-Mbr t ^.» J ^ s^i / >*S r Wr COSMOS REVUE ENCYCLOPfiDIQUE HEBDOMADAIHE DES PROGitfiS DES SCIENCES. /^7y^. Ce volume egf IcttproprUMeM^sive de M. ifamblay. Tous les exemplaires non rev4tus de sa signature seront reputes contrefaits et-poursuivis comme tels. -<»©CH- l-APilS. — 1MP.^IMERIE DE W. REMQUET ET C'^, niiE GARANCIERE, 5. COSMOS REVUE ENCYCLOPEDIQUE HEBDOMADAIUE DES PROGRES DES SCIENCES ET DEiLEURS APPLICA TIONS A UX ARTS ET A L INDUSTRIE. Fondee par M. B.-K. DE MOHFORT. Redigee par M. I'abbe IIOIGHO. [TOME SEPTIEME. PARIS A. TRAMBLAl, DIRECTEUR, 18, RLE DE L'Ai^ ~ Les droits de traduction sont reserves. — v^''' injo''!! TABLE ALPHABETIQUE PAR I\01I8 D'AUTEUUS. Abbadie (M. d'). Corislniclion de mioiomelres, p. 632. — Leitre siir I'osci!- lalion du £11 a plomb, p. 700. AcHARD (Aiigune). MacUine electriq.ie a filer la sole, p. 40. _ Embraye...' electrique, p. 471. ' Adam, p. 564. Adamson. Fixation des epreuves photographiques, p. 457. Airy. Phenotnene des spirales, p. 5o6. — Me.laille de Copley, p. 594. _ Etaloii (le lonyuenr briiannique, p. f'oa. — p. 640. Albert (le prince). Machine a calciil siiedoise, p. 32. Ai.cAif. Classification des lissus, p. 5i. Alexandre. Telegraphie, p. 199, 398. Allen (le capilaine William). Ponies sauvages, p. 544. Alvaro-Reynoso. Double deromposiiion, p. I'^o, 344. — Glucogenie, p. 383. Amkdio. Fabnqne de pales d'Auvergne, p. 643. Ampere, p. 668, — Theorie eleclriqiie, p. 722. Anagnostakis. Oplithalmoscope, p. 5o5. 'Uderson. Matieres coloranles, p. 457. — Selsde platine, p. 458. Andral. Pioduclion du sucre dans i'eronomie aiiimale, ji. n 3. Andrews. Decomposilion de I'eau, p. 44 7- - Modificaii'ons ailolropiq„es du chlore et du biome, p. 459. Annobono. Poules sauvages, p. 544, ANiBEMins. Appliealicin de la vajieur, p. 9. AprELGATH. Pre-ses, p. 247. Arago (F.ancnis). Commission, p. ai5, - Prismes a quaire imnges, p. •29- — IMesures (.hotometriques, p. 4«7. — Helracteur iueif6 e„(icl. p. 49^. _ VI COSMOS. Astrodomic populaire, p. 53o. — Medaille de Copley, p. 564. — Confe- rences de Biuxelles, p. 696. Arcber. Aichcotypie, p. 173. — Substitution au verre d'aulies substances en photograpliie, p. 658. • ARCBtxFQnE DE Paris (MgF 1'). Felc des ficoles, p. 65o. Argyll ^le due d'). Association biilanuique, p. 34i. — Societe royale de Londres, p. 65 1. Armby(Ic docleurl. Elablisscracut astiouomique d'Albany, p. 652. Arnal. Nouveau uicteur, p. 84. ArSAC LT. Azlfcs, p. 3o. Arkott (Neil). Cliauflageet ventilation, p. 23o. — Lit hydros(ati(|ue, p. 292, Foyers fiiinivores, p. 45 r. — Societe royale de Londres, p. 65i. Artemise (la reiue), p. 632. ARxrouES (M. d'). Greniers, p. 38o. AsHBURTON (lord). Exposition universelle, p. 32. AtlBER, p. £54. A" REE. Papier de siirtte, p. 16S. Auzoox (le docleur). Anatomic clastique, p. 272. AzARA. Chevaux sauvages, p. 544. Babbage. Phares, p. 371. — Maniere de pointer les canons, p. 485. Babinet. Lecture sur les ireniblements de lerre, p. i63. — Compensateur a lames paralleles, p. 5o5. — President du Jury de TExpositiuu, p. 6i3. — La jeune science aniericaine, p. 65t. — Chanffage et ventilalion, p. 23o. — Etudes et lectures sur les sciences d'observation, p. 285. — Nouveau prisme bi-refringent, p. 291. — InQuence de I'aimant dans la production de la chaleur dans les corps en mouvement. p. 387. — Pholometres, p. 494. — Cartes homalographiques, p. 704. Bache, p. 65 t. Baxk. Papier electro-chimique, p. 197. Bai.ard. Eau ilu Bosphore, p. 400. — Rapport, p. 694, 696. Barlow. Roue, p. 669. BARRALCt GiDE. Astronomic populaire d'Arago, p. 53o. Barse (Jules). Moyens de distingaer I'aigeut du tungsleue et du silicium de- poses par voie galvanique, p. 696. Basset. Le pain par la viande, p. 54o. — Desiufection dses atcools de betterave, p. B73. Baudens. Operation de la calaracte, p. 79. Baudrimont. Eniiuies failes avec du silicate de polasse et du noir de fumee, ,p. 262. — Elres niicroscopiqucs de ratmosphere terresta'e, p. 462. Bautain (M. I'ablje). Fetes des £cO'le>, p. 65o. Beau. Diastole et systole, p. 169. Beaulieu (Barboite de). Impressions de depeclies. elecir. 38a.. Bernard. Refractometre, p. 431,482. — Applications du transpovt prodtiit par la refraction des rayons lumineux, p. 465. — Pholonietres, p. 494. Bernard. Macaronis, p. 412. Bernard (Claude). Giucngenie, p. 383. — For.Tialion du sucre dans le foie, p. 4oi, 680. — Constitution des fibres nerveuses, p. 72,5. Eernier. Tissus pour In papelerie, p. 374. Berry. Heliotypies, p. 712. Berthacd, p. 5o5. Bbrthelot. Essence de moutarde artifioielle, p. aS. — Combinaisons neutres des matleres sucrees avec les acides, p. 887. Bertbout. Commission, p. a34. Bertrand et C®. Bles durs d'Afiiqiie et d'Auvergne, p. 568. — R'eponse, p. 593. — Bles durs, p. 640. Bigodbdant. Phenomene du mirage, p. 461. BrjoN. Soies plombees. p. 28. Billet. Refractometre de M, Bernard , p. 43i. — Refraclomelre et fonnules, p. 467. BiNACT. Solubilite des oxydes metalliques et des carbonates terreux, p. 43o. — Eaux du bassin du Rhone, p. 43r. BxNET. Commission, p. 639. BioT, Analyse de ses articles dans le Journal des savants^ p. 387. — Action des diverses lunileres sur la vegetation, p. 538,. — Recherches sur la polarisation circulaire, medaille Copley, p. 594. — Etalon de longueur Lriiannique, p. 602-. BiSHorp. MachineSj p. 247, BissoN (freres). Epreuves photographiques, p. 386. — Photograpliie, p. 5or. — Objectifs aohromaliquesde M'. Jamin, p. 628. Blancbjrd. Machine a rourber le hois, p. 263. — Tour automatique, p. afiS. — Tour a busies el a camees, p. 263, Bonaparte (le prince Ch.). Memoires de M. Pucheran, p. 56. — Classificaliou des pigeons, p. 169. — SpermatophoreSj p. 286. — Obsen'atoires meteo- rologiques, p. 7 10. Bond. Melhode d'enregistrer le temps et les observations aslronomiqnes, p. 65 1. BoNNELLi. Nouveau sysleme de condiicle\irs sous-marius, p, i. — Pendule, p, 4o5. — Telegraphe des locomotives, p. 677. yill COSMOS. Bo»SET (Ossian). Lij;iies geodesiques. p. 28. — Electroscope, p. 710. BoK»KT. Trailemeiit des fjoiires, p. 169. — Hydropthalmie, p. SSg. BoLURmi (Cesar). Baroineire a deux liquides, p. 701. BoRMET. Pliotogiaphie, p. 436. Book, p. 7o5. BouiLLAUD, p. 169. Boots. Formation del'aldchvdecapryliqiie, p. 486. Booissow. Nouveaii proceJe di; rliiuo|)laslie, p. 482. BorLTOM et Watt. Macliiues a vapeur, p. 356. I'OOLO, p. 670. BooRDiN. Carles homalographiques, p. 704. BooRDorf. Maiionieire, p. 19.— Manometre sans meicure, p. i35. — Machine a vapeur melangee d'air cliaud, p. 568.— Lettre a M. I'abbe Moigno, p. 569. BoDRGOET. Anevrlsnie de Tartere ophtlialmiqiic, p. 689. BooEGDiGNON. Fie^re typlioide, p. 462. l:ou^siNGAOLT. Quanliic d'acide carhoiiiqiie fuurnie aux vegetaux par i'alleration des matieres organiques, p. i63. — Azole dans les plantes, p. Sy;.— Action des nitrates sur la vegetation, p. 595, 63i. BooTiGNT. Vapeur spheroidale, p. 98. — Sur les corps a I'etat spheroiidal, p. 426. — Sur I'eau a I'etat sphcriiidal, p. 5i8. B00TTEVILI.1N, p. 55 1. B'^ovET. Petri" mecanique, p. 170. BooviEB, p. 670. BouvT. Pates d'Alger, p. 4ii. Bbadiey. Orl)ites des cometes, p. 60/1. Brwais. Meieorologie dans le haul Senegal, p. i:5. — Compensateur a lames pai alleles, p. AoS. BR£AD\LBNN£(le Maiquis de). Telescopft reflecleur, p. 455. BaEDA (Van). Suriele hollaiidaise de Hailem, p. 61. BREGOtT. TeU'grapliio, p. 200, 213. — Monire merveilleuse, p. 212. — Para- foudie p. 2i5. — Cuniroleurautumalique, p. 21^, 433. — Thermometre, p. 707.^ Bresso.i. Eclairage electrique, p 708. Breton (Andre). Clievaliei de I'ordre Saiut-Sylveslre, p. 671. Breton (fieies). Appareil eleciro-medical, p. 499- — Instruments de physique, p. 666. Brett (J.icob et John). Tele!:;ia|.he sons-marin, p. 612. BRlW^TER (sir David). Fixation des epreuves photographiques, p. 457. — Siereosropes, p. 494, 594, 649. Briet. Gazogene, p. 36i, 362. Brodie (BiiiJHiiiin), p. 65 1. I'.«.ong:ii\rt (Adolphe), p. 65o. Browm-Sequard. Transmission des impressions dans la moello epiniere, p. 256, 348, 4o3. 680. BRiiHNS (Ch.) pianete Aialanie, p. 541. — Nouvelle coniete, p. C8o. — Or- liite de la (ilanele Aialante, p. 6^1. Broko (M. I', de). Conslilniion des meironomes, p. 363. — Lettre sur les oscillali"ns eilipiiqms dn fil a plonih immobile, p. 701. Br.oK RoLLtT. Alrique cenliale, p. ^87. BiFCH (M. L. lie). S'io!c^enii>n:s, p. 658. BoCKiAVD (William), p. 59',. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. ix BoDiN-SiGNEz. Feulres circnlaires sans couture, p. 37.3. Bui-son. Mecanisnie destine a attenuer les accidents resultant du rencontre de deux trains, p. 485. BuNSEN. Lithium, p. 458. — Action cbimiqiie de la liimiere, p. 459. — Pile, p. 498, 682. BooKAnoTTi (Michel-Ange), p. 273. BuRDiK, p. 437. Cahours. Lecons de chimle, p. 711. — Nouvelles bases phosphorees, p. 724. C/iii.i.*cD. Comparaison anatomique des animaux perforants, p. 61, Cai.len. Transmetteur de mouvement a vilesse multipliee, p. 220, Canson (de). Machine a papier, p. 378, 374. Carafpa, p, 564. Gardener, p. 248. Cardon. Presse fypogene, p. 194. Carpemter, p. 65 1. Castellamare. Etat du Vesuve, p. 4o5. Catalan. Mathematiques, p. 28. Cacchy, p. 65o. — Nombre des racines reelles des equations, p. 706. — Com- nii-siorij p. 689. Cave. Machines a vapeur, p. i4- CAvonR (le comte de), Telegraphe des locomolives, p. 677, Cayley, p. 65i. Cbabannes. Hydrophihalmie, p. 5I9. Challis, p. 65 1. Chambord, p. 627. Chasle. Trace par points des projections coniques, p. 84, — Equations du Iroi- sieme et quatrieme dpgre, p. 543. Cbassaignac Cataracte, p. 79. Chatin (Ad.). Vallisneria spiralis, p. 4o3. — Hydrocharidees, p. 482, 545. — Ovule des hydrocharidees, p. 609. Chaijdron-Junot. Argyroliihe, p. 696. Chadssenot. Sellzngene, p. 36 1. Chauveatj. Mouvemenls et bruits du coeur, p. 38 1. Cbemin. Feutres, p. 373. Chevreol. Proccdes photographiqiies de Taupenot, p. 287. — Letlres adressees a M. Villemain, p. 342. — Combinaisons des matieres sucree*, p. 387. — Terais heliographique, p. 463. — Experiences de M. G. Ville, p. 53:. — Creatinine, p. 573. — Rapport'!, p. 577, SgS, 649, 65o. Chomel, p. 670. Chretien. Laines, p. 373. Ciccone. Sur la muscardine, p. 727. Clapisson, p. 564. Clacdet. Polystereopticon ou stereoscope-multiple, p. 457. Ci.AV.ERES. Gr'nerateur a vapour, p. 648. * Clement. OEuvres d'AJbert Diirer, p. 5o3. Cloez. Azole dans les planies, p. 379. CtoQCET (Jules). Amputation des membres, p. 538, CoEz (le docteur). Argyroliihe, p. 697. CoiGNET (pere et fits). Produits chimiques animaux, p. i86, — Beton dur, p. 198. — Fils teJpgraphiques dans du beton, p. 399. COLLA. Planetes Alalante et Fides, p. 68 1 . H COSMOS. C01.I.AS, p. 267. Coi^Liss et MniRXiN. Machines a vapeur, p. 5a5. CoLMAR (Thomas de}. Aiilhomelre geaut, p. Sg. C01.SON. Caraclcies d'impression, p. 194. Combe. Vibraiions des hielles des locomotives, p. Si. — Rapport, p. .218. CoKDOGOLRis. obsfivatious meteorologiques a Chios, p. 4o5, CoKiNK (df). Crenieisa coloiiues chambrees, p. 379. CortEY (sir GodlVoid). Prix ionde par, p. SgS. CORDIER, p. 705. CoRENwiNDER. Pi'oduoliou d'acide caibauiiiue par le so), p. 162. CoRRiDi. Colleciion de raodeles de.raachiues, p. a43. — Pales.d'Itali^, p. in. CoRT (Eraslus). llorloge de I'ubservatoire d'Abany, p. 652. CosTE. PisciculUire, p. 622, 683. Coulvu.r-Gbavier. liloiles filanles, p. 170, 597. CoDRNiER. Machine a luoissonner le ble, p. 370. Creil. Meteorologie, p. 708. Crisafulli. Traiismettcur du moiivement, p., 221. CnooKEs. Kuregisli-euienis photograph iq.ues de depedbesitelegraphiques, p. 661. Cross. Transport eleelrique, p. 439. CnviER. Source des cochons domesliques, p. 6o5. Czerwikowski. Vaccinations, p. 462. DAGnERRE. Instrumeals, p. 348, — Photographic, p. 5oi. Dakeyke. Mecanisme, p. 245. Dalembert. La gamme et les accords, p. 606. Dallery. Cliaudieres, p. 21, 55o. Daniel. Pile, p. 219, 63.a. Dansery. Meranique pour le cardage Ju colon, p. 386. Darcet. Rapport, p. 178. Dareste (Camille). Cara«lei'es eticeplialiques desmammifereaaqualiques, p. 263. Darlu, Barometre de comparaisou, p. 461. Darwin, p. fiSi. Dadbeny. Aluminium, p. 4^7. Davaine. Nielle du ble, p. 383, Davies (^Hcnry). Mficanismes, p. 246. Davy (Sir Humphrey), p. 592. Deacee (Th.), Embryogeuie \egelale, p, '602. Debray et MoHiN. Preparation de ralumiuiuiu, p. 6.63. Decaisne, p. 537. — Anrputations, p. 53!j. Decaux. Vernis heliograghique, p. 464. Dechen (de), p. 7o5. Delafond. Machines a vapeur d'eau et de chloroforme, p. i5.. Delamarre. Trieur des grains, p. 425, Delamotbe, p. 657. Delezenne. Acoustique musicale, p. JS7, 507. Delfraysse. Einploi du sulfate dequrniue dansteckolera, p.,485. Delperdanoe. Fermeture ctanche des .conduits d'eay, -Ue gaz et.de vapeur, p. 371. Demido7f (le prince Anatole de). Prix fonde ,par, p. 54o. DeMFiEY. Application de la vapeur, p.,24'7. Derrien. Guanos nrljliciels, p. SgG. Desacbillers (J. F.). Medaille de Copley, p.SgS. TABLE DES IVOMS D'AUTEURS. ' m Desboucbpaitd. Laines, p. 378. Despretz, p. i63, 170, 261. — Destruction des pnnaises, p; 265. — Acous- liqiie, p. 387, Agr. — Intensile des sons, p. fiog. — Enregistrement pho- tographiqiie des depeclies, p. 661. — Thermographe antomatique,' p. 707. D'estocqpois. Monvements des fluideSj p. 84. Detouche et HouDiN. Horlogerie, p. 366. — Cadran eleclrique, p. 619. Devacx, Surechauffemenl de la 'va.peur, p, 961. — Equivalent mecanique de la chaleur, p, gS. — Temperalure de la vapeur, p. 5i8. Deveria (Ach.) Photographies d'liisloire nalurelle, p. 5oi. Deville (H. Sle-Ciaire). Noiiveaii mode de preparation de raliiminium; p; 662. Deville (Cli. Sle-Ciaire). Eruption duiVesuve^ p. 485'. — Ph^nomenes volca'- niques, p. 638. Devincenzi. Gravure electro-chiniiqiie, p. 58a; Diamond, p. 657. DisDERi. Objectifs achromatiqiiesde M. Jamais p. 639. DoLFus. Photographies des Alpes, p. 5o4. DoMEASLE (Mathieu de). Osmose, p. 610. DOMETKO, p. 7o5. DoNKiN. Machine a papier, p. 374. Dove. Distribution de la chaleur a la surface de la terreyp, 261, 594. DBUMMONn.'Lamfe, p. 492. DcBANj p. 5o3. Dubois, p. 670. DcBoscQ (Jules). Appareils d'optique et de photographie, p-. 490. DuBRUNFACT. L'osmnse el ses applications, p. 610. Ddchenne. Physiologie de la marche, p. 385. Dudley (M™*^ veuve). Etahlissement aslronomique d'Albanvi p'. 652. Ddfocr (Leon). Conservation des ccreales et leur preservation centre les cha- rencons, p. 428. Ddhameli, Commission, p. 63^, DcLONG et Petit. Point d'ebullition Jii nwrcure, p. lai.. Dumas (Jean-Baptisle). Planche en taille-douce galvano-plastique, p. 166. — Association britannique, p. 341. — Analyse des b!es dinu; p. 40^, 537. — •- Pierre rexelue d'hydratede chaux, 539. — Noirvel acide,,p, 547. — Oxy-^ chlorure de zinc, p. 56 1, 649, 65o. — Poids atomiqiies, p.' 680. — yie-- daille de Copley, p. 594. — Rapport, p. 696. Dumas et Stass. Acide palmitique, p. 546. DnMA9.et'PAYE2fj Analyse des bles de Taganrok el d'Anvergne, p. 648. Dbm^ril , p. 79. — Classification des poissons , p. iSg, 1G9. — Chenille tussah, p. 481. — Presence) dans line pierre tendre d'une larve vivante, pv 538. DuMBaT. Rapport, p. 356-. DUMONT, p. 705. Dumont-d'Urville, p. 5oi. DuvMnuTiER, (le docteur). Type des diverSes races humaines, pii385'. Dupasquier. Gelatine, p. 186. DupiN (le baron Ch.). Macaronis etvermicelles, p. 179. — Pates de Naples, p. 411. — Discours, p. 548. DupOMT. Planche en taille-douce galvanoplastique, p./ 166. DunDis.. Collodion:6ec el huniide, p; 599.. DuREAu DE LA Malle. Transformations operees' loirs dii retour des animaux XU COSMOS. domestiqnos a I'clal saiivage, p. 544. — Recherches de botanique et de loologie lu.stori(|iie, p. 6o5. Ddseignedr (Hd.). Sole gii'ge, p. 635. DnxoT. Noiiveau mode de suspension des clociies, p. 671. DuTRocHET. Oyniose, p. 610. — Siicrmaiopbores des gasteropodes, p. 6i5. DUVERNOY, p. I j8. Edwards (Milue). Traite des polypes, p. 170, 65o. Egerton (Grey), p. 65 1, Ellis. Fniicipes d'line nouvclle gtomeliie, p. 457. EspiARD DE CoLONGE (le bai'oi)). Exploialeiirsous-mai'in, p. 424. Fabre et KuHEMANN. lusUuments de physique et de cliimie, p. 496. Fairbairn, p. 65 1. Faivre(J.). Mouvements et bruits du ccBur, p. 38i. Farad.\y. :^tat des eaux de la Tamise, p. Sg, 4^4. — Induction, p. 432. — Medaille de Copley, p. 594, 649,669. — Theorieelectro-chitrilque, p. 722. Farcot. Machines a vapeur, p. 99. Fergdsok. Nouvelle planete, p 65 1. Fermont (Cii.). Parlies de Iafleur,p. 27, 383. — Evolution des bourgeons, p. 4o3. Ferrier, p. .'19;, Fevre. Appareils gazogenes el seltzogenes, p. 36o, Figoier (L,). Fonclion glucogenique du foie, p. 256, 401. —Sucre dans la veiue porte, p. 547. FiLBOL (E.). Eaux minerales des Pyrenees, p. 545. Firmin Didot. Caracteres d'impression, p, ig4, — Annuaire du commerce, p, 4i'». 643. Firth. Scie de Hyde-Park, p. 87. Fitzgerald. Machines a vapeur, p. 16. Flamstead, p. 704. Flacd. Machines a vapeur, p. 102. Flouren.*. Nutrition des os, p. 386. — Mortde Mageudie^ p. 460, — Ouvrages de Marshall-Hall, p. 464. — Chloroforme, p. 686. FODERA, p. 680. FoERSTER. Oibite de la planete Fides, p. 68a. Fontaine. Photographic, p. 625, FoKTENELLE. Nouveau cimeni, p. 562. Fortier. Photographie, p. 626. FoRTiN. Baiomelres, p. 46 1. FoucAULT (Leon). Pendule , p. 67. — Impression des depeches electriques, p. 197. — Influence de I'aimant daus la production de la chaleur sur les corps en mouvement, p. Sog, 387. — Experiences, p. 4o4, 433. — Regu- lateur de la lumiere electrique, p. 493. — Pendule et gyroscope, p. 585.— Medaille de Copley, p. Sg'i. — Experiences, p. SgS, — Medaille de Copley, p. 65o. For. Telegraphie, p. 214. Francsi.and. Composes organitiues, p. 458. — Zinc ethyle, zinc methyle et zinc amyle, p. 725. FRAHCBor. Chaleur produite par I'appareil thermogene, p. ao6, Frajtsun, p. 264, 65i. Frerichs. Formation du sucre dans le foie, p. 401. Fbemt. Extraciion du plaliue, iridium, osmium et rhodium , p. 458. — Electrolyse des flnorures, p. 664. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. xni Frkmv el Valemciemnes. Composilioa chimique des muscles p. 530 57a P'reskel. Piismes, p. 5o5. Froment. Cadran eiectrique, p. 617. FucBS. Silicates alcalius, p. 225. C.Attr, Circ auatomique, p. 273. t»ALLowiT. Bateaux en fer, p. 348. Oalt-Cazalat, p. 5 1 8, Garwier (Paul). Machines a vapeur, p. 20. — Compositeur des depeches du telegraphe de Morse, p. i56. — Transmetteur automalique, p. 199.— Telegraphic, p. 397. CAaaiEL. Fils souterrains, p. 198. Caspariw (M. de). Moissonueuse, p. 375, 693. Gaudrt. £tat du Vesuve, p. 4o5. Gaugaik, Conductibilile eiectrique de I'air, p. i63. — Laitonage eiectrique du fer et du zinc, p. 5oa. Gadme (I'abbe . Ravages e.xeices par une trombe, p. Sog. Gaumokt, p. 36 1. Giuss, p. 117, 284. Gavriaw (le) et Farinaux. Machines a vapeur^ p. 137. Geoffrot de St-Hilaire (Is.). Chevre d'Angora, p. 402. — Cochons domes- tiques, p. 6o5. GiDE et IV\RRAL, OEuvres d'Arago, p. 711, GiDE el hAUDRir. OEuvres de hembrandl, p. 5o3. GiFFARD. Direction des ballous par la vapeur, p. 102. GiNTL, p. 4o5. GiRARD (P. de), p. 267. GiRARDiM. Viaudes fiaiclies et viaudes conservees, p. :)3g, 575. GiEAUD Tedlon {le docleur). Nouvelle tbeorie du saut, p. 80. GisoRs (M. de), p. 5o3. Gmelik. Taurine, p. 574. GoLDscHMiDT. Nouvclle planete, p. 4^6, 460. — Planete Atalanle, p. ?4i. — Nouvelle comete, p. 680. Goodyear, p, 264. Goojoif (Jean). Sculptures, p, 628. Gould. Euregislrement des observations astronomiques, p. 65i. Goukelle. Fils telegraphiques aenens, p. 198. — Telegraphie, p. 214. Grahau (le docteur). L'osmose et ses applications, p. 6ri, Gratiolet. Lobes du rerveau, p. 25, 170. — Spermatophores, p. 287. Greek. Machine a polir les miroirs des telescopes, p. 457. — Vaisseau pour le telegraphe sous-marin, p. 616. Grimpe, p. 267. Gros-Bois. Micrometres, p. 653. Grove. Lettre a M. Loysel, p. i3i.— Palais de Crisial, n, 65- Grove (W). Pile, p. 68a. Guastella. Effets de la desinfection dans Ic casde cholera, p. 464. Gderard, p. 670. Guerih-Menneville, Vera sole tussah, p. 428, 481. GcTARD. Telegraphie des convois, p. 2. Gcrax (Jules). Le fil a plomb n'est pas normal a la surface des eaux tranquilles, p. 598. — Direction du CI a plomb, p. 700. HvtonfOBR, p. 7o5. XW COSMOSr Hardwich, pi 65.7, Hardy. Acclimatalion tlu ver a sole du ricin, p. 25. Harrowby (Lord). Association brilannique, p. 3 41.. HARViLtF. et Pont. Gravure pholographique, p. 71a. Mediard el Clavierk. Vapeur suiechauffee, p. 5i8, Sz',, Hemry, p. 65ij 669. Herpin (le docteur). Eaux thermales, p. 54. Hkrschel (Sir John). Astocie etfanger de rAcademie, p. 117, 2S4,. 59/1. Heron u'ALEXAUDRKt Eolypile a vapear, p. 9. HiFFELSBEiM. Batleoients du cocur, p. i6g, 382. Hind. Medaille, p. 594, 65o. HipPARQUE, p. 704. HiTCBCOKj p. 7o5. HoPFMANN (Fred). Nouve'l a<>idfe, p. 547- — Phenomeiles voksniqiies, p, 638. — Nouvelles bases pho^phortes, p. 724. HoFMEisTER (William). Einbryogenie vigetale, p. 609. HOLI.ARD, p. 170. HcBERTS. Cholera a Copenhague, p. 385. IIuLOT. Gravure galvanoplastique, p^ 166, .^67. Humboldt, (le baron de), p. 261, 594* Humboldt el Dove. Carles des lignes isolhermes, p. 693. Hunt (F. Sterry). Eaux minerales du Canada^ p. 34'3. HUYGHEKS, p. 5o5. Ingenhouz, Respiration vegetale, p. 577. ISHERWOOD, p. 027. IsoARD. Machines a vapeur, p. 14, 5i8. Jackson, p. 705. Jacobi. Fulgurateurs electriqucs^ p. 3o. Jacqdart, p. rro. Jacqcesson et J. Guyot. RcHecleurs, p. 363. Jamik. Polarisatiou ellipliqiie, p. 494- — Compensaleur a lames paralleles,, p. 5o5. — Objeclifs acliromatiques, p. 628. Janvier. Comniission, p. 234. Jarry. Alcool de betterave, p. 262. Jean, Macaronis, p. 412. JoBART. Explosions des cliaudierfts a vapeur, p. 5o. — Exploraieiir sous-marin,, p. 289. — Fermeture etauche des conduils d'eau , de gaz et de vapeur, p. 371. — Explorateur sous-ntarJn, p# 42''4. JOBERT DS LaMBALLE, p. 67 O. JoMARD. Eludes sur I'Afrique centraJe, p. 387.. JoLY el Henry. Bains de nier naturels, p. 1 55. JouFFROY. Nouveau syslenic de chemin de fer, p. 079,. Joule. Experiences aTec-un>gr<>s eleetro-aimani, p. 43a. -- Equivalent niera'» nique de la chaleur, p. 370. Joule el Thompson. Production de chaleurj, fu.aol. Jourdier (Augusle). Pisciculture et production de sangsues, p. 63-J.. Keilau, p. 7o5. Klinkebfues. Planete Atalante, p. 542. Kremers. Relation eulre les pnids et ies volumes alomjques,. p; 673, 680. KuHi.MANN. Chaiix bydrauliques, p. 4, 225. — Fixation de la polasse dans la TABLE DI LACoaoAiRE (le R. P.), p. 564. ■- Lamblin. Horloge sans engrenaye, p. 36. Lame. Commission, p. 639. Lamourocx. Nids dessalanganes, p. G'ig. Lamy. Conserves alimenlaires, p. 32. — Viandes saices, p. 577. Landolt, p, 724. Lanza. Geologic de la Dalmatic, p. 289. Lardy et Colin. Fabriciue de pales, p. 643. Lassos, p. 5o3. Laumonier, p. 273. Leclerc. Macaronis el verniicelles^ p. 179. Ledied. Formules de Gauss, p. 547. LiFEBVRE. Moiilage des metaux, p. 345. Lefuel, p. 5o3. Legranu. Caulcrisalioii, p. 462. Lehmann. Sucre dans le sang dii I'oie, p. 401. — Sucre dans le sang Jc la veiue porte, p. 547. r Lemercier et Niepce St-Victor. Plaques gravees par la lumiere, p. 436, Lemoihe^ p. 437. Lemonnier. Institutions aslronomiques, p. 6o4. Lepacte. Commission, p. 234. Lepine. Commission, p. 234. Leroy d'Etiolles, p. 670. Lespes (Cli.). Spermatophores des grillous, p. 286. Lesseps (Ferdinand de). Percemenl de I'isihme de.Sucz. p. 33 7. Letbuillier-Pinel. Indicateur maguetique, p. 222. ,,. Le Verrier, p. .17,0. — Rpgulateur astronomique, p. 934.. — Nouv.elle planete de M. Goldschmidt, p. 460, 52g, 594, — Observatoires en Algeria, p. 661, C92, 709. LiEBiG (Justus). Lingot d'alumiuium, p. 457. — Nouvel acide cjaniquCj p. ,346, 458. — Creatinine, p. 573. — Fixation .de.l'azole par les plaales, p. 578.— MeJaillle de Copley, p. 594. Liouvii-LE. Commission, p. 639. LissAJonx. Vibrations des corps sonores, p. 81. — MouvQiDaQnls vibwtftires , p. 608. LoBisY (de). Cardage du cot^n, p. 386. ^ Logan, p. 705. .. ., LONGET, p. 680. Lory. Oursins el pholades, p. 577. Loois XIV. Jauges uniformes et conlrolees, p. 470. Loyseahx. Appareil a depeches eleclriques, p. 157. LoYSEL. Percolateur hydrostatique, p. 127. LccA (M. de). Essence de moularde arliBcielle, p. 25. Luna. Fabrication du sulfate de soude, p. 8 3. J.UTHER. Nou%elle planete, p. 460. ,, Lyell, p. 7o5. XVI COSMOS. Mac-Adam. Analyse des eaiix de la Cljde, p. 458. Macmre. Flits de silrele a jauge invariable, p. 468. Maccormic. Moi^sonneiises geanies, p. 3-'6. MACrHtR«OH. Pliolograpi)ies, p. 435. Mageroie. Sa iiiorl, p. 427, 460, 670, 680. Magwe [\e dodeur). Eiuploi de la glace apres I'operalioii de la calaractc, P- 79- Magnin. Pales alimenlaires, p. 174. — Bles durs d'Auvergiie el d'AlViqiio, p. 406, 640, 648. Magrihi, p. 4o5. Maisonkfove. Rhinoplaslie, p. 628. Malciiike, p. 670. Mallet-Bachelier. Annuairedn Bureau des Longitudes, p. 711. Malcs, p. &o5. Malus et Fresnel. Experiences opliqiies, p. 481. Manny Moissonneuses geanies, p. 876. Marcef. de Serres. Osemenls humains fossiles, p. 386. Mares. Vegeiaiion de la viyue, p. 879, Marcbakd. Eaux potables, p. 84. Mariette. Delerminalion de I'equinoxe vernal, p. 887. Marinoni, Chevalier et Bourlier. Presses typographiques, p. 12?. Maloke, p. 657. Marloye. Acoustiqiie experimenlale, p. 5oo. Marqfoy. Transmelteur aulomatique, p, 199. — Telegrapbie, p. 398. Martens. Vues pb( lographiques, p. Sgg. — Photographie sur verre ail)»miiic et collodionne, p. 625. Martis (Robert), p. 683. Martin (R. P.), p. 56:!. Martin (yojez Collins). Marotte (Eugene), p. 628. Marshall. Dessecbement des marais, p. 246. Marshall-Hall. Actions reflexes dans leurs applications a )a physiologie , 464, 680. Massow. Non conductibilile du vide absolu, p. 166. Masson el Hreguet. Machine d'induclion, p. 212. Masson. Legumes sees comprime*, p. 377. Matbiessen (le docteur). Strontirm et calrium, p. 408. MATBItn, p. 660. Mttard et Verit. Laines, p. 373. Maatteucci. Medailie de Copley, p. 680. Maury. Carles des couranls et des vents, p. 65i. Madsol, p. 652. Mayer. Machine tbermogene, p. 2o3. Maynaught. Indicateurde Watt, p. ao. Melloni (Madame veuve), p. 166. Melloni. Pile, p. 548. — Induction eleclrique, p. 720. Mercator, p. 704. Mercier. Filature de la laine, p. 106. Miers, p. 65i. Miller (W. A.), p. 65i. Miller (W.H.), p. 65i. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. yyu MiLLOT PiRnLE, Aiboriciillure, ilecoineite du boiilon oppose, p. .;8.',. MiLLT (M. de). Bougies sleariqiies, p. 723. MiNisTRE DE i.\ GUERRE ',M. Ic). Observaioil es en Altjeiie, p, 660. MiRAND. Soiinerie eleclriqiie, p. 489. MiTCHELi.. Obseivaloire municipal surl'Oliio, p. 65 i. MoHL (Hugii). Embryogenie vegelale, p. 602. MoiGNO (Francois), Application nouvelle el feconde de iVIectririle, p. 4(1 _ Socieleioyale de Londres, p. 5j. _ Commission poi.r la fa'sificalion des suHances alimeniaires en Angleierre, p. 60. - Splenden.s melallurgiques du Palais de rihdusl.ie, p. 85. — Machines a vapeur de I'Ex position c'e i855, p. 99. — Exposition universelle, p. 14,, 1,4, ,o3, 263, 293, 35o 372, 406, 437, 46.1, 490, 5i8, 549, 612, 628. — Telegraphic electrique' p. 212. — Nnuveaute de malhemaliques applitpiees, p. 2 36. — Machines a vapeur, p. 92, 232, 241. — Telegraphe de Morse, p. 397. — Reclama- tion, p. 4o5. — 15les durs d'Auv.rgue et d'Afriqne, p. 406, 641. — Chaiif- fagedes pelils apparlemenls an x.x« siecle , p. 439. _ Theorie (leclrique d'Ampere, p. 722. Moll. Trieiir des grains, p. 425. MoLLESCBoTT. Influence de la li.mieredans la produrllon de I'acide rarbotifque chcz les anmiaux, p. 345. — Respiration des Batiariens, p. 35i. MoNCEL (le vicomte Tb. du). Traile des applications de releclricite n 217 _ Syslenie de detente eleclrique, p. 261. - Nonvelles applications de Tclec- tncite, p. 366, 487. — Monilpur electrique, p. 427, 583. MONTAGNE, p. 261. MoNTHYON (prix), 346. MdNTGOLFiER. Forcc mecanique des machines a vapeur, p. 94 373. Mont:gny. Theorie de la scintillation, p. 598. Moquin-Tandon. Spermatophores, p. 286. - IJ. des gasleropodes -erreslr.s androgynes, p. 6 i5. MoRE^iD (pere el fils). Appareil a carbnniser la lourbe, p 620. MoRET. Machine a vapeur rotatoire, p. 241. MoRiDE. Bains de mer nalurels, p. i55. MoRiDE el Raux. Tannage des ciiirs, p. i53. MoRiN (le general), p. 602. MoRiN. Preparation de laluminium, p. 663. MoRRhN. Pile thermo-eleclrique, p. 548. Morse. Telegraphie-electrique, p. 197. MuLLER. Heniatosine, p. 4^0, 594 MuRcaisON (Sir Roderick). Pierre meleoiique, p. U. Murray. Machines a vapeur, p. 17. MussoN. Photo-lilhographie, p 717. NAroLEON III. Usine a gaz, p. 28 i . Napoleon (le prince). Rapport mm- I'Exposilion universelle, p. 565 Naudin (Ch.). Nature des vrilles el des Heurs des curcurhi'acpes n. 5',:?. Naumakn, p. 7o5. Navez (le capiiaine). Precede pholngraphique, p. 685. NiwcoMEN. Machine a basse pression, p. 11. _ Transformation de la chalcr en force, p. 207. NicHoL. Telescope reOecteur, p, 455. NicEruoRE NiErcE. Gravure heliographique, p. 463. NiCBOLsow. Thermomelre, p. 707. XVIII COSMOS. NiEPCE DK St-Victor, NiepQotypie, p. 172. — Plaques giavees par la lumlere, p. 436, 453. — Actiun de I'air et ,de la lumiere sur la beiuiiie et.les es- sences, p. 464. — , Photographie, p. 625. NiEDWERKtRKE, p. a6G. NOBILI, p. C69. NooTH (ie docleur). Appareil de Priestley, p. 36.i. Oi.coTT..Etal)lissement aslronomique d'Albaay, p. 6aa. ORSA.Y (lie comte d'), p. 612. OErshsb, p. 668. OcviERE. Urauoscope ou obsearvatoire populaire, p.i4i'7, Sag, 585. ^OwEN (Richard). Collections histologiqnes du College des chirurgiens , p. 37, 8.4, 649. Paget, p. 65 1. P*LA.GGi, p. ,4o5. Paimieri. Telegraphie, p. S97. PAtjigETTi (I'abbe). Oscillations elliptiques du pendule immobilp, p. 701. PArrw. Marmite, p. 10. — Soupape de surete, p. x8. Pares. Mirage a Montpellitr, p. 77. Parlatore. Famille des apbyllanlacees, p.. 255. Pasteur. Alcool aniylique, p. 228. Patterson. Sulfate ^/a/ de potasse, p. 458. Payen. Matieres grasses de la chair des poisEons , p. 0.5. — Pates d'Jlalie, p. 179. — Traite de chimie induslriellc, p. 182. — Precis de chimie indus- Irielle, p. 255. — Vegetation de la vigne, p. 879. — Analyse des bles durs, p. 407. — Photogrnpbie, p. 5oi, 587, 64S. [P'oy.ez Ddmas.) Payer. Observatoiies en Algerie, p. 709. Pecqdeur. Machine a \apeur rotative, p. 241. Pelletan. Machinesa vapeur, p. ,14, 569. Pfxigot, p. 537. — Azote dans les plantes, p. 579. Pelouze. Saponification des corps gias par les savons, p. 723. Pelodze et Fremy. Cours de chimie, p. 642. Penn (et fd'). Machines, p. 25o. Penny (M. le professeur). Sulfate /)/flf de poJasse, p., 458. Pepin. Distillation des prunes, p. 168. Percy, p. 65^. Percy et Malone. Action conservalrice des sels d'or en photographie, p. 656. Perrin. Scicrie a lame sans fin, p. 73. Perrotet. Ver a soie /«««/;, p. 428. Peters. Nouvelle comete, p. 6,So. Petit Thouars (du). Acadeniicien libre, p. 284. Peyronny (le capilaine de). Cadran universel, p. 236. Pierre (Isidore). Composition des fourrages, p. lig. — Analyse des bles, p. 408. — Composition des pailles et des ballesdeiroaieat, p. 481. P.MEMTEi, et Bonis. Acide palmitique, p. 546. PiNSON, p. 273. PiRIA, p. 6S2. PiSAsi. Eaux du Bosphore, p. 400. Pixn, p. 497. Plana (Jean), p. 5y4. Playfair (Lyon). Aluminium, p. 457. Pluchkr. Action du magnetisnie sur les axes des crislau.N, p. Sgi., ,4o5. TABLE DES NOM'S D AUTEURS. XIX. Poet (Andre). Eclairs sans tonuerre a Ia>Havane, p.. 56. — Tiietnblements d'** terte et ouragans, p. ^ii'2. — Ouragansi cycloniqnes-, p. 546. POGGENDORFF, p. /|99. PoiNsoT. Mouvements elliptiques du fil a plomb non-oscillajit, p.SgS. PoissAT. Soiiterrains de Nanlerre, p. 35a. Poissorr. Thi'oiie du magoelisme, p. SgS. PoiTEviN. I'hoto-lithographie, p. 717. PoivRE. Nids des salanganes, p. 639. Pollock, p. 657. PoRRO. Achromalisme, p. 456. — Objeclif achromaliqiie reflecteur, p. 5ifS. — Micromeire parallele, p. 652. — Tacheomeire des mines, p. 698. Potter, Machines a vapeur, p. 16. PoucHiT. Noiiveaux orgaiies de la rallitriche, p. 28. PouGET-MiisoNNEuvii. Papiei' eiecto-chimique , p. 160, 197. — Impression des depeches electriques, p. 202. PotjiLLET, p. 660. — Observatoires en ^Igerie, p. 687, 690, 706. Prevost (Oonstant). Eniptious volcaniques (Vesuve), p. 6o3, 636; Price. DeJoubiement des graisses par I'actioude la chaleur surchaiiffee, p. 723. Priestley. Acide carbonique, p. 36i. — Respiialion \egetale, p. 577'. QuATREFAGEs (de). Candidal, p. 169. — Rapport, p., 286. Qderiki. Eclairage eleclrique, p. 703. Qdetelet. fiiectricitii atinospherique, p. 382, 695. Raillard. Machine a fabriqiier d'une scule piece les barils, ies seatix et las brocs, p. 75. Ramage. Telescope reflecteur, p. 455. Rammei SEERG. Preparation de laliiminium, p. 663. Ramsbt. Pholograpliies, p. 435. Raoul. Limes, p, 90. Rater. Maladies du ble, p. 385. Read. Emploi de la gulla-percha comme substilut du verre , p. 637, 714 Diisolvaiiis de la giilta-percba, p. 716. Recamier, p. 670, Reecb. Temperature de la vapeur, p. 96. — Machine a vapeur, p, 437. Regnard (Ed.). Telegraphic eleclrique, p. 201. Regnault. Eijuivaleiit mecanique de la chaleur, p. 95. — Surchauffement de la vapeur, p. 96. — Machines a vapeur, p. 207. — " Appareils telegraphi- ques, p. 218. — Point d'ebullition du mercui«j.p. lai. MortdeM. Ma- gendie, p. 460, 680. — Chaleur specifique, p., 543. — Photographic, p. 625, 660. — Observatoires en Algerie, p. 691. — Sur les observations meleorologi(|ues, p. 709-. — Hygrometre et aspirateur, p. 710. — Induction electro-s;ali(iue, p. 719. Regnault et Reiset. Appareil pour les recherches sur la respiration, p. 5oo. Reike d'Angleterre (la). Vues photographiques de Saint-Cloud, p. 599. Reiset (P'oyez Regnault). Remak (le docteur). Electrisation methodique des muj^cles, p. 260. Rebe-Martin. Formuies de Gauss, p. 547. .oo* .fi Rennie. Machine a disqiie, p. 242. RiCHs, p. 724. RiCBARn. Observations ozonometriques, p. 382. RippLET (Voyez Callkn). Rive (M. de la), p. 668. — Polarile eleclrique, p. 718. x.\ COSMOS. Hubert (Henii) A |ipareilscostni>gia|>liiques, p. aSa. Robin (Cli.) Coiiipositioi) de riieriialoidiiie, p. 4jo. KuuiM (EJ.) Niiuvelle loi cliinii(|ui', p. no. RoBiQutT. (;olloliuii sec sensib'e, p 496. RoBrQDExel Duboscq. Nouveau collodion, p. 542. RoccA (de la). Collodion, p. 122. Roches. Silicatsalioii des Pierre's, p. 543. RuDHiGctz. Guide gi'ni'ial de la iiavii;alion, p. 261. Raffenel. Molei)ioloi;ie datis le liaiil Senegal, p. 1 15, RoKiTiNSKi, Menialoidiue, p. 43o. Ryi.LAND. Torrefacleiir niecauique, p. 146. — Thermo-regulateur, p. i4g. KoNALDs. Eiiri-g:sircmcnt phologiai'hiquede depeches, p. 661, — Instruments de nieleorologic, p. 710. RoscoE. Action ciiiiiiic|ue de la liimieie, p. 45ij. Rose (H.). frejtaralioii de raluaiiuium, p. 662. ROSTAN, p. 670. RoswAG. Macliines a papier, p. 872. KoussEAu (L.). Dessiii* pliologra|iliiqnes des objcts d'histoire nalurelle, p. i63, 347, 5o3. Rousseau (Em.). Plioto-lilhogiaphie, p. 717. Rousseau (M.-M.). lodure d'ammouiiim, p. Coo. Roux, p. 670. Rue (Warren de la). Dissolvaiils de la giitla-percha, p. 65S, 716. RuMFORD (Le comie de). Medailles londees par, p. 594. RuHKER. PlaiieleAlalaiiie, p. 54 i. RuuBKoRFF. Mailiiiie d'iniluclion, p. 212. Sabine (Le coloml). Letire a M. labbc Moigno, p. 29, — p. 5^4. — p. 65o. Saiht-Fierre (Gciuiiiiu de). Morphulogie des leiitiielles, p. 344. Saint Venakt (M. de) Flexion des prisniei clasliques, p. iSg. SvussuRE (Th. de). Respiralion vegetale, p. 577. Sautoy (Du) et Comp^. Feutres et porces pour papeleiie, p. 372. Sauveur. Vibraliou dt-s diapasons, p. 609. Savart. Acoustique ex peri men '.ale, p. 5oo. — Diapasons, p. 609. Savery (Le capitaine). Machine a vapeur. .ScHACHT (Le docteur Hermann). Generaliou des planles, p. 60a. ScMtUTz. Machine a calrul, p. /|85. ScniFF. Nulriliou des o<, p. 386. ScBLEiDEN. Generaliun des plantes, p. 602. Schmidt. Formation do sucre dans le foic, p. 401. ScHMiPT (Piazzy). RelVaciion des rayons stellaires, p. 455. ScHOE.NBEiN. Papiers ozouomelriqnes, p. 382. Schumacher. Planele Atalante, p. 5^2. S<;oREsBV (Le docteur). Exi-ursions dans les regions arcliques, p. 3i. ScRivt. Chloroforme, p. 687. Secchi (Le R. P.). Tclegraphie a Rome, p. 170. — r^licromelre parallele, p. 6o2. — Micromelres, p. 700. Skdwick, p. 7o5. Seguier (Le biiron). Machines a vapeur, p. io3. — Photograjihie, p. 599. — R.ippori, p. 66S. Secuik (aine). Equivalent mecaniqiie de la rlialeur, p. q5, — Maliere caho- lique, i>. 455. — Chaudiere a vapeur, p. 55o. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XXI Secuin. T.iimage des ciiirs, p. i53. Sfc '.UY. Reservoirs de Marly, p. 428. Si LMi (Franciiis) Nouvi-llc pile, p. 682. StHARMONT (M. de). Lois de refle.\ion et de refraction dans les crislaux opa- ques, p. 491. — Taurine, p. 57 i. SENfBiER. Ri'spiialion vegelale, p. 577. Serao, Eiuplion de A'esuve en 1737, p. 4o5. StRRES. Muvenm d histoire naiinelle, p. 83, 670. Shadboi-dt, p. 657. Shartey, p. 65 1. Siemens. Conversion de la chalenr en effel mecanique, p. gS, 4o5j 433. — Machine a vapeur rrgeneree, p. 437, 5 18. Siemens et Reecu. Machines a vapeur, p. 627. SiLBEHMAN (ainej. Conlpa^ai^ons des mesures de longurnrs au moyen des pesees , p. 160. — Mirage, p. 462. — Fuls de surele, p. 469. — Helio- sta!, p. 494. Sii.BERjiAN (jeiine). Maihine pneunr.alique, p. 5oo. SiSMONDA, p. 7o5, Smyth (I'amiral), p 65i. Snow-Harris (Sir William). Par.ilonnerres, p. 498, 594. Soi.Eii. (Henri). Nouveau prisine birefringenl , p. 291. — Verres et crislaux tallies pour I'optiipn', p. 5o4. SoLEiL (])ere). Moyen de rtcorinaiire si une lame de erislal est perpendicii- laire a I'axe, p. 5o6. SoLEiL et Ddboscq. Appareils d'ojitique. p. 490. Soi.ox. Sculptures et photographies, p. 507. SOREL, Nouveau cinient et nouvelle nialiere plasiique, p. 56i. — Flolteur a sifflet d'alarme, p. 19. — Machines a vapeurs meliingeesj p. 569. SoRENSEN. Compositeur et disliibuleur aulomatiqne, p. 559. SocBEiRvN. Rapport, p. H-ji. South (Sir Jaaies), p. 594. Stass {^yoyez Dumas). Stefnheil. Telegraphie, p. 161, 198,202,212. — Lunelle, p. SSg. Stenhouse, p. 65 1. Stewart et Comp*. Machines a cylindre, p 2'. 7. Stilling. Consiitulion des fibres nerveuses, p. 726. Stores (O.). Achruniatisme des objectifs a deux verres, p. 456, 65i, 670. Strecker. Uree arliiiiielie, p. 574. Studer, p. 705. Sturm. Mort, p. 705. SuMMULA (Mariano). Maladie glucosiqne nouvelle, p. 383. Sussex (M , de). Phosphates de chanx, p 396. — Fabrication du papier au moyen de la pulps du bois, p. 674. Tactini. Vibration des diapasons, p. 609. Talbot (Henry Fox). Medaille pour sa decouverte de la phot ographie, p. 594. — Precede pour oblenir des positifs, p. 65.,. Tatiau. Syllabaire melodique et orgue chromo-mnemonique, p. 563. Tarheilles (M. I'abiyp). Appareil mu par I'eleciricile, p. 547. Tassiw. Appareil soustracteur de releclricile des chaudieres, p. 5o. Taupekot. Precedes pholographiques , p. 286. — Collodion albumioe, P- 496. xxiL COSMOS. TESSER4L. Cristaux, p. 394. Texier (Ch.). Art ceramiqiie dans la Kabylie, p. 76, Thenard. Commission, p. 178. — Desiruction des punaises, p. 284- Thenard (Paul). Decomposilion calaljtique, p. 253. — NoHVelles bases phos- phorees, p. 724. Thomas. Periode algide dii cholera, p. 160. TB0M4S et Laurent. Machine a iin seul cylindre, p. 100. Thomson. Maliere cahotique , p. 455, ^ Dates absolues en gpologie, p. 457. — Experience avec un eleclro-aimant, p. 432. Tbomson el Stokes. Cable telegraphiqne entre rAmerique et I'Eiirope, p. 434- Tbocroude. Lames de scie soudees sans fin, p. 7 3- TissiER (Ch.). Double decomposition, p. 344. TissiER (Cli. et Alexandre). Procede pour arreler les vapeurs acides des grandeg ehemiuees, p. 665. TocQUBVii-i-E (M. de). Piscine, p. 684 ► ToRRicELLi. Barometre, p. 702. Trecul. Valisneria spiralis, p. 4o3. — Decorlication et accroissement des- arbres, p. 5i3. — Nids des salanganes, p. 639. Tremblay (dii). Machine a vapeurs combinees, p. i5. Troupeau. Reflecteurs diucnes, ,p. 35o. Trousseau, p. 670. Tulasne. Embiyogenie vegelale, p, 602. Tyndaix, p. 670. Vachon, Irieur des grains, p. 425. VAii.tANT (M. le marechal). Rapport, p. 170. — Silicatisation, p. 227. — Greniers a colonnes chambrees, p. 379. — Chevre d Angora, p. 402. — Rapport, p. 428. — Observatoires en Aigeiie, p. 690, 709. Valencienres. Substances animales, p. 28. — Dessins phnlographiques, p. 363, 347.— Silures d'Alleraagne, p. 428. — Pieires dures perrees par les pholades, p. 538. — Composition chimique des muscles, p. 53S. — Aai- maux perforanis, p. 577. VALENcrENNEs et Fremy. Sur la composition des muscles dans la serie animaki p. 572. Vaiz (Benjaminl. Resolution des equations numeriques , p. 543. — Nouvelle melhode de determination des longitudes, p. 574. — Determination des orbites eliiptiqnes, p. 604, Van-Deer. Substance grise de la moelle, p. 348. Varley. Papier electro-chimique, p. 197. — Telegraphie eledrique; p. 201. Yarror. Pontes sauvages, p. 544- Velpeau. Nouveau procede de rhiioplastie , p. 482. — Hydrophthalmie, p. 539. Vfrdeii,. Matiere colorante de I'arlichaul, p. 484- Terite. Horloges et appareils eleclriques, p. 297, 6;.j6. ViERORDT. Respiration chez les vegetaux, p. 345, ViLANi et d'Arcet. Viaudes salees, p. 577. ViLLE. Giles d'emeraudes, p. 545. ViLLE (Georges). Experiences sur la vegetation, p. 537, 577, 593.. ViLLEMAiN. Lettre, p. 342. V1L1.EVERT. Carle siatistique de la France, p. 54'7- ViHct (S.). Application du chloroforme, p. 547. ■Vincent. Selizogene, p. 36i. — Theorie de la gamme et des accords, p. 6o6«i TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XXIII Violet-Leduc, p. 5o3. VoLFEi,. Melri/Domes, p. 366. "VoLPiCELLi, Phenomeues de polarile et d'induclioD electriques, p. 718. VuLTA, p. 710. VouGY (M. de). Translateur electriqiie, p. 202. Wagener (le docteur). Transformation des filaria et des cercaria en tetrarhyn- cliits ou en distoma, p. 61 . Walferdin. Echelles theraiomctriques, p. nS. Walker, p. 65 1. Washington, p. 264, Watson, p, 683. Watt. Machines h vapeur, p. 12. — Transformation de la chaleur en force, p. 207. Watt (Ch.). FabElcation du papier au moyen de la pulpe du bois, p. 674. Webster, p. 264. Westwood. MeJaille, p. 594, 65o. Wethered. Macliiues a vapeurs nielaugees, p. 5 18, 549, 568. Weld (Ch. Richard). Medaille, p. SgS, Wheatstoke. Application des miroirs lournanls, p. Si. — Transmission Jes depeches dans les deux seus par uu seul JQI, p. 84. — Telegraphic, p. 212, Stereoscope, p. 494, 649, 65o, 690. — Telegraphe sous-marin, p. 612. Whitehouse. Oonducieurs de la Mediterrauee et de I'Ocean, p. 433. Williams (Grevilje), Bases du charbon-napthe, p. 458. Wilson, p. 433. — Eau de la mer, p. 457. Windsor. Filature du liu, p. 106. WiRCQow. Hcmaotidine, p. 4 3o. W"ooDBOusE. Respiration vegetale, p. 577. Wolff. Machines a haute pressiou, p. i3. — Ancien .systeme de machines, p. 1 38. — Transformation de la chaleur en force, p. 207. Wight. Moissonneuses geanles, p. 876, Wrottesley (Lord). Sociele royale de Loudres, p. 65o. YocNG (Hiran). Gravure, p. 89. Zambatjx. Chaudiere tubulaire, p. 2^3. Zantedeschi (M. I'abbe). Transmission de depeches en sens CMitnaipes 'par un meme fil, p. 84. — Variations de temperature qui accompague les pheno- menes magne'.iqiies, p. 404. — Nouvel electroscope, p. 485. ZsREGA. Bles duis, p. 643. TABLE ALPIIABETIQUE PAR ORDRE UlE MATIERE^. Academie des sciences (seances Je 1'). p. 76, ii3, iSg, 169, 225,25'!, .>.i\, 342, 379, 3S7, 401, 428, 460, 481, 543, 572, 5g6, 602, 63f, 660, 687. Academie impeiiale des naiuralistes de Brcsl.iw, p. 54o. Acide carboniqiic liquide. Regularisalion iJc sa vapeufj p. 28, 162, 36 1. Achromatisme des olijeciifs a deux verres, p. 456. Adresse a S. A. I. le prince Napoleon, p, 66. Afriquecentrale. p. 387. Anatomie claslique, p. 372. Annuaire de Firmin Didnt, p. 412, 643. Appareil souslracleiir de Teleciiicite des chandieres, p. 5o. — Appareils ros- ningra|ihiques, p. 232, — Appareils i;azogeues et seltzogeiies, p. 36o. Appaveil de I'l-i'stli-y pour dissoiidic I'acide caiboiiiqiie, p. j6i. — Appareil nni par I'electricile, p. 5',7. — Appareil de Noreiiiberg, p. 5o6. — Appareil a caibouiser la tourbe, p. 620. — Appareils eleoiriques, p. 297. — Appareil eieclro-medical, p. 670, Applications noiivelles de I'eleclriciie, p. 46, 487. — Applicat'ons dii Iransport prodiiil par la refraction des rayons lumineux, p. 46 '. — Applicaiion du cbloioforme, p. 547. Argyrolilhe, p. 696. Ariihmometre geaui, p. 3g. Art ceramique dans la Kabyiie, p. 76. Association briiatiiiique, p. 261, 341, 432, 455. Aslronomie. Equinoxe xeinal de i853, p. 347. — N.iuvelle planeie, p. 4'C, Ri-'fraclion des rayuns slellaires, p. 455. — Mouvrnieot diurne, TABLE DES MATltRES. XXV p. 5^0. — Cercles horalies, p. 533. — Constellations toujours visi- i)les, p. 5'i.\. — Zo liaque, p. 535. — Pianette Atalanle, p. 460, 541, 68 I. — Planete Fides, p. 468, 681. — Etoiles, p, 586, 587, Nebuleiises, p. 589. — Mouveinenl apparent du soleil , p. 590. — Iheoriedi la scmlillalion, p. 5g8. — Orbiles elliptiqnes et orbiles des cumries, leur deirrminaiion , p. 604. — Nouvelle plauele de M. Ferguson, p. 65i. — Nouvelle comelej p. 6S0, Axes magneliqiies dans las cristaux, p. 39 (. Aztecs, p. 3o. Baignoire meulile a lampe, p. 44*. Rains de mer naliirels, p. i55. Karrage-omnihus, p. 53, 3o4. Batoaii en fer, p. 248. BelOM diir, p. 191, 19', '98. liles durs d'Au^ergne et d'Afrique^ p. 406, 568, 640^ 648. BolaiiiquCi Piiriies de la fleur, p. 27. — Isouveaiix organi s de la callitriche, p. 28, — Aplnllantacees, p. 255. — Mor|)hologie des Lenlicelles, p. 344. — Vegetation de la vlgMe, p. 379. — Parties floiales des dicolyledoiiees, p. 383. — Nielle du ble, p. 383. — ^voluiioii des bourgeons, p. 4o3. — fal/isneria spiralis, p. 4o3. — Decoisverte du boutun oppose, p. 481. — Decorlicaiiou et accroissement des arbies, p. 5 1 3. — Hydrocharidees, p. 482, 545, 609. — Yrilles des cuciirbitacees, p. 548. — Generation des planles et embryogenie vegeiale, p. 602. — Otteliacees, ordie nouveau, p. 609. Bougies sfeariques, p. 723. Cad an clettrique, 619. — Cadran universel, p. 236. Caletidiier electro-niagiielique, p. 366. Ca'oi'ifere a lampe, p. 448. Caracleres dimpress on, p. 194. Cardage du colon, p 386. 'Carles hornalogra|)liiqiies, p. 704. — Carle staiistique de la France, p. 547. — Cartes des couranls et des vents, p. 65 1. Cereales (conservation el preservation des), p. 428. Chaleur. Sa pi'oihidion etc.. p. 207. Chaudieres et geiieiatenrs, p. 21. ChauJiere tubulaire, p. 29!. Cliauffage des bains, p. 442. — Cliaiiffage des petitg appartements au xx* siecle, p. 439. — C.hauffage et venlilaiion, p. a3o, 45i. — Chauffage au gaz, p. 283. t'lir;3aograpl)es electi iques, p. 652. CSninie. Essence de nioiilarde ariilicielle, p. 25, — Matier^ grasse de la chair des poissoiis, p. 25. — Loi chimique nouvelts, p. no. — Gelaiinf, p. x86, — Phosphore blaiic ordinaire, p. 187. — Sulfate de baryte, p. 225. — Hiiile de pommes de terre, p. 228, — Alcool aniyliqus, p. 228. — Fixation de la potasse dans la peinture silicense, p. 227. — Double deconiposilion, p. 170, 344. — Force (Slalylique, p. 25 3. — Acide fulniiiiiqiie, p. 347. — Nouve! acide cyanique, p. 345, 458. — Acidt* carboniqne, p. 28, 36 1. — Combinaisons des malieres sucrces, p. 38;. — Soliibiiites des oxydes melalliques et des carbo- nates Icrreux, p. 43o. — Alimiiiiicim, p. 457, 662. — Decomposiiiun de Wiu, p. 41; — Oxydaliun ei reduction, p. 4oj, 460. — Matieres XXVL COSMOS. colorantes, p. 457. — Hemalosine, p. 43o. — Hematoidine, p. 43o. Sels de platine, p. 458. — Rhodium, osmium et plaiine, leur ex- traction, p. 458. — ^ Composes organiques renfermant des metaux, p, 458. — Sulfate plat de potasse, p. 458. — Charbon-naplhe, p. 458. — Lithium, p. 4i58. — Strontium et calcium, p. 458. — Modifications allolropiques du chlore et dii brome, p. 439. — Action chimique de la lumiere, p. 459^ — Action de I'airet dela liimiere sur la benzine et les essences, p. 464. — Ma Cosmos. Son adminiMralion, etc., p. ( 49. Cryolite. Sa rom|)osiiioii, p. 653. Destruction des punaiscs, p. 28 i, 285. Dcssechtraint d'lin marais, p. 246, TABLE DESMATliRES. Siivn Desinfection des alcools de betterave, p, 673. Direction des ballons par la vapeur, p. 102. Disc-eogiue, p. ■242. Distribuliou de la tilialeur, p. 261. 'Eaux tliermales, p. 54. — Eiuix de la Tamise, j). Sg.—' Eaux potables, p. 84. — EtJuxniinerales d« Canada, p. 343,— Eaux duBospliore, p. 400. — Eaux du bassiu du Rhone, p. 43 1. — Eau de. mer, p. 457. — Eau a I'elat spheroidal, p. 5i8. — Eaux miQei;ales.de$ Pyrenees, p, 64-5. Ecritures en noir de fumee et silicate de potasse, p.'a6;i. ■Electrolyse desfluorures, p. 664. Electrisation methodique des muscles, p. a6o. Embrayeur electrique, p. 471. Eruptions volcaniques, p. 4o3, 485,. 6o3, 636. Etablissement astronomique d'Albaiiy, p. 652, Elalon de longueur britanuique, p. 602. Etat electrique de la terre et de I'eaUj.p. 537. Etna. Eruption, p. 6o3. Etoiles filantes, p. 170, 597. Elres microscopiques de I'atniosphere terresire, p. 462. Elude sur les corps a Tetat spheroidal, p. 426. Etude el lectures sur les sciences d'observation, p. 285. Experiences failes avec un gros eleclro-airaant, p. 432. Experiences faites avec la vapeur a dil'ferenles teioperalures,/ p.. 5^5, 526. Excursions dans les regions arcliques,, p. 3i. Explorateur sous-niarin, p. 289, 424. Explosion des chaud.eres a vapeur, p. ,5o. Exposition universelle, p. ,9, 32, 33, £6, 85, i2.3, 143, 174, 2o3, aSa, 263 293, 35o, 372, 468, 490, 5i8, 549, 565, 612, 628. EucodoDcine. Nouveau mode desuspeusion des cicches, p. 671. Fabrication du papier au moyen de la puipe du Lois^p. 674. Fabrique des pates, seniouies, etc., p. 643. Falsification des substances aliaientaires. p. 60. Fermeture etanrhe des conduits d'eau, de gaz et de vapeur, p. 371, Fete des Ecoles, p. 65o. Feulres pour papeterie, p. 372, Filature de la laine et du lin, p. 106. Flexion des prisiues elast;ques,;p. iSg. Formation piir voie huuiiJe des matieres siliceuses, p. 731. Fiiti de siirete a jauge invariable, p. 468. Geolc^ie. Craie blanche dc. la Dalmatie, p. 289. — Dates absolues en geologie, p. ,457< — Distribution de la chaleur.a la suif«ce de la terre, p. 261. — Eruptiou de 1,'Etna, p. 6o3. — Eruption du Vesuve en 1737, p. 4o5. — Eruption du Vesuve, p. 485, 6o3. — Elat du Vesuve, p. 4o5. — Eruptions volcaniqnes , p. .636. — ForiBation par voie huroide des maiieres siliceuses, p. 73i. — Geologie de la Dalmatie, p. 289. — Cites d'emei'audes, p. 545. — Ossemeuts humaius fossiles, p. 386. — Soulevemeuts, phenomenes volcaniques, p. 638.— Tremblements de terre et ouragans, p. 48.2. Gazogene et sellzogene, p. 36i, 862. Gouverneur a fiirce centrifuge, p. 16. Gravurc !;,-.ha-o!ilaslh[iie, p. 166. 532. XXVIII COSMOS. Greiiieisa coloiiries chaiiibri'es, p. 379. Guide general ile la navigation, p. aCt. Gulla-peicha comme subsliiut (ill verre, p. 637. 7'4. Horlogerie, p. 356. — Horl-ge san'^ ensienage, p. 36. — Hoiloges cleclrique^ p. 3o3 696, 597. — Monires, p. 232. — Monlre merveiilciise, p 2,2_ Chronometres, p. a32. — Conslrudion des melrononies, p. 363. Impression sur papier, etoffe, etc., p. 226. — Impression siliceuse, p. ySo. — Impression (caracleres d ), p. 194. Indicateur de niveau el nolieurs, p. 19. — Iiidicaleur de Walt, p. 20.— Indicaleiir magnetiqiie, p. 222. Iniecllon siliceuse, p. 73i. iHstrumenIs de physique et de chimie, p. 496.— Instruments de meleovoogte, p. 710. Jauge nouvelle, p. 463. — Jauges uniformes ooiitiolees, p. 470. Laines, p. 373. — Laines et lin, p. ro6. Lailonage eltclrique du fer et du zinc, p. 5o2. Lampe ihermogene, p. 439. Larve vivanle dans une pierre tendie, p. 538. Legumes sees comprimes, p. 377. Limes Raoul, n. 90. Lit hydrostatique, p. 292. Longitude"!. Nouvelle deierminalion, p. 574, Lumiere. Ai lion des diverse^ lumieres sur la vegetation, p. 53S. Lunelle de Steinheil, p. SSg. Macaronis, vermicelles des bles d'Afrique, p. 41 '■ Machines a \apeur rotative, p. 241. — Mach ne a vapeur regeneree, p. 43?, 5ig. Machine a vapeurs conibinees, p. i5, 5i8. — Ma.hine a vapeur melangee d'air chand, p. 568. — Machines a vapeur, p. 241, 20" 137, 99, 102, 92. — Machines, leur importance, p. 92. — Machines, leur hisloire, p. 9. — Machine de Walt, p. 92. — Mi- dlines de I'exposition de 1849, P-^'- — Machines de ('Exposition de Londies, p. 23. Maihine a di^qiie, p. 242 ; son hisloire, p. 245. Cenerateur a vapeur, p. 548. — Machine dinduclion de Rnnih- korff, p. 212. — Macbi.'ie pneiimaticjue perfecliounee, p. 667. — Machine a polir les niiroirs de telescope, p. 457. — Machine Donkiii a papier, p. 374. — Machine a moissonner ie ble, p. 375. — Ma- chine theimogene, p. 224, 2o3. — Machine a fabiiquer d'une seole piece les barils, les sraiix el les brocs, p. 75. — Machine electriqii.' a filer la soie, p. 46. — Machine a calcul suedoise, p. 32. — Machine: infernale sous-marine, p, 29. — Machine a courber Ie hois, p. 263, 269. — Machine pour fcuipler les busies, p. 265. — Machine a sculplerhs camee-, p. 266. — Machine a ralcul, p. 485. — Modeles de machines, p. a4 3. — Mecanisiue pour alieiiuer les accidents re- sultant de la rencontre de deux trains, p. 485. Magneli^me. Son action sur les axes des cristaux, p. 3gi. Manivelles, volants, etc., p. 16. Matbematiques. Forn.ules de Gauss, p. 547- — Principes d'une nouvelle geometrie, p. 467. — Nmiveaule de malhemali(|ues appliquees , p. 2?6. — I'"(|n.ilioiis algehricpies, p. 543. 706. Matieve c. hotiquc, p. ',?).>. TABLE DES MATlfeRES. XXIX Mecanisme pour allenuer les acridenls resultant de la rencontre dedeiix trains p. 485. Medecine. Periode algide du cliolera, p. i6o. — Effels de h desinfection dans le cas de chuleia, p. 464. — Cholera a Oipenliasue, p. 385. Emploi du sulfate de quinine dans le cholera, p. 485. — Khinoplaslie nouveau precede, p. 482, 623. — Resianraliun nasale, p. 673. Caii(eii<^ation lineaiie, p. 462. — Vaccinations, p. 462. — Fievre typhoide, p. 462. — Goitres, p. 169. — Emploi de la glace dans I'operation de la calaracle, p. 79, — Noiivelle maladie gliicosique, p. 383. — Avaniages du cliloroCorme, p. 686. — Hydrojihlhalmie p. 539. — Amputations, p. 538. — Appareil elcclro-nitdical , p. 670. — Anevrisnie de Taileie opiithalmique, p. 639. Mesures de longueur. Leur com[araison par des pes'es, p. 160. Meteorologie. Coup de foudre.p. 2i5. — Carles des couranis et des vents, p. 65r. — Observaioires meieuro ogiques en Algerie, p. 660,687, 706, 708. — Ravages exerces par une tromlie, p. 609. — Observations ozonometriques, p. 382. — Observations melcorologiques a Chios, p. 4o5. — Paiafoudre, p. 21 5. — Meteorologie dans le haut Se- negal, p. ii5. — El lairs saiis tonuerre a la HV.de TisUiaie de Suez, p. ,38 7. Pepcolateur Uydroatalique, p. 127. .Ph«il,ogiaiibie, ,p. 12,2, /,3,5, 5oi, .^S^s, .654,.6a5.,f>7iJi«."— tPJ*OtO|j;raphie sui vei-i«allJUiujii6 et. coUodiojme, p. 6a5. -^ — L«S!qMaUe,l»ranches de la ciJ)olo;;rapA»i«, p. 170, 171. — Pbolognaphios d'histaire naliiielle, dlaixliiteelure, de tableaux, ,p. 5o3. — riSculptui-es ,et pbologiaphie, p_ 507.— .Dessiiis pholographiques, p. i63. — Pbolograpbie des pieces anatomiques, p. 3ii7- — Vemis heliographique, p. 463. — iGraviire pbotogca[ibique,:p. 453, 463, 712. — Pboloiliibogiaphie, p_ ^in^ — Callodioi), p. 496, ce*, 542.— Eaiu.d'aigeut pour col- lodion, p, 716. "- CoUadion,sec et humide, p. 599. — Precedes 1 pbotograpbiques, p. 287. — Appareils de pbotograpbie, p. 490- — (Moulage des pholograpbies , p. 655. — iNiepqotypie, p. 172. — lAccherotypie , p. 173. ■ — Objectifs achrcanaliques pour la pboto- irgrapbie, p. 62.8i-^-,Eixalian-des epreuves,,j). 4107, 3S&, — Alteration des epreuves , p. 654.^- Permanenae iks-cprpuves, p, 654. — Causes d'alletation des epreuves, p. 654. fPUol«iaetres, p. 494. Physiologie. Baltementa, niouvemenls el bruits du cosur, ,p, .169, 38 1. — Pbysiologie.deila njarche, p. 385. — iSouvelle tbeorje.du saul, p. 80. — Substance grise de la uioelle, p. 34S. — Cvwstilution des fibres uerveuses, p. 725. — Nutrition des os, p. .386.-— Lobes du cerveau, p. 25. — Actions reflexes, p. 464. — Fonclion glucogeuique du foie, p. 2^6, — Trausmission des impressious par la moelle, p, 256, 348, 4o3. ■ — Anatomie claslique , p. 272. 1 — . Couipositiop ,<}es muscles dans la serie animale, p. 538, 57,2. Physique. Nouvelle pile, p. 6S2. — Pile thermo-tlectrique,,p. 548.— Mirage, p. 461. — Mirage a Monlpellier, p. 77. — Prisme a quatre images, p. 291. — Nouveau prisme bi-relringeut, p. 291. — Equivalent mecanique de la cbaleur, p. gS, 369. — Induction clectrique, p. 718, 432. — Reflexion et refraction dans les cri«tau.\ opaques, p. 494. — Refractometre, p. 465, 467, 482, 4 3. i. — Deviation du peudule, p. 4o4. — Peudule de Foucault, p. 67. .— J.e (11 a plomb u'est pas normal a la surface des eaux tranquilles, [p. SgS. — Direction du fii a plorab, p. 700. — Manometre, p. 18. — Maoomelre sans mercure, p. i35. — Vibrations des corps sonores, p. 81. — Vibrations, ^es jdupasqns, p. ,609. — Barometie a deux liquides, p. 701. — Barp- metre de Foriin perfeclioune, p. 488. — Baromctre de comiiaraison, p. 461. — Nouvel electroscope, p. 485. — Paratouuerres, p. 498. — Soupapes de siirete, p. 18. — Fulgur^teurs electiiques, p. i3o.. — Maruiite de Papin, p. 10. — Temperature de la vapeur, p. 96. — Non couduclibilite du vide, p. 166. — Conductibdil.e de I'air, p. ,i63., — Heliosiat de Silberman , p. 494. — Regulaleur de la lumiere electrique, p. 492. — Echelles thermometriques, p, 118. — Point d'ebullitiou du xuercure, p. jai. — Vapeur sphuroidale, p. 98. — ,]lffoniteur electrique, p. 417, 583. — Eclairage electrique, p. 703. — Conversion de la force en cbaleur, p. 698. — Siereoscupe, p. 494. — Theorie de la gamme, p. 606. — Osmose et ses applications, p. 610. — Polarisation .elliptique, p. 494. — Cbaleur specifique, TABLE DES MATlfeRES. XXXI' p. 543. — ' Production de chaleiir par un aimaii.t, p'. 3S7. — Acous- tiqiie musicale, p. 387. — Telescope reflecteur, p. 455. — * Electricile des lerres et de I'eau, p. 572. Piano-enregisliant, p. 36;. Pierres dures percees par des pholades, p. 538. — Pierres revalues d'hydrattf de chaux, p. 539. — Pierres meleoriques', p. 3i . — " Pierres artificielles, p. 2. Plaques gravees par la lumiere, p. 436. Poids atoniiques, p. 675, 680. Polyslereo[)ticon, p. 457'. Precis de chimie industrielle, p. 255. Presse typogeue, p. 194. — Presse d'Appelgalh, p. 247. — PrfeisJftS ' ty^ogra-^ phiques, p. 12 3. Prix fondes par le prince Demidoff, p. 5 40. Precede pour arreter les vapeurs acides, p. 665. Progres en province, p. i52, Reflecteurs diurnes, p. 35o. Refracleur interferenliel, p. 494. Refraclometre. ( Foyes Physique.) Regulaleuraslronotnique, p. 297. — Regulateur electrique, p. 299; Reservoirs de Marly, p. 428. Respiration chez les vegelaux, p. 345, 577. Reunion des medecins et naturalisles a11en>ands. p. 261. Revisla eiicyclopedica italiana, p. 410. Revue des deux mondes^ p. 65i. Saccbarimetre Soleil, p. 49+. Scies en acier, p. 87. — Scies a lame soudee, p. 73. — Scies a lame sans fin, p. 73. Semoulesde Clermont, p. 4i4- Silicatisation, p. 543, 730. Silirates alcalins [Voyez Chimie,), p. 729. Societehollandaisede Harlem, p. 61. — Societe des arts et'scieuces d'Ulrecht, p. 539. — Societe do physique de Berlin, p. 869. —Societe royale deLondres, p. 57, 593, 594,650, 65 r. Sole grege, p. 635. — Soie plombee, p. 28; Soulevements, phenomcnes volcauiques, p. 638. Souterniius de Nanterre, p. 352. Spherometre comparateur, p. 487. Spirales d'Airy, p. 5o6. Surechauffement de la vapeur, p. 96. Syllabaire melodique, p. 563. Sysleme de detente electrique, p. 261. Tacheomeire Sorensen, p. 559, — Tacheometre des mines, p. 698. Tilei;raphii' electrique, p. 201. — Telegraj)hie a Rome, p. 170. — Annales de telegraphic, p. 179. — Conducleurs sous-marins, p. i. — Conducteurs des convois, p. 2. — Transmission des depeches en sens contraire par un meme fil, p. 84. — Enregislrement pholographique des de- peches, p. 661. — Impression des depeches, p. 197, 202. — Tele- graphesecrivanls, p. i56. — Telegraphe de Moise, p. i56, 199, 397, — Telegraphe sous-mario, 612. — Telegraphe electrique, p. 197, 3 12. — Telegraphe des loconiulives, p. 677. — Fils telegraphiqucs xxxii COSMOS. dans Ju bctoii, p. 3(jc). — Fils Iclegiapliiques soulerraius, p. 198. — Fils telegiapliiiiues aeriens, p. 198, lliermographe auloniaiiipie, p. 707. ■lhermo-ic,i;ulalfiir, p. 149. Torrefacteur mecanique, p. 146. Traile des applications de I'eleclriciie, p. 216. 'I'ransformalions opeiees lors durelour des anionaux dooesliques a I'elal sauvage, p. 544. lijuslali-ur de Sleinheil, p. 201. Trausiiiitleiir automaiitpie, p. 199. — Trausmetleur de mouvemeiit a vitesse niiiltipliee, p. ajo, liauspoii eleclriqiie, p. 459- 'Iremlilemenls de terie el ouragaus, p. 4S2. Trieur des grains, p, 425. I'lauoscipe, p. 529, 58.1. tiiaiiugrapliie egyptieiine, p. 387. Usir.c a gaz, p. 281. Vupeur suiecliauffee, p. 9(1, 5i8. {Voyfz physique et raacliine.) Variations de temperature qui accompsgneul les phenonieces m^gnetiques, p. 404. Verrcs el crislau.x pour I'oplique, p. 5o4 Tcbiive, p 485, 4o5, 6o3. Viandis (raiclies et conseivees, p. 53g, 5g5, Zoolo^ie. Aniiuaux peiloraiits, p. 6x, 377. — Pisciculture, p. 622, 683. — Hinidiculture, p. 683, 684. — Bonibyx cynlhia , versa sole du riciii, p. 25, 429. — Bomb>x myliiia, vers a soie iiissah,'p. 4'-8, 429, 481. — Puuaises, p. 284, 286. — Respiraiion des lialraciens, p. 35 1. — Speruialopliorfs des gasteropodes teirestres, p. 635. — Oursins et phulad^s , p. 677. — Nids des salanganes, p. fiSg. — Chevres d'Angora, p. 402. — Source de nos cochons domesliques, p. 6o5, — Poules s.iuvages, p. 544- — Ghevaux sauvages, p. 544. — Classificaliun des poissons, p. iSg. — Fiiaria et cenaria ; leur Iransfornaaliou en telraliynciis et eu tiisloiiia, p. 61. — Spermato- pliores des grilloiis, p. 286. — Caracteres enceplialiques des mammi- fere-i aquaiiqiies, p. 262. — Silures rapportcs d'Allemagne, p. 4^8. — Ni'uiatuides dii Lie, p. 383, 384. T. VII. 4 JDILLET 1855. aUATMBME ikNNiB. COSMOS. NODVELLES ET FAITS DIVERS. On annonce, en termes trop couverts encore pour que nous puis- sions dire nettement a nos lecteurs en quoi elle consiste, une im- portante decouvertedeM. Bonelli. II s'agirait d'un nouveau systeme de conducteurs sous-marins d'un poids beaucoup moindre, coutant incomparablement moins cher, si faciles a poser qu'il suffirait de quelques mois et de deux ou trois millions pour dtablir un reseau tdldgraphique allant de Cagliari a Malte, de Malte a Candie, de Candie a Alexandrie d'une part, a Gallipoli de I'autre, etc., etc. Des que nous saurons mieux en quoi consiste le perfectionnement de M. Bonelli, quelle est la forme de son conducteur, nous entre- rons dans plus de details. Qu'il nous soit permis de revenir encore sur I'effet produit par ces quelques lignes de notre vingt-quatrieme livraison ! « A voir le r^cit des experiences et des succes de M. Bonelli, et les promesses de M. Botto, on dirait que jamais jusqu'ici des locomotives en pleine Vitesse n'auraient envoyd ou re9u de ddpeches, que jamais on n'a- vait correspondu par un seul fil. Le Cosmos cependant a deja decrit un grand nombre d'inventions qui avaient le meme but et qui I'ont at- teint. " En parlant ainsi, nous n'avions nullement I'intention de jeter de la ddfaveur sur les experiences de M. Bonelli que personne n'ho- nore plus que nous, de M. Botto, savant tres-distingue. Et cepen- dant, en outre de la reponse teidgraphique un peu brusque de M. Bonelli, un de nos amis de Turin, M. Jean Minotto, nous dcrit une lettre de reproches que vraiment nous n'avons pas mdrites. " Quant a M. Botto, nous dit-il, son nom est depuis trop longtemps connu dans la science pour que vous puissiez le croire capable d'ignorance ou de charlatanisme. » Ignorance ou charlatanisme ! Nous n'avons rien dit ou pensd de semblable, grace a Dieu ! Nous n'avions qu'une seule intention en nous exprimant ainsi : 1° de remplir un acte de justice en rappelant que le problemc etudie par M. Bonelli avait deja ete resolu , au moins en pariK.', par MM. Du Moncel, le capitaine Guyard , Tyer et autres; par 2 COSMOS. M. Tyer surtout, qui a fait des experiences sur une grande echelle, dont nous avons rendu compte tres-Ionguement; que le probleme rdsolu par M. Botto I'avait 6t6 avant lui par MM. Gintl , Siemens, Wartnian, Edlung, etc., etc. ; 2" d'arriver enfin a connaitre d'une inanifere precise, pour le publier, ce qu'il y a de tout a fait neuf et caracteristique dans les solutions de MM. Bonelli et Botto. Si, par exemple, M. Bonelli n'cnvoie des depeches a toute distance et a une locomotive lancee a toute vitesse, comme I'affirme M. Du Moncel, que par I'adjonction de deux frotteurs, appuyant I'un d'un cute sur une bande continue, placee au milieu de la voie , I'autre sur un des rails, il aurait fait le premier une belle experience ; mais cette experience ne serait une decouverte admirable qu'autant que les transmissions des depeches se feraient a I'aide des seals rails. Si au lieu d'espacer de kilometre en kilometre leurs bandes metalliques de communication avec la locomotive, MM. Du Moncel et Tyer les avaientrendues continues, ils auraient obtenu ce qu'obtient M. Bo- nelli. lis ne I'ont pasvoulu, d'abord parce qu'ils ne I'ont pas era recessaire, ensuite parce que I'addition sans necessity d'un conduc- teur continu entrainerait de trop grandes depenses, C'est a M. Bo- nelli a piouver qu'il y avait utilite grande a correspondre inces- samment avec les locomotives , et qu'il est parvenu a ce resultat sans le payer par trop cher. Apres ces explications franchement donnees , on nous dispensera sans aucun doute de rentrer dans la discussion autrement que pour publier les renseignements theoriques et pratiques que nous avons demandes a MM. Bonelli et Botto. — En attendant, reparons une negligence tout a fait involontaire, et faisons connaitre avec im peu plus de details le systeme de tele- graphie electrique des convois , propose , en juillet 1854 , par M. Guyard, capitaine du genie • " Deux series de fils teiegraphiques paralleles entre elles et tres- rapprochees I'une de I'autre sont disposees sur la voie, soit au ni- veau des rails, soit a la hauteur du toit des wagons, de maniere que les fils d'une serie alternent avec les filsde I'autre, et que les extre- miles de chacun correspondent au milieu de celui qui le precede et de celui qui le suit dans I'autre serie. La longueur de ces fils est double de la distance necessaire pour arreter deux convois mar- chant I'un sur I'autre. Sur chaque convoi est pdacee une pile dont I'un des poles est mis en communication avec le sol paries roues et les rails, I'autre avec les fils au moyen d'un pinceau metallique dont la disposition pcrmet COSMOS. 3 d'eviterle frottement. De cette maniere, chaque convoi en marche ou en repos porta avec lui un circuit telegraphique que I'isoleinent des fils empeche seul d'etre complet. Dans le circuit, ainsi forme setrouve place un carillon ^lectrique, un distributeur et facultativement un t61egraphe t'lectrique. Deux convois, quel que soit le sens respectif de leur marche, ne peuvent se rapprocher de maniere h comprompttre leur securite sans se trouver reunis par un meme fil electrique, '^t pourvu que les courants soient de sens contraire, les deux circuits se co:r:nletent mutuellement et le carillon fonctionne sur chaque convoi. Or, cette dissemblance des courants est facilement realisee par des distributeurs dont la periode ne sera que de quelques secondes ; la similitude ne pourra persister plus longtemps que cette periode. Les barrieres des passages a niveau sont disposees de telle ma- niere que , par le fait seul de leur ouverture, elles ^tablissent une derivation du fil telegraphique, derivation qui cesse des que Ton vient a les former. Une barriere ouverte joue done vis-a-vis d'un convoi le role que jouerait un second convoi, et I'appareil se trouve mis en jeii. Un timbre place pres de la barriere avertit en outre le garde-bar- riere, et I'interruption ducourant.aussitot la barriere fermee, avertit le mecanicien qu'il peut marcher. II y a done avertissement de I'exis- tence d'un danger, ordre donne de le faire disparaitre, avis de I'execu- tion de cet ordre, tout spontan^ment et sans le concours de I'homme. Une disposition semblable est applicable aux ponts tournants. En outre, tout cantonnier, en cas de rupture de rails, eboulements, presence de bestiaux sur la voie, obstacles quelconques, peut se mettre de la meme fagon en communication avec un convoi; il lui suffit en efFet d'etablir une derivation du conducteur telegraphique, ou, en d'autres termes, de mettre le fil en communication avec los rails, c'est-a-dire de fermer le circuit. Un aiguilleur peut de meme rectifier la fausse direction qu'il au- rait donnee ou laisse prendre a un convoi. Enfin, on pourra joindre au systeme un compteur a I'aide dnquel on saura exactementcombiende fois I'appareil aura fonctionne. Avant de terminer, faisons remarquer qu'on pourra, dans un in- t^ret d'economie, remplacer les deux series de fils par un fil unique, regnant sans interruption sur toute la ligne. Cefil servirait pour Ics communications ordinaires , et remplacerait celui dont les com- pagnies disposent pour les besoins de leur service. Dans ce cas, ]a distance d'avertissement serait regleepar I'intensite de la pile. " SUR lES CHAUX HYDRAULIQUES, LES PIERRES ABTIFICIELLES ET SUE DIVERSES NOUVELLES APPLICATIONS DES SILICATES ALCALINS SOLUBLES. PAR M. FR. KDHLMAN. « CharcT^ vers la fin de 1840 d'une expertise relative a des efflo- rescences libondantes qui s'^taient produites dans une construction toute recente et quon attribuait a la nitrification, je n*eus pas de peine a me convaincre que les sels effleures ^taient formes en. grande partie de carbonate de soude ; et que la chaux qui avait 6t6 employee, chaux hydraulique des environs deTournay, n'avait pas et6 ^trangere aux causes des efflorescences observ^es. Un examen plus minutieux m'apprit bientot que toutes les chaux et notamment les chaux hydrauliques et les ciments naturels contiennent des quantites notables de potasse et de soude. Theorie des chaux hydrauliques. Dans un travail que j'ai eu I'honneur de presenter a I'Academie,, dans la stance du 5 mai 1841, j'ai cherche a expliquer le role que la potasse et la soude pouvaient jouer dans les pierres a ciment, et j'ai admis que ces alcalis servent a transporter la silice sur la chaux et a constituer ainsi des silicates qui au contact de I'eau solidifient une partie de ce corps, constituant une hydratation analogue a celle du platre. Je signalai des lors a I'Academie des faits nombreux a I'appui de cette theorie, celui entre autres de la transformation im- mediate de la chaux grasse en chaux hydraulique, par son seul con- tact avec une dissolution de silicate de potasse. Si, lors de la cms- son d'une pierre a chaux, de la potasse est en contact avec de la silice, le silicate qui se forme doit necessairement reagir, ce ne fut-il' qu'au moment oil la chaux cuite est mise en contact avec de I'eau. . ., . J'ai beaucoup ^tendu mes experiences sur ce point et j ai cons- tate que Ton peut avec de la chaux grasse et du silicate alcalin, tous deux pulverises tres-fin et melanges dans la proportion de 10 a 12 de silicate pour 100 de chaux , obtenir une chaux qui presente tous les caracteres des chaux hydrauliques. Si les matieres n'etaient pas bien pulverisees, la reaction serait tres-incomplete etun eff'et subse- quent a la solidification determinerait bientot une desagregation. Si de mes essais anciens il est r^sulte la possibilitc de convertir un mortier a chaux grasse en mortier hydraulique, en I'arrosant avec COSMOS. £ une dissolution de silicate alcalin ; dans mes essais plus recents, j'ai trouve un moyen de produire iminediatement avec le silicate vi- treux et la chaux des citnents hydrauliques dont on peut varier a volonte I'energie. Cela permettra de faire assez economiquement des constructions hydrauliques sur les points oil il n'existe que des calcaires a chaux grasse. Le silicate de potasse pulverise devient done en quelque sorte un agent hydraulisateur, dont une plus longue experience determinera la veritable utilite. Silicatisation , pierres artijicielles . En voyant la grande afEnite de la chaux pour la sllice dissoute a la faveur de la potasse, je fus naturellement conduit a examiner Taction des silicates alcalins sur les pierres calcaires. La je fus plus heureux encore, car les silicates alcalins devinrent iminediatement I'objet d'applications tres-etendues et d'une haute utility. Voici ce que nous lisons a cet egard dans les Comptes rendus des seances de I'Academie : « En delayant de la craie en poudre dans une dissolution de sili- •' cate de potasse, on obtient un mastic qui durcit lentement a I'air, « en prenant assez de duret^ pour devenir apphcable dans quelques " circonstances a la restauration des monuments publics, a la fabri- «■ cation des objets de moulure, etc. " La craie, en pate artificielle ou en pierre naturelle, plonge'e « dans une dissolution de silicate de potasse, absorbe meme a froid " une quantite de silice qui peut devenir considerable en exposant " la pierre alternativement et a plusieurs reprises a Taction de la " dissolution sihceuse et a Tair : la craie prend un aspect lisse, un " grain serre et une couleur plus ou moins jaunatre suivant qu'elle " etait plus ou moins ferrugineuse. « Les pierres ainsi prepar^es sont susceptibles de recevoir un " beau poll ; le durcissement d'abord superficiel penetre peu a peu " au centre , alors meme que la pierre presente une assez grande " epaisseur; elles paraissentpouvoir devenir d'une utilite incontes- " table pour faire des travaux de sculpture, des ornements divers .. d'un travail meme tres-d61icat; car lorsque la silicatisntion a lieu « sur des craies bien seclies, ce qui est essentiel pour obtenir de " bons resultats , les surfaces ne sont nullement alterees. « Des essais fails pour appliquer ces pierres a Timpriinerie litho- " graphique promettent un succes complet. " Cette methode de transformer les calcaires tendres en calcaires " siliceux peut devenir une conquete precieuse pour Tart de liatir. 5 COSMOS. « Des ornements inalterables u I'humidite, et d'une grande duret^, « peuvent etre obtenus a des prix peu Aleves, et dans beaucoup de « cas un badigeonnage fait avec une dissolution de silicate de po- •• tasse pourra servir a preserver d'une alteration ulterieure d'an- ■u ciens monuments construits en calcaire tendre; ce meme badi- « geoniiage pourra devenir d'une application gen^rale dans les con- « trees oil, commeen Champagne, la craie forme presque I'unique « matifere applicable aux constructions. " J'ai di^montrd experimentalement qu'une partie de la silice da silicate se separe par Taction de I'acide carbonique de I'air, mais que les parties de ce silicate, qui out eu le contact d'une quantite guffisante de carbonate de chaux, passent a I'etat de silicate de chaux. IMon travail, presente a I'Academie en 1841, signalait les nombreuses applications industrielles auxquelles I'injection artifi- cielle de substances min^rales dans I'int^rieur des corps poreux peut donner lieu, soit qu'on opere sur les matieres organiques ou les matiferes inorganiques. Preoccupe de I'importance de toutes ces applications pour I'art de batir, j'ai essaye d'en etendre le nombre, et je viens signaler a I'Academie une serie nouvelle d'observations. Hannonisatioii des nuances des pierres sUicatisees. J'avais donne le nom de silicatisation a cette remarquable trans- formation des calcaires tendres et poreux en c^lcaires siliceux et compactes. Comme les operations de la silicatisation des sculptures et constructions donnent lieu a des colorations de pierres souvent tres-prononcees, ce qui rend les joints plus apparents et les veines plus marquees, je me suis efforce de remt^dier a cet inconvenient. II y avait deux points essentiels et gdneraux a rencontrer : les murs en craie restent trop blancs, alors que certains calcaires ferru- gineux prennent des nuances trop sombres. Pour obvier a ces in- convenients, je produis la silicatisation des calcaires trop blancs avec un silicate double de potasse et de manganese. C'est une ma- tiere vitreuse qui donne utie dissolution brune, laquelle, appliquee a la silicatisation, laisse deposer dans la pate siliceuse artificielle un peu d'oxyde de manganese. L'oxyde de cobalt se combine aussi. mais en plus petite quantite, avec le silicate de potasse. La silice precipitoe par un courant d'acide carbonique est d'un beau bleu d'azur : ce silicate pourra trouver son emploi dans le traitement des marbres blancs. Lorsque les nuances de pierres sont trop foncees, et cela est plus general, j'obtiens d'excellents resultats en d^layant dans la dissolu- tion de silicate de petites quantit^s de sulfate artificial de baryte qui. COSMOS. 7 en penetrant dans la pierre poreuse en meme temps qu'il se forme une couche siliceuse, y reste fixement retenu, entrant, ainsi que nous le verrons plus loin, dans un etat de combinaison chimique. Quant aux joints, ils peuvent se faire avec des ciments ordi- naires, dont les nuances sont dclaircies, au moyen de matieres blanches, mais ils peuvent encore etre plus completement dissimul(^3 avec des fragments de la pierre elle-meme, meles avec du silicate de potasse, le tout pulverise tres-fin au prealable de I'emploi, et applique a I'etat de pate liquide. • Teinture de la pierre. Dans le cours de mes recherches tendant a donner aux pierres silicatisees les nuances destinees a mettre en harmonie les diverses parties de nos constructions souniises'a la silicatisation, avec celles qui n'ont pas subi cette operation, j'ai ete conduit a soumettre les pierres a une veritable teinture en les impregnant d'abord de cer- tains sels m^talliques, pour ensuite y determiner des precipitations de composes colores. Ainsi, en impregnant les pierres de sels de plomb ou de cuivre et en les mettant ensuite en contact avec du gaz sullliydrique ou une dissolution de sulfhydrate d'ammoniaque, j'obtiens a volonte des nuances grises, noires ou brunes; avec le sel de cuivre et le ferro- cyanure de potassium, j'obtiens des nuances cuivreuses, etc. A cette occasion, j'ai fait une observation qui, au point de vue des theories chimiques comme aussi des applications industrielles, n'est pas denuee d'interet. J'ai constate que les calcaires poreux, lorsqu'on les soumet a 1' ebullition dans des dissolutions de sulfates m^talliques a oxyde insoluble dans I'eau, donnent lieu, pendant toute la duree de la reaction, a un degageraent d'acide carbonique et a la fixation a une assez grande profondeur des oxydes metal- liques en combinaison intime avec du sulfate de chaux. Lorsque les sulfates m^talliques sont a oxyde color^, on obtient ainsi de tres- belles teintures en diverses nuances tres-pures-, ainsi, avec le sulfate de fer Ton produit des teintures en rouille plus ou moins fonc^es, selon qu'on opere sur des dissolutions de couperose plus ou moins concentr^es ; avec le sulfate de cuivre, la pierre re9oit une magni- fique teinture en vert; avec le sulfate de manganese, Ton a des nuances brunes; avec un melange de sulfate de fer et de sulfate de cuivre, Ton a une couleur chocolat ; j'ai de meme experimente avec les sulfates de nickel, de chrome, de cobalt, etc., et avec des me- langes de ces sulfates. 81 COSMOS. Les affinit^s qui determinent les reactions en question sont assez puissantes pour que les oxydes metalliques des sulfates puissent etre si completement absorbes par la pierre que, pour certains oxydes, tels que celui de cuivre, il n'en reste pas dans les liquides, aprfes r(^bullition avec un exces de craie, des traces appreciables aux r^ac- tifs les plus sensibles. II est a remarquer que, lorsqu'on opere sur des melanges de sel de cuivre et de sel de fer ou de manganese, ce sont les oxydes de fer et de manganese qui se deplacent les premiers. Lorsqu'on opfere sur des sulfates a oxyde incolore, tels que les sulfates de zinc , de magn^sie ou d'alumine, on obtient ^galement la precipitation des oxydes et lear penetration jusqu'a une certaine profondeur dans la pierre avec dt^gagement d'acide carbonique. Le biphosjihate de chaux donne des rdsultats analogues. Dans la piupart de ces circonstances, pour faire entrer les pierres teintes dans les constructions, ou pour former des mosaiques, il sera utile d'augmenter leur durete par la silicatisation. On proc^dera de meme pour les objets en coquillages, en corail blanc, etc., et dont on aura produit la teinture par les memes precedes, en operant a des pressions diverses. Je terminerai sur ce point par une observation importante , c'est que les sulfates doubles qui se forment en penetrant dans la pierre font corps avec elle et en augmentent la durete au point que, par I'emploi de certains sulfates, tels que celui de zinc, la silicatisation devient moins necessaire. >• Les proced^s que nous venons de decrire tendent a constituer une grande Industrie dont on trouve de trfes-beaux echantillons a I'Ex- position universelle, Annexe du bord de I'eau, galerie centrale, en face des produits des mines d'Anzin. Nous les examinerons avec soin et nous en donnerons un compte rendu d^taille, quand nous traiterons de la section des arts chimiques. L' exposition du cdlebre chimiste de Lille est une de celles qui meritent la plus grande at- tention. EXPOSITION UNIVERSELLE. QUATRIEME CLASSE. — Mecanique generate appliquee a I'industrie. Sixieme section. — Machines a vapeur el a gaz, L'Exposition est loin d'etre encore completement organis^e; de- sireux de commencer le plus tot possible notre compte rendu, nous avons cherclie avec la plus grande attention le groupe, la classe, la section ou le travail d'installation etait le plus avance. C'est ainsi que nous sommes arrive a trailer d'abord la sixieme section de la quatrieme classe, du second groupe. Cette section presente d'ail- leurs un tres-grand int^ret et joue un grand role dans I'Exposition universelle. Entronsen matiere, en suivant notre plan. I. HISTOIRE RAPIDE DES MACHINES A VAPETJR ET A GAZ. Le premier emploi de la vapeur, comme force motrice, est indi- qu^ par Heron d' Alexandria vers I'an 120 avant J.-C. ; il decrit dans ses Spiritalia une sorte d'eolypile install^ de maniere a pouvoir tourner par I'efFet de reaction produit par la vapeur d'eausortant des extr^mites de deux tubes recourbesa angle droit. Agathias raconte qu'Anthemius parvint a ^branler les poutres et les planches d'un plafond en amenant sous ces poutres la vapeur engendr^e dans de grandes chaudi^res pleines d'eau et chauffees par un grand feu. Vers 1563, Mathesius, maitre d'ecole a Joachimstall, exalte, sans le decrire, un moyen d'^lever I'eau et les minerals du fond des mines a la surface du sol, avec I'aide du feu. En 1605 , Flurance Rivault , gentilhomme de la chambre de Henri IV et precepteur de Louis XIII, savait qu'une bombe a parois epaisses et contenant de I'eau fait tot ou tard explosion quand on la place sur un foyer ardent. En 1615, Salomon de Causs, dans ses Raisons des forces mou- vantes.^ montre comment I'eau peut, par I'aide du feu, monter plus haut que son niveau. II dit expressement, thdoreme 1"' : « que la violence de la vapeur qui force I'eau de monter est provenue de ladite eau, laquelle vapeur sortira apres que I'eau sera sortie par le robinet, avec grande violence. » Le P. Lurechon, en 1626, Branca, en 1629, et Wilkins, vers la meme epoque, indiquent comment, au moyen de Teolypile, on chassait de petits projectiles, on faisait tourner de petits moulinets ou des boules, on soulevait des pilons, on enflait des voiles, etc. En 1641, le P. Kircher decrivit un appareil formiS dun vase md- tallique allonge et contenant, a sa partie inferieure, de I'eau que 10 COSAIOS. Ton met en ebullition ; la vapeur, conduite par un tube, remplit un vase sup6rieur et, par I'effet de la pression quelle exerce sur I'eau contenue dans ce vase, la fait jaillir par un ajutage. En 1663, le marquis de Worcester, dans sa Centiirie cV inven- tions, decrit, mais d'une maniere confuse, ce qu'il appelle \q. plus etonnante machine hydraulique inventee par lui. .. J'ai vu , dit-il , I'eau couler d'une maniere continue , comme celle d'une fontaine, a la hauteur de 40 pieds. Un vase d'eau ra- r^fiee par Taction du feu elevait quarunte vases d'eau froide. L'ou- vrjer qui surveille les numceuvres n'a que deux robinets a ouvrir, de telle sorte qu'au moment ou I'un des deux vases est epuise, il se remplit d'eau froide pendant que I'autre commence a agir, et ainsi successivement. Le feu est entretenu dans un degre constant d'ac- tivitt^ par les soins du meme ouvrier ; il a pour cela tout le temps necessaire durant les intervalles que lui laisse la manoeuvre des _ robinets. - Ce n'est au fond, mais plus developpee et plus en grand, que I'idee de Salomon de Causs et Kircher, et Ton ne comprend vraiment pas comment les historiens et les m^caniciens anglais ont pu partir de la pour affirmer que Worcester a le premier con9u I'i- dee et le moyen d'appliquer la vapeur comme agent mecanique. En 1683, sir Samuel Moreland donne un tableau du nombre de livres d'eau qui pourraient etre levies 1 300 fois par heure a 6 pou- ces de hauteur par des cylindres a moitie remplis d'eau et chauffes; il indique les divers diametres et profondeurs desdits cylindres ; et il est tres-remarquable que ses nombres soient si pres de la verity. En 1681, Papin decrivit sa fameuse marmite ; il apprenait a s'en servir pour ramoUir les os et faire cuire toutes sortes de viandes en fort peu de temps et a peu de frais ; il la mumssait d'une sou- pape avec levier destinee a equilibrer la pression de la vapeur dans I'intcrieui' de la marmite. En 1695, dans son Recueil de di- verges pieces , imprim6 a Cassel, il fait connaitre le moyen de faire le vide sous un piston par la condensation de la vapeur d'eau con- tenue dans !e cylindre, p. 52 : « Comme I'eau a la propriete, etant changee par le feu en vapeurs, de faire ressort comme I'air et en- suite de se condenser si bien par le froid qu'il ne lui reste plus aucune apparence de cette force de ressort, j'ai cru qu'il ne serait pas difficile de faire des machines dans lesquelles, par le moyen d'une chaleur mediocre et a peu de frais, I'eau ferait ce vide parfait qu'on a inutilement cherch^ par le moyen de la poudre a canon. •> II ddcrit ensuite la petite machine par laquelle il avait r^ussi a r^a- liser son idee. II est impossible de ne pas conclure de ces faits que COSiMOS. 11 Papin a imagint^ la premiere machine a vapeur a piston et a conden- seur. En 1698, le capitaine Savery fit fonctionner en presence dii roi Guillaume uno machine qui, faisant passer a I'dtat de reahte la pensde de Salomon de Causs, de Kircher et du marquis de Wor- cester, faisait monter dans un tube et jaillir au dehors I'eau sou- levee par Taction directe de la vapeur ; un courant d'eau faisait refroidir et condensait la vapeur qui, dans le reservoir avait pris la place de I'eau expulsee. Cette machine, executee en grand, cora- men9a a fonctionner avec rdgularite, mais avec une perteenorme de vapeur. En 1707, Papin perfectionna la machine de Savery en interposant, entre la vapeur et I'eau qu'elle pressait, un flotteur ou piston a deux fonds ; la surface avec laquelle la vapeur entre en contact s't^chaufTe assez pour qu'il n'y ait plus de condensation sen- sible de la vapeur affluente, on pent alors opdrer a des pressions beaucoup moindres. En 1705, Newcomen perfectionna a son tour la machine a basse pression et a condensation inventee par Papin, de 1790 ii 1795, et construisit ainsi la premiere machine a vapeur qui ait rendu de v^ritables services a I'industrie. Elle consistait dans un cylindre ou corps de pompe metallique vertical ferme par le bas, ouvert par le haut, avec un piston bien ajuste destine a le parcourir dans toute sa longueur; un contre-poids faisait monter le piston dans le cylin- dre en meme temps que la vapeur d'eau arrivait librement a sa partie inferieure ; lorsque le piston etait arrive a I'extremit^ de sa course, une abondante quantite d'eau froide coulait dans I'espace an- nulairecompris entre les parois exterieures du corps de pompe et d'un cylindre un peu plus grand qui lui servait d'enveloppe ; le refroi- dissement se communiquait ainsi peu a peu a toute I'epaisseur du metal et atteignait bientot la vapeur elle-meme ; quand le vide etait fait, le poids de I'atmosphere faisait descendre le piston. Newcomen, simple serrurier du Devonshire, avait etd aide dans ses experiences par un vitrier, Jean Cawley ; Savery s'opposa a la concession de la patente que Newcomen et Cawley sollicitaient , et ceux-ci ne I'obtinrent qu'en s'associant Savery, le premier constructeur de la machine a haute pression. Les deux grandes idees de Papin entre- rent alors en possession du monde industriel, mais elles y entrerent sous trois noms anglais, et chose singuliere, malgre I'opposition d'un savant de premier ordre, Robert Hooke, qui avait tout mis en oeuvre pour detourner Newcomen desonprojet d'ext^cution du plan du me- canicien fran9ais. Au commencement de 1712, Tobservation d'ua 12 COSMOS. simple o.uvrier amena Newcomen a faire pdnetrer I'eau froide de condensation dans I'inti^rieur du cylindre ; la condensation devint ainsi incomparablement plus prompte, et le nombre des coups de piston un peu plus considerable. En 1768, apres de longues series d'etudes et d'experiences qui Tavaient conduit a. reconnaitre qu'un volume donne d'eau reduit en vapeur occupe un volume 1 700 f'ois plus grand; a determiner la quantite de chaleur mise en liberie par la condensation d'un volume donne d'eau ; la quantite d'eau froide qu'il fallait injecter dans le cylindre d'une pompe de NeAvcomen pour obtenir une condensation parfaite; le volume de vapeur qu'une pareille machine depense a chaque oscillation du piston; enfin, la force elastique de la vapeur correspondante a chaque degrc de chaleur; James Watt eut I'heu- reuse idee de condenser la vapeur dans un vase isole separe du cy- lindre, ne communiquant periodiquement avec lui que par un tube, et constamment entretenuaune basse temperature par un courant d'eau froide. Par son condenseur isole, il faisait disparaitre d'un soul coup deux inconvenients eiiormes de la machine de Newcomen, ]e refroidissement des parois du cylindre par I'injectjon de I'eau froide, ce qui amenait la condensation d'une portion considerable de la nouvelle vapeur, Techauffement et la vaporisation d'une por- tion de I'eau de condensation par son contact avec les parois de ce meme cylindre que la vapeur a echauffees et qui rendait le vide imparfait. Le m^canisme du condenseur isole est tros-simple : au moment oil le cylindre est rempli par la vapeur qui a souleve le piston, un robinet s'ouvre et donne issue a cette vapeur dans un vase constam- ment froid ; elle se precipite dans le vase, s'y condense et fait un vide partiel qui attire ou entraine ce qui peut rester encore de vapeurs dans le cylindre, celui-ci est a la fois purge et refroidi. II ne reste plus qu'a se debarrasser, au moyen d'une pompe, de I'eau dchauff^e qui a rempli le condenseur et de I'air surabondant, pour que le jeu de la machine puisse recommencer. Quelques anni^es apres, Watt comprit qu'il y aurait un tres-grand avantage a bannir I'intervention de la pression atmosphcrique, mo- teur reel de la machine de Newcomen, pour faire dependre la force mecanique de la seule action de la vapeur. Dans sa machine a simple effet composee d'un cylindre ferm6 par un couvercle metallique perce d'une ouverture garnie d'^toupe grasseet pressde, de maniere a laisser monter et descendre le piston, la vapeur entre d'abord par un conduit superieur au-dessus du pis- COSMOS. IS ton, presse a sa surface superieure et le fait descendre au fond du cylindre vide ; le bas et le haut du cylindre sont alors mis en com- munication ; le piston , egalement presse sur ses deux faces su- perieure et inferieure , monte par Taction d'un poids additionnel fixe au balancier, et arrive au haut de sa course ; la soupape d'in- troduction de la vapeur se ferme; une soupajje inferieure met le fond du cylindre en communication avec le condenseur, le vide se fait sous le piston ; la soupape d'introduction de la vapeur au-dessus du piston se rouvre, et le jeu de la machine recommence. Dans la machine a double effet la vapeur arrive tour a tour au- dessus et au-dessous du piston ; au-dessus quand le piston doit des- cendre et que sa partie inferieure communique avec le condenseur ; au-dessous, quand le piston doit monter, et c'est alors la vapeur contenue dans la portion superieure du cylindre qui va se liquefier. La machine marche ainsi indefiniment avec une puissance a peu pres egale, soit que le piston monte, soit qu'il descende. Danssa premiere patente de 1769, Watt s'etait reserve le droit, pour le cas oil I'eau froide serait rare, de faire marcher les machines a I'aide de la seule vapeur, laquelle pourrait s'echapper dans I'air apres quelle aurait produit son efFet : c'^tait le principe des ma- chines a haute pression sans condenseur, deja invente par Papin, et decrit par Leupold en 1724; mais il parait que Watt ne donna pas suite a son projet. MM. Trevitchick et Vivian proposerent les premiers, en 1802, les machines a haute pression et a double effet, pour la traction des wagons sur des ornieres en fer. En 1804 , M. Arthur Woolf construisit des machines a haute pression a la fois et a condensation. Quand la machine a vapeur a pousse le piston du premier cylindre jusqu'au bas de sa course et que celui-ci va remonter sous Taction d.'une seconde vapeur qui le pressera da bas en haut ; la premiere vapeur passe dans un second cylindre d'un plus grand diametre , entre au-dessous du piston, le pousse de bas en haut, et va se liqu^fier dans un condenseur isole : une troisieme vapeur arrive au-dessus du premier cylindre, refoulc' son piston de haut en bas, pendant que la seconde vapeur qui a rer leve le premier piston arrive au dessus du second piston et le fait aussi descendre pour aller se condenser a son tour. Les deux pistons marchent done dans le meme sens, leurs tiges fixees a un balancier unique, du meme cote de son centre de rotation, le font osciller par leurs impulsions reunies, et la meme vapeur a produit deux effets avant d'etre condens^e. Ce systeme , analogue a celui decrit pac i!i COSMOS. Horn Blower en 17S1 , presente quclques avantages qui I'ont fait adopter. M. Cav^, le premier, par I'invention de la machine oscillante, a pu lier directement la tige du piston a la manivelle qui fait tourner I'arbre de la machine. Le cylindre est supporte par deux tourillons autour desquels il oscille en tournant tantot a droite, tantot a gauche ; la tio-e du piston , munie de deux roulettes , glissant entre deux tringles ou guides et toujours dirigee suivant I'axe du cylindre, suit la mianivelle dans toutes ses positions, entrainant avec elle le cylin- dre; la vapeur entre par un des tourillons et sort par I'autre, les tiroirs sont portes par le cylindre, et suivent tous ses inouvements. Au lieu de faire tourner le cylindre sur ses tourillons, M. Faivre, vers 1844, le faisait rouler dans une calotte spherique, percee a la base de deux ouvertures rectangulaires, correspondantes a I'entree et a la sortie de la vapeur. II parait que Watt a fait le premier I'essai des machines a va- peur rotatives, formees, en general, de deux cylindres concentriques avec"' des palettes mobiles sur un axe s'inclinant tour a tour ou se re- dressant ; ou avec palettes alternativement sortantes et rentrantes. La premifere machine de ce genre qui ait fonctionnc utilement, en France du moins, est celle de M. Pecqueui- : elle n'a qu'un cylindre circulaire dans lequel circulent deux pistons metalliques ; deux pa- lettes ou obstacles mobiles dont I'une recule pour laisser passer le piston , tandis que I'autre, maintenue fixe, sert de point d'appui a la vapeur, re9oivent leur mouvement du dehors par un double ex- centrique ; Tintroduction de la vapeur se fait par le centre, et les mouvements des palettes ont toujours lieu dans la vapeur de- tendue. La machine rotative de M. de Montferrier a aussi eu quel- que succes. M. Pelletan a transforme le premier en machines utiles les jouets de Lurechon, de Strada, deKircher, qui avaient pour point de de- part I'impulsion de la vapeur sur des palettes. La vapeur lancee dans un canal cylindrique d'un plus grand diametre que le jet, en- traine avec elle I'air affluent; sa masse se trouve ainsi augmentde, sa Vitesse un peu ralentie ; la colonne d'air et de vapeur melanges agit sur une palette ajustee a un axe, et fait tourner cet axe, ou arbre, dont les extr^mites en tourillons reposent sur des coussi- nets places a I'exterieur. La premiere machine a vapeur a reaction et le premier emploi utile de I'dolypile de Heron sont dus a M. Isoard, et datent de la fin de 1844. Un anneau creux vertical, encuivre rouge, d'une ^paisseur COSMOS. 15 suffisante pour resister a I'^norine tension de la vapeur qui doit s'y engendrer, est traverse par un axe dgalement creux, et communique avec lui au moyen d'un canal pratique dans I'epaisseur de I'un des rais qui reunissent I'axe et I'anneau ; la circonference extdrieure de I'anneau porte en un de ses points un ajutage a orifice tan- gentiel ; une petite pompe mise en mouvement par la rotation meme de I'anneau injecte a chaque tour dans I'axe creux une cer- taine quantite d'eau qui passe dans I'anneau dressd sur un foyer circulaire incandescent, et s'y convertit instantandnient en va- peur; cette vapeur a une haute tension sort par I'orifice et fait tourner I'anneau comme une roue a reaction, avec une tres-grande Vitesse. Dans une des machines d'essai de M. Isoard , le foyer concen- trique a I'anneau tournait avec lui ; I'air entraine se precipite sur le combustible, active la combustion et brule la fumee. M. Boquillon a fait remarquer qu'il y aurait de grands avantages a se servir, dans ce genre de machines, comme combustible, du gaz a dclairage. On n'utilise en realite dans les machines a vapeur qu'une trhs- petite portion de la chaleur employee a la production de la vapeur; lorsque celle-ci cesse d'agir dans le cylindre et qu'on la fait com- muniquer soit avec le condenseur , soit avec I'atmosphere , elle rontient encore une quantity de chaleur considerable ; M. du Trem- blay a eu le premier I'idee, vers 1848, d'utiliser cette chaleur en remployant a la vaporisation d'un liquide plus volatil que I'eau, de I'ether ; cette idee a ete le point de depart des machines a vapeurs combinees. Deux pistons separes se meuvent chacun dans un cylin- dre, et recoivent I'un Taction de la vapeur d'eau, I'autre celle de la vapeur d'dther ; les deux pistons agissent simuRanement sur un meme arbre. Lorsque la vapeur d'eau a conduit son piston a I'extre- mite de sa course , elle se rend dans un condenseur forme d'une multitude de tubes hermetiquement fermes et remplis d'ether. L'e- ther en prenant a la vapeur d'eau sa chaleur, se vaporise a son tour, prend une tension considerable et penetre dans le second cylindre, pousseson piston, fait tourner I'arbre, et vient se condenser dans un refrigerant ordinaire. M. Delafond, lieutenant de vaisseau, a pense qu'il y aurait quelqueavantage a substituer le chloroforme a I'ether; sur sa proposition le gouvernement a fait construire une machine a vapeurs combinees d'eau et de chloroforme, actuellement en expe- riences. II nous reste a faire en quelques mots I'histoire des mdcanismes accessoires de la machine a vapeur. 16 COSMOS. Manwelles, volants, parallelogravime articnle. Enl713,unap- prenti appele Humphrey Potter avait eu I'heureuse idee de charger la tige du piston de la machine, d'ouvrir les robinets d'introduction de la vapeur et de I'eau de la condensation, a I'aide de ficelles de lono-ueur convenable. En 1718 le m6canicien Brighton substitua aux ficelles du jeune Potter des tringles de bois armees de che- villes. Watt adopta en le modifiant et le perfectionnant le m(5ca- nisme de Brighton. En 1758, Fitz Gerald proposa de transformer le mouvement rectilione du piston en un mouvement circulaire ou de rotation con- tinu, par I'intermediaire d'un systeme de roues dentees et I'adjonction d'un volant ; c'est evidemment un moyen precieux d'emmagasiner le travail, de depasser les points morts et de regulariser le mouve- ment des machines. Vers 1760 Brindley imagina de regulariser I'entree de I'eau d'ahmentation par I'emploi d'un flotteur. Un peu plus tard, Smeaton perfectionna beaucoup la fabrication des pis- tons et des cylmdres, et dirainua considerablement les pertes de vapeur. Dans ses premieres machines, Watt s'etait contente de garnir la partie supc^rieure de la tige du piston d'une serie de dents qui engreiiaient avec un arc de cercle dente fixe au balancier ; mais en avril 1784: il fit de la portion superieure de la tige le cot^ d'wra pa- rallelogramme articnle en relation par un de ses angles avec un le- vier rigide tournant autour d'une de ses extremites fixes, et dont I'axe du balancier formait le second c6t6; la tige alors se mouvait naturellement en ligne presque verticale et communiquait direc- tement le mouvement au balancier. II restait encore a transformer le mouvement de va-et-vient de ce balancier en un mouvement de rotation continue, pour faire mar- cher une roue ; Watt remarqua que pour resoudre ce nouveau pro- blfeme il suffisait de mettre la tige du piston en communication avec une manivelle semblable a celle que les remouleurs font mouvoir avec le pied. L'mdiscretion d'un ouvrier fit qu'un de ses concur- rents, M. Wasborough, fit patenter le premier 1' application aux ma- chines a vapeur de la manivelle du remouleur. Goiwerneur OM regulateur a force centrifuge. En 1784, pour re- gulariser I'entree de la vapeur dans lecylindre, Watt inventa unap- pareil forme essentiellement d'un axe vertical que la machine faittour- ner : sur I'extremite superieure de cetaxese trouve implants un tou- rillon horizontal auquel sont suspendues deux tingles metalliques terminees par deux boules ; les tiges et les boules tournent avec COSMOS. 17 vertical ; I'axe, s'^cartant plus ou moins de cet axe : emportees par la force centrifuge d'autant plus grande que la vitesse du mou- vement de rotation est plus grande; les boules montent en s'e- cartant, descendent en se rapprochant, et ces oscillations ascen- dantes et descendantes se communiquent par des leviers a la mani- velle de la soupape d'introduction de la vapeur; I'ouverture de cette sonpape est ainsi r^glee automatiquement, et la vitesse de la ma- chine devient sensiblement uniforme. U est juste de dire qu'un mecanisme seinblable avait ete employe bien longtemps auparavant dans les moulins a farine pour ecarter ou rapprocher les meules et r^gler leur action. Detente. Une autre grande idee de Watt est le mecanisme qui fait fermer le robinet d'introduction de la vapeur lorsqu'il est parvenu au tiers ou a la moitie de sa course, pour laisser la vapeur introduite se d^tendre elle-ineme dans le vide et continuer par son expansion a refouler le piston jusqu'a I'extremite du cylindre. L'experience a prouve qu'en faisant ainsi fonctionner la vapeur a detente , on rda- lisait une economie considerable de vapeur et de combustible. La detente de Watt etait une detente fixe ; ce n'est que bien plus tard que Ton a senti la necessite de modifier les dispositions de I'appa- reil de distribution de la vapeur de telle sorte que la detente variable put se prfrduire a volonte ii un degre plus ou moins grand, ou que la vapeur piit agir a pleine pression pendant un temps plus ou moins long, pour se detendre ensuite. Ce n'^tait pas assez encore : on a voulu faire determiner par la machine elle-meme I'occlusion plus ou moins prompte de la vapeur suivant que les resistances ac- tuelles sont plus ou moins grandes ; on a vu apparaitre alors tour a tour les detentes variables d'Edwards, de Meyer, de Farcot, etc. Enveloppe. Watt, pour empecher le cylindre ou corps de pompe de se refroidir, pour le maintenir autant que possible a une tempe- rature sensiblement constante et tres-peu differente de celle de la vapeur fournie par la chaudiere, I'entoure d'une enveloppe. Tiroirs. En 1801 , M. Murray de Leeds inventa le tiroir ou le glis- soir, sorte de lame plate ou cylindrique, servant d'obturateur, fer- mant et ouvrant tour a tour les issues d'entree et de sortie de la vapeur ; une roue excentrique, attachee a I'arbre et que la machine fait marcher, lui imprime deux mouvements opposes pendant cha- cuiie de cesr^volutions, et ces deux mouvements suffisent pour amener success! vement la vapeur au-dessus et au-dessous du piston, pour ou- vrir a la vapeur qui a produit son eflfet, la communication avec le con- denseur. Dans les machines a haute pression et a double efFet, 1 in- 18 COSJIOS. Iroduction de la vapeur en tlessus et au-dessous du corps de pompe , et son degagement dans I'atmosphere apres la detente sont souvent regies par un robinet a quatre roues ou a quatre fins, decouvert aussi par Papin et decrit par Leupold en 1724. Soupape de silrete. La premiere a ete inventee par Papin avant 1682, etelle est encore employee aujourd'liui ; elle consiste en una plaque metallique appuyee contre une ouverture pratiquee dans le gdnf^rateur par le bras le plus court d'un levier ou romaine; un poids suspendu au long bras, a distance variable du centre de rota- tion, exerce sur la plaque des pressions variables et graduees, parmi lesquelles le mecanicien adopte celle qui convient le mieux au genre de travail et a la resistance du generateur. Si la pression de la va- peur devient plus forte, elle souleve la plaque et s'echappedansl'air jusqu'a ce que le poids remporte de nouveau et ferme Touverture. A la soupape de Papin, que le chauffeur pouvait charger outre me- sure, on a ajoute plus tard la rondelle fusible. C'est une petite plaque metallique, soudee sur im trou pratiqu^ dans le generateur ; la plaque est formee d'un alliage d'etain, de bismuth et de ploinb dans des proportions telles qu'il puisse entrer en fusion des que la temperature interieure de la chaudiere devient superieure a celle qui correspond a la pression que la chaudiere doit supporter, ou sous laquelle la machine doit fonctionner. Ces plaques fusibles, meme lorsqu'elles sont serrees entre deux toiles metalliques, ne sont pas sans inconvenients, et il serait dangereux de s'y tier ; imposees autrefois par I'administration, elles sont aujourd'hui presque aban- donndes. Manometre. Le manometre n'est qu'une sorte de barometre destine a mesurer et a montrer a chaque instant au mecanicien la pression de la vapeur au sein de la chaudiere, c'est le moyen de sii- rete le plus efficace. Le plus simple et le plus silr des manometres est le manometre a air libre ; c'est un long tube de verre ouvert par ses deux bouts et f>longeant par son extremite inferieure dans un reservoir de mercure en communication avec la vapeur contenue dans la chaudiere; la pression de la vapeur est mesuree par la hau- teur de la colonne de mercure. Pour ^viter d'avoir a donner au tube une trop grande longueur, on place a la surface du mercure un petit flotteur suspendu a un fil passant sur une poulie en equilibre par un contre-poids; ce contre-poids devient alors I'indicateur des pres- sions, le mecanicien les lit sur une echelle divisee, appliquee contre le tube. Dans les machines a tres-haute pression, on emploie force- ment le manometre a air comprime, tube ouvert a son extremite COSMOS. 19 inferieure, plongeant dans un vase de mercure en communication avec la chaudiere, rc-mpli d'air, et ferme a son extr^mite superieure; a mesure que la pression augmente, I'air du tube se comprime en suivant la loi de Mariotte et occupe un volume de plus en plus restreint ; ce volume , qu'on lit sur une echelle graduee, donne la tension de la vapeur en atmospheres. M. Bourdon, partant d'une idee emise autrefois par Conte, et tres-heureusement rcalis^e, pour la premiere fois, par M. Vidi, dans son barometre aneroide sans liquide, a imaging un manometre metallique aujourd'hui tres-n^pandu. Sa piece principale est un tube ou tuyau courbe en cuivre, ouvert a I'une de ses extremites fixe et en communication avec la vapeur de la chaudiere, fermd a son autre extruaiite mobile ; a mesure que la pression augmente, le tuyau se gonfle, sa courbure change, il tend a se redresser; son ex- tremite libre se d^place, et fait mouvoir une aiguille par I'interme- diaire d'un bras de levier; la position de la pointe de I'aiguille sur un cadran divise mesure et indique la pression de la vapeur. Comme le tube en fonctionnant peut perdre son elasticity, il est necessaire de controler de temps en temps ses indications en les comparant a celles d'un barometre a air libre, le plus siir de tous. Indicateurs de nweau, et Jlotteurs. Une des principales causes d'explosion des machines a vapeur est I'abaissement trop conside- rable de I'eau dans la chaudiere ; pour connaitre a chaque instant le niveau de I'eau ou la hauteur a laquelle elle s'eleve, on a d'abord employe un simple tube communiquant avec I'interieur de la chau- diere, et fixe contre ses parois a I'aide de deux tubulures en cuivre, une en haut, I'autre en bas; le niveau interieur est indique par le fait que I'eau s'eleve necessairement a la meme hauteur dans les deux tubes. Plus tard, on a muni la chaudiere de deux robinets assez rapproches, et places I'un au-dessus, I'autre au-dessous de la posi- tion que le niveau de I'eau doit occuper constamment ; en ouvrant tour a tour ces deux robinets, le chauffeur doit voir sortir I'eau par le robinet inferieur, la vapeur par le robinet supurieur. On a propose ensuite le fiotteur, sorte de boule Equilibree de maniere a rester a la surface de I'eau, a s'elever ou a s'abaisser avec elle ; une tige me- tallique verticale, lice au flotteur, traverse la parol superieure dans une boite a etoupe, avec frottement convenablementdoux ; I'extremite de la tige parcourt une echelle graduee, et I'ouvrier peut ainsi suivre tous les deplacements du niveau d'eau dans la chaudiere. II parait que M. Sorel a eu le premier I'idee de transformer le flotteur simple en un flotteur avec sifflet d'alarme. Sur le levier courbe qui unit le 20 <:OSMOS. flotteur a son contre-poids, et qui a son centre de rotation sur une tio-e verticale fixee a la paroi sup^rieure de la chaudiere, on a plac6 du cote de la boule et trfes-pres de ce centre de rotation une petite pi&ce conique, qui appuie centre I'orifice d'un tube vertical substi- tu4 a la tiqe du ilotteur ordinaire, et ferine cat orifice. Si I'eau vient a baisser, le flotteur descend, entrainant la pibce conique ; le tube s'ouvre : la vapeur s'cchappe sous forme de lame circulaire qui vient se briser contre le bord tranchant d'un timbre qu'elle met en vibra- tion, en produisant une sorte de sifflement. Indicaieur de la pressio)i dans le cylmdre, totalisateur. Ce qui determine ou mesure le travail d'une machine a vapeur, c'est la pression non pas dans la chaudiere, mais dans le cylindre. II serait d'ailleurs impossible d'appr^cier la pression de la vapeur dans le cy- lindre au moyen du manomfetre, surtout quand on emploie les d^- tentes qui ferment la communication entre la chaudiere et le cylindre. Pour y suppleer. Watt a con9u et execute I'indicateur qui porte son nom. C'est une boite cy]indrique,vissee sar le fond du cylindre, ou- verte par en bas, et inunie d'un piston dont la tige est fixee a un ressort a helice. La vapeur exerce sa pression contre le piston ; ce- lui-ci cfede et presse le ressort a boudin qui se comprime d'autant plus que la force ^lastique de la vapeur est plus grande ; la tige du piston est ainsi plus ou moins soulevee ; un index fixe a son sommet correspond ii divers points d'une echelle divisee tracee sur la boite cylindrique, et indique les pressions diverses de la vapeur dans le cy- lindre. Un Anglais, M. Magnaught, en 1831, a grandement perfec- tionn6 I'indicateur de Watt, en armant la tige d'un crayon qui trace sur une feuille de papier la courbe des pressions; cette courbe, dont la forme variable et I'aire plus ou moins grande manifestent aux yeux les changements survenus dans la pression, permet, par un calcul facile, d'appr^cier I'effet utile ou le travail de la machine. L'indicateur perfectionn6 s'appelle totalisateur. M. Paul Gamier a eu I'heureuse idee de remplacer le ressort unique de Watt, anim^ de mouvements en sens contraires , forc6 tour a tour de se compri- mer et de se detendre , ce qui lui faisait perdre bientot son elasti- cite, par deux ressorts agissant toujours par compression, et servant I'un pour les positions du piston au-dessous de la ligne de pression atmosph^rique, I'autre pour les positions au-dessus. M. Gamier a encore perfectionn^ le mode d' en registration en enroulant sur deux cylindres une longue bande de papier qui peut recevoir plusieurs courbes successives; leur comparaison sera plus fructueuse, si Ton emploie en meme temps le compteur de tours invente par le meme COSMOS. 21 artiste, pour enregistrer le nombre des coups de piston et la dur^e totale du jeu de la machine. Chaudieres et generateurs . Les chaudieres de Newcomen avaient une forme demi-sph^rique. Watt adopta la forme prismatique ou a tombeau, concave par le fond, cylindrique a la partie superieure, verticale sur les faces lat^rales. Aujourd'hui, le plus souvent , les chaudieres , construites en forte tole rivee , sont formees de deux generateurs ou cylindres termines par des calottes spheriques, I'un d'un grand diametre, et qui est la chaudifere proprement dite, I'autre d'un diametre beaucoup moindre et qui se nomme bouilleur ; les deux cyhndres communiquent entre eux par de gros tubes ; le bouilleur re^oit le coup de feu, il est plus vile hors de service ; mais il preserve en meme temps le generateur. II faut defendre avec soin et delivrer a temps les generateurs des incrustations ou croutes ter- reuses plus ou moins compactes qui les tapissent a I'interieur, sur- tout quand on emploie de mauvaises eaux ; ces incrustations re- tardent la transmission de la chaleur, alterent le metal, et peuvent determiner une explosion en se brisant tout a coup, et mettant I'eau subitement en contact avec une paroi rouge. M. Dallery aurait le premier fait construire la chaudiere ou gd- n^rateur tubulaire forme de tubes de cuivre verticaux, juxtaposes et environnes de feu. On adniirait, a I'Exposition de 1844, une chaudiere de M. Seguier, composee de tubes de 6 pouces de dia- metre, communiquant I'un avec I'autre, dans lesquels I'eau circule par la difference de temperature, et s'ouvrant avec la plus grande facilite pour le nettoyage. M. Seguin aine a certainement con9u et fait construire le premier la chaudiere tubulaire actuelle des loco- motives, formee de tubes a travers lesquels passe la flamme ou le feu, et entoures de I'eau qu'il s'agit de reduire en vapeurs; cette disposition tres-heureuse a permis, avec un generateur de formes reduites de produire, dans le meme temps, une beaucoup plus grande quantite de vapeur. II. MACHINE A VAPEDR A l'EXPOSITION DE 1849.. Voici en quelques lignes les principales recompenses decernees et les titres des laureats, dans les termes memes du rapport ; 1° Medailles d'or : 1" a M. Farcot, esprit fecond , actif, plein d'idees neuves, et , en meme temps, esprit essentiellement pra- tique. Par la disposition de ses generateurs, sa distribution a de- tente variable, ses soupapes a pressions equilibrees, ses enveloppes, et I'excellent ajustement de tout son mecanisme , il est parvenu a 22 COSMOS. construire des machines a vapeur, tantot a un cylindre, tantot a deux cylindres qui realisent une economie considerable de combus- tible ; 2" a M. Eugene Bourdon. Ses machines, construites avec les soins les plus consciencieux , portent un cachet de bonne fabri- cation ; tout y est bien etudie , bien compris et bien execute ; son^ nouveau flotteur avec lentille metallique de forme tres-inalterable, son nouveau manometre metallique, son ingenieux mecanisme de regularisation par le moderateur de AVatt, ses divers systemes de detente variable m(^ritent les plus grands eloges, et seront certai- nenient acceptes par I'industrie. 2° Medailles d' argent : 1" a M. Trezel , pour sa solution simple et des plus satisfaisantes du difficile probleme qui consiste a rendre la detente variable a volonte pendant la niarche de la machine ; 2" a M. Tamisier, pour les iiombreux perfectionnements apport^s a la construction des chaudieres et des machines a vapeur a haute pression ; 3" a MM. Givord et Cie, de Lyon, pour la machine de 12 chevaux, a vapeurs d'eau et d'ether, distinctes et separ^es, mais a efTets combines, dont I'idee et I'invention appartiennent a M. du Tremblay ; 4" a M. Frey de Belleville, pour deux dispositions tres- ingenieuses realisees dans ses machines oscillantes ; et qui con- sistent, la premiere a chaufTer le cylindre, en faisant circuler autour de lui les produits de la combustion avant qu'ils p^netrent dans la cheminde ; la seconde a emprunter au modc^rateur la force ndcessaire pour regler a la fois I'arrivee de la vapeur et sa detente ; 5° a. MM. Le Gavrian et Farineu , pour des perfectionnements impor- tants apportes au systeme de Wolff, et qui ont realist une economie considerable de charbon : ce perfectionnement consiste a s^parer les deux cylindres , a rendre independants les mouvements de leurs tiroirs, de telle sorte qu'il y ait une avance a I'echappement dans le petit cylindre , il en resulte un partage du point mort qui permet quelquefois de supprimer le volant ; 6" a M. Roufflet, pour avoir reduit ses machines a vapeur portatives et a haute pression au mi- nimum de masse , de volume et d'espace , sans rien sacrifier de ce qui pouvait assiirer leur parfaite solidite ; 7° a M. Leloup , [pour ses petites machines a vapeur usuelles , de quelques chevaux de force grandement perfectionnees. 3° Medailles de bronze: a M. Stoltz ; a M, Desbordes, pour ses appareils de surete; a M. Duval, pour ses modeles ; a M. Girau- don , pour ses machines avec enveloppe et detente variable ; a M. Kiensy, pour sa machine a vapeur d'epuisement ; a M. Lari- vifere , pour son r^gulateur a air de la detente , qui maintient trfes- COSMOS. 23 efficacement les machines a leur vitesse de regime lorsqu'on les decharge subitement du tiers, de la moitie , de la totalite du travail qu'elles doivent accomplir ; a MM. Molinie-Saint-Clair, pour leur K^gulateur de la marche des moteurs en general ; a MM. Taillefer, pour leur grille mobile fumivore dont les resultats sont les plus sa- tisfaisants. 5° Mentions honorahles . A M. Charpin, pour une machine de deux chevauxd'un nouveau systeme, que le rapport ne decrit point ; a M. Duclos ; a M. Hallet; a M. Bernard, pour son regulateur a mouvement differentiel ; a M. Leclerc, pour une machine d'un nou- veau systeme ; a M. Bezaut, pour manometres a sifflets d'alarme j a M. Danguy ; a MM. Cannet et Corzonnier, pour une petite ma- chine d'un tiers de cheval ; a M. Denniee ; a M. Lecoiiite, pour avoir essaye de suppleer au parallelogramme par une disposition particuliere. [ill. MACHINE A VAPECR A l'exPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES. 1" Medailles de conseil. 1. A MM. John Penn et fils, pour une machine de douze chevaux, a deux cylindres oscillants, pour la na- vigation sur les rivieres. Le grand avantagede cette machine, avan- tage compens^ par des inconvenientsassez graves, consiste aoccu- per relativement tres-peu d'espace : pour Tobtenir, MM. Penn donnent a leur machine une forme toute nouvelle ; ils convertissentle piston en une sorte d'anneau circulaire muni de tiges glissnat le long de rainures en stuffing-box menagees dans la paroi des cylindres, et allant s'dpanouir au sein d'un organe nouveau[appeld par eux ^/u^X-, tronc, de 14 poucesde diametre, au centre duquel est fix^e la bielle de jonction, liee directement a lamanivelle de I'arbre de couche. 2. A M. Cockerill deSeramg, pour une paire de cylindres oscillants places des deux cotes de la bielle, de telle sorte que chacun des pistons donne son coup dans une position inclinee de son cylindre ; pour une machine portative de trois chevaux, combin^e de telle sorte que le generateur transport^] avec la machine serve de point d'appui au mecanisme travailleur fixe contre lui ; pour une petite machine-donkey munie de sa pompe et de sa boite a soupape, ayant pour objet de faire servir utilement la vapeur que Ton rejette par le tuyau de decharge , a remplir les bouilleurs, a faire le service des pompes , a puiser a la mer I'eau n(5ces3aire pour laver le pont , a ^teindre les incendies, etc. ; pour leur locomotive et I'ensemble des machines exposees par ce grand ^tablissement. 2° Medailles de prix. 1. A M. Watt et Cie, pour une couple 21 COSMOS. de cylindres horizonlaux doubles, a action directe, de la force de 700 chevaux, destines a mettre en mouvement une h^lice : les deux cylindres de chaque machine, opposes I'un a I'autre en travers du navire, travaillent par I'interm^diaire de bielles de jonction munies de "ui'des, et agissant sur la meme manivelle, liee a I'arbre de I'hi^Hce; les manivelles des deux machines sont a angle droit, Tune par rapport a I'autre. 2. A M. Charles Atherton et Cie, pour un nouvel indicateur patente a I'aide duquel la machine, en travaillant, enreo-istre elle-meme les variations de la pression. 3. A MM. Clay- ton, Shuttleworth et Cie, pour une machine oscillante portative et a, action directe de six chevaux, de construction simple et tres- facile a manoeuvrer. 4. A M. Flaud, pour une machine a haute pression et a action directe, de cinq chevaux, construite sur le prin- cipe de la substitution de la vitesse a la masse, avec 500 coups de piston par minute ; les parties en rotation sont parfaitement equili- br^es, les actions exercees sur les supports par la force centrifuge et le frottement sont ainsi considerablement diminu^es. 5. A MM. Pope et fils, pour une machine oscillante de cinq chevaux, tres-bien cons- truite'et fonctionnant parfaitement. 6. A M. Schmidt, de Vienne, pour un gouverneur parabolique ; les boules, au lieu de docrireune sphere, d^crivent un paraboldide de revolution. 7. A M. Siemens, pour son gouverneur chronometrique, tres-approuve et tres-r^- pandu. 8. AM. Nasmyth, de Manchester, pour une petite machine a vapeur portative ; le piston agit de haut en bas, les cotes du la chassis qui porte le cylindre lui servent de guides, les supports de manivelle et le volant sont fixes fermes sur la base de la machine ; ce mode de construction est solide, economique, durable et d'un tres- bon usao-e. 9. AM. Crosskill, pour une tres-bonne machine oscil- lante portative, de cinq chevaux. 10. A M.Edwards, pour une tres- bonne machine a haute pression et action directe, de cinq chevaux. 11. A MM. Simpson et Shipton, pour une machine a haute pres- sion, a coups tres-courts, altern^s. 12. AM. Davies, pour une paire de machines a vapeur tournant elliptiquement, avec un gouverneur automatique de construction nouvelle. 3" Mentions honorables. A MM. Stoterth, Slaughter et Cie; a MM. Lynch et Inglis; a MM. Ransomes et May ; a la conipagnie Butterley ; a M. Evans; a M. Hawthorn ; a M. Wilson ; tiM. Cons- table , pour une roue-volant compensatrice tres-ingenieusement construite, a M. Tuck, pour un regulateur pneumatique de la vitesse des machines a vapeur ; a M. Mather, pour des anneaux-ressorts de pistons, d'un tres-bon Usage. [La suite au prochain numero.) ACADEOIIE DES SCIENCES. SEANCE DD 2 JOILLET. M. Isidore GeofFroy Saint-Hilaire , au nom de M. le marochal Vaillant, presente un nouveau rapport de M. Hardy sur Tacclima- tation du ver a soie de ricin. M. Hardy est parvenu a sa quatrieme education; toutes ont parfaitement reussi; on pourra multiplier in- definiment cette espece nouvelle ; sous ce rapport il ne reste done rien a desirer. Mais M. Hardy est plus convaincu que jamais que les fils des cocons de ce ver ne forment pas un brin continu , qu'ils sont reellement coupes , qu'ils ne pourront par consequent pas etre d^vid^s, que la soie recueillie ne sera jamais qu'une sorte de bourre, d'une valeur trop minime pour payer les frais d' education. Au point de vue Industrie!, cette acclimatation n'aura done aucun resultat ; on ne pourra clever avec profit le nouveau ver que dans les re- gions oil le ricin peut fournir une quantite suffisante d'huile pour abaisser considerablement le prix de la feuille. Nous avons deja dit que, dans I'opinion de M. Cornalia, les fils n'etaient coupes que dans la chemise exterieure du cocon, que dans la portion interieure ils ^taient simplement ployes et colles , mais M. Hardy croit avoir refute cette opinion par des arguments irresistibles, Ce fait prouve une fois de plus combien les acclimatations les plus naturelles etles plus faciles en apparence sont entour^es de difficultes. — M. Payen communique la suite de ses recherches sur les ma- tieres grasses extraites de la chair des poissons. Les nouvelles ex- periences avaient pour objet et ont eu pour resultat d'abord d'cta- bhr des differences nettes et caracteristiques entre ces diverses sortes de matieres, puis de prouver que ce sont des substances alimentaires et digestibles. Nous revindrons sur cette communication. — M. Gratiolet lit une suite a son Memoire sur les lobes du cer- veau des animaux de I'ordre des primates. Nous I'analyserons avec soin. — M. Ealard, au nom de MM. Berthelot et de Luca, annonce q^ue ces habiles chimistes sont parvenus a produire artificiellement I'essence de moutarde, en partant de la glycerine et du fait decou- vert par M. Wertheim, que I'essence de moutarde peut etre regardee comnie unecombinaison d' essence d'ail etd'acidesulfocyanhydriquej: « Dans un premier memoire, pr^sent^ a I'Academie , nous avons montr^ que la glycerine, traitee par I'iodure de phosphore, donne naissance au propylene iode, C'^H'^I. Or, la formule de I'es- sence d'ail, C^H^S, ne difFere de celle du propylene iode que par 26 COSMOS. la substitution du soufre a I'iode. II suffit done, d'npres ces for- mules, d'operer cette substitution, puis de combiner le produit sulfo- cyanhydrique, pour obtenir I'essence de moutarde. Nous avons r^alis6 dans une seule operation cette double reac- tion, en traitant le propylene iod^ par le sulfocyanure de potassium : C6h3I-|-C2AzKS2 = C8HSAzS2 + KI. La rdaction execut^e en vase clos a 100° est complete en quel- ques heures : I'essence de moutarde et I'iodure de potassium sont les principaux produits auxquels elle donne naissance. Le liquide ainsi obtenu possede les proprietes connues de I'es- sence de moutarde; il exerce la meme action irritante sur les yeux et sur la peau; il bout vers la meme temperature ; traitc par I'am- moniaque, il fournit de la meme mani(?re la thiasinnamine (decou- verte par M. Dumas, et qui est caracteristique de I'essence de mou- tarde). C8H5 AzS2 + AzH5 = CSRSAz^S^. Voici la composition de la thiasinnamine ainsi pr^par^e : Carbone 40,9 j j C = Al,4 "lotr"" 23'J ^^f™l«-'S« Az^^l'.l Soufre aS^O ) | S = 27,6 Cette thiasinnamine ne pr^sente pas seulement la meme compo- sition, les memes proprietes generales de la thiasinnamine obtenue avec I'essence naturelle, mais encore, d'apres nos d^erminations numeriques, la forme cristalline de ces deux substances est tout a fait identique. Ainsi, le propylene iode, d^riv^ de la glycerine, donne naissance a I'essence de moutarde : une telle origine rattache de la ma- niere la plus directe cette essence, ainsi que I'essence d'ail, aux se- ries g(5nerales de la chimie organique. Elle montre en effet que I'es- sence d'ail peut se deduire du propylene, C«H^ I'un des carbures correspondants aux alcools ; I'essence d'ail c'est du propylene sul- fure, c'est-a-dire dans lequel un Equivalent d'hydrogene a Ete subs- titui a un Equivalent' de soufre ; quant a I'essence de moutarde, c'est du sulfocyanure de sulfoprapyline. Ce resultat gEneralisE permettra sans doute d' obtenir des com- poses semblables avec les autres carbures homologues du propy- lene, avecle gaz olefiantnotamment. Nous avons I'intention de faire quelques essais dans cette direction. " MM. Berthelot et de Luca ajoutent que I'essence de moutarde, €n raison de ses analogies avec laglycdrine, pourra etre formEe au COSMOS. 27 moyen des substances grasses neutres si abondantes dans les veg^- taux et surtout dans les cruciferes. — M. Ch. Fernaont lit les conclusions de ses recherches sur le nombre type des parties de la fleur chez les dicotyledones. Le fragnnent suivant donnera une idee assez complete du travail de I'anteur, qui semble conclure que le nombre type est le nombre 6. " Depuis que cette idee de nombre nous pr^occupe, nous avons , tous les etes, et cela dans le courant d'une quinzaine d'annees, passe en revue a peu pres 1 000 genres. " Sur ces 1000 genres, 119 ontlenombreS ou son multiple a Tun au moinsdeleurs verticillesfloraux.et cela d'une maniere assez cons- tante pour qu'il puisse etre regarde comme etant d'une certaine valeur caracteristique. 188 autres genres pr^sentent constamment le nom- bre 6 a un ou plusieurs verticilles de leurs fleurs, ce qui fait 307 genres chez lesquels nous avons constamment trouve le nombre 6 ou I'un de ses multiples ou sous-multiples. II ne reste done plus que 693 genres paraissant avoir le nombre 5 comme type ; mais, sur ces derniers, nous en avons trouve 46 ayant le nombre 4 aussi frequent que le nombre 5, et 69 presentant tres-souvent le nombre 6, ce qui fait 115 genres chez lesquels il semble que le nombre 5 ne soit pas plus le type des parties de la fleur que les nombres 4 ou 6, de sorte qu'en les retranchant encore de 693, il ne reste que 578 genres reellement caracteris^s par le nombre 5; et encore ce nombre n'est-il pas constant dans les ^tamines et surtout les carpelles. Or, meme dans Ijeaucoup de fleurs de ces 578 genres, nous avons parfois ob- serve des verticilles de 6 parties. Enfin si Ton observe qu'il existe un grand nombre de genres de dicotyledones qui n'ont que 1 , 2 et 4 parties a leurs verticilles floraux , on reconnaitra que c est tout au plus si Ton peut compter la moiti^ des dicotyledones ayant 5 parties a leurs verticilles floraux, et Ton arrive ainsi naturellement a se demander si le nombre 5 est bien reellement le nombre type de ce vaste embranchement des veg^taux. " On peut, d'ailleurs, observer encore que le nombre 2'est un des sous-multiples de 6, et qu'il ne saurait etre celui de 5 , ce qui est un argument de plus en faveur du nombre 6 comme type. Nous ferons ult(5rieurement connaitre comment le nombre 4, qui peut etre regarde comme le nombre 2 double , se trouve encore se rapporter au nombre 6 plutot qu'au nombre 5, et Ton comprendra alors que le nombre 5 soit, dans les dicotyledones, une sorte d'exception plutot que la rfegle. « A la vc-rite, le nombre 5 est relativement plus fr(^quent que cha- jg. COSMOS. cun des autres nombres en particulier, et Ton con9oit qu'il ait du etre ret^ard^ comme le type des dicotyledones. Mais peut-etre sera-t-on disposd a partager la maniere de voir vers laquelle tend cette dis- sertation , si Ton veut bien remarquer que les avortements et les soudures sont souvent une cause de diminution de nombre dans les parties d'un verticille floral , et que le nombre 6 , regarde comme type, presente sur le nombre 5 des avantages incontestables dans la theorie phytogenique. C'est ainsi : 1° qu'il est en rapport de nombre avec celui des monocotyl^dones ; 2° qu'il a pour sous-mul- tiple le nombre 3 qui est possible ; tandis que 2 1/2, sous-multiple de 5, ne saurait I'etre ; 3" que, pour la raison precedente, il a une communaut^ de rapport avec le nombre 3 que le nombre 5 ne presente pas ; 4° qu'il satisfait mieux a loi d'alternance quand ce nombre 3 se presente dans le gynec^e, par exemple ; 5° qu'il a un rapport plus ou moins direct avec les nombres 2 et 4 ; 6° enfin , qu'il a en sa faveur cette raison geometrique qui veut que 6 spheres, cercles ou cellules de meme grandeur en environnent, circulairement et en se^touchant, une septieme qu'elles touchent toutes <5galement, M. Valenciennes lit un nouveau memoire sur diverses subs- tances caracteristiques extraites des tissus animaux. Nous n'avons, malheureusement, pu rien saisir de sa lecture. — MM. Gide et Barral oifrent a I'Acad^mie le sixieme volume des oeuvres d'Arago, le second volume de I'astronome populaire. — Un ingt^nieur raecanicien dont le nom nous a echappe annonce qu'il a r^ussi complt^tement a regulariser Taction de I'acide carbo- nique liquide, de maniere a pouvoir employer sa vapeur dans Tin- dustrie, avec des avantages considerables. — M. Catalan adresse une note sur la surface dont les deux rayons de courbure en chaque point sont egaux et de signe con- traire. — M. Pouchet, de Rouen, reclame contre M. Chatin la priority, de decouverte des nouveaux organes signales dans quelques especes de callitriche. — M. Ossian Bonnet continue ses recherches sur les lignes geo- d^siques. — M. Bijon donne de nouveaux details gur une fatale pratique introduite dans 1' Industrie des soies, et qui consiste a les charger de sels ou acetate de plomb. A. TRAMBLAY, jyroprietaire-gerant. Paris. — Imprimerie de W. Remquet et Cie, rue Garantitre, 5. T. VII. 13 JUILLET 1&5.J. QHATRIEME ANNEE. COSMOS. KOUVELLES ET FAITS DIVERS. M. le colonel Sabine, secretaire general de I'Association britan- nique pour I'avanceiTient des sciences, a bien voulu nous annoncer lui-meme, par une lettre en date du 27 juin , que ce jour-Iu nous avions ete nomme nieivibre correspondant de celte grande Associa- tion qui a d^ja tant fait pour les progres de la science; c'est un honneur dont nous somnies justement fier. L'illustre colonel nous apprenaiten outre, et nous Ten remercions cordialement, qu'il avait regu ordre du conseil de nous envoyer pour les salons du Cosjuos tous les volumes parus depuis 1831, des Rapports ou Coinptes rendus annuels des reunions de I'Association britannique; c'est une collection emineminent precieuse de plus de vingt volumes, tres- ricbes de theories et de faits, oil toutes les conquetes de la science sont fidelement enregistrees. — Le Siecle publiait dans son nuniero de lundi dernier un des- sin informe avec description de la machine infernale sous-marine, pechee dans les passes de Cronstadt. Si Ton en juge par cette des- cription , la machine tant redoutee n'aurait rien d'extraordinaire, elle ne serait meme guere redoutable, I'electricite n'y jouerait au- cun role, et nous ne comprendrions pas qu'on en fit honneur a un physician celebre. C'est tout simplement un cone renverse, la base en haut , la pointe en bas, leste par des blocs arrondis de granit, divise en deux coinpartiments, I'un inferieur contenant de 6 a 8 li- vres de poudres, I'autre superieur, plein d'air, qui fait flotter I'ap- pareil. Un tube rempli de poudre-coton traverse le compartiment superieur et penetre au sein de la poudre dans le compartiment in- ferieur, son autre extr^mite est en communication avec une fiole en verre remplie d'acide sulfurique, support^e par des barres de zinc, et qui doit se briser quand un vaisseau vient heurter ces barres^ I'acide coule alors dans le tube, enflamme la poudre-coton, le co- ton enflamme met a son tour le feu a la poudre a canon du reser- voir inferieur. Qu'on ne s'y trompe pas, ces appareils eclaircurs ne sont que de simples bouees explosives, construites parle genie; 2 so COSMOS. ce ne sont certainement pas les fulgurateurs ^lectriques dont M. Ja- cob! a hdrisse les cotos de la Finlande et de la mer Noire ; ces fulgu- rateurs sont beaucoup plus pres du rivage et doivent detoner a la volonte d'une vedette charge de faire partir I'etincelle electrique. Qu'il nous soit peniiis a cette occasion de defendre M. Jacobi, qui est pour plusieurs inembres de notre Academie des science?;, et pour nous, un ami plein d'honneur, d'une accusation formulae d'abord par le Constitutionnel, repiUee depuis par tous les journaux. Le docteur Jacobi , c'est ainsi qu'on I'appelle , n'est nullement un aventurier qui serait venu offrir ses services a I'Angleterre et a la France, qui, aprfes avoir vu ses offres repoussees, aurait vendu son secret a la Russie; ce recit est a la fois un conte ridicule et une odieuse ca- lomnie. M. Jacobi, frere de I'illustre mathematicien de Berlin, est a Saint-P^tersbourg depuis plus de trente ans : naturalist Russe comme tant d'autres Allemands, membre distingu^ de I'Acad^niie des sciences, favori de I'empereur Nicolas, qui lui a confix un grand nombre de missions scientifiques , il a re9u des lettres de noblesse et obtenu que ses enfants seraient elev^s a I'^cole des cadets , il est enfin parvenu au grade de general ; c'est done comme sujet et comme g^n^ral de la science qu'il s'est vu charge de la defense des cotes de son pays, et nuliement comme un miserable colporteur de moyensde destruction. '"' — On lisaitdans la Patrie de mardi dernier : M. Arnault, direc- teur de I'Hippodrome , a et^ admis bier a conduire aux Tuileries deux Aztecs qu'il vient d'engager. Sa Majesty a examine avec un veritable intdret ces deux petits etres qui appartiennent a une race humaine inconnue jusqu'ace jour. Ces deux aztecs, dont les formes corporelles sont charmantes et qui ont une physionomie d'oiseau avec des cheveux soyeux et fins comme de la plume, ont et6 I'objet d'une vive curiosity et d'un grand ^tonnement. lis ont fait I'admi- ration de M. Serres , le savant professeur d'anatomie au Museum d'histoire naturelle, qui ^tait present. Ces deux etres extraordinaires ont ^t6 trouv^s dans la ville nou- vellement ddcouverte d'lximaga (Am^rique centrale). L'un de ces deux aztecs est un gar9on , I'autre une fille. Le gar9on parait ag^ de dix-neuf ans , sa hauteur est de 30 pouces 6 lignes, son poids est de 25 livres, la circonference de la tete est de 10 pouces 3 lignes. La fille, qui parait agee de qiiatorze ans, est haute de 25 pouces, eile pese 18 livres, la circonference de sa tete est de 9 pouces, 4 lignes. Tous deux sont gracieux, leur corps est svelte et de pro- pcrlions parfaites; la fille a les ^paules les plus correctcs. Leur teint COSMOS. 31 est Idg^rement cuivr^ , leur vivacite est extraordinaire : ils sont toujours en mouvement, ils marchent et courent avec la legeret^ de I'oiseau. Ils sont doux, dociles , de I'humeiir la plus enjou^e. Ils changent a chaque instant de caprice. Ils ainient lesfleurs, mais ils les effeuillent et les repandent aussitot. Ils exaininent en tons sens les objets qu'ils voient pour la premiere fois. Ces deux etres si ^tranges vont etre I'objet d'un examen serieux de la part des mem- bres de l' Academie des sciences et des autres hommes comp^tents dans la science anthropologique. — Sir Roderick Murchison a fait recemment a la Society royale de Londres une communication tres-interessante relative a une pre- tendue pierre meteorite , trouvde dans le coeur d'un vieux saule a Battersea. Lorsque cet echantillon apparut pour la premiere fois, avec son aspect tres-caracteristique de scories, avec le temoignage de plusieurs personnes vivant sur la localitt? et affirmant que sur une de ses faces I'arbre apparaissait bless^ depuis que, soixante ans auparavant, il avait et6 frappe pendant un orage ; on futnatu- rellement enclin a penser que c'etait une pierre meteor'que. Cette opinion prit plus de consistance lorsfjuon eut trouv^ dans la portion mdtallique de sa substance du nickel , ilu cobalt , du manganese. Mais une analyse plus exacte faite par le docteur Percy a constat^ que le fragment trouv^ dans le coeur de I'arbre, aussi hien que d'au- tres fragments d^couverts prfes de ses racines, ^taient de nature compldtement identique a celle des rdsidus de hauts-fourneaux ; personne d'ailieurs n' avait vu tomber la pierre, il est done plus que douteux qu'elle soit tomb^e des espaces celestes. — Dans sa derniere seance du 21 juin dernier, la Society royale de Londres a ^lu pour membres correspondants : M. Plucker de Bonn, mathematicien et physicien c^lebre, bien connu de nos Jec- teurs ; M. Rathke, de Konigsberg, naturaliste distingue, et M. Riim- ker de Hambourg, astronome trfes-^nnnent. — Les directeurs de I'lnstitution royale ontnomm^ M. Huxley, professeur Ful^rien de physiologie dans ce noble etablissement. — L'Institution polyteclmique de Londres, sous I'habile et infa- tigable direction de M. Pepper, continue a attirer la foule. Samedi dernior, le R. docteur Scoresiiy a fait le r^cit des excursions et dt^cou- vertes, faites recemment dans les ri'gions arctiques; une nombreuse collection d'objets apport^sen Angleterre par les capitaines des di- verses expeditions donnait un int^ret tout particulier a ce recit; on ne conteriiplait pas sans un regret profond les quelques reliques de sir Ji'hn Franklin, irouvees dans les derniers lieux ou il habita. 32 COSMOS. — Son Altesse royale le prince Albert a voulu voir fonctionner sous ses yeux a la Soci^t(5 royale de Londres la belle machine a calcul suedoise, dont nous avons parlc^ dans le Cosmos ; elle n'a pas vu sans admiration cette machine si ingenieuse imprimer elle-meme les nombres qu'elle avait calculus; les explications etaient donnees par MM. Gravatt et Donkin. — Dans une reunion des membres des divers jurys anglais pour I'Exposition universelle, tenu la semaine derniere, rue du Cirque, n""" 24, sous la presidence de lord Ashbruton, il a cte resolu unani- mement : Qu'il est desirable d'appeler I'attention du public anglais sur le grand merite de I'Exposition et sa superiority dans les objets expo- ses i-ur celle del851 ; et qu'elle est eminemment digne de I'attention des artistes, des manufacturiers , de leurs ouvriers et de toutes les classes du royaume-uni. La reunion se composait de trente-six membres, dont les noms suivent : MM. le marquis de Hertfort, lord Shelbourne, lord Elcho, George Clerk, Charles Barry, Joseph Olliffe, Addington, Amos, le docteur Ariiott, T. Bazley, Bird, Butterfield, I'alderman Carter, Cockerell, W. Crum , T. de La Rue, Warren de La Rue, Evelyn Denison , W. Fairbairn , W. Felkin, T. F. Gibson, W.-J. Hamilton , J. Hartley, C. Knight, J, Mac Adam jeune, D. Maclise, C. Marshall, J.-H. Robinson, le docteur Royle, J. Scott-Russell, Warrington Smythe, le professeur Tyndall, le professeur Willis, le professeur Wilson, T. Wiukworth. EXPOSITION UNIVERSELLE. VARIETES. LA MERVEILLE DES MERVEILLES DU PALAIS DE l'iNDUSTRIE. CONSERVES ALIMENTAIRES DE M. LAMT. 1S» 3604. Col. 53. A. II est dans la partie la plus obscure et la plus humiliee de I'an- nexe dubord de I'eau un ensemble de produits tellement imprevus, merveilleux, extraordinaires, que pour croire a leur existence il faut les avoir vus de ses yeux et touches de ses mains. Rien de sembla- ble n'etait encore apparu dans les glorieux concours de la science et de I'industrie; la brillante conquele de M. Lamy suffirait seule a rendre I'exposition de 1855 memorable entre toutes les exposi- tions. Nous avons vu, nous avons touche et nous doutons malgr^ nous, parce que notre vieille intelligence se refuse a se laisser bercer encore dcs conte^ de fees qui endormaient notre enfance. Com- ment, en effet, u plus decinquanteans, admettrela realitede I'etre mysterieux qui, apres avoir plonge sa belle protegee dans un doux et profond sommeil, I'entouraitdes viandes d^Iicates, des fruits sa~ voureux qui devaient apres cent ans charmer son reveil? M. Lamy, licencie es-sciences physiques et mathematiques, professeur de rUniversite en conge illimite, petit negociant aujourd'hui de Cler- mont-Ferrand, est une des intelligences les plus elevees, les plus penetrantes, les plus actives qu'il nous ait ete donnd de rencontrer; apres cinq longues annees d'essais et d'experiences, il s'elance comme un geant, etonnant le monde par un de ces tours de force qui autrefois divinisaient leurs auteurs. II a devine le secret de conserver dans leur etat naturel, sans dessiccation, sans compres- sion, sans cuisson prealable, sans fermeture hermetique au sein du vide, toutes les substances de la nature les plus fermentescibles et les plus facilement decomposables : les viandes, le gibier, les le- gumes, les fruits, le beurre, le lait, tout, jusqu'ala levure de biere, le plus instable des ferments. Approchez-vous de la modeste, trop modeste vitrine du modeste Auvergnat, a droite et a gauche vous verrez pendre a I'air libre, sans protection aucune, deux gigots de mouton , I'un vieux de cinq ans, necessairement desseche, I'autre pris sur un animal tue il y a deux ans et tout frais encore, en depit des chaleurs des ^tes et des emanations gazeuses dont on ne I'a jamais defendu ; tous deux sont parfaitement conserves, leur odeur est tres-agri'able, et ils feraient d'exccllents rotis. Deux autres gi-- 34 COSMOS. -ots se montrent a travers les glaces de la vitrine, I'un, era, a I'as- poct et les qualit6s de la plus belle viande de boucherie , il saigne- rait sous le couteau; I'autre, cuit, recouvert de son osmazome, figurerait a merveille sur I'etalage des buffets am^ricains. Quand votre ceil se sera adapts a I'obscurit^ du lieu, vous verrez avec ^tonnement, dans trois boites, des choux-fleurs d'une blancheur ^blouissante, fermes, intacts, qui semblent encore couronner la tige de la plante ; des raisins que Ton croirait vivant sur le cep, des abri- cots et des peches aussi beaux que s'ils ^taient encore attaches a I'arbre, des prunes reine-claude non s^par^es de la branche qui les portait, des oranges, des nefles, restees dures, des poires beurr^, des truffes encore humides du sol qui les cachait, des perdrix dont on n'a pas v\d& les entrailles, un corbeau, une grive qui viennentde tomber sous le coup des chasseurs, des betteraves r^coltees en 1853 dans les terres fertiles de Bourdon. Sur I'une de ces betteraves, couple dans sa longueur, on peut compter toutes les couches suc- cessives parfaitement intactes ; une autre, beaucoup plus ancienne, dessechee, racornie, mais tout a fait saine, brille au soleil de tnille feux reflechis par les innombrables cristaux dissemin^s dans son tissu. preuve irrecusable que le precede de conservation a non-seu- lement rendu la fermentation alcoolique impossible ; qu'il a deter- mine en outre, I'agglomeration, la cristaliisation des atomes sucr^s, quel'on sepaierait de la pulpe par un simple lavage. En dehors des caisses etdans deux flacons bouch^s simplement a I'emeri, que Ton peut ouvrir et fermer sans danger, on ne voit pas sans admiration et sans etonnement du lait trait il y a six mois, aussi blanc, aussi homoo-fene, aussi bon que s'il sortait du pis de la vache ; du jus de betterave limpide, incolore, n'ayant rien perdu de son odeur et de sa saveur caiacterisiiques, aus-i propre a donner du sucre ou de I'alcool quH s'd coulait de la pres?-e hydraulique. Encore quelques jours et nous verrons se dresNer, sur un troph^e sans doute, un nia'ntifi(|U'' chevreud, broqua d de quatre ans, rest^ incorruptible denuis plus de deux ans, et (jui. apres ce long espace de temps, feiait encore les delioes des amateurs de venaison. Pour peu qu'il plaise au Jury, M . Lnmy expo^era a cote de ce bel animal le saumon, le turbo , !>■ l>rochet tnonstrcs (|Ui deviont figurer au banquet impe- rial iiui 'onronnerfi rExposition universelle. Ceserait, avouez-le, un ina>,niili(p,p .sprctade que cetui qu'offrirait une table gigantesque chargce six luois a i'avatice (!• s poiages, des entrees, des mets, des legumes, .les fruits d^s flcui-- lU-nnees a former le menu et I'or- nemHui (le CI- festin sol' n- ! Poncz ce rediiutable defi a M. Lamy, COSMOS. 35 il I'acceptera sans sourciller ; il ne vous demandera meme pas pour recompense una croix d'honneur enfermee dans une peche murie en aout et mangle en d^cembre, cette croix cependant serait mdrit^e s'll en fut jamais ; il se contentera de la douce et noble satisfaction qu'emporte avec elle une immense difficult^ vaincue. Cette ddcouverte, appel^e de tant de voeux, si impatiemment attendue, si ardemment cherchee, n'est pas I'oeuvre du hasard, mais Tapplication des plus savantes theories. Sans r^v^ler le secret de I'inventeur, nous pouvons dire les deux prmcipes qui lui servent de point de depart, les deux operations es- sentielles qu'il fait subir aux substances qu'il s'agit de conserver. La decomposition et la putrefaction des substances animales ou vdgetales commencent par la fermentation d'un principe albumi- noide dont il faut avant tout modifier la nature en le precipitant ou le coagulant par Taction de gaz convenablement choisis; cette pre- cipitation ou cette coagulation operees en lieu clos suffisent dans un tres-grand nombre de cas quand il s'agit. par exemple, de viande de boucherie pour determiner une conservation indefinie; apres quel- ques jours les viandes preparees peuvent etre exposees sans danger a I'air libre. Souvent, au contraire , comme dans le cas des fruits, des legumes, du gibier, cette premiere preparation serait insuffi- sante; il faut en outre depouiller I'atmosphfere qui entoure la subs- tance de I'oxygene qui est la grande cause de la fermentation et de la putrefaction comme M. Edouard Robin I'a si bien etabli dans ses belles recherches. M. Lamy a recours alors a certains sels analogues au protosulfate de fer et au protochlorure de cuivre, mais jamais il ne les met en contact avec 1' aliment qu'ils doivent conserver, ceux-ci gardent, par consequent, leur purete, leur pouvoir nutritif, leur arome et toutes leurs qualites primitives. Ce qui paraitra plus fabuleux encore que ce que nous venons de dire, c'est que ces prodiges de conservation ne coiitent presque rien. Le prix des viandes et du lait serait a peine augmente de 10 centimes par kilogramme ou par litre; 1 000 kilogrammes de betteraves ou un hectolitre de jus seraient conserves a moins de 1 franc; et Ton aurait la facilite d'en extraire le sucre ou I'alcool sans pertes aucunes pendant toute I'annee. En terminant prevenons quelques objections qu'on ne manquera pas de faire. Et, d'abord les merveilles operees par M. Lamy ont deja la sanction du temps ; toutes ses preparations datentde plusieurs annees. Le gigot, enferme dansla vitrine, a ete presente, il y a plus dun an, a la Societe d' encouragement, un gigot tout semblable, 86 -COSMOS. ainsi que des choux-'fleurs, ont eu I'honneur d'etre admis a figurer sur la table de Sa Majeste I'Enipereur, qui lesa trouves delicieux; pendant tout I'hiver dernier, un magasin de Paris, a ete approvi- sionne de peches et d'abricots si excellents qu'ils s'ecoulaient sans peine a 1 fr. 25 c. la piece. En feuilletant les auteurs, en compulsant les registres de labora- toire on parviendra a reunir quelques exemples de reussites plus ou moins heureuses, et I'envie toujours eveillee ne manquera jtas de contester au modeste M. Lamy la nouveaute de sa d(5couverte sur- ■tout quand il aura fait connaitre ses procedes. Pour faire rentrer dans le neant ces fatales accusations de plagiat, ne suffira-t-il pas ie prendre le inonde entier a temoin de ce fait eclatant, incontes- table, que dans aucune exposition ant^rieure, pas meme dans celle de Londres en 1851, on n'avait vn Tombre meme de perdrix con- serv^es avec leurs entrailles et leurs plumes, de raisins, de fram- boises, de fraises, aussi agreables a I'ceil, a I'odorat, au goiit que si elles se detachaient actuellement de leur pedoncule vivant. Un publiciste ci'lebre, M. Alphonse Karr qui plaide souvent avec eloquence et avec courage la cause du bon sens et de la droiture, reprochait naguere avec une ironie fine aux methodes de conserva- tions des substances alimentaires d'apparaitre au moment oil la ra- retd et le prix eleve des viandes les rendaient moins necessaires ou moins utiles. Le spirituel dcrivain n'a pas envisag(5 la question sous son veritable point de vue. Les viandes sont rares et cheres en Eu- rope, mais elles abondent encore au Texas, au Canada et dans diverses contrees dunouveau monde. On en importe deja des quan- tit^s considerables, mais ce sont toujours des viandes salees que Ton n'accepte que par n(5cessite ; ce n'est la evidemment qu'une solution tres-incomplele du grand problfeme. La veritable solution est celle de M. Lamy, qui a I'heureuse pretention de mettre a la portee meme du pauvre, a des prix tres-reduits, le boeuf, le pore, les gibiers frais et delicats des rives privilegiees des grands fleuves americains. .GRANDE CURIOSITE MECANIQUE. EORLOGE SANS ENGRENAGE DE M. LAMBLIN. JS" 1781. Col. 44. D. Dans I'immense galerie du bord de I'eau rien n'attire et ne'fixe plus la foule que la curieuse horloge de M. Lamblin, cure de Boux, pres Flavigni (Cote-d'Or). II n'est personne qui ne s'y arrete; leurs Majesties Imp^riales elles-memes I'ontcontemplee longtempsetsem- COSMOS. 3T blaient la quitter a regret. Elle n'a rien qui charme le regard ; son aspect au contraire est presque repoussant, ses formes sont irri^o-u- lieres. ses organes bizarres, les mat^riaux dont elle est fornn^e com- muns a I'exces; une roue en bois a peine degrossie, des fils de fer tordus, deux grosses pierres, voila tout; et cependant cette masse informe excite I'admiration universelle; c'est qu'en la voyant tout le moiide sent qu'elle est I'oeuvre d'un esprit ^'minemment infe- nieux. Cur6 d'une pauvre commune, laquelle, comme tant d'autres helas! serait restee dternellement d(5pourvue d'instruments reo-ula- teurs de la priere, du travail, des repas, du repos; pauvre aussi et ne pouvant par consequent compter que sur sa tete et ses doigts M. Lamblin n'en a pas moins voulu mettre I'humble paroisse de Boux en possession d'une horloge qui ne lui coutat rien ou presque rien, et qui fonctionnat parfaiteraent dans des conditions entiere- ment nouvelles. II fallait avant tout qu'on fiit dispense de la monter et de la regler, de la graisser et de la nettoyer, ce qui exigeait tout a la fois un poids moteur tres-faible, un pendule invariable, insen- sible aufroid, au chaud, a I'humidite, I'absence complete de roues d'engrenage, c'est-a-dire a peu pres I'impossible dans les savantes routines de Thorlogerie. Mais I'impossible est devenu la reality. Le poids moteur de I'horloge de Boux pese environ un kilogramme; le sacristain de la paroisse le remonte en tirant un cordon qui pend a cote de la corde de la cloche, ou mieux meme, sans s'en douter, en faisant retentir Vangelus du matin, de midi ou du soir. Le pendule, long a peu pres de 4 metres, battant la seconde et demie, est forme de deux tringles en bois, unies par une barre transversale; une grosse pierre quadrangulaire, comprise entre les tringles et portee par elles fait fonction de lentille; une roue a cheville, une roue d'^chappement, une tige de bois termin^e en bee recourb^, des fils de fer droits ou articules agissant par simple traction, remplacent completement les roues d'engrenage. La pierre est assez lourde pour que le balancier puisse osciller seul pendant cinq minutes ou faire sans nouvelle impulsion deux cents oscillations ; pendant ce temps, il est presque entierement libra, ou n'a a faire tourner, au moyen d'une palette mobile, qu'un petit tourniquet dont les ailes agissent sur la roue a chevilles et dont la resistance peut etre consideree comme nuUe par rapport a la masse de la lentille; cette combinaison assure un isochronisme presque parfait, non pas de deux oscillations consecutives, mais des periodes qui separent deux series successives de deux cents oscillations, et nous n'avons pas et^ surpris d'apprendre que I'horloge informe 38 COSMOS. ^tait presque un regulateur astronomique , doiit les variations de marche mensuelle se comptaient par secondes et non par minutes, et restaient inddpendantes des temperatures extremes, des grands froids ou des grandes chaleurs. Quand les cinq minutes sont ecou- lees, quand le pendule a obcille deux cents fois, la roue d'echap- pement, qui porte le poids moteur, devient libre d'agir ; le bee re- courbe de la tige fixde a la lentille s'engage dans une boucle rectan- gulaire en fil de fer, faisant corps avec I'arbre de la roue d'dchap- pement ; le balancier alors est tn-e par le centre de gravite de sa lentille, et reprend la quantity de mouvement perdue pour recom- mencer une nouvelle serie de deux cents oscillations. La Societe d'encouragement, qui a approuve, en 1851, et cou- ronne d'une m(^daille d'argent la premiere horloge de M. Lamblin, semblait craindre que cette application directe de la puissance a la lentille ne fit naitre des vibrations perturbatrices; ces craintes aujourd'hui sont evanouies; la traction s'exerce sans brusquerie aucune , et les avantages ^normes des longs balanciers ne sont plus compensds par aucuii inconvenient. L'aiguille avance sur le cadran sous I'impulsion d'une legfere detente que le mouvement fait seulement partir sans presque rien perdre de sa puissance. Le mecanisme de la sonnerie a beaucoup d'analogie avec le md- canisme du mouvement. Un pendule a tige courte, porlant une se- conde grosse pierre, est tire aussi par une seconde roue motrice ou d'echappement, apres chaque double oscillation, et met en jeu le marteau frappeur aussi souvent qu'il est tire. Ce moyen est excellent : on n'a plus besoin de volant a palettes pour marquer et regulariser les intervalles entre deux coups de marteau; ces intervalles, regies par un pendule, sont constamment les memes, ils ne sont pas trop lents en hiver, trop precipites en 6t6, comme dans les horloges actuelles ; les organes de la commu- nication du mouvement se passent parfaitement d'huile, et n'ont rien a redouter de la poussiere envahissante. On comprendra sans peine, d'apres cette description rapide, que I'horloge de M. Lamblin puisse etre etablie a tres-bas prix. L'ex- cellent pretre nous disait qu'en la vendant 100 fr. on realiserait des benefices. Rien ne sera plus facile aussi que de faire remplacer ou rdparer les pieces hors de service, par le premier menuisier ou ser- rurier venu , quand I'inventeur aura public la petite instruction qu'il redige en ce moment. II a certainement resolu, et de la plus excellente manifere, un tres-beau probleme, il a dote la grosse hor- COSMOS. 39 logerie de moyens tout a fait inoonnus, et qui sont un progres r^el. Nous faisons des voeux ardents pour qu'il obtienne la recompense d'ordre eleve a iaquelle il a droit, qu'il puisse trouver pour I'ex- ploitation de son precieux brevet une combinaison heureuse qui le fasse rentrer dans des avances trop lourdes pour les forces d'un pauvre pretre, et lui permette de concilier ses droits d'inventeur avec les devoirs d'un pieux pasteur des ames. UNE DES SPLENDEURS DE L 'EXPOSITION. TaRITHMOMETRE GEANT de M. THOMAS DE COLMAR, n. 1088 du catalogue, nef cenlrale du grand Palais, pres du phare de radministralion. L'Arithmometre ou machine a calcul de M. Thomas de Col mar est si connu des lecteurs assidus du Cosmos, nous I'avons figure et decrit avec tant de soins, nous I'avons tant exalte que nous hesi- terions a en parler encore, s'il n'apparaissait pas dans le Palais de I'Industrie sous une forme nouvelle, dans des proportions gigan- tesquesqui le placentau premier rang des splendeurs de 1 'Exposition universelle. Cette fois ce n'est plus une humble boite destinee a figurer sur le bureau du financier et de I'ingenieur, c'est un meuble magnifique que Tahan no desavouerait pas, et que la splendeur d'un palais imperial ne ferait point palir. II ne s'agit plus de calculs vulgaires a la portee des tables de logarithmes usuelles, et qui ne seraient qu'un jeu pour les Mondeux, les Mangamele, les Grande- mange, mais bien d'operations interminabies paries mdthodes ordi- naires, de nombres fabuleux, de produits de trente chiffres, dont la pens^e elle-meme s'effraie, capables d'exprimer la multitude infinie des grains de poussiere et de sable de la terre et des mers. En faisant construire cet arithmomfetre monstre,M. Thomas de Colmar a voulu Clever en I'honneur de la France un monument unique en son genre, et prouver que sa solution du beau probleme pose par le g^nie de Pascal est si simple, si Elegante, si pratique, qu'elle peut s'^tendre ind^finiment, et embrasser des nombres inimaginables. Tandis quele volume des autres machines va croissant dans ses trois dimensions, proportionnellement presque au cube du nombre des chiffres du multiplicande, que leur mecanisme va se compliquant au dela de toute mesure au point de devenir inexecutabie au dela de 4 ou 5 chiffres ; le mecanisme de son arithmometre reste le meme, son volume augmente en simple proportion arithmetique , et si on le veut dans une seule de ses dimensions, la longueur. Rien de plus simple en r^alit^ que rarithmomfetre dont les op^- Jit* cosaios. rations tiennent da prodige; il n'a a propremeiit parler qu'un seul organe le cylindre caunele en acier, conception eminemment ing^- jiieuse. C'est un cylindre uni sur la moitie de sa circonference, portant «ur I'autre moitie neuf cannelures ou dents ; la premiere cannelure a toute la longueur du cylindre, la seconde est plus petite d'un neu- vieme, la troisieme de deux neuviemes, la quatrieme de trois neu- vifemes, la derniere enfin n'est plus qu'un neuvieme de cette meme longueur. Quinze semblables cylindres sont places parallelement I'un a I'autre dans la grande machine ; lies a un meme arbre qu'une manivelle unique fait tourner, ils font un tour entier pour chaque tour de cette manivelle. A cote de chaque cylindre et parallelement a son axe se trouve un second axe arme d'un pignon et d'une roue d'angles, concentriques, de dix dents ; la roue d'angleengrene avec une roue-cadran formee aussi de dix dents portant sur sa surface dmaiilee dix chiffres depuis 0 jusqu'a 9; le pignon mobile engrene avec les cannelures du cylindre, avec une, ou deux, ou trois, ou neuf cannelures; les roues d'angle et le pignon tournent ensemble de la meme quantite. Chaque pignon mobile lie a un bouton qui tra- verse la plaque qui recouvre les cylindres, porte une aiguille, et peut courir le long d'une rainure horizontale sur laquelle on lit lesmemes chiffres 0, 1, 2.... 8, 9. Celui de ces chiffres auquel correspond la poiiite de I'aiguille, indique combien de cannelures agissent sur les dents du pignon mobile, combien de ces dents, et des dents de la roue a angle fixe, et des dents de la roue-cadran passeront dans une une rotation entiere du cylindre. II resulte evidemment de cette disposition que si le chiffre indiqu^ par une roue-cadran quelconque est 0, et qu'apres avoir fait mar- quer a I'aiguille du cylindre correspondant un chiffre quelconque, 5, par exemple, on fait faire un tour a la manivelle, le pignon mo- bile, la roue d'angle et la roue dentee auront marche de cinq dents, et le chiffre montre par la roue-cadran sera le chiffre 5. II en resulte plus gcneralemeiit : 1° que si toutes les roues a cadran ^tant a 0, on fait marquer aux quinze aiguilles des pignons mobiles quinze chiffres representant un nombre quelconque, par un seul tour de manivelle, ces quinze chiffres et ce nombre apparaitront dans les lucarnes des roues-cadrans ; comme sile chiffre marque par chaque aiguille s'etait. ajouto au zero du cadran correspondant. 2° Que si, cette opt^ration faite, on ecrit un nouveau nombre avec les aiguilles des pignonSj puis qu'on donne un second tour de manivelle, les nouveaux chiffres -des aiguilles s'ajouteront aux chiffres deja indiques sur les roues- COSMOS. m .cadrans, le nouveau nombre s'ajoutera au premier et la somme des deux noinbres apparaitra dans les lacanies, a la condition toutefois qu'un mecanisme additionnel aura fait les reports; operation qui consiste, lorsque la somme des deux nomhres ajoutes tour a toar au zero d'un cadran ont depasse dix, a faire en sorte que les unites seules restant indiquees par ce cadran, la dizaine aille s'ajouter au chiffre du cadran place a la gauche du premier. Comme nous I'avons dit, les cannelures n'occupent que la moitie de la surface du cy- lindre, et I'pperation des additions. aux chiffres des cadrans des chifTres des aiguilles se fait pendant la premiere demi-rotation de la inanivelle ; la seconde demi-rotation reste par consequent disponible pour operer les reports. Un petit bras mobile porte par un plan in- chnd, au moment oii , le chifTre du cadran etant 9, une nouvelle unite tend a s'ajouter a ce chiffre, engrene avec la roue du cadran voisin, et augmente d'une unite le chiffre indique par ce cadran; le report est a!ors fait et I'addition est complete. En resume, pour additionner une serie quelconque de nombres de quinze chiffres au plus, on amene tous les cadrans a z6ro au moyen d'une manivelle particuliere ; on ecrit tour a tour les nombres donnes avec les ai- gudles des boutons ; apres chaque inscription on fait faire a la ma- nivelle un tour et i'on lit dans les trente lucarnes des roues-cadrans le resultat de I'addition qui peut avoir trente chiffres. Voici le moyen le plus simple de mettre en evidence le jeu si admi- rable de la machine : on hit marquer a toutes les aiguilles le nombre 9, on donne un tour de manivelle et I'on volt apparaitre dans les lucarnes qumze 9; on ramene toutes les aiguilles a 0, except(? la .premiere a laquelle on fait indiquer le nombre 1, on donne un tour de manivelle, les 9 des lucarnes se changent en 0, et la seizieme lucarne montre le chiffre 1, raddition est faite apres quinze reports et presque sans resistance aucune. Si, apres avoir ecrit un nombre quelconque avec les aiguilles. on fait faire a la manivelle un nombre quelconque de tours , ce nombre est ajoute autant de fois A lui-meme , ou multiplie par le nombre des tours de la manivelle. De li a la multiplication d'un nombre par un, autre nombre quelconque, il n'y a evidemment qu un pas, et en rendant mobile la platine des cadrans dans les petites machmes. la tablette des boutons a aiguilles dans la grande, M Ihomas, de Colraar, fait de cette operation un jeu d'enfont; ne parlous que de celle-ci. On ecrit le nombre donne ou multiplicande avec les aiguilles indicatrices ; on le multiplie par le chiffre des unites .du multiplicateur, en faisant faire a la manivelle le nombre /i2 COSMOS. de tours indiqu6 par ces unitt^s. On fait avancer la tablette des boutons d'un cadran , vers la gauche , et en tournant la manivelle le nombre de fois marqu^ par le chiflfre des dizaines du multipli- cateur : on a a la fois multipli^ le multiplicande par cechiffre, et aiout^ le second produit partiel au premier, en faisant correspondre le chiffre de ses unites au chifFre des dizaines du premier produit, c'est-a-dire qu'on a r(5ellement multiplie par des dizaines. On fera avancer de nouveau la tablette des boutons ; on tournera la mani- velle autant de fois que I'indique le chiffre des centaines du multi- plicateur ; et ainsi de suite jusqu'a (5puisement de tous les chiffres du multiplicateur : le nombre indiqu^ alors paries cadrans, etqui pent avoir trente chiffres, est le produit complet du multiplicande par le multiplicateur. Mais il est deux autres operations non moins importantes que I'addition et la multiplication, et que I'arithmometre execute avec autant de bonheur, grace a de nouvelles dispositions tres-simples. Si , apres avoir amene les aiguilles des pignons mobiles sur des chiffres quelconques , on faisait tourner la manivelle non plus de gauche a droite, mais de droite a gauche, les roues des cadrans tourneraient elles-memes en sens contraire , les nombres marques par les aiguilles seraient retranch^s des nombres des lucarnes , et I'on aurait ainsi op^re une veritable soustraction. M. Thomas, de Colmar, n'a pas voulu, pour la simplicite et la surete des manoeuvres, que la manivelle put tourner dans les deux sens, et il a eu I'heureuse idde de fixer sur chacun des arbres des pignons mobiles une seconde roue d'angle opposee a la premiere, engrenant par derriere avec la roue-cadran comme la premiere roue d'angle engrene par-devant. Un systeme de leviers en relation avec un bouton que Ton pousse tantot vers la droite, tantot vers la gauche, permet de faire engrener tantot les roues d'angle de de- vant , tantot les roues d'angle de derriere , et d'operer ainsi a vo- lonte par un seul tour de manivelle, toujours de meme sens, soit I'addition, soit la soustraction. Si done il s'agit de retrancher d'un nombre donne, de quinze chiffres au plus, un autre nombre quel- conque , on ecrit d'abord le premier nombre avec les aiguilles , et le bouton des roues d'angle ^tant a addition , par un seul tour de manivelle on fait passer ce premier nombre dans les lucarnes ; on pousse le bouton des roues d'angle a soustraction, on ecrit le second nombre, on donne un tour de manivelle : la soustraction est faite, la difference des deux nombres apparait dans la lucarne. Dans la nouvelle manoeuvre, et sans que I'operateur ait eu a s'en COSMOS. hi inqui^ter, la machine a fait les emprunts , lorsque les soustrac- tions partielles etaient impossibles ; comme dans Taddition , elle a fait les reports ; et pour faire la preuve de la soustraction, il suffit de ramener le bouton des roues d'angle a addition , de donner un tour de manivelle : le premier nombre dont on devait soustraire le second apparait de nouveau dans les lucarnes. La division n'est en reality qu'une serie de soustractions, comme la multiplication est une serie d'additions , et I'arithmometre I'ex^- cute avec une promptitude merveilleuse. Pour obtenir quinze chiffres au quotient, on pousse la tablette des boutons vers la gauche jus- qu'a I'extremitedesa course; on ^crit le dividende avec les aiguilles, et par un tour de manivelle on le fait passer dans les lucarnes ; on met le bouton des roues d'angle a soustraction , on ^crit le diviseur avec les aiguilles , en commencjant par I'aiguille la plus a gauche, alors meme que le diviseur aurait moins de quinze chifTres ; si le premier chiffre du dividende est plus grand que le premier chifFre du diviseur, on tourne la manivelle jusqu'a ce que le premier chiffre du dividende soit devenu plus petit que le premier chifFre du diviseur, ou plutot jusqu'a ce que I'ensemble des deux premiers chiffres du dividende soit plus petit que I'ensemble des deux pre- miers chiffres du diviseur; en d'autres termes, on soustrait le divi- seur du dividende autant de fois qu'il peut I'etre : le nombre de tours de manivelle necessaire pour opdrer cette soustraction est le premier chiffre du quotient. Si le premier chiffre du dividende avait ^t6 plus petit que le pre- mier chiffre du diviseur, avant de commencer la soustraction on aurait fait avancer d'une rainure vers la droite la tablette des bou- tons. Quand la premiere soustraction partielle est faite, quand le premier chiffre du quotient est trouv^ , on repousse la tablette des boutons vers la droite, et Ton opere une seconde soustraction par- tielle : le nombre des tours de manivelle necessaire a I'operer donne le second chiffre du quotient. Si la soustraction n'avait pas ^te possible, le second chiffre du quotient aurait et^ zero, et avant de soustraire de nouveau , on au- rait fait encore avancer la tablette d'un cran vers la gauche. En continuant ainsi jusqu'a ce que le nombre des lucarnes soit plus petit que le diviseur; en prenant z^ro pour chiffre du quotient par- tiel, toutes les fois qu'il faudra avancer la platine de deux crans, on obtiendra en dix fois moins de temps que nous n'en avons mis a decrire I'operation, la serie entiere des chiffres du quotient ; le quo- fxU COSMOS. tient sera lu dans les lucarnes Jes noinbres des tours, le reste de la division, dans les lucarnes des cadrans. L'arithinoiTietre jouit d'une proprietesiQguliere, c'est que toutes les fois que Ton essaie une soustraction impossible, cette iinpossi- bilite se manifeste par I'apparition dans les lucarnes , a gauche du premier chiffre du divideiide, de chifFres qui n'y existaient pas, et ces chiffres, a partir du second, sont des neuf. L'operateur recon- nait ainsi immediatement (lu'il a d'epasse le but : il ramene le bou- ton des roues d'angle a. addition , donne un tour de manivelle, et corrige son erreur. Ce que nous trouvons de plus remarquable dans I'apparition de rArithniometre geant de I'Exposition universelle , c'est qu'alors qu'il semblait extremement difficile de lui faire realiser tous les avantages des petites machines plus faciles a construire, M. Tho- inas de Colmar ait ose aborder des perfectionnements nouveaux. Ainsi, les nombres de tours de la manivelle se montrent dans des lucarnes speciales, etcomme ces nombres sont touj ours plus petits que 9, ils se montrent tels qu'ils se sont produits dans les multi- plications et les divisions partielles successives, de sorte qu'apres ]a multiplication faite, la serie de ces nombres represente le mul- tiplicateur et devient, par sa seule presence, un temoin authentique, une preuve irrecusable de la verite, de la bonte de I'operation ; qu'apres la division achevee, il donne le quotient , sans qu'on ait eu besoiii d'enregistrer a part ses chiffres successifs, a mesure qu'ils ont eti! ol)tenus. Ce n'est pas tout; ainsi que nous I'avonsdit, la machine iiidique assez nettement que Ton ne s'est pas arrete a temps dans les sous- tractions partielles qui constituent la division; mais on pouvait, a la rigueur, ne pas tenir compte de cet avertissement , et pour pre- venir le desir de quelcjues calculateurs plus exigeants, M. Thomas de Colmar a fait que le nouvel Anthmometre s'opposat de lui- meme a la continuation de I'operation qui depasse le but. Quand, apres la soustraction impossible, on veut faire tourner la manivelle, on ^prouve une resistance insurmontable ; force est de ramener le bouton des roues d'angle a addition, et de revenir par un tour de manivelle au reste veritable, pour continuer la division et corriger le chiffre du quotient. C'est assez, trop, peut-etre ; combattons, en finissant, une objec- tion par laijuelle on a essaye de rabaisser le merite de 1' Arithmometre de M. Thomas de Colmar, et qui pourrait faire baisser d'un degre a recompense qui lui est due. En le comparant a une machine re- COSMOS. 