont pu se rendre à voire appel; leur absence nous a paru très-regrettable, et nous aurions vivement désiré les voir participer à nos travaux. 11 .Te joins à ce Rapport l'état détaillé de la composition de la Commission. Il Le nombre des États rcpréscnlés et la haute conipélence des Coujmissaires présents ont donné ù cette iireniièrc session une grande importance ])Our les travaux fulurs de la Com- mission internationale, dont le premier soin a été de constituer son Rureau, que, d'un accord unanime, elle a composé ainsi qu'il suit : Président: M. Mathieu, de l'Inslilut de France. / M. Strove, de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg; l M. JIiLLER, de la Société Royale de Londres; M. Hekrt, Secrétaire de l'Institut smithsonien; JL HhRR, Professeur de Géodésie et d'Astronomie à l'École Polytech- nique de Vienne; M. le général Morin, de l'Institut de France. M. Tresca, Sous-Directeur du Conservatoire dos Arts et Métiers; M. MiRscH, Directeur de l'Observatoire de Neufchàtel. Fice- Présidents : Secrétaires : » Le mode de votation a été, de l'avis de MM. les Commiss.iiies étrangers, n-glé sur le pied de l'égalité pour tous les Membres présents, comme le plus simple et le plus pratique, mais seulement en ce qui concerne les travaux ])réparatoires. 1) Après avoir |)ris une connaissance sommaire des éludes préparatoires de la Commission française, la réunion, dans une discussion générale des questions ([u'il lui paraissait impor- tant de traiter et en admettant que celle de l'exécution d'un mètre international devait avoir la priorité, a exprimé le vœu que son jirogranuuc fût étendu aux autres éléments du système métrique et en particulier à l'uniié de poids. » Votre prédécesseur, par l'organe de M. le Directeur du commerce intérieur et de l'in- dustrie, qu'il avait chargé de le représenter,, a fait connaître à la Commission qu'il adhérait ù ce vœu, pour tout ce (jui se rapporterait au système métrique en lui-même. Cette Com- munication, (jui a été reçue avec une grande satisfaction, a conduit la Commission à établir les programmes de deux ordres tie (piestions principales, dont elle ])ropose l'étude à tous ses Membres. ■> Les premières relatives au mètre lui-même. Les .secondes conceinant le kilogramme. )i La Commission s'est aussi occupée des mesures de conservation à prendre, quant aux étalons internationaux. ( 383 ) « Toutes ces études proposées et demandées aux Membres de la Commission interna- tionale, et dont les résultats doivent servir de base à ses résolutions ultérieures, sont de nature à être |)oursuivies séparément par chacun de ses Jlenibres, dans l'intervalle des réunions. » Mais la Commission a pensé qu'il serait utile d'en faire une obligation dincte à un Comité des travaux préparatoires qui sciait composé d'un certain nombre de Comiiiissaircs étrangers et de tous les Membres de la Commission française. » M. Airy, assisté de M. Chisholni, M. le général baron Wrède, et MM.Wild, Hirsch, Ibanez, Steiubeil, Fœrster, Lang et Hilgard, ont été désignés pour faire partie de ce Comiié. » Il a d'ailleurs été expressément entendu que tous les Slenibres de la Commission inter- nationale pourraient de droit partici| er à ces études et qu'ils jjrendraient part aux travaux du Comité toutes les fois qu'ils se trouveiaient à Paris. » Pour tenir, en outre, tous les Membres au courant des travaux déjà faits ou à faire, il a été décidé que, non-seulement les procès-verbaux détaillés des séances antérieures de la Commission française, mais encore ceux des séances de la première réunion de la Commis- sion internationale, ceux des séances ultérieures du Comité et même les documents adressés par des Membres de la Commission seraient imprimés in e.rtenso et envoyés à chacun d'eux. ■> Tel est. Monsieur le Ministre, l'ensemble des résultats généraux de cette première réunion, essentiellement prépaiatoire, pour les travaux d'une Commission inlernalion:de à huiuelle tant de Gouvernements différents, au nombre desquels se trouvent cette fois ceux des divers Etats de l'Amérique, ont accepté tle participer, par l'envoi de Commissaires choisis parmi les illustrations de la science. Tenue au milieu des graves préoccupations que suscite la lulte gigantesque qui émeut le monde entier, cette réunion, par le calme qui y a régné, par la libéralité, par la bienveillance réciproque, par le remarquable esprit de concorde et de con- ciliation qui ont présidé à ses discussions, ainsi que par l'étendue et la profondeur des vues et des connaissances scientiliques qui y ont été exposées, nous a offert le spectacle consolant d'une assemblée d'hommes éminents, étrangers les uns aux autres par la natio- nalité, mais liés par un commun amour de la science et de la civilisation. « MEMOIRES PRÉSEIVTÉS. M. H. Meyer adresse, de Charleston, iiiie siiile à ses recherches rela- tives aux questions d'analyse indéterminée. (Renvoi à la Section de Géométrie.) M. Del.iurieu adresse une Noie relative à un procédé particulier pour lancer les projectiles de guerre. (Commissaires: MM. Morin, Piobert, Vaillant.) M. GiKAKu adresse une Note relative à une disposition destinée à per- rver à de grandes distances. (Commissaires: MM. Morin, Piobert, Vaillant.) 5o.. mettre d'observer à de grandes distances ( 384 ) M. TosTiviNT adresse, c!e Tréiiuison, une nouvelle Note relative à foii procédé pour élever les perdrix en domesticité. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) MM. PiciioT et Malapert adressent à l'Académie mi spécimen de leurs « sachets de charpie carbonifères » modifiés de manière à les rendre à la fois antiseptiques et hémostatiques. (Renvoi a la Section de Médecine et de Chirurgie.) CORRESPOND AI\ CE. M. J. BorssiNESQ prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi les candidats à la place laissée vacante, dans la Section de Géométrie, par le décès de M. Lamé. (Renvoi à la Section de Géométrie.) MlîCAINIQUE CÉLESTE. — Sur les iiivgalilés de Ici Lune duesà l'action des planètes. Extrait d'une i.ettre de M. S. ]\e\vc».mb à M. Delaunay. « Washington, 38 juillet iS'-o. » Chargé, en vertu des fonctions que je remplis à l'Observatoire naval, de revoir la Tliéorie et les Tables de la Lune, je me suis occupé tout d'abord des inégalités à longue période qui peuvent être produites par l'action des planètes. J'ai établi, pour les calculer, une méthode dont l'idée m'a été suggérée par l'étude de votre Théorie de la Lune. Je suis arrivé ainsi à lui résultat inallendn, que je vous demande la permission de vous comn)ii- niquer. » Dans ma métliode, aucune distinction n'est faite entre les inégalités produites par l'action directe de la planète et celles qui sont réfléchies par l'intervention de la Terre. Mais, en retranchant de mes expressions, pour les variations différentielles des éléments, certaines expressions qui sont à peu près identiques avec les variations produites par l'aclion directe de la planète, et en considérant les restes de ces soustractions comme re|)résen- tant les actions réfléchies « par l'intermédiaire de la Terre », il me semble que ces dernières peuvent être obtenues de la manièie suivante : » i" Dans votre Théorie de la Lune (t. II, p. 8o3 à 924) vous donnez les expressions de V, U, P eu fonction de a, r, y, rt', e', /, g, h, /', g', h'. Diffé- -'Je', ( 385 ) reniions ces expressions de manière à obtenir da de dg ° ah' et (le même pour oU et c?P. ). 2." Dans le tome II (p. 235 et 236), vous donnez les expressions de L, G, Il en fonclion de a, e, 7, a', e' . De là, nous pouvons tirer les équations huivanles : O = -7- (?rt + —- tf(? + -;- 07 + ;^ 0« 4- -r7 fJ* dn de c/y ' a a de dG , dO ^ dG ^ dQ ^ . dG ^ , t/a f/f (^7 ' da' de dH ^ da . dE ^ "^H . , '^H . , rfrt de d'/ ' da' de « 3" Dans ces expressions, regardons on! et ô*e' comme les variations de rt' et e' produites par l'action des planètes; alors, des trois équations linéaires ainsi formées, nous tireron;^ âa, âe et 07. Nous pourrons remai'quer que les valeurs nnmériqnes de '—-, — -, • • • ? peuvent être employées. ' da r/e ' r J » /i" Dans les valeurs de '—■> '-^■> '-4 (p. 237 et 238), remplaçons a, e, * dt dt lit ^^ ' - ' 1 » 7, a\ e\ par a + an, e -+- âe, . . . , e' -h èe\ et nous obtiendrons ainsi d .5 1 d .rjg d .'1 h dt dt dt ' d'où, en intégrant, nous tirerons (?/, 0^', c?//; nous prendrons pour cl*/', c?i;', 0// les valeurs produites par les pertiul)a- tioi'.s (les planètes. » 5" Substituant les valeurs de ùa^ âr,. . . , d'il' ainsi obtenues dans les expressions de â\, c?U, âP, nous aurons les perturbations [iroduites par les planètes, réfléchies par l'intermédiaire delà Terre. » Les seuls termes négligés dans cette théorie contiennent en facteur le produit de la masse de ia lAine par la force perturbatrice du Soleil ; ils sont probablement très-petits. » Je suis arrivé à ce résultat seulement à la iin d'une analyse trop longue poiu'ètre indiquée dans une lettre. » A l'aide de ces formules, j'ai f lit un calctd approché des termes dépen- ( 386 ) danl (le 8V— i3E, et j'ai retrouvé en gros [subslanlially] votre résultat de o", 27. Les deux premiers ternies de raccélération séculaire ont aussi été exacleinent re|iroduits. » ÉLECTRICITÉ. — Sur un pliénomène de choc en retour, observé à Porlo-Alegre [Brésil). Noie de M. Laranja e Oliveira, transmise par M. Meurand. « Un fait extrêmement curieux de choc en retour, le premier de ce genre au Brésil, vient de se produire sur un de mes domestiques. » Le 9 juin, à 1 heures du matin, il rentrait à la maison; l'atmosphère était chargée d'électricité, les éclairs se succédaient avec rapidité, et le tonnerre grondait au loin; ti peu de distance du sol planait un éj.ais nuage, d'où tombaient de larges gouttes de pluie; une légère brise souiflait du sud. » A 100 mètres à peu près de ma maison, aux environs de la ville, au moment où un éclair sans tonnerre paraissait au-dessus de sa lète, il sentit une forte commotion ; une démangeaison aiguë, comme celle d'une épingle plantée dans les chairs, commença à la plante des pieds, s'empara des jambes et de tout le corps; un tremblement et un abattement général le retinrent sur place; ses cheveux se hérissèrent au point qu'il fut obligé de retenir son chapeau, afin qu'il ne tombât pas. Il vit pendant ce temps-là s'élever du sol, à 2 mètres environ de lui, une fumée blanche à la base (selon ses propres expressions), accompagnée de petits éclairs consécutifs; le tout n'avait duré qu'un instant. » Dès qu'il put se mouvoir, il franchit la dislance qiii le séparait de ma demeure, où il arriva encore atterré du pliénomène doni il venait d'être involontairement le spectateur, et qu'en homme simple il attribua aux âmes de l'autre monde. » Un»' clef de porte qu'il avait dans la poche de son pantalon attirait, encore deux jours après, une aiguille suspendue à lui fil. » MÉTÉOROLOGli;. — i^olc Sur les étoiles filaitlcs du mois d'aoïil ; par M. Cuapelas. (i J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie le résultat de nos observations des étoiles filantes périodiques du mois d'août 18^0. » Je dois, avant loul, signaler cette année comme vraiment exceptionnelle i)ar la rareté des étoiles filantes en général; depuis longtemps, je pense, un fait semblable ne s'était pas jiroduit. u dette pénurie de météores, jointe aux temps souvent couverts, nous a ( 387 ) naturellement empêchés de suivre, ainsi que nous le faisons chaque aimée, la montée du phénomène d'août, qui commence toujours à s'accentuer dès les premiers jours de juillet. » Quant à la constatation du maximum, elle a présenté celle fois une très-grande difficulté, non-seulement par l'état du ciel presque constam- ment couvert, mais encore par la présence de la Lune dans son plein à celte époque. » Néanmoins, ne voulant pas laisser exister de lacune dans les obser- vations de ce genre, nous donnons aujourd'hui à l'Académie les résultats qu'il nous a été possible de recueillir, et cela avec le plus grand soin. » Pendant la nuit du lo, qui nous a donné une heure et demie de bonne observation, par un ciel moyen estimé à 0,6, nous avons pu observer quarante-six étoiles filantes, parmi lesquelles figurent deux bolides de troi- sième grandeur. » La direction moyenne des étoiles fihuites était, comme toujours (et surtout à celte heure, io''i5'°à 1 1''45'"), du nord-est au nord-nord-est. Quant au point de radiation, vu le petit nombre de météores, il eût été difficile de le préciser. Les constellations qui ont le plus fourni sont cependant : Persée, Cassiopée, la Girafe et l'Aigle. » Opérant comme nous le faisons loujours, afin de pouvoir établir des points de comparaison, c'est-à-dire ramenant à minuit, par un ciel serein, le nombre des étoiles observées, et faisant subir à ce résultat la correction nécessaire pour faire disparaître l'influence de la Lune, nous avons obtenu pour nombre horaire, moyen, à minuit, cinquante-six étoiles filantes, ce qui donne sur l'année dernière une petite augmentation de trois étoiles. » Le phénomène, en réalité, est donc encore à l'état stationnaire. » A I hein-e du malin, le ciel s'étant complètement couvert, nous n'avons pu indiquer l'heure exacte du maximum. Mais ce que nous pouvons dire en terminant, c'est que, pendant l'observation possible, le phénomène marchait à raison de 0,6 d'étoile filante par minute. » « M. d'Avezac présente à l'Académie, au nom de l'auteur don Salvador Clavijo, général du génie de l'armée espagnole, résidant aux Canaries, un petit volume récemment publié à Sainte-Croix de Ténérife, sous le titre de Rejlexioiies sobre el sistema planelnrio. » Le sujet principal des méditations de l'auteur, c'est le mouvement de rotation des corps célestes compris dans notre système planétaire; mouve- ment qui, pour les satellites et pour les comètes, est synchronique avec le ( 388 ) mouvement de translation. Il ne peut concevoir que ce mouvement soit si complètement étranger aux conditions d'iiarmonie générale, qu'il pût être accidentellement accéléré, ralenti, ou supprimé, sans quil en résultât au- cune pertuihation dans le système : telle serait bien pointant la consé- quence rigoureuse de la loi nevvtonienne de 1 attraction, puisqu'elle ne tient compte, en réalité, que des masses et des distances ; mais cette loi unique n'est pas irréfragablement considérée comme suffisante pour l'explication de tous les phénomènes, et l'on a tenté, pour certains cas spéciaux (à pro- pos des comètes par exemple), de faire intervenir subsidiairement, dans le vide théorique Hos espaces planétaires, tantôt un éther résistant, tantôt une force répulsive rayonnante, ou bien encore une polarité ou magnétisme cosmique, quelque chose enfin qu'il reste à découvrir. Il y a là, suivant l'expression imagée du savant espagnol, une sorte de protestation de la dé- mocratie céleste contre le principe d'autorité absolue de la loi d'attraction; et il en tire argument pour demander que ses vues concernant le mouve- ment rotatoire ne soient point écartées préjudiciellement, par le seul motif qu'elles ne seraient pas circonscrites dans les conséquences immédiates de cette imique loi. » En sonuiie, l'auteur n'a eu d'autre prétention que de cherchera résu- mer, dans une formule empirique, à la manière de l'échelle des distances planétaires de Bodc, l'hypothèse d'une relation qui lui semble devoir exis- ter, entre les rotations respectives des planètes et de leurs satellites, et, par une extension ultérieure de sa pensée, entre les rotations des diverses pla- nètes nuiluellement comparées, et même enfin, entre chacune de celles-ci et celle du Soleil. Il n'est point arrivé à une expression que les vérifications numériques aient confirmée d'une manière générale; mais il a rencontré néanmoins, dans l'application de celle qu'il a essayée, certaines coïnci- dences notables et quelques tendances d'approximation, par lesquelles il se croit autorisé à concitue qu'il y a tout au moins des indices plausibles de l'existence effective d'une relation susceptible d'être fornuilee, les résul- tats obtenus, tout insuffisants qu'ils soient, ne pouvant être considérés comme de [iurs caprices du hasarda » M. d'Avezac dé|)ose sur le bureau, en même temps que le volume, la traduction d'une lettre espagnole explicative, dont ce petit ouvrage était accompagné. >> La séance est levée à 3 lieures trois quarts. E. D. B. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 29 AOUT 1870. PRÉSIDENCE DE M. LIOUVILLE. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. HYDRODYNAMIQUE. — Essai théorique sur les lois trouvées expérimentalement par M. Biizin pour l'écoulement uniforme de Veau dans les canaux décou- verts. Noie fie M. J. Roussinesq, présentée par M. de Saint-Venant. (Renvoi à la Section de Géométrie.) (c M. Em. Mathieu, en i863 {Comptes rendus, t. LVII, p. Sao), et moi- même, en 1867 [Comptes vendus, t. LXV, p. 46), nous avons montré que les formules données par Navier pour représenter les mouvemenls des fluides, en tenant compte de leurs frottements intérieurs, sont exactes lorsque les vitesses varient avec continuité d'un point aux points voisins. Il suffit, en effet, d'admettre que dans ce cas la vitesse est nulle contre les parois mouillées, hypothèse dont j'établis à l'article cité, par un raisonnement simple, l'extrême vraisemblance, pour que ces formules conduisent aux lois expérimentales si précises de M. Poiseuille sur l'écoulement des liquides dans les tubes capillaires, et aussi, comme je le montre au § X d'un Mé- moire sur l'influence des frottements dans les mouvements réguliers des fluides [Journal de Matliématicpies, t. XIII, 1868), à celles de M. Graham relatives à la transpiration des gaz. Les mêmes formules rendent également compte de deux lois sur l'écoulement permanent de l'eau à travers les sables, dé- couvertes par MM. Darcy et Ritter [les Fontaines publiques de la ville de c. R., 1870, 2» Semestre. (T. LXXl, N» 9.) 5l ( 390) Dijon, par M. Darcy, p. Sgo), et consistant en ce que la dépense par chaque mètre carré de base d'une couche sablonneuse, de nature homogène, esi proportionnelle à la pression et en raison inverse de l'épaisseur de la couche; car, si l'on assimile une couche pareille à un réseau de tubes très- petits disposés suivant les trajectoires des diverses molécules liquides, tubes dont la longueur moyenne sera évidemment proportionnelle à l'épaisseur de la couche, et dont la forme et les dimensions dépendront de sa nature, ces lois découleront immédiatement des deux premières de M. Poiseuille, relatives à la pression et à la longueur des tubes, et qui subsistent (§ VIII du Mémoire cité), la première dans tous les cas, et la seconde toutes les fois que ces tubes sont décomposables en petites parties sensiblement pa- reilles les unes aux autres et d'ailleurs irrégulières. » Mais je fais voir au § IX du ménie Mémoire qu'il n'en est pas ainsi lors- qu'il s'agit de canaux découverts ou de tuyaux de conduite d'un certain calibre. Le liquide, n'étant plus alors aussi resserré latéralement, possède toujours des mouvements oscillatoires rapprochant ou éloignant brusque- ment des parois le fluide qui en est voisin. L'action tangentielle qu'exerce la paroi sur ce fluide change donc sans cesse, et, par ses variations com- binées avec la vitesse générale de translation du même fluide, imprime à ce dernier des mouvements rotatoires. Ceux-ci se transmettant aux couches liquides plus intérieures, toute la masse fluide est bientôt sillonnée de tourbillons dont la matière glisse, avec une vitesse relative finie, sur celle qui l'environne. La moyenne des vitesses observées en un même point du- rant un petit instant n'est donc plus sensiblement égale à chacune d'elles, et la force tangentielle moyenne exercée à travers un petit élément plan fixe doit dépendre, non-seulement de la manière dont varie cette vitesse moyenne au\ points environnants, c'est-à-dire des dérivées du premier ordre par rapport aux coordonnées .r, r, z de ses trois composantes u, t-, w suivant les axes, mais encore de la grandeur et du nombre des disconti- nuités dont les vitesses vraies y sont affectées. En effet, les frottements produits dans ce cas étant dus à des glissements finis entre couches adja- centes, doivent être bien plus grands que si les vitesses vraies variaient avec continuité de chaque point aux points voisins. » B')rnoiis-nous à étudier le mouvement permanent uniforme dans un tuyau à section rectangulaire de hauteiu' 2h et de base horizontale indé- finie, ou à section circulaire de rayon R, en supposant ce tuyau : i'^ plein de liquide; 2° rempli seulement jusqu'à son milieu, avec une atmosphère calme au-dessus. Nous prendrons : pour axe des x d'iui système de coor- ( 391 ) données rectangulaires, et dans le sens du mouvement, l'axe même du tuyau ; pour axe des j, une horizontale; pour axe des z, une droite, dirigée en bas, dont a désignera l'inclinaison sur la verticale, et nous admettrons, pour abréger, que la pression soit la même à l'entrée et à la sortie du tuyau. Les vitesses moyennes seront réduites à leurs composantes m, et chaque surface d'égale vitesse se composera, dans le premier cas, des deux plans z^ = const., ou d'un cylindre de rayon /■ décrit autour de l'axe des x; dans le second, de la partie de ces surfaces qui est au-dessous du plan des xy. Appelons F l'action taiigentielle moyenne, évidemment parallèle aux x, qui est exercée sur l'unité de cette surface, p la densité du liquide. L'égalité des frottements à la composante suivant les x Au poids du liquide compris dans une surface d'égale vitesse, ou entre une de ces surfaces et la surface libre, donnera (i) soit F + pg'z.sina = o, soit 2F 4- pgrsina = o. F dépend : i" de la vitesse Uf, du liquide voisin de la paroi, car cette vitesse est un élément essentiel dans la production des tourbillons auxquels sont dus les frottements considérés : la force F s'annulant presque lorsque ii^ s'annule, la manière la plus simple dont elle puisse en dépendre, c'est de lui être proportionnelle; 2° des mouvements oscillatoires perpendicidaires à la paroi dont sont animées les particules liquides qui s'en trouvent voi- sines : en effet, ces mouvements constituent l'autre élément varia!)le qui concourt à la formation des tourbillons; comme ils sont favorisés par la grandeur de la section et gênés au contraire par les parois, le plus simple est de supposer F en raison directe de la section et inverse du contour mouillé, c'est-à-dire proportionnel au rayon moyen h ou-; 3° des varia- tions que subit, à partir des parois, en allant vers l'intérieur, l'agitation due aux mouvements tourbillonnaires, car les consitiérations précédentes ne la définissent qu'aux points voisins des parois; il est nature! de supposer cette agitation, et par suite F, constante si les surfaces sur lesquelles elle se propage à partir des parois, et qui sont parallèles à celles-ci, ont toutes la même aire, et variables en raison inverse de cette aire si elles ne sont pas toutes égales; dans le cas du tuyau rectangulaire de base indéfinie, elle sera partout la même, tandis que, dans celui du tuyau circulaire, elle vau- dra, à la distance r de l'axe, sa valeur à la paroi multipliée par le rapport de R à r; s'il y a une surface libre, nous admettrons qu'on puisse négliger dans une première étude les phénomènes spéciaux (par exemple une cer- 5i.. ( 392 ) taine perte de force vive translatoire) qu'y entraîne l'exagération des moii- vemenls tourbillonnaires, surtout quand les vitesses moyennes y sont petites; 4° F dépend enfin de la distribution des vitesses moyennes autour du point considéré, c'est-à-dire de la dérivée— ou — ? qui définit cette distribution : en effet, cette dérivée, mestu-ant le glissement moyen du fluide adjacent à la face extérieure de la surface z'' = const. ou r=const. sin- celui qui occupe l'autre face, donne son signe à F, et il est naturel, tant qu'elle ne sera pas trop grande, de lui supposer F proportionnel. D'après cela, A désignant un coefficient variable avec le degré de poli des parois, on aura (2) SOU F= pgKii.h—, soit F=pgAuo-j^- Pour z = A ou /• = R, — F est égal au frottement exercé sur le liquide par l'unité de surface de la paroi. Ce frottement doit être supposé proportion- nel : i° A U01 c'est-à-dire au nombre des molécules fluides qui viennent s'y heurter; 2" à une certaine fonction de Mq qui représentera l'action tangen- tielle moyenne de la paroi sur ces molécules, et qui, s'annulant presque pour «0 très-petit, pourra sans doute être prise de la forme Bii^, si cette vitesse n'est ni trop petite, ni trop grande. On conçoit qu'il varie en outre avec les mouvements oscillatoires du liquide, cest-à-dire avec le rayon moyen h ou — • Désignons par B un coefficient dépendant de ce rayon et des rugosités de la paroi, et il viendra r3) pour z = h ou r=R, —Y = pgBir = pgBul. )) Au moyen des relations (i), (a), (3), et en appelant U la vitesse moyenne, u, la vitesse sur l'axe des x, on trouve aisément u I vB / z'\ TT / ' v/b\ ri — ■■ — (4) \ soii -JL^ = -^ -+- "Ç^ ( i — Ç-\ U = (^ + ,r|^ )\/^sina; I TT • v/B n—- — 8 v/B /r~. \ «i, — u = sou fr-- \/rt sin y. , sou p 77— 1/ - sin«. V bA' SbAya » Ces fornudes ont justement la forme de celles que l'expérience a indi- quées à M. Bazin, et elles ne diffèrent sensiblement de celle que M. Darcv a donnée pour représenter les vitesses dans les tuyaux circulaires pleins de ( 393 ) liquide, qu'aux points voisins de la paroi, pour lesquels cet habile expéri- mentateur n'a fait aucune observation : les vitesses qu'il a mesurées ont été prises seulement sur l'axe des tuyaux, ainsi qu'au tiers et aux deux tiers des rayons. A égalité de rayon moyen, les formules (4) donnent U un peu plus grand quand la section est circulaire et offre, par conséquent, le moins de parois possibles^, que lorsqu'elle est un rectangle de base indéfinie et présente, au contraire, plus de périmètre mouillé que les autres formes usitées : pour toutes celles-ci, l'expression de U sera donc à peu près la moyenne des deux précédentes. On voit, au contraire, que la valeur de H, — U est assez variable avec la forme de la section. Enfin, dans les expres- sions de u^ le coefficient de \jh sina — est un peu plus grand que celui de \Jhs\na—' Tous ces résultats sont d'accord avec les expériences de M. Bazin. » La séance est levée à 3 heures un quart. D. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 22 août 1870, les ouvrages dont les titres suivent : Evolution médicale, ou de rélectricité du sang chez tes animaux vivants. De l'anestlïësie etde l'unité des forces physiques et vitales; par M. H. Scoutetten. Metz, 1870; br. in-8°. Instruction pour la production de la glace et sa conservation dans les campe- ments militcdres; par M. Ch. Tellier. Paris, 1870; br. in- 18. Annuaire spécial des vétérinaires militaires, année 1870. Pnris, 1870; br. in-8°. Mémoires de la Société d' Agriculture, Sciences, Belles-Leltns cl Arts d'Or- léans, 1^ série, t. XIII, 11° 3, 1870, 3* trimestre. Orléans, 1870; iu-8". Archives néerlandaises des Sciences exactes et naturelles publiées par la Société hollandaise des Sciences de Harlem, et rédigées par M. E.-H. vON Baumhauer, t. V, liv. I à 3. La Haye, 1870; 3 br. iu-8''. ( 394 ) ^dlcjœ japonicœ Musei botanici Lucjduno-Balnvi; nuc/oreW.-F.-R. StiRiNGAE. Harlemi, 1870; br. iii-Zi". Die... Oiléolotjie el myohrjie du Sciiirus viilgaris, \j.\ parM.^\. C.-K. HOFF- MANN et H. Weyenbeugh. Harlem, 1870; in-4°. 1870. Lhle des Membres de la Société hollandaise des Sciences de Harlem. Sans lieu ni date; in-4". Programma... Programme de la Société hollandaise des Sciences de Harlem pour les années 1869 et 18'jo. Sans lieu ni date; 2 opuscules in-4°. Observations... Observations et recherches sur l'albinisme de la race nègre; par M. J. Jones. Philadelphie, 1869; br. in-8°. First... Premier Rapport sur les ressources agricoles de la Géorgie; par M. J. Jones. Augusta, 1860; in-8°. Researches... Recherches sur la fausse vaccination; pur M. J. JONES. Nashville, i867;in-8°. Clinical... Ménwires cliniques. Etudes faites à l'hôpital de la Charité delà Nouvelle-Orléans ; par M. J. Jones. Sans lieu ni date; Ijr. in-8°. Mollities... Le ramollissement des os, etc.; par M. J. JoNES. Philadelphie, 1869; br. in-8^ Chemical... Analyse chimique du sel gemme de la Louisiane. Nouvelle- Orléans, 1869. (5 exemplaires. ) (Ces six ouvrages sont offerts, au nom de l'auteur, par M. 1'. Gervais.) The... Journal de la Société royale de Géographie, t. XXXIX, 1869. Londres, sans date; in-8° relié. Proceedings... Procès-verbaux des réunions scientifiques de la Société zoolo- gique de Londres, 1869, 2* et 3^ parties, Londres, sans date; in-S", Transactions... Transactions de la Société zoologique de Londres, t. \ II, 1''* et 1^ parties. Londres, 1869 ; in-4". The... Journal trimestriel de la Société géologique, t. XXVI, n" 102. Londres, 1870; in-8''. Atti... Actes de la Société italienne des Sciences naturelles, t. Xli, fasci- cules 3 et 4- Mdan, 1870; 2 br. in-S". Sulla... Sur les lois de la division en deux carrés d'une puissance quelconque d'un chiffre quelconque sembbdiU-menl divisible en une seule fois; Note du prof. ^■ol,l>ICELLl. Sans lieu ni date; br. in-4". (Extrait iWn Actes de iJcodémie pontificale c/esNuovi Lincei.) ( 395 ) Nota... Sur la solution géncrale en intégrales de l'équittion .X- + y- = z, X- -h y^ = z'^. Note du [jrof. VOLPiCELLi. Sans lieu ni date; br. in-4°- (Extrait des ^ctes de l'académie pontificale des IVuovi Lincei.) Le... Les anhydrides et les oxydrides de la théorie atomique, etc.; par M. F. Orsoni. Sciacca, 1870; br. ii!-8°. Reflexiones... Réflexions sur le système planétaire; par M. S. Clavijo. Santa-Cruz de Ténériffe, 1870; iii-8". (Présenté |)ar M. d'Avezac.) Das... Le Musée impérial-royal Monlanislische et la Société des Amis des Sciences de Vienne; par M. W. DE Haidinger, Vienne, 1869; in-8". Natiiurkiindig... Journal d'histoire naturelle des Indes néerlandaises, t. XXXI, 7* série, i"^^ partie, liv. i à 3. Batavia, 1869; in-8". L'Académie a reçu, dans la séance du 29 août 1870, les ouvrages dont les titres suivent : Bulletin de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pélersbourcj , t. XIV, n°' 4 à 6. Saint-Pétersbourg, 1870; 3 n°Mn-4°. Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg , 7' série, I. XIV, n°' 8 et 9; t. XV, n°' i à 4. Saint-Pétersbourg, 1869- 1870; 6 liv. in-4''. Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, publié sous la rédactio)i duD' B.E!SA]\D, année 1869, n°' 1 à 4- Moscou, 1869-1870; 4 bro- chures in-8°. The... Journal de la Société chimique, t. VIIl, mai, juin, juillet 1870. Londres, 1870-, 3 br. in-S". PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR 1,'aCADÉMIE PENDANT LE MOIS d'aOUT i}J70. Annales de Chimie et de Physique; juillet 1870; in-8°. Armâtes de l' Observatoire Météorologique de Bruxelles; n" 6, 1870; in-4". Annales des Conducteurs des Ponts et Chaussées; juin 1870; in-8". Association Scientifique de France ; Bulletin hebdomadaire, n°* 184 à 187, 1870; in-8°. { 396 ) Bibliothèque universelle el Revue suisse; n° 152,1870; in-S". Bulletin de l' Académie impériale de Médecine; 3i juillet 1870; in-8". Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belqique^ n" 4» 1^70; in-8°. Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lctties cl des Beaux-Arts de Belgique; n" 7, 1870; in-S**. Bulletin de la Société de Géograpine; juin 1870; in-8°. Bulletin de la Société Géologique de France; feuilles 3i à 44^ 1870; in-8". Bulletin de la Société Pliilomalliique; jaiwler a mars 1870; in-8°. Bulletin général de Thérapeutique; i5 aoiJt 1870; in-8°. Bulletin hebdomadaire du Journal de l'Agriculture; n°* 32 à 35, 1870; in-8°. Bullettino meleorologico del R. Osservatorio del Collegio Romano ; n° 7, 1870; in -4". Correspondance slave ; n^^ 62 à 72, 1870; in-4°. Cosmos; n°' des 6, i3, 20, 27 août 18-0; in-8°. Gazette des Hôpitaux; n°' 90 à 100, 1870; in-4°. Gazette médicale de Paris; n"* 32 à 35, 1870; in-4°. Il Nuovo Cimento... Journalde Physique, de Chimie etd' Histoire naturelle; mai 1870; in-8°. Journal d' Agriculture pratique; n°'*3i à 34, 1870; in-8". Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; août 1870; in-8°. Journal de l'Agriculture; n°^ 98 et 99, 1870; in-8''. Journalde la Société impériale el centrale d'Horticulture; juillet 1870; in-8°. Journal de l'Eclairage au Gaz; n°' 33 el 34, 1870; in-4''. Journal de Médecine de l'Ouest; juin 1870; iii-8°. Journal de Médecine vétérinaire militaire; aoîit 1870; in-S". (La suite du Bulletin au piochain numéro.) ERRATA. (Séance du 16 août 1870.) Page 3G6, ligne 2, au lieu de Callet, lisez Caillet. Page 3G8, ligne l, au lieu de qu'elle, lisez qu'il. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 5 SEPTEMBRE 1870. PRÉSIDENCE DE M. LIOUVILLE. MEMOIRES LUS. ANATOMIE VÉGÉTALE. — Sur (a zone génératrice des appendices chez les végétaux monocolylédons ; par M. Cave (seconde Note). (Renvoyé, ainsi que la Note précédente, à la Section de Botanique.) « J'ai montré que, chez les végétaux monocotylédons , les parties nou- velles des feuilles ou, d'une manière plus générale, des appendices occu- pent la face supérieure de ces organes. 11 me reste à prouver que ces parties nouvelles de la feuille sont en continuité avec les portions récem- ment formées de la tige. Sous ce rapport, la tâche sera facile. On sait, en effet, que les nervures des feuilles sont, chez les nionocotylédons, la continuation directe des faisceaux de la tige. Or ces faisceaux s'organisent aux dépens d'autant de masses de cambium, et seulement dans les parties les plus jeunes. Par conséquent, rappeler que les nervures de la feuille sont le prolongement des faisceaux fibro-vasculaires de la lige, c'est dire que les parties nouvelles de l'une continuent les portions jeunes de l'autre. » La démonstration générale est donc donnée. Mais je vais, pour plus de précision, examiner quelques cas particuliers. » Un certain nombre de Monocotylédons présentent, ainsi qu'on le sait, une zone annulaire de cambium placée comme celle des Dicotylédons, et C. R., 1870, a» Semenre. (T. LXXI, N» 10.) Ss ( 39» ) la tige s'épaissit par des couches concentriques. Ce mode de croissance étant admis pour les tiges, et, d'un autre côté, le développement général de la feuille étant le même pour les deux embranchements de plantes pha- nérogames, les raisonnements que nous avons invoqués à propos des végé- taux dicotylédons conservent leur valeur. » Une différence est pourtant à noter. Outre cet anneau cambial, les plantes dont il est ici question possèdent des faisceaux disséminés au sein du corps central et se portant dans les feuilles après un trajet plus ou moins long. Mais, d'après ce que j'ai dit en commençant, la continuité même de ces faisceaux est une preuve du principe que nous voulons établir. » M. Van Tieghem nous montre chez l'Accrus une zone génératrice per- manente et complète. Il signale chez d'autres Aroïdées une pareille couche enveloppant seulement une moitié de la tige. Voici dans quels termes clairs et précis s'exprime l'auteur : e Ainsi, par cette couche où aboutissent à la » fois les terminaisons inférieures des faisceaux foliaires et les insertions w des faisceaux radicaux, les feuilles et les racines sont en communication n dirtcle. » » M. Naudin a étudié, en i844i 1^ développement des axes et des appen- dices végétaux. Il a très-spécialement porté son attention sur les bulbes du Narcissus jjseudo-narcissus, qui font l'objet de dessins très-soignés et très- démonstratifs. Or il est impossible de signaler la moindre différence entre ces figures et celles qui se rapportent aux végétaux dicotylédons. On y trouve la même position pour les faisceaux fibro-vasculaires dans les feuilles jeunes, le même éloignement progressif de la face supérieure à mesure qu'on examine des portions plus âgées, et surtout la même continuité entre les faisceaux de la jeune feuille et ceux de la tige, c'est-à-dire la même continuité entre les parties en voie de formation. » Les anatomistes ne sont pas d'accord sur la manière dont s'opère la croissance chez les végétaux qui ne présentent pas d'anneau cambial per- sistant. Mais, ainsi qu'on va le voir, la solution de celte question difficile n'est pas nécessaire pour la démonstration de notre principe. « Certaines Aroïdées, les Palmiers et les Graminées vont servir à nos explications. Outre les deux types que nous avons cités, M. Van Tieghem fait connaître deux autres modes de structure chez les belles plantes qu'il a étudiées. Dans un de ces types, les faisceaux fibro-vascnlaires primitive- ment simples jouissent de la propriété de se multiplier. « Cette multipli- » cation, dit l'auteur, s'opère pendant que le faisceau s'élève vers le centre ( 399 ) » pour le parcourir sur une certaine longueur. Les groupes simples s'en » séparent clans leur ordre de formation et à des hauteius différentes |)our » se rendre aux feuilles. « Donc, ajouterons-nous, les foyers d'activité sont en communication sur les axes et les appendices. » Chez le quatrième groupe admis par l'auteur, les faisceaux restent toujours simples et se portent successivement dans les feuilles. » Chez les Palmiers, l'activité vitale est très-intense dans le bourgeon terminal. On doit même distinguer dans cet organe une couche de tissu cel- lulaire doué au plus haut degré de la faculté productrice. » C'est là que les nouveaux organes appendiculaires prennent naissance, et, en ce point, on ne saurait nier la parfaite continuité des parties nou- velles tant que celles-ci restent exclusivement cellulaires. Mais des fais- ceaux fibro-vasculaires naissent dans cette même couche du bourgeon, s'allongent constamment par leur extrémité supérieure et se rapprochent ainsi de la base des jeunes feuilles avec lesquelles ils se mettent en commu- nication directe. » J'ajouterai que mes études personnelles sur le bourgeon des Graminées, et particulièrement de VÀrundo donax, m'ont montré exactement les mêmes faits. Un Mémoire développé, dont il me reste seulement à coor- donner les éléments, sera même accompagné de planches. » Comme on le voit, j'ai laissé de côté la question relative à l'existence d'une zone génératrice temporaire chez les Monocotylédons qui ne présen- tent pas un anneau persistant de cambium. Ce n'est pas que je méconnaisse l'importance de ce problème : je me propose, tout au contraire, d'appliquer à l'éclaircissement de cette difficulté une méthode qui m'a déjà rendu des services dans mes études sur les fruits. Pour cela, je soumettrai à la germi- nation les graines de quelques Palmiers et de Graminées. Les jeunes plantes qui se développeront seront examinées successivement au microscope, et la comparaison des résultats obtenus me permettra, sans doute, de me former une conviction personnelle. » J'aurai l'honneur de soumettre à l'Académie les faits nouveaux que j'aurai pu observer. » Je résume dans les termes suivants les conclusions les plus générales qui me semblent résulter de mes recherches : » L Dans tous les végétaux phanérogames, les parties nouvelles des appendices sont situées à la face interne ou supérieure de ces organes ; » IL Les parties récemment formées dans les appendices sont en conti- nuité parfaite avec les portions nouvelles de la tige. 52.. ( 4oo ) » Une conséquence philosophique me paraît, dès lors, s'imposer à notre esprit : les axes végétaux el les appendices qui en émanent forment un ensemble naturel entre les deux parties duquel il esta peu près impossible {le tracer une ligue de démarcation nette et précise. » MÉMOIUES PKÉSEINTÉS. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Note complémentaire au Mémoire sur les ondes liquides périodiques, présenté le 29 novembre 1869 et approuvé par l'Aca- démie le 21 février 1870 (1). — Etablissement de relations générales et nou- velles cuire l'énergie interne d'un corps fluide ou solide, et ses j)ressions ou forces élastiques. Note de M. Bocssi.vesq, présentée par M. de Saint- Venant. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à la même Commission que le Mémoire précédent sur le même sujet.) « Je considère un corps soumis à des déformations continues quelcon- ques, et dans lequel j'admets, soit que la température absolue se trouve constanuueut nulle, c'est-à-dire que les molécules n'exécutent aucun mou- vement vibratoire d'amplitude insensible, soit que chacun des éléments de volume dans lesquels on peut le décomposer, chauffé primitivement d'une manière quelconque et rendu ensuite imperméable à la chaleur, ait sa tem- pérature fonction à tout instant de la forme et des dimensions actuelles de l'élément, mais indépendante de la manière spéciale dont cette forme et ces dimensions ont précédemment varié. Les forces élastiques et l'énergie interne, généralement fonctions, pour tout élément de volume, de sa tem- pérature actuelle et des changements de forme et de dimensions qu'il a subis, ne dépendront plus que de ces changements, puisque la tempéra- ture sera nulle ou en dépendra elle-même, » J'appelle, avec Lamé, N,, N2, N3, T,, Tj, T3 les composantes, suivant trois axes fixes de coordonnées rectangulaires, des forces élastiques exer- cées, à l'époque t, sur l'unité de surface des éléments plans menés à cette époque, perpendiculairement aux trois axes, par une molécule du milieu dont .r, j", z et u, v, w désignent les coordonnées j)rimilives et les déplace- ments; avec M. de Saint-Venant, ?i, ;^^, ^^ les trois dilatations respectives reçues, à la même époque t, par les trois arêtes, primitivement parallèles aux axes et menées à partir de la molécule (,r, y, z) d'un parallélépipède (l) Cnmptrx rendus, t. LXX, p. 36o. ( 4oi ) matériel extrêmement petit, et g,.., g,^, g^,. les cosinus des angles faits à la même époque actuelle par les deux de ces trois arêtes qui étaient primitive- ment perpendiculaires aux axes des jc, des j% des s; enfin $, fonction de ;)„ 3,., . .., g;rv» l'énergie interne, rapportée à l'unité du volume qu'avait ce parallélépipède élémentaire dans l'état primitif du milieu. J'obtiens pour les forces élastiques les expressions générales suivantes : - I I r rf'^ / dii\^ d'i' du'' d du du r/* du / (lu ^' ~ T^r^Yd^, y'^ dJ:) '^ d^,d? ~^ d^.d?'^ '^ d^, d7 dl ~^ '^ d^.d'zy ~^ dr d I du\ dii~] de, \ dx) dy\ ' I 1 rf* dv da' r/* / dv\ div d'\> dv i ^ div\ , -l_ 9 1 f/D, dx d.r doi \ dy j dy da, dz \ ~^ dz j di>\ [ da'\ dvdn~\ d'h T du dw dt> ( dœ\'\ dy)y^ 11) -^ dzdj\^ d^X_dz7n-'^d.y^Tz)\ di> r dvd "da, di 1 + et OÙ D|, Do, D3, G|, Go, G3 sont donnés par ?.. = — I + v'i + 2D, , W'Z v/iH-?.D, v/l + 2Ï>3 et ainsi des autres; en sorte que les dérivées remplacées par leurs valeurs / f/* I rf* I / rf'l' d'\> d'\< dr,: -7— >•••. ^— doivent être do, «G, \ , rf* I rf* )' ./G, - (i + .\)(i + :>.)'/s^. ' [do, » Quant aux six dérivées—^, '-7^ ■>■••■> -7—' elles ont une signification géométrique intéressante. Déconiposons, en trois forces jiarallMes aux ( 402 ) arêtes actuelles de l'élément parallélépipède dont les faces étaient d'abord perpendiculaires aux axes des coordonnées, la force élastique exercée ac- tuellement sur chacune de ces faces : la dérivée -pr-i par exemple, sera égale à la projection, sur la direction actuelle de l'arête qui était primitivement parallèle aux x, de la force élastique totale exercée sur l'unité de la super- ficie primitive d'une des deux faces auxquelles aboutit cette arête; la dé- rivée - — » de $, par rapport au cosinus de l'angle que forment les arêtes primitivement parallèles au plan desj'z, est égale au moment oblique, rap- porté à l'unité du volume primitif du parallélépipède, de l'un des deux couples formés par les composantes, suivant ces arêtes, des forces élasti- ques appliquées aux faces parallèles à la troisième arête; en d'autres termes, cette dérivée s'obtiendra en multipliant l'une de ces composantes par la droite qui joint le centre de la face à laquelle elle est appliquée au centre de la face opposée, et en divisant le produit obtenu par le volume primitif du parallélépipède. » Enfin, dans le cas où les dérivées "' "' '" ' sont assez petites pour qu'on puisse négliger leurs carrés et leurs produits, dans les expressions de N,, N2,.. ., Tg, ces expressions, qui se réduisent à Tvr / ^ ^ \ '^'^ /du \ if* [du \ d^ N, = (l-.V-^>.)^^-H(.^-g..);^^+(.^-g,,.)^^, rp / _ ^ ^ ^ u-v dw d dw rf* dy d'iy dz dii, f/x dg^j. dx d^^^ sont susceptibles, suivant la forme qu'on adopte pour , fonction du se- cond degré des t>, g, de prendre successivement deux formes principales, dont l'une a été trouvée par Cauchy au moyen d'un calcul d'actions molé- culaires. Une méthode, basée sur le calcul des variations, que M. de Saint- Venant a employée dans son Mémoire de i863 Sur la Dislribulion des élas- ticités, etc., inséré au Journal de Mathématiques, t. VIII [voir la quatrièwie note après les formules (10)], et aussi dans un complément qu'il va publier au même Journal {Note sur une modification, etc., 1870), donne les mêmes résultats pour ce cas particulier. » ( 4o3 ) MÉTÉOROLOGIE. — Théorie de MarioUe sur les oscillations barométriques. Note de M.W. de Fonvielle. (Extrait.) « On trouve à la page i6i du premier volume des Œuvres de Mariolte, imprimées à Paris en i ']l\o, une théorie très-ingénieuse pour expliquer com- ment le baromètre monte avec le vent du nord et baisse avec les vents du sud-ouest : a Le nord et le nord-est font ordinairement élever le mercure des baromètres, non-seule- ment parce qu'ils rendent l'air plus pesant (i), mais aussi parce qu'e/z soufflant contre la terre de haut en bas, et en pressant l'air par ce moyen, ils augmentent son ressort, ce qui fait élever le mercure. Les oscillations barométriques qui accompagnent le sud et le sud- ouest reçoivent une explication analogue. I) Le sud et le sud-ouest, qui viennent de loin, soufflent suivant les tangentes de la terre et soulèvent l'air supérieur, et par conséquent diminuent le ressort de l'inférieur, d'où il arrive que le baromètre se baisse. » » Je crois devoir appeler l'attention sur cette remarque oubliée, qui introduit dans la barométrie un élément nouveau, l'action dynamique des courants d'air interposés entre la surface de la terre et le périmètre de notre atmosphère. » M. Zaliwski soumet au jugement de l'Académie, une disposition de la pile à éléments zinc-charbon, qu'il pense pouvoir donner une intensité maximum pendant douze heures. Cette pile fonctionnerait sans dégagement gazeux et pourrait servir à l'éclairage des forts pendant la nuit. Le zinc, décapé et mis à nu, serait entouré d'une solution de chlorhydrate d'am- moniaque; le vase poreux contiendrait de l'acide azotique, concentré par l'acide sulfurique. (Renvoi à l'examen de M. H. Sainte-Claire Deville. ) M. Zaliwski adresse une Note sur les propriétés des poudres de guerre au chlorate de potasse, dont la propriété brisante pourrait être atténuée par un mélange intime avec l'acide oxalique pulvérisé. (Commissaires : MM. Morin, Fremy.) M. OzANAM appelle l'attention de l'Académie sur un nouveau procédé de pansement des plaies et blessures, par l'acide carbonique dissous dans l'eau. (i) Sans doute à cause de sa contraction par le froid (W. de F.). f 4o4 ) Ce procédé auiail l'avantage : i° de diminuer la douleur, par l'action anestliésique du gaz carbonique; 2" de réduire les inflammationset de pré- server des érysipèles et gangrènes, eu isolant les plaies du contact de l'air; 3° d'activer la cicatrisation; 4" ''« permettre de nettoyer aisément les plaies profondes, au moyen d'un jet liquide produit sous pression, sans l'inter- veutiou du linge ou de l'éponge, véhicules fréquents de la contagion. CORRESPONDANCE . M. AVatson et M. Stillixc adressent leurs remercîmeuts à l'Acadé- mie, pour les distinctions dont leurs travaux ont été l'objet dans le dernier concours. M. LE Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, la deuxième édition d'un ouvrage de M. J. GïVart/ intitulé : a La chambre noire el le microscope : pholomicrograpliie pratique », et donne lecture des passages suivants de la Lettre d'envoi : « Les héliogravures que contient cet ouvrage ont été prises direcleuient sur les négatifs. J ai l'honneur de présenter à l'Académie diverses épreuves à l'appui ; elles ont été obtenues d'après les procédés indiqués. Ces épreuves consistent particulièrement eu Diatomées choisies parmi les jjIus subtiles de celles que l'on considère comme tests, formant ainsi un Essai d'une synopsis photomicrographique. Ce moyen de reproduction rend, avec une perfec- tion remarquable, des détails autrement insaisissables. Les grossissements ont varié entre 5oo et 800 diamètres, sans que la netteté fût compromise. Pour l'éclairage, les rayons réfractés et les rayons incidents n'étant pas dans le même plan normal à la surface réfringente, il en résulte des phé- nomènes d'interférences, qui sont une des principales sources de fausse interprétation. En outre, la texture des frustules, jointe à leur transpa- rence capricieuse et à l'irisation de quelques-unes, concourt à augmenter les perturbations lumineuses. Ce n'est qu'en corrigeant la lumière, par l'in- terposition d'une cuve contenant un liquide monochrome et en rectiliant la précision de l'éclairage, que l'on arrive à reproduire correctement les caractères génériques des Diatomées. i> Les spécimens d'épreuves positives sur verre, que je présente égale- ment à l'Académie, sont destinés aux projections à la lanterne, excellent instrument pour la démonstration des sujets microscopiques. Une épreuve ( 4o5 ) positive est préférable à la projection directe d'une préparation, parce que, tout en conservant la forme, on peut donner une plus grande amplitude, sans craindre ni la détérioration provenant de la chaleur dégagée par l'ap- pareil éclaireur, ni l'absorption de la lumière par le sujet lui-même, généra- lement peu transparent. De plus, connue la photogra[)hiesur verre est déjà par elle-même un agrandissement, on a ainsi l'avantage d'en reculer les limites sans pour cela perdre en netteté ce que l'on gagne en grossisse- ment. » ASTRONOMIE. — Découverte d'une nouvelle comète par M. Cloggia. Communication de M. Delauxat. « Une nouvelle comète vient d'être découverte à l'Observatoire de Marseille, dans la nuit du 28 au 29 août, par M. Coggia. Voici les |)ositions de cette comète, observées le jour et le lendemain de la découverte : Temps moyen do Marseille. ]R apparente. D apparente. Observateurs. Aorit 28 1 3'- 22'" 52% 2 3''7"'4iS37 4-5°45'52",2 Coggia .. 29 i5''57'"2is8 3''4»>53',64 -l- 6° 20' 28", 3 Stephan Position moyennes, pour 1870,0, des étoiles de comparaisons . JR apparente. U apparente. Août 28 991 B. A. C, 6=1 Si'S"' 32',75 + 6°io' i5",7 ., 29 157 H. in Weisse, 7" 3''io"i3s89 -4- 6° 19' 4", 4 » La comète, vue au télescope (de 0^,80 de diamètre), a l'apparence d'une nébuleuse ronde assez étendue (2' de diamètre environ), avec un noyau caractérisé vers le centre; elle est assez brillante. » Celte comète a été observée à l'aris, par M. Lœwy ; voici la position qu'il a obtenue : Temps moyen de Paris. 31. Distance polaire. 3 Septembre. ... 1 1"" i2'"7%2 2''5o"'5oS67 8o''55'4o",2 Position moyenne, pour 1870,0, de l'étoile de comparaison. Réduction Distance Réduction ®. au jour. polaire. au jour. 901 Weisse 2''52'"4i%3i -i- i%74 8o°53'ii",o — i4"4„ C. R., 1870, 2« Semestre. (T. LXXI, N» 10.) 53 ( 4o6 ) MINÉRALOGIE. — Composition chimique de la nadorite. Lettre de M. Flajolot à M. Combes. « Bône, le 11 août 1870. » J'ai repris l'analyse de la nadorite, et cette fois j'ai trouvé ce qui m'avait échappé. » Ce minéral contient du chlore dans la proportion de 8,85 pour 100. Voici, du reste, les résultats de ma dernière analyse : Plomb 5i ,60 Antimoine 3?. , ?.5 Oxygène 8,00 Chlore 8,85 100,70 » La quantité de l'antimoine a été calculée en adoptant l'équivalent 806,5 de Berzélius. Si l'on prenait celui de M. Dmnas, 762,5, on trouve- rait 3o,5o seulement d'antimoine, et, au lieu d'avoir un excédant de poids, on aurait un déBcit de i,o5. » Ces résultats d'analyse conduisent à la formule élémentaire : Sb^Pb^O^Cl, que l'on peut écrire, si l'on veut, Sb=*0='Cl.2PbO, de telle sorte que le minéral peut être considéré comme une combinaison d'oxyde de plomb et d'oxychlornre d'antimoine, savoir : Oxyde de plomb 55 ,6 Oxychlorure d'antimoine, Sb'O^Cl,... 43)4 » Tous les dosages que j'ai faits de l'oxyde de plomb ont donné les mêmes résultats, de même que ceux de l'oxygène nécessaire pour amener la substance au maximum d'oxydation. La quantité de l'oxygène 8,00, calculée sur les données des deux dosages, doit être très-exacte. En divi- sant le poids du chlore 8,85 par son équivalent 443,2, on trouve qui! ne diffère de 0,02 que d'une fraction insensible, de sorte que le rapport de l'oxygène à celui du chlore, en équivalents, est exactement de 4 h i • » Ainsi donc, la composition de la substance et la formule sont dans un accord parfnit avec les équivalents du jjlonib, du chlore et de l'oxygène, et le faible désaccord qu'il y a avec l'équivalent de l'anlimoine ne dépasse pas (4o7 ) les écarts qui ont lieu dans les analyses des composés d'antimoine, avec les meilleures méthodes de dosage. » Je crois donc que la formule peut être considérée comme exacte. » Je ferai remarquer que les proportions atomiques du plomb et de l'antimoine sont les mêmes que dans la première formule que j'avais don- née, et que l'on passe de la première à la dernière, en remplaçant i équi- valent d'oxygène par i équivalent de chlore. » La nadorite me paraît un minéral fort remarquable, et les échantillons en sont déjà recherchés. Mais les cristaux inaltérés sont encore rares, et depuis que j'ai trouvé ceux que j'ai eu l'honneur de vous adresser, je n'ai plus rien rencontré. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Essai sur le venin du Scorpion. Mémoire de M. Jousset, présenté par M. Claude Bernard. « Le Scorpion a excité de tout temps la curiosité des naturalistes. Assez commun dans le midi de l'Europe, où sa piqûre est redoutée à l'égal de la morsure des serpents venimeux, il a été très-souvent étudié. Arislote, Pline et Galien ont rapporté sur lui des ftibles étranges. Plus tard Fabricius, Redi, Swammerdam,Vallisnieri, Lewoenhock, etc., et surtout Maupertuis, Amoureux, Guyon et Blanchard, ont expérimenté son venin, mais sans par- venir à se rendre un compte exact de son action. » Des nombreuses espèces de Scorpion classées par les zoologistes, trois seulement méritent d'attirer notre attention, parce qu'elles habitent le midi de la France et l'Afrique : » 1° Le Scorpio Europœus, petite espèce (o™,o3) assez commune dans les caves, les décombres et les vieux murs: sa piqîire est insignifiante à cause de la quantité très-minime de son venin; » 2" Le Scorpio Occiianus, jaune clair et beaucoup plus grand (o™,07) que le premier: on le trouve à la campagne, blotti sous des pierres; il est peu commun, et sa piqûre est souvent suivie d'accidents formidables; M 3° Le Scorpio Jlfer, originaire de l'Asie, et assez commun en Afrique, est un insecte qui atteint o™,i2 et o*", i5,et dont la piqûre est certainement mortelle pour l'homme. Je n'ai pu me procurer cette dernière espèce : c'est le Scorpio Occitnnus qui forme le sujet de cette étude. » L'appareil venimeux du Scorpion est situé à l'extrémité de l'appendice caudal. Il a la forme d'une ampoide terminée par un aiguillon noirâtre recourbé, très-dur et aigu, percé près de la pointe de deux petites fentes 53.. ( 4o8 ) qui donnent écoulement au venin accumulé dans l'ampoule. L'animal s'en sert pour se défendre, et aussi pour tueries proies dont il s'empare. N'eûl- il à faire qu'à une faible mouche, il commence toujours par la piquer avant de la porter à sa bouche. La mort est instantanée. Chez les animaux volu- mineux, les vertébrés, tels que le chien, le lapin, etc., la mort ne survient qu'après un temps plus ou moins long et subordonné à la quantité de venin inoculée. )) Le venin est un liquide incolore et limpide, franchement acide comme tous les venins, soluble dans l'eau en toutes proportions, peu soluble dans l'alcool, insoluble dans l'éther, d'une densité un peu supérieure à celle de l'eau. » L'examen microscopique montre un liquide parfaitement transparent, renfermant çà et là quelques cellules épithéliales et de fines granulations dont la présence n'est pas constante. )) La quantité de venin contenue dans l'ampoule est Irès-petite; on peut l'évaluer eu moyenne à 2 milligrammes pour un Scorpion de forte taille. Son activité est très-grande, puisque cette quantité suffit pour donner la mort rapidement à un chien de moyenne grosseur. » La complication des phénomènes occasionnés chez les organismes élevés par l'introduction de ce venin dans l'économie fait qu'd est difficile de bien suivre la marche de l'empoisonnement chez ces animaux; mais chez lesGrenouilles, et surtout les Rainettes dont la membrane interdigitale est mince, pour peu cju'ou ait la précaution de doser convenablement la quantité de venin employée, on parvient à obtenir des effets se dévelop- pant assez lentement pour qu'on puisse les suivre et les observer avec toute la netteté désirable. » Les personnes qui voudront reprendre ces expériences auront tout avantage à se servir du Lilla viridis. » Le but que je me suis proposé dans ce Mémoire a été de déterminer d'une manière précise sur quel élément histologique ce venin exerce son action, car telle est la tendance de l'école expérimentale actuelle, et nous ne devons pas oublier que la méthode précise à l'aide de laquelle on cherche aujourd'hui à pénétrer jusqu'au fond des mystères de l'organisme a été spécialement développée au Collège de France dans les travaux du savant mailre qui a illustré la Physiologie française. » Les premières expériences que j'aie faites m'ont montré que les Gre- nouilles succombaient rapidement sous l'influence de doses très-minimes de venin de Scorpion. La mort survenait sans convulsions; la peau des ( 4o9 ) Rainettes vertes prenait constamment une teinte violacée et se montrait injectée. En outre, le membre piqué devenait le siège d'une rigidité mus- culaire complète. » Alors j'ai cherché à suivre, en examinant le cours du sang pendant l'empoisonnement, la marche des phénomènes. M Expérience. — Une Rainette verte est préalablement fixée sur un liège et la membrane interdigitale de la patte droite étalée sous le microscope. » La circulation est très-active. » Le champ de l'instrument comprend un vaisseau capillaire moyen dans lequel trois ou quatre globules peuvent passer de front et un autre capillaire bifurqué dans chacune des branches duquel un seul globule peut s'engager à la fois. » Inoculation dans les muscles de la cuisse droite de l'animal de oS'',ooo4 de venin frais. » Deux minutes après l'inoculation, la coloration caractéristique com- mence à apparaître. » Le cours du sang se ralentit sensiblement. (Le calibre des capillaires, mesuré exactement, reste le même pendant toute la durée de l'expérience.) » Cinq minutes. Dans le capillaire moyen, au milieu de globules nor- maux, on voit passer d'autres globules qui ont l'air déformés, allongés et constamment escortés de plusieurs autres auxquels ils semblent adhérer. » A mesure que le cours de la circulation se ralentit, on distingue mieux les phénomènes. Un de ces globules déformés escorté de deux autres est arrivé à la bifurcation du capillaire fin dont il obstrue la double entrée. Dans un mouvement de l'animal, un autre globule sain parvient à se glis- ser et à entrer dans la branche de droite, mais en emportant attaché après lui un filament détaché du globule altéré contre lequel il s'est frotté au passage. « Dans le capillaire moyen, où les globules sont devenus très-nombreux, on les voit rouler lentement et par agglomération de quatre ou cinq. » Dix minutes. Les globules stationnent dans les c.qiillaires et les en- combrent. De temps en temps, un léger mouvement de progression se fait sentir alternativement dans un sens ou dans l'autre. Il n'est que passager et n'aboutit à rien. » De petits caillots de sang extravasé dans les tissus se voient çà et là dans le voisinage des capillaires fins. » Je n'ai pu assister à leur formation. )) Trente minutes. La rigidité musculaire de la patte est établie. Elle est ( 4io) infiltrée. Tous les vaisseaux capillaires sont remplis de globules rouges tassés les uns contre les autres et immobiles. » La sensibilité est parfaitement conservée et très-vive. » Manifestation de douleur vive pendant l'excitation des muscles par un faible courant d'induction. Cette excitation n'amène aucun mouvement dans les masses de globules contenus dans les capillaires. Les muscles rigides se contractent faiblement. Les nerfs moteurs sont excitables. » La grenouille n'est pas très-prise; les deux pattes seules sont colorées. » Le cœur bat normalement, la respiration est un peu ralentie. M L'expérience, interrompue à 7 heures du soir, est reprise le lendemain à 10 heures, la quantité de venin étant trop faible pour amener la mort. » L'animal est revenu à sa couleur ordinaire, il paraît dans son état normal, sauf la patte piquée, qui est toujours dans l'extension, infiltrée, mais moins rigide que la veille. Elle est très-sensible aux excitations, et l'animal commence à la mouvoir an prix de grands efforts. a A chacune de ces tentatives, les muscles sont le siège de mouvements spasmodiques analogues à ceux que produit un courant électrique inter- mittent. » La circulation a reparu dans quelques capillaires. Le plus grand nombre est obstrué par un magma rougeâtre où il est impossible de dis- tinguer la forme des globules. » 3 heures du soir, c'est-à-dire environ vingt-quatre heures après l'ino- culation, il reste encore dans la patte piquée quelques mouvements spasmo- diques et une indécision qui persiste pendant plusieurs jours. » Expérience. — Du sang de Grenouille est placé sous le microscope avec un fort grossissement, on introduit sous la lamelle qui le recouvre du venin de Scorpion. » Au bout de dix secondes, les globules en contact avec le venin s'ar- rondissent ; leur contour devient absolument linéaire, et ils ressemblent à de petites masses gélatineuses. » Leur consistance diminue ensuite peu à peu, car ils s'agrandissent et s'étalent. Leur aspect est alors celui d'une gouttelette huileuse. Le noyau devient de moins en moins visible. En inclinant le microscope on opère un mouvement lent de descente, mais seulement dans les globules normaux, les autres sont presque tous collés au verre. Pendant ce mouvement de descente, les globules sains qui rencontrent les globules altérés y adhèrent, et s'ils s'en séparent, ce n'est que difficilement el en entraînant après eux une portion de ces derniers sous forme d'un long filament visqueux. (4ii ) » Enfin si plusieurs globules altérés sont voisins, leur masse en s'étalant finit par se confondre en une seule plaque visqueuse dans laquelle on dis- tingue çà et là des noyaux non encore dissous. » Des nombreuses expériences relatées dans ce Mémoire il semble que l'on puisse tirer les conclusions suivantes : » 1° Le venin du Scorpio Occitamts agit directement sur les globules rouges du sang et paraît n'agir que sur eux; » 2° Sou action a pour résultat de faire perdre aux globules la propriété de glisser les uns sur les autres; » 3" En perdant cette propriété ils s'agglutinent les uns aux autres et aux globules sains de manière à former de petites masses qui obstruent l'en- trée des capillaires et mettent obstacle à la circulation. » C'est par ce mécanisme, et en s'opposant à la plus indispensable des fonctions, que ce venin place l'économie animale dans des conditions in- compatibles avec la vie. » Il en résulte encore qu'une quantité déterminée de venin est néces- saire pour que l'animal soit empoisonné. Le venin de Scorpion, comme tous les autres venins probablement, n'agit donc que quantitativement et d'une manière purement chimique, ce qui le différencie des virus dont l'action paraît analogue à celle des ferments. » La séance est levée à 4 beures. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 5 septembre 1870, les ouvrages dont les titres suivent : Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. Decaisne, Membre de l'Institut, III® liv. Paris, 1870; in-4°, texte et planches. Physionomie de nos contrées et particulièrement du bassin de Paris avant et pendant ta première apparition de l'homme ; par M. E. ROBERT. Paris, 1870 ; br. in-8°. Pierres et métaux; par M. A. Mangin. Tours, 187 1; in-S" avec figures. Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés par l' Académie royale de Médecine de Belgique; collection in-S", t. \", 2* fascicule. Bruxelles, 1870; in- 8°. ( 4l2 ) PUBMCATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADÉMIE PENDANT LE MOIS d''aOUT 1870. (lin.) Journal de Pharmacie et de Chimie; n°^ 22 et 23, 1870; in-8°. Jourmd des Fabricants de Sucre; 11°' 16 à 18, 1870; in-fol. Journal général de r Instruction publique; n° 3i, 1870; in-Zi". Kaiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne; n°^ 18 à 20, 1870; in-S". L Abeille médicale; n"' 32 à 37, 1870; in-4°. V Aéronaute ; n°' 27 à 3o, 1870; iu-8°. VArl dentaire; juillet 1870; in-8°. UArt médical; août 1870; in-S". La Santé publique; 11°' 81 à 84, 1870; in-4°. Le Gaz; n" 7, 1870; in-4°. Le Moniteur de la Photographie; n°' 10 et 1 1, 1870; in-4°. Le Mouvement médical; 11°' 32 à 35, 1870; in-4°. Les Mondes; n°' des 4, 11, 18, aS juillet 1870; in-8''. V Imprimerie; n° 79, 1870; in-4''. Marseille médical; n° 8, 1870; in-8°. Montpellier médical.... Journal mensuel de médecine; août 1870; in-8'\ Nouvelles Annales de Mathématiques ; août 1870; in-S". Nouvelles météorologiques; août 1870; in-8°. Observatoire météorologique de Montsouris; août, i à 29, 1870; in-4°. Répertoire de Pharmacie; août 1870; in-8°. Revue Bibliographique universelle; août 1870; in-8°. Revue des Cours scientifiques; n""* 36 à 39, 1870; in-4°- Revue des Eaux et Forêts; n" 8, 1 870; in-8°. Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n° 16, 1870; in-S". Revue hebdomadaire de Chimie scientifique et industrielle; n"' 38 à l\o, 1870; in- Revue maritime et coloniale; août 1870; 111-8". Revue médicale de Toulouse; août 1870; in-8''. The Food Journal; août 1870; in-8". The Pharmaccutical .Journal and Transactions; 3'' série, n°' 1 à 5, 1870; in-S". The Scientific Review; 11" 8, 1870; 111-4". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, M»»»< SÉANCE DU LUNDI 12 SEPTEMBRE 1870. PRÉSIDENCE DE M. LIOUVILLE. MEMOffiES ET CO^DIUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDAINTS DE L'ACADÉMIE, ASTRONOMIE. — Sur la manière d'observer le prochain passage de Vénus; par M. Simon Newcomb. Note de M. Fayë. « M. S. Newcomb a bien voulu m'adresser, il y a quelques jours, une Notice lue par lui à la National Academy of Sciences (U. S.) sur le prochain passage de Vénus. J'ai pensé que rAcadéiiiie aimerait à avoir connaissance de ce travail qui montre qu'on se préoccupe en Amérique de ce grand phénomène tout autant qu'en Europe. M. Newcomb a voulu contrôler sé- rieusement l'opinion qui, dans la bouche de Haliey, a donné jadis un si grand crédit aux passages de Vénus. Dans son Mémoire sur l'observation du passage de Mercure à Sainte-Hélène, ce grand astronome déclare qu'il avait observé, à moins d'une seconde près, le contact intérieur de Mer- cure et du Soleil, et c'est sur ce haut degré de précision qu'il établit l'es- poir d'arriver, par les passages de Vénus, à mesurer avec luie exactitude extrême la distance de la Terre au Soleil. )i M. Newcomb a pris la peine de réduire au centre de la Terre toutes les observations du dernier jjassage de Mercnre en novembre 18G8, et il en a formé un tableau très-instructif dont j'extrais les nombres suivants : G. R., 1870, 3« Semestre. (T. LXXI, N" 11.) o4 ( 4'4 ) Contact observé Contact observé atec déformation de l'image. s:ins déformation de Pimage. îibo" — 2,4 Le Verrier, inst. 2i''o""— 3,o Rayet, + /^,o Stone. -f- 1,5 Liais. -+- 4>7 Dunkin. ■+- 4,9 André. -1-11,3 Criswick. -4- 8,3 Villarceau. 4-12,6 Carpenter, inst. + " j4 Wolf. + 17,3 Buckingham. -t- 14,2 Diiner. -t-29,6 Pohl. » J'ai exclu les observations où les bords des astres sont notés comme mal définis, et celles dont le caractère ne se range pas dans les deux co- lonnes ci-dessus. M. Newcomb a d'ailleurs tenu compte de l'ouverture et du grossissement, qui a beaucoup varié d'un observateur à l'autre; il en conclut qu'il n'existe aucune dépendance entre ces éléments et l'instant de l'observation. )) Il résulte clairement de ce tableau que Halley se faisait quelque illusion lorsqu'il se flattait d'avoir observé à i seconde près l'instant d'im phéno- mène identique. On voit aussi que la même incertitude existe, soit que le phénomène se présente avec le caractère géométrique de deux disques en contact, ou qu'il soit altéré par une certaine déformation des images. » M. Newcomb conclut de là que l'observation du prochain passage de Vénus échouera si l'on se contente d'observer comme autrefois les contacts intérieurs. Il propose les mesures photographiques. L'Académie verra sans doute avec intérêt que, plus les astronomes approfondissent cette question, plus ils se rallient à l'emploi de la photographie. M. New^comb n'y pressent qu'une difficulté, celle de déterminer exactement l'échelle angulaire des images, et il conseille, pour cela, aux observateurs l'emploi d'appareils parallactiques qui permettraient de photographier les Pléiades avant et après l'observation de Vénus (i). Mais il me semble, et c'est ime suggestion que je soumets aux astronomes, qu'il existe un moyen bien plus simple et bien plus praticable, moyen que j'ai employé moi-même avec un plein succès. 11 consiste à iihotographier plusieurs fois une même partie du disque solaire pendant qu'il passe dans le champ de la lunette immobile, et à enregistrer les instants, à -g-^ de seconde près, par le télégraphe élec- trique. Les bords ou plutôt les petites taches du Soleil fournissent, sur ces images, des points de repère parfaits pour déterminer la valeur angulaire (i) On sait que ce sont les aslroiiomes îles États-Unis qui sont parvenus les premiers à photographier les étoiles el même des systèmes steilaires tels que les Pléiades. (4i5 ) des parties de l'image. Le même procédé permettra d'étudier complètement les déformations dues au système optique dans toutes les directions, car il suffit de prendre d'autres empreintes d'une nouvelle série de positions du Soleil, après avoir fait tourner la lunette autour de son axe d'un angle de 90 degrés par exemple. » Ce dernier procédé, qui n'a été appliqué jusqu'ici qu'à l'occasion de j'éclipse de i858, dans les ateliers de M. Porro, me semble préférable, pour l'étude du système optique, à celui qu'on a adopté dans le même but à l'Observatoire de Kew, dont les astronomes ont poussé si loin l'étude pho- tographique des taches du Soleil. A Rew on s'est contenté, si je ne me trompe, de photographier une grande règle divisée placée à une certaine distance, ou un dôme éloigné dont les dimensions étaient exactement connues. » HYGIÈNE PUBl.lQUE. — Quels soJit les vrais agents chimiques qu'il faut opposer à rinfeclion miasmatique. Note de M. Faye. « Je n'ai pas la prétention de rien apprendre de nouveau sur ce point à l'Académie ; il s'agit simplement d'im préjugé longtemps répandu sous l'autorité de la science elle-même; j'ai cru qu'il pourrait être utile d'avertir une bonne fois le public que la science a totalement changé à cet égard. » Depuis la découverte de l'acide muriatique oxygéné, vers la fin du der- nier siècle, les moyens préconisés jadis par la vieille médecine pour désin- fecter l'air ont été abandonnés pour faire place, au chlore, au chlorure de chaux et aux vapeurs nitreuses. On ne manquait pas de faire remarquer à tous propos que les anciennes fumigations se bornaient simplement à mas- quer la mauvaise odeur des émanations méphitiques, tandis que le chlore décompose ou détruit tous les gaz odorants, tels que les hydrogènes sul- furé, phosphore, carboné, l'ammoniaque, etc., auxquels on attribuait alors l'infection miasmatique. » Mais on sait aujourd'hui, par les travaux mêmes de notre Académie, que l'infection miasmatique est due à une tout autre cause. La décompo- sition naturelle des matières organiques donne lieu, en effet, à l'émission de deux genres de matières qu'il importe de ne plus confondre : l'un sensible à l'odorat et parfaitement innocent à petites doses, à savoir les gaz puants ou méphitiques; l'autre inodore, impalpable et invisible, mais doué d'une sorte de vie et d'une incroyable faculté de dissémination : 54.. ( 4i6 ) celui-là seul est dangereux. Ce sont ces germes invisibles, et non les gaz odorants, qui développent dans les corps de nature organique sur lesquels ils se déposent les phénomènes de la fermentation ou ceux des affections morbides les plus redoutables. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner que le chlore en quantité respirable soit sans action sur ces ferments impal|)ables mais vivants, tandis qu'il détruit chimiquement les gaz méphitiques. Heu- reusement la chimie nouvelle nous foiuMiit aujourd'hui tonte luie série d'agents nouveaux doués d'une action spéciale, agents qui ne décom|)osent pas les émanations méphitiques comme le chlore, mais qui agissent direc- tement sur les germes suspendus dans l'air. Ce sont les substances du genre de l'acide phénique, du phénol, de la créosote, etc., et il est inté- ressant de voir que des traces de ces agents véritablement désinfectants se retrouvent dans les substances que la vieille médecine préconisait autrefois, c'est-à-dire la suie, la fumée et le goudron. » Concluons de là que si dans une salle de malades on entretenait un dégagement de chlore, en vue d'assainir l'air ambiant, ou si l'on s'efforçait d'en renouveler continuellement l'atmosphère, cela ne dispenserait nidle- ment le médecin de se préoccuper de l'infection miasmatique. De là le mode remarquable de pansement qui a pris tant d'importance dans ces derniers temps et qui consiste dans l'emploi de bandages ou d'a|)pareils combinés de manière à exclure rigoureusement le contact de l'air, et par suite les germes qu'il tient toujours en suspension. » Mais si, au lieu d'employer le chlore, on avait constamment recours aux désinfectants véritables d'origine phénique, appliqués au malade lui- même ou plutôt aux objets de pansement, on supprimerait directement l'infection, tout en laissant au médecin une latitude beaucoup plus grande dans sa manière d'opérer, c'est-à-dire en le délivrant de l'obligation de recourir aux pansements hermétiques. » Je voudrais donc, et c'est uniquement pour cela que j'ai cru devoir prendre la parole sur un sujet si éloigné de mes travaux ordinaires, que l'opinion publique cessât de confondre, sous le nom général de désinfec- tants, les agents chimiques qui se bornent à détruire les mauvaises odeurs (i) et ceux qui attaquent directement ou neutralisent les germes des plus ter- ribles affections morbides. Quant à moi, si j'ose ici citer ma bien faible expérience personnelle, je n'ai jamais vu de plaie, grande ou petite, prendre (i) Il ne peut cire ici queslion des agents qui serviraient iini(|nenient ù masquer ces odeurs par d'autres moins rc[)Uf;nanles : personne ne s'en préoccuiie plus. (4i7) un mauvais caractère quand elle était pansée tout d'abord avec des linges imbibés d'eau phénolée. » Ce n'est pas à dire qu'on doive renoncer à l'emploi des agents chimi- ques qui détruisent, comme le chlore, les matières animales, en leur fai- sant franchir du premier coup toute cette série de fermentations putrides d'où paraissent se dégager les innombrables germes contenus dans l'atmo- sphère : ces agents rendront plus efficaces les soins généraux de salubrité, mais, je le répète, l'air ambiant, même l'air sans cesse renouvelé, n'en contiendra pas lîioins des germes préexistants, venus souvent de fort loin; pour les combattre, il faut recourir à d'autres agents bien connus aujour- d'hui des médecins, agents dont l'emploi est heureusement à la portée de tout le monde, et dont je viens de rappeler la nature. » M. DcMAS présente à ce sujet les observations suivantes : « Notre confrère paraît ignorer qu'on se sert depuis plusieurs années à Paris de l'acide phéuique, conune préservatif contre la contagion, dans un grand nombre de cas. L'Administration des ponspes funèbres, en particu- lier, a reçu l'ordre, depuis cinq ou six ans, de faire usage, dans tous les cas de maladies épidémiques, choléra, variole, etc., d'un mélange d'acide phénique et de sciure de bois: l'Assistance publique en a fait autant pour les hôpitaux; le Ministère de l'Intérieur en a recommandé l'ajiplication gé- nérale dans tous les cas de maladies présumées contagieuses. » On réserve le chlorure de chaux à la désinfection du sol ou de l'air empuantés par les liquides, les gaz ou les vapeurs; mais, concurremment, et pour combattre les miasmes, on fait usage de l'acide phénique. Du reste, la question des procédés de désinfection et d'assainissement fait le sujet, en ce moment, d'études très-attentives, et le Comité d'hygiène examine les procédés anciens ou nouveaux qui lui ont été soumis; il ne m'appar- tient pas de dire quelles mesures il arrêtera. Ceux de nos confrères qui en font partie y feront prévaloir, certainement, les moyens les plus dignes de confiance. » m. Chevreul s'énonce dans les termes suivants : « Il y a une distinction à faire entre les désinfectants comme le chlore, et les corps qui agissent comme l'acide phénique. » Ces désinfectants sont loin d'agir d'une manière unique : » i" L'acide sulfureux et l'acide sulfhydrique humides, tous les deux odorants, se décomposent réciproquement en deux corps inodores, l'eau et le soufre; ils sont donc mutuellement désinfectants. (4i8 ) » 2° L'acide chlorhydriqiie corrosif, irritant, et l'ammoniaque odorante se neutralisent en s'unissant de manière à former un composé inodore, le chlorhydrate d'annnoniaque. » 3" Le chlore et l'ammoniaque présentent à la fois une décomposition et une combinaison neutre. Une portion d'ammoniaque est réduite en azote inodore et en acide chlorhydrique qui neutralise la portion d'am- moniaque non décomposée. » Il existe des désinfectants qui, comme le charbon, agissent non plus en formant, comme les précédents, des composés définis, ou en remettant en liberté un des éléments des corps réagissants, mais en s'unissant par une affinité qui fut qualifiée de capillaire dès 1821 . M Ce genre d'union est très-fréquent ; exemples: le charbon qui absorbe les gaz odorants et les principes colorants d'origine organique; les étoffes qui se teignent en conservant leur forme ; les matières terreuses qui agissent sur l'eau, l'ammoniaque et les parties tant gazeuses que liquides des engrais. )) Ce sont les corps de ce genre que je préconise, lorsqu'il s'agit de la désinfection de l'engrais humain, et non des corps qui le désinfectent en l'altérant plus ou moins profondément, ou en formant des composés plus ou moins stables, incapables de rien donner à la végétation des plantes, ou céder en temps utile ce que l'engrais non désinfecté lui eût cédé. » Je ne reconnais l'utilité de la désinfection de l'engrais humain par des corps qui l'altèrent profondément en formant des composés plus ou moins stables que comme pratique transitoire pour arriver, sinon à l'emploi de l'engrais en nature, du moins à sa désinfection opérée avec des corps qui n'agissent que par une faible affinité capillaire. )' Cette distinction faite, il ne faut pas croire que si l'on a exagéré l'effi- cacité du chlore et des hyj)ochlorites, cette exagération est un motif pour en rejeter l'emploi dans des cas autres que ceux où leur bon usage est in- contestable; car le chlore en présence de l'eau et les hypochlorites agissant à la manière de l'eau oxygénée, c'est-à-dire comme dénaturant, altèrent profondément une foule de matières organiques parmi lesquelles il peut y avoir des venins, des virus, des miasmes, etc., etc., on aurait donc tort, dans des cas où son défaut d'action n'est pas démontré, d'en })roscriie l'usage en principe. Ici je rapproche l'action du chlore et des hypochlorites de celle qu'ils exercent dans le blanchiment des étoffes. » Que sait-on bien aujourd'hui de l'action de l'acide phonique sur les composés organiques dont la décomposition spontanée, exhalant une mau- vaise odeur, justifie l'expression déjouer d' infedion? (4i9) » C'est qu'il agit principalement sur la source de ta mauvaise odeur ^ et en arrête le cours. Mais comme je l'ai consldté sur plusieurs matières orga- niques, il n'agit pas sur la mauvaise odeur, comme le chlore agit par exemple sur l'acide suifhydrique, l'ammoniaque, etc. » Je ne parle pas de l'action qu'il peut exercer sur des composés orga- nisés, appelés spores, fermenls, etc. Telle est, si je ne me trompe pas, l'opi- nion de M. Calvert, mon élève, qui prépare aujourd'hui l'acide phénique pour le monde entier. » En résumé, dans ce que j'ai étudié, l'acide phénique agit sur la source matérielle de la mauvaise odeur et non sur cette mauvaise odeur. » M. DcMAS demande à ajouter quelques mots. « Tous les chimistes sont d'accord pour admettre que le chlorure de chaux décompose les gaz hydrogénés répandus dans l'air. » Quant à l'acide phénique, son action est double. » L'acide phénique détermine certainement un temps d'arrêt dans la décomposition des matières organiques albuminoïdes. Il agit à la façon du tannin. C'est opérer une sorte de tannage que d'employer l'acide pliénique. » Mais à côté de cette action, je crois qu'il en possède une seconde très- importante, qu'il ftiut spécifier. « Quand on taune un muscle mort, on arrête la décomposition ; lorsque l'on tanne dessporules vivants, on peut les tuer. De même, quand on fait agir l'acide phénique sur des sporules, sur des germes en suspension dans les liquides fermentescibles, on les tue, absolument comme la créosote versée dans une dissolution sucrée arrête la fermentation alcoolique en tuant les ferments, et comme le tannin prévient la formation visqueuse. » L'acide phénique, à mon sens, non-seulement arrête la décomposition organique, mais tue les germes, les agents vivants, dont le développement engendrerait ou propagerait les maladies épidémiques. » C'est en partant de cette idée qu'il m'a paru toujours nécessaire de conserver les fumigations chlorées pour désinfecter l'air, mais de faire intervenir en outre l'acide phénique, dont les vapeurs vont en quelque sorte rechercher et tuer dans une atmosphère viciée les miasmes et les germes morbides. Les formules que j'ai données à l'autorité publique, et qu'elle a adoptées, sont fondées sur ces principes. » Eu résumé, désinfecter et assainir font deux. Il convient d'utiliser simultanément et le chlore et l'acide phénique. » ( /.20 ) Après les remarques de M. Dumas sur l'acide phénique, M. Chevrell s'exprime en ces termes : « J'ai eu plaisir à entendre M. Dumas parler d'un tannage à propos de l'acide phénique. Je ne dirai pas, en commençant, l'Académie se rappelle, car ce que je vais ajouter aux observations que je viens de faire remonte à l'année 1809, et je n'ai pas la prétention d'invoquer le souvenir de mes confrères pour une époque si reculée. » Les conclusions principales auxquelles m'avaient conduit des recher- ches sur les tannins artificiels, exposées dans trois Mémoires lus à l'Aca- démie (i), sont les suivantes : » 1° Il est impossible de maintenir l'opinion, qui régnait alors, à savoir l'existence d'un principe immédiat unique des végétaux, qu'on appelait tannin et qui était caractérisé par la propriété de précipiter la gélatine. » Cette impossibilité était la conséquence de la diversité décomposition chimique élémentaire des corps qui possèdent cette propriété. » 2° En faisant dépendre la propriété de précipiter la gélatine d'iuie forte affinité du corps tannant pour la gélatine, je retrouvais cette propriété dans des corps de nature la plus différente : » a. D'abord dans les tannins artificiels de M. Hatchett que je venais d'examiner; » b. Dans le muriate (Viridium, auquel Vauqueliu venait de reconnaître la propriété de précipiter la gélatine et la saveiu- astringente; » c. Dans le bicliloruie de mercure, dont Deyeux s'était servi, peu d'an- nées auparavant, pour conserver le cadavre d'un général du premier Empire; » d. Plus tard, je fis la remarque que l'eau de chlore, qui j)récipite tant de liquides d'origine organique, a elle-même une saveur astringente. » 3° Je déduisis la conservation des matières organiques unies à une substance tannante de leur insolubilité dans l'eau, c'est-à-dire de la stabilité chimique acquise par les matières organiques en vertu de leur combinaison. » 4" Je considérai la saveur astringente, lors même qu'elle appartient à des corps qui ne précipitent pas la gélatine, comme concomitante avec leur propriété de s'unir aux matières animales, et ce rapprochement me con- duisit à faire les remarques suivantes : » a. Il existe des sels, comme ceux d'alumine, de glucine, etc., qui (i) Annales de Cliiiitie, t. LXXII et LXXIII : i"' Mémoire, lu le 17 d'avril 1809; 2' Mémoire, lu le 10 de juillet 1809; 3'' Mémoire, lu le 21 d'août 1809. ( 42. ) ont, avec la saveur astringente, une saveur sucrée : dans plusieurs sels de plomb, la saveur sucrée domine sur la saveur astringente ; » h. Il existe des corps, doués d'affinité pour les matières organiques, qui ont une saveur plus ou moins amère, avec une saveur astringente ou légèrement astringente. ;. 5° Enfin, j'admis la possibilité que des corps qui coagulent fortement les matières organiques ne sont poisons qu'en formant des composés solides avec les humeurs et les tissus des animaux. » Nota. — Le temps me manque pour parler des causes d'infection des eaux, du sol des cités populeuses et des terres arables. Je renvoie mes observations au Compte rendu prochain. » CHIRURGIE. — Obsewations relalivts aux indications chirurgicales et aux conséquences des amputations, à la suite des blessures par les armes de guerre. Lettre de M. Sédillot à M. le Président. « Haguenau (Ambulances volontaires), 2 septembre 1870. )) Le salut de milliers de blessés appelle le concours et les efforts de tons les chirurgiens, pour arriver aux meilleures méthodes et aux plus sûrs procédés des opérations nécessilées par les armes de guerre : à ce titre, je soumets à l'appréciation de l'Académie, et à celle de mes confrères mili- taires et civils, quelques remarques inspirées par une longue expérience et par l'observation récente de plus de quinze cents blessés et de plus de deux cents amputations, parmi lesquelles j'ai dû en pratiquer une qua- rantaine, et jusqu'à quinze dans une seide journée. » La rè^le la plus importante et la moins contestée est d'opérer avant le développement de la période inflammatoire, dès les deux premiers jours de la blessure. Ces amputations, dites immédiates ou primitives, sont parfois encore possibles le troisième et le quatrième jour sm- les hommes à réaction tardive, mais ce sont des cas exceptionnels. » Pendant la période inflammatoire, les opérations sont suivies d'une effrayante mortalité; mais elles l'emportent grandement sur l'expeclalion, au moins dans les conditions d'encombrement inévitable où l'on se trouve, » L'influence des localités, des saisons, des soins, des eaux, des approvi- sioimements, de la nourriture, de la nationalité, exige de nouvelles inves- tigations. » A Haguenau, à Bischwiller,àReichshoffen, àWalbourg,à Durrenbacli, C. R., 1870, 2' Semestre. (T. LXXI, N» li.) 55 ( 4^2 ) H Pfaffenhoffen et dans quelques autres localités que nous avons visitées, il nous a semblé que l'expectation n'avait pas sauvé ini blessé sur vingt. La gangrène, les hémorrhagies et, plus tard, les infections purulentes et putrides étaient rapidement mortelles, paiiout où de nombreux malades étaient réunis. Peut-être a-t-on été plus heureux dans des maisons parti- culières renfermant seulement un ou deux blessés; mais la mortalité y a été encore très-considérable et excessive. » Les amputations secondaires, ou pratiquées pendant la période inflam- matoire, ont généralement donné des résultats immédiats excellents. Les blessés accusaient tous une amélioration remarquable; leur figure expri- mait le contentement. Ils s'applaudissaient de ne plus souffrir et d'avoir recouvré de l'appétit, du sommeil, de la confiance; mais quelques-uns ont succombé à la gangrène, un plus grand nombre à des hémorrhagies répé- tées; enfin, du huitième au seizième jour, et au delà, ont apparu de fré- quentes infections, avec abcès métastatiques, dont la guérison a offert fort peu d'exemples. L'état pidtacé des plaies, sorte de pourriture d'hôpital, des abcès, des infiltrat ioi/s sanieuses, des hémorrhagies consécutives ont fait de tristes ravages parmi les opérés, et en font encore. » Quant aux amputations tardives, le moment en est à peine arrivé, et il restera peu de malades susceptibles d'en profiter. » On obtiendrait, croyons-nous, des résultats moins affligeants : » 1° En introduisant dans les ambulances le principe de la division du travail, si féconde en toutes choses : un seul opérateur, bien secondé, pourrait pratiquer cent amputations, au moins, par jour, et si l'on admet la nécessité d'une amputation sur dix blessés, proportion probablement trop élevée, l'on comprendra quel rôle important doit être attribué à Fa rapidité opératoire; » 2° En renonçant à tous les procédés compliqués, à tous ceux qui rendent les guérisons longues et difficiles, comme les résections, par exemple, en adoptant, à l'imitation d'un grand maître, le baron Larrey, les procédés les plus simples et les plus prompts. » Les projectiles actuels produisent de si graves désordies et exposent à des suppurations si étendues, qu'on doit s'imposer comme règle : 1) jJ. De réduire les plaies des moignons au plus petit diamètre; » B. De favoriser, avant tout, le libre écoulement du pus, doctrine que nous défendons depuis plus de vingt années; « C. D'adopter, en outre, une réforme radicale des méthodes d'am- putation : sans crainte de heurter et de contredire l'oiiinion de tous les ( 423 ) chirurgiens tlii siècle dernier et du nôtre, nous soutenons qu'au lieu de renfermer les extrémités osseuses au milieu des chairs, dans les amputa- tions de continuité, il faut les en faire sortir, et en voici les raisons. » Nous prendrons pour exemple l'amputation de la cuisse, particuliè- rement choisie comme sujet d'étude de toutes les méthodes et procédés opératoires. )) Avec un moignon creux, l'os tend à blesser, ulcérer el mortifier les parties en contact, nuit au transport des blessés, exige des pansements répétés, empêche le dégorgement des plaies tenues fermées et l'écoulement du pus, et rend très-pénible la recherche des vaisseaux atteints d'hémor- rhagie. » En laissant l'os au dehors de la plaie, le moignon est plein_, naturelle- ment soutenu, insensible aux mouvements du malade et par conséquent à son transport. Les procédés circulaires, dans lesquels les vaisseaux sont coupés plus perpendiculairement que par aucun autre, sont applicables. La plaie, très-petite, peut être réunie inmiédiatement dans la plus grande partie de son étendue, offre une surface très-bien disposée pour la recherche du siège des hémorrhagies, et permet au pus de s'écouler librement et au dégorgement de s'effectuer, lorsque la réunion n'a pas eu lieu. » La plus forte objection à adresser à cette méthode est l'obstacle qu'apporte à la guérison définitive un os isolé et saillant, mais on en iera la résection au moment où la plaie sera presque entièrement cicatrisée, et, avec la précaution de détacher et de renverser le périoste, cette opération présentera peu de danger. » J'ai visité un grand nombre d'ambulances,' et entre autres celle de M. Icessel, professeur agrégé de la Faculté de Médecine de Strasbourg, où j'ai trouvé plus de vingt-cinq amputés de la cuisse : partout les blessés amputés avec des moignons creux, ou avec de vastes lambeaux antérieurs ou autres, avaient offert plus d'accidents et avaient succombé en plus grand nombre que ceux dont les moignons étaient coniques et l'os saillant. M L'expérience semble donc ici confirmer les raisons théoriques que nous venons d'exposer. » J'ajouterai qu'une amputation dans laquelle on vent laisser l'os saillir au delà des chairs ne diffère pas autant qu'on pourrait le supposer d'une amputation ordinaire. C'est au reste un sujet à étudier plus longuement, mais voici des procédés que nous avons pratiqués. On divise circulaire- ment la peau; on la fait relever, par simple pression si elle est souple et saine, en manchette si elle est adhérente ou infiltrée, et l'on coupe les 55.. ( 424 ) chairs jusqu'à l'os en un ou deux temps, selon leur épaisseur et leur résis- tance. On dénude légèrement l'extrémité osseuse et on la scie à un centi- mètre environ des muscles. Le moignon ainsi formé est conique. On en retranclie, s'il y a lieu, les masses musculaires proéminentes et les nerfs qui dépassent la plaie, et, après avoir lié les vaisseaux avec section à ras des ligatures, on panse à plat, on rabat la peau sur le moignon, tout autour de l'os laissé au dehors, si l'on essaye la réunion immédiate partielle. Quelques points de suture réunissent les téguments que l'on comprime légèrement, avec un linge trempé dans du digestif et de la charpie, contre la plaie, pour en assurer riuunobilité et l'adhésion luiiforme, et l'on com- plète le pansement par une compresse, une bande ou une cravate Mayor. On examine le lendemain si le moignon n'est pas ti^p serré. Les téguments repoussés en arrière, et entraînés dans ce sens par la rétractilité et la con- traction des muscles, se réunissent plus ou moins bien à la plaie et dimi- nuent, par leur adhésion, l'étendue des surfaces de suppuration. Si le moignon s'enflamme et s'engorge, il devient convexe, repousse encore la peau plus haut et plus en arrière, et l'os, toujours saillant, ne blesse pas les parties qu'il dépasse, et le moignon ne retient pas le pus. A la jambe, le pro- cédé ovalaire, que nous avons autrefois décrit, avec section médiane de la peau (Larrey), au devant du tibia, et petits lambeaux latéraux, avec peu de muscles, donne de très-beaux résultats. Pour la désarticulation de l'épaule, la régie est de couper très-bas la peau de l'aisselle, pour éviter la rétention du pus ou la production d'abcès le long des parois thoraciques. On en- lève avec soin les masses musculaires du deltoïde, des pectoraux et du grand dorsal, et l'on assure l'écoulement des liquides, malgré la réunion immédiate, par une mèche ou drain placés à la partie déclive de la plaie. Toutes ces questions ont une importance pratique trop grande pour que nous ne nous réservions pas d'y revenir plus tard. » Voici les cas d'amputation que nous admettons, en répétant qu'il ne s'agit pas défaire exceptionnellement une opération brillante, qui réussit une fois sur cent, mais de sauver la vie au plus grand nombre possible des opérés: » A. Toute blessure pénétrante du genou par un projectile exige impé- rieusement, sans hésitation et sans retard, l'amputation de la cuisse. » B. Toute plaie de l'articulation scapulo-iiumérale avec fracture de la tête osseuse réclame la désarticulation du bras. Nous proscrivons la résec- tion, à moins de circonstances favorables exceptionnelles. Nous avons tenté cette opération quatre fois dans le mois dernier. Un de nos malades est ( 4^5 ) mort de gangrène; deux autres, l'un à Walbourg, l'autre à l'hôpital d'Ha- guenau, ont succombé à des accidents infectieux, avec frissons et abcès métaslaliques, sans parler de la variole qui s'était déclarée chez l'un de ces blessés. Le quatrième, arrivé au seizième jour de sa résection, faite pour une fracture en éclat de la tète humérale, a été pris d'hémorrhagie, et, comme dernière ressource de salut, nous lui avons désarticulé l'épaule. Le bras était dur, très-volumineux et rempli, depuis l'extrémité osseuse qui touchait la cavité glénoïdale jusqu'au coude, d'une collection de pus sanieux. L'opération date de trois jours, et le malade va bien; mais, comme toutes nos plaies, dans les salles de l'hôpital, sont couenneuses et phagédé- niques, nous avons peu d'espoir de le sauver. » C. Quant aux fractures de la cuisse, du bras, des deux os de la jambe, de l'avant-bras, des articulations du poignet et du cou-de-pied, avec fracas osseux, nous croyons encore l'amputation indiquée. » D. L'expectation peut être tentée dans les fractures partielles de la main et du pied, celles d'un seul os de la jambe et de l'avant-bras, et du col et de la tète du fémur. Dans ces deux derniers cas, nous aurions recours à la résection et à la désarticulation, à une époque ultérieure, si la vitalité des malades avait été assez puissante pour les soustraire aux dangers des premiers accidents. » On sera disposé peut-être à traiter notre chirurgie de barbare, et l'on nous accusera de multiplier des mutilations, que l'on pourrait éviter ou remplacer par des résections ou par des consolidations lentement et diffi- cilement obtenues : nous répondrons que c'est la véritable chirurgie conservatrice, parce qu'en sacrifiant les membres elle sauve la vie. » Nous terminerons en disant, avec tous les chirurgiens de nos jours, que la dissémination des blessés est une mesure indispensable, qui décide de la vie ou de la mort de milliers d'hommes, et que le transport des con- valescents et de tous ceux qui sont capables de supporter les fatigues d'un déplacement dans des lieux bien aérés, salubres et éloignés du théâtre de la guerre, est le meilleur moyen d'assurer leur guérison. » « M. Ch. Sainte-Claire Deville a le regret d'annoncer à l'Académie que la plus grande partie des observations et des publications faites par l'Observatoire météorologique central de Montsouris a dû être arrêté depuis plusieurs jours, l'autorité militaire ayant fait une réquisition auprès de M. le Ministre de l'Instruction publique, à l'effet d'utiliser le bâtiment pour la défense de Paris. ( 4^6 ) » Ce regret est, d'ailleurs^ diminué par la pensée qu'il eût été impos- sible de conserver en sécurité des instruments fragiles et délicats dans une construction, en partie composée de bois, recouverte par une vitrine et située à loo mètres des fortifications. » Grâce à la courtoise obligeance de M. l'Amiral Méqiiet, chargé du commandement dans cette zone des fortifications de Paris, les mesures les meilleures ont pu être prises pour mettre en sûreté les instruments et les papiers importants de l'Observatoire, jusqu'au moment où les travaux pourront y être repris. )) M. Ch. Sainte-Claire Deville saisit cette occasion de remercier l'Aca- démie de l'intérêt qu'elle n'a cessé de témoigner à l'œuvre qu il a été chargé d'organiser, et des encouragements qu'elle a bien voulu lui accorder. » CORRESPONDANCE . PHYSIOLOGIE. — Su?' un moytn propre à annuler les effets de l'alimenlalion insuffisante. Note de M. Rabcteau, présentée par M. Claude Bernard. « En i85o, M. de Gasparin communiquait à l'Académie des Sciences des observations d'un haut intérêt relativement aux effets du café. Ce sa- vant faisait voir que les mineurs de Charleroi pouvaient conserver la santé et une grande vigueur de forces musculaires, en faisant usage d'iuie nour- riture moitié moindre que celle qu'uidiquent la théorie et l'observation jour- nalière. A l'aide d'aliments renfermant moins d'azote et de carbone que la ration quotidienne des trappistes dont le teint est pâle et qui travaillent cinq fois moins qu'un ouvrier ordinaire, les mineurs belges formaient des ou- vriers plus énergiques que les mineurs français d'Anzin, qui se nourissaient bien j)lus largement. Mais les mineurs belges faisaient chaque jour usage de 2 litres il'une infusion préparée avec 3oS'',59 de café. Cette infusion venait aiuuder les effets fâcheux d'une alimentation insuffisante. » Les observations de M. de Gasparin furent d'abord accueillies avec une certaine incrédulité; mais il fallut bientôt en reconnaître l'exactitude. » En 1860, M. Jousand rapporta, dans sa thèse inaugurale présentée à la Faculté de Médecine de Pans, des faits qui venaient confirmer les précé- dents. Cet observateur, à l'aide cle._i2o grammes de café en poudre et 3 li- tres d'infusion faite avec 200 grammes de divers cafés, soit en moyenne 46 grammes par jour, put supporter un jeûne absolu de sept jours entiers et consécutifs, sans rien retrancher de ses occupations habituelles. II put ( 427 ) même se livrer à un exercice musculaire plus actif et plus prolongé que ce- lui qu'il prenait ordinairement et sans éprouver d'autres troubles orga- niques qu'un peu de fatigue et un amaigrissement assez faible. » Ces observations justifient complètement les opinions de M. Payen, de M. Bouchardat et de M. Sée sur le café. Pour M. Payen, cette substance empêcherait de se dénourrir ou diminuerait la déperdition. M. Sée la range parmi les médicaments d'épargne. » On avait déjà dit que le café diminuait l'urée, mais aucune expérience scientifique quelque peu suivie, si ce ne sont celles de Bocker, n'avait été faite à ce sujet. Cette lacune a été comblée à l'aide de recherches faites, à mon instigation, par mon ami M. Eustratiade, de Smyrne, qui a étudié sur lui-même les effets de la caféine et du café dans des expériences qui ont duré quarante-neuf jours, pendant lesquels il s'est astreint à un régime identique et a recueilli ses urines chaque jour. 3o centigrammes de caféine diminuèrent l'urée de plus de 28 pour 100, et une infusion de 60 grammes de café torréfié la diminua de plus de 10 pour 100. Je puis affirmer l'exac- titude de ces résultats, car j'ai fait moi-même les dosages de l'urée. Entre autres faits observés, je citerai un ralentissement notable du pouls, ralen- tissement qui avait été déjà signalé nettement par d'autres auteurs, malgré des opinions contraires reposant sur des faits mal observés (Eustratiade, Thèse de Paris, 1870). » La caféine et le café torréfié diminuent donc les oxydations et tempè- rent le mouvement de dénutrition. » J'ai fait à peu près à la même époque, sur moi-même, des expériences avec le café vert et, de plus, avec le thé. Les premiers résultats de ces ex- périences, que je continuerai, ont été annoncés cette année à la Société de Biologie. » Je m'étais proposé d'étudier la théobromine et le cacao; les circon- stances ne m'ont pas permis encore de mettre mon projet à exécution. Mais je fais en ce moment même l'expérience suivante, à laquelle les circon- stances actuelles peuvent donner une grande importance. )) A un chien de taille ordinaire je ne donne chaque jour que 20 grammes de cacao eu poudre, une infusion de 20 grammes de bon café torréfié, le tout additionné de 10 grammes de sucre. J'ajoute du sucre afin que cet animal puisse prendre ce mélange sans répugnance, car une chienne que j'essaye de soumettre à ce même régime refuse absolument par- fois d'y goiiter. » A un autre chien, de même taille que le premier, je ne donne égale- ( 428 ) nient chaque jour que 20 grammes de pain, 10 grammes de beurre ordi- naire, pour remplacer le beurre contenu dans le cacao, et 10 grammes de sucre. )) Depuis huit jours que dure l'expérience, le premier chien nourri au cacao et au café se porte très-bien, il n'a pas maigri pour ainsi dire et il a conservé ses allures habituelles. Le dernier au contraire est considérable- ment amaigri et exténué; cependant les quantités de carbone et d'azote contenues dans son alimentation insuffisante équivalent largement aux quantités des mêmes principes contenus dans la ration de l'animal soumis au régime du café et du cacao. » Tels sont les premiers résultats d'une expérience dont la fin n'est pas douteuse. Le premier chien conservera la santé et la force pendant long- temps, le dernier mourra bientôt. » Si je publie cet essai, c'est qu'il forme avec les données précédentes un ensemble de faits dont les conséquences n'échapperont à personne relati- vement à l'alimentation insuffisante. J'ai la conviction qu'un homme pour- rait vivre plusieurs mois, et conserver de la force, en faisant usage chaque jour uniquement de i5o grammes du mélange suivant : Cacao en poudre 1 000 grammes . Café infusé 5oo » Thé infusé 200 » Sucre 5oo » » En évaporant les infusions de café et du thé on n'obtiendrait qu'un faible poids de résidu sec, de sorte que le mélange précédent ne pèserait pas plus de 1600 grammes et pourrait suffire à l'entretien de dix jours. Rien n'est d'ailleurs plus agréable que cette préparation précédente lorsqu'on l'a délayée dans de l'eau bouillante. Pour ma parr, moi qui aime les expériences, je ne manquerais pas de m y soumettre si je venais dans les circonstances actuelles à manquer de vivres. » Je voudrais donc voir le Gouvernement de la défense nationale faire pénétrer dans les villes assiégées ce mélange alimentaire appelé à rendre les plus grands services. Rien ne serait plus apte pour la réussite qu'une appro- bation de l'Académie des Sciences. » M. Le Masurier prie l'Académie de vouloir bien prendre connaissance du contenu d'un j)li cacheté dont elle avait accepté le dépôt. Ce pli, ouvert en séance par M. le Secrétaire perpétuel, contient l'indica- ( 429 ) tion d'une application spéciale de la lumière électrique. L'Académie prie M. Dumas de l'examiner, pour en faire immédiatement l'usage qu'il jugera convenable, en se conformant aux intentions de l'auteur. M. P. GuTOT adresse une Note relative au développement d'organismes particuliers dans le pain fait avec la farine de seigle. La séance est levée à 4 heures et demie. D. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 12 septembre 1870, les ouvrages dont les titres suivent : De la molilité des conferves; yar M. J. Girard. Amiens, 1870; br. in-S". La chambre noire et le microscope. Photomicrographie pratique; par M. J. Girard, 2^ édition. Paris, 1870; in-12. Ambulances à parois recouvertes de plastique cahrifuge-hydrofucje , avec aération réglée à volonté: importante amélioration du service de santé; par M. P. PiMONT. Rouen, 1870; br. in-4°. La... La musique, science et art; par M. G. Privitera ; fascicules 1 5 et 16. Sans lieu ni date; in-/i°. C. R., iS'jo, a" Semestre. (T. LXXl, N» II.) 56 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 19 SEPTEMBRE !870. PRÉSIDENCE DE M. LIOUVILLE. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. HYGIÈNE PUBLIQUE. — Sur la salubrité du sol et des eaux. Note de M. Chevreul, « J'ai remis au Compte rendu de cette séance (19 de septembre) les consé- quences de quelques propositions générales sur ihycjiène des villes, relative- ment au sol et aux eaux naturelles. En en faisant un résumé très-court, je priorai ceux de mes lecteurs qne le sujet intéresse de recoiu-ir à un Mémoire sur V hygiène des cités populeuses, inséré tome XXIV des Mémoires de l'Aca- démie, qui fut lu le 9 et le 16 de novembre 1846. PREMIÈRE PROPOSITION. « Pour qu'un sol arable soit salubre, c'est-à-dire |)ropre à la germina- tion et au développement d'une plante, il faut qu'il permette à la graine et aux spongioles des racines d'avoir le contact de l'oxygène atmosphé- rique. » Consécpiences. — Tout sol qui renferme une matière quelconque inor- ganique ou organique capable d'absorber rapidement l'oxygène atmo- sphérique du sol est contraire à la végétation, c'est pour cela que ; u i" Des boues des curenrs de fossés qui renferment du protosulfui'e C. R., 1870, 2» Semestre. (T. LXXI, N° 12.) 5y ( 432 ) de fer, (les résidus de lavage de soude qui renferment du sulfure de calcium nuisent à la végétation; » 2" Des irrigations faites avec des eaux chargées de matières organi- ques et très-aptes à absorber le gaz oxygène peuvent nuire à la végétation, fait qui n'est pas en opposition avec l'influence que des eaux moins char- gées pourront avoir de faire verser les plantes; » 3° Le drainage qui, en évacuant l'excès de l'eau d'un sol, permet à l'air d'y pénétrera la profondeur îles drains, contribuant ainsi à étendre le sol en profondeur, est favorable à la végétation. DEUXIEME PROPOSITION. » Les eaux naturelles ne sont salubres qu'à la condition de tenir de l'oxygène atmosphérique en solution ; et ce n'est qu'à cette condition que les animaux peuvent y vivre. 0 Conséquences. — i" Tonte matière organique qui séjourne dans l'eau durant un certain temps la rend insalubre en s'emparant de son oxygène atmosphérique. » C'est en cela que des poissons assainissent les eaux des tonneaux des jardins, en s'emparant des matières organiques dont ils se nourrissent, et qui, autrement, en altéreraient la pureté. » 2" Les plantes aquatiques verdoyantes frappées par le soleil contri- buent à entretenir la salubrité des eaux, en s'assimilant, comme engrais, des matières d'origine organique, et en dégageant de l'oxygène provenant delà décomposition de l'acide carbonique; mais ces causes n'empêchent pas que des gaz délétères puissent se dégager de la boue du fond de l'eau. » S"" Une eau courante, toutes choses égales d'ailleurs, est une contii- tion de sahibrité, relativement à une eau stagnante. Aussi est-ce une grande faute commise contre l'hygiène, lorsqu'on interrompt le mouve- ment d'un cours d'eau par des barrages et qu'on le réduit ainsi en flaques, en mares, en sections d'eau stagnante. » Un travail détaillé inédit sur les eaux de la Bièvre, commencé en 1827 et continué jusqu'à ces derniers temps, me permet de restreindre quelques conclusions trop générales qui ont été tirées récenunent d'iui trop petit nombre d'expériences faites à l'étranger. » 4" Les matières organicpies peuv. ut contribuer à l'insalubrité des eaux naturelles, en absorbant l'oxygène de l'acide snifurique uni aux bases alcalines. » I elle est l'origine des sulfures de calcinm, de potassium, etc., qui se ( 433 ) forment dans des eaux que renferment des tonneaux de chêne, dont on a négligé de carboniser l'intérieur d'après le conseil de Berthollet. » 5° Il y a nécessité que les cimetières situés sur des collines n'aient pas leur pente du côté des villes. Tel est l'inconvénient de la situation du cimetière du Père-Lachaise de Paris. » Je n'ai point parlé dans ce qui précède de l'action de la lumière sur les matières organiques que l'on a intérêt à détruire : son efficacité est prouvée par les nombieuses séries d'expériences sur la décoloration des étoffes teintes, exposées en même temps au gaz oxygène et à la lumière, ou même encore à la chaleur obscure. Conséquences des deux propositions . « i" J'ai donné une attention toute particulière aux combustions lentes dont les matières organiques sont susceptibles sous l'influence de la lu- mière. 1) Ces combustions lentes sont une cause de salubrité, lorsqu'elles ont lieu sous cette influence dans des eaux aux dépens de l'oxygène atmo- sphérique qui s'y dissout incessamment. Cette combustion de la matière organique, que j'ai fait connaître il y a longtemps, par le contact de l'air libre, empêche l'infection de l'eau contenant des sulfates alcalins qui aurait lieu, si elle était privée du contact de l'air. » 2° Tout ce qui. s'oppose à la pénétration de l'eau aérée, des pluies dans le sol, est contraire à la salubrité de ce sol.' » Dans les rues pavées des villes, le fer qui se détache du fer des che- vaux et des roues des voitures finit par gagner les entres des pavés et passe bientôt à l'état d'oxyde noir magnétique. Cet oxyde devient ainsi un ob- stacle à l'aération du sol inférieur. » Il est remarquable, d'après mes expériences, que le fer métallique qui est en contact avec de l'eau, des matières organiques et du sulfate de chaux s'oxyde simplement, et qu'alors il ne se produit pas de protosulfure de fer. » Mais il n'en est plus de même lorsque du sulfate de chaux dissous dans l'eau avec une matière organique se change en sulfure : si celui-ci rencontre un oxyde de fer, il se produit immédiatement du sulfure de ce métal. » 3° Le pavage des rues doit être considéré sous deux aspects dif- férents : 57.. ( 434 ) » Il est sal libre en ce qu'il éloigne les eaux stagnantes des murs des maisons ; H II est insalubre en ce sens qu'il empêche les eaux pluviales tenant de l'oxygène atmosphérique de pénétrer dans le sol, et dès lors met obstacle à l'action salubre de ce gaz. » 4° Une cause d'infection du sol relative à la disparition de l'oxygène de ce sol, est l'usage déplorable d'enterrer les conduites de gaz : car le gaz contient des huiles qui, se condensant en liquide, deviennent la cause de l'infection du sol, dès qu'il y a une rupture, une fonte dans la conduite. Je me trompe fort si l'on ne voit plus tard le triste effet de cette infection. » J'ai eu l'occasion de préserver un jardin public de la mortalité des arbres qu'occasionnait la fuite du liquide séparé du gaz circulant dans des tuyaux simplement enterrés, en conseillant à l'archictectc de les placer dans des canaux en maçonnerie. » 5° La salubrité d'une maison exige, sinon son isolement, du moins la libre circulation de l'air sur deux de ses faces o[)posées, la pénétration de la lumière dans l'intérieur des apparteu)ents et le renouvellement de l'air qui est en contact avec les murailles intérieures du rez-de-chaussée. » Dans un ouvrage inédit, je fais l'apiilication des principes précédents aux nouvelles constructions des maisons de Paris et à la suppression des cours, des jardins et des puits, w JVote de M. Ciievreul relative à la demande adressée à l' Académie d'ouvrir un volume de ses Mémoires pour recevoir le septième Mémoire de ses recherches chimiques sur la teinture, qui sont relatives à la laine et au suint. « M. Chevreul demande à ses confrères, qu'ils veuillent bien lui accor- der la faculté de commencer l'imiiression d'un ouvrage sur la laine, com- prenant l'examen du suint cl t'élude des propriétés de sa matière Jilamenteuse purifiée. » L'origine de ce travail remonte à l'année i8o5, et depuis quarante- deux ans il s'en est occupé d'une manière pour ainsi dire continue comme le témoignent les communications de plusieurs de ses recherches qu'il a faites déjà à l'Académie. a Cet ouvrage est le produit de toutes les recherches de M. Chevreul sur l'analyse organique immédiate ap|)liquée à l'examen du suint. 1) M. Chevreul fait connaître d'une manière précise la grande différence qui distingue l'analyse organique immédiate de l'analyse minérale. ( 435 ) » Il examine la laine au point de vue physique, chimique et physiolo- gique, puis au point de vue de l'économie des arts, dont elle est la matière première. » Ce qui détermine M. Chevreul à demander l'impression immédiate de celles de ses recherches, qui sont terminées, c'est que son laboratoire des Gobelins sera probablement exposé aux premières bombes prussiennes, et il se reprocherait de n'avoir pas prévenu la destruction d'iui travail dont la publication peut avoir quelque utilité pour la science et l'industrie, à cause des faits nombreux qu'il embrasse et du temps qu'il a consacré à lutter contre des difficultés qu'aucune de ses autres recherches ne lui a pré- sentées. » La demande de M. Chevreul, accueillie à l'imanimité par l'Académie, a dû, conformément au règlement, être renvoyée à l'examen de la Com- mission administrative. » CHIRURGIE. — Suite (les indications relatives aux amputations faites à la suite de blessure par les armes de guerre. — Suites funestes de l'encombrement et de tout ce qui s'oppose à une parfaite aération des lieux où sont reçus les blessés. — Conditions qui devront augmenter les chances de guérison- mesures proposées à cet effet. Note de M. Sédillot. « Haguenau (ambulances volontaires de la Société internationale des secours aux blessés), ii septembre 1870. » L'affreuse mortalité des blessés par armes de guerre appelle l'atten- tion de tous les amis de la science et de l'humanité, et je suis certain de la sympathie de l'Académie en vous entretenant de ce sujet. La question « de la conservation des blessés » devrait être mise et rester à l'ordre du jour des Académies et des Sociétés de Médecine, et je voudrais que les proposi- tions que j'ai l'honneur de vous soumettre pussent être adoptées ou rem- placées par des dispositions mieux conçues et d'une plus complète effica- cité. » L'étude du traitement et des résultais des blessures de guerre révèle douloureusement de proibndes dissidences entre les hommes de l'art les plus éininents. » Le problème des amputations immédiates ou tardives, mis au con- cours par notre anciennne et glorieuse Académie de Chirurgie, a seulement changé de termes et se débat entre les partisans de la conservation des membres, forcés de revenir, dans beaucou[) de cas, aux amputations tar- ( 436 ) clives, et ceux des amputations pratiquées immédiatemeuî, dans le but d'évi- ter la nécessité d'y recourir pendant la période inflammatoire. L'on n'est d'accoril ni sur les cas ni sur l'opporlimité des amputations. Là où les uns ont éprouvé des revers, d'autres ont obtenu des succès, et l'art, hésitant et déconcerté, poursuit une doctrine et des règles qui semblent fuir devant ses recherches. » Le perfectionnement des armes de guerre et l'aggravation des bles- sures n'expliquent pas ces dissidences. Une cause semblable ne saurait pro- duire des effets différents, et la raison doit s'en trouver dans des influences variables. » Le choix des méthodes et des procédés opératoires, l'iiabileté des chirurgiens modifient sans doute le nombre des guérisons, mais l'expérience démontre que la part en est faible, comparativement à celle des conditions hygiéniques, si néfastes, parfois, qu'aucun blessé ne survit. N'est-il pas évident que des hommes souffrants, affaiblis, attristés, accumulés dans des espaces étroits, infects et bientôt infectieux, sans air, sans médicaments, sans linge, sans pansements, souvent sans aliments et sans eau potable, sont voués à une mort inévitable. L'ouvrage de M. le docteur Chenu, couronné par l'Académie, n'en offre que des preuves trop répétées et trop lamentables. M Une vérité fondamentale s'est fait jour et n'admet plus de discussion. Il faut placer les blessés dans des conditions hygiéniques favorables, et pour cela les disséminer. Mais comment, dans quelles proportions, siu" quelle étendue de territoire, par quels moyens leur assurer des soins mé- dicaux? Voilà ce qu'il importe d'établir. L'Amérique, dès ses premiers pas, a presque entièrement résolu ces difficultés par de magnifiques bara- quements, où s'accumulaient toutes les ressources : viandes fraîches, con- serves, fruits, légumes et autres aliments variés, laitage, glace, aération parfaite, pharmacies complètes, chirurgiens chargés, sans intermédiaiics inutiles et par cela même dangereux, de la direction de tous les services; ordre de brûler de fond en comble ces hôpitaux improvisés, dès qu'une apparence infectieuse en compromettait la salubrité; transports et évacua- tions rapides par chemins de fer et bâtiments maritimes appropriés; aucun secours ne faisait défaut. Mais quelle nation européenne est capable de fournir une première mise volontaire de 4oo millions pour secours à ses blessés? Il nous faut donc chercher d'autres ressources. Celles d'aujour- d'hui, qnoicjue supérieures à celles dont on s'est longtemps contenté, sont absolument insuffisantes. Partout nous voyons des hôpitaux, des ambu- (437 ) lances, des villages et des villes encombrés. Du huitième au douzième jour, on reconnaît les lieux où séjournent les blessés, à l'odeur de suppu- ration et de gangrène qui s'en dégage. Quelques jours |)lus tard, l'infec- tion est générale et entraîne une immense mortalité. Le personnel médical et hospitalier n'échappe pas à cette action délétère, marquée, dès le début, par des affections gastro-intestinales plus ou moins graves. Comment de malheureux blessés pourraient-ils y résister! On fait partira pied, en voi- ture, eu chemin de fer, les moins atteints; ceux qui le sont plus dangereu- sement occupent les lieux publics et les maisons offertes par le dévoue- ment et la charité des habitants, mais malgré ces précautions, l'encom- brement est partout, et dix ou vingt mille blessés, quelquefois davantage, ne peuvent être facilement disséminés à de grandes distances. Le pays entier doit être appelé à concourir à des mesures de salut plus radicales, et les médecins civils sont seuls capables, par leur nombre, leur zèle et leurs lumières, de subvenir à de si impérieuses exigences et de complé- ter la médecine militaire, qui ne compte pas mille docteurs et est dé- bordée. » En règle générale, tous les blessés sont transportables, et la preuve en est fournie par les champs de bataille, où il n'en reste pas un seul au bout de peu de jours. » Un autre fait, digne de toutes les méditations, est qu'un homme jeune, sain et bien constitué, placé dans des conditions hygiéniques favorables, échappe habituellement aux traumatismes les plus compliqués, comme la médecine de nos villages en offre de si remarquables exemples. Là est la source d'indications capitales. I^arrey et d'autres chirurgiens ont signalé, avec une certaine surprise, l'état inespéré de blessés transportés à de grandes distances, en raison des nécessités de la guerre, et retrouvés en bonne voie de guérison. Le changement de lieux et une meilleure aération les avaient sauvés. M Des conditions différentes de salubrité sont donc les |irincipales causes des succès et des revers des chirurgiens et de leurs dissidences. Si les am- putations immédiates sont plus heureuses, c'est qu'à ce moment l'air n'est pas encore vicié. La mortalité des amputations faites jiendant la période inflammatoire tiendrait à ce qu'elles ont lieu en pleine infection nosoco- miale, et l'issue moins défavorable des amputations consécutives s'expli- querait, en partie au moins, par un commencement d'assainissement des localités, débarrassées par la mort d'un encombrement fatal. » Pour éviter de pareils désastres, assurer dans les plus larges limites le ( 438 ) salut des blessés et ne sacrifier que les membres condamnés par une expé- rience unanime, nous proposons les mesures suivantes : » j" liCS blessés seront assez écartés les uns des autres, pour prévenir par ce seul fait la viciatioii des localités et de l'air ambiant. » 2° A cet effet, on pratiquera dès le premier ou le second jour de la blessure les amputations et les résections que l'opinion unanime des hommes de l'art rend indispensables, et l'on appliquera le principe de la conservation, au moins provisoire, dont on fera courir les chances heu- reuses aux blessés, dans tous les cas où il y aura doute et hésitation. » 3" Ces opérations terminées et les appareils et les bandages exigés par la nature des lésions étant placés, on dirigera sur des lieux désignés à l'avance un nombre déterminé de blessés, réiiarlis aux distances réglementaires qui auront été fixées. Deux personnes seidement pourront occuper une même chambre suffisamment espacée. C'est un moyen de société, de protection et de confiante intimité dont les malades se trouvent généralement bien. » l\° Les plus longs transports seront supportés par les moins souffrants. Ceux dont l'état exige le plus de ménagements et de soins seront envoyés de préférence dans les cités universitaires. » 5" Les blessés recevront leur solde de guerre jusqu'à guérison, pour alléger volontairement les charges de ceux qui les recevront, ou améliorer, comme ils l'entendront, leur situation. Tous auront la faculté de se faire transporter, sans frais à leur charge, dans leur famille ou chez les parents et les amis qui les réclameront, et dont les moyens d'installation seront reconnus favorables. Les blessés non réclamés seront placés chez les per- sonnes qui auront offert de les recevoir. Si cette hospitalité spontanée était insuffisante, on la rendrait obligatoire, avec des conditions de surveillance confiées à des Commissions spéciales. » 6° Les visites, pansements et opérations seront gratuits et le Gouverne- ment en réglera les honoraires, d'après un tarif général, aux hommes de l'art dont le choix sera libre. Les mêmes dispositions s'appliqueront à la fourniture des médicaments. » 7° Le brassard de la Société internationale sera remis aux nobles femmes que la charité et le dévouement décideront à se consacrer aux soins des blessés. Des instructions et une organisation spéciales seront assignées à cette vaste confrérie de secours. » 8" Une Commission nommée par l'Institut, l'Académie de Médecine, le Conseil de salubrité de Paris et le Conseil supérieur de santé des ar- mées établira d'urgence les règles de la dissémination des blessés; les dis- ( 439 ) tances à maintenir entre eux; la situation isolée et salubre des localités qui leur seront affectées; le minimum de cubage d'air reconnu indispensable; le choix, dans les villes, des maisons à proximité des places, des jardins, des espaces libres; les indications relatives au régime alimentaire, aux vêle- ments, aux premiers secours, aux pansements, aux opérations. » 9° Les préfets, sous-préfets, maires, curés, pasteurs, médecins, mem- bres des Conseils général et municipal, les sociétés médicales, les associa- tions religieuses et de charité veilleront, dans les limites de leur compétence, à ce que rien de ce qui touche à la santé des blessés ne soit négligé. » lo" Un Rapport sur la nature des blessiu'es, des complications et acci- dents, et des résultats définitifs du traitement sera fourni par le médecin traitant, et permettra, avec les renseignements officiels de l'autorité mili- taire, de compléter l'histoire de chaque cas particulier et d'arriver à des statistiques du plus haut intérêt pour les indications opératoires, la gravité relative des blessures et les moyens les plus assurés de la guérison. » Conclusion. — L'adoption de ces mesures nous paraît le plus sûr moyen de sauver des milliers de blessés et de prévenir une multitude de mutilations imposées à l'art par les fatales conditions d'encombrement, d'insalubrité et d'insuffisance de soins que déplorent l'humanité et la science. » M. Dumas donne connaissance de la Lettre suivante, que lui adresse M. Edm. Becquerel. '< Mon père me charge de vous prier d'exprimer à ses confrères ses plus vifs regrets de ne pouvoir se réunir à eux dans de si graves circonstances. Absent de Paris depuis plusieurs mois, sa santé s'est trouvée altérée dans ces derniers temps, et des atteintes répétées de dyssenterie l'ont beaucoup affaibli. Ce motif me retient près de lui, d'autant plus qu'un avis de la Préfecture nous a annoncé l'envahissement prochain de notre département. Je vais me joindre à la garde nationale pour la défense de notre territoire, et ici, comme par toute la France, il y a un grand élan patriotique. » Chatillon-sur-Loing (Loiret), ce i6 septembre 1870. » Après avoir donné lecture de cette Lettre, M. Dumas fait, à l'occasion de l'absence du Vice-Président de l'Académie, M. Coste, la Communication suivante : « Dans les circonstances oii nous nous trouvons, l'absence de notre C. U., 1870, 2« Semestre. (T. LXXl, N" 12.) J" ( 44o ) lionorable Vice-l'résident, M. Coste, pouvant èire remarquée, je regarde comme un devoir de rappeler à nos confrères qu'elle est due à la longue et grave affection qui l'éloigné de nous, et qui, malgré une amélioration sensible, ne lui permet pas de reprendre encore le cours de ses occupations et de nos travaux communs. J'ai eu récemment encore l'occasion d'ap- prendre de ses nouvelles par un membre de sa famille, et de lui faire con- naître une fois de plus loul l'intérêt que l'Académie porle an rétablisse- ment de sa santé. » CORRESPOIVDANCE. M. LE Secrétaire perpétuel fait hommage à l'Académie, de la part de M. Zantedeschi, de deux nouveaux opuscules écrits en italien, publiés par lui dernièrement. Le premier a pour objet rEleclro-Cliimie appliquée à l'industrie el aux beaux-arts. Le second traite des Bourrasques de f atmosphère solaire el de leur con- nexion possible avec les bowrasiptes de l'atmosphère terrestre. M. A. Brachet adresse une Note sur les avantages que présente l'emploi, pour les besoins de la guerre, de l'aérostat Meusnier, et s'attache à faire ressortir la supériorité qu'a ce système sur ceux dont on pourrait songer à faire l'application pour la défense nationale. (Renvoi à la Section de Mécanique.) A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret. COMITÉ SECRET. Sur l'avis de la Commission administrative, la demande faite par M.Che- vreul de commencer dès à présent l'impression de son travail sur la laine et le suint est adoptée. Ce travail fera la tète d'un nouveau volume des Mémoires de l'Acculémie. M. Chevreul adresse à ses confrères l'expression de sa vive reconnais- sance. La séance est levée à /( heures et demie. E. D. B. ( 44i ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 19 septembre 1870, les ouvrages dont les titres suivent : Compte rendu des travaux de la Société impériale de Médecine, Chirurgie et Pharmacie de Toulouse, depuis le C) mai \S6g jusqu'au l'jmai 1870. Toulouse, 1870; in-8°. Intorno... De l' électro-chimie appliquée à l'industrie et aux beaux-arts. Lettre du prof. F. Zantedeschi à l'auteur de l'important ouvrage intitulé: Les grandes inventions anciennes et modernes de l'ingénieur Besso. Paris, 1870; br. in-8°. Délie... Des bourrasques de l'atmosphère solaire et de la relation qui peut exister entre ces bourrasques et celles de l'atmosphère terrestre; Note du prof. F. Zantedeschi. Venise, 1870; br. in-8°. (Extrait des Actes de l' Institut vé- nitien des Sciences, Lettres et Beaux- Arts.) ERRATUM. (Séance du 5 septembre 1870.) Page 402, ligne 20, au lieu de ( i — Di — ^, — t», —, Usez (i — 'i, — D^ — i. ) \ ' d^ ' -^ ' rfg^. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 26 SEPTEMBRE 1870. PRÉSIDENCE DE M. LIOUVILLE. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. « M. P. Gervais présente à l'Académie deux Mémoires qu'il vient de faire paraître dans les « Nouvelles Archives du Muséum » : le premier, « Sur les formes cérébrales propres aux Marsupiaux » ; le second, « Sur les formes cérébrales propres aux Carnivores vivants et fossiles ». Ce der- nier est suivi de remarques sur la classification des mêmes animaux. » M. P. Gervais offre en outre à l'Académie, les livraisons VI à VIII de « l'Ostéographie des Cétacés (texte et planches) », qu'il pubhe avec la col- laboration de M. Van Beneden. » MÉMOIRES LUS. HYGIÈNE PUBLIQUE. — De i alimentation des habitants, dans une ville en état de siège. Note de M. G. Grimaud (de Caux). « Dans une ville en état de siège et bien fortifiée, la question est dans les vivres. Si les vivres ne font pas absolument défaut, il suffit du courage de quelques combattants énergiques et expérimentés, pour maintenir la ré- sistance. Les irrésolus s'entraînent; les timides eux-mêmes sont stimulés, C. R., 1870, t* Semestre. (T. LXXl, N" 13.) Sg ( 444 ) et, la valeur montant au cœur, ils réalisent à la lettre le vers du poète latin : Saepè etiam viclis redit in prsecordia virtus. » Ainsi on gagne clii temps ; des secours arrivent, souvent d'où on les attendait le moins, car la Providence est grande, et le triomphe est assuré. » Une instruction populaire a été publiée, dans laquelle on parle de suppléer au pain par le riz, les pommes de terre et le sucre. On n'y fait pas mention du blé, dont on a emmagasiné de grandes quantités, tant en gerbes qu'en grains provenant de la dernière récolte. Il ne sera pas inutile de dire ici, d'après les résultats d'une expérience personnelle, comment on peut utiliser le blé en grains, sans le réduire en farine pour le transformer en pain; et comment on peut se passer ainsi du moulin et du four. » J'habitais Venise, avec ma famille, quand la révolution éclata. Venise était imprenable, comme toute ville inondée. Si Venise eût tenu trois ans, il n'y a pas de puissance européenne qui se fût opposée à la résurrection de cette république; et la France, en la soutenant, eût réparé une grande injustice. » Dans celte capitale, les approvisionnements pouvaient être poussés au delà de trois ans. La terre ferme resta ouverte pendant plusieurs mois, ainsi que la mer, occupée par la flotte sarde, jusqu'après la bataille de Novare. Les besoins sérieux se 6rent sentir aussitôt qu'il fallut renoncer à sortir du port et de la lagune. Bientôt pour la population plus de pain, plus de viande, plus de poisson, plus de vin, plus de vinaigre, plus d'eau, si ce n'est celle de puits artésiens, dans laquelle prédominait la matière orga- nique azotée, c'est-à-dire l'élément constituant du typhus. Le typhus ne fit pas défaut, il vint se joindre an choléra et à la famine qui secondèrent les boulets jusque-là impuissants des Autrichiens. » Le jour où le pain nous manqua, ce fut une rude épreuve. J'avais un sac de blé dont je m'étais approvisionné à tout hasard; mais il n'y avait plus de moulins dans Venise. J'essayai de l'écrasement; les pierres s'égru- geaient, et j'obtenais plus de sable que de farine. » Je fis tremper le grain et frotter, longtemps, pour enlever les aspérités de l'enveloppe. I^e blé se gonfla, il prit un aspect brillant et doré, qui fai- sait plaisir à voir. Je le fis bouillir dans de l'eau à la façon du riz, avec tout ce que je pus me procurer d'aromates et d'épices. Au bout de quatre hein-es de cuisson, rien n'était plus savoureux. Je savais que ce serait nourrissant, et que le mélange naturel du gluten et delà fécule ne pouvait être que sa- lubre. (44*5 ) » Il suffisait d'une cuillerée de grain, puisée dans le sac, pour l'alimen- tation d'une personne. Mailces et serviteiu's, nous étions quatorze d;ins la maison; on puisait donc dans le sac quatorze cmllerées. Nous atteignîmes le moment de la délivrance (i), sans qu'aucun de nous souffrît de la ma- ladie ou de la faim, pendant que, deux mois durant, des barques chargées de morts prenaient le chemin du cimetière (3o morts par jour, dans une ville où la moyenne était de 6. ) » « M. Dumas prie l'Académie de l'excuser si, contrairement à l'usage qui interdit à ses Membres d'engager une discussion devant elle à l'occa- sion d'une lecture faite par une personne qui n'appartient pas à la Com- pagnie, il ajoute quelques indications à la Note de M. Grimaud (de Caux). Les circonstances justifient trop cette infraction. » Il est certain, comme le dit M. Grimaud (de Caux), que le blé peut être consommé en nature, et qu'il forme un aliment complet; il ne l'est pas moins que la mouture en réduit le poids utile, d'une manière digne d'at- tention, et qu'elle en écarte des parties que la digestion mettrait à profit. )) Or, dans l'approvisionnement de Paris, qui, au moment de l'investis- sement, comptait environ 4oo,ooo quintaux de farine et 100,000 quintaux de blé, il était évident que le blé jouait un rôle important, et qu'il n'était pas indifférent de le considérer comme représentant seulement 70,000 quin- taux de farine ou bien, au contraire, son propre poids d'aliment, » Il n'a pas semblé douteux que cette dernière supposition fût la meilleure. Un administrateur très-distingué, M. Gauldrée Boileau, s'est sou- venu que les Romains des premiers siècles vivaient de blé grillé, moulu et converti en bouillie; qu'on avait attribué à cette nourriture la bonne santé et l'énergie robuste de leurs soldats, et qu'on avait regardé l'habitude de manger du pain, introduite plus tard, chez ce peuple, comme une cause d'affaiblissement. De leur côté, les Arabes mangent réellement le blé en nature, après l'avoir décortiqué et cuit à la vapeur en quelque sorte, comme nous mangeons le riz crevé. M. Grimaud (de Caux) veut qu'on fasse bouillir le blé; c'est un troisième procédé culinaire. (1) A cette occasion, je fis connaissance avec tous les livres de cuisine que je pus me procurer. Ce fut Beauvilliers qui me servit le plus. La mer ne nous livrant pas de poisson et la lagune étant épuisée, il ne restait que du fretin dont personne ne savait se servir. J'y trou- vai l'élément de réductions très-substantielles, qui servirent plus dune fois à varier hos repas. Je m'étais préparé à subir d'auU'es extrémités, et, si le siège eût duré plus longtemps, Beauvilliers aidant, plus d'un rat de lagune aurait été préparé aux fines herbes. 