45 cente, on a semble dire qu'il exigeait, de la part de I'opdrateur, un autre concours que celui qui est necessaire pour ocrire les nombres donnes. Est-ce bien vrai ? Nous ne le pensons pas; ou plutot les deux inachines ne sont-elles pas dans les memes conditions ? Dans rArithmometre, chacun des chiffres du niultiplicateur ou du quotient s'ecrit avec la ineme manivelle, a laquelle on fait faire autant de tours dans le meme sens que ce chifFre a d'unites. Dans la machine recente, les chiffres du multiplicateur ou du quotient s'ecrivent sur autant de cadrans qu'il y a de chiffres, en faisant parcourir a chaque aiguille, dans un sens ou dans un autre, autant de divisions qu']l y a d'unites dans chaque chiffre. La difference n'est pas grancle, on le voit; c'est celle (jui existe entre un tour de manivelle toujours la meme, et une division de cadrans sans cesse differents. De quel cote sont la simplicite et la surety d'action? Dansl'Arithtnometre, pour diviser au lieu de multiplier, on re- pousse une fois pour toutes, de la droite vers la gauche, un seul et meme bouton ; dans la machine rivale, on fait tourner en sens con- traires toute une serie d'aiguilies. Dans I'Arithmometre, pour passer d'un produit oud'une division partiels au produit ou a la division qui suivent, on avance d'un cran la platine des cadrans ou la tablette des boutons ; dans la machine rivale, on passe d'un cadran a I'autre. Le d^placeinent de la platine ou de la tablette des boutons est bien rationnelle et bien arithme- tique ; il permet d'operer avec un ensemble unique de cyliiidres can- neles ; la machine est solide.et si simple que tout mecanicien peut la construire, que toat serrurier peut la reparer. Sa longueur seule augmente proportionnellement au nombre des chiffres du produit ou du quotient ; ses autres dimensions restent les memes. Son prix est tres-minirae. La multiplicity des cadrans entraine la multiplicity des ensembles de cylindres canneles ; la machine est fragile et si compliquee qu'elle ne peut etre construite que par un horloger habile ; son volume au dela de quelques chiffres devient enorme ; une machuie de huit chiffres au produit coute deja un prix Enorme. Voila la verite ! Cela n'erapeche pas que la machine rivale ne soit une belle et grande chose que nous retrouverons au Palais de rindustrie, et que nous exalterons comme nous I'avons deja exal- t6e : ses auteurs ne savaient pas que M. Thomas de Colinar eii invente vingt-cinq ans avant eux le cylindre cannele et construit son Arithmomfetre. Mais il y aurait injustice a repeter plus long- temps que rArithmometre exige un concours plus grand de Top^- U% COSMOS, rateur ; a lui reprocher une marche un peu plus lente quand elle est rachet^e par des avantages dnormes ; a lui opposer une vitesse ap- parente plus grande quand elle est compensee par des inconvenients excessivemenl graves. APPLICATION NOUVELLE ET FECONDE DE l'elECTRICITE. MACHINE A FILER LA SOIE DE M. ACGDSTE ACHARD. NO 155, col. 107. D. Les cocons, pendant qu'ils se devident, sont imntierg^s dans une bassine circulaire contenant de I'eau chauflee a une temperature coiivenable par les procM^s connus ; ils sont disposes en cercle au- tour du centre de la bassine et a egale distance de ce centre. L'en- semble des brins ou fils de cocons s'^lfeve verticalement pour passer a travers une filiere situee au-dessus du centre de la bassine. Dans leur passage a travers la filiere, les divers brins se coUent les uns aux autres, pour ne former qu'un seul fil qui va s'enrouler en croi- sades sur un lissoir. Chaque brin , en se devidant, appuie sur une petite bascule verticale et la maintient dans une position tres-voi- sine de la position d'equilibre instable : cette bascule peut tourner autour d'un axe horizontal qui la partage en deux parties ou bras ; le bras superieur, plus long, quand I'equilibre est dc^truit par la rupture du fil du cocon, tombe vers la droite, en s'eloignant du centre de la bassine ; le bias inferieur, plus court , tombe vers la gauche , en se rapprochant de ce nieme centre, et , en tombant, vient ap- puyer coiitre un contact. Le courant electrique se ferme alors et met en action un inecanisme dent nous dirons bientot la disposition et lejeu. Les cocons qui doivent remplacer ceux qui se devident, au fur et a mesure que les brins se coupent, sont etales sur une "chaine sans fin horizoiitale ; les extremites de leurs brins, un peu devides, vont verticalement se rattacher a un des crochets faisant corps avec une seconde chaine sans fin, aussi horizontale ; les deux chaines s*a- vancent ensemble horizontalement et de quantites dgaies. Aussitot qu'un brin s'est brise , que le m^canisme electrique a ete mis en jeu, une regie, portant a son extr^mite une pince, avance d'un pas; la pince saisit le brin de cocon attache au premier crochet de la chaine sans fin , le coupe par en haut, le d^tache du crochet, I'ameiie, par sa pointe, au contact des autres fils en train de se devider, et auxquels il se colle, le lache alors, et revient sur ses pas pour saisir plus tard un second brin, qu'elle-meme, en retrogra- dant et faisant tourner une roue a rochet engrente avec la chain& COSMOS.' hi sans fin superieure, amene, avec le crochet qui le porte, a la place occupee d'abord par le brin transporte. En meme temps un bras articule, mis en mouvement par cette meme pince, fait avancer la chaine sans fin inferieure porte-cocons de la meme quantite dont a avance la chaine superieure porte-cro- chets, de sorte qu'un autre cocon se trouve suspendu en attendant qu'il soit transporte et coll^ a son tour. Ce n'est pas tout encore , il ne suffit pas que le brin manquant ait ^te remplace dans la filiere, il faut que le cocon de ce brin co\\6 vienne occuper la place du cocon detache, et que la bascule, ramen^e a sa position premiere d'equilibre instable, vienne appuyer contra le brin nouveau pour etre retenu par lui aussi longtemps que ce brin continuera de se divider. Or, c'est encore la regie porte- pince qui, dans son retour et par I'intermediaire d'un autre en- semble forme d'un bras articuld , d'une regie armee d'un cliquet, d'une roue a rochet , d'une roue d'engrenage , d'un pignon , fait tourner le chariot qui entraine le cocon du nouveau brin colle pen- dant qu'il se divide, le lache a la place du cocon dont le jbrin s'e- tait rompu , en meme temps que , par un troisieme m^canisme auxiliaire, elle a relev^ la bascule que le brin va maintenir en exer9ant sur elle une pression tres-faible. Tout alors est pret a recommencer. Cette description du jeu general de la machine a filer met deja en evidence une des particularit^s les plus neuves et les plus sail- lantes de I'invention de M. Achard, le parti qu'il a su tirer du principe de I'equilibre instable, et du fait mecanique de la rupture d'un brin de sole pour fermer un circuit electrique, et pour mettre en jeu, par le courant ne dans ce circuit, d'abord un embrayeur electrique, puis, au moyen de cet embrayeur, la force motrice quelconque, chute d'eau , vapeur, bras d'homme , etc., qui fait marcher la machine tout entiere. Decrivons maintenant cet embrayeur electrique, qui est une des plus grandes nouveautes, nous dirons meme une des merveilles de I'Exposition universelle de 1855, parce qu'il recevra successivement une foule d'applications importantes. Un levier pouvant tourner au- tour d'un arbre fixe, porte a I'extremit^ de son bras inferieur un electro-aimant qui lui est solidement fix6 : autour du meme arbre oscille constamment une autre piece mue par le moteur principal , portant un morceau de fer doux place en face des deux cylin- dres ou bobines de I'electro-aimant, auquel elle doit servir d'arma- ture ; un bras articule communique a 1' armature son mouvement 68 COSMOS. oscillatoire et I'amene periodiquement en face des poles de r(51ectro- ainiant, presque au contact, on meme au contact. Tant que le circuit electrique n'est pas ferm^, que le courant ne circule pas, I'armature ne fait que toucher ou frapper I'electro-ai- mant inactif, elle n'}' adhere pas, elle ne Tentraine pas, mais il n'en est plus ainsi lorsqu'un brin s'est roiripu, qu'une bascule a culbut<5, que le circuit est ferme, le courant etabli, I'aiinant devenu actif ; Tarniature alors adhere a I'electro-aimant, I'entraine dans son oscil- lation descendante, en le faisant tourner aussi autour de I'arbre ; or le bras inferieur du levier porte-aimant ne peut pas tourner sans le bras superieur lie a la regie porte-pince, qui avance alors, em- porte le brin et le fait coller. Quand cette operation est terminee , relectro-aimant , dont la demi-oscillation descendante est uti peu moindre que celle de far- mature , vient butter tour a tour contre deux tiges verticales , I'une mobile, qu'il pousse devant lui, et qui, par ce mouvement en avant, rompt le circuit ; I'autre fixe , qui retient I'electro-aimant devenu inactif. Par la meme , et malgre la courte persistance de Taction magnetique qui continue une adherence faible, i'armature, en ache- vant son amplitude d' oscillation plus grande, se separe de I'electro- aimant ; elle le retrouve en revenant sur ses pas , le ramene en poussant a sa position de repos pour I'y laisser, en meme temps que le bras superieur du levier articule, auquel I'e'ectro-aimant est fixe, fait avancer les deux chaines sans fins, tourner le chariot et relever la bascule pour la faire appuyer contre le brin. Tout alors est pret pour le remplacement d'un nouveau brin et d'un nouveau cocon, des qu'une nouvelle rupture aura lieu. Repetons-le encore, cet enrayeur electrique est une grande nou- veaut^ ; et I'electricit^ n'avait pas encore 6t6 appliqu^e dans des' conditions aussi heureuses. Jusqu'ici , I'electro-aimant restait fixe, I'armature seule ^tait mobile et servait d'organe de transmission de mouvement; personne n'avait eu I'idee d' employer I'armature apres son adherence , pour entrainer I'electro-aimant et le faire a son tour transmetteur de la force. Faisons remarquer encore que M. Achard utilise Taction magnetique au maximum de sa puis- sance, lorsque I'armature et I'electro-aimant sont en contact , tan- dis qu' avant lui c'etait au contraire Tattraction naissante a laquelle on faisait produire Teffetcherche; de sorte qu'on n'avait plus rien a lui demander quand elle avait acquis sa plus grande intensite. II y a dans cette innovation un progres immense et dont on peut attendre les plus etonnants resultats. Ajoutons que le mouvement comrau- COSMOS. 49 nique a I'electro-aimant peut etre, suivant le besoin, circulaire alter- natif , rectiligne alternatif, ou rectiligne continu ; qu'il peut s'exe- cuter dans tous les sens, horizontal, vertical, sous toutes las incli- naisons possibles, constantes ou variables, etc., etc. Pour completer notre expose , nous aurions a montrer comment M. Achard a utilise la chute de la bascule pour fermer le circuit Toitaique et etablir le courant ; a decrire en detail le mecanisme a machoires qui saisit le brin de cocon, le coupe, I'entraine, I'applique icontre les autres brins ; le chariot qui porte le cocon dont le brin vient de se coller aux autres autour de la bassine , le lache dans le xompartiment de celui dont le brin s'etait rompu , et releve en ■meme temps la bascule. Tous ces organes sont admirablement con^us et etudies : ils sont assez simples dans leur complexite ; mais une figure avec legende n'en donnerait pas une idee suffisante, et il faut absolument, pour les bien comprendre, les voir en action sur la charmante machine. On se fait difficilement a la pensee qu'une machine puisse faire surement et regulierement une opera- tion aussi delicate que la substitution sans temps d'arret d'un brin et d'un cocon nouveau au brin et au cocon detaches par la rupture, une operation que les doigts de femme les plus intelligents , les plus agiles , les plus exerces , n'executent qu'avec peine et tres- imparfaitement; mais M. Achard, qui est a la fois ingenieur habile et filateur praticien, espere beaucoup du succes de son appareil dlectro-moteur. D'ailleurs, les essais auxquels on I'a dt^ja soumis ont parfaitement reussi , et nous avons assez d'autres exemples de ces difficultes vaincues, de ces prodiges mecaniques accomplis, pour etre nous-meme plein de confiance dans une reussite que nous appe- lons des voeux les plus ardents. M. Achard est un ancien eleve de notre illustre Ecole Poly- technique, comme M. Froment, dont il suit les glorieuses traces et dont il partagera les triomphes. Profitant du benefice de la loi pro- mulguee le 2 mai dernier, il s'est assure la propriete de son filateur ^lectro-magnetique, y compris specialement Tembrayeur elect rique, au moyen d'un certificat descriptif. F. Moigno. ACADtMIE DES SCIENCES. SEANCE DU 9 JDILLET. Un grand nombre de savants Strangers, amends a Paris par I'Exposilion universelle , et faisant presque tous partie des jurys d'examen, assistent a la seance; ce sont : MM. Wheatstone et de La Rive, membres correspondants, Von Ettings Hausen, directeur de I'institut de physique de Vienne, M. le professeur Willis de Cambridge, M. I'abb^ Zantedeschi, etc., etc. M. Jobard lit une note sur les explosions foudroyantes des chaudieres a vapeur. II croit, comma M. Andraud, que ces explo- sions ne peuvent pas etre attribuees a la seule pression de la vapeur ; il a eu le premier la pensee de faire intervenir Telectrieite et fit , il y a douze ans, quelques experiences qui eurent pour resultat de mettre en evidence I'electricite n^e du frottement de la vapeur contre un conducteur metallique a pointes, t^lectricit^ que M. Arm- strong apprit plus tard a r(5gulariser et a concentrer. En outre de cette electricite de frottement, M. Jobard en admet une autre nee du changement d'etat, dans le passage de I'eau de r^at liquide a I'etat gazeux, et qui, dans certaines comlitions, pourrait s'accumuler au sein des chaudieres , y former comme des nuages orageux ou meme des tonnerres en boule ; on expliquerait ainsi sans beaucoup de peine les terribles eifets de projection que 1' explosion de la poudre elle-meme ne suffirait pas a produire. Un ingenieur de Liege, M. Tassin. construisit, il y a longtemps, un appareil soustracteur de I'electricite des chaudieres, qui fonc- tionnait assez bien pour qu'on entendit le bruit des etincelles dans leur passage d'un conducteur a I'autre, ou dans la combinaison des fluides d'abord separes; mais M. Jobard dit avoir constate que la soustraction de I'electricite etait accompagnee d'une diminution considerable dans le travail de la machine ; I'appareil brevet^ de M. Tassin fut alors forcement abandonn^. M. Jobard demande qu'on procede a de nouvelles experiences qui puissent faire enfin reconnaitre la veritable cause de I'explosion des chaudieres, si on doit les attribuera la formation d'un melange d^tonant d'oxygene et d'hydrogene n6 de la decomposition de I'eau, a I'eau amenee a I'^tat spheroidal, ou enfin a I'electricite sous forme de nuages d'electricit^s contraires, ou de tonnerre en boule. A I'occasion d'un gros bouilleur d'Hornus qui, essay ^ a 9 atmo- spheres, eclata le lendemain a 2 atmospheres 1/2, M. Jobard s'^lfeve COSMOS. 51 avec beaucoup de raison centre les exigences de radministration qui, en Belgique comme en France, a loiigtemps impose I'essai a triple charge ; en Belgique enfin, on s'est reduit a une pression double, mais en France la pression triple est encore de rigueur, et elle desole un grand nombre d'inventeurs et de constructeurs. — M. Alcan, professeur au Conservatoire des arts et metiers, lit la premiere partie d'un memoire sur un systenie nouveau de classification et de notation caract^ristiques des tissus. Ce travail a pour objet : 1° La recherche des types fondamentaux auxquels toutes les ^toffes peuvent etre rapportees ; 2" Le groupement, dans une seule et meme classe, des tissus qui renferment comme element I'un des types identiques ; 3° La subdivision de chaque classe en genres , I'union dans un genre des memes tMements constitutifs, ainsi que des moyens qui concourent a I'execulion ; 4° La decomposition du genre en autant de variet^s qu'il y a de r^sultats obtenus par les niemes elements et moyens ; 5" La notation algebrique eiubrassant I'ensemble des Elements qui determinent la valeur de chaque espece d'etoffe ; 6° La determination de la valeur relative et absolue d'un tissu par I'application de cette notation. Les types de M. Alcan sont au nombre de six. Premier type. Etoffes formees par la reunion sous une nneme tension de deux ou plusieurs series de fiis rectilignes, paralleles dans chaque s^rie, un fil d'une serie se croisant a angle droit avec un fil de I'autre par juxtaposition, avec rapprochement intime, de manifere a donner une surface sans vides apparents : toile, mousse- line, drap lisse, taffetas, calicot, damas, lampas, brocatelles, etoffes dites avec figures en taille-douce, velours fa^onnes. Second type. Tissus a trois series de fils au moins, formes d'une suite de rectangles a jour, a cot^s longitudinaux curvilignes, et a cotes transversaux rectilignes , mamtenus a des distances fixes par la revolution des fils de I'une des series autour des fils de I'autre: toutes les gazes, depuis les plus simples jusqu'aux gazes perlees, fa9onnees, lamees d'oret d'argent. Troisieme type. Les tricots ou travaux au crochet, etoflfes composees de mailles elastiques formees par la revolution autour de iui-meme d'un fil non tendu. Quatrieme type. Tissus r^ticulaires a mailles fixes triangulaires ou polygonales, formes de deux ou plusieurs series de fils tendus et 52 COSMOS. partiellement tordus dans leurs entre-croisements : dentelles, blon- des, tulles a chaine, tulles bobins. Cinquieme type. Filets a mailles nouees , a angles variables , formes a la main par la revolution d'un seul fil autour de lui-ineme, ou au metier par deux series de fils alternativement laches et tendus. Sixieme type. Tissus a corps pleins composes d'une s(^rie de fils; rectilignes continus, et d'une suite discontinue de fils boucl^s au- tour des premiers; ^toffes spoulinees dans lesquelles la matiere n'est employee qu'aux endroits oil elle doit apparaitre : chales chi- nois et indiens, tapisseries des Gobelins. Les elements qui president a la constitution des genres sont : 1° Le nombre de series ou de systemes de fits croises et super- poses, c"est-a-dire de chaines et de trames ; deux pour la toile simple, trois pour le velours uni, etc. ; 2" Le nombre des Elements de suspension propres a la subdivision,, des fils du systeme longitudinal, c'est-a-dire le nombre des lisseset des maillons, ou faisceaux de la chaine, depuis deux faisceaux JU37 qu'a plusieurs milliers ; 3° Les nombres d'abaissements et de soulevements, ou moiwe- ments, depuis deux jusqu'a des centaines de mille ; 4° Les diverses sortes d'apprets donnes au fil ou a I'etoife avant ou apres le tissage ; 5° Le nombre de fils par unit6 de surface, expression de la valeur absolue de I'^toflfe. 6" Le coefficient de la matiere premiere : le produit de la valeur. absolue par le coefficient donne la valeur venale. La notation dans le systeme de M. Alcan s'obtient par des for- mules qui indiquent le nombre C des chaines, le nombre T des trames continues, le nombre t des trames partielles, le nombre F des faisceaux, le nombre M des mouvements, le nombre R des fils par centimetre carre, le coefficient K du prix de la matiere pre- miere. La formule de la toile, par exemple, est (CT, 2F, 2M, R);, une chaine, une trame, deux faisceaux, deux mouvements, nombre de fils ou finesse. La premiere classe comprend quinze genres : 1, les armures fon- dameiitales, toile, taffetas, serge, crois^ ou batavia, satin ; 2, les memes armures appret^es avant le tissage, lainages, soieries, chines, ombres, jaspes ; 3, les memes armures modifiees par le foulage ou les apprets, qui suivent le tissage, draps lisses, satins couverts, toiles circes et acalquer, velours de coton, etc. ; 4, tissus doubles, deux COSMOS. 53 chaines et une trame, ou trois systemes au moins ; 5, tissus duve- teux, peluches, velours, etc.; 6, varietds des six premiers genres, resultant de Tarrangement des faisceaux ; 7, etoffes a dessins re- sultant des entrelacements, faites au metier a la tire ou au metier a la Jacquart, damnsses, rideaux en coton, soieries pour meubles; 8, tissus a deux couleurs ou a deux las, lampas; 9, tissus ano-lais multicolores ; 10 fa9onnes, produits au lanco, pas plus de quatre trames; 11, tissus fayonnes par entrelacement des trames resul- tant de la combinaison du lance et d'une espece de spouline, mous- selines brochees et festonnees, imitant le plumetis, chales nouveaux de M. Deneirousse ; 12 , tissus fa9onnes par I'entrelacement des chaines, velours coupes, boucles, ^pingles ; 13, etofTes formees par deux tissages successifs, dont I'un est decoupe, tapis, chenille de Nimes et de Beauvais; 14, etoffes obtenues par entrelacements dans des conditions spdciales, par montage^dit a corps ; 15, velours fa^onnes avec des fils prealablement chines suivant les procedes de M. Gregoire. Pour les etoffes fa9onn^es comme pour celles dites a armures, les vari^tes sont caracterisees par le nombre de combinaisons et d' arrangements des faisceaux et des mouvements. Les faisceaux sont pratiquement repr^sentes par les cordes et les crochets auxquels elles sont suspendues; les nombres de ces crochets ne sont pas arbitraires ou indefinis, en ce sens que Ton est convenu de certains nombres plus generalement adoptes, et qui constituent douze modeles ou m^canismes distincts de 80, 104 200, 624, 750, 800, 900, 1000, 12000, 1400, 1600 et 2 000 crochets. A ces douze modeles correspondront naturellement douze variet^s de tissus. — M Bel, censeur des etudes en retraite, et vice-president du cornice agricole d'Orgelet (Jura), presente le modele d'un barrao-e appele par lui barmge-omnibus^ appareil tout a la fois simple, in- g^nieux, tres-peu couteux a ^tablir. Apres avoir assign^ pour cause principale des inondations pdrio- diques qui portent la ruine, I'epouvante et parfois la mort. tantot sur un point de notre belle France, tantot sur un autre, les mille et mille chaussees, ^cluses, et autres barrages permanents, lesquels ont enlev4 a nos rivieres toute la largeur, et la plus grande partie de la hauteur de leurslits, et aux eaux la rapidite n^cessaire pour entrainer les matdriaux qu'elles charrient, I'inventeur du nou- veau barrage ajoute : .. Rendez a nos divers cours d'eau tout I'es- pace de leurs lits en demolissant les obstacles fixes que la main de 54 COSMOS. I'homme y a mis, et remplacez tons ces radiers ou ddversoirs par X omnibus; non-seulement vous rendrez les inondations non dilu- viennes impossibles, dans le temps oil les recoltes soiit sur le ter- rain, mais vous en accroitrez le volume aux ^poques ou I'irrigation est bienfaisante. •• Au barrage principal se joint , comma appendice ou accessoire, \ine valine automobile, bris(5e, formee de deux volants ou ailes ine- gales, etplacee a I'entree d'un biefou canal d'anient^e, alimentant une ou plusieurs usines inferieures. Ce second barrage est ouvert et le ])rincipal ferme quand les eaux sent basses; alors celui-ci peut recevoir, au besoin, dans le bief toute I'eau du courant alimentateur. Au contraire, dans les grandes eaux, si le debordement peut nuire, I'eau qui monte ferme par degres I'entrde au gravier dans le canal, et n'y laisse pen^trer que I'eau indispensable a un roulement plus r^gulier et sans chomage possible des usines. Bientot I'eau conti- nuant a grandir, franchit les aretes de Vomnibu^^ fait un niveau derriere les vannes comme devant, et etablit par la un presque dquilibre de double pression ; elle ne tarde pas a atteindre un pa- vilion rigide, ame de I'appareil quil domine, et Vomnibus s'ouvre, et ses vannes hydromobiles se placent au fil de I'eau. La riviere ayant retrouv^ tout son lit avec sa pente ancienne, ne peut plus franchir ses bords. A la fin de I'^t^ et au commencement du printemps, I'irrigation est favorable. Eh bien ! on retire la clavette qui fixait le pavilion, et celui-ci devenant girouette . les vannes restent ferm^es et font refluer les eaux. Pour en accroitre le volume, on dresse sur elles une hausse, qu'on y maintient au moyen de verroux ou targettes. Au r^suiii^, M. Bel s'est efforc^ d'i^tablir que le nouveau bar- rage, qui peut s'appliquer aux grandes rivieres aussi bien qu'aux petites , ^tant aide de son appendice, pr^viendra les inondations, favorisera les grandes irrigations et le jeu des usines, rendra a I'a- griculture des sols excellents jadis, que le voisinage des barrages permanents a convertis en mar^cages, garantira de tout encoinbre- ment lesbiefs usiniers,et tarirala source intarissable des differends et des proces entre les proprietaires riverains des cours d'eau. MM. Poncelet, Morin et Combes sont charges de faire un rapport a I'Acad^mie sur le barrage-omnibus. — M. le docteur Herpin lit un memoire plein d'interet sur les eaux thermales en general, leur efficacit^, leur classification, etc. Sceptique d'abord, et croyant a peine , ou meme ne croyant pas a I'efficacit^ des eaux min^rales, aux cures merveilleuses qu'on leur COSMOS. 55 attribuait, M. Herpin s'est enfin decide a verifier les faits par lui- meme ; il a visite presque toutes les sources celebres, il a suivi avec la plus scrupuleuse attention les traitements qui s'operaient sousses yeux, et il vient aujourd'hui comnfiuniquer a I'Academie le rdsultat de cette etude dehuit longues annees. Ce r^sultat est tres-simple ; M. Herpin est compldtement convert!, il croit fermement aux pro- prietes curatives des eaux minerales et thermales, il les regarde comme un des plus grands bienfaits de la Providence, comme le moyen le plus puissant a la fois et leplus agreabledonnea rhomine pour soulager, guerir et prevenir un grand nombre de maladies, en corrigeant et ameliorant la nature des secretions viciees, en appor- tant a la constitution intime des individus de profondes et salutaires moilitications. Apres cepr^ambule si consolant, M. Herpin se de- inande quelle est la raison de cette efficacit^ incontestable? Doit- on la chercher principalennent dans la composition chimique des eaux, dans la proportion des substances gazeuses ou minerales qu'elles contiennenti N'est-il pas evident, dit-il, que si on fait en- trer en ligne de compte Taction physique et physiologique de la chaleur ou du froid; Taction de dilution , de dissolution, d'elimi- nation des produits anormaux et morbides par Teffet d'un lavage m^canique, on comprend sans peine qu'il peut en resulter un chan- gement intime des humeurs et des solides, la formation d'un sang nouveau, d'une chaire en quelque sorte nouvelle ; et que les eaux sorte de panacee universelle, guerissent les maladies les plus diverses et les plus opposees. Les eaux, en outre, apportent des principes et des materiaux utiles ou n^cessaires a Teconomie, quideterminent des combinaisons et des reactions diverses, excitent de* secretions ou des excretions, operent des revulsions ou des derivations eminem- ment salutaires. Les chlorures agissent sur le systeme lymphatique et glandulaire ; les sulfates sur les visceres et les in test m;;, (ju'elles relachent; les carbonates alcalins sur le sang, qu'ils rendent plus fluide et plus coulant; la chaux et les phosphates ^ur les tissus os- seux, qu'ils r^generent ou fortifient ; Tiode, le soufre. Tarsenic, exercent leur action medicamenteuse specifique. Aux eaux, enfin le maladeestsoustrait aux influences domestiques iacheuses ; Texer- cice fortifie les muscles et diminue Texcitation net veuse ; le grand air ou un air plus l^ger excite et vivifie les organes respiratdires. M, Herpin divise les eaux mmerales en trois groupes piincipaux : 1° eaux sulfatees, sulfo-chlorurees, sulfo-carbonatees ; 2" eaux chlorur^es, chloro-sulfatees, chloro-carbonatees; 3" eaux carbona- tees, carbo-sulfatees, carbo-chlorurees. Les propneto? de c-.-i divers. 56 COSMOS. melanges ddpendent necessairement de la proportion des principes qui les constituent, et la nature a mis ainsi a la disposition du me- decin une variete considerable d'agents actifs de guerison. C'estaux sources naturelles seulement qu'on peut hoire leseaux minerales avec leur temperature native, leurs principes volati's, en assez orande abondance pour que le lavage des tissus soit complet. En France, oii Ton attend trop tard, sur 14 797 malades, M. Herpin a constate 27,44 pour cent guerisons iinmediates ou consecutives , 44 pour cent ameliorations ou soulagements ; ce qui donne 71,44pour cent gut§risons ou ameliorations. 28,56 malades sur cent n'ont eprouve aucun bien-etre ; 3 sur cent ont vu leur etat s'afo-raver. En AUemagne, oil le traitement hydro-mineral est plus tot employe, sur 2 951 malades, M. Herpin a vu 29 malades sur cent gueris immediatement ou consecutivement, 54 52 sur cent grandement soulages; ce qui donne 88,52 sur cent guerisons ou ameliorations; lenombre des insucces n'a ete quede 11,48 sur 100. — Son Altesse le prince Charles Bonaparte, en presentant deux Memoires de M. Pucheran, aide au Museum d'histoire naturelle, appelle d'une maniere toute speciale I'attention de I'Academie sur ]e merite de ce jeune savant ; ses etudes consciencieuses, dit-il, et ses travaux de classification, sans avoir I'eclat de certaines recher- ches physiques, chimiques, mathematiques, ont peut-etre une im- portance plus consid<5rable, et il y aurait injustice grande a ne pas honorer leur auteur. — M. Andre Poey adresse .une note sur les Eclairs sans tonnerre observes a la Havane , du 15 juillet 1850 au 15 juillet 1851, au sein de cumulo-stratus isoles sur I'horizon. Le iiombredes jours ou des eclairs ont ete observes dans ces nuages relativement bas, est de quatre-vingt-quatorze. lis sont frequents de juin en octobre ; avant juin ou apres octobre ils sont rares. Les directions dans les- quelles ils ont 6i6 le plus souvent aper9us, sont celles du sud-est au sud-ouest, et du nord-est au nord-ouest. M. Poey s'^tonne du grand nombre d' eclairs sans tonnerre, 44 par minute, qu'il a vusen certains jours ; il n'y a en cela cependant rien de fort surprenant; le meme ph(5nomene se reproduit pendant tout I'^t^a Paris. Au cou- chant derriere I'Arc de triomphe de I'Etoile , le ciel est presque chaque soir convert de cumulo-stratus tres-epais , d'ou jaillissent a chaque instant des dclairs sans bruit aucun. [La suite au procha'm numero.) A. TRAMBLAY, proprictaire-qerant. I'aris. — Impiimeiie Ue W. Remqdet ct Cie, rue Garaiicitre, 5. T. VII. 20 JUILLET 1855. QDATRIEME ANNEE. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Ce n'est pas sans quelque tristesse que nous traduisons I'ar- ticle public dans la derniere livraison de X Athenoewn anglais du 14 juillet sous ce tltre : La science et le gouvernenient. « En 1849, le comte de Rosse, alors president de la Societe royale, re9ut de lord John Russell unelettre lui annon^ant I'intention du gouverne- ment de Sa Majeste, de meltre a la disposition du president et du conseil de la Societe royale une somme de vingt-cinq mille francs pour encouragement aux sciences. Le lord ministre ne prenait pas I'engagement formel d'accorder cette subvention regulierement chaque annee, mais tout indiquait qu'elle serait continu^e indefini- ment, que c'^tait unefondation perpetuelle. Le conseil delaSoci^t^ royale fut unanime pour I'acceptation de cette ofFre g^nereuse du gouvernement. Une commission nombreuse, composee du conseil et des savants les plus t^minents, fut charg^e d'etudier les meilleures regies a suivre pour faire de cette allocation I'usage le plus excellent. Apres plusieurs reunions la commission fit son rapport et decida que les fonds accordes seraient employes : 1° et principalement a venir en aide aux recherches scientifiques individuelles; 2" au calcul et a la reduction d'une masse d'observations accumulees depuis long- temps; 3° a rendre plus nombreuses et meilleures les observations astronomiques et meteorologiques, par I'achat et la distribution de nouveaux instruments ; 4° et tres-secondairement a aider certaines entreprises relatives a la science qui, sans rentrer dans aucune des categories precedentes, presenteraient un interet suffisant dans des ■circonstances donnees. Les allocations pour les annees 1850 . 1851 , 1852 1853, te 1854 ont et6 distribuees en conforniite avec ces sages recomman- dations, au grand profit de la science. Parrai les personnes dont les recherches scientifiques ont ^te en- couragees par des sommes prises sur les fonds du gouvernement, on peut nommer, MM. Owen, Sabine, Stokes, Airy, Carpenter, 3 58 COSMOS. Hopkins, Horner, Miller, Tyndall, Huxley, de la Rue. Ces noms sontune garantie solennelle du bon emploi des fonds; et nous avons toute raison de penser que dans beaucoup de cas les experiences faites par ces illustrations de la science ont produit des resultats dont le pays a tire d'assez grands avantages pour compenser, au point de vue meme materiel ou commercial, la faible depense mise a la charge de I'Etat. En parlant ainsi, nous faisor.s surtout allusion aux recherches experimentales de MM. Fairbairn, Hodgkinson et Hopkins, sur la resistance des materiaux employes dans les cons- tructions, recherches que ces savants ont poursuivies et termi- n^es sans emoluments, et sans etre couverts de leurs frais autres que ceuxdes appareils et des materiaux brutes. Croira-t-on maintenant que le gouvernement qui a si souvent fait appel aux services gratuits des niembres de la Societe royale dans Tinteret de la nation, ait refuse pour cette ann^e ce meme credit de vingt-cinq mille francs^ En outre du rude soufflet donni^ a la science par ce refus incroyable, est-il de politique sage de declarer a la face des nations que I'Angleterre, avec ses ressources si grandes, est tellement oberee par la guerre, quelle ne peut pas continuer plus longtemps a consacrer a la science une somme de vingt-cinq mille francs 1 Get aveu surprendra sans doute le czar qui, avec des fi- nances en deficit, n'en continue pas moins de doter sa celebre Aca- demie des sciences. Nous ne craignons pas de le dire, ce retrait est aussi injuste qu'impolitique. Le gouvernement ne s'est jamais fait defaut de requ^rir le concours, I'appui scientifique de la Societe royale. II y a quelques mois a peine il demanda a I'illustre corps de lui signaler les grands desiderata de la meteorologie, sur lesquels le bureau special du commerce devait appeler I'attention des naviga- teurs et des observateurs a terre. La reponse de la Society; ne se fit pas attendre; elle adressa des circulaires aux meteorologistes et aux savants les plus celebres du royaume-uni et de I'etranger; apres de longues etlaborieuses discussions au sein deson conseil, elle redigea un rapport volumineux et le transmit au gouvernement. C'etait, le gouvernement n'aurait pas du I'oublier, de la part d'hommes qui ne sent pas, en general, assez pourvus des dons de la fortune pour ne lirer aucun parti de leur travail et de leurs connanissances acquises, Ain service purt-ment gratuit. Vous les recompense/, qui le croirait, alors surtdut qu'il s'agissait d'une science eminemment pratique, la jniiteorologie. dont les progres hatent ceux de la navigation, par la suppression de hi minime allocation annuelle qu'ils avaient si long- teinps attendue de vous. » COSMOS. 59 Nous ^prouvons un sentiment de noble fierte et de satisfaction grande en constatant que le gouvernement fran9ais a suivi une tout autre ligne de conduite. Les charges ecrasantes de la guerre ne lui ont fait rien retrancher des subventions qu'il accorde a I'lnstitut de France, aux Facultes des sciences et des lettres, au Museum d'his- toire naturelle, a 1' Ecole poly technique , a I'Ecole des mines et des ponts et chaussees, auxEcoles d'application, etc., etc. II y a quinze.jours a peine qu'un decret imperial ordonnangait un credit supplcmentaire de 57 000 fr. pour travaux et achats d'instruments a TObservatoire de Paris. Tout le monde sait que S. M. TEmpereur a donnc sur sa cassette une somme de 40 000 fr. a M. Henri Sainte-Claire De- ville, pour la reorganisation du laboratoire de chimie de I'Ecole normale; qu'elle a ouvert un credit indefini a I'usine de Javel, pour la fabrication de I'aluminium ; qu'elle a fait construire a ses frais la turbine a vapeur de M. Isoard, etc., etc. Le r^dacteur de \ Athenceum n'avait certes pas besoin d'aller chercher en Russie un noble exemple de generosite et de reconnais- sance a regard de la science et des savants. II est vrai que c'est en France qu'elle a retenti cette belle parole de Napoleon-le-Grand : « Le pouvoir de la science entre pour beaucoup dans la science du pouvoir. •' F. MoiGNo. — Noustrouvons dans le meme journal anglais une autre nou- velle non moins affligeante. Le professeur Faraday appelle I'atten- tion sur I'^tatactuel de la riviere la Tamise, dont les eaux, depuis le pont de Londres jusqu'a Hungerford-Market, sont tout a fait cor- rompues : « La riviere tout entiere, dit-il, n'est plus formee que d'un fluide opaque brun pale. Pour mesurer son degre d'opacite, j'ai coup6 en longs morceaux des cartes blanches; j'ai mouille ces bandesafin qu'elles pussent s'enfoncer sans peine dans I'eau; et, a toutes les stations du bateau , je plongeais quelques-uns de ces morceaux. Des qu'ils etaient descendus de trois centimetres au- dessous de la surface de I'eau, il devenait impossible de les distin- guer, quoique le soleil brillat avec beaucoup d' eclat. C'est ce que j'ai vu de mes yeux au quai Saint-Paul, au pont Blackfriars, au quai Temple, au pont Southwark, a Hungerford ; et je ne doute pas qu'en deseendantplusbas encore, j'auraisretrouvelesmemesph^nomenes. Pres des ponts, les matieres fccales roulaient en nuages si denses qu'ils Etaient visibles a la surface, meme dans ces eaux si opaques. Le gout de I'eau par touts la riviere ^tait vraiment mauvais ; ces eaux dtaient tout a fait comparables a celles qui sortent des ^gouts des rues ; la Tamise entiere en ce moment n'dtait qu'un vaste 60 C0S3ICS. cloaqup. II m'aurait 6ie presque impossible de continuer jusqu'a Lambeth ou Chelsea ; j'^tais heureux de rentrer dans les rues dont I'atmosph^re , excepts pr^s des logouts, etait beaucoup plus pure et plusagreable que sur la riviere. « Le journal ajoute : " C'eiit ^te le cas ou jamais pour la police m^dicale d'intervenir, mais, nous le disons avec un tres-grand regret, le ministre de la sante publique a declard qu'il n'y avait rien a faire! - F. Moigno. Encore un fait desesperant emprunte cette fois au John-Bull: « La Commission chargee par la Chambre des communes de faire des enquetes relatives a la falsification des denr(^es alimentaires s'est assembl^e vendredi dernier a une heure ; elle etait presidee par M. Scolefield. Le docteur Hassell a ete le premier temoin appel6, et il a affirme qu'il resulte des recherches faites par lui sur toutes sortes de substances alimentaires, que pas une seule n'a echappe a la sophistication. Les matieres employees dans la falsification sont du poussier de bois et des terres rouges ferrugineuses, le rouge de Venise, le vermilion , le bleu de Prusse, le curcuma, et d'autres substances d^goiitantes et veni^neuses. Certains articles, I'arrow- root, la moutarde, etc., sont tellement falsifies qu'on aurait beau- coup de peine a y trouver une parcelle de produit pur. II est a sa connaissance que presque partout les feuilles de the ayant dcja servi sont sechees, coloriees avec une matiere dangereuse et ven^ dues de nouveau comme du the naturel. Le cuivre joue un grand Tole dans la preparation des fruits confits. On rencontre tres-souvent dans le poivre de Cayenne I'oxyde rouge de plonib en quantite suffisante pour produire des desordres dans I'organisme, si on en prend deux ou trois fois dans la semaine. Le tabac contient une si grande proportion de chromate de plomb qu'il determine souvent la paralysie du cerveau. Interroge par lord Hamilton, le temoin re- pond que les falsifications ou adulterations sont faites principalement par les raarchands en gros, ce qui n'empeche pas les marchands en detail d'alterer a leur tour les produits. A I'occasion de la sophisti- cation de certaines marmelades, le president demande si, comma les etiquettes I'indiquent, elles sont faites avec des oranges. Oh ! non , s'ccrie le docteur, mais presque toujours avec des navets. Hepondant a diverses questions relatives aux confitures et dragees coloroes, il soutient qu'elles tuent chaque annee un certain nombre de victimes, surtout parn)iles enfants, qui en mangent davantage ; achetees dans les petites ou les grandes boutiques, elles pr^sentent peu de difl'erence. On fait en Angleterre une consommation enorme de cet article, surtout depuis que le prix du sucre a diminue. Apres cosmos. 61 s'etre ^difi^e sur la sophistication du gin, la Commission s'ajourne au vendredi suivant. « — Oserons-nous faire ici une reflexion delicate du respect au lois i Nos anglomanes nous citent a chaque instant I'Angleterre comme la patrie de la generosity, de I'hygiene, de la probity ; les trois grands faits que nous venons de citer, et les emeutes qui chaque dimanche, depuis un mois, d^solent les rues de Londres , ne prou- vent-ils pas trop, helas ! que la reputation de notre voisine est quelque peu usurpee ; que ses vertus sont plus apparentes que reelles : -vidctur et non est \ Notre France a beaucoup moins d'ap- parence, mais elle a peut-etre plus de ri^alite : non videtur sed est. Une nation qui soit a la fois dans le for exterieur et le for interieur genereuse, fidele aux lois de I'hygiene publique et privee, honnete, respectueuse pour tous les pouvoirs, divins et humains, dont on puisse dire videtur est^ n'est pas, h^las, de ce monde ! F. Moigno. — Nous avons re9u il y a quelques jours seulement le catalogue des prix decernes et proposes par la Socidte hoUandaise de Harlem, et nous nous empressons de I'analyser rapidement. Cette Socii^t^, dirigee par un secretaire eminemment zele et ardent, M. Van Breda, merite les plus grands eloges, elle saisit avec une habilite et un bonheur incroyable toutes les questions al'ordre du jour, a mesure que le progres les fait surgir , et par ses prix elle en hate grande- ment la solution. Deux prix de 150 florins (320 francs) ont ete decernes, le pre- mier a M. le docteur Wagener, de Berlin, pour ses recherches sur la transformation des filaria et des cercaria en tetrarhynclms ou en distoma; le second a M. Caillaud, directeur du Musee d'histoire naturelle a Nantes, pour son beau travail sur la comparaison ana- tomique des animaux perforants : Tarets, Pholades, Modioles ; efc les moyens employes par ces animaux pour percer le bois , I'argile dure ou la pierre. Les questions proposees pour 1854, et qui sont remises au con- courscoir.men'ayant pas ete suffisamment eclairees.sont: l"L'exis- tence de Neptune avec la masse que les observations de M. Struve lui a^signent, suffit-elle a expliquer les perturbations d'Uranus? 2° Determiner les elements elliptiques de la comete decouverte par M. Westphal, le 24 juillet 1852, et s'assurer si sa periode de re- volution est bien de soixante ans, comme MM. Sonntag et Marth I'ont assure. 3" Determiner par des experiences qui s'ctendent jus- qu'a des vitesses de vingt metres par seconde le rapport entrc la vitesse du vent et la pression qu'il exerce sur une aire doiinee. 62 COSMOS. 4° Chercher si , et dans quel rapport la flexion qu'une charge donnee fait subir a una barre de fer augmente lorsque cette charge est en mouvement ; donner la th^orie et I'expression ana- dj-tique de cette augmentation en fonction du poids de la charge et des barres. 5" Donner la classification gdologique des roches plu- toniques suivant I'ordre de leur apparition comme parties int^- grantes de I'ecorce du globe. 6" Donner une description et une carte E^oloo-ique de la Guyane hoUandaise , avec I'^tude des fossiles ©rganiques, des pierres roulees, et des detritus de rochers. 7" D^- <;rire avec exactitude un delta quelconque forme a I'embouchure des grandes rivieres de I'Europe, ses dimensions , les matieres dont il •est forme et rordre de disposition de ces matieres. 8" Faire une monographie des oiseaux fossiles avec figures. 9" Determiner par de nouvelles experiences les changements que la compression des cristaux apporte dans leur conductibilite pour la chaleur et I'e- lectricite , et dans leur pouvoir refringent. 10° Determiner par la theorie et I'experience la relation entre la chaleur que les courants induits font naitre dans le fer doux des machines magneto-electri- ques et la force mecanique employee a mettre la machine en mou- vement. 11" Faire une etude physiologique et anatomique scrupu- ieuse de deux especes d'animaux vivants dans des grottes ou des souterrains profonds et devenus aveugles par absence absolue delu- miere; representer par des dessins exacts les modifications que cette cecit^ determine dans les organes cerebraux, ou autres, en rap- port avec I'organe de la vue. 12° Peut-on et comment obtenir de certaines sortes de tourbes des substances qu'on ne peut pas, ou qu'on ne peut obtenir que tres-difficilement d'autres matieres veg6- -tales ? Les questions nouvelles proposees cette annee sont : 1" A quoi ;faut-il attribuer ce fait que le fer doux place au sein d'une h^lice ne prend pas imm^diatement tout le magnetisme que le courant peut ■lui donner, et ne le perd pas immediatement apres la rupture du -eircuil? 2° Rechercher les proprietes physiques de deux vapeurs au enoiiis soumises a une tres-haute temperature et a une pression d'au moins cent atmospheres. 3" Arnver par I'experience et I'observa- tion a une theorie parfaitement satisfaisante de la formation de la grele. 4° Un courant eleclrique qui traverse I'organisme humain peut il en separer certaines substances, telles que le mercure.le plomb, etc., pour les transporter sur un electrode place en dehors? •5" Dn.iner la theorie mathematique des voutes obliques, en deduire les lorrnes et les dimenMoiis a dnnner a ces voiites et a leurs cu- C0S3I0S. 6S Ides, et surtout la limite de I'inclinaison qu'elles peuvent recevoir. 6° Donner la monographie des sables de la Campine, assigner leur origine et les roches dont elles sontle detritus. 7° Examiner si la forme et I'elevation d'une chaine particuliere regardee jusqu'ici comme produite par soulevement peuvent s'expliquer par un simple effet d'affaissement ou de tassement avec pression lat^rale et plis- sure. 8" Rechercher la constitution chimique et physique des ter- rains dess^ches du lac de Harlem et en conclure leur fertilite pro- bable. 9" Quelles sont les causes autres que les pierres charri<§es pap les glaciers qui ont pu determiner les raies et sillons des roches dures? 10" Quelles variations a-t-on observees dans la hauteur de la mer du Nord sur les cotes hoUandaises, beiges et fran9aisesT Comment les courants de ces cotes ont-ils ete modifies dans leur direction et leur vitesse? Quelle a 6te I'influence de ces change- n)ents sur les dunes de la Hollande depuis I'embouchure de la Mouse jusqu'a celle du Holder, et celles des iles qui longent les cotes de la Frise et du Groningue, au point de vue surtout de la diminu- tion sur certains points, de I'augmentation sur d'autres. 11" Mettre en evidence par des recherches exactes les fonctions inconnues de certaines parties de I'organe de I'ou'ie. 12" Arriver a connaitre par des recherches therapeutiques si la cynchonine et ses composes peuvent remplacer le quinquina comme agent febrifuge. 13" Donner la monographie des diatomees, a I'dtat vivant ou fossile, de I'ile de Java. Les reponses a ces deux series de questions devront etre adres- sdes a M. Van Breda, a Harlem, avant le premier Janvier 1857. La Society rappelle en outre vingt-sept questions mises ant^rieu- rement au concours. 1. Repeter scrupuleusement et dtendre a d'au- tres genres ou espfeces les observations deja faites sur les organes sexuels des lichens. 2. Faire une dtude plus complete de I'ovule de I'ordre des balanophorees et sa fecondation. 3. Histoire compa- rative avec figures du petromyson fliwiatilis. 4. Quelle est I'in- fluence des nerfs sur la quantity et la qualite des secretions dans les organes autres que les glandes salivaires ; donner la raison de cette influence? 5. Quelle est 1' utility des cellules glandulaires dans les organes sdcr^teurs et quelle part prennent ces glandes a la prepa- ration du ftuide secrete? 6. Quelle est I'influence des nerfs, de leur section au-dessus ou au-dessous du ganglion, et de I'irritation des ganglions sur la naissance et les progres de I'inflammation \ 7. Des- cription g^ographique et geologique des terrains houillers de la partie m^ridionale de Borneo, avec indication du meilleur mode 64 COSMOS. d'exploitation. 8. Monographie de quelques-unes de ces couches houilleres avec comparaison de la flore fossile et de la flore actuelle. 9. Etude complete de la mer de lait, ses causes, ses apparitions, son etendue, ses effets. 10. Comment et avec quel succes la pre- paration de I'iode pourrait-elle etre organisee industriellement dans les Pays-Bas? 11. La distribution des difFerentes especes vegetales et leur veo-etation plus ou moins forte dependent-elles moins, comma M. Thurmann croit I'avoir prouve dans sesEssais de phitostatique du Jura, Berne 1849, de la difference mineralogique des terrains que de leur constitution physique et hygroscopique! 12. Quelle est la veritable origine des amas de sables et de debris de pierres accumu- les vers I'einbouchure des rivieres des Pays-Basi Sont-ils amends par les rivieres, ou sont-ils les detritus d'une ancienne formation? 13. Determiner pour une des rivieres principales des Pays-Bas, ayant une embouchure que la maree n'atteint pas, la quantite an- nuelle de matieres que cette riviere porte vers son embouchure. 14. Quelle est la larve d'insecte qui perfore les bois des digues du golfe de I'Y, et comment se defendre de ses ravages 1 15. Quel est la veritable cause du son observe par M. Page, et qui accompagne Tetincelle dans I'acte dela rupture du circuit de I'ht^lice qui entoure un cylindre de fer doux ? Pourquoi ce son est-il plus fort lorsque la rupture a lieu pres de I'extremite du cylindrel 16. Existe-t-il un rap- port certain entre les hypertrophies de la rate et I'^tat morbide du sang connu sous le nom de leucoemie, et caracterise par une abon- dance de globules blancs? Mettre ce rapport en evidence par des observations puthologiques et cliniques. 17. Description compara- tive des vaisseaux lymphatiques et chyliferes chez trois poissons de families trfes-differentes ; decrire sur une espece au moms le sys- teme entier de ces vaisseaux ; examiner les rapports de ces vais- seaux avec les vaisseaux sanguins; rdp^ter et discuter les observations deja faites. 18. Quelle est la fonction de la matiere par- ticulibre s^cretee dans le gros intestin des carnivores , des on- gulcs et des rongeurs^ 19. Qu'y a-t-il de fonde dans les vues emises par M. Struve dans ses (Etudes d'astronomie stellaire, publiees en 1847, sur la structure de I'univers et la transparence de Tespace? 20. Determiner au moins sur six Electrolytes le rapport numerique qui existe entre la portion du courant qui decompose 1' electrolyte, et la portion pour laquelle I'electrolyte semble doue d'une con- ductibilite pareille a celle des metaux. 21. Determiner par des experiences plus exactes les modifications que induction determine dans la vitesse de I'dlectricito au sein de coiiducteurs metalliques COSMOS. 65 entour^s de gutta-percha ou d'eau. 22. Examen rigoureux des ph^nomenes attribues a la force catalytique. 23. Se produit-il du Sucre dans I'organisme humain , et comment se produit-il ■? 24. Sui- vre sur trois especes au moins, appartenant a des families bien dif- ferentes, le developpement des algues depuis rembryon jusqu'a la plants enticre , pour arriver a connaitre leur mode de reproduction ; descriptions et au besoin figures. 25. Comment par I'dtude des fos- siles arriver a reconnaitre si des terrains d' alluvion ont ete deposes dans de I'eau douce, dans de I'eau plus ou moins salee, ou dans la mer. 26. Etude complete a I'aide de la constitution gL'ologique du sol de I'ancienne embouchure du Rhin, pres de Katwijk, avant qu'elle fut fermee par un cataclysme violent ou par des atterrisse- ments progressifs, son etendue, les vestiges qu'elle a laisses, etc. 27. Recherches avec description et figures sur les fossiles, d'une au moins des iles peuplees de I'Archipel indien, neerlandais, autre que I'ile de Java ; epoque geologique des terrains, surtout des couches les plus anciennes. Une collection de ces fossiles mise a la disposi- tion de la Societe donnera droit a une recompense spdciale propor- tionn^e a I'importance de I'envoi. Les reponses a ces vingt-sept questions devront etre envoyees avant le l*^*" Janvier 1856. Le prix ordinairement decerne a chaque reponse jug^e satisfai- sante est une medaille d'or de la valeur de 300 francs environ. La Societe ajoute une gratification de 300 fr. en argent lors- qu'elle la croit meritee. A roccasion de la fete sdculaire , celebree en 1852 , elle fonda deux prix, I'un de 2 000 francs pour I'ouvrage le plus remarquable sur une des branches des sciences naturelles public du 21 mai 1852 au 21 mai 1856 ; I'autre de 4 000 pour la plus eminente des decou- vertes faites dans le meme intervalle dans le domaine des sciences naturelles, en y comprenant bien entendu les sciences physiques et chimiqes. EXPOSITION UNIVERSELLE. VARIETES. FELICITATION DES COMMISSAIREg ETRANGERS. Nous avons enregistre la declaration des membres anglais du jury international qui sont unanimes a reconnaitre que 1 'Exposition de 1855 est a la hauteur du programme trace par la commission im- pdriale et bien suporieure a I'Exposition universelle de Londres en 1851. Les commissaires des gonvernements Strangers qui se r^u- nissent toutes les semaines sous la presidence de M. James de Roth- schild, ont voulu suivre ce noble exemple, et dans leur seance du 10 iuillet , lis ont resolu a I'unanimite d'informer leurs nationaux que I'Exposition est aujourd'hui complete et digne a tous egards des esperances que Ton etait en droit de concevoir. Non-seulement, aioutent-ils, elle ofFre et deroule dans son ensemble un spectacle grandiose et admirable des produils de I'agriculture , de I'industrie et des arts de toutes les nations ; mais elle met encore en evidence les progres notables realises depuis I'Exposition de 1851. Elle pre- sente enfin des perfectionnements int^ressants et des donnees nou- velles dont 1' etude ne pent etre qu'utile tant aux hommes speciaux qua ceux qui considerent d'une maniere generale le developpement et les progres de I'espece humaine. lis ont pens^ en outre qu'il ^tait de leur devoir de remercier son Altesse Imperiale le prince Napoleon, president de la commission imperiale, pour la maniere dont il a compris et accompli la grande mission dont il avait bien voulu se charger, et ils ont depose entre ses mains I'adresse suivante : " Les commissaires des puissances ^trangeres viennent remplir « un devoir , en ofFrant au president de la commission imperiale " I'hommage de leur admiration pour la maniere eclatante avec la- .' quelle vient d'etre accomplie I'oeuvre de I'Exposition universelle. .. La grande pensde de I'Empereur est done realis4e. " Graces en soient rendues aux efforts bienveillants de Votre " Altesse Imperiale , a la sollicitude de tous les instants quelle a .< accordee a cette grande oeuvre , a la puissante impulsion qu'elle '< lui a donn^e. « L'Exposition brille aujourd'hui au milieu de la capitals de la u France, a laquelle elle ajoute un nouveau lustre. « Elle offre un tableau de tout ce que la Providence nous fournit « de produits de la nature, et des transformations op^r^es par les COSMOS. 67 '< hommes; elle contribuera puissamment aux progrfes des beaux- « arts, de I'industrie et de la prosperity du commerce, qui ont fait » constamment I'objet de la plus vive preoccupation de I'Empereur. « En venant aujourd'hui, monseigneur, vous exprimer lessenti- " ments dont tous les commissaires sont penetres , et en vous pre- " sentant una copie de la declaration qu'ils ont adoptee dans leur " derniere seance hebdomadaire, pour etre adressee a leurs natio- « naux , ils saisissent cette occasion pour renouveler k Votre Al- " tesse Imperials I'assurance de leurs hommages respectueux. .< S. A. I. le prince Napoleon a rdpondu : •' Je remercie MM. les commissaires de I'adresse qu'ils viennent " de me remettre... •• Veuillez, messieurs, etre les interpretes de mes remerciments " aupres des divers pays que vous representez... " Une grande tache nous reste a accomplir : c'est celle des r^- " compenses a decerner. Nous y apporterons tous I'esprit le plus '■ equitable, la plus scrupuleuse impartiality. « Nous manifesterons ainsi d'une maniere eclatante la pensee « de I'Empereur , resserrer de plus en plus les liens des nations en " rapprochant les ceuvres de leurs mains, en confondant dans une « meme egalite de mesures la niception et I'installation des pro- " duits des arts et de I'industiie de tous les peuples, en recompen- " sant avec une egale justice les ceuvres utiles et remarquables de " toutes les nations qui ont pris part a ce grand concours du travail « universel. .. UNE DES PLUS MEMORABLES EXPERIENCES DU XIX'= SIECLE. PENDULE DE M. FOUCAULT. N° 1999. Palier de I'escalier du pavilion nord-ouest. Nous avons enfin vu apparaitre, au Palais de I'industrie, la ma- gnifique demonstration du mouvement de rotation de la terra, ima- ginee, il y a quelques ann^es , par un jeuna physicien fran9ais, M. Leon Foucault , et elle est apparue transformee. Sur la vaste plate-forme da I'escalier du pavilion nord-ouest, au premier etaga, vous verrez. toujours entoure d'un petit nombra de spectateurs In- trigues et inquiets, un grand cercle divis^ en 360 parties egales ; au-dessus du centre de ce cercle , une pince fixee au plafond sou- tient un fil long de 11 metres ; ce fil porte une boule en fer doulc de 20 centimetres dediametre, termineepar une pointe qui effleure les divisions, at force a constater non-seulemant un dt^placement de ehaque instant, mais un mouvement continu de rotation. L'en- es COSMOS. semble du fil et de la boule constitue un pendule simple qui oscille incessaiument, et oscillera sans iinpulsion iinuvelle aussi longtemps que durera I'Exposition universelle, bien different en cela des pen- dules ordinaires qui s'arretent apres un nombre plus ou moins grand d'oscillations, si on ne leur reslitue pas la quantite de raouvement que la resistance de I'air eteint impitoyablement a chaque excur- sion ascendante ou descendante. Rien de plus vulgaire, nous dirions presque rien de plus insignifiant en apparence que ce mouvement de va-et-vient ; il ne dit rien nia I'oeil qui n'a pas etc ouvert a la lunniere de la science , ni a I'esprit que les clartes de la theorie n'ont pas il- lumine. Et cependant si le g^ant des physiciens de la Renaissance, Galileo Galilei se trouvait avec vous t^moin de.ce mouvement de va-et-vient si prosa'ique et si monotone, vous verriez son grand front s'epanouir, ses yeux etinceier comme des diamants, et vous I'entendriez s'ecrier, une fois encore, niais avec plus d'enthousiasme et de colere : " Eppur si /H^oce / EUe se meut done bien reellement cette terre dont on veut faire une masse inerte et immobile, tandis qu'elle est emportee dans I'espace par un double mouvement de ro- tation rapide autour de son axe , de translation plus rapide encore autour du soleil. Pourquoi, ajouterait-il , pourquoi I'eclair de genie qui a inonde de ses feux le modeste cottage de la rue d'Assas n'cvt-il pas illumine 270 ans plus tot les flancs du Mont-QuirinaH Dans ma somptueuse prison du palais de la Trinite, a I'une de ses Ele- gantes voutes j'aurais suspendu un pendule, et les plus incredules I'auraient vue tourner, cette terre qui s'enfuyait dans I'espace , en riant a la barbe des docteurs deleur sollicitude inconsideree; alors, au lieu de m'accuser de t^merite et d'entetement, on m'aurait port6 en trioinphe. » C'est qu'en efFet, cher lecteur, I'experience eminem- ment ingenieuse de M. Foucault vous fait voir des yeux et toucher presque du doigt le mouvement de rotation de la terre autour de de son axe , c'est-a-dire tout ce qu'il y a de plus simple et de plus naturel au monde ; mais, en meme temps, tout ce qu'il y a de plus mysterieux et de plus insaisissable. L'arc de cercle parcouru par le pendule a I'instant oil vous le con- siderez, et le fil qui le supporte determinent un plan vertical tout naturellement appele plan d'oscillation; au moment ou vous arrivez devant le pendule , placez-vous dans ce plan de la premiere oscilla- tion qui s'ex^cutera sous vos yeux ; notez sur la portion du cercle la plus vnisine de vous la division que la pointe effleure, et contemplez immobile. Apres quelques minutes, vous verrez que la pointe n' ef- fleure plus cette meme division, qu'elle indique une division plus a COSMOS. 69 votregauclie, que vous n'etes plus dans le plan d' oscillation, et que, pour vous y replacer, vous avez besoin de reculer vers la gauche. Si, vous armant de courage, vous vous obstiiiiez a vous maintenir pendant trente-deux heures dans le plan d'oscillation du capricieux pendule, vous trouveriez que vous avez fait le tour entier du cercle, que vous etes revenu a la division de depart. Trompe par les appa- rences, vous concluriez forcement que le plan d'oscillation du pen- dule a tourne incessamment de maniere parcourir un cercle entier ; ce serait cependant une grosse erreur. Le plan d'oscillation du pen- dule , la raison aidee de I'exp^rience le prouvent invinciblement, est reste immobile dans I'espace, et c'est bien la terre qui a tourn^, emportant avec elle et le cercle divise et vous ; c'est elle que vous avez suivie dans son mouvement de rotation autour de son axe, et vousl'avez reellement vue, sinon sentie, se mouvoir de I'occident en orient . en sens contraire de la voiite celeste que vous auriez cru sans raison voir tourner de I'orient vers I'occident. Mais la demonstration ne sera complete qu'autant que vous serez force d'admettre que le plan d'oscillation da pendule est reelle- ment immobile dans I'espace. Or, voici comment nous etablissons cette grande verite : 1" la force qui fait osciller le pendule n'est bien certainement que la pesanteur, force verticale, force toujours situee dans le plan vertical d'oscillation , et il est absolument im- possible qu'une force situee dans le plan d'oscillation fasse tourner ce plan ; ce n'est done pas la pesanteur qui pourrait faire sortir le pendule du plan dans lequel I'inertie tend a le maintenir ; ce n'est pas non plus la rotation de la terre , car supposons, pour plus de simplicite , que le point de suspension du pendule soit exactement au-dessus de I'un des poles dela terre, sur le prolongement de I'axe de notre globe, Taction due a la rotation de la terre serait repre- sentee alors, par rapport au pendule, par une force horizontale per- pendiculaire a sa direction ou a sa longueur, or le plus simple bon sens nous revele encore qu'une force n'ayant avec le pendule qu'un point de commun et perpendiculaire au fil qui le porte, ne peut nuUement le faire sortir du plan dans lequel vousl'avez fait osciller. Si vous vous obstiniez a rester a Paris, a ne considerer que le point de suspension du pendule au sein du Palais de I'lndustrie cas oil I'impulsion nde du mouvement de rotation de la terre est oblique par rapport a la direction du fil du pendule, nous vous di- rions encore qu'une force qui n'a avec la tige eminemment flexible du pendule qu'un point ds commun ne peut changer son plan d'os- cillation ; nous vous forcerions a decomposer cette force oblique ea 70 COSMOS. deux autres, I'une dirigde suivant le fil du pendule, qui serait d^- truite par la resistance du point de suspension, et dont, par conse- quent, nous n'aurions pas a tenir compte ; I'autre perpendiculaire a ce fil, et qui nous replacerait dans les conditions ou nous etions quand nous faisions osciller le pendule au-dessus du pole de la terre, alors que tout deplacement du plan d'oscillation etait rigoureusement impossible ; le displacement observe par vous ne peut done dans au- cun cas etre attribue a la rotation de la terre. 2° L' explication que nous avons dormee tout d'abord du phenomene est, convenez-en, toute naturelle; c'est-a-dire que si d'une part, le plan d'oscillation du pendule est invariable dans I'espace, que de I'autre le cercle divisd tourne ainsi que vous avec la terre, tout doit se passer coinine vous I'avez vu ; en vous obstinant a rester toujours dans le plan d'oscil- lation du pendule, vous serez revenu apres trente-deux heures a votre point de depart. Mais si, aucontraire, le plan d'oscillation du pendule a tourne avec la terre qui seule pourrait I'entrainer, ainsi quelecercle et que vous, puisqu'aucune autre forcen'esten jeu, vous n'auriez rien apergu, la pointe du pendule aurait toujours marqu^ la meme division, tout se serait passe comme si au lieu du pendule vous aviez dresse une colonne, arm(5e a sa base d'une longue aiguille horizontale, dontla pointe indiquerait eternelleinent la meme division du cercle. Apres de vaines heures d'attente, vous avez vu un mou- vement, une rotation complete, done c'est que la terre, en vousem- portant vous et le cercle, de I'occident vers I'orient, vous a force, pour rester dans le plan d'oscillation immobile du pendule, de faire en trente-deux heures le tour entier du cercle d'orient en Occident. 3° Ces raisonnements ne parlent qu'a votre intelligence , et sous I'influence de votre volonte , votre intelligence pourrait resister a la verite meme ^vidente, hatons-nous de parler a vos yeux pour oter tout pretexte aux objections et vous imposer une conviction irresis- tible, la volont6 la plus obstineeneresistepasal'evidence des yeux. Figurez-vous done une surface circulaire, horizontale et mobile que vous pouvez faire tourner de droite a gauche ou de gauche a droite ; sur le bord de cette surface dressez une colonne d'une certaine hauteur ; dans le faite de cette colonne et vers son extremite supd- rieure implantez une traverse horizontale dont le point extreme corresponde au centre de la surface circulaire; vous avez ainsi realist une potence ; au bout de la traverse horizontale placez un crochet et suspenilez a ce crochet un fil portant a son extremite une boule, ^cartez maintenant cette boule de la position horizontale en tenant toujours tendu le fil qui la porta, la verticale passant par le point COSMOS. 71 de sui^ppnsion et le fil forment un cprtain plan ; laissez alors retom- ber la boule et mettez-vous dans !e plan d'oscillation du nouveau pendule; marquez la trace de ce plan sur un mur vertical, c'est-a- dire la ligne suivant laquelle le plan d'oscillation prolon^e va ren- . contrer le mur; maintenant faites tournr-r la surface circulaire hori- zontale dans le sens qu'il vous plaira, elle einportera avec elle la coloiine et la traverse, le point de suspension du pendule tournera en meme temps sur lui-meme, mais le plan d'oscillation du pendule, a votre grand etonnement et a notre grande satisfaction , restera fixe, vous n'aurez nullement besoin de vous deplacer pour que votre ceil n'en sorte pas, vous leverrez toujourscouper lemur vertical suivant la meme ligne; vous serez alors force d'admettrepour I'avoirvu, de vos yeux vu, ce que la raison et la theorie vous enseignaient, mais sans vous I'imposer, que le plan d'oscillation du pendule est inva- riable alors meme que son point de suspension tourne sur lui-mcme avecle cercle qui I'entraine; vous aurez constate ce grand fait si bien utilise par M. Foucault et qui suffirait a immortaliser sonnom. Revenant alors a I'experience du Palais de I'lndustrie , vous vous direz : Le plan d'oscillation du pendule a semble tourner, il a fait un tour en trente-deux heures , done puisque de lui-meme ii est immobile, c'est en realite le cercle divise qui a tourne, emporte par la terre dans son mouvement de rotation ; done quand je croyais constater la rotation du plan d'oscillation du pendule, c'est bien certainement la terre que je voyais tourner ; done Copernic, Galilee et la science moderne ont mille fois raison; mais les livres saints et Josue n'ontpas tort, car ils disaient au soleil, arrete-toi, comma au dix-neuvieme siecle les Arago, les Airy, lesHerschel, les Biot, disent avec le vulgaire, le soleil se leve, le soleil se couche, le soleil entre dans telle ou telle constellation. On nous pardonnera, sans peine, d' avoir tant insiste sur cette demonstration qui n'avait peut-etre pas dte presentee sous un jour suffisant. II nous reste a dire en quoi I'experience du Palais de I'lndustrie I'emporte sur les experiences semblables repetees jus- qu'ici par M. Foucault et par une multitude de physicieiis. Sous la coupole du Pantheon, alors que le pendule avail 64 metres de longueur, I'experience semblait plus grandiose, aussi tout Paris ac- courut pour la voir, et cependant elle laissait beaucoup a desirer. Rien ne rendait au pendule sa quantite de mouvements perdue; ses oscillations allaient sans cesse en diminuant d'amplitude, elles ces- saient bien avant que le plan d'oscillation eut pu faire un tour en- tier. II n'en est plus ainsi en 1855, comme chacun pourra le cons- 72 COSMOS. later ii loisir; le plan d'oscillation a commence a tourner pour ne s'arreter jamais; et ses amplitudes ne perdront rien de leur etendue parce qu'une heureuse intervention du magnetisme, ne d'une petite pile cachee aux regards dansle soubassement du cercle, lui restitue a chaque instant la force perdue. Nous nous reservons de figurer un peu plus tard ce mecanisme aussi simple qu' elegant et efficace. Nous ne voulions aujourd'hui que I'indiquer en peu de mots. Au centre du cercle, M. Foucault a installe sur un ressort tres- flexible un electro-aimant forme d'un seul cylindre vertical. Alors que la boule en fer douxdu pendule est a I'extremite de sa course, le courant est ferme, I'electro-aimant est actif, il attire la boule dans sa demi-oscillation descendante, et lui rendce que la resistance de I'air lui avait fait perdre dans la demi-oscillation ascendante. Mais aussitot que le fil du pendule est redevenu vertical, et sous Taction attirante de sa boule, I'electro-aimant est souleve avec le ressort qui le porte, et ce soulevement qui se fait entendre a To- reille par un petit bruit, interrompt le courant; I'electro-aimant devient inerte, le fer qui le compose est devenu du fer doux qui n'agit plus sur la boule, celle-ci par consequent execute seule et libre de I'autre cote une demi-oscillation ascendante. A la fin de cette demi-oscillation le courant est retabli, I'electro-aimant est redevenu actif, son action vareparer encore TefTet ralentissant de la resistance de I'air, tout alors recommence, et cette succession de mouvements durera aussi longtemps qu'en recevant de temps en temps pour les devorer quelques petits cristaux de sulfate de cuivre, la petite pile de Daniel, I'ame du mecanisme, restera vivante. Nous n'avons pas besoin de faire remarquer qu'en raison de la forme et de la position au centre de I'appareil I'electro-aimant, I'attraction qu'il exerce est toujours situee, condition indispensable, dans le plan d'oscillation du pendule et qu'elle ne peut par consequent tendre en aucune maniiire a faire sortir le pendule du plan dans lequel il a d'abord oscille ; des lors les phenomenes observes resteront, comme cela doit I'etre, I'effet essentiel, I'effet caracteristique du mouvement de rotation de la terre qui est leur seule et unique cause. De toutes les conceptions sublimes qui ont peuple de merveilles ks vastes galeries de I'Exposition, celle que nous venons de decrire est peut-etre la plus neuve et la plus etonnante; et elle est issue d'une intelligence fran9aise, et celui qui I'enfanta est membre du jury international ; on nous permettra d'etre quelque peu fier de ce glorieux triomphe, d'autant plus que M. Leon Foucault ne s'est pas|endormi sur ses premiers lauriers. II a su deviner et utiliser COSMOS, 73 I'invariabilite du plan de rotation d'un corps de revolution, commeil avait utilise rimmobilite du plan d' oscillation du pendule, et nous retrouverons dans la splendide exposition de t-on celebre ami, M. Froinent, le gyroscope qui ne montre pas seulement aux yeux le mouveinent de rotation de la terre, mais qui, semblant anime d'un instinct vraiment extraordinaire , se place dans le plan du me- ridien dulieu et dirige son axe parallelement a I'axe de rotation de la terre, dont la direction apparait ainsi nettement tracee dans I'es- pa'ce oil rien ne la faisait soupQonner. N'oublionspas de dire que les mouvements du per.dule du pa- vilion nord-ouest sont si reguliers, que bientot il indiquera les heures marquees sur le cercle divise, et deviendra la plus extraordinaire deshorloges. La terre alors vaincue parle genie marquera elle-meme le temps qu'elle nous for9ait dedaigneiise de demander aux astres dont elle avait fait comma ses sujets ou ses serviteurs, en leur pre- tant sa mobilite et seconstituant immobile dans sa majeste d'emprunt. PERFECTIONNEMENT IMMENSE DANS LE TRAVAIL DU BOIS. SCIERIE A LAME SANS FIN DE M. PERRIN. VI'= classe, 8^ section, n° 1223. Annexe du Lord de I'eau. 91. A. Quand on demande aux maitres de I'art ce qu'ils admirent le plus parmi les nombreuses machines qui ont pour objet la coupe des bois , ils vous repondent iinaniinement : C'e^t la scie a ruban continu de M. Perrin. Grace a lui , le sciage des bois courbes ou chantournes est devenu tout a coup aussi facile, aussi rapide, aussi parfait que le sciage des bois reclilignes; il a centuple les forces de I'ouvrier et fait un jeu d'enfant d'un travail jusque-la ex- cessivement penible et ingrat. M. Thouroude, en 1815 , essaya le premier de substituer aux lames de scies ordinaires, a mouvement alternatif, des lames soudees ou rivees, de maniere a former une scie continue ou sans fin. Cette scie passait comme une courroie sur deux poulies tournant dans le meme sens ; le mouvement de rotation des deux poulies se communiquait au ruban dente, qui agissait ainsi sans interruption aucune. Mais les lames de M. Thouroude se bri- saient avec une facility extreme et elles furent abandonnees. Quel- ques annees plus tard, M. Thouard reprit ces essais infructueux; il crut mieux reussir en faisant fabriquer des lames sans soudure, mais elles cassaient encore apres quelques heures de travail. II y avait done la une difficulte tresgrande que M. Perrin surmonta en partie vers 1846, dont il triompha completement en 1853. Le co- mite de la Societe d' encouragement, qui a visite ses ateliers au 74 COSMOS. commencement de cette annee, les a trouv^s peupl^s de machines fonctionnaiit avec une regularity parfaite et une grande activite, li- vrant a I'industrie des produits excellents et a des prix tres-moderes. Les lames du nouveau systeme , faites avec des ressorts bras^s aux deux bouts avec des precautions, avec un tour de main tres-in- gdnieux qui empeclient la scie de se detremper sur une trop grande longueur, se cassent encore quelquefois, mais jamais avant d'avoir produit une ^norme quantite de travail ; les ruptures , d'ailleurs, sont si promptement reparees que les accidents sont largement compeni^es par les avantages immenses d'un sciage a lame continue. Sans entrer dans des details techniques, nousdirons que M. Per- rin a resolu ce difficile probleme : 1° En employant des lames tres-minces et tres-etroites, avec les- quelles, dans des bois de 50 centimetres d'epaisseur, il decoupe les dessins les plus compliques, et trace des courbes de moins de 5 millimetres de rayon. 2" En rendant mobile la table qui re9oit le bois, de maniere a ce qu'on puisse le presenter dans une direction constamment normale a la ligne parcourue par la denture. 3° En centrant et en equilibrant parfaitement les poulies. 4" Ell imprimant au systeme une vitesse ires-graiide. 5" Enfin en modifiant de la maniere la plus avantageuse dans la matiere dont ils sont composes, dans leur forme, dans la position qu'ils occupent suivant la dimension des bois, les guides qui con- duisent la scie a son entree et a sa sortie. Tous ces perfectionnements n'empechent pas que les machines de M. Perrin ne soient d'un maniement aussi facile que celles des scieries ordinaires ; elles s'appliquent avec le meme succes et les memes avantages au decoupage des plus petites pieces comme a celui des plus grosses masses ; aux ouvrages les plus d^licats de I't^- benisterie etdela marqueterie,commea la confection des plus lourds modeles de machines ; tandis que les meilleures scies rectilignes de- bitent par jour, en moyenne, 50 metres superficiels de bois de pla- cage ou (le bois ^en grume, M. Perrin se fait fort, avec sa scie a lame continue, de produire, dans le meme temps, au moins 60 me- tres Carres. Au point de vue du sciage courant ou ordinaire, la scie a lame continue a done ddja une superiorite incontestable , mais elle appa- rait comme un outil vraiment merveilleux, et dont aucun atelier ne pourra se passer, quand on contemple les incroyables (^chantillons de bois chantourn^s que M. Perrin expose, les volutes ondulees COSMOS. 75 qu'il d^coupe sous les yeux des spectateurs etonnes. La Societe d' encouragement lui a accorde una approbation et des eloges qui , dans la prociiaine seance publique, vaudront a I'habile mecanicien une medaille d'or, le jury de I'Exposition universelle ne sera certai- nement pas moins enthousiaste et moins gen^reux. FABRICATION UNIQUE EN SON GENRE. MACHINE A FABRIQUER d'UNE SEULE PIECE LES BARILS, LES SEACX ET LES BROCS DE M. RAIliARD, A VANVET SUK OURCB (c6tE-d'0r). VI<= Classe, 8* Seclion, n° 1229. Annexe, colonne 86. A. Nous appelons d'une maniere toute particuliere I'attention du jury et des maitres de I'art sur un outil eminemment ingenieux, qui n'est represente, helas ! que par ses dessins, etses humbles, mais utiles produits. Si M. Raillard avail pu exposer et faire fonctionner sa machine, nous ne doutons pas qu'elle eiit amasse la foule emer- veill^e. II prend un tronc brut de chene de la hauteur voulue, il I'installe sur un tour ; en face du bloc il place une lame tranchante portee et guidee par un chariot a I'aide duquel il pent lui donner la position et I'inclinaison voulues, variables ou constantes, facile- ment calculees d'avance, de maniere qu'attaquant d'abord le bloc pres de sa circonference, la lame a chaque operation nouvelle se rap- proche de plus en plus du centre. Quand tout est ajuste, deux hommes ou une petite machine a vapeur font tourner I'appareil , la lame tranchante penetre dans le bois, conserve dans son interieur la di- rection exigee , et enleve de toute piece un baril, un seau ou un broc, suivant la marche de ia lame : la capacite du vase n'est limitee que parle diametre du bloc, elle varie de douze litres a un demi-litre, et son epaisseur est tout a fait arbitraire. La lame entaille donca vo- lonte une surface cylindrique, une surface cylindrique bombee ou une surface conique , et cela sans presque aucune perte de bois ; avec une economie telle de matiere, de main-d'oeuvre et de temps, que chaque baril , chaque seau , chaque broc , represente en moyenne 8 centimes de bois et 7 centimes de main-d'oeuvre , que deux ou- vriers peuvent fabriquer par jour cinquante vases, et qu'en les ven- dant a 30 pour cent au-dessous du cours on realise de beaux benefices. Ce genre de produits convientsurtoutaux pays vignobles,etM. Rail- lard les ecoule avec une facilite extreme ; tallies meme dans du bois vert , ils ne se dejettent et ne se fendillent point. Cette machine simple et puissante recevra certainement dans la sculpture de nom- breuses applications. ACAD^IE DES SCIENCES. SEANCE DU 16 JUILLET. M. Charles Texier lit un Memoire plein d'int^ret sur I'art cera- niique dans la Kabilie, En voici I'analyse. On peut faire des rapprochements curieux en comparant les po- teries fabriquees en Algerie avec les poteries grecques ou ph^ni- ciennes conservees dans les musees; et M. Texier met sous les yeux de I'Academie des vases accoupldsfaitsd'une terr'e rouge etcompacte, qui ressemblent tout a fait aux poteries mexicaines conservees au Louvre. Les tribus Kabyles de I'Algerie se distinguent particulieroment par la specialite de leur Industrie. Les Beni-Abbes travaillent la laine; les Ibittus travaillent le fer, Les tribus qui s'occupent de la fabrication des poteries sont les suivantes : Les Beni-Ouzeddin qui habitent les environs de Lacalle sur la frontieredeTunis. lis font des poteries rouges semblables aux antiques poteries grecques. On voit surle bureau de I'Academie un vase en forme de conge qui ressemble aux vases trouv^s a Santorin ; les dessins dont il est orne sont faits avec le bois de lentisque. Les vases accouples deux a deux, trois a trois, ne sont pas seu- lement un objet de curiosite chez les Kabyles, c'est aussi pour empecher les insectes nuisibles de s'introduire dans les eaux desti- nees a la boisson. Les Beni-Rathen et les Maactas, habitant les versantsdu Jurjura dans le cercle des Dellys, sont habiles a fabriquer des poteries qui ressemblent, pour la couleur et les ornements, aux poteries etrus- ques. lis font de grandes amphores sans pied, comme les amphores romaines; deslampes, de formes bizarres, ayant depuis deux jus- qu'a vingt-cinq bees. Les vases pour les repas sont decores dans le meme style. Toutes ces poteries sont d 'une terre peu cuite et peu consistante. EUesne sont pas I'objet d'un commerce dtendu et se consomment dans un territoire limits. Les Cheragas faisaient autrefois des poteries pour Alger. Cette tribu a peu pres dispersee a cependant quelques fours a la porte Bab-el-Ower. lis font des poteries tres-communes. Dans le Chenora, aux environs de Cherchel, on fiibrique aussi des vases qui ont leur style particulier ; mais les tribus n'en font pas I'objet d'un commerce. COSMOS. 77 Iln'en est pas de meme des habitants de Nedroma, qui fournis- sent les marches deTlemcen d'amphores etde vasesarafraichir I'eau. L'auteur, apres avoir dit quelques mots de la fabrication de la faience au Maroc, termine en exprimant le voeu de voir la fabrica- tion de la faience peinte reprendre en Algerie I'importance qu'elle avait il y a un siecle. — M. Pares, ancien magistral , amateur zele de m^teorologie, lit une note sur le mirage observe souvent par lui aux environs de Montpellier dans les circonstances les plus diverses et dans des conditions qui rappellent les apparitions les plus etranges dont les auteurs aient parle. Ses observations confirment pleinement ce que nous disions dans le premier volume du Cosmos, p. 327 : " Nous sommes pleinement convaincu que les phenomenes du mirage, re- gardes jusqu'ici coinme des faits rares et extraordinaires, sont, au contraire, tres-frequents, pour ne pas dire tres-communs, de telle sorte que si un ceil patient et puissant s'exer9ait a les retrouver dans I'atmosphere, il les verrait partout. >- M. Par&s, en effet, a vu le mirage inferieur le long de la plage sablonneuse de Palavas, dans r^te au milieu du jour; et le matin, au printemps et en hiver, sur la mer d' Aigues-Mortes ; il a vu les relevements et les abaissements alternatifs de Thorizon dans des limites qui depassaient tiois mi- nutes d'angle, et si frequemnaent qu'on pourrait dire que c'est I'e- tat normal de la contree. II a vu enfin le mirage superieur et avec une splendeur vraiment extraordinaire au printemps dernier. II observait de Montpellier, d'une altitude absolue de 37 metres, du cote du sud-ouest ; il avait sous les yeux, sur une epaisseur totale de 44 kilometres, des terres, un lac, des sables, la mer, des sables etdes marais, et enfin la mer encore au dela. Le 19 mars, vers cinq heures et demie du soir, en regardant avec une lunette de 80 millimetres, il est tout surpris de voir derriereles dunes les images renvers^es de deux massifs d'arbres, considerable- ment agrandis dans le sens de la hauteur ; bientot ces images se mettent en mouvement, s'allongent, doublent de hauteur, s'elancent avec la rapidite de la pensee vers un nuage qui se forme au-dessus, et avec une rapidite non moins grande redescendent renversees, et vont rejoindre un autre groupe d'images inferieures au milieu de la distance qui separe leurs deux bases; I'une de ces bases est der- rifere les dunes, I'autre est soudee au nuage 5 bientot ce sont deux masses gigantesques de verdure, Le nuage mysterieux est venu de la haute mer; sa largeur est faible, sa teinte et sa consi stance sont celles d'un nimbus, il est probablement la reproduction du sol. 78 COSMOS. II se meut a droite, a gauche, et partout au-dessous de lui s'^levent des images nouvelles, inontant comine les premieres, et comme elles redescendant renversees ; on dirait qu'il les aspire a son passaj^e. Ce sont a la fois les images d'objets ordinairement visibles derricie les dunes et d'objets inconnus; des massifs d'arbres, des arbres isoles, des habitations, etc.; en moins de deux minutes le nuage a par- couru un horizon de 5 600 metres, et quarante objets environ ont successivement produit leurs images dans ce vaste tableau encadr6 en haut par le nuage, en bas par les dunes sur une etendue d' envi- ron 10°, une hauteur de 4 minutes. Toutes les images sont dans une continuelle agitation, leur forme varie a. chaque instant; celles des edifices ^claires par les rayons du soleil sont dans un mouvement incessant. Le hameau des salins du Pecais , distant de 8 kilometres, dont on ne voit d'ordinaire que les sommets des batiments et de deux hautes cheminees d'usine, semble s'etre releve; il se porte tout entier sur le milieu du nuage, il garde sa position droite, tandis que loutes les images a droite et a gauche sont renversees ; et reste immobile au sein du mouvement general qui persiste a ses cot^s. Plus tard, sur la droite, se montrent deux colonnes blanches mar- chant I'une sur I'autre, se joignant, se separant : ce sont les images droites des voiles de deux navires places sans doute dans la mer dss Bouches-du-Rhone, a 18 kdometres en arriere des dunes. Ces phenomenes durentuneden)i-heureenviron, avec de perpetuels chan- gements de forme. Le phare de la dune, releve a la fois et ecrase, semble danser. En resume, dit M. Pares, j'ai pu compter cinq plans t-uccessifs soumis a des influences tres-diverses : 1. la mer du golfe, calme absolu ; 2. les dunes, relevements et abaissements avec ondula- tions puissantes ; 3. les sables en arriere , siege des principaux phenomenes, images droites et renversees, ascension et releve- ments; 4. le hameau du Pecais, images droites; 5. la mer des Bouches-du-Rhone, images droites de navires. Apres une demi-heure, le nuage disparait, les images superieures s'effacent; les deux voiles s'evanouissent, tout rentre dans I'ordre, sauf le hameau, qui descend lentement, gardant toujouis sa position droite; la nuit arrive qu'il n'a pas encore rejoint I'horizon. M. Pares a eu la bonne fortune de revoir une seconde fois ces refractions et reflexions extraordinaires le 15 avril vers quatre heures du soir, avec quelques Elements nouveaux que nous signale- rons rapidement. On voit se dessiner sur le nuage une immense falaise a stries verticales, on dirait un massif de colonnes basal- COSMOS. 79 tiques. Les maisons montrent trois images, ni desceiidaiites ni defor- mdes; la superieure, portee par le nuage, est droite, ainsi que I'in- ferieure, appuyee sur la dune ; la moyenne, partant du nuage, est renversee; la dune est redressee, la lanterne du phare a double de hauleur, ainsi qu'un grand edifice voisin ; les maisons en arriere ont deux images droites ; les images du hameau sont, cette fois, tres- agitees, et presque toujours renvers^es. A 4 heures 35 minutes, le nuage se dissipe, et tout disparait, le hameau reilescend lente- inent. A 4 heures 45 minutes, une vapeur homogone et brune couvre de nouveau I'horizon , il y a reapparition d'images renver- sees. Le thermometre a I'air libre et a I'ombre marquait, le 19 mars vers 4 heures, 15° ; le 15 avril, vers 5 heures, 24° ; un thermo- metre plonge dans le sable aurait marqu^ le premier jour, de 2.5 a 30°, le second jour de 30 a 35°. M. Pares fait remarquer avec raison que les apparences obser- vdes par lui ressembleiit beaucoup a celles des fata morgana. A Montpellier comme a Rpggio, uii bras de mer separe I'oeil du pheno- mene ; le hameau remplace Messina, etc., etc. Si ce rapprochement etait vrai, ajoute-t-il, la cause encore incertainedesyh^a morgana serait trouv^e. lis ne pourraient pas etre I'effet d'une simple re- flexion sur des vapeurs v^siculaires ; carle nuage des dunes n'etait certainement pas un cumulus., faisant par accident fonction de mi- roir ; c'^tait un nuage ne pour le phenomene, forme avec lui , avec lui disparu, et qui en est partie necessaire. — M. Dumeril presente les dix premieres lemons faites par son fils au Museum d'histoire naturelle, sur la classification et les moeurs des poissons. — M. le docteur Magne lit une suite a un Memoire presente par lui il y a quelques annees sur I'emploi de la glace apres I'operation de la cataracte. Les nouvelles observations de 1' habile oculiste con- firment pleinement les deux faits enoncf^s par lui : 1° Que I'application de la glace previent I'inflammation ; 2° Qu'elle hale I'epoque a laquelle I'op^re peut faire usage de ses yeux. Dans sa nouvelle note, M. Magne reconnait que plusieurs chi- rurgiens, M. Baudens entre autres, et M. Chassagnac, ont eu re- cours avant lui et avec succes a ce meme agent; mais il croit I'avoir applique dans des conditions qu'il persiste a trouver meilleures; suivant lui, I'application immediate de M. Baudens est plus dou- loureuse et moins sure que rapplication au moyen d'un sac en 80 COSMOS. baudruche. 11 est difficile de penser que M. Baudens , qui est si habile, qui manie la glace avec tant de bonheur et de succes, et qui avait aussi le plus grand interet a soulager ses malades, n'ait pas choisi la meilleure methode. Nous remarquons que M. Magna opere presque toujours par abaissement , et qu'il ne continue ja- mais I'application de la glace au dela de trois jours. M. Giiaud-Teulon , docteur en medecine , ancien eleve de I'Ecole polytechnique, prdsente une nouvelle thdorie du saut. Bo- relli avait affirme, saus le prouver, que le saut de I'homme doit etre compare au rebondissement d'une tige elastique qu'on presserait sur le sol par une de ses extr^mites. Poursuivant cette idee juste, mais incompl^tement formulee, M. Giraud-Teulon a d'abord re- cherche exactement le principe qui preside au ressaut ou d(5tente de la tige Elastique. Cette dt^tente aurait, suivant lui, pour cause, la resistance soudaine oppos^e par les fibres de la surface concave de la tige, lesquelles ne peuvent se preter a une distension qui les porte- rait au delii de leur position premiere d'equilibre, celle qu'elles oc- cupent dansla tige droite. Cette resistance introduite subitement dans I'etat dynamique de la tige, detruit lavitesseacquisepar le systeme, et produit un veritable choc en vertu duquel les fibres de la tige, impropres a se laisser distendre, doivent suivre alors, comme corps solide et rigide, les efFets de la quantite de mouvements accumules dans la tige ; celle-ci doit done ob^ir a la resultante finale des forces en jeu, et suivre la direction nouvelle que cette resultante imprime au systeme. II en est absolument de raeme du saut chez I'homme : sa theorie se caique sur celle de la tige elastique. Le saut chez I'homme est prepare (1" temps) , par la flexion a un degre donne des articula- tions des membres inferieurs. II commence (2"= temps) par le deploiement de ses articulations qui imprime au centre de gravite du corps un mouvement de has en haut dans une certaine direction. Ce deploiement a pour agents la contraction du soleaire, etendant la jambe sur le pied et prenant son appui sur celui-ci, et celle du triceps prenant son appui sur le tibia et etendant la cuisse sur la jambe. En meme temps, dans le saut coniplet, les muscles de la region profonde et posterieure de la jambe viennent en aide au soleaire pour muuvoir en haut le calcancum. Tout d'un coup (3^ temps), en un certain instant du cours de ce mouvement, determine par la portee du saut propose, les gastro- COSMOS. 81 cnemiens et ]es muscles de la region posterieurede la cuisse entreiit en contraction soudaine. Le mouvement commence pendant lequel la partie superieure du systeme a acquis une certaine vitesse est brus- quement modifie par I'introduction de cette nouvelle force. Un nouvel etat dynamique surgit, lequel a pour effet resultant la se- paration instantanee du sol et du corps, et la projection de ce der- nier dans un sens determine : c'est hi le saiit proprement dit. La direction dece mouvement ou la resultante finale qui emporte le corps , la tangente au premier element de sa trajectoire parabo- lique est representee par une droite qui joint le centre de o-ravit6 du systeme au point d'appui sur le sol au moment du depart. Cette ligne doit done etre dirigee en avant ou en arriere de la verticale, passant par le meme point d'appui, si le saut doit avoir lieu en avant ou en arriere. L'experience confirme pleinement ces conclusions theoriques. En somme, I'antagonisme des muscles flechisseurs et extenseurs de I'articulation femoro-tibiale joue dans laccomplissement du saut le role rempli dans le ressaut de la tige elastique de Borelli par I'antagonisme des fibres de la surface rendue concave , reagissant contra celles de la surface convexe ou piutot contre la vitesse acquise. _ C'est dans cet antagonisme et dans I'instantaneite de sa produc- tion que resident I'idee mere, le principe capital du saut; c'est la force elastique de Willis, la -vis percussionis de Borelli. le coup sec , la situation /Ixe, de Barthes, degages de toute obscurite. _ — M. Lissajoux lit une note sur un moyen tres-ingenieux, ima- gin(§ par lui, pour montrer aux yeux meme d'un nombreux audi- toire , les vibrations les plus rapides. des corps sonores ; c'est une nouvelle et precieuse application des miroirs tournants de M. Wheatstone ; laissons parler I'auteur : " Les mouvementsvibratoiresqui determinent la production d'un son s'effeotuent avec une telle rapidite que I'oeil n'a pas le temps de les saisir; etl'on ne pent constater leur existence a I'aide de I'or- gane visuel que par I'elargissement apparent des parties vibrantes d.u a la persistance des impressions successives produites sur la re- tme par le corps en mouvement. Pour empecher la superposition de ces diverses impressions et rendre visible par cela meme le mouve- ment osciUatoire du corps, il sufEt de faire en sorte que la trace lummeuse, au lieu d'osciller dans une meme region de la retine se deplace durant I'oscillation avec assez de rapidite pour tracer' au fond de I'oeil une ligne ondulee, dont les diverses sinuosites ne se 82 COSMOS. superposent pas les unes aux autres. On y parvient tres-simplement par la methode suivante : Je I'ai appliqu^e d'abord au diapason, mais elle peut ^videmment etre employee pour toute espfece de corps vibrant, et elle permet d'operer soit par vision directe, soit par projection. Dans le premier cas, je colle sur la face convexe du diapason a I'extremit^ d'unedes branches une petite plaque polie qui fait I'office de miroir ; je regarde dans ce miroir I'image rM^chie d'une bougie placeeaquelques metres de distance ; puis je fais vibrer le diapason ; je vols aussitot I'image s'elargir dans le sens de la longueur des branches; si je fais alors tourner le diapason autour de son axe, I'apparence change, et j'apergois dans le miroir une ligne brillante et sinueuse dont les ondulations accusent par leur forme meme I'amplitude plus ou moins grande du mouvement vibratoire. Si Ton veut operer par projection dans une chambre obscure, on fait tomber sur le miroir un faisceau de lumiere solaire, le^ rayon r^flechi donne sur la muraille ou sur un ecran une trace qui s'elargit dans le sens des vibrations, des qu'on ^branle le diapason, et qui se transforme en une ligne sinueuse des qu'on le fait tourner autour de son axe. La persistance de la sensation produite dans I'ceil permet d'apercevoir un nombre assez considerable de sinuosites, et I'exp^- rience est assez nette pour etre vue de tout un amphitheatre. Le memeprocede peut s'appliquer a des corps vibrants qui , par leur poids etleur disposition, ne se pretent pas ais^ment a un deplace- mentrapide; il suffit. en effet, au lieu de faire tourner le corps, de recevoir le] rayon r^flechi par le miroir dont ce corps est armd, sur un second miroir qui tourne plus ou moins vite autour d'un axe a la fois perpendiculaire a la direction moyenne du rayon reflechi et situe dans le plan meme oil ce rayon execute ses vibrations; on voit ainsi soit directement dans le miroir mobile, soit par projection sur un ^cran, la ligne sinueuse qui demontre I'existence du mouve- ment vibratoire. Cette methode est applicable a I'examen d'un certam nombre de phenomenes d'acoustique; je I'ai employee notamment pour I'^tude des battements; a cet effet je fixe sur un support, en regard I'un de I'autre, deux diapasons armes de miroirs et r^gl^s de fa^on a produire des battements. Le rayon regu par I'un des miroirs est reflt^chi sur I'autre et de la dans I'oeil ; si on fait vibrer les deux diapasons a la fois, le rayon doublement reflechi eprouve a chaque instant une deviation egale a la somme algebrique des deviations produites iso- Ument par chaque miroir. Par suite, les mouvements vibratoires COSMOS. 83 communiqut^s a ce rayon par les deux reflexions, se composent en un mouvement unique dont I'amplitude varie periodiquement; aussi la trace lumineuse produite sur I'^cran ou dans I'oeil eprouve-t-el!e dans son ^largissement des variations periodiques ; et en meme temps que I'oreille entend le battement, I'ceil apergoit de la fagon la plus nette les pulsations concomitantes produites dans I'image reflechie, J'espere que cette methode pourra s'appliquer a la resolution de diverses questions telles que la mesure des nombres de vibration, la determination de certains mouvements rapides, I'etude de la duree de la persistance des impressions dans I'oeil; mais, comme la solution de ces divers problemes exigerait I'emploi d'appareils pre- cis et convenablement disposes, j'ai cru pouvoir, des a present, faire connaitre a I'Academie les experiences les plus simples basees sur ce principe, d'autant plus qu'elles sont faciles a reproduire et par rela meme susceptibles d'etre utilisees dans les cours. « — M. Luna, jeune chimiste espagnol , eleve de M. Dumas, et qui debute par payer a son illustre maitre un large tribut d'admira- tion et de reconnaissance, lit un memoire fort interessant sur la subs- titution du sulfate de magnesie, tres-abondant en Espagne, a I'acide sulfurique et au sulfate de chaux, pour la preparation du sulfate de ■oude parfaitement pur. Son procede consiste essentiellement a traiter le sulfate de magndsie par le chlorure de sodium ; il se de- gage de I'acide chlorhydrique, il se forme du sulfate de soude, et Ton a en outre pour residu de la magnesie dans un ^tat de division et de purete vraiment remarquable. II parait que ce procede est deja applique en grand et avec succes. Par une autre reaction que nous n'avons pu saisir, M. Luna arrive aussi a obtenir de grandes quantites d'acide nitrique sans emploi de I'acide sulfurique dont le transport est difficile et cher dans la peninsuleiberienne. II y aurait un autre grand probleme a resoudre : ce serait d'arriver a extraire ^conomiquement I'acide sulfurique anhydre des masses de sulfates de soude et de magnesie qu'on trouve en si grande quantite au dela des Pjrenees. — M. le ministre de I'instruction publique invite I'Academie a presenter deux candidats pour la chaire d'anthropologie, vacante au Museum d'histoire naturelle par la demission deM. Serres qui a prelere la cbaire d'anatomie compar^e. Le conseil des professeurs du Jardin des Plantes a presente au premier rang excequo, MM. de Quatrefages et Gratiolet. MM. Hollard et Gratiolet sollicitent fa bienveillance de I'Academie; celle-ci probablement pr^sentera en premiere ligne M. de Quatrefages qui a I'honneur de lui appartenir^ g^ COSMOS. qui a tant de droits a ses suffrages, et qui est encore sans place malgre tant de travaux glorieux. — La commission chargoe de decerner le prix d'stronomie fond^ par Lalande, se composera de MM. Laugier , Mathieu , Liouville, de Launay et Le Verrier qui ont obtenu la majorite de suffrages dans I'ordre que nous venons d'indiquer. — M. Combe presente au nom de M. Rezal, ingenieur, un m6- moire sur les vibrations des bielles des locomotives. yi_ Chasle au nom d'un astronome napolitain , depose une note sur une melhode de trac^ par points des projections coniques. ]yi, Arnal croit avoir invente un nouveau moteur tres-puis- sant applicable surlout aux cherains de fer. — M. Marchand demande que ses recherches sur les eaux pota- bles soient admises au concours Monthyon des prix de medecine et de chirurgie. — M.Destocquois,professeur alaFaculte deBesan9on, adresse, par I'intermediaire de U. le ministre de I'instruction publique , un m^moire sur les equations differentielles du mouvement desfluides et demande qu'il soit I'objet d'un prompt rapport. — M. I'abbe Zantedeschi soumet au jugement de I'Acad^mie sa methode de transmission simultanee en sens contraire et par un meme fil de deux dcpeches de telegraphie electrique. M. Wheats- tone nous annon9ait, il y a quelques jours, qu'il publierait bientot une methode de transmission d'un nombre quelconque de depeches dans les deux sens, par un meme fil; ce serait la solution complete du magnifiqueproblemeaborde pour deux depeches, parMM.Gmtl, Wartman, Edlung, Botto et Zantedeschi. — M. Richard Owen fait hommage a I'Academie de deux volu- mes de la classification des collections histologiques du celebre mu- s^e du college des chirurgiens a Londres ; le grand naturaliste, cor- respondant de I'lnstitut , assistait a la seance avec sir David Brewster, associe stranger, M. Wheatstone, M. Zarco del Valle, president de I'Academie royale des sciences de Madrid, le profes- seur Pahnsted , de Stockholm, membre du jury international, et un grand nombre de notabilitds scientifiques. A. TRAMBLAY, proprictaire-gerant. L Paris, — Imprimerie de W. Remqoet ct C e, rue Garaiiciure, 5. r. VII. 27 joiLLET 1S55. qoatrieme annee. COSMOS. EXPOSITION UNIVERSELLE. VARIETES. TNE DES SPLENDEURS METALLURGIQUES DU PALAIS DE l'iNDUSTRIE. ACIERS FINS, ODTILS EN ACIER DE M. BEDFORD, DE SHEFFIELD. Catalogue anglais , n° 971 ; Palais , galerie du Sud. Qui ne connait Sheffield, et ses fers, et ses outils celebres dans ie monde entier ! II ii'est pas une contr^e de I'univers qui iie soit son humble tributaire, et quoique dans ces vingt dernieres annees des fabriques d'acier aient surgi sur divers points des continents europeens, Sheffield, pauvre village il y a deux siecles, ville aujour- d'hui de 120 000 ames , va continuant et etendant sans cesse sa belle et riche industrie. M. Bedford est iin des notables et des principaux fabricants du comte d'York; il est proprietaire des immenses ateliers du Regent, a Sheffield, et de I'usine plus vaste encore d'Oughtibridge. Son apparition au Palais de I'lndustrie est un debut dans toute la verite de I'expression : jamais il n'a pris part aux glorieux concours de I'industrie ; il s'etait abstenu en 1851, parce qu'il n'avait pas for- mula encore d'une maniere complete les precedes de fabrication qui devaient I'amener a produire a coup siir les plus excellents ou- tils ; depuis cette ^poque, il s'est prepare en silence, mais avec une prodigieuse activite, par des sacrifices enormes, a la lutte gigan- tesque de 1855. Nous le voyons enfin ee poser carrement plein d'une confiance legitime en lui-meme et en ses oeuvres en face de ses illustres ^mules forts d^ja de tant de victoires, les Turton, les Spencer, les Spear et Jakson, et tant d'autres , non-seulement sur I'arene det> Champs -Elysees, mais sur tous les marches de France et de I'etranger. Nous ne pouvons trop feliciter M. Bedford de I'^clat qu'il a donne a son debut; ses vitrines occupent un espacede 25 nu-tres 86 COSMOS. Carres, et, par I'eclat exterieur des produits qu'elles renferment, parleur noinbre, plus de mille, elles depassent tout ce qui olait ap- paru en ce genre dans le Palais de Cri,tal d'Hyde-Park : la France lui tiendra conipte de sa galantcrie chevaleresque. Pour faire approcier a sa juste valeur cette collection vraiment unique et grandiose, nous ne pouvions mieux faire que de redire d'abord I'impression profonde d'admiration et d'enthousiasmequ'elle a produite a Sheffield, en dopit du vieil adage qui veut que nul ne soit prophete dans sa patrie : Mardi dernier, disait le Tunes iXa Shef- field du 11 avril, dans un article que nous analysons en substance, la partiedes batiinenis du Regent, qui fait face a I'hopital , etait hi scfene d'une manifestation extraordinaire: c'est la que M. Bedford produisait , avant de les expedier, les echantiUons de sa grande Industrie destines a I'Exposition universelle. En outre des fabricants et des amateurs connus de toute la ville, et qui etaient accourus en grand nombre, pres de 2 000 ouvriers s'^taient donne rendez-vous a cette fete de I'industrie qui les fait vivre et les honore. Tous les outils, en general , et particutierement les limes, qui sont I'articlfr fabrique pruicipalement par les ateliers du Regent, furent prociames a I'unanimite excellents et du plus haut merite. meme par les direc- teurs, les contre-maitres et les ouvriers des fabriques rivales. Le spectacle de ces innombrables outils, les meilleurs que I'habilete et un travail assidu, aides de capitaux abondants, puissent produire ; la vue surtout des grandes ocuvres d'art que nous avons decrites rapidement, et que Ton ne s'attendait pas a trouver dans une sem- blable exposition, laisseront, danslamemoire des habitants de cette ville , d'agrsables et glorieux souvenirs. Disons, avec quelques details, ce que nous avons vu nous-meme- et ce que chacun de nos lecteurs voudra sans doute voir et admirer comme nous: Nos yeux se sont d'abord arretes sur un assortiment aussi com- pletetaussi varie qu'il peut I'etre de ciseaux, de gouges, de rabots, de serpes, de baches, de doloires. d'outils de toute sorte pour les tourneurs, les menuisiers, les jardiniers, les bucherons, les tonne- liers, etc., etc. Ici nous ne remarquons presque aucun luxe de fabrication ; ce sont des instruments ordinaires tels qu'ils sont ven- dus chaciue jouraux consommateurs : tout leur merite est dans leur qualite ; quelques sorpes. haches ou doloires se distinguent cepen- dant par des proportions exceptionnelles et une elegance de forme qu'on n'aurait peut-etre pas cherchee sans les exigences des mar- ches fran^ais. Les ciseaux, gouges et rabots sont de deux sortes : COSMOS. 87 lesuns sont tout en acier, et peuvent par consequent servir jusqu'au bout ; dans les autres , le tranchant seul est en acier, le reste en far : le commerce impose encore ces differences. Vientensuite une collection complete de scies detoutes les formes, . de toutes les dimensions , pour toutes les destinations possibles , depuis celles qui servent sur nos tables a scier un manche de gigot jusqu'aux scies dnormes que le tronc gigantesque d'un pin de Memel ou d'un vieux chene britannique ne pourraient ebrecher ; scies a main, scies a araser, scies a guichet, scies a chantourner, scies cir- culaires , scies a molette , scies a chainette, etc. Ici, tout le monde admirera deux ceuvres d'art exceptioiineiles. La premiere est une grande scie a main, longue de 70 cen- timetres, large de 50 centimetres, d'un poll parfait, ornee d'une de ces belles gravures qui imitent parfaitement les caractferes ou cli- ches d'imprimerie, et que Ton obtient par un procede entierement nouveau, invente par M. Skinner de Sheffield; la gravure repre- sente la marque de fabrique : un lion avec des fieches entrelacees et encadrant les quatreinitiales J. B. O. S. (John Bedford, Oughli- bridge,- Sheffield). La seconde scie extraordinaire brille ou-dessus de la vitrine cn- touree de scies a grandes et longues lames que des machines seules peuvent mettre en jeu ; c'est une scie circulaire de quatre pieds anglais de diametre dont le travail de destruction, quand elle sera animee d'un mouvement de rotation rapide , devra effrayer les re- gards les plus courageux. A Londres , on admirait bcaucoup une scie de cinq pieds anglais de diametre ; elle a valu a MM. Spear et Jakson laseule medaille de Conseil accord^e a I'industrie des aciers, parce qu'il fut demontr^ que sa construction avait exige la creation de deux nouvelles machines , I'une pour diviser les dents et les rendre parfaitement regulieres sur les bords, I'autre pour planer la scie etlapolir. La scie d'Hyde-Park figure au Palais del'Indu-strie, a cote d'une autre beaucoup plus grande encore, exposee par M. Firth; celle de M. Bedford quoique plus petite, est plus reniar- quable par la richesse de I'execution ; et, par le nombre, la forme et la force des dents, elle noussemble capable d'un plus grand travail. Nous ne dirons rien des pelles , des truelles, des faucilles, des faux et autres instruments a lames , mais nous contemplerons avec bonheur un merveilleux ensemble de limes auquel on ne peut rien comparer dans I'Exposition actuelle, au point de vue, toujours, de I'aspect saisissant. Elles sont toutes faites avec I'acicr de Saede le plus pur el le plus cher, celui qui sort du grand otablisscment de ^8 COSMOS. Dancmora, dirige par da ingenieiirs anglais et dont les produits sont pourl'Angleterre un moiiopole d'une valeur immense. Tout le monde sait qu'il a ^te impossible jusqu'ici d'obtenir de bonnes tallies de limes a la machine, le travail doit se faire tout entier a la main; la taille d'ailleurs est variee a I'infini, non moins que la forme Cinquante ans plus tard , en 1851 , la scene etait bien chang^e, et nous le rappelons avec une grande tris- tesse ; en depit de la susceptibility fran9aise , M. Le Play, com- missaire general de I'Exposition actuelle , fut force d'accepter, comme expression fidele de la vorite, ce passage du rapport de lord WharnclifFe : « La France a expose un grand assortiraent de limes, d'un mdrite considtiTable au point de vue du travail , mais , apres une epreuve consciencieuse et decisive, ces limes ne se sont pas montr^es parfaites quant a la qualite de I'acier et de la trempe que I'acier a pu recevoir. - Nous avons ete vaincus ; un seul Fran- 9ais, M. Proutat, a obtenu une mddaille de prix pour ses limes COSMOS. 91 fines. II est vrai que les fils de Eaoul n'etaient pas a leur poste. Quoi de plus naturel que de monier une seconde fois a I'assaut, sous la presidence de M. Le Play devenu general, ou mieux, mar^- chal de I'industrie ! M. Bedford nous charge de dire bien haut, en son nom, qu'il accepte la lutte , qu'il I'appelle de ses vocux les plus ardents, qu'il ne s'en effraie point, quoique les Raoul soient la, et, avec lui, les Turton et les Spencer et tant d'autres. II nous reste a dire ce qui fait la confiance de M. Bedford, ce qui constitue lanouveaut^ desa fabrication, ce qui pourralui donnerdes droits a la plus haute recompense du Jury, a la m^daille d*'or. Nous le laisserons parler lui-meme : " C'est un fait theorique, experimental et incontestable, dit-il, que si Ton fond ensemble des aciers a divers de- gres de carburation, les portions les plus carburees devront necessaire- ment subirune alteration profonde dans leur constitution chimique par Taction d'un feu excessif, tandis que les portions moins carbu- rees subiront elles-memes Taction deletere d'un feu trop prolong^. Aussi les limes faites avec ces aciers melanges , quoique parfaites en apparence, perdent, dans la main de Touvrier qui s'en sert, leur homogeneity apparente ; elles sont bientot usees sur certains points, tandis que sur d'autres elles n'ont presque pas souffert. Cette remar- que est bien simple, et elle semble cependant avoir dchappe a Tat- tention des fabricants anglais ; presque tous ou tous peut-etre, gui- des par la plus incroyable des theories, disons mieux, par la routine la plus etrange, prennent plaisir a meler ensemble dans la fonte les aciers des cementations et des carbonisations les plus diverses, les plus opposees; ilsse flattent par la d'obtenir une durete, une tena- city, une ^lasticit^, plus grandes ; le hasard pent, il est vrai, les bien servir quelquefois , mais c'est dans tous les cas marcher en aveu- gle ; et il arrive le plus souvent que les aciers de trempes si diffeien- tes s'alterent les uns et les autres, se detruisent meme en quelque sorte Tun Tautre, et ne donnent pas du tout le resultat qu'on en at- tendait. " Dans ma conviction intime, qu'enagissant ainsion marche dans une mauvaise voie, j'ai pris pour regie invariable de ma fabrication de veiller a ce qu'on ne fondit dans un meme creuset que des aciers homogenes d'un meme degre de cementation et de carbonisation. Mes efforts les plus persev^rants , ma vigilance la plus assidue, se sont exerc^s incessamment dans cette direction ; et si ma marque a conquis une grande reputation sur tous les marches oil elle est connue, je le dois bien certainement au soin que Ton apporte dans ^2 COSiMCS. mes usines a la fiibrication des aciers, autant qu'a la perfection du travail extdrieur. » Nous voyons en finissant que nous n'avons rien .dit de la partie de I'exposition de M. Bedford, qui comprend les aciers en lingots, en barres, en lames, en ressorts; mais nous aurons suffisamment r^pare notre oubli en disant que tousces aciers sont fabriqus^s dans les principes si rationnels que nous venons d'enoncer, qu'a qualite ■egale ils coutent moins cher ; que, partout oil ils ont ^te essayds, en Angleterre comme a Paris, dans les ateliers de M. Hulot, a la Monnaie, et du chemin de fer d'Orleans comme a Fourchambault el ailleurs, on les a trouvds excellents. Le depot des aciers ot oulils de M. Bedford a ^te confix a M. Rouet, rue Chariot. QUATKIEME CLASSE. — Mecanique generate appliquee k I'industrie. Slxieme section. — Machines a vapeur et a gaz (Suite). IV. IMPORTANCE DES MACHINES A VAPEDR; DIVERS GENRES; DONKEES GBNERALES; PROGRES A REALISER ; DESIDERATA. La machine a vapeur est, au moment present, le veritable mo- teur universel, d'une puissance indefinie , d'une application illimi- tee. Grace aux artifices employes pour en moderer ou en regulariser Faction, elle peutservir aux usnges les plus varies et les plus deli- cats. Quelques annces apres que Watt I'eut amene a sa forme ac- tuelle, cet admirable instrument avait tout envahi en Angleterre; on I'employait au cardage de la laine et du coton, a la fabrication de tous les tissus, a I'extraction des houilles, a Tepuisement des mines; a marteler, laminer, etirer les m^taux , a scier le Lois, a faire le papier, a mouler la porcelaine et la faience, a broyer et Dieler les couleurs, a imprimer les livres, a toutes les branches, en un mot, de I'industrie. Partout elle realisa des dconomies iinmenses dont le calcul suivant peut donner une idee : Un boisseau de charbon brdl^ dans les machines a vapeur de Cornouailles, qui fonctionnent avec la detente, proJuit I'ouvrage de vingt hommes travaillant dix heures ; or ce boisseau de charbon coute environ 90 centimes ; la machine de Watt permet done, en Angleterre, de reduire le prix d'une journee d'homme, de la duree de dix heures, a moins de 5 centimes. Des releves authentiques prouvent que les machines a vapeur fonctionnant en Angleterre font a elles seules le travail de trente millions d'ouvriers. En France , elles ne realisent pas encore autaat de prodiges, mais leur nombre va s'accroissant chaque annde dans COSMOS. 9S une proportion considerable, que Ics chiffres suivants peuvent faire apprecier : A Paris, en 1853, dix-sept constructeurs ont fourni 241 ma- chines d'une force totals de 2969 chevaux ; en 1854, vingt cons- tructeurs ont fourni 330 machines d'une force totale de 5 224 che- vaux; en moins d'un an, le nombre des 'nachines s'est accru de pres d'un tiers, la force a double. Les jnachines peuvent etre classees soit relativement a Taction de la vapeur, soit relativement a la position des cylindres et au me« canisme de transmission dumouvement. Sous le premier point de vue, elles sont ou ii basse pression ou a haute pression : les machines a haute pression se divisent d'abord en machines sans condenseur et machines avec condenseur, puis en machines sans detente et machines avec dcHente. Les machines avec detente se partagent en machines a detente fixe ou variable ; la de- tente, en outre, peut etre appHquee a I'un des cylindres ou a tous les deux. Au point de vue du mecanisme et de la transmission du mouve- ment, les cylindres sont fixes ou oscillants, horizontaux ou verti- caux. Le piston est soit a mouvement alternatif, soit a rotation con- tinue. II fait tourner un arbre ou exerce une action directe. L'arbre tourne par rintermediaire* d'un balancier, ou sans balancier, le cy- lindre agissant directement sur une bielle ou manivelle. Les ma- chines a vapeur sont enfin fixes ou mobiles, et, dans ce deinier cas, elles prennent le nom de locomotives ou locomobiles : nous y revien- drons plus tard. L'experience a demontre que les machines a basse pression sont d'une construction plus simple , qu' elles ont moins de fuites et de- mandent moins de frais d'entretien ; mais a force dgale elles ont des dimensions plus grandes, occupent plus d'espace, et consom- mentplus de charbon et d'eau. Les machines a haute pression avec detente et condensation con- somment un tiers moins de charbon et deux tiers moins d'eau ijue les machines a basse pression ; mais elles ofFrent une plus grande complication dans le mecanisme des soupapes , de plus grands frottements lorsque la detente s'opere dans deux cylindres, et plus de sujetion dans I'entretien des garnitures. Les machines a haute pression avec detente etsans condensation sont, a force ogale, d'un poids et d'un volume moindres que les precedentes,et n'exigent pas plus de 30 a 35 pour 100 d'eau en sus dece qui est necessaire a la vaporisation, elles ont rinconvenient 9/i COSMOS. de ooiisommer plus de clmrbon; en les comparant aux machines a basse pression, on trouve que les frais d'ajustage et d'entretien pour eviter les fuites de vapeur sent plus considerables. Enfin les machines a haute pression sans detente ni condensation ont I'avantage d'un poids et d'un volume beaucoup moindres, a force egale; mais elles consomment beaucoup plus de charbon, leur ajustage et leur entretien sont plus difficiles et plus coilteux. Ces comparaisons sont vraies en general, il peut y avoir, bien entendu, des exceptions. Jusqu'en 1851, il fallait en moyenne, par force de cheval, 70 cen- timetres Carres de surface de grille ou de foyer, pour bruler de 3 a 5 kilogrammes de charbon par heure. La surface de chaufTe de la chaudiere etalt par force de cheval de 1 metre 70 centimetres car- res, de maniere a vaporiser en une heure, toujours pour la force d'un cheval, 35 litres d'eau. On n'avait pas reussi a bruler moins de 2 kilogrammes 1/2 de houilie de premiere qualite par heure et par force de cheval ; et ce minimum n'avait 6te obtenu que dans des circonstances exceptionnelles. Le travail ou effet utile des diverses machines a vapeur et leur consommation en charbon, par force de cheval et par heure, etaient assez bien exprim^s par les chiffres suivants : L° Machine a basse pression de Newcomen -. travail , 21 000 ; charbon, 13 kilog.; 2° a haute pression, sans detente ni conden- sation, de 21 480 a 27 000, de 10 a 8 kilog.; 3" a haute pres- sion, sans detente et avec condensation, de 45 000 a 54 000, de 6 a 5 kilog.; 4° a haute pression , avec detente et sans condensa- tion, de 55 000 a 93 000, de 5 a 4 kilog.; 5" a haute pression, avec detente et condensation, de 90 000 a 108 000 , de 4 a 2,5, mais le plus souvent 4 kilog. A chaque kilogramme de charbon brule correspondait une d^- pense de 6 a 7 litres d'eau ; la consommation d'eau par heure et par force de cheval ^tait, pour les machines a basse pression, 780 li- tres ; pour les machines a haute pression, 295. Le poids moyen des machines 6tait de 7 a 800 kilogrammes par force de cheval ; et cette force d'un cheval coutait, en moyenne, 2 000 francs , plus pour les petites machines , moins pour les gran des. Le celebre Montgolfier a le premier, vers 1800, donne la veri- table raison de la force mecanique ddveloppee par les machines a vapeur ; il I'attribuait a la perte de chaleur subie par la vapeur qui s'est a la fois dilatee et refroidie ; cette theorie , d'abord repouss^e COSMOS. 95 par les savants et les pratlciens, fut oxposee pour la premiere fois, d'une maniere tres-nette, par M. Seguin aine, neveu de Montgol- fier. Convaincu que rabaissement de temperature qu'un gaz subit en se dilataiit et faisant effort centre les parois qui le reiiferment ou le piston qa'il pousse, devait, sauf les pertes de contact, de rayon- nement ou aulres, etre repiesente par I'eff^rt exerce, de sorte que cet effort puisse servir de mesure a la chaleur perdue, comme la chaleur perdue a I'efTet mecaiiique, M. Seguin compara experimen- talement les abaissements de temperature ou pertes de chaleur avec les quantites correspondantes de travail produit. II arriva ainsi a determiner experimentalement I'equivalent niecanique de la cha- leur, et a etablir que le calorique qui eleve d'un degre la tempera- ture d'un gramme d'eau est represente par 440 grammes environ eleves a la hauteur d'un metre ; cette valeur de I'equivalent meca- nique de la chaleur s'accorde, autant qu'on peut I'esperer, avec -celle que MM. Mayer, Joule, Him et autrcs ont donnee plus tard. II est presque impossible aujourd'hui de rtH'oquer en doute la verite de cette theorie mecanique de la chaleur, mais en la supposant vraie, on est force d'admettre que les meilleures machines a va- peur n'utilisent pas la sixieme partie de la chaleur donnee a la chaudiere. M. Regnault va beaucoup plus loin ; voici ses propres paroles : « Dans une machine a detente sans condensation, ou la vapeur pe- netre a 5 atmospheres et sort sous la pression de I'atmosphere, la quantite de chaleur utilisee par le travail mecanique est seulement un quarantieme de la chaleur donnee a la chaudiere... Dans une machine a condensation, recevant de la vapeur a 5 atmospheres et dont le condenseur presenterait une force elastique de 55 milli- metres de mercure, Taction mecanique est un peu plus du ving- tieme de la chaleur donnee a la chaudiere... - Ces chiff'res sont incroyables ; celui d'un sixieme, plus admis- sible, est donne par M. Siemens, dans son Memoire sur la con- version de la chaleur en effet mecanique. M. Devaux, ingenieur des mines et membre de I'Academie royale de Bruxelles, exagere en sens contraire, lorsqu'il dit que les meilleures machines realisent la moitie du travail theorique qui repond a une quantite donnee de combustible. Ce qui est certain, dans tous les cas, c'est qu'il y a beaucoup a faire pour mieux utiliser la force vive que developpe en brulant le combustible des foyers de nos machines a vapeur, tout le monde est d'accord sur ce point. Aprfes ce preambule necessaire , formulons aussi nettement que 96 COSMOS. possible Ics perfectionnements qu'attendaient les machines a feu ; nous dirons ensuite jusqu'a quel point et par qui ces perfectionne- ments sont realises dans le Palais de I'lndustrie. 1" Les machines a vapeur sont beaucoup trop volumineuses, dies occupent trop d'espace; avant 1851, une machine ordinaire, de la force de 8 a 10 chevaux, exigeait un espace d'environ 30 a 40 metres cubes, en y comprenant tous les accessoires, fourneaux, chaudieres, etc., et cet espace etait en grande partie vide. Ce sera satisfaire a un besoin vivement senti , dans une foule de circons- taiices, que de reduire considerablement ce volume excessif. 2" Les machines a vapeur sont beaucoup trop lourdes en general, et coutent beaucoup trop cher; il y auraprogres, et progres consi- derable, a alleger ce poids, a abaisser ces prix. 3" Dans I'acte de la production de la vapeur, ou de la vaporisation de I'eau, il y a perte de combustible, en ce sens que les gcn^rateurs connus n'utilisent qu'une fraction trop petite de la chaleur develop- pee par la combustion ; la decouverte d'un nouveau generateur est done une chose grandement desirable. 4" Ainsi que nous venons de le rappeler, il y a une perte de cha- leur incomparablement plus grande encore dans le mode actuel d'emploi de la vapeur, c'est-a-dire que le rendement de nos machines a vapeur est une fraction extremement petite de la force en dispo- nibiiile dans la vapeur. II faut done absolument ou employer la va- peur d'une maniere entierement nouvelle , ou du moins par des agencements nouveaux, obtenird'un meme poids de combustible une plus grande quantite de travail. M. Rcech coiiseille avec raison de viser a Clever le plus possible la temperature de la vapeur, adiminuer le plus possible I'excedant - 112 COSMOS. bilitd qu'il faut recourir pour savoir si la combinaison peut avoir lieu. Le corps simple D peut-il former combinaison stable avec I'un au nioins des elements du compost binaire : cela suffit pour qu'il en opere la decomposition ; il prend au nioins rclement avec lequel il forme combinaison stable, et la combinaison se produit. Ne peut-il former combinaison stable qu'avec I'un seulement des elements : il ne prend que celui-la et laisse I'autre, qui devient libre. Peut-il former combinaison stable avec I'un et I'autre des ele- ments du compose binaire, et I'enlevement partiel de I'un d'eux ne donne-t-il pas naissance a un compose inferieur, gazeux ou volatil, qui pourrait echapper ; il prend I'un et I'autre element; tous les composes capables d'exister a la temperature et dans les conditions de la reaction prennent naissance. Lors meme que la soustraction partielle de I'un des elements met a decouvert un compose inferieur volatil a la temperature dela rt^action, ce n'est que dans les experiences conduites sans precau- tion suffisante que le compose echappe a une decomposition ulte- rieure plus complete, et empeche le corps decomposant de prendre les deux elements de la combinaison. Chacun d'eux finit toujours par etre pris si Taction est continuee sur le compose inferieur. En sorte qu'il n'y a point a se preoccuper des affinites, mais seulement de la stabilite qui peut avoir lieu dans les conditions de I'experience. Par elle on prevoit les affinites; elles sont toujours suffisantes quand la stabilite est suffisante ; elles sont toujours impuissantes quand la stabilite est insuffisante. Dans lescas, d'ailleurs, ou Ton apergoit quelque preference, elle ne depend d'aucun caprice, mais du volume et du poids des atomes, comme ^ussi de I'lmpossibilite oil les conditions de I'experience met- tent Tun des elements de la combinaison d'apporter de la resistance a Taction que le corps attaquant exerce sur I'autre element. Conformi^ment au principe pose, c'est I'element le plus leger, le plus divis^, faisant la combinaison la plus stable, qui obtient la pri^- ft5rence. Telle est la regie ; voici des applications. [La suite a un procliain numero.) A. TRAMBLAY, proprictaire-gerant. ^ Paris. — Imprimerie;de W. Remquet et Cie, rue Garancicre, 5. r. vii. 3 AOUT 1855. quatrieme anneb. COSMOS. acad£mi£ des sciences. SEANCE DU 23 JDILLET. M. Andral lit une note ayant pour titre : De quelques faits pa- thologiques propres a eclairer la question de la production du sucre dans I'economie animale. En voici I'analyse exacts, faite avec las paroles memes de I'auteur : X Un fait physiologique, quel qu'il soit, ne me parait pouvoir etre regard^ comme hors de toute contestation et avoir acquis toute la certitude desirable, que lorsque, repris tour a tour par I'experi- mentation, par 1' observation de Thomme sain ou inalade, par I'ana- tomiecomparee, il est rest6 inebranlable et s'est presente toujour* de meme. Jeveux, en mepla9ant au point de vue pathologique, ap- porter quelques materiaux a I'etude de la question si intdressante- de I'origine du sucre dans I'economie animale. Premier fait. Lorsqu'un malade dont I'urine contient du sucre, cesse, par une cause quelconque, de prendre des aliments, j'ai \n, sans pretendre qu'il en soit ainsi dans tous les cas, le sucre de son urine diminuer ou disparaitre. Ainsi une femme dont I'urine ^tait analys^e chaque jour, rendait chaque vingt-quatre heures avec ce liquide de 40 a 70 grammes de sucre par litre. Le regime a la fois abondant et excitant, auquel elle etait soumise, amena chez elle une affection gastro-intestinale, caracteris^e par une perte complete d'appdtit et de la diarrhee ; on dirainua d'abord ses aliments, puis on les lui supprima entiferement. L'urine, a la veille du jour ou le regime alimentaire fut rendu plus leger, avait donne 54 grammes de sucre par litre; 48 heures apres elle n'en donnait plus que 434 grammes ; puis apres 24 autres heures ecoul^es, 28 grammes. La malade fut soumise a ce moment a une diete absolue : au bout de quarante-huit heures d'abstinence complete il n'y avait plus dans I'urine un atome de sucre. L'amelioration des fonctions digestive^^ permit aJors de rendre quelques aliments ; cependant le sucre ne reparut pas sur-le-champ. Ce ne fut que trois jours apres la rupture 5 414 COSWOS. de la diote absolue que Ton coinmen(;;a a en retrouver dans I'urine^ la premiere fois il n'y en avail que 20 grammes par litre ; puis, tres-rapidetnent sa dose revint ace qu'elle avail ele avanl la sus- pension de I'alimentalion. Ainsi, tandis que M. Bernard montre dans ses experiences que le foie et les veines sus-hepalhiques con- tiennent beaucoup moins de sucre lorsque les aniniaux ne prennent plus d'aliments; les fails donnes par la palhologie marchenl dans le raeme sens, et, en montrant que la souslraction des aliments fait disparaitre le sucre de I'urine, ils nutorispnt a adnietlre quo si alors il n'y a plus de sucre dans ce liquide, e'est qu'il s'en forme au moins une quanlite plus faible dans reconomie. Den.rieme fait. Eti souslrayant de la nourriture des malades at- teinls de giucosurie toule espece de maliere sucree ou amylacee, on peut bien a la verite diminuer, momentan^ment du moins, la quan- tity de sucre que conlient leur urine ; mais dans I'immense majorite des cas on ne la r^duit pas a zero, ou du moins on ne I'y rednit que d'une maniere passagere. On peut meme voir avec un regime animal exclusif la proportion de sucre dans I'urine, aller croissant. Une fenmie, qui dans la persuasion intime oil elle (?tait qu'un re- gime exclusivement animal pourrait seul la guerir, eut le courage de s'y soumettre pendant prea de deux mois sans en devier un seul jour; pendant ce temps elle ne prit d' autre nourriture que de la viande bouillie ou rotie, et elle ne but que de I'eau a laquelle on ajoutait une petite quanlite d'alcool. Au bout de ce temps elle dut abandonner ce regime qui lui etail devenu insupportable, el d'ail- leurs elle n'etail pas mieux. Au moment oil elle commenga a y etre soumise, I'urine donnail 27 grammes de sucre pour un litre ; pen- dant les premiers temps, la proportion de sucre diminua a ce point qu'on n'en trouva plus successivement par litre que 20, 15, 12 et enfin 10 grammes seulemenl; puis tout a coup, et sans qu'a coup siir aucune infraction au regime eiit eu lieu, la proportion de sucre s'eleva de nouveau. Nous la vimes progressivement monter de 10 grammes a 15, 20, 30, 44, 49 grammes par litre ; il n'y eut pas d'ailleurs un seul jour ou ce principe dispariil completement. En outre, ce qui est fort digne d'altention , c'est que pendant les premiers temps ou Ton commen^a a meler a la viande des ocufs, du lait, un peu de pain ordinaire et des legumes, el qu'on rempla^a I'enu alcoolisee par de I'eau vineuse , la quanlite de sucre, contre toule prevision, se mil a diminuer de nouveau; on n'en trouva plus que 30, 26, 15 grammes par litre , puis au bout de quelqucs jours, le regime restantle meme , elle auginenta ; et trois semaines apres COSMOS. H5 I'institution de ce regime mel^ on trouvait dans I'urine 54 grammes de Sucre par litre. II r^sulte de ce qui precede qu'une nourriture exclu- sivement composee de matieres albuminoides n'empeche pasle sucre deseproduire chezl'homme, commecelaaeu dgalementlieuchezles animaux soumis aux experiences de M. Bernard. Ce fait n'est pas •un fait isole et comme solitaire, j'en ai vu plusieurs autres sembla- bles , et il n'y a pas encore longtemps que j'ai trouve chez un dia- b^tique, qui se nourrissait exclusivement de viande , jusqu'i 82 grammes de sucre par litre d'urine, et comme il rendait 8 litres d'urine en 24 heures, il s'ensuit que dans cet espace de temps il expulsait de son economie, et par consequent il produisait 656 grammes de sucre. Troisieme fait. J'ai fait cinq ouvertares de corps de diabetiques ; dans ces cinq cas le foie ne presentait pas evidemment ses condi- tions anatomiques normales , et ['alteration qu'on y reconnaissait etait toujours la meme ; c'etait une coloration d'un rouge brun tel- lement prononc^ que le foie, aulieu de presenter cette apparence de deux substances qu'on y retrouve toujours , I'une jaune et I'autre rouge, n'ofFrait plus dans toute son etendue qu'une teinte rouge par- faitement uniforme. II y avait la, evidemment , tous les caracteres anatomiques d'une hyperemie fort intense, et d'un autre aspect que les hypdrdmies ordinaires du foie, hyperemies qui, sous I'influence de causes tres-diverses se produisent si facilement et si frequem- ment dans cet organe. Ainsi chez les diabetiques le foie se fait re- marquer par la tres-grande quantity de sang qui partout gorge son tissu. La Constance de ce fait est une preuve de son importance, et si le foie secrete du sucre, il est logique d'admettre que I'hypere- mie du foie des diabetiques est le signe anatomique d'une suracti- vite survenue dans sa fonction glucogenique , et ici encore , nous voyons la physiologie et la pathologie se controler et s'^clairer I'une par I'autre. » — M. Bravais lit un rapport sur un m^moire de M. Raffenel, relatif a quelques phdnomenes metdorologiques observes dans le haut Senegal , et passe rapidement en revue les faits exceptionnels contenus dans ce memoire. La latitude du royaume de Kuarta, lieu de I'observation , est d'environ 15° vers le nord, la longitude moyenne de 12" vers louest (meridien de Paris) , la hauteur au- dessus de la mer est de 200 a 300 metres. Temperatures. A Fontobi, dans le Kuarta, la temperature mi- nimum de I'air pendant I'hiver de 1847 a ete de + 3°. II n'est pas rare, dans les hivers un peu froids, de voir, en decembre et Janvier, 116 COSMOS. de la glace se former et les gla9ons atteindre une ^paisseur de 5 millimetres. La temperature du sol, mesurde a 0"\33 de pro- fondeur a donnd -|- 26°, 3 ; ce nombre ne peut etre accepts que provisoirement comme representant la temperature moyenne 4e I'annee. Pluie^ rosee et hrouillard. Dans le haut Senegal, il ne tombe de pluie qu'en ete, du l*' mai au 20 octobre. De juin a septembre, la rosee est tres-abondante la Jiuit, et mouille quelquefois de la manii^re la plus complete les vetements du voyageur. Elle ne s'observe pas dans les autres mois de I'annee. Vers la fin de I'et^, M. Raffenel a observe des brouillards assez epais pour masquer tous les objets places au dela de 2 kilometres. Kents , orages et grele. Les vents dominants sont les vents d'est, et le vent d'ouest surtout. C'est le vent d'ouest ou le vent marin qui amene la pluie; c'est aussi lui qui amfene les nuages pro- ducteurs des orages. Ces nuages sont peu elev^s et s'accumulesit vers I'horizon Est, sous forme d'dpais stratus; mais, chose assez singulifere, ce vent d'ouest cesse de souffler avant que I'orage dont il est cause eclate. Ainsi I'arrivee trfes-prochaine de I'orage est an- noncee par la cessation du vent ; le calme ne dure que de dix a quinze minutes. Pendant cette periode, on entend des tonnerres lointains, et I'onvoitde vifs Eclairs dans Test et dans le nord. Enfin le vent saute brusquement a Test, I'orage delate dans la r(?gion z6- nithale du ciel, la pluie tombe avec violence, le barometre monte rapidement, le thermometre baisse de 4 a 5 degrife; I'orage fini, le vent d'est revient graduellement a I'ouest par le sud-est et le sud- ouest ; la pluie cesse, le ciel se d^gage et le barometre reprend sa hauteur normale, 742 millimetres. La duree totale de la pluie d'o- rage est au moins de deux heures et ddpasse rarement cinq heures. Dans la relation de M. Raffenel se trouve la description d'un ph^nomene ^lectrique assez singulier observe la nuit : la queue d'un cheval en marche, fouettant I'air par ses balancements alternatifs developpait une lumiere ^lectrique capable de donner une etincelle. Ce fait s'explique par une Electrisation Energique du sol ou par une secheresse extreme de I'air. La grele est generalement consider^ comme etant excessivement rare entre les tropiques. M. Raffenel fait voir qu'il n'en est pas tout a fait ainsi dans le haut Senegal ; il a appris par les habitants du pays qu'il en tombait parfois d'assez grandes quantites. C'est vers les mois d'aout et de septembre qu'ont lieu ces chutes, non-seulement dans le Kuarta, mais encore dans la Senegambie, le Fonta et I'Yoloff ; dans le Kuarta, ou ramasse la COSMOS. 117 grele avec soin, on la conserve entre deux couches de sable, et on la considfere comme un preservatif infaillible contre la soif du voya- geur dans le dissert. Dans I'Yoloff, les hoinmes vont la recueillir pen- dant sa chute, la tete protegee par une sorte de casque en bois ; faute de cette precaution, plusieurs d'entre eux ont et^ grievement blesses. Optique atmosphcrique. M. Raffenel cite un cas remarquable de coloration crepusculaire, observe le 30 juin 1847 a huit heures du soir, une heure et demie aprfes le coucher du soleil ; cet astre etait alors a 19" au-dessus de I'horizon, clartd rougeatre vers le nord- ouest, avec une amplitude horizontale de 30° et une hauteur de 10"; elle s'abaisse et disparait vers huit heures 25 minutes, le soleil ^tant a 24° sous I'horizon. M. Raffenel a mesure angulairement trois halos lunaires; dans la premiere observation, il a trouvepour le rayon du halo, 21° ; dans la seconde, 21°30'; dans la troisifeme, 22°. La moyenne de ces trois observations, 21°30', difftre bien peu du nombre normal, 21"40' g^neralement adopts par les mdtdoro- logistes. Le 19 aoiit 1847, M. Raffenel a observe un arc-en-ciel a vives couleurs, sans aucune apparence de pluie dans le ciel, a cinq heures trente minutes du soir. Le phenomfene du mirage tel qu'on le voit dans les plaines de la Crau , de la Camargue, a et^ vu egalement par notre voyageur dans les deserts sablonneux du haut Senegal. Etoiles Jilantes . Dans lanuit du 6 au 7 novembre 1847, M. Raf- fenel a observe trente-deux Etoiles filantes de huit a neuf heures, dix ou douze par heure pendant le reste de la nuit. Dans la nuit dii 12 au 13, il a observe seulement cinq etoiles filantes en une heure ; dans celle du 13 au 14, seulement sept en deux heures : ciel clair. Cette derniere observation a ^te faite avec la lune sur rhorizon, quarante-six heures avant le premier quartier. Presque toutes ces etoiles filantes sont parties des environs de Cassiopde et ont mar- ch6 de Test vers I'ouest. La commission charg6e du rapport prie I'Academie de remercier M. Raffenel de sa communication. Ces conclusions sont adoptees. , ~ L'Acaderaie procede par la voie du scrutin a la nomination d'un associe etranger en remplacement de M. Gauss. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants dtant 50, M. Herschel ob- tient 40 suffrages, M. Airy 8, MM. Ehrenberg et Liebig, chacun 1. M. Herschel ayant reuni la majorite absolue des suffrages est pro- clam6 associe etranger de lAcademie. Sa nomination sera soumise a 1 approbation de I'Empereur. Les candidats etaient : en premiere ligne, M. Herschel a Londres ; en deuxieme ligne et par ordre al- phabetique, MM. Airy, a Londres, Ehrenberg, a Berlin, Liebig, 118 COSMOS. a Munich, Muller, a Berlin, Murchison, a Londres , Owen, a Londres, Plana, a Turin, Struve, a Pulkowa, Vohler, a Goettingue. — L'Acad^mie procfede ensuite, ^galement par la voie du scru- tin, a la nomination de la Commission qui sera chargee de preparer une liste de candidats pour la place d'Acad^micien libre, vacante par suite du deces de M. Duvernoy. Cette Commission doit, aux termes du reglement, se composer de sopt membres, savoir : de deux membres pris dans les sections des sciences mathematiques; de deux membres pris dans les sections des sciences jjhysiques ; de deux academiciens libres, et du president de rAcadeiiiie. D'apres les r^sultats du scrutin, cette Commission est composee de MM. Biot et Binet, Thenard et de Senarmont, Seguier et F. Delessert, et de M. Regnault, president en exercice. — M. Walferdin compare entre elles les dchelles thermometri- ques aujourd'hui en usage et propose une nouvelle echelle appelee par lui tetracenti grade . Des nombreuses echelles thermometriques qui ont ete successivement propos^es depuis un siecle et demi, trois seulement sont consacrees par I'usage : 1' echelle designee sous le nom de Fahrenheit, generalement employee en Angleterre et aux Etats-Unis ; Tdchelle elite de Reaumur, encore en usage dans la partie meridionale de I'Allemagne, en Russie, en Espa- gne, dans quelques parlies de I'ltalie et dans I'Amerique meridio- nale ; et I'echelle de Celsius, modifiee par Stroemer, ou plutot de Christian, dite centigrade, adoptee en France et dans le nord de I'Allemagne. La temperature de la glace fondante et celle de la vapeur qui se degage de I'eau en ebullition sous la pression norniale de 760'"'" de mercure, sont les deux points fixes adoptes dans chacune de nos trois Echelles, et I'espace compris entre ces deux points fixes, par- tage en 100 et en 80 parties dans les echelles centigrade et Reau- mur, Test en 180 dans IWhelle Fahrenheit. L'un de ces points fixes^ la temperature de la glace fondante, sert en meme temps de point de depart, c'est-a-dire de z^ro aux Echelles centigrade et Reaumur; 11 est ^galement maintenu comme point fixe (\ax\s> I'e- chelle Fahrenheit ; mais au lieu de servir ^e point de depart, comme dans les echelles centigra'le et Reaumur, la temperature de la glace fondante y correspond a 32°, de sorte que le zero Fahrenheit descend beaucoup plus bas que dans les deux autres echelles, et qu'il egale — l'7»,78c.et— 14M7R. II n'est personne qui n'ait ete frappe des ineonyenients que pre- sente pour les rapprochements a faire journellement, dans quelque COSMOS. 119 partie que ce soit des sciences physiques et naturelles, la discor- dance de oes trois ^chelles, discordance telle que, par exemple, la temperature moyenne de Paris de 10", 8 c, est exprimee par 8°,64 R. et 51", 4 F., que la chaleur du sang de rhomme de 37° a 38" c, devient 29",6 a 30°,4 R. et 98", 6 a 100", 4 F. II n'est personne aussi qui n'ait vivement regrette que les ^chelles Fahrenheit, Reaumur et centigrade ne soientenfin ramen^es a une donn^e commune qui permette de comparer directement leg r^sultats aujourd'hui indiqu^s par chacune d'elles. Depuis que I'es- pace compris entre la temperature de la glace fondante et celle de I'eau bouillante a et^ divise en 100 parties, I'echelle dite de Reau- mur, oil cette distance se trouve partagde en 80 parties, tend evi- demment ase transformer, quoique lentement, en centigrade. Les vives reclamations qu'Arago ne cessait de faire a ce sujet, I'exem- ple que donne depuis longtemps M. de Humboldt, celui qua donn^ Berzeiius, ne manqueront pas de hater , en Allemagne et dans les autres contrees oil son usage est encore adopts, I'abandon d'une echelle qui maintenant n'a plus sa raison d'etre. La preference accordee a I'echelle Fahrenheit est mieux fondee, Le veritable motif de cette preference est la position de son zero. Ce zero se trouvant place a 32" au-dessous de la temperature de la glace fondante, a — 17"78 c. , on est dispense d'employer, en me- teorologie , par exemple , les signes positifs et negatifs pour la cote des observations faites pendant les six mois de I'annee oil la tempe- rature de I'air atmospherique peut osciller au-dessus ou au-dessous du zero de la glace fondante, Ainsi la position du zero, dans I'echelle Fahrenheit, a un avan- tage incontestable qui n'a point ete assez apprecie par les partisans des echelles centigrade et Reaumur. Get avantage est tel que les observations metereologiques sont ordinairement faites en Angle- terre, sans qu'il soit frequemment necessaire de revenir aux signes negatifs , et sans qu'il y ait jamais lieu d'employer les signes po- sitifs. On est, par la meme, compietement a I'abri des nombreuses chances d'erreur propres aux echelles ou la glace fondante corres- pond a zero. La temperature de la glace fondante , prise comme point de de- part d'une echelle thermometrique , et la necessite d'employer des signes positifs et negatifs ont un autre inconvenient plus grave en- core. Ainsi les degres centigrades inferieurs a la temperature de la glace fondante sont habituellement appeles par elle degres de froid, et ceux qui lui sont superieurs degres de chaud. En hiver, a qui 120 COSMOS. n'arrive-t-il pas journelleraent, aprcsun abaissement de temperature de 5" c. au-dessous de z^ro , d' entendre dire qu'il fait 5" de froid , comma si — 5° ou 5" c. de froid, par exemple, n'etaient pas plus chauds que — 6" c, ou, pour parler le meme langage, 6° de frcid? Una aiiomalie plus c'traiige encore resulte necessairement , dans quelques cas , de la comparaison des echelles Fahrenheit et centi- grade, et de la position du zero dans Tune et dans I'autre de ces Echelles. On arrive, de la sorte , a des resultats qui sont non pas seulement difFerents, mais directement opposes. Ainsi, Ton a sou^ vent, a temperature egale, des degres de froid centigrade qui correspondent exactement a des degres de chaud Fahrenheit. Par exemple : — 5° c. ou S° Jit de froid c. = -|- 23° F. ou 23" de chaud F. — 10° » 10° — =: 4" 1*" " ^''° " — 15° >. 15° — =4" 5° » S" » Si r^chelle Fahrenheit est a preferer a I'echelle centigrade pour la notation seulement des temperatures inferieures au z^ro glace fondante, elle est cependant loin de suffire aujourd'hui pour I'indi- cation des basses temperatures almospheiiques; et son zero, en outre, n'est pas un point fixe comme celui de I'eau bouillante et de la glace fondante. II a ^te adopts originairement parce qu'il est la rae- sure du mininum de temperature atmospherique observe en 1709. Cette temperature, Fahrenheit I'a depuis reproduite artificiellement, au moycn d'un melange figorifique, mais avec une incertitude qu'il avoue lui-meme, puisqu'il declare qu'il n'est pas le meme en ^t6 qu'en hiver. Aussi le zero Fahrenheit est-il toujours un point cal- culi, jamais un point observe. La position du z^ro de I'echelle centigrade est dans la realittJ le principal et peut-etre le seul obstacle a ce qu'elle soit generale- ment adoptee. D'un autre cot6, la meteorologie prend aujourd'hui une telle importance qu'un grand nombre d'observateurs qui se vouent a I'etude de cette science , sont non-seulement disposes a accueiUir, mais r(5clament meme avec instance une modification dans notre ^chelle centcsimale , qui les mette a I'abri des nombreuses causes d'erreurs que nous venons de signaler. Mais cette modifica- tion peut-elle etre faite sans occasionner une perturbation profonde dans nos habitudes d' observation et de notation thermometrique? On salt que Dulong et Petit ont constate que de — 36" a + 100" le thermometre a mercure marchait d'accord avec le thermometre a air, et que ce r^sultat a ete confirm^ par les travaux plus recents de M. Regnault. Les deux premiers physiciens ont ^galement cons- COSMOS. 121 tate que le point d'ebuUition du inercure est a 360", 5. D'un autre c6tt§ M. Pouillet a reconnu que le mercure se congele a — 40", 5 c, et M. Person a — 41" c. Diverses series d'observations que M. Walferdin est loin de regarder comme rigoureuses, parce que la maniere dont se contracte le mercure au moment de sa congela- tion, permet difficilement de determiner avec precision sa tempera- ture, lui ont donne — 40",5 — 40", 6 — 40",? c. Ainsi , de meme qu'on peut admettre, d'apres Dulong et Petit et d'apres M. Regnault, que le point d'ebuUition du mercure a lieu vers 360", on peut egalement admettre que son point de fusion complete a lieu vers — 40°. C'est done, ainsi que I'avait entrevu Dulong, dans la limite de 400° de sa propre echelle , que le mer- cure, le seul metal fusible a la temperature ordinaire, le meilleur liquide thermometrique que nous possddions pour I'usage habituel, celui qui sert a la construction de nos thermomfetres les moins im- parfaits, passe de I'etat de fusion complete a son point d'ebuUition. Ainsi , en tenant compte de la difference entre le thermometre a mercure etle thermometre a air, a partir de-|-100", d'apres les tra- vaux de Dulong et Petit et de M. Regnault , les indications du thermometre a mercure, qui sont consid^r^es comme representant assez bien, par leurs valeurs numeriques, les accroissements r^els de I'energie de la chaleur et de sa quantite , peuvent, sans que pourtant les points extremes de la fusion et de I'ebullition du mer- cure soient consideres comme des points fixes, servir de points de depart, de points de repere a une echelle de 400" qui embrasse toutes les temperatures que le mercure peut supporter a I'etat liquide. De la resulte la possibilite d'etablir une Echelle de 400° ou tetra- centigrade , dont le zero est place vers la temperature de complete fusion du mercure, oil les deux points fixes etant rigoureusement conserves, la temperature de la glace fondante correspond a 40" TC, celle de la vapeur de I'eau bouillante sous TGO"""' de mercure a 140" TC, et enfin le point d'ebuUition du mercure a 400" TC. Le mot nouveau tetracentigrade n'entraine aucun changement dans la valeur des degres del' echelle, il y a toujours 100 degres entre la temperature de la glace fondante et celle de I'eau bouillante ; il iiidiqueseulement que le point de depart des temperatures, ou le zero de I'echelle, est a 40" plus has. Les 100 premiers degres de la nouvelle echelle embrassent les limites extremes de la temperature de I'atmosphere a la surface du sol dans nos climats de — 40" T, a -}-60"C, ils constituent le thermometre meteorologique propre- ment dit. PHOTOGRAPHIE. M. le prince Delia Roccanous adresse de Nimesla formula sui- vante de collodion, qui lui a donne des negatifs tres-nets avec des noirs profonds et des blancs d'une transparence parfaite. " Mon collodion chiniique se compose de : lather sulfurique a 6-2» 440 grammes Coton-poudre 16 — AIcool, la quantile necessaire pour determiner la dissolution complete. " Habituellement pour le rendre' photographique j'ajoute, pour chaque 75 grammes de ce collodion , 25 grammes d'une des deux solutions sensibilatrices suivantes : N° 1. Alcool a 40° 1503'' lodure d'ammooium 2 50 — de polassium 2 50 — d'argeul fraichement prepare. . 0 62 N" 2. Alcool a 40" lOOSr Brotniire de cadmium. 2 lodure d'ammonium 1 — de potassium 4 Ammoniaque liquide • 2 gouttes "'' " Lorsque j'emploie cette seconde formule , le melange devient d'abord trouble et d'une couleur rouge jaunatre. Je laisse reposer pendant vingt-quatre heures et je filtre la liqueur devenue tout a fait incolore. «' Ces deux formules me donnent des resultats tres-satisfaisants ; mais si je mele a parties egales ces deux collodions d^ja sensibilis^s, j'obtiens un^mc^lange dont la sensibilite est telle que je n'avais ob- tenu lal'pareille avec toutes les autres formules que j'ai essayees jusqu'a*ce jour. " H?;» J'emploie pour developper una solution faible d'acide pyrogal- lique additionnee d'acide tartrique. » — Nous annon9ons avec plaisir a nos lecteurs I'apparition du nouveau traits de M. Belloc, Les quatre branches de la Photogra- phie. C'etaitj^un ouvrage attendu avec impatience, et dont nous commencerons I'analyse dans uu prochain numero. EXPOSITION UNIYERSELLE. VARIETES. i UNE CARRIERE A PAS DE GEANT. PRESSES TTPOGRAPHIQUES DE MM. MARINONI, CHEVALIER ET BO0RLIER. N° 1^03. Annexe du bord de I'eau. Dans les jours plus bruyants de notre vie de publiciste, alors qu'il nous etait donno de signaler et d'acclamer le progres du haut de la plus retentissante des tribunes, nous rencoritrions souvent dans les ateliers de la Presse un jeune ouvrier dont on parlait beau- coup, qui jouissait dcja d'une certaine consideration, sur qui Ton fondait de brillantes esperances. Le nonibre des journaux vendus chaque jour allait croissant sans cesse ; il atteignit les chiffres enormes de 60 et 80,000, et les vieilles presses indefiniment multipliees ne suffisaient pas a cet ^coulement iaipetueux. M. de Girardin, qui repugnait a mendieroua accepter I'aide de I'Angleterre ou de TAmerique, fit appel aux mecaniciens fran9ais ; il ouvrit une sorte de concours, s'engageant a faire lar- gement les frais d'essai des systemes qui lui seraient prdsentes avec quelque espoir de succes. Le jeune ouvrier dont nous venons de parler, Hippolyte, on ne lui connaissait pas alors d'autre nom , a force de luonter et de de- monter les presses, sans cesse modifiees et toujours trop lentes, eut a son tour une idee, inais une idee de genie et qui , comme telle, devait d'abord apparaitre chiinerique et extravagante. D'un seul coup d'oeil, il avait epuise en quelque sorte le probleme , il avail compris que la plus grande vitesse possible d'une feuille de papier qui doit s'encrer au contact d'un cylindre etait d'environ 4 500 me- tres par heure; que, pour atteindre cette vitesse, il fallait neces- sairement raccourcir autant que possible I'espace parcouru ; que pour raccourcir cet espace, il fallait absolument reduire a deux le nombre des encriers. La presse qu'il esquissa grossierement ne portait done que deux reservoirs d'encre, et avec ces deux reservoirs Hippolyte avait la pretention d'imprimer sur les deux facesquatre feuilles doubles, de produire d'un seul coup huit journaux. On cria aussitot a I'absurde, a I'impossible ; inais le jeune inventeur avait heureusement afTaire au createur de la presse a bon march^, pour qui I'impossible du vulgaire n'est qu'un mot vide de sens , qu'il a vu cent fois se perdre dans les airs. On essaya en vain d'effrayer M. de Girardin en etalantsous ses yeux des amas de feuilles noire* a I'excfes sur les bords, blanches et denudees vers le centre ; en fai- I2k COSMOS. sant rctentir a ses oreilles les reclamations de cent mille abonnes furieux, rien ne put I'arreter. Lui et son prote, M. Serriere, avaient foi dans I'intelligence d'Hippolyte ; ordre fut donne a M. Gaveaux de poursuivre les essais dans cette direction pretendue fantastique. On se mit courageusement a I'oeuvre, et vers la fin de 1848, Hip- polyte, qui avait conquis ses premiers galons, vint en sa qualite de contre-maitre monter dans les ateliers de la rue Montmartre la pre- miere presse des journaux. Le problems etait resolu, mais sa solution encore informe coutait bien cher ; cette premiere mecanique avait absorb^ 35 000 francs, et quand tous ses organes furent en etat de fonctionner, elle ne tenait plus sur ses jainbes; les montants de ses hatis criblesajour menagaient ruine ; elle ne put que servir de modele ou de moule a ses deux soeurs cadettes, que M. de Girardin paya encore sans sourciller 35 000 francs chacune. II d6pensait ainsi 105 000 en es- sais aventureux, sur la parole d'un simple ouvrier, alors que mar- chant prosaiquement sur les traces du proprietaire de la Patrie, il aurait pu se procurer pour le quart de cette somme une presse cy- lindrique americaine, presse qui a certainement des inconvenients graves, mais qui, en somme, fait un bon service. Grace a son ini- tiative, a sa gcn^rosite, a son courage, a sa perseverance, la France est entree en possession d'une ceuvre magnifique que les nations rivales nous envieront un jour, et le nom d'un Frangais aura pris place dans I'histoire a cote de celui des Koenig, des Cooper des Ap- plegath, des Hoe, etc., etc. Pour se reposer de cette premiere campagne, et se mettre mieux en dtat de perfectionner son oeuvre, Hippolyte parcourut TEurope entiere. A son retour, M. de Girardin, plus bienveillant que jamais, voulut acheter, pour lui en confier la direction, un vaste atelier qui changeait de maitre ; la Providence en a decide autrement, elle I'a associe a deux honorables mecaniciens, MM. Chevalier etBourlier, heureux mille fois aujourd'hui d'avoir mis a sa disposition leur mo- deste atelier, leurs outils, leur credit, leur cooperation devouee. Le succes a depass^ leurs esperances, ils ont largement couvert leurs avances ; leur atelier a quitt^ la barrifere pour se transporter agrandi au centre du noble faubourg Saint-Germain ; I'ecoulement rapide de de leurs produits les a enrichis ; I'Exposition leur apportera la gloire. La presse des journaux , amelioree par le travail en commun , arriv^e a un haut degre de perfection, ^prouvee par un long et for- midable usage, est bien certainement une des ceuvres les plus ori- COSMOS, 125 ginales et les plus etonnaiites de la galerie des machines. EUe coute 16000 francs, moins de la moitie de son prix primitif, et elle tire 6000 journaux par heure, 100 par minute, pros de 3 par seconde; c'est-a-dire que pendant que nouscomptons un battement de pouls, la presse a vomi, couvertes de millions de caracteres, dix grandes pages in-folio, un enorme volume, Elle est plus lente sans doute, dans sa vitesse excessive, que les presses colossales creees par Apple- gath pourle geant des journaux anglais, et qui impriment par heure 10 000 feuilles d'un format immense; mais aussi, quelle enorme difference dans le volume et le prix des deux machines ! Les presses da Times sont des citadelles qui n'ont pas coiite moins de 140 000 francs ; elles sont uniques encore , comme les monstres elles n'ont pas engendre, et si vous les forciez a faire voler sur leurs cylindres tour a tour horizontaux et verticaux, au lieu de ces beaux et bons papiers anglais, les papiers si inferieurs, si inconsistants, — disons le mot, — si mauvais des journaux fran9ais, elles les reduiraient en debris. La presse des journaux, au contraire, prend pitie des feuilles les plus tendres et les rend intactes ; aussi a-t-elle ete construite vingt fois deja par son auteur, qui, en raison de sa pauvrete et de la rigueur de I'ancienne loi des brevets, n'avait pas pu, a I'origine, legi timer son enfant ; dix fois par d'autres. M. Marinoni ne regrette pas que son invention soit tombee dans le domaine public ; mais il a pu et il a dii s'offenser un moment de I'audace de certains con- freres qui avaient eu I'odieux et inutile courage de mettre sous la protection d'un brevet illusoire I'ideefondamentale qui a fait sa for- tune et sa reputation, pendant qu'elle grandissait chaque jour sous les yeux de tout un ateher. Nous n'essayerons pas de decrire en detail cette belle machine, dont chacun peut admirer I'elegance, la solidite, les proportions savantes ; elle marche en blanc dans 1' Annexe, parce qu'on n'a pas su deviner encore ce qu'on pourrait lui donner a devorer ; mais quatre ou cinq de ses soeurs, arniees de leurs deux encriers, de leurs deux rouleaux preneurs , de leurs deux rouleaux distributeurs, de leurs dix rouleaux toucheurs, font chaque jour, dans les ateliers de la Presse , un travail veritablement effrayant. M. de Girardin, ce- pendant, les trouvequelque peu paresseuses ; il se plaint d'etre force de leur venir en aide par de trop nombreux cliches, et, depuis long- temps deja, il a demande a M. Marinoni les plans d'une mecanique plus grandiose encore, qui fournirait par heure 15 000 journaux , un tiers de plus que la presse d'Applegath , dont M. Didnt avait dit : " On pourrait croire, lorsqu'on voit le journal le Times im- 126 COSMOS. primd par le nouveau systfeme, que le dernier degre est atteint, si I'expdrience ne defendait pas a rhomme d'oser assignor un terme a la perfection des choses hutnaines et aux vues impen^trables de la Providence. " Sans la guerre, la presse a .15 000 journaux par heure serait construite et install^e dans une imprimerie monumentale qui devait avoir pour destination sp^ciale de centraliser le travail materiel de tous les journaux. H y a plus : si on s'etait engage a leur accorder une place suffisante dans le Palais de I'lndustrie , MM. Marinoni, Chevalier et Bourlier auraient entrepris et mene a bonne fin, en moins de deux mois, cette m^canique sublime; la France, long- temps humiliee, se serait fiancee d'un seul bond a la tete des nations ! En attendant , ces messieurs exposent , sous le nom de presse universelle, un chef-d'oeuvre de simplicite et de bont^, dont le suc- ces a dt^ tellement rapide qu'en moins de deux annees 123 modeles se sont comme partage le monde ; vous les trouverez dans presque toutes les capitales : Paris, Saint-Petersbourg, Madrid, Lisbonne, Constantinople, Londres, Rio-Janeiro, Lima, Bruxelles, etc., etc., et dans presque tous les chefs-lieux de nos dt'^partements. Le doyen et grand seigneur de 1' imprimerie fran^aise , M. Firmin Didot , fut grandement ^tonnd lorsqii'on lui dit et qu'on lui prouva qu'il sortait r^gulierement chaque mois cinq presses universelles des ateliers de la rue de Vaugirard. Celui de ces appareils qui figure dans la galerie appartient aM. Plon, chez qui il adeja fonctionne. M. Marinoni et ses associt^s n'ont pas voulu qu'on put dire qu'il ^tait construit exceptionnellement en vue du concours. Depuis quelques jours , M. Plon , si actif et si habile , a commence a faire imprimer ses aquarelles , grande nouveaut^ typographique , qui charment les yeux et relevent grandement le merite de la mecanique qui les produit par milliers. L'ecoulement si rapide de la presse uni- verselle ne pent s'expliquer que par des avantages extraordinaires. Et , en effet : 1" elle est a la fois legere et solide au delii de ce qu'on peut imaginer ; elle s'installe partout , au rez-de-chaussde comme aux etages sup^rieurs, sans fondements creus^s dans le sol, sur un socle en fonte d'un seul morceau ; on la place et on la d^- place avec la plus grande aisance. 2" Elle sert a tout, aux labeurs les plus ordinaires comme aux travaux de luxe, avec impression de vignettes ou gravures de toutes couleurs. 3° Rendue a domicile, sur tous les points de la France et mont^e ; transport^e sans frais, pour I'dtranger, jusqu'a la frontiere, elle coute 4 500 francs, tandis que COSMOS. 127 les autres presses de meme format se vendaient jusqu'ici 8000 fr., presque le double; elle est livree avec garantie de cinq anndes, et non pas d'une seule annee ; le pavement n'est exig^ qu'au bout de deux ans, alcfrs que, par les economies qu'elle a realisees, les bene- fices qu'elle a procures , elle a couvert plus de la moitie du prix d'achat. 4" Elle occupe un homme de moins que les presses de memes dimensions , et peut etre dirig^e par un ouvrier ordinaire, un imprimeur de la presse a bras ; conduite a la main par deux hommes et un enfant ou une femme, elle donne encore 1 000 exem- plaires a I'heure d'une forme de 91 centimetres de longueur sur 66 centimetres de largeur, tir^s avec toute la perfection desirable. 5° Enfin elle occupe relativement un tres-petit espace (3 metres 80 centimetres en longueur, 2 metres 50 centimetres en largeur). 9 metres carres ! ce sont la, dvidemment, des avantages inouis, un progres considerable , une veritable revolution qui serait bientot accomplie si elle ne froissait pas certains interets puissants. La possibilite de tirer sans peine 1000 exemplaires sans le concours d'un conditcteur special est un attentat qui excite et excitera bien des coleres, a Paris surtout, oil les conducteurs dictent leurs lois : ces coleres retarderont I'adoption de cet instrument desormais indis- pensable; mais, comme toujours, elles seront emportees par le tor- rent de I'exemple. Disons , en fini^sant , que M. Marinoni a construit des machines a vapeur reduites a leur plus simple expression, et qui s'appliquent directement, sans transmission de mouvement, a la presse des jour- naux ou a la presse universelle, sans grande augmentation de prix ; cette derniere presse , avec le moteur a vapeur et le generateur , coiite 5 500 francs , 2 500 francs de moins que la presse ordinaire sans la force qui la fait mouvoir. Si nous etions charg^ de distribuer les recompenses, nous decer- nerions bien certainement a MM. Marinoni, Bourlier et Chevalier une medaille d'honneur, et ce serait une des mieux meritees du concours. UNE DES PLUS HEUREUSES SL'RPBISES DU PALAIS DE l' INDUSTRIE : PERCOLATEDR HTDROSTATIQDE DE M. LOYSEL, INGENIEOR CIVIL. N° 473 du Catalogue anglais. Galerie du Lord de Teaii. Pres de I'extremite de la Galerie du bord de I'eau, sur la limite de I'exposition anglaise et vers la gauche, vous avez sans doute admire un appareil d'une grande elegance , construit en cuivre rouge tres-brillant , servi par plusieurs gardens en costume officiel sous les 428 COSMOS. ordres de MM. Cremailly et Poignand, concessionnaires des Buffets ie TAnnexe, qui versent incessamment aux amateurs, pour le prix modique de 20 cent. , un caft5 v^ritable- ment excellent . Cette cafetiere monstre , dont les flancs con- tiennent pres de deux milletasses dela pr^- cieuse liqueur, et qui coute environ 6 000 francs, a re9U de son ingenieux inventeur, M. Loysel, le nom de percolateur hy- drostatique , nom un peu barbare pour les oreilles fran^aises. C'est tout simple- ment un appareil a infusion et deplace- ment ou se trouvent a la fois en jeu plu- sieurs principes de I'hydrostatique : I'as- cension des liquides dilatt^s par la cha- leur, leur tendance a I'equilibre dans les tubes communi- quant , la pression exercee par des co- lonnes liquides en raison de leurs poids et de la pression at- mospherique qu'elles supportent,etc.,etc. ^^t Ces principes sont Hvieux comme le monde ; Heron d'A- lexandrie les maniait COSMOS. t2f avec une rare habilete , il les fit servir tres-heureusement a la rea- lisation de sa merveilleuse fontaine convertie au commencement de ce siecle, par Gi- rard , en lamps hv- drostatique a niveau constant. On comp- terait par centaines, par milliers peut- etre, les applications deja faites de ces memes principes a r^conomie domesti- que , a I'industrie., aux arts ; tout cela n'empeche pas que le percolateur ne soit une grande, belle et utile invention, dont M. Loysel a pus'as- surer la propriety sur tous les points du globe par des bre- vets d'invention ou des patentes qui lui apporteront fortune et cel(^brite. Dccrivonsd'abord I'appareil fondamen- tal ou la cafetiere geante a vapeur. Elle est representee dans sa forme exte- rieure et ses or- ganes essentials [fiS- !)• Le soubassement renferme un foyer de chaleur, le plus simple et le plus agreable est un vaste briileur a gaz , compose de plusieurs couronnes concentriqucs par lesquels s'dchappe le gaz d'^clairage enflamm^ : ce mode de chaufFage est 430 COSMOS. deja tres-r^pandu en Angleterre , puisse-t-il se populariser en France, rieri n'est attrayant comme un fourneau de cuisine ou una cheminee alimentes par le gaz. Nous constatons avec plaisir que M, Chevet, sans se laisser effrayer par un surcroit de depense , a voulu cliauffer le percolateur de son buffet par le gaz , (jue la Com- pagnie de Passy a consenti a fournir pendant le jour bien que les frais de conduite pour ce seul appareil lui coute beaucoup plus quelle ne regoit. Au-dessus du foyer on a install^ un bouilleur de forme cylindrique ovale et de capacite plus ou moins grande, contenant jusqu'a 500 litres d'eau; deux petites colonnes vissees sur le bouil- leur portent deux globes destines a contenir I'infusion toute pre- paree et a la verser par deux robiiiets fixes aux extremitds de deux longs tubes ; chacun des globes est en communication par un tube muni aussi d'un robinet avec un cylindre; un peu au- dessus du fond des cylindres se trouve un filtre ou plaque me- tallique perce de trous tres-fins, comme les filtres des cafetieres ordiiiaires. Sur les filtres on pourrait entasser a la rigueur, dans un des cylindres 1 kilogramme de the en poudre, dans I'autre, 6 kilo- grammes de cafe; mais il vaut mieux disposer dans I'inti^rieur du cylindre, comme le montre la^^'. 2, tres-agrandie, une serie de fil- tres successivement etages, et partager entie ces filtres la quan- tity de cafe ou de the qu'il s'agit de convertir en infusion. L'appa- reil est enfin couronn^ par un rt^servoir, qui communique d'une part avec le bouilleur par les tubes de droite et de gauche, munis vers le bas de soupapes libres que la pression de I'eau dans le bouilleur fait ouvrir de bas en haut, que le poids de la colonne liquide fait re- fermer quand I'ascension est terminee ; de I'autre avec le fond des cylindres, au-dessous du premier filtre. Ajoutons enfin que les deux cylindres sont munis de tubes lateraux en verre pour indiquer la hau- teur a laquelle I'eau s'eleve a I'interieur; que le reservoir superieur renferme un flotteur, r^gulateur du niveau de I'eau , et porte une soupape de surety qui s'ouvre seule quand la vapeur d'eau afflue trop abondante, ou que Ton soulfeve en tirant un cordon quand on veut faire cesser la pression de cette vapeur. Rien de plus facile a comprendre que le jeu de cet appareil. Quand les filtres sont charges de poudre et le bouilleur rempli d'eau, on allume le gaz , le charbon ou le bois , bientot I'eau se r^duit en va- peur, la vapeur, accumulee au sommet du bouilleur, fait monter par les tubes lateraux I'eau dans le reservoir superieur; cette eau , par son propre poids, descend par le tube central au fond des cylindres; tendant alors a reprendre son niveau, oil sous le poids de la colonne COSMOS. 131 superieure elle traverse le premier filtre, le premier tas de poudre, puis le second filtre et le second tas de poudre, etc. ; a mesure qu'elle monte dans le cylindre, I'eau chasse devant elle lair que la poudre contenait; I'eau en meme temps dissout les parties solubles du the et du cafe, se les assimile, et se change ainsi en infusion qui va remplir la partie superieure des cylindres; quand les tubes de niveau indiquent que les cylindres sont pleins on arrete 1' operation ; on reduit le feu , ce qui est extreinenient facile quand le combus- tible employe est le gaz, puisqu'il suffit alors tout simplement de fermerun peu le robinet d'arriv^e. Cela fait, on ouvre les robinets de communication des cylindres avec les grosses boules, I'infusion tombe par son propre poids, traverse rapidement les couches de poudre tassees et les filtres, prend sur son passage les parties so- lubles dont elle ne s'etait pas emparee dans son premier contact, et vient enfin remplir les boules , tres-concentree et cependant d'une liiiipidite parfaite; il ne reste plus alors qu'a la distribuer aux amateurs. Le percolateur, qui n'etait pas ne encore, ne decorait pas et n'animait pas les vastes galeries d'Hyde-Park ; il fit sa pre- miere apparition, le 12 avril 1854, dans la bibliotheque de I'ins- titut royal des ingenieurs civils de Londres dont M. Loysel est membre, tous lui firent le plus gracieux accueil ; quelques jours apres il fit son entree triomphante dans le Palais de Cristal de Sydenham , et voici ce qu'a la date du 24 aoiit le secretaire de la Compagnie, M. George Grove , ^crivait 'a M. Loysel: « Je suis heureux de vous apprendre, apres une experience de plu- sieurs semaines, dans la division des rafraichissements, que votre percolateur hydrostatique a donne les resultats le plus hautement satisfaisants ; le cafe et le th^ qu'il verse sont d'une qualite evi- demment superieure a celle des infusions obtenues par les anciennes melhodes; il y a . en meme temps, une grande economie de ma- tiferes premieres. II fonctionne avec une rapidite etonnante , sur les comptoirs de vente, sous I'oeil des consommateurs, et dispense, par consequent, des transports a distance, avec perte considerable de temps, de chaleur, de force et d'arome. " Sa Majeste I'Empereur, dans la visite qu'il fit a I'Exposition le 18 juillet dernier, daigna goilter le cafe fait dans le percolateur de I'Annexe, dont la forme elegante et monumentale I'avait frappee. S. M. a trouve le cafe excellent et a daigne le dire a M. Loysel. Depuis MM. Cromailly et Poignand, les intelligents directeurs des buffets de I'Annexe, auxquels par une concession gratuiteM. Loysel a donne le droit de se servir de son vaste appareil qui peut fabri- 132 COSMOS. quer 40,000 tasses par jour, se sont empresses de faire profiter le jTublic des avantages qu'il donne, en pr^parant le caf^a20 centimes, Sucre compris, dont nous parlions au debut de cet article. Fournir a nieilleur marche un produit meilleur, voila le veritable progres et le caractere des grandes decouvertes. Rien n'empechera dcsormais, puisqu'il pourra etre prepare sur la plusgrande echelle, que le cafe noir, dont les proprietes toniques, nutritives meme, peut-etre, sont de plus en plus appreci^es, qui repare les forces epuisees par un travail excessif ou des exercices fatigants , qui fortifie les tempe- raments, etc, etc., ne soit distribue sous les tentes des camps, dans les refcctoires descaserneset desecoies d'applicatioii, etc., etc. Le percolateur installe sur les buffets de JI. (/hevet, dans la galerie circulaire du Panorama, donne, a chaque operation, 172 tasses, par rinfusion de 2 kilogrammes de cafe, c'est un rendement relati- vement ^norme, on le met en action six ou sept fois par jour. La limpidite, la force, I'arome de I'infusion , ne laissent absolument rien a desirer. Mais les appareils gigantesques , dont le nombre sera toujours borne a celui des grands etablissements , n'enrichiraient peut-etre pas I'inventeur; il s'est empresse de construire, sur ce meme prin- cipe, des cafetieres et des th^ieres de menage. Rien de plus joli que ces petits appareils construits en argent, en plaque, en Ruolz, en metal allemand, en porcelaine, etc. La cafetiere a la forme de nos sucriers , avec leur couvercle mobile; le vase est muni, au fond, d'un premier filtre sur lequel repose la poudre recouverte par un second filtre ; un tube en metal debouche au-dessous du premier filtre, le traverse ainsi que le reservoir a poudre et le second filtre, et s'^leve presque jusqu'au sommet du vase; le couvercle renvers4 forme un entonnoir qui se fixe a I'extrdmite du tube central ; on verse I'eau bouillante dans I'entonnoir, elle descend au fond du vase, remonte, pour reprendre son niveau, en Iraversant le pre- mier filtre, la poudre et le second filtre , I'infusion est faite ; quand on Guvre le robinet, elle descend, en se filtrant de nouveau, et sort tout a fait limpide : il est bon , dans tous les cas , de jeter la pre- miere eau ccoulee qui ne serait pas assez chargee. Latheierene differe en rien, quant aux formes ext^rieures , des theieres ordinaires ; on place dans son interieur le percolateur mo- bile an fond duquel on met le the en poudre, I'eau bouillante ver- see dans le couvercle du percolateur , descend d'abord , puis re- monte a travers la poudre et passe dans la theifere apres avoir tout extrait; I'^conomie de la substance est enorme. On reraarquera que M. Loysel reduit le the en poudre pour faire COSMOS. laa son infusion ; en agissant ainsi, il n'a sans doute songe qua rendre reparation plus facile. Nous avons cte heureux de lui apprendre que cette innovation est un bienfait humanitaire dont le bon sens public comprendra bientot la portee , et popularisera son percolateur au dela de ce qu'on peut imaginer. Nous constations douloureusement I'autre jour, par des documents emprunt^s a I'enquete de la Chambre des Communes, qu'une pratique abominable a envahi I'Angleterre:; on fait secher les feuilles de the deja infusees , on les colore avec des poisons , on les aromatise avec des eaux sans valeur, et on les rejette dans le commerce. Les lois les plus rigoureuses seront certainement impuissantes a reprimer une fraude organisee sur una si vaste dchelle; niais le remede impossible a un grand mal, M. Loysel I'a trouve etle voici tout simplement. Que les consommateurs se coalisent pour n'ache- ter que du the en feuilles, pour ne faire infuser que du the en pou- dre, et tout sera dit. Les faussaires auront beau appeler a leur aide toutes les rcssources de leur esprit inventif et de I'art, ils ne ressus- citeront pas la feuille avec la poudre ; celle-ci restera done avec son cachet ineffa9able de the infuse, elle ne tromperaplus personne, ceux-la seuls I'acheteront a vil prix qui ne pourront pas se procurer d'autre the.Le monstre de la sophistication sera tue d'un seul coup par notre frele ingcnieur transforme en Hercule. Nous sommes heureux et tier d' avoir prevu le premier ce resultat immense, qui multipliera a I'infini le percolateur-theiere, qui amenera le gouver- nement anglais a trailer avec I'inventeur pour faire jouir leurs su jets du principe sauveur de la pulverisation prealable du the. M. Loysel, apres avoir cree le percolateur des masses et des fa- milies, a du faire le percolateur des armees ou du soldat ; mainte- nant surtout que le cafe et le the font partie essentielle de I'ordi- naire des troupes. Le modele qu'il adressa au marechal Vaillant fut promptement essaye et enleva tous les suffrages ; quelques semaines apres cent percolateurs distribuaient et versaient au camp de Boulogne la chere demi-tasse a quinze cents soldats. Du camp de Boulogne le percolateur s'elancera en Crimee, et si les braves enfants de la France et de I'Angleterre sont destines a hiverner une seconde fois sur ce sol devaste, la chaude et aromatique infu- sion soutiendra leurs forces. Pour donner au nombreux public qui remplit les galeries de I'Exposition une premiere representation du percolateur de sidge, nous aurions voulu que M. Loysel en fit fonctionner un par la vapeur empruntee a la machine calorique de MM. Beaumont et Mayer, que I'Empereur a conimandee pour la 134 COSMOS. Crime'e, afin que, mise en mouvement par les bras intrepides de nos hei'os, ou la traction des fiers coursiers qui partagent leurs peiiies et leur gloire, elle produise la chaleur n^cessaire sinon au chauff'age des tentes, du moins a la cuis-son des aliments. Un mot encore et nous avons fini. Nous n'avons signale qu'un des usages du percolateur, un usage de luxe, il en est bien d'au- tres plus vulgaires , mais non moins importants. 11 peut rece- voir des dimensions (^normes et devenir un appareil de grande Industrie; ce n'est pas seulement du th^ ou du cafe qu'on peut enfermer dans ses cylindres agrandis et sur ses filtres clargis , mais une substance quelconque dont on veut extraire les ele- ments solubles par Taction de I'eau bouiilante aid^e de la pres- sion de la vapeur; des bois de teinture , des matieres coloran- tes, des plantes m^dicinales ou aromatiques , de I'orge maltha et la fleur de houblon pour la preparation de la biere , etc., etc. Des experiences solennelles faites sous les yeux de M. Warrington, le savant chimiste directeur de la pharmacie monumentale de Lon- dres, Apothecaries Hall, ont prouve qu'on obtenait par son moyen, avec une tres-grande (5conomie de temps et d'argent, des solutions, des infusions, des extraits beaucoup plus purs, plus concentres, plus limpidesque partous les proc^des connus; pour rendrel'extrait plus fort et mieux dpurer la matiere, rien n'empeche de faire repasser une seconde infusion a travers les filtres et les couches de poudre oude fragments qu'elles portent ; comma rien n'est plus facile aussi, Quand la matiere est epuisee, que deretirer, en'devissant I'^crou sup^- rieur {Jig' 2), une premiere s^rie de filtres pour la remplacer par une autre chargee a neuf, sanspresque aucune perte de temps. Nous avons ete heureuxd'apprendreque S. Ex. le ministra de la guerre, si plein de soUicitude pour tout ce qui touche au bien-etre de I'arm^e fran- gaise , apres avoir fait examiner la d^couverta da M. Loysel, lui a commande un premier percolateur a quatre spheres dans lequel on fera toutes les infusions destinees au service des malades du vaste hopital militaira du Val-de-Grace. — 11 y aura benefice pour tous, la gouvernement trouvera une economie considerable de subtance, da temps, de main-d'oeuvra, qui payaront bien vita le cout de la machine , at les malades auront des tisanes parfaites qui les rappelleront plus vita a la sante. Avant peu la percolateur Loysel sera adopts dans tous las hSpitaux militaires atcivilsnon- seulementde France, mais du monde entier. C'est assez, trop peut-etre, mais nous nous sommes trouv^ en presence d'une id^e neuve et feconda, et nous avons ete fecond COSMOS. 135 comme elle. Nous ne savons pas quelle decision prendra le Jury international, quelle recompense il accordera a M. Loysel, mais sa cause est gagnee devant I'opinion publique, son percolateur a triomphe sur toute la ligne, ses cafetieres et ses theieres font fureur; il en aurait vendu plusieurs milliers depuis leur exhibition s'il avait ete prepare a ce succes vraiment merveilleux. II a bien m^rite de la gastronomie en apprenant aux Anglais a faire a coup sur et presque nialgre eux de bon cafe inconnu jusqu'ici au dela du detroit ; en apprenant aux Fran9ais a faire a coup sur et malgre eux de bon the, dont nous iHions loin d'avoir le secret; ila bien nieritd de I'industrie en la dotant d'un appareil facile a manceuvrer au dela de ce qui peut se dire et d'uiie efficacite absolue; il a bien merite de I'humanito en la inettant, si elle le veut, a I'abri des sophisti- cations du the par reinploi du the en poudre : ce sont, il nous sem- ble, de beaux titres a une medaille d'honneur. QtTATBIESIE CLASSE. — Slecanique g^a^rale appliquee k I'industrie. Sixicme section. — Maclilnes a vapeur et a gaz (SuiteJ. M. ECGENE BOURDON. Omls sur le Catalogue. — - Annexe , vers le milieu de la galerie. M. Bourdon a obteiiu,en 1849, une medaille d'or, en ISSl.al'Ex- position universelle de Londres, pour son manometre sans mercure, une medaille de Conseil, bienlot suivie de la croix de chevalier de la Legion d'honneur. II expose, en 1855, deux machines a vapeur ; la premifere, qui fonctioiine, est de la force nominate de 25 chevaux, mais capable d'un bien plus grand travail, a haute pression , sans condensation, a cylinJre horizontal, a detente variable, avec double enveloppe, I'une en fonte , dans laquelle circule de la va- peur prise directement dans la chaudiere, I'autre en bois, nous avons admire sa construction ties-simple et trfes-solide; la seconde est un petit cheval destine ii agir diiectement sur le piston d'une pompealimentaire ; son principal merite est d'occuper peu d'espace et de se preter a une installation facile; elle est appliquee avec avantage dans les usines a fer, pour entretenir d'eau les genera- teurs places sur les fours a reverbore. Cequ'il y a de vraiment nouveau dans la machine de M. Bour- don, c'est la disposition par laquelle il a reussi a rendre visible a 136 COSMOS. chaque instant la marche du tiroir de la detente, sans qu'il soit necessaire de rien d^monter : cette disposition , merite d'etre d^crite avec quelques details. Le distributeur de vapeur, simple tiroir a glissieres superpos^es , mil par un seul excentrique , donne, suivant les besoins et sans qu'il soit necessaire d'arreter la machine , tous les degres de ddtente depuis trois jusqu'a neuf dixiemes; et pour regler a un degr^ voulu , il suffit d'amener le chiffre corres[)ondant du cadran des d^tentes en face de I'ouver- ture de la piece d'arret, qui sert a fixer ce cadran. M. Bourdon a modifie de la maniere la plus heureuse le jeu des organes qui ouvrent ou ferment en temps utile les orifices d' introduction de la vapeur. Le tiroir de distribution est plan sur ses deux faces, et ses extr6- mit^s sont percees de deux orifices rectangulaires de dimensions ^gales a celles de la table de distribution ; ces orifices se bifurquent dans I'epaisseur du tiroir et debouchent deux a deux a sa partie su- p^rieure. Le tiroir est lie a une tige en fer perforce dans toute sa longueur, et qui revolt son mouvement, comme a I'ordinaire, d'un excentrique cale sur I'arbre du volant ; une plaque en metal appelee tiroir de detente, guid^e lat^ralement par des coulisses, et dont la longueur est telle qu'elle ferme les deux orifices de droite au mo- ment oil elle ouvre ceux de gauche, glisse sur le tiroir de distribu- tion; elle porte une tige en fer qui, apres avoir traverse la tige creuse du tiroir de distribution, sort a travers une boite a ^toupe plac^e a une petite distance de son extremity ; cette extremity est en outre munie d'un petit cadre rectangulaire en rapport avec une sorte de came a deux cot^s sym^triques, monte sur un axe qui porte un cadran divise. Voici comment tout le systeme fonctionne : con- cevons que le tiroir de la distribution et de la detente soient d'a- bord superposes et comme li^sl'un a I'autrepar le simple frottement de la boite a etoupe ; lorsque I'excentrique imprimera un mouvement de va-et-vient au tiroir distributeur, le tiroir de la detente tendra a le suivre dans son mouvement, mais le cadre dont sa tige est arm^e, rencontrant la came a un certain point de sa course, fermera plus tot ou plus tard les orifices d'entree de la vapeur, suivant I'inclinai- son du grand axe de la came. II arrive aS'sez souvent, surtout dans les machines a cyhndres verticaux, bien qu'on ait la precaution d'ap- puyer fortement les tiroirs I'un sur I'autre au moyen de ressorts en acier, que la pression lateralede la vapeur d6couvre en temps inop- portun les orifices du tiroir de la detente ; si cela arrivait dans la disposition adoptde par M. Bourdon, on en serait immcdiatement pr^venu par le mouvement saccad« du petit cadre en fer, et on y re- COSMOS. iUV m^dierait sur-le-champ en serrant un peu les deux ecrous de la boite ou presse a 6toupes, dont le frottement suffit pour ramener la detente a sa marche normale. La machine a vapeur de I'Exposition perd un peu de sa puissance par I'absence du condensateur, mais cette absence dtait imposee par Teniplacement ou elle doit fonctionner. Dans les belles ma- chines a cylindre horizontal qu'il a livrees a I'industrie dans ces dernieres annees, M. Bourdon a non-seulement conserve precieuse- ment la condensation, mais il I'op^re dansdes conditions meilleures. La pompe a air et le condenseur sont iiistalles verticalement sous le bati et lies solidement avec lui, de maniere a servir, pour leur part, d'armature ou de point d'appui a toutes les pieces qui participent au mouvement du piston moteur. S'il survient un tassement dans les massifs en magonnerie qui supportent le bali, I'ensemble de la machine s'affaisse simultanement et le changement du niveau ge- neral ne nuit pas a sa raarche d'une maniere sensible. Dans ces xnemes machines, dans celles, par example, de 50 chevaux qui font mouvoir les raoalins d'Odessa , et qui n'ont rien laiss^ a desirer depuis cinq ans sous le double rapport de la regularite de la marche et de I'economie de combustible, le mode de transmission du mouve- ment aux pistons des pompes a air est nouveau et permet de laisser ces pompes verticales, alors que le cylindre et le piston moteur sont horizon taux. Le Jury de 1849 aimait a proclamer que toutes les machines, grandes et petites, de M. Bourdon, portent un cachet de bonne fa- brication, que tout y est bien etudie, bien compris, bien execute; le Jury de 1855 sera heureux de constater que I'habile construeteur a perfectionne encore les moyens imagines par lui pour mieux assu- rer la regularity et la surety de marche des machines a vapeur. M. LE GAVEIAN. K<* 870. Annexe, coDtre le mur du Lord de I'eau. MM. Le Gavrian etFarinaux, ingenieurs-constructeurs a Lille, disait le rapport du jury de 1849 , se prdsentent a I'Exposition avec une bonne renommee acquise par de veritables succes; ils comp- tent d^ja parmi les plus habiles constructeurs de machines a va- peur, du moins pour ce qui concerne I'economie du combustible, qui est un point si important ; cette Economic a ete constatee de la 138 COSMOS. maniere la plus authentique par la Soci(5t^ d'encouragement, qui leur a accordii la moitie du prix de 10 000 francs , qu'elle avait propos6 a sujet lis doivent cet avantage a un systeme qui leur appartient, et qui est un perfectionnement considt^rable de I'ancien systeme de Wolff le jury leur accorde una medaille d'argent. » Ces messieurs n'ont pas expose a Londres ; a Paris, en 1855, ils se presentent separ^ment, et semblent s'etre partage leur invention premiere; M. Le Gavrian expose une machine a trois cylindres verticaux , M. Farinaux une machine a double cylindre horizontal, systeme de Wolff, perfectionne par eux. Nous ne pouvons encore parler que de la premiere de ces machines, construite dans un but special, le travail des filatures, travail qui, comma on le sait, exige une regularite absolue. Cebut, M. Le Gavrian croit I'avoir atteint avec une grande economie de matiere dans la construction du moteur, et de com- bustible dans son travail de chaque jour. Voici en quoi consiste essentiellement la nouvelle machine. Figurez-vous trois cylindres verticaux de meme hauteur ; celui du milieu, d'un diametre plus petit , regoit la vapeur a la pression ordinaire de 3 , 4 ou 5 atmos- pheres , tantot au-dessus, tantot au-dessous de son piston mu avec une vitesse de 1™ a l'°,50, quelquefois meme de 2™ et plus. Apr^s avoir rempli la capacite du petit cylindre , la vapeur passe alterna- tivement dans I'un ou I'autre des deux grands cylindres, dont les pistons ont la meme longueur de course , mais sent animt^ d'une vitesse moiti(^ moindre. Quand le piston du petit cylindre a par- couru sa course ime seconde fois , le piston du premier grand cy- lyndre, qui a regu la premiere vapeur, n'a encore accompli que la moitie desa course, il acheve la seconde moitie sans recevoir de nouvelle vapeur, par la seule expansion de celle qu'il a re9ue; mais en meme temps la seconde cylindrde de vapeur du petit cylindre passe dans le second cylindre et le fait mouvoir a son tour. Ainsi done, chaque cylindree de vapeur re9ue dans le petit cylindre passe tour a tour, tantot dans le premier, tantot dans le se- cond cylindre , pour agir par expansion ou par detente , et parce qu'a egalit^ de longueur de course des trois cylindres , la vi- tesse du petit piston est double de celle des deux grands pistons j le petit piston fait une double excursion pendant que les deux grands font une excursion simple. II results de cette disposition , et c'est en cela que M. Le Gavrian pense avoir realise un pro- gres considerable, que la nouvelle machine a trois cylindres, deux grands et un petit, fait, a dgalitd de diametre des cylindres, le COSMOS. 139 travail effectif de deux anciennes machines a deux cylindros, I'un grand, I'autre petit. Comme dans la machine a trois cylindres, il n'y a , de plus que dans celles a deux cylindres, que la riepense d'un cyliiidre avec sa distribution et ses accessoires , on realise en definitive une t^conomie d'un tiers, ou de 33 pour 100, en meme temps qu'on obtient, avec une seule machine plus symetrique dans ses formes et mieux equilibree, le travail de deux machines accou- plees. Une machine de 100 chevaux, a trois cylindres , ne coutera pas plus cher que la meilleure machine de 70 a 75 chevaux de Wolff, qui , comme tout le monde le sait , a de errands avanta^es sur les machines ordinaires, a un seul cylindre horizontal ou vertical a grande detente. Les resultats sont aujourd'hui nn fait accompli ; la premiere machine etablie sur ce systcme, de la force de 50 che- vaux, fonctionne, depuis un an, de la manifere la plus satisfaisante, avec une grande economie, avec la roiideur et la regularite de la meilleure roue hydraulique. Nous avons sous les yeux une etude complete d'une seconde machine semblable niontee chez M. Darras, filateur a Turcoing ; sa force nominale est de 80 chevaux, sa force theorique de 124 che- vaux, ou de 100 chevaux disponibles sur I'arbre moteur ; elle pese, sans sa chaudiere, 35 000 kilogrammes, au lieu de 50 000, poids minnnum des anciennes machines ; sa marche est compU'-tement reguhere , et sa consommation de combustible n'excede pas 1"^, 50 par heure et par cheval. C'est certainement un ties-beau resultat. M. Le Gavrian fils. ancien eleve distingue de I'Ecole ccntrale des Arts-et-Manufactures, qui a rcdige cette etude soumise au juo-e- ment de la Society d'encouragement , resume ainsi les avantao-es du nouveau systeme : 1" Economie de constractioa. Sur les machines a balancier la superioritc est ^norme ; sur les machines a deux cylindres s(^pares i'avantage est une difference de poids de moitie. Pour realiser avec une machine a un seul cylindre la detente d'un dixieme, sous la- quelle fonclionne la machine a trois cylindres, il faudrait donner au cylindre unique un diametre et une hauteur considerables, et em- ployer un volant monstrueux jiour regulariser le m.ouvement; en rai^on cependant du prix plus eleve de la main-J'oeuvre les ma- chines a trois cylindres seraient moms avautageuses pour les pe- .tites forces au-dessous de 20 chevaux. 2" Economie de combustible. Elle rosulte d'une complete utili- sation de la vapeur d^tendue au dixieme environ ; de la faible Ion- tt« COSMOS. gueur des tuyaux de communication ; de I'influence conservatrice des enveloppes ajoutdes aux trois cylindres. 3° Regularite du mouvement. EUe a pour raison le passage in- sensible des points morts dii a la position relative des manivelles ; I'efficacit^ du volant anim^ d'nne grande vitesse ; I'^quilibre parfait des manivelles, bielles et pistons ; Taction des deux engrenages extremes ou sup6rieurs qui font fonction de volant. M. Le Gavrian se propose de construice des machines a trois «ylindres horizontaux dans lesquelles il realisera une economie de matiere plus notable encore. Eti attendant, sa machine a trois cy- lindres verticaux est une bonne, grande et belle chose, qui fixera au plus haut degr^ I'attention du Jury ; nous regrettons vivement que la necessite d'un batis special n'ait pas permis de lui faire d^ployer sa puissance et ses avantages dans le Palais de I'lndustrie. A. TRAMBLAY, 'proprictaire-gerant. Paris. — Iinprimerie de W. Reuqosx et Cie, rue Garanci^re, 3. T. VII. 10 AOUT 1855, QUATRIEME ANNEE. COSMOS. EXPOSITIOI UNIVERSELLE. VARIETIES, RECOMPENSES DE I.' EXPOSITION. La question si grave des recompenses a decerner par les vln^t ept premieres c asses du Jury international a ete d'abord ,' bi t d un decret ,mp^r.al dont void les dispositions fonda,.ental s ' Les recompenses a decerner sont les smvantes : medaille d'or medadle d argent, medaille de bronze, mention honorable ' 1 Lameda.lle dor ne pourra etre decernee que par le conseil des presidents et vice-presidents, sur la proposition'des Ju ^ d d se approuvee par le groupe auquel chaque classe appa Lt El lene pourra etre proposee que pour : 1. des collections ^L- on' plates, adressees par des Etats Strangers, des villes ou centres de' grandes productions, offrant une haute ufHte au poin^ de ue t instruction; 2. pour des produits exposes par defindustH^^^^^^^^ e recommanderont par une perfection exce'ptionnelle due Pa'r au gout, a la science ou au travail ; 3. pour des decouvertes ou in mdustriel le 4. pour 1 accroissement tres-considerable d'utilite d'ua produit deja connu et rendu accessible par la reduction de on .r x a une consommation generate. ^ ^20 La medaille d'argent pourra ^tre decernee par chacun des Jurys des sept premiers groupes, sur la proposition^es Jurys des classes : 1. pour la supenorite du gout, de la forme ou du traval 2. pour des collections interessantes au point de vue de 1' nstru ' t^on ; 3 pour des progres importants et constates , introdts da- la fabrication, sou par voie d invention ou autrement, et ay' ? pur consequence un usage meilleur, plus agr^able, plus ut^eTu a.3"LamedaiIledebronzepourraetredonneepar les meMes Jurvs- • 1. pour a bonte du travail, pour des qualites'de forme ou e g V : 2. pour des amehorations reelles obtenues, soit dans les moyefs "; e 1&2 COSMOS. production , soit dans I'utilitd plus grande des produits , soit dans rabaissement des prix. 4° La mention honorable pourra etre d(5cernee aux exposants des produits qui se seront distingu^s par I'un des merites enonces plus haut, lorsque la nouveaute de I'invention ou le peu d'impor- tance de la production ne donnera pas lieu au vote de la medaille de bronze. 5" Les contre-maitre et les ouvriers signalds pour services rendus- a I'industrie qu'ils exercent, ou pour leur participation a la produc- tion des objets exposes et juges dignes d'une recompense, pourront recevoir, sur la proposition des Jurys, I'une des quatre distinctions ^numerees ci-dessus. 5" Sa Majeste I'Empereur se reserve, sur la rdcommandation des presidents et vice-presidents, d'accorder des marques speciales de gratitude publique aux exposants qui lui seront signales pour des services hors ligne rendus a la civilisation, a I'humanit^, aux sciences ou aux arts , ou des encouragements d'une autre nature a. raison des sacrifices considerables, dans un but d'utilite generale, et eu egard a la position des personnes recommandees. 7" Les recompenses a decerner par les trois classes du Jury des beaux arts sont : 1. grande medaille d'honneur de 5 000 francs pour des ouvrages d'un nierite ^clatant, au jugement de I'assem- tlee generale desmetidires des trois jurys ; 2. medaille d'or de pre- mifere, seconde et troisifeme classe, ddcernees par le jury de chaque classe; 3. mention honorable. Son Altesse Imperiale le prince Napoleon, president de la Com- mission iniperiale et du conseil des presidents, par une premiere lettre en date du 23 juillet, a juge necessaire de commenter I'ar- ticle du decret qui concerne la medaille d'or. 1. II rappelle que les grandes collections tres-completes et tres-instructives, ou la perfec- tion exceptionnelle des produits, ou le tres-grand bon niarche, ou les decouvertes tres-importantes arriv^es a I'etat de grande appli- cation industrielle sont les seuls titres qui puissent doniier droit a la medaille d'or; 2. il ajoute : « Toute consideration d'origine ou de natinnalite, tout souvenir des recompenses anterieures, doivent etre ^cartes par les Jurys du concours universel ouvert en ce mo- ment. Le Jury ne se laissera pas surprendre non plus par des tours de force aciidentcls, qui ne sont pas I'expression dune fabrication reguiiere et habituelle, ou le resultat d'une nouvelle conquete, d'un progres reel et serieux de I'indubtrie." 3. II conjure les Jurys de prc- venir les difficultcs et les inconvenients graves qui re.-ulteraient de I COSMOS. 143 I'annulation certaine par le conseil des presidents de toute propo- sition ou de tout vote de recompense qui ne serait pas strictement conforme aux regies ci-dessus etablics ; 4. il rhgh que dans un groupe industriel , arrivd dans son ensemble a un haut degrd de per- fection , sans qu'aucun des exposants pr^sente rien d'exceptionnel ou se inontre superieur aux autres, la medaille pourra etre decernee au groupe avec mention particuliere des noms des industriels dent le merite collectif aura valu au groupe la recompense de premier ordre. Dans une seconde lettre son Altesse Imperiale insisfe encore sur la necessite absolue d'ecarter toute consideration d'origine ou de nationalite, tout souvenir de recompenses anterieures. II informe les presidents qu'il a I'intention de proposer a la Commission imperiale de caracteriser d'une maniere plus precise la valeur des recompenses a decerner, en modifiant leur denomination de la maniere suivante : la medaille d'or prendra le titre de grande medaille d'honneur; la medaille d'argent prendra le titre de medaille de premiere classe ; la medaille de bronze prendra le titre de medaille de deuxieme classe; la mention honorable conservera son nom : ce complement de denomination, ajoute-t-il , ecartera tout souvenir des anciennes re- compenses; tout rapprochement entre les distinctions obtenues dans les anciennes expositions exclusivement nationales et le concours universel de 1855. Nous comprenons I'importance que son Altesse Imperiale attache a cet oubli complet des titres anterieurs. Dans sa pensee I'exposant du Palais de I'Industrie doit etre considere comme un etre entiere- ment nouveau, sans pere, sans mhre, sans generation, qui tombe en quelque sorte du ciel ou qui sort pour la premiere fois de son ate- her. Cette pensee au fond est bonne, mais pour qu'elle put etre'ap- pliquee rigoureusement, il faudrait, et nous appelons cette reforme de tous nosvoeux, qu'on n'admit a ligurer dans une exposition ul- teneure que les produits nes apres I'exposition precedente. on qui ont ete depuis considerablement modifies, ou en quelque sorte trans- formes. Mais quand les memes produits, presentes par les memes exposants, soumis a I'examen de Jurys composes en grand partie des memes hommes, apparaissent tour a tour aux Expositions universelles de Paris et de Londres, il nous semble tout a fait im- possible que les Jures, faisant abstraction complete de leur pre- miere appreciation, s'exposent a se dc^ger cruellement, a abai.^er ce qu'ils ont exalte, a exalter ce qu'ils ont abaisse , a humilier par une simple mention honorable une Industrie ou une decou- 1^4 COSMOS. verte glorifice par la concession d'une m^daille de Conseil , et r^- ciproquement. Cela n'empeche pas que le principe pose par Son Altesse Imperiale ne soit en lui-meme juste et sage, et qu'on doive s'y confonner autant que possible dans la pratique; a la condition toutefois qu'on I'appliquera dans ce qu'il a de favorable comma dans ce qu'il a de d^favorable a I'exposant. Ne serait-ce pas se mettre en contradiction avec I'esprit qui do- mine le ddcret et les deux lettres que nous venous de rappeler, que de vouloir abaisser d'un ou de plusieurs degres la recompense me- ritee par un ensemble de produits , sous pr^texte que le pred^ces- seur de I'exposant ne lui aurait abandonne son Industrie qu'apres I'avoir ame^i(^e a un haut degre de perfection; sans s'inquietersi cette perfection derniere n'^tait pas due a I'intelligence et a I'habilite du jeune successeur , alors efface , et qui apparait enfin sous son propre nom dans I'arene? Si nous enjugeons par plusieurs discussions, auxquelles nous avons assiste, il y aurait une grande difference entre les regies que les divers Jurys se proposentde suivre dans le classement par ordre de merite des produjts soumis a leur examen. Quelques-uns sem- blent vouloir faire abstraction compltjte de toute question d'ant^- riorit^ de priorite, de propriety industrielle ; ils repoussent toute id^e de rechercbes historiques ou d'enquetes comme absolument impossible d'une part, comme dangereuse de I'autre; de telle ^sorte que si le veritable inventeur et le contrefacteur se presentent a eux en meme temps, le premier avec des produits imparfaits, les seuls que sa condition mejme d'inventeur lui permette souvent, helas! d'ex- poser, le second avec des produits parfaits, ils recompenseront bon gre m'al gr6 le contrefacteur, au prejudice de I'inventeur, parce que leur conviction intime est que la recompense doit etre adjugee au produit le meilleur. Qu'il nous soitpermis de dire que nous ne nous rallierions jamais a cette regie de conduite, parce que le mdrite de I'invention est dvidemment superieur au merite de la fabrication ; parce que le droit de I'inventeur est un droit sacre qu'il faut res- pecter, sinon absolument, du moins autant qu'il est possible. Si nous aions'membre du Jury, nous ferions de serieux et legitimes efforts pour arriver aconni;itre le veritable inventeur, et nous lui doune- rions la preference, alors meme que ses produitslaissei aient a dcsirer. Pour nous, I'idee et T invention sont tout, I'execution peu de chose, a moins toutefois qu'il ne s'agisse de ces industries exception- nelles, celle par, exemple, desinstruments de precision pour I'astro- nomie', oil I'execution parfaite pr^sente des difficulties telles qu'elles I COSMOS. itiS ne puissent etre vaincues que par le genie de I'invention. Toute idde neuve, alors meme qu'elle n'aurait ete executee et appliqu^e que dans des conditions imparfaites ou restreintes, mais dont I'exdcution pai'faite n'entrainera certainement aucune difficult^ serieuse, et dont on prevoit a I'avance des applications importantes, a droit, des son berceau et sous les langes de I'enfance, a une recompense d'ordre plus ou moins elevd, suivant sa nouveaut^ et son importance plus ou moins grandes. La preuve palpable du merite eminent de I'invention ou de I'idee, c'est sa rarete extreme meme dans les concours les plus universels. Au Palais de I'lndustrie, combien, sur vingt mille expo- sants, sur deux cent mille produits, comptez-vous d'inventions ou d'iddes entierement neuves qui surgissent pour la premifere fois? Vingt, trente, cinquante peut-etre. Des lors qui pourrait avoir le triste courage de refuser a ces trente ou cinquante inventeurs nou- vellement apparus sur I'horizon une glorieuse recompense? Qui se r^bignerait a les refouler dans le neant par une repulsion ou un ajournement homicide'? Qui pourrait nier que I'industrie ne soit dominee par I'invention ; qu'au-dessus des industriels plane I'inven- teur 1 L'inventeur met en jeu les combinaisons secrfetes de la creation et continue I'ceuvre de Dieu. II ne cree pas la matiere, inais il cree la forme, il imprime le mouvement a des masses inertes, et transforme en source de puissance des agents morts; il abrege les distances, enchaine les Elements , centuple les forces et diminue dans des porportions ^normes les fatigues des travailleurs ; il souleve le voile qui couvrait les mysteres de la nature et les assu- jettit a des lois. A lui done, avant tous, gloire, honneur et recom- penses. Bienfaiteur de I'humanite, il merite eminemment que ses juges naturels se donnent quelque peine pour constater ses droits et ses interets sacres. Le principe mis fatalement en avant depuis quelquessemaines, et qui consisterait aoublier, a ecarter, a effacer le propri^taire de I'idee et de I'invention, pour ne considerer que I'oDuvre la plus parfaite, nous semble un attentat a la propriete la plus legitime qui fut jamais. Pourquoi faut-il que dans le d(^cret imperial et dans les com- mentaires du Prince pr&ident de la Commission, ces mots vraiment exageres, et qui font a l'inventeur une position desesperee, decou- VERTES TRES-IMPORTANTES ARRIVEE3 A l'eTAT DE GRANDE EXPLOITATION, n'aient pas fait place a ceux-ci beaucoup plus equitables : decou- VERTES TRES-IMPORTANTES EVIDEMMENT REALISABLES EN GRAND ET CERTAINEMENT APPELEES A DE NOMBREUSES ET UTILES APPLICATIONS? F. MolGNO. 146 COSMOS. UN SERVICE d'iNGENIEUR PARFAITEMENT REMPLI. TORKEFACTLUl; MECANIQUE DE M. E. HOLLAND, JNGENIEDR-INSrECTEOR DBS CONSTRUCTIONS DU SERVICE DES TABACS. IX® classe, 6® section n° 2173, Annexe, colonne D 94 el 95. Nous remercions sinceremeut M. le general Poncelet, I'un des presidents les plus savants et les plus actifs du Jury international, d'avoir des le debut de I'Exposition appele notre attention sur le torrcfacteur et le thermo-rc^gulateur automatiques de M. Rolland qui comptent tres-certainement parmi les appareils les plus nou- veaux , les plus ingenieux et les plus utiles de la galerie des ma- chines. Nous felicitous de tout notre cceur M. Rolland de son zele €t de son succes. Combien d'lngenieurs sortis de nos meilleures ecoles, devenus plus tard des savants illustres , I'ont precede dans le service d'ingenieur inspecteur des tabacs, sans avoir eu meme la penseede tenter la r^forme si urgente realisi^e par lui a la manufac- ture de Strasbourg ! Cetait cependant une operation complotement irratlonnelle et barbare, que celle de la lorrel'action des tabacs dans les anciens fours. Forcer des ouvriers demi-nus aetendre incessamment des masses de tabac sur de longues tables chauffees directement ou par de la vapeur a 120'; les condamner a remuer sans cesse pendant vingt longues minutes chaque couche nouvelle ; leur faire respirer sans relache les emanations chaudes, acres, nauseabondes, malsaines qui s'echap- pent de toutes parts , et tout cela pour n'obtenir qu'une torrefac- tion inegale, irreguliere, qui influe necessairement sur la qualite des tabacs. C etait, convenez-en, chers lecteurs, une sorte de bar- barie complotement inexplicable dans ce siecle d'humanitd et de pretendu bien-etre universel. Vous aurez peine a croire que cette douloureu^e routine regne encore au quai d'Orsay, a moins de 2 kilometres du quai de Conti, ou I'Academie des sciences decerne ses prix pour I'amelioration des arts insalubres, surtout quand vous V0U5 rappellerez que I'un des eternels juges du concours Monthyon, Gay-Lussac, a du''\g6 pendant trente ans les etudes chimiques de la Manufacture imperiale des tabacs. Vous comprendrez moins encore que lorsfjue M. Rolland eut enfin cree de toutes pieces et installe a Strasbourg son torrefacteur parfaitement efficace et salubre, don- nant,avec une tres-grande econoniie de main-d'ocuvre, de combus- tible et de teinps, des produits incomparablement meilleurs, on ne i'ait pas presse aussitot de Tinstaller a Paris; qu'il ait fallu lutter COSMOS. ihl encore pour faire accepter gratuitement una rdforme qu'on aurait du acheter au poids de Tor. Essayons maintenant de d^crire ce magnifique appareil. C'est essentiellement un cylindre horizontal , maintenu tres-chaud, port6 par quatre galets, tournant autour de son axe avecune vilesse va- riable a volont^, de 6 a 8 tours par minute en moj^enne; arna^ a I'interieur, sur toute sa longueur, dequatre nervures en helice, saillant de 15 centimetres sur sa surface et assez faiblement inclinees sur I'axe. Le tabac est introduit par Tune des extr^nnites ouvertes du cylindre, il estpris aussitot parl'une des nervures en helice qui I'en- traine au haut du cylindre, Tabandonne alors et le laisse tomber retournd, de telle sorte, que c'est maintenant la surface inf^rieure de la couche qui arrive en contact avec les parois en tole du cylindre ; le tabac, retombe et retourne, est repris par une seconde nervure qui I'eleve, le laisse retomber, et le retourne de nouveau; enfin , apres avoir subi un grand nombre de semblables retournements, il retombe torr^fie dans une caisse fermee placee a I'extrdmite du cylindre. Pourempecherlamatiferefilamenteusede se rouler en pelotons, ce qui la ferait echapper en partie a Taction de la chaleur, on a arm6 les helices de fourches a dents convenablement recourbees qui I'^ti- rent et la divisentincessamment. Voila la forme essentielle et le jeu general de I'appareil, mais il n'est devenu pratique et efficace qu'a I'aide d'un grand nombre de dispositions secondaires ou de tours de main, qui font le plus grand honneur a I'esprit inventif de M. Rol- land. Nous aliens les ^numdrer rapidement. 1° Alimentation. Le cylindre est alimente r^gulierement par un systeme de soupapes doubles, la seconde s'ouvre au moment ou la position des nervures helicoidales laisse I'entree libre , la premiere est foarnie de tabac par une roue a palettes animee d'une certaine Vitesse ; au-dessus de cette roue est un peigne en fer qui etire et divise la masse qui va tomber dans le cylindre. 2° Chauffage. Le cylindre est installe au-dessus de deux foyers qui rayonnent sur lui directement; sa moitie inf^rieure est enferm^e entre les parois de deux murs longitudinaux, sa moitie supi^rieure est recouverte d'un demi-cylindre en tole qui I'enveloppe et fait suite aux deux murs infdrieurs; les gaz de la combustion circulent dans le canal form^ par les deux murs et le demi-cylindre en tole ; ce canal est ferme a ses deux bouts par deux autres murs en brique, et pour mieux emprisonner les gaz de la combustion , on a fix^ d'une part aux extr^mitds du cylindre , de I'autre aux deux murs, deux tarn- MS COSMOS. hours a nervures ou cannelures alternees, afin que les cannelures en relief du tambour qui tourne avec le cylindre correspondant, aux cannelures en creux du tambour fix6 au mur , I'air froid qui tend a s'introduire dans le fourneau , et les gaz chauds qui tendent a en sortir, soient forces de traverser un canal a coudes brusques, avec ^tranglements et elargissements successifs et r^p6tes , qui opposent a leur marche une rfeistance considerable. 3° Decharge. Le fond de la caisse dans laquelle tombe la ma- ti^re torrefiee entrainee par les helices est munie aussi d'une double soupape; la soupape infdrieure equiiibrde par un contre-poids s'ou- vre d'elle-meme quand le poids de la matiere a atteint le chiffre voulu, et se referme immediateinent, ce qui reduit a presque rien la quantity d'air froid qui peut penetrer dans le cylindre pendant qu'elle est ouverte. Ajoutons : que la chaleur rayonnante du fourneau est utilisee en grande partie pour chauffer une certaine masse d'air qui penfetre dans le cylindre avec la matiere a torrdfier, hate sa dessiccation, et entraine dans une cheminee les vapeurs produites ; que le mouve- ment est transmis au cylindre par une courroie frottant sur des tambours coniques , ce qui permet de le faire tourner plus ou moins vite ; qu'enfin la temperature du courant d'air chaud qui traverse I'appareil est maintenue constante au moyen du^thermo-regulateur dont nous parlerons tout a I'heure. Ce merveilleux ensemble constitue un appareil entierement nou- veau, a action automatique et continue, dont les avantages conside- rables peuvent se resumer en quelques mots : cconomie de main- d'oeuvre des quatre cinquiemes par la reduction du personnel ; eco- nomic de combustible dans le rapport de 1 a 2 ou meme de 1 a 4; travail incomparablement plus facile, plus r^gulier, plus parfait, en meme temps que I'ouvrier est completement a I'abri des emanations dangereuses et des variations brusques de temperature ; diminution notable des dechets. II suffit de quelques minutes de marphe pour regier parfaitement I'alimentation des cylindres, le nombre des re- tournements de la matiere , la temperature convenable et cons- tante, etc., I'appareil alors marche indefiniment. Ces avantages d'ailleurs sont confirmes par quatre anne'es de travail de tous les jours. Rien de plus facile ^videmment que de transformer le torrdfacteur a tabacs, grandement simplifie, en torrefacteur automatique du cafe, du cacao, de la chicorde , du malt, des grains, des legumes, des cos- COSMOS. IU9 settes de betterave, du platre, etc., etc. ; en agitateur, ventilateur et tue-teigne des bids ; en simple secheur, etc. THERMO-REGULATEOR. Get appareil est le complement necessaire du torrdfacteur, car la torrdfaction, pour etre rdgulifere et parfaite, exige avant tout une temp(5rature ddtermin(^e et constante. M. Rolland ne pouvait rdsoudre son probleme de mecanique appliquee a la chimie et, d'hygiene industrielle sans aborder un des problemes les plus im- portants et les plus difficiles de la physique moderne : maintenir un * fourneau ou Urte enceinte quelconque a une temperature donnee aussi quelconque. Ce n'est pas d'aujourd'hui que ce probleme est posd, et Ton en a essaye deja bien des solutions ; nous nous gar- derons de les discuter parce que la discussion aboutirait a une cri- tique inutile de moyens, dont la pratique a fait justice a peu pres complete. C'est une trop bonne fortune pour nous que d' avoir a de- crire le premier une solution parfaite pour que nous ne nous empres- sions pas d'entrer en matiere. Concevons done une enceinte dont on veut regler la tempdrature , pla9ons-y un reservoir ferme conte- nant un gaz quelconque , de I'air par exemple , et mettons I'air de ce reservoir en communication par un tube de petit diam^tre avec I'intdrieur d'une cloche plongeant elle-meme dans une seconde cloche renversde et contenant du mercure ; I'air chaud du reservoir est ainsi sdpard de Fair froid de I'atmosphfere par le mercure de la cloche renversde , lequel s'dlfeve dans I'espace annulaire , compris entre les deux cloches , a une certaine hauteur ddterminde par la difFdrence de pression entre I'air de I'enceinte et I'air exterieur. Supposons d'abord pour fixer les iddes que cette derniere pression, ceHe de I'air extdrieur , reste constante ; si la temperature de I'en- ceinte augmente, la pression de I'air chaud augmentera, le mercure sera refould dans I'espace annulaire, sa hauteur dans cet espace sera plus grande, il pressera davantage sur le fond de la cloche renver- sde, cette cloche tendra adescendre. Si, au contraire, la tempera- ture de I'enceinte diminue, la pression de I'air intdrieur diminuera, le niveau du mercure dans I'espace annulaire s'abaissera , le fond de la cloche renversde sera moins press^, cette cloche tendra a s'dlever. Ainsi done I'dldvation et I'abaissement de la tempdrature de I'enceinte ont pour effet de faire naitre dquivalemment une force qui tend dans le premier cas a faire descendre, dans le second cas a faire monter la cloche renversde. Or, quoi de plus naturel que de se'servir de cette force pour forcer I'enceinte a regulariser elle-~' 150 COSMOS. meme sa temperature, a se rdchaufFer, quand elle est trop froide, k se refroidir, quand elle est trop chaude , a se maintenir, en un mot, a une temperature toujours la meme? C'^tait bien nature! sans doute; mais il fallait d'abord que cette heureuse pens^e vint al'es- prit, et elle ne serait pas venue a I'esprit d'un observateur vulgaire. Ilfallait, pour la concevoir , uu esprit inventif, comme celui de M, Rolland. II a vu, dans une de ces heures si rares d'inspiration, que pour utiliser le poids excedant ou deficient de la cloche renver- s^e , il ^tait tout simple de la suspendre a I'un des bras d'une ba- lance ; et que pour le faire reagir sur la temperature , il n'y avait qu'a suspendre au second bras dans des conditions d'equilibre deter- min^es une soupape horizontale fermant, de dedans en dehors, rorifice par lequel est admis dans le foyer I'air qui alimente la combustion, et donne plus ou moins d'activite a la source de cha- leurdel'enceinte.Qaedevra-t-il resulter, en effet, de cette disposition g^nerale : 1° que , si I'enceinte est trop chaude, la cloche renvers^e s'abaissera ainsi que le bras de la balance qui la porte , que 1' autre bras s'(5levera, que la soupape soulev^e fermera davantage I'orifice, que I'orifice plus ferm^ laissera entrer une quantity moindre d'air d'alimentation , que la combustion moins aliment^e d'air se ralen- tira, que la temperature trop ^ievee s'abaissera , ce qu'il s'agissait d'obtenir; 2° que si , au contraire , I'enceinte se refroidit, la cloche renvers^e montera avec le bras qui la porte ; que I'autre bras s'abaissera avec la soupape, que I'entr^e de I'air sera agrandie, la combustion activee, la temperature de I'enceinte elevee , le refroi- dissement corapens^ ou arrete. Le problfeme est r^solu au moins en principe. Mais de cette solution a peine ^baucbee et informe, a une solution complete et pratique, il y avait encore une distance im- mense que ni le g^nie de I'invention, ni la puissance du tatonnement n'auraient pas suffi a faire franchir. Cette solution, en eifet, exigeait avant tout I'application rigoureuse des lois de la dynamique des liquides et des gaz, le calcul exact en partant de ces lois des dimen- sions de I'appareil , de la longueur des bras de la balance , de la difference de hauteur des centres de gravite et de rotation du fl^au , etc, etc. Ce qui complique encore le probleme. c'est la va- riation continuelle de la pression atmosph^riqueou de I'air exterieur dont^nous n'avons pas tenu compte jusqu'ici, pression qui tend elle aussi incessamment a faire varier le niveau du mercure dans I'espace annulaire, compris entre les deux cloches , a rendre la cloche ren- vers^e (5quivalemment plus lourde ou plus l^gere, a dlever ou abais- ser le fldau de la balance. Le croirait-oni ces variations, si minimes COSMOS. 151 en apparence, agiraient assez a elles seules sur la soupape d'ad- mission de I'air pour Clever ou abaisser de plus de 20 degr<^s la temperature de I'enceinte. Elles etaient done un ennemi redoulable, mais M. Rolland s'en est debarrass^ le plus adroitement du monde, en les opposant a elles-memes, en les forgant a se neutraliser. C'est encore une de ces id^es simples comme bon fixe en apparence, mais qui, en r^alitd, sont des Eclairs de g^nie. II a fait plonger la cloche renversee mobile et suspendue au bras de la balance dans la cuvette fixe inferieure d'un barometre a syphon . Quand dans la premifere disposition la pression de I'air exterieur diminuait, le mercure montait dans I'espace annulaire, la cloche renversee descendait, il n'en sera plus ainsi dans la disposition nouvelle. En effet, lorsque la pression de I'air diminue, le mercure monte, il est vrai, dans I'espace annulaire qui separe la cloche fixe de la cloche renversee qui I'entoure ; et cette derniere se trouve ainsi alourdie; mais en meme temps, le mercure monte dans la cu- vette inferieure du barometre, et par suite la cloche renversee qui y est plongee en partie, se trouve alleg^e ; il y a done tout ensemble tendance a descendre, tendance a monter, et si cette fois encore, tout est math^matiquement calculi, si les grandeurs relatives des sections des cuvettes du barometre, de la cloche fixe et de la cloche mobile sont ce qu'elles doivent etre, ces deux tendances a I'abais- sement et au soulevement de la cloche mobile se neutraliseront compl^tement, les caprices de la pression atmospherique seront dompt^s et domptes par eux-memes ; la science aura remport^ une glorieuse victoire. Le passage de la thdorie a la pratique s'est fait dans des condi- tions de succes v^ritablement merveilleuses et qu'on pouvait a peine esp^rer. L'appareil , construit avec des donnees purement mathematiques , auquel on avait donn^ dans toutes ses parties les dimensions assignees par lecalcul, est apparu tout a coup si efficace et si parfait , que la fermeture et I'ouverture complete de la soupape r^gulatrice du feu s'effectuaient a des temperatures qui ne differaient I'une de I'autre que de deux tiers de degre, c'est-a-dire que la tem- perature de I'enceinte restait constante a deux tiers de degres pres, ce que Ton aurait cru a peine possible. Pour ne rien omettre d'es- sentiel , nous dirons que M. Rolland n'a obtenu cette sensibility vraiment incroyable 1" qu'en se mettant a I'abri de I'influence de la pression plus ou moins grande que le tirage du foyer exerce sur la soupape d'admission de I'air ; il y est parvenu soit en modifiant 1 5a COSMOS. ]a forme cle la soupape et la construisant dans le systeme dit de Cornouailles; soit plus simpleinent en reinpla^ant lasoupajie unique par deux soupapes s'ouvrant et se fermaiit en sens contraire et equilibrees aux extreinites du fleau de la balance dont la sensibility est alors grandement accrue ; 2" qu'en corrigeant raflaiblissement d'action resultant de I'inclinaison du fleau par I'addition d'une pointe conique en fer, suspendue verticalenient au fleau et plongeant dans du mercure qui lui oppose une resistance variable avec le dia^ metre de la partie plongee , plus grande quand le fleau est hoii- zontal , moins grande quand il est incline ; 3° qu'en disposant les diverses masses du systeme de raaniere a obtenir la hauteur conve- nable de son centre de gravite sans accroitre son poids et par suite le frottement de la balance. La marche de I'appareil, facile a rdgler au moycn d'une soupape qui permet de mettre a voionte le reservoir en communication avec I'air exterieur, est alors parfaite- ment reguliere. Ajoutons que la sensibilite du thermo-regulateur serait beaucoup plus grande encore , si a I'air fixe du reservoir on substituait un melange de gaz et de vapeur. Les variations ne se- raient, par exemple, que de deux ou trois centiemes de degre si la temperature constante de I'enceinte ^tait seulement de 5° au-dessous; de celle a laquelle le liquide dont on utiliserait la vapeur, entre en ebullition. L'ensemble entier de ces dispositions ingenieuses, dont quelques-unes peuvent etre omises sans inconvenient dans les appli- cations ordinaires pour lesquelles il suffit d'un appareil simplifie, constitue une des plus admirables syntheses de la science moderne, il nous a ravi; le Jury, bien certainement , decernera, au torr^- facteur et au thermo-regulateur de M. Holland , une medaille d'honneur. LE PROGRES EN PROVINCE. II est une verity bien consolante qui ressort de toutes parts au sein du Palais de I'lndustrie, c'est que le genie de la science appli- qu^e, de I'invention, de la construction, a etendu ses ailes sur la France entiere; que nos belles provinces, autrefois, helas! dedai- gnees, et peut-etre aussiquelque peu st^riles, enfantent aujourd'hui, et en grand nombre, des hommes qui, dans la belle course au pno- gres utile, marchent de pair avec les c^lebrites plusbruyantes, mais non plus fecondes de la capitale de la France. Ainsi, par exemple, pourne parler que des applications de la chimie, qui font I'objet COSMOS. 15S special de cet article, lesKuhlman de Lille, lesGirardin de Rouen, las Bobierre et les Moride de Nantes, les Auliergier de Clermont , les Coignet de Lyon, les Braconnot de Nancy, etc., etc., sont les dignes emules , les rivaux glorieux des chimistes parisiens le plus justement renommes. M. Moride, dont nous prenons aujourd'hui la cause en main , a eu I'honneur d'attacher son nom a une des plus utiles reformes tent^es par I'administration departementale, lamo- ralisation de I'industrie des eiigrais artificiels ; il apporte^, au con- cours des nations, la solution de deux beaux problfemes : I'un, qu'on pourrait appeler le probleme des siecles, parce qu'il n'a pas cesse d'occuper une multitude d'esprits, a pour but de rendre plus econo- mique et plus rapide la production d'un objet de premiere neces- site, les cuirs tannes ; I'autre, entierement neuf et original , aura I'im'mense avantage d'^tendre indc^finiment les rivages des mers, ou de faire arriver leurs eaux salutaires sur tous les points du conti- nent ; decrivons rapidement ces deux precieuses inventions. NOUVEAU PROCEDE ECONOMIQDE ET RAPIDE DE TANNAGE DES CUIRS. Un Anglais, Macbride, a reussi le premier, en 1790 , a tanner promptement la peau de veau : il employait des jus et de I'acide sulfurique. Deux ans plus tard, Seguin, a Paris, parvenait, en mo- difiant la meme methode et en travaillant a chaud , a tanner de petites peaux en six semaines : rarm(§e fit I'essai de ses cuirs, mais les resultats n'en furent pas heureux. Depuis lors , apres la pro- messe d'une gratification d'un million, faite par I'empereur Napo- Idon, on voit surgir de toutes parts des precedes nouveaux de tannage, bases soil sur I'extraction des jus fabriques a chaud ou a froid par lavage continu , soit sur I'emploi de plantes nouvelles, soit enfin sur I'utilisation d'huiles pyrogenees ou d'alun. Mais I'expt^- rience est venue bientot demontrer qu'il n'y avait aucun avantage a exploiter ces divers procedes, parce que le poids du cuir obtenu d'un poids donne de peau fraiche etait toujours inferieur a celui qu'on obtient par les procedes ordinaires. On voit ainsi , dans I'espace de soixante ans , cent cinquante precedes environ, vantes, essayes, puis abandonnes tour a tour. Le cuir etait ou trop colore, ou cassant, ou brule, ou racorni, ou il n'etait pas tann^; ou bien encore, comme nous I'avons dit, il n'avait pas le poids convenable. Ce sont tous ces defauts, tous ces incon- veiiients que MM. Moride etRaux ont pu eviter par leur methode, qui est d'une simplicite remarquable. Leurs produits de I'Exposi- tion peuvent justifier ce que nous avan^ons, et plusieurs ann^es 15i COSMOS. d'une pratique continue dans trois fabriques importantes dont lea produits sont tresestimes, meme a Paris, et toujours vendus au plus haut cours de la place, en sont les preuves ^videntes. MM. Moride et Raux ne changent rien au materiel d'une tan- nerie ordinaire; ils utilisent tout, les fosses, les instruments, etc.; ils suivent indifferemment toutes les methodes d'^piler ; ils em- ploient aussi, selon les pays, telle ou telle ecorce pour le tannage. Un appareil, la base principale de leurs brevets anglais, fran- 9ais, beige, etc., en extrait a froid et en queiques minutes tous les principes colorants et tanniques que les peaiix peuvent absorber. Mais toutne git pas la, il faut savoir convenablement appliquer les jus plus ou moins concentres pour ne pas saisir la peau , il faut la nourrir convenablement, et c'est aquoi sont arrives, avec une rare habilete, MM. Moride et Raux. Jamais on ne trouve, dans leur dtablissement , de jus fermentds ou non utilises ; par consequent, la totalite de tannin, contenu dans les ecorces ou les plantes broyees, est absorb^e par les peaux. Par cela meme qu'ils sont travaill^s a froid, leurs cuirs sont tou- jours d'une belle couleur, qu'on peut foncer ou eclaircir a volonte selon les usages ou leur destination. Leur souplesse est extreme, jamais ils ne se coupent ni ne se raccourcissent , tout en etant conipletement inipenneables a I'eau. Parmi leur qualite, que nous ne pouvons passer sous silence, nous ajouterons que ces cuirs absorbent de grandes quantites de degras, qu'ils se corroyeiit fort bien et ont une chair admirable et rase. Enfin, MM. Moride et Raux tannent avec 'economie, ils epar- gnent un tiers au moins des principes tannants qu'on emploie par les methodes ordinaires. lis tannent les peaux de veau en quarante- cinq jours au lieu de neuf a onze mois ; les peaux de vache, en soixante jours; les boeufs a oeuvre, en quatre mois, et les cuirs forts, en six mois; ce qui produit un benefice important sur I'interet des fonds employes ; tandis qu'il en est tout autrement par les methodes ordinaires qui exigent dix huit mois a deux ans de travail continu. Le rendement des peaux de veau est de 42 a 45 pour 100 en pro- vince ; il est de 48 a 52 a Paris ; il a ete en Vendue de 48 a 50; pour les boeufs a oeuvre et les cuirs forts, les vaches donnent quel- quefois 50 a 55 pour 100 de cuirs. Du reste, tous ces chiffres sont subordonn^s a Vabatage. Nous avons vu la peau d'un veau tu^ le 1" du mois de mars et pesant 6 k., qui ^tait reduite en chaussure trentecinq jours apres; COSMOS. 155 c'est certes une exception, mais elle prouve surabondamment la promptitude des moyens ingdnieux employes par MM. Moride et Raux. BAINS DE MER NATURELS. Evaporer I'eau de mer a une basse temperature, de mani^re a conserver dans las residus salins le plus de matieres organiques possible et les memes combinaisons qui se trouvent dans I'eau na- turelle, tel est le probleme que M. Moride a resolu d'une manifere heureuse par la methode suivante : II puise I'eau sur les cotes de I'ouest, pres du Croisic, c'est-a-dire dans des parages oil la purete de I'Ocean est parfaite; il I'amene par des conduits, analogues a ceux des marais salants, dans cle larges bassins dalles, d'oii les sels d^liquescents ne peuvent s'^chapper ; ces bassins sont peu profonds, etla premiere concentration de I'eau s'y efFectue lentement sous I'influence de I'air et du soleil. Au fur et a mesure que la densite du liquide augmente, les sels se deposent peu a peu, on les retire et on les met de cote. La concentration de I'eau est-elle arriv^e au point qu'elle marque 20 ou 22° Beaum^ , on fait agir des pompes en bois qui transportent I'eau concentree dans des bassins plats et Idgerement chauff^s, ou elle doit etre amenee a une density de 30° Beaume, en ayant soin pendant I'evaporation de relever les sels deposes le long des parois du bassin. Ce point de concentration atteint, les sels cristallises de la premiere et de lase- conde concentration sont reunis avec soin aux sels deliquescents dans la chaudifere, le tout est intimement mel^, divise et verse dans des pots en gres, bouch^s d'une manifere tres-ing^nieuse et tres- ^conomique , dont la capacity est telle que chaque pot renferme exactement le residu de 150 litres d'eau de mer. On comprend des lors combien il est facile de reproduire I'eau de mer naturelle, aussi exactement que possible, pour bains, en ajou- tant, aux sels concentres par M. Moride, 150 litres d'eau de Seine, d'eau de Loire, de puits ou de fontaines, etc. Certes, en prenant ces bains (ainsi que I'ontfait tres-judicieuse- ment observer MM. Joly et O. Henry, dans un Rapport, tout en faveur de cette preparation nouvelle, fait a TAcad^mie imp^riale de m^decine) , on ne peut pretendre en retirer tons les avantages d'un voyage a la mer, oil I'air est si pur, oil la tranquillity est si grande, la locomotion si bienfaisante; mais on peut esp^rer produire, par 156 COSMOS. ce raoyen, les effets therapeutiques avantageux que I'eau de mer produit directement sur Torganisme. Ces avantages ont ete si bieii sentis par le gouvernement , d'aprfes I'avis dii Conseil d'hygifene, que la franchise du droit pour le sel a ^te accordee a M. Moride pour ses bains, et qu'ils ont ete classes immediatement parmi les eaux minerales naturelles , et , soumis aux niemes reglements; I'etablissenient oil M. Moride concentre I'eau de mer est si bien organise , qu'il peut facilement fournir par an 2 a 300 000 bains au commerce ; le prix en est peu eleve. Tous les medecins qui ont employe ces preparations au lieu des bains sales en ont etc fort satisfaits. C'est, du reste, une grande economie qu'on peut realiser en pre- nant des bains chez soi, au lieu de faire de longs et couteux voyages que souvent les affaires ne peuveut perniettre d'effectuer, et que souvent aussi, par suite de la basse temperature, on ne peut meme pas prendre en ^te sur les cotes. UNE IDEE EMINEMMENT INGENIEUSE ET QUI NAlT A POINT. COMPOSITEUR DES DEPECHES DU TELEGRAPHK DE MORSE, DE M. PAUL GARNIER. A.nnexe du bord de I'eau. De tous les telegraphes ecrivant , celui de Morse est jusqu'ici le seul qui ait reuni les avantages de correspondre avec vitesse et de donner de la depeche une trace durable et facile a obtenir. Adoptt^ par I'Amerique, I'Autriche, la Prusse, la Suisse, la Suede, applique recemment sur nos lignes frangaises , il est destine a etre un jour le seul en usage, aussi occupe-t-il une place importante a I'Exposition Universelle et le retrouvons-nous variant seulement de forme a presque toutes les vitrines de la telegraphic. Malgr6 cette generalisation , le telegraphe americain presente dans une de ses parties importantes, le manipulateur, de graves in- convenients ; la maneeuvre n'en est ni commode ni reguliere. La duree de la pression du doigt sur la pedale n'a rien de fixe et de- pend entierement de I'habilite de I'employe, de I'etat de fatigue de sa main et mcme de circonstances indi^pendantes de sa voloiite ; aussi , I'irregularite des indications du recepteur met-elle souvent Temploye charge de les interpreter dans I'incertitude de leur signi- fication , et I'oblige a faire recommencer la phrase incertaine , ce qui ne peut avoir lieu sans perte d'un temps toujours pr^cieux. COSMOS, 157 Get inconvenient avait , des le principe , vivement pr^occup^ rautenr de ce systeme de telegraphie , comme le tt^moignent les differents proc^dds qu'il a essay^s et ddcrits dans son ouvrao-e, mais aucan n'ayant atteint le but qu'il se proposait , il fut contraint de les abandonner. Cette question si importante a e'te reprise par I'un de nos plus habiles constructeurs fran9ais , et nous trouvons dans I'Exposition de M. Paul Garnier la solution du probleme cherche par Morse, so- lution qui nous parait aussi complete qu'ingenieuse. Par le proceJe de M. Garnier , le manipulateur est devenu un appareil sur lequel on compose la depeche presque aussi vivement qu'elJe est dictee; puis , lorsque la composition en est terminee, on livre I'appareil qui la porte a un rouage d'horlogerie , charge de la transmettre a sa destination avec la rapidite de cent mots en una ou deux minutes, et cela sans erreur possible. Voici comment M. Garnier a obtenu ce resultat : On sait que dans I'alphabet de Morse les lettres sont represen- tees par une combinaison de points et de lignes, et que c'est par I'arrangement de ces points et de ces lignes que Ton obtient des mots et des phrases. Supposons maintenantim cylindre en cuivre de 0,18 de diametre et 0,25 de longueur, monte sur un axe, d'une longueur en rapport avec celle du cylindre , dont I'un des bouts est uni et I'autre forme d'une vis a pas rapide engagee dans un dcrou, on comprend qu'en donnant un mouvement de rotation a ce cylindre, il aura en meme temps un mouvement de translation produit par I'axe a filet de vis. Dans le sens de son axe et suivant la ligne helicoidale trac^e autour du cylindre sont pratiquees un grand nombre , 1 700 dans le cy- lindre expose, de petites ouvertures longitudinales , dans lesquelles sont engagees , a I'aide d'une tige , de petits cubes en cuivre, fai- sant saillie de 2 a 3 millimetres sur la surface du cylindre, et dont la longueur est la moitie de celle de I'entaille dans laquelle ils se meuvent. La largeur des cubes est telle que lorsqu'ils sont places dans leurs entailles les cotes se touchent et ne laissent entre eux aucune solution de continuity ; que lorsqu'ils sont tous places a droite des fentes, ils representent un filet helicoi'dal et continu en saillie sur le cylindre. Si Ton rompt la ligne en poussant a gauche quelques-uns de ces cubes et que Ton imprime au cylindre un mou- vement de rotation, on mettra par la meme en mouvement le levier qui donne passage au courant eiectrique , correspondant au recep- 158 COSMOS. teur ; ce levier fonctionnera chaquefois qu'il sera rencontr^ par un des cubes deplacds. Pour obtenir un point, il suffit de pousser un cube a gauche , il faut en pousser deux pour une ligne ; la d\XT6e du contact etant en raison de I'^tendue de la surface parcourue par le levier , celle du stylet du recepteur ^tant identique tracera ^galement sur la bande de papier un point ou une ligne. La lettre A , representee dans la teidgraphie de Morse par un point et une ligne , s'obtient en poussant un cube a gauche , en en laissant un immobile, et en poussant de meme a gauche les deux suivants. L'intervalle des lettres se forme en laissant Tespace de deux cubes entre elles et trois pour celui des mots. On con9oit maintenant la rapidity avec laquelle une depeche peut etre composde. Lorsqu'elle a 6t^ ainsi ecrite et disposee pour etre transmise , on met le cylindre en rapport avec un rouage regie d'avance; la transmission commence et se continue d'une maniere toute mathematique , avec une rapidity telle que la construction actuelle des recepteurs de Morse ne r^pond plus a la promptitude du nianipulateur. Independamment de la rapidity et de la r^gularit^, conditions si importantes pour la telegraphie en general , ce nouveau proced6 possede encore plusieurs avantages et principalement celui qui per- met de faire servir un meme rouleau a exp^dier la meme depeche successivement dans les directions les plus oppos^es. Sans prejugerl'avenir reserve a cetteremarquable invention, deja appreciee par des hommes ^minents dans la science, nous pouvons dire que le rouleau-compositeur de M. Gamier est I'indispensable complement du systeme de Morse. II doit d'autant plus attirer I'atteiition de I'administration des tel^graphes que , si un jour elle voulait entrer dans une voie de reforme semblable a celle de I'ad- ministration des postes, relativement a la taxe des lettres, elle serait en mesure en reduisant ses prix de satisfaire avec avantage les de- mandes du public. ACAD£fflIE DES SCIENCES. SEANCE DD 30 JUILLET. Dans une Note intitul^e : Prodrome (Tune classification des poissons d'apres la methode naturelle , M. Dumeril pere rap- pelle longuement que, dans sa vie entiere de naturaliste, dans son enseignement oral comme dans son enseignement ^crit, il a tou- jours pris pour point de depart et pour guide la methode naturelle basde sur I'affinite des etres entre eux, et completde par le systeme de classification artificielle le plus propre a donner la solution de ce probl&ine fondamenlal : « Un corps ou iin elre etant donnes et mis sous les yeux , trouver en quoi il ressemhle a ceux que Von connait et pres desquels il doit se trouver place ; en quoi il en differ e. » II annonce la prochaine publication d'un volume dans lequel il resume ses etudes de plus de cinquante ans sur la classe des pois- sons. — M. Isidore Pierre continue ses recherches analytiques sur la composition des fourrages. II conclut d'un grand nombred'analyses : 1" que le gui frais , cueilli au milieu du printemps , est Tun des fourrages verts les plus riches et les moins aqueux qui soient connus jusqu'ici, ce qui expiique pourquoi les vaches en sont si friandes et confirme I'assertion des menageres qui pretendent que le gui for- tifie les vaches et ameJiore la qualite de leur lait ; 2" que le chardon ordinaire ofTre a peu pres la meme richesse en azote que la plupart des fourrages verts usuels; 3° enfin , que I'ortie commune, I'ortie tendre surtout, merite d'etre placee comme le gui en tete des meil- leurs regains de prairies artificielles et des fourrages verts; la theorie , ici encore , est en parfait accord avec la pratique. Les jeunes feuilles d'ortie sont , de toutes les feuilles analys^es , celles qui , a I'etat sec, contiennent la plus forte proportion de matiere azotde. — M. de Saint- Venant lit un nouveau M^moire sur la flexion des prismas elastiques, les glissements transversaux et longitudi- naux qui I'accompagnent lorsqu'elle ne s'opere pas uniformement ou en arc de cercle, et sur la forme courbe affectee alors par les sections transversales primitivement planes. Nos lecteurs savent d^ja que le savant ing^nieur, en procedant par une methode mixte, a su eviter des dlfficultes que I'analyse n'avait pas pu surmonter encore et parvenir a des formules qui donnent approximativement l'6tat exterieur du prisme soumis a raction des forces qui tendent 160 COSiMOS. ale tordre. Le but principal de son nouveau Memoire est de prou- ver que Tapproxiniation donnee par ses formules suffit surabon- damment aux besoins de la pratique. — M. Thomas essaie de refuter, par une observation trfes-digne d'attention, 1' opinion des nfiddecins qui soutiennent que la puissance absorbante de la peau et des muqueuses est dteinte dans la periode algide du chdl^ra. II s'agit d'une jeune femme arrivee a la periode choldrique extreme, dont on n'attendait plus que le dernier soupir, qui a 6ie ramenee tres-heureusement a la periode de rt-action et gu^rie, par I'application du vesicant Gondret. A la grande surprise des medecins , ce vesicant, appliqud sur le centre ^pigasfrique, produisit une phlyctene complete ; aprfes I'enlevement de I'^piderme, on appliqua un emplatre de basilicum saupoudr6 d'acetate de morphine; cette application provoqua immediatement une exalta- tion narcotique que Ton calma en retirant une grande partie de I'ac^tate, et a laquelle succeda un sommeil profond et calme de quinze heures, bientot suivi d'une prompte convalescence et d'une guerison complete. — M. Morin presente, au nom de M. Silberman, conservateur des collections du Conservatoire des Arts et Metiers, une Note relative a un nouveau precede de comparaison des mesures de lon- gueur au moyen des pesees; il demande que cette Nofe, jointe aux autres recherches de I'auteur sur le meme sujet, soit admise au concours desprix Monthyon de mecanique. — M. Pouget-Maisonneuve adresse un Memoire sur un papier ^lectro-chimique a I'usage des appareils de telegraphic (^lectrique. Par une decision recente, dont nous comprenons jusqu'a un certain point la raison, mais qui nous semble par trop absolue, en ce sens qu'elle peut avoir pour efFet de rendre le progres impossible , et qu'on aurait pu se dispenser peut-etre de I'^tendre aux correspon- dances t^Iegraphiques du service des chemins de fer; le t^legraphe de Morse, deja adopts par les Etats allemands, sera seul employ^ en France. Or, dit M. Pouget, I'impression des depeches par la pointe seche de ce tel^graphe, n'est ni assez rapide, ni assez nette. Elle fatigue consid^rablement la vue des traducteurs des depeches. et il faut absolument remplacer cette impression mecanique par I'impression ^lectrique ou chimique sur un papier prepare. M. Pouget a I'air de ne pas s'apercevoir qu'il ne propose pas autre chose que de substituer le tel^graphe de Bain au telegraphe de Morse ; a la maniere dont il parle, on dirait qu'il presente un proc^d(5 entiere- ment nouveau. II prepare son papier convenablement choisi, mais COSMOS. 161 ne ndcessitant pas une pate speciale, en le plongeant dans la solu- tion suivante : eau, 100 parties; acetate d'ammoniaque cristallisd, 150 parties ; cyanure jaune de potassium et de fer, 5 parties ; et il lui attribue les proprietes suivantes : il est tres-peu coilteux; assez colle pour qu'on puisse y faire des annotations a I'encre ; convena- blement humide pour etre conducteur, mais sans exces ; il est assez acide pour conduire I'electricite, pas assez pour alt(^rer les metaux qu'il touche; facilement decomposable par le courant ; d'une pre- paration tres-simple qu'on peut pratiquer dans les stations elles- memes, etc. ; il donne enfin, par la decomposition, un sel insoluble, inalterable, fortement colore, et, par suite, des signaux tres-tranches et tres-lisibles. Tout cela est bien , tres-bien, mais tout cela aussi est dejti pratique dans I'etablissement central de Lothbury a Lon- dres et ailleurs ; et c'est abandonner le t(^Iegraphe de Morse, au mo- ment ou il vient d'etre solennellement adopts ou mieux impose. Ce n'est pas nous cependant qui combattrons la proposition de M. Pouget-Maisonneuve, nous n'avons aucune objection a faire au precede d'impression chimique, loin de la, mais il nous semble que le transmetteur du telegraphe de Morse avait beaucoup plus besoin d'etre reforme et remplac6 que son recepteur; voila pourquoi nous nous sommes empresse de publier la description du mccanisme si ing^nieux et si excellent de M. Paul Garnier, que I'administration devrait s'empresser d'adopter. Puisque nous en sommes a la telegraphic electrique, que M. le directeur general nous permette d'exprimer les craintes que nous inspire la reforme qu'il tente en ce moment et qui a ete beaucoup trop vantee. Nous comprenons qu'on veuille substituer des fils souterrains aux fils aeriens dont I'aspect est tres-peu monumental. Mais a-t-on choisi le meilleur mode de fils souterrains ? Emprisonner des fils de cuivre sans enveloppe de gutta-percha dans un lit de bitume ou d'asphalte qui se brisera infailliblement avec le temps aux depens de I'isolement, c'eut ete tres-imprudent ; mais enfer- mer dans ce meme lit des fils recouverts de gutta-percha, alors que le bitume contient des huiles essentielles capables avec le temps de dissoudre la gutta-percha , n'est-ce pas une imprudence ou une maladresse plus grande encore? Le lit qu'il fallait choisir, comme nous le faisait remarquer, il y a quelques semaines, M. Steinheil, un des grands maitres de la telegraphic, le celebre installateur des lignes de I'Autriehe et de la Suisse, c'etait un lit non de bitume, mais de ciment de Vassy ou de Pouilly, qui se fiat transforme en une'pierre inalterable et solide a I'exees, cachant dans son sein les t62 COSMOS. fils de cuivre revetus de gutta-percha; ce mode de condncteur eut ^t^ vraiment ^ternel , ou au moins d'une dur^e inrlefinie. M. Steinheil s'^tonnait aussi que I'on n'eut pas encore adopts generalement en France le syst^me de fils disposes en rdseaux ou formant les cotes d'un ensemble de polygones couvrant le pays tout entier. Installer sur les memes poteaux des series de fils paralleles, c'est ^videmment suivre une marche completement irrationnelle ; on ne peut alors arriver a un point donne que dans une seule direc- tion ; et si, par une cause quelconque, I'isolement dans cette direc- tion est devenu imparfait pour I'un des fils, il est a craindre que cette meme cause, I'humidite des poteaux, la presence de la neige, du givre, etc., etc., n'affecte en meme temps tous les fils; c'est ce qui est souvent arriv^ de fait pendant I'hiver dernier, et ce qui, sur certaines lignes, a rendu les correspondances impossibles pen- dant plusieurs heures ou meme plusieurs jours. Par le systeme de r^seaux ou de polygones, au contraire, la communication d'un point avec un autre a lieu par un grand nombre de directions ou de routes difFerentes; il est difficile, ou meme impossible de faire, que I'iso- lement cesse a la fois sur toutes les directions , et les correspon- dances ne sont jamais completement interrompues ; quand surtout, comme cela doit etre, on installe a chacun des angles principaux du r^seau le charmant appareil que M. Steinheil a designe du nom de translateur, bien different du relais de Morse. Les translateurs font un si excellent service qu'ou a pu en Allemagne envoyer directe- mentdes depeches a des distances veritablement enormes, de plu- sieurs milliers de lieues, sans qu'il fiit besoin de les faire recevoir et rep^ter par les agents des stations intermediaires. — M. Corenwinder communique un Memoire sur la production du gaz acide carbonique par le sol, les matieres organiques et les engrais. II affirme avoir constate qu'une terre argileuse, engraissde avec du fumier de ferme et 3 300 kilogrammes de tourteaux a rhectare,exhalait en vingt-quatre heures 15 litres 50 d'acide carbo- nique par metre carre de surface, ou 1 570 hectolitres par hectare ; cette terre contenait 12 a 13 pour 100 d'humiditi^, et la couche mise en experience avail 8 centimetres d'epaisseur. Les terres qui contiennent peu d'engrais, ou des engrais moins actifs que le tour- teau , donnent naturellement moins de gaz carbonique. L'auteur a aussi constats, comme on devait s'y attendre, que la quantity de gaz exhaU augmente quand on remue le sol , et que les engrais produisent d'autant plus de gaz que leur fermentation est plus avancee: il a vu du crottin de cheval, apres quatre jours de fermen- COSMOS. 163 tation, exhaler jusqu'a 88 litres par metre carre. II conclut de ses experiences, qui s'accordent avec celles de M. Boussingault , que ]a quantite d'acide carbonique et de carbone fournie aux vegetaux par Talteration des uiatiferes organiques a la surface du sol , est incomparablement plus grande que celle qui leur est fournie par I'air ou la respiration des animaux. La loi si s^duisante de compen- sation ou de ponderation entre les deux regnes, suivant laquelle les v^gdtaux rendraient Toxygene aux animaux qui, a leur tour, ren- draient aux vegetaux le carbone, perd ainsi tout son prestige ou meme sa realite; elle n'est meme plus qu'une belle utopie. — M. le ministre de Tagriculture et du comnnerce annonce qu'un congres international de statistique se reunira a Paris le 10 sep- tembreprochain, pour fixer les bases d'une statistique comparative. Nous desirons ardemment que Ton soumette a ce meme congres la question beaucoup plus iinportante encore de I'unite des poids et mesures. — M. le president de I'lnstitut annonce que la seance publique annuelle des cinq Academies , contrairement au decret que nous rappellions naguere, et sur une proposition du bureau de I'lnstitut, approuvee par M. le ministre de I'mstruction publique, aura lieu le 14 aout prochaiii, au lieu du 15. Nous avons appris que dans cette stance M. Babinet, dont nos lecteurs connaissent la vaste eru- dition et I'originalite de redaction, fera une lecture pleine d'actua- lite sur les tremblements de terre, leurs causes, leur histoire, leurs eflets, etc. — M. Valenciennes met sous les yeux de I'Academie quatre nouveaux dessins pholographiquos fails au Museum d'histoirenatu- relle par son aide si actif et si habile, M. Louis Rousseau. Deux de ces dessins representent les aggrdgats solides calcaires et siliceux, formes par deux especes de polypes, le stylaster flabelliformis de MM. Milne Edwards et Jules Haime, et I'iphition panicea de Va- lenciennes, originaire de la mer des Antilles. Les deux autres des- sins, remarquables par leur grandeur, et dont I'illustre naturaliste anglais, M. Richard Owen, a dit qu'ils etaient les plus belles repro- ductions de pieces anatomiques tjii'il eut jamais vues, representent le mode et les progres de la dentition chez deux lions, I'un de six mois, Tautre de quinze mois. M. Louis Rousseau acquiert chaque jour de nouveaux droits a la reconnaissance des savants et de I'A- cademie ties sciences. — M. Despretz presente au nom de M. Gaugain une nouvelle note surlaconductibilite electrique de I'air. Voici comment I'auteur 464 cosmos. formule le fait fondamental, mis en dvidence par ses expc^riences : " Quand les courants induits de I'appareil de Rhumkorff se pro- pagent a travers I'air et qu'on diminue graduelleineiit la tension du gaz, I'intensitd dlectrique accusde parle galvanomfetre, va d'abord en auo-mentant (lorsqu'on part de la pression atmospherique), atteint une valeur maximum , puis commence a decroitre et prend una va- leur minimum, quand le vide est fait aussi parfaitement que pos- sible ; la tension correspondante a I'intensite maximum varie d'ail- leurs avec une foule de circonstances, avec la grandeur et la dispo- sition des appareils, avec la distance et I'etendue superficielle des Electrodes ; cette tension a 6t6 de 2 millimetres pour une certaine disposition d'appareil et de 50 millimetres pour une autre disposi- tion ; en general quand I'electrode negative prdsente une grande surface et que I'dpaisseur de la couche d'air, traversee par le cou- rant, est considi^rable , la pdriode croissante des intensit(^s est trfes- Etendue et la periode ddcroissante a peine appreciable ; quand au contraire la surface de I'dlectrode negative est tres- petite, la periode de ddcroissances est trfes-etendue et la periode d'accroisse- ment n'embrasse qu'un petit nombre de degres ; lorsqu'on opere avec I'oeufsoupape, I'intensite correspondante au vide le plus parfait qu'on puisse obtenir avec une machine pneumatique ordinaire est sensiblement nulle; lorsqu'on se sert de tubes et que les Electrodes sont des fils mdtalliques, I'intensitd correspondante au vide le plus parfait est toujours un minimum , mais n'est jamais nulle, et dans ce cas la periode de ddcroissement n'est bien marquee qu'autant que la distance des electrodes est petite. M. Gaugain croit pouvoir expliquer ce faitdela manifere suivante : Lorsqu'un courant Electrique se propage a travers I'air, la resis- tance qu'il eprouve doit varier , comme dans le cas des hquides, avec la section moyenne du faisceau gazeux qui sert de vdhicule a r^lectricite ; or , nous ne pouvons pas savoir exactement quelles sont les dimensions de ce faisceau; mais il est naturel de penser qu'il a des rapports de forme et de grandeur avec la gerbe de lu- miere que Ton observe. Si Ton admet cette hypothese, on est con- duit a conclure que dans le cas ou I'electrode negative prc^sente une surface etendue, la section moyenne du courant va continuelle- ment en augmentant, lorsqu'on rarefie I'air de plus en en plus ; car c'est un fait d'expErience que dans ce cas la gerbe de lumifere va continuellement en s'elargissant ; i! rdsulte de la que I'augmentation de section fait, en une certaine mesure, compensation k la dimmu- tion de eonductibilitd, resultant de la diminution de force dlastique. COSMOS. 165 ,Quand au contraire la force de I'electrode negative est tres-limitee le faisceau form^ par la reunion des courants ^lomentaires ne peut plus se dilater, rien ne fait compensation a la diminution de conduc- tibilite, et elle se trouve alors mise en evidence. L'explication qui precede suppose que I'electricite eprouve une resistance au passage : lorsqu'elle se propage d'un corps solide dans un corps gazeux, cette resistance est nettement mise en evidence par une experience nouvelle et tres-curieuse de M. Gaugain. On prend un recipient de machine pneumatique muni dans sa partie supe- rieure d'une tige en cuivre glissant dans une boite a cuir, et, apres avoir fait le vide, on met les deux poles del'appareil de Ruhnikorff en communication d'une part avec la machine, de I'autre avec la tige du recipient ; on voit alors jaillir entre cette tige et le tuyau d'aspiration de la machine une gerbe de lumiere qui pr^sente les caracteres si souvent decrits ; mais si Ton interpose entre les deux Electrodes un disque mince d'etain isole et que la distance de ce diaphragme a chacun des electrodes soit de 5 a 6 centimetres alors I'aspect de la lumiere se modifie completement. Si les cou- rants traversent le recipient de haut en has, on observe d'abord un faisceau de lumiere rouge partant de la tige du recipient et une aureole bleue tapissant la face superieure du diaphrao-me puis un second faisceau de lumiere rouge partant de la face in- fdrieure du disque et une seconde aureole bleue enveloppant le tuyau d'aspiration. Comme on le voit , le disque d'etain forme un double pole ; ce premier fait constate , si Ton abaisse la tio-e de cuivre de maniere a rapprocher son extremite inferieure du dia- phragme d't^tain , ce diaphragme est perce comzne le serait une feuille de papier, et le courant passe tout entier par le petit trou qui s'est forme ; il n'y a plus alors qu'un seul faisceau de lumiere rouce, une seule couche obscure, une seule aureole bleue. M. Gaugain ajoute : « Si le vide obtenu au moyen de la ma- chine pneumatique est assez mauvais conducteur {)our ne point laisser passer les courants induits de I'appareil de Ruhmkorff , il doit en etre de meme, et a plus forte raison, du vide barometiique qui est plus parfait. » Pour verifier cette conclusion, M. Gaugain a scelleun fil de pla- tine dans la partie bouchee d'un tube barometrique ordinaire et construit avec ce tube un barometre a cuvette. II a fait ensuite ' communiquer les deux poles de I'appareil d'induction, I'un avec la cuvette du barometre, I'autre avec le fil soude dans le haut du tube; il a constate ainsi qu'il est impossible d'obtenir la moindre lueur 166 COSMOS. dans la chambre du baromfetre , toutes les fois que la distance du fil de platine au sommet de la colonne mercurielle dt^passe 3 ou 4 millimetres ; il s'est servi pour cette experience d'un courant inducteur fourni par six elements de Bunsen ; il n'eut pas et^ pos- sible d'en employer un plus grand nombre sans s'exposer a det^- riorer I'appareil d'induction. Cette experience est exactement celle que M. Masson a faite avec nous ilyaplusde quinze ans.et nous en avions tir^ les memes conclusions que M. Gaugain , c'est-a-dire que le vide absolu ne conduit pas I'^lectricit^. Si plus tard, M. Masson, comme M. Gau- gain senible le lui reprocher, a annonce qu'il avait constats le pas- sage de Telectricite a travers un vide barom^rique, c'est , comme il le disait en termes formels, parce que ce vide barometrique n'^- tait pas le vide absolu; les deux experiences ne sont pas en contra- diction Tune avec I'autre, et M. Masson maintient toujours la non conductibilite du vide absolu. M. Dumas met sous les yeux de 1' Academic une belle planche en taille-douce, gravee d'apres un dessin] de Raphael par M. Henriquel Dupont, avec sa reproduction galvanique faite avec tine habilete incomparable par M. Hulot. Cette planche, d'un effet tres-doux, du a I'extreme finesse des tailles que la galvano- plastie a admirablement rendues, a deja tire cinq cents ^preuves et n'est nuUement usee, ce qui est vraiment extraordinaire. Nous au- rons bientot a rendre compte de la belle exposition de M. Hulot , pour lequel les Jures de la X^ classe et du groupe dont cette classe fait partie sollicitent a I'unanimite la premiere distinction du con- cours universel, la grande medaille d'honneurj nous reviendrons alors longuement sur ses procedes qui donnent a coup sur de si ^tonnants r^sultats. M. Dumas faisait admirer en meme temps une autre reproduction galvanoplastique de M. Hulot, une belle image de la lune faite dans des conditions qui presentment une diflicult6 _ M"" veuve Melloni adresse le programme relatif au monu- ment qui va etre eieve par souscription a la memoire de son mari , physicien illustre. Les membres de I'Academie et les savants etrangers qui voudront prendre part a ce grand acte de reconnais- sance pourront souscrire au secretariat de I'lnstitut. COSMOS. 167 SBANCE DU LCNDl 6 AOllT. Cette stance, tres-courte, a ^te remplie, d'une part, par le de- pouillement des correspondances remises dans les prdcedentes stances, et par les scrutins de I'election d'un academicien libre en remplacement de M. Duvernoy. Les candidats presentes par la Commission et adoptes par I'Academie ^taient : en premiere ligne, M. I'amiral Du Petit-Thouars; en seconde ligne, ex cequo et par ordre alphabetique, M. le prince Charles Bonaparte, M. Anloine Passy, M. Vall(5e, M. Walferdin. Au premier tour de scrutin, au- quel 63 membres ont pris part, M. Du Petit-Thouars a obtenu 29 suffrages, M. le prince Charles Bonaparte, 22; M. Walferdin, 11; M. Antoine Passy, 1 ; il n'y avait pas en consequence majo- rite. Au second tour de scrutin, sur 64 suffrages, M. Du Petit- Thouars en a obtenu 35, le prince Charles Bonaparte, 25; M. Walferdin , 3 ; il y avait un billet blanc. L'amiral Du Petit- Thouars a ete en consequence proclanid membre libre par I'Acadd- mie; son election sera soumise a Tapprobation de Sa Majestd lEnipereur. La lutte, ou le vote , a ete assez animee et assez viva. — M. Becquerel a ofFert a I'Academie le second volume du nouveau traite d'^lectricite qu'd public en collaboration avec son second fils, M. Edmond Becquerel. Nous reviendrons bientot sur cette publication qui presente un tres-grand interet. — L'Academie se forme de bonne heure en comite secret pour discuter les titres des candidats a presenter par elle pour la chaire d'anthropologie vacante au Museum d'histoire naturelle par la de- mission de M. Serres et sa nomination a la chaire d'anatomie com- paree. Le candidat presente en premiere ligne par la Commission, etqui deviendra sans doute le premier candidat de I'Academie, est M. de Quatrefages, design^ aussi par le Museum, mais ex cequo avec M. Gratiolet. Une premiere presentation academique avait dejii eu lieu dans la pre'cedente seance , mais elle ne fut pas ac- ceptee, parce qu"on trouvait singulier qu'une Commission couiposee de cinq membres n'eilt pas opte entre les deux candidats qu'elle pla9ait sur le meme rang, MM. de Quatrefages et Gratiolet; plus tard, dans cette meme Commission, M. de Quatrefages a obtenu quatre voix sur cinq. VARIETES. Larecolte des prunes ayant ete tres-abondante I'annee derniere, M. Becquerel a pens^ qu'il y aurait de Tavantage a en distiller le jus pour obtenir de I'alcool. 225 litres de prunes de Saint-Julien et de reine- Claude ont donne de 1 5 a 16 litres d'alcool a 26 dro-res et tres-analogue au kirsch. M. Pepin annonce de son cote que, dans d'autres parties du Loiret, 200 litres de prunes ont donne 20 litres d'alcool a 50 degres. Dans certaines annees evidemment oil les prunes seront a la fois trop abondantes et trop petites. il vaudra mieux les distiller que les vendre en nature ou sous forme de pru- neaux. Les groseilles, les prunelles, les mures donnent aussi un al- cool d'assez bon goiit. — La fabrication du Sucre d'erable, commencee dans le Bas-Ca- nada, a donnee cette annee des resultats satisfaisants. Les proprie- tes saccharines et sirupeuses des produits extraits de la seve des era- bles sent meilleures et plus abondantes qu'on ne I'esp^rait. Les sucreries du connte de Beauharnais, Napierville et Chateaugay don- nent des produits excellents. — Le quartier general de I'armee anglaise, a Balaklava , n'est plus qu'a quelques heures de distance du ministere de la guerre de la Grande-Bretagne : un fil mince traversant le detroit impetueux de la Manche , se prolongeant a travers les immenses pays de France, d'Allemagneet de Turquie, plongeant dans le Pont-Euxin, et franchissant de nouveau les hautes cimes des rochers , permet a lord Panmure de communiquer presque instantanement avec le general en chef. ^Morning-Post.) — M. Aubree demandait qu'un papier de surete prepare par lui et dont il affirme I'excellence, fut soumis aux plus rudes (^preuves par une commission de I'Academie. Comme I'auteur ne veut faire con- naitre son secret qu'apres I'epreuve faite, I'Academie refuse de se rendreasa demande. Cette determination imposde, dit-on, par les reglements, semblera bien rigoureuse, mais au fond I'Academie est mailresse chez elle , et elle a le droit de ne preter son concours qu'a certanies conditions. Elle exige que M. Aubree presente un me- moii'e descriptif complet, c'est a prendre ou a laisser. A. TRAMBLAY, iroprUtaire-gerant. Paris, — Impiiraerie de W. Rejiquet el C e, rue Garaiicifere, 5. T. vn. 17 AOUT 1855. qtJATRTEME ANNEE. GGSMOS. ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LLNDl 13 AOfT. M. Hiffelsheim lit une suite a ses recherches sur les batte- ments da coeur. Nos lecteurs se rappellent que le savant docteur a mis en Evidence, par des experiences positives, la veritable cause des baltements du coeur ; qu'il a demontre que le cceur hat parce quil recule. Son explication a dt6 acceptee par M. Bouiliaud, le grand maitre en fait de physiologie cardiaque; mais elie est re- poussee par M. Beau, qui est aussi une autorite en cette matiere, et qui attribue a la diastole le battement que M. Hiffeisheiai dit etre la consequence obligee de la systole. Celui-ci dans son nouveau- Memoire apporte de nouveaux arguments a I'appui de sa theorie, et refute les objections dont elle a ete I'objet. II etablit en outre la continuite absolue du cercle circulatoire^ meme pendant la sys- tole, ce qui, en rendant impossible I'occlusion complete des val- vules et leur tension subite, remet en jeu leur role dans les bruits^ du coeur, et renverseropinion generalement admise ; il espere pou- voir donner bientot, a I'aide de I'appareil dont nous avons deja parl6, la demonstration expt?rimentale de ce fait capital. II fait, enfin une etude complete des battements du coeur, consideres au. point de vue de I'embryogenie et de la physiologie comparee. — M. Bonnet, celebre chirurgien lyonnais et correspondant de I'Academie, lit un ^lemoire sur la nature et le traitement de cer- tains goitres, qui peuvent amener I'asphyxie ou !a suffocation. Ce mode de traitement consiste dans la cauteriiation par ie nitrate de mercure. — Le prince Charles Bonaparte lit une nouvelle Note sur la classification des pigeons. — M. Dumeril pere continue I'expose de ses idees sur I'applica- tion de la methode naturelle a la classification des poissons. — L'Acadeniie precede a la nomination de deux candidats a la chaire d'anlhropoiogie vacante au Museum d'histoire naturelle. M. de Quatrefages est nomme premier candidal par 30 voix centre 7 170 COSMOS. 11 donn^es a M. Gratiolet et 1 a M. Hollard. M. Gratiolet devient le second candidal par 35 voix contre 5 donnees a M. Hollard et 3 a M. Jacquart. — Son Excellence M. le marechal Vaillant lit deux Rapports : I'un sur un nouveau fusil, I'autre sur le petrin inecanique de M. Bouvet ; nous ne les avons pas assez entendus pour les analy- ser : nous y reviendrons. — M. Milne-Edwards presente le second volume du Tmite des polypes, qu'il publie en collaboration avec M. Jules Haime. — M. Le Verrier communique quelques details interessants sur I'application faite a Rome par le R. P. Secchi de la telegraphie ^lectrique a la m^teorologie , et des observations de la comete de M. Dien. — M. Coulvier-Gravier transmet les resultats de ses observa- tions sur les ^toiles filantes, dans les nuits des 9, 10 et 11 aout dernier. II a vu, dans la nuit du 9, 157 ^toiles ; dans la nuit du 10, 315; dans la nuit du 11, 246 ; ces nombres prouvent encore la rea- lity du retour periodique d'dtoiles filantes , connu sous le iiom de feux de la Saint-Laurent ; mais ils prouvent en meme temps Taffai- blissement continuel de ce retour, dont M. Coulvier-Gravier per- siste a affirmer la cessation vers 1860. Voici les nombres horaires d'etoiles observ^es par lui dans la nuit du 10 aout, pendant les huit dernieres annees : 1848, 110; 1849, 105; 1850. 84; 1851, 57; 1852, 53; 1853, 56; 1854, 52; 1855, 45. La diminution est con- tinue, on le voit, et considerable, dans le rapport de 45 a 110 ou de 3 a 22. — M. Despretz presente, au nom de M. Belloc, I'ouvrage inti" tule : Les quntre branches de la photographie , dont nous donnons plus bas I'analyse; il depose en meme temps surle bureau, des por- traits sur collodion et une photolithographie qui sont grandement admires. — M. Alvaro Reynoso soumet au jugement de I'Academie quel- ques faits pour servir a I'histoire de la double decomposition saline. Les phenomenes qui se produisent quand on vient a meler deux sels solubles incapables de donner naissance, par double decomposition, a un sel soluble, sont encore entoures d'obscuritd; il est presqu'im- possible de i^avoir (juels sont les composes qui existent reellement dans la liqueur. Siiivant les uns , sa reaction se borne a un simple melange sans combinaison chimique ; suivant les autres, elle donne naissance a quatre sels ; M. Reynoso croit que la formation de ces quaire sels n'a lieu que sous certaines restrictions et dans des con- COSMOS. 17 J ditions qui n'ont pas m assez ^tudides. 11 lui semble que les faits suivants jettent quelque jour sur cette question si delicate, en mettant en Evidence dans le melange I'existence d'un sel nouveau : 1° si on mele du sulfate de cuivre avec un acetate de soude, de po- tasse, de chaux. de magn^sie, de zinc ou de cobalt, et qu'on fasse louillir le melange avec du glucose , il se pr^cipite du proloxyde de cuivre; ce qui indique que le sulfate de cuivre au contact de I'a- cdtate se decompose et produit de I'acetate de cuivre rdduit ensuite par le glucose; 2" un melange de nitrate de cuivre et d'acetate de potasse, de soude, de chaux, de magnesie, de manganese, de zinc de cadmium, de strontiane, de nickel . de cobalt, de plomi). bouill'i avec du glucose, precipite des le premier instant de I'dihullition du protoxyde de cuivre, ce qui indique encore la formation de I'acetate de cuivre par double decomposition ; car le nitrate seul n'est reduit par le glucose qu'apres une Ebullition prolongc^e; 3° un melan^re de bi-chlorure de cuivre, concentre et d'un excfes d'acetafe de soude aussi concentre, donne dans les memes circonstances et avec cpr- taines precautions de I'acetate de cuivre, qui ne tarde pas a ci i^tal- liser; 4° I'acetate de cuivre. melE au sulfate et au nitrate de ses- quioxyde de fer, perd la propriete d'etre reduit par le glucose; ce caractere, et la couleur speciale a I'acetate de fer, qui apparait au moment du melange, prouve que I'acetate de cuivre est decompose par les sels ferriques. Enfin, sion mele dans un vase de I'acetate de soude avec du sulfate ou du nitrate de cuivre, I'acetate de cuivre ne tarde pas a cristalliser. Le jeune et savant chimiste avoue que la m(^thode suivie par lui I'intervention du glucose, peut faire naitre des objections; mais i'l lui semble qu'il a donne aux faits leur veritable interpretation et qu'ils demontrent suffisamment la reality de la double decompo- sition. LES QUATRE BRANCHES DE LA PHOTOGRAPHIE, PAR M. A. BELLOC. M. Belloc est connu de tous nos lecteurs par les liens de vive sympathie qui nous unissent a lui, par I'habilete incomparable avpc laquelle il manie le collodion, par ses magnifiques portraits, enfin par son Traite de photographie sur collodion, qui a obtefiu un si brillant succfes. 11 est a la fois, et I'un de nos praticiens photogra- phes le plus justement celebres, et I'un de nos professeurs les plus renommes. II a deja forme une brillante pleiade d'eleves, devenus 172 COSMOSv maitres a leur tour ; et c'est pour r^pondre aux vceux ardents de ses; nombreux thieves qu'il s'est decide a publier, non pas une seconde; Edition de sonTraite, inais un livre entiorement nouveau. Ce livre.' embras;se I'arbre entier de la photographie et pour chacune de seS' quatre branches, la Daguerr^otypie, la Talbotypie, la Niep9otypie; et r Archerotypie ; il ramene la theorie des operations a uue suite, d'enonces pr(5cis et clairs, leur pratique au plus petit nombre pos- sible de manipulations faciles et sures. M. Belloc ne se pose pas en', inventeur des prooedes qu'il decrit, des explications qu'il essaie; il declare, au contiaire, qu'il n'a pas plus ddcouvert ses methodes que I'abeille n'invente son miel. Ce miel, I'abeille en trouve la matiere premiere dairs le calice des fleurs; elle I'extrait, se I'assimile et I'elabore ; M. Belloc aussi a extrait , il s'est assimile, il a elabord les materiaux qu'il a puisfe dans les pferes et les maitres de la photoo-raphie. Mais, par la meme, son ocuvre est moins encore une compilation, c'est bien son miel qu'il distille, quoiqu'il ne I'ait pas cr^e; et ce qui nous, a le plus frappe, c'est I'originalite de son livre; il ne ressemble a aucun autre; et ce jugement a sous notre plume une grande portee, parce que personne n'est plus au. courant que nous de la blbliographie photographique. Nous ne pouvons qu'indi- quer aujourd'hui son contenu d'une maniere tres-rapide et tres- vat'ue. Dans un chapitre preliminaire, intitule les Annales de la pho- tographie, il ebauche a grands traits, mais sans oublier aucun pro- grfes ou aucun nom, ,en rendant a chacun ce qui lui est dii, I'histoire de cet art merveilleux. Si, confiant dans notre amitie, il nous avait soumis les epreuves de: son esquisse historique, nous aurions fait disparaitre avec bonheur quelques: toutes petites inexactitudes de redaction. En offraiit ce beau volume a I'Academie, M, Despretz a sembl^ craindre que, parlageantrengouement universel, I'injustice, helas! trop commune, iM. Belloc n'eiit pas retabli le grand Niepce dans la possession entiere de ses droits. Qu'il se rassure ; la rehabi- litation est complete : I'lnventeur de la photographie, pour M. Bel- loc comme pour nous, estiemodeste hermitede Chalons, etDaguerre n'apparait qu'au second iang. Les quatre chapitres principaux traitent de la Daguerreotypie om des proc6d6s de photographie sur plaque ou plaque d' argent, dont Daguerre a trouv6 le secret ; de la Talbotypie, ou des procedes de photographie sur papiei revel^s d'abord incontestablement par, M. Talbot ; de la Niep^itypie , ou des precedes de photographie sur verre albumine, dont la decouverte est due a M. Niepce de St- Victor;| deJ'Archerotypie enfin, ou des procedes de photographie COSMOS. 17$ sur collodion, entrevus certainement et pratiques d'abord par notre compatriote M. Le Gray, mais qu'un Anglais, M. Archer, a aine- nfe le premier a I'etat de methode remarquable entre toutes les autres par la facility et la rapidite de ses operations, la Constance et la beaute de ses produits. Cette denomination nouvelle, Arch^- rotypie, nous a deplu d'abord, mais nous nous y rallions aujourd'hui sans repugnance. Des chapitres supplementaires sont consacres a la production des ^preuves positives , terme dernier des trois der- niers genres de photographie ; a des cli^inents de chimie et d'optique appliques a la photographie; a la nomenclature des appareils et des substances ; un Tableau synoptique resume I'ouvrage entier : rappro- chant tour a tour de chaque genre de photographie les agents qu'il met en oeuvre, M. Belloc fait saisir d'un seul regard les propriet^s de ces agents et leur mode d'emploi. Mais nous n'avons rien dit encore de la grande nouveaute que ce livre r^vele au monde, et qui est en elle-meme un veritable evene- ment. I! nous apprend que M. Belloc, puissamment aide par celui de ses eleves qui lui fait le plus d'honneur, M. Jacott, est entre en possession d'lm precede nouveau de photolithographie ou de trans- port sur pierre lithographique des epreuves photographiques , dans des conditions telles qu'elles puissent servir au tirage d'un nombre indefini d' epreuves tirc%s par les precedes ordinaires de la lithogra- phie. Ce magnifique probleme est pose depuis longtemps. Une noble association de savants et d'artistes, MM. Lemercier, Lere- bours, Barreswill, Davanne, en ont propose et poursuivi long- temps la solution, mais a travers des difficultes que leur perseve- rance et leur habilete n'ont pas reussi a vaincre. MM. Belloc et Jacott seront certainement plus heureux , et le specimen de leur nouvel art, qu'ils presentent a TAcad^mie et au public, depasse tout ce qui a ete fait en ce genre. C'est un portrait des deux inven- teurs ou auteurs du precede, obtenu par la photographie et indefi- niment multipli^ par la lithographie. lis avouent que la pierre a ete ■quelque peu retouchee par Thabile crayon de M. Jacott, mais elle I'a ete moins que les portraits obtenus sur acier par la gravure he- liographique , et ce n'est encore qu'un debut. Nous avons foi en M. Belloc, et quand il nous assure que pour la nature morte, I'illus- tration des ouvrages d'art, d'histoire naturelle, etc., etc., ce pro- cede doit etre deja considere comme parfait, nous le croyons ; nous sommes heureux d'annoncer qu'un immense progres est accompli. EXPOSITION UNIYERSELLE. VARIETES. UNE HOSPITALITE LARGEMENT RECOMPENSE. PATES ALIMENTAIRES DE M. MAGNIN , DE CLERMONT-FERRAND. XI* classe, 1""* seclion, n* 3292. Annexe, galerie superieure, 50, A. Creer une Industrie nouvelle , par une habile transformation des produits du sol, arriver a leur donner une valeur plus grande, ou- vrir ainsi une voie nouvelle a Tagriculture d'une vaste province, c'est faire une grande et belle chose, c'est acqudrir des droits a I'estime et a la reconnaissance de ses concitoyens. Mais on peut faire mieux encore, c'est quand pour une fabrica- tion importante notre Industrie a ete jusque-la vaincue par I'indus- trie ^trangere ; c'est quand la Fiance a ete condamnee a exporter des capitaux considerables pour s'approvisionner d'une denr^e ali- mentaire, d'arriver, a force d'intelligence, de perseverance, de sa- crifice, de devouement a sa patrie d'adoption, a produire ces memes denrees dans des conditions de bonte et de bas prix, telles que nous devenions les maitres du marcht^, que nous ^chappions a la fatale necessity de I'importation des denri^es, de I'exportation des capi- taux, niorts autrefois, vivants desormais, et productifs, puisqu'ils serviront au developpement d'une fabrication nationale. Or, voila ce qu'a fait pour I'importante Industrie des pates ali- mentaires M. Magnin, que la Providence et les ev^nements ont amene a echanger ses apres montagnes de la Savoie contre les plaines luxuriantes de la Liinagne. II y a trente ans, la fabrication des pates n'etait presque rien en France; on I'essayait timidement en Auvergne, mais nul n'avait songe a detroner I'ltalie ou a lui disputer son monopole seculaire et universel. La pensee meme de la lutte aurait paru audacieuse, tant il y avait de difficulties a vaincre, de prejuges a detruire. Et cependant I'ltalie est aujourd'hui complt^tement vaincue, vaincue par I'Auvergne. En 1837, on importait en France prfes de 1 million de kilogr. de pates d'ltalie ; en 1850, et quoique pendant les treize derniferes annees la consommation des pates ait presque ddcuple, le chiffre des importations s'est elev^ a peine a 50 000 kilogrammes : la fabrication napolitaine, autrefois si renomm^e et si puissante, n'a pu ecouler parmi nous que 11 000 kilogrammes. En 1855, on peut dire en toute v«5rite qu'il n'entre plus en France de pates i COSMOS. 175 d'ltalie, puisque le chifFre de I'exportation d^passe considerable- ment le chiffre des importations. Voil^ le fait capital que nous avions avant tout a constater ; voici ses consequences : En 1830, le ble rouge, dur et glac^ d'Auvergne, celui qui con- vient le mieux au sol de la Limagne, qui parcourt avec le plus de chances favorables toutes les phases de sa vegetation, qui est inoins sujet a verser apres la formation du grain, dont le rendenient est plus considerable, qui contient beaucoup moins d'amidon et beau- coup plus de gluten, etait tres-depiecie sur les marches. II se ven- dait 2 ou 3 fr. par hectolitre au-dessous du cours des bies tendres, parce qu'il donnait un pain bis, moins agreable a la vue et au gout. Aujourd'hui ce meme hU se vend 2 ou 3 francs de plus que les bl^s blancs parce que, employe a faire des pates, il s'est montre doue de qualites tout a fait sup^rieures. Cette plus-value entiereinent im- prdvue et inesp^r^e est devenue pour le Puy-de-Doine un accroisse- ment de richesse, de travail et de commerce vraimeiit enornie. La quantite de bles glaces convertis annuellement en semoule, pour la confection des pates, a atteiiit en 1853 le chiffre de 400 000 hectolitres, de 30 a 40 millions de kilogrammes. En met- tant a 5 fr. seulement la difference entre le prix de revient avant et apres la nouvelle destination donn^e aux bles glaces , ce serait un gain brut de plus deux millions par an. Deja en 1853, on comptait dans le Puy-de-Dome 1 557 mou- lins de une a cinq paires de meules, representant une force de 15 000 chevaux. En 1855, sur un rayon de 40 kilometres seule- ment autour de Clermont, 100 fabricants et 70 moulins mettent en ceuvre400 000 hectolitres de fromenl glace indigene, et produisent de 16 a 17 000 tonnes de semoule ; cette fiibricalion, en outre, a ^t^ se perfectionnant sans cesse, puisqiie le rendement en semoule, qui n'^tait, a I'origine, que de 30 pour 100, est aujourd'hui de 68 et meme de 60 pour 100. Quant a I'accroissement du commerce , on peut dire que Cler- mont a conquis le monopole de la vente des semoules; que c'est a Clermont que s'approvisionnent. quoi qu'ils en dis( nt, les fabricants de Paris et de Lyon, qui, fideles aux vieilles traditions, preparent leurs pates avec de la semoule et non pas avec des farines pures ou m^lang^es de f^cule. II faut bien qu'aux yeux de ces fabricants, et en raison sans doute de la nature exceptionnelle des bles, de la manuten- tion plus habile, de la purete deseaux, les semoules de Clermont aient des qualites vraiment superieures, puisqu'ils consentent a les payer 176 COSiMOS. plus cher de 10 a 12 fr. les 100 kilogrammes que les semoules de b](.% d'Algi^rie ou de Russia achet^es a Marseille. Aucun departe- ment iie vend au dehors autant de bl6s que le Puy-de-Dome ; etdu jour (III il aura rt^olu de convertir lui-meme toutes ses semoules en verinicelle ou en macaroni, de ne vendre, en un mot, ses bl^s que sous forme de pates, il deviendra bien certainement le plus riche des d^partements de la France. Nous avons dit que cette bienheureuse rdvolution dtait I'oeuvre d'un seul homme, de M. Magnin; il nous sera facile de le dcmon- trer. En 1855, connne en 1849, comme en 1844, comme en 1839, le Jury du Puy-de-D6me declare que M. Magnin a eu le m^rite de reconnaitre le premier les qualitesdu froment rouge glac^ de la Limagne ; que I'industrie des pates d'Auvergne date I'ere de son dd- veloppement et de ses progres de I'epoque ou Ml Magnin y a consa- cre ses soins et son intelligence ; qu'il doit etre considers comme le createur de cette lielle et riche Industrie ; que la plupart des fabri- cants de semoule sont ses anciens ouvriers, encourages par lui a s'^- tablir a leur compte, et dont il achete les produits. Lorsque dans son rapport general sur les recompenses de I'Expo- sition de Londres , M. le baron Charles Dupin, pr(5sident de la Commission frangaise, eut fait retentir au sein de I'Acadt^mie des sciences et de la Societe d'encouragement ces solennelles paroles : « L'Auvergne avec sa fabrique de Clermont et ses beaux bles de la Lim-igne a completement remplace les Deux-Siciles aux juge- ments r^unis des Apicius et des Lucullus ; aussi la distinction la plus elevee que pijt obtenir cette nature de produits a 6t6 d^cern^e a M. Magnin. » La Societe royale d'agriculture du Puy-de-D6me se reunit spontan^ment, etvoulant, disait-elle, remplir un devoir de noble recoimaissance, elle d(§cerna a I'unanimite a M. Magnin una medaille d'or. Voici en quels termes le secretaire gdn^ral de la So- ciete, M. Baudet-Lafarge, rend compte de cette memorable decision : " L'Auvergne est parvenue a demontrer que ses bles se pretent' tout au^si bien que les bles d'ltalie a la fabrication des pates de premiere qualite. Elle a prouve que ses habitants savent se montrer habiles a utiliser cette propri^te du principal produit de son sol. C'est a M. Magnin et a ses courageux efforts pour lutter contra d'injustes preventions qu'est du ce magnifique succes. Trop long- temps nos pates ont servi, dans ie commerce de detail surtout, a soutenir la renommee dies pates d'ltalie, sous le nom desquelles elles etaient vendues au consommateur ; tandis qu'on les voyait condamn^es a donner leur nom aux jiroduits les plus ddfectueux de GOSaiOS. 177 ce pays rival. On ne saurait trop fletrir une pareille fraude et le iSentiment anti-patriotique qui I'inspira. Grace a M. Magnin, cette fraude honteuse a ^te devoilee en presence de cette immense af- ;fl,uence venue de toutes les parties civilisees de la terre pour con- templer les merveilles de I'industrie rassemblees dans le Palais de Cristal deLondres. Au sein d'un pareil jury, I'impartialite a repris ses droits, et les mille echos de la presse de tous les pays ont pu dire que les pates fabriquees aujourd'hui avec le froment dur d' Auvergne, pouvaient se presenter partout sous leur veritable nom, sans crain- iireaucune rivalite, etavec la certitude d'en ecraser plus d'une....-« Ce qui prouve mieux encore , apres ces glorieux t^moignages, et ces solennelles declarations , que M. Magnin a ete un novateur hardi, ce sent les persecutions incessantes, les calomnies odieuses, lies tribulations de tout genre qui I'ont accable tour a tour. On dirait -que la substitution des blfe d' Auvergne aux bles'de Russie dans la fabrication des pates fiit un crime qu'il devait expier. Croirait-on qu'on lui a dit mille fois en le froissant dans ses sentiments les plus .chers a son cceur : ■< Vos pates sont magnifiques, elles I'emportent ^videmment sur toutes les pates du monde par la bonte, la puret^, la finesse, la nuance et la transparence, mais vous en imposez en aflfirmant qu' elles sont fubriqudes avec ces vilains bles d'Auvergne, si rustiques, si reveches, si coriaces; consentez a avouer que vous n'obtenez de si excellents produits qu'avec des bl^s de Tano-arock et de Naples; vous aurez droit alors seulement a toutes nos sympa- thies. " " Mes pates, repondait-il, ne sont les plus belles et lesmeilleures pates du monde que parce qu'elles sont faites avec ces vilains bl^s d'Auvergne; vous ne m'arracherez jamais un aveu qui serait d'un? partun mensonge, de I'autre une trahison. Les meilieurs bl^s durs sont ceux qui viennent au pied des volcans ; les gaz carbonique et azote, absorbes en abondance par les laves et les pouzzolanes decom- poseesetenfouiesdans le sol si profond de notre Limagne, donnent uncaractoreparticulieret des qualitesexceptionnelles aux produits de sa vegetation. Si vous n'admettez pas cette v^rite, dites-moi pour- quoi ce sol conserve sa fertility et ne s'epuise jamais, alors meme qu'on ne le renouvelle pas par des engrais ; pourquoi nos bles snnt si lourds et contiennent si peu d'amidon comparativement a tous les bles connusi Ne les dedaigneriez-vous ces bles que parce que vous ne les connaissez pas? Vous irriteraient-ils, parce qu'ils noas ont affranchis d'un lourd tribut paye a I'etranger? Oserez-vous me faire un crime de ce qui bon gre malgr^ sera pour moi un titre de 178 COSMOS. gloire aprfes avoir die pour la France une source de richesses ind- puisable? •• Et M. Miignin, rcsigni5 dans son bon droit, patient dans sa force, continuait impassible sa glorieuse mission. Son <5ta- blisseinent n'a pas cesse de grandir. En 1844 , il ajoutait une chute d'eau de )a force de 40 chevaux aux moyens de production de son usine ; en 1849, il inontait une puissante machine a va- peur pour le service de ses presses qui peuvent fournir chacune 1000 kilogrammes de pates en un jour; en 1855, il a acquis la fonderie et les moulins de St-Marc dans la belle valine de Royat} avec une chute d'eau de 10 n;etres, de la force de 130 chevaux. II donne du travail a 400 ouvriers; il transforme en semoule, et jette dans le commerce pour plus d'un million de pates et de fa- rines de legumes. Au fond, les Jurys de toules nos expositions nationales lui ont rendu justice ; la Commission de 1839, presidee par M. Thdnard, et qui avait M. Darcet pour rapporteur, ddclarait ses produits sup^ rieurs a tous ceux de ce genre presentds en meme temps, et lui dd- cernait une modaille d'argent. La commission de 1844, composee des memesjurds, fut plusexplicile encore, elle reconnut que M. Magnin avait le premier appliijue les bles glacds de I'Auvergnea la fabri- cation des pates, qui! avait ainsi donne une grande valeur a ces bles qui avant lui se venJaient moins chers que les bles ordinaires, que ses pates, ses nouldes surtout etaient les plus belles de I'expo- sition, que paries services rendus a notre agriculture et a. notre Industrie, il merilait une nouvelle medaille d'argent. En 1849, la vdrite et la justice triompherent encore; ce ne fut plus cependant qu'une demi-victoire, on sentait naitre une opposition formidable a laquelle on dtait loin de s'attendre et dont nous dirons tout a I'heure la raison. Le Jury avouait que les pates de M. Magnin ne laissaient rien a ddsirer, qu'elies ne differaient pas des plus bellea pates ditalie, on le doclarait toujours digne de la medaille d'argent obtenue par lui en 1844. Mais obtenir un simple rappel quand la voix publique vous proclame digne de la medaille d'or, quand on d(^cerne en meme temps une medaille d'argent aux produits d'une Industrie rivale tres-inferieurs en eux-memes, et qui ne sent qu'une sorte de transmutation irrationnetle et malencontreuse; ce n'dtait pas etre vaincu, mais c'etait , une fois de plus, expier cruellement ses succes. Cette rigueur inattendue n'a pas decouragd M. Magnin; k Londres en 1851, malgre le prestige exercd par I'ltalie qui seule jusque-la avait fait admirer ses pates en Angleterre, il a etd declar6 officiellement I'^al des plus cdlebres des fabricants de pates d'ltalie ; COSMOS. 179 mais dans I'opinion publique si bien exprimeepar M. Dupin etpar un autre membre du Jury, M. Louis Leclerc, la France avait vaincu sur toute la ligne des macaronis et des vermicelles : nos pates par M. Magnin avaient conquis le premier rang. En 1855 a Paris, il expose un ensemble de produits beaucoup plus parfaits encore, et nous ne doutons pas que, triomphant enfin de toutes les opposi- tions, il ne sorte du concours avec la plus glorieuse des recom- penses. Nous examinerons ses produits apres que, pour I'instruc- tion de nos lecteurs, nous aurons r^sum^ en quelques lignes tout ce qui concerne la belle et utile Industrie des pates. Les pates d'ltalie sont faites non pas proprement avec la farina ordinaire, comme M. Payen semble I'indiquer dans son Precis de chimie industrielle , mais avec une farine speciale appel^e semoule, du mot italien semola^ farine a demi moulue. C'est le gruau ou la partie la plus ferme du grain de froment prive de son ecorce, auquel on fait subir une mouture particuliere ou demi-mouture, sous des meules plus ecartees pour I'amener a I'^tat de grains tres-petits, presque reguliers ou de forme a peu pres sph^rique. Les pates sim- ples, vernnicelles, macaronis, lazagnes, ne sont composees que de se- moule et d'eau avec ou sans levain . Les proportions les plus ordinaires sont 12 litres d'eau pour 50 kilogrammes de semoule; on delaie aussi rapidement que possible la semoule dans I'eau tres-chaude; on petrit ce melange comme a I'ordinaire avec les pieds ou avec les mains pendant cinq quarts d'heures environ; puis on le soumet pendant deux heures et demie a Taction d'un petrisseur de forme particuliere, appel^ brie des vermicelliers. II consiste en une barreen bois, taillee sous forme de tranchant arrondi, sur la moitiedesa longueur. L'une des extr^mites de la brie ou de la'barre est en- gag^e dans un crochet fortement fixe au mur, I'autre est garnie d'un manche a I'aide duquel I'ouvrier manoeuvre I'instrument; la portion tranchante porte sur une table en quart de cercle, la pate est ame- nee un grand nombre de fois sur cette table pour y etre battue, frappee, ^crasee, brisde en un mot, par Taction des mouvements rapides que Touvrier imprime a I'instrument ou en agissant tour a tour avec la cuisse et la main droite. M. Magnin, et c'est un des perfectionnements de sa fabrication, a remplace le travail barbare de la brie par celui de laminoirs tres-heureusement combines, qui donnent une pate incomparablement mieux pdtrie et plus homo- gfene.Pourmouier lapateainsi prepar^een vermicelle, on Tinlroduit dans le cylindre, chaufT^ par de Teau ou de la vapeur en circula- tion, d'une presse dont le fond rapporte est perce de trous circu- 180 COSMOS. laires d'un diametre egal a la grosseur qu'on veut donner au 'brin; on exerce sur la pate, a I'aide d'une vis ou d'une pompe hydraulique, une pression energique qui la force a se mouler dans 'les trous du fondet a sortir en fils cylindriques ; I'ouvrier coupe les fils de pate lorsqu'ils out lalongueurvoulue, lesplie, on lescontourne en anneaux ou en noDuds de rubans, et les fait secher dans une etuve acourant d'air. Pour le macaroni, on renn place le prennier fond par lin autre perce de trous d'un plus grand diametre, evas^sen dedans, ayant a leur centre un petit mandrin ou cylindre qui force la pate a se mouler en tubes creux; on coupe ces tubes a la longueur voulue par le commerce et on les pend pour les faire secher sur des batons arrondis. Les lazagnes sont cette meme.pate comprimee dans des moules qui la font sortir sous forme de rubans plus larges pour les flottes de lazagnes, moins larges pour les lazagnettes, minces, festonncs ou ondules sur les bords, etc. En modifiant la forme des trous du fond de la presse, etl'armant au dehors d'un couteau circu- laire qui coupe la pate quand elle a I'epaisseur voulue, on la moule mecaniquement en etoiles, en grains de melon , en grains de lentille, en croix de Malte , en yeux de perdrix , etc. ; et Ton produit ces mille pates de fantaisie destinees a charmer I'ceil des consommateurs. Pour fabriquer les pates composdes, on ajoute au petrissage di- verses substances analeptiques ou fortifiantes, des ceufs, de la creme, du beurre, du safran,etc. Les noudles ou nouilles,par exemple, sont une pate additionnee d'ceufs que Ton passe plusieurs fois sous le rouleau ou mieux a travers des filieres, pour I'amincir, que Ton roule sur elle-meme et qu'on coupe par filets. Plus agrea- bles au gout lorsqu'on les mange recentes, et plus nutritives, les pates composees ont I'inconvenient de contracter un gout de pous- siere et de s'affadir lorsqu'on les garde trop longtemps. Tel est le mode general de fabrication , mais on n'arrive a pro- duire des pates parfaites de quality et de forme qu'en s'entourant d'une foule de precautions, qu'en s'aidant d'une multitude de tours de main qui constituent le secret ou le g^nie du metier. II faut sa- Toir choisir entre les diverses eaux celle qui convient le mieux , et en employer tantot un peu plus, tantot un peu moins, suivant les circonstances , la forme que devra donner le moulage, le mode d' action des appareils , etc., etc. ; il faut surtout determiner, avec une precision rigoureuse, la temperature a laquelle la pate devra etre press^e : si vous chaufFez trop, le travail sera plus facile, mais les pates seront bruises ou decomposees en partie, elles perdront plus ou moins de leur gout franc et de leur arome, etc. COSMOS. 1M-, Mais il est quelques principes fondamentaux sur lesquels nous- devons surtout insister, parce qu'ils sont meconnus de plus en plus chaque jour, meme par les maitres de la science qui devaient ea etre les gardiens naturels. 1° II ne doit entrer dans- la fabrication des pates que des semoules de bl^s glacis, pauvres en amidon, riches- en gluten. Les pates faites avec des farines ordinaires, et surtout avec des farines melangees de fecule, ne sont pas, a proprement parler, des pates d'ltalie, et elles ne devraient pas etre vendues sous- ce nom : on ne devrait tol^rer leur circulation dans le commerce que sous leur vrai nom ^q pates defarine^ ou de pates de farine melee de fecule ; comme on ne doit laisser vendre sous le nom de pain que le pain fait avec de la pure farine de froment, sans farine de pommes de terre ou sans farine de leguniineuses ; sous le nom de cafe que le cafe sans chicoree ; sous le nom de vin ou de lait que le vin et le lait sans eau, etc., etc. La fraude est le ver ron- geur des industries ; elle les tue dans leur germe, tandis qu'elles prendraient des developpements considerables, au grand profit de I'Etat et des particuliers, si la bonne foi ne cessait pas de prcsider aux transactions industriellesetcommerciales. Les interets des societds seront gravement compromis tant que le pouvoir n'exigera pas iui- perieusement que toutes les substances, alimentaires surtout, soient vendues sous leur veritable nom, et avec la marque du fabricant^ C'est une faute et une honte que de laisser vendre sous des noms usurpes et trompeurs, a des prix excessifs, une multitude de prepa- rations del'origine la plus commune, qui ne sont que des imitations ou mieux des sophistications de produits exotiques ou indigenes. 2" Un autre nioyen infaillible de decourager les fabricants cons- ciencieux et de ruiner les plus belles industries, c'est, de la part des savants et des juges des concours, de s'engouer tout a coup d-'in- novations irrationnelles, de les prendre avec eclat sous leur protec- tion, de leur decerner d'emblee les recompenses les plus elevees. Tant que les reglements si sages de la police qui defendent de se servir, pour la preparation de I'amidon , de bles autres que des- bles avaries, impropres a la panification , ont ete envigueur, on ne pouvait nullementpenser a utiliser la partie la plus azotee des bles-, a laquelle on a donn^ le nom de gluten ; on s'efforQait, au con- traire, de la decomposer et de I'alterer pour s'en debarrasser aveo les r^sidus liquides de la fabrication. Quand, plus tard, I'adminis- tration a ferme les yeux sur les achats des amidonniers,. et que ceux-ci ont pu operer sur des bles de bonne qualite, iis ont cherche natupfellement a extraire I'amidon sansalterer entierement le gluten. 182 COSMOS. " de telle sorte qu'il put recevoir des applications nouvelles. C'est alors que Ton a vu apparaitre dans le commerce, sous le nom de gluten granule, une nouvelle pate a potage. Elle n'avait rien pour elle, ni la puret^ intrinseque, puisqu'au lieu d'etre un produit na- turel, c'etait un melange inconsid^re d'un tiers de gluten lav6, plus ou moins altere, emiett^ a la main avec deux tiers de farine ; ni la beaute ou la variete de la forme , puisqu'elle n'apparaissait que comme un gros son, irregulier, d'une teinte grisatre et terne; ni bien certainement un gout plus d^licat, puisque, au jugement des bommes non pr^venus, elle est fade pour ne rien dire de plus ; et cependant voici que tout a coup, dans un Rapport a 1' Acadcmie de medecine, dans le Traile dechimie industrielle de M. Payen, dans le Rapport du Jury de 1849, et par toutes les bouches officielles de la renommee ^ on la proclame evidemment supeiieure aux di~ verses pates usuelles^ meme a celles d' Italic ^ plus nourrissante y plus digestive^ plus agreable, etc., etc.; c'est, en un mot, V ali- ment assimilable par excellence, reunissant a la fois les qualites de la viande et du pain ; on fait des voeux ardents pour qu'elle soil generalement employee dans les hopitaux^ les armees^ les bdti- ments de laflotte, etc.; celui qui I'expose pour la premiere fois n'est pas I'inventeur du proc^de , et cependant on sent que le Jury de 1849 est comme force de se faire violence pour nepas lui accorder d'emblee une mt^daille d'or, pour s'arreter a la medaille d'argent, qui place I'industrie naissante et mal inspiree du gluten granule au meme rang que la vieille, noble et glorieuse Industrie des pates d'ltalie, si gracieuses, si belles, si bonnes, etc., etc. Nous avons eu le premier, dans la Presse du 7 septembre 1849, le courage de protester contre ce fatal engouement; nous trouvions Strange qu'il eiit suffi d'exp^riences dans lesquelles on avait con- somme quelques kilogrammes a peine de matiere pour proclamer la superiority digestive et nutritive d'un melange artificiel sur un produit naturel incontestablement meilleur. Aujourd'hui , nous ne sommes plus seul ; notre protestation a trouve de nombreux ^chos. Au lieu d'entrer de plus en plus dans les habitudes des consommateurs, commeie Jury central de 1849 croyait pouvoir le pr^dire avec certitude, le gluten granule compte chaque jour moins de partisans, et il ne restera bientot de tout ce fracas intempestif que le regret d' avoir encourage un progres apparent , illusoire , dangereux, aux d^pens d'une des plus excellentes traditions du jasse. Gardons-nous bien de decomposer, de d^naturer, de sophisti- COSMOS. 18S quer lebl^, cette perle de la creation, cetle base essentielle de I'ali- mentation des hommes; ce serait un attentat centre la nature a la fois et centre la Providence. Le ble se presente a nous sous deux formes difF^rentes , sous la forme de ble tendre ou blanc , sous la forme debl^ dur ou glace; employons le ble tendre a la fabrication du pain , ou du biscuit , le bl6 dur a la fabrication des pates, en conservant a I'un et a I'autre tous leurs Elements constitutifs, glu- ten, amidon, matieres sucr^es ou albuminoides, amenons-les seule- ment pour les besoins d'une nutrition plus facile et plus agreable a r^tat de combinaison plus homogfene et plus intime. Le pain et le biscuit ont leurs avantages , les pates ont aussi les leurs; elles sont une sorte de viande vegetale que Ton peut consommer sous mille formes differentes, et qui peut se conserver indefinimentsi elle a ^t^ parfaitement fabriqude avec des semoules pures de ble glace : les produits que M. Magnin exposait a Londres en 1851 sont aujour- d'hui encore dans un etat de conservation parfaite , et n'ont rien perdu de leurs qualites premieres. On n'a pas songe assez serieusement jusqu'ici aux immenses ser- vices que les bonnes pates peuvent rendre comme reserves ou con- serves de bles, preparees dans les annees d'abondance et consom- mees dans les annees de disette. Jetons en terminant un coup d'oeil rapide sur la brillante exposi- tion de M. Magnin. II est definitivement le grand maitre de ce genre de fabrication ; ses pates sont incontestablement les plus belles du Palais de Tlndustrie etdu monde. La nuance blonde de ses semoules, de ses vermicelles, de ses macaronis, de ses lazagnes, rappelle celle du ble, dont ils ne sont qu'une transformation habile, sans addition et sans soustraction aucune. L'homogeneite de la pate se manifeste par une teinte completement uniforme; sa solidite par des plis arrondis sans ^crasement, sa richesse en gluten par une demi-transparence tres-remarquable, sa dessiccation parfaite par la rectitude admirable des longs tubes ; la perfection du travail par I'd- galit^ absolue du diametre, I'absence de stries, de sillons, de grip- pements, d'eraillures. Elles ne troublent en aucune maniere la lim- pidity de I'eau et du bouillon dans lesquels on les fait cuire, parce qn' elles ne se dissolvent pas, ne se fondent pas, et changent de vo- lume sans changer de forme. Elles sont enfin agreables , savou- reuses, douces au palais comme le pain parfait, comme I'eau des sources vives, sans aucun gout etranger ou adventice, de ferments, d'aigri, de brule, etc., etc. La Commission d^partementale qui a visit*? I'usine et les maga- i8a COSMOS sins de M. Magnin declare que les produits destines a la vente de chaque jour sont parfaitement seniblables aux echantillons exposes, die' telle sorte que la collection tant admir^e de 1' Annexe est I'ex- pression fidele d'une fabrication courante, ne laissant absolument rien a desirer. Nous recommandons d'une maniere toute speciale les nouvelles pates analeptiques et azotees a grains arrondis , que M. Magnin designe sous le nom de potage universel ; elles sont vraiment deli- cieuses de tout point. En outre de ses pates, 1' honorable' ftibricant expose des semoules torrefiees, dont on ferait d'excellents mets arabes et qui peuvent se conserver indefiniment, de belles farines de li^gumes non pas crus, elles ne se conserveraient pas, mais cuits, de petits pois, de lentilles, de feves, de chataignes, de riz, de gluten, etc., etc.; ce sont ces memes farines , mais beaucoup plus mal fabriquees , qu'on vend a Paris cinq ou six fois plus cher, sous des noins usurp^s et ambitieux destines a cacher leur modeste origine, M. Magnin, enfin, avait prepare pour sa patrie d'adoption, pour sa chere Auvergne, un glorieux triomphe. Createur et representant d'une de nos industries departementales les plus iinportantes, il avait espere qu'on lui accorderait dans le Palais de I'lndustrie ou dans la galerie centrale de I'Annexe I'emplacement necessaire a I'installation d'un veritable trophee agricole. 11 voulait montrer sa riche vitrine ombragee de vingt magnifiquesgerbes aux epis si longs, si gros, si barbus, aux nombreuses rangees de grains condenses, rouges, glaces, cornes, lourds, pesant jusqu'a 89 kilogrammes par hectolitre, conlenant moins de 45 pour cent d'amidon et une pro- portion boaucoup plus considerable de gluten, de matiere sucree, gommeuse ou albuminoide ; il voulait qu'en contemplant d'une part cette vegetation luxuriante, ces bles incomparables, de I'autre ces transformations indetinies, ])roduit d'un art port^ par lui a son apo- gee ; ces pates si savamment etirees, si elegamment contourn^es, si artistiquement decoupees, qu'on acclaniat le sol de la Limagne, f^cond et riche entre tous les sols, les semouleurs et les vermicellierS' du Puy -de-Dome habiles entre les plus habiles. Ce n'est pas tout; pour mieux mettre en evidence encore les qualites vraiment merveilleuses du sol de la Limagne, M. Magnin s'est procure les plus beaux bles glaces de I'Europe, de I'Afrique et de I'Asie; il les a semes et recoltes, et pla9ant dans des series de flacons accouples , d'un cote la semence , de I'autre cot^ la recolte, il a- montre coiument, sous la mysterieuse influence des gaz et des COSMOS. 1*95 eaux des volcans de I'Auvergne, chacun de ces bles de Naples, de Palerme , de Tangarock, d'Oran, de Marianopolis , etc., etc., se modifiait, se transformait, devenait toujours ineilleur an point de vue du moins de la fabrication des pates ; c'est peut-etre la plus grandiose etiki plus instructive des experiences tentees en vue de I'Exposition universelle ; nous serions desole quelle ne fixat pas I'attention des homines competents et des amateurs. Releguee dans la galerie superieure ou n'apparaissent que de tres- rares visiteurs, son exposition n'oura pas I'eclat qu'il attendait, mais elle n'en sera pas moins une ^loquente demonstration de ce fait grandement consolant : que, grace aux progres accomplis, aux r^sultats deja obtenus, la France, ou peuvent aboutir si facilement les bles durs de tous les pays, de la Russie m^ridionale, de 1' Afrique, del'Espagne, des Deux-Siciles, etc., etc., mais a laquelle suffisent, en attendant, ses bles glaccs de I'Algerie et de I'Auvergne, de- viendra, si le gouvernement le veut, le centre unique de la vaste Industrie des pates. Oui, cette branche d'industrie et de commerce qu'on doit encourager par les moyens les plus efficaces, puisqu'elle est eminemment bienfaisante et conservatrice, peut prendre d'im- menses developpements, mettre en circulation des capitaux enormes, non plus fatalement exportes, mais heureusement iinportes, deux cent millions peut-etre , chaque annee , et devenir une des plus precieuses sources de la richesse nationale. Quelle recompense le Jury accordera-t-il a IM. Magnin 1 Nous rignorons , mais ce serait une grande faute que de ne pas se mon- trer a son egard aussi genereux qu'on peut I'etre. II est inventeur dans toute la force du mot; il a decouvert les proprietes inconnues des bles durs d'Auvergne ; il a donne a ces bles dedaignes une va- leur considerable qu'il etait impossible d'esperer, et qui constitue, pour un seul departement, un benefice net de plusieurs millions ; il a dote une de nos grandes provinces d'une industrie nouvelle et riche s'il en fut jamais ; il a vaincu I'ltalie ; il a remplace I'impor- tation par I'exportation , dans la fabrication et le commerce d'une denree alimentaire; la perfection des produits de ses usines est in- comparable, elle depasse tout ce qui a ete fait en ce genre ; et en meme temps qu'il fabrique plus beau et meilleur, il abaisse les prix au point de pouvoir offnr a 1' Administration, pour ses hopitaux, ses armies, ses flottes, et a la vente en gros, des macaronis de premiere gualite , au prix de cinquante centimes le kilogramme au lieu d'un franc ; enfin, comme le disait si bien M. Dumay, au nom de la Societe centrale d'agriculture du Puy-de-D6me, il n'est arrive qu'a 186 COSMOS. force d'^tudes, de recherches, d'essais, de voyages, de sacrifices, de persecutions, d'intelligence, a ce terme ^mineinment glorieux. Qu'on relise le d^cret imperial, les commentaires du Prince-Pre- sident, et qu'on juge si ce n'est pas le cas ou jamais de d(5cerner une medaille d'honneur ! F. Moigno. UN MONOPOLE GLORIEUSEMENT CONQUIS. VRODUITS CBIMIQDES EXTRAITS DES TISSUS ANIUAUX ET DES OS, DB MU. COIGKET FERB ET FILS, DE LTON. "V* Classe, 1" lection, n** 2336; Annexe, galerie supeiieure de gauche, eol. 59. Les produits extraits des matieres animales constituent aujour- d'hui une branche d'industrie tres-importante. Nulle part, nous le croyons , cette industrie n'a re9u un aussi grand developpement que dans les ^tablissements de la maison CoiGNET PERE ET FILS ET CiE, de Lyon, qui d^ja, en 1849, a obtenu une medaille d' argent, quoique exposant pour la premiere fois. Ces industriels ont a Lyon deux vastes usines en pleine activite; ils en construisent unetroisieme a Saint-Denis. lis operent chaque annee sur 3 000 000 de kilogrammes d'os, 500 000 kilogr. de rognures de peaux , 1 000 000 de kilogr. d'acide sulfurique , 300 000 kilogr. de potasse, 1 200 000 kilogr. de matieres ani- males diverses ; ils consomment 5 000 000 de kilogr, de houille, et occupent 300 ouvriers; le chiffre de leurs affaires est de plus de 1 500 000 fr. ; la quantity de marchandises transport^es sous leur nom de Paris a Lyon est de plus de 3 000 tonnes par an. Ces chif- fres qui effraient I'imagination sont d'autant plus int^ressants qua I'epoque oil la maison Coignet pfere et fils a d^buttS dans la car- riere, lesos et lestissusanimaux etaient des matieres abandonnees et presque sans valeur. Quelle folie d'aller chercher si loin Tor de la Californie quand le g^nie industriel peut le faire jaillir par- tout du sol de la patrie ! Nous allons passer rapidement en revue les beaux produits des usines de MM. Coignet. !• Gelatine. EWeiniinvent^e, en 1818, par unchimistelyonnais eminemment habile, M. Alp. Dupasquier, parent de MM. Coignet, qui n'a conquis, h^las! qu'en mourant la cel^brite qu'il meritaita tant de titres; la maison, aujourd'hui ^tablie sous la raison sociale de Coignet pere et fils et Cie, commen9a des 1818 a la fabriquer. Cette fabrication n'a pas cesse depuis de se perfectionner et de s'^- COSMOS. 187 tendre, MM. Coignetont vaincu tour a tour toutes les difficult^s in- nombrables quelle presente. lis fabriquent en tout temps, en toute saison, en depit de la chaleur, du froid, de I'humidit^, de la seche- resse ; d'une meme qualite de matiere premiere donnee, ils extraient :Constamment la meme qualite de produits ; et leurs gelatines, qu'elles sortent des os ou des rognures de peaux, sent toujours parfaitement semblables a elles-memes, transparentes. incolores, inodores, nerveuses, au maximum de la beaute et de la bonne qualite. 2" Colles fortes. MM. Gpignet, pour cet article d'un usage plus r^pandu encore, croient etre arrives les premiers, et etre arrives leuls a fabriquer toute I'annee, sans interruption aucune, des pro- duits absolument reguliers et identiques avec eux-memes, formant un type unique pour chaque qualite. Au lieu d'etre brunes, trou- bles, infectes, leurs colles sont blondes, translucides, brillantes, compl(5tement inodores, nerveuses ou resistantes, presque insen- sibles a la chaleur et a I'humidit^, insolubles dans I'eau froide. Le Jury de 1849 felicitait MM. Coignet d' avoir, les premiers, moralise le commerce des colles en apposant leur estampille sur chaque plaque; ils ont ouvert ainsi une excellente voie dans la- quelle les autres fabricants ont ^te forces de marcher a leur tour. 3" Prussiale de potasse. Quand MM. Coignet ont entrepris cette preparation, le prussiate de potasse ou cyano-ferrure de potassium, dont la teinture en bleu dite bleu de France , et teinture en noir, pour les soieries, I'impression des 6tofFes et la fabrication du bleu de Prusse consomment des quantites enormes, coutait plus de 5 fr. le kilogramme ; ils ont abaiss^ ce prix a 2 fr. 80 c. ; ils ont done fait jouir la consonimation generale d'une economie annuelle de plus de 1 000 000 de francs. MM. Coignet ont exports , en 1854 , 50 000 kilogrammes de ce sel double extrait des matieres animales; de meme que pour les colles ils estampillent tous leurs flacons de prussiate, et leur marque est au premier rang. 4° Phosphors ordinaire ou phosphor e b/anc. En 1838, le phos- phore blanc valait 24 francs Ic kilogramme ; en 1839 . il ne se vendait plus que 12 francs; depuis 1840, il ne vaut plus que 8 fr. 50 c. Aussi, MM. Coignet ont a peu pres aujourd'hui le mo- nopole de la fabrication du phosphore en France, monopole legitime et bienfaisant puisqu'il n'a pour raison d'etre que le bon marchd ; cette production est devenue entre leurs mains un objet de grande industrie; ils soutiennent sans faiblir la concurrence acharnee de I'Angleterre, forte du bas prix de ses houilles. 188 COSMOS. 5° Phosphore amorphe. Identique, quant a la compasition chi- mique, avec le phosphore ordinaire qui lui a donne naissance-et qu'il peut reproduire a son tour, le phosphore amorphe, docouveit ,par M. Schroetter, de Vienna, par ses propriet^s physiques, est un corps nouveau, rouge, opaque, cassant, friable, fusible seulementa 280", au lieu de 40" ; ne s'enflanimunt qu'a 150" j insoluble dans les corps gras, les alcalis et le sue gastrique ; sans emanations a la temperature ordinaire ; sans odeur fetide, sans danger de necrose pour les ouvriers qui le pr(5parpnt et qui I'eniploient ; sans effets d^leteres en raison de son insolubilite , alors meme qu'il serait administrt^a la dose de 20 ou 30 grammes, tandis que, a la dose de quelques centigrammes, le phosphore ordinaire est un poison violent. Le brevet de M. Schroetter est deveiiu la propriete de M. Albrigth, manufacturier a Birmingham, qui en a cede I'exploi- tation pour la France a MM. Coignet. Au moyen d'un nouveau fourneau s'alimentant de lui-meme et se maintenant pendant toute I'operation a une temperature deter- min^e, ces messieurs ont tellement perfectionne la preparation d'a- bord irreguliere et incertaine de ce produit , qu'ils transforment facilement a la fois plusieurs centaines de kilogrammes de phos- phore ordinaire en phosphore amorphe, de maniere a suffire a tous les besoins de la consonmiation nationale et etrangere. Un chimiste fran9ais, M. Camaille, encourage par MM. Coignet, avait completement reussi, a force d'intelligence, de perseverance, de dangers courus, a substituer avec des avantages ^normes et une •innocuile absolue le phosphore rouge ou phosphore blanc dans la fabrication des ailumettes chimiques. II operait a froid; il avait remplace le soufre par un corps nouveau, brulant sans odeur hi (fumee ; les nouvelles ailumettes donnaient sans explosion un feu sur et vif; elles ne pouvaient plus donner lieu a des empoisonnements n^s de I'imprudence ou medites par le crime. Un chimiste allemand a apporte au Palais de I'lndustrie une solution incomparablement meilleure de ce grand problfeme ; il fractionne en quelque sorte I'allu- mette, il ne donne au bois que la pate au chlorate de potasse, inca- pable de s'enflammer seule; il depose sur le fond de la boite le phosphore amorphe, qui n'est plus un poison et qui ne s'enflam- mera qu'au contact ; le danger est alors entierement ou presque entiferement conjure. 6° Noir animal. C'est encore un produit de grande Industrie, €t MM. Coignet, pour leur part, en 1849, en livraient 300000 kilo- COSMOS. 18ft J grammes au commerce, ils en livrent actuellement chaque ann^e plus de 1 000 000 de kilogrammes. T Os incineres. Depuis longtemps, MM. Coignet preparent pour la fabrication de la porcelaine dite anglaise et des cristaux opaques, ainsi que pour les besoins de la pharmacie, des os incine- ris a I'air, entierement depouilles de carbone, amends a I'etat de phosphate de chaux caibonate parfaitement pur et d'une blancheur ^blouissante. En rdsumd, quelle que soit celle des branches de I'immense in- dustrie de MM. Coignet que nous considerions, fabrication des gela- tines et des colles fortes, preparation du pho.sphore ordinaire ou amorphe, production du noir animal et des os incineres, nous cons- tatons une marche incessante vers le progres et la perfection; un ^coulement de plus en plus rapide et abondant, qui, aujourd'hui, s'exprime par des chiffres vraiment incroyables ; une lutte glorieu- sement soutenue centre les concurrences les plus forniidables. Mais ils ont remportd une victoire plus prdcieuse peut-etre encore, car elle interesse I'hygiene publique. En effet la fabrication des colles fortes, du noir animal , du prussiate de potasse , est rangee par les reglements de grande voirie dans la categoric des fabrications insalubres et incommodes ; or, MM. Coignet, seuls encore, nous le croyons , ont tellement perfectionne leurs precedes de fabrication que leurs usines ne repandent au dehors aucune emanation nausda- bonde ou deldtere. De nombreux proprietaires de la localite qu'ils habitent certifient qu'ils ont vu ces usines grandir incessamment, sans s'en effrayeret s'y opposer, parce que, meine pendant les cha- leurs del'ete, leurvoisinage n'a plus rien d'lnsalubre, ni meme d'in- commode. Apres cette etude consciencieuse, on trouvera tout nature! que nousjugions MM. Coignet dignes d'une des plus hautes recom- penses du Jury. UNE REVOLUTION DANS l'aRT DE BATIR. BETONS MOULES ET COMPRIMES DE M. FHANgOIS COIGNET. Nous n'avons pas enumere tous les titres de gloire de MM. Coi- gnet, il nous reste a parler de I'objet le plus important peut-etre de leur exposition. Nous disions tout a I'heure qu'ils faisaient cons- truire a Saint-Denis, pres Paris, une troisieme et vaste usine. Dans les circonstances actuelles, quand les maleriaux de construction et la main-d'ceuvre coiitent si cher, la creation de cette usine les eut 190 COSMOS. entrain^s dans drs depenses excessives , si ces habiles industriels , profitant de Texpcrience qu'ils ont acquise a Lyon, ou Ton cons- truit beaucoup de maisons en terre nioulee et comprim^e , dite pis^ , ou en b^ton provenant d'un melange de cendres de houille et de chaux grasse, n'avaient pas eii I'heureuse id^e d'inaugurer ce mode de construction a Paris. Depuis dix-huit mois, ils font enlever les cendres de bouille de toutes les manufactures qui se trouvent dans leur voisinage ; et leur usme de Saint-Denis, presque terminee aujourd'hui , est tout entiere construite en beton de cendres de houille et de chaux grasse. Maison d'habitation, ateliers, dont quelques-uns s'elevent a pres de 20 metres, murs de terrasse , egout souterrain , caves, voutes, arceaux de grande portee, embrasures des portes et fe- netres, tout, jusqu'au dallage, est en beton moule et comprime. Or, comme I'usine et ses dependances se composent peut-etre de 15 000 metres superficiels de ma9onnerie, Aleves sans qu'on ait employe une seule pierre, une seule brique, un seul morceau de fer, il en resulte que par ces murs de beton, qui ne reviennent qua 3 ou 4 francs le metre superficiel, tandis que les plus mauvais murs en moellons cimentes au platre, ne coiltent pas moins de 8 a 9 francs, ils ont realise une ^conomie de 100 000 francs et plus, en meme temps qu'ils obtenaient une solidity bien sup^rieure. En important ce mode de construction qu'ils ont considerable- ment perfectionne, a Paris, ou il existe tant de cendres encom- brantes, en donnant I'exemple aux industriels, leurs confreres, en procedant a leurs risques et perils avec la hardiesse qu'ils ont de- ploy ee , car ils sont les premiers, meme a Lyon, qui aient os6 construire de vastes batiments, jeter des voutes sans employer d'au- tres mat^riaux que le bdton, MM. Coignet ont rendu un tr^s- grand service d'interet general (surtout, ainsi que nous allons le voir, par la voie qu'ils ont ouverte); etce service, suivant nous> suffirait seul pour leur donner droit a une haute r(§compense. Mais cette gloire commune a MM. Coignet pere et fils doit rejaillir principalement sur M. Franqois Coignet, Tun de ses membresqui a dirige les travaux de construction de I'usine de Saint-Denis. L'emploi du beton de cendres de houille lui a sugger^ I'idee d'em- ployer de la meme maniere toute autre espece de betons. II avait compris tout d'abord, qu'alors que les cendres de houille ne sont produites qu'en quantit^s tres-limit^es, leur emploi ne pouvait deve- nir d'interet g^n^ral ; intimement convaincu des avantages infiiiis qui r^sulteraientde l'emploi des batons moulds ou comprimes dans la cons- COSMOS. 191 traction des murs en Elevation, il a fait des essais en grand sur de nombreux melanges de betons, et, fort heureusement, le succes est tel, qu'il peut se flatter, a juste titre, d'avoir contribue a preparer una revolution dans I'art de batir. Le probleme qui se presentait a lui ^tait tres-complexe ; il s'a- gissait, avant tout, d'obtenir des betons composes de materiaux trfes^repandus, existant en tous lieux en quantites in^puisables. De plus, afin de rendre general I'emploi du beton, pour pouvoir I'appliquer a tous les genres de construction, aussi bien aux logements les plus pauvres qu'aux habitations les plus riches, il fallait trouver : 1° Un beton d'un bon march^ extreme et conservant neanmoins une sojiditesuffisante. 2° Un autre beton qui, quoique toujours peu coiiteux , fiit d'une complete solidite. Les essais de M. Coignet ont compl^tement r^ussi dan les deux sens. Beton economique. — Par un melange de sable, degravier, de cail- loutis avec de la terre grasse ordinaire, plus ou moins argileuse, et une certaine proportion de chaux grasse ou hydraulique (un dixieme suffit), il a pu obtenir un beton suffisamment solide, et revenant a tres-bas prix ; les murs construits avec ce b^ton rudimentaire ne couteraient pas , a Paris plus de 8 fr. le metre cube tout compris; hors Paris , a la campagne , ils se ne reviendraient pas a plus de 3 fr. 50 c. le metre cube. ^vantages. Ce beton est assez solide et resistant pour permettre d'dever des murs de 15 a 20 metres ; il est assez dur pour qu'on puisse mouler les portes et fenetres, jeter des arceaux et des voutea de port^es modereessans addition de brique ou de pierres; il ira sans doute durcissant de plus en plus, ce qui permettra plus de har- diesse encore ; sa solidite est au moins comparable a celle des murs en moellons ordinaires ; il resiste parfaitement a la pluie et aux intem- p^ries; il peut former des logements sains, solides, elegants, coii- tant le quart de ce qu'ils coutent aujourd'hui, des batiments de fermes, d'ateliers ou de manufactures, des murs de cloture, etc. II ferait d'excellents murs d'enceinte ou de fortifications , coiitant de 5 a 6 fr. le metre cube au lieu de 36 ; six fois plus epais a depense ^gale ; centre lesquels les boulets et les bombes viendraient s'a- mortir sans les faire voler en eclats. Le beton economique, en un mot , tient du pise ordinaire le bon marche , I'application facile, la salubrite; de la ma9onnerie, I'insensibilite aux intemperies et la solidite. -^92 COSMOS. Beton dur. — Malgre ces avantages , le bdton dont il vient d'etre question, n'est point assez dur pour etre employ^ aux bati- ments des villes, il fallait en trouver un autre qui put au besoin rein- placer la pierre de taille ou au moins la brique et la pierre meuliere. C'est ce que M. Coignet a obtenu en introduisant dans un beton ordinaire a base de chaux grasse ou de chaux grasse hydraulique une certaine proportion de terre ordinaire cuite et de cendres de houille r^duites en poudre fine. Au moyen de cette addition on obtient un b^ton durcissant avec une extreme energie, devenant en peu de temps aussi dur que la pierre, et dont le prix de revient est des plus modiques. En eflfet, les murs faits avec ce beton dur ne reviendraient pas a plus de 11 a 12 fr. le metre cube. Hors Paris, le prix de revient, selon les lo- calit(5s, pourrait descendre a moins de 7 fr. le metre cube ou de 3 fr. le metre superficiel. On r^aliserait done par son emploi une ^conomie de 60 pour 100 sur la ma9onnerie de pierre meuliere, qui coute 30 ou 35 fr. le metre cube ; de 75 pour 100 sur la ma9onnerie en brique , qui coute de 45 a 50 fr.; de 80 a 90 pour 100 sur la ma9onnerie en pierre de taille , qui coute 80 fr. et plus. Ji>antages. Le b^ton dur remplace parfaitement tous les mat^- riaux que nous venons d'enumerer; il peut etre employe a jeter des voiites, a etablir des ponts, a faire des revetements, etc., etc. ; 51 se prete a toutes les exigences de I'art ; avec un peu plus de ciment et de terre cuite, il se laisserait mouler en ornements de toute na- ;ture, entablements, corniches, colonnes, chapiteaux , etc.; on pourra lui donner diverses nuances, etc., etc. Le mode d'emploi ou de travail pour les deux betons, dconomi- que ou dur, est le meme. Au moyen d'une machine ii broyer on me- lange parfaitement les materiaux en les humectant , de maniere a oljtenir une pate tres-consistante ; la pate ferme est portee sur le mur ; elle est versee par fractions dans un moule compose d:e parois mobiles maintenues par des crampons, et dont le vide a la forme du mur qu'il s'agit d'obtenir; chaque portion versee est violemment tassee et coinprimee par le choc repete d'un corps dur, d'une masse en bois ou en fer; de nouvelie pate , inces- sam'meiit tassee et comprim^e par le choc, est apportee jusqu'a ce que le moule soit plein , on le demonte alors, et on le trans- porte plus loin. La partie qu'on vient de mouler prend avec une grande Energie, et durcit en quelques heures, de sorte que, le lenden^ain, elle est prete a recevoir une nouvelie portion de mur. La C0S1V10S. 19^- construction s'^leve ainsi comme par enchantement ; et c'est un ve- ritable monolithe qui ne perdra jamais son aplomb, qui nese lezar- dera pas, qui resistera mieux aux trembkment& de terre et aux ouragans , qui redoute beaucoup moins le feu que les murs en pierre. Gette innovation peut acquerir una importance immense jusqu'a devenir une question soeiale. En effet, dans un temps oil la hausse- exageree du prix des loyers vient aggraver la. misere. des classes- lab• — M. Payen fait hommage a 1' Academic de la troisieme edition de son Precis de chimie industrielle. Cette edition contient les principales ameliorations introduites dans les industries deja decrites par lui, et la dej^cription de plusieurs industries manufacturieres et agricoles nouvelles. — M. Parlatore, savant botanists florentin et membre du Jury international , lit une note sur \ Aphjllantes M(tnspeliensis et la nouvt'lle famille des Aphyllantacees. U Jphyllantes Monspeliensis est une plante qui a I'cisiiect d'un petit jonc, et mieux encore celui de I'oeillet prolifere. Elie croit abondammentdans les lieux pierreux et steriles du bassin de la Mediterranee. Les botanistes sont loin d'etre d'accord sur la famille dans laquelle on doit la ranger. On en a fait tour a tour une joncee, une asplunlelee, une liliacee, une caryophillee. I\I. Parlatore croit d'abord ()ue les discordances tiennent a ce que fort peu de botanistes ont eludie sur le vivant la plaiite qu'il s'agit de classer; il ^iiumere ensuite les caracteres les 2(j6v COSMOS. plus remarquables Je raphyllantes, et conclut a ce qu'elle devieime letypetl'unoTiouvellefamillenaturellementappeleeclesaphyllanta- ci^es. Cette fairiille se rapproche des jonct5es par les caracteres des organes de la vegetation ; des liliac^es, paries caracteres des organes de la reproduction; elle conslitue una sorte de passage de I'une k I'aulre de ces families ; elle differe essentiellement de I'une et de I'autre par la presence d'un involucre qui persiste apres la floraison, etpar la prefloraison imbriqu(5e des folioles du pdrigone. ^l Brown-Sequard lit I'expos^ de ses recherches sur la voie de transmission des impressions sensitives dans la moelle ^piniere. Des opinions diverses emises sur la question de savoir par quelle partie de la moelle epiniere les impressions sont transmises au sen- sorium, trois seulement.'suivant M. Brown-Sequard, peuvent etre conside'r^es comme probables et dignes d'etre discutees. EUes veulent que les transmissions se fassent, la premiere par les cordons posterieurs, la seconde par les cordons lat^raux, la troisieme par la substance grise. M. Brown-Sequard croit avoir prouve d'une maniere positive qu'aucune des parties blanches de la moelle ne po?sede lafonction de transmettre les impressions sensitives jusqu'a I'encephale. II arrive ainsi , par exclusion, a reconnaitre que c'est la substance grise qui possede cette fonction. L' experience directe semble conduire au meme resultat; car, si dans la region dorsale on coupe transversalement toute la substance grise, on trouve que la sensibility est perdue dans les membres posterieurs, quelle que soit la partie de la substance blanche qu'on laisse intacte. Ce resultat au premier abord parait d'autant plus extraordinaire que la substance grise de la moelle semble douee d'une insensibilite complete; ce' serait done une substance insensible qui serait chargee de trans- mettre les impressions sensitives ; mais au fond il n'y a la rien que' de ties-naturel. L'auteur formule ainsi les conclusions qu'il croit' pouvoir tirer des faits et des raisonnements contenus dans son m^- moire : T pour arriver au centre percepteur, les impressions re9ues par le tronc et par les membres ne passent pas tout le long des cordons posterieurs a partir de leur point d'arrivee a la moelle epi- niere jusqu'a I'encephale , comme on I'admet g(?neralement en France; 2" si pour elre per^ues les impressions sensitives rP9ues par le tnmc et les membres doivent arriver jusqu'a I'encephale, c'est par la sub>tance grise de la moelle epiniere que la transmission s'opere en dernii^r lieu. M. Louis Figuier lit un troisieme memoire a propos de la fonction glucogenique du foie. Ce memoire, dont un extrait seule- COSMOS. i^'J ment a trouve place dans les comptes rendus de I'Academie, est publie integraleuient dans le dernier numero de la Gazette niedica/e, 1" septembre. Dans rimpossibiliteou nous soinmes de le reproduire '«ujotiTd'hui integralement, nous aliens I'analyser avec le plus grand soin. La theorie physiologique, qui accorde au foie la fonction de se- ci^ter du sucre, 'n'a pour elle, dit-il, qu'une seule demonstratwn positive, I'absence du sucre dans le sang de la vein^e porte fhez un animal en digestion de viimde : c'est, di^ait M. Bernard et avec lui la commission acaderaique, une experience constante et absolue; jamais il n'y a de sucre dans le sang de la veine-porte d'un animaj carnivore en digestion de vi-ande, ni urn-; heure, ni deux heures, 7\i trois heures aprfes le repas. Or, M. Figuier nie positivement cette absence absolue de sucre dans le sang de la veine porte, et enleve par consequent a la theorie de la fonction glucogenique son seul ar-gument. II avait deja demontre par de nombreuses experiences que le rdactil'de Fromherz met en evidence la presence d'un prin- «ipe sucre dans le sang extrait de la veine porte de chiens soumis aurt^gime exclusif de la viande pendant la digestion. La commission, composee de MM. Rayer, Pelouze, Dumas, avouait de son c6t<^ qu'il existe dans le sang de la veine porte d'un animal qui a pris un rcpas de viande, un principe qui r^duit la liqueur de Fromherz, le tartrate de cuivre dissous dans la potasse ; mais elle ajoutait que cette reduction n'entrainait pas necessairement la presence dun 'principe sucre; que la fermentation seule avec degagement d'acide carbonique ©u production d'alcool pouvait permettre de conclure a 1'existence du sucre. II faut recoiinaitre que dans cette premiere cam pagne M. ff^iguier etait reste inailre d'une petite portion du terrain; il avait fait accep- ter la reduction de la liqueur de Fromherz qui avait ete niee jusque- !u. Danssa nouvelle oainpagne, il se flatte d'etre allcbeaucoup jilus loin; d'avoir plante son drapeauau milieu du camp rival. Convaincu que I'impossibilite de inetlre en evidence I'existense du sucre dans le sang de la veine porte par !a fermenlation, ne tenait qu'a la pre- sence d'une substance qui s'opposait a Taction du ferment, a la tranj-formati'.n du sucre en acide carbonique et en alcool, il a cherche naturellementa se debarrasserde cet element perturbateur. La justice nous fait un devoir de reproduire textuellement le recit de son experience, dont il ne craint pas de dire qu'elle met dans tout son jour le fait capital qu'il s'agissait de demontrer, en meme temps qu'elle repond a toutes ies objeclions, teller (^ue le reflux 258 COSMOS. du foie dans le sang, I'insuffisance du temps du regime ani- mal, etc., etc. Un chien de forte taille, nourri depuis huit jours de viande|de cheval, a pris un repas compose de cette viande cuite. Six heures et demie apres le repas , on a fait sur I'animal vivant la ligature delaveineporte; lesang, delibrint^, pesaitTOO grammes. 600 gram- mes de ce sang ont ete trait^s par deux fois et demie leur volume d'alcool a 36 degres. Separee du coagulum rouge du a Taction de I'alcool, et aciJult^e par uii peu d'acide acetique, cette liqueur a et^ evaporde a siccite au bain-marie. Le residu, bien sec, a ete repris par I'eau distillee et pass^ a travers un linge pour le separer du de- pot albumineux forme pendant I'evaporatioii. La liqueur ainsi ob- tenue a et^ divisee en deux parties egales. La premiere partie a ete mise, directement et sans traitement particulier, en contact avec de la levilre de biere : elle n'a donne aucun signe de fermentation. La seconJe a ete tenue en (Ebullition , pendant deux ou trois mi- nutes , avec cinq gouttes d'acide azotique ordinaire. La liqueur, qui etait trouble, et passait tres-difficilement a travers le filtre, a donn^ , par I'ebuUition, un depot de nature albumiiieuse ou ca- sdeuse, et s'est subitement eclaircie , en prenant une belle teinte iaune. Neutralisee ensuite tres-exactement parun peu de carbonate de soude en poudre, et mise en contact avec de la levGre de biere bien lavee, elle a donne, au bout d'un quart d'heure, des signcs de fermentation qui ont continue pendant plusieurs heures, en ayant la precaution de maintenir I'appareil pres d'un fourneau un peu chaud. Le gaz recueilli etait entierement absorbable par la potasse. Quant au liquide , on I'a place dans une petite cornue, et on en a recueilli, par la distillation, environ le cinquieme. Pendant cette distillation, il a ^le facile de reconnoitre, dans le recipient oil les vapeurs se condensaient, une odeur alcoolique bien caracterisee. Le produit de cette distillation ayant ete place dans une cornue plus petite, on a rectifie de maniere a ne recueillir que les septa huit premieres gouttes du produit. Dans cette rectification, I'odeur alcooli(]ije s'est encore manifestee. Enfin, ce dernier liquide, addi- tionne de quelques gouttes d'une dissolution, de bichromate de potasse et d'un peu d'acide sulfurique, porte ensuite a I'ebuUition, s'est colord en vert, et a conserve, apies I'ebullition une legere odeur d'aldehyde. Je me permets de recommander aux operateurs cette maniere simple et eminemment sensible de reconnaitre la presence de I'alcool , lorsque ce liquide existe en quantile trop petite pour pouvoir etre enflamme, la constatation de I'odeur carac- COSMOS. 259 Wristique de I'esprit-de-vin dansle recipient ou viennent se conden- ser les vapeurs, et la coloration en vert par la reduction du bichro- mate de potasse, est un moyen qui permet de reconnnaitre les plus faibles traces d'alcool, Cette experience est demonstrative ; le sang de la veine porte, qui n'avait point donne directennent de signes de fermentation, en donne des qu'on le soumet a Taction de quelques gouttes d'acide etendu ; sans doute parce que le principe sucre, qui se forme pen- dant la digestion de la viande, s'accompagne, dans la veine porte, de quelque substance etrangere qui met obstacle a la fermentation alcoolique. M. Figuier previent ensuite et refute a I'avance I'objec- tion qu'on pourrait lui faire, que I'acide carbonique et I'alcool mis en evidence par lui peuvent etre le resultat du mode de traitement qu'il fait subir au sang, par la double intervention de I'alcool et de I'acide dtendu; il expliquepourquoi la quantite d'alcool obtenue est si petite, et maintient que les faits observes par lui sont complete- ment inconciliables avec I'assertion de M. Bernard , que, pendant la digestion, il n'y a jamais de sucre dans la veine porte. II craint que dans la recherche contradictoire du sucre dans le sang des vei- nes hepatiques, on ne se soit pas plac^ dans les veritables conditions physiologiques ; et affirme que si Ton operait avec toutes les pre- cautions qu'il enumere, on verrait s'evanouir entre les quantites de sucre contenues dans les deux sangs une partie de cette difference dont on a fait tant de bruit. A I'appui de ses craintes, M. Figuier cite I'experience suivante : Un chien de forte taille, nourri depuis six jours avec de la viande de cheval, a re(;u un repas de cette viande cuite. Six heures apres, sansouvrir la cavite abdominale, ce qui aurait trouble la circulation et empeche de recueillir, dans la veine cave inferieure, une quantite de sang suffisante, on a pratique a ce chien la resection de trois cotes pour decouvrir la cavite thoracique. On a lie la veine cave inferieure au-dessous du coeur, pour s'opposer au reflux du sang de 1 oreillette droite. La veine cave inferieure a ete alors incisee deux pouces environ au-dessus du diaphragme, pour y introduire un petit tuyau metallique termine par un tube de caoutchouc. On a pu ainsi recueillir facilement le sang qui circulait dans la veine cave infe- rieure. Ce sang, apres la defibrination, pesait 205 grammes. On I'a traite a la maniere ordinaire, par trois fois son volume d'alcool, exprime le coagulum et evapore a siccite au bain-marie le liquide aciduie par un peu d'acide acetique. Apres avoir repris le residu par I'eau distiliee et passe a travers un linge, le liquide mis en con- 260' COSMOS;, tact avec de la levure de bifere prealablement lavee, n'a donni?, aa. bout de huit a dix heiires de fermentation, qu'environ 6 centimetres cubes d'acide carbonique. II n'est pas douteux, que si I'on eiit opere, aiiisi qu'on le recommaiide, sur le sang des vednes hepatiques pris dans le foie, on n'eut obtenu une quantity d'acide carbonique beau- coup plus considiMable. Rappelant le fait demontrd par ses premieres experiences, que le foie contient une quantity considerable d'alburainose produit de !a digestion des matieres azot^es; qu'il existe a la fois, par conse- quent, beaucoup d'albuminose et de sucre dans le sang et tres-peu dans le foie, il est naturel d'adfnettre qu'il s'opere dans le foie un travail physidogitiue nouveau sur les produits de la digestion qui arrivent de i'intestin ; de teliesorte qu'on puisse le considerer comme uii second estomac ou comme un ainnexe de I'appareil digestif; sans aller jusqu'a conclure sans demonstration suffisante que le foie a. re9u pour fonction de fabriquer du sucre, pour le verser dans le sang, sans qu'on puisse dire, ni quel role il joue dans Teconomie, ni com- ment il disparait. Le foie est dt^ja I'organe d'une secretion, celle de: la bile ; le sang qui s'introduit dans le foie ne renferme pas les Elements de la bile; et le liquide secrete aux depens du sang s'e- chappe au dehors par un canal excreteur; ce fait, qui n'a rien de inyst(>rieux ni de latent, suffit a constituer le foie a I'etat d'appareil seereteur de la bile ; mais il en est tout autrement pour le sucre deja present dans le sang qui p^n^tre dans le foie, et pour lequel oni ne connait aucun conduit excreteur. Le foie, d'ailleurs, n'est corar- pose que d'un seul genre de cellule; cette structure simple n'in- diqne-t-e!le pas que, comme les autres glandes de I'economie il n'est: organise que pour une seule secretion, celle de la bile; que par rapport au sucre, il ne fait que I'office de r(?servoir? En resume, dit M. Figuier, si Ton se demande quelles sent les acquisitions faitesi par la science dans toute cette longue serie de recherches et de discussions, nous dirons qu'elle se borne a ces deux faits : qu'il existe du sucre dans le tissu du foie, et que, par la digesliom, la viande peut foxirnir du sucre. — M. le !> Remak, savant physiologiste de Berlin, presenteune brochure qui a pour titre : Sur f electrisation methodique des muscles.^ et ^nonce en peu de mots le fait principal qu'il a voula ^tablir: « Les m^decins qui se sont occup^s de I'electrisation des muscles paralyses ont cru devoir etablir une distinction entre I'elec- trisation mediate exercee sur les nerfs eux-memes, et I'electrisation mediate par I'dlectrisation des muscles : or, jecrois avoir demontre.,. COSMOS. 2fil ^arde nombreuses experiences sur I'homme vivant, que, pour pro- duire un raccourcissement complet d'un muscle, il faut laisser ao-ir ]e courant electrique sur la nerf du muscle. .. — M. le vicomteDu Moncel adresse la description d'un systeme de detente electrique a remontoir pouvant etre employe avec avan- tage dans les applications de relectricite, Les comptes rendus ne donnent que le litre de sa note. ^ — M. le secretaire perpetuel rappelle aux membres de I'Acade- iwie que la session annuelle de I'Association britannique pour I'a- vancement des sciences, s'ouvrim a Glascow le 12 septembre pro- chain et durera un semaine. M. Elie de Beaumont annonce que la reunion des medecins et iiaturalistes allemands, qui devait s'ou- vrir a Vienne le 8 septembre, est ajouriiee. On nousapprend que la raison de cet ajournement est la presence du cholera dans la capi- tale de I'Autriche, oii il exerce d'assez grands ravages. — M. Montagne presente au nom de M. Eugene Rodrio-uez, capitaine de fregate de la marine napolitaine, le premier volume de son Guida generale della navigazione, ou Guide general de la navigation le long des cotes septentrionales et orientales de YAm€- rique du Sud, depuis le Rio de la Plata jusqu'au Para. De nombreu- ses vignettes intercallees dans le texte donnent le profil des conti- nents ou des lies; des cartes hydrographiciues, reproduites d'apres les plus modernes et les plus parfaites, indiquent avec soin les son- dages etles mouillages des principaux ports oil Ton peut relacher dans une traversee d'Europe aux cotes du Bresil. — M. Despretz fait hommage a I'Academie du si important ou- vrage de M. Dove, de rAcademie de Berlin, et qui a pour titre ; Distribution de la ckaleur a la surface de la terre, avec des cartes representant les lignes isothermes annuelles, les lignes isotheimes mensuelles, etles lignes isanomales. Ce volume in-folio est le resume desdiff6rents memoires que le savant auteur.a publics sur cette in- •teressante matiere, II a mis a profit le beau travail de M. de Hum- boldt et tous les voyages faits depuis trente ans dans les diverses parties du monde. Dans deux nouvelles cartes en projection jjo- laire, M. Dove a consigne les observations reduites relatives a la Russie et a I'Amerique du Nord, ainsi que celles faites plus recem- ment encore dans les expeditions anglaises a la recherche de Fran- klin. II r^sulte de ces observations que le pole boreal (Void est au mois de Janvier en Russie, et au mois de juillet dans I'Amerique du Nord. II est inutile de faire ressortir, dit en finissant M. Despretz, la haute valeur du service rendu a la physique du globe par ces 262 COSMOS. deux publications. Elles rendront iinmortel le Tiom de leur au- teur. — M. CamilleDareste ailresse une note sur les caracteres enc^- phaliques des mammiferes aqualiques. II fait reiriarquer que chez les cetact^s et les phoques, les hemispheres cerebraux out un grand developpement en arriere, de maniere a recouvrir en partie le cer- velet, (]ui est decouvert dans la plupart des mammileres. 11 rap- pelle aussi quechez ces deux classes d'animaux, qui formeiit cepen- dant deux types fort distincts, les lobes olfactifs n'existent pas. — A roccasion des communications de M. Kuhlinan , M. Bau- drimont, professeur de chimie a la faculte de Bordeaux, rappelle qu'en 1848 il a present^ a la commission de I'Academie, chargee de juger le concours despapiers de sGrete, des specimens d'ecritures faites avec du silicate de potasse et du noir de fiiinee calcine. Cette encre , recemment preparee, dit-il , est excellente , mais elle a riiiconvenient non-seulement de traverser le papier, mais d'absor- : ber avec le temps I'acide carbonique de I'air et de perdre complete- uient la propriete fondamentale de se combiner au papier; elle n'est plus alors qu'un melange de silice hydratee et de charbon , en sus- pension dans line dissolution de carbonate de potasse, et dans cet etat, au lieu d'etre indelebile, elle s'enleve par le simple frottement de la gomme elastique. M. Baudremont ajoute, et cette assertion serait beaucoup plus grave, que la propriete inherente au silicate potassique d'etre detru;t par I'acide carbonique de I'air, fait qu'il ne peut reellement servir a I'application des couleurs insolubles qu'au- tant que la surface sur laquelle on I'^tend est un tissu forme de fibres ligneuses. Que deviendrait alors la silicatisation ! — M. Jarry, pharmacien a Corbeil , croit etre arrive a deli- vrer presque entierement I'alcool de betterave dugoiat desagreable qu'il possede. II aflirme que le principe , auquel tient ce mauvais gout , est enleve et non masque par une autre saveur ; et que son precede tres-simple de rectification augmenterait au plus de 5 a 6 centimes le prix d'un litre d'alcool. EXPOSITION UNIVERSELLL VARIETES. UN NOM FRAN^AIS DEVENU UNE GLOIRE AMERICAINE. IIACHINE A. COURBER LES BOIS ; TOUR ADTOMATIQOE POUR TOUS LES OBJFTS Dfi FORME IRREGULIKRE; TOOR A BUSTES ET A CAMEES DE M, THOMAS BLANCHARD. Galerie cenlrale de I'Aiiuexe a rextremile sur la gauche. M. Thomas Blaiichard, quoique n4 dansla Nouvelle-Angleterre, est d'origine fraiKjaise. Son trisaieul quitta la Normandie en 1685, lors de la revocation de i'edit de Nantes, avec toute sa famille, et alia demander au nouveau monde I'hospitalite et la fortune. L*An,erique, on essaierait en vain de le nier, est aujourd'hui une des terres privilegiees de I'invention. Or, parmi lesnueesd'inventeurs qui surgissent sur tons les points de ces vastes regions, M. Blanchard a su se creer un nom illustre entre tous les noms de I'indusirie aniericaine. Ses freres d'adoption le proclament a I'envi doue du genie de la mecanique appliquee. Tout jeune, il etonnait deja par I'originalite de ses conceptions ; il n'a pas pris inoins de quarante patentes devenues presque toutes le point de depart d'industries nouvelles exploitees sur la plus vaste echelle. Il avait dix-huit ahs quand il congut sa machine a pointes ou a broquettes qui a amene la creation dune des plus puissantes compagnies commerciales des Etats-Unis, et a lance le jeune inventeur dans le monde industriel., Dans la premiere guerre avec le Mexique, les demandes d'armes arrivaient de toutes parts, et les ouvriers armuriers ne suffisaient pas a produire les bois de fusil en nombre necessaire. Informe de I'em- barras dans lequel on se trouvait, M. Blanchard dessina presque immediatement et fit construire une premiere machine qui tournait les bois des formes les plus irregulieres avec la plus grande faci- lity. Quoique imparfait, ce premier modele donna de bons r^sul- tats; sou auteurl'a depuis grandement perfectionne; il est ainsi ar- rive a creer une belle serie de machines qui produisent autoinatique- ment, avec une economie enorme de matiere, de temps et d'argent, les bois de fusil , les raies des roues, les formes de souliers, les moufies, des bustes meme et des statues; tous les objets, en un mot, aux contours les plus bizarres. Ces machines exciterentla plus vive attention, les administrations publiques les apprecierent a leur juste valeur; elles furent adoptees immediatement dans les manufac- tures d'armes de la guerre et de la marine des Etats-Unis. Un grand notnbre d'etablissements prives les appliquerent de leur cote a des 264 COSMOS. usages tres-divers , et elles soiit aujourd'hui iiniversellement em- ployees en Am^riqueet en Europe. Lenombre des formes desouliers qu'une d'L41es a produites forme a lui seul un chiffre vraiment ef- frayant; M. Goodyear, qui a donn^ une impulsion immense a I'in- dustrie da caoutchouc, qui a inonde la France et I'Angleterre de shaussons en gomme elastique vulcanisee, a souvent affirm^ que, sans la machine de M. Blanchard, il aurait ete force de tenir ses prix beaucoup plus elevos, au detriment de la vente. Un troisieme titre de gloire de M. Blanchard, qui n'a pas peu eoiitribue a populariser son nom, est la construction de bateaux a vapeur d'ui;e forme particuliere, d'un tirant d'eau si faible, que leur marchen'est pas arretee par les bancs de sable ou les rapides qui rendent la navigation si difficile sur les rivieres et les fleuves de I'Amerique. Ces bateaux font encore un tres-excellent service. Maisce qui a donne a son nom uiie celebrite vraiment exception- nelle, c'est i'appareil a I'aide duquel il est parvenu a donner a des madriers en bois rectilignes, de toutes dimensions en longueur et en epaisseur , toutes les formes courbes imaginables; de maniere a transformer immediatement les gros bois de construction pour les naviies, en courbes, allonges, genoux ou coudes; les bois plus minces destines a la fabiication des meubles ou des instruments, en pieds, sieges et dos de chaises ; en cadres de glace, en mancherons et jougs de chnrrue, en manches de pelle, en jantes de roue, etc., etc. Repondant au noble appel de la France , dont le nom fait encoTe vibrer son coeur , et donnant a ses compatriotes un coura^eux exemple qu'ils ne se sont pas, helas ! empresses d'imiter, M. Blan- chard a apporte au Palais de I'lndustrie trois de ses machines. Deux de grandeur d' execution : les machines automatiques a tailler ou sculpter les bustes, a ciseler ou a graver les camees ou bas reliefs de petites dimensions, fonctionnent chaque jour et excilent ut>e -tres-vive admiration. Elles ont dt^ja produit un nombre considerable de bustes ou de medailles, en maibre, en pierre, en bois, en ivoire, de Leurs Majestes I'Empereur et I'lmperatrice, de Whasington et de Franklin, de Webster et aulres grands noms americains. La troisieme machine a courber ou cintrer les bois nest repre- sentee qu'au douzieme de I'execution, a I'echelle d'un pied parpouce; c'est le modele r^duit d un grand appareil qtii fonctionne journelle- ment a Boston ; un grand nombre de ses produits sous les difft^rentes formes que nous avons deja enumei^es, donnent une idee com- plete des r^sultats qu'elle peut obtenir. Exphquons avec quelques dfetailsces beaux appareils. COSMOS. 