59.. ( 446 ) » L'expérience seule peut apprendre de quel côté la population pari- sienne portera sa préférence. Mais le problème est à l'étude; chacun peut s'en occuper ; la solution proposée par M. Grimaud (de Caux) vient s'ajouter à celles qui étaient en voie d'examen; il peut s'en produire d'autres et, assurément, il faudra les examiner avec bonne volonté. » Il convient de se souvenir que 4 de blé donnent 3 de farine, qui re- produisent 4 de pain seulement. Sans être perdu pour l'alimentation hu- maine, le quart du poids du blé pourrait recevoir en ce moment une ap- plication plus directement utile. » M. Dumas ajoute que, si l'on a provoqué de grands approvisionne- ments en blé, cependant, on n'a jamais songé à donner chaque jour satis- faction aux besoins de Paris par la mouture de ce blé. Ce n'est pas ainsi que le problème s'est posé. On a cherché à donner au blé le rôle d'auxiliaire et à préparer les moyens de mouture pour une quantité de blé suffisante au tiers ou au quart de la consommation. » Les meules de la Manutention militaire et celles de l'Assistance pu- blique ne suffisaient pas. Mais M. Cail s'est chargé de monter un nombre considérable de petites meules verticales à rotation rapide, et l'Administra- tion a demandé à l'habile ingénieur de l'Exposition universelle, M. Krantz, d'installer, dans tous les points de Paris où se trouvaient des moteurs, des moulins ordinaires à meule horizontale. On peut donc dire que le pro- blème est résolu. Le blé entrera, sous forme de farine faite à Paris méme^ pour un tiers ou un quart au moins dans la consommation, à moins qu'on ne préfère le consommer en nature. M II n'est peut-être pas inutile de remarquer, dit encore M. Dumas, qu'il existe à Paris, en quantités importantes, de l'orge et de l'avoine pro- pres à fournir des gruaux qui constituent d'excellents aliments. » La farine d'avoine entre, en particulier, dans l'alimentation de certains peuples d'une façon normale. Il n'y a pas en Ecosse, par exemple, une seule famille, riche ou pauvre, où le déjeuner ne débute par une bonne assiet- tée de bouillie d'avoine, qui forme un mets très-agréable, très-sain et très- nourrissant. » A l'appui d'une opinion énoncée par notre confrère M. Payen, je con- state, dit enfin M. Dumas, que le pain renfermant tout le son du blé est un pain de luxe en Angleterre, et qu'on regarde comme hygiénique d'en man- ger deux fois par semaine. » On est en présence, dans tout ceci, d'habitudes prises à modifier, et de procédés de cuisine à découvrir ; mais le rôle de la science n'est-il pas (447) de combattre tous les préjugés? sa mission n'esl-elle pas d'aborder les pro- blèmes les plus humbles, dès qu'il s'agit de l'intérêt public? » M. Chevreul demande la parole et s'exprime comme il suit : « Le pain fut connu, dès la plus haute antiquité, de quelques peuples, notamment des Égyptiens, connue l'atteste la distinction admise par les Israélites, du pain d'avec le pain azyme, distinction qu'ils tenaient de la civilisation égyptienne. » Persuadé depuis longtemps de la circonspection qu'il faut apporter dans toutes les questions relatives à l'ahmentation, et considérant combien sont nombreuses et variées les influences que l'eau, le sel et la cuisson exercent sur les qualités des légumes et des viandes (i), je suis fort réservé lorsqu'il s'agit de questions relatives à la nutrition et surtout à la substitu- tion d'un aliment nouveau à un aliment connu de tous, depuis une époque fort reculée. » Dieu me gardedecritiquerla Communication de M. Grimaud (deCanx); car je suis pénétré, dans les circonstances actuel les, de reconnaissance pour tous ceux qui, de bonne foi, tendent à en atténuer la gravité! Ce que je veux dire, c'est que le grain de froment cuit dans l'eau ou à la vapeur n'est pas du pain, c'est-à-dire un aliment préparé avec de la farine de froment ou de seigle, réduite en pâte avec de l'eau et du sel, puis levée par fermenta- tion et cuite enfin; ce pain, qui présente à l'état solide ses parties au canal inslestinal, est, à mon sens, dans une condition différente d'un aliment li- quide ou à l'état de bouillie. Bien entendu que je ne parle pas d'une cir- constance accidentelle, mais d'un état de choses permanent. » Quant aux progrès faits en boulangerie, eu égard au plus grand ren- dement de pain, tiré d'un poids donné de froment, on ne peut oublier dans cette Académie la part qui revient à M. Mège-Mouriez, ainsi qu'eu rendent témoignage plusieurs Rapports, notamment un premier Rapport qui lui fut soumis en 1857, et le compte rendu par le Directeur de l'assis- tance publique d'une pratique de deux ans de ce procédé à la boulangerie des hospices de la ville de Paris. » Un fait ressort encore des recherches de M. Mège-Mouriez, c'est la coloration du pain bis (brun noirâlre), due, non au son, comme tout le monde le croyait avant lui, mais à une altération d'une certaine quantité delà matière fermentescible; fait mis hors de doute par M. Mège-Mouriez, (i) Voir Comptes rendus de la séance duïia de janvier et du 2 de mars lëS"]. ( 448 ) qui présenta à l'Acndémie du pain blanc dans lequel le son visible à la loupe et même à loeil i.n était disséminé, et qui expliqua le résultat d'une expérience faite antérieurement à Scipion par trois personnes, y compris l'inventeur d'un procédé qui s'était engagé, dans une Lettre adressée à l'empereur Napoléon III, à faire du pain blanc avec la totalité du grain de froment simplement décortiqué. Les juges du procédé, M. de Salonne, le Directeur de la boulangerie de Scipion, et le général Favé, alors colonel, furent bien surpris de constater que le pain obtenu d'une farine privée de son était bis ! » Ce fait, inexpliqué alors, fut expliqué plus tard par le travail de M. Mège -Mouriez. » Que l'Académie me permette de revenir sur l'histoire des connais- sances chimiques. » Deux grands faits chimiques., relatifs aux sociétés humaines, remontent à une haute antiquité. D'abord la découverte du feu, puis celle du pain fer- menté, ou du pain proprement dit, connu des anciens Égyptiens, comme je l'ai dit; c'est de l'Egypte que la préparation du pain passa en Grèce, puis de la Grèce à Rome. » Le phénomène de l'accélération de la fermentation dans une pâte de farine, produite par l'introduction qu'on y f^^it d'une pâte déjà en fermen- tation très-avancée, ou de la levure, agit fortement sur l'esprit d'un certain nombre d'esprits observateurs ; car il présentait ce fait qu'une pâle en fer- mentation ou ferment, introduite dans une pâte, la faisait entrer en fermen- tation qu'elle n'aurait pas éprouvée sans cette introduction. La conclusion scientifique était que le ferment était un corps qui en transformait un autre en sa propre substance. 1) Voilà le fait sur lequel j'ai insisté dans mes écrits sur l'histoire de la chimie, parce qu'il est le point de départ de tous les s^^stèmes de médecine dont la brise est In FERMENTATION, et celui de riiypothèse nlclnmique, telle que je l'ai développée et telle que la résmne le deuxième Tableau de l'Histoire des principales opinions que l'on a eues de la nature chimique des corps (i). » Cette hypothèse, tout à fait conforme aux idées de Platon sur la nature des éléments, énoncées dans le Timée, et conséquemment aux idées des néo- platoniciens, devait sortir de l'École d'Alexandrie, et je crois cette opinion incontestable. i) f^oir le tome XXXVIII des Mémoires fie l'Académie. (449) » D'après les écrits alchimiques, théoriques ou spéculatifs, l'hypothèse alchimique peut se résumer en ces termes : » L'or et /'ARGEiNT de la nature sont morts, l'art alchimique consiste à com- muniquer la VIE à des parcelles de ces métaux qui, acquérant ainsi la vertu d un FERMENT, ont la propriété de transmuer des métaux imparjaits en leur propre substance. » Cette conclusion explique très-bien pourquoi, dans l'épître apocryphe de la reine Isis à son fils Horus , l'auteur se résume en disant que /'oR pro- duit /'or (i). » « M. Payen désire ajouter un document de quelque importance aux faits intéressants qui viennent d'être signalés à l'attention de l'Académie, Mais d'abord il s'empresse de reconnaître que, si l'on consommait le blé en nature, conformément aux indications contenues dans la Note dont M. Gri- maux (de Caux) vient de donner lecture, on gagnerait, en substance nu- tritive pour l'homme, environ les 25 à 3o centièmes du poids du grain, qui restent dans le son suivant les procédés usuels de mouture. » On réaliserait ainsi une alimentation plus complète, plus salubre et plus économique : le son contenant, en plus grande abondance que les parties sous-jacentes du périsperme, certains principes azotés, gras et salins, assimilables ou favorables à la digestion. » Les portions non digestibles éliminées des farines blanches auraient pu remplir elles-mêmes un rôle utile, car on a depuis très-longtemps con- staté en Angleterre que, pour entretenir normalement l'intégrité des fonc- tions digestives, il convient de consommer de temps à autre un pain con- fectionné avec le produit de la mouture du froment, sans eu rien séparer, c'est-à-dire le produit que l'on désigne communément sous la dénomina- tion de pain de son. On fabrique, dans plusieurs grandes boulangeries de Paris, ce pain spécial dont la mie est brune, et que l'on pourrait, à juste titre, nommer pain de froment. » Le problème de la fabrication économique d'un pain de ce genre me (i)Pour montrer la différence existant enl:re ma manière de comprendre l'iiypottièse alcliiiiiic|ne, je reproduis le passage suivant de l'Histoire de la Chimie du D"^ Hoefer, t. I (i" édition), p. 2-6 : « Cette épîire, écrite dans un langage tout mystique, me |)araît une » satire sanglante des divagations ihéoriques et obscures sur la p erre pliilosopliale ; car « l'auteur, après avoir fait jurer le silence par toutes les puissances du ciel et de l'enfei-, » apprend à l'initié que pour Jairc de l'or, il faut de l'or, en proclamant que c'es/ là tout le » mystère. » ( 45o ) semble, dit M. Payen, être aujourd'hui résolu. En effet, dans une des der- nières séances de la Société centrale d'Agriculture, M. Sézille voulut bien, à ma demande, présenter un remarquable spécimen d'un pain qu'il fabrique couramment en Hollande, et qui subvient à une alimentation économique et salubre. Le procédé est simple, et dispense d'ailleurs de la mouture et des blutages. » Voici en quoi il consiste : le blé, d'abord superficiellement humecté, est soumis à une légère décortication qui le dépouille de son épicarpe, for- mant environ 5 centièmes seulement du poids total. Le grain, ainsi décorti- qué, est immergé dans l'eau à -h 3o ou 35 degrés, pendant sept à huit heures, jusqu'à ce qu'il en ait absorbé une assez grande quantité (5o à 60 centièmes) pour céder à la pression sous les doigts. On le malaxe alors entre des cylin- dres, pour le réduire en pâte. Cette pâte est aussitôt soumise aux procédés usuels de panification, à l'aide de levain ou de levîire. » I,es échantillons qui nous ont été présentés ont paru d'excellente qualité; la nuance un peu brune de la mie a pu être sensiblement amélio- rée, à l'aide d'une fermentation plus rapide de la pâte. Cette nuance était d'ailleurs bien moins foncée que celle des pain» dits de son, qui sont con- sommés périodiquement en Angleterre et habituellement aussi par un assez grand nombre de personnes en France, comme alimentation hygiénique. » Sans doute, il serait bien désirable que l'on parvînt à obtenir ce pain de froment exempt de la coloration brime, qui déplaît aux consomma- teurs, bien qu'elle soit exemple de toute influence sur les qualités alimen- taires; peut-être l'intérêt de ménager nos subsistances, tout en améliorant le régime alimentaire, viendra-t-il apporter son concours pour vaincre ce préjugé. » Il serait sans doute convenable de songer aussi à utiliser, au profit d'une saine alimentation, d'autres approvisionnements qui existent à Paris, par exemple en associant, dans une juste mesure, à parties égales, le riz, si abondant en matière féculente, aux graines ou farines de légumineuses ; celles-ci, plus riches en substances azotées, grasses et salines, compenseraient ce qui manque au riz sous ce rapport; on composerait ainsi une des rations alimentaires douées des propriétés nutritives convenables, et de nature à être, avec avantage, partiellement substituées au pain. » M. CuEVREOL fait remarquer que le pain présenté à la Société d'Agricul- ture par M. Sézille était tres-coloré, et celui qu'il présenta huit jours après l'était sensiblement moins, comme l'a dit M. Payen ; ce fait ne semble-t-il ( 45i ) pas prouver, ainsi que le pain bis obtenu à la boulangerie de Scipion d'un blé décortiqué, qu'il y a une cause favorable à la coloration du pain dans la confection d'une pâte où se trouvent tous les principes immédiats in- ternes de la farine de froment? » « M. MiLNE Edwards, à propos de la Comminiication de M. Grimaud, insiste sur l'importance du rôle physiologique des condiments ou autres substances très-sapides et aromatiques dans le travail de la digestion, par- ticulièrement quand les parois de l'estomac ne sont pas stimulées par le contact d'aliments solides. En effet, la sécrétion des principaux agents de la digestion (le suc gastrique et le suc pancréatique) ne se fait souvent que d'une manière insuffisante lorsque Pestomac ne reçoit que des aliments à l'état pultacé, à moins que le govit de ceux-ci ne soit relevé par des épices ou autres substances dont l'action stimulante sur cet organe est analogue. Cette observation s'applique également à l'emploi du riz, qui, additionné d'une très-faible quaritité d'aliments azotés, est susceptible de constituer pour l'homme une excellente nourriture, et peut être d'une grande res- source pour la population de Paris, dans les circonstances actuelles. » M. Chevrecl, à la suite de ces remarques, ajoute : * « Personne, n'est plus convaincu que moi de l'influence des matières odorantes dans les aliments, mais l'effet de l'une d'elles est loin d'être le même sur tous les individus. Je sais par ma propre expérience que les aliments solides que l!on consomme en grande quantité ne sont pas très- odorants, et que l'organe de l'odorat est plus tôt rassasié que l'organe du goût. Quant à moi, par exemple, je ne pourrais prendre, avec le même plaisir, autant de raisin muscat que de chasselas de Fontainebleau. » CORRESPOIVDAIVCE. MÉTÉOROLOGIE. — Jiirore boréale du zli Septembre 1870. Note de M. Chapelas. « J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie quelques détails sur la magnifique aurore boréale ({ue nous avons observée dans la nuit du 24 au 25 courant, de 8''3o"' à 1 1 heures. » 9 heures. — Le phénomène occupe un espace compris entre 7 Bouvier G. K., 1870, 2« Semestre. (T. LXXl, ^'> 13.) 6o ( 452 ) et la fête de la Grande Ourse; soit, 44 degrés en amplitude. A ce moment, un beau rayon d'un blanc vif s'élève jusqu'à «Dragon. )) 9''io"'. — La matière qui a donné naissance à ce rayon s'étend et forme une large surface verdâtre-, puis, tout à coup, s'élance vers la Cou- ronne boréale un beiiu rayon rouge. » 9''i5'". — Les rayons ont disparu; il ne reste plus du phénomène qu'une vive lueur blanche au-dessus des brunes qui couvrent l'horizon. » g'^So". — L'aurore semble s'éteindre complètement. » lo''^'". — Le phénomène reprend une grande intensité. A ce moment l'aïuore apparaît dans toute sa splendeur; s'étendant de la Couronne boréale jusqu'à Q Cocher, soit, iio degrés d'amplitude. Les rayons, très- nombreux et d'un rouge sang très-vif, s'élèvent jusque près le carré de la Petite Ourse; ce qui donne une altitude de 48 degrés. Le petit arc était parfaitement accentué; l'aurore présente assez l'image d'un peigne armé de ses dents. » De lo'' i5™ à 1 1 heures, les rayons s'effacent et reparaissent sucessive- ment, offrant des nuances Irès-belles, dans lesquelles le rouge domine. » Le mouvement général de cette apparition était de l'est à l'ouest. En résumé, l'aurore boréale du 24 septembre peut être classée parmi les appa- ritions remarquables. » A 4 heures un qviart, l'Académie se forme eu Comité secret. La séance est levée à 4 heures et demie. D. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du aC septembre 1870, les ouvrages dont les titres suivent : Ostéograplik'. des Cétacés vivants et fossiles, comprenant la descvijAion et l'ico- nographie du squelette et du système dentaire de ces animaux; par MM. VAIS Benf.den et P. Gervais, liv. 6 à 8, texte et planches. Mémoire sur les formes cérébrales propres aux Marsupiaux ; par M. P. Ger- vais. .Sans lieu ni date; iu-4°. (Extrait des Nouvelles Arcliives du Muséum.) Mémoire sur les formes cérébrales propres aux carnivores vivants et fossiles. ( 453 ) suivi de remarques sur ta classification de ces animaux; par M. P. Gervais. Sans lieu ni date; in-4''. (Extrait des Nouvelles Archives du Muséum.) Atti... Actes de l'Académie pontificale de Nuovi Lincei, décembre 1868 à juin 1869. Rome, 1869; 3 broch. in-4°. ERRATUM. (Séance du 19 septembre 1870.) Page 43i , dernière ligne, au lieu de 1° De» boue» des cureurs de fossés, liseï i* Des boues, des curures de fossés. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 3 OCTOBRE 1870. PRÉSIDENCE DE M. LIOUVILLE. MEMOIRES ET COM^ÏUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. MÉCANIQUE. — Sur l'affût de l'amiral Lnbrousse; par M. Faye. « Les événements qui nous détournent de nos travaux habituels, et mettent aux mains de plusieurs de nos confrères le mousquet ou l'écou - Villon, dirigent impérieusement nos pensées vers des sujets d'une ac- tualité plus saisissante. C'est ce qui m'a engagé à vous soumettre quelques réflexions sur un problème de mécanique appliquée à la défense des places, sujet fort étranger à nos réunions ordinaires, mais dont l'ancienne Aca- démie s'est souvent occupée. Il s'agit de transformer le mouvement de recul d'une arme à feu en un mouvement d'abaissement vertical, de ma- nière à la mettre à l'abri, et d'emmagasiner en même temps une force suf- fisante pour lui faire reprendre, à volonté, sa position première sans altérer sa direction. )) La solution de ce problème de mécanique a une grande importance; les Anglais l'ont vivement poursuivie dans l'intérêt de la défense de leurs côtes; à mon humble avis elle est appelée, et c'est là ce que je désire développer, à changer totalement nos systèmes de fortifications et à inter- vertir le rapport de puissance qui a existé, depuis plusieurs siècles, entre la défense et l'attaque des places ordinaires. Il ne m'appartient pas d'en faire C. R., 1870, 2« Semeur'. (T. I.XXl, ^" Ut.) 6l (456) l'historique : mais c'est un devoir de rappeler ici la solution récente du capi- taine Moncrief basée, comme les précédentes je crois, sur un système de contre-poids fort ingénieux, mais fort encombrant. L'affût Moncrief a obtenu un grand ot légitime succès en Anglelerre, où il est fort employé pour l'armement des batteries côtières; toutefois il ne paraît pas susceptible d'applications plus étendues, du moins est-ce là un desideratum auquel, de l'autre côté du détroit, aucune satisfaction n'a pu être donnée jusqu'ici. Je n'ai donc pas à m'en occuper plus longtemps. » La véritable solution de cet important problème a été obtenue en France : elle est due à un de nos plus savants marins, M. l'amiral La- brousse, dont l'Académie n'ignoi-e pas le mérite. Bien qu'if n'existe qu'un exemplaire de cet affût, il est déjà trop connu, en France et à l'étranger, par des expériences publiques, pour qu'il soit nécessaire de le décrire ici en détail. Je rappellerai seulement qu'il est fondé sur un théorème de mé- canique relatif aux mouvements du parallélogramme articulé, bien plus simple que celui qui a reçu tant d'applications dans les machines à vapeur, sur le jeu de ressorts en usage dans nos chemins de fer et sur la puissance d'un nouveau frein imaginé par l'amiral Labrousse. Je n'insisterai pas da- vanttage : nos savants confrères, M. l'amiral Paris ou M. Dupuy de Lôme, présents à la séance, entreraient beaucoup mieux que moi dans les détails de cet admirable appareil. Ce qui devait me frapper plus particulièrement dans cet affût, c'est ce qui en fait un véritable instrument de précision, une sorte de théodolite avec ses deux cercles et ses deux mouvements en azimut et en distance zénithale, et surfout l'artifice mécanique qui maintient mathémati- quement l'axe du tir dans la direction voulue, malgré la force de l'explosion et l'énergie du recul. En le voyant jouer avec tant d'élégance, je me rap- pelais involontairement le pacifique parallélogrannne de Walt, ou mieux encore celui qui sert à l'Observatoire de Greenwicli, à mettre à jiortée de la lunette méridienne le bain de mercure sur lequel l'astronome doit observer les astres par réflexion. Voilà un canon de 19 centimètres d'ouverture qui pèse 8000 kilogrammes, qui lance des obus de Sa kilos avec luie vitesse de près de 4oo mètres par seconde, et dont les mouvements s'accomplissent avec l'aisance et je dirai presque le moelleux d'un de nos gnuids ajipareils astronomiques, chefs-d'œuvre des ingénieurs les plus habiles en fait d'in- struments de précision. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie diverses photographies de ce remarquable appareil, tout en regrettant que certaines pièces aient été masquées à l'objectif; le système des ressorts par exemple est à l'intérieur du châssis et on ne peut juger complètement de ( 457 ) l'agencement du frein puissant qui serf à régler à la main les évolutions d'une masse pesant 80 quintaux. » Au point de vue de la défense, l'avantage de ce système est double. D'abord il est totalement à l'abri des coups directs de l'ennemi, lorsque la pièce s'est abaissée derrière le parapet par l'effet du recul, en bandant ses ressorts. Dans cette position, le chargement s'effectue aisément; le pointé peut être corrigé ou modifié au moyen de tiges latérales faisant à peine saillie au-dessus du rempart, et, pour cela, les mouvements en azimut et en hauteur angulaire s'opèrent micrométriquement avec une précision extrême : tout cela, je le répète, à l'abri d'un rempart non interrompu par l'embrasure ordinaire. Un simple déclic suffit ensuite pour que la pièce se relève d'elle-même, en restant rigoureusement parallèle à la direction qui vient de lui être donnée. Elle apparaît un instant au-dessus du parapet; le projectile est lancé et le recul la replace aussitôt à l'abri. J'évalue à ]%5 le laps de temps pendant lequel la pièce peut être vue du dehors, et renseigner l'ennemi sur sa position exacte (r). » Le second avantage est l'amplitude énorme du tir : elle n'est pas réduite à quelques degrés comme dans les affûts ordinaires tirant par une étroite embrasure : elle est de 180 degrés, ou plutôt elle comprend le tour entier de l'horizon. Quant à l'amplitude du tir en hauteur, elle varie de — 3o à -h 4o degrés, c'est-à-dire de 5oà 120 degrés en distance zénithale. Il semble de prime abord que cet affût si délicatement articulé devrait se détra- quer sous l'effort puissant de l'explosion, mais l'action du recul, en opérant tangentiellement au cercle décrit par le bras principal du parallélogramme articulé, se transforme immédiatement en un mouvement doux et jamais en un choc redoutable. » Mais, je le répète, ce n'est pas la description minutieuse de l'affût Labrousse que j'ai voulu exposer à l'Académie, car cet affût est déjà connu, même à l'étranger: mon but est simplement d'exposer les conséquences de cette invention telles qu'elles se sont présentées à mon esprit. » Ces conséquences résultent des propriétés que je résume ici : 1° char- gement et pointé à l'abri des coups directs de l'ennemi (2) ; 2° suppression (i) Le tir à barbette avec les affûts ordinaires a été depuis longtemps abandonné à terre, parce que les pièces toujours en vue étaient trop .faciles à démonter. Avec la précision actuelle du tir, personne ne pourrait songer un seul instant à revenir à ce système aussi dangereux pour les pièces que pour leurs servants. (2) Les pièces peuvent même être mises dans des sortes de puits qu'on blinderait et qu'on casematerait au besoin. 61. ( 458 ) des embrasures qui ne permettent le tir que dans des directions assez étroi- tement limitées et qui servent elles-mêmes de points de mire; 3° tir égale- ment précis dans tous les azimuts; 4" possibilité de tirer dans les fossés eux-mêmes. » En considérant que les systèmes divers des fortitications actuelles, si savants, mais si compliqués, si longs et si coûteux à établir, sont fondés avant tout sur les exigences d'un tir étroitement limité par des embrasures, je suis arrivé à penser qu'il serait facile aujourd'hui de revenir au polygone primitif débarrassé de ses bastions et autres appendices; car avec l'affût Labrousse, il n'y aurait plus ni point mort, ni secteur sans feux. Loin de là, il n'y aurait pas, dans une plaine à peu près horizontale, un seul point, à la distance actuelle du tir, sur lequel on ne pût faire converger les feux de deux faces au moins de l'ouvrage. Quant à l'enfilade d'une des faces, cet inconvénient serait, à mon avis, largement contrebalancé par la riposte d'enfilade de cette face elle-même (si on nie- permet un mot nou- veau pour une chose toute nouvelle), car ses pièces, alignées dans le sens de leur longueur, pourraient tirer toutes dans une direction unique, sinon à la fois, du moins successivement, et à i%5 d'intervalle. Quant aux fossés, outre que l'affût Labrousse permet de les inonder de mitraille, on sait que l'art de projeter des balles nombreuses avec précision, dans une direction déterminée, a fait dans ces derniers temps un pas décisif; il suffirait donc de confier leur défense à des tourelles imperceptibles placées aux angles et blindées au besoin, quand bien même le front rectiligne à protéger aurait plus d'iui quart de lieue d'étendue. » Une si grande simplification aurait à son lourdes conséquences dont je ne crois pas exagérer la portée en disant qu'elle permettrait de nuilli- plier rapidement les lieux de refuge pour les populations inoffensives comme aux temps de Vopidum gaulois, tout en permettant aux plus jeunes de tenir la campagne. Je ne sais si je m'abuse, mais il me semble que ces lieux de refuge, véritables places fortes de prenner ordre, pourraient être choisis de manière à constituer, par leurs relations mutuelles, une ou plusieurs lignes de défense et de communication entre les points les plus iuiportants de notre territoire (i), tandis que, dans le système si complexe et si coûteux des fronts bastionnés, on est condamné à laisser, entre nos forteresses faciles à investir, des intervalles immenses beaucoup trop aisés à franchir. (i) Par exemple, les forts détachés qui entourent Paris, distribués en ligne droite et unis par des travaux accessoires, suffiraient pour nous relier ù la mer ou au cœur de la France. ( 459 ) » Est-ce aller trop loin que d'attribuer un tel rôle à la simple supériorité du système de pièces tirant à l'abri et avec précision dans tous les azimuts, sur le système de pièces dont l'action est limitée et compromise à la fois par des embrasures? Je ne le pense pas : dans cet ordre de faits, l'histoire montre que toutes choses, même les plus grandes, même celles qui con- stituent la force ou la sécurité des sociétés, dépendent de simples solutions scientifiques souvent mal jugées au début. Sans sortir de ce sujet, j'en trouverai des exemples fameux. Tant que la mécanique n'a réussi à im- primer aux mobiles qu'une force vive insignifiante due au simple travail des bras, la fortification a di^i se réduire à une simple enceinte en polygone convexe flanquée de tours aux angles, et en cet état de choses la défense a pu devancer l'attaque et lui rester constamment supérieure comme jouis- sant de l'avantage du travail des forces humaines accumulé d'avance. Aussi quand vers le v" siècle l'invasion des barbares commença à se dessiner, on vit toutes les villes de notre Gaule s'entourer rapidement de fortifications de ce genre, dont les temples eux-mêmes fournirent les principaux maté- riaux : j'en ai examiné, l'an passé, un type bien remarquable dans l'an- cien Périgueux (Vesunna). La défense était alors tellement supérieure à l'attaque que les races civilisées ont pu résister à l'invasion (i) : du moins le torrent des barbares a-t-il passé et repassé bien des fois sur notre pauvre pays sans parvenir à effacer nos races ni à les ramener entièrement à leur niveau. » Mais l'invention de la poudre à canon ou plutôt la découverte de sa puissance mécanique, capable de communiquer presque instantanément à des boules de métal une force vive de plusieui;s centaines de milliers de kilogrammètres, a donné pour plus de trois siècles l'avantage à l'attaque, au moins quand il s'agit de sièges réguliers et de petites place's faciles à in- vestir. Il fallut des lors renoncer au système usité jusqu'à la fin du moyen âge, et l'on vit apparaître le système des fortifications actuelles, dont la savante complication s'est trouvée d'ailleurs en harmonie avec la nature des guerres modernes, guerres d équilibre politique ou d'influences com- merciales. Il n'y aurait donc rien d'étonnant à ce qu'une simple invention mécanique comme celle de l'amiral Labrousse produisit également de (i) Alise elle-même, ce dernier boulevard des Gaules, cinq siècles auparavant, ne serait pas tombée, je crois, si l'armée de secours de Vergasillaune, au lieu de se jeter en deux attaques soudaines sur les lignes savamment fortifiées des Romains, avait commencé par s'appuyer elle-même sur quelques retranchements. ( 46o ) grands effets, et changeât radicalement un système basé sur d'anciennes inventions moins heureuses, en rendant, comme je le disais tout à l'heure, à la défense son antique supériorité. HISTOIRE DES MATHÉMATIQUES. — Traduction de deux passages de Slobée inexpliqués jusqu ici ; par M. Bie.vaymé. » L'histoire des Pythagoriciens et de leurs doctrines ne nous est par- venue qu'à l'état de légende. Les renseignements contemporains font presque entièrement défaut, et ce n'est que dans des ouvrages postérieurs de près de huit siècles qu'on aperçoit, au milieu de puérilités nombreuses, quelques traces de science réelle. Ainsi, l'on a constaté que les Pythago- riciens avaient nettement distingué des nombres les quantités incommen- surables, et qu'ils savaient qu'on ne peut exprimer celles-ci que par une suite illimitée de paroles ou de chiffres. Mais on ignorait qu'ils eussent un mot propre pour exprimer ce que nous entendons par série. Or, cette notion ressort de plusieurs textes de l'antiquité et elle se trouve, en particulier, confirmée par deux extraits que le Recueil de Stobée attribue à des Pytha- goriciens. Ces deux passages sont restés jusqu'ici inexpliqués, et même le savant Heeren a cru que le texte en était altéré. Mais la traduction suivante montrera, en les éclairant l'un par l'autre, qu'il n'y a rien à changer au texte tel qu'il nous est parvenu, et que le sens en est fort clair pour ceux qui ont quelque habitude de la lecture des mathématiciens grecs. Il suffit de se rappeler ici que le mot ofoç signifie un terme [terminus dans Boëce, d'où est venu notre mot français) et que l'expression avctKoyov d'après la dé- finition d'Euclide, veut dire en progression géométrique. Mais il faut ajouter qu'ix^écriç signifie une série. Moici les deux textes grecs, avec la traduction française en regard. Après les avoir lus, il ne paraît pas douteux que l'on n'écarte et les scrupules de Heeren sur l'intégrité du texte original et l'in- terprétation qu'il en avait proposée. Slobée, Eclogœ Physicœ, I, 9. Fragment qui suit un texte de Moderatiis, et que l'on croit être du même auteur. Tiïèî rm k,-iOfiùv ci''X>!' wrifujuttrc r'iv fit- «■ Quelques-uns ont affirmé que l'unité est ,âU, Tm S\ Ù^Afi-^rm rl't,- tcZto S-'i ra^« rifc- '« principe des nombres, et que le un est le X • ' ■ .• - ~ . , ~ principe des choses nombrées. Or cet un est - ,' , , _^ ' lin corps divisible à l'infini; de manière que ■ ^ ^ ■ I les choses nombrées dillcrcnt des nombres «ra^âra». ElSio^i ^è x.'ut 7oZro ^fi Iri tSv àf-i- comme les corps diffèrent des choses incor- Bfiù-j iiTif'/^a-utTi> TU! àf'xu! 01 fui koitiçah ni» porelles. Mais il faut savoir encore que les (46i ) aoiç ratapt* ri (Pi; ra; rSv cf-av lyJJttj-ii;, }î â\> ufriol ri Kui sr'O/TToi tooitrxi (vol. I, p. 5, édit. RIeineke; Leipzig, 1860. Éd. Heeren, p. 20). Stobée, ibid., I, 5. Fragment de Butherus. ' O 'Sttpiuva^ mû âpricu riMaripoi Imvo fttv yàp apXI" **' teAo? xa( ftia-at ^X^'t " "^ rou /tta-au io-not^rxi' Kai 0 f-ctv^ oTfOT ùv yivavr'J-t «vctAoyûv Kai 'TS-foi fuiùi'a;, rccï; a'urov ^af-tciç y.a.Ta.\!tfi- Biîvii mùç rai; yfufifials ■zs-ipitj^oftivou;' 0 St iv o'tKil» fiiv yivofiito; oloizroTt iripctivtrctr orcci J" Ê V zrtpitrtryi '^îvy.raty uuroç ri ^ip^raç rvy^avit KO.) TîJ» rziXivpctv A070V i)^ou(rait is-^ii (t. I, p. 3, édit, Meineke. Éd. Heeren, p. i4)- modernes ont introduit comme principe des nombres la monade et la dyade, mais que les anciens Pylli:igoiiciens avaient introduit comme principes toutes les séries de termes dans leur consécution, par lesquelles sont conçus les nombres pairs et impairs, u ) Bien que cette réactio» ne nous ait pas fourni les résultats que nous attendions, nous pensons devoir faire connaître l'existence d'un assez grand nombre de composés résultant de l'association soit de l'acide cyanique, soit des divers éthers cyaniques avec les éthers fournis par les acides amidés de la série aromatique, tels que les éthers benzaméthylique, cuminamétylique, anisamétylique, etc. » Ces composés, qui cristallissent tous avec la plus grande facilité, peu- vent s'obtenir à l'aide de procédés très-simples. » S'agit-il d'obtenir les combinaisons résultant de l'union de l'acide cyanique avec les éthers formés par les acides amidés, on opère de la ma- nière suivante : » On verse, dans une solution tiède du sulfate de l'éther amidé mis en expérience, une dissolution aqueuse de cyanate de potasse, en ajoutant cette dernière par petites portions. Dès que le contact des deux liquides est étabh, le mélange se trouble. Si les solutions sont concentrées et chaudes, il se sépare immédiatement une matière huileuse qui se concentre bientôt en une masse cristalline. Les dissolutions sont-elles étendues et froides, la liqueur se trouble peu à peu et laisse déposer une poudre cristalline. » On peut extraire de ce dépôt la combinaison, à l'état de pureté par- faite, soit en le jelant sur un filtre, le lavant, le séchant et le reprenant par de l'alcool concentré qui dissout le cyanate et laisse le sulfate alcalin formé. L'évaporation de la dissolution alcoolique abandonne la combinaison sous la forme de prismes durs et friables. » Le second mode de purification consiste à 'traiter le dépôt, préalable- ment lavé, par l'eau boudlante, et à filtrer immédiatement la liqueur. La combinaison se sépare par un refroidissement très-lent, sous la forme de fines aiguilles brillantes qu'on jette sur un filtre, qu'on lave et qu'on des- sèche. Une seconde cristallisation opérée dans les mêmes conditions donne un produit parfaitement pur. » La combinaison des éthers amidés avec les différents éthers cyaniques s'obtient d'une manière non moins commode, et la purification en est aussi simple. » A cet effet, on ajoute à l'éther liquide ou fondu, ce qui, dans ce der- nier cas, n'exige qu'une très-faible élévation de température, environ son volume d'éther cyanique ou de l'un de ses homologues. Le mélange, qui s'échauffe très-notablement, se concrète graduellement à mesure qu'il se C. R., 1870, 1' Semestre. ( T. LXXI, N° 14.) 62 ( 464) refroidit et finit par se prendre en une masse que l'on comprime dans du papier buvard pour absorber un peu du liquide qu'il pourrait retenir. » Les composés formés dans ces circonstances, qui sont insoUibles dans l'eau froide ou ch.iucl(>,se dissolvent en quantités considérables donsTéther, qui ne les abandonne sons forme solide que par une évaporation com- plète. L'alcool les dissout également en trop fortes proportions pour qu'ds puissent s'en séparer par l'évaporation sous des formes bien nettes. Lors- qu'on veut se procurer ces produits en cristaux parfaitement définis, il faut opérer de la manière suivante. » On les dissout dans de l'alcool du commerce, en chauffant légère- ment, puis on ajoute de l'eau jusqu'à ce qu'un léger trouble commence à se manifester. Lorsque ce terme est atteint, on fait tomber de l'alcool goutte à goutte dans la liqueur, jusqu'à ce qu'elle soit complètement éclaircie, puis on l'abandonne à l'évaporation spontanée. » Il est important que la cristallisation s'effectue dans des liqueurs très- étendues; les échantillons obtenus sont d'autant plus beaux. » Ces derniers, lorsqu'on opère dans des vases cylindriques, se séparent généralement sous la forme de longues aiguilles soyeuses, qui présentent la plus grande ressemblance avec l'asbeste. » Les acides benzamique, cuminamique, anisamique, etc., donnent éga- lement avec l'éther cyanique et ses homologues, des composés entièrement semblables à ceux que fournissent leurs éthers. » Les différents composés dont nous venons d'indiquer la formation donnent, soit par l'action de la chaleur, parleur contact avec les acides et les alcalis, des réactions dont nous ne saurions parler ici, cette étude étant trop incomplète. Nous n'avons d'autre but aujourd'hui que de faire con- naître l'existence de ces composés intéressants, qu'on pourrait considérer comme des sortes d'urées composées, représentées par les formules géné- rales i (C^O^)", [ [C^'O')", Az / , et Az jj, » Les analyses de ces nombreux composés, dont nous avons étudié les propriétés physiques avec la plus sérieuse attention, nous ont fourni des résultats qui concordent de la manière la plus parfaite avec la théorie. Nous en donnerons le détail dans un Mémoire étendu que nous ferons paraître prochainement. » ( 465) HISTOIRE DES SCIENCES. — Note sur un papyrus qui contient des fraqmetits d'un Traité d'optique et, à cette occasion, sur /'Optique inédite de Ptolémée; par M. Egger, de l'Académie des Inscriptions. « Parmi les papyrus grecs rapportés de Sakkarah, en 1869, P^*" notre compatriote et correspondant M. Aiig. Mariette, se trouvent les fragments d'un rouleau opisthographe, ou écrit des deux côtés, dont le contenu paraît intéresser l'histoire de la Physique, et, à ce titre, me semble digne d'être signalé à nos confrères de l'Académie des Sciences. » On y reconnaît sur un côté (le seul dont je m'occuperai ici) les débris de sept colonnes d'une ancienne et belle écriture qui peut remonter pour le moins au II" ou au m* siècle de l'ère chrétienne. Les phrases ou restes de phrase qu'on y peut lire attestent une grécité des meilleurs temps. 11 est difficile d'y saisir la suite d'un raisonnement complet; toutefois les trois fragments dont je vais donner une traduction provisoire suffisent à montrer clairement que nous avons là sous les yeux des pages d'un Traité d'optique et peut-être d'optique spécialement appliquée à l'astronomie (i). Col. I. — ... l'air l'emportant par sa profondeur, et, à la fin, des grandeurs immenses disparaissent peu à peu : car des îles, des villes et des pays sont séparés par de grands es- paces, de manière que ceux dont l'air éteint le moins les couleurs, ceux-là se voient néces- sairement à la plus grande distance, et leurs volumes, de grands qu'ils étaient, deviennent très-petits. . . . Col. III. — Car, à leur lever et à leur coucher, nous voyons leur révolution. Car l'astre paraissant toujours plus grand à son lever, il est nécessaire qu'ils paraissent se déplacer. C'est pourquoi, aussitôt après le lever, nous avons la sensation de leur mouvement, en voyant. ... Col. IV. — ... devient également apparent. Beaucoup d'astres dont nous voyons les mouvements paraissent changei-. Ceux qui paraissent semblables à des astres qui se meuvent paraissent se mouvoir également... . Ceux qui gardent respectivement la même distance paraissent souvent immobiles, parce que ni plus. . . » Dès que j'eus constaté le caractère de ces Fragments et des autres, malheureusement trop courts pour être traduits, que renferme notre pa- pyrus, j'en fis part à mon ami M. Th. Henri Martin, dont l'Académie (i) C'est l'occasion de rappeler qu'un des papyrus grecs du Musée du Louvre, publiés en 1 866 par l'Académie des Inscriptions dans le Recueil des Notices et Extraits des Manuscrits contient un long fragment d'un Traité élémentaire d'astronomie; mais les fragments dont nous nous occupons aujourd'hui paraissent d'une valeur bien supérieure au papyrus astro- nomique du Louvre. 6a.. ( 466 ) connaît et apprécie les travaux sur l'histoire des sciences dans l'antiquité, et les indications qu'il voulut bien me fournir m'aidèrent utilement à con- stater que le texte du papyrus-Mariette est inédit, et m'induisirent à con- jecturer qu'il pourrait bien appartenir à YOptique iuéilite de Ptolémée. » Et d'abord ces fragments sont inédits; au moins ne les ai-je retrouvés dans aucun des ouvrages grecs sur l'optique que menlionne et qu'analyse le plus récent historien de cette science (E. Wilde, t. 1, publié à Berlin en i838), dans aucun des extraits sur ce sujet que renferme l'estimable collection de Schneider {Eclocjœ Ph/sicce, léna, 1801, in-8"). Seulement, je retrouve dans quelques textes anciens (i) l'observation relative à la différence du volume apparent des astres, selon qu'on les considère au zénith ou à l'horizon. Ces rapprochements, si fugitifs et incomplets qu'ils soient, nous portent à croire que nos nouveaux fragments appartiennent à quelque traité vraiment scientifique, à l'ouvrage de quelque écrivain autorisé, parmi les anciens, sur les matières dont il s'agit. Or nul n'a été plus autorisé que le célèbre astronome Ptolémée, au n*' siècle de notre ère, et Ptolémée avait écrit une Optique en cinq livres, plusieurs fois citée avec éloge par ses successeurs, par les écrivains du moyen âge et par les mo- dernes jtisqu'au commencement du xviu" siècle. » Cette Optique, de bonne heure traduite en syriaque, comme tant d'au- tres ouvrages scientifiques des Grecs, puis du syriaque en arabe, existait, dans la traduction arabe, au xn" siècle, en Sicile, où elle fut traduite de l'arabe en latin par un certain Eugenius Ammiratus, et la traduction latine, faite malheureusement sur un manuscrit qui ne contenait plus le premier livre, existe encore aujourd'hui dans deux manuscrits de notre grande Bibliothèque nationale, dans un troisième manuscrit à la Bibliothèque ambrosienne de Milan, et peut-être dans un quatrième à la Bodléienne d'Oxford. Il est étonnant que la mémoire d'un tel livre se soit tellement effacée que le plus savant historien de la littérature grecque, J.-A. Fabri- cius, ait pu le croire tout à fait perdu, et que le second éditeur de la Bihliothique (jrecque, G.-C. Harless, n'ait pas relevé cette erreur. Elle l'a été, au commencement de ce siècle, en France, par Delambre, dès l'année i8o3, et dans un Mémoire analytique lu dans xuie séance publique de l'In- stitut en 181 1, reproduit l'année suivante, en allemand, dans les Anmikn de Gilbert; puis par Caussin, dont un premier Mémoire sur ce sujet, (i) Cléomède, II, i; SexUis Empiricus, Contre les Mtionomcs, V, 8?.; Cf. Olympiodore, dans Schneider, l. II, p. SgS, et Dutens, Origine des dccouvcrtes, t. II, p. 118. (467 ) lu en 1811 à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et inséré, en 1 822, au tome VI du Recueil de celte Compagnie ( nouvelle série). La Lande, Laplace et Alexandre de Ilumboldt ont eu connaissance de ladite traduc- tion latine, et ils en ont apprécié l'importance. En i8i4, l'italien Giamb. Ventnri, dans le tome I"' (resté unique) de ses Commentari sopra la sloria e le teorie dell' Otika (Hologne, in-4°), a donné une intéressante analyse des quatre livres de la traduction d'Eugenius Ammiratus d'après le ma- nuscrit de Paris, n" 3710, utilement corrigé à l'aide du manuscrit FD, 45 1 de l'Ambrosienne, et dans son analyse il constate l'identité de l'ouvrage latin avec celui que citent, sous le nom de Ptolémée, soit les astronomes grecs, soit les écrivains du moyen âge, comme Roger Bacon. » Soutenu par une vive curiosité, qui suppléait tant bien que mal à mon incompétence, et par le souvenir de quelques études autrefois entre- prises sur diverses parties de la Physique des Anciens, je me suis fait un devoir d'explorer les deux seuls manuscrits de V Optique latine de Ptolémée qui fussent à ma disposition (ceux de Paris), en attendant des renseigne- ments que j'ai demandés sur les travaux de Venturi et sur le manuscrit de la Bodléienne d'Oxford, renseignements que je ne puis guère espérer de recevoir avant le rétablissement de la paix dans notre malheureuse France. J'ai donc étudié celui des deux manuscrits parisiens (l'ancien n° 7377) qui porte aujourd'hui le n° 10260, et qui paraît être de la fin du xvi* siècle, manuscrit fort lisible, mais plein de lacunes et de fautes, que reproduit à peu près toutes le second de nos manuscrits, et celte lecture n'a que trop confirmé pour moi le jugement de Delambre et de Caussin sur l'état d'alté- ration où nous sont parvenus les quatre livres dte Ptolémée. » A travers trois traductions et à travers un nombre de copies que l'on ne saurait déterminer, le texte du grand astronome est devenu souvent inintelligible. Les dessins et figures géométriques qui l'accompagnent n'ont plus avec le texte leur juste rapport; les lettres de renvoi ont été souvent changées, de façon que l'explication ne répond plus exactement aux figures. Néanmoins, je crois pouvoir affirmer qu'aucune des phrases du texte grec conservé par le papyrus Mariette ne se retrouve dans ces quatre livres, malgré quelques analogies entre les deux textes (1). Mais il ne faut pas oublier que le premier livre est perdu, et que ce premier livre pouvait contenir les considérations et observations du genre de celles que (i) Par exemple, au folio 5, où l'auteur traite de la vision relativement à l'obliquité du rayon visuel par rapport à la verticale du lieu d'observation. ( 468 ) nous reconnaissons dans nos fragments grecs. Au début même du deuxième livre, l'aiiteiir semble se référer à son premier livre pour ce qui concerne des obstacles interposés entre l'œil et l'objet visible. Or le fragment traduit ci-dessus de la première colonne du papyrus se rapporte évidemment à ce sujet. » Quoi qu'il en soit de ces rapports entre l'ouvrage grec dont provien- nent nos fragments sur papyrus et l'ouvrage de Ptolémée, deux conclusions peuvent être tirées de ce qui précède : » 1° Le papyrus-Mariette nous apporte de précieux débris des doctrines de l'antiquité, et il méritera d'être publié aves le même soin que les autres pièces de ce genre exhumées de l'Egypte depuis un demi-siècle : je ferai de mon mieux pour remplir prochainement ce devoir, » 2° V Optique latine de Ptolémée, même en son état actuel de mutila- tion, mérite au plus haut degré de trouver un éditeur après tant de siècles d'oubli. Ce travail exigera, comme l'a bien montré Caussin, dans son Mé- moire de i8i2, l'alliance d'un philologne et surtout d'un orientaliste, avec un physicien de profession, ou la réunion de ces deux qualités dans la personne d'un seul savant. M. Th. -H. Martin serait, je crois, capable d'y suffire; mais sa modestie parait décliner une tâche aussi lourde, et d'ail- leurs d'autres travaux l'occupent et l'occuperont longtemps encore. M.Ch. Thurot, dont nos confrères ont pu lire récemment un ]\Iémoire approfondi sur l'histoire du principe d'Archimède et une très-ingénieuse révision du texte des Météorologiques d'Aristote, semble aussi appelé à nous rendre, soit seul, soit avec le secours de quelque autre savant, le service de procurer celte difficile publication. Tour ma part je n'ai pu, je n'ai voulu que saisir l'occasion de signaler à l'attention de nos confrères un sujet d'études depuis longtemps négligé. Déjà, dans la séance du 26 août dernier, j'ai eu l'hon- neur d'en entretenir l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres; je serais heureux que l'autorité de l'Académie des Sciences s'ajoutât aux encourage- ments qui pourront susciter, en France, le laborieux éditeur qu'attend depuis si longtemps V Optique de Ptolémée. » (469) MÉMOIRES LUS. HYGIÈNE MILITAIRE APPLIQUÉE. — Du soldat en cnmpnrjue et devant l'ennemi; j)ar]!^l. G. Grimaud, fie Ca!ix. (Extrait pSr l'Auteur.) (Commissaires: MM. Morin , Dtipuy de Lôme, Larrey). (( La provision d'un soldat en campagne et marchant à l'ennemi ne com- prend que deux sortes d'objets : des vivres et des munitions, le tout pour deux ou trois jours, si ce n'est pour quelques heures de marche et de com- bat. Quanta son armement, il est purement offensif : sabre-baïonnette et fusil ; tout pour l'attaque, rien pour la défense : rien qui protège et abrite contre les coups de l'ennemi. » Fournir au soldat le moyen d'assurer sa subsistance, sans avoir besoin d'attendre nne distribution de vivres dont il a laissé les magasins derrière lui; le pourvoir de protection contre l'ennemi, sans augmenter le poids du fourniment; ces deux questions se résolvent par ime simple modification, ou plutôt dans une meilleure distribution des éléments qui constituent l'é- quipement, lesquels éléments deviennent une protection efficace, au lieu d'être un embarras sur le dos du soldat. M Du sac militaire. — Le sac actuel a des défauts qui le rendent impropre à porter une charge supérieure à 20 kilogrammes. Par le fait de son épais- seur raccourcie, il force le marcheur à se courber en avant, posture anor- male qui contribue à épuiser promptement ses forces. L'attache des bre- telles est trop haute; elles scient les aisselles du porteur. La forme bombée de la surface appliquée au dos comprime et échauffe la colonne vertébrale. Ajoutez qu'avec une pareille construction la poitrine n'est point abritée : il n'y a de protégé que le dos, circonstance qui, en bien des cas, peut avoir sa gravité. » Le fourniment d'un tel sac consiste en vivres, linge et chaussures, us- tensiles de cuisine et matériaux de campement, tels que fragment de tente et bâton d'étai; distribuez tout cela de la façon suivante, et le problème est résolu. Doublez la surface du sac, en diminuant de moitié son épais- sein-; et, pour cela, construisez une carcasse métallique, d'environ 60 centi- mètres de large et 78 de haut, sur 5 centimètres d'épaisseur; habillez cette carcasse d'une toile imperméable. Divisez, par une gaîne en deux comparti- ments égaux, le contenant qui en résulte, et vous aurez un sac double, plus long, plus large, moins épais que le sac ordinaire, mais bien plus facile à ( 470 ) porter, comme il est aisé de le démontrer. Vous ouvrez et fermez ce sac par les deux côtés, au moyen de boucles et de lacets en cuir, comme les portemanteaux de cavalerie. Vous le remplissez des effets d'équipement et d'habillement ainsi que des vivres et des ustensiles eu métal qui complè- tent le fourniment de chaque homme et de son escouade. » On harnache ce sac de telle manière qu'on peut, à volonté, le porter sur le dos ou sur la poitrine. Si on le porte sur le dos, comme il s'étale sur une plus large surface et qu'il s'appuie sur le bas des reins, il ne tend point à descendre; et ainsi il charge moins les épaules que celui dont nos fiintassins se servent actuellement. » Deux autres circonstances contribuent aussi à rendre son poids moins sensible. Il ne gène pas la colonne vertébrale, dont la saillie vient se loger dans la gouttière formée par la gaine longitudinale du milieu. De plus, cette gaîne, contenant une tige d'acier d'une utilité multiple, au moindre repos, on abaisse la tige jusqu'au sol, et le fautassin se déleste de son sac, absolument comme un joueur d'orgue de son instrument sur le bâton d'appui qui lui sert de canne. » Pour le mettre devant la poitrine, le ceinturon est armé d'un cran qui vient s'articuler avec une pièce en métal correspondante, disposée à cet effet à la partie inférieure du sac. Et ainsi, qu'on porte ce sac par devant, qu'on le porte par derrière, le poids en est moins incommode, et le fardeau parait allégé, par cela même que sa gravité correspond au bas des reins, soit directement, soit par l'intermédiaire du ceinturon . » Voici comment il protège. Jl est garni, à l'extérieur, de plusieurs annexes en cuir. Ces annexes servent à lo^^er : i^les ustensiles en métal nécessaires, soit à chaque homme, soit à son escouade; 1° une pelle plate, ou plaque de bêche en métal; 3" sur les côtés, en dehors, un bâton de support se divisant et s'ouvrant selon sa longueur, pour former une croix de Saint-André. Ce sont là des éléments de blindage, permettant d'aborder l'ennemi jusqu'à la distance de i5o mètres, sans avoir rien à craindre des petits projectiles. Le fusil se porte en bandouillèrc; et une cartouchière, en cuir raide, est fixée en haut ou en bas du sac. Si vous marchez à l'ennemi, vous portez le sac par devant ; si vous battez en retraite, vous le mettez sur le dos : des deux façons, le torse entier est préservé. » La tète est garantie au moyen d'une coiffure en cuir mou, formant supérieurement une poche plate, dans laquelle on glisse, pour le combat, la plaque métallique. Cette coiffure, en raison de sa mollesse, se prêtant à toutes les inclinaisons, se penche en visière sur la figure et abrite toute la ( 471 ) partie supérieure de la tète, jusqu'aux yeux. Ainsi lestée, une telle coiffure pèse encore moins que le casque de l'infanterie prussienne. » Quant aux jambes, on les protège avec le fragment de tente attribué à chaque soldat pour effectuer le campement. Ce fragment de tente, plié en neuf doubles ou feuillets, se suspend à la partie inférieure du sac, au moyen de boutons ; son flottage suffit pour amortir, par ses plis, à une distance de i5o mètres, les petits projectiles, et garantir les membres inférieurs jusqu'au-dessous des mollets. » L'ensemble de cet équipement défensif a été calculé sur le poids ré- glementaire du soldat ordinaire en campagne. » Théorie du combat. — On marche le sac en avant, le fusil en batidouil- lère, en tirailleurs; à un moment propice, c'est-à-dire quand le canon a dit son mot, on s'aventure à la rencontre de l'ennemi, jusqu'à la distance de i5o mètres. La position étant choisie, le combattant abaisse au point utile la tige engaînée ; il fixe au sol, en croix de Saint-André, le bâton de support, et il dépose le sac, en plan incliné, sur cet ap|)ui triangulaire. Il a ainsi un abri, derrière lequel il charge et décharge son fusil à volonté, ap- puyant le canon sur l'un ou l'autre côté du sac. Il peut viser juste et tirer à loisir, surtout sans fatigue, car son arme pèse sur le sac et non plus sur le bras. » Supposez les combattants disposés en ordre mince, ou même en chaîne clair-semée de tirailleurs, les petits projectiles de l'ennemi n'auront sur eux que peu d'effet. Les balles réussies, celles qui porteront coup, viendront s'amortir: i° sur le sac rembourré parles effets d'habillement et blindé par les ustensiles de cuisine ; 2° sur la plaque mobile du casque ; 3° enfin sur les plis multiples du fragment de tente, suspendu en bas du sac. » Campement. — Le combat étant fini, et la victoire acquise ou la retraite accomplie, il s'agit de camper pour se reposer et faire la soupe. Dans l'état actuel des choses, chaque soldat est muni d'un fragment de toile et d'un bâton brisé : on les joint par quatre et l'on construit des tentes-abris, occu- pant un très-petit espace en superficie et en élévation, permettant seulement la position couchée aux quatre fantassins qui en ont fourni les matériaux. La cuisine se fait dehors pour l'escouade de dix ou douze hommes. )) Cette cuisine en plein air a plusieurs inconvénients. Elle utilise fort mal le combustible, souvent difficile à trouver dans le rayon occupé. Elle cuit mal et avec lenteur les aliments. Au vent et à la pluie, elle fume et aveu- gle, sans chauffer et par conséquent sans sécher le soldat. De plus, sa po- C. R., 1870, 2« Semestre. (T. LXXI, N" 14.) 63 (472) sition, en dehors de ia tente-abri, met le désordre dans la compagnie, en détruisant tonte symétrie castra-métative. Enfin, à proximité de l'ennemi, elle décèle le bivouac. » Avec le fourniment du nouveau sac, ces inconvénients sont bien amoindris, s'ils ne sont pas tout à fait éliminés. Pour un campement passager, un repos de courte durée, il suffit de quelques minutes pour accoupler des sacs arcboutés, et, avec leur aide, dresser pour douze hommes une tente et sa cuisine. » S'agit-il d'un campement prolongé, la pelle visière qui sert d'abri à la tête de chaque tireur pendant le combat, fournit le moyen de construire un four de campagne pour la cuisine sous la tente même, et de donner à celle-ci l'élévation que l'on veut, en y pratiquant les rigoles indispensables. En un quart d'heure, les douze pelles de l'escouade font toutes les excava- tions et les remblais nécessaires ; cinq ou six paires de sacs sont arcboutés, et procurent instantanément un échafaudage de grande tente, qu'on recouvre avec la toile à neuf plis dont chaque soldat est en possession. Là, tout le monde est à l'abri, et relativement à son aise; le feu des cuisines est caché aux yeux de l'ennemi, la fumée en est moins intense et moins aveuglante, et, dans la mauvaise saison, on peut s'y sécher et s'y chaulfer. Avec de la farine, on cuit instantanément la galette pour lester l'estomac, en atten- dant les distributions régulières, toujours trop lentes à se réaliser. » L'invention de ce système d'armes défensives, dont je viens d'entretenir l'Académie, appartient au général polonais Miéroslawsld. Je n'ai ici que le mérite d'en avoir compris la portée et les avantages au point de vue de la conservation du soldat et de son hygiène. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. HYGIÈNE PUBLIQUE. — Observations relatives à la panification. Lettre de M. 3Ièue MouKiiis à M. le Président. (Renvoi aux Sections de Chimie et d'Agriculture, auxquelles MM. Dumas et Bussy sont priés de s'adjoindre.) « J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie quelques observations rela- tives à la question du pain, observations dont elle appréciera l'opporlunilé. Mes recherches, les Rapports de M. Chevreul et la sanction d'une longue pratique ont prouvé que, pour avoir du pain doué de toute sa puissance nutritive, il faut le préparer avec tous les principes immédiats du grain. ( 473 ) moins ses enveloppes les plus grossières; mais ils ont prouvé aussi que ce pain n'est réellement bon que si l'on empêche la formation du pain bis, c'est-à-dire raltération d'une partie de ces principes immédiats. Cette ob- servation est essentielle, et, en l'oubliant, on s'expose à de tristes déceptions. » Si, en effet, on fabrique du pain avec toutes les parties du grain, et si pour cela on emploie les procédés ordinaires, le ferment contenu dans le tissu embryonnaire (céréaline) change l'amidon en dextrine et en glucose, liquéfie en partie le gluten, et le pain devient bis, lourd et pâteux. Ces dé- fauts ont leur importance; mais ce qui est beaucoup plus grave, c'est que, par cette altération complexe, ce pain change de nature, devient laxatif et perd une partie de sa force alimentaire. On sait, en effet, que le pain de tout grain, dit de son, est plutôt un médicament qu'un aliment, et que les mé- decins le prescrivent depuis longtemps contre la constipation habituelle. » On comprend les graves inconvénients d'un pain de cette nature, introduit dans le régime, alors surtout que la ration de viande serait diminuée. Le pain bis en usage dans les campagnes ne saurait être une objection, parce que la farine qui le produit est toujours blutée, et que la couleur bise pro- vient surtout du seigle et de l'orge. Il faut donc, à tout prix, éviter cette altération, et, pour cela, on doit employer les moyens indiqués par moi, approuvés par l'Académie et appliqués à l'Usine de la ville de Paris, où, dit l'ancien directeur de l'Assistance publique, dans un exposé officiel daté de 1868, ce procédé, donne depuis plus de six ans, du pain de première qualité, permet de supprimer le pain bis et produit une économie de looooo francs environ par an, selon l'administration, et de 200000 francs suivant les calculs faits par les Commissions. » Malgré ces résultats satisfaisants, ce procédé n'a pas été poussé jusqu'à la dernière limite du rendement, limite qu'on atteint ainsi qu'il suit. » On humecte le blé avec 5 pour 100 d'eau salée, qui a la curieuse pro- priété de s'arrêter devant la membrane embryonnaire; puis on enlève les téguments extérieurs, à l'aide d'un décortiqueur, et le blé devient alors si fa- cile à broyer que, si Ton manque de meules, un moulin à café peut suffire à cette opération. » Le blé, broyé est divisé en deux parties : 1° la farine fine provenant de l 'intérieur du grain ; 2° les gruaux, représentant les couches extérieures. Ces gruaux contiennent les principes initritifs les plus importants, c'est-à-dire le gluten le plus élaboré pour la nourriture du tissu musculaire, le pho- sphate de chaux animalisé pour le tissu osseux, l'albumine et l'huile phos- phorée pour le tissu nerveux, etc. Mais, ne l'oublions pas, ces gruaux 63.. ( 474 ) contiennent aussi le tissu embryonnaire et la céréaline dont il faut empêcher l'action. » Pour cela on fait, avec la farine fine et du levain, une pâte molle, et, quand cette pâle est arrivée au degré de fermentation voulu, on y ajoute les gruaux. n Les phénomènes qui se passent alors sont bien simples. L'humidité pénètre les gruaux, qui s'hydratent rapidement et font une pâte homogène, tandis que la céréaline, n'ayant phis le lenqjs d'incubation nécessaire pour agir, et retenue du reste dans des cellules restées entières, ne peut plus at- taquer les principes immédiats, et laisse le pain avec sa saveur naturelle et avec toutes ses forces nutritives. » On peut dire en résumé que, lorsqu'on prépare le pain avec toutes les parties du grain à l'aide des procédés ordinaires, on n'obtient qu'un ali- ment débilitant, tandis qu'on obtient un pain normal essentiellement nu- tritif en empêchant l'altération de la pâte par la céréaline, à l'aide des moyens indiqués, moyens qui, dit le Rapport officiel inséré dans le J/o- n//eu/- du 2'3 décembre 1860, « auraient pour effet, s'ils se généralisaient, I) d'apporter une économie d'un huitième dans la consommation. » HYGIÈNE PUBLIQUE. — Sur (' emploi de la farine d' avoine dans l'alimentation. Extrait d'une Lettre de M. Wilson à M. Dumas. (Renvoi à la Commission désignée pour la Communication qui précède.) « Permettez-moi de confirmer, par ce que j'ai pu constater personnel- lement, ce que vous avez dit au sujet de la farine d'avoine (i). C'est un aliment de très-grande consommation, non-seulement en Ecosse, mais surtout en Irlande, où l'on en fait de la bouillie et du gâteau qui se con- serve pendant dix à douze jours sans s'altérer. )) Pour faire de la farine d'avoine, on n'a qu'à décortiquer le grain et le faire concasser. L'opération est très-simple, et je ne doute pas qu'elle |)uisse être organisée facilement sur une grande échelle. » Je me mets à la disposition de l'Académie, pour tous les renseignements qu'elle pourra désirer sur ce sujet. » (i) Compte rendu de la séance précédente, p. 446- ( 475 ) HYGIÈNE PUBLIQUE. — Sur tes moyens de faire entrer la farine de blé dans la confection d'aliments doués de propriétés nutritives suffisantes. Note de M. L. AuBERT. (Extrait.) (Renvoi aux Sections de Chimie et d'Agriculture, auxquelles MiNI. Dumas et Bussy sont priés de se joindre.) « ... J'ai moulu dans un moulin à café loo grammes de blé; puis, dé- layant la farine ainsi obteuue dans 4oo grammes d'eau et chauffant jusqu'à l'ébullition, j'ai obtenu une bouillie épaisse, ayant un goût de gluten pro- noncé et désagréable, mais douée de propriétés nutritives. » Pour ôter à cette bouillie le goût désagréable du gluten, on pourrait y ajouter du beurre: le prix du beurre étant en ce moment trop élevé, j'ai employé le saindoux. Si le saindoux est un peu rance, comme cela arrive souvent, on peut commencer par y faire frire im oignon, puis verser la farine délayée dans l'eau et chauffer jusqu'à l'ébullition. On peut remplacer l'oi- gnon par l'ail, ou bien encore ajouter à cette bouillie du fromage. » En ajoutant du saindoux, je n'ai plus employé que 85 grammes de blé au lieu de lOO. Voici exactement les proportions, pour deux préparations différentes : i Blé (nettoyé), moulu dans un moulin à café 85^'' Eau 46o I. ( Sel marin i ,5 Saindoux ; • • ■ ^^ Oignon coupé en petits morceaux et frits dans le saindoux. ... j5 Par rébullition, l'eau est réduite à environ 4oo grammes. . Blé (nettoyé), moulu dans un moulin à café SSs'' Eau 46o II, / Sel marin ' ,5 Saindoux i5 Fromage de gruyère 20 On chauffe le tout ensemble, et assez lon,r;lemps pour que le gruyère fonde. ) » Je propose également de préjiarer un pain ayant la même composition que ces bouillies, mais avec une quantité d'eau moindre, pour obtenir une pâte ferme. On aurait ainsi un pain sans levain, ou biscuit, dont la conser- vation et le transport seraient faciles. » Ce biscuit ayant une grande valeur nutritive sous un petit volume, le consommateur devrait être prévenu des quantités en pain et en viande que ( 476) représenteraient loo grammes du biscuit lui-même. Je demande que des expériences soient faites sur ce sujet. » M. TouRNiER adresse une Note concernant les avantages qu'il croirait pouvoir signaler dans une mesure qui consisterait à proscrire l'usage du pain frais, et à livrer exclusivement à la consommation le pain cuit de la veille. (Renvoi à la Commission nommée pour les Communications qui précèdent.) CORRESPONDANCE. M. LE Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, une brochure de 31. de Chancourtois sur « l'interpréta- tion des imaginaires en physique mathématique «. Ce travail est celui qui a été soumis par l'auteur au jugement de l'Académie dans la séance du 18 janvier 1869 (i). La séance est levée à 5 heures. É. D. B. PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADÉMIE pendant le mois de SEPTEMBRE 1870. Annales de f Aqriculture française; n°' des i5 et 3o juillet 1870; in-8°. Association Scientifique de Frame ; Hulletin hebdomadaire, n° 188, 1870; in-8". Bulletin de V Académie impériale de Médecine; n^^des i5et3i août 1870; in-8". Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Behjique, n° 5, 1870; in-8°. Bulletin de l'Académie royale des Scie7ices, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique; n° 8, 1870; in-8". Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale; juin 1870; in-4°. fi) Comptes rendus, t. LXVIII, p. 127. (477 ) Bulletin général de Thérapeutique; 3o août, i5 et 3o septembre 1870; in-8°. Bulletin hebdomadaire du Journal de l' agriculture ; n°^ 36 à 38, 1870; in-8°. Bultettino meteorolocjico dell' Osservatorio del B. CoUecjio Carlo Alberto; n°5, 1870; in-4^ Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; 11°' 10 à i3, 2^ semestre 1870; in-4°. Correspondance slave; n°^ 73 à 79, 1870; in-4°. Journal d'Agriculture jH'atique; n"* 35 à 37, 1870; 10-8". Journal de l'Agriculture; n"' 100 et loi, 1870; in-8°. Journal de l'Eclairage au Gaz; n°' 35 et 36, 1870; in-4°. Journal de Mathématiques pures et appliquées; mai 1870; in-4°. Journal de Médecine de l'Ouest; 3o avril 1870; in-8''. Journal de Pharmacie et de Chimie; septembre 1870; in-8*'. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n"^ 24 et 25, 1870; 10-8". Journal des Fabricanîs de Sucre; n"' 20 et 21, 1870; in-fol. L'Abeille médicale; n°' 36 à 38, 1870; in-4°. L'Aéronaute; août 1870; in-8°. L'Art médical; septembre 1870; in-8°. La Santé publique; n"' 85 et 86, 1870J in-4°. Le Gaz; n° 8, 1870; in-4°. Le Moniteur de la P holographie; n"' 12 et 1 3, 1870; in-4°. Le Mouvement médical; n" 36, 1870; in-4°- Les Mondes; n°' des i" et 8 septembre 1870; in-8°. Magrasm /jj«ores(/ue; août et septembre 1870; in-4". Nouvelles Annales de Mathématiques; septembre 1870; in-8*'. Observatorio... Publications de l'Observatoire météorologique de l'Infant don Luiz à l'École Polytechnique de Lisbonne; mars à mai 1870; in-f". Bévue des Cours scientifiques ; n"^ 4o et 4i, 1870; in-4''. Bévue des Eaux et Forêts; n"' 17 et 18, 1870; in-8°. Bévue maritime et coloniale; septembre 1870; in-8*'. The Food Journal; septembre 1870; in-8''. The Scientific Bevieiv; n" 9, 1870; in-4''. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 10 OCTOBRE 1870. PRÉSIDENCE DE M. LIOUVILLE. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. DupcY DE LÙME donne lecture d'un « projet d'aérostat dirigé, muni d'un propulseur. » L'impression de cette Note sera réunie à celle de la Communication par laquelle M. Dupuy de Lôme se propose de la complé- ter très-prochainement. MÉMOIRES LUS. , M. Pellarin donne lecture d'une Note concernant l'hygiène des blessés et des opérés. (Commissaires : MM. Milne Edwards, St. Laugier, Larrev.) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. J. MoRiN soumet au jugement de l'Académie une Note relative k l'inflammation de la poudre, à distance, par l'électricité. L'auteur croit devoir préférer, à la production d'une étincelle électrique, réchauffement d'une portion résistante du conducteur qui transmet le courant. (Commissaires : MM. Dumas, Morin, H. Sainte-Claire Deville, Jamin.) G. R., 1870, i' Semestre. (T. LXXl, N" 18.) 64 (478) CORRESPOA DANCE. M. LE Secrétaiiie perpétuel signalc, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : 1° Un Mémoire de M. Dabi, imprimé en anglais et portant pour titre : « Examen de la règle de Newton pour trouver le nombre des racines ima- ginaires d'une équation »; 2° Un travail de M. A. Colin, publié dans la « Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie «, et intitulé : « Des conditions sanitaires de l'armée de Paris ». M. Brisac adresse une Note concernant l'emploi des légumes et du blé vert en Alsace et en Lorraine : « Chez tous les israélites, en général, on mange beaucoup de légumes secs, pois, haricots, lentilles, riz, et orge perlé. On mange encore beau- coup, en Lorraine et en Alsace, de ce qu'on nomme le krinnenkorn, c'est-à- dire blé vert; on le récolle alors qu'il est encore vert, et, tout sec qu'il est quand on le mange, il conserve encore de sa couleur primitive; quant au blé, quand il est bien accommodé avec un morceau de viande un peu grasse, c'est une nourriture bienfaisante. Ou f;ut souvent des mélanges de riz avec des pois, de pois avec des haricots ou de l'orge : tous ces mélanges ne sont connus que des israélites, mais je les ai vus souvent appréciés même par les étrangers qui n'y étaient point accoutumés. » M. Grimal'd (de Caux) adresse une Note complémentaire à celle qu'il a soumise au jugement de l'Académie, dans la séance du 26 septembre der- nier : «... Pour utiliser le blé en grain comme aliment, quand on est privé des moyens usuels d'en faire du pain, il est inutile de le décortiquer. Le décorticage priverait d'ailleurs le grain de la partie nutritive inhérente au son. Voici ma foramle. Mettez le blé à tremper dans de l'eau de Seine (je parle pour Paris), pendant quelque temps, deux heures au moins; frottez bien les grains les uns contre les autres, ahn d'enlevei" des restes de glume qui adhèrent à l'épiderme, sous forme de poils très-déliés, lesquels viennent surnager par le fait du malaxage; retirez le blé de son eau de lavage, faites-le égoutter, meltez-le à cuire dans im vase, avec un peu d'eau, et traitez-le ab- ( 479 ) soliiment comme chi riz. Le blé est cuit quand le grain s'écrase sous les doigts. Pour condiment, on peut employer toute espèce d'aromates. Mais il suffit de sel, de poivre et d'une pointe d'ail pour obtenir un aliment savou- reux, nutritif et de la plus facile digestion. » Une cuillerée de grain suffisait, à Venise, pour remplacer le pain d'une personne; mais il faut tenir compte des climats. Peut-être à Paris devrait- on doubler cette ration, quoique ce soit à peu près celle que l'on donne en riz à un cipaye dans l'Inde. » M. WiLSON adresse quelques nouveaux documents sur l'emploi de la farine d'avoine et du blé en nature, comme aliments : « Les trois quarts des forts paysans irlandais et écossais du nord se nour- rissent d'avoine principalement, avec de la bouillie et du gâteau d'avoine et des pommes de terre. La bouillie se mange soit avec du lait, soit avec du beurre, de la mélasse ou du sucre; le gâteau, comme du pain ordinaire. » En ce qui regarde le pain fait avec de la farine entière, qui est très-fort en usage en Angleterre, sous le nom de brown bread^ la fabrication de celte farine est très-facile, et, avec des machines que j'ai trouvées ici, on pour- rait, avec une dépense relativement très-faible, faire moudre 3oo ooo à 4oo ooo kilogrammes par jour. » M. L. AuBEUT adresse une nouvelle Note relative à l'emploi des matières grasses mélangées avec le blé en nature, comme aliment. 31. Dumas, après avoir donné connaissance à l'Académie des Communi- cations qui précèdent, s'exprime comme il suit : « L'Académie ayant accueilli avec intérêt les Communications que j'ai eu l'honneur de lui soumettre au sujet des subsistances en blé, farine ou céréales de la ville de Paris, il m'a semblé que le moment était venu de l'entretenir des opérations auxquelles a donné lieu, de son côté, l'approvi- sionnement en viande, en me bornant au rôle d'historien et laissant à la Commission à porter un jugement dont l'opportunité me paraît évidente, dans un moment où il faut que rien ne soit compromis. M Dès que la menace d'un siège à soutenir a rendu nécessaire la concen- tration sur Paris d'une quantité de bétail capable de nourrir sa population pendant sa durée, on a compris qu'il fallait porter tout l'effort sur le bœuf, le mouton et le porc. 64.. ( 4«o ) » La population de Paris consomme volontiers du veau; mais, dans les circonstances présentes, mieux valait assurément garder le lait des vaches laitières pour les enfants et les malades que de le livrer aux veaux de boucherie. On n'a donc pas amené de veaux. » La population de Paris consomme volontiers aussi du porc, sous toutes les formes. Malheureusement, on n'a pu en faire entrer une quantité suffi- sante aux besoins de la consomm;ïtion normale; l'époque n'était pas favo- rable. » La base principale de l'alimentation de Paris en viande repose donc sur le bœuf et sur le mouton. » Ce point établi, il est facile de comprendre que les troupeaux reçus en ville offraient deux sortes de sujets : les uns, capables de soutenir le choc du changement de situation, pouvant prospérer ou du moins vivre sans dépérir dans un nouveau milieu; les autres, blessés, fatigués de la route, impropres par des causes diverses à être utilement gardés et nourris dans les parcs intérieurs, instantanés. Les premiers ont été réservés pour la consommation, comme viande fraîche, et sont livrés successivement aux abattoirs. Les seconds ont été plus spécialement réservés aux procédés de conservation. » Ces opérations qu'il s'agissait d'improviser dans Paris et d'y organiser sur une large échelle, ont été l'occasion des plus sérieuses concur- rences. » Tout le monde connaît la méthode d'Appert qui fournit à la marine et aux voyageurs des conserves de toute nature et spécialement des viandes préparées qui résistent à de longues années de garde. Les produits que les successeurs d'Appert livrent au commerce forment la base d'une industrie, qui n'avait qu'à continuer ses opérations, sûre d'être encouragée et re- cherchée par la population aisée. » Il faut en dire autant des produits analogues obtenus par MM. Ozouf et Couder, dont les qualités excellentes ont été reconnues par tous ceux qui ont eu à les apprécier, mais qui constituent également des mets tout préparés et non des viandes conservées. Or, ces mets doivent être consommés tels qu'ils sont, et l'uniformité de leur préparation peut devenir pour l'esto- mac une cause de fatigue; les viandes, au contraire, prennent les formes et reçoivent les usages que souhaitent les consommateurs. Couser\er les viandes sans apprêts, d'ailleurs, était le seul moyen d'en rendi'e la garde suffisamment économique, pour qu'il fût permis de l'effectuer rapidement et sur une grande échelle, comme c'est le cas en ce moment. ( 48. ) » Trois procédés réalisant cette condition de laisser la viande à son état naturel et d'en permettre la garde, sans la soumettre à la cuisson, ont été mis en pratique. » Le premier repose sur l'application pure et simple des méthodes de salaison en usage dans les ports pour les besoins de la marine. Il est mis en pratique à l'abattoir de Grenelle par M. Cornillet, qui a organisé son atelier avec une complète intelligence des besoins de cette industrie. Les viandes salées qu'il prépare reçoivent cette salure à fond, qui garantit la conserva- tion des approvisionnements de long cours, mais qui n'était peut-être pas indispensable pour la circonstance, où il s'agissait de garder la viande pen- dant deux ou trois mois seulement. » C'est sur cette dernière donnée que se fonde M. Wdson, Irlandais, in- venteur d'une méthode particulière qu'il a longtemps pratiquée dans son pays, et qu'il a proposée comme spécialement propre aux circonstances dans lesquelles se trouve la ville de Paris. En effet, elle permet d'opérer par une salure plus modérée et d'assurer la conservation pour un temps suffisant, tout en laissant aux viandes certaines quaUtés qui les placent dans une condition intermédiaire entre les viandes fraîches et les viandes salées proprement dites. Les ateliers de M. Wilson ont été installés d'une façon rapide et pratique à l'abattoir de la Villette. Son personnel, amené d'Irlande, est venu s'enfermer avec lui à Paris, la veille même de l'inves- titure de la ville. Il est impossible de méconnaître que M. Wilson, dans cette circonstance, a écouté le désir de servir la France. )) Son procédé repose sur un ensemble de précautions parfaitement d'accord avec les princijies de la science. Ainsi, il demande que le bétail soit reposé avant d'être abattu : la viande d'un animal forcé ne se garde pas; celle d'un animal fatigué par la marche se conserve mal. M. Wilson ne veut pas qu'on souffle les bœufs qu'il doit préparer, et il n'est pas be- soin de démontrer, en effet, que cette opération offre l'inconvénient de semer dans les chairs des spores capables d'en amener la décomposition. Il fait dégorger les viandes au moyen d'une première salure, en prenant soin d'ouvrir au couteau les masses musculaires trop épaisses et d'y pra- tiquer des poches qu'on remplit de sel. Enfin, les viandes dégorgées sont placées dans la saumure et maintenues à une température qui ne dépasse pas lo degrés, au moyen dadditions convenables de glace. » On obtient ainsi les effets plus favorables de la salaison d'hiver, même dans les saisons d'été ou d'automne. Dans le cas particulier où se trouve ( 482 ) Paris, on conserve, de la sorte, la viande pour quelques mois avec un de- gré de salure modéré, qu'on fait disparaître ensuite facilement, en la sou- mettant à une immersion dans l'eau pendant quelques heures. » Le procédé de la salure ordinaire et celui de M. Wilson conviennent parfaitement au bœuf. L'un et l'autre, essayés sur le cheval, s'y sont appliqués sans difficulté. Ni l'un ni l'autre ne paraissent convenir au mouton. « C'est ainsi qu'après avoir expérimenté sur le bœuf, d'abord, un pro- cédé tout à fait différent proposé par M. Gorges, on a été conduit à le spécialiser sur le mouton. » M. Gorges annonce avoir pratiqué sa méthode en Amérique, à la Plata, et mettre au service de la population de Paris, comme MM. Cor- nillet et Wilson, une expérience éprouvée. Son procédé constitue une application intéressante de l'ime des réactions les plus simples de la chimie. Les premiers essais en ont été jugés satisfaisants; mais ils n'avaient eu qu'une courte durée. » Les viandes, dépecées et lavées, sont soumises à l'action d'un bain acidulé par l'acide chlorhydrique, auquel succède un second bain con- tenant du sulfite de soude. On les enferme ensuite dans des boîtes en fer-blanc contenant i kilogramme de viande, 5 kilogrammes, lo kilo- grammes, à volonté, en les saupoudrant de sulfite de soude. On ferme la boîte à la soudure, pour prévenir la rentrée de l'air. La viande est pénétrée d'abord par l'acide chlorhydrique, ensuite par le sulfite de soude. L'action réciproque de ces deux agents donne naissance à du sel marin et à de l'acide sulfureux. L'effet antiseptique de ce dernier est bien connu. )) La conservation obtenue par l'acide sulfureux a conduit à tenter l'ex- périence sur une quantité de viande plus considérable. Si cette épreuve réussit, il en résultera que, dans tous les cas où les vases n'ont pas besoin d'être déplacés, et par conséquent pour toute ville de guerre menacée, on pourra, à trè.s-bas prix et avec une faible main-d'œuvre, emmagasiner de larges provisions de viande. Mais l'expérience n'a pas prononcé et je ré- serve mon propre jugement. M Pour les voyages et pour les approvisionnements de mer, les boîtes de 1,5, lo kilogrammes des modèles adoptés par M. Gorges sont préfé- rables. Les maniements, les déplacements qu'elles subissent peuvent, en effet, en déterminant des fissures, permettre la rentrée de l'air el amener l'altération des produits. Il y a donc tout intérêt à circonscrire la perte. ( 483 ) » Les viandes ainsi préparées sont soumises pendant une demi-heure à l'action d'un bain d'eau tiède, et exposées à l'air pendant une demi- journée avant de les employer. » Les chantiers de M. Gorges, installés au voisinage de l'abattoir de Grenelle, sont, comme on l'a dit plus haut, spécialement appliqués à la préparation du mouton. » Les circonstances qui ont amené l'installation dans Paris des trois ate- liers de préparation et de conservation des viandes par la salaison ordi- naire, la salaison modérée à froid et par le sulfite ne seront pas perdues pour l'avenir. Les ouvriers et contre-maîtres qui s'y forment conserveront à Paris ou dans le pays des industries dont on n'avait peut-être pas com- pris jusqu'ici tout l'intérêt. » Pour l'alimentation d'un grand marché, ces procédés, perfectionnés par l'étude et par la pratique, permettraient d'amener de loin la viande dépecée et choisie, et d'attendre pour sa mise en vente le moment favo- rable, sans avoir d'altération à craindre. Le rayon d'arrivée pourrait donc s'étendre, et le temps affecté à la consommation ne serait plus limité, comme il l'est pour la viande vendue à la criée. » Une autre considération recommande de tels procédés à l'attention pu- blique. Les maux causés par la guerre ne finissent pas avec la guerre. L'Europe aura à compter avec une large destruction de bétail causée par la sécheresse et le manque de fourrages, par l'alimentation destructive des armées en campagne et par la peste bovine que l'armée prussienne répand dans les contrées qu'elle occupe. Un procédé qui permettrait le transport à bon marché et sur une grande échelle des viandes de l'Amérique ou de l'Australie en Europe, trouverait probablement dans cet ensemble de circonstances cruelles une occasion décisive de témoigner de son effi- cacité. » Je n'arrête pas l'attention de l'Académie sur les procédés d'enfumage des viandes ou d'application directe de l'acide sulfureux gazeux sur elles qui ont été proposés. On n'avait pas de temps à perdre en essais. » Mais les viandes provenant du bétail consacré à la préparation des viandes conservées, de même que celui qui est abattu chaque jour pour la consommation de la viande fraîche, ne sont pas le seul aliment dont il y ait à s'occuper dans un moment aussi grave que celui que nous traversons. L'animal livré au boucher fournit encore des produits secondaires qui peuvent, à l'aide de préparations appropriées, concouru' de la manière la plus utile à la nourriture des habitants. ( 484 ) » Ainsi, Paris manque de beurre; uon-séulement le beurre frais n'y arrive plus, mais tous les efforts tentés pour y faire parvenir de larges quantités de beurre salé ont été impuissants. » Mais on sait que le beurre peut être suppléé par la graisse de bœuf, non par sa totalité, mais par ce produit de première qualité qu'on désigne sous le nom de graisse de rognon, et qui rivalise, en effet, avec le beurre de cuisine. Le reste de la graisse de l'animal n'était pas accepté jusqu'ici pour les usages culinaires, et formait une seconde qualité abandonnée aux usages industriels. Il n'était pas au-dessus des ressources de la chimie d'enlever à la graisse de seconde qualité les substances qui lui communiquent une odeur ou un goût déplaisants. Les études dirigées en ce sens sont devenues inutiles, M. Dordron, ayant résolu le problème. Le produit qu'il prépare avec les graisses de seconde qualité ebt supérieur à celui qui constitue la graisse de première qualité, c'est-à-dire la graisse de rognon. » Un second problème appelait l'intervention de la chimie. Le sang de porc est utilisé comme aliment et forme la base du boudin. Le sang de bœuf et celui de mouton ne devraient-ils pas entrer également dans l'ali- mentation? » Il est difficile d'estimer les quantités exactes de sang que contiennent un bœuf ou un mouton; il l'est moins d'apprécier le poii-ls réel des pro- duits de ce genre que le boucher livre à l'exploitation. Elle paraît pouvoir être évaluée, en moyenne, à ii kilogrammes par tête de bœuf et à 2 kilo- grammes par tête de mouton, en ce moment. » En comptant 55o bœufs et 35oo moutons comme représentant la consommation moyenne actuelle, on a donc 65oo kilogrammes de sang de bœuf et 7000 kilogrammes de sang de mouton, environ 14000 kilo- grammes pour le tout. » Dès à présent, ces quantités sont ou peuvent être utilisées. Sous l'im- pulsion de M. le Maire du 19* arrondissement d'un côté, et de l'autre, sous celle de M. Riche, dont les travaux sont bien connus de l'Académie, on est parvenu à former avec le sang de bœuf un boudin accepté par les con- sommateurs, et dont la fabrication utilise la totalité de ce produit. » Tout chimiste s'étant occupé de l'analyse et de l'étude du sang pou- vait prévoir que le problème serait d'une solution plus difficile en ce qui concerne le sang de mouton. Aussi, n'est-on pas parvenu à le convertir en boudin. Il serait hors de propos d'en déduire les causes en ce moment. M. Riche essaye de l'utiliser en terrines, formées de riz, de graisse et de sang de mouton, composition (jui, convenablement épicée et cuite au four, ( 485 ) réunirait les trois formes d'aliments nécessaires à l'homme : les aliments aibnmineux, gras et féculents. M Les mufles et les pieds de bœuf délaissés autrefois par l'alimentation sont devenus l'objet d'une exploitation profitable sous ce rapport. » L'Académie n'a pas oublié la longue et savante discussion dont l'em- ploi de la gélatine des os fut l'objet devant elle, il y a trente-cinq ans en- viron. Les uns disaient qu'elle pouvait remplacer la viande; d'autres lui contestaient le pouvoir alimentaire; de plus sages, enfin, considéraient la gélatine comme un aliment, sans doute insuffisant, si on l'employait seul, mais, très-utile, s'il était associé à des aliments gras ou féculents. » Témoin, pendant la disette de 1816, des bienfaits produits dans la fa- brication des soupes économiques par la gélatine des os ou plutôt par les cartilages qu'ils laissent quand on les traite au moyen des acides; ayant d'ailleurs pris part aux travaux de la Commission de la gélatine dans le sein de l'Académie, il m'est resté démontré que la gélatine des os est ali- mentaire, et qu'elle doit être employée, de préférence, sous forme de carti- lages ajoutés à la viande, dans la préparation du boudlon, » Ne pourrait-on pas recueillir tous les os, déjà utilisés en nature dans la fabrication des soupes économiques et les traiter par les acides, pour débarrasser leur tissu cartilagineux de la partie terreuse qui en empêche la dissolution dans le bouillon ? » L'opération consiste; on ne l'ignore pas, à les soumettre à l'action de l'acide chlorhydrique du commerce, étendu de quatre ou cinq fois son volume d'eau. Les os minces sent dépouillés de calcaire en deux ou trois jours; les os épais en exigent huit ou dix. Égoultés et lavés, les cartilages doivent être mis dans une dissolution faible de sulfite de soude, pendant vingt-quatre heures, puis lavés à grande eau. » L'acide sulfureux les préserve d'altération. Il est inutile de les sécher et il vaut mieux les introduire bien lavés, bien égouttés et frais dans le pot- au-feu. Sous cette forme, la réjouissance n'est plus une fiction. » La quantité de gélatine des os qui peut rentrer ainsi dans l'alimenta- tion représente 10 pour 100 environ de la matière provenant de l'animal abattu. » Parmi les industi'ies accessoires auxquelles donnerait lieu l'utilisation des produits secondaires du bétail livré à la boucherie, il est nécessaire d'appeler encore l'attention de 1 Académie sur les peaux de boeuf et sur celles de mouton. C. R., 1870, oe Semestre. (T. I.XXI, N" îii.) 65 ( 486 ) » Au premier moment, ou n'a songé qu'à se préserver des dangers de la corruption des masses de peaux sortant chaque jour des abattoirs et ne pouvant plus être soumises aux opérations de la tannerie. Il fallait aussi prévenir les pertes que l'Etat aurait en à subir par leur destruction. On les a donc salées. » M;iis U m'a semblé qu'on pouvait aller plus loin. Préparées par luie immersion dans l'eau contenant du phénale de soude ou de l'acide phé- nique et de la glycérine, ces peaux pourraient devenir incorruptibles et rester souples. » Les peaux de bœuf ainsi préparées offriraient sur nos remparts un coucher sain k nos soldats. » Les peaux de mouton munies de leur toison serviraient, pendant les journées pluvieuses et les nuits froides, de fourrures éminemment propres à mettre les sentinelles à l'abri des intempéries. » Il serait à souhaiter, qu'ainsi qu'on a trouvé des entrepreneurs pour les industries dont il a été question en premier lieu, (juelques manufactu- riers inoccupés en ce moment missent leurs connaissances pratiques au service de la ville pour l'exploitation des os et pour la préparation des peaux. La nécessité d'accroître la quantité d'aliments dont la population dispose n'a pas besoin d'être démontrée. Il suffit de parcourir nos ambu- lances et de voir combien les affections rhumatismales, les amygdalites, les affections d'entrailles, etc., y témoignent des effets du froid et de l'hu- midité des nuits, pour être convaincu que l'amélioration des bivouacs et celle du vêtement des sentinelles auraient des résultats également dignes d'intérêt au point de vue de l'humanité et à celui de la défense. » L'Académie me pardonnera les détails dans lesquels je suis entré devant elle. L'approvisionnement de la ville, commencé dans la nuit du 4 au 5 aoiit, a exigé, de la part de rx\dministration, des efforts, et produit des effets que l'histoire appréciera. L'Académie reste dans son rôle et accomplit sa mission, quand elle intervient, de son côté, pour rendre plus sûre l'application des préceptes de la science à la pratique des opérations qui intéressent l'alimentation, l'hygiène et la défense de Paris. Devant un intérêt de cet ordre, les moindres détails ont leur prix. » « M. MiLNE Edwards, à l'occasion des Comnuinications précédentes sur les procédés de conservation de la viande, entretient l'Académie de quelques essais qu'il a faits, en vue d'obtenir très-promptement la salaison d'animaux entiers. A l'aide d'un réservoir, contenant de l'eau saturée ( 48? ) de sel marin et mis en communication avec l'une des grosses veines de l'animal récemment tué (la veine jugulaire, par exemple), on injecte, avec la plus grande facilité, le liquide conservateur dans les vaisseaux capillaires, dont les muscles ainsi que les autres organes sont creusés, et l'on imprègne de sel tous les tissus plus complètement que l'on ne saurait le faire en faisant pénétrer le chlorure de sodium de la surface vers les parties profondes, on même en poussant la saumure dans le tissu cellulaire intermuscvdaire ainsi que cela se pratique pour la salaison des jambons; une opération analogue estf;ùte journellement, et avec un plein succès, dans les laboratoires ana- tomiques pour la conseivalion des animaux destinés à la dissection ; elle est très-facile à exécuter, et elle paraît susceptible d'être utilisée industriel- lement : un bœuf tout entier pourrait être salé de la sorte en quelques minutes. » M. Milne Edwards rappelle aussi que les propriétés nutritives de la gélatine des os ont été prouvées de la manière la plus évidente par les expériences physiologiques faites, il y a environ quarante ans, par son frère William Edwards et par M. Balzac, de Versailles. Un animai nourri avec du pain et de l'eau seulement diminue de poids rapidement; nourri avec du pain et de la gélatine, il résiste beaucoup mieux et peut même augmen- ter de poids; enfin, nourri avec celte dernière ration additionnée d'une quantité très-minime de bouillon sapide et aromatisé, il engraisse le plus ordinairement. M. Milne Edwards partage donc complètement l'opinion de M. Dumas, au sujet de l'importance du rôle alimentaire des os dépouillés des sels calcaires par l'action de l'acide chlorhydrique, et, pour plus de dé- tails sur cette question, il renvoie au huitième volume de ses Leçons sur ta Physioiocjie et l' Anatomie comparée de l'homme et des animaux, p. 20.4. » M. Dfxaisne demande la parole et s'exprime comme il suit : « Puisque l'Académie se préoccupe de la question d'alimentation et de l'usage de viandes salées, je crois qu'il serait utile de recommander la culture de plantes culinaires rustiques et d'une végétation rapide. » Il ne s'agirait pas, en ce moment, de vouloir obtenir de gros légumes; on viserait seulement à la production de feuilles destinées à combattre le danger qui pourrait résulter de l'usage prolongé de viandes salées. Pour obtenir cette verdure, il conviendra de semer les graines assez drues et de ne pas repiquer le jeune plant. Ces plantes alimentaires se parta- gent naturellement en plusieurs groupes : les unes, telles que les Mâches, serviraient uniquement de salades; les autres, comme les Laitues et les 65.. ( 488 ) Romaines de toutes sortes, les Chicorées, Endives, Escaroles, pourraient se manger crues ou cuites. Enfin, \es Épinards, le Pourpier, les jeunes feuilles de tous les Choux, en y comprenant même celles de Colza et de la Mou- tarde blanche, ainsi que des Navets, se mangeraient cuites. Les jeunes feuilles des Navets sont d'iui usage général dans le nord de l'Europe, ainsi que celles de plusieurs Amarantes en Chine. En même temps qu'on culti- verait ces diverses plantes pour en obtenir de la verdure, je crois qu'il serait utile d'en recommander d'autres comme condiments; je citerai le Cres- son alénois, le Persil, le Cerfeuil et surtout les Madis, qui entraient, il y a peu d'années encore, associés au pain, dans l'alimentation. Plusieurs de ces es- pèces pourraient se cultiver sur couches eu employant la niasse énorme de fumier que produisent actuellement les animaux domestiques introduits dans Paris. » M. Payen ajoute ce qui suit à la Communication de M. Milne Edwards : « M. Martin de Lignac a fondé sur l'injection une méthode perfec- tionnée de salaison des viandes. » Plusieurs des membres du jury ont pu voir, comme moi-même, à l'oc- casion du concours international de 1867, '"^^ préparations effectuées en grand dans l'usine de cet ingénieux agriculteur-manufacturier, sise boule- vard de Charonne. » Un réservoir, établi à l'étage au-dessus de l'atelier de préparation, contenait la saumure formée d'une solution de sel marin et d'un peu d'azo- tate dépotasse; plusieurs tubes flexibles, munis de robinets, amenaient, à la volonté des ouvriers saleurs, cette solution vers autant de sondes à injection; celles-ci, introduites dans les pièces à préparer, préalablement pesées, injectaient, sons la pression de a^ySo environ, la solution saline. Aussitôt la quantité utile, proportionnée au poids de chaque pièce, intro- duite, la balance sur le plateau de laquelle on l'avait posée trébuchait; le robinet étant aussitôt fermé, le dosage exact se trouvait obtenu. » Pour compléter la salaison des parties superficielles, on pratiquait une immersion dans la saumure. » Le fimiage était, dans cette usine, opéré méthodiquement, dans une vaste étuve avec des quantités de bois pesées, et à des températures déter- minées à l'aide de plusieurs thermomètres convenablement espacés. » Plusieurs des jurés français et étrangers ont constaté la qualité remarquable des produits préparés ainsi, notamment des langues et des jambons. ( 489 ) » Le Rapport de !a section spéciale déclarait que rinnovation appor- tée dans le procédé de salaison était l'un des principaux motifs qui avaient fait décerner une médaille d'or à M. Martin de Lignac, inventeur de plu- sieurs autres procédés remarquables, en particulier des conserves de lait concentré adoptées par la marine et d'un bouillon concentré destiné aux expéditions lointaines. » M. Chf.vrecl, en approuvant les observations faites par M. Decaisne, relativement à la culture des plantes légumineuses qui se développent ra- pidement, présente les remarques suivantes : M II s'en faut beaucoup que les légumes dont on consomme les feuilles et les péricarpes charnus aient des pouvoirs nutritifs égaux, et, quand il s'agit de l'alimentation de l'homme, ces légumes ne doivent être considérés que comme un accessoire à un régime fortifiant. Il en est autrement des graines que M. Chevreul a comparées (en 1837) aux œufs des animaux, relativement à leur richesse en principes immédiats les plus nutritifs, et rappelons que des feuilles et des péricarpes renferment généralement en moyenne -^ de leur poids d'eau, proportion considérable relativement à l'eau des graines. » La laitue est fort peu nourrissante, et d'anciens agriculteurs (Sagrit) ne lui attribuaient la propriété alimentaire qu'après la cuisson. L'épinard l'est un peu plus. Mais M. Chevreul pense, comme M. Decaisne, qu'à la suite d'aliments salés, l'addition des légumes et de la laitue même est favorable à la santé, précisément parce qu'ils renferment des acides, des matières colorées, etc., dont les viandes salées sont dépourvues. » Quant aux choux verts, ils sont très-nourrisants, et 100 parties de feuilles se réduisent, par la dessiccation, généralement de i3 à i4 parties sèches; ils dépassent donc la moyenne, en partie sèche, des légumes et des péricarpes charnus; ils contiennent, en outre, des principes immédiats très- variés et propres à la nutrition. Ainsi : » Ils renferment plusieurs principes azotés, dont l'un coagulable par la chaleur, comme l'albumine, est analogue à l'albumine elle-même, mais non identique, selon M. Chevreul ; les autres restent en dissolution après la coagulation ; » Ils renferment du sucre, une matière gommeuse, des matières colorées toutes assimilables, des acides, etc.; » Ils renferment au moins deux principes odorants organiques, un prin- cipe sulfuré et un principe doué de l'odeur de la matière complexe que ( 490 ^ M. Thenard a appelée osmazome. M. Chevreul reviendra dans un moment sur celte dernière matière. » Les choux contiennent une quantité notable de phosphates de chaux, de magnésie, de fer et de manganèse. Fait remarquable, le phosphate de chaux d'une partie du suc n'est point précipité par l'ammoniaque, tandis que le phosphate de magnésie l'est à l'état de sel double. » Les choux renferment beaucoup de sels, du citrate et du sulfate de chaux, et souvent une quantité notable d'azotate de potasse. » Les choux verts sont éminemment propres à l'alimentation des ani- maux, et, comme Angevin, M. Chevreul sait le rôle qu'ils jouent, dans l'éle- vage des animaux domestiques de l'ouest de la France, ou associés au lard, surtout dans l'alimentation des habitants des campagnes. » Quant à la conservation des viandes, quant aux salaisons, M. Che- vreul fait l'observation qu'on doit éviter, autant que possible, de laver à grande eau la matière qu'on veut conserver, par la raison que les principes spéciaux qui donnent aux viandes cuites des arômes divers préexistent, à l'état latent, dans une matière que ce liquide dissont. » En triturant de la chair de boeuf, de la chair de perdrix, par exemple, avec de l'eau froide, dans un mortier de verre ou de porcelaine, en faisant concentrer dans le vide sec l'eau de lavage, on obtient une liqueur concen- trée, qui se coagule par la chaleur en exhalant, l'eau de la chair du boeuf, l'odeur du bouillon ; l'eau de la chair de la perdrix, l'odeur qui se déve- loppe lorsqu'on fait cuire cet oiseau. » Ces arômes spéciaux caractérisent plusieurs viandes. C'est dans l'eau qui renferme les arômes à l'état latent que M. Chevreul a découvert la créa- tine, qui a été l'objet d'un travail approfondi de la part de M. Liebig. » La séance est levée à 5 heures. D. ( 491 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du lo octobre 1870, les ouvrages dont les titres suivent : De r interprétation des imaginaires en i>li/sique maihématique; par M. A.- E.-B. DE Chancourtois. Paris, sans date, br. in-4°. (Deux exemplaires.) Verhandelingeii. . . . Mémoires de la Société batavienne des Arts et des Sciences; t. XXXIII. Batavia, 1868, in- 4°. Tijdschrift. . . . Journal pour l'histoire, la géographie, l'ethnologie indiennes, publié par la Société batavienne des Arts et des Sciences sous la direction de M. W. STORTENBr.KER ; t. XVI, liv. 2 a 6 ; t. XVII, liv. i à 6, t. XVIII, liv. !. Batavia, 1866 à 1869, 10 liv. in-8°. Katalogus. . . . Catalogne de la collection ethnologique du Muséum de la Société batavienne des Arts et des Sciences. Batavia, 1 868, in-8°. Katalogus. . . . Catalogue de la collection numismatique du Muséum de In Société botavienne des Arts et des Sciences. Batavia, 1869, in -8°. Notulen.... Extraits des Procès -verbaux des assemblées générales et des séances du Conseil de la Société batavienne des Arts et des Sciences; liv. 4^7- Batavia, 1867 à 1869, 4 bv. in-8°. Astronomische. . . . Observations astronomiques faites à l'Observatoire de Bonn; t. VII, 2* partie. Bonn, 1869, in-4°. Abbandlangen. . . . Mémoires de la Société royale des Sciences de Goltingue^ 1869, in-4^ Acla universitatis Limdensis, 1867. — Mathématique et histoire naturelle. Lund, 1867-1868, in-4°, avec planches. Acta universitatis Lundensis, 1867. — Philosophie, philologie et histoire. Lund, 1 867-1 868, in-4°. ERRATA. (Séance du 3 octobre 1870.) Page 461 , première colonne, ligne i, an lieu de S't, lisez è'\. » » ligne 7, ou lieu de Hrrivo, lisez 'i (S :3 c -J) c o ■O) ffl O. 4> •o <1) r o ffl m :j UJ tL, ^ '^ c ïï C — c; « o o w > — : w ir 3 rt « ■« o :a 2 n: 'O -< ce -J Cl ( 5o7 ) CM e o O C3 .. en 3 = F =; is = O < es \j a ( 5o8 ) l'enveloppe. Cette pression existera à la partie basse du ballon et s'ajoutera, dans la partie supérieure, à celle résultant de la force d'ascension des gaz intérieurs. » Pour s'opposer à la déformation sous la traction des suspentes (indé- pendamment de l'effet de la pression intérieure des gaz), la nacelle est d'une forme allongée et d'une construction rigide. Elle présente en outre, à son avant ainsi qu'à son arrière, deux appendices également rigides faisant fonction de brancards de nacelle. Les suspentes en corde de soie descen- dent du filet deux par deux dans des plans perpendiculaires à l'axe longi- tudinal du ballon, et sont fixées tant sur la nacelle que sur les brancards. Ces suspentes sont croisées par quelques étais obliques destinés à s'opposer seulement à un mouvement de balan de l'avant à l'arrière. » Une autre disposition également praticable, et qui a sur la précédente des avantages et des inconvénients, consisterait dans l'emploi d'un cadre rigide oblong placé horizontalement entre le ballon et la nacelle. Ce cadre recevrait du ballon des suspentes comprises deux par deux dans des plans perpendiculaires à l'axe longitudinal; puis, des suspentes obliques, partant du cadre, porteraient en dessous la nacelle réduite à la longueur voulue pour la commodité du service. » Pour maintenir le ballon sans cesse gonflé dans les conditions indi- quées ci-dessus, en présence des déperditions de gaz sur lesquelles il faut compter, ou lorsque l'aéronaule en fera échapper volontairement pour opérer une descente partielle ou totale, il sera introduit de l'air atmosphé- rique dans un petit ballon logé à cet effet dans l'intérieur du grand et remplissant ainsi une fonction ayant quelque analogie avec la vessie nata- toire des poissons. Si, le petit ballon étant rempli, le dégonflement du giand ballon continuait, il serait alors introduit lui supplément d'air atmo- sphérique directement dans les gaz du grand ballon. » » Il est évident que si l'on ne considérait que la simplicité, on se borne- rait à ce dernier procédé. On éviterait ainsi le poids de l'étoffe nécessaire à la confection de cette poche. C'est environ 5o kilogrammes qui pourraient être ajoutés au lest; mais la poche de la dilatation, malgré la réduction qu'elle occasionne sur le lest, procure la faculté d'opérer un plus grand nombre de montées et de descentes alternatives. En effet, elle permet de faire ces montées et ces descentes sans perdre de gaz; d'où il suit que la presque totalité du lest n'aurait à faire face qu'aux déperditions à travers l'enveloppe. Je renvoie la démonstration de cette assertion à la fin de cette Note pour ne pas scinder l'exposé principal, et j'en viens de suite à l'éva- ( 5o9 ) luation du travail nécessaire pour imprimer la vitesse de 8 kilomètres à l'heure, par rapport à l'air ambiant, à l'aérostat conformé comme je l'ai dit ci-dessus. » Par suite de ces données, on a : Section de la maîtresse partie du ballon porteur i54™'' Section de la maîtresse partie de la nacelle et de la partie du corps des hommes dépassant la nacelle, environ 4'"'' Filet et suspentes en corde de soie i o""i » Il importe d'évaluer séparément la résistance qu'opposeront à la marche à travers l'air ces diverses parties de l'aérostat. » Si c'étaient des plans minces se présentant perpendiculairement au courant d'air, il résulte des recherches faites à ce sujet, par divers expéri- mentateurs, que la pression exercée par ce courant, à la vitesse de 8 kilo- mètres à l'heure (ou de 2^,222 par seconde), serait de o''s,665 par mètre carré. )) Mais on sait que la pression d'un courant d'air, comme d'iui courant d'eau, diminue dans une très-grande proportion quand ces courants n'ont qu'à contourner des solides façonnés pour faciliter le mouvement du gaz ou du liquide autour d'eux. » L'étude des navires a fourni à cet égard des données nombreuses qui manquent encore pour l'air. Toutefois, les données relatives au mouvement des masses aqueuses autour d'un corps plongé dans leur milieu peuvent fournir un moyen d'estimer au moins des miniina pour le coefficient de ré- duction entre la résistance des plans minces soumis perpendiculairement à un courant d'air et celle de corps à maîtresse section égale en surface au plan mince, mais configurés de manière à faciliter la division de l'air à l'avant et son replacement à l'arrière. » Parmi les navires comparables au ballon porteur qui nous occupe, au point de vue capital des angles d'incidence du courant à l'avant, des rayons de courbure des sections longitudinales, et enfin des angles d'incidence de remplacement du fluide à l'arrière, on n'en saurait trouver dont la rési- stance, rapportée à la surface de la maîtresse section, ne ressorte pas à moins de ^ de la résistance du mètre carré de plan mince frappant per- pendiculairement la surface. Il est des navires où ce rapport descend à moins de -^. » Il est facile de vérifier cette assertion en comparant pour divers navires C. R., 1870, 7' Semestre. (T. LXXl, N" IC.) 68 ( 5.0) à roues à aubes les vitesses respectives du navire et des aubes par rapport à l'eau, ainsi que la surface des aubes d'une part et la maîtresse section de l'autre. » Cela posé, no serait-il pas légitime de compter que le ballon porteur qui nous occupe présenterait également une résistance à la marche dans l'air, réduite à ^ de la résistance du plan mince, si ce ballon pouvait con- server Informe régulière du dessin? Mais cette- dernière hypothèse n'est pas réalisable : il faut compter que le ballon, sous la pression de son filet, pré- sentera des surfaces plus ou moins bombées dans l'intervalle des mailles. Pour tenir compte de la déformation partielle de la surface géométrique, produisant une multitude de petites ondulations, j'estime qu'on leur fera une large part d'influence, en doublant la résistance calculée. » Pour la nacelle, les formes sont également étudiées de manière à fa- ciliter son passage dans l'air autant que le permettent les exigences de sa fonction; mais elle n'aura pas une surface polie, les rayons de courbure sont petits, elle porte des hommes et des objets sans forme définie, et il est, par suite, prudent de porter le coefficient de réduction de la résistance de cet ensemble par rapport au plan mince au i. » Enfin, pour les cordonnets du filet ou les cordes de suspente, leur diamètre et par sxiite leur rayon de courbure étant très-petits, j'ai porté leur coefficient de réduction par rapport à la surface plane à 4- » Cela posé, la résistance de l'aérostat à la marche se composera ainsi qu'il suit : Ballon sans filet i54""' à o,665 feraient \02^^,/^i9. : à yj on a 5''^, 120 Nacelle et accessoires. . 4 à o,665 » 2 ,660 : à | -. i ,33o Filet et suspentes 10 à o,655 » 6 ,65o : à | 1. 3 ,35o Résistance totale c) ,800 )) La vitesse de l'aérostat est de 2'", 22 par seconde; le travail final ac- compli par l'aérostat marchant à cette vitesse est donc de 9''s,8oo x 2™, 22 ou de 21''^'", 77. » Je me propose d'employer comme propulseur, pour obtenir la poussée et la vitesse calculées ci-dessus, une hélice à quatre ailes dont le diamètre, le pas el le nombre de tours découlent des considérations suivantes. » Raisonnons d'abord comme si le ballon porteur était seul, bien con- forme au plan, sans filet el sans nacelle. Si l'on tenait à avoir entre la vi- tesse V et le produit du pas par le nombre de toius, px n, le même rap- port que celui constaté dans les navires à hélice bien proportionnés, il (5ii ) faudrait donner à l'hélice un diamètre tel, que la surface du cercle circon- scrit fût le quart de la maîtresse section. Cette maîtresse section étant de i53'°'ï,93, le diamètre de l'hélice serait de 7 mètres, et l'on pourrait comp- ter alors qu'on aurait p x ?z = i,i6.V. » Mais nous avons admis que le ballon porteur résisterait deux fois plus qu'il ne le ferait avec sa forme théorique, en raison des déformations mul- tiples de la surface. Notre ballon représente donc pour la résistance un ballon fictif, à forme régulière, d'une maîtresse section double, ce qui fait 3o8 mètres carrés. Nous voyons, en outre, dans le tableau des rési- stances partielles, que les appendices du ballon porteur, tels que filet, nacelle, etc., donneront lieu à une résistance estimée à 4''^, 68 ajoutée à celle de 5''^, 12 propre au ballon. 11 faut donc accroître encore la sur- /. r. . 1 1 « .11 5,12 + 4,68 , face fictive de la maîtresse section dans le rapport p -, la pre- mière correction l'a déjà portée à 3o8 mètres carrés; elle devient, par la seconde, égale à 589 mètres carrés. Le quart de cette surface est de 147 mètres carrés, et le diamètre du cercle correspondant est de i3'", 70. » Ce grand diamètre d'hélice étant d'un emploi difficile, je préfère bor- ner le diamètre à 8 mètres en admettant une perte de travail un peu plus grande en recul de l'hélice. » Or, en remplaçant une hélice par une autre géométriquement sem- blable, ne différant que par le diamètre, la résistance à la marche restant constante, les carrés des reculs sont inversement proportionnels aux sur- faces des cercles des deux hélices, ou, ce qui revient au même, aux carrés des diamètres, ce qui fait que les reculs sont inversement proportionnels aux diamètres. )) Avec l'hélice de i3™, 70, dans le cas qui nous occupe, nous avons vu qu'on aurait ^ X « = i,i6.V; 1, > 1 I P>Cn —V r- d ou le recul = ^ = o,id. » Avtc un diamètre réduit à 8 mètres, nous aurons donc !^ — = 0,16 X—^ = 0,274; d'où p' X n' = i,274.V. Or V = i33™,33 par minute; donc p' X «'= i69'",85 par minute. 68.. ( 5i2 ) » En faisant le pas égal au diamètre, on est dans de très-bonnes condi- tions d'inclinaison des ailes; on en déduit le nombre de tours par minute : » Cette allure convenant pour un treuil à bras, il en résulte l'égalité du diamètre des poulies de l'hélice et du treuil. » Le travail de l'hélice ainsi constituée se compose de sa poussée paral- lèle à l'axe, multipliée parle produit de son pas par le nombre de tours, puis du travail de frottement dans l'air. » La pren)ière partie donne par seconde 9^8ox^^=27''^-,75. Le travail du frottement de l'air sur ces ailes en taffetas bien tendu, à la vitesse qui résulte des données précédentes, ne saurait ressortir à plus de 2^^'", 25. Le travail total à transmettre à l'hélice est donc finalement de 3o kilogramniètres. » En présence de cette petite puissance motrice, il m'a paru avantageux de ne pas recourir à une machine à feu quelconque et d'employer simple- ment la force des honïmes. Quatre hommes peuvent, sans fatigue, soutenir pendant une heure, en agissant sur une manivelle, ce travail de 3o kilogram- mètres, qui n'exige de chacun d'eux que 7''s™,5. Avec une relève de deux hommes, chacun d'eux pourra travailler une heure, se reposer une demi- heure, et ainsi de suite, pendant les dix heures du voyage, qui sont une des données de cette étude. » Étant admis l'emploi des hommes comme moteur, j'ai placé l'hélice au-dessus de la nacelle, on dessous du ballon, au milieu de sa longueur. L'axe de l'hélice est horizontal, parallèle à l'axe longitudinal du ballon, et à 6", 20 au-dessus du fond de la nacelle. Sa distance en contre-bas de l'axe du ballon est de 16™, 80. » Un treuil à manivelles, placé dans la nacelle, est mis en mouvement par les quatre hommes. Ce treuil jx)rte une poulie, qui correspond à une poulie de même diamètre placée sur l'arbre de l'hélice; une courroie les réunit. Le nombre de tours commun au treuil et à l'hélice est, comme on l'a déjà vu, de 21 ~ par minute pour 8 kilomètres à l'heure. » Dans cette position de l'hélice, quand elle fonctionnera pour entraîner l'aéroslat, la résistance de l'air s'exerçant pour la plus grande partie sur le ballon, il en résulte un couple de forces tendant à faire dévier l'aérostat ( 5i3) de la situation d'équilibre au repos, laquelle correspond à l'axe du ballon parfaitement horizontal. Le couple d'inclinaison provenant de l'action de l'hélice, à l'allure de marche normale, aura pour mesure la poussée de g''^, 80 multipliée par sa distance à la résultante des résistances partielles; cette dislance à l'axe de l'hélice est de 12^,20, ce qui donne 1 19''^", 56. Le poids total de l'aérostat, en matières plus lourdes que l'air, est de 2478 kilo- grammes avec tout son lest. Il est de aoZ}3 kilogrammes à la fin du lest. Le centre de gravité de ce poids sans lest est à i5'",75 en contre-bas du point d'application de la force ascensionnelle du ballon ; par suite, le sinus de l'angle d'inclinaison qui résulte de ce couple a pour mesure — ^-^ — '^ — rj ce qui correspond à un angle de o degrés i3 minutes. Cet angle est com- plètement négligeable. » Dans certains moments, poiu' atteindre, par exemple, un point voulu du sol à la descente, on pourra mettre à la fois les six manœuvres sur le treuil au lieu de quatre; chacun d'eux poinra, en outre, pendant quelques mi- nutes, doubler son travail. La puissance transmise à l'hélice sera alors mo- mentanément triplée, ce qui fera que la vitesse de l'aérostat deviendra 2,22 X v3 = 3™, 20, soit de 11'"', 5 à l'heure. Le nombre de tours par mi- nutes commun au treuil et à l'hélice passera de 21'°"'% 25 à 3o'°"'%84- Enfin la poussée horizontale de l'hélice deviendra 9^8o X (^y = c)^8o X 2,02= 20^38. La force de poussée étant momentanément ainsi doublée, le petit angle d'inclinaison sera également doublé et deviendra o degrés 26 minutes, ce qui est encore parfaitement négligeable. » Des calculs qui précèdent, il résulte qu'on peut établir ainsi qu'il suit le devis géométrique de cet aérostat : Dimensions piincipalcs. Longueur du ballon porteur 40- {H^Zi^lll)- Diamètre i^'". Volume du ballon 386o™'. Volume de la poche de dilatation 386°"^. Différence de leurs volumes , 3474™'- Force ascensionnelle, à la pression atmosphérique de o", 76, à raison de 735 grammes par mètre cube de gaz d'éclairage, mélangé au besoin d'hydrogène pur 2553''^ ( 5i4 ) rUcssc et force motrice. Vitesse projetée par rapport à l'air ambiant 2'", 22 par seconde. Id. id. S'''' à l'heure. Force motrice en kilogrammètres réalisée sur l'hélice 3o''5'". Limite admise pour la durée du voyage 10''. Nouibre d'hommes employés à la fois comme moteur ^homn.es^ Relève « » 2La,n,nes. Diamètre de l'hélice 8"". Pas 8"-. Fraction de pas par aile j- Nombre de tours par minute pour l'allure ci-dessus 21"""% aS. Poids au départ. Ballon porteur avec sa poche intérieure et sa soupape (complet sans son filet) . !^i^^. Filet en corde de soie 90 Gouvernail • . • i3 Ancre aS Vergue 1 35 Nacelle 255 Hélice, treuil, ventilateur i4o Agrès de nacelle 3o Six manœuvres, un timonier, un aéronaute, un passager 63o Bagages et vivres 4^ Instruments d'observation 20 Dépêches 235 Lest disponible 4^5 Total 2478*^8 » La force ascensionnelle étant 2553 kilogrammes, elle surpassera le poids à enlever au départ du sol de 75 kilogrammes, soit de 3 pour 100, ce qui est une proportion convenable pour qu'un aérostat s'enlève du sol avec une bonne vitesse ascensionnelle. » Après avoir établi l'ensemble des dispositions principales relatives à cet aérostat, il est intéressant de contrôler le calcul estimatif de la résis- tance dans l'air à une vitesse de 8 kilomètres à l'heure par des considéra- tions d'une autre nature. » Il est plausible d'admettre que si le ballon porteur, au lieu de se mouvoir dans l'air, était un corps solide de même forme se mouvant dans l'eau, la résistance à la même vitesse serait dans le rapport des densités de l'eau et de l'air. Or, la densité de l'air étant à celle de l'eau dans le rap- ( 5i5) port i sous la pression atmosphérique de o", 76, il en résulte que le tra- vail pour faire mouvoir l'aérostat dans les parties basses de l'atmosphère ne doit être que les 0,00129 ^^^ celui qui serait nécessaire pour faire mou- voir le même volume dans l'eau. Ce travail serait encore moindre dans les régions plus élevées. » Or il résulte des données relatives à la propulsion des navires qu'un bâtiment à hélice, supposé complètement plongé dans l'eau, ayant la forme de notre ballon dessiné, se mouvrait, à la vitesse de 8 kilomètres à l'heure, correspondant à /i-ii>^ noeuds, avec une puissance motrice qui ne saurait dépasser io5 chevaux de ^5 kilogrammètres mesurés sur les pistons à va- peur. En doublant cette puissance (comme nous avons établi qu'il conve- nait de doubler le coefficient de résistance en raison de la multitude de petites déformations de la surface), on arrive à 210 chevaux; ce qui ne fait pas sur larbre de l'hélice plus de iS^ chevaux. » Passant de ce résultat à la puissance nécessaire pour faire mouvoir le ballon dans l'air, on trouve i5n X ' =: o,2o3 cheval. ' 1000 » Telle serait la puissance à employer si le ballon était seul : mais nous avons vu que la présence du filet de suspension et de la nacelle avec son équipage augmente la résistance propre au ballon dans le rapport de i, 9 à i; nous arrivons donc, pour la puissance motrice nécessaire à l'ensemble de l'aérostat, à o,2o3 x i ,9, ce qui fait o, 385 cheval de 75kilogrammétres, ou, en kilogrammètres, 28,''S'n92. Nous avions trouvé, par le premier pro- cédé, 3o kilogrammètres. » Des expériences directes sur les aérostats eux-mêmes exécutés dans leurs dimensions réelles pourront seules permettre de préciser les chiffres à cet égard; mais ce que j'ai voulu démontrer, et ce qui me paraît établi d'une façon plausible, c'est qu'il faudra tout au plus une puissance de 3o kilogrammètres pour imprimer à l'aérostat projeté, au moyen de l'hé- lice définie ci-deSsus, une vitesse de 8 kilomètres à l'heure par rapport à l'air ambiant, et que quatre hommes de service avec deux hommes de re- lève y pourront suffire pendant dix heures. » Je reprends maintenant l'exposé du jeu de la poche de dilatation. Appelons P le poids dans l'air de tous les corps composant l'aérostat, enve- loppe du ballon et objets de toute nature portés par lui, mais abstraction (5i6) faite du gaz qu'il contient; Vie volume total du grand ballon gonflé; V le volume de la poche intérieure quand elle sera gonflée; D le poids en grammes du mètre cube du gaz employé dans le ballon à la pression atmosphérique de 76 centimètres, qu'on suppose être celle près du sol au point de départ; A le poids du mètre cube d'air atmosphérique à cette même pression de 76 centimètres (i). » Le ballon en question, pour bien naviguer, doit être sans cesse gonflé, tant au départ qu'à tout autre moment de la durée du voyage. " Supposons qu'au départ la poche V soit pleine d'air atmosphérique et le restant du ballon plein de gaz léger, la force ascensionnelle F, près du sol, sera F = (V — V')(A^'-— Ds'). » Pour que le ballon s'élève, il faut qu'on ait F>P ou (V- V')(A- D)> P. » Le départ se fera avec une vitesse d'ascension convenable, si la force ascensionnelle dépasse de 3 pour 100 le poids à soulever. Posons donc F = i,o3.P, d'où „ (V — V')(A— D) ,. . . j. , F = -^ ■ (équation du départ). i,o3 )) Le ballon montant, la pression atmosphérique diminue. Il faut donc laisser diminuer aussi la tension du gaz intérieur de la même quantité, sous peine de fatiguer l'enveloppe et bientôt de la compromettre. Or, puis- que le ballon est déjà gonflé, il faudrait laisser se perdre dans l'atmo- sphère tout l'excès de volume du gaz léger dilaté, si l'on n'avait la faculté de laisser dégonfler la poche intérieure remplie d'air an départ. C'est ce qui peut se faire sans difficulté par des procédés inutiles à décrire ici, et de manière à maintenir la tension du gaz léger dans les limites suffisantes pour le maintien des formes. » Tant que la poche intérieure, se dégonflant, pourra faire place au gaz (i) J'ai volontairement négligé, dans cette démonstration, l'influence des différentes tempé- ratures. J'ai aussi supposé le ballon parfaitement ctanche. Si l'on veut pouvoir lire dans ks formules les lois simples qu'elles représentent, il faut en dégager d'abord les influences per- turbatrices. En les superposant ensuite, on aperçoit facilement leurs influences spéciales. Enfin j'ai introduit dans ces calculs, pour les poiils des matières non ga/.cu/.es, les poids de ces objets pesis diiiis l 'air, cl j'ai négligé volontairement leurs différences de poids à diverses hauteurs. ( 5i7 ) léger qui se dilate, le ballon pourra passer d'une région à l'antre de l'atmosphère, et sa force ascensionnelle restera la même. En effet, le vo- lume de la partie du ballon occupée par le gaz léger augmente en raison inverse des pressions atmosphériques; les deux densités de l'air atmosphé- rique et du gaz diminuent dans le même rapport; leur différence diminue donc de la même façon; le produit du volume par la différence des den- sités reste donc constant. Le poids des corps non gazeux restant lui-même sensiblement constant, la force ascensionnelle continue à dépasser ce poids de la même quantité fixée au départ du sol à 3 pour loo. » Mais le volume de la poche intérieure est nécessairement limité; quand elle sera complètement vidée d'air atmosphérique, le gaz léger occupera tout le volume V. » La hauteur à laquelle le ballon sera parvenu à ce moment où la poche intérieure terminera ainsi l'évacuation de son air correspond à une pres- sion atmosphérique II donnée par la formule n = 76 — — — (équation de la fin de la première phase). » Si l'on fait V = j^ V, on a n = o,9X 76 = 68%4, ce qui correspond à une hauteur H = 866™. » Cette première phase de 1 ascension achevée, le ballon ne s'arrête point à cette hauteur, puisqu'à cette situation la force ascensionnelle reste la même qu'au départ, dépassant le poids P de 3 pour 100. Il montera sans qu'on jette de lest jusqu'à ce que cet excédant de la force ascensionnelle sur le poids disparaisse, ce qui ne peut avoir lieu que par la fuite d'une partie du gaz sortant du ballon. » A partir de la hauteur de 866 mètres, le gaz occupant le volume to- tal Y du ballon ne peut plus se dilater sans sortir de ce ballon, ce dont on aura soin de lui laisser la libre faculté, en ne conservant toujours que les 3 ou 4 dix-millièmes d'excédant de pression sur l'atmosphère, excédant utile au maintien de la forme extérieure du ballon, » Cette seconde phase de l'ascension continuera jusqu'à ce que le ballon soit arrivé dans une région de l'atmosphère dont la pression H' est donnée par la formule ci-après, établissant l'égalité entre la force ascensionnelle F' et le poids P du départ, F' = V(A-D)^ = P, C. R., 1870, 2« Semestre. (T. LXXI, N" IG.) 69 ( 5i8 ) d'où Or, en se reportant à l'équation au départ du sol, à savoir p ^ (V-V')(A-D) ^ i,o3 on en tire P V — V A — D i,o3 ' reportant cette valeur dans l'expression II', on a i \ V' n' = 76 (équation de la fin de la deuxième phase). Or nous avons aussi V' = 0,1. V, ce qui fait que, finalement, on a I ,o3 pression qui correspond à une hauteur H' = 1 1 10 mètres. » Si celte hauteur de 1 1 10 mètres, à laquelle l'aérostat est ainsi parvenu sans jeter de lest, n'était pas trouvée suffisante, l'ascension subséquente constituerait alors une troisième phase pendant laquelle toute élévation supplémentaire coûterait une quantité de lest correspondant à la perte de gaz sorti par la dilatation. » La quantité de lest qu'il faudra ainsi jeter pour arriver à une hauteur voulue, correspondant à une pression H", sera donnée par la formule sui- vante, dans laquelle K représente le rapport entre le poids du lesta jeter et le poids P de l'aérostat au départ, P-KP = V(A-D)^, d'où p 70 Or nous tirons encore de l'équation du départ A— D _ I ,o3 P "~ V — v' d'où „ i,o3.vn" (5i9) Or V' = o,,.V; donc K = F — -j n" (équation applicable à tout moment de la troisième phase). 0,9X76 ' ' ^^ y J » Si, par exemple, on voulait monter jusqu'à 1200 mètres, on aurait n" = 65,7, '^ O"^ ^ = 0,01. Le lest à jeter, pour monter à 1200 mètres, sera donc de i pour 100 du poids primitif total P de l'aérostat. » Mais revenons en pensée à la hauteur de 11 10 mètres à laquelle l'aérostat est parvenu sans jeter de lest. » En considérant le ballon à cette hauteur, qui limite ce qu'on peut ap- peler la deuxième phase, si, par une cause quelconque, la force ascension- nelle vient à diminuer d'une quantité si minime qu'elle soit, l'aérostat descendra, les gaz vont se comprimer. En raison de la loi déjà exposée, la force ascensionnelle ne variant pas par la compression et la dilatation du gaz léger du ballon tant qu'il y reste contenu, l'aérostat descendrait ainsi jusqu'au sol, à l'état d'équilibre à peine rompu. » Si, à mesure de la compression du gaz léger, on a introduit de l'air atmosphérique dans la poche intérieure, le ballon aura été maintenu rem- pli, et l'on pourra descendre en cet état jusqu'à ce que la poche soit pleine d'air, sans en avoir mélangé avec le gaz léger. On arrivera ainsi à la hau- teur correspondant à la pression atmosphérique H'", donnée par la formide F==P = (V-V')(A-D)^, d'oîi P ^ (V — V')(A — D)' Or de l'équation au départ on tire (V-V')(A-D)=: i,o3.P, n'" = '^^ = 73'' n8 donc n'" — - : ,o3 d'où H ^ 244 mètres. » Ainsi donc, tant que l'aérostat en question, en faisant fonctionner sa poche comme il vient d'être expliqué, sera maintenu dans ses oscillations de montée et de descente entre les limites de hauteur de 244 mètres à 1 1 10 mètres, il n'aura plus à perdre de gaz par le fait de ces variations de 69.. ( 520 ) hauteur; il remontera très-doucement en jetant des quantités de lest très- minimes, et l'on aura maintenu sou enveloppe intérieure sans cesse gonflée. Tout le lest qu'il a pris au départ sera donc exclusivement destiné à com- penser les pertes de gaz par suite de l'exosmose ou de l'endosmose, pendant les dix heures que devra pouvoir durer le voyage. » Nous avons vu que la quantité de lest qui figure à cet effet dans le projet est de 435 kilogrammes, soit 0,175 du poids total enlevé; et il n'y a pas eu besoin de toucher à ce lest pour monter à 1 1 10 mètres. 11 reste donc tout entier disponible pour le restant du voyage. » Je suppose ce même aérostat, sa poche de dilatation supprimée, gonflé au départ entièrement de gaz léger ;^1 pourra emporter un supplément de lest S = V'(A — D), en conservant la même différence entre la force ascen- sionnelle et le poids nouveau P. Or, combinant cette expression avec l'équation du départ (V — V')(A — D)=:i,o3.P, et avec cette donnée V'= 0,1 .V, on en déduit Or donc _ o,io3 ~ 0,9 P=2478; 5=283''g,483. » En emportant cette quantité de lest en plus, la force ascensionnelle au départ, sous la pression de 76, sera F„ = V(A-D). Le nouveau poids Pq sera P + -^P. 0.9 La différence produisant le mouvement au départ sera la même que pour le premier aérostat et égale à o,o3.P. » Cet aérostat s'éievant, le gaz se dilatera et s'échappera à mesure; il arrivera à l'équilibre à une hauteur correspondant à la pression atmo- sphérique n, donnée par la formule V(A-D)^ = P-^-î-^P; V I ,6 0,9 d'où l'on déduit, en combinant celte expression avec les données précé- dentes, qui fournissent A — D en fonction de P et de V, n, I ,oo3 ( 521 ) d'où ce qui corrresponti à une hauteur H, =: 225". » A partir de cette hauteur, l'excès de la force ascensionnelle sur le poids devient nul, et, pour arriver à la hauteur de iiio mètres du pre- mier aérostat, il faut diminuer le poids en jetant du lest de façon qu'on ait l'égalité entre la force ascensionnelle et le poids. » Or, à cette hauteur, les deux ballons ayant tous deux le même vo- lume V plein du même gaz léger du départ, dilaté sans mélange sous la même pression atmosphérique, il faudra que leurs poids soient égaux. Ainsi le ballon sans poche sera obligé, poiu' monter à cette hauteur de 1 1 lo mètres, de jeter exactement toute la quantité de lest qu'il avait prise au départ en sus du ballon à poche, soit 283'*s^/j83. » A partir de ce moment, s'il vient à descendre, le ballon sans poche, pour être tenu gonflé, devra recevoir de l'air atmosphérique mélangé dans le gaz. S'il descend, par exemple, de 1 1 lo à ^44 mètres, c'est-à-dire de la pression 66,4 à la pression 73,78 (dans les limites d'oscillation que peut atteindre le premier ballon sans mélanger son gaz), la nouvelle densité D' du gaz mélangé sous la pression de 76 sera à 244 mètres de hauteur donnée par la formule. V(A-D')^ = P, d'où ,6 D': V 73,78 » Quand on voudra remonter à 1 1 10 mètres, on devra jeter une quan- tité j^de lest telle qu'on ait d'où V(A-D')^ = P-4, » Ainsi, avec la quantité de lest 435 kilogrammes qui restait au ballon à la hauteur de 1 1 10 mètres, même en y ajoutant le poids de l'étoffe de la poche supprimée, ce qui ferait encore 5o kilogrammes, soit en tout 485 ki- logrammes, il n'y aurait pas de quoi faire deux oscillations dans les limites de II 10 à 244 mètres, ce qui démontre l'avantage du ballon à poche de dilatation. » ( 522 ) »l£3lOIRES PRESENTES. M. A. Brachet soumet au jugement de l'Acatlémie une nouvelle Note, concernant les divers systèmes d'aérostation déjà proposés. (Renvoi à la Section de Mécanique.) M. BuKATY adresse une Note concernant un nouveau système d'aéros- tats. (Renvoi à la Section de Mécanique.) M. SoREL adresse une Note relative aux conditions que lui paraissent devoir remplir les aérostats, pour qu'il soit possible de les diriger. (Renvoi à la Section de Mécanique.) M, 3I0URA soumet au jugement de l'Académie des « Recherches sur la réalisation du problème de l'aéroslation ». (Renvoi à la Section de Mécanique.) M. P. Verdeil adresse ulie Note concernant la faiblesse du rendement des machines à vapeur. (Commissaires : MM. Morin, Delaunay, Jamin.) M. Clotet adresse la description et le dessin d'une nouvelle bombe cylindro-conique à percussion. Cette bombe se compo.se essentiellement d'un cylindre intérieur, contenant la charge, et d'un cvlindre extérieur dis- posé de façon qu'on puisse placer, entre sa paroi et celle du cylindre inté- rieur, des balles de plomb ou de petits morceaux de fonte : l'explosion est produite par une capsule qui est située à l'extrémité d'une tige située dans l'axe commun des deux cylindres, et que la chute de bombe vient refoider sur la paroi interne de la base du cylindre. (Renvoi à la Section de Mécanique.) M. Hoffmann adresse une Note relative à quelques précautions aux- quelles il lui paraît indispensable d'avoir égard, soit dans la préparation, soit dans l'usage du boudin de sang de bœuf. (Renvoi à la Commission nommée pour les questions relatives à l'alimentation.) ( 5a3 ) M. FuA adresse une Note relative à un procédé de conservation des viandes, procédé dont il a fait usage. Il consiste à immerger préalablement la viande, pendant quelques minutes, dans l'eau bouillante un peu salée, puis à la placer dans des pots remplis de graisse de bœuf, fondue et bien cuite. (Renvoi à la Commission nommée pour les questions relatives à l'alimentation.) CORRESPONDANCE . M. LE Président de la Co.mmission des monnaies et médailles informe l'Académie que, M. le Ministre des Finances ayant décidé, le lo septembre dernier, qu'un bureau temporaire des essais serait établi à Bordeaux pen- dant la durée de l'investissement de Paris, M. Peligot, vérificateur en chef des essais, a été désigné pour diriger les opérations de ce bureau ; il a donc dîi se rendre à Bordeaux avant que l'investissement fût achevé. M. Dumas prie l'Académie de permettre qu'un passage omis par erreur dans le Compte rendu de la séance précédente soit rétabli dans celui de la séance actuelle; il se rapporte à la page 483, ligne i3, de sa Com- munication : « Dès qu'il a été question de la conservation des viandes pour les appro- visionnements de Paris, le Comité d'hygiène publique, consulté par M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce, a indiqué, parmi les procédés les plus applicables, la salaison telle qu'elle est pratiquée dans la marine, de temps immémorial. » Ce procédé devait naturellement prendre une part essentielle dans la formation des réserves de Paris, et il est juste de constater l'empressement que M. le Ministre de la Marine a mis à seconder les efforts de l'adminis- tration civile. » M. le Ministre a fait venir immédiatement de Cherbourg, à la demande de M. Renaud, inspecteur général du service de santé de la Marine, une escouade d'ouvriers employés exclusivement aux salaisons, sous la direc- tion d'un contre-maître habile. Ils ont permis d'installer luie usine d'essai à Paris, et ils y laisseront des exemples propres à servir de base au contrôle des procédés anciens ou nouveaux actuellement mis à l'épreuve. » { 524 ) TECHNOLOGIE. — Procédé employé aux Etals-Unis par tes indigènes pour la préparation des j)eaux de bisons^ de cerfs et d'autres animaux de ce pays. Extrait d'une Lettre de M. J. Simonin à M. Dumas. « L'attention de l'Académie a été appelée récemment snr la préparation des peaux de bœuf et de niouton qui ne peuvent, en ce moment, être en- voyées à la tannerie. Je lui demande, à ce propos, la permission de lui faire connaître un procédé que j'ai vu employer dans l'Amérique du Nord par les Indiens des prairies, lors de mes différentes explorations dans ces contrées, pendant les années 1867- 1868. Les Indiens des États-Unis, ceux qui vivent encore aujourd'hui à l'état sauvage, notamment entre les rives du Missouri et les Montagnes Rocheuses, préparent les peaux de bisons en les raclant d'abord avec le plus grand soin, au moyen d'une lame de fer, ou même, comme leurs ancêtres, d'iui ciseau de silex, quand ils n'ont pas de métal sous la main. La peau, ainsi nettoyée, est tannée ensuite avec la cervelle de l'animal, dont on l'imprègne peu à peu, au moyen d'un tam- ponnage longtemps continué. Qu'il entre dans cette cervelle quelque prépa- ration, quelques plantes particulières, c'est ce que je ne saurais dire en ce moment; mais, ce que je puis certifier, c'est que les peaux de bison ainsi préparées, et auxquelles on laisse généralement leur toison, acquièrent une souplesse remarquable, comme une vraie peau de gant, n'ont aucune odeur et se conservent indéfiniment. J'ai en ma possession une de ces peaux, qui me servait de couvertuie, et même de lit, dans mes excursions à travers les prairies. J'ai aussi différentes peaux de renard argenté de Californie, des peaux de daim, etc., servant de carquois, de gaines de couteaux : toutes sont parfaitement conservées. » « M. RouLiN, questionné à cette occasion par M. Dumas, pour savoir si, dans les parties du nouveau continent où il a longtemps séjourné, le pro- cédé décrit par M. Simonin n'aurait pas été aussi pratiqué, répond, qu'à sa connaissance on n'y a jamais eu recours dans l'Amérique méridionale proprement dite, ni même dans aucune des provinces situées à l'est et au sud de l'isthme de Panama. 