265 X° Machine pour tailler ou sculpter les hmtes de dimensions egahs a cdlcs da modelc , ou reduites , ou aurandies. EUe aeit automatiqueinent et se dirige elle-meine» c'est-a-dire qu'uiie fois que le modeje a reproduire a ete convenabloinent installe sur la machine, ainsi que le bloc degrossi qui doit servir a la reproduction, roperation commence, se continue et s'acheve sous Taclion de la force motrice,,vapeur, chuted'eau, etc^, qui met la machine enjeu; cette force imprime d'elle-meme au modele et au bloc, a la touche et a la pointe, les mouvements necessaires a la taiile complete de la reproduction. Nou;> ne pauvons sans figure qu'indiquer d'une maniere gonerale les dispositions es3entielles du mecanisuie. Le mo- dele et le bloc sont places sur deux axes paralleles qui passent par leurs centres de gravite ou coincident avec leurs axes de figure ; tous deux tournentd'unmouvementcommun.sansautredeplacement.Une pointe ou touche, fix^e a I'extremile d'une des branches d'un levier,, parcourt la surface entiere du modele ; animee d'un double mouve- m,ent de rotation, d'impulsion laterale et de progression, elledecrit sur cette surface une serie de courbes paralleles, ou mieux, uneh^- lice a spires infiniment rapprochees, dont les perimetres ou les formes exterieures, sans cesse variables, coincident constamment avec cellesdes sections faites dans le modele par des series de plans- perpendiculaires a I'axe de rotation ; cette helice embrasse tout le modele depuis I'une de ses extremites jusqu'a I'autre, de sorte qu'en reaiite la touche a decrit dans I'espace la surface exacte de ce meme modele. En meme temps, une pointe d'acier fondu, ou ci- seau, fixeea I'extremite de I'autre branchedu levier, lequel est arti- CuJe en forme de pantographe, et animee d'un mouvemeni de rotation extremement rapide, 200 a 3 000 tours par minute, est forcee de parlager tous les mouvements de la touche, de prendre tour a tour dans I'espace des positions correspondantes aux siennes : ses dis- tances a son axe de rotation sont constamment dans le meme rap- port avec les distances de la touche a I'axe parallele, de sorte que la pointe d'acier, par des series de courbes pai alleles tres-senees, QU par une helice a spires infiniment raj)prochees, decrive dans I'es- pace une surface geometriquement et absolument semblable acelle du modele, Mais comme cette pointe d'acier ou ciseau est aussi forcee d'appuyer sur le bloc, elle ne peut arriver a la distance voulue de I'axe, tracer le point correspondant de la surface sembla- ble ou de la reproduction identique qu'en penetrant et en detruisant la matiere excedante. Cette penetration et cette destruction, grace a la durete et a la trenipe de I'acier, grace a la pression exercee sur 266 COSMOS. elle et surtout a son mouvement excessif de rotation, qui la trans- forme en vilebrequin tout-puissant, ne sont pour elle qu'un jeu; Ton voit avec ^tonnement toutes ces parlies exc^Jantes volar ou tomber en poussiere, disparaitre comine par enchantement, et faire place aux reliefs et aux creux qui dessiiient la reproduction parfaitement semblable au modele. Avec une machine a vapeur bien reglee, qui marche uniform^- ment, le tour termine en douze heures la copie exacte d'un buste de grandeur naturelle , comme celui de Sa Majeste I'lmperatrice. chef-d'oeuvre de M. le comte de Nyeuverkeike. Lorsqu'elle a accompli son travail, il n'y a plus rien a abattre ou a redresser, il ne restc plus qu'a donner le douci ou le poli ; elle amene en un mot I'ceuvre au meirie point que le ciseau du sculpteur le plus habile. Nous regrettons vivemeiit de ne pouvoir pas expliquer en detail le jeu du cylindre a came qui oblige la touche a rester toujours en contact avec le modele, a la suivre dans toutes ses saillies, ses creux, ses sinuosites, sans qu'elle puisse jnmaiis glisser ou tomber; rien de plus curieux que de le voir se mouvoir sur les awgles du nez, toucher delicateinent les ailes, sans se precipiter, s'enfoiicer dans les sillons de la levre,supeiieure pour dessiner le creux dcs narines, etc., etc. Repelons encore que Taction de la pointe touriiante est si 6ner- gique qu'aucune substance, pas meme I'acier fondu, ne peut lui rd- sister ; elle sculpte tout. 2° Machine automotique a sculpter les camees et les medoillcs. Elle est construite sur le meme principe que la machine ;i bustes, maiselleen differepar des dispositions mecaniquesessentielles. Dans la premiere machine, le buste et le bloc ne sont animes que d'un mouvement de rotation autour de I'axe de figure ; ce sont la touche et la pointe qui se meuvent dans toutes les directions ou sont ani- mees a la fois de mouvements de rotation, d'iinpulsion laterale et de progression. Dans la machine a camees, au contraire, la touche reste fixe, la pointe tourne toujours, mais sur elle-meme, en restant stationnaire dans I'espace ; la medaille et la surface degrossie qui doit la reproduire sont placees chacune sur une table ; la mddaille re^oit un double mouvement, de progression dans le sens horizontal, et de balancement rotatoire, de maniere a presenter successivement tous ses points a la touche ; elle transmet a la surface degrossie les memes mouvements, diminues ou agrandis dans un rapport constant. Quand le tour marche sous Taction d'une force suffisante et rt^guliere, il achcveun camee en vingt minutes, et souvent quatre en une heure. Les deux machines a buste et a camee sont combindes avec un COSMOS. 267 art merveilleux , le nombre de leurs organos est tres-limite, elles operent d'ailleurs avec une promptitude, une regularite et une puis- sance vraiment extraordinaires; elles avaient done naturellement droit a la plus haute des recompenses. Et cependant nous craignons que le Jury ne se soit montre trop peu genereux, sans douteparce qu'il ne lui est pas deinontr^ que M. Blanchard soit le veritable et glo- rieux inventeur du tour a tourner les objets de formes irregulieres. Rien n'est plus certain cependant. D<^ja en 1818 la machine a faire lesbois de fusil, premiere application du principe du tour a formes irregulieres, etait en pleine operation ; la premiere patente de M. Blan- chard a etc prise en Amerique en 1820 , en Angleterre en 1822, bien avant qu'il ne fiit question de tentatives semblables faites par d'autres iiiventeurs. C'est seulement en 1832 que Philippe de Girard presenta a la Societe d'encouragement son invention des machines a fabriquer les bois de fiibil, et c'est trois ans plus tard, 1835, que M. Grinipe prit son brevet pour I'applicatinn a la sculpture d'art, d'ornenient et d'lndustrie, de son outil tournant qui n'est certaine- mentau fond que celui de M. Blanchard : on pourrait dire peut-etre que I'habile mecanicien frangais a appliqu^ouutilisd cet outil d'une maniere differente, si I'inventeur am^ricain ne I'avait pas employ^ ]ui-meme dans toutes les conditions possibles. M. Blanchard a done la priorite sur Philippe de Girard et sur M. Grimpe ; ce sent des noms assez entoures de gloire pour qu'on soit justement tier de les avoir eus pour imitnteurs, et il me senible que ce seul fait devrait emnuvoir le Jury. Le tour a portrait de Mercklm a precede sans doute celui de M. Blanchard, mais c'etait un instrument tres-complexe, qui n'ar- rivait a copier un modele doniie qu'apros une double operation, en passant foreement par un creux si le modele etait un relief, par un relief si le modele dtait un creux, qui a ^te presque aussitot aban- donn^. Le tour a portrait d'Hulot, qui a quelques rapports avec la machine automatique a camees, est venu avant elle; mais ne peut s^rieusement pas etre oppose a M. Blanchard : le burin de M. Hulot n'est pas anime d'unmouvementrapidede rotation etperd par la tous ses avantages ; la touche et la pointesemeuvent tres-lentementsurla surface du modele et du bloc ; elles passent et repassent sur le meme point; elles decrivent des circonvolutions de plus en plus serrees et leur travail n'est reellement qu'uneebauche finie qui a besoin d'etre achevee par le graveur. Le seul rival qu'on puisse comparer a M. Blanchard, et qui aurait pu laisser le Jury ind^cis , est notre grand artiste M. Colas, qui, lui aussi, copie mecaniquement avec une perfection presque absolue les bustes et les camees, qui a peu- 268 COSMOS. pie le Piilais de I'lnJustrie des inerveillesde I'art qu'il a crde de son cole avec tant de bonheur. Mais M. Colas n'est venu que loiio-- temps a|)res M. BlancliHid ; ^a machine n'est pas a proprement parler uii tour, c'est l)ien plutot un pantographe , celui de Hulot graiulemeut perfectioiine , et qui n'opere pas automaliqueinent. Voici, en effet.cu quels termes M. Bacquillo.n, I'anu de M. Colas,, qui a suivi depuis sa naissance le developpement d^ son industrie^ qui I'a tant encourage et, exalte, decrit ce, qu'il a vucent fois s'executer sous ses yeux : » La position des [mupees qui portent le modele et le bloc et celle des deux bielle&de transmission de mouvement etant n'glee pour une reducUon donnee, I'ouvrier, tenant la barre des deux mains , applique la touche sur un point quelconque du modele plac^ sur la poupee , et lui, fait parcourir un arc de cercle plus ou nioins grand , sel.on les formes particulieres en ce point ; il lui fait faire ensuite un petit mouvement, Tapplique de nouveau sur le modele, et lui fait decrire un arc de cercle parallele au premier, et amsi de suite, tant que la portion du modele sur laquelle s'appuie la touche pent recevoir le pointe dans uiie direction sui'fisamment normale. Chaque arc de cercle decrit par la touche s'est reproduit par le burin, q,ui, a chaque fois, a enleve une certaine quantite de matiere sur la copie, la creusant quand la touche penetrait dans une dej)ression du modele, se reculant avec cette meme touche, quand elle rencontrait une saillie. Lorsqu'une surface partielle a ele ainsi convenablement parcourue par la touche, on iniprime au uiodele un mouvement de rotation suffiiaui pour amener une nouvelle surface partielle qui sera exploree de la meme maniere, et ainsi de suite, jusqu'a ce ijue toute la surface du modele ait ete caressee par la touche, et que le burin ait enleve toute la matjere qui envelop;jait la copie logee virtuellement dans le bloc ou dans la masse placee surle second aibre. On comprendque, selon la nature de la matiere a travailler, la pointe est taniotunefraise, tantot.unforet art/'/Me'^'«rt mouveinent de rotation ^las ou moins rapide ; QpE plusieurs passes SONT NECESSAIRES POUB ARRIVER AU FINI ABSOLU DES DETAILS ^ etC. i» Qu'oii compare alteutivement ce precede opeiatoire a celui que nous avons decrit au commencement de cet article , et qu'on se rappelle que M. Blanchard a precede M. Colas de dix-neuf ans au moius , et qu'on ju^e si les travaux tant et si justement vantes de ce noble rival, de cet ingenieux successeux, peuvent etre un obstacle a ce qu'on reconnaisse hautement tout ce qu'il y a de genie ^'invention et d'execution dans ses appareils automatiques. Celui qui a precedje et depa^se d'un i>eul bond les de Girard, les Grimpe., COSMOS. 269 les Colas, a droit certainement a une medaille d'honneur, quand il s'agit d'ur.e Industrie ^minemment belle, ft^conde et utile, exploit^e sur la plus grande echelle. " Auirioyen des admirables machines a sculpter, disait M. Bo- quillon, une reproduction peut avoir aujourd'hui la valeur d'un origi- ,iial. Avec elles disparaissent ces a peu pres executes le plus souvent par des artistes douteux, ou ces copies dont le talent reel ne se chargenit qu'avec repugnance, parce qu'en definitive il ne pouvait faire qu'une traduction fatalement inexacte. Elles reconcilient I'in- dustrie avec I'art, qu'elles mettent desormais a I'abri des atteintes de I'esprit mercantile, en livrant au commerce ses plus belles crea- tions , en les vulgarisant , en mettant a la portee de tous des chefs-d'oeuvre qui n'etaient jusqu'a present que le partage du petit nombre. Par elles I'artiste moderne se trouve dispense de la tache fastidieuse de se copier lui-meme; sous ses mains, que n'aura pas fatiguees le travail du marbre, de la pierre ou de I'acier , I'argile s'assouplira plus docilement et plus souvent. La distinction entre les bronzes d'art et les bronzes du commerce disparaitra , car les uns ne coiiteront pas plus cher que les autres. Les masses seront ramenees a I'admiration du beau et du vrai, le gout universel sera ^pure, etc., etc." Parce qu'on a vii M. Blanchard operer dnns I'annexe sur un modele en bronze, on a cru et on a dit qu'il ne pouvait pas employer un modele en platre ; c'est une erreur et une injustice. Le modele ordinaire de M. Blanchard est un platre, temoin celui du president Webster, place sur une console, et qui a souvent servi aux reduc- tions. On veut que la machine de M. Colas, qui est tres-bonne, soit plus exacte que celle de M. Blanchard , qui est d'une exactitude absolue a un dixieme ou meme a un vingtieme de millimetre pres. On n'a pas ose nier que le procede americain I'emporte par la vi- gueur , la rapidite, le fini de I'execution, par la facilite plus grande d'obtenir d'un seul coup une reproduction en marbre, en acier, etc. 3° Machine a courber les bois. Ici les hesitations et les compa- raisons ne sont plus possibles, aussi nous apprenons avec joie que •le Jury a ^t^ unanime dans son appreciation et g^nereux dans sa ^recompense. Voici en gros le procede : on plonge d'abord le bois qu'il s'agit de courber dans de la vapeur d'eau ou de I'eau rendue bouillanteparun exces de vapeur, de maniere a le rendre humide et chaiul; cetle premiere operation a en outre I'avantage de de- pouiller le bois de la sdveexc^dante, de le mettre a I'abri de la pour- xiture sfeche. Au lieu d'un bain de vapeur ou d'eau, on peut prendre 270 COSMOS. un bain de chlorure de zinc dissnus , dans lequel on plonge le bois, sous la double influence de la chaleur qui dilate ses pores et de la pression qui y fait penetrer la solution saline ; il devient alors incor- ruptible , inalterable par le temps, par les agents atmospheri(]ues, par I'humiilite du sol , etc. ; le chene blanc ou I'aubier de chene ainsi prepare acquiert la duree du chene le plus dur. Quand la piece de bois equarrie qu'il s'agit de courber est encore chaude ou huniide, on la place au sein d'une rainure menagee dans I'appareil ; on calle avec des coins en acier ses deux extreinites pressees contre des obsta- cles invincibles afin que dans I'op^ration la longueur du bois reste rigoureusement la meme. Sur un axe, place en face de la piece, on assujettit le niandrin ou la came en metal tres-resistant , dessinant sur sa circonference exterieure la courbc suivant laquelle le bois doit se ployer. Le inoteur alors fait tourner une manivelle puissante qui met en jeu deux forces, I'une qui tire en avant le bois , I'autre qui le presse en arriere par I'intermediaire d'une forte vis; il est ainsi coiitraint de passer, en avangant toujours, dans une gorge form^e d'une part par I'angle curviligne solide de I'appareil , de I'autre par la came ; de se mouler , par consequent , sur cette gorge et de prendre la courbure voulue. On a eu soin de placer entre les parois exterieures de la gorge et le bois une lame en tole, plus ou uioins forte suivant I'epaisseur de la piece ^^courber; cette tola s'est moulee elle-meme et a pris la courbure voulue; ses deux extremites qui depassent un peu le bois sont percees de trous ; on unit ces deux trous par une tringle en acier terminee par deux crochets ; de cette maniere, la piece de bois, entouree au dehors de la lame de tole , est emprisonn^e dans un triangle curviligne en fer qui la tient bandeecomme un arc, sans lui permettre de revenir a sa forme rectiligne premiere ; on la laisse secher dans cet etat de tension violente; et seche elle conservera indetiniment la courbure qu'on lui a impos^e. Nous n'avons pas besoin defaire remarquer que cette operation est eminemment bienfaisante, qu'elle ne rompt au- cune des fibres longitudinales, qu'en comprimant le bois , elle aug- ments sa solidite. Elle s'applique, d'ailleurs, aux bois de toutes les dimensions; M. Blanchard, ainsi que nous I'avons dit, expose en meme temps et des cotes ou genoux de navire du plus grand tonnage, et des fau- teuils de poupee. Le Moniteur du 13 juin dernier rendait compte d'une experience solennelle , faite a Boston le 15 mai, en presence de M. Edward Everett, autrefois ambassadeur a Londres, aujour- d'hui ministre des affaires dtrangeres, du lieutenant Wyse, de la COSMOS. 271 marine des Etats-Unis, de M. Samuel Noyes, un des plus anciens et des plus riches armateurs de I'etat du Maine, etc. Ces Messieurs ont vu sous ieurs yeux une piece de bois de chene blanc , longue de 3 njetres 65 centimetres, avec 33 centimetres d'equarrissao^e, se courber presque en quart de cercle, sans que ses extreinites eus- sent cesse d'etre parfaitement planes et d'equerre. Quant a la portee de la nouvelle invention, elle est pleinement comprise et exprimee dans le rapport officiel adresse aux directeurs des doks et chantiers des Etats-Unis , par M. James Jarvis, ins- pecteur des bois de construction de la marine des Elats-Unis. •• Par ordre du gouvernement, dit-il, j'ai fait fonctionner sous ines yeux la machine a courber les bois de M. Blanchard; ses resultats m'ont autant etonne que charme. Les temoins de I'experience sent tous resles comma moi convaincus que les plus grandes pieces de bois destinees a la construction des navires, peuvent etre ainsi ployees suivant des courbes ou des angles arrondis quelconques. Les avan- tages qu'on doit attendre de cette invention sont au-dessus de ce que nous pouvons concevoir ; elle ouvre pour un avenir prochain une nouvelle ere aux constructions navales... On ne sera plus force de chercher a grand' peine des courbes naturelles presque toujours mauvaises; les cotes de navire seront faites d'une seule piece; 11 n'y aura plus de ruptures, parce qu'on n'acceplera plus de genoux faits avec du bois a contre-sens... Nous ne deplorerons plus la dis- parition des grands et vieux chenes de nos torets, parce que les jeunes arbres droits et sains pourront etre ployes en conservant leur resistance premifere accrue, tandis que celle des grosbois taill^s en courbes etait diminuee dans la proportion enorme de 75 pour cent. Tous les arinateurs chez nous et a I'etranger, dans leur in- teret et pour I'avantage du genre humain, seront forces d'acheter de i'inventeur des concessions de sapatente; Ieurs navires, devenus incomparablement plus solides, payeront un droit d'assurance moins eleve, etc. <• Je suis depuis quarante ans inspecteur et toiseur dans les chan- tiers du gouvernement, et je ne crains pas de declarer que jamais aucune invention aussi importante n'est encore venue a ma connais- sance, en ce qui concerne la construction des navires, des meubles et des outils. >> Le jugement si formel et si favorable d'un homme eminemment competent, et plus encore les faits que chacun peut verifier par lui- meme au Palais de I'lndustrie, plaident trop eloquemment la cause de M. Blanchard pour que nous ayons a la plaider encore a notre 272 COSMOS. tour. On nous apprend, au reste, que I'attention du gouvernement frangais est vivement excitce par les echantillons que reininent in- venteur expose, et qu'il songe serieusement a faire profiler iiotre marine des incomparables bienfaits de son invention. F. iVIoiGNO. TJNE DES PLUS BELLES APPLICATIONS DE L'lNDUSTillE A LA SCIENCE. ' ANATOMIE CLASTIQUE DE M. LE DOCTEIIR iUZOCX. XlPcIasse, 6^ section, n°4041. Annexe, galerie ceiilrnle pies I'escalier du Panorama. Cast avec un bien grand bonheur que nous retrouvons a I'Exposi- tion universelle la magnifique industrie de I'anatomie clastique qui a conquis le inonde, et qui constitue aujourd'hui, par les proportions grandioses qu'elle a prises, un veritable monument eleve en I'honneur de la science et de la patrie. Le Jury de I'Exposition de 1849 aima a rappeler que ses predeces seursavaient decerne a M. Auzoux toutes les recompenses dont ils pouvaient disposer ; en 1834, au d^but , une medaille d'or, en 1839 et en 1844 rappel de medaiiie d'or ; il lui decerna k son tour une nouvelle medaiiie d'or. Le Jury international de Londres en 1851 a donn^ son approbation pleine et entiere a ses travaux ; il a pro- clame bien haut que, sous le rapport de la duree des materiaux qu'il emploie, de I'exactitude scientifique des preparations par les- quelles il met en evidence toutes les particularites de structure du corps humain ; du choix heureux des individus des diverses families animales, vertebres et invertebres, par lesquels il represente et re- produit renserable entier de I'organisme des etres de la creation, il avait des droits acquis a la reconnaissance des anatomistes et des zoologues ; ce meme Jury cependant ne lui accorda qu'une me- daiiie de prix. C'etait, il est vrai, la plus haute recompense decern^e dans la X" classe, mais ce n'etait pas assez, M. Auzoux meritait certainement une medailledeConseil,carilest inventeurau plus haut degre, car il a seme sa carriere de decouvertes iniportantes que sa modestie a laissees dans I'ombre et que d'autres auraient fait sonner bien haut. II faudrait presque un volume pour ^numerer les parti- cularites et les anomalies de structure qu'il a signalees le premier, les organes dont il a revcle et demonlrd les fonclionsinconnues, les rapprochements inattendus qu'il a etablis, les generalisations qu'il a formulees, etc., etc. Esp^rons que le Jury international de 1855 sera plus courageux COSMOS. 273 ou plus liberal, et qu'il d^cernera a I'unanimitd une medaille d'hon- neur a I'une des plus etonnantes et des plus utiles collections du Palais de I'lndustrie. En attendant , nous allons payer larj^'cment notre tributd' admiration etd'eloges au savant consomm^', a I'artiste habile, au patron bienfaisant, a I'organisateurpacifiqueauquel nous souhaitons, apres 22 ans de grade de chevalier, la croix d'officier de la Legion d'honneur. Definissons d'abord une fois encore le mot clastique, pour lequel la.typographie s'obtine a demeurer inhospitaliere Le mot claslirjue, que Ton voudra bon gre mal gre remplacer par elastiqne ou das- siqite , ou plaslique , vient d'un verbe grec xXaw , xXarj'ju , je roinps, je brise, je mets en morceaux; et anatomie clastique d^signe taut simpleinent les modeles formes d'un assemblage de pieces ou mor- ceaux representant chacun un organe ou une portion definie d'or-' gane , pouvant se demonter un a un dans un ordre donne, pour etre remontes ensuite dans un ordre inverse^i L'anatomie imitative n'est point un artnouveau. Pausanias nous apprend que les Grecs faisaient des statues anatomiques en marbre et en bronze; et il existe encore aujourd'hui, au Musee du Vatican, un fragment inutile d'une de ces statues; c'est une charpente os- seuse de poitrine humaine due a un ciseau grec. La plastique se substitua ensuite a la sculpture, puis on rempla9a I'argile et le platre par la cire ; des lors on eut la possibilite de com- pleter I'illusion par I'artifice de la couleur. Ce fut un Frangais, maitre Jacques, d'Aiigouleme, qui fit faire ce grand pas a l'anato- mie imitative. Vers le milieu du xvi" siecle, on voyait de lui , a Rome, trois statues qui faisaient I'admiration des artistes du temps ; elles eurent le merite d'apprendre l'anatomie a Michel-Ange Buonarotti. Apres maitre Jacques, vinrent les Italiens. Zambo de Syracuse, qui mourut a Paris vers la fin du regne de Louis XIV, executa plu- sieurs pieces remarquables, entre autres une tete humaine pour I'e- tude de I'oeil, de I'oreille et du cerveau, tete qui existe encore au- jourd'hui. . En 1750, Galli appliqua la cirecoloree a I'histoire des phpno- inenesde la grossesse; peu d'annees apres, Lelli et Mantolini consa- crerent specialement leurs travaux a la reproduction des parties ge- nitales des deux sexes. En 1794, Laumonier, de Rouen, etPinson, de Paris, fournirent a I'Ecole de medecine beaucoup de pieces remarquables, et rendi- rent compte , avec leur cire savante , des ravages et alterations 274 COSSIOS. causdes par diverses maladies. Enfin Bertrand et Dupont, venus apres eux, ont rendu, avec une verite effrayante, lous les desordres causes par certains virus. Noas ne savons pas de meilleure legon de continence que la seule vue de leurs efTroyables collections , si , h^Ias! des motifs humains suffisaient a rendre vertueux. M. Auzoux commence ses travaux en 1819, et des 1822 I'Aca- d^miede m^decine, I'lnstitut, la SocitUe meJicale d'emulation, s'd- meuvent en presence des resultats (}u"il a obtenus. Les sommit^s de la science, les Beclard, les Broussais, les Du- mdril , les Cloquet , les Blandin, et cent autres proclament liaute- ment les avantages de I'anatomie clastique. Les savants Strangers ne restent point en arriere, etles pr(5cieux produits de notre infatigable docteur se repandent rapidement dans le mondeentier. L'Angleterre surtout les recherche avec avidite, et les nouvelles pieces anatomiquesy amenent tout d'abord un resultat fort curieux : elles font revoquer, comine a jamais inutile, la loi sur la vente des cadavres (I'anatomy bill), loi qui avait donn('! nais- sance a la plus hideuse des industries, a celle de ces laches assas- sins, de ces violateurs de tombeaux connus sous le nom de resur- rectionnistes. M. Auzoux fait ses preparations au moyen d'une pate specials qui n'a rien de commun avec le carton-pierre. Cette pate , a I'dtat frais, se coule dans des moules, y prend les empreintes les plus de- licates, et acquiert ensuite, par la dessiccation , de la legerete, de I'dlasticite, et une solidite egale a celle du bois. M. Auzoux a etabli ses ateliers a Saint-Aubin-d'Ecroville , sa commune natale; de vastes bailments y ont (5te construits, et soixante a quatre-vingts ouvriers y sont occupes. Independamment de leur travail habituel, qui participe de la sculpture et de la peinture, ces ouvriers sont soumis a d'autres en- seigneinents qui developpent rapidement leur intelligence et leur moralite. La fraternite est a I'ordre du jour, personne au reste ne la raisonne et ne la pratique mieux que le savant docteur. II est rest^ fidele aux modestes habitudes d'un enfant du peuple, et nous I'avons souvent admire quand il accompagnait dans les rues somptueuses de la capitale sa bonne mere, vetue en paysanne normande. Quiconque arriverait inopin^ment dans cette commune , dioignee des villes et des grandes routes, et s'enquerrait de I'usage des cons- tructi(uis qui s'oflriraient a sa vue, serait ^trangement surpris en apprenant que la, au milieu des champs , de simples paysans s'oc- cupent du travail le plus savant et le plus extraordinaire. Entre COSJIOS. 275 dans les ateliers, il n'entendrait que le langage correct de I'anato- miste, et serait emerveille en presence de ces enfants, expliquant avec une lucidity parfaite les phenomenes les plus surprenants de I'existence. Aussi, dans cette population jadis grossiere et miserable, les idees justes ont succede aux prejuges seculaires, les expressions exactes aux locutions vagues et fausses que les gens du nionde eux- memes n'emploient que trop souvent ; enfin, le bien-etre remplace la misere. « De tous les etablissements industriels que j'ai visites, dit M. le docteur Villerme, dans son tableau de I'etat physique et moral des ouvriers employes dans les manufactures, 2, p. 37, celui-ci, I'eta- blissement de Saint- Aubin-d'Ecroville, est le mieux entendu pour instruire les ouvriers, les moraliser et ne leur donner que de bonnes habitudes. » Ces resultats sont obtenus sans la cooperation apparente du mai- tre. Un reglement dont chaque article a ete discute et vote par tous les ouvriers, trace la conduite de chacun ; ce reglement simple, en quelques lignes, abientot trente ans d' existence, et il est peut-etre observe plus strictement encore en 1855 qu'aux premieres annees. L'exactitude, I'application au travail, le silence, le respect de la liberte et de la propriete de chacun sont de rigueur. Tout ce qui porte atteinte a la consideration des ouvriers, est mis a la con- naissance de tou^, qui prononcent sur le fait au scrutin secret. Les amendes tournent au profit d'une caisse de prevoyance des- tinde au secours des ouvriers raalades ; c'estle conseil qui est juge de I'opportunite et de la quotite du secours. Indi^pendamment du reglement, qui fait la force morale de cet ^tablissement, il existe une autre regie obligatoire pour tous, c'esC I'inscription sur un journal de remi)loi individuel de la journee. Le journal, sur lequel est inscrit I'emploi du temps, regarde le chef d'atelier ; il est recju qu'il represente le maitre, et qu'en son absence il en a tous les pouvoirs : aussi ses yeux, ses oreilles ap- partiennent a Tetablissenient. Ne pas mentionner ce qu'il voit ou entend, serait manquer a son' devoir. Une heure chaque jour est consacree a I'instruction ; les chefs d'atelier, ouun simple ouvrier, ou le maitre d'ecole, font des lemons auxquelles tous les ouvriers sont tenus d'assister : les inexactitudes aux le9ons sont consignees sur un livre a part. L'augmentation des salaires est subordonnee a I'examen du livre du censeur, du journal de I'atelier et du livre des le9ons ; il n'y a -1^76 COSMOS. d'autrmentation possible qu'autant que Ton satisfait aux exigences du roglement, qu'on est assidu aux le9ons et que le journal de Tate- lier ^tablit que Ton fait aussi vite et aussi bien que le camarade dont on veut i^galer le salaire. Encore faut-il, pour arriver auxsalaires (§leves, mettre a latiaisse d'epai-f'ne, sans quoi il n'y a pas d'auginentation possible. II rosulte de ce mecanisme administratif simple et peu disp'en- dieux, que jamais il n'y a de froissement entre le maitre et rouvrier, ni entre les ouvriers entre eux ; que I'ouvrier est uii homme d'ordre et de moralite qui connait ses devoirs et ses droits; auquel per- sonne ne ciaint, s'il le connait, de confier sa femme, ses enfants e!t sa bourse. Saint- Aubin, bourg de 1 000 habitants, autrefois trfes-malaise, est aujourd'hui une des communes les plus florissantes de la France. Soixante ouvriers sont employes aimuellement a ce genre de travail, dont les salaires s'ajoutent aux revenus du sol. Le Jury de 1849 constatait que, grace aux excellentes disposi- tions que nous venons derappeler, les terribles epreuves auxquelles la clause ouvrierea et^ soumise en 1647, 1848 et 1849 etaieuft restL^es inapergues par les iiabitants de Saint-Aubin. Si M. Au- zouxtrouvait de nombreux imitateurs, si dans chacun des arron- dissements de noire France un homme intelligent comme lui, actif comme lui, devoue comme lui, savait et pouvait creer au sein de la commune un centre d'industrie commerciale et manufaeluriere accessoire de Vindustrie agricole; le grand problenie de I'orgaiiisa- tion du travail serait bientot resolu, et la France serait snuvi'e! Les 'oroduits de la fabrique sont en usage dans toutes les ecoles du monde. lis permettent d'acqu^^rir en quelques semaines des no- tions qui jusqu'alors avaient necessite des annees d'applications. lis out rendu populaire Tune des sciences qui font le plus (rhonneur al'esprit humain, Tanatomie comparee, pour laquelle il suffit d'une dent pt d'un fragment d'os pour reconstruire, sans errer, le sque- lette d'un animal inconnu et dire son organisation, ses niccuvs, ses instincts. Les hummes les plus eminents qui se sont occupcs d education, Descartes. Bossuet , Montesquieu, Dumarsais, ont tous souliaite que I'anatomie fit partie de I'instruction publique. M. Auzoux a rendu trfes-facile la realisation de ce vocu. I! a reproduit I'anatomie humaine dune maniere aussi complete que Ton peut le desirer. Tout ce qui a ete vu dans les dissections par les plus habiles anatomibtes anciuns et modernes, en France et COSMOS. 271 a I'etranger , est reproduit sur son modele d'homme complet. Les details trop delicats pour elre vus facilement, dans les pro- portions ordinaires, ont ete reproduits dans des proportions ijio-an- tesques ; c'est ainsi qu'on a fait I'oei!, I'orpille, le larynx; tout ce qui a rapport a la face et a la base du crane, au developpement de I'ceuf humain, a travers les differentes phases de sa formation, de- puis son apparition dans I'ovaire jusqu'a la formation de I'embryon. Le cerveau, qui a ^te Tobjet de tant de recherches etde tant de decouvertes nouvelles, a ^t6 le sujet d'une preparation speciale, qui permet de suivre et d'appr^cier dans leurs plus minulieux details la texture et I'arrangement des parties qui entrent dans sa com- position. Le prix de ces preparations, necessairement elev^, puisqu'un modele d'homme forme seul un cabinet complet d'anatomie, a ete neanmoins mis a la portde de tous les praticiens, par la reproduc- tion de modeles d'homme de diflferentes grandeurs, dont le prix varie de 250 a 3 000 fr. Non-seulement le docteur Auzoux a fait tout ce qui a rapport a I'anatomie de I'homme, il a dessine de la meme maniere I'ana- tomie des autres animaux , en reproduisant un sujet de chaque grande familie. Comme type des grands mammiferes il a reproduit le cheval : son premier modele laissait a desirer sous le rapport des details et de la beautedes formes ; il en a construit un autre avec des de- penses enormes. II se decompose en deux cents pieces ou morceaux, il montre sur une moitie, a leur place naturelle etfixe, les muscles' nerfs et vaisseaux de la couche superficielle ; sur I'autre moitie les muscles , nerfs et vaisseaux isoles , s'enlevant un a un , comme dans une dissection, depuis la surface jusqu'aux os du s'quelette. On peut enlever des cavites de la poitrine et de I'abdomen tous les organes qu'e'.les renferment et les etudier a part. Trente modeles distincts des machoires du cheval et quatorze modeles des machoires du bceuf montrent la disposition des dents a toutes les epoques de la vie et apprennent a reconnaitre nettement I'age de raninial. Trente aulres pieces mettent en Evidence toutes les affections con- nues sous le nom gdnerique de tares osseuses ou molles, les courbes les jardes, les eparvins, les formes, les suros, les osselets. lesmol- lettes, les vesigonds, les capelets. etc., etc. Le pied et le "sabot du cheval ont aussi leurs modeles speciaux. Comme type des volaliles, M. Auzoux a choisi le dindon. Comme type des serpents, le boa constrictor, en y ajoutant une tele de vi- 27a. cosftios. pere avec I'appareil vetiimeux, muscles, glandes et crochets. Comme type des pois^ons, la perche de iner ou aigle, sciann aqidla. Comme type des insectes a I'etat de larve, le hannelon considera- blemenl gros^i, decomposable en 500 fragments ; I'abeille sous six formes difFerentes : reine, male, ouvriere avec propolis, avec pollen; le papillon du ver a soie, male et femelle, dans de grandes propor- tions. Comme type des insectes a Tetat de larve, le ver a soie avec son admirable appareil producteurde la soie, depuis I'organe secreteur du liquide jusqu'a la fitiere ; un gateau de cire, montrant I'oeuf et le developpement de la larve aux diffe rentes epoques de I'incubation. Comitie type des moUusques, un colima9on enorme avec six cents fragments. Comme type des annelides, la sangsue. Lidependamment de ces anatomies conqiletes , executives dans des dimensions agrandies, aussi souvent qu'il etait necessaire pour rendre parfaitement saisissahles les importantes fonctions par les- quellesla vue s'entretient dans toute la serie animale, M. Auzoux a reproduil dans des proportions plus grandes encore les modifications que subit dans chaque classe le mecanisme physiologique de la di- gestion, de la respiration, de la circulation, deTinnervation, du deve- loppement des etres, etc., etc., depuis I'homme jusqu'au zoophyte. Avec cette nouvelle et admirable collection qui comprend : 1° pour la digestion, un estomac d'un carnassier, le lion, dun ruminant, d'un rongeur, d'un oiseau granivore, d'un oiseau de proie, du squale, de I'ecrevisse, de la poulpe, de la sauterelle, de i'abeille; 2° pour la respiration, en outre du larynx de I'homme, le larynx, la trachea et le poumon d'un oiseau, un poumon de grenouiUe, une trachee et un cceur de nepe ou punaise d'eau; 3° pour la circulation, coeur et faisceaux du foetus humain, du crocodile, du serpent, de la tortue, du dugong, de I'huitre ; coeur et bronches de carpe, de doris, de seche, demoulette; coeur et trachees d'in- secte; 4° pour I'innervation , cerveau et moelle epiniere de I'homme, cerveau du chat, du rat, de I'oie, de la vipere, de la tortue, de la raie ; systeme nerveux des mollusques, des arachnides, des ecrevisses, des articules, des rayonnes ; 5° pour le develop- pement des etres, plus de vingt pieces montrant presque jour par jour, tres- agrandies , toutes les modifications que tubissent le germe et ses enveloppes, la vesicule vitelline, depuis le pre- mier jour jusqu'au trentieme, depuis I'apparilion de I'ovule jusqu'a la formation complete de I'embryon, et r^sumant tous les Iruvaux et toutes les docouvertes moderncs ; huit uterus avec le produit de la conception au premier, deuxieme, troisieme, quatriei-e, sep- COSMOS. 279 tieme et neuvieme mois, avec des exemples de la grossesse tubaire et ovarique. Nous regrettons vivement de ne pouvoir decrire en detail la der- niere preparation de ce genre, exposee pour la premiere fois ct qui estun veritable chef-d'oeuvre, un tour de force incomparable. C'est un oeufouvert sur quatre portions de sa surface, et qui ecbiire d'un jour tout nouveau le developpement du germe dans les difforentes phases de I'incubation ; la science et Tart ne peuvent pas alier plus loin ; c'est la nature prise sur le fait et se revelant elle-meme. Tel est I'apergu sommaire des travaux de M. Auznux. Ses pre- parations soiit evidemment tout ce qu'il est possible d'imaginer de plus parfait pour nous donner a tous, eleves, honunes du nionde, savants, amateurs, magistrals, ecclesiastiques, etc., etc., les no- tions generales d'anatomie etde physiologie, dontpersonne ne peut se passer, quelque position qu'il occupe dans la societe , quelques fonctions qu'il soit appele a remplir. Elles font ochapper aux de- gouts de toute nature, aux repugnances insurmontables qu'inspir(^nt lesampbitheatres des hopitaux ou des ecoles, amphitheatres, d'ail- leurs, que tous ne peuvent pas aborder; elles mettent a I'abii des illusions et des mecomptes qu'entrainent les dissections faites a la hate sur un cadavre, que la decomposition vous dispute aulant que le scalpel, et qu'on ne peut pas explorer longtemps sans danger. Au lieu de rares et insuffisantes autopsies, nous pouvons en faire un nombre ind^fini ; le corps en pate incorruptible, inalt(5rable, indestructible, est toujours la, quelle que soit la temperature, et, meme sous le ciel brulant de I'equateur, pret a nous livrer tous ses organes que le marasme ou la maladie n'ont pas fletris, dans un ^tat normal et de proprele absolue. M. Auzouxne vend pas seulement ses modeles, il les oflfre er. lo- cation a des prix tres-moileres ; il fait plus encore, il les explique lui-meme. Chaque annee, a Paris, il offre a tous les amis du progres les plus rirhes de toutes les etrennes, en les invitant a suivre son cours gratuit d'anatomie et de physiologie comparee. II est beau a voir au milieu de son immense collection ; jamais il ne se perd ou ne s'egare dans ce labyrinthe inextricable dont il possede seul tous les secrets, il decompose ou leeompose chacune de ses savanies preparatiuiis avec une adres?e merveilleuse ; en un clin d'ocil , il a fait passer sous vos yeux , en les differenliant et les caracterisant , tous les organes similaires de toutes les classes du regne animal ; ses le9ons ne ressemblent en rien aux legons des autres professeurs ; c'est un genre a part, d'un interet saisissant, elles ne fatiguent 2»0 cQsaios- jamais et instruisent au dela de ce qu'on pourrait imaginer. Au point de vue de la science pure ou appliqii^e, Tanatomie clastique a renda depuis trente-six ans d'iminenses services en France et a I'etranger; et elle en rendra de plus grands encore a mesure qu'elle penetrera de plus en plus dans les colleges, les eco- les speciales, les fermes-^coles, les ecoles regimentaires, etc., etc. Le gc^n^ral Jacquemin, qui pendant tant d'annees a dirige avec dclat Tenseignement de I'ecole de cavalerie de Saumur , temoin officiel des etonnants r^sultats obtenus a peu de fiais par I'in- troduction dans I'enseignement hippiatrique du cheval de M. Au- zoux, disait, dans un rapport au ministre de la guerre : <• Le pro- grfes est incommensurable. Avec le cheval artificiel, on peut en douze ou quinze seances connaitre parfaitement le mdcanisme et les fonctions des organes qui servent a la digestion , a la nutrition, a la respiration, a la circulation, a I'innervation ; lejeudesos, Faction et I'imfiortance des muscles, etc., etc. >• Maintenant que par ordonnance de M. le ministre de la guerre chaque regiment de cavalerie aura son modele , on peuts'attendre a une revolution complete et bienheureuse, non-seument dans le choix, I'entretien etla conservation, mais encore dans I'^leve et I'a- melioration du cheval de guerre. En rt^sume, I'anatomie clastique telle que M. Auzoux I'a com- prise et I'a rt^alisee avec ses 150 preparations fornixes de pres de 200 000 morceaux, constitueun ensemble extraordinaire qui se dis- tingue de tous les essais de reproduction tentes jusque-la par la nature de la composition plastique, son extreme solidite, la possi- bilite de multiplier les exemplaires a I'infini ; la facilite avec laquelle on en enleve un a un tous les organes , ou toutes les portions essen- tielles des organes, comme le ))reparateur le plus habile le ferait avec son bistouri et son scalpel. Elle suppose dans son auteur une intelligence profonde, un esprit penetrant, une habileteconsommee, une persevi^rance opiniatre, une abnegation complete, un desint^- ressement absolu. Lui refuser la plus glorieuse des recompenses, ce serait une grande faute , alors surtout qu'une eclatante reparation d'hiinneur a ete proclamee necessaire par un des memlires du Jury international de 1851. L'illustre Roux, quelques jours avant sa niort, dans le Compte rendu officiel de I'Exposition deLondres, qui sera sa derniere ceuvre, a dit : » Les travaux de M. Auzoux meri- taient plus qu'ils n'ont obtenu... II y a une puissance d'invention et presque du genie dans sa maniere... •> F. Moigno. A. TRA.MIU.AY, proprictaire-cjerant. Paris. — Imprimerie de W. Reuquet el Cie, rue Gaiaiicitre, 5. T. Til. 14 SEPTEMBRE 1855. QDATRIEUE ANNEB. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Nous reproduisons avec un immense bonheur le rapport suivant adresse a S. M. I'Empereur , par S. E. le ministre de I'interieur et concernantla fusion descompagnieschargeesdereclairage augazde la villa de Paris. Napoleon III, en autorisant, ou plutot en exigeant qu'on elevat a une petite distance de sa demeure une usine a gaz, dans laquelle il piit, soit par lui-meme, soit par ses conseils scienti- fiques, etudier la question si grave et si controversee du prix reel de revient du gaz, a donne un magnifique example dont I'histoire con- servera eternellement le souvenir. "> « Paris consomme aujourd'hui trente millions de metres cubes de gaz, et cette consommation va chaque jour croissant. Aussi le o-az a bon marche est-il instamment demande par la ville pour son im- mense voirie, par le commer^ant pour ses magasins, par rindus~ triel pour ses ateliers, par tous les habitants pour les usages com^ muns ou particuliers de leurs demeures. Votre Majeste, comprG^^ nant ce besoin, a voulu y pourvoir. « Deja, dans des pourparlers suivis pendant deux ans avec les compagnies concessionnaires de I'eclairage actuel, I'administration municipale avait obtenu pour une concession ulterieure un tarif moins eleve; convaincuque les conditions pouvaient etre meilleures encore, vous avez, sur le terrain meme du pare de Saint-Cloud, et pour ainsi dire sous vos yeux, autorise la construction d'une usine exp^runentale ; des hommes eminents dans la science y ont (5tudie avec soin le difficile probleme du prix de revient, et, grace a leurs etudes, grace a la peisistance de votre volpnte, le metre cube de gaz que la ville paye aujourd'hui 0 fr. 24,4.0 et 0 fr. 35 c. va lui etre livre a 0 fr. 15 c. ; I'Etat, auquel, pour ses etablissements mi- litaires. il coiite, en 1855, 0 fr. 41 c, le recevra a 0 fr. 15 c. ; les particuliers, pour lesquels il est a 0 fr. 41 c, ne le payeront plusi que 0 fr. 30 j el la livraison du gaz a ce.s prix resle obligatoire, meme au cas, peut-etre procham, oil, soit pour certains usages in- 11 282 COSMOS. dustriels. soit pour les usages domestiques, on viendrait k I'em- ployer comme combustible de chauffao-e. « Telles sont les bases fondamentales du Iraite nouveau que sans attendre I'^cheance du 31 d^cembre 1863, les compa-nies concessionnaires consentent a substituer, des le P^ Janvier 1856 k I'ancien traitJ. De plus, par la fusion en une seule society des six ^ompagnies qui se partagent aujourd'hni Teclairage dans Paris, ce- nouveau contrat assure au service plus d'unite, plus de facilite k la; surveillance, plusde consistance a la responsabilite ; il impose, en outre, aux concessionnaires : V pour rembellissement et la surety de la ville, le transport de toutes les usines a gaz hors Paris ; 2° une meilleure canalisation devant, partout ou laclministration le jugera. possible, s'etablir dans les egouts et affranchir ainsi la voie publique- de fouiUes et de remaniements perpetuels; 3° un droit de location de 200 000 fr. pour le sous-sol occupe par les conduites ; 4° enfin, au bt^neUce de I'octroi municipal, 2 centiines d'entree par metre cube de gaz. « A ces conditions la concession faite aux compagnies sera de Cinquante annees; maissi, apres les seize premieres, les benefices annuels viennent a depasser 10 pour cent, la moitie de I'excedant profitera a la ville; si durant la concession un procedd nouveau amene un abaissement notable dans le prix de revieiit du gaz, le benefice en est assure au public; si un mode d'eclairage different et moins cher vient a etre decouvert, il pourra etre mis en pratique sans aucune indemnity envers les concessionnaires d'aujourd'hui. Ainsi, aux avantages stipul(^s pour le present se trouvent ajoutees toutes les ameliorations que les progres de la science peuvent faire esperer des eventualites de I'avenir. •< Ces conditions inesp^rees , soumises par vos ordres a la com- mission municipale , ont vivement frappe cette assemblee ; par sa deliberation du2()juillet, elle les a acceptees avec empressement ; jesoumets a 1' approbation de Votre Majesty cette deliberation; la commission municipale y a consigne « I'expression respectueuse de u ses sentiments de reconnaissance pour la haute et constante sol- ,« licitude avec laquelle Votre Majeste veille sur les interets pari- « siens. « Ce rapport est suivi d'un ddcret du 25 juillet, ainsi congu : Est approuve, pour sortir son plein et entier effet, suivantle vote 6mis par la commission municipale dans sa deliberation du 20 juillet 1855, le traite conclu par acte sous signatures privees du 23 juillet 1855, entre la ville de Paris d'une part, les sieurs Emile et Isaac COSMOS. 283 P^reire et les representants des compagnies actuellement chargees de I'eclairage dans Paris, d'autre pari, pour la concession pendant cinquante annees , a partir du 1" Janvier 1856, de I'eclairage et du chauffage au gaz dans cette ville, aux clauses et conditions ^noncdes audit acte, dont I'ampliation reste ci-annexee. — A propos de gaz a I'eclairage, nous inserons dans toute son originalite la note suivante : Bien que le nouveau monde ait ete invetite par Colomb et le gaz a I'eau par Jobard, ces deux decouvertes porteront toujours le nom 6.'Jmcric et de SelUgue. Toutes les deux sont tombees dans le domaine public; mais comme M. Jobard n'est pas mort, il con- tinue a perfectionner son invention et nous prie de rappeler a nos lecteurs que Ton peut plus ^conomiquenient chauffer et eclairer les appartements avec le gaz a I'eau qu'avec le gaz au charbon. Le gaz hydrogene pur ne produit en briilant qu'un peu d'humidite neces- saire a I'air respirable, et peut se passer de-cheminee, tandis que le gaz carburd produit de la poussi^re qui salit les meubles, et des vapeurs sulfureuses qui salissent les poumons , ternissent les md- taux precieux, et necessitent I'emploi des cheininees. L'hydrogene pur degage plus de chaleur que I'hydrogene dclai- rant, vaut mieux pour la cuisine, et se produit a meilleur marchd. II serait done plus avantageux d'envoyer du gaz a I'eau par les con- duites que du gaz carbure ; mais comme ce gaz n'eclaire pas, il suf- firait d'en faire passer une partie a travers une boite a carbures pour le rendre tres-eclairant, dans le rapport de sept bougies a tren- te-six, avec le meme bee, comme I'inventeur I'a prouve en presence d'une commission de I'Academie beige, en 1834. L' economic de ce mode de chauffage resulterait de la suppres- sion des foyers, du transport et de I'emmagasinage du bois, de la houille, de I'huile et des domestiques attaches a ce service. D'un tour de robinet on eteindrait soi-meme le feu du salon pour le ral- lumer dans la chambre a coucher. Tel est le rdsumd de la commu- nication interessante faite par M. Jobard a la Societe d'encoura- gement. ACADfffllE DES SCIENCES. SKANCE DU 3 SEPTEUBRS: M. I'amiral du Petit-Thouars, nommd recemment academicien libre prend pour la premiere fois place parmi ses confreres, Sir John Herschel remercie I'Acad^mie de I'insigne honneuF quelle lui a fait en le noininant associ^ (Stranger , et le choisissant pour successeur de I'illustre Gauss. Nous avons etc vivement atr- triste enentendant cette phrase de sa lettre : « Si ma sante, forte- ment 6branI6e depuis quelqae temps , se raifermit assez pour me permettre de reprendre mes travaux, ce sera pour moi un honneur, en meme temps qu'un devoir, de repondre a I'invitation de commu- niquer a I'Academie les resultats auxquels je serai arrive. » . M. Thenard raconte longuement et d'une maiiiere tres- piquante les angoissea des nuits de sa jeunesse scientifique ; assailli de punaises qui se succedaient avec une effrayante rapidite, il avait en vain mis en usage mille moyens pour se defendre deleur morsures, et leur disputer le plus precieux de son sang, lorsqu'il eut la pensde de leur opposer le savon et I'eau de savon. Voici comment il decrit I'operationa laquelle il garantitun succes complet : 1" Mettre 100 parties d'eau en poids dans une bassine , y ajou- ter deux parties de savon vert , placer la bassine sur un fourneau allum6 et porter la liqueur a ebullition. 2" Enlever la tapisserie de la chambre et agrandir avec. una lame de couteau les fissures des murs si elles n'etaient pas assez larges pour permettre a I'eau de penetrer dans lear interieur. 3" Demonter les diverses pieces du lit, s'il est en bois, et retirer les boiseries. 4» Prendre une grosse eponge , semblable a celles dont on se sert pour laver les pieds des chevaux, I'attacher avec une ficelle a un baton de 40 centimetres de long ; plonger I'eponge dans la dis- solution bouiUaiite de savon, et laver a plusieurs reprises dehaut en bas les murs de la chambre, et surtout les parties oil il y aura des fissures, en ayant soin de replonger a chaque fois I'eponge dans la liqueur qui, pour agir efficacement , doit toujours etre tres-chaude et autant que possible bouillante. 5" Laver les diverses pieces du bois du lit et toutes les boiseries de la meme maniere. Si elles etaient precieuses, on pourrait se con- tenter de les exposer a Fair et au soleil pendant le temps n^ces- saire pour I'eclosion des oeufs et les frotter ensuite. COSMOS. 285 6" Laver ^galement, toujours avec la dissolution bouillante, les fissures qu'il y aurait dans les carreaux ou le plancher ou le parquet ou les boiseries. T" Changer les couvertures, les rideaux et les exposer au soleil pendant quelques jours. 8" Renouveler la paillasse, s'il en existe une, et passer a I'eau bouillante le fond-sangle, les toiles etla laine des matelas. 9° Enfin, boucher les fissures du mur avec un mastic forme de craie et de coUe animale , puis tapisser la chambre a la maniere ordinaire. 10° Toutes les operations qui precedent sont n^cessaires pour les dortoirs, les casernes, les salles d'hopitaux, pour les chambres ou il y a trois ou quatre lits. Mais quand il n'y en a qu'un ou meme deux , eloign6s I'un de I'autre, on peut se contenter de sou. mettre a des lotions savonneuses les differentes pieces de lit ainsi que les objets et les murs pres desquels il est place. Les punaises se refugient toujours dans leurs fissures. C'est la qu'elles vont deposer leurs oeufs. M. Thenard ajoute et prouve par des faits que I'eau de savon tue beaucoup d'autres insectes, et particulierement les chenilles ; il lui a suffi d'entourer les tiges d'arbres a fruit sur une largeur de 10 a 12 centimetres de savon vert mele d'un peu de tabac, pour les pre- server de I'attaque des chenilles qui partout ailleurs exercerent d'horribles ravages. M. Desprets a reussi de son c6t6 a d^truire les punaises par I'em- ploi du gaz acide sulfureux, moyen beaucoup plus connu et plus employe, mais moins efficace et d'une application plus penible que celui de M. Thenard. Apres avoir soigneusement enleve de la chambre tout ce que le gaz acide sulfureux pourrait attaquer et de- truire, on place quelques canons de soufre dans deux ou trois tets a rotir; on les chauflFe de maniere a enfiammer la substance, et on la laisse briiler dans la chambre fermee; on repete I'experience deux fois en vingt-quatre heures et Ton renouvelle I'air de la chambre. Apres chaque operation on neutralise I'acide sulfureux en d^gageant du gaz ammoniaque d'un melange de chaux et de sel ammonical chauffe dans deux ou trois creusets. — M. Babinet fait hommage a I'Academie du premier volume de ses Etudes et lectures sur les sciences d observation et sur leurs applications pratiques, etc., edite par M. Mailet-Bachelier. C'est une charmante publication de 221 pages. Dans un avis au lecteur ecrit sans pretention aucune, le savant 286 cosmos. auteur expose son but qui est de r^pandre dans le public des no- tions exactes puisees aux sources les plus ^lev^es de nos connais- sances physiques etexposees descj-iptivement. Ce premier volume comprend le discours sur les mouvements exlraordinaires de la mer, lu dans une seance publique de I'lnstitut; et les articles sur les comfetes au xix" sieole, la t^legraphie electrique , I'astronomie , en 1852 et 1853, I'astronoinie descriptive, la perspective a^rienne, ie stereoscope etla vision binoculaire, le voyage enfin dans le ciel, reproduits de la Reuue des deux inondes^ qui en a eules premices. — M. de Quatrefages, au nom d'une commission composee de MM. Milne-Edwards, Valenciennes et lui, lit un rapport sur le me- moire de M, Charles Lespes, intitule " des spermatophores des gril- lons. " II s'agit surtout d'un mode de fecondation extraordinaire observe sur le grillon par le jeune naturaliste. II a vu le male atta- cher a I'orifice genital de la femelle placee sur son dos, une ampoule creuse spermatophore, c'est-a-dire renfermant les spermatozo'ides ; et terminee par une lamelle tres-mince avec un tube d'une extreme finesse qui s'introduit dans I'orifice genital. L'ampoule reste au de- hors, et la femelle conserve cette position jusqu'a ce quelle se d^tache d'elle-meme. L' action de I'air dessechant la matiere corn^e qui ferme les parois de l'ampoule parait suflnire pour en exprimer le contenu, en r^trecis- sant peu a peu la cavit^. Dans I'appareil generateur du male et meme dans les spermatophores, les spermatozoides des grillons restent constamment immobiles, et leur forme seule peut faire juger deleur nature ; arrives dans la poche de lafemelle ils se modifient, leur queue se raccourcit ; ils s'animent de mouvements caracteristiques, signes de leur maturite et de leur aptitude a feconder. La com- mission declare que M. Lespes a montre beaucoup de patience et de sagacity ; quelle a verifie la plupart des faits enonces par lui et reconnu leur exactitude; elle propose en consequence de le reiner- cier de sa communication, et de I'engager a ^tendre ses recherches aux groupes voisins, specialement aux locustaires. M. Moquin-Tandon rappelle qu'il a observe etdecrit les sperma- tophores de plusieurs mollusques terrestres, particulierement des helices et des arions. Son Altesse le Prince Charles Bonaparte a quelque peine a ad- mettre les faits enonces dans le rapport; il voudrait, avant de les .voir sanctionner par le vote de I'Academie, qu'ils fussent coiifinnt^s par des observations nouvelles. Seule, dit-il, parmi par les Acnd^- mies du monde, I'Acad^nie des sciences se fait faire des rapports COSMOS. 287 sur les travaux pr^sent^s, et en adopte ou rejette les conclusions. Son autorit^ par la meme est incomparablenient plus grande , mais sa responsabilit^ aussi est fortement engag^ej elle ne saurait proc^- deravectrop decirconspection, surtout quand il s'agit de faits aussi nouveaux et aussi extraordinaires que ceux soumis a son jugement par M. Lespfes. M. de Quatrefages repond qu'a part la transforma- tion des spermatozoides, il a verifi^ par lui-meine I'exactitude des observations de M. Lespes : des transformations de ce genre, d'ail- leurs, ont d^ja et^ signaleespar M. Gratiolet; il regrette de ne pas connaitre les recherches faites dans la meme voie par M. Moquin- Tandon. — M. Chevreul rend a I'Acaddmie un compte favorable de deux procedes photographiques presentes par M. Taupenot, professeur au Prytanee imperial militaire de la Fleche. Le premier de ces procedes consiste a donner, a I'aide de I'al- bumine, aux negatifs sur verre collodionn^ une tres-grande solidity sans I'emploi de vernis. Sur le cliche termine et lave, on verse une petite quantite d'albumine fraiche ou fermentee avec un peu de miel, additionnee de 1 pour 100 d'iodure de potassium ; on laisse egoutter et s^cher, en pla^ant la plaque obliquement contre un appui quel- conque; on plonge ensuite cette plaque dans le bain ordinaire d'a- c^to-nitrate d'argent, on la lave imm^diatement, et on la plonge dans le bain d'hyposulfite, qui sert a fixer les negatifs ; on la lave une derniere fois et I'operation est terminee. L'albuinine fermentde avec un peu de miel a le grand avantage de se conserver presque indefiniment, et de filtrer aussi facilement que I'eau, de sorte qu'on peut toujours 1' avoir parfaitement exerapte depoussiere au moment de s'en servir. Des cliches ainsi vernis, qui avaient ete taches dans le tirage des positifs, ont pu etre ramenes completement par un bain prolonge dans de I'hyposulfite concentre qui a dissousles taches sans alterer le cliche prot^g^ par la mince pellicule d'albumine su- perpos^e. Le second procdd^estun precede nouveau et complet de photo- graphic sur collodion albumine sec; les plaques enduites conservent leur sensibility pendant un jour et plus; on peut les preparer le soir pour le lendemain, et aller photographier au loin sans s'em- barrasser d'une tente, de cuvettes, de flacons, etc. On opere de la maniere suivante : Sur la plaque collodionnde, passee au bain d'argent et lavee a I'eau distillde, on verse un peu d'albumine, contenant 1 pour 100 d'iodure de potassium; on laisse egoutter et secher dansl'obscurit^. 288 COSMOS. On prepare ainsi de suite autant de plaques que Ton veut ; elles se conservent bonnes quatre a cinq jours au moins. Pour les employer, onles passe au bain d'acdto-nitrate ordinaire, contenant 10 pour 100 d'acide act^tique, et 10 pour 100 de nitrate d'argent. On les laisse 10 a 20 secondes dans le bain, on les lave a I'eau distillee, et on lea emploiesoithumides, et immediatement, soitseches,dansla journ^e de leur preparation, ou meme le lendemain ; leur sensibility n'est pas diminu^e. Quand elles ont 4t6 impressionndes, on peut attendre un jour, si cela est n^cessaire, avant de faire apparaitre I'image. On peut employer soit I'acide gallique, soit I'acidepyrogallique; le premier, satur6 et additionne d'une goutte oudeux d'ac^to-nitrate neuf, d^veloppe I'image lentement, lui donne un peu plus d'opposi- tion entre lesblancsetles noirs, et tache moins. L'acide pyrogallique peut etre employe a differentes doses, additionne ou non de nitrate d'argentaSpourlOO. Si on I'emploie melede nitrate d'argent, quel- ques minutes suffisent pour developper I'image ; mais on doit craindre les taches, et il faut avoir eusoin de filtrer, au moment de s'en servir, le bain d'aceto-nitrate qui donne aux plaques leur dernifere sensi- bilite. M. Taupenot a bien voulu nous montrer ses cliches et son magni- fique album photographique du Prytan^e imperial, qu'il est admis k presenter a Sa Majeste I'Empereur au nom d'un ^tablissement qui lui doit sa resurrection et sa prospdritd actuelle. Les epreuves de cat album au nombre de plus de vingt-cinq qui representent le Prytanee, ses batiments, ses jardins, son personnel sous un tres-grand nombre d'aspects, sont vraiment tres-belles. Toutes ont dte obtenues sur des plaques seches, pr^parees depuls un ou meme deux jours. Le temps de la pause n'a jamais ce- pendant ddpasse une minute ; et pour les groupes la Procession, le Gymnase, les Joueurs de boules, la Revue d'honneur, il n'a ete que de quelques secondes, avec un objectif fran9ais simple, muni d'un diaphragme de 25 millimetres. Les groupes de M. Tau- penot, charges de personnages , sont tout ce que nous avons vu de mieux en ce genre. La double propri^te de conserver aux plaques, prepar^es en aussi grand nombre que Ton veut, leur sensibility pendant un ou deux jours, et de permettre qu'on ne d^veloppe I'image que vingt-quatre heures aprfes ; la facilite avec laquelle I'albumine, si difficile a manier dans la m^thode ordinaire , s'^tend , sur la plaque de verre collo- dionne, donne au proc^de de M. Taupenot une superiority incontes- table, qui lefera adopter partout. C'est un grand progrfes.Rienn' em- COSMOS. 289 pechera desormais, disait M. Chevreul, de reproduire toutes les p^ripeties des grandes manoeuvres militaires, d'une bataille ineme, qui passera ainsi imm^diatement a I'etat de monument historique, L'Acaddmie, a I'unanimit^ , remercie M. Taupenot de sa commu- nication. — M. Lanza, c^lfebre g^ologue autrichien, lit une note sur les formations geognostiques de la Dalmatie, principalement des ter- rains cretaces. L'etage de la craie blanche renferme un grand nom- bre d'especes de la famille des Radistes dont plusieurs, la Radio- litis hexagonata, Y Hippuritis arborea, sont fort belles etsont res- ides jusqu'ici inconnues. — M. Jobard lit une note pittoresque au plus haut degr^, comme tout ce qui sort de I'imagination et de la plume de notre ami ; elle a pour titre : V Explorateur sous-marin. « L'exploratioii du fond des mers et du haut des airs prdoccupe beaucoup d'esprits ardents , qu'il ne faut pas d^courager ; car ils nous font faire de temps en temps quelque pas vers la realisation de ces utopies de la veille appelees quelquefois a devenir les verites du lendemain. J'ai I'honneur de soumettre a I'attention de I'Acaddmie la des- cription d'un appareil qui permet de descendre a de plus grandes profondeurs que les cloches a plongeur, les casques et autres ins- truments, toujours limites par la pression de I'eau sur la charpente animale ; sans parler des dangers courus par les plongeurs dont la vie depend de la distraction d'un manoeuvre, du derangement d'une soupape ou de la rupture d'un tuyau. L'appareil nouveau se trouve delivre de toutes ces mauvaises chances : le plongeur, filt-il a 50 mfetres, peut travailler sans peril et sans gene, puisqu'ii ne perd pas le ciel de vue et ne soufFre pas de la pression de I'eau, c'est-a-dire qu'il se trouve comme au fond d'un puits ferm^ en bas et ouvert en haut. Prenons pour exemple une de ces longues cheminees de fabri- que, en tole epaisse, exactement clouees et terminees a la partie inferieure par un habitacle en fonte, assez grand pour recevoir un homme couch^ sur un matelas et assez lourd pour equilibrer I'eau d^plac^e. Cet appareil repr^sente assez bien la forme d'une longue botte dont le plongeur occupe le pied, tandis que le haut de la tige est solidement attach^ au bordage d'un navire. Ce plongeur commande la manoeuvre du fond de son puits d'ou il cherche, par des regards en verre epais, les dpaves vers lesquelles 290 COSMOS. jl se fait dirigpr, et qu'il atteint quand elles sont a sa port^e, en passant ses bras dans des mauches de caoutchouc termin^es en mitaines et garnies int^rieurement d'anneaux m^talliques ; ces an- neaux sont destines a preserver les bras et les mains du poids de I'eau , sans empecher les mouveinents de flexion dans tous les sens. Un certain nombre d'outils et de crochets appendus en dehors de I'appareil, et sous la main du plongeur, servent a attacher les dpaves que les gens rest^s dans le bateau sont chargds d'enlever. On peut, parcemoyen, reuiplir des sacsd'huitres perlieres, d' Spon- ges ou de coraux. Le renouvellement de I'air a lieu par un petit tuyau servant de cheminee a une lanterne destiui^e a eclairerles objets dans les eaux profondes ou troubles. Ce tube se prolonge jusqu'en haut de I'appareil et sert au besoin de conduit pour expulser i'air vicie, a I'aide _d'un soufflet plac^ deriiere les pieds dii plongeur. Get ouvrier, arme d'un hanspec a grapin, peut approcher, Eloi- gner ou faire tourner autour des objets le tube dans lequel il est suspendu, quand le navire a jete I'ancre sur un banc a explorer, L'operation terminee , on releve, a I'aide de cabestans et de chaines, le tubecheminee que Ton arrime horizontalement le long du bord du bateau pecheur. On peut voir sur la Seine un premier specimen de cette id^e execute par le baron EspiarJ de Collouge pour la Soci^te d'explo- ration du lit des rivieres riches en dpaves, telles que la Seine, le Tibre, I'Euphrate, etc. » De plus fort, en plus fort! ! <■ J'arrive maintenant a un appareil de plus haute port^e avec le- quel on pourra, sans danger, parcourir le fond des mers dans une voiture remorqut^e par un bateau. Un lourd wagon en fonte epaisse, portE sur quatre roues en fer ajust^es a de longs essieux, serait attach^ a un navire par une longue chaine accompagn^e d'un fort tuyau de caoutchouc entoile, et muni de spirales melalliques interieures pour rt^sister a I'ecrasement. Ce moyen permettrail de descendre a des profondeurs inconnues, soit pour chercher les meilleurs passages pour les cables t^legraphiques, soit pour reconnaitre le lieu et les causes de rupture de ces cables. On con9oit que I'espfece de tube ombilical qui servirait a I'a^ra- tion, en contiendrait un plus mince pour la ventilation, par les moyens d^crits ci-dessus. COSMOS. 291 Je pense qu'un pareil vdhicule traverserait ais^ment le Pas-de- Calais en roulant sur le sable et le galet. J'ai I'honneur de deposer sur le bureau les plans du premier ap- pareil decrit, pour etre soumis a I'examen d'une commission a la disposition de laquelle je me tiens pour les renseignements que je ne puis donner ici. » — M. Babinet presente au nom de M. Henry Soleil un nouveau prisme bi-refringent a quatre images , charmant appareil construit d'apres les principes les plus abstraits de I'optique th^orique : ces principes , le jeune et modeste artiste, marchant avec gloire sur les traces de son pere, les manie avec une tres-grande habilet^. Lorsque dans un prisme bi-refringent, les faces d'entree et de sor- tie restant paralleles a I'axe, 1' arete du prisme devient oblique par rapport a ce meme axe, Tangle de bifurcation ne change pas, mais les plans de polarisation des deux images au lieu d'etre I'un parallele, I'autre perpendiculaire a I'arete, sont maintenant inclines sur cette arete et Tangle qu'ils font avec elle varie en meme temps que Tangle de Tarete avec Taxe. M. Arago a utilist^ cette propriety pour se procurer un prisme a quatre images en ligne droite. Si Ton place, en efFet un prisme bi-r^fringent a arete oblique a Taxe devant un prisme bi-refringent ordinaire a arete parallele a Taxe; par cela meme que les plans de polarisation des images du premier prisme sont obliques, le second prisme, qui fait a la fois Toffice de dedoubleur et d'analyseur, d^- doublera chacune de ces deux images sans les superposer deux a deux, comme cela aurait eu lieu si le premier prisme avait dte lui- meme a arete parallele. Ce fut sur la demande de Tillustre secretaire perpetuel que M. So- leil rdalisa son id^e.etconstruisitle premier prismea quatre images qui luiaservidansses recheiches sur la photometric. Ce prisme se com- posait de quatre prismes ou coins prismatiques, deux pour chacun des prismes bi-refringents qui le constituent par leur superposition : il a semble depuis a M. Soleil qu'il serait curieux et utile de resoudre le meme probleme, ou de realiser un prisme a quatre images par un simple ensemble de deux prismes eiementaires, et il soumet sa so- lution au jugement de TAcademie. Dans le premier prisme de quartz, la face d'entree est parallfele a Taxe , et Tarete fait avec cet axe un angle de 45 degres. Dans le second prisme, de meme matiere, la face de sortie fait un angle de 45 degres avec Taxe, et Tarete est a 90 degres de ce meme axe, c'est-a-dire quelle est perpendiculaire a un plan passant par Taxe, ^92 COSMOS. Le nouveau prisme compose, comme celui de M. Arago, donne quatre images en ligne droite : si Ton regarde par la face d'entr^e du premier prisme, les deux images contigues, soit de droite, soit de gauche, ont leurs plans de polarisation parall^es et inclines de 45 degres sur I'arete, mais les plans de polarisation du couple de gauche sont perpendiculaires aux plans de polarisation du couple de droite. Si Ton regarde, auconlraire, par la face de sortie du second prisme les plans de polarisation des images contigues sont a angle droit I'un par rapport a I'autre, et alternativement paralleles et perpendiculaires a I'arete. — M. Neil Arnott lit une note pleine d'interet sur un lit hydro- statique propose d'abord par lui, et actuellement en usage dans les hopitaux d'Angleterre. Ce lit, idee eminemment heureuse , se prepare comme il suit : on prend une sorte de baignoire qu'on rem- plit d'eaujusqu'a une certaine hauteur; sur la surface de I'eau et sur les bords de la baignoire on etend un large drap de caoutchouc ; sur le caoutchouc on etend, pliee en quatre, une couverture molle, quisert de matelas, que Ton garnit al'ordinaire dedeuxdrapsetd'un oreiller, et sur lequel on couche le malade. II flotte ainsi sur I'eau comme un nid d'alcj'on, sans que la surface inferieure de son corps ait a supporter une pression sensible. M. Arnott raconte avec bonheur I'histoire d'une jeune dame, laquelle, apres une fausse couche suivie d'une longue maladie, avait sur les parties saillantes du corps, I'os sacrum, les ^paules, les talons, les deux trochanters , par suite de la pression et de la non circulation du sang, des masses de chair morte et des ulceres gangreneux. On eut enfin I'idee de la coucher sur le lit hydrostatique. Des qu'elley fut, elles'^cria : Je suis au ciel , laissez-moi en repos. Elle s'endormit et resta sans mouvement pres de cinq heures. A son reveil, ell prit de la nourri- ture ; bref, elle fut sauv^e, les chairs raortes tomberent, les ulceres se cicatriserent, etc. Les autres avantages evidents dulit hydrosta- tique sont une grande facilite de changer la position du malade ; d'introduire un vase sous le corps, enfin de iipaintenir le lit a une temperature donnee, la plus propre a sa guerison. [La suite a un prochain numere, ) EXPOSITION UNIVERSELLL VARIETES. LA LUMIERE INVISIBLE. NOUVEAU SYSTEME DE CHAUDIERE TCBULAIRE, DE M. ZAMBAUX. Nous avons a signaler a nos lecteurs un progres considi^rable, une des inventions les plus riches d'avenir del'Exposition de 1855, et nous sommes force de leur designer ce progres , cette invention, sous le nom de Inniiere invisible^ parce qu'ils la chercheraient en vain sur le catalogue et dans la galerie des machines : elle est for- c^ment rel^guee dans les hangars exterieurs qui longent 1' Annexe du cote de la Seine, au milieu de tous les appareils destines a en- gendrer les torrents de vapeurs qui dans la galerie interieure se changent en flots de mouvements. Nous voulons parler de la nouvelle chaudiere tubulaire deM. Zambaux , beau-frere de M. Pecqueur , a qui I'alliance et I'adoption du grand et honorable m^canicien ont porte bonheur. On se rappellera qu'en r^sumant notre longue etude sur les ma- chines a vapeur, nous avons surtout insiste sur la necessity de tra- vailler activement au perfectionnement des appareils de degage- ment de la vapeur, restes toujours bien en arriere des progres que le mccanisme des moteurs faisait chaque jour. Nous appellions de tous nos voeux un generateur a volume tres-reduit, a production de vapeur tres-abondante. Ce generateur nous vous I'offrons au nom de M. Zambaux. C'est une chaudiere tubulaire, qui n'a rien d'ex- centrique ou d'anormal, dont on n'a rien enleve de ce qu'il y a de bon dans I'ancien systeme, auquel on a ajoute seulement les organes necessaires pour faire disparaitre, en lui conservant tous ses avan- tages, les inconv^nients graves qui! presentait. Si Ton prend une chaudiere plus haute que large, formee d'un foyer surmont6 d'un faisceau tubulaire ouvert par lehaut; et si, apres avoir allumd dans le foyer un feu assez vif, on suit avec atten- tion les phenomenes de I'ebullition de I'eau et de sa reduction en va- peur , on constatera sans peine les faits suivants. Au debut tout marche r^gulierement; mais bientot, le bouillonnement devient tumultueux; la vapeur engendr^e se mele a la masse entiere de I'eau, la fait tour- billonner en lui imprimant les mouvements les plus irreguliers, la fait d^border, en la boursouflant, et en emporte avec elle luie por- portion tres-considerable. L'entrainement de I'eau par la vapeur ne determine pas seulement une perte considerable de calorique, il a 29& COSMOS. d'autres consequences funestes ; I'eau entrainde, en efFet , est plus ou moins chargee de sels terreux qui deteriorent les pistons , les cylindres et les tiroirs des machines. Quand les chaudi^res sont Fig. 1. aliment^es par de I'eau de mer, les gen^rateurs tubulaires fonc- tionnent beaucoup plus mal encore; le bouillonnement irr^gulier, le boursouflement tumultueux, I'eiitrainement de I'eau, prennent alors des proportions vraiment efFrayantes. M. Zambaux , qui COSMOS. 295 les a vus souvent se produire sous ses yeux, dans les experiences d'essai d'un appareil evaporatoire qu'il soumettait au jugeinent d'une commission nommee par le ministre de la marine , a voulu les combattre, et c'est ainsi qu'il a invente son excellent g^n^- rateur. Pour ^viter le bouillonnement et le boursouflement, il fallait en premier lieu empecher la vapeur qui se forme sur les surfaces de chauffe, de pen^trer en tous sens dans la masse liquide, la forcer a monter dans une direction qu'elle fdt obligee de suivre. M. Zambaux y est parvenu tres-simplement et trfes- efficacement en entourant le foyer et le faisceau tubulaire d'une enveloppe metallique qui ne monte pas jusqu'au sommet, qui ne descend pas jusqu'au bas de la chaudiere, telle par consequent que I'eau puisse y p^ndtrer par sa partie inferieure, et sortir par en haut melee a la vapeur. II fallait en second lieu faire en sorte que la va- peur n'entrainat pas d'eau, et ce but a ete atteint de la maniere la plus ing^nieuse, par un moyen du meme genre, par une seconde enveloppe ou chapeau qui recouvre le faisceau tubulaire a son sommet et descend de 15 centimetres environ au-dessous de la prise de vapeur. L'effet de ce chapeau est vraiment merveilleux ; I'eau qui s'est elevee jusqu'a lui retombe en cascade; et ne penetre plus jamais dans la prise de vapeur ; elle descend au contraire pen- dant que la vapeur plus legere monte dfes qu'en ddpassant les bords inf^rieurs du chapeau elle est redevenue libre, et sort seule par la soupape parfaitement pure et seche. Ce qui prouve sa s^cheresse et sa purete ou meme I'absence complete d'eau entrainee, c'est que, si, apres I'avoir condens^e, on la traite par les reactifs les plus sen- sibles, elle ne donnera aucune trace de sels calcaires. 296 COSMOS. r . r Avec la double enveToppe done , ])lu3 de bouillonnement , de de- bordement, d'entrainement d'eau. Mais ce n'est pas tout : cette ad- dition a realise un avantage incomparableinent plus precieux, une circulation reguliere et continue qui rend I'evaporation plus rapide. L'eau renferuiee entre la premiere enveloppe et le faisceau tubu- laire, plus cbaude et melee de beaucoup de vapeur, s'eleve incessam- ment, monte jusqu'au sommet de la seconde enveloppe, descend, se separe en grande partie de sa vapeur, qui sort par I'orifice d'6- chappement, devient moins chaude et plus lourde, tombe jusqu'au- dessous des bords de la premiere enveloppe, revient au contact des tubes pleins de feux, se vaporise, etc., etc. De plus les tubes tou- jours plonges dans l'eau ne brulent plus au sommet. N'est-ce pas la solution la plus complete et la plus excellente du double problfeme que nous avons pos6 ; c'est la chaudiere tubu- laire amenee au bon et beau id^al; c'est un progres evident qui sera forcement acceptd partout , dans les machines des bateaux a vapeur, sur les locomotives, dans les ateliers, etc. Ces perfection- nements sont si rationnels en eux-memes qu'on pouvait garantir a priori leur efficacite absolue. L' experience I'a fait bien plus res- sortir encore. EUe a montre que, dans le nouveau systeme, on peut reduire a la moiti^, au quart, plus meme, peut-etre, le volume des generateurs ; que la vaporisation eat si rapide qu'on a besoin d'une alimentation excessivement active; quel'entretien du foyer est d'une facilite extreme ; qu'enfin la chaudiere est en pleine vapeur apres un temps tres-court. Le modele expose par M. Zambiuxest un gonerateu r de douze chevaux ; sa hauteur est de 2 metres, son diametre, de 50 a 60 cen- timetres ; en le voyant et jugeant de sa puissance par son volume, compare au volume des generateurs anciens , on le croirait a peine capable d'alimenter une machine de quatre chevaux; et ce qui es plus extraordinaire encore , il suffit de vingt minutes pour le mettrt en pleine activite. Nous en donnons le dessin avec d'autantplus de bonheur qu'il est presque completement inaccessible. La premiere figure est une coupe verticale : A est la chaudiere ; B le foyer ; F le faisceau de tubes ouverts par le baut et par le bas pour donner passage a la flamme et aux gaz chauds qui se ren- dent dans le dome C, surmonte d'une cheminee D ;// est la pre- miere enveloppe, ouverte a ses deux extremities ; GG est la seconde enveloppe descendante, qui rabat l'eau et la vapeur ; la vapeur se s6pare de l'eau ea E et sort par la prise de vapeur K. COSMOS. 297 La seconde figure est une coupe tranversale ou les tubes F, la premiere enveloppe_/, la seconde enveloppe G, sont repr^sent^s en projection. Avec quel bonheur nous verrons le gen^rateur Zambaux associ^ aux petites machines de Flaud, ou a la disc-engine de M. Rennie, ce serait une revolution complete! Mais nous serons plus heureux encore, si MM. Flaud ou M. Letestre consentaient a appliquer im- mediatement a I'une de leurs belles pompes a incendie une petite machine de 2 a 4 chevaux, avec chaudiere tubulaire a enveloppes. A I'aide d'une forte lampe ou d'un petit fourneau, on maintiendrait I'eau a une temperature douce ; quand le moment de courir au feu sera venu , on allumera le foyer ; avant dix minutes la vapeur surabondera et Ton pourra non-seulement faire jouer les pompes mecaniquement, mais encore lancer un jet de vapeur pour agir di- rectement sur le centre de I'incendie et I'^teindre. F. Moigno. L HOMME LE PLUS FIDELE A SON NOM. HORLOGES ET APPAREILS ELECTRIQUES DE M. VERITK, BE BEAUVAIS. VIlF classe, 2® section. Annexe, galerie centrale, 44, D. M. Verite, que nos fideles abonnes connaissent depuis longtomps, est une des gloires de I'horlogerie frangaise en province ; il a jete sur la ville de Beauvais et sur le departement de I'Oise un eclat dont ses compatriotes lui sont grandement reconnaissants ; sa repu- tation s'est meme ^tendue dans I'Europe entiere, grace a i'invention de I'echappement parfaitement libre qui porte son nom, et dont il a fait une si heureuse application a son horloge electrique. Son exposition est extremement brillante ; nos lecteurs en seront bientot aussi convaincus que nous, quand nous leur auront fait I'enum^ration et la description rapide des charraants appareils que nous avons vus fonctionner avec tant de bonheur. M. Verite expose done : 1" Un grand regulateur astronomique, II Sonne les heures et les quarts, marche un an, sans avoir besoin d'etre remonte, et indique sur le principal cadran les heures et les minutes : les secondes sont indiquees sur un cadran special, place sur le mouvement meme qui mesure le temps. II existe, au-dessous de ce mouvement, un m^ca- nisme destine a faire indiquer sur douze cadrans disposes eirculai- rement, les heures et les minutes des douze principaux lieux du globe. Le centre de ces douze cadrans est occupd par une grande roue annuelle, accomplissant une revolution en 365 jours, dans les 298 COSMOS. ann^es simples, et en 366 jours dans celles qui sont bissextiles; le champ de cette rouedonne, d'une maniere bien visible et trfes-exacte, les mois de I'annee et le quantieme du jour. Huit autie-s cadrans sont groupes de chaque cot6 de ce rogiilaleur et servent a indiquer avec precision, jour par jour, I'heure du lever et du coucher du so- leil, I't^quation du temps et la difference du temps vrai et du temps moyen ; les signes du Zodiaque, celui oil se trouve actuellement le soleil ; la phase de la lune ; le jour de la semaine, et aussi, jour par jour, I'heure du lever et du coucher moyen de la lune. L'dchappement de ce regulateur est a chevilles, et Taction se fait directement sur le pendule. L'auteur a supprime, par ce moyen, la resistance des pivots de I'ancre, et aussi le jeu presque inevitable de la fourchette. Dans tous les echappements qui transmeltent le mouvement au pendule par I'intermediaire d'une fourchette, il est impossible de faire co'incider exactement les deux centres de mou- vement, par cette seule raison deja que I'un decrit un cercle et I'autre une cycloide. En agissant directement, comine on I'a fait, sur le pendule. Ton a pare a tous ces inconvenients. Get echappement, d'ailleurs, est dispose de fa9on que I'huile se conserve sur les plans inclines de I'ancre. Le Jury d'examen aura sans doute examine avec la plus grande attention et apprecie a sa juste valeur le remontoir d'egalite de cette piece qui presente tin perfectionnement que nous regardons comme tres-avantageux et, preferable peut-etre a tous ceux que Ton a construits jusqu'a present. Dans les systemes connus , la pression variable de I'arret du rouage, contre le repos du remontoir, tend toujours a rendre ine- gale Taction de la force constante. On a, il est vrai, plusieurs fois tache de remedier a ce grave defaut , en faisant en sorte que. au lieu d'agir sur une courbe ayant pour centre son axe meme, la pres- sion ci-dessus agisse sur une courbe formant un plan incline legere- ment. Pour que ce moyen fiit bon, il faudrait que la pression fut elle-meme constante ; mais il n'en est point ainsi, et les variations de la force motrice troublent la force constante du remontoir. Voici comment M. Verite est parvenu a conslruire un remontoir a effet rigoureusement constant : Le bras d'arret du rouage vient s'arreter sur Textremite d'un le- vier mobile, ayant son centre de mouvement sur le prolongement de Taxe du chariot de la roue satellite. C'est sur ce meme axe quest fixee la force constante ; le remontoir fonctionnant toutes les mi- nutes et le levier d'arret restant fixe pendant 59 secondes, il est clair COSMOS. 299 que la force demeure rigoureusement constante pendant ce meme laps de temps. C'est seulement pendant la 60«seconde que le dega- gement s'opere : et comine ce degagement, semblable aux autres, ne prdsente pas plus de resistance que tous ceux des remontoirs connus, dont le frottement aurait dure pendant toute la minute en- tiere, il s'ensuit que M. Verity a deja gagne en precision 59 sur 60. Pendant la soixantieme et derniere seconde, il a encore fait en sorte que le fit portant le petit poids du remontoir, apres avoir agi pendant 59 secondes, toujours sur le meme rayon de la courbe qui le porte, agisse pendant cette soixantieme seconde sur un rayon con- venablement plus long, afin de compenser ainsi la force qu'il doit perdre en operant le degagement. M. Verite obtient, par ces moyens, des effets presque rigoureu- sement constants, d'une precision vraiment ^tonnante , et de plus, les oscillations de son pendule sont entretenues avec une force moindre que s'il eut employe une fourchette et un remontoir a frot- tement continu. 2° hegulateur electrique avec echappement libre a houles. II marque les heures, les minutes et les secondes, et son pendule a compensation pfese 35 kilogrammes. Ce pendule, completement isole, est en communication directe avec un des poles d'une pile placee dans le soc de la boite, il est arme a sa partie superieure d'une traverse ; a chacune des deux extremitds de la traverse est fixe un fil d'argent excessivement flexible , portant a sa partie inferieure un petit poids destine a lui donner I'impulsion au moment voulu. Ces petits poids sont perces interieurement d'un trou cylindrique dontle sommet, termine par un cone creux en argent, se relie avec lefil qui lesupporle. Comme le pendule est isole, le sommet des cones d'argent, situes dans I'interieur des poids, represente I'extre- mite du pole de la pile avec lequel il est en communication. Le fil conducteur placd a I'autre pole de la pile , apres s'etre bifurqu^, vient s'enroulerautour des bobines de deux electro-aimants, et il se termine, sur le balancier portant les armatures , par deux pomtes d'argent parfaitemnt d'aplomb et placees a une distance convenable des deux poids suspendus au pendule. Les choses ^tant dans cet ^tat, si on donne au pendule une impulsion de droite a gauche, il amene la pointe d'argent au centre du poids suspendu a gauche; ' alors, cette pointe ^tant en contact direct avec le cone d'argent qui termine I'interieur du poids, le circuit voltaique se trouve ferm^, et I'electricite, circulant aussitot dans I'tMectro-aimant de droite , y determine Taimantation du fer doux, lequel, en attirant Tarmature, 300 COSMOS. force le balancier a s'abaisser a'gauche et a s'elever vers la droite. Par cet effet , le poids de droite est soalev^ a son tour par le bras droit du pendule, et le poids de gauche, tombant alors avec le bras gauche et pesant sur lui, rend au pendule I'impulsion neces- sairepour recommencer une oscillation d'amplitude ^gale. Quand le fond du poids de droite est arrive a son lour en con- tact avec la pointe d' argent, le circuit est de nouveau ferme, et 1'^- lectricite, en circulant dans I'autre electro-aimant, attire son arma- ture et fait baisser le balancier en sens inverse. C'est alors le poids de droite qui donne la seconde impulsion au pendule, et les choses se passant de la meme maniere a chaque nouveau contact, I'impulsion est, comme elle doit I'etre, toujours exactement la meme a chaque oscillation. En effet, la pesanteur des poids ne pouvant varier, et leur chute ^tant determinee d'une inaniere precise par la course du balancier, il est evident que le pendule revolt, a chaque oscillation, une impulsion rigoureusement constante , sans qu'on ait besoin de faire quoi que ce soit pour I'obtenir. II importe grandement de constater que I'echappement a poids, tel que nous venons de le decrire, est incontestablement Tinvention et la propriete de M. Verite. II fut soumis, en 1838, au jugement de TAcademie des sciences et re^ut I'approbation de I'illustre corps ; a I'Exposition de 1839 , il merita a son auteur une medaille de bronze. II laissait encore alors quelque chose a d^sirer ; I'impulsion ^tait bien constante, mais le degagement du rouage par le pendule restait encore inegal et variable. A force d'^tudes et d'essais qui Tent occupe constamment de 1839 a 1844, M. Verity croit etre parvenu a rendre le degagement aussi constant que I'impulsion. Aussi, en 1844, a-t-il obtenu une medaille d'argent, avec les en- couragements et les eloges des maitres de la chronometrie. De- puis cette epoque, son echappement a ^te fr^quemment applique par des artistes eminents. M. Henry Robert le decrit avec soin dans ses etudes sur diverses questions d'horlogerie, et ajoute: " Un Anglais I'a expos^ a Londres en 1851 ; les mots invenit et fecit Buivaient son nom, que nous ne rcproduisons pas ! " Ce charmant mecanisme semble fait expres pour les applications de I'^lectricite a I'horlogerie. Un jeune physicien de beaucoup de talent, aujourd'hui attache a I'Observatoire, M. Liais, qui ne connaissait sans doute ni M. V^rit^, ni son echappement, a public le premier I'idee de continuer le mouvement d'un pendule mu electriquement par le soulevement et I'abaissement successif d'un poids porte par une lame tournant autour d'une charniere. Cette publication n'empechait COSMOS. sot certainement pas M. Verite, qui d'ailleurs n'avait jamais entendu parler de M. Liais, d'appliquer I'^lectricite a un echappement qui ^tait sien. Son r^gulateur electrique, sans poids ni ressort moteur, sans rouages, dans lequel le simple levier portant les armatures mej directement en mouvement a chaque seconde la minuterie destm^e a compter les oscillations, a marquer les heures, les minutes et lea secondes, est done bien son oeuvre et un beau titre de gloire, qui ne peutlui etre dispute. II yavaitune autre difficult^ a vaincre,cellede3 contacts metalliques qui etablissent le courant, et qu'il est si difR- cile de defendre de I'oxydation, qui les rend imparfaits. Cette diffi- culte a disparu d'elle-meme et sans qu'on eut a s'en preoccuper; apres quinze mois de marche, la pointe et la surface du cone d'ar- gent placee au fond du poids laissent passer I'electricite comme au premier jour. Le plus grand avantage du systeme de M. Verite, c'est qu'il rend les oscillations du pendule completement indepen- dantes de I'intensite plus ou moins forte de la pile et du courant ; le pendule n'est, en effet, en communication avec le moteur elec- trique que par deux fils d'argent tres-fins et tres-flexibles qui ne peuvent lui transmettre aucune impulsion etrangere autre que celle qu'il regoit du poids. Un des membres du Jury a formule devant nous une objection qui ne nous semble nullement serieuse, oa mieux, qui n'a absolument au- cune valeur. II admet sans peine, comme nous venons de le dire, que, dans I'horloge de M. Verite, le mouvement du pendule est complete- ment ind^pendant de la force du courant, mais il croit que I'lmpul- sion re^ue du poids n'est pas independante des variations de tempe- rature. Les fils d'argent, dit-il, s'allongeront ou se raccourciront, le poids par la meme tombera de plus haut ou de moins haut, I'im- pulsion sera plus ou moins intense. L'illustre mecanicien n'a certai- nement pas remarque que les longueurs des fils de I'echappement Verite sont telles, qu'il reste toujoursun espace vide entre les poids et les pointes ; I'objection n'aurait quelque valeur qu'autant que cet espace vide n'existerait pas. L'allongement ou le raccourcissementdes fils font que le pendule re9oit I'impulsion un peu plus tot, un peu plustard, maisle poids lui rendant toujours ce qu'il a perdu, et dans la ineme proportion, son isochronisme ne peutetre en rien trouble. Ce que nous reprocherions, nous, a M. Verite, c'est d'avoir voulutrop bien faire, d'avoir eurecours a un pendule compensateur admirable de travail, mais trop complexe et trop lourd; nous aurions prefere mille fois un pendule a tige en bois de sapin de M. Robert. D'autres, il est vrai, ne seraient pas de notre avis, et d'ailleurs I'horloge 302 COSMOS. dont nous parlous fonctionne avec toute I'exactitude et la precision d'un regulateur astronomique ; on ne peut rien d^sirer de plus. 3° Un autre regulateur electrique a secondes. Le principe du mouvement est le meme, la force impulsive est encore un poids qui vient a chaque oscillation se placer sur la traverse du pendule; mais au lieu de petits poids suspendus a des fils, ce sont deux petites masses fix^es par une de leurs extr^mitt^s a une lame de ressort trfes-flexible et par laquelle passe le courant. Cette disposition, qui n'est pas aussi parfaite, dans laquelle I'independance absolue entre I'intensil^ de la pile et I'impulsion communiquee au pendule ne parait pas aussi cvidente quoiqu'elle existe certainement en reality, a I'avantage d'un ajustement beaucoup plus facile ; il faut quelque tatonnement pour que les ouvertures coniques des deux poids ^gaux soient exactement d'aplomb au-dessus des deux pointes. Une des merveillesdu Palais de I'lndustrie, unedesperlesdel'Ex- position, comme le disait I'autre jour M. Foucault, c'estbien cer- tainement la petite horloge electrique placee dans la vitrine de M. Froment, laquelle, en outre de ses indications propres, fait mar- cher sur deux autres cadrans, I'un ordinaire, I'autre gigantesque, trois aiguilles des heures, des minutes et des secondes. La marche de I'aiguille des secondes du cadran de deux metres est d'une regularity vraiment admirable, dont I'imagination a peine a comprendre la pos- sibility, surtout quand on pense que le moteur unique est une petite pile de Daniel, cachee sous la table et fonctionnant des mois entiers sans presque que Ton y touche. Eh bien , ce qui nous a paru etre pour M. Veriteun veritable triomphe, c'estque le m^canisineadopte par M. Froment ne difFfere pas essentiellement du sien, qu'il a ins- talle le premier dans les galeries de I'Exposition, et qui fonctionnnait depuis longtemps a Beauvais; le sien seulement est double, etcelui de M. Froment, simple. En lesexaminant tous deux attentivement, nous avons cru remarquer chez M. Verite quelqucs dispositions se- condaires extremement heureuses et qui, toutes choses ^gales d'ail- leurs, devraient assurer une marche meilleure. Ainsi le centre de mouvement des masses impulsives coincide presque avec le point de suspension du pendule ; les courbes decrites par les pointes fix^es sur la tringle du pendule, et celles decrites par le centre de gravite des masses sont exactement semblables et concentriques; aucun frottement ne peut done troubler le mouvement oscillatoire des lames elastiques ; chez M. Froment les deux centres sont assez dis- tants et les deux courbes ne sont pas idenliques. II nous semble aussi qu'en outre de lasymdtrie, un m(^canisme double, avec deux COSMOS. 303 ^lectro-aimants , est preferable et doit permettre d'employer une pile plus faible ; car I'electro-aimant unique, devant soulever en une seule fois la masse necessaire a rendre la force perdue dans une oscilla- tion double, exigera natureliement un courant plus fort; I'armature unique est, en outre, condamn^e a se detacher par son propre poids, quand elle n'est pas conlre-balanc^e par une seconde armature qu'un autre electro-aimant attire. Nous ne pousserons pas la com- paraison plus loin, et le grand artiste, que sa position de membre du Jury methors de concours, nous pardonnera d'avoir fait ressortir de notre mieux le merite d'un humble, mais tres-digne travailleur, qui a execute et decrit son oeuvre sans savoir en aucune maniere ce qui allait sortir des celebres ateliers de la rue Menilmontant. 4" Horloges electriques de cheininee. La premiere , etablie sur le meme principe que le regulateur, est mue par un pendule com- pensateur, forme de barres de cuivre, de zinc et d'acier, et battant les demi-secondes. Elle marque les heures et les minutes, mais rien ne serait plus facile que de lui faire indiquer les secondes, en mettant 60 dents au rochet mis en mouvement par le levier des armatures, puisque ce rochet ne fonctionne qu'apres chaque oscillation double du pendule, ou apres chaque seconde. La seconde horloge consiste simplement en une minuterie que le courant derive pris sur la pre- miere fait fonctionner par I'intermediaire de deux ^lectro-aimants, sans t5chappement ni pendule. Le courant derive nait et meurt par les seals contacts de I'echappement de la premiere horloge, sans aucune autre addition. M. Verite a fait recemment et avec succes I'essai d'une pendule du meme genre, mais a sonnerie des heures, des demies et des quarts, a I'aide d'un mecanisme tres-simple qui comprend seulement un electro-aimant, une armature, un marteau, un timbre et un limngon porte par I'aiguiile des heures. 5° Horloge de chateau. C'est un des plus petits modeles des horloges de clocher que M. Verite fabrique en si grand nombre. Elle marche huit jours; son echappement est un echappement a chevilles agissant uirectement sur le pendule, avec un ressort auxi- liaire pour entretenir le mouvement pendant qu'on remonte ; elle Sonne les heures et les demies, et fait mouvoir les aiguilles de deux cadrans, I'une par transmission mecanique d'une legerete et d'une perfection extreme, sur I'autre par transmission electrique. Lorsque M. Verity eut la pensee qu'il croyait alors extremement neuved'appliquerrelectricit^arhorlogerie,ensupprimant les poids, les ressorls et les rouages du mouvement ordinaire , en ne conser- vant que son echappement dont on pouvait tirer un si bon parti, 304 COSMOS. et les organes dela minuterie, ce qui I'embarrassait le plus , c'etait la production de I'electricite. Relegue dans une petite ville de pro- vince, ilignoraitqu'on fiat d(5ja en possession, depuisplusieursann^es, de piles d'un usage facile, d'un entretien commode, et qui fonction- nent tres-longtemps; force lui etait d'inventer ou de creer. Nous n'exagerons rien en disant qu'il essaya mille combinaisons diffd- rentes, cherchant ce qu'il aurait trouve sans peine sous la main, s'il avait ete au centre du mouvement scientifique. Ce long travail n'aura cependant pas ete inutile, la pile de Daniel, qui figure dans sa vitrine, agreable a I'oeil , assez Elegante pour trouver place dans un salon , rendra de v^ritables services. EUe ne differe des piles ordi- naires que par le mode d'alimentation , ou de maintien a Tetat de saturation de la dissolution de sulfate de cuivre contenue dans le vase poreux. Le sel en beaux cristaux remplitun ballon en verre; ce ballon renverse, sa boule en haut , son goulot en bas, pose sur le vase exterieur de la pile ; un tube, partant du goulot, descend au fond du vase poreux. De cette maniere, I'alimentation se fait toute seule pendant une annee entiere ; quand la solution est devenue plus faible par la decomposition du sel sous I'iiifluence du courant, etla precipitation d'une certaine quantity de cuivre, le sel decom- pose est remplace imm^diatement par le simple contact du liquide avec le sulfate qui arrive du globe par le tube. Une de ces petites piles fait tourner un tourniquet electrique qui n'a rien de nouveau, mais dans lequel le renversement des poles se fait par de simples contacts de surfaces solides, sans aucune intervention du mercure; il marche sans interruption depuis un an. II resulte bien evidemment, il nous semble, de I'expos^ qui pr^- chAe que M. Verite a de beaux droits acquis a la bienveillance et a la generosite du Jury international. F. Moigno. UN IMMENSE EESULTAT OBTENU PAR DE PETITS MOYENS. BARRAGE-OMNIBUS DE M. BEL. XIV'' classe, H^ section, galerie gauche superieure de 1' Annexe, 14. Nous avons deja fait ressortir dans la seconde livraison du pre- sent volume le merite de I'excellent barrage-omnibus de M. Bel, et nous avons promis d'en donner prochainement la description ; nous venons aujourdhui remplir notre promesse, en rappelant d'a- bord que ses appareils sont destines : 1" A prevenir, a coup sur, les inondations dans la saison des re- COSMOS. SOSr coltes, et a accroitre, a volonte, le volume de reflux des eaux dans les temps d'irrigation au profit de la recolte prochaine;, 2° A preserver les canaux d'usine et autres de tout encombre- ment , partant , de tout curage, comme d'un troj>-plein domma- geable , tout en assurant aux moteurs hydrauliques un roulement, plus r^gulier et sans choraage ; 3" A restituer a I'agriculture une multitude de pres, jadis excel- lents, que le voisinage des chauss^es ou barrages- permanents a trans- formes en mar^cage ; 4" Enfin a tarir la source intarissable des proces entre les pro- prietaires riverains des cours d'eau. Description. — Le barrage-omnibus n° 1, substitue aux chaussees et autres barrages fixes, en totalite mieux qu'en partie, se compose', selon la largeur de la riviere a barrer, d'une ou de plusieurs paires de vannes, ventaux, ou portieres horizontales, entre-montants, cu- lees, ou piles ^quidistantes et semblables. 1-1 sont deux de ces culees ou piles ; 10-10, un seuil en bois ou en pierre arasee, etabli au fond du lit de la riviere ; 2-2, paire de vannes sur champ, oil chacune est maintenue par une tige en fer rond, scellee sur le seuil a egale distance des bouts de chaqusi vanne, et passant par les ceils ou boucles des pitons 4-4, vissdsdans le devant de ces vannes; 6-6, autre tige, passant dans les pitons 5-5, et posee pres del'extremite 3-3 de la vanne de droite. Cette extremite est taillee en biseau de Tamont a I'aval, au lieu que I'ex- tremite correspondante de I'autre vanne Test de I'aval a I'amont, afin que, romnibus ferm^, la premiere assujettisse la seconde. Cette troisieme tige, evidee en forme de gouge, a son pied, affleure le seuil, mais n'y est point scellee. EUe semeut dans ses pitons 5-5, et porte un pavilion en tole 8, que Ton fixe avec sa clavette 9, que Ton transforme en girouette en retirant cette clavette. 7 est une pointe ou pivot d' arret, au-devant duquel s'adapte ou s'emboite la gouge, quand on ferme le barrage. 11-11, pieds de renfort, arqui^s j^our les tiges 4-4, scelles aussi sur le seuil, a leur amont, et determi- nant avec elles un plan perpendiculaire a ce seuil, dans le sens du fil de I'eau. 12-12, vannes de hausses, pareilles a celles 2-2, et leur etant unies par des charnieres ou paumelles, posees a la paroi d'a- val, derriere laquelle elles restent repliees, excepte aux jours d'ir- rigation on les redresse alors et on les assujettit au inoyen de tar- gettes ou verrous 13-13, etablies sur la paroi ant^rieure. Le barrage accessoire n° 11 est une vanne brisee CD, horizontale et hydromobile, divisee en ses deux ailes ou volants ; I'un grand, 306 COSMOS. C F, d'une largeur egale a celle du petit E D, plus la haul eur i-i de I'ouverturedu canal de prise d'eau. Cettevanne, par la pression de I'eau, fait demi-tour entre les culees A A sur deux tourillons GG, roulantsdans deux pitons ou bien dans deux gorges pratiquees au-' devant des culees. LL sont deux charnieres placees a la face ant^- rieure de la vanne ouverte, et unissant les deux ailes dont la grande est en haut pendant les basses eaux, et en bas, dans lescrues. KK sont deux ressorts pour recevoir le grand volant , lorsqu'il s'abaisse et Tempecher de fermer trop tot I'entree a I'eau dans le canal. La longueur du petit volant est egale a la distance des culees, et celle du grand a cette distance, plus la largeur des deux feuillures, ce qui ne laisse a la vanne entiere qu'un demi-tour a faire soit pour ouvrir, soit pour fermer I'entree du canal. Jcu du barrage. L'espace restant entre la vanne et le dessus des culees doit, dans le but d'eviter un trop plein nuisible du canal, etre occupe par une porte sur gonds, placee devant la culee d'amont et que I'eau ferme avant le debordement du canal. Quand les eaux sont fort basses, on ferme I'omnibus de la riviere et on ouvre la vanne du canal par des moyens divers trop simples pour avoir besoin d'etre indiquds. L'omnibus renvoiealors, au besoin, toute I'eau ducourant alimentateur dans le canal, sans aucun gravier, ce qui assure aux usines inferieures un roulement sans chomage. Survient-il une crue a faire craindre une inondation, I'eau atteint d'abord le petit volant ED, le pousse en dedans du canal, ce qui amene le grand sur les ressorts KK et les joint avec lui par degres dans les feuillures : alors les graviers ne peuvent penetrer dans le canal, ou I'eau s'elance bientot seule en renversant le petit volant sur ses charnieres derriere le grand. Le canal ne pouvant plus etre encombre est desormais exempt de curage. La riviere continuant de grandir, depasse bientot les aretes des vannes 2-2, les submerge, fait le niveau derriere et devant elles; le poids de I'eau a I'aval compense le poids de I'eau a I'amont, en sorte que le courant parvenant au pavilion, ame du barrage, lui fait aisement faire un quart de tour, ainsi qu'a son manche ou hampe, ce qui degage sa gouge du pivot d'arret et ouvre le bar- rage, dont les vannes 2-2 se rangent au fil de I'eau. La riviere, re- trouvant toute la capacite de son lit, baisse tout a coup, et I'inonda- tion est conjur^e, a moins de devenir diluvienne, et dans ce cas , Tomnibus la rend moindre. Si I'equilibre dont il a ^t^ question paraissait insuffisant. on en trouverait un plus complet dans I'egalit^ de pression de I'eau d a- COSMOS. 307 mont, centre les deux cotes de chaque vanne 2-2, d^termin^e par les fiches 4-4, la pression devant Tune de ces moiti^s compensant, ou a peu pres, la pression centre I'autre, en sorte que le courant, Venant a atteindre le pavilion, lui fait aisement exe'cuter son quart de tour ainsi qu'a sa hampe, ce qui suffit pour que le barrage s'ouvre de lui-meme et pr^>^erve les recoltes de tout ensablement. Lorsque les recoltes sont rentrees et que Ton veut irriguer, on 908 COSMOS. ferme le barrage principal et on retire la clavette du pavilion, ce qui en fait une girouette, tournant sur son epaulement sans poui* voir degager la gouge du pivot d'arret. Alors le barrage restant ferme, I'eau reflue et irrigue au loin la prairie. Pour \ajaire boire davantage, en accroissant le reflux, on dresse les hausses (12) et on les fixe par leurs targettes ou verrous 13-13 ; I'eau s'en elfeye d'au- tant et donne une irrigation plus abondante, d'oii une recolte pro- chaine plus riche. Conclusion. — Les nouveaux appareils sont presque automati- ques ; ils ne demandent aucune manoeuvre, excepte pour fernier le barrage de riviere et ouvrir son accessoiie dans les eaux les plus basses, et reciproquement : dans les grandes eaux, le premier s'ouvre et I'autre se ferme spontanement. Des lors, plus d'alarjnes, plus de d^sastres, plus de victimes, plus de curages, de digues im- puissantes, de reflux nuisibles, ni de proces. Les francs-bords et les marccages causes par les barrages fixes sont reconquis a I'agricul- ture ; et nos prairies recouvrent la moitie de leur valeur, que les inondations leur ont enlevee. Ajoutons que I'etablissement du dou- ble barrage coute a peine le quart de tout autre barrage simple. En 1818, un arrets prefectoral prescrivit I'abaissement de la chausseede prise d'eau des moulins de la ville d'Orgelet ; d'oii op- positions sur oppositions, et rejets sur rejets, de la part des proprie- taires et de I'administration, a tel point que ce ne fut qu'eii 1836 qu'une ordonnance royale confirma I'arrete, lequel re9ut d'office son execution. Chaque crue encombrait le canal et causait des curages tellement frequents et dispendieux, que M. Bel etait sur le point de fermer son usine. L'idee providentielle des barrages qu'il appelle omnibus a suffi pour assurer de I'eau a son canal, exempt desormais de curages ; pour preserver la prairie voisine du ravage des eaux, au temps des recoltes, comme a lui fournir, aux jours favorables, une plus riche irrigation. Ce qui lui a si bien reussi, pourrait-il faillir a d'autres'? Nous desirons ardemment que le Jury de la XIV* classe examine attentivement et recompense aussi largement qu'il le pourra I'in- vention simple mais excellente de M. Bel ; elle couronne digneinent une noble vie consacree tout entiere a I'enseignement avec un de- vouement et un succes qui s'esconiptent aujourd'liui par la venera- tion, la reconnaissance, I'affection filiale d'un grand nombre d'eleves - devenus a leur tour des hommes utiles et estimes. A. TRA.MBLAY, propru'taire-gerant. raris. — luipriineiie tie W. Remquei et Cie, rue Garaucitre, 5. T. VII. 19 SEPTEMBRE 1855. LIVRAISON SDPPLEMENTAIRE , 11 Us. QUATRIEME ANNEK. COSMOS. Paris, A. Tramblay, directeur, 18, rue de I'ADcienne-Com^die. GRANDE NOUVELLE SCIENTIFIQUE. UE LA CHALEUR PRODUITE PAR l'iNFLUENCE DE l'aIMANT suR les corps en MOUVEMENT. PAR M. LEON FOUCAULT. "Enl824, Arago observa le fait remarquable de rentrainement de I'aimant par les corps conducteurs a I'^tat de mouvement. Le phenomena parut fort singulier et resta meme sans explication jus- qu'au jour oil M. Faraday annonga I'importante d^couverte des courants d'induction. Des lors il devint clair que dans I'experience d'Arago le mouvement fait naitre des courants qui, reagissant sur I'aimant , tendent a I'associer au corps mobile et a I'entrainer dans le meme sens. On peut dire d'une maniere generale que I'ai- mant et le corps conducteur tendent par une influence mutuelle vers le repos relatif. Si malgre cette influence on veut que le mouvement persiste, il faut fournir incessamment un certain travail ; la partie mobile semble etre pressee par un frein, et ce travail absorbe produit ne- cessairement un effet dynamique que j'ai juge devoir se retrouver en chaleur. On arrive a la meme consequence en ayant egard aux courants d'induction qui se succedent a I'interieur du corps en mouvement ; mais cette maniere de considerer les choses ne donnerait que tres- faiblement une idee de la quantite de chaleur qui se d^gage ; tandis qu'en consid^rant cette chaleur comme etant due a une trans- formation de travail, il me parut certain qu'on produiraitaisemcnt dans une experience decisive une elevation sensible de temperature. Ayant precisement sous la main tous les Elements necessairesaune prompte verification, j'ai procede comme il suit a I'exdcution. Entre les poles d'un fort electro-aimant, j'ai partiellement engage le solide de revolution appartenant a I'appareil relatif que j'ai • nomme gyroscope, et qui m'a precedemment strvi pour des expe- 11 lis. 310 COSMOS. riences d'une toute autre nature. Ce solide est un tore en bronze, relie par un pignon dente a un rouage moteur, et qui, sous Taction de la main armee d'une rnanivelle, peut prendre une vitesse de 150 a 200 tours par seconde. Pour rendre plus efficace Taction de Tai- mant, deux pieces en fer doux, sur-ajoutees aux bobines prolongent les poles magn^tiques et les concentrent au voisinage du corps tournant. Quand Tappareil est lance a toute vitesse, le courant de six cou- ples Bunsen, dirige dans T(51ectro-aimant, an(^antit le mouvement en quelques secondes, coinme si un frein invisible dtait applique au corps tournant : c'est Texpdrience d'Arago ddvelopp^e par M. Fa- raday. Mais si alors on pousse a la rnanivelle pour restituer le mouvement a Tappareil, la resistance qu'on ^prouve oblige ii four- nir un 'certain travail qui reparait et s'accumule effectivement en chaleur a Tint^rieur du corps tournant. Au moyen d'un thennometre qui plonge dans la masse , on suit pas a pas T elevation progressive de la temperature. Ayant pris , par exemple , Tappareil a la temperature ambiante de 16 degr(fe centigrades, j'ai vu successivement le thermometre monter a 20, 25, 30 et 34 degres ; mais alors le phenomene etait assez deve- loppe pour ne plus reclamer Temploi des instruments thermome- triques : la chaleur produite etait tres-sensible a la main. Si Texp^rience semble digne d'int^ret, il sera facile de disposer un appareil pour reproduire, en Texagerant le phenomene que je signale. II n'est pas douteux que, par une machine convenablement construite et composee seulement d'aimants permanents, on ar- rive a produire de la sorte des temperatures ^lev^es et a mettre sous les yeux du public assemble dans les amphitheatres un cu- rieux exemple de travail converti en chaleur. » Cette brillante experience a ele present^ par M. Babinet a TA- cademie des sciences, avec un bonheur et un entrain remarquables, dans la seance d'avant-hier, lundi 17 septembre. C'est une confir- mation vraimeiit etonnante des doctrines que nous venons de deve- lopper dans le long article que nos lecteurs vont lire, Compos<5 depuis plus de quinze jours , ce travail semblait attendre son couronnement ; ce couronnement est aussi magnifique qu'il ^tait impr^vu. Nous disions pag. 337 : <■ Partout oil la force disparait et passe en quelque sorte a Tetat latent, elle est remplacee par de la chaleur. « C'etait expliquer a Tavance Texperience de M. Fou- cault. F. MoiGNo. EXPOSITION DNIYERSELLE. PREMIERE SOLUTION d'uN DES PLUS GRANDS PROBLEMES A l'oRDRE DU JOUR. MACHINB A VAPEUR REGENEREE DE M. WILLIAM SIEMENS. IV* Classe, 6* section ; Annexe du Lord de I'eau, Bo., A. BISTOIBE ET TBSORIE. M. William Siemens, frere cadet de M. Werner Siemens, I'un des niaitres par excellence de la telegraphie electrique, est un jeune Prussien que le d^sir de se faire un nom at une position honorables dans la mecanique industrielle, a conduit a Londres il y a environ 14 ans, et qui est presque naturalise Anglais. C'est une deces na- tures bonnes et douces qu'on est heureux de rencontrer ici-bas, qui imposent presque forcement la sympathie et laffection; auxquelles s'applique dans toute sa verite le vieux proverbe allemand : still IVasser ist tief, I'eau tranquille est profonde , parce que sous les dehors les plus calmes elles cachent une intelligence eminem- ment active et feconde. Quoiqu'au debut de sa carriere, M. Siemens a attache son nom a des inventions tres-heureuses et deja popu- laires; son gouverneur ou regulateur centrifuge pour les machines a vapeur, son vs'ater-meter ou compteur d'eau , a peine connu en France, ont penetre dans un tres-grand nombre d'ateliers anglais, Ce dernier appareil surtout que nous figurerons et que nous decri- rons bientot, a resolu de la nianiere la plus simple et la plus effi- cace, un probleme extremement difficile, qui avait occup^ et fati- gue les espiits les plus exerces et les plus sagaces. 11 a fait la fortune de plusieurs compagnies de distribution des eaux et pr^- venu d'innombrables contestations. Mais il est une autre ques- tion bien plus importante, bien plusa I'ordre du jour, qui a absorbe depuis neuf ans tous les loisirs du jeune novateur, qui remplira, illus- trera et enrichira sa vie : le probleme des machines a vapeur rege- ner^e. Nous avons clairement enonce dans notre dissertation sur les pro- gres a realiser dans les machines a vapeur, les imperfections consi- derables des machines actuelles. E.les n'utilisent qu'une tres-faible partie de la force mecanique inherente a la chaleur nee de la com- bustion ; elles an^antissent ou perdent par la condensation, elles re- jettent dans I'air si elles agissent a haute pression, une proportion enorme du calorique qu'elles ont fait naitre a grand prix. Leur etat normal, si nous osions recourir a uiie coinparaison par trop heuriee, 312 COSMOS. est celui d'un homme atteint d'h^moptisie ou d'h^morragie chro- nique; dont les arteres et les veines conservent une tres-petite partie'du sang ne du sang de Telaboration du chyle ; et chez lequel, sous peine d''^puisement et de mort , il faudrait a chaque instant engendrer du sangnouveau. II y a longtemps qu'on a dit que la plus parfaite des mecaniques aait celle de la nature, que c'est la oil le genie devait chercher ses inspirations et ses modeles. Or, si nous considerons de pres les ad- mirables machines caloriques sorties des mains du Dieu createur, et qui ont nom animaux vivants, nous les verrons constituees dans des conditions incomparablement plus rationnelles et plus excel- lentes. Le sang oxygen^ et chaud, pouss^ par le coeur, va porter la nu- trition, la chaleur et la vie jusqu'aux cxtr^nitds les plus ^loignees de Torganisme; puis, lorsqu'il a ete appauvri et refroidi, il est rap- pel^ par le coeur, encore revivifie au sein du poumon, et lance de nouveau dans la circulation. Aussi quelle source riche etintarissable de chaleur et de puissance que la machine catorique vivante ! Pour- quoi faut-il qu'on I'ait tant et si longtemps perdue de vue, qu'on? ait song6 si tard a I'imiter, que ce soit seulement en 1S55 que M. Seguin formule son projet de machine a vapeur pulmonairCy que M. Siemens fasse reussir sa machine a vapeur regen^ree? Les causes de ce retard, de ces pertes si enormes de temps et d'argent, disons-le pour I'instruction de la generation a venir, fu- rent : 1°' L'accueil inconsidere fait a I'hypothese si simple et si vraie en apparence, si complexe et si fausse en realite, de la chaleur latente de Black , hypothese qui, pendant de si longues annees, a d^tourne les yeux de la veritable theorie du calorique, de sa nature si essentiellement dynamique, qu'il n'est en realite qu'un mouve- ment. 2° La fascination qui fit admettre, sur la parole de Watt, la loi qui veut que la quantity de chaleur quil faut fournir a 1 kilogr. d'eau liquide a 0% pour la transformer en vapeur, est sensiblement la menie sous quelque pression que la vapeur soit engendree : loi fatale qui faisait des machines a vapeur un mystere inexplicable en masquant, disons mieux , en an^antissant leur raison d'etre, la source de leur puissance. Ainsi une hypothese ingenieuse, mais- iUusoire, une loi seduisante, mais fausse et bas^e sur des expe- riences incompletes ou iroj) inexactes, il n'en a pas fallu davan- tagepour entraver le progres pendant plus de soixante annees. Le premier homme qui ait nettement formule la throne dyna- mique de la chaleur est I'illustre Montgolfier, de I'lnstitut de COSMOS. 813 France. II fit des efforts inou'is pour inculquer a tous ceux qui I'en- touraient qu'il y a ideiitite de nature entre le calorique et le mou- vement : non-seulement en ce sens que la chaleur est une cause de mouvement etle inouvement une cause de chaleur; inais en ce sens encore que la chaleur et le mouvement soiit deux formes differeiites deux effets d'une seule et meme cause ; que la chaleur peut se conver^ir en mouvement et le mouvement en chaleur. Cette conviction nro- fonde I'amena tout naturellement a la conception de son pyro-b('- lier, veritable machine calorique pulmonaire , dans laquelle une quantite d'air toujours la meme et emprisonnee , chauffde d'abord et comprimde, puis dilatde et refroidie, apr^s avoir soulev^ un pis- ton, reprenait par Taction d'un foyer sa chaleur et sa pression pre- miere pour soulever de nouveau le piston, et ainsi indefiniment. La mort empecha Monlgolfier de terminer son ceuvre. Le premier homme qui, a notre connaissance du moins, ait si- gnal^ I'incompatibilite de la loi de Watt avec I'experience de tous les jours, et son absurdite intrinseque, en ce sens qu'elle admettait I'effet en niant la cause, et conduisait tout droit au mouvement per- petuel ; le premier aussi qui ait entrevu lerole veritable de la cha- leur dans la production de la puissance et son mode de manifesta- tion, est M. Seguin aine, neveu du celebre Montgolfier. Bien avant que MM. Mayer, Joule, Thomson, formulassent leurs theories, il disait dans son livre De I influence des chemins defer^ public en 1839, p. 380 : « La quantity de puissance mecanique que peut de- velopper une masse donnee de vapeur est proportionnelle a sa diffe- rence dedensiteet de temperature, en la considerant dans les deux etats consecutifs ou elle se trouve avant et apres la production du mouvement La vapeur n'est que I'intermi^diaire du calorique pour produire la force ; il doit exister entre le mouvement et le ca- lorique un rapport direct , independant de I'intermediaire de la vapeur ou de tout autre agent que Ton pourrait y substituer. .. Page 382 : » La theorie actuelle conduirait a ce resultat qu'au moyen d'une masse fitiie de calorique, on pourrait obtenir une quan- tite indefinie de mouvement, ce qui ne peut etre admis ni par le bon sens ni par une saine logique... II me parait plus naturel de sup- poser qu'une certaine quantite do calorique disparait dans I'acte meme de la production de la force ou puissance mecanique, et rc- ciproquement : et que les deux phenomenes sont lies entre eux par des conditions qui leurassignent des relations invariables,.... P. 383: « La force mecanique qui apparail pendant I'abaissement de tempe- rature d'un gaz comme de tout autre corps qui se dilate, est la mesure lik G0SIVIO& et la representation de cette diminution de chaleur. * Partant de ces principes, qu'il ne formulait que timidement parce qu'ils etaient en contradiction ouverte avec les theories revues dans les ^coles et les acadt^tnies,, M. Seguin trouva, page 396, que I'effet que I'on obtient de la vapeur dans les machines, en I'eniployant comme on le fait ordinairemenl, est represente par un abaissement de temp^ ratured'apeupresSO", dquivalentautrentieme environ du caloriqtie employe pour reduire en vapeur I'eau necessaire a sa formation; ce qui explique comment Watt a pu ne pas remarquer et ndgliger, en formulant sa trop celfebre loi , la faible quantite de combustible necessaire pour amener la vapeur a un plus haut degr4 de tension. II calcula, en outre, le nombre de kilogrammes d'eau que 1 metre cube de vapeur a 150° pouvait, en se dilatant, Clever a 1 mfetre de hauteur, a mesure que sa temperature s'abaissait. Ainsi qu'il I'a fait remarquer dans une note inseree aux comptes rendus de I'Aca- d^mie des sciences , stance du 20 septembre 1847 , les chiifres du prdcMent calcul contenaient implicitement le coefficient mecanique de la chaleur, ou le nombre qui indique combien la puissance me- canique correspondante a la quantity de calorique suffisante a Clever d'un degr^la temp(?rature d'un gramme d'eau, pourrait elever de grammes a un metre de hauteur. Le coefficient ainsi determine par M. Seeuin, cinq ans avant M. Joule, en negligeant les temp(5ratures extremes 180 et 100 degres, se trouva etre 431, chiffi-e presque identique au chiffi-e 428 ou 432 trouv^ par M. Joule. Dans cette meme note de 1847, M. Seguin, formulant de nouveau la th(^orie dynamique de la chaleur, disait en termes formels : " Les pheno- menes que nous designons sous le nom de calorique ne sent autre chose que les effets de la communication de mouvement des corps entre eux, lorsqu'ils sont reduits a un 6tat de division qui ne nous permet pas d'en apprecier I'intensit^ ou les circonstances. >- II ajou- tait : " Dans les machines a moyenne pression, qui sont celles qui presentent le plus d'avantages, on emploie la vapeur entre des li- mites de pression que j'estime ^quivaloir a un abaissement de tem- perature de 80 degres, apres quoil'on brisele ressortde la vapeur, en la condensant, ou bien on la laisse s'echapper dans I'air. Mais il est dvident que, dans cet ^tat.la vapeur contient encore 630 degres de temperature que Ton n'utilise 'point ; on pourrait, en se servant toujours de la meme vapeur, et lui restituant a chaque coup de piston la quantity de chaleur qu'elle a perdue dans I'acte meme de la pro- duction de la force ou du mouvement, obtenir des redultats qui amfeneraient UNE COMPLETE et immense eevolution dans cette partie COSMOS. 315 de la mecanique devenue si interessante a I'epoque de civilisation oil nous sommes parvenus. » M. Seguin avait done parfaitement compris I'immense portee des machines qui fonctionneraient tou- jours avec la raeme vapeur, alternativement chauffee et tendue, dilatee et refroidie, rechauffee et ramen^e a sa tension premiere, etc. II avait fait plus, il meditait depuis longtemps la construction de ces machines qu'il nommait deja machines pulmonaires. Nous avons eu entre les mains sa coriespondance avec un ingenieur francais celfebre, M. Talabot, auquel il proposait en 1839 de s'associer a lui pour cette brillante entreprise. D'autres travaux , le besoin de repos apres une vie si active et si glorieusement remplie , apres une campagne industrielle de dixlongues annees, la necessity d'experiences pr^li- minaires qui le missent en possession de donnees que la science ne possedait pas encore, la crainte enfin de heurter de front les theories regnantes que les experiences de M. Regnault et de M. Joule, que les savantes formules des Mayer, des Thomson, des Clausius, des Helniholtz n'avaient pas encore detronees, le condamnerent a un ajournenient force. II exposa pour la premiere fois son projet, et esquissa le plan de sa machine dans un memoire presents a i'Aca- demie des sciences, le 3 Janvier 1855. Ce fut alors que M. William Siemens apparut pour la premiere fois sur I'horizon de notre France. Emu par la communication de M. Seguin, il ecrivit a I'Academie dans la seance du 10 Janvier : 1° que des 1846 il avait construit une premiere machine fondee sur le principe de la convertibilite de la chaleur en force motrice, et dans laquelle il employait comme moded'action le surechauffement de la vapeur saturee, la restitution a la vapeur dilatee et refroidie par la production de la force me- canique, de sa chaleur et de sa pression primitives au moyen d'enve- loppes maintenues a une temperature ^levee, et du nouvel organe employe d'ahord par Stirling sous le nom de respirateur , par Eric^son sous le nom de generateur. 2° Que depuis 1846 jus- qu'en 1855, il n'avait pas cesse de perfectionner sa machine appelee par lui machine a vapeur regeneree, et qu'il ^tait en possession d'un modele de six ou huit chevaux qui ligurerait a I'Exposition de 1855. Pique d'honneur, sans doute, par la pubhcite donnee aux plans de M. Seguin, au lieu du modele, M. Siemens a installe dans le Palais de I'lndustrie une machine de quarante chevaux. Ainsi done, un des plus glorieax veterans de la grande industrie des machines a vapeur, I'mventeur immortel de la chaudiere a tubes aflamme.de la locomotive a grande vitesse, M. Seguin; et I'un des plus ingenieux conscrits de lanouvelle generation, I'heureux inven- 316 COSiMOS. lenr du water-meter, M. Siemens , poursuivaient en meme temps et sans s'en douter, I'un en France, I'autre en Angleterre , la realisation de I'id^e de Montgolfier, d'un progres longtemps desir6 et que de fausses theories avaient rendu jusque-la impossible. Le livre de I'influence des chemins de fer assure a M. Seguin la priority du piincipe et de I'id^e ; les machines de Charring Cross et de I'Aimexe assurent a M. Siemens la priorite de rex^cution. La ma- chine frangaise cependant dont M. Seguin a esquiss^ le plan dans la 25" livraison du 6*= volume du Cosmos, 22juinl855, et dont rien ne I'empeche de poursuivre 1' execution , diflfere essentiellement de la machine anglaise. M. Seguin croit pouvoir se passer du troi- sleme cylindre et du respirateur : son moteur pulmonaire est reduit asa plus simple expression ; deux pistons, donnant chacun alterna- livement deux coups, I'un positif , I'autre negatif, niais avec une difference entre le coup positif ou ndgatif qui realiserait une ^cono- mie de combustible tout a fait comparable a celle que M. Siemens a obtenue. Ajoutons 1° que le jeune ingenieur anglais a exposd I'ensemble de ses vues theoriques appuyees d'exp^riences positives dans deux memoireslus, I'un le 29juin 1852 dans la reunion de j'lnstitution des ing^nieurs mdcaniciens a Birmingham ; I'autre le 17 mai 1853, dans la reunion de la soci^t^ des ingenieurs civils de Londres ; 2° que les recherches et les brevets de M. Siemens sont anterieurs aux recherches et aux brevets de M. Ericsson, de telle sorte que celui-ci ne pourrait pas faire en Angleterre I'application de son systeine, alors meme qu'il n'eilt pas ete amene a I'abandonner lui- meme. Aprfes ce long preambule historique et avant de passer a la des- cription de la machine a vapeur regdn^ree, nous aurions encore a exposer d'une maniere complete la theorie actuelle et veritable de ce genre de moteurs , mais cette discussion nous entrainerait trop loin et fatiguerait peut-etre nos lecteurs. Nous nous bornerons done a enoncer les propositions fondamentales et les faits principaux sur lesquels cette theorie s'appuie. 1° La chaleur et la force sont deux efl'ets , deux manifestations d'une seule et meme cause ; elles se convertissent I'une dans I'autre; elles s'engendrent I'une I'autre ; a une meme quantite de chaleur correspond toujoursune meme quantity de force, et reciproquement. 2° Partout ou de la chaleur disparait ou passe a I'etat latent, elle est remplacee par de la force ou du mouvement ; c'est ce qui a lieu dans les machines a feu ; la vapeur ou I'air chaud ne sont COSMOS. 317 dans ces machines qu'un intermediaire entre le calorique et la force, en ce sens qu'ils se pretent, par leur dilatation, a une d^perdition de la chaleur convertie en force. 3° Partout ovi de la force disparait et passe aussi en quelque sorte a I'etat latent, elle est remplac^e par de la chaleur. Le frotte- ment , par exemple , dans la machine therraogene de MM. Beau- mont et Mayer, n'est qu'un intermediaire entre la chaleur et la force ; il use ou ^teint la force qui devra se convertir en chaleur. La est tout le secret de I'^norme vaporisation d'eaii qu'ils obtiennent sans usure sensible des corps frottant et frotte. 4° Les experiences de MM. Despretz, Regnault et Siemens ont d^montre d'une manifere absolument certaine aujourd'hui que la somme des chaleurs latente et sensible de la vapeur saturee est differente aux differentes pressions. 5° M. Regnault a demontre par des experiences directes que si un gaz chaud passe d'une premiere enveloppe dans une seconde plusgrande, a la ineme temperature; de maniere a occuper un es- pace plus grand , mais sans produire aucun travail , il n'y a ni abaissement ni Elevation de temperature. Mais que si Ton fait pro- duire au gaz qui entre dans la seconde enveloppe un travail quel- conque , il y a refroidissement , et le refroidissement est constam- ment proportionnel au travail accompli. 6° M. Hirn a prouv^ directement par des observations non moins concluantes, que dans la machine a vapeur il y a, non pas simple- ment dispersion, mais disparition de calorique ; et que la force obte- nue est precisement proportionnelle a la quantity de calorique qui disparait comme chaleur pour reparaitre comme force. Nous n'irons pas plus loin, on constatera comme nous avec bon- heur que ces propositions et ces faits sont une confirmation eclatante des idees si clairement exprimdes par M, Seguin en 1839 ; et que les effets obtenus par la machine a vapeur r^g^neree de M. Siemens en sont une magnifique application. F. Moigno. DESCRIPTION DE LA MACHINE SIEMENS. Nous avons maintenant a d^crire la machine a vapeur reg^ner^e, a en faire comprendre a nos lecteurs le m^canisme et le jeu avec assez de clarte pour qu'ils puissent se rendre compte de ses avan- tages et de son avenir. M. Siemens, et nous sommes de son avis, a pense que le dessin du module de Londres , avec deux cylindres horizontaux, places en face I'un de I'autre, et un cylindre vertical, serait bien plus facile a saisir que celui de la machine de I'Annexe, ai8' COSMOS.. avec]'trois eylindres verticaux. C'est done la machine de Londres devenue au reste machine de Paris , puisqu'a partir dela semaine prochaine elle fonctionnera incessamment rue Jean Goujon dans 1 ateher de M. Moussard, que figure, dans ses organes essentials 1 excellente gravure de M. Belhatte. COSMOS. 319 DESCRIPTION ,DE LA MACHINE. M ct M' sont deux foyers aliment^s par lecharbonque Ton verse dans deux tremies. NN, N'N' sont deux chaudieres qui enveJoppent de toutes parts, en haut et en has, le mdcanisme interieur. 00, O'O' sont des parois cylindriques des- tinies a diriger ou guider la flamme du foyer, H, H' sont deux en- veloppes en fonte frappees sans cesse par la flamme ou les gaz chauds ; leurs fonds sont repousses et arrondis pour que la surface de chaufle soit plus grande ; kurs parois interieures sont h^rissees de parties rugueuses ou de pointes pour qu'elles transmettent mieux la chaleur a la vapeur qui vient s'y r^generer, y recouvrer sa tempera- ture et sa pression premiere. GG, G' G' sont deux surfaces cylin- driques aussi en fonte, entourees de toutes parts par les enveloppes HH', ouvertes a leurs faces anterieures et posterieures. AF, A'F' sont les pistons divises en deux raoities faisant corps ensemble : les premieres moitids A, A' sont les pistons travailleurs proprement dits, formes, comme a I'ordinaire , de rondelles en fer articulees ; ils se meuvent, avancent ou reculent dans des cylindres qui, comme nous le dirons tout a I'heure, sont constamment a la temperature des cy- lindres des machines a vapeur communes : cette condition i^tait abso- 'iiment essentielle a remplir, car I'exp^rience de tous les jours d^- montre que si un piston se naeut dans un cylindre chauflfe a une tem- perature 41evee, il y a grippement et destruction rapide des ron- delles. Les secondes raoities F.F' des pistons sont des appendices ou manchons, creux a I'interieur et remplis de fragments de charbon non conducteurs, qui ont pour fonction de defendre autant que pos- sible les cylindres et les pistons travailleurs A, A' de la chaleur excessive du fond des enveloppes : les appendices, en outre, se meuvent librement, et sans contact, intime dans les surfaces cylin- driques G, G'. On remarquera que les diametres des appendices F,F' sont dou- bles des diametres des pistons travailleurs A, A' ; il en r^sulte que les surfaces annulaires determin^es par les insertions des pistons travailleurs sur les appendices sont la moitie des surfaces poste- rieures de ces memes appendices ; et parce que la vapeur renfermee dans les enveloppes, a cause dujeu laiss^ aux manchons dans les espaces cylindriques G, G', agit a la fois sur les faces anterieures et posterieures des manchons; Taction r^sultante, difference des deux actions en sens contraires, est celle que la vapeur exercerait sur la base du piston travailleur. Les tiges enfin des pistons tra- vailleurs passent a travers des stuffing-box E, E' et s'articulent, au sein d'une coulisse centrale B, a des manivelles qui changent leur 320 COSMOS. mouvement rectiligne alternatif en mouvement circulaire continu et font tourner I'arbre C. Les quatre traits longitudinaux II, I' T ( ces lettres , sur la figure, sont tracdes horizontalement pour ne pas trop la charger) et qui sont compris entre les surfaces cylindriques G, G' et les parois lat^rales des enveloppes H,H', sont aussi des surfaces cylindriques formees de toiles m^talliques plusieurs fois roulees sur elles-memes; on les appelle respirateurs parce qu'elles ont pour destination d'aspirer et d'expirer tour a tour la chaleur de la vapeur motrice, c'est-a-dire de ceder a la vapeur qui va au fond des enveloppes la chaleur qu'elles ont comme emmagasin^e ; de reprendre au contraire, pour la tenir en reserve, latchaleur a la vapeur qui sort des cylindres travailleurs pour p^netrer au-dessous, quand elle vient de gauche, au-dessus quand elle vient de droite, du piston travailleur d'un troisieme cylindre D vertical. La tige de ce dernier piston, prolongde inferieurement, vient s'articuler sur la meme manivelle qui fait tourner I'arbre C, mais a angle droit avec les tiges des deux pistons horizontaux, de maniere a continuer leur mouvement. Le cylindre D, comme le montre la figure, est done en communication libre, par sa partieinferieure avecl'enveloppeH, par sa partie superieure avec I'enveloppe H'. II est I'organe carac- teristique de la nouvelle machine ; M. Siemens lui a donne le nom de r(5gen(^rateur, parce quec'est en effet par son intermediaire que Ton arrive a pouvoir regenerer la vapeur, a lui rendre sa tempe- rature et sa pression iniliales. Enfin, P est la cheminee, Q un tuyau a soupape par lequel la vapeur est admise dans la machine; R le tiroir de distribution; S una soupape par laquelle la vapeur perdue va dans la chimin^e pour activer le tirage. MisE EN TRAIN DE LA MACHINE. On allume le feu, et Ton attend que la temperature du fond des enveloppes H, H' qu'on pourra mesurer avec un thermometre a air, soit d'environ 400 degres ; la pression de la vapeur d'eau dans les g(5nerateurs est alors d'environ cinq atmospheres. Reciproquement , lorsque le manometre indique que la pression interieure est de cinq atmospheres , la temperature du fond des enveloppes est de 400 degres, et la machine est prete a fonctionner. Si a ce meme moment on explore la temperature des respirateurs ou cylindres en toile mdtallique, on constatera qu'a leur extri^mite la plusvoisine du fond, ils ont la temperature de ce fond, tandis qu'a leur extrdmit^ anterieure leur temperature n'est plus que de 150 degres. II en resulte que si de la vapeur a la tem- perature de 100 degres penetre dans I'enveloppe par I'espace com- COSWOS. 321 pris entre ses parols fit les toiles du respirateur , sa temperatulrff* s'elevera sans cesse, et, en arrivant au fond de I'enveloppe, elle atteindra 400 degres, avec cinq atmospheres de pression ; que si au contraire la vapeur a 400 degres, venant du fond de I'enveloppe, tra- verse ce meme espace et le respirateur en sens contraire, elle aban- donnerapeua peu sa chaleur excedante aux toiles metalliques, et sor- tira a une temperature peu differente de 150 degres. II faut, avant tout, acceptercetechangede temperature entre la vapeur et les toiles du respirateur comme un fait demontrd par I'experience, et sur lequel repose en grande partie le succes de la machine a vapeur reg^ner^e. L'exp^rience a prouve, en outre, que ces echanges pou- vaient se faire en un temps assez court, en deux cinquiemes de seconde , cent cinquante fois par minute ; ou meme en un cin- quieme de seconde, ou trois cents fois par minute. M. Siemens croit qu'a la rigueur il suffirait d'uii dixieme de seconde pour amener la temperature de la vapeur de 150 a 400 degres, et la ramener de 400 a 150 degres. Comme chaque double ^change de chaleur entre la vapeur et les toiles correspond a un coup de piston, la machine pourrait donner trois cents coups de piston par minute; il ne sera jamais necessaire ou utile de chercher a atteindre des vitesses plus graiides. JEU DE LA MACHINE. — Premier temps. Quand la temperature et la pression sont ce qu'elles doivent etre, que Tune marque quatre cents degres, I'autre cinq atmospheres, la machine ^tant d'ailleurs dans la position indiquee par la figure, c'est-a-dire avec ses trois pistons al'extremite de leur course, au fond des enveloppes et du cylindre regenerateur, on ouvre la soupape Q d'admission de la va- peur; elle sort et arrive au tiroir qui la dirige vers I'enveloppe de gauche H ; elle p^netre par 1' espace rempli en partie par les toiles mi^talliques du respirateur, s'echauffe de plus en plus, arrive au fond de I'enveloppe, se repand en avant et en arriere du manchon, mais presse davantage sur la base posterieure du manchon en raison de son diametre deux fois plus grand; le piston travaiUeur A est refoule et fait faire a la manivelle un demi-tour. Comme a mesure que le piston avance, la vapeur qu'il pousse devant lui revient au fond de Tenveloppe, soit en passant entre le cylindre et le manchon, soit en traversant de nouveau les toiles metalliques, elle reprend la chaleur qu'elle avait perdue, et ce rechauffement fait que pendant le coup de piston, et quoiqu'elle arrive a occuper un espace double, ia vapeur conserve a tres-peu pres sa pression de cinq atmospheres. Second temps. Quand le piston travaiUeur A est arriv^ a I'ex- 322 COSMOS. tr^mit(5 de sa course, la vapeur entre en communication avec le fond du cylindre rogen^rateur D et commence a le soulever. Ame- sure que ce piston s'^lfeve, la vapeur penfetre dans I'espace vide qui se forme derriere lui ; venant du fond de I'enveloppe H, a travers les toiles m^talliques qu'elle parcourt en sens contraire, elle leur cede sa chaleur et passe de I'etat de vapeur surchauffee a I'etat de vapeur simplement saturee. De plus, comme le diametre du cylin- dre regenorateur est deux fois plus grand que celui du cylindre travailleur, la vapeur se dilate pour remplir un espace double; et par suite des efTets combines du refroidissement et de la dilatation, sa pression, qui ^tait primitivement de 4 a 5 atmospheres, n'est plus que de 1 atmosphere environ. Troisieme temps. Quand, sous Taction d€ la detente de la va- peur, le piston du cylindre regenc^rateur D est arrive au sommet de sa course ou a son point mort, le piston travailleur A, qui, a ce moment, supporte sur chacune de ses deux faces la pression at- mosph^rique, puisqu'il est en communication par I'une avec la va- peur ramenee a une atmosphere, par I'autre avec I'air exterieur, commence, sous I'impulsion du volant, a revenir sur ses pas sans eprouver de resistance sensible, Au meme instant, le tiroir de dis- tribution fait arriver la vapeur au fond de I'enveloppe H'; cette seconde vapeur se surchauffe a son tour et pousse le piston travail- leur A', comme la premiere avait pousse le piston travailleur A. Quand A' est arriv^ a I'extr^mitt^ de sa course, la vapeur qui I'a fait mouvoir commence a penetrer au sommet du cylindre regen^- rateur ; le piston D de ce cylindre est alors sollicite a descendre ; en refoulant devant lui la vapeur ddtendue et refroidie, et la ren- voyant a travers le respirateur au fond de I'enveloppe H. En meme temps que Ja vapeur venue de I'enveloppe H' presse sur la face su- p^rieure du piston D, et agit sur lui comme puissance, la vapeur refoulee par la face inferieure de ce meme piston dans I'enveloppe H agit sur lui comme resistance ; la vapeur puissance est d'abord a une haute pression, 5 atmospheres, sa pression diminue ensuite de plus en plus jusqu'a la simple pression atmospherique; la vapeur resistance, au contraire, est d'abord a la simple pression atmosphe- rique , mais sa pression augmente sans cesse jusqu'a atteindre 5 atmospheres , quand elle a pdnetr^ dans I'enveloppe H. Comme c'est la puissance qui est d'abord plus forte et que ce n'est qu'au dernier moment que la resistance atteint son maximum, le pis- ton D la surmonte sans peine, en raison de sa vitesse acquise, et ar- rive a la fin de sa course. II n'en r^sulte pas moins que ce piston COSMOS. S23 soUicite par deux forces en sens contraire, par une puissance et une resistance qui ont passe I'une etl'autre par les memes degres d'in- tensite , depuis celie qui correspond a la pression atmospherique jusqu"a celle qui correspond a une pression de 5 atmospheres, n'a pas produit de travail utile qui puisse s'ajouter a celui des pistons travailleurs A, A' : mais il a servi tres-avantageusement a ramener dans I'enveloppe H la vapeur detendue et refroidie pour qu'elle y soit en quelque sorte regener^e, en reprenant sa temperature et sa pression primitives. Voila, dans saplus simple expression, lejeuentier dela machine: il comprend un premier coup positif, celui du piston travailleur A ; un second coup positif, celui du piston travailleur A'; un coup ni positif ni negatif, ou coup nul du piston regenerateur D. Le travail utile des deux coups positifs s'est produit dans I'acte de la detente de la vapeur lorsque, par I'eflet de la chaleur qui lui a ete cedee par les toiles metalliques du respirateur et le fond de I'enveloppe, on lui a fait occuper un espace double, en la maintenant au meme degre de pression, 4 ou 5 atmospheres. La chaleur qui s'est changee en force, est precisement celle qu'il aurait fallu ajouter a la vapeur pour lui faire occuper cet espace double en la maintenant a la meme pression. Au point oil nous en sommes arrives, la premiere masse de va- peur introduite est rentree dans I'enveloppe H apres avoir traverse le respirateur qui lui a rendu sa temperature initiale de 400 degres ; et la seconde masse de vapeur occupele cyhndre regenerateur, a la temperature de 150 degres et a la pression atmospherique : tout est alors pret pour un second coup positif du piston travailleur A, ac- compagne ou suivi d'un second coup nul du piston D, du refoule- ment de la seconde masse de vapeur dans I'enveloppe H', et enfin d'un second coup positif du piston travailleur A'. II semble que le jeu de la machine pourrait ainsi se continuer in- definiment, et I'experience souvent repetee a prouve de fait qu'elle pouvait fonctionner pendant un quart d'heure ou une demi-heure par le refroidissement et le rechauffementsuccessif et alternatif des deux premieres masses introduites par le tiroir de distribution. Mais I'ex- perience a montre aussi qu'au bout de quelque temps le jeu de la ma- chine se ralentit ; les coups de piston se succedent plus lentement, et elle finit par s'arreter. On peut constater que ce ralentissement correspond a une dimi- nution incessante de la difference entre les temperatures des ex- 32& COSMOS. tr^mitds posterieures et ant^rieures, int^rieures et ext^rieures des toiles m^talliques du respirateur. A I'etat initial et normal ,, cette difference est, comme nous I'avons dit, d'environ 250 degr^s en ce sens qu'au fond la temperature des toiles est de 400 de- gres, et a I'exlremite , de 150 degrds; mais apres quelques coups de piston les extr^mit^s s'^chauffent de plus en plus, et elles arrivent elles-memes a 400 degres ; la machine alors s'arrete comme par asphyxie ou par une sorte de congestion pulmonaire. On se tromperait grandement si Ton attribuait cette extinction de pui.ssance a une imperfection materielle de la machine ; elle est au contraire une sorte de n^cessit^ absolue, prevue par la theorie de M. Clausius, en conformite parfaite avec les experiences de M. Re- gnault. Elle tient a ce fait que la vapeur qui se dilate spontandment est une vapeur sursaturee de calorique, ou dont la temperature est trop ^levee par rapport a sa pression. Dans le cylindre regen^rateur D, la pression de la vapeur n'est que d'une atmosphere, tandis que sa temperature est de 120 a 150 degres, et contient par consequent un exces de chaleur libre que cette vapeur cede forc^ment aux toiles metalliques, quand, refoulee par le piston D, elle les traverse pour revenir a I'enveloppe. Et voila comment la temperature de ces toiles vers leur extremite ant^rieure va sans cesse en augmentant jusqu'a atteindre enfin 400 degres. Mais il est heureusement a ce mal ne- cessaire un remede facile. La vapeur, dans le cylindre D, contient, avons-nous dit, un excfes de chaleur libre ; or, on fera disparaitre evidemment cet exces en donnant issue, par la soupape S, et lan- 9ant dans la chemin^e P une partie de cette vapeur surechauffee, en la rempla^ant par une quantity dgale de vapeur neuve et humide venue du generateur. L'effet de cette introduction est assez evident par lui-meme pour que nous n'ayons pas besoin de I'expliquer en detail ; nous dirons seulement que de nombreuses experiences ont d^montr^ a M. Siemens qu'il atteindrait compl^tement le but, qu'il assurerait a sa machine un jeu incessant et parfait en fixant a un dixieme la quantite de vapeur trop chaude du cylindre D, qu'il lancera dans la cheminee pour la remplacer par un dixifeme de vapeur nouvelle. II est done arrive a renouveler par dixieme, a chaque coup de piston, la vapeur introduite une premiere fois dans les enve- loppes, qui ensuite se d^tend et se refroidit, se rechauffe et reprend sa pression, successivement et alternativement. Cette Amission et ce renouvellement par dixieme a d'ailleurs le double avantage de r^pa- rer les pertes qu'amenent les fuites qu'il est impossible d'^viter ab- solument, et d'activer le tiragede la cheminee. Ce remede si simple COSMOS. 325 et si rationnel n'a done pas seuleinent conjure le mal ; il a rendu au inalade toute sa sante et ses forces. Nos lecteurs comprennent maintenant aussi bien que nous le me- canisine et le jeu de la machine a vapeur regent^r^e. Si nous la con- siderons en elle-meme, nous la verrons constituee dans les condi- tions les plus excellentes. II n'y a pas de force perdue par des pressions exerc^es en sens contraire. La vapeur revient dans les en- veloppes et les cylindres-moteurs, sans qu'on ait besoin de I'aspirer et de la refouler par une pompe a air, avec perte considerable de force. Toutes les jointures , les pistons et les stuffing-box se trou- vent en contact avec de la vapeur satur^e, a la temperature de celle des machines ordinaires, et ne plongent pas au sein de vapeur sur- echauffee. La forme et la disposition des enveloppes maintenues a une temperature tres-clevee sont actuellement si bien combinees qu'elles remplissent parfaitement leurs fonctions, et ne se montrent nullement alterees apres un tres-long service. L'action des respira- teurs est si efficace, si constante et si sure, que le nombre des coups de piston est reste presque constamment le meme pendant plusieurs mois dans une des machines d'essais, de 1 10 a 120 par minute ; et rien ne s'oppose, des aujourd'hui, a ce que Ton garantisse une Vitesse beaucoup plus grande, comparable a celle des locomotives les plusrapides. La temperature des enveloppes est constamment propor- tionnelle a la pression de la vapeur; le chauffeur, par consequent, n'a nuliement besoin d'une etude ou education speciale; il n'a a consulter que I'aiguille du manometre et le niveau d'eau; et parce que la surface des foyers est reduite dans une proportion enorme, ainsi que la consommation de charbon , que Ton s'est entour^ de toutes les precautions imaginables pour s'opposer aux pertes de chaleur par rayonnement, son travail est rendu incomparablement plus facile et plus inoffensif. L'emploi, enfin, de la vapeur r^g^n^r^e a donne dans la pratique une grande partie des avantages que la theorie permettait d'esp^- rer; il s'est montre bien superieur a l'emploi de I'air beaucoup plus lent a se refroidir et a se rechaufFer, sans doute, parce qu'il est plus mauvais conducteur. Aussi pendant que M. Ericsson , dont les promesses brillantes avaient seduit tant d'esprits serieux, a ^t6 force de dire un ^ternel adieu a ses machines a air regenere, M. Sie- mens a marche d'un pas toujours ferme vers un succes de plus en plus eclatant. C'est de sa glorieuse entreprise qu'on pourrait dire que semblable a la lumiere de I'aurore elle a grandi sans cesse jus- qu'a atteindre la splendeur du midi. L' apparition dans le Palais de 326 COSMOS. riiuiustrie d'une machine regenerative de 35 li 40 chevaux, cons- truite sur les dessins improvises de I'inventeur, montee sous les yeux du public avec des pieces fondues pour la premiere fois et qui n'avaient jairrais et^ assemblies, constitue a elle seule un tour de force incroy able. Son succes complet, aprfes quelques tatonnements inevitables, la marche r^guliere de la machine avec deux foyers d'un pied carre de surface de chauffe, avec une consommation de vapeur et d'eau dix fois moindre, avec une economic de combustible des deux tiers comme nous le prouverons tout a I'heure, est un eve- nement qui occupera une grande place dans I'histoire des machines a vapeur. Aussi a-t-il ete salue avec enthousiasme ! M. George Rennie, a son dernier voyage a Londres, nous a rapporte I'appro- bation solennelle donnee a cet essai grandiose, par un des inge- nieurs les plus ^minents de I'Angleterre, M. Clark, dont la parole fe,it autorit(5. En attendant que nous puissions enregistrer les chifFres d'une experience authentique faite au frein avec la machine de 1' Annexe, la quanlite de charbon consum^e et d'eau vaporisee, le nombre des coups de piston, le travail produit, etc., etc., nous consignerons ici les r^sultats obtenus avec la premiere machine du nouveau systfeme, construile par MM. Benjamin Hick et Son de Bolton. Experience du 8 decembre. 100 revolutions par minute ; pres- sion de !a vapeur dans I'enveloppe, 5 atmospheres; force dynami- que mesuree par I'indicateur de Naught, 25,1 chevaux; combus- tible consume par force de cheval et par heure , apres la mise en train de la machine, 2,54 livres anglaises, 1 kilogramme 15. Experience du 11 decembre. 100 revolutions par minute; pres- siondela vapeur, 5,6 atmospheres; force mesuree, 25,1; depense en combustible apres la mise en train de la machine, en moyenne, 2,23 livres ^anglaises , 1 kilogramme par heure et par force de eheval. Experience de Janvier. Pression de la vapeur, 65,75 livres an- glaises, 4,38 atmospheres; force, effective mesuree au frein appli- que sur I'arbre, 6,14; combustible brule, 2,5 livres, 1 kilogr. 14 par^heure et par force de cheval. Montee de nouveau a Londres et employee a mettre en mouve- ment un |ventilateur de 1 metre 27 centimetres de diametre, chez MM. Fox Hinderson et C'% elle a 6te s'ameliorant toujours. Au- jourd'hui apres six mois de marche, elle donne en moyenne la force de 8- chevaux et consomme par heure 23 livres. anglaises , 9 kilo- COSMOS. 827 grammes 46 de charbon ordinaire de Galles, c'est-a-dire , 1 kilo- gramme 2, par heure et par force de cheval. Pour que Ton comprenne mieux I'enorme economie rcalisee par la machine a vapeur r^generee, et pour detruire aussi certaines il- lusions, nous invoquerons le t^moignage d'un homme ^minemment pratique, M. E. A.Cowper; il^crivaitendatedu 22decembrel854: « La qu;mtit(5 de charbon , qualite ordinaire du Lancashire, que peut bruler par force de cheval et par heure una machine ordinaire a haute pression de 4 a 8 chevaux, est en moyenne de 8 livres, 3 kilogrammes 6. Si le charbon est tres-bon, on peut descendre jus- qu'a 7 livres, 3 kilogrammes 2; si, au contraire, il est de quality infdrieure , comme c'est ordinairement le cas , on brulera 10 et meme 11 livres, 4 kilogrammes 55, ou 5 kilogrammes. La moyenne daces nombres, expression fidele de la verite pratique, est 4 kil. ; le chiflre de M. Siemens est 1,2; il en r^sulterait que I'economie est de plus des deux tiers. Une economie des deux tiers, c'est enorme ! Et en tenant comptedu nombre immense des machines a vapeur en action incessante dans le monde , elle s'exprimerait par des centaines da millions de francs. Voila cependant ce que I'homme le plus calme et le plus modeste ose promettre avec la certitude de n'etre pas dementi par les faits. " Ce qui nous rejouit et nous anime en presentant pour la pre- miere fois dans tout son jour cette magnifique invention, c'est quelle est entre les mains d'hommes qui savent et peuvent la con- duire a bonne fin. Aide de quelques amis genereux et de construc- teurs habiles qui avaient foi en lui, M. William Siemens apu faire, sans s'arreter un instant , les frais considerables d'experiences qui ont dur6 neuf annees. Nouveau Watt, il a eu I'insigne bonheur de rencontrer sans I'avoir longtemps cherche son Boulton dans la per- sonne de M. le marquis Cusani , qui , apportant a cette noble en- treprise le concours de sa fortune et de son experience, a d^ja r^ussi a instituer une Soci^te anonyme en associant des capitaux frangais, anglais et allemand. La nouvelle Societe , dont le si^ge est Genes, a pris le nom AeSocieie continentale pour les machines a 'vapeur regeneree , systeme Siemens, et qui vient d etre approu- vde par d^cret du gouvernement sarde , est toute prete a organiser sur la plus vaste ^chelle la construction et le placement des machines a vapeur regen^r^e. On aurait peine a trouver dans le passe un se- cond exemple d'un progres aussi saillant et d'une reussite aussi complete. F. Moigno. 328 COSMOS. BOULTON ET WATT. APPAREiLs d'horlogerie classique ET d'horlogerie electrique DE MM. DETOUCHE ET HOUDIN. vn* classe , 2* section, n° 1742 dii cat. Annexe, galerie centrale, 46, D. On voit de bonnes et belles choses dans le Palais de I'lndustrie. Quelque part qu'il plonge, I'oeil, agr^ablement flatty, rencontre de nouvelles merveilles; mais, qu'on nous permette de le dire, I'o- reille, par compensation, car la compensation est una loi fatale de ce bas monde, est loin d'etre aussi a I'aise dans ces vastes galeries. Les jugementsles plus lingers et les plus ^tranges, les critiques les moins iond(5es et les plus ameres , les saillies violentes des antipa- thies les plus deraisonnables, des jalousies les plus acharnees vien- nent a chaque instant la fioisser. C'est a tel point, que la seule pensee que, pres de la vitrine d'un exposant honorable, nous ren- coiitrerons un de ses confreres, disons inieux, un de ses rivaux, ou I'un de ces pedagogues du jour, qui parlent a tort et a travers, et tianchent dans le vif sans sourciller, agit ma]gr6 nous sur nos facultes locomotives, et nous fait I'uir an loin. Nous avons d^ja ra- conte quelques-unes des plaies de notre pauvre oreille, mais nous ne sommes pas au bout. Pour un juge bienveillant et loyal qui cherche et loue le bien, qui excuse et attenue les imperfections, il est mille aristarques impitoyables , qui ne voient dans une oeuvre que son cot^ faible, qui attaquent tout : le but, I'execution, le suc- ces, etc. Alors meme que les ceuvres expos(^es seraient parfaites, ne croyez pas qu'ils soient a bout d' arguments ; vous les verrez alors soulever avec plus de mi^chancete encore les considerations nor- males les plus excentriques et les plus perfides. Nous annoncions 1' autre jour a un ami qui se reconnaitra sans que nous le nommions, parce qu'il est de nos lecteurs les plus assi- dus et les plus reconnaissants, que frapp6 de la bonte et de la beaute des appareils chronometriques et electriques de M. Detouche. nous nous proposions d'en parler avec le meme enthousiasme que de ses inventions a lui. M. Detouche, s'ecria-t-il ! Se peut-il qu'on I'ait admis a figurer sous son nom a I'Exposition? Surpris de cette saillie tout a fait imprevue, et pour ne pas engager une discussion penible et inutile, nous nous sommes tu, mais en nous promettant de prendre le public pour juge du m^rite de I'exposant insult*^ , et de la nullite des fins de non-r€cevoir qu'on lui oppose. M. Detouche est jeune encore, et deja il est a la tete d'un eta- blissement qui, en 1849, faisaitpour 1 million d'affaires, dont I'lm- COSMOS. 329 portance etla reputation ont grandi sans cesse, qui ne craint au- jourd'hui ni rivalite, ni concurrence s^rieuse. II a eu I'immense merite d'exploiter en grand rhorlogerie de precision qui se trainait languis- samment dansun cercle tres-etroit. Le Jury de la derniere Exposi- tion fran^aise a declare que les produits de ses ateliers se distin- guaient autant par la moderation du prix que par la belle execution, et lui a accorde la medaille d'argent. A Londres, en 1851, sa vi- trine attirait plus que toutes les autres les regards de la foule. La reine Victoria la contempla longtemps ; I'infortunee reine Amelie le remercia solennellement d'avoir glorieusenient soutenu la vieille reputation de I'horlogerie fran9aise ; le Jury international loua sans reserves Texcellente fabrication de ses pendules compensateurs, de ses echappements modeles , de ses collections de pignons de qualite tout a fait superieure ; il lui decerna a I'unanimite une medaille de prix. L'ann^e suivante, quelques membres de la Commission fran- 9aise solliciterent et obtinrent pour lui la croix de la Legion d'hon- neur. Tout cela est vrai, dira-t-on, mais M. Detouche n'est pas lui-meme un horloger de grand merite ! c'est faux! Elove de I'Ecole de Paris, M. Detouche a etudie et pratique I'horlogerie avec succes en Angleterre, en Suisse, a Geneve, lieu de son premier etablis- sement. N'importe, nous vous I'accorderons , si vous le voulez^ Mais s'il n'est pas la main habile, il est la tete intelligente au plus haut de- gre et son immense succes le prouve assez. On le trouvera mauvais peut-etre, mais eclaird, par une longue experience, nous nous sommes range dans la categorie des sages qui ne croient au succes, qu'autant qu'il a ete conquis par le talent, quand ce succes depasse certaines limites. Si M. Detouche ne travaille plus, il dirige, et les grands g^neraux sont plus rares que les braves soldats. II a su, mais que disons-nous, puisque c'est la son crime, s'associer le genie, aussi souvent qu'il I'a rencontre, et s'attacher les ouvriers les plus habiles. Ne pouvant pas etre Watt, il s'est fait Boulton , et il a fait les Watt, ses associ^s et ses commen^aux. Alors que d'autres peut- etre, car c'est lade I'histoire ancienne, auraient persecute et maudit le genie, il le grandissaif , lui , en le debarrassant de toutes les sol- licitudes materielles, en I'entourant des inoyens d'action les plus puissants, en I'excitant a deployer largement ses ailes. Aussi, et c'est I'histoire encore, les noms de Boulton et de Watt, unis dans le travail , sont unis forcement dans' I'immortalite. Les hommes sup^rieurs seuls se devinent , s'attirent, se completent I'un I'autre. Ecoutez ce que le grand Watt disait de son compagnon de travail 330 COSMOS. et de gloire : « L'ainitie que Boulton me portait n'a fini qu'avec sa vie. Celle que je lui avals vouee m'impose le devoir de profiler de cette occasion, la derniere probablement qui s'offrira a moi , de dire combien je lui fus redevable. C'est a rencouragement einpresse de M. Boulton , a son goilt pour les decoiwertes scientijiques, et a la sagacite avec laqnelle il savait les Jaire tour tier aux progres des arts; c'est aussi a la connaissance entiere qu'il avait des af- faires MANUFACTURIERES ET COMMERCIALES QUE j'aTTRIBUE EN GRANDE PARTIE LES SUCCES DONT MES EFFORTS ONT ETE COURONNES. " Lisez I'admirable biographie de Watt par Arago , et vous verrez, avec tristesse, ceque Watt meconnu, persr^dcute, accable de proces, serait devenu, s'il n'avait pas rencontre Boulton. Qui de vous, si, ressuscite, le directeur a jamais venere des celebres ateliers de Soho, avait voulu exposer les produits du g^nie inventeur, associe au genie directeur, aurait eu le courage de lui fermer les portes du temple de I'industrie? Watt se serait indigne d'une recompense que n'aurait pas partagee I'ame de son ame. Nous avons frappi^ a la porte du coeur de MM. Houdin pere et gendre, nous les avons trouvc's remplis des sentiments si noblement exprimes par leur glorieux module, et nous nous sommes senti assez fort pour triompher de toutes les injustices. Que le Jury ne separe pas ceux que la Providence a unis, a la bonne heure, il en a le droit, et c'est pour lui un devoir. Mais vouloir qu'on ecrase la tete pour glorifier les membres , ce serait une folic et un crime. Puisque vous vous faites serpent, ayez du moins la prudence du serpent ! Nous avons dit! Et ne sdparant plus MM. Detouche, F. Houdin et Robert Houdin , nous allons examiner consciencieusement leur oeuvre commune. Nous decrirons d'abord a I'aide de tres-belles figures et avec le plus grand soin, les appareils electriques exposes par M. Detouche et constructs dans ses ateliers sous la direction de M. Robert Houdin. 1° Repartiteurelectrlque.hoTSCinil s'agit d'utiliser Taction exer- cfe par les electro-aimants sur leurs armatures pour produire un effet m^canique quelconque, faire marcher une aiguille sur un ca- dran , soulever un marteau destine a frapper sur un timbre, etc. , etc. , on rencontre une tres-grande difficulte, contre laquelle on n'a lutt^ jusqu'ici que d'une maniere trfes-impaxfaite, et qui provientde ce que I'attraction magn^tique est une force necessairement varial)le. Lors- que I'armature est a une certaine distance, au moment oil rekctro- aimant devient actif , I'attraction est insensible ; elle croit ensuite I COSMOS.) 331 a mesure que I'armature se rapproche , et croit , si Ton adopte la thdorie le plus universellement re^ue, en raison inverse du carre de la distance. L' attraction qu'il s'agit de transinettre et d'utiliser, est done d'abord tres-petite, presque nuUe , elle devient ensuite tres- grande. Si Ton fait agir la force n^e du mouvement de I'armature par I'intermMiaire d'un levier a bras invariables , aux extrerait(5s duquel sont appliquees d'un cote I'arinature ou la puissance , de I'autre la resistance , I'efFet proJuit ne sera pas seulement obtenu tres-irr^gulierement, il sera, en outre, tres-borne, etl'onn'utilisera qu'une tres-faible partie de la force motrice ou de I'efTet utile de la pile. II serait presque impossible, par exemple, de soulever ainsi directement, meme avec une pile assez forte, le Jourd marteau qui devra inettre en vibration la cloche d'une grande horloge. En pre- sence de ces irrdgularites de la force motrice, Ton s'etait resigne a ne mettre en jeu electriquement que des masses relativement tres- petites; a tenir toujours I'armature tres-pres de I'electro-aimant ; ou a regler sa vitesse au inoyen d'un ressort ou frein dont la resis- tance croit dans la meme proportion que I'attraction magnetique exercee. Dans les deux cas , il y avait parte considerable de force utile ; et, lorsqu'il fallait a tout prix produire un effort considerable, sans employer une trop forte pile, ou faisait intervenir un mouve- ment d'horlogerie. Desole de se voir arrete tout court par cette difficulte, dans la realisation des applications de I'electricite qui lui etaient demandees par M. Detouche, M. Robert Houdin a donne essor a son esprit iniinemment inventif, et il a ete assez heureux pour arriver, presque d'un seul bond, a une solution completement satisfaisante de cet im- portant probleme. Le mecanisme, al'aide duquel il regularise Tac- tion exercee par I'aimant sur son armature, a re9u de lui le nom de Repartiteur. Sa construction repose sur une idee tellement simple, que tout le monde a peine a croire qu'elle ne fut pas nee encore; elle est cependant tout a fait originale et neuve, on ne trouvera rien de semblable dans les ouvrage de cinematique les plus rdcents et les plus estim^s. Le repartiteur represented?^. 1 est tout simplement une combi- naison de trois leviers courbes, I'un grand ou double, les deux autres petits ou simples. Tous trois tournent autour de centres fixes, et leurs longueurs efficaces, determinees par leurs points de contact ou de tangence, sont necessairement variables. Le premier petit levier Z tourne autour du centre fixe de la poulie ou rotule aa ; le second levier A , double du levier Z , tourne autour doi centre fixe de la 332 COSMOS. rotule i>b';]e troisifeme, B, egal a Z, tourne autour du centre fixe de la rotule C. E est I'electro-aimant qui devient actif quand le Fig. 3. courant passe; H est I'armature attiree par I'aimant devenu actif; Z est le levier de la puissance , A le levier intermediaire ou r(5par- titeur, B le levier de la resistance. Z, au commencement du mou- vement, quand Tattraction est trfes-faible, le levierZde la puissance COSMOS. 333 touche A en e; le levier B de la resistance, touche A en e'; les leviers courbes out alors toute leur longueur ; la puissance agit par un double grand bras ; sa faiblesse est compensee par les longueurs des leviers; et, meme en naissant, elle devient capable d'un grand effort. A mesure que I'armature se rapproche de I'^lectro-aimant, et que la force d'attraction devient plus grande , la rotule a a' tourne , le levier Z se releve , son point de contact e se rapproche du centre , la longueur efficace du levier de la puissance diminue ; en meme temps la portion droite du levier A s'abaisse ainsi que le levier B ; le point de contact e des leviers A et B se rapproche de C ; la longueur efficace du levier de la resistance a diminue dans la meme proportion. La plus grande intensite de la puissance est done doublement compensee par la diminution des bras de leviers effi-- caces, I'effet resultant est reste sensiblement le meme. On voit comment une force sans cesse variable, sans cesse crois- sante, est ainsi uniformt§ment repartie, regularis^e, transforinee en une force sensiblement constante, equivalente a une sorte de moyenne ou de temperament entre Taction tres-faible a I'origine, tres-forte a son dernier terme, au contact de I'armature et deTelec- tro-aimant. A la rigueur, et si Ton n'avait eu affaire qu'a une action croissant en raison inverse de la simple distance, il aurait suffi d'un ensemble de deux leviers courbes : du levier Z tournant autour de la rotule aa , et de la moitie e r du levier A tournant autour de la rotule bb' ; la resistance aurait ete alors appliqu^e en /• comme le montre la figure ; il faut le m^canisme entier pour dompter et uni- formiser Taction qui varie en raison inverse du carre de la distance. Les leviers pourront etre en general des arcs de cercle , mais rien n'empeche que dans chaque cas particulier on ne determine mathe- matiquement, ou par le tatonnement, leurscourbures, egales ou ine- gales, de maniere a obtenir la regularisation la plus appropriee au but qu'on veut atteindre. Les rdsultats obtenus par cette transmission de mouvement aussi simple qu'ingenieuse, qui a en outre Tavantage considerable de faire parcourir a la puissance et a la resistance des espaces egaux, abso- lument comme si elles etaient appliquees a des bras de leviers egaux, depassent toutes les esperances. L'attraction variable s'exerce avec une douceur, une regularite, une uiiiformite d'action tout a fait ad- mirables ; il n'y a plus de sauts brusques et Teffet utile croit dans une proportion enorme. L'appareil expose dans la vitrine de M. De- touche est tellement combine que Ton peut faire agir l'attraction soit a la maniere ordinaire, en plagant I'armature et le poids k sou- 33i COSMOS. lever aux deux extr^niit^s d'un levier droit a bras egaux aux bras des leviers courbes; soit par rintermediaire du r^partiteur. Dans le premier cas, I'attraction souleve a peine et brusquement un petit vase, rempli de grains de ploinb ; il est presque innpossible de deta- cher I'amuiture en agissant sur le bras du levier de la resistance. Dans le second cas , I'attraction souleve doucement un grand vase rempli de grains de plomb , vingt-cinq fois plus lourd que le pre- mier ; et en pressant sur le levier B de la resistance, on detache I'ar- mature avec une extreme facilite. Chacun peut admirer une premiere et interessante application en grand du repartiteur. Presqu'en face de la vitrine de M. Detouche, un peu a gauche, quand on lui tourne le dos, contre la rampe de la galerie superieure, se trouve un cadran de plus de deux metres de dia- 'metre, dont la plus longue aiguille marque les secondes; or, cette gi- gantesque aiguille, c' est une toute petite pile qui la fait mouvoir,sans I'iiitervention d'un ressort ou d'un poids. Le courant de la petite pile anime en passant une horloge electrique qui mesure le temps, ou rfegle et determine les interruptions n^cessaires aux indications des heures, des minutes et des secondes; il arrive ensuite au reparti- teur, et parle repartiteur met les aiguilles en jeu. Si Ton compare la marche de I'aiguille des secondes du cadran de M. Detouche a celle de I'aiguille des secondes du cadran de M. Froment place en face, de I'autre c6t6 de la galerie, on remarquera certainement une tres-grande difference. L' aiguille de M. Froment marque ou plutot frappe les secondes avec une fermet^, une regularite incomparable, comme le ferait la petite aiguille des secondes fixes sur la meilleure des montres. L'aiguille de M. Detouche hesite quelque peu, ses sauts ne sont pas fermes, tantot elle depasse !e but, tantot elle ne Tatteintpas; mais si Ton tient compte de I'insuffisance des moyens par lesquels ce grand effet est produit, de la faiblesse de la pile, et de la simplicite extreme du mecanisme; le resultat obtenu sur le cadran de M. Detouche paraitra bien plus extraordinaire ; c'est un veritable tour de force. En resume, le repartiteur, si petit et si humble en apparence, est un trait de genie et I'une des grandes nouveautes de I'Exposition uni- verselle de 1855. Au point de vue de la m^canique, c'est un organe enliL'rement nouveau qui sera bientot applique de niille raameres differentes, a mille usages, et qui rendra d'innombrables services. Au point de vue de la physique et des applications de I'electricite, c'est une decouverte immense. Regulariser et utiliser dans une pro- portion beaucoup plus grande , dans des conditions plus cxcellentes COSMOS. 335 de continuite et de douceur, les forces variables ; supprimer les res- sorts regulateurs , dispenser dans le plus grand nombre des cas de recourir a des moteurs accessoires, c'est un progres que Ton aurait cru a peine possible il y a quelques mois. M. Robert Houdin, dont les forces sont centuplees par son repartiteur, est seul aujourd'hui en mesure de resoudre, s'il est possible , le plus grand des problemes a I'ordre du jour ; de realiser enfin le moteur electro-magnetique. Si nous etions membre du Jury, nous voterions une medaille d'hon- neur au repartiteur, et elle serait une des mieux meritees. 