11 est bien entendu qu'il ne peut être question, pour ce vaste pays, de la préparation de peaux de bisons. L'animal ne s'y trouve point, il n'existait pas non plus dans les provinces qui formaient l'empire de Montezuma; mais l'art du mégissier n'y était pas inconnu, et on l'appliquait aux dépouilles de divers autres mammifères. Ainsi Fernand Cortez, dans sa première lettre à l'empereur Charles V, faisant une longue ( 525 ) éiiuniération des produits naturels ou manufacturés qui, chaque jour, étaient exposés en vente sur la grande place du marché de Mexico, mentionne expressément « les ptaux apprêtées avec le poil on sans le poil, et, dans » ce dernier cas, souvent passées en couleur ». (^Barcia, Hisloriadores jjtimi- tivos de Indias, t. I, p. 33.) » L'art du mégissier continua assez longtemps encore, après la conquête, à être pratiqué par les indigènes, comme le prouve im passage de l'ouvrage de Torquemada, qui, venu dans ce pays près d'un siècle plus tard, puhlia en iGi5 sa Monarquin indiann. Voici, en effet, ce qu'on y lit, liv. XVII, chap. I : « Il y avait à Mexico des artisans merveilleusement habiles à ap- » prêter les cuirs de cerfs, lions et tigres [coucjuars et jaguars), avec le poil » ou sans le poil, et ceux-ci laissés blancs ou teints en rouge, en bleu, en » noir ou en jaune, et tous si souples qu'on les recherche encore aujour- » d'hui pour en faire des gants. » » Ni Torquemada ni Cortez ne nous apprennent quels étaient les pro- cédés auxquels avaient recours les mégissiers indigènes. Les peaux qui sor- taient de leurs mains n'étaient point destinées à faire des vêtements; les Mexi- cains et leurs proches voisins à l'est, qui avaient à peu près les mêmes arts, cultivaient diverses plantes qui leur fournissaient de bonnes matières textiles et qu'ils savaient habilement mettre en œuvre. Pins au sud et jusqu'aux limites du Chili, on ne trouvait point non plus de sauvages vêtus de peaux. Les peuples qui n'allaient pas tout nus portaient des vêtements d'étoffes de coton; de sorte que les dépouilles des mammifères n'avaient, dans leur économie domestique, presque aucune importance. Pour la guerre cepen- dant, le cuir du tapir était recherché; son épaisseur le rendait propre à faire de très-bonnes armes défensives et particulièrement des boucliers. La préparation d'ailleurs en était fort simple, puisqu'elle consistait seulement à faire sécher cette peau en l'étendant à l'air, le poil en dessous, et iiprès l'avoir bien étirée au moyen de piquets enfoncés dans le sol poiu* l'em- pêcher de se racornir sous faction du soleil. » Encore aujourd'hui, dans la Nouvelle-Grenade, on dessèche de cette manière des cuirs de bœuf, destinés à servir de coucheltes, et sur lesquelles il m'est bien souvent arrivé de dormir, dans mes courses à travers le pays, (^n en trouvait dans toutes les chaumières, ployées en dcun comme une une main de papier, et il suffisait de les étendre sur le sol pour avoir son lit tout dressé. » Si la saison était maintenant moins avancée, je crois qu'il serait facile et utile de préparer nue literie de ce genre avec les peaux des bêtes qui se- C. R., 1H70, i" Semestre. (T. l.XXI, N" IG.) 7O ( 5i6 ) ront abattues durant le siège; elle fournirait à ceux de nos hommes qui pas- sent la nuit aux remparts un couclier sain, en préserverait certainement plusieurs des rhumatismes auxquels ils sont tous |)lus ou moins exposés. Peut-être la science trouvera-t-elle quelque moyen économique de suppléer, pour cette dessiccation, à ce que ne nous donne pas suffisamment la chaleur solaire. Quand cette application, qui, nous devons l'espérer, ne sera pas bien longue, serait devenue sans but, ces cuirs secs ne demeureraient pas sans valeur, et l'on pourrait, ce me semble, les utiliser comme on le fait pour les peaux de bœuf que le commerce reçoit, également à l'état sec, de Buenos-Ayres et de Montevideo. » Pour en revenir à la Communication de ]M. Simonin et au conseil qu'il flonne aux industriels, de chercher dans les relations des voyageurs de plus amples détails sur sa méthode, avant d'essayer de l'appliquer, je dirai que cette recherche me paraît devoir rester sans résultat utile. J'ai lu plusieurs descriptions du procédé en question et n'y ai trouvé rien d'important qui ne soit indiqué dans la lettre; j'ajouterai qu'aucune ne fait mention d'iuie substance végétale, qu'on emploierait en même temps que la cervelle de l'animal, et qui contribuerait au succès de l'opération. » M. Gaultier de Clacbry adresse une Note relative à une réglementation qu'il croirait utile d'établir dans la fabrication du pain, pendant l'investisse- ment de la ville de Paris : « Quant à la forme qu'il conviendrait de donner aux pains, pour tirer le meilleur parti possible d'une quantité déterminée de farine, l'auteur pense (ju'il y aurait lieu d'interdire momentanément la fabrication des pains autres que ceux de 2 kilogrammes, courts fendus à grigne, ou même ceux qui sont connus sotis le nom de jockos. )) Relativement à l'augmentation importante de produits alimentaires qui peut être procurée à la population dans les circonstances exception- nelles au milieu desquelles se trouve la capitale, il importerait d'attirer l'at- lention sur les faits suivants. » I-ors de la glorieuse expédition qui, en i83o, a donné l'Algérie à lu France, d'Arcet proposa de faire entrer, dans la fabrication des biscuits de l'armée, de la gélatine, de la viande et du S'ing ,- 3ooooo biscuits furent pré- parés par ce moyen et embarqués dans des caisses distinctes. Malheureuse- ment un coup do mer qui assaillit la flotte obligea à jeter à la mer ces caisses, dont une partie seulement fut portée par les flots sur le rivage. Une com|)araison rigoureuse devint par suite impossible. ( 5^7 ) » Il ne peut être question de la viande ou de la gélatine, et il ne s'agit que de considérer l'emploi du sang, qui peut être employé en entier, ou de (le la fibrine qu'on en sépare par le battage, et qu'à l'aide de machines on amènerait facilement à un état convenable. » La fibrine et l'albumine sont des produits riches en azote, dont les propriétés alimentaires sont bien constatées. Le sang, qui les renferme en proportions très-considérables, se mêle facilement à la farine et fournirait lui pain qui, vendu avec la dénomination de paiii animalisé , laisserait chaciui libre d'en faire usage, comme il arrive pour la viande de cheval en remplacement de la viande de bœuf. » M. E. Decaisne adresse une Note concernant « L'alimentation des petits enfants, et le lait pendant le siège : » « Puisque le lait n'est point à Paris en quantité suffisante, ne serait-il pas possible, avec les 20000 litres que Paris peut encore fournir aujour- d'hui, de pourvoir aux nécessités de l'heure présente? Il faudrait d'abord que les gens valides voulussent bien s'en interdire absolument l'usage. » On pourrait encore couper le lait dans une certaine proportion avec de l'eau, et l'Administration devrait veiller à ce que les débitants s'abstins- sent de le couper avant de le livrer au public. M Parmi les succédanés du lait, il en est un qui paraît mériter une cer- taine attention : c'est un lait de poule, fait avec l'œuf entier, blanc et jaune mélangés avec du sucre et de l'eau, quoique sa parfaite analogie avec le lait ne soit pas démontrée, comme on l'a fait observer. Mais resterait en- core la difficulté de se procurer des œufs. » On a parlé aussi de la viande crue et du thé de bœuf. Ces préparations peuvent réussir chez certains enfants, mais l'expérience nous a appris que, souvent, elles donnent des aigreurs, des coliques et de la diarrhée (i). » (i) Je pense qu'il ne serait peut-être pas inutile de rappeler quelques préparations que les Anglais emploient, avec le lait ou même sans le lait, pour l'alimentation des petits enfants. On coupe, dans un bol, de petites tranches de pain, qu'on couvre d'eau froide; on f.iit cuire au four, pendant deux heures, on bat avec une fourchette et l'on sucre légèrement. Faites sécher de la mie de pain sur une assieite, à une petite distance du feu. Aussitôt qu'elle est sèche, vous l'écrasez dans un mortier, vous la réduisez en une poudre fine, vous passez au tamis, puis vous la mettez au four jusqu'à ce qu'elle devienne un peu rousse. Vous prenez une petite quantité de cette poudre, vous la préparez comme le gruau et vous sucrez légèrement. Les Anglais font un grand u.sage des farineux pour les petits enfants, et surtout d'une la- 70.. ( 528 ) M. MoissEXET adresse à l'Académie un exemplaire d'une Note lithogra- pliiée, sur le rationnement de la population de Paris pour le pain et la viande. Cette Note sera jointe aux documents soumis à la Commission nommée jiour les questions relatives à l'alimentation. M. Pagliari appelle l'attention de l'Académie stn- IVIficacité de son « eau hémostatique ». La séance est levée à 5 heures un quart. É. D. B. rine populaire parmi eux [Hard' s farinacenus food for infants). Les farineux donnent quel- quefois de la constipation aux rnfanis. On y obvie en ajoutant un tiers de gruau. Je citerai encore la poudre de biscuit de Lemann [Lemann's biscuit pou der), qu'on liouve à Paris dans les pharmacies anglaises. Enfin, je signale la préparation suivante. On fait tremper du riz de première qualité dans leau froide, pendant une heure; on l'écrase, on ajoute de l'eau fraîche, on laisse bouillir à petit feu, jusqu'à ce (jue la pulpe puisse passer dans une passoire; on remet dans la casserole, on ajoute deux morceaux de sucre et on laisse bouillir encore ptndant un quart d'heure. Maintenant, si vous mettez cette |)r(paration à un tiers de lait, vous avez un liquide ayant la consistance d'une crème. Parmi les cinq préparations que je viens d'indiquer, c'est cette dernière que je préfère. Je l'ai vu employer journellement en Angleterre, avec le plus grand succès. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 24 OCTOBRE 1870. PRÉSIDENCE DE M. LIOLTILLE. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. DcpuY DE Lomé demande la parole et donne quelques développe- ments nouveaux sur la manière de procéder de l'aéronaute pour diriger un aérostat, exécuté conformément aux données qui ont fait l'objet de ses Communications précédentes. Cet exposé de iM. Diipuy de I^ôme, avec les figures qui en font le com- plément indispensable, sera compris dans le prochain Compte rendu. M. LE GÉNÉRAL MoRiN communique à l'Académie une pièce manuscrite portant pour litre: « Sur l'équilibre des machines aérostatiques; sur les moyens de les faire descendre et monter, et spécialement sur celui d'exé- cuter ces manœuvres sans jeter de lest et sans perdre d'air inflammable, en ménageant dans le ballon une capacité particulière, destinée à contenir de l'air atmosphérique, par M. Meusnier ». Celle pièce, qui paraîtrait être un Rapport écrit de la main de Monge, sera l'objet d'un examen spécial, et imprimée, s'il y a lieu, dans l'un des prochains Comptes rendus. r. R., 1870, 2' Semestre. (T. LXXI, N" J7.) 7' ( 53o ) AIËMOmES LUS. HYGIÈNE PUBLIQUE. — De l' alimentalion des hahilanls dans une ville en élnt de siège. Seconde Note, par M. G. Grimadd, de Caux. (Extrait.) (Renvoi à la Commission nommée pour les questions relatives à l'alimentation.) « ... Entre la situation de Venise en 1849 et celle de Paris en 1870, abstraction faite du climat et de la saison, flont il n'est pas nécessaire de tenir compte, tout est semblable : tout, à l'exception de la famine, qu'en aucun cas nous n'éprouverons au même degré. C'est pourquoi la prudence ordonne d'aviser, en recourant dès à présent à l'emploi des moyens pré- servatifs contre les épidémies qui peuvent survenir, moyens conseillés par une hygiène dont l'expérience a consacré l'efficacité. Ceux que j'ai à expo- ser sont fort simples. Mais nous sommes dans des moments où la vulgarité est le grand mérite : il s'agit d'être utile à tous. » A Venise, aux premières manifestations épidémiques, je coupai court à tout souci d'alimentation recherchée. Une soupe à l'ail fit partie du régime de la maison : maîtres et serviteurs, tous les matins, dès le lever, chacun avait sa part d'un potage dont la composition était fort simple. On coupait le pain par larges tranches dans une soupière, et on l'arrosait d'huile; on l'assaisonnait avec du poivre et du sel; on mettait dessus plu- sieurs gousses d'ail cru, sim])lenient écrasées; enfin on versait sur le tout une suffisante quantité d'eau bouillante, et l'on attendait que le pain fût bien trempé, pour donner à chacun sa part. Ainsi que j'ai déjà eu occasion de le dire, nous étions quatorze dans la maison, et nul de nous ne fut ma- lade, ni pendant ni après le siège. » Que les cantinières qui font le service des fortifications distribuent tous les matins la soupe à l'ail, et la santé des gardiens de nos remparts trouvera dans cet aliment im grand élément de conservation. » A cette indication, j'en joindrai une autre qui ne vise qu'à varier l'ali- mentation. Paris est abondamment pourvu de café et de chocolat. On obtient un aliment excellent, très-nourrissant et qui convient à tous les âges, en faisant une soupe avec moitié café et moitié chocolat, l'un et l'autre cuits à l'eau et convenablement sucrés. Pour beaucoup d'estomacs, dans les circonstances où nous sommes, c'est la matière d'un repas conve- nable au milieu du jour. Je dis cuits à l'eau, car le bon lait nous manque tout à fait maintenant. » ( 53, ) M. JouLiE donne lecture d'iuie Note relative à la direction des ballons. Pour éviter la perte du lest et la perte corrélative de gaz, qui limitent le nombre des alternatives de descentes et d'ascensions possibles, l'auteur propose de placer dans la nacelle, au lieu de lest, un réservoir métallique, capable de résister à une pression de aS à 3o atmosphères, et muni d'une pompe de compression. La pompe servirait à faire passer le gaz du ballon dans le réservoir, pour obtenir un ilégoriflement et par suite une des- cente; poiu" obtenir l'effet inverse, il suffirait d'ouvrir un robinet, qui lais- serait revenir le gaz du réservoir dans le ballon. Ces mouvements alterna- tifs pourraient être indéfiniment répétés — (Renvoi à la Section de Mécanique.) MÉaiOmES PÏIÉSEÎVTÉS. ASTP.OINOMIE. — Sur réclijjse totale du 22 décembre prochain; Lettre de M. Janssen à M. le Président. « L'Académie a accueilli mes travaux avec une bienveillance si mar- quée, elle les a recompensés d'une manière si glorieuse pour moi, que je suis encouragé à m'adresser encore à elle pour la continuation de mon œuvre. « Cette œuvre se rapporte principalement aux deux objets suivants : en premier lieu, l'étude des propriétés optiques de la vapeur d'eau et leurs applications à la Physique céleste; en second lieu, la connaissance de la constitution des enveloppes extérieures du Soleil. » Les propriétés optiques de la vapeur d'eau, déduites d'abord de mes études spectrales sur notre atmosphère et démontrées ensuite directement par l'expérience sur le tube de vapeur, à l'usine de laVillette, en 1866, ou- vrent aujourd'hui un champ nouveau en Astronomie physique. )) Appliquées à notre atmosphère, elles m'ont conduit à proposer une méthode spectro-hygrométruiue pour la recherche et la mesure de la va- peur aqueuse, non-seulement à la surface de notre globe, mais jusqu'aux régions les plus élevées de notre atmosphère. u Mais l'intérêt de ces nouvelles méthodes se rapporte surtout à l'Astro- nomie. Elles ont déjà permis d'étudier les atmosphères des planètes et de constater, chez plusieurs d'entre elles, la présence de cet élément aqueux qui joue un rôle si considérable dans le développement de la vie à la sur- face d'un monde. 71.. ( 55i ) » J'ai abordé, an même point de vue, l'étude des étoiles. On sait que le spectre d'un très-grand nombre d'entre elles indique la présence d'une vaste atmosphère d'hydrogène incandescent. Sirius nous en offre un exemple re- marquable. Ces étoiles n'ont point de vapeur d'eau dans leurs atmosphères; il en est d'auties, au contraire, dont le spectre accuse la présence de cet élément, et pour lesquelles l'hydrogène fait généralement défaut. N'est-il pas naturel de penser que ces astres nous représentent des soleils en voie de refroidissement, et que, par suite des pertes causées par un rayonnement contiiuié à travers d'immenses périodes de temps, leurs atmosphères ont atteint enfin la température où les gaz générateurs de l'eau peuvent s'as- socier. Le spectre de la vapeur d'eau deviendrait ainsi un critérium pour juger de l'âge relatif d'une étoile. Ce sont là des aperçus dont l'avenir seul peut monti'er la valeur; je ne les indique ici que pour constater tout l'ave- nir de ces études et faire comprendre combien je dois regretter que les in- struments m'aient fait défaut pour les poursuivre. » J'arrive maintenant au Soleil. La connaissance de la constitution de cet astre est entrée, depuis ces derniers temps, dans une phase nouvelle. La théorie que nous devons à M. Faye se vérifie de plus en plus. Elle a eu le rare mérite de servir de guide à nos derniers travaux, et d'y trouver ensuite d'éclatantes confirmations. Aujourd'hui, l'étude journalière des régions circumsolaires nous est permise; elle se poursuit activement, à l'étranger surtout, et cette étude, combinée avec celle des taches de la surface de l'astre, paraît suffisante pour nous conduire bientôt à la con- naissance générale du Soleil proprement dit. » A ce point de vue, les éclipses totales ont perdu une grande partie de leur importance; elles ne constituent plus les seules et fugitives occasions d'étudier les phénomènes qui ont leur siège en dehors du globe visible du Soleil. Il ne faudrait pas en conclure cependant qu'elles ne présentent plus d'intérêt : la nature des phénomènes lumineux, si beaux et si variables, qui constituent ce qu'on a nommé l'ai/reo/e, nous est encore inconnue. I^'au- réole prend-elle naissance dans notre atmosphère; résulte-t-elle d'un jeu de lumière qui se produirait sur les bords de la Lune; faut-il enfin y voir la manifestation de matières cosmiques répandues dans le voisinage du Soleil? Nos méthodes actuelles d'observation ne paraissent pas suffisantes pour trancher cette question difficile et complexe. C'est peut-être une raison de ne perdre aucune occasion d'aborder le problème. )) Une occasion de ce genre doit bientôt se présenter. Le 22 décembre prochain, une éclipse totale aura lieu dans le sud de l'Europe (Sicile, Al- ( 533 ) gérie, Espagne). Je sais que le Bureau des Longitudes s'en était préoccupé, et qu'il avait bien voulu me comprendre parmi les observateurs de la mis- sion qu'il comptait envoyer. Malgré les circonstances si critiques et si dou- loureuses que traverse notre pays en ce moment, il ne paraît pas que la France doive abdiquer, et renoncer à prendre sa part dans l'observation de cet important phénomène. En dépit du siège et sans avoir à demander à nos ennemis le passage à travers leurs lignes, un observateur pourrait, au moment apportun, se diriger vers l'Algérie par la voie aérienne; il empor- terait seulement avec lui les parties les plus indispensables de ses instru- ments, sauf à les complétera Marseille avant l'embarquement. » Si l'Académie veut bien m'accorder son appui pour la continuation des travaux dont je viens de l'entretenir, une partie des ressouixes pourrait être employée à la réalisation de ce projet, et je m'offrirais pour tenter ce voyage, heureux de donner ainsi à la science ce témoignage de mon entier dévouement. » Cette Lettre sera transmise à la Commission administrative. PHYSIQUE. — Sur une expérience qui confirme la double hypothèse faite par Ampère, de V existence d'un courant électrique fermé dans chaque molécule d'une substance macjnétique et dans la Terre; par M. P. Le Cokdier. (Renvoi aux Sections de Physique et de Géométrie.) « Conception théorique de la question à résoudre. ~ Soient [x, p.' e\. b, b' les masses fictives que l'on est convenu de placer aux pôles boréaux de deux solénoïdes et de deux aimants. Désignons l'une de ces quatre masses par m, la Terre par T', et l'action d'un corps M' sur m par (M', m). Sup- posons que l'on ait p. = p.', b = b', (p.', [Ji) = (p/, b), et posons Ty—\ = /, )-^ — -' = cr_ Quand on attribue les phénomènes d'attraction et de répulsion (T,(i) => ^ que présentent les courants, les aimants et le magnétisme terrestre à trois causes essentiellement différentes, les lois de la mécanique laissent incon- nus / et g, dont la détermination exige une expérience : tandis que la double hypothèse d'Ampère exige cjue l'on ait Donc une détermination expérimentale de/et de^ doit confirmer ou ren- verser ces deux hypothèses. ( 534 ) » Expérience qui démontre les équations (i), — Mon frère Léon Le Cor- dier, ingénieur, a eu l'obligeance de faire l'expérience que j'ai conçue pour vérifier ces deux équations, et qui se réduit à constater que les axes d'un aiiuant d'acier et d'un solénoïde infiniment petits, placés successivement en un même point, et mobiles autour tie la verticale de ce point, s'ar- rêtent toujours en équdibre dans le même plan vertical sous les actions, combinées de toutes les manières possibles, des courants, des aimants et de la Terre. Je ne puis ici qu'indiquer la théorie au moyen de laquelle j'ai déduit de cette expérience les équations (i) : elle repose sur la définition et sur le théorème qui suivent : » Défniùon d\m système magnétique A, correspondant à un système 1 de courants fermés. — On sait que 2 est toujours décomposable en éléments plans idS de circuits fermés. A chacun de ces éléments idS, ayant pour intensité / et pour aire plane X, correspond un élément E du système A, formé de deux molécules magnétiques — |7. et + ^, réunies en deux points dont la distance dn est normale à )., et satisfait à l'équation (2) ixdn = R/X. Le facteur R est le même pour tous les éléments idS du système 2 ; la mo- lécule — p. est australe et placée dans X, ef -+- p. est du côté où il faut placer l'œil pour voir le courant idS tourner dans le même sens que les aiguilles d'une montre. » Extension d'un théorème d'Ampère. — Soient 2 et 2' deux systèmes de courants fermés, A et A' les deux systèmes magnétiques correspondants, défi- nis par les constantes R et R'. On identifie l'action mutuelle qui s'exerce en Ire 2' et 2 avec celles qui s'exercent entre 2' et 2, ou entre A' et 2, ou entre A' et A, en posant (3) /...=y..«K., ou /;,,=/,,„ R', ou/,,, =/,,«RR'. On démontrera ce principe en observant que, si l'on pose //('^//■'^■^)' W = - on aura pour les travaux des actions mutuelles des deux corps solides A, A', ( 535 ) 2, 2', dont l'un s'éloigne à l'infini, La dernière de ces trois identifications a seule été faite par Ampère. V Forme (jénéra le fies équations (i). — Soient deux fluides réels ou fictifs, pouvant différer des fluides magnétiques uniquement par les valeurs des coefficients relatifs à leurs actions sur les courants et les ainiants, et pro- duisant les effets qu'on attribue au magnétisme terrestre. Soient f' une molécule de l'un de ces deux fluides, m et m' deux molécules de fluides magnétiques, et ids un élément de courant d'intensité i et de longueur ds. Les équations (i) peuvent se mettre sous la forme (4) f" = A.', (5) f^^fa., Ja,s Js.s Ji,s Js,s et les cinq expressionsy^, sont définies par les formules fondamentales (6) [m',m)=-fj^. (7) {t\m)^ - jjn^_. (8) «,W.)=/.„^::!^^ (9) (.', /^,v) =/,/-::If^, (lo) [i'ds' , ids) =fs,s '- — - (2COSS — 3cosô cos5'). Par des calculs bien connus, et que je supprime, on établira que / ei g sont ce que deviennent-y^,, ^^ft,a quand on choisit les unités de manière quejs,s, Ja,s ^i/i,s ^^ réduisent à l'unité. C'est pourquoi la question est ra- menée à démontrer les deux théorèmes suivants : ') Théorème L — Les équations (4) et (5) résultent de la double hypothèse d'Jmpère. » Pour que les propriétés des aimants puissent s'expliquer par les cou- rants d'Ampère, il faut que l'on puisse définir par l'équation (2) un sys- tème 2' de circuits infiniment petits correspondant à un aimant donné A', et produisant les mêmes effets que A' sur un secoml aimant A, et en même temps sur un système 2 de coiu'ants fermés. Soit dn la distance des pôles — p. et -4- [j. d'un élément magnétique de A : soit dti' celle des pôles — fi'et -+- [)! d'un élément de A'. Il faut qu'une même valeur de K' satisfasse aux deux conditions (") w,,, = w,,„ w., = w. A,I" ( 536 ) Or on a, en désignant par r la distance de X' à X, W,,.= -/..«K' / \u.dn n'-£J, W,,,, = -A.R'W, rr-'- r Substituant dans les deux équations (ii), et éliminant R', on trouvera (4)- » Pour que l'hypothèse d'Ampère sur le magnétisme terrestre soit ac- ceptable, sans qu'on ait besoin d'admettre celle qu'il a faite sur le magné- tisme des aimants, il faut que l'on puisse définir par l'équation (2) un sys- tème 2' de courants fermés, produisant le même effet que la Terre T' sur un aimant A, et, en même temps, sur un courant fermé 2. Il faut, pour cela, qu'une même valeur de R' satisfasse aux deux conditions Wj,^ = W^ ^ et Wv. ; = Wt- ,. En traitant ces deux équations comme on a traité les équa- tions (i i), on en déduit l'équation (5), et le théorème I est démontré. » Mais lorsqu'on admet l'existence des courants moléculaires d'Ampère dans les aimants, l'équation (5) devient ime identité, car alors on a iden- tiquement/;,« =/,, et fs^„ = fs,s- » Théorème II. — Les équations (4) el (5) sont démontrées par l' expérience qui précède. » Soit un aimant, assez petit pour qu'on puisse le traiter comme un élément magnétique E, et un système de courants fermés, d'intensités con- stantes, assez petit pour qu'on puisse le traiter comme un élément de cir- cuit Ir/S. On placera successivement ces deux appareils en un même point G, et on les rendra mobiles autour de la verticale de ce point. Chacun des deux corj)s solides E, Ir/S, étant d'abord en équilibre sous l'action seule de la Terre T', quand son axe se projette horizontalement suivant Ox, on le déviera de cette position, en plaçant successivement, dans le voisinage de O, un aimant fixe A', et un courant fermé fixe i'S', et l'on observera ainsi quatre déviations. Si l'on convient de représenter la direction d'une horizontale qui part de O par le point où elle rencontre une circonférence horizontale, de rayon égal à l'unité et de centre O, et si l'on fait agir sur E ou sur \dS un seul des corps ou systèmes de corps T', A', i'S', T et A', T' et i'S', on pourra représenter la projection horizontale de la direction d'équilibre ( 537 ) que prendra l'axe de E 1 1 1 1 '' a, s, [J-a, IJ-S, l'axe de I^S 1 1 par ■ 1 \i, a, •$, Va, Vsi et l'on démontrera aisément les relations (12) y^_^/,_,sinfx„a.sinv„« =/;,„/„_, sinv„rt . sin/x„/, (i3) J^Jc sSiniJ-sS .sinvj =/,s/a^^sinv,5 . sinp.,^ Il résulte de l'expérience que jul^ coïncide toujours avec v^, et fjt,^ avec v^. Donc les équations (12) et (i3) deviennent (4) et (5) et démontrent le théo- rème II. )) Poin- que l'expérience donne des résultats précis, il faut que l'aimant et le solénoïde mobiles soient infiniment petits. Or, il est facile de rendre l'aiguille de déclinaison assez petite pour obtenir toute l'exactitude dési- rable. Il n'en est pas de même pour le solénoïde ; mais l'appareil qu'on va décrire satisfait rigoureusement à la condition demandée. » Solénoïde spliérique. — Soit une sphère de centre O et de volume V. En partageant son diamètre z'Oz en éléments égaux s, et menant par les points de division des plans perpendiculaires à ce diamètre, on obtient une infinité de parallèles S, qu'on supposera parcourus par des courants d'égale intensité /, marchant dans le même sens que les aiguilles d'une montre pour un œil placé en z, et constituant par leur ensemble un solénoïde splié- rique. On trouvera que l'appareil ainsi construit reçoit identiquement, de la Terre, des aimants et des courants extérieurs à V, les mêmes actions qu'un circuit infiniment petit IdS, dont l'axe dn==z serait le premier élé- I V ment de Oz, et dont l'aire X serait définie par l'équation - z^ —• Ce circuit est celui qui résulterait de la superposition de tous les circuits intérieurs à V dans lesquels peut se décomposer le solénoïde sphérique, transportés parallèlement à eux-mêmes. » On verra aussi que cet appareil exercerait, sur l'unité positive de masse magnétique, placée à son intérieur, la force constante et parallèle à O2 -T-Ja,s-'> qui émanerait d'un courant rectiligne indéfini d'intensité /, circu- lant à la distance ^ £ de la molécule magnétique, et dans le plan perpen- diculaire à Oz qui passe par cette molécule. » C. R., 1870, 1" Semestre. (T. LXXI, N" 17.) 7'^ ( 538 ) M. A. GArLDRÉE-BoiLi.EAU soumct au jugement de l'Académie un procédé d'alimentation, applicable pendant la durée du siège. L'aliment dont il s'agit était employé parles anciens Romains; c'est une bouillie faite avec du blé grillé et moulu, l'auteur la désigne sous le nom de bouillie ro- maine (i). M. Gauldrée-Boilleau a déjà pris des mesines pour faire ouvrir à Paris, dans le quartier des Ternes, un fourneau économique, où l'on distribuera, moyennant un prix de 5 centimes, une portion chaude de cette bouillie, avec lo centilitres de vin. Il se propose de venir ainsi en aide aux familles nécessiteuses de ce quartier, et de donner un exemple pouvant susciter des imitateurs dans les autres quartiers de la ville. (Renvoi à la Commission nommée pour les questions relatives à l'alimentation.) (i) Choia: du blé. — Examen et soins préparatoires. — Blé d'hiver, parfaitement sain, très-bien criblé. Même pour le blé qui paraîtra réunir le mieux ces conditions, on devra extraire à la main les grains altérés, les graines étrangères et les petites pierres qui auraient pu échapper au criblage. Chauffage du blé. — Pour le chauffage du blé, on peut faire usage, soit de gamelles évasées en tôle, soit de brûloirs à cylindre, soit de casseroles en fonte ou de poêles à frire. Quel que soit le combustible employé, charbon ou bois, on ne versera dans l'ustensile que la quantité de blé dont tous les grains pourront être mis, successivement et également, en contact avec les parois chauffées. Agiter fréquemment le grain, en le faisant sauter dans les vases ouverts, et évitant des coups de feu : le but à atteindre est l'évaporation de la plus notable partie de l'eau contenue dans le blé, sans que le grain lui-même soit brûlé, ce qui donnerait à la bouillie un goût désagréable. Lorsque l'on se sert d'un brûloir, ouvrir le registre assez souvent, pour la sortie de la buée d'évaporaiion qui se produit surtout au commencement, et en même temps agiter for- tement le chargement du cylindre. Le grillage est suffisant au moment où le grain, ayant pris uniformément un ion plus foncé sans être charbonné, se casse sec sous la dent, par suite du plus grand développement qu'il a pris. Aussitôt, aérer le blé à l'air libre (l'air extérieur de préférence si le temps le permet), en le ventilant soit avec la gamelle de repas, soit avec un van, soit en l'étendant sur une table propre. L'opération est parfaite lorsque le ble a perdu de 9 à 10 pour 100 de son poids naturel. Mouture. — On |)cut moudre, soit avec des moulins portatifs à café, soit avec des moulins à manivelle. On réglera le degré de rapprochement des dents d'engrenage, de manière à obtenir une farine aussi satisfaisante que le comporte la nature de l'appareil. Cuisson. — Délayer la farine avec de l'eau (eau froide exclusivement), mettre le vase sur un feu bien allumé; saler, poivrer si on le désire; remuer sans discontinuité le mélange ( 539) M. A. ViGNAL écrit à r.icadéniie, au nom d'une Société formée par les habitants de Paris, originaires de l'Ardèche, pour lui rappeler que, dans la plupart des départements du midi de la France, le blé en nature tient, de- puis un temps immémorial, une large place dans l'alimentation publique : le blé subit simplement une décortication préalable dans le moulin. Une Commission, prise dans le sein de cette Société, s'est assurée déjà que la pratique des diverses préparations auxquelles cet aliment peut être soumis s'effectuerait à Paris sans difficulté. (Renvoi à la Comrgission nommée pour les questions relatives à l'alimentation.) M. Bouvet adresse une Note relative à une « force motrice applicable à la navigation aérienne ». L'auteur propose de substituer, aux six hommes qu'emploierait M. Du- puy de Lôme dans le système qu'il a proposé à l'Académie, un moteur à air dilaté par la combustion du gaz d'éclairage, puisé dans le ballon lui- même. Avec le même poids, de 63o kilogrammes environ, cette machine produirait un travail de 87 kilogrammèlres et demi par heure, au lieu d'un travail de 24 à Sa kilogrammètres. La consommation de gaz ne ferait perdre au ballon qu'une faible partie de sa force ascensionnelle, et pourrait être compensée par l'élimination du lest : on pourrait d'ailleurs employer un petit ballon auxiliaire, de 20 à aS mètres cubes, pour l'alimentation du moteur. (Renvoi à la Section de Mécanique.) avec une spatule de bois. A mesure que la bouillie bout, foisonne, épaissit, verser peu à peu de l'eau (eau froide exclusivement), en quantité suffisante /)o( A le point auquel l'aéronatite veut arriver à la surface de la Terre. » Joignons le point A au point D, et du point D', comme centre, décri- vons une circonférence avec un rayon DR représentant le chemin que l'aérostat fait par sa vitesse propre dans lutiité de temps. » Si la ligne AD coupe cette circonférence [fi(j. i), elle le fera généra- lement en deux points M et M'. Joignons ces deux points M et M' au centre D'; menons par le point D une parallèle Dr au rayon D'.M. Il est clair que si, à partir de la verticale D, l'aérostat marche avec sa propre vitesse égale à D'M, en maintenant cotuinuellemeni son axe dans une direction parallèle à Dr, il se mouvra suivant une route dont la projection sur le sol sera DA, et, en continuant ainsi, il arrive à la verticale A. Fig. I. » Il en sera de même si, à partir du point D, l'aérostat marche avec sa propre vitesse en maintenant son axe dans une direction Dr' parallèle ( 547 ) à D'M'. Ces deux manières de gouverner le conduiront également au |)oint voulu A, seulement dans un tem|3S différent. » La durée du voyage s'obtient en menant par le point A une parallèle à la direction de l'axe du ballon ; cette parallèle coupe la direction DD', pour le premier cas, en D"; pour le second cas, en D"^ ; les durées de voyage D"D D" D sont —7— pour le premier cas, et -j-f— pour le second cas, D'D étant, avons- nous dit, égal au chemin fait par le vent dans l'unité de temps. » De celle fig. i, il résulte aussi qu'en appelant I l'angle que fait le vent avec la direction du point qu'on veut atteindre, 1/ l'angle suivant lequel il faut diriger l'axe du ballon de l'autre côté de cette dernière ligne, V et V les vitesses respectives de l'aérostat et du vent, enfin 4^ la distance de D à A, on a sinl' = —, sinl. La durée du voyage est égale à ^ ou bien VcosfdzV'cosI'' Vcosii^V"— V'sin^/ » Si, toutes choses restant égales d'ailleurs, l'angle du vent avec la direction du point à atteindre vient à augmenter, les deux points d'inter- section M et M' se rapprochent, et il arrive un moment où la ligne AD est tangente à la circonférence {fiij. 2); les deux directions de l'aérostat qui conduisent également au point voulu se confondent alors en une seule. Fig. 2 L'angle I arrive ainsi à la li- mite maximum d'écart que l'aé- rostat peut obtenir avec le lit A-"~"-^ "^-^ du vent, et Cangle V correspon- —j dant est alors un angle droit, c'est-à-dire que, ijoiir obtenir te maximum d'écart précité, il faut jaire marcher Vaérostat en diri- geant son axe perpendiculairement à la route suivie sur le sol. » Si, en joignant le point de départ au point d'arrivée, la ligne A'D ne rencontre pas la circonférence, 73. ( 548 ) cela démontre qu'avec cette direction et cette intensité du vent l'aérostat ne peut pas atteindre le point A'. l'ig. 3. » f^a ficj. 3 montre la solution de la question en supposant la vitesse du vent DD' moindre que la vitesse de l'aérostat D'R. La ligne AD coupe tou- jours alors la circonférence ; c'est qu'en effet, dans ce cas, il est toujours possible à l'aérostat d'at- teindre un point placé dans une direction quel- conque. La figure donnerait aussi, dans ce cas, deux solutions pour la direction à donner à l'axe de l'aérostat à l'effet de le faire cheminer dans la direction DA; c'est la direction Dr faisant un angle aigu avec DA qu'il faut choisir; la direction Dr' fait bien cheminer l'aérostat sur la ligne DA, mais en s'éloignant du point A au lieu de s'en approcher. » Une fois posés les principes qui précèdent, il est facile de montrer comment l'aéronaute, tant qu'il peut distinguer les objets à terre, doit agir pour se diriger avec précision vers le but de son voyage, ou pour recon- naître qu'il est dans la condition d'impossibilité définie ci-dessus. » S'il peut, avant le départ, mesurer par les moyens connus la vitesse et la direction du vent, il lui sera facile de tracer sur la carte une des fig. i, a ou 3, suivant le cas, et reconnaître ainsi la possibilité ou l'impossibilité de faire route vers le j)oint voulu. Il mesurera l'angle 1' qu'il doit faire faire à l'axe de l'aérostat avec la direction de la hgne joignant le point de départ au point d'arrivée. Des deux angles 1', c'est l'angle aigu qu'il convient de choisir presque toujours, à moins qu'on n'ait un motif pour retarder le mo- ment de l'arrivée tout en cheminant dans la direction voulue. Une fois l'angle I' ainsi calculé, la direction DA étant tracée sur la carte, la direc- tion Dr par rapport au méiidien magnétique se trouve aussi déterminée, et la boussole peut servir à maintenir cette direction dans l'obscurité ou dans les nuages cachant la terre; mais, la direction et la vitesse du vent étant sujets à changer fréquemment, il importe que l'aéronaute puisse rectifier sa manœuvre à divers moments du voyage. Il suivra donc, tant qu'il le pourra, la marche sur le sol d'un fil à plomb suspendu à l'avant de la na- celle, et, en ouvrant plus ou moins l'angle I, il maintiendra cette marche sur la ligne voulue. Mais si, après avoir perdu de vue la terre, il se retrouve, en la revoyant, hors de sa route, il faut qu'il refasse son point et se trace une nouvelle loule à suivre. ( 549 ) )) A cet effet, il opérera de la manière suivante, qui suppose qu'il puisse reconnaître les lieux au-dessus desquels il passe. » Il stopera un moment, se laissera emporter parle vent seul, observera le passage sur le sol de la direction du fil à plomb pendu à la nacelle, et notera à une montre à seconde le moment du passage sur un point connu qui figure sur la carte. Il tracera immédiatement, sur cette carte, une ligne allant de ce point au point d'arrivée. Cela fait, il observera de nouveau le fil à plomb de manière à reconnaître un second passage sur un point défini qu'il reportera également sur la carte. Joignant ainsi, par une ligne droite, les deux points marqués, il aura la direction du vent et pourra calculer sa vitesse; mais ce calcul est inutile pour sa manœuvre. )) Si la direction du vent passe à gauche de la ligne joignant sur la carie son point d'observation au lieu qu'il veut atteindre, il dirigera l'axe de l'aérostat, l'avant vers la droite, et il marchera avec sa vitesse propre, en faisant d'abord im angle assez aigu avec la direction à suivre sur le sol. Il observera alors la marche du fil à plomb; si la ligne que suit ce fil reste en- core à gauche d'une parallèle à la ligne voulue, l'aéronaute fera ouvrir l'angle de l'axe de l'aérostat avec la direction à atteindre. Il continuera à observer le fil à plomb en faisant ouvrir l'angle peu à peu, jusqu'à ce qu'il arrive à faire marcher ce fil dans la direction voulue. Il y arrivera ainsi rapidement, à moins qu'à un certain degré d'ouverture il ne s'aper- çoive que la route suivie par le fil à plomb cesse de se rapprocher de la direction désirée sans l'avoir encore atteinte. Il reconnaîtra ainsi qu'il est dans le cas de la fïg. a, la ligne DA' ne rencontrant pas la circonférence de la vitesse. Il peut alors convenir à l'aéronaute, soit de continuer sa route en se rapprochant le plus possible d>3 la direction qu'il se proposait de suivre, soit de chercher un autre point d'arrivée compris dans le secteur qui est pour le moment à sa disposition. » AÉROSTATION. — Sur les aérostats dirigés. 3^ Note de M. Dupuy de LÔme. <( Dans ma première Communication sur la direction des aérostats faite à l'Académie des Sciences le lo de ce mois, j'ai dit que, parmi les nom- breux projets auxquels cette question a déjà donné lieu, aucun, malheu- reusement, n'a encore été réalisé ni même amené à un état d'étude tel qu'on puisse le considérer comme praticable sans trop de difficultés. Je me hâtais d'ajouter : telle est du moins l'impression qui m'est restée des projets parvenus à ma connaissance. ( 55o ) » Pressé du désir que m'ont inspiré les circonstances de voir construire aussitôt que possible un aérostat dirigé, je n'ai pas pris le temps de faire des recherches historiques sur cette question. Dans la solution que j'ai proposée comme facdement praticable, il arrive que je me suis rencontré sur divers points avec des études antérieures. » Je ne saurais utilenient relater toutes ces coïncidences ; je m'expose- niis d'ailleurs à faire des omissions involontaires. Cependant, je tiens à dire un mot d'un essai sur la direction des aérostats, fait en iSSa par M. Gif- fard, vu que cet ingénieur avait adopté à cet effet des dispositions ayant beaucoup d'analogie avec celles auxquelles j'ai été conduit moi-même, notamment pour la forme et la tenue du ballon porteur, ainsi que pour l'emploi d'un propulseur à hélice. M. Giffard a même de suite abordé l'em- ploi d'une machine à vapeur de 3 chevaux pour mettre son hélice en mou- vement. Il s'est élevé dans son aérostat le 2-2 septembre iSSa, et il lui a imprimé une vitesse propre de 2 à 3 mètres par seconde, en le dirigeant très-bien au moyen d'une voile-gouvernail presque identique à celle que j'ai adoptée. » Cependant cette tentative de M. Giffard paraît avoir été abandonnée par l'auteur. Quelques fautes dans les proportions et l'absence d'un moyen pour maintenir gonflé le ballon porteur ont été cause, à mon avis, que cet essai n'ait pas été suivi de résultats plus satisfaisants. » M. Giffard est malheureusement absent de Paris en ce moment, et c'est un de ses amis qui est venu me faire connaître les jours derniers les faits relatés ci-dessus, que j'ai cru de mon devoir de signaler à l'Académie à la suite de mes Commiuiicalions sur la direction des aérostats. » ANATOMIE VÉGÉTALE. — Remarques sur lu position des trachées dans les fougères (7* partie) ; par M. A. Trécul (i). Didymochlaena sinuosa Desv. « Dans cette Communication et dans la suivante, je me propose d'entre- tenir l'Académie de quelques espèces du groupe des plantes qui ont fait l'objet principal du travail de M. Mohl intitulé : De structura^audicis filu uni arhorearuni [Icon. sel. plunt. crypt. bras. Mari.), et qui ont conduit ce savant botaniste à admettre qu'il n'existe pas de vaisseaux spiraux dans les Fou- (i) L'Académie a décidé que cette ConiiBunication, bien que dépassant en étendue les limites réglementaires, serait insérée en entier au CoiiijHc rendu. { 55i ) gères, opinion^ du reste, soutenue aussi par M. Ad. Brongniart, dans son bel ouvrage qui a pour titre : Histoire des végétaux fossiles , Paris, 1828. Dès I Soi, M. de Mirbel avait déclaré [Journ. de Phys., de Chiin. et d'Hisl. nnl., t. LU, p. /jSB et suiv.) qu'il ne trouvait que des fausses trachées dans plusieurs Fougères qu'il nomme. L'avis de ces éniinents botanistes pourrait élre justitié, si l'on s'en tenait à un certain nombre de plantes de cette famille, ou à l'état adulte de quantité d'entre elles, et encore dans ce der- nier cas y aurait-il de belles et nombreuses exceptions. L'une de ces ex- ceptions serait offerte par le Didymochlaena siniiosa Desv. que M. Mohl met au nombre des Fougères arborescentes qu'il décrit. Il est vrai qu'en lisant ce qu'en dit le célèbre phytotomiste allemand, on est porté à douter s'il a désigné par ce nom la plante qui existe dans nos collections vivantes. Le doute est d'autant mieux autorisé que l'histoire anatomique et morpho- logique du Didymochlaena est fort obscure. » Deux questions se présentent tout d'abord à l'esprit de celui qui étudie avec attention ce qui a été publié à cet égard. La première est de savoir si la plante est arborescente ou seulement rhizomateuse. La seconde a pour but de décider si les figures de tiges qui ont été signalées comme dues au Didymochlaena siniiosa, ont réellement été tracées d'après ce végétal. » Ce (jui suit me paraît répondre à cette double question. Les figures ana- tomiques de tige, les premières datées, se trouvent dans la planche A de la Flora der Vorwell de M. le comte de Sternberg, publiée à Regensburg en 1825. Un tronçon de tige et sa coupe transversale, qui désignent la plante comme arborescente, y sont représentés. Il n'y a pas de description. » Dans son Histoire des végétaux fossiles, qui, porte la date de 1828, M. Ad. Brongniart figure un tronçon de la même plante et signale le Didv- mochtaena simiosa comme arborescent (p. i55, PL XLII,fig. 2). Notre con- frère donne en outre une coupe transversale du pétiole de la plante vraie {PL XXXVIl, fiij. 25), qu'il considérait sans doute comme obtenue d'un jeune individu; et, en eftet, la figure ne montre que sept faisceaux dans ce pétiole, qni peut en acquérir dix et douze et même jusqu'à dix-huit. » M. de Martius, dans ses Icônes selectae plantarum cryptognmicarutn bra- siliensium, 1828a i834,avecrimage d'un tronçon de la tige (P/.A^A7A',//V/. 1), représentée dans les deux ouvrages précédents, et une coupe transversale (fig 2) attribuée à la même plante, donne le port d'une fougère en arbre [PL XXFIIl), qu'il dit être \e Didymochlaena sinuosa, ce que la description confirme pour les trois figiu-es à la page 90. » Dans le même volume, M. Hugo v. Mohl décrit \esfig i et 2 de la PL XXIX de M. de Martius comme appartenant au Chnoophora [Alsophila) ( 552 ) exrelsa, mais il attribue aussi une lige arborescente au Didymochlaena si- nuosn (p. 4i)' » A.-C.-I. Corda, dans sa 5A-«zzen zur vergleicheiiden Phytolomie vor-und jelzlrvellUcher Pflanzen-Stonimc, qui fait suite à l'ouvrage de M. de Sternberg, considère (p. xxxvi), comme M. Mohl, la fg. 2 de la PI. XXIX de M. de Martius connue appartenant à V Alsophila e.vce/so; mais ^ouv \eDidymochloeixa sinuosn il renvoie à la PL A de M. de Sternberg, dont, je l'ai dit, la^j/. i re- présente la même plante que la^j/. i de la PL XXIX de M. de Martius. » J. Raddi, dans ses Filices hrasilienses (p. 42), désigne son Diplazium pulcfierrimiim (synonyme du Didymochlaena) par les mots : « Filix elegan- tissima arborescens. » » Endlichei-, dans son Gênera plantarum, n° 637, le décrit par « Filix arborescens inter tropicos Americae et in Moluccis observata... » » W. Hooker, dans son Species filicum, t. IV, p. 5, publié en 1862, l'in- dique avec une tige droite et arborescente [Caudex erect, stoiit^ arboreoiis). » Tous les auteurs qui précèdent s'accordent donc à faire du Didymo- chlaena sinuosa une fougère en arbre, mais à cette opinion sont opposés des faits d'une haute gravité. » D'abord, les coupes transversales et les tronçons de tige représentés par les botanistes que j'ai nommés, offrent tous les caractères d'une tige de Cyathéacée. Tout y est : le volume de la tige, la forme des faisceaux vascu- laires de cette tige, les petites taches qui simulent les fascicules intramédul- laires, la forme des cicatrices laissées par la destruction des pétioles, les- quelles cicatrices montrent : 1° un arc de faisceaux supérieur; 2° un arc de faisceaux inférieur; 3° un groupe de faisceaux centraux dans la région moyenne supérieure; 4° au-dessous, deux séries obliques de faisceaux de chaque côté dans la région centrale inférieure. Rien n'y manque. » M. Mohl, dans sa belle étude de la tige des fougères arborescentes, manque de précision à l'égard du Didymochlaena; ct\v, malgré l'avis de M. de Marlius, il a dit que \es fig. i et 2 de la PL XXIX appartiennent au Chnoophora excclsn, sans indiquer sur quoi il a fondé sa description du Didymochlaena. On ne le sent pas dans son travail. Les caractères anato- miques qu'il en donne sont presque identiques à ceux qu'il trace du Chnno- pliora excelsa. Ces deux plantes sont plusieius fois citées par lui simultané- ment. Le Cbnoophnra excelsa est palpable, on le voit partout dans la des- cription, comme Cyathéacée, mais le Didymochlaena est insaisissable. On ne le distingue pas des Alsophila et des Cyathea. Je le cherche en vain. » M. Mohl paraît donc aussi avoir examiné une tige de Cyathéacée sons le nom de Didymochlaena sinuosa. Ce qui confirme dans ce sentiment, c'est ( 553 ) le nombre seize qu'il altribue aux faisceaux de la tige de cette plante, comme de celle du Clinooplioiu (p. 4G), nombi'e qui coïncide avec celui de la tige désignée par Didyinochlaena dans la fg. i de la planche A de M. de Sternberg, qui présente quinze faisceaux dont un double, » Puisque les tiges dont il s'agit appartiennent à une Cyathéacée, il est légitime de concevoir des doutes à l'égard de l'opinion qui veut que le Didymochlaena soit arborescent. Il y a deux sortes d'arguments contre cette opinion : i° ceux que fournit la plante cultivée dans nos serres, qui est toujours à basse tige, et dont les caractères anatomiques diffèrent essen- tiellement de ceux qui ont été donnés par M. MohI; 2° les témoignages de Plumier, de Desvaux et de Presl. )) Si M. Gandichaud, qui a récolté la plante, avait eu affaire à une fougère arborescente, il l'eût certainement exprimé. Il n'a rien dit à cet égard. D'un autre côté, Desvaux, dans le Magaziii der Gesellschaft natur- forscliender Freunde zu Berlin, 181 1, 5* année, p. 3o3, a fait suivre sa des- cription du signe par lequel les botanistes représentent d'ordinaire les plantes simplement vivaces?'". Poiret qui, dans le supplément à V Encyclo- pédie, t. II, p. 5i5, en a fait un Asplenium ramosum, y ajoute le même signe 'W- Enfin, Plumier, que j'ai nommé tout à l'heure, a laissé dans son Traité des Fougères dJmérique, PI. LVI, sous la désignation de Loncliitis rainosa, cauliculis sen coslis squamosis, une figure de la même plante trouvée à Saint-Domingue. Il donne une description précise de son port, puisqu'il dit que des costes ou caulicules (ce sont les frondes) longues de six pieds sortent d'une racine grosse comme le bras et chargée de restes de costes pourries. Cette expression racine chargée de castes ou pétioles morts ne laisse subsister aucun doute. A Saint-Domingue le Didjmochlaena sinuosa n'est pas arborescent, il est rhizomatenx, il est vivace comme la plante des Indes orientales décrite par Poiret et par Desvaux, comme celle qui vit dans nos serres. J'ajouterai encore ici l'avis de Presl, qui, dans ses Deliciœ pragenses, 1822, p. 17451a nomme Aspidium cuttratum, d'après un spécimen du Brésil; il en fait une plante vivace, comme les derniers botanistes que je viens de citer. » La tige que j'ai eue à ma disposition était de même recouverte dans sa partie inférieure par les bases persistantes des pétioles morts. Elle était assez grêle relativement, n'ayant qu'environ un centimètre et- demi de diamètre après l'enlèvement des pétioles. Sa coupe transversale présente sous l'épidermela couche fibroïde noire à l'œil nu, composée de cellules C. R., 1S70, 2« Semestre. (T. LXXI, N" 18.) 74 ( 554 ) à parois jaunes, épaisses et poreuses, si commune dans les Fougères. Cette couche entoure un p:irenchyme dans lequel sont épars, avec les faisceaux vasculaires, de nombreux petits groupes de cellules noires, qui se mon- trent beaucoup plus étendus sur les coupes longitudinales. En les débar- rassant avec précaution du tissu cellulaire qui les environne, on remarque qu'au centre de 1-a tige ils constituent des lignes trèsirrégulières, en zig- zag, qui se relient les unes aux autres de manière à figurer souvent des mailles. Sur les côtés de la tige, ces lignes divergent obliquement en mon- tant vers les pétioles, dans la partie inférieure desquels elles se dispersent et finissent bientôt. De simples cassures opérées par lui couteau peu tran- chant, sur la tige sèche, peuvent montrer fort bien aussi la connexion de ces groupes noirs entre eux, qui paraissent constituer un système continu, s'étendant de la tige dans la base des pétioles. » Les faisceaux vasculaires, propres à la tige, qui étaient au nombre de seize dans la plante de M. Mohl,sont dans la nôtre réduits à cinq, en quelques endroits six, sur les coupes transversales. Ils sont de grosseur inégale, comme d'habitude, suivant la hauteur à laquelle correspond la coupe, eu égard aux mailles entamées, dont ces faisceaux faisaient partie. » Après les avoir séparés des tissus qui les entourent, on trouve que ces faisceaux forment un réseau de mailles oblongues, dont la dimension varie avec le diamètre de la lige. Elles avaient 12 millimètres de longueur environ sur 4 à 5 de largeur, près du sommet de la tige, où le diamètre était le plus grand. Elles n'avaient, au contraire, que 6 à 7 millimètres sur 2^ à 3 mil- limètres, dans les parties dont la végétation avait été moins puissante. » De chaque maille partaient tantôt sept, tantôt huit faisceaux disposés de la manière suivante. Les deux supérieurs, qui sont les plus gros, sont in.sérés vers les trois quarts de la hauteur de chaque maille. Une autre paire est placée un peu plus bas sur les côtés de la maille, et ses deux faisceaux constituants sont assez souvent à une hauteur inégale, l'un d'eux étant très-rapproché du supérieur. Les trois ou quatre autres faisceaux occupent, vers le bas de la maille, le pourtour du fond de celle- ci. Ces trois faisceaux, beaucoup plus rarement quatre, sont opposés cha- cun au faisceau d'une racine adventive. Le plus souvent même, unis avec la partie inférieure des faisceaux radiculaires, qui sont plus forts qu'eux, ils semblent émaner directement de la face antérieure de ces derniers. 11 y a donc trois racines adventives (rarement quatre) au bord inférieur de chaque maille, au bas de chacune des feuilles, entre les pétioles desquelles ces racines arrivent au dehors. ( 555 ) » Ces racines, qui ont un millimètre et demi dans leur plus grande lar- geur, ont leurs ramifications rangées suivant le type II de M. Clos. Elles sont donc distiques, et composées de deux faisceaux vasculaires opposés et fusionnés par leur partie formée par les plus gros vaisseaux. Siu- les côtés de ce système vascidaire sont des cellules du tissu dit cribreux, et au- tour de celui-ci une strate constituée d'une à trois rangées de cellules no- tablement plus grandes que la généralité de celles du tissu sous-jacent. Ce système cellulo-vasculaire central est recouvert par une zone de cellules fibreuses noires ou jaunes (suivant l'épaisseur des coupes), finement po- reuses, régulièrement épaissies (i). Cette zone, profonde de huit à neuf cellules dans les racines les plus fortes, est entourée d'un parenchyme jaune ou noirâtre, de huit à neuf cellules aussi en profondeur, dont les deux ou trois rangées internes sont plus étroites que les moyennes, ainsi que la rangée externe, qui porte des poils radicaux longs, en apparence unicellulés et crépus. Les racines secondaires ont la même constitution générale, avec réduction du nombre des éléments de chacune de leurs parties. » Les faiscçaux pétiolaires émanés de la tige, ou nés de ceux qui en sont sortis, et dont le nombre varie de sept à dix-huit, sont disposés en un arc profond ou segment de cercle, ou même en cercle complet un peu au- dessus de la base apparente du pétiole, où les deux faisceaux supérieurs contractent ordinairement une anastomose. » Dans les figures données par M. Brongniart et par Link, ces deux fais- ceaux sont représentés les plus forts, et le dessin de Link [Àbhandl. der kœn. 1 , (i) Une telle zone fibreuse autour du corps cellulo-vasculaire des racines existe dans nombre de Fougères. Dans certaines espèces, chaque cellule fibreuse est régulièrement épaissie comme dans l'exemple précédent [Blechnum occidentale, Polypodiam vulgare, aureum); dans d'autres espèces, les cellules fibreuses sont irrégulièrement épaissies; elles ne le sont que peu ou pas sur la moitié tournée vers l'extérieur de la racine [Asplenium Serra, fœniculaceuin, Belangeri.) Dans VÀsplenium Serra, six grandes cellules irréguliè- rement épaissies décrivent les six côtés d'un rhombe tronqué sur les angles aigus, autour du système cellulo-vasculaire des racines, vues sur des coupes transversales. Enfin, dans un grand nombre de Fougères, il n'existe pas de zone fibreuse à cette place [Blechnum brasi- liense, Jsplenium La.siopteris, Aspidium violascens, etc.). Les racines de toutes les Fougères que j'ai étudiées, sauf les Marattiacées, offrent le type II, passant rarement au type III. Les ' seules racines du Marattia Kaulfussii, des Angiopteris pp'illinckii et evectn ont seules montré de cinq à seize faisceaux vasculaires réunis en partie ou non au centre de la racine, comme cela est bien connu, surtout pour cette dernière plante, depuis les observations de RI M. Bron- gniart, Harring et Mettenius. 74- ( 556 ) Akad. (1er PFiss. zu Berlin, i835, t. 19, fig. 3) accuse en outre le crochet vasculaire, qui, toutefois, n'a pas été mentionné dans le texte du Mémoire, non plus, bien entendu, que les vaisseaux trachéens dont ces faisceaux sont pourvus. » Ces faisceaux pétiolaires sont unis cà et là entre eux par des anastamoses, au moyen de courtes branches horizontales ou obliques, mais l'anastomose inférieure des deux faisceaux supérieurs, à environ deux millimètres au- dessus de l'insertion du pétiole, est souvent remarquable, quand elle est formée par un simple rapprochement des deux gros faisceaux, qui se fusion- nent sur une courte étendue, et se séparent un peu plus haut, comme je l'ai déjà signalé chez le Nephrolepis platjolis; mais cette anastomose n'existe j)as ici à la base de tous les pétioles, et elle n'est parfois représentée que par une courte branche horizontale ou un peu oblique. M Ces deux gros faisceaux, après l'apparition du crochet on lamelle inflé- chie sur leur face antérieure, qui en est recouverte eu grande partie sur vuie grande étendue du pétiole commun et du rachis, présentent sur cette face antérieure, deux groupes de petits vaisseaux primordiaux spiro-annelés. L'un de ces groupes est sons le crochet, l'autre est près du bord interne supérieur de la partie la plus épaisse du faisceau. Dans un âge avancé de l'organe, ces vaisseaux primordiaux s'altèrent, et leurs restes fragmentés s'observent dans des petites lacunes qui occupent les mêmes places, et qui peuvent aussi être remplies par l'extension des cellules environnantes. M II y a en outre, à tous les âges du pétiole, de fort beaux vaisseaux spi- raux ou trachéens de volumes divers, sur à peu près toute l'étendue de la face supérieure de ces deux faisceaux principaux. » Un groupe spiro-annelé primordial, altéré aussi dans la feuille adulte, et des vaisseaux trachéens persistants, existent également sur la face interne de chacun des autres faisceaux pétiolaires. » Ces vaisseaux trachéens cessent par en bas avec les faisceaux du pétiole. Ils ne pénètrent pas dans ceux de la tige qui en sont tout à fait dépourvus. » Tous les faisceaux pétiolaires, à partir de la région inférieure de l'or- gane qui renferme des groupes épars de cellules noires, lesquels groupes disparaissent, ainsi que je l'ai dit, un peu au-dessus de la base du pétiole, sont revêtus d'une gaine noire, formée comme M. MohI l'a annoncé pour d'autres plantes, par l'épaississement des parois des cellules parenchvma- teuses coutiguës aux faisceaux, et cette gaîne est ordinairement un peu plus épaisse sur la face interne du faisceau que sur sa face externe. Elle peut être réduite à l'épaississement en noir de la seule paroi cellulaire qui ( 557 ) touche immédiatement les cellules superficielles des faisceaux, ou bien cet épaississenient peut avoir envnhi le pouitour des cellules des deux ou trois rangées voisines. » On peut juger par ce qui précède, qu'à part l'insertion des racines, et la répartition des groupes de cellules noires dans la tige, la constitution du Didymochlaena sinuosa a beaucoup d'analogie avec celle de plusieurs des Âspidium que j'ai décrits antérieurement, et dont les faisceaux pétiolaires affectent la même disposition. Cette similitude va se continuer dans le rachis. » Comme dans la généralité des plantes dont le pétiole a plusieurs faisceaux, le nombre de ceux-ci va en diminuant de la base au sommet du rachis, mais cette diminution ne s'effectue pas partout de la même manière. J'en ai déjà indiqué des modes que le défaut d'espace ne me permet pas de rappeler. Dans la plante qui m'occupe et dans les cas semblables, les deux faisceaux supérieurs persistent le plus longtemps, ensuite ce sont les dor- saux médians. Les faisceaux qui disparaissent les premiers sont les plus rapprochés des deux supérieurs, et ainsi successivement jusqu'au dernier dorsal, et j'ai souvent remarqué, au moins pour les cinq ou six derniers, qu'ils le font en s'unissant par leur extrémité à la face dorsale du supérieur collatéral, après, néanmoins, s'être anastomosés plusieurs fois alternative- ment avec lui et avec leur voisin de l'autre côté. Par conséquent la dispa- rition des faisceaux se fait ici des supérieurs au dorsal médian. » Il n'existe plus que ces trois faisceaux à peu près dans la partie du rachis qui commence à ne porter que des folioles lamellaires simples. Plus haut, quand le dernier dorsal s'est ajouté définitivement à l'un des supé- rieurs, à celui de gauche, par exemple, ce que j'ai vu arriver à la hauteur de la sixième foliole de ce côté à partir du sommet, il ne reste plus que ces deux supérieurs, qui eux-mêmes se réunissent en un seul à une petite dis- tance au-dessus, entre l'insertion de la troisième et de la deuxième folioles lamellaires. » Bien que l'on retrouve dans la ramification du pétiole quelques traits de ressemblance avec ce qui se passe dans quantité de Fougères, l'insertion des ramaux de cet organe, étudiée sur les coupes transversales, suffirait à elle seule pour caractériser le Didymochlaena parmi toutes les Fougères que j'ai examinées jusqu'à présent. » Quoi qu'il y ait dans le pétiole primaire, près des pétioles secondaires inférieurs, à peu prés le même nombre de faisceaux que beai;coi7p plusbas (lo à i8 par exemple), les rameaux du pétiole ne reçoivent de vaisseaux ( 558 ) chacun que du faisceau supérieur du même côté. Là, le crochet vascu- laire de ce faisceau s'élargit beaucoup. J'en ai mesuré qui, immédiatement au-dessous du premier pétiole secondaire, avaient o'""', 5o de largeur ou profondeur, tandis que le crochet de l'autre faisceau supérieur, qui devait produire le deuxièuie pétiole secondaire un peu plus haut de l'autre côté, n'avait encore que o™",3o. » Ce beau crochet se comporte d'après le quatrième des modes que j'ai décrits en 1869 {Comptes rendus, t. LXIX, p. 269) c'est-à-dire que son fond émet une branche tubuleuse, très-fortement épaissie sur sa partie dorsale, et très-mince sur les côtés et sur la face antérieure. Celle-ci s'ouvre longitudinaiement la première, vers l'entrée du faisceau dans la base du pétiole secondaire. On a alors une gouttière dont le fond est épaissi d'une manière fort remarquable. Ce fond est occupé par une forte arête longi- tudinale qui, partageant la gouttière en deux, porte les vaisseaux trachéens et annelés sur chacune de ses faces latérales. Un peu plus haut, cette arête médiane se fend elle-même suivant la longueur. Il en résulte comme une troisième gouttière vasculaire située entre les deux latérales. Elle gran- dit pronqjtement. D'abord remplie par du tissu cellulaire périphérique du faisceau, sa région moyenne est bientôi envahie par des cellules colonies en jaune, en brun ou en noir, comme celles qui entourent le faisceau lui- même. Quand celte gouttière est arrivée à son maximum d'amplitude, la coupe transversale du corps vasculaire du pétiole secondaire présente l'image d'une triple gouttière, dont les deux latérales plus étroites oc- cupent les bords de la médiane plus large et plus profonde. » Le fond de cette dernière, fortement épaissi, se sépare un peu plus haut des deux gouttières latérales, et constitue, après cette séparation, le faisceau dorsal du pétiole secondaire, tandis que les deux gouttières latérales en forment les deux faisceaux supérieurs. » Telle est la disposition des trois faisceaux des ])étioles secondaires prin- cipaux, |)rès de leur insertion. Je dis des principaux pétioles secondaires, parce qu'il n'en est pas de même pour les pétioles de second ordre les plus haut placés sur le rachis. En effet, le beau crochet qui existe plus bas s'af- faiblit de plus en plus par en haut; il se raccoiucit au point de ne presque plus recouvrir du tout la face supérieure du faisceau auquel il appartient. Dans ce cas, ce n'est plus le fond du crochet qui fournit seul les vaisseaux du pétiole secondaire, c'est, que l'on me passe cette expression, le manche du crochet qui se coupe, a|)rès avoir |)roduit sur sa face antérieure une proéminence, dont le dédoublement reforme d'un côté le crochet du fais- ( 559) ceau pétiolaire primaire, et de l'autre, un petit crochet à la nouvelle extré- mité latérale de la bandelette vasculaire qui s'isole pour aller dans le pé- tiole secondaire. Cette bandelette, qui a la forme d'une gouttière relative- ment large et déprimée, se divise bientôt en deux faisceaux : l'un plus faible et l'autre plus fort. Ce dernier se partage de nouveau en deux un peu plus haut. On a alors les trois faisceaux du pétiole secondaire; mais dans les pétioles secondaires les plus fiiibles, la bandelette vasculaire peut ne se diviser qu'en deux faisceaux, qui sont placés sur le même plan, et repré- sentent les deux faisceaux supérieurs. Il n'y a pas de faisceau dorsal dans ce dernier cas. » On voit par là que les faisceaux des pétioles secondaires supérieurs, au lieu d'être produits, connue ceux des inférieurs, suivant le quatrième type, le sont suivant le deuxième, décrit à la page aSg du tome LXIX de ces Comptes rendus. » Aux trois faisceaux des pétioles secondaires qui viennent d'être men- tionnés, s'interposent des petits faisceaux plus ou moins obliques, qui les relient entre eux, ce qui donne souvent alors cinq faisceaux sur les coupes transversales; mais en approchant du sommet du rachis, le dorsal, après être allé plusieurs fois de l'un des supérieurs à l'autre, disparaît en s'alliant à l'un d'eux comme celui du pétiole primaire. Enfin, les deux faisceaux supérieurs se fusionnent en un seul comme dans ce dernier. » Les pétioles tertiaires, qui portent les foUoles lamellaires, sont tous formés par le deuxième mode ou type que je viens de rappeler. Qu'il y ait trois faisceaux dans lepétiole secondaire ou qu'il n'y en ait que deux, cha- cun de ces deux faisceaux, ou chacun des deux stipérieuVs s'il y en a trois, légèrement recourbé en crochet sur le bord externe, s'élargit et émet cà et là une petite branche, qui se prolonge dans un pétiole tertiaire, après quoi elle constitue la nervure principale de la foliole lamellaire dans laquelle elle émet latéralement des nervures qui se subdivisent, et qui, toutes, con- tiennent des vaisseaux trachéens déroulés et de non déroulés. » HYGIÈNE PUBLIQUE. — Emploi de rosséine dans l'alimentation; par M. E. Fkemy. « Dans les circonstances actuelles, des devoirs importants et nombreux sont imposés à la chimie. Elle intervient dans les questions qui se rappor- tent à l'armement, en transformant les l'ails Bessemer en aciers destinés à aos chassepots et à nos mitrailleuses; elle retire le salpêtre des matériaux ( 56o ) de démolition; elle fabrique des poudres brisantes pour les bombes et les torpilles; la chimie s'occupe aussi des subsistances; elle conserve celles qui peuvent s'altérer et recherche constamment si elle ne peut pas fournir à l'alimentation quelque principe utile, négligé jusqu"àprésent. » En me plaçant à ce dernier point de vue, je viens conseiller de faire entrer, pour une certaine part, dans notre alimentation, i'osséine qui est la matière organique des os. » Je n'ai pas l'intention de revenir en ce moment sur la question rela- tive aux propriétés nutritives de la gélatine. » Je crois cependant que cette discussion devra nécessairement être reprise, parce que, dans le Rapport fait à l'Académie sur l'emploi de la gélatine comme aliment, on trouve certaines assertions que la chimie et la physiologie ne peuvent plus accepter aujourd'hui. » Le corps que je propose à l'alimentation actuelle n'est pas de la gélatine, mais de Vosséine. On sait que ces deux substances sont isomé- riques, comme l'amidon est isomère de la dextrine, mais qu'elles n'ont pas les mêmes propriétés. » La gélatine est un corps qui n'existe pas tout formé dans l'organisme; il est le produit d'une transformation chimique; il résulte de l'action de l'eau et de la chaleur sur le tissu osseux : la gélatine est, comme on le sait, conijjlétement soluble dans l'eau, tandis que I'osséine est insoluble et vé- ritablement organisée; c'est le tissu osseux qui a perdu ses éléments cal- caires; on peut comparer I'osséine aux tendons, à la peau et même aux tis- sus fibrineux. Ces explications font comprendre la différence considérable qui, au point de vue de l'alimentation, peut exister entre la gélatine et I'osséine : dans l'acte digestif, une substance insoluble comme I'osséine doit se comporter autrement que la gélatine qui est soluble. » En proposant de faire entrer I'osséine dans l'alimentation, je dois, pour éviter toute méprise ou tout malentendu, ni'expliquer catégoriquement sur le rôle que cette substance peut jouer, selon moi, dans la préparation des aliments. » Je suis loin de dire que I'osséine puisse tenir lieu de pain et de viande; je sais qu'une substance employée seule ne peut jamais suffire longtemps à l'ahmentatioii, et je regretle que Ton n'ait pas encore réfuté l'assertion suivante, que je trouve dans les conclusions du Rapport fait à l'Académie, sur les propriétés nutritives de la gélatine : « Le gluten, tel qu'on l'extrait » de la farine de froment ou de naaïs, suffit à lui seul à une nutrition com- » plète et prolongée. » Une nutrition ne peut être complète et prolongée ( 56i ) que par l'emploi des aliments complexes, comme le lait et le pain, qui pré- sentent l'association convenable des éléments minéraux et organiques utiles à l'économie animale. Le gluten, c'est-à-dire In farine privée d'amidon, de corps gras, de substances solubles, n'est donc pas un aliment complet. » L'osséine, prise seule, ne peut pas être alimentaire pendant longtemps ; sous ce rapport, elle ne diffère pas de la fibrine, de la caséine et de l'albu- mine; mais, en l'associant à d'autres corps qui complètent son action phy- siologique, j'afBrme que l'osséine peut jouer dans l'alimentation le même rôle que les substances azotées qui forment la base de notre nourriture. Je crois donc que nous avons un grand intérêt à demander en ce moment à l'industrie l'extraction économique de l'osséine. » Cette préparation est rapide et ne présente aucune difficulté; je l'ai rappelée dans le Mémoire que j'ai publié, il y a déjà longtemps, sur la com- position des os : c'est elle qui m'a permis de déterminer avec exactitude la quantité d'osséine qui se trouve dans les différents tissus osseux. » Pour obtenir industriellement l'osséine, il suffit de scier en lames minces les os une fois dégraissés et de les soumettre pendant quelque tem[)s à l'action fie l'acide chlorhydrique étendu d'eau. Le résidu organique, après des lavages et une dessiccation, n'est autre que l'osséine; ce corps ainsi pré- paré peut se conserver indéfiniment. Quant aux eaux acides qui résultent de cette opération, elles ne sont pas sans valeur; en les saturant par de la chaux, elles laissent précipiter du phosphate de chaux que l'agriculture utilise aujourd'hui avec tant de profit. » Sachant que les fabricants de gélatine exécutent les opérations que je viens de décrire, lorsqu'ils veulent obtenir la gélatine alimentaire, je me suis mis en rapport avec un habile industriel, M. Bonneville, qui a bien voulu me donner toute l'osséine utile à mes essais. M. Bonneville est per- suadé que les fabricants de gélatine pourraient fournir en peu de temps à la consomnialiou de Paris des quantités con-'^idérables d'osséine et que le prix de cette substance serait beaucoup moins élevé que celui de la gélatine. B Les os provenant des abatages sont en ce moment presque complète- ment perdus; ils pourront donner environ 35 pour loo d'osséine. » Cette Communication serait éviilemmenl incomplète, si je ne parlais pas des essais que j'ai entrepris, avec le concours empressé et intelligent de M. Balvay, dans le but de déterminer le mode d'emploi de 1 osséine dans l'alimentation. C. R., 1870, 2' Semestre. (T. LXXI, ^° 18.) 75 ( 562 ) Il L'osséine retirée des os par l'action de l'acide chlorhydriqiie est dure, élastique et coriace; sous cette forme, elle n'est pas comestible; mais lors- qu'on la soumet à raction de l'eau bouillante, elle se gonfle et se transforme en une substance molle; l'osséine une fois cuite, présente la plus grande analogie avec une foule de tissus fort recherchés dans l'alimentation. )i Pour employer losséine comme aliment, il faut la laisser gonfler lente- ment dans de l'eau froide et la faire bouillir ensuite, pendant une heure environ, dans de l'eau salée et aromatisée par les méthodes ordinaires. L'eau gélatineuse provenant de cette cuisson peut déjà être utilisée dans la préparation de certains aliments. Quant à l'osséine cuite dans les condi- tions que je viens d'indiquer, elle possède une saveur agréable et peut recevoir facilement tous les assaisonnements culinaires, comme je l'ai re- connu dans un repas auquel j'ai pris part. » En résumé, je n'hésite pas à déclarer que les os qui sont perdus en ce moment peuvent fournir à l'alimentation un tissu azoté abondant, nutritif et imputrescible : je demande donc que la fabrication industrielle de l'os- séine alimentaire soit immédiatement entreprise. » M. Chevreul demande la parole et s'exprime comme il suit : « Je partage tout à fait l'opinion de M. Fremy, relativement à la diffé- rence existant comme aliment entre un tissu qui donne de la gélatine et cette gélatine (i). Depuis longtemps j'ai considéré la cuisson comme ten- (i) Le ])assage suivant, extrait du compte rendu de la séance du 21 d'août i85i de la Société centrale d'Agriculture, en fait foi. 11 s'agissait d'une matière alimentaire préparée en Amérique par M. Ashbel-Smitli, en mêlant à de la farine de froment une sorte de iiâte de viande cuite à la vapeur, puis séchée dans un four. Ce mélange appelé mccthccf esl formé, selon Playfair, de 32 de matière azotée et de 68 de matière farineuse. Voici ce qu'on lit aux pages 769 et 760 du Compte rendu cité : " ... Relativement à ce qu'a dit M. de Kcrgolay des travaux de M. Darcet sur la géla- » tine, M. Chevreul présente des observations sur les expériences qui ont eu lieu à cette I' époque. '■ Lorsqu'on s'est occupé, dil-il, de la gélatine, les idées sur Talimentation étaient peu • avancées; si à cette époque une discussion scientifique se fût établie, peut-être n'aurait-on » pas été aussi loin dans des essais qui ont eu des résultats fâcheux. Il est certain, ajoute » M. Chevreul, que les aliments destinés à l'homme doivent être très-coniplc.ves de Uu mature. Le biscuit (]u'on vient de présenter à la Société est un des arguments les plus forts en '■ faveur d'une thèse qu'il a soutenue il y a longtemps, en suj)p()sant, bien entendu, que cette « préparntion renferme, comme on le dit, toute la matière azotée de l'animal qui a servi à la ( 563 ) (lanl à simplifier beaucoup de matières organiques dans leur composilion en les rapprochant des composés minéraux d'une composilion n\oins com- plexe (i). Je considère donc depuis longtemps la gélatine comme moins nutritive que les tissus organisés qui la donnent. Il y a plus, c'est que tout ce qu'on appelle gélatine n'est pas dans une condition imique relativement à la qualité alimentaire. Ainsi, sans refuser absolument cette qualité à la gé- latine quand elle sera associée à quelque autre matière décidément alimen- taiie, j'admets qu'une gélatine dont la solution concentrée se prend en gelée par le refroidissement est plus alimentaire qu'une gélatine qui a >> confectionner, mêlée avec de la farine de froment. Quand on a voulu déterminer la valciir » nutritive des aliments, si on a bien fait de les soumettre à un dosage élémentaire, parce que I) les aliments contenant de l'azote sont, sans doute, supérieurs aux autres, cependant il s'en •> faut que les subslances contenant une même quantité d'azote soient toujours également » avantageuses pour l'alimentation, attendu qu'il y a un certain anaiigement moléculaire des 0 atomes dont il faut tenir compte. En effet, moins l'arrangement des molécules des principes Il immédiats de la viande est modifié par les préparations culinaires, meilleur est l'aliment, » en général, parce qu'en général, plus cet arrangement a été modifié par l'action de lu ■1 clialeur, par exemple, plus il tend à se rapprocher d'une matière inorganique ; conse- nt quemment, plus un tissu susceptible de donner de la gélatine aura été fortement cuit, di » manière à devenir absolument soluble dans l'eau froide, plus il perdra de sa qualité alimen- » taire primitive. Du reste, les échantillons de OTeifréeç/" présentés seront remis à l'examen » d'une Commission spéciale. » M. Chevreul fait observer que dans le meetbeef il y a deux choses réunies : de la farine >- qui est une matière solide et de la viande devenue, dit-on, soluble. » Dans la farine de froment, on a trouvé des matières qui correspondent, par leurs pro- « priétés immédiates, aux matières qui existent dans les animaux, savoir des matières grasses, 11 des matières albumineuscs et fibreuses, des phosphates terreux ; c'est ce qui e.vplique les 11 bons effets des graines des céréales pour la nourriture des animaux. En résumé, M . Chevreul 11 estime que la réunion de deux substances aussi nutritives que la farine et la viande, opérée 11 par un procédé qui permet de donner sous un petit volume une quantité considérable de » nourriture, a un grand avantage, si, connue on l'avance, les matières mêlées n'ont pas 1. perdu, par ce procédé, les propriétés nutritives dont elles sont douées. « On voit par cette note que depuis vingt ans je suis de l'opinion de M. Fremy. (i) Il faut comprendie que cette simplification ne porte pas sur le nombre des principes immédiats après la cuisson de la matière organique, mais sur la composition des principes cuits, moins complexe en général que la composition des principes crus. Par exemple, c'est ce qui arriverait à un principe immédiat qui par la cuisson donnerait de l'eau, de l'acide carbo- nique, de l'ammoniaque, etc., etc.; car évidemment l'eau, l'acide carbonique, l'ammo- niaque, etc., etc., sont plus simples, que le principe immédiat cru. ^ 75- ■ ( 564 ) bouilli longtemps ou qui a été préparée avec de la vapeur surchauffée, de manière que la solution ne se prend plus en gelée par la concentration et le refroidissement. )) Je sais, par ma propre expérience, que le tendon du bouilli qui, en conservant sa solidité, a été gonflé par l'eau, et aussi le tissu cellulaire qui n'est point passé à l'état de gélatine dans le bouillon, sont réellement nutritifs. 1) Enfin, en parlant de l'assimilation de la matière aux êtres vivants, dans l'ouvrage De la méthode à posteriori expérimentale (i), que j'ai présenté à l'Académie à la fin de l'année dernière, j'ai insisté sur les raisons qu'il y a de croire que dans l'assimilation de la matière minérale aux plantes il y a un phénomène inverse de la cuisson, que j'ai appelé décuisson, phénomène qu'il est difficile de se refuser à admettre dans l'homme, où les principes immédiats pris a l'état cuit se retrouvent à I état cru dans les liquides des organes et dans les tissus qui les renferment. » Le goiït du sel, du poivre, du laurier-sauce, en un mot des assaison- nements comprenant des matières qui peuvent affecter le goût et l'odorat, explique en partie la préférence que l'on donne a\ix viandes cuites relative- ment aux viandes crues; car presque toujours la chaleur développe des arômes très-variés recherchés du gourmet, ainsi que je l'ai démontré il y a longtemps (2) et rappelé récemment à l'Académie (3). » C'est dans la classe des assaisonnements que rentrent les principes odo- rants acides du beurre, des fromages et d'autres aliments fermentes. Bien des gens seraient étonnés d'apprendre où l'un de ces acides existe. Mais, pour être vrai, il ne faut pas oublier que dans le fromage il existe plusieurs principes immédiats essentiellement nutritifs. » On a [jarlé dans ces derniers temps de la nécessité d'ime matière grasse poiu' l'alinientation, et c'est avec raison; mais l'on aurait dû s'expliquer sur la nature de cette matière, parce qu'elle est très-variée quant aux espèces comprises dans cette dénomination, et indubitablement les propriétés essen- tielles de chacune de ces espèces ne sont point indifférentes à l'alimentation. » Ainsi (les carbures d'hydrogène binaires, la cholestérine, une matière cireuse fusible à 63 degrés, la cétine, la stéarine, la margarine, l'oléine, la (i) Paragraphes 8 et 9, de la page 223 à la page 255 inclusivement. (2) Riippnrl sur le bouillon de la Compagnie Hollandaise, l'ait à l'Académie des Sciences le ig de mars i832. (3i Compte rendu de la séance du 10 d'octobre 1870, p. 49°- ( 565 ) butyrine et des essences sulfurées, des huiles phosphorées, ne doivent pas être confondues sous la dénomination générale de matière grasse. » J'ai signalé, il y a longtemps, l'existence de matières grasses dans les farines des céréales, notamment dans celle du froment. J'en ai démontré la préexistence dans l'amidon et le gluten, aussi bien que dans les tissus d'origine animale où Berzelius en niait l'existence, soutenant qu'elles étaient produites par la réaction de l'alcool ou de l'éther au moyen desquels on les extrait. » M. Dumas rappelle qu'il a été témoin, en i8f6, à Genève, pour l'ali- mentation des populations pauvres de la Savoie, des bons effets obtenus par l'emploi du parenchyme des os dépouillés de sels calcaires par les acides. On l'employait à préparer des soupes économiques. » Quelques années après, il constatait, connue Membre de la Commission de la gélatine et chargé de toutes les analyses, combien, au contraire, la gélatine extraite des os par la vapeur inspirait de doutes et soulevait de difficultés. » En conséquence, au moment où il signalait, il y a quelques semaines, le parti qu'on pouvait tirer des os comme aliment, il indiquait, de préfé- rence à la gélatine des os extraite par la vapeur, l'emploi du parenchyme qu'ils laissent après le traitement par les acides. Par suite, divers industriels ont offert leur concours à l'administration. M. Demongeot, ingénieur des mines, chargé de la direction du service important de l'alimentation par les produits fournis par le bétail, leur a donné les facilités nécessaires. » Les os traités par les acides, ou le sait, laissent un tissu parenchyma- teux qui, plongé dans l'eau bouillante et retiré au bout de deux minutes, puis plongé dans une dissolution gélatineuse chaude et concentrée, reste, en se desséchant, couvert d'un vernis qui l'abrite et qui préserve de rancis- sement la graisse dont il est encore imprégné. Cette préparation est connue depuis longtemps. Elle est décrite dans le Traité de Chimie appliquée aux arts (i844)- » Ce parenchyme " édition, t. 111, p. 22), où des ciiiens-courants attaquent des troupeaux d'antilopes parmi lesquelles on distingue la gazelle, l'algazelle, le Damatis Senegalensis, H . Smith (qui s'éten- dait dans l'antiquité jusque dans les déserts touchant à l'Egypte, ainsi que j'ai eu l'occasion de le remarquer dans une précédente Communication), en même temps que le bouquetin du Sinaï et du désert Arabique, le chacal, le lièvre d'Egypte, l'hyène et l'autruche. » 5° Une dernière variété de chien se montre encore sur les monu- ments égyptiens, mais exclusivement à l'époque de la XIP dynastie; car on n'en voit des traces ni avant, ni après. D'où il faut conclure que c'était sans doute une race étrangère, importée alors par le commerce, on ne sait d'où, et qui ne parvint pas à se naturaliser définitivement dans le pays. C'est une sorte de basset à jambes basses, de fort petite taille, dont le port est exactement celui du turnspite des Anglais, mais dont la tète, au museau effilé, aux oreilles droites et pointues, diffère absolument de celle de toutes nos variétés de bassets. La robe est sur le dos d'un brun rouge assez clair, nuancée de taches plus foncées; le ventre blanc. Je ne connais pas de race vivante analogue. Celait là le chien à la mode sous les Osortasen et les Amenemhé, 3ooo ans environ avant l'ère chrétienne. Tous les morts de dis- tinction de cette époque se font représenter dans leur tombeau ayant auprès d'eux leur basset favori. Mais il ne parait pas que cette race ait jamais servi autrement que comme animal de luxe et d'agrément dans l'in- térieur des maisons, car on ne le voit figurer ni dans les scènes de chasse, ni dans celles de la vie pastorale. » w M. CiiikSLEs fait hommage à l'Académie de la part de l'auteur, M. L. Cremona, professeur de Géométrie supérieure et de Statique graphique à rinstilut technique supérieur de Milan, d'un exemplaire d'un Mémoire sur tes intégrales à différentielles algébriques, écrit en italien, dont l'objet est de présenter sous une forme plus géométrique les matières traitées dans quel- ques paragraphes du remarquable ouvrage sur la Théorie des fonctions ahé- liennes de MM. Clebsch et Gordan. Il s'agit de la réduction des intégrales qui ont une différentielle algébrique aux formes typiques de ce qu'on ap- pelle les trois espèces, et du théorème d'Abel sur les intégrales de la troisième espèce. » ( 597 ) « M. Ghasles fait hommage à l'Académie, de la part de M. le prince Boncompagni, des livraisons de mars, avril et mai 1870 du Bulleltino de bibliographie et d'histoire des sciences mathématiques et physiques. Les deux premières contiennent la quatrième période (1774*1^^9) ^î^ii termine le travail historique de M. L.-Am. Sedillot, intitulé : Les professeurs de Mn- lliématiqiies et de Phjsique générale ou Collège de France. La livraison de mai est consacrée à une Notice de M. F. Palermo sur la vie et les travaux du célèbre physicien Jean-Baptiste Amici. » « M. Chasles présente à l'Académie, au nom de ses collègues de la Sec- tion mathématique des Hautes Études, MM. Bertrand, Delaunay, Puiseux et Serret, les livraisons de juillet et août 1870 du Bulletin des Sciences ma- tliématiques el astronomiques. )) Le numéro de juillet renferme une Notice de M. F. Tisserand sur la première partie des Leçons d' Astronomie de M. Th. Oppoizer, à l'Université de Vienne. (Cette première partie a pour objet la détermination de l'orbite d'un corps céleste, comète ou planète, d'après trois ou quatre observations.) M. Oppoizer propose dans plusieurs cas des procédés de calcul qui pré- sentent divers avantages. » Une Notice sur un ouvrage de M. P. Mansion, de Gand, concernant la Théorie de la multiplication et de la transformation des fonctions elliptiques, est due au zélé rédacteur du Bulletin, M. Darboux. )) La revue des publications périodiques contient un ré.sumé des princi- paux articles des Comptes rendus des séances de l'Académie impériale des Sciences de Vienne, t. LVIII, juin-décembre 1868,- et des Comptes rendus de notre Académie, t. LXX, du 18 avril au 9 mai 1870; puis l'indication des Mémoires contenus dans le tome XI, 1866-69, des Transactions de la Société philosophique de Cambridge, dans le tome Vil, 1868, de V Académie des Sciences de rinstitut de Bologne, et dans les livraisons de janvier, février, mars et avril 1870 du Giornale di Matematiclie de Naples. » Nous citerons encore sous le titre de Mélanges une liste étendue des travaux de notre regretté et illustre confrère Gabriel Lamé, dont les pre- miers essais datent de 1817. » On trouve aussi dans ce numéro la demonstration.de quelques théo- rèmes importants sur les lignes asymplotiques des surfaces gauches. » Le Bulletin d'août contient une analyse par M. H. -G. Zeuthen (de Co- penhague) de l'ouvrage de M. L. Cremona, intitulé : Preliminari di una Teoria geometrica délie Superficie, Milan, 1866; traduit en allemand (1870) ( 598) par M. Clirtze. Cette traduction renferme un extrait de différents autres travaux de M. Cremona. Des observations fort justes du savant M. Zeu- then sur l'utilité et l'importance des recherches géométriques terminent cet article intéressant. On trouve ensuite dans la Revue des publications périodiques une analyse étendue des recueils suivants : Proceedings de la Sociélé philosophique de Cambridge^ 1867; Nouvelles de la Société royale des Sciences de l' Université de Georges- Auguste, Gœttingue, 1868; Bulletin de rJcadémie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg , t. XIII, 1868, et t. XIV, 1869; Actes de l'Académie royale des Sciences de Suède, t. V, i863-64, et t. VI, 1 865- 1866; Compte rendu des travaux de l'Académie royale des Scieiices de Stockliohn, t. XXII, i865, t. XXin, 1866, t. XXIV, 1867, et t. XXV, 1868; Nouveaux Mémoires de la Société royale des Sciences d'Upsat, S*" série, t. VI, 186G-G8; Archives de Mathématiques et de Physique de J.-A. Gruncrf, t. LI, i'" livraison, 1869. » A. la suite de cette longue énumération de publications périodiques, se trouve une très-intéressante analyse par M. Iloûel, d'un Mémoire de M. Dillner, professeur adjoint de Mathématiques à l'Académie d'Upsal, in- titulé Calcul géométrique ou Règlesde Calcul des quantités géométriques ; Upsal, 18G8-70. » Il s'agit de la représentation géométrique des expressions a ± b \J— i, dans laquelle on regarde y — 1 comme un indice de perpendicularité. Cette conception, qui a pris naissance en 1 80G dans deux ouvrages d'Argand et de 1 abbé liuée, s'est reproduite en 1828 dans deux écrits: l'un deC.-V.Mourey, en France, et l'autre de J. Warren, en Angleterre; puis, vers i832, dans la Méthode des équipollences de M. Bellavitis; a reçu bientôt après un nouveau développement dans un écrit de M. A. Faure, sous le titre d'Essai sur la théorie et l'interprétation des quantités [dites imaginaires ; et enfin a été intro- duite délinilivement dans l'Analyse pir notre illustre Cauchy et ses disciples. Si nous ne nous bornions pas ici aux écrits principaux sur cette nouvelle théorie, et si nous faisions l'analyse complète des recherches qui s'y sont rapportées, nous citerions divers autres auteurs, tels que Français, Servois, ( 599 ) Gergonne, Peacock, Playfair, Gregory, Hamilton, M. Vallès, M. Transon, M. Hoûel lui-inéme clans son ouvrage sur la Théorie élémenlaire des quan- tités complexes [m-^" ; 1867-68). » A 5 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures trois quarts. É. D. B. BULLETIN BIBLinnRAPHIQCE. L'Académie a reçu, dans la séance du 3i octobre 1870, les ouvrages dont les titres suivent : Bulletin des Sciences mathématiques et astronomiques, rédigé par M. G. Dar- BOUX, t. 1, juillet et août 1870. Paris, 1870; 2 numéros in-8''. (Présentés par .VI. Chasles.) Mémoire sur un nouvel appareil contentif appliqué spécialement aux frac- tures comminutives des jambes par armes à feu; par M. Bonnafont. Paris, 1870; br. in-8''. (Présenté par M. le baron Larrey.) Mémoire sur l'anatomie et la physiologie du corps thyroïde et de la rate. Similitude de structure et de fonction; par M. RiCOtr. Paris, 1870; br. in-8°. (Présenté par M. le baron Larrey.) Société centrale de sauvetage des Naufragés. Compte rendu de l^ assemblée générale des Membres bienfaiteurs et fondateurs de la Société, tenue le 2/i mai 1870. Paris, 1870; in-S". (Présenté par M. le baron Larrey.) Indication des travaux publiés par M. H. Lebert. Breslau, 1870; opuscule in-8°. (Quatre exemplaires.) Notice sur la vie et les travaux de Jean-Baptiste Brasseur ; par M. A. Le Roy. Rome, 1869; in -4°. (Extrait du Bullellino di bibliografia e di storia délie scienze matematiche e fisiche.) (Présenté par M. Chasles.) Memorie... Mémoire concernant le marquis J.-C. De' Toschi di Fagnano, jusqu'au mois de février i852, envoyé par le P. A. Calogera au comte G. -M. Mazzuchelli et publié par M. B. Boncompagni. Rome, 1870; in-8''. ( 6oo ) (Extrait du BuUeUino di bibliograjia e di storin, etc.) (Présenté par M. Chasles.) BuUettino... Bulletin de bibliorjraphie et d'histoire des Sciences mathéma- tiques et physiques, t. III, mars à mai 1870; 3 numéros in-4°- (Présentés par M. Chasles.) Considerazioni... Considérations anatomiro-patbologiques sur les glandes sanguines et sur les tissus érectiles et caverneux ; par M. le prof. Fr. CORTESE. Venise, 1870; in-8". (Extrait du t. XV des Mémoires de l'Institut vénitien.) (Présenté par M. le baron Larrey.) Report... Rapport fait au chirurgien général de l'aimée des Etats-Unis sur la lumière d'oxy-calcium en tant quapph'qiiée à la photo-micrographie ; par M. le lieutenant-colonel J.-J. Woodward. Sans lieu ni date; opuscule in-4° avec 2 planches photographiées. PUBLICATIONS PÉRIODIQPES REÇCES PAR l'aCADÉMIE PENDANT LE MOIS d'oCTOBRE 1870. Annales médico-ps/chologiques ; septembre 1870; in-8°. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine ; n"* des i5 et 3o septembre i87o;in-8°. Bulletin de Statistique mwiicipale ; juin et juillet 1870; in-4°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'académie des Sciences; n"' i4 à 18, 2® semestre 1870; in-4''. Gazette médicale de Paris; n°' /[i à 44? 1870; in-4°. Journal de l'Éclairage au Gaz; 11°' 87 et 38, 1870; in-4°. Journal de Mathématiques pures et appliquées; juillet 1870; in-4"- L'Aéronaute; septembre et octobre 1870; iii-8°. Nouvelles Annales de Mathématiques; octobre 1870; in-S". Nouvelles météorologiques; septembre 1870; in-8°. COMPTE RENDU DES SEANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 7 NOVEMBRE 1870. PRÉSIDENCE DE M. LIOUVILLE. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. Chevreitl donne lecture d'une Note sur les subsistances et l'alimen- tation; cette Note ayant été perdue par la personne qui s'était chargée de la remettre à l'iniprimerie, elle sera reportée au prochain numéro du Compte rendu. MÉCANIQUE. — Sur la déviation des projectiles à ailettes; par M. Paye. « On sait que les boulets cylindro-coniques à ailettes tirés au moyen de canons rayés ne restent pas dans le plan vertical du tir, mais dévient de plus en plus de ce plan en décrivant dans l'espace une courbe à doidilc courbure. Cette dérivation se sididivise eu deux paris : l'une, très-petite et purement apparente, est due, comme Poisson l'a démontré, au mouvement de rotation de la Terre ; l'autre a été attribuée à un mouvement de préces- sion de l'axe du projectile, provenant de ce que la résultante des actions de l'air résistant ne passe pas par son centre de gravité. » La première se calcule aisément : elle est à peu près égale à autant de fois la 18000^ partie de la portée qu'il y a de secondes dans la durée du trajet. Cette déviation a toujours lien, pour notre hémisphère, à droite du plan de tir quel que soit son azinuit. C. R., 1870, 2" Semestre. (T. LXXI, N" 19.) 8o ( 6o2 ) » Mais la seconde dépend du sens de la rotation du projectile, c'est- à-dire du sens des rayures héliroidides du canon. Pour les canons de la marine (i), où ces rayures vont de droite à gauche, en dessus, la dérivation se fait à gauche ; pour ceux de l'artillerie de terre, où les rayures vont de gauche à droite, la déviation a lieu à droite. F.es dérivations de ces deux sortes de projectiles diffèrent donc du double de la déviation due à la rotation terrestre, c'est-à-dire de 3o mètres environ pour une portée de 7000 mètres parcourne en 36 secondes. En d'autres termes, le boulet de la marine dévie à gauche, dans ces circonstances, d'environ 3io mètres lorsque le boulet de l'artillerie de terre dévierait à droite de 34o mètres (a). Il serait peut-être à désirer qu'on adoptât un seul et même système, afin de rendre applicables à l'une de ces armes les expériences et même les ap- provisionnements de l'autre; mais il m'a semblé qu'il serait plus utile de rechercher la cause de cette singulière déviation et de la supprimer si cela était possible, sans demander des changements impraticables aujourd'hui. » On comprendra encore mieux riutérêt de cette question si l'on veut bien se rendre compte de la complication que ce phénomène a introduite dans le pointé. Pour en tenir compte, on a dû adjoindre à la hausse verticale qui sert à régler l'inclinaison du canon, une réglette horizon- tale graduée le long de laquelle on fait glisser le cran de mire, à droite pour les pièces de la marine, à gauche pour celles de l'artillerie de terre, jusqu'au point fixé parles tables de tir. Ces tables numériques résultent d'aillcin's d'expériences préalables pour divers calibres, expériences où il a fallu faire varier la charge, l'inclinaison et le poids du projectile. Leur emploi est assez sûr quand on a le bonheur de rencontrer des poudres de même force. Toujours est-il qu'il y a à tenir compte à chaque pointé de deux éléments à la fois, l'inclinaison de l'axe du canon, et la dérivation (sans parler de la direction et de la force du vent), éléments variables avec le poids du projectile, la charge et la portée. « Enfin, si l'on jîarvenait à réaliser les grandes portées que le célèbre ingénieur anglais M. Withworth ne désespère pas atteindre un jour avec ses engins pui.s.sants et que j'ai cru moi-même, il y a trente ans, réaliser par (i) Comme celui de l'amiral Labronsse, dont j'ai ('ludic'' l'^iffiit dans ma Note du 3 oc- tobre dernier (Comptes rendus^ p. 455-46o): (7.) En outre, sur le dévelop|ienient du cylindre de l'âme, la transformée des rayures est une courbe lani^enle à l'origine aux ijénéiatriees, et iiou une liioile connue dans les canons de l'arlillerie de terre. ( Go3 ) l'union de la force de projection ordinaire avec la force de réaction des fusées de guerre, la dérivation des pi'ojecîiles rotatoires, qui croît biesi plus vite que le carré du temps, deviendrait uis obstacle sérieux a la précision, à moins qu'on ne tînt com[)te, dans la formation des tables, d'une foule de circonstances accessoires. » Poisson a le premier traité la question dans son Mémoire sur les pro- jectiles; mais, de son temps, on ne connaissait ni les canons rayés, ni les boulets cylindro-coniques à ailettes. Je remarquerai seulement que notre illustre géomètre admet, pour les balles de fusil rayé tournant de gauclie à droite, une dérivation vers la gauche, de quelques millimètres seulement à 230 mètres, tandis que des expériences |)ius récentes ont donné constam- ment des dérivations d'im demi-métre vers la droite. Il semble ainsi que la question traitée par Poisson n'est pas tout à fait en rapport avec la nôtre. )) Dans un Mémoire très-intéressant inséré aux Annales dt l'Ecole Nor- male, un jeune professeur, M. Gauthier, a développé l'analyse de Poisson en s'attachantà mettre en relief le double mouvement conique de nutalion et de précession que la résistance de l'air tend à imprimer aux boulets al- longés et tournant autour de leur axe de figure. Il a donné les expressions analytiques de ces mouvements en ten.int compte des termes les jibis in- fluents, puis il a introduit dans ses formules quelques données luuuériques partiellement applicables à l'obus de 12, de manière à contrôler jusqu'à un certain point ses résultats par l'expérience. L'accord n'est pas très-satis- faisant. « En réfléchissant à cette question qui intéresse la précision du tir à longue portée, j'ai été conduit à penser que si les forces considérées dans celte analyse tendent effectivement à donner à l'axe ces mouvements coni- ques de nutation et de précession, les choses ne peuvent se passer pourtant comme dans le cas d'un boulet sphérique ou d'une toupie tournant sur un plan fixe dans un air immobile, car la résistance de l'air exaltée par l'énorme vitesse du projectile doit, en vertu de la forme même de ce der- nier, annuler ces tendances aussitôt qu'elles commencent à se manifester. En outre la déviation vers la droite ne dépend pas autant qu'on l'a cru de la situation du centre de gravité par rapport au centre de figure, puisque l'obus creux de 19 ou de 27, et le boulet plein de même forme ont à peu près les mêmes déviations daiis toute l'amplitude observée (1600 mètres). Il y a donc lieu de croire cjue le phénomène de la dérivation tient à cpielque circonstance négligée dans les travaux que je viens de citer. 80.. ( 6o4 ) » Effectivement il en existe deux dont l'influence ne saurait être con- testée, et qui n'ont pu figurer dans ces reclierches,';à savoir la partie conique ou plutôt ogivale du projectile cylindiique et les ailettes dont il est armé. Or cette figure joue ici un grand rôle; non-seulement elle réduit beaucoup les effets directs de l'air tout en permettant d'augmenter la masse du pro- jectile, ce qui a singulièrement accru les portées, mais surtout elle |)résente une direction de moindre résistance si tranchée, que la moindre déviation de l'axe accroît presque subitement la résistance en j)rcsenlant à la pres- sion (le l'air tonte la surface du demi-cylindre. On sait en effet aujourd'hui que le frottement d'un gaz sur une paroi solide et imie est peu de chose, et que la résistance résulte bien plutôt de la pression qu'd exerce plus ou moins obliquement sur celte paioi et de la niasse d'air mise en mouvement. Il suit de là que dans le mouvement d'un pareil projectile lancé dans le sens de son axe, il existe une cause énergique qui tend à régler à chaque instant la direction de l'axe. On s'ex|)iique ainsi le fait le plus caracté- ristique du mouvement des boulets cylindru-coniques dont l'axe ne se ment pas, comme il le devrait, parallèlement à lui-même : la force exercée par l'air incline cet axe simplement dans la direction de la tangente à la trajectoire, de sorte qu'un pareil boulet marche toujours comme une flèche, la pointe en avant; quant à la tendance à tourner précessionnelle- ment, sous l'angle de tir, autour de la verticale du centre de gravité, elle est incessamment détruite par l'énergique résistance de l'air. )) Les ailettes à leur tour exercent une action complexe qui dépend de lein-s surfaces multipliées, et de la grande vitesse de translation et de rota- tion de nos projectiles. A raison de loo tours |)ar seconde, par exemple, les ailettes d'un boulet de 19 frappent l'air avec une vitesse de 60 mètres par seconde. Elles ne gardent pas longtemps cette vitesse-là; la résistance de l'air l'amoindrit bien vite, plus vite même en proportion que la vitesse de translation, mais, quand on jjense à la masse d'air sans cesse renouvelée que les ailettes font tourbillonner, on ne peut s'empêcher de croire qu'il pour- rait y avoir là quelque cause cachée de déviation. D'autre part certaines faces de ces ailettes s'opposent plus ou moins directement au mouvement de translation, puisqu'elles frappent l'air en ce sens avec une vitesse de 3 à 4oo mètres par seconde. » A la vérité ces ailettes sont distribuées uniformément en deux rangées de 4 on de 6 sur le pourtour de la partie cylindiique du boulet : quand inie (les faces est eu h.uil, il y en a une autre en bas dans une position sy- métrique. Si donc l'air était homogène tout autour du i)rojectile, les forces ( 6o5 ) (le résistance transportées parallèlement à elles-inèines au centre de gravité s'y {iétniiraient deux à deux, il n'j- aur.iit pas de résultante pei-pendiculaire au plan du lir. Mais eu réalité il existe entre les couches supérieures et in- férieures une différence sensible de pression dont la cause principale vient rl'étre indiquée. Si l'air n'existait pas, l'axe de rotation se transporterait pa- rallèlement à lui-même, quel que fût l'angle de lir. Comme cet axe s'incline continuellement sur la tangente à la irajectoire, en vertu de la résistance de l'air, U faut que la pression de l'air sur le demi-cylindre inférieur soit bien plus forte que dans la région opposée, où il se forme une sorte de vide. Or cet excès de pression qu'il ne faut pas confondre avec la faible poussée de l'air se maintient dans toute la durée du trajet, car à chaque instant l'axe tend à conserver sa direction actuelle et n'en change progressivement que parce qu'une force agit sur iiù. » Il résulte de là divers effets. i° En ce qui concerne la rotation, ces effets peuvent se réduire à un couple dont l'axe est vertical et à une petite force perpendiculaire au plan de tir; celle-ci doit contribuer à la déviation observée, tandis que l'action directrice du couple est incessamment dé- truite par l'énergique action que l'air exerce dans le sens opposé au mou- vement du projectile. 2" En ce qui concerne le mouvement de translation, dont l'influence est de beaucoup la plus forte, nous trouvons que chaque ailette porte, soit primitivement, soit par usure sur les raies de l'âme de la pièce, une face inclinée parallèlement à ces raies, face qui fait l'effet d'un petit gouvernail. Les faces situées en dessous ayant bien plus d'action que celles d'en haut à cause de l'excès de pression, ce sont les premières qui doi- vent réagir sur la direction du projectile. Or, si eh haut les faces hélicoïdales des ailettes vont de gauche à droite, celles d'en bas se trouveront disposées en sens inverse, et la pointe du projectile devra dévier constamment vers la droite, connue le ferait la proue d'un navire dont on tournerait le gou- vernail dans le même sens. Ici il ne s'agit plus d'un faible couple contre lequel réagit facilement l'action directrice de l'air; c'est l'action directrice de l'air elle même qui fonctionne en un sens légèrement oblique au plan du tir et qui oblige le projectile à s'en écarter peu à peu. « Cette explication est assez bien confirmée par un phénomène bien connu des navires à hélice qu'elle a rappelé aussitôt à mon esprit. On sait en effet que l'hélice propulsive ne pousse pas rigoureusement le navire suivant l'axe, mais un peu vers tribord quand l'hélice est de gauche à droite conune celle des ailettes de boulet (artil. de terre), de telle sorte que le navire dévierait de plus en plus vers la droite, à la manière de nos projectiles, s'il n'était ( 6o6 ) maintenu par une action légère, mais constante, que le timonier doit exer- cer sur ie gouvernail. On explique ce singulier eifet par la différence de pression qui existe entre les couches d'eau où se meuvent les palettes ver- ticales supérieure et inférieure de l'hélice. » Malgré cette analogie, il faut signaler ici une différence, ou du moins une condition particulière au boulet. Si au sortir de la pièce le boulet avait acquis exactement et s'il conservait ensuite la vitesse de rotation correspon- dante au pas des rayures et à la vitesse de projection, l'air ne choquerait pas la paroi hélicoïdale des ailettes; il glisserait simplement sur cette paroi. Mais cette vitesse de rotation n'est pas complètement atteinte, et d'ailleurs elle se ralentit bien vile, pins vite en proportion que la vitesse de trans- lation : aussi l'air frap])e-t-il en réalité hs ailettes dès le début et détermine ainsi une dérivation d'abord insensible, mais bientôt plus accusée et crois- sant continuellement. » Il y aurait un moyen bien simple de soumettre cette explication à l'expérience : ce serait de placer les deux couronnes d'ailettes à égale dis- tance du centre de gravité. Dans lein- disposition actuelle, l'une de ces rangées correspond à peu près à ce point et n'agit dès lors qu'à la façon d'un gouvernail placé juste au centre d'un navire. Toutefois il resterait encore un certain transport de tout le boulet vers la droite, dont j'ai indi- qué plus haut la cause principale. » Il seiait bien préférable de supprimer les ailettes elles-mêmes dont la présence doit paraître nuisible indépendanuiient de toute théorie. C'est sans doute dans celte vue que M. Withworth les a remplacées par des faces hélicoïdales qui guident le boulet à l'intérieur d'un canon dépourvu de rayures, mais dont l'âme est engendrée par le mouvement hélicoïdal d'un certain |)olygone. De même certaines nations ont évité les adettes en adoptant des projectiles entourés d'une chemise de plomb et forcés dans un canon à rayures multiples. Mais ces combinaisons diverses laissent encore prise à l'action de l'air. Il vaudrait mieux, ce me semble, conserver intacte la forme cylindro-conique et trouver le moyen de se débarrasser des ailettes au sortir de la pièce, soit en les faisant trancher, soit en les plaçant sur une sorte de sabot que le boulet abandonnerait au sortir de la pièce. Dans la première solution, il suffirait, je crois, de doiuier aux rainures, près de la bouche, une plus grande j)rofondeur, et <à la paroi sur laquelle l'ailette s'ap- puie le tranchant convenable. Le métal des ailettes étant bien plus mou que celui de la pièc»', ce travail n'absorberait guère de force vive. Le boulet débarrassé de ces huit ou douze saillies de 5 ou 6 millimètres conserverait (6o7 ) plus longtemps sa vitesse, et, si ma théorie est vraie, il n éprouverait que des déviations tout à fait insignifiantes. » Dans la seconde solution, une unique rangée d'ailettes serait portée par une plaque d'acier portant des tenons engngés dans le culot de l'obus, et faisant ressort à la manière des calottes sphériques appliquées aux tam- pons des locomotives. L'explosion aplatirait le ressort en faisant pénétrer ses tenons plus avant dans les mortaises de l'obus, puis au sortir de la pièce, Télasticité du ressort le ferait rejaillir en arrière du projectile. A la vérité cette disposition serait bien éloignée du centre de gravité et il faudrait peut-être adoucir les frottements par une exécution pins soignée ou par l'étamage de la surface (i). » En résumé j'ai voulu montrer que la dérivation ne provient probable- ment pas d'un phénomène de précession, ce qui rendrait la dérivation iné- vitable quelle que fût la forme de nos boulets, mais en grande partie des appendices fixés autour du projectile actuel, en sorte qu'en supprimant ses huit ailettes on ferait disparaître dans le tir une cause d'erreur ou de com- plication et, de plus, une perte notable de force vive. Cette théorie et les procédés qu'elle suggère sont très-faciles à contrôler par l'expérience. En tout cas il est bon de se rendre un compte exact des motifs qui peuvent avoir décidé les nations étrangères à remplacer nos ailettes par une dispo- sition qui donne à l'air moins de prise, et j'ai cru qu'il ne serait pas inutile de rechercher les moyens de faire encore mieux, dans un moment où les hommes spéciaux, absorbés par des préoccupations plus graves, ne sau- raient consacrer leur temps à des études pareilles dont je suis loin de me dissimuler les difficultés. » (i) Ce flernier procédé s'appliquerait aisément, sans ressort, an projectile mixte ^uiqnel j'ai fait allusion au début, et qui devait être composé d'un obus ordinaire cylindro- conique dont la partie cylindrique se prolongerait bien au delà de la base, sur 20, 3o ou même ^o centimètres de longueur. Ce prolongement devant contenir une charge bien régu- lièrement tassée de fusée ordinaire, il fallait la soustraire à l'influence de l'explosion. C'est à quoi je croyais parvenir, il y a trente ans, en plaçant en avant un obturateur très-épais, percé d'un très-petit orifice et s'appuyant sur une petite charge intermédiaire de poudre ordinaire. Celle-ci, en faisant explosion, devait chasser l'obturateur et mettre régulièrement le feu à la fusée. Il serait facile dès lors de placer une rangée d'ailettes sur le pourtour de cette pièce; seulement il conviendrait, vu la longueur excessive du projectile, de placer une seconde rangée d'ailettes, vers le centre de gravité. La permanence de l'axe et la régu- larité de la réaction produite par la matière fusante étant assurées par la l'otation de ce projectile, il y a lieu de croire que la force additionnelle qu'il emporterait avec lui et qui commencerait à agir au bout d'un temps déterminé compenserait la résistance de l'air et même accroîtrait notablement la vitesse, de manière à fournir des portées considérables. ( 6o8 ) « M. i.E SEcnÉTAïuE PKRPKTiTEL, (lésiraiit faire cesser tous les doutes que l'intéressante Lettre de IM. Hachette (i) pourrait faire naître au sujet de la date véritable à laquelle se rapporte l'invenlion de Meusnier, donne lec- ture à l'Académie de quelques passages du tome III des OEuvresde Lnvoi- sier. » L'ancieiuie Académie des Sciences avait formé une Commission pour s'occuper des recherches relatives aux aérostats. Celle-ci, dés la première séance, entendait une lecture do Lavoisier qui précisait, en quelques mots, les conditions du problème de la construction et de la direction des bal- lons. Si le manuscrit de Lavoisier ne fût pas resté inédit durant quatre- vingts ans, la connaissance des principes qu'il précisait eût épargné peut- être bien d'inutiles tentatives, et provoqué des recherches mieux condji- nées. Aux quatre questions qu'il met en évidence comme fondamentales, on pourrait en ajouter deux qui sont nouvelles et nées des circonstances présentes; mais le moment n'est pas encore venu de dire comment il y a été répondu. PROCÈS- VERBAUX. « Première séance des Commissaires nommés par l'Académie pour les macliines aérosia- tiqiies, tenue à l'hôtel de La Rochefoucauld, le 27 décembre 1^83, et à laquelle ont assisté : MM. le duc de La Rochefoucauld, Le Roy, de Condorcet, Tillet, l'ahhé Bussul, Lavoisier, Brisson, Berlhollet et Coulomb. » M. Lavoisieu a fait iectine de l'écrit qui suit : RÉFLEXIONS SUR LES POINTS PRINCIPAUX QUI DOIVENT OCCUPER LES COMMISSAIRES NOMMÉS POUR LES MACHINES AÉROSTATIQUES. 1) La j)erfection dont les machines aérostatiqiies sont susce|)!il)les dépend u principalement de quatre choses : » La première, de trouver une enveloppe qui réunisse la légèreté à la » solidité et qui soit imperméable à l'air et surtout à l'air inflammable, » même sous une charge d'un demi-pouce de merciu'c; » La seconde, de trouver un gaz léger, facile à obtenir partout et en » tout temps, et qui ne soit pas dispendieux; » La troisième, de trouver un nu)y<'n de faire monter cl descendre la » machine à volonté, dans une limite de deux à Irois cenis toises^ sans » perdre ni le gaz, ni le lest; (i) Comptes rendus, séance du 3i octobre 1870, |). 583. ( 6o9) » ÏAi quatrième, enfin, de trouver nn procédé facile pour la dii-iger. 1) Sîirle premier objet, on a proposé les étofles de soie d'un tissu plus « serré que le taffetas, et l'on pense qu'en les pénétrant de vernis à la » gomme élastique et en appliquant deux épaisseurs l'une sur l'autre, on » aurait une enveloppe qui tiendrait exactement l'air; c'est un sujet de » recherches à faire. » Sur le second objet, il est démontré que l'on peut retirer une quantité » très-considérable de gaz de presque toutes les substances animales et » végétales M. Berthollet a rendu compte des expériences qu'il a faites » pour déterminer la pesanteur spécifique des différents gaz inflammables. » Celui du charbon de terre s'est trouvé le plus léger; son poids est le tiers » de celui de l'air ordinaire. » Sur le troisième objet, M. Meusnier a indiqué des moyens sûrs. On ne » peut douter, d'après ce qu'il en fait connaître, qu'en supposant une » enveloppe capable de contenir du gaz inflammable sans perte, lorsqu'il » pèse sur elle avec luie force de six lignes de mercure, il ne puisse donner » à la machine la faculté de descendre ou de monter à volonté, et dans » une latitude assez étendue. » Enfin, en employant la force des hommes, il paraît constant qu'on » pourra l'écarter de la direction du vent sous un angle de plusieurs » degrés. » » M. le Secrétaire perpétuel ajoute que le procédé de Meusnier est d'ail- leurs décrit dans la relation de l'ascension qu'il fit à. Saint-Cloud, le..., au moyen de la combinaison du ballon à gaz et de îa poche à air faisant fonc- tion de vessie natatoire. » « M. Chevrecl, après avoir entendu la communication si intéressante de M. le Secrétaire perpétuel, lui demande si, dans les papiers qu'il a exami- nés, il n'y en a pas qui aient trait à la pensée d'après laquelle les frères Mont- golfier ont été conduits à imaginer leur montgolfière? M. Chevreul se trou- vant, en i8o3, dans un salon de la rue de Caumartin, n'a jamais oublié avoir entendu dire à une personne qui tenait de très-près aux frères Mont- golfier, que, voyant les nuages élevés dans l'atmosphère, ils se demandèrent si, en les renfermant dans une enveloppe imperméable de manière à com- poser un système dont le poids fût moindre que celui du volume d'air qu'il déplacerait, il ne s'élèverait pas dans l'atmosphère? C'est cette idée qu'ils réalisèrent en brûlant, sous l'ouverture inférieure d'un globe ren)pli d'air, (;. R., 1870, 1" Semestre. (T. LXXI, N" 19.) 81 ( 6io ) de la paille humiHe et de la laine; ils formèrent ainsi de la vapeur dite vési- cutaire, c'est-à-dire de la fumée, ou plutôt un image. Si M. Chevreul avait pu oublier cette conversation, elle lui eût été rappelée par son confrère M. Girard, l'ingénieur, qui, au grand étonneinent de IM. Chevreul, se trou- vait avec lui dans le salon de la rue de Caumartin. » « M. DiMAS espère que le passage suivant donnera satisfaction à l'illustre Doyen de la Section de Chimie, dont il confirme entièrement les souvenirs et les opinions; voici, en effet, ce qu'on lit dans le même document que je viens d'invoquer, après un historique des tentatives ayant rnéronaulique pour objet : « Tel était l'état de nos connaissances sur cet objet, lorsque MM. de » Montgolfier commencèrent à s'en occuper : il paraît que le point de vue » sous lequel ils envisagèrent ce grand problème, d'élever des corps dans )) l'air, fut celui des nuages; de ces grandes masses d'eau, qui, par des » causes que nous n'avons pas encore pu démêler, parviennent à s'élever » et à flotter dans les airs à des hauteurs considérables. Occupés de cette )) idée, ils pensèrent aux moyens d'imiter la nature, en donnant des envc- » loppes très-légères à des nuages factices et en contre-balançant la pression » d'un air lourd par la réaction ou l'élasticité d'un air plus léger » [Œuvres de Lavoisier, t. III.) » M. Cbevrecl remercie M. Dumas avec une vive satisfaction, certain qu'il est à présent de pouvoir citer un exemple de plus à l'appui de l'o- pinion qu'il existe un certain nombre d'inventions dont le point de départ a été une opinion erronée. Ainsi les frères Montgolfier sont partis d'une idéeinexacte, lorsqu'ils ont considéré la fumée ou, ce qui est la même chose, la vapeur vésiculaire ou le nuage comme plus léger que l'air, car tout le monde sait aujourd'hui que \a fumée d'une cheminée, comme la vapeur aqueuse visible du image, ne s'élèvent dans l'atmosphère que sous l'impulsion d'un courant d'air chaud. » M. Chevreul jusqu'à ce moment même éprouvait toujours luio vive contrariété lorsqu'il parlait de l'idée qui avait conduit à l'invention de la montgolfière comme erronée, faute de pouvoir citer à l'appui de cette manière de voir un témoignage écrit de la valeur du document que M. Dumas vient de lire. M. Chevreul se rappelle bien avoir vu des passages du XP volume de la correspondance littéraire de Grimm (édition de i83o) relatifs à la découverte des frères Montgolfier, mais ils sont assez (6.1 ) confus et il s'y trouve plusieurs erreurs. S'il est question de niiaqe et surtout Affamée dans un passage, on trouve plus loin une explication très-exacte de l'ascension de la montgolfière, puisqu'elle est attribuée exclusivement à l'oir chaud contenu dans la machine (i). ÉCONOMIE DOMESTIQUE DES AiSClENS. — N Ole sur (juelijaes documents relatifs , à l' économie domestique et aux denrées alimentaires en Eijypte sous les Ptolémées ; par M. Egger. « Parmi les deux cents papyrus, ou environ, écrits en langue grecque, que nous ont rendus, depuis cinquante ans, les tombeaux de l'Egypte ancienne, on sait que le plus grand nombre sont des documents Hnan- (i) Après la séance de l'Académie, je n'ai rien eu de plus pressé que de revoir le XP vo- lume de la correspondance littéraire de Grimm et de m'assurer de l'exactitude de ce que j'avais dit à la séance. Je vais indiquer les pages où se trouvent les citations que j'ai produites, mais il est un fait dont j'avais perdu le souvenir et qui, dans la circonstance actuelle, n'est pas sans intérêt; c'est que les frères MontgoIQer ont imaginé 1?l montgo/Jîère dans un but de guerre, comme on le verra par la citation suivante. Il s'agissait alors du siège de Gibraltar. T. II, p. 4^0 : Grinim, en parlant de la découverte des frères Montgolfier, dit « que » leur machine aérostatique, qui s'éleva dans les airs à Annonay le 5 de juin 1783, était » en toile et en papier, remplie de gaz inflammable u, ce qui est faux. P. 424- " • • • ce qui les engagea (les frères Montgolfier) dans cette recherche, ce fut le » désir iP imaginer pour le siège de Gibraltar quelque ressource plus heureuse ([ue celte des » batteries flottantes. » L'origine du ballon se lie donc à Vidée de la guerre! On lit, même i)age : « Une pièce de taffetas que MM. Montgolfier avaient fait venir de • Lyon pour en faire tout simplement des doublures d'habits, leur jiarut beaucoup mieux » employée à des expériences de physique », passage qui n'est pas d'accord avec celui de la page 420. P. 425. " ... On sait aujourd'hui qu'ils s'étaient procuré le gaz dont ils l'avaient » rempli par un ])rocédé fort simple et peu dispendieux : en faisant brûler de la paille hu- » niide et différentes substances, telles que la laine et d'autres matières, de matières de u graisse plus ou moins inflammables, n « ... Il ne faut donc qu'un peu de fumée pour opérer le plus beau prodige. » Page 447'> o" '•' '* véritable explication de l'ascension. « ... Il va lui adapter une plate-forme en fer sur laquelle on pourra brûler la |)aille, » seul agent qu'il emploie, dont l'effet est de raréfier l'air atmosphérique contenu dans » cette machine, ce qui suffit pour l'élever et la soutenir autant de temps qu'on pourra ali- » inenter le feu. » La diversité de ces passages ne montre-t-elle pas la difficulté d'écrire l'histoire des sciences et les recherches nombreuses qu'exige la vérité du récit? 81.. ( 6.2 ) ciers : lettres administratives, reçus, actes d'enregistrement, d'ordonnan- cement, etc. La plupart ont été déchiffrés et commentés avec succès, et ils ont fourni luie riche moisson de faits et de renseignements aux savants qui reconstituent i liistoire de ce pays sous la domination grecque, notamment à M. G. Lumbroso, auteur d'un Mémoire sur ce sujet que l'Académie des Inscriptions a couronné en 1869 (i). Toutefois, il est nne classe de ces documents dont l'interprétation laisse beaucoup encore à désirer; ce sont les comptes de dépense domestique, dont de précieux fragments existent dans nos collections parisiennes, dans celle du Musée de Leyde et dans celle du Brilisli Muséum. A ces fragments vient s^en ajouter un aujourd'hui, que M. Lumbroso n'a pu connaître et qui méiite une étude particulière : c'est un rouleau, donné en 1866, à l'Université d'Athènes par M. Sakkinis, et dont M. Albert Dumont, alors membre de notre École Française, avait pris une copie fort exacte, qu'il a bien voulu me communiquer en m'auto- risant à en faire part au public. Je prendrai occasion de cette intéressante découverte pour jeter un coup d'oeil sur l'ensemble des comptes de dépense épars dans les diverses collections de l'Europe et pour résumer les données historiques qu'ils nous apportent sur la vie journalière des deux po[)ula- tions réunies et souvent confondues sous le gouvernement des Ptolémées. Plusieurs de ces données, se rapportant à l'habillement et à l'alimentation, se trouvent nous offrir aujourd'hui une sorte d'opportunité qui en aug- mente l'intérêt. C'est ce qui m'encourage à les soumettre au jugement de nos confrères de l'Académie des Sciences. » Les comptes dont il s'agit proviennent presque tous du même fonds, je veux dire des archives du Sérapéum, de ce temple où vivaient, et en assez mauvaise intelligence, des reclus et des recluses de race grecque avec des fonctionnaires égyptiens. Le rouleau conservé aujoinxlliui à l'Univer- sité d'Athènes n'a peut-être pas une autre provenance, mais il est cer- tainement d'une autre main que les comptes conservés à Paris (2), à Leyde (3) et à Londres (4), et il a cela de particulier qu'il nous offre, avec fi) Recherches sur l'économie politique de l'Egypte sous les Lagides. Turin, imprimerie royale, 1870, in-8". — Une mention honorable fut accordée, ilans le morne concours, à un Mémoire de M. F. Robiou, qui n'a pas encore été publié. (2) Publiés par l'Académie des Inscriptions, dans le tome XVIII des Notices et Extraits des Manuscrits. (3) Publiés ])ar M. Leeraanns, à Leyde, i833, in-4°. (4) Publiés par M. Forshall, à Londres, i83g, in-folio; commentés, mais seulement jus- tju'au n" ,\VIII, par M. Bernardino Puyron, à Turin, 1841. in-4". ( 6I3 ) peu de lacunes, pour seize jours d'un même mois [i\n mois d'été), la dé- pense, d'inie famille ou d'un groupe de personnes qui vivaient en commun, peut-être même d'une seule personne. Dans toutes ces pièces, les chiffres de chaque article sont souvent difficiles à lire ou à interpréter; la quotité de chaque denrée n'est pas mise en rapport avec un chiffre déterminé de consommateurs; cela ne permet que rarement de fixer avec certitude la valeur des objets mentionnés et d'en tirer les éléments d'une statistique ré- gulière; enfin, beaucoup de mots, d'origine grecque ou égyptienne, dési- gnent des objets qui nous sont inconnus. Mais, malgré ces incertitudes et ces lacunes, la seule mention de tant d'objets de consommation est pour nous très-instructive, comme on va le voir. )) Environ cent objets de dépense figurent dans ces comptes : vêlements, denrées alimentaires, combustible ou vases pour l'aménagement et la pré- paration de ces aliments, salaires de divers services, gages et intérêt d'ar- gent prêté, etc. » Parmi les vêtements je citerai : des robes, tuniques et toiles, surtout faites de lin, et, entre autres, une espèce de couverture dont la mention ne se trouve nulle part ailleurs dans les textes anciens : c'est celle qui servait pour la nuit [olanov iy.toifxrtTpiov); on en connaît le prix, qui est de looo drachmes de cuivre, c'est-à-dire environ 12 francs de notre monnaie. Puis, des serviettes dont quatre sont cotées 220 drachmes, soit environ 2^40*^; des toiles teintes, avec la pourpre, qui, sans doute, servait à la tein- ture. A ces mentions se rattache ;le blanchissage, désigné encore aujour- d'hui parle même mot ['t3-?^v7ijuov) en grec moderne. » l^armi les ustensiles et les matières premières de l'industrie : la brique, les sacs et les corbeilles, les vases de cuivre, les burettes, la lampe, les mè- ches et l'huile à brûler; cette huile, appelée kiki et employée aussi pour la toilette (i), est distincte de l'huile à manger ou huile d'olive, et quelquefois de sésame, et chacune des deux espèces parait avoir été l'objet d'une indus- trie particulière (xix/ovpj-o;, iAaioupyo;) ; l'encens pour les sacrifices; le bois, et peut-être ce que nous appelons lesfacjots, qui se vendaient dans un magasin spécial. » A ces dépenses se rattachent : les prix de certains services, comme ceux du boulanger, du foulon, du forgeron, du teinturier, du maçon chargé de crépir un mur, du baigneur, de l'ouvrier qui porte et qui coupe le bois, et de celui qui enlève les immondices; la location d'une échelle, (i) DiouORE DE Sicile, Hibliol/ièt/ue historique, I, 34; Strabon, Géogr., XVII, p. 824. ( 6i4 ) la contribution aux frais de certaines fêtes, le iiolis d'une embarcation sur le Nil, les frais d'étape d'un soldat, ce qui me rappelle qu'un autre docu- ment gréco-égyptien nous a révélé l'existence en ce pays d'un corps ana- logue à t\o\re infanterie de marine {va.VAXvpoiu.%yj,uoi). » Les denrées alimentaires sont nombreuses et variées. Commençons par celles de première nécessité. Le blé et la farine, puis le pain, quelque- fois spécifié par l'adjectif smi/^/e ou pur, pour le distinguer, sans doute, des gâteaux, parmi lesquels je crois reconnaître un gâteau au miel ( uihiTcvua.), et d'un autre pain de luxe appelé c/Uestis (i); l'eau, et une liqueur fermen- tée que désigne le mot Ojvqç ou ^^vtov, et dans la composition de laquelle entrait l'orge, avec le fruit du mûrier. » Le vin, comme cette espèce de bière, deux fois mentionné parmi les rations distribuées soit à des hommes de g;u-de, soit à des espèces de doua- niers ou inspecteurs de la navigation (Papyrus du Louvre, p. 347. Cf. p. 335, note i). On sait par d'autres témoignages, notauunent par celui de l'Inscription de Rosette (lignes i5 et 3o) que la culture de la vigne avait, en Egypte, une grande importance. )) Le vin et le z/tos étaient soumis à des impôts. L'impôt sur le zpos s'appelait Çorvifa et paraît avoir donné au fisc royal un revenu considé- rable, à en juger par le règlement financier dont le Papyrus LXII du Louvre nous a conservé de nombreux fragments. » Le miel, cité auprès des /xtXiTCà/u^Ta., dans une pièce du Musée de Leyde, était l'objet d'un commerce spécial; le producteur de miel (mot à mot d'abeilles, ou apicidleur, comme nous disons aujourd'hui) s'appelait n Le tait, mentionné une seule fois dans nos comptes, le lait cuit avec le froment formait une bouillie qui paraît avoir été fort en usage dans l'éco- nomie domestique des Égyptiens, et que les documents de Leyde et de Pans, d'accord avec une glose du Lexique d'Hésychius, nomment alitera : c'était peut-éire un rafraîchissant. Au contraire, le xcfx.iç, mentionné une fois dans l'un des Papyrus du Louvre, était, au témoignage du géographe Strabon (2), un pain de nature astringente; mais on en ignore la com- position. M Le sel et le niire, peut-être compris quelquefois dans luie expression collective qui répond à noire français condiment, assaisonnement, comme (i) HÉRonoTE, ir, "^-j, t:t les textes njunis par les interprètes sur ce passage. (2) XVII, p. «24. ( 6i5 ) o-^ov (mot à mot ce qui est cuit) et o-^coviov répondent à peu près an français vulgaire/r/(0/, par opposition au pain sec (i). » Les légumes, entre lesquels sont spécialement cités : l'ail, la laitue, la poirée, le chou, le fenouil et la nigelle. » Les fruits, entre lesquels la figue, la grenade, la datte, un cucurbitacée [xoXoicvi^ov) qui était peut-être le melon ou le pastèque, la noix. , » Les racines, parmi lesquelles je ne relève sûrement que les raves et les railis; mais peut-être y faut-il ajouter le papyrus^ souvent mentionné dans les comptes de Paris et de Londres; car on sait que la racine de ce précieux végétal contribuait à la nourriture des habitants de l'Egypte (Hé- rodote, II, ga). Un seul scrup(de m'arrête à cet égard : c'est que parmi les objets cités dans les comptes du rouleau Sakkiiiis se trouve l'encre, mot à mot le noir, juiXav, d'où les mots composés /utiXctiu&poXov^ qui a le même sens, et /uiXatovpy oc, fabricant d'encre (2). Si les papyri en question étaient du papier pour écrire, il ne manquerait plus que le calamits, mentionné d'ailleurs dans un autre document de la Collection du Louvre (p. 324), pour compléter l'appareil d'un scribe égyptien. Mais, à vrai dire, les mots^apT-/^ ou /3/^Aoç sont beaucoup plus usités, surtout avant l'ère chrétienne, que furafsrupot; pour désigner le papyrus en tant que matière servant à l'é- criture. » Les viandes (x.pitx.) sont fréquemment mentionnées, celle de bœuf et celle de mouton d'abord; un bœuf est évalué à environ 245 fr. de notre monnaie; puis, et très-fréquemment, la chair d'oie. On sait, par de nom- breux témoignages, que, de toute antiquité, l'oie fournissait aux habitants de la vallée du Nil un de leurs principaux aliments : dès la V^ dynastie, les tombes du Haut Empire nous montrent à l'œuvre le nourrisseur d'oie, celui que les documents grecs [Papyrus du Louvre, p. i34, 142, i45, 3o3) ap- pellent %n>oêoi7ZOç, et qui employait, pour engraisser sa volaille, les moyens violents usités encore de nos jours; c'est ce qu'on peut voir, entre autres, parles peintures murales du tombeau de Ti que reproduisait, en 1867, à notre Exposition universelle, l'une des parois intérieures du Temple égyp- tien si industrieusement élevé sous la direction d'Aug. Mariette-Bey. (i) Dans le centre (!e la France, c'est le mot frippc qui est employé en ce sens (voir le Glossaire du comte Jaubert). {2) Ces deux derniers mots nous sont fournis par un lexique inédit de Julius Pollux (m' siècle après J.-C.) que publie, en ce moment, dans les Notices et Extraits des Manus- crits, M. Boucherie, professeur au Lycée de Montpellier. ( 6'6) ■) Il paraît que, comme chez nous aussi, les bovichers égyptiens utili- saient les entrailles du bœuf et du mouton, car les documents de Leyde mentionnent deux fois des splilanrjnides ou splanchnides, ce que l'on tradui- rait volontiers eu français par le mot lrii)cs. Sur quelques peintures, repro- duites dans l'ouvrage de S. Gardner Wilkinson (i), on croit reconnaître, parmi d'autres produits culinaires, des rouleaux fort semblables à nos boudins ou à nos saucissons. » Les salaisons (tariclios) reviennent fréquemment dans le rouleau Sak- kinis; et la profession de saleur [laricheiites] n'est pas moins souvent men- tionnée dans les documents grecs (\o provenance égyptienne, sans qu'on y distingue la nature des substances soumises à cette préparation ; et cepen- dant il nous importerait souvent de distinguer entre le saleur de comesti- bles et l'embaumeur, qui sont tous deux désignés \yar le même mot. Le poisson aussi, que ne mentionne expressément aucun de nos com|)tes, doit être quelquefois compris sous le nom générique de salaison, car il comptait pour une bonne part dans l'alimentation des Égyptiens (Héro- dote, II, 92, 93). Le métier de pécheur est souvent mentionné par nos do- cuments grecs du Louvre (p. iSy, iSq, 148), et les produits de la pèche paraissent avoir été soumis à un impôt particulier [Ihid. p. 365). » Mais, pour ne pas trop allonger cette Note, il est temps que je donne deux ou trois des comptes journaliers du rouleau Sakkinis et un court ré- sumé des mentions qui y sont les plus fréquentes. Cela fera saisir dans son ensemble l'économie d'un de ces modestes ménages dont les registres de dépense sont parvenus jusqu'à nous par une heureuse fortune, à travers tant de destructions. I""' Mcsori. 3° Mcsori. Pains, Pains, Salaison, Huile, Bois, Bois, Melon, Melons, (Une ligne peu lisible). Assaisonnements, 1' Mi'sori. . Légumes, Pains, (Une rature), Opson, Encre. Bois, Assaisonnements, Poirées. (i) Marinas iind Ciistnms nf the /inrient /îf;rptinrix, t. II, |>. 38 >. et suiv. Si je ne mcn- (6.7 ) » Le registre continue jusqu'au seizième jour avec cette sobriété de dé- tail et celte uniformité, sauf l'indication de cinq ou six noms de fournis- seurs ou d'intermédiaires entre le consommateur et le fournisseur. Le i)ain y reparait seize fois; les légumes et Vopson treize fois, ainsi que le bois; les salaisons douze fois, l'huile de kiki cinq fois (i); les autres objets moins fré- quemment : tout cela donne l'idée d'un régime singulièrement simple, mais qui peut sembler encore nourrissant, vu la douceur du climat en Egypte. » On voudrait, maintenant, en évaluer la dépense en monnaie de notre temps. Mais, même si l'on pouvait toujours déchiffrer sûrement les signes niunériques qui suivent chaque article ou qui résument la dépense de cha- que jour, il nous manquerait encore lui élément nécessaire à l'évaluation désirée : je veux dire la quantité de bois, de pain, de salaison, etc., dont le prix est brièvement indiqué. C'est là une ressemblance de plus avec nos livres de cuisine, où bien des détails sous -en tendus sont aujourd'hui suppléés sans peine par ceux qui écrivent de tels livres et qui payent la dé- pense. Mais cette ressemblance ne rend que plus difficile la tâche des inter- prètes. Heureusement, on peut espérer que la comparaison, poursuivie avec patience, de ces docunienis grecs et des documents nombreux en langue égyptienne qui appartiennent à la même classe, permettra d'arriver peu à peu, sur ce sujet, à des conclusions de plus en plus intéressaiîtes, parce qu'elles seront de plus eu plus précises. » Le court aperçu qui précède n'avait pour objet et ne pouvait avoir pour résultat que d'attirer l'attention des savants sur un ordre de faits peu étu- diés jusqu'ici, et qui méritent de trouver place dans un tableau général de la vie journalière des peuples anciens. » MÉMOIRES LUS. HYGIÈNE PUBLIQUE. — Sur l' importance actuelle des questious se rattachant à ihygiène publique et privée et notamment la question des hémostatiques et des désinfectants, et sur le phénol sodique. Note de M. P. Bobœuf. (Ex- trait par l'auteur.) (Commissaires : MM. Dumas, Bussy, St. Laugier, Bouley.) « Le phénol sodique fournit à la fois à la chirurgie un hémostatique tienne pas ici la chair de porc, c'est que l'usage alimentaire paraît en avoir été fort res- treint, chez les Égyptiens, par des motifs religieux (Hérodote, II, 47)- (i) Je ne tiens pas compte des mentions qui font partie d'un résumé à la fin du mois. C. K., 4870, 2" Sianeilre. ( T. LX\I, N" 13.) ^2 ( 6,8 ) puissant et un désinfeclant précieux n'ayant pas, connue le pcrchlorure de fer, l'iode et autres agents généralement employés, l'inconvénient grave d'irriter les plaies et de nuire à leur cicatrisation. Il est donc appelé à rendre, dans les hôpitaux et ambulances, les plus importants services, si l'on se décide à en faire usage pour les pansements et à utiliser sts pro- priétés hémostatiques, désinfectantes et cicatrisantes. » Dans le même ordre d idées, le phénol sodique constitue à lui seul la pharmacie de poche que devrait porter tout combattant afin de pouvoir arrêter, par uu pansement provisoire, les hémorrhagies cpii entraînent si souvent la mort à la suite de blessures légères. » Pour remédier efficacement aux causes d'insalubrité existantes, pour combattre l'épidémie variolique, pour prévenir l'accroissement des chances de mortalité pouvant résulter, soit de l'invasion d'autres épidémies, dyssen- terie, choléra, etc., soit de l'encombrement des habitations, casernes, cam- pements, hôpitaux et ambulances, en un mot pour neutraliser toutes les influences pernicieuses qui peuvent compromettre la santé de la capitale, il est nécessaire d'employer, sous les diverses formes indiquées, et surtout en arrosages et pulvérisations, à l'effet d'assainir l'air et d'y détruire tous les agents d'infection, les sels alcalins d'acide phénique, sels dont le phénol sodique est le type le plus parfait, parce que seuls ces sels possèdent une énergie d'action et des propriétés hygiéniques suffisantes. » MÉMOIIIES PRÉSENTÉS. M. Tellier écrit à l'Académie pour formuler, en quelques mots, les con- clusions de sa Note précédeiUe sur l'emploi de la glace dans les amputa- tions. Ces conclusions sont les suivantes : « 1° L'emploi de la glace, tel qu'il se pratique actuellement, amène iné- vitablement la condensation des vapeurs que contient l'air et par consé- quent l'entiaînement des miasmes tenus par lui en sus|)ension; » 2° Le produit de cette condensation vient imbiber la plaie et y porter l'influence délétère de l'air des hôpitaux; par conséquent, loin de la pré- server, on y apporte ainsi les miasmes pestilentiels qu'il importe tant d'é- carter; » 3° Enfin, comme remède à cet état de chose, j'indique l'emploi de l'air froid sec, et le moyen de le prodiure aisément. ■; (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) ( 6-9) M. Brachf.t adressa mie nouvelle Lettre relative à divers projets d'appa- reils aérostaliqiies. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. Varenne adresse une Note- sur la navigation aérienne, accompagnée -d'un croquis représentant les principales particularités de son système. (Renvoi à la même Commission,) M. I>EBRUf.E adresse une Note relative à un ballon dirigeable. L'autetu- se j)ropose d'abord d'établir l'impossibilité de diriger les aérostats tels qu'ils ont été compris jusqu'à ce jour. Il développe ensuite un projet de ballon d'un nouveau modèle. (Renvoi à la même Conuuission.) CORRESPONDANCE . ART Mir ITAIRE. — Sur la force de la poudre et des matières explosives. Note de M. Berthelot (*). « 1 . La force de la pondre dépend de diverses données, parmi lesquelles le volume des gaz dégagés et leur température jouent un rôle fondamental : cette température, la grandeur des pressions sous un certain volume, enfin le travail mécanique peuvent être calculés d'après la quantité de chaleur développée pendant la combustion de la poudre. » 2. C'est ainsi que MM. Bunsen et Schischkoff (**) ont trouvé que I gramme de poudre dégage 6i9'^''\5 en brûlant sons la pression atmosphé- rique; le volume des gaz dégagés était de 193 centimètres cubes (à zéro et o"\76o) dans les conditions de leurs expériences, qu'ils ont achevé de dé- finir par l'analyse complète des produits briilés. Ils ont évalué la chaleur spécifique moyenne de ces produits, pris sons volume constant, à 0,1 855 et ils ont calculé la température de romhuslinn de la poudre, dans un espace éqal à son propre volume, en divisant 619,5 par o,i855; soit 334o degrés. (*) L'Académie a décidé que cette Communication, bien que dépassant en étendue les limites réglementaires, serait insérée en entier au Compte rendu. {**) Pogg. Ann., t. Cil, p. 321, 1857. 82. ( 620 ) Ils évalnont ensuite le volume occupé par les gaz, dans cetio condition, à o'='^,584, déduction faite du volume occupé par le résidu solide, et ils cal- culent la pression en multipliant le rap|)ort 1 98:0,584 par i + a.334o; ce qui conduit à 4374 atmosplièros. » Tel est le calcul des auteurs et il a servi de type aux calculs analogues faits depuis sur diverses matières explosives. » 3. Ayant été conduit par les circonstances présentes à m'occuper de la fabrication des poudres et des canons, il m'a semblé que le calcul pré- cédent était défectueux, parce que la teiupéralure de combustion était cal- culée/30ur un volume égala celui des gaz de la poudre, mesurés à zéro cl sous la pression almosphéj-ique, au tien d'être calculée pour un volume égal à celui de la poudre elle-même. En d'autres termes, les auteurs ont négligé la chaleur qui se dégage lorsque 198 centimètres cubes des gaz de la poudre sont réduits par la compression à o'''^,584. Or la quantité ainsi négligée est énorme; elle est décuple environ de la quantité dont on lient cokupte. Je vais la calculer d'après la théorie mécanique de la chaleur. » 4. Soient i',, p,, t^ le volume, la pression et la température d'une cer- taine masse gazeuse; si on l'amène à un volume iu, sans lui fournir ni lui enlever de chaleur, les nouvelles pression et température, p, et t^, sont données par les formules connues A (a) I + «^2 = .(i -+- ut,) T- Posons : /i = 1 ,4' 1 rapport théorique des deux chaleurs spécifiques pour les gaz; 2^3 c, la chaleur spécifique moyenne des produits de la combustion, sous volume constant; Qi, la quantité de chaleur recueillie dans le calorimètre, lorsque la com- Inistion d'un kilogramme de poudre a lieu sous la pression atmo- sphérique et avec développement d'un volume de gaz égal à t>, (en litres et à zéro). /, sera la température acquise par les gaz, sous le volume constant c,, ci par rinflueiice de la quantité de chaleur Q, ; ce (pii doiuie les î'j3 c ( 6^' ) relations : (3) ^-^; (4) /?, = I + c<^ = I + — r — (en atmosphères); et par suite (5) p,= ou bien encore (6) /7o — (i + afo) (7) ,73 + /.= (.73 + 51 » Soit enfin Q^ la quantité totale de chaleiu' dégagée par i kilogramme de poudre, lorsque les gaz de la combustion sont réduits à o degré et au volume v^t on aura (8) Q. = c/„ c'est-à-dire (9) ^73c + Q,= (273c + Q,)(;-:)"'"', (10) Qo X 4251^°™ = 0, travail maximum qui puisse être produit par 1 kilogramme de poudre, brû- lant dans le volume constant t',, sans changement de température. » Ces formules peuvent servir à calculer la loi théorique de détente des gaz de la poudre et leur réaction sur le projectile, pourvu que l'on con- naisse la vitesse avec laquelle les gaz prennent naissance, celle du projectile dans le canon, enfin la quantité de chaleur transformée à chaque instant en travail mécanique. Mais je ne veux pas entrer dans cette discussion. Je signalerai seulement une conséquence importante des formules, relative à la comparaison de deux substances explosives différentes. » 5. Pour une même valeur de -■> les variations des quantités 0, Qo, ^, et ^2 sont du même ordre que celles de la quantité Q, , lorsque cette quan- tité est considérable, sans lui être pourtant rigoureusement proportion- nelles. » En d'autres termes, si le rapport entre le volume des gaz (*) produits (*) Réduits à o degré et o"','j6o. ( 622 ) par la réaction et la capacité dans laquelle la réaction s'effectue est le même pour un même poids de deux substances explosives différentes, l'ef- fort exercé sur les parois et le travail maximum seront à peu près propor- tionnels aux quantités de chaleur mesurées dans le calorimètre des physi- cieuj. o 6. Il s'agit maintenant d'appliquer ces formules. D'.iprès les données de MM. Bunsen e( Schisciikoff, on trouve t, = 3340°, p, = i3='"",23. » Soit .r le nombre de grammes de poudre contenu dans une capacité constante égale à 1000 cenlimèties cubes; on aura <', Q ■>■ Cj "^ 1000 — 0,4lD.r d'après les hypothèses des auteurs; d'où résulte (I) p,= i\23( ^9^ Pour X 1000 — o,4i6x '^ = -^ = 33o 5 <>, o,584 •^'^"''^' ^2 = 47000'"" au lieu de 4374, <2 = 38700" au lieu de 334o, Qj= 7 1 8f) ooo'^-'»', 0 =r 7180000 X 4^5 = 3o5i Sooooo''^™. » C'est le travail-maximum que puisse effectuer, d'après les théories que nous avons admises, 1 kilogramme de poudre en brûlant dans un espace égal à I litre. » 7. Comparons ces données avec les résultats que Rumfordt a obtenus, dans des expériences directes publiées en 1797 (*), et nous parviendrons à des aperçus inattendus sin- les états de la matière soumise à des pressions et à des températures que l'on avajt réputées jusqu'ici inaccessibles. » Rumfordt a mesuré l.^spressionsdévelopiiées pai' divers poids de poudre brûlant dans une capacité constante. Un kilogramme de |)oudre, brtilant dans I litre, développerait ainsi 55 000 atmosphères : chiffre qui n'est pas (*) Philos. Tran.inct., 1797; — Piobert, Traite d'Jrtillrric, partie théoriqiif, 2' tir.ige (lu la seconde éditinii, p. 39, i ; 1869. ( 623 ) fort éloigné des 47 000 indiquées par notre calcul. Pour x =: 702, l'expé- rience a donné 11 000; le calcul indique 21 800. A partir de a: = 5oo et au-dessous, Ruinfordt a représenté ses nombreux résultats par la formule eiiipirique P2 = 1,841^'" 1+0,0004 X Tableau (II ). VALEURS DE /' , 0 'APr.Ès Valeurs de t. la formule (1). Rumfordl. I aim 1,3 1,8 5 12, 7 9'2 10 33,7 18,6 5o 333 99 lOO 916 221 200 2640 590 5oo I i54o 3200 702 21800 1 1800 1000 47000 55ooo « Voici le tableau des résultats empiriques de Ruinfordt, comparés avec les résultats calculés d'après la formule théorique (I). Rapporl. 0,8 1,4 1,8 3,4 4,i5 4,45 3,6 2,0 0,8 » D'après ce tableau, les résultats théoriques sont voisins des résultats réels, quand le poids de la poudre est faible; ils s'en écartent de plus en plus, à mesure que le poids augmente, jusqu'à dépasser 4 fois les valeurs empiriques; puis l'écart diminue, et l'égeJité tend à se rétablir lorsque la poudre remplit presque entièrement la cspacité du canon. M 8. Sans garantir autrement l'exactitude des résultats empiriques de Rumfordt pour les hautes pressions, on peut cependant tirer des inductions intéressantes de la comparaison qui précède. En effet les nombres théoii- ques ont été calculés d'après la quantité de chaleur Q,, mesurée à zéro et sous la pression d'une atmosphère. Or les composés observés dans ces conditions n'existent probablement pas en totalité à la haute température développée pendant la combustion de la poudre; ils sont remplacés sans doute, en tout ou en partie, par des combinaisons plus simples, conformé- ment aux phénomènes de dissociation. Par suite, la quantité de chaleur correspondante aux réactions réelles est inférieure à Q,; ce qui tend à rendre moins considérable la température maximum, ainsi que la pression correspondante. On comprend dès lors les écarts entre les valeurs théo- riques et les valeurs empiriques : ces écuts vont d'abord en augmentant ( 624 ) avec les quantités de poudre employées, parce que la température s'élève de plus en plus, ce qui accroît la dissociation. Ainsi la température théo- rique t^ Pour .r = I, est égale à i566°; Pour X 1= 10, elle atteint 4470") Pour X = loo, u 12120"; Pour -r = 5oo, u 256oo°, etc. » Les températures véiitables sont assurément moins élevées; mais il suffit qu'elles augmentent avec les quantités de poudre brûlées dans une capacité constante pour donner lieu à un accroissement dans les phéno- mènes de dissociation, au moins tant que la pression demeure comprise entre certaines limites. Cet accroissement dans les phénomènes de disso- ciation se traduit par l'accroissement du rapport inscrit à la quatrième co- lonne du tableau. » 9. Cependant, au delà de loo atmosphères ledit rapport tend à de- meurer constant; puis il décroît et se rapproche de nouveau de l'unité. Pourquoi celte marche singulière? Elle résulte, à mon avis, du concours de deux circonstances. » D'une part les lois de Tslariotte et de Gay-Lussac, à l'aide desquelles la formule théorique a été calculée, perdent de plus en plus leur signifi- cation physique pour des pressions aussi énormes que les pressions obser- vées dans la combustion de la poudre. Étant donnés des gaz tellement com- primés, leur pression varie avec la température suivant une loi bien plus rapide que celle que nous avons admise. Les températures véritables sont donc beaucoup moins hautes que les températures calculées, et j)ar suite les phénomènes de dissociation éprouvent un accroissement moins marqué. » D'autre part ces mêmes jjhénomènes dépendent de la pression, aussi bien que de la température. L'éiat de combinaison des éléments, toutes choses égales d'ailleurs, est d'autant plus avancé que la pression est plus grande : relation facile à concevoir à priori et que confirment mes expé- riences relatives à la décomposition de l'acétylène en carbone et hydrogène sous diverses pressions par l'étincelle électrique (*). Or les pressions crois- sent en même temps que les températures, et même beaucoup plus rapide- ment, comme on vient de le dire : l'influence décomposante de la tempéra- ture pourra donc être compensée et au delà par l'influence inverse de la (*) annales de Chimie, 4" série, t. XVIII, p. 196. ( 625 ) pression. C'est précisément cette compensation qui me paraît écrite dans la quatrième colonne du tableau II et qui tend à rajiprocher les pressions théoriques des pressions réelles, à mesure que la poudre brûle dans un es- pace plus voisin de son propre volume. » 10. Les phénomènes de dissociation n'exercent pas seulement leur in- fluence sur l'effort maximum que la poudre peut développer; mais ils in- terviennent encore pendant la première période de délente. A mesure que les gaz de la poudre se détendent, en agissant sur le projectile, ils se refroi- dissent : par suite les éléments entrent en combinaison d'iuie manière plus complète et avec formation de composés pins compliqués. De là résulîe un nouveau dégagement de chaleiu- qui s'accroît incessamment pendant toute une période de la détente. Eu même temps que le rapport - va en décrois- sant, la quantité de chaleur dégagée Q\ augmente sans cesse, pour une même valeur dudit rapport. Les pressions véritables seront donc toujours supérieures aux pressions qin pourraient être calculées d'après la quantité de chaleur dégagée réellement au moment de la température maximum, tandis qu'elles seront d'abord inférieures aux pressions calculées d'après la quantité Q, observée dans le calorimètre; mais ce dernier écart va en diminuant et finit par s'annuler, à mesure que le volume augmente, parce que la chaleur dégagée s'accroît, les réactions devenant plus complètes. La courbe des pressions véritables, exprimées en fonction des volumes, est d'abord plus tendue que la courbe des pressions théoriques, avec laquelle elle finit par se confondre tout à fait, lorsque l'état de combinaison des éléments est devenu le même qu'à la température ordinaire. D'où il suit que le projectile prendra dans le canon une vitesse initiale moindre que la vitesse calculée d'après Q,; mais cette vitesse s'accroîtra suivant une pro- gression plus rapide que celle qui résulterait d'une déduction fondée sur la connaissance pure et simple de la vitesse initiale ainsi calculée. » 11. Au contraire la quantité de chaleur et par conséquent le travail maximum que la poudre puisse développer en brûlant dans une capacité constante peuvent être calculés indépendamment des phénomènes de dis- sociation, pourvu que l'état final de température et de combinaison des éléments soit exactement connu. Celte remarque est fondamentale. M Dans une autre Communication, je comparerai les quantités de cha- leur, les pressions et les travaux maximum pour les diverses poudres et matières explosives. » C. R., 1870, ■!<' Semestre. (T. LXXl, N" J9.) 83 ( 626 ) SPECTIIOSCOPIE. — Sur l'analyse spectrale ijuanlitalive. Note de M. J. Janssen. " J'ai l'honneur de faire une |jreniière Communication à l'Académie sur une branche nouvelle de la spectrologie; je veux parler de l'analyse spec- trale quantitative. » Jusqu'ici, les méthodes optiques, dans leurs applications à la chimie, n'ont permis d'abonler que le côté qualitatif de l'analyse. « Pour une classe nombreuse de corps, le spectroscope a fourni de pré- cieuses indications sur leur présence ou leur absence dans un composé donné, mais il était impossible d'obtenir, par son aide, des données certaines sur les proportions suivant lesquelles ces corps se trouvaient associés. En un mot, l'analyse specti'ale est restée jusqu'ici essentiellement qualitative; le mo- ment semble venu de lui faire faire un pas de plus, eu lui |)erinettant d'aborder les déterminations quantitatives. » Ce progrés semble d'autant plus désirable, que les méthodes chimi- ques de dosage sont insuffisantes dans bien des cas, notamment quand le corps à doser entre pour une proportion extrêmement faible dans le com- posé; ou bien encore, et c'est le cas pour le sodium, quand la substance ne donne que des dérivés d'une grande solubilité non susceptibles d'une séparation nette et rigoureuse. » Cette Communication contient les résultats de mes premières études, et j'y expose le principe qui me parait devoir servir de base à cette nouvelle branche de l'analyse. J'eusse désu'é attendre encore et avoir un travail plus achevé à offrir à l'Académie; mais tout récemmment, M. Champion, chi- miste distingué du laboratoire de M. Payen, me demanda à enqdoyer les nouveaux, procédés à la recherche de la soude dans les végétaux. Il y avait là une application spéciale qui ne pouvait que faire progresser la question et montrer l'avenir dont elle était susceptible. Je conununiquai donc mes résultats à M. (Jhampion, persuadùé qu'il aurait l'occasion de les perfec- tionner, et c'est ce qui est arrivé. » Je fais dés maintenant cette publication, afin de permettre à M. Cham- pion d'exposer ses recherches dont les résultats sont déjà intéressants. » Avant d'aborder le principe de la méthode, je demandei'ai à repro- duire ici une Note pidjliée au Congres scientifique d'Excter, en août 1869. Ce n'est pas encore l'analyse spectrale quantitative, mais c'est la solution ( «27 ) d'une question qui m'y a contluit, et qui n'était pas résolue jusqu'ici, à sa- voir la recherche de la soude par le spectroscope. 'I Note sur une nouvelle méthode pour la recherche de la sonde et des composés dit sodium par l 'nnnh se spectrale. » On sait que la recherche de la soude présente, eu analyse spectrale, des difficultés très- grandes qui tiennent à ce que la raie du sodium se retrouve dans presque toutes les flammes, en raison de la présence presque constante du sel marin dans l'atmosphère. » Or, on peut lever facilement cette difficulté en employant, au lieu d'une flamme très- chaude et fort peu éclairante, comme celle de Bunsen, une flamme très-lumincusc, comme celle d'un bec de gaz ordinaire dans la partie la plus brillante. » En effet, tandis qu'on aperçoit presque toujours la raie du sodium dans la partie bleue et transparente d'un bec de gaz, on ne la trouve plus dans la partie la plus lumineuse, à cause (le l'abondance des rayons qui avoisincnt la raie du sodium dans cette région. » Voici donc la manière d'opérer : Il On diiii^era le spectroscope sur la partie la plus brillante de la flamme, de manière à obtenir un spectre brillant et conlinu dans lequel la raie du sodium n'apparaisse pas sen- siblement. On prendra un (il de platine qui aura été préalablement porté au rouge dans une flamme pendant quelques minutes, pour le débarrasser de toute poussière salée, et, . avec ce (il, on portera une goutte de la solution à essayer dans la flamme du spectroscope. En cet instant, si la liqueur contient un composé du sodium réductible par la flamme, la raie D apparaîtra immédiatement. On peut rendre aussi peu apparente qu'on voudra la raie du sodium en employant les parties les plus lirillantes des flammes, ou même en plaçant entre le spectroscope et la flamme d'essai une ou deux flammes auxiliaires qui rendront la raie D encore moins perceptible. Dans ce dernier cas, il faudra employer du sel en assez grande quantité dans la flamme d'essai pour voir apparaître la raie D dans le spectrosroiie. Si, au contraire, la liqueur ou le corps à essayer contient fort peu du composé sodé, on pourra employer une partie plus transparente de la flamme; dans tous les cas, il sera pru- dent de faire des expériences comparatives avec les fils de~ platine et de l'eau distillée, pour s'assurer que les raies qui apparaissent sont bien dues à la substance qu'on analyse. » Je continue ce sujet, et j'espère arriver à une anal-yse c/unntiteitire des substances à analyser. [Report of the Bristisli association for the advancement of science, i86g.) » )) On voit que l'esprit de ce procédé consiste à désensibiliser la flamme, de manière que le sodium accidentel ne puisse se manifester, et que la raie D apparaisse seuletnent si le corps contient normalement, et en quan- tité appréciable, la stibstance sodiqtie. » Appliqué à l'étude de quelques végétaux, le procédé a révélé la |)ré- sence de la sonde dans pltisieurs de ceux pour lesquels la question parais- sait douteuse. Ces résultats seront donnés plus tard. » J'arrive maintenant à l'analyse quantitative. » L'emploi des flannnes auxiliaires, dont il vient d'eire parle, douiie déjà une prenuère solution de la question. 83.. { 628 ) )) Ces flammes doivent être très-liimineuses, et ne pas donner la raie D dans leur spectre; tel est le cas thi gaz d'éclairage brûlant dans les becs ordi- naires. On place les flaninics auxiliaires entre la flamme d'essai et le spectro- scope afin de noyer la lumière jaune du sodium dans une quantité plus ou moins grande de lumière ordinaire, ce qui permet d'atténuer, autant qu'on le veut, l'inlensité relative de la raie D dans le spectre obtenu on de ramener cette intensité à la même valeur relative, quelle que soil la richesse en soude de la liqueiu- essayée. Dès lors, si on fait des expériences avec des liqueurs sodiques titrées, et qu'on détermine pour chaque solution le nombre des flammes nécessaires pour ramener la raie D au même degré de visibilité (on peut choisir le moment où la raie D commence à se détacher sur le fond brillant du spectre), on obtiendra luie relation qui permettra de prononcer sin- la richesse d'une sointion sodique proposée. » Tel est le premier procédé qui s'est offert à mon esprit, mais on peut en trouver un second dans la considération du temps que la substance sodique emploie à se volatiliser. Si, en effet, on place successivement dans une flamme des fils de platine trempés dans des solutions sodiques diverse- ment riches, on constate que non-seulement l'abondance de la lumière jaune augmente avec la richesse de la solution, tuais en outre que le temps pendant lequel cette lumière jaune persiste, dans la flamme, croît aussi dans les ujèrnes circonstances. On cherche ensuite expérimentalement la relation qui existe entre le temps qu'une solution donnée exige pour être entièrement volatilisée et sa richesse en substance sodique. » Ces deux procédés sont purement expérimentaux. Je compte les étu- dier d'une manière plus approfondie afin de les rendre susceptibles d'une application précise. Mais déjà, il est possible de dégager de ce qui précède les bases générales de la nouvelle analyse. Ces bases me paraissent ressortir des considérations suivantes : » Reprenons l'exemple choisi d'un sel de soude porté dans une flamme à base d'hydrogène. » Le spectroscope indique d'une manière incontestable que c'est le so- dium incandescent qui, dans cette circonstance, produit la lumière jaune communiquée à la flamme, hmiiére qui, par l'action du prisme, fournit presque exclusivement les deux composantes de la raie Fraunliofé- rienneD. Le sel de soude a donc été décomposé, et ses éléments dissociés. Le métal mis en liberté et porté à l'incandescence rayonne sa lumière ca- ractéristique, et, trouvant ensuite de l'oxygène dans le milieu ambiant, il doit s'y combiner et se répandi'c dans l'almosphèreà l'état de composé so- (^29 ) diqne. L'existence du sodium libre a été temporaire, mais incontestable; toutes les molécules métalliques ont été successivement et pendant lui cer- tain temps mises en liberté. » Or, pendant la période de cette mise en liberté, si l'on admet (ce qui jieut être très-sensiblement réalisé dans une expérience bien conduite) que ces molécules passent par les mêmes phases d'incandescence et fournissent la même quantité de lumière, il en résultera que la quantité tolale de lumière sodique émise par la flamme depuis le moment où le sel com- mence à se décomposer jusqu'à celui de son extinction, sera proportion- nelle au nombre des molécules de sodium contenues dans le sel, et foule méthode qui fera connaître cette quantité totale, celle intégrale de force lumineuse, conduira à la détermination du poids de métal qui l'aura pro- duite. C'est ainsi que la connaissance d'une quantité déterminée de ma- tière peut être ramenée à des mesures photométriques. » Je n'ai pas besoin d'ajouter que ces considérations s'appliquent sans modification à tous les corps donnant dans les flammes une émission lumi- neuse spécifique, tels que le lithium, le thallium, etc. Si le corps était libre et porté directement dans le foyer, comme ce serait le cas pour un métal placé dans l'arc électrique, le principe serait encore applicable, pourvu que la substance se volatilisât régulièrement, en sorte que toutes ses par- ticules prissent successivement une part égale à l'émission lumineuse. » Je me réserve de développer ce sujet et d'exposer plus tard les mé- thodes expérimentales qui me paraissent donner les meilleures applications des principes exposés.. » PHYSIQUE APPLIQUÉE. — La lunette de rempart. Note de 31. A. Cazin, présentée par M. Faye. « Il serait utile de pouvoir observer les mouvements de l'ennemi pen- dant l'attaque, en restant abrité derrière un rempart élevé et dépourvu d'embrasures, derrière un mur sans meurtrières ou au fond d'une case- mate. » Voici le principe d'un instrument que j'ai imaginé dans ce but. Au sommet d'un tuyau vertical sont placés un miroir plnn incliné à 45 degrés et un objectif dont l'axe est horizontal et passe par le centre du miroir. Cet objectif est à court foyer, ce qui permet de donner à la lunette un champ considérable. Les rayons qui, partant des objets extérieurs, traver- sent l'objectif, sont réfléchis par le miroir et forment dans le tuyau, un peu ( 63o ) au-dessous du miroir, une image réelle de ces objets. Au milieu du tuyau se trouve un système lenticulaire convergent, ayant pour distance focale environ le quart de la hauteur du tuyau. L'image étant formée au-dessus de cette lentille, à une dislance double de sa distance focale, une seconde image se forme au-dessous à la même distance, avec la même grandeur et en sens inverse. Mais, au bas du tuyau, est un second miroir plan, parallèle au premier. Les rayons se réfléchissent sur ce miroir avant de former la seconde image, et celle-ci se trouve reportée verticalement sur le côté. En- fin un oculaire ordinaire sert à observer cette image, qui est à droite. Le champ de l'instrument est le même que celui d'une liuiette astronomique formée par l'objectif et l'oculaire, |)ourvu que le système convergent cpii est au milieu et qui se comporte comme une lentille de projection ait un diamètre suffisant. » Avec un système convergent, de a. mètres de distance, focale on peut voir les objets extérieurs, en se tenant à une profondeiu" de 8 mètres. » On peut, d'après le même principe, réaliser une chambre noire pour casemate. Il faut supprimer dans l'appareil précédent l'oculaire et le miroir inférieur, et employer des lentilles de lo à 12 centimètres de diamètre. On obtient une image réelle d'un champ considérable, à la profondeur vou- lue. En disposant une troisième lentille convergente au-dessous du miroir, de façon que les rayons forment la première image réelle, après avoir tra- versé l'objectif, puis cette lentille, on diminue les aberrations et l'on aug- mente la claité. Les essais que j'ai faits de cet appareil ont été très-satis- faisants. » BOTANIQUE. — Sur le développement des feuilles des Sarracenia. Note de M. H. Bâillon, présentée par M. Brongniart. « Les feuilles de forme exceptionnelle que portent les Sarracenia sont bien connues au point de vue de leur configuration extérieure, et l'on a bien distingué : le long cornet que représente loin- portion principale, le couvercle, de forme variable, qui les surmonte, et même 1 espèce de crèle saillante qui s'étend tout le long de leur bord interne. Mais les botanistes ne sont pas d'accord sur la signification de ces différentes régions de la feuille. L'opinion la |)lus généralement acceptée sur ce point est celle qu'ont exposée, entre autres, A. Saint-Hilaire et M. Duchartre. « Que je » suppose à présent, dit le premier de ces savants [Morphol. vé(jct., i^-i), f les bords ailés du pétiole du Cilnis hiitrix ou du Dionœ/i rapprochés et ( 63i ) » sondés, j'aurai la feuille dn Sarrncenia, formée d'une urne allongée, vé- » ritable pétiole, et d'un couvercle, véritable lame. » I-e second auteur dit de même [Elém. de Bot., 3o8) : « On regarde généralement l'ascidie de ces » plantes comme formée par le |)éliole, et leur lèvre postérieure ou oper- » cule comme représentant le limbe. » Les observations organogéniques pouvaient seules faire coiuiaître ce qu'il faut admettre de ces interpréta- tions. Aussi avons-nous étudié le développement des feuilles dans le S. pw- piirea, assez fréquemment cultivé dans notre pays. A leur premier âge, ces feuilles sont représentées par de petits mamelons, à surface d'abord con- vexe. Un peu plus tard, la base de ces organes se dilate un peu et devient légèrement concave en dedans; c'est le premier rudiment de la gaîne, por- tion de la feuille qui, nous le verrons, n'a aucun rapport, quoi qu'on en ait dit, avec la cavité de l'urne des Sarrnceiiin. Cette portion vaginale, qui prendra plus tard un assez grand développement, se comporte ici comme dans tous les végétaux où elle existe, et n'a aucune influence sur la consti- tution de l'urne. Le premier indice de cette dernière est une petite dépres- sion, une sorte de fossette, d'abord bien légère, qui se produit en liant et un peu en dedans du cône que représente la jeune feuille. Cette dépression n'est due eu réalité qu'à une inégalité de développement dans les diverses portions du sommet de la feuille; et l'inégalité ne se produit qu'un peu tard, vers le sommet d'une feuille dont les portions pétiolaire et vaginale existaient déjà. A cet égard, les feuilles des Sarracenia se comportent à peu près comme celles des Nympliaeacées, avec lesquelles elles ont d'ailleius tant d'analogies. Si bien qu'à cet âge les jeunes feuilles coniques des Sar- raceitia ont la même apparence que celles des Nepenlhes, mais pour une tout autre raison, si l'on admet, avec M. J.-D. Hooker, que l'urne de ces derniers est le résultat du développement considérable d'une glande. Ici, c'est bien la surface supérieure du limbe qui se trouve à ce moment ré- duite à une fossette; aussi cette dépression est-elle tapissée d'un épidémie qui est l'épiderme supérieur de la feuille, qui se développe d'autant plus que celle-ci grandit davantage, et qui même se couvre ensuite de poils dont la faculté sécrétante a été signalée par un grand nombre d'observa- teurs. Plus la fossette se creuse, plus le limbe de la feuille prend l'appa- rence de certaines feuilles peltées, telles que celles à^'s Nelumbo, égalenient fort voisins des Sarracenia. Le cône large et peu profond que forme le limbe foliaire des Nelumbo devient, dans les Sarracenia, plus profond et plus étroit, de façon à présenter définitivement la forme d'un long cornet obco- nique. En même temps que se produit cette déformation, la portion de la ( 6?.i ) feuille que l'on appelle l'opercule se dessine, d'une manière variable sans doute, dans les différentes espèces. On sait qu'il y a des feuilles peltées dont le limbe n'a pas un bord entier, mais est découpé en créuelures ou en lobes, et que parfois ces lobes sont inégaux, le terminal-médian pouvant être plus développé que les autres. C'est une des causes qui font que le pétiole ne s'insère pas au centre de figure du limbe pelté, mais plus près de sa base, laquelle est souvent plus ou moins profondément échancrée- cordée. Dans la feuille du Sarracenia, on pouvait s'attendre dès le début à voir un phénomène analogue se produire, parce que la fossette était en- tourée par un rebord plus épais en haut que sur les côtés et en bas. Cette inégalité ne fait que s'accentuer avec l'âge, et c'est le bord supérieur ([ui grandit le plus vite, s'étrauglant ensuite un peu à sa base. Telle est l'origine du couvercle et des saillies latérales, plus ou moins prononcées, qui sou- vent l'accompagnent; ce sont donc, non un litube, mais les lobes inégaux d'un limbe qui existait avant eux. Il reste à expliquer la signification de cette sorte de carène verticale qui longe le bord interne de l'urne. Cet organe existe, à l'état ordinairement rudiraentaire, dans un grand nombre de feuilles peltées. On aperçoit souvent une nervure ou une crête saillante qui s'étend dans ces feuilles, sur la face inférieure du limbe, de l'insertion du pétiole au fond du sinus que présente la base du limbe. La crête des feuilles du Sarracenia ne nous paraît être qu'une exagération de cette même partie; et si elle a une direction verticale, ce n'est qu'une conséquence de l'extrême profondeur que prend le limbe démesurément pelté de la feuille des Sarracenia. « ZOOLOGIE IIISTOIUQUE. — Sur les animaux employés par les anciens Egyptiens Cl la chasse et à la guerre (deuxième Note); par M. Fr. Lkxormaivt. « Le chacal, qui paraît être la source d'une partie au moins de nos races de chiens, s'apprivoise aisément. On en rencontre encore aujourd'hui quel- quefois chez les habitants de la Syrie, de l'Egypte et du nord de l'Afrique des individus qui, pris dans leur jeunesse, ont reçu une éducation domestique et sont, au même état que des chiens, les familiers de la maison. Il en était de même dans l'antique Egypte. Les tombes de l'Ancien Empire montrent à plusieurs reprises un chacal apprivoisé remplaçant le chien auprès du défunt ou se mêlant à ses chiens. Dans un des hypogées de Béni-Hassan (XIP dynastie), un chacal ainsi dressé prend même part à la chasse. Mais ce sont toujours des exceptions, des faits d'élève iuciividuelle, comme ( 633 ) ceux que l'on observe de nos jours, el rien ne permet de supposer que, chez les anciens Égyptiens, le chacal, conservant ses traits caractéristiques d'espèce sauvage, ait été tenu habituellement dans un état de domesticité ou de semi-domesticité, et ait compté parmi les auxiliaires accoutumés des chasseurs. » En revanche, une scène du beau tombeau de Ptah-hotep à Saqqarah (V* dynastie), publiée par M. Duemicheii {Rcsultnteder Jnhœotogisch-Plioto- grafjliischen Expédition^ première partie, PL IX ), cpii représente les valets de vénerie de la domesticité du défunt rentrant avec leur gibier, montre leur chef(qu'accompagne son nom |iropre, Noum-hotej)) tenant en laisse à la fois, couplés et prêts à être lancés sur la |)isle, quatre lévriers e! deux animaux du genre Canis , au port rapproché ) sibles de la critique que je viens de citer. » » Cette Note se compose de trois paragraphes portant les titres sui- vants : » § I. Quelques expériences sur deux préparations faites en Amérique, àite& farines de inandes. » § II. Raison sur laquelle j'ai fondé la nécessité des aliments com- plexes pour la nourriture de l'homme et des animaux supérieurs. )) § III. Inconvénient de détourner l'acception de différents mots rléfinis par la science. » A ma grande contrariété, le manuscrit présenté à la dernière séance a été perdu mercredi matin parla personne à laquelle je l'avais confié pour le remettre à l'imprimerie. Je me suis ainsi trouvé dans la nécessité de l'écrire de nouveau. » Mes réflexions sur l'histoire de l'invention des frères Montgolfier ont pu être rédigées |)Oiu' paraître dans le Compte rendu de la séance où elles ont été faites; mais le temps m'a manqué pour la Note relative aux subsis- tances. C'est alors qu'en me remettant à l'œuvre j'ai vu clairement que le second paragraphe de la Note, loin d'être un accessoire aux deux autres paragraphes, était la partie essentielle de ma Communication. A ce nou- veau point de vue j'ai doiuié au second paragraphe l'ampleur sous laquelle je le présente dans le Mémoire actuel, et les paragraphes I et III de la Note prendront les titres de premier et deuxième Document. EXPOSÉ DES BAISONS POUR LESQUELLES l'aI.TMF.NT DE l'hoMME ET DES ANIMAUX SUPÉRIEUUS DOIT ÊTRE d'une NATURE CHIMIQUE COMPLEXE. » J'ai souvent entendu parler de la nécessité que les aliments de l'homme et des animaux supérieurs fussent d'une nature chimique plus ou moins complexe; mais je ne sache pas qu'on en ait donné les raisons avant l'écrit ( 637 ) que je lus à l'Académie le 7 d'août 1837 (i). Plusieurs fois, dans ces der- niers temps, j'ai eu l'occasion de le citer, et cependant il me semble utile de rappeler ces raisons en les coordonnant et y ajoutant des dévelop|)e- ments que je leur ai donnés depuis 1837 et des considérations nouvelles. » Premier fait. — Un fait fondamental de l'acte chimique qui se passe dans un corps vivant, relatif à l'assimilation de la matière qu'il prend an monde extérieur pour vivre et se développer, c'est la faiblesse des forces physiques et chimiques, ou, en d'autres termes, des causes auxquelles nous rapportons immédiatement les modifications que la matière du dehors éprouve à l'intérieur des corps vivants. » Si, de tout temps, j'ai cherché à montrer l'intervention de ces forces dans les phénomènes de la vie sans prétendre en exciiu-e toute autre, j'ai admis, explicitement ou implicitement, que l'intensité de leur action est faible, sinon dans tous les cas, du moins dans le plus grand nombre. Car donnez aux forces physiques, chaleur et électricité, quelque énergie, et les composés organiques seront décomposés s'ils existent, ou, s'ils n'existent pas, ils ne pourront se produire dans cette circonstance; car personne n'ignore que la vie ne persiste pas au delà d'un certain degré de tempéra- ture, et qu'une électricité forte foudroie tous les êtres vivants. » Supposez donc des affinités énergiques, et tout l'édifice organique va se réduire en composés binaires les plus stables, tels que l'oxyde de carbone, l'acide carbonique, l'eau, et eu corps simples si l'oxygène manque. » Une explication est ici nécessaire pour qu'on sache bien le sens que j'attache aux expressions d'affinités énergiques et d'affinités peu énergiques. » Je n'entends pas que dans l'acte de la respiration de l'homme et des animaux supérieurs, lorsqu'il se forme de Vacide carbonique et de Veau, comme tout le monde l'admet, il n'y ait point une affinité énergique qui préside à l'union de l'oxygène avec le carbone et l'hydrogène, mais je comprends que dans une unité de temps il n'3 a qu'une très-petite quantité pondérable de combiu'ant et de condjustible à prendre part à l'action chi- mique, quantité déterminée par le besoin qu'a l'être vivant de cette cha- leur développée. Or, la combustion du carbone et de l'hydrogène se passant dans des organe^ dont la masse est considérable relativement à celle de la matière combustible brûlée, la première ne souffre pas de la chaleur dé- gagée par la combustion. (l) Considérations générales l't inductions n'iativi's à la nintirre drs clrrs i^ii'dnts. — Mémoire de l'Académie, t. XIX. — Journal des Savants, novembre 1837. 85. ( 638 ) )) En outre, ces organes se composant de tissus humides et de liquides, et une partie de la matière qui les constitue éprouvant des changements physiques et chimiques qui ne donnent Meu à aucun phénomène anuon- rant une action énergique des corps qui y prennent part, je dis que ces chom^emenis produits diuis une masîe considérahle rclaiivemenl à la masse brûlée, te .^oni j>ar des affinilés faibles. » Vîa pensée ainsi esp'-quée d'une manière que je crois simple et pré- cise, je vais citer quelques causes dont Tintervention dans les phénomènes chimiques de la vie, généralement admise, apparliennenl à -'a caiégorie des forces dont l'action est peu énergique, à en juger par les phénomènes pas- sagers qui peuvent apparaître connue chaleur, lumière et électricité. » On allribue à ces causes, soii des phénomènes dits de fermentation , soit des phénomènes résultant de la présence de certains corps qui semblent, après l'action qu'on leur altrdDue, ce qu ils étaient auparavant. » .Tk citerai commo exemples du premier la d\Tstase, la pepsine, la cé- réaline, et comme exemple du second la fibrine dégageant l'oxygène de l'eau oxygénée, à l'instar du peroxyde de manganèse. M Je ciierai encore un fait remarquable (i), c'est la coagulation de l'al- bumine de Tœuf par l'édier saiuré d'eau, el par l'huile volatile de térében- thine. Si' n'y a pas d'union entre l'élher, l'huile volatile et l'albumine, ces liquides coaguleraient lentement cette substance à l'instar de la chaleur, sans s'unir à l'eau. » En ctéfinilive, i! est des actions capables de produire des changements plus ou moins grands dans les propriéiés des principes immédiats des êtres vivants sans manifester pour cela des phénomènes correspondant à ceux des affinités énergiques, qu'actuellement nous ne pouvons rattacher ni à l'affinité, ni .uix forces physiques connues, telles que la chaleur, la lumière, l'éiectricité; et la caus^ de ces actions, dont l'intervention dans les phéno- mènes de la vie ne parai-, pas-domeuse, semble résider dans des espèces chi- miques ou dans des tissus organisés qui les manifestent même après avoir été séparés de l'être vivant. Différence des principes immédiats organiques d'avec la matière minérale. » Les plantes et les animaux diffèrent du monde minéral qui nous en- vironne en ce que ta plupart des espèces de principes immédiats organi- (i) Mémoire la le 9 de juillet 1821 à l'Académie : De l'influence ijue l'eau exerce sur plusieurs substances azotées solides. ( 639 ) qties renferment un plus grand nombre d'atomes que les composés de la naliire inorganique, ei que si les premières espèces ne renferment pas toutes chacune comme éléments un plus grand nombre d'espèces de corps simples que les composés de la nature inorganique qui nous environne, elles diflereiit de ceux-ci en ce que les aloaies décidément combub>tibies, comme !e carbone el l'hydrogène, dominent tout à fait par le nombre sur ceux de l'oxygène essentiellement comburant. Or, parce cpie les ;iffinités les plus énergiques sont celles du comburant et du combustible et qu elles tendent à constituer des cocnposés binaires, tels que l'oxyde de carbone, l'acide carbonique, l'eau, eic, on voit une cause d'instabiiiié dans la ma- tière des èties vivants qu'on ne îrouve pas dans les composés minéraux qui nous entourent, comme Teau, l'acide carbonique, les terres, les pierres, parce que ceux-ci résulienl de l'union de corps simples qui ont satisfait à leur puissante affinité pour l'oxygéoe. » Cet elat de choses permet d'apprécier la valeur de la raison alléguée par les partisans de la géiéral^on spontanée à ceux qui leur demandent pour- quoi il ne se produit pio.; au ourd'hui comme autrefois sponianément des mammiîères, des oiseaur, des rep-liles, eic. etc., puisque les partisans des générations sponlanées admettent en principe que tout éife vivant a été produis pai' ce qu ils a'jpellenl la naturk ! La raison qu ils en donnent est que celte nature a perdu une puissance, une énergie dont elle joujssait autrefois. Mais évidemment, d'après ce qui précède, celle puissance, ceite énergie ne pouvait appartenir aux forces que nous oonnnons physiques et chimiques, d'où découle la conséquente qu'en ne sexpliquant pas sur la nalure de celle puissance on répond en recourant ia^plicitement à une cause vraiment occulte. )) Deuxième fait. — Les plantes s'assimilent la matière de plusieurs com- posés binaires de la nature inoi-ganique,' tels que l'eau, l'acide carbonique, l'ammoniaque, des composés d'azole oxygéné, des chlorures, des lodu-es de poiassiuni et de sodium, des corps simples, l'oxygène, et lazole suivant quelques personnes, des composés salins, tels que phosphates, sulfates, ;tzo- tates, eic, etc. » Elles produisent des principes immédials organiques ''ont lU) certain nombre sont considérés comme identiques à d'^s prii)cipe>^ immédiats des animaux, ei es autres leur .^ont plus ou moins analogues et toujours diffé- rents des composés iuorgiiniques. » Uhonime, les animaux supérieurs, la plupart des animaux inférieurs, sinon tous, ne peuvent vivre qu'aux dépens des végétaux, immédiatement ( 64o ) s'ils sont herbivores, et inédiatement conséqnemnient s'ils sont carnivores. » Conséquences de ces faits. — On lire la conséquence du premier et du deuxième fait précédents. » Les plantes sont des intermédiaires pour mettre la matière du inonde minéral à la disposition des animaux, après qu'elles ont fait subir à cette matière l'élaboration nécessaire à ce que les animaux [)uissent se l'assi- miler. » Je vais développer cette relation de l'aliment préparé 'par les plantes pour les animaux, afin de faire bien comprendre la nécessité de la com- plexité de composition chimique de l'aliment propre à la nourriture de l'homme et à celle des animaux supérieurs. » Pour bien apprécier le rapport existant entre la composition chimique de l'aliment et celle de l'être qui s'en nourrit, il faut, comme je l'ai fait dès 18^7, distinguer deux cas : » i" Celui où l'être vivant tire sa nourriture d'une matière contenue dans une graine ou dans un œuf, suivant que cet être est une plante on un animal; » 2° Le cas où l'être vivant croît principalement aux dépens des corps extérieurs, comme le fait une plante pourvue d'organes verts et un animal à l'état adulte. » Premier cas. — Grande est l'analogie de la germination de la graine avec le développement du germe de l'œuf, sauf cette différence que la graine absorbe de l'eau au monde exlérimu-, tandis que l'œuf de l'oiseau en perd, terme moyen, un cinquième. » Mais tous les deux ont besoin d'une certaine élévation de température avec le contact de l'air. » Il y a encore cette analogie, que la graine et l'œuf contiennent les principaux types de composition chimique de la jeune plante et du jeiuie animal. » Dans la graine on trouve des principes ternaires dont les uns sont de nature grasse, comme l'oléine, la margarine; les autres sont solubles dans l'eau ou susceptibles de le devenir, comme des sucres, la dexfrine, l'amidon, des principes quaternaires azotés, counne le gluten, l'albumine végétale, des chlorures de potassium et de sodium, des sels inorganiques essentiels à la vie végétale. » L'œuf des oiseaux renlerme des principes organiques ternaires et qua- ternaires. ( «4i ) » Parmi les premiers on distingue des principes gras neutres, tels que la cholestérine, la margarine, l'oléine; des principes gras jouissant de l'aci- dité, tels que l'acide inargarique, l'acide oléique; un principe sucré soluble dans l'eau. » Parmi les principes organiques quaternaires azotés on compte l'albu- mine, la vitelline. » Il y existe des principes colorants, une matière huileuse phosphorée. » Enfin des composés de la nature inorganique, comme des chlorures de potassium, de soduun, des phosphates de chaux, de magnésie, etc., etc. » Une considération du ressort du premier cas montre dans le lait que suce le jeune mammifère incapable encore de s'assimiler l'aliment de l'a- dulte, les types de compositions chimiques les plus variées et en parfaite harmonie avec les exigences des organes du jeune mammifère. » Après avoir parlé des différences que présentent dans le second cas la plante adulte, si cette expression m'est permise, avec l'animal adulte quanta l'assimilation de la matièie du monde extérieur, je reviendrai sur l'analogie que présentent la graine et l'oeuf dans le premier cas. » Second cas. — La différence est grande entre la plante pourvue de feuilles et l'animal sevré de sa mère, relativement à l'assimilation de la ma- tière du monde extérieur, puisque c'est alors que se montre la plante avec le caractère qui la distingue le plus essentiellement de l'animal. Elle s'as- simile des composés binaires du monde inorganique; elle vit et se déve- loppe, tandis que si l'animal, du moins le supérieur, était réduit à ces seuls composés binaires, il périrait. » I^a plante pourvue d'organes verdoyants, dicotyledonée ou monoco- tylédonée, d'une organisation moins complexe que celle des animaux, des animaux du moins qui ne sont pas à la limite inférieure de l'échelle, ne peut accomplir sa fonction principale, vraiment caractéristique, a savoir l'assimilation de la matière nnnérale en principes immédiats organiques sans les influences d'iuie certaine température et de la lumière du soleil. » C'est alors que l'acide carbonique se décompose; son oxygène devient gazeux en partie selon Th. de Saussure, en totalité selon Boussingault, tandis que son carbone, en s'unissant aux éléments de l'eau, et probable- ment aussi aux éléments de l'ammoniaque, de composés d'azote oxygéné, constitue des principes immédiats organiques dans lesquels le principe com- bustible, carbone et hydrogène, prédomine sur le principe comburant, l'oxygène. Tout est conjecture dans la formation de ces principes, mais le fait fondamenlal est incontestable, la désoxygénaiion de l'acide carbonique, (642 ) partielle ou complète, et V union du cnihone consliluant des principes inimé- dinis organiqttes avec excès de matière coinbusliblc. » Il a fallu potir formuler ainsi ce J"il Jondamental pins de trente ans de travaux, auxcjuels sont allacliés les noms de Bo !iiei ei siirtoul de Phesiley, de liigen-Ilouiz, de Sennebier et fie Tli. de Sc*uss.:te. et j»iouiei' à ces r)()ai- celui ('c Boussingault, qui en i864-ii5L'8a t'it que ses expériences démontrent que ie gaz acide carbonique perd la totalité de sou oxygène, contrairement à l'opinion de Th. de Saussure. )) Combien l'homme et la plupart des animaux, sinon tous, diffèrent des plantes, incapables qu'ils sont de s'assimiler la matière minérale sous la double influence d'une certaine température et du soleil ! S'ils jouissent de la lococjotion, s'ils ont besoin pour vivre d'une certaine température, si la liunière du soleil leur est agréable et utile, dépendants des végétaux, ils ne peuvent se passer de la malière hùnérale, lemlue organique par ces mêmes végétaux qui ont séparé l'oxygène ou carbone sous l'iuHuence du soleil. » Ces faits posés, sans hypothèse aucune, voyons conment ils concou- rent à démontrer la nécessité que les aliments indispensables à ia nour- riture de 1 homme et des animaux supérieurs aient une composition chimique plus ou moins comp'exe, c'esî-à-dire qu'i's soient formés de principes iinmédials organiques d'origine végétale et qu'ils renferment en meine temps certains composés minéraux indispensables à l'homme et aux animaux. ') 1° Les principes organiques dits immédiats, parce qu'ils constituent immédiatement les êtres vivants, plantes et animaux, sont en réalité moins s'ables que les composés du monde minéral qui nous entourent, que nous touchons, et .'nix((uels nous comparons les premiers. u Pourquoi ce jaiû C'est que les minéraux es principes immédiats organiques, qui contiennent généralement du ca'lioiteet de l'hydrogène en excèj.siir la quantité '^' 37, 38, 4', 44- ( 66i ) forme et l'étendue des oscillations verticales du corps de l'oiseau, d'établir le rapport de chacun de ces mouvements avec les différents temps d'une 3 I I ■a ça § -S ta .S' révolution de l'aile, enfin de déterminer les variations de la vitesse hori- zontale de l'oiseau et les instants où elles se produisent. » L'appareil que j'emploie et que j'ai l'honneur de présenter à l'Aca- 88.. ( 662 ) demie est basé, comme ceux dont je me suis servi déjà, sur la transmission (les mouvements de l'oiseau, ;i un enregistreur an moyen d'nn Inlx' ;i air. Ce tube t'ait communiquer l'appareil explorateur avec l'appareil enre- gistreur. 1) Si j'agile verticalement l'appareil explorateur, on voit que le ré- cepteur enregistre des mouvements semblables en amplitude et en durée. » Après m'èlre assuré que l'appareil transmettait fidèlement les mou- vements d'oscillation verticale qui lui sont communiqués, je l'appliquai siu- le dos d'un oiseau que je fis voler dans un vaste espace, et j'obtins le tracé des oscillations verticales de cet oiseau pendant son vol. En opérant ainsi sur une série d'oiseaux de différentes espèces, j'ai obtenu la série des tracés représentés^^, i. » Il ressort de cette figure que les différentes espèces d'oiseaux ont le vol inégalement saccadé, et que le canard oscille beaucoup plus clans la verticale que les oiseaux de proie. » Si l'on enregistre à la fois les oscillations verticales de l'oiseau ei les mouvements de son aile, on voit : » 1° Que cbaque révolution de l'aile s'accompagne de deux oscillations complètes de l'oiseau; » 2° Que l'une de ces oscillations coïncide avec l'abaissement de l'aile, et l'autre avec l'élévation de cet organe. » On comprend facilement qu'au moment de l'abaissement de son aile, l'oiseau monte en prenant son point d'appui sur l'air; mais qu'il rc- nionle aussi au moment où il relève son aile, c'est plus difficile à comprendre au premier abord. Ce phénomène va s'ex])liquer de lui-même quand nous aurons déterminé les variations de la vitesse borizontale de l'oiseau dans leiu'S rapports avec les oscillations verticales- » L'appareil qui sert à enregistrer les oscillations verticales de l'oiseau permet, si ou le place dans une autre position, d'enregistrer les cliange- menls de la vitesse de translation. En combinant deux appareils à la fois, on peut déterminer tous les mouvements de l'animal et connaître, à chaque révolution de l'aile, quelle est, à la fois, la hauteur et la vitesse du corps de l'oiseau. » La fiij. 2, lioiil jci ne pius ici développer l'-inalyse (i), luonlre la combinaison de ces deux ordres de mouvement. (i) Voir Rrriif tin: Cours scientifiques, 1869, 2 ort., n" 44- ( 663 ) » ïl ressort de ces expériences que l'oiseau exécute les mouvements suivants. » i" En abattant ses ailes, il s'élève |)our retomber à la fin de ce temps d'abaisse- ment. En même temps, l'oiseau accélère sa vitesse horizontale. J'ai indiqué dans la Note précédente la cause de ce double elfet. » 2° En relevant son aile, l'oiseau s'élève = de nouveau pour retomber ensuite; mais, > dans ce deuxième temps, il perd beaucouj) Z de sa vitesse horizontale. 2 » Ce dernier fait donne la clef du mé- 0 canisme de la seconde ascension ; il montre ~ que cette ascension se fait aux dépens de la p vitesse acquise par un mécanisme analogue ^ à celui du cerf-volant, qui marchant contre J l'air, en lui présentant nu plan incliné, S s'élève aux dépens de la force horizontale '° qui lui est appliquée. ï M L'expérience m'a montré que cette se- ° coude ascension manque lorsque l'oiseau, -S au début de son \o], n'a pas encore acquis ~ la vitesse aux dépens de laquelle elle se 1 produira. 1 » M. Liais, dans des études sur le vol g des oiseaux, avait déjà émis cette théorie fi (voyez Comptes rendus, t. LU, p. G97). On retrouve la même idée dans plusieurs au- tres auteurs, et sans démonstration expéri- mentale. » Dans une prochaine Note, j'exposerai le résultat des tentatives que j'ai faites pour reproduire synthéiiqueiucnt le mécanisme du vol, c'est-à-dire pour réaliser, au moyen d'un a()p,u'('il pesant, les effets de soutène- ment dans l'ail- et de tr.mslation horizontale que l'oiseau obtient par l'ac:- tioii de ses ailes. » ( 664 ) ZOOLOGIE HISTOKIQUE. — Sw tes animaux employés par les anciens Égyptiens à la chasse et à la guerre (troisième Note); par M. F. Lexorma.xt. « Le miépard [Felis jubnta) n'est figuré sur les monuments ni de l'Ancien ni du Moyen Empire. C'est seulement avec le Nouvel Empire, lors des grandes conquêtes de la XVIIP et de la XIX* dynastie, qu'il fait son appa- rition dans les sculptures pharaoniques. On voit alors fréquemment, parmi les bas-reliefs qui représentent les envoyés des populations nègres du Haut- Nil apportant leurs tributs aux monarques égyptiens, des guépards évidem- ment apprivoisés que l'on amène tenus en laisse avec des colliers plus ou moins richement ornementés (entre autres représentations, voir Duemi- chen, Hislorischen Inschriflen, 2« série, PI. III, XVII et LXI). Il est donc clair que dès cette époque les tribus de race noire qui peuplaient les bords du fleuve dans son cours supérieur avaient l'habitude de dresser le guépard au rôle d'auxiliaire de l'homme dans la chasse des antilopes, comme les Abyssins du Moyen-Age et encore aujourd'hui les Bedi M'Zab du Sahara algérien (sur l'emploi du guépard chez les populations africaines, voir Hartmann, Zeilscltr. d. Gesellscli. f. Erdhunde z. Berlin, t. III, p. 57), ainsi que les Indiens. Mais en Egypte ces animaux, envoyés par les chefs des tribus comme présents de haut prix à leur suzerain de Thèbes, étaient sans doute réservés aux plaisirs princiers, car il ne semble pas qu'ils aient jamais été employés dans les chasses des simples particuliers, et on ne les voit point dans les scènes de vénerie des tombes privées. » Une des variétés favorites du sport pour les Égyptiens de toutes les époques de l'antiquité, aussi bien sous le Nouvel Empire que sous les dy- nasties primitives, était la chasse aux oiseaux d'eau, principalement aux palmipèdes qui pullulaient dans le pays comme ils font encore aujourd'hui. Cette chasse avait lieu, non-seulement sur les lacs du Delta, certainement moins étendus alors dans la portion orientale qu'ils ne le sont maintenant, mais dans toutes les parties de l'Egypte, sur les canaux et les réservoirs d'irrigation (appelés maou) qui la coupaient en tous sens, et sur les marais (appelés p'/iou) (]u'on réservait à l'élève du bétail. On la faisait de deux manières : ou bien avec un grand filet ou tirasse qui enfirinait d'un seul coup une quantité considérable d'oiseaux, ou bien en atteignant l'animal au moment où il prenait son vol, par le jet d'un bâton court et légèrement courbé à sou extrémité, pareil au boumerang des Australiens, instrument dont quelques échantillons sont parvenus jusqu'à nous en original (Prisse, Choix de monwncnh égyptiens, Pi. XUI, n"6). Ce dernier système était la ( 665 ) vraie chasse à la mode parmi les gens de distinction, le divertissement na- tional par excellence, et c'est par centaines que l'on compte les tombes de l'Ancien, du Moyen et du Nouvel Empire où le propriétaire de la sépulture s'est fait représenter se livrant à cet exercice. Il est debout, seul ou entouré de quelques personnes de sa famille, sur une de ces nacelles faites de tiges de papyrus réunies en faisceaux dont parlent tous les écrivains classiques. Celle-ci glisse sur les eaux au milieu des roseaux, d'où s'échappent les vo- latiles qu'arrête le bâton du chasseur ou qu'il va atteindre, car le plus sou- vent ce dernier s'apprête à le lancer. » Très-fréquemment, dans les tableaux de ce genre, le chasseur est ac- compagné sur sa nacelle d'un chat favori. Mais cet animal n'est pas là seu- lement comme un simple et inutile flimilier, dont le maître n'a pas voulu se séparer en le laissant à la maison. Plusieurs peintures des tombeaux de Gournah (XVIIP dynastie), une entre autres publiée par sir Gardner Wilkinson [Manners and cusloms of ancient Egjptians, 3* édition, t. III, p. 42), le montrent prenant une part active à la chasse et ne laissent pas de doutes sur le rôle qui lui y était assigné. Utilisant les instincts chasseurs du chat, les Egyptiens le dressaient pour servir de retriever dans ces occa- sions spéciales, pour lui faire saisir et rapporter les oiseaux assommés ou seulement étourdis par le choc du boumerang. C'est, je crois, le seul peuple qui en ait usé ainsi. On doit remarquer de plus que jamais aucune variété de chien n'est figurée comme remplissant le même rôle dans ces chasses aquatiques. Sans doute la souplesse des allures du chat l'avait fait regarder comme l'animal le plus propre à se lancer en pareil cas à la re- cherche du gibier, sautant légèrement de touffe en touffe de roseaux, sans s'embarrasser dans les herbes et sans s'embourber dans la vase, comme le chien n'aurait pas manqué de faire. M Au reste, l'Egypte antique est certainement le berceau du chat comme animal domestique. Rien de plus connu que le rôle du chat dans la sym- bolique religieuse des Égyptiens. C'était l'animal sacré, la personnification vivante de la déesse Pacht, l'épouse de Ptah, le grand dieu de Meuiphis, spécialement sous sa forme de Bast; car, sous celle de Paclit, elle était représentée comme une lionne. De là ces images de chats sacrés en toutes matières où les artistes égyptiens ont souvent déployé un si grand talent d'imitation de la nature animale; de là ces catacombes dans plusieurs lo- calités de l'Egypte antique, où l'on trouve par milliers des momies de chats soigneusement embaumés. On n'élevait pas seulement dans certains temples des chats auxquels on rendait les honneurs divins, comme celui dont le ( 666 ) meurtiv, par un soldat romain, occasionna la fameuse émeute que raconte Dioflore de Sicile (I, 83). Le chat familier de chaque maison était revêtu d'un caractère sacré, et on l'entourait de soins particuliers; à sa mort, toute la famille prenait le deuil (Hérodote, 11, 66). C'est sans doute à une réaclion contre les idées païennes qui s'attachaient à cet animal et le caractère qu'elles lui avaient fait attrihuer, qu'il faut rapporter i'ahaudon presque complet du chat dans un jiays où il avait été si multiplié. Car, dans les maisons de l'Egypte actuelle, on ne rencontre presque jamais cet animal; à sa place, pour se défendre contre les rats, on emploie des couleuvres fa- milières qu'on a soin d'avoir dans toutes les habitations. » En même temps, en effet, qu'ils avaient, conane je viens de le faire voir, des chats dressés pour la chasse aux oiseaux, les anciens Egyptiens élevaient surtout cet animal dans leurs maisons contre les rats. Aussi l'ar- tiste qui a décoré le tombeau de Noum-holep à Beui-Hassan-el-Qadim (XIP dynastie), s'est-il amusé, en figurant une nombreuse série d'animaux, à représenter le rat (désigné par sou nom pennou) en face du chat [maou)^ qui le guette (Champollion, Moniunenls de L'Ecjyplt' ci de In Nubie, t. IV, PL CCCCXXFIll). Dans les caricatures du papyrus satyrique de Turin, les pompeux tableaux des victoires de Rrtmsès III, scidptés sur les murailles du palais de Médinet-Abou, sont parodiés en combats de rats et de chats (Lepsius, Jusivald, PI. XXIII, A), et ce sont le Pharaon et ses soldais que le vieux caricaturiste thébaiu a figurés sous les tiaits des rais. » Enfin le chat n'avait pas pour seule mission dans les habitations de l'Egypte antique celle de défendre des rats; il y servait aussi à détruire les serpents, qui se glissent si fréquemment dans les intérieurs de ce pays et peuvent y causer de graves accidents. Ce rôle, que l'animal avait souvent l'occasion d'exercer, a trouvé loule une série d'applications dans la symbo- lique religieuse de la mythologie pharaonique, parmi les emblèmes de la lutte de la divinité bienfaisante, lumineuse et solaire, contre les puissances ténébreuses et infernales, notion qui fient une place si capitale dans la religion de l'Egypte. Dans le chai)itre XXXIII du grand livre mystique connu des érudils sous le nom de Rituel funéraire, la vignette roprésenle le mort combattant dans l'autre hémisphère un serpent, ministre du principe infernal, et le texte qui s'y rapporte dit : « Il s'attaque à toi. Quand il sera » pour le dévorer, le rat ennemi du Soleil, lu invoqueras les ongles du » chat des mystères. » Ces expressions sont expliquées par un précieux jîassage du chapitre XVII du même Rituel funéraire (Lepsius, Das Todten- buch dcr Mijypter, chap. X\Ii, col. 45-5o; Description de l' EtjYjite, Anli- ( C^7 ) quilés, t. H, PL LXXF, col. 63-56; cf. de Rougé, Revue nrchéologique, ïioiiv. sér., t. I, p. 338 et suiv.), qui jette un grand jour sur la symbolique du chat, du serpent et du rat, ainsi que sur l'échange des deux derniers emblèmes. « Je suis, y est-il dit, ce grand chat qui était à l'allée du perséa » dans An (Héliopolis), dans la nuit du grand combat; celui qui a gardé » les impies dans le jour où les ennemis du seigneur universel ont été écra- » ses. Explication : f.e grand chat de l'allée du perséa dans An, c'est le » Soleil lui-même. On l'a nommé chat en paroles allégoriques; c'est d'a- » près ce qu'il a fait qu'on lui a donné le nom de chat. » La vignetle qui accompagne ce passage montre un chat, assis au pied d'un arbre, tenant sous sa patte la tète d'un serpent. Dans un papyrus de Berlin [Revue ar- chéologique, nouv. sér., t. I, p. SSg) et dans un autre du iMusée de Leyde, il tranche avec un sabre la tète du reptile. C'est la substitution d'une allé- gorie de fantaisie à la représentation symbolique fidèlement empruntée à la nature. " En effet, une très-exacte observation des moeurs des animaux a présidé au choix de ces symboles. Le chat n'est pas moins habile à tuer les ser- pents que les rats; il donne avec plaisir la chasse à ces reptiles. En Syrie, j'ai vu et admiré fréquemment, lorsqu'un serpent pénétrait dans une mai- son, l'adresse avec laquelle le chat, évitant ses morsui-es, lui rompait les vertèbres cervicales d'un coup de patte sur la nuque, exactement comme le représente la vignette habituelle du chapitre XVII i\u Rituel funéraire des Égyptiens. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ART MILITAIRE. — Sui' In force de la poudre et des matières explosives (se- conde Partie). Note de 31. Berthelot, présentée par M. Bertrand (i). POODRES A. BASE DE NITRATES ET DE CHLORATES, « Pour définir la force d'une matière explosive, quatre données sont né- cessaires, savoir : » 1° La composition chimique de la matière explosive; (i) L'Académie a décide que les deux Communicalions de M. Berthelot, liien qu'offrant une étendue totale qui dépasse les limites réglementaires, seraient insérées intégralement au Compte rendu, C, K., 1870, 2« SemeHie. (T. LXXl, Pi» 20.) ^9 ( 668 ) » 2" La composition des produits de l'explosion ; » 3" Le volume des gaz formés; » 4" La quantité de chaleur dégagée dans la réaction. » Les comparaisons et les calculs seront d'autant plus faciles que des équations plus siiu|)les lieront entre eux le corps explosif et ses produits. Je vais examiner à ce point de vue les poudres au nitrate de potasse, au ni- trate de sonde et au chlorate de potasse, réservant pour la troisième Partie les composés explosifs définis. § I. — Poudres fin nitrate île pulasse. •> 1. On sait que leur composition varie dans des limites fort étendues. Soit d'abord la poudre de chasse. Sa composition est à peu près celle de la poudre étudiée par M. Bunsen (i). En déduisant le nitre, le soufre et le charbon échappés à la combustion (2) et en négligeant les produits acces- s«fires, on arrive à l'équation suivante : 8(AzO^KO)+6S+l3C = 5(SO^RO) + 2((:()^KO)^-KS + 8Az+lICO^ laquelle représente assez exactement le.s analyses. » D'après cette équation, i kilogramme de poutlre, en brûlant complè- tement sous la pression atmosphérique, dégage (3) 644000'"' =; Q,, el donne naissance à 216 litres de gaz permanents. En tenant compte des gaz seulement, et d'après les hypothèses faites dans la première Partie, la for- (i) Cette poudre renfermait : Nitre 78,9 Soufre 9,8 Charbon 11,0 (2) On trouve ainsi par expérience : Nitre 81,9 S i»,8 C pur 1,9 (3) Etat initial (calriilé depuis les éléments) : 8(AzOSKO)... 8X129500 = 1036000"' État final (calculé depuis les éiémcnls ) : 5(S0%K0). 5Xi663oo =:83i5oo ?. {CO%lCO). 2X137700=275400 KS 45300 1 1 co= II X 47°o<' =^ ^17000 I I 669200 Clialcur dégagée dans la réaction 633200 pour 983 grammes. ( 669 ) mule „ / ii6x \'.>' P2 = 10,7 7T- exprime la relation entre le poids ,r de la poudre brûlé dans une capacité constante de i litre et la pression développée. Cette formule ne diffère de celle déjà discutée que parce cpi'elle exprime une combustion complète; «lie fournit des nombres un peu plus forts. » 2. Cependant on a négligé dans ces formules la vaporisation des com- posés salins. Or les observations de Rumfordt (i) indiquent que les com- posés produits par l'explosion de la poudre doivent tous affecter la forme gazeuse dans les premiers moments, soit qu'ils subsistent en totalité après refroidissement, soit que l'état de combinaison des éléments change avec la température et la pression. » Si tous les composés observés à froid pouvaient être réellement amenés à l'état gazeux, sous la pression o™,76o et à une températiu-e convenable t, leur volu'iie total serait 3o6'"(i + at). La combustion opérée sous le vo- lume constant de 3o6 litres élèverait la température à t, = S'io-o" (2). En général, on aurait p,^30-»,5(^V'"'. ' " \ lOOO / ! kilogramme de poudre brûlant dans une capacité égale à i litre dévelop- perait une pression de ôSSoo""™ := ^o, et dégagerait ^o/joooo"^"' = Qj. Le travail maximum qui pourrait être effectué dans ces conditions est 7040000 X l^25^^. ■ » Ces chiffres ne diffèrent pas beaucoup de ceux qui ont été calculés en négligeant la vaporit^ation des composés salins. Si l'on diminue le poids de poudre, on augmente l'écart des tieux forniides; mais leur marclie générale demeure la même, ainsi que les inductions tirées de leur comparaison avec les expériences de Rumfordt. (1) PioBERT, Traité d' Artillerie, partie théorique, ?,° tirage de la seconde édition, p. Saq. (2) En admettant que la chaleur spécifi([ue moyenne à volume constant des produits de la réaction est 0,121, nombre auquel on arrive par les hypothèses de Clausius : que tous les gaz simples ont la même chaleur spécifique, et que la chaleur spécifique à volume con- stant d'un gaz composé est égale à la somme de celles de ses éléments. On néglige d'ailleurs la chaleur de vaporisation des composés salins; nous savons par les expériences de M. Regnault sur les vapeurs que cette quantité diminue, à mesure (|ue les pressions s'accroissent avec les températures. 89.. ( 670 ) . » 3. Poudre de guerre. — M. Linck (i) a analysé la pondre de guerre. En déduisant les matières échappées à la combustion (2) et les produits accessoires, les analyses de l'auteur peuvent être représentées par l'équation suivante : 8(AzO%KO) + 6^S + i5C = 4(S0% KO) + 2 | (CO% KO) + i jRS» -+-8AZ + 11 i-CO*+|cO. » D'après cette équation, 1 kilogramme de poudre, brûlée complète- ment sous la pression atmosphérique à zéro, dégage 622 doo calories et donne naissance à 225 litres de gaz permanents. La vaporisation totale de tous les composés à t° produirait 3i4(n- at) sous la pression normale. On aura donc : » 1° En tenant compte seulement des gaz permanents, P2 = i3,3 ( — ' \IC 2.7.5 X \''^ - o,43x^ » 2° En supposant tous les produits gazeux, t, = 5 100°; ' "^ \ I 000 / » D'après la dernière hypothèse, i kilogramme de cette |>oudre brûlant dans un espace égal à i litre dévelop|KM-ait 62 700 atmosphères = p.. et dé- gagerait 6 880 000 calories ^ Qo. » Tous ces nombres diffèrent peu de ceux relatifs à la poudre de chasse, c'est-à-dire que les deux poudres, brûlées dans une même capacité con- stante, développeraient les mêmes pressions et pourraient donner lieu au même travail. La différence de leurs effets dans les armes où les gaz se dé- tendent en changeant de volume, semble due principalement au mode de (i) Annalcn dcr Clicmic iiiid P/irirm., t. CIX, p. 53. La poiidie analysée contenait î^'"'»-^ , 74,7 Soufre 12,45 Charbon. 1 2 , ?.5 {2) On trouve ainsi par expérience : Nitre .j8,7 Sou fre I •->, , 85 Caihonc 8,55 ( 671 ) propagation de la combustion, moins rapide dans la poudre de chasse, à cause de sa constitution physique (i). » 4. Dans ce qui précède, j'ai représenté la combustion de la poudre d'après les analyses exécutées sur les produits réels. Comparons les résul- tats avec les réactions théoriques c[ue l'on admettait autrefois. D'après l'équation AzO\ KO + S -h 3C = 3CO- + RS + N, t kilogramme de poudre devrait dégager 420 000 calories, en brûlant à zéro et sous la pression o^^^Go. Il donnerait naissance à 33o litres de gaz permanents à zéro. Enfin la vaporisation totale produirait à <" 4i2'(i + c<^) sous la pression normale. )i On tire de là, dans l'hypothèse d'une vaporisation totale, /, ^ 3390", ' ' \I000 / I kilogramme brûlant dans un espace égal à i litre développerait 65 200 at- mosphères et dégagerait 5 3ooooo calories. » La quantité de chaleur dégagée d'après cette équation théorique est beaucoup plus faible, dans toutes les conditions, que la chaleur dégagée dans la réaction véritable. En d'autres termes, les produits qui dégagent le plus de chaleur en se formant sont ceux qui se forment de préférence, conformément à une relation très-générale en Chimie. » 5. La poudre de mine renferme un excès de soufre et de charbon, par rapport au même poids de nitre. Les composés formés dans sa combus- tion n'ont pas été déterminés par des analyses; au moins dans ces der- niers temps. C'est pourquoi je me bornerai à envisager l'équation théo- rique (a) : AzO^KO + 2S + 4G = 2CO-+ 2CO + KS- -h Az. I kilogramme de poudre devra dégager 38o 000 calories (à zéro et o™, 760) et produire 355 litres de gaz permanents. La vapoi'isation totale produirait 426', 5 (i H- at) sous la pression normale. (i) Piobeit, loco citaln, p. i36 et i54. (2) Rite exige : Nitre 65 , o Soufre. 20,0 Carbone ■ iO,o (67a ) » Dans l'hypothèse de la vaporisation totale, /, = 3ioo": /)2 = 1 2 , 4 - — - — I kilogramme de poudre de raine, brûlant dans nn espace égal à i litre, développerait 63 3oo atmosphères et dégagerait 4 900 000 calories. » 6. Soit enfin la poudre avec granil excès de charbon, laquelle iournit plus de gaz qu'aucune autre (i) : AzO%KO + S + 6C = 6C0 4- RS + Az. I kilogramme dégagerait 429/100 calories (à zéro et o"',y6o), en produi- sant 5io litres de gaz peruianenls. La vaporisation totale produirait à t" 583' (i -h at) sous la pression normale. D'où t, = 32oo"; 1000 p.2 — 1 2 , 8 ( - ] kilogramme brûlant dans un litre développerait 101 000 atmosphères et dégagerait 6 3oo 000 calories. » 7. Les nombres précédents permettent quelques comparaisons inté- ressantes entre les effets produits par les diverses poudres. » Supposons une poudre brûlant dans un espace qu'elle remplit entière- ment, comme il arrive dans les mines et dans les projectiles : on peut dis- tinguer les phénomènes de dislocation, dus surtout à la pression initiale, cl les phénomènes de projection, dus au travail total. Or la pression théo- rique (2) serait Pour la poudre de chasse 655oo atmosphères. Pour la poudre de guerre (ic>.7oo » Pour la pondre de mine ()33oo » Pour la poudre à e.\cès de cliarbon loiooo » » Les trois premières devront donc donner lien aux mêmes effets de dislocation, tandis que la poudre avec excès de charbon sera beaucoup plus efficace. (i) Nitre 65,5 Soufre 10,5 Carbone 24 j** (2) Calculée dans riiy|)ollièse do la vaporisation totale (|ui Inuniil des résultais plus comparahli's. Ou ra])pclk'ra que la densité apparente des poudres non conipriniées dilTère peu de celle de l'eau. ( 673) M Toutefois ces inductions sont subordonnées aux phénomènes de di- sociation, lesquels réduisent la pression théorique initiale dans une pro- portion inconnue. » Au contraire, le calcul de la chaleur dégagée à volume constant, et par conséquent celui du travail maximum sont indépendants des phéno- mènes de dissociation. Le travail maximum sera donc proportionnel aux nombres suivants, par kilogramme de poudre : Poudre de chasse 7042000 X 4^5 Poudre de guerre 6880000 Poudre de mine 49000°° Poudre à excès de charbon 63ooooo » En ti'autres termes, la poudre de chasse et la poudre de guerre l'em- portent sur les autres au point de vue du travail mécanique, surtout lorsque ce travail est destiné à communiquer instantanément de la force vive aux éclats d'un projectile brisé par l'effort d'une pression intérieure qui s'est développée à volume constant. M Mais si la communication de force vive se faisait peu à peu et pendant la détente progressive des gaz à volume variable, dans un canon par exemple, les effets seraient plus compliqués, parce qu'ils dépendraient des phénomènes de dissociation, tels que nous les avons discutés dans la pre- mière Partie. § .11. — Poudres au nitrate de soude. » 1. Le nitrate de soude se prête aussi bien que le nitrate de potasse à la fabrication des poudres; il a été employé en grand dans les travaux de l'isthme de Suez et il présente une économie notable. Malheureusement ce sel est fort hygrométrique et la conservation des poudres qu'd concourt à former exige des précautions spéciales. Les théories thermiques que je vais appliquer augmenteront l'intérêt qu'il peut y avoir, à surmonter ces dif- licultés en inontrant que la poudre à base de nitrate de soude développe une pression plus grande que la poudre au nitrate de potasse, sous le même poids, et peut effectuer un travail plus considérable. » 2. Soit d'abord une composition équivalente à celle que nous avons admise pour la poudre de chasse et pour les produits de sa combustion, constatés par expérience : 8(AzO%NaOj + 6S+ i3C= 5 (SO', Na O) + 2 (CO-, NaO) + NaS + 8Az-+- 11CO-. ( 67/4 ) » Cette poudre dégagera à équivalents égaux (1) presque la même quan- tité de chaleur que la poudre à base de potasse : 647000 calories, au lieu de 633ooo, et elle fournira le même volume de j^az, c'est-à-dire 212 litres de gaz permanents à zéro et o'",76o; elle fournirait 3oi'(i -I- ut) dans l'hypothèse d'une vaporisation totale. )' I kilogramme de poudre à base de soude fournira 769000 calories et 25i litres de gaz à zéro et o'",76o; la vaporisation totale produira 358'(n-(z<). La combustion opérée sous le volume constant de 358 litres élèvera la température à 545o" = (,. On aura encore j}„ = 2r''"" 1 000 quantité plus grande que celle qui répond à la poudre à base de potasse. » Les quantités de chaleur Qo seront aussi plus considérables. » I Idlogiamme de poudre à base de nitrate de soude, brûlé dans une capacité égale à i litre, développera une pression théorique de 85Soo atmo- sphères et dégagera 9600000 calories. » Ces nombres sont plus élevés d'un tiers environ que les nombres calculés pour un même poids de poudre à base de potasse. » En général les poudres à base de soude doivent développer des pres- sions plus fortes et une quantité de chaleur, c'est-à-dire de travail, plus grande que le même poids des poudres à base de potasse et à composition équivalente. En effet, l'expérience prouve que la substitution du sodium au potassium dans un sel défini, soit dissous, soit anhydre, donne lieu à un dégagement de chaleur presque constant, quelle que soit la nature du sel. Or le métal alcalin existant sous la forme saline, aussi bien dans la poudre ( 1 ) État initial : 8(AzO»NaO) 97<3,ooo État final : 5(S0', NaO) :.. . 795,500 2(C0%Na0) ■ aG8,ooo • NaS (environ! ' 43>ooo 1 1 CO- 517, 000 1623,500 Chaleur dégagée dans la réaction 647 4oo calories pour 842 grammes de poudre. La chaleur spécifique moyenne à volume constant, dans l'hypothèse de la vaporisation iotale,sera^94?^^ = o.'4«. 042 ( 6-]5 ) que clans les produits de la combustion, son influence est éliminée dans l'évaluation de la chaleur dégagée par la combustion; elle est éliminée, dis-je, lorsque l'on évalue la chaleur pour des poids équivalents de sels de soude et de sels de potasse. A poids égaux, au contraire, on obtiendra beaucoup pins de chaleur, de même qu'on obtiendra un volume gazeux plus considérable, attendu que l'équivalent du sodium est pins faible que celui du potassium. § III. -— PoudiT au ( hlorate de potasse. » La poudre au chlorate de potasse a été fabriquée autrefois dans les proportions suivantes : Chlorate 75, o Soufre 12,5' Charbon 12, 5 » Cette poudre est éminemment brisante; sa préparation a donné lieu à de terribles accidents. Voyous si la théorie peut rendre coinpie (1(> .sem- blables propriétés. » La composition précédente répond aux rapports 3(ClO%KO) + 4S + loC = 3KC1 •+- /^SO- + loCO. » I kilogramme de cette poudre (i) dégagera g'jaooo calories; elle fournira 3i8 litres de gaz permanents à zéro et o"", ■760; ou bien encore 38G'(i + «/), à f^ et sous la pression normale, dans l'hypolhése de la vapo- risation totale (2). Dans cette même hypothèse, t, = 9090°, /., = 33-(^-«A^V-'', ' ' \ 1000 / (r) F.tut initial (li'|)iiis les éléments : 3(CI0SK0) 110,400 F.tat final : 3KCI 3o8,ioo 4S0' i55,2oo loCO 125, oûo 588, 3oo 588,3 — 110,4=^ 477 '9 1»""' o''^,/^Ç)2 de pondre. (2) Dans celte même hypothèse, la chaleur spécifique moyenne à volume constant des produits serait 2,4 X 22 -. = 0,107. C. R., 1S70, 1' Semestre. (T. LXXI, N» iiO.) QO ( 676 ) valeurs plus fortes que celles qui répondent à presque toutes les poudres à base de nitrates. » I kilogramme de poudre à base de chlorate, brûlé dans une capacité égale à i litre, développera une pression lli 'oritpie de il\G!\oo atmosphères, et dégagera i 100 000 calories. » Les pressions exercées par cette poudre sont donc plus grandes, et les quantités de chaleur développées plus considérables, c'est-à-dire qu'elle doit produire à la fois des effets de dislocation et des effets de pro- jection supérieurs à ceux des poudres aux nitrates. Ces conclusions s'ac- cordent parfaitement avec les faits connus. » L'extrême facilité avec laquelle détonne la poudre au chlorate de potasse, sous l'influence du moindre choc, est une conséquence de la grande quantité de chaleur dégagée par la combustion des parcelles enflammées tout d'abord : cette chaleur élève la température des parties voisines da- vantage avec la poudre au chlorate qu'avec la poudre au nitrate, et elle propage ainsi plus aisément la réaction dans toute la masse. L'influence en est d'autant plus marquée que la chaleur spécifique des composants est moindre (i), et que la réaction commence avec le chlorate, d'après les faits coimus, à une température plus basse qu'avec le nitrate de potasse. » Tout concourt donc à rendre plus facile l'infliumnatioi) de la poudre à base de chlorate de potasse. » Non-seulement la poudre au chlorate est plus énergique et plus in- flammable, mais ses effets sont plus rapides : c'est une poudre brisante. La théorie peut encore rendre compte de cette propriété. En effet, les com- posés produits par la combustion de la poudre au chlorate sont tous des composés binaires, les plus simples de tous et les plus stables, tels que le chlorure de potassium, l'oxyde de carbone, l'acide sulfureux. De tels com- posés doivent éprouver les phénomènes de dissociation à une tem|)érature plus haute et d'une manière moins marquée que les combinaisons plus complexes et plus avancées, telles que le sulfate de potasse et le carbonate dépotasse, ou bien encore l'acide carbonique, combinaisons produites par la poudre au nitrate. C'est pourquoi les pressions développées dans les pre- miers moments seront plus voisines des pressions théoriques avec la poudre au chlorate qu'avec la poudre au nitrate, et la variation des pressions pro- duites durant la détente des gaz sera plus brusque, étant moins ralentie (i) En effet, ces deux |)ou(lres ne diffèrent que par la substitution du chlorate, dont la clialeiir spiVifi(|ue est 0,209; au nitrate dont la chaleur spéri(i(iue est o,?3f). ( ('77 ) par le jeu des combinaisons successivement reproduites pendant la durée du refroidissement. » Les explications qui viennent d'être données ne s'appliquent pas seu- lement aux poudres dans lesquelles le chlorate de potasse est uiélangé avec le charbon et le soufre, comparées avec les poudres analogues à base de nitrate; elles comprennent aussi toute poudre formée par l'association des mêmes sels avec d'autres substances organiques. On peut montrer qu'il en est ainsi sans entrer dans des calculs spéciaux, pour lesquels les don- nées précises feraient d'ailleurs défaut. En effet, nos comparaisons reposent sur les données suivantes, lesquelles présentent un caractère de généralité : » i" La quantité de chaleur dégagée dans la formation de i gramme de chlorate de potasse à partir des éléments, soit 3oo calories, est bien moindre que la quantité, 1280 calories, dégagée dans la formation du même poids de nitrate. Or, à poids égaux, les deux sels fournissent aux corps qu'ils oxydent la même quantité d'oxygène; d'où il suit qu'ils doivent être em- ployés à poids égaux dans la plupart des cas. La formation des mêmes composés dégagera donc plus de chaleîir avec le chlorate qu'avec le nitrate, et l'excès subsiste même en tenant compte de l'union des acides du soufre et du carbone avec la potasse du nitrate. 1) 2° Le volume des gaz permanents est plus grand avec le chlorate de potasse qu'avec le nitrate, parce que le potassium du premier sel demeure sous forme de chlorure, tout l'oxygène se portant sur le soufre et le car- bone pour produire des gaz; tandis que le potassium du nitrate relient une partie de l'oxygène, en même temps qu'il amène une portion du soufre et du carbone à l'état de com|)osés salins et fixes. » Ce grand volume de gaz accroît la pression, même à une température égale et à fortiori à une température plus élevée. » 3" Les composés formés avec le chlorate étant plus simples en général qu'avec le nitrate, la dissociation doit être moins marquée, et par suite le jeu des pressions sera à la fois plus étendu, parce que la pression initiale est plus forte; et plus brusque, parce que l'état de combinaison des éléments varie entre des limites plus resserrées. » TIIERMOCHIMIE. — Chaleur de formation des composés azotiques. Note de M. Bkrthei.ot, présentée par M. Bertrand. » Pour comparer la force des diverses poudres entre elles et avec les autres matières explosives, il faut savoir la nature des réactions accomplies 90.. (678 ) dans l'acte de la combustion et les quantités de chaleur dégagées par les- dites réactions. Or, le calcul de ces quantités exige, dans la plupart des cas, la connaissance de la chaleur de formation de l'acide azotique et de l'azotate de potasse par leurs éléments, quantités qui étaient demeurées in- connues jusqu'à présent. J'ai réussi à les évaluer en faisant concourir les déterminations calorimétriques de MM. Dulong, Hess, Graham, Favre et Silberuiann, Andrews, Woods, Thomsen, Deville et Hautefeuille, etc., avec les expériences de MM. Bunsen et Schischkoff. En admettant, avec ces der- niers auteurs, que leur donnée calorimétrique s'applique à la formation des substances mêmes trouvées dans leurs analyses, je suis arrivé aux valeius thermiques que voici (i) : I" Formation dabioxy de d'azute. Az 4- 0- = AzO' 7000 calories. AzO+0=A20^ 16000 » aAzO = AzO^ + Az. , . 24600 » (i) En raison de rimportance de ces valeurs, je crois util(! d'en exposer le calcul. I. — Chaleur de formation par les éléments des corps qui concourent h la réaction. AzO' 3o grammes. Az4-0^ = AzO' dégage .r : c'est l'inconnue qu'il s'agit de déterminer. AzOSKO lOI^'-,! I224oo"' + a: co' 22 47000 CO 14 12600 CO%KO 6g 137'joo environ SO%KO 87 i663oo KS 55 45300 S'0%KO 1)5 1 38000 environ C'KAzS' (*) HO 9 34500 3C0',2(AzH%H0). ii8 3iiooo environ HS 17 23oo. Charbon. — Le charbon employé dans la fabrication de la poudre n'est pas du carbone pur; il renferme de l'hydrogène et de l'oxygène, à peu près dans les pr()j)orliuns de l'eau. Par exemple, le charbon de la poudre (]«e M. Bunsen a étudiée contenait sur 11,0 parties C^7,6; H=:o,4; 0 = 3,0, Or, la combustion des charbons hydrogénés fournil plus de chaleur que celle qui répondrait au carbone qu'ils renferment, l'hydrogène et l'oxygène étant su|)posés à l'état d'eau préexistante, c'est-à-dire ne concourant plus à la production de la chaleur. Ainsi, MM. Favre et Silbermann, en brûlant de la braise de boulanger (qui con- tenait pour 1 gramme de carbone o"',027 d'hydrogène), ont trouvé 5244° calories, au lieu ( *) Le l'oiils de ce corps qui inlcrvient étanl Irès-petil, on Ta évalue comme suH'uic de potassium. ( 679 ) 2° Formation de l'acide azotique. Az + O' -t- H = AzOSHO pur et liquide 545oo calories. Az 4- 0* + H =: AzO%HO gazeux . . environ 45ooo " Az +0« + H = AzOSHO étendu 62000 » AzO -h O' -t- H = AzOSHO pur. . . 63ooo calories; étendu. . . 70600 calories. AzO^ + 0'4- H = AzOSHO »... 47600 >. 55ooo cal cal c3 Az + 0' + HO i^AzOSHO liquide et pur 20000; étendu 27600, gazeux, env. i5oOo. AzO -t-0* + HO=:AzOSHO » 28600; » 36ooo. AzO=-l-0' + HO^rAzOSHG " i3ooo; » 20600. AzOSHOétendu +0' = AzOSHO » » •' 27000. 3° Formation des azotates. Azotate de potasse Az -I- O' + K = AzOMCO solide Azotate de soude Az -4- 0« + ]Na = AzOSNaO Azotate d'ammoniaque. . Az^ + O" 4- H* == AzO>, AzH',HO » Azotate de plomb Az + O" -(- Pb =: AzOSPbO Azotate d'argent Az + 0* -)- Ag = AzOS AgO " 4° Formation des azotites. » L'acide azoteux AzO% HO formé en solution étendue par Az + 0' + H dégage . . . 345oo"' ; AzO-f-O'-l-H .. ... 43000; AzO' + O'+H » ... 27600; par Az 4- O^ -+ HO . . .. AzO + 0=4- HO. .. Az0=4-04-H0.. 1 29600 calories. 122000 •> ii4ooo » 66600 » 46000 » o"' ■ 8600 ; ■ 6600. de 47000, pour 6 grammes de carbone ; ce qui fait un excès de go6 calories par gramme. J'admettrai ce chiffre pour le carbone du charbon de la poudre. n. — Etat initial de la poudre employée. Poids des composants Clialeur déjà dégagée en cenliènies. dans leur formation. AzOSKO 78,9 S 9>8 (C... 7,6 j Charbon H... 0,4 ' ( O... 3,0 ) Chaleur dégagée. 96600 4- J—^ X 34600X0,4 — 906 X 7, 6:= 6900 102600 78,9 ( Voif la biiite de la note à la |Kige suivante.) ( 68o ) Azotitc de potasse. .. . Az + O' + K = AzO%KO solide env. 102000"'; Azotite d'ammoniaque. Az'-t- O' -t-H' = AzO% AzH', HO solide env. 87000; » » Az'-+- 0'+ H' ^ AzO',AzH% HO dissous ou fondu .. . 80000(1). IH. — État final. SO\KO 42,2 80600 CO%KO 12,6 25ooo S^OSKO 3,2 4400 KS 2,1 2200 C'AzKS' 0,3 So» 3C0%2(AzH',H0). 2,8 7400 3 n AzOSKO 3,7 4400 + -^j ■* lOI Charbon 0,7 4oo S o, ! G co^ 20,1 4^900 CO 0,9 800 Az 9,9 o HS 0,18 20 H 0,02 o O 0,14 o qS.q 168430 H —x • ■ lOI o»o4 Perte i , 1 1 qoo H -v lOI l'7o320 H —X. 101 /? /? Différence entre l'état initial et l'état final : 67 820 — - — - — x. ' ICI L'expérience a donné 6i qSo. Donc x =; 7 65o, ou plus simplement 7 000. Ce chiffre ne doit être regardé que comme provisoire, à cause de la complication des réactions qui ont servi à le calculer. (1) Voici quelques nombres relatifs aux décompositions de l'azotite d'ammoniaque et do l'azotate d'ammoniaque. PrciHiration de l'azote par l'azotite d'aiiimoriinqur. AzO',AzH', HO dissous = Az'-1-2H'0= dégage 58ooo calories; AzO',AzH\ HO fondu = Az'-t-2H'0' (gaz) 38ooo Préparatian du protoxyde d'iizotc par l 'azotate d'ammoniaque. AzOSAzH',HO (fondu) = Az'O' + aH'O' (gaz) absorbe 7500 calories. J'ai expliqué cette réaction anormale en adiucltant une décomposition préalable du sel en ( 68. ) » Ces chiffres exigent de nouvelles expériences, avant d'être admis comme définitifs. Cependant, j'ai cru devoir les présenter parce que les réactions qu'ils expriment jouent un rôle très-important dans les études de philosophie chimique. Dès à présent, ces chiffres permettent de comparer les effets thermiques et mécaniques produits par la plupart des matières ex- plosives. » (Le travail dont sont extraites ces deux Notes et celle qui a été imprimée au Compte rendu de la précédente séance sera soumis à l'examen d'ime Commission composée de MM.Morin, Balard et H. Sainte-Claire Deville.) M. Delacroix adresse une Note sur un système de ballons dirigeables différent à plusieurs égards de celui dont il avait fait l'objet d'une Commu- nication indiquée au Compte rendu delà séance du lo novembre dernier. (Commission précédemment nommée : MM. Morin, Delaunay, Dupuy de Lôme.) M. DcPKis soumet au jugement de l'Académie le projet d'un système de navigation aérienne dans lequel l'aéronaute emploierait pour s'élever et se diriger un appareil analogue aux ailes de l'oiseau, tandis qu'un ballon sou- tiendrait une assez grande partie du poids total de son corps pour que l'excédant fût au-dessous de ce que lui permettraient de mouvoir ses forces musculaires. (Renvoi à la même Commission.) M. Brachet envoie une nouvelle Lettre sur les appareils aérostatiques et les services qu'on en peut tirer en temps de guerre. (Renvoi à la même Commission.) acide asotique gazeux et ammoniaque, entre lesquels s'exercerait l'action véritable. En effet : AzO^HO (gaz)-4-AzH' = Az'O^ + aH^O' dégage SaSoo calories. Les décompositions explosives de l'azotate d'ammoniaque dégagent les quantités de cha- leur suivantes : AzOSAzHSHO(fondu) = Az'-h O'-l-aH^O' (gaz) +10000 calories; AzOSAzH%HO(fondu) = AzO'+ Az-+-2H20^{gaz).. . +17000 Les inductions que j'avais développées dans les Annales de Chimie et de Physique, 4' série, t. XVIII, p. 61 et 68 se trouvent ainsi confirmées et précisées. ( 682 ) CORRESPONDANCE. 31. LE Mi.MSTKE DE l'I!V.struction PUBLIQUE aiiHonce à l'Académie qu'il l'autorise, ainsi qu'elle l'avait demandé, à prélever sur les reliquats même sacrifiée à faire employer et accepter cet aliment et à venir ainsi » d'nne manière si efficace au secours des indigents. » Nous devions toujours offrir ces travaux à l'Académie, c'est un devoir » filial, et l'initiative prise par vous, Monsieur, en ce moment d'épreuves, » le rend des plus opportuns. » Croyez bien, je vous prie. Monsieur, à toute ma considération et à ma » vive gratitude. » AÉROSTATION. — Expériences du système Giffard. M. Dnpuy de Lôme, dans la séance du 3i octobre dernier, mentionnait en termes des plus honorables les travaux de cet ingénieux aéronaute et ex- primait le regret de n'en avoir eu connaissance que depuis qu'il avait fait à l'Académie sa première publication. Les expériences qui ont prouvé tout ce que l'on pouvait attendre de ce système n'ont pas eu en effet toute la publicité qu'elles méritaient, et, comme l'inventeur ne peut maintenanten faire l'objet d'une Communication directe à l'Académie, M. de Fouvielle a pensé qu'elle accueillerait avec intérêt le récit original qu'a donné M. Gif- fard lui-même dans le journal la Presse, numéro du 26 septembre iSSa. Description du premier aérostat à vapeur; pur M. H. Giffard. « L'appareil aéronautique dont je viens défaire l'expérience a présenté pour la première fois, dans l'atmosphère, la réunion d'une machine à va- peur et d'un aérostat d'une forme nouvelle et convenable pour la direction. Ce dernier est allongé et terminé par deux pointes; il a 12 mètres de dia- mètre au milieu et 44 mètres de longueur; il contient environ aSoo mètres cubes de gaz; il est enveloppé de toutes parts, sauf à sa partie supérieure et aux pointes, d'iui filet dont les extrémités ou pattes d'oie viennent se réunir à une série de cordes fixées à une traverse horizontale en bois de 20 mètres de lon^^ueur. Cette traverse porte à son extrémité une espèce de voile trian- gulaire assujettie par un de ses côtés à la dernière corde partant du filet et qui lui tient lieu de charnière ou axe de rotation. Cette voile représente le gouvernail et la quille; il suffit, au moyen de deux cordes, qui viennent se réunir à la machine, de l'incliner de droite à gauche pour produire une C. R., 1870, -i» Semestre. (T. LXXI, N» 20.) 9' ( 684 ) déviation correspondante à l'appareil et changer de direction; à défaut de cette manœuvre, elle revient aussitôt se placer d'elle-même dans l'axe de l'aérostat, et son effet normal consiste alors à servir de quille on girouette, c'est-à-dire à maintenir l'ensemble du système dans la direction du vent relatif. » A 6 mètres au-dessous de la traverse est suspendue la machine à vapeur et tous ses accessoires. » Elle est posée sur une espèce de brancard en bois dont les quatre extré- mités sont soutenues par les cordes de suspension, et dont le milieu, garni de planches, est destiné à supporter les personnes et l'approvisionement d'eau et de charbon. » La chaudière est verticale et à foyer intérieur, sans tubes; elle est enveloppée, extérieurement, en partie, d'une enveloppe en tôle qui, tout en utilisant mieux la chaleur du charbon, permet aux gaz de combustion de s'écouler à une plus basse température; la cheminée est dirigée de haut en bas, et le tirage s'y opère au moyen de la vapeur qui vient s'y élancer avec force à sa sortie du cylindre et qui, en se mélangeant avec la fumée, abaisse encore considérablement sa température, tout en la projetant rapidement dans une direction opposée à celle de l'aérostat. » La combustion du charbon a lieu sur une grille complètement entou- rée d'un cendrier, de sorte qu'en définitive il est impossible d'apercevoir extérieurement la moindre trace de feu. Le combustible que j'emploie est du coke de bonne qualité. » La vapeur produite se rend aussitôt dans la machine proprement dite; celle-ci est un cylindre vertical dans lequel se ment un piston, qui, par l'intermédiaire d'une bielle, fait tourner l'arbre coudé placé au sommet. » Celui-ci porte à son extrémité une hélice à trois palettes de 3'",4o de diamètre, destinée à prendre le point d'appui sur l'air et à faire progresser l'appareil. La vitesse de l'hélice est d'environ i lo tours par minute, et la force que développe la machine pour la faire tourner est de 3 chevaux, ce qui représente la puissance de sS à 3o hommes. » Le poids du moteur proprement dit, indépendamment de l'approvi- sionnement et de ses accessoires, est de loo kilogrammes pour la chaudière et de 58 pour la machine. En tout i 5o kilogrammes, soit 5o par force de cheval ou 5 à 6 par force d'homme; de sorte que s'il s'agissait de produire le même effet parce dernier moyen, il faudrait, ce qui serait impossible, enlever 2,5 à 3o hommes, c'est-à-dire un poids moyen de i 8oo kilogranunes, douze fois plus considérable. ( 685 ) u De chaque côté de la machine sont deux bâches, dont l'une contient le combustible, et l'autre l'eau destinée à être refoulée dans la chaudière au moyen d'une pompe mue par la tige du piston. Cet approvisionnement l'eprésente également la quantité de lest dont il est indispensable de se munir, même en assez grande ([uantité, poiu' parer aux fuites du gaz par les pores du tissu ; de sorte qu'ici la dépense de la machine, loin d'être nui- sible, a pour effet très-avantageux de délester progressivement l'aérostat sans avoir recours aux projections de sable ou à tout autre moyen em- ployé habituellement dans les ascensions ordinaires. Enfin, l'appareil mo- teur est monté tout entier sur quelques roues mobiles en tout sens, ce qui permet de le transporter facilement à terre; cette disposition pouvant, en outre, être utile dans le cas où la machine viendrait toucher le sol avec une certaine vitesse horizontale. » Si l'aérostat était rempli de gaz hydrogène pur, il pourrait enlever en totalité 2800 kilogrammes, ce qui lui permettrait d'emporter une machine beaucoup plus forte et un certain nombre de personnes. Mais, vu les diffi- cultés de toute espèce de s'en procurer actuellement un pareil volume, il est nécessaire d'avoir recours au gaz d'éclairage dont la densité est, comme on le sait, supérieure à celle de l'hydrogène; de sorte que la force ascension- nelle totale se trouve diminuée de i 000 kilogrammes et réduite à i 800 en- viron distribués comme suit : Aéorostat avec la soupape 32o''i' Filet i5o Traverse, corde de suspension, gouvernail, corde d'amarrage. . 3oo Machine et chaudière vide ïoo Eau et charbon contenus dans la chaudière au moment du départ 60 Châssis de la machine, brancard, planches, roues mobiles, bâches à eau et chai'bon . ^20 Corde traînante pour arrêter l'appareil en cas d'accident 80 Poids de la personne conduisant l'appareil 70 Force ascensionnelle nécessaire au départ ... 10 » Il reste donc à disposer d'im poids de 248 kilogrammes, qu'il est plus prudent d'affecter uniquement à l'approvisionnement d'eau et de charbon, et par conséquent de lest. Tout ceci posé, le problème à résoudre pouvait être envisagé sous deux points de vue principaux : la suspension conve- nable d'une machine à vapeur et de son foyer sous un aérostat de forme ' nouvelle, plein de gaz inflammable, et la direction proprement dite de tout le système dans l'air. 91.. ( 686 ) » Sous le premier rapport, il y avait déjà des difficultés à vaincre. En effet, jusqu'ici les appareils aérostatiques enlevés dans l'atmosphère s'é- taient bornés invariablement à des globes sphériques ou ballons tenant suspendu par un filet un poids quelconque, soit une nacelle ou une espèce de panier pouvant contenir une ou plusieurs personnes, soit tout autre objet plus ou moins lourd. Toutes les expériences tentées en dehors de cette unique et primitive disposition avaient eu lieu à terre, ce qui est infiniment plus commode et moins dangereux ; le plus souvent elles étaient restées à l'état de projet ou de promesse. » En l'absence de tout fait antérieur suffisamment concluant et malgré les indications de la théorie, je devais encore concevoir certaines craintes sur la stabilité de l'appareil; l'expérience est venue pleinement rassurer à cet égard, et prouver que l'emploi d'un aérostat allongé, le seul que l'on puisse espérer diriger convenablement, était, sous tous les autres rapports, aussi avantageux que possible, et que le danger résultant de la réunion du feu et d'un gaz inflammable pouvait être complètement illusoire. M Pour le second point, celui de la direction, les résultats obtenus ont été ceux-ci : dans un air parfaitement calme, la vitesse de transport en tout sens est de 2 à 3 mètres par seconde; cette vitesse est évidemment augmentée ou diminuée par rapport aux objets fixes de foute la vitesse du vent, s'il y en a, et suivant qu'on marche avec ou contre, absolument comme pour un bateau montant ou descendant un courant quelconque. Dans tous les cas, l'appareil a la faculté de dévier plus ou moins tle la ligne du vent, et de former avec celle-ci un angle qui dépend de la vitesse de ce dernier. r. Ces résultats sont d'ailleurs conformes à ceux que la théorie indique, et que j'avais à peu près prévus d'avance à l'aide du calcul et des faits acquis dans la navigation maritime. » Telles sont les conditions dans lesquelles se trouve ce premier appa- reil ; elles sont certainement loin d'être aussi favorables que possible. Mais, si l'on réfléchit aux difficultés de toute nature qui doivent entourer ces premières expériences avec des moyens d'exécution excessivement res- treints et à l'aide de matériaux imparfaits, on sera convaincu que les résultats obtenus, quelque incomplets qu'ils soient encore, doivent con- duire, dans un avenir prochain, à quelque chose de positif et de pra- tique. » Pour cela, que faut-il? Un appareil plus considérable permettant l'em- ploi d'un moteur relativement beaucoup plus puissant et ayant à sa dis- ( 687 ) position toutes les ressources pratiques accessoires sans lesquelles il est impossible de fonctionner convenablement. » Je me propose d'ailleurs d'aller au devant de toutes les objections en faisant connaître incessamment les principes généraux théoriques et pra- tiques sur lesquels je crois que la navigation aérienne par la vapeur doit être basée. 1) I^es diverses explications que je viens de donner me dispensent d'en- trer dans de longs détails sur le voyage aérien que j'ai fait. Je suis parti seul de l'Hippodrome, le il\ à ô'^iS". Le vent soufflait avec une assez grande violence. Je n'ai pas songé un seul instant à lutter directement contre le vent; la force de la machine ne me l'eîit pas permis, cela étant prévu d'avance et démontré par le calcul; mais j'ai opéré avec le plus grand succès diverses manœuvres de mouvement circulaire et de déviation latérale. » L'action du gouvernail se faisait parfaitement sentir, et à peine avais- je tiré légèrement une de ses deux cordes de manœuvre, que je voyais im- médiatement l'horizon tournoyer autour de moi. Je suis monté à une hau- teur de 1800 mètres, et j'ai pu m'y maintenir horizontalement à l'aide d'un nouvel appareil que j'ai imaginé et qui indique immédiatement le moindre mouvement vertical de l'aérostat. Cependant la nuit approchait, je ne pou- vais rester plus longtemps dans l'atmosphère; craignant que l'appareil n'arrivât à terre avec une certaine vitesse, je commençai à étouffer le feu avec du sable, j'ouvris tous les robinets de la chaudière, la vapeur s'écoula de toutes parts avec lui fracas horrible. J'eus un moment la crainte qu'il ne se produisît quelque phénomène électrique, et pendant quelques ins- tants je fus enveloppé d'un nuage de vapeur qiii ne me permit plus de rien distinguer. » J'étais en ce moment à la plus grande élévation que j'aie atteinte. Le baromètre marquait 1800 mètres. Je m'occupai immédiatement de regagner la terre, ce que j'effectuai très-heureusement dans la commune d'Elan- court, près Trappe, dont les habitants m'accueillirent avec le plus grand empressement et m'aidèrent à dégonfler l'aérostat. » A 10 heures, j'étais de retour à Paris. L'appareil a éprouvé dans la descente quelques avaries insignifiantes. » ( 688 ) CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur la nitroglycérine et les diverses dynamites. Note de MM. Ch. Girard, A. Millot et G. Vogt, présentée par M. Wurtz. « Diiiis ces derniers temps, on s'est vivement préoccupé de la fabrication de la nitroglycérine et de ses effets dynamiques. Les circonstances actuelles et les conseils de M. Bertheiot, nous ont amenés à entreprendre l'étude de cette question. » Nous avons suivi d'abord les procédés de fabrication indiqués par MM. E. Ropp et Nobel. » On traite la glycérine marquant 3o degrés B. [)ar six fois son poids d'un mélange formé d'une partie d'acide nitrique à 48 ou 5o degrés et de deux parties d'acide snifuriqiie à 66 degrés. » Les acides étant placés dans un vase refroidi jiar de l'eau à lo degrés C, on y laisse tomber goutte à goutte la glycérine en réglant l'écoulement de telle façon que la lempératine ne dépasse pas 25 degrés C. De pinson doit agiter constamment le liquide pour qu'une forte proportion de glycé- rine ne se trouve pas brusquement en présence de l'acide nitrique. » Toutes ces précautions sont indispensables pour prévenir les explosions. Il est également nécessaired'employer des acides au titre indiqué ci-dessus. La totalité de la glycérine étant ajoutée dans les acides, on verse le mélange dans six fois son poids d'ean, la nitroglycérine se sépare alors sous forme d'un liquide sirupeux et légèrement opalin. On la lave à deux reprises dif- férentes avec de l'eau, puis avec une solution alcaline, et on termine l'opé- ration par un dernier lavage à l'eau. Par ce procédé, loo grammes de glycérine nous ont donné i3o grammes de nitroglycérine. )) Le rendement peut être augmenté en employant une proportion plus grande d'acide nitrique comme M. Bertheiot nous l'a conseillé. » En faisant agir 3 parties d'acide nitrique et 3 parties d'acide sulfuricpie sur une partie de glycérine, on obtient 1,75 de nitroglycérine, ce qui re- présente les j du rendement théorique. La densité de la nitroglycérine ainsi préparée est de 1,60 à i3 degrés C . » On doit la dessécher à l'aide du carbonate de potassium, le chlorure de calcium produisant un dégagement de chlore. Soumise à une température de — 20 degrés pendant plusieurs heures, la nitroglycérine ne cristallise pas, elle ne doit, à cause de sa viscosité, se solidifier que par un froid très- prolongé. » Fabrication iiidnstriclU;. — Pour éviter les dangers que présente la fa- brication en grand de la nitroglycérine, nous avons dû recourir au procéda (689 ) suivant qui résume à quelques moditications près ceux qui ont été employés depuis quelques années en Allemagne et en Suède. » Les ateliers de production sont subdivisés autant que possible, et sont séparés les uns des autres par une distance de 5o mètres environ. » Ils sont en plein air et abrités par un toit léger recouvert en papier bitumé. On leur donne la forme circulaire; le sol est formé de plancbes légèrement circulaires du centre à la circonférence ; un courant d'eau coule constamment afin d'entraîner au dehors la nitroglycérine qui pourrait se répandre sur le sol et s'y accumuler. » Autour de la poutre qui supporte le toit, sont rangés circulairement six baquets dans lesquels sont placés des cylindres de verre, de grès ou de fonte. Ce métal, n'étant pas attaqué par le mélange d'acides sulfurique et nitrique très-concentrés, convient parfaitement pour cet usage. » A la partie supérieure des cylindres se trouve vuie rainure remplie d'eau qui permet de faire un joint hydraulique entre l'appareil et son cou- vercle. » Ce dernier est fixe et percé de plusieurs tubulures qui permettent d'introduire dans le cylindre : » 1° Un tube amenant au fond de l'appareil un courant d'air destiné à agiter le liquide en lui donnant un mouvement de rotation; » 2° Un tube en S miuii d'un robinet et par lequel on laisse couler goutte à goutte la glycérine qui est contenue dans un réservoir supérieur; » 'i" Un gros tuyau servant de cheminée et permettant l'alimentation des vapeurs acides et nitroglycériques qui causent aux opérateurs de violentes céphalalgies ; » 4° Un thermomètre à alcool. » Un levier prenant son point d'appui sur le bord du baquet, se fixe au cylindre et permet, après avoir relevé le thermomètre et le tube qui amène l'air, d'abaisser l'appareil au-dessous de son couvercle, et de verser son contenu dans l'eau qui a servi à le refroidir. » La cuve elle-même est percée de plusieurs trous fermés par des bou- chons et destinés aux décantations. » Les lavages se font au moyen d'un courant d'eau amené au fond de la cuve par un tube terminé par une pomme d'arrosoir. Chaque opération ne doit porter que sur 5oo grammes de glycérine, et un seul homme peut facilement surveiller ses appareils. » Dynamite. — On donne ce nom au mélange de nitroglycérine et de diverses matières solides, pulvérulentes et poreuses. ( 690 ) » Incorporée avec ces matières inertes, la nitroglycérine offre beaucoup moins de danger dans son emploi et surtout dans son transport. » On se sert en Allemagne d'une espèce de silice poreuse appelée Kie- selgnltr. Cette silice s'extrait d'Oberlohe en Hanovre, elle provient d'trne variété d'algues. Le mélange se fait à 76 de nitroglycérine pour aS de silice. » On triture la matière sèche arrosée de nitroglycérine sur des tables en bois à l'aide de spatules de même nature. » N'ayant pas cette substance à notre disposition, nous avons dû son- ger à la remplacer par d'autres substances jouissant de propriétés analo- gues, telles que silice ordinaire, alumine, brique pulvérisée, etc. » Pour nous rendre compte delà résistance à l'explosion de ces différen- tes dynamites nous les avons soumises au choc. » Nous nous sommes servis pour nos essais d'un petit marteau pilon guidé par des fils de fer et tombant sur une enclume en acier. La dynamite à expérimenter était placée dans un petit sac formé d'une feuille de papier repliée sur elle-même, destinée à éviter les projections. La surface de choc était de 2 centimètres carrés; le poids et les hauteurs de chute sont indiqués dans le tableau (p, 691) qui contient nos expériences. » Tous ces mélanges, les hauteurs étant les mêmes, mais le poids réduit à 2''",470, éclatent, excepté bien entendu ceux faits avec le sucre, l'huile et l'alcool méthylique. » Toutefois la chute du poids étant de i mètre, les mélanges de silice, glaise et surtout alumine exigent deux coups pour éclater. » Nous avons essayé d'autres matières explosibles pour pouvoir établir une comparaison sur la sécurité que présente l'emploi de ces différentes matières. M Nous avons ainsi vu que le coton-poudre et le fiilmi-p:ipier des pho- tographes comprimés ne résistent pas quand le poids tombe de o^'jSo; la poudre blanche éclate sous la chute de i mètre, la poudre au sulfure d'an- timoine sous o™,5o. La poudre de chasse n'éclate dans auciui cas. )) Il résidte de l'ensemble de nos expériences : i" Que les matières à employer pour obtenir de bonnes dynamites, sont le tripoli, le kaolin, la silice, l'alumine et surtout le sucre : ce dernier permet en outre de séparer, si on le désire, la nitroglycérine en ajoutant de l'eau au mélange; » 2" Que dans une dynamite la pro|)ortion d'une même matière inerte, silice par exemple, variant par rapport à celle de la nitroglycérine, la sta- bilité semble rester la même; ( 691 ) cuMPOsnio-v. sots i:n poids de 4ke,700?'' toiidant de l^XJ. l"i,00. O-^.ÔO. Silice pure. ^gr.ooo j.^J^^^ diflicilcmcnl.i ^<='''*? plus diffici- | ^^,,^,g g,,^^^. OBSEIWATKINS. Éclate bien. Éclate fortement. Éclate bien. Éclate bien. Éclate assez diHi- ciiement. Éclate bien. Éclate bien. Éclate bien. Éclate bien. Éclate bien. lement. \ Éclate encore faci- Nitroglycéi'ine lerjOeo Silice 3er,ooo) Nitroglycérine 3ei",oooS Silice osr.^ooj Nitroglycérine 3er,620) Silice (provenant des \ résidus de la fabric. f du sulfate d'alum.). 2ef,700i Nitroglycérine isr,oooi Alumine ler^^oo) j Nitroglycérine 2S'',20oi jAlumine Ser^oocl ! Nitroglycérine iSrjOOO) Kaolin lavé et por- 1 phyrisé os^^^ool Nitroglycérine 3er/|Oo) Tripoli lavé îr.iioj jNitroglycérine 2S'',685) I Glaise porphyriséc.. . 2?'', 200 Nitroglycérine 2e'',o5o Gypse porphyrisé. .. . SfjSoo Nitroglycérine 3Er,G8o Brique porphyrisée. . Ser^oco Nitroglycérine ^^^i.ïo ^th=»'- ••■, "^^r-^"» (Éclate difficilement Nitroglycérine ier,ooo) Éthal i8r,cool Éclate trés-diffici- Nitroglycérine isr^coo^ lement. Sucre pulvérisé osr,5ooiÉclate en cartouche jj-^l^l^ difliciloment Nitroglycérine i sr.ooo (serrée, n ecl. pas seuil lement. Éclate^bien. Éclate bien, mais \ par partie. I \ Éclate assez diffi- j cilement. Exige plusieurs coups pour éclater. Éclate. Éclate. Éclate bien. Éclate par portions. Éclate. Eclate. Éclate. ( Ces proportions dotinonl une I poudre absolument sédie I La dyunmile ainsi faite est j pulvérulente, mais mouille ' le papier. ( Ce mclanfre est assez humide ] et mouille beaui-oop le pa ( picr. 'Éclate dilTicilement. I ( Éclate très-diflici- ( lement. Peu explosible. Ftirroe une masse pâteuse qui mouille peu le papier. .Masse semi-pulvcrentc. senii- pûteusc iiui mouille peu le papier. Poudre sèche ne mouillant pas le papier. Éclate diflicilement. Éclate difficilement Éclate. ( Éclate encore par \ portions. Éclate difficilement Sucre pulvérisé 'f ."«"(Éclate difficilement. Nitroglycérine ifr^oco) Sucre pulvérisé 3cr,ooo Éclate très-mal. Nitroglycérine 55r,3oo) Sucre en morceaux.. ■e^ooojE<.,3,e3,,gedin,^„]t^ Nitroglycérine 2Sr,oooj Sucre en morceaui. . Sgr.ooo ^-..^j^^^ Nitroglycérine 2Sr,oooj Glycérine il>'r,oooj Ne part que diffi- ) Nitroglycérine 3e'',ooo) cilement. Alcool méthylique. . 3er,oooj «■Relate pas. iNitroglycerine ier,oooi ^ Huile 3Br,ooo) N'éclate que très Nitroglycérine 3?'',ooo| difficilement. ; Nitrate de ba- \ Poudrel ryte oer,7û| Nobel. jRésine of, io( viSitroglycérine o?'',2o) i Nitrate de ba- j ryte oer,68f Brai opr,!-)/ Nitroglycérine oS'',2o) Nitroglycérine seule I Éclate bien. Éclate bien. Éclate. Éclate très-diffici- lement. N'éclate pas. N'éclate pas. Éclate mal. Il N'éclate pas. Éclate. Éclate. N'éclate pas. 1 N'éclate pas. ] N'éclate pas. N'éclate pas. N'éclate pas. N'éclate pas. N'ëclate pas. I ( Misse pâieuse dont on peut : faire des boulettes, mouille '( un peu lo papier. 1 Masse analogue à la précé- dente. Masse pûlcuse Irês-humido qui mouille beaucoup le pa pier. Co mélanire donne une pâle très-humide qui mouille for temenl le papier. Masse pûteuse analiiçue à l'ar^'ile. mouille le papier par compression. Mélange pûieux irès-humiUe Poudre presque set'tio qui mouille Ires-peu le papier Ce mélange est presque li- quide- Liquide très-visiioeux avec [ cristaux de sucre. Poudre presque s<>che mouil- lant le papier. , Toute la nilroçlyccrine n'est j pas absorbée par le sucre. Toute la niiroplycérine es* absorbée par le sucre. Ces deux liquides ne se mélan- gent pas bien. Il y a séparât. I \ au bout d'un certain temps. ~ Ce mélange, à partir de -l'A pour luii d'alcool, ne part plus. ! Ces liquides donnent unoj émulsion. Par le temps, les liquides se séparent. \ Exige pour éclater plusieurs chocs. Éclate. Éclate comprimée. \ Éclate même sous Kine chute de o"',25. Poudre humide qui mouille le papier. Poudre Comme la précédente. Liquide. C. R., 1S70, a*- Semestre. (T. L\Xl, N« 20.) 9^ ( 692 ) » 3° Que les dynamites laissées longuement à l'air libre paraissent s'ap- pauvrir en nitroglycérine et devenir par cela inactives. B En terminant, nous devons remercier M. Wurtz d'avoir bien voulu mettre son laboratoire à notre disposition. » MÉDECINE. — Mn^^en facile et presque sûr d'atréter la diarrhée et la djssenlerie spéciales aux soldats qui sont saisis par l'humidité et par le froid. Extrait d'une Note de M. Déclat. « Ce moyen, déjà sanctionné par l'expérience, permet aux hommes de rester à leurs corps, évite leur entrée à l'hôpital, où ils sont tout particu- lièrement prédisposés à contracter les maladies régnantes. Il consiste à faire boire aux malades, deux jours de suite, en dehors des repas, un demi-verre d'eau dans lequel on met, selon la gravité : pour la diarrhée, de huit à douze gouttes d'acide phénique cristallisé (rendu liquide par l'addition d'un dixième d'alcool ), de dix à quinze gouttes de teinture ihébaïque et de quinze à vingt gouttes d'alcoolature d'aconit; pour la d/ssenterie, la même dose d'acide phénique, de quinze à vingt gouttes de teinture thébaïquo, sans y ajouter d'aconit qui, dans ce cas, semblerait plutôt avoir une action défa- vorable. » J'ai expérimenté cette médication au Moulin-Saquet et à l'ambulance Croix-Nivert ; elle a également réussi à Villejnif. » AÉROSTATION. — Note sur la nécessité défaire des expériences sur la résistance des tissus, en vue de l' aérostation ; par M. H. Mo.\Ti:r«:i. « Le siège de Paris vient de donner à l'aérostation une importance qu'on lui avait refusée jusqu'ici, et il dès lors indispensable de combler certaines lacunes qui se rencontrent dans l'ensemble des connaissances relatives à cet art encore dans l'enfance. » Je demande la permission de signaler à l'Académie une de ces lacunes, la plus sérieuse peut-être au point de vue pratique. En architecture, dans l'art nautique, dans le génie, nous possédons de nombreuses ex[)ériences sur la résistance des matériaux employés dans les diverses constructions; dans l'aérostation, nous ignorons complètement les données les plus essen- tielles sur la résistance des tissus qu'on emploie dans la fabrication des ballons. » Il s'agit pourtant ici d'une question vitale. En 1868, le Neptune a crevé; il y a quelques semaines, le ballon qui emportait M. Gambotta s'est ( 693) dégonflé, et nul doute que celui qui vient de tomber entre les mains de. l'ennemi n'ait été dans le même cas. » La solidité du ballon et sa résistance à l'endosmose sont du reste des conditions qui influent non-seulement sur sa sécinité, mais aussi sur la durée du voyage aérien. » Il importe donc de savoir : i" dans quelles conditions un ballon peut éclater; 2° quels sont les tissus ou moyens de fabrication offrant le maximum de résistance à la rupture; et 3° dans quelles conditions et sous quelle pression un ballon se dégonfle. » Comme je n'ai pas le moyen de me livrer à de pareilles recherches, j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie l'idée suivante, uniquement pour attirer son attention sur cette question, qui me paraît urgente. M Soient deux ballons captifs A et B, amarrés à deux tambours de dia- mètre égal, assujettis à un même arl)re horizontal, de manière à rendre simultané le déroulement des deux amarres. » Le ballon A est dans les conditions ordinaires; il porte un observa- teur chargé de marquer les indications d'un manomètre composé d'un tube épais en cri.sta! et d'un tuyau flexible en caoutchouc muni d'iui robi- net à chacune de ses extrémités. Le tube en cristal est attaché au filet de A. » Le ballon B, fait de l'étoffe dont on veut déterminer la résistance, est sans soupape et sans issue pour le gaz, sauf à sa partie inférieure, à laquelle on visse l'extrémité libre du tuyau flexible, dont on a fermé le robinet après introduction d'un liquide de couleur foncée. » Les deux ballons étant à fleur de terre et à niveau, on ouvre les deux robinets et l'on marque le point où arrive le liquide dans le tube de cristal, puis on ferme les deux robinets. » Les deux ballons montent maintenant simultanément à une hauteur donnée, soit 1000 mètres; l'un et l'autre sont donc au même niveau et à une distance de 5 mètres environ l'un de l'autre, afin que l'explosion de B, !. J'ai été ainsi amené sept fois{les lo-i i et 29-30 avril, les 29-30 juin, les i2-i3, 22-23 et 3o-3i juillet, enfin les 7-8 octobre) à condenser en un seul Jour angulaire deux jours tropiques, et, d'un autre côté, à calculer deux jours hypothétiques (un 3i novembre et un 29 février, pour les années non bissextiles), en prenant la moyenne des deux jours voisins. » Ces bases établies, et l'année tropique étant ainsi ramenée l'i une année angulaire, comp- tanl 36o jours sensiblement distants d'un degré en longitude, j'ai procédé au rapprochement, quatre à (juatre, de ces jours placés sur l'écliptique à des distances angulaires de 90 degrés. Il en résulte, comme on voit, 90 jours quadruples, et, comme il fallait leur assigner à ( 697 ) mes Notes, j'ai indiqué accessoirement plusieurs de ces concordances; en particulier, pour la pression barométrique, pour les variations dans les pro- priétés de la chaleur et de la lumière diffuses, et pour les colorations du papier ozonomélrique de Schœnbein. J'ai même quelque peu effleuré le sujet dont je désire entretenir aujourd'hui l'Académie, en montrant [Comptes rendus, i. LXIII, p. 243), que, dans le mois de novembre i865, pendant la dernière invasion du choléra, le nombre diurne des décès à Paris avait été remarquablement en rapport avec les variations dans la température moyenne. » Enfin, dans un Mémoire inséré au tome XVI, p. 60, de V Annuaire de In Société météorologique de France, j'ai discuté un très-curieux document, qui date de l'année 1781, sur lequel j'aurai l'occasion de revenir dans le présent travail, et j'y ai signalé l'influence de la symétrie quadruple dans la température, dans la pression barométrique et dans l'état physiologique de l'observateur. » En définitive, les nombreux travaux dans lesquels j'ai fait ressortir l'influence de la symétrie quadruple sur la répartition des températures montre qu'il serait toutà fait inexact d'admettre, comme M. Serpieri pen- sait l'avoir démontré, que la courbe des. températures moyennes des diffé- chacun un rang numérique, j'ai naturellement pris pour origine et pour premier jour qua- druple celui qui réunit les ileux solstices et les deux équinoxes, et qui se compose des 22 dé- cembre, 21 mars, ai juin et 33 septembre. » La définition des Jours dndécuples est donnée ainsi (même volume, p. 940) : « Au lieu de diviser les 36o jours de Vannée angulaire que nous venons de considérer en quatre quadrants de go degrés, partageons-les en douze séries égales de 3o jours chacune, qui seront les mois de cette année angulaire; combinons ensemble, douze à douze, les dates égales de chacun des mois, et cherchons si les Zo jours dodècuplc.s que nous obtiendrons de cette manière ne présenteraient pas aussi quelque chose de régulier dans les allures de la température moyenne. » Enfin, j'ai fait remarquer [Comptes rendus, t. LXVIII, p. 1077, ^" note) que, au point de vue du polygone régulier inscrit, ces deux périodes et la période tridodécuple (qui se compose de trente-six séries consécutives de dix jours chacune, et dont je ])arlerai plus loin) constituent trois symétries distinctes : La symétrie quadrangulairc ou orthogonale : carré inscrit; angle au centre, go degrés; La symétrie dodécagonalc : dodécagone régulier inscrit; angle au centre, 3o degrés; La symétrie hexatrincontagonale : polygone régulier de 36 côtés; angle au centre, 10 degrés. Les mots quadruple, dodécnple, tridodécuple correspondent donc aussi au nombre des côtés du polygone inscrit. 