2° Horloge electrique pojmlalre. C'est encore un tour de force du grand escamoteur qui cause un etonnement universel. II a telle- ment simplifie le mecanisme de ce genre d'appareil, tout en le per- fectionnant et le soustrayant completement a I'influence des varia- tions du courant qui lui donne la vie et le mouvement, que M. De- touche , aujourd'hui , livre pour 60 francs une cxcellente horloge ^lectrique ; une horloge qui marchera avec une regularite parfaite sans qu'on ait jamais besoin de la remonter; a la seule condition que de mois en mois on jettera a la petite pile coutant 5 fr., quel- ques fragments de sulfate de cuivre ; une horloge qui pourra en outre transmettre ses indications, dans toutes les chambres de la maison, a de simples cadrans armes d'une minuterie. Ce bon niar- che, uiii a une perfection si grande, est un myslere pour tous les maitres de la science et de I'art. M. Wheatstone n'en revenait pas; il n'a pas voulu partir sans emporter avec lui ce bijou ; il I'a tant vante a ses illustres amis qu'il lui a fait un succes de vooiie. Ce que c'est cependant que d' avoir a la tete d'une grande in.Iustrie un homroe intelligent, actif, habile ! L'horlogerie electrique n'avuit pas encore pris sa place et son rang; on en. entendait beaucoup parier : les Froment, les Gamier, les Verite, lui avaient feit atteindre I'age adulte, mais on ne la voyait presque nulle part, excepte dans les embarcaderes de nos chemins de fer; elle n'avait pas meme pris possession des salons de I'opulence. Desormais , grace a M. De- touche , le plus modeste bourgeois se donnera un regulateur Elec- trique; il ne fera pas un pas dans son petit doraaine sans lire par- tout I'heure et la minute sur des cadrans toujours parfaiteraent d'accord. Ce sera une veritable revolution dont la science profitera grandeiiient ; on cessera enfin de lui deniander a quoi elle est bonne ! Le mecanisme essentiel de I'horioge electrique populaire est re- presente fig. 2. Nous le decrirons rapidement : dans la premiere impulsion vers la gauche, la tige horizontale du balaiicier ferme le 336 COSMOS. circuit en touchant le ressort /' en communication avec le pole po- sitif. Le courant traverse le balancier, arrive a la suspension P, passe II la platine en contact metallique avec la suspension, et va circuler autour de Telectro-aimant E qu'il aimante. L'arn)alure A est alors attiree ; son mouvement , transmis par un repartiteur simple de nouvelle forme n au ressort c, pousse d'une dent le ro- chet de la minuterie, Taiguille avance d'un pas sur le cadran. En meme temps le levier n souleve le ressort /•' par I'intermediaire de la tige T. Cette tige porte un petit cone qui , agissant sur le ressort s, faisant suite au levier L, fait basculer le levier et I'amene a s'engager sous ;•'. Lorsqu'en revenant vers la droite, la tige du balancier a cesse de toucher le ressort r', le circuit olectrique est roinpu, I'aimantation cesse, la tige T, n'etant plus soulev^e par le levier n, laisse retomber le ressort r' sur le levier L ; et comine le cone n'agit plus sur le ressort j, le levier sollicite par la masse ex- centrique jn se dcgagera aussitot que le ressort /■' aura H6 soulev^ par le balancier ; ce ressort, en se defendant et revenant a sa posi- tion normale, pressera sur le balancier et lui rendra I'inipulsion dont il a besoin pour continuer ses oscillations. Le mouvement est independant de I'intensitd du courant; parce que, quelle que soit cette intensite, la tige T, le levier L, le res- sort /•' seront toujours souleves de quantites rigoureusement ^gales; et que le ressort r', par consequent toujours egalement tendu, com- muniquera au balancier la meme quantite de mouvement. On ne pouvait rien imaginer de plus simple et de plus efUcace. Ajoutons d'ailleurs que lorsque le balancier, quittant le ressort r' , le depose sur la tige D isolee du mecanisme de I'horloge par des lames d'i- voire , cette tige pent diriger le courant vers un autre (51ectro- aimant qui aurait pour fonction de mettre en mouvement la minu- terie d'un second cadran ; on pourra done avec la meme pile multi- plier, ainsi que nous I'avons dit, les indications de I'horloge 61ec- trique populaire. 3° Regidateur electrique^ a Vahri aussl de toute influence des variations des couraiits electriques. II est repr(5seiit^ figure 3. Son mecanisme ressemble beaucoup a celui de I'horloge electrique populaire. Lorsqu'on doniie la premiere impulsion au balancier, en le pous- sant veis la gauche, il souleve legerement le ressort /• el par ce conlact i'erme le circuit ^lectrique. Laissons-leun instant dans cette position et voyons ce qui va se passer. COSMOS. 337 Le courant positif, vphu de la pile, par le ressort R, se rend au balancier par rinterm^diaire du ressort r, de la a la platine a la- quelle le balancier communique nnetalliquement, et circule enfin au- tour de reiectro-aimant qu'il aimante. L' armature A est attirce, le levier N se souleve et souleve egalement le ressort r' par I'inter- m^diaire de la tige T. En meme temps un petit cone fixe sur cette tige souleve un petit ressort lie au levier L et soliicite ce dernier a s'engager sous le ressort r' , en passant par une ouverture menagee dans ce ressort. Si alors le balancier revient et fait son oscillation du c6t6 /•', en se separant du ressort r, la rupture du contact r ouvre un nouveau passage au courant, I'aiinantation cesse dans E, I'armature s'^loigne, le ressort /•' n'etant plus soutenu par la tige T tend a s'abaisser, mais il se trouve arrete par le levier I sur I'ex- trdmite duquel il presse; cette pression suffit a arreter le levier L, qui, quoique degage de Taction impulsive de son petit ressort, tend mainlenant a s'ecarter de la perpendiculaire sous Timpuision d'une masse in qui est fixee au ressort s. C'est alors que dans le comple- ment de son oscillation, le balancier soulevant legerement le res- sort r' degage et delivre la tige T de I'arret oppose par le levier L, et ce ressort r' n'etant plus soutenu, communique integralement au balancier la force dont il a ete arme. On comprendra facilement que lorsque le balancier quitte le ressort /• qu'il a souleve, et le depose sur la tige isolee D, il ferme un autre circuit dans le parcours duquel un electro-aimant peut faire fonctionnerun autre cadran sans exiger plus d'electricite. 4" j4 ppareil pnjir le transport indejini d'un courant electriqne et la reproduction successive, a Vaide de ce mime courant, d'un notnbre quelconque d' effets mecaniques. 11 ej^t representc fig. 4. Aduit'ttons que la roue F tourne avec une vitesse d'une dent par seconde, temps plus que suffisant pour operer un grand nombre de transports. L'efft'l de cette roue est de bifurquer le courant positif ou de le faire passer taiitot dans le ressort d, tantot dans ie ret-sort d' . Dans Iti position iiidiquee par la figure, le courant positif passe dans la roue F, se rend au ressort d, puis au punt P par I'interme- diaire du rochet R, circule autour du premier electro-aimant et se rend a la pile. Aussitot I'armature est attiree, le cliquet c pousse une dent du ro- chet /• qui est fixe sur le rochet R. Le ressort d tonibe entre les di'ux 338 COSMOS. dents du rocher R et ne communique plusavec lui, mais son extre- mity touche alors un morceau de cuivre auquel est fix^ le fil F qui porte imm^dmtement le courant au second electro-airaant en passatjt COSMOS. 3S9 paries memes pieces que prdcedemment, et ainsi de suite pour les electro-aiinants suivants. On concevra que lorsque le rochet ;• en tournant a rompu le cir- cuit du premier electro-aimant pour le reporter au second, il a pro- duit I'efFet contraire du cote oppose, c'est-a-dire que le ressort d' se trouve sur le sommet d'une dent du rochet R, si bien , que lorsqiie la roue F en continuant de tourner laisse tomber le ressort e, et releve le ressort e' , lecourant passe alor-s par ce dernier, se rend kd' , vient au rochet R, et va enfin arelectro-aimant qu'il aimante, et dont I'ar- njature produit I'effet precedeminent decrit. II importe grandenient de faire remarquer que les pendul es dlectri- ques ou ^lectro-magnetiques exposees par M. Detouche, ont un ca- ractered'originalite qui les distingaedecelles.de MM. Froment,Liais, Veritd, etc. Nous sommes heureux de constater que sous ce rapport, comme au reste sous tous les autres, M. Da Moncel leur a rendu pleine justice. Dans le nouveau sysleine, en efFet, ce ne sont plus des poids qui agissent, mais bien des lames de ressort dont Taction est suspendue en temps voulu , an moyen de petits encliquetages tres-ingenieux, qui se debrident et s'embrident en temps opportun, par I'effet alternatif des electro-aimants. Ces electro-aimants ne de- viennent actifs que du cote que le pendule vient d'abandonner, ils preparent le oiouvement oscillatoire sans I'influencer, et comme leur action toute mecanique se borne a faire parcourir a des pieces rigi- des ou ^lastiques des distances toujours rigoureusement les memes, elle ne depend en aucune maniere de leur degre d'armantation. Nous regrettons de n' avoir pas pu completer la description du mecanismetranspositeurducourant,qui,arimmense avantagede faire sonner un nombre indefini de sonneries a vec un courant exccssivement faible, sans I'emploi d'aucuns rouages d'horlogerie par le dessin d'un mecanisme additionnel qui figure aussi dans la vitrine de M . Detouche. II a pour but de faire intervenir aun moment donne le courant d'une pileplusintense.de tell esorte que la petite pendule puissealors sonner I'heure sur de tres-grosses cloches. Force nous est, pour ne pas don- ner a cet article des proportions demesur^es, d'esquisser en quelques mots seulement la forme et le jeu de cet important appendice. Une traverse en bois portant les dix zincs d'une pile de Smee, est fixee a I'un des bras d'une grande bascule ; mobile dans deux coulisses , cette traverse peut s'abaisser el faire plonger les zincs dans les auges remplies d'acide sulfurique et armer la pile. La seconde extremite de la bascule porte d'abord, en dessous, un contre-poids , assez pesant, lorsqu'il n'intervient aucune action dtrangere, pour 340 COSMOS. maintenir la traverse soulevee et les zincs hors des auges ; en dessus un inorceau de fer doux faisant armature et place en lace d'un elec- tro-aimantqui, lorsciu'il devient actif ouque le courant passe, attire I'arinature, surmonte la resistance du contre-poids, fait culbuter la bascule etplonger les plaques. Siau contraire le courant vient a ces- ser, I'armature se d^tache du contre-poids, remporte,la traverse est soulevee, la pile desarm^e. Reste done a faire passer, en temps opportun, le courant dans I'electro-aimant ; una detente mise en jeu par la roue de compte de I'horloge remplit ces fonctions. Lorsque I'heure , la demi-heure ou le quart doivent sonner, la detente est soulevee, elle determine un contact qui dure aussi long- temps qu'il est necessaire, le courant est ^tabli , la pile est arm^e, le transpositeur fonctionne pous I'influence du courant energique de la pile; bientot la detente retombe et les zincs sortent des auges. II ne reste plus qu'a constater qu'un ]ima9on arme d'ailettes regu- larise et limite la chute de la traverse de la maniere la plus inge- nieuse. Ce que nous venons de dire suffit, il nous semble, a prouver que I'exposition de M. Detouche, au point de vue des applications de Telectricite, est remarquable entre toutes, par la nouveaute, I'origi- naliLe, I'importance, le fini de I'execution, le nombre et le bon mar- che des pieces qu'elle renferme. Nousseronsbien plus a I'aise encore, quand nous aurons a la faire connaitre sous le rapport des magni- fiques ceuvres d'horlogerie qu'elle oifre a Tadmiration des maitres et des amateurs. Le Jury international se montrera geni^reux a son L'idde de recevoir la lumiere directe du soleil ou de 1 atmosphere sur des surfaces reflechissantes pour la projeter dans leslieux quelle n'atteint pas, n'est pas entierement nouvelle , elle est si simple d'ailleurs, quelle a du se presenter a plusieurs esprits, dans divers temps et divers lieux, on la trouve en effet indiquee vaguement dans plusieurs ouvrages. La premiere application serieuse et sur une grande echelle qui en ait et6 faite est due , comme nous 1 a- vons souvent rappele, a MM. Jacquesson et Jules Guyot qui, en pergantun certain nombre de puits a travers les voutes et le sol, et plagant au fond de ces puits de grands reflecteurs formes de feuil- les de fer-blanc, parvinrent a ^clairer complotement les unmenses caves de Chalons-sur-Marne. Get eclairage si naturel, si excellent, si salubre, realisa uneeconomie annuelle de cinq mille francs, depen- ses jusque-la en huile ou en suif , convertis, h^las! en lueur, sans doute, mais aussi en fumee ^paisse et nauseabonde. Les frais assez deves de premier etablissement furent bientot largement cou- verts. Le modele de ses caves , avec les puits et les reflecteurs, que M. Jacquesson exposa en 1849, excitaune admiration univer- selle. ^ , Presque a la meme dpoque , M. Troupeau imaginait de son cote I'heureux parti qu' on pouvaittirer de la lumiere ri§flechie pour pro- curer dujour aux portions obscures des Edifice?, aux passages, aux escabers, aux arriere-boutiques, etc. Loin de le contrarier dans cette application nouvelle . qu'il n'avait pas pense a exploiter , M. Jac- quesson, dont mieux que personne nous avons pu apprecierl'espnt large etelev^, le noble d^sinteressement , encouragea M. Trou- pea^u , et le laissa avec bonheur jouir des privileges de son brevet d'invention. 11 n'a pas meme songe a protester contre le nom de Reflecteur-Troupeau donne et definitivement acquis au nouvel appareil. Cette bienfaisante Industrie n'a pas cesse de grandir chaque ann^e ; la valeur des appareils livr^s par M. Troupeau en 1851 atteignait a peine cinq mille francs, elle depasse aujour- d'hui cinquante mille francs , et elle croitra en proportion plus que 354 COS^IOS. g^omdtrique , des que le reflecteur, entre dans les habitudes des populations , sera devenu , comine 11 doit I'etre, un meuble indis- pensable. II a d^ja obtenu les honneurs des palais imp^riaux ou royaux de la France et de I'Angleterre ; et dans inille ^tablisse- ments particuliers a Paris, a Londres, a Liverpool surtout, la villa la plus enconibr^e de monde, on s'applaudit chaque jour de lui avoir donnc une hospitalite recompensee au centuple. Mais il reste encore immensement a faire, et il faut , bon grd mal gre, que ce progres si bienfaisant s'accomjjlisse, II est une multitude delieux qu'on ne peut eclairer, &ans danger d'incendie, par les moyens ordinaires ; et d'oii toute lumiere artificielle doit etre absolument bannie. Sous ce rapport , et en raison aussi de I'hygiene publique , des sant^s connproinises en si grand iiombre, il nous semble que I'autoritf^ pourrait intervenir pour imposer par des mesures douces , mais (5nergiques , I'adoption universeile du reflec- teur que la Providence a fait surgir a I'epoque oil son action deve- nait une necessite presque de premier ordre. Les tdnebres amenent avec elles la peur , la tristesse , I'^tiole- ment; la lumiere r^jouit et vivifie , que la lumiere se fasse ! II s'agit d'une charmante application de la science , d'une id^e ^minemment heureuse , d'une Industrie deja grande , du bien- etre de toutes les classes de la societe ; le Jury international a done les coudees franches pour se montrer genereux. II a aubsi a reparer une sorte d'injustice que les circonstances ont comme imposce a son devancier, au Jury de I'Exposition universeile de Londres. Le Pa- lais de Cristal etait partout inonde de lumiere , on y cherchait en vain, comme a Sydenham, un seul coin obscur. II se refusait par lui-meme a la manifestation des avantages du reflecteur Troupeau. On ne pouvait lui faire r(5fl^chir sa douce lumiere qu'en dressant tout expres pour les besoins de sa cause un grand cabinet obscur. Les directeurs du classement se preterent de bonne grace a cette installation , d'autant plus que M. Troupeau avait ^te vivement recommand^ par le Jury d'examen de la Seine. Le cabinet noir fut doncdresse. M. Troupeau revint a Paris plein d'esperance; maisdes employes maladroits, en voyant cet espace vide et ne coniprenant pas sa destination, se haterent de d^blayer le terrain qu'ils crurent inoccupe. Le reflecteur Troupeau disparut avec les cloisons qui le portaient, et le malheureux inventeur frangais dut rester etranger au tableau des recompenses. Par une sorte de reparation ou de compensation providentielle, le palais des Champs-Elysees ne res- semble en rien au palais d'Hyde-Park. Les galeries infdrieures sont COSMOS. 355 plong^es dans I'ombre , et un grand nombre d'exposants, exclus du grand jour des galeries, ne devrotit d'avoir fix6 I'attention de la foule et charin^ les regards quk 1' intervention du bienheureux r^flecteur. 11 ^clairepres decent vifrines, el il est par consequent expose lui-meme cent fois sous toutes ses formes. Get appareil est si simple, si primitif que nous sommes presque dispense de le df^crire. Le petit dessin ci-joint en doniiera une id^e complete. C'est tout honnement un miroir, faisant avec I'horizon un angle de 45 degres, fixe au bord inferieur de la fenetre du lieuqu'il doit ^clairer et regardant le ciel. Les rayons venus d'en haut rencon- trent eux-memes le miroir sous un angle de 45 degres ; ils se refle- chissent en faisant encore avec le meine miroir un angle de 45 de- gres : 45 degres et 45 degrees font 90 degres ; le rayon reflechi fait done un angle droit avec sa direction primitive de rayon inci- dent , c'est-a-dire qu'il rebondit horizontalement et ^claire tout ce qui se trouve sur son passage. Le miroir reflechissant est una lame de plaqu^ d'argent ou de cuivre argente au mercure ou galvani- quement ; on le recouvre d'une glace ou d'une vitre pour le defen- dre des salet^s et lui conserver son eclat. II est plan quand il faut projeter la lumiere sur un point determine, une table par exemple; il est creus^ de sillons comme une coquille s'il faut e'parpiller la lu- mifere. Une de ces formes heureusement imposee par les regies de I'esthetique et les exigences legitimes des architectes a surtout fixe I'attention du Jury. Le miroir est partage en un grand nombre de lames assemblees comme les lames d'une persienne ou d'une ja- lousie. Le reflecteur alors s'installe comme une persienne ordinaire, 36& COSMOS. rien ne fait saillie au dehors; et parce que les lames li^es a une tringle commune tournent autour d'un axe, on pent leur donner di- verses inclinaisons, et varier par consequent leur effet. A 45 de- gr^s elles donnent du jour, horizontales , elles ne produisent rien; verticales elles font robscurit^. Cette disposition est excellente de tous points. Nous avons cru devoir rappeler les premiers et grandioses essais de MM. Jacquesson et Jules Guyot; mais nous pouvons et nous devoiis affirmer au Jury que M. Troupeau est, dans toute la verity etlaportee de I'expression, invenleur du refiecteur diurne. Cette idee, si simple et si heureuse, lui a ete inspiree par le souvenir d'une observation des efFets d'un toit couvert de neige, un jour qu' humble Ofleanais, il se d(5sesp^rait d'avoir achete sans la voir une des mai- sons les plus obscures de la Cit^. F. Moigno. BOULTON ET WATT. EXPOSITION DE MM. DETOUCHE ET HODDIN. — Horlogerie. Vine classe, 2" section, n" 1742 du Cat. Annexe, galerie ceotrale, 46, D. Avant d'enumerer rapidement les diverses pieces d'horlogerie exposees par M. Detouche , nous tenons a constater que toutes , sans exception, sont des produits de ses ateliers. Elles y sont nees, et elles sont I'oeuvre des ouvriers les plus recherches de I'horlogerie parisienne. M. J.-F. Houdin donneles plans et dirige le travail ; il n'est livre qu'apres avoir ^t^ severement et scrupuleusement exa- mine par M. Detouche, dontl'ceil est tres-certainement, nous disait M. Houdin, I'oeil d'un maitre, parce qu'il est per9ant a la fois et exerc6 au delii de ce qu'on pourrait dire. Ces messieurs exposent : 1° Une collection de six modeles d'echappemeut divers, destines a completer la belle collection que I'administration du Conservatoire des arts et metiers avait coramandee pour ses galeries d'^tude. Tout ce que nous pouvons dire de ces modules , c'est qu'ils sont parfaitenient executes. 2° Plusieurs petits regulateurs de formes tres-diverses a t^chap- pements tres-varies, battant toutes les demi-secondes. 3° Une horloge avec un systeme tout nouveau de grande sonnerie dont un ing(^nieur distingu^ , M. Dumery, a dit dans un rapport fait a la Societe d'encouragement, au nom du Comity des arts me- caniques : qu'il etait ingenieux, simple et certain, qu'il t(5moi- gnait de I'intelligence et du savoir de ses auteurs, qu'il etait digne COSMOS. 357 de I'approbation , des ^loges et des recompenses de la Society. Nous laisserons M. Dumery exposer lui-meme la nature et le but de cette pr^cieuse invention, en reproduisant une partie de son rapport : " Dans les horloges publiques de construction moderne, on a pris grand soin de disposer le mecanisme symetriquement ; c'est-a- dire qu'on place d'un cote le barillet ettous les intermediaires de la mouvementation des aiguilles ; de I'autre cot^ tout ce qui est relatif a la sonnerie. Les organes appartenant a ces deux groupes de rouage sont autant que possible de meme importance, de memes dimen- sions, et situis a ^gale distance de I'axe de sym^trie. On cherche autant que possible, a faire de I'horloge un ensemble complet et harmonieux, a convertir un mecanisme aride et d'un aspect com- pliqu^, en meuble elegant et simple, que I'intelligence saisisse sans peine, qui soit presqu'autant I'oeuvre d'un dessinateur que celle d'un horloger. Cette recherche, dans 1' arrangement, dans le groupement des organes, t^moigne du degr^ d'avancement de cette importante branche de notre horlogerie ; mais les resultats artistiques qui en ont et^ la consequence n'ont pas 6t6obtenus sans sacrifices, ou au moins sans privation. Beaucoup d'horloges publiques poss^daient autrefois de grandes sonneries, c'est-a-dire repetant I'heure, a la demi-heure, au quart ; mais le mecanisme encombrant de ces horloges a repetition d'heure fut successivement remplace par des mouvements plus simples dans lesquels le compteur a et6 reduit aux nombres de coups necessaires pour I'indication simple de I'heure, de la demie, du quart. C'est cette elimination, c'est cet amoindrissement de fonctions que MM. Detouche et Houdin considerent comme une privation facheuse dans un grand nombre de circonstances. La nuit, par exemple, alors que I'horloge annonce une demie, il faut, si Ton n'a pas d'autre moyen de connaitre I'heure, attendre, sans selivrer au sommeil, que I'heure suivante se soit fait entendre. Et si cela se passe dans un quartier de production, la preoccupation de I'instant du r^veil peut abreger notablement le temps du repos de I'ouvrier. II est meme certains moments de la joumee ou la division, ne se marquant par aucun signe ext^rieur, le doute s'etablit sur la somme de temps ecoule, et avec le doute, naissent des distractions qui font languir le travail. Ces difFerentes remarques ont porte MM. Detouche et Houdin a rdtablir les grandes sonneries, mais 358 COSMOS. ils n'ont voulu le faire qu'en respectant les heureuses dispositions des constructions modenies, et ils y ont parfaitement reussi. On sait que lecornptcur ou roue de coinpte d'une horloge ii'est autre chose qu'un grand cercle dont la soinme des niouvements angulaires operes a chaque heure cquivaut a uu tour entier en douze heures; que la circonference de ce disque est divisee en espaces int^gaux correspondant chacun au nombre de coups de marteau a frapper a chaque heure, et que le nombre total de coups pour 12 heures, en marquant I'heure et la deinie, est de 90. Or si, en frappant I'heure et la demie, la circonference, doit cor- respondre au nombre 90 ; pour frapper les quarts, et repeater I'heure chaque fois, il faudraune circonference plus de quatre fois plusgrande, puisque le nombre de coups a frapper dans ce cas est de 348 au lieu de 90. MM. Detouche et HouJin, ainsi que nous I'avons deja dit, ont entrepris de faire acconiplir les fonctions correspondantesau nombre 348 avec les organes correspondant au nombre 90. Dans ce but , ils placent sur le meme axe plusieurs disques compteurs dont la somme des differentes circonferences correspond au developpement total qui leur est necessaire. Trouver un developpement factioe par la reunion de plusieurs disques est la chose la plus ordinaire et la plus facile ; niais ce qui I'eat nioins et ce qui constitue la difficulte vaincue, c'est de faire passer utilement et a propos la broche d'arret d'un disque sur I'autre a chaque revolution, et de la faire retourner du dernier au premier apres chaque serie de trois revolutions completes, et c'est la aussi ce que font MM. Detouche et Houdin avec une habiletd rare, a I'aide d'un dtjclic tres-simple et tres-siir que les disques compteurs mettent en jeu eux-memes apres chaque revolution. MM. Detouche et Houdin, qui ne font pas les choses a demi, ont dispose leur mecanisme de maniere a ce que la broche d'arret ne porte pas sur les disques compteurs pendant que la sonnerie fonctionne , et ils r^alisent ainsi une economie dans la puissance motrice, resultat tres-precieux pour ce genre de fonctions. Par cette double disposition, MM. Detouche et Houdin obtien- nent la rigidite , la surete des fonctions dues aux petites roues, sans denalurer les heureuses dispositions adoptees dans les horloges actuelles, et sans recourir a la comphcation du mecanisme des son- neries a rateau. En resume , MM. Detouche et Houdin en entreprenant leur ceuvre ont el6 mus par le desir de satisfaire a un besoin qui, salon COSMOS. 359 eux, est aujourd'hui incoinpletement rempli. lis veulent que I'heure, ce sablier de la vie, ne suit ignoree de personne et soit toujours pr^sente a notre pensee, lis ne veulent pas qu'un coup isole, frappe comme au hasard, reste sans signification ; pour eux chaque heure du jour et chaque division d'heure rappelle un devoir ou une tache, et c'est pourquoi ils s'attachent a la faire percevoir par I'ouie, claireinent, distincte- ment, intelligibleinent, aiin quelle vienne a nous, nialgre nous et en depit des obstacles ou meine de I'obscurite. » Ce but, ils I'ont completement et noblement atteint. Le Jury prendra d'autant plus en consideration cette innovation bieiiheu- reuse qu'elle est unique en son genre dans le Palais de I'lndus- trie. Aucune autre horloge ne repete les heures, les demies, les quarts chaque fois qu'elle sonne; celle-ci, d'ailleurs, est d'une tres- belle construction, son pendule compensateur est a lui seul une ceuvre de grand m^rite. 3" Plusieurs grands regulateurs avec mouvements a equation construits avec le plus grand soin et renfermes dans des boites ties- riches. L'un d'eux, de tres-grande dimension, monument eleve a I'union de la France et de I'Angleterre, est destine a orner la devanture des magnifiques magasins de la rue Saint-Martin. II indique la niar- che ascendante et descendante du soleil, sa position dans les signes du zodiaque, son lever et son coucher, sur deux cadransdifferents. Un cadran particulier a heures et minutes marque le temps vrai; le grand cadran principal donne les secondes et I'heure du temps moyen ; quatorze cadrans divers indiquent les heures et minutes de quatorze differents points de la terre. Les quantiemes et les phases dela June sont indiqu^s sur des cadrans separes, et marchent d'une maniere perpetuelle. Fait avec luxe, d'une execution parfaite, re- marquable par la compensation de son balancier, aussi exacte que celle des pieces de precision les plus estimees, ce r^gulateur est un veritable chef-d'ceuvre. Sur un autre regulateur de dimensions plus petites , mais qui donne a peu pres les memes indications, nous avons surtout re- ntiarqud un echappement a remontoir tres-perfectionne, et un m^- canis^me nouveau qui fait apparaitre sur un tableau les ephemerides dujour; c'est une bienheureuse idee et qui trouvera de I'echo. 360 COSMOS. LE CREATEUR d'uNE BONNE ET BELLE INDUSTRIE. APPAREILS GAZOGENES ET SELTZOGENES DE M. FEVRE. xn^ classe , 3® section, n° 3910. Annexe du bord de I'eau, 47, A,. II y a vingt-cinq ans I'industrie des eaux gazeuses n'etait pas nee encore. Ellc a cru si rapideinent; elle a pris des proportions si considerables, qu'elle compte aujourd'hui , du moins au sein des grandes villes, parmi les industries de premier ordre. Nous nous en rdjouissons grandement, car les eaux chargees d'acide carbonique pur sont (§minemraent bienfaisantes. Agreables au goiit et piquan- tes, elles font naitre I'appetit; elles apaisent la soif , excitent dou- cement le cerveau sans charger Testomac ; elle activent la diges- tion ; elles s'opposent a I'engorgement des visceres et des reins ; elles pr^viennent souvent la formation dans la vessie des sels a base de chaux ou d'uree. Depuis que vendues ou pr^parees a bas prix, elles ont pu entrer dans les habitudes des populations ouvrieres, elles ont produit un r^sultat impr^vu et bienheureux. Avant que I'eau de seltz artifi- cielle flit inventee, le peupie se resignait difficilement a etendre d'eau les vins lourds et alcooliques des barrieres, et il en consommait des quantites considerables. Maintenant, provoqu6 par la saveur piquante des eaux chargees d'acide carbonique, il les mele volon- tiers a son cher vin bleu, dont les proprietes enivrantes et indiges- tes sont ainsi conjurdes, en partie du moins. Or, le createur de cette bonne et belle Industrie est incontesta- blement M. Fevre. II lui a devout sa vie; il n'a rien epargne pour lui faire surmonter tous les obstacles, pour I'arracher au monopole ^troit et repulsif des pharmacies, pour la faire passer du domaine tyrannique et restreint de la therapeutique dans la large sphere de I'hygiene et de I'alimentation. Demarches de toute espece, voyages, frais enormes de publicite, luttes acharnees, proces innombrableset douloureux, accusations malignes de charlatanisme, rien n'apu I'ar- reter dans son ardente croisade ; avec sa volonte de fer, sa perse- verance opiniatre, son humeur gale, son entrain chaleureux, il a triomphedetout; lui et sa chere industrie sont entres dans le port, ou mieux, voguent a voiles deploy^es. Et cependant on n'a gard^ ni souvenir, ni reconnaissance de tant d'efforts et de succes. Nous avons ouvert bien des traites classiques et estim^s de I'industrie des eaux gazeuses sans y trouver meme son nom. Yoila pourquoi nous allons avant tout esquisser a grands traits et avec une impartiality absolue cette interessante histoire. CSMOS. 361 En 1772, Priestley demontra qu'il ^tait facile de dissoudre I'acide carbonique dans I'eau par una simple agitation. En 1775, ledocteur Nooth perfectionna I'appareil de Priestley, et en fit executer un assez grand nombre. L'appareil de Priestley, perfectionne par Nooth, est sans contredit le pere de tous ceux qui se fabriquent aujourd'hui; mais il faut convenir que rexploitation en grand n'a ete rendue possible que par les perfectiop.nements successifs dusaMM. Ffevre, Chaussenot, Vincent, Briet, Gaumont, etc. En 1832, M. Fevre commenga a vulgariser I'eau de Seltz factice en etablissant a un son la bouteille , la poudre de Seltz , qu'on ne pouvait se procurer a moins de 50 cent. ;i 1 fr. dans les officines. Poursuivi par les pharmaciens, il se defendit lui-meme, et fit de- clarer par le tribunal de premiere instance et par la cour d'appel que I'eau de Seltz factice et les substances destinees a la fabriquer n'dtaient pas des medicaments. Avant 1832, on ne vendait pas dans toute la France pour 20 fr. de poudre de Seltz par an ; c'est main- tenant I'objet d'un commerce de plus d'un million. Mais pour aider au d^veloppement de cette Industrie , trois choses bien simples ^taient necessaires : un petit entonnoir sans soudure de 5 centimes, un bouchon conique, un serre-bouchon. L' entonnoir sans soudure (au repousse) sert a introduire la poudre dans le flacon ; il rempUt le double but d'empecher la poudre de s'attacher aux parois de la bouteille et de forcer les consommateurs a choisir de larges goulots ; le bouchon conique sert a boucherplus rapidement; il dure aussi plus longtemps; le serre-bouchon rem- place la ficelle pour toutes les boissons gazeuses ; il s'adapte a toutes les bouteilles. Une fabrication en grand permet a M. Fevre delesdonner a 16 fr. lecent, 120 fr. le mille. Des 1832, M. Fevre fabriquait en meme temps que la poudre de Seltz, des appareils a eau gazeuse, qui avaient I'inconv^iient de ne charger I'eau que d'un volume un quart de gaz. En 1836, il prenait un brevet d'invention pour cet appareil perfectionne, et lui donnait le nom de gazogene; ce nom a ^te conserv(5 depuis a tous les appa- reils qui ont la grosse boule en haut. M. Fevre a donnd ensuite le nom de seltzogenes a ceux qui ont la grosse boule en bas. En 1837, M. Chaussenot presenta a la Societe d'encouragement un seltzogene superieur a tout qui s'etait fait jusqu'alors. Malheu- reusement, ce seltzogene n'a jamais ^te exploite. II ctait muni d'un robinet-syphon, et fonctionnait a I'acide tartrique et au bi-carbonate de soude. Le progres ^tait ainsi realise d'un seul coup. Les 8 fdvrier et 28 mars 1845, M. Vincent fit breveter un 362 COSMOS. principe nouveau, qui consiste a niouiller les poudres en y faisant toniber par un lube de coininunication une partie de I'eau a boire de maniere a ne di^velopper le gaz que quand I'appareil est visse. A partir du 27 avril suivant, M. Briet, sentant tout I'iinportance du principe et du tube Vincent, les adapta a son gazogene, qu'il put rdduire par la de trois boules a deux , et apporta au tube de com- munication les perfectionnements successifs qui constituent son ap- pareil actuel. Em 18-46, M. Gaumont fit breveter un nouvel appareil dans lequel il introduisait I'eau a boire et les poudres par une meme ouverture. En 1849, 50 et 51, M. F&vre acheta les brevets Vincent et Gaumont, afin de pouvoir en appliquer les principes aux gazogenes et aux seltzogenes; il simplifia le tube Vincent, et en reduisit le prix de revient a 50 centimes dans les gazogenes et a 10 centimes dans les seltzogenes. II fit breveter en France, en Angleterre et en Belgique ces perfectionnements, et divers autres, qui ont lHc copies depuis par beaucoup de fabricants. M. Fevre, se fiant a la superio- rite de sa fabrication, n'a jamais poursuivi personne en contrefa9on. En 1854, M. Fevre fit breveter un nouveau seltzogene en verre, (Tune seule piece ^ dont les deux recipients superposes sont mis en communication par un tube egalement en verre, rode a I'emeril, L'experience generale ayant fait reconnaitre les nombreux incon- venients des montures mastiquees etserties, M. Fevre chercha un nouveau moyen de fixer la monture sur le verre, sans avoir a craindre ni la casse, ni les fuites, surtout dans les pays chauds. ni les reparations malheureusement trop frequentes jusqu'alors. Ce nouveau moyen consiste dans un simple vissage qui corn- prime horizontalement une rondelle de caoutchouc sur la parol superieure du goulot de la bouteille. Pour obtenir ce resultat, le goulot porte a I'exterieur une cavit^ ou retraite, faite a Taide d'une pince speciale ; c'est dans cette cavite, qui constitue un veritable point d' arret, qu'on loge et retient avec surete une baguea vis, qui permet d'operer le serrage et la fixit^ de la garniture m^tallique. Cette cavite a une telle importance quelle a ete contrefaite aussitot par plusieurs fabricants de vases syphoides. Le seltzogene de Fevre semble reduit actuellement a sa plus simple expression ; il n'est plus possible d'y retrancher, ni d'y r^- duire aucune piece ; la forme en est elegante et naturelle; il est facile a porter, a manoeuvrer, a rafraichir , plus d'embarras pour visser ni pour devisser ; plus de metal ni de caoutchouc en contact avec I'eau a boire ; reparations rares, et en tout cas faciles partout. COSMOS. 363 Du reste, en fait d'appareils a eau de seltz , il ne suffit pas d'avoir un bon systeme : ce qu'il faut surtout, c'est une execution solide. La simplicite du seltzogene-D. Fevre, et les moyens de fabrica- tion 8ont tels que, tout en payant aux ouvriers des journees de 3 fr. 50 c. a 5 fr., le prix de vente en gros du seltzogene est de 900 fr. le cent; le prix de vente en gros des syphones destines aux fabricants d'eau de seltz est de 250 fr. le cent, a piston, et de 270 fr. le cent, a bascule. En r^sunri^, M. Chaussenot a le premier adapte aux sellzogenes le robinet-siphon. M. Vincent a le premier mouille les poudres avec une partie de I'eau a boire. M. Briet a le premier donne un certain developpement h, la fabri- cation des gazogenes. M. Gaumont a le premier introduit I'eau a boire et les poudres par une seule ouverture. M. Fevre a le premier vulgarist5 I'eau de seltz factice, empeche le monopole des pharmaciens, execute le seltzogene en verre d'une seule piece, reduit la monture d'etain a 260 grammes, tout en lui donnant la plus grande solidite, et fixe cette monture par un moyen nouveau qui n'occasionne ni casse, ni fuite. Voici maintenant la description du dernier appareil perfectionne de M. Fevre, dont il enumere ainsi les qualites : Simple, solide, Elegant, facile a porter, a manoeuvrer, a rafraichir; plus d'em- barras pour visser, ni pour d^visser ; plus de metal, ni de caout- chouc en contact avec I'eau a boire; plus de ces reparations fre- quentes si difficiles hers de Paris; Eau de Seltz piquante, d'une saveur franche et sarfs arriere-goGt, etc. II est represente dans son ensemble et ses parties constituantes par les dessins suivants qui n'ont pas besoin d'explication, ou plutot qui s'expliqueront parfaitement a mesure que nous decrirons la maniere de s'en servir. Le seltzogene est accompagne de deux entonnoirs, I'un grand, I'autre petit, et de piquets, I'un bleu, I'autreblanc, quicontiennent le bi-carbonate de soude ot I'nciile tartrique. 1° Emplir d'eau la boule inferieure au moyen du grand enton- iioir, eiitierement jusqu'au haut du tube, et boucher ce tube avec le bouchon a tige. (S'il y avail de I'eau dans la petite bouie, apres avoir place le bouchon a tige, on renverserait I'appareil.) 2" Placer le petit entonnoir par-dessus le bouchon a tigo, qu'on a soin d'essuyer s'il est niouille. 362 COSMOS. 3° Meier ensemble la poudre d'un paquet blanc et celle d'un paquet bleu : jeter le tout dans le petit entonnoir; oter alors, 1° le bouchon a tige ; 2° I'entonnoir. 4" Placer le siphon sur la bouteille, et le visser suffisamment. 5° Incliner la bouteille jusqu'a ce que la petite boule soit au tiers pleine; la redresser ensuite, et I'agiter de temps en temps. Pour cela, on prend I'appareil par le milieu, et Ton imprime a la main un mouveraent circulaire, en tenant I'appareil bien droit. — II faut aussi I'agiter avant chaque repas, surtout lorsque I'eau est prepa- ree depuis un ou plusieurs jours. On tire I'eau gazeuse en pressant sur le piston. L'eau se gaze d'autant mieux qu'elle e^i plus fraiche et qu'on agite davantage I'appareil. II est bon de la preparer au moins deux heures d'avance, mais mieux douze heures. Nous ne nous arreterons pas a indiquer comment avec le meme appareil on prepare les eaux de Vichy, les vins mousseux et les limonades gazeuses. Nous terminerons en repondant a une objec- tion dont on a trop souvent fatigu^ notre oreille. Sans doutequ'en creant et propageant avec une ardeur infatigable sa chere Industrie,; M. Fevre n'a pas eu pour seul stimulant un sentiment de philan- tropie platonique. Pauvre et obscur petit professeur, il a voulu et il a su se creer une honorable aisance, arriver meme a la fortune. Qui pourrait Ten blamer \ Quoi de plus loyal et de plus louable que de s'enrichir en procurant a tous un accroissement de bien-etre, en suscitant une concurrence heureuse pour tous, en mettant en cir- culation des capitaux enormes, en donnant du travail a une multi- tude d'ouvriers, en faisant surgir, en un mot, une nouvelle et pure source de richesse nationale? F. Moigno. VARIETES SCIENTiriQUES ET INDUSTRIELLES. NOTE SUR LA CONSTRUCTION DES METRONOMES, PAR M. F. FAIR DE BRUNO. Si Ton examine avec soin la marche d'un metronome correspon- dante aux diverses divisions qui se trouvent marquees sur sa tige, on reconnaitra aisement qu'elle est loin d'etre exacte. Cela tient L ce que les constructeurs de metronomes se contentent de partao-er en parties ^gales I'intervalle compris entre les divisions relative's a la seconde et a la demi-seconde , tracees d'avance a I'aide d'une comparaison dtablie avec des chronometres. Mais , evidemment cette methode de division est mauvaise, car c'est supposer implicite- ment que des accroissements egaux de la tige correspondent a des accroissements egaux en temps, ce qui est faux. Le metronome n'est en efFet qu'en pendule compost, dont les oscillations peuvent se ra- niener d'apres un theoreme connu a celles d'un pendule simple d'une longu eur donnee. Cette, longueur varie selon la position du curseur. et la loi de dependance doit etre telle que cette lono-ueur augmente ou decroisse proportionnellement aux carrcs des t'emps indiques par les chiffres sur lesquels on a amene le curseur. Peut-on supposer maintenantqu'une marche arithmetique du curseur en en- traine une geometrique dans la longueur du pendule simple corres- pondant? Evidemment, le bon sens et le raisonnement se refusent a cette hypothese. Du reste, on verifie aisement ces conjectures par le calcul. En tenant compte des moments d'inertie de toutes les diverses pieces du metronome, je trouve qu'on a ; ^ = AX + B — \/F+lGX-|-HX» oiz a; designe la distance a laquelle il faut araener le curseur, a partip du sommet de la tige, pour battre une fraction de seconde corres- pondante a une longueur X du pendule simple, et oil A, B, F, G H sont des coefficients dependants des constantes de I'instrumen't dont je me dispense de donner I'explication, pour etre plus court. D'apres cela, on voit qu'il serait preferable de partager la'ticre en un nombre quelconque de parties de grandeur arbitraire, mais assez petites; et puis de noter a part, sur un tableau, le nombre des divi- sions correspondant a un teir.ps donne. Cette methode aurait 1 avantage qu'un metronome construit dans un endroit de la terra pourrait servir partout ailleurs, au lieu que maintenant la seconde marquee sur un metronome, a Pans, ne sera plus la meme par 366 COSMOS. exemple pour Naples, a cause de la variation de la pesanteur avec les latitudes. Nous remarquerons encore que , pour obtenir des resultats bien precis, il faudrait reiulre 'a suspension plus libre par des couteaux plus forts et des supports plus durs. Ces ameliorations et d'autres encore ont et^ r^alis^es par M. Volfel , le plus habile et le plus intelligent de nos facteurs de pianos, afin de poavoir mieux constaler avec le metronome les battements des sons. Nul doute aussi qu'un metro- nome ainsi construit ayant pour soi toute la simplicite et la vigueur desirables, ne puisseservir pour des observations intermittentes et de peu de duree autant que la meilleure minuterie. Ajoutons qu'on pourrait facilement en constater le nombre des oscillations, si Yon faisait communiquer la tige avec un appareil dlectrique qui ferait marcher una aiguille sur un cadran. NOUVELtES APPLICATIONS DE L ELECTRICITE DECRITES PAR M. DU MONCEL. Calendrier electro-ma^netique. II doit indiquer le nom du jour, de la semaine et le quantieme du mois. La premiere partie du pro- blemeest resolue de la maniere suivante : une roue a rochet a sept dents, portant une aiguille, est mise en mouvement par un electro- aimant, qui est relie lui-meme a un interrupteur place dans une hor- loge ou pendule ordinaire. L'aiguille se meut devant un cadran qui porte les noms des sept jours de la semaine, elleavanced'unseptieme decirconference a chaque fermeture du courant. En faisant operer par le mouvement de I'horloge chaque fermeture a minuit, on ob- tient done facilement les indications des jours de la semaine. Le m^- canisme se complique pour les quantiemes, a cause des inegalit^s entre les nombres de jours, des mois successifs, des annees ordi- naires et des annees bissextiles. II se compose : 1° d'une roue a rochet de trente et une dents, montee sur le meme axe qu'un disque argente, sur la circonference duquel sont graves les differents nom- bres jusqu'a 31 •, 2° d'un electro-aimant destine a reagir sur cette roue a rochet , et qui est en relation avec I'electro-aimant du pre- mier mecanisme, afin que celui-ci agisse par rapport a lui cotnme un relai pour ne pas diviser le courant ; 3" d'un engrenage dans ie rapport de 1 a 12 , a)'ant pour function de faire tourner un petit disque d'ivoire sous I'influence de la roue a rochet, avec une vitesse douze fois moindre ; 4° d'un rheotome , c'est-a-dire d'un mouve- COSMOS. 367 ment a ressort independant et trcs-lent , ayant pour but de faire tourner le disque sur lequel sont graves les noms des diff^rents inois et de faire frotter sur la joue de la roue d'ivoire un ressort d'argent. La roue d'ivoire est divisee en douze secteurs; ceux qui corres- pondent aux iTiois de trente jours portent une petite lame d'argent, tandis que les autres n'en ont pas; le mois de fcvrier seul possede trois plaques. Toutes ces plaques sont en rappoit avecl'axe de la roue de maniere que le courant puisse etre etabli par le ressort du rheotome au moment de son contact avec les lames. L'une des trois plaques de celui des secteurs correspondant au mois de fevrier, n'est en rapport avec I'axe de la roue que par I'intermediaire d'un bouton. En tournant ce bouton d'un cote ou de I'autre, on etablit et Ton supprime cette communication. Enfin, deux guichets pratiqu(5s dans la face exterieure de I'instrument au-dessus du petit cadran des jours de la semaine, laissent apparaitre les chifFres des quan- tieraes et la designation du mois. Supposons qu'on soit arrive au dernier jour d'un mois de trente jours. Sous I'influence d'une fer- meture de courant faite a minuit, I'aiguille des jours de la semaine est mise en mouvement et I'armature de I'electro-aimant, en s'abais- sant, renvoie le courant dans I'electro-aimant des quantiemes qui fait arriver le chiffre de 31 dans le premier guichet. En ce moment le rheotome est degag^ et le ressort mobile va rencontrer la lame mctallique du secteur correspondant a ce mois de trente jours. Une fermeture du courant est alors operee et cette fermeture a pour effet (le motiver de la part de I'electro-aimant des quantiemes une at- triU'tion nouvelle qui se traduit par I'avancement du chifFre 1 dans lo premier guichet. L'apparition du nom du nouveau mois I'avait doja prect'de sous I'influence meme du rheotome. Dans les mois qui ont trente et un jours, le rheotome est toujours mis en mouvement, mais le ressort flotteur ne rencontrant pas de lame metallique, ne rrfigit pas sur I'electro-aimant des quantiemes, mais seulement sur le clisque oh. sont gravees les designations des mois. Le bouton ser- vant d'intermediaire pour la communication electrique de l'une des plaques du secteur de fevrier, est tourne dans un sens ou dans I'au- tre, suivant que Tannee est bissextile ou non. Piano enregistrant. L'appareil enregistreur est independant de I'instrument dont on ne modifie en rien la construction ordinaire. Un cylindre d'environ 25 centimetres de diametre est mil par un mouvement d'horlogerie ; pres de ce cylindre et, suivant une pa- rallele a son axe, sont rangees des aiguilles d'acier au nombre egal a celui des notes du clavier; leur pointe s'appuie sur une bands de 368 COSMOS. papier recouverte de cyanure de potassium ; celle-ci s'enroule sur le cylindre en meme temps qu'elle se deroule dun autre cylindre. Les leviers des touches du piano sent garnis de petites lames en cuivre en rapport avec I'un des poles de la pile ; lorsqu'ils se sou- levent, ils vont rencontrer des ressorts m(§talliques communiquant avec I'autre pole. Le circuit est alors fermd. Or, pour chaque louche, r aiguille d'acier correspondante et le cylindre font partie du circuit; le courant traverse done le papier et decompose le cya- nure en laissant une trace bleue. Si deux ou plusieurs aiguilles sont traversees par le courant pendant des temps egaux, leurs traces bleues seront egalement longues; au contraire, si les temps sont in^gaux, les longueurs des traces seront in^gales et le rapport de ces longueurs pourra faire appr^cier la valeur des notes correspon- dantes. Enfin si la bande de papier est rayde d'avance, ou si Ton applique simplement sur cette bande une feuille de papier vegetal rayee, il deviendra facile de voir par la place occupee par chaque trace sur ces differentes lignes, quelles sont les differentes notes qui ont 6ie touchees dans I'lmite de temps, d'en connaitre la valeur par la longueur de la trace, enfin, d'apprecier les temps de repos et de silence par la longueur des intarvalles. II ne s'agit plus alors que de traduire le morceau ainsi note en Venture musicale ordinaire. On pourrait substituer aux aiguilles des ^lectro-aimants dont les ar- matures seraient munies de crayons, mais I'instrument deviendrait d'un prix beaucoup plus ^leve. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. Paris. — Imprimerie de W. BeMQOET et Ge, rue Garancifcre, 5. T. VII. 28 SEPTEMBRE 1855. QOATRlisiE ANNEE. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Le long article que nous avons consacre dans notre livraison sup- plementaire k la machine a vapeur regeneree, donne un interel tout particulier au programme suivant, que le conseil dirigeant de la Societe de physique de Berlin nous invite a publier ; le prix sera decerne en juillet 1857. " L'opinion deja emise depuis longtemps par quelques physiciens que la chaleur n'est pas une matiere special e qui serait tour a tour absorb^e et ^mise par les corps, mais bien le resultat du mouve- ment des petites molecules d'une substance anterieurement preser.te dans ces niemes corps , n'a pas etd universellement admise, parce qu'on n'avait pu resoudre completement les difficultes et les objec- tions qu'elle soulevait. Mais des recherches theoriques et experi- mentales recentes I'ont rendue tellement probable , qu'il n'est presque plus permis aujourd'hui de douter de sa V(5rite. " Suivant cette theorie, la chaleur se transforme en travail mecanique, et reciproquenient le travail m^canique se transforme en chaleur. " La quantite de travail correspondante a une quantite donnee de chaleur, ou ce que Ion appele \ equivalent mecanique de la cha- leur, est bien certainement une des constantes les plus importantes de la physique moderne, non-seulement parce qu'elle trouve une application pratique imm(5diate dans la determination de I'aptitude au travail des machines mises en mouvement par la chaleur; mais encore parce qu'elle joue un role significatif dans un grand nombre d'autres recherches. « La valeur de cet equivalent peut se doduire theoriquement de la maniere dont se comportent certaincs substances mises en rela- tion a vec la chaleur; de la dilatation et de la compression, par exemple, des gaz et des vapeurs; mais quand il s'agit de la de- termination d'un nombre si important , il faudrait pouvoir fiiire entrer en ligne de compte un grand nombre de donni^es de I'ex- pdrience et de I'observation qu'on n'a pas encore obtenues avec I'exactitude suffisante. « 13. 370 COSMOS. « On doit a M. James Prescott Joule une serie de recherches ex- pdrimentales qui I'ont conduit a une Evaluation directe de cet equi- valent; le merite de son travail est sans aucuti doute tres-grand, imais, par la nature meme des choses, le resultat deduit d'expe- riences si delicates reste encore entour^ de quelque incertitude; et c'est seulement par des determinations souvent repetees de ce meme nombre, par des determinations faites dans les circonstances les plus diverses qu'on peut arriver peu a peu a coiinailre sa valeur reelle avec toute I'exactitude et la sdcurit^ necessaires. " II est done grandement a desirer dans I'interet de la science que plusieurs physiciens se livrent ensemble a I'etude de cette ques- tion capitale, et pour exciter leur ardeur autant qu'elle le peut, la Societe de physique propose pour sujet de grand prix, la determi- nation experinientale de Feqiiivalent niecanique de la chaleur. - La valeur du prix sera de 250 thalers, 700 francs; elle ne sera pas partagee. " Les memoirespeuvent etre Merits en allemand, en frangais, en- anglais ou en latin; les donnees numeriques, pour rendre lacompa- raison plus facUe, devront etre exprimees en nouvelles mesures- fran^aises, les temperatures en degres de I'echelle centesimale; ils- devront porter une epigraphe repet^e dans une lettre cachet^e con- tenant le nom de I'auteur , et etre adressEs avant le 14 Janvier 1857, terme de rigueur. « Les travauxnon couronnes seront rendus; les lettres cachetees renfermant les noms de leurs auteurs seront brulees sans etre ou-. vertes. « Les tableaux des experiences devront etre presenters avec beaucoup de clarte; on ne devra pas se contenter de donner les nombres isoles des observations; il faudra indiquer, en outre, les methodes experimentales dont on s'est servi, les precautions que Ton a prises, et ajouter le dessin des appareils nouveaux. •• — A la fin de 1854, un navire de commerce de Marseille fit nau- frage pendant une nuit obscure prfes des Bouches-du-Rhone. Le ca- pitaine avait pris le feu de Faraman pour celui de Planier ; cette meprise, quiparait extraordinaire chez un marin pratique de la loca- lity, s'explique peut-etre par une confiance trop aveugle dans un point estime, agres deux ou trois jours de navigation sans observa- tions, en trois relevements, et avec la pensEe qu'il n'existe pas de courants. D'apres ce qui a ete dit ci-dessus, on comprend que ce navire pouvait avoir une erreur de vingt ou vingt-quatre milles dans le sens de la longitude, et a I'ouest; ce qui est a peu pres la diffe- COSMOS. 371 rence dans la position des deux feux designes. II est encore de no- toriety que les environs du phare de Furaman sont trop souvent, pour les navires venant de I'ouest, le theatre d'afTreux sinistres et que maintes fois on a du en faire re'v>'^iitcr les causes, non a la tempete , mais a une funeste meprise entre les deux feux. Pour comprendre de pareilles erreurs, il faut forceincnt admettre que des courants portant a I'ouest, regnent generalement dans cede partie de la Mediterran^e, et que beaucoup de marins I'ignorent. Nous ci- tons ce fait pour mieux faire sentir I'immense avantage qu'il y au- rait a individualiser les phares en leur faisant indiquer eux-memes leur numero et par suite leur position suivant la m^thode de M. Babbage. — La Soci^te d'encouragement a re9u dans une de ses derniferes stances une communication iniportante de M. Jobard sur une fer- meture ^tanche des conduites d'eau, de gaz et de vapeur, inventee par un ing^nieur beige, M. Delperdange. Le caoutchouc, ce cartilage dela mecanique, joue le premier role dans cette invention, puisqu'il remedie aux efFets de la dilatation et de I'obliquit^ des tubes sans nuire a la solidity des points de jonction. Les tuyaux ne sont qu'aboutds et non emboites , un cercle de caoutchouc ferme les joints, et le caouichouc lui-meme est main- tenu sur place par un collet de fer a serrage vigoureux. Nous pouvons dire que jamais invention ne fut plus opportune en ce moment oil les villes sont occupies a de grandes canalisations pour le transport a distance de I'eau, du gaz et de la vapeur. On peut prevoir que le transport de la force ou de I'air comprim^ a domicile est devenu possible avee cette fermeture plus simple, plus sure et moins couteuse que toutes les aulres; et que les ouvriers en chambre pourront s'abonner bientot a une force d'homme, comme on s'abonne a un bee de gaz ou a un pouce d'eau. EXPOSITION UNIVERSELIE. VARIETES. fNE ANCIENNE ET NOBLE MATSON. FECTRES ET FORCES POUR LA. PAPETERIE DE MM. DH SAHTOT ET C*, d'aNNONAT. XX."' classe, 1''^ section, n° 6 240. Palais de rindiislrie , travee du nord , vers Tangle nord-ouest. La papeterie mi^canique a fait depuis plusieurs annees d'incon- testables progres ; ses produits ne sont peut-etre pas devenus plus beaux et meilleurs, mais elle est parvenue a transformer en papier de bonne quality et vendu a des prix tics-bas, des matieres tellement communes qu'on n'aurait peut-etre pas songe, il y a quinze ans, a en tirer parti. Nous avons souvent visite une des principales usines de France , nous avons suivi avec la plus grande attention tous les details de la fabrication, et a chaque nouvelle visite nous etions plus 6merveil!6 des transformations veritablement incroyables que nous voyions se produire sous nos yeux. C'est I'art pousse a ses dernieres limites, et devenu presque une creation, en ce sens qu'il fait beau- coup avec presque rien. Ces progrfes , la papeterie les doit sans doute a la chimie , qui I'a doti^e d'agents nouveaux dont les uns rendent le blanchiment des chiffons plus rapide et plus complet, dont les autrcs neutralisent plus efficacement et plus promptement les substances actives a 1' aide desquelles seulement on a pu obtenir une pate homogene et blanche avec des chiffons colores. Elle les doit aussi a la mc^canique , qui I'a mise en possession de machines plus douces et plus r^gulieres dans leur/mouvement ; qui savent, si nous pouvons nous exprimer ainsi, respecter, jusqu'a ce qu'il ait atteint sa forme derniere, lafaiblesse du tissu ^iiinemment fragile qu'elles sont forcees d'etendre. Mais elle les doit aussi, et en tres-grande partie, a la meilleure fabrication des toiles metalliques et des feu- tres qui sont ses organes principaux ; des toiles metalliques , sur lesquelles la pulpe se depose, se lie, s'etend; des feutres , qui s'en emparent, qui la protegent jusqu'a ce qu'elle soit parfuitement coberente et seche. Nous parlerons une autre fois des machines a papier et des toiles metalliques si belles de MM. RobAvag, de Schelestadt; aujourd'hui nous dirons quelques mots des feutres en general, et en particulier de ceux qui sont exposes par MM. Du Sautoy et Cie d'Annonay. Quoique simple et grossiere en apparence, la fabrication des feutres pour les papeteries presente de grandes difficultes. Toutes COSMOS. 37^ les laines lie sont pas egalement propresa donner un fil convenable et pour les filer ou les tisser on ne peut pas se servir des premieres machines venues. Le lissage, le foulage, 1 appret, exigent k leur tour des appareils et des precedes speciaux. Les moindres defauts du tissu ont une influence trfes^grande et dont il est facile de se rendre compte, quand on songea I'extreirie tenuitd de la feuille au moment de sa formation, alors quelle doit etre enlevee et trans- portee par les feutres. C'est surtout, comme nous venons de le dire, du choix delalaine que depend la bonne qualite des [feutres; celle qui flatte le plus les yeux et le toucher, n'est pas toujours celle qui donnera les meil- leurs tissuspour lapapeterie. Aussi pounions-nous reprocher a MM.^Chr^tien, Desbouchaud, Mattard et Verit de Nerac ia finesse trop grande de leurs laines ; nous craignons, et non sans fondement que ces messieurs aient vise trop al'effet j leur exposition est belle' mais est-elle aussi bonne que belle ? sont-ce bien la les qualites qu'ils ournissent a leurs clients avec certitude deles contenter? Nous ne le pensons pas. MM. Chemin pere et fils. de Tillieres-sur-Avre (Eure) ont ex pose , eux , et nous les en felicitons , les feutres quTis livr'ent l.abi- tuellement au commerce. Ces feutres doivent faire en general un bon service; nous trouvons cependant leurs manchons et leurs montants trop lagers, trop minces, surtout pour les machines de grande largeur qui ne fonctionnent surement quavec des tissus forts a la fois et tres-souples. Les feutres circulaires sans coutures de M. Budin-Signez de Beauvais, qui semble travailler surtout pour les fabriques de pap'iers communs. si importantes aujourd'hui, ont un merite r^el • leur exposition bnlle en outre par le nombre. MM. Du Sautoy et comp., d'Annonay, ne le cedent en rien aux Jabricants que nous venons de nommer. Si leur exposition est moms brillante en apparence , c'est qu'il se sont fait un devoir de conscience de ne pas travailler en vue du succes ephemere d'un concours passager; de ne montrer au grand jour du Palais d- Tin- dustrie que les humbles, mais excellents produits de leur fabrica- tion usuelle. Leur maison est I'ancienne maison Seguin entree la premiere dans la voie du progrfes, et qui I'a suivi ou devance avec une perseverance digne des plus grands eloges. La petite ville d Annonay, grace aux families de Montgolfier et de Canson, si ce- lebres dans les fastes de Industrie et de la science, est connue 374 COSMOS. dans le monJe entier par I'excellence de ses papiers, qui rivalisent avec les plus beaux papiers colles de la HoUande. Ce fut M. de Canson qui, en 1822, iiriporta a Annonay la premiere machine systome Donkiii , et inaugura la fabrication mi^canique du papier contiiiu; or, des 1823, M. Seguin pere, allie de M. de Canson, avait si bien organise la fabrication des feutres n^cessaires a I'entre- tien des nouvelles machines, que la Societc d'encouragement pour I'industrie nationale lui dt^cernait une de ses premieres medailles. C'est dans cette modeste usine que M. Seguin ainea fait son appren- tissacre iiidustriel ; il la dirigee quelque temps avec son venerable pere; quand il la quitta pourjeter, en ddpitdes iiigdnieursdeTEtat, quine les croyaient pas possibles, sur les grandes rivieres de France ces magnifiques pouts en fil de for, qu'il venait d'inventer et que Ton a si longtemps admires, il voulut rester son commanditaire et son conseil. II ne I'a pas abandonnee, alors que, pour doter le pre- mier la France du bienfait immense des rail-ways, il entreprenait, a travers mille obstacles, les gigantesques travaux du chemin de fer de Saint Etiennea Lyon, et altachait son nom a I'une des plus bril- lantes inventions des temps modernes, la chaudiere a tubes a feu, et la locomotive a grande vitesse. II lui est restd fidele encore, mainte- nantque, riche des dons de la fortune et de la gloire, plus riche encore du respect et de I'ainour de ses enfants et petits-enfants, qui ferment autour de sa verte vieillesse une immense familledont il est le pa- triarche venere , il se repose en paix sur ses lauriers. Que de fois nous I'avons entendu nous rappeler son premier etat de bonnetierou fabrJcant de feutres. Chaque annee, il quitte la delicieuse vallee de Fontenay pourallerhabiter quelques moislavieille maison paternelle agrandie et transformde, et revoir son antique usine. C'est un grand bonheur pour lui que de s' assurer par ses propres yeux que, sous la direction habile et devouee de M. Du Sautoy, la reputation de sa maison n'a non-seulement rien perdu de son dclat, mais qu'elle va grandissant chaque jour ; que le chiffre de ses affaires a presque tri- ple ; que ses porces pour cuves et ses feutres circulaires pour ma- chines sont estimc^set recherches partout ; queM. Du Sautoy, en un mot, par sa position industrielle, I'organisation parfaite de ses ate- liers, les capitaux dont il dispose, Texcellence de sa fabrication, la cooperation active et graiidement intelligente d'un contre-maitre modele, M. Bernier, tend chaque jour a se placer au premier rang de I'industrie des tissus pour la papeterie. Nous avons et^ surpris, nous I'avouerons, de ne renconter dans la vitrine de M. Du Sautoy que des porces ordinaires et moyennes, COSMOS. 375 nous nous demandons encore pourquoi elle n'expose pas les porces fines qu'elle fabrique si bien. Ses manchons de prejjse humide pour cylindre sont de bonne force et tres-souples ; ses coucheurs de premiere presse et montants pour deuxieme presse ne laissent rien a desirer. Mais pourquoi n'a-t-elle pas montre aussi les coucheurs surfins croises que nous avons entendu vanter dans tant de fabriques, oil Ton tient avant tout a la perfection du travail? Si les quatre maisons dont nous avons parle dans cet article avaient bien voulu se rendre aux invitations pressantes du Jury et marquer leurs prix, nous aurions pu 4tablir entre elles une compa- raison nouvelle plus serieuse ; mais elles se sont abstenues. UN DES SAUVEURS DE LA PATRIE. MACHINE A MOrSSONNER LE BLE, DE M. COURNIER, DE SAINT-ROMANS (isERE). II® classe, 2« section, N° 3S8, galerie ceutrale de I'AgricuUure. Perdu en quelque sorte dans rimmensite de I'Annexe du bord de I'eau, veritable labyrinthe d^dale, oil Ton entre sans peine, mais dont on ne sait plus comment sortir , nous n'avons pu faire que des excursions courtes et rapides dans les galeries de rAgricullure. Que de belles , bonnes et utiles machines nous y avons trouvdes , sans qu'il nous ait dte encore possible de les decrire ; mais nous en gardons bon souvenir. Nous avons la liste fidele de tous les produits couronn^s par le Jury, et nos lecteurs ne perdront rien pour attendre. Que I'Exposition des Champs-Elysees finisse quand elle voudra, nous ne la verrons pas fermer sans un vif regret , sans un grand serrement de coeur; mais nous eraportons sa vive image, et nous la ferons revivre longtemps dans les pages du Cosmos. No> longues et chaudes dissertations interessent nos lecteurs, on se plait du inoins a nous le rep^ter de tous les cotes, nous leur en preparons de plus nombreuses et de plus attachantes encore pour les longues soirees d'hiver. Que les inventeurs et les industriels continueiit a avoir con- fiance en nous; nous sommes plus pret que jamais a plaider leur cause, a faire ressortir le merite de leurs oeuvres et de leurs pro- duits, a les defendre des distractions inevitables de la justice distri- butive, de I'indifference du public, du venin de la jalousie. Notre courage et notre verve ne sont pas prets a defaillir. Des les premiers jours de I'Exposition, nous avions remarqu^ et 376 COSMOS. admire une charmante moissonneuse dont M. de Gasparin avait, quelquesmois auparavant, r^v^l(5 I'existence dans une vallee de I'l- sere. Elle a 6t6 construite en effet a Saint-Romans , petite ville de risere , par des ouvriers du pays ; elle est le debut et le chef- d'oeuvre d'un honime modeste, M. Cournier, qui n'avait jamais rev6 la celebrito. Cette machine nous frappa par I'ingeiiiosite et la sim- plicity du mecanisme; nous avions foi en son avenir ; mais sa fra- gilite aussi nous cffrayait , et nous avions peine a croire qu'elle osat entrer en liitte avec les moissonneuses robustes et geantes des Wright, des Manny, des Mac-Cormick. Et cependant, quandle grand jour de la bataille a lui, nous I'avons vue entrer courageuse- nient dans la lice. Elle n'avait pas evidemment, comme ses fieres rivales de I'Angleterre et des Etats-Unis , cte construite en vue du concours universel ; ses proportions ^taient par trop minimes , ses membres par trop greles, et elle ne pouvait admettre que le travail d'un cheval, tandis que les autres, non-seulement admettaient, mais exigeaient dexix chevaux. N'importe, au signal donn^, elle s'est elancee et elle a vaillamment combattu, et elle a fourni sa carriere de maniere a donner les plus legitimes esperances.Quand, en 1856, elle aura cesse d'etre un enfant, qu'elle aura grandi, que M. Cour- nier, qui faisait son apprentissage , aura profite de tout ce qu'il a vu et entendu, elle reviendra se mesurer avec ses soeurs aindes , et elle sera victorieuse a son lour. Au reste, elle n'a ete vaincue qu'en apparence. Si Ton tient compte, comme on le doit , de ses dimen- sions plus petites, desa force motrice moitie moindre, du plus petit nombre d'hommes dont elle exige les services, on trouvera peut etre qu'elle ^tait presque au premier rang. Disons-le aussi avec franchise , I'epreuve etait mal organis^e , elle s'est faite dans des conditions ddplorables. II fallait obtenir un travail mesurd, rdgulier, bien fait, et Ton a institu(5 une sorte de course au clocher, tout ce qu'il y a de plus absurde en agriculture. II ne fallait pas faire partir toutes les machines a la fois ; et declarer d'avance que la palme appartiendrait a la plus rapide. II fallait, au contraire, les faire manceuvrer I'une apres I'autre, laisser a chacune son allure propre, compenser la dur6e pluslongue du travail par sa bonne execution. Pendant cette lutte acharnee , nous eprouvions, nous, une sensation excessivement penible ; les tiges de ble tom- baient il est vrai condensdes, mais dans quel desordre! Si la journee finie, le ciel charge de nuages avait annonc^ une pluie prochaine, et qu'il eut fallu proceder a la ligature des gerbes , a leur mise en moyettes ou petites meules, pour sauver la r^colte ; c'eut et^ un tra- COSMOS. 377 vail ^norme qui eut compense largement la vitesse excessive du sciage mecanique. Comme on eut regretti^ alors Taction plus lente, mais plus sage et mieux ordonnde, de la faucille ou de la faux, -et des bras des suivantes des moissonneurs ! D'autres ecrivains et d'autres journaux ont pu dire que le travail etourJissant des ma- chines avait excite I'dtonnement et I'enthousiasme des paysans ac- courus a Trappes. Nous dirons, nous, ami ardent du progres, mais plus ami encore de la verite, que les experiences dont nous avons ete temoin ont et^, pour ces calmes cultivateurs, un triomphe d'une nature bien opposee. lis riaient aux dclats du tohu-bohu des masses de ble, projet(5es violemment sur le sol; de la fatigue des aides qui suaient sang et eau pour debarrasser les plates-formes encombr^es ou les rateaux engorges. Nous voyons encore, en ^crivant ces lignes, le brave et courageux M, Masson, I'inventeur des legumes sees corn- primes, le chef de classement des produits de I'agriculture frangaise. Anime d'un noble sentiment de nationalite, il s'etait associe, disons mieux, attelc a la moissonneuse de M. Cournier ; son visage bronze et pourpre etait brillant de gouttes de sueur ; il s'elan9ait avecintrepidite sur les pailles abattues par les ciseaux pour les coucher a terre ; vauie intrepidite, efforts inutiles; geneedansson jeu par cette vitesse exces- sive, nous dirions presque absurde, la machine s'arretait cinq ou six fois sur la longueur du champ. En un mot, force etait de conclurede ces essais tumultueux que les moissonneuses m^caniques laissaient encore beaucoup a desirer ; tandis que, conduites avec plus de calme et de moderation, elles auraient emporte tous les suffrages et fait applaudir a un bienheureux progres. Nous comprenions si bien I'ex- cellent travail qu'aurait pu faire la machine de M. Cournier si Ton n'avait pas precipite sa course, que nous aurions voulu nous elancer a la tete du cheval, et demander grace pour elle. II nous reste main- tenant a la decrire. C'est la plus simple de celles qui ont dte expos^es et qui ont fonc- tionne a Trappes. Le cheval est attele sur un brancard qui supporte, de cote, a droite, toute la machine. Une roue d'engrenage fixee sur Tessieu imprime un mouvement rapide de rotation a un petit pi- gnon, lequel transmet, par un jeu tres-simple de bielles articulees, un mouvement circulaire alternatif aux lames a deux tranchants ou secateurs destines a couper les tiges des cereales. Ces secateurs, au nombre de 18, constituent I'un des points les plus saillants de I'invention de M. Cournier. Aucun autre n'a eu I'idee de tirer un parti aussi avantageux du principe des cisailles. Son mode d'ajustage permet, lorsque le tranchant est emousse, de 378 COSMOS. retourner la lame et de la faire agir par I'autre extremity ; ce sont reellement des lames a quatre tranchants. Des fleches destinees a diviser les tiges de ble et a servir de points d'appui des deux cStes a chaque secateur, complfetent le mecanisme moissonneiir proprement dit. Une chaine sans fin communique le mouvement de rotation de I'essieu a une roue composde ae quatre palettes garnies de toile. Par ce mouvement des palettes le bl6 est poussd d'abord contra les secateurs, puis renvers^, lorsqu'il est coupe, sur la plate-forme qui regne en arriere des lames tranchantes. Un rateau renvers^, dont le manche horizontal joue dessous la plate-forme et dont les trois dents traversent le plancher par trois rainures, ramasse le bl^ coupe, le reunit en demi-javelles qu'il de- pose sur le cote de la moissonneuse, en arriere du brancard. Par un arrangement nouveau des plus ing^nieux, les dents de ce rateau, dans leur mouvement en retour, se reploient et passent non plus en dessus, mais en dessous du plancher pour se redresser de nouveau a I'extrdmite de sa course. De cette maniere le ble tombe sur la plate-forme pendant le re- tour du rateau n'est point touch^; ce n'est qu'au mouvement sui- vant qu'il est a son tour ramass^ et depos6 en demi-javelle. Cette machine entierement construite en fer est cependant tres- facile a manacuvrer; elle ne necessite aucun apprentissage. Un cheval de petite taille et deux hommes, I'unpour conduire le cheval, et I'autre pour faire fonctionner le rateau, moissonnent aisement un hectare en trois heures. Son mecanisme peut etre r^par(5 partout par des ouvriers ordinaires.Depuis deux ans, elle fonctionne dans le midi de la France et en Afrique ou elle a rendu de grands services a nos colons. M. Cournier peut la livrer complete et prete a fonctionner pour 660 fr. Le Conservatoire des Arts et Metiers a acquis celle qui est dans ce moment a I'Exposition universelle ; Sa Majeste I'Empe- reur vient d'en demander une toute semblable. ACADEiniE D£S SCIENCES. SEANCE DU 10 SEPTEMERE. M. Payen, sur la foi d'un grand nombre de correspondants se- rieux, croit pouvoir annoncer que jamais la vegetation de la vigne, sur les pieds non atteints cette ann^e, n'a ete plus active et plusvi- goureuse, meine sur des ceps de vignes attaques depuis plusieurs an- nees par Yo'idium ou Yerisiphe. II en couclut que la vigne n'a et^ compromise jusqu'ici que par des causes ext^rieures, qu'il n'existe pas de degenerescence profonde de la plante, et qu'on doit conti- nuer a employer les moyens de detruire la vegetation parasite ou de mettre obstacle a son d^veloppement. Le soufre , avec les pre- cautions si bien decrites par M. Mares, a obtenu, dit-il , un succes remarquable dans des localites oil plusieurs autres personnes avaient echoue. Ce qui est arriv(5 a la vigne s'est produit aussi pour la pomme de terra ; a aucune epoque elle n'a presente une vegetation plus luxuriante ni des tubercules plus feculents dans les parties des champs epargnees par la maladie ; il n'y a done pas non plus de degenerescence. — M. le marechal Vaillant, ministre de la guerre, qui venait de recevoir et de transmettre a ses savants collegues la nouvelle de la destruction de Seba:,topo], a demands la parole pour lire un rap- port sur les greniers a colonnes chambrees de M. de Conink. Ce grenier consiste en un magasin en charpente, analogue a un silo exterieur, dont la section carree a trois metres de cote , et qui est divise verticalement en etages ouchambres de 2 metres de hauteur. Les solives du i)lancher de chaque chambre, au lieu d'etre recou- vertespar un tablier horizontal, supportent chacune deux planches obliques, inclinees de maniere a former une sorte de tremie a deux faces, dontle fond presente une rainure longitudinale, obtenue par un leger dcartement de ces planches, et ferme par une bande de zinc percee de trous ronds de 18 millimetres d'ouverture. La somme de ces ouvertures forme une progression croissante, a partir du plancher superieur jusqu'au plancher inf^rieur. Au-dessous des planches, et au sommet des parois de chaque chambre, sontm^nagds des jours destines a introduction de I'air exterieur et fermes par des toiles metalliques. Au-dessous de la chambre inferieure, le fond du magasin, dispose en crible, s'incline vers un reservoir ou le grain est pris par les godets d'une noria, et rejet^ dans la chambre supe- rieure. Le magasin ^tant entiferement rempli de grain , soulevons un moment la trappe disposee entre le plancher de la chambre in- 380 COSMOS. f^rieure et le foTid du magasin; laissons ^couler dans le reservoir une certaine quantite de grains, celle, par exemple, qu'une chambre peut contenir, et examinons comment, s'opere d'etage en dtage le mouvement ascensionnel de la masse. Comme la somme des ouvertu- res des tromies forme une progression croissante du haut en bas du magasin, I'ecoulement au travers du planclier de Tune quelconque des chambres s'operera plus vite qu'au travers du plancher de la chambre qui lui est immediatement superposde. Par suite, tout le grain que renfermait la premiere chambre, aura termind sa descente avant que celui que laisse echapper la seconde ait achevd de la rem- plir de nouveau. Pendant ce mouvement un vide se formera done au-dessous du plancher intermediaire, et le grain, s'ecoulant par les tremies de ce plancher , sera rafraichi par les courants d'air que les ouvertures meiiagees dans les parois apporteront du dehors. Le meme fait se produira sur toute la hauteur du grenier. En d'au- tres termes, la toialite des grains sera remude et ai^ree , et cette double operation si favorable a leur conservation ii'aura exigd d'au- tre force motrice que celle necessaire pour Clever de bas en haut du grenier une simple fraction de la masse emmagasinee. La commission, par I'organe du mardchal, reconnait que le sys- teme de M. de Conink est ingenieux et fonde sur des principes ex- cellents; mais elle doute qu'il puisse etre aussi satisfaisant dans j'application a cause de la difficulte de faire croitre assez rapide- ment les ouvertures des tremies successives , a moins de multiplier a I'exces le nombre des planchers interinediaires. L'espace vide sera trop etroit ou le temps du vide trop court; le mouvement sera trop lent, I'aerage et le remuage seront incomplets. II est grandement a craindre que I'epreuve de la pratique ne justifie qu'imparfaitement les esperances de la thdorie. Le Tnarechal compare ensuite le grenier de M. Conink a celui dontM. d'Artigues soumit en 1819 les plans aujugementde laSo- ciete centrale d'agriculture. L'ancien appareil ressem.blait au nou- veau en ce que les coffres y etaient egalement superposes les uns au-dessus des autres ; mais dans le projet de M. d'Artigues, le grain, pendant la pdriode de repos,c'est-a-dire pendant le temps qu'on met a porter dans le coffre superieur le grain tombe du coffre infdrieur dans une caisse roulante, restait emmagasind et sans mouvement sur toute la hauteur du grenier. C'est-a-dire que M. d'Artigues n'avait pas invente la progression croissante des ouvertures des tremies et le systeme d'dcoulement gradue, Malheureusement pour M. de Co- nink, la commission repete encore que ce systeme est d'une ex^du- COSMOS. 381 tion difficile et d'une efficacite douteuse; elle ne pense pas qu'il y ait la un perfectionnenient reel, et que les efforts de M. de Conink aient eu tout le succes que son esprit inventif et ingdnieux perinet- tait d'esperer. Quoique expriini^es dans les termes les plus parle- nientaires etles plus doux, ces conclusions sont severes et decou- rageantes ; mais aussi nous ne coniprenons pas que I'inventeur ait presenle un semblable projet a I'Academie sans I'avoir execute sur une eclielle suffisante pour demontrer sa possibilite et son efficacite, pour repondre d'avance aux objections qui devaient lui etre faites. Nous trouvons menie que la commission a presque depasse les limites de I'indulgence en faisant son rapport sans exiger I'essai en grand, suivant les habitudes de rAcademie, Si I'idee est bonne et praticable, elle aura le regret de I'avoir meconnue ou ajournee; si elle est mauvaise, elle aura depense en vain une somme de force vive tres-utilisable ailleurs. Comn^e tous les rapports du marechal Vaillant , celui-ci etait re- dige avec une lucidite, une elegance de style et une conscience dignes des plus grands eloges. Nous plaignons I'illustre academicien de s'etre vu jusqu'ici dans la necessite de faire voter par I'Academie des conclusions defavorables ou du moins a demi favorables, et nous ajDpelons de tous nos vocux le jour ou il pourra constater et consa- crer un succes abi;olu. — M. Chauveau, ensonnomet au nom de M. J.Faivre,litdenou- velles recherches experimentales sur les mouvements et les bruits nonnaux du coeur, envisages au point de vue de la physiologie m^- dicale. Leurs experiences ont ^te faites par un pioced^ nouveau sur vingt-six solipedes, dix chiens et un singe, c'est done une expe- rimentation en grand sur des animaux vivants. Chez tous le coeur a pu etre mis a decouvert, sans que son jeu fut scnsiblement altere. Voici comment on peut enoncer les rcsultats principaux obtenus par les jeunes physiologistes : 1° La diastole ou mouvement passif est caracterisee par la flaccidito et I'affaissement du tissu du cceur; la systole ou mouvement actif, par un rigidite extiemement prononcde. 2° II y a pendant la systole diminution du volume des oreillettes et des ventricules, et torsion de la pointe du coour a droite , d'avant en arriere, sans deviation laterale ou antero-posterieure. 3" Chaque revolution du coeur comprend trois pcriodes : la premiere, la plus courte, remplie par la systole auriculaire avec diastole des ventri- cules; la deuxieme plus longue, par la systole ventriculaire avec diastole des oreillettes; la troisieme d'une duree, somme de la duree des deux autres, par une diastole generale du coeur. 3" Ces mouve- 382 COSiMOS. ments se traduisent si I'exterieur par deux ordres de ph^nomfenes, les bruits et la puliation cardiaque. Le premier bruit est isochrone avec la systole veiitriculaire ; le second coincide avec le commence- ment de la diastole generale. Le mouvement de la systole auricu- laire se fait sans bruit. Les auteurs peiisent avec M. Rouannet que les bruits sont dus a la tension et au claquement des valvules sig- moides ou auriculo-ventriculaires; avec la grande majority des phy- siologistcs, que le choc precordial a lieu pendant la systole ventri- culaire ; avec eux-inemes qu'il a pour cause le changement de forme et de consistance des ventricules, quand, passant instantan^ment de la diastole a la systole, ils forcent le coeur a frapper contrela paroi thoracique antirieure. Ces recherches combattenl sur plus d'un point une explication des mouvements et des bruits du coeur, prcsentde recemmeiit a I'Aca- d6mie. Suivant MM. Chauveau et Faivre, M. Hilfesbeim n'aurait pas bien defini Taction de recul, qu'il realisait ou imitait cependant par un appareil tres-simple :nous n'avons pas la pretention de vider le debat. — M. le docteur Berigny, de Versailles, communique des obser- vations ozonometriques faites par lui et M. Richard, au mois d'aoiit dernier. Pendant dix jours, a ]iuit heures du matin et a huit heures du soir, il a voulu s'assurer de I'^tat ozonometriquede I'hopital mi- litaire de Versailles; il a installe dans les trois services des blesses, des fievreux et des veneriens, en meme temps que dans la cour, des papiers de M. Schoenbein; or, ces divers papiers ont accuse sensi- blement les memes quantites d'ozoiie. La discussion des courbes ozonometriques a prouve : 1° que lors- que la temperature s'eleve, I'ozone diminue ; 2° que lorsque la force dastique de la vapeur et de I'humidite augmente, I'ozone suit la meme progression ; 3" que frequemment, plus le degre de s^renite du ciel est faible, plus la proportion d'ozone est considerable. Ces re- sultats, rapproches de ceux que M. Quetelet a deduits de I'observa- tion des variations de I'^lectricite atmosphdrique, confirment les relations intimes que Ton sait exister entre I'ozone et I'electricit^; ils concourent a prouver, comme nous I'avons affirm^ le premier en 1845, dans un article de VEpoque, que I'ozone n'est que de I'oxy- gene Electrise. A Paris, pendant le meme mois d'aout, M. Silber- man aine, qui observait au Conservatoire des arts et metiers, n'a pu mettre en (Evidence aucune trace d'ozone. — De nouvelles recherches sur le nombre des parties compo- sant les divers cycles helicoidaux et le rapport qui lie ce nombre au COSMOS. 383 nombre type des parties florales des dycotilcdones, M. Charles Fermont conclut que les feuilles opposees, quoique bien plus fre- quentes que les feuilles ternees, soul le resultat d'un avorteiiient qui fait passer le verticille par trois a fopposition ; que la predisposi- tion organique qui cause cette disparitioii d'une partie est plus constante chez quelques especes, genres on families, que chez d'au- tres, et qu'ainsi s'expliquent facileinent : 1" la rencontre fortuite des tiges trifoliees parmi les tiges a feuilles opposees, et des tiges a feuilles opposees parmi les tiges a feuilles ternees; 2' la ma- niere dont les feuilles peuvent, en se modifiant, arriver a former les verticelles floraux. M. Fermont croit avoir etabli , par la serie des discussions auxquelles il s'est livre , que 6 est le type des parties de la fleur, et 3 le type des feuilles opposees. — M. Mariano Summula lit un memoire sur une nouvelle ma- ladie glucosique et sur la glucogenie morbide en general. Le savant docteur a constate chez un jeune homme de vingt-cinq ans les fails suivants : La qunntile de sueur exhalee etait en une heure de 70 grammes, en vingt-quatre de 1 680 grammes, cette sueur con- tenait en moyenne vingl milliemes de glucose, plus la nuit, moins le matin, avec de I'acide lactique libre, sans presque aucune trace de chlorure de sodium. La quantite d'urine emise en vingt-quatre heures dtait un peu moindre qu'a I'etat normal, mais sa densite ^taitplus grande; elle contenait en moyenne 11 grammes de ma- tieres minerales, dont 8 environ de chlorure de sodium. L' air expire par les poumons contenait un peu plus d'acide carbonique que dans r^tat de sante. L'auteur croit qu'il y a une double serie de mala- dies saccariferes : I'une qui depend sans aucun doute de I'exagera- tion dans Tactivile glucogenique du foie, sans que les travaux de combustion soient tombes au-dessous du taux normal ; 1' autre qui se manifeste tres-probablement a la suite d'un defaut de I'activit^ oxydante de la respiration , sans que la quantite de Sucre soit augmentee.L'exemple etudie par lui, et toutes les vraies glucosuries renlrent dans la premiere serie ; les debordements sucres qui ar- rivent a la suite des epilepsies, et peut-etre de certaines antres nc^- vroses, constituent des cas tres-nets de la seconde. M. Summula concilie ainsi les explications de MM. Claude Bernard et Alvaro Reynoso. — M. Davaine adresse des recherches physiologiques tres-bien faites sur la maladie du ble connue sous le nom de nielle, et sur les helminlhes qui occasionnent cette maladie, Ces helminthes de I'or- dre des ni^maloides sont des vers microscopiques qui ont la singu- 381 COSMOS. li^re propriete de pouvoir raster plusieurs ann^es en ^tat de dessi- cation compile, de reprendre le mouvement et la vie quand on les humecte avec de I'eau, de" pouvoir etre dessi^ches de nouveau et ra- menes ensuite a la vie, jusqu'a huit ou dix fois. Apres la maturite du ble, si Ton examine un epi malade, on, trouve un certain noinbre de grains, tous les grains quelquefois, complctenient deformes, petits, arrondis, noirs, reduits a I'f^tat de coque epaisse et dure ; la cavite de cette coque est remplie d'une poudre blanche, sans aucune trace de fecule, formee exclusivement de particules filiformes et microscopiques qui sont precisement les anguillules seches et roides. Plongees dans I'eau ces anguillules sont agilees d'abord de niouvetnents hygroscopiques qui se changent bientot , si le ble est recent , apres plusieurs heures et plusieurs jours, si le ble est ancien, en mouvements varies et energiques, v^ritables manifestations de la vie. Le nombre dc ces vers dans un grain malade est ordinairement de plusieurs milliers; on ne leur trouve aucune apparence d'organes gencrateurs, ils se ressemblent tous. D'oii viennent-ils? Personne ne I'avait decouvert avant M. Davaine. Si, devan^ant I'epoque deladegeni^rescence complete du ble malade on examine un dpi, on trouvera dans les grains niellds,, avec ces anguillules sans sexe, d'autres vers plus gros, au nombre de deux a douze , pourvus les uns d'organes genitaux males, les autres d'organes femelles dans lesquels on aper9oit des oeufs; ce sont les parents des anguillules sans sexe. Lorsqu'on seme du ble sain a coli'^ du ble nielle, le premier se developpe, le second gonfle, se raniollit et pourrit. Les anguillules auxquelles I'humidite a rendu la vie , percent la paroi ramollie, renconlrent la jeune plante du ble sain, p6netrent entre les gaines des feuilles et y sejournent assez longtemps sans se developper. Si le temps est sec, le grain peut alors se former normalement, les nielles ne pourront pas y penetrer, alors meme qu'elles se developperaient plus tard. Si la saison est humide, au contraire, elles montent a mesure que la tige croit et s't'leve ; elles entrent dans I'epi au moment de sa formation dans les gaines, percent les dcailles naissantes des etamines etde I'ovaire, et s'introduisent dans le parenchyme. Le h\6 nielle n'est done pas un grain qui, primitivement nor- mal, a subi plus tard quelques alterations; ce grain n'existait pas meme a I'dtat rudimentaire quand les anguillules ont penetre dans I'ecaille qui doit former I'ovaire, I'tHamine et la paleole. Seulement les parties que les anguillules ont penetrees prennent un accroisse- nient rapide ; lorsque I'epi sort de la gaine avant la formation du I COSMOS. S85 grain normal , meme avant la floraison , une galle ronde et ddja grosse existe entre les valves de la gaine, et c'est cette galle qu'on prend plus tard pour le bl^ avorte. Une fois dans le parenchyme, degen^r^ en gale, les anguillules grossissent prompteinent et la distinction entre les sexes s'etablit. Le male se recomiait a sa taille plus petite et plus tard a ses orga- nes copulateurs. La femelle pond un grand noiiibre d'oeufs qui se fractionnent, et dans lesquels on voit se former un embryon; bien- tot celui-ci perce les membranes de I'oeuf , et commence a vivre a I'etat de larve dans la cavit^ qui renferme ses parents. A I'epoque de la maturite du ble, les parents ont peri, leurs teguments et leurs organes sent r^duits a des lambeaux m^connaissables; les coques d'osufs sont dissoutes, et les anguillules de la nouvelle generation ne tardent pas a se dessecher avec la galle qui les renferme, attendant, dans un etat de mort apparente, pendant plusiears inois ou plusieurs annees, les conditions necessaires aux manifestations de leur vi- tal ite. Voila, certes, un magnifique travail , son origine fait honneur a M. Raj'-er. Ce savant acadt^micien, apres avoir fait rechercher dans les environs de Bayeux un grand nombre d'epis malades , a mis a la disposition de M. Davaine son jardin de la rue deLondres; c'est laqu'ontete faites les nombreuses observations que nous venons d'a- nalyser, et qui auront pour resultat de prouver qu'il est possible, facile meme , de preserver les bl^s d'une maladie si commune et si grave. Nous enregistrons avec bonheur ceprecieux engagement du jeune et habile physiologiste que ses recherches sur I'embryogenie des huitres ont deja rendu celebre. — Dans un nouveau memoire sur la physiologie pathologique du second temps de la marche, M. Duchenne de Boulogne croit avoir prouv^ que les mouvements qui constituent ce second temps ont pour cause productrice la contraction des muscles fiechisseurs dela cuissesurlebassin, de la jambe sur la cuisse, etdupied sur la jambe. Coiitrairement a I'opinion commune , Taction de la pesanteur ne concourt que tres-faiblement a Foscillatinn phj^siologique. Voila pourquoi, dit-il, il est tres-rationnel de chercher a combattre les affections qui troublent ces fonctions , par Taction therapeutique de T(51ectrisation , de la gymnastique localisee , et de Torthopedie dynamique. — M. Huberts, qui a etudi^ avec le plus grand soin Tepid^mie cbol^rique de Copenhague, enonce et maintient dans son rapport les faits suivants : " Parmi les hommes qui pendant la duree de T^pi- 386 COSMOS. demie ont ete employes a vider les fosses d'aisances, meme celles qui recevaient les dejections choleriques, pas un n'a ete attaque du cholera. II en a ^t^ de meme des ouvriers employes a la fabrication des cordes de boyau, de la colie-forte, de la preparation des pois- sons sees ; de ceux qui habituellement ou passagferement exercent des professions qu'on regarde comme insalubres a cause des ema- nations putrides auxquelles elles exposent ; enfin, les individus em- ployes au transport des malades ou des morts, ainsi que les fos- soyeurs, ont ete pour ainsi dire universellement ^pargnt^s. » C'est extraordinaire , c'est contraire a d'autres observations positives, mais eel a peut etre vrai. — M. de Lobisy demande que la d^bourreuse , m^canique de M. Dannery, dont I'emploi doit avoir pour rdsultat de prevenirles maladies auxquelles sont exposi^s les ouvriers employes au cardage du coton, soit admise a coucourir au prix Monthyon des arts in- salubres. — M. Marcel de Serres conclut d'observations nombreuses, que les ossements humains ensevelis dans les cavernes ne sont pas de la meme date que les depots diluviens au milieu desquels ils sont dis- semines; ils sont meme plus jeunes que les terrains glaciaires, et ne paraissent pas remonter au dela des temps historiques. Les osse- ments ne sont cependant pas tous de la meme epoque , ils se rap- portent, a en juger par les objets d'industrie qui les accompagnent, a trois epoques principales, dont on pourrait jusqu'a un certain point preciser la date. — M. SchifF, de Francfort, continue ses belles experiences sur la nutrition des os, il ecrit a M. Flourens : V que les plaques os- seuses de la sclerotique des oiseaux de proie subissent aussi les changements paraleptiques apres la section du nerf de la cinquieme paire d'un cote. Sur de jeunes individus, on voit les plaques se con- denser et s'hypertrophier quelques semaines apres la section, du cote opere ; la difference entre les plaques des deux cotes devient tres-tranchee ; I'os malade est plus grand, plus gros, et surtout plus epais, il perd une partie de sa transparence; 2° les os hypertrophies contiennent des couches superposees formees par le perioste interne; 3° chez les herissons , pendant la lethargie hivernale , la paralysie des nerfs produit sur la nutrition des os les memes changements que dans I'etat normal. MM. Bisson freres mettent sous les yeux de 1' Academie une nouvelle et magnifique serie d'epreuves photographiques repr^sen- tant : 1° divers glaciers, et en particulier ceux du Rhone, du Finter- COSMOS. 387 Aar et du Lauter-Aar a 2 500 metres d'altitude ; ces deux derniers dessins forment un panorama de 1 metre 85 centimetres de long ; 2" les d^gats causes par le dernier tremblement de terre dans les communes de Saint-Nicolas et de Viege. Nous rendrons bientot a ces habiles photographes la justice qu'ils meritent, en faisant I'his- toire de leurs travaux et de leurs succes. SEANCE DU 17 SEPTEMBRE. M. Biot analyse de vive voix, avec una sdrete de mdmoire, una elegance de parole et un interet vraiment extraordinaires , trois longs articles qu'il a inseres dans le Journal des savants de cette annee. Les deux premiers out pour titre : Deiermuiation de Vequi- noxe -venial de 1853 effectue en Egypt e d'apies des observations du lever et du coucker du soleil dans lalignement des faces aus- trales et boreales de la grande pyramide de Memphis, par M. Ma- liette, conservateur adjoint du Mnsee egyptien de Paris. Le troi- sieme est intitule : Sur les restes de I'ancienne uranograplde egyp- tienne que Von pourrait retrouver aujonrd'hui chez les Arahes qui habitent I'interieur de lEgypte. Le fait principal expose par M. Biot , c'ast que les faces australe et boreale de la grande py- ramide sont si bien orientees, que, bien qu'aujourd'hui elles soient depouillees de leurs revetements polis, M. Mariette, qui n' est nuUe- ment astronome, a pu, par des observations du lever et du coucher du soleil, faites dans I'alignement de ses faces, determiner, a une ou deux minutes pres, le inoment precis de I'equinoxe vernal. Aujour J'hui encore , les Fellahs ont recours a ce mode d'obser- vations, qu'ils font tres-exactement pour fixer leur calendrier. — M. Babinet decrit 1' experience dans laquelle M. Leon Fou- cault est parvenu, par I'infiuence de I'aimant, a produire de la chaleur sur les corps en mouvement; nous avons reproduit sa note dans notre derniere livraison. — M. Despretz presente, au nom de M. Delezenne , correspon- dant de I'Academie, un opuscule intitule : Considerations sur Va- coustique musicale. — M. Jomard fait, au nom des auteurs, hommage a lAcademie de deux ouvrages intitules, I'un : Le Nilolanc et le soudan, etudes sur I' Jfrique centrale , moeurs et coutumes des sauvages , par M. Brun-Rollet; I'autre : Percement de t isthnie de Suez; expose et documents ofjiciels, par M. Ferdinand de Lesseps. — M. Chevreul, en presentant un nouveau Memoire de M. Ber- thelot sur les combinaisons neutres des malieres sucrees avec les 388 COSMOS. acides. s'attache a faire ressortir le m^rite et ]a port(5e des travanx du jeune preparateur du college de France, II y a trcnte ans, dit-il, j'avais entrevu que la plupart des corps gras neutres devaient r^- sulter de la coinbinaison de la glycerine avec un acide gras; pour demontrer cette loi generale, il aurait fallu proccder a des analyses quantitatives rigoureuses que je ne croyais pas alors possibles. De- puis la science a march6 ; la composition probable est devenue la composition certaine. Mais M. Berthelot , qui, a un jugement trfes- sain et a una grande penetration d'esprit joint une erudition re- marquable, a et6 beaucoup plus loin. En faisant agir des acides purs sur de la glycerine pure aussi, il a rt^ussi a former de toiites pifeces des corps gras neutres ; non-seulemei)t ceux que Ton connaissait deja. mais d'autres qui n'ont pas encore ete isoles ou prepares en grand. La glycerine, tout le monde le sait , pr^sente une sa- veur sucrde tres- caract^ristique , et puisqu'elle se combine avec les acides gras, il etait naturel de chercher si les autres matiferes sucrees pouvaient aussi, par voie de synthese, s'unir a ces memes acides ; tel est I'objet des recherches (lue nous allons exposer et qui ont 6te eminemment fecondes. Nous inserons integralement I'ana- lyse de la notede M. Berthelot: « Parmi les principes vegetaux les plus riches en oxygene, un grand nombre ferment avec les acides des combinaisons particu- lieres. Les exemples de ce genre de compos6s sont tres-r^pandus dans la nature (salicine, populine, tannins, etc.); mais on n'en a prepare jusqu'a present aucun par voie de synthese. Le present travail a pour objet la production de combinaisons de I'ordre de cell es qui pr^cbdent; il montre que les diverses matieres sucrdes renferm^es dans les vegetaux presentent avec la glycerine les plus grandes analogies. En effet, ces matiferes sucrees peuvent etre unies aux acides de la meme maniere que la glycerine; les composes ainsi formes sont neutres, et jouissent de proprietes et de reactions semblables a celles des corps gras neutres ; ils se preparent et se purifient exactement de la meme maniere. Je me bornerai a donner ici la liste des composes neutres que j'ai obtenus, me reservant de revenir sur ce sujet avec plus de d^ve- loppements. L Mannite : C'^H'^ 0'^=2 C^H^ 0<' = 2 (C« H'^0%HO). aiannite anhydre : C'^ H'-' 0'° = 2 C^ W OK Cette substance s'obtient : 1° en decomposant par les acides ou les alcalis les combinaisons mannitiques; 2° en chauffantla mannite COSMOS. and) vers 200°; 3° en chauffant a 100" la mannite avec I'acicle chlor- hydrique concentre. Cast une matiere sirupeuse, sucree, soluble dans I'eau et dans I'alcool absolu; abandonn(5e longtemps au contact de I'air, elle regenere la mannite. Mannite acetiqiie : C" H« 0' ou C-°H"=0'^ Substance liquide, amere, obtenue, comine celles qui suivent. entre 200 et 250°. Mannite but yrique : C'^H'^O'' ou C^'^H'-^O^*. Substance liquide, melee de cristaux semblable a I'oleine qui se fige. Mannite dibuf yrique : C^^H'^O^ ou C^^W 0'". Mannite palmitiqne : O^WO' ou C"H"0'S semblable a la palmitine. Manntie distenrique : C'^H^'^O" ou C'^'^H'^^ Qaa^ semblable a la stearine. Mannite tristearique : C'-^ H'"" 0" ou C^^^WO". Mamiite oleique : C"H^^O' ou C'^H^'^O'*. Substance cireuse, tres-fusible en un liquide visqueux. Mannite benzoique : C^^oH'^O' ouC^oH^°0'*, semblable a la benzoicine. Mannite trlbenzoique : C" H^^ 0" ou C'^H^O'". Mannite chlorkydrique . Action a 100° de I'acide chlorhydrique fumant sur la mannite. Ethyhnannite : C"H'°0' ouC^^H^^O^". Reaction a 100° de la mannite et de la potasse sur I'ether bromhydrique. II. DULCINE : C»2H*"0i". Dulcine stearique : C" H''« O' ou C«* H^" 0*^ Dulcine distearique : C'« H'* 0" ou C*^* H^" 0*^ Dulcine bejizoique: C^^H^'O' ouC"'H'"0». Saponifiees, rdgenerent I'acide primitifet une substance qui se change rapidenienten dulcine. III. Finite: C^^H^O*". Finite stearique : C'^H''" 0' ou C'''H"0'\ Finite distearique : CW 0"^^ ou O'^W^O^^. Finite benzoique : C^^H'^O' ou C^" H^" 0*''. Finite dibenzoique : C^' 11*^0" ou O' H^O^^. Saponifi(§es, regenerent I'acide primitifet une substance apte a reproduire lentement la pinite. IV. Quercite: C*2H12 0io. Quercite stearique : C H" 0' ou C" H" 0". Quercite benzoique. 390 COSMOS. Saponifiees, regenerent I'acide primitif et, a la longue, la quer- cite. Les quatre series qui precedent sonl isomferes, elles se distinguent par leur formation et leur composition. V. Erythroglucine '. C''H*'0*^ Erythroghicine steariqiie : C^'H^O". Erythroglucine benzo'ique : C^ff^O". Erythroglucine trihenzo'ique : C'^H^O^'. Erythroglucine acetique. Saponifiees, regenerent I'acide primitif et I'erythroglucine. VI. Orcine. L'orcine, chauffee a 250* avec I'acide st^arique, produit un compost neutre, solide, de nature cireuse; on isole ce corps par trois traitements successifs : 1° par I'eau qui enleve I'exces d'orcine ; 2" par I'ether et la chaux, ce qui elimine I'exces d'acide stearique ; 3° par le sulfure de carbone qui ne dissout pas l'orcine (s'il en existe). Ce compose, par saponification, regenere I'acide stearique et une substance soluble dans I'eau et dans I'ethcr colorable par les vapeurs ammoniacales, mais qui parait distincte de l'orcine. VII. Sucre: C*'H"0*^ Les combinaisons neutres du sucre avec les acides se prdparent en chauffant entre 100 et 120° le sucre de canne ou le glucose avec I'acide. On lesextrait, comme les corps gras artificiels, par I'^ther et les alcalis. Leur preparation est pcnible et leur purification de- licate : on ne les obtient d'ailleurs qu'en tres-petites quantites. Ces composes re^istent assez ^nergiquement a Taction des acides mineraux dilues, meme a 100"; cependant on pent les resoudre par I'acide sulfurique ^teiidu en acide et sucre fermentescible. L'acide chlorhydrique et I'alcool produisent treslentement a froid un ether de I'acide combing au sucre et du sucre fermentescible. Ces composes r^duisent a chaud le tartrate de cuivre et de po- tas^e, sans doute parce qu'ils renferment du glucose. L'acide sulfurique concentre les noircit instantan^ment meme a froid. lis ne fermententent pas directement. Glucose stearique : C"H"0'. Neutre , semblable a la stearine. Glucose benzo'ique : C^'H'O'. Liquide neutre. Glucose butjrique : C*'H"0'. Glucose triacetique : C*'H"0". Liquide amer soluble dans I'eau et I'^ther. Ethyl glucose :C'' WOK Liquide color^. » VARIETES. ACTION DU MAGNETISME SUR LES AXES DES CRISTAUX. Nous devons a rainitie de M. Plucker de pouvoir publier le premier ses vues theoriques et d'eiisemble sur une s^rie de pheno- menes ^minemment curieux, decouverts d'abord par lui, mais qui n'avaient pas encore re^u d'explications satisfaisantes. Nous appe- lons d'une maniere toute particuliere Taltention des physiciens sur cette discussion pleine d'interet. " J'ai expliqu^ jusqu'ici les phenomenes curieux que presentent les cristaux quand on les fait osciller entre les deux poles d'un ai- mant , en adoptant I'hypothfese de deux axes magnetiques lies invariablement a la forme cristalline. J'ai regarde ces axes, ap- proximativement du moins, comme les resultantes de I'induction, soit paramagnetique , soit diamagnetique, exercefi sur le crista! par les poles. Ces axes, tantot attires, tantot repousses, m'ont fait distinguer des cristaux a axes positifs, et des cristaux a axes nega- tifs. « Cette hypothese, notablement modifiee a mesure que les faits se sont multiplies, in'a servi a donner une expression nette de Taction magn^tique extraordinaire exercee par un aimant sur les cristaux des differents systemes. Aucune observation faite par d'autres exp^rimentateurs etparvenue a ma connaissance n'dtait en contradiction avec ma maniere devoir; ilnepouvait pasenetre autre- ment tant qu'on n'operait que sur des cristaux a un seul axe. Tout r^cemment cependaiit, des experiences nouvelles, quej'ai faites en aout avec M. Beer, m'ont prouve que la theorie des axes magnetiques. telle quejel'avais presentee jusqu'ici, ne saurait plus etre main tenue. Enl'abandonnant, ouplutot en lareconstruisantdenouveau, rienn'est change aux faits observes, seulement leur expression est devenue en meme temps plus generale et plus simple. Pour exposer succinctement ma nouvelle maniere de voir , je prendrai pour exemple le cyanite ou ferro-cyanure rouge de fer et potasse, qui est paramagnetique. La forme de ce sel est controver- s^e ; nous adopterons ici celle du prisme droit a base rhombe, parce- qu'elle est conforine a la maniere dont ce sel se comporte tant sous le rapport optique que sous le rapport magnetique. Je d^signerai par a I'axe du prisme, et par % et >. les deux diagonales de sa base, joignant I'une les angles obtus, Tautre les angles aigus. Quand on suspend eiitie les deux poles un prisme de ce sel suc- cessivement suivant les trois axes min^ralogiques «, x et X, Ton voit 392 COSMOS. le prisme se diriger avec energie. Cette direction est telle que des deux de ces trois axes, qui oscillent librement dans le plan hori- zontal , I'un prend la position axiale , I'autre la position equato- riale. Le cristal ^tant suspendu suivantoc, c'est X qui se dirigera axialement, x dquatorialement X, X « X, X a L'on en conclut que I'induction paramagnetiqiie suivant X est plus grande que celle suivant x ce qu'on peut exprimer ainsi : X < x < «. Notre cristal se dirige done entre les deux poles (que nous sup- posons assez eloignes) comme le ferait un ellipso'ide de fer doux a trois axes ineg^ux a, b, c, suspendu successivement suivant ces trois axes. En supposant a < l> < c,i\ faut, dans le cas du cyanure de fer et de potasse, faire coincider le plus grand axe a avec X, I'axe moyen& avec X, etle plus petit axe c avec a. L'ellipso'ide ainsi constitue est ce que nous appellerons desormais eUipso'ide cV induction. Un prisme naturel de notre sel suspendu horizontaleinent prend (contrairement a Taction paramagn^tique ordinaire) la position equatoiiale, et la retientde quelque maniere qu'on le fasse tourner autour de son axe horizontal. Toutefois, dans les differentes sus- pensions la force directrice n'est pas la meme, elle a son maximum si le prisme est suspendu suivant x, son minimum s'll est suspendu suivant X. Si le prisme est reduit a une plaque par la diminution de sa hauteur, rien n'est change dans la maniere dont il se dirige entre les deux poles, ses bases retiennent la position axiale, seulement; cette position est d'ailleurs celle que lui assigne dans ce cas Tac- tion magnetique ordinaire, ce qui n'avait pas lieu pour le prisme. Si dans Texperience precedente on remplace la plaque employee par une autre taillee dans le cristal, de maniere qu'elle contienne les deux axes « et x, tout change. Suspendue verticalement, elle pren- dra une position inverse de celle que lui ferait prendre Taction ma- gnetique ordinaire , c'est-a-dire la position equatoriale , comme si elle etait repoussee par les poles. Elle conservera cette position de quelque maniere qu'on la fasse tourner autour de son axe horizontal X. Toutefois, la force directrice n'est pas constante, elle sera maxi- mum si son axe de su^pension coincide avec «, minimum, si 1 axe de suspension coincide avec x. COSMOS. 393 Coupons en troisieme lieu dans notre ferro-cyanure une plaque contenant les deux axes « at X, et suspendons-la entre les deux poles de la meme maniere que dans les deux experiences prdceden- tes. Alors nous la verrons prendre taiitot la position axiale, tantot la position equatoriale. Quand on la fait tournerdans son propre plan, autour de I'axe horizontale x , on rencontre deux positions dans lesquelles la plaque passe dela direction axiale a la direction Equa- toriale , at reciproquement ; ces positions repondent a deux axes de suspension , Egaleinent inclines sur X : autour de ces axes par consequent il n'y a pas d'action magnetiqua extraordinaire, Je nommerai desormais axes magnetiques d'un cristal quelconque les directions autour desquelles ruction extraordinaire disparait. Les phenomenes que nous venons de constater, relativement a la maniere dont le cristal se comporte sous rinfluence de I'induction magnetique, se reproduisent identiquement quand nous lui substi- tuons V ellipso'ide d" induction ; et les axes appeles par nous axes ma- gnetiques du cristal correspondent aux deux diametres de I'ellip- so'ide perpendiculaires a ses sections circulaires. Dans les dernieres experiences que nous avons faites avec M. Beer, nous avons definitiveinent etabli , comme il suit , la clas- sification des cristaux, en cristaux magnetiquement positifs et ui- gatifs. Nous taillons dans le cristal a examiner un prisme droit, dont I'axe, situe dans le plan des deux axes d'induction maximum et minimum, fasse avec ces deux axes des angles de 45". Suspendu horizontalement entre les deux poles , un semblable prisme se place , en general obliquement. Quand on le fait tourner autour de son axe, cet axe, restant toujours horizontal, decline des deux cot^s de la ligne des poles, et atteint deux positions extremes faisant avec la ligne des poles, ou la ligne axiale un angle maximum ou minimum de 45°. Pour aller d'une position extreme a I'autre, I'axe du cristal passera tantot par la position axiale , tantot par la po- sition equatoriale, suivant la nature du cristal ; si le changement a lieu par la position axiale, je dis que le cristal est poaitif , Tangle de declinaison des positions extremes est maximum; je I'appelle negatif quand le changement se fait par la position equatoriale ; Tangle de declinaison est minimum. Ainsi, puisque dans le cas du ferro-cyanure rouge le passage a lieu par la position equatoriale, ce sel sera magnetiqueinement negatif. Dans notre nouvelle ma- niere de voir, tout revient a dire que dans les cristaux magne- tiquement negatifs, la ligne bissextrice de Tangle aigu des deux axes magnetiques coincide avec Taxe d'induction minimum; tan- 394 COSMOS. dis que dans lescristaux positifs, c'est I'axe d'induction maximum qui bissexte Tangle aigu des deux axes magnetiques. On constate ainsi, sans I'avoir cherche ni prevu, une analogie complete entre les tiois axes uiagn(5tiques, determiners par les trois axes d'induction, et les trois axes optiques, determines paries trois axes d' elasticity. Dans le ferro-cyanure de potassium, le plan des deux axes ma- gnetiques et leur ligne mediane coincident avec le plan et la ligne mediane des deux axes optiques ; seulement, Tangle forrn^ par les deux axes magnetiques, qu'on determinera facilement a quelques degr6s pres, est plus grand que celui forme par les axes optiques. Si le cristal est diamagnetique il n'y a rien de changed dans la determination de ses axes magnetiques. C'est seulement le sens de Tiiiduction qui s'intervertit ; la position d'equilibre instable devenant la position d'equilibre stable , et uice uersd. L'on determinera Tel- lipsoide d'induction diamagnetique comme on determine Tellipsoide d'induction paramagnetique. Pour les cristaux du systeme Tesseral , les trois axes de Tellip- soide d'induction deviennent egaux entre eux. 11 n'y a pas d'acliun magnetique extraordinaire. Pour les cristaux dont la forme cristalline se r^duit aurhomboe Ire, au prisme hexagonal ou au prisme a base carree, deux des trois axes de Tellipsoide d'induction deviennent egaux entre eux ; Taxe ineo-al, plus grand ou plus petit que les axes egaux, est Vaxe magne- tique unique.Si Taxe ii.egal est le plus grand, il sera un axe magne- tique positif ou attire par les poles si la substance du cristal est para- magnetique, un axe magnetique negatif ou repousse si la substance est diamagnetique. Si, au contraire, Taxein^gal est le plus petit, Taxe sera positif si le cristal est diamagnetique, negatif si le cristal est paramagnetique. Dans tous les cas Taxe magnetique coincide avec Taxe optique. Pour les cristaux dont la forme cristalline se reduit a un prisme droit a base rhombe , les trois axes de Tellipsoide d'induction ma- gnetique coincident, comme le font les trois axes d' elasticity opti- que, avec les trois axes mineralogiques principaux. Mais jusqu'ici on n'a decouvert aucune loi generale a Taide de laquelle on puisse determiner les longueurs relatives de ces axes; de sorte que Ton ne peut ni deduire de la forme cristalline la position des axes, optiques ou magnetiques , ni conclure de la position des axes opti- ques a celle des axes magnetiques. Dans beaucoup de cas les iixcs. magnetiques sont situes dans le plan meme des axes optiiiucs; dans d'autres cas les plans des deux systemes d'axes sont perpen- COSiMOS. 395 diculaires entre eux. Si I'on considere la position des axes mfigneti- ques par rapport a la forme cristalline, on obtient six cas differents. Si, en outre, on fait entrer en ligne de compte la distinction d'une part entre les axes positifs et negatifs, d'autre part entre les subs- tances paramagnetique et diamagnetique, lenoinbre des cas s'elfeve a 24. L'examen que nous avons fait, M. Beer et moi, d'un grand nom- bre de cristaux, pr^sente une telle varit^t^dans la position des axes magnetiques, que nous sommes autorises a penser que ces vingt- quatre cas existent effectivement dans la nature. Pour les cristaux inonocliniques possedant un plan et un axe de symetrie, les deux axes magnetiques sont situes ou dans le plan de symetrie meme ou dans un plan perpendiculaire. Dans ce dernier cas la ligne moyenne des deux axes ou coincide avec I'axe de syme- trie perpendiculaire au plan de symetrie, ou se trouve situe dans ce plan. Ainsi dans tous les cas deux des trois axes d'inductions sont renfermes dans le plan de symetrie ; le troisienie lui est per- pendiculaire. Si Ton suspend un cristal de maniere que son plan de symetrie oscille verticalement, ce plan prendra toujours ou la position equa- toriale ou la position axiale. Si le plan de symetrie est horizontal, le cristal se dirigera de telle sorte que des deux axes renfermes dans ce plan I'un soit axial, I'autre equatorial. Ayant ainsi determine la direction des trois axes d'induction et leur ordre de grandeur, Ton trouvera les deux axes mMgnetiques en suivant la marche indiquee plus haut. Dans les cristaux apparlenanl au systeme triclinique, la forme cristalline ne doime aucune indication sur la situation des deux axes magnetiques. Je pense que la nouvelle maniere de voir, que nous venons d'ex- poser, repre^ente I'ensemble des [ihenomenes dependant de Taction extraordinaire d'un pole aimantesur ies crislHux. Poisson a donne, dans son second Me/noire siir la iheorie du magnelisine, la dis- tribution magneti(]ue dans un ellipsoide de fer donx souniis a Tac- tion d'un pole eloigiie. En partant de la Ton dL'terinineia par le calcul la position d equilibre que doit prendre un tel ellipsoide sous des conditions donnees. Si Ton opere sur des cristaux qui montrent assez onergiquement Taction magnetique extraordmaire, la forme qu'on leur donne n'a pas d'inftuence sensible sur la direction qu'ds prcnnent entre les deux poles eloignes. Un murceau d'anlimoine cristallise , par 396 COSMOS. exemple, de forme quelconque, et suspendu de sorte que les plans de clivage soient verticaux , se dirigera constamment de la meine maniere. Un prisma droit ayant ses plans pour bases se placera conformement a Taction magnetique ordinaire, de maniere que I'axe magnetique negatif et perpendiculaire aux plans de clivage prenne la position oquatoriale ; et que par consequent ces plans se placent eux-memes axialement. Une plaque terminee par deux plans de clivage d'un o,u de plusieurs centimetres carres de surface et aussi mince qu'on voudra, conservera la meme position, cou- trairement a Taction magnetique ordinaire. Un prisme oblique est force de se placer obliquement entre deux poles , pour que ses bases, que nous supposons toujours etre des plans de clivage, prennent la position axiale. La direction que prend le cristal entre les deux poles assez eloio-nes ne dependant pas de la forme exterieure qu on lui donne, n'est-on pas en droit d'en conclure que cette direction serait encore la meme si Ton arrivait aux dernieres molecules magnetiques ; en d'autres mots, que la forme de ces molecules magnetiques est celle de Vellipsoide d induction ? Cette idee ne serait pas nouvelle. Poisson Ta enoncee dans Tin- troduclion de son premier Memoire sur la theorie du magnet isme; elle a et6 ahandonnee , evidemment parce que de son temps on desesperait de la voir verifiee par Texperience. -. Nous avons appris avec bonheur que M. Plucker, ph)-sicien et mathematicien si distingue , venait d'etre nomme recteur magni- fique et curateur de TUniversite royale de Bonn. M. Beer, son eleve , deja si celebre , vieut d'etre noinm^ professeur extraordi- naire'a la meme Universite ; c'est une bienheureuse acquisition, et elle ne contribuera pas peu a maintenir la gloire de cette iliustre institution. La Note qu'on vient de lire montre avec quelle facilite M. Pluc- ker #crit notre langue; il la parle, d'ailleurs, presque comme sa languematernelle.Personne aussi n'ecrit mieux en latin les disserta- tions inuugurales dont les reglements de TUniversitcS font un devoir a diverses epoques. A. TRAMBLAY, proprieliire-gerant. T. VJI. 5 OCTOBRE 1855. QOATHIEME ANNEE. COSMOS. NODVELLES ET FAITS DIVERS. La place absorbee par les comptes rendus de I'Exposition uni- verselle ne nous a pas permis d'ins^rer plus tot la reclamation sui- vante qui nous a ^te adress^e a I'occasion de notre article : Vne idee eminemment ingenieuse et qui nail a pointy par M. Barbotte de Beaulieu, chef du bureau de comptabiUte a la direction gen^rale des lignes telegraphiques : « Des la fin de d^cerabre 1853, je proposai a M. le directeur ge- neral un manipulateur niecanique pour le tel^graphe de Morse, qui presentait sur celui de M. Paul Gamier I'avantage de composer les d^peches non pas avec plusieurs parties isolees pour faire nne lettre^ mais avec des caracteres composes de parties solidaires d'ivoire et de metal composant chacun une lettre de I'alphabet. « Je n'avais pas presents cette conception comme une nouvelle invention de moi ; loin de la, j'avais eu soin dans le m^moire que j'adressai a M. le directeur general, le 5 mai 1854, lorsque mon appareil fut construit, de faire observer que le principe de cet ap- pareil avait ^te invente par M. Palmieri, et qu'il etait d^crit dans I'ouvrage si complet que vous avez publie sur la telegraphic elec- trique (p. 369). II en resulte que le principe du tambour de compo- sition, comrae lenommait M. Palmieri, est de I'invention decephy- sicien, et que je n'ai imaging que la modification qui consiste a substituer un caractere formant une lettre entiere, aux nombreuses parties de bois et de metal qu'employait M. Palmieri pour former chaque lettre. " L'insistance que je mets a ce que ces details soient rappeles dans votre journal, n'est due qu'au desir de conserver a I'adminis- tration t^legraphique la faculte de pouvoir se servir d'appareils qu'elle a fait construire , nonobstant les brevets pris tardive- MENT, POUR UNE INVENTION DEJA TOMBEE DANS LE DOMAINE PUBLIC. « J'ose esp^rer qu'a titre de protecteur impartial des inventeurs vous voudrez bien ajouter aux preuves d'interets que vous m'avez 14 398 COSMOS. accordees deja souvent, la faveur d'insdrer par exfrait, dans votre journal, les details qui precedent. >• Cette letlre nous a cause une tristesse profonde , car elle seinble prouver que I'aditiinistration des tek^graphes est dt^cidee a employer, si elle lejuge convenable, pour le service de ses lignes , le compo- siteur des dopeches du t^l^graphe de Morse, sans tenir aucuii compte des droits d'inventeur et de la propri^td de M. Paul Garnier. Mais que M. Barbotte de Beaulieu nous permette de le lui dire, les essais de M. Palinieri et ses propres propositions n'empechent pas que le compositeur de M. Garnier ne contienne une idee al>solument neuve, une veritable invention dans toute {'expression du mot. On ne pourrait la lui ravir qu'en usant du pouvoir discretionnaire dont jouissent les administrations gouvernementales, en ffiitsurtout de correspondance telegraphique. Serait-il possible qu'on en vint a ces extr^mit^s douloureuses sans ofFrir a I'artiste inventfnir une indemnitt^ gc-nereuse? Nous ne le croirons jamais. F. Moigno. — Puisque nousvoici revenii au compositeur des depeches, ac- complissons un devoir de justice, en donnant place dans nos coloniies a quelques eclaircissemeiits que M. Paul Garnier a cru devoir nous transmettre. On verra, ce qu'au reste nous voulions faiie reinar- quer nous-meme depuis longtemps, que I'idee presentee a raiiini- nistration par M. Barbotte de Beaulieu est une ancienne pei)s6e de M. Morse. «. L'idee premifere de transmettre automatiquement les signes al- phabi'tiqnesdeM. Morse, appartientaM. Morse lui-nieme; on peut se rendre coinpte des divers essais qu'il a faits sans succes pour at- teindre ce but dans une traduction de ses travaux, publipe en 1846, chez Mathias, on y trouvera les cliches de M. Barbotte. » C'est dans le courant de juin 1854 que M. Alexandre asiiggere a M. Garnier de s'occuper de cette question , et dans les pn miers jours de juillet (avant le 5), un modele de Tinventiori de iM. Gar- nier, comportant la solution du probleme, etait remis pai lui a M. Alexandre, entre les mains duquel il est reste jusqu'au 28 ou 30 du meme mois. C'est dans cet intervalle que M. Marqlby, dont M. Garnier ne soup9onnait pas meme I'existeiice, a pris sur le modele meme do M. Garnier, et sur I'insistance de M. Alexandre, le brevet du 20 juillet 1854. » Si. antiirieurement a cette epoque, le 13 mars 1854, M. Marq^- foy a fait une proposition a I' administration des teloaraptips . M. Garnier en etait conipletement ignorant. Si cette iiropnsition cGmportait une idee de quelque valeur , pourquoi M. Waniloy ne COSMOS. 399 I'a-t-il pas fait breveter a cette^poque? Ne fut-ce que pour t^- moigner qu'il s'^tait occup^ utilement de la question. « II resulte evidemment de cette abstention de M. Marqfoy que I'inspiration ne lui est venue que sur le vu du modele de M. Garnier, confie a Thonneur de M. Alexandre. II n'est done pas exact d'as- similer comme inventeur du proc^dd M. Marqfoy a M. Garnier. C'estcequedurestelestribunauxaurontincessammenta decider. » — A propos de nos reflexions sur les fils telegraphiques souter- rains et de la proposition que nous faisions de substituer le ciment ou belon au bitume, M. Frangois Coignet nous adresse la lettre sui- vante, qui merite, nous le croyons, Tatteiition de I'administration : " Dans le dernier numero du Cosmos, vous dites qu'il serait peut- etre bon d'enfouir les fils electriques , recouverts d'une couche de gutta-percha dans un bloc de b^ton dur , moule et comprime, tel que celui dont vous avez pu appr^cier le merite dans I'usine que la maison Coignet fait construire a Saint-Denis. A d^fiiut d'expe- riences faites, il ne m'appartient pas de prononcer sur le lesultat final d'un pared essai ; mais je puis faire entrevoir quelles pour- raient etre les garanties offertes par ce procede, et quel pourrait en etre le prix de revient. " En raison du durcissement rapide et vraiment extraordinaire que j'ai pu obtenir par le moulage et la compression du betoii, je puis affirmer qu'un ou plusieurs fils electriques qui seraient nnyes dans un beton de ce genre seraient aussi bien garantis que s'ils etaient etablis au centre d'une pierre de taille tres-dure. Or, comme le beton employ^ sans interruption se soude et fait corps avec les parties deja moulees ; il en resulte que, quelle que soit la longueur du fil electrique; qu'elle soit de un , de cent, de mille kilometres, le beton dans lequel il serait introduit, fournirait un monnlitbe com- pact, dur, homogene, non plus de quelques metres, comme I'nbe- lisque de la place de la Concorde, mais de cent, de mille metres. " Con^oit-on une pierre de taille sans fissure, sans joints, sans interruption, allant par exemple de Paris a Marseille, et ne peui-on pas croire qu'une telle pierre garantirait suffisamment un fil elec- trique? .< Quant au prix de revient, je puis affirmer que, meme en lais- sant un benefice legitime a I'entrepreneur , ce prix ne suri a-serait guere, si toutefois il I'atteignait, 5 fr. le metre courant ; 5 000 (r. le kilometre, tous frais compris ; en supposant, ce qui est p. ui etre exagcre, qu'on donnerait au beton protecteur une epaissenr cm' ique de 0,50 centimetres. 400 COSMOS. « Vu la faciliti^ du travail, peut-etre y aurait-il de grands avan- tages a ^tablir le monolithe protecteur de b^ton moul^ et comprim6 au-dessus de la surface du sol ; mais ceci est affaire a r(5server aux ing^nieurs. •- M. F. Pisani, qui a fait ses etudes de chimie dans le labora- toire de M. Pelouze, adresse a I'Acad^mie et au Cosmos une ana- lyse de I'eau du Bosphore, prise a Bujak-D^re , prfes I'embouchure de la mer Noire : Eau, 1 Hire. Densile 1,01345 Cliioi'ure de sodium 13§'',8582 Chlorure de potassium 0, 0298 Ciilorure de magnesium 1, 7940 Sulfate de maguesie 1, 2279 Sulfate de chaux 0, 5169 Carbonate de chaux 0, ^^69^ Total des matieres salines, . . . 17S'^,S837 Le brome s'y trouve'en petite quantite, sans avoir pu etre dose. Le volume des gaz contenus dans un litre de cette eau, a la tem- perature de 0" et sous la pression 760""", a ete une fois 23^% 99; une autre fois •22'=s27-, sa composition en centimes a ^t^ dans le premier et dans le second cas : Acide carbonique 33,22 Acide carbonique 27,1 Azote 45,78 Azote 48,7 Oxygene 21,00 Oxygene ^^.^ Total 100,00 Total 100 L'eau du Bosphore n'est pas toujours ^galement riche en sels; ainsi ces residus salins provenant de 100 grammes d'eau, varient de is'' 627 a Is'', 739. La density varie elle-meme de 1,0121 a 1 0139. La densite moyenne ^valu^e entre 22 et 26 degres centi- grades, est 1,0134. Le maximum de salure correspond aux vents d'Est et de Nord- Est ; le minimum semble correspondre aux vents du sud ; mais I'absence de ces derniers vents, depuis quelques mois , empeche M. Pisani de mieux constater ce dernier fait. La quantite de chaux augmente avec la salure et varie de OS-- 174 a OS', 350 par litre. La quantite de chlore varie de 8s^853 a 9s^623. Les autres substances ne subissent que de faibles variations. M. Balard, en presentant cette int^ressante analyse al'Acad^mie, fait remarqu'er qu'il en resulte que, comparee a la Mediterranee, l'eau du Bosphore contient beaucoup moins, plus de moitie moins de sels, et n'est qu'uue sorte de melange d'eau douce et d'eau sal6e. ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE DO 24 SEPTEMERE. M. Claude Bernard lit un m^moire sur le m^canisme de la for- mation du Sucre dans le foie. II releve d'abord les erreurs commises par les auteurs qui se sont occupesde la fonction glucogenique chez les aiiiinaux; refute les objections de M. Louis Figuier, dont les der- nieres experiences sont, dit-il, tres-certainement inexactes, et expose en peu de mots les hypotheses proposees jusqu'ici pour expliquerla formation du sucre dans le foie. Pour M. Schmidt, de Dorpat, la pro- duction du Sucre dependraitd'une oxydation desmatieres grasses qui circulent dans le sang. M. Lehinann, de Leipzig, pense que I'hema- tosine du sang pent, en se dedoublant dans le foie, contribuer a la formation du sucre. M. Frerichs , de Breslau, adinet que le foie accoinplit sa fonction glucogenique en decomposant des matieres azotees qui donneraient naissance dans cet organe a de I'uree et a du sucre. M. Bernard ^numere ensuite les fails qui lui paraissent de nature a prouver qu'il faut comprendre tout autrement la fonc- tion glucogenique du foie, et qu'au lieu de chercher dans le sang la substance qui precede le sucre et qui lui donne immediatement naissance, il faut la chercher dans le tissa hepatique lui-menie. II decrit avec details une experience tres-propre a mettre ce fait en lumiere : Le foie encore tout chaud d'un chien vigoureux , nourri ex- clusivement avec de la viande depuis plusieurs jours, fut soumis, pendant quarante minutes, a un lavage energique qui le debarrassa entierement de tout le sang et de toute la matiere sucree qu'il pou- vait contenir. Vingt-quatie heures apres, cet organe contenait du sucre en abondance. Cette nouvelle formation de sucre est eomple- tement empechee par la cuisson. La matiere hepatique , qui est susceptible de se changer en sucre, est peu soluble dans I'eau ; elle se moTitre 6galement insoluble dans I'alcool et dans I'ether, qui ne ralterent pas. La dessiccation ne lui enleve point non plus ^a pro- priety de former du sucre. Cette matiere appartient exclu.-ivement au tissu du foie dans lequel elle prend naisj^atice, car il n'y en a pas de traces dans le sang de la veine-porte, non plus que dans le sang des autres parties du corps ; elle se renouvelle sans cesse pendant la vie, dans le tissu hepatique, sous I'influence de la nutrition, et s'y transforme incessamment en matiere sucree, qui vient remplacer dans le foie le sucre que le courant sanguin emporte par les veines h4patiques. ft02 COSJIOS. M. Geoffroy-Saint-Hilaire met sous les yeux de I'Acad^mie une toison de chevre d'Angora, provenant d'un des individus don- nas par M. le marechal Vaillant a la Society imperiale d'acclima- tation. Celte toison a ^te envoyee par M. Marozeau , de Wesser- lino-. La beautd de cette toison permet de juger de I'interet qui s'attache aux essais d'acclimatation de la chfevre d'Angora ; ces essais se poursuivent sur plusieurs points des Alpes, du Jura, des Vosges, du Cantal et de I'Atlas. — M. Fr^d. Kuhlmann communique une note sur divers phono- mfenes d'oxygenation. On sait , dit M. Kuhlmann, que plusieurs carbures d'hydrogene se r^sinifient au contact de I'air par suite d'une absorption d'oxygene ; mais ce dont on etait loin de se dou- ter, c'est que ces carbures , avant qu'ils se soient profondement modifies, sont en quelque sorte des reservoirs d'oxjgene dans des conditions telles qu'ils cedent cet oxygfene a d'autres corps en con- tact avec eux et reprennent leur etat primitif, devenant susceptibles de puiser de nouveau de I'oxygene dans Fair. Les essences r^si- nifiables constituent dans ces cas, au profit d'autres corps, des sources d'oxygene , et jouent un role semblable a celui du deu- toxyde d' azote dans la fabrication de I'acide sulfurique. Si Ton agile de 1' essence de ter^benthine aer^e avec une disso- lution d'acide sulfureux, le melange s'echaufFe , et il y a formation d'acide sulfurique aux depens de I'oxygene, dont I'essence avait fait provision. Si Ton fait arriver du gaz sulfureux dans un ballon humide oil se trouve repandue de la vapeur d'essence oxygenee, I'acide sulfureux disparait peu a peu. L'action oxygenante de I'es- sence a6ree s'^tend encore a d'autres acides, tels que I'acide hypo- sulfureux dans leshyposulfites, I'acide ars^nieux, etc. De la litharge chauffee avec de I'essence de t^rebenthine aeree donne lieu a la for- mation de I'oxyde pur de plomb. Des protoxydes de fer, d'etain ou de manganese hydrates passent a un degr6 superieur d'oxydation, sous I'influence de I'essence aeree. Des fleurs decolorees par I'acide sulfureux se colorent de nouveau par leur contact avec de I'essence a^ree. L'el(5vation de temp(5rature qui accompagne ces reactions pourrait expliquer les combustions spontanees de tissus hudes , si frequf-ntes dans les ateliers d'appretage des etoffes de laine. Celte propriete dont jouissent certains corps de former une pro- vision d'oxygene pour ceder cet agent a d'autres corps, pent jeter un grand jour sur les phenomenes de physiologic vegetale et animale. On sail dejacombien est peu propre a une bonne alimentation I'eau qui n'a pas eld aeree. COSMOS. hOZ — M. Ad. Chatin lit un memoire sur le vallisneria spiralis , considdre dans son organographie, sa vegetation, son organogenie, son anatomie , sa tdiatologie et sa physiologie. Le vnllisneria est une plante dioique submergde, qui vit dans les eaux douces peu courantes de I'Europe mdridionale, de I'Asie, et jusqu'en Amerique, oil M. Tr^cul I'a vue s'^tendre au milieu des eaux salves de la baie de Biloxi. Sa tige est un court rhizome qui emet de nombreuses petites racines simples, des feuilles rubanees et dressees, des stolo- mes caulipares, et enfin des hampes uniflores, chez les femelles ; des p^doncules que termine un spadice charg(5 d'une myriade de petites fleurs, chez les males. Au moment de la floraison ou de la f(^condation, les hampes qui portent les fleurs femehes s'allongent jusqu'a ce queoelles-ci attei- gnent a la surface de I'eau. Quant aux fleurs males, qui n'ont que des supports fort courts , elles se d^tachent , par rupture , de leurs pedicelles au moment de Tanthese, pour s' Clever a la surface des eaux oil elles flottent autour des femelles, Bientot leur calice s'etale, leurs antheres s'ouvrent , et la poussifere pollinique est enlevee par les polls papilliformes des stigmates. Alors les fleurs femelles ren- trent au fond des eaux par la retraction de leur hampe qui se roule en spirale. Tels sont, dans leur merveilleuse simplicite, les pheno- menes qui ont fait du -vnllisneria une plante justement et a jamais cdebre. M. Chatin signale quelques erreurs dont on avait ici ornd la ve- rite, commesi elle n'etait pas deja assez merveilleuse; puis d indi- que en quelques propositions ceux des faits reveles par I'anatomie du vallisneria qui lui paraissent avoir le plus d'importance. — M. Ch. Fermond expose les lois suivant lesquelles se fait re- volution des bourgeons dans quelques families v(^g6tales. II en for- mule quatre, designees de la maniere suivante : 1" Loi d'evolution h^licoidale anterieure [grpsophylla scorzone- rifolia, altissima; vaccaria parvi/lora, etc.). 1° Loi d'evolution heiicoidale posterieure {silene rubella^ hipar- tita, repens; lychnis dioica, etc.). 5° Loi d'evolution alternative [serissafcetida; petunia nyctagi- nijlora, violacea, etc.). 4° Loi d'evolution simultanee {silene otites, pseudo-otites , gigan- tea; saponaria officinalis , etc.). — M. Brown-Sequard continue I'expose de ses recherches ex- perimentales sur la voie de transmission des impressions sensitives dans la moelle epiniere. Des experiences qu'il a faites et dont on Wfh COSMOS. troitve les details dans son m^moire, M. Brown-S^quard conclut : 1" Que les fibres des racines post^rieures se portent en partie aux cordons postdrieurs, et probablement aussi en partie aux cordons lateraux ; 2° que les fibres des racines post^rieures qui se rendeiit dans les cordons posterieurs , paraissent se porter en partie vers I'encf'phale, en partie dans la direction opposite , de telle sorte que les unes snnt ascendantes, les autres descendantes; 3" que les fibres des racines post^rieures qui paraissent se rendre dans les cordons lateraux, semblent aussi etre compos^es de deux series, I'une de fibres ascendantes, I'autre de fibres descendantes ; 4° que les fibres ascendantes , dans les cordons postdrieurs comme dans les cordons lateraux, paraissent etre moins nombreuses que les fibres descen- dantes ; 5" que ces deux series de fibres (ascendantes et descendan- tes) paraissent quitter les cordons posterieurs et lateraux, apres un court trajet, pour penetrer dans la substance grise ; 6° que la trans- mission des impressions sensitives ne s'opere que d'une maniere passagere par les cordons posterieurs, les fibres sensitives ne faisant que passer dans une faible ^tendue par ces cordons ; 7° que la trans- mission a I'enc^phale des impressions sensitives venues du tronc et des niembres s'opere en dernier lieu par la substance grise de la moelle ^piniere. — M. Zantedeschi presente une note sur les mouvements et les variations de temperature qui accompagnent les phenomenes ma- gn^tiques. Nous nous demandons avec tristesse lebut que M. Zan- tedesr-hi a voulu atteindre en disant que la belle experience de M. Foticault est une confirmation des idees theoriques emises par luidepuislongtemps, et pouvait etre en quelque sorte pr^vue.Veut-U par la faire ses reserves pour s'attribuer un jour la priorite de la d^couverte de ce grand fait, comme il I'a tente pour la demonstra- tion du mouvement de la terre au moyen du gyroscope^ Ce ne serait pas loyal. Nous sommes desole d'avoir a le dire, mais on compte deja par dizaines les belles inventions dont M. I'abbe Zantedeschi dispute la possession a leurs auteurs legitimes et incontestables. Les amis de la science sont consternes de cet acharnement sans ^exempleau monde. Dans une seconde lettre, il rappelle les experiences faites par I'Academie, del Cimento^ sur la deviation du pendule ; toujours pour Jeter des doutes sur la priority d'une des plusgrandes decou- vertes des temps modernes. Que de victimes illustres ilaurait faites si ses attaques n'^taient pas sans port^e, si tout le monde ne savait pas a quoi s'en tenir sur cette Strange manie! MM. Faraday, COSMOS. 605 Plucker. Magrini, Palaggi, Foucault, Gintl , Siemens, Eon- nelli, etc., etc., ont ^te tour a tour menaces par lui. Nous le conju- rons instamment, dans I'int^ret de son honneur et de la science, de renoncer a ce deplorable systeme qui souleve une ri^probation uni- verselle; et qui est d'autant plus inexplicable, qu'au fond, M. I'abbe Zantedeschi est, nous n'en doutons pas, un excellent homme. F. MoiGNO. — M. Elie de Beaumont communique une lettre de M. Condo- gouris, concernant des observations meteorologiques faites dans I'ile de Chios, du 1" septembre 1854 au 31 aout 1855. La tempe- rature moyenne de I'annee dans la vilie de Chios est de 16",9. Le barometre, situ^ a 6 ou 7 metres au-dessus du niveau de la mer, s'est eieve a 786 millimetres le 2 septembre. C'etait le maximum d'elevation; le vent etait au nord. Le minimum d'abaissement a eu lieu le 12 mars par un vent violent du sud : le barometre est des- cendu a 736 millimetres. II y a eu 62 jours de pluie peiidaiitl'annee. Deux vents sont dominants dans Tile : le vent du nord en ete, et celui du sud en hiver. II a grele quatre fois. Le tremblement de terra qui a renverse la ville de Brousse le 28 fevrier dernier, s'est fait sentir sur toute I'ile de Chios. C'etait un mouvement ondula- toire, de Test a I'ouest, qui a dure 4 a 5 secondes. — M. Elie de Beaumont lit une lettre qui lui a ete adressee de Castellamare, en date du 24 aout, par M. Gaudry, charge d'une mission scientifique, et qui, en se rendant en Grece, s'est arrete a Naples. M. Gaudry donne des details sur I'etat du Vesuve. Les trois principaux crateres qui forment le sommet du cone volcanique fournissent de la vapeur. Les laves ne presentent plus aucune trace qui atteste une eruption r^cente; elles ne produisent plus de vapeur et ne donnent plus de chaleur. II s'est passe depuis I'epoque de leur refroidissement apparent un phenomene tres-singulier. Dans le mois de juillet, des laves sur lesquelles on avait march^ la veillfi et qui avaient paru refroidies jusque dans leurs parties les plus profondes, redevinrent incandescentes a leur surface. II parait que ce fait s'est deja presente ; car un ancien auteur, Serao, rendant compte de I'eruption de 1737, avait ^nonc^ ce principe, que les laves ont en elles-memes une cause qui d^veloppe la chaleur et les remet en incandescence lorsqu'elles sont deja compl^tement re- froidies. Cette chaleur est sans doute degagee au moment ou les laves refi oidies subissent une sorte de cristallisation ou de groupe- ment moleculaire nouveau. (La Jin au prockain numdro. ) EXPOSITION UNIVERSELLE. VARIETES. DES BLES DURS d'aUVERGNE ET d'aFRIQUE. Nous avons re^u, il y a quelques semaines, un exeinplaire d'une notice sur le h\6 dur d'Afrique servant a la fabrication des pates frargaises dites pates d'ltalie. Elle est publi^e sans nom d'auteur, et, nous le savons de source certaine, sans aucun concours ni con- sentement, ou aveu de la direction locale ou centrale de I'Algerie, qui s'est empress^e de d^cliner la responsabilite que cette brochure pouvait faire peser sur elle. Elle est tout simpleinentl'oeuvre, ou mieuxl'inspirationd'unfabri- cant de pates de Lyon. Pour donner a ses produits que leur valeur intrinseque place au second rang un m^rite superieur extrinseque, il a voulu sans doute les entourer de la sympathie qu'ont excitee les c^reales de notre si interessante colonic , et se concilier I'appui d'une administration puissante. Nous aurions garde le silence sur ce factum maladroit si I'auteur ne se mettait pas en contradiction ouverte avec les principes et les faits que nous avons developp^s dans notre article sur la fabrication des pates ; s'il n'etait pas a craindre qu'il compromette la grande et belle cause de I'Algerie, qu'il fait sienne dans un interet personnel et avec une outrecuidance extreme. Son but principal est de d^precier les bles et lessemoules d'Auvergne. Quelle mauvaise tactique, et aussi quelle ingratitude! Nous disons d'abord mauvaise tactique. Et , en effet , est-ce que I'Auvergne n'est pas une province fran9aise comme actuellement VAlg^riel Pourquoi voulez-vous que la fille cadette fasse desheriter ses soeurs ainees qui se sont epuisees pour elles ? Voulez-vous done rendre I'Algerie odieuse a la France, I'enrichir aux depens de la France? La quality inferieure des bids durs d'Auvergne fera-t-elle que les bids d'Afrique soient de qualite supdrieure l Cette infe- riority, d'ailleurs, oil la prenez-vous? Est-elle autre chose qu'un reve de votre imagination ou un voeu de votre volonte jalouse? Si nous considerons les bids durs en eux-memes, il y a de beaux bids durs d'Afrique a I'Exposition, nous en convenons facilement , ou plutot nous en sommes fier ; mais il faut etre de mauvaise foi pour ne pas reconnaitre que les flacons de M. Magnin contiennent des bids durs d'Auvergne aussi beaux et aussi lourds , pour ne pas dire plus beaux et plus lourds que les bids durs d'Algdrie. On invoque des analyses chimiques ; mais quelles analyses , et qui nous en prouve I'authenticitd? Ne sont-elles pas faites ou in- COSMOS. '•^^ ventees pour; les besoins dune cause compromise ? Nous lisons. TageUdela brochure, que sur 100 kilogrammes les blesdurs d'Auvergne renferment 18 kilogrammes de son ou petit son, 47 de semoule 35 de farine. Ou a ae faite cette analyse, et par qui? On se gard bien de le dire. Lejury d^partemenU.1 de 1 Auvergne affirme. par 1 organe de M. le comte de Martha-Becker que le. U^s durs d-Auvergn^ sont si riches , et Vmdustnedessemoulesd Au- vergne si perfectionnee, qu'on est parvenu a obtemr jusqu a 60 pour 100 de semoule ! Qui a raison de vous, qui prononcez d apyes ana- lyse problematique d'un chimiste anony.i.e. on de juges d office qui n'o us donnent les resultats d'une fabrication de tous es jours esu^ une^chelle immense? Quand vous comparez ^^^^ ^^^ f ^l^^^.' auxbles deTangarock que vousproclamez en face de 1 Algerie sacri- Se.cettefois.ksmemeursblesderEurope.vousetesplustranchan encore; voyez cependant et jugez vous-meme de la valeur de vos assertions Nous avons, nous, des analyses comparatives des bl^s deTangarocket d'Auvergne; elles ont dte faites a la demande de M. Dumas, alors mimstre de I'agriculture et du commerce da«s le laboratoire et sous le controle de M. Payen, elles sont officiel- lement imprimees dans le Bulletin de la Societe unpenale et cenirale d'Jgricdture, annee 1850, page 447; or, pour ne parler ici que du gluten, nous trouvons le tableau smvant : .... „. X..O.K0C.. 1^^ fanne 17,S3 de gluten ; ^e fadne 16,90 ; ^e fa.ne J6,S9 BLES D ACVERGNE. . 10, Oi Et vous osez ecrire que tandis que les bles durs de la mer Noire contieiment 14 kilog. 550 de gluten les bles durs d Auvergne n en contiennentque lOkUog.955; tandisquilresultejusqualevidence du tableau authentique qui precede que 1 avantage en gluten appar- tient aux bles d'Auvergne. dans le rapport approch6 de 51 a 5J^ II faut d'aiUeurs etre bien ignorant en mat.ere de ble et de ch - niie pour ne pas savoir que le premier venu n est pas apte a met e en evidence la quantite de gluten ou de semoule reell.ment conte- nue dans un froment donne , ou qu'on peut en extraire. C est au contraire, qnant au gluten, une rude besogne qui a souvent m^ en defaut et en emoi les maitres de la science; quant a la semoule c'est un probleme tre.-difficile et qu'une industrie avancee peut seule resoudre avec le temps. Votre chiffre de 47 pour 100 de se- moule pouvait etre vrai il y a quinze ans quand 1 agriculture et 1 art du semoulier n'avaient pas ete amenes. par les efforts ^^^^^'^^^^ ,^^ M. Magnin, a leur ^at de perfection actuel; aujourd hui il ,est corapl^tement faux. 508 COS^IOS. Mais voici un autre document authentique qui suffit a confondre vos assertions gratuites. Nous I'empruntons aux comptes rendus de I'Academie des sciences, seance du 9juillet]855 (meme date a peu pres que votre analyse sans nom de la Sorbonne) ; il est fournijpar M. Isidore Pierre, membre correspondant de I'lnstitut et professeur a la faculte de Caen. D un long tableau, nous extrayons fidelement ce qui suit : BLE nE LA MER NOIRE Rendement en hectolitres. ... 25 5 Rendement en kilogrammes. . 2 053 Azote 39^6 BLE DUE DE RDssiE RendemcDt en hectolitres. ... 22 0 Rendement en kilogrammes. . 1 826 Azote k 40,7 GROS bl£ dur D'ArvERGNE. Rendement en hectolitres, ... 24 0 Rendement en kilogrammes. . 2 028 .; Azote 49 1 Ainsi done en supposant ces trois bles cultiv^s dans un ineme sol, on trouve 1° que le rendement en kilogrammes du h\6 d'Auvergne est a peu pres egal a celui du bl^ de la mer Noire, et tres-superieur a celui du h\6 dur de Russie; 2" que, sous le rapport de I'azote con- tenu dans la recolte, tandis que le h\6 de la mer Noire donne 1,92 pour 100, et le bl^ dur de Russie 2,23 ; le gros ble dur d'Auvergne donne 2,4. Les experiences discutf^es par M. Isidore Pierre prou- veraient done qu'c-n jugeant suivant la regie admise de I'excellence des bles par la quantite d'azote, et paf suite de gluten, les bl^s durs de la mer Noire et de la Russie seraient de beaucoup inftrieurs aux gros bles durs d'Auvergne. Admirons comment tot ou tard la v^fite se fait jour en depit de I'opposition la plus acharn^e. Les analyses de M. Isidore Pierre ont ete faites sur des bles semds etrecoltes en Normandie, celles deMM. Dumas et Payen, inser^es dans les Annales de la Societe (V Agriculture, ont ete faites sur des bles provenant des lieux d'origine, des bords de la mer Noire, de la Russie, de I'Auvergne ; et cependant elles s'accordent pourdonnerla preeminence au bid indigene. Tandis qu'elles n'assignent que 2,528 d'azote aux bles de Tangarock, ellesassignent2,603 d'azote au bid d'Auvergne. M. Dumas, M. Payen et M. Isidore Pierre sont done unanimes a proclamer la verite de cfette assertion d^nonc^e comme exageree quand elle sortait de la bouche de M. Magnin : lesbl^s durs et glaces d'Auvergne, compares aux blesde la mei- Noife et de la Russie, sont les plus pauvres de tous en amidon, les phis riches de tous en gluten. II n'est pas Russe, M. Magnin, mais bffeft COSMOS. kQ9 Fran^ais de coeur, quoique Savoyard, et malgre le refus douloureux Jeslettres de grande naturalisation qu'on sollicitait pour lui naguere encore. Mais admettons, si on le veut absolument, que certains echantil- lons de bles d' Afrique soient plus riches en azote et en gluten que les meilleurs bles d'Auvergne. En resultera-t-il que 1' Algeria I'em- porte des a present sur 1' Auvergne, que I'Auvergne doive etre sa- crifiee et repudi(5e pour faire place a 1' Algeria? Toute comparaison, dit le vieil adage, est odieuse; cette fois la comparaison serait en outre extravagante. E^t-ce qu'il n'y a pas une distance enorme et souvent infranchissable d'un echantillon isole a une production normale, reguliere, toujours semblable a elle-meme, et en quantite qui ne soit Uinitee que par la superficie du sol? L' Auvergne, elle, apresque atteint son age d'or; demandez sur ses marches telle quantite qu'il vous plaira, dans leslimites de sa production, d'un de ses bles choisis par vous sur echantillon, elle vous le livrera parfai- tement conforme. L' Algerie , nous le dirions avec un vif regret, si nousn'etions pas plein d'esperance dans un avenir meilleur et pro- chain , n'est-elle pas encore, par la force des choses, a son age de fer ou d'airain ? Ne la compromettriez-vous pas si vous lui deman- diez par inilliers d'hectolitres des bles conformes aux dchantlUons de son exposition? lis soiit d^ja un tres-beau succes , ces ^chan- tillons si juslement admires; ils prouvent ce que I'on peut obtenir, ce que Ton obtiendra avec I'administration si intelligente et si forte qui la dirige ; mais a la condition que, d'une part, elle ne sera pas compromise par des amis faussement enthousiastes et dangereux , qui, au fond, ne veulent d'elle que son ombre; et quelle trouvera, de 1' autre, son apotre sincere et ardent, son reformateur, son orga- nisateur. son createur comme I'Auvergne a eu le sien. Alors et alors seulement on verra la quantite , la qualitd et la valeur des bles d'Afrique croitre dans une proportion considerable et repondre aux voeux si ardents du Gouvernement. Alors et alors seulement I'Alo-erie deviendra non pas le grenier d'abondance, mais, et c'est deja*^un role magnifique, le seul qu'ellepuisse et doive ambitionner, un des greniers d'abondance et de reserve de notre chere France. Etablir une lutte , une rivalite, voire meme une concurrence entre deux soeurs, ou mieux entre une fille et sa mere, entre un membra et le corps, ce serait un crime abominable ! Que d'autres le cooi- mettent s'ils en ont le triste courage et s'ils I'osent ! Nous ne d^^i- rerons, nous, nous ne provoquerons, nous n'admettrons qu'une cM^e, c'est que la fille et la mere se soutiennent, s'apprecient, ge 410 COSMOS. suppldent. Et en nous restreignaiit dans ces sages limites, qui sont les limites de la nature et de la raison, nous sommes sur de faire acte de bon et intelligent citoyen. Nous n'avons considere jusqu'ici les bl^s durs d' Alger et d'Au- vergne qu'en eux-memes ; force est de les considerer maintenant dans leurs rapports avec la fabrication des pates. Les pates faites avec les bles d'Auvergne ont fait leurs preuves ; celles de M. Ma- gnin ont pu et dii etre proclamees les plus belles du monde. Cette qualification n est plus contredite par personne, pas meme par ceux qui sont le plus iiiteresses a la r^voquer en doute. En voulez-vous la preuve? La Reuista encyclopedica italiana de Turin, livraison de septembre 1855. arrivde hier a Paris, p. 436, reproduit int(5- gralement I'eloge que nous avons fait en ces termes des pates de M. Magnin : .. La nuance blonde de ses semoules, de ses verini- celles, de ses macaronis, de ses lazagnes rappelle celle du ble, dont ils ne sont qu'une transformation habile, sans addition et sans sous- traction aucune. L'homog^neite de la pate se manifeste par une teinte completement uniforme ; sa solidite, par des plis arrondis , sans ecrasements; sa richesse en gluten par une demi-transparence tres-remarquable; sa dessiccation parfaite par la rectitude admira- ble des longs tubes; la perfection du travail par I'egalite absolue dudiametre, 1 'absence de stries, de sillons, de grippements , d'e- raillures. » Elle ajoute ensuite : « Ces louanges, quoique un peu exagerees, par la faute sans doute de la langue fran9aise, qui se prete si merveilleusement a I'exageration, ont un fondement de verite, ET NOUS SOMMES LFS PREMIERS A CONVENIR DU BEL ASPECT DES PATES DU siEUR Magnin. (Qu'il nous soit permis, entre parenthese, de pro- tester centre cet eloge si inattendu octroye a la langue fran9aise. Entre toutes les langues, elle est celle, dit la Revue, qui se prete le plus merveilleusement a I'exageration ! C'est de sa part beaucoup trop de modestie. La langue sonore par excellence , qui s'enfle et se gonfle instinctivement de manifere a remplir les oreilles; dans la- quelle un homme ordinaire se trouve tout a coup aifuble des ^pithetes roiiflantes d'honoratissimo^ celeberrirno , illustrissinw si- gnore ou abbate, est certainement la langue italienne ; et pour notre compte nous succombons deja sous le poids des superlatif dont on a entoure notre humble et prosai'que nom.) Fermons la parenthfese ; et constatons simplementque pour les Italiens memes les pates de M. Magnin sont les plus belles du monde. Apres cet aveu la Revue essaie, il est vrai, de prendre sa revanche. •• Ma il sapore , mais la saveur, s'dcrie-t-elle, des pates d'Auvergne est-elle comparable COSMOS. hll a la saveur des pates de Naples , de Sicile , de Pontadera et de Genes? Nous croyons, nous, que la difference est encore tres- grande ; et que les Apicius et les Lucullus de M, le baron Charles Dupin, pour peu qu'ils voulussent imposer silence a leurs preven- tions patriotiques , seraient de notre avis. Les pates d'Auvergne (entendez bien , messieurs les Lyonnais), quoique immensement su- PERiEURES Aux AUTRES PATES FRANgAisEs ne supporteraicnt pas la cuis- son des pates d'ltalie et ne prendraient pas les memes accroisse- ments de volume. » M. Magnin est si parfaitement convaincu de la superiorite de ses pates sous le rapport de la saveur ou du gout, qu'il appelle a grands oris la comparaison, et sollicite ardemment I'entr^e en franchise absolue de toutes les pates italiennes. Si ses pates cuisentaune temperature beaucoup moins elevde, si la chaleur excessive qu'exige la cuisson des pates de Genes, pr^parees avec des eaux chargees de carbonate alcalin et presque toujours echauffees, nuisait quelque peu aux siennes, il a la naivete de penser et nous sommes de son avis, que c'est un puissant argument en faveur de ses produits. Quant a I'accroissement en volume, il accepte volon- tiers le jugement des fails ou le controle d'une experience facile ; il garantit, lui, pour ses pates un accroissement de volume de 1 a 3, et il defie les meillcures pates italiennes de gonfler phis sans crever. Cette digression n'a eu pour but que de prouver ou constater qu'au l" octobre 1855 les pates de M. Magnin sont non-seulement les plus belles et les meilleures pates de France , mais les plus belles et les meilleures pates du monde. La Revue italienne nous concede la premiere partie de cette proposition; elle est d'accord en cela avec M. Corridi, le savant et zele representant de la Toscane a I'Expositionuniverselle, lequelnepermet qu'aux pates de M. Ma- gnin, de disputer aux pates d'ltalie le premier rang et la plus haute des recompenses. La seconde partie de notre proposition n'est pas moins certaine , et nous osons , avec M. le baron Charles Dupin , la classer au rang des faits definitivement juges et accomplis. Revenons maintenanta Tobjet principal de cette discussion. Les pates de ble d'Afrique que Ton veut substituer aux pates de ble d'Auvergne ont-elles fait leurs preuves de la meme maniere? Peu- vent-elles se proclamer aussi les plus belles et les meilleures pates du monde \ II faudrait avant tout qu'elles existassent et qu'on put nous dire oil nous les trouverons. Nous en avons demand(5 a M. Bouvy, le si honorable et si d^voue directeur de Texposition algerienne. II nous a repondu avec une franchise qui I'honore qu'il n'avait dans sa vitrine que des pates imparfaites et gat^es ; nous 412 COSMOS. les avons goutees, et nousles avons trouvees , eii effet , aiiieres et mauvaises. M. Jean, d'Avignon, et M. Bernard, de Toulon, exposent des macaronis; des vermicelles, des lazagnes faites, disent-ils, unique- ment avec des bids durs d'Afrique, inais leurs pates gont grises et laides , lour aspect est si terne et si terreux qu'elles ne peuvent etre classees que dans un rang tres-inferieur ; et qu'il est presque a regretter qu'elles se soient placdes sous le drapeau de I'Alg^rie. Ou done aller pour la voir glorifiee cette Algi^rie si chere? Chez M. Bertrand, de Lyon , aous crie-t-on. M. Bertrand, de Lyon ! mais quelle confiance pouvons-nous avoir en lui 1 Si nous consultons VAnnuaire du Commerce , de M. Firmin Didot, pour 1855, nous le voyons annoncer avec eclat qu'il va acheter lui- meme des blcs de Sicile et de Tangarock pour confectionner ses pates rivales des pates de Genes et d'ltalie ; mais pas un mot , dans son aunonce , de I'Algerie et de ses Lies; il n'en parle pas plus que si elle n'avait jamais existe. Si nous consultons ses vitrines de I'Exposition , I'Algerie appa- rait en gros caracteres ; mais les faits parlent plus haut que les de- clarations les plus solennelles. Chose etrange ! dans la vitrine piin- cipale de M. Bertrand nous voyons deux series distinctes de pro- duits , macaronis , vermicelles , lazagnes , trenettes. La premiere serie est ddclaree faite avec des bles d'Afrique ; la seconde avec des bids de Tangarock ; et cependant , il y a entre les deux series identity complete et absolue , I'oeil le plus exerce les decla- rerait faites avec les memes semoules. Si elles etaient reellement fabriqut'es avec des bles aussi differents que les bles de Tangarock et de Bone , elles devraient diffcrer au moins par la nuance ; puis- qu'une des conditions essentielles d'une fabrication parfaite est que les pates conservent ou rappellent la couleur des bles et des se- moules qui servent a leur confection. "Voyons, monsieur Bertrand, vous etes avant tout unhonr.ete homme ; dites-nous, la main sur la conscience, si vos pates d'Afrique ne sont pas faites, comme des personnes bien informees nous I'apprennent , avec trois quarts de semoule d'Auvergne premiere qualite et un quart de semoule de ble d'Afrique envoye par vous a Clermont pour etre travaille avec le plus grand soin \ Dans I'autre sdrie le quart de semoule d'Afrique serait remplace par un quart de semoule de bid de Tangarock, et ainsi s'expliquerait tout naturellement I'identite apparente des deux series de produits et leur supdriorite sur les pates de MM. Jean et Bernard. Elles ne sont cependant parfaites encore. COSMOS. h\Z Nous leur reprochons d'etre opaques at ternes. Les macaronis en baguette, trop courts de 10 centimetres , sent en dehors des exi- gences du commerce ; les tubes sont ecrases et dechires dans les courbures, inegalement nuances, signe evident que la pate manque Uti peu de corps, de quality et d'homogdneite. La fabrication et le pliement des noudles laisse a desirer ; les trenettes sont inegales, ray^es , n^gligemment ployees , de teintes variables et comma bis- tr^es. Si nous consultons la brochure ecrite sous la dicti^a de M. Ber- tTand , nous le verrons prendre un nouveau visage , devenir un troisieme homme tres-distinct des deux premiers. II n'est plus Russe, il n'est plus Russo-Algerien, il est Algcrien pur sang, ultra- Algi^rien, plus Algerien que les Algcriens eux-memes. Les bles de Tangarock, il s'est plu souvent a le rept^ter, sont les premiers bles du monde ; lesbl^s d'Auvergne, il a daign^ en convenir, donnent de tres-belles pates; les bles de Naples at de Sicile, qu'il a longtemps etnploy^s, n'ont rien perdu de leur vieille sup^riorite ; mais le mo- ment est venu d'oublier et d'abandonner tous ces bl^s. II faut de toute necessity qua tous les fabricants fran9ais, meme les fabricants d'Auvergne, sous peine d'etre comptcs pour mauvais patriotes, s'engngent a ne fabriquer de pates qu'avec les bles durs d' Alger. II faut que les d^positaires s'unissent pour persuader a leurs clients qu'il n'y a de bonnes pates que les pates de ble d' Alger, et s'enga- gent a ne pas en vendre d'autres. II faut enfin que le Gouvernement lui-meme s'^meuve et ititervienhe aupres des administrations de chemins de fer, pour obtenir que les pates da ble d'Alger soient classees, quant au prix de transport, dans la categorie des bles et des farines. Alger ! Alger ! il n'y a plus d'autre sol producteur de c^reales au monde ! Perissent , s'il la faut , nos nobles et vieilles provinces, mais que notre colonie d'Afrique ne rencontre de con- currence sur aucun marche ! Que ses bl^s durs s'ecoulent sans lutte et I'enrichissent ! Ne resulte-t-il pas, de tout ce qui pr^cfede, qu'en fait d'applica- tion des bl^s d'Alger a la fabrication des pates, M. Bertrand, de Lyon , ne peut pas elt-e considere comme s^rieux et desinteresse , Comme ayant r^olu, compl^tement r^solu le probleme et justifiant d'un succes absolu. Nous faisons d'autant plus nos reserves, qu'il est un fait capital qui donne un dementi solennel a toutes ses pro- testations. M. Bertrand achfete a Clermont des quantit(5s conside- rables de semoules de bl4s durs d'Auvergne, a des prix sup^riaurs de 10 a 14 fr. par 100 kilog. au prix des semoules de bles durs 41/i COSMOS. d'Afrique ; et voila pourqJoi nous avons souleve contre lui I'accu- sation d'ingratitude. Lorsqu'un fabricant se resigne a payer plus cher une matifere premiere speciale, landis qu'il pourrait s'eii procurer d'autres a des prix tres-reJuits , c'est , sans aucun doute , parce qu'il ne peut pas s'en passer ; qu'elle rend son travail meilleur ou plus sur; que, m^- lano-ee a d'autres matieres de qualit^s inf(5rieures, elle les releve ; en un mot, c'est parce qu elle donne des produits de vente plus as- surce el plus lucrative. Dans une lettre ecrite par lui le 28 septembre dernier au Moniteur indnstriel , M. Bertrand a le courage de nous dire qu'il n'achete de semoules de Clermont qu'autaiit que ses clients lui font la com- niande expresse de pates faites avec des bles durs indigenes. Soyez sur qu'il n'a pas ecril celte ridicule etabsurde explication sans en rire lui-meme. II savait parfaitement bien que personne n'y croirait, pas plus qu'a son assertion plus extraordinaire encore, que la grande specialite de sa maison sont les pates fran9aises fabriquees exclu- swevient avec les semoules d'Algerie ; pas plus qu'aux pretentions exorbitantes, contraires aux declarations des Jurys de toutes les Expositions, 1834, 1839, 1844, 1819, 1851, qu'il formule en ces termes : « Ce ne sonl pas les pates d'Auvergne qui nous ont affran- chi de I'importation des pales de Genes et de Naples ; c'est en tra- vaillant d'abord les bles durs exotiques, et aujourd'hui ceux d'Afri- que , que LES FABRicANTs LYONNAis out pu obleuir des produits qui leur ont perniis d'erilrer en concurrence avec I'ltalie ; grace a cette coNQi'ETE LYONNAisE, la France consomme des pates d'llalie faites en France. » Nous sommes reellement confondu de tant d'aplorab, et nous comprenons que M. Magnin s'indigne a la seule pensee qu'on placera, ce qui est impossible, sur le meme rang que lui, un homnie qui est plulot negociant que vermicellier de profession ; qui n'a commence a perfeclionner un peu sa fabrication qu'en 1849; qui, avanl 1855, n'avait pas expose, et qui ose donner un dementi in- croyable a ces solennelles paroles de I'lUustre president de la Cora- mission fran^aise de I'Exposition universelle de Londres : " l'au- VERGNE , AVEC SA FABRIQUE DE CLERMONT ET SES BEAUX BLES DE LA LIMAGNE, A COMPLETEMENT REMPLACE LES DEUX-SICILES. " La Societ^ d'encouragement I'a proclame bien haut; c'est I'Auvergne, c'est Clermont, et non pas Lyon qui a vaincu I'ltalie, ou qui lui dispute le premier rang; aussi, coinme nous le disions au debut de cet article, les nobles reprosentants de I'llaliene consentent-ils a compter qu'a- vec M. Magnin. COSMOS. 415 Une derniere observation de M. Bertrand nous ramenera au but principal de ce long article : <• En ce moment, dit-il, les fabricants de Clermont, qui pronent avec tant d'acharnement les bles d'Au- vergne, achetent eux-memes a Marseille desbles durs d'Alg^rie.... ils demandent a Marseille des semoules en masse. » C'est une bien lourde maladresse que cette denonciation irreflechie. De la part de M. Bertrand, acheter 10 ou 14 fr. plus cher les semoules d'Au- vergne , c'est, bon gr^, malgr^, reconnaitre leur sup(^riorite. Les fabricants de Clermont , au contraire , en achetant 10 ou 14 fr. moins cher les bles et les semoules d'Afrique , ne font evidemment aucun aveu d'inferiorite. Leur sol n'est pas indefini ; leur produc- tion n'est pas illimitee ; leurs moyens de fabrication sont assez puis- sants pour qu'ils soient en mesure de traiter d'autres bles et d'au- tres semoules que les leurs ; en outre des pates de premiere qua- lite , le commerce exige des qualitds inferieures et moins cheres qu'ils obtiendront sans peine du melange des semoules moins bonnes, mais moins couteuses d'Afrique avec leurs excellentes semoules. Qaoi de plus naturel, par consequent, que ces achats dont on vou- drait faire une arme centre eux ! Nous applaudissons , nous, a ces achats, nous y voyons le signal d'un progrfes que nous appelions des vceux les plus ardents. C'est I'Auvergne, c'est Clermont, et non pas Lyon, qui emanci- pera I'Algerie agricole ; qui relevera ses bles de la depreciation qu'ils subissent encore sur les marches ; qui les amfenera a ne plus etre vendus au-dessous des cours. Avec sa main-d'ceuvre si abon- dante et si economique ; avec ses innombrables cours d'eau ; avec ses eaux si pures et si excellentes pour la fabrication, I'Auvergne est naturellement appelee a approvisionner la France entiere de se- moules. Elle pent travailler dix fois plus de bl^ que son sol ne peut en produire. Les bles durs d'Afrique , quand la voie de fer qui aplanit ses montagnes sera terminee , viendront directement du port de Cette s'ajouter a ses bles durs, et I'^norme difference de prix de 10 ou 14 fr. par 100 kilog. finira certainement par disparaitre. Mais que I'administration de I'Algerie ne se fasse pas illusion, ce bienheureux progres ne s'accomplira pas sans quelle prenne de g^nereuses determinations. II faut absolument qu'elle fasse appel a des hommes speciaux, et qu'elle mette a leur disposition des moyens d'action tres-puissants. lis iront d'abord organiser et am^- liorer sur les lieux la production des bles par le renouvellement et le choix des semences, par une meilleure preparation du sol, par des soins nouveaux apportes a la recolte et aux emmagasineuients. 416 COSMOS. lis etudieront ensuite, et ce n'est pas une question aussi facile qu'on Je pense, les moyeiis de dcfendre les bl^s dans leur transport par mer du mauvais gout ou de I'alteration qu'ils contractent presque toujours; ils chercheront les modifications qu'il faut apporter aux proedd^s de mouture pour extraire de ces nouveaux bles durs, encore trfes-imparfaitement connus, la plus grande quanlite possible de se- moule; ilsprocederont, enfin, aux experiences tres-difficiles ettrfes- longues peut-etre, ni^cessaires pour arriver a transformer d'une ma- ni^re certaine et economiqueces bles en pates de premiere qualite. Voila I'unique voie a suivre, et nous conjurons instamment Son Excellence le mar^chal Vaillant et le general Daumas de pren- dre en consideration nos humbles conseils. Nous sommes di^voud al'Algerieen qui reposent pour la France de brillantes esperances d avenir; nous comprenons mieux peut-etre que personne I'impor- tance de cette si precieuse colonie achetee d'ailleurs si cher; et, I'un denos desirs les plus ardents est de haler son Emancipation , c'est- a-dire le jour bienheureux ou elle rendra largement ce qu'on lui a prete. Ses bles seront certainement sa principale richesse, et au premier rang de ses bles nous pla^ons ses bles durs. On pourra es- sayer, comme on le tente acluellement, de les faire entrer dans la fabrication du pain et de les faire accepter pour I'alimentation des grandes villes. Msis nous craignons beaucoup qu'on ne reussisse pas. Nous I'avons d^ja dit ailleurs, la veritable destination des bles durs est leur transformation en semoule et la fabrication des pates. L'homme naturellement appele a seconder I'administration cen- trale de I'Algerie dans I'accomplissement de ses voeux, neserait-il pas celui qui en Auvergne a deja opEre une ri^volution semblable et bienheureuse? Quand M. Magnin a devinE les excellentes quali- tes des bles rouges de la Limagne, ils etaient bien plus inconnus encore que les blEs d'Afrique; on les cultivait parce qu'ils t^taient 6minemment appropries au sol, qu'ils etaient en quelque sorte son produit naturel ; maisils avaient \\r\e valeur tres-infeneure, et per- sonne n'avait pensE qu'ils pussent echapper a la depreciation qu'ils subissaient sur les marches. L'etonnement a et6 universel, quand, transformes en pates les plus belles du monde, ils ont pris tout a coup le premier rang, et que leur valeur a depasse celle des blEs tendres, les plus estimes jusque-la. Si le Jury de I'Exposition de 1855 lui rend enfin justice et lui accorde genereusement la recompense qu'il a merit^e ; si on ne I'humilie pas en mettant au meme niveau une concurrence qui au fond n'est pas sErieuse et qui n'a pu briller un instant que d'un i COSMOS. 617 ^clat emprunt^, M. Magnin est tout pret a offrir ses services au Gouvernement pour faire disparaitre a son tour cette difference douloureuse de 10 a 14 francs par 100 kilog. entre les semoules d'Afrique et les semoules d'Auvergne. Ce serait un progres im- mense, et dont la France profiterait seule. Nous ferons bientot peut-etre le calcul exact de I'accroissement de revenu qu'on reali- serait en concentrant dans I'Auvergne la fabrication des semoules desbles durs de toute provenance, de la mer Noire, de I'Algerie, de la Limagne, etc., etc. En constituant cette province privilegi^e en centre d'approvisionnement de toutes les fabriques de pates repandues sur les divers points du territoire ; en abaissant par la meme le prix de ces pates et les faisant entrer de plus en plus dans les habitudes des populations, dans le regime d'alimentation des ar- mies de terre et de mer. Nous n'exag^rons rien en 4valuant a I'avance a plusieurs centaines de millions cet accroissement de re- venu. F. MoiGNO. LES CIEUX OUVERTS. COSMOGKAPHE OU OBSERVATOIRE POPULAIRE DE M. F. OUVIERE DE MARSEILLE. "VIH^ Classc, 3* Section, Jardin ilu Panorama. Dans le jardin du Panorama, tres-pres du treillage qui le separe du Cours la Reine, nous avions vusouvent sans le regarder un appareil unique en son genre, et quelquepeu semblable a une sphere armillaire geante. Sur un piedestal carre, entoure d'une grille, se dresse une colonne plate a formes angulaires curvilignes, dans laquelle est en- castr^ un grand cercle, arme a I'exterieur de cinq pointes, a I'intd- rieur de quatre pointes aigues, traverse suivant un diametre oblique par une longue verge quadrangulaire qui le d^borde des deux cotes, sur lequel enfin s'iraplante, perpendiculairement a son plan et a la verge quadrangulaire, un second grand cercle de meme diametre. Nous avions compris qu'il s'agissait d'un appareil astronomique, mais nous ^tions loin d'en comprendre la port^e,'et surtout de penser que nous nous trouvions face a face avec une de ces idees simples, grandes , utiles , fecondes , pour lesquelles on se passionne et qui vous font apotre bon gre, malgre. Nous avions done passe et repass6 devant ce curieux monument sans autre impression que celle qui r^sulte d'un ensemble de proportions grandioses et symdtriques ; nous trouvions ce groupe pittoresque et elegant, nous sentions que ft 18 COSMOS. nous aurions plaisir a. le retrouver souvent, dans une vasle cour, sur une place publique, au centre d'une belle pelouse de verdure, ou sur la terrasjie d'un chateau; nous I'aiinions, en un mot, alors qu'il ne parlait qu'a notre regard; mais nous I'aimons cent fois plus depuis qu'il s'est revele a notre esprit , et nous sommes siar de le faire aimer aussi de nos lecteurs. Son auteur, M. F. Ouviere, ancien ing^nieur des ponts et chaus- sdes, chevalier de I'ordre de St-Ferdinand d'Espagne, est un de ces Marseillais pur sang, au teint brun, aux cheveuxd'ebene, a I'ceil bril- lant commeun diamant noir, a la parole accentiiee et ardente, aux convictions enthousiastes , pres desquels I'homme des latitudes ^le- v^es eprouve, au premier abord, une impression douloureuse que nous ne pouvons comparer qu'a celles dun bloc de glace vivant, plac^ en presence d'un foyer brulant qui s'obstine a le fondre mal- gre lui , mais qui finissent toujours par vous ^chauffer agreablement et vous faire vibrer sympathiquement a leur unisson ou a leur dia- pason, quelque aigre qu'il vous ait semble au debut. Vous donner, chers lecteurs, le signalement de M. Ouviere, n'est-ce pas, en rea- lity, vous proposer une enigme indechiffrable , car comment com- prendre que cette nature de feu ait pu se prendre d'amour pour deux cercles et une ligne droite? C'est que cette ligne droite est I'axe des mondes infinis, que ces deux cercles vont se perdre dans les spheres etoilees, que ce prosa'ique assemblage est plein de la plus sublime des podsies, de la poesie des cieux. M. Ouviere nous cherchait depuis assez longtemps , et il n'apprit que tard que nous avions un ami commun. Courir chez cet ami , le presser de voler presde nous, i'obliger a nous faire violence, s'il le fallait, poiir ac- cepter I'initiation qu'il voulait nous imposer, accourir a son tour quand il nous sut ebranle, faire jaillir le feu des pieds d'un cheval rapide, tout cela fut a peine I'affaire d'une heure. Nous arrivons, nous pen^trons dansl'eldgant jardin , son front s'lllumiiie, son vi- sage s'epanouit, ses yeux etincfelent, il jette un regard ineffable sur I'oeuvre de sa vie, sa voix vibrante nous crie : le voila! Breton au coeur chaud, mais a la tete refroidie par les vents d'ouest, nous fumes dabord trfes-embarrasse de cet elan meridional. La pensee qu'on ne se passionne ainsi que pour la verite, nous r^- chauffa quelque peu, et nous approchames, et nos yeux lurent sur le soubassement ces mots sacramentels : " CosMOGRAPHE, observatoire vraiment populaire, orientateur fixe et precis des lignes, des plans et des mouvements celestes, pour un point donn^ quelconque de la sphere terrestre, constamment et COSMOS. il9 facilement accessible de jour et de nuit a tons les observateurs. - Cette inscription pittoresque et originale comma le monument , enthousiaste et chaude comma I'auteur , na nous deplut point. Elle nous seduisit au contraire en nous apprenant , a nous qui avons pass^ notre vie a vulgariser la science, que ce gracieux monument avait pour but unique d'initier les masses aux secrets des cieux, de donner a Thomma du monde, a riiomma du peuple, a nos chers ouvriers , si heureux quand nous les entrainons dans nos courses vagabondes a travers I'espace , des moyens facilas et siirs d'observations nombreusas et pleines d'interet. II ne nous restait plus qu'a verifier par nous-meme si M. Ouviere avait veri- tablement attaint son noble but. Or, apres I'examen le plus s^rieux nous declarons hautement qu il I'a attaint, bien au dala da ca que nous aurions pu imaginer, que son idea est excellenta de tous points, que son appareil est admirablement combine; qu'avec une sagesse d'autant plus dtonnanta qu'elle s'associe a une imagination volca- nique il a su la limiter a ses organes essentiels. Ce que le cosmo- graphe montre et ce qu'il apprend dans son extreme simplicite est incroyabla : si nous pouvions vous le dire en detail, debout avec vous pres da lui , nous vous ferions faira le cours d'astronomie le plus attrayant qui fut jamais; et vous seriez ^merveille a votre tour, et vous vous uniriez a nous dans une active propagande, et vous n'au- riez pas de repos tant qua le cosmographe , proclam^ monument d'utilite publique, n'aurait pas pris partout droit de cite. Suivez un instant notre description rapide, et voyez si nous avons exager^. Que M. Ouviere nous permette d'abord, en notre qualite de pretre de la science, en meme temps que pretre de Dieu, de bapti- ser solennellement son appareil, qu'il n'a pu et dii, lui, qu'ondoyer. Nous repoussons le nom da cosmographe, parca qu'il ne s'agit ici ni du monde, xo(7fj.o?, ni de description, ypatpta, et nous I'appellerons URANoscoPE, oupavo?, ciel ; cTxoTTcw, je vols, parce que son objet est de nous faire voir le ciel. C'est done I'uranoscope, observatoire popu- laire, ou obsarvatoira-omnibus, qui est represents dans la figure ci-jointe, et que nous allons decrire , ou mieux qui va sa decrire, car tout en lui parle, dans I'air comme sur le papier. Surla loiigue verge vous lisez : axe du monde ; en haut, polenord; en bas, pole sud. C'est qu'en effet, dans Tinstrument en place, cette lio^ne vous indique rigoureusement la direction de I'axe du monde, de la ligne des poles nord et sud, autour de laquelle la terre, comme on le croyait depuis longtemps, comme on I'avait suffisamment prouvc par des analogies irresistibles, comme M. Foucault Ta deniontre ft20 COSMOS. directement et invinciblement , execute son mouvement diurne. Si, quand les etoiles brillent au firmament, vous appliqucz votre ceil le long de I'axe de I'uranoscops, il rencontrera tout aussitot raoile appel^e polaire, I'amie et le guide fidele du voyageur et du marin.touj ours visible, presqu'au meme point de I'espace, pendant que I'armee des cieux tourne en silence et avec une imposante majestd autour de son immobility myst^rieuse. Surle grand cercle incline vers I'liorizon et dont le plan est per- COSMOS. 