93.. ( 698 ) renfs jours de l'année jouit de cette propriété que les températures de quatre jours pris indifféremment sur la courbe, pourvu qu'ils soient à des intervalles équidistauts, donnent une moyenne constante et sensiblement égale à celle de l'année entière (1). En d'autres termes, les températures sont réparties sur tout le cours de l'année de telle manière que la moyenne de quatre jours équidistauts peut être très-supérieure à la moyenne de quatre autres jours aussi équidistants entre eux ou quadruples, et cette iné- galité est soumise à certaines phases qu'on peut déterminer. » Mais, dans ma Huitième Note, je montre que la proposition est vraie aussi pour les températures moyennes de douze jours, répartis uniformé- ment sur le cours de l'année, et distants, par conséquent, entre eux de trente joins : ce qui établit l'existence d'une nouvelle symétrie, la symétrie dodécuple. » Dans cette manière de considérer la répartition des températures, l'année se trouve, en quelque sorte, ramenée à une seule saison llierriiique de quatre-vingt-dix jours, dont chacun est la moyenne de quatre jours séparés entre eux par 90 degrés de longitude héliocentrique. » De même, dans la symétrie dodécuple, l'année entière est représentée par un mois thermique de trente jours, dont chacun est la réunion de douze jours, séparés par trente intervalles égaux sur l'orbite terrestre. » La considération des jours dodécuples confirme celle des jours qua- druples, mais n'enlève rien à sa valeur particulière, chacune des deux séries ayant ses propriétés intrinsèques, dont il faut tenir compte. Seule- ment, elle introduit dans l'étude une simplification précieuse, puisqu'elle permet de condenser en trente nombres, au lieu de quatre-vingt-dix, la ca- ractéristique thermique d'une année. » Cela est encore plus vrai d'une nouvelle période, trois fois plus courte, que mes recherches m'ont conduit à distinguer dans le mouvement annuel de la température; c'est luie période de dix jours, qui, se reprodui- sant trente-six fois dans Wmnëe angulaire de trois cent soixante jours, con- situe la symétrie Iridodécuple . Dans ce système, l'année se réduit à une décade thermique, composée de dix jours, dont chacun est la moyenne de trente-six jours, distants entre eux, sur l'écliptique, de 10 degrés de longi- tude héliocentrique. (i) M. Seipieri s'.ippnyait sur les |)ropriét(''s de quatre ordonnées éqnidistantes de la sinusoïde ou d'autres courbes analogues. Mais ce qu'il fallait démontrci', c'est que les nom- bres qui représentent la moyenne température de chacun des jours de l'année constituent une de ces courbes. Or, mes recherches établissent manifestement le contraire. (699) j) Dans une Neuvième Note sur les variations périodiques de la tempéra- ture, où je discute plus de quatre cent cinquante années d'observation, qui, avec les quatre cent cinq ans déjà discutés dans ma Huitième Note, forment un total d'environ neuf cents ans, répartis sur un peu plus de deux siècles, je donnerai plus tard avec détails les éléments qui me servent à établir cette nouvelle période. Il me suffira de faire aujourd'hui les deux remarques siiivantes, qui résultent de mon travail : » 1° Dans la symétrie tridodécuple, la probabilité serait trois fois plus grande que dans la symétrie dodécuple, et neuf fois plus grande que dans la symétrie quadruple pour que les températures moyennes de chacun des jours de la décade thermique, qui représente l'année, fussent égales entre elles. Si donc la courbe de ces dix jours présente des maxima et des minima, on sera plus fondé à admettre que ces inégalités sont dues à des causes particulières qu'il s'agit de dégager. M 2° Bien que j'aie dû employer dans mes premières recherches le plus grand nombre possible d'années d'observations, afin qu'on ne pût pas m'objecter que les inégalités périodiques que je signalais étaient peut-être particulières à quelques années choisies, j'avais établi, dès le début de mes travaux, que les inégalités ne se présentent pas pour les mêmes jours dans les diverses années : je montrais même (Deuxième Note, Comptes rendus, t. LX, p. 696) qu'il y avait, dans chaque oscillation particulière, un maximum d'écart entre les années : ce qui est un fait très-encourageant pour la recherche du cycle d'années qui ramène, dans chaque cas, les mêmes influences. La question a donc fait, il me semble, un grand pas, puisque je puis et dois, dès maintenant, me débarrasser de la considération en bloc d'un très-grand nombre d'années, que je combinais à l'aveugle, annulant certaines influences par des influences opposées, et qu'il faut aujourd'hui prendre à part chaque année et l'étudier dans sa caractéris- tique thermique. » Néanmoins, le problème reste encore très-compliqué; car il faudrait, pour le résoudre complètement, examiner séparément chacune des inéga- lités dans chacune des années, puisque, chaque inégalité pouvant avoir sa cause propre, il n'est pas nécessaire que le retour des mêmes phases soit le même poiu- toutes ces inégalités. » En attendant qu'on puisse un jour traiter la question dans toute sa généralité et dans toutes ses complications, l'introduction que je fais des symétries quadruple, dodécuple et tridodécuple montre qu'il y a un cer- tain rapport entre toutes ces causes, puisque leurs effets multiples peuvent ( 700 ) ainsi se résumer. Je ne donne donc, par le fait, que des moyens transi- toires d'investigation, et il est évident que le premier à employer est celui qui condense la caractéristique d'une année en le moindre nombre de signes possible : c'est la période tridodécuple. Si l'on parvient à établir de cette manière un premier rapport approximatif entre les diverses années, on pourra successivement les comparer aux points de vue des symétries dodécuple et quadruple, enfin analyser cette dernière période à son tour et étudier cliacune des inégalités réduite à elle-même, soit dans une année, soit dans le cycle d'années qui la ramène avec les mêmes caractères. » Ces réflexions, dont l'Académie excusera, j'espère, la longueur, étaient, il me semble, nécessaires, pour expliquer comment il se fait que j'aborde de suite celle des trois symétries qui est la plus compliquée, la symétrie tridodécuple. M Mais avant d'eu faire l'application à l'état sanitaire et physiologique de l'homme, j'ai voulu construire les deux périodes dodécuple et tridodé- cuple d'après l'année entière d'observations thermométriques, du 21 juin 1869 au 21 juin 1870, que j'ai recueillies à Monlsouris, la seule véritable- ment qui, pour la station de Paris, réunisse jusqu'ici des conditions irré- prochables pour la position des instruments. Aussi, je n'en doute pas, sera-t-on frappé, comme je le suis moi-même, de la netteté des résultats. » La planche ci-contre donne, pour cette période, les valeurs des trente ordonnées des jours dodécuples. Leur inégalité est flagrante, puisque la température du huitième jour (qui réunit les 28 janvier, 27 février, 28 mars, 28 avril, 29 mai, 28 juin, 1" et 3i août, 3o septembre, 3i octobre, 3o no- vembre et 29 décembre) n'est que de 8°,5, tandis que celle du vingt-sixième jour (16 janvier, i5 février, 16 mars, 16 avril, 17 mai, 16 juin, 18 juillet, 19 août, 18 septembre, 19 octobre, 18 novembre et 17 décembre) atteint 12°, 5. La somme des températures moyennes des douze derniers jours a donc dépassé de 48 degrés celle des douze premiers. » Mais ce qui est plus remarquable, c'est que le premier coup d'oeil jeté sur la courbe conduit immédiatement à la considération de la symétrie tri- dodécuple. En effet, il est impossible de ne pas remarquer que celte courbe se décompose naturellement en trois boucles, dont la première est convexe vers le bas (à rexception du sixième jour, dont l'anomalie s'expliquera bientôt), et dont les deux autres présentent, au contraire, vers le haut leur convexité. La moyenne des dix premiers jours nest que de 9", 5 : celle des vingt derniers est d'environ 1 1 degrés. » Si l'on combine trois à trois ces trente jours dodécuples pour en dé- ( 7°! ) duire les dix jours tridodécuples, on obtient la première courbe de la deuxième planche, et l'on s'explique l'anomalie apparente du maximum que présentait le sixième jour dodécuple. C'est qu'en effet ce sixième jour dodé- cuple est un des trois élé- ments du sixième jour tri- dodécuple qui, comme on le voit en examinant la deuxième planche , est un maximum très-saillant. Ce sixième jour tridodécuple, que nous allons voir jouer un rôle remarquable dans les divers documents que j'ai à mentiotmer aujour- d'hui, réunit, outre les douze jours que j'ai énumérés pré- cédemment comme consti- tuant le vingt-sixième jour dodécuple, vingt-quatre au- tres jours appartenant aux sixième et seizième de la symétrie dodécuple, savoir : les 6 et 1 6 janvier, 5 et 1 5 fé- vrier, 6 et i6 mars, 5 et i6 avril, 7 et 17 mai, 6 et 16 juin, 7 et 18 juillet, 9 et 19 août, 8 et 18 septembre, 9 et 19 octobre, 8 et 18 no- vembre, 7 et 17 décembre. Sa température a été , à Montsouris, du 21 juin 1869 au 21 juin 1870, de 11°, 2, tandis que celle du premier jour tridodécuple, qui commence au i" janvier et qu'on peut facilement restituer dans sa composition, n'a été que de 10'', i. La somme des trente- six moyennes a été, d'un côté, supérieure de 4o°,3 à ce qu'elle a été de l'autre. î 1 V 0 1 1 — \ \ s - 0 A \ (-- -^ --' "^ -^ \ M 2 0 s ^r- 's. \ y^ 1 1 y s \ \ \ " \ \ \ i \ N N i^'' -^ 1 / ■~-~. --- •^ / y i '71 /I \l _ 1 \. -■■^ ^•^ ^' t, a a -î s 3i ;■; ( 7°^ ) M Les limites assignées à nos Communications ne me permettraient pas de développer avec détails les PÉRIODE DU 21 JvriN 1869 ATJ 21 JTJrN 1810 diverses courbes que réunis- sent les quatre petits dessins dont je prie l'Académie d'au- toriser l'insertion dans le texte même de ma Note. Un coup d'œil jeté sur les courbes en dira plus, d'ailleurs, que de longs commentaires. Je vais donc me borner presque uni- quement à indiquer le sujet auquel se rapporte chacune d'elles. » La seconde courbe de cette deuxième planche a trait encore aux observations de Montsouris. C'est la repré- senlation tridodécuple des moyennes ozonométriques diurnes, calculées d'après huit observations trihoraires (i). Sans discuter cette courbe dans ses détails, on voit immédia- tement que ses inflexions sont opposées à celles de la tempé- rature. Ainsi, à l'extrémité sud de Paris, et pendant cet inter- valle, la coloration du papier ioduréa été d'autant plus fai- ble que la température était plus élevée. » La troisième courbe don- ne, pour la même période, les dix jours tridodécuples, cal- culés d'après les observations «loti^O Jours Tridodécuples. ^ u / 1 ? s II 5 5 3 8 a IC il" - lO'b / \ î O / \ 1 V 1 / \ \ ^i / "^ \ \ \ 1 \ H \ / V w r « 8 7 ^ \ •ïï -ri / \ / 1 \ / \ / \ \ ^ / \ s / \ / o \ f \ / '{' 4) ^ \ / ^ *~- / ■-0 . .r- 156 155 15!b 153 152 151 150 \ / ■î S \ / \ / À \ / f2 m travail maximum de 3800000 X liiS kilogrammètres. » 4. Il est digne d'intérêt que la pression théorique développée par le chlorure d'azote, dans ces conditions et même en général {***), ne diffère pas beaucoup de celle de la poudre. Le travail maximum que le chlorure d'azote puisse effectuer est très-considérable; cependant il ne dépasse guère la moitié de celui de la poudre, lorsque ces deux substances font explosion dans une capacité égale, quelle qu'elle soit. Ce sont là des résultats qui semblent contredire, à première vue, ce que l'on sait des phénomènes ter- ribles produits par le chlorure d'azote : le chlorure d'azote, en effet, est regardé comme le type des substances brisantes et qui ne peuvent être employées dans les armes, pour effectuer les travaux de projection que la poudre réalise par sa détente progressive. » 5. Tâchons de nous rendre compte de ces différences. La principale sans doute doit être attribuée à la nature des produits de l'explosion et à l'absence complète de tout composé susceptible de dissociation. Eu effet, la pression et le travail résultent de la chaleur dégagée dans la décompo- sition du chlorure d'azote. Or celle-ci donne naissance à des corps élé- mentaires qui n'ont aucune tendance à se recombiner, quelles que soient (*) Comptes rendus, t. LXIX, p. iSa. (**) En admettant que leur chaleur spécifique moyenne à volume constant est 0,0797, chiffre calculé d'après l'hypothèse ordinaire que tous les ga/, simples ont la même chaleur spécifique sous le même volume. (***) D'après la formule de la page 669 ^/3o6.r\'.<' p^ =20,5 , \IOOO/ formule relative à la poudre. G. R., 187a, 70 Semestre. (T. LXXl, N" 21.) 9^ ( 7'2 ) la température et la pression. La pression initiale atteindra donc tout d'abord son maximum, et le chlorure d'azote fournira de suite (ont le tra- vail dont il est susceptible, soit en disloquant les matériaux sur lesquels il agit, soit en les écrasant, s'ils ne sont pas suffisamment compactes, soit enfin en lein- communiquant sa force vive sous forme de mouvements de projection et de rotation. » li y a plus : la pression décroîtra très-brusquement, tant par le fait de ces transformations que par celui du refroidissement et de la détente des gaz; et elle décroîtra sans qu'aucune nouvelle quantité de chaleur, produite durant la période de décroissement, intervienne pour modérer la chute rapide des pressions. Pression initiale énorme et s'abaissant pres- que subitement, ce sont là des conditions éminemment favorables à la rup- ture des vases qui contiennent le chlorure d'azote. » Ces conditions contrastent avec celles qui président à la combustion de la poudre, puisque dans cette dernière l'état de combinaison des élé- ments ne se produit pas tout d'abord d'une manière complète et qu'il de- vient plus avancé à mesure que la température s'abaisse. La pression ini- tiale est donc moindre avec la poudre qu'avec le chlorure d'azote; mais, en revanche, elle décroît moins vite, à cause de l'intervention des nou- velles quantités de chaleur reproduites pendant la période de refroidisse- ment. J'ai déjà insisté sur ces considérations. » On voit que la théorie rend assez bien compte des différences obser- vées entre les propriétés du chlorure d'azote et celles de la poudre ordi- naire. Cependant il faut encore signaler quelques autres circonstances, telles que la propagation successive de la transformation dans la masse entière, et surtout la durée des réactions moléculaires. » 6. Pour propager la transformation dans une masse qui détone et qui n'est pas soumise aux mêmes actions dans toutes ses parties, il faut que les mêmes conditions physiques de température, de pression, etc., qui ont provoqué siu' un point le phénomène se reproduisent successivement et couche par couche dans toutes les portions de la masse. On connaît à cet égard les nombreux travaux des Artilleurs (*) sur la vitesse de combustion de la poudre ordinaire et sur celle de la poudre-coton, vitesse variable avec la structure physique des poudres et leur composition chimique. Cette vitesse varie également dans les mélanges gazeux explosifs, comme le prouvent les observations relatives à la combustion des mélanges d'oxy- (*) PioBEUT, Traité d'Artillerie, partie lliéorique. { 7'3 ) gène et d'hydrogène, ou d'oxyde de carbone, ou de gaz hydrocarbonés. Les liquides, tels que le chlorure d'azote et la nitroglycérine, doivent offrir des phénomènes analogues dans la propagation des réactions ex- plosives. » 7. Ce n'est pas tout. La masse entière étant placée dans les mêmes conditions de température, de pression ou de mouvement vibratoire, etc., il semble que la réaction doive se développer instantanément dans toutes les parties à la fois : les explosions subites du chlorure d'azote et de la nitroglycérine pourraient paraître favorables à cette manière de voir. Ce- pendant l'observation prouve que les réactions moléculaires réclament en général un certain temps pour s'accomphr, même lorsqu'elles dégagent de la chaleur. Telle est, par exemple, la décomposition de l'acide formique en eau et oxyde de carbone. Opérée dans un vase fermé et maintenu à la température fixe de 260 degrés, elle exige un grand nombre d'heures. Et cependant cette réaction dégage 27000 calories par équivalent d'acide for- mique, c'est-à-dire Sgo calories par gramme, presque la même quantité que la déflagration d'un gramme de poudre. )) L'acétylène changé en benzine vers le rouge sombre par une réac- tion lente dégage, sous le même volume, autant de chaleur qu'un mélange tonnant, formé d'oxygène et d'hydrogène dans les proportions de l'eau; c'est le double de la chaleur dégagée par la poudre au chlorate sous le même poids. Le cyanogène dégage deux fois autant de chaleur que la poudre au chlorate sous le même poids, ou bien encore le double de la chaleur dégagée par un mélange tonnant formé de gaz oxyhydrique sous le même volume, lorsque ledit cyanogène est décomposé en carbone et azote par l'étincelle électrique. Quoique le carbone coaunence aussitôt à se précipiter, cependant le cyanogène ne détone point sous l'influence de l'étincelle, ce qui est une preuve de la lenteur de la réaction. » Je pourrais multiplier ces faits (*) : ils comprennent les corps explosifs proprement dits eux-mêmes, maintenus à une température un peu inférieure à celle qui détermine l'explosion. L'oxalate d'argent, par exemple, se dé- compose lentement à 100 degrés, tandis qu'il détone à une température plus élevée. » Bref, toute réaction moléculaire, opérée au sein d'un corps homogène et soumis à des conditions qui semblent identiques pour toutes ses parties, est affectée d'un coefficient caractéristique relatif à la durée. Ce coefficient {*) Annales de Chimie et de Physique, 4° série, t. XVIII, p. 142. 95.. ( 7'4 ) dépend de la température et de la pression; il joue un rôle essentiel dans l'élude des propriétés inégalement brisantes des composés explosifs. » 8. Poussons jusqu'au bout cette explication. La durée plus ou moins grande d'une réaction ne change point la quantité de chaleur dégagée par la transformation totale d'un poids donné de matière explosive. Mais si les gaz formés se détendent à mesure, par suite du changement de la capa- cité que la fuite du projectile agrandit, ou bien encore par suite du refroi- dissement dû au contact des parois, dans ces circonstances, dis-je, les pressions initiales seront d'autant moindres que la transformation d'iui poids donné de matière explosive durera plus longtemps. Au contraire, lorsqu'une transformation très-rapide de toute la masse, au sein d'un vase fermé, jointe à l'absence des phénomènes de dissociation, permet aux pressions initiales d'atteindre l'immensité de leurs limites théoriques, ou d'en approcher, nulle résistance connue ne pourra contenir les gaz de l'ex- plosion. » 9. Il en sera ainsi, non-seulement pour un corps explosif placé dans une capacité fixe et résistante, mais pour un tel corps placé dans une mince en- veloppe, ou sous une couche d'eau, ou même à l'air libre. En effet, quand la durée des réactions décroît outre mesure, les gaz dégagés développent des jn-essious qui augmentent avec une extrême rapidité; si rapidement que les corps environnants, solides, liquides, ou même gazeux, n'ont pas le temps de se mettre en mouvement pour y obéir graduellement; ils opposent à la détente des gaz des résistances comparables à celle d'une paroi fixe. On sait qu'il suffit d'une pellicule d'eau à la surface du chlorure d'azote pour donner lieu à de tels effets. Plus la durée de la réaction approche d'être in- stantanée, plus la pression initiale, même dans un vase ouvert, devient voi- sine de la pression théorique, celle-ci étant calculée pour le cas d'une dé- composition opérée dans une capacité constante, entièrement remplie par la matière explosive. C'est ainsi que l'on peut rendre compte des effets extra- ordinaires de destruction produits par la nitroglycérine ou la poudre- coton comprimée, appliquées sans bourrage dans des trous librement ou- verts, ou même à la surface des rochers et des morceaux de fer. Dans une réaction extrêmement rapide, la commotion due au développement sidjit (le ces pressions presque théoriques, peut se propager à travers l'air lui-même, projeté en masse, comme l'ont montré les explosions de certaines poudrières et les expériences de M. Abel sur une série de blocs de poudre- coton comprimée. Le choc, propagé soit par une colonne d'air, soit par une masse liquide ou solide, varie avec la nature du corps explosif et son ( 7'5) mode d'inflammation : il est d'autant plus violent, que la durée de la réac- tion chimique est plus courte et qu'elle développe plus de chaleur, c'est-à- dire de travail, pour le même poids de matière explosive. § 3. Nitroglycérine. » 1. La nitroglycérine est réputée la plus énergique des substances ex- plosives. Elle disloque les montagnes, elle déchire et brise le fer, elle pro- jette des masses gigantesques. Malgré de redoutables accidents, l'industrie des Américains, des Suédois, des Anglais et d'autres peuples encore, a su tirer parti de ces propriétés extraordinaires. » Examinons si elles sont d'accord avec nos théories. » 2. La décomposition de la nitroglycérine peut être représentée par l'équation suivante : C''H=(AzO''H)' = 6C0^4-5HO+ 3Az+0. On voit que la nitroglycérine jouit de la propriété exceptionnelle de ren- fermer plus d'oxygène qu'il n'est nécessaire pour en brûler complètement les éléments (*). » 3. I kilogramme de nitroglycérine, sous une pression de o™, 760 et à une température capable de vaporiser l'eau, produit 7io'(i + ut) de gaz. I litre de nitroglycérine produira davantage, soit i i35'(i + at), à cause de sa densité 1,60. Sous le même poids, la nitroglycérine produit donc 3 4^ fois autant de gaz que la poudre au nitrate, 2 fois autant que la poudre au chlorate. Sous le même volume, elle produit près de 6 fois autant de gaz que la poudre au nitrate. » 4. La chaleur dégagée dans la réaction l'emporte aussi beaucoup. Elle peut être évaluée (**) à 291 000 calories pour un équivalent de nitro- glycérine (l'eau étant produite sous forme gazeuse), soit 2o5iooo calories jjour I litre; 1282000 pour i kilogramme. Cette dernière quantité est double de la chaleur dégagée par le même poids de poudre au nitrate et supérieure d'un tiers à la poudre au chlorate. (*) Une partie de cet oxygène donne parfois naissance à du bioxyde d'azote. (**) Voici le calcul. État initial des éléments. Etat final. C«H»0=+i50+ 3Az + 3HO = 6CO=+ 1 1 HO + 3Az -+- 0. Première mtirche. Qs jjsQe -^ O'* = 6CO^ + 8HO, (les autres substances n'intervenamt pas), dégage une quan- (7i6) » Ainsi la nitroglycérine produit sous le même poids 3 | fois autant de gaz et 2 fois autant de chaleur que la poudre au nitrate. La différence entre les effets produits est facde à prévoir. Les pressions théoriques (*) sont données par la formule '^" ' \ lOOO / I kilogramme de nitroglycérine, détonant dans une capacité égale à i litre, développera une pression théorique de 243 ooo atmosphères, quadruple de celle de la poudre, une température de 93400 degrés et une quantité de chaleur égale à igyooooo calories; le travail maximum sera presque triple de celui de la poudre. » I litre de nitroglycérine pèse 1^^,60; en détonant dans une capacité tité de chaleur dont !a valeur probable doit être voisine de 4ooooo"' {^Annales de Chimie et de Physique, ^ série, t. VI, p. 424O Deuxième marche. 3(Az-(-0^-t- H0)= 3(AzO% HO) pur et liquide 60000 3(AzO^HO) +C«H»0'=C''H=(AzO'=H)=+ SH'O'. La chaleur dégagée dans cette réaction ne peut être guère mesurée directe- ment, à cause des produits accessoires d'oxydation : j'admettrai qu'elle est la même que la chaleur dégagée dans la formation de l'éther nitrique, pour le même poids d'acide nitrique. Or l'alcool pur en léger excès et l'acide nitrique pur, mélangés avec les précautions convenables, réagissent immédiatement et forment à peu près la quantité théorique d'éther nitrique. La chaleur dégagée est d'ailleurs capable de porter le mélange à l'ébuUition, sans pourtant donner lieu à une distillation considérable. D'après ces faits d'observation , la chaleur dégagée doit être voisine de >; à 8000 calories. C'est à peu près la même quantité qui se dégage lorsque l'on étend l'acide nitrique pur avec une grande proportion d'eau ('j^ooj. Soit donc 8oooX3 = 24ooo eH=(AzO''H)==:6CO^-f-5HO + AzH-O .. 84000 -hx Or 4o'^oo'' ^^= ^4o*'o 4- .r; d'où l'on tire .j-^3i6ooo. Il faut en retrancher la chaleur nécessaire pour vapori.ser 5H0, soit aSooo; et il reste 2QIOOO pour la réaction qui donne naissance à l'eau gazeuse. (*) La chaleur spécifique moyenne des gaz de la réaction à volume constant est égMe à 20 X 2,4 — = 0,211. 227 D'où <, = 6076° , Pi = a3'""',22. ( 717 ) complètement remplie, comme il arrive dans un trou de mine, ou bien quand on opère sous l'eau, cette substance devrait développer une pression de 470000 atmosphères, 8 à 10 fois aussi grande que celle produite par le même volume de poudre. La chaleur dégagée étant 38oooooo calories, le travail maximum pourra s'élever à plus de 16 milliards de kilogrammètres, valeur quintuple de celle du travail maximum de la poudre sous le même volume. » 5. Ces chiffres colossaux ne sont sans doute jamais atteints dans la pratique, surtout à cause des phénomènes de dissociation; mais il suffit qu'on en approche pour expliquer pourquoi les travaux, et surtout les pressions développées par la nitroglycérine, surpassent les effets produits par toutes les autres matières explosibles usitées dans l'industrie. Les rap- ports que ces chiffres signalent entre la nitroglycérine et la poudre, par exemple, s'accordent assez bien avec les résultats empiriques observés dans l'exploitation des mines (*). » La rupture en éclats et l'explosion du fer forgé {**), effets que la poudre ordinaire ne saurait produire^ sont de nouvelles preuves de l'énormité des pressions initiales développées par la nitroglycérine. » 6. Si la nitroglycérine est brisante, cependant elle fracture les roches sans les écraser en menus fragments. Cette propriété s'explique encore par le jeu des phénomènes de dissociation : les éléments de l'eau et de l'acide carbonique doivent être en partie séparés dans les premiers moments, ce qui diminue les pressions initiales; mais la formation de l'eau et de l'acide carbonique, se complétant pendant la détente, reproduit successivement de nouvelles quantités de chaleur qui régularisent la chute des pressions. La nitroglycérine agira donc pendant la détente à k façon de la poudre ordi- naire. Cependant la dissociation doit être moindre avec la nitroglycérine, parce que les composés formés sont plus simples et les pressions initiales plus fortes, Bref, la nitroglycérine réunit les propriétés en apparence contradictoires (*) Foir les expériences citées dans l'opuscule La Dynamite, par Trauzl, extrait par P. Barbe, p. 91 et 92 (1870). L'effet utile de la nitroglycérine dans les carrières a été trouvé 5 à 6 fois aussi grand que celui de la poudre de mine, à poids égal. A volume égal « dans les trous de mine, on obtient, avec la dynamite, environ 8 fois l'effet produit par la poudre », c'est-à-dire ii fois le même effet avec la nitroglycérine pure. Il s'agit ici des effets de dislocation, qui dépendent surtout des pressions initiales. (**) Même ouvrage, p. 98 et gg. ( 7^8 ) des diverses matières explosives : elle est brisante, comme lo chlorure d'a- zote; elle disloque et fracture les roches sans les écraser, comme la poudre ordinaire, quoique avec plus d'intensité; enfin elle produit des effets ex- cessifs de projection : toutes ces propriétés, reconnues par les observa- teurs, peuvent être prévues et expliquées par la théorie. I) 7. Je pourrais montrer encore que l'inflammation provoquée sur ini point de la masse est moins dangereuse avec la nitroglycérine qu'avec la poudre au chlorate et même avec la poudre au nitrate, parce que la combustion d'un même poids de matière élève moins la température des parties voisines, soit à cause du refroidissement produit par le contact des parties liquides ambiantes, soit et surtout à cause de Ta chaleur spécifique de la nitroglycérine plus que double de celle des poudres au chlorate et au nitrate. » 8. La théorie des effets produits par la nitroglycérine ne serait pas complète, si nous ne parlions des phénomènes du choc, et des autres causes capables d'en provoquer la déflagration. Elle est des plus sensibles à cet égard : il suffit de la chute d'un poids tombant de o™, aS de hauteur pour déterminer l'explosion de la nitroglycérine (*). Mais les circonstances de cette explosion sont très-différentes, suivant que Ton opère par simple choc, par le contact d'un corps en iguition, faible, ou vive, ou d'une fusée ordinaire, ou bien encore par le contact d'une amorce au fulminate de mer- cure. M. Abel a publié à cet égard, sur la nitroglycérine et sur la poudre- coton, des expériences très-curieuses et qui tendent à établir une grande diversité entre les conditions de déflagration de ces substances, suivant la manière de les faire détoner (**). Quelque étrange que cette diversité puisse sembler à première vue, je crois cependant que les théories thermody- namiques sont capables d'en rendre compte par une analyse convenable des phénomènes du choc. » Soit le cas le plus simple, celui d'une explosion déterminée par la chute d'un poids qui tombe d'une certaine hauteur. Tout d'abord on serait porté à attribuer les effets à la chaleur dégagée par la compression due au choc du poids brusquement arrêté. Mais le calcul montre que l'arrêt d'un poids de quelques kilogrammes, tombant de o™,25 ou de o™,5o de hauteur, ne pourrait élever que d'une fraction de degré la température de la masse ex- plosive, si la chaleur résultante était répartie uniformément dans la masse (*) Ch. Girard, Millot et Vogt, Comptes rendus de la dernière séance, p. 691 (**) Comptes rendus, t. LXIX, p. io5-l2i, 1869. ( 719 ) entière : celle-ci ne saurait donc atteindre ainsi la température de 190 de- grés, nécessaire pour en provoquer l'explosion. » C'est par un autre mécanisme que la force vive du poids, transformée en chaleur, devient l'origine des effets observés. Il suffit d'admettre que les pressions qui résultent du choc exercé à la surface de la nitroglycérine, étant trop subites pour se répartir uniformément dans toute la masse, la transformation de la force vive en chaleur a lieu surtout dans les premières couches atteintes par le choc; celles-ci pourront être portées ainsi jusqu'à igo degrés, et elles se décomposeront aussitôt en produisant une grande quantité de gaz : la production de ceux-ci est à son tour si brusque que le corps choquant n'a pas le temps de se déplacer, et que la détente soudaine des gaz de l'explosion produit un nouveau choc, plus violent sans doute que le premier, sur les couches situées au-dessous. La force vive de ce nou- veau choc se change en chaleur dans les couches qu'il atteint d'abord. Elle en détermine l'explosion, et cette alternative entre un choc dévelop- pant une force vive qui se change en chaleur, et une production de chaleur qui élève la température des couches échauffées jusqu'au degré d'une explo- sion nouvelle, capable de reproduire un autre choc, cette alternative, dis- je, propage la réaction de couche en couche dans la masse entière. La propagation de la déflagration a lieu ainsi avec une vitesse incomparable- ment plus grande que celle d'une simple inflammation provoquée par le contact d'un corps en ignition, et opérée dans des conditions où les gaz se détendent librement, au fur et à mesure de leur production. M Ce n'est pas tout : la réaction provoquée par un premier choc, dans une matière explosive donnée, se propage avec une vitesse qui dépend de l'intensité du premier choc, puisque la force vive transformée en chaleur détermine l'intensité de la première explosion, et par suite celle de la série entière des effets consécutifs. Il résulte de là que l'explosion d'une masse solide ou liquide peut se développer suivant une infinité de lois différentes, dont chacune est déterminée, toutes choses égales d'ailleurs, p*r l'impulsion originelle. Plus le choc initial sera violent, plus la décomposition qu'il provoque sera brusque, et plus les pressions exercées pendant le cours de cette décomposition seront considérables. Une seule et même substance explosive pourra donc donner lieu aux effets les plus divers, suivant le pro- cédé d'inflammation. » Voilà pourquoi la nitroglycérine et la poudre-coton comprimée pro- duisent chacune des effets si différents, selon qu'on les enflamme à l'aide C. R., 1870, 1' Semestre. (T. LXXI, N» 21.) 9" ( 720 ) d'un corps en ignition faible, d'une flamme, ou d'une fusée ordinaire, ou bien à l'aide d'une fusée détonante chargée de fulminate de mercure. » La diversité des effets est moins marquée avec la poudre-coton non comprimée, parce que l'influence du choc initial s'exerce sur une moindre quantité de matière, et surtout parce que la propagation des réactions suc- cessives dans la masse y développe des pressions initiales plus faibles, et une transformation moins directe de la force vive en chaleur transmise au corps explosif, à cause de l'air interposé. » La poudre-coton comprimée elle-même est moins compacte que la nitroglycérine; à cause de sa structure, les pressions ducs aux chocs doi- vent être sensiblement atténuées par l'existence des interstices. Aussi la poudre-coton est-elle plus difficile à faire [détoner que la nitroglycérine : la nitroglycérine détone par la chute d'un poids tombé d'une moindre hauteur, par l'emploi d'une amorce chargée de poudre-coton, d'un mé- lange de fidminate et de chlorate de potasse, etc.; tandis que la poudre- coton ne fait pas explosion sous l'influence de la nitroglycérine, ni sous l'in- fluence d'un mélange de fulminate et de chlorate: elle réclame le choc plus brusque du fulminate de mercure pur. Celui-ci d'ailleurs est moins efficace s'il est employé à nu que s'il est placé dans une enveloppe; moins efficace dans une mince enveloppe de laiton que dans une enveloppe épaisse de fer-blanc; il est moins efficace encore, si l'amorce n'est pas en contact avec le coton-poudre. La nitroglycérine elle-même détone moins bien sous l'in- fluence d'une fusée au fulminate, si elle s'est enflammée avant l'explosion du fulminate, l'inflammation préalable ayant pour effet de produire un certain vide entre deux. » Tous ces phénomènes, signalés pour la plupart par M. Abel, s'expli- quent par la valeur plus ou moins considérable des pressions initiales et par leur développement plus ou moins subit, c'est-à-dire par les conditions qui règlent la force vive transformée en chaleur dans un temps donné, au sein des premières couches de la matière explosive atteintes par le choc. » La quantité de force vive ainsi transformée dépend donc à la fois de la brusquerie du choc et de la grandeur du travail qu'il peut développer : ce sont là deux données qui varient d'une substance explosive à l'autre. Par exemple, les amorces les plus convenables ne sont pas toujours celles dont l'explosion est la plus instantanée. M. Abel a reconnu que le chlorure d'azote n'est pas très-efficace pour enflammer la poudre-coton; l'iodure d'azote, si sensible au moindre frottement, demeure tout à fait impuissant à l'égard de la poudre-coton. Or le chlorure d'azote est précisément l'un ( 72 1 ) des corps explosifs décrits dans cette Note qui développent le moins de chaleur, et par conséquent de travail, sous un poids déterminé; on conçoit donc qu'il faille en employer davantage à titre d'amorce. Quant à l'iodure d'azote, d'après les analogies tirées des composés iodosubstitués, son ex- plosion doit dégager bien moins de chaleur encore et de travail, sous le même poids que le chlorure d'azote. Son impuissance est donc facile à comprendre. » 9. Sans nous étendre davantage sur ces théories, il semble utile de dire quelques mots de la dynamite. » La dynamite est un mélange de nitroglycérine avec certaines matières solides, et spécialement avec certaines variétés de silice ou d'alumine. )) M. Nobel l'a proposée pour obvier aux terribles effets qui résultent de la propagation des chocs dans la nitroglycérine liquide. Montrons que les théories thermiques sont favorables à l'emploi de la dynamite. » La dynamite est en effet moins brisante que la nitroglycérine, parce que la chaleur dégagée se partage entre les produits de l'explosion et la sub- stance inerte. Par suite, la température s'élève moins, ce qui diminue d'autant les pressions initiales. Par exemple, la silice et l'alumine anhydres ont à peu près la même chaleur spécifique (0,19) que les produits gazeux de l'explosion de la nitroglycérine à volume constant. A poids égaux et dans une capacité complètement remplie, elles abaisseront à moitié la tem- pérature, et, par suite, la pression initiale, d'après la formule (6) » Pour un même poids de nitroglycérine, les propriétés brisantes seront donc atténuées proportionnellement au poids de la matière inerte mélan- gée; tandis que le travail maximum conservera la même valeur, étant toujours proportionnel au poids de la nitroglycérine. » Les mêmes circonstances rendront plus difficile la propagation de l'inflammation simple d'une petite portion de la masse dans les parties voisines, attendu que celles-ci détonent seulement lorsqu'elles sont portées à une température approchant de 190 degrés; la détonation même exigera une commotion initiale plus forte pour avoir lieu. » Si la déflagration est produite par le choc d'un corps dur ou d'une fusée fulminante, les particules solides interposées dans le liquide réparti- ront la force vive du choc entre la matièi-e inerte et la matière explosive, et cela dans une proportion qui dépendra de la structure de la matière inerte. Celle-ci change ainsi la loi de l'explosion et introduit dans les phé- 96.. ( 722 ) nomènes une extrême variété, ainsi qu'il résulte des expériences de M. No- bel et de celles de MM. Girard, Millot et Vogt sur la nitroglycérine mé- langée avec la silice, ou l'alumine, ou l'étlial, ou le sucre. » Il est d'ailleurs évident que les effets utiles de la matière inerte ne se produiront complètement que si le mélange est homogène et sans aucune séparation de nitroglycérine liquide; car le liquide exsudé conserve toutes ses propriétés. De là encore la nécessité d'une structure spéciale dans la matière solide. » 10. Au lieu de diminuer l'intensité des effets de la nitroglycérine, on peut réussir à les accroître par certaines additions. En effet, l'ex- plosion laisse i équivalent d'oxygène disponible, ainsi qu'il a été dit. On peut employer cet oxygène à brîiler une petite quantité de matière com- bustible additionnelle, par exemple 4 centièmes de soufre, 2 centièmes d'alcool, ou bien encore i centième de carbure d'hydrogène; on augmente ainsi de près de i dixième la chaleur produite à poids égal, sans changer sensiblement le volume des gaz. Au delà de ces proportions, les matières combustibles additionnelles changent la nature des réactions chimiques. » tl. Comparons enfin la nitroglycérine avec la poudre, au point de vue du meilleur emploi d'un poids donné de nitrate de potasse. D'après les équivalents, 3o3 parties de nitre produisent, soit 4o4 parties de poudre ordinaire, soit 227 parties de nitroglycérine, c'est-à-dire un poids moitié moindre. Mais, en revanche, cette dernière peut développer, dans les cir- constances les plus favorables, une pression 8 à 10 fois aussi grande que le même volume de poudre, et effectuer un travail quintuple. » Il résulte de ces nombres qu'un poids donné de nitrate de potasse, s'il pouvait être changé atomiquenient et sans perte (*) en nitroglycérine, développerait dans un trou de mine une pression triple et un travail double de celui que fournirait la poudre fabriquée avec le même poids de nitrate. ij V. Poudre-colon ou pyro.ryle. » 1. La poudre-coton ne renferme pas, comme la nitroglycérine, une quantité d oxygène suffisante pour la combustion complète de ses éléments. Aussi les produits sont-ils fort compliqués, à moins de simplifier la réaction en ajoutant du nitrate ou du chlorate de potasse. Soit d'abord la poudre- coton seule, c'est-à-dire dans les conditions ordinaires de sou eniploi. (*) D'après les expériences de MM. Girard, Millot et Vogl, le rendement effectif serait à peu près la moitié du rendement théorique : i partie d'acide fournissant 0,6 de nitio- glycérine au lieu de 1,2. ( 7^3 ) En discutant les résultats assez divergents des auteurs, je suis arrivé à représenter sa déflagration par l'équation suivante, que je donne sous toutes réserves : 2C"H'»0"'(ÂzO''H)' = 7C=0^ + i2C^0= + aC^'H^H- H -+- 3C-HAz + 9H=0' +5AzO^H-2Az. « 2. I kilogramme de poudre-coton produirait ainsi, sous la pression normale et à une température capable de vaporiser l'eau, 8oi'(i + cet). )) La chaleur dégagée (') serait, pour i kilogramme, 700000 calories environ, un peu plus que pour la poudre ordinaire, mais beaucoup moins que pour la nitroglycérine. Oj = i5,6 (-^^ ) ' • ' \ 1000 / » I kilogramme de poudre-coton, brûlant dans un espace égal à i litre, développera une pression théorique de 194000 atmosphères et une quan- tité de chaleur de ii5ooooo calories. » Pour obtenir le maximum d'effet de la poudre-coton, la théorie, d'ac- cord avec les expériences les plus récentes, indique qu'il faut comprimer cette poudre et la réduire au plus petit volume possible; en effet on accroît ainsi le rapport — » qui règle les pressions initiales. (*) Voici le calcul : Système initial : 48C + 4oH - Première marche i{C" + W> + O") — iC?'WO-"' 784000 En admettant la même chaleur de combustion pour le colon que poul- ie sucre, rapporté au même poids de carbone. io(Az + 0'-l- HO) =ioAzO«H 200000 Réaction de l'acide sur le coton, éva- hiée à 80000 1064000 Déflagration x .r = 769000 pour logS^"' de poudre-coton. Chaleur spécifique moyenne des produits à vo- lume constant : 104X2,4 0,226 : 1098 f, =: 3980°, /?, = l5,6. loAz +90O + loHO. Deuxième marche. 7(C=-l-0<) +658000 1 2 ( C -I- 0-) -i-Sooooo 2(C^-t-H*) 4- 44000 3(C=+ H -f- Az) . . . . . — 60000— Sa ",„ ^, ' 066000 io(H + 0) ) ^ 5(Az-f- 0=) 35ooo 2Az o H o ig43ooo — 3a Vaporisation de 3C'HAz etdegH^O^ iioooo i833ooo 1064000 X := 769000 ( 724 ) » 3. Comparons la poudre-coton avec les autres matières explosives. Elle se distingue par la grandeur des pressions initiales, plutôt que par le travail maximum. Ainsi la pression initiale donnée ci-dessus est triple environ de celle de la poudre ordinaire, ce qui est précisément le rapport empirique donné par Piobert (*); mais le tr'avail maximum est seulement i^ fois aussi grand. Cette pression initiale théorique doit être d'ailleurs diminuée dans la pratique, comme pour la poudre ordinaire, à cause de l'état incomplet de combinaison des éléments et de la complexité des com- posés qui tendent à se former. De là résultera une détente moins brusque et plus régulière, par suite d'une combinaison devenue plus complète pendant le refroidissement. La pression initiale et le travail développés par la pou- dre-coton surpassent même ceux de la poudre au chlorate, mais sans en différer beaucoup (**). » Au contraire, la nitroglycérine à poids égaux réalise un travail double et une pression initiale supérieure d'un tiers à ceux de la poudre-coton. Il n'est donc pas surprenant que l'industrie ait trouvé la nitroglycérine pré- férable, d'autant que celle-ci n'exige aucune compression préalable. Par contre, il est plus facile de répartir la poudre-coton d'une manière uni- forme dans un espace considérable, ce qui peut offrir certains avantages dans les applications. » 4. Au lieu d'employer la poudre-coton pure, on peut tâcher d'en compléter la combustion par une addition convenable d'un corps oxydant. Tel sera, par exemple, le mélange de 54 parties de pyroxylo et de 46 par- ties de nitrate de potasse. Il répond à l'équation suivante C^*H"'0"'(AzO''H)^+-4|AzO«K = 4|cO'K+19|CO=+i5HO+5Az. » I kilogramme du mélange produirait, sous la pression normale et à t degrés, l\i\^{\-\- a.i) de gaz permanents au-dessus de loo degrés; il en produirait 4^4' (i + ot.t\ dans l'hypothèse de la vaporisation totale. » La chaleur dégagée (***) sera i 018000 calories. On a encore Wo = 22,0 ' ' ' \IOO0 / (*) Ouvrage drjà elle, p. 496. (**) 1 kilograninic de poudre au chlorate brûlant dans un espace d'un litre développe .1 1 000 000 calories; la poudre-coton, 1 1 ûooooo. 3 3 3 (***) Système initial : 24 C -h 20H -I- 9 j; Az -t- 4 ë"^ + 7^- ï ^ "•" ^'^O. {^\oir la suite do la note ii la paye suivante.) ( 7^5 ) » I kilogramme brûlant dans une capacité égale à i litre développera une pression théorique de i38ooo atmosphères et une quantité de chaleur de 1 3 400000 calories. La pression initiale sera donc un peu moindre, et le travail maximum un peu plus fort qu'avec le pyroxyle pur. La dissocia- tion interviendra également à un haut degré, à cause de la complexité des produits, pour abaisser la pression initiale et pour modérer la chute des pressions successives. » En somme, la théorie n'indique pas que l'addition de nitrate de potasse au pyroxyle, assez incommode à réaliser en pratique, offre de grands avan- tages, si ce n'est pour économiser le pyroxyle. Les expériences qui ont été faites sur des mélanges analogues formés de cellulose nitrique, imprégnée avec le nitrate de potasse, semblent conformes à cette manière de voir. § 5. Picrate de potasse pur ou mélangé. » 1. Le picrate de potasse pur détone violemment sous l'influence d'une chaleur assez forte; mais il est loin de renfermer assez d'oxygène Première marche. Formation de C"H"'0'° (AzO«H)'+ loHO 534ooo 3 Formation de AzO^K X4r SgSooo I l32000 Déflagration .r Deuxième marche. 3 Formation de 4 ^CO'K ; . . 6634oo "y. Formation de 19 - CO^ 91 1800 Formation de (i5 + 5) HO 690000 2235200 Vaporisation de 1 5 HO — 70000 2 I 65ooo l l32O00 .E = I o33ooo pour ioi4 grammes de mélange. Chaleur spécifique moyenne des produits supposés gazeux et à volume constant : tS X 2 ,4 ^ ,- ^^ , —0,177, ^. = 5750", /;, = 22''"",6. ( 7^6) pour donner lieu à une combustion complète. De là la nécessité de le mé- langer avec du nitrate ou du chlorate de potasse. On connaît la terrible puissance des poudres Bobœuf, Designolles, Fontaine, etc. Examinons la théorie de ces diverses matières explosives. » 2. Soit d'abord le picrate de potasse seul. Les produits de son explo- sion ne sont pas bien connus. Pour simplifier, et provisoirement, j'admet- trai l'équation suivante C'*H2K(AzO*)'0= = CO'R + H=0- + 9CO + Az' 4- 2C. » D'après cette équation, i kilogramme de picrate de potasse fournira, à la température t et sous la pression normale, 585''' (i -f- ut) de gaz per- manents au-dessus de 100 degrés; il fournira 6i'j^'"{i -+- at), dans l'hypo- thèse de la vaporisation du carbonate de potasse. » La chaleur dégagée (*) peut être évaluée à 872000 calories; d'où /627. (*) Système initial : 12C + 6H -f- 3Az -+- K + i8o + 4H0. Première marche. Formation de C'-FfO- 34ooo Formation de BAzO'^H 60000 Réaction évaluée à 24000 Formation Dans une expérience faite le lo novembre au Mont-Valérien, un obus chargé de dynamite et introduit dans un canon a été retrouvé intact dans un talus. » Les propriétés de la dynamite n'avaient pas été modifiées sous l'in- fluence du choc et de la chaleur produits par la combustion de la poudre. )) On pourrait donc, en substituant la dynanùteà la poudre dans le char- gement des projectiles creux, arriver à une économie notable, à tous égards, le prix de la dynamite étant inférieur à celui de la poudre. » AÉROSTAïION. — Principe d'un nouveau système d'aérostat dirigeable. Note de M. Sorel. (Commissaires précédemment nommés : MM. Morin, Delaunay, Dupuy de Lôme.) « Le principe sur lequel je m'appuie pour diriger les aérostats consiste principalement dans les moyens de produire une différence de vitesse entre celle du vent et celle du ballon, afin que le vent puisse agir sur les voiles formant gouvernail et fasse, suivant un certain angle, dévier le ballon de la ligne du vent en le dirigeant vers le but que l'on veut atteindre. » A est la nacelle du ballon; BB la ligne de direction du vent; CC la ligne du but de la marche du ballon : l'angle formé par ces deux lignes est de 20 degrés; mais si, pour le même écartement de la ligne du vent, la route à parcourir est plus longue, on marchera dans un angle beaucoup plus aigu, attendu que la force de déviation dans le sens du but continue pendant toute la durée du voyage; d, e ety sont trois voiles ou gouvernails, sur lesquels le vent exerce son action pour pousser le ballon en avant et lui faire prendre la direction voulue; gg et hh sont deux hélices: l'hélice gg^, placée à l'arrière de la nacelle, a pour but de créer une résistance à l'action du vent sur le ballon, afin de rendre sa vitesse moins grande que celle du vent; sans cela, le vent ne produirait aucun effet sur les voiles. Si l'air était sans mouvement, on ferait agir cette hélice en sens contraire, pour exercer 97-- ( 73o ) une force de traction sur la nacelle. L'hélice hh, placée sur le côté de la nacelle, a pour but d'exercer latéralement une force de traction, pour favo- riser la marche de la nacelle dans sa direction vers son but. Les arbres ou axes des deux hélices peuvent se mouvoir de droite à gauche et de gauche à droite pour faire agir les hélices de la manière la plus convenable à la marche et à la direction, mais s'il était trop difficile d'établir un mécanisme pour dévier les hélices, on orienterait la nacelle de manière que les hélices produisissent le meilleur effet possible. I est une ouverture pour le passage du vent. » L'orientation de la nacelle étant facile par les moyens que j'ai indiqués, on pourra faire servir les parties latérales de l'arriére de la nacelle comme récepteurs de l'action du vent dans le sens de la direction du ballon; pour cela on donnera à la partie postérieure de la nacelle la forme d'un coin et l'on garnira cette partie de manière que le vent ne puisse la traverser. rt On voit que, par mon procédé, la marche et la direction du ballon sont la résultante des forces combinées du vent agissant sur les voiles et de l'action mécanique de l'hélice hh, prenant son point d'appui sur l'air. L'hélice gg a pour but de créer une résistance à l'aclion du vent, afin qu'il puisse exercer sa force sur les voiles, car, comme le dit un vieux proverbe, 0/1 ne peut s'appuyer ipie sur ce qui résiste. ( 73i ) )) Dans le cas où il n'y a pas de vent, l'hélice gg a pour effet de produire une force de traction sur la nacelle. » « CONSERVATION DES VIANDES. — M. i.E Secrétaire perpétuel présente, au nom de 31. Eugène Pelouze, un Mémoire et des échantillons relatifs à un procédé nouveau de conservation des viandes. « L'auteur avait cru d'abord que son travail devait être communiqué à l'Académie. En y réfléchissant et d'accord avec le Secrétaire perpétuel, il a pensé qu'il était plus convenable d'en ajourner la publication. Il pourra en faire profiter le pays, et il est inutile que d'autres partagent ce profit en ce moment. M Le procédé de M. Pelouze, dont le Secrétaire perpétuel a eu connais- sance dès les premiers essais de l'autein-, réalise, à la lettre, un résultat qui paraît au premier abord paradoxal. La viande se conserve à l'air libre, avec son apparence, son odeur et son goûî, an moins pendant deux mois, probablement bien plus longtemps, sans qu'on puisse, pour ainsi dire, y trouver trace appréciable d'tm agent conservateur quelconque. Elle dimiiuie de volume et se dessèche. )) M. E. Pelouze semble avoir découvert de nouveau le procédé de ^'ilaris, pharmacien de Bordeaux, qui à la fin du siècle dernier préparait des viandes capables de résister longues années à l'air libre et où l'analvse n'a jamais révélé la présence d'un agent de conservation. Cette analogie avait paru telle au Secrétaire perpétuel, dès qu'il a été initié aux premiers résultats de M. E. Pelouze, qu'il en a conçu immédiatement des espérances que l'événement justifie. » L'expérience constate qu'on peut loger dans un mètre cube environ 700 kilogrammes de viande fraîche, séparée des os, représentant soit 40 moutons, soit 3 ou 4 bœufs. Ces quantités seraient peut-être doublées, s'il s'agissait de la viande conservée par le procédé nouveau. Le transport parchemin de fer en serait donc rendu bien plus facile, et si, comme tout porte à le croire, la durée de la conservation le permet, il en serait de même du transport par mer. » L'Académie accepte le dépôt du Mémoire de M. E. Pelouze, sous forme de paquet cacheté. » M. Bouvet soumet au jugement de l'Académie un Mémoire, accompagné de planches, sur un aérostat dirigeable. ( 732) 31. Brachet adresse un « Résumé des conditions aérostaliques ». MM. Lassimox\e, Rutv, Bakbou, Alvarez adressent diverses Notes re- latives à raérostation. (Ces Communications sont renvoyées à l'examen de la Commission précé- demment nommée, Commission qui se compose de IVlM.Morin,DeIaunay, Dupuy de Lôme). CORRESPONDANCE. La Société d'Acclimatation adresse à l'Académie la Lettre suivante : « Dans sa séance de rentrée, la Société d'Acclimatation a pris connais- sance de la Déclaration publiée par l'Institut de France, en prévision du bombardement de Paris. A l'unanimité, elle a déclaré adhérer à cette noble protestation de l'intelligence contre la barbarie. » La Société a décidé, en outre, qu'il serait adressé à chacune des Aca- démies composant l'Institut un extrait de son procès-verbal, constatant son adhésion et exprimant sa gratitude pour l'initiative prise par notre premier corps savant, en faveur des trésors scientifiques, artistiques et littéraires qui sont réunis dans la capitale de la France. » HYGIÈNE PUBLIQUE. — De l'injluence du café et du cacao sur l'alimentation. Deuxième Note de M. Rabdteau, présentée par M. Bertrand. « Dans une Note adressée à l'Académie le 12 septembre dernier, après avoir rappelé les effets du café et de la caféine sur la nutrition, j'ai fait connaître les premiers résultats d'une expérience que je faisais en ce mo- ment sur l'alimentation par le cacao et le café. Cette expérience étant ter- minée depuis quelque; temps, je vais la citer brièvement en entier. » J'ai pris deux chiens de taille ordinaire, aussi identiques qu'il m'a été possible de les trouver. A l'un d'eux, j'ai donné chaque jour, pour toute nourriture, 20 grammes de pain, 10 grammes de beurre frais et 10 grammes de sucre; à l'autre, 20 granunes de cacao, 10 grammes de sucre et une infusion de 20 grammes de bon café torréfié. Cette dernière ration contenait en poids moins de matières solides que la précédente. Le premier chien a maigri rapidement; il a été bientôt réduit à un état d'ex- ténuation extrême, et j'ai pu observer sur lui tous les effets de l'alimenta- ( 733 ) tion insuffisante, effets si bien signalés par Chossat. Enfin cet animal a suc- combé au bout de vingt-neuf jours du régime auquel je l'avais soumis. » Le second chien, celui qui était soumis an régime du café et du cacao, a conservé pendant fout ce temps ses allures habituelles et les at- tributs de la santé. Il a maigri, il est vrai, mais infiniment moins que le premier chien, et il se portait très-bien lorsque celui-ci a succombé. Étant obligé de me trouver chaque jour aux remparts, je n'ai pu continuer de le nourrir, de sorte que je l'ai abandonné sans lui donner aucun aliment, si- non de l'eau qu'il a eue à sa discrétion. Il est mort au bout de quatre jours; mais il a paru évident à toutes les personnes qui ont pu le voir que cet animal aurait vécu au moins encore un mois, sous l'influence du régime au cacao, au café et au sucre, qui lui était distribué journellement en si mi- nime quantité. » Cette expérience vient confirmer ce qui a été observé en Amérique par M. de Parville; elle prouve que le café et le cacao sont des aliments d'épargne; que s'ils ne contribuent pas beaucoup à la nutrition, ils empê- chent la dénutrition; en d'autres termes, ces substances agissent, suivant l'expression de M. Cl. Bernard, comme la cendre qui est jetée sur le feu. C'est pourquoi, de même que l'alcool et le vin de bonne qualité, elles sont utiles aux travailleurs et en général aux personnes qui mangent peu; aussi, ne saurait-on trop recommander l'usage du bon café au milieu des circon- stances où nous nous trouvons. » La torréfaction dii café est une opération délicate qui, lorsqu'elle est mal faite, peut annihiler les effets de cette précieuse substance sur la nu- trition. J'ai employé, au début de l'expérience-que je viens de rapporter, du café que j'avais torréfié moi-même par un procédé particulier; je me suis servi ensuite avec avantage du café Dubois. Ce café, qui est torréfié à l'air chaud, renferme plus de caféine que n'en retiennent les cafés torréfiés par le procédé ordinaire; il contient en même temps moins de caféone. Or, d'après ce que j'ai signalé dans une Note antérieure, la caféine est le principe véritablement actif du café, celui qui modère la nutrition, tandis que la caféone, huile essentielle développée par la torréfaction, agit d'une manière bien différente. » En effet, j'ai reconnu à la caféone les propriétés excitantes attribuées au café. Chacun sait que l'infusion de café empêche le sommeil et que cet effet n'est pas constant. On a attribué à tort cette différence d'action à l'idiosyncrasie; c'est à la différence de composition du café qu'il faut la rapporter. Tandis qu'une infusion de café contenant beaucoup de caféone ( 734 ) arrête le sommeil, on peut dormir après l'usage d'une infusion qui a été débarrassée de caféone par une ébullition prolongée, et de celle qui a été préparée avec du café trop torréfié ou du café vert, qui renferme cependant une faible quantité d'une essence particulière qui lui donne son odeur ca- ractéristique. Enfin j'ai reconnu que la caféone, de même que toutes les es- sences, est toxique; ainsi, il m'a été impossible de constater la présence d'un seul infusoire dans une infusion de café torréfié; mais des champi- gnons peuvent se développer à sa surface. Ces champignons filamenteux portent à leurs extrémités des spores groupées de manière à offrir un aspect élégant qui rappelle l'inflorescence de l'œillet. N'ayant pu conti- nuer mes recherches, je suis obligé de me borner aujourd'hui à ce simple énoncé. » « M. Païen dit qu'il lui parait impossible d'admettre, d'une manière absolue, que le cacao seulement soit un aliment d'épargne, en présence des faits nombreux et concordants qui établissent le contraire. » Qui ne sait en effet qu'à l'époque de la conquête, les Espagnols avaient reconnu non sans étonnement l'état de santé florissante des popu- lations américaines qui faisaient du cacao broyé leur principale nourriture et supportaient, sous l'influence de cette alimentation, les fatigues de longs voyages accidentés (i); que, dès les premiers temps de l'introduction de l'usage du chocolat en France, les mêmes qualités nutritives de cette déli- cieuse boisson aromatique ont été reconnues par le plus grand nombre des personnes qui la peuvent utilement digérer. M'"^ de Sévigné, dont la santé délicate était très-affaiblie à cette époque, supportait péniblement les abstinences qui lui étaient imposées à certains jours, elle s'en était souvent expliquée; mais, disait-elle plus tard, « depuis que le chocolat se trouve » au nombre des boissons permises sans interrompre le jeune, avec cette » seule boisson je puis très-bien résister sans en souffrir aux jeûnes les plus prolongés. » n Les qualités nutritives du cacao ont été reconnues de même expéri- mentalement par un très-grand nombre de consommateurs chez les diffé- rentes nations où l'usage s'en est successivement répandu. » Comment admettre qu'une amande, douée de l'arôme si agréable dé- veloppé par la chaleur, et qui provoque l'appétit, soit dépourvue de qualité ( i) C'est sans aucun doute, (le cacao) un Jes aliments les plus sains et les plus prorap- tenient réparateurs que l'on connaisse. Boussinjjault, Économ. rurale, i, I, p. 470. (735) nutritive, lorsque, dans sa composition immédiate, on trouve, suivant les auteurs les plus autorisés, i^ à 20 centièmes de substances albumineuses, 10 à 12 d'amidon en granules discernables au microscope, 4o à 5o de ma- tière grasse neutre, douce, peu susceptible de rancir, et des substances salines (phosphates notamment) propres à d'autres fruits ou graines ali- mentaires ? Il existe d'ailleurs une notable différence entre les liquides pré- parés avec le café, le thé et le chocolat : les deux premiers renferment seu- lement une partie des principes solubles extraits par infusion, le dernier contient la totalité des substances solubles et insolubles, et notamment les matières amylacées, albuniiiioïdes, sucrées et grasses considérées comme des aliments les uns plastiques, les autres respiratoires. » Sans doute, en dehors des substances albumineuses, rien n'indique ni ne prouve que le principe immédiat azoté cristallisable appelé théobromine, pas plus que la caféine et d'autres principes immédiats cristallisés stables, soit assimilable; mais ce principe particulier au cacao ne semble pas pouvoir mettre obstacle à la propriété alimentaire des autres produits dix fois plus abondants et qui, relativement à d'autres fruits, constituent l'ensemble des substances nutritives de ces produits de la végétation. » Il ne faudrait pas moins que des expériences physiologiques compara- tives, sur l'emploi du cacao associé à des substances nutritives peu sapides, plus particulièrement chez les hommes, ce qui ne saurait offrir d'in- convénient, pour apprécier sainement le rôle du cacao et de ses prépara- tions usuelles dans l'alimentation, l'entretien de la force et de la santé. On doit en effet tenir compte, dans les propriétés utiles du cacao, de l'arôme qui excite les forces digestives et facilite l'assimilation des substances peu sapides telles que le pain ajouté au chocolat, comme cela est parfaitement démontré à l'égard du bon bouillon. « « M. Dumas demande la permission de réserver son opinion, en ce qui concerne le cacao et ses préparations. Que le café ne soit pas un aliment, rien ne s'y oppose. Mais pour le cacao, qui renferme le tiers de son poids de matière albuminoïde ou de fécule et la moitié de son poids i\c beture urnin Feli- nila. Le monument ayant depuis longlemps disparu, on ne peut savoir si l'animal y était caractérisé avec quelque certitude; et d'ailleurs l'inscription n'est pas antérieure au 11* ou au m* siècle de notre ère, époque où nous allons voir que le chat domestique commençait à être répandu dans le monde romain. Orelli a déjà remarqué que le nom propre féminin Felicula, « petite chatte », ne conunençait à paraître qu'à une époque assez basse. ( 74i ) » Ce qui est bien positif, c'est que, pour les Grecs de la belle époque, le chat, aiAovpoç, n'est dans leur pays qu'un animal sauvage habitant les forêts (Aristote, Hist. antin.^ V, 2, 3); ils ne le connaissent à l'état domes- tique qu'en Egypte, où Hérodote signale son caractère sacré. C'était la belette ou plutôt la fouine, ^aAî;, que les Grecs élevaient dans leurs mai- sons pour détruire les rats, et qui y demeurait toujours dans im état plus qu'à demi-indépendant. Les témoignages des écrivains helléniques, depuis l'auteur de la Batraclwmyomachie, sont unanimes à cet égard, et il suffit de renvoyer à ce qu'en a dit Bureau de lu Malle dans les Annales des sciences naturelles de juin 1829. Ce sont seulement les écrivains byzantins du moyen âge, comme Moschopoulos, qui, après que le chat eut complète- ment supplanté la belette dans le rôle de protecteur des maisons contre les rats et les souris, appliquèrent au chat le nom de yaXin; dans toute l'époque antique il n'y a pas de doute possible sur le sens réel de ce mot. >) Chez les Romains aussi, jusqu'à la fin du 1"^ siècle de notre ère, c'est la muslela, identique à la yxAn des Grecs, que l'on voit élevée dans les habitations pour le même objet, connue le prouvent les témoignages de Plante {Siicli., act. III, se. 2, v. 43) et de Pline [Hist. nat., XXIX, 4, 16). Le mot fêles ou felis a d'abord désigné cet animal. Varron [De re nist., III, II) ne lui donne pas d'autre sens, et Columelle (VIII, i4) et Phèdre (II, fab. 4) emploient ce mot également pour désigner la belette ou la fouine. Mais ensuite, et dès la fin de la République, il fut appliqué au chat, que les Romains commençaient alors à connaitre, par suite de l'analogie de l'emploi qu'on en faisait. Cicéron [Tusculan., V, 27) se sert du mot felis en parlant des chats divinisés de l'Egypte. Chez Pline, felis désigne aussi le chat; mais il ne mentionne cet animal que parmi les espèces sauvages {Hist. nal., X, ^3, 94; XI, 3"^, 65), bien qu'il ait eu l'occasion de le voir déjà chassant les rats dans les maisons et qu'il décrive très-exactement sa manière de procéder en pareil cas. A la même époque Babrius {Fab. 1 7 et 121) fait intervenir le chat domestique dans ses fables, où la critique a déjà reconnu de nombreux indices d'origine syrienne. C'est seulement au iv^ siècle après J. C. que le chat paraît devenir d'un usage général et habi- tuel dans le monde romain comme animal domestique, en même temps que se montre le véritable nom qui a toujours désigné spécialement et exclusivement cette espèce, catas. On le rencontre pour la première fois chez l'agronome Palladius (IV, 9) et dans une épigramme de l'Anthologie latine (V, 162). » Le savant M. Pictet {Les origines indo-européennes^ t. I, p. 38 1) a établi avec son érudition et son autorité habituelles que les noms du chat dans ( 7^2 ) toutes les langues européennes n'appartiennent pas au vieux fonds du lan- gage aryen, qu'ils sont de date récente et qu'ils tirent tous leur origine du latin caiiis, passé aussi sous la forme -/.itTo; dans le grec byzantin. C'est donc par les Romains que le chat domestique fut répandu en Occident, quand eux-mêmes l'eurent adopté à l'époque où les usages orientaux s'implantaient de plus en plus dans l'Empire. Mais l'éminent philologue a été encore plus loin et a fait voir que le mot caliis portait en lui-même le certificat d'origine de la contrée d'où les Romains avaient alors tiré l'em- ploi du chat à l'état de domesticité, comme tant d'autres habitudes sy- riennes. Catiis déri%'e en effet du syriaque kalô^ arabe kitlifit. •» Mais le mot kntô est lui-même en syriaque un mot tiré d'une sotirce étrangère, qui ne se rattache pas à une racine sémitique. Ici encore M. Pic- tet, en reconstituant l'histoire du mot, donne un précieux fil conducteur pour suivre la transmission de l'animal de peuple en peuple. Il prouve en effet qu'il provient primitivement des langues africaines et dérive du type qui a produit l'affadeh (du Bornou) gâda, le nouba kadiska, et le barabra kaddhka. » On doit remarquer ici que l'égyptien semble former une interruption dans cette chaîne de transmission de noms. Car les mots qui désignent le chat dans l'idiome antique, maii, et dans le copte, scliau, n'ont aucune pa- renté avec ceux que nous venons de citer. Mais en voyant que c'est avec les langues des populations au sud de l'Egypte qu'est apparenté le nom arabe du chat, déjà universellement répandu dans la Péninsule avant l'is- lamisme, n'est-on pas induit à supposer que le nom et l'animal durent s'introduire à la fois chez les Arabes par les contrées méridionales, par le Yéinen, doiU les relations ont toujours été si intimes et si fréquentes avec la côte africaine voisine? Le chat domestique, que les Sémites des temps bibliques n'avaient pas emprunté à l'Egypte, aurait été ainsi porté plus tard des pays du Haut-Nil et de l'Abyssinie en Arabie, et de là en Syrie, d'où il passa ensuite à Rome et dans l'Europe occidentale. » L'existence du chat comme animal domestique est fort ancienne dans l'Inde. Cependant il n'était connu, ni des Aryas primitifs de la Bactriane, ni même de ceux de l'âge védique, et par conséquent il doit jMovenir dans l'Inde d'une importation extérieure. Aussi ses noms sont-ils des composés purement sanscrits, dont le sens ne peut faire l'objet d'iui doute, comme mntidirapaçu^ « l'animal de la maison », çnlavrka^ « le loup de maison », akhubug\ « le mangeur de rats «, niûscliakàrali, « l'ennemi de la souris ». Un seul de ces noms, celui de viràla ou vilain, semblerait au |iremier abord offrir une certaine parenté avec le grec aiKovpoç, que l'on pourrait sup- ( 743 ) poser avoir été primitivement FaiKovfoç. Mais cette ressemblance est pure- ment fortuite, car cLiÀoufoç est un composé tout grec pour a'ioÀovpoç, « l'a- nimal qui dresse sa queue en panache ». » Cependant, si le chat domestique fut certainement inconnu des Aryas primitifs, il ne put pas en être de même du chat sauvage. Le nom par le- quel ils le désignaient paraît être celui qui a laissé ses traces dans un grand nombre de langues de la famille, s'appliquant le plus souvent à l'animal sauvage, mais quelquefois aussi à l'animal domestique. C'est le persan puschak, afghan pischik, kurde psiq, luthuanien puijê, irlandais pus etfei- sag, ersa pusag et piseag, d'où l'anglais puss. Ce nom a passé en turc sous la forme pischik. Ainsi que l'a remarqué M. Pictet, il semble dérivé de la racine qui est en sanscrit putchlui, pitchha, « queue », et par conséquent avoir été emprunté à la même particularité de la démarche de l'animal que le grec oLiXovpoç. » J'ai peut-être un peu trop insisté sur ces derniers détails, mais ils m'ont paru avoir quelque intérêt en fournissant un exemple de plus des lumières précieuses que la zoologie peut demander à la philologie compa- rative pour l'histoire des espèces domestiques et leur transmission parmi les anciens peuples. » GÉOLOGIE COMPARÉE. — Relations stratigrapinques entre diverses roches météoriques; par M. St. Meitniek. « Les météorites Ont été surtout étudiées jusqu'ici au point de vue de leur composition élémentaire et de leur constitution minéralogique, et il en est résulté un ensemble de notions fort importantes, quant à la nature chi- mique et lithotogique de ces masses extra-terrestres. Mais, à côté de ces études, il m'a semblé utile de chercher à en instituer d'autres, dont le but est de nous fournir des données géologiques relatives aux méiéorites. » En effet, mettant pour le moment de côté la question de savoir d'où elles proviennent, nous pouvons nous demander si des météorites, diffé- rentes les unes des autres au point de vue lithologique, n'ont pas été à une époque inconnue en relation de position. » Déjà on a émis l'idée très-vraisemblable que les masses de nature iden- tique dérivent d'un même gisement originel, mais on ne peut donner au- cune preuve bien satisfaisante à l'appui de cette opinion, puisqu'il suffit de supposer l'exercice des mêmes causes dans des régions diverses de l'es- pace, pour comprendre la formation de masses identiques quoitjue indépen- dantes. C R., 1870, 2« Semestre. (T. LXXI, N" 21.) 99 (744 ) » Si l'étude de météorites semblables entre elles ne saurait, à elle seule, être concluante, il y aurait au contraire le plus vif intérêt à démontrer luie communauté d'origine entre des météorites différentes les unes des autres au point de vue de leur nature lithologique. Or, tel est le résultat auquel je crois être arrivé, dans plusieurs circonstances qui me paraissent se prêter un mutuel appui en concourant à une même démonstration. ij Évidemment, on ne saurait arriver à la découverte de relations strati- graphiques entre divers types de météorites, si les échantillons que nous possédons étaient tons homogènes, c'est-à-dire formés d'une même roche dans toutes leurs parties. Mais il n'en est point ainsi; à côté de météorites monogéniques, on en connaît depuis longtemps qui sont de nature ]>olycjé- nique, c'est-à-dire qui sont comparables aux brèches terrestres, étant for- mées comme celles-ci de fragments anguleux, cimentés ensemble, mais différents les uns des autres. » Cela posé, il est clair que si, dans les fragments dont la réunion constitue nue brèche, on retrouve tous les caractères de composition et de structure propres à des météorites monogéniques, on sera en droit d'en conclure que ces derniers ont été quelque part en relations stratigra- phiques entre elles et avec la brèche. Des faits de ce genre m'ont été fournis par l'étude de la riche collection de météorites du Muséum ; j'en indiquerai quelques-uns. » Il est tombé en 1866 à Saint-Mesmin (Aube) une pierre qui, étudiée au point de vue nouveau dont je viens d'essayer de faire comprendre l'intérêt, se montre constituée par le mélange de deux roches tout à fait distinctes. L'une, blanche, grenue et serrée, forme des fragments anguleux de grosseur très-variable que la seconde, brune et relativement poreuse, empâte. Ayant étudié séparément ces tleux roches, j'ai trouvé que la pre- mière est rigoureusement identique à celle que j'ai antérieurement désignée sous le nom de lucéite, et qui constitue à elle seule de très-nondjreuses mé- téorites, telles que colles de Lucé ( 1768), Wold-Cottage (i^qS), Angers (1822), Mascombes (i845), Saint-Denis Westrem (i855), Sauguis Saint- Etienne (1868), etc. J'ai de même reconnu dans la seconde roche la ma- tière fondamenlale de i)lusicurs masses, parmi lesquelles celles de Weslon ( 1807) et de Limerick ( i8i3) doivent être citées d'une manière spéciale ; j'ai désigné cette roche sombre sous le nom de limerickile. » La conclusion de ce premier fait est évidemment que, dans un astre non déterminé, les roches dites lucéite et limerickile ont été en relation straligrapliique entre elles et avec la brèche [mesniiiiite') qui constitue la pierre de Saint-Mesmin. ( 745) » On arrive absolument au même résultat par l'étude des météorites d'Assam (1846), de Mouza-Khoorna ( i865) et de Cangas de Onis ( 1866), également constituées par la mesminite. » La météorite tombée à Canellas en 1861 offre avec les pierres pré- cédentes de très-grandes ressemblances. Comme elles, elle est formée de fragments anguleux blanchâtres, empâtés dans une roche foncée et, de plus, cette pâte sombre est encore constituée par de la limerickite. Mais la pierre de Canellas diffère de celle de Saint-Mesmin et des ana- logues de celle-ci par la nature des fragments blancs empâtés. Ceux-ci, étudiés avec le plus grand soin, se montrent absolument pareils, sous tous les rapports, à ceux qu'on obtiendrait en concassant certaines mé- téorites monogéniques, telles que celles de Pégu (1857), Montréjeau (i858), Muddoor (i865), Casale( 1868), Pnompehn (1868), Hessle (1869), etc. : ils sont formés de montréjite. » Ce second fait prouve, comme on le voit, que la limerickite et la mon- tréjite ont été en relation de position entre elles et avec la brèche [canel- lite), qui constitue la pierre de Canellas, de même que, pour le dire en pas- sant, les pierres de La Baffe (i 85 1) et de Gutersloh (i 85 1). De plus, quoique jusqu'ici nous n'eu ayons pas la démonstration directe, il est très-probable, d'après ce qui vient d'être exposé, que la lucéite et la montréjite, ayant été toutes deux en rapport avec une même roche, la limerickite, ont été aussi entre elles dans un rapport plus ou moins immédiat. Toutefois ce fait ne sera certain que du jour où l'on aura trouvé des brèches contenant à la fois des fragments de ces deux roches. B Dans une Note présentée à l'Académie dans sa séance du 3i octobre dernier, j'ai indiqué la communauté d'origine de deux roches météori- ques distinctes, savoir : Yaumalite, représentée par les chutes de Charson- ville (1810), de Vouillé(i83i), d'Aumale (i865), de Dauville (1868), etc., et la chantonnile, représentée par les chutes de Luponnas (17S3), de Chantonnay (1812), de Pultusk (1868), etc. C'est un fait à joindre aux précédents. » Il en est d'autres, peut-être plus significatifs encore, que révèle l'étude de certains fers météoriques, dont l'un des plus caractérisés est celui qu'on a récemment découvert dans la Cordillère de Deesa au Chili. Ce fer, qui a été décrit par M. Daubrée, dans un Mémoire présenté à l'Académie au mois de mars 1868, se distingue de la plupart des autres masses de même origine par sa structure brécViiforme. Il se compose d'une pâte métallique, renfermant des fragments anguleux essentiellement pierreux. Or, il résulte d'analyses exécutées avec le plus grand soin, et dont j'ai fait connaître déjà (746 ) les résultats : i° que la pâte métallique est identique à la substance des fers météoriques homogènes dont le gros bloc trouvé à Caille en 1828, eî qui figure aujourd'hui au Miiséum, fournit le type le mieux accusé; 2° que les fragments ne peuvent, sous aucun rapport, être distingués de la roche météoritique constituant la masse tombée à Sétif en 1867. » Que conclure de là, sinon que les roches représentées par les masses de Caille [caillite) et de Sétif [ladjérile) ont été en relation? Car il serait évi- demment absurde de supposer qiie le fer de Deesa se soit formé d'un seul coup avec la structure polygénique que nous lui voyons. » On voit, en résumé, que des faits déjà nombreux, observés sans idée préconçue et avec l'appui constant de l'analyse chimique m'amènent à re- connaître que diverses roches météoriques, très-différentes les unes des autres, ont été en relations stratigraphiques dans un astre et à une époque que des études spéciales parviendront peut-être à déterminer. « HYGIÈNE PUBLIQUE. — Effets des diverses préparations phéniques dans le traitement de la variole. Note de M. Bobœuf. (Extrait.) « La persistance de l'épidémie variolique appelle la sérieuse attention des corps savants, et rend nécessaire l'expérimentation comparative des nouveaux agents de préservation et de guérison qui ont été récemment pro- posés. Parmi ces traitements nouveaux, l'emploi, pour l'usage interne, des solutions aqueuses d'acide phénique à petites doses, n'offre aucune garantie d'efficacité et présente de graves dangers de brûlures, de lésions et d'in- toxication. » Le traitement par le phénol sodique, employé à l'intérieur et à l'ex- térieur, réunit au contraire, à une efficacité reconnue, le double avantage de n'occasionner aucun accident, et d'épargner aux malades les traces ou cicatrices. » Il serait urgent que les assertions diverses fussent contrôlées par des expériences dont le résultat serait rendu public. La séance est levée à 5 heures un cjuart. D. EHRJTJ. (Séance du i4 novembre 1870.) Page 645, ligne 1^, nu lieu de de froment et de seigle, lisez de Iroment ou de seigle. Page 648, ligne 20, On me demande des expériences qui démontrent que l'osséine n'est pas nuisible à l'organisme, et qu'elle est alimentaire : je réponds que ces essais sont presque inutiles aujourd'hui, parce qu'ils sont faits depuis longtemps et que les résultats ne peuvent pas être contestés : ils s'appliquent à l'ali- mentation des animaux et à celle de l'homme par l'osséine. » Je citerai d'abord les observations si importantes et trop oubliées de M. Edwards aîné et celles de la Commission de la gélatine, qui prouvent que le parenchyme des pieds de mouton, qui n'est autre chose que l'os- séine, peut nourrir des animaux sans répugnance pendant longtemps. » Je rappellerai, en outre, que l'osséine, lors même qu'elle est engagée dans le tissu osseux, est tellement assimilable par l'organisme, que des chiens qui mangent des os absorbent toute l'osséine qui s'y trouve et re- jettent les sels calcaires entièrement débarrassés de substance organique. » Le pouvoir nutritif de l'osséine, pour les animaux, ne peut donc pas être mis en doute. » Quant à l'emploi de l'osséine dans l'alimentation de l'homme, il m'est facile de citer un certain nombre de faits qui prouvent que l'osséine peut être mangée sans inconvénient et qu'elle est réellement alimentaire. » Tout le monde connaît la réputation d'un mets [iréparé à Sainle-Me- neliould, dans lequel la partie osseuse des pieds de cochon a été complète- ment attendrie par un acide ; l'osséine se trouve là en quantité considérable et dans le même état que celle que je propose à l'alimentalion. ( 749 ) » En outre les viandes blanches, la tète de veau, les pieds de mouton, les tendons, etc., contiennent de très-grandes quantités de tissus osséiques : leuis propriétés alimentaires ne peuvent donc pas être contestées. » J'ajoute enfin que depuis ma Communication du 3i octobre sur I os- séine, un grand nombre de personnes font entrer dans leur alimentation l'osséine extraite des os, et n'en éprouvent aucun inconvénient. » Ainsi, en m'appuyant sur tous ces faits, je crois pouvoir affirmer que l'osséine peut être acceptée sans crainte dans l'alimentation. » J'arrive actuellement aux objections qui portent sur la comparaison de l'osséine avec la gélatine. » L'osséine doit-elle être assimilée à la gélatine? » Les répugnances, selon moi injustes, qui frappent la gélatine au point de vue de l'alimentation, doivent-elles s'étendre à l'osséine? » Que l'Académie me permette d'abord de lui faire connaître très-nette- ment mon opinion sur les propriétés nutritives de la gélatine et sur les ex- périences d'alimentation faites avec cette substance. » En réservant la part du fait physiologique fondamental qui établit qu'un principe immédiat ne peut jamais à lui seul constituer un aliment complet, je considère la gélatine comme étant parfaitement nutritive et alimentaire lorsqu'on l'emploie dans une mesure convenable. » Dans quelle proportion cette substance peut-elle être introduite dans une alimentation ? Sur ce point l'expérience ne s'est pas encore prononcée d'une manière bien nette; mais j'affirme qu'on peut la faire entrer avec avantage et en quantité très-notable dans le bouillon. » Je suis persuadé que tous les accidents qui se sont présentés dans les ex- périences d'alimentation par la gélatine, doivent être attribués à l'oubli de conditions physiologiques essentielles : la gélatine avait été employée sans doute en trop grande quantité; son mélange avec d'autres corps n'était pas fait dans des proportions convenables; ou bien on n'avait pas tenu un compte suffisant des questions qui se rapportent à l'aromatisation de cette substance et qui jouent un si grand rôle dans le phénomène de l'assimi- lation. Il est bien constaté en effet que l'aliment le plus apprécié devient souvent impropre à la nutrition, lorsqu'on en sépare les parties aromatiques. » Quant aux cas de mort déterminés par l'emploi alimentaire de la gé- latine, on sait aujourd'hui que cette objection n'est pas sérieuse. » Un animal meiut dnianition en présence de la gélatine; mais on con- state le même fait pour la fibrine, l'albumine, les corps gras, le sucre, etc. » La gélatine s'est donc comportée dans les essais sur l'alimentation lOO.. ( 75o ) comme tons les mitres principes immédiats qui lont la base de notre nour- riture : c'est leur mélange en proportions convenables qui peut seul [pro- duire un aliment complet. » Ainsi la gélatine est alimentaire : son pouvoir nutritif est-il aussi développé que celui de l'osséine? Je ne le pense pas. » La gélatine, substance soluble et désorganisée, convient principale- ment à la préparation du bouillon. » L'osséine est un corps insoluble et organisé ; c'est un tissu véritable que l'on peut comparer aux tissus fibrineux qui constituent les muscles; c'est un aliment solide qui représente, même lorsqu'il est cuit, une quantité considérable de partie nutritive, tandis que la gélatine, en raison de ses propriétés collantes, ne peut être introduite dans l'organisme qu'en pré- sence d'une forte proportion d'eau : la gélatine et l'osséine jouent donc dans la nutrition deux rôles physiologiques différents. » Ainsi l'alimentation peut tirer parti, sous deux formes, de la matière organique azotée qui existe en si grande quantité dans les os : soit à l'état de corps soluble, c'est-à-dire de gélatine ; ou bien sous la forme de tissu organisé, qui est l'osséine. )) J'aurais plusieurs considérations à présenter ici sur la préparation de la gélatine alimentaire et sur les améliorations qu'elle peut recevoir; j'y reviendrai plus tard : mon but spécial est d'examiner en ce moment, les questions qui concernent l'osséine. » En partant d'un corps dur, coriace et sans saveur qui est engagé dans le tissu osseux, je veux montrer avec quelle facilité on le transforme en un aliment comestible et savoureux. )) C'est presque une question de synthèse, appliquée à l'alimentation, que j'aborde ici; nous employons souvent l'analyse pour déterminer la composition de nos aliments ; il s'agit, pour l'osséine, de donner à une substance insipide ce qui lu; manque pour être comestible et alimentaire. » Par un ensemble de soins apportés dans la préparation, la cuisson et l'aromatisation de l'osséine, on peut faire entrer cette substance dans l'ali- mentation, en lui conservant cependant les qualités physiologiques d'un tissu organisé. J'examinerai rapidement ces différentes opérations. » Préparation. — Une osséine alimentaire doit être avant tout insipide. » Les os les plus divers peuvent être appliqués à la fabrication de l'os- séine; mais pour la faire accepter comme aliment et vaincre certaines répu- gnances, il faut apporter les plus grands soins dans sa préparation. » Je crois donc que l'osséine alimentaire ne doit être produite qu'avec des os durs et blancs dont le dégraissage est facile; il est à redouter que ( 75i ) des traces de graisse laissées dans un os spongieux ne donnent à l'osséine une saveur désagréable. » Lorsque l'osséine sort des bains acides, elle conserve, même après de nombreux lavages à l'eau, une odeur sensible; poin- la rendre inodore, il faut la soumettre à l'action d'une substance alcaline; on peut employer dans ce but la chaux ou le carbonate de soude. » Je présente à l'Académie de l'osséine purifiée à la chaux par M. Bon- neville^ et de l'osséine lavée par le carbonate de soude, sortant de l'im- porlante usine de Javel, dirigée par M. Thomas. » La pratique déterminera, au point de vue alimentaire, quel est le système de purification de l'osséine qui doit être préféré; dans les deux cas les tissus osséiques retiennent une certaine quantité des corps alcalins employés à leur purification. ). Cuisson. — Les transformations que l'osséine éprouve par l'action de l'eau bouillante, m'ont rappelé certaines modifications que j'avais étudiées autrefois dans nion travail sur les gelées végétales. » J'ai démontré que dans l'organisation des végétaux, il existe une sub- stance insoluble que j'ai nommée pectosCj qui, en se transformant isomé- riquementsous l'influence des différents réactifs, produit un grand nombre de matières gélatineuses. » Il en est de même dans l'organisation animale; l'osséine des animaux correspond, en quelque sorte, à la pectose des végétaux ; elle peut, comme cette dernière, produire en se modifiant plusieurs corps gélaiineux diffé- rents, que l'industrie confond, jusqu'à présent, sous le nom degétntine. » Je ferai connaître dans un autre travail les réactions chimiques qui permettent de distinguer les unes des autres ces diverses gélatines; je me contente aujourd'hui de traiter la question au seul point de vue de l'ali- mentation. » La première action de l'eau bouillante sur l'osséine a pour effet de la gonfler et de changer le tissu coriace qui la constitue en une substance molle et friable : cette transformation exige environ une heure d'ébulli- lion; arrivée à ce moment, l'osséine est cuite et comestible. » Toute action ultérieure de l'eau bouillante est, selon moi, nuisible et tend à changer l'osséine en une masse gélatineuse qui, dans l'alimentation, ne présente plus les qualités du tissu osséique. » M. Terreil, qui veut bien m'aider dans ces recherches, a reconnu qu'en s'hydratant dans l'eau bouillante, loo parties d'osséine sèche don- nent environ 25o parties d'osséine cuite; ainsi le nouvel aliment, rendu comestible par la cuisson, contient 4o p. loo de substance solide; l'osséine ( 75^ ) sèche laisse par rincinération de 5 à lo millièmes de cendres, formées principalement de phosphate de chaux; ce fait n'est pas à négliger relati- vement à l'alimentation, car le phosphate de chaux est, comme on le sait, un aliment minéral utile. » L'osséine une fois cuite éprouve de nouvelles modiBcations que la pratique doit connaître. » Avant de se transformer en gélatine, elle perd, en partie, sa texture organique et se change, comme je l'ai dit, en une sorte de gelée qui est encore insoluble dans l'eau. » Sous l'influence prolongée de l'eau bouillante, elle se dissout et forme des substances dont les propriétés gélatineuses varient avec le temps de l'ébullition. Dans l'emploi alimentaire de l'osséine et dans 'sa cuisson, il faut donc se garder de confondre un tissu osséique avec un tissu fibrineux; ce dernier s'attendrit dans l'eau bouillante et ne se dissout pas, tandis que le tissu osséique s'altère rapidement dans l'eau chaude; il se gonfle d'a- bord, ensuite il se désagrège et finit par se dissoudre entièrement. Quand on ne veut pas produire de gélatine et qu'on désire conserver au tissu son organisation, sa solidité et son insolubilité dans l'eau, qui sont pour moi les qualités principales du nouvel aliment, il faut se garder de le laisser longtemps dans l'eau bouillante. » Mais lorsque l'osséine est employée pour produire des gelées ou pour donner au bouillon un élément soluble et nutritif, il faut prolonger l'action de l'eau sur l'osséine jusqu'à ce que le tissu soit entièrement dis- sous; on obtient alors une gélatine de première qualité, parce qu'elle dérive d'une osséine préparée avec le plus grand soin, et dont la pureté est constatée facilement par les caractères extérieurs. » Ainsi, en faisant varier le temps de la cuisson de l'osséine, on peut à volonté produire deux aliments différents; l'un est soluble dans l'eau, c'est la gélatine; l'autre est insoluble et organisé, c'est l'osséine cuite. » dramatisation. — L'osséine cuite peut être employée immédiatement dans l'alimentation; mais il est mieux de la rendre savoureuse par l'aro- matisation. » J'ai fait dans ce but des essais très-nouibreux. Après avoir étudié sous toutes les formes l'action des principaux aromates culinaires et celle même de la fumée, je suis arrivé à la pratique que je vais recommander. » Elle consiste à laisser |)endant trente-six heures environ l'osséine une fois cuite, dans de l'eau fioide fortement salée, et aromatisée pai' les mé- thodes ( iiiployées d'habitude dans les salaisons. » On obtient ainsi un aliment agréable, qui peut êlre mangé froid ou ( 753 ) chaud, que l'on peut faire chauffer dans de la graisse, mélauger à des légumes ou à de la viande et dont le prix ne dépassera pas, je l'espère, I franc le kilogramme, tandis que la gélatine se vend de 4 à 5 francs (i). » Conclusions. — Les questions que j'ai traitées dans mes deux Commu- nications sur l'osséine doivent recevoir, selon moi, une application immé- diate et intéressent à un haut degré l'alimentation publique. Comme elles ont pour but non-seulement de préconiser l'osséine, mais aussi de réhabi- liter un peu la gélatine, je demande à l'Académie la permission de résu- mer nettement mes propositions sur le mode d'emploi du tissu osseux : » 1° Les os peuvent fournir une substance alimentaire sous deux formes différentes et qui correspondent à deux besoins de l'alimentation : ils don- nent d'abord l'osséine, qui est un aliment organisé et solide, et, en second lieu, la gélatine, qui est soluble et qui doit entrer principalement dans la composition du bouillon. Il est donc utile, dans les circonstances présentes, que ces deux corps soient produits immédiatement sur une grande échelle, et livrés à la consommation; l'emploi de ces deux substances dans l'ali- mentation ne peut présenter aucun inconvénient, comme cela résulte des faits que j'ai soumis à l'appréciation de l'Académie. Je sais qu'il existe en ce moment à Paris une quantité considérable d'os et que l'abatage peut en produire de aoooo à 3oooo kilogrammes par jour. » 2" Pour ne pas compromettre l'utilisation alimentaire du tissu os- seux, il est important que l'osséine et la gélatine ne soient préparées qu'avec des os épurés et dégraissés avec le plus grand soin. » 3° L'osséine ne se comporte pas dans la cuisson comme les tissus (i) Un de nos confrères m'a demandé de faire connaître la nature et les proportions d'aromates qui sont utiles pour rendre l'osséine agréable au goût. Je comprends l'intérêt pratique de cette question; mais il est difficile d'y répondre, parce que l'aromatisation doit varier avec le goût des consommateurs : je dirai seulement que l'osséine, étant insipide, doit être aromatisée avec une forte proportion de sel, de poivre, de tliym, de laurier, de muscade, etc. L'eau d'aromatisation peut être vinaigrée, mais légèrement, parce que l'acide acétique se combine à l'osséine, la durcit et la rend coriace. Pour éviter la transformation de l'osséine en gélatine et la production d'un liquide col- lant, il faut, autant que possible, dès que l'osséine est cuite et encore cliaude, l'assaisonner et la manger rapidement sans la remettre sur le feu. On doit éviter l'emploi de jus acides ([ui développent toujours une saveur de colle. Dans un moment où la viande manque pour aromatiser le bouillon, on peut employer l'osséine et la torréfier légèrement en présence de la graisse : on obtient ainsi une masse brune qui donne. à l'eau une saveur assei! agréable. ( 754 ) fibrineux qui constituenl la viande; elle se transforme en gélatine par l'ac- tion prolongée de l'eau bouillante, et peut donc perdre facilement les avantages alimentaires des tissus. Pour faire entrer cette substance dans les habitudes de la consommatioti, il serait peut-être nécessaire de la livrer en ce moment toute cuile et aromatisée. j> 4" Quant à la gélatine, elle est encore sous le coup d'une prévention qu'il ne faut pas méconnaître. » On croit que la gélatine n'est pas nutritive, et même qu'elle est dan- gereuse; ceux qui la font entrer dans nos aliments ne s'en servent qu'en cachette. » Il est important de combattre ces préjugés, parce que la gélatine, convenablement employée, doit nous rendre en ce moment de très-grands services. » Chacun peut reconnaître qu'on obtient un véritable liquide alimen- taire très-économique en faisant dissoudre lo grammes de gélatine dans un litre d'eau chaude salée et aromatisée par de l'extrait de viande ou de lé- gumes, et dans laquelle on ajoute une petite quantité de graisse de bœuf. Mais il ne faut pas oublier que la gélatine, mal préparée, conserve tou- jours une saveur désagréable de colle forte (i). » Je crois donc que la gélatine, destinée à l'alimentation, ne doit être produite qu'avec de l'osséine aussi pure que possible, et que son aromati- sation culinaire, trop négligée dans les expériences qui ont été faites jusqu'à présent, est une condition essentielle à son assimilation. » Telles sont les considérations que j'avais à présenter sur l'emploi du tissu osseux dans notre alimentation, qui permettra, je l'espère, de prépa- rer dans les conditions les plus économiques du bouillon très-nutritif et un aliment azoté contenant 4o pour loo de substance solide. » Je désire bien vivement que mes efforts, inspirés uniquement par l'in- térêt public, ne soient pas paralysés par des répugnances exagérées. » En terminant, je veux adresser tous mes remercîments d'abord à M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce, qui, par une mesure insé- rée aujourd'hui même au Journal officiel^ assure une provision considérable d'os à la consommation de Paris, et ensuite à M. Demongeot, ingénieur des Mines, qui a compris immédiatement toute l'importance de l'emploi alimentaire des os. » (i) Je dois citer ici une Note très-intéressante que M. Riche vient de publier sur l'emploi de la gélatine dans la préparation du bouillon. ( 7'^'^ ) Remarques de M. Dumas à r occasion rie celte Communication. « Autant qu'il est permis de saisir le sens d'un Mémoire pendant une lecture rapide, il me semble que notre savant confrère craint, d'un côté, de se trouver en contradiction avec la Commission de la gélatine, tandis que, de l'autre, il est d'accord avec elle. - » Selon cette Commission, le mot gf^/o^me désigne plusieurs substances fort différentes : » 1° Le parenchyme organique des os, des cartilages, des liga- ments, etc., qui se transforment en gélatine par certains procédés; » 2" La chondrine; » 3° La gélatine proprement dite; 0 4° Cette même substance altérée par la chaleur. » Elle constate que la gélatine est un produit de l'art et non un élément organique,et elle rappelle^qu'à mesure que les tissus animaux sont modifiés, perdent de' leur texture et deviennent solubles, on les voit devenir moins alimentaires. ,. Ses expériences lui prouvent que, parmi les parenchymes des os, ceux qui sont les plus riches en matières organiques résistant à leau bouillante, comme les parenchymes de pied de mouton, sont plus nourrissants que ceux qui proviennent des têtes de mouton, qui en contiennent beaucoup moins. » La Commission admet, et comment aurait-elle pu faire autrement? que, tel qu'il est dans la nature, le parenchyme des os est un alinient complet, capable de suffire à la nourriture du chien. Elle démontre qu'il en est de même du parenchyme extrait par les acides des pieds de mouton ; que cette qualité ne se retrouve plus au même degré dans le parenchyme des fêtes de mouton, et qu'elle est encore affaiblie dans la gélatine. » Il fallait donc en revenir au premier procédé de M. D'Arcet, c'est- à-dire l'extraction par les acides du parenchyme des os, et ne pas déve- lopper l'usage des dissolutions gélatineuses. » En conséquence, dès les premiers jours de l'investissement de Paris, je signalais l'emploi du parenchyme des os à la Commission des subsis- tances, j'en entretenais, le 10 octobre, l'Académie, et j'engageais M.Tho- mas à traiter par les acides les os dont il retirait par la vapeur une gélatine fort bien préparée, » Personne n'a donc contesté dans la Commission de la gélatine, ni le C. R., 1870, 2' Semestre. (T. LXXI, N" 22.1 'O' ( 7^^ ) lûie utile (lu pnrenchyme des os, ni les excellents résultats des premiers travaux de M. D'Arcct, dont personne plus que moi ne respecte la mémoire et dont je tus toujours l'ami. T,e doute s'est élevé seulement sur l'usage des dissolutions géjaliuenses au sujet desquelles la question est complexe. » Réponse de M. Fuemy à M. Dumas. « J'ai eu le soin de rappeler, dans ma seconde Communication sur l'os- séine, les résultats physiologiques si intéressants constatés par la Commis- sion do la gélatine : je crois donc lui avoir rendu pleinement justice. » Mais il m'est impossible d'.idmettre, avec notre savant Secrétaire per- pétuel, qu'il y ait presque identité entre mes opinions sur l'emploi alimen- taire des substances gélatineuses et celles qui ont été exprimées par la Com- mission de la gélatine^ dont il était un des Membres. » J'ai dit que je considérais l'osséine et la gélatine comme nutritives, el pouvant rendre de grands services dans l'alimentation lorsqu'on leur don- nait une aromatisation suffisante et qu'on les faisait entrer, en proportion convenable, daiis cette association qui constitue un aliment complet. » Tous mes efforts tendent donc à combattre le préjugé qui frappe en- core aujourd'luii l'emploi des corps gélatineux dans l'alimentation, et qui nous prive ainsi d'une nourriture azotée, économique et facile à conserver. » Ce n'est ]ias ainsi que s'est exprimée la Commission de la gélatine : en lisant le Rapport qu'elle a fait à l'Académie, on reconnaît facilement qu'elle n'est pas favorable à la gélatine, comme le prouvent du reste les passages suivants : » Après avoir dit, page 265 ; « La concordance frappante cpli se remarque 1) entre nos résultats et ceux des expérimentateurs qui nous ont précédés )i ne permet donc pas de partager les espérances flatteuses que certains )i pliilaullu'opcs avaient conçues, à différentes époques, du parti qu'on ' pouvait tirer des os ", le rapporteur ajoute dans les conclusions de sou travail : « T.a Coinmissidii n'a pas voulu se ijiononcer jiour le moment sui- » l'emploi (le ia gélatine associée aux autres aliments dans la nourriture -) de l'honnne. Elle a compris que les expériences directes pouvaient seules ') l'éclairer à ce sujet d'une manière définitive. Elle s'en occupe active- » ment, et les résultats sei ont exposés dans la dernière partie du Rapport . » )) Ces déclarations étaient faites il y a trente ans environ, et la secoudt^ partie du Raj)port n'a jamais été publiée. » Je crois donc être en droit d(> dire (ine le lra\ail de la Commission a ( 7^7 j été pour beaucoup dans !a rrpulsion qu'inspire la gélahin^, tt qn en pré- conisant aujourd'hui l'emploi alimentaire des corps gélatineux, je suis loin d'être de l'avis '!e la Cotnniission « Quel était le but du travail de la Commission? Ce n'était pas de démon- trer que la gélatine employée seule était impropre à l'alimentation; ce fr.i physiologique important avait été établi déjà par M. Edwards aine. » Il ne s'agissait plus de combattre les exagérations des partisans de iri gélatine, car, comme !e dit encore le rapporteur : « Personne sk' soutenait » plus que la gélatine est l'aliment par excellence, qu'un os est une tablette » de bouillon, et que le bouillon d'os est préférable au bouillon de viande. » On ne présentait plus la gélatine que comme une substance propre à ani- » maliser l'eau qu'on ajoute, soit au bouillon de viande, soit aux légumes. )• » On voit, d'après les termes mêmes du Rapport que je viens de repro- duire, que la tâche de la Commission s'était bien simplifiée. Personne ne proposait de remplacer la viande par la gélatine; il ne s'agissait plus ijui de délennincr dans qucÂle proportion la gélatine pouvait être ajoutée utilemeni dans le bouillon. C'est cette question que la Commission n'a pas traitée; elle n'a jamais publié la seconde partie du Rapport qui devait la résoudre. » Le public a interprété ce silence dans un sens défavorable à la géla- line; il ne pouvait en être autrement. Un Membre de l'Acadéniie se trou- vait engagé dans la question; on a pensé généralement qae la Commission hésitait à donner un avis qui pût lui être défavorable. La question de la gélatine a été alors jugée de la manière suivante : » La gélatine n'est pas alimentaire, elle peut même être dangereuse. » Quant à son mélange avec d'autres substances, on a pensé qu'il n'était pas avantageux, car, il y a trente ans, une Commission de l'Acadénne des Sciences s'était engagée à faire connaître les résultats de ses essais sur l'association de la gélatine avec d'autres aliments dans la nourritme di l'homme, et ce travail n'a jamais été publié. » Selon moi, le travail de la Commission a donc été nuisible à la gélnliuc non-senlemenl par ce ijuil disait, mais surtout par ce qu'il na pas dit. n Tels sont les motifs qui m'ont engagé, dans nia seconde Commtmica-- tion sur l'osséine, à déclarer que la gélatine avait été injustement dépréciée au point de vue alimentaire, et qu'il était utile de la réhabiliter. » Je serais désolé de soulever ici une question personnelle lorsqu'en ce moment il ne faut songer qu'à l'intérêt public : cependant il m'était impos- sible de laisser dire, sans protester, que je n'ai fait que reproduire les résul- tats fl'un travail, lorsque je m'efforce au contraire d'en condiattre la ten- 'lance et les conclusions. ( 75H ) » La Coniniissioii n'a jjas voulu se prononcer sur l'utilité de l'associa- tion de la gélatine aux autres aliments : et moi je déclare que cette associa- tion est utile. » La Commission n'a jamais conseillé de faire entrer l'osséine dans la nourriture de l'homme : je suis venu dire que l'osséine pouvait être rendue comestible, et depuis un mois plusieurs personnes la font entrer dans leur alimentation. w La Commission a confondu dans l'expression de gélatine, le paren- chyme des os et la gélatine soluble : j'ai démontré que ces deux corps sont chimiquement et physiologiquement différents. » On le voit, je me trouve en contradiction complète avec la Commission de la gélatine, et je suis loin de reproduire ses résultats, comme le dit notre savant Secrétaire perpétuel. » L'Académie comprendra et excusera, je n'en doute pas, mon insistance dans cette question. Je n'ai pas oublié les luttes pénibles que M. D'Arcet a soutenues dans un but ])hilanthropique et qui ont, je le sais, abrégé son existence. Il a attendu pendant dix années que l'on déclarât que la géla- tine pouvait être employée utilement dans le bouillon : cette satisfaction, bien légitime et la seule qu'il demandât à la lin de ses jours, ne lui a pas été donnée. Eh bien, j'ai saisi, je l'avoue, avec bonheur, l'occasion qui s'est présentée pour faire publiquement cette déclaration devant l'Académie et du vivant de sa respectable veuve. » Nouvelles remarques de M. Dumas, concernant ta cjélaline alimentaires. <( Notre savant confrère n'a pas suivi en détail tout ce qui s'est passé dans cette enceinte, il y a près de quarante ans. La Commission était en présence d'opinions outrées dans les deux sens et de malentendus prove- nant d'un mauvaise terminologie. Il est toujours dangereux de donner un nom à des substances mal définies, le mot gélatine désignait quatre ou cinq produits bien différents. » Les uns disaient : « La gélatine est l'aliment type et la retirer des os c'est faire de quatre bœufs cinq bœufs. » Je vois par un signe de M. Che- vreul qu'il est d'accord avec moi ; le passage du Rapport, cité par M. Frémy^ répond à cette évaluation exagérée. D'autres regardaient la gélatine comme une substance nuisible, comme un poison, qu'il fallait proscrire de l'ali- mentation ; Ih Commission, par ses expériences, leur a donné tort. » Tous confondaient sous ce nom de tjélntine la matière animale des ( 759 ) os, le parenchyme isolé par les acides, la gélatine en dissolution, la gé- latine à l'état solide. Les partisans de la gélatine n'hésitaient donc pas, admettant cette identité, à en conclnre f]ue la dissolution gélatineuse re- tirée des os, constituait l'aliment parfait, puisqu'un chien, nourri d'os en nature, se portait bien, engraissait et ne se dégolîtait jamais de cette ali- mentation. Les travaux de M. D'Arcet, conduits avec autant de soin que de persévérance, reposaient sur cette idée que la gélatine préexisterait dans les parenchymes qui la fournissent. La Commission n'acceptait pas cette opinion. » La Commission de la gélatine a fait son premier Rapport en iSSa, le second en 1841, et l'Académie l'invita à continuer les expériences, sans émettre de vote sur ses conclusions. Je constate encore avec plaisir que notre doyen, M. Chevreul, est d'accord avec moi sur ce point. Personne à cette époque ne se fit illusion, et chacun comprit que la Commission ne se réunirait plus. » Le premier Rapport de la Commission constitue un beau Mémoire de M. Chevreul que tous les chimistes connaissent. Le second Rapport consti- tue un Mémoire de Physiologie, oeuvre de Mageudie; en éloignant tout vote sur les conclusions, l'Académie lui en restituait le mérite et la res- ponsabilité. Ce travail met en évidence les principes suivants : » Les aliments simples ne suffisent pas à la nutrition; la fibrine, l'albu- mine, la gélatine pure ou aromatisée, la graisse, la fécule, prises séparément, sont des aliments insuffisants, à côté desquels les animaux meurent d'ina- nition. » Tel animal se laisse mourir à côté d'une ration journalière de 1000 grammes de fibrine, que i5o grammes de viande remettent sur pied. » Quel est donc ce principe particulier qui rend la viande im aliment si parfait? se demandait-on alors. En attendant que la question soit résolue, répétons que l'emploi du-ect du parenchyme des os est préférable à toute autre manière de les utiliser et qu'il faut en revenir aux excellents pré- ceptes et aux procédés de préparation si bien formulés par M. D'Arcet, dès 18 14. » M. LiouviLLE rappelle qu'à l'époque où la question des propriétés ali- mentaires de la gélatine était encore très -vivement discutée, M. Arago ayant eu occasion, dans une visite à l'hôpital de Metz, d'interroger les malades pour savoir si, comme on l'avait prétendu, l'addition de gélatine à leurs rations ordinaires leur avait paru fâcheuse, il apprit de leur bouche (pie, non-seulement celle addition était acceptée par eux sans répugnance, usais qu'ils seraient tres-lâchés qu'on la leur supprimât. CHIMIE ORGANIQUE. — Note sur un acide odorant produit dans la fermentation putride de plusieurs matières azotées et particulièrement des tendons; par M. E. Chevreul. « Dans le Mémoire dont on vient d'entendre la lecture, on a parlé de l'odeur désagréable de colle forte que peut exhaler une gélatine mal pré- parée. Cette odeur résulte en grande partie de la formation d'un acide, analogue aux acides butyrique, caproïque, caprique, hircique, et surtout phocénique, que j'ai obtenu pour la première fois de la fermentation pu- tride des tendons dans l'eau distillée, lorsque je m'occupai de la question (le savoir si les tissus azotées se changent en ndipocire dans la terre ou le sein (les eaux, comme l'affirmait Foiircroy (0. » En signalant cet acide dès 1820 (2), je fis remarquer que la fermenta- tion putride du tendon donne un acide prédominant sur l'ammoniaque formée en même temps que lui, que l'odeur en est désagréable et qu'il neu- tralise pour 100 parties, 12 parties d'oxygène dans les bases. J'ai retrouvé cet acide dans l'eau des laboratoires d'anatomie où des cadavres ont ma- céré; il y est accompagné d'un autre acide pareillement volatil, mais bien moins odorant. J'assure que le premier acide est la cause principale de la mauvaise odeur des colles fortes. » Cet acide uni à la baryte affecte deux formes très-distinctes; il se pré- sente en feuillets ou cristaux incolores, et lorsqu'on fait évaporer la solution à l'air libre ou dans un air limité séché par la chaux vive, il se réduit en une matière incolore d'une transparence parfaite, dans laquelle il peut se former des étoiles ou des rosaces radiées. » Cet acide a la plus grande analogie, s'il n'y est pas identique, avec un des acides volatils et odorants que j'ai découverts dans le suint et que je désigne provisoirement sous le nom de parapliocénique. » I^e paraphocénate de baryte m'a présenté des faits tout à fait analogues au sel de baryte des cadavres relativement à sa forme et à l'action de l'eau. » Ces deux sels, traités par l'acide phosphori(pie, donnent des acides hydratés, solubles en toute proportion dans l'eau. (ij Hrrlifrrliis xiir p/iifiriirs points de chimie organique et considération!; sur la luituir ilii lang, lues à l'Acadc-inie des Sciences le 4 d'août i8?,3. {Mémoires du Musciim, t. X, p. 443-) ('.>.) Dictionnaire des Sciences naturelles, t. XVI, p. 448-44o ('820). ( 76. ) » La capacitô de saturation de l'acide paraphocénique est très-rappro • chée de celle de l'acide des cadavres; mais mes expériences ne me pa- raissent pas assez rigoureuses ponr conclure l'identité oti la différence des deux acides : j'ai trouvé que loo d'acide |îarapliocéiiique saturent de i i à 11,5 d'oxygène dans les oxvbases. » J'ai retrouvé l'acide des cadavres dans une matière excrémenlitielle accompagnée de deux autres substances odorantes, dont l'une est acide et se trouve dans la matière fraiche. » Il existe dans le suint et dans la matière grasse de la laine de l'acide pbocénique que j'ai confondu avec le paraphocénique jusqu'à l'époque où j'ai reconnu que ce dernier acide hydraté est soluble eu toute proportion dans l'eau, et que certainement sa capacité de saturation est plus grande que celle de l'acide phocénique. J'ai signalé ce dernier acide dans un Mé- moire lu à l'Académie, le 20 d'avril 1840, et déjà imprimé dans le XXXIX" volimie des Mémoires de l' Académif, que mes confrères ont bien voulu consacrer à mes recherches sur la lame et le suint (1); j'ai constaté ([uc l'acide séparé de la baryte et de l'état hydraté exige pour 5,5 parties, 100 parties d'eau comme l'acide phocénique hydraté. » Ici j'exprime le regret que les chimistes n'aient pas adopté le nom de j)hocéni(jue, et lui aient préféré la dénomination de valérique, parce que cet acide a été reconnu dans la racine de valériane, phisieiu's années apies que je l'eusse découvert, et je rappellerai en avoir reconnu la présence dans les baies et la racine du Vibunnun opulus dès 1818, et plus tard dans la ra- cine d'orcanète; je ne pourrais affirmer en ce moment que l'acide des tieux derniers végétaux ne fût pas le parajiliocéniqne.- » A|)i'ès la lecture de cette Note, M. Chevueul lail part à l'Académie d'ob- servations intéressantes communiquées par M. Payen à la Société centrale d'Agriculture, sur les os de cheval et l'huile qu'il en a retirée. M. Chevreul t xpi'ime le désir que M. Payen veuille bien les conuinuiiqiier lundi pro- chain à l'Académie. M. Payen amionceque se proposant de répondre à l'oblii^eant appel de M. Chevreul, il aura l'honneiu' de connnuniquer une Note dans la pro- chaine séance de l'Académie. » M. MiLNE Edwards partage l'opinion de M. Fremy au sujet des pro- (i) Voir, p. 40, alinéa [d] et (c). ( 762) priétés nutritives du tissu organique des os, et il est persuadé qu'aujour- d'hui aucun piiysiologiste ne songerait à révoquer en doute Futilité du rôle que cette substance est susceptible de remplir dans l'alimentation de l'homme. La gélatine, sans avoir toute la valeur nutritive que D'Arcet lui attribuait, est loin d'être inutile dans l'alimentation, comme le prétendaient jadis Magendie et les autres adversaires de cet académicien. M. Milne Ed- wards ajoute que, dans le huitième volume de ses Leçons de Physiologie, il a discuté la question, et que probablement il y reviendra dans une pro- chaine séance. » MÉCANIQUE. — Note sur les conditions des petites oscillations d'un corps solide de Jujure quelconque et la théorie des équations différentielles linéaires; par M. Y VON ViLLARCEAU. « L'intégration des équations différentielles du mouvement de rotation d'un corps solide, soumis à l'action de la pesanteur, a été présentée pour la première fois par l'illustre auteur de la Mécanique analytique^ dans le cas des petites oscillations. Bien que I existence d'un système d'axes prin- cipaux, pour chaque point du corps, permette de simplifier les équations à traiter, Lagrange préfère l'emploi d'axes mobiles liés au corps et non assujettis à être des axes principaux : c'est qu'eu effet, s'il est possible, jusqu'à un certain point, de définir la figure d'un corps quelconque, l'im- possibilité d'assigner la densité en fonction des coordonnées s'oppose à la détermination de la direction des axes principaux et des moments d'inertie autour de ces axes, au moyen des six expressions intégrales J{cc'+f^)dni, J[y- + z^)dm, S{z^ + oo^)dm; Jxjdm, Jjzdin, J zx dm, qui servent à fixer les directions et moments d'inertie dont il s'agit. Lorsque l'on veut étudier le mouvement d'un corps accessible aux mesures directes, le moyen le plus simple consiste à considérer des axes rectangu- laires liés à ce corps et assujettis à une seule condition, consistant en ce que l'un des axes contienne le centre de gravité du corps : la simple obser- vation de l'équilibre autour du point de suspension permet de fixer la di- rection de cet axe, celle des deux autres n'étant soianise qu'aux conditions de perpendicularité. Ce n'est pas seulement en vue d'une plus grande gé- néralité que Lagrange a conservé des termes qu'il eût pu, à l'exemple d'Euler, faire disparaître en choisissant les axes principaux; il a sans doute voulu rendre ses résultats plus immédiatement applicables aux circon- stances dans lesquelles on est obligé de se placer pour l'étude des pliéno- mènes que présente le luouvemeiit de corps tangibles (j'emploie cette expres- sion par opposition aux phénomènes de la Mécanique céleste). Dans la théorie du mouvement de rotation des planètes, on ne gagnerait rien à éviter l'emploi des axes principaux, puisque la situation de tout autre sys- tème d'axes rectangulaires serait aussi difficile à déterminer. » Considérant les oscillations du centre de gravité autour de la verti- cale, comme des quantités du premier ordre de petitesse, et négligeant les termes des ordres supérieurs, Lagrange forme trois équations différen- tielles du second ordre, entre lesquelles il élimine l'une des trois inconnues. Pour abréger, j'écrirai le résultat de l'élimination comme il suit : {a) d'il dKs f d'^s d-u en posant f {b) rt = CH + FG; c = CK; /^BC-F*; g = AC - G= (*), » Ces équations étant linéaires et à coefficients constants, Lagrange prend, pour intégrales, des termes de la forme [c) .ï = a sin((3< 4- l?), « = y sin((5^ + /3), et il arrive, pour déterminer le rapport - et la quantité jj, à des équations que je transforme en les suivantes, au moyen des équations [h) et en écri- vant/à la place de-» [d) » Elles fournissent l'équation caractéristique c — g-p' ap'' » Faisant abstraction du signe des racines, et désignant leurs valeurs absolues par p et p', on a les expressions suivantes de ^ et de « : = «sin(pi! + /3) 4- a' ûv\{p't -i- |3'), ^•^^ «= -^asin(pr+/3)+ -^^«'sin(û'« + /3'), où «, «', /3, |3' désignent quatre constantes arbitraires. (*) Mécanique analytique, étlition de M. J. Bertrand, t. II, p. 236. C. R., 1870, 2^ Saneitre. (T. LXXI, N" 22.) 102 ( 7^4 ) » Ail moyen de ces valeurs, on obtient aisément celle de la troisième fonction que je reproduis ici (8) 0 = h„-^ht + ^^^{'), ce qui achève la solution du problème. » An reste, dit Lagrange, comme cette solution est fondée sur l'hypo- )) thèse que J, M et— soient de très-petites quantités, il faudra, pour qu'elle » soit légitime : i" que les constantes a, a' et h soient aussi très-petites; M 2° que les racines p et o' soient réelles et inéijales, afin que l'angle t soit tou- » jours sous le skjne des sinus. Or cette seconde condition exige ces deux-ci : ' l(/+g)' + 4(yg-«'), » lesquelles dépendent uniquement de la figure du corps et de la situation » du point de suspension ("). » » C'est sur la seconde des conditions ici énoncées que je me permets d'appeler l'attention de l'Académie. Je dis qu'il n'est pas nécessaire que cette condition soit remplie, pour que les pelites oscillations se maintien- nent. S'il est, en effet, nécessaire que l'équation caractéristique ne |)ré- sente pas de racines égales, quand il s'agit d'une seule équation linéaire, il arrive au contraire que, dans certains cas, les racines de l'équation carac- téristique cVun système d'équations linéaires peuvent être égales, sans que la variable indépendante sorte des signes trigonométriques ou exponentiels. Tel est le cas qui se présente dans le problème actuel. » f>a dernière inégalité que nous venons de rappeler peut s'écrire {i) (/-gr + 4«^>o, et elle sera satisfaite tant que l'une des deux quantités [J — g) et a sera différente de zéro. Le cas de l'égalité des racines p et p' se présentera lors- que ces quantités (/ — g) et a seront simidtanément nulles: on tire en (* ) Je mets ici /(» au lieu de / qui se trouve dans la Mécanique analytique. (**) Voici un cas très-simple, auquel correspondent des racines égales de l'équation ca- ractéristique : c'est celui d'un corps solide, homogène et de révolution, oscillant autour d'un point pris sur son axe de figure. Chacun comprendra, sans recourir au calcul, que la petitesse des oscillations est assurée dans ce cas, si le centre de gravité est, à l'origine du mouvement, au-dessous du centre de suspension, à une petite distance de la verticale pas- sant par ce point, et si le mouvement oscillatoire initial est suffisamment faible. ( 765) effet de l'équation (e) et les valeurs correspondanles de / que fournit la deuxième équation (d) sont » Supposons d'abord J=g; ces deux expressions se réduiront à P -^ / = ±1. » On remarquera que cette double valeur de / étant indépendante de a, continue d'être exacte à la limite où a prend la valeur zéro. Donc si l'on a simultanément y — g = o et n = o, on a simplement (k) P^s/j ^^ i = ±i- » Alors les variables s ef u prennent la forme s = asinf i/-îi + /3 j + a'sin ( \/y f -1-/5' V n = as[nii/jt-h^j — a' a'm (\/ ~ t -h (i'j , équivalente à la suivante l s = vjsinf i/y t-he), (0 puisque l'on peut faire ;"0 >7 sine = a sin^ 4- a' sin/S', ■/)' sin£'= a siup — a' sin|3', •/j cos£ = acosj3 -t- a'cos/3', ■/5'cose'= acos/3 — a'cosjS'. » Voici donc, |)our le cas de l'égalilé des racines de l'équation car;icté~ nslique, une solution qui comprend les quatre constantes nécessaires vj, vj', £, c', et dans laquelle le temps / reste compris sous le signe des sinus. » Pour ne laisser aucun doute sur l'exactitude de cette solution, je ferai remarquer que la double hypothèse/ — g = o, « = o réduit les équations I02.. ( 7^6 proposées à dO + c o, d's dt- -f- c o, Or ces deux équations sont indépendantes, et elles admettent précisément pour intégrales les expressions (/). » On sait que lorsque l'on a affaire à nne équation linéaire à coefficients constants et que l'équation caractéristique présente des racines égales dont le degré de multiplicité est m, il faut multiplier le terme de l'intégrale cor- respondant à la racine multiple par un polynôme du degré m — i par rap- port à la variable indépendante : or plusieurs auteurs semblent admettre la nécessité d'une modification analogue des termes correspondants à une racine multiple, dans le cas d'un s/stème d'équations linéaires; ces auteurs se bornent à renvoyer aux explications fournies à l'occasion (Yime équation unique. J'ai cru devoir appeler l'attention des géomètres sur un point assez important de la théorie des équations linéaires, et qui n'occupe pas une place suffisante dans les traités sur cette matière. Peut-être la question que je soulève a-t-elle été déjà résolue; mais il faut croire que la solution n'est pas généralement connue, puisque l'incorrection que je signale dans la Mécanique analytique a pu échapper à un géomètre aussi érudit que le savant auteur de la nouvelle édition d'un ouvrage devenu classique. » Ayant rencontré d'autres systèmes d'équations linéaires qui m'ont présenté la même particularité relativement aux racines égales de l'équa- tion caractéristique, et constaté que ces systèmes se résolvaient alors en équations distinctes qui s'intègrent isolément, j'ai été conduit à rechercher les cas dans lesquels ce fait peut se produire. Voici le premier résultat que j'ai pu obtenir. Les équations linéaires d'ordre quelconque, à coefficients constants, pouvant au moyen de nouvelles variables être ramenées à des équations du premier ordre, j'ai considéré un système de deux équations linéaires du premier ordre, et il m'a été facile d'établir que, si la carac- téristique ayant des racines égales, ces équations peuvent néanmoins être intégrées au moyen d'exponentielles et de fonctions trigonométriques non affectées de facteurs algébriques contenant la variable indépendante, le système proposé se résout en deux équations qui s'intègrent séparé- ment. > ( 767 ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrulin, à In iioniination de la Coni- mission qui sera chargée de décerner le prix d'Astronomie, fondation La- lande, pour l'année 1870. MM. Mathieu, Liouville, Delaunay, Laugier et Faye réunissent la majo- rité des suffrages. MEMOIRES PRESENTES. AÉROSTATIQUE. — Sur un gaz qu'on pourrait substituer à celui qu'aujourd'hui on emploie d'ordinaire pour gonfler les ballons. Note de M. A. Hureau de Villeneuve. « Ayant été nommé commissaire français accrédité pour l'Exposition aéronautique anglaise de 1868, j'ai pu étudier à Londres les différents pro- cédés de fabrication du gaz destiné à l'aérostation. J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie le Rapport que j'ai fait stn- cette exposition et qui a paru dans le recueil l'Aéronaute. J'ai, dans ce Rapport, traité des avantages des différents gaz utilisables en aérostalion, notamnienî ceux de houille et de tourbe. Le siège actuel impose à l'administration la nécessité de suppri- mer la livraison du gaz de houille à partir du 3o novembre. Ne serait-il pas possible de le remplacer par un autre gaz, au moins pour le gonflement des aérostats? » Le bois vert existe en grande abondance "dans l'enceinte de Paris. Or le gaz extrait du bois par la distillation est moins éclairant, mais plus léger que le gaz de houille. Sa puissance ascensionnelle est de 800 granunes par mètre cube, tandis que celle du gaz de houille est de 600 à 65o grammes. Il y a donc tout intérêt à employer pour le gonflement des ballons le gaz extrait du bois vert. Les cornues des usines à gaz pourraient être conservées sans modifications et leur chauffage serait fait au bois. Le résidu de l'opé- ration serait du charbon d'excellente qualité qui lendrait à l'économie do- mestique de très-grands services. Le gaz destiné à l'aérostation devrait être lavé; on recueillerait ainsi l'acide pyroligneux et le goudron qui se forme- raient dans la première partie de l'opération. Puis on le dessécherait et on le ferait parvenir au gazomètre en ayant soin de maintenir flottante sur la couche d'eau placée sous le gaz une large toile goudronnée, afin d'einpê- ( 76« ) cher que le gaz absorbe de nouvelle humidité : ce qui l'alourdirait coii>.i- dérablement. » Si l'on voulait employer le gaz de bois à l'éclairage, ou n'ainait qu'à le faire barboter an milieu d'essence minérale dans l'appareil, nommé car- burateur, et join-nellement employé. Le gaz de bois deviendrait ainsi aussi éclairant que le gaz de houille, et permettrait de continuer l'éclairage de Paris sans modifications dans les appareils. » « M. Dumas croit qu'il est utile de donner immédiatement quelques explications à ce sujet. » La houille nécessaire à la fabrication du gaz n'est pas encore près de manquer, surtout si l'on renonce à tenir pendant le jour la canalisation en pression. Les fuites qui en résultent constituent une perte sans compensation et sans nécessité. " Il serait très-intéressant de remplacer le gaz de la houille par celui du bois dans l'aérostation. Mais il faudrait' parer à la présence de l'oxyde de carbone et ne pas perdre le souvenir de l'accident qu'elle détermina dans la seule ascension qui ait eu lieu, au moyen du gaz de l'eau décompcsée par le charbon. L'aérouaute, M. Dupuis Delcourt, perdit connaissance et Eou ballon, voguant à l'aventure, le ramena à terre asphyxié. » Faire au moyen du bois le gaz de l'éclairage à Paris, ce serait revenir au therniolanipe de Joseph Lebon. Or, tous les appareils sont construits en vue de la fabrication d'un gaz accompagné d'iui alcali, tel que celui de la houille qui est chargé d'ammoniaque, et non d'iui gaz accompagné de vapeurs acides, tel que celui du bois qui est toujours mêlé de vapeins d'acide pyroligneux. Les appareils qui reçoivent, purifient ou dirigent ce gaz seraient tous compromis par l'action de cet acide. » De plus, la chaux manquerait pour la conversion de l'acide pyroli- gneux en acétate de chaux. » L'objet principal de la remarque de M. Dumas est celui-ci : la ques- tion du remplacement de la houille par du bois ou par d'autres matières a été soigneusement étudiée et continue à l'être; mais on se résignera dif- ficilement à compromettre un outillage aussi inqinrlant que celui des usines à gaz de Paris. » M. I)i:i(oiDi£ adresse une Note sur un système aérostalique diiigeable pu des moyens différents fie ceux qui ont été jusqu'ici jiroposés, prticédaiif par une série d'ascensions et de descentes; chaque ascension s'opérant dans le ( 769 ) sens vertical, autant du moins que l'état de l'air le permet, la descente au contraire se faisant obliquement et dans la direction voulue, grâce à nu parachute-plan, incliné à l'horizon et convenablement orienté avant cha- cune de ces descentes successives. La force ascensionnelle n'est pas obtenue du gaz hydrogène qui ne sert qu'à équilibrer à peu près le |ioiils de tout l'appareil, pas assez d'ailleurs pour s'opposer à une descente qu'on peut rendre plus ou moins rapide et qui se produit dès qu'un gaz, différent du premier, cesse de gonfler deux réceptacles symétriquement placés en avant et en arriére du ballon principal Ce gaz est l'ammoniaque, et c'est sur son absorption rapide que compte l'auteur de la Note pour opérer le dégonfle- ment des deux réceptacles; sans s'expliquer d'ailleurs sur la manière dont s'opère l'absorption par suite de laquelle doit s'opérer la descente, ni sur la manière dont un nouveau dégagement du même ira remplir les deux réceptacles pour produire l'ascension suivante. (Commissaires : MM. Morin, Halard, H. Sainte-Claire Deville.) M. C. Grin présente le projet d'un bjslèmc aérostatique dans lequel il pense avoir remédié aux divers inconvénients reprochés à ceux qui ont été essayés jusqu'ici. Cette exposition est accompagnée de diverses figures sans lesquelles elle pourrait difficilement être comprise, et nous devons nous borner à cette simple annonce. (Renvoi à la Conunission précédemment nommée pour d'autres Conmiii- nications relatives à l'aérostation, Conunission composée de MM. Morin, Delaunay, Dupuy de Lôme.) M. E. Petro adresse une Note sur les ballons captifs et sur un moyen destiné à faire disparaître ce qu'il considère comme la cause principale de la difficulté qu'on rencontre à maintenir ce ballon à une hauteur suffisante pour que l'observateur puisse surveiller une vaste étendue de terrain. (Renvoi à la même Commission.) On renvoie à la même Conunission une Note ayant pour litre : « Ballon dirigeable par le haut ». M. Clotet envoie une addition à sa Note du 17 octobre dernier sur une nouvelle bombe cylindro-coniqne. (Renvoi à l'examen de la Section de Mécanique à laquelle MM. Delaunay et Dupuy de Lôme ont été priés de s'adjoindre.) MM. Brachet et Vallée adressent la description d'une lampe électriijue ( 77» ) dont ils pensent qu'on pourrait faire en ce mouieni une utile application dans la ville de Paris pour l'éclairage des larges voies. (Renvoi à l'examen de la Section de Chimie à laquelle est adjoint M. Dumas.) CORRESPONDANCE . M. DE ScHŒXEFELD, Secrétaire général de la Société botanique de France, transmet l'extrait du procès-verbal de la séance de rentrée de cette Société qui déclare adhérer complètement à la protestation de l'Institut contre le projet de bombardement de la ville de Paris. « La Société, on reprenant le cours habituel de ses réunions, a entendu la lecture de la déclaration de l'Institut de France réuni en assemblée géné- rale le i8 septembre dernier; ayant donné unanimement son adhésion pleine et entière à cette solennelle déclaration, elle croit devoir l'appuyer spéciale- ment en vue de la conservaîion des herbiers publics et particuliers dont quelques-uns, œuvre de plusieurs générations et libéralement ouverts aux savants de tous les pays, sont d'un intérêt scientifique général incontesté, et qui sont d'ailleurs plus exposés aux chances d'incendie que les autres collections scientifiques.... » Ont signé, au nom du Bureau de la Société et pour le Président absent, les deux Vice-Présidents, MM. Brongniart et Roze. M. DuM.4S présente au nom des auteurs, MM. Champion et H. Pellet, une Note « sur quelques propriétés de la dynamite et sur un nouveau pro- cédé de la fabrication de la nitroglycérine ». La nouveauté de ces recher- ches et leur importance ont déterminé à présenter cette Note pour que les auteurs puissent ainsi prendre date; mais îles raisons de même nature que celles qui ont fait ajourner la publication de la Note de M. Eug. Pelouze sur son procédé pour la conservation des viandes ont fait penser que pour celle-ci il convenait de se borner pour le présent à une simple annonce. M. Dumas dépose, de la part de l'auteur, un exemplaire de la Conférence faite par M. Riche, le ii novembre, sur la « Manière de se nourrir dans les circonstances présentes ». M. BussY présente au nom de M. Soubeyran, professeur agrégé à l'École de Pharmacie, une carte géographique sur laquelle sont inscrites, au lieu de leur production, toutes les principales substances qui trouvent leur em- ploi dans la matière médicale. ( 77' ) GÉOLOGIE COMPARÉE. — De l'existence de roches éruptives et de roches métamorphiques parmi les météorites; par M. Stanislas Meunier. « J'ai cherché à montrer, clans ma précédente Communication, cjne des faits positifs conduisent à reconnaître des relations stratigraphiques entre des types divers de météorites, c'est-à-dire à reconnaître la preuve que des roches météoritiques de nature différente, dérivent d'un même gisement originel. )) Allant plus loin, je vais faire voir aujourd'hui que l'étude de ces rap- ports existant entre des roches extraterrestres donne le moyen de définir jusqu'à un certain point, au moins pour plusieurs d'entre elles, les condi- tions spéciales de leur formation. Tandis, en effet, que le plus grand nombre des météorites se présentent comme le résultat pur et simple du refroidissement d'une masse fondue primitive, plus ou moins analogue à celle qu'on obtient artificiellement par leur fusion, d'autres ont conservé l'empreinte d'actions géologiques plus compliquées. C'est ainsi qu'il y a, comme on va voir, des météorites offrant un caractère évidemment éruptifet que d'autres sont manifestement le résultat d'un véritable métamorphisme. » L'exemple le plus net et le plus concluant, puisqu'il synthétise pour ainsi dire tous les autres, nous sera fourni par le remarquable fer que je citais déjà dans une précédente Communication comme ayant été découvert il y a peu d'années dans la cordillère de Deesa, au Chili. On se rappelle que ce fer, essentiellement bréchiforme, est constitué par la réunion de fragments pierreux de forme anguleuse et de grosseur variable, reliés ensemble par une substance métallique qui les empâte. J'ai dit que la partie métallique soumise à l'analyse m'a donné tout à fait les mêmes ré- sultats qu'on avait obtenus en examinant le fer trouvé à Caille en 1828, et que les fragments pierreux ne sauraient se distinguer, sous aucun rap- port, de la météorite tombée en Algérie, à Tadjera, près deSétif, le 9 juin 1 867. Or, on va voir que la pâte métallique du bloc de Deesa diffère de la mé- téorite de Caille quant à son mode de formation, et que la pierre de Sétif, identique, je le répète, aux fragments anguleux de la brèche chilienne, a conservé les traces non douteuses du métamorphisme qu'elle a subi postérieurement à sa solidification. » Pour comprendre en quoi la pâte du bloc de Deesa se distingue du fer de Caille, il faut rappeler en quoi consiste l'expérience de Widmannstœtten. Si après avoir poli une surface plane sur un fer météorique, on le soumet C. R., 1870, 3« Semenre. (T. LXXI, N» 22.) I o3 { 77=) à lactinn corrosive fl'nn ncido, on voit, contrairement à ce qui a lieu pour une lame polie de (or artificiel, apparaître un moiré d'une régularité ex- trême. Ce moiré ou, comme on dit, cette figure de Widmannsfoctten est due à l'existence dans la masse mélallinue de divers alliacés de fer et de nickel dont la solubilité est en rapport avec la composition et qu'une cris- tallisation générale de l'ensemble a disposés danstiu ordre régulier. Il est rare que deux fers différents présentent rigcu-eusement la même figure, et il arrive que certains d'entre eux, an lieu du réseau géométrique habituel, ne donnent que des dessins confus et comme brouillés. C'est, entre autres, le cas du fer de Deesa, et c'est justement par ce caractère qu'il révèle son origine éruptive. En effet, du fer de Caille étant donné, rien de plus facile que de lui imprimer le caractère confus qui appartient à la masse chilienne. Il suffit pour cela de le fondre dans un creuset et de l'abandonner ensuite au refroidissement lent. Dans cette simple expérience, sa composition chi- mique n'a évidemment pas changé, mais il n'en est pas de même de sa sirucfure, et désormais les acides ne peuvent plus dessiner sur des surfaces polies que des figures confuses. Je ne crois pas qu'on puisse refuser de tirer de ce fait cette conséquence que le fer de Deesa n'est autre chose que le fer de Caille qui, par voie de fusion, a été injecté au travers de roches pier- reuses superposées et en a empâté des fragments; c'est dans toute la force du terme luie brèche de filon éruplif. » Cette conclusion est d'ailleurs pleinement confirmée par l'état de deux fragments pierreux de la brèche de Deesa. Des expériences extrêmement simples m'ont amené à ce résultat imprévu que la roche noire qui constitue les fragments, et que j'ai désignée sous le nom de ladjérite parce qu'elle forme, comme on l'a vu, la pierre de Tadjera (Sélif), peut être produite artificiellement au moyen de certaines roches météoriliques toutes diffé- rentes, et spécialement au moyen de celles que j'appelle aumalite et chan- tonnite. Que l'on chauffe ces roches qui sont, comme on sait, d'une couleur gris-clair et qu'on les maintienne pendant un quart d'heure par exemple dans un creuset à la température rouge, ou les trouvera après refroidisse- ment complètement transformées. Leur couleur sera devenue noire; leur dureté et leur ténacité auront augmenté; leur densité aura subi elle-même un léger accroissement. De sorte que, déjà semblables av;int l'expérience à la tadjérite |x>ur la composition chimique, elles en auront pris tous les caractères extérieurs et ne sauraient plus en aucune façon eu être dis- li liguées. » Il me sera sans doute permis de faire remarquer en passant que c'est ( 77'^ ) la preiinère fois que l'on parvient à reproduire artiticiellement une météo- rite, et cela avec tant de perfection qu'il est impossible au plus habile de reconnaître la roche naturelle de son imitation. D'ailleurs cette circon- stance que la matière première de cette reproduction est elle-même une météorite ne diminue pas, me semble-t-il, l'intérêt de l'expérience. » Quoi qu'il en soit, si l'on suppose que, lors de son éruption à l'état de fusion, le fer de Caille a empâté des fragments d'anmaliîe et de chantonnile, il n'a pas pu le faire sans les métamorphiser en tadjérite. Dès lors la pré- sence dans le fer de Deesa, de fragments de cette dernière roche, est, comme je l'annonçais, une preuve de plus que ce fer constitue réellement un fdon et dévoile des relations stratigraphiques entre la caillite et l'an- malite. Il faut aussi faire remarquer que d'autres fers sont, comme celui de Deesa, constitués par l'association de parties pierreuses avec des parties métalliques, et que toujours les fragments lithoides appartiennent au 1} pe tiès-rai'e des météorites noires. Tels sont les fers d'Hemalga, de Toule, etc. Cette circonstance qui m'avait frappé il y a déjà plus d'un au, lorsque je publiai l'analyse du fer de Deesa, reçoit, comme on voit, de l'expérience une explication des plus simples. Quant à la masse de Sétif, qui ne se pré- sente pas en contact avec des masses de fer auxquelles on puisse attribuer son métamorphisme, on est évidemment porté à voir en elle un échantillon de la paroi d'aumahie contre laquelle a eu lieu l'éruption niétaliiciue. I) Remarquons ici cpie la coloration noire qui nous occupe, si différi- talité de la France, comme un honunage rendu au génie et aux droits supé- rieurs de la civilisation. » En suivant du regard notre digne missioiuiaire dans l'espace où il se perdait peu à peu, j'ai senti ce souvenir se réveiller et renouveler en moi le besoin de protester, soit au nom de la science, soit au nom des prin- cipes eux-mêmes, contre tout empêchement qui pourrait être mis à son expédition. » Deux inventions françaises, liées aux gloires de l'Académie, ont con- couru aux opérations de la défense : les ballons que Paris investi oxpédie, les dépêches microscopiques qui lui reviennent sur l'aile des pigeons. » La décision prise par le comte de Bismark de renvoyer devant lui conseil de guerre les personnes qui, montées dans les ballons, essayent, sans autorisation préalable, de franchir les lignes ennemies, intéresse donc l'Académie. Elle ne saurait accepter que des opérations de guerre soient punissables parce qu'elles reposent sur des princij)es scientifiques nou- veaux; que l'homme dévoué qui, dans l'intérêt de la science, passe au- dessus des lignes prussiennes, soit coupable de manœuvre illicite; qu'en donnant, enfin, nos soins à l'aéronautique nous ayons contribué nous- mêmes à fabriquer des engins de guerre prohibés. » Comment! les voies de terre, de fer et d'eau nous étaient interdites, la voie de l'air nous restait seule, inconstante et doutense; elle n'avait ja- mais été pratiquée; quoi de plus légitime que son emploi? Nous l'avons conquise par des procédés méthodiques, et si elle fonctionne régulièrement au profit de nos armes, où est le délit? » Que l'ennemi détruise, s'il le peut, nos ballons au passage; qu'd s'em- pare de nos aéronautes au moment où ils touchent la terre, soit ; c'est son intérêt, c'est la chance de la guerre. Mais que les personnes, tombant ainsi { 7^5 ) entre ses mains, soient livrées à une cour martiale, au loin, en pays ennemi, comme des criminels, c'est un abus de la force. M Lorsqu'un port est investi par terre, si la mer reste libre, l'assiégé n'a-t-il pas le droit de s'en servir? que la tempête jette à la côte un de ses navires, l'équipage et les passagers seront-ils traités en espions qu'on aurait surpris pénétrant secrètement à travers les lignes ennemies? Non, ils seront prisonniers de guerre. Dans une ville entourée de toutes parts, comment, à son tour, la voie des airs serait-elle interdite? Le ballon qui plane au-dessus des lignes se glisse-t-il donc au travers de ces lignes? Lorsque toutes les populations suivent sa marche dans les airs, les unes, amies, pleines d'espoir et l'accompagnant de leurs vœux; les autres, ennemies, déçues et regrettant leur impuissance, comment soutenir qu'il s'agit d'une opération clandestine, et que ce vaisseau aérien est un instrument de guerre se glissant secrètement dans le camp de l'assiégeant. » Mais je m'arrête. Le développement de cette question de droit des gens n'est pas de la compétence de cette Académie; il appartient à l'Aca- démie des Sciences morales et politiques, et je n'ajoute qu'un dernier mot. » Dans Syracuse assiégée, Arcbimède opposant aussi aux efforts de l'en- nemi toutes les ressources de la science de son temps, rendait pour les Romains l'attaque de plus eu plus meurtrière. Marcellus, loin de lui faire un crime d'avoir prolongé la défense par ses inventions, ordonna que la vie de ce grand homme fût respectée, et, plein de regret pour sa mort for- tuite, entoura sa fam-ille de soins et d'égards. » Deux mille ans se sont écoulés; le christianisme a répandu sa douceur dans les lois et dans les mœurs, et cependant. un nouvel Archimède, [)OUr avoir créé de nouvelles combinaisons de guerre, se verrait soumis aujour- d'hui sans pitié aux rigueurs d'une cour martiale arbitraire, si son pays était trahi par la fortune. » N'hésitons pas à le dire : en face de telles menaces, ceux d'entre nous que la construction des ballons occupe; ceux que l'Académie envoie en mission dans l'intérêt de la science n'en sont point ébranlés; et si la dé- fense de Paris manquait d'aéronautes, on trouverait toujoius, dans cette enceinte même ou autour d'elle, des mains exercées et îles âmes fermes pour diriger ses patriotiques expéditions. » L'Académie témoigne, par les |)lus vives marques d'approbation, l'as- sentiment qu'elle donne aux paroles de M. le Secrétaire perpétuel. Sur la proposition de M. dk Qcatkefages, appuyée par l'unanimité tle l'assemblée, elle décide, par >ui vote, qu'elles seront consignées au procès- io5.. ( 786 ) verbal de la séance cl publiées clans les CuinfJlcs iciulub, coiiiuie i'c-xpressioii iK; la pensée île la Compagnie. M. LE Président désire qu'il soit bien entendu cpie le Bureau des Lon- gitudes, qui a pi is l'initiative de l'expédition de M. Janssen, connue c'était son devoir, partage entièrement les sentiments que l'Académie vient de nianitester. M. Dëlaunay appuie l'opinion de M. le Piésident, et il ajoute que le Bureau des Lougiliuh^s, qui a préj.'aré le plan de celte exjiédition, en espère d'heureux fruits poiu' la science. PHYSIOLOGIE AIM'LIQUIÎK A l.'UYGlIiiNli. — Nolc itir Ic^ piOjJliclcs uiitrilivLS dts subslnnces or(j(uiiiiii(;s tirées de^i os et sur la coinpositiuii des raiiuiis aiiinen- taires susceulililcs (^entretenir le eor/is humain dans son étal nornud ; par M. MiLNE EUWAKDS (l). « La question, en réalité fort simple, de la valeur nuliilive des matières organiques contenues dans les os est lUie de celles qui de nos jours ont donné lieu aux discussions scieutiliques les plus passionnées et les |)lus confuses. L'Académie eut souvent à s'en occiq)er il y a environ trente ans, et à cette époque les jugements qu'on en porta étaient des plus contradic- toires; mais aujourtlhui la pliq^artdes physiologistes la considèrent comme résolue. Je partage leur opinion, et, dans un volume publié en i86S, j'ai exposé les faits sur lesquels ma conviction rej)ose. Il est donc probable que je ne serais pas revenu sur ce débat dans le moment actuel, si, à l'occasion des Conununications intéressantes de M. Dumas (2) et de M. Frcmy (3) sur l'emploi du tissu organique des os dans l'alimentation des habitants de Paris, je n'avais vu revivre dans le public d'.niciens pré- jugés et des idées scientifiques tpii me paraissent en désaccord avec les principes de la physiologie moderne; or ces préjugés et ces erreurs, à l'appui desquels on invoque des autorités scientificpies considérables, me semblent pouvoir nuire à une chose utile, et par conséquent j'ai pensé qu'il serait peut-être bon de dire ce qui me paraît être la vérité. J'ai pensé (l) L'Académie a décidé que ceUe Communication, jjicn i|ue dépassant en étendtio les limites réglementaires, serait insérée en entier an Cunijilc rendu. [1) Voyez les Co/njjlcs rriidiis, sranccs dn 10 octol)i'(? (p. 485), du 3i octobre (p. SGCt) et (In ■>8 novembre (p. ^SS). {'i) t'oyez les (\>iiii>Ux rendus, sc.iiicrs iln 3i (jctohre ^p. S^y) et du y.fci iiiAenilne (p. 747 et 756). ( 787 ) aussi qu'il ét;iit de mon devoir de remettre en lumière ce cjue mon frère William Edwards avait fait pour établir celte vérité et de montrer l'injus- tice du jugement léger et dédaigneux (|ue M. Magendie, parlant an nom d'une Commission académique, porta sur les reclicrches de cet expérimen- tateur sagace à une époque où celui-ci était trop près de la mort poiu' pouvoir répondre à des critiques. » On sait qu'en 1812 D'Arcet, s'inspirant peut-être d'une pensée éaiise vers la lin du xvii'^ siècle par lui médecin français, Denis Pajîin, chercha à utiliser pour l'alimentation des classes indigentes la substance organique qui forme la base des os, et qui était désignée alors sons le nom de gélatine, parce qu'on la confondait avec la matière produite par ce tissu sous l'in- fluence j)rolongée de l'eau très-chaude. Dans ses premiers essais, D'Arcet fit usage du parenchyme osseux débarrassé des matières calcaires par l'ac- tion de l'acide chlorhydrique et il l'associa à d'autres substances alimen- taires [)oui' la [^réparation des soupes dites éconoiuiques. Les résidlats obtenus de la sorte furent jugés si favorablement par un grand nombre d'honnnes compétents, que bientôt l'emploi de la gélatine devint usuel dans la |)lupart de nos grands hôpitaux, et afin d'obtenir cette substance animale à bas prix, on substitua à l'attaque des os par l'acide chlorhydrique la cuisson à haute température dans de l'eau soumise à une pression con- sidérable. Cette pratique dura fort longtemps et, excité par ses premiers succès, iVArcet se laissa entraîner sur une pente où les novateurs glissent souvent, et il tomba dans des exagérations que les hommes de science ne pouvaient accepter. 11 vanta outre mesure les qualités alimentaires du bouillon à la gélatine, et en même temps les établissements hospitaliers portèrent souvent dans la préparation culinaire de ce mets une négligence coupable. 11 en résulta que bientôt l'usage de cet aliment donna lieu à des plaintes nondjreuses, et, en i83i, Magendie, Récamier, Dupuytren et plu- sieurs autres médecins ou chirurgiens de l'Hôtel-Dieu de Paris cruit nt de- voir en proscrire l'usage pour les malades confiés à leurs soins. Vers la même époque, M. le D' Donné, se fondant sm* quelques expériences qin lui étaient personnelles, révoqua en tloute la j-ropriété nutritive de la gé- latine; plusieurs autres médecins ou chimistes, allant même beaucoup plus loin, soutinrent énergiquenient que cette substance, loin d'être alimentaire, était nuisible à la santé, et l'un d'eux invoqua l'intervention liu gouver- nement pour en faire prohiber l'emploi. La question d'hygiène publique posée de la sorte fut portée devant l'Acadénne et renvoyée à l'examen d'une Commission qui chargea l'un de ses Membres, M. jMagendie, défaire une nouvelle élude de la gélatine considérée comme aliment, (^e physio- ( 788) logiste entreprit alors une série d'expériences qu'il prolongea pendant dix ans, et il en exposa les résultats dans un Rapport présenté à rAcudéniie en août i84i, travail dont la lecture produisit une impression très-défavoraLle à l'emploi alimentaire des substances organiques extraites des os, mais dont les bases me sembleut peu solides. » En effet, la méthode expérimentale adoptée par M. Magendie me paraît mal choisie. Au lieu de faire usage de la balance, instrument dont l'emploi est des |)lus utiles dans les investigations de cet ordre, il se con- tenta de chercher si des chiens retenus en captivité, condanuiés à un té- gime rigoureusement uniforme, et ne recevant, potu' chaque repas, que la substance dont il se proposait d'apprécier les quantités nutritives, continue- raient à vivre, comme s'ils étaietît nourris de la manière ordinaire, et lors- qu'il voyait ces animaux éprouver à la longue un invincible dégoijt pour l'aliment unique qu'on leur présentait, et finir par mourir d'inanition à côté d'un mets dont parfois ils avaieiU mangé d'abord avec avidité, il en concluait que la matière soumise à cette singidiere épreuve n'était pas nourrissante. » Si M. Magendie s'était souvenu d'un certain conte de Lafontaine, où le Pâté d'anguilles joue un grand rôle, il me paraît probable que le vice de celte méthode expérimentale ne lui atuait pas échappé. Quoi qu'il en soit à cet égard, ayant constaté que les chiens à cjui l'on fournissait, d'iuie manière continue, pour unique aliment, de la gélatine, soit seule, soit mêlée à des condiments propres à rendre cette matière insipide agréable au goût, ne tardaient pas à dépérir et mouraient d'inanition au bout de quelques semaines, il se crut autorisé à déclarer que la gélatine dite alimenlaire n'a pas plus de pouvoir nutritif que n'en possède l'eau pure. » Il est aussi à noter que M. Magendie obtint des résultats analogues, en expérimentant de la même façon sur l'albumine et sur la fibrine, sub- stances dont personne n'oserait révoquer en doute l'utilité dans l'alimen- tation. Mais ce lait n'exerça aucune influence sur son opinion touchant la valeur de ses exjjériences sur la gélatine, et il ressort évidemment de l'en- semble de son Rapport que, dans son esprit, l'emploi de cette substance était condamné d'une manière absolue et irrévocable. » Cependant si M. Magendie n'avait pas reiusé de tenir compte des faits constatés expérimentalement par mon frère, il aurait été obligé de recon- naître que la gélatine bien préparée, tout en n'ayant pas une puissance alimentaire, à beaucoup près, aussi grande que la fîbi'ine, l'albumine ou le easèum, est susceptible de contribuer très-utilement à renireticn du travail nutritif, et ne devait pas être rayée de la liste des substances applicables à ( 789 ) l'alimentation de l'homme, du chien ou de tout autre animal omnivore ou carnassier. » En effet, les expériences de Wdliani Edwards et de Bidzac (1), cousli- tuées d'une manière rigoureusement comparative, et rendues précises par l'emploi judicieux de la balance, avaient prouvé : » i" Que des chiens soumis au régime du pain et de l'eau pendant un mois environ subissaient des pertes de poids très^considérables; » 2" Que ces mêmes animaux, nourris avec le même pain trempé dans de l'eau, mais associé à une certaine quantité de gélatine dite alimentaire, résistaient beaucoup mieux aux effets de ce régime insuffisant, et à la fin de chacpie épreuve, dont la durée variait entre 21 et 86 jours, avaient en général augmenté de poids; mais cette augmentation n'était ni régulière, ni aussi grande que celle jiroduite normalement par le régime ordinaire et également abondant; enfin qu'à la longue les rations composées de la sorte deviennent à leur tour insuffisantes pour l'entretien de la vie; » 3° Qu'il suffisait d'ajouter au mélange de pain, de gélatine et d'eau une quantité très-minime d'un botiillon ordinaire sapide et aromatique, pour obtenir luie augmentation régulière du poids du corps, ainsi que tous les autres effets caractéristiques d'une bonne alimentation. » Aucun fait consigné dans le Rapport de M. Magendie n'est venu ni contredire ni même modifier les conclusions qui ressortent nettement do ces expériences, bien conçues et bien dirigées. Les recherches, entreprises plus récenniient sur le même sujet par d'autres physiologistes, corroborent ces conclusions, et, dans l'état actuel de la science, il me semble impos- sible de méconnaître l'aptitude de la gélatine à fournir un contingent utile pour l'alimentation soit de l'homme, soit des animaux, sur lescpitls les expériences dont je viens de parler ont été faites. » Je partage donc l'opinion de M. Dumas et de M. Fremy touchant l'utilité du tissu organique des os pour l'alimentation de la population de Paris, aujourd'luii que, j)ar suite de la présence de reuuemi autour de nos murs, les autres aliments azotés ont cessé d'être aussi abondants que fl'or- dinaire dans l'intérieur de cette grande ville. J'ajouterai même que la sub- stance désignée sous le nom d'osscine par M. Fremy me paraît être, pour nous, un aliment très-supérieur à la gélatine que cette substance est sus- ceptdjle de fournir par la coclion, et que D'Arcet employait pour la prépa- ration des soupes dites économiques; mais pour motiver cette manière de (i) « Recherches expérimentales sur l'emploi de la gélatine comme substance alimentaire » (Archives générales de médecine, 2'^ série, t. VII, p. 2^2; i835). ( 790 ) voir, qui s';ircor(io tiTS-i)itn avec tiivers hiits observés par 'M. Aîagendic, el pour rappeler les principes physiologiques qui me paraissent devoir nous 2[ui(ler dans la composition de nos rations d'entretien, je crois néces- saire de i)résenter quelques considérations générales sur la nature du travail nutritif auquel il s'agit de satisfaire. » La nutrition des êtres animés est un phénomène tiès-complexe, et pour résoudre nettement quelques-unes des questions dont le public s'occiq)e beaucoup aujourd'hui, il me semble utile d'analyser le problème phy- siologique que l'on a besoin de résoudre. Si je ne craignais d'abuser de l'attention que l'Académie m'accorde, j'aimerais à (lévelop|>er ce sujii im peu longuement, mais en ce moment je veux être bref et je ne loucherai qu'à quelque.s-uns des points les plus importants. » Pour satisfaire aux besoins de la nulrilion, il (au! : » 1° Que l'économie animale trouve dans la ration alimi ulaire de chaque jour, ou d'une série peu nombreuse de jours, l'équivalent de tout ce que l'organisme perd nécessairement pendant ce laps de temps, ainsi que la matière propre à la constitution des tissus nouveaux en voie de formalion pendaiU la période de croissance; » 2" Que cette ration soit apte à provoquer le travail digestif qui est in- dispensable pour que la plupart des aliments soient rendus absorbables et propres à remplir dans le sang leur rôle physiologique; .) 3" Que les aliments employés de la sorte puissent arriver dans le tor- rent d(^ la circulation avec une certaine rapidité, et qu'à raison de la quan- tité ou des qualités des matières qu'ils fournissent ainsi aiusarig l'orgaiiisme n'en reçoive rien qui puisse nuire à l'accomplissement normal des fonc- tions el à l'équilibre physiologique. En effet, la ration peut pécher par excès aussi bien que par défaut; dans les circonstances ordinaires, il entre ditns l'économie animale beaucoup de choses inutiles, et telle sub- stance qui est indispensable dans une certaine proportion peut devenir nuisible quand celle proportion esl dépassée. Or, dans ini régime hygié- nifpie, il convient de n'enq)loyer que c(^ (]ui est utile et dV'viler toute dé- pense superflue des forces |)hysiologiques aussi bien qiu' tout gaspillage; des ressources alimentaires dont la société dispose. » Des expériences variées et des calcids dont il serait trop long de rondic coMi|ite ici, mais dont j'ai discuté ailleurs la portée (i), établissent (pie, terme moyen, un lionune ailulte dépense clans les vingt-quatre heures, tant (l) l'nir mos Leçons sur In P/irsIn/ot^ir <■! V Annlomiv rnmpnrrc dr l'homme et drs nui maux, t. VIII, |). 170 et siiiv. ( 791 ) par les voies respiratoires et urinaires que j)ar les autres appareils excré- teurs, environ aSo grammes de carbone et 21 grauinies d'azote, iiulépeii- damment de l'hydrogène et de plusienrs autres matières minérales conte- nues en plus ou moins grande quantité dans ses évacuations. Cette dépense continue lors même que l'homme ne reçoit du dehors aucun aliment, mais alors il vit aux dépens de sa propre substance; le poids de son corps di- minue, ses forces s'abaissent, et lorsqu'il a atteint un certain degré d'affai- blissement, il meurt tl'inanition. a Le même résultat se produit, mais avec plus ou moins de lenteiu', lorsque l'alimentation est insuffisante. Pour que le corps de l'homme adulte conserve son poids et son aptitude à développer de la force, il faut que le fluide nourricier, c'est-à-dire le sang, reçoive journellement les quantités d'azote et de carbone que je viens d'iiidiquer. » Il faut aussi, pour que ce carbone et cet azote soient utilisables dans l'économie animale, qu'ils soient associés à d'autres principes et qu'ils constituent avec ceux-ci des composés chimiques peu stables, combustibles - et identiques ou analogues aux principes immédiats qui forment la sub- stance des tissus organisés, et qui, dans la nature, ne se trouvent que dans les corps vivants. » On comprend donc facilement que la ration d'entretien ne puisse être composée uniquement de fécule, de matières grasses ou d'antres sub- stances qui, tout en contenant à l'état cliimi(iue voulu beaucoup de car- bone, ne renferment pas d'azote. Sous l'influence d'un régime non azoté, l'élimination physiologique de l'fizote continue, comme dans les cas d'abstinence complète, et ce travail excréteur est entretenu par la sub- stance constitutive du corps vivant, qui se détruit plus ou moins rapi- dement. » Les aliments azotés, tels que la fibrine, l'albumine, le caséum et le gluten, contiennent à la fois, connne chacun le sait, de l'azote, du carbone, de l'hydrogène, etc. lisseraient donc susceptibles de fournir, tout en étant seuls, des rations qui rempliraient les conditions que je viens d'indiquer; mais une ration composée de la sorte ne pourrait introduire dans le sang la quantité de carbone indispensable, qu'en y versant en même temps un graiid excès d'azote. Or l'entretien de la combustion respiratoire par des substances de ce genre entraîne luie production d'urée, d'acide urique ou d'autres substances azotées fixes, en trop grande abondance pour que l'Iioinme puisse s'en débarrasser facilement par la sécrétion rénale, et l'.ic- C. K., 1870, i" Semescrii. (T. LXXl, N" lie.) 1 oC) ( 792 ) cuimilalion de ces matières dans son organisme est une cause de trouble (r). » Voilà une des raisons pour lesquelles l'honiine et la plupart des ani- maux, qui sous ce rapport nous ressemblent le plus, ne sauraient vivre longtemps de librine, d'albumine ou de gélatine seulement, et qu'il est nécessaire d'associer à ces substances des matières riches en carbone, telles que la fécule, le sucre ou les graisses, et cela en proportion considé- rable {2). » Les aliments les plus riclies en carbone et en hydrogène, et cajjables par conséquejit de remplit' avec le plus de puissance le rôle de combus- tibles physiologiques, sont les corps gras neutres. Par conséquetit, une ration composée uniquement de matières albuminoïdes et de graisse mé- langées en proportions convenables contiendrait, sous le plus petit volume possible, un aliment complet, pourvu toutefois que les parois de la cavité digeslive fussent aptes à absorber les graisses avec assez d'activité pour verser dans le sang, en un espace de temps donné, une quantité de ces substances contenant la dose de carbotje voulue pour l'entretien de la combustion respiratoire. Mais on sait que, pour certains animaux, et pro- bablement il en est de même potu- l'homnîe, celte absorption se fait avec trop de lenteur pour pouvoir satisfaire aux besoins de l'organisme (3), et il en résulte que les conditions dont je viens de parler ne sont remplies (i) Ainsi la viande tie boucherie ;i l'état humide ne renferme qu'environ 11 pour 100 de carbone, et 3 pour 100 d'azote. Un homme dont la ration quotidienne serait composée uniquement de cette substance, et qui aurait besoin d'introduire journellement dans son or- ganisme 23o grammes de carbone et 21 grammes d'azote, trouverait la quantité voulue de ce dernier élément dans une ration de ^00 grammes; mais ce poids de viande ne lui fourni- rait que ni grammes de carbone, et, poùr obtenir de cet élément les aSo grammes voulus, il lui en faudrait plus de 2 kilogrammes, ration qui introduirait dans l'économie un énorme excédant d'azote. Pour le chien, l'excrétion des produits azotés du travail nutritif est plus fatile, et la vie peut être entretenue pendant fort longteuqjs à l'aide d'un régime composé uniquement de viande. (2) Le pain est un aliment complexe de ce genre, car il contient du gluten, qui est un principe azoté, et de la fécule, qui est une matière très-riche en carbone ; mais il n'est jjas assez riche en azote pour constituer seul une ratioa d'entretien, car, pour obtenir 21 grammes d'azote, il faiulrail euq)loyer environ 2 kilogranuiies, quantité qui introduirait dans l'orga- nisme beaucoup de carbone inutile, et serait en général difficile à digérer. (3) Les dissolutions gélatineuses sont aussi des aliments dont l'alisorplion ne se fait (]uc très-lentement, et c'est en paitie à raison de celte circonstance que ces substances ne sau- raient constituer à elles seules une ration d'entretien. ( 79'^ ) que par l'association de principes organiques azotés, de matières grasses et de substances d'un autre ordre fournissant aussi beaucoup de carbone, mais dont l'absorption est plus rapide, le sucre, par exemple (i). Long- temps avant d'avoir la théorie de ces phéuomènes de nutrition, ou avait constaté l'utilité de ces mélanges, analogues à l'nssocintion dont le lait nous offre un exemple. Prout les a signalés à l'attention des physiologistes comme étant nécessaires à la constitution d'un aliment complet. » Lorsqu'on cherche à bien préciser les qualités dont la réunion est nécessaire pour que la ration d'entretien réponde aux besoins de l'écono- mie animale, il importe également de tenir grand compte de la natine du ■travail digestif. On sait que la plupart des matières alimetitaireâ, pour de* venir aptes à traverser les parois du tube digestif et passer de là dans le torrent de la circulation, doivent être désagrégées ou rendues solublcs par l'action du suc gastrique chargé de pepsine, du suc pancréatique et d'au- tres humeurs du même ordre; mais que la sécrétion de ces liquides diges- tifs ne se fait pas d'une manière continiie et ne s'effectue que sous l'influence de certains stimulants. Ainsi l'estomac au repos n'est pas apte à digérer. Dans l'intervalle des repas ce viscère ne renferme pas en quantité notable le suc pepsique, qui seul peut opérer la digestion de la viande, et ce .suc n'est versé dans son intérieur que lorsque le travail sécrétoire a été réveillé dans les glandules pepsiques, soit directement par la présetice de corps so- lides ou d'autres stimulants dans l'estomac lui-même, soit indirectement par le contact de matières sapides sur l'organe du gnût, ou même nar l'ex- citation que déteruiinent certains arômes des organes de l'olfaction. La sécrétion du suc pancréatique est placée sous l'influence d'actions nerveuses réflexes analogues, et il en est encore de même pour la sécrétion salivaire. Par conséquent il ne suffit pas que la ration alimentaire renferme la somme de matières consbuslibles et plastiques nécessaire à l'entretien du travail nu- tritif et que les aliments soient digestibles, il faut aussi qu'à raison de leurs propriétés physiques ou physiologiques ils soient aptes à provoquer l'action des organes sécréteurs dont je viens de parler, ou bien (pie ces alitnelits soient accompagnés de substances alimentaires aptes à produire les mêmes effets. Cela nous explique comment un aliment insipide et à l'état liquide (i) Ainsi, un aliment qui, sons un très-petit volume, est très-nourrissant et d'une diges- tion facile, est de la viande contenant un peu de graisse et pilée avec du sucre. A défaut de lait, ce mets peut être très-utile poin l'alimentation des jeunes enfants dimt l'estomac est délicat. io6.. ( 794 ) ptMit (Inns CPrt.iiiis c;is no p.is otrc digriT, et dovenir même une canso do Iroiihir dans l'économie animale, tandis qn'à l'élat solide on convenabie- nunt assaisonnée, la même snbstanco pent joner nn rôle niile dans la nn- trilion. » J'insiste snr ces fails non-scnlemont paice qn'ils jettent beanconp de lumière snr le rôle physiologique des condiments (i), mais aussi parce qn'ils sont directement applicables à l'une des questions soulevées par M. Fremy. Dans la ])luparî des essais tentés jusqu'ici pour l'ulilisalion du tissu organique des os dans le régime alimentaire de l'hounne, cette sub- stance avait été préalablement transformée en gélatine et était administrée soit à l'état de dissolution dans l'eau, soit sons la forme d'une gelée très- facile à liquéfier. M. Fremy, au contraire, préconise un mode de prépara- lion qui conserve au tissu en question son état solide, et qui ])ar cela même le rend pins ajite à provoquer le travail sécrétoire indispensable à l'utili- sation de tout aliment de cet ordre. Par conséquent je vois là un progrès notable. » Les expériences de mon frère prouvent que la gélatine obtenue par les j)rocédps communément employés pour la fabrication de la colle forte ne jouit pas des propriétés nutritives de la gélatine dite alimentaire pré- parée à basse température, en traitant les os par l'acide chlorliydrique, lors même qne cette dernière substance est administrée en dissolution dans l'eau, et il me paraît très-probable qne le tissu organique des os qui n'a pas été transfoi-iné en gélatine, et qui constitue l'aliment appelé ossiiiiie par M. Fremy, est plus nutritif que l'iuie et l'autre de ces substances. Mais je ne m'arrêterai pas sur cette question, car les expériences directes nous manquent pour la trancher (2), et l'histoire chimique des matières orga- nisées est encore si obscure et si incertaine que la physiologie ne peut s'en servir qu'avec beaucoup de réserve. 1) Il est un autre point snr lequel je demanderai la permission d'appeler aussi l'attention de l'Académie. De tout temps, on a reconini les avantages de la variété dans le régime alimentaire de l'homme, mais je ne pense pas qu'on se soit rendu suffisamment compte des causes dont ces avantages dépendent. (i) Dans tinc ])i-(''cé(lente séance, j'ai la discussion en soit utile ici. ( 79-^ ) Il rst évident que, flnns le cas on la r.ilion d'un jour est insnffîsante m cer- tains égards, il sera utile de la changer le lendemain si, en agissant ainsi, on fournit à l'organisme ce qui lui nianqtiait la veille, et que, de la sorte, à l'aide d'une certaine rotation, des rations toujours incomplètes quand on les considère isolément peuvent constituer un régime satisfaisant. Mais lorsque toutes les rations sont calculées de façon à répondre aux besoins (lu travail nutritif, on ne voit pas bien au premier abord pourquoi il est utile de les varier. On conçoit cependant qu'il puisse en être ainsi lorsqu'on se rappelle, d'une part, le rôle des stimulants dont je viens de parler et, d'autre part, les effets bien connus de l'habitude sur la vivacité des sensa- tions (i). Il y a aussi beaucoup de raisons de croire que la rapidité avec laquelle une substance déterminée est absorbée varie avec la proportion de cette même matière préexistante dans les liquides de l'organisme, de sorte que, chez un individu dont le sang est déjà riche en matières grasses par exemple, l'introduction de nouvelles quantités de graisse dans le tor- rent lie la circulation ne se ferait pas aussi facilement ciue si le fluide nour- ricier de ce même individu n'en était que peu chargé, mais que cette cir- constance n'aurait que peu d'influence sur l'absorption d'une substance de nature différente, du sucre ou de l'albumine par exemple, et cela con- tribuerait à nous expliquer les effets utiles de la variété dans l'alimentation. » Je ne pousserai pas plus loin ces considérations sur l'histoire physio- logique de la initrition, mais il m'a semblé que, dans le moment actuel, où l'atienlion est souvent appelée sur des questions de régime alimentaire, il pourrait être utile d'exposer brièvement quelques-unes des bases sur les- quelles nos raisonnements à ce sujet me paraissent devoir reposer. » (i) Un aliment cjni cesserait de stimuler l'estomac fie façon à provmpicr les actions ner- veuses rétlexes nécessaires pour mettre en JQii les organes sécréteurs du suc gastrique, du suc pancréatique, etc., deviendrait, ])ar cela même, indigeste, chargerait inutilement le viscère qui le contient et déterminerait, soit le vomissement, soit des dejeclions alvines anormales. Or chacun sait que les aliments qui ont donné lieu à des accidents de ce genre inspirent sou- vent, pendant fort longtemps, un dégoût insurmontahle. Il n'eu faut pas conclure que ces substances ont perdu leurs puissances nutritives et sont devenues impuissantes à concourir à la nutrition des personnes qui ne sont pas placées dans les mêmes conditions |jlivsif)Io- giqnes. ( 79^ ) CHIMIE INDUSTRIELLE. — Observations relatives à un passage de In Communi- cation récente de M. Fremy sur /'Emploi de l'osséine dans ralinieiilatioii; par M. Chevreul. « Si, dans la st^ance dernière, j'avais entendu les paroles de INI. Fremy que je lis dans le Compte rendu de cette séance, j'aurais demandé une expli- cation, non stu" des opinions scientifiques, non pour discuter avec lui si la Commission de la gélatine avait tort ou raison dans ses conclusions. Je respecte toute opinion consciencieuse quelle qu'elle soif, et j'aime l'éco- nomie du temps; mais la liberté doit être entière en toute discussion scien- tifique, et ceux qui y prennent part ont le droit de citer, à l'appui de leurs opinions respectives, tous les faits scientifiques du ressort du débat qu'ils jugent favorables à leur tlièse. Telle est la discussion que je qualifie d'es- sentiellement académique. Mais en combattant quelques-unes des conclu- sions d'une Commission rie l'Académie, dire que l'auteiu' d'iuie décou- verte a été méconnu durant sa vie, que cet auteur est mort de chagrin après des luttes pénibles, soutenues dans un but philanthropique; parler ensuiie de sa respectable veuve, dont personne n'avait dit un mot, c'est faire sortir le débat du domaine de la science, pour le porter sur les personnes. Alors la liberté de la discussion est conqjromise, et je lésais si bien qu'au- jourd'hui même je comptais prendre la parole après M. Payen,pour résumer rapidement quelques faits saillants de l'Iiistoii'e des travaux relatifs à la gé- laline, et j'ai ajourné mon projet, après la lecture des phrases de M. Fremy que j'ai rappelées. .Sentant le besoin de connaîu'e, avant totite Commtuiica- tiou à l'Académie, le sens qu'il y attache, je demande donc à M. Fremy s'il a fait allusion à un nasse qui me concerne, et que je vais rappeler, afin qu'il réj)onde d'une manièie catégorique à la question cpie je me permets de lui adresser, et qui émane du sentiment de la liberté scientifiqtre. » Le Rapport de M. Magendie, fait le ad'aoùl 1841 , Constate qii'eir i833 je faisais partie de la Commi.ssion dite > D'autre part, le principe de Carnot fournit pour expression de la clia- leu»- lateiile de dilatation dt A désignant l'équivalent calorifique du travail, T la température absolue, dp l'accroissement de pression relatif à une élévation de température dt, le volume étant supposé constant. » Appliquons ces relations générfties â iltte triasse de gaz ayant pour poids l'unité et occupant le voliune t» à la pression p et à la température t. Désignons par u^ le volume qu'occuperait cette masse de gaz à la tempé- rature de la glace fondante» si la pression p restait la même; par r?o 1'' pres- sion qu'exercerait cette même masse de gaz à la température de la glace fondante, si le volume v restait invariable, et enfin par a et a' les coeffi- cients de dilatation du gaz sous la pression constante p et sous le volume constant c, v — Ua{\ + cr.t), p = 7St,{ï -h a't), (Iv Ci. dp I a! dt " l-\- (it dt " ' I -)- a! t » Si l'on reporte ces valeurs dans les deux premières équations et si l'on élimine /, on obtient finalement (0 C = f + KTpv - X xf 1 -t- a't » Cette relation fait connaître immédiatement la chaleur spécifique d'un gaz sous volume constant à la température / et à la pression /), lorscjuc l'on a mesuré : » i" I.a cbaleur spécifique du gaz sons la pression constante p; » u" Le volume occujié par l'unilé de poids du gaz ou la densité du gaz; » 3° Le coefficient de dilatation du gaz sous la pression constante p; « l\" Le coefficient de dilatation dii gaz sons le volume constant i^. » La détermination de la chaleui" spécifique d'un gaz sous vol mue con- stant se trouve donc ramenée à la détermination de quatre éléments, qui sont actuellement connus jionr un assez grand nombre de gaz, grâce aux recliercbes de M. Régna ul t. » La relation précédente donne lieu à quelques remarques. Si l'on ap- ( Ho9) pelle Cg le volume occupé par le gaz à la pression yj et à la température T„ de la glace fondante, on a (a) C = c + ATo^Po^a'- » Si l'on suppose le ga:c parfait, les deux coefficients a, a' ont pour va- leur commune l'invprse de T^, et alors (3) G z= c -h A/M'„a. " On retrouve, dans ce cas particulier, l'équation qui a permis à M. J.-R. Mayer d'obtenir, dès 1842, la valeur de l'équivalent mécanique de la cha- leur. Les valeurs de cet équivalent, calculées au moyen des déterminations de M. Regnault, sont sensiblement concordantes pour l'air, l'hydrogène, l'oxygène et l'azote, lorsque l'on déduit en outre le rapport des deux cha- leurs spécifiques de la loi de délente des gaz ou de la formule de la vitesse du son; il n'en est plus de même pour les autres gaz. » Il est aisé de voir que la relation précédente doit conduire à tine va- leur de l'équivalent mécanique de la chaleur d'aulant moins exacte que le coefficient de dilatation du gaz sous volume constant a une valeur plus considérable, en sïipposant même la chaleur spécifique sous volume con- stant déterminée avec beaucoup d'exaclilude. Désignons en effet par A, l'équivalent calorifique du travail déduit de la dernière relation, C = <: + A,/nva, A, = AToK' ou a, — a = a («"!(, — i). » L'écart entre ces deux valeurs est donc d'autant plus grand, que le coefficient de dilatation du gaz sous volume constant s'écarte davantage de la valeur qui convient aux gaz parfaits. )) Dans les gaz liquéfiables, eii général, le travail intérieur cesse d'être négligeable. Si l'on désigne, avec M. Clausius, par K la chaleur spécifique absolue, indépendante de l'état physique, par y la chaletw consommée en travail interne lorsque la température s'élève de i degré sous pression con- stante, par y' la chaleur consommée en travail interne lorsque la tempéra- ture s'élève de i degré sous volume constant, C = K -t- A{n\,c( -h y, et, par suite, 7 — 7' = C — C - A/w„a —. Ap'o a (a'T„ — r). 1 08. ( 8io ) » On voit que la diffV'reiice entre les valeurs du trav:iil inirrieur lorsque le gaz so dilate sons pression constante, ou sous volume constant est une fraction du travail externe d'autant plus grande que le coefficient de dila- tation du gaz sous volume constant s'écarte davantage de la valeur re- lative aux gaz parfaits. » Si l'on suppose l'équivalent mécanique de la chaleur connu, la rela- tion (3) permet de déterminer la chaleur spécifique du gaz sous volume constant avec une approximation dont il est aisé de se rendre compte. Désignons par c, la valeur de la chaleur spécifique sous volume constant déduite de la relation (3) C = c, + Api'oC/., c, — c — AjH'oCf (a'To — i). » L'écart entre ces deux valeurs est très-faible pour l'hydrogène, l'air, l'azole, l'oxygène, l'oxyde de carbone, mais il devient sensible pour l'acide carbonique. » Pour ce dernier gaz, d'après les expériences de M. Regnault, la cha- leur spécifique sous la pression de l'atmosphère à o' est C = o, 1870, a= o,oo3G88, a = 0,003710; si l'on remplace A par 7^, ï„ par 273, p par io333, i>o par ^ ^ 32 x i 5->q' "" ^'''f'"^"^ ^'^ '^ relation {1) c = o,\/\i et poiu' le rapport des deux chaleurs spécifiques à zéro sous la pression de l'atuiosphère, on obtient - = 1 , iab. r » Le coefficient de détente de l'acide carbonique, qui serait égal à i ,3o d'après Masson ou à 1,291 d'après les expériences de M. Cazin, différe- rait donc sensiblement du rapport des deux chaleurs spécifiques. » CHIMIE INDUSTRIKLLE. — Sur la prépamliou de l'osséinc cl de la ijëloline. Note de M. Alf. Uiche. « Depuis le jour où M. Dumas a entretenu l'Académie de l'utilité que présenterait, au point de vue de l'alimentation, le parenchyme des os, et où il conseillait d'en entreprendre en grand la préparation, il s'est ouvert trois usines pour la fabrication de celte matière, avec les os de bœuf, de mouton et de cheval. J'ai pensé qu'il ne serait peut-être pas inulile de pu- blier quelques expériences que |'ai faites sur l'osséine qu'on trouve dans ( 8.. ) le commerce, parce qu'elles répondent à des queslions qne M. Freiiiy a posées, dans ses intéressantes Communications sur ce sujet. » Il me paraît indispensable de renoncer, une fois l'acidulation des os terminée, à traiter le parenchyme par de la chaux, comme cela se pratique dans certaines fabriques, parce qu'il reste, dans l'osséine, de la chaux solide qui n'est pas enlevée ensuite par le lavage à l'eau, en raison de la faible so- lubilité de cet alcali. En effet, M. Fremy ayant bien voulu me remettre une certaine quantité d'osséine préparée et purifiée |^nr cette méthode, j'ai reconnu que, jetée dans l'eau froide, elle donne au bout de |)eu de temps un liquide qui bleuit le tournesol, et que si, après avoir enlevé cette eau, on fait cuire l'osséine, on obtient un bouillon gélatineux fortement alcalin. » Ce premier essai m'a expliqué jjourquoi je trouvais à la gélatine pré- parée avec cette matière une saveur acre, tandis que l'osséine obtenue à Javel par M. Léon Thomas n'offre rien de semblable. » .l'ai soumis au grillage des poids égaux d'osséine purifiée au carbonate de soude et à la chaux. Tandis que la première ne donne que 6 à 8 mil- lièmes d'un résidu minéral qui est insoluble dans l'eau, la seconde fournit juscpi'à 5 pour loo .d'une substance dont la chaux libre constitue une partie notable. Cette différence m'a fait comprendre comment il se fait que l'osséine de M. Thomas s'attaque rapidement par l'eau, et que l'osséine de M. Bonneville résiste longtemps à son action. » Dans une réunion de la Société Chimique, on a objecté, contre l'em- ploi de l'osséine, que cette matière renferme du phosphate de chaux à haute dose, lequel pourrait ne pas être sans inconvénient. L'analyse pré- cédente, en montrant que l'osséine bien préparée ne contient que quelques millièmes de phosphates, répond à cette objection. Si du phosphate de chaux, à dose minime, peut être considéré comme sans danger ou même comme utile à l'économie, il ne saurait en être de même pour les quantités de chaux libre signalées plus haut. C'est pourquoi l'on doit, d'une p:irî, renoncer à la purification par la chaux telle qu'on l'exécute dans certaines fabriques, et, d'autre part, débarrasser de cette chaux l'osséine, préparée par ce moyen, qiii est la plus commune aujourd'hui. On y arrivera facile- ment en remplaçant la macération à l'eau froide |)ar une macération avec de l'eau vinaigrée, que l'on fera suivre, après un contact de huit à dix heures, par cinq ou six lavages à l'eau pure. Comme le public ne peut pas distinguer, à l'aspect, celte osséine calcaire de l'osséine ordinaire, le mieux ( 8i2 ) serait rie faire toujours cette préparation préalable qui est peu dispendieuse et d'une exécution tiès-simple. » La recommandation d'employer à la fabrication de l'osséine les os durs est excellente. Néanmoins, ils offrent l'inconvénient d'exiger un sciage préalable, c'est-à-dire l'emploi d'une force motrice dont on doit être avare en ce moment. S'ils ne sont par réduits en lames, la surface est désagrégée avant que l'acide ait pénétré dans le centre, et il faut forcer la dose d'acide, surtout par les temps froids : toutes choses qui augmentent les frais et di- minuent le rendement. » La pratique a montré que les os de tête, les côtes, les vertèbres, les cornillons se prêtent aisément à la fabrication. Il faut, il est vrai, les dé- graisser avec soin, mais aujourd hui que les graisses de bouche sont rares, divers industriels, et notamment MM. Arlot et C"', traitent préalablement tons les os pour en retirer les corps gras. Ceux-ci se vendent depuis plus d'ini mois aux halles, soit à l'état de liberté, soit associés les uns aux autres; car on a observé que les graisses de cheval, mêlées aux graisses de bœuf et de n)Outon, ont le double avantage de rendre celles-ci plus fluides, et (!e leur conununiquer une odeur douce qui a quelque analogie avec celle «le la graisse d'oie. » M. Payen, dans ime Communication très-intéressante au Conseil de Salubrité, a fait justice de cette opinion qui s'était répandue, que les os de cheval ne se prêtent pas à l'extraction de la gélatine; M. Thomas et M. Du- chêne en fabriquent de grandes quantités depuis une quinzaine de jours et n'ont rien observé qui justifie cette assertion. » CUIMIK INDUSTRIELLE. — Procédé fie pitrificnlinn ries suifs hnih fin rnunntrce. Note de M. J. Casthei.az, présentée par M. Balard. « L'intérêt que présentent dans ce moment les questions relatives à l'ali- mentation me déterminent à soiunettre à l'Académie un procédé écono- mique pour la purification des suifs bruts du commerce. » Les suifs, dits de cretons, provenant de la fusion des suifs en branches, contiennent des produits de fermentatioti et de décomposition de matières animales mal .séparées lors de la fabrication, de l'acide hirciqtie et des pro- duits de rappeler tout ce qui concerne ces questions, au mo- ment où des quantités considérables de ces suifs, extraits depuis longtemps et destinés à d'autres usages, peuvent devenir nécessaires pour l'usage culinaire, et augmenter ainsi nos ressources en une nature d'aliment qui peut en faire consommer d'autres existant à Paris en plus grande abon- dance. « M. GuYOT jjropose un nouveau système télégraphique, applicable aux places assiégées. L'Académie décide que la publication doit en être ajour- née, tous les droits de l'auteur étant réservés. Le système de M. Gnyot pouvant être mis en usage, il y aurait inconvénient à le divulguer, M. L. CiiARMOLiiK adresse une Note destinée à établir qu'il avait indiqué déjà, dès le 23 novembre dernier, remi)!oi du bois pour la fabrication d'un (i) f^oyez p, 771 (lu If volume. ( «'7 ) gaz d'éclairage : pour augmenter le pouvoir éclairant du produit que four- nirait le bois seul, il propose d'y joindre, soit les résidus de la distillation des huiles de pétrole, soit ces huiles elles-mêmes, soit des bitumes, soit (les débris animaux. La séance est levée à /j heures et demie. D. ERRATA. (Séance du 28 novembre 1870.) Page 761, ligne 17, au lieu de séparé de la baryte et de l'état hydraté, lisez séparé de la baryte, et à l'état hydraté. Page 764, ligne 1 1, au lieu de {/+ g)' + 4 (/^ _ « = ) , Usez (/+ gf > ^(fg _ «») . COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 12 DÉCEMBRE 1870. PRÉSIDENCE DE M. LIOUVILLE. MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE, « M. Chevreul avait retenu la parole pour communiquer quelques notes sur l'histoire de la gélatine, mais la réponse de M. Fremy l'oblige à remettre sa Communication à huit jours. 11 répondra catégoriquement à ce passage du Compte rendu : « Que ceux qui, aujourd'hui comme il j a trente ans, critiquent l'emploi » alimentaire du TISSU GÉLATINEUX songent aux circonstances graves que nous M traversons, et qu'ils redoutent de prendre la responsabilité d'une opposi- » TION QUI POURRAIT ÊTRE FUNESTE A LA POPULATION PARISIENNE. » ASTRONOMIE. — Sur l'expédition de M. Janssen ; par M. Faye. « Quelques journaux ayant paru s'étonner qu'au milieu des circon- stances graves où se trouve notre pays le Gouvernement ait conGé à M Janssen la mission d'aller observer une éclipse, j'ai cru qu'il ne serait pas inutile de donner ici quelques explications sur l'importance du but qu'il s'agit d'atteindre. » On sait que, dans ces dernières années, la théorie physique du So- leil a été l'objet principal des efforts réunis des astronomes et des phy- siciens. Il ne faut pas s'en étonner : outre l'intérêt, pour ainsi dire im- C. R., 1870, 2' Semestre. (T. LXXI, Pi» 24.) I I « ( 820 ) médiat, que présente pour nous l'étude de l'astre central de notre sys- tème planétaire, le Soleil est en quelque sorte le type de la formation la ijIus répandue dans l'univers. Étudier le Soleil, c'est étudier eu même temps toutes les étoiles qui brillent au ciel, qui ont même origine, et qui passent par les mêmes phases de développement, pour aboutir sans doute au même terme final. La découverte de l'analyse spectrale nous a ouvert, pour cette étude, des voies inespérées; l'un de ses plus beaux résultats est assurément la découverte de cette mince enveloppe d'hydrogène qui entoure le Soleil, mais qui répond si peu aux idées qu'on s'était faites, depuis longtemps, sur une vaste et puissante atmosphère dont beaucoup d'astronomes l'avaient doté. Aujourd'hui, grâce à M. Janssen et à son émule anglais M. Lockyer, on observe journellement les phénomènes étranges (pie nous présente la chromosphère, et peut-être en aurions-nous déjà la clef, si de graves événements n'étaient venus détourner presque tous les esprits des recherches de science pure. M Mais qu'y a-t-il au delà de cette chromosphère colorée des teintes rosées de l'hydrogène incandescent? Le Soleil finit-il là? Est-ce là que commence la région où la matière indé[)endante circule simplement au- tour du Soleil, sans faire corps avec lui, c'est-à-dire la région des planètes et des comètes? La question est capitale et non encore résolue. C'est celle dont M. Janssen va chercher la solution dans l'Afrique française, tandis que les astronomes italiens se sont déjà préparés à l'attaquer en Sicile, et les astronomes anglais, russes ou allemands en Espagne, à la même date et au même moment, le 22 de ce mois. Ils n'auront que deux minutes pour abor- der le problème, car telle est la durée de cette éclipse totale. Sans blesser aucune susceptibilité, sans méconnaître le mérite éminent des observateurs de tous pays qui vont s'échelonner le 22 décembre sur le trajet de l'ombre lunaire, armés de leurs spectroscopes, je crois pouvoir dire que ce serait un malheur pour la science universelle, si M. Janssen y manquait, et que, si les savants étrangers devaient désigner celui de leurs collègues de tous pays dont la présence serait le plus désirable, en cette occasion peut-être déci- sive, ils s'accorderaient tous à prononcer le nom de celui à qui nous devons la mémorable découverte du mois d'août 1868, que le télégraphe des Indes anglaises annonçait le lendemain à Paris. » La solution est importante, en effet : elle achèvera de nous fixer sur la constitution de notre système solaire; elle lira disparaître une foule d'hypothèses plus ou moins arbitraires, qui empêchent encore aujoiud'hui cette branche de la science de revêtir le caractère positif des autres branches. ( 82r ) Il esl certain qu'il existe de la matière à proximité du Soleil; raiiréole des éclipses avec sa lumière régulièrement polarisée en est une preuve indubi- table. Mais, cette matière, est-ce celle d'une grande atmosphère gazeuse placée au-dessus de la chroinosphère? Alors il faudrait qu'elle fût consti- tuée par nn gaz plus léger encore que l'hydrogène; car les éruptions gigantesques d'hydrogène incandescent qui s'élèvent de celte région ne tardent pas à retomber vers la chromosphère, au lieu de monter continuel- lement comme elles le feraient dans des couches formées d'un autre gaz plus lourd. S'il en était ainsi, la nouvelle analyse inaugurée par M. Rirch- hoff nous révélera la nature de ce gaz par les raies particulières qu'il fera naître dans le spectre de l'auréole. Mais cette matière circumsolaire ne se- rait-elle pas plutôt due à l'enchevêtrement de ces myriades d'anneaux de matériaux cosmiques qui circulent autour du Soleil en produisant pour nous le phénomène des étoiles filantes, ou encore aux effluves cométaires dont une partie doit décrire en tous sens, autour du Soleil, des ellipses plus ou moins allongées? Dans ce cas encore, le spectroscope nous déci- dera, parce que la lumière réfléchie par ces corpuscules rassemblés et con- densés vers leur périhélie devra présenter tous les caractères de celle du Soleil. Reste, il est vrai, le chapitre de l'imprévu, car nos prévisions et nos théories deviennent bien incertaines dans ces régions limites; en tous cas, nous pouvons compter sur M. Janssen pour ce chapitre-là. » Quoi qu'il en soit, nous voici en présence de l'observation la plus délicate et la plus difficile que l'on puisse concevoir aujourd'hui. » Un observateur habile risque d'y échouer complètement, s'il ne s'est préparé d'avance à toutes les éventualités. Que.l'on songe à la courte durée de cette éclipse, et l'on comprendra qu'il ne suffit pas ici de l'habileté d'a- nalvse incroyfible qu'ont acquise, sur des phénomènes permanents et per- sistants, d'éminenis observateurs tels que Huggins, Lockyer, Secchi,...: il faut encore s'être familiarisé comme M. Janssen, par des expéditions anté- rieures, avec des phénomènes essentiellement fugitifs; il faut avoir comme lui cette inspiration soudaine qui porte à modifier ou à remplacer '.i l'instant un appareil trouvé insuffisant au moment décisif; il faut posséder enfin une connaissance approfondie et surtout imparlialc de toutes les théories qui peuvent guider ou aider l'observation. )) C'est pourquoi j'ose dire que les observateurs de toutes nations qui se sont donnés rendez-vous le 22 décembre dans le midi de l'Europe regret- teraient vivement l'absence de notre délégué; ils seront heureux, au con- traire, d'apprendre de lui que la France, malgré ses désastres passagers, n'a 1 10.. ( 822 ) pas voulu se désintéresser, en cette occasion, d'un mouvement scientifiqut auquel elle a toujours pris tant de part. » Pour moi je voudrais que ces rapides explications contribuassent à faire sentir au public que le Gouvernement n'a pas cédé à de minces consi- dérations en accuedlant le vœu de l'Académie, et en accordant à notre émi- nent missionnaire les moyens de représenter la science française dans une circonstance décisive où notre abstention eût été à la fois remarquée et re- grettée; je le remercie d'avoir, à l'avance, garanti le passage de M. Janssen (Ml donnant à son excursion un caractère exclusivement scientifique. » HYGIÈNE PUBLIQUE. — Hippophagie; graisses, huiles alimentaires et subslances gélatineuses des tissus et des os du bœuf et du cheval; par M. Payen. « L'hippophagie, en honneur chez plusieurs nations dans les anciens lemps, s'est propagée parmi différents peuples jusqu'à nos jours; appliquée avec un remarquable succès par le grand chirurgien militaire Larrey, de l'Institut, elle a été vivement recommandée dans les écrits et les conférences publiques de notre ancien confrère Isidore Geoffroy. M. Decroix, vétéri- naire habile, a repris cette œuvre avec un zèle, une activité et une persé- vérance qu'on ne saurait trop louer, et notre confrère M. de Quatrefages, au nom de la Société protectrice des animaux, lui a donné son puissant concours. Déjà cette utile pratique avait permis d'accroître, dans une cer- taine mesure, nos ressources en une substance nutritive saine et répara- trice : elle commençait à être favorablement accueillie en France au mo- ment même où l'investissement de la capitale devait bientôt, sous la pression d'une nécessité suprême, dissiper à la fois les préjugés et les répugnances à son égard. » Dès lors aussi les propriétés utiles de cette chair salubre, de toutes parts remises en lumière, furent généralement admises sans conteste par l'universalité de la nou)breuse population parisienne récemment ac- crue {[), » Maintes occasions s'élant offertes d'apprécier les produits comestibles de l'abattage des chevaux, les observateurs se sont accordés pour recon- naître les faits suivants. (i) L'usage de la chair du cheval avait été prôné sans succès en Angleterre durant la campagne de Crimée, alors que le manque de viande fraîche imposait de si fâcheuses priva- lions à l'armée britannique, tandis que les soldats français mirent largement à profit cette fortifiante alimentation. {T/ie liorsc ax a fond for man, liy Bicknell.) { 823 ) » Parmi les animaux de cette espèce, les juments offrent la chair mus- culaire la meilleure; viennent ensuite les chevaux hongres, s'ils ne sont pas trop âgés ou trop amaigris; les produits obtenus des chevaux entiers occu- pent, dans cette application, le dernier rang. » D'après les expériences de personnes très-compétentes, notamment de MM. Dailly, Magne et Reynal, les chevaux abattus en bon état doiment un rendement en viande nette supérieur à celui des bœufs, suivant le rap- port de 65 ou 60 à 60 ou 55 pour 100. » Enfin, suivant les essais et applications en grand dirigés par M. Lesens, chef des salaisons de la marine, la viande de cheval se prête, à l'égal de celle du bœuf, à la meilleure méthode de salaison, tandis que, sous l'action du sel marin, la chair du mouton cède une telle quantité de liquide, qu'elle devient fibreuse et peu sapide. » De mon côté, espérant faire profiter la science de quelques observa- tions nouvelles, il m'a semblé qu'il serait intéressant de comparer entre elles les substances que l'on pourrait extraire économiquement des os du bœuf et du cheval, et plus particulièrement les graisses contenues dans les cavités des différentes parties du squelette de chacun de ces animaux. » L'intérêt que peuvent offrir en ce moment quelques-uns de ces pro- duits, surtout au point de vue de l'alimentation publique, m'a décidé à faire connaître les premiers résultats de mes expériences avant que celles-ci fussent terminées. » Un fiiit assez remarquable s'est rencontré dans l'examen comparatil des substances grasses contenues : 1° dans les tissus adipeux entre les mus- cles; 2° dans les portions tubulaires des os longs; 3** dans les extrémités renflées des mêmes os jusqu'à une certaine distance des articulations. Les matières grasses extraites de chacune de ces trois parties offraient des points de fusion différents chez le même animal, plus différents encore entre les deux espèces précitées. Quelques faits suffiront pour démontrer les carac- tères particuliers qui appartiennent aux substances grasses des trois ori- gines, et qui dépendent sans doute des relations entre l'oléine et les matières grasses neutres solides isolément à la température ordinaire. » Les matières grasses extraites des différentes parties du bœuf ont pré- senté les points de fusion suivants : Extraites des tissus adipeux entre les muscles 35 à 87 et 4f> » de la moelle d'un os long 4^ '' 4^ » du bout spongieux du même os » 32 ,5 >■ Cette dernière avait été obtenue suivant la méthode usuelle précè- ( 8^4 ) déminent indiquée (i). On a coupé transversalement le bout renflé de l'os en tranches peu épaisses, comprenant toute la zone externe compacte et la partie interne spongieuse. Ces tranches, soumises à l'action de l'eau bouil- lante, ont laissé sortir de leurs cavités multiples la graisse liquéfiée que l'on a soigneusement recueillie épurée par le repos en maintenant sa liquidité par une température suffisante. » Des deux parties de l'os, on a obtenu les produits suivants : Tranches du bout renflé après traitement par l'eau bouil- lante et dessiccation 62 ,09 Graisse extraite 28,75 Eau 9 » • 5 100,00 » L'os tubulaire, dans sa portion médiane exemple des parties spon- gieuses et ne renfermant que de la moelle, a donné : Os cylindrique compacte 77i96 Matière yrasse 18,95 Cellules azotées et matières étrangères 3, 09 100,00 )) La substance grasse (2), d'un goût si agréable lorsque, dans les os frais dn bœuf, elle se trouve, quoique rendue fluide par la température de 100 degrés, retenue dans les cellules du tissu delà moelle; ayant été con- servée dans cette expérience plusieurs jours à froid dans l'os tubulaire, exhalait une odeur de suif immédiatement après avoir été extraite à l'aide de l'eau boudlante. » Les graisses du cheval, obtenues par les mêmes moyens, ont présenté des caractères tout différents. » La substance extraite des tissus adipeux, consistante à H- i5 degrés, était fusible à -h 16 à 18 degrés; son odeur, à peine sensible, était plutôt (i) Compte rendu d'octobre 1870, p. 367. (2) Dès les premières années de ce siècle, on a commencé à extraire, à Paris, la graisse des os par l'eau bouillante en vue de la fabrication des savons de suif, le résidu osseux fut a|)piicpié à la préparation en grand du sel ananoniac, puis du noir animal ; celui-ci destiné au raffinage du sucre, et plus tard (181 1) à l'extraction du sucre des betteraves. L'application industrielle de l'eau bouillante à l'extraction des matières grasses des os glas donne un produit moyen de G ù 7 pour 100, tandis que le traitement par le sulfure de caibono, procédé dû à M. Deiss, permet d'obtenir 10 à 11 pour 100 des mêmes os. ( 825 ) agréable, nippelant, d'après l'un de nos confrères doué du sens le plus délicat, un léger arôme de la pomme. » La matière huileuse que l'on obtient des extrémités renflées, intérieu- rement spongieuses [du tibia et du cubitus (i)], exempte de toute odeur sen- sible, ou plutôt, douée d'un très-léger arôme analogue à celui de la précé- dente, resta fluide à zéro et même jusqu'à 7 degrés au-dessous, et cependant, lorsque sa température fut maintenue durant quelques heures à 7 degrés au- dessus de zéro, elle se prit eu une masse translucide dans un tube ayant i*, 5 de diamètre, et sans traces apparentes de cristallisation; elle semblait con- server, dans cet état, à la fois sa propriété lubrifiante et une très-légère faculté adhésive capable sans doute de maintenir un utile contact entre elle et les parties frottantes; il serait intéressant de constater ses effets pour adoucir les frottements dans les mouvements d'horlogerie et d'autres mécanismes de précision. Sa prise légère en une masse translucide fit place à une liqui- dité et une transparence complète dès qu'on élevé de i i à 2 degrés sa température = 8 | à g degrés. » Obtenue constamment ainsi d'organismes bien déterminés, elle serait sans doute exempte des variations que l'on remarque dans des produits analogues désignés sous le nom d'huile de jneds de bœuf. » Ainsi que les deux autres, d'ailleurs, ses propriétés organoleptiques agréables lui assignent un rôle très-utile dans les préparations alimentaires. » La substance extraite du tissu médullaire contenu dans les mêmes os longs a présenté des propriétés intermédiaires entre les deux précédentes an point de vue de la fusibilité; sensiblement consistante à -f- i 5 degrés, elle s'est liquéfiée à -+- 17°, 5 (2). M Ces trois substances sont évidemment, en'effet, susceptibles d'êlre as- sociées en diverses proportions avec les graisses de bœuf et de mouton, ex- traites à l'état frais, afin de modifier favorablement à volonté leur consis- tance et d'améliorer très-notablement leurs propriétés organoleptiques (3). (i) Depuis l'époque (il y a plus d'un mois) où la première Communication de ces résultats fut faite à la Société centrale d'agriculture, la substance huileuse extraite du tissu spongieux des bouts renflés des tibias et cubitus a présenté la plus grande analogie, si ce n'est une identité complète, avec l'huile primitivement extraite de la tête de ces os; il serait digne d'intérêt de rechercher si la portion spongieuse contenue dans une partie du corps cylin- droïde des mêmes os longs contiendrait une huile semblable. (2) Dans les os longs du cheval, la partie spongieuse se prolonge fort avant dans l'intcrieur de l'os tubulaire, ne laissant que peu de développement à la moelle libre. (3) Une Note très-intéressante adressée dans la dernière séance par M. Riche démontre ( 826 ) » A tons les points de vue, il serait intéressant de rechercher quelles influences pourraient exercer sur les propriétés des substances grasses pré- citées certaines particularités relatives aux races, à la nourriture et à l'état de santé, de maigreur ou d'embonpoint des animaux, avant de les dépecer pour ces expériences; les résultats seraient alors plus nettement compara- bles et leur signification plus précise. » On pourrait savoir alors s'il n'y a rien d'exceptionnel dans les faiis ci-dessus exposés montrant entre les degrés de fusion de la graisse des tissus adipeux interposés dans les muscles ou sous la |3eau, et celle qui est contenue dans les os du bœuf, des différences comprises entre 35, ^o, 46 et 32 degrés centésimaux, et, relativement au cheval, de i6 à i8 et 8 à I o degi'és. » Enfin si l'on peut admettre d'une manière très-générale que les sub- stances grasses ou huileuses extraites des différents tissus du cheval offrent des propriétés organoleptiques bien supérieures à celles des corps gras obtenus du bœuf au point de vue de l'alimentation; tout nous porte à croire que les applications utiles de ces substances s'étendront bien au delà des circonstances qui les auront fait naître. » En ce qui touche le parenchyme des os de cheval, il est facile, contrai- rement à ce qu'on en avait dit, de l'extraire sous un état convenable pour ralimcntation ; il devient alors très-souple, tremblotant, translucide, tel que je le présente préparé depuis trois semaines, et conservé sans altération sous les conditions indiquées dans une Note lue le 1 1 novembre au Con- seil d'hygiène et de salubrité de la Seine. » En vue de l'extraction économique de ce tissu azoté, dans cet état particulier où les tendons et la peau convenablement désagrégés sans être dissous sont susceptibles de contribuer à la nourriture de l'homme, il con- vient, de même que pour les os des bœufs et des moutons, d'y consacrer les os minces ou offrant une grande smface à l'action de l'acide (i), réser- vant pour le travail de la tabletterie les os compactes et d'une épaisseur suffisante. » Ces indications, de même que toutes celles qui précèdent, ont été jus- tifiées depuis lors par le succès des applications en grand. » que dès aujourd'hui les substances grasses et huileuses extraites des os entrent largement dans l'alimentation pulîlique, seules ou associées aux graisses obtenues des tissus adipeux des animaux des espèces bovine et ovine. (i) Compte rendu du 3i octobre, page 567. ( «27 ) MÉTÉOROLOGIE. — De la pcriode décemdiurne ou Iridodécupie dans les phé- nomènes almospltériques el dans leur influence sur l'état sanitaire et physio- logique (troisième Note); par M. Ch. Sai.vte-Claire Deville (i). « L'influence de la période décemdiurne sur le nombre des mortalités étant établie, tout fait penser qu'elle se manifestera aussi dans divers actes physiologiques, la mort n'étant, en définitive, que le dernier de ces actes, ou plutôt l'interruption de tous. C'est cette influence que je me propose de démontrer dans cette troisième et dernière Note. » Les faits et les observations sur lesquels je m'appuierai proviennent de deux sources très-distinctes. Les premiers émanent d'un document déjà ancien, dont j'ai parlé dans ma précédente Note : les autres sont des ob- servations faites dans ces dernières années, et à mon instigation. » Le premier document, très-curieux, dont je dois la comnumication à l'extrême obligeance de M. Renard, bibliothécaire du Dépôt des cartes et plans de la marine, sans titre général et sans nom d'auteur (2), se compose de douze pages in-folio imprimées, et intitulées Observations météorologiques faites à Mdcon. Ces observations commencent au 9 janvier l'jSi et finissent au 9 janvier 1782, comprenant une année entière, sans lacune ni interrup- tion. On observait trois fois par jour, à 8 heures du matin, à 2 heures et à 10 heures du soir, le thermomètre, le baromètre, l'hygromètre, la machine ■ électrique, et seulement deux fois par jour, le matin et le soir, les vents, l'état du ciel et la manière d'être d'un vaporeux. )> Le thermomètre était un thermomètre Réaumur, qui, très-probable- ment, placé derrière des jalousies, n'accusait pas dans toute leur étendue les variations de la température extérieure. » Les indications du baromètre sont exprimées en pouces et lignes. » L'hygromètre était sans doute un hygromètre de Deluc; mais, les ob- servations ne portant pas sur l'année entière, je les ai négligées et leur ai substitué les nombres inscrits sous le titre de machine électrique, et qui re- présentent des distances en ligues. Ces distances né pouvaient être que les (1) L'Académie a décidé que cette Communication, bien que dépassant en étendue les limites réglementaires, serait insérée en entier au Compte rendu. (2) Depuis lors, j'ai appris, grâce à l'obligeance et au zèle bibliographique bien connu de M. le D'' Vacher, le nom de l'auteur de ces observations. M. Vacher a découvert, dans les pièces manuscrites de la bibliothèque de l'Académie de Médecine, la preuve que ces obser- vations ont été recueillies par un médecin électricien, du nom de Rcvillon. Était-ce lui-raéme, le vaporeux qu'il observait? Tout semble rindicpier. C. U., 1870, 2« Scmeilre. (T. LXXI, N^ 2-5.) I I I ( 828 ) longueurs variables auxquelles on tirait les étincelles de la machine. Le médecin élecUicien pensai! avoir ainsi une mesure de la tension élec- trique de l'air, tandis qu'il n'obtenait, par le fait, qu'une appréciation assez grossière de l'huniidilé a'.mospbérique. » QuMnt à îa manière d'être (.Cun vnporeux, voici comment je l'ai con- struite. J'ai cherché à traduire en chiffres, de o à lo, aussi exactement que je l'ai pu, les indicatioriS suivantes que je trouve sous ce titre dans les ta- bleaux de Mâcon : Souffrance. Faible souffrance. Malaise. Plus faible. Faible — faiblesse. Un peu mieux, un peu plus de courage. Mieux. Plus fort. Assez actif. Assez bien. Fort. » J'ai construit et discuté, au point de vue de la symétrie quadruple, les quatre courbes cjui résument ces diverses données de l'observation pour chacun des jours de l'année. Ce travail a été publié dans V Jnnuaire de la Société météorologique de France. Je ne reviendrai pas avec détail sur les résultats que résume une planche de grande dimension; je ferai seulement quelques réflexions sur la courbe qui représente la manière d'être d'un vaporeux j qui rentre dans mon siijet. » Celte courbe paraît moins accidentée que les trois autres; mais cela dépend uniquement de la moindre étendue que l'on a attribuée à l'échelle des états physiologiques extrêmes. Il est facile, en effet, de se convaincre, en la décomposant en fragments, qu'elle reflète des conditions assez diverses et qui ne se trouvent pas réparties dans l'année d'une manière quelconque. » Si l'on cherche, par exemi)le, les deux nombres extrêmes, on les trouve très-rapprochés l'un de l'autre, f^e maximum (6,5o) tombe sur le 49" jour quadruple, qui réunit les 8 février, 10 mai, 12 août cl ii novembre, et le minimum (3,87) sur le 52'' jour quadruple, qui réunit les ) I février, i3 mai, i5 août et i4 novembre. » Les deux moments où noire va/ioreux s'est trouvé le mieux possible et ( 8^9) le plus mal possible se sont donc rencontrés tons deux dans ces quatre périodes singulières, contenant Vété de la Saint-Marliii, les intempéries de la Vienje d'août et les Saints de glace de février et de mai. En jetant les yeux sur les deux premières coiu-bes de la planche, on s'aperçoit aussi que c'est dans ces périodes que se sont produils les plus grands écarts de la tempé- rature et de la pression barométrique. » En comparant ainsi le centre de cette période et l'année entière, on trouve les différences suivantes entre la moyenne des 365 jours de l'année (ou des 90 jours quadruples) et celle de 8 jours quadruples, comprenant : Du g au 17 février. Du I r au 19 mai. Du i3 au 21 août. Du 12 au 20 novembre. Pression Longueur M aiiièi-e d'èlrc Tenipcraliire. b.iro- de Pélincelle d'un mctrique. clcclriqiie. vaporeux. 0 10,61 mm 750,00 mm 7,o5 5,59 12,58 747'3i 5,98 4,75 Moy. (le l'année Moy. des 8 jours quadruples. . u II y a donc eu, pour la moyenne des 8 jours quadruples, grande éléva- tion de température, grand abaissement de la pression barométrique, grand accroissement de l'humidité atmosphérique, grand abaissement dans l'état sanitaire de l'observateur : pendant ces trente-deux jours, qui forment quatre groupes opposés dans les quatre saisons de l'année, son état phy- siologique s'est trouvé, en moyenne, très-inférieur à son état moyen, en même temps qu'il subissait, dans ces mêmes intervalles, les plus giandes oscillations. » Au reste, les relations qu'on remarque dans le petit tableau précédent entre les quatre éléments variables se maintiennent assez généralement pour l'ensemble des quatre courbes. La manière d'être d'un vaporeux, par exemple, ou plutôt la courbe qui la représente a, conmie on peut s'en assurer, des inflexions généralement opposées à celles de la courbe baro- métrique et pUitôl parallèles à celles de la courbe qui représente les lon- gueurs d'étincelle. En d'autres termes, le valétudinaire qui s'est ainsi ob- servé pour notre instruction ressentait d'autant plus de bien-être que la pression barométrique était plus faible et que l'air était plus sec. » Mais ces rapports sont plus frappants encore lorsqu'on soumet ces do- cuments à l'épreuve de la symétrie tridodécuple. On peut s'en assurer en je- tant les yeux sur la petite planche ci-jointe, où j'ai réuni les lojours Iridodé- III.. ( 83o ) ciiples pour la température (exprimée en degrés centésimaux), pour la pres- sion barométrique (i), et pour la manière d'être d'un vaporeux. Dans celle dernière courbe, j'ai réparti entre o et ao les nombres qui représentent les variations dans l'état sanitaire, doublant, par conséquent, l'échelle qui avait servi pour le reproduire dans la construction des jours quadruples. MAÇON 1781 Jours fa-îâcdécupîes ripnn'O ^ 3 5 7 au 1 10.75 / \ \ 1 \ / \ 1 ^ A 1 1 nûllini. %• 7505 10.25 : lo.co \ / 7^ \ \ / \ / \_ / \ \ \ II |/750,0 1 1 749.S ^ Y \ \ / \ \ / — N \ \ \749,0 ^ 11.75 \ y \ 1 11.50 ti / \ \ \ 1 \ •^ |< U.25 / \ \ \ 1 \ ^- 1 1 11.00 1^0.75 / \ \ \ 1 \ ^ / \ y \ » On voit que les deux courbes inférieures offrent nettement trois (i) La pression n'est pas ramenée à zéro, faute des indications nécessaires; mais il est évident que cette correction n'aurait ici aucune importance, puisque clia(|ne nombre l)aro- métri(]ue est la moyenne de trenle-six jours d'obseivalion, répaiti-, à égales distances sur l'écliptique et, par conséquent, donnant, pour leur température moyenne, Irès-suffisam- nient la température moyenne de l'année enliùrc. ( 83i ) maxima ou relèvements ; le dernier de ces relèvements n'est représenté, dans la première courbe, que par un arrêt sensible dans l'accroissement de la température. En comparant les deux premières courbes (température et pression), on voit, en outre, que, pour les premiers jours tridodécuples, les inflexions semblables de la température précèdent d'un jour celles de la pression, qu'elles semblent concorder vers le septième jour et s'éloignent de nouveau. » Durant les trente-six jours de l'année condensés dans le huitième jour tridodécuple, la pression moyenne a dépassé de 24 millimètres celle qui s'est manifestée dans les trente-six jours réunis sous le septième jour tri- dodécuple. » Quant à la courbe physiologique du vaporeux, ses trois maxima et ses trois minima se détachent nettement. On peut remarquer que l'allure de cette courbe est très-concordante avec celle de la deuxième; en d'autres termes, que l'état sanitaire du vaporeux de Màcon, en 1781, s'améliorait généralement quand le baromètre s'élevait, et se détériorait, au contraire, lorsque la pression diminuait. Enfin, notons que le jour tridodécuple qui a correspondu, pour lui, au maximum de bien-être est précisément ce sixième jour, que nous avons vu déjà jouer un rôle si important dans la répartition des températures et dans celle des mortalités. » La seconde série de documents que je désire discuter aujourd'hui se compose d'observations portant sur la température buccale, le nombre de pulsations par minute et la densité de l'urine. » La température de la bouche était déterminée en plaçant, pendant cinq à six minutes, au-dessous de la langue, latéralement, un petit thermo- mètre à maxima Walferdin muni d'un renflement, qui permet de diviser très-largement l'intervalle entre 3/( et l\o degrés, et d'évaluer facilement la température à deux centièmes ou même à un centième de degré (i). Tous les mois, chaque thermomètre était placé dans la glace fondante, et com- paré vers 35 degrés avec un thermomètre étalon; on tenait compte delà variation possible des corrections. » La densité de l'urine était mesurée au moyen du densimètre spécial de M. Bouchardat, perfectionné pour la graduation : cette densité était ra- (i) Ces thermomètres, d'une construction irréprochable, sortaient, aussi bien que les iiro- mcires dont il va être question, des mains de notre habile constructeur, M. Baudin. ( 83a ) menée à une température constante de i5 degrés, d'après la table con- struite par ce savant (i). » Quant au nombre des pulsations, il était déterminé par l'observateiu" assis: car on peut s'assurer que ce nombre est immédiatement accru par la station verticale. » Chaque observateur expérimentait sur lui-même deux fois par jour, à son lever et à son coucher. Quatre personnes ont pris part à ces expé- riences (2). Elles ont duié du 21 décembre 1867 au aa décembre 1869; mais, par diverses circonstances, les deux années n'ont été complètes pour aucun des observateurs, de sorte que je n'ai pu comparer, à ces divers points de vue, qu'une année à la fois. J'ai dû utiliser, tantôt l'année 21 mars 1868-21 mars 1869, tantôt l'année 23 septembre 1 868-23 sep- tembre 1869. » Je rapporterai successivement ce qui a trait à la température buccale, au nombre des pulsations, à la densité de l'urine. » La partie supérieure de la planche suivante donne, pour les observa- teurs A, B et C, chacune des dix moyennes tridodécuples de l'année 23 septembre i8G8-23 septembre 1869, et la moyenne (ponctuée) des trois courbes. Les quatre courbes de la partie inférieure se rapportent à l'année 21 mars 1868-21 mars 1869, étudiée dans les observateurs B, C et D, et à la moyenne de ces trois courbes tridodécuples. )) En examinant ces huit courbes, on voit de suite qu'elles se divisent en deux parties distinctes; la première moitié offre des discordances, tandis qu'à partir du cinquième ou du sixième jour, toutes les courbes présentent une concordance remarquable. Le maximum du septième jour tridodé- cuple est frappant partout, précédé du minimum qui varie du cinquième au sixième jour, et suivi du minimum qui varie du huitième au neuvième. » La première courbe de la planche (p. 83/|), qui condense les deux moyennes ponctuées, fait ressortir nettement l'oscillation du quatrième au dixième jour, tandis que, du dixième au quatrième, elle est à peine acci- dentée et n'offre rien d'accentué. (i) Instruction /unir l'usage de l'uromctrc de M. linurlinrildl ; Paris, Gciiner-Baillière, 1861. (2) L'observateur désigné par la lettre A avait de 53 à 55 ans; l'observaieur B de 3i à 33 ans; l'observateur C de 2Ç)à 3i ans; l'observateur D de 26 à 28 ans. Tous avaient l'ha- bitude des instruments; trois sont doeteurs en uiédeeiiie et anciens internes des hôpitaux. ( i^33 ) « Si, au lieu de construire ainsi la moyenne brute des six courbes pleines TEÎïîPÉKiiïm\E BÎÎCCALE 10 1 2 Jouis tridodécuples. S 4 S 6 î 6 9 10 I / N ^ \ ^ \ / / \ \ / \ / \ 1 \ / \ 1 < \ 1 ,1(1 / "■■! w \ '\, /' '" / \ / Sfi'l-.fi \ / ^. ' ■ 1 ! N / \ / \ 1 ^ / \ / Y / / \ \ / ~s^ S ^ _ 86 _ 6!* _ 62 GO 5S _ 56_ _ St\ 21 llars iS6S_2I Hiiu-s 1S69 iS — 4G — H Vi _ to _ 38 36? 35 36°62 _ GO — 58 _5S _5i _ 52 (5) 6 9 iO de la planche ci-tiessus, on les examine séparément, on voit l'oscillation ( 834 ) des cinq derniers jours triodéciiples se manifester neltemenl dans tontes, tandis que, pour la première partie, les courbes (i) et (a) d'une part, les Jours Tridodécoples. [ 36?5i 0123fc56;8eiO Moyenne des deux moyeimes de la Planche préccdepte. -52 _S0 38° t8 36956 _5i _50 _V8 36? tG ■ 36°. 53 -52 -51 -50 11" 10° k / \ / ~~ / \ 1 / Moyenne des courbes s N 1 \ / ^ / 2 et 5. Moyenne des Courbes ' \, 1 \ \ V \\ ^ / ^ / *--^ \ / > ^ _^ l.y.U'tG. A \. 22DéeemW6l86S ^ / \ A / 22 Décembre 1869. k / \ / \ / \ / \ \ ^ k / Température moyenne à Pa^'is / \ / ^ \ / \ 22Décembre 1868 22 Décembre 1869 / ■v \ \ --- courbes (4) et (5), de l'autre, sont absolument opposées. On a donc quatre courbes analogues (i , 3, 4 et 6), que l'on peut combiner ensemble, et deux autres courbes analogues entre elles (2 et 5) que l'on peut aussi rapprocher. Il en résulte les deuxième et troisième courbes de la planche (p. 834 j, qui présentent, en effet, concordance pour les cinq derniers jours, opposition pour les cinq premiers. » 11 y a là, sans doute, un effet d'idiosyncrasie, qui sera du ressort du physiologiste (i). » Celte dernière conclusion est confirmée par l'examen de la quatrième (i) Mon but nV'tanl iiullciiient ici iino étii > meiifionni'r l;s r^ sidtats obtenus de la déttMini- naiion de la ohserv.-iteiirs A, B et D. DElh'a ÏTE DS LURIKE . Obs ervateurs et époques des observations . Jours tridodécuples. ^-^^^0^ 10 i 2 S i 5 6 7 8 9 1^ LOEa D ?ahvs 1868 à ?1 liUva 1869 ei Mars 1868 23 7^:' 1863 23 2VM868I 23 7''" 18691 Mo)'enne des Courbes < Bel A décuplée. \ 1 1,027 1.026 1.022 1,021 l.OIl 1,013 i,oiao 1.0179 ],017fi 1,0177 A. 0170 \ 1 \ — \ / \ / \ J \ / \ / ^ =- ~^ '" ' / \ / S, ^ / / N / \ \ \ \ \ / \ / » En jetant les yeux sur la planche ci-dessus, on s'aperçoit que les apti- tudes individuelles sont encore plus marquées dans cet ordre d'observa- tions que dans les deux précédents. En effet, les trois premières combes représentent, à la même échelle, les dix jours tridodécuples des densités urinaires rapportées à celle de l'eau distillée, |)our l'observateur D, du 21 m;trs 18G8 au 21 mars 1869; pour l'observateur H, du ai mars 1868 au 23 septembre 18G9; enfin, pour l'observateur A, du 23 septembre 1868 an ( 839 ) 23 septembre 1869. La première courbe n'a aucune affinité avec les deux autres, ni pour l'étendne des variations, qui est quatre fois plus grande^ ni même pour les allures générales, puisqu'elle présente trois maxima au lieu de deux qu'on remaïqiie dnns les dernières. Mais celles-ci, au double point de vue de l'étendue et de la forme des oscillations, peuvent évidem- ment se combiner, et c'est ce que j'ai fait dans la quatrième courbe, en construisant leur moyenne sur une échelle décuple. Le minimum très-net du sixième jour tridodécuple, qui est aussi représenté dans la courbe D, coïncide avec le maximum de la température de l'air pendant la période correspondante et appelle encore une fois notre attention sur ce sixième jour tridodécuple, que j'ai tant de fois signalé dans le cours de ces trois Notes. » Tel est l'ensemble de faits que je désirais soumettre aux physiolo- gistes. Je ne me dissimule pas combien le petit nombre des sujets observés, tous soumis d'ailleurs à l'existence, eu quelque sorte, factice des habitants d'une ville immense, a dû influencer ces résultais (i). Néanmoins, il me sera permis de faire remarquer que l'anomalie même des conditions donne lui à fortiori à mes conclusions, puisque des hommes à l'abri de ces in- fluences anormales, des cultivateurs, par exemple, ou, mieux encore, des religieux qui, comme les trappistes, associeraient à une vie active des ha- bitudes d'une extrême régularité, seraient sans doute phis directement sou- mis aux conditions naturelles. J'aurais rempli mon but si je pouvais décider quelques physiologistes, disposant de moyens bien supérieurs à ceux que j'ai utilisés, grâce au dévouement de mes zélés collaborateurs (2), à contrô- ler, soit chez l'homme, soit chez les animaux, la réalité de cette influence périodique des variations de l'atmosphère sur les phénomènes de la vie. « M. Ch. Sainte-Claire Deville communique, à l'appui des réflexions présentées, dans la dernière séance, par M. Dumas, la Lettre suivante, qui lui est adressée par M. F. Denis : « L'Académie, dont vous êtes un Membre si zélé, ayant pris, avec une chaleur qui l'honore, le parti de nos aérosliers, utiles en ce moment à tant de litres, je viens vous communiquer un fait échappé jusqu'à ce jour à la discussion. J'ai retrouvé, parmi les papiers de mon excellent père, un ojais- (i) Résultats incomplets aussi; car, avec la densité de l'urine, par exemple, il eût fallu déterminer le volume du liquide expulsé dans les vingt-quatre lieurcs. (2) Auxquels je demande la permission dixiuimer ici toute ma gratitude. ( 84o ) cille très-rare, publié, il y a près de cinquante ans, par Coutelle, l'in- trépide commandant des aérostiers de l'armée de Sandjre-et-Meuse (i). Je vous signale, dans le récit de cet homme de bien, qui fut aussi un savant plein de zèle, deux Notes précieuses, parce qu'elles sont opportunes, éta- blissant comment les Allemands entendaient jadis la législation militaire en matièie de navigation aérienne. Un demi-siècle, à peine écoulé, n'a pu changer aux yeux des peuples le droit impérissable de l'humanité. Voici ces deux Notes : Note 22, p. 9. — « Je reçus l'ordre de faire une reconnaissance sur Mayence : je me jilaçai entre nos lignes et la place, à une demi-portée de canon; le vent était fort, et j)our lui opposer plus de résistance, je montai seul avec plus de ?.oo livres d'e\cès de légèreté. J'étais à plus de i5o toises d'élévation, lorscjue trois bourrasques successives me rabattirent à terre avec une si grande force, que plusieurs des barreaux qui soutenaient le fond de la nacelle furent brisés. Chaque fois le ballon s'est élevé avec une telle vitesse que soixante- quatre personnes, trente-deux à chaque corde, ont été entraînées à une grande distance. Si les cordes avaient été fixées à des grappins, ainsi qu'on me l'avait proposé, il n'y a pas de doute qu'elles eussent été cassées si le filet n'avait pas été rompu. 1) L'ennemi n'a pas tiré; cinq généraux sont sortis de la place en élevant des mouchoirs blaucs sur leur chapeau. Nos généraux que j'en ai prévenus ont été au-devant d'eux; lorsqu'ils se sont rencontrés, le général qui commandait la place a dit au général français : n Monsieur le général, je vous demande en grâce de faire descendre ce brave officier; le « vent va le faire périr; il ne faut pas qu'il périsse par un accident étranger A la guerre; » c'est moi qui ai fait tirer sur lui à Maubeuge. » » Le vent s'est un peu calmé, alors j'ai pu compter à la vue simple les pièces de canon sur les remparts, ainsi que tous ceux qui marchaient dans les rues et sur les places. » Note 23, p. ç). — « Nous étions campés sur les bords du Rhin, devant Slanheim, lorsque le général qui nous commandait m'envoya en parlementaire sur l'autre rive. Aussitôt que les officiers autrichiens eurent appris que je commandais l'aérostat , je fus accablé de questions et de compliments; un officier, qui avait passé avec moi, observa que, si mes cordes cassaient, je jiourrais être exposé si je tombais dans le camp ennemi. <> Rlonsieur i l'ingénieur aérien, répondit un officier supérieur, les Autrichiens savent honorer les ■> talents et la bravoure; vous seriez traité avec distinction. C'est moi qui vous ai fait voir » le premier, pendant la bataille de Fleurus, au prince Cobourg, dont je suis l'aide de » camp. » » Je lui observai qu'on ne devait pas, suivant l'usage, ui'inlerdire l'entrée de la place, puisc[u'en m'élevant sur l'autre rive, je plongeais sur la ville. i> Le généial qui y commandait envoya le lendemain l'autorisation de me faire voir la place si notre général consentait à m'y faire passer. « (1) Voici le litre de la brochure de Coutelle : Sur V ai'-rnsttit cmployc aux annrrs de Saiiihrc- et-Mcusc et lia Rhin. C'est un extrait de la JMbliogiaphic de ta France, du 3.5 avril 182c). ( «4i ) 1\0»1I]\ATI0I\S. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la noniinntion d'une Com- mission de cinq Membres qui sera chargée de juger le concours de Méca- nique (fondation Montyon), pour l'atuiée 1870. MM. Morin, Delaunay, Dupuy de Lôme, Combes, Phillips réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Liouville, Paris, Ch. Dupiii, Bertrand, Villarceau. MÉMOIRES PRÉSEIVTÉS. AÉROSTATION. — Sur ttn procédé de réchaiiffemenl mélliudique du ), F étant la force ascensionnelle du ballon au départ; V le volume du gaz du ballon et, par suite, le volume d'air déplacé; P le poids de i mètre cube d'air, et p le poids de i mètre cube de gaz (la température t est sup- posée la même pour l'air et pour le gaz). » En représentant par v le volume de gaz perdu au bout d'une heure, la force ascensionnelle réduite F' sera représentée par (2) F'r=(V - P)P-(V- v)p = Y{V - p)- v{V - p). » Si donc, pour compenser cette perte représentée par p(P — p) on di- late le gaz du ballon, la température de l'air et, par suite, le poids P reste- ront bien les mêmes, mais la température t du gaz augmentant, le poids p du mètre cube de gaz diminuera et deviendra/?'. a étant le coefficient de dilatation du gaz, t^ l'augmentalion de température. » En représentant par v' l'augmentation de volume du ballon qui résulte de l'augmentation de température, ou a (V-t')/>= (V+ v'-v) ut' » En représentant par F" la force ascensionnelle du ballon dans cette ( 843 ) nouvelle phase, on Iroiive (3) F"= (Y—v)i'-\- (^'P — (Y+ i-'- v)-^^; mais comme on a l'égalité (3) devient (4) Y"z=[W - v)V -hv'9 -{V -v)p. » En comparant l'égalité (4) à l'égalité (2), on voit que F"= F'+ v'V; mais de la comparaison des égalités (i) et (2) il résulte que F = F'+i'(P - p); donc pour que F " = F, il faut que (5) v'V = v{V-p). » De cette dernière égalité, on déduit la valeur de v\ ^'-— p Il est évident que P > F — /j. Donc v ^ v' ; ce qui montre bien qu'il fau- dra dilater le gaz du ballon d'une quantité v' moindre que le volume v de gaz perdu. Cette quantité v' sera obtenue eu multipliant le volume de gaz perdu par la force ascensionnelle P — /? de i mètre cube de gaz et en divi- sant ce produit par le poids P de i mètre cube d'air à la température exté- rieure; ce qui conduit à la formule et au nombre ii""*^, 36r dounés précé- demment. » Ainsi le ballon dont le volume primitif était 2000 mètres cubes et qui se trouve réduit à 1980 mètres cubes à la température t conservera la même force ascensionnelle qu'au départ, si sou volume est porté par la dilatation du gaz à 1980+11,301 ou 1991™"=, 36i à la température t' ; cette température est égale à t, la température primitive, plus <, qui repré- sente l'accroissement de température de gaz du ballon. » Cherchons donc la valeur de t^ et ce qu'il en coûte pour l'obtenir. -L'augmentation de volume à produire par rapport au volume total est C. R., 1870, -1= Semestre. (T. LXXI, N» %'l.) I '3 ( 844 ) égale à — '-r, — = — t environ. Le coefficient de clilatalion du eraz étant » 1980 174 — rî la valeur de t, sera donnée en divisant — vpar — -: /,= ^ =: i^.St. 273 174' 273 '174 ^ Cette faible augmentation de la température intérieure du ballon sur celle de l'air ambiant n'aura pas d'influence dangereuse. (Dans les montgolfières, cette différence atteint 5o et 70 degrés sans inconvénient.) » Cherchons maintenant ce que coûtera cette augmentation de tempé- rature. Le volume réduit du ballon est 1980 nièlres cubes; la cn|)acité calorifique du gaz, o,35; l'augmentation de température à produire, i°,57. Le nombre de calories à produire sera donc égal à 1980 X 0,35 X 1°, 57 = 1088 calories. » La puissance calorifique de i mètre cube de gaz d'éclairage étant re- présentée par 6975 calories, on voit qu'il faudra moins de -^ de mètre cube de gaz pour produire la compensation nécessaire. Ainsi, en brûlant | de mètre cube de gaz, c'est-à-dire en perdant une force ascensionnelle égale à -^. — = o^', 122, on peut compenser une perte de force ascensionnelle, représentée par o''s, 735 X 20 = i4''^) 700; ce qui revient à dire qu'en brûlant i gramme de gaz on gagne lao^', 5 de force ascensionnelle. On voit par là de quelle immense ressource peut disposer l'aéronautc |)ar l'emploi de ce système. » Le gaz nécessaire à la combustion vient du ballon même où il est puisé par une pompe qui l'amène d'abord dans un petit réservoir placé dans la nacelle pour se rendre de là au foyer, ou rëchaiiffeur construit en métal et enveloppé d'une double toile métallique. » Après avoir exposé en détail comment il entend l'application de son pro- cédé aux ballons ordinaires, l'auteur ajoute ; « Le réchauffeur étant en métal, l'endosmose et l'exosmose ne peuvent, à la pression ordinaire, se produire, et, par suite, il ne se formera pas de mélanges détonants. La double enveloppe en toile métallique est d'ailleurs une garantie de plus contre les chances d'explosion. » Je terminerai cette Note par quelques considérations générales sur l'emploi de ce réchauffeur dans les ballons dirigeables. » Le moteur à air dilaté par la combustion du gaz d'éclairage que j'ai proposé, laisse échapper du piston des gaz brûlés ([ui, après avoir produit leur effet mécanique utile, ont encore luie température de 200 à 25o degrés ; si, au lieu de perdre ces gaz dans l'atmosphère, on les fait arriver en tout ( 8/,5 ) ou en partie dans le rôchaiifteiir, ils céderont au cjaz du ludion une partie de leur chaleur qui ne coûte rien, puisqu'on la laisse y.erdrt hcdiiluellement. » Ce réchauffeur est l'analogue, en quelque sorte, du condenseur <\es ma- chines à vapeur, seulement la vapeur est ici remplacée par les gaz brûlés, et Veau de condensation par le (jaz du ballon. » En employant les moteurs à vapeur, une partie de la vapeur d'échap- pement, dirigée dans le réchauffeur, produirait le même effet que les gaz brûlés dont l'arrivée serait réglée à volonté dans le réchauffeur. » Sans entrer dans plus de détails sur ce dispositif, dans lequel, pour éviter la contre-pression sur le piston, on pourrait donner au réchauffeur la forme d'un siphon, je me résume eu disant que le réchauffeur, par son emploi facile et économique, en même temps que par les grandes facilités qu'il donnerait à l'aéronaute, pourrait sans doute être appliqué, sous une forme différente peut-être, à tous les aérostats en général, pojiH- augmenter la commodité, la durée et la sécurité des voyages aériens dans les diffé- rentes phases qui les composent. » L'Académie reçoit, de M. Gailiiaud, une Note relative à un procédé de préparation du gaz destiné aux aérostats; de M. Bazin, un projet de télé- graphie électrique aérienne, réalisable au moyen d'aérostats; de M. G. Trouvé, une Note relative à deux machines aérostatiques; de M. J. Bernis, un « Mémoire su.r l'aérostatique transcendante, précédé d'une Note sur la navigation aérienne »; de M. Brachet, une nouvelle Note, sur le parti à tirer de l'aérostat de Meusnier; de M. Cn. Delcourt, quelques Notes com- plémentaires, sur son projet d'aérostat dirigeable. (Commissaires précédemment nommés : MM. Morin, Delaunay, Dupuy de Lôme.) M. G. Lamrert soumet aii jugement de l'Académie un projet de com- munication entre Paris investi et la province. (Commissaires : MM. Delaunay, Dupuy de Lôme.) 1 k:>. ( 846 ) CORRESPONDANCE. PHYSIQUE. — Sur ta formule de la vitesse du son. Note de 31. J. Moutier, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. « Si l'on considère un corps de poids égal à l'unité, occupant le vo- lume i^à la température Z et à la pression /j, la quantité de chaleur néces- saire pour produire une transformation élémentaire est ^Q = Idu -f- cdt = Cdt + hdp, suivant que l'on prend pour variables indépendantes le voliune et la tem- pérature, ou bien la température et la pression. Les coefficients C, c, / représentent la chaleur spécifique sous pression constante, la chaleur spé- cifique sous volume constant et la chaleur latente de dilatation; le coef- ficient h, qui n'a pas reçu de nom particulier, est lié, comme on sait, à la chaleur latente de dilatation par la relation h = l~, dp dans laquelle d\' est l'accroissement de volume correspondant à un accrois- sement de pression dp, la température étant sup[)osée constante. ), Si la transformation élémentaire s'accomplit sans que le corps reçoive de chaleur de l'extérieur, dQ = o, ldi> -t- cdt = o, Cdt -+- hdp — o. » Si l'on élimine / entre ces trois dernières équations, on a » D'ailleurs, si l'on considère la température du cor|)s comme une fonc- tion de p et (le c, , dt , lit j dt = — d\> -Jr — dp ; di' dj> ' par suile, lorsque la température du corps demeure invariable, dt = o, (2) '■ll-^di>+'^dp=.0. » Si l'on appelle a. et a' les coefficients de dilatation sous pression cou- ( 847 ) stante et sons volume constant, ch \ + at . Il en résulte que la pression primitive p du gaz contenu dans le cylindre éprouve un accroissement dp déterminé par la relation (3). , G p a' I 4- a' dp = -X:~X-y< — ; T- £. ' c V9 a l -h y. t )) Si l'on appelle A la masse de l'unité de volume du gaz, l'accroisse- ment de pression dp met en mouvement la masse gazeuse sA et lui com- munique, au bout du temps infiniment petit 0, la vitesse V, (4) ^p = '^r » En é-^alant ces deux valeurs de dp, on obtient, pour la valeur de la vitesse du son dans un gaz, -s/ p C a.' I-f- a« T X - X - X , r- A c a 1 -i- ot. t [*) Comptes rendus, t. LXXI, p. 807. ( 848 ) M La formule ainsi obtenue, indépendamment de toute hypothèse parti- cuhère sur les propriétés du gaz, ne diffère de la formule de Newton, après la correction de Laplace, que par l'introduction do deux facteurs voisins de l'unilé et déterminés par les expériences de M. Regnault. Ces facteurs se réduisent à l'unité dans le cas des gaz parfaits, c'est-à-dire des gaz qui suivent les lois de Mariotle et de Gay-Lussac; c'est le cas considéré habituellement. « En résumé, comme le remarque M. Regnault (*), la » théorie mathématique n'a abordé jusqu'ici la propagation des ondes que » dans un gaz parfait, c'est-à-dire dans un Jliiide idéal qui réunit toutes les » propriétés que l'on a introduites fi^^ijothétiqiiemeiit dans le calcul. On ne » s'étonnera donc pas de voir que les résultats de mes expériences soient » souvent en désaccord avec la théorie. » » Si l'on calcule le rapport des deux chaleurs spécifiques, non phis d'après hi loi de détente, qui suppose le gaz parfait, mais d'après les prin- cipes de la théorie mécanique de la chaleur, indépendamment de toute hypothèse sur les propriétés du gaz, connue j'ai essayé de le faire dans une précédente Communication, le désaccord entre la théorie et l'expérience, dans certains cas, n'est qu'apparent. Prenons comme exemple le rappoit des vitesses du son dans l'acide carbonique et dans l'air à la température de la glace fondante; le rapport des deux chaleurs spécifiques est 1,326 pour l'acide carbonique et 1,409 pour l'air (**). En appliquant la formule précédente, on trouve aisément pour le rapport des vitesses du son, dans ces deux gaz à zéro, le nombre 0,7827; le rapport donné par les expé- riences de M. Regnault sur la conduite de 067 mètres de longueur est 0,7848 (***). La valeur calculée ne diffère de la valeur fournie par l'obser- vation que de —3 (*'**)• (*) Mémoires de l'Académie des Sciences, t. XXXVII, ]). 54 1. (*') Les éléments du calcul sont pour l'air, d'après les expériences de M. Regnault, 0 = 0,9,3771 entre — 3o degrés et -+- 10 degrés, a =0,003670, a' := o,oo3665 ; 011 re- trouve le même nombre 1,40951 l'on prend pour C la valeur 0,23751 relative à l'intervalle de zéro à 200 degrés. Mémoires de l'Académie des Sciences, t. XXXVII, p. i3o. On peut remarquer que 1rs expériences sur la ^^tesse du son dans les gaz permettent de déterminer le rapport des deux clialeurs spécifiques avec plus d'exactitude que les expé- riences faites jusiju'ici sur la détente des gaz sans variation de chaleur. Cela tient à ce que rétablissement de la foruude relative à la vitesse du son reiiose uniquement sur la loi de détente étémcntriire donnée par l'équation (3) et applicable à tous les gaz, tandis que l'on ne sait au juste (pielle est la loi de détente finie pour un gaz autre . vdp t ' ' c pc )» Si l'on reporte cette valeur dans l'équation (4), on obtient, après ré- duction, pour la valeur de la vitesse du son dans un liquide, s/i. C ^ X -• » A c ZOOLOGIE HISTORIQUE, — Sur Ciiitroduclion el la domeslicité. du porc chez les anciens Egyptiens; par M. F. Lexormant. « L'histoire des animaux domestiques est un sujet particulièrement inté- ressant, mais il présente encore de très-grandes obscurités. La zoologie n'est pas, croyons-nous, complètement en mesure de résoudre à elle seule tous ces difficiles problèmes par l'étude des races actuellement subsis- tantes. 11 lui est nécessaire de remonter dans le passé, en appelant à son aide les secours, jusqu'à présent un peu trop négligés par elle, que peu- vent lui fournir les sciences de l'érudition, principalement l'archéologie des monuments figurés et la philologie comparative, l'une recueillant les images, souvent très-précieuses, des espèces domestiques élevées chez les divers peuples civilisés du monde antique, l'autre permettant de suivre dans bien des cas, à l'aide de la filiation des noms, la transmission de ces espèces dépeuple en peuple et de remonter ainsi très-près du berceau pre- mier de leur domestication. » Dans cette série d'études sur les animaux domestiques de l'ancienne É»ypte, que l'Acadéiiiie a daigné accueillir avec tant de bienveillance, nous n'avons pas la prétention d'apporter la solution de questions que les mai- loi lie détente pv"' = const. est applicable à l'acide carbonique, le coefficient de délente m doit avoir pour valeur f dp C a' I + a? ■ — ■=-x-x p (•/(■ c Cl. 1 + a < Aux températures voisines de zéro m déviait être égal à i ,3a6. Les expériences directes sur la détente des gaz fournissent une valeur un [leu plus faible, en supposant la relation ^i,m __ const. exacte pour l'acide carbonique. ( 85o ) très de la science ont laissées indécises. Notre seule ambition est de fournir aux études des naturalistes un certain nombre de faits précis, empruntés à l'archéologie et à la philologie, qui puissent servir d'éléments dans des recherches ultérieures. Ces faits, croyons-nous, ne leur seront pas sans quelque utilité, et nous nous regarderions comme amplement récompensé de nos investigations patientes si elles pouvaient indiquer aux zoolo- gistes quelques filons à suivre dans l'ordre de sujet auquel elles se rap- portent. ). Ainsi, en groupant aujourd'hui dans une nouvelle Note les principaux faits que nous avons pu recueillir sur l'histoire du porc dans l'antiquité égyptienne, nous ne prétendons pas examiner et encore moins décider les questions graves qui se soulèvent au sujet de cet animal et divisent les sa- vants; ni celle de savoir si notre cochon domestique dérive, comme on le pense le plus généralement, du sanglier de nos forêts, ou bien, comme le prétend Link (C/ru;e/<;, t. I, p. 387), d'une espèce sauvage particulière que l'on rencontre en Perse; ni celle de savoir si pour cet animal, comme pour plusieurs autres, diverses espèces sauvages distinctes n'ont pas été réduites en domesticité dans des pays différents, donnant ainsi naissance aux prin- cipaux types des variétés domestiques, si, par exemple, notre cochon com- mun et le cochon de Siam n'étaient pas à l'origine spécifiquement diffé- rents. Notre but est plus restreint et plus modeste : il s'agit seulement de suivre l'histoire et le rôle de l'animal dans une des plus importantes civili- sations des âges antiques, et de déterminer autant que possible l'époque où il fut introduit, ainsi que la région d'où il venait. » Le porc n'est pas en effet un des animaux domestiques de la civilisa- lion primitive de l'Egypte. On ne le trouve jamais mentionné dans les textes ni de l'Ancien ni du Moyen Empire, et sa figure est aussi totalement ab- sente des monuments de ces deux grandes périodes de la culture égyptienne, où les représentations de la vie quotidienne tracées sur les parois des tom- beaux nous font passer en revue toutes les espèces élevées alors dans la vallée du Nil. Et non-seulement les scènes agricoles représentées par les artistes de ces deux époques ne montrent jamais le cochon domestique, ce qui donne le droit d'affirmer qu'il n'était point alors connu en Egypte, mais, circonstance plus extraordinaire, le sanglier lui-même ne figure ja- mais dans les scènes de chasse où tant d'autres animaux tombent sous les flèches du veneur et sont poursuivis par ses chiens. Cependant il est dif- ficile de douter qu'il dût être dès lors abondant au milieu des marais de la Basse-Égyple, connue il l'est encore aujourd'hui, où beaucoup de fellahs (85i ) musulmans se nourrissent de sa chair, en dépit des préceptes du Coran. Mais cette absence du sanglier dans les représentations de vénerie des an- ciens Egyptiens, qui se continue à toutes les époques dont nous possédons des monuments, s'explique par l'idée d'impureté absolue que la religion égyptienne attachait au porc sauvage et domestique, idée qui empêchait de le considérer comme gibier de chasse et de le manger. Il est donc probable que si les paysans de la Basse-Egypte devaient tuer le sanglier connue ime bête malfaisante pour défendre leurs champs de ses ravages, ou ne lui fai- sait pas de chasse régulière, et qu'il n'était pas conforme aux usages de se vanter d'avoir percé de ses traits cet animal impur. » La notion d'impureté attachée par le sacerdoce de l'Egypte au porc, soil sauvage, soit domestique, est signalée par Hérodote (II, 47)5 dont les monuments confirment pleinement le témoignage; c'est là qu'elle a été pui- sée par Moïse comme tant d'autres prescriptions rituelles de sa loi, bien que l'esprit de la religion nouvelle qu'il instituait fût diamétralement op- posé à l'esprit de la religion de l'Egypte. Dans la théorie pharaonique le porc était un des animaux consacrés à Set ou Typhon, l'antagoniste d'Osi- ris, la personnification la plus puissante du principe mauvais, ténébreux et infernal. Le Rituel funéraire donne fréquemment l'épithète, injurieuse de « porc » aux monstres ty|)honiens que le défunt rencontre sur sa route dans l'autre monde et qu'il doit combattre avant de parvenir à la béatitude finale. » Le rôle symbolique de cet animal est alors identique à celui de l'hip- popotame, emblème d'un emploi plus ancien avec lequel il s'échange fré- quemment. La Grande dévorante de l'Enfer, un des principaux génies du monde ténébreux, chargée de châtier les âmes coupables, est représentée le plus souvent sous la figure d'un hippopotame femelle ou bien avec une tète d'hippopotame sur un corps de lionne; mais dans quelques-unes des tombes royales de la XX* dynastie à Biban-el-Moloidi (Champollion , Monuments de r Egypte et de la Nubie, t. III, PI. CCLXXII), et sur certains sarcophages de \,\ XXVP dynastie, comme celui de T'atio, au Musée du Louvre (De Rougé, Calaloijue des monuments égyptiens du Louvre, D-i), elle est figurée sous les traits d'une truie que des génies eu forme de singes cynocéphales chassent loin de l'âme juste qui passe au tribunal d'Osiris. C'est probablement celte Grande dévorante de l'Enfer que représentent les images d'une truie en terre émaillée ou en autres matières que l'on trouve parmi les amulettes suspendues au cou des momies d'une certaine époque. » Dans les bas-reliefs si curieux du temple d'Edfou (époque des Ptolémées) C R. i8;o. i* Semestre. (T. LXXI, N" 24.) I '4 ( 852 ) relatifs au mythe d'Honis, que M. Edouard Naville a récemment publiés [Textes relatifs au mythe d'Horus recueillis dans le temple d'Edfou, Genève, 1870, in-fol.), l'artiste, guidé par les indications sacerdotales, a retracé en plusieurs tableaux la vengeance que le 61s d'Osiris tire du meurtre de son père en tuant à son tour Set ou Typhon, transformé « en un hippopo- tame rouge. » Dans les derniers tableaux la figure d'un porc se substitue à celle de l'hippopotame, pour représenter le dieu malfaisant. Et quand on en vient aux prescriptions rituelles du sacrifice qui se célébrait dans le temple pour commémorer et symboliser la victoire d'Horus, il est ordonné de faire « un cochon en pâte » et de le découper en morceaux comme fut découpé le corps de Typhon. C'est là bien évidemment le sacrifice dont parle Hérodote (II, 47) : « f-es Égyptiens sacrifient un porc à la Lune et à » Dionysus (Isis et Osiris), une fois dans l'année, dans une pleine huie.... » Après en avoir brûlé la queue, la rate et la graisse du venire, ils mangent » alors la chair de l'animal, mais le reste de l'année elle est absolument » interdite. Les pauvres font, à la place, des cochons de pâte qu'ils dé- w coupent après les avoir fait cuire. » Et ce qui achève de démontrer l'iden- tité des deux cérémonies, c'est qu'Hérodote place la sienne à la pleine lune et qu'un précieux passage d'Eusèbe [Prœpar. evang., IH, 12) assigne au mythe de la lutte d'Horus contre Typhon, transformé en hippopotame, le caractère de personnification d'un phénomène lunaire. » L'idée d'impureté que la religion attachait ainsi au porc chez les an- ciens Égyptiens explique pourquoi cet animal ne fut pas réduit en domes- ticité ni élevé par eux pendant toute la durée des âges primitifs, où leur ci- vilisation avait son caractère le plus original et le plus à part, sans aucune des influences étrangères qui commencèrent à agir au temps des conquêtes asiatiques de la XVIIP et de la X1X*= dynastie; pourquoi aussi le sanglier, indigène dans une portion de leur pays, ne fut jamais considéré par eux comme un gibier noble, représenté sur les monuments. Nous avons peut- être trop insisté sur celte question, qui n'intéresse que bien peu la zoologie, ap[)artenant plutôt au domaine de l'archéologie pure. 11 nous a paru ce- pendant assez curieux de montrer l'origine de la prescription relative à l'impureté de la viande de porc, qui, adoptée dans la loi mosaïque, a passé (le là dans l'islamisme, lequel la maintient encore en vigueur chez un grand nombre de peuples. » La séance est levée à 5 heures. É. 1). B. ( «53 ) ERRATUM. (Séance du 5 décembre 1870.) Page 802. — Rectifier de la manière suivante la phrase concernant les pays dans lesipicls li's premiers conquérants avaient constaté l'habitude de mâcher la coca en secondant l'action sur les glandes salivaires par l'addition de la chaux vive. n Le champ d'observations était, au moment de l'arrivée des Espagnols, beaucoup plus vaste qu'il ne le fut peu après, puisqu'il s'étendait de l'ouest à l'est uisse servir de nourriture à l'homme. » Le raisonnement de Changeux appliqué aux produits d'origine animale, le conduit à la conséquence qu'il suffit de ramollir et de dissoudre les par- ties les plus dures des animaux, telles qiîe les cornes, les ongles, l'ivoire, les phunes, les poils, les barbes de baleine, etc., poin* en faire luie matière alimentaire. » Voilà comment l'auteur est coniluil à reproduire l'idée de Papin rela- tive à faire servir les os à l'alimentation ; mais le procédé qu'il propose poin- atteindre ce but n'exige plus de digestetir, il suftit de diviser les os le plus possible, soit au moyen d'un pilon, soit au moyen d'ini moidin, et d'en soumettre la poudre à une heure d'ébuUition dans l'eau. Le produit est une gelée, dit Changeux, aussi savoureuse, aussi restaurante que la gelée de viande. I) Quelques cuillerées de poudre d'os de bœuf, de veau, etc., fournironi une [ I ) Journal de Physique, t. VI, p. 4" ('775). ( 86o ) (juaiUilé énorme de gelée qtion assaisonnera avec du sel et, si F on veut, quelques aromates. » N'insistons point sur la confusion, dans l'esprit de l'auteur, des pro- priétés cliimiques de l'affinité et delà dissolution cliimique d'une part, avec la division purement mécanique de la matière d'une autre part. Cette con- fusion était naturelle dans l'esprit d'un homme qui n'était pas chimiste. Quoi qu'il en soit, il n'est pas sans intérêt de rappeler ce que j'ai dit à propos de la découverte de la Montgolfière : des idées inexactes peuvent conduire à des découvertes, et clans le travail de Changeux que je rappelle, n'ouhlions pas l'altération profonde du verre en poudre par l'eau houillante et l'im- portance de son expérience de la division mécanique des os pour en obtenir la gelée. Nous allons voir la haute estime que l'illustre Proust atta- chait à cette découverte. § V. ') Nous sommes arrives à l'année 1791, époque à laquelle un opuscule intiiidé : Recherches sur les inoyens d'améliorer la subsistance du soldat, parut à Madrid où l'auteur, Proust d'Angers, professait la chimie, après avoir quitté la chaire qu'il avait occupée à l'Ecole d'Artillerie deSégovie. » Dire ici que le génie lie Proust a été mécoiuiu serait manquer étran- gement à la vérité; car en 181G l'Académie l'appelait dans son sein à la |)resque unanimité des suffrages, et |)ourtant il était absent de Paris et ne quitta point l'Anjou, où il mourut en 1826. Quoiqu'il en soit, hors de cette enceinte ses travaux ont-ils toujours été cités quand ils auraient du l'être? je ne le pense pas, comme on le \erra; aussi ne mancjuerai-je pas l'occasion de rappeler la grande part qu'il a dans l'histoire de la gélatine en insistant sur le mérite scientifique de l'opuscule dont je viens de reproduire le litre. i> Proust reconuait, avec se» [irédécesseurs et ses contemporains, en com- mençant son écrit, que la substance de la gelée existe dans la viande et dans les os, et qu'extrêmement attendrie dans la première, elle est bien mieux disposée à être dissoute par l'eau, que ne l'est la substance de la ge- lée des seconds qui se trouve en proportion plus forte, mais endurcie, sèche et comprimée dans des cellules des os. Le digesteur fut imaginé pour l'en extraire, mais les inconvénients de l'apj^areil ont einpéclié que l'usage s'en étendît. )) Proust, mettant à profit l'observation de Changeux, relative à la pré- par.ition de la gelée, en a fait sentir l'iinporiance en comiiaranl la quantité de gelée oblenue des os réduits en quelques morceaux seulement, comme ( 86i ) on le fait généralement dans les cuisines, avec la quantité de gelée obtenue des mêmes os après qu'on les a eu réduits en poudre. M Avant d'aller plus loin, disons la cause de l'exactitude des expériences de Proust. Sachant qu'elles ne peuvent être précises sans l'usage de la ba- lance, et que si elles sont comparatives, les conséquences n'en sont accep- tables qu'à la condition du contrôle auquel on soumet les produits amenés à un état identique, il reconnut en principe la nécessité d'aniener à un état constant de siccité les gelées qu'il voulait comparer relativement à leurs poids respectifs, sachant que les gelées renferment des quantités trop varia- bles d'eau pour donner des résultais certains. Proust appelle pastilles de houillon ou simplement pastilles, les gelées amenées ainsi au même degré de siccité; et, grâce à cette manière de procéder, l'auteur des Becherches des moyens d'améliorer In subsistance du soldat est arrivé à des conclusions qu'aucun travail postérieur à son opuscule de 1791 n'a pu contredire, comme je vais le démontrer sans peine. A. Tous les os ne donnent pas In même quantité de gelée. » En indiquant les quantités de pastilles obtenues des os, il a grand soin de distinguer ceux-ci , afin d'éviter les mécomptes résultant d'une moyenne prise siu- des quantités dont les extrêmes seraient fort différents. » En outre, il distingue, pour chaque sorte d'os, deux cas très-diffé- rents : le premier est celui où les os ont été simplement cassés en quel- ques morceaux, comme on le fait dans les cuisines habituellement; et le deuxième concerne les os mêmes qui déjà ont subi l'ébullition du pot- au-feu, que l'on soumet à une nouvelle cuisson, après les avoir pulvérisés conformément à la prescription de Changeux. » Pour 1000 parties : Les os de Jambes de bœuf, séparés de la moelle et de leurs extrémités, ont donné 53 , 08 de pastilles. Les os des articulations des cuisses et des jambes. 98,25 » Les os des hanches ont donné 175,37 » » Voici maintenant les résultats obtenus des mêmes os simplement cassés, ensuite réduits en poiulre : 1280 gros. I" Cfl*. gros Os de jambe 2,25 « des articulations .... 6,5o . de haoche 18, 5o » de côte et vertèbres. . ? . » ' de mouton ... ? » de cochon ? i55,oo 2« cas. cros 71,83 '.'. i'. :3i '9 120, ,00 :: I : i8 ,4 208 ,00 : : I : ! I I ,2 178, .54, ,00 00 ( 862 ) B. Toutes les gelées d'os ne sont pas de la même qualité. » Toutes les gelées ne sont pas identiques : celle des côtes est préférable à celle des os de hanche. La gelée des os de mouton a l'odeur de la viande de l'animal. C. Préparations diverses de gelée d'os. » i" Bouillon. — Si quelque chose justifie la règle suivie par Proust d'exprimer les quantités de gelée à l'état de pastille, c'est l'observation suivante appliquée à la jiréparafion de bouillon d'os susceptibles de se prendre eu gelée à diverses températures. I partie de pastille et 3i parties d'eau donnent un bouillon, qui se prend en gelée aux températures de zéro à 5 degrés. » et 24 parties d'eau donnent un bouillon qui se prend en gelée aux températures de 6 à g degrés. » et 18 à 20 parties d'eau donnent un bouillon qui se prend en gelée aux températures de 10 à i4 degrés. M 2° Bliinc manger. — Ou prend de i4à 1 5 onces de gelée; on y ajoute i"°'',5 de sucre, et du sel. » On tire avec elle le lait de 1 2 amandes douces et de 4 amandes amères, que l'on aromatise avec un peu d'écorce d'orange. » 3" Soupe. — La gelée fait une soupe excellente avec des pois chiches, des choux, des navets et des carottes. C'est une sorte de julieiuie. D. Bouillon de viande. » Proust admet qu'il faut 3 ou 4 livres de viande pour obtenir i livre dégelée, tandis que les os en donnent bien davantage, co'.nme ou a pu le voir quand on les traite convenablement; et il admet que i livre de gelée représente à peu près ime detni-once de pastille; eu d'autres termes : » De 128 à 96 parties de viande donnent 32 parties de gelée représen- tant I partie de pastille; » 10 livres de viande désossée, c'est-à-dire 1280 gros ont donné 4o gros de piistille difficile à sécher. 8 gros ou i once de pastille ont donné lui bouillon comparable à celtii d'os, en ajoutant 20, 24, 3i onces d'eau selon la température. » Nous verrons dans un autre Mémoire de Proust qu'en prescrivant d'ajouter à la ration du soldat la gelée que représentent 12 onces d'os pid- vérisés, avec lard et légumes, il comprend dans cette ration la viande que le soldat reçoit. F.n définitive, sa décoction ou son bouillon d'os s'ajoute à du bouillon de viande. ( 863 ) » Enfin Proust a encore le mérite d'avoir attiré l'attention sur l'avantage qu'il y a de retirer la graisse contenue dans les os. Si les os les plus denses n'en contieiuieut guère que o,o5 au plus, il en est qui en donnent o,i25 et même o,25. L'extraction en est fort simple, il suffit de jeter dans l'eau bouillante les os réduits en gros fragments et non en poudre; car dans ce dernier état il se fait un mélange tellement intime qce l'eau ne peut en séparer la graisse. J'ai mentionné une action analogue de la magnésie cal- cinée sur la graisse de porc (i). » Je passe beaucoup de détails intéressants; mais ceux que je viens d'ex- |ioser m'ont paru indispensables pour montrer la supériorité avec laquelle Proust a traité ce sujet. Si le lecteur est curieux de recourir à l'original, il verra quelques réflexions heureusement exprimées sur la coutume ilu bou- cher de faire payer les os autant que la viande. §VI. » Il me reste, pour compléter ce que je me suis proposé de dire du tra- vail de Proust sur la gelée des os, d'ajouter quelques mots relatifs à un opuscide de Cadet de Vaux qui parut, je crois, en i8o3, et qui fut, de la part de Proust, l'objet d'une critique pleine d'esprit. Mais pour que l'on comprenne bien tout ce qui va se rattacher à l'histoire du bouillon d'os dans la première moitié de ce siècle, je dois parler de l'influence que quel- ques personnes dites pliilnîithiopes ont exercée sur l'usage du bouillon d'os dans les hôpitaux et les hospices, eu voulant le substituer à celui du bouillon de viande; car sans la connaissance de cette influence, il est impossible de comprendre des faits relatifs aux deux Commissions dites de la gélatine que je veux faire connaître. » i8o3. Cadet de Faux, auteur d'une brochure sur la gélatine des os et son bouillon. » Cet écrit, postérieur de douze ans au moins à l'opuscule de Proust, et de deux ou trois ans à l'extrait de cet opuscule, inséré en 1801 au LIIP voliMue du Journal de Physique, demande quelques réflexions préa- lables relatives à l'état de la société parisienne de la fin du xviii'^ siècle et du commencement de celui-ci, si l'historien veut donner une idée juste des travaux siu- la gélatine. La vérité l'exige de ma part, dans l'impossibi- lité où je me trouve de ne pas donner pleine raison à Proust, lorsqu il réclame devant le public, avec autant de vivacité que d'esprit, le droit de Recherches chimiques sur les corps gras d'origine organique, p. 36o ; iSaS. C K., 1S70, •J<'5emfSfre. (T. LXXI, N°23.) I'6 ( 864 ) priorité sur Cadet de Vaux; mais je ne voudrais pas que la condaunialion, rpiclle cpi'en soit la sévérité, donnât à penser que le juge a méconnu ce qu'il y avait d'honorable dans un philantlnope; des relations assez intimes, remontant à l'année 1818, ne me permettent pas le moindre doute sur le désintéressement de sa conduite; et homme du monde aimable et agréable, il m'a toujours paru avoir passé sa vie dans la meilleure société de Paris. » A partir de l'avènement de Louis XVI au trône, on compte bien peu d'écrits de quelque renom où se trouvent des mots plus répétés que sensi- bilité et sensible. Romances, pièces de théâtre, discours académiques, plai- doyers, écrits politiques, partout on les lit, partout on les relit. Les mots philanthropie et philanthrope sont de la même époque; ils ont commencé à être fréquemment euiployés dans les discussions élevées entre les écrivains dits économistes et leurs adversaires; et tout le monde sait le prix que le marquis de Mirabeau attachait ais titre de Vnmi des hommes! Si le mot sen- sible fut peut-être li'op fréquemment employé et le moi philanthrope uu peu trop prodigué, je demanderai s'il n'y a pas quelque inconvénient à ce que des mots relatifs à des qualités morales, dont l'excellence est incontestable, reviennent continuellement dans la conversation et dans les écrits quoti- diens? » La vérité est qu'un philanthrope, à la fhi du xvin^ siècle et au commen- cement du nôtre, était quelque chose. Et qui pourrait en douter lorsqu'on a vu comme nous, en i8io, l'indignation de tant d'honnêtes gens après la représentation des /)e«x Gen(/res/ ils ne pardonnaient pas à Etienne, l'au- teur de cette comédie, d'avoir fait de Dervière, un des gendres, un philan- thrope, duquel on dit dans la pièce : « Il s'est fait bienfaisant pour être » quelque chose », et il faut dire que les sentiments de Dervière à l'égard (le sou beau-père Diqiré ne sont nullement philanthropiques. n Ces souvenirs fidèles d'un temps passé montrent donc qu'un fihilan- ihtopc comptait alors pour quelque chose. Or Cadet de Vaux eu était un, et, à sa louange, je me plais à dire qu'il l'était de cœur. Que si ou lui reproche d'avoir été bien avec tous' les pouvoirs qui ont toiu' à tour gou- verné la France, si l'on peut trouver un peu trop de zèle dans une lettre où il exprimait toute son indignation sur l'attentat de nivôse à la vie du pre- nùer cousid rue Saint-Nicaise, hâtons-nous de faire remarquer que le philanthrope ne demanda jamais rien pour lui, et que, s'il s'approchait du pouvoir, l'intérêt seid de l'œuvre philanthropique, qui était sa vie même, le guidait. Honneur donc à des intentions dont le but unique était l'intérêt ptdilic! » Cet hommage mérité rendu à la mémoire de Cadet de Vaux me doiuie ( 865 ) pleine liberté de le juger maintenant dans sa conduite à l'égard de l'aiileiu' des Recherches des moyens iV améliorer la subsistance du soldat. » Cadet de Vaux reconnaît avoir su que Proust a travaillé sur les os; mais il s'est dispensé de lire ses recherches craignant, allègue-t-il, que les idées d' autrui enchaînent, paralysent sa pensée; il traite des os et de leur gélatine comme si personne avant lui n'en avait parlé, sauf Papin, inven- teur d'une machine, d'un appareil qu'il a qualifié, en 1818, de volcan hydraidi(jue, et qu'il a toujours considéré comme impropre à l'extraction économique de la gélatine des os. Et si, ai)rès avoir réalisé ses idées, il a pris connaissance des Recherches des moyens d'améliorer la subsistance du soldat, c'est pour dire que si leur auteur a donné au public des pastilles. Cadet lui a donné le vrai bouillon d'os, allégation sur laquelle je reviendrai bientôt. » La brochure publiée par Cadet, en i8o'3, est écrite facilement et avec bonhouiie; loin de se glorifier de la découverte d'un moyeu de reudie les os utiles à l'alimentation publique, absolument désintéressé dans la ques- tion de l'invention, il aime à en rapporter l'iionneur à qui de droit, c est- à-dire au CHIEN. » En effet, cpie fait l'animal pour se nourrir de l'os? I» Il le brise avec ses dents, l'humecte et le divise. » Quel mérite revient à Cadet dans l'invention du bouillon d'os? » Il n'est pas autre que d'avoir observé ce fait et de s'être dit ensuite : brisons, humectons et divisons les os. » Cependant, avant d'aller plus loin, Cadet s'est demandé : les os sont-ils nutritifs? H Et en cela, fulèle à la méthode A posteriori expérimentale, il a fait une expérience, et l'a faite comparative, et l'expérience a été affirmative; car, ayant fait préparer de la soupe pour ses chiens de basse-cour, il a renversé à côté une corbeille d'os, et les chiens de Cadet ont préféré les os à la soupe, et Cadet a conclu, en i8o3, que les os nourrissent les chiens! » Fort de cette expérience. Cadet s'est dit : Les os sont nutritifs. Il revient à Paris avec la conviction que le succès de l'extraction de la gélatine tenait à la division des os, et qu'il ne s'agissait que de substituera la dent de tanimal le PILON. » Voilà en quels termes Cadet raconte la découverte du bouillon d'os! et après avoir reconnu le mérite du chien qui brise, humecte et divise les os, il dit qu'il a tranché le nœud gordien, et que l'idée de la pulvérisation des os est et lie de l'œuf de Christophe Colomb!! 116. ( 866 ) » De Chaiigeux et de Proust, pas un mot. » Dans cet état de choses, Proust a-t-il tort de dire à Cadet : « Ne vous attribuez pas le mérite de la piilvérisalioii des os. Si, pour » l'opérer, il a fallu l'esprit de Christophe Colomb, comme vous l'avancez, » c'est à Cliatigeux qu'en revient le mérite, ainsi que je l'ai reconnu dans » mon opuscule de 1791 ? » » Si Cadet de Vaux ne lut l'écrit de Proust qu'après avoir réalisé sa fléroui'erte, il ne fut ni juste ni habile en prétendant faire croire an public que Proust n'avait fait que des PASTILLES, tandis quil avait fait le VRAI BOUILLON d'os. » Proust, dans son travail, avait satisfait à la science et à l'économie : » A la science, en ramenant, comme nous l'avons vu, toutes les gelées à un degré constant de siccité, seul moyen d'atteindre le but d'expériences comparatives ; » A Vcconoiiiie, en donnant des pastilles au soldai, au marin, aux voya- geurs explorant des contrées non habitées ou sauvages, et enfin en donnant un bouillon immédiatement aux cuisines, aux hôpitaux et aux hospices. » Les conclusions de Proust sont trop instructives pour l'histoire, à l'égard des amis de la vérité et des jugements de l'histoire, pour que je n'en reproduise pas les principales. Je cite textuellement. " M. Cadet n'est en date que le (jiiatrième on le cinquième qui ait conçu l'idcc • § VIL » Je mentionne pour Mémoiie un travail de D'Arcet le père, qui fut in- séré dans la Décade philosophique, en 1794- § VIII. » Cadet de Vaux ne répondit pas à Proust; mais en 1818 parut nue brochure de 1 12 pages intitulée : De la gélatine des os el de son bouillon, dé- diée à son A. Pi. Monseigneur le Duc de Berri. » Le nom de Proust, pas plus que celui de Cliangeux n'y sont cités; et Cadet, sans oublier sa reconnaissance poiw le chien, se considère plus que jamais comme rinvcnteur du bouillon d'os, et il dit : « C'est en France que le bouillon d'os a pris naissance, il a du éprouver le sort de toutes les découvertes qui y naissent. Que n-ai-je publié innn Traité de la gélatine comme une tra- duction de l'anglais! » La gélatine est l'aliment par excellence; oui, dit-il. La gélatine des os cH aux suhstaiicis alimentaires animales, ce qu'est l'or aux autres métaux (i). » Le bouillon de viande n'est point même, à rigoureusement parlei-, le bouillon dr ta santé, s'il n'est associé à d'autres éléments; il n'est pas, à coup sûr. le bouillon de la mala- die, puisque souvent il Yaggrave; comment, d';iprès cela, pourrait-il être celui de la cnnra- Icscencc? Dès lors nous avons été autorisés [sic) à avancer qu'il ne soutenait pas la comparaison arec celui d'os, qui convient indistinctement à la santé, h V enfance, h la vieillesse, au.r con- stitutions faibles, enfin au.r estomacs délicats, comme étant la célatike pure, et que la di- gestion assimile sans effort à l'économie animale qui est toute gélatine. Il n'y a (pi'une vieille seviense d'enfant qui puisse ne pas partager cette opinion; ainsi que la nourrice à laquelle on paye par mois tant de pots-au-feii qu'elle met ou ne met ])as (3]. « M Enfin citons textuellement l'observalion que voici : « Les disettes se distinguent en réelles et factices; or, en tout temps et en tout lieu, il y a disette réelle de viande pour les classes populeuses, et auxquelles jyjus apportons ce se- cours nouveau; mais si le quintal des os représente par ta quantité de gélatine qu'il contient celle que donnent six cents livres de viande, et que moitié des os de la viande consommie dans une ville suffise à nourrir ces classes, la disette de la viande n'est plus réelle, elle n'est que factice; puisque la viande, quand elle est épuisée de son suc, n'est plus rien que du lest; car c'est cette gélatine dissoute dans un bouillon de viande ou d'os qui seule constitue l 'ali- ment; et la substance osseuse, avons-nous dit, donne six fois plus de gélatine que la viande (3). « » Les citations que je viens de faire, toutes textuelles, poturaient être (1) Page 20. (2) Pages 49 et 5o. (3) Pages 92 et 93. ( 868 ) considérées comme des projjositions scientifiques, tant la manière donl Ca- det les a formulées est absolue! En laissant décote la question de savoir si la gélatine jouit de la propriété nutritive, sur laquelle je reviendrai (dans la deuxième partie), les propositions relatives à l'excellence du bouillon d'os et à la préférence qu'on doit lui accorder relativement au bouillon de viande sont le contraire de mon opinion. Il en est de même de la supériorité du premier sur le second expliquée par son homogénéité^ c'est-à-dire sur ce que la gélatine possède les propriétés que j'attribue à une espèce chimique, et qui, par la même raison, s'assimile sans effort à Yéconomic animale qui est toute GÉLATINE. Il en est encore de même de cette proposition : les viandes ne soiil nutritives que par leur gélatine, Le reste [c est-à-dire la partie fibreuse et l'nlbu- niiiie cuite) ne font rien à V alimentation, elles ne sont que du lest. Si vous ajoutez à cela que Cadet proscrit le bouilli et recommande le rùli, et qu'il est démontré aujourd'hui, pour tous les chimistes, que le tissu qui donne la gelée n'est pas à l'état de gélatine dans le rôti, on aura une idée juste de la science de Cadet de Vaux en chimie organique. )> Voilà ce que j'avais à dire de la brochure de Cadet de 1818, relative- ment à la partie scientifique. » Justifions maintenant la manière dont j'ai parlé de l'influence fâcheuse que peut avoir une réunion de personnes dont la plupart sont étrangrres à la connaissance d' éléments scientificpies constituant essentiellement certains sujets dont elles s'occupent comme ensemble, comme association, comme société, où sont même en majorité les hommes les plus recoinmandables, les plus sincèrement dévoués au bonheur de l'humanité, parce qu'Us veulent em- ployer tous les moyens dont ils disposent en fa\eur de leurs senddables; ces hommes, véritables philanthropes, ont toutes mes sympathies : mais quels sont les inconvénients cependant qu'une telle association peur avoir? les voici. » Ils viendront d'hommes se disant philanthropes et dont les uns le sont en réalité, tandis que les autres affectant de l'être n'obéissent qu'à leur seul intérêt. Eh bien, si ces deux grouiies de personnes sont considérés par la société comme des membres actifs auxquels elle accorde l'autorité d'effectuer cestains actes ressortissant de la science, il y aura inconvénient, danger même. » Afin de faire comprendre ma pensée et de prévenir loiïte équivoque, je distinguerai trois groupes de personnes, en citant des noms. « A la tête du premier, je place un duc de La Rochefoucauld-Liancourt et je m'incline devant sa mémoire. Je lui associe un nom plus modeste sans doute, mais qui n'en fut pas moins porté par un homme de bien, M. De- ( 869) leiize, dont la nièce a épousé un de mes honorables confrères de la Société d'Agriculture, M. Auiédée Durand. » Je mets M. Cadet de Vaux dans le second groupe, comme homme dé- sintéressé, mais incapable de diriger, au point de vue de la science, une as- sociation philanthropique occupée de ralimentation publique. )i Ne pouvant citer aucun personnage réel pour le troisième groupe, comprenant Vambitieux, Vintriganl, le citarlalan, Vinlëressé, je reviens à la comédie des Deux Gendres, et je nomme Dervière, riche capitaliste. Il s'est fait bienfaisant pour être quelque chose, avons-nous dit avec le poète ([). (i) Le tlialogiie suivant entre le beau-père Dupré et son fidèle domestique Comtois, meilleur juge de Dervière que son beau-père, qui cependant a tant à s'en plaindre, fait coti- iiaîlre parfaitement un des philanthrojies de notre troisième groupe. DUPRÉ. Tu méconnais, Comtois, ses bonnes qualités : Lui, c'est un philanthrope; il est des comités De secours, d'indigence; il régit les hospices, La maison des vieillards, le bureau des nourrices : Pour les i)auvres toujours il compose, il écrit. COMTOIS. DUPEE. Dans les journaux encore on le vaille aujourd'hui. COMTOIS. Les articles tout faits sont envoyés par lui. Il a poussé si loin l'ardeur philanthropique Qu'il nourrit tous ses gens de soupe économique. DUPRÉ. COMTOIS. Pour les temps de disette Il vient d'imaginer un projet de diette. Le régime est léger : pourtant, si je le crois, Fn jeûnant de la sorte on peut vivre six mois. DUPRÉ. L'idée est singulière et l'invention neuve. COMTOIS. Kh bien, c'est moi (|a'il prend (loiir en faire l'épi'eiive DUPRÉ. Se peut- il ? COMTOIS. Oui, monsieur, le charitable humain Pour être bienfaisant me fait mourir de faim. Ah! la philanthropie est souvent bien barbare! ( 870 ) » Un philanthrope à la fin cln xvm" siècle et au commencement de celui-ci était quelque chose, ai-je dit; la preuve en est dans la brochure de Cadet de Vaux de 1818. » Il s'est dit l'inventeur du bouillon d'os. Personne ne l'a contredit. (3n l'a cru sur parole. Et c'est bien comme pliilaiilhrope qu'il a entretenu Sn Sainlelé, et qu'il a su d'Elle « qu'à Rome le Pape avait onze de ces éla- ') blissements (de bouillon d'os); c'est de la bouche du Saint-Père que j'ai » recueilli ces détails, et de sa main que j'ai été BÉNI à litre iCanù de l'Iiu- » manilé (1). » j> Les pages de 35 à [\t\ sont consacrées à un Rapport sur i inslititlion du bouillon d'os, par te maire du premier arrondissement, présenté au Roi (Louis XVIII) par délibération du bureau de charité. (Extrait du Moniteur.) » Lorsqu'on présenta ce Rapport au roi Louis XVIII, Cadet de Vaux était présent, et le Rapport dit : o ... Et M. Cadet de Vaux a obtenu la ])lus douce rccom]iense que puisse désirer un uiiti de l'humanité dans les témoignages de bienveillance dont le Roi, S. A. R. Madaiiic, et les Princes ont daigné rhonorer. Sa Majesté, en recevant le Rai)i)ort, a dit à M. Cadet de Vaux avec cette bonté qui ajoute tant de prix aux paroles du Roi : Je jouis du succès de cette institution, et c'est à vnis, monsieur, que l'humanité en sera redevable. Ainsi le temps est revenu où les sciences utiles et les vues de bien public rendent facile l'accès du trône (2). >< » Ai-je e!i tort de dire qu'iui philanthrope était quelque chose? En voilà luie preuve. Cadet de Vaux n'a pas fait luie expérience qui n'eiit été faite auparavant par Cliangeux et Proust; il est béni par le Pape; Louis XVIII le remercie comme un bienfaiteur de l' humanité ; et le nom du véritable inventeur du bouillon d'os, Proust, Membre de l'Académie des Sciences de l'Institut de France, n'est pas prononcé! et dans un Rapport officiel inséré au Moniteur on dit : Ainsi le temps est revenu oii les sciences utiles et les vues de bien public rendent facile l'accès du trône! » Certes si Cadet de Vaux a eu un mérite, c'est de n'avoir pas tiré parti de la position où la philanthropie l'avait élevé pour fonder une dynastie bourgeoise. » Il ne me reste |)lus jjour terminer la première partie de ce résumé his- torique qu'à parler des travaux de D'Arcet. » Je ne prétends pas assurer qu'il partageât les opinions énoncées avec une conviction aussi parfaite que naïve par Cadet de Vaux; qu'il criait avec lui à la nécessité pour la santé publique de proscrire à loujoiu's l'usage du (i) Page 24 de la brochure. (?.) Pages 42 et 43 de la brochure. ( «7' ) bouillon de viande atin d'assureur l'usage du bouillon tros, et qu'il consi- dérât la oéiaiiue de la viande comme le seul pi'incipe nutritil qu'elle con- tînt, la fibrine et l'albumine ne donnant que du lest an tube intestinal; mais il est certain que les faits suivants montrent qu'un accord parfait exis- tait entre D'Arcet et Cadet de Vaux. » D'abord, Cadet de Vaux dit : « Ji'iibandonnant aux sentiments d'estime et d'attachement que m'inspire la personne de M. D'Arcet, mais surtout à celui de ma propre conviction, j'ai dû faire les honneurs de cette gélatine, préalablement extraite de la substance osseuse (par l'acide chiorhydrique); aussi me suis-je réuni à ce savant, du moment où ii m'eut mis dans sa confidence, pour provoquer la concurrence de cette yclatine avec le bouillon d'os, et je me suis associé à ses expériences avec le désir de leur succès (i). » » Passons ensuite à D'Arcet. Dans un Mémoire inséré au Recueil dont M. lie Moléon était l'éditeur (2), Cadet est uniquement cité pour des obser- vations et des expériences qui apparlienneiit évidemment à l'ronst; et ce- peiulant D'Arcet cite le nom de L'auleuv des Recherches sur les moyens d'amé- liorer la subsistance du soldat. Par exemple, lorsque Proust, insistant sur la quisnîité de gélatine enlevée par le pot-au-feu aux os cassés en gros mor- ceaux et celle que ces mêmes os réduits en poudre cèdent à l'eau bouil- lante, évidemuient la fraction de 3^ a été prise à Proust. Mais, ce qu'on n'a pas dit, ce résultat ne concerne que l'os de la jambe privé de ses extrémi- tés, et diffère du résultat oblenu d'os différents soumis à la même épreuve. » D'Arcet se contente tie doiuier la quantité moyeiine de gélatine, de graisse et de matière inorganique des os : Gélatine 00 Graisse 10 Matiéri; inorganique (jo lésullat bieii différent des résultats précis de divers os obtenus par Proust. » Le fait principal des travaux de D'Arcet sur la gélatine est de l'avoir, séparée des os au nioyen de la vapeur d'eau produite sous une pression un peu pluslorte que celle de l'atmosphère, jjarce (ju'à une température plus élevée elle est disposée à se réduire en asniiioiii.ique, tlit-il. >) D'Arcet reconnaît que l'idée de son appaieil est analogue à celle d'un 1) Brochure de Cadet de i8i8, page 89. C. K., i>-o, j" Scmtiiic. (T. LXXl, K" 'j'ii.) ' ' ' (2) Page 5 ( «72 ) iip|),ireil employé en pharmacie et mentionné rlaiis l'édition de la Plmnnn- cie de Baume de 1790. » Indubitablement, l'extraction de la gélatine opérée à la vapeur avec mi seul foyer agissant sur des os non pulvérisés est plus économique que l'ancien procédé. » Enfin D'Arcet, a conseillé de préparer la gélatine pour l'office, et la colle forte pour les arts, en cuisant le parenchyme des os préalablement passés à l'acide chlorhydrique. Certes, je suis loin d'élever la moindre discussion à ce sujet; mais n'eùt-il pas été convenable de rappeler que la séj)aration de la matière terreuse des os par les acides a|)partient à Héris- Hant? Seidement, H employait l'acide azotique étendu de quatre parties d'eau, tandis que D'Arcet, avec raison, a substitué à cet acide le chlorliy- drique. » Voilà, je crois, un résumé fidèle des (rav.iux dont la gélatine a été l'objet. Ces faits sont coordonnés selon l'ordre chronologique, et j'espère qu'on ne me reprochera pas d'avoir fait pencher la balance du côté où j'ai vu la justice. » Il me restera à dire dans la seconde partie les faits relatifs aux tra- vaux des deux Commissions de gélatine, et c'est dans cette partie que je répondrai d'une manière catégorique à M. Fremy. » ASTRONOMIE. — Sur l'arl de pointer et ses lundilious i>ltysiul(). the Missouri^ etc., etc., cliap. XXi.) La pinte an- glaise n'est, comme on le sait, que la moitié à peu près de l'ancienne pinte de Paris. » Pendant que je tenais en main le livre d'où je tirais cette citation j'eus l'idée qu'il me fournirait aussi, peut-être, quelque renseignement sur une autre branche de l'uïdustrie indigène relative non plus à l'alunentation mais à l'habillement, je veux due sur le système de corroyage que M. Simonin a vu pratiquer par les Indiens des prairies qui, sans employer en apparence autre chose que la cervelle de l'animal, parviennent à donner à la peau du bison la souplesse et le moelleux d'une étoffe de laine. Dans ce dessein je parcourus successivement tous les sommaires placés en tète des chapitres, et trouvai enhn, sinon ce quejt; cherchais, du moins un procédé de prépa- ration du cuir des grands ruminants pratiqué dans un autre canton, et esseniiellemeul différent du premier. Je reviendrai bientôt sur ce procédé par lequel on se propose de rendre le cuir plus dur qu'il ne le devien- drait sî on le laissait se dessécher naturellemeut, mais je dois auparavant ajouter quelque chose à ce qui a été déjà dit des façons que l'on donne aux cuirs destuiés à rester souples. J'emprtniterai ces détails à l'ouvrage de M. Catlln: « Lettres et Notes sur les mœurs et coutumes des Indiens de l'Amé- rique dn Nord » ; sa lettre Vil, datée du coudiient du Missouri et delà rivière de la Pierre jaune [Yellow Slone Rio.), a surtout rapport aux usages des Corbeaux et des Pieds-Noirs qui savent, il est vrai, préparer ces belles peaux garnies de leur toison -dont parle M. Simonin, mais n'en font guère nn objet d'exportation, celles que fournit le commerce aux villes des États-Unis, où elles sont connues sous le noui de Buffalo-robes, venant surtout des pays situés moins loin vers l'ouest. Chez ces Indiens, comme chez nos tan- neurs, la première opération à laquelle on soumet la plupart des peaux a pour résultat d'en faire tomber le poil. Toute la différence dans les procédés consiste en ce qu'au lieu du baiu de chaux, c'est un bain de forte lessive de cendres dans lequel les peaux sont maintenues quelques jours immergées. Le poil enlevé, on tend la peau soit sur un châssis, soit sur le soi, au moyen de piquets passant dans des trous pratiqués sur ses bords et enfoncés en terre de manière à la tenir bien également étirée; elle reste ainsi iiendant plusieurs jours pendant lesijuels on (a tamponne avec la cervelle^ puis on procède au raclage qui se pratique avec uu os large aiguisé sur les bords, le plus souvent un omoplate, ou avec un outil en silex ayant à ( «7« ) peu près la forme d'iiiie hermiiiette , iiistniniciit sur lequel l'ouvrière agenouillée pèse de tout le poids de son corps. Cela fait, ou détache la peau, et peudaut cpi'elle sèche ou coutiuue à la travailler à force de bras il la manière de nos corro^eurs jusqu'à ce qu'elle soit aussi moelleuse (urelle peut le devenir. Ce travail est du déparfenienl des fetnmesqui, dans ce cas comme dans presque tous les a.'itres, sont chargées des ouvrages les plus rudes. « La plupart de ces peaux, ajoute M. Calliu, sont cependant soumises » ensuite à une autre opération tpii eu augmente la valeur et les rend » d'un bien meilleur usage. Cette opération consiste à Its enjliiner, ce qui » se pratique de la manière suivante. On creuse en terre un trou au » fond duquel on dresse un feu alimenté par du bois mort, qui, en brû- » lant, donne très-peu de flamme et beaucoup de fumée. Au-dessus de ce » foyer on bàtil, avec qiielques menues perches, une cage conique qu'on » recouvre d'un capuchon eu cnii' cousu sur les bords ponr mieux s'op- » poser à l'échappement de la fumée. C'est sous cette cloche que l'on place » les peaux auxquelles ou veut donner la dernière façon, et elles restent » ainsi au moins un jour exposées à cette fumée chaude qu'on a bien soin » d'entretenir. Elles ont, en sortant de l'éluve, tuie propriété précieuse )) qu'elles n'avaient point en y entrant; elles peuvent être mouillées impu- » nément autant de ibis qu'on le voudra, "reprenant toujours eu séchant » leur première souj)lesse. » » Dans un passage précédent, M. Catlin, ])arl;uit de^i armes de ces mêmes Indiens, disait (lettre V) : « Leur bouclier est fait en peau de cou est alors étendue au-dessus de la fosse brûlante et tirée en sens opposé » par autant de mains qui peuvent eu saisir les bords; bientôt le poil qui » est tourné en dessus se détache aisément et est enlevé par poignées. Le » cuir, cependant, se contracte progressivement, et c'est seulement lors- » qu'il est réduit aux dimensions que doit avoir le bouclier que s'arrête » la première partie de l'opération; la seconde consiste à l'étendre sur un » cuir bien lisse, préparé à la manière du vélin, contre lequel on l'applique » fortement en le piétinant avec les pieds nus. Cette dernière partie de la » fabrication, à laquelle prennent part successivement tous les conviés, » dure quelquefois plusieurs jours ; après quoi le bouclier est remis so- 1) lenuellement à son propriétaire et déclaré paifait. » » 11 me semble que celte description est complétée par l'indication de M. Clatlin et fait comprendre l'usage de la colle forte dont Lewis et Clarke n'ont point parlé. Elle est nécessaire pour faire comprendre l'adhésion des deux cuirs, qui n'a pas pour effet d'augmenter seulen)ent l'épaisseur de la rondache : la peau exposée au feu, en devenant à la fois plus épaisse et plus dure, a perdu nécessairement quelque peu de son élasticité; la peau parcheminée lui rend ce qui pouvait lui manquer à cet égard, et elle de- vient dès lors plus propre à résister à un" choc qui, sans cela, tendrait à rompre l'arme. (i) Le bouclier est pour tnus ces Indiens d'une telle importance, qu'on n'a point lieu de s'étonner qu'on ait cru devoir en entourer la fabrication de (|uel(jues prati(]ues religieuses ou au moins d'un certain mystère. M. Hunt, (|iii, vers l'année i8i i, fut aussi envoyé, par terre, des bords de l'Atlantique vers l'autre Océan, mais qui traversa les montagnes Rocheuses en un autre point que Lewis et Clarke, eut l'occasion d'assister à une réception solennelle qu'on faisait dans un village d'Aricaras à une troupe de guerriers qui revenaient vainqueurs. Ceux-ci se présentaient dans leur plus bel appareil de guerre et armés d'ailleurs assez diver- sement : '< (juelipies-uns, dit le narrateur, avaient un fusil, d'autres l'aie et la flécbe, plusieurs le casse-téte ; tous avaient nu boiicticr rie < lar de liison, pièce d'un usage général parmi les Indiens des prairies qui, dans ces vastes plaines, ne peuvent profiter du couvert des forêts, pas inênie de l'abri que peuvent présenter des arbres isolés. » (Irviko: Astorin. Paris, i836; in-8°, p. i54.) C. U., iS-o, 3« Semestre. ( \. L.XXI, N" 2iî.) ' ' ^ [ 8So ; » L'expédition si pénible dirigée par MM. Lewis er Clarke eut, personne aiijo'.ird'luii ne l'ignore, le succès que s'en promettait le Gouvernement qui l'avait ordonnée, et a en jjour résultat final l'établissement de ce cbe- uiiii de fer, qui permet de francbir dans un temps comparativement très- court et presque sans fatigue l'immense espace compris entre les deux mers. La relation de ce premier voyage cependant reste pour l'ethnologiste, ainsi (pi'ou en peut juger par les emprunts que nous venons d'y faire, un répeitoire dans lequel il tiouvera, sin- les babiludes et l'industrie des indi- gènes, des indications d'autant plus précieuses que bientôt ces peiqdes au- ront disparu de la surface du globe. Parmi les renseignements qu'on en peut tirer, qu'il nous soit permis de faire remarquer que quelques-uns prennent des circonstances dans lesquelles nous nous trouvons aujour- d'hui un intérêt particulier. J'ai, en commençant cette Note, indiqué une des ressources alimentaires auxquelles ont recours les peaux- roiujes que le besoin a rendus industrieux; en la terminant, je dirai deux mots des épreuves cpi'ont rencontrées les hommes de race blanche une fois engagés dans ces pays sauvages, et de la manière dont ils ont su les surmonter. On savait bien au- départ qu'il ne fallait pas songer à emporter îles vivres poiu- tout le voyage, et l'on comptait sur les produits de la chasse; maison eut à traverser de vastes étendues de pays dans une saison où la chasse n'y donnait rien. Le bisou manquant, on eut recoiu's à la viande de cheval, qui fui acceptée sans difficulté; puis, celle-ci venant à manquer, il fallut eu venir à la chair de chien, heureux encon; quand on put s'en procurei-. (le. ne fut pas d'ailleurs sans avoir à vaincre bien des répugnances. » Ce- )> pendant, remarque le narratem-, des expériences répétées nous four- « nireul la preuve que nos hommes, exléiniés par les fatigues et le manque « de vivres, ne reprenaient jamais plus tôt leurs forces et leur embonpoint » que lorsqu'ils avaient été quelque temps à ce régime. » Ce fait demeura si bien établi que, moins de ciiit] ans après, dans une nouvelle expédition due cette fois à l'initiative d'un simple particulier, dans celle que M. Astor cjivoyail par lerre vers l'élablissomeul commercial qu'd voulait fonder- sur le Pacifique, à l'endjouchure de la rivière Columbia, dès que le besoin de provisions Iraiches commença à se faire sentir, les chevaux étant rares et chers dans le premier village indien ou l'on s'arrêta, ou n'hésita pas à y faire empiète d'un grand nombre de chiens destinés à être mangés (r). » (i) Irvinc. : Asinna. Paris, i836, in-8", p. 122, Des chiens d'une race particulière étaient, chez ces Indiens ( di-s Aricaras) el chez beaucoup d'autres, élevés et engraissés comme ani- UMUX (le lii)iii-|i('|-ic. Mi iVOMINATIOXS. L'Acafléinie procède, pai' Ja voie du scrutin, à la nomination d'une Com- mission qui sera chargée de juger le concours pour le grand prix des Sciences physiques (question des phénomènes génésiques qui précèdent le développement des animaux). MM. Milne Edwards, de Quatrefages, Blanchard, Cosle, Dumas réunis- sent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix, sont MM. Robin, Brongniart. L'Académie décide que la Commission précédente sera chargée égale- ment déjuger le concours pour le prix Bordiu (question relative à l'ana- tomie comparée des Annélides). 