421 pendiculaire a I'axe du monde, on lit plan de l'equateur celeste, parce qu'indefiniment prolong^ par I'oeil qui, en se depla9ant, rase sans cesse sa surface, il va dessiner sur la voute des cieux le veritable equateur celeste, qui partage la grande sphere des mondes en deux hemispheres, I'un boreal , du cote du pole nord, I'autre austral, du cote du pole sud. Lorsque le soleil, comme nous le di- rons tout a I'heure , a certains jours de I'ann^e, ne sort pas de l'equa- teur ou d^crit l'equateur dans sa marche diurne, la longueur du jour est ^gale a la longueur de la nuit : le soleil, aussi, est tantot toujours au-dessus, tantot toujours au-dessous de ce plan, six mois au-des- sus, six niois au-dessous ; s'abaissant autant au-dessous qu'il s'etait ^leve au-dessus ; sous quelque rapport qu'on I'envisage, l'equateur est done le plan des egalites, et c'est de la que lui est venu son nom. Le grand cercle vertical qui passe par I'axe du monde , et dont le plan , par consequent , est perpendiculaire au plan de l'equateur, est le PLAN DU MERiDiEN du lieu de I'observation ; il est en effet midi, meridies, quand le soleil, apres avoir monte sans cesse au- dessus de I'horizon, atteint dans ce plan sa plus grande hauteur, et commence a redescendre. Si Ton appele jour en general, etc' est I'acception vulgaire du mot jour, le temps qui s'ecoule entre le lever et le coucher d'un astre quelconque, c'est- a-dire entre le mo- ment de son apparition au-dessus de I'horizon et le moment de sa disparition au-dessous de I'horizon , et midi la moiti^ de ce temps ou le milieu du jour ; tous les astres, quels qu'ils soient,, atteignent leur midi et arrivent au point culminant de leur course dans le plan du meridien. En appelant de meme nuit le temps qui s'ecoule entre le coucher d'un astre et son lever, et minuit la moitie de ce temps, tous les astres, quels qu'ils soient, atteignent leur minuit et arrivent au point le plus bas de leur course dans ce meme plan du meridien, qui divise par la meme en deux parties egales le jour et la nuit de tous les astres du firmament. Le plan meridien de luranoscope est arme int^rieurement et ex- t4rieurement de pointes qut convergent toutes au centre, et sont en realite les extremites oules prolongements de rayons ou diametres; chacune de ces pointes a son nom et nous allons les passer en re- vue. Sur celle du haut, qui est sur le prolongement de la verticale du lieu, de la ligne perpendiculaire a la surface des eaux tranquilles, ou de la direction du fil a plomb, on lit, sur une de ses faces, ze- nith , prolongde elle indique en effet dans le ciel le zenith du lieu ; sur une autre face on lit paris ou plus g^neraleraent le nom du lieu d'installation de I'uranoscope. Dans cette meme verticale, en bas 422 COSMOS. sur le pied de Tappareil, \me autre points qui n'est que dessin^e, porta le mot nadir. Sur les deux pointes exterieures, a droits et a gauche du zenith, on lit CANCER ; elles indiquent les points oil le soleil , cense situ^ dans la constellation du Cancer, arrive dans le plan du meridien le jour de sa plus grande hauteur au-dessus de I'^quateur ou de sa plus grande declinaison bor^ale. Les deux pointes placees sym^tri- quement, ou a la meme distance en dessous de I'equateur, portent le mot CAPRicoRNE ; elles sont de meme les points oil le soleil , cense t^itu^ dans la constellation du Capricorne, arrive dans le plan du meridien au jour de son plus grand abaissement au- dessous ds I'equateur, ou de sa plus grande declinaison australe. Nous dirons ici , une fois pour toutes , qu'on appelle declinaison la distance d'un astre quelconque a I'equateur, mesuree par un arc du me- ridien , exprimee en degr^s du meridien ; et que la declinai- son est boreale si I'astre est au-dessus de I'equateur ou du cot^ du pole nord ; australe s'il est au-dessous de I'equateur ou du cote du pole sud. Les deux pointes Cancer et Capricorne, dont les extreinites regardent le ciel, iraient, prolong^es, marcjuer surla vouie des cieux les points appeles solstice d'ete et solstice d'hiver. La distance angulaire entre ces quatre pointes et I'equateur, me- suree en degres du meridien , est de 23° 27' 30", maximum de I'incliiiaison boreale ou australe du soleil. Les deux pointes de cha- que cote sont separees par un arc de cercle divis^ en degres, avec 0 en son milieu, en son point de rencontre avec I'equateur, et 23» 27' 30" a ses deux extr^mit^s. Au-dessus et au-dessous de I'axe du monde , du cot^ du pole nord et du cote du pole sud, on voit implantdes sur le meridien deux pointes dirigees vers le centre , et qui font , avec I'axe du monde, ce meme angle 23" 27' 30", angle que fait aussi , avec le plan de roquateu'-, le plan de reciiptiijue ou de I'orbite plane que la terre decrit autour du soleil. Le regard dirige du centre de I'ura- noscope le long des deux pointes interieures, au-dessus et au-des- sous du pole not d, va percer le ciel en deux points du cercle polaire, dont le centre et le rayon sont determines par I'intersection de la ligne q li joint ces deux points avec I'axe du monde. M. Ouviere, qui a ])pnse a tout, a voulu que ce meme cercle polaire fiii aussi, comuie re [uateur et le meridien, dessine integralement dans le ciel, et il atteiiil ce but par une disposition aussi simple qu'ingenieuse : II a donne a la verge qui represente I'axe du monde, et au dia- metre iiuerieur de I'anneau qui represente I'equateur, des dimen- COSMOS. ft23 sions ou longueurs telles que Toeil qui , place a I'extr^mit^ de la verge, effleure du regard les bords int^rieurs du cercle. circonscrive exactement dans ce ciel le ineine cercle polaire boreal ; ce qui re- vient a dire que la ligne qui va de I'extremite de I'axe au point marqu^ 0, intersection du cercle meridien avec I'equateur, est exactement parallMe au rayon mene du centre par la ligne mediane de la pointe interieure situee du meme cot^ de I'axe. Ce que nous venons de dire du cercle polaire bordal s'etend de soi-meme au cercle polaire austral , determine par les deux pointes int(^rieures situ^es au-dessus et au-dessous de I'axe du monde, du cote du pole sud. L'horizon, tout le monde le sait, est le grand cercle que dessine- rait dans le ciel le plan mene par le centre de I'uranoscope, perpen- diculairement a la verticale du lieu ou a la ligne zenith-nadir. M. Ouviere, pour d'excellentes raisons, n'a pas voulu que l'horizon fut, comme I'equateur et le meridien, represent(§ par un cercle ma- teriel ; il s'est contente de marquer par des traits noirs les lignes suivant lesquelles il couperait les cercles de I't^quateur et du meri- dien ; ces traces suffisent parfaitement pour que I'oei], aussi sou- vent qu'il sera n^cessaire, retrouve et voie le plan de l'horizon, qui joue un role important dans un grand nombre de phenomenes. Nos lecteurs connaissent maintenant aussi bien que nous I'ura- noscope, ses divers organes , leurs noms, leur signification ou leurs fonctions ; il nous reste a leur montrer comment ce bel appareil constitne a lui seul un observatoiie populaire complet, en enume- rant rapidement les nombreux et importants phenomenes qu'il per- met de constater et de suivre dans toutes leurs phases , avec une facilite v^ritablement merveilleuse. Admettons d'abord , pour fixer les idees , que I'uranoscope est installe a Paris, dans le jardin du Luxembourg, de telle sorte que la trace de son plan meridien sur l'horizon ou la ligne suivant la- quelle ce plan prolong^ couperait l'horizon, coincide avec la ligne meridienne qui traverse dans toute sa longueur, du sud au nord, la grande salle de I'Observatoire ; le plan meridien de I'uranoscope sera alo:s le plan du meridien de Paris ou du premier meridien, a partir duquel on compte les longitudes des divers lieux. Ces longi- tudes orientales pour les lieux situes vers la gauche quand on re- garde le pole, occidentales pour les lieux situes vers la droite, ne sont en realite que les angles que font, avec le premier meridien, des plans men^s par le centre de I'uranoscope , parallelement aux meridiens des divers lieux, et qui sont mesur^s en degres de I'equa- teur terrestre. Si, dans cette premiere installation de I'uranoscope, hik COSMOS. nous mesurons Tangle que I'axe du monde fait avec I'horizon, nous le trouverons egal a 48" 30' 14" ; cest aussi rangle que Ja verti- cale ou la ligne zenith-nadir fait avec la ligne d'intersection de r^quateur avec le plan meridien, c'estla latitude de Paris. La latitude d'un lieu, en general, est Tangle que Taxe du monde fait avec Thorizon du lieu, ou Tangle de la verticale du lieu avec la trace de Tequateur sur le meridien , angle nieriure sur le meridien et exprime en degres du meridien, comme la longitude est me- surde sur T(5quateur et exprimee en degres de Tequateur. L'angle de la verticale du lieu avec Taxe du monde est le complement de sa latitude , ou ce qu'il faut ajouter a la latitude pour former un quart de cercle ou 90 degres ; cet angle au jardin du Luxembourg serait 41° 9' 40" . F. Moigno. {^La fill au prochain numero.) Nous nous rendons tres-volontiers au vceu de M. le baron Espiard de Colonge, en inserant la reclamation suivante : « Je viens de lire dans le Cosmos , numero du 4 septembre eourant, un article de M. Jobard, ayant pour titre : lExplorateur sous-marin ; Tun de ses paragraphes est ainsi con^u: « On peut voir sur la Seine un premier specimen de cette idee, « execute par M. le baron Espiard de Colonge pour la Society « d'exploration du lit des rivieres riches en epaves, telles que la « Seine, le Tibre, TEaphrate, etc. » « Je ne connais pas cette Societe qui, je crois, n'existe pas, et je n'ai point execute Tidee de M. Jobard, mais j'ai fait construire sur la Seine une machine de mon invention , brevetee en France des le 24 septembre 1853, et aussi depuis en Angleterre. Cette machine a pour but aussi bien Texploration du sol sous-marin que celle du lit des rivieres. Ma machine , tres-simple , peut descendre dans les plus grandes profondeurs et peut parcourir les mers, tou- jours a flot et portde par les eaux, au moyen d'un systeme de contre- poids la faisant descendre et monter a volonte. -- Nous assisterons bientot a Tune des experiences de M. de Co- longe, et nous en rendrons compte avec bonheur. A. TRAMELAY, proprictaire-gerant. Paris. — Imprimerie de W. Remqdet et Cie, rue Garanciere, 5. T. VII. 12 OCTOBRE 1855. QUATRlfeME ANNBE. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. MM. Vachon pere et fils, dontnous aurions deja d^crit depuis longtemps les excellents appareils, si un inalentendu ne nous avait pas empeche d'assister aux experiences dont il? ont ^te I'objet, mais auxquels nous rendrons bientot justice, viennent de donner un bel exemple de patriotisme. M. Moll, professeur au Conservatoire, ^crit a M. Delamarre, directeur de la Patrie, en date du 4 octobre dernier : " Vous connaissez I'ing^nieux trieur de MM. Vachon. Vous sa- vez que cet appareil, ^tabli sur un principe tout nouveau , fait ce que nulle autre machine ne peut faire , c'est-a-dire separe du ble des graines qui ont la meme densite et le meme diametre transver- sal que le ble. Vous avez vu, a I'Exposition, leur nettoyage rural, reunissant ventilateur, sas, crible a leur trieur, et fonnant ainsi, sous un volume restreint et a un prix mod^re, la machine agricole la plus complete qui existe aujourd'hui pour le nettoyage des grains. Vous apprecierez done la valeur de I'acte spontan^ de MM. Vachon. " Permettez-moi seulement d'ajouter ce fait : en voyant ce qui se passait dans ma propre exploitation, avant que je ii'eusse un trieur Vachon, et ce qui se passe dans les frines que je connais, je crois etre plutot au-dessous qu'au-dessus de la verite en n'evaluant qu'a deux millions d'hectolitres la quantity de ble et de seigle qui, chaqueannee, faute de moyens efficaces de nettoyage, reste dans les dechets, et qu'on n'utilise qu'en les donnant a la volaille et aux pores. » Voici la lettre de MM. Vachon : " Desirant autant qu'il est en notre pouvodr de venir en aide aux efforts intelligents que fait le gouvernement pour conjurer la crise alimentaire , nous venons apporter a cette importante question du pain a meilleur marche possible, le faible tribut de notre concours. " Vous connaissez le trieur des grains dont nous sommes inven- teurs , et mieux que persoiino, vous qui I'avez toujours patronn^, vous savez si cette machine rend des services reels a ragricultuie. J 426 COSMOS. " Le brevet en vertu duquel nous avons seuls le droit d'exploiter cette docouverte, nous garantit iiotre privilege jusqu'en 18G1, soit pendant six ans encore; et tout le monde sail que les dernieres an- nees de I'exploitation d'un privilt^ge sont ordinaireinent les plus fructueuses. Eh bien I nous n'hesitons pas a faire le sacrifice de no- ire brevet, qua dater de ce jour nous abandonnons au domaine public. " Si cette concession a pour resultat, comnie nous I'esperons, de g^neraliser et d'^tendre I'emploi de cette machine, qui, dans les annees de cherte surtout, rend de si granils services en permettant de tirer parti de tous les dechets, et d'appliquer a 1 'alimentation de I'homme des resultats qui, sans son emploi, ne peuvent etre utilises qu'a la nourriture des animaux , nous croirons avoir rendu un veri- table service a notre pays. » — M. Boutigny d'Evreux pense, avec raison peut-etre, qu'une experience curieuse, faite par lui, il y une douzaine d'annt^es, et qu'il a publiee dans le petit livre qui a pour titre : Nouvelle branche de physique ou Eiiide sur les corps a letat spheroidal, 1847, p. 87, n'est pas sans analogic avec le phenomene r^cemment observe de la reincandescence des laves, dont nous parlions dans notreavant-derniere livraison . " 69'' experience. — On fait rougir I'espfece de creuset qui a « servi pour la 11" experience et qui a etd decrit dans la 10^; on le « retire du feu et on le nettoye avec soin, puis on y verse de I'eau " distillee qui passe a I'etat spheroidal ; elle est agitee par le mou- « vemeiit tumultueux que nous avons deja signal^ a I'attention des « observatcurs (I'i®, 40" et 50° experiences). On continue a verser « de I'eau jusqu'a ce que le creuset soit mouille et que I'eliullition n soit bien prononcee; on en verse encore; il arrive enfin un mo- u ment ou tout signe d'ebullition cesse : alors la temperature de « I'eau peut etre tres-inferieure a celle de son ebullition. Mais ce « calme, cet etat stationnaire ne dure qu'un instant, et I'eau bout « de nouveau avec beaucoup de force et disparait rapidement. Une t minute apres, si Ton fait tomber quelques gouttes d'eau dans le " creuset, elles passent a I'etat spheroidal. « II y a dans cette experience, comme dans quelques autres » (24®, 25® et 63*), un element nouveau pour la geologic. Nous « verrons, dans la troisieme partie de cet ouvrage, cet element jouer - un role inqiorlant a la surface du globe. " — M. Hermann Goldschmidt, peintre d'histoire, nous ccrit en date du 8 octobre : COSMOS. ^27 ' « J'ai I'honneur devous faire part tie la decouverte d'une nou- velle planete , que j'ai faite dans la soiree du 5 octobre. Les pciii- tions approchees sont : 5 Oct.. 8^ 0" temps moyen, M 2^'' 1'" 19' — 7° 48' 9" 6 _ 7 55 — m 23 0 26 — 7 40 1 7 __ 7 30 — iR 22 59 34—7 33 .. Elle ressemble a une i^toile de 11* a 12' grandeur, et son incli- naison est considerable. Ce soir , 8 octobre , 7 heures 15 minutes , comparee a I'etoile de Lalande n** 45 120; la position est ^ 22 h. 58 m. 42 s. « Cette petite planete , qui n'a pas encore re^u de nom , est la 3 6 du groupe compris entre Mars et Jupiter; la troisieme decouverte par M. Goldschmidt , avec son si faible instrument dont sa perseve- rance centuple les forces. — Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. Magendie. L'illustre physiologiste s'est ^eint avant-hier, dimanche , le jour meme oil il accomplissait sa soixante-douzieme annee , apie.s une longue et douloureuse maladie du coeur qui , depuis plusieurs mois , n'etait qu'une lente et cruelle agonie. M. Magendie est mort a sa rnaison de campagne , a Saunois. — A I'occasion des deux accidents suivenus en Amerique et en France sur les chemins de fer, et qui ont coiite ia vie a lant de personnes, M. Du Moncel rappelle combien auraitete efficacedans ces circonstances, I'emploi de son systeme de moniteur electrii]ue dont il entretient le public depuis plus de deux ans. Son systeme n'est pas une conception theorique ; un modele de grande dimen- sion figure a I'Exposition, et tous les easy sont prevus. 11 rappelle encore que pendant quatre ans il a fait tout son possible aupres des ing^nieurs de Cherbourg pour leur faire employer, dans les travaux du port, son procede d'inflammation des mines par I'elec- tricite. Depuis les premieres experiences qui ont eu lieu il y a un an, on a fait qualre nouveaux essais qui ont tous eu la mtinc reussite. Cependant on lui avail positivement dit que ce syslemn n'etait qu'un reve de physicien (sic). M. Du Mnncel ne demande qu'une chose, c'est qu'on le mette en demeure de prouver ce qu'il avance. ACADl^ffllE DES SCIENCES. SEANCE DU 1"' OCTOERE. Des reparations urgpntes de ma^onnerie a faire aux parois d'un des grands reservoirs de Marly , ou avaient et(3 plac^es les silures rapport(5s d'AHcmagne par M. Valenciennes, ont force a le vider. Pr^venu par I'architecte, M. Seguy, le savant professeur est ac- courn ce s^ont ses propres expressions, revoir les chers poissons qu'il avail fait prendre et qu'il n'avait pas touches depuisquatre ans. II les a trouves beaucoup grossis etsensiblenient engraissds.Le plus gros, qui pesait 9 kilos 500, pese aujourd'hui 11 kilos.Sa longueur est 1 :netre 21, sa circonference de 52 centimetres. Toutes les per- sonnes presentes affirment que la force et I'activite de ces poissons etaieiit des plus grandes. S'ils n'ont pas fraye, ajoute M. Valen- ciennes, c'est sans aucun doute a cause de la profondeur enorme des eaux du bassin; presque tous les poissons deposent leur frai sur des fonds de sable et de gravier peu profonds; la lumiere et la chaleur sont des conditions essentielles pour vivifier leurs ceufs. Si Ton ne prend pas des mesures convenables pour mettre ces pois- sons dans des eaux oil Ton puisse etablir des frayeres et amener leur reproduction, cetle experience sera perdue ; elle a cependant cout^ bien cher. M. L^on Dufour, a I'occasion du rapport de M. le inarechal Vaillant, rappelle un precede simple et economique pour conserver les cer^ales et les preserver des charan9ons, de I'alucite et de tout d^chet; ce procede doit inspirer d'autant plus de confiance qu'il est auio'U'd'hui a sa vingtieme annee d'un succes complet et jamais dementi. II cnnsiste a placer immediatement apres la recolte le grain net et sec dans des tonneaux dont le disque superieur d^fonce est remplace par un couvercle bien adapte et press6 simplement par une o-rossp pierre. Ces tonneaux sont places debout en series le long des murs d'un grenier maintenu obscur par la fermeture des con- treveiits ; I'air, dit le savant anatomiste, est le vehicule de beaucoup d'ageiits'de destruction, et la lumiere developpe bien des germes nuisililes. Le grain en tonneau n'a jamais offertniun charangon, m une alucitp ; il ne s'est jamais echauflfe, il se conserve propre, bril- lant, d'un bon teint, excellent pour I'alimentation et la semence. Les marchands de ble I'ont toujours prefere a tout autre. M. Guerin Menneville lit une note sur le ver a soie tussah, introduit du Bengale en Europe grace au zele de M. Perrotet, di- recteur du jardin botanique de Pondichery. Ce ver est la chenille COSMOS. ^29 du Bombyx mjlitta de Fabricius. Les ceufs du premier papillon femelle fdconde en France sont eclos le 15 aout ; les vera, nourris avec des feuilles de chene, se sont magnifiquement developpds. La jeune chenille, en sortant de I'oeuf, fait son premier repas avec la coquememe de cet ceuf ; elle est alors d'un beau jaune orange avec decourtes stries noires sur les anneaux, avec des points noirs sur quelques uns des tubercules; apres la premiere et la seconde mue, elle devient verte, les stries noires disparaissent, les tubercules sont rouges avec I'extremite noire. Apres la troisieme mue, les tuber- cules du dos et des premiers rangs des cotes prennent un aspect metallique dor^, les extrdmites des autres sont d'un beau bleu ou d'un violet intense ; sous les tubercules latdraux de quelques seer. ments on voit apparaitre une plaque luisante argentee qu'on diralt etre une goutte de mercure. Par une exception unique, ces chenilles ont subi cinq muesou sommeils. M. Gu(^rin Menneville rappelle que le tussah file un cocon ^norme, renfermant dix fois plus de soie que le cocon du ver du miirier ; quelebrin dece cocon est six a sept fois plus fort et quatre a eniq fois plus epais, qu'il possede un beau lustre et prend actuelle- ment tres-bien la teinture. Son acclimatation en France, mainte- nant surtout qu'il est constant qu'il peut vivre des feuilles du chene, serait done un bienfait considerable. .. Si je rdussissais a doter notre agriculture de cet insecte, dit M. Guerin-Menneville, nous verrions nos pauvres paysans du nord dela France et de I'Eu- rope le faire elever par leurs femmes et leurs enfants, presque sans frais, ce qui leur donnerait bientot la matiere premiere des vete- ments pour lesquels nous achetons a I'etranger des masses enor- mes de coton. - C'estun beau reve sans doute, une semblable accli- matation serait presque un miracle ; le hombyx cynthia ou ver a soie du ricin se pr^sentait dans des conditions incomparablement meilleures, et il a echoue completement en Italie, a Make, en Al- gerie, etc. N'importe, I'habile entomologiste, dans cette'circo^ns- tance comme toujours, a montre beaucoup de zele et d'activitd ; il est vraiment temps que le gouvernement recompense ses g^nereux efforts. II est inconcevable qu'il soit reste jusqu'ici sans place, mal- gje ses nombreux travaux. II sollicitait naguere la place de p'rofes- seur d'histoire naturelle a la faculte des sciences de Marseille. S'il n'a pas les grades necessaires pour obtenir cette chaire, il a au moins toute la capacite et I'ardeurqui suffisent a faire un excellent mspecteur d'agriculture pour I'erlucatiou des vers a soie et la sur- veillance generale des magnaneries. 630 COSMOS. — M. Charles Robin lit un meinoire sur la composition de rheitiatoiJiiie. Presque loutes les fois que du sang s'est ^panch6 dans I'epaisseur des tissus d'uii animal vivant, on voit , de quatre a vingt jours apres riiiMnorragie , &e former des cristaux microsco- piques tr^s-nets , ayant geiieraleinent la forme de prisnies obliques a base rhonibe et dun tres-beau rouge ; c'est rhematoidiiie decrite d'abord en 1830 par Rokilaiibki , ainsi nomm^e en 1847 par Wir- chow. Les prismes, ou les aiguilles dans losquelles ils se transforment quelquefois , sunt as.^ez durs, cat.sants, fortemfnt refringents , doues d'un pouvoir colorant intense , plus lourds que I'eau , et formant souvent par leur reunion une masse volumineuse. Les angles du prisme sont de 118 degr^s et 62 degres. Chauff^e au contact del'air, I'heinatoidine donne d'abord uneodeur degoudroii, puis une odeur de corne , elle brule comme une bougie et donne un charbon voluinineux et boursoufle; chauffee hors du contact de I'air, elle degage des gaz fetides, puis une substance goudronnee; il reste encore un charbon voluinineux. L'eau, I'alcool , I'ether , la glyce- rine, les essences, I'acide acetique, ne la dissolvent pas, meme en petite quantile. L'ammoniaqueladissoutrapidenient; d'abord rouge amaranlhe , la dissolul on [)asse au jaune safran , puis brunatre. L'acide nitrique la dissout assez vile ; I'acide chorhydrique tres-peu , I'acide sulfuriquepas du tout. La soude et lapotasse fontgonfler les cristaux, les fendillent, les dissolvent peu a peu , mais en tres- petite proportion. La composition de I'hematoidine , d'apres une analyse faite avec le conc.ours de M. Riche , au laboratoire de la Soiboiine , serait : carbone 70,49; hydrogene5,76 ; azote 11,16; oxygene 12,59. C'^ H^ Az 0' ou C'^ H« Az 0^ + Ho. EHe differeraitde I'hemato^ine de Muller par la substitution d'un equivalent d'eau a un equivalent de fer. M.Binaut adresse un memoire sur la solubilite de divers oxydes motalliques et des carbonates terreux ; et sur quelques reactions offertes par leurs dissolutions. D'apres les nouveiles experiences du chimij-telyonnais l'eau dissoudrait un trois millieme de son poidsd'oxyde d'argent ; d'un vingt millieme a un trente millieme de bioxyde de niercuie; un sept millieme de protoxyde de plombproduit par la voix humide ; a peine un millionieme d'oxyde de zinc ; un cent cinquaiite millieme de protoxide de fer ; de un a deux cents niilliemes de magnesie ; sept cent quatre-vingts milliemes de chaux a 18 degres centigrades, un quinze centieme a 100 degres ; un cent trentieme de stronliane a 20 degres; un vingt-neuvieme de baryle; un tiers de soude, un de potasse; un dix-millieme de car- COSMOS. ^31 bonate de magndsie; de deux a trois cents milliemes decarbonate de chaux; trois cents milliemes de carbonate de strontiane et quatre cents milliemes de carbonate de baryte. — M. Binaut adresse aussi des etudes chimiques sur une partie des eaux du bassin du Rhone. Dans la presque universalite de ces eaux, lesselsammoniacaux ne se sont montres qu'en dose extieme- ment exigue ; la proportion d'aminoniaque euit a peine d'uii niillio- nieme; les azotates s'y trouvaient en quantites appr^ciables ,- de un demi-milligramme a un demi-centigramme par litre. Cette pro- portion, dit M. Binaut, donne lieu a pen^er que ces eaux sont une des sources les plus importantes de I'azote assimile par les plantes. Ce qui semble le prouver, c'est que dans les etangs oil il se d^ve- loppe une vegetation compacte les azotates di-paiaisseat. la dose en est aussi excessivement faible dans les inarais oil vivent beaucoup de plantes. Des experiences directes ont prouve a M. Binaut que lorsqu'une eau renferme moins d'un vingt-millieine d'acide carbo- nique, I'abandon et I'evaporation a I'air, loin de determiner un ap- pauvrissement en gaz et en carbonate, effectuent la concentration du carbonate calcaire. Ce resultat inattendu, dit-il, en meaie temps qu'il donne la raison de I'utilite du carbonate de chaux pour con- server I'acide carbonique dissous dans les eaux, fournit la clef d'un fait assez surprenant : la presence du carbonate cah^aiie en doses notables diins des eaux.depourvues de qualites incrustiintes. — M. Billet, professeur de physique a la Faculte de Dijon, a eu I'idee d'employer le refractometre de M. Bernard a I'eUide de la marche du rayon extraordinaire dans le spath d'l&lande, avec d'au- tant plus d'avantage que ce refractometre permet de substituer une lame mince au spath epais de Malus, on au prisme de Fresnel. M. Billet a d'abord «5tabli les formules que donne le transport correspondant a la refraction extraordinaire pour les trois cas : 1° De la section principale parallele a I'axe de la vis; 2° de la sec- tion principale perpendiculaire a I'axe de la vis; 3" de la section principale a 45 degres de I'axe du plan vertical. M. Bernard a en- suite deduit ces memes transports de I'observalion direcle. Les ecarts entre la theorieetl'experience sont en general assez taibles, plus faibles que dans les experiences de Malus et Fresnel. L'excel- lent appareil de M. Bernard, dit en terminant M. Billet, s-i utile a d'autrestitres, fournit, quand on I'applitiue a la doul>le refraction du spath, une m^thode de verification qui ri valise des a piesent en exactitude avec les meilleures methodes cotinues, et I'eiriporte sur elles par la facility. (La suite au /jrochain iiumero.) ASSOCIATION BRITANNNIQUE POUR l'avancement des sciences. REUNION DE GLiSCOW , SEPTEMBRE 1855. Analyse des principnles communications. M. William Thomson communique, au nom de M. Joule , leg resullats de quekjucs experiences faites avec un gros^lectro-aimant. L'auteur avail pour but de mettre en evidence la loi qui liel'intensit^ du couiant exc-itateur avec I'inten^ite du pouvoir souteneur , ou avec le poids que Telectro-aimant peut tenir en suspension. Le fer dont son electru-ainiant ctait compose n'etait pasun fer absolument doux, puisque, apres la rupture du courant, il restait aimant^ en sens con- traire. Avec des courants tres-intenses le poids soutenu etait sensi- blement proportioiinel au carr(5 de Tintensite du courant. Avec des courants faibles le poids variait proportionneliement a la quatrieme ou cinquieme puissance de I'intensite du courant. De ces experiences €tde la discussion qui a suivi leur presentation il semble resulter que la loi de la proportionnalite au carre de I'intensite est la loi de la nature alors seulement que I'electro-aimant est aimantt^ a sa- turitd. II a plu a M. Thomson de baptiser du nom d'induction peris- tatique I'induction laterale que les experiences de M. Faraday et autres ont mise en Evidence dans les conducteurs sous-marins ou sou- terrains, formes de plusieurs fils groupes dans une meme masse en gutta-percha. La coiuparaison par laquelle ce jeune savant justifie cette denomination nous semble bien materielle. II assimile le fais- ceau de fils conducteurs a un faisceau de tubes elastiques appliques les uns contre les autres , suivant leurs longueurs , remplis et entou- res d'un liquide que Ton force a passer par quelques-uns des tubes pendant que les autres sont ouverts ou fermes a leur extremity. La pression hydrostatique employee a forcer le liquide de circuler a travers quelques-uns des tubes, les fera gonfler ; lis presseront alors les autres ; et ceux-ci , par une action peristallique , contraindront le liquide qu'ils contiennent a se mouvoir sur divers points de leur longueur et dans un sens ou dans un autre. Un long cylindre de caoutchouc, dil-ii, perce symetriquement, suivant la longueur, de cinq ou six Irous circulaires , represente parfaitement un cable tele- graphifjue ordinaire avec le meme nombre de fils de cuivre sdpar^ seulement I'un de I'autre par la gutta-percha. Si le diamfetre des trous est t res-petit, par rapport a leur longueur, et a la fluxidit^ du COSMOS. 433 liquide si grande que ses mouvements ne soient pas sensihlement affectespar Tinertie , le mouvement hydrauHque suivra rigoureuse- ment les memes lois que la conductibilite ^lectrique, at de la viiesse de r^coulement du liquide on pourra ddduire la vitetsse de propaga- tion du courant electrique. M. Thomson a fait le calcul de ceite vi- tesse , et il est arrive a des conclusions vraiment desesperantes qu'il avait d^ja soumises a la Society royale de Londres. Si elles etnient vraies , les communications electriques qu'on se propose d'elablir entre I'Amerique et I'Angleterre seraient impossibles, a nioins d'employer des fils d'un diametre enorme compart au diametre des fils actuals, ou un nombre tres-grand da fils ties-fins renferm^s sous une meme enveloppe de gutta-percha. Pour donner uiie idee plus nette encore de cette conclusion inattendue, nous la formuleront comme il suit avec M. Thomson : •• Dans un fil six fois plus long que celui qui lie Varna a Balaklava , le temps de la transmission das de- peches serait trente-six fois plus long, a moins que Ton n'amploie un fil conducteur trante-six fois plus gros. » M. Thomson a lant de con- fiance dans sa theorie math^matique qu'il conjure les constructeurs et les capitalistas de la prendre pour point de depart de leurs devis s'lls ne veulent pas s'exposer a de tristes mdcomptes. A premiere vue et jusqu'a nouvel ordre nous tiendrons an legitime suspicion la compa- raison de M. Thomson , son induction peristaltique et sa theorie. Puisse la quarantaine a laquelle nous condamnons ses abstractions se prolonger indefiniment ! — Voici d'ailleursqu'un experimentateur habile vient dejaanotre aide ; M. Wildman White-House n'a pas mania des batons da craie oudes porte-plumes, mais de beaux et bons cables. 11 a eu a sa dis- position les deuxconducteurs delaMediterran^e etde Terre-Neuve, dont les fils unis ensemble et de proche en proche formaiant un fil unique en cuivre, reconvert de gutta-percha , long de 1125 milies (375 lieues) de longueur. Le resultat de ses nombr euses experiences est qu'avecle courant ned'une machine magneto-electrique, la Vitesse de transmission des depeches, atravers ce circuit de 375 lieues sub- merge dans I'eau est assez grande pour satisfaire a tous les besoins des transactions comnierciales. Ne pouvons-nous pas en conclure hardiment, ajoute-t-il , que I'lnde, I'Australie, lAmorique, seront accessibles aux communications de la telegraphie electrique sans qu'on ait besoin de recourir a des fils plus gros que ceux employes jusqu'ici dans les cables sous-marinst Nous partageons les memes esperances, ou mieux les esperances de M.White- House sont pour nous la certitude. MM. Werner Siemens, Wilson , Breguet, Fou- 63& cosaios. cault, voudrontbien se rappeler en temps opportun, qu'avant que iiouseussionsentenilu yuTiierdes dernieres experiences de M. White- House, nous avons souteiiu centre eux que les craintes mathema- tiques de MM. Tomsoii et Stokes etaient chimeriques; ou que le cable une fois tendu entre rAiiierique et TEurope , on trouverait sanS peine, s'il etait nt^cessaire, le moyen de forcer le courant a trans- mettre les signaux avec une vitesse parfaitenient satisfaisante. Le moyen auquel nous faisons allusion , en nous montrant si confiants , «t que nous gardions comnie un secret, est tout a fait analogue a celui de M. White-House. II consiste a forcer le fil conducteur de se decharger en dqiit de I'induction lat^rale , en donnant a ce fil une charge Douvelle d'electricite, d'intensite ^gale , mais de nom con- traire. 11 a pu faire circuler ainsi en une seconde huit courants , quHtre positifs et quatre negatifs, se chassant I'un I'autre ; tandis qu'un courant unique lance a la maniere ordinaire mettait une seconde et demie a donner, par une impression chimique, le signal de son arrivee a Textreinite du circuit de 375 lieues. Pour reraercier M. While-House de I'appui qu'il nous a pret6 sans le savoir, nous donnerons la recapitulation exacte des faits sur lesquels il a appele I'altention de la section. 1. Le moyen de meltre en evidence la vitesse de I'electricite par I'emploi d'un courant voltaique bifurque ou divise en deux demi- courants, donl I'un va traverser un tube d'eau distillee a resistance gr.iduee, et ijuelques decimetres seulement de fil; pendant que I'au- tre passe a traversle long circuit; les deux courants etant d'ailleurs assujettis a donner acte de presence par Taction sur le papier chimique de deux pointes d'acier juxtaposees auxquelles ils aboutissent res- pectivement. 2. L'emploi de courants magn^o-electriques jumeaux, synchrones dans leur origine, ou nes simultan^ment ; assujettis aussi a donner acte de presence par I'impression chimique, ou employes a mettre en action des relais ou recepteurs charges de fermer une pile locale, laquelle a son tour d(5terniinera les impressions. 3. Les effets de I'induction pour retarder la propagation du courant et le chargenient electrique du fil, mis en evidence autographiquement par le courant lui-nieme. 4. La ddcharge rapide et forcee du fil par Venvoi d'un courant oppos6, signalee aussi autographiquement, et qui contraste singulierement avec lalenteurdu courant unique re- tardc par I'mduction. 5. L'emploi de ce meme moyen, ou courant en sens contraire, pour maintenir ou restaurer a plaisir I'equilibre dlectrique du fil. 6. La neutralisation absolue du courant par des renverscments trop rapiJes. 7. La comparaison de la vitesse de COSMOS. t\Z5 transmission des signaux qu'on peut atteindre dans une longueur donnee de fil en envoyant successivennent plusieurs courants vol- taiques de meme sens ; ou en lan9ant alternativeinent des courants magneto- elcctriques de sens contraire; en faisant reslimation au plus bas, cette derniere vitesse est sept ou huit fois })lus grande que la premiere. 8. Prouver la coexistence simultanee de [ilusieurs ondes de force electrique, de caractere oppose, dans un fil de lon- gueur donnee ; et montrer quo ces ondes arrivent a destination sans interference. 9. Constater que la longueur du retard est grande- ment influenc^e par I'energie des courants employes; les autres conditions restant les memes. 10. Prouver qu'en doublant ou tri- plant la masse conductrice metallique d'un fil de 300 mille, ou cent lieues de longueur, on n'obtient pas des avantages proportionnes a i'accroissement de masse. M. White-House a enregistre les resultats de toutes ces expe- riences au moyen d'un stylet d'acier fixe a I'extremite du fil, et qui, sous Taction du cuurant, faisait des marques sur un papier chimi- que ; en meme temps que le papier etait divise en secondes et frac- tions de seconde au moyen d'une pendule. Cette maniere d'operer est d'une exactitude extreme; on peut plus tard diviser la seconde en centiemes par le moyen d'un Vernier, les resultats sont lus alors avec autant de fiicilite (jue des hauteurs barometriques. M. White- House etait ainsi entre en possession d'une nombreuse serie d'au- tographes electriques que chacuii pouvait consul ter, et que pour plus de facilite il avail copies dans des dimensions agrandies. — M. le professeur Ramsey decrit les procedes au moyen des- quels M. Mac-Pherson, de Rome, a reussi a obtenir de belles pho- tographies, dont il montre des echantillons. 1. On dissout du bitume de Judee dans de I'ether sulfurique, et Ton etend la solution sur une pierre lithographique ordinaire; I'dther s'evapore rapidement et laisse sur la pierie une legere couche de bitume 6tendue tres-uni- formement ; c'est la couche sensible ducouverte par Joseph-Nice- phore Niepce. 2. On applique sur cette couche sensible un negatif sur verre ou sur papier cire, et on I'expose aux rayons directs du soleil pendant un temps plus ou moins long, suivant I'intensite de la lumiere ; Ton obtient sur le bitume une image jiositive. 3. On plonge ensuite la pierre dans un bain d' ether qui dissout instantan^- ment le bitume sur les points qui n'ont pas ete frappe^ par la lu- miere, et laisse une image formee par le bitume que la lumiere a modifie. 4. La pierre. lavee avec soin, peut etre mise immediate- ment entre les mains d'un lithographe, qui, en la traitant a la ma- ftS6 COSMOS. nifere ordinaire par la gomme et I'acide, en tire des epreuves comme de coutume. Pour graver photographiquement sur plaque de cuivre ou d'acier, on precede comme il suit : 1. La plaque m^tallique est enduite de bitume, comme on I'a dit plus haut. 2. On applique sur !e bitume un positif sur verre ou sur papier, et on obtient une impression par I'exposition a la lumiere. 3. On plonge la plaque dans un bain d'^- ther pour dissoudre le bitume non modifie par la lumiere; il rests sur la plaque un beau dessin negatif. 4. La plaque est alors plong^e dans un bain galvanoplastique et dorde; Tor adhere aux parties purement m^talliques sans attaquer le bitume. 5. On dissout alors le bitume au moyen d'alcool en s'aidant d'une douce chaleur. Les lignes de I'image negative sont maintenant representees par du m^- tal pur, cuivre ou acier, et le reste de la surface de la plaque est pro- t^g^ par de I'or. 6. Le moment est venu d'attaquer la plaque par les procedes connus de la gravure a I'eau forte pour graver en creuxles traits de I'image negative, lesquels, dans les epreuves, donneront les noirs en retablissant la v^rite du dessin. On voyait, a I'exposition pho- tographique de Buchanan-Street, a Glas^cow, plusieurs lithographies et des gravures de M. Mac-Pherson ; M. Ramsey en a fait le plus grand eloge; M. Duboscq, qui lesaaussi vues, nous affirme qu'elles ne sont pas superieures aux epreuves obtenues a Paris par MM. Le- mercieret Niepce de Saint-Victor. Ilnepeut, en efFet, en etre guere autrement, puisque les procedes de Rome etde Paris sont a tres-peu pres les memes : une modification du procede primitif de Niepce. Nous nous appretions a communiquer cette note a M. Niepce de Saint-Victor, quand , prenant les devants , il nous montra de char- mantes epreuves de plaques gravees directement sur acier par la lumiere, dans la chambre obscure, sans qu'il ait besoin de dorer sa plaque ou de la confier a la main du graveur. Les epreuves sont faibles encore, et, pour les obtenir, il faut un temps d' exposition assez long, pres de trois heures ; mais elles sont vraiment admira- "bles par la verite et la finesse des details ; c'est certainement ce qu'on a produit de mieux en ce genre. Si le beau temps revient "bientot, M. Niepce terminera rapideinent ses experiences; surmon- tera quelques difficult^s qui I'arretent encore, et decrira ses nou- veaux procedes dansun memoire presenteal'Academiedes sciences. Cette presentation a ete faite dans la dernifere seance, nous en ren- drons compte. — M. Bornet lit aussi une note sur des recherches photogra- phiques ; nous n'en connaissons que le titre. IXPOSITION UNIVERSELLE. VARIETES. MACHINE A VAPEUR REGENEREE DE M. SIEMENS. DNE ADHESION SPONTANEE KT GLORIEUSE. M. Reech, directeur de I'Ecole imperiale du genie maritime et des constructions navales, qui tient un rang distingue parmi les savants qui ont le mieux etudie, theoriquement et experimentale- ment, les moteurs a vapeur ou a air chaud, nous adresse la lettre suivante avec autorisation de la publier. Nous sommes trop heu- reux de I'approbation donnee par le savant ingenieur a I'invention de M. Siemens, de la confirmation que re9oit le jugement entiere- raent favorable que nous en avons porte, pour ne pas nous empres- ser de profiter de la permission qu'il nous accorde. " Monsieur, " Vous m'avez fait I'honneur, il y a quelques mois, de me deman- der mon avis sur un projet de nouvelle machine a vapeur dite pul- monaire, et je vous ai dit de suite ce que j'en pensais. Je reprochais a son auteur de ne pas faire usage de la vapeur d'eau surohaufFee avec toutes les precautions que j'avais assignees al'etnploi de I'air dans ma brochure intitulee : Machine a air d'lm noiti'eau systems dednit dune comparaison raisonnee des systenies de MM. Ericsson et Lemoine (chez Mallet-Bachelier, 1854, Paris). Apres la derniere entrevue que j'eus a ee sujet avec vous, je fus conduit a penser que si, dans mon projet de machine, on se servait de vapeur d'eau surchauffee en place d'air, on realiserait bien plus facilement ces dispositions refrig'^rantes qui m'avaient semble si imparfaites dans la machine de M. Lemoine, et que je proposais de remplacer par un renouvellement suffisant d'air frais a chaque coup de piston. Je comprenais qu'on obtiendrait de telles facilites aux depens d'une elevation jusqu a TOO" de la temperature froide de mes rai- sonnements ; mais a cote de grands avantages, cet inconvenient me semblait devoir etre d'une faible importance. Je fis part de cette idee a difFerentes personnes qui furent en re- lation avec moi ; j'en ai parl^ notamment au printemps dernier a M. Lemoine de Rouen ; j'en ai parle encore, il y a une quinzaine de jours , a M. Burdin qui m'avait fait I'honneur de me demander quelques renseignements. Je viens de lire aujoard'hui meme dans le Cosmos votre descrip— [|38 COSMOS. lion de la machine de M. Siemens (qui m'dtait fotalement incon- nue), et je m'empresse de voiis declarer que je reconnais dans cette machine, bien differente de celle du piojet, la complete re^alisation de toutes les regies dont je m'etais efForc6 de demontrer la neces- site dans ma brochure d^ja citee. M. Siemens se sert de vapeur d'eau surchaufFee en place d'air; il eleve la (einpdrature t jusqu'au point de saturation de la vapeur, ce qui lui perniet de surmonter aisement la grande difficulte des dispositions refrigerantes que ndcessite Temploi des toiles metalli- ques dans le fonctionnement indefini d'une machine. M. Siemens fait un aussi bon usage des toiles metalliques qu'on puisse se flatter de le faire. M. Siemens parvient, comme M. Lemoine , a faire fonctionner tons les organes frottants de sa machine a la temperature infe- rieure t. Le dispositif materiel de M. Siemens a sur le mien cet avantage que les toiles metalliques sont etablies a demeure , tandis qu'il me fallait faire mouvoir ce 'jue j'appelais le refouloir de M. Lemoine. Je suis done conduit a donner mon entiere approbation aux iddes theoriques et pratiques qui ont dirige I'auteur dans la construc- tion de sa machine; et je dois regarder 31. Siemens comme etant le premier qui ait resolu d'une maniere prauquement satisfaisante cette belle question de la conversion de la chaleur en force motrice, dont les veritahles bases n'ont ete mises en evidence que par les nouvelles doctrines actuellement repandues sur la nature intime de la chaleur. La disposition rt^frigerante de M. Siemens qui consiste a laisser echapper dans la cheiuinee une certaine quantite de vapeur sur- chaufFee et a remplacer cette perte par la vapeur saturee, n'est, a la verite, pas entierement conforme a la stricte iheorie du probleme qu'il s'agit de resoudre , mais la simplicilo [du moyen est si grande qu'il ne sera peut-etre pas pratiquement utile de faire autrement. Peut etre aussi que Tangle le plus avantageux entre la manivelle du piston A et la manivelle du piston regenerateur D (angle fort analogue a celui que dans mon projet de machine a air, aprfes de longues recherches, j'ai fixe a 45") ne devait pas etre 90", si M. Siemens n'attachait pas une extreme importance a employer les formes de ni^canisme les plus simples possibles. Sauf de telles observations auxquellesje reponds moi-meme de la maniere que le ferait sans doute M. Siemens, et dont je n'ai cru devoir parler ici qu'en vue de certaines modifications secondaires que Ton pourra COS:\IOS. 439 tenter peut-etre par la suite de faire subir au d^positif actuel du mecanisme de M. Siemens, je me plais a joindre mes plus sin- ceres felicitations a celles que mcrite I'honorable auteur de ce me- canisme. CHAUFFAGE DES PETITS APPARTEMENTS AU XIX® SIECLE. LAMPE THERMOGENE; BAIGNOIRE-LAMPE , POELE-LAMPE DE M. LOUIS BEGDE. ix' classe , 4® section, n° 2288. Annexe, 54-55. A. Le mode de ch;iuffage ordmaire au bois ou au charbon semble au premier aspect naturel, simple, facile, economique, et cependant quand on I'examine de pres, on ne tarde pas a voir que ces avan- tages, plutot apparents que reels, sont compenses par des inconve- nients tres-graves. La combustion du bois exige une cheminee ou du moins un fourneau vaste, encombrant, immobile, devant lequel ou sur lequel il est impossible d'installer d'autres vases qu'un chau- dron ou une marmite. Le chauffage au bois, par consequent, ou- tre qu'il ne peut se faire qu'en un point determine des habitations, n'est presque jamais direct, c'est-a-dire que le plus souvent il ne- cessite une operation interm^diaire avec deplacement. Si le bois est brulc dans une cheminee, la plus grande partie, les trois quarts, du calorique, ne de la combustion, estentraiii^eparlecourantd'air, avec une perte enorme; il ne reste pour echaufFer I'atmosphere de I'ap- partement que la chaleur rayonnante du foyer, qui sera tres-faible, si la flamme n'est pas large et briliante, c'est-a-dire si on ne brule pas a la fois une grande quantite de bois. Les cheminees etaient bonnes dans les grands appartements des anciennes maisons, a pla- fonds tres-elev^s, avec des fenetres solides, fermant hermetique- nient, munies de carreaux a verre epais ; alors que le has prix du bois permettait d'en consommer des masses dnormes. Les chemi- nees ne valent absolument rien dans les petits appartements des maisons modernes, plus difficiles a chauffer en realite que les vastes salles des chateaux antiques, par la raison tres-simple que la petite masse d'air de la chambre suffisant a peine a entretenir I'appel de la chemin(^e, doit se renouveler a chaque instant par les joints mal fermes des portes et des fenetres. L'air chauffe par la radiation, sans cesse entraine ou chasse dans la cheminee, est sanscesse rem- place par une nouvelle masse d'air froid, et Ton est tout surpris, malgr^ la presence d'un bon feu, de voir que la temperature des hbO COSMOS. parties de la chambre, que le rayonnement n'atteint pas, s'clbve a peine dans les IVoids de I'hiver a di\ ou douze degies au-dessus de zero. Si pour einpecher ce renouvellement incessant de I'air inte- rieur de la petite chambre, on ferme, par des bourrelets, les jointures des portes et des fenetres, la combustion du bois se fait mal, la cheminee fume; ou bien I'atmo.sphere rarefiee et viciee de I'appar- tement le rend bientot inhabitable. Ces assertions sont la fidele ex- pression de faits que chacun peut verifier par lui-meme; ils sont d'ailleurs si evidents que presque partout on tend a remplacer les cheiriin(^es par des poeles. Cette substitution a un grand avantage, sans doute , au point de vue de I'economie, mais les poeles sont encore en relation avec une cheminee. Si le tirage estactif, la plus grande partie de la chaleur est encore perdue, I'air a peine chauffi^ de la petite chambre est entraine et remplace par I'air froid ; la temperature s'eleve tres-lentement. Si le tirage est faible, le poele fume ou I'atmosphore est brulee et viciee; ce sont en partie les memes inconvenients qu'avec la cheminee; celle-ci procurait un chaufFage plus cher , sans doute , mais aussi plus agreable et plus sain. En changeant le systeme des habitations, ne faut-il pas changer aussi le systeme de chauffagel Les inconvenients du chauffage au charbon de terra sont plus graves encore que ceux du chauffage au bois. II faut toujours une cheminee, un fourneau ou poele immobile; impossible encore d'organiser sur un point quelconque de I'habitation le chauffage exige par un besoin local. Le charbon de terre, en briilant, projette une pousaiere legere et noire, qui vole partout, salit tout, et fatigue certainemenl les organes de la respiration. Dans les villes oil I'em- ploi de la houille est general , les murs de tous les edifices sont noirs , et apres quelques heures le linge blanc est souille. II faut d'ailleurs un tres-long exercice , presque I'habitude des si^cles pour savoir briiler le charbon de terre economiquement : si Ton comptait exactement avec soi-meme, on verrait que presque tou- jours, a Paris, I'emploi de la houille est aussi dispendieux dans les habitations que I'emploi du bois. Le chauffage avec le charbon de terre ou de bois, et toutes les substances analogues , la tourbe , le lignite , etc. , est en outre dangereux par les gaz qu'il engendre. Toutes les fois que la com- bustion n'est pas parfaite, que I'alimentation d'air frais est insuflfi- sante, elle engendre en outre de I'acide carbonique irrespirable, mais non toxique, des quantites plus ou moinsgrandes d'oxyde de carbone, gaz eminemraent deletere, meme quand il est respir^ eii COSMOS. hhi petite quantite. Par elle-meme une combustion quelconque au sein de I'atmosphfere qu'on respire est un danger, parce qu'elle depouille n^cessairement I'air de son oxygene et fait pr^dominer I'azote, gaz impropre a entretenir la vie ; parce qu'elle remplace I'oxygene ab- sorbe par de I'acide carbonique. Mais ces deux premiers effets, les seuls qui se produisent, quand on briile du bois ou de I'huile dans des lampes a courant d'air, sont faciles a conjurer; ils le sont meme naturellement par ce seul fait que les chambres ne sont pas herme- tiquement fermees : dans tous les cas, pour que I'air continue a etre respirable, il suffit de le renouveler de temps en temps en ouvrant les portes ou les fenetres. Mais, si, comme cela a lieu presque for- C^ment quand !e combustible est du charbon, de la tourbe, etc. , dont la combustion incomplete ajoute del'oxyde de carbone a I'exces d'a- zote et a I'acide carbonique, le danger sera tres-difficilement con- jure, etl'on devra s'attendre periodiquement a des accidents graves. II serait inutile de pousser plus loin cette discussion; mieux vaut la resumer utilement en ^non9ant nettement les conditions que devrait remplir un mode de chaufFage nouveau pour etre en harmo- mie avec les habitudes des temps modernes, les petits appartements, une vie tres-agitee, des ressources modiques qu'il faut allier avec un desir ardent de confortable et de luxe, etc., etc. Ces conditions peuvent etre formulees comme il suit : 1° Le nouveau mode de chaufFage ne devra pas exiger le tirage d'une cheminee ou d'un fourneau immobile, il devra ne laisser aux cheminees actuelles que le role de ventilateur. 2" II devra pou- voir etre applique ou mis en fonction dans toutes les pieces des ap- partements. 3" Les appareils a I'aide desquels on le realise, devront pouvoir etre transport's immediatement et sans grande peine , de la chambre de travail dans la salle a manger , de la salle a manger dans le salon, du salon dans la chambre a coucher, etc. 4" II faut qu'on puisse a volont^ et dans un temps tres-court , allumer , moderer, eteindre, rallumer le feu. 5° Le combustible employe devra etre tres-commun, de sorte qu'on puisse le trouver presque partout , peu encombrant et d'un transport facile , renfermant sous un petit volume un grand pouvoir calorifique ; economique en ce sens du moins que si son prix depasse considerablement le prix du charbon et du bois, la combustion se fassesans presque aucune perte. 6" Enfin cette meme combustion devra toujours pou- voir etre parfaite, et n'engendrer jamais, par consequent, d'oxyde de carbone. Un probleme bien pos6 est presque toujours un problfeme plus i[,2 COSMOS. qu'a moiti^ r^solu. Et en effet, la simple enumeration ties condi- tions a reinplir amenait tout naturellement a conclure que I'appa- reil cherche devait etre una lampe, le combustible un liquide, les huiles ordinaires pour I'eclairage, d'abord , malgre leur prix un peu eleve; les huiles de rt^sine, des que Ton sera arrive a les faire bruler parfaitement dans la lampe. Le choix de la lampe n'a pas besoin d' explication, c'est un appa- reil vulgaire, essentieliement mobile , facilement transportable , que chacun sait gouverner, qui s'allume , se modere, s'eleint sans peine. Le choix des liquides et des huiles, indispensable d'ailleurs, n'est pas nioins excellent. Tandis, qu'en brulant, un kilogramme de bois seche compl^tement a I'air ne donne que 2 945 calories; un kilooramme de bois flotte ordinaire, a peine 1 500 calories, comme le kilogramme de tourbe; un kdogramme de houille de qualitt^ moyenne, 6 345 calories; un kilogramme de charbon commun, 6 000 calories , le kilogramme d'huile de colza commune degage 9 300 calories , un grand tiers de plus que la houille : I'huile de r6- sine, environ 7 000, un sixieme de plus que le charbon de bois. Les huiles done, a volume et a poids egaux. ont un tres-grand pouvoir calorifique; on les trouve d'ailleurs partout; et quand elles brulent conveiiablement, elles ne degagent ni fumee, niodeur, ni oxyde de carbone. De toutesles lampes, la plus simple parce qu'elle est presque sans nii'Ciinisme ; la plus avantageuse, parce qu'elle permet de bruler toule espece d'huile, et au besoin meme des graisses, c'est la lampe solaire, ou la vieille lanq^e romaine perfectionnee par I'addition d'une cheminee fumivore avec double courant d'air. C'est done celle qu'il convenait d'adopter definitivement, en lui faisant subir de le- geres modifications suivant les diverses applications qu'elle devait recevoir. Premiere application. — Chauffage d£s bains. — Baignoire MEUBLE A LAMPE. — L'usage des bains est aussi ancien que le monde. Les bams sont meme si necessaires, dans certaines contrees surtout, que presque toutes les religions primitives, sans en excepter la re- ligion revelee, ont converti leur usage en precepte rigoureux et en rit; les ablutions, les purifications precedaient de droit les princi- pales ceremonies du culte. Chez les Grecs et les Romains, comme chez les Juits d'autrefois et les peuples actuels de I'Orient, les bains tenaient une grande place dans la vie physique. On leur deman- dait soil la nettete du corps, command^e par la premiere des regies de I'hygiene, et condition essentielle d'une sante parfaite ; soit COSMOS. 443 le rcpos pour les membres fatigues dans la lutte incessante de rhomiTie avec la nature, avec lui-meme ou avec ses semblables. Sous le ciel si pur et si chaud de I'Orient, les fleuves, les lacs, les fontaines ou piscines s'oflfraient naturellement aux baigneurs ; I'eau toujouis et partout tiede suffisait abondamment a tous les besoins. Sous le cliniat deja plus frais de la Grece, force fut de recourir a des bains chauffes artificiellement. Les premiers Romains , trfes-ro- bustes, n'eurent d'abord pour baignoire que le lit du Tibre; mais leurs successeurs, amoUis, ne tarderent pas a creer leurs thermes ou bains chauds publics, qu'un art vraiment merveilleux alia per- fectionnant et compliquant sans cesse. Les lois plus severes du christianisme firent disparaitre ou restreignirent beaucoup ce luxe effeiiiine , mais I'usage des bains n'en fut pas moins conserve. Dans les Gaules, le peuple etait reduit aux bains froids pris dans la riviere dans la saison chaude; les classes aisees trouvaient des bains chauds chez les estuviers. Peu a peu on crea sur les rivieres ou dans I'interieur des villes des etablissements de bains plus ou irioins vasles; le nombre de ces etablissements a etc sans cet-se en augmeiitaiit ; la concurrence les a amends a abaisser leurs prix, et les bains chauds ont pu entrer de plus en plus dans les habitudes des habitants des villes, de ceux au moins que le travail fait vivre honorablement. Les bains sont ^minemment salutaires; ils entre- tiennent I'exercice regulier des fonctionsde la peau, et pr^viennent les maladies cutanees, si communes; ils donnent de la souplesse aux chairs et du ressort aux muscles ; ils enlevent comme par en- chantement les fatigues physiques et intellectuelles ; ils sont un reniede efficace coiitre un trcs-grand nombre d'affections ou de ma- ladies. Dans ces dernieres annees surtout, on a regarde comme un inconvenient tres-grave que leur usage ne fut pas accessible a tous; et la tendance acluelle desesprits grandement encouragee, nous di- rions presque commandee par la volonte forte du chef de I'Etat et du gouvernement, est de chercher les moyens et de creer les ressources necessaires pour meltre les bains chauds a la portee de tous : des enfants des salles d'asile, des eleves de toutes les ecoles gratuites, des ouvriers de la ville et de la campagne, des pauvres memes qui ne vivent que dela charity publique. Par la meme que le bain chaud devient presque un objet de premiere necessitc, qu'on doit pouvoir le donner et le prendre partout et a tous les instants, dans la chaumiere du villageois et pres du grabat de I'indigent, comme dans le cabinet de toilette du riche aux pieds d'un lit somptueux; inventer et construire un appareil Uhk COSMOS. extremement simple et facile a manier, qui n'ajoute rien au volume de la baignoire, qui n'augmente son prix d'achat que d'une valeur insignifiante, qui soit toujours sous la main; et qui, mis en train, fonctionne sans meme qu'on ait besoin d'y faire attention , sans danger aucun d'incendie, c'est aborder un probleme d'ordre tres- important et d'une trfes-grande portee. Ce problfeme (5tait en meme temps tres-ardu, si ardu meme que malgr^ d'innombrables essais tentes par des hommes ing^nieux, il n'avait encore regu aucune so- lution satisfaisante. Un bain exige en moyenne 200 litres d'eau chauffde a 30 degres centigrades ; or, clever a 30 degr^s une masse d'eau de 200 litres, c'est un travail qui exige un temps si long, alors meme qu'on a a sa disposition un large fourneau ou une vaste cheminee, qu'au premier abord il semblait impossible de pouvoir I'accomplir en temps utile, sans autre foyer que le rd'servoir d'huile d'une lampe, sans autre fourneau que la cheminee metallique qui recouvre sa mfeche et la fait briiler sans fumee. Cette solution im- possible est cependant devenue une realite, et presque un jeu a I'aide des dispositions suivantes : La lampe a bains est representee en coupe dans la figure 1. Elle se divise en deux compartiments; I'un, inferieur, la lampe proprement dite, en cuivre, de forme antique, dont le pied, un peu au- dessus de sa base, est perce tout a I'en- tour de trous qui conduisent au tube cen- tral I'air qui doit activer la combustion; I'autre, superieur, dans lequel la lampe s'engage pour y rester fixee par une fermeture en bayonnette BB. Par sa base creusee en voilte, ce compartiment superieur sert a la lampe de reservoir d'air; amene par des trous perces a la base, et qui determine le courant exte- rieur dont Taction vient se joindrea celle du courant interieur pour donner une combustion parfaite; par son tube ou constitue pour la lampe une cheminee lui-meme , le compartiment superieur est forme de deux reservoirs RR, R'R' communiquant entre eux par un tube vertical a double parol TT, et avec la baignoire ou plus generalement avec le vase dont il faut chauffer I'eau, cone central creux , il fumivore. Considere en COSMOS. m par deux tubes horizontaux ?, t' . Le fond du reservoir d'en haut R'R' est repousse de maniere a former una sorte de chapeau a cannelures presentant une ample surface fortement chauffee par la flamme. Toute la chaleur de la lampe est ainsi utilisee.de la maniere la plus excellente et sans perte aucune, puisqu'elle ne rayonne qu'au sein d'un espace ferme par des parois a double enveloppe contenant entre elles de I'eau qu'il s'agit de chauffer. Supposons la lampe allumee et Tayiparei! en communication avec la baignoire par ses deux tubes horizontaux t et t'. L'eau entre par le tube t dan le reservoir, s'y 6chauffe, deviontplus legere, s'elcve, monte dans le tube cylindrique a double paroi TT, arrive dans le reservoir R'R' en s'echanfFant de plus en plus, rentre dans la bai- gnoire par le tube t' et se met en equilibre avec l'eau environnante, en lui cedant une partie de la chaleur dont elle s'est emparee. En meme temps, une nouvelle quantite d'eau froide a pen^tre par le tube t, s'est echaufKe a son tour, s'est elevee en circulant sans cesse, dans le sens ou la direction indiqu^e par les fleches, et est rentree dans la baignoire. Par celte renovation et cette circulation incessante , l'eau du bain finit par arriver tout entieie, quoique par portions successives, au contact des parois tres-chaudes de la cheminee crease et du chapeau ; apres quelques heures, sans qu'on y ait meme fait attention, elle a atteint la temperature voulue de trente degrds centigrades, le bain est pret. Nous disoiis quelques heures, parce que nous avons supposi' que la lampe employee est une lampe ordinaire a mfeche unique. Mais si Ton fait usage d'une lampe a plusieurs mechos concentriques, sem- blables a celles que Fresnel et Arago ont fait construire pour le service des phares, et qui peuvent donner jusqu'a vingt-cinq fois plus de chaleur que les meilleures lampes a double courant d'air, le temps necessaire au chauffage du bain pourra etre re'-duit dans une proportion enorme, a une heure ou meme a une demi-heure. Le bain alors serait pret dans aussi pen de temps que si Ton avail fait chauffer l'eau par les precedes connus, ou qu'on I'eiit fait apporter du dehors. Le chauffage a la lampe a un autre avantage conside- rable, c'est que, si on la laisse brdler apres I'entree dans le bain, elle le maintiendra a la temperature voulue ; on n'aura pas a craindre de se sentir refroidir, quelque long que soit le sejour (]u'nn y fasse ; on ne sera pas forc6 d'avoir recours a des mains etrangeres pour faire enlever une partie de l'eau refroidie et la remplacer par de l'eau chaude. La figure 2 repr^sente -la baignoire avec la lampe en place, et ftW COSMOS. les deux tubes en communication avec I'eau qu'elle renferme , et dont le niveau devra toujours depasser le tube horizontal superieur. Pour mettre I'appareil en action, il suffit, comme on I'a suffisam- ment indiqu^, de faire tourner sa moitie inf^rieure jusqu'a ce que les crochets de la fermeture a ba'ionnette soient en presence des en- tailles ; la lampe reste alors dans la main ; on I'allume, on la reole, on la remet en place de la meme rnaniere sans s'en occuper davan- tage. On pourni, si on le veut, entourer I'appareil dune boite de forme convenable dans laquelle on placerait les peignoirs et les ser- viettes destinies a s^cher le corps au sortir du bain ; il suffira, le plus souvent, d'enrouler le linge avec precaution autour de I'appa- reil, pour qu'il devienne brialant; rien alors ne inanquera pour un service complet. II a ete facile de disposer les formes exterieures de la baignoire a lampe de rnaniere a la transformer en banquette, et a la faire pas- ser inaper^ue parmi les meubles de la chambre a coucher ou du cabinet de toilette. EUe rendra d'immenses services dans tous les menages petits et grands ; chacun pourra, d^sorinais, avoir sa sal!e de bain, restee jusqu'ici le privilege des demeures somptueuses. C'est chose agreable, sans doute, quand on veut prendre un bain de proprete ou de sante, que de pouvoir le faire preparer immediate- ment dans un t^tablissement special ; mais cet agrdment est com- pense par des inconvenients et des dangers qui ne sont pas sans gravitd. Les cabinets de bain sont toujours tres-chauds, et, par I'effet meme du bain, les pores du corps dilates devienneiit plus sensibles a I'influence des agents exterieurs. II est presque im- possible de ne pas se refroidir en sortant de cette double atmo- sphere liquide et gazeuse, dont la temperature est si superieure a celle de I'air ambiant; aussi est-il souvent arrive que la sortie du bain, sur laquelle on avait compte pour reparer ses forces , est de- COSMOS. Ulil venue I'origine el la cause d'une affection de poitrine aigue ou chronique. Que d'embarras aussi et que de bruit pour faire arriver un bain du dehors pres du lit d'un malade qui a besoin des plus grapds managements ! La baignoire a lainpe, alors surtout que I'eau arrivera a tous les Stages des maisons, sera pour les habitants des villes un immense bienfait, et on la trouvera partout. Quel precieux avantage que de pouvoir, !e soir en se couchant, sans avoir autre chose a faire que d'ouvrir un robinet et d'allunier une lampe, se preparer a soi- meme, nun plus dans une baignoire commune, et qui a peut-etre servi a des personnes atfaquees de maladies contagieuses de peau ou autres , mais dans sa propre baignoire, un bain que Ton trouvera tout pret le matin ; que Ton quittera pour retrouver la chaleur douce et le repos du lit ! La baignoire a lampe ne rendra pas de moins grands services dans les campagnes. Chaque commune pourra et devra avoir la sienne, au moins pour le service des malades, et qu'il sera permis, sur la presentation de I'ordonnance du m(5decin, de transporter a domicile. Cette permission sera accord^e gratuitement pour les pauvres, mais on pourra exiger des families aisees une petite rede- vance suffisante pour couvrir les frais de ce service 6minemment bienfaisant et salutaire. Les bains de pied ou les bains de siege sont plus souvent n^cessaires encore que les bains du corps entier, et ils sont aussi heureusement bien plus faciles a preparer avec la lampe, puisque la quantite d'eau a chauffer est beaucoup plus petite. Au lieu de donner a la baignoire partielle la forme d'une banquette , on lui a donne la forme d'un fauteuil ou d'une chaise de nuit ordi- naire. La figure 3 represente un fauteuil- baignoire ; le coussin cache une cuve ou ba- quet metallique communiquant aus-i, par deux tubes horizontaux, avec I'appareil de chauffage. Ici encore on aura I'avantage es^entiel de pouvoir, non-seulement maintenir, mais dlever la temperature de I'eau apres le bain commence : on pourra atteindre ainsi, sans crainte de se bruler, des temperatures beaucoup plus elevees , ou prolonger indefiniment Faction salutaire de la derivation , sans qu'un refroidissement , lent ou brusque, puisse faire que le remede liliS COSMOS. devienne pire que le mal. On peut affirmer, sans exagt'ration, que, sur dix bains de siege ou de pied administres suivant la methode ordinaire, huit au moins ne I'ont pas ^te dans les conditions vou- lues, et n'ont pas produit I'effet que le ra^decin en attendait. Le bain partial a lainpe, meuble tantot tres-elegant, tantot d'une sini- plicite extreme , trouvera aus?i sa place forcement dans tous les menages. L'eau que Ton aura versee le soir dans la cuvette sera tiede ou chaude le matin , suivant que la meche de la lampe aura ete plus ou moins niontde , et on sera heureux de la trouver a son r^veil pour les besoins de la toilette. La lampe a permis en outre de construire des reservoirs cylindri- ques portatifs, a I'aide desquels on pourra chauffer ou maintenir chauds une foule de liquides ; les tisanes, par exemple, d'une salle d'hopital ; le cafi^ ou le the necessaire au service d'un vaste etablis- sement; le punch, le bischoff, les bavaroises, le vin chaud d'une soiree nombreuse ; le lait dont on veut, en hiver, faire monter la creme , ou qu'il s'agit de faire cailler, etc., etc. Elle a deja fait naitre une foule d'appareils utiles, dont, sans elle, on n'aurait pas eu meme la pensee, et qui croitront chaque jour en nombre. Mais il est une autre grande application, un autre genre de services qu'il importe d'indiquer moins rapidement. SECONDE APPLICATION. Calorifere a lampe ou poele-lampe pour appartements , wagons de chemins de fe7\ I'oitures publiques^ etc., etc. — H y a long- temps que Ton cherche a resoudre le probleme de caloriferes sans tuvau de chemin^e, ou sans communication fixe avec une clieminee; mobiles, par consequent, et portatifs. Bien des inventeurs ont cru avoir atteint ce but, et I'eurs appareils ingenieux ont meme eu tout d'abord quelques succes. Mais ils employaient malheureusement pour combustible le charbon ; or le charbon , de quelque maniere qu'on I'ait pr^pard, a toujours donne naissance a des gaz deleteres, amene des asphyxies nombreuses. Sur les instances du Conseil de salubrite, I'arlministration est intervenue, et a reprouve les appa- reils sur lesquels on avait fonde tant d'esperances. Ils (5taient com- modes, sans a\icun doute, mais essentiellement dangereux. II n'en sera plus ainsi quand on aura substitue I'huile au charbon, la lampe au fourneau. La police, alors, n'aura pas meme la pensee de pro- scrire les nouveaux caloriferes, qui seront tout aussi iiioff"ensil's que la lampe, les chandelles, les bougies, ou les bees de gaz qui nous ^clairent. Mais est-il possible, avec une lampe, d'echauff'er a une COSMOS. 44^ temperature convenable I'atmosphere d'une chambre ; de la mainte- nir par exemple , meme pendant I'hiver, a une temperature de 15 degrds au-dessus de zero? On pouvait en douter, meme a,pres le succfes obtenu dans le chauffage des bains ; des experiences re- centes ont donn^ des resultats tellenieiit inattendus et extraordi- naire.-J, qu'on pent, des aujourd'hui, regarder le probleme du chauf- fage a la lampe comme entiferement resolu. Le poele-lampe est tellement simple , qu'il n'a pas besoin d'etre figure pour etre parfaitement compris. Concevonsun cylindre en tole ferme a ses deux bases, et perce sur sa surface exterieure, un peu au-dessus de la base inferieure, d'une serie de trous donnant passage a I'air froid de I'appartement. Dans I'interieur du cylindre installons un appareil-larape semblable a celiii de la figure 1, avec sa cheminee metallique fumivore, mais dont le reservoir superieur est remplace par deux calottes spheriques superposees ou instal- lees I'une au-dessus de I'autre a une certaine distance. Le diametre de la premiere calotte la plus rapprochde de la lampe est plus petit ; elle n'occupe que la moitie environ de la section du cylindre; le diametre de la seconde calotte est plus grand ; elle s'etend presque jusqu'aux parois laterales du cylindre. Au-dessus des deux calottes, on a menage dans le cylindre des ouvertures ou bouches pour la sor- tie de I'air chaud. Si Ton allume la lampe, les deux calottes sphe- riques sont bientot briilantes ; I'air froid entre dans le cylindre, monte attire par la lampe qui fait appel, peneti e duns Tinterieur de la cheminee, va frapper la premiere calotte, s'echaufre de plus en plus, traverse I'espace compris entre les deux calottes, les leche de nouveau toutes deux, devient a son tour brulant, et sort par la bouche de chaleur. Un thermometre, place pres de Touverture de sortie, indique une temperature de plus en plus croi^sante; apres un quart d'heure ou vingt minutes, il marque jusqu'a, 120 degres. Une allumette , introduite dans ce courant d'air tres-sec et tres- •chaud, piend feu presque instantan^ment ; ce meme courant, en se melant et se meitant en equilibre avec I'atmosphere de la chambre, I'echauffe Ires-rapidement. Avec un poele-lampe, relativement tres-petit, et dans un temps relativement court, on pourrait porter a 30 et 35 degres la temperature de Fair de la chambre, ce qu il serait tres-difficile ou presque impossible d'obtenir par les modes de chauf- fage connus. II sera bon sans doute de creu^er a son centre la parol horizontale superieure du cylindre pour y attacher un vase rempli d'eau, laquelle sera, si Ton veut, portee tres-vite a Tebullition : avec des precautions convenables et si on la separe du foyer de chaleur, wo COSMOS. elle se rdduira lentement en vapeur pour humidifier I'air dessecht^ par I'appareil. Cette bouillotte d'eau pourra etre remplacce par un autre ustensile de cuisine quelconque , de manifere a ohtenir les effets de calefaction ou de cuisson que Ton jugera etre le plus avan- ta^eux. Le poele-lampe est encore a son berceau; il grandira ra- pideinent, et sera bientot applique a notre usage. On connaitlemode actuel de chauffage des diligences de chemins de fer par des cylindres ronds ou aplatis , remplis d'eau bouillante , que Ton place sous les pieds des voyageurs , et qu'il faut renouveler a toutes les grandes stations. C'est une nnauvaise imitation des chauffe-pieds connus sousle nom demoines, inefficace et cependant tres-dispendieuse.Un petit fourneau-lampe quilancera dans la caisse ou compartiment de la diligence des courants d'air tres-chaud , leur communiquera economiquement une temperature beaucoup plus ^levee. Si le trajet ne dure pas plus de douze heures , il n'y aura pas de substitutions a faire dans les stations; dans tous les cas , au lieu de lourds cylindres ou reservoirs d'eau , on n'aura plus a porter et a placer que de petites lampes prepar^es a I'avance. Des moJeles. de fourneau-lampe sont deja soumis aux administrations de dr- verses lignes et ils seront exp^rimentes en grand des le debut de la campagne d'hiver. Des diligences et des wagons de chemins de fer, le fourneau-lampe passera aux omnibus , aux caleches, aux coupes, aux voitures de place que Ton tend a rendre de plus en plus confor- tables; les cinq cents nouvelles voitures que la Compagnie generale promet aux Parisiens pour leurs etrennes, en seront sans doute pourvues ; et un immense progres sera accompli. Ce qui f rappera dans la nouveile invention ou mieux dans cette eombinaison ou application nouveile de vieux moyens, c'est sa simplicity unie a une efficacite et a une fecondite v^ritablement merveilleuses. Alors meme que le chauffage des bains a la lampe couterait plus cher que le chauffage des memes bains au bois et au charbon, il sera certainement prefere par le plus grand nombre, en raison de la commodity de son emploi, et des facilites qu'il procure. Mais il est suffisamment economique , meme au prix actuel des huiles, parce qu'il n'y a absolument aucune perte de chaleur. La chaleur est une sorte de force vive qui coGte sensiblement le meme prix, a quelque source commune qu'on la prenne ; la source la plus avantageuse est des lors celle qui est placee dans des conditions telles que Ton utilise tout ce qu'elle donna sans rayonnement perdu. COSMOS. fiSi Pour le chauffage des appartements avec calorifere ou poele- lampe, en outre des avantages que nous avons enumeres, et qui sont d'ailleurs evi dents par eux-memes , reconomie sera enornie des a present, et sans qu'on ait besoin d'attendre la substitution deshuiles de r^sine aux huiles ordinaires. Pour demontrer cette assertion il n'est nullement n^cessaire de recourir a de nouvelles experiences, elles ont ete faites parun des grands maitres en calorique, par M. Neil Arnott, theoricien eminent, praticien celebre, a qui la Societe royale de Londres a tout recemment decerne la grande medaille de Rum- fort pour les progrfes qu'il a fait faire a I'art si important du chauffage et de la ventilation. Qu'on lise dans I'ouvrage recent que M. Arnott, membre du Jury international de I'Exposition universelle, vient de publier sous ce titre : On the smokeless Jire-place, chymney- vahes^ an other means, old and new, of obtaining healthfull warmth and ventilation. Sur les foyers fumivores, les soupapes de cheminee, et autres moyens anciens et nouveaux de procurer une ventilation et un chauffage parfaitement sains; la description qu'il donne, page 138 et suivantes, de son self-regulating stove, ou poele se leglant lui-meme , les excellentes qualites qu'il lui at- tribue, les avantages qu'il procure ; on pourra alors se faire une idee des qualites et des avantages du calorifere ou poele-lampe, qui ne differe de I'appareil anglais que par la substitution d'une lampe es- sentiellement fumivore, toujours reglee, brulant seule et sans entre- tien pendant vingt-quatre heures, si son reservoir est suffisamment grand. On trouvera a I'endroit cit6 I'explication, ou mieux la cons- tatalion du fait extraordinaire ci-dessus enonce de I'enorme masse d'air chaud qu'un foyer aussi petit que la flamme dune lampe pent Jeter dans un appartement. Pour elever la temperature de sa salle a manger a 50 degres Farenheit, 15 degres centigrades, il suflfisait, dit M. Arnott, de faire arriver sur le foyer de charbon la quantity d'air qm peut penetrer par un orifice de trois quarts de pouce an- glais, 25 millimetres de diametre. Si i'on remarque que la substitution de la lampe au brasier de charbon a pour effet immediat la suppression du tuyau fixe qui en- chaine le poele a la cheminee, et la mobilisation absolue , par conse- quent, du foyer de chaleur; que ce foyer peut alors etreallumepartout dansune cave, une voiture quelconque, une loge d'aclrice, une coulisse de theatre, une tente de soldat, sans crainte aucune d'incendie ; qu'il peut etre transports partout, d'une piece dans une autre piece quel- conque, a toute distance, etc., etc., qu'on peut le moderera volonti''. demaniere a obtenir une temperature presque rigoureusement cons- 652 COSMOS. tante, I'eteindre et le rallumer sans peine aucune, etc., etc., on se fera une id^e de la portoe incalculable et de Timmense avenir du nouveau mode de chaufFage. Vienna maintenant I'huile de resine dont la consommation, pour tous les usages que nous avons ddcrits, entrainera une depense d'un ou deux centimes au plus par heure ; vienne aussi le gaz a I'eclairage donne a tres-bas prix, ou I'hydro- gene extrait de I'eau, moins coiiteux encore, et que Ton fera bru- ler a la place de la mfeche de la lampe dans le reservoir cyiindrique, et ce sera une revolution complete dans le chauffage de nos habi- tations, ce sera le chauffage a bon marche, ou presque pour rien; tous, jusqu'aux plus pauvres, pourront se defendre des rigueurs du froid. U ne restera plus alors qu'un pas a faire, un pas immense et bienheureux aussi , dont nous n'avons encore rien dit, parce que le moment n'est pas venu, ce sera de faire que la lumiere de la lampe soit mise a profit en meme temps que la chaleur quelle repandra si abondamment et si economiquement dans nos demeures. F. MoiGNO. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. Taris. — Imprimerie Ue W. Remqdet et Cie, rue Garaucitre, 5. T. VII. 19 OUTOBRE 1S55. QUATRIEME ANNEE. COSMOS. GRAVURS PHOTOGRAPHIQUE. PROCEDE PERFECTIONNE DE M. NIEPCE DE SAINT-VICTOR. Pour completer les procedes de gravure hciliographique , il fallait obtenir directement dans la chambre noire une epreuve sur la planche d'acier ; ce resultat n'avait 6te obtenu jusqu'a ce jour que dans des conditions qui ne permettaient pas de faire mordre la planche sans I'intervention d'un graveur. M. Niepce est enfin par- venu a combler cette lacune. II fallait, pour rc^ussir, trouver un vernis qui produisit une imaije a la chambre noire dans le moins de temps possible et dans de bonnes conditions de morsure ; le bitume de Jud^e remplit ces con- ditions lorsqu'on I'a rendu plus sensible par une exposition a I'air et a la lumiei^e, en procedant comme il suit ; On le dissout dans de la benzine et un dixieme d'essence de ci- tron, puis on le renferme dans un flacon qui ne soit pas entierement rempli, et dont le bouchon laisse pdndtrer I'air; on expose enfin le flacon a la lumiere solaire pendant une demi-heure ou une heure au plus, ou bien pendant cinq ou six heures a la lumiere diffuse. Le temps de I'exposition a I'air et a la lumiere doit varier en raison de la sensibilite naturelle du bitume de Judee, et selon que la benzine et I'essence ont di^ja subi, plusou moins, Taction de I'air et de la lumiere. Ces deux agents reunis exercent leur action avec une telle rapidite sur la benzine et I'essence, qu'il faut ne les employer que nouvellement exlraites, ou lorsqu'elles ont ete conservees a I'abri de toute action de la lumiere ; elles peuvent toutefois sans incon- venient avoir subi I'influence de I'air seul. II faut dtudier la sensibilite du vernis, et, pour la connaitre, on fait de temps en temps des essais d'impression au contact : si Ton obtient une bonne dpreuve en trois ou quatre minutes au soleil , avec un cliche photographique sur verre albumine, sans que I'image soit voilee, le vernis sera alors assez sensible pour qu'on opere dans la chambre noire. Le temps d'exposition de la planche vernie dans la chanibi'e noire varie d'une demi-heure a trois heures au soleil , de deux a six 16 654 COSMOS. heures a la lumiere diffuse. Apres ce temps, on traite la planche par un melange de benzine et d'efsence de citron pour dissoudre les portions qui n'ont pas ete impressionnees par la lumiere. Le me- lange dissolvant doit etre tel, qu'il rende en meme temps le plus- impermeable possible et le plus resistant possible a Taction de I'eau- forte, le vernis que la lumiere a frappe. Toutes ces conditions seront remplies si le vernis qui a repu I'epreuve dans la chambre noire et qui est reste adherent a la plaque apres Taction du dissol- vant, presente le meme aspect apres qu'avant son exposition a la lumiere, c'est-a-dire un aspect brillant et irise, sans que Timage soit trop voilee. Lorsque le vernis est dans cet etat, on pent, surtout si on le laisse quelques jours expose a un courant d'air, faire mordre la planche; mais il est plus prudent d'employer la vapeur d'essence d'aspic, comme M. Niepce Ta indiqu^ dans son premier Memoire, sous le nom Ae fumigations. Les epreuves obtenues directement a la chambre noire ne supportent pas Toperation parlaquelle on don- nait aux Epreuves obtenues au contact le grain d'aqiia-tinfa, en in- sufflant de la poudre de r^sine. Quelquefois une niorsure assez pro- fonde faite avec Teau-forte seule (surtout sur de petites images tres- fines ) permet d'encrer et de tirer de bonnes epreuves; mais en voulant pousser trop loin la morsure immediate , on d^truit les finesses de detail en rompant les traits les plus fins. II est done preferable, surtout pour de grandes images, de ne pas pousser la morsure si loin et de donner ce que M. Niepce appelle le grain chimiqiie, en traitant la planche par de Teau d'iode, qui de- polit l^gerement les tallies faites par Teau-forte. On peut alors en- crer la planche mordue a peu de profondeur, et le dessin n'aura lien perdu de sa finesse, si on n'a pas trop prolonge Taction de Teau iodee. Au moyen des operations que nous venons de d^crire, M. Niepce a obtenu directement a la chambre noire sur une planche d'acier une image photographique gravee dont on peut tirer, par I'im- primerie en taille-douce , des Epreuves qui, par le models et la finesse des traits, peuvent rivaliser avec les Epreuves photographi- ques sur papier. EUes ont, de plus, Tavantage d'etre inalterables, de pouvoir etre tirees a un grand nombre d'exemplaires, et, par consequent, livr^es a bon marche. II ne me reste plus, dit en terminant M. Niepce, qua rendre le vernis plus sensible, tout en lui conservant ses proprietcs, afin d'a- Ln'ger le temps d' exposition dans la chambre noire. ASSOCIATION BRITANNNIQUE POUR l' AVANCEMENT DES SCIENCES. REUNION DE GLASGOW, SEPTEMBRE 1855. Section A. Sciences physiipics el mathernatiques , — M. Piazzy Schmidt rend compte des observations qii'il a faites dans le but de constater, par un accroissement de refraction des rayons venus des etoiles, la presence autour ilu soleil d'un mi- lieu plus resistant que I'ether, ou d'une matiere plus condent^ee. Nous avons deja rendu compte de ces observations; elles sont trop peu nombreuses encore pour qu'on en puisse conclure avec certitude I'existence de celte condensation; elles semblentcependant la rendre probable. Nous t'erons remarquer seulement, pour etre juste, que cette atmosphere condensee avait ete signalee par M. Soguin sous le nom de matiere cahotique, bien avant que M. Thomson s'en oc- cupat. — M. Nichol a ete mis en possession, grace a la generosite de M. le marquis de Breadalbane, d'un telescope reflecteur d'une tres- grande puissance. C'est le grand miroir de 21 pouces de diametre, de 55 pieds de foyer, construit autrefois par feu M. Ramage; qui a ete travaille de nouveau , ramen^ a une distance focale raison- nable, repoli et monte ^quatorialement a Glascow aux frais du noble marquis. M. Nichol se propose surtout d'employer ce bfl instrument a 1' etude geologique de la lune, dans le but d'arriver a fixer la chronologie des formations successives de I'ecorce de notre satellite. II y a, dit-il, a la surface de la lune, des traces evidentes de dislocations; ou mieux sa surface est toute sem(^e de disloca- tions. Ces dislocations constituent les sillons lumineux, ou mieux les trainees de lumierequi semblent rayonner du centre de tous les anciens crateres, et que Ton retrouve meme sur les points ou les cratferes n'apparaissent plus. Quelle est la substance qui par son grand pouvoir refl^chi fait naitre ces train(^es lumineusesl Co n'est pas un d^pot superficiel, ou une coulee semblable a la lave; elle pe- netre a une grande profondeur dans I'interieur du corps de la lune comme les trapps de la terre, et les masses cristallines de craie ou de gypse, etc. Les intersections de ces trainees lumineuses sont par la meme des intersections de dislocations. Peut-on esp^rer de pou- voir discerner au moyen du telescope laquelle de ces deux disloca- tions ou lignes s^caiites est venue troubler la continuity de I'autre, et par consequent quelle est la plus ancienne des deux? M. Nichol 456 COSMOS. croit pouvoir affirnier que oui ; et il appuie ses conjectures de dessins qui repn'scnteiit des observations directes. . M. Stokes lit un m^moire sur rachromatisme des objectifs a deux verres. II admet I'irrationabilit^ de la dispersion niee par M. Porro dans ces derniers temps, et ne croit pas par consequent a la possibilite d'uti achroinatisme parfait. Lc but qu'il se propose est tout simplement le suivant : Etant donn(^s les deux verres a employer, trouver ce qu'il y aa faire pour obtenir le plus excellent effet possible? En d'autres termes , determiner le rapport des deux longueurs focales que donne rachromatisme le plus parfait qu'on puisse atteindre. On a essaye de r^soudre ce probleme par deux methodes tres-diffe rentes : la premiere, plus imparfaite, consiste a effectuer directement la compensation par tatonnement sur petite ^chelle, avec des prismes des deux substances. Dans la seconds ni6thode, on determine les indices de r(5fraction des deux verres pour les principales lignes du spectre solaire , et la difficulte con- siste a combiner de la meilleure maniere possible les donn^es tres- exactes de I'expenence pour obtenir le but propose. Apres avoir rappele le mode de combinaison adopte par Fraunhofer, et dont les resultats ne s'accordaient pas parfaitement avec I'observation, M. Stokes enonce de la maniere suivante la condition la plus propre suivant lui a donner un achromatisme parfait : » Faire en sorte que le point du spectre pour lequel la longueur focale de la combinaison des deux verres est un minimum coincide avec la portion la plus lumineuse du spectre, c'est-a-dire avec la ligne situee au tiers de I'intervalle DE qui separe la raie D de la raie E, en allant de D vers E. » L'indice de refraction du flint-glass peut etre consider^ comme une fonction de l'indice de refraction du crown; et cette fonction peut se d^velopper en une serie dont on peut, sans crainte d'erreur sensible, conserver seulement trois termes. On obtient ainsi une equation avec trois constantes arbitraires, dont les valeurs peuvent etre determinees pour chaque espece de verre au moyen des valeurs des trois indices de refraction correspondant a trois des litrnes tixes du spectre, et qui ont ^te mesur^s exp^rimentalement. On possede alors une formule a I'aide de laquelle on peut calculer la valeur du rapport /• des changements chromatiques des indices de refraction; ou des angles des deux prismes necessaires a rachro- matisme. En faisant I'application de cette formule a un objectif pour lequel Fraunhofer avait donne les indices de refraction des verres composants pour sept des raies du spectre et la valeur de /• ; et combinant de plusieurs manieres les sept indices trois a trois, COSMOS. ^57 M. Stokes, trouve pour r la valeur 1,980, que I'observation avait effectivement montrd etre celle qui doiinait le nieilleur achroma- tisme, — M. Thomson encore, toujours infatigable et fecond, lit une note sur I'emploi des temperatures terrestres dans la recherche de dates absolues en g(^ologie. —Sir David Brewster lit, au nom de M. Adamson, une note sur la fixation des epreuves photographiques. — iVI. Ciaudet presente et fait ressortir les avantages du bel appa- reil qu'il a designe du nom de pofysuheopticon ou stereoscope mul- tiple, dont un magnifique modele figure a I'fexposition universelle de Paris. Get appareil a pour objet de montrer successivement, par la simple rotation d'un bouton, un nombre considerable d'epre'uves photographiques accouplees pour donner la sensation du relief II comprend en realite six stereoscopes ordinaires, et, dans chacun de ces stereoscopes, on peut faire succeder I'une a I'autre quatre peintures. — M. Green montre le modele d'une machine a polir les miroirs de telescope, bien plus facile et moins couteuse de construction que les machines ordinaires. — M. Ellis developpe les principes d'une nouvelle geometrie analytique d'une generalite beaucoup plus grande, et qui contien- diait, comme cas parliculier, la methode cartesienne. Section B . Sciences chimiques. M. Anderson Ht un memoire relatif a Taction des acides et des alcalis sur les matieres colorantes. — M. Liebig presente un liiigot d'aluminium rapporte parlui de Pans, et dont le president de la section, M. Lyon Play fair, constate la sononte si remarquable. M. Daubeny annonce qu'il est en pos- session d'une sdrie de petits .poids faits avec I'aluminium, et qui rendront de grands services dans les pesees des analyses chimiques — M.Wilson appelle I'attention sur les changements de conmo! sition chimique survenus dans de I'eau de mer qui avait aliment^ pendant dixmois, un vivarium marin, c'est-a-dire dans laquelle des plantes marines et des animaux marins avaient v^cu pendant dix mois. — M. AndreAvs annonce qu'en prenant pour eudiometrcs des tubes thermometnques dans lesquels il avait fait fondre des fils de platine, il a reussi a mettre en evidence la decomposition de I'eaa- a recueilhr et a raesurer les gaz resultant de la decomposition de 658 COSMOS. I'eau, soit par I'dlectricite de friction des machines ordinaires, soit par r^lectricite atmospherique , meme par un temps ordinaire , en I'absence de tout orage. La quantite de gaz obtenue par ce moyen, quoique tres-visible , facile a recueillir et a mesurer, est excessivement petite ; son poids ne s'eleve pas a un sept cent mil- lieme de grain par minute. Si , jusqu'ici , on n'a pas pu montrer la decomposition de I'eau par I'electricite de frottement , c' est que, dans les eudiombtres ordinaires , le gaz se dissout dans le liquide a mesure qu'il est mis en liberte. — M. le docteur Mathiessen a r^ussi a obtenir le strontium et le calcium sous forme de rdgule metallique; il decrit les appareils qui ont rendu possible cette preparation, et montre de beaux echantil- lons de ces deux metaux renferin^s dans des tubes scelles a la lampe, vides d'air, et remplis d'huile de naphte ou de schiste. La section admire aussi un fil en lithium obtenu par M. Bunsen. — M. Greville Wdliams lit une note sur les bases constituantes du charbon-naphte (coal-naphta). — M. le professeur Penny communique un m^moire sur la phos- phorescence et la composition du sulfate plat de potasse. Ce sel est un produit extrait des potasses brutes ; on I'a appele sulfate plat, parce qu'il a la propriete de cristalliser en plaques ou lames epaisses formces de plusieurs couches superposees de cristaux elementaires. Les cristaux, a I'instant de leur formation, ^mettent une lumiere phosphorescente tres-brillante. Les magnifiques echantillons exhibes proviennent de I'usine de M. Patterson, grand manufacturie-r de Glascow. — M. le docteur Macadam presente I'analyse des eaux de la Clyde. — M- le professeur' Franckland appelle I'attention sur divers composes organiques renfermant des metaux. — M. le professeur Anderson lit une note sur la decomposition des sels de platine par les alcalis organiques. • — M. le baron Liebig lit la note sur un nouvel acide cyanique que nos lecteurs connaissent deja. — M. Fr^my donne une analyse de ses recherches relatives a I'extraclion des metaux contenus dans les residus du mineral de platine, I'osmium , I'iridium , le rhodium. La nouvelle methode de preparation de I'osmium consisto a faire passer de I'air atmosphe- rique sur les residus renfennes dans wn tube de porcelaine chauffe au rouge. L'acide osmique volatil va se condenser dans un ballon ; roxydi' moins volatil de ruthenium vient se deposer a Fextieniile COSMOS. 459 du tube ; on separe des autres metaux le rhodium reste dans la masse au moyen du chlore ^leve a une tres-haute temperature. — M. le professeur Andrews lit une note sur les modifications allotropiques du chlore et du brome , analogues a la modification allotropique de I'oxygene qui constitue 1' ozone. Nous continuons a soutenir que le seul veritable moyen de se faire une idee nette de ces formes nouvelles, est de les considerer commede I'oxygene, du chlore et du brome sans leur atmosphere d'dlectricite positive, avec leur seule Electricity negative essentielle. C'est la disparition de I'atmosphere d'electricite contraire a I'electricite propre de la mole- cule, qui, dans tous les cas, doit la faire j)asser de I'etat passif ou neutre ace qu'on nomme actuellement etat actif ow naissant. — M. le president de la section lit une note posthume de M. Cross, I'infatigable experimentateur d'electricite, sur une action mecaniijue apparente qui accompagne le transport electrique. L'ann^e derniere M. Cross, que nous vimes a Liverpool , communiqua a I'Associa- tion une experience curieuse. II pla9ait un souverain au contact d'une plaque de carbonate de chaux, au-dessous d'une solution d'acide nitrique, formee d'une partie d'acide pur etendue par cinq parties d'eau , et faisait passer a travers cet ensemble une serie d'etincelles d'electricite positive. Apres cinquante heures, le rebord en relief de la piece d'or etait brise en morceaux qui s'attachaient au carbonate de chaux , de telle sorte que le souverain avait perdu 3 grains de son poids ; une tige de verre dont on se servait pour appuyer le sou- verain contre le carbonate de chaux, apparaissait constamment dor^e. II y avait en outre formation de nitrate de chaux; et, quant a I'acide nitrique , on substituait de I'acide sulfurique dilue , on voyait se deposer, sur une lame de verre placee au-dessus du car- bonate, des cristaux de sulfate de chaux orientes tous perpendi- culairement a la direction du flux electrique. Quelques membres de la section crurent que cette brisure du bord et ce transport pro- venaient de ce que Tor n' etait pas pur, ou contenait du cuivre. Pour I'honneur de son man", M""" veuve Cross a fait repeter I'experienee avec de Tor parfaitement pur, et le r^sultat est reste le meme. — M. le professeur Bunsen et M. Roscoe ontentrepris depuis deux ans une serie de recherches, qui durent encore, sur les lois de Taction chimique de la lumiere. Le president de la section annonce que le conseil mettra a la disposition de ces messieurs une certaine somme pour la continuation de leurs travaux, et la discussion tres- difficile de leurs experiences. [La suite au prochain numero.) ACADEBIIE DBS SCIENCES. SEANCE DU 8 OCTOERE. A I'ouverture de la s&nce, M. Regnault, president, annonce a rAcadcmie la perte douloureuse qu'elle vient de faire dans la per- sonne de M. Magendie, decede la veille (7 octobre), a sa terre de Sannois, aprcs une longue et cruelle maladie. M. Flourens ajoute que cette perte, tr^s-sensible pour toutes les personnes qui cultivent les sciences, le sera particuli^rement pour celles qui s'iiiteressent au progres de la physiologie expdrimentale, science dans laquelle M. Magendie s'etait marque , par ses grands travaux, une place si dminente. — M. Le Verrier communique la ddcouverte d'une nouvelle pe- tite planete, faite a Paris, dans la soiree du 5 octobre, par M. Her- mann Goldsmith. Nous avons donne d^ja les positions approchees de cette planete que M. Le Verrier a nomm6 Jtalanle. Le meme soir M. Luther decouvrait, dans I'Observatoire de Bilk, pres DusseldorfF, aussi une petite planete. En raison de sa ddclinaison de nom contraire et de son ascension droite tres-difK- rente, elle ne peut pas etre confondue avec celle de M. Goldschmidt. Ce sera la trente-septieme du groupe ; M. le maire de Dusseldorff ]'a appele Fides. — M. Kuhlmann lit une nouvelle note sur diverses phdnomfenes d'oxygenation et de reduction. Dans sa pr^c^dente note, M. Kuhl- mann avait signal^ la propriete qu'ont les essences r^sinifiables d'absorber I'oxygene de I'air et de pouvoir, dans les premiers temps de cette absorption , devenir des agents d'oxygenation ^nergique. Cette propriete oxydante, dent la chaleur augmente I'dnergie, ap- partient ^galement a la terebenthine brute, et elle se retrouve dans les vernis. En faisant passer lentement et a froid un courant d'oxygene a travers une dissolution sulfurique d'indigo, constamment agitde avec de I'essence de terebenthine nouvellement distillee ; il y a en tres-peu de temps decoloration de I'indigo. La teinture de tournesol decolorde par une dissolution acide d'hy- posulfite de zinc prend au contact de I'essence a^ree une couleur rouge ; et si Ton sature I'acide libre, la couleur bleue r^parait avec son intensite primitive. L'essence de citron et d'autres essences rdsinifiables ou acidi- fiables, agissent comme I'essence de terebenthine ; I'essence d'a- COSMOS. ^61 mandes ameres produit les phenomenes d'oxydation et de decolo- ration au plus haut degre. La meme reaction parait devoir se produire avec plus ou nioins d'energie pour toutes les huiles grasses et lesgraisses; !a confirma- tion de ce fait donnerait I'explicalion de ce qui se passe dans le blanchiment de I'huile de palme, de la cire , etc. , sous I'influence des corps oxygenants. La maliere grasse porterait I'oxygene sur la matiere colorante avant que cat oxygene fiit fixe d'une nianiere stable. ' Certains carbures, la benzine, par exemple, nedonnent pas lieu aux ph^nomenes precites, si ce n'est peut-etre a la suite d'une longue expobition a I'air. Mais I'ether et les alcools lesproduisent a des degres variables. L'ether surtout decolore promptenient la dis- solution d'indigo. Dans les reductions des corps oxygenes, I'hydrogene agit beau- coup moins lorsqu'il est isole, que lorsqu'il est combine avec quelque autre corps combustible. Ainsi le gaz des marais et suitout Thydro- ghne sulfur^ agissent sur les couleurs vegetales , en les decolorant par desoxygenation ; et sur les sels metalliques en les reduisant. Plus les gaz sont solubles, plus leur action est ^nergique. L'ac- tion deletere de I'oxyde de carbone, de I'hydrogene sulfure surtout, se justifie par leur solubilite. EUe r^sulte de la soustraction qu'ils produisent a leur profit de I'oxygene absorbe par le sang, — M. Darlu donne la description d'un barometre de comparai- son. Ce barometre se bifurque au soixante-dixieme centimetre d'e- levation. La branclie verticale et la branche a plan incline portent I'un et I'autre un vernier curseur. La marche dans la branche in- clin^e est octuplee, son vernier a double index est pourvu d'une loupe pour la lecture des subdivisions au centieme de millimetre. Les divisions gravees sur le plan incline ont ete v^rifiees par com- paraison avec celles de la colonne verticale. La prise de mercure se fait dans un long tube-cuvette horizontal, dans lequel la peau de chamois des barometres de Fortin est remplacee par un systerae solide d'immersion que fait mouvoir una vis de rappel en ivoire. — M. Eigourdan lit un memoire sur les phenomenes de mirage observables a Paris dans beaucoup d'endroits ; sur les parapets des quais, sur les trottoirs , sur les marches des ^glises , sur les murs des fortifications, etc. On pent observer tres-facilement le mirage sur toutes les surfaces planes dune certaine etendue exposees au soleil ; mais c'est sur le soubassement sud-ouest de la Bourse que le (i62 COSMOS. ph^nom^ne se developpe plus ^nergiquement et plus rdgulierement que partout ailleurs. M. Bigourdan ne semhle pas avoir eu connaissance de I'arlicle que nous avons public dans la Presse du 1" Janvier 1852, et dans lequel nous avons decrit en detail et avec figure les effets de mirage que Ton observe sans peine sur une foule de points de Paris, celui entre autres que M. Silbermann jeune avait decouvert le long du pa- rapet du jardin de I'lnfante, au Louvre. Nous avons reproduit cet article, en partie, dansle Cosmos^ t. I", p. 325 et suivantes. Ce qu'd y avait dun peu nouveau dans la note primitive de M. Bi- gourdan, c'est I'observation du mirage lateral , le long d'un mur plus froid que I'air eavironnant , notamment sur le soubassement nord-ouest de la Bourse de Paris. — M. Buudriinont communique ses observations sur les etres mi- croscopiques de I'atmosphere terrestre. Pour observer au microscope les etres qui peuplent I'air atmospherique, plusieurs moyens peu- vent etre employes : 1" on peut condenser I'humidite contenue dans I'atmosphere et observer ensuite au microscope le fluide pro- venant de cette condensation ; 2° on peut faire barboter de Fair dans line petite quantite d'eau et observer cette eau au microscope. C'est ce dernier procedd que M. Baudrimont a principalement pra- tique, II joint a sa note les dessins de quelques-uns des etres qu'il a observes. — M. Bourguignon demande qu'on fasse des experiences dans le but d'etablir le traitement pri^servatif de la fievre typhoule et des maladies infectueusesirrecidivables, par I'inoculation de leurs pro- duits morbides. II pense que I'inoculation du virus typhoidique preservera les individus inocules des atteintes de la fievre typhoide spontanee. En terminant , il passe en revue les diverses eruptions auxquelles sont sujets les animaux domestiques, et sur lesquels il lui semble qu'on a le plus d'espoir de trouver le virus a transmet- tre comme pr^servatif de la fievre typhoide. — M. Czernikowski presents des observations sur les vaccinations et sur les regies a suivre pour les rendre plus efficaces. Suivant I'au- teur, il faudrait, pour vacciner les femelles, prendre le vaccin sur les males, et r(5ciproquement. L'idee est originale au moins si elle n'a aucune valeur intrinseque. — M. Legrand presente un memoire dans lequel il cite I'abla- tion de neuf loupes opcr^es a I'aide de la cauterisation lineaire rem- pla9ant Taction du bistouri. C'est, dit-il , une nouvelle preuve de I'innocuite de la m^thode qu'il s'efforce de repandre, et qui reunit, COSMOS. 463 selon lui, les avantages suivants : peu de douleur, jamais d'h^mor- ragie, jamais d'erysipele, jamais d'infection purulente. La duree du traitement est plus longue que dans I'ablation par la bistouri, elle varie de quinze a trente jours; mais on n'est jamais oblig^ de garder la chambre, et on peut vaquer librement a ses affaires. — M. Belval adresse un niemoire intitule : Essai sur une nou- velle jauge. — M. Niepce de Saint-Victor poursuit avec ardeur etavec succes I'oeuvre commencee par son oncle , Nicephore Niepce; tout nous fait esperer qu'il raclievera. Aujourd'hui , il presente a I'Academie un memoire sur la gravure heliographique , obtenue directement dans la chambre noire et sur quelques experiences scientifiques. Ce mt^moire est trop important pour que nous nous contentions d'en faire une courte analyse; nous lui donnons une place spdciale. Voici I'analyse de ses recherches relatives a Taction des difKrents gaz sur une plaque enduite d'un vernis heliographique compose de bitume de Judee : " I. Coinme I'avait prevu M. Chevreul, on sait aujourd'hui, par mes experiences, que le vernis heliographique ne subit aucune alte- ration dans le vide lumineux; il restait a savoir quel etait celui des gaz entrant dans la coinpoaition de I'air atmospherique qui agissait le plus. A priori, on pouvait dire que c'etait I'oxygene de I'air qui agis- sait sur le vernis heliographique , en produisant une oxydation comme sur beaucoup d'autres corps. Aujourd'hui je puis aflSrmer que c'est bien reellement le gaz oxygene qui agit , car il resulte des experiences comparatives que j'ai faites aux Gobelins, sous les yeux de M. Chevreuil, que I'oxy- gene a constamment agi plus efficacement que I'air, sans cepen- dant que les resultats de son action soient tres-differents de ceux que Ton obtient a I'air libre. L'hydrogene n'a rien donne ; I'azote pur , rien non plus : de sorte qu'il est bien evident que I'oxygene est indispensable pour que ces phenomenes photographiques aient lieu sur des substances organiques. Si, au contraire, on opera sur des matieres inorganiques, telles que les sels d'argent que Ton emploie en photographie, I'air atmo- spherique ne joue aucun role, puisque les composes d'argent noir- cissent dans le vide lumineux. II ne m'a pas ^te possible de cons- tater une difference sensible, et si j'en admettais une, elle serait plutol en faveur du vide. a64 COSMOS. Tels sont les resultats que j'ai obtenus en rc'petant un graiicf liombre do fois les iiiemes experiences clans les meilleures condi- tions possibles, grandement aide par M. Decaux, preparateur de M. Chevreul. » M, Niepce communique enfin quelques observations sur raction differente que I'air et la lumifere exercent sur la benzine et les es- sences. " II. L'air atmospherique seul agit autrementsur la benzine que si l'air et la lumiere agissent ensemble , d'ou il resulte que la benzine peut etre fortement coloree par I'influence de l'air seul, si la distillation ne lui a pas enlev6 completement les matieres r^si- Ileuses ou bitumineuses qu'elle contenait ; mais elle ne s'oxyg^- nera pas ou ne s'oxydera que sous I'influence de l'air et de la lumiere. Si la benzine a dte distillee plusieurs fois et que par ce fait on lui ait enleve totalement les matieres dtrangeres qu'elle contenait, e!le ne se colorera pas sous I'influence de l'air, meme reunie a 1' ac- tion de la lumifere ; elle ne s'oxydera pas, a moins d'une exposition tr^s-pro^ongde, et elle ne le sera toujours que tres-faiblement ; oii peut dire qu'elle est presque inerte. La benzine dans cet etat peut etre employee pour former un -vernis heliographique , mais il faudra alors une bien plus longue exposition du vernis a l'air et a la lumiere, puisque lasensibilite ne proviendra plus, pour ainsi dire, que du bitume de Judee et surtout de I'essence. Les essences secomportent de meme que la benzine; seulement , il y a une trfes-grande variation dans le temps necessaire pour qu'elles soient influencees par l'air et la lumiere rc^unis. La diffe- rence existe non-seulement pour chaque espece , mais meme dans c'elles de meme espece. Voila les observations qui resultent de mes experiences et que j'ai cru devoir communiquer a I'Academie, parce qu'elles me sem- blent avoir quelque interet pour la science. « — M. Guastella soumet au jugement de I'Academie un il/e- moire sur les ejfets de la desinfection preventive dans le cas de iiholera-morbus . — M. Flourens fait hommage a 1' Academic, au nom de M. Mars- hall-Hall d'un exemplaire de son ouvrage : y4percu du systeme special, on de la serie des actions reflexes dans lenrs applications a la physiologie, a la pathologie et specicdement a Cepilepsie. M. Flourens appelle I'attention sur les passages suivants qui peu- COSMOS. 665 vent, jusqu'a un certain point, donner une idee de ce que I'ouvrage renferme de neuf : •' Le systeme nerveux, autrefois divise en cer^bro-spinal et gan- glionnaire, doit niainteiiant, dit M. Hall , etre divis6 en systeme cerebral , spinal et ganglionnaire. Le premier ou le sous-systeme cerebral comprend : 1. le cerveau et le cervelet; 2. les nerfs des sous-speciaux; les nerfs des mouvements volontaires. Le troisieme ou sous-systeme ganglionnaire comprend; 1. la partie ganglion- naire des nerfs speciaux ou des membres ou parties exterieures ; 2. la partie ganglionnaire des parties interieures ou a. des mouve- ments des organes.interieurs musculairs ; h. des secretions , de la nutrition, etc. Le second ou le sous-systeme special comprend : 1. le centre spinal ou la vraie moelle epiniere ; 2. les nerfs incidents excitateuis; 3, les nerfs reflechis moteurs en liaison speciale et es- sentielle avec eux et avec le centre spinal. - Le passage suivant relatif a le resfjiration est encore du nom- bre de ceux qui sont signalds a I'attention : " Au commencement de mes recherches, cette fonction , dit I'au- teur, etait volontaire pour quelques physiologistes , involontaire pour d'aulres, mixte enfin pour le plus grand nombre. Les premiers la rattachaientau cerveau, les seconds, apresLegallois, a la moelle allongee, comme cause premiere de ses mouvements. Mes travaux ont. eu pour resultat la decouverte que ce n'est ni au cerveau ni a la moelle allongee que la respiration doit son premier mobile , mais bien a des nerfs incidents, le trifacial, le pneumogastrique, les spinaux qui regoivent des impressions, des excitations a leur origine, en portent les effets energiques a la moelle allongee d'ou s'opere un changement de direction , d'action et meme decombinaison d'actions qui se font par des nerfs lies essentiellement avec les premiers , nerfs reflechis , nerfs respiratoires de sir Charles Bell. Je formula ainsi le systeme nerveux respiratoire : NetCs incidenls de I'autfui-. Vrai uaeud respiratoire. Ner& respiratoires de sir Ch. Bejl. 1° Le tijjumeau. 1° Le diaphragniatique. 2° Le pneumogastrique. La moelle allongee. 2" Les intercoslaux. 3° Les spinaux culanes. 3° Les abdominaux. — M. Bernard a lu , dans la dernifere seance de I'Academie , un nouveau Memoire sur diverses applications du transport produit par la refraction des rayons lumineux qui rencontrent , sous des incidences obliques , un milieu transparent compris sous deux faces paralleles. Nous avons deja parle plusieurs fois du rdfractometre de M. Ber- ft66 COSMOS. nard : nous analyserons rapideinent los parties principales de son nouveau M^moire. L'appareil primitif a subi pcu de modifications (1) : Tune d 'elles consiste dans I'introduction d'un petit cercle vertical au centre du cercle des incidences ; cette disposition permet de trouver facile- lement le sens de I'inclinaison des deux surfaces d'une lame trans- parente, lorsque cette lame est prismatique, ce qui est le cas le plus ordinaire , et de rendre le transport independant de la devia- tion qui en est la consequence; on peut alors obtenir les indices de lames de trfes-faible ^paisseur avee une grande exactitude. M. Bernard a dcduit de la formule generale , (jui exprinie I'erreur totale due a la mesure de I'epaisseur de la lame et a colle du trans- port, que, pour une lame d'un millimetre d'epaisseur environ et pour I'incidence de 50 degrds , I'indice ne serait pas fausse de 0,004. Tl resulte en effet des nombreuses valeurs renfermees dans les tableaux des indices calcules par M. Bernard que cette approxi- mation est loin d'etre exageree. L'exactitude des valeurs obtenues par la mesure directe du trans- port est subordonnee a celle des indications de la vis de I'instru- ment : M. Bernard a cherche a rendre les rcsultats independants de cette mesure en la rempla9ant par des mesures angulaires : il y est parvenu en employant la melhode suivante : On dispose dans la partie de l'appareil qui renferme la mire et livre passage aux rayons lumineux de Villiimiiinteur, un micrometre forme d'une lame de verre divisee en dixifemes de millimetre, de telle sorte que , les divisions etant verticales et celles du milieu se trouvant sur I'axe optique de I'instrument, toutes les divisions soient eclairdes par le faisceau incident. Apres avoir fixe la lame refringente sur le support, a la maniere ordinaire, on la fait tourner d'lm angle a, tel que la /i''°'^ division a droite de la ligne cen- trale du micrometre soit amenee a coincider avec les fils de la lunette ; puis , d'un angle a , de maniere a amener en coinci- dence la n'''""' division de gauche ; on repete les observations pour les cadrans opposes ; la moyenne de ces angles donne la valeur de Tangle « , qui correspond au transport des divisions microme- triques. On determine de la meme maniere, pour le meme transport , la (1) La Icnlille que portait autrefois rilliiminateur a cte siipprimee : on y supplee, lorsqu'on se sert d'une lumiere artificielle, par une lentille exterieure qu'on approche ou qu'oii eloigne, a volcnie de la source lumineuse. Lorsqu'on eniploie la lumiere du spectre, celle lentille est inuliie. COSMOS. 467 valeur de «', relative a une nouvelle lame clont I'indice n' est connu: en joignant a ces valeurs celles des epaisseurs des lames, on a tons les elements necessaires pour calculer rindice, au moyen de la for- mula \/(l — P)- sill. - a -)- COS. '■' (X e sin. a' P = --: Q,Q = 1 — v^ Les epaisseurs e, e', n'entrant dans ces formules que par leur rapport, on est dispense d'employer dans leur mesure la vis de I'instrument. Ce second moyen serait tres-commode pour determiner les in- dices de refraction des liquides : on les renfermerait dans une cuve a faces paralleles, dont la profondeur resterait sensiblement inva- riable : on n'aurait alors a s'occuper que de la determination des angles qui ramenent tous les transports a un transport commun. Les indices de I'ean, qui ont ete calcules avec une si grande preci- sion par Fraunhofer, pourraient servir de points de depart , et il serait facile, au moyen d'une disposition tres-simple , de faire va- rier la temperature du liquide et de suivre, pour ainsi dire, a vue d'ceil, la variation que subirait le transport sous cette influence. En resume, les diverses applications qui ont fait I'objet de ce travail comprennent : 1° L' extension du proced4 de mesure des indices des plaques epaisses a la determination des indices des plaques minces ; 2° Incidemment, Vindication d'un moyen simple de verifier le parallelisme des surfaces des lames transparentes ou d'en trouver le sens de I'inclinaison lorsque ces lames sont prismatiques ; 3° La determination des valeurs qui ont servi a verifier plusieurs mesures photometriques prises par M. Arago; 4" La determination des sept indices principaux du verre de Saint-Gobain ; 5" L' exposition d'une seconde methode pour calculer les indices de refraction au moyen de mesures angulaires ; 6° Des details relatifs au nouveau mode de verification des lois de la double refraction , au moyen du refractometre et des for- mules calculdes par M. Billet. EXPOSITION USIVERSELLE. VARIETES. LA FRAUDE VAIMCUE. VUTS DE SURETE A JAUGE INVARIABLE DE M. MACilRt. IX.« classe, Anuexe du boiJ de I'eau, 46 A. M. Macaire est encore un de ces honimes qui , sous des dehors froids etdoux, cachent uiie grande cnergie et una volonte defer; qui, lorsqu'ils se sont propose un grand but , le poursuivent avec line perseverance qui defie tous les obtaoles. II a fait longtemps et loyalement le commerce de vins ; sa loyaute n'etait pas le moyen d'arriver a une grande fortune , mais il est heureux de la modeste aisance qu'elle lui a faite ; et il consacre tous les loisirs de sa retraite a chercher une solution simple et efficace d'un probleme d'interet general et considerable. L'achat et la vente des liqueurs alcooliques se font actuellement encore dans des conditions vraiment absurdes et barbares. D'abord, par la plus etrange des anomalies , on n'a pas etendu le systems metrique aux vases danslesquels cesliquides sont vendus et achetes. Vous trouvez des tonneaux , des barriques , des feuillettes , des bouteilles, etc. , de capaciles presque entierement arbitraires; de sorte qu'en realite acheter une barrique ou une bouteille de vin , c'est presque acheter I'inconnu ; c'est du moins acheter sous un meme nom, lequel d'apres les regies du bon sens des langues devrait, dans un meme pays, du moins, signifier la meme chose , des quantites de liquides tres-differentes. En second lieu, une barrique ou futaille, c'est tout ce qu'il y a en soi non pas seulement de plus accessible a lafraude, mais de plus engageant a la fraude. Comment un vase en bois, forme de douves mal jointes, au sein duquel la chaleur exerce sans entravesson action vaporisante; que Ton ne defend qu'agrand'- peine des fuites causees par les dilatations et les condensations qui accompagnent ou suivent necessairement les variations de tempera- ture; que Ton peut a chaque instant percer avec une multitude de moyens infaillibles, lechevillage, le deplacement des cercles mobiles, de dissimuler et de rendre a jamais invisibles Ics solutions passageres de continuite; comment, disons-nous, un semblable recipient ne serait-il pas une garantie tout a fait illusoire? Aussi quelle lamentable histoireque celle d'un tonneau de vin qui passe des caves du produc- teur dans les verres des consommateurs ! Deficit enorme dans la jauge nominale; vols de route, volsde magasin , vols de cave, substitution COSMOS. aegr d'esfampilles mensongferes aux estampilles vraies, alterations frau- duleuses ; il a tout subi. Le contenu a perdu pres de20 pour 100 de son volume primitif , remplac^ , Dieu sait par quoi ! le coiitenant, le tonneau, a perdu en moyenne pres de 80 pour 100 de sa valeur. On n'exagererait certainement rien, en evaluant a 20 ou 25 mil- lions la perte annuelle qu'entrainent la rapidite de destruction et I'dnorme depreciation des futailles vives actuelles; a 100 millions le dommage cause chaque annee par le vol et la fraude aux ven- deurs en detail et aux consommateurs, Voila le mal vraiment afFreux que M. Macaire a voulu conjurer en inventant ses futs de surete a jauge invariable , destines a renfer- iTier les liquides en circulation , en d^pot , ou en vidange. Ces futs sont avant tout des fiats m^triques, c'est-a-dire que leurs capacit^s v^rifides par I'administration, sont rigoureusement expri- mees en hectolitres, decalitres et litres; ils sont ensuite defendus contre les deteriorations matc^ielles et les alterations coupables par un systfeme trfes-ing^nieux ettres-efficace de cannelles, debondes et de cercles en fer. La cannelle peut etre scellee ou mise sous clef ; elie porte int^rieu- rement une soupape qui s'opposea ce qu'aucun iiquide puisse pen^- trer a I'interieur par son bee ; et on peut I'armer en outre d'un tube accusateur qui retiendrait une portion du Iiquide qu'on aurait tentd d'introduire par elle. La bonde, tout en laissant p^ndtrer Fair a volontd, fait obstacle al'introduction d'un Iiquide Stranger, et garde aussi line portion de ce Iiquide comme tdtnoin irrecusable du delit. Pour supprimer, dans le transport, les per^ages inutiles et dangereux, on pourra adapter au tonneau un fausset qui ne puisse etre ouvert que par les ayant- droit, Les cercles en fer enfin de M. Macaire sont relids entre eux sur les douves, au moyen de bandes mdtalliques longitudinales et de vis , de telle sorte qu'ils ne puissent etre ddplaces dans le but de cacher les trous que Ton aurait percds avec des vrilles pour les fermer ensuite avec des chevilles. M. Macaire avail soumis ses futs de siiretd au jugement de la Socidte d'encouragement; le Comitd des arts mdcaniques, par I'or- gane de M. Siiberman aine, conservateur des collections du Con- servatoire des Arts-et-Metiers , s'dtait empresse de reconnaitre « que I'inventeur avec sa cannelle, sa bonde et son cerclage avait rdellement atteint le but qu'il s'dtait propose, protdger les liquides contre la fraude et le vol. » Nous avons d^ja enregistrd ce juge- 470 COSMOS. ment favorable dans la vingt-deuxieme livraison de notre cin- quieine volume; mais il nous a semble qu'en raison de son impor- tance cette invention meritait de fixer de nouveau I'attention de nos lecteurs ; d'autant plus qu'en exposant ses fuls de surete, M. Macaire leur a fait subir des perfectionnements tres-notables. II les a rendus plus simples, sans leur rien faiie perdre de leur siarete, ce qui a per- mis de diminuer considerablement leur prix; il a tres-heureusement ajoute une nouvelle estampille, celle des degustateurs patentes, estampille que Ton fixe extra muros sur le lieu et au moment de la vente , et qui met a I'abri des substitutions ou des adulterations qui sont si froquentes dans les grandes villes. Depuis 1835, M. Macaire n'a pas cesse de solliciter, par tous les moyens de publicity en son pouvoir, I'apparition d'une loi qui r^gle et moralise le commerce des vins et des liqueurs alcooliques; I'adoptioii definitive de jauges uniformes, ddcimales, officiellement contioleos, munies des estampilles obligatoires du producteur, du vendeur, du degustateur, etc., etc. Louis XIV, par une ordon- nance ro3'ale de 1672, avait deja tento cette bienheureuse rdforme, mais elle n'avait aucune chance de succes, ou plutot elle etait ri- goureusement impossible tant qu'on n'avait pas invente un systems de fiits parfaitement approprie et efficace. Aujourd'hui rien ne s'oppose a ce qu'on accomplisse enfin ce progres si desirable ou plutot si urgent. Les futs de M. Macaire ne laissent rien a desirer; malgre leur prix plus eleve ils sont en realiteeconomiques, puis- qu'ils mettent a I'abri des pertes tres-grandes qu'entrainent la va- porisation rapide des liquides dans les anciennes futailles, et la de- terioration ^norme de 80 pour 100 que ces futailles subissent. L'exporience a prouve que les nouveaux futs avec leurs cercles m^- talliques conservent une jauge invariable pendant de longues annees. Nous serions desole d'apprendre que I'excellente invention de M. Macaire n'eiit pas fixe au plus haut degre I'attention du Jury in- ternational, et qu'elle n'eiat pas ^te jugee digne d'une rt^compense tres-^levee. II s'agit d'abus dnormes, et dont plusieurs millions de conservateurs sont journellement la victirae! Seul dans I'immense Palais M. Macaire vient les combattre avec la certitude de les vain- cre s'il est seconde; sa solution d'un grand et difficile probleme, fruit d'une longue vie de recherches intelligentes, patientes et dis- pendieuses, est vraiment bonne, et elle a deja re9u I'approbation des juges les plus compelents. Si elle sort du concours glorifiee et couronnee , elle s'imposera tout naturellement a la prise en consid^- COSMOS. 471 ration des administrations superieures, et sera bientot d^finitive- ment adoptee. Si elle passe au contraire inapergue ou dedaignee, elle rentrera dans Toubli ; I'urgente r^fornrie sera indefiniment ajnurnee, le vol et la fraude regneront encore longtemps en tyrans, au errand detriment de la society tout entiere. F. Moigno. PRESERVATIF CONTRE UN IMMENSE DANGER. EMBRATEUR ELECTRIQUE DE M. AcHARD TRANSFORME EN APPAREIL ENRATEUR ELECTRIQUK DES CHEMINS DE FER. IS° 1S3. Annexe du bord de I'eau. 107 D. Nous avons deja signale a nos lecteufs, comme une des plus heureuses et des plus utiles nouveautes de I'Exposition universelle, I'embrayeur electrique de M. Achard, ancieii eleve de lEcole po- lytecbnique. A I'epoque oil nous ecrivions notre premier article, nous savions deja que I'inventeur avait fait une importante applica- tion de son excellent m^canisme a I'enrayage des trains sur les che- mins de fer ; qu'il etait parvenu, par ce moyen , non-seulement a rendre plus efficace le systeme adopte de freins, mais encore a faire agirles freins automatiquement sans I'intervention des conducteuis ou du mecanicien, des que deux trains se trouvaient sur la meme voie avec danger de collision. Si nous avons garde le silence sur cette belle ai)plication, c'est uniquement parce que M. Achard n'a- vait pas rempli les formalites necessaires pour mettre ses droits de propriety completement a I'abri; aujourd'hui qu'il n'a plus rien a craindre, nous nous empressons de publier la description de ses ap- pareils, et den faire ressortir les avantages. Les accidents si ter- ribles arrives coup sur coup depuis quelques mois donnent a cette publication un interel beaucoup plus grand, et nous appelons sur elle I'attention des ingenieurs. Nous donnerons d'abord la l^gende des sept figures, representant les appareils ou les dispositions a I'aide desquels on obtiendra un enrayage parfait et une Sf^curite absolue. I. Serreur des freins. — Sur I'arbre A, auquel est adaptee la manivelle des freins, on fixe solidement une roue a rochet C armee seulement de huit dents. Un excentrique D installe sur I'un des es- sieux N du vagon, communique un niouvement circulaire de ya-et- vient a un second arbre vertical E parallele a I'arbre de la mani- velle, et a proximile de ce dernier. Le mouvement alternatif cir- culaire est communique a cet arbre par la tige ou bielle F de I'ex- cenlrique D, articulce au-dessous du plancher du wagon, sur le 672 COSMOS. bras M solidement adapts a la partie inf^rieure de I'arbre E. Sur ce meme deuxieme arbre, et a la hauteur de la roue a rochet, on a ^M ^ ^ f's4 f'J.2. P f'y-f- f'J- ^ w f'J „.e. ^S t^ W W^ fix^ un bras G arm^ d'un cliquet H pouvant, au besoin, agir sur les dents de la roue a rochet, et la faire tourner de I'intervalle d'un© dent a chaque oscillation de I'arbre conimande par I'excentrique, Si le bras G dtait invariablement fixd a I'arhre E, aussitot que le COSMOS. 673 wagon se mettrait en marche le cliquet H pousserait la roue a ro- chet de I'intervalle d'une dent a chaquetour de l'essieu,ce qui ferait serrer les freins presque immddiatement. Comme ce n'est pas la le but qu'on se propose, qu'il faut au contraire que le cliquet H n'agisse pas d'une maniere continue, mais seulement dans lecas oil I'enrayagedevient necessaire; lebras G qui porte le cliquet s'adapte sur I'arbre E, a la maniere d'une poulie folle, pouvant tourner autour de lui , et n'etanl entrainee par lui que lorsqu'on met en jeu im m^canisnie dlectro-magnetique que nous aliens d^crire. On fixe invariablement sur le bras G un electro-aimant I. Un deuxicme bras K est adapte solidement au meme arbre E, et se trouve force de participer a son mouvement alternatif ; a son extremity on a a- justd un niorceau de fer doux L pouvant faire fonction d' armature, par rapport al'electro-aimant dont on vient de parler. Ce deuxieme bras K , porteur de I'armature L , par sa liaison invariable avec I'arbre E, oscille sans cesse en di^crivant constamment un arc de cercle : dans son mouvement alternatif, i'armature va, a cliaque instant, butter centre I'dectro-aimant I sans que cet electro-aimant participe au mouvement ; il est seulement legerement touchy. Mais si a un instant donne , et par une cause quelconque, un courant electrique circule a travers les fils de I'electro - aimant I ; alors I'armature L en venant de nouveau butter centre ce dernier, est attiree et retenue par lui ; il y aura adherence entre ces deux pieces ; et I'armature en se retirant par le mouvement qui lui est propre, entrainera I'electro-aimant qui peut, comme une poulie folle, tourner autour de I'arbre E. Pendant ce premier mouvement, le cliquet H glissera pour se placer derriere une nouvelle dent de la roue a rochet C. L'armature L recommen9ant ensuite son mouve- ment en sens inverse, poussera devant elle I'electro-aimant, et par suite le cliquet qui fera tourner la roue a rochet de I'intervalle d'une dent. Ce mouvement se continuera comme si le bras porteur du cliquet etait invariablement fixe a I'arbre, et, a chaque instant, la roue a rochet tournera de I'intervalle d'une dent, ce qui lui fera faire un tour entier a peu pres dans une seconde et 1/3, ou envi- ron quatre tours en cinq secondes 1/3. Les freins se trouveront done serres au bout de cinq secondes 1/3, s'il faut quatre tours de manivelle pour le serrage a fond ; c'est a peu prfes la vitesse avec laquelle les gardes-freins parviennent a serrer compl^tement les freins actuels en France, au moyen d'une vis tournant dans un e- crou mobile adapte sur un bras de levier qui donne le mouvement a cet ecrou. ^7^ cosmos. S'il s'agissait d'un autre systeme de freins , on parviendrait fou- jnurs, en adaptant I'einbniyage electrique , a produire le meine effet que les gardes-freins eux-memes, et sans leur participation. On comprendra facilement, 1" que , les freins une fois serres , le m^canisme cesse d'agir, puisque I'essieuqui est le moteur ne tourne plus; 2" qu'il n'est pas necessaire d'employer de forts courants ^lectriques, ni de gros ainnants , puisque la force d'attraction de I'^lectro-aimant agit au contact et non pas a distance, et qu'elle n'a a vaincre que des resistances de frottement. II. — Serreur automatique des freins. — La figure 2 reprdsente ]a disposition a I'aide de laquelle on fait serrer les freins aussitot que deux trains, situes sur la meme voie , ne sent plus qu'a 2 ou 4 kilometres de distance. On etablira, entre les deux rails et sur toute la longueur de la voie , un premier conducteur metallique interrompu tons les 4 kilomfetres ; il consiste en nne baiide de fer muice P, en forme de ruban, engag^e dans des tasseaux on bois O fixes sur le milieu des traverses qui relient les deux rails, ou tout presde I'un des rails , suivant que I'exigera la commodite du ser- vice. Parallelement et tout pres de ce premier conducteur, on en dtablira un autre P' regnant aussi tout le long de la voie, egalement interrompu lous les 4 kilometres; mais les points d'interruption du second conducteur alternent avec celles du premier ; ils se trouvent en face du point milieu dechaque longueur non interrompuedu con- ducteur P. Chaque train sera muni d'unepile, chaque manivelle de freins sera armeed'unappareilsemblable acelui que nous avons dd- crit. Le Avagon sur lequel on aura installe la pile sera muni de deux frottoirs metalliques Q (fig. 6) , fixes sur des tiges articulees. Ces deux frottoirs Q appuient constamment I'un sur I'un des deux conducteurs P et P' etablis sur la voie, I'autre sur un des deux rails. Chacun sera en communication metallique avec I'un des poles de la pile. Le fil metallique partant de I'un des poles , avant de joindre le frottoir qui lui correspond , se dirigera vers les ^lectro-aimants , les par- courra successivement et reviendra s'attacher a ce frottoir. Dans tousles trains, les piles seront disposes de la meme maniere ; le pole positif , par exemple, sera toujours a droite dans le sens de la marche. Lorsque deux trains , allant a la rencontre I'un de I'autre, se trouveront au meme moment sur une meme longueur non inter- rompuede conducteur metallique, il e.stclair que le circuit electrique sera ferme , puisque les deux piles se trouvent en communication metallique par les frottoirs qui appuient sur le meme conducteur. A cause de la position inverse des deux trains , les deux piles auront COSMOS. 475 leurs poles inverseinent places , les deux courants agiront dans la ineme direction et leurs actions s'ajouteront ; les electro-aimants devenus actifs a la fois serreront les freins des deux c6t(5s; et les convois seront dans I'impossibilite de se rencontrer . III. — Conducteur du courant siir la voie. — Le jeu du mdca- nisme sera d'autant plus parfait et plus siir que I'electricite des piles sera mieux conduite, ou le conducteur mieux etabli. M. Achard propose dans cebut la disposition suivante dont I'efficacite repose d'abord sur la propriete qu'ont presque tous les corps gras, notam- ment le suif, les graisses et presque toutes leshuiles, d'etre non con- ducteurs de I'electricite a I'etat solide, et de devenir conducteurs a I'etat liquide; puis, sur ce fait.'consacrd par I'exp^rience, que deux corps iTi^talliques isoles par una couche solide de graisse repandue sur toute leur surface, peuvent cependant se transmettre le fluide dectrique, lorsqu'on les aiT\ene au contact en leur faisant exercer I'un sur I'autre un frottennent suffisainment energique. Le contact continu , sur les conducteurs , pendant la marclie des trains , s'effectue au nioyen d'un frottoir Q (fig. 6) port^ par un bras articul^ R fix6 solidement a I'arriere ou a I'avant de I'une des voi- tures. Le frottoir Q est suivi de pres par une boite a graisse appuyant aussi constamment sur les deux conducteurs P.P'etdisposeeexacte- ment commele frottoir, a I'extremite d'un bras articule. Le fondde la boite , forme d'un morceau de cuivre d'une forte epaisseur, est perce de petits trous destines a donner issue a la graisse. Pendant la marche, le frottement echauffe la boite, la chaleur liquefiela partie inferieure d'abord et successivement en remontant. La graisse se filtre ainsi a travers le fond et se repand sur toute la longueur des deux conducteurs P, P'. La, le- contact du metal froid la solidi- fie et elle devient une enveloppe isolante pour ces memes conduc- teurs. C'est ainsi qu'en faisant fonctionner cette boite a graisse aussi souvent qu'on en sentira la necessite, on tiendra constamment ala disposition du fluide electrique des conducteurs aussi complete- ment isoles que possible. En augmentant la pression du frottoir, on rendra le frottement suffisamnient t^nergique pour qu'il puisse , malgre la presence de la graisse, transmettre I'electricite aux con- ducteurs , el vice versa. Les figures 3, 4, 5 et 6 indiqu^nt suffisam- ment les dispositions et le jeu du systeme. P, P' (fig. 3) sent les deux bandesvuesavold'oiseau, poseessur les tasseauxenboisO. Chaque bande appuie centre le bord int^rieur de I'entaille pratiquee au tasseau, par I'intermediaire d'une plaque en porcelaine a gariiie de deux boutons : un seul de ses boutons est visible dans cette fifrure. U16 COSMOS. Deux coins en bois ou mieux en porcelaine b tiennent les deux bandes ecartees et serrees contre les parrois de I'entaiUe. Letasseau de droite indique I'interruption de I'une des bandes. La figure 4 montre les tasseaux et les conducteurs en elevation. La figure 5 indique I'un des tasseaux vu de face lorsqu'on i egarde dans le sens de la longueur de la voie. On y remarque les deux plaques en porcelaine a avec leurs deux boutons et les rebords infi^rieurs sur lesquels portent les deux bandes conductrices. Entre ces deux bandes est figure le coin b en bois ou en porcelaine qui les separe et les serre contre les parois interieures du tasseau . On a aussi figure un petit canal vertical aboutissant a un autre canal incline de maniere a donner passage a I'eau en temps depluie. Q (figure 6) est le frottoir qui doit etrefix6 al'avant ou a I'arrifere de I'une des voitures. On voit que I'articulation D force la pifece a s'appuyer exactement dans le sens de la longueur, et que I'articulation/ force la nieme piece a s'appuyer exactement dansle sens de la largeur, de maniere a ce que le contact ait lieu d'une maniere continue . La partie coupee du bras est celle qui doit etre fix6e invariablement a I'une des voitures. Le fil conducteur h est soude directement sur le frottoir pour eviter autant que pos- sible les solutions de continuite. S est un contre-poids destine a regler la pression du frottoir Q , et par suite I'energie du frottement. La figure 6 represente en outre le frottoir seul, en plan et en eleva- tion , perpendiculairement a I'axe dela voie. Les deux extremit^sdu frottoir, dans le sens de la longueur, ont ete relev^es en forme de sabot pour I'empecher d'accrocher. La boite a graisse qui suit de pres le frottoir n'est pas representee. EUe est exactement construite et posee comme celui-ci , avec cette difference qu'elle est creuse afin de pouvoir contenir une certaine qsantite de graisse, et qu'elle est percee de petits tious. II y a egalement, un contre-poids pour faire varier la presj^ion sur les conducteurs. IV. Conductenr du cowaiit des J reins sur les wagons. — Le fil conducteur des freins {Jig. 7) consiste en un petit cordon compost d'une dizaine de fils de cuivre entrelaces ou cordes a la maniere or- dinaire. Le diainetre de ce cordon n'excede pas 3 millimetres; il est reconvert d'une enveloppe tissue de coton suffisamment epaisse; deux cordons metalliques, ainsi enveloppes separeiuent, sont reunis ensemble et reconverts de maniere a former un nienie cable C , dont ils forment I'ame. Ce petit cable est goudronne sur toute sa lon- gueur ; a ses deux extremitds ressortent les deux cordons metalli- ques, qui se separent pour etre appliques aux contacts qui leur con- viennent, ainsi qu'on le voit aux ponts a, a'. A cot6 de chaque COSMOS. un frein se trouve un tambour cylindrique en bois , sur lequel on peut enrouler le petit cable. B est le tambour du premier frein ; Tune des extr^mit^s du cable y aboutit ; les deux cordons ^lectriques en sor- tent, et sont soud^s chacun sur une des bases exterieures metalliques du tambour ; la manivelle M permet d'enrouler le cable a volont^. B' represente le tambour du second frein ; ici le cable est enroule. Comme dans le premier, I'extr^mitd interieure du cable se divise en deux fils conducteurs , qui sont chacun en contact avec I'une des bases metalliques exterieures du cylindre. Voici comment la circu- lation ducourant peut s'effectuer ;• le fil, partant du pole positif P, aboutit au ressort R, qui appuie fortement sur la base metallique superieure du tambour en bois ; le courant traverse le ressort , la base metallique du tambour et lefil qui lui est sonde, suit ce meme fil dans le cable C, sort du cable pour pen^trer dans le contact D qu'il traverse, se dirige vers relectro-aimant I, circule dans son fil en he- lice, se rend dans le ressort R', entre dans le cylindre par la base, rejoint le cordon metallique par lequel il rentre dans le deuxieme cable ; passe du deuxieme frein au troisieme, de la meme maniere qu'il circule du premier au deuxieme frein. Enfin au dernier frein apres avoir parcouru les helices du dernier electro-aimant, le pre- mier cordon conducteur est soud^ au second, ce qui permet au cou- rant de revenir vers I'autre pole de la pile, en passant successi- vement par le cable C, le tambour B', le ressort R^, le con- tact D', le cable C, le cylindre B, le ressort R', et le fil qui, de la, aboutit a la pile. C'est entre le ressort R' et le pole negatif que doit etre etablie I'interruption du courant sur le tender, de maniere a permettre au mdcanicien de r^tablir ou d'interrompre le circuit a volonte, et, par suite, de disposer de Taction des freins sans avoir recours aux gardes-freins. L'interrupteur est combine de maniere que, lorsque le fil conducteur n'aboutit pas au pole negatif, ce meme fil se trouve en communication avecle frottoir ^tabli sur les conduc- teurs electriques fixes sur la voie ferree; et alors on rentre dans le cas de la transmission de I'^lectricite d'un train a I'autre sur la meme voie. Lorsque lemecanicien, voulant faire agir les freins, met le fil en communication avec le pole negatif au nioyen du commutateur ou interrupteur ; cette meme manoeuvre du commutateur met le frottoir applique sur les conducteurs de la voie ferree, et le frottoir appliqu^ sur les rails en communication metallique. Le circuit se trouve ainsi fermd par rapport a la pile d'un autre train qui pourrait circular sur la meme voie, a une distance minimum de 2 kilometres. Dans ce 478 COSMOS. cas, ce deuxiome train serait enraye lui-meme, par I'ac.tion de sa propre pile, sur ses freins. Par les dispositions que nous venons d'indiquer, le service des freins s'eflfectue avec facility. Le train une fois compose , toutes les voitures ou wagons etant a leurs places, attaches les uns a la suite des autres, le premier garde-frein prend I'extremit^ du premier cable enroule sur le tambour du tender, le deroule jusqu'au premier frein, entile les deux extremites dans les deux contacts D,D', et serre les deux vis de pression. (Pour eviter toute chance d'erreur, rextreirnte de I'un des fils ne peut s'appliquer qu'a un seul des con- tacts.) Le deuxieme garde-frein fait, par rapport au deuxieme frein, la meme operation qu'a faite le premier, simultaiiement, et ninsi de suite jusqu'au dernier. Une fois les gardes-freiiis a leur poste, le mccanicien ferme le circuit avec le commutateur, s'assure que le courant circule en appliquant un petit morceau de fer contre les tou- rillons de I'electro-aimant; interrompt le courant de nouveau, et peut se mettre en marche. Lorsque le convoi est arrive a sa desti- nation, chaque garde-frein desserre les vis des contacts D, D', et enroule le cable electrique autour du tambour. On peut immediate- ment desassembler les voitures ou wagons, et les diriger sur les lieux indiquds par le service. On remarquera que ce systeme ne ne- cessite aucune construction sur les voitures ou wagons qui n'ont pas de freins; ie cable electrique ne fait que poser sur leurs imperiales. Comme les voitures armees de freins ne forment a peu pres que le dixieme du nombre total des voitures, les frais d' installation se re- duisent a une somme insignifiante comparativement a la valeur du materiel qui compose un train. Les compagnies qui ne voudraient pas de prime-abord , par des considerations particulieres , installer des conducteurs electriques tont le long de lavoie, pourront , a tres-peu de frais, adapter les freins electriques et la transmission du courant sur toute la longueur du train ; elles ajouteront ainsi a leur service une importante garan- lie de securite pour les voyogeurs et leurs interets matdriels, sans toucher a la voie ferr^e. Tout en conservant une entiere liberty pour les manoeuvres telles qu'elles sont organisees, le mecanicien conducteur de la locomotive devient le maitre absolu de tous ses mouvements; il peut sans effort, sans la participation de personne, enrayer promptement tout son train au moment oil il le juge convenable. L'enrayement s'opere ains^i beaucoup plus rapidement qu'avec le concours des gardes- freins. Dans le systeme actuel il faut qu'on les avertisse par deux COSMOS. 479 coups de sifflet ; qu'ils entendent le signal ; qu'ilsle compretint nt ; qu'ils mettent la main sur la maiiivelle des freins et la fassent tourner. Tout cela ne s'execute pas instantancment, et souvent, lanuit, les gardes-freins qui n'ontrien a faire sont endormis; le ni^caiiicien, ne pouvant se faire entendre malgre tous ses efforts, ne peut arreter son train, qu'il voit avec terreur se precipiter vers le danger. Dans le nouveau systeme, se sentant seul responsable, sachant bien que, s'il survient un accident, il ne pourra plus alleguer I'inattention ou la negligence des gardes-freins, le m^canicien redoublera d' attention et d'activite. V. Avantages dii nouveau systeme d enrayement. — La des- cription que nous en avons donnee fait suffisamment ressortir les avantages essentiels du nouveau systeme ; nous n'avons done a in- diquer ici que quelques avantages secondaires. En cas de danger sur un point de la voie, il suffira de mettre en communication md- tallique les conducteurs places sur la voie avec I'un des rails, pour fermer le circuit electrique par rapport aux convois marchant vers le lieu du danger, et faire que tous les trains arrivant dans Tun ou Vautre sens soient arretes a la distance minimum de 2 kilometres. Les cantonniers, les gardes-barrieres, les employes des stations pour- ront, au besoin, etablir cette communication. En cas d'inondation survenue inopinement, les trains seront arre- tes a la distance minimum de 2 kilometres du point oil commencera la submersion de la voie, puisque la le circuit sera retabli entre le conducteur et le sol. Un ^boulement considerable couvrant une ]Kirtie de la voie, produira le meme efFet. Lemememccanisme de I'embrayeur electrique pourra, au besoin, mettre en jeu une forte sonnerie, au moment meme oil les freins commenceront a se rapprocher des roues; le mecanicien conducteur de la locomotive sera ainsi averti et pourra lacher la vapeur ou bien la retourner, s'il le juge convenable. Si cela paraissait utile, on pourrait adapter I'embrayeur electri- que sur un robinet d'^chappement de la vapeur; et en prenant la force sur une des articulations de la locomotive, on arriverait a ce r^sultat que, lorsque deux trains, sur la meme voie, ne se trouve- raient plus separes que par 2 ou 4 kilometres , non-seulement tous les freins seraient serrds, mais encore la vapeur serait lachce en dehors de toute participation humaine, et par le seul fait qu'ds se trouvent en danger de se rencontrer. L'enrayeur Electrique n'empechera pas que les employes puis- sent, comme d'habitude, eerrer etdesserrer eux-memes les freins. (iSO COSMOS. Pour desserrer, seuleinent, il suffira de renverser les deux cli- quets, ce qui s'effecluerait avec un mouvement de levier facile a concevoir. VI. Reponse a quelques objections. — La premiere objection que souleve ce nouveau systeine , c'est que renrayeinent s'opere trop brusquenient. D'autres craignent que le mccanibiiie ne metle en jeu une force tellement considerable , qu'il pourrait en resulter la rup- ture des essieux ou tout au moins des organ es dufrein. Ces craintes disparaissent ais^ment lorsqu'on se penetre atten- tivement du jeu du systeme. Que se passe-t-il , en effet , lorsque sous I'influence du fluide electrique les electro-aimants deviennent actifs'? A chaque tour en- tier des roues du wagon , le cliquet donne un coup, un seul coup, sur la roue a rochet. Cette roue ayant 8 dents , il faudra 8 tours entiers des roues du wagon pour produire un tour de la roue a ro- chet et par suite de la vis qui agit sur les freins. S'il est necessaire que cette vis fasse, par exemple, 6 tours pour serrer a fond, il fau- dra 6 X 8 ou 48 tours des roues pour produire ce menie serrage a fond ; et si les roues des wagons ont a peu pros 1 metre de diametre, le Avagon aura parcouru environ 144 metres avant d'etre compl^- tement enrayi^. On voit que ce n'est pas la un arret brusque ; mais, il y a plus , I'arret , en realite , est encore beaucoup moins rapide que cela. Avant I'enrayement complet , le frein commence a toucher la roue, il exerce d'abord une faible pression qui ralentit un peu la Vitesse de rotation, par suite les coups du cliquet sur la roue a ro- chet se succedent moins rapidement. Le frein continuant a presser davantage, la vitesse de rotation continue a diminuer de plus en plus et les coups du cliquet se succedent plus lentement. Bientot la pression devient assez forte pour empecher la roue de tourner et le cliquet cesse de marcher. Quant a briser les essieux et les pieces d'articulation, il suffirait, si cela etait necessaire, de faire remarquer que I'appareil remplace exactement la main de I'homme avec la meme vitesse et que si cette main ne pent rompre ni les essieux ni les articulations , le mdca- nisme ne les rompra pas davantage et qu'jl sera meme moins dan- gereux, si danger il y a, puisqu'il cessera de serrer juste au moment oil I'effet utile est produit , ce que ne font pas toujours lesgardes- freins, qui souvent persistent a serrer, lors meme que les roues sont completement enrayees. A. TKAMBLAY, j»-oj)rtf'eme , en Tadnanistrant dans les conditions indiquees pendant la periode d'invasion. - M. Buisson, de 3Ianosque, presente la description et la figure dun mecanisme destine, a attenuer les accidents resultant de la rencontre de deux trains marchant en sens oppose sur une meme voie de chemin de fer. une meme - M. le secretaire perpetuel presente, au nom de M. Ch Bab bage, une notice imprimee sur une nianiere de pointer les canons sans exposer 1 artilleur au feu de I'ennemi ; et une note concernan 1 application de sa notation mecanique a la machine ^ calcul de MM. Scheutz ; nous reviendrons sur ces deux communications -M le secretaire perpetuel presente, au nom de I'auteur. M. Zantedeschi , un op'.scule intitule : No.^el e'/ecfroscope pour les deux electricites d influence. ' ' --Dans une quatrieme lettre a M. Elie de Beaumont sur la dermere eruption du Vesuve, M. Ch. Sainte-Claire Deville an nonce les observations tres-interessantes quil a faites sur ce volcan du 16 au 24 septembre dermer. Ses recherches ont porte sur les furnerolles. Ses nouvelles experiences etablissent, co.nme les prl W If' "^"^^'Z' '''' incandescente se degage, des labord des lumerolles anhydres, composees de chlorures et iluorures alcalins mco.ores, avec une petite quantitede sulfates; elles montrent en outre , que ces i^m^xoWe^ primitwes se transforment peu a neu en acquerant de la vapeur d'eau et un exces d'acide chlorhydrique Les sels entraines et deposes subissent aussi , de leur cote una translormation, puisque les premieres furnerolles ne donnent que des sels incolores ou leacolyticiues (expression d'Ampere); tandis que ' hro^^llvt " T't'''' ^"^^--"^^^ deposent des concretions chroxeoLv tiques de chlorures de fer et de cuivre ; soit que ces der- n.eres proviennent de la reaction du gaz acide sur la roche , soit quil y ait une veritable succession dans lappant.on des corps simples qui sortent en combinaison avec le chlore . les premiers ^tantlesmetaux alcalins ou leucolytes , les derniers les metaux 486 COSMOS. propromeiit dits ou chroicolytes , le manganese jouant la un role interiiiodiaire. M. Deville n'a pas neglige non plus I'etude des autres ordres d'^maiiations, depuis ie soinnut du Ve.>uve jusqu'aux portions les plus ^loign^es de la lave. II a condense en plusieurs points les vapeurs qui se dogagent; il a recueiUi aussi les matieres gazeuses dans des appareils speciaux, etil espere les rapporter intacts a Paris. II a constate avec soin les modifications qu'ont subies, soit dans leur temperature, soit dans leur composition , les fuinerolles qui carac- terisent chacune des trois regions qu'il a dislinguees dans le cratere actuel du Vesuve. — M. Bouis envoie une note sur la formation de I'aldehyde caprylique. En chaufFant I'huile de ricin avec un ext;es de potasse ou de soude, on peut obtenir a volonle de ralcool caprylique ou de I'aldehyde caprylique. Si, en effet , la temperature est clevee assez brusquement pour fondre I'alcali , il y u formation d'aicool a peu pres pur, en meme temps qu'd se uegage de Thydrogene ; et dam ce cas, on constate la production de I'acide sebacique , comme I'indique j'equation C30 H3i 0« + 2 (Ko, Ho) = C^f'H'e O^, K^-j- C'" H'« 0'-= + "2H. Mais si I'operation est conduite tres-lentement, si la temperature ne depasse pas 225 ou 230 degres , le produit de la distillation se composera , malgr^ le grand exces d'alcali , d'un melange en pro- portions variables d'aicool et d'aldehyde. Le savon contiendra d'au- tant moins d'acide sebacique qu'd y aura en plus d'aldehyde et par suite moins d'aicool. Le liquide distille traite par le bisulfite de soude ou d'ammo- niaque se prend en une masse cristaUine ou gt^latineuse que Ton presse fortement dans un linge fin pour faire ecouler I'alcool capry- lique et I'exces du sel employe. La matiere exprim^e est decompo- s§e par I'eau et recombinee au bisulfite jusqu'a ce que le produit soit jiur. L'aldehyde caprylique est un liquide incolore tres-refringent , dont la densite est 0, 818 a 19" ; il entre en ebullition a 171" sous la pression ordinaire. Son odeur est assez forte et rappelle celle du fruit du bananier; il est insoluble dans I'eau , soluble dans I'alcool , I'ether etleshuiles grasses. II brule avec une tr^s-belleflammesans fumee. Sa formule est C'« H'« 0'-. [La Jin au procliain numero ) NOUVELLES APPLICATION DE LtLECTRICITE. PAR M. TH. DU MONCEL. L — Spherometre et coinpnrnteur eleclro-magnetique . — « Lesspherometressont, comme on lesait, dcs instrumentsal'aide desquels on peut apprecier des epaisseurs infiniment petites ; ils consistent dans une vis micrometrique terminee par une pointe et munie d'un cercle divise, mobile dcvant une regie ^galement gradu^e dans un sens perpendiculaire au plan du cercle. L'inconvenient grave de ce genre d'instrument est I'impossibilite dans laquelle on se trouve d'apprecier cxactement I'instant ou la pointe de la vis micrometrique touche la surface superieure de i'objet qu'on soumet a I'experience. Si on serre la vis plus qu'il ne convient, ce dont on ne s'aper9oit pas en raison de la puissance de Taction du serrage comparativemeTit a la resistance qui lui est opposee , on fait pene- trer la vis dans I'objet, ou tout au moins on raffaisse ; on n'obtient done pas une mesure exacte. J'ai pense qu'en faisant intervenir I'electricite, cet agent si docile et en meme temps si sensible, on pourrait apprecier exactement le point oil se fait le contact. Voici comment je dispose I'appareil : L'extremite de la vis micrometrique est munie d'un manchond'i- voire portant, articulee sur pointes, une petite plaque de platine leg^- rement bombee. Cette petite plaque est destinee a etre appuyee sur I'objet, et son epaisseur a ete prealablement determineed'une manibre rigoureuse. Un fil en rapport avec cette plaque aboutit a un elcctro- aimant dont 1' armature fait mouvoir une detente d'embrayage ayant pour but d'enrayer a un moment donne une roue a dents pointues. Cette roue est en rapport de mouvement avec la vis micrometrique; mais quand celle-ci a fait un tour, la roue d'embrayage en a fait au moins dix. De plus, la detente se trouve telleinent rapprochee de cette derriiere roue, que le moindre mouvement opere par I'arma- ture suffit pour la faire enrayer. Enfin un des poles d'une pile de Daniel tres-faible aboutit a la monture de la vis micrometrique, tandis que I'autre pole est en rapport direct avec I'electro-ai- mant. D'apres cette description, on comprend facilement le jeu de I'ap- pareil : quand la plaque de platine articulee sur le manchon d'ivoire de la vis micrometrique est appuyee sur I'objet a raesurer, on tourne la vis, et au moment oii la pointe garnie de platine vient rencontrer la lame m^tallique, un courant electrique circule a travers I'elec- tro-aimant qui commande la detente d'embrayage , alors la vis 488 COSMOS. micromctrique se trouve arretee dans son mouvement, et le chifFre du cercle diviso, situe vis-a-vis la regie perpendiculaire, donna la valeur de I'opaisseur de I'objet, plus I'dpaisseiir de la lame de pla- tine. II devient done facile, par une simple soustraction, de resoudre le prohleme. Ce systeme, applique ainsi que je viens de le dire, aux sphi^ro- metres peut, comirie on le conceit aisement, s'adapter aux conipa- jrateurs et a tous les instruments du meme genre. » II. — Barometre clc Fort in perfectionne par I' adjonctlon de reiectricite. « On sail que dans lesbarotnetres a cuvette le niveau du mercure etant sans cesse variable dans la cuvette, par suite de I'ascension ou de I'abaissement de la colonne barometrique , le point de repere de la graduation de la tige se trouve sans cesse deplace et par con- sequent les hauteurs indiquees par I'eclielle se trouvent inexactes. Dans le barometre Fortin on a supplee a ce defaut par une vis adapt^e sous la cuvette, que Ton serre ou que Ton desserre de ma- niere a ramener, toujours avant I'observation, le niveau du mercure dans cette cuvette a une hauteur fixe. Cette hauteur fixe donnee correspond a I'extremite d'une pointe qui est le point initial de la graduation. Pour ramener le niveau du mercure pr^cisdment a la hauteur du repere, on manoeuvre, comme je I'ai deja dit, la vis de la cuvette, jusqu'a ce que la pointe d'ivoire touche son image reflechie dans le imercure; mais, outre que cette operation est difficile a bien faire, il arrive qu'au bout d'un certain temps la surface du mercure du barometre se couvre de poussiere, et il est alors mathematiquement impossible de s'assurer du moment precis oil le mercure est arriv^- a la ligne de niveau. Depuis que je fais des observations m^teoro- logiques, cette operation a toujours ^te pour moi la plus longue et la plus ennuyeuse. J'ai done cherche a eviter cet inconvenient en faisant venir a mon aide Taction electro-magnetique, et ce moyen m'a parfaitem'ent reussi comme on va pouvoir en juger. Au lieu de faire en ivoire la pointe servant de repere, je la feis en platine, et au lieu de la fixer sur la monture meme du baro- metre , je lui fais traverser une rondelle d'ivoire mcrast^e dans cette garniture. Un bouton d'attache met en rapport cette pointe avec le pole positif d'une pile de Daniel tandis que le pole negatif communique avec le mercure par un fil de platine plongeant toujours dans le mercure de la cuvette. Sur I'ua des deux fils qui relient COSMOS. , 489 ainsi le barometre a la pile, j'interpose un interrupteur tie courant el un appareil electrique susceptible d'indiquer la presence des couraiits , un galvanometre par exemple , ou, mieux , une soiuierie electrique de M. Mirand. Au moment de I'experience, je tourne I'interrupteur ; alors de deux choses I'une : ou le mercure sera au- dessus du repere par suite de I'abaissement de la colonne baiome- trique, ou il sera au-dessous par I'effet contraire. Dans le premier cas, la sonnerie se inettra a tinter, et je serai prevenu par la que je devrai desserrer la vis de la cuvette, ce que je ferai jusqu'a ce que la sonnerie ait cesse son raouvement. Dans le second cas , je devrai, au contraire, serrer la vis jusqu'a ce que la sonnerie ait com- mence a tinter. On voit que, par ce systeme, il n'est meme pas besoin de regarder ce que Ton fait et que I'operation se conduit mecaniquement. Dans les instruments a I'aide desquels lea observations sont ins- crites d'une maniere continue par I'lmpression photcgraphique de la lumiere, le systeaie precedent, combine mecaniqueinent pour remplir une function automatique, deviant de la plus haute impor- tance , car c'est par ce moyen seulement que ce genre d'observa- tions peut etre rigoureux et comparable aux observations ordi- naires. On con9oit en effet que les differences de niveau dans la cuvette du barometre se multipliant d'une maniere considerable dans le tube barometrique, en raison de la diflerence de diametre des deux recipients, une courbe qui serait trac^e sans la correction du cbangement de niveau ne pourrait pas etre considereecommeexacte. Voici par quel mecanisme on pourra obtenir que le niveau da mercure soit toujours ramene au point d'affleurement du repere. Qu'on suppose la tete de la cuvette munie d'une roue d'un grand diametre et commandee par deux engrenages distincts auxquels sont appliques deux de mes inecanismes a remontoir ; on comprendra facilement que le courant circulant a travers I'un ou I'autre de ces mecanismes pourra faire tourner la vis dans I'un ou I'autre sens, et par consequent la serrer ou la desserrer . Par consequent, si le ba- rometre porte une pointe de plaline comme nous I'avons vu precd- demment en guise de pointe de repere, on pourra obtenir, par Tin'? termediaire d'un relais, que I'absence de continuile dans le courant forme par le mercure du barometre ait action sur le mecanisme a remontoir commandant le serrage de vis , et que la ferraeture du courant mette en activitt^ le mecanisme du desserrage. Le niveau du mercure, ne pouvant done ni remonter au-dessus de la pointe ni s'abaisser, doit necessairement rester toujours le meme. " EXPOSITION UNIVERSELLE. VARIETES. UNE MEDAtLLE DHONNEUR. APPAREILS d'OPTIQUE ET DE niOTOGU APillE DE M. JULES DUBOSCQ. IX^ classe, 3" sevclioii. Annexe du hord de I'cau, 44-45 A. Gendre et successeur de M. Soleil , M. Duboscq a ^te formd a la plus excellente des ecoles, et il continue glorieusement les tra- ditions de son celobie beau-pore. Coniiu dans I'Europe entiere , il est en relation avec les savants de presquo toutes les acade- mies, avec les professeurs de presque toutes les universit^s. Ces maitres illustres ne lui cominandent pas seulenient leurs appa- reils d'optique elementaire et transcendante , ils sont heureux d'as- sister aux modestes , mais instructives demonstrations experimen- tales qui remplissent si bien les soirees de lumiere electrique de la rue de I'Odeon ; ils daignent I'honorer de leur affection. Nous avons ite souvent emu en voyant les plus notables representants de la science de la lumiere se presser dans un ctroit entresol autour du fils de I'humble villageois de Vilaines, du fils, aussi, de ses ceuvres, suivre avec le plus vif interet ses belles series d'experiences, bril- lantes s'll en fut jamais, lui seri'er cordialement la main, et lui re- peter spontanement qu'ils avaient plus appris dans ces deux heures dcoulees avec la rapidite de I'eclair que dans leurs longues seances au sein de leurs riches musees. M. Duboscq n'a pas seulement adopte une specialite , la fabri- cation des appareils d'optique ; en se specialisant il s'est en outre, et toujours en suivant les luniineuses traces de M. Solei! , propose un but unique et grandiose, vers lequel il tend sans cesse avec une ardeur infatigable : populariser i'enseignement de I'optique , le rendre possible et facile dans tous les temps et daiis tous les lieux ; Staler les phenomenes sous les yeux du plus vaste auditoirc , les eclairer de la plus vive lumiere , de telle sorte qu'ils s'imposent forcement aux yeux du corps et de I'intelligence. En poursuivant ce but, MM. Soleil et Duboscq out realise un progres immense et dont peuvent seuls se faire une idee ceux qui, comme nous, n'ont pas un instant perdu de vue la marche ascendante de I'optique moderne. I! y a vingt ans, les phdnomenes de la double refraction, de la polarisation rectiligne, circulaire, elliptique , mobile ou rotatoire, chromatique, de la diffraction, des interferences etaient regardes COSMOS. /i9f coinine inaccessibles , on s'eii effrayait presque , on desesp(5rait de les voir avant de moutir, on croyait a leur existence sur la parole des maitres ; quelques-uns menie d'entre eux n'avaient pas pu etre reproduits par les maitres. Aujourd'hui , dans leur perception phy- sique du moins, ils sautent aux yeux comme les tableaux de la lan- terne magique : de sorte que nous en sommes a nous demander pourquoi , dans la redaction des programmes el^mentaires , on ne doniie place qu'a la reflexion, a la refraction , a la dispersion, en laissant absoknneiit de cote la double refraction et la polarisation, plus visibles peut-etre, et d'un interet non moins saisissant par la variete et I'^clat des formes dont elles se revetent. Cette grande reforme d'une des branches les plus importantes de la physique, grace a la glorieuse initiative d'un savant professeur et academicien, M. Despretz, s'est elaiicee des ateliers de MM. So- leil et Duboscq dans le vaste amphitheatre de la Sorbonne ; et de I'amphitheatre de la Sorbonne au college de France, au Jardin des Plaiites , a I'Ecole de medecine , a I'EcoIe de pharmacie, a I'E- cole des mines , etc., a la gigantesque salle Saint-Georges a Li- verpool, a rinslitut royal poly technique, au Panopticon royal , a rinstitutioii royale de Londies, a I'Hotel de ville de Glascow, a Vienne, a Berlin , a Constantinople , a Philadelphie, c'est-a-dire qu'elle a conquis le monde eatier ; paitout dos foules de spectateurs ^merveilles out applaudi aux savantes metamorphoses de la lu- miere emise par la lampe elect rique et transmise par les cent verres de M.J. Duboscq. Deja a I'exposition universelle de Londres , en 1851 , I'artiste fran^ais n'avait pas de rivaux ; il obtint a I'unanimite la grande medaille du conseil des presidents ; s'il ne fut pas a son retour cre^ chevalier de la Legion d'honneur , c'est qu'il etait trop recemment emancipe, et qu'on le savait assure de gagner plus brillamment ses eperons. II est entre en efFet dans I'arene de 1855 avec une veri- table armee d'appareils qui lui assuraient une victoire complete. Si nous n'avions consuite que iios affections , il y a longtemps que nous aurions fait une longue et chaude revue des perfection- nements et des inventions que M. Duboscq a realises ; nous les aurions decrits et exaltes avec d'autant plus de bonheur que nous les avons vus cent fois en exercice, que cent fois nous avons cons- tate leur efficacite et leur puissance. Mais nous avons craint qu'on ne nous accusat d'exageration, qu'on ne nous reprochat de plaider notre cause, tant , au vu et au su de tout le monde, nous nous sommes identifie avec cette brillante reforme , avec ce progres eclatant. ftsa COSMOS. Maiiilenant que le Jury de la classe, que le Jury du groups , que ]e coDseil ties presidents ont prononce leur arret, quils ont etc una- niines a decerner la plus haute des recompenses h I'ami que nous avons tant encourage, seconde , glorifi^ , le moment etait venu de rappeler des fails qui ne soiit que I'expression fidele de la verite. Les appareiis de M. Jules Duboscq ont ete si souvent decrits dans le Cosmos, que nous devons nous contenter aujourd'hui d'une Enumeration rapide, d'autant plus que si les phenomenes d'optique inleressent tout le nioiide , la disposition des instruments n'a d'at- trait que pour les pliys^iciens de profession, qui devront les ^tudier ailleurs. Appareiis d'optique. Les uns servent a la demonstration ou a la production des j)henomenes, les autres sont des instruments de lecherches. Dans la premiere categorie, nous signalerons : 1° L'heureuse modification ou , mieux , la transformation que M. Duboscq a fait subir a I'appareil generateur de la luiniere qui doit eclairer le tableau. II pent admettre dans son sein toutes les sources lumineuses connues, une lanqie moderateur t-imple ou avec courant d'oxygene; une lampe Druminond alimentee par un jet de gaz oxygene et hydrogene enflamme et projete sur un baton de craie, une lampe electrique , etc., etc., etc. L'une des faces de la boite, devenue mobile, peut faire place a une plaque armee de deux tuyaux munis de deux leiitilles, entre lesquels se partage en pro- portions cgales ou inegales , a volonte, la lumiere d'une flamme unique rellechie par deux miroirs places a I'interieur. De cette ma- niere, avec un seul centre de rayonnement, on se procure deux fais- ceaux lumineux, dont les intensites relatives sont arbitraires, dont chacun peut etre eteint tour tour et ramene insensiblement a son maximum d'eclat , avec la facilite d'agir a la fois sur les deux fais- ceaux ou surun seul. Get appareil ])erniet aux professeurs de demon- trer d'une maniferetres-simple les lois fondamentalesde laphotome- trie, ce qui n'a pas ete fait encore ; il facilite au plus haut degre et rend plus saisissante I'exhibition des vues panoramiques et du dis- solving-wieAVs, etc., etc. Un dernier avantage de cet appareil, c'est de pouvoir etre converti immediatement en megascope par la subs- titution a I'un des miroirs d'lm bas-relief ou d'un buste dont I'autre miroir projette sur un ecran I'image amplifiee et illuminee par I'effet des lentilles du tuyiiu. Regnlaleur de la lumiere electrique. Cet appareil , comme son nom I'indique, a pour but de mainlenir la lumifere electrique nee COSMOS. ^93 au contact des deux pointes de cliaiboii traversees par le courant d'une forte pile dans des conditions de duree, de continuite, d'ega- lite d'intensite telles, qu'elle puisse servir soit a I'eclairage ordi- naire, soit a la production des phenomenes d'optique. Depuis que M. Leon Foucault a realise le premier ce precieux appareil, on en a pro[)Ose et construit un tres-grand nombre ; dix modelesau moins ont ete exposes dans le Palais de I'lndustiie; uue pratique incessante de plusieurs annees, et des experiences solen- nelles faites recemment au Conservatoire des arts et metiers par une commission du Jury ont prouve que le regulateur de M. Du- boscq etait le plus parfait de tous ; que seul il maintient le foyer de lumiere au meme point de I'espace. Nous avons vu souvent les rayons sortis de cet appareil ne pas cesser de traverser exactement les centres de quatre ou cinq lentilles placees I'une deriiere I'autre, aussi longtemps que les charbons n'etaient pas entierement consu- mes, c'est-a-dire pendant pies d'une demi-heure. Cette fixit^ ab- solue,jointe a la concentration presque en seul point d'une lumiere extremement vive, comparable a celle dusoleil, font de la lumiere electrique un agent incomparable de manifestation optique. Aussi ne faut-il pas demander a M. Duboscq ce qu'il montre avec sa lampe diectrique et les combinaisons de verres ou de cristaux qu'il ins- talle sur le parcours de ses rayons ; I'enumeration en serait inde- finie; demandez-lui plutot ce qu'il ne demontre pas. Reflexion, re- fraction, dispersion, spectre, recomposition de la lumiere, aberra- tioii de sphericite et de refrangibilite, achromatisme , raies du spectre, diffraction , interferences, reseaux , anneaux colores a centre noir ou blanc ou noir et blanc , double refraction artificielle •ou naturelle, polarisation sous toutes ses formes et sous ses mille apparences, ombres colorees, persistance des images, couleurs sub- jectives, etc., etc. Ajoutez a cela les projections des machines, des cartes geograpiiiques, des tableaux de geologie ou d'histoire natu- relle, des vues panoramiques, des objets microscopiques ; la pro- duction sur place d'une multitude de phenomenes physiques ou chimiques , la cristallisation , les combinaisons ou decomposi- tions, etc., etc., et vous aurez a peine une idee de la multitude indeiinie d'experiences que la lampe electrique et ses accessoires rendent faciles et belles au dela de ce qu'on peut dire. Nous recommandons a I'attention desconnaisseurs : 1° I'appareil avec cinq supports, dont un a chariot, que M. Duboscq expose sous le nom de banc universel , et sur lequel viennent se poser tour a tour une multitude de pieces destinees a mettre chacune en Evidence un phe - &94 cos:\ios. nombne different. 2° Le bel ins'rument par leque! il polarise a I'en- tree et analyse a la sortie la lumiere coiivergente ou diveroente ou parallele qui doit manifester Ips iihuionienes de polarisation chro- jnatique; il y a remplaci, avec de grands avantnoes , les plaques de glace par des prismes de Nicol. 3" Son nouvel heliostat dc Silber- mann, son porte-lumiere solaire, son saccarimetrc-Soleil ; ils ont aussire^udes modifications considerables qui en rendent le manie- ment beaucoup plus simple. Enfin,parmi lesappareils de recherchps, nous citerons: l"comme une des plus belles pieces de I'Exposition uiiivprselle , le grand ins- trument a I'aide duquel les savants pourront observer les !ois de la polarisation elliptifpae ou de la reflexion a la surface des corps decou- vertes par M. Jamin ; les lois de la reflexion et de la double reflexion pioduite par les cristaux dou^sdel'opacite metallii]ue et qui ont et^ formulees par M. de Senarmont, etc. 2° Le r^fracteur interferential construitsur les principes poses parM. Arago , a I'aide duquel , en ^tudiant etmesuraTit le deplacement des franges , on pent mettreen Evidence des inegalites ou des variations inf^niment petites dans la density des corps solides , liquides , gsizeux. 3° Les photometres de MM. Babinet et Bernard , etc. Jppnrcils dc PJiotographie. M. Duboscq, sous beaucoup de rispnorts, a aussi bien merilede ]a photographie que de foptique. C'est a lui tres-cfrtaiiiement que revient I'honneur de I'immense extension qua prise dans ces der- nieres annees le charmant appareil qui, sous le noin de stereoscope, a pour objet de nous montrer tons les objets de la nature avec leur relief nalurel, avec leur perspective veritable , au moyen de deux epreuves pbotogrnphiques prises sous des angles differe'nts. Invents en 1888 par M. Wheatstone, mcdifie en 1850 par sir David Brew- ster, le stereoscope , qui aujourd'hui a Paris seul doniie du t; avail a plus de mille ouvriers , ne serait pas -arrive a remplir le nionde s'il n'dtait pas tonibe entre les mains d'un artiste aussi intelligent et aussi actif. Seul a TExposition de Londres , en 1851 , M. Duboscq exposait le stereoscope , et ce fait est d'autant plus extraordinaire que, comme nous venous dele dire, c'est un instrument complete- ment anglais. Depuis 1851 , il a fait faire a I'art merveilleux de la st^reoscopiedes progres immenses. II a d'abord appris a prendre les epreuves sous des angles convenables pour que le relief ne fut ni trop faible ni exagere; ces angles etaient trop vaguement indiqu^s par Ja theorie; il a invente et multiplie a I'infini, avec M. Ferrier, les COS^IOS. 195 t-^preuves positives accouplees sur verre alhumine et sur papier qui produi^ent des effets veritablement inagiques; qui vous inontrent dans toute leur verite les splendides monuments de I'ltalie, les sites pittoresques de la Suisse et du Rhin, etc. 11 a donne a cet appareil un grand nombre de formes nouveiles (]ui lui font produire des ef- fets nouveaux ; nous cilerons entie sutres le stereoscope panora- mique qui permet de faire d^filer en relief devant le regard etonne tout un immense horizon d'^difices ou de paysages ; le stereo-fantas- copique qui au relief ajoute le mouvement ; le stereoscope a prismas reflecteurs qui permet de superposer des images accouplees de toutes dimensions, etc. , etc. Arretons-nous tjuelques instants a une af)plication toute nouvelle qui a etc grandement appreciee. Supposons qu'il s'agisse de projeter sur un vaste ecraii, pour les montrer a un iiombreux auditoire, des objets tellement petits que pour les rendre visibles il faille recourir a des grossissemeiits considerables, de mille ou douze cents fois, par exemple, qui entrainent une si grande perte de lumiere que I'image disparait : les globules du sang sent dans ce cas , et i} avait ete impossible jusqu'ici de les montrer par projection. M. Du- bofcq a trouve un nioyen ties-ingenieux de touriier cette diffi- culte. La lumiere eh^ctrique est tres-photogenique et son regula- teur est tres-constant , rienne I'empeche done de prendre sur verre collodionne des images negatives des globules du sang avec un grossissement de 300 fois qui n'^teint pas trop la lumiere. Les negatifs ainsi nbtenu- lui servent a produire des posit ifs sur verre alb'jmiiK! completement inalterables. Ces images positives a leur tour plac^es a rextreniite des tuyanx de I'appareil a deux corps, dont nous avons deja parle, sont eclairees jiar la lumiere qui di- verge du foyer des lentilles, etelles prennent sur I'^cran des propor- tions enormes. On obtient sans peine, par ce moyen d'une applica- tion indefinie , les grossissements de mille et douze cents fois , qui semblaient d'abord imp.)ssib!es. Celte methode a en ontreun avan- tage considerable que nous ne vonlons pas passer sous silence. Pen- dant que I'image positive de Tobjet microscopique agrandi , place dansl'un des tuyaux du porte-lumifere, est projete et montre surl'e- cran comme un tableau panoramique, on met dans I'autre tuyauune plaque de verre portant une echelle micrometrique. L'image de I'echeile divisee agrandie va se projeter aussi sur I'ecran , et par un petit mouvement du tuyau on arrive sans peine a superposer les deux images ; on pent en outre faire varier, comme nous I'avons dit, I'eclat relalif de ces deux images, et arriver a faire ressortir par- i96 COSMOS. faitenient les divisions. L'ocil alors apprecie directement les dimen- sions del'objet niicroscopique, le dianietre par exempledes globules du sang s'il est spherique, les loiigueursde ses axes s'il est eiliptique. Ce que Ton a fait pour les globules du sang humain, on peut le faire pour les globules du sang d'un autre etre quelconque de I'echelle ani- male ; on mesurera leurs dimensions en substituant au premier tableau un second qui les represente agrandis phutographiquenient, pendant que les divisions de Fechclle micrometrique contnment d'etre pro- jetees par la seconde lentille, et tout cela en presence de Tauditoire entier qui fait les memes evaluations que le professeur. Ce mode op^ratoire est une grande decouverte, elle faitle plus grand honneur a I'artiste qui la con9u. Encore une bonne et dernifere nouvelle. M. Duboscq etait depuis longtenips en possession d'un excellent precede de photographie sur verre collodionne, aveclequel il a oblenu de tres-beaux portraits, des reproductions tres-neltes et tres-delicates. Mais c'etait encore un collodion humide qu'on ne pouvait manier que dans I'atelier. Depuis quelques seniaines, apres de longs essais qu'il a faits en coinmun avec M. Robiquet , professeur a I'Ecole de pharmacie, il est arrive a preparer un collodion sec trfes-sensible que Ton peut etenilre sur les plaques avant de partir, que Tori peut n'exposer a la lumiere qu'apres vingt-quatre heureset plus; qui re^oit des impres- sions qu'on peut ne developper qu'au retour, etc. Nous avons. vu des epreuves obtenues de cette maniere dans le Palais de I'lndustrie et nous pouvons dire qu'elles ne laissent rien a desirer. Le nouveau collodion est au moins aussi sensible que le collodion albumine de M. Tau|)enot, et il dispense de la double operation que le procede Taupenot impose; il est plus impressionnable que les collodions dont on maintient la sensibilite parl'addition de nitrate de zinc ou de magnesie, de miel oude sirop, et onpourra se le procurer tout fait. C'est une brillante conquete et un beau titre de gloire ajoute a tant d'autres. DES HABILES ET EECONNAISSANTS SUCCESSEURS. INSTRUMENTS DE PHYSIQUE ET DE CHIMIE DE MM. FABRE ET KUNEMANN. "VIII* classe, 4" section ; n" 1950 du catalogue. Annexe, 46, D. MM. Fabre et Kunemann soutiennent dignement, dans la fabri- cation des instruments de physique, la vieille renommee de la mai- COSMOS. /|97 son Pixii dontilssont les successeur.s. Ces artistes intelligents et habiles ont expose plusieurs appareils qui sont tres-remai'^quables au point de vue de rinvention , et dont un seul pourrait faire la reputation d'uii constructeur ernerite. Le premier objet qui frappe d'abord par I'originalitt^ de ses de- tails, quoiqu'il ne soit pas le plus remarquable de leur exposition, c'est leur machine electrique, la premiere de cette forme qui ait encore ete vue en France. Elle a deux plateaux d'un metre de dia- ifletre, I'un en g-lace, I'autre en caoutchouc vulcanise. Elle donne en meme temps on separement, a volonte, les deux especes d'electncit^ : le plateau en glace ou en verre, de I'electricite positive, le plateau en caoutchouc, de I'electricite negative. On comprenil tout le parti qu'un professeur peut tirer dans ses cours d'un instrument de cette espece, pourmieux faire comprendre et la nature et les efFets du fluide electrique. II est vrai que ce n'est pasle premier appareil qui ait donne en meme temps les electricitds opposees; la machine de Nairn donnait a volonte I'une ou I'autre, mais en quantite tres-limitee, surtout pour I'electricite negative ; tandis que celle de MM. Fabre et Kunemann donne a pen pres en meme proportion les deux electricit(^s. Ces memes artistes ont encore fait une application tres-heureuse du caoutchouc vulcanise dans la construction d'un autre appareil plus modeste dans sa forme, mais qui n'en sera pas moins utile,' d'un electrophore qui a sur les electrophores connus des avantages mcontestables. L'indispensable peau de chat ne viendra plus se charger de poussiere dans les cabinets de physique ; elle est rem- plac^e par un simple morceau de drap, de papier ou meme par la paumede la main. L'electrophore en caoutchouc n'a pas I'incon- venient de se briser souvent comme le plateau de refine ; il n'est pas hygrometrique; il se charge beaucoup plus fortement , et conserve plus longtemps son electricite.Sa surface peut recevoirle poll d'une glace; par la meme, le condensateur metallique le touche sur presque tous ses points et les etmcelles sont beaucoup plus longues. Nous ne doutons point qu'en raison de son evidente sup^riorite, le nouvel cMectrophore ne remplace bientot I'ancien dans tous les cabinets de physique. Puisque le cuivre a une conductibilite sept fois plus grande que le fer, il est evident qu'on peut le substituer au fer avec avantage dans la construction des conducteurs des paratonnerres. C'est ce qu'ont fait MM. Fabre et Kunemann, et pour preserver ces appa- reils de I'oxydation, ils les recouvrent de gutta-percha. Les conduc- 498 COS.MOS. teurs ainsi construits, sont beaucoup plus souples, beaucoup plus legers, puisqu'ils ont une section sept fois moindre, et par conse- quent beaucoup plus i'aciles a poser que les conducteurs en fer; ils garantiront d'ailleurs les edifices aussi bien , sinon mieux que ces derniers. La commission de I'Academie des sciences semble donner la pre- ference a des tiges en fer avec des pointes en platine, mais cette preference ne nous semble appuyee d'aucune raison solide; les tiges en cuivre avec di's pointes en bronze inoxydable valent au uioins autant. Le grand mailre en fait de paratonnerres, M. Snow-Harris, n'emploie aur les navires que des tiges en cuivre amincies en pointe obtuse, et I'experience faite sur une immense eclielle a prouve qu'elles faisaient un excellent service. Si Ton veut que le paratonnerre entre de plus en plus dans les habitudes des populations, il faut nccessai- I'ement en abaisser le prix ; c'est le but que MM. Fabre et Kune- mann ont voulu atteindre. Les applications de I'eiectricite volta'ique sont deja bien nom- breuses ; mais nous croyons qu'elles le deviendront encore davan- tage, grace a la pile nouvelle due a I'esprit inventif de MM. Fabre et Kuneniann. Ces artistes nous piraissent avoir avancc beaucoup la solution d'un probleme de la plus graiule importance: la cons- truction et I'eiitretien t5conomiques d'une pile a courant constant. Des lames de zinc et de plomb, de la bourre de laine , des debris inuliles du charbon dts cornues de gaz , de I'acide sulfurique ^tendu de dix fois son poids d'eau , etc., sont les seules matieres qui com- posent cette pile destinee aux applications continuees sans interrup- tion pendant des semaines et meme des mois entiers, Elle s'ap- pliquera, avec avantage, a la telegraphie , a I'horlogerie , a la sonnerie electrique , a la galvanoplastie , a la dorure ou argenture , aux usages domestiques , etc. Elle est moins puissante sans doute a surface egale que la pile de Bunsen ; mais cette inferiorite relative estlargement compensee par I'absence absolue de tout gaz deletere , par la possibility de n'employer qu'un seul acide, I'acide sulfurique , le plus commun de tous , avec une diminution conside- rable des frais d'entretien. La Constance de la nouvelle pile est au moins aussi grande que celle de Bunsen , et I'experience a prouve qu'avec cent elements on obtenait une tres-belle lumiere elec- trique. Nos jeunes constructeurs ont aussi donne aux electro-aimants une forme nouvelle qui les rend , a poids egal, plus puissants que les eiectro-aimants en fer a cheval. Une partie de la piece de fer COSMOS. 499 qui los compose est un cylimlre plain , autour duquel s'enroule , coniiue a I'ordinaire, le fil qui communique aux poles de la pile ; I'autrepartie a la forme d'un tube qui enveloppe la premiere. Les memes spires du fil coiiducteur agi.^-rare- raent les lames paralleles a I'axe du cristal, et il ne sentit pas la n6- cessite d'un moyen de conslater le parallelisme avec autant d'exac- titude que la perpendicularite. Son fils eten meme temps son 6\eye et son successeur, IM. Henry Soleil, qui a presente rt^cemment u I'Acad^mieun compensateur tres-sensible et deja assez repandu , dans la construction duquei il entre des plaque? de quartz paralleles, a du au contraire se prcoc- cuper de cette difficulte, et la solution simple, efficace qu'il en a trouvee n'est certainement pas indigne de I'attention de la savante Societe, d'autant plus qu'elle est le complement necess^aire de sa note relative a son nouveau compensateur. II se sert toujours de I'appareil de Noremberg : sur la glace efa- mee du fond il place d'aliord une lame de mica d'un quart d'onde, ayant sa section, principaTe oulalignequi unit les deux centres d'an- neaux colores ; dans le plan de polarisation on perpendiculaire- ment a ce plan. Sur la lame de mica, il pose la plaque de quartz dont il veut constater le parallelisme, mais en I'orienlant de telle sorte que I'axe du cristal fasse un angle de 45° avec la ligne des centres ou avec la section priucipale du mica : I'orientation serace iiu'clle doit etre, si en regardant dans I'analyseur on voit le champ do lumiere colore uniformenient en iileu foiice ; on interpose ensuile la loupe, on la met bien au foyer, et Ton regarde de nouveau dans I'analyseur. cosmos. 507 Cela pose, si les faces de la lame sont rig-oureusement parallMes a I'axe, le champ de luinicre, apres coiiime avant riiilerposition de la loupe, apparait colore uiiiformement en bleu ; si au contraire le paral- lelisme n'est pas exact, le champ uniforme de lumiere bleue vua tra- vers la loupe fera place a una bande noire, accompagnee a droite et a gauche de franges colorizes, paralleles a I'axe du cristal, d'autant plus nombreuses et d'autant plus serrees que les faces feroiit un plus grand angle avec I'axe du cr.istal. Quand Tinclinaison a et6 ain&i constatee, et si elle est assez considerable, en retirant la loupe, on ne vera point un champ de lumiere uniforme, les franges appa- raitront meme sans la loupe. Si on tioumet a ce genre d'(^preuve non plus des plaques a faces paralleles, mais des plaques prismatiques, on verra apparaitre des phenomencs seniblables, mais plus compliques; les franges vues sans la loupe ou avec la loupe ne seront plus paralleles a I'axe du cristal , elles seront au contraire paralleles a I'arete du prisme ou d'intersection des deux faces inclinees. On prend deux quartz, dont les faces paralleles entre elles sont inclinees sur I'axe du cristal d'une meme quantite; on trace sur les tranches des deux plaques la direction de I'axe, et on les superpose de telle sorte que les traces ou les lignes paralleles a I'axe soient pa- ralleles entre elles en meme temps que les axes sont dans le meme plan ; ainsi superposdes, elles ne se compensent pas ou ne forment pasune plaque unique parallele a I'axe. Si au contraire les pla- ques sont superpos^es de telle sorte que les deux traces soient non plus paralleles, mais cr.nvergentes ; les deux plaques se compen- seront, leur ensemble, au moins pour ce qui se passe au milieu du champ, et comme M. Delezenne I'a deja constate, equivaudra a une plaque unique parallele a I'axe ; et deux couples semblables super- poses a angle droit donneront les hyperboles dquilateres bien con- nues des physiciens. En resume, M. Henry Soleil meriterait incontestablement une medaille d'argent; puisse-t-il I'obtenir et la partager avec M Ber- thaud ! SCULPTURES ET PHOTOGRAPHIES. M. SOrON. XXV1<= clause, 6e serlion, ^'' <)222. Grand Palais, galerie lalerale. Nous avons deja fait connaifre a nos lecteurs tout le parti que M. Solon a su tirer de la photographie dans la reproduction , bur 508 COSMOS. papier, de lous les modeles de statues et chemins de croix. CeT»c qui visitent le Palais de 1' Industrie pr-uvent se convaincre que nous n'avoiis lien exagere, s'ils parviennent toutetbis a decouvrir le petit coin oil se trouvent presque caches les nombreux petits chefs- d'oeuvre de ?»I. Solon. lis verront que cet artiste est aussi habile photooraphe ijuhabile sculpteur, et ils regretteront que tous les exposants ne I'aient pas imite en oliVant comme lui, aux regards du public, de belles epreuves phot^ographiques des objets exposes, au lieu de dessms partiels qui font souvent mai juger la chose lein-i- sentee. La specialite de M. Solon est le moulage du carton-pierre. Il excelle dans la composition de ses modeles; dans leur execution, qui est d'une purete parfaite ; dans la solidite apporlee dans leur structure interieure. Dans toutes statues ou bas-reliefs le bois entre au inoins pour les deux tiers. C'est surtout cette solidite qui a donne a son etablissement la reputation dont il jouit aupres du clero^e qui, quoique preferant avec raison les sculptures en bois, se trouve force, par la modicite des ressources dont il dispose, a revenir aux sculptures sur carton-pierre qu'il pent se procurer a bien meilleur uiarche. Mais nous devons dire aussi que M. Solon est en bonne partie redevable a la photographic de la vogue bien meritee dont il jouit. Dans un long voynge qn'd vient de faire, il avait emporte avec lui son albitin , contenant ses modeles tres- bien photographies. II a pu donner ainsi une idee parfaitenient exacte et fidele des belles sculptures qui s'executent dans ses ate- liers, de son admirable statue de I'lmmaculee -Conception, par exemple, qui se vend par milliers, de ses magnifiques chemins de croix avec cadres remains, gothiques, renaissance, d'une purete de style irreprochable, etc. Et nous ne sommes nuUement surpns que ses phothographies, belles comme celles des Bayard, des Bisson, des Belloc, lui aient valu un nombre prodigieux de commandes. II expedie chaque jour pour toutes les parties du monde, comme nous avons pu nous en convaincre dans la visite que nous avons faite a son etablissement. Nous faisons des voeux sinceres pour que ses beaux modeles se repandent de plus en plus, pour que ses chemins de croix surtout remplacent bientot les mauvaises peintures qui de- parent nos eglises. A. TKAMBLAY, proprictaire-gerant. Paris. — linptimerie de W, Remquet et Cie, rue Garancifere, 5. [ T. VJI. 2 NOVEMBRE 1855. QUATRIBME ANNEE. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Dans rUniversAM 25 septembre, M. I'abb^ Gaume donne des details vraiineiit extraordinaires sur les ravages exerc^s par une trombe, dans la commune de Fuans (Doubs ) : Le mardi, 10 juillet dernier, vers deux heures et demie du soir, un nuage lourd, ^pais, nuanci^ de blanc mat et de rouge eteint, se forma sur le Val-de-Vienne, dans les montagnes du d^partement du Doubs. Ce nuage prit rapidement d'immenses proportions en hau- teur et en etendue. Un peu avant trois heures, il couvrait un horizon de quatre lieues de longueur, sur une largeur moyenne de trois quarts de lieue. Un roulement continuel de tonnerre se t'aisait entendre dans les flancs du redoutable nuage, qui s'^paissit progressivement et de- vient noir comme une fuin^e de charbon de terre. S'abaissant jus- qu'a deux metres du niveau du sol , il repand une forte odeur de soufre, et enveloppe le pays d'une nuit tellement obscure qu'on ne voit plus a dix pas devant soi. Cette nuit effrayante n'est temper^e que par des Eclairs innombrables qui se croisent dans tous les sens, rasent la terre et se suivent rapidement, comme les fusees d'un im- mense feu d'artifice. A ces terribles symptomes succede la catasr trophe dont ils sont les precurseurs. En moins de dix minutes, une grele d'une grosseurexceptionnelle, poussee par un vent violent , hache les recoltes de plusieurs com- munes. Pas une plante, pas un epi, pas un brin d'herbe qui reste intact. Le village de Fuans, en particulier, ne recolterapas un litre de froment. On dirait que les prairies, les champs de ble et de pommes de terre viennent d'etre foules par des regiments de cava- lerie. Les pierres roulantes , qui dans ces terrains calcaires se trouvent en grand nombre a la surface des champs laboures, ont rebondi, et, melees aux grelons, elles forment sur la campagne comme une vaste couche de neige. Telle est la rapidite et la gros- seur de la grele, qu'elle casse les persiennes des croisees et laisse de fortes empreintes sur les portes des habitations. La murailie sud du presbytere semble avoir ete exposee a un feu de mousqueterie. Un des grelons qui I'attaquent par milUers casse une vitre au premier • 18 510 COSMOS. 6tage , traverse un corridor , et faisant ricochet , s'en va sortir , a quatorze metres de distance, par la croisce oppos^e. Le village de Fuans est situ6 dans un valloii , domine a Test et au sud par une chaine de montagnes. Prolongement abaisse du mont Jura, ces montagnes, de plusieurs lieues d'etendue, sent cou- vertes de superbes forets de sapins. Dans la partie qui forme la propriete des communes de Fuans et de Grand'Fontaine , on compte par milliers des arbres seculaires de SO a 100 et 120 pieds de hauteur. Or, pendant que la grele ravage le vallon, quelques habitants de la paroisse de Guyens, placde sur une montagne opposee, voient sur la foret de Fuans un nuage noir qui tourne sur lui-meme conwte une immense roue de moulin, avec un bruit sourd semblable a celui d'un tonnerre ^touffe , et un large vide se fait dans toute la direc- tion du terrible nuage. De leur c6t6, plusieurs jeunes gens de la paroisse de Fuans, places plus pres du thi^atre de la catastrophe , mais sur un point moins elev^, voient se degager de la foret et voltiger dans les airs une multitude d'objets qu'ils prennent jiour des nudes innombra- bles d'oiseaux de toute taille. lis ne tardent pas a reconnaitre que ce sont des branches qui , chassees par la tempete , viennent s'a- battrepar milliers sur toute lacampagne, et dont quelques-unes sont portees a plus de quatre kilometres de distance. Ce phenomfene a dure moins de dix minutes. Que s'est-il passe t. .. Un ouragan. une trombe, comme il plaira a la science de nommer cette puissance mysterieuse , courant du sud au nord, a ravagd, ddnude en un clin d'oeil, sur les seules communes de Fuans et de Grand'Fontaine, 240 journaux (80 hectares) de cette magnifique foret, etderacine,casse, emporte 45 000 pieds d' arbres. D'apres le re'censement officiel , le nombre seul des arbres qui au milieu portent 42 centimetres de circonference, s'eleve a 23 457. La trombe a produit I'effet de tous les instruments de destruction reunis, baches, scie, marteaux, etc. Voici par milliers des arbres gigantesques, ddracines avec violence, quivous prdsentent, elevees en'l'air, a 2 et 3 metres de hauteur , leurs puissantes racines avec un dnorme talon de pierres, de laves et de roches pourries, d'un metre et d'un metre et demi d'dpaisseur, sur 3 et 4 de largeur. ^ Sur d'autres arbres non moins puissants, les racines sont cassdes a la naissancc du tronc, et les tiges branchues, de 10 a 15 metres de longueur, ont etdarracheesperpendiculairement, comme lebouchon d'une bouteille. II en est qui semblent avoir etd scies a 6 metres d"e- COSIMOS. 511 levation , puis rompus en sept ou huit morceaux, D'autres en nombre iiiconnu, soiit cassias a toutes les hauteurs , depuis 1 me- tre jusqu'ji 15 ou 18 metres au-dessus du sol. Partout vous en voyez qui ont ete tordus comme des cordf-s, maehiiles avec une violence inexplicable, fendussurune long-iieur de 2 a 18 metres quelquefois dans toute leur largeur et jusqu'a rextr^iriite des ra- cines. Pour franchir de haut en bas la partie la plus elevee de la foret ou la trombe put avoir 500 metres de largeur, il ne nous a pas fallu moins d'une heure de tetrips et de fatigues. Dans uii espace de 10 metres canes, cinq enormes sapins sent renverses dans cinq directions differentes ; les habitants niemes du pays ont peine a s'y reconnaitre, tant la catastrophe a change le paysage et deplace les horizons. Tel a ete I'abattis et I'encom- brenient qu'on s'est vu oblige d'ouvrir, en sciant les arbres a droite et a gauche, une tranchee de plus de 227 metres de lorg sur une hauteur moyenne de 3 a 4 metres. Dans une belle clairiere appelee le Plein>sur- Cernenf une des premieres choses qui frappent les regards est un blue de viiigt et uii arbres arraches ensemble, et encore reunis par leurs racines. Par une bizarrerie vraiment inexplicable, ces racines ont emporte avec elles une couche de gazon de 15 centimetres d'epaisseur sur 8 me- tres de largeur et 11 de longueur. Cette coui/he de gazon, parfai- tement intacte, recouvre, comme une Imche de voiture, un enorme talon de pierres et de terres, de 3 metres et demi de hauteur. Plus bas , vous voyez une fene [pinus epicea] de 23 metres de long sur 1 metre de circonference a la base, cassee en sept mor- ceaux, epars 9a et la sur le sol. Une autre, non moins considerable tordue et brisee a 2 metres et demi de hauteur, a ete emportee a 27 metres du tronc. Une autre clairiere, appelee le Pleiii-de-l'Epine ^ traversee par la route de Fuans a Maiche, doit son nom a une ^pine deux fois monumentale , par son age , plusieurs fois seculaire, et par sa hau- teur exceptionnelle, 10 metres au moins. Or, la vent^rable epine est la tristement etendue sur le sol qui I'a nourrie , avec les grants de la foret, tellement presses, qu'il est impossible de mettre le pied sur le gazon jadis si frais de la belie clairiere. La route elle-meme, comme celle de la Suisse, se trouva, apres la trombe, tellement en- couibree, que toute circulation fut impossible. Le travail opiniatre de ciiiquante-cinq hommes pendant huit heures suffit a peine pour la rendre praticable. 512 COSMOS. En avangant de quelques pas sur la gauche de la clairiere, on se trouve au bord d'un affreux escarpement, de plus de 300 metres de protbndeur. Les flancs abruptes de cetabime ^talent garnis, depuis la base jusqu'au sommet, de vieux sapins dont les tetes couronii^es d'une mousse blanchatre, arrivaient a peine au niveau de la clai- riere; leur position abrit^e semblaitles mettre acouvert de la tour- mente , pas un n'est reste intact; la trombe les a brutalement en- voy^s au fond du ravin, ou les a ^tendus comme une effrayante tapisserie sur les flancs erailles de Tabime. Arriv^e au fond du pre- cipice', elle a balay*^ , sans laisser debout ni arbustes ni buissons, les deux bords escarpes d'un torrent qui serpente dans la vallee. La trombe quitte la commune deFuans. Son premier exploit sur la commune limitrophe de Guyans-Veusse , est de raser, comme avec une faux, un bosquet de jeunes sapins, a cinquante pas d'une maison qu'elle renverse. En voyant passer devant les fenetres de sa maison un arbre tout entier, unbon vieillard s'est ^crie : » C'estla fin du monde ; mes enfants , prions ! » Apres avoir decouvert , ebranle ou d^moli quatre autres maisons dans un rayon d'environ 800 metres , I'ouragan va recommencer ses terribles ravages dans les forets du Mont-de-Laval , eloign^es de 6 kilometres. Dans ce village il emporte la toiture d'une maison, fait tournoyer dans I'air, comme des feuilles de papier, les poutres de la charpente, longues de 14 metres ; puis, arrachant un gros poirier , le lance comme une balle de 1' autre cote d'une maison en le faisant passer par-dessus le toit. Quelques pas plus loin il fait tourner comme sur un pivot les murs d'une maison sans les renverser ; prend dans la grange, situ^e a la hauteur du premier ^tage , une voiture charg^e de foin et la transporte sans la renverser dans le clos voisin. En meme temps, un globe de feu entre par une fenetre qu'il perce d'un trou rond de 15 centimetres de circonference, et si parfaitement pratique qu'on y passe le poing sans craindre de se couper ; puis ce globe, comme s'il ^tait anime, se met a voyager dans I'appartement eta poursui- vre d'une chambre a I'autre deux femmes eperdues , qui finissent par Eortir de la maison : arriv^ sur la porte, le globe disparait. Du Mont-de-Laval, la trombe seprecipite dans une valine pro- fonde de plus de 400 metres, fait coupe blanche dans une foret de 10 hectares, puis, montant a.\x Plaimbois-da-Miroir, qu'elle ravage, elle tombe avec furie sur le village de Rosuveux et renverse une maison qui malheureusement dcrase une femme sous ses ruines. VARIETES. EFFET DES DECORTICATION ET ACCROISSEMENT DBS ARBRES. PAR M. TRECUL, Le jeune et savant botaniste a prdsente a 1' Acad^mie, dans ses dernieres seances, un viemoire sur V influence qu exercent les de- cortications annulaires sur la vegetation des arbres dicotjledones et r accroissement des arbres; nous nous reprocherions de no pas faire connaitre cette iinportante etude a nos lecteurs par una ana- lyse suffisamment etendue. I. Deux opinions contraires divisent les botanistes. Les uns croient que les decortications annulaires dont la reparation n'a pas lieu, tuerit les arbres en peu d'annees ; les autres pensent qu'elles n'ont aucuiie ou presque aucune influence sur la vegetation de ces arbres. Les faits que reiiferme le travail de M. Tr^cul, paraissent jeter un grand jour sur cette question, en venant appuyer la premiere de ces opinions. lis ont aussi un tres-grand int^ret au point de vue de I'ac- croissement en diarnetre des vegetaux. On croit generalement, etc'etait I'avisde M. Tr^cul avant 1853, qu'un arbre dont la base du tronc, meme jusqu'a la hauteur de deux metres, est morte depuis I'anneeprecedente, ne doit pas con- tinuer a s'accroitre en diametre par sa partie superieure. C'est pourtant ce que I'auteur a observe. Dexiyi paulownia \wi ont fourni ces interessantes observations. lis avaient subi chacun deux decor- tications annulaires simultances au printemps de 1852. Ces decor- tications furent protegees contre les agents exterieurs. Les parties ecorcees ont donne des productions cellulaires dans lesquelles sont nes des vaisseaux et des fibres ligneuses ; mais ces productions etaient insuffisantes pour op^rer la reunion des deux bords de chaque plaie. Elles moururent d'ailleurs pendant I'hiver avec toute la partie inferieure de j'arbre, tandis que la partie superieure du tronc, les branches et les rameaux principaux survecurent a Toperation. Le bois extdrieur de la base de I'arbre ne vivant plus, il etait ur- gent de verifier si le bois central vegt^tait encore. Pour atteindre ce but, M. Trecul fit a la decortication inferieure une ouverture de 6 centimetres de longueur et de 4 1/2 centimetres de largeur, par laquelle il enleva tout le bois central, de maniere qu'il y avait une cavite interne de 8 1/2 centimetres de diametre. II reconnut ainsi quele corps ligneux etait entierement prive de vie. Au mois d'avril 1853, I'auteur fut tout surpris de voir les eel- 514 COSMOS. lules les plus internes de Tecorce op^rer la multiplication utricu- laire, comma si I'arbre eut ^t^ en bonne sant^, etl'dcorce se deta- cher avec facility comme celle des paulownia, qui n'avaient pas ^te oiu'-res. Des elements corticaux et fibro-vasculaires accrurent d'une part I't^corce, d'autre part le bois; en un mot, la vegetation reprennit son cours ordinaire dans cette portion du vegetal, bien qu'il n'y eut sur I'arbre aucun bourgeon. Les rameaux de raiin^e etant morts pendant I'hiver, leurs bourgeons ne se ddvelopperent pas. La production fibro-vasculaire qui s'est manifestee ne peut done etre attribuee a I'influence des bourgeons, puisqu'il n'y en avait pas. Mais, deux mois plus tard, pendant le mois dejuin, quelques bour- geons adventifs se montrerent , d'abord sur le tronc , puis sur les branches, et enfin sur les rameaux. Les plus forts atteignirent a peine 20 centimetres de longueur. Ces arbres moururent pendant I'hiver suivant. Cescurieux ph^nomenes constituent de nouvelles preuves qui viennent s'ajouter a toutes celles que I'auteur aMonnees contre la theorie des fibres radiculaires descendant des feuilles, puisquel'ac- croissement en diametre a commence deux mois avant la naissance des premiers bourgeons adventifs. D'autres arbres, d'especes variees, au nombre desquels etaient des ormes, un marronnier d'Inde, un tilleul, un noyer, des robiniers, un (''rable, un gleditschia et des paulownia, ayant ^1(5 ecorces cir- culairement, p^rirent tous au bout d'un petit nombre d'annees. Les resultats qu'ils donnerent furent differents, suivant que la decorti- cation avait ete efFectuee au commencement d'avril ou a la mi-juin. Quand I'op^ration fut faite, en avril, aussitot que I'ecorce se deta- chait avec facility, les arbres n'en parurent pas souffrirla premiere annee ; ils produisirent des feuilles et des fleurs comme s'ils eussent ete a I'etat normal; il en fut de nieme au second printemps, mais cette fois, les feuilles se dessecherent de tres-bonne heure, en juillet ou en aout ; la troisieme annee il ne se developpa que peu ou point de feuilles, les jeunes pousses pdrirent, enfin la mort s'etendit gra- duellement de haut en bas sur les rameaux et les branches qui produisirent quelquefois des bourgeons adventifs avant de suc- comber. Quand la decortication annulaire fut faite a la mi-juin, lorsque la vegetation ^tait dans toute sa vigueur, les accidents furent im- in^diatement de la plus grande gravite. Trois paulownia , entre aulres, furent operes a cette epoque. Ils subirent chacun deux de- cortications ; un anneau de bois de 4 a 5 millimetres de profondeur COSMOS. 515 avait meme ^t^ enlev^ a la base de la decortication inferieure, Celle-ci avait ensuite et6 garantie du contact de Fair, au lieu que la sup^rieure avait ^t^ abandonneeal'air libre. Une demi-heure aprfes roperation, les feuilles des rameaux inf^rieurs commen^aient a se faner ; les parties herbacdes de ces rameaux eux-memes sinflechis- saient comma les feuilles. Cette alteration se propagea des rameaux inf^rieurs aux sup^rieurs, de maniere qu'au bout de deux heures, toutes les feuilles de ces trois arbres ^talent fletries, et onze jours apres, toutes ^taient tombees. Deux de ces arbres p^rirent dans I'annee meme. Le troisifeme , sur lequel I'experience avait ^t^ disposee un peu plus favorablement que sur les deux autres, continua de v^geter au-dessous de la decortication inferieure , etil donna les r^sultats que M. Trecul recherchait; c*est-a-dire que des lames d'ecorce, qui avaient ^te soulevdes de haut en bas, et qui ^taient restdes fix^es autronc par leur base, produisirent une couche ^paisse de bois dans leur int^rieur, sans le secours des feuilles, puis- qu'il n'y en avait pas sur les arbres. Ainsi, il parait resulter des experiences de M. Trecul , qu'un arbre qui a subi une decortication annulaire dont les bords ne se r^unissent pas, doit n^cessairement mourir dans un temps plus ou moins rapprochd, et que s'il contiuue a vivre comme le tilleul de Fontainebleau, il p^rira comme lui par la destruction graduelle des corps ligneux sous I'influence des agents atmospheriques. Dansun second memoire qui fait suite au premier, M. Trecul s'est propose de signaler quelques ph^nomenes de vegetation dans des conditions anormales, qui lui ont paru fort remarquables. Nous n'en citerons ici que deux exemples : II a presents d'abord la figure d'un tilleul, qu'il juge digne de toute I'attention des physiologistes. II I'observa le 29 mars 1843. Ce tilleul, qui avait 6t6 ecorceirregulierement, avait aussi son bois altere et ddtruit tout autour si profondement, qu'il ne restait plus qu'une portion minime du corps ligneux central, a I'endroit de cette decortication, poursoutenir la partie superieure de I'arbre et servir de vehicule aux sues qui montaient des t acines. II etait soutenu par des perches fixees a ses brandies et a celles des lilleuls voisins. Get arbre, plante vers 1780, fut ecorce en 1810 ; il avait par consequent trente ans quand I'accident lui est arrive. En 1853 , la portion en voie de destruction etait de 32 centimetres de longueur, du cote du nord, et elle commen^ait, de ce cote, a 57 centimfetres au-dessus du sol. Vers le sud, I'alteration etait beaucoup plus etendue; elle^ coiiimen9ait au niveau de la terre et montait jusqu'a l™,05. Le corps '5*6 COSMOS. ligneux, sur cette pavtie d^pourvue d'^corce, dtait si vermoulu etsi dessechd, si rdduit dans la region moyenne de la necrose, qu'on I'eut dit eiitierement inort. Son plus grand diametre en cet endroit etait de 10 centimetres , et le plus petit de 5 1/2 centimetres. M. Trocul, ayant detach^ un peu de bois mort, reconnut que la partie centrale vivait encore, mais quelle n'avait plus que 2 1/2 centimetres d'dpaisseur. EUe avait tout I'aspect d'un bois jeune et vigoureux, et elle etait pleine de sues. Ainsi, c'^tait par un axe ligneux de 2 1/2 centimetres d'epaisseur que passaient tous les liquid es puis^s dans le sol par les racines. Bien que cet axe ligneux fiit aussi limits, la v^g^tation de ce til- leul n'en paraissait pas ralentie ; ses bourgeons etaient tout aussi nombreux et aussi avanc^s que ceux des autres tilleuls; il s'est couvert comme eux de feuilles et de fleurs. II est une circons- tance importante a noter dans I'histoire de cet arbre singulier, c'est qu'il existait, a la base de la partie vivante inferieure, des broussins d'oii naissaient de nombreuses petites branches qui, en pr^servant de la mort la partie inferieure du tronc, ont contribu6 a la conservation de la vie dans la partie sup^rieure. Aussi, pen- dant les quarante et quelques ann^es qu'a durd cet ^tat de choses, raccroissement n'a varie que de 2 centimetres en diametre au- dessus et au-dessous de la necrose. Cette diflKrence n'a pas lieu de nous dtonner, dit, ace sujet, I'auteur de la communication, puis- que les fonctions des feuilles ne s'exer9aient pas en haut et en bas dans la meme proportion. II est vrai que certains botanistes n'accordent pas aux feuilles toute I'importance que leur attribue M. Trecul. lis se fondent sur deux ordres de phenomfenes dont nous ne citerons ici qu'un seul exemple. Ayant vu que la souche d'un orme, dont le tronc avait et^ coupe a quelques pieds au-dessus du sol, a produit quelques couches ligneuses sans le secours des feuilles, ils en ont conclu que celles-ci ne sont pas necessaires a cet accroissement. II semble a M. Trecul que c'est la ne pas apprecier les phenomenes a leur juste valeur. En effet , les feuilles ne concourent pas directement a la formation des couches ligneuses et corticales ; c'est la un point que I'auteur a d^montr^ ant^rieurement; mais elles prennent part indirectement a la production des elements fibro-vasculaires et cor- ticaux; la fonction respiratoire qui s'accomplit en elles est neces- saire pour I'elaboration des matieres nutritives, qui servent ensuite a la multiplication utriculaire. ou qui, s'accumulant dans les diverses parties du v^g^tal , sont ensuite employees a son accroissement. I COSMOS. 517 C'est cet approvisionnement qui fait qu'une souche ne perit pas n^- cessairement quand I'arbre a ^te abattu. Les matieres alimentaires r^unies dans cette souche et dans les racines, servent a la nutrition des tissus de la couche gen^ratrice. Ceux-ci, ne recevant plus la s^ve descendante qui les feconde a r^tat normal, empruntent aux issus anciens les substances nutritives qui y sont emmagasin^es et dont ils ont besoin pour se multiplier, pour donner de nouvelles couches ligneuses et corticales et des bourgeons adventifs ; mais si Ton enleve les bourgeons qui se developpent, la provision des subs- tances alimentaires s'^puise, et la souche meurt. Pour que la souche continue a vivre, la provision doit done etre renouvelee. La nature pourvoit de deux maniferes a ce renouvelle- ment : 1° par le developpement de bourgeons adventifs ; 2° par I'influence desfeuilles des arbres voisins de meme espece, lorsque les racines de la souche sont soudees avec celles de ces arbres. Ce ph^nomene , reconnu par Dutrochet , n'est pas encore admis par tous les botanistes ; et pourtant rien n'est plus exact , suivant M. Trecul, quia verifie cette observation sur le Taxodium disti- chum dans les forets mardcageuses de la Louisiane. II a vu des souches de cet arbre qui, etantjgreffees par leurs racines a celles des arbres voisins, ont continue a vivre. Quelques-unes 4tant creuses au centre, les productions ligneuses et corticales qu'elles ont four- nies, d^bordant de tout le pourtour de la troncature, s'etaient ^tendues en lames de 1 a 2 centimetres d'epaisseur sur la surface de celle-ci, qu'elles recouvraient entierement; et meme, dans quel- ques cas, ces productions ayant gagn6 les bords de la cavite cen- trale, y descen4aient en suivant les sinuosites de sa surface. EXPOSITION UNIVERSELLE. VARIETES, UNE IDEE EMINEMMENT SIMPLE, HEUKEUSE ET FECONDE. MACHINE A VAPEURS COMBINEES DE MM. WETHERED DE WETHERBDVILLE. Annexe dii Lord de I'eau, dcpartemenl de rAmerique, galeiie a gauche, 144, A. Avant que la Ihdorie dynarnique de la chaleur fut demontree presque jusqu'a I'evidence et gen^ralement adinise , on pouvait douter qu'il y eut avaiitage a surchaufler la vapeur avant de lui faire proJuire son effet dynaniique. On pouvait craindre, en ^le- vant trop sa temperature , de lui faire perdre une partie de son ressort , et cette crainle pouvait arreter les constructeurs alors qu'il n'etait pas prouve pour eux que la veritable source de la puis- sance mecaiiique de la machine dtait la chaleur perdue ou dissimu- lee, que le travail t^tait necessairement proporlionnel a la diffe- rence des temperatures de la vapeur avant et apres son action sur le piston. Aujourd'hui , tous s'accordent a poser en regie g^nerale qu'il faut viser a elever le plus possible la temperature de la vapeur, et nous rappelions naguere que M. Devaux a deduit d'experiences positives que, dans les limites de 1 a 5 atmospheres de tension, le surchauffement a 400 degres de la vapeur non satur^e pent rea- liser une ecoiiomie de 25 a 30 pour 100. Pour etre juste , nous devons reconnaitre que c'est surtout M. Boutigny d'Evreux qui , par ses belles experiences sur I'eau a r^tat sjjheroidal , a appele I'attention sur la vapeur surchauflee, et fait pressentir le role quelle pouvait jouer un jttur dans les ma- chines a vapeur. Ses idees furent developpees et appliqui^es d'abord par M. Testud de Beauregard qui aurait certainement resolu ce difficile probleme s'il avait eu a sa disposition des ressources plus considerables. MM. Isoard et Galy-Cazalat ont aussi fait, dans cette voie, des tentatives plus ou moins heureuses qu'ils ameneront peut-etre a bonne fin. MM. Belleville de Nancy, H^diard et Cla- vifere, dont nous parlerons tout a I'heure , ont de leur cote realist, avec plus ou moins de succes, des appareils destines a engendrer la vapeur a des temperatures tres-^levees. M. Siemens enfin, en par- tant d'un tout autre principe, en prenant pour point de depart im- m^diat la th^orie m^canique de la chaleur, a construit sa belle et bonne machine a vapeur reg^neree, bien connue maintenant de no3 lecteurs , qui n'a malheureusement pas 6t4 assez appreciee par le COSMOS. 519 Jury, puisqu'il ne lui a deceriie qu'une medaille d' argent, mais qui fera son chemin quand meine, et un brillant chemin. Nous sommes heureux aujonrd'hui de pouvoir nous rendre cette justice que nous avons compris des le debut rimportance conside- rable du surchaufFement de la vapeur, que nous I'avons defendu envers et centre tous dans \' Epoque, dans la Presse, dans le Pays, dans le Cosmos, au point de susciter contre nous d'ardentes coleres d'ecole. Nous trioinphons aujourd'hui, grace aux inventeurs dont nous venons de rappeler rapidement les noms , grace surtout a MM. Wethered , qui donne du probleme de I'emploi de la vapeur surchauffee une solution tout a fait inattendue et au premier abord incroyable, tant elle est en dehors des previsions actuelles. Ces messieurs qui ne sont ni physiciens ni mecaniciens de pro- fession, mais bien des proprietaires manufacturiers riches et ^clai- r^s, ont ete conduits a leur invention moins par des considerations scientifiques que par une illumination spontanea n^e d'une de ces observations heureuses, pui ont amene tant de decouvertes celebres. Leur idee est extremement simple, tellement simple que nous avons dout^ longtemps qu'elle n'eiit pas ete emise et executee; elle ne I'a pas ete cependnat, et il est impossible de revoquer en doute la legi- timite et a la validile de leur patente. lis avaient eu connaissance des avantages de la vapeur sur- chauffee, dont on s'occupe beaucoup en Amerique. Mais ils sa- vaient aussi que la vapeur surchauffee est tres-difficile a gouverner; que si sa temperature est trop elevee , les pistons des cylindres grippent et font un mauvais travail ; que si Ton depasse certaines limites de temperature I'accroissement de la pression est loin d'etre proportionnel a la quanlite de combustible ou de chaleur employee au surchauffement. MM. Wethered enfin avaient entendu les in- genieurs se plaindre mille fois de la quantite enorme de chaleur per- due par les enveloppes des fourneaux , I'appel de la cheminee , le rejet dans r air de gaz encore tres-chauds, etc. ; ils ne pouvaient pas supporter, eux aussi, la pensee qu'on utilise a peine un ving- tieme de la force ou du travail en puissance dans le charbon qu'on entasse dans les foyers. Voici le moyen tout a fait elementaire et efficace au dela de leurs esp^rances par lequel ils croient avoir fait disparaitre, d'un seul coup, tous ces inconvenients. Leur appareil, dont plusieurs organes es- sentials ont ete perdus dans le Palais de [I'lndustrie, sans qu'on ait pu retrouver leurs traces, a fait son apparition tres-tard, il aura done attire bien peu Tattention du Jury et des amateurs ; c'est une 550 COSMOS. iraison depluspotir que nous insistions sur ces excellentes qualit^s. II se compose d'un gendrateur entiereinent nouveau , ron pas dans sa forme , mais certainement dans son mode d'action ; et d'une ma- chine a vapeur commune. Le gen^rateur a la forme des chaudiferes en tombeau du vieux systfeme anglais. La vapeur est engendree dans un faisceau tubulaire semblable a celuides locomotives, mais plac6 ver- ticalement. Dans le dome du g^nerateur on a manage a la vapeur deux issues par des tuyaux armes de robinets et dont on peut graduef h volont^ les orifices de sortie. La vapeur, qui sort par I'un des ro- binets a la temperature de I'eau bouillante, satur^e, humide, empor- tant avec elle une plus ou moins grande quantite d'eau a I'etat liquide, se rend directement, comme a I'ordinaire, dans la chambre a vapeur ou reservoir qui alimente les tiroirs de distribution. La; va- peur qui sort de I'autre robinet est conduite par un tuyau interieuf , ou par un tuyau ext^rieur revetu d'une enveloppe isolante, a I'entf^e d'un serpentin install^ en partie dans le carneau , en partie dans le dome dela chemin(5e derrifere le faisceau de tubes ou dos a dos centre lui, et que viennent lecher les gaz brulants sortis des tubes. Dans sa circulation a travers les spires du serpentin , cette vapeur se sur- chauffe de plus en plus , atteint la temperature de 3 a 400 degrds , monte jusqu'a une certaine hauteur dans la cheminde, et vient enfin rejoindre, dans la chambre de la machine, la vapeur ordinaire ou saturee d'eau qui y est venue directement du generateur tubulaire. L'effet resultant du melange est facile a comprendre : la vapeur surchaufifee cfede une partie de son exces de temperature a la vapeur saturee d'eau, vaporise I'eau qu'elle contenait encore a I'^tat liquide, et lui donne une plus grande tension. Le melange des deux vapeurs entre alors dans le tiroir de distribution, penetre dans les cylindres, soulfeve le piston, et produit le travail mecanique dans des condi- tions bien meilleures que si on avait envoye directement dans le cylindre, soit de la vapeur saturee, soit de la vapeur surchauffee, c'est-a-dire avec un gain considerable d'effet utile. II est deux manieres bien distinctes de mettre en Evidence les avantages des vapeurs melangees sur I'nne ou I'autre des vapeurs ordinaire ou surchauffee employees seules ou s^parement. La pre- miere consiste a constater qu'avec une meme quantity de combus- tible on obtient un plus grand travail ; la seconde consisle a faire agir la vapeur en quantity toujours la meme, a une pression toujours ^gale ; a lui faire produire , en un mot, le meme travail , et a me- Surer le combustible ddpens^.Les dispositions des lieux, dans la gale- rie de I'Exposition, n'ontdaspermisa M. John Wetheredd' employer COSMOS. A?l la premiere methode ; mais il nous affirme que les nombreuses expe- riences faites par lui en Am^rique, avec tous les soins imaginables, hi ont clairement prouve qu'a combustible egal les vapeurs melan- gdes ou combinees procluisent un travail beaucoup plus grand que la vapeur commune ou la vapeur surchauffee prises s^parement. Nous avoiis au contraire pu voir employer la scconde methode j et nous avons sous les yeux , en ecrivant cet article, deux series completes d'expt^riences faites, la premiere, les 27 et 28 sep- tembre ; la seconde , le l'^'' octobre. Voici les resultats qu'elles ont donnes : la machine avait a mettre en mouvement un ventillateur a force centrifuge. Le 27 septembre, de 9^30 aS^'SO, c'est-a-dire pendant six heures, on a fait fonctionner la machine avec de la vapeur ordinaire, sans envoyer partie de la vapeur dans le serpentiii surchauffeur : pendant ces six heures, la pression indiquee par le manometre, et mesuree de quart d'heure en quart d'heure, est restee sensiblement constante, elle a varie de 1, 9 a 2, 2 atmospheres, la moyenne generals a ete de 1, 98 ; la temperature de la vapeur est restee aussi a peu pres constante, elle a varie de 250 a 260 degres Fa- renheit , elle a ^te en moyenne de 255 degres Farenheit, 124 degres centigrades ; le nombre des revolutions, de 456 en moyenne par quart d'heure, de 29 en moyenne par minute, a ete en totalite de 10 980 ; la quantite d'eau introduite dans le generateur a ete de 1 300 litres ; la quantite vaporisee de 975 litres ; le charbon con- sum^ de 355 livres, 177 1/2 kilogrammes. Le 28 septembre, de 9'' 30 a 3'' 30, pendant six heures, on a fait fonctionner la machine avec le melange de vapeur ordinaire et de vapeur surchauffee : la pression a dte en moyenne de 2 atmos- pheres 1 dixieme ; la temperature de la vapeur a ^te en moyenne de 328 degres ; le nombre des coups de piston de 534 en moyenne par minute, a 6ie au total de 12 970; la quantite d'eau vaporisee 950 litres ; la quantite de charbon consumee 283 livres. L'avantage des vapeurs melangees est done considerable , puis- qu'avec une quantite de charbon plus petite dans le rapport de 283 a 355 ou de 4 a 5, on a obtenu, a pression sensiblement la meme, un nombre de coups de pistons plus grand dans le rapport de 12 970 a 10 980 oude 11 a 10. Si, partant des chifTres de ces experience , on calculait les nom- bres d'unites de travail produit, dans les deux cas, I'emploi de vapeur commune ou I'emploi de vapeur surchauffee, par Tevapo- ration de chaque litre d'eau , on trouverait que ces nombres sont 522 COSMOS. dans le rapport de 1 a 2, 067; ou que I'accroissement de puissance est de plus de 100 pour 100. Pour faire d.e calcd, et parce qu'il s'agit d'un irieme travail, remis- sion d'une certaine masse d'air, on peut accepter pour mesure de I'effet utile le cube du nombre des revolutions, et pour son prix de revient le charbon consume. En prenant pour unite le nombre 10 980 coups de piston donnes par la vapeur saturee, le nombre des coups de piston donne par le melange, ou 12 970, sera 1,1812, dont le cube est 1,6480. De meme si on prend pour unite la quantite de charbon 355 livres, consumee avec la vapeur ordinaire, la quantity de charbon 283 de la vapeur surchauffee sera 0,7971. Dfes lors le travail obtenu avec la vapeur ordinaire etant 1 , celui de la vapeur surchauffee, sera 1,6489 : 0,7971 ou 2,0674. On en conclura que les nombres d'unites de travail par litre d'eau, produites par la vapeur ordinaire et la vapeur surchauffee sont respectivement 10 253 et 21 762. Le second est plus que double du premier. L'experience du 1" octobre faite pendant trois heures avec la vapeur ordinaire et pendant trois heures avec !a vapeur meiangee, conduit a des conclusions identiques. La pression de la vapeur etait rigoureusement dans les deux cas de 2,5 atmospheres; avec la vapeur ordinaire la quantite d'eau vaporisee a ete de 515 litres, le nombre des coups de piston 4 735 , la quantite de charbon consumee 168 livres. Avec les vapeurs melangees la quantite d'eau vaporisee a ete de 500 litres, le nombre des coups de pistons 5 845, la quan- tite de charbon consumee 158 livres. Si Ton remarque que la quantite d'eau vaporisee par heure et par kilogramme de charbon a ete la meme 6 litres 1/10*, soit qu'on surchauffat, soit qu'on ne surchauffat pas une partie de la vapeur, on constatera d'abord que la chaudiere tubulaire dont se sert M. Wethered n'a rien que de trfes-ordinaire ; mais on en conclura aussi, ce qui est tout a fait capital, que la chaleur absorbee par la va- peur surchauffee et qui produit une augmentation de travail conside- rable est de la chaleur qui serait perdue sans la presence duserpentin. Une economie de 100 pour 100, ou un effet utile double, voila done non ce que promettent, mais ce qu'assurent les nombreuses experiences faites jusqu'ici; M. Wethered affirme que I'avenir ne les dementira pas. Et qu'on le remarque bien, cette economie est obtenue independamment du mecanisme de la machine a va- peur, c'est-d-dire que quelle que soit la machine dont on fait usage, en substituant le melange des vapeurs ordinaire et surchauffee, a la seule vapeur ordinaire, on gagnera en travail utile 100 pour COSMOS. 523 100. On pourra par la meme rcduire considdrablement le volume des moteurs installes sur les niivires a vapeur, et ce sera un im- mense progres. Maiscette premiere Economic en cache une autre, incomparable- ment plus importante et qui resulte de I'etat de la vapeur employee. Ce qui rend la navigation a vapeur si difficile et si dispendieuse, ce n'est pas a proprement parler I'encombrement et I'exces de poids causes par les machines ; c'est la prompte deterioration des orga- nes essentiels du mouvement, des tiroirs, des rondelles des pistons, des cylindres meme. La vapeur d'eau de mer obtenue des genera- teurs ordinaires emporte forcement avec elle des proportions trfes- notables d'eau chargee de sels, et ce sont ces sels qui corrodent les surfaces en contact. II suffit, dans certaines eaux surtout, d'une marche de quelques heures ou de quelques jours pour amener des accidents graves qui forcent a stopper et entrainent des reparations dispendieuses. Get inconvenient enorme disparait dans le systeme de M. Wethered. Par le seul fait qu'il n'emploie que de la vapeur a une temperature bien ^lev^e au-dessus du point d' Ebullition de I'eau, il la debarrasse de toute I'eau a I'^tat liquide, et par conse- quent des sels entrain es par cetle eau : c'est done dans tous les cas de la vapeur pure qu'il met en contact avec les surfaces frottantes; ces surfaces, par consequent, sont a I'abri d'une destruction v^rita- blement effrayante par sa rapidity, par les depenses quelle entraine, par les temps d'arret qu'elle impose. Get avaiitage est si Evident a priori, et il ressort si parfaitement des experiences deja faites, que le nouveau mode d'emploi de la vapeur a ete accueilli avec la plus grande faveur par les armateurs americains. Nous avons vu les lettres par lesquelles M. GoUins, le createur celebre de la grande ligne transatlantique entre Liverpool et New- York, exprime a M. Wethered ses felicitations sinceres et ses brillantes esperances : il avait mis a sa disposition pour I'essai du nouveau systfeme une petite machine et un bateau a vapeur; le succes des experieces faites sous ses yeux 1 'a decide a I'appliquer sur tous ses immenses paquebots, et dans quelques mois nous pour- rons faire connaitre a nos lecteurs les resultats d'une premiere expe- rience solennelle. De son cote, I'amiraute anglaisese prepare a faire I'essai du nouveau sysrfeme sur I'un de ses plus beaux steamers, le yacht Black-Eagle. Ks,]y6roT]s que la marine frangaise, a laquelle les grands navires mixtes, a voile et a vapeur, le Napoleon, le C/iar- lemagne, etc., etc. , ont cause tant d'embarras dans la campagne d'Orient, s'empressera d'entrer, elle aussi, dans la voie du progrfes. §3[/i COSMOS. Le nouveau syst^ine est tres-simple et immMiatement appli- cable avec quelques dcpenses minimes a toutes les machines exis- tantes. La manipulation des deux vapeurs est extremement facile : on arrive sans peine aucune et sans long tatonnement, a donner au melange la temperature et la pression les plus avantageus.es. En outre des ouvertures plus ou moins grandes des orifices de sortie, il est d'autres elements dont on peut disposer, le diametre du tube qui forme le serpentin, sa longueur, son installation dans un espace plus ou moins accessible a la flamme , etc., etc. Le plus ordinaire- ment, il n'y aura dans le generateur qu'un foyer; le meme feu en- gendrera et surchauflfera la vapeur. Rien n'empeche cependant , dans des conditions particulieres, qu'on ne demande a un foyer special la chaleur necessaire au surchauffement de la vapeur. Au lieu de surchauffer dans ua serpentin de la vapeur nee a 100 degres, on pourra aussi engendrer directement de la vapeur a 3 ou 400 degres , comme le faisait M. Testud de Beauregard ; comme MM. Belleville et Hediard se proposent de le faire. M. Wethered a pris soin de se reserver formellement dans ses brevets le droit de recourir, quand il lui plaira, a toutes les modifications de son idee fondanientale, du principequi constitue son invention , et que per- sonne n'a realise ou fait breveter avant lui : le melange en propor- tions plus ou moins grandes de deux vapeurs, Tune ordinaire, I'autre surchaufFee; dans le but d'obtenir, pour I'lntroduire dans les cylin- dres, una vapeur parfaitement pure et seche, a haute pression, ca- pable d'un plus grand travail, avec economie de matiere, d'espace et de combustible. Dans la machine de I'Exposition , et dans presque toutes celles que M. Wethered a realisees jusqu'ici, le melange des vapeurs se fait dans la chambre ou reservoir a vapeur, en dehors du cylindre ; mais , dans de nouveaux essais , I'inventeur se propose de faire le melange dans le sein meme du cylindre, au-dessus et au-dessous du piston, alternativement. II espere obtenir de cette maniere un plus grand effet utile, en profitant de la detente qui a lieu au moment de la compenetration des deux vapeurs. Nous craignons toutefoisque cette disposition, qui n'a pas ete etudi^e encore, ait des inconvdnients quand les eaux seront tres-chargees de sels calcaires ou autres. Pour donner aux mecaniciens une idt^e de ce que doivent etre la chaudiere et le serpentin pour produire un surchauffement conve- pable, nous dirons que M. Wethered a parfaitement r^ussi dansle cas d'une machine de douze chevaux, en donnant au tube genera- teur 59- millimetres de diametre, 3 metres 14 de longueur totale j COSMOS. 555 au tube surchauffeur du serpentin 37 millimetres de diametre, 4 me- tres 95 de longueur, c'est-a-dire qu'avec deux tubes de ces dimen- sions, et qui occupant fort peu d'espace. on obtiendrait douze che- Vaux de force. Le rapport du volume de la vapeur ordinaire a la vapeur surchaufft^e ^tait celui de 25 a 75 ou de 1 a 3. Depuis que nous avons ecrit ces lignes nous avons pu nous pro- curer le compte rendu officiel des experiences faites a New- York, sous la direction de M. Collins, par M. Martin, ing^nieur en chef de la marine des Etats-Unis, dt^l^gu^ specialement par le ministre de la marine; et nous allons I'analyser rapidement. C ' est touj ours lememe resultat extraordinaire des experiences de Paris , un gain de 100 pour 100. I. Les premieres experiences ont ^te faites sur une machine a vapeur a haute pression , sans condensation , que M. Collins a fait construire pour I'essai des divers modes d'emploi de la vapeur. On donnait pour travail a la machine V^levation de I'eau au moyen des deux pompes a reservoir d'air comprim^. Premiere serie (P experiences ai^ec la vapeur ordinaire saturee seule. — Duree de I'experience 39 heuresSl minutes; temperature de la vapeur 109°; nombre de doubles coups de piston 69 195 , 24,841 par minute; pression de I'air dans le reservoir en plus d'une atmosphere et exprimee en pouces carr^s 25,36; quantite totale de charbon consum^e 2 221 livres , 55,7 livres par heure; nombre total des unites de travail 1 754 628 ; unites de travail par chaque livre de charbon 790. Deiijcieme serie , ai'ec la vapeur saturee seule. — Duree de I'expt^rience 18 heures; temperature de la vapeur 178"; nombre total des doubles coups de piston 41 609, 38,53 par minute; pression de I'air dans le reservoir 30,97; quantit(5 totale de char- bon 989 livres , 55 livres par heure ; nombre total d'unit^s de travail 1 288 442; unites de travail par chaque livre de charbon 1 302. Troisieme serie , avec le melange des deux vapeurs saturee et surchauffee. — Duree de I'experience 80 heures 27 minutes; tem- perature de la vapeur saturee 136" , de la vapeur surchauffee 193°, du melange 148"; nombre total des doubles coups de piston 182 077, 37,72 par minute ; pression de I'air dans le reservoir 34,84; quantite totale de charbon consumee 3 899 livres, 48,5 par heure; nombre total des unites de travail 6 337 042; unites de travail par livre de charbon 1 625. Les nombres d'unites de travail par livre de charbon sent done 526 COSMOS. pour la vapeur saturee seule 790 , pour la vapeur surchauffee seule 1 302; pour le melange des deux vapeurs 1 625 ; ou, en prenant le premier de ces nombres pour unitd, 1,000 1,649,2,0573. II en resulte par consequent : 1" qu'en employant avec le meme foyer la vapeur surchauffee seule au lieu de vapeur saturee on obtient un accroissement de travail ou effet utile egal a 65 pour 100 ; 2° qu'avec le melange des deux vapeurs on realise un accroissement d' effet utile de 106 pour 100 ; 3° que dans la substitution du melange des va- peurs a hivapeur surchauffee seule le gain est encore de 25 pourlOO. Sans doute que ce resultat est extraordinaire , mais force est maintenant de I'accepter. II. Experiences faites le 9 Janvier 1854 a lord du bateau a vapeur le Joseph Johnson , sur la riviere \Hudson, a New- York. Premiere serie. Avec la vapeur ordinaire ou saturee seule. Du- ree de I'experience, 9 heures 53 minutes; pression de la vapeur dans le generateur en pouces, 19,5; vide dans le condenseur en pouces, 27,5; temperature du metal dans le cylindre 111" ; tempe- rature du vide, 51"; nombre total des coups de piston 11 447, par minute, 19 303; quantite de charbon conaumee, 666 livres. Deuxierne serie. Melange des deux -vapeurs saturee et sur- chauffee. Duree de I'experience, 9 heures 50 minutes ; pression dans le generateur, 18,5 ; vide dans le condenseur, 27,8 ; moyenne temperature du metal du cylindre, 143°; temperature du vide, 64°; temperature de la vapeur surchauff(Se avant le melange, 303°; temperature du melange, 173° ; nombre total des doubles coups de piston, 11 904, par minute 20,176; livres de charbon consum^es par heure 440. Comiiie les deux series d'experiences ont 6t6 faites dans des cir- constances sensiblement les memes , on peut prendre pour mesure de I'effet utile le cube du nombre des doubles coups de piston , et, pour prix de revient du travail obtenu, les quantit^s de charbon con^u^)ees ; on trouve de cette manifere que I'effet utile obtenu de chaque livre de charbon, avec la vapeur saturee ou ordinaire 4tant 1, celui obtenu avec le melange des vapeurs est 1,727 ; le gain est done de plus de 72 pour 100. Dans une autre s6rie d'expt^riences faites le 22 et le 23 novembre 1854, on a fait en sorte que le nombre des coups de piston fiit exactement le meme , afin que le bateau parcourut la meme dis- tance, 56 milles, soit avec la vapeur saturee seule, soit avec le m^- COSMOS. 527 lange des vapeurs satur^e et surchaufFee; le gain en faveur du melange a dtd seulement de 53 pour 100. Ce gain moindre trouve son explication dans ce fait que, pour ne pas ddpasser la vitesse obtenue avec la vapeur saturee seule, il fallait, quand on einployait la vapeur suiechauffee , maintenir la pression de la vapeur tres- basse, et par consequent diminuer le feu dans une proportion tout a fait desavantageuse, a ce point que les barrreaux de la grille ^taient a nu sur plusieurs points. M. Martin , et un autre ingenieur de la marine des Etats-Unis qui I'assistait, M. Isherwood, affirment I'exactitude de tousles chiflTres ci-dessus, et la parfaite legitimite des conclusions qu'ils en out tirees. Ces chiffres et ces conclusions ne sont, disent-ils, que I'expression fidele de faits incontestables que chacun peut Vf^rifier par lui-meme; ils declarent d'ailleurs n'avoir rencontre aucune diffi- culte dans le surchauffement de la vapeur et la manutention du me- lange, les tubes du serpentin ne teridaient nullement a se brdler. Pour repondreades doutes deMM. Siemens et Reech, qui avaient peme a admettre que le melange des deux vapeurs donnat un effet utile plus grand que la seule vapeur surchauffee employee a la meme temperature et a la meme pression que le melange des deux vapeurs, nous avons prie M. Wethered de proceder, hier 30 octo- bre, a un essai comparatif de ces deux vapeurs. Voici les nombres de cette deriiiere experience : 1" rapeur surchaufjee seule. — Duree de la marche 3 heures; pression, 2,57; temperature de la vapeur dans le cylindre 147,7- temperature de la vapeur a la sortie du cylindre 107; nombre to'tal des revolutions du ventilateur 6 430, par minute 35,7; litres d'eau vaporisee 460 ; livres de charbon consume , 180. 2° Fapeurs melangees. — Dur^e de la marche 3 heures ; pression de la vapeur 2,57 ; temperature des vapeurs combinees a I'entree dans le cylindre 145,5 ; temperature de la vapeur a la sortie du cyhndre 102; nombre total des revolutions 6 680, par minute 37; eau vaporjsee 520 litres ; charbon consume 140 livres. En traitantces nombres comme nous avons deja fait, on trouve que le travail de la vapeur surchauffee seule etant un , celui des va- peurs melangees est 1,4427 ; il y a done dans I'emploi du melange un gain de 44 pour 100. Nous le repetons encore, c'est enorme mais c est incontestable. L'experience d'ailleurs , a laquelle on ne peut nen objecter, donne en meme temps la raison de ce gain. Avec a vapeur surchauftoe seule, la difference entre les temperatures de la vapeur a I'entree et a la sortie du cylindre n'est que de 40,7; 528 COSWOS. tandis qu'avec les vapeurs m^lang^es elle est de 43,5. II y a, dans ce dernier cas , une plus grande disparition de chaleur ; done il est tout nature! qu'il y ait une plus grande apparition de force mo- trice , et tout est expliqu^. La meme chose avait lieu dans I'exp^- rience de New- York, p. 526; les pertes de chaleur ^taient pour la vapeur ordinaire 61 , pour les vapeurs nn^langdes 79. Ajoutons , mais en nous proposant d'y revenir bientot , que la vapeur melangee conserve, dans tous les usages qu'on peut en faire, le chauifage, les^chage, I'evaporation, etc., sur la vapeur ordinaire I'avantage considerable que nous avons constat^ dans la production de la force motrice. L'Institut mecanique du Maryland a constate que pour amener a I'dbullition une quantity donnee d'eau, en y conduisant la vapeur engendree par la chaudifere, il fallait 73 mi- nutes avec la vapeur saturee seule, a la pression de 10 p. 94 et a 106degres; 80 minutes avec de la vapeur surchauffee seule, a 10 p. 94 de pression et a 173 degr^s ; il ne fallait que 43 minutes avec le melange Wethered de vapeur saturee et surchauffee a 10 p. de pression et 139 degres. A quelque point de vue qu'on le consi- dere, I'emploi de la pression de 10 p. et a 139 degres, vapeur me- langee produit done une veritable revolution. Quand dans notre quatrieme livraison, p. 99, nous ecrivions ces lignes : Le progres consistera, 3° a surchauffer la vapeur dans des conditions telles que son action puisse devenir reguliere et inoffen- sive, nous ne pensions pas que ce progrfes serait sitot et si parfaite- ment realise. M. Wethered a fait plus que d'utiliser la vapeur sur- chauffee, il lui a donne une nouvelle puissance ; c'est une magnifique conquete. II nous semble qu'en presence de ces r^sultats etdes consequences qu'ils ont eues ; qu'en presence de ce fait que M. Collins adopts definitivement le nouveau mode d'emploi de la vapeur sur tous ses paquebots , et que 1' Amiraut^ anglaise le fait essayer sur le plus beau de ses yachts; qu'en raison aussi de la position sociale de MM. Wethered qui ont donn6 une immense impulsion a I'industrie manufacturiere , au point de creer autour d'eux une ville qui porte leur nom, le Jur}/ international ne saurait se montrer trop genereux. M. John Wethered , actuellement a Paris , etait tout recemment representant du congres des Etats-Unis pour Baltimore. II nous prie de rendre ici publiquement hommage a I'intelligence, a I'habilet^, au devouement du mecanicien qui I'aide dans ces experiences; M. Kiersted, m^rite au plus haul degr6 une des premiferes recom- penses que le Jury decerne aux contre-maitres. F. Moigno. COSMOS. S29 LES CIEUX OUVERTS. URANOSCOPE 00 OBSERVATOIRE POPULAIRE DE M. F. OUVIERE DE MARSEILLE. VHP Classe, 3* Section, Jardia dj Panorama. (Suite. — Voyez p. 417, et la figure de I'liranoscopep. 420.) Nous avons installe par la pensee I'uranoscope dans le premier m^ridien de Paris, et il le sera bieiitot en realite. nous en avons la promesse formeile de M. Le Verrier. Concevons en outre qu'il soit etabli sur un chariot mobile, et que sans que son plan meridien cesse de coincider avec le premier meridien de Paris, nous le fassions avan- cer deplusenplusverslenord.endirigeanttoujourssonaxe du monde vers I'etoile polaire; nous verrons alors cet^axe se relever de plus en plus au-dessus de I'horizon, se rapprocher de plus en plus du zt^nith; en meme temps que I'equateur tend a devenir de plus en plus hori- zontal. Nous arriverions ainsi a un point appele pole nord de la terre, intersection de I'axe du monde avec le globe terrestre, ou la verge de ruranoscope serait verticale et et son equateur horizontal; la latitude, apres avoir cru sans cesse, aurait enfin atteint 90 degr^s. Si nous avions fait avancer de meme I'uranoscope vers le sud , nous aurions vu I'axe du monde se rapprocher de plus en plus de Tho- rizon et I'atteindre , I'equateur se redresser de plus en plus, et devenir enfin vertical, lorsquenous serions parvenus a I'equateur ter- restre , intersection de I'equateur celeste avec le globe; la latitude alors serait devenue nulle. Dans ce voyage id^al nous aurions constate en meme temps ce fait capital que pour faire coincider en chaque lieu la verge de I'u- ranoscope avec i'axe du monde nous n'aurons jamais el6 oblige de d^placer son centre ou point miheu. II aura toujours suffi pour I'o- rienter parfaitement de faire tourner cette verge dans le plan du meridien autour de ce centre, ou ce qui revient au meme de faire tourner sur lui-meme ou dans son plan le cercle meridien , en le faisant adherer au pied par difFerentes portions de son bord exte- rieur. Au lieu de partir de Paris pour faire cette excursion au nord ou au sud , nous aurions pu prendre pour point de depart un autre lieu quelconque , et nous serions ainsi arriv^ a cette conclusion singulifere, que I'axe du monde passe a la fois par tous les points du globe. Comme en realite, cependant, le veritable axe du monde est un, passe tres-probablement par le centre de la terre, et ne perce sa surface qu'en deux points, on ne pent expliquer la singuliere anomalie de son passage par tous les lieux, qu'en admettant que, 530 COSMOS. comparee a riinmensite des cieux, a la distance incalculable des dtoi- les.la terra n'est dansl'espace qu'un point presque indivisible. Nous avons insist^ sur ces observations, parce qu'en outre du r^sultat curieux et important qu'elles ont mis en evidence elles nous revelent une propriete precieuse de Turanoscope. Construit une fois pour toutes et pour un lieu donne, il pourra s'adapter sans peine a un autre lieu quelconque, sans qu'on ait a deplacer autre chose que les pointes zenith et nadir , et les traces de I'horizon sur les plans de I'^quateur et du meridien. Pour nous preparer a exposer avec plus de lucidit^ les phdno- menes que I'uranoscope rend accessibles a tous, nous venons de re- lire la belle astronomie populaire de Fran9ois Arago, dont les deux premiers volumes ont ete r^cemment edites par MM. Barral et Gide. Or, cette lecture nous a fait vivement regretter que notre illustre maitre, moins heureux que nous, n'ait pas eu a sa disposition le charmant appareil de M. Ouviere. On sent a chaque instant que ce groupe si simple lui manque, et qu'il eut et6 incomparablement plus clair et plus attrayant encore s'il avait pu fixer les yeux et les es- prits de ses huit cents auditeurs, en leurmontrant incessamment sur I'uranoscope I'axe des mondes , le meridien , I'equateur, etc. Revenons maintenant, aupres de notre instrument bien-aim^ , et recueillons avec soin ses prdcieux enseignements. Nous I'interroge- rons tour a tour 1" sur le mouvement diurne ou mouvement d' en- semble des cieux; 2° sur lesetoiles ; 3" sur le mouvement apparent du soleil ou le mouvement r^el de la terre ; 4" sur les phenoinenes physiques qui sont le rdsultat de ces mouvements , et qui consti- tuent la vue de notre globe ; 5° sur les mouvements de la lune, 6° sur les mouvements des planetes. 1" Mouvement diurne ou mouvement d'ensemble des cieux; — Nous supposons Turanoscope installe et oriente dans un lieu oil rien ne borne la vue, sur le bord de la mer, par exemple, ou bien au milieu d'une plaine sans monticules ni Edifices d'aucune sorte. Debout dans le prolongement du plan meridien, une bonne montre ou un chronometre a la main nous attendons le lever d'un astre quelconque par une belle nuit d'automne ou d'hiver. Nous le voyons monter lentement d'un mouvement compl^tement uniforme, arriver et atteindre dans le plan du mdridien sa plus grande hauteur, et nous notons le temps qu'il a employ^ pour parcourir cette premiere moi- ti^ de sa course. Nous le voyons descendre ensuite , atteindre Thorizon, et nous notons le temps qui s'est ^coule depuis son passage au meridien jusqu'a son coucher. En comparant ces deux temps. COSMOS. 531 nous constatons que pour tous les astres le second est rigoureuse- ment egal au premier. Nous pourrons de plus, et c'est une conse- quence necessaire de ce premier fait, joint a I'uniformite absolue du mouvement des astres, nous assurer que les deux points de leur lever et de leur coucher sur I'horizon sont a la meme distance du plan du meridien, le lever vers la droite en regardant vers ie nord, le coucher vers la gauche. Et nous en conclurons que la courbe quelle qu'elle soit, quedecrit dans le ciel un astre qui se leve et qui se couche, est rigoureusement partagee en deux parties egales par le plan du me- ridien. II est des astres qui pour I'horizon de I'uranoscope ne se levent et ne se couchent jamais, qui restent visibles (oute la nuit, qui arrivent deux fois au plan du meridien , une fois en haut, quand ils atteignent le point culminant de la courbe qu'ils decri- vent, qu'ils cessent de monter pour descendre; une fois en bas quand ils cessent de descendre pour remonter. Or, si nous etudions la marche d'un de ces astres, si nous comptons le temps qu'il met a monter et le temps qu'il met a descendre, nous trouverons encore que ces deux temps sont rigoureusement egaux, que ces astres s'^cartent autant a droite qu'a gauche du plan meridien , que le plan meridien, en un mot, partage encore en deux moities egales la courbe qu'ils decrivent dans leur mouvement sur I'horizon. Un observateur qui ne saurait rien de la nature diverse des astres du firmament, mais qui, pour les douze ou quinze plus brillants d'entre eux, aurait note exaclement ou avec une montre parfaite- ment reglce, I'intervalle de temps qui separe deux retours au plan meridien , dans la meme phase ascendante ou descendante de leur course, aurait constate immediatement entre ces astres des diffe- rences essentielles. Lesuns, en effet, qui pour cette raison ont re9a le nom d't^toiles fixes, reviennent exactement au meridien a la meme heure, a la meme minute, a la meme seconde ; il n'est pas possible pour elle de constater a I'uranoscope une difference appreciable en- tre deux retours au meridien. Les autres, au contraire, appeles planetes ou astres errants, n'arrivent jamais deux fois de suite au meridien a la meme heure, a la meme minute, a la meme seconde; ils sont en avance ou en retard suivant leur position dans le ciel ou leur situation lelativemeiit ausoleil. Deux de ces astres errants ou planfetes sont reniarquables par leur eclat superieur a celui des plus belles ^toiles : I'un, "Venus, le plus brillant de tous les as- tres du firmament, ne s'eloigne jamais beaucoup du soleil, il se Ifeve et se couche au sein de ses rayons; I'autre est Jupiter, qu'on ver- rait avec une longue vue un peu puissante, ejcorte de ses quatre 5S2 COSMOS. satellites. Deux autres ont YicM des Voiles de seconde grandeur; ce sont Mars et Saturne. Le Soleil et la Lune sont dans les memes conditions que les plantJtes ; en observant a I'uranoscope leurs pas- sages successifs au plan m^ridien , on constatera des retards ou des avances considerables que nous etudierons bientot. Le temps qui separe deux retours d'une ^toile fixe quelconque a son point culminant dans le plan du meridien constitue le jour sid^- ral, toujours le meme, dans tous les siccles et pour tous les lieux. Si notre horloge ou notre montre est bien r^gl^e sur la dur^e de ce jour, une dtoile qui passe au meridien a une certaine heure y pas- sera'a la meme heure indefiniment; et en regardant I'heure au mo- ment oil vous approchez de I'uranoscope, vous saurez d'avance les ^toiles que votre ceil va rencontrer dans son plan mt^ridien. Qaand nous avons fait choix d'une etoile, que nous avons deter- mine, pour un jour quelconque, le moment de son passage dans le meridien, nous la retrouverons quand il nous plaira, elle ne man- quera point au rendez-vous du lendemain , du surlendemain, de I'avenir ; pour elle il n'y aura jamais ni avance ni retard. Comme, au contraire, notre montre peut avancer ou retarder, pour etre sur de saluer 1' etoile au passage, arrivons quelques minutes avant I'heure au pied de I'uranoscope , visons attentivement le long de la face du plan meridien, situe vers I'occident, du c6t6 ou I'astre va des- cendre, bientot ses doux rayons et sa presence nous rdv^leront les ecarts de notre chronometre, qu'il sera facile ainsi de regler. • On divise le jour sideral en vingt-quatre heures, c'est le temps employe par Tetoile a revenir au meme point du meridien. Comme nous I'avons constate, ce temps est le meme pour toutesles etoiles, nouspouvons supposer, en conss^quence, que celle qui nous a servi a le determiner ou dont nous avons e'tudie les retours au meridien, est situoe dans le plan de I'equateur, divise en 360 degr^s. Puisque l'^- toi e emploie vingt-quatre beures a parcourir 360 degies d'arc; en une heure de temps elle parcoura le vingt-quatrieme de 360 de- gres d'arc ou 15 degres d'arc; en une minute de temps le soixan- tieme de 15 degres d'arc ou de quinze fois soixante minutes d'arc, e'est-a-dire quinze minutes d'arc ; en une minute de temps le soixanticme de quinze minutes d'arc ou de quinze fois soixante secondes d'arc, c'est-a-dire quinze secondes d'arc. Ainsi done une heure de temps vaut 15 degres d'arc ; une mi- nute de temps qumze minutes d'aic ; une seconde de temps quinze secondes d'arc, etc. Quand aide de I'uranoscope, nous au- rons determine le temps qui separe les passages aa meridien de COSMOS. 533 deux ^toiles, il nous suffira de convertir ce temps en degres, mi- nutes et secondes d'arc, pour connaitre la distance qui sipare sur I'equateur les traces de deux plans meridiens passant par les deux ^toiles et que I'on appelle leurs cerdes horaires. Si , par exemple , une etoile pasae 1'" 25>n apres une autre au meridian d^ Paris, le grand cercle qui passe a la fois par cette etoile et par I'axe du monde, e'est-a-dire son cercle horaire , rencontrera vers la droite ou vers I'Orient le plan de I'equateur a une distance de 21" 15' , Equivalent en arc et fraction d'arc de l** |25'"« Reciproquement, si Ton connait en arc et fractions d'arc la dif^ f^rence des longitudes ou des cercles horaires de deux lieux , il suflfira de convertir cette difference en temps pour savoir com- bien d'heures, de minutes et de secondes s'ecouleront entre les passages d'une meme Etoile au meridien de ces deux lieux. Nous n'avons [considere jusqu'ici les deplacements diurnes des astres qu'en les rapportant au plan meridien ; etudions-les un ins- tant dans leurs relations avec I'axe du monde et le plan de I'equa- teur. Si, sans perdre de vue cet axe du monde, en I'effleurant de temps en temps du regard suivant toute sa longueur , I'oeil suit en meme temps I'un quelconque des astres dans sa marche d'abord ascendante, puis descendante, il ne tardera pas a s'apercevoir que I'astre reste toujours a la meme distance de la ligne des poles, qu'il s'en Eloigne autant en dessus qu'en dessous, autant a droite' qu'a gauche; que cet astre, par consequent, ddcrit un cercle dont le rayon est sa distance a la ligne des poles ou la perpendiculaire abaissEe de son centre perpendiculairement a la ligne des poles ■ un cercle tres-petit, si le rayon qui va de I'oeil a I'etoile fait un angle tres-petit ou trfes-aigu avec I'axe du monde ; un cercle de plus en plus immense a mesure que le rayon qui va de I'oeil a I'Etoile fait un angle de plus en plus grand avec I'axe du monde ou se rapproche du plan de I'Equateur. Toutes les etoiles du ciel, sans en excepter meme I'Etoile polaire, celle des Etoiles vi- sibles a I'oeil nu, qui est la plus voisine du pole nord , decrivent autour de ce pole et de I'axe du monde leur cercle silencieux Pour I'etode polaire le diametre du cercle est excessivement petit, il soustend dans le ciel un angle d' environ trois degres ou SIX fois a peu pres le diametre apparent du soleil ou de la lune il serait difficile de constater ce deplacement avec une lunette- I'u- ranoscope le met tres-bien en evidence , I'oeil qui rase son axe du monde voit tres-bien I'etoile polaire tourner. Le createur des mondes et de la terre n'a pas voulu qu'une Etoile fixe, visible a I'oeil 531 COSMOS. iiu, marqnat exuctement la position des poles dniis le ciel ; peut- etr'e parce que dans ses tendances invincibles vers la superstition, I'homme aurait attribue a cet astre immobile des iiilluences mystd- rieuses. Le pole, d'ailleurs, ou rextr(5mit6 del'axe des mondes qui n'est eTi realitd, comme nous le dirons tout a I'heure , que I'extre- mite de I'axc de rotation de la terre, se deplace incessamment dans le ciel. II fait on 25 870 ans une revolution eiitiere autour d'un poiut q\ie nous det^ignerons plus tard sous le nom de pole de reclip- tique, et qui se trouve toujours sur la circonference du cercle appeld cercie polaire boreal. Ce cercle n'est autre que I'intersection avee la voiite celeste, du cone droit qui aurait pour sommet le centre de la terre et pour aretes les deux rayons dont font partie les chevilles interieures du plan meridien. M. Ouviere a eu I'heureuse idee de donner a la vei'ge axe du monde, et au diametre interieur du cercle qui lui est perpendiculaire, le cercle de I'equateur , des dimensions telles que I'ocil placd au contact de I'extreniitd de la verge et qui effleure du regard les bords interieurs du cercle, re- trouve exactement dans le ciel le cercle polaire. Le cone droit qui aurait pour aretes les deux chevilles inforieures couperait done la vnute celeste, le cercle polaire boreal ; I'oeil applique a I'extremite superieure et qui effleurerait le cercle interieur de I'equateur, se retrouverait dans le ciel. La trace de I'horizon an nord sur le plan meridien, et une seconde trace qui ferait le nieme angle avec I'axe du monde de I'autre cotd de cet axe, a la meine distance de lui. determinent dans le ciel la zone des Voiles toujours visibles ou qui ne se couchent jamais • pour le lieu de I'uranoscope; a quelque heure de la nuit qu'on ob- serve, on les retrouvera toujours. Les principales constellations toujours visibles, ou qui ne se couchent jamais sur lliorizon de Paris, sont : la Petite-Ourse, Cephe, le Dragon, la Grande-Ourse, Cas- siop6, laLyre et le Cygiie. Admettons, enfm , que I'observateur, debout devant 1 uranos- cope, regarde'le long du plan de I'equateur ou parallelement a ce plan.' II constatera d'abord que les etoiles peu nombreuses que son ceil rencontre dans le plan de I'equateur ne sortent pas de ce plan, elles y restent comme fixees, soit qu'elles montent pour atteimlre le plan meridien, soit qu'elles descendent vers I'horizon. Dans kur re- volution diu.ne elles semb'ent decrire le cercle de Vc^quatour celeste. La plus briUante des etoiles de I'equateur, ou plutotla seule vraiment brillante, est I'oloile delta du baudrier d'Orion ; alpha de I'aigle ou Altair, 'alpha du petit chicn ou Procyon , alpha d'Orion ou Bete- COSMOS. 535 geitse, alpha du Lion ou Regulus, sont^sifu^es un peu au-dessus de I'equateur; alpha de !a Vierge ou I'Epi, beta d'Onorx ou Rioe], sent situees un peu au-dessous ; ces six ctoiles sont de premiere grandeur. L'ocil qui suit attentivement dans sa marche diuriie una de ces etoiles, ou une autre etoile quelconque, s'assure sans peine que dans sa revolution elle reste toujours a la nieine distance de I'equateur. Si pour celles qui, toujours visibles, passent deux fois dansle plan du m^ridien, en haut et en has, I'observateur marque sur le cercle meridian les deux points ou elles atteignent ce cercle, il verra que ces deux points sont separes de I'equateur par deux arcs rigoureusement egaux. Ces arcs qui mesurent la distance de I'astre a I'equateur sont precis^ment ea declinaison; et cette decli- naison est toujours la meme quel que soit le nn^ridien dans lequel on observe, ou quel que soit le lieu de la terre ou ruranoscope est installe; force est done de conclure que toates les etoiles dans leur ri^volution diurne decrivent des cercles paralleles au plan de I'equateur, et dont les centres sont tous sur la ligne des poles. La zone du ciel comprise entre les quatre chevilies cancer-cancer, capricorne-capricorne , ou entre deux plans menes parallelement a I'equateur par les exlr^nites de deux arcs de 23" 27', a recu le nom de Zodiaque, les constellations qu'elle renferme sont au nombre de douze, et se succedent dans I'ordre suivant, de I'ouest a Test : Belier, Taureau, Gemeaux, Cancer, Lion, Vierge, Balance Scorpion, Sagittaire, Capricorne, Ver:jeau et Poissons, ordre que deux vers hexametres du poete Ausone feront plus facilement re- lenir Sunt yincs, Taurus, Gemini, Cancer, Leo, Fir^o Libra-que, Scorjiiiis, Arcitenens, Caper, Amphora, Plsees. L'uranoscope apprendra merveilleusement a connaitre ces cons- tellations que les anciens appelaient les maisons successives du so- leil, parce que dans sa revolution annuelle il passe successive- ment de I'une dans I'autre; entr^ dans le Belier, au commencement du printemps, il sortait des Poissons a la fin de I'hiver. Par suite du mouvement conique tres-lent de I'axe du monde autour de I'axe de i'ecliptique, ces constellations se sont quelque peu deplacees par rapport au soleil. Aujouid'liui le soleil au debut du printemps est dans les Poissons, et non plus dans le Belier ; pour nos petits neveux la constellation du printemps sera le Verseau, puis le Ca- pricorne, etc., etc. Pour les astronomes modernes les signes du Zo- diaque sont tout simplement douze zones de 30 degres chacune, qui ont conserve les noms des constellations, mais qui n'ont plus. 536 COSiVlOS. rien de commun avec elles. La premiere part de I'equinoxe du prin- temps, c'est-a-dire, comme nous I'expliquerons plus tard, du point ou au printemps le soleil fait son entr*^e dans I'^quateur. Resumons cette premiere ^tude que I'uranoscope a rendue si facile et siagreable, et tirons-en un enseignement important, 1. L'axe du monde est partout parallfele a lui-meme, partout il semble passer par le centre de la terre , et par un meme point du ciel. 2. En quelque lieu que I'uranoscope soit dtabli, on voit tous les astres du firmament tourner en vingt-quatre heures autour de l'axe du monde, d^crire des cercles dont les centres sont sur cet axe, dont les plans lui sont perpendiculaires ou paralleles au plan de r^quateur celeste. 3. Ces mouvements circulaires, paralleles et synchrones sont si parfaitement d' accord qu'on dirait que tous les astres sont lies les uns aux autres de maniere a former un corps so- lide. Cette ^tonnante et merveilleuse simultan^ite peut s'expliquer de deux manieres. L'une de ces explications, d'une simplicity ex- cessive, consiste a admettre que la revolution diurne des astres n'est qu'une apparence ou une illusion ; que c'est en r^alit6 la terre qui tourne en vingt-quatre heures autour de I'un de ses diametres ; et que si ce diametre coincide partout avec l'axe de I'uranoscope, c'est que la terre a vrai dire n'est qu'un point dans I'immensite de I'espace. Cette explication si simple a ^te ignor^e ou m^connue, ou repouss^e pendant pres de six mille ans. Dans I'autre explication, tres-complexe et presque extravagante, on s'obstine a laisser la terre immobile autour de son centre ; a vouloir que les milliards de milliards d'etoiles qui peuplent les cieux, dont les distances a la terre sont incommensurables, soient anim^es de mouvements de translation parfaitement simultan^s; qu'elles decrivent des cer- cles immenses avec des vitesses presque infinies, et rigoureusement proportioiinelles a la distance qui les separe d'une ligne droite fic- tive, d'une ligne qui n'a de reality que dans la portion, nulle relative ment, qui lui est commune avec la terre. Voila ce que le monde a cru pendant tant de siecles, parce que dans les temps primitifs on n'avait absolument aucune idee de I'^loignement indefinides etoiles, de leurs dimensions colossales, de la petitesse excessive de la terre, des causes du mouvement des astres ou de I'attraction. F. MoiGNO. (ta suite au prochain nume'ro.) A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. Paris. — Iniprimerie de W. Remqdet el Cie, rue Gaianciere, 5. I. VJI. 9 NOVEMBRE 1855. OriATC.t.,e. QUATRIEME ANNEE, COSMOS. lOUYELLES ET FAITS DIVERS. La derniere seance de I'Academie a presente ui, grand iiiferet c'est-a-d.re qu'elle a ete tres-bien rernplie par des communications importaiites. M. Bec(iuerel pere a In un memoire fort curieux et que nous analyserons plus tard. sur r<5tat electrique different de la terre et de I'eau. — M. Chevreul a lu un long compte rendu ou proces-ver!i->! des experiences faites par M. Georges Ville au Jardin-des-Plante. ..,us Je controle d'une commission nommee par I'Academie, dans I'e but de prouver que les plantes, dans lear v^gelation au sein d'-ni sol compbHen.ent aride ou depouilie de toute maticre azotee eninrm tent directement de I'azote a I'air atmospherique. La commi'.inn" composeedeMM.Dua.as, Regnault, Payen. Peligot. Decaisne et Chevreul, rapporteur, se contente d'exposer le. faits, de raconter es diverses p^-ipcties survenues dans les experiences ou \es ana Jyses et conclut finalen,ent que les experiences exccutees au Jar ' ,. / n, ^ ' -/—■ '-■"^^■^ '-■^'^'^itiaes au Jar fj ri"n"' ^"'J/^'-'"^"' '^^ resultats anferiearement ohtenu. parM. Ville. \\ „ous semble en effet resulter tres-clairement de ce recit motive un fait capital qui donne co,npIetement rai reflec- teursdont on se servait pour donner les signaux astronnmi<]nes. La lumiere qui convergeait sur la plante ctait ti vive, qu'il eijt c^te im- possible a I'oeil d'en soutenir I'dclat, et cependant la feuille ne de- gagea pas une seule bulle d'oxygene. M. Biot alors I'exposa a la lumiere diffuse, et fut trcs-surpris de voir I'oxygene se degager en abondance. II demande si, maintenant que Ton peut disposer de la lumiere electrique devenue constante et fixe par Taction des regu- lateurs, il ne conviendrait pas de reprendre ces experiences. — M. Valenciennes pr^sente a I'Academie de tres-beaiix et tres- curieux echantillons de pierres trfes-dures couvertes de cavites per- cees par divers mollusques perforants, pholades et autres. II est vrai- ment extraordinaire que ces petits animaux, dont le corps est si mou. et la coquille si peu dure, puissent reussir a creuser ces cavites i)our y trouver un abri. — M. Frdmy, en son nom et au nom de M. Valenciennes, lit 1* premiere partie d'un long et beau memoire sur la composition chi- mique des muscles de la s^rie animale. Les deux fails saiilants de cette premiere partie sont la d^couverte dans les muscles du sau- mon et autres poissons d'un nouvel acide rouge douo de propri^tes remarquables, et surtout la piesence dans les muscles des hnitres et autres mollusques d'un compose organique defini renfermant 25 pour 100 de soufre. — M. Dumeril explique par des considerations tres-nettes, dc- duites d'une etude attentive des moeurs d'un certain insecte, la pre- sence a une certaine profondeur dans une pierre tendre d'une larve a I'etat vivant, sans qu'il soit n^cessairede recourir a aucune autre intervention merveilleuse. — M. Jules Cloquet pr^sente au nom de M. Decaisne, frere du savant botaniste du Jardin-des-Plantes, et professeur agreg^ a I'universite de Gand, un memoire parfaitement pense et tres-judi- cieux, qui a pour but de mettre les chirurgiens en garde contre la tendance a la prompte amputation des membres et a la r&ectioii des OS. De meme que la meilleure des medecines, celle a laquelle vous ramene presque invinciblement une longue experience, une COSMOS. 539 graiule pratique, est la uii'decine expectante; de meme, la ineil- leure de toutes les chirurgies ne serait-clle pas la chirurgie coiisor- vatrice t — M. Velpeau lit, au nom de M. Bnnnet , professeur a I'ecole secondaire de Lyon et correspomlaiit de rAcadeitiie, un travuii r^dige par un interne, M. Chabannes, sur !a nature, le siege et le traitement de riiyJrophthalinie. Dans un cas oil rhydro[)hthal:iiie n'avait pas pour cause un cancer uu autre affection grave, M. Bon- net a obtenu la guerison complete au nioyen d'nijections faites avoe Teau i odee. — M. Girardinde Rouen adresse la comparaison faite par lui en- treles viandes fraiches et les viandesconseivees, salees, on fuinees, ou sechees, recemment importees d'Anierique; ceite comparaisoI^ n'est nullement favorable aux viandes exotiques, et M. Dinnas pense qu'il est bon que le commerce en t-oit informe. — M. Dumas presente des echantillons de pierres revetues d'uu enduit lien simple et qui donne cependunt de tres-bons resultats. I'hydiate de chaux. II fait adtnirer a I'Acadeaiie les belles nioulures et les mosaiques obtenues avec roxiclilorure de zinc dont nous parlons plus loin. — La Society des arts et sciences d'Utrecht propose les siijets de prix suivants : Examiner la nature et les causes des differentes sortes d'altera- tion naturelle du bois. Quelles sont les differentes especes d'alteration du papier et d.-. j)archemin^ Quelles en sont lescause^l Quels sont les moyens de les prevenir ou de garantir le papier el le parchemin des progres du malt Un examen ciitique et experimental des causes, qui ranicnent. le sang veineux du systeme capillaire vers le coeur. Deternuner la (juantito relative et, autant que possible, la i(!in- pusition des substances inorganiques des tissus principaux , jiom- mement des tissus musculaires et nerveux, d'un animal a san^;- chauJ , tant aux differentes periodes de la vie , qu'a cedes de revolution du foetus. Quel rapport existe-t-il entre les naissances du sexe masculin et celles du sexe feminin chez le cheval , la vache, la brebis et le cd- chon, et quelles sont les modifications dans ce rapport, resultant de la constitution corporelle des animaux et de I'infiuence des cir- constances exterieures? Des recherchcs sur I'echange des gaz par la peau dans les SAO COSMOS. circonstances differentes derepos, de mouvement , de tempera- ture , etc. Una revue des espfeces de sucre actuellement connues , de leurs proprietes et de leur composition , suivie de recherches iiouvelles sur ces substances. Un exainrn expL^rimpnlal des differentes m^thodes proposees pour di:stinguer la falsification de la farine et du pain de froment, avec Tindication de nouvelles ni^thodes , si les anciennes sent reconnues insuffisantes. Indiquer les meilleurs moyens de distinguer les tachcs de sang humain , meme miniiues, de celles d'autres animaux. Le prix decerne a chaque reponse jugee satisfaisante est une me- daille d'or de la valeur de 30 ducats (350 fr.) , ou la nieme soinine en argent. Les reponses, Sorites d'line autre main que celle de I'au- teur, et accompagndes d'un billet cachete portant son nom.doivent etre adressc^es , franc de port , au secretaire de la Societe avant le 30 noveiTibre 1856. — L'Acadeniie iinperiale Leopoldo-Caroline des naturalistes de Breslaw met au concours , pourle prix fonde par le prince Anatole deDemidotf, annee 1855 : " La structure anatomiqiie des vers de terre indigenes, mise en evidence par des recherches et etudes spe- ciales. - Les mdmoires devront etre envoyes avant le ]*''raars 1856; le prix sera decerne le 13 juillet suivant; la valeur est de 200 thalers de Prusse (600 fr.). L'Academie desire : 1" que les caracteres zoologiques des vers de terre, Lunibricince, soient tres- nettement etablis , qu'on precise avec le plus grand soin les limites qui les separent des autres especes d'anniMidcs; 2" que toutfs les especes indigenes connues soient parfaitement classecs; 3° que Torganisation anatomique , la structure interieure des organes et des tissus, la distinction des sexes , etc. , soient completeinent etu- di^es. — M. N. Basset a publie recemment sous ce titre : Le pain par la viarule, un livre que nous recommandons vivement a I'attention denes lecteurs. Le but qu'il veut atteindre est celui que nous pour- suivons nous aussi depuis longtemps et pour I'obtention duquel tous les hommes d'rntelligence et de cxur devraient ,se croiser : "LaFratice, dlt-il, est essentiellement agricole : toutes les ri- chesses du sol , toutes les situations climat^riques de la zone tem- p^r^eetles meilleures conditions de fertilisation en font, sous ce rapport , un sol privilegie. Ce n'est done que dans I'agriculture que se trouve le remMe a notre situation; muis ce n'est pas asscz COSMOS. San d'en convenip'; H'faut se mettre au travail pour aneantir Ic mal et le couper dans sa racine... II iiriporte d'arreter remigration des champs II n'est qu'un seul inojen de parvenir a ce r^sultat; et ce moyen consiste a rcunir a Tagriculture toutes les industries de pn^paration qui en dependent et qui lui empruntent des matieres premieres... Prenant alors pour pniiit de depart une industrie nouvelie que tous proclament nche d'avenir, la distillation des jus de betteraves , M. Basset s'efforce de demontrer qu':\ elle seule d^ja , et en attendant de nouvelles conquetes, elle peut creer a meilleur march^ la viande, le pain, ie vetement, les moyens d^eclairage, de chauflTage et de locomotion. Le cultivateur fait son vin , son cidre, son huile, pourquoi ne ferait- i\ pas la potasse , la creme de tartre, les produits tinctoriaux qui sortent de son champ et de sa vigne? Ce seraient autant de pas vers le grand but : placer aupies de la charrue, dans la ferme merae, toutes les industries ag.ncoles compatibles avec I'dconomie des champs. M. Basset traite successivement 1° de la place et de I'im- portance de la betterave dans les assolements ; 2° de la valeur nu- tritive de la betterave comparee au foin prairie, et du prix de revient des deux fourrages; 3^ des resultats obtenus comparativem.ent de I'indastrie manufacturiere et de Industrie agricole; 4" de rau<^men"- tation en viande, fumier, cereales, etc, resultant de la pratique universelle de I'alcoolisation et des benefices qu'elle ferait realiser; 5° de I'ecoulement des alcools, des residus de la distillation, et de leur influence au point de vue de TameliGration du chauffage, de I'e- clairage , de la locomotion ; 6" de I'outillfige tel qu'il doit etre, etc. If donne en appendice le plan d'organi^ation d'une ferme indlis- trielle modole ; des details sur les avantages du topinambour et dk la carotte comme plantes racines, fermentescibles et fourraoeres ; le chauffage, I'eclairage et la locomotion par I'alcool ; la necessite de semer clair, etc. Le pain par la viande se vend chez M. Napoleon Chaix, 20, rue Bergere, et chez I'auleur, 34, quai de la Greve, — M. G'oldschmidt nous communique des observations de la planete Atalante, faites en Aliemagne : 12 octobi-e, lemps moyen, Berlin, lo'' 33' 3" 9 a 343^ SO' 32" — 6° -18' 49" ^G — — 11 23 50 3 a 343 9 50 — 6 12 5,3 observation de M. Bruhns. il ocl., I. moyen, llambourg, lo'' 13' S3" a 343° 50' 3S",7 — 6" 48' 42" 3' 13 — — 8 4 36" a 343 40 42",6' — 6 40 ■ 34, 's observation de M. George Rumker. Ski COSMOS. 13 octobre, ia 22*' 54™ 39%95 au meridien d'Altona 15 — m 22 53 19, 33 — 6° 21' 50",1 observation de M. Schumacher, a Altona. 16 oclobre, 12'' AO' 49", 3, temps moyen de Goetlingue — iR 22 52 33, 19 — 6° 10' 57",1 observation de M. Khnkerfues. — ]\IM. Robiquet et Jules Dubosq viennent de faire faire a la photographie un progrfes itnportant, que nous avons d^ja annonce a nos lecteurs. On sait que, quand on opere avec le collodion ordinaire il faut Temployer au sortir du bain de nitrate d'argent , et encore tout hu- mide, si on veut qu'il re9oive dans la chambre noire Timpression des rayons himineux et que I'image apparaisse sous rinfluence des corps reducteurs. Les operations necessaires pour sensibiliser les plaques et pour produireles images, doivent etre executt§es tres-rapidement et dans I'obscurite: Pour les portraits, I'inconv^nient n'est pas tres-grand, puisqu'on opere dans une piece voisine du laboratoire photogra- phique. II n'en est plus du meme pour les vues de paysages ou de monuments, I'ennui, souvent menie I'impossibilite de trainer avec soil'outillagenecessaire pourpr^parer, a I'abri delalumieredujour, les plaques collodionndes, par-dessus tous les frais considerables que cela occasionne, empechent les photographes de cultiver leur art precisement par le cote le plus serieux et le plus attrayant. Aussi, en France comme en Angleterre s'eflForce-t-on depuis longtemps de chercher ce qu'on appelle le collodion sec, c'est-a-dire un collodion qui donne des images , alors meme qu'il est sorti depuis plusieurs jours du bain de nitrate d'argent et que sa surface est completement dessech^e. Les preparations a based'albumineatteignent bien cebut en partie ; mais, en outre que les plaques obtenues d'apres ce sys- teme presentent une tres-grande difficult^ d'execution, leur sensibi- lite a la lumiere est bien faible, et le temps de la pose toujours consi - derable. Lenouveau collodion de MM. Robiquet et Duboscq n'a pas cet inconvenient grave ; il s'emploie comme le collodion ordinaire ; la duree de la pose ne d^passe jamais quelques minutes, on prepare la jilnque aussi longtemps d'avance qu'on le desire; et on pent ne faire npparaitrel'image que le Itn.leinain, ou memo plusieurs jours apres ['exposition a la chambre noire. II n'y a aucune nouvelle formule a suivre pour preparer le bain de nitrate d'argent ou les solutions des corps rdducteurs (acide gallique, acide pyrogallique, de fer, etc.), et chaqne phutographe pent employer les metho- des qui r^ussissent le mieux cntre ses mains. ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE DO 29 OCTOBRE. M. Regnault communique verbalement les r^sultats des expe- riences qu'il a faites pour determiner la chaleur sp^cifique de quel- ques corps simples at expose les propridtds curieuses que pr^sente le selenium dans ses deux modifications isomeriques. — M. Chasles lit un M^moire sur la construction des equations du troisifeme et du quatrieme degre. II donne deux constructions diffe- rentes de la question qu'il s'est propos^e. Dans la premiere, on se sert des points d'intersection de deux coniques dont une est prise arbitrairement; et dans la seconde, des tangentes communes a deux pareilles courbes, dont une est prise aussi arbitrairement. Les deux constructions reposent sur quelques propositions fort simples qu'il commence d'abord par exposer. — M. Benjamin Valz lit un Memoire sur la resolution des equa- tions numeriques, par I'abaissement des puissances des racines et le rapprochement qui en r^sulte dans leurs limites. Un abaissement de puissance tel que 1/10 qui parait le plus convenable et qui n'augmente pas les calculs logarithmiques , rapproche tellement de I'unite, non-seulement les grandes racines , mais aussi les plus faibles fractions, qu'on pourra prendre cette unit6 meme pour pre- miere approximation; en isolant un des termes de I'inconnue dans le premier membre de I'equation, on obtiendra ordinairement une valeur plus approchee qui servira de meme pour en obtenir de nouvelles de plus en plus exactes. M. Valz prend pour exemple d'une forte racine une Equation tir^e du Dictionnaire des viathe- matiques : X* — 180x5 — 1300x2 — 18000 x — 140000 = 9, faisant x =;'<', on a 7« — 140000 -j- 18000 j-io --]- 1300 ^2" -|-180j50 j^l donne 1,330, difference 350 1,330 — 1,430 — 100 1,500 — 1,549 — 40 1,630 — 1,660 — 10 x = 187 1,688 — 1,688 — 0 — M. Kuhlmann lit une Note a I'occasion d'une communication rdcente de M. Rochassur la silicatisation des pierres. M. Kuhlmann annonce qu'il a et^ force par les pretentions de M. Rochas de I'at- taquer devant les tribunaux pour faire annuler les brevets d'inven- tion qu'il avait pris , mettant a profit les indications que M. Kuhl- mann lui avait donn^es pour le guider dans les travaux de silicati- 5A4 cosmos. sation que M. Kuhlmiinn lui avait fait executer pour son compte. Dans ce proces, M. Kulmann n'a qu'un but : assurer au public la libre jouissance de sa tlecouverte. — M, Bureau de la JViuUe lit unMemoire aur les transformations operees lors du retour dos diverses varietes de nos animaux et.oi- seaux domestiques a I'otat sauv.age. Azara a, le premier, observe que les chevaux.,sauv{;ges , qui sont si nombreux dans les.vastes plaines.du Paraguay, et qui se co.mposaient de chevaux domestiques de races diverses, de toutes formes et de toutes couleurs, abandonu^s par les conquerants dans les immenses llanos de cette contree, avaient presque tous change de forme et de couleur, et que , dans jun troupeau de dix mille chevaux, on en remarquait a peine unsur centgris. alezan, noinou pie; taut le reste ^tait d'un poil.bcun a icdns noir^, ce qui a fait conclure a ce naturaliste que telle iui, Ja couleur primitive du cheval sauvage.La forme et la structure etaieat redevenues celles du cheval sauvage du steppe des Kirguis grave -dans Pallas. M. Bureau de la Malle cite un fait semblable concemant I'his- .toire dela poule.et du coq redevenus sanvages, et qui estrapport^e ,par deux temoins oculaire?, dont Tun dcrivait quarante-cinq ans ,-avant I'ere chretienne, et dont I'autre a fait ses observations en .1842. Les poules sauvages, dit Varron, ressemblent pour I'aspect aux poules africaines ou pintades (Nianida meleagris] ; elles ne pendent et n'elevent de poulets que dans les bois, et sont stenles dans nos villes. Le capitaine William Allen a trouve en 1842 dans I'ile d'An- nohono une grande quantite de poules et de coqs extrememeut sauvages, qui s'envolaient d'arbre en arbre, en poussant un cri tout a fait different de celui de nos volailles domestiques. Lesinsu- laires lui affirmerent que ces nombreux gallinaces etaient provenus de quelques volailles iqui s'etaient echappees d'un vaisseau naufrage sur cette cote il y avait plusieurs annees. La determination de I'espece des poules sauvages d'Annobono n'est point douteuse ; elle a et^ faite par un zoologiste habile qui accompagnait le capitaine Allen, savant distingue lui-ineme. Les poules d'Annobono ressemblent aux pintades. Ces deux faits tres-curieux et bien cons^tates, quoiqu'adix-huit cents ans d'intervalle, demontrent de plus en plus quelle tenacity s'attache a la conservation des especes. Le Createur les a faites immuables, meme pour le plumage et la couleur, Elements si freles COSMOS. 54^ et si peu durables. L'homme, depuis cinquante siecles au moins a' puissaniment agi sur une trentaine de ces especes souinises a son empire par la domesticite. II en a tire, surtout pour le chien, des varietes tres-nombreuses; mais nous voyons que, rendues a I'in- dt^pendance dans des climats et sur un sol favorable a leur repro- duction, il a suffi d'une vingtaine d'annees , d'un deini-siecle au plus, pour effacer tous ces changements humains, et pour rendre" aux varietes domestiques la forme, le poil et meme le cri ou le chiant de I'espece primitive. — M. E. Filhol communique de nouvelles recherches sur les eaux minerales des Pyrenees. Son Memoire est divise en cinq par- ties. Dans la premiere, il signale et discute les divers cas qui peu^ vent se presenter lorsqu'une eau sulfureuse, qui a subi le contact de lair, de I'acide carbonique et de I'acide silieique, est analys^e au moyen du sulfhydrometre. II d^crit la serie d'opi^rations qu'il con- vient d'exdcuter pour se mettre a I'abri des erreurs que pourrait faire commetfre la presence dans Teau thermale dn carbonate, du silicate, du sulfite ou de I'hyposulfite de soude. II decrit enfin un nouveau precede dont il s'est servi pour analyser les caux sulfu- reuses, dont la temperature est egale ou superieure a 75 degres, et dans lesquelles la coloration bleue de I'iodure d'amidon ne pourrait se 2:>roduire. Ce precede est une sorte de sulfliydrometrie ren- versee. La deuxieme partie est consacree a la description de I'analyse des atmospheres sulfureuses des salles d'inhalation, dtuves; pisci- nes, etc., du Vernets, d'Amelie-les-Bains, d'Ax, de Saint-SauVEur et deBagneres-de-Luchon. Dans la troisieme partie, M. Filhol s occupe de I'alcalinite com- pareedes eaux sulfureuses de toute la chaine. La quatrieme partie renferme qiielques observations sur les pro- prietes de la matiere organique designee sous le nom de haregine. Enfin dans la cinquieme est rapport^e Tanalyse complete des eatix de Saint-Sauveur, d'Ax et d'Ussat. — M. Chatin lit la deuxieme partie de ses recherches sur I'ordre des hydrocharid^es. II soumet a I'Academie 1° le Precis de ses observations anatomiques sur les genres Vallisneria, Hydrilla, Anacharis et Udora, qui forment le sous-ordre des Vallisneriees ; 2" quelques remarques gen^rales sur les rapports de rensem!)le de ses observations, d'une part avec la diagnose des divers groupes naturelsde I'ordre, d' autre part avec I'anatomie g6n6rale. — M. Ville presente une Note sur les gites d'emeraudes de la 5{i6 COSMOS. haute vallee de I'Harrach. On rencontre, dans le lit de I'Oued- Bouman , des echaiitillons roules de calcaire laminaire blanc , renfeniiant des cribtaux d'un vert clair, transparents , presentant les caractferes exterieurs de remeraude, Le gite en place de cette roche se trouve a 4 kilometres environ en amont du confluent de I'Oued-Bouman et de TOued-Harrach. Le gite genunilere de rOued-Bouinan presente la forme dune grande Icntille enclav^e dans ie terrain secoiidaire. II se compose d'assises plus ou moins tourmentfe de calcaire cristallin et de gypse , a travers lestjuelles ont fait irruption quelques petits ilots de roches pluloniques. Le calcaire gemmifere fait partie integrants du terrain secondaire. Les conglomerats et le calcaire laminaire sont tres-abondants sur la rive droite de I'Oued-Bouman. C'est au milieu de ces roches que Ton trouve les plus grosses emeraudes. Ces mineraux y attei- gnent la grosseur d'un grain de ble. Le gisement des emeraudes de I'Oued-Bouman est tres-remarquable, parce qu'il fait conce- voir la possibilite de trouver en Algerie d'autres gites de meme nature. — M. Poey presente un tableau chronologique comprenant 364 cas d'ouragans cycloniques qui ont eu lieu aux Indes occidentales et dans le nord de I'Atlantique , dans une periode de 362 annees. II resulte dece tableau , que les ouragans ont eu lieu dans tous les mois de I'ann^^e , mais avec plus de frequence de juillet a no- vembre, et surtout dans les mois d'aout et de septembre. — MM. d'Oliveira Pimentel et Bouis font connaitre une nou- velle production d'acide palmitique par le suif demafurra. Les habi- tants de Mozambique designent sous lenom de suif de mafurra une matiere grasse que Ton extrait, au moyen de I'eau chaude , de la graine d'un fruit tres-peu connu en Europe. On I'utilise dans la preparation d'un savon commun. La couleur de cette graisse est jauiiatre , son odeur est celle du beurre de cacao. Les alcalis la sa- ponifient en lui faisant prendre une coloration brune tres-marquee. Les acides gras provenant de la decomposition des savons alcalins sont cristallis^s, et formes d'un acide liquide tres-colore et d'un acide solide qui conslitue les 0,55 du poids total. L'acide solide atoutes les proprietes de l'acide 6thalique ou palmitique signalees par MM. Dumas etStas. Les analyses de l'acide, de I'ether, des sels de plomb et d 'argent prouvent que la composition de cet acide est en effet C^^ H"- 0*. Ainsi, la palmitique serait fournie par I'huile de palme etpar le I COSMOS. 5&7 suif de mafurra, les deux seules substances veg^tales qui la renfer- meiit. La graine de mafurra est tres-abondante, et facile a r^colter dans le Mozannbique, Madagascar et les iles de la Reunion : cequi n'est pas sans importance au moment surtout oil les matieres pre- mieres pour I'eclairiige sent a un prix si ^lev^. Le suif de mafurra est sans contredit bien superieur a I'huile de pabne, et pour le travail et pour le rentiement en matieresolide. — M. Rene Martin donne une demonstration des formules de Gauss pour la determination du jour de Paques. — M. A. Ledieu donne aussi une demonstration de ces formules celebresdans un memoire sur le calendrier ancien et le ca'endrier nouveau de I'Eglise. — M. Figuier adresse une note a I'occasion d'une communication recente de M. Lehmann sur la recherche du sucre dans le sangde la veineporte. II lui semble que le precede dont s'est servi M. Leh- mann n'est pas d'une exactitude rigoureuse quand on I'applique au sang de la veine porte, et qu'ainsi i! n'est pas surprenant qu'il n'ait pas reussi a mettre en evidence la presence du glucose quand il n'operait que sur des quantitos de sang aussi petites que celles qui ont servi a ses experiences. Nous reviendrons sur cette discussion bientot. — M. S. Vinci adresse un Memoire sur les avantages de I'appli- cation du chloroforme comme agent anesthesique a la pratique de lalithotritiechez les enfants. — M. Villevert presente au concours pour leprix de statistique de la fondation Montyon , sa carte statistique de la France. — M. I'abbe Tarreilles adresse la description et la figure d'un appareil mis en mouvement par I'electricite. — M. W. Hofmann , dans une lettre a M. Dumas , annonce la decouverte qu'il a faite d'un nouvel acide, produit d'oxydation de I'acide ouminique. En essayant de purifier I'acide cuminique par I'ebuUition avec I'acide chromique , il a remarqud que cet acide eprouvait de la part de ce reactif une alteration progressive. Par un traitement de vingt-quatre heures , I'acide cuminique s'est transfor- ms completement en un acide insoluble dans I'alcool et I'ether , et presque insoluble dans I'eau, auquel il donne le nom d'acide insoli- nique. Purifie par les precedes ordinaires , ce corps a donne par I'analyse les rapports suivants : C^ H* 0* ; mais I'analyse des sels demontre que cette formule doit etre doublee , I'acide insolinique ^tant un acide bibasique. L'existence et le mode de formation de I'acide insolinique dS- 548 COSMOS. montreiit qu'il existe une serie d'acides bibasiqucs a 8 atomes d'oxy- ^ene qui p; dsenteiit, lelativement a la serie des acides irionobasiques a 4 atorrses d'oxygene, dont je prtmier teruie est Facide benzo'ique, la ijiemi^ relation que celle qu'on observe entre I'acide cuininique et I'acide butyrique. Cos scries d'acides ont eiitre elles les liens les plus ctroits , et des experiences trfes-concluantes ont d^montr^ que I'on peut facilenient passer de Tune a I'autre. — M. Ch. Naudin adrcsse des observations relatives a la nature des vrilles ei a la structure de la fleur ohez les cucuibitacees, De ses observations, M. Naudin tire les conclusions suivantes : 1° la vrille des cucurbitacces est la transformation de la premiere feuille d'un rameau avorte et comme fondu dans la base du petiole de la feuille cirrhifere; 2° la presence de ce rameau ne peut s'expliquer que par un enchainement d'usu; palions, dont la loi est encore inconnue, et qui donnent une structure des plus complexes aux tiges de ces plantes; 3° le calice et la corolle des cucurbitacees ne contractent aucune adherence, ni entre eux, ni avec les verticilles suivants de la fleur; 4" les etamines sont reduites a trois, dont une menie n'est deve- loppL'e qua moilie; elles reprcsentent par consequent un verticille incomplet, symetrique seulement avec les pieces constitutives de I'ovaiie; 5° I'ovaire est plus ou moins profondeinent invagine dans le pedoncule, et non recouvert, comme on I'a cru jusqu'ici, par le tube du calice; 6" enfin les fleurs des cucurbitacees ne sont uni- sexuees que par avorteinent, et ces plantes doivent prendre rang desormais parmi les polyp^tales perigynes. — M. Morren soumet au jugemeut de I'Academie une nouvelle T}ilethenno-eIectrique(]u"il construit avec du fer-blancetdu bismuth. Voici les avantages obtenus : 1° la construction de la nouvelle pile est incomparablement plus simple et plus facile que celle de la pile faite avec des prismes d'antimoine; 2° I'c^crouissage d'une extremity de la lame de fer-blanc augmente sa sensibilite, et la pile alors riva- lise avec celle de Melloni ; 3° le peu d'epaisseur du fer-blanc dimi- Jiue considf^rab'ement la masse metallique, permet, sous un volume donne, d'avoir un beaucoup plus grand nombre de couples, et four- jiit ainsi une sensibilite extreme ; 4° enfin on est assure que la reac- tion thermo-electrique des deux metaux n'est pas genee et troublee par la presence et I'iuterposition variable des radtaux etrangersque la souclure apporte. [La suite a:i piochain numero,] EXPOSITION UIIVERSELLE. VARIETES. UN VCEU ACCOMPLI, UN GRAND PROGRES REALISE. GEsiRATEUR A VAPEUR DE M. CLAVIERES. Nous aurions voulu iie pas separer dans iiotre derniere livraison de M. Wethered, uii ingonieur frangais, plein de talent, d'initiative et d'activite, M. J.-B. Clavieres, parce que tous deux sont entres dans la lice avec un generateur nouveau et qu'entie le gencra- teur frangais et le generateur americain, il y a une tres-grande ressemblance , moins peut-Stre dans I'agencement materiel que dans le resultat qu'ils veulent obtenir, et i'agent que tous deux cherchent a produire : la vapeur seche et surchauffee, c'esl-a-dire saturee ou surchargee de chaleur. M. Clavieres a eu surtout pour but de produire economiquement une tres-grande quantite de vapeur seche, d'obtenir du combustible et de la chaleur que le combustible engendre en brulant le maxi- mum d'effet utile au point de vue de la vaporisation de I'eau ; et dans ce but il a imagine un nouveau generateur tubulaire qui differe es- sentiellement des generateurs anciens. La chaadicre exterieurement est formee d'une boite ou chemise quadrangulaire en tole tres-epaisse, couronnee par une voute cylin- drique aplatie ; c'est encore la vieille forme de tombeau. Interieu- rement, la chaudiere comprend les deux appareils ou ensembles tubulaires qui la con:itituent et la differentient : le generateur pro- prement dit, installe dans la boite quadrangulaire, qui a pour fonc- tion de reduire I'eau en vapeur; le surchanffeur ou gazeificateur , ou secheur, monte dans la voute cylindrique qui seche ou sur- chauffe la vapeur que le generateur lui envoie. Le generateur Clavieres n'est pas forme comme les generateurs tubulaires ordinaires, d'une simple serie de tubes soit horizontaux, soit verticaux, mais de deux series de tubes horizontaux exacte- ment superposes ou places deux a deux dans un nieme plan vertical, relies entre eux par des tubes verticaux qui s'implantent par leur base dans le tube horizontal inferieur, par leur sommet dans le tube horizontal superieur, et les font communiquer entre eux. Les tubes horizontaux et verticaux sont construits en fer forge €t etird, et leurs assemblages sont faits avec tout le soin imagi- nable. Les tubes horizontaux ont la forme de parallelipipedesrec- tangulaires a voute cylindrique; les couples correspondants situes 550 COSMOS. dans un meme plan vertical , I'un en haut, I'autre en bas, et qu'il s'agit de relier par des tubes verticaux, se regardent par leurs bases plates ; les extr^mites bien taraudees des tubes verticaux penetrant dans ces bases, et sont amenees a faire corps avec elles au moyen de rondelles, d'ecrous de pression, et d'un mastic tres-dur et incombus- tible fait avec de I'amianthe du machefer, etc. Les tubes horizon- taux contigus d'une meme serie communiquent en outre entre eux sur plusieurs points de leur longueur par I'intermediaire de tubes courts, aussi en fer forge , tarraudes, serres par des ecrous, relids avec le meme mastic. Ainsi dispose, le generateur est une sorte de jeu d'orgue, et c'est le nom que M. Clavieres lui donne, dans lequel les tubes horizon- taux figurent les porte-venls, et les tubes verticaux les tu3'aux du jeu. II est encastre ou enchasse dans la boite ou chemise en tole epaisse que forme I'enveloppe de la chaudiere. Les extremites an- terieures et posterieures des tubes horizontaux sortent des parois, et sont fermes par des bouchons, serres par des ecrous qui ze vissent sur des tiges de fer qui traversent les tubes dans toute leur longueur et ressortent des deux cotes : en desserrant au dehors les vis des ecrous on ouvre les tubes, et leur nettoj^age int^rieur se fait sans aucune difficulte, aussi souvent qu'on le juge ndcessaire. Hatons-nous de dire que les tubes de M. Clavieres sont destines a recevoir I'eau qu'il s'agit de vaporiser et non ])'us la tlaiuine ou les gaz chauds ; il a quitle la chaudiere Seguiii pour reveiiir a la chau- diere Dallery, mais a la chaudiere Dallery transformce par I'ad- jonction des tuyaux de communication verticaux et horizontaux. Cette adjonction constitue proprement I'invention de M. Clavieres; personne ne I'avait con^ue et n'aurait ose la tenter avant lui. Si I'habile ingenieur s'est comme condamne a faire en apparence un pas retrograde, en abandonnant les tubes a feu qui ont donnc de si excelleutsr^sultats, en reprenant les tubes a eau; c'est qu'en meme temps qu'il voulait produire beaucoup de vapeur, il voulait la pro- duire ^conomiquement. Dans I'industrie des chemins de fer, les voyageurs payent en raison de la vitesse avec laquelle on les en- traine ; I'essentiel est de produire,. coute que coute, la vapeur ne- cessaire; les frais de sa production sont toujours largement cou- verts. II n'en est plus ainsi dans I'industrie manufacturiere; celle-ci ne peut vivre et realiser des benefices qu'autant qu'elle achetera a un prix suffisamment bas la vapeur qui donne le mouvement a ses machines. Les chaudieres a tubes pleins d'eau sont d'ailleurs plus rationnelles , leur construction est plus simple , le tirage est COSMOS. 551 plus facile a ^tablir, la flamme circule mieux , les tubes se brulent moins, le nettoyage est plus aise, etc. Si jusqu'ici les chaudieres a tubes remplis d'eau ont engeudre moins de vapeur, n'est-ce pas precisement parce que Ton n'avait pas songe a cr^er a la vapeur, a mesure qu'elle se forme, de nombreux et larges debouches, une cir- culation energique, telle que M. Clavieres Tobtient par Taddition de ses tuyaux de communication verticaux et horizontaux. II nous reste a dire comment se fait I'alimentation d'eau du sys- teme tubulaire, et comment on donne issue a la vapeur engendr^e. Les deux dernier?; tubes horizontaux a droite et a gauche, dans la serie infi'rieure ou d'en bas, sont en communication au-dessous comme au-dessus, avec un systeme de tubes verticaux implantes sur leur baf^e arrondie, et dont les extremites inferieures debouchent sur les bases plates de deuxnouveaux tubes horizontaux places au- dessons de la grille du foyer et a quelque distance d'elle. Les ex- tremity's posterieures de ces deux nouveaux tubes, saillantes de quelques centimetres sur la paroi de la chaudiere, sont reliees par un tuyau transversal perce en son milieu d'une ouverture a laquelle vient aboutir le tuyau de conduite de la poinpe d'alimentation fixe au moyen d'un maiichon. La chaudiere est done alimentee par le bas, et les deux rangees inferieures de tubes verticaux dont nous venons de parler, font pour elles I'office de boiles a feu. Comme tousles tubes horizontaux et verticaux du systeme comniuniquent entre ei.x, I'eau s'elevera au menie niveau dans tons les tubes. Pour reconnnitre ce niveau, on a adapte sur le tube vertical, bitue a Tangle du jeu d'orgue, vers la gauche, et sous la main du chauffeur, quatre robinets superposes ou etages a diffcrentes hauteurs : en les ouvrant tour a tour, et suivant qu'ils versent de I'eau ou projettent de la vapeur, on connait a quelle hauteur I'eau s'^leve dans les tubes. Ajoutons enfin que pour donner issue a la vapeur, les deux tuyaux horizontaux a droite et a gauche de la serie sup(?rieure ou d'en haut, sortent aussi des parois par leurs extremites posterieures, et sont relies par un tube transversal, perce en son milieu d'une ouverture sur laquelle s'adapte, au moyen d'un manchon, le tuyau qui conduit la vapeur du generateur au gaz4ificateur ou st5cheur. Ce second appareil est un si mple serpentin , forme d'un tube unique ou forme d'une serie de tubes unis au feu sans soudure, par le pro- c^de Bouttevillin , qui se replie un grand nombre de fois sur lui- meme dans la voute cylindrique aplatie de la chaudiere. Le foyer et sa grille sont disposes un peu au-dessous de la s^rie 552 COSMOS. inferieure ties tubes horizontaux; nous ne savons pas qu'ils pre- sentent rien de particulier, si ce n'est uiie prise d'air habilemeut menagee pour biuler une partie de la fumee ; tout ce qu'on leur de- maiide, c'est uiie combuslioii rapide at intense. Sur les bateaux a vapeur, la chemise en tole ou boite de la chau- diere reste a nu ; on fait seulenient ses parois doubles; et I'espace vide compris entre ces parois est rempli d'eau. "Dans les usines,, I'ensemble de la chaudiere peut etre renferme dans un fourneau en niagnnnerie ; la seconde paroi et I'eau sont remplacees avec avan- tage par un revetenient interieur en briques qui conduit beaucoup mieux la chaleur. Aprcscette description generale, que nous n'avons pu rendre ni plus courte ni plus claire, et avant de faire ressortir les avantages incontestables de la nouvelle chaudiere, donnons les dimensions du modele expose dans 1' Annexe, et les resultats des experiences aux- quelles il a ete soumis sous !a direction du Jury. Son volume est de 4 metres 50 centimetres cubes ; chaque serie horizontale se compose de neuf tubes, communiquant chacun avec son voi^in sur cinq points de la longueur ; les deux series horizontales sont reliees entre elles par neuf series vcrticales composees chacune de douze tubes. Le nombre des tubes du serpentm on gazeificateur est de trente, c'est- a-dire que le tube unique ou I'ensemble des tubes unis a chaud dmit il se compose, est rejilie quinze fois sur lui-meme dans le sens de la longueur de la voute cylindrique. La quantite totale d'eau que le generateur peut contenir est de 115 litres; la quantity d'eau en contact avec le foyer est de 88 litres ; la surface de chaufTe des tubes gcnerateurs ou vaporisateurs est de 7,47 metres carres; la surface de chauffe des tubes secheurs ou surchauffeurs est de 17,86 metres carres ; la surface de la grille est de 90 decimetres carres. Le 25 octobre dernier, la commission du Jury a fait peser avec soin le charbon consomme par le generateur Clavicres en pleine marche, et mesurer le volume d'eau vaporisce. La houille employee etait moitie Mons, moitie Charleroy, tout venant; I'alimentation se faisait a I'eau froide; 100 kilogrammes de houille out vaporise rt^gulierement 915 litres d'eau par lieure; c'est done 9 litres 15, par kilogramme de charbon et par lieure; au lieu de 6 a 6 1/2 litres que donnent en moyenne les generateurs ordinaires des machines fixes. Si Ton considere 1" que le maximum theorique est de 12 a 13 litres par kilogramme de houille; 2" que la vapeur qui sort de la chaudiere est de la vapeur seche, surchauff^e. COSMOS. 553 a une temperature tres-elevee, on comprendra mieux que le chiffre de:9 litres 15 est extraordinaire, et constitue line economic tres- considerable. Le 27 octobre,,la meme commission a voulu s'assnrer du temps neoessaire a la mise en pleine vapeur dunouveau gemuateur, et elle a constate qu'en remplissant d'eau froide les tubes i'roidt;, il avait suffi de 30 kilogrammes de charbon, tout venant, additionnos de 10 kilogrammes de bois de sapin , pour atteindre en vingt-cinq minutes une pression de cinq atmospheres; c'est evidemment un magnifique resultat. Nous rappelionsnaguere que, jusqu'en 1851, il fallait en moyenne par force de cheval, 70 centimetres carres de surface de grille on de foyer pour bruler de 3 a 5 kilogrammes de charbon par heure; 1 metre 70 decimetres carres de surface de chaufie pour vaporiser dans le meme temps 35 litres d'eau : et voici qu'avec 90 centi- metres carres de grille M. Clavieres brule 100 kilogrammes de charbon ; qu'avec 7 1/2 metres de surface de chauffe il vaporise 915 litres d'eau ; c'est, on le voit, un progres immense. Avec une bonne machine a vapeur qui ne consommerait jiar heure et par force de cheval que 2 kilogrammes de houille , la nouvelle chaudiere tubulaire qui ne jauge pas 4 metres cubes, donnerait quarante chevaux ; il y a quelques annees, le volume d'un gen^- rateur de quarante chevaux pour machines fixes aurait etc de 30 a 40 metres cubes. Ge n'est pas tout; le nouveau generateur possede des qiialites bien plus precieuses encore : 1" II est inexplosible; essaye a 50 atmospheres, il peut, sans danger aucun, fonctionner jusqu'a 20 atmospheres de pression. La quantite d'eau qu'il renferme est relativement tres-mmime, 115 ki- logrammes au plus, et cette eau est repartie entre cent tubes au moins; la vapeur, a mesure qu'elle se produit, trouve partout un dcoulement facile; il est impossible qu'un tube eclate. 2" II permet d'obtenir de la vapeur, non-seulement a toates les tensions de 1 a 20 atmospheres, comme nous venons de le dire, mais a toutes les temperatures, depuis 120 jusqu'a 350 degres et plus. La temperature de la vapeur ne depend que du niveau de I'eau dans la chaudiere tubulaire : si on la remplit jusqu'au quatrifeme ro- binet, le plus elevo, de maniere a remplir tous les tubes, la vapeur marque environ 120 degres, et ne differe en rien de la vapeur sa- turee ordinaire; si le niveau descend jusqu'au second robinet, la temperature de la vapeur s'elevera a 150 degres; elle sera de 554 COSMOS. 250 degr^s si le niveau ne depasse pas le troisifeme robinet; de 300 a. 350 deg;res, enfin, si I'eau s'arrete an premier robinet, celui d'en bas. M. Clavieres, en presence de plusieurs temoins, a pu elever assez la temperature de la vapeur produile par sa chaudiere pour lui faire foiidre du plonib. Par la meme que la vapeur est surchauffee, elle est parfaitement seche. Quoique minime dans ses proportions, le nouveau generateur a rendu de tres-grands services au Palais de rindustrie. II envoyait sa vapeur dans un reservoir coinmun, ou mieux il la melait a celle des autres generateurs ; or, quand il ne fonclioiinait pas, la vapeur commune du reservoir etait excessive- meiit humide, elle remplissait d'eau les cylindres des machines de I'Annexe, et celles-ci fonctionnaient mal. Mais des que le gen6- rateur Clavieres fournissait son contingent, la vapeur commune perdait son eau exc^dante, elle etait sechee comme par enchante- ment; les cylindres devenaient (Stanches, le mouvement des pistons s'accelerait. Rien de plus facile aussi, avec le geiierateur Clavieres, que d'etablir une premiere prise de vapeur simplement saturee, avant le passage a travers le serpentin , une seconde prise de va- peur surchauflfee a la sortie du serpentin, pour realiser la mer- veilleuse combinaison des vapeurs mclangecs qui donne cent pour cent de benefice. 3° Qaoique sa construction, au premier abord, semble quelque peu complexe, il pourra etre fourni a des prix tres-inferieurs a ceux des generateurs anciens ; M. Clavieres s'engage a ne faire payer ses generateurs, grands et petits, qu'a raison de 100 fr. par force de cheval ; la chaudiere de TExposition, capable d'entretenir une machine de 40 chevaux, ne coiaterait done que 4 000 fr. au lieu de 10 000 ou 12 000 fr. On a fait au nouveau systeme quelques objections, ou plutot on a souleve contre lui quelques doutes, auxquels une experience pro- longee a deja victorieusement repondu. On a cru que les joints des tubes ne tiendraient pas, qu'il se de- clarerait a chaque instant de nouvelles fuites ; or, le generateur fonctionne rogulierement chaque jour depuis pres de trois mois, et Ten en est encore a voir apparailre une seule fuite, tandis que Ton €n rencontre partout ailleurs. Oa a craint une deterioration rapide des tubes. Avant d'etre installd dans I'Annexe, le generateur a fonctionne sur le bateau a vapeur Progres n° 1, qui a fait plusieurs fois le trajet de Paris a Lille, par la Seine, I'Oise et les canaux; I'epreuve dure done depuis plus d'un an, et les tubes n'ont aucunement souffert. COS.^IOS. 555 On a redoute rengorgement rapide des tubes, leur envahissement par des courhes de matieres seleniteuses; il ne s'est produit rien de seiublable. II est certain, au contraire, que la circulation extreme- inent rapide, les rayonnements en tous sens qui s'etablissent a tra- vers leurs cent ouvertures, contribuent puissamment a enfipecher les tubes de s'obstruer; les depots ne peuvent se faire que sous forme de poussiere impalpable, et seiilement dans les tubes horizoiitaux; on enleve cette poudre sans peine aucune, en passant un simple gou- pillon ; des qu'elle a disparu, la surface interieure des tubes appa- rait parfaitement nette et meme polie. II semblait enfin que I'alimentation des tubes ne se ferait pas sans difficultes , en raison de la grande pression interieure; il n'en est absolument rien. Comme il ne s'agit d'introduire a la fois qu'une toute petite quantite d'eau, on n'eprouve presque aucune resistance ; et nous avons constate par nos propres y^ux que Ton avait ^te force de renoncer a faire ionctionner constamment le petit cheval qui alimentait le generateur dans la galerle exterieure de 1' Annexe, parce qu'il injectait trop d'eau a la fois. C'etait cependant une pompe alimentaire ordinaire. En resume , M. Clavieres a realise de la maniere la plus excel- lente les progres que nous formulions en ces termes, quatnoitie livraison du Cosmos, p. 99 : - 2° Suppriiner, si Ton pent y parve- nir sansinconvenient, les reservoirs d'eau et de vapeur; etengendrer spontanement la vapeur n^cessaire a chaque pulsation de la ma- chine. 3° SurchaufTer la vapeur ou la faire naitre a une temperature et a une pression tres elevees... >- Prix d'achat tr^s-modique; volume extremement reduit; mise en vapeur aussi proinpte qu'on peut le desirer j production de vapeur presque au maximum, et par consequent economic enorme de com- bustible ; possibilite d'obtenir la vapeur a toutes les temperatures voulues depuis 120 jusqu'a 400 degres; facilite de prendre a la fois de la vapeur saturee et de la vapeur surchauffee pour les melanger et n'introduire dans les cylindres qu'une vapeur parfaitement seche et capable d'un travail double; solidite et dnvC-e bien superieures a la solidite et a la duree des meilleurs generateurs anciens, et que I'in- venteur s'empressera de garantir, pour un temps indefini ; impossi- bilite d'engorgement ou d'iiicrustations dures et adherentes de de- pots calcaires; neltoyage tres-facile , etc., etc. : voila sans exa- geration aucune les avantages de la nouvelle chaudiere ; nous les avons constates de nos propres yeux dans de fiequentes visites. Cette chaudiere residra surtout d'lmmenses services dans son ap- 55« COSMOS. plication a la navigation a vapeur sur les canaux, les rivieres et les mers, par son poiils tresniiiiime, le peu d'espace qu'elle occupe, et ]e scchage complet dela vapeur eii^entlree. Associoe a la machine a disque, ou disc-engine, de MM. Rennie pour imprimer un mouve- ment de rotation direct a I'helice ou a la roue helico'idale de M. Cla- vieres, dont nous parlerons tout a I'heure , il donnera des resultats inesperes ; nous serons bien heureux le jour oil nous verrons un des beaux bateaux a vapeur de 120 tonneaux de la compaofiiie Perrier freres, Pescatore et Henri Place sortir ainsi nrmes du canal Saint- Martin pour aller deposer a Lille son lourd chargement. Roue helico'idale. En outre de sa chaudiere, M. Clavieres expose dans 1' Annexe un modele de propulseur (jui merite d'autant plus de fixer I'attention, qu'appliqu6 sur un certain nombre de bateaux re- nnorqueursd'un fort tonnage, il leur aimprime.avecunedepense tres- limitee de combustible, une vitesse de 10 kiloinfetres (2 lieues 1/2) a I'heure. Partout oil la navigation doit se faire a travers des ecluses, il est impossible d'armer le bateau de roues sur ses deux flancs, parce que sa largeur alors devient trop grande ; et il y a longtemps qu'en France et en Angleterre, on est a la recherche d'un propul- seur qui s'adapte a I'ai'riere du navire sans trop de difficultes et avec une efficacite suffisante. La roue a aubes est tout a fait im- propre a cet usage , u moins que pour I'instalier convenablenient on ne fende le navire, ou qu'on le divise en quelque sorte en deux bateaux, avec des inconvenients d'arrimagetres-consid^rables. L'h^- lice, avant I'invention de la disc-engine, et lorsqu'il fallait, pour lui communiquer une grande vitesse, recourir a des engrenages , faisait acheter trop cher une force d'impulsion trop limitee ; elle exigeait aussi , quand sa rotation n'etait pas assez rapide , des eaux plus profondes que celles des canaux ou des rivieres. Et voila pourquoi la navigation a vapeur sur les canaux a pris si peu de developpe- ments, quoiqu'il soitbien prouve qu'elle rendrait d'immenses ser- vices au commerce et a I'industrie. M. Clavieres a longtemps etudie ce difficile probleme , et c'est pour le resoudre qu'il a invente son propulseur qui tient a la fois de la roue a aubes et de I'helice, sans avoir, au moins au ineme de- gr^, il s'en faut beaucoup, les inconvenients de I'une ou de I'autre. C'est un ensemble de deux roues armees de 8 aubes ; les aubes d'un systeme alternent avecles aubes de I'autre; elles sent int^rieures , c'est-a-dire placdes entre la circonference et le centre , elles sont inclinees sur le rayon et font avec lui un angle constant ou variable. C'est aussi un ensemble de deux helices a 8 ailes ; les ailes d'une COSMOS. jgg des helices alternent avec les ailes de I'autre; mais, au lieu d'etre implantees sur un meme axe, ces ailes sunt distribudes sur la cir- confereiice d'un cylindre de grand rayon et s'appuient sur deux cir- conferences eoncentriques. Dans cette position, les ailes ne soulevent pas I'eau comme les palettes des anciennes roues; elles ne causent pas les remoux si nuisibles aux berges ; elles fendent I'eau et la refoulent sans la boule- ver vers I'axe du navire. Pour mieux obtenir ce refoulement vers I'axe, M. Clavieres arme ses bateaux de deux roues installee.s dans des evidements menages des deux cotes de I'arriere, sur le prolon- gement des machines qui leur impriment un mouvement de rotation infimt^diat ; et de plus , les ailes des deux roues sont inclinees dela meme quantite, mais en sens contraires, sur les rayons ; c'est-a-dire qu'au lieu d'etre paralleles elles sont convergentes. Les roues tont dissiinulees par une claire-voie ou une sorte de jalousie qui recouvre I'arriere du bateau, ou peut meme derober entierement leur pre- sence et leurs mouvements aux regards en abattant un tabiier fixe a charniere sur le bordage. Dans I'impossibilite ou nous sommes de figurer cet excellent appareil, nous engageons nos lecteurs a aller visiter, comme nous I'avons fait, le beau bateau de 120 tonneaux qui stationne sur le canal Saint-?dartin, pn aval du pont d'Angou- leme, et qui attend pour partir I'installation de sa chaadiere. L'efR- cacite du nouveau systeme a ete eprouvee, comme nous le rappe- lions tout a I'heure, par de nombreux essais. Ces essais ont dte tellement satisfaisants, qu'ils ont determine, d'une part, la conces- sion faite par I'administration centrals de naviguer avec la roue helicoidale sur tous les canaux; de I'autre, la formation d'une com- pagnie puissante au capital de sept millions. Que sera-ce quand le propulseur sera mfi par la machine a disque, si petite a la fois et si puissante ; et quand la machine a disque a son tour sera animee par le melange des deux vapeurs, saturee et surchaufFee , sortant du gdnerateur si excellent de M. Clavieres? L'emploi de cette vapeur completement seche rendra possible dans la machine a disque le mecanisme si avantageux de la detente, qu'on n'a pas pu encore lui appliquer. Nous appelons de tous nos voeux la realisation simul- tanee de tous ces progres qui ouvriront une ere nouvelle a la navi- gation a vapeur, une des reines du monde actuel et plus encore du raonde a venir. Nous ne terminerons pas cet article sans rappeler que M. Cla- vieres est un des ingenieurs-mecaniciens qui ont le mieux merite 558 COSMOS. de I'industrie rationale. C'est lui qui, dans la celebre usine de la Paludade, pros de Bordeaux, a resolu le premier et dans d'excel- lentes conditions le beau et important probleme de I'utdisation des gaz combustibles qui sortent des vases clos dans lesquels on car- bonise la houille pour la transformer en coke. M. Clavieres a si bien menage I'ecoulement et la combustion de ces gaz, autrefois perdus dans I'air, qu'il leur fait produire toute la vapeur d^pensee par une machine de 30 a 40 chevaux, employ(5e h donner le mouvement a plusieurs paires de meules; en meme temps qu'il leur fait chauffer un four a chaux, des etuves consacrees au sechage des fai ines, etc. En recompense de ce grand progres accompli, I'Academie des sciences de Bordeaux a decerne a §on compatriote, M. Clavieres, sa plus grande medaille d'or. Nous n'en finirions pas si nous voulions eimm^rer tous ses autres titres a la reconnaissance de la France , et nous avons besoin de consacrer les quelques lignes dent nous pou- vons disposer encore a rendre hommage au devouement de son fils. Chaque fois que nous alliens visiter le gen^rateur a vapeur sur- chauffee ou seche, nous trouvions devant les portes de son foyer un tout jeune homme, de dix-huit ans a peine, vetu de la simple blouse des ouvriers, les mains et la figure toutes noires de charbon, qui ne se reposait pas un seul instant, qui allait sans cesse de la pompe alimentaire a la grille, tantot activant le tirage, tantot nettoyant les barreaux, tantot projetant dans le foyer embrase, et dont I'ar- deur brulante nous effrayait, de lourdes pelletees de chaibon. Nous croyions avoir affaire aun chauffeur salarie ; son intelligence cepen- dant nous ^tonnait; il donnait avec une aisance parfaite les expli- cations les plus delicates ; il repondait avec une presence d'esprit tout a fait remarquable aux objections les plus imprevues, et defen- dait sa chaudiere avec une eloquence et une vivacite impossibles dans un serviteur a gages. Qu'on juge de notre surprise, quand apres deux mois nous avons appris que cet interessant jeune homme appartenait a une famiUe honorable de la Chaussee-d'Antin ; quand plus tard nous I'avons retrouve sous des habits de ville non-seu- lement propres, mais elegants; quand M. Clavieres, enfin , nous I'a presente comme son fils unique qui avait craint que des soins mercenaires compromissent le succes de la grande oeuvre de son pere, et s'etait refuse de s'en separer. Dans ces conditions de nais- sance, continuer pendant trois mois entiers, de sept heures du matin a six heures du soir, un travail si penible et si fatigant, c'est faire la plus glorieuse des campagnes , c'est honorer grandement son pere etsoi-meme, c'est, si nous ne nous trompons, meriter une COSMOS. 559 belle medaille de contre-maitre : le Jury, sans doute, n'a pas eu le courage de la refuser au jeune Clavieres. LA PERLE DE L EXPOSITION DANOISE. TACHEOTYPK SORENSEN OU COMPOSITEUR ET DISTRIBOTEUR AUTOMATIQUE, DE M. SORENSEN. Palais de I'liidiistrie, pavilion ouest, section dauoise , 82. U n'est personne qui ne se soit arrete avec una admiration enthousiaste devant le compositeur-distributeur m^canique de M. Sorensen et ne I'ait proclame une des merveilles de I'Exposition universelle. Nous avons souvent suivi la serie entiere de ses opera- tions ; nous avons vu I'ingenieux inventeur qui a conserve encore les dehors simples d'un inodeste ouvrier, prendre une page de carac- teres, enfiler ses lignes dans les baguettes creuses du cylindre dis- tributeur, avec une rapidite extreme, aller s'asseoir ensuite sur le tabouret de son piano typographique , distribuer en quelques mi- nutes les quinze ou dix-huit cents lettres de cette page, par la pres- sion de simples touches ; la recomposer en meme temps , reunir comme par enchantement et par le meme travail mecanique des doigts, les lettres qu'il a ^parpillees, et dans moins d'un quart d'heure etaler enfin de nouveau sous nos yeux einerveilles cette meme page Tessuscitee. M. le baron Dulong, consul general et commissaire de la machine danoise, a bien voulu rediger lui-meme la description de cette admirable machine, et la lui faire composer, aelle-meme, sous les yeux desspectateurs; c'est un monument trop pr^cieux pour que nous ne le respections pas; nous le reproduisons done sans rien changer : " Le nom seul de tacheotype, compositeur et distributeur auto- matique, rappelle un des problemes de mecanique dont la solution a ete le plus longtemps et le plus vainement poursuivie jusqu'ici. M. Sorensen a-t-il ete plus heureux que ses devanciers? C'est ce qu'on peut affirmer apres avoir vu fonctionner son invention, fruit de dix-sept annees de travail , lorsqu'on sait en outre que depuis deux ans un journal de Copenhague le Fcedreland I'emploie exclusi- vement dans ses ateliers , et que la machine, qui est exposee dans la section danoise du Palais de I'lndustrie, a ete executee pour le compte de ce journal. L'instrument Sorensen se compose de deux portions bien dis- tinctes: Sid COSMOS. 1° line table en forme de piano renfermant a sa portion ant^- rieure un clavier alphabotique eta son centre un cone renverse. 2° Un double cylindre , s'ajustant sur un cone ou entonnoir. — Cecylindre formant, a proprement parler, le fond meme, I'essence de I'invention Sorensen, necessite une description ddtaillee. II est formd de deux parties superposees : I'une fixe (une fois qu'elle est ajustt^e sur I'entonnoir) porte le nom de cylindre composi- teur ; I'autre, engrenee sur le premier et operant a volonte un mou- vement concentrique de rotation , re9nit le nom de- cylindre distri- buteur. Le cylindre distributeur est un peu moins haut que le cylindre conapositeur ; raais les parods de tous les deux sont composees du raeine iiombre de baguettes verlicales en cuivre blanc, fixees solide- ment, pour I'un coinme pour I'autre, sur deux plaques circulaires. La masse des types- ou caracteres destines a la composition est rangee en piles. le long, des baguettes en question, et ils y sont re^ tenus par des. entailies particulieres pour chaque type. — Ces ba.- guettes, on le voit, reniplacent les cases de Timprimerie ordinaire-. A chaque tour de cylindre distributeur, mis en mouvementpgx le pied de I'ouvrier. agissant sur une pedale , les types qui se trou- vent aux extremitcs des baguettes passent par des ouvertures pra- tiquees dans la plaque superieure du cylindre compositeur. — La forme de ces ouvertures correspondant exactement acelle des types de chaque lettre ou signe d'imprimerie, il y a impossibilite mather jnatique ace qu'une lettre passe a la place d'une autre. Le cyhndre compositeur est, comme le distributeur, forme de baguettes disposees verticalement en cercle , entre deux plaques metalliqjieset ciiculaires. — Les types sont attaches aux baguettes de cuivre par des rainures triangulaires correspondantes aux coches des typies avec une exactitude telle qu'ils glissent facilement le long des baguettes sans etre exposes a aucune deviation. Le cylindre compositeur charge de types est, ainsi que nous I'a- vons dit, pose verticalement sur un entonnoir dont la partie supe- rieure est munie de petits ressorts en nombre egal a celui des ba- guettes. Le ressort , mu par la touche du clavier alphabetique, ouvre et doiiiie pass\Tge au type correspondant qui tombe dans Tentonnoir oil ii est conduit forcement dans la position voulue jus- qu'au tuyau spiral qui est au fond du cone. — De ce tuyau il est pouss^ par un ressort , dans une ligne continue sur un grand com- posteur ou regie fixt^e sous la machine. — Lorsque le grand com- posteur est rempli on le remplace par un autre, et aint-i de suite COSMOS. 561 jusqu'a entiere composition. — L'ouvrier n'a plus eiisuite qu a jus- tifier et a mettre en page. Un homme intelligent et un aide suffisent pour faire nianocuvrer la machine, distribuer , composer, justifier et mettre en page, tout ce travail se fait aussi vite que si on ecrivaitsous la dictee ordinaire de quelqu'un. Les lettres ayant toutes un chemin egal a parcourir dans I'en- tonnoir, et y ^tant appelees tour a tour, il n'y a jamais in encom- brementiii enjambement si redouter de leur part. Les types particuliers necessites par I'emploi de la machine Sorensen exigeant moins de metal pour leur fabrication que les ca- racteres ordinaires d'iniprimerie, leur prix de revient, maigre la fa^on de leurs coches ou entailles, ne depasse pas de beiiucoup ce- lui de ces derniers. La machine exposee coCite 7 000 fr. - UNE NOUVELLE SOURCE DE RICHESSE NATIONALE. NOUVELLE MATIERE PLASTIQUE ET NODVEAU CIMENT, DE M. SOREL. Annexe et galerie superieure du bord de I'eau, vers 53, A. L'oxychlorure de zinc de M. Sorel est une des choses que nous avionsleplusremarquees dans la classe des produits chimiques, a I'Exposilion umverselle, et sur laquelle nous avions surtout appele I'attention des hommes pratiques ; il nous avait paru tres-riche d'avenir et nous voulions depuis longtemps lui consacrer quelques pages du Cosmos. Maintenant que, par I'organe de M. Dumas, ila fait son apparition solennelle a I'Academie des sciences, nouJ nous sentons plus fort encore, s'll est possible. Dans la note qu'ii a soumise an jugement de I'lllustre corps, M. Sore! definit ties- bien sa nouvelle matiere et Jes applications qu'elle pent recevoir; nous la reproduirons cette fois a la place de notre redaction ; elle est moins litteraire et moins enthousiaste peut-etre, mais non moins instructive et utile : " La nouvelle matiere plastique ou le nouveau cimeiit est un oxychlorure babique de zinc. On I'obtient, en delayant de I'oxyde dezinc dans du chlorure liquide de la meme base ou dans un autre chlorure isomorphe au chlorure de zinc, par exemple du proto- chlorure de fer, de manganese, de nikel , de cobalt etc. On pent meaie remplacer ces chlorures par de I'acide chlorbydrique simple. 562 COSMOS. Ce ciment est d'autant plus dur que le chlorure ost plus roncentre et I'oxyde de zinc plus tourd ; j'etnploie des resiJus laxcs provf- nant de la fabrication du blanc de zinc, ou bien je ralciiie a la cha- leur rouge du Mano de zinc ordinaire. J'emploie du chlorure de zinc, maiquant de 50 a 60 degres a rareometre de Beaume ; si on d'^passait celte d'^ii-ito le ciment serait un peu hygrometri'jue ; et pour que le cinipnt prenne moins vite , je fais dissoudre dans lo chlorure environ 3 pour 100 de borax ou de sel aniinoiiiiique , ou bien. je calcine I'oxA'de apros I'avoir delaye avec de Teau contenant une petite quantity de borax. Le iriastic ou ciment obtenn par la combinaison des substances ci-dessus, peut etre coule dans des moules ronime du platre ; il est ausbi dur que du marbre ; le froid, rhumi(lit(^ et meine I'eau bouil- lante sont sans action sur lui ; il resiste a 300 degre-: de chaleur sans se desagreger, et les acides les plus t^nergiquos ne I'attaquent que ties-leiitement. La nouvelle matiere plaslique ne coute pas cher , inais on pent encore en diminuer le prix de revient d'une maniere tres-notable en melangeant avec Voxydede zinc des matieres nietalliques, sili- ceuses ou calcaires, telles que de la liinaille de fer ou de fonte , de la pj'rite de fer, de la blende, de Tpineril, du graiiit, du marbre et tous les calcaires durs. Les matieres tendres tellts que la craie it les ocres ne conviennent nullemejit. On peut donner au nouveau ciment les couleurs les plus vivps et les plus varices, ce qui peimct de s'en servir pour faire des mo- sa'iques et des dallages ornementes d'une grande durete et d'une grande beaute. M. Fontemdle sculpteur I'a employe avec sut'cos pour cet ol)jet , et Ton peut voir dans I'eglise Saint-Etienne du- Mont a Paris, des mosaiques formees avec le nouveau ciment. Je mets sous les yeux de I'Academie un devant-d'autel, coiripose sur les dessins du R. P. Martin, avec I'oxychlorure colore incrust6 dans une pierre dure et fine de Senlis ; la peinture qui reproduit de charmants motifs du moyen age est du plus bel effet. On peut aussi employer ce ciment a fairs des objets d'art mon- ies, tels que statues, statuettes, medaiilons, bas-reliefs, etc. II convient parfaitement pour faire des scellements du fer ou autros metaux dans la pierre. Son insolubilite et son inaltorabilite ont de- teririine plusieursdentistesrenoinmes de Paris a remployer, k ploin- ber\e> dents carriees, et meme pour confectionner des pieces de dentiers : commences depuis plusieurs annees, ces essais out parfaite- ment reussj. COSMOS. 563 Mais I'application la plus iinpoitante de I'oxychlorure sera proba- blement son emploi comme peinture de batiments en remplacenient des pejntures a I'lmile. Pour former cetle peinture on dclaie avec de I'eau et un peu de colle , I'oxyde de zinc pur ou colore , et on se sert du melange comme on le ferait d'une couleur ordinaire a la colle ; quand on a donne ie nombre de couches voulu , et que la dernicre couche est seche , on passe dessus, au moyen d'une brosse , un peu de chlorure de zinc a 25° ou 30° de Beauine. On peut ensuite poncer et vernir cet enduit comme les enduits a I'huile. Cette peinture est tres-solide, sans odeur, elle scche instantanement ; elle n'a rien a craindre de Faction des sulfures, et elle est extremement saine en raison du chlorure de zinc qui la forme presque entierement. II resulterait des avantages commerciaux et sociaux immenses duremplacement de I'huile dans les peintures par de Facidechlor- hydrique ou par des chlorures obtenus avec cet acide. En effet , au lieu d'employer une partie notable du territoire a la culture des plantes oleagineuses , on pourrait remplacer cette culture par celle des ci^reales et autres plantes servant a la nourriture des hommes et des bestiaux. L'acide chlorhydrique ne provient pas du sol, c'cst I'un des pro- duitsde la decomposition industrielle da sel marin tire apeudefrais de la mer ou du sein de la terre, deux sources inepuisables ; 1' autre produit du sel marin est la sonde. 11 resulterait de I'emploi de grandes quantites d'acide chlorhydrique que Ton aurait a bas prix des quantites considerables de sulfate de sonde et de carbonate de la meme base; ce (jui ferait diiinnuer tres-notablement les prix du savon, des verres a bouteilies, a vitres, et des verres blancs pour gobleterie, etc. SYLLABAIRE MELODIQUE A CARACTERES ET GRAVURES MOBILES , ACCOiMPAGNH d'uN ORGUE CHROMO-MNEMONIQoE , PAR M. TAPIAU. Parmi les machines, les appareils, les systl-mes de toute espece que renferme le Palais de I'liidustrie , il n'en e^^t guere dont les in- venteurs aient eu en vue un but aus^i eleve que celui que s'est pro- pose M. Tapiau. En fin de compte , quel sera pourle vraibonhcur des peuples le resultat de cette multitude d'inventions? Beaucoup d'ameliorations auront (^te appoitees dans beaucoup de branches de I'industrie , nous en convenons; mais les masses en profiteront-elles- 564 COSMOS. beaucoup 1 11 est perniis d'eii tlouter; car il ne suffit pas, pour cons- tituer le bien-etre des nations , de perfectionner los proc^d^s indus- tnels , de s'occuper exclusivement de la partie materielle de rcxis- teiice ; ihomnie ne I'it. pas seulement de pain ; il a des besoin plus piessants, plus fssentiels encore que ceux de 'la vie physique ; des besoins que toutesles machines de I'Exposition rcuniesne sontguere capables de satisfai re. M. Tapiau s'est uiiiquement preoccupe de ces besoins d'un ordre bien superieur, quand il a combine les details de son ingenieux sys- teme; il a eu constamment en vue le noble hut A' iristmire les masses en les jnorahsanl. , et de coiUribuer ainsi de la maniere la plus effi- cace a leur procurer le bonheur le plus pur dont il soit donne a i'homuie de jouir sur la terre. Nourrir I'lntelligence et le coeur, on enconviendra, est bien autrement important que de nourrir le corps. Le syllabaire melodique n'apprendra pas seulement a I'enfant des ecoles les elcnifnts de la musique , il leur apprendra encore la mo- rale chretienne ; cardans I'lnstrument de M. Tapiau et les tableaux qui raccompagnent, chaque signe, chaque caractere est le symbole d'uneiUiaxime, d'une verite nioiale; ainsi, a la suite du principe elementaire se trouve son application chrctienne, c'est-a-dire unfait dans lequel I'auteur a su trouver une analogic avec le principe mu- bical ; d'oii il suit que les deux choses resteront dans laniemoire de Teufant , et qu'il les apprendra simultanement. Des figures appro- pnees coniplelent rinstruction et la gravent defiiiitivement dans les jeunes iiilelligeiices. On salt combien elle sont avides d'images, combien des lors la inethode de M. Tapiau n'aura-t-elle pas pour elles d'attraits et d'efficacite! Nous ne surprendrons peisonne en disant que M. Tapiau a regu des encouragements et des api)robatioiis bien autrement impor- tants que les notres. 11 nous suffira de nommer IMgr I'archeveque de Paris, Mgr I'archeveque de Genes , le R. P. Lacordaire, pour la partie morale; MM. Auber, Clapisson , Ad. Adam , Caraffa , etc., pour la partie techni(iue. Ses instruments et ses melhodes seront certainemeiit admises tot ou tard dans toutes les ecoles comme elles le sont deja a Paris, a Lyon, a Dijon, etc. et meinearetranger, et le Jury de I'Exposition lui a sans doute decerne une noble re- compense. A. TRAMBLAY, propric'tairc-gerant. Tari?. — .Imprimerie de W. Remqiet et Cie, t ue Garaiicitire, 5. T. VII. 16 NOVEMBRE 1855. QUATRIEME ANNBE. COSMOS. EXPOSITION UNiVERSELLE. VARIETES. Pour sortir desenibarras qu'avaient fait riaitre le classement des recompenses et le choix defiriitif des exposants at des inventeurs auxquels on decernerait des m^dailles d'honneur, le Conseil des Pre,sidents du Jury international avait nomine dans son sein a la majorite des voix, une commission de sept niembres charges de ce rude travail. \Jn des premiers actes de cette commission a ete de constituer deux classes de medailles d'or : la grande medaille d'hon- neur et la medaille d'honneur simple ; elle a ensuite arrete les noms des concurrents auxquels ces medailles seraient accordees. Comme on pouvait craindre, non sans raison, que I'on ne soulevat des doutes contre la li'-galite de ce fractionnement du Conseil des presidents et de cette modification essentielle apportoe a. la nature des recom- penses, son Altesse Imperiale le Prince Napoleon , president de la Commission imperiale, a prie Sa Majeste I'Empereur de donner par un decret nouveau a ces derniers actes du Jury une consecration definitive. Voici le rappoi t du Prince et le decret de I'Empereur. " Sire , « Les travaux du Jury international sont termines et ceux du Conseil des Presidents n'attendent plus, pour devenir definitifs que d'etre consacres par un decret complelant celui du 3 oclobre der- nier, relatif a la denomination des recompenses. "Dans leurs travaux partiels, les vingt-sept classes du Jury international (section de I'agriculture et de I'lndustrie) n'ont pas toutes adopte la meme mesure pour appr^cier la valeur relative des exposants, et surtout pour distinguer les merites exceptionnels, susceptibles de recevoir la grande medaille d'honneur individuelle, des merites generaux des mdustriels places ensemble au premier rang, et ayant droit, par suite, a une part dans une medaille d'hon- neur collective. « Pour faire disparaitre des divergences, et retablir autaiit qut' possible I'unite dans les decisions du Jury, le ConseU des presidenti adu se livrer a un travail approfondi. SO 566 cosmos. « Apres une premiere lecture des propositions des classes, Ye rejet d'un certain nombre etla prise en consideration proi'Isoire des autres, lo Conseil a charge une commission, prise dans son sein, de preparer la revision et le vote definifif. •• La tache de cette commission etait tracee d'avance par la de- cision meme qui I'avait institute : maintenir les droits du Conseil et en diriger I'exercice suivant I'esprit des decrets, et cependant maintenir autant que possible le travail des classes, qu'il etait trop tard pour faire recommencer, la plupart des membres du Juiy ayant quitte Paris. Les obligations en apparence contradictoires imposees a la commission ont etd heureusement conciliees par elle dans le travail qu'elle a soumis au Conseil des presidents, et que celui-ci a adopte, sous reserve de la signature par Votre Majeste d'un decret portant regularisation de quelques dispositions speciales. " En premier lieu, la commission et le Conseil se sont livres a une revision severe des propositions des classes, conformement aux regies posees par le decret du 10 mai 1855, et ont fait rentrer dans la medaille de premiere classe, dont ils ont rehausse la valeur, en- viron deux cents personnes designees en premier lieu pour recevoir la medaille d'honneur. " Le Conseil a fait ensuite deux categories dans la medaille d'honneur, en reservant la premiere, sous le titre de grande me- daille dlionneur, aux merites exceptionnels et hors ligne, et en accordant la seconde, la medaille d'honneur, aux services qui, tres-notables d'ailleurs, ne portaient pas cependant, au meme degr^ que les precedents, I'empreinte d'un grand esprit d'invention ou d'un grand service rendu. " Cette combinaison a permis de rendre personnelles les mi^- dailles collectives, et de restreindre I'usage trop large et trop facile que plusieurs classes du Jury avaient fait de cette nature de re- compense, pour s'eviter la difliculte de choisir entre des merites pres(jue semblables. " Dans ce systfeme, les seules medailles collectives qui subsistent en vertu du decret du 3 octobre sont toutes anonymes et accordees a des centres ou a des groupes industriels , pour signaler une grande et incontestable sup^riorite. Toutes les autres medailles sont df'.s Inrs personnelles, et ceux qui les obtiennent peuvent en faire- Uj;un> pour recommander specialement leurs produits. •• Si Votre Majeste approuve les motifs qui ont determine le Oonst'il des presidents, 1' article 1"" du d(?cret du 10 mai 1855 et i ar! . 2 du decret du 3 octobre dernier seront modifies en ce sens,, cosmos. 557 qu'il y aura deux medailles d'honneur, la grande mednille et la medaille; I'une et I'autre seront frappdes en or, la premiere au mo- dule de 59 millimetres, la seconde au module de 45 millimetres- puis viendront dans i'ordre hierarchique des recompenses lamd' dadle de 1- classe, la medaille de 2<^ classe et la mention hono- rable. « J'insiste de nouveau sur ce point, que le d(^doublement de la medaille d'honneur ne fait pas descendre dun degre les autres recompenses, et notamment la medaille de l'"'' classe^qui en raison de I'universalit^ du concours, possede aux yeux du Jury la valeur des anciennes medadles d'or des expositions nationales. Ce qui doit a^ce sujet, convamcre tous les esprits et rassurer tous les interets' c est que le Conseil des presidents n'a pas fait servir le dedoublel mentdes medailles d'honneur a rendre celle du petit module acces- sible a un plus grand nombre d'exposants, mais seulement a classer entre eux ceux qui I'ont conservee apres une revision qui a fait ren- trer dans la medaille de 1- classe plus de^OO industrielsemine>,ts d6signcs d abord pour la medaille collective. « J'ai I'honneur de soumettre a Votre Majeste le decret sui- vant. " Vruillez agreer, Sire, Thommage du profond et respectueux attachement avec lequel je suis " De "Votre Majeste '• Le tres-devoue cousin, " Napoleon Bonaparte. « Voici les dispositions du de'cret dont est suivi ce rapport : " Art. 1". Les exposants de Tagriculture et de I'industrie ou les groupes et centres industriels auxquels ils appartiennent, ainsi que les cooperateurs industriels ou agricoles qui auront 6td proposes pour la gran.le medaille d'honneur par I'une des classes du Jury avec 1 approbation du groups dont chaque classe fait partie pour- ront recevoir du Conse.l des presidents et vice-presidents la grande medaille d'honneur ou la medaille d'honneur. « Art. 2. La medaille d'honneur collective accordee a des groupes ou centres industriels sera completement anonyme, et per- sonne ne pourra s'en attribuer le merite. .o-^^^'- ^' L^'^^'^P^s'^'onsdesdecrets des 10 mai et 3 octobre 180O qui ne sont pas modifiees par le present, sortiront leur plein et enlier effet. " Art. 4. Notre bien-aime cousin, le Prince Napoleon, presi- dent de la Commission imperiale et du Conseil des presidents et 568) COSMOS. vice-presidents, notre ministre d'Etat et notre ministre de I'agri- ■culture, du coDiinerce et des travaux publics, sont charges, chacun. en ce qui le concerne, de I'execution du present decret. » Nous recevons trop tard , alors que notre livraison est d6ja en pages et en bon a tii er, une longue et tardive roponse de M. Ber- trand, de Lyon, a notre article du 5 ocLobre sur les bles diirs d'A- frique et d'Ativergne. Nous ne pouvons aujounl'hui qu'accuser re- ception de lasoinmation qui nous est faite d'inserer ces dixgrandes pages; nous verrons plus tard si nous devons acce[)ter les injonctions de M. Bertrand ou subir le proces dont il nous menace. D'unepart, nous n'avons pas depasse les limites d'une polcfinique loyale ; de I'autre , le Jury international a decerno a M. Magnin , dont nous, avons plaide si cbaudenient la cause, la medaille d'honnnur, I'Era- pereur lui a donne la croix de la Legion d'honneur; nous avons vaincu. PROJET DE MACHINE A VAPEUR MELANGEE D AIR CHAUD. M. Eugene Bourdon, un de nos plus habiles mocaniciens, I'in- venteur a jamais celebre du manometre sans mercure ou aneroule, avait espere qu'il lui serait donne de faire fonctionner avant la fin de I'Exposition universelle une nouvelle machine inue par la vapeur melangee d'air chaud, et construitedans des conditions toutes nou- velles, qui lui donnent de grandes esperances de succes. L'appari- tion de notre article sur I'artifice si ingtMiieux a I'aide duquel M. Wethered melange la vapeur ordinaire et la vapeur surchauf- fee, ariifice dont M. E. Bourdon n'avait jamais entendu parler quoiqu'il fonctionnat dans 1' Annexe du bord de I'eaii , lui a fait craindrequ'onne I'accuse de plagiat, quand dans quebjues semai- nes il produira son nouveau moteur ; et pour prevenir tout rappro- chement penible, il nous prie de donner place dans notre plus pro- chain nuniero a la lettre suivante qui n'est nullement de sa part une reclamation de priorite, mais une constatation d'un droit (|ui lui appartient certainement. Nous n'avons nullement bosnin de faire reinarquer qu'il n'y a aucun rapport essentiel entte le melange operc autrefois par M. Bourdon de la vapeur saturee a la temperature ordinaire avec la vapeur revenant du condenseur, et le melange opore par M. We- thered des vapeurs saturee et surql^u|i"oe. Mais la justice et la COSMOS. 569* verity nous obligent a dire aujourd'hui en passant, pour y revenir plus tard, que M. Sorel, un de nos plus feconds et de nos plus heu- reux inventeurs, a fait breveter, en 184:4. le melange des vapeurs saturee et surchauffee de M. Welhered, apres en avoir constat^- I'efficacite dans une machine d'essai. Comment cette idee si excel- lente est-elle restee jusqu'ici sans applications? Comment une eco- nomie de40 ou50 pour cent n'a-t-elle pas pendant 13 annees tente nos constructeurs les plus progressifs, et (|Uoiqu'e]le eut re^u une certainepublicite? C'estsansdoute parce que, comme pour les gran- des inventions, I'heure de ce progres n'avait pas sonne. L'existence du brevet tout a fait inconnu ou oublie de M. Sorel n'enleve rien ^videmment au merite et ti la gloire de M. Wethere.l, qui prendra avec M. Sorel les arrangements necessaires a I'etablisseiuent de leurs droits respectifs. LETTRE DE M. EUGENE BOURDON. « Paris, le S iiovembre 1855. " Monsieur I'abbe Bloignn, redncteur en chef du journal Cosmos. » J'apprends par !e numero du 2 courant de voire estimable journal que Ton vient d'experimenter a I'Annexe du palais de I'ln- dustrieune machine a vapeur d'un nouveau systeme qui a pour but d'economiser le combustible, et dont I'id^e fondameniale consiste st. employer un melange de deux vapeurs dont I'une est a plus haute temperature que I'autre. « Preoccupe depuis longtemps des avantages que pourrait pre- senter I'application du jet de vapeur, invente, autrefois par Pe'letan, a melanger des gaz ou des vapeurs , j'ai imagine divers appareils qui sont decrits dans un brevet que j'ai pris le 30 decembre 1848^ et qui, bien que tres-differents, quant au mode d'applicatioii, de I'appareil de M. Wethered, me paraissent cependant avoir un point commun, sous le rapport du pnncipe. Dans mon systeme, comme dans celui de M. Wethered, un vase ferme, place en avant du ti- roir, regoit un melange de deux vapeurs de temperatures diffiS- rentes; puis, ces vapeurs, !n(^]angees dans certaines proportions de-- terminees, se distribuent par I'intermediaire du tiroir dans le cy- lindre-moteur pour y exercer leur pre-sion sur le pit;ton. " II y aseulement cette difference entre nos deux appareils, que dans le mien j'utilise la vitesse d'ecoulement de la vapeur la plus cbaude, pour aspirer la vapeur a basso temperature dans telle pro- portion que je juge convenable; tandis que dans le systeme araeri- cain les deux vapeurs proviennent de la meme source et sont ni^^ 570 COSMOS. lanf^ees au moyen de deux robinets dont on regie I'ouverture sui- vaiit le degre de temperature qu'on veut donner au melange. Dans la machine que j'ai construiteen 1848, d'aprfes le systeme dccrit, je n'employaisla vapeurdestin^e a produiro le melange par Taction du jet aspirateur qu'a la temperature de 156 degres (5 1/2 atmospheres). '. II ne me paraissait pas utile, dans I'application a cette machine, de surchauffer la vapeur, parce que cette elevation de temperature eut nccessite une augmentation dans le volume d'eau employe a la condensation; mais penetre, comme I'ont ete depuis quelques an- nees d'autres constructeurs, des avantages iinportants que devait presenter I'emploi de I'air dilate applique a des iiioU urs, j'ai mis en construction, au mois de juillet dernier, une nouvelle machine que j'esperais avoir terminee avant la fin de rEx|)osilion , mais qui, a mon grand regret, ne pourra I'etre que dans une huitaine de jours. « Voici en quoi cette nouvelle machine differe de la premiere que j'ai construite : " Ma premiere disposition s'appliquait exclusivement aux ma- chines a condensation. « La deuxieme ne convient qu'aux machines u haute pression. Cela est facile a comprendre. — Dans la premiere, le jet etait em- ploye a aspirer de la vapeur, tandis que dans la deuxieme je I'ap- plique a aspirer de I'air que je chauffe fortement en le faisant pas- ser dans des tubes en fer places dans les carneaux du fourneau; si le foyer est alimente avec du coke , je prends I'air chaud et les produits de la combustion a la sortie du dernier carneau. j'en re- foule une partie dans le vase a melange, d'ou il se rend ensuite dans le cylindre moteur pour y etre employe comme a I'ordinaire. Pour eviter les inconv^nients qui pourraient resulter de I'entraine- ment des parcelles de coke dans le cylindre , j'interpose un dia- phragme compost de plusieurs toiles mdtalliques a mailles serrees. « Le vase a melange est a deux compartiments qui se vident chacun a leur tour dans le cylindre. — Si le moteur exige une grande retrularite, j'adapte uu tiroir a chaque exlremite du cy- lindre, de fa^on que chacun d'eux communiquiiiit avec un des com- partiments du vase, la vapeur et I'air chaud passent toujours du meme compartiment au tiroir qui lui est superpose et non dans les deux alternativement, comme cela a lieu dans les machines oil la vapeur est prise directement dans le generaleur. « Par suite de cet arrangement, bien que les pressions parlielles COSMOS. 571 qui agissent sur le piston moteur soient variables, ndanmoins leurs sommes sont sensil)lenient constantes. « Les avantages qui sont propres a ce systeme sont : « 1° D'operer la vaporisation complete de I'eau entrain^e avec la vapeur, et par suite d'augmenter considerablemeiit sa force 61as- tique sans augmenter la d^pense de combustible. " 2° De communiquer a la vapeur par son melange avec I'air chaud lea qualites qui sont inherentes aux gazpermanenls employes comme force motrice. (Cela a un grand interet , surtout lorsqu'on veut utiliser la detente.) « 3" De supprimer les inconvenients de I'air chaud, qui, employe seul, desseche les corps gras qu'on empioie ordinairement pour lubrefier le piston, tandis que melange avec la vapeur, il entretient sur les surfaces frottantes une humidite tres-favojable a leur con- servation et au bon fonctionnement des pistons. " 4° De pouvoir produire un tirage tres-actif dans le foj^er, sans dtre oblige de perdre une portion considerable de force motrice par la contre-pression. — En effet , c'est le jet aspirateur qui fait le tirage, et alors il devient inutile de retrecir le tuyau d'echappe- ment comme on le fait sur les locomotives. « 6° De permettre de supprimer presque entierement les chenii- n^es des generateurs lorsqu'ils sont chauffes au coke. « 6" De pouvoir produire avec le meme generateur une force mo- trice plus considerable que par la methode ordinaire, I'air dilate venant s'ajouter a la vapeur dans la proportion de 20 a 25 pour 100. " 7° De realiser une economic considerable dans I'emploi du com- bustible, resultant des considerations enoncees dans les § 1, 2, 4et6. " 8" Enfin de s'appliquer a peu de frais a la plupart des machines a haute pression et meme aux machines locomotives. " Les avantages que pr^sente ce systeme de machine , dont jem'occupe depuis 1848, mais qui n'a regu que successivement les divers perfectionnements qui en font aujourd'hui un appa- reil tout a fait applicable aux besoins de I'industrie, ces avantages, dis-je, me paraissent assez importants pour que j'aie le desir de conserver la priorite de I'invention qui en fait la base, non pas que je veuille faire de cela une question d'amour-propre, mais pour que, le cas ech^ant ou ce systeme de machine aurait quelque succes par la suite, il soit bien etabli que c'est une invention d'origine fran9aise et non une imitation de la machine importee d'Amerique. « Je vous prie d'agreer I'assurance des sentiments de parfaite consideration de votre bien ddvou^ •■ E. Bourdon. » ACADEWIE DES SCIENCES. SKANCE DU 5 NOVEMERE. Les recherches de M. Becqiierel sur les effets c'lectriques pro- ■duits an contact des terres et des eaux douces peuvent se resumer >• M. Valz explique ensuite comment devront se faire les observa- tions autour de I'axe, soit vertical, soit horizontal. Avec I'axe ver- tical, la metliode la plus simple pour determiner la latitude, Tangle horaire, la hauteur et I'azimulh, consistera a observer deux etoiles dans un meme almicantarat, en repetant les observations deux fois pour chaque etoile, avant et apres leur passage au meridien, comme pour les hauteurs correspondantes. On pourrait, au lieu des deux etoiles, observer les passages des bords supt^rieurs et inferieurs du soleil ou de la luiie. De ces observations on dt'duira le passage de la lune au meridien, et par suite la longitude. Avec la lunette montee sur un axe horizontal de maniere a dd- crire des verticaux, et si la latitude est connue , la difference de passage de deux etoiles connues par le meme vertical , reduite en arc, suffira pour determiner I'azinmth, la distance zenithale et Tan- gle horaire. Si la latitude est inconnue, on observera en outre le passage de deux etoiles connues par deux verticaux. — De aes longues et consciencieuses comparaisons entre les viandes salees d'Amerique et les viandes fraiches indigenes , M. J. Girardin conclut : 1" Le boeuf sale d'Amerique bien que plus riche en azote et en acide phosphorique que la viande de boucherie contenant 75 pour cent d'eau ; et bien qu'offrant une quantite presque double de ces principes pour le meme prix, constitue neanmoins un aliment beau- coup moins succulent, agreable et savoureux, et par ces motifs il ne 576 COSMOS. peut fournir une aussi bonne alimentation que la viande fraicibe'. 2° Le liird sal6 d'Amerique est bien inferieur, sous lous les rap- ports, au lard du pays, et son usage entraine une perte notable pour le consommateur. 3° Nos populations ont renonce a I'emploi des viandes salves d'Amerique, non pas par suite de prejuges, d'idees fausses ou de caprice irrefiechi, mais a la suite d'une experimentation de plusieurs mois et par des motifs serieux que nous approuvons. 4° II est utile de porter ces fails a la counaissance des sp^cula- teurs, afin qu'ils avisent aux moyens de nous procurer les viandes d'Amerique sous un autre etat et dans des conditions meilleures, qui permettent de les substituer a la viande de boucherie dont la cherte toujours croissante menace de jeler la perturbation dans le regime alimentaire de la population des villes et des classes ou- vrieres. Voici en outre quelques-uns des faits observes par M. Girardin : La viande cuite de boeuf sale d'Amerique avail I'aspect de viande passee ; elle etait fortement coloree en brun a I'exterieur; a I'int^- rieur elle dtait d'un rose-rouge vif. Sa saveur peu developpee la rappiochait d'une viande legerement fumee. La Innguenr de ses fibres et leur fernietd en rendaient la mastication assez difficile et peu agreable. Le bouillon, transparent, sans trace de graisse, res- semblait beaucoup a du bouillon de veau. II n'avait pas de mauvais gout, mais sa saveur etait peu aromatique et fort differente de celle du bouillon prepare avec de la viande fraiche ; il etait plus sale que ce dernier. Les parties grasses du lard sale d'Amerique etaient a peine man- geables; le maigre etait passable. Quoique ce lard d'Amerique soit bien inferieur en qualite, il en coiiterait plus du double pour se nourrir autant avec lui qu'avec le lard indigene. L'analyse des saumures dans lesquellesplongeaient les chairs salves prouve qu'elles avaient perdu une tres-grande proportion de leurs principes nutri- tifs, tant salins qu'organiques. La salaison produit done le meme eflfet que la lixivation par coction, et meme un effet plus marque, puisqu'elle en separe I'albumine que Taction de I'eau bouillante conserve dans la chair en la coagulant. Elle n'est done pas le mode le plus avantageux pour conserverla viande que Ton destine a I'a- limentation de I'homme, et il serait convenable de rechercher un autre inoyen d'utiliser, au profit du consommateur europeen, ces quantitees ^normes de chair qui sont perdues en Amerique. M. Gi- rardin a quelque confiance dans I'enrobage, apres une demi-cuisson COSMOS. 577 faite datis de bonnes conditions, avec une solution gelatineuse que Ton ferait ensuite cuire au soleil ou dans un four a double courant d'air, de maniere a enferiner pour ainsi dire la viande dans une espece de vernis protecteur. II attribue I'invention de ce procM^ qu'on ressuscite en ce moment a MM. Vilaris et d'Arcet. Nous aurions, nous, bien plus de confiance dans le procede de M. Lamy, que le Juiy international n'a pas sulBsamment apprecie a notre grand regret. M. Girardin voudia bien, sans aucun doute, le sou- inettre a un exanien serieux, quand M. Lamy lui aura envoye des echantillons en quantite suffisante. Cette question presente d'au- tanl plus d'interet qu'elle est tres-grave en elle-meme, et qua I'heure qu'il est a Rouen, conime dans plusieurs autres villes, le commerce des viandes d'Amerique a cesse, non par suite du man- que de la marchandise, maisparce qu'il n'y a plus d'acheteurs. — Les anirtiaux perforants presentes a I'Academie par M. Va- lenciennes etaient non des piiolades, mais des oursins decouverts par M. Lory dans le granit qui constitue cette bande avancee de Guerande au fond de la baie du Croisic, pres du haineau de la Tur- balle, non loinde Periac, connuepar ses mines d'etain. Cette roche primitive est done foree sur une etendue de plusieurs kilometres par des echinodernies tres-semblables aux oursins qni creusent les gres siluriens de la baie de Douvenenez. — Nous allons extraire, du long rapport deM. Chevreul, tout ce qui est de nature a interesser nos lecteurs. M. Georges Ville, concluait du travail soumis par lui a rAcad(^mie, que I'azote elementaire des plantes ne provient pas seulement de I'ammoniaque que contiennent lesengrais, I'atmosphere et les eaux, mais encore de I'azote libre de I'air. Ce simple enonce fait sentir I'importance du sujet traite par M. Ville, et I'opinion contraire a la sienne, professee par des savants distingues , en accroit encore I'iiiteret. Priestley et Ingenhousz, en 1779, crurent avoir observe que les plantes absorbent le gaz azote avec lequel on les met en contact. Theodore de Saussure, Sennebier et Woodhouse combattirent I'o^ pinion de Priestley; Theodore de Saussure attribua I'origine de I'azote des v^getaux a I'ammoniaque et aux autres composes solu- bles des engrais, de Fair et des eaux ; il constata, de plus, que les plantes qui vegetent dans une atmosphere non renouvelee n'acquie- rent pas d'azote; que les parties qui se developpent successivement absorbent I'azote des parties nees avant elles. M. Boussingault, dans son Meinoire du 22 Janvier 1838, avait eu pour but de demon- 578 COSMOS. trer qtie f azote de I'nir pent etre as^imile aux plantes rlurant la vegetation. De 1839 a IS-IO, M. Liel)ii: n'admit pas la fixation de I'azote de I'air par les planter;; il coiisidera I'nnnrioniaque comme la source de I'azote dans les vegetaux ; rainmoniaque, asesyeux, est a I'azote ce que I'acide carbonique est au carbone des plantes. De 1851 a 1855, M. Boussingault se livra a de nouvelles expe- riences, et cette fois il conclut que les plantes n'augmentent pas la quantite d'azote de leur semence qnand elles se developpent au sein d'atmoj-pheres soit confinees, soit renouvelees, desquelles I'ammoniaque et les engrais azotes sont exclus ; il revient , en consequence, a I'opinion de de Saussure et de Liebig. M. Ville a conunence, en 1849, ses reclierches sur I'origine de Tazote, et n'a pas cesse de s'en occuper depuis. Elles I'ont conduit aux conclusions suivantes : 1° dans une atmosphere stagnante la quantite d'azote d'une n^colte presente tout au plus I'azote dos semences ; 2° mais si Ton opere le developpement des semences dans une cage vitree plus ou irioins grande, oil I'air priv^ d'ainmoniaque se renouvclle lentement , et re9oit en outre deux volumes d'acide carbonique pour quatre-vingt-dix-huit volumes d'air, le poids de la r^colte peut etre jusqu'a quarante fois plus grand que le poids de la semence, et I'azote de la semence n'est alors qu'une ties-petite fraction de I'azote de la recolte. Lorsque M. Boussingault commu- niqua a rAcadeniie ses dernieres experiences, dont il concluait que es plantes ne fixent pas I'azote de ratniosphere, M. Ville crut de- voir protester contre ces conclusions en invoquant soit ses prcce- dentes recherches, soit de nouveaux faits; celui, entre autres de I'i- dentite de poids des recoltes obtenues en faisant usage indifferem- raent d'eau distillee depourvue d'azote, ou d'eau de pluie. M. Ville offrit, en outre, a I'AcadL^niie, de repeter ses experiences devant une commission qu'elle nommerait; celte proposition fut acceptee; M. Ville, en consequence, montra, dans les terrains du Museum d'histoire naturelle, uii appareil semblable a celui decrit dans son ouvrage. Une cage de verre de 150 litres de capacilo recevait trois pots de terre cuite perc^s de trous; le fond de chacun d'eux ^tait gaini de gros fragments de brique reconverts d'une couche de sable ; dans ce sable on mit un certain nombre de graines de ores- son ; les pots etaient places au-dessus d'une couche d'eau qui, par capillarite, penetrait le sable. La cage de verre communiquait, d'une part, avec un aspirateur de .500 litres, de I'autre avec I'airde I'atmospherequi ne pouvaity penetrer, attire par I'aspirateur, qu'a- pres avoir traverse d'abord deux flacons remplis d'acide sulfurique COS II OS. 579 concentre, puis deux flacons reniplis de fragmenls de pierre ponce impregiiee d'acide sulfurique. et, enfin deux llacoiis remplis d'une solu- tion de carbonate de soude ; et ajwes s'etre meld, a la sortie de ces derniers flucons, aux deux centioines en volume de gaz acide carbo- nique. L'air, en vingt-quatre heurcs, se renouvelait huit fois dans I'appareil. L'eau di?tillee, qui servit a I'arroaement, avait ete pre- pares au laboratoire du Museum par M. Cloez; les pots, les frag- ments de brique et le sable avaient ete chaufTes au rouge et ne con- tenaieiit pas d'ammoniajue; on avait ajoute au sable une petite quaiitite de cendres calcineL's de graines de cresson. Voici les re- sultats des experiences : Pot n" 1. On y avait seme 158 graines de cresson pesant 0s''3]9, representant Os''O099 d'azole. La recolte sechee dans le vide sec pesait25''242, sent fois plus que la semence, et representait 0s''0097 d'azotc; I'azote de la semence suffit done a expliquer complete- ment I'azote dela recolte. Pot n" 2. On avait seme 60 graines de cresson pesant 0s'"1275 et representant 0s''0039 d'azote; on a recolte 6s'"021, quarante- huit fois et demie le poids de la semence ; I'azote de la recolte etait 05'"0530 superieur de pres do 5 milligrammes a I'azote de la se- mence (jui ne suffit plus a I'expliquer. Pot n° 3. On a seme 60 graines de cresson pesant 0s''1275 et contcnant 0s''0039 d'azote. La lecolte pesait ls'"505, douze fois plus que la semence; et contenait Os''01 10 d'azote, 7 milligrammes de plus que la semence. Pot n° 4. M. Peligot avait prie M. Ville d'interposer, entre la cage et I'appareil d'aspiration, une cloche de vingt litres environ, avec un nouveau pot dans lequel on sema 100 graines pesant 0s'-206 representant 0e'"0053 d'azote. La recolte pesa 3s''599, ou dix-sept fois et demie la semence ; elle contenait Os'^0350 d'azote, pres de 29 milligrammes de plus que la semence. II y avait done eu dans trois cas assimilation evidente d'azote; il restait asavoirsi I'azote absorb^, ne pouvait pas venir de l'eau qui humectait les plantes. Deux analyses exactesde l'eau employee faites dans les laboratoires de I'Ecole polylechnique et de M. Georges Ville ontdemontre que l'eau contenait plus d'azote apres I'experience qu'a- vant I'experience. L'azote de la plante ne vient done pas de l'eau distillee preparee d'ailleurs avec le plus grand soin par M. Cloez dans le laboratoire du Jardin des Plantes. Get azote, des lors, n'a pu provenir que de l'air qui alimentait la clordie, air tout a fait purge d'ammoniaque par son double filtrage. L'air au sein duquel 580 COSMOS. la plante vegetait se trouvait bion inieux purge encore d'ammo- iiiaque dans la quatrieine experience faite dans le potn° 4, a la de- mande de M. Peligot, et a laquelle concourut seulement un litre et denii d'eau distillee. Cette experience devient par la ineme la plus concluante de toutes, d'autant plus qu'en supposant que la plante ait absorbe tout I'azute contenu dans le litre et denii d'eau, I'azote dela recoltu serait encore a I'azote de la semence comme 4 est a 1. En resume, dit M. Chevreul : 1° dans le pot n-S, le poids de la recolte etait, a celui de la semence, conune 12 a 1, et I'azote de la recolte etait a I'azote de la semence comme 1 est a 2,81 ; 2" dans le pot n" 2, le poids de la recolte etait au poids de la semence comme 46,5 est a 1, et I'azote de la recolte etait a I'azote de la semence comme 13,95 est a 1 ; 3" dansle pot n" 4, le poids de la recolteglait au poids de la semence comme i7,47estal, et I'azote de la recolte etait a I'azote de la semence comme 4,55 est a 1. Voila pourquoi la commission a pu resumer nettement son rapport dans cette proposition, qui a elle seule est pour M. Ville une vic- toire complete : ■• L experience faite au Museum d'histoire nalu- relle par M. Ville est conforme aiix conclusions qii it ai>ail tirees de ses travaux anterieurs. Ces conclusions, diametralement oppo- seesa celles de M. Boussingault, sontque dans des conditions don- nees les plantes, semees dans un sol absolument sterile et vegetant dans uiie atmosphere entierement depouilleede toute ammoniaque, peuvent s'assimiler I'azote de I'air. Ces conditions, M. Chevreul prend plaisir a les fornmler dans des paragraplies qui ont pour titre : Reflexions generales ; circonslan^ ces diverses ok la vegetation pent s'opcrer en agriculture, etc. etc.; or, cette portion de son rapport est, bien plus encore que les chiffres des experiences, une justification , une glorification complete des experiences de M. Ville , une refutation des experiences de M. Boussingault. Citons rapidement quehjues passages parfaitement explicites : •■ Si une graine dans une vegetation normale donne une recolte seche, done le poids peut etre cent, deux cents, trois cents... fois plus grand que le sien, il ne sera pas permis de conclure du cas oule poids de la recolte ne depassera celui de la graine que de 1, de 2, de 3, de 4... au cas oil la vegetation s'accomplit dans des circonstances ordinaires. Or c'est piecisement ce qui arrive lors- que la germination s'opere dans du sable calcine et dans des vais- seaux ou I'air ne se renouvelant pas, les circonstances sont si dif- f^rentes de celles oil se trouvent les plantes vegetales a i'air libre. » " Quand on fait vegeter des plantes, il n'est nullement indifferent COSMOS. 581 de savoir I'etendue necessaire a la transmission de leurs racines. . . Si les racines ne peuvent pas s'dtendre convenablement, leur fonction de puiser I'.'iliinent soluble se trouve compromise... .. •• Que sera- ce si I'espace aerien est limite comnie le sol, si la vapeiir tl'eau le sature, si Ton est oblige, pour prevenir untrop grand echaulfement de la plante, de soustraire celle-ci aux rayons du soleii^ Dans une atmosphere limitee et stagnante la plante a bientot epuis6 ce qu'elle peut prendre i\ rette atmosphere, et il convient de rappeler qu'elle n'absoibe jamais la totalite du fluiJe ^lastique sur leqiiel ellea del'action, de meme qu'un animal n'use jamais tout I'oxygene de I'air qu'il respire ; de meme qu'un cactus ne se sature d'oxygene qu'autant qu'on le place dans une atmosphere de ce gaz contenant bien au dela de la quantite necessaire a la saturation...; de meme que pour que I'affinite d'un dissolvant pour un solide puisse s'exer- cer efficacement, il faut mettre le solide en contact avec un volume de solution beaucoupplus grand que celui qui peut s'unir au solide. « M. Ville, en faisant vegeter les plantes dans des espaces oil I'air se renouvelle convenablement, a fait disparaitre une partie de ces inconvenients. " Non-seulement dans son apparcilla masse des par- ticules gazeuses est augmentee, mais les deux volumes d'acide car- bonique qu'il ajoute aux 98 volumes d'air exercent la plus heureuse influence sur la vegetation, Le renouvellement de Tair preserve les plantes d'un trop grand echauffement... Une preuve de I'avan- tage de ce mode d'experience, c'est que meme dans le cas oii il n'y a pas eu assimilation d'azote le poids de la recolte a ete sept fois celui des semences... •> Nous n' iron spas plus loin, cesextraitssuffisent, surabondanmieilt a prouver que le rapport de la commission est favorable a M. Ville, au dela de ce qu'on peut dire, sinon dans la forme, au moins dans le fond. II nous donne aussi completement raison, car il reproduit en substance tous les arguments par lesquels nous avons refute les Tesultats obtenus par M. Boussingault. Quand le savant academicien operait dans une atmosphere continue, I'assimilation de I'azote etait rigoureusement impossible; ellele devenait encore quand il operait dans une atmosphere libre parce qu'il choisissait des graines trop grosses de legamineuses, qu'il les semait dans des pots beaucoup trop petits, qu'il melait au sable de ces pots beaucoup trop petits une trop grande quantite de cendres alcalines, ce qui prouve iqu'il operait dans des conditions tout a fait anormales, c'est que le poids des recoltes obtenues par lui n'a jamais et6 qu'un tres petit multiple du poids de ia semence. VARIETES. PROCEDE DE GRAVURE ELECTRO-CHIMIQUE PAR M. DEVINCENZI. L'auteur s'est livre, depuis quelques annees , a une serie de recherches sur I'art de I'imprimerie, en reproduisant les dessins par la gravure en relief et les caracteres d'imprimerie. Voici hi descrip- tion de sa methode : Le metal le plus propre a cette espece de gravure est le zinc. On reiiiploie en planches laiiiinees qu'on grene avec du sable ta- mise, et on dessine dessusavec I'eiicre et le crayon lithographique. Le dessin execute, on prepare la planche comnie si Ton devait s'en servir pour le tirage lithographique. On plonge la planche dans une decoction de noix de galle, pendant une minute. On la lave a I'eau pureet on la gomme avec une legere dissolution de gomme arabique. On mouille la planche avec une eponge, on efface le dessin avec de I'essence de terebentine et on roule sursa surface un cylindre litho- graphique enduit d'un vernis. Ce vernis recouvre exactement tous les traits faits par le dessinateur. Le vernis doit avoir les qualites suivantes : 1° de ne pas alterer le dessin ; 2° d'adherer fortenient a la planche ; 3" de ne pas etre attaqu^ par les agents chimiques em- ployes a graver. Le vernis connu en Angleterre sous le nom de Brunswick black, mele avec I'essence de lavande, est preferable a tous les autres. On compose ce vernis d'asphalte, d'huile de lin cuite avec la litharge et de terebentine. Apres que le vernis est sec, on met la planche de zinc en communication avec une planche de cuivre a la distance de 0,005; apres quoi on les plonge dans une dissolution de sulfate de cuivre marquant 15 degres; il en resulte alors un couple volta'ique; I'acide sulfurique resultant de la decomposition du sulfate de cuivre dissout toutes les parties du zmc qui ne sont pas recouvertes. Les dessins au crayon sont graves, en general, en quatre ou cinq minu- tes, et ceux a la plume en sept ou dix minutes. Le sulfate de cuivre ne produit aucune alteration dans les des- sins les plus dt§jicats, et n'attaque pas le vernis. On pent appliquer cette methode de graver a tous les autres pro- c6des a I'aide desquels on reproduit un dessin. On pent dessiner sur papier et tiansporter ensuite le dessin sur les planches. On transporte les impressions des pierres lithographiques, ou celles des planches de cuivre ou d'acier. On peut de meme faire usage de COSMOS. 583 la pointe et des machines a graver. Les machines peuvent etre em- ployees sur le zinc aussi bien que sur les pierres lithographiques pour procluire des teintes plates. Ce procede s'applique egalement aux caracteres crimprimerie. II suffit d'avoir une page d'un livre transportee sur une planche de zinc pour en f'aire un stereotype. Cette niaiiiere de graver remplacera la stereotypie ordinaire. D'apres ce procede on pent transporter les pages d'un livre, lors- que Ton imprime sur des feuilles tres-niinces de zinc, et de celles-ci sur des pinnches plus fortes pour les graver toutes les fois que i'on veut reimprimer. De la grande economie sur la composition et le papier, puisqu'on n'est pas oblige de faire de grands tirages. Une copie sur des feuilles tres-minces de zinc ne coute pas plus qu'un exemplaire tire sur bon papier. J'ajoute, enfin, qu'on pent appliquer les stereotypes a deux au- tres moyens de reproductions typographiques. II nest pas difficile de faire le transport d'une vieille impression sur des planches me- talliques; on peut ainsi avoir des stereotypes de vieux livres. NOTE SUR UN SVSTEME DE MONITEUR ELECTRIQUE DESTINE A PRESERVER LES NAVIRES DES ENSABLEiviENTS. PAR M. TH. DU MONCEL. U arrive frequemment, dans certains parages maritimes et sur le cours de certains fleuves ou rivieres , que de nombreux bancs de sable paralysent la navigation et entrainent quelquefois meine la perte des navires. Quand ces bancs de sable sont connus, et que pour en reconnaitre la presence on a des points de repere, on peut avec beaucoup de precautions i^viter leur rencontre ; mais dans des parages peu explores on ne peut meme pas savoir le moment oii il serait temps de commencer les sondages. On con9oit, d'apres cela, combien serait important pour la navigation un appareil qui put prevenir a temps et sans le secours de personne de I'approche de ces bancs de sable. Get appareil serait meme tres-precieux pour la na- vigation des rivieres comme la Loire , oil les bancs de sable sont variables, et eviterait la presence continuelle d'un sondeur sur I'a- vant du navire. En faisant mtervenir I'electricile, j'ai pu resoudre ce probleme d'un maniere extremement simple : Ordinairement les bancs de sable sont configures comme de le- gers mamelons, et presentent de tous cotes des plans inclines. Ces BSk COSMOS. plan> inclines peuventetre plus ou moins rapides, mais, en genera]^, ils ne rJopassent guere la pente de 10 a 15 centimetres par mfetre. Pour 30 metres, par consequent, qui reprt^sentent la longueur des granils navires a vapeur la hauteur du plan incline du banc de sable serait done, au maximum, de 4™, 50. Supposons done que les navires soient amies siir leur avant ou meme a I'extremite de leur mat (le beaupre d'un long tube de fer plongeant dans la mer et dans lequel peut se mouvoir librement unetringle de fer terminee par una large palette de tole. On comprendra facilement que si ce tube et cette tringle, fix^s dans une position parfaitement verticale, plon- gent dans la mer d'une quaiitite qui depassera de 4"', 50 la quille du iiavire, celui-ci, en s'avangant sur un banc de sable, fera operer rascen^ion de la tringle dans le tube, et des lors cette tringle pourra agir sur un commutateur. Ce commutateura son tour pourra mettre en mouvement une sonnerie d'alarme placee pres du pilote ou du machiniste, et comme on aura 30 ou 35 metres d'avance, on pourra, soil en faisant marcher la machine en sens contraire, soit en gou- vernant de cote, eviter I'ensablement. Toutefois, on doit avoir egard a plusieurs considerations dans la construction de ce systeme de moniteur. 1" 11 faut que le tube de fer, tout en etant fixe solidement sur le navire, puisse etre remonte ou descendu plus ou moins, suivant la profondeur, en rapport avec le tirant d'eau du navire, ce que Ton obtient en faisant passer le tube a travers deux anneaux places sur une meme vei'ticale et dont I'un porte ime boite a serrage. Deux chaines adaptees a ce tube et fixees a un treuil ou un cabestan per- mettent, au moyen de poulies, d'operer cette ascension. 2" II faut que la tringle qui, pour certains navires, pourrait peser 50 ou 60 kilogrammes, soit ^quibbree par un contre-poids pour eviter son ensablement et sa flexion ; par la meme raison, elle doit etre munie de galets pour qu'en s'appuyant centre les parois du tube, elle n'eprouve pas trop de resistance. 3° II faut que la palette qui termine la tringle soit disposde en sabot, et que son articulation soit placee au tiers de sa surface pour empecher qu'elle ne s'enfonce dans le sable. 4" 11 faut que le commutateur et la fourchette a poulie portant le contre-poids soient fixes sur le tube pour etre appropries a toutes les hauteurs dont ce tube peut etre immerge. 5° II faut que la tringle soit maintenue, par rapport au tube, a ■un abaissement minimum, et qu'elle ne puisse tourner de cot^, ce que Ton obtient en pratiquant environ a moitie de la longueur COSMOS. <$«$ du tube une double rainure dans laquelle circule la cheville d' arret de la tringle. 6" Eiifiri il faut que la partie superieure de ce systeme qui porte le coiiiniutateur soit recouverte d'une enveloppe impermeable. Le commutateur consiste dans une piece de bpis solidement fixde a la partie superieure du tube, et sur laquelle est incrustee une longue plaque de cuivre. TJn fort ressort de laiton recourbe circulai- rement et fixe par I'un de ses bouts sur la tringle mobile de fer est le frotteur^ qui doit operer le contact ^lectriiiue. Enfin I'uii des fils issus de la pile est soude sur la plaque du commutateur, tandis que le tube ou la boite a serrage a travers laquelle il passe, ou meme la tringle inobile, communique par un second fil a la sonnerie. II va sans dire que les portions de ces fils en rapport avec la tringle et la plaque du commutateur doivent etre recouvertes de gutta-percha et roulees en spirale afin d'etre extensibles. Avec un systeme etabli dans ces conditions, le moindre frotte- ment de la tringle sur un banc de sable peut imraediatement inettre en action le commutateur et par suite la sonnerie. LES CIEUX OUVERTS. CRANOSCOPE 00 OBSERVATOIRE POPULAIRE DE M. F. OUVIERE DE MARSEILLE. VIII^ Classe, 3* Section, JarJia d i Panorama. (Suite de la p. 536. — Voyez p. 417, p. 439, et la figure de ruranoscope p. 420.) Les sages de I'antiquite auraient ete revokes de I'absurdite des doctrines admises s'ils avaient pu se dire a eux-memes que pour expliquer la rotation concentrique et simultanee des cieux, il aurait fallu echelonner sur cette ligne fictive que nous appelons I'axe des mondes, et le long de laquelle I'oeil meiTie arn)e du telescope n'aper- ^oit rien, des globes mo:istrueux , en noinbre egal aux eloiles du firmament , immobiles et obscurs. Grace a M. Leon Foucault, qui le premier avec son pendule et son gyroscope nous a montre et nous montre chaque jour la terre tourner autour de son axe en vingt-quatre heures, la premiere explication est aujourd'hui non pas plus certaine ni meme plus evidente, puisqu'on ne pouvait lui op- poser qu'une impossibility flagrante, mais plus visible, plus tangi- ble pour ceux du moins qui consentiront a voir et a toucher. Elle regnera seule desormais dans les intelligences eclairees et de bonne foi. 586 (;os:\ios. Etoiles. Nous tenons a constater les services que rendra I'ura- noscope dans I'etude populaire des etoiles, en nous aidant a les connaitre et a les retrouver, a nous faire une idee de leur nombie et de leurs distances, a constater les particularites interessantes qu'elles presentent* Moyen de troiwer une ctoile. La position d'une etoile sur la voule celeste est determince par deux elements que nous avons deja nettement d^finis , 1" son ascension droite exprimee en degres et fractions de degres de I'equateur, Tangle que fait avec le meridien le grand cercle qui posse par I'etoile, ou son cercle horaire, 2° sa de- clinaison ou sa distance a I'equateur, mesur^^e en degres et fractions de degres du cercle meridien. Nous pouvons supposer un instant que les ascensions droites et les declinaisons sont compt^es, a partir du point d'intersection superieure de I'equateur et du meridien divisd en degres. Si par I'extremite de Tare qui pour une etoile donnee mesure son ascension droite et par I'axe du inonde nous menons un grand cercle, I'etoile se trouvera sur ce cercle; si par I'extreinite de Tare qui mesure la d^clinaison de cette meine etoile et par le centre de I'uranoscope nous menons une ligne droite, I'cHoile se trouvera aussi sur cette ligne, et notre ceil la decouvrira sans peine en regar- dant dans le plan horaire, le long de la ligne que determine la de- cliuaison. A I'ascension droite on substitue avec de tres-grands avanlages I'heure du passage de I'etoile du meridien. Par le seul fait qu'a telle heure un astre se trouve dans le meridien , et en suppo- sant d'ailleurs que Ton connaisse son eclat et sa grandeur, on le relrouvera immediatement. S'il arrivait que plusieurs etoiles fus- sent a la fois dans le meridien, pour discerner celle qu'on cherche on aurait recours a la declinaison qui donne comme on I'a vu nne ligne sur laquelle se trouve I'etoile 5 il sera impossible alors de ne pas la rencontrer. Tout phenomene nouveau qui se produit dans le ciel, et qui me- rite de fixer I'attention des amateurs, se resume dans la decouverte d'une nouvelle planete, d'une comete longtemps attendue, ou qui se montre tdut a coup sur I'horizon; dans I'apparition ou I'extinc- tion subite d'une etoile, etc. La planete, la comete, I'etoile qui sur- git ou qui s'eteint seront dans tous les cas caracterisi§es par leur ascension droite et leur declinaison; et I'uranoscope, observatoire toujouis accessible, sera la pour permettre a chacun de constater sans )>pine par ses propres yeux la reality de la grande nouvelle du jour. II sera tout naturel et il arrivera certainement un jour que chacun des humbles, astronomes en plein vent, quimontrent le ciel COSMOS. 587 pour cinq ou dix ceiUiines, etablira sa lunette pres de I'uranoscope, qui deviendra pour lui et sea iniiies un guide facile et sur dans la recherche de linconmi ou de I'inattendu. Nomhre des etoiles. Le nombre des eloiles visibles et invisil)les est incalculable. Stiuve a fixe a vingt millions le nombre des astres que I'oeil peut discerner avec un telescope de vingt pieds de foyer; et cette limite est plutot en dessous qu'en dessus de la v6rit^. Par centre le nombre des etoiles visibles a I'oeil nu, depuis la premiere jusqu'a la sixieme grandeur, est certainement inferieur a revalua- tion des amateurs et meme des astronomes, on compte en eflet seulement 18 etoiles do premiere grandeur, 68 de deuxieme, ]92de troisieme, 428dequat!ieme, 1 100 decinquieme, 2 878 de sixieme grandeur, en tout 4 684. L'uranoscope se prete merveilleusement aiix observations par lesquelles chacun voudra se faire une idee au moins approximative de la multitude de I'arrn^e des cieux; son plan meridien constitue naturellement comme une sorte de crible a travers lequel il pourra en quelque sorte lamiser les etoiles visibles. Qu'il fasse seulement deux veilles de nuit, en choisissant les (^po- ques de I'annee oil les deux regions qui passeront au meridien soient Tune tres-pauvre, I'autre ties-riche en t^toiles; ou, s'il ne veut veiller qu une fois , qu'il attende le passage d'une zone ni trop riche ni trop pauvre ; il ne lui sera pas difficile de compter les astres qu'il verra entrer a chaque instant dans le meridien, et de former ses convictions. 4 684 etoiles en vingt-quatre heures, c'est 195 par heure, 3 environ par minute, ou une toutes les 20 secondes; ce qui aurait ete trespenible sans l'uranoscope, devient avec l'uranos- cope un jeu d'enfant. Distance des eloiles. Rien n'est plus propre a mettre en evidence I'immeiise distance des etoiles que ce fait que tous les jours de I'an- nee I'axe de l'uranoscope ne cesse pas de rencontrer dans le ciel I'etoile polaire, quand on le rapproche d'un autre fait absolument certain, quoique moins palpable, qu'a six mois de distance les deux positions que la terre occupe dans I'espace sont a 76 millions de lieues I'une de I'autre. Si les deux lignes menees a I'etoile polaire du centre de la terre duns ses deux po>itions distantes de six mois faisaient entre elles, a leur point de rencontre , un angle d'tine se- conde, la distance de I'etoile a la terre serait de 206 265 fois 76 millions de lieues, ou pres de 16 millions de millions de lieues; or rien ne prouve que cet angle soit d'une seconde, ou que, pour que I'axe du monde de Turanoscope soit toujours situe de la meme maniere par rapport a I'dtoile polaire, il faille le doplacer meme 588 COSMOS. d'line seconde. Quoique cet axe et I'uranoscope soient seuls empor- t^s dans I'espace avec la terre, l'(5toiIe polaire et lui restent, Tun par rapport a I'autre , dans uiie immobnitL' alisolue. Seize millions de millions de lieues, c'e^t mille fois au dela de ce que Timagination peut concevoir. II en resulterait que la lumiere, ce messagfr impetueux qui fait 77 000 lieues par seconde, mettrait six ans pour arriver de I'e- toile polaire jusqu'a nous; et que cette etoile , si elle s'^teignait tout a coup, brillerait encore pour nous pendant six ans. C'est la verite, deduite, il est vrai , non pas d'une hypothese, mais d'une autre verite : le mouvement de translation de la terre autour du soleil , qui ne s'impose pas encore forcement, parce que les yeux de I'intelligence I'ont seuls vu, et qu'elle n'est pas devenue sensible aux yeux du coi^s. En attendant , on pourrait du moins , en trans- portant successivement I'uranoscope a deux points de I'equateur terrestre, situes aux deux extreniites d'un meme diametre, consta- ter que son axe, invariable dans ses deux positions distantes de 13 000 lieues, regarde toujours I'^toile polaire, sans qu'on ait besoin de le deplacer, meme d'une seconde, pour qu'il soit, par rapport a elle , dans la meme situation. II serait rigoureusement deniontre, par la, que la distance de I'etoile polaire a la terre est de plus de 206 265 fois 13 000 lieues, ou de plus de deux milliards de lieues. Les recherches plus exactes des astronomes ont abouti a ce resultat, que I'etoile fixe la plus rapprochee de la terre, alpha du Centaure, en est encore a plus de 8 millions de millions de lieues , ou que la lumiere de cette etoile met plus de trois ans a arriver a la terre. PnrticuJarites des etoiles. — Quelques etoiles sont doubles, tri- ples, quadruples meme; Castor, par exemple, ou alpha des G^- meaux, est compose de deux etoiles de troisieme ou de quatrieme grandeur presque en contact; alphn^ d'Andromede, est triple; epsi- lon , de la Lyre, est quadruple. II est demontre anjourd'hui que souvent I'un des astres qui con>tituent une Etoile double, tourne autour de I'autre comme un veritable satellite. Toutes les otoiles ne sont pas blanches; quelques-unes sont rou- ges ou rougeatres, comme Arcturus, du Bouvier; Aldtbaran, du Taurcau; Pollux, des Gemeaux ; Antares, du Scorpion; alpha^ d'Orion ; d'autres sent jaunes, bleues, ou meme vertes. II y a des etoiles dont I'eclat diminue. Autrefois, la serre boreale du Scorpion etait I'etoile la plus brillante de cette constellation; cette serre, anjourd'hui, est moins brillante que la serre australe, COSMOS. 589 et surtout qu'Antares. Alpha, dii Dragon, et alpha de la Grande- Ourse, de premiere grandeur du temps de Bayer, sont a peine, au- jourd'hui, de troisieme grandeur. II existe, enfin, des etoiles dont Teclat change periodiquement ; d'abord assez vif, il diminue iiisensiblenient jusqu'a s'eteindre quel- quefois; il renait ensuite peu a peu , et reprend son intensite pre- mifereapres un temps quelquefois tres-long, quelquefois tres-court, Oiiiicron de la Baleine, de deuxieme grandeur, s'etface peu a peu, disparait completenieiit , et revient a la deuxieme grandeur" en 334' jours; Algol de la. tete de Med use , ou beta de Pers^e, de deuxieme grandeur, descend jusqu'a la quatrieine, et revient a la deuxieme en 2 j. 20 h. 48 min. L'uranoscope rendra beaucoup plus facile I'etude attentive de ces particularites, puisque I'observation se borne a la recherche d'un astre pendant une ou plusieurs soirees consecutives. Quand oasaura d'avance que I'etoile multiple, I'etoile coloree, I'etoile affai. blie, I'etoile changeante ou periodique, passe a telle heure au plan meridien , avec telle ascension droite et telle declinaison , on la separera bien mieux de la multitude au sein de Ia(]uelle elle se perd dans un ciel ouvert, oil le regard n'est pas dirige et aidt5, Quand on aura tiouve I'astre dans le plan du meridien , on orientera sans peine parallelement a ce plan, et, au regard, la lunette dont on pout disposer; cette lunette est le complement presque indispensable de Turanoscope , si Ton aspire a prendre rang paniii les astronomes amateurs, si Ton a la douce ambition de voir |)ar soi-menie les phenomenes essentiels des cieux sans s'en rapporter aveugiement ii la paiole des maitres. Av^e un ur^inoscope de 33 centimetfes de rayon et une lunette Steinheil de 80 millimetres d'ouverture, 1 niclre 50 centim. de longueur focule . qui supporte des grossissements de 300 ibis par un ciel ties-beau, et coute a peu pres 200 francs, on aurait ('equi- valent e^sentiel d'une lunette meridienne, d'un cercle meridien, d'une lunette equatoriale, c'est-a-Jire un observatoire coujplet, et Ton aurait conquis la possibilite de ne rester etranger a rien de ce qui peut interesser dans la magnitique contemplaiion des cieux. Un mot encore avant de passer a I'etude des mouvenients du soleil. Les astronomes ont decouvert dans le ciel des taches diffuses ou petits amas lumineux mal dcfinis, auxquels i!s cnt doiiue le nom de nebalenscs. On a cru pendant loiigtemns ([ue c'elaiiTit des Etoiles en voie de formatioTi ; on salt maintenanl que ce sunt des Amas d'etoilcs tellemenl rapprochees et condensces, que leurs lu- 590 COSMOS. mieres se confondent. Une de ces iK^buleuses, celle situee pres de r^toile nil de la constellation d'Andromede, est visible a I'ceil nu , mais il est assez difficile de la discerner dans le ciel ; en ^piant son arrivde dans le plan m^ridien de I'uranoscope, on la verra sans peine ; une lunette puissante la resout en un essaiin serr^ d'innom- brables etoiles. IV. Etude (III mouvement apparent du soleil on du moriuement reel de la terre. — C'est ici surtout que les avatitages incontipara- bles de I'uranoscope vont briller de tout leur jour; il reduit a un degrd de simplicity vraiment merveilleuse une etude par elle-meme tres-difficile, et que les auteurs les plus estim^s n'ont pas su rendre assez elementaire parce qu'ils ne pouvaient pas mettre sous les yeux de leurs auditeurs ou de leurs lecteurs un appareil parfaiteinent assorti. II sera bien entendu, une fois pour toutes, que nous n'observe- rons jamais le soleil sans prendre soin de defendre notre ceil trop faible de I'dclat et de I'ardeur de ses rayons, en I'armant d'un verre noir ou d'un verre fortement enfume. Constatons d'abord, en appliquant notre oeil, soit le long de I'axe du monde et dans le plan meridien , soit parallelement au plan de I'equateur, que le soleil, quant au mouvement diurne, nediffere en rien des autres astres; il semble, lui aussi, fixe invariablement a la sphere celeste et entraine par elle dans sa rotation apparente au- tour de I'axe du nionde. Nous le voyons se lever du cot6 de I'Orient, s'elever de plus en plus au-dessus de I'horizon , sans sortir d'un plan parallele a I'equateur ou perpendiculaire a la ligne des poles, arriver dans le plan meridien a sa plus grande hauteur ou a son midi, descendre ensuite de plus en plus vers I'horizon et secoucher vers rOccident. Voila la ressemblance du soleil avec les etoiles fixes ; void la difference : 1° Si le 24 septembre dernier, vers cinq heures cinquante minutes du matin, pla^ant notre ceil dans le plan de I'equateur, a la fois, et dans le plan de I'horizon, le long dela ligne ouest-est, nous avions assiste au lever du soleil , nous I'aurionsvu apparaitre sur le pro- longement de cette ligne, a Test absolu, et dans le plan par conse- quent de I'equateur, doiit il ne sortira pas, et ou notre oci! le re- irouvera pendant loute sa marche diurne. L'etoile fixe, qui, le iiieme jour et au meme instnnt se serait levee dans cette meme direction, est-ouest, le lendemain et tous les jours de I'annde, auruit reparu de nouveau a la meme heure, au ineme point du ciel ; mais il n'en COSMOS. 591 a pas ete ainsl du soleil. Le 25 septeinbre et les jours suivants, nous I'aurions vu se lever plus tard hors de I'equateur et du prolonge- ment rigoureux de la ligne ouest-est , un peu plus vers la droite. En le surveillant chaque jour a son lever , depuis le 24 s-eptembre jusqu'au 22 decembre , nous constaterions qu'il se leve de plus en plus tard et de plus en plus vers le sud. II s'est leve le 24 sep- tembre a cinq heures cinquante minutes a Test, il se levera le 22 de- cembre a sept heures cinquante- quatre minutes, beaucoup plus vers le sud. Si a partir du 22 decembre nous continuons a I'obser- ver, nous le verrons se lever de plus en plus tot, et le lieu de son lever se rapprochera de Test; apres s'etre avaiice de Test vers le sud, il revient du sud vers Test. Le 21 mars 1856, il aura regagne Test vrai; nous le retrouverons dans le plan de I'equateur qu'il de- crira de nouveau pendant le jour. Du 21 mars au 22 juin, il se levera toujours plus tot, mais de plus en plus vers le nord ; a partir du 22 juin, nous le verrons revenir vers le sud et se lever de nou- veau i\ Test vrai dans le plan de I'equateur, le 22 septembre. Una annee entiere s'est ecoulee et dans I'annee qui va suivre les memes phenomenes se reproduiront dans le meme ordre. Le soleil est done anim^ d'un mouvement que les etoiles ne partagent pas, il se leve ou se couche lantot apres elles, tantot avant elles, il se deplace dans les constellations qu'elles forment, et c'est rneme ce deplace- ment continue! qui fait varier incessamment I'aspect du ciel pen- dant la nuit; en ce sens que le soleil rendant invisibles les etoiles trop rapprochees de lui et ne laissant visibles que celles qu'il a abandoimees , fait tour a tour apparaitre les unes et disparaitre les autres. 2" Lorsqu'une etoile arrive au plus haut point de sa course ou passe au meridien , elle est toujours a la meme distance au-dessus de I'equateur, a la meme hauteur au-dessus de I'horizon ; son as- cension droite et sa hauteur meridienne sont invariableinent et tou- jours les memes. II n'en est plus ainsi du soleil. Le 22 septembre il etait dans le plan de I'equateur, son ascension droite etait nulle, sa hauteur meridieime de 48° a peu pres ; le 23 septembre il n'at- teindra ])as re(iuateur, son ascension droite sera negative ou aus- Irale, et il en sera ainsi pendant six mois. Du 23 septembre au 22 decembre le soleil s'abaissera de plus en plus an.-dessous de I'd- quateur, s'elevera de molns en moins au-dessus de I'hoiizon ; le 22 decembre nous le verrons a midi dans la direction de la pointe Capricorne a son point le plusbas; sa plus grande declinaison aus- trale, ou sa plus grande distance a I'equateur sera de 23" 27' 30", 592 COSMOS. sa hauteur miniinum audessus de Thorizon 17" 42' 16". Du 22 d^- cembre au 21 mars 1856, le soleil, a midi, se rapprochera de plus en plus de I'equatear, s elevera de plus en plus au-dessus de I'horizon ; il re^-^at^neia I'equateur le 21 mars et le dcpassera des le jour sui- vant; sa deoliniason est redevenue bor^ale, et elle croit ohaque iour jusqu'au 22 juiii, oil nous verrons le sokil dans la direction de la cheville Cancer , a son ascension droile bon'ale maximum, 23° 27' 30", a sa plus grande hauteur audessus de I'horizon, 64° 37' 16". A partir du 22 juin , I'asceusion droite, toujours bo- reale, dimuiuera de plus en plus, jusqu'a ce quelle devienne nulla de nouveau le 22 septembre, jour auquel nous retrouverons le soleil dans I'equateur. En resume, I'uranoscope nous montre avec la plus grande evi- dence que pendant six n)ois del'annee, du 21 mars au 22 septembre, le soleil reste toujours au-dessus de I'equateur, s'en eloignant de plus en plus du 21 mars au 22 juin ; s'en rapprochant de plus en plus du 22 juin au 22 septembre; que pendant les six autres mois de I'annee le soleil est constamiiient au-des.-ous de I'ecjuateur , s'en eloignant de plus en plus du 22 septemoro au 21 decembre, s'en rapprochant de plus en plus du 22 decembre au 21 mars. Yoila done encore un nouveau mouvemenl, une serie nouvelle de deplacements periodiques que le soleil ne partage pas avec les <5tDiles. f^ La fin au pnicliinn numero,) A. TKAMIJLAY, propriclaire-gerant. Paris, — Imprimerie at,on cneulaire, en 1842 a M. Henn Fox Talbot pour la !!econv..,.e de ^a photographie ; en 1846 a M. Michel Fa- raday, pour SI d,M-(.uve, te de la polarisation rotatoue magne- ^"'!!I' rAlhoia^nm anglais am once que le malentendu survenu ontrele^Gouv.r.ea.eu. anglais et la Societe loyale de Londres n'cxiste plu-. Tou. 1. s a..,.s des sciences apprendront avec plaisir COSMOS. 595 que ]e p.emier mnnstre n ordonn^ qu'on mit a la dispns>!ion imm^- S'nnn'f ^"'"''' ^"'"'" ^^'^ ' ""^ ^°"""« 26, 23, 18, 15, lljetil en conclut 1" que le nombre horaiie d'etoiles iilantes de la nuit du 12 au 13 novembre va continueilement en di- minuant; 2° que cette nuit n'est plus une ^poque de retour perio- dique, puisque le nombre de ses etoiles filantes est, depuis pl'usieurs annees, xm veritable minimum compris entre les deux mjixiinums d'ootobre et de decembre. Olbers pensait que la pdriode du relour etait probablement de trente-quatre ans, car il y avait en appari- tion nombreuse en 1799 d'abord, puis en 1833; a ce comptf, ce ne serait qu'en 1867 que Ton devrait s'altendre a d*nin()rnbi;d)Ies etoiles filantes dans la nuitdu 12 au 13 novembre. Or, dit M. Coul- vier Gravier, voici deja que les deux tiers de cette periode snnt ecoules sans que rien indique jusqu'a present une recrulle■^cen(•e du plienomene. Faut-il en conclure que nous ne verroiis plus jamais ces merveilleuses pluies d'etoiles filantes? M. Coulvier Gr;ivierne va pasjusque-la, mais c'est sa pensee intime. Qu'il imus permette de lui donner de nouveau le conseil de se contenter d'enretristrer les 598 COSMOS. faits sans trop les presser pour les amener a confirmer des vues th(5ori(]uesqui n'ont encore rien d'assez certain. M. Monligny, de Niinur, en nous annon9ant I'apparition de sa theorie de la scintillation foiidep exclusivement sur des effets de rc^fraction et de dispersion par I'air atmosph^rique, sans I'inter- vention des interferences, theorie que nous avionspressentie cornme devant etre enfin I'expression fidele de la verite et des faits, nous adresse plusieurs quebtioiis tres-dii^nes d'interet auxquelles nous croyons devoir repondre en lies-peu de mots. « Qu'estil adveiiu de la belle decouverte de la conversion de la force en chaleur par M. Foucaulil On n'en parle plus. Elle vaut cependiint bienlii peine (]u'ori s'en occupe, memeau milieu des preoc- cupations scientifico-industrielles deiiotresiecle? » La decouverte de M. FoucauU va tres-bien , le savant physicien cliaque jeudi repete ses experiences devant les aniateurs qui daignent le visiter dans Tapres-niidi ; il a obtenu des elevations de temperature de plus en plus giaiides; il attend que les conimissaires nommes par I'Aca- deinie veuillent bien faire leur rapport; il pourra bien attendre quelques annees puis(|ue ses belles experiences du pendule et du gyroscope n'ont pas encore oble-iu I'honneur d'un rapport. " M. Foucault croit il qu'il y a lieu de pr&uiner que la direction du fit a plonib ne resle pas rigoureu.-^cment invariable pendant les vingl qoatre lieures-, que ce fil decrit dans ce laps de temps la sur- face d'un cone excessivcmenl aigu, dont le sommet est au point d'attachedu fil. et dont la base est une ellipse de dimensions ex ces- sivenient petites, variables aux diverges epoquesde I'annee.'' » Cette question futsoulevee par M. Pomsol a I'apiiarition des experiences du pendule de M. Foucault. Tnut le nionde croit aux mouveinents elliiitiques du fil a plomb ou du pendule non oscillant. Mais com- ment les mettre en evidence ? " A-t-on ifiit des experiences pour reconnaitre definitiveineiit si, coninie M. Jules Guyot I'a airirine, le fil a ploiid) n'est pas noimal H la surface des eaux trarquilles ou d'un bain de mercure? » Helas! non ; tout etait pret jiour rexperience chez M. Porro, qui avriit in- vente dans ce but un appareil tout a fait semblable a celui dont M. de Montignynousavait transinis le dessin. « M. Porro a-t-il mis a execution son idee, 6minemment inge- nieuse, de Tobjectif acliiomat.que reliecteur destine a (^viter la cor- rection de fl. xion du tul)e de> lunettes;? .. Qui, le probleme est com- pl^tement resolu ; Thaijile artiste attend avec impatience les com- mandesdesastronomes, que ce prngtesiant desirable emeuliort peu. PHOTOGRAPHIE. La reine d'Angleterre avait ete. si enchantt^e de son s^jour dans le charmant palais de Saint-Cloud, qu'en le quittant elle laissa entrevoir le desir d'entrer en possession de vues photographiques qui perp^tuassent pour elle et pour sa royale fille tant de si doux souvenirs. S. M. I'Empereur, a qui rieii n'echappait des voeux meme les moins exprimes de I'auguste reine, fit appeler I'un de nos plus habiles et de nos plus honorables photographes, M. Martens , et le chargea de reproduire sous leurs plus beaux aspects le palais imperial et les sites enchanteurs qui I'entourent, dans le pare de Saint-Cloud, le bois de Boulogne, etc., etc. Cette mii?sion se resunne dans vingt vues delicieuses toutes parfaitement reussies. Pour te- moigner au noble artiste sa satisfaction, nous dirions nieme son admiration enthousiaste, S. M. TEinpereur I'a nomme chevalier de la Legion d'honneur et photogra[)he de son cabinet. Nous avons vu quelques-unes de ces vues, prises par le precede a I'albumine que M. Martens manie avec une si incontestable supe- riorite; elles sont vraiment magnifi(]ues et I'einporlent sur les vues ordniaires sur collodion par un moelleux, un fouille , un relief, un effetde perspective aerienne tres-remarquables. M. Martens de son cot^, en temoignage de sa reconnaissance, a voulu faire connaitre a tous les amateurs de photographie, par I'intermediaire de I'Academie des sciences , les formules et les manipulations qui lui ont valu tant de succes , qu'il avait gardees secretes jusqu'ici, qu'il ne communiquait du moins qu'a ses eleves ; M. le baron Seguier a depose sur le bureau ce precieux manu-^crit, qui sera imprime dans les Comptes rendus de dimanche prochain ; nous nous empresserons a notre tour de le publier. — Nous empruntons a une lettre de M. Dupuis, officier de I'armee expeditionnaire de Rome, les passages suivants ou nos lecteurs trouveront deux formules interessantes, I'une pour le collodion hu- mide, I'aulre pour le collodion sec ; " Tous les journaux nous ont donn^ bien des formules et les pauvres debutants doivent avoir beaucoup de mal a choisir. Je vais faire comme les autres et vous donner la mienne ; je n'ai pour etayer sa valeur que sa simplicity et les resultats qu'elle me donne. « Je prepare comme il suit mon collodion photographique ; Ether du commerce lOOS'^ Alcool a 360 10 Cotoii poudre 1 lodure d'ammonium 1 600 COSMOS. .. J'agite, je laisse-deposer, je decante quelques heures apres et ie filti-e a liavers du colon carde. Je m'en sers imm^diatement. Lorsqu'on n'a pas beaucoup d'epreuves a faire , le mieux est de preparer 100 grammes de collodion sans iodure, d'en ddcanter 10 ou 20 orammes le jour oil Ton veut op(^rer, et d'ajouter seule- ment alors 1 a 2 decigrammes d'iodure. Autrement en se servant de collodion tout iodure, prepare beaucoup a I'avance, les epreuves vieni ent ties-bien ; mais a la dessiccation elles se marbrent de pla- ques qui rappellent le tulle ou la dentelle, et le positif porte I'em- preinte de ce petit canevas. On a etc tres-etonne, a Rome, de la ra- pidite avec iaquelle j'obtiens mes portraits; cinq a six secondes a I'dmhre me donnent des epreuves tres-fouillees ; j'ai fait un beau portrait d'enfant en quatre secondes, et cependant j'opere avec un cbjeclifancien, demi-plaque, a tres- long foyer. .< Voiri cp que j'ai era remarquer : I'iodure d'ammonium me pa- rait le yilus sensible de tous les composes d'iode ; mais sa composi- tion (St Ires-variable a cause de la volatilite des deux corps qui le coioposent. Celui deMM. Rousseau, en cristaux violaces transpa- rents, est d'un excellent emploi. L'iodure d'ammonium blancdonne aussi'de tres bons r^sultats ; mais il en est d'autres en cristaux •opaques, couleur de brique qui sont tres-lents. Dans tous les cas, il.est fi.cile de modifier compl^tement leur couleur et leur sensibi- lite. Pli.ce dans une capsule de porcelaine, sur un feu tres-l(5ger, l'iodure cot. leur brique, broy^ legerement avec un pilon de porce- laine, laibsed'aborddegagerdesvapeurs violettes d'iode et ensuite des viipeurs blanches d'odeur urineuse. En meme temps le com- pose est devenu pulverulent et a peu pres Wane ; on I'enferme tout chaud dans un flacon sec, hermetiquement bouche. II a alors acquis la senstbilue des meilleurs iodures. J'en avals apporte de Paris 50 grammes, avec lequel il me fallait quarante-cinq secondes -de •pose [vnui' iivoir des portraits tres-beurtes. Aupurd'hui qu'il a subi la modification dont je viens de vous parler, il'me donne de beaux portraits en six secondes. Je developpe I'image, comme tout le monde, au moyen de I'acide pyrogallique. Mon precede pour collo- dion secconlraste par sa simplicity avec ceux qu'on -nous vante tousles jours. Je fais d'abord du collodion comme il suit : Alcoola36° lOS-- ■Ether rectifie a 60° 100 Co'on |)(iudre 0,8 Iodure dt; line ^ COSMOS. 601 " Je prefere I'iodure de zinc quoiqii'un peu lent , parce qu'il me donne des epreuves plus corsees. " Les plaques collodionnees sont iinmergces dans un bain d'ac^to- nitrate, formule habituelle, lav^es ensuiteexactement a I'eau distil- ]6e et encore hunnide ; je les couvre d'un vernis de dextrine tres- l^ger que je pr(^pare en traitant rt//wr/ dix parties de dextrine par trente parties d'eau. Je delaie, j'agite bien pendant quelijues ins- tants, et j'abandonne au repos. Au bout de quelque^ heures, je de- cants la solution rougeatre qui surnage la dextrine non dissuute, et je filtre au papier. Voila m'on vernis. " Je laisse secher mes plaques vermes et je les conserve a i'abri de la lumiere. Je m'en sers avec succes au bout d^ hmt jours. Je n'ai pas pousse I'experience plus loin. J'ai obtenu une eprt uve de Monte-Cavallo, en presence d'un photographe sur aibumine, qui a assist!^ le dimanche suivant a I'obtention de repreuv^--. J'ai pose cinq minutes avec un objectif qui dans les memes circon>tances de- mande quinze minutes pour le papier cire, et vingt-cin(] minutes pour Talbumine. Quant au developpement des epreuves, il est fort simple : je tiens ma plaque a la main comme au debut des manipu- lations ; je verse dessus de I'eau distillee pour la bien mouiller partout, et je remplace cette eau par la solution suivante : Acide pyrogallique IS"" Eau distillee 300 Acide acetique 10 » Je prom&ne qnelques instants cette solution sur la plaque ju^- qii'a disparition de I'aspect gras que provoque la prdsenc^e de i'acide acetique. Je le re^ois ensuite dans une capsule oil j'ai preaiable-' ment fait tomber trente gouttes environ d'aceto-nitrale. Ce melange, reverse sur la plaque, developpe immediatement I'image, et, pro- mene quelques instants sur lepreuve, il ne tarde pas a lui dohiier toute la vigueur desirable. Je lave et je fixe comme a I'ordiiiaire; je laisse tremperune demi-heure au moins dans une cuvette pleine d'eau commune, je verse dessus un filet d'eau distillee et je sfeche immediatement a la chaleur. » acad£mie des sciences. SEANCE DU 12 NOVEMBRE. M. Airy a pri^ M. Biot de presenter en son nom a I'Acacl^mie I'elalon de longueur britannique, le Standard Yard, envoye a I'Ex- position, et d'en disposer en faveur d'un 6tablissement quelconque, oil il puisse rendre ipielques servicfes. M, Biot n'a pas cru pouvoir reinplir plus utileinent les int.'ntions de M. Airy qu'en deposant cet 6talon an Cnn:>ervatoire des arts et metiers, ou il s'en trouve deja un grand noiubie de diverses nations , et il le remet a M. le general Morin en presence de I'Acad^mie. — M. Tulasne lit de nouvelles etudes d'embryog(^nie vegetale. M. le docteur Hermann Schacht, phytotomiite alleinand, aimait a se persuader (jue la doctrine qu'il a enibrassee sur la generation des plantes, celle de M. Schleiden et des Pollinistes, etait desormais peremptoirement juslitiee et deniontree. Sa confiance se fondait sur des observations receinnient faites par un jeune botaniste de Berlin, M. Th. Deecke, qui, par une dissection extreinement heureuse de I'ovule du pedicidaris sylvalica , aurait mis completement hors de doute ce fait capital que TembryDn vegetal nait effectivement dans I'exlremite meme du boyau pollinique , apres que celui-ci s'est in- troduit dans le sac embryoimaire. Deux des botanistes les plus com- p^tents, MM. Hugo de Mulil et William Hofmeister, ont energique- ment refuse au tr-avail de M, Deecke et a ses preparations anato- miques la valeur demonstrative qui leur ^tait accordee ; et il semble impossible a M. Tulasne, apres ces protestations solennelles, que les convictions de MM. Schacht et Deecke soient demeuri^es entiferes. II ajoute : « Le passage de toute creature du non-etre a I'etre , son entree dans la vie est un phenomene trop myst^rieux pour que nous puissions nous flatter jamais d'en apprecier exactement toutes les circonstances ; cependant, coinme avant toute appreciation doctri- iiale il s'agit entre M. Schleiden et ses contradicteurs de questions de faits justiciables de nos yeux, il ne faut pas desesperer de voir un jour moins de divergences d'opinions entre les botanistes occup^s d'embryogenie. Pour le present, loin que les esperances de M. Schacht soient ou realisees ou sur le point de I'etre, j'estime que si toute discussion doit etre close, comme il le voudrait, au sujet de la theorie Horkelienne, c'est pour la condamnation et le rejet de- finitif de cette theorie, plutot que pour son admission incontest^e dans la science. J'ai aujourd'hui plus que jamais I'assurance qu'elle repose sur une meprise , sur une erreur que j'ai un instant parta- COSMOS. 603 gee autrefois ct qui consists a prt^ndre le suspenseur de reinbryon pour le lube pollinique engage dans le sac enibryonnaire. Pendant I'ete qui vient de s'ecouler, j'ai fait un grand nonibre de dissections pour verifier de nouveau lexactitude des resultats que j'ai publies en 1849 ; mon frere a, de son cote, consacre a de semblables re- cherches un temps tres-considerable, et nous avons toujours I'un et I'autre parfaitement constate que Tenibryon sessile ou stipite, c'est-a-dire pourvu ou non de suspenseur, n'avait, a aucuti mo- ment, la iiioindrecontinuite orgaiuque reelleavecle tabepollini(}ue; le sac enibryonnaire, souvent epaissi dans son extremity micropy- laire, regoit exterieurement le contact intime de ce tube; il le loge meine parfois dans un repli de sa membrane refoul^e, sans iiean- moins jamais etre ou rompu ou perfore par lui ; puis, a la face in- terne, soit vis-a-vis, soit a quelque distance de I'extrc^mite du meme filament fecondateur, il donne attache a I'embryon. » M. Tu- lasne donne ensuite les details des observations faites par son frere et par lui, sur un grand nombre de plantes, et representees par de nombreux dessins traces d'apres des esquisses scrupuleusement prises a la chanibre claire. — M. Constant Prevost npplaudit a la determination prise en son absence, par I'Academie, de faire faire une etude serieuse de la derniere eruption du Vesuve, et au choix qu'elle a fait pour rem- plir ses intentions. M. Charles Deville, g^ologue experiments, qui a deja etudid les formations volcaniques aux Antilles et aux Cana- ries, est de plus un chimiste habile qui s'est specialement occupe de I'analyse et de la composition des roches ; il reunit les conditions indispensables pour pouvoir jeter quelque jour sur la cause pro- fonde et fondamentale des phenonienes volcaniques, si varies quant aux eflfets qu'ils presentent. Apres avoir exprime les regrets de n'avoir pas pu donner suite a une mission semblable que I'Academie avait consenti a lui confier a I'occasion de I'eruptioii de I'Etna de 1852, M. Constant Prevost demande la permission de rappeler qnelques points sur lesquels a cette meme Spoque il avait cru de- voir porter I'attention des geologues, et qu'il formule dans les pro- positions suivanles : 1. L'Stude des eruptions volcaniques offre d'autant plus d'interet qu'elle peut contribuer aux progres de I'histoire positive de la terre. 2. La constatation des effets va- ries des Eruptions est d'autant plus difficile que les occasions de les observer sont rares pour les geologues. 3. La recherche directe de leurs causes fondamentales ou secondaires , de leur importance et de leur necessity dans I'ensemble des phenomenes ignSs, est un 00b COSMOS. point tout nouveauatraiter dansla science. 4. Qu'est-cequ'une erup- tion ? 5. Quelle est la cause ou la puissance qui forcent la matifere lluide des laves a s'^lever dans les cheminees des volcans? 6. Cette force est-elle sous la inatiere qui monte? Procede-t-elle du foyer volcanique? 7. Ou bien la cause de lascension, derepanchcment, est-elle dansla matiere elle-meme? Dans quelles circonstances alors eL a la suite de quels incidents proliininaires agit-elle 1 8. Est-ce que la niatiore change d'etat phy?i(iuement et ehiiniqueinent a me- sure qu'elle s'eleve, qu'elle s'epanche et se refroidit i 9. Quels sont les ditierents modes d'epanchement des laves en rapport avec leur nature, leur densite, leur temperature, et la disposition des ouver- tures qui leur donnenl issue? 10. Comment se produisent les cou- lees etroites ou les nappes qui couvrenl de grandes surfaces? 11 . De vcritables eruptions peuvenl-elles avoir lieu sous les eaux, et quelles differences leurs effets et produits doivent-ils presenter si on les cotiqiare a ceux des eruptions dans I'air? 12. Quelles sont les con- ditions et les consequences des piojections des cendres, des frag- jnenis et de gazi 13. Ou se trouve le foyer de ces dernieres Erup- tions? Quel est le point de depart des matieres lancees avec vio- lence et avec bruit? 14. A quoi sont dus les bruits et detonations qui precedent et accompagnent les eruptions? 15. Peut-on expliquer les intermittences, les recrudescences, le repos, I'extinction des phe- nonienes volcaniques? 16. Pourquoi la lave s'ecoule-t-elle parfois avec la rapidite d'un torrent qui renverse et detruit tout sur son passage, tandis que dans d'autres cas, lente et inoffensive dans sa marche, elle contourne les moindres obstacles? 17. Connait-on les ]ois du refroidissement des laves, des tufs, des cendres, leur con- ductibilite variable, leur action physique et chimique sur les corps avec lesijuels ces diverges matieres sont en rap[)ort? 18. D'oii pro- vient riminense quantite de vapeur d'eau qui s'exhale, non-seule- ment des bouches volcaniques , mais aussi de la surface des laves epanchees en mouvement et meme consolidees ? — M. Valz expose une methode de determination des orbites elliptiques, des planetes et des cometes; c'est I'extension au cas des orbites elliptiques d'une methode qu'il avait proposee en 1835 pour les orbites paraboliques, et dont il nous serait impossible de donner tine idee en langage vulgaire. Dans un petit preambule histo- rique, M. Valz, r^pondant a des doutes soulevcs par Delambre, d«inontre par un passage des Institutions astronomiques de Lemonnier, que la solution donnee par Lacaille, du probleme de la determination des orbites des cometes Etait coimue de Bradley qui COSMOS. 605 I'avait confiee a Lemonnier, et que les marches sulvies par Lacaille et Bradley ne different que par des modifications secoiidaires dues aux progres des sciences mathematiques. — M. Bureau de la Malle, continuant ses recherches de bota- nique et de zoologie hiatorique, cite trois exemples curieux de retour vers la source primitive. 1" Tout le monde connait la belle poire lisse, d'un jaune d'or pale,bordee de vermilion, connue sous le noin de gi'os doyenne blanc, poire de cire, belle fdle, mais dont la chair est lache , pateuse, un peu fade. La culture a fait naitre de cette espece le doyenne galeux plus petit , dont la forme est moins reguliere, I'apparence beaucoup moins belle, mais dont la chair est serree, fondante, juteuse, tres-sucree, et douee d'un arome special qui tire un peu sur le muse , quand sur I'une des taches de la peau la poire commence a pourrir. Dans son jardin potager de Landres, pres Mortagne, M. Dureau de la Malle possede deux poiriers en espaliers qui ont au moins cent vingt ans, et qui ont toujours donn^ des doyennes galeux. Les gelees tardives et lesbrouillards humides d'avril et de niai 1855 ont fait tomber toutes les fleurs de ces deux arbres ; mais sur la seeonde pousse de juillet etd'aoiit, des fleurs ont reparu , six fruits ont muri , et ces six fruits se sont trouves etre de vraies poircs de cire, gros doyenne blanc, au lieu de doyenne galeux. 2° Un couagga male fut accouple , en Angleterre, dans le com- mencement du XIX'' siecle, avec uiie jument issue d'un etaloii arabe, mais au sixieme degre. La jument produisit un metis presque sem- blable a son pere. La meme jument fut ensuite sautee deux fois, dansl'espace de trois ans, par un cheval anglais. EUe donna encore d'abord un metis rapproche du couagga, son premier mari. Enfin la derniere fois, (]Uoique le couagga en eut ete tout a fait separe depuis le premier accouplement , le produit ressemblait si bien au premier couagga qu'on ne pouvait Ten distinguer. 3" Cuvier et presque tous les naturalistes, apres lui, affirment que la source de nos cochons domestiques et de leur varictes est le sanglier, sus scropha. M. Dureau de la Malle est persuade, au contraire, que notre cochon domestique est issu d'un cochon sau- vage de I'lnde, et M. Isidore-Geoffroy Saint-Hilaire a adopte cette opinion, a laquelle deux faits recents donnent une probabilite beaucoup plus grande. Le cochon domestique d'Europe est redevenu sauvage a la Louisane, sur les bords duMissisipi; on est oblig^, quand on veut s'en nourrir, de le tuer a coup de fusil, et sa chair s'est fort amelioree a I'etat sauvage. Or, le cochon, redevenu libre 606 COS^IOS. et sauvage, a change mi ]ieu de forme et beaucoup de couleur, mais il est cppendant reste different du sanglier de nosforets. Un cochon domestique d'Europe fut introiliiit dans I'Amerique duNord, et re- devint sauvage; sa prog^niture resta feconde, et au bout de trois ans elle ressemblait beaucoup plus au cochon sauvage de I'Inde qu'au sanglier de nos forets. — M. Vincent, geotnetre tres-distingue, et niembre de I'Acadt^- miedes inscriptions et belles-lettres, litun Memoiresur la th^orie de la gammeetdes accords. Dalembert a dit : " N'iinitons pas ces mii- siciensqui, se croyant geoinetres, ou les geometres qui, se croyant musiciens, entassent dans leurs ecrits chiffres sur chiffres, imagi- nanl peut-etre que cet appareil est necessaire a I'art... En vain entasseraient-ils hypotheses sur hypotheses pour expliquer pour- quoi certains accords nous plaisent plus que d'autres; en creusnnt ces hypotheses ils en reconnaitront bientot le faible. - Aussi en revenant sur la question delicate de la gamme et des accords, M. Vincent s'empresse de declarer qu'il se garde bien d'attribuer aux considerations mathematiques une grande influence sur sa so- lution definitive; et parce que les theories mathematiques de la nmsique ont eu le tort de proc^der a priori, sans assez considdrer les faits ; il s'impose, pour eviter cet ecueil, de proc^der entierement a posteriori, en prenant pour guide I'histoire et I'experieiice. En s'eclairant de ces deux sources de luiniere, il croit pouvoir dis- tinguer les systfemes de musique en deux classes, suivant qu'ils ont pour base priiicipale la consonnance de quarte ou la consonnance de quinte. La consonnance de quarte a laquelle se sont principale- ment attaches les anciens, comma le font encore aujourd'hui les Orientaux, est une consonnance moins parfaite que la quinte, et si les peuples primitifs s'y sont arretes de preference, c'est, sans aucun doute, a cause de son etendue bornee, suffisante cependant pour exprimer leurs affections nai'ves, et si Ton peut parler ainsi, leurs passions enfantines. Elle a I'inconvenient grave dene pas etre decom- posable en d'autres intervalles consonnants ; d'oii il resulte que les degres melodiques dont I'intercalation est necessaire pour produire un veritable chant ne pouvant avoir aucune relation harmonique, ni entre eux, ni avec les extremes, s'y trouvent dans un elat con- stant de fluctuation. La consonnance de quinte, au contraire, est de- composable en deux consonnances de tierce ; c'est tres-peu de chose en apparence, et cependant de ce nouveau point de vue lout prend un nouvel aspect, et Ton se trouve transporte au coeur de la musique moderne. L'emploi simultane des deux tierces composant COSMOS. 607 la quinte, c'est-a-dire I'emploi de I'arcord parfait et de tout ce qui en derive iie parait pas pouvoir etre reporte plus haut qu'au xii"-' siecle. A partir de cette epoque le diatonique ditonique de Pto- leinee, le meme que celui de Pylhagoie et de Platori , genre qui n'admet d'autres intervalles eleineiitnires que le ton majeur 9/8 et le liinna 258/243, exces de la (luarlo siir deux tons majeurs, ne sub^ista plus que dans les principes de la tdnalite ecclesiastique, et la iriusique inoderne fut fondee. Voici mainteiiant en quels termes M. Vincent expose sa tln'orie : " Selon toutes les vraisemblances la muNique inoderne a ])our fondement la consonnance de quinte 3/2 decomposee en une tierce majeure 5/4 et une tierce mineure 6/5. Suivant que la tierce ma- jeure est au grave ou a Taigu, ou mieux, suivant que I'intervalle grave est la tierce majeure ou la tierce mineure, I'accord parfait resultant, ou le mode de division est dit lui-meme majeur ou mineur, et donne son noin a tout le systeme qui en derive. Consi- deroiis d'abord le ton majeur. Prenons dans le medium de I'echelle un son que nous nommerons iit. Etablissons sur cette intonation, sur ce ton, un accord parfait majeur ou grave, et un accord sem- blable a I'aigu, de sorte que les sons moyens des deux quintes soient eux-memes consonnants a la quinte, nous aurons cinq notes : /n, la, lit, mi, sol. Eufin, pour approcher aufant que possible de la double octave, Etablissons encore deux notes, I'une re, a la quinte grave (ki /«, I'autre si a la quinte aigue du m/; nous au- rons de cette fa9on : re,Ja, la, ut, mi, sol, si. D'apres notre maniere de proceder, en prenant pour unite le son ut, la serie sera repre- sentee numeriquement comme il suit : re fa la ut mi sol si 5/9 2,3 5/6 1 5/4 3/2 15/8 Le rapport des termes extremes de cette suite, egal a 27/8, est moindreque4 qui represente la double octave; mais une nouvelle tierce ajoutee, fut-elle mineure, depasserait les limitesde cet inter- valle (ie double octave, cofnme il est facile de le reconnaitre. En effet, la somme de trois quintes plus une tierce mineure (3/2)^ 6/5 = 3V2-.5 = 81/80. 2-, surpasse la double octave ou 2- dans ce rapport de 81 a 80, symbole d'un petit intervalle, tres-appreciable pourtant a I'oreille, et que Ton nomme comma. Maintenant prenons la partie anterieure ou grave re, fa, la de la serie qui prt^cede; doublons tous ses termes pour les transporter a I'octave aigiie, et inserons-les ainsi entre ces notes superieures ; nous aurons ce que .608 COSMOS. ]'on nomme la gamme majeure; c'est-a-dire la suite des intervalles formniit le chant naturel du mode inajeur, conipiis dans les limites d'une octave de ut\ a uUi, de cette inaiiiere : lit re mi fa sol la si \\\i 1 10/9 5/4 4,3 3/2 5/3 15/8 2 D'apres ce mode de generation de la gamme, on voit qu'elle se compose en resume de deux groupes de sons : quatre sons de rang impair, procedant a partir de ul\, et montant par tierces, dans cet ordre; majeure, mineure, majeure; ce sont : ut ^ mi, sol ^ si; puis quatre sons de rang pair, procedant au contraire a partir de «/2, en descendant par tierces dans cet ordre; mineure, majeure, mineure; ce sont ut^i, la, fa , re; de sorte qu'cii definitive toute la gamnie sera fondee sur la consideration de la consonnance des tierces. M.Lissajous communique une suite a sa note surunemetliode nouvelle applicable a I'etade des mouvements vibratoires. La me- thode consiste a placer les diapasons que Ton veut comparer sur deux supports indepeiidants ; les axes des deux fourchettes sont disposes a angle droit, I'un verticalement. I'autre horizontalement ; les branches se regardent par leurs faces convexes. Aux bouts des deux branches qui sont vis-a-vis Tune de I'autre, on fixe de petits miroirs plans. Un faisceau de lumiere venu d'une lampe eloignee, atravers une petite ouverture , tombe sur ie premier miroir, de la sur le second, et arrive enfin dans I'oeil. On regarde I'image pro- duitea I'aide d'une petite lunette. Des qu'on fait vibrer les deux diapasons, cette image est soUicitee a osciller dans deux sens rectan- gulaires ; ct decrit, par suite de ce double niouvement, une courbe dont la forme est facile a determiner. Si les diapasons sont d'accord, la courbe est une ellipse qui peut degenerer en cercle ou en ligne droite. Le mouvement de I'image est tellement rapide, que la courbe s'illumine dans toute son etendue , et diminue en restant sem- blable a elle-meme, si les mouvements vibratoires restent dans le meme rapport quant a leur amplitude. La courbe indique parfaite- ment par sa forme si les diapasons passent en meme temps par leur position d'equUibre , ou s'll existe entre leurs mouvements vibra- toires une difference de phase plus ou moins grande. EUe fait voir aussi si leurs mouvements ont la meme amplitude , si ileurs vibra- toires s'eteignent suivant la meme loi. Des que les diapasons ne sont pas tout a fait d'accord, la ligne lumineuse , au lieu de rester fixe, oscille en passant par toutes les positions et toutes les formes qui'correspondent aux diverses valeurs que prend la difT^rence de COSiMOS. 609 pha^-e; et cliaque double oscillation correspond a un battement. La relation entre ces mouvements et I'audilion des batteinents fournit une methode directe pour determiner la longueur d'onde correspon- dante a un son donne. Seulement cette application pr^sentera peut- elre d'assez grandes difficultds pratiques. M. Lissajous a du moins pu,a I'aide du procede optique, decrit ci-dessus, constater I'accord de deux diapasons avec une precision extreme sans avoir recours a I'oreille. La sensibilite de la methode est telle qu'un sourd pourrait, avec des diapasons qui executent quatre cent quatre-vingts vibra- tions par seconde , constater une difference d'une vibration sur trente mille. M. Lissajous a examin»5 par ce meme moyen si deux diapasons places sur !e meme support r^agissent I'un sur I'autre lorsqu'ils executent des battements ; et s'il en resulte, comme le pensait Savart, que les battements existent dans les diapasons eux-memes et se'propagentdans I'air; au lieu d'etre dusuniquement a I'interference desvibrations envoyees a I'oreille par les deux diapasons. L' expe- rience a donne raison a I'ancienne theorie de Tactini et de Sauveur centre Savart. M. Despretz a fait voir que I'intensite des sons fait souvent tromper sur leur hauteur veritable, M. Lissajous a reconnu par I'observation directe que lescaisses sonores sont loin de modifier le ton rendu par le diapason, de fa9on a produire un abaissement comparable a celui que Ton croit entendre. En operant avec deux diapasons fixes sur le meme support , de fa9on que le mouvement de I'un se communiquat a I'autre, il a constate que I'action de I'archet a pour effet de continuer simplement le mouvement vibra- toire et d'en accroitre I'amplitude sans introduire de modification dans la difference de phase. II a pu, par une serie d'ohservations intermddiaires, arriver a accorder, sans le secours de I'oreille, tous les intervalles musicaux, tout en laissant le diapason vibrer libre- ment , a la condition facile a remplir de remplacer le miroir par la surface meme du diapason convenablement polie. En resume, dit M. Lissajous, cette methode sera certainement de quelque utilite dans les recherches d'acoustique : elle permettra de controler les resultats obtenus a I'aide de I'oreille, organe si sen- sible qu'il peut souvent etre induit en erreur, soitpar des differences d'intensite, soit par des differences de timbre. — M. Chatin adresse de nouvelles observations sur les ovules des hydrocharides et propose de crder un ordre nouveau, les Otteliacees^ fonde sur la concordance entre les caracteres anato- miques et les caracteres morphologiques. 610 COSMOS. . — M. Dabrunfaut a adresso uiie note pleine d'interet sur I'os- mose et ses applications industrielles. Mathieu de Dombasle avait observe que les betteraves crues et tVaiches , decouples en tranches ou en niorceaux, iie subissent pas la maceration ou ne cederit pas a I'eauqui lespenetreles principes solubles qu'elles renferment; tandis qu'aucontraire la maceration se produit avec un plein succes quand les tranches out ete prealahlement dessechees ou chauffees a 100 de- gres. La maceration d'ailleurs est le resultat d'une veritable osmose, et il otait assez singulier de voir que I'osniose , contrairement a la theorie et aux experiences de M. Dutrochet , ne s'exert^-at pas sur les tranches de betterave fraiches ou non amorties. M. Dulirunt'aut a vouluconnaitrela raison de cette anomalie , et ses recherches I'ont conduit a la decouverte d'un grand nombre de faits importants et dont I'industrie a deja tire ou tirera un grand parti. 1° La cellule, dans les tranches fraiches de betterave, se trouve dansun etat cle turgescence oude tension, qui la rend peu propre a se laisser penelrer osmotiquement. L' aspect opalin des tranches est dii a la presence de gaz renfermos dans les conduits intercellu- laires; ces gaz, ainsi que I'adherence normale des cellules, nuisent a I'affluK des liquides macerateurs. 2° Les acides dilues determinent la maceration des tranches de betterave, et, ce qui est non moins remarquable, I'acide suliurique, employe a la dose de 4 a 5 milhemes du poids des racines, produit cette reaction a la temperature de + 15 degres , sans alterer en aucune maniere le sucre cristallisable; ce qui est tout a fait contraire aux previsions de la science , car des dissolutions de sucre pur dans les memes conditions sont profondement alterees. Les sels acides ainsi que les alcalis et les sels alcalins produisent le meme effet ; les sels neutres ne sont efficaces qu'autant qu'on les emploie en disso- lutions tres-concentrees. Lea vins franchement acides sont aussi un excellent determinant de la maceration, ou, et suivant le langage techniijue, un excellent agent d'amortissement des betteraves ddcou- peesen tranches ou en morceaux. M. Dubrunfaut a faitsortir de ces observations une methode industrielle de distillation des betteraves, qui consiste a les faire fermenter a I'etat de tranches dans de I'eau acidulee ou dans des vins de betterave contenant du ferment deve- loppe. Cette fermentation, qui preserve la racine de toute alteration, se produit avec une tres-grande perfection , et quand elle s'est ac« compile dans de bonnes conditions , on trouve le sucre de la cellule remplace par son equivalent d'alcool, qu'on peut a son tour isoler par la maceration ou la distillation . COSMOS. 611 8" Les pulpes de betteraves subissent directeirient et immediate- ment la maceration, et ellesia subissent d'autant plus que la pulps est plus divisee. 4" M. Dubruiifaut avait reussi des avril 1853, un an avant la pu- blication du beau travail de M. le docteur Graham , dont le Casinos a eu les premices , a opi'rer a I'aide de Tosinnse la st^paration plus ou moms complete de certains melanq-es de sels ou d'auties subs- tances chimiques solubles dans I'eau. Une magnifique application de ce nouveau mode d' analyse est celle que I'habile chimiste praticien fran9ais a faite a I'epuration des melasses de betterave et a I'extrac- tion de leur Sucre. Les melasses, comme on lesait, sontun melange de Sucre et de sels organiques et inorganiques , parmi lesquels do- minent surtout le nitrate de potasse etle chlorure de potassium. En pla^ant dans un endosmometredeDiitrochetces melasses a leur ma- ximum de density normale, en presence de I'eau, il s'etablitdeux cou- rants dont I'un , tres-energique, marche de I'eau vers la melasse , tandis que I'autre , le plus faible , marche de la melasse vers I'eau. Ce dernier courant entraine dans I'eau les sels organiques etinorga- niques dela melasse, en laissantdans Tenilosmometre le sucre diluc avec la matiere colorante et une fraction de sels, qui dans une pre- miere operation echappe a la reaction. La melasse ainsi traitee a perdu sa mauvaise saveur ; elle est dovenue comestible a la maniere de la melasse de canne ; et elle peut , soumise aux operations du raffinage, fournir des cristallisations de sucre. Les eaux chargees de sels, soumises a la concentration , fournissent de belles cristallisations de nitre, de chlorure , et des sels organiques qui ont besoin d'etre examines. Nous avons vu avec un grand bonheur le Jury international rendre pleine et eiitiere justice a M. Dubrunfaut , en lui decernant une grande medaille d'honneur, comme a un des cooperaleurs les plus habilesetles plus heureuxaux immenses progres que la chimie pratique et agricole a faits dansces derniers temps. EXPOSITION UNIVERSELLE. VAB.IETES. TELKGRAPHE SOUS-MARIN. MJI. JACOB ET JOHN BRETT. MM. Jacob et John Brett, deux freres qui suivaient ties carrieres tres-differeiites, I'uii dans I'art mecanique, I'autre dans I'industrie comme!'9aiite, se sont trouves unis, sans I'avoir prevu, sur le ter- rain coininun de la science appli(]uee oil les attendait une ample moisson de gloire. Un soir biumeux d'hiver qu'ils prenaient en- semble une tasse de the, ils se niirent a parler de telegraphe sous- inarin, de correspondance telegraphique a travers la Manche entre la France el rAngleterce, sans soup9onner meme que, deja. cette grande idee, ce vaste projet, eussent etc mis en avant par un de leurs plus illustres cnmpalriotes, M. Wheatstone. Cette causerie est devenue, coinnio tout le inonde sait, une magnifique realite. La France, la Belgique, la Hollande, I'lrlande, sont deja unies a I'Angleterre par les cables invisibles qui transmettent les pensees et les ordres avec la rapidite de 1' eclair. Le Piemont communique par un lien semblabie avec la Corse ; la C!!orse avec la Sardaigne. Un ensemble de tils unira bientot la Sardaigne a 1' Algene ; 1' Algeria avec I'Egypie; I'Egypte avec les Indes ; les Indes avec la Chine et r Australia; I'Australie avec la Californie; I'Amerique avec I'An- gleterre, etc., etc. ; et tous les peuples ne seront plus separes que par des fractions de jour, d'heure ou de minute. M. Jacob Brett commenga le premier sa campagne telegraphique, il se fit un nom dans cette brillante application de I'c^lectncite par Tinvention d'un telegraphe electro-magnetique qui imprimait les depechesen belles lettres latines, et encourage par sa petite repu- tation, il vint en France solliciter I'autorisation et la concession n^- cessaires pour tendre enfin a travers le Detroit le fil conducteur si impatiemment attendu. II veul bien reconnaitre que nous I'avons beaucoup aide; mais il fut bien plus aide encore par M. le comte d'Orsay, par les liens d'amitie qui unissaient le comte d'Orsay au prince Louis-Napoleon Bonaparte, alors President de la republique frangaise, aujourd'hui Empereur des Fran9ais. La concession fut accordee, mais pour dix ans seulement. Le premier fil fut suspendu au sein des eaux, et un premier message fut expedie. Trop fragile, ce premiei' fil se brisa apres quelques heures; mais le probleme etait resolu, ou du moins sa solution complete ne d6- COSMOS. 613 pendait plus que de la formation d'line coinpagnie riche en capitaux et d'un travail grandiose d'atelier. Ce fut alors que M. John Brett apparut sur rhorizon et vint en aide a son frere, trop timide pour manier heureusement de si graves interets. La compagnie fut for- mee apres quelques lenteurs et des tiraillemeiits inevitables ; un nou- veau cable fut construit dans les conditions de solidite suffisante pour braver la traction exereee par son propre poids et I'impetuosite des ondes sous-marines, il fut pose solennellement. Ce premier succes en a amene, comme nous I'indiquions tout a I'heure, un tres-grand nombre d'autres. M. John Brett est aujourd'hui I'un des potentats de la telegraphic allantique et transatlantique. Les communications entre I'Afrique et I'Europe, I'Asie et I'Afrique, I'Europe et I'Ame- rique, constituent pour lui une sorte de monopole qu'on essaierait en vain de lui disputer ; son frere Jacob, rentre presque dans la vie privee, continue ses ingenieuses inventions dont nous ne cesserons pas d'etre le confident. M. John Brett avait expose des specimens ou fragments de tous les cables deji'i poses par lui ; son frere s'otait teiiu a I'ecart. Lorsque le moment de decerner les recompenses aux exposants, aux mven- teurs, aux cooperateurs, aux ouvriers fut venu, M. Babinet, vice- president du Jury de la neuvieme classe (applications de la chaleur, de la lumiere et de relectricit^), et coname tel membre du Jury des presidents, a eu I'heureuse pensee de soUiciter une grande recompense honorifique pour I'un des cooperateurs illustres de la grande decou- verte ou de la niagnifique application des communications sous- marines. Nous lui avions presente autrefois M. Jacob Brett , il I'avait accueilli avec cette bienveillance eclairee et ciialeureuse, qui temoigne si hautement chez lui d'une ame elevee et bonne cmi- nemment. Au dernier moment de la presentation des laureats , le nom de M. Brett se retrouva dans son souvenir ; il le proposa, fit valoir ses litres, qui ne trouverent pas de contradicteurs, et il fut decide, seance tenante, que le nom de Biett serait soumis a S. M. I'Empereur, qui le connaissait depuis longtemps, comme digne de figurer parmi les nouveaux chevaliers. La signature imperiale fut liberalement octroyee, et une bienheureuse carte blanche d'invitation a la grande solennite fut inscrite au nom de Brett, sans prenom ou qualite distinctive quelconque. Comme M. Jacob n'etait pas sort! de sa retraite pendant toute I'Exposition, que le nom de John Brett figurait seul sur le catalogue officiel, ce fut a lui que le commissariat anglais adressa la carte blanche, en le felicitant de son bonheur et de I'honneur qui I'attendait le lendemain. En possession du talisman 614 COSMOS. (jui hii doniiait entree par la t^'rande porte du Palais de I'lndiistrie, quandleconimuiidesinartyrsdevait pen^trerparles poitcslaterales, M. John Brett vint nous voir et nous pria d'aller remercier avec lui M.Babinet, qu'il sut par nous etre rinstrutnent desa bonne fortune. Nousgagnonsensenable lamodeste retraite oule savant academicien pense, ^crit et donne a tous si largement les conseils de sa science profonde et pratique. Au prenaier mot des remercimeiits qu'on lui adresse, M. Babinet se trouble, seud^le comme frappe de slupeur, se leve, alluine une bougie et reconduit M. John Brett jusque sur I'escalier, sans lui dire un seul mot. Nous eumes bientot devin^ le secret et la portee de ce silence mysterieux ; I'elude M. Babinet, ce- luipour lequel il avait sollicite la croix , celui auquel elle devait etre etavait ete decernee elait M. Jacob Brett; les benedictions cettefois encore devaient tomber sur le frere cadet, le veritable inventeur au Teste, et celui qui avait remporte le premier la grande virtoire sur rOcean. Force nous fut done de courir au plus vite redemander a M. John Brett I'invitation et le titre de gloite qui revenaieiit a son frere. C'etait une mission penible s'il en fut jamais, mais elle nous fut rendue douce par la magnanimite et la noblesse de sentiments de celui aupres duquel nous la remplissions : il ne fat ni irrite ni dou- loureusement affecte ; il se rejouit au contraire avec nous du bonheur que nous allions causer a son frere bien-aime ; il avait d'ailleurs d^ja souvent repute a plusieurs amis communs qu'il verrait avec peine qu'on le decorat avant Jacob ; il sail enfin combien de distinctions honorifiquesrattendentquand il aura termine sa difficile entreprise de la jonction de I'ile de Sardaigne avec I'Algerie; il nous rendit done sans combats et sans regret le sceau des elus. C'etait le mercredi 14 , vers six heures du soir, la veille de la grande solennite; oil trouver M. Jacob Brett pour lui annoncer la grande nouvelle 1 II demeure a Chaillot, et jamais il n'est chez lui a cette heure. Nous apprimes par hasard qu'il dinait souvent a la ta- verne anglaise a laquelle le nom de Byron a doime tant de cele- brite; nous volons|)lace Favart, nousy trouvons cinquante convives presque tous compatriotes de M. Brett qui, par extraordinaire, manque au rendez-vous. Nous prenons place a table , esperant qu'il feraau moins une courte apparition. Le diner est fini, presque tout le monde sort; avant de nous en aller, nous prenons le parti de dire notre secret au maitre de la table d'hote , lorsque tout a coup M. Brett arrive en s'ecriant qu'il avait faim , non pas d'un diner, mais d'une pauvre petite carte d'entr(^e pour la solennite du lende- main. 11 avait frappi^ a toutes les portes des bureaux fran9ais et COSMOS. 615 anglais du Palais sans pouvoir I'obtenir ; il I'avait vainement de- maiidee a tous ses amis; il esperait etre plus heureux fiupies du iriailre de I'hotel, qu'il avait charge de plaider sa cause aupres de ses clients niieux favoiises; il ne sedoutait en rien ni de notre presence dans ce lieu, ri du motif qui nous amenait, ni de la surprise que nous lui m^nagions. A sa vue , nous sommes trouble et saisi d'une Amotion d'autant plus vive qu'il exprimait doulouieusement son chagrin de se voir exclu de la belle fete et traite en paria. Nous eumes la pensee d'attendre qu'on nous apportat un plat d'argent pour y etaler la carle blanche si lisse, si satinee et si belle, mais c'eiit ete differer son bonheur; nous nous empressames, en I'em- brassant cordialement, de lui remettre les arrhes de son triomphe certain du lendemain. II ne pouvait en croire ni a ses oreilles ni a ses yeux ; il croyait rever en be voyant passer tout a coup du rang des desherites au trone des triomphateurs. La nuit ne lui avait pas sufii pour se persuader a lui-meme qu'il n'etait pas victime d'une hallucination ou d'une mystification habileinent jouee. A son reveil il se fit apporter le Moniieiir ; ne trouvant pas son nom sur la liste des membres du Jury et des comniissaires etrangers qui avaient ete decores, la veille au soir, dans les salons du Palais-Royal, de la main de Son Altebse Imperiale le prince Napoleon, il palit tout a coup , il crut encore qu'on se riait de lui . il envoya demander a M. Babinet si vrainient il pouvait se presenter au Palais et aborder la place que la carte blanche lui assignait. Quelques heures apres, Sa Majeste I'Empereur avait attache sur sa poitrine le signe de I'honneur. II ne doutait plus de sa gloire, mais son (Amotion ^tait si grande qu'il doutait piesque de son existence. On nous pardonnera d'avoir raconte simplement ce touchant epi- sode, unique en son genie. Nous Savons de source assez cerlaine que si M. John Brett avait ete propose pour la croix, qu'il a certainement merit^e par ses nombreuses campagnes de telegraphie sous-marine, on s'appretait a faire valoir contre lui son dernier (^chec dans hi Mediterranee ; ce serait certes une injustice criante, car, a nos yeux, ce pretendu insucces est un beau litre de gloire. II est des defaites et des re- trailes qui honorent plus un general que ne le ferait une victoire. Pour faire passer dans I'esprit de tous nos lecteurs la conviction qui remplitle noire, nous avons resolu de terminer cet article par un court extrait du recit que M. John Brett a adresse au gouver- nement de Sa Majeste I'Empereur. Nous le laisserons parler lui- meme. 616 COSMOS. « Malgre les efforts que j'ai tentes non-seulement en Angleterre en France, en Italie et menie en Amerique ; malgre les prix eiiormes que j'ai offerts, il m'a ete absolument impossible de me procurer un vaisseau a vapeur d'un assez fort tonnage pour porter la troi- sieme section du cable sous-marin de I'Algerie, long de cent cin- quante milles (cinquante lieues), et petant plus de 1 500 tonneaux. Force me fut de traiter avec M. Green pour I'affrc^tenieiit d'un vaisseau neuf a voiles le Result, de 1 700 tonneaux... C'est a la derniere extremite, et contrairement a toutes mes convictions, nees d'une experience deja longue, que j'ai ose tenter I'entreprise a peu pros impossible de I'immersion d'un cable aussi enorme avec un vaisseau a voiles... Le SOjuillet", le cable ^tait entasse et arrim^ a bord du navire avec toutes les machines et appareils necessaires a la pose... Parti de Gravesend le 5 aout, le Result faillit se perdre sur le banc de sable de Goodwin... II fallut relacher a Plymouth pour constater qu'il n'y avait pas d'avaries graves... On mil de nou- veau a la voile pour Cagliari, le 21 aout. Une violente tempetefit presque sombrer le navire dans le golfe de Biscaye; il n'arriva a Cagliari que le 6 septembre. Deux vapeurs , le Wheatley park et leHtar, que j 'avals fretes a grands frais, avaient ete retardes en route, le premier par une rupture de son helice, le second par des reparations indispensables. Heureusement, le gouvernement de Sa Majeste I'Empereur avait bien voulu envojer a Cagliari le vapeur le Tartars, sous le commandement du capitaine Leblanc, et aj-ant a son bord M. de la Marche, ingenieur hydrographe. Le 20, un grain violent, mele d'cclairs et de tonnerre, annon9a que la saison mauvaise approchait, et il fut decide qu'on appareillerait pour com- mencer Toperation des que I'un des deux vapeurs, le Wheatley park oil le Star serait arrive. Le 24, a une heure de I'apres-midi, le Result, remorque par le Tarlare, se dirigea sur le cap Spartivento, qu'il atteignit avant la nuit. Le 25, a six heures du matin, on commen9a a attacher le cable au rivage, et on le mit en communication avec Ic fil telcgra- phique de la terre. A trois heures, le Result avait h peine achev^ de lever son ancre ; I'imniersion du cable commen^a alors, et on la continua jusqu'a minuit. La distance parcourue avait et<5 de vingt- deux milles, un peu plus de sept lieues. Le 26, a trois heures du matin, le travail recommen9a et marcha a merveille ; tout le monde admirait et louait le jeu parfait des machines; a neuf heures, I'iso- lement du cable etait parfait. on correspondait avec Spartivento et Cagliari, diitants de treize lieues : le cable etait descendu a une COSMOS. 617 profondeur de 1 640 metres. Mais le navire a voiles ne pouvait pas faire plus de trois milles a I'heure ; il ne se pretait pas au derou- lement du cable, dont la tension devint enorme, en raison dei'im- raense profondeur de la partie iminei-<;eo ; il s(- d6gri<:eu tout a coup du tambour d'arret et se deroula fi\(>c une eff'rayante ranidite... Une longueurde pres d'une lieue dctila aiii^i cu morn-, de dix mi- nutes, sans qu'oii put I'arreter, sans quelle piit s'etendre sur le fond des mers, puisque le vaisseau pouvait a peine chaiio-er de place. Avant cette derniere echappoe, ancun fil ne s'etait rompu, I'enve- loppe en gros fils de fer roules en helice avait aussi resiste ; niais dans I'entrainement si rapide des deux dernieis nn'lles, le cable se iioua ; quatre des fils ne transmettaient plus le courant. II fallut relever le cable, si profondement immerge, pour atteindre les solu- tions de continuito et faire ies rt^paratioris. C'etait une operation difficile a I'exces sur un vaisseau a voiles, ou Ton avait pourappa- reil unique de traction le cabestan ; sur un batimeirt a vapcur elle eiit ete incomparablement plus facile. Dans Ies trois journees du 27, du 28 et du 29 septembre, on ne put relever que trois cents brasses de cable, sur lesquetles on trouva un seui noeud, le reste etait par- faitement intact. Le 29, le cabestan en bois, poarri au coeur se brisa ; la mer etait houleuse et le vaisseau subissait de vio'lentes secousses... lecapitaine cominenga acrainJre, il s'opposait presque a ce qu'on reparat le cabestan, son desir evident etait d'ab'andon- ner 1 'operation et de g-agner I'ile de Malte. 11 se laissa cependant flechir. Quoique la brise fiat tres-vive, le vaisseau. sans autre appui que le cable immerge, restait parftiiteinent en place, niicux qu'il ne I'aurait fait sur ses ancres, et tout le monde elait surpris que lo cable eiit assez de force pour retenir une si granrle masse. Mais quand, le cabestan etant repare, on voulut rccommi-ncer I'opera- tion, le vaisseau tourna sur lui-meme et fit vircr K- cable avec une telleviolence, que tout espoir fut perdu. Au lieu d'u!) noeud, il s'en forma plusieurs, on en compta sept sur une longuetirde moins de quatre metres; I'enveloppe en fils de fer resista, mais les tils inte- rieurs avaient refiue au deliors, I'isolement n'existait plus. Lo vais- seau naviguait lourdemont dans une mer houleuse, il avait Mh derive de plusieurs miiles, lorstju'un coup de tan^nge tresfoit tic casser un paquet dena'uds...On reconnut a runaniniite na'iffallait par force majeure, faire le sacrifice de la portion du cable immer-' gee. La longueur de la portion restee a bord etant encoie assoz Ion- gue pour relier Cagliari a Galita. on revint a Spartivento pour tenter une seconde operation. Le 5 octobre, Ir Hesft/r rcula sur son 618 COSMOS. ancre et mela sa chaine avec le cable electrique. Tout efait remis en Old) e le 6 mais six hf'Ui es arrivereiit avant que I'ancre du Re- sult lut levee; on navi^ua en immergeant le cable jusqu'a dix heures du soir la mer alors deviiit affVeuse ; si Ton avait continue, ma- chine et mats, tout aurait ete emporle, on s'arreta. Le travail re- commen9a le 7 a six heures du matin, mais par une mer toujnurs mauvaise les navires lie pouvaient plus mnrcher de conserve, et bientot on dev;a tant de la route a suivre, que la longueur du cable aurait ete insuffisante pour atteindre Galita ; il fut decide de le couner et tie remettre I'operation de la pose a une saison plus favo- rable... On ne peut compter sur un succes certain qu'en operant pendant les mois dejuillet et d'aout, et pendant une quinzaine de jours en Janvier, ou le temps est en general aussi beau et aussi calme que dans les meilleurs jours de Tet^. En presence de cesdif- ficultes insurmontables, apres avoir tente tout ce que ))euvent faire les efforts humains aides du courage, du sang-froid et de I'intelli- gence, je donnai ordre au Result de retourner en Angleterre avec le reste du cable. « Tel est le recit fidele des faits. Or, nous le demandons a tout homnie 6clair6 et consciencieux, n'est-il pas Evident que I'insucces est du uniquement ^rimmobilite du vaisseau a voiles \ Tant que le cable ne descend qua de faibles profondeurs, on peut ne le lacher que lentement, parce que lui-meme n'exerce qu'une faible traction; mais comment retenir un cable enorme sollicite a desrendre par le poids d'une longueur de 1 500 et 1 600 metres; il se deroule alors forc^ment tres-vite, et si le vaisseau ne peut pas se porter en avant avec une vitesse suffisante, il se replie sur lui-meme etse noue ine- vitablement. Mais s'll en est ainsi, dira-t-on, pourquoi M. John Brett a-t-il consenti a tenter une operation impossible? La reponse est tres-simple, c'est qu'il le fallait absolument; qu'il avait a rem- plir envers le gouvernement frangais et la Compagnie des engage- ments dont le terme approchait ; qu'il ne pouvait s'arreter que de- vant une impossibilite absolue. On lui jette la pierre parce qu'il n'a pas reussi; on lui aurait jete des rochers s'll avait laisse s'ecouler la saison sans rien tenter. M. John Brett, au reste, prendra bientot une glorieuse revan- che : " Les nouvelles difficult^s qu'il a rencontrees ne diminuent en rien la certitude d'un succes complet et prochain; la connnuni- cation electrique entre la France et 1' Algerie sera certainement eia- blie par lui dans quelques mois. II demande seulement a modifier un peu son plan, d'autant plus que le gouvernemtnt a exprime le COS SI OS. 619 voeu (le voir le cable soiis-marin almutir directement a Bone. La longueur du cable devra ctre des lors de deux cents inilleri (pres de soixaiite-dix lieues) ; au lieu de sept filscoiiducteurs, il n'en con- tiendiii plus que trois qui, dans I'etat actuel de la telographie, suf- firont amplement a tous les besoius de la correspondauce ; il ne pesera plus que cinq tonnes par mille au lieu de douze; devenu beaucoiip plus legerilse lais.-eraimiuerger sans peine avec un ba- teau a vapeur qui filerait cinq a.sixnoeuds; sa fabrication ne prendra pas beaucoup plus de temps que oelle du cable perdu, et peut-etre qu'on arrivera a temps pour profiler de la saison favorable de Jan- vier. .- Nous avons appris qne les modifications proposoes par M. Brett ont ete acceptees par le gouvernement, et que I'on pro- cedait activemeiit a la construction du conducteur de trois fils qui doit unir directement Caliagari a Bone. F. Moigno. MM. DETOUCHE ET ROBERT HOUDIN. Nous ne voulons pas que FExposition se ferme sans appeler une fois encore I'attention sur I'inimense cadran electricjue ex|)ose par M. Detouche. Nous avions pxpiime le regret que la rnarche de la grande aiguille (les spcondes ne (ut ni assez ferme ni assez reguliere etnous avions fait appel, pourcorriger ce leger flefaut, a I'incompa- rable habilete de M. Robert Houdin. Or, quelquesjours ne s'etaient pas ecoules que deja toutes les difficult es etaient vamcues Quoique la source du itiouvement soit un seul petit element de Daniel , que le cadran ne soit arme d'aucun rouage incderateur, que riinpo'lsion lie soil tranbmi.e aux aiguilles que par rintermediaire des bras de evier du repartileur, leur niarche t st alisolument parfiiite , aussi parl'aite que burle cadran de M. Fromenten rapport avec unepilede six elements, avec un mecanisme a rouages beaucoup plus conq)lexe que le repartiteur. Cesucces'de M. Robert Houdm est vraiinent un tour de force , une sorte de prodige (jue uon. aurions recompense nous par une grande medaille d'honm ur. Le fait ([ue des aiguilles d'un metre sont conduites actuellement avec la meme petite force qui suffisait a peine jusqu'ici a mouvoir les aiguilles des ;,lu8 petites horloges electiixiues , est un evenement plein d'avena-. Dieu seul sail ce que Ton obtiendra avec le repaitiieur. MM. Detouche, Houdin, et Robert Houdin pour leur magnifique horlogerie et leurs si ingenieuses applications de I'electriciK'', meiiiai. nt'^evideiriment quelque chose de plus qu'une niedaille de premiere classe. F. Moigno, 630 COSMOS. MM. MOREAU I'ERl': ET flLS M. Morenii , qui prend !e litre modeste de carbonisateur a Brcbles (Oise), nous reproche non sans raison de ii'avoir pas etudie son exposition. Mais cominent trouver des appareils caches dans de sombres galeries et que rien ne revele au regard; et comunent resister aussi aux cntrainements d'exposants plus empresses qui voussaisissent presque a la gorge a votre entree dans le vaste laby- rinthe et nevous abandonnentpasun instantt Jamais dansnosnom- breuses visiles nous n'avons ete librede nos niouvernents,etdepiiisle premier jour iu:?qu'au dernier nous n'avons pas cesse un instant d'etre Tesclave de la volontc des autres. Pourquoi BI. Moreau , lui aussi , jt&nous a-t-'il pas fait chercber par son represenlant , pourquoi ne nous a-t-il pas envoye de bonnes et longues notes sur ses appareils, il a vu que jamais nous n'avons pu con^entir a traiter uiie question amoitie, queco quo nous cherchions avaiit tout , c'etait I'interet de I'exposant dont nous tenions a plaider la cause de maniere a la ga- gner; nous avons souvent pense a lui, mais nous n'avions plus sous la main les documents necessaires , et nous n'avons pas pu nous resi- g,ner a dire siraplement avec le redacteur du journal /n Patrie : " L'appareil a carboniser la tourbe , de MM. Moreau pere et fils, est aussi simple que commode. 11 r6unit la legoret(5 a la puissance de carbonisation , at a. ce litre il rentre dans les appareils les mieux entendus. C'est un double cylindre en tole ; un appel a la partie supirieure lui permet de regler la marche de la combustion inte- rieure, et rintelligence de I'operation est lout entiere abandonnee a I'instrument. II carbonise en 24;heure3 , y compris le temps dude- iburnement, 3 000 kilog. de tourbe, et Ton en retire 37 a 40 pour 100 de charbon bien reussi , brulant bien et sans odeur. Le prix de l'appareil Moreau est de 1 000 fr. ; il peut servir aa bois comme a la tourbe, else Iransporte fort aisdment daus les lieux ou il est ne- cessaire. -• C'est exact sans doute , mais c'est lout a fait insuffisant pour donner une idee complete de l'appareil de carbonisation de M. Moreau, pour le differentier de lous les appareils du meme genre, pour faire ressortir son merite si grand , pour I'imposer en (juelque sorte aux homines du metier ou qui peuvent en avoir be- soin. Nous tenons nous absolument a ce que chacun de nos articles soil une veritable monographie. 'F. Moigno. A. TRAMBLAY, proprictuire-gerant. Paris. — Imprimerie de W. Remquet et Cie, rue Garaiicifre, 5. T. VII. 30 NOVEMBRE 1855. QUATRIEME ANNBE. COSMOS. NODVELLES ET FAITS DIVERS. PISCICULTURE. M. Coste communique en ces termes a I'Academie un fait des pluscurieux au point de vue physiologique , et des plus importants au point de vue econoinique : " Les especes de la famille des salmonides , import^es des lacs de la Suisse , des bords du Rhin, a I'etat d'oeufs f^condes artift- ciellement, ecloses dans mes appareils du College de France, eie- v^es ensuite dans I'etroite piscine consacree a mes experiences , commencent a s'y reproduire. " Une truite des lacs (salmo lemanus], agee de deuxans et denii, ayant 35 centimetres de long et un poids de 750 grammes, a pondu naturellement le 12 de ce mois , sur un lit de cailloux prepare d'a- vancedans le point particulier du bassin oil je voulais la determiner a deposer sa progeniture. Ses oeufs , que j'ai eu le soin de faire retirer a I'aide d'une grande pipette, apres chaque ponte, et placer dans mes appareils a eclosion, sontaunombre de 1 065, et ont ele fecondes par un male de truite commune [salmo Jario), age seule- ment de dix-neuf mois, le croisement s'etant ici opere spontane- ment. - La mortalite des oeufs, provenant de cette ponte naturelle, n'a ete encore que 17 sur 1 000, depuis douze jours qu'ils sent en incu- bation , et rembryon est parfaitement visible sur la plupart des autres. " Si le fait que je signale ^tait isole , on pourrait peut-etre ne point apprecier toute son importance et le prendre ponr une de ces exceptions qui n'aboutissent point a des conse'quences generales ; mais ce fait n'est pas unique. Dans le bassin ouil s'est produit, il y a encore , a I'heure qu'il est, une truite saunionee ( iabno trutta) , une truite commune, une seconde truite des lacs , les deux premieres <§closes en fevrier 185-3 , la derniere agee de dix-huit mois seule- ment, et n'ayant encore qu'un poids de 200 grammes, qui sont sur le point de se reproduire. La distension excessive de leur parol ab- dominale , la coloration particuliere de leur peau , sont les indices 22 g22 COSMOS. certains de la maturation de leurs oeuf's et , par consequent, de rimiiiineiicede la ponte. EUes ont difd reconnu la frayere et com- mence a y preparer leur lit. n Six males, parmi lesquels se trouvent deux saumons {salmo salar], ont depuis longtemps leur robe de noces et sont gorges de laitance. Ceux d'entre eux qui , apres des luttes violentes , sont Testes en possession de la femelle dont ils doivent feconder lesceufs, suivent partout cette femelle et pnurchassent rudement les rivaux qui I'approchent. Tout prc^sage done de nouvelles et prochaines pontes. .. Ce resultat merveilleux confirme toutes mes previsions sur Va- venir de la nouvelle Industrie. D^sormais, grace a Tintervention pers^vcrante de la science et en depit de toutes les objections , cette Industrie se trouve done en possession de pratiques ^prouv^es qui lui permettent d'obtenir I'acclimatation et la domestication des poissons avec autant de facility que Ton a obtenu celles de la plu- partdes animaux soumis au regime de la stabvdation , ou celle des vegetaux alimentaires quise propagentaujourd'liui sur un sol et sous un climat etranger. ., L'economie rurale n'a pas d'exemple plus complet d'acclima- tation que celui dont j'entretiens I'AcadeiTiie. Get exemple demontre qu'une graine animale , si je puis ainsi dire, f(5condee artificielle- ment, transport^e dans un autre milieu que celui oil vivent les espfeces dont elle provient , s'y developpe , y eclot , et produit des individus qui, apres avoir atteint aussi rapidement qu'en I'^tat de jiatureet en pleine libert(j . leur age adulte, se reproduisent spon- tan^ment au temps voulu et sur les points qu'on leur assigne. " L'acclimatation et la domestication des poissons n'ofFre done pas autant de difficult^s qu'on I'avait suppose jusqu'a ce jour. Ce n'est pas a dire pour cela que Ton reussira ^galement dans toutes les eaux ou se feront des essais de ce genre ; que toutes les eaux conviendront indiff^remment a toutes les especes et que partout on pourra les amener a se reproduire naturellement. Un avenir prochain, en nous donnant le resultat des applications quise font dans I'Europe entiere et dans les conditions les plus variees, nous apprendra tout ce qu'on peut obtenir a cet ^gard des especes que Ton eleve loin des milieux oil elles semblent avoir ete confinees. .. Ce qui est irrevocablement acquis aujourd'hui, c'est que des poissons que Ton avait era jusqu'a ce jour ne pouvoir vivre et prosperer que dans des eaux vives ou courantes, se reproduisent memedans des bassins clos oil I'eau est simplement renouvelee, et COSMOS. 623 y acquierent, en aussi peu de temps qu'en liberie, sans perdre de leurs qualites estimees, une taille qui les rend parfaitement cow^^-^/z- bles et marchands . " Ce qui se passe dans le lac du bois de Boulogne tend a confinner les resultats que je signale, J'y ai fait transporter, il y aquelcucs mois a peine, sur la demande de M. le ministre de Taffriculture du commerce et des travaux publics, environ 50 000 jeunes de truite commune [sal.fario L.), de truite saumonee {sal. trntta L.]\ de truite des lacs (W. Lemamis Cuv.), d'ombre Chevalier isaL umbla L.), de saumon franc [sal. salar I,), de saumon heuch [sal. hucho L.], eclosau College de France, et dejala plupart d'entre eux ontde 12 a 13 centimetres de long. Leur accroissement rapide, qui tient aux conditions d'alimentation naturelle que ces poissons' ont rencoiilree dans ce bassin, assurent le succes a venir, pourvu qu'on prenne des mesures pour que les gelees de I'hiver n'entravent pas I'experience. II est probable que, des I'annee prochaine, plusieurs de ces especes seront en etat de se reproduire ; je demanderai alors a I'administration Tautorisation de faire organiser des frayeres comme celle du College de France. « Quant au croisement naturel qui s'est accompli sous mes yeux, donnera-t-il des produits sup^rieurs comme taille et comme qualite' aux parents dont ces produits emanenti Donnera-t-il des hj'brides infeconds, comme I'on en rencontre quelquefois parmi les salmo- nides, ou des generations qui auront la faculte de se reproduire et de transmettre aux descendants les qualites ou les defauts qui les distinguent? Ce sont des questions dont je me preoccupe, et que les elements dont je dispose me mettront a meme de rfeoudre. » — Une singuliere difformite de la face s'est presentee recemment a 1' observation de M. Maisonneuve dans sa clientele civile , et a fourni a cet eminent chirurgien I'occasion d'imaginer et d'ex^cuter avec succes un nouveau prosede de rhinoplastie dont I'ingenieuse simplicite nous a paru digne de fixer I'attention des chirurgtens. Marotte (Eugenie), agee de sept mois, etait venue au monde forte et bien constituee, a cela pres que son visage etait complete- ment d^pourvu de preeminence nasale et qua la place de cette saillie naturelle il n'existait qu'une surface plane percee seulement de deux petits pertuis ronds, d'un millimetre a peine de diametre, et distants I'un de I'autre de trois centimetres. Outre que cette difformite donnait a I'enfant I'aspect le plus gro- tesque, elle lui occasionnait encore une grande gene dans I'acte de la respiration, et par suite dans I'acte de la succion. 62ft. COSMOS. Sous ces deux rapports , il 6tait done important de remedier a cette conformation vicieuse : c'est dans cette intention que les parents otaient venus a Paris consulter I'habile chirurgien de la Piti^. En presence de ce fait, dont la science ne possedait jusqu'alors aucune observation, les proccdes ordinaires de rhinoplastie ne pou- vaient etre d'aucun secours ; c'est alors que M. Maitionneuve ima- gina I'ing^nieuse operation dont nous alions rendre compte : Le 18 mai 1855, I'enfant etant prealablement soumise au chlo- roforme, M. Maisonneuve fit partir de chacun des pertuis nasaux une incision a h transversale , longue d'un centimetre et dirig^e de dehors en dedans ; deux autres incisions verticales be, partant de I'extremite interne des pr^cedentes, furent dirigees vers le bord libre de la levre inf^rieure, pres de laquelle elles se rapprocherent Tune de I'autre pour se reunir en V. De ces dernieres incisions resultait un lambeau etroit, comprenant toute I'^paisseur de la levre ; il fut dissequ6 et relev^ horizontalement pour former la sous-cloison du nez. 11 restait alors un veritable bec-de-lievre artificiel dont les bords sai^nants furent r^unis au moyen de la suture entortill^e ;^ niais, pour obtenir cette reunion , il fallait necessairement que I'espace compris entre les ouvertures nasales fut raccourci de toute la largeur du lambeau d^tache pour former la sous-cloison , et que, par con- sequent, il se format aux depens de la peau intermediaire un pli saillant qui, soutenu par la sous-cloison artificielle, constituat natu- rellement une proeminence nasale parfaitement reguliere. Pour bien comprendre le m(5canisme ingenieux et simple de cette ope- ration, il suffit de la rf^peter sur un morceau de papier ; on voit \ immediatement combien le resultat en est satisfaisant. La gu6rison definitive ne fut pas toutefois obtenue sans quelques tracasseries : I'enfant, irritee par la douleur, ne cessa pour ainsi dire de crier et de faire des efforts pendant les vnigt-quatre pre- mieres heures ; il en r^sulta une disunion partielle des points de suture superieurs, ce qui, du reste , fournit a I'habile chirurgien 1' occasion d'imaginer encore un heureux perfectionnement a repa- ration du bec-de-lifevre. Ce perfectionnement consists a faire I'in- cision sous-cutanee du muscle orbiculaire de I'un et de I'autre c6t6 dela plaie, pour empecher ses contractions de dechirerla cicatrice. Grace a ce perfectionnement, la reunion put se faire sans encora- bres, malgre I'agltation de lafpetite malade, et au moment de son depart de Paris,' la garrison ^tait complete : le nez avait une lorme tres-reguUere, et les narines, largement ouvertes, permettaient une respiration facile. PHOTOGRAPHIE. METHODE DE PHOTOGRAPHIE SUR VEREE 'ALBVyilKE ET COLLODIONNi PAR M. F. MARTENS , Pbotographe du Cabinet de I'Empereur. ^ M. Niepce de Saint-Victor, qui le premier a indiqu^ I'emploi de I'albumine sur verre avec addition d'lodure de potassium , nous a donne un excellent moyen pour obtenir des images d'une grande perfection. L'emploi de cette substance doit cependant etre varie selon les circonstances, les lieux et la temperature. Ainsi , en met- tant de I'iodure de potassium seulement , on aura certain'ement, si le temps est tres-sec et chaud , des cristallisations , invisibles d'a- bord, mais tres-apparentes des que la couche sera coagulee ; ce que je pus constater avec M. Regnault et M. Fontaine/Ce sent ces pomts qui font souvent le desespoir des photographes ; mais si a la place de I'iodure de potassium on emploie I'iodure d'ammonium , toute cristallisation sera evitee. On met au fond d'un petit flaeon une parcelle d'iode et puis on le remplit d'iodure d'ammonium ; en peu de temps I'iode se degage et colore en rouge I'iodure d'ammo- nium. Preparation des glaces. II est necessaire de varier la preparation des glaces selon les sujets qu'on se propose de faire. Ainsi pour I'architecture on mettra moins d'iodure, pour en obtenir une couche plus mince et pour avoir plus de finesse dans les details. Si c'est pour la reproduction d'arbres, etc., on en met plus et Ton aura une couche plusepaisse, plus sensible, et qui donnera des cliches aussi doux que le papier cire. ^ Pour 8 blancs d'oeufs je mets 2 grammes d'iodure d'ammonium, 1 gramme de dextrine, 25 grammes d'eau distill^e et 1 gr. 1/2 de Sucre de raisin. Ces proportions sont bonnes pour larchitecture. Si c'est pour paysages, je double et triple meme la dose d'iodure. On fait dissoudre a chaud le suere de raisin et la dextrine dans 1 eau , en tournant avec un batonnet en verre ; puis on y ajoute I'iodure et Ton verse le tout dans les blancs d'oeufs prealablement prepares dans un saladier. II arrive qu'aussitot le tout prend une teinte brune foncee ; mais il ne faut pas s'inquieter, car elle dis- parait des qu'on bat le tout en neige avec un petit balai de 6 a 8 plumes d'oie ebarbees et attachees ensemble. La mousse avant 626 COSMOS. acquis une consistance a se tenir sans couler, on la laisse reposer toute laiiuit, pour s'en servir le lendemain. Le Sucre de raisin se melange beaucoup mieux avec ralbumine que le miel , et rend un excellent service en ennpechant la couche de se fendiller par un temps chaud et sec. II faut bien se garder de chauffer les glaces pour les faire fendiller, ainsi qu'il a ete indiqu^ dans une brochure : elles seraient toutes perdues ; il vaut iiifiniment mieux les laisser secher natuielleinent, en mettant toulefois, si Ton est presso, une lampe a esprit-de-vin dans le cabinet oil sont pla- cees les glaces albuniinees, mais ne pas la laisser bruler trop long- temps. Si le temps est pluvieux et humide, il est inutile de niettre du Sucre de raisin dans I'albumine. La dextrine dcnne une grande t^nacit^ a la couche , et I'eau rend le tout plus facile a s'etendre unif(3rmement sur la glace ; Ton peut en augmenter la dose si le temps est tres-chaud et sec. Il y a diff^rentes manicres de proceder pour albuminer les glaces ; par excmple en se servant d'une pipette , en commen^ant par le haut et en descendant graduellement jusqu'au bas, ainsi que I'a indiqu^ M. Fortier, ou bien en se servant d'un tampon de gutta- percha pour tenir la glace, et en versant le liquide dessus, le faisant couler par les quatre coins. On balance la glace jusqu'a ce que la couche soit bien egalisee, puis on la pose sur un plan parfaitement de niveau , pour la laisser ainsi secher. C'est un tour de main qui demande beaucoup de pratique, et il n'y a pas de secrets pour cela, comme beaucoup de personnes s'iraaginent a tort ; mais il y a beau- coup de soins a donner, il faut surtout une grande propiete dans toutes ces preparations. Les glaces albuminees peuvent se garder longtemps. Si Ton veut conserver en voyage ses glaces sensibilisees , on aura soin de les bien laver en sortant du bain de nitrate. Apres I'exposition , on pourra egalenient attendre plusieurs jours pourfaireparaitrel'iraage, en les conservant toutefois parfaitement a I'abri du jour. Glaces au collodion et a I'albumine. De retour a Lausanne de mon voyage au Mont-Blanc I'annee derniere , j'eus I'id^e d'appliquer sur une glace collodionnee et sen- sibilisee une couche d'albumine ioduree et sucree ; j'ai laisse secher. Le lendemain je sensibilisai cette glace ; puis j'obtins en trois mi- nutes une excellente epreuve negative de la cathddrale. J'ai pu aussitut constater que la reunion des deux procedes pourrait, avec quelques modifications, donner de bons resultats, J'en ai lait part COSMOS. 627 de Lausanne a plusieurs personnes a Paris, et de retour a Paris je I'ai communique meme a M. L. Chambord, essayeur et chimiste a la Monnaie imperiale, qui , en presence de plusieurs personnes, en fit I'exp^rience, etant moi-meme trop presse de travaux pourcon- tinuer mes essais. En verit(^, je fis peu de cas de cette combinaison, par la raison que I'operation est compliquee et coiiteuse. Ainsi, avec un flacon de collodion de 6 fr., je peux a peine couvrir cinq de mes grandes glaces, tandis qu'avec des blancs d'oeufs pour la meme valeur on peut en albuminer plus de cent. Du plus, il laut deux bains d'argent, un pour le collodion sans acideet un autre pour I'albumine. La glace collodionnee et lavde avec grand soin, est recouverte par una couche d'albumine, pr^part^e ainsi qu'il a ete indiqu^ plus haut, Cette operation exige quelque attention, il ne doit pas rester d'eau sur la glace , il faut verser I'albumine sur une des extremites de la glace, et la laisser couler en bourlet ; afm d'enlever I'eau, on laisse bien ^goutter, puis on remet de I'albumine, qu'on fait couler dans tous les sens, afin d'en obtenir une couche bien ^gale, et on laisse secher debout. La couche obtenue par la combinaison du collodion albumine est beaucoup plus sensible que I'albumine seule, si Ton s'en sert dans les premiers jours; par la raison que le collodion qui se trouve re- couvert par I'albumine seche tres-lentement , et en meme temps empeche I'albumine de secher completement. II faut porter grand soin au nettoyage des glaces, car autrement la couche formera des poches ou cloches, lorsqu'on fera paraitre I'image, ou se detachera par place en sechant. II vaut mieux se servird'acide gallique pour faire paraitre I'image, I'acide pyroo-al- lique tache souvent I'^preuve : on ajoute quelques gouttes d'une solu- tion neuve de nitrate, form^e de 4 grammes de nitrate et 4 grammes d'acide acetique pour 100 grammes d'eau distillde, si Ton veut avoir plus d'opposition dans les clairs-obscurs. Si Ton met une planche de cuivre chauffee sous la cuvette, dans laquelle baigne la glace, I'image sortira beaucoup plus tot. Pour fixer, servez-vous d'un bain d'hyposulfite de 12 pour 100 lavez a plusieurs eaux, et laissez secher. EXPOSITION DNIVERSELLE. UNE MEDAILLE DE BRONZE ! M OBJECTIFS ACHROMATIQUES POUR LA PHOTOGRAPHIE, DE M. JAMIN. Un jeune iiigenieur opticien, plein d'intelligence, d' activity et de courage, qu'aucune difficulte n'effraie, avait expose uiie veritalbe inerveille : un objectif achromatique double, systfeme allemand, de 22 centimetres de diametre, de 2 metres seulement de foyer, avec lequel MM. Bisson freres ont produit cette magnifique vue du Lou- vre, pavilion de I'horloge, de 1 metre 2 centimetres de hauteur, sur 77 centimetres de largeur, qui semble un dementi donn^ a toutes les vieilles theories de I'optique, et qui a excite au plus haul point I'admiration universelle ; elle depasse , en effet , tout ce qu'on peut imaginer. Sur cette large image d'un metre carre il n'y a de deformation nulle part, les bords sont aussi nets, aussi tranches, aussi riches en details delieats que le centre; et, chose extraordi- naire que Ton comprend a peine, les colonnes qui limitent le champ a droite et a gauche conservent parfaitement a I'oeil leur verticalite et leur paralldisme ; il est impossible, sans I'avoir vu, de se faire une idde de la perfection avec laquelle sont rendues toutes les fouil- lures des celebres sculptures de Jean Goujonqui ornent cette fagade unique au monde. La perfection de cet objectif est d'autant plus ^tonnante qu'il est double, ou compose de quatre verres, deux flint- glass et deux crown-glass, tous ^galement limpides et parfaitement travaill(5s; que, de plus, M. Jamin est parvenu a resoudre a coup sur, et de la maniere la plus complete, un trfes-difficile probleme, la coincidence des deux foyers, le foyer des rayons chimiques et le foyer des rayons optiques. Ce qui est, enfin, plus extraordinaire encore, c'est que M. Jamin ne fait payer que 1 200 fr. ces objec- tifs, I'expression la plus avancee d'un progres que Ton aurait pro- clame impossible i! y a quelques annees. Les Steinheil et les Merz, de Munich, nous ont franchement avoue qu'ils ne pouvaient rien comprendre a ce bon marche fabuleux uni a une perfection qui ne peut pas etre depassee ; et quand nous leur disions que M. Jamin S^engageait a fournir pour 5 000 fr. un objectif double de 39 cen- timetres (14 pouces) de diamfetre, tout a fait achromatique et avec garantie de la coincidence des deux foyers optique et chimique, ils ne pouvaient pas en croire leursyeux. A cote de cette premiere tete de daguerreotype, M. Jamin en exposait une autre qui jouit de proprietes nouvelles; I'objectif est encore un objectif double combine, a foyers coincidents, mais il est COSMOS. 629 arme, en outre, d'un cone centralisateur qui ajoute considerable- nient a la clarte et a la promptitude de fixation des images; il est, de plus, a foyer variable, pouvant servir, par consequent, tour a tour pour le paysage et le portrait. Son diametre est aussi de 22 centi- raetres (8 pouces), et il permet de prendre des ^preuves colossales de 80 centimetres de hauteur sur 60 centimetres de largeur. Essaye par M. Disderi, il se montra, des le debut, si excellent que rhabile photographe voulut en faire immcdiatement I'acquisition. II s'en ser- vit quelques jours apres pour faire ce beau portrait de M. Silberman aine, presque de grandeur naturelle, quia ete tant admire a 1' ex- position de photographic d' Amsterdam, et qui a valu a M. Disderi une medaille de premiere classe. M. Jamin est tout pret a livrer au prix de 5 500 francs un objectif semblable avec cone centralisateur €t a foyer variable, de 39 centimetres ( 14 pouces de diametre ). Ce qui caracterise, et de la plus excellente maniere, le talent de M. Jamin , c'est , comme nous I'avons deja indique , qu'il pro- duit a coup sur et tres-rapidement ces surfaces de courbures tout a fait regulieres, a distance focale entierement determinde, et que la coincidence des deux foyers qui a arrete et desespere tant d'op- ticiens excerces et ccilebres, n'est pour lui qu'un jexi d' enfant; aussi ne craint-il pas de la garantir en s'engageant a reprendre tous les ohjeclifs qui ne rempliraient pas exactement cette condition si de- licate. La rapidite et la surete de son travail amenent necessairement une economie considerable sur la mati^re premiere, et donnent le secret de la modicite incroyable de ses prix. Un quartorze pouces jusqu'ici ne se vendait jamais moinsde 20 000 francs, c'est done un vi^ritable tour de force que de le livrer pour 5 000 francs ou d'avoir abaiss^ son prix des trois quarts. Nous savons de source certaine, qu'en descendant a des chiffres si miiiiraes, M. Jamin n'a nulle- ment specule sur les ouvriers de son atelier. lis re^oivent tous un salaire non-seulement egal, mais peut-etre superieur au salaire des ateliers de la meme profession ; beaucoup d'entre eux peuvent ga- gner 8, 10 et meme 15 francs par jour. Si, de la fabrication transcendante des objectifs pour la photogra- phie, nous passons aux produits ordinaires de I'industrie des verres d'optique, nous aurons a constater que I'exposition de M. Jamin occupait encore un rang tout a fait exceptionnel. Les amateurs et les connaisseurs trop rares, helas ! admiraient quatre collections de verres de lunettes sans rivales tres-certainement, belles et bonnes au dela de ce qu'on pourrait dire : 1" une collection en matifere 630 COSMOS. extra-blanche de verres bi-convexes pour presbytes, et bi-concaves pour myopes, depuis des verres tres-courbes et de 27 milHmotres de foyer, jusqu'aux verres de distance locale infinie ou plans ; 2° une collection tout a fait semblable, inais pc^riscopique, et en verre a base de zinc; 3° une collection de verres plan-concave et plan- convexe a base de plomb, aussi pour toutes les portees de la vue; 4" enfin, ane collection en cristal de roche passant elle-meine par tous les degrt^s de I'echelle optique, depuis la vue la plus courte jusqu'a la vue la plus longue. A cote de ces verres brillaient : 1" une serie de prismes de toutes les grandeurs, de toutes les formes , de tous les degrfe possibles de pouvoir r^fringent et dispersif, dont la matiere premiere, tres- pure , Ires-homogene , trcs-limpide , et la taille parfaite assurent un service excellent aux physiciens qui les manieroiit ; 2" une serie de lentilles de toutes courbures et pour tous les besoins imaginables. II y a plus de trente ans que la niaison Jamin est en possession d'une reputation de superioiite incontestable dans la fabrication des verres de lunettes, des prismes et des lentilles; les opticiens les plus consciencieux et les plus renorames s'approvisionnent a ce grand centre, et sont les premiers a reconnaitre que leurs instru- ments d'optique doivent une partie de leur reputation a I'excellence des verres qui leur ont ele livres. M. Jamin fils continue glorieusement les traditions de son mo- deste pere ; a la fabrication her^ditaire, il a deja, comme nous I'a- vons vu, ajoute le travail des grands objectifs pour la photographic, et il est a la veille d'entreprendre la construction beaucoup plus difficile et plus delicate encore des objectifs pour I'astronomie. II est grandement encourage a tenter de nouveaux progres par lesinnom- brables commandes qu'il a regues depuis le commencement de I'execution, etqui I'ont force de doubler le mat(^riel de ses ateliers et le nombre de ses ouvriers; il en occupe aujourd'hui quarante-huit. Le croirait-on, ces objectifs photographiques si merveilleux , qui d^passent presque les limites du possible etdonnent des images tout a fait inesp^rees au double point de vue des dimensions et de la fidelite ; ces collections incomparables de verres de lunettes, de prismes, de lentilles , cette activitt^ de fabrication , cette fecondite de produc- tion, cette immensite de relations avec I'Europe entiere, cette ad- miration spontanee des Brewster, des Merz, des Steinheil, des Amici, etc.,etc.,n'ontvaluaM. Jaminqu'une medaille dedeuxieme classe. Nous sommes tout consterne, tout attriste, tout humilie de cette decision, qui n'est sans doute qu'une distraction du Jury. ACADEDIIE DES SCIENCES. SEANCE DU 19 NOVEMERE. Noiis n'avions certainement pas appreci^ convenablement, a la simple audition, les resultats obtenus par M. Boussingault dans ses experiences sur Taction du salpetre, et nous nous empressons de rendre aux faits exposes par lui toute leur portee. Les experiences les plus concluantes sont celles faites avec I'helianthus et le cresson. 1" Helianthns . Deux graines de soleil, pesant 62 milligrammes, ont etd deposees, le 10 mai 1855, dans du sable calcine auquel on avait mele 1 decigramme de cendres alcalines, 1 gramme decendres lav^es, et successivemcnt , dans le cours de I'experience, ls'',ll de nitrate de potasse. Le sable a ete humects d'abord avec de I'eau pure, et apres la germination I'eau employee etait saturde d'acide carbonique. La plante a vegete a I'air libre sous un toit en verre qui la preservait de la pluie et de la rosea. Le 20 mai les graines etaient sorties du sol, et a partir de cette epoque la plante fit de rapides progres. Le 19 aoiit un des soleils avait atteint une hauteur de 72 centimetres et portait neuf belles feuilles, un bour- geon floral , et six ft^uilles fam'es adherentes a la partie inferieure de la tige ; I'autre soltil avait 50 centimetres, portait dix feuilles d'un beau vert et sept feuilles fant'es. Le 21 aout, le sommet de la tige de I'un des plants ayant ete rompu par accident, on mit fin a I'ex- perience. Les deux plants desseches portaient 6s''685, plus de cent fois le poids de la semence, et contenaient 0s''1126 d'azote. On a retrouve, dans le sol, 0s''0452; I'absorption totale d'azote a done ete 0s''1578; les graines et le nitrate de potasse reunis en contenaient 0s'"1555, qui representent, a 2 milligrammes pres, tout i 'azote absorbe ; Ainsi , dit M . Boussingault , durant une vegetation de pres de quatre mois, on a retrouvd dans la plante et dans le sol, a 2 milligrammes pres, I'azote apporte par le nitrate de potasse; et le gain en azote eniprunttS a I'air, si gain il y a, n'a pas exc^d^ 2 milligrammes. II ajoute : Si la plante a puise dans le nitrate tout I'azote qu'elle renfermait, elie a dii en absorber 0s''8026; et comme chaque equivalent de nitrate, en penetrant dans I'organisme d'un vegetal, porteavec lui un equivalent d'alcali, les helianthus ont du recevoir 0s''3741 de potasse; par I'examen direct de leurs cendres on a constate qu'elles renfermaient 0s'"419 d'alcali, en tout 5 mil- ligrammes de trop qui provenaient, sans aucun doute, des cendres vegetales ajoutees au sable. Comme on avait employe ls'"110 de nitrate, et que la plante n'en a absorb^ que 0s''8025, il devait en 632 COSMOS. rester 0"'3015 dans le sol : une recherche speciale a inontre que le sable avait du renfermer 0k''34 de matieres salines trfes-riches en nitrate depotasse. En resume : 1° I'azote du nitrate absorbe est assimile par la plante ; 2" pour chaque equivalent d'azote assimile. YHeliant/ius parait avoir fix6 dans son organisme I'dquivalent de potasse ; 3° on retrouve dans le sol, a peu pres en totalite, le ni- trate que la plante n'a pas absorbe; 4° Taction du nitrate de po- tasse, tres-prononcee des le debut de la vegetation, se raanifeste sans 'qu'il soit necessaire d'ajouter au sol une matiere organique putrescible. Pour niieux faire ressortir encore les effets du nitrate, M. Bous- sino-ault a seme, le 1''" mai, deux nnuvelles graines de soleil exac- tement dans les conditions oil avaient ete placees les premieres; meme exposition, meme sol, nieme eau pour I'arrosement ; il n'y a eu de difference que la suppression du nitrate de potasse dans les substances ajoutees au sable calcine. Apres I'apparition desfcuilles primordiales, la vegetation a marche avec une lenteur extreme; le 22 aout, jour ou la plante fut enlevee, la tige grele la plus haute avait 20 centimetres, le plant portait deux feuilles seulement, tres- peucolorees, et trois autres petites feuilles h I'etat rudimenlaire. La r^colte dessechee pesait 0s%32.5, moins de huit foisle poids de la semence; la plante et le sol rcunis renfermaient 0,0054 d'azote ; les graines 0,0021 ; I'azote absorbe pendant une vegeta- tion a I'air libre, prolongee pendant plus de quatre mois, n'a pas depasse 0s^003. II. Cresson et nitrate de sonde. La plante a ete cultivee simul- tan^ment a I'air libre dans de la terre de jardin, et dans du sable rendu sterile, sans addition de nitrate de soude ; les graines ontete semees le 21 aout 185-5, la rccolte a eu lieu le 7 octobre. 1° Dans de la terre fortement fumee, dix graines out fourni dix plants enfleurs, pesant sees ls'-,.580, c'est-a-dire soixante-dix fois le poids de la semence ; I'azote acquis en six semaines s'est eleve a 0s^053. 2" Dans 295 grammes de sable quartzeux, auquel on avait ajonte Os%2 de cendres alcalines et Is'" de cendres lavees, on a seme 21 graines ; aprfes la germination, on a arrose avec del'eau chargt^e de gazacide carbonique. Douze graines seulement ontleve. La recolte pesait Os^ll, trois fois et demie le poids de la graine ; la plante et lesol contenaient 0s^0046 d'azote; la graine 0s^0025; I'azote absorbe en sept semaines de vegetation n'a ^e que de 2 milligram- mes ; etce nombre, ajoute M. Boussingault, est probablement trop COSMOS. 633 fort pour la raison que nous allons dire : <• J'avais dispose un pot a fleurs contenant du sable calcine et des cendres, sans y seiner du cresson; le sable a ete nrrose pendant toute la duree del' experience avec I'eau employee a I'arrosement des plants. Dans le sable, qui avait le meme poids que celui oil le cresson s'etait developpe, I'analyse a indique 0s^0007 d'azote qu'on ne pent attribuer qu'a I'influence de I'air, et qui doivent s'ajouter a I'azote de la graine. « S" Les choses etant disposees comma dans les experiences pr^- C(5dentes, on a graduellement introduit dans le sable 0s^216 de nitrate de sonde ; seize graines ont produit seize plants peu elev^s, mais extremement vigoureux. Les feuilles etaient d'un vert fonce, mais elles presentaient un peu moins de surface que celles du cres- son en terre de jardin ; chacun des plants avait huit a douze feuilles tres-re.-istantes. La recolte seche et le sol renfermaient Os'',0342 d'azote; le nitrate et les graines Os', 0376, la difftTenceest 0s'",0034. On retrouve ainsi dans la recolte et dans le sol, a 3 milligrammes pres, I'azote apporte par le nitrate; et dans le sable on a pu consta- ter la presence du sel que la plante n' avait pas absorbe. M. Bous- singault conclut : « II me parait resulter de ces recherches que les nitrates alcalins agissent sur la vegetation avec autant de promptitude et peut-etre avec plus d'energie que les sels ammoniacaux. Ainsi , dans les exvieriences sur VHeliant/uis, faites dans des sols de meme nature, d'egal volume, dans des conditions atmospheriques identi- ques, al'air libre, en arrosant avec la meme eau, onavu par laseule intervention de 1 gramme de nitrate depotasse, la plante atteindre une hauteur de 50 a 72 centimetres, porter fieur, faire entrer dans I'albumine vegetale i)lus de 1 decigramme d'azote, et produire en matiere seche cent huit fois le po;ds de la graine. La plante a fixe environ 3 grammes de carbone, c'est-a-dire qu'en trois a quatre mois elle a decompose, pour s'en approprier la base, plus de 5 litres de gaz acide carbonique. En I'absence du salpetre, V Helianthus s'est a peine d^velopp^; sa tige grele poi^tait deux ou trois feuilles d'un vert pale; seulement trois milligrammes d'azote ont et^ assimil^s; par consequent, il ne renfermait pas sensiblement plus de tissu azote qu'il n'en existait dans la graine. La plante seche n'a pese que cinq fois le poids de la semence, et en trois mois d'une vegetation langnissante, il n'y a pas eu 4 decilitres de gaz acide carbonique decomposes. Les resultats obtenus avec le cresson ne sont pas moins signifi- catifs. Dans un sol sterile, la plante, en sept semaines, a Fair libre, n'a pas acquis 2 milligrammes d'azote; apres la dessiccation, elle 634 COSMOS. ne pesait que trois fois autant que la semence, ayt un foyer d emanations aminoniacales. L'oxygene de i'air, transforme en ozone s unit a 1 azote auquel il est meU pour constituer des nitrates au contact des alcahs. Quelle que soit leur origine, les nitrates ajou tent incontestablement des principes azotes assimilables aux prin- cipes semblables introduits avec le fumier... Les pluies et les eaux vivesqui penetrant le sol par voie d'imbibition ou d'lnfiltration dissolvent et entrainent dans leur parcours des matieres utiles, e en particuher des nitrates ayant sur les sels dammoniaque cet avantage qu ils restent, qu'ils persistent comme agents de fertility alors meme que 1 eau qui les a amenes se dissipe par I'evaporation: - M Moquin-Tandon lit des observations sur les spermato- phores des gasteropodes terrestres androgynes. Quand on separe violemment deux Inna^ons accoupk^s, on isole deux filaments roides luisants. jun peu i.acres; ce sont deux spermatophores, enormes relativement aux animaux qui les produisent. lis sont generalement composes d une partie dilatee; c'est-a-dire d'une sorte de cuiiler ou de capsule seminifere. et d'une partie plus ou moins etroite ; la partie dilatee se trouve tantot vers le tiers anterieur de Tappareil tantot a son extr^mite post^rieure. M. Moquin-Tandon fait loni guement Ihistoirede ces singuliers appendices qui ont echapp^ a 1 attention de presque tous les naturalistes c^^lebres, que Dutrochet a s.gnales le premier, et dont Texistence meme n'est pas encore t tout siiiipleinent la reproduction d'un article da Cosmos, rejiroduction deniandee probabletnent au journaliste pieiriontais. Celui-ci pourtant n'a pas tout a fait oublie I'indiistrie de son pays, et en parlant des pates d'Auvergne il s'ck'rie : Ma il sapore . . . sono esse paragonabili alle paste dl ISapoli^ di Sicilia , di Pontadera e di Genova. Mais leur saveur?... sont-elles, sous ce rapport, coinparables aux pates de Naples, de Sicile, de Pontadera etde Genes'? Nous croyons qu'il y a encoie une grande difference. Les pates d'Auvergne ne supportent pas la cuisson des pates ita- liennes et ne gonflent pas de nieine. L'observation est juste : les pates faites avec les bles d'Auvergne sont fades, et sont en effet bien loin d'avoir la saveur des pates d'ltalie; elles ont moins de corps, sont nioins fermes et gonflent moins a la cuisson. Le journaliste italien s'est bien garde de faire les inemes reproches aux pates faites avec les bles d'Afrique; il sait bien que les Genois et les Napolitains se servaient avantageu- seinent de ses bles et en tiraient, jusqu'a ce que I'exportation en fut interdite, d'assez grandes quantltes. La question est bien simple; plus un bleestcorne et glace, plus la pate a de saveur et de corps; les bles d'Auvergne sont moins glaces que les bles d'Afrique, de Sicile et d'Odessa, et les pates d'Auvergne nianquent des qualites qui distinguent les pates faites avec des bles d'Odessa, de Sicile et d'Afrique. C'est cequi expliquepourquoi, depuisun demi-siecle, la fabrique de Lyon, eniployant ces derniers liles, ses produits ont pu se vendre et se vendent encore en France et a I'etranger comme pate, d'ltalie, tandis que les produits de la fabrique de Clermont n'ont jamais pu se vendre que sous le nom de pate d'Auvergne. Ainsi c'est bien Lyon et non I'Auvergne qui a arrete a la frontiere les pates italiennes. La Revue Italienne, si complaisante pour M. Ma- gnin, si louangeuse pour Tillustrissimo, celeberrimo signore ou abate Moigno, le tres-illu>tre, tres-celebre monsieur ou ablie IMoigno (M. Moigno reproduit ces eloges pompeux) ; la Revue Iialienne, disons-nous, termine son article par une petite remarque qui ne manque pas d'a-propos; elle croit qu'il ne suffit pas de b;pn faire pour ecouler ses produits, mais qu'il faut, comme M. Magnm, y COSMOS. 647 ajouter un peu de bruit, un petit coup de grifle sous une patte de velours. Quant a la fertilite de I'Afrique et a sa puissance de production, ne temoignez pas de fausses craintes. Elle a ete le grenier de la Rome antique, elle deviendra celui de la France. Elle nous aidera puissarnment a compenser le rnanque de cereales dans les inau- vaises recoltes ; ces bles sont partout aujourd'hui sur les marches de nos places inediterraneennes; avant meme 1830 ces bl^s dtaient I'un de ses principaux cchanges avec I'Europe. Les colons, sous Tiinpulsion du gouvernement, out, depuis quelquesann^es, compris toute la richesse que I'agriculture pouvait leur donner, et ils out defriche, labour^, ensemence de vastes espaces. LaLinnagne fertile n'est rien en etendue comparativenaent aux regions du Teell, et la I'Afrique fournira aux fabriques de Lyon, de Clermont, de Mar- seille, de Toulon, d'Avignon, tous les bles durs qu'on lui deman- dera, sans avoir besoin pour cela d'un reformateur, d'un organi- saleur, d'un createur, comme V Aiwergne a en. le sieii. M. Magiiin peut etre tranquille, elle lui en oftVira toujours plus qu'il n'eu pourra manutenter. C'est I'Auvergne, dit M. Moigno , qui ^mancipera I'Algerie agricole; mais I'Auvergne avec M. Magnin, telle est sa pensee. Devons-nous relever une assertion aussi etrange et qui ne peut qu'exciter I'hilarit^ des lecteurs'? L'Auvergne, dejjartement fran- gais, se meltant a la tete d'un pays aussi vaste que I'Algerie, et M. Magnin offrant genereusement ses services a I'Etat pour appren- dre a nos colons ce qu'ils savaient longtemps avant lui, c'est-a-dire organiser et ameliorer le produit des bles par leur renouvellemen et le choix des semences, par une bonne preparation du sol, par des soins de toute nature apportesaux recoltes, aux emmagasinements et aux transports. Nous avons parl^ au nom de tous et c'est dans I'interet de I'Algerie que nous avons expliqu^ 1' excellence de ses bl^s durs. Nous n'avons rien demande pour nous, la pensee ne nous est pas venue de pro- clamer la supdriorite de nos produits. Nous avons dit tout simple- ment : les bles dursde I'Algerie sont excellents, et nous nous en ser- vons pour la fabrication de nos pates. En r(^sume, et pour terminer ici cette longue lettre, beaucoup inoins longue cependant que I'article du Cosmos^ qu'il nous soit permis de vous dire, Monsieur, que lorsqu'on veut faire une peti-' tion en faveur d'un de ses amis, on n'attaque pas avecautant d'acri- 648 COSMOS. inonio des fabricants qui rcstent modesteinent dans les limites de leur induslrie. Veuillez agreer, Monsieur, I'assurance de nos spntiments dislin- - COSMOS. 651 tinue ses fonctions de tresorier ; les secretaires sont, pour I'An- gleterre, MM.W. Sharpey el G. Stokes, pour I'etranger, I'amiral Smyth. Le consei) se composera de MM. le due d'Argyll , Neil Arnott, I'amiral Beechey, sir Benjamin Brodie, Carpenter, Cayley, Challis, Darwin , Grey Egerton , Fairbairn, Miers, W.-A. Miller' W.-H. Miller, Pnget , Stenhouse, Walker. ' — Nous empriintous avec bonheur a la derniere livraison de la Revue des Deiix-Mondrs I'eclatant hommage rendu par M. Bnbinet a la jeune science americaine : .. Tandis que les Observatoires de I'ancien monde poursui vent leur carriere en thesaurisant chaque annee le tribut du temps et du travail intelligent, voici la jeune Amerique qui prend son rang dans I'astronomie et dans les sciences. La race anglo-saxone , sous les auspices de M. Bache , le petit-fils de Fran- klin, du professeur Henry, de M. Gould , etc. , rivalise deja avec les travaux europeens. M. Ferguson nous a donne une petite pia- nete; M. Bache execute le gigantesque travail hylrognipliique et hydraulique du relev^ des cotes immenses des Eiats Unis; les cartes des courants et des vents du lieutenant Maury, conronnees k I'Exposition de I'lndustrie, sont connues du monde entier, II en est de meme de I'admirable methode d'enregistrer le temps et les ob- servations astronomiques due a M. Bond , de Cambridge , et doiit M. Gould est I'un des plus habiles metteurs en ocuvre. Ce qui se fait en Angleterre par le zele eclair(^ des possesseurs des grandes for- tunes aristocratiques ou coinmerciales se fait en Amerique par I'in- telligence patriotique des corporations municipales , par la vigueur dune socii^te qui sent que tout ce qui est grand et beau doit exister de I'autre cotd de I'Atlantique comine en Europe, et se produire sur uneechelle qui n'adinette aucune inferiorite. II y a quelques annees , M. Mitchell , de Cincinnati surfOhio, entreprend de fonder un observatoire municipal. II trouve le terrain, les materiaux, et la main-d'ceuvre fournie gratuitement. II vient en Europe, et au moyen des souscriptions de ses concitoyens il achete des instruments de prix et devient directeur d'un Observatoire im- portant. Rien n'est comparable a I'entreprise actuelle de M. Gould qui , depuis plusieurs annees , soutient a force de devouement un excel- lent journal astronoimque , imprime a Cambridge. C est au chef- lieu de New-York, a Albany, qu'il s'agit d'eriger un observatoire digne de I'Amerique , et dont I'inauguration solennelle se fera au moisd'aout prochain. On y verra , pour la premiere fois , une hor- loge soustraite aux variations brusques de la temperature et de la 652 (;OSMQS. pression de I'air, des chronographes electriques enregistrant partout les instants precis des observations sans le secoursderoreille; et un magnifique helioiiifetre, le troisieme du monde par ses dimensions, superieur ii ceux d'Oxford et de Koenigsberg. La grandeur des lu- nettes permettra d 'observer les petites plaiietes qui echappent au pouvoir optique trop faible de presque tous les instruments mtjri- diens des Observatoires de TEurope. On n'y admettra rien de me- diocre. Le nouvel otablissement d' Albany doit sa naissance aux efforts patriotiques dedeux citoyensdecette villc, le docteurArmby et M. Olcott, qui ne sont pas des astronomes , mais seulement des amis de la gloire de leur pays. M'"'' veuve Dudley a concouru pour une part considerable aux f'rais d'erection de I'ddifice comme a I'achat des instruments et notammeiit de Th^liometre. Aussi la reconnaissance des fondateurs de I'Observatoire s'est-elle nianifestee par le choix du nom qu'on a donne a ce'bel etablissement : on I'a nomm^ Observatoire Dudley. L'antiquite a beaucoup celebre la piet6 conjugale de la reine Artemise qui batit a son epoux Mausol un tombeau compte parmi les inerveilles du monde et qui donne son nom a tous les monuments grandioses ayant la meme destination. Au lieu de consacrer a la memoire de son mari un edificeimproduc- tif et lugubre , M"'' Dudley a beaucoup plus sagement attache son nom a une fondation savante qui unira a jamais ce nom a un edifice eleve pour I'honneur de sapatrieet I'utilite desesconcitoyens. Grand exemple pour notre France. L'horloge de I'Observatoire , avec toutes ses dependances, est donnee par M. Eiastus Corg , president de la direction du chemin de fer du centre de I't^tat de New-York ; d'autres cojilri- butions particulieres oi\t fourni le terrain , les materiaux pour I'edi- fice, et jusqu'au gazometre qui doit servir a I'eclairage de I'Obser- vatoire. '> MICROMETRE PARALLELS. A I'occasion de la note du R. P. Secchi sur le micrometre paral- lele a simple ou a double image, M. Porro ecrit al'Acadejjiiequ'i! a invente pour sa part cet instrument en 1842,etqu'il a ete alorsl'ol)- jet d'experiences laites par le comitdd'artillerie de Turin.. En outre du naicrometre parallele a simple image fourni au college romain, M. d'Albadie possMe et a d^crit dans un memoire qu'il a presente aTAcadenftie dans la seance du 11 mai 1852, tome xxxiv, n" 19, un grand instrument de cinq metres de foyer construit dans, les ate- COSMOS. 65a liers de I'institut technomathique auquel un micrometre parallels a double image est applique, qui donne effectiuement (et non nomi- nalement), lesquarantiemes de seconde, un autre micrometre paral- lele u simple image forme, avec la lunette r^ciproque, la base de I'instrument de Gros-Bois sorti des memes ateliers, et qui fonctionne depuis trois ans a la pleine et entiere satisfaction de I'administra- tion des ponts-et-chaussees; cet instrument a ete prcsente a I'Aca- di^mie des sciences dans la seance du 31 aoilt 1852. M. Porro appelle en outre I'attention de rAcademie sur les re- marques suivantes : 1° Le transport que produit une lame parallele en s'inelinant sur I'axe optique d'une lunette fixe permel de ramener sur un fil 6gale- ment fixe du micrometre un objet qui passe entre deux fils. Cast le micrometre parallele a simple image qu'i! applique depuis long- temps a plusieurs instruments et notamment a la lecture du cercle azimutal sur son tacheometre et a sa lunette g^nitale directe; une de ces lunettes fonctionne depuis plus d'un an au Bresil, une autre plus grande encore a figur^ a I'Exposition. 2° Pour le micrometre parallfele a double image il ne considere pas comme inadmissible I'idee duR. P. Secchi de compenserTallon- geinent de foyer du demi-pinceau lumineux qui traverse la glace en la constraisant avec des surfaces legerement courbes; les nom- breux micrometres de cette espece que lui, M. Porro, a faitcons- truire depuis 1842, sont compenses sous ce rapport par une glace- fixe de meme epaisseur qui est traversee par I'autre moiti^ du pin- ceau. 3" La qualit(5 la plus precieuse du micrometre parallfele consiste ence que ses indications sont ind<5pendantesde la position de la lu- nette dans les trois sens, ainsi que du lien de champ oil la mesure est prise. Si on le fait a double image, il perdra cette precieuse qua- lite a moins que les surfaces des verres employes ne soient rigoureu- semcnt planes, ce qu'il est tres-difficile d'obtenir; 4°un autreavan- tage considerable de micrometre parallele a une seule image, c'est qu'on pent I'installer sur un support a part, en sorte qu'en le depla- 9ant avec la main on n'imprime aucun mouvement a la lunette. M. Porro s'est trouve heureux de pouvoir mettre sous les yeux de I'Academie le petit instrument qui a servi aux premieres expe- riences du comite d'artillerie de Turin, de 1842. PHOTOGRAPBIE. JOURNAL DE LA SOCIETE PHOTOGRAPH IQUE DE LONDRES. 21 novembre i8a5. Alteration des epreiwes positives. — La commission chargf^e par la Soci^te d'etudier la question de I'aUeration des epreuves po- sitives a fait un premier rapport. Elle affirme vouloir se borner cette fois a insister sur la certitude qu'elle a acquise de la perma- nence de certaines epreuves positives, depuis le moment de leur production jusqu'au jour oii la commission s'est rdunie; et sur quelques faits pratiques en rapport avec I'aUeration des positifs ; elle reserve pour une prochaine occasion la partie scientifique de ses recherches. Certitude de la permanence des epreuves. — La commission s'est assuree d'une maniere incontestable de I'existence de photographies demeurees inalt^ri^es depuis plus de dix ans ; elles avaient ete obte- nues sur papier trempe dans un chlorure, rendu ensuite sensible par un nitrate ou un ammonio-nitrate d'argent, fixees avec une solution r^cemment preparde d'hyposulfite de sonde, et lavdes dans I'eau. Des positifs obtenus par le procede que M. Talbot a donne pour les negatifs sont aussi restds intacts depuis dix ans. La connnission n'a pas pu constater avec certitude I'existence de photographies obtenues depuis dix ans sur papier albumine, re- haussees de ton avec un sel d'or, et fixees a Thyposulfite vieux. Elle a pu cependant s'assurer, jusqu'a I'dvidence, de I'existence sans alteration depuis cinq, six et sept ans, d'epreuves ainsi pre- pardes. II ne lui est nullement demontre que les diverses mc^thodes d'impression des (Epreuves suivies ordinairement doivent necessai- rement donner des Epreuves qui s'alterent, si Ton adopte certaines precautions ; il ne lui est pas prouve non plus que ces mdthodes ne produiront pas des epreuves alterables, si Ton n'a pas us6 de pre- cautions suffisantes. Causes de V alteration des epreuves. — ■ La cause la plus ordi- naire de I'aUeration est la presence de I'hyposulfite laissd dans le papier par un lavage trop impnrfait apres la fixation. La commission croit qu'il est de son devoir de declarer qu'elle a ^te impuibsante jusqu'ici a se procurer un moyen siir de mettre en evidence la presence de petitcs quantites d'hyposulfite de soude, melees au rdsidu que Ton obtienl quand, apres avoir fait bouillir les photographies dans de I'eau distillee, on fait (5vaporer jusqu'a COSMOS. 655 siccit^ ; elle n'en est pas moins convaincue de la presence de I'hy- posulfite par la connaissance historique qu'elle a du mode de lavage adopte. L' action continue de I'hydrogene sulfure et de I'eau ddtiuit ra- pidemeiit toutes les especes de photographies ; et comme il y a cons- tamment des traces de ce gaz dans I'air, que sa presence dans I'atmospliere de Londres est souvent evidente, il est nature! de penser que ce qui se produit rapidement dans un laboratoire, sous I'influence d'une solution concentr^e de ce gaz, se produira, plus lentement sans doute, mais non moins efficacement, par fac- tion de I'air humide, me\6 de tres-petites fractions d'hydrogene sulfur^. La commission croit qu'il n'y a pas actuellement de methode connue de production de positifs, qui donne des epreuves absolu- ment inalterables sous I'influence incessante de I'humidit^ et de I'atmosphere impure de Londres. Elle a vu que des epreuves peuvent etre expos^es a I'influence de I'hydrogene sulfure, et pendant un certain temps, sans eprouver d'alteration sensible ; et que les (Epreuves pour la coloration ou le renforcement desquelles on s'est servi d'un sel d'or, sont alterees moins rapidement que les autres par Taction de I'hydrogene sulfurd sec ou humide. Elle a vu aussi que certaines epreuves, restees inalter^es pendant plusieurs annees, alors qu'elles etaient conservees dans un lieu sec, se sont efFac^es rapidement quand on les a mises au contact d'une atmosphere humide. Mode de montage des photographies. — La comnn'ssion a constatt^ que de trois poids egaux des trois substances employees le plus souvent au montage des epreuves, la gelatine, la gomme et la colle, bien sechee a la temperature de 100 degres, la colle attire en- viron deux fois plus d'humidite que la gelatine ou la gomme. Comme dans la pratique, on emploie un poids moindre de gelatine que de gomme, il en resulte que la gelatine est le meilleur agent de collage pour la photographie. La commission est convaincue que des alterations ont eu pour cause premiere et principale I'emploi de la colle. Pour mieux faire ressortir la v^rit^ des propositions ^noncees par elle, la commission pense qu'elle fera bien d'entrer dans quelques details sur les epreuves qu'elle a en sa possession. De plusieurs Epreuves pr^par^es en 1844 , trois seulement sont ^56 COSMOS. demeurces inalter^es; et ces trois epreuves avaient ^t^ vernies, aussitot apres leur production, au vernis de copal. La moitid d'une autre epreuve de meme date avait ete vernie, I'autre iroitie avait dtd larssee a nu ; la moitld non vernie s'etait altdrde, la nioitie vernie dtait restee intacte. Trois dessins avaient ete prepares le meme jour, en 1840, par le meme procdde ; I'un fut conserve sans etre monte ou coUe sur un carton ; les deux au- tres avaient ete colles au meme moment avec de la colle de farine, mais I'un d'eux avait ete enduit avec du baume de Canada. Au moment present, I'epreuve non collee et celle qui dtait protegee par le baume sont seules resides intactes ; la troisieme a passd. Un dessin obtenu en 1845 avait etd expose de telle sorte que la partie infdrieure fut mouillee par la pluie ; actuellement, la partie mouillee s'est effacee, le reste est demeurd intact. Plusieurs epreu- ves , prdpardes et montees il y a dix ans , furent conservdes dans une chambre seche pendant trois ans sans aucune altdration ; expo- sees apres ce temps dans unlieu vraiment humide , elles-commen- cerent, apres quelques mois, a disparaitre a vue d'oeil. La commission se propose de procdder sous peu a des essais de durde des dessins obtenus par diverses mdthodes et soumis a divers traitements. Elle a etd assez heureuse pour obtenir qu'un certain espace fut mis a sa disposition pour ses expdriences dans le Palais de Cristal de Sydeiiham. Conclusions pratiques . — La commission tire de son rapport et de ses essais les conclusions pratiques suivantes , qu'elle recom- mande a 1' attention des photographes : 1° U faut apporter le plus grand soin possible au lavage des dpreuves, apres le traitement par I'hyposulfite de soude ; et, dans ce but, il faut faire usage d'eauchaude, beaucoup plus efficace que I'eau froide. 2" La majoritd de la commission pense que I'or, sous une cer- taine forme, doit entrer dans le fixage des dpreuves , quoiqu'il soit vrai de dire que Ton puisse, sans I'emploi de I'or, obtenir tous les tons possibles. La minorite, composde de MM. Percy et Malone, croit que Taction conservatrice des sels d'or n'est pas assez prauvde pour qu'on doive recommander son ustige gdndtal. 3» Les photographies doivent etre conservdes dans des lieux sees. 4" II importe grandement de procdder a des essais sur les subs- tances qu'on peut croire propres naturellement a ddfendre les dessins photographiques de Taction de Tair et de Thumidite, COSMOSi ■ 657'^ comine le caoutchouc , la gutta-percha, la cire et les diff brents vemis, Le rapport est signe de MM. Delamothe , Diamond , Hardwicli, Malone , Percy, Pollock et Shadbolt. Ce sont cartes des noms illustres. La lettre par laquelle le secretaire de la Compagnie du Palais de Crista! . M. J. Grove, annonce a la commission I'accueil favorable fait a sa demande, est trop honorable pour que nous n'en citions pas au moins lapartie essentielle : « II est toujours entr6 dans les intentions et le desir des directeurs de faire tout ce qui serait en leur pouvoir pour hater le progres des arts et des sciences ; ils sont heureux de trouver cette occasion de faire servir certaines dispositions de leur edifice a un si excellent usage, et de prouver ainsi I'int^ret qu'ils prennent a I'art si remar- quable auquel la societe consacre tous ses efforts. L'espace qui vous est accordd dans la galerie sup^rieure du grand transept sera approprie aux" besoins de vos experiences , libre de toute charge et de tous frais de location , aussi longtemps qu'il vous sera n^- cessaire. » EMPLOI DE LA GUTTA-PERCHA COMME SUBSTITUT DU VERRE. Personne n'ignore que la substitution au verre d'une autre subs- tance qui ne soil ni aussi chere , ni aussi fragile, est un des grands desiderata de la photographie. M. Reade propose dans ce but la gutta-percha , qu'il apprend a rendre aussi transparente, aussi polie a sa surface, aussi apte a fixer le collodion que le verre, et qui re- lativement ne coute presque rien. On dissout d'abord la gutta-percha dans la benzine ou dans le chloroforme , en traitant 30 grains , 2 grammes , de cette gomme par une once, 30 grammes, de I'un de ces deux dissolvants ; quand la dissolution est faite , on la verse sur une glace ; on fait couler la liqueur exc^dante dans le flacon ; ce qui reste forme une couche suffisamment dpaisse que Ton fait secher immddiatement en Tex- posant a la ftamme d'une lampe a esprit-de-vin , ou a toute autre source de chaleur. II sera bon presque toujours de faire mieuxad- h^'reria couche a la glace en faisant fondre la gutta-percha sur les ' quatre bords a la lampe a esprit-de-vin. Quand cette operation est terminde, on opere sur la couche de gutta-percha comme on aurait opere sur le verre ; on verse s"ur elle le collodion iodure ; on sensibilise , on expose a la lumiere , on developpe I'image , on fixe et Ton vernit a la manifere ordinaire. Cela fait , on coupe tout 658 COSMOS. autour avec une pointe de canif , im peu en de9a des bords rendus adherents par la chaleur, on plonge dans I'eau, on souleve legfere- ment un des coins avec I'ongle , de maniere a pouvoir enlever avec les doigls la couche , qui se souleve avec une facilite extreme at coavne'^ice a flotter ; on souleve la glace horizontalement, on ren- verse la glace avec la couche de gutta-percha qu'elle porte sur du papier buvard, on enleve le verre. Quand elle est seche, on renferme la lame entre deux feuilles de papier, on tient cet ensemble entre I'oeil et la lumiere ; on coupe dans les dimensions convenables la lame de gutta-percha que I'on voit a travers le papier , on entre ainsi en possession d'un negatif tout pret a donner des impressions, en matiere aussi durable, aussi facile a maiiier que le verre. mais incomparablenient plus transportable , et tout a fait a I'abn des ac- cidents qui ont mis hors de combat tant de negatifs pr^cieux. M. Reade a bien soin de faire remarquer que la gutta-percha du commerce ou commune, quoique certainement impure, suffit par- faitement a donner des couches tres-transparentes. Elle se dissout tout entiere et tres-rapidement dans la benzine ou le chloroforme avec I'aide de la chaleur ; pour cela il suffit d'lmmerger dans I'eau chaude la bouteille qui contient le melange; la matiere colorante qui donne a la gomme sa couleur pourpre fonc^e se precipite au fond de la bouteille , et ce qui surnage est aussi transparent, ausM blanc que I'eau. ,• , ^ , . x Comme la benzine a la propriete de devenir solule a la tempera- ture de zero , la gutta-percha qu'elle tient en dissolution , a moms que la couche ne soit excessivement mince, a une tendance a de- venir opaque , ce qui serait un obstacle a I'lmpression des positits. On evite cet inconvenient en dissolvant la couche de l)enzine lors- qu'elle est seche , a I'aide du chloroforme qui se substitue a la benzine ; et comme la couche nouvelle de chloroforme ne devient jamais opaque , le nouveau cXxcU pourra servir dans tous les temps. ^ . „ M Reade a appris de M. Warren de la Rue qu une nouvelle es- pece de bitume ou de naphte, provenant de I'empire du Birman et r^- cemment introduce en Angleterre, sera un dissolvant meilleur encore de la gutta-percha , tres-propre a donner des couches , merae ^paisses transparentes a toutes les temperatures. M Archer a cherch^ de son cote a r^soudre le probleme si im- portant de la substitution au verre d'autres substances moins des- tructives. Son precede est un peu different de celui de M. Reade etbeaucoup moins satisfaisant, il parait. Ce qui aurait empech^ COSlAIOS. 559 M. Archer de reussir aussi compl^tement , c'est qu'il n'avait pas devin^ le moyen de faire adherer la couche au verre. Voici comment il opere : il prend I'image a la maniere ordinaire : il verse ensuite sur I'image une couche de gutta-percha dissoute dans la benzine, il d^tache du verre, en trempant la plaque dans I'eau, la triple couche de gutta-percha , de benzine et de chloroforme qui remplace le negatif en verre. Cette description abregee du proct^de de M. Archer est extraite de la notedeM.Reade.et ne noussemble pas traduire assez bien la pensee du celebre inventeur de la photographie sur verre collo- dionne. Voici en efFet, dans une traduction exacte, comment M. Ar- cher expose lui-meme sa m^thode: " J'emploie, dit-il, deux prece- des : 1" versez sur une plaque de verre trfes-propre une certaine quantite d'une solution de gutta-percha dissoute dans la benzine, comme s'il s'agissait de recouvrir le verre d'une couche de collodion. Quand la couche de gutta-percha est seche, versez sur elle le collo- dion iodure, et plongez-la dans le bain de nitrate d'argent ; exposez ensuite dans la chambre obscure , developpez I'image et fixez. La plaque de verre, revetue de la double couche de gutta-percha et de collodion , est immergee ensuite dans un vase rempli d'eau froide; et la couche se separe sans peine du verre. » C'est evidemment le precede deM.Reade, avec cette seule exception que celui-ci fait ad- herer la couche de gutta-percha au verre en la faisant fondre sur les Ijords; or, M. Archer affirme qu'il a mis sa m^thode sous la ga- rantie d'une patente ! Nous decrirons une autre fois en detail le second proced^ de M. Archer, qui est celui decrit en quelques mots par M. Reade. ACADEIIE DES SCIENCES. SKANCE DU 11 DECEMERE. FAITS PRINCIPAUX. Ohservatoires mateorologiqms de VAlgerie. Son Excellence M. le ministre de la guerre avait soumis au juge- nient de I'Academie un projet d'etablissemenf d'observatoires m.^- t^orologiques en Algerie ; rAc,ulc:nie avait charge une commission compos^edeMM.Rpgnault. Pouillet, Becquerel, Mathieu, d'exa- imner ce projet et de rediger des instructions que pussent diriger I'administration dans son execution. Apres trois ans de silence, la commission a fait son rapport par I'organe de M. Pouillet.' II lui sennble que pour commencer il suffirait d'etablir cinq obser- vatoires, trois sur le littoral , a Alger, a Bone, a Oran ; deux dans les terres, a la plus granJe distance possible de la mer, et I'un au moins a une altitude assez elevde. On laisserait de cot^ pour un temps les observations de magnetisme terrestre et d'electricite at- TTiosph^rique, on se bornerait a determiner six elements : la tempe- rature, la pression atmospherique, le degre d'humidite, la quantite depluie, la direction et la force des vents, et I'ctat du ciel. Les observations devront se faire non-seulementa des heures fixes, mais d'heure en heure ; la commission condamne et rejette absolument le systeme d'observations tri-horaires, seul adople jusqu'ici dans tous les observatoires du monde, a I'exception toutefois de Green- wich. Pour que le systeme d'observations horaires puisse etre suivi, chaque observatoire aura trois employes, un directeur et deux aides ; et les employes seront absolument libres de tout autre service actif, public ou particulier. L'observatoire d'Alger sera en meme temps un observatoire astronomique ; son directeur aura sous sa juridic- tion les employes des quatre autres stations, il devra surveiller leur assiduite et exciter leur zele, recueillir et publier les moyennes de leurs observations, etc., etc. La commission emet enfin le voeu que les cinq observatoires de I'Algerie soient en relation avec cinq ob- servatoires fran9ais, etablis,tr^^jj«r-8urle littoral, en face des stations africaines, deux dans les terres, a la meme distance de la mer ; de sorte que Ton puisse comparer des observations simultanees faites dans des conditions semblables des deux cotds de la Mediter- ran(^e. Ce rapport, qui, il faut en convenir, ne se composait que de reponses provoqu^es par les questions de I'administration, a sou- lev^ une tres-vive discussion que nous analyserons rapidement. COSMOS. . 661 M. Le Verrier I'a conibattu tres-^nergiqueir.ent, il lui semble qu'il manque tout a fait son but, qu'il tend a entraiiier I'Academie dans une fausse voie ; que, s'il est adopte, loin de hater I'installation, desiree par tous, des observatoires de I'Algerie, il amenera infailli- blement I'administration u rabandon completdeson projet. Exiger des observations horaires et imposer trois employes sp^ciaux pour chaque station, sont a ses yeux une enormite^ une impossibilite ma- nifeste. Des observations tri-horaires q^ui n'exigeront qu'un obser- vateur. deux au plus, sont plus que suflfisantes ; il ne s'agit pas evidemment de faire de la meteorologie scientifique, mais de la meteorologie pratique ou agricole. En padant des instruments qui enregistrent automatiquement les depeches avec I'aide de la photographie , M. PouilleL avait dit qu'ils n'ont donp6 jusqu'ici que des esperances , et non des observations reelles.auxquelles on put se confier; M. Le Ter- rier proteste avec vivacite contre cette assertion, a laquelle les re- sultats obtenus a Oxford avec les appareils de M. Ronnalds et les procedes photographiques de M. Crookes donnent un dementi for- inel. M. Le Verrier annonce enfin qu'il s'est activement occup^, depuis dix-liuit mois, de ces graves questions ; qu'il est a la veille de constituer en Fiance douze observatoires mi^teorologiques ; que les douze collections d'instruments destinds a meubler ces (^tablis- seinents sont toutes pretes et ne content que 2 060 francs cha- cune ; que c'est seulement en adoptant son plan, beaucoup plus simple, beaucoup moins coiiteux, qu'on peut espdrer de reussir. M. Pouillet essaie dedefendre son rapport et le systeme impose d'observations horaires avec trois employes independants , mais .sa.ns s'appuyer d'aucun argument nouveau ou peremptoire. M. le marechal Vaillant, ministre de !a guerre, parle a peu presle meme langagequeM. Le Verrier; il declare le plan de la commission inad- missible par I'administration; en cherchant le mieux on aura rendu le bien impossible. MM. Becquerel et Malhiea prennent a leur tour la defense de la commission. M. Despretz est de I'avis de M. Pouil- let, il croit que les appareils photographiques enregistreurs ne peu- vent pas donner la temperature reelle de I'air ; qu'il nous permette de'^lui dire en passant que son objection n'est peut-etre pas fondee. M. Regnault, qui preside la seance, et membre aussi de la com- mission, rencherit sur les assertions de MM. Pouillet et Despretz ; ddpassant tout a fait le but, reny.ersant de fond en comble le travail de la;coirmiission, il va jusqu'a dire qu'il comprend a peine qu'on s'occupe^de fonder des observatoires de meteorologie, quand les 662 COSiMOS. premiers principes ii suivre clans les observations mdtcorologiques ne sont pas meme poses ou formules ; (juand on ne salt pas encore ce quil faut observer, comment il faut I'observcr et ou on doit I'observer. II affirme sans hesitation que toutes les observations faites jusqu'ici en Angleterre, en Russie, en Allemagne, en Ame- rique n'ont pas fait faire un pas s^rieux vers le progres r6e\, il feli- cite la France de n'avoir pas suivi les errements des contrees voisines, de n'avoir rienou presque rien fait, alorsqu'il et;iit impos- sible de bien faire. En entendaiit ce langage, assez peu parlemen- taire, M. Le Verrier a peine a garder son sang-froid, il demande a M. le president s'il a bien compris la port^e que sa position donne a ses paroles, s'il ne craint pas qu'elles aient un douleureux retentissement et ne produisent un tres-mauvais effet. M. Regiiault r^pond avec le plus grand calme qu'il accepte toute la responsabi- lite de son opinion, qu'il est pret a la d^velopper et a la motiver quand on voudra. Des voix alors surgissent de toutes parts, de- mandant que la discussion soit renvoyee a une autre stance, et qu'en attendant on fasse imprimer, pour la distribuer a tous les menibres, la lettre de son Excellence le ministre de la guerre et le rapport dela commission. Cette proposition, adopf^-ea I'unanimitt?, met fin au debat. Nous reserverons, nous au?si, pour une autre 11- vraison, les reflexions qu'il nous a suggerees. Nouvean mode de preparation de rahuniiiiitin et de quehpies antres corps simples. PAR M. SAINTE-CLAIRE DEVILLE. Dans ces recherches relatives a la preparation et a la determina- tion de I'equivalent de I'aluminium, M. Deville avait et^ arrete par deux diflficult^s : la nature des vases employes dans le traite- ment, et le d^faut de puret^ du mineral toujours mele de substances ^trang^res. II annonce a I'Academie que ces deux difficultes sont aujourd'hui enfin surmontees ; car d'unepart, comme il I'indiquera avec detail, dans une prochaine seance, il est en possession de vases tout a fait exempts des inconv^nients qui I'ont arrete, et que de I'autre la decouverte de masses considerables de cryolite du Greenland, fluorure double d'aluminium et de sodium, permet dese procurer un mineral tres-pur et beaucoup plus facile a traiter. II parait qu'en Angleterre on extrait d^ja de la cryolite, au moyen de la pile, unecertaine quantity d'aluminium ; mais M. H. Rose a beaucoup mieux r^ussi en operant directement la reduction de ce jninerai par le proced^ suivant : on met dans un creuset de porce- COSMOS. 663 laine, des couches alternatives de sodium et de cryolite pulveris^e at melangee avec un peu de sel marin. On introduit le creuset de porcelaine dans un creuset de terre. et Ton chauffe aa rouge vif, jusqu'a fusion complete. On brasse la ir.atiere avec un agitateur en terre cuite et on laisse refroidir. Tout Taluminium est rassenible en un seal culot qu'oii trouve au fond de la masse refroidie. Si on opere comme on vient de le dire, dans un creuset de porcelaine, raluininium contient du silicium, il contient du fer si Ton opere dans un vase de fer, comme le dit M. Rose, qui a pourtant obtenu ainsi de I'aluminium doue d'une tres-grande malleabilite. M. Deville avait sou vent et depuis longtemps essay e de reduire par le sodium le chlorure double d'aluminium et de sodium. Bien que la reaction s'effectue compl^tement, il n'obtenait pas de culot metallique i^M.. Ranimelsberg est arrive au meme resultat). Mais il a suffi d'ajouter au melange un peu de fluorure de calcium, pour que lout i'aluminium se reunit en culot au fond du creuset. Cette experience que MM. Debray et Paul Morin ont bien voulu tenter pour M. Deville dans le laboratoire de I'Ecole normale leur a tou- jours trfes-bien reussi et ils ont ainsi prepare plusieurs centaines de grammes d'aluminium assez pur. La composition de