1/Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Commission qui sera chargée déjuger le concours pour le prix Poncelcl. MM. Liouville, Delannay, Morin, Chasies, Combes réunisseni la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix, sont MM. Bertrand, Serret, Bonnet. MEMOIRES PRESEIMTES. AKROSTATIOÎS. — Du moyen de pinduire à vnloitli', à honi i/o at'roshils, un txcédriDl de force nsrensininielle j oiir (ijiérer des montées cl des ilcsii nies pnrlielles ; pur M. Bouvet. (Renvoi à la Commission précédenunenf nouuuée.) a Dans la Communication que j'ai eu l'honneur d'adresser à l'Académie des Sciences, dans sa dernière séance, siu- la combinaison du ballon h gaz et de la Rlontgolfiére, j'ai montré que si c repré.sente le volume île gaz perdu, P le poids de l'air, [> le poids du g.iz, la quantité de force ascen- sionnelle perdue est représentée par et j ai montré aussi que, pour compenser celle perte, il laul pniduiie la Il 8. I 88'i ) dilatation du volume restaiil d'une quantité i»' <> =: enfin, par le calcul, j'ai prouvé que la combustion d'une quantité de {^az représentant une perte ilo i grainnie de force ascensionnelle, représente un accroissement de 122 grammes de celte même force. Un calcid ana- logue montrerait que la combustion de i gramme de gaz d'éclairage pro- duit 170 grammes de force ascensionnelle. » Voici maintenant la description des deux dispositifs destinés à réaliser les avantages qu'indiquent les chiffres ci-dessus. » Dispositif n° 1 [fuj. i). — A est un ballon sphérique ordinaire; B est un ballon intérieur, de forme cylindroconique, ouvert seulement à sa base. A Ballon spbérlquu, B Monlgolfière. N Nacelle oti se trouve le foyer. SS Suspentes pour maintenii- verticale la nioDlcolfière. Au départ, ce ballon B est complètement vide, ses parois se touchent, mais au fur et à mesure il se perd du gaz, et, par suite, de la force ascension- nelle; alors on introduit de l'air qu'on échauffe à l'aide d'un foyer à gaz en tout semblable à celui qui est décrit pour le dispositif n" 2. Ce ballon B, dont la capacité est de i.^o mètres environ, remplit ici le doid)le office de poclie d'air et de iMonIgollière. En cond)inaiit les actions si différentes ( '^« • ) de ces deux organes réunis en im senl, on voit qu'on peut, soit obtenir nn certain échaiiffement du gaz du ballon, pour angmenler même la force pri- mitive, soit, à un moment donné, taire arriver de l'air froid poiu' refroidir le gaz et opérer une descente partielle ou trouver des courants favorables. Mais cette disposition présente le grave inconvénient d'échauffer les mé- langes détonants qui se forment par endosmose à l'intérieur de R, malgré la construction sjjéciale du foyer; il y a là xm danger qu'il convient d'évi- ter. Ces considérations, qui résultent des observations que M. Dumas a bien voidu me faire, m'ont conduit à adopter le dispositif u° 2. » Dispositif n° 2 [fig. 2, 3, 4). — Dans cette disposition, la poche d'air est séparée de l'appareil destiné à échauffer le gaz du ballon. A Ballon sphérique. B Becs de gaz (iu foyer. C ConJuit qui mène le gaz au foyer. E Enveloppe du foyer. O Grillage po\ir répartir le calorique dégagiï par le foyer. P Poche d'air gonll P' Poclie d'air pliée. R Appareil récliauffeur. SS Suspentes pour maintenir le récliauffeiir dans une position verticale. ah Ligne de coupe .^es fg. ?> el tf. » A est le ballon ordinaire, P la poche d'air qui, lorsqu'elle est vide, se replie en P'; gonflée, elle prend la forme d'un anneau, et par .sa position à la partie basse, elle augmente la stabilité de l'aérostat. R est l'appareil ré- chauffeur, à parois métalliques, qui descend jusqu'à la nacelle où se trouve le foyer que la /ig. 3 représente en plan et la //(/. 4 f» coupe verticale. M Au ch'parl , la pDclie 1' esr repliée en 1'', iiutis R est plein (r;iir; pour éviter sa déformation, on niainlient, à l'aide de la pompe, un léger excès de pression. Cet appareil R étant métallique, il ne s'y forme pas de mélanges détonants; !e foyer, formé par une couronne de becs de gaza courant d'air forcé, réglé chaque fois par une clef, est entouré d'une double enveloppe T et T' de toile métallique, qui met en garde contre toute chance d'incendie et d'explosion. Ce dispositif a cet avantage sur le précédent, qu'il permet, par le réchauffeur R, de produire l'augmentation de volume \>' pour compenser la perte de force ascensionnelle, et d'introduire dans la poche P la quantité d'air froid %< — c', de telle sorte que, tout en conservant la même force ascensionnelle, on maintient le ballon constamment plein. C'est là une conilition essentielle pour faire durer les enveloppes et aussi pour les aérostats qu'on essayera de diriger. J'ajoute que le réchauffeur R et ses accessoires pèsent i5 kilogrammes au luaximum. » Voici, en terminant, quelques considérations sur cet appareil réchauf- feur, qui, employé dans les ballons dirigeables, y fonctionnera comme le condenseur des machines à vapeur. » J'admets d'abord qu'on emploiera le moteur à air dilaté par la com- bustion du gaz, comme je l'ai précédemment proposé. Avec la vapeur d'é- chappement d'un moteur à vapeur, on obtiendrait le même résultat. » Un moteur de G chevaux, force nominale, consomme 5 mètres cubes de gaz par heure. Les gaz brûlés qui sortent du cylindre, après qu'ils ont produit leur effet mécanique utile, entraînent une quantité de calo- rique égale à 6976 X 5 = 34875 calories, dont il faut déduire les quan- tités »le chaleur perdues de différentes façons (eau vaporisée pour refroi- dir le cylindre, i''^, 5oo — 637 = 955'^^,5, et le double au moins de cette quantité de chaleur perdue par les autres organes), soit environ 3ooo ca- lories, il reste 31875 calories à utiliser, qu'on perd habituellement dans l'air si on les fait arriver en loul ou en partie dans le réchauffeur. Ils y rem- placeront le foyer; 31876 représentent la combustion de \'^ = 2''e,55 de gaz. Chaque kilograuune de gaz pouvant compenser 170 kilogrammes de force ascensionnelle, on voit que la quantité qu'il sera possible de com- penser, par heure, sera représentée par 170 x '2''°, 55 = 433''f^,5o, et cela sans rien coûter. » Ce chiffre est un chiffre théorique, mais ou p(>ul eu conclure qu'un b;dlon de 4ooo mètres cidjes, ayant \\u nioleu!' consommant 5 mètres cubes par heure, pourra faire fonctionner le réchaulféur sans rien dépenser, tandis ( 885 ) que, dans des conditions ordinaires, il fandrait consommer 2 et même 3 mètres cubes pour obtenir le même résultat. Je ne crois donc pas me tromper, en disant que ce réchaiiffeur fonctioiuiera comme le condenseur de Watt, et permettia de réaliser une économie de '5o à 4o poiu- 100 siu- la dépense du moteur. » MÉTÉOROLOGIE. — De la périodicité du temps, réglée d'après les indications Joiiriiies par les phases de la Lune ipii suit celle de l'éipiinoxe. Note de M. BÉZAKD i)E WouvEs. (Extrait.) (Commissaires, MM. Cli. Sainte-Claire Deville, Delaunay, Laugier.) « Conclusion. — Je crois pouvoir formuler les règles suivantes : » i" Division du temps en deux époques, qui prennent date aux équi- noxes, 21 mars et 21 septembre; » 2° Durée de chaque épocjue : six Lunes ou périodes lunaires; » 3" Dans chaque époque, trois Lunes d'augment et tiois Lunes de décroît ; » La Lune qui commence, après celle de l'équinoxe, règle par chacune de ses phases la |)ériodicité du temps pendant la durée de l'époque; » 6° Le temps qui se produit aux phases de cette Lune se reproduit aux mêmes phases des cinq Lunes suivantes, en augmentant ou décroissant, selon que l'on est dans la période d'augment ou dans la période de décroît. » M. H. GouiLLY adresse une Note relative à un procédé qui peut servir à déterminer la direction suivie par un aérostat et sa vitesse dans l'espace. (Commissaires : MM. Moriu, Delaunay, Dupuy de Lôme.) M. Berger appelle l'attention de l'Académie sur une circulaire ayant pour but la création d'un prix de 5oooo francs, pour celui qui trouverait et ferait appliquer, soit dans l'armée, soit dans la garde nationale ou dans un corps franc reconnu par le Ministre de la Guerre, un système dabri mobile satisfaisant aux conditions suivantes : i" résister à la balle du fusil Chassepot; 2" abritei' facilement quatre hommes; 3" être muni de deux meurtrières au moins; 4" se démonter eu quatre ou cinq parties, pouvant être portées par autant de soldats; 5" tenir lieu de lentes-abris et rempla- cer ainsi les tentes actuelleuicut en usage dans l'armée. (Renvoi à la Commission nommée pour les questions relatives a l'art mihtaire.) ( 886 ) M. Brachet soumet au jugement de l'Académie un projet de canon, porté SU!' iMi chariot blindé. (Renvoi à la même Commission.) CORRESPOiVDAlVCE. M. LE Secrétaire perpétuel donne lecture de la dépèche suivante, adressée à M. le Président de l'Académie par M. le Directeur général des lignes télégraphiques : '< Paris, k' i6 décembre 1870, i''25"' du soir. » D après une dépèche du 3, que je reçois de M. Steenackers, le ballon le Folla, monté par M. Janssen, est tombé prés de Saint-Nazaire, sans acci- dent. Je suis heureux de vous transmettre cette excellente nouvelle. » t'HYSIQUb: DU GLOlili — La Seine : Eludes sur le réijime de lu pluie, des sources, des eaux eouranles; ajiplicaliuus diverses ù iarl de Cliigéiiieur et de l'Agriculture; par M. Belgkaivd (1). M Le public s'est vi\ement préoccupé, pendant le siège de Paris, des crues de la Seine et de la Marne; il n'est donc pas hors de propos de faire connaître le régime de ces deux rivièi'es et des autres cours d'eau du bassin du fleuve parisien. Je m'occupe de ces recherches depuis i832, et de nom- breux iMémoires, publés dans les annales des Ponts et Chaussées, le Bulletin des Sociétés Géologique et Météorologique de Franco, établissent d'une manière certaine la [iriorité de mes travaux sur ceux des ingénieurs et autres savants cpii, longtemps après moi, se sont engagés dans la même voie. I/iui de ces Mémoires a été présenté, en 18471 ^ l'Académie des Sciences. )) (^es études sont résumées dans deux volumes, dont l'un a été imprimé aux frais de la ville et présenté à l'Institut par 31. Dumas, le 16 mai 1870(2). I» L'autre est le manuscrit que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, et je ne sais quand il pourra être imprimé; les circonstances où nous nous trouvons ne se prêtent guère à une publication scientifique. J'y joins un exemplaire de tous les Mémoires publiés par moi jusqu'à ce jour sur le même sujet. (i) L'Académie a décidé que celte Communiialion, bien que dépassant en étendue les li- mites réi^lementaires, serait inséré en entier dans le Com/j/r rendu. (■>) l.n Sri/tr : Lr bdsxiri jinrisifii nu f li'^i s iiiUélli^tonijin !■, ( 887) » Je ne reviendrai pss sur ce que j'ai dit de l'orographie du bassin de la Seine (i). Quoique ce bassin soit un pays de plaines, il change d'aspect, pour ainsi dire, à chaque étape du voyageur qui le parcourt, et cette variété si singulière, si rare dans les pays plats, il la doit à la variété non moins grande des formations géologiques qui l'occupenl ; on verra, par le résumé qui suit, que ces coulrasies, dus à la nature des terrains, ne sont pas moins remarquables en ce qui concerne la composition des eaux de source, le régime des eaux courantes et les divers produits que l'agriculture tire du sol. » De la pluie. — Les objets princii)aux de ces études étant les eaux cou- rantes, les sources et l'agriculture, j'ai dû faire connaître d'abord la loi de la répartition des eaux pluviales à la surface du bassin. » Il pleut beaucoup sur les bords dr l'Océan; cette première ligne de maxima, correspondant aux côtes de Normandie, est peu intéressante, puisqu'elle est sans action sur les crues du fleuve. L'uniformité d'altitude des plateaux depuis l'Océan jusqu'au pied de la chaîne de la Côte-d'Or détermine une décroissance sensible de la pluie; il y a une ligne de minima presque parallèle au rivage de la Manche qui s'écarte peu de la valléi> d'Oise. A la Champagne humide correspond une ligne de maxima qui suit le pied de la chaîne de la Côte-d'Or ; puis il y a une décroissance brusque vers la partie basse de cette chaîne; mais à mesure qu'on s'élève sur les pentes de la basse Bourgogne et du Morvan, la pluie augmente jusqu'à la ligue de faîte. » Voici les hauteurs moyennes annuelles de pluie constatées à la sur- face des divers bassins des grands affluents du fleuve : mm Bassin d'Yonne ■jSa ,8 » de la Seine proprenienl dite 684 > 3 » de la Marne 781 ,o « de l'Aisne 622 ,0 » de l'Oise 583 ,0 Moyenne générale • . 708,4 M Le maximum de hauteur de pluie correspond à deux stations du Morvan, le Haut FoUiu et les S^ttons (altitudes 902 et 5gG'",68). La moyenne annuelle pour ces deux stations est i^5o™"' Le minimum se trouve, à Venette^ prés Compiègne (altitude 4i mètres), moyenne 4^^ La moyenne des huit pluviomètres de Paris donne 556 ij Le biissin parisien aux âges antéhistoriques , p. 49 et suivantes. C. R., 1870, -i' Semestre. (T.LXXI, ^'"io.) ' '9 ( 888 ) » Ces moyennes sont nn peu faibles, parce qne, depuis 1857, nous subissons des sécheresses sans exemple depuis plus de deux cents ans; aussi notre moyenne pour Paris est de 556 niilliuiétres, tandis que celle qui résulte des observations de l'Observatoire de Paris depuis 1816 est de 575'»",59. » Je fais graver chaque année, depuis huit ans, les hauteurs de pluie constatées à des stations d'observations dont le nombre s'élève aujourd'hui à plus de cent. Au bas de la feuille correspondant à un bassin figure la courbe des variations de niveau du cours d'eau principal. On trouvera au dossier un exemplaire de chacune de ces feuilles. » Leur examen fait reconnaître immédiatement deux lois fort impor- tantes. Les pluies qui produisent les crues des affluents de la Seine sont toujours des pluies générales dues à une action almosjjliérique qui se fait sentir, à deux ou trois jours d'intervalle, non-seulement sur toutes les par- ties du bassin de la Seine, mais encore sur les bassins de la Loire, de la Saône et de la Meuse; ainsi, quoique nous soyons séparés aujourd'hui du reste du monde, de ce qu'il est tombé des pluies suffisantes pour produire une crue à Paris, nous sommes en droit de conclure que le même phéno- mène s'est produit sur les bassins voisins et que la Loire, la Saône et la Meuse sont également en crue. M Les pluies tombées de juin à octobre ne profitent aux cours d'eau que dans les années excessivement humides. Les crues sont habituellement dues à des pluies tombées de novembre à mai (loi déjà indiquée jjar Dausse). » De la perméabilité du sol. — J'ai indiqué sur la carte générale du bas- sin de la Seine jointe au dossier les terrains perméables par des rayures, les terniins imperméables par des teintes plates. « Voici les caractères les plus frappants de ces deux sortes de terrains. Lorsque le sol est franchement perméable, le débouché mouillé des ponts con- struits sur le tliabveg des vallées où il n'existe pas de sources est toujours égal à zéro. J'ai constaté le fait sur des vallées qui ont jusqu'à 3oo kilomètres carrés de superficie. » Les vallées les plus profondes forment drain et attirent toutes les eaux l)luvi;des absorbées, le reste du sol reste sec et aride; les cours d'eau sont donc Irùs-rares. » Les eaux pluviales passant par les sources avant d'arriver aux thal- wegs, les crues de ces rares cours d'eau s'élèvent très-lentement et descen- dent de même, et sont par conséquent de Irès-lomjue durée, de quinze jours au moins. ( 889 ) » Les parties du bassin de la Seine où ces caractères essentiels des ter- rains perméables ont été constatés sont les terrains oolithiques de la Bour- gogne, la craie blanche de la Champagne et de la Normandie, les sables et calcaires tertiaires du Soissonnais, du Vexin, du Yalois, etc., le sable de Fontainebleau et le calcaire de Beauce, les alluvions des vallées. Ces terrains occupent une surface de Sgaio kilomètres carrés. » Lorsque le sol est imperméable, une grande partie des eaux pluviales ruisselle à la surface du sol et afflue très-rapidement aux thalwegs. Le dé- bouché mouillé des ponts est donc très-grand ; en divisant ce débouché par la surface des versants situés en amont, oti a le débouché kilométrique qui s'élève jusqu'à i"", 5o. » En temps de pluie, le thalweg de chaque pli de terrain devient un ruisseau : les cours d^eau sont donc extrêmement nombreux. Les eaux s'écou- lant à la surface du sol, arrivent aux thalwegs avec une grande rapidité; par conséquent, les crues des cours d'eau sont très-violentes, mais de très-courte durée, rarement de plus d'un ou deux jours. » Ces caractères essentiels des terrains imperméables ont été constatés dans les granités et terrains /jaléezoïques du Morvan, le lias de l'Auxois et de Langres, le terrain crétacé inférieur de la Champagne humide et du pays de Bray, les argiles du Gâtinais, les argiles à meulière de la Brie et de Satory, les argiles des sources de l'Eure. » Ces terrains occupent dans le bassin de la Seine une surface de ic)44o kilomètres carrés. » Les rares cours d'eau des terrains perméables étant alimentés uni- c]uement par des sources coulent toujours à pleins bords et sont bordés de prairies humides et même de marais tourbeux (i); les fonds de vallée des terrains imperméables balayés par des crues violentes sont an contraire remarquablement sains et bien drainés naturellement. )) J'appelle torrents les cours d'eau des terrains imperméables, et cours d'eau tranquilles ceux des terrains perméables. » Des sources. — Les limites de ce résumé ne me permettent pas d'entrer dans de grands détails sur l'étude très-complèle des sources du bassin de la Seine, que j'ai dû faire avant de commencer les travaux des dérivations de la Dhuis et de la Vanne. » Ces sources se divisent en trois classes. i) Voir le Bassin parisien aux âges antéhistoriquee, pages 127 et suivantes. 119.. ( V) » 1° Les sources des terrains imperméables qui sont sans importance et dont je ne parlerai point ici. » 2° Les sources des terrains perméables qui jaillissent toujours au fond des vallées les plus profondes, le long des rares cours d'eau de cette sorte de terrain. Ces sources sont souvent énormes : telles sont celles de la Vanne. » 3° Les sources qui jaillissent à la ligne de contact d'un terrain imper- méable et d'un terrain i)erméable qui le recouvre. Ces sources, ordinaire- ment très-nombreuses, jaillissent aussi bien à flanc de coteau qu'au fond des vallées. » Trois cents sources environ ont été essayées au moyen de l'hydroti- mètre, et se classent ainsi par ordre de pureté ; Titres hydroti métriques, o 0 1° Sources des granités du Morvan de 2,0 à 7,0 2° » du terrain crétacé inférieur de la Champagne de 7,0 à 12,0 3° >> du sable de Fontainebleau. Bord des vallées de la Beaiice, plateaux de la Brie de 6,0 à 22,0 , ( » de l'arkose des bords du Morvan de 1 1 ,0 à m, 5 ( » de la craie blanche. Champagne ... de 12,0 à 17,8 5° » de la craie marneuse. Champagne, Normandie de i4,5o à 22,0 fi" " du calcaire à Entroques. Bourgogne de 16,90 à 21 ,5 !" de la craie blanche recouverte de terrains tertiaires. Champagne. Vallée d'Eure de 17,0 à 27,5 • du calcaire de Beauce. Beauce de 17,0 à 25, o >> des calcaires oolithiques durs. Bourgogne de 17,5 à 26,0 8° » des marnes vertes, partie non gypsifère. Brie pouilleuse, de 19,6 à 3o,o 9° » de l'argile plastique. Bassin de la Marne à l'aval d'É- pernay de ao , o à 35 , o 10" » des calcaires oolithiques marneux. Bourgogne . de 21 ,5 à 34, o » des terrains tertiaires compris entre les marnes vertes et l'argile plastique. Brie, Valois, Vexin de 21 ,5 à 4*^>" 12" » du lias. Auxois de 27,5 à 120,0 .,„ j » des marnes vertes, partie gypsifère. Brie entre Meulan / et Château-Thierry. Banlieue de Paris de 23,o à i55,o » Les sources des u"" i, 2, 3, elc, 10 sont propres à tous les usages domes- tiques, et lie contiennent en dissolution, pour ainsi dire, que du carbonate de chaux. >• Poiu- les besoins d'inie grande ville comme Paris, on peut prendre, presque sans choisir, celles des sources w"' i , 2, 3, 4, 5 et G qui sont les plus 1 1 { 891 ) convenablement placées. Dans les n°^ 7, 8, 9 et 10, il faut choisir, beaucoup de sources étant trop chargées de calcaire, et ayant la propriété de faire des incrustations dans les conduites. 1) Les sources des n"' i i, 12 et i3 sont Irès-chargées de sulfate de chaux, et sont pour la plupart impropres aux usages domestiques. Malheureuse- ment, presque toutes les sources de la banlieue de Paris rentrent dans ces trois genres; la grande lentille de terrain gypsifère s'étend de Meulan à Château-Thierry, de sorte que, pour avoir des eaux de bonne qualité, on a dû s'éloigner beaucoup de Paris et se rapprocher de la limite de la Champagne et de la Brie. » J'ai constaté, par de nombreuses expériences, que les eaux sont incru- stantes lorsque leur titre hydrotimétrique, correspondant au carbonate de chaux, dépasse 20 degrés (i). » Des eaux courantes. — Par décision ministérielle du 3 février i854, j'ai été chargé du service hydrométrique du bassin de la Seine. Les varia- tions de niveau des cours d'eau de chaque terrain sont recueillies à un grand nombre de points du bassin et gravées tous les ans sur deux feuilles. J'ai joint au dossier un exemplaire de toutes ces publications. » Sur la première feuille, j'ai fait ressortir le contraste qui existe entre les crues violentes et de courte durée des cours d'eau des terrains imper- méables, et celles des cours d'eau des terrains perméables qui montent lentement et descendent de même, et sont par conséquent de très-longue durée. I-.e degré de limpidité des cours d'eau de chaque terrain est indiqué par des teintes. M Les variations de niveau des grands cours d'eau sont gravées sur la deuxième feuille, et l'on reconnaît imméclialement en l'examinant que les crues des affluents torrentiels passent les premières sous les ponts de Paris, qu'elles donnent toujoiirs le maximum de la crue du fleuve, mais que les crues des affluents tranquilles qui passent quelques jours après soutiennent celle du fleuve et augmentent sa durée. » Pour chaque terrain, les courbes des variations de niveau affectent des formes particulières très-nettes : ainsi les courbes des crues de la Seine, de l'Ource, de l'Aube, de l'Ornain, de la Saulx, qui coulent dans les terrains (i) Le titre liydrotimétrique des eaux de la Dhiiis, qui est de 23 degrés aux sources, est réduit à 20 degrés en arrivant ;ï Paris, après un parcours de i3o kilomètres. Les eaux de rivière perdent un peu plus. En i858, après une longue sécheresse, j'ai reconnu que les affluents de la Seine perdaient en route une parlic de leur carbonate de chaux, et que leui- titre hydrotimétrique aboutissait à f8 degrés. (89^ ) oolithiques, se ressemblent entre elles, mais sont très-différentes de celles de la Sommesoade qui coule dans la craie, ou du Cousin qui coule dans le granité. » Lois qui régissent les crues des cours d'eau. — J'ai cherché à formuler les lois qui régissent les crues des cours d'eau. Lorsque le bassin est en grande partie imperméable, comme celui de la Loire, les crues étant très- violentes, mais de Irès-courle durée, la crue du fleuve cesse de s'accroître à partir d'un certain point, parce que la crue de l'affluent est toujours passée lorsque celle du fleuve arrive au confluent. Il en résulte que la portée des plus grandes eaux connues est une constante à partir de ce point, et que les crues extraordinaires sont presque toujours dues à un phénomène météorologique unique, agissant sur une partie restreinte du bassin. Ainsi l'on admet assez généralement que la portée des plus grandes crues connues de la Loire, depuis le bec d'Allier jusqu'à la mer, est de loooo mètres cubes par seconde, et ces crues sont produites, tantôt par les affluents supérieurs, l'Allier et la Loire, tantôt par les affluents moyens, le Cher et la Vienne, tantôt par les affluents inférieurs, la Vienne et la Maine. Ces crues désastreuses sont donc assez fréquentes. » Lorsque les terrains perméables sont très-dominants, comme dans le bassin de la Seine, les crues sont de très-longue durée; il s'ensuit non- seulement que la portée de la crue du fleuve s'ajoute à celle de chaque affluent, mais encore que les portées de plusieurs crues, se succédant à quelques jours d'intervalle, s'ajoutent les unes aux autres. La crue du fleuve va donc en augmentant depuis les sources jusqu'à la mer, et il faut plusieurs crues des affluents, passant l'une après l'autre à de courts inter- valles, pour produire une crue extraordinaire. Ainsi la plus grande crue connue de la Seine, celle de i658, est due à deux crues des affluents; celle de 1740, à cinq crues; celle de 1802, la plus grande du siècle, à quinze crues successives. Ces phénomènes sont donc extrêmement rares. » Une première crue des affluents produit trois à quatre jours de crois- sance à Paris; puis le fleuve reste étal ou décroît lentement; une seconde crue, qui passe quelques jours après, fait encore croître le fleuve pendant trois à quatre jours, et ainsi de suite. Eîi comptant le nombre des jours de croissance des crues anciennement observées à Paris, on peut donc facile- ment se rendre compte du nombre des crues des affluents qui les ont produites. » Citons, comme exemple, la crue qui passe en ce moment à Paris. Le 24 octobre, la Seine marquait o™,2o à l'échelle du pont d'Austerlitz; une ( 893 ) première crue des affluents torrentiels la fait monter, le 5 novembre; à i™, 5o. Soutenue par les affluents tranquilles, elle décroît très-lentement; le i5, elle marqu*; encore i'", lo, lorsqu'une deuxième crue des affluents la porte, le i6, à i'",4o; elle se maintient à ce niveau jusqu'au 25. Une troi- sième crue des affluents l'élève, le 27, à i'",70, niveau qu'elle conserve les 28, 29 et 3o; puis elle décroît jusqu'au i3 décembre. Une quatrième crue des affluents l'élève, le 16, à 2 mètres, niveau qu'elle conserve jus- qu'au 18, et enfin une cinquième crue la fait monter, le 21, à 2'", 90. Ainsi cette crue, d'une très-médiocre hauteur, a été produite par cinq crues des affluents. » J'ai choisi un certain nombre d'affluents à versants imperméables sur lesquels on fait des observations, et j'ai reconnu empiriquement qu'en multipliant par 2 la montée moyenne d'une crue de ces torrents, on obte- nait avec une approximation suffisante la montée correspondante à Paris; j'annonce ainsi la hauteur approximative d'une crue deux ou trois jours à l'avance. » Le fleuve n'a éprouvé qu'une seule crue extraordinaire, celle de 1802, dans le cours du xix" siècle, qui est un siècle sec. En revanche, les basses eaux extrêmes y sont très-fréquentes. Au xviu'' siècle, la Seine n'est des- cendue que dans huit années et pendant quarante jours au-dessous du zéro de l'échelle du pont de la Tournelle qui correspond aux basses eaux de 1719- Le nombre d'années où le fait a été constaté de 1800 à i865 est de 23 et le nombre de jours de i25i; c'est surtout dans les dernières années, de 1857 à 1870, que la sécheresse a été remarquable. On ne trouve rien de semblable en remontant en arrière jusqu'au commencement du règne de Louis XllL » Débouché mouillé des ponts. — Mes observations permettent de calculer facilement le débouché mouillé des ponts des vallées de moins de 100 kilo- mètres carrés de superficie. Si le sol est très-perméable, comme celui des terrains oolithiques de la Bourgogne, de la craie blanche de Champagne, du sable de Fontainebleau et du calcaire de Beauce, etc., le débouché kilo- métrique mouillé est toujours égal à zéro, et s'il n'existe pas de sources dans la vallée, on peut la franchir avec une route, un canal, un chemin de fer, sans y construire de pont. » Si le sol est imperméable, comme celui du Morvan (granité), de l'Auxois (lias), de la Champagne humide (terrain crétacé inférieur), le dé- bouché kilométrique mouillé varie de o'°,5o à i'°,5o; quelque petite que soit la vallée, elle ne peut être traversée par aucune voie de communica- ( 894 ) tion sans un pont, et pour certains terrains comme le lias, une vallée de loo kilomètres carrés exigerait une arche presque aussi grande qu'une de celles du pont de la Concorde. » Il n'est pas possible de fixer de règle pour les grands bassins; mais, d'après ce qui précède, on voit qu'à vitesse égale de l'eau le débouché mouillé des ponts croît dans les terrains perméables, depuis les sources jusqu'à la mer, tandis que dans le^ terrains imperméables, à partir du point ou la portée des plus grandes eaux connues est constante, le débou- ché mouillé des ponts tend lui-même a être constant. » Questions diverses. — Les limites dans lesquelles je dois resserrer ce Mémoire ne me permettent pas de discuter différentes questions dont j'ai donné les solutions. Je renvoie donc au texte même des différents Mémoires ci-joinis pour tout ce qui concerne la construction des grands réservoirs et des digues, la défense des berges par les plantations, le règlement des usines, les eaux courantes considérées connue eaux potables, les variations de température de l'eau dans les réservoirs, les aqueducs et les conduites, et j'arrive à la partie de mon ouvrage qui intéresse l'agriculture. » AgricuUure. Parties du bassin fertilisées par la boue diluvienne. — J'ai dé- montré dans le premier volume de cet ouvrage que le l'elief actuel du bassin de la Seine était le résultat d'une immense érosion diluvienne (i). Les eaux courantes ont laissé derrière elles sur certaines parties, de grands plateaux tout unis, dépourvus de pente, comme ceux de l'Auxois, du Gâtinais, de la Brie, du Valois, de la Beauce, du Vexin, du Soissonnais, du pays de Caux, et alors elles ont abandonné à la surface du sol une épaisse couche de li- mon (2). D'autres parties du bassin sont disposées en pentes plus ou moins fortes, comme la basse Bourgogne, ou en plaines ondulées couvertes de basses collines, comme la Champagne, et alors, quoique le sol ait été re- couvert par les eaux limoneuses comme les parties plates du bassin, la boue diluvienne n'a pu s'y déposer. C'est un phénomène bien connu des ingénieurs; le limon en suspension dans les eaux courantes ne se dépose jamais sur les parties déclives du sol (3). » Les plateaux sur lesquels la boue diluvienne s'est déposée sont tous (i) Voir La Seine : le Bassin parisien aux dges antéhistoriques, p. 9 el suiv. {1) Ibidem, p. ^o et suiv. (3) Ibidem, p. 4<3. On trouve çù et là, en Cliainpagne et en Bourgogne, des lieux l'avu- rables où le limon diluvien a pu se déposer; en Bourgogne, on donne à ce limon les noms de petite aubue et d'herbue. ( 895 ) naturellement fertiles, souvent plus que les vallées. Les plaines et les pentes ontlulées qui ne sont pas recouverles de ce limon sont presque sté- riles. » Réparlhion des prairies. — La cultvire des prairies naturelles peut s'é- tendre sur les terrains imperméables, aussi bien sur les pentes et les plaleiux quaii fond des Dallées; c'est un des caractères les plus remarquables de ces terrains : elle y est donc très-développée. Elle est au contraire reléguée au fond des vallées des terrains perméables et seulement sur les points acces- sihlcs aux crues des cours d'eau, et par conséquent y est peu étendue. » Qualité des prairies. — La qualité des prairies est très-variable d'un pays à l'antre; elle est très-médiocre dans les terrains granitiques du Mor- vaii. Le sol argileux de l'Auxois, du Nivernais, de la Champagne humide, du pays de Bray, des bords des vallées de la Brie donne au contraire d'ex- cellents fourrages. La plupart des prairies des terrains perméables pèchent par excès d'humidité, souvent même elles forment de grands marais tour- beux (i). » Répartition du bétail. — L'espèce bovine se plaît surtout dans les pays à grands pâtiu-ages, c'est donc le bétail qui convient le mieux dans les ter- rains imperméables, c'est-à-dire dans le Morvan, l'Auxois, le Nivernais, la Champagne humide, le pays de Bray. » L'espèce ovine, au contraire, y contracte avec une malheureuse facilité une maladie mortelle, la cachexie aqueuse; elle se plaît au contraire mer- veilleusement bien dans les terrains perméables; c'est donc le genre de bé- tail qui convient le mieux eu Bourgogne, en Champagne pouilleuse, dans le Valois, la Beauce, le Vexin, le Soissonnais, le pays de Caux. M De la stubulation. — Il est certains plateaux imperméables dépourvus de pentes où ces deux genres d'animaux ne peuvent être élevés sans quel- ques précautions : les bœufs, parce (pie les prairies ne végètent pas siu- un vaste plateau dépom-vu de pentes; les moutons, pai-ce qu'ils y contractent mieux qu'ailleurs la cachexie aquense. M Lorsqu'un terrain ne convient pas naturellement à un genre de bétail, la sta bulation permaneule ou intermittente est absolument nécessaire. Ainsi, on ne pourrait engraisser des bœufs au jiàlinage en Beauce et en Cham- pagne pouilleuse, le sol est trop sec. On perdrait tous les troupeaux si l'on conduisait inconsidérément les moutons au pâturage par tous les temps, (i) Voit La Siinc : le bassin parhien an.i- âges aiHéliistoiiiiui's, p. 12'^ et suiv. C. F... 1870, 2" Semestre. (T. LXXl, N" 2a.) ' 20 ( «96 ) dans l'Aiixois, lo sol est trop frais; ils y conlracteraiciit la cachexie aqueuse. C'est ce qui est arrivé notamment en i853. » Drainaqe. — Le drainage n'est nécessaire, dans les terrains imper- méables, que pour les terres labourables; il est rare qu'il soit utile dans les prairies, excepté cependant dans celles des granités ; inversement, lorsque le sol est perméable, on peut drainer avantageusement beaucoup de prairies, jamais des terres labourables. Ainsi, par exemple, le drainage appliqué aux riches pâturages du pays de Bray, terrain imperméable, serait presque par- tout aussi funeste qu'il est utile dans les prairies de la basse Bourgogne, dont le sol est perméable. Dans ces dernières j)rairies, l'irrigation est le complément du drainage. M Sylviculture. — La partie haute du bassin de la Seine est une des ré- gions les plus boisées de la France. Le Morvan, la basse Bourgogne, la Champagne humide, le Gàtinais sont encore aujourd'hui extraordinaire- ment boisés. Trois contrées sont presque déboisées, l'une est imperméalile, c'est l'Auxois, et la belle venue des bouquets de bois qu'on y voit cà et là prouve que les forêts ont été éliminées par d'autres cidturesplus produc- tives. » Les deux autres régions déboisées, la Champagne pouilleuse et la Beauce proprement dite, sont perméables, et le sol est réellement im- propre à la culture des arbres à feuilles caduques. » Le reboisement par les arbres à feuilles caduques se fait avec une grande facilité dans tous les terrains imperméables et dans les terrains per- méables sablonneux. Il est au contraire on ne peut plus difficile dans les terrains perméables calcaires, surtout quand les calcaires sont marneux ou gélisses. » Le boisement pour les arbres résineux est possible même dans les ter- rains calcaires les moins propres à la végétation sylvestre. » Le boisement n'est utilement praticable que dans les terrains où tonte autre culture est impossible. Il ne convient de déboiser c|ue les terrains Irès-fertiles.. Beaucoup de jjropriétaires se sont ruinés en déboisant des terrains moyennement fertiles. » f'ilicullure. — Le vin de bomie qualité ne se récolte que sur les coteaux perméables de la basse Bourgogne et de la Champagne pouilleuse. Il existe cependant une exception : les coteaux argileux du lias de l'Auxois, recouverts par les éboulis calcaires des terrains oolithiques, donnent de très-bons vins ordinaires. » Les autres contrées imperméables, le Morvan, la Champagne humide. ( 897 ) ]e Gâtiiiais, la Brie, ou ne produisent pas de vin, ou en donnent de détes- table. » Les pays plats, qu'ils soient perméables ou non, ne donnent pas do vin. Ainsi on ne récolte, sur les plateaux de la lîeauce, du Valois, du Vexin, etc., que des quantités de vin insignifiantes. I-es largos vallées de gravier des terrains crétacés sont cultivées en vigne, mais donnent de mau- vais produits. Mémoires joints h cette Notice. I" Études sur le régime des cours d'eau et les cultures du département de l'Yonne; iQ5i- 1" Études hydiologiques dans le bassin de l.i Seine; i852. 3" Étude des lois qui régissent les crues des cours d'eau ; i853. 4° InQuence des forêts sur récoulenient des eaux pluviales; i853. 5" De la simidtanéité des pluies qui produisent les crues de la Seine, de la Loire, de la Saône et de la Meuse; i854- 6° Observations du service hydrométrique de la Seine; i856. 7° Service hydrométrique de la Seine; i856. 8° Sur l'averse tombée à Paris le 2r mai 1857. 9° Note sur le puits de Passy; étude des nappes souterraines; 1861. 10" Des grands débordements de la Seine à Paris; i864- 1 1° Notice sur le régime de la pluie dans le bassin de. la Seine; i865. 12° Note rectificative de cette dernière Notice; 1867. 130 Étude sur la crue de septembre 1866. i4° Résumé des observations centralisées de 1867. i5° Résumé des observations centralisées de 1868. » (Ces quatre, derniers Mémoires ont été faits en collaboration avec M. l'ingénieur Lemoine.) 16° Carie géologique et hydrologique du bassin de la Seine; i854. 17" Observations hydrométriciues : deux séries, de i854 à i86t). 18° Observations pluviométriques de 1861 à 1868. 19" Volume manuscrit dont cette Notice est le résumé. » Trois des Mémoires les plus importants n'ont pu être joints au dossier, savoir : 1° Première étude hydrologique. (Il ne m'en reste qu'un exemplaire.) 2" Notice sur la Carte agronomique de l'arrondissement d'Avallon. [Ici.) 3" Recherches statistiques sur les sources du bassin de la Seine. L'édition a été perdue dans les bureaux de la ville. » t20.. ( 898 ) THERMODYNAMIQUE. — Sur In force des matières explosives. Note de M. \. Cazin, présentée par M. Faye. » La chaleur que dégage en brûlant 1 kilogramme d'une matière explo- sive telle que la poudre dépend des circonstances dans lesquelles a lieu la combustion. » Soient » I le travail interne, résultat de l'aclion chimique opérée dans la sub- stance, lequel est dépensé; » E la somme du travail externe yjro(/i(/i et de la moitié de la force vive créée; » C la chaleur spécifique vraie du mélange que fournit la combustion; » t l'élévation île température, la substance étant d'abord à zéro; » A l'équivalent calorifique de l'unité de travail. » La conservation de Vénergie exige que (i) AI = Ci; + AE; on néglige le travail interne qui est dû a la cohésion gazeuse, et l'on sup- pose qu'il n'y ait ni introduction, ni soustraction de chaleur. » Supposons qu'après la combustion le mélange soit ramené à zéro, en même temps qu'un travail externe E' est dépensé. Il y aura soustraction d'une quantité de chaleur (2) Q = C< + AE'. Ces deux opérations peuvent s'effectuer simultanément et graduellement dans les diverses parties du mélange, et l'on a finalement (3) Q = Al- A(E-E'). On voit ainsi que cette quantité dépend des travaux externes mis en jeu. Il est naturel de supposer que I est invariable pour la même matière explo- sive; c'est la mesure de l'énergie chimique dépensée; elle ne dépend pas des circonstances extérieures. La ciialeur de combustion Q, qui est acces- sible à l'observation directe, varie d'une infinité de manières, quand on change E et E'. » Je vais appliquer cette considération à quelques problèmes relatifs à la force de la poudre. » 1" l'UOBLÈMI':. — I tiiloqranune de poudre à zéro hriile sous la pression nlrnosphéricjue assez tenlemenl pour que la jorie élaslupie des tjaz développés ( «99) 50/7 équilibrée par cette pression, et le mélange est maintenu à zéro; (juelte est la chaleur dégagée? » Soient » u le volume initial; » V le volume qu'aurait le mélange, s'il n'y avait aucune soustraction de clialeur ; » Vo le volume final à zéro, ces volumes étant évalués en mètres cubes; alors E = io334 {v — u), E'= io334(t'- i'o). » Donc (4) Q = AI - A.io334((^o - /<). » MM. Bunsen et Schichkoff ont trouvé, en expérimenlant à peu près clans ces circonstances, Q = 619,5 calories et i'^ = o™*^, ig3. « En prenant A = 7- p et « = o'"'',ooi, 420 ' ' on trouve AI = 746,1 calories. Telle est l'énergie chimique dépensée dans la combustion. » 2" PROBLÈME. — I kilogramme de poudre à zéro brûle dans un esnace clos quel qu'il soit, maintenu à la même température ; quelle est la cbaœut soustraite ? » Pendant l'explosion, il y a des vitesses acquises et des tourbillonne- ments qui créent finalement de la chaleur, sans qu'il y ait aucun travail externe mis en jeu. Alors E et E' sont nuls, et l'on a Q = AI = 746, 1 calories, quel que soit le volume de l'espace clos. Le travail chimique est fotalemeni converti en chaleur sensible, qui est soustraite au mélange, tandis que, dans le premier problème, une partie de ce travail était converti en travail mécanique externe. » A ce problème se rattache une question traitée par MM. Bunsen et Schischkoff. Si la poudre brûle dans un espace clos, égal à son propre volume, sans qu'il y ait ni introduction, ni soustraction de chaleiu' |iar les parois, quelles sont la température et la pression finales? f 900 ) » La formule (i) donne 746, I — et. » En admettant, avec les auteurs cités, C = o, i855, on trouve t = 4022°. La pression se calcule approximativement à l'aide de la formule do Gay- Lussac et Mariotte M £ étant le résidu solide valant o™'', ooo4 1 6 ; M p désigne la pression en atmosphères. On a ainsi p = 5191 atm. MM. Bunsen et Schischkoff, ayant pris pour Q la valeur 619,5, ont trouvé 3340° et 4374 atm. » 3" PROBLÈME. — 1 kiloc/ramme de poudre à zéro brûle dans un espace clos égalàv„^ et imperméable à la chaleur; puis on le réduit ati volume ii par une compression extérieure, sans qu'il y ait ni soustraction ni introduction de cha- leur par les parois; quelles sont la température et la iression finales? » Dans la première période, on applique la formule (i) 746,1 = C^, d'où i, = 4022° comme précédemment. » En mettant 1*0 à la place de u dans la formule (5j, on a p, = i5, 74 atm. » Le changement opéré dans la seconde période est le changement ré- versible que M. Rankine représente par une ligne adiabatique; admettons la relation qui s'applique aux gaz simples, au moins approximativement, d'où l'on tire /j = 56 io4 atm. » La formule (5) donne ensuite t = 46 049". ( 9"' ) On voit que le travail de compression décuple l'élévation de la tempéra- ture, ce qui est un effet étranger à l'action chimique qui développe seule la force explosive, dans la pratique. « Ce problème a été traité par M. Berthelot [Compte rendit du 7 novembre dernier). Les nombres diffèrent un peu des précédents, parce que M. lier- thelot a pris Q=6i9,5. On voit que ce problème diffère de celui que MM. Bunsen et Schischkoff ont voulu résoudre. >) On peut multiplier les exemples de ce genre; j'en citerai encore un, à cause de l'importance que les circonstances actuelles donnent à ces études. » 4' PROBLÈME. — I liilogramme de poudre à zéro bnVe en surnionlant lentement la pression almospliériqiie, sans qu'il y ait ni sonstraelion ni introduction de chaleur ; puis on comprime le mélange dans tes mêmes condi- tions, jusquà ce qu'il ait repris son volume itiitial u; quelles sont la température et la pression finales? » Après la première période, la température est t^ et le volume i',. Ima- ginons que le mélange soit ramené à zéro, sons pression constante; il y aura soustraction de 619,5 calories (1*'' problème). Soit C la chaleur spé- cifique du mélange sous pression constante, nous aurons 619,5 = C7,; admettant C'= C X i,4i, on trouve /, = 2368°; en mettant i, t', et/, à la place de ^, « et < dans la formule (5), on a » Dans la deuxième période, le changement opéré satisfait à la for- nude (6), où l'on met i et c, à la place de/J, et ('„. De là on tire p = 87 i&'j alm. » Enfin t se déduit de la forunde (5), à l'aide de celle valeur de /), t = 7i926«. » Il est aisé de voii' que celle énorme élévation de température est le résultat de deux opérations successives, dont la seconde est une dépense ( 902 ) considérable de travail externe, plus considérable que celui du 3*^ pro- blème. Aussi la chaleur sensible créée est-elle plus grande. » Il est évident que tous ces nombres ne servent qu'à donner une idée de la marche des phénomènes; car les formules (5) et (61 ne sont ]>as ap- plicables à des pressions et des températures aussi énormes. En outre, les phénomènes chimiques qui se passent dans de telles circonstances nous sont inconnus. » GliOLOGlE. — Elude des gaz volcanujues de Santorin. Note de M. FotyiiÉ, présentée par M. Ch. Cainte-Claire Deville. « Les gaz qui se sont dégagés dans la baie de Santorin, au début de l'éruption de i866, offraient alors une composition remarquable, sur la- quelle j'ai eu l'honneur d'appeler l'attention de l'Académie. Ces gaz, ri- ches, pour la plupart, en hydrogène libre, provenaient de fissures commu- niquant avec les profondeurs du sol, parallèles entre elles et comprises toutes dans le voisinage immédiat de la partie centrale de l'éruption. Quel- ques-uns se dégageaient des eaux de la mer en bouillonnant près des laves incandescentes; d'autres s'échappaient du milieu de crevasses profondes ouvertes à l'air libre et sillonnant l'ancien sol de Nea Kameni, entre les deux centres éruptifs désignés sous les noms de Georges et d'Jfjliroessa; d'autres, enfin, fournissaient en brûlant des gerbes de flammes, qui jaillis- saient au sommet même de ces monticules de fortnation nouvelle. » En 1867, les gaz combustibles m'ont semblé avoir disparu de la plu- part des points où/je les avais recueillis l'année précédente. Les flammes provenant de leur combustion ne s'apercevaient plus qu'au sonnnet de Georges. Des ébouleuients avaient recouvert les crevasses de Nea Kameni. En revanche, de la fissure principale de l'éruption étaient sorties des masses énormes de laves, qui continuaient encore à s'en échapper en abondance, et qui se déversaient alors surtout vers le sud, après avoir d'abord coulé pendant quelque temps principalement vers l'ouest. On pouvait ainsi distinguer en 18G7 plusieurs coulées de laves avec leurs moraines caracté- ristiques, dirigées vers la partie méridionale de l'île de Santorin. Les trois principales étaient tournées, l'une vers le cap Acrotiri, la seconde vers le havre d'Atheneos, la troisième dans l'intervalle des deux précédentes, à peu |)rès veis Balos. Ces coulées, incandescentes à leurs extrémités, s'y dé- versaient dans la mer avec un bruissement et des sifflements aigus. Or, précisément dans ces points, on pouvait constater l'existence d'abondants ( 90-"> ) «Ic'gagements de gaz qui se déplaçaient chaque jour en suivant le progrès de la partie terminale des coidées. Plusieurs de ces gaz examinés sur place ne m'avaient pas paru coinbusiibles. La disposition des points où ils se dégageaient et leur faible teneur en acide carbonique, ainsi que leur ri- chesse en oxygène, m'avaient fait supposer qu'ils n'étaient rien antre chose que de l'air atmosphérique enlraîné par les fragments scoriacés qui recou- vrent l'extrémité des coulées et qui s'y éboidaient sans cesse dans la nier. Mais l'analyse, effectuée dans le laboratoire, d'un certain nombre d'échan- tillons de ces gaz recueillis et rapportés dans des tubes fermés à la lampe, démontre, au contraire, que ces mélanges gazeux naturels ont une com- position tout à fiit différente de celle de l'air. Ils renferment des pro- portions notables de composés hydrogénés, en même temps que des quan- tités d'oxygène et d'azote unies dans des proportions trèséloignées de celles qui caractérisent la composition de l'air atmosphérique. » Le premier de ces gaz (n° 1) a été obtenu à l'extrémité de la coulée dirigée vers le cap Acrotiri; il n'en a été opéré qu'une seule prise, le 5 mars 1867. Le second (n° 2) provient de l'extrémité de la coulée dirigée vers Balos. Nous donnons ci-dessous la composition des échantillons re- cueillis an même point, à trois reprises différentes, le 3, le 5 et le 7 mars 1867. » Le troisième (n" 3) provient de l'extrémité de la coulée dirigée vers Alheneos; il n'en a été fait qn'ime seule prise, le 7 mars 18G7. Caz no 1. Acide carbonique. .. 0,00 Oxygùne 24,94 Azote 73, I3- Hydrogène i ,9! Gaz des marais. , . , . i ,00 100,00 G.a2 nO 2. ?i mars. 5 mars. 7 m.-irs. Gaz n° .! o,ig 0,25 0,57 0,22 20, oq 20., 4 1 18, 65 21,11 64,30 64,36 65, 5i 21, go •4,9» '4.7° 14,96 56,70 0,44 0,28 o,3i 0,07 100,00 100,00 100,00 100,00 animé, le gaz n° 3 brûle avec une » Au contact d'un corps enflammé, le gaz n° 3 brûle avec une forte explosion, le gaz n° 2 brûle également, mais avec une explosion très-faible. (La combustibilité, au contact de l'air, du résidu que fournit ce gaz après l'enlèvement de son acide carbonique et de son oxygène, m'avait échappé sur place.) Tous ces gaz ont été recueillis dans des tubes où le vide avait été opéré à 2 millimètres; une petite portion de l'oxygène et de l'azote, que l'analyse y indique, provient donc certainement de l'air resté dans les tubes, mais cette légère cause d'erreur ne change rien aux conclusions à C. R.. iS-o, ■i' Semestre. (T. I.XXI, IN" 2i1.) ' 2 1 ( 90^! ) tirer relativement à l'origine des s.-az ainsi récoltés. Tons se dégagent ex- clusivement, en des points très-limités, à travers IVrUi de la mer, très-près de l'extrémité des coulées incandescentes. Le lieu de leur sortie se dépla- çant d'ailleurs en suivant le prog es de la partie terminale des coulées, leur dévelojîpement ne peut s'expliquer qu'en supposant qu'ils étaient in- clus dans la lave en fusion, et qu'ils s'en sont dégagés brusquement par suite du refroidissement subit opéré au contact de l'eau de la mer, et par suite du retrait et du fendillement qui en ont été la conséquence. » D'autres dégagements gazeux, moins abondants, s'opéraient encore en 1867, sur presqneHoute la périphérie du champ de l'éruption; mais ils étaient évideminent formés par de l'air atmosphérique entraîné par les laves, et plus ou moins modifié par son passage au travers de l'eau de la mer. Voici, par exemple, la composition de trois de ces gaz recueillis le 5 et le 7 mars îSCy, les deux premiers (n° 4) et (n" 5) en des points où l'eau de la mer était lim[)ide, et le troisième (n° 6) en un point où elle était rendue laiteuse pai- de l'acide sulfhydrique décomposé. Gaz n''4. Gaz •><> 5. Gaz n" 6. Acide carboni(|ue 0,00 0,00 0,16 Oxygène 20,62 20,58 12, 65 Azote 79)38 79<42 '9 100,00 100,00 » J'ai encore recueilli un autre gaz essentiellement différent de tous les précédents par sa comijosition et par son lieu de dégagement. Celui-ci se produisait pi'ès du fond du port Saint-Georges de Nea Rameni, à l'extré- mité de l'ancien canal compris entre Nea Kameni et Aphroessa, en un point où j'avais déjà recueilli des gaz l'année précédente, une première fois en mars i8(i6, alors que les laves en contact étaient encore in- candescentes, une seconde fois en mai 1866, alors qu'elles étaient déjà à peu près refroidies. J'ai opéré trois prises de ce gaz en 1867; le tableau suivant en représente la composition : N" 7, 3 mar,, 1867. Acide carbonique 61 ,29 Oxygène o , 5o Azote 37 '99 Hydrogène 0,11 Gaz des marais 0,11 100, GO N" H, 5 mars 1 i8()7. N» 9, 7 mai's ISG7, 60, 63 56,63 0,73 >,84 38,26 4' vil 0,17 0,00 0,21 0,12 1 00 , 00 I00,00 ( 9o5 ) ') Les nombres insirils ci-dessus indiquent des variations sensibles dans la composition du gaz dans un intervalle de quelques jours; mais ces va* riatioiis sont bien ()lus nettement accusées quand on compare les gaz re- cueillis en 1867 à ceux cjuise dégageaient au mente point un an aupara- vant. Nous rappellerons, en effet, qu'au même endroit nous avons recueilli en 1866 des gaz composés connue il suit : No 10, 5 mars 1866. K» 11, la mai 1866. Acide carbonique, 35, 60 , 84)85 Oxygène i j46 2,3i Azote 32,o4 12,84 Hydrogène 3o,09 0,00 Gaz des marais ... 0,81 0,00 100,00 100, 00 » 1! doit exister une variation semblable, quoique bien plus faible, dans la composition du gaz qui se dégage constamment au fond du port Saint- Nicolas à Palœa Kanieni. Les écbanlillons de ce gaz, qui ont été recueillis en 1866 et 1867, ont offert les coiupositions suivantes : N» 13, 22 mai 186G, N" ri, recueilli et analysé par N° 14, iSmarsiSSG. MM. Reiss, Stûbel et Fritsch. 3 mars iSe^. Acide carbonique 78,44 76,06 79'24 Oxygène 3,37 12,39 2,21 Azote 17,55 11,55 18, 3o Gaz des marais. 0,64 0,00 o,25 100,00 100,00 100,00 » Enfin, nous avons encore à indiquer ici la composition du gaz que nous avons extrait, par voie d'ébullition, d'une certaine quantité d'eau de mer prise à l'extrémité de la coulée dirigée vers Balos, le 5 mars 1867. Un litre de cette eau nous a fom-ni 38 centimètres cubes d'un mélange gazeux composé comme il suit, et essentielletneut différent du gaz naturel qui se désiaeeait prés de là, à une distance d'environ 10 mètres seulement : ÎS" 15, extrait do l'eau Je lijer. Acide carbonique 83,58 Oxygène ^,79 Azote '3.<^3 100,00 » L'examen des lésultats analytiques que nous venons de rapporter conduit aux conclusions suivantes : 121 .. ( 9^^ ) » i" Ils coniifinent la loi de vaiiation de coiuposilioii des gazvolciuiiqiies, établie, pour la piemière fois, par?»!. Cli. Sainte-Claire Deville et déjà dé- veloppée précédeiuiiient jjar nous. » 2° Ils montrent que les laves en fusion pâteuse du volcan de Santorin ont dû entraîner jusqu'à une di.stance de plusieurs centaines de mètres de leur |)oint d'émergence des gaz combustibles emprisonnés dans leur masse. » 3" On voit que l'hydrogène libre et le gaz des marais en sont les élé- ments ordinaires, et que l'hydrogène libre y semble d'autant plus abon- dant que le gaz sort d'une lave à plus haute température. » 4° La composition du gaz n° 3 démontre particulièrement, avec évi- dence, que dans ces mélanges il existe simultanément de l'oxygène et de l'hydrogène libres, lesquels restent ainsi en présence sans se combuier, probablement à cause de la haute tenqiérature de la lave qui les ren- ferme. Il est donc vraisemblable, d'après cela, que la vapeur d'eau qui s'échappe en si grande abondance de tous les cratères volcaniques en acti- vité et de tous les épanchements récents de lave, se trouve à l'état de dis- sociation au sein de la matière fondue que rejettent les entrailles du sol. » « M. Cii. Sainte-Ci-aiue Deville, à la suite de cette Connnuiiicalion, et relativement à la dernière conclusion, qui lui semble avoir une grande importance, fait observer que, dans le travail analytique fait par lui, en commun avec INIM. F. Le Blanc et Fouqué, sur les gaz combustibles recueillis en mer, à Torre ciel Greco, en 1862, celte proportion anormale d'oxygène s'était déjà présentée, et que l'une des analyses avait même donné pour le rapport de l'oxygène à l'azote les nombres 2g ; 'ji [Comptes rendus, I. LVl, ]). 118G). La présence concomitante de l'oxygène en excès et de l'hydro- gène leur avait fait dès lors penser à la possibilité d'une dissociation entre les éléments de l'eau. Néanmoins, le fait étant encore isolé, ils avaient [iré- féré réserver cette opinion et attribuer l'excès d'oxygène au déplacement, par l'ainux vlu gaz inférieur, de l'air dissous ilans l'eau d;' mer, qui contient, connue on sait, '62 poui' 100 d'oxygène. Mais les nombres donnés aujourd'hui dans le nouveau travail de M. Fouqué ne j)ermeltent plus de garder cette réserve, et, en confirmant le fait déjà obsei'vé au Vésuve, donnent une très-haute probabilité à cette opinion, formellement exprimée ])ar lui le premier, que, dans l'intérieur de la lave incandescente, les élé- ments de l'eau sont dissociés et se combinent à un cn de la Comparpue hollandaise, fondée par ?.!M. Bouwens et van Copcnaal, domi- ciliés à Paris, examen dont ou voulut bien me confier la partie chimique; et je répète, mon étonnement fut grand de voir dans la Commission l'in- sistance de Diq)uytren, et an dehors celle de Thenard, pour que j'accep- tasse le !Ôle de Rapporteiu-. » D'Arcet donna sa démission de membre de la Commission le ^3 de sep- tembre i83i, counne i! le dit dans une Lettre adressée à Julia de Fonte- nelle dont j'ai en ce moment une copie certifiée par D'Arcet même. » Le Rapport, adopté à l'unanimité des membres de la Commission, fut lu à l'Académie le 19 de mars i832, cinq mois après la démission de D'Arcet. » Je rejirodnis les deux dernières conclusions du Rapport. •• Que les soins ;i]iportés à la confection du bouillon, soit jioiir le clioiN de la viande, soit pour la conduite des opérations nécessaires à la cuisson, soit enfin pour le distribuer aux consommateurs, doivent en recouimander l'iisai^e nuprcs des liospices et des personnes ijiii ne sont pas en position de fnire chez elles cette préparation ; I Qu'il est à ilésiier que non-seulcmcnt l'usage de ce bouillon se propage, mais encore celui de In viande rpii a scnn a le préparer; car celte viande cuite, considérée en elle-nièine et relativement au prix aurjuel la vend la Compagnie hollandaise, est un bon rdinie/it. ■> » De telles conclusions, présentées à l'Académie par Duj)uy!re!i, Serres, Magendie, et Seridlas pharmacien en chef an Val-de-Grâce, concernant raliiiieutation ptd)liqiie en général et celle des hôpitaux et des hospices en particulier, ne pouvaient être rejetées par elle; aussi aucune objection ne s'éleva. Loin de là, l'impression du Rapport fut votée, et alors qu'il n'y avait pas de Compte rendu, c'était une exception honorable |)()iir le Rap- porteur cpii n'avait nullement sollicité la mission qu'on lui avait donnée. » Mais, évidemment, ce Rapport et ses conclusions ne pouvaient avoir été adoptés par l'Académie sans contrarier beaucoup les |)arlisans si ex- clusifs {\u bouillon d'os. » D'Arcet les avait bien i)réviies, ot dès lors il s'était demandé, plusieurs ( 9'5 ) mois avant sa démission, comment il parviendrait, sinon h les faire onblier, du moins à les atfénner. Et vf)ici ce ([u'il imagina. » Il y avait à Paris ime Société des Sciences physi^ines, chuniiiues et aris agricoles et industriels de France, dont le Secrétaire perpétuel était nn M. Jnlia de Fontenelle. M. D'Arcet lui donne par écril lui rendez-vous pour la rédaction d'un plan d' expérimentation. Ce sont les expressions que je copie, dans une Lettre à la date du 9 de seplembre i83/|, que m'écrit M. JuliadeFoîilenelle. Ce plan estsoimiis à la Commission, assure M. D'Arcet à M. Jnlia de Fontenelle, et approuvé par elle. Cola dut se passer plus de cinq mois avant la lecture du premier Rapport sur la gélatine. Et M. Julia (le Fontenelle travaille toujours. Enfin, deux ans à jieii prés s'étaient écoulés depuis celte lecture, et M. Julia désira la réalisation du remboursement des frais de ses expériences, promis par la Commission, dit-il, selon V emjaijement dont M. D'Arcet lui avait donné inssuranre. M. Julia, prés de partir pniu' l'Allemagne, vient lire un résumé de ses expériences à l'Académie, d'après le conseil de M. D'Arcet. » Après la lecture, je demande la parole pour déclarer que la Commission n'avait donné à personne la mission de faire des expériences d'après un pro- ijr(mime approuvé par elle. )) C'est alors que M. Julia de Fontenelle m'écrivit une Lettre datée ùvi 9 de septembre i834, dans laquelle il me parle de sa bonne foi et de sa loyauté; je copie les passages suivants : « Pai'is, le t) seplembre iS34. » Monsieur et honoral)Ie maître, » Datis la dernière séance de rAcadcniie, je lui avais adressé une Lellre en léponse à votre observation précédente. Cette Lettre était accompagnée : » I" De deux autres Leities de M. D'Arcet nie dcînuant rendez-vons ])our la rédaction du plan d'expérimentation ; I. 1" De ce plan soumis à la Commission, el qu'il nie dit être approuvé par elle; ' >i 3° De quatre Lettres de moi adiessées à cette même Commission, dans lesquelles je parlais de la mission qu'elle m'avait donnée en teiincs si clairs qu'il ne |)Ouvait y avoir aucun doute pour elle que je fusse persuadé que cela était ainsi. A|)rès trois ans de silence, j'ai dû considérer cette circonstance comme une vérité d'autant plus forte que M. D'Arcet m'avait assuré que la Commission dcmand.rait des fonds h V Acadcinie pour me rembourser des frais de mes expériences.... L'affaire en était là (juand iVl. D'Arcet, apprenant mon départ pour l'Allemagne, m'engagea à rédiger un résumé de mes expériences, afin de les présenter à l'Académie; je rédigeai à la hâte quel(|ues faits, (jui nesont que la moindre partie de mon travail ; je les lus à l'Académie. .) Ma surprise fut grande ipiand vous files l'observation que je n'avais pas eu mission de la Commission; le lendemain, je fus trouver M. D'Arcet, qui me confirma plus que jamais dans cette opinion, et qui me donna sa parole d'honneur qu'il allait écrire à l'Académie pour attester la vérité de ce (pie j'avais avanci'. Hier encore, il m'a écrit un hillil <|ui le confiiiiie ( 9>6 ) et que j'ai montré à MM. Gay-Lussac, Magcnilie et Flouions; cependant ma Lrllre à l'Aca- déraie n'a pas été lue : je suis donc le bouc émissaire.... » ... Voici la copie de la Lettre que j'écris ce malin à M. D'Arcet : « Monsieur, » Rien de ce que vous m'aviez solennellement promis hier ne s'est léalisé. Ma Lettre n'a » pas été lue à l'Institut, et, dans la vôtre, vous n'avez |)as dit un seul mot de moi pour me » justifier. Que dois-je penser? M. Clievreul a-t-il raison?. . . Tout ce que je sais, tout ce •> que je n'oublierai jamais, c'est que vous deviez me tendre une main ))rotectrice, et (|n'au i lieu de cela, pour jirix de mon dévouement, vous avez laissé mon nom exposé au pilori » du mensonge où M. Clievreul l'a placé. ). J'ai l'honneur, etc. » )) M. Jtilia finit ainsi la Lettre qu'il ni'a adi-essée : « ... Si je ne tenais pas à votre estime, Monsieur, je n'entrerais pas dans une Lettre justificative; mais il importe à mon honneur compromis de démontrer ma bonne foi et ma loyauté. J'ai conservé toutes les pièces qui en sont une |)rcuve évidente, et je les mets à vôtre- disposition .... » « Voici la copie du billet adressé à M. Jiilia de Fontenelle, par M. D'Arcet, à la date du 8 de septembre i834. Je le reproduis intégralement. n Monsieur, o N'étant pas encore parti, je puis vous répondre sans relard. Vous êtes dans l'erreur relalivemcnt à ma conduite : j'ai fait tout ce que j'avais promis; j'ai vu M. Gay-Lussac, je lui ai remis une protestation contre l'assertion i Signé D'Arcet. u Pour copie cnnfnrmc : >! JULIA DE FOMTËNELLE. « Ce S septembre i834. " ( 917 ) » Après ma protestation si nette provoquée par la lecture de Jnlia (jn'it n^ avait pas mission de In Commission de In qélaline défaire des expériences, D'Arcet devait déclarera t'ylcadéntieque j'étais dans l'erreur, qu'avant d'avoir donné sa démission, un plan d'expériinenlation rédigé par MM. D' Arcet et Julia avait été soumis à la Comnnssion et adopté par elle et que des fonds de V Acadé- mie payeraient les frais des expériences. » Si dans lu séance qui suivit ma protestation, on l'eût reconnue inexacte, ma réponse eût été bien simple : Vous, Commission, aurais-je dit, m'avez chargé d'un Rapport; approuvé par vous, il l'a été ensuite par l'Académie et un an auparavant, à mon insu, vous aviez approuvé un plan d'expériences rédigé par un membre de la Commission, /«(/c et partie, et une personne étrangère à l'Aciidémie qui devait èlre défrayée de ses dé- penses; ce procédé est inconcevable et j'ai raison de m'en plaindre publi- quement. » Au dire de D'Arcet, on aurait rectifié le procès-verbal, relativement à nui protestation; franchement^ cela m'est indifférent, je n'ai fait aucune démarche pour m'en assurei-, c'est une affaire de bureau, du moins c'est D'Arcet qui l'écrit à Julia de Fontenelle. « Après cet incident un honnête homme n'avait qu'un parti à prendre : c'était sa démission. Elle fut donnée et acceptée. D'Arcet alors rentra dans la Coïnmission, et deu.x. Membres nouveaux, Thenard et M. Dumas, y furent appelés. » Que s'y passa-t-il? Voici co que j'ai entendu dire. Si je me trompe, M. Dumas, le seul Membre vivant de la seconde Commission, voudra bien me rectifier. » Un des sujets dont la Commission eut à s'occuper avant tout fut l'exa- men de demandes relatives à des frais d'expériences accomplies avec l'in- tention des auteurs de savoir si la gélatine est ou n'est pas nutritive. D'Arcet voulut expliquer ces incidents; et Thenard pria la Commission de ne pas s'en occuper parce qu'il les jugeait étrangers à la science, et l'une des de- mandes était faite par Julia de Fontenelle. » Cette décision me semble assez confonne à ma prolcslalion. Mes audi- teurs et mes lecteurs prononceront. » Mais poursuivons. » Dans la Lettre de D'Arcet écrite à Julia de Fontenelle, on lit cette phrase « Ayant donné ma démission en i83i, vous ayant indiqué M. Ma- » gendie comme pouvant me remi)lacer, etc. ». A celte époque, Magendie et D'Arcet s'entendaient donc très-bien; et poiu'quoi? Ici, je répète ce qui (9-8 ) m'a été dit, c'ost que Mageiidie désirait me remplacer comme rapporlein-, et alors D'Arcet présumait qu'il s'entciuliait mieux avec lui (|ii'avec moi, quoiqu'il eût signé le Rapport sur le bouillon de la Compagnie hollandaise. Si ce que je viens de dire est vrai, D'Arcet n'eut point à se féliciter du chan- gement de l'ancien rapporteur. » Quel usage ai-je fait des Lettres de Julia de FontencUe, et du billet que D'Arcet lui écrivit pour me donner un démenli, billet certifié par sa si- gnature? aucun. » Quelle était l'opinion de M. Dumas, le seid survivant de la deuxième Commission ; je crois qu'il pensait que Julia île Fonlenelle avait conclu de quelques paroles de D'Arcet et à T015T, quil y eut une entente entre eux, et que dés lors D'Arcet était tout à fait étranger (uix prétentions de Julia. M. Dumas et M. Elie de Beaumonteu seraient conv.iincus encore si ^.\. Fremy, sur la demande que je lui adressais, à savoir s'il faisait allusion, dansl'elfusion de ses sentiments pour D'Arcet, à un incident concernant ma personne, sur sa réponse, qu'il n'avait à dire ni oui, ni non, il ne m'avait pas mis dans la né- cessité de montrer des Lettres qui, depuis i834, étaient restées dans mes papiers. Tel est le conimememcnt de ma réponse catégorique à M. Frciny, puisqu'il est la cause unique qui m'a fait romjjre une résolution accomplie depuis iH34 jusqu'à ce jour, c'est-à-dire un silence qui a été gardé pendant trente-six ans. » Mais, en suivant l'ordre chronologique des faits scientifiques qui in- téressent l'histoire de la gélatine, je vais en exposer quelques-uns qui me concernent. Il ne faut pas oublier que je devais faire le second Rapport sur la gélatine, et que, pendant les deux ans qui s'éioulèrent depuis le pre- mier Rapport jusqu'à ma démission, je travaillais au second, et je dirai qu'un certain nombre de ces travaux sont restés inédits, et que quelques- luis seulement ont été publiés; mais, franchement, si je fusse venu dire à l'Académie : La Commission de la gélatine a accepté ma démission, j'avais travaillé pour ia mission dont elle m'avait chargé, et, après deux ans, quoi- qu'elle sût bien que ma piolestalion relative à Julia était fondée, elle m'a laissé partir, eh bien! je viens protester contre sa conduite à mon égard en publiant des travaux entrepris pour la question qui l'occupe, j'aïuais eu raison peut-être; mais, connaissant le monde, j'ai évité le ridicule d'une réclamation. Qu'ai-je fait alors? J'ai rattaché un de ces travaux à mon sixième Mémoire de mes recherches chimiques sur la teinture, la déioloralion du bleu de Prusse par la lumière et sa recoloration à l'ombre .'-ous l'influence de l'air. Et Dieu sait si mon idée fut heureuse de rattacher à bi décoloration ( 9^9 ) d'une éloffe teinte en bleu de Prusse et à sa rerolorniinn un travail entrepris originairement pour un Rapport concernant l'alintentiition! La vérité est qu'elle ne le fut guère pour moi, au jugement du réilacteiu- du feuilleton du Cour- rier français chargé du compte rendu des séances de l'Académie des Sciences. Si un pauvre académicien a reçu jamais une forte correction de la presse, c'est le malheureux auteur qui vous parle. Vous allez en juger par le pas- sage suivant : « Malheuicusement cette dccoiivcite, aussi intéressante pour la tliéoiic (]iie pr/'cieiise pour l'art, paraît avoir vivement transporté l'imagination de M. Chevreul, au point même de l 'égarer bien loin de toute voie //li/mop/iique. En ajoutant à son travail expérimental une très-longue dissertation sur la ]>liysioIogie chimique, ce savant (ce n'est pas moi qui parle, c'est M. X... du Courrier fraiiçnis) a tdclié d'établir le plus étrange rapprochement entre les nuances cliangeantci du bleu de Prusse et les phénomènes vitau.c, La réduction au blanc d'une soierie-Raymond serait donc Vanalogue de la mort chez les animau.t . Cette comparaison entre la vie et ta teinture est une des choses les plus surprenantes que nous acons Jamais entendues. Nous savons bien que RI. Chevreul a pi is toutes précautions, et qu'à la fin de son Rlénioire, revenant sur ses pas, il a déclaré hautement que le mystère de la vie ne peut s'expliquer cpie par une harmonie jiréélablie, c'est-à-dire par une force jiarliculière, inaccessible h l'expérience du poids et de lu mesure. Mais cette amende honorable nous a paru beaucoup trop taidive pour effacer le caractère de mysticisme des vues de V auteur dont il faut réellement chercher l'analogue dans la métaphysique indienne ou dans les mythes arabes. En somme, V excursion de M. Cherreul dans le domaine physiologique ne nous a point semblé heureuse, et nous vonàrwns pouvoir confiner » M M. X.. , bien anonyme sans doute, est mort, je le sais; mais com- ment se nommait-il? Des personnes m'ont répondu: Coqiierel; mais je m'empresse de déclarer qu'il n'était point ministre du saint Evangile, et dos lorsque Vannthème dont il m'a frappé, on V interdiction du douzaine phy- siologique qu'il a prononcée contre moi, étant sorti d'une bouclie laïque, ne m'a pas trop vivement affecté. Mais vous voyez cependant les nouvelles tribulations d'un pauvre académicien qui, après avoir fait un premier Rap- port et n'avoir rien négligé pour en préparer un second, suite un premier, a été dans la nécessité de quitter la Commission devant D'Arcet et Magendie. » Une fois à pied, comme on dit communément, ne voulant pas perdre des recherches suivies laborieusement pendant six années, et sentant le ri- dicule de plaintes élevées sur un congé qu'il s'était lui-même doimé, il eut une idée (i), celle de rattacher son ancien travail, l'écrit de 1837, à ses (i) Je dirai plus tard comment celle expression m'a été appliquée dans uu grand monde. C R., 1870, a' Semestre. (T. l.X.\l, N" 26.) I 3.") ( 920 ) recherches sur la teinture, et c'est cette malencontreuse idée qui, au dire de M. X..., l'a égaré de toute voie philosophique et qui, en définitive, lui a fait interdire le domaine ph/sio logique. » Si je reparle de l'écrit de 1837, c'est comme pièce essentielle à l'his- toire des travaux dont la gélatine a été l'objet, et si j'entre dans des détails qui ont deux inconvénients, je le reconnais, la longueur d'abord, et ma personnalité ensuite, je demande l'indulgence de mes confrères en faveur d'une défense qni veut être sérieuse et convenable, relativement à la liberté cl au lieu où elle se produit. » A mon début en chimie, la question thi matérialisme et du spiritualisme qui m'avait occupé déjà au point de vue abstrait, se présenta à mon es|)ril d'une manière spéciale, eu égard à la diversité des propriétés qu'affecte la matière dans les minéraux, et dans la matière vivante végétale et ani- male. » Les matérialistes, frappés des effets de l'électricité vollaïque surtout, étaient conduits à n'admettre dans la nature vivante que les forces qui régissent la matière brute, telle que l'attraction moléculaire, comprenant la cohésion et l'affinité, la chaleur, la lumière, l'électricité et le magné- tisme. » Les spiritiialistes, trop étrangers à l'étude de la matière, c'est-à-dire aux sciences du concret, repoussaient rargunient qui leur était opposé par les matérialistes. » Dans quelle disposition d'es|)rit me trouvai-je alors? » Elle était fort naturelle d'après l'étude que j'avais faite des doctrines philosophiques du xvill* siècle, au point de vue de la liberlé, de la morale et de Yculeiulement; en me montrant la faiblesse de l'esprit humain, elle me conduisit à douter fort du mien; conclusion du reste en parfait accord avec mon éloignement de plusieurs choses que bien des honunes recher- chent avec ardeur. » Dans cette disposition d'esprit, il est naturel qu'en me livrant exclu- sivement à la science pour connaître la vérité, je devais avoir un goût pro- noncé pour la méthode et y attacher une importance d'autant plus grande, que l'étude et la réflexion m'avaient éclairé davantage, je le répète, sur la faiblesse de mon esprit. La conscience de cette faiblesse, en me faisant sen- tir la nécessité de me rendre un compte aussi fidèle que possible, de la manière dont il procédait pour arriver, sinon à l'absolu, du ujoins à une grande probabilité, me conduisit à définir la méthode à posteriori expéri- mentale, telle que je l'ai fait avec précision en tirant son caractère essen- ( 9'^i ) tiel du contrôle t'X[)érimeiilal, ou d'un raisonneuieiit rigoureux, (|ua!ul l'expérience n'est pas possible. » Est-ce être présomptueux de croire que les personnes qui l'étudie- ront dans les écrits que j'ai consacrés à sa définition et à sa généralité ne la jugeront pas être une émanation de la inélapliysiqiie indienne. » Quelle est In première conséquence de celte méthode? » C'est de se livrer à la recherche de la cause immédiate d'un phénomène, qu'aujourd'hui j'ose dire quelconque, tant à mou sens la méthode a de gé- néralité. » C'est lorsque l'induction suscitée par l'observation vous a conduit à cette cause immédiate, que vous la soumettez au contrôle de l'expérience, ou d'un raisonnement précis et rigoureux qui en tient heu si elle n'est pas possible, afin de savoir si la cause immédiate à laquelle vous avez attribué le j)hénomène observé est démontrée exacte. » On conçoit comment, en procédant ainsi sans s'égarer, les connais- sances s'élèvent en même temps que les causes prochaines se découvrent et se multiplient, de sorte que les phénomènes étant supposés sur un plan horizontal, les causes immédiates étant représentées par des verticales au plan, les progrès des connaissances sont indiqués par des degrés pris sur ces lignes; les /jro^rrès sont donc ascendants. n Dans les figures graphiques de la méthode à priori, la cause première est à l'extrémité snpérieine de la verticale et les causes secondes au-dessous. » Si une telle figure a une signification exacte, ce n'est que pour l'en- seignement d'un sujet parfaitement élucidé, qui a été réduit en corps de doctrine comparable à un sujet mathématique dont toutes les proposi- tions coordonnées ont été subordonnées en partant de la plus générale, et descendant ensuite à celles qui en découlent, et en observant d'aller tou- jours du général à ce qui l'est le moins. » Mais quand il s'agit de représenter la marche de l'esprit dans des re- cherches du ressort du concret, il n'y a que la mélliode a posteriori expé- rimentale qui soit vraie. Vouloh-, dans le cas dont nous parions, la rem- placer par la méthode à priori, serait une pétition de principe qui a été avancée pourtant par un homme justement célèbre, de Blainville (i). » La méthode A POSTERIORI expérimentale, dont le caractère essentiel est le contrôle par l'expérience ou par un raisonnement rigoureux qui en tient (i) De la baguette divinatoire, du pendule explorateur et des tables tournantes , par M. E. Chevreul; Matlet-Baclielicr, i854. f'oii p i.j, ao, ni, ■>■>.. 123.. ( 922 ) lien, m'a conduit aux ivsultats suivants dans l'étude des pliénoniéiies de la vie envisagée au point de vue chimique. » C'est de clierclier si le |diénomène observé a pour cause immédiate les forces qui régissent la matière hfute, à savoir; rattraclion moléculaire 'comprenant la cohésion et l'atlinité), la chaleur, la huniére, l'éleclricité, le magnétisme et (ouïe autre force à laquelle on rattache des phénomènes i\\\ monde nunéral, ceux par exemple qu'on lapporte aux nclians dites île présent e. » Ce n'est qu'après s'être assuré de l'impossibilité de rattacher les phé- nomènes observés à ces forces cpii régissent le monde minéral, qu'il iaut en chercher tlu ressort exclusif des êtres vivants. » Je pense donc comme les matérialistes relativement à l'opporlunitéde connnencer la recherche des causes des phénomènes de la vie |)ar celles qui régissent le monde minéral. » Et c'est à cette pensée que je dois l'idée d'avoir donné dans l'écrit de 1837 une application des jiliénoinèiies de /a dëcolorntion du bleu de l^russe sous l'influence du soleil et de sa recoin rnlion dans l'oinlire sous l influence de l'ox/gène, avec l'intention de faire saisir aux jeunes esprits occupés de l'étude du phénomène de la vie, l'avantage de commencer leurs recherches par voir s'il est possible de rattacher la cause de ces phénomènes aux forces connues de la matière minérale; et voiLà comment j'ai eu recours à cette malencontreuse étoffe de soie teinte en bleu-Raymond, et comment mon imagination m'a égaie de toute voie |)hilosophique, et comment IM. X. m'a interdit le domaine de la physiologie chimi(|ue. M J'avais démontré qu'une étoffe teinte en bleu de Prusse se décolore sous l'influence delà lumière en perdant du cyanogène, et qu'à l'ombre, sous l'influence de l'oxygène atmosphérique, la couleur bleue reparaît. » Voilà le phénomène. » Voici V applicalion à une hypothèse conforme au précepte de chercher la cause immédiate des phénomènes de la vie a\anl t(nit dans les forces connues de la natin-e minérale. » Un être vivant est su|)posé avoir un licpiide respiraloiie coloré en hleu de Prusse. Ce liquide vient, dans des organes exposés au soleil, sul)ir l'ac- tion de la lumière. Il y a EXHALATION C'est, au reste, ce que je vais développer. » On aurait expliqué tous les phénomènes de la digestion, de la circula- tion, delà respiration, de l'assiinilation, des sécrétions, etc., parles sciences mécanique, physique et chimique, que vraisemhlablement nous n'en se- rions pas beaucoup plus avancés que nous ne le sommes sur la cause pre- mière de la vie. » La nature des forces qui produisent immédiatement les effets variés offerts à l'observation par les êtres vivants n'est pas pour moi le mystère de la vie, » C'est la cause de la coordination entre elles de toutes les forces qui agissent dans l'être vivant; coordination si harmonieuse que In graine et l'œuf vont se développer en accomplissant une succession de phénomènes remarquables en vertu desquels nous voyons, les circonstances du monde où nous vivons restant les mêmes, les formes des ascendants reproduites dans les descendants d'une manière régulière, et assurer ainsi la conserva- tion, dans l'espace et dans le temps, d'une multitude extrême des formes spécifiques les plus variées. » Eh bien! ce grand fait de la vie, je ne puis le concevoir, ce qui n'est pas l'expliquer, sans le rattacher à une cause première intelligente! et ce sont ces effets merveilleux successifs, toujours les mêmes, qui, rentrant dans cette harmonie préétablie^ font de celle-ci une résultante qui, selon moi, né peut être l'effet d'ini hasard aveugle, et cette harmonie préétablie, telle que je la reconnais, est eu dehors des critiques si justes que Voltaire a faites de l'abus des causes finales, lorsque des hommes étrangers à toutes les sciences du concret ont voulu expliqiu^r des phénomènes du ressort de ces sciences avec des causes finales qu'ils subordonnaient à des méthodes A. PIUOHI. » Je lie puis trop insister sur des raisonnements dont aucun n'est en opposition avec la méthode \ I>0STERI0RI expérimentale, car celle-ci prescrit comme précepte que l'explication d'uii effet rattaché à sa cause immédiate soit démontrée vraie avant d'être acceptée par une science sérieuse. Je )ie ( 9^5 ) conçois pas autrement l'intei veution de la méthode dans l'étude de-, phé- nomènes les plus compliqués de la pliilosophie naturelle, ceux de la vie. Mais cette rigueur exigée pour admettre des coticlusions des recherches dont je parle comme positives n'est point un motif de prescrire le rejet de conclusions qui, n'étant point encore suffisamment approfondies pour recevoir le cachet de la démonstration, ont une grande probabilité en leiu' faveur, ou si, simples conjectures, elles ont une grande vraisemblance; n)ais en reconnaissant la réalité des avantages de la publicité donnée à des pro- positions émanées d'esprits investigateurs, comme très-probables ou très- vraisemblables^ c'est à la condition expresse qu'elles seront toujours dis- tinguées des propositions qui sont revêtues du cachet de la démonstration. » Cette distinction faite entre la proposition démontrée, la proposition probable et la proposition simplement vraisemblable me permet, sans sortir de la science rigoureuse telle que la définit la méthode a POSTERIORI expé- rimentale, de faire quelques raisonnements que j'adresse particulièrement aux spiritualistes qui sont disposés à repousser la tendance scientifique de commencer la recherche des phénomènes de la vie pour essayer de les rat- tacher aux forces de la nature minérale; et, dans un sujet aussi sévère et aussi grave que celui dont je parle, on me permettra, pour prévenir des critiques analogues à celles de M. X... du Courrier français, de donner plus de précision et de clarté à mes idées, en m'aidant d'une comparaison qui exclura, je l'espère, désormais toute équivoque sur ma pensée. » Voici un monument ! Le génie de l'artiste qui l'éleva brille dans foules les parties de l'œuvre mutuellement dépendantes les unes des autres : l'har- monie est partout et parfaite, pas une bouche qui ne proclame la gloire de l'arlisle ! » Cette admiration ne s'enquiert pas de la nature des pierres de l'édi- fice; peu importe qu'elles soient calcaires, siliceuses ou magnésiennes; marbre, grès, granité ou porphyre. » C'est donc la pensée intelligente, le génie de l'artiste qui a inventé cette forme dont la beauté cause l'admiration de tous. 1) Eh bien, la recherche des causes immédiates des phénomènes si variés que les êtres vivants présentent à l'observation du savant ne conduit qu'à une connaissance correspondante à la nature des pierres du monument. » Nous, appréciateur de la lenteur des procédés de ce mode d'inter- roger la nature vivante, ne voulant pas devancer le temps pour nous ex- poser plus tard à reculer et plein de foi dans le progrès, nous ne préten- dons pas que nos travaux soient la limite de la science; mais, quelque petite que soit la hauteur où nos effoils l'aieul élevée, quelque restreinte ( 9^6 ) que soit l'étendue du champ de la nature organique où ils ont été inces- sants, notre esprit a été entraîné, non malgré lui, non en obéissant à une imagination fougueuse el déréglée, mais en se laissant aller à une contem- plation grave et pourtant pleine de charmes, noble et vraie poésie de la science, qui l'a porié, par la loi de la continuité des idées, bien au delà des limites où l'observation rigoureuse de la méthode A posteriori expérimenlalc l'avait arrêté. Mais, loin de se soustraire à la sévérité de la méthode, il pen- sait liù être luièle encore en contemplant cet ordre auquel chaque être vivant est assujetti; s'il était bien alors l'homme qui atlmire l'œuvre de l'ar- chitecte, en ne contemplant pourtant que la forme d'un ensemble de pierres stables, fixées à la place où le maçon les a posées, combien la ré- flexion élevait ce sentiment d'admiration lorsqu'elle se reportait sur les fonctions dont il avait pu suivre, par l'observation la plus sévère, l'enchaî- nement et la succession indispensables aux conditions de la vie! » Quelle différence entre la beauté de l'oeuvre humaine et la merveille de cet être vivant! quelle variété dans les formes qu'il affecte! il peut être fixé au sol, dans l'air et dans les eaux! il peut marcher, ramper, njsger, voler dans les airs! ses parties en harmonie entre elles, le sont elles-mêmes avec les conditions du milieu où la vie s'accomplit, et l'observation des organes intérieurs de l'être vivant est aux yeux du philosophe un spectacle incomparable à celui de la vue des plus belles formes de l'art humain. Toutes les formes spécifiques se conservent et se perpétuent; le mouve- ment est partout dans l'être; la matière s'y renouvelle incessamment, et la vie ne l'anime qu'à cette condition. Ce mouvement intérieur, com- inenraul avec sa vie et ne finissant qu'à sa mort, jîréseiite un spectacle sublime auquel rien n'étant comparable dans les œuvres humaines, con- duit l'observateur à cette conclusion que l'être vivant, dépassant tout le savoir humain, n'a pu être imaginé et créé que par une PUISSANCE divine. » Le raisonnement est rigoureux, tandis que le contraire ne l'est pas. Spiritualistes timorés, crovez-moi, ne craignez pas que l'étude sérieuse de la matière vivante conduise jamais au matérialisnu'! » Je continuerai, dans une troisième partie, ma réponse CATÉGORIQUE à M. Freiny, en partant de l'écrit de 1837 el de son complément de 1870 (1). » Conformément au principe qui devait servir de base à mon second Rap- port, principe énoncé dans l'écrit de i 837, après en avoir tiré la conséquence exposée explicitement dans le complément de 1870, j'appliquerai les rai- (1) C'im/Jte rendu de la séance du \\ novembre 1870. t. LXXI. p. 635. ( 9^7 ) sonnenients déduits de la raison pourquoi l'aliment de l'homme et des animaux supérieurs doit être complexe, à l'examen de la qualité alimen- taire du carlilacje, du parenchyme, de l'osséine, relativement à la gélatine. » Je rappellerai comme conclusion que Proust, l'inventeur du bouillon d'os au double titre de la science et de l'application, en a été le juste appré- ciateur, relativement au bouillon de viande. » Et conformément à ces considérations, je parlerai du jugement de M. Fremy, sur le second Rapporl et de la liberté des discussions acadé- miques. » Je communiquerai deux Lettres de Félix D'Ârcet, qu'il m'a écrites de Rio-Janeiro. Elles seront la meilleure preuve que ma conduite a été irré- prochable avec D'Arcet, le père de Félix. Conséquemment, si M. Fremy, auquel je demandais de ré[)ondre oui ou non, à la question desavoir s'il avait fait allusion à un incident particulier de la Commission de la gélatine, qui me concernait, m'avait répondu nnti , jamais je n'aurais produit devant l'Académie les Lettres de Julia de Fonlenelle et le billet de D'Arcet imprimés dans la seconde partie de cet écrit. » BALISTIQUE. — IVote sur les effets de la pénëli^alion des projectiles dans les parties molles et les parties fibreuses ou solides du corps humain; par M. le GÉNÉRAL MORIN. « A l'issue de la séance de lundi dernier 12 décembre, notre confrère M. Laugier m'ayant fait l'honneur de m'adresser quelques questions sur les effets que noiis avions eu l'occasion d'observer, MM. Piobert, Didion et moi, lors des expériences que nous avons exécutées sur la pénétration des projectiles dans les corps solides ou mous, j'ai élé conduit à revoir les Rapports que nous rédigeâmes à cette époque éloignée, et j'ai pensé qu'il ne serait peut-être pas inutile d'en rappeler quelques passages, qui peuvent jusqu'à un certain point aider à l'explication des phénomènes complexes que présentent les plaies faites par les armes à feu. » Parmi ces expériences, les plus remarquables peut-être sont celles que nous exécutâmes sur la pénétration des projectiles dans des terres argi- leuses [)Uis ou moins molles, et pour lesquelles des dispositions et des pré- cautions spéciales avaient été prises. )) Dans un coffrage de 5 mètres de largeur, 5 mètres de piofondeur et 2"',3o de hauteur, on avait placé de la terre argileuse ilc Saint-Julien, près C. R., 1870, 2" Semestre. (T. LXXl, N» 2G.) 1 ^4 ( 92B ) fie Metz. Cette terre, bien damée et moyeiiiiemenl huniide, était conleinie antérieiirenienl i)ar des voliges minces que Uaversaietit Ifs projectiles, qui ont été des bonlets de 12 et de a/j- )) Après chaque coup, on relevait de suite les dimensions d'une partie du vide formé dans la terre, puis l'on achevait ce relèvement, après chaque série de coups, en enlevant la terre avec précaution, et en découvrant ainsi toute la longueur du vide. » Cette opération, exécutée avec soin, a d'abord fait constater un effet remarquable: c'est que « aussitôt après le passage du prejectilc, la terre, » d'abord lancée normalement à sa surface, revient sur elle-même, et que » les dimensions de vide diminuent notablement, dans un rapport qui a » été trouvé moyennement égal à celui de 100 à 85. » L'argile plasticpie, même humide, est donc douée d'une certaine élasticité. » Observation xiir le mode de formation (>rls rlo l/i Conimisiinr/ des principes du tir, i834- lithographies, p. 89 et suiv. ( 93' ) » Aux vitesses de 265 mètres et plus en i seconde, le boulet se fend dans le plomb; à celles de 280 inètrts, il s'est brisé en nn grand nombre de fraynunts qui ont donné an vide à l'intérieur une forme tout à fait irrégniière. » « Mais, malgré ces accidents do rupture, et quelque biz.irres qu'ils aient été, on a toujours constaté que le voliiii;e dti vide ftuiné élait proportion- nel à la force vive du projectile, conloruiéinent aux principes de la mé- canique. » Lorsque le boulet ne se brise pas en fragments nombreux et qu'il est en fonte dotice, sa surface antérietire se déprime sur une zone annulaire plus ou moins large, qui présente une série d'empreintes creuses, circu- laires, concentriques, dans lesquelles du plomb s'est incrusté. Le méial le plus dtu- s'est donc non-seulement brisé, mais encore sa forme générale a été altérée, et sa surface a été en quelque sorte guillochée sur inie certaine étendue. « Ces effets de déformation des corps cboquants ont, comme on le sait, leius analogues dans le choc des projectiles en plomb contre des surfaces ossetises. » Pénélralion des projecliles dans le bois. — Dans les expériences siu" la pénétration des projectiles dans le bois, dont je veux seulement rapporter les circonstances qui peuvent avoir quelque rapport avec les effets des armes sur les tissus fibreux, les pièces en cliéne de Lorraine, de qualité ordinaire, étaient très-saines; leurs dimensions variaient du petit au [«lus fort échantillon entre o™, 4o et o", 70. Le sapin des Vosges était de qualité médiocre. » Les effets de pénétration ont présenté des différences notables dans les deux espèces de bois soumises au tir. Le chêne se laisse moins pénétrer que le sapin, et ne présente sur le trajet du projectile qu'un vide à peine siiflisant jjour y introduire la sonde, même pour le calibre de 24 (de o"', i5 de diamètre). Les libres se déjdacent laléralement et se resserrent après le passage. Dans le sapin, au contraire, toutes les fibres choquées sont à peu près rompues. » i> Des flexions, des extensions, des déchirements analogues des fibres charnues doivent se combiner avec les effets de projection signalés plus haut. » Mais quand, au lieu de s'arrêter dans le corps ot'i ils ont pénétré et d'y perdre toute leur vitesse, les projectiles les traversent, oti comprend facilement qtie ces effets de projection des parties touchées doivent déter- miner à l'orifice de sortie un élargissement et des déchireitients plus ou moins considérables. ( 932 ^ » C'est ce que l'on a leinnrqué clans toutes les expériences de pénétra- tion sur les terres, les bois et les métanx. quand le milieu a été traversé, et ces effets sont assez dangereux pour que dans les bâtiments en bois, recou- verts de cuirasses en fer, la marine anglaise ait cru nécessaire d'introduire une chemise intérieure eu fer destinée spécialement à arrêter les éclats de bois. » A l'inverse, l'élasticité de l'épiderme et la compressibibté des parties charnues (ju'olle recouvre lui permettent souvent, après qu'elle a cédé le passage au projectile, de revenir sur elle-même et de ne présenter qu'ini ori- fice plus petit que le diamètre de ce corps. » Choc des projectiles contre des corps solides. — Dans ce cas aussi, les ef- fets que nous avons observés ne sont peut-être pas, pour quelques-uns du moins, sans une certaine analogie avec les blessures faites par des aimes à feu. » A grande vitesse, les projectiles, même très-mous, peuvent traverser les parties osseuses beaucoup ])his dures, en y opérant un découpage presque régulier, analogue à l'effet d'un emporte-pièce, et sans produire au loin d'autres lésions. » Si la vitesse est moindre, ils brisent l'os en fragments plus ou moins nombreux, et peut-être se produit-il quelquefois, en ties points éloignés de celui qui a été touché, des ruptures dont ils sont la cause difficile à recon- naître. Nous avons fréquemment observé, sur des pièces en fonte d'une assez grande longueur, que les vibrations imprimées par le choc détermi- naient à plus d'un mètre de distance du point touché la rupture de solides très-épais. Dans le cas des blessures par armes à feu, les circonstances de l'accident, l'âge et la constitution du sujet doivent avoir une influence con- sidérable sur les effets produits. » Le choc d'un corps solide contre un autre produit des [)liénomènes différents, selon que l'un ou l'autre, ou tous les deux, sont pleins ou creux. )) S'ils sont pleins et sphériques comme les boulets, celui qui est choqué est presque invariablement brisé, et laisse un noyau de la forme d'iuie py- ramide à cinq faces latérales et à base sphérique, dont le sommet seul est déprimé. » Si celui qui est choqué est creux, et que le choc n'ait lieu qu'à laible vitesse, la partie touchée de la surface extérieure est légèrement déprimée et devient la plus petite base d'une sorte de cône tron(|ué, à génératrices curvilignes plus ou moins régulières, dont la base intérieure est beaucoup plus grande, et fpii est refoulé dans l'obus. ( 9^3 ) » Des effets analogues ne peuvent-ils pas se produire dans le cas des lésions produites par des armes à feu dans quelques parties du système osseux, et donner lieu à des accidents graves? » Je ne sais si les faits que je viens de rappeler, et dont l'observation remonte à i833 et i834, pourront jeter quelque jour sur les effets com- plexes qui se produisent dans les blessures faites, par des armes à feu, dans les parties charnues et osseuses du corps humain. Je les livre avec réserve à l'appréciation des hommes de l'art, et je n'en ai entretenu l'Académie que par suite ties questions que m'avaient adressées lundi dernier mon ho- norable confrère M. Laugier. » « M. Roiiijx, par suite de la lecture du procès-verbal de la précé- dente séance, demande la permission de rectifier une indication inexacte qu'il a remarquée trop tard dans le titre de sa Note sur le procédé employé par les Indiens Téles-plates pour utiliser, au |irofit de l'alimenfalion, la matière grasse contenue dans les extrémités des os longs d'animaux herbi- vores. C'est par inadvertance que, dans ce titre, de même que dans le texte, vingt lignes plus bas, le produit obtenu des os du TVapili déjà vidés de leur moelle est désigné sous le nom d'huile; dans l'ouvrage original quia fourni ce renseignement, il n'est question que d'une graisse fluide [Comptes i-endus, p. 877, 1. 2). L'indication même eût été moins précise, qu'on aurait eu des motifs suffisants pour penser que la substance obtenue des os du Cervus sh'on(jylocero& n'avait point les caractères physiques d'une huile proprement dite. » M. Piiche, dans l'intéressante Communication qu'il a faite à l'Aca- démie (séance du 5 décembre) remarquaif, p;>ge 812, qu'on avait observé récemment que « les graisses de cheval mêlées aux graisses de bœuf et de mouton rendent celles-ci plus fluides » : c'est ce qu'aurait pu prédire Aris- lote qui, dans son Histoire des animaux, livre III, chap. xvii, a eu roccasion d'insister sur la difiérence que présentent, au point de vue de la consi- stance, les corps gras suivant qu'ils proviennent de Ruminants ou de Pa- chydermes (i), distinguant même chaque sorte par un nom particulier. » (i) « Il y a, dit-il, une disU'nction f|ue l'on doit faire entre la i;raisse tliiide, irifaXti, et la graisse solide, ar l'action de la chaleur, durcit en se refroidissunt, ce qui n'arrive point à l'autre. Ainsi, quand on fait un bouillon de chair do cheval ou de i)orc, la {graisse (jui moule à la surface n'y loiine point, (|uand on la laisse lefroidir, une croule dure, comme c'esl le cas pour le bouillon de chair de chèvre ou de brebis. « Ce passage, qui est très-clair dans l'original, devient preslntôt que dans un autre, taudis que le suif, lorsqu'il s'est figé, n'a rien qui ressemble à une struc- ture cristalline, et se rompt suivant le sens des efforts aiix()uels il est soumis. (i) Comptes rendus, I. LXX, p. i3i5. ( 935 ) viriel intérieur est égal à la demi-somme des produits que Ton forineen mid- tipliant la force qui agit entre deux points quelconques par la distance qui les sé|iare, le viriel extérieur égale une fois et demie le produit du volume du corps parla pression extérieure. Si l'on applique ce théorème à la cha- leur, la force vive du mouvement désigné sous le nom de chaleur est alors exprimée en foiiction des forces mutuelles qui agissent entre les divers points du corps, des distances qui séparent ces points et en outre du vo- lume du corps et de la pression qu'il supporte. Le Mémoire que j'ai l'hon- neur de soumettre au jugement de l'Académie contient quelques dévelop- pements relatifs au théorème de M. Clausius. » La première conséquence se rapporte à la loi de Dulong et Petit. On sait que pour les corps simples à l'état solide le produit de la chaleur spé- cifique par le poids atomique est im nombre sensiblement constant, que pour les gaz simples peiinauents le produit de la chaleur spécifique sous pression constante par le poids atomique est également une quaulité con- stante et que cette deuxième constante est sensiblement égale à la moitié de la première. Ce dernier résultat se présente comme un corollaire du théo- rème de M. Clausius, si l'on admet que dans les corps solides, pris à une température suffisamment éloignée du point de fusion, les forces intérieures n'éprouvent que de faibles variations, lorsque le corps s'échauffe. » Si l'on admet ensuite que hs atonies d'un C(.)r[)s soient séparés par l'éther en mouvement, et que l'on applique à l'élher le théorème fonda- mental, en supposant le cas simple où le corps offre les mêmes propriétés dans toutes les directions, le viriel, qui pour un corps solide en général se réduit sensiblement au viriel intérieur, peut se représenter par' la moitié du volume interatomique qu'occupe l'éther, par une certaine force qui con- serve la même valeur dans toutes les directions. Si l'on considère la force vive moyenne de l'éther comme étant proportionnelle à la température ab- solue, la force dont il est question a été désignée sous le nom de premion ùj- terne ou de cohésion. Si l'on aduiet que la cohésion, de même que les forces intérieures, varie peu lorsque le corps solide s'échauffe, ou trouve que pour les corps solides, pris à une température suffisamment basse, le coefficient de dilatation est sensiblement constant, inférieur à celui des gaz, résultat conforme à l'expérience, et que ce coefficient de dilnlation est cVauUuil j>ltis (jra)i(l que le volume iin'uriahle occupé par les atomes est une frcu lion j'ius pe- tite du volume apparent du corps. M Les formules auxquelles on arrive permettent de déleiminer le volume C. R., 1S70, 2= SemesPi:. (T. I.XXI, N" SG.) ' 2 J ( 936 ) invariable occupé par les atomes d'un corps solide et la cohésion de ce solide, lorsque cette dernière force n'éprouve que de fatbl<^s variations par suite des chaugements de tenipératui"e. Pour l'or, l'argent, le plalino, le cuivi-e, le fer, la cohésion est égale à la moitié du coefficient d'élasticité. » Cette relation simple entre la cohésion et le coefficient d'élasticité peut s'établir à priori, en supposant que les phénomènes calorifiques soient dus à un mouvement vibratoire de l'éthér, analogue à celui qui produit la lumière. Le viriel intérieur est représenté, dans cette manière de voir, par la force vive qui correspond au mouvement vibratoire de l'éther. Sous l'effort d'une traction très-petite, oh trouve que l'âllosigement de l'unité de longueur est le rapport de la traction exercée sur l'unité de surface au double de la cohésion, de sorte que, d'après les lois de l'élasticité de trac- tion, le coefficient d'élasticité est égal au double de la cohésion. » On sait, par les expériences de Wertheim, que le coefficient d'élasti- cité des métaux diminue, en général, à niesure que la lempéralure s'élève, sauf pour le fer et l'acier; la formule qui donne la valeur delà cohésion permet de rendre compte des variations qu'éprouve ainsi le coefficient d'élasticité par suite des changements de température. » Cette formule rend également compte d'une relation établie autrefois par M. Kupffer entre le coefficient d'élasticité, la cbaleur spécifique, la ■densité, le coefficient de dilatation d'un même corps et l'équivalent méca- nique de la chaleur. Cette relation, que l'expérience vérifie, n'avait pas été établie jusqu'ici d'une manière satisfaisante, suivant l'opinion de Ver- det : « Il se peut que la formule de M. Kupffer soit l'expression empirique » d'une relation que la théorie est impuissante à établir. Nous n'avons pas » en effet prouvé que cette formule fût fausse, mais simplement qu'on ne » pouvait la déduire d';ructui raisonnement (i priori (i). » M La formule qui donne la valeur de la cohésion représente également, sons une autre forme, la force désignée par Athanase Dupré sous le nom d'altraction au contact, dans le cas où le travail interne dépend du vohime seul. )> Les considérations qui précèdent conduisent en outre à l'expVession simple du travail interne effectué dans la dilatation d'un corps solide, qui avait été donnée déjà par M. lïirn : lé travad interne est le produit de la cohésion par l'accroissement de volume. Cette relation ne paraît pas con- venir aux liquides en général et n'est pas applicable au sulfure de carbone (i ) Exposé de la Théorie mécanique de la chaleur, p. i35. (937 ) eu particulier. Diîns ce liquide, elle conduit, pour le volume invariable occupé par les atomes, à un nombre qui excède d'environ nu tiers le vo- lume qu'occuperaient, dans le sulfure de carbone, le carbone et le soufre supposés cristallisés; or ce dernier volume est évidemment ime limite su- périeure du volume occupé réellement dans la combinaison par les atomes des deux éléments, le soufre et le carbone. » L'expression précédente du travail interne, malgré qu'elle manque de généralité, p(^ut rendre compte néanmoins, dans certains cas, du dégage- ment ou de l'absorption de chaleur qui accompagnent les transformations isomériques d'un même corps solide : le soufre, sur lequel les travaiu de MM. Ch. Sainte-Claire Deville et Regnault ont appelé depuis longtemps l'attention, en offre im exemple. Au moyen des formules qui précèdent, on peut évaluer directement la chaleur de transformation du soufre prismatique en soufre octaédrique et on trouve un nombre qui coïncide très-sensible- ment avec. la dilférence des chaleurs de combustion obtenues par MM. Favre ef Silbermann pour ces deux variétés de soufre. » Le théorème de M. Clausius est applicable à tous les états de la ma- tière; pour les corps solides ou liquides, le viriel extérieur est néglige.^ble par rapport au viriel intérieur, il n't'ii est plus de même pour les gaz. Si l'on représente, dans ce dernier cas, le viriel intérieur par la moitié du pro- duit cjue l'on obtient en multi[)liant le volume du gaz par la pression externe augmentée de la cohésion, il est facile de voir que la cohésion, ainsi définie pour les gaz, est égale à quatre fois la valeur de la pression interne ou cohésion que l'on déduit de la relation donnée primitivement par M. Hirn, comme-généralisation ties lois de Mariotte et de Gay-Lussac. Les résultats relatifs à la cohésion que l'on peut déduire de cette dernière rela- tion, dans la théorie des gaz, s'obtiennent également au moyen du théo- rème de M. Clausius, par un simple changement introduit dans la valeur de la cohésion. » On peut remarquer que le viriel extérieur est égal à la force vive qui correspond au mouvement de translation des molécules dans la théorie de Bernoulli, développée par M. Clausius, et que le viriel inférieur représente, an point de vue précédent, la force vive qui correspond au mouvement vibratoire de l'éther, de sorte que la force vive totale ou la quantité de cha- leur réellement existante à l'intérieur du gaz est la somme de ces deux forces vives partielles. Les mêmes raisonnements s'appliquent à tous les états de la matière, mais la différence essentielle qui existe entre les gaz d'une part, les solides et les liquides d'autre part, consiste eu ce que, dans 125. ( 9^8 ) ce flernier cas, la force vive qui résulte du niouvemenl de îranslatioi) des molécules est néglige;d)le. » M. SoREL soumet an jugement de 1' Vcadémie une Noie relative à un moyen d'augmenter la portée des picces de canon. (Renvoi à la Commission nommée pour I et reste très-faible pendant iS miuutes. Ce fait vient de ce que le ciel s'est couvert davantage après le nnlieii de récli|)se. Pour rectifier et compléter le sens des indications de la teinte, j'ai inscrit à la colonne (943) des observations les circonstances qui ont accompagné certaines phases do l'éclipsé. » Dans ces essais d'une mesure de la lumière, j'ai, pour pouvoir com- parer diverses observations entre elles, adopté une échelle de teintes, éten- dues depuis le blanc jusqu'au noir, et numéroté ces teintes depuis zéro jusqu'à 20. Ce sont là, en quelque sorte, des decjrés de lumière, qui peu- vent être comparés aux degrés de chaleur révélés par le thermomètre. La nuance la plus foncée (20 degrés) a été quelquefois atteinte dans les beaux jours d'été. En hiver, la plus grande intensité de lumière en plein soleil ne dépasse pas 16 degrés. Il va sans dire que le papier pholométrique sidjit toujours la même préparation, et reste le même temps exposé. Connue on l'a remarqué, en faisant la somme des degrés de chaleur envoyés par le Soleil pour mûrir les diverses espèces de plantes, on peirt ici remarquer quelle immense différence existe dans la somme des degrés de lumière qui atteignent le sol, entre les différentes époques de l'année. » Cette échelle photométrique que j'ai adoptée est arbitraire; les nuances sont difficiles à fixer sans être diversement affaiblies; les moments successifs de l'e-sposition n'agissent pas d'une manière identique : cette méthode est donc défectueuse en plusieurs points, et je me hâte de le faire remarquer pour appeler l'attention des amis des sciences sur un moyen plus absolu d'obtenir la mesure exacte de la lumière. )) Le long tableau photographique qui représente ces variations de lumière de la journée du 22 décembre ne pouvant être reproduit dans l'impression de cette Note, on peut y suppléer en remarquant les degrés correspondant à chaque teinte. Ainsi, à 8 heures du matin, au lever du Soleil (ciel couvert), il n'y avait que 4 degrés de lumière. A 9 heures, le photomètre donne 10 degrés; à 10 heures, 12 degrés, et à 1 1 heures, 14. Ici le ciel, en partie découvert, laisse apercevoir le Soleil pendant la moitié de la durée de l'exposition. L'éclipsé con.unence à i i''2o'°. La lumière des- cend successivement à 1 3, 12, i i, 10 et 9 degrés jusqu'à midi 35 minutes. A midi 3q minutes, plus grande phase de l'éclipsé, la Lune cachant les 83 centièmes du Soleil, la lumière tombe à 8", 5. En ce moment, les nuages ralentissent leur marche rapide jusqu'alors, la température de l'air est descendue depuis midi de — 5 à — 6 degrés, un silence se fait dans la nature; les oiseaux, qui tout à l'heure volaient et faisaient tapage, se tai- sent et sont cachés; on n'entend absolument que le bruit lointain du ca- non. Le photomètre, descendu à 8 degiés, ne remonte tju'à i liciu-e où il C. R., 1870, 2= Semestre. (T. LXXI, ^'' !iG.) » 26 ( 944 ) marque 9 degrés. Puis, il atteint 1 1 degrés à i'',2o'", 12 à i'',4o™, et iS à la fin de l'éclipsé : t'',57™. A 3 heures il redescend à 9 degrés, à 4 heures à 3, et à 5 heures la lumière est retombée à zéro. Telles sont les circonstances générales de l'observation photométrique des effets de Tcclipse. » Il n'y avait sur le disque solaire qu'un groupe de taches, formé de deux foyers principaux et situés dans la région nord-ouest, et une tache isolée à l'ouest du centre. Cependant nous sommes actuellement à l'époque d'un maximum de taches solaires, les derniers maxima ayant eu lieu en novembre 1847 et octobre 1809, les derniers minima en avril i856 et février 1867, et les comparaisons montrant que le maximum arrive envi- ron trois ans deux tiers après le minimum. » J'ajouterai une dernière observation générale. La lumière joue dans la nature un rôle non moins important que celui de la chaleur. Les données fournies par un photomètre satisfaisant ne seraient pas moins utiles peut- être à la météorologie que celles du thermomètre : c'est ce que des études futures nous apprendront. Mes essais de mesures, comme mon appareil, sont très-imparfaits; mais on me pardonnera de les avoir exposés, s'ils peuvent susciter des recherches qui donnent un jour à ce mode d'observa- tion lés perfectionnements qui lui manquent. » « M. Cn. Saintf.-Ci.airf. Deville, à l'occasion de l'inléressante Commu- nication de M. Flammarion, qui montre parfaitement comment, malgré les nombreuses variations dans la pureté du ciel, l'intervalle correspondant au maximum de l'éclipsé a donné un minimum de lumière diffuse, désire faire remarquer que, depuis plusieurs années, il a fait construire par M. Hardy lui spoiopliolomètre, destiné aussi à mesurer l'action de la lumière diffuse sur les papiers réactifs. Du mois d'août 18G9 au 6 sep- tembre 1870, l'instrument a fonclionné à l'Observatoire météorologique de Montsouris, et la moyenne diurne a été donnée régulièrement dans chaque lUillelin. » Dans une prochaine séance, il se propose de communiquer à l'Aca- démie les résultats obtenus par lui en août 18GG, lesquels démontrent : i^'quc la lumière dilfusc projetée par le zénith ne varie pas delà même manière que celle qui est transmise horizontalement; 2° que ces deux manilèsl.'ilions de la lumière solaire sont inlimcnvient liées aux autres élé- ments météorologiques. » ( 945) HYGIÈNE PUBLIQUE. — Conservation des viandes, moyen d'éviter les salaisons. Note de M. L. Soubeiran. « Il a été proposé, dans ces derniers temps, pour subvenir à l'alimenta- tion de l'immense population de Paris, beaucoup de procédés nouveaux de conservation des viandes, mais nous n'avons trouvé aucune indication relative à un procédé qui a la sanction d'une pratique très-ancienne chez divers peuples : nous voulons parler de la conservation des viandes séchées et pulvérisées. » Dans une des dernières séances de la Société d'Acclimatation, M. E. Simon, consul de France en Chine, rappelait quelques-uns des procédés culinaires employés par les Chinois et les Mongols. Au moment de préparer leurs provisions de chasse ou de voyage, ces peuples réduisent la chair des bœufs et des moutons en une poudre sèche, qu'ils mélangent avec de la farine d'avoine, de mais, etc. » L'excellence de ces poudres de viandes a été démontrée également par les voyageurs arctiques, les Kennedy, les Kane, les Franklin, qui se sont trouvés très-bien dans leurs lointaines et périlleuses expéditions, aussi bien que les trappeurs de la baie d'Hudson, de l'usage du pemmican : ce n'est autre chose qu'une viande quelconque, desséchée, broyée et saturée de graisse, et dont une livre écjuivaut à quatre livres de viande ordinaire. » Découpée en lanières minces, la chair de l'animal, bœuf, cerf, etc., est dégraissée et privée de ses membranes et tendons, puis séchée au four jus- qu'à friabilité; elle est alors broyée en une poudre assez fine, et mêlée à un poids égal de gras de bœuf fondu ou de lard. Pour rendre le mélange plus agréable au goùl, on peut, comme l'a fait Richardson, y incorporer une certaine quantité de raisins de Corinlhe, ou mieux de sucre; on mange le pemmican, dont la saveur est agréable, tel quel ou mélangé à de la farine. » On pourrait aussi faire du lassojo ou charqui, dont il est employé des quantités énormes dans toute l'Amérique du Sud, qui en exporte, en outre, des masses considérables dans diverses colonies, pour y servir à la nourriture des travadleurs. On dégraisse les animaux, bœufs en général, qu'on vient de tuer, on en coupe toute la chair en lanières minces, de façon à ne plus laisser que la carcasse, et l'on plonge ces lanières un mo- ment dans une solution concentrée de sel (quelquefois on saupoudre seu- lement d'une légère couche de sel fin), puis on les laisse en tas pendant une douzaine d'heures; après quoi on fait sécher au soleil (on peut substi- 126.. ( 946 ) liier ;i la chaleur solaire celle d'un four), cr l'on empaquette pour l'usage la viande, qui a perdu environ un tiers de son poids et qui forme la hase de la noiu'riture de nombreuses populations. » Ces procédés, qu'il nous serait facile d'imiter, ont l'avanlage : » i" De permettre l'emploi de toutes les parties des animaux, et même de faire, sans que l'œil en soit averti, le mélange de viandes diverses; » 2" De permettre la conservation indéfinie d'aliments qui, sous un volume relativement faihle, renferment une grande quantité de matière nu- ti'itive : les transports sont donc ainsi facilités; » 3" De ne pas avoir, comme les salaisons, une influence marquée sur la santé, si l'usage en est prolongé sans le concours de végétaux frais qui corrigent le mauvais effet des salaisons. » •&^ « M. Payex, à la suite de la Communication de M. L. Soubeiran, dé- clare qu'il jiartage complètement l'avis de l'auteur, sur les avantages de la dessiccation des viandes, en vue de leur conservation; il désire seule- ment informer l'Académie que la Société centrale d'Agriculture, il y a près de trois mois, s'est occupée de cette cpiestion importante qui lui était pré- sentée comme une des meilleures solutions de la conseivalion et du trans- port économique de cette sidistance alimentaire. » De son coté, M. Tresca s'est occupé d'effectuer, au Conservatoire des Arts et Métiers, la dessiccation, dans des étuves à courant d'air chau I/autre produit avait été desséché à tuie température plus élevée, » Tous deux pouvaient être employés pour la préparation du bouillon; le premier était préférable au point de vue des propriiHés organoleplicpu-s. » La viande pulvcTisée peut être très-facilement introduite dans les { 947 ) rations alimentaires; ajoutée, par exemple, clans les proportions de 5, lo à i5 centièmes au riz, l'une des céréales les plus pauvres en nialières alibiies, azotées, grasses et salines, elle complète son pouvoir nutritif et lui laisse une saveur agréable, et offrirait l'avantage signalé par M. L. Sou- beiran de donner aux produits du dépeçage des différents animaux les mêmes apparences, évitant j^ar là les préjugés qui fout repousser certains d'entre eux de la consommation. » On comprend que la poudre de viande réaliserait une grande éco- nomie pour l'emmagasinement et les transports, puisqu'elle représente quatre ou cinq fois son poids de chair musculaire à l'état nornsal, conte- nant plus (le 0,75 d'eau. Pour la conserver et la transporter au loin, il conviendrait sans doute de l'enfermer, assez fortement tassée, dans des barils bien secs et solidement cerclés. » La principale difficulté pour la mise en pratique de ce procédé consis- terait aujourd'hui dans le prix élevé et le peu d'abondance du combus- tible. » M. LE GÉNÉRAL MoRiN rappelle les « Essais sur la conservation des farines entrepris par ordre du Ministre de la Guerre de 1857 à i86'3 » qui ont été in- sérés dans les annales du Conservatoire des Arts et Métiers, essais dont les résidtats pourraient trouver actuellement une application utile : Si le développeuien; des lolations commerciales ol la facilité des communications par les chemins de fer ont fait perdre une grande partie de son importance à la question delà con- servation des blés, et en a limité l'application au\ produits de la récolte d'une ou deux an- nées, la conservation des farines destinées à l'approvisionnement de la flotte, à celui des places et des troupes engagées dans des expéditions lointaines, n'en est pas moins restée d'une grande utilité. Aussi a-t-on cherché depuis longtemps les moyens de résoudre d'une manière pratique cette dernière question. Sans rappeler ici les diverses tentatives qui ont été faites à ce sujet, je dirai qu'elles reposent sur deux procédés différents qu'il ne serait guère possible d'employer sinuiltanément, ce qui, d'ailleurs, ne paraît pas nécessaire, comme on le verra plus loin. Les deux procédés employés sont la compression et l'étuvage. Je rappellerai succincte- ment en quoi ils consistent et quels résultais l'on peut en obtenir. La farine étant une matière amenée à lui très-grand état de division, elle se tasse facile- ment et prend dans les sacs ou dans les caisses où on la place une densité d'environ o''8,-54 au décimètre cube. Dans des essais que j'ai dirigés en i856-57-58 i)ar ordre du Ministre de la Guérie, on n'a pu réduire le volume de la farine que de 3o pour 100 environ de son vo- lume après le tassement, et l'amener à une densit." de plus de i''S,o6 au décimètre cube, en opérant sur des caisses de o",35 de largeur sur o"',6o de longueur et o'",3o de hauteur, contenant Go kilogrammes de farine. La |)ression exercée par centimètre carré, pour obtenir ( 948 ) cette densité, était tle8o kilogrammes, et correspoiulait pour la surface ])ressée, qui était de 35 X 60 = 2100 centimètres carrés, à -.^Sooo kilogrammes, ce qui était à ])eu près la force niaximiim des presses dont on disposait. Ces résultats sont d'accord avec ceux qui ont été obtenus à Brest par la marine, dans des expériences fuites en i856. Lorsqu'on opère sur une quantité de 5o à 60 kilogrammes avec des ca.isses en bois, comme nous l'avons fait à Paris et comme l'a aussi essayé la marine, la nécessité de conso- lider ces caisses par des ferrures et de donner au bois assez d'épaisseur pour qu'elles résis- tent à la pression, conduit à un volume brut du contenant et du contenu qui com[)ense la diminution de volume obtenue par la pression. Il n'y a donc, sous le rapport de l'arrimage, que le faible avantage que peut procurer l'emploi des caisses au lieu de celui des sacs. Mais si l'on agit sur des quantités plus faibles, outre qu'il est alors facile d'obtenir une plus grande densité, l'on peut renfermer la fiirine pressée dans des boîtes en fer-blanc, ce qui ])erniet de profiter pour l'arrimage de toute la réduction de volume opérée. M. AVawra, de Vienne (Autriche), a présenté à l'Exposition de Londres en 1862 des fa- rines comprimées en pains de i''s, 726 environ, n'ayant qu'un volume de i'''^,3';, et par conséquent d'une densité de i '^'■',259 au décimètre cube, ou égale à 1,67 fois celle de la fa- rine simplement tassée. Or des expériences directes, dont j'ai rendu compte en i85g, sur la compression des fa- rines, semblent indiquer que la densité ne s'accroît que proportionnellement à la racine carrée des pressions; il s'ensuivrait que, pour obtenir la densité des farines exposées par M. Wawra, de Vienne, il faudrait exercer une pression égale à X = 80 X (— ^ — ( I = 108 kiloL'rammes par mètre carré. i,ob/ - " Les pains de farine de M. Wawra ayant o"',i32 de diamètre, ou 174 centimètres carrés de surface, il s'ensuit que, pour comprimer des pains de farine pesant 1*^^,726, il faudrait cnqjloycr une pression de près de 81822 kilogrammes. En supposant même que, par des dispositions faciles à imaginer, l'on puisse com|)rimer à la fois plusieurs pains, il me paraît évident ()ue cette o|)ération augmenterait considérable- ment le prix des farines ainsi préparées; car à Brest, pour obtenir une couqiression beaucouj) moindre, il a fallu faire une dépense de 19^ 36 psr 100 kilogrammes, au lieu de 5 francs que coûte l'emballage ordinaire. Le procédé de M. AVawra, ou la compression par jietites quantités, qui |)erinet de doubler la densité, paraît, il est vrai, très-favorable à la bonne conservation des farines. Pour la mieux assurer, il avait même enveloppé les pains présentés à l'Exposition avec une feuille d'étain; mais il se contente ordinairement de les enfermer dans une boîte de carton. Un |)ain de farine, revenu de l'Exposition de Londres, où il avait été envoyé en mai 1862, a été [)auifié à la Manutention de Paris en juin i863, et a donné d'excellent jiain. Cependant il faut dire que la farine ainsi comprimée est devenue extrêmement duie; (ju'il est indispensable de l'écraser, de la pulvériser, et, si l'on peut, de la bliilei', avant de la mouiller et de la |)étrir; ce qui peut ollrir en campagne quelques difiicullcs à sou emploi. Ces diverses observations me portent donc à penser que le [jrocrdé de la conseï vation des farines par une compression énergique et par petites quantités ne peut étreaccejité que pour ( 949 ) l'usagfi des voyageurs isolés, et f[iril est trop dispendieux pour être appliqué à l'aliiiienlalion des armées et de la flotte. Quant à la compression des farines par quantités de 5o à 60 kilogrammes renfermés dans des caisses en bois, quoiqu'elle augmente le prix des farines de 19 ou 20 francs, ou de 5o pour 100, si elle offrait pour la conservation de cette denrée alimentaire les garanties nécessaires, il n'y aurait pas lien de s'arrêter devant une dépense si utile pour l'alimentatioa de nos soldats; mais malheureusement le degré de compression que, dans le service courant, l'on peut obtenir, ne suffit pas pour préserver la farine de 1 altération. Des expériences faites avec soin, de i856 à iSSp, laissent d'autant moins de doute à cet égard, que les farines que l'on avait ainsi préparées avaient été en partie conservées à l'un des étages de la Manutention de Paris, et parfaitement à l'abri de toute humidité. Si une partie des Rapports de la tjiarine, sur des farines comprimées à ])cu près au même degré, semblent émettre une opinion plus favorable sur celles qui avaient supporté deux ans à peine de conservation, cela tient peut-être à ce que les marins ne sont que trop souvent exposés à ne consommer que des farines avariées, et d'ailleurs il faut observer que ces con- clusions n'ont été appliquées qu'à des farines conservées dans des caisses en fer-blanc. En résumé, il me semble que, pour le service des armées de terre et de mer, le procédé de la compression ne peut pas être accepté, et que son emploi doit être limité à l'usage des voyageurs isolés. Après les essais peu satisfaisants que nous avions faits du procédé précédent, je reçus l'ordre d'essayer de celui de l'étuvage, qui est en usage dans quelques ports de l'Océan et particulièrement à Bordeaux. Ce procédé consiste à introduire et à faire circuler lentement la farine dans une étuve chauffée à no ou 80 degrés au plus pendant une ou deux heures. A cet effet, des auges demi-cylindriques, en nombre variable, de sept a huit chez les uns, de douze à quinze chez les autres, sont disposées les unes au-dessous des autres, et reçoivent chacune une vis d'Ar- cbimède qui, par son mouvement, oblige la farine à la parcourir dans toute sa longueur. Cette farine, introduite par une trémie dans l'auge supérieure, passe ainsi à la deuxième auge, dont la vis la ramène en sens contraire pour la verser dans la troisième, et ainsi de suite. Parvenue à la dernière auge, la farine est versée sur l'aire d'une chambre, où elle est mise en barils et légèrement pressée. Une étuve à sept augets peut fournir en quatorze heures cent barils de 88 kilogrammes de farine, à laquelle l'opération a enlevé 4 à t) pour 100 de son poids d'humidité. L'on sait qu'à l'état normal la farine contint en moyenne 14 pour 100 de son |)oids d'eau; mais, après avoir été amenée à n'en conserver que 10 pour 100, elle reprend, soit dans la chambre de refroidissement où elle est mise en barils, soit dans les barils eux-mêmes, 2,5 pour 100, et en conserve en définitive 12, 5 poiu- 100. Le résultat net de l'opération est donc bien peu im|iortant, et ;i moins que l'exposition pendant deux heures et demie à une température qui ne doit pas dépasser 70 à 80 degrés, ne détruise quelques germes fermentescibles, ce qui me paraît au moins douteux, il est assez difficile de se rendre compte de l'effet propre de l'étuvage. La rapidité avec laquelle la farine reprend l'humidité qui lui a été enlevée dans l'étuve tient non-seulement à son avidité pour l'eau, mais encore à son excessive division; aussi ( 95o ) est-ce une mauvaise opération de la faire arriver dans une chambre de refroidissement où on la met ensuite en Iniiil. C'est ])ar ce motif que, dans l'installation de l'étuve d'essai que nous avons employée à la Manutention, j'ai exiyé que le baril destiné à recevoir la farine fût introduit et rempli dans l'étuve même, et que cette farine y fût tassée avant qu'on en sortît le baril, que l'on fermait ensuite immédiatement. Les barils en bois de cliène que nous avons em])loyés étaient très-secs, cerclés en fer; on les avait maintenus pendant quelque temps dans la chambre de la machine à vapeur, et ils avaient été rebattus à trois reprises différentes. lis étaient donc dans les meilleures condi- tions possibles; leur prix était de i3 francs l'un, avec six cercles en fer, et ils contenaient un |)oids net de laS.à i45 kilogrammes de farine, ce qui revenait à io',4o ou 11*^,60 par 100 kilogrammes de contenu. Mais craignant, non sans raison, comme la suite l'a nionlré, que le bois n'absorbât une certaine quantité d'humidité, qui pourrait se transmettre à la farine et en altérer le goût, j'ai demandé en outre que l'on fît un essai comparatif avec des tonneaux en tôle ordinaire et en tôle galvanisée, de ?. millimètres d'épaisseur. Ce dernier modèle a coûté 26^,90, à raison de o^8o le kilogramme. Il pesait 33''',64, et contenait environ i 3o kilogrammes de farine, ce qui met le \m\ du récipient à ?o',70 pour 100 kilo- grammes de farine. Les procès-verbaux des visites faites après un an, deux ans et trois ans de séjour, et anisce. — Farine en parfait état. Farine non étuvée. Tonneaux en bois. — Les trois tonneaux placés au quatiièiue étage du bâtiment des silos ont été trouvés, comme ceux de farine étuvée, dans un état assez satisfaisant. Les deux tonneaux du sous-sol ont donné l'un i3''', 5, l'autre 7 kilogrammes de farine prise en masse et sentant le moisi. Le reste île la farine ivait uiu' odeur et un goût de lanee très-prononcé. Tonneau en tôle gah'anisée. — Farine en état ])assable, mais moins satisfaisant que celui de la farine étuvée. Ou a l'ait trois pails de la farine retirée des totmeaux. savoir : I" K.irine avariée, iiuproiire au service, provenant presque en entier d." Farine reconnue panifiable, ayant plus ou moins d'odeur, d'acidité, et provenant de tous les tonneaux en bois et du tonneau en tôle de farine non étuvée. Cette farine pouvait (95i ) être employée, même sans mL'l;tni,'e avec di- la fjiine fraîdie, a|)rès avoir rlr rrpnssie an blutoir et pelletée pemlant plnsiours jours. 3" Farine restée en bon état, |)anifiable, sans autre préparation cpTun |)en d'eiposition à l'air; elle provenait en totalité de la larine étuvée et renfermée dons le lonniau en tôle s;al- vanisée. Ponr eompléter l'apprériation (pii préeède, les farines des derniers lois ont été, après les remaniements reeonnns nécessaires, l'objet d'éprenvcs de panification. Les farines du deuxième lot avaient bonne main &\\ travail, belle apparence, et elles avaient presque enlièrement perdu le goût de vieux qui les caractérisait. Le tiavail au |)étrm s'est bien fait, et le pain, (]uoique n'ayant pas le goût très-franc, comparativement aux iiroduils du service courant, a ]>aru assez lion et distribuable. Si la farine de ce lot avait été mélan- gée avec de la farine fraîche, le pain eût paru irréprochable. Les farines du troisième lot, (jui avaient été étnvées et conservées dans un baril de lôle galvanisée, n'ont présenté, ni dans le travail, ni dans la qualité du pain, de diflcrcnce mar- quée avec celles du service courant. Conséquences. — Il résuite de ces expéiiences continuées pendant jdus de six années : j" Que le procédé de la compression pour la conservation des farines ne |,cut donner de bons résultats que quand on opère sur de petites quantités, et (ju'il ne jiaraît pas SMSce])li!)le d'être appliqué avec avantage et économie à la préparation di' caisses de 5o à 60 kilogrammes et plus; n" Que le procédé de l'éluvage doit être conduit de manière que les farines soient tassées et embarillées dans l'ctuve même, alin qu'elles ne jinissent ])as reprendre l'bnmidilê dont elles ont été privées; 3° Qne la nature du barillage a une très grande influence sur la conservation, et que des barils en tôle zingiiée, bien clos, permet lent de conserver, pendant trois ans au moins, à l'elat de pureté parfaile, des farines convenablement étuvées. Pour le service des années en campagne, il convient que les charges soient divisées et modérées, et par conséquent les barils de farine ne devraient pas peser plus de 5o à fio ki- logrammes l'un. Unit compris. D'une autre part il est facile de disposer une fermeture her- métique, commode à ouvrii', qui permelte de réexpédier les barils après la consommation de la denrée. Il convient en effet de remarquer que les farines ainsi préparées étant destinées soit au service de la flotte, soit à celui des approvisionnements qu'elle transporte ou à celui des places, la conservation et le retour des barils en tôle zinguée ne doit pas offrir plus de diffi- cultés que pour les caisses à eau. Dans ces conditions, les frais de conservation des farines étant limités à peu près :\ ceux de l'étuvage, ils se trouveraient bien inférieurs à ceux qu'occasionnerait l'emploi des presses sur de petites quantités. « M. Paten (leman le la permission de faite remarquer que les procédés d'étiivage perfectionné des farines ont offert des succès remar- quables dans les produits présentés aux dernières expositions internatio- C K., 1S70, -x" Semestre. (T. LX\I, >" 2(;.) I ^7 ( 952 ) nales, notamment en ce qui touche les farines importées des États-Unis on France. » Un seul reproche semblait pouvoir être ndressé à ces produits qui préalablement desséchés à i'étuve ne s'étaient pas d'abord convenablement prêtés à nos méthodes usuelles de jjanification ; mais en considérant que généralement le? substances très-sèches absorbent difficilement l'eau, nous avons été conduit à conseiller une simple modification consistant à laisser plus longtemps la farine s'hydrater avec une proportion d'eau convenable, avant de la livrer aux moyens habituels de fermentation. » Dès lors les premières difficultés ont disp.u'u, le rendement en pain est devenu proportionné aux quantités réelles de farine sèche, celle-ci repré- sentant les 94 ou 90 centièmes du poids total au lieu des 84, 86 ou 88 que contiennent les farines ordinaires. » Sans aucun doute cependant les barils ou caisses en tôle ou tôle galva- nisée, proposés par notre confrère le général Morin, seraient bien préfé- rables pour ces expéditions aux barils en bois. » ZOOLOGIE HISTORIQUE. — Sur Vintrocinclion et la domesticité du porc chez les anciens Egy/itiens (deuxième Note) ; par M. F. Lexormaxt. « Malgré l'idée d'impureté religieuse qui empêcha pendant toutes les époques primitives de leur civilisation les Égyptiens de réduire par eux- mêmes en domesticité le sanglier de leur pays ou d'emprunter aux peuples voi.sins le cochon domestique, ce dernier animal finit par être introduit en Egypte. Mais les indices de sa présence sur les bords du Nil ne remontent pas plus haut que la XYIIP dynastie. C'est à dater de ce moment que nous voyons quelquefois apparaître des troupeaux de porcs dans les scènes agri- coles peintes sur les parois des tombeaux de Gournah. Des figures symbo- liques de truie en terre émaillée ou en autres matières dont nous parlions dans notre précédente Noie, aucune n'est plus ancienn!^ que la XVIIP ou la XIX*-" dynastie, et la plupart datent d'époque plus basse, de l'âge des rois Saïtes (viP siècle av. J.-C). C'est aussi vers le temps des Rainsès que les documents astronomiques commencent à parler d'une constellation de la Truie. » Le cochon domestique de l'Egypte, tel qu'il se montre alors et que la race n'en varie pus jusqu'aux temps romains, a des oreilles petites et droites qui sembleraient au premier abord le rappiocher du cochon de Siam plus que de nos occhons vulgaires aux oreilles tombantes. Cette particularité ( 953 ) est, dn reste, commune à la plupart des races de cochon de l'antiquité, à celle que les monuments de l'art grec représentent fréquemment comme l'anima! sacré de Déméter et à celle qai est le plus souvent figurée dans les oeuvres de l'art romain, bien que dans ces dernières on voie aussi quelque- fois un porc à oreilles légèrement tombantes. Mais, en revanche, le cochon égyptien a la quei'.e tortillée de nos races communes. Son groin est forte- ment allongé, son corps arrondi. On le représente comme ayant le dos garni de soies rudes et dressées, et comme étant assez haut sur pattes. A coté de cette variété, qui est la plus généralement répandue, les tombeaux de Gournah laissent aussi, mais rarement, v*r des troupeaux d'une autre race, beaucoup moins modifiée par la douiesticité, frés-voisine du sanglier par ses formes et en conservant encore les défenses; les troupeaux de porcs de cette dernière variété sont conduits par leurs pasteurs, et il n'y a pas moyen de croire que les artistes pharaoniques, en les dessinant, aient eu l'intention de retracer un animal sauvage. Au reste, les types des deux races ont été très-bien donnés par sir Gardner Wilkinson [Manners and customs of ancienl Egyptians, 3^édition, t. III, p. 34)- » D'après la date où la figure commence à se montrer sur les monuments de l'Egypte, le porc doit être classé, comme le cheval, au nombre des nou- veaux animaux domestiques qui furent introduits de l'Asie dans ce pays avec l'invasion des Pasteurs, et qui se naturalisèrent sur les rives du Nil pendant la domination des étrangers venus par le désert de Syrie. Les tombeaux de Gournah prouvent qu'à partir de la XVIIF dynastie, les grands propriétaires égyptiens en élevaient des troupeaux sur leurs terres. Mais ce n'était évidemment pas à l'usage de la population de race proprement égyp- tienne, puisqu'il lui était interdit par la religion de manger delà viande de porc autrement que dans le sacrifice dont nous avons parlé dans notre Note précédente et que tout Égyptien à qui il était arrivé de toucher seulement un cochon par hasard était obligé de se soumettre à de minutieuses puri- fications (Hérodote, II, '/ij). C'était, suivant toute apparence, pour l'usage et la nourriture des tribus de races étrangères qui étaient restées en grand nombre dii temps de l'invasion sur le sol de la Basse-Egypte, qui y vivaient dans une condition de colonat bien voisine du servage et que pendant plu- sieurs siècles la politique des Pharaons tendit à augmenter an moyen des prisonniers qu'ils ramenaient de leurs conquêtes en Asie. Au reste, quand Hérodote (11,47) décrit les porchers comme formant en Egypte, de son temps, c'est-à-dire sous la domination des Perses, une caste séparée du reste de la population, se uiariant entre elle et exclue des temples, il semble 127.. ( 9^4 ) indiquer clairement que l'élève et la garde de l'animal impur par excel- lence constituaient une piofession exercée par une de ces tribus étran- gères. » Et (piand le même Hérodote (II, i4) raconte que l'on employait les porcs lâchés dans les chanips d'où l'inondation venait à peine de se retirer à fouler le grain lancé à toute volée sur le limon hiunide et à l'enfouir ainsi, il signale inie habitude exclusivement propre à la Basse-Egypte, au delà de laquelle il n'avait pas été. et où habitaient les tribus non égyptiennes, sémi- tiques et liijycpics pour la plupart. Dans le reste du pays, ce sont les mou- tons que l'on employait au luéme usage, comme le dit Irès-exacleinei'.t Dio- dore de Sicile (I, 30), qui était uioiilé jusqu'à Thèbes, et comme le font voir fréquenunent les représentations des tombeaux. [Voy. ^Vilkixsox, Mimners and custoiiis oj ancient Eiijplions, 3*^ édition, t. IV, p. 38.) » Au reste, l'origine étrangère du cochon domestique en Egyj)te et son apport (le l'Asie à une date cotnpara!i\t'meiil tardive, sont attestés par le nom le plus liabituei de cet animal dans l'idiome égy[)tien antique. » Deux mots désignent le porc dans cet idiome. L'un, n'i\ copte n'r, est manifestement une simple onomatopée emprinitée au grognement de l'anim d et une; onomatopée indigène, car d'autres peuples ont r^ndu ce grogneuient assez différemment. On sait que lien ne varie plus que la ma- nière dont les populations de races diverses entendent et surtout rendent dans leur langage les cris des animaux, d'a[)rés lesquels leurs noms ont été souvent formés. )) L'autre nom du porc en égyptien, scha ni, copte esclià, est beaucoup plus curieux, car il découle d'une soiu'ce étrangère et se rattache avec cer- titude au groupe des noms les plus généralement répandus du cochon chez tous les peu|)les du rameau aryen. » Grec crvç, vç; la lin sus; » Ancien allemand .sh; anglo-saxon 5/((/,- Scandinave syr; allemand ^au ; anglais sow; suédois so; » Irlandais ia/^.cymriquc laveh; corniquo Itm-h; d'où l'anglais //oy; » Persan scliûlc; arméiùen choz ; » Lithuanien tchûka; russe tcimsclika ; » L'origine de tous ces noms, avec lesquels l'égyptien scluiau se groupe d'une façon si curieuse, prouvant que les habitants de l'anlicpie Egypte avaient reçu le cochon domestique de populations qui elles-mêmes le tenaient depuis peu des Aryens; leur origine, disons-nous, est établie par le type plus développé du sanscrit çiiliuia, « l'animal qui fait çù, qui ( 955 ) gfogne. ■> Ainsi que l'a remarqué M. Pïctal {Les origines indo-européennes, t. I, p. 370), « toutes les autres langues aryennes ne présentent que l'ono- nialopée su ou çû, avec ou sans suffixe, et en faisant alterner la sibilante et les gutturales, » » Un fait qui ne manque pas tlinlérèt, c'est que dans une direction géo- graphique tout à fait opposée les noms du porc dans les principaux idio- mes (le la grande famille touranienue dérivent également tous du même type aryen: finnois s/Avz; esthoiiien siçjcja; tchéréinine siisna; baschkir siiska; léléoate scliosclika; kirghis 'irti'menl de lu Sdiic, sur les moyens d'utiliser, au profit de V(dimenl(ilian, In matière grasse et le tissu nrcjanique azoté des os. Paris, 1870; opuscule in-4". (9^9 ) Nouvelles recherches expérimentales sur la pharmacologie, In physioloijie et la thérapeutique du Coca; par M. Ch. Gazeau. Paris, 1870; br. in-8°. Siège de Paris : Usage alimentaire de la viande de cheval ; Communication faite à la Société d'acrlintatntion (séance tlii 18 novembre 1870); par M. E. Décrois. Paris, 1870; br. in-8° (deux exemplaires). PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADÉMIE PENDANT LES MOIS DE NOVEMBRE ET DECEMBRE I8Ï0. Annales des Conducteurs des Ponts et Chaussées ; ]u\\\ei 1870; in-8". Bulletin de l' Académie impériale de Médecine; n°' des i5 el 3o novembre 1870; in-8". Bulletin (jénéral de Thérapeutique; n°* des i5, 3o octobre et 3o no- vembre 1870; in-8". Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie des Sciences; n"' 23 à 26, 2" semestre 1870; iii-4°. Gazette médicale de Paris; u"' 45 à Sa, 1870; in-4''. Journal de l' Eclairage au Gaz; n°' 39 à 4^, 1870; in-4''. L' Aéronaute; novembre 1870; in-8°. LArt médical; octobre 1870; in-S". Revue des Cours scientifiques ; 11"* 4^1 ^t 4^, 1870; in-4°. Société d'Encouragement. Comptes rendus des séances; n"' i5 à 18, 1870; C. R., 1S70, 2« S^racjirf. (T LXXl, ^"2C.) ' ^8 ( 9^0 ) ERRATA. (Séance du iZj novembre 1870.) Page 694» ligne 5, nu lieu de M. Boisson, lisez M. Busson. » ligne 9, au lieu de M. Gaillard, lisez M. Gailhard. FIN DU TOME SOIXANTE ET ONZIEMK COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. TABLES ALPHABÉTIQUES. JUILLET — DÉCEMBRE 1870. TABLE DES MATIÈRES DU TOME LXXI. Pages. Acide acétique. — Recherches sur les déri- vés bromes de l'acide acétique anhydre ; Note de M. Gai '272 Acide cyanique. — Note de MM. Jiif;. Ca- liours et G(d concernant de nouveaux composés résultant de l'union de l'acide cyanique et des différents éthers cya- niques avec les éthers des acides amidés dp la série aromatique 462 Acide oxalique. — Sur la décomposition de cet acide ; Note de M. Caries 21G Acide paraphocénique. — Son identité pré- sumée avec un acide odorant produit dans la fermentation putride de plusieurs matières azotées, et particulièrement des lendons; Note de M. Chevreul 760 Acide phénique. — Sur son emploi hygié- nique ; Note de M. Calvert in AÉRONAUTIQUE. — Note do M. DiipuY de Lomé sur un projet d'aérostat dirigé, muni d'un propulseur. — Supplément à cette Note 477. 5oa et S-^.g — Deuxième et troisième Notes sur les aé- rostats dirigés; par te mente. . 545 et 549 — M. Moriii annonce, séance du 24 oc- tobre, avoir entre les mains une pièce qui paraît être un Rapport écrit de la main de Monge et qui a pour titre ; « Mémoire sur l'équilibre des machines aérostatiques, sur les différents moyens C. R., i«70, 2""' Semestre. ( T. LXXL) ri>};cs. de les faire descendre et monter, et spé- cialement sur le moyen d'exécuter ces manœuvres sans jeter de lest et sans perdre d'air inflammable, en ménageant dans le ballon une capacité particulière destinée à contenir de l'air atmosphéri- que, par M. Meusnier » î/ç) Ce Rapport ou projet de Rapport, trouvé dans les Archives du Conservatoire des Arts et Métiers, et écrit enlièremenl de la main de Monge, mais non signé, est communiqué par M, Morin à l'Aca- démie, dans la séance du 3i octobre. . oC») Sur les circonstances qui ont pu amener Monge à s'occuper des questions rela- tives aux aérostats; Note de M. Ha- chette .i8j M. Dumas donne lecture d'un pas- sage des « CEuvies de Lavoisier » relatif aux travaux aérostaliques de Meusnier (inS M. Chevreul exprime le désir d'avoii' quelques documents relatifs aux expé- riences des frères Montgolfier iWkj M. Dumas, en réponse à M. Chevi-eul, donne lecture d'un nouveau passage des « Œuvres de Lavoisier ;> (lu» M. Chevreul remercie M. Dumas, et fait remarquer que les documents authen- tiques qui viennent d'être communiqués 129 9^2 Pa sur riiweiilion des frères MontL'olfier iijoulent un nouvel exemple à ceux qui prouvaient déjà qu'on peut, en partant d'une idée erronée, arriver à une dé- couverte réelle Description du premier aérostat à va- peur; par M. Giffiiril Note de M. Damus à propos du récent départ de M. Janssen par raérostat « le Volta » M. Linitville et M. DclniindY, Membres du Bureau des Longitudes, partagent ainsi que le Bureau loul entier les senti- ments exprimés par M. Dumas relalive- raenl à l'immunité dont doit jouir près de tous les peuples civilisés le voyageur qui remplit une mission scientifique... M. /(■ Secrél/iirr /icrpeliicl lionne, dans la séance du 19 décembre, communication d'une Lettre de M. le Directeur général des lignes télégraphiques annonçant l'heureuse arrivée à Saint-Nazaire du ballon « le Volta » monté par M. Jn/is- scn M. Ch. Sainte-Claire Deville communique une Lettre de M. F. Denis accompagnée d'une citation de Coutetle attestant com- ment les Allemands entendaient, il y a un demi-siècle, la législation militaire en matière de navigation aérienne. . . . - Procédé pour mettre en communication télégraphique, au moyen d'aérostats, la France du dehors avec la France du de- dans; Note de M. Guérin - Remarques de M. Dumns sur un pro- jet analogue que lui a communiqué M. Granier - Note sur la nécessité de faire des expé- riences concernant la résistance des tis- sus en vue de l'aérostatique ; Note de M. Moiitiicci - Note sur un moyen de détruire rapi- dement, en ballon, des dépèches dont la communication pourrait être utile à l'en- nemi ; par le nu'iiie - Projet d'aérostat dirigeable muni d'un moteur à air dilaté par la combustion du gaz d'éclairage puisé dans le ballon lui-même; Note de M. Boiwct . 539 et - Sur un procédé de réchauffement mé- thodique du gaz d'un aérostat par la combustion d'une partie de ce gaz lui- même pour compenser les pertes de force ascensionnelle ; par le iiiciiie - Du moyen de produire à volonté, à bord des aérostats, un excédant de force as- censionnelle pour opérer des montées et des descentes partielles; par le même.. tiio 683 783 786 886 839 578 692 78a 73i ) Sur un gaz qu'on pourrait substituer pour le gonflement des ballons à celui qu'on obtient de la houille; Note de M. Hit- rciiii de f 'i lie neuve 767 ■ M. Dumas fait remarquer à cette occa- sion que la fabrication du gaz proposé exigerait un outillage spécial, et que si 1 on essayait d'y employer celui qui sert pour la production du gaz d'éclairage on l'aurait promptement détérioré 768 - Note de M. Déroute i\n un nouveau sys- tème aéronautique exigeant l'emploi de deux gaz différents, système marchant par une succession d'ascensions directes et de descentes obliques dans des direc- tions déterminées 768 - Note de AI. Pnsqutile sur la direction des aérostats j5o - Notes de M. Sorel concernant les condi- tions que lui paraissent devoir remplir les aérostats pour qu'il soit possible de les diriger 622, 677 et 729 - Essai sur les moyens de diriger les aé- rostats et sur l'appréciation des résul- tats qui peuvent être obtenus : agents de locomotion et de direction faisant corps avec le ballon ; Note de M. Lehir. 578 - Sur la direction des ballons; Note de M. Joulie • . 53 1 - Note de M. Debruge relative à un ballon dirigeable 619 - Note do M. Delacroix sur un ballon diri- geable, différent de celui qu'il avait pié- cédemment proposé 681 - Note de M. Lecerrc ayant pour titre : « Ballon dirigeable par le haut » 769 - Sur un procédé qui peut servir à déter- miner la direction suivie par un aérostat et sa vitesse dans l'espace; Note de M. Gouillr 885 et 939 - Notes de M. Braehet relatives à divers systèmes aérostatiques, et en particulier à celui de Meusnier 440, 522, 540, 578, 619, 681 , 732, 807 et «45 - L'Académie a reçu, dans les séances des 17 et 3 1 octobre; des 7, 14, 21 et 28 no- vembre; des 5, 12 et 26 décembre, di- verses Communications relatives à l'aé- ronautique adressées par MM. Buhaty, Moura, — Deliu roi.v, Dupuis, Bnrhou, — Varcnne, — Lassimone, tiuty, .tlvn- rcz, — Grin, — Delcourt, Bernis, Pat- marri, — Bazin, Gailliarit, Trouve, — Toselli 522, 578, 619, G81, 694, 732, 769, 807, 845 et 939 - Note sur les ballons captifs ; par M. E. Pctro 7U9 ( 963 Pages. — Description et dessin d'une « Libellule mécanique » ; par M. Prigcnt gSg Alcools. — Noie de JI.M . Liebert et Rossi sur l'alcool amylique normal 369 Allmentation. — Sur un moyen propre à annuler les effets de l'alimentation in- suffisante; Noie de M. Rabuteuu 426 — De lalimenlation dans une ville assiégée ; Mémoire de M. Grimmul, de Caux 443 — Remarques de M. Dnmns, à roccasion de la Communication précédente, sur la consommation du blé soit en nature, soit, après mouture, sous la forme de pain 445 — Remarques de M. Clicvreul, à propos de la même Communication, sur l'histoire de la panification et des connaissances chimiques qui s'y rattachent 447 — Remarques faites à l'occasion de la même Communication, par M. Paycn, touchant les résultats déjà obtenus dans la fabri- cation des pains contenant tous les élé- ments du blé sans élimination du son. . 449 — Nouvelles remarques de M. Chevreul sur le même sujet 450 — M. Milne Echvunls fait observer, tou- jours à l'occasion de la Communication de M. Grimaud, de Caux, l'importance qu'a pour le travail de la digestion l'ad- dition faite aux aliments de condiments et substances sapides 45i — M. C/icvreul annonce partager à cet égard l'opinion de M. Milne Edwards 45i — Note additionnelle de M. Grimmul, de Caux, à sa Communication sur l'emploi de blé en nature comme aliment 478 — Deuxième Note sur lalimenlation des habitants dans une ville en état da siège ; par le mente 53o — Observations relatives à la panification; Note de M. Mège-Mou)-iès . 472 — Sur un procédé de panification dans lequel on ferait intervenir le froment en grain concurremment avec la farine; Note de M. Diibninfimt go6 — Sur l'emploi de la fiirine d'avoine dans l'alimentation; Note de M. U'ilson. . . . l^-jl^ — Sur les moyens de faire entrer la farine de blé dans la confection d'aliments doués de propriétés nutritives suffisan- tes ; Note de M. L. Aubert 475 — Nouvelle Note de M. Aubert sur l'emploi des matières grasses mélangées avec le blé en nature comme aliment 479 — Sur les avantages qu'aurait une mesure qui imposerait aux boulangers l'obliga- tion de ne livrer aux consommateurs } Poges. que du pain cuit de la veille; Nolo de M. Tournier 4^1; Note de M. Gaultier de Claubry rela- tive à une réglementation qu'il croirait utile d'établir dans la fabrication du pain pendant l'investissement de la ville de Paris 5-2(; Sur un aliment utilisable pendant la du- rée du siège (la bouillie romaine); Note de M. Gmddrée-Bmllemi 538 Note de M. f'ignal relative à l'emploi du blé en nature comme aliment dans l'Ardèche 53i) Sur l'emploi des légumes secs et du blé vert en Alsace ; Note de M. Brisdc 478 Sur l'emploi de la farine d'avoine et du blé en nature comme aliment; Note de M. Jf'ilsnn 47(j Sur la culture de quelques plantes culi- naires pour la durée du siège; Note de M. Decaisiic 48- Remarques de M. Chevreul sur les pro- priétés nutritives de quelques-unes des plantes citées par M. Decaisne 489 Note de M. Dumas à propos de Commu- nications précédentes sur l'approvision- nement en viande de la ville de Paris pour le temps du siège 479 Observations de M. Milne Edwards à l'occasion de la Note de M. Dumas, sur un procédé de salaison de la viande et sur les propriétés nutritives de la géla- tine des os 48(j Remarques de M. Payen h. propos des observations faites par M. Milne Ed- wards, sur les procèdes de conservation des viandes 488 Note de M. Dumas relative à un passage omis dans sa précédente Communication concernant les mesures prises par l'ad- ministration pour assurer la bonne pré- paration des viandes soumises à la sa- laison 5a3 Note de M. Hoffmann concernant quel- ques précautions auxquelles il lui paraît indispensable d'avoir égard, soit dans la préparation, soit dans l'usage du bou- din de sang de bœuf ài.j. Sur l'emploi de boudin de sang de bœuf comme aliment; Note de M. Hiche. . . . 540 Note dé M. Fua relative à un procédé de conservation des viandes 5'i'i M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. Eug. Pehuze, un Mémoire et des échantillons relatifs à un procédé nouveau de conservation des viandes.. 7'ii Note de M. /"t/Z/c/- concernant deux pro- cédés pour la conservation de la viande. 8(i(i 129.. ( 96^. ) Paftes. I Note de M. Soubryran ayant pour titre : M Consorvalion des viandes; moyen d'é- viter les salaisons » 945 - Observations faites à cette occasion par M. Paycn relativement aux tentatives déjà faites pour conserver les viandes par dessiccation 946 M. Mnrin rappL'Uc, à propos de cette Com- munication, les essais entrepris autre- fois par lui pour la conservation des fa- rines g47 Observations de M. Paycn relatives aux procédés d'étuvage perfectionné des fa- rines '931 Emploi de l'osséine dans l'alimentation ; Note de M. Freiny 559 Remarques faites à cette occasion par K. Chevreid 562 Observations de II. Dumas relatives à la Communication de M. Fremy 565 Observations de M. Payrn relatives à la mémo Communication 56? Annonce d'une Note de M. Chevreid sur les subsistances et l'alimentation 601 Exposé des raisons pour lesquelles l'ali- ment de l'homme et des animaux supé- rieurs doit être d'une nature chimique complexe ; Mémoire de M. Chevreid. . . 635 M. Dumas communique une Lettre de M"*' D Arcel-Lerointre qui l'a chargé d'offrir à l'Académie, au nom de sa mère, Yjmc yve £)'j^,.(.et gi gy gjen , des docu- ments en partie inédits se rapportant principalement aux recherches du sa- vant Académicien, Joseph D'Arcet, sur la gélatine des os et son emploi alimen- taire 682 Deuxième Note de M. Frcmy sur l'emploi de l'osséine dans l'alimentation 747 Remarques de M. Dumas à l'occasion de cette Communication 755 Réponse de M. Frcmy à quelques-unes des remaniues de M. Dumas 756 Nouvelles remarques de M. Dumas con- cern.int la ([uestion de l'osséine et de la gélatine alimentaire -58 M. lAouvilh- rappelle à cetle occasion que certains adver.-aires de la gélatine ayant |)rétendii cpie les malades des hôpitaux >e plaignaient de la voir entrer pour quelque chose dans leur régime alimen- laire, M. Arago avait constaté ([u'il n'en était pas ainsi partout; il s'était du moins assuréqu'à l'hôpital de Met/, cet teaddi lion était acce|)tée comme une amélioration. 739 Sur les propriétés nutritives des sub- stances organiciues tirées des os et sur la composition des rations alimentaires, susceptibles d'entretenir le corps hu- main dans son état normal ; Note de M. Milite Fdnan/s — Observations de M. Chevreid relatives à un passage de la Communication récente de M. Fremy sur l'osséine — Réponse de M. Fremy a\i\ remarques de de M. Chevreul — Communication de M. Paycn ayant pour titre : 0 Hippophagie ; graisses, huiles alimentaires et substances gélatineuses des tissus et des os du bœuf et du che- val » — Sur le procédé employé par les Indiens Tétes-plales pour extraire l'huile des os longs dont la moelle a été déjà retirée: Note de M. Rnulin 875 et — De l'intluence du café et du cacao sur l'alimentation ; Noie de M. Rabuteau. . . — Remarques de M. Payen à l'occasion de cette Communication, sur les propriétés nutritives du cacao — Remarques de M. Dumas à l'occasion de la même Communication — M. Chevreul, également à propos de la Note de M. Rabuteau, fait remarquer combien est peu sur le jugement qu'on porterait sur les propriétés nutritives d'une substance en se basant seulement j sur la proportion de l'azote — Recherches expérimentales sur les pro- j priétés alimentaires de la coca ; Note de M . Gazcau 1 — Remarques de M. Rnulin concernant l'his- toire de la coca et les causes qui en ont rendu l'usage moins général qu'il ne l'était à l'époque de la découverte du Nouveau-Monde — Note de M. E. Decaisne concernant (i L'alimentation des petits enfants et le lait pendant le siège » — Note de M. Teliicr sur l'emploi qu'on pouriail faire, pour l'alimentation des jeunes enfanis, du moût d'orge, tel qu'il est préparé dans la fabrication de la bière — M. Mnissenet adresse à l'Académie un exemplaire d'une Note sur le rationne- ment de la population do Paris pour le pain et la viande Alios (For.mation de l'). — Remaniues de M. Fau: sur quelques particularités du sol des Landes de Gascogne Anj.Mi.MUM. — Sur les propriétés électro- thermiques de co métal ; Noie de M. t'iollc — M. H. Saintc-Clnirc Dcvdlc communique quelques résultats obtenus par M. Costa 786 79t> 797 822 732 734 735 -36 799 801 .j3« 528 245 (965 ) Pages. ■190 42 383 sur les propriétés chimiques de l'alu- minium Analyse mathématique. — Rapport sur un Mémoire de M. Bouquet relatif à la théorie des intégrales ultra-elliptiques; Rapporteur M. Serret — M. Mryer adresse une suite à ses re- cherches relatives aux questions d'ana- lyse indéterminée A.NiMAUx nA.NS l'ancienne Egypte. — Sur les animau-x employés par les anciens Égyp- tiens à la chasse et à la guerre ; Notes de M. Lcnormant (i', 2", 3" et 4° parties). 593, 032, (164 et 777 — Note sur l'histoire du chat domestique dans l'antiquité et sur l'époque à la- quelle il a élé introduit en Egypte; par le niciiic 738 — Note sur l'introduction et la domesticité du porc chez les anciens Égyptiens (1" et 2" parties) ; par A' me'me. 849 et 932 Appareils divers. — Figure et description d'une « Libellule mécanique u ; adressées par M. Prigent 939 — Note de M. Girard relative à une dispo- sition qui permetd'observerà de grandes distances 383 — Sur la couseuse automate de M"' Garcin ; Note de M. Morellet , 88 — M. Durand présente une tasse-filtre de son invention 240 — Notes de MM. Vallée et Brachet sur un « Régulateur automoteur électrique » et sur une lampe électrique pouvant, sui- vant eux, être employée avec avantage pour l'éclairage des grandes voies .' 33 1 et 769 Arts militaires. — Sur l'affût de l'amiral Labrousse ; Note de M. Fnre 455 — Sur la déviation des projectiles à ailettes ; par /(■ même Co 1 — Note sur l'art de pointer et ses condi- tions physiologiques; par le même. . . . 872 — Note de M. Bcrthelnt sur la force de la poudre et des matières explosibles. . . . *3i9> 677 et 709 — Note sur la clialeur de formation des composés azotiques; pur le même 677 — Sur une poudre de guerre au chlorate de potasse; Note de M. Zaliwski 4o3 Voir aussi l'article Explosircs (Ma- tières). — Sur les effets de la pénétration des pro- jectiles dans les parties molles et les parties fdjreuses du corps humain ; Note de M. Arlh.-Jul. Morin 927 — Note et Lettre sur l'inflammation de la poudre à distance au moyen de l'élec- tricité; par M. /. iJfon'// 477 et 782 — Du soldat en campagne et devant l'en- nemi : système d'armes défensives de l'invention du général polonais Mieros- lavvski: Note de M. Grimaud, de Caux. 409 — Lettre de M. Berger concernant la fon- dation d'un prix destiné à récompenser l'invention d'un système d'abri mobile pour l'armée 885 — Note sur de nouveaux campements mi- litaires; par M. Dumerr 93H — Description et figure d'une nouvelle bombe cylindro-conique à percussion ; Note de M. Clotei, et addition à cette Note 522 et ji») — Sur un procédé particulier pour lancer les projectiles de guerre; Note de M. De- laurier 383 — Note de M. Sorel relative à un moyen d'augmenter la portée des pièces de canon 938 — Projet de canon porté sur un chariot blindé ; Note de M. Bracliet 886 — !i La lunette de rempart » ; Note de M. A. Caziti Gj>9 — Noie sur la substitution des lunettes aux alidades à pimiules pour le pointage des canons; par M. Bracliet 938 — Note de M. Tellier relative à l'emploi de la lunette à fils croisés pour faciliter le tir. 938 Astronomie. — Sur la manière d'observer le prochain passage de Vénus; Note de M. Fare 4i3 — Sur l'éclipsé totale du 22 décembre pro- chain ; Note de M. Janssen .531 — Sur la mission donnée à M. .lanssen pour aller observer en Algérie l'éclipsé to- lale du 22 décembre 1870; Note de M. Fare 819 — Note de M. d'Ji'czac accompagnant la présentation faite au nom de l'auteur, M. S. Clai'ijn, d'un volume imprimé en espagnol et intitulé : « Réflexions sur le système planétaire » 387 — Sur les rapports de l'astronomie phy- sique et de la géologie ; Note M. Staa. Meunier 5.) [ Voir aussi l'article Météorites. .Aurores boréales. — Notes de M. Chapelas sur l'aurore boréale du 24 septembre, et sur celles des 24 et 25 octobre 584 — Sur l'aurore boréale du 24 octobre ; Note M. Salicis 587 — Sur les aurores boréales du 24 et du 25 octobre; Note de M. Gaillemin. . . . 587 Azote. — Sur le dégagement d'azote pur, des matières organiques azotées; Note de M. CaU'crt 322 ( 9Cfi ) B Pagi'S. Balistique. — Voir l'article .Iris militaires. Botanique. — Sur la structure du Cytinet et l'action qu'il exerce sur la racine des Cistes; Notes de M. Caimt . . 216 et 3G9 Pages. Bromures. — Mémoire sur le bromure de fer et de potassium ; par M. Gaiibc 35o Bulletin bibliographique. — Pages 241, 290,332, 358, 377, 393 ,41 1, 429, 44i- 452, 476, 491, 543, 599, 909 et 968 c Cadrans solaires. - Restauration d'un ca- dran solaire conique, tracé sur un frag- ment rapporté de Phénicie par M. Renan ; Note de M. Lnusscdat 261 Candidatures. — M. Boussincsq prie l'Aca- démie de vouloir bien le comprendre parmi les candidats à la place laissée vacante, dans la Section de Géométrie, par le décès de M. Lamé 384 i'.iialeur. — Sur les variations de tempéra- ture produites par le mélange de deux liquides; Note de M. Jamin en réponse aux observations présentées à l'occasion de sa Note précédente, par M. 11. Sainte- Claire Deville 23 — Remarques de M. H. Sainte-Claire De- ville sur la nouvelle Note de M. Jamin. 3o — Sur les variations de température pro- duites par le mélange de deux liquides ; réponse de M. H. Sainte-Claire Deville [\ la dernière Note de M. .lamin 202 — Réponse de M. H. Suintr-Claire Deville à des critiques de M. .lamin, à propos d'un Mémoire publié en iBGo 204 — Réplique de M. Jamin aux deux dernières Communications de M. II. Sainte-Claire Deville 34i — Sur la détermination du rapport do deux chaleurs spécifiques; Note de MM. Ja- min et Richard 33(i — Remarques de M. H. Sainte-Claire De- ville au sujet de la précédente Note. . . 368 — Relation entre les chaleurs spécifiques et les coefficients de dilatation d'un corps quelconque; Noie de M. Plnltips 333 — De la chaleur spécifique des gaz sous vo- lume constant ; Note de M. Moutier. . . 807 — Équivalent mécanique de la chaleur. — Voir l'article Thermiulynamique . C.uEHiNS DE FER. — Notc d(! M. Lehlun ayant pour titre : « Système de chemin de for rural et de montagnes : adhérence par- faite des roues avec le rail » 47 CiiiBUROiE. — Notes de M. Sédillot ayant pour litre : «Observations relatives aux indications chirurgicales et aux consé- quences des amputations à la suite des blessures par les armes de guerre. — Addition à la précédente Communica- tion : « De l'encombrement et de ses suites fâcheuses ; mesures proposées pour placer les amputés dans de meil- leures conditions hygiéniques. 421 et 435 — Note de M. Seiré ayant pour litre : « Sur le couteau électrique et ses applications à la chirurgie militaire » 3oi — Note de M. Pellarin concernant l'hygiène des blessés et des opérés 4;7 — Sur la propriété dont jouissent les troncs artériels de résister mieux que les cor- dons nerveux à l'action directe des pro- jectiles sphériques; Noie de M. Bnnna- font -07 — Toiles et papiers au tannin et à l'acide benzo'ique pour les pansements rapides sans linge; Note de M. fiostaing 806 — Sur l'emploi de la glace et du froid dans les amputations; Notes de M. Ch. Tel- licr 579, 618 et 8o(') Chloral. — Transformation du cliloral en aldéhyde par substitution inverse ; Note do M. Personne 227 Ciilor.\tes. — Sur une poudre de guerre au chlorate de potasse ; Noie de M. Za- liu'ski 4o3 Chlorures. — Action du pent98 — Remarques de M. Milne Edwards à l'oc- casion de cette Note 3oi> — Sur un moyen pour empêcher l'irrup- ( 968 ) Pages, tion du Phylloxéra vtisltitrix; Note de M. Lichteiistcin 356 — Sur uno variété de vignes qui paraît être il l'abri des atteintes du Phylh.rcm va.s- tatrix; Lettre de M. L. Lnliman à M. Dumas 358 — Sur les résultats obtenus en faisant cou- ver des perdrix en cage ; Notes de M. To.s- tiviret 260 et 384 Ki.ECTRlciTÉ. — Note de M. Terrien pour une rectification à faire à son Mémoire sur la décomposition de l'eau par la pile électrique 48 Sur une propriété du condensateur de Voila qui n'a pas encore été considérée : Note de M. Volpicelli 54 — Nouvelles expériences sur les armatures et le plateau fixe de la machine de Holtz ; Note de M. Laborcle 347 — Sur une expérience qui confirme la double hypothèse faite par Ampère, de l'exis- tence d'un courant électrique formé dans chaque substance magnétique et dans la terre ; Note de ^^. P. Le Cordier. 533 — De la possibilité d'obtenir des signaux de feu d'une grande portée au moyen de la décharge périodique d'un puissant con- densateur électrique ; Note de M. Lucas. 222 — Remarques de M. Delnutier relatives à cette Communication 33 1 — Disposition nouvelle des piles voltaïques : application à la pile de Bunsen; Note de M. (VAlnuïdti. (Un de ces appareils est mis sous les yeux de l'Académie.). 774 — Noie de M. Zidhvshi concernant une « pile pouvant donner une intensité maximum pendant douze heures ».... 4o3 — Sur le couteau électrique et ses applica- Pages. lions à la chirurgie niilitaiie; Note de M. Serré io Electrocapill.\ires (Actions). — Nouvelles recherches sur ces actions ; formation de l'oxychlorure de cuivre cristallisé et d'autres composés anidogues; Note de M . Becquerel 1 97 Électro-Chimie. — M. Élie de Bctiumont fait hommage à l'.^cadémie au nom de l'auteur, M. Zfirite/lesclii,û'\in opuscule intitulé : « De l'électro-chimie appliquée à l'industrie et aux beaux arts » 44" Errata, voir p. 996. Éthers. — Sur les isomères des éthers cya- nuriques ; Note de M. Hofnmnn 35 — Action du pentachlorure el du penta- bromure de phosphore sur divers éthers; Note de M. L. Henry 3 1 4 — Éthers des acides amidés de la série aro- matique : nouveaux composés résultant de leur union avec l'acide cjanique el les différents éthers cyaniques; Note de MM. Au^. Caliours et Gai 462 Étoiles filantes. — Note de M. Chapela.s sur les étoiles filantes du mois d'août. . 386 Explosives (Matières). — Note de M. Ber- thelot sur la force de la poudre et des matières explosives 619, 677 et 709 — Sur la nitroglycérine et les diverses dy- namites; Note de MM. Girard, Millot et Vogt 688 — De la dynamite et de ses applications au point de vue de la guerre ; Note de M. Clianipion 728 ~ Sur la force des matières explosives; Noie de M. Cazin 898 ~ Sur la force des matières explosives; Note de M. Berihelot en réponse à celle de M. Cazin 940 l'KK. — Action de l'eau sur ce métal et de Ihydrogène sur l'oxyde de fer ; troisième Mémoire de M. H. Sainte-Claire Deville. 3o — Sur le bromure de fer et de potassium ; Note de M. Gaube 35o Fermentation. — Sur la fermentation car- bonique el alcoolique de l'acétate de soude et de l'oxalate d'ammoniaque : Note de .M . Béchamp 69 — Sur la théorie de la variole étudiée au point de vue de la fermentation; Mé- moire de M. ISrttcr 35o Flexion. — Onzième Mémoire de M. Auhert sur les solides soumis ;i la Hexion .... 35ii Fluorures. — Dosage volumétrique des fluo- rures solubles; Note de M. Guynt 274 Foudre. — Sur un phénomène de choc en retour observé à Porto-.\lègre (Brésil): Note de M. I.aranja e OVneira 386 ( 9^9 ) Page» . Gaz. — Sur la compressibilité et la dilata- tion des gaz; Note de M. Amagat 67 — Note de M. Mniaier concernant la cha- leur spécifique des gaz sous volume constant - 807 GÉLATINE DES OS. — M. Duitias Commu- nique une Lettre de M'"° D' Arcct-Lc- coiritrc qui l'a chargé d'offiir, au nom de M™ V D'Arcet et au sien, des Notes et des Mémoires en partie inédits et se rattachant principalement aux recher- ches du savant Académicien, .1. D'Arcet, sur la gélatine des os et son emploi ali- mentaire 682 — Sur les propriétés nutritives des sub- stances organiques tirées des os, etc.; Note de M. Milne EiUvards 786 — Observations de M. ClieiTrut relatives à un passage d'une Communication récente de M. Fremy, sur l'emploi de l'osséine dans l'alimentation 796 — Réponse de M. Frcmy 797 — Résumé historique des travaux dont la gélatine a été l'objet; Note de M. Chc- vreul en réponse à M. Fremy (première et deuxième partie) 855 et 912 — Sur la préparation de l'osséine et de la gélatine; Note de M. Riche Sic GÉODÉSIE. — Note sur les pyramides de Vil- lejuif et de Juvisy; par M. Delaunay.. 5 GÉOLOGIE. — Sur les roches qu'on a rencon- trées dans le creusement du tunnel des Alpes occidentales, entre Modane et Bardonnèche ; Note de M. Élie de Beau- mont 8 — Sur la position des calcaires à Tcrebra- tulajanitor, dans les Basses-Alpes ; Note de M. Velain 85 — Sur les calcaires à Terebrauda diphya dans les Alpes françaises de Grenoble à Pages, la Méditerranée ; Note de M. DieidafoU. 282 — Systèmes de montagnes et terrains du désert d'Atarama; Note de M. Pissis.. 285 — Contemporanéité de l'homme avec le grand ours des cavernes et le renne dans la caverne de Gargas (Hautes-Py- rénées); Note de MM. Gurrigou et Chasteigner ;i88 — Sur les dépôts glaciaires de divers âges dans les Pyrénées; Note de M. G/ir- rignu 289 — Note sur une carte lithologique de l'em- bouchure de la Seine; par M. Dctessc. 349 — Sur les rapports de l'astronomie phy- sique avec la géologie ; Note de M. Sinn. Meunier [Voir aussi XwX,. Météorite s.) 54 1 — Note sur le mode de solidification du globe terrestre ; par le même gSô GÉOMÉTRIE. — Remarques de M. Catalan sur une Note de M. Darboux, relative à la surface des centres de courbure d'une surface algébrique 5o — Réponse de M. Darboux aux remarques de M. Catalan 267 — Détermination des éléments de l'arête de rebroussement d'une surface déve- loppable définie par des équations tan- gentielles; Note de M. Painrin 217 — Extrait d'une Lettre de M. Roger accom- pagnant l'envoi d'un exemplaire de sa traduction de l'ouvrage de Gauss inti- tulé ; » Recherches générales sur les surfaces courbes » 35i — Sur une transformation géométrique ; Noie de M. Lie 579 — Note de M. Goubet sur la théorie des principes de la géométrie élémentaire. 216 — Démonstration élémentaire du /OT.rfHtowra d'Euclide; Note et Lettre de M. Pretis de Sainte-Croix 48 et 260 H Histoire des Sciences. — Note sur les py- ramides de Villejuif et de Juvisy ; par M. Delaunay — Sur les découvertes astronomiques des Anciens; Note de M. de Fonvielle — Traduction de deux passages de Stobée attribués à des Pythagoriciens, et jus- qu'ici inexpliqués ; Noie de M. Bienaymé. — Note de M. Egger sur un papyrus qui C.R., 1870, 1"^' Semesire. (T. LXX.I.) 5 376 460 contient des fragments d'un traité d'op- tique, et, à cette occasion, sur l'optique inédite de Ptolémée 465 — Note sur quelques documents relatifs à l'économie domestique et aux denrées alimentaires en Egypte sous les Ptolé- mées ; par le nie'me C 1 1 Hydraulique. — Essai théorique sur les lois trouvées expérimentalement par M. B»- i3o ( 97» Pages, zin pour l'écoulement uniforme do l'eau dans les canaux découverts ; Mémoire de M. Boussincsq 38 1 Hydrodynamique. — Démonstration élémen- taire de la formule de propagation d'une onde ou d'une intumescence dans un canal prismatique, et remarques sur les propagations du son et do la lumière, ainsi que sur la distinction des torrents et des rivières; Mémoire de M. de Saint- Vcnant l86 HYDnoGÈ.NE. — Action de l'eau sur le fer et de l'hydrogène sur l'oxyde de fer; troi- sième Mémoire de M. H. Sainte-Claire Deville 3o — Recherches thermiques sur le caractère métallique de l'hydrogène associé au palladium. — Sur un couple voltaïque dans lequel l'hydrogène est le métal actif; Note de M. Fa^re 214 Hygièxe publique. — Sur l'emploi de l'acide phénique comme désinfectant ; Note de M. Cahert 821 — Notede M. Frtieayanl pour litre : « Quels | sont les vrais agents chimiques qu'il faut opposer à linfection miasmatique ».'.. . 4i5 — Observations de M. Damas relatives à j cette Note 4 '7! ) Pa(;os. Observations de M. Chrorii! sur le même sujet 419 Remarques complémentaires de M. Du- max à propos de la Communication de M. Paye 4 '9 Observations de M. Chevrcul relatives auxremarquesprésentéesparM. Dumas. 420 M. C/ierrei/l donne, dans la séance du ig septembre, une suite à ces remarques, ainsi qu'il l'avait annoncé à la séance précédente 453 Mémoire de M. Jiobœiif ayant pour titre : « Importance actuelle des questions se rattachant à l'hygiène publique et pri- vée, et notamment de la question des hémostatiques et des désinfectants : sur le phénol iodique r. 617 Sur une nouvelle classe de désinfectants, les désinfectants gazeux, les uns char- gés d'un arôme et les autres inodores; Note de M. Mailinicr gSS M. le Sccrëlaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la Correspon- dance (séance du 10 octobre iSyoj'tm travail de M. J. Colin intitulé : « Des conditions sanitaires de l'armée de Pa- ris » 478 I Infusoires. — Note de M. Gurot relative au développement d'organismes particuliers dans le pain fait avec la farine de seigle. 4'-i9 Institut. — M. le Président de l'Institut invite l'Académie à désigner l'un de ses Membres pour la représenter comme lecteur à la prochaine séance générale de rinstitnt remise au 26 octobre cou- rant 493 IS.NTRUMENTS DE PHYSIQUE. — Note de M. /.(- grand sur les thermomètres de Deluo. 66 InSTRU.MENTS d'optique. — M. le Secrétaire perpétuel, en présentant au nom de l'au- teur, M. Girard, un exemplaire de la deuxième édition de sou ouvrage « Sur la chambre noire et le microscope », lit quelques passages de la Lettre d'envoi. 404 I.NSTRUME.NTS d' ARPENTAGE. — NotO et brO- churc de M. Lourau relativement à un « Cercle releveur » destiné à servir à la fois de graphomèlre, de planchette, de boussole et de niveau 2G0 Isomères. — Note de M. Hnfmann sur les isomères des éthers cyanuriques 35 Legs Bréant. — Mémoires destinés au con- cours pour le prix concernant la guéri- son du choléra ou des dartres; adressés par MM. lilirlirh et Vinci 210 et LiBEU-ui.E MÉCANIQUE. — Note de M. Pri- gent contenant la description d'une 35o « Libellule mécanique » dont il donne aussi le dessin ySg Lumière. — M. C(we-Th(inias présente une nouvelle rédaction do son Mémoire in- titulé ; « Théorie esthétique de la lu- mière » 48 ( 97' ) 1\1 Pages. Machines a vapeur. — Sur la faiblesse du rendement de ces machines; Note de M. P. Vrrdcil 522 Magnétisme terbestriî. — Observations ma- gnétiques faites à Makerstown (Ecosse) et Trevandriim, près du cap Comorin; Note rie M. Broun 56 — Nouvelles remarques sur les variations de l'aiguille aimantée; par le même. . . iG5 Marées. — Note de M. Falabrègue ayant pour titre : « Influence de la force cen- trifuge sur les marées » 240 MÉCANIQUE. — Sur l'affût de l'amiral La- brousse, fondé sur un théorème de mé- canique relatif au mouvement du paral- lélogramme articulé, et sur le jeu d'un nouveau frein imaginé par cet officier ; Note de M. Fare^. 455 — Note sur les déviations des projectiles à ailettes ; par le même 601 MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Notc sur les Con- ditions des petites oscillations d'un corps solide de figure quelconque et la théorie des équations différentielles linéaires; par M. Yfon T'illarcecni 762 MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur Ics inégalités de la Lune dues à l'action des planètes; Lettre de M. Nearomii à. M. Delaunay. 384 MÉTAMORPHISME. — ExamcH chimique d'un ciment métamorphique dans la source Bayen de Luchon; Note de M. Garri- gou 287 MÉTÉORITES. — Note sur les rapports de l'as- tronomie physique et de la géologie ; par M. Stan. Meunier 54 1 — Note sur les relations stratigraphiques entre diverses roches météoriques; par le même 743 — Note sur l'existence dans les météorites de roches éruptives et de roches métamor- phiques ; par le même 771 'Voir aussi l'article Géologie. MÉTÉOROLOGIE. — Note de M. Chnpelmj ayant pour titre : « Le printemps de 1 870 » 40 — Mémoire de M. Dnudin relatif à diverses questions de météorologie, et particu- lièrement à la sécheresse actuelle 47 — Halos solaires observés le 23 juin et le 3 juillet 1870; Note de M. tr . île Fon- fielle 47 — Note de M. Fuye accompagnant la pré- sentation d'un opuscule de M. Hirn in- Page titulé : « Introduction à l'étude météo- rologique de l'Alsace » a56 - Note de M. Coutejean intitulée : « Maxi- mum de température à Poitiers le 24 juil- let 1 870 n 325 — Sur le régime pluvial des Alpes françaises; Note de M. Raulin 326 — Note de M. de Snint-Cricq Casoux rela- tive au maximum de température du 24 juillet 1870 376 — Théorie de Mariotte sur les oscillations barométriques; Notede M. i^f i^o«we//p. 4o3 — M. Ch. Sainte-Claire Decille annonce à l'Académie que les observations de l'Ob- servatoire de Montsouris sont momen- tanément interrompues 4^5 — Note sur la période tridodécuple ou décem- diurne dans les phénomènes atmosphé- riques et dans leur induence sur l'état sanitaire; par /r même.. 653, 695 et 827 - M. C/t. Sainte-Claire Derille fait hom- mage à l'Académie d'une série de Bul- letins de l'Observatoire météorologique de Montsouris 706 — De la périodicité du temps réglée d'après les indications fournies par les phases de la Lune qui suit celle de l'équinoxe; Note de M. £ezm-d de fFowes 885 — Mémoire de M. Belgrand ayant pour ti- tre : « La Seine : Études sur le régime de la pluie, des eaux courantes, des sources »... 886 MÉTHODES. — Note de M. Duhamel accom- pagnant la présentation de la quatrième partie de son ouvrage sur : « Les Mé- thodes dans les Sciences de raisonne- ment » 181 — De la différence et de l'analogie de la mé- thode a posteriori dans ses applica- tions aux sciences du concret et aux sciences morales et politiques ; Mémoire de M. Cliei-reul 498 MÉTRIQUE (Système). — Note de M. d\4h- badie sur la division du quadrant. . . . 335 — Sur la division décimale des angles et du temps; Note de M. Yvon Villarceau. . 362 - Note de M. Morin sur la première ses- sion de la Commission internationale du mètre, tenue à Paris du 8 au i3 août 1870 38i Minéralogie. — Sur des combinaisons cris- tallisées d'oxyde de plomb et d'oxyde d'antimoine, d'oxyde de plomb et d'acide 1 3o. (972) Pages. anlimoniqiic de la province de Cons- tanliiie ; Note de M. FUijoht 23/ Examen d'une roche schisteuse impré- gnée d'une matière cliarbonneuse pro- venant de la coUeclion adressée à l'A- cadémie par MM. Ravizza et Colomba; Note de M. H. Saintc-CUiire Deville.. . 25-2 Analyse de la nadorite, nouvelle espèce minérale de la province de Constantine (Algérie) ; Note de M. Pimni 3ig Composition chimique de la nadorite; Pages. Note de M. Fhijnloi 40G — Communauté d'origine de la serpentine et de la chantonnite; Note de M. Scan. Meunier Sgo MocvE.iiENT PERPÉTUEL. — L'Académie con- sidère comme non avenue toute Com- munication à se sujet, décision déjà an- cienne et rappelée à l'occasion d'un Mémoire de M. Luneau aGo Mycologie. — Résultats de quelques expé- riences mycologiques ; Note de M. Roze. 323 N Navigation. — M. Gaillard adresse la des- cription et la figure d'im appareil dont il croit qu'on obtiendrait, pour les ri- vières suffisamment profondes, des ser- vices semblables à ceux qu'on attend pour la mer des bateaux sous-marins. . NiTROGLTCÉRi.NE. — Voir l'article Explosives ( Matières). Nombres (Théorie des). — Traduction de 694 deux passages de Stobée inexpliqués jusqu'ici ; Note de M. Bieimrmé 460 Nominations. — M. Lcbert est nommé Cor- respondant de l'Académie, Section de Médecine et de Chirurgie, en remplace- ment de feu M. Lcnvrcnce 41 - M. Brainlt est nommé à la place de Cor- respondant vacante, pour la Section de Chimie, par suite du décès de M. Cnrus. 4 1 o Ondes liquides. — Note complémentaire au Mémoire sur les ondes liquides pério- diques, présenté par M. Boiissinesfj en novembre 1869. — Établissement de re- lations générales et nouvelles entre l'é- nergie interne d'un corps lliiide ou so- lide, et ses pressions ou forces élas- tiques 400 — Optique. — Note de M. A. Cazin ayant pour titre : « La lunette de rempart » 629 Organograpiiie végétale. — Remarques sur la position des trachées dans les Fou- gères (septième partie); Notede M. Tré- ciil 55o — Sur la zone génératrice des appendices rhezles végétaux monocotylédons ; Notes de M. Cave 83, 374 et 397 — Sur le développement des feuilles des Scirrticenia ; Note de M. Bâillon 63o OssÉiNE. — De son emploi dans l'alimenta- tion ; Note de M. Fremr SSg Observations de M. Clievreul relatives à cette Communication 5G2 Observations de M. Diinins relatives à la même Communication 5G5 Remarques de M. Payen sur la question traitée par M. Fremy 5G7 Remarques de M. Clievreid sur un pas- sage de la Note de M. Fremy 79G Réponse de M. Fremy 797 M. Clievreid annonce, séance du 12 dé- cembre, qu'il réserve pour la séance prochaine une Communication sur l'his- toire de la gélatine et sa ré|)onse à M. Fremy 8 ig Résumé historique des travaux dont la gélatine a été l'objet; par M. Clievreid ( première et deuxième parties). 855 et 912 Sur la préparation de l'osséine et de la gélatipe ; Note de M. Riche 810 Paquets cachetés (OuvERTiinK ue). — Un paquet cacheté précédenmient déposé par M. Le Miisiirirr et ouvert sur sa demande, le 12 septembre, se tiouvo contenir l'indication d'une application de la lumière électrique 4*8 Pathologie. — Importance de la destruction des croûtes qui entourent le lit des va- rioleux pendant la période de dessicca- tion des pustules; Note de M. Netler. . 2i5 (973 Pages. — Note sur la théorie de la variole envisa- gée au point de vue des fermentations; par le même 35o — Recherches et expériences sur la nature et l'origine des miasmes paludéens; Note de M. Bnlcstra 235 — Sur l'emploi de l'acide phénique comme désinfectant; Note de M. Calfcrt 3'2i — Note de M. Jouglet concernant un pro- cédé destiné à empêcher la transmission des maladies par l'arrêt des poussières en suspension dans l'air 33i — Sur l'importance actuelle des questions se rattachant à l'hygiène, et notamment la question des hémostatiques et des dé- sinfectants. — Sur le phénol sodique; Note de M. Bnliœuf 617 Peaux (Préparation' des). — Procédé em- ployé aux États-Unis par les indigènes pour la préparation des peaux de bi- sons, de cerfs et d'autres animaux de ce pays; Lettre de M. Simonin à M. Du- mas 524 — Renseignements donnés à cette occasion par M. Roitlin sur le chamoisage des peaux de cerfs et autres mammifères pratiqué dans l'Empire Mexicain avant l'arrivée des Européens 624 — Sur le système de tannage rapide des peaux au Mexique ; Note de M. Firltt d'Aoust 589 — Sur une deuxième façon que donnent fréquemment les Indiens des prairies (Haut-Missouri) aux peaux préparéos par le procédé qu'a indiqué M. Simonin : préparation particulière pour donner aux boucliers en cuir la résistance né- cessaire ; Note de M. Rotdin 873 Pendule (Mouve.ments du). — Note de M. Verdeil sur cette question gSg Physiologie. — Observation d'une inégale production et d'une ditférence de com- position du lait pour les deux seins d'une même femme; Note de M. Soiir- dat 87 — Influence du développement hâtif des os sur leur densilé; Note de M. Sansun. . 229 — Nouvelle démonstration de la régénéra- tion osseuse après les résections fous- périostées articulaires; Note deJI. Ol- lier 275 — Recherches expérimentales sur les modi- fications de la composition immédinte des os; Note de M. Papillu/i 372 — Sur les graisses du chyle; Noie de .M. J)o- hrnslavine 278 — Recherches sur les effets loxiqucs du m^boiindon ou icaja, poison d'épreuve Pages. I26 907 397 usité au Gabon; Note de MM. Rahiitcau et Peyrt' 353 — Sur un moyen propre à annuler les effets de l'alimentation insuffisante; Note do M. Rabuteati — Sur l'excrétion de l'urée considérée comme mesure de l'activité des combustions res- piratoires; Note de M. San.son Physiologie végétale. — Expériences sur la fanaison des plantes; par M. Piil- lieux 81 — Sur la zone génératrice des appendices végétaux ; Note de M. Cave. 83, 374 et — Note de M. Roze ayant pour titre : <■ Ré- sultats de quelques expériences myco- logiques » 323 Physique mathé.matique. — Rapport sur un Mémoire de M. Massicu intitulé : « Mé- moire sur les fonctions des divers Huides et sur la théorie des vapeurs » ; Rap- porteur M. Bertrand 257 — M. le Secrétaire j>rrpétuel ûgx\&\Q parmi les pièces imprimées de la Correspon- dance (séance du 3 octobre) un opus- cule de M. Chancourtois « Sur l'inter- prétation des imaginaires en physique mathématique » 476 — Sur la formule de la vitese du son; Noie de M. Mnutier 846 — Recherches sur l'état solide ; par le même 934 Platine (Composés du). — Note de M. Schiit- zeribergcr sur les composés phosphopla- tiniques Gg — Recherches de MM. Aug. Caliours et G(d relatives à l'action des chlorures de platine, de palladium et d'or sur les phosphines et les arsines 208 Polaris.\tion circulaire. — Sur les pou- voirs rotatoires des liquides; Note de M . de la Rii'c i g5 PRIX DÉCERNÉS (Concours de l'année 1869). (Séance du 1 1 juillet 1870.) sciences mathématiques. — Grand prix de Sciences Mathématiques (question concernant le problème des trois corps). — Il n'y a pas eu lieu à dé- cerner ce prix; la question est mainte- nue au concours pour l'année 1872... — Grand prix dk Sciences Mathé.watiques (question concernant l'accélération sé- culaire du niouNcment de la Lune). — Il n'y a piis eu lieu à décerner le (H'Ix; la queslion est maintenue au concours pour l'année 1 873 — Prix d'Astronomie (fondation Lalande), 89 9' décerné à M. /. Jf'ntsnn, qui a décou- vert neuf nouvelles petites planètes, dont huit dans l'espace d'une année - Pntx DE MÉCAMQUE ( fondation Montyon) , décerné à M. Jr.in?i pour ses recher- ches expérimentales sur l'écoulement dos gaz dans de longues conduites. . . . - Prix DE STATisTiQfE {fondation Mont\'on), décerné à M. Clwriii, pour sa statistique médico-chirur2:icale de la campagne d'I- talie en i85g-i86o. — Mentions lionn- rables ; i° à MM. Maf;ué et Poly pour leur livre intitulé : « Données générales d'une statistique des conseils de prud'- hommes » ; 1° à M. Bnritpmps pour les renseignements statistiques que fournit son « Guide du Verrier n 94 et Prix fondé par M""' la MAngnsE de La- place, obtenu par M. J'aisin, sorti le premier en i86g de l'École Polytech- nique et entré à l'École impériale des Mines Prix Trémont, décerné à M. Le Rmi.r pour l'aider <à poursuivre ses recherches sur l'indice de réfraction de certaines vapeurs et ses recherches sur la me- sure de la chaleur développée par les courants électriques Prix Poncelet, décerné à M. /. Robert Mnycr, pour l'ensemble de ses Mémoires sur la (( Théorie mécanique de la cha- leur « sciences physiques. Prix de Médecine et de Chirurgie (Ap- plication de l'électricité à la thérapeuti- que). — Il n'y a pas eu de prix décerné ; la question est maintenue au concours pour l'année 1872. — Une médaille de la va- leur de 3ooo francs est accordée à MM. Lrctros et Oninuts, pour l'ensemble de leurs travaux sur le sujet proposé, et une de 2000 francs à M. Cyon pour un semblable motif 102 et Prix de Physiologie expérimentale (fondation Montyon), décerne à M. Fn- niitziii, pour ses recherches concernant I' « liilluence de la lumière sur la nutri- tion des plantes ». — Mrrilion honorable avec attribution d'ime somme de Goofr. à MM. Trijiier et Jrhi/ig pour leurs découvertes relatives aux nerfs sensitifs cutanés 107 et Prix de Médecine et de Chirurgie ( fon- dation Montyon). — Prix do la valeur de ^joo francs à M. Jiinod, pour son Mémoire intitulé : « Des médications hé- ( 97 P.ige3. 92 99 107 4 ) mospasique et aérothérapique ». — Pri.t de la valeur de 2000 francs accordés : 1° à M. Liischka, pour ses travaux d'a- nalomie et spécialement d'anatomie des régions; 2° à MM. Paulet et Snrazin, pour leur « Traité d'anatomie topogra- phiquo ». — Mentions Iionornble.i ac- compagnées d'une somme de i 5oo francs accordées : 1° à M. H. Roger, pour ses recherches sur la chorée, le rhumatisme et les maladies du cœur chez les en- fants ; 2" à M. Maurin, pour sa mono- graphie intitulée: «Typhus des Arabes»; 3° à M. Knocli, pour ses « Travaux sur le bothryocéphale large ». — Citations honorables : 1° de 1' « Essai sur les ma- ladies du cœur riiez les enfants » ; par M. Blache ; 2° des « Études photogra- phiques sur le système nerveux »; par M. Roiulancivsky. — Encouragement de 1000 francs à M. Sainl-Cyr, pour la continuation de son « Étude sur la tei- gne faveuse chez les animaux domes- tiques ». ii3, 117, 120, 122, 125 et - Prix dit des Arts insalubres (fondation Montyon). — Prix de la valeur de 2600 francs accordés, l'un à M. Pimont, pour son «Calorifuge plastique », l'autre à M. Charrière, pour ses appareils de sauvetage en cas d'incendies. 127 et -PrixBréant. — Une''t»Vf)/;Y;c«AY>de5ouofr. est accordée à M. Fniivel, pour ses tra- vaux concernant l'étiologie et la prophy- laxie du choiera. — Mentions trrs-ho- norables accordées aux ouvrages sui- vants : 1° « Études géographiques et scientifiques sur les causes et les sources du choléra asiatique »; par M. Proes- chel; 2° « Notice sur les mesures de précaution prises à Batna (Algérie) pen- dant le choléra de 18O7 »; par M. Da- herley; 3° « Statistique des décès par le choléra qui ont eu lieu dans le quartier Folic-Méricourt en i865 et 18G6 »; par M. Gcry père i35, 1 37 et - Prix Cuvier, décerné à M. Ehrenberg, pour l'ensemble de ses travaux - Prix Bordin (Rôle des stomates dans les fonctions des feuilles). —Il n'y a pas eu lieu à décerner de prix; la question est maintenue au concours pour l'an- née 1 872 - Prix lîORDiN (.Monographie d'un animal invertébré marin). — Le prix est par- tagé entre M. Marion, auteur de « Re- cherches zoologiques et anatomi(iues sur des Nématoïdes non jiarasites marins », cl M. Wagner, auteur d'une « Mono- P;i(îP9, 127 i3o i38 i38 139 ( 97^ Pages, graphie des Ancées dii golfe de Na- ples). i4o et i44 Prix Jecker, décerné à M. Friedel, pour ses recherches sur des composés de si- licium correspondants aux composés d'origine organique '44 Prix Barbier, partagé entre M. MirmiU (Occlusion chirurgicale des paupières dans le traitement de l'ectropion cica- triciel), et M. Stilling (Nouveau pro- cédé pour l'opération de l'ovariotomie). i44 et i46 Prix Godard, décerné à M. Hyrtl, pour ses recherches sur les « Organes génito- urinaires des poissons " '47 Prix Savigny, n'a pas été décerné, sera réservé pour l'an prochain '48 Prix Desmazières, partagé entre M. Rn- bcnliorst ( Flore européenne des Algues d'eau douce et d'eau saumâtre ) , et M. Hoffmann (Mémoire sur les Bacté- ries). — Mention honorable des recher- ches de M. A/Y»/w/-g-t7- (organes se.xuels et fécondation dans les Fougères et dans le Manhantia iiolymorpha) i48 - Prix Thore, décerné à M. Bonnet, pour son ouvrage sur la truffe comestible. . . i53 PRIX PROPOSÉS. SCIENCES MATHÉMATIQUES. A décerner en 1810. - Grand prix de Sciences mathématiques (question substituée en 1867 à celle qui était retirée du concours : modification qu'éprouve la lumière dans son mode de propagation et ses propriétés par suite du mouvement de la source lumineuse et du mouvement de l'observateur)... i56 - Prix d'Astronomie (fondation Lalande). i56 - Prix de MÉCANIQUE (fondation Mon tyon). iS; - Prix DE Statistique (fondation Montyon). 167 - Prix fondé par M"'" la Marquise de La- place • 5? - Prix extraordinaire de six mille francs POUR l'application de la vapeur a la MARINE militaire '58 - Prix du legs Dalmont 1 58 - Prix Plumey '58 - Prix Poncelet i Sg A décerner en 1871- - Grand prix de Sciences matiié.m.atiques (question substituée à celle qui avait été proposée pour 18G7; «Etude des équations relatives à lu détermination ) Pages. des modules singuliers pour lesquels la formule de transformation dans la théo- rie des fonctions elliptiques conduit à la multiplication complexe » iSg Prix FouRNEYRON (destiné à récompenser le perfectionnement le plus important apporté depuis 1868 à une ou plusieurs machines hydrauliques ) 160 A décerner en 1S7Î. • Grand prix de Sciences mathématiques (question proposée en 1869 : « Étudier l'élasticité descorps cristallisés au double pointdevueexpérimentaletthéorique»). 160 - Grand prix de Sciences mathématiques (question proposée i)0ur 18G9 et main- tenue au concours : « Perfectionner en quelque point essentiel la théorie du mouvement de trois corps qui s'attirent mutuellement selon la loi de nature »). 161 - Prix Bordin destiné à récompenser le travail analytique ou expérimental qui aura le plus contribué à établir la « théo- rie des raies du specire » 161 - Prix Damoiseau (question proposée pour 1869 et maintenue au concours : a Ré- vision de la théorie des Tables de Ju- piter ; construction de Tables particu- lières pour chaque satellite ») 161 - Prix Trémont '^^^ A décerner en 1873. - Grand prix de Sciences mathématiques (question proposée pour i8Gg et main- tenue au concours : « Discussion des anciennes observations d'éclipsés en vue d'en déduire la valeur de l'accélération du moyen mouvement de la Lune »). . . i63 sciences physiques. A décerner en 1870. - Grand prix des Sciences physiques (question proposée en 1867 : «Histoire des phénomènes génésiques qui précè- dent le développement de l'embryon chez les animaux dioïques dont la re- production a lieu sans accouplement »i. 164 - Prix de Physiologie expérimentale (fondation Montyon) 1C4 - Prix de Médecine et de Chirurgie et Prix dit des Arts insalubres iG > - Prix Bréant 1 (JZT l'armée prussienne.. 911 — L'Académie déclare s'associer pleinement aux paroles de M. le Président, et dé- cide qu'elles seront insérées au Compte rendu delà séance 911 Sociologie. — Titre d'un Mémoire lu par M. C. Lefort dans les séances du 21 no- vembre et du 5 décembre. . . . 708 et 799 Spectrale (Analyse). — Observation de la lumière de la comète de Winnecke ; par MM. PFnlfel Riiyet 49 — Étude photographique du Soleil à l'Obser- vatoire impérial de Paris; Note de M. Sonrel 225 — Nouvelles remarques du P. Sccchi sur les spectres fournis par divers types d'é- toiles 252 — Sur le spectre de l'atmosphère solaire; Note de M. Rmct 3oi — Surranalysespcclralequantitative; Note de M . Jririssen G2C — Note de M. Faye sur les observations d'analyse spectrale qui pourront être faites dans le cours de l'expédition de M. Janssen, pour l'observation de l'é- clipse solaire du 22 décembre 819 Soleil. — Note du P. Secclii accompagnant la présentation d'un exemjilaire de l'ou- vrage (pi'il vient de faire paraître et qui a pour titre : « Le Soleil » 368 Sur l'éclipsé totale du 22 décembre 1870 ; Note de M. Janssen 53 1 M. Dumas, à l'occasion du voyage de M. Janssen, qu'il a accompagné jusqu'au moment du départ du ballon qui l'em- menait vers sa destination, fait une lec- ture à l'Académie sur l'immunité qui, chez tous les peuples civilisés, a couvert les voyageurs remplissant, comme celui qui va observer l'éclipsé du 22 décem- bre, une mission purement scientifique. 783 M. /./«/((vV/c désire qu'il soit bien entendu que le Bureau des Longitudes, qui a pris l'initiative de l'expédition de M. Janssen, |)artage entièrement les sentiments que l'Académie vient de manifester à l'occa- sion de cette lecture. — M. Delaunar ajoute que le Bureau des Longitudes es- père d'heureux fruilsde cette expédition. 78G JL le Présiilcnt de la Société Philomn- tique adresse l'adhésion de la Société aux paroles prononcées par M. Dumas à l'occasion de la mission de M. Janssen. 940 JL J'Aie de Beaumonl présente au nom de l'auteur, M. Z. 578. Températures terrestres. — Observations de température faites sous le sol au Jardin des Plantes ; par MM. Becquerel père et fils 199 Thérapeutique. — Note de M. Rézanl de IFom-es à l'appui d'une Communication | sur l'action de l'émétiquedans la variole. 216 — De l'action des alcalins sur l'organisme; Note de MM. Rabutcau et Constant. . . aSi — Système de pansement des plaies au moyen du plomb en lames très-minces; Note de M. Burggraeve 289 — MM. Pichot et Malapert adressent un spécimen de leurs « Sachets de charpie carbonifères » 384 — Pansement des plaies par une solulion d'acide carbonique; Note de M. Ozii- riam 4o3 — M. Pa<;iMri appelle l'attention de l'Aca- démie sur l'efficacité de son « Eau hé- mostatique » SaS — Sur un moyen facile d'an êler la diarrhée et la dyssenterie S[)éciales aux soldats qui sont saisis par l'humidité et par le froid ; Note de M. Déclat Cga — Effets de diverses préparations phéniques C. R. 1870, ■J™'^ Hrmcslte. (!'. LXl.) dans le traitement de la variole; Note de M. Bnbœuf. 74^ — Sur la préparation de toiles et de papiers au tannin et à l'acide benzoïque pour les pansements rapides sans linge; Note de M. Bostaing 80G Tuermochimie. — Recherches thermo-chi- miques sur les sulfures; par M. Be?- thelot 3o3 — Note sur la chaleur de formation des com- posés azotiques; par le même 677 THERMO-DVNAJiiguE. — Sur l'équivalent mé- canique de la chaleur et sur les pro- priétés électro -thermiques de l'alumi- nium ; Note de M. f'iolle 270 — Note de M. P. Coste concernant l'équiva- lent mécanique de la chaleur 376 Thersio.mètres. — Noie de M. Legrand sur la gradation des thermomètres de Deluc, instruments pour lesquels le point d'é- buUition do l'eau est pris à la pression de 27 pouces de mercure, pression que l'on a souvent à Genève 66 Toxicologie. — Note de M. R'éuteau et Perre sur le m'hoiindoii ou icajn, poison d'épreuve usité au Gabon 3')3 — Essai sur le venin du scorpion ; Note de JI. Joii.\:tel 407 Tre.wblementsdeterre.— LettredeM. r//«\- si/i sur un tiembloment de terre qui s'est fait sentir au Mexique le 11 mai 1 870 3/9 .3i 978 ) Pages. VACcrv. — Sur la vitalité du virus-varcin; Note de M. Mehcns 73 Vers a soie. — Sur les résultats des éduca- tions pratiques de ver à soie effectuées au moyen de graines préparées par les procédés de sélection ; Rapport adressé à l'Académie par M. Pasteur 182 — Sur les résultats obtenus dans les ma- gnaneries du département des Basses- Alpes ; Note de M. T'atlier 289 — Sur la maladie corpusculeuse des vers à suie ; Note de M. Mares 293 — M. le Maréchal Vaillant communique di- vers documents relatifs aux procédés de sériciculture de M. Pasteur 296 Vol des Oiseaux. — Des mouvements que le corps de l'oiseau exécute durant le vol ; Note de M. Marey 660 Page». — A l'occasion de la présentation d'un opus- cule imprimé, où il était question seule- ment d'aéronautique, et de quelques mots dits à ce propos par M. le Secrétaire per- pétuel, sur l'usage que l'homme pour- rail faire d'appareils analogues aux ailes des oiseaux si le poids de son corps était presque annulé par un ballon, M. Gi- raud-Tculon croit devoir rappeler un passage de son « Traité de Mécanique animale » où il a abordé en passant la question du mouvement de l'homme dans l'air 781 Volcans. — Étude des gaz volcaniques de Santorin ; Note de M. Fnuqué 902 — Observations relatives à cette Note; par M. Cil. Sainte-Claire Deville 90G z Zoologie. — M. P. Gerçais fait hommage à l'Académie dedeux Mémoires extraits des «Nouvelles Archives du Muséum », l'un sur les formes cérébrales propres aux Marsupiaux, l'autre sur les formes céré- brales propres aux carnivores vivants et fossiles; puis deux livraisons nouvelles de r « Ostéographie des Cétacés vivants et fossiles », qu'il publie avec la colla- boration de M. Van Beneden 443 — Note de M. Noiilec ayant pour litre : « Nos hirondelles et leurs nids » 78 — Observations sur l'histoire naturelle des Écrevisses ; par M. Chantran 43 Identité spécifique du Pliylloxera des feuiles et du Pliilloxcra des racines de la vigne; Note de MM. Planchon et Lichtcnstein 298 Remarques de M. Milne Edtvards rela- tives à la Note précédente 3oo Recherches sur la génération des Gasté- ropodes ; par ,M. Ferez 280 Sur les Entozoaires des Dauphins; Note de M. H. Gerçais 779 Voir aussi l'article Aninxaix des an- ciens E^'ptiens. ( 979 ) TABLE DES AUTEURS. MM. Pages. ABBADIE (d'). — Sur la division décimale du cadran 335 ALVAREZ, — Note relative à l'aéroslation. ySa AMAGAT. — Sur la corapressibilité et la di- latation des gaz 67 ANDRAL est nommé Membre de la Commis- sion des prix de Médecine et de Chi- rurgie 2 1 5 ANDRÉ (Jean) prie l'Académie de vouloir bien lui désigner une Commission à la- quelle il soumettra un plan qu'il croit propre à contribuer puissamment à la défense nationale. L'Académie ne peut, sans s'écarter d'une règle qu'elle a constamment suivie, accéder à cette demande 6g4 ARLOING et L. TniPiEu. — Une mention ho- norable leur est accordée par la Com- mission du prix de Physiologie expéri- mentale pour avoir démontré les pre- miers, dans les nerfs sensitifs cutanés, l'existence d'une sensibilité récurrente jusqu'ici reconnue seulement dans les nerfs moteurs, etc 1 la MM. ARNOUX.— Lettre adressée de Mées (Basses- Alpes), sur les excellents résultats ob- tenus de la méthode de M. Pasteur pour le grainage des vers à soie (reproduite dans une Communication de M. le Ma- réchal Vaillant) 297 ARSON. — Le prix de Mécanique (fondation Montyon) est décerné à M. Jrson, pour ses recherches expérimentales sur l'é- coulement des gaz dans de longues con- duites 93 — M. Arsoii adresse ses remercîments à r.\cadémie 217 AUBERT. — Mémoire sur les solides soumis à la flexion 35o AUBERT (L.). — Sur les moyens de faire entrer la farine de blé dans la confection d'aliments doués de propriétés nutri- tives suffisantes 475 et 479 AVEZAC (d') présente à l'Académie, de la part de M. S. Glai'ijo, un volume imprimé en espagnol et intitulé : « Réllexions sur le système planétaire » 887 B BAILLON (H.). — Sur le développement des feuilles de Sarmccnin 63o BALARD. — Remarques relatives aux diffé- rences qui lui paraissent exister entre les méthodes employées par MM. Cas- thelaz et Evrard pour la purification des suifs bruts 816 BALESTRA. — Recherches et expériences sur la nature et l'origine des miasmes paludéens 235 BARBOU (Ed.). — Projet de navigation aé- rienne, accompagné de croquis indi- quant deux dispositifs dilîérents. pro- posés par l'auteur 578 et 732 BAZIN. — Communication relative à l'aéros- tation 845 BÉCHAMP. — Sur la fermentation carbo- nique et alcoolique de l'acétate de soude et de l'oxalate d'ammoniaque 69 BECQUEREL. —Nouvelles recherches sur les actions électro-capillaires. Formation de l'Gxychlorure de cuivre cristallisé et d'autres composés analogues 197 — Observations de températures faites sous le sol au Jardin des Plantes, de 1864 à 1870. (En commun avec M. Edni. Becquerel . ) 1 9g BECQUEREL (Ed.m.). — Observations de tem- i3i.. MM. Pages, pératures faites sons le sol au Jardin des Plantes, de 1864 à 1870. (En commun avec M. Becquerel.) 199 — Lettre à M. Dumas exfirimanl le vif re- gret qu'il éprouve d'èlre en ce moment loin de Paris, retenu près de son père malade 439 — M. Edm. Becquerel est nommé Membre de la Commission du grand prix de Sciences mathématiques à décerner en 1 870 ( Rechercher les modifications qu'é- prouve la lumière dans son mode de propagation et ses propriétés par suite du mouvement de la source lumineuse et du mouvement de l'observateur). . . 707 BELGR.4ND. — Travail ayant pour titre : « La Seine : Études sur le régime de la pluie, des sources, des eaux courantes; applications diverses à l'art de l'ingé- nieur et de l'agriculture » 88G BERGEU appelle l'attention de l'Académie sur une circulaire tendant à la fondation d'un prix pour l'inventeur d'un système d'abri mobile pour l'armée 885 BERNARD (Claude) est nommé Membre de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie aiS — Et de la Commission du prix de Physio- logie expérimentale . aâG BERNIS. — Communication relative à l'aé- rostation 807 et 845 BERTHELOT. — Recherches thermo-chimi- ques sur les sulfures -Jo3 — Sur la force de la poudre et des matières explosives 619, 6G7 et 709 — Sur la chaleur de formation des composés azotiques 677 — Sur la force des matières explosives; ré- ponse à M. Ccizin 940 BERTRAND. — Rapport sur un Mémoire de M. Massieu intitulé : « Mémoires sur les fonctions des divers fluides et sur la théorie des vapeurs » ^57 — M. Bertrand est nommé Membre de la Commission du grand prix de Sciences mathématiques à décerner en 1870 (Re- chercher les modifications qu'éprouve la lumière dans son mode de propagation et ses propriétés par suite du mouvement de la source lumineuse et du mouve- ment de l'obsorvatsur) 707 BÉZARI) DE WOLUES. — De la périodicité du temps, réglée d'après les indications fournies par les phases de la Lune qui suit colle de l'équinoxe 885 BIENAYMÉ. —Traduction de deux passages de Stobée inexpliqués jusqu'ici 460 — M. Bictuiymé est nommé Membre de la ( 9«o ) MM. Page». Commission du prix de Statistique ai 5 BLACHE (R.). —Une citation honorable lui est accordée pour son essai sur les ma- ladies du cœur chez les enfants. (Con- cours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) 127 BLANCHARD est nommé Membre de la Com- mission chargée de juger le concours pour le grand prix des Sciences phy- siques (question des phénomènes qui précèdent le développement de l'em- bryon chez les animaux dits parthéno- génésiques ) , et le concours pour le prix Bordin (question relative à l'ana- tomie comparée des Annélides) 881 BOBQEUF (P.-A.-F.). — Sur l'importance actuelle des questions se rattachant à l'hygiène publique et privée, notam- ment la question des hémostatiques et des désinfectants, et sur le phénol so- dique 617 — Effets des diverses préparations phéni- ques dans le traitement de la variole. . BONNAFONT. — Sur la propriété dont joui- raient les troncs artériels de résister mieux que les cordons nerveux à l'ac- tion directe des projectiles sphériques. BONTEMPS. — Une mention honorable lui est accordée parla Commission du prix de Statistique pour les renseignements statistiques de son ouvrage intitulé : « Le Guide du Verrier, etc. » — M. Bontcinps adresse ses remerciments à l'Académie a6i BONNET. — Le prix Thore lui est décerné pour son ouvrage intitulé : « La truffe comestible » i53 — M. Bonnet adresse ses reraercîments à l'Académie 217 BOUDANOVSKV. — Une citation honorable lui est accordée par la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie pour ses études photographiques sur le sys- tème nerveux de l'homme et de quel- ques animaux supérieurs 127 BOUILLAUD est nommé Membre do la Com- mission des prix de Médecine et de Chi- rurgie 21 5 BOUQUET. — Mémoire relatif à la théorie des intégrales ultra-elliptiques. Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. .S'fv/rr. 4» BOUSSINESQ prie l'Académie de ^ouloir bien le comi)rendre parmi les candidats à la place laissée vacante, dans la Sec- tion de Géométrie, par le décès de M. Lamé 384 — Essai théoriiiue sur les lois trouvées ex- périmentalement par M. Bazin pour l'é- 746 707 99 (98 MM. Pages. coulement uniforme de l'eau dans les ca- naux découverts 38ç) et 4°o BOUSSINGAULT est, nommée Membre de la Commission du prix de Statistique. ... 2i5 — Et de la Commission pour le prix dit des Arts insalubres aSC BOUVET. — Sur une force motrice appli- cable à la navigation aérienne 539, 578 et 73i — Sur un procédé de réchauffement métho- dique du gaz d'un aérostat, par la com- bustion d'une partie de ce gaz lui-même, pour compenser les pertes de force as- censionnelle 84 1 — Du moyen de produire à volonté à bord des aérostats un excédant de force as- censionnelle pour opérer dos montées et des descentes partielles 881 BRACHET (A.). — Sur un a Régulateur au- tomoteur électrique ». — Description d'une lampe électrique applicable à l'é- clairage des larges voies. (En commun avec M. ff ailée.) 33 1 et 769 — Avantages que présente l'emploi, pour les besoins de la guerre, de l'aérostat Meus- nier, et supériorité qu'a ce système sur tous ceux dont on pourrait songer à faire l'application pour la défense na- tionale 440 — Notes relatives à divers projets d'appa- reils aérostatiques 522, 540, 578, 619, 681, 732 807 et 845 — Projet de canon porté sur un chariot blindé 886 — Note relative au moyen proposé pour substituer les lunettes aux alidades à ' ) MM. Pages, pinnules pour le pointage des canons. . gSS BRANDT est nommé Correspondant de l'A- cadémie, Section d'Anatomie et de Zoo- logie, en remplacement de feu M. Carus. 4i BRISAC. — Sur l'emploi des légumes secs et du blé vert en Alsace et en Lor- raine 478 BRONGNIART est nommé Membre de la Commission pour la vérification des comptes de l'année 1870 4' BROUN. — Observations magnétiques faites à Makerstown (Ecosse) et à Trevan- drum, près du cap Comorin... 56 et 265 BUISSON annonce qu'on pourra voir chez lui fonctionner un petit modèle démon- trant la possibilité de faire mouvoir dans une direction donnée un ballon par un moyen complètement différent de ceux qu'on a jusqu'ici imaginés 694 BUKATY. — Note concernant un nouveau sytème d'aérostat Saa BURGGRAEVE. ^ Système de pansement des plaies au moyen du plomb en lames très-minces 289 BUSSY.— Remarques à l'occasion d'une Com- munication de M. Casthelaz, sur un pro- cédé de purification des suifs bruts, procédé indiqué depuis longtemps par M. Evrard 8i5 — M. Bussy présente, au nom de M. Sou- beyran, une carte géographique sur la- quelle sont inscrites, au lieu de leur production, toutes les principales sub- stances qui trouvent leur emploi dans la matière médicale 770 CAHOURS (AuG.) et Gal. — Recherches re- latives à l'action des chlorures de pla- tine, de palladium et d'or sur les phos- phines et les arsines 208 — Sur de nouveaux composés résultant de l'union de l'acide cyanique et des diffé- rents éthers cyaniques avec les éthers des acides amidés de la série aromatique. 4(^2 CAL'VERT. — Sur l'emploi de l'acide phé- ni(|uo 321 — Sur le dégagement d'azote pur, des ma- tières organiques azotées 322 CARLES. — Sur la décomposition de l'acide oxalique 226 CASSAIGNES, — Sur la filtration naturelle des eaux de rivières et sur l'application qu'on en peut faire aux eaux de la Du- rance 216 CASTHELAZ. — Procédé de purification des suifs bruts du commerce 812 CATALAN. — Remarques sur une Note de M. Darboux relative à la surface des centres de courbure d'une surface algé- brique 5o CAUVET. — Mémoire concernant la struc- ture du Cytinet, l'action qu'il exerce sur la racine des Cistes, et la structure de la racine du Cistus Moiupelicnxi.s. . . . 216 et 369 CAVE. — Sur la zone génératrice des ap- pendices végétaux 83 — Sur la zone génératrice des appendices chez les végétaux monocotylédons.... 374 et 397 MM. CAVE THOMAS adresse une (épreuve impri- mée en an.ïiais d'un travail destiné à èlre substitué à son Mémoire manuscrit. sur la « Théorie esthétique de la hi- miére » CAZIX (A.). — Note ayant pour titre : « La lunette de rempart » — Sur la force des matières explosives. . . CHAMPION. — De la dynamite et de ses ap- plications au point de vue de la guerre. CHANTRAN. — Observations sur l'histoire naturelle des érrevisses CHAPELAS. — Sur le printemps de 1870. . — Étoiles filantes du mois d'août — Aurore boréale du 24 septembre 1870. . — Aurores boréales des 24 et 23 octobre. . CH.\RMOLUE (L.). —Note relative à l'em- ploi du bois pour la préparation d'un caz d'éclairage CHAilRlÈUE. — Le prix dit des Arts insa- lubres 11'! est décerné pour ses appa- reils de sauvetage. (Concours de 1869.). CH.\SLES présente, de la part de M. Boncom- piigiii , divers numéros du « Bulleltino di Bibliografia e di Storia délie Scicnze matenialiche e fisiche », et, au nom de la Section Mathématique des hautes études, plusieurs numéros du « Bulletin des Sciences mathématiques et astrono- miques » 240 et — M. Chastes fait hommage à l'Académie d'un ouvrage de M. C/vniona: 0 Sur les intégrales à différentielles algébriques ». — M. Clinslcs est nommé Membre de la Commission du prix Poncelet CHASSIN. — Sur un tremblement de terre survenu au Mexique le 11 mai 1870... CHASTEIGNIER. — Contemporanéité de l'homme avec le grand ours des ca- vernes et le renne dans la caverne de Gargas (Hautes-Pyrénées |. (En com- mun avec ^L Garrigoii.) CHENU. — Le prix de Statistique lui est dé- cerné i)Our sa u Statistique médico-chi- rurgicale de la campagne d'Italie en iSSg- 1 8O0 « CHEVREUL. — Observations relatives à une Note de M. Fnye intitulée : « Quels sont les vrais agents chimiques qu'il faut opposer à l'infection miasmatique?».. 4'7, 420 et — M. Chevrctd annonce comme presque complètement terminé un travail depuis longtemps poursuivi, et demande à l'A- cadémie l'autorisation d'en commencer dès à [irésent l'impression dans les « Mé- moires de l'Académie », où il formerait la lèlc d'un nouveau volume 629 897 728 43 45 386 45i 584 816 128 ( 9«2 ) Pages. MM. Pajes. — De la différence et de l'analogie de la méthode «/m.ç^eWrjW expérimentale dans ses aiiplicationsaux sciences du concret et aux sciences morales et politiques. 493 — M. C/icc/-(>«/ exprime le désir d'obtenir quelques renseignements authentiques concernant les expériences aérostatiques des frères Montgolfier 609 et Cio — Remarques à propos d'une Communica- tion de M. Griinaud, de Caux, sur l'his- toire de la panification et des connais- sances chimiques qui s'y rattachent... 447. 45o et 45i — Observations relatives aux propriétés nu- tritives de quelques-unes des plantes ci- tées [lar M. Decuisite comme pouvant être cultivées pendant le siège 48g — Observations relatives à une Communi- cation de M. Frciiiy^ sur l'emploi de l'osséine dans l'alimentation 5l3i — M. Clirvreul donne lecture d'une Note sur les subsistances et l'alimentation. Ooi — Exposé des raisons pour lesquelles l'ali- ment de l'homme et des animaux supé- rieurs doit être d'une nature chimique complexe. (Nouvelle rédaction de la Note lue à la précédente séance.) 635 — Observations à propos d'une Note de M. RahuteaK, sur l'estimation de la qua- lité alimentaire d'après la proportion d'azote 786 • Note sur un acide odorant produit dans la fermentation putride de plusieurs matières azotées, et particulièrement des tendons 760 - Après la lecture de celte Note, M. Clic- (7'e«/ mentionne une Communication ré- cente faite à la Société centrale d'Agri- culture par M. Pau-n, sur les os du cheval et l'Iuiile qu'on en retire 761 — Observations relatives à un passage d'une Communication deM. Fi-cnir, surl'aEm- ploi de l'osséine dans l'alimentation ».. 796 — Résumé historique des travaux dont la gélatine a été l'objet. .. . 819, 855 et 912 — M. Chcvrrid est nommé Membre de la Commission du prix dit des Arts insalu- bres. (Concours de 1870,) 256 CLOQUET (Jules) est nommé Membre de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie 2i5 CLO TE T. — Description d'une nouvelle bombe cylindro-conique à percussion. 522 et 7(59 (TOMBES est nommé Membre de la Commis- sion du prix dit des Arts insalubres... 256 — Membre de la Commission du prix de Mécaniipie 84 1 434 i — Et de la Commission du prix Poncelet. . 881 597 596 881 329 98 43i l 9 MM. Pages. CONSTANT. — De l'arlion des alcalins sur l'organisme. (En comnuin avec M. Hn- buteaii. ] 23 1 CONTEJEAN. —Maximum de température à Poitiers le 24 juillet 1870 325 COSSA. — Lettre à M. H. Snintc-Clairc De- ville, sur les propriétés chimiques de l'aluminium 290 COSTE est nommé Membre de la Commission du prix de Physiologie expérimentale. . 256 — Membre de la Commission chargée de juger le concours pour le grand prix des Sciences physiques. (Question des 83 ) MM, Pages, phénomènes qui précédent le développe- ment de l'embryon chez les animaux dits parthénogénésiques), et de la Commis- sion du prixBordin. (Question relative à l'anatomie comparée des Annélides. î . . . 881 COSTE (P.). — Note relative à l'équivalent mécanique de la chaleur 376 CYON. — Une médaille lui est accordée pour Tensemble de ses travaux en vue des applications de l'électricité à la physio- logie et à la thérapeutique. (Concours pour le prix de Médecine et de Chirur- gie : question proposée pour 1869.). . . . 107 D D'ABBADIE. — Voir à Abbadie (d' ). D'ALMEIDA (J.-C). — Disposition nouvelle des piles voltaïques, application à la pile de Bunsen 774 DARBOUX. — Réponse aux remarques de M. Cutalamwv deux points de sa u Note relative au lieu des centres de courbure d'une surface algébrique » 267 DAUDIN. — Mémoire relatif à diverses ques- tions de météorologie, et particulière- ment à la sécheresse actuelle 47 D'.WEZAC, — Voir à An'zac (d'). DEBRUGE. — Note relative à un ballon di- rigeable 619 DECAISNE. — Sur la culture de quelques plantes culinaires pour la durée du siège. 487 DECAISNE (E.). — Note concernant « L'ali- mentation des petits enfants, et le lait pendant le siège >' 527 DÉCLAT. — Moyen d'arrêter la diarrhée et la dyssenterie spéciales aux soldats qui sont saisis par l'humidité et par le froid. 692 DELACROIX. — Notes relatives à un système d'aérostat manœuvrant avec des voiles, des ailes mobiles et deux gouvernails. . 578 et 681 DELAUNAY. — Note sur les pyramides de Villejuif et de .luvisy 5 — M. Di'Umiiiiy, en qualité de Président, informe l'Académie que sa prochaine séance aura lieu le mardi 16 août, au lieu du lundi 1 5 333 — Découverte d'une comète par M. Coggi/i. 4o5 — M. Dcliiuiiay est nommé Membre de la Commission du prix d'Astronomie. .. . 7G7 — Membre de la Commission du prix de Mé- canique 841 — Et de la Commission du prix Poncelet. . 881 DEL.\UUIER. — Remarques relatives à une Note de M. Lucas, sur les signaux de feu d'une grande portée 33i — Note relative à un procédé particulier pour lancer les projectiles de guerre. . 383 DELCOURT. — Communications relatives à l'aérostation 807 et 845 DELESSE. — Note sur une carte litholo- gique de l'embouchure de la Seine. . . . 349 DEROIDE. — Sur un nouveau système d'aé- rostation exigeant l'emploi de deux gaz différents, et marchant au moyen d'une succession d'ascensions directes et de descentes obliques 768 DE SÉRÉ. — Note sur le couteau électrique et ses applications à la chirurgie militaire. 3oi DIEULAFAIT. — Note sur les calcaires à Tercbnitidii diphya dans les Alpes fran- çaises, de Grenoble à la Méditerranée 282 DOBROSLAVINE. — Surlesgraissesdu chyle. 278 DUBRUNFAUT. — Sur un procédé de pani- fication dans lequel on ferait intervenir ■ le froment en grains concurremment avec la farine 907 DUHAMEL fait hommage à l'Académie du volume qui forme la quatrième Partie de son ouvrage : « Des Méthodes dans les Sciences de Raisonnement » 181 DUKERLEY. — Une mention honorable lui est accordée au concours du legs Bréant pour sa « Notice sur les mesures de pré- servation prises à Batna (Algérie) pen- dant le choléra de 1 867 1 38 DUMAS prononce, dans la séance publique pour l'année 186g, l'Éloge historique de Pelouze 178 — M. Dumas donne lecture d'une Lettre de M. Edm. Becquerel qui, retenu près de son père malade, exprime le vif regret qu'il éprouve d'être en ce moment loin de Paris 439 — M. Dumas fait remarquer que l'absence ( 98 MM. Pages, prolongée du Vice-Président, M. Costc, s'explique par une maladie dont la gué- rison se fait longtemps attendre 439 — Observations sur une Note de M. Fayc intitulée : « Quels sont les vrais agents chimiques qu'il faut opposer à l'infection miasmatique »'.' 4 ' 7 et 4 ' 9 — Observations à i)ropos d'une Communica- tion de M. Cninaud, de Caux, u Sur la consommation du blé, soitennature, soit après la mouture, sous forme de pain». 445 — Note à propos do diverses Communica- tions sur l'approvisionnement en viande de la ville de Paris pour le temps du siège 4/9 et 235 — Observations relatives aux Communica- tionsde M. Fremr, « Sur l'emploi de l'os- séine dans l'alimentation ». 565, 755 et jSS — M. Dunuis communique une Lettre de jjmc jy j,(.gi Lfcointre, qui l'a chargé d'offrir à l'Académie, au nom de sa mère M°" V' UArcct et au sien, des Noies et Mémoires en partie inédits et se rap- portant principalement aux recherches du savant académicien, Joseph D\4rcet, sur la gélatine des os et son emploi ali- mentaire G82 — M. Dumas présente, au nom de M. Eiig. Pclouzr, un Mémoire et des échantillons relatifs à un procédé nouveau de conser- vation des viandes 73 1 — Obser\ationsà propos d'uneNotodeM. Ra- biiicnii, sur les propriétt^s nutritives du café et du cacao 735 — Observations sur une Communication de M. /. Gucrin, concernant un moyen de mettre en communication télégraphique Paris et le reste de la France 579 — A l'occasion d'une Communication de M. Hiircau de l'illcneuve, sur un gaz pour gontler les ballons autre que celui qui est ordinairement en usage, M. Du- mas fait remarquer que le gaz proposé, bien connu de toutes les personnes ayant eu à s'occuper de la question de l'éclai- rage, exigerait pour sa fabrication un outillage particulier, et (pie si l'outillage dont dispose aujourd'hui la ville do Paris recevait une semblable application, mémo temporaire, ce ne serait pas sans être gravement compromis 76S — Conmiunication faite à l'Académie à propos du récent départ de M. Jansscn par l'aé- rostat /(• Folta 783 — M. Dumas, en sa qualité de Secrc- ttiire perpétuel, donne lecture d'une dé- pêche de M. le directeur des lignes télégraphiques, annonçant l'heureuse ar- 4 ) MM. Paget- rivée, près de Saint-Nazaire, du ballon le Voila monté par M. Janssen 886 — M. le Secrétaire perpétuel doxma lecture d'un passage des OEuvrcs de Lnvnisier relatif aux tra\aux aéroslatiques de Meus/lier 608 — En réponse à une question posée à cette occasion par M. Chevreul, et relative à l'invention des frères Montgolûer, M. Du- mas fournil, d'après le même volume des (I Œuvres de Lavoisier », le rensei- gnement désiré 610 — M. le Secrétaire perpétuel présente au nom des auteurs, MM. Champion et H. Pellet, une Note « Sur quelques propriétés de la dynamite, et sur un nouveau procédé pour la fabrication de la nitroglycérine » 770 — Et au nom de l'auteur, M. Riche, un exemplaire de la conférence faite, le 1 1 novembre, sur la « Manière de se nour- rir dans les circonstances présentes ». 770 — M. le Secrétaire perpétuel i\g\\a\e, parmi les pièces imprimées de la Correspon- dance, les ouvrages suivants : — Une brochure de M. Figuier 3oi — Un Mémoire de M. Dalvi, imprimé en anglais, portant pour titre : « Exa- men de la règle de Newton pour trou- ver le nombre des racines imaginaires d'une équation ». — Et un travail de M. A. Colin intitulé : « Des conditions sanitaires de l'armée de Paris » 478 — M. Dumas est nommé Membre de la Commission chargée de juger le con- cours des Arts insalubres pour 1870... 256 — Membre des Commissions chargées de juger le concours pour le grand prix des Sciences physiques (question des phé- nomènes qui ijrécèdent le développe- ment de l'embryon chez les animaux dits parthénogénésiques), elle concours pour le prix Bordin (question relative à l'analomie conqiaréc des Annélides). . 881 DUMÉIUL. — Sa mort, arrivée le 12 no- vembre 1870, est aimoncée à l'Aca- démie dans la séance du 14 635 DUMÉHY. — Note sur de nouveaux campe- ments militaires 938 DUPIN (Cn. ) est nommé Membre de la Com- mission du prix de Statistique 2i5 DUPUIS. — Projet d'un système de naviga- tion aérienne 681 DUPUY DE LO.ME présente la iircmière par- tie d'une Note sur un projet d'aérostat dirigé 477 — Projet d'aérostat dirigé muni d'un propul- seur 479, 5o2, 5*9, 545 et 549 (9«5) MM. Pages. — M. DiipKY de Lomé esl nommé Membre de la Commission du prix de Mécanique. 84 1 MM. Pages. 1)UR.4ND soumet à l'appréciation de l'Aca- démie une tasse-ûUre dont il est l'in- veuleur 240 E EDW.4RDS (Milne). —Remarques relatives à une Communication de MM. Pliinchon et Lichtensteiii, sur l'identité spécifique du Phyllnxern des feuilles et du Phyl- lo.rcra des racines de la vigne 3oo — Remarques à propos d'une Communica- tion de M. Grimaud, deCaux, sur l'im- portance des condiments et des sub- stances sapides pour le travail de la di- gestion 45 1 — Observations, à propos d'une Note de M. Dumas, sur un procédé de salaison de la viande et sur les propriétés nutri- tives de la gélatine des os 48C — M. Milne Edivards rappelle que dans le cours des longues recherches auxquelles s'est livrée la Commission chargée d'exa- miner les effets de la gélatine au point de vue de l'alimentation, elle avait eu à combattre des exagérations de la part des adversaires comme de celle des par- tisans de cette application 761 — Note sur les propriétés nutritives des substances organiques tirées des os, et la composition des rations alimentaires susceptibles d'entretenir le corps hu- main dans son état normal 786 — M. Md/ie Edivards est nommé Membre de la Commission du Pris de Physiologie expérimentale ....'. 256 — Membre de la Commission du grand prix des Sciences physiques ( (Question concer- nant les phénomènes qui précèdent le développement de l'embryon chez les animaux dits pnrt/iénogé/tésnjues), et Membre de la Commission du prix Bor- din (Question concernant l'anatomie comparée des Annélides) 881 EGGER. — Note sur un papyrus qui con- tient des fragments d'un Traité d'op- tique, et, à cette occasion, sur l'optique inédite de Ptolémée -. 465 — Note sur quelques documents relatifs à l'économie domestique et aux denrées alimentaires en Egypte sous les Ptolé- mées 611 EURENBEllG. — Le prix Cuvier lui est dé- cerné pour l'ensemble de ses travaux. (Concours de 1869.) i38 C. K., 1870, 2""= Semestre. (T. LXXl.) EHRLICH. — Note relative au choléra 216 ÉLIE DE BEAUMONT. — Note sur les ro- ches qu'on a rencontrées dans le creu- sement du tunnel des Alpes occidentales entre Modane et Bardonèche 8 — M. Él/'e de Bemanimt présente, de la part de M. Delessc, une carte lithologique de l'embouchure de la Seine 349 — M. Élie de Bemimont, en sa qualité de Secrétaire perpétuel, annonce à l'Aca- démie la perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. Aug. Duméril, décédé le 12 novembre 635 — M. le Serrétaii-e perpétuel Aè^OiO sur le bureau un exemplaire du discours pro- noncé, le i5 novembre 1870, aux obsè- ques de M. Aug. DumérU par M. Hii). Larrey 747 — M. le Secrétaire perpétuel fait hommage à l'Académie au nom de l'auteur, M. Zan- tedeschi, de deux opuscules écrits en italien et ayant pour titre, l'un : « De l'électro- chimie appliquée à l'industrie et aux beaux-arts » ; l'autre : « Des bour- rasques de l'atmosphère solaire et de leur connexion possible avec les bour- rasques de l'atmosphère terrestre >' . - . 44o — Et, au nom de M. Chancourtois, d'une bro- chure sur « L'interprétation des imagi- naires en physique mathématique n... 476 — M-. le Secrétaire perpétuel, en présentant la traduction faite par M. Roger des « Re- cherches générales sur les surfaces cour- bes do M. Gauss », lit à ce sujet quel- ques passages de la Lettre d'envoi 35 1 — De même, à l'occasion de la deuxième édition d'un ouvrage de M. /. Girard, sur la chambre noire et le microscope, M. le Secrétaire perpétuel donne, d'après la Lettre de l'auteur, quelques rensei- gnements sur celle nouvelle publication. 4o4 — M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspon- dance de diverses séances, les ouvrages suivants : — Une brochure de M. Husson intitulée : « Histoire du sol de Toul; 17° Nute sur l'origine de l'espèce humaine dans les environs de cette ville » 49 l32 MM. Pages. — Deux Mémoires de géologie et de paléonto- logie de M. Baynn, et la dernière partie de l'ouvrage deM. F. Plée a Sur les types des familles des plantes de la France » . . 261 — Une brochure de M. Dataine « Sur la genèse et la propagation du charbon », et un ouvrage du P. Sunna Solaro « Sur les causes et les lois des mouvements de l'atmosphère » 35o ( 986 ) MM. Et enfin un ouvrage qui offre, indépen- damment de la valeur qu'il a par lui- même, un intérêt d'actualité, et qui a pour titre : « Premiers secours à donner aux blessés sur le champ de bataille et dans les ambulances " : l'ouvrage est du D'' H. Bernard, et précédé d'une Intro- duction, par M. /.-iV. Deinarquay . . . . Pages. 68a FAMITZIN. — Le prix de Physiologie expé- rimentale lui est décerné pour ses re- cherches concernant l'influence de la lu- mière sur la nutrition des plantes 1 12 FAUVEL. — Une récompense lui est accordée par la Commission du prix Bréant pour ses travaux concernant l'étiologie et la prophylaxie du choléra i37 FAVRE. — Recherches thermiques sur le ca- ractère métallique de l'hydrogène asso- cié au palladium ; sur un couple vol- taïque dans lequel l'hydrogène est le métal actif 214 FAYE. — Remarques sur quelques particu- larités du sol des Landes de Gascogne. 245 — Sur une brochure nouvelle de M. Him. . 256 — Sur la manière d'observer le prochain passage de Vénus 4 ' 3 — Note intitulée : « Quels sont les vrais agents chimiques qu'il faut opposer à l'infection miasmatique »? 4 '5 — Sur l'affût de l'amiral Labrousse 455 — Sur la déviation des projectiles à ailettes. 601 — Sur l'art de pointer et ses conditions physiologiques 872 — Sur l'expédition de M. Janssen 819 — M. Fayc est nommé Membre de la Com- mission du prix d'Astronomie 7C7 FIZEAU est nommé Membre de la Commis- sion du grand prix des Sciences mathé- matiques à décerner en 1870 (Recher- cher les modifications qu'éprouve la lu- mière dans son mode de propagation et ses propriétés par suite du mouvement de la source lumineuse et du mouve- ment de l'observateur) 707 FLAJOLOT. — Note sur des combinaisons cristallisées d'oxyde de plomb et d'oxyde d'antimoine, d'oxyde de plomb et d'a- cide antimonique de la province de Constantine (Algérie ) 237 — Surlacompositionchimiquedelanadorite. 406 FLAMMARION. - Éclipse de Soleil du 22 dé- cembre 1870. Mesure de la variation de la lumière 94 1 FONVIELLE ( W. de). — Halos solaires ob- servés le 23 juin et le 3 juillet 1870. . . 47 — Sur les découvertes astronomiques des Anciens 3-6 — Théorie de Mariotte sur les oscillations barométriques 4o3 FOUQUÉ. — Étude des gaz volcaniques de Santorin 002 FREMY (E.). — Emploi de l'osséine dans l'alimentation 669 et 747 — Réponse à des remarques de M. Diiiuus sur la seconde de ces Communications. 75G — Réponse à des observations de M. Che- vrcid relatives à un passage de celte se- conde Note 7g7 FRIEDEL. — Le prix Jecker lui est décerné pour ses « Recherches sur des composés - du silicium correspondant aux composés d'origine organique » 144 — M. Friedcl adresse ses remerciments à l'Académie 261 FUA. — Note relative à un procède de con- servation des viandes 523 GAILHARD. — Communication relative à l'aérostation 845 GAILLARD. — Description et figure d'un appareil destiné à rendre sur une ri- vière suffisamment profonde les services qu'on a cherché il obtenir en mer du bateau sous-marin 694 GAL cl AuG. CAiiouns. — Recherches sur les dérivés bromes de l'acide acétique anhydre 27a Noie relative à de nouveaux compo.-^és résultant do l'union de l'acide cyanique et des dilléronts élhcrs cyaniques avec les éthers des acides amidés de la série aromatique 4Ca Recherches relatives à l'action des chlo- (98? ) MM. rures de platine, de palladium et dor sur les phosphines et les arsines 208 GARRIGOU. — Examen chimique d'un ci- ment métamorphisé dans la source Bayen, de Luchon 287 — Conteraporanéité de l'homme avec le grand ours des cavernes et le renne dans la caverne de Gargas ( Hautes-Py- rénées). (En commun avec M. Cluistci- gnier. ) 288 — Note sur les dépôts glaciaires de divers âges dans les Pyrénées 289 — GAUBE. — Mémoire sur le bromure de fer et de potassium 35o GAULDRÉE-BOILLEAU. — Note relative à un aliment utilisable pendant la durée du siège, et qu'on peut appeller houillic romaine 538 GAULTIER DE CLAUBRY. — Note relative à une réglementation qu'il semblerait utile d'établir dans la fabrication du pain pen- dant l'investissement de la ville de Paris. 626 GAZE AU (Ch.), — Recherches expérimen- tales sur la propriété alimentaire de la cnca 799 — Nouvelle Note sur la préparation et les effets physiologiques de la coca 967 GERVAIS (H.). — Sur les eutozoaires des Dauphins 779 GER'VAIS( P.) présente à l'Académie: 1° deux Mémoires extraits des « Nouvelles Ar- chives du Muséum » : le premier « Sur les formes cérébrales propres aux Mar- supiaux » ; le second « Sur les formes cérébrales propres aux Carnivores vi- vants et fossiles » ; . 2° les livraisons 6 à 8 de r « Ostéologie des Cétacées » (texte et planches), qu'il publie avec la collaboration de M. Van Beneden. . . 443 GÉRY père. — Une mention très-honorable lui est accordée parla Commission du prix Bréant pour sa statistique des décès par le choléra qui ont eu lieu dans le quar- tier Folie-Méricourt en 1 865 et 1 86G . . . 1 38 GIFFARD (H.). — Description du premier aérostat à vapeur 683 MM. Pages. GIRARD. — Sur un dispositif destiné à per- mettre d'observer à de grandes dis- tances 383 GIRARD (Ch.). — Note sur la nitroglycé- rine et les diverses dynamites. (En commun avec MM. J. Millot et G. yogi.) 688 GIRAUD-TEULON rappelle, à l'ocasion de remarques faites par M. le Secrétaire perpétuel dans une précédente séance, qu'il a, dans son « Traité de mécanique animale », effleuré la question des mou- vements de l'homme dans l'air, y consa- crant une simple Note à la fin du cha- pitre consacré à l'étude du vol 781 GOUBET. — Note relative à la théorie des principes de la géométrie élémentaire. 216 GOUILLY. — Sur un procédé qui peut servir à déterminer la direction suivie par un aérostat et sa vitesse dans l'espace 885 et 939 GRAD. — Note ayant pour titre : « Le climat de l'Alsace et des Vosges » 74 GRIMAUD (nE Caus). — De l'alimentation des habitants dans une ville en état de siège 443 — Sur l'emploi du blé en nature comme ali- ment : addition à la précédente Note. . 478 — Du soldat en campagne et devant l'en- nemi 469 et 53o GRIN (C). — Sur un système aérostatique exempt, suivant l'inventeur, des divers inconvénients reprochés à ceux qui ont été essayés jusqu'ici 769 GUÉRIN (J.). — Procédé pour mettre en communication télégraphique la France du dedans avec la France du dehors. . . 678 GUILLEMIN (A.). — Sur les aurores boréales des 24 et 25 octobre 587 GUYOT (P). — Dosage volumétriquedes fluo- rures solubles 274 — Note relative au développement d'orga- nismes particuliers dans le pain fait avec la farine de seigle 429 GUl'OT (A.). — Nouveau système télégraphi- que applicable aux places assiégées... 816 H HACHETTE. — Sur les circonstances qui ont pu amener Monge à s'occuper des questions relatives aux aérostats 583 HENRY (L.). — -action du pentachlorure et du pentabromure sur divers éthers. ... 3i4 HOFFMANN (H.). — Le prix Desmazi(*res lui est décerné pour son « Mémoire sur les Bactéries ». (Concours de 1869.) iSa M. Hojfmaim adresse ses reraercîments à l'Académie 217 Note relative à quelques précautions aux- quelles il lui parait indispensable d'avoir égard, soit dans la préparation, soit dans l'usage du boudin de sang de bœuf. . . Saa l32.. MM. HOFMANN. Sur les isomères des élliers fvanunques HUREAU DE VILLENEUVE. - Sur un eaz qu'on pourrait substituer pour gonfler les ballons à celui qu'avijonrd'hui on emploie d'ordinaire à cet usage 7G7 ( 988 ) Pages. 35 MM. Pages. HYUTL. — Le jiri.t Godard lui est décerné pour ses « Recherches sur les organes génito-urinaires des poissons ». (Con- cours de 1869. ) 148 — M. Hrril adresse ses reraercîmonts à l'Académie 261 JAMLX. — Réponse à des observations présentées par M. U. Snintc-Chdre Dc- villr, sur les variations de température produites par le mélange de deux li- quides Sur la détermination du rapport des deux- chaleurs spécifiques des gaz. (En com- mun avec M. Richtiril.') Réplique aux Notes publiées par M. H, Sainte-Claire Det'ille le 18 juillet 1S70. M. Jamin est nommé Membre de la Com- mission du grand prix des Sciences ma- thématiques à décerner en 1870 (Étude des modifications qu'éprouve la lumière dans son mode de propagation et ses propriétés par suite du mouvement de KNOCH. — Une mention honorable lui est accordée par la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie pour ses tra- vaux relatifs à l'histoire du bothriocé- la source lumineuse et du mouvement de l'observateur) 707 .TANSSEN. — Sur l'éclipsé totale de Soleil du 22 décembre 1870 53 1 23 — Sur l'analyse spectrale quantitative C2G JOUGLET. — Note relative à un procédé destiné à empêcher la transmission des 336 maladies par l'arrêt des poussières en suspension dans l'air 33i 341 JOULIE. — Sur la direction des ballons 53i JOUSSET. — Essai sur le venin du scorpion. 407 JUNOD. — Un prix lui est accordé par la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie pour son travail manuscrit intitulé : « Des médications hémospa- siques et aérothérapiques n 1 1 3 K phale large 1 25 — M. Kiioch adresse ses remercîmenls à l'Académie 217 LABORDE. — Nouvelles expériences sur les armatures et le plateau fixe de la ma- chine de Holtz 347 LALIMAN. — Sur une variété de vignes qui paraît être à l'abri des atteintes du Pl,yl- Inxern vastatrix 358 LAMBERT (G.). — Projet de communication entre Paris et la province 845 L.\RANJA F, OLIVEIUA.— Surun phénomène de choc en retour observé à Porto-Alè- gre (Brésil) 386 LA RIVE (np.). — Sur les pouvoirs rotatoires magnétiques des liquides 195 LARREY est nommé Membre de la Commis- sion des prix de Médecine et de Chi- rurgie 2l5 L.\SSLMONNE. — Note relative à l'aérosta- tion -32 L.\U(;iKK (P.-A.-E.) est nommé Membre de la Commission chargée de décerner le I prix d'Astronomie pour l'année 1870.. 7G7 LAUGIER (Sta.\.) est nommé Membre de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie pour 1870 21 5 LAUSSEDAT. — Restauration d'un cadran solaire conique sur un fragment rap- porté de Phénicve par M. Renan 261 LEBERT est nommé Correspondant do l'Aca- démie, Section de Médecine etdcCliirur- gie, en remplacement de feu M. Latv- rence . . . • • . . . . 4 ' — M. Lehert adresse ses remercîmenls à l'Académie 217 LEBLON. — Note intitulée : « Système de chemin de fer rural et de montagnes. Adhérence parfaite des roues avec le rail « 47 LECERRE. — Note ayant pour titre : « Bal- lon dirigeable par le haut » 769 LE CORDIER (P.). — Expérience confirmant MM. (989 Pages la double hypothèse d'Ampère siirl'exis- lence d'un courant clpctrique formé dans chaque molécule d'une substance magné- tique et dans la terre 533 LEFORT (C). — Note relative à la « Sociolo- gie», première et seconde parties. 708 et 799 LEGRAND. — Sur les thermomètres de DeUic 06 LEGROS. — Une médaille est accordée à MM. Lei^ros et Onimiis pour l'ensemble de leurs travaux et les résultats impor- tants qu'ils ont déjà obtenus en vue des applications de l'électricité à la physio- logie et à la thérapeutique. (Concours pour le prix de Médecine et de Chirur- gie de 1869: question proposée.) 107 LEHIR. — Note ayant pour titre : « Essai sur les moyens de diriger les aérostats et sur l'appréciation des résultats qui peu- vent être obtenus. Agents de locomotion et de direction faisant corps avec le ballon. » 578 LE MASURIER demande et obtient l'ouver- tuie d'un pli cacheté contenant l'indi- cation d'une application de la lumière électrique 4^8 LENORMANT (F.). — Sur les animaux em- ployés par les anciens Égyptiens à la chasse et à la guerre. SgS, 632, 6G4 et 777 — Note sur l'histoire du chat domestique dans l'antiquité 738 — Sur l'introduction et la domesticité du porc chez les anciens Égyptiens. 849 et 952 LE ROUX. — Le prix Trémont lui est dé- cerné comme encouragement à pour- suivre ses recherches sur l'indice de réfraction decertaines vapeurs, et celles qui ont pour objet la mesure de la cha- leur développée par les courants élec- triques ._ 100 — M. Le Rnax adresse ses remercîments à l'Académie 217 LICHTENSTEIN. — De l'identité spécifique du Phyiloxcrn des feuilles et du Phyl- loxéra des racines de la vigne. (En commun avec M. Planclion.) 298 — Sur un moyen pour empêcher l'irruption du Phylloxéra vastatrix dans les vignes MM. Pages. non encore infectées 356 LIE (S.). — Sur une transformation géo- métrique 579 LIEBEN. — Sur l'alcool amylique normal. ( En commun avec M. Rossi.) 3C9 LIOUVILLE rappelle, à roccasion d'une Com- munication de M. Fremy, sur l'emploi de l'osséine dans l'alimentation, que M. Arago, dans une visite à l'hôpital de I\[etz, constata que les malades avaient accepté comme une amélioration l'ad- dition de la gélatine à leur régime ordi- naire 759 — Protestation faite par M. Lioiiville, en sa qualité de Président de V Académie, à propos do l'arrestation récente de M. P. Thenard par l'armée prussienne gii — M. Liùimlle est nommé Membre de laCom- mission du grand prix des Sciences ma- thématiques à décerner en 1870 (Étude des modifications qu'éprouve la lumière dans son mode de propagation et ses propriétés, par suite du mouvement de la source lumineuse et du mouvement de l'observateur) 707 — Membre de Commission chargée de dé- cerner le prix d'Astronomie pour l'an- née 1 870 767 — Et de la Commission chargée de juger le concours pour le prix Poncelet 881 LONGET est nommé Membre de la Commis- sion des prix de Médecine et de Chi- rurgie 21 5 — Et de la Commission du prix do Physiolo- gie expérimentale 256 LOURAU. — Note et brochure relatives à un « cercle releveur » 260 LUCAS. — De la possibilité d'obienir des si- gnaux de feu d'une très-grande portée. 222 LUNEAU. — Mémoire sur le mouvement perpétuel 260 LUSCHKA (H. Vo.\). — Un prix lui est ac- cordé, par la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie, pour ses tra- vaux d'anatomie, et spécialement d'ana- tomic des régions 116 — AL H. Ton Luschka adresse ses remer- cîments à l'Académie 217 M MADINIER. — Note relative à une nouvelle classe de désinfectants 938 MAGUÉ et PoLV. — Une mention honorable leur est accordée au concours pour le prix de Statistique pour leur livre inti- tulé : « Données générales d'une statis- tique des Conseils de prud'hommes »... 98 MALAPERT et Pichot. — Sachets de char- pie carbonifères modifiés 384 MARES. — Sur la maladie corpusculeuse ( 990 ) MM. des vers à soie MAREV. — Des mouvomenls que le corps (le l'oiseau exécute pendaul le vol MARION. — Le prix Borilin (roncours de i8Gf) : Monograpiiie d'un animal inver- tébré marin) lui est décerné pour son Mémoire intitulé « Reelierclies zoologi- ques et analomiques sur des Némato'ides non parasites marins. » — M. Marinn adresse ses remercîments à l'Académie MASSIEU. — Mémoire sur les fondions des divers fluides et sur la théorie des va- peurs. (Rapport sur ce Mémoire; Rap- porteur M. Bcrtriinil. ) MATHIEU est nommé Membre de la Com- mission des comptes pour l'année i86t). — Membre de la Commission du prix de Statistique — Et de la Commission du prix d'Astronomie. MAURIN (A.). — Une mention honorable lui est accordée, par la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie, pour sa monographie intitulée : « Typhus des Arabes « MAYER (R.). — Le prix Poncelet lui est décerné pour l'ensemble de ses Mé- moires sur la théorie mécanique de la chaleur — M. R. Maycr adresse ses remercîments à l'Académie MÈGE-MOURIÉS. — Observations relatives à la panification MELSENS. — Sur la vitalité du virus-vac- cin MEUNIER (Stan.).— Sur les rapports de l'as- tronomie physique avec la géologie. . . . — Communauté d'oriL;ine de la serpentine et de la chanlonnite — Relations slialigrapliiques entre diverses roches météoriques — Sur l'existence dans les météorites de ro- ches éruptives et de roches métamor- phiques — Sur le mode de solidification du globe terrestre MEUSNIER. — Mémoire sur l'équilibre des machines aérostatiques, sur les diffé- rents moyens do les l'aire ilescendre et monter, et spécialement sur celui d'exé- cuter ces manœuvres sans jeter de lest et sans perdre d'air inflammable, en ménageant dans le ballon une capacité particulière destinée à contenir de l'air atn)osphéri(pie MEYEH. — Suit(! à ses recherches relatives aux questions d'analyse indéterminée. . WILLOT (A.). — Note sur la nitroglycérine Pages. 660 (44 217 257 41 2l5 767 35o 472 73 541 5go 743 771 956 5G9 383 MM. Pages. et les diverses dynamites. (En commun avec MM. Ch. Girard et G. f'oi^l.]. . . 688 >nNISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE (M. le) autorise l'Académie à prélever, sur les reliquats des fonds Montyon, la somme de 5 000 francs, destinée à cou- vrir en partie les frais d'une mission scientifique confiée à M. Janssen 68a mMSTRE DES LETTRES ET BEAUX-ARTS (M. le) api)rouve le choix fait par l'A- cadémie du lundi 1 1 juillet pour sa séance publi(]ue annuelle 48 — M. /c Ministre autorise l'Académie à pré- lever diverses sommes sur les reliquats di>ponibles des fonds Montyon 49 .MIR.VULT. — Le juix Barbier lui est décerné pour sa méthode d' « Occlusion chirur- gicale des paupières dans le traitement de l'ectropion cicatriciel « 146 MOISSENET adresse à l'Académie un exem- plaire d'une Note sur le rationnement de la population de Paris pour le pain et la viande SaS MONTUCCI. — Note sur la nécessité de faire des expériences sur la résistance des tissus en vue de l'aérostation 692 — Sur un moyen de détruire rapidement, en ballon, des pa|)iers compromettants qu'on veut soustraire à l'ennemi 78a MORELLET. — Note relative à la « couseuse automate » de M"" Garcin 88 MORIN. — Note sur la première session de la Commission internationale du mètre, tenue à Paris du 8 au i3 août 1870. . . 38i — Note sur les effets de la pénétration des projectiles dans les parties molles et les parties fibreuses ou solides du corps hu- main 927 — A l'occasion d'une Note de M. Payen sur des tentatives précédemment faites pour conserver la viande par dessiccation, M. Miiriii rappelle les essais entrepris autrefois par lui pour la conservation des farines 947 — M. Morin communique une pièce ma- nuscrite attribuée à Monge et relative au système aérostatique de Meusnier.. 629 — M. Morin-ç%i nommé Membre de la Com- mission du prix de Mécanique pour 1870. 84l — Et de la Commission du prix Poncelet pour la même année 881 MORIN (J.) —Note relative;! l'inflammalion de la poudre ii distance par l'électricité. 477 — M. ./. Morin annonce être en mesure d'exécuter devant la Commission à la- quelle a été renvoyée celle Note les principales expériences qu'd y a men- tionnées 78a 991 ) MM. Pages. MOURA soumet au jugement de l'Académie des « Réflexions sur la réalisation du problème de l'aéroslalion " 522 MM. Pages. MOUTIER. — Sur la chaleur spécifique des gaz sous volume constant 807 — Sur la formule de la vitesse du son. . . . S.iG — Recherches sur l'état solide 934 N NÉL.ATON est nommé Membre.de la Com- mission des prix de Médecine et de Chi- rurgie 2 1 5 NETTER. — Importance de la deslruclion des croûtes qui entourent le lit des va- rioleux pendant la période de dessicca- tion des pustules 2i5 — Mémoire sur la théorie de la variole en- visagée sous le point de vue des fer- mentations 35o NEWCOMB. — Sur les inégalités de la Lune dues à l'action des planètes 384 NOULET. — Noie ayant pour titre : « Nos deux hirondelles et leurs nids » 78 0 OLLIER. — Nouvelle démonstration de la régénération osseuse après les résections sous-périostées articulaires 275 ONIMUS. — Une médaille est accordée à MM. Onimus et Legros pour l'ensemble de leurs travaux et les résultats impor- tants qu'ils ont déjà obtenus en vue des applications do l'électricité à la physio- logie et à la thérapeuticiue. (Concours pour le prix de Médecine et de Chi- rurgie : question proposée) 107 OZANAM. — Note relative au pansement des plaies par une solution d'acide car- bonique 4o3 PAGLIARI appelle l'attention de l'Académie sur l'efficacité de son «eau hémosta- tique » 528 PAINVIN. — Détermination des éléments de l'arête de rebroussement d'une surface développable définie par .ses équations tangentielles.- 217 PALMARD. — Communication relative à l'aé- rostation 807 PAPILLON. — Recherches expérimentales sur les modifications de la composition immédiate des os 372 PASQDALE. — Note sur la direction des aérostats 35o PASSV est nommé Membre de la Commission du prix de Statistique pour l'année 1S70. 21S PASTEUR. — Rapport adressé à l'Académie sur les résultats des éducations pra- tiques de ver à soie effectuées au moyen de graines préparées par les procédés de sélection 1 8a PAULET et SARRAZIN.-UndesprixdeMé- dec. et de Chir. leur est accordé pour leur Traité d'anatomie topographique . . i ig PAYEN. — Remarques à propos d'une Com- munication de M. Griiuaml (Ae Caux) sur les résultats déjà obtenus dans la fabrication de pains contenant tous les éléments du blé sans élimination du son. 449 Remarques à propos d'observations faites par M. Miliic Ethveirds sur les pro- cédés de conservation des viandes 488 Observations relatives à une Communica- tion de M. Fiemy, sur l'emploi de l'os- séine dans l'alimentation 5G7 Observations, à propos d'une Lettre de M. Rahiiieau, sur les propriétés nutri- tives du cacao 734 M. Payai annonce l'intention de pré- senter à l'Académie, dans une prochaine séance, un travail sur les os de cheval et l'huile qu'on en relire 761 Note ayant pour titre : « Hippophagie, graisses, huiles alimentaires et sub- stances gélatineuses des tissus et des os du bœuf et du cheval » 822 Observations relatives aux tentatives déjà faites pour conserver les viandes par dessiccation 946 Détails sur le procédé employé par M. /i'iva/W pour la fabrication des suifs bruts 8i5 Observations relatives aux procédés d'é- tuvage perfectionné des farines cjSi M. Paycri est nommé Membre de la Com- mission du prix dit des Arts insalubres. 2.56 { 992 ) Pages 227 769 MM. PELLARIN. — Note concernant l'hygiène des blessés et des opérés 477 PELOUZE ( Eugène). — Mémoire sur un pro- cédé pour la conservation des viandes : des échantillons de viande ainsi conser- vée sont mis par M. Dunws sous les yeux de l'Académie 73 1 FEREZ. — Recherches sur la génération des Gastéropodes 280 PERSONNE. - Transformation du chloral en aldéhyde par substitution inverse. . PÉTRO (E.).— Note sur les ballons captifs. PEYRÉ. — Recherches sur les effets toxiques du m bouiidou Ou icaja, poison d'é- preuve usité au Gabon. (En commun avec M. Riibutemi.) 353 PHILLIPS. — Relation entre les chaleurs spé- cifiques et les coefficients de dilatation d'un corps quelconque 333 — M. Phillips est nommé Membre de la Commission du prix de Mécanique 841 PICHOT et Malapert. — Sachets de char- pie carbonifères modifiés 384 PIMONT. — Le prix dit des Arts insalubres lui est décerné pour son «calorifuge plas- tique ■> 128 PIONNIER adresse un travail intitulé : « Le compte du temps » 33 1 PISANI. — Analyse de la nadorite, nouvelle espèce minérale de la province de Cons- tantine (Algérie) 319 PISSIS. — Système de montagnes et terrain du désert d'Atacama 285 PLANCHON. — De l'identité spécifique du Phylloxéra des feuilles et du Phrlln.rcni des racines de la vigne. (En commun avec M. Lichteiistcin.) 298 POLV et Magué. — Une mention honoralile leur est accordée, [)ar la Commission du MM. Pages. prix de Statistique, pour leur livre inti- tulé : « Données lîénérales d'une statis- tique des conseils de prud'hommes ». . 98 PRÉSIDENTS DE L'ACADÉMIE. - J'nyez aux noms de MM. Liodville, Delau.naï ET Chevreol. PRÉSIDENT DE L'INSTITUT (M. le) invite l'Académie à désigner l'un de ses Mem- bres pour la réprésenter, comme lecteur, dans la séance publique du 1 3 août 1 870. 245 — M. le Président renouvelle cette demande en rappelant que la séance a été remise au mercredi 26 octobre 493 — M. le Président adresse une semblable invitation pour la séance trimestrielle du mercredi 4 janvier 1871 855 PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ PIIILOMA- TIIIQUE (M. le) transmet l'adhésion de la Société aux paroles prononcées par M. Dumas à propos de la mission de M. Jnnsseii 94° PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DES MON- NAIES ET MÉDAILLES (M. le) informe rx\cadémie que M. Peligot est actuelle- ment à Bordeaux pour diriger le bureau temporaire qui y est établi 523 PRETIS DE S.UNTE-CROIX adresse une dé- monstration élémentaire du postnlatum d'Euclide 48 et 260 PRIGENT. — Description et dessin d'une» Li- bellule mécanique » 939 PRILLIEUX. — Expériences sur la fanaison des plantes 81 PROESCHEL. — Une mention très-honora- blo lui est accordée, par la Commission du prix Bréant, pour ses « Études géo- graphiques et scientifiques sur les causes et les sources du choléra asiatique ». 137 QUATREFAGES ( de) est nommé Membre de la Commission chargée de juger le con- cours [lour le grand prix des Sciences physiciues ( Question concernant les phénomènes ([ui précèdent le développe- ment de l'embryon chez les animaux dits parthénngénésir/iies) , et le con- cours pour le prix Bordin (Question re- lative à l'anatomie comparée des Anné- lides) 881 R R ARENIIORST. — Le prix Desmazières lui est décerné pour sa « Flora europu_'a Algarum aquœ dulcis et submarinœ » i52 RABUTEAU. — De l'action des alcalins sur l'nrijanisme. (En commun avec M. Cnns- tant.) 23. Recherches sur les effets toxiques du niboundou. OU icaja, poison dépreuve usité au Gabon. (En commun avec M. Peyré.) 253 Sur un moyen propre à annuler les effets de ralimoiitalion insuffisante h'A ( 993) MM. Pages. — De l'influence du café et du cacao sur l'alimentation 782 RAULIN. — Sur le régime pluvial des Alpes françaises 826 RAYBAUb-LANGE. — Lettre sur les résul- tats obtenus de la méthode de M. Pas- teur pour le grainage des vers à soie.. . 297 RAYET. — Sur la lumière de la comète de Winnecke. ( En commun avec M. jrolf.\ 49 — Sur le spectre de l'atmosphère solaire. . 3oi RÉZARD DE WOUVES adresse, pour être joint à son Mémoire sur l'émétique, comme traitement abortif de la variole, une nouvelle observation recueillie par lui 216 RICHARD. — Sur la détermination du rap- port des deux chaleurs spécifiques des gaz. (En commun avec M. Jamin.)... 336 RICHE. — Sur l'emploi du boudin de sang de bœuf comme aliment 540 — Sur la préparation de l'osséine et de la gélatine 810 ROBIN est nommé Membre de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. . 2i5 — Et de la Commission du prix de Physio- logie expérimentale 256 ROGER (H.). — Une mention honorable lui est accordée, par la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie, pour ses « Recherches cliniques sur la chorée, le MM. Pages. rhumatisme et les maladies du cœur chez les enfants » lao ROSSI.— Sur l'alcool amylique normal. {En commun avec M. Lieben.) 369 ROSTAING. — Note relative à la préparation de toiles et de papiers au tannin et à l'acide benzoïque, pour les pansements rapides sans linge 806 ROUDANOVSKY. - Ses « Études photogra- phiques sur le système nerveux de l'homme et de quelques animaux supé- rieurs » sont l'objet d'une mention ho- norable dans le Rapport sur les prix de Médecine et de Chirurgie 127 ROULIN. — Observations relatives à la Com- munication de M. Simonin, sur le pro- cédé employé aux Étals-Unis par les in- digènes pour la préparation des peaux de bisons, de cerfs et d'autres animaux. 524 — Observations relatives à une Communi- cation de M. Gazeau, sur la propriété alimentaire de la coca 801 — Sur le procédé employé par les Indiens tt'tcs-plates pour obtenir l'huile des os longs 875 — Rectification à propos d'une indication con- tenuedanslaCommunication précédente. 933 ROZE. — Résultats de quelques expériences mycologiques 323 RUTY. — Note relative à l'aérostation 782 SAINT-CRICQ CASAUX (de). - Note rela- tive au maximum de température du 24 juillet 1 870- 376 SAINT-CYR. — Une citation honorable lui est accordée, par la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie, pour son c( Étude sur la teigne faveuse chez les animaux domestiques » 127 — M. Saint-Cyr adresse ses remercîmenls à l'Académie 217 SAINT- VENANT (de). — Démonstration élé- mentaire de la formule de propagation d'une onde ou d'une intumescence dans un canal prismatique, et remarques sur les propagations du son et de la lumière, ainsi que sur la distinction des rivières et des torrents 186 SAINTE -CLAIRE DEVILLE (Ch.) annonce que les observations de l'Observatoire de Monlsouris sont momentanément interrompues 4^5 — De la période tridodécuple ou décem- diurne dans les phénomènes atmosphé- C. R., 1870, 2"'« Semestre. (T. LXXl.) riques et dans leur influence sur l'état sanitaire 653, 695 et 827 — M. Ch. Sainte-Claire Devitle fait hom- mage à l'Académie d'une série de Bulle- tins de l'Observatoire météorologique de Montsouris 706 — Observations, à propos d'une Communica- tion de M. Flammarion, sur le sporo- photomèire, appareil installé depuis plu- sieurs années à Montsouris 944 — Observations relatives à une Note de M. Foiiqiié intitulée : « Étude des gaz volcaniques de Saiitorin » 906 — M. Ch. Sainte-Claire Devillc commu- nique une Lettre de M. Denis accom- pagnée d'une citation de CoK?c//e établis- sant comme les .\llemands entendaient, il y a un demi-siècle, la législation mi- litaire en matière de navigation aé- rienne 839 SAINTE-CLAIRE DEVILLE (H.). - Action de l'eau sur le fer et de l'hydrogène sur l'oxyde de fer 3 i33 MM. — Observations sur une Communication de M. Jamin concernant les variations de températures produites par le mélange de deux liquides — Sur les variations de température pro- duites par le mélange de deux liquides. Réponse à une Note de M. Jamin . 202 et — Quelques mots au sujet de la Note insérée par M. Jamin dans le Compte rrndii du 8 août 1870 — Examen d'une roche schisteuse imprégnée d'une matière charbonneuse, tirée de la collection adressée à l'Académie par MM. Ravizza et Colomba — M. H. Sainte-Claire Deville communique quelques résultats obtenus par M. Cmsn sur les propriétés chimiques de l'alumi- nium S.4L1CIS. — Aurore boréale du 24 octobre. SANSON. — Influence du développement hàtif des os sur leur densité — Sur l'excrétion de l'urée considérée comme mesure ds l'activité des combustions respiratoires SARRAZIN. — Un prix estaccordé, par la Com- mission des prix de Médecine et de Chi- rurgie, à MM. Sarrazin et Paulet pour leur 0 Traité d'Anatomie topographique». SCHOENEFELD (de), Srrrctnire général de la Société botanique de France, transmet l'extrait du procès-verbal de la Séance de rentrée de cette Société qui déclare adhérer complètement à la protestation de l'Institut contre le projet de bombar- dement de la ville de Paris SCHUTZENBERGER. — Sur les composés phosphoplatiniques SECCHI (P.). — Nouvelles remarques sur les spectres fournis par divers types d'é- toiles — Le P. Sfcchi présente à l'Aciidéraie un volume qu'il vient de publier, intitulé : « Le Soleil >■ SECRÉTAIRES PERPÉTUELS (MM. les). Voir aux noms do MM. Élie de Beau- mont ET Dumas. SÉDILLOT. — Observations relatives aux in- dications chiruigicales et aux consé- quences des amputations à la suite des blessures par les armes de guerre 4*' et ( 994 Pages 3o 204 368 252 290 587 229 907 "9 770 69 252 368 435 MM. Page». SERRET. — Rapport sur un Mémoire de M. Bouquet relatif à la théorie des in- tégrales ultra-elliptiques 4* — M. Serret pré.*ente à l'Académie le tome V des OEuires de Lagrangc 3Ci SIMONIN (J.). — Procédé employé aux États-Unis par les indigènes pour la préparation des peaux de bisons, de cerfs et d'autres animaux de ce pays. . 524 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION (La) adresse son adhésion à la déclaration de l'Insti- tut en prévision du bombardement de Paris 73a SOCIÉTÉ CENTRALE D'AGRICULTURE DE FRANCE (La) annonce que dans sa séance de rentrée, qui a eu lieu le 3 no- vembre, elle s'est associée par un vote unanime à la protestation formulée par l'Institut de France contre la mesure du bombardement de Paris 681 SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE (La) adresse son adhésion à la protestation de l'Ins- titut contre la possibilité d'un bombar- dement de Paris 54o SONREL. — Étude photographique du Soleil à l'Observatoire de Paris 225 SOREL. —Notes relatives aux conditions que lui paraissentdevoir remplirles aérostats pour qu'il soit possible de les diriger. . 522, 577 et 729 — Note relative à un moyen d'augmenter la portée des pièces de canon 938 SOUBEIRAN ( L. ). — Note ayant pour titre : aAV T^% MCh ïm^i^rr , •'- - r\f^.f^ \ A' Y w:vlf7. mmrô^^^^if:^M^: r 'gîT 093 253,^ TOf ^''"::-nK.1' ■r%:^f, Date Due ^,W,"^> '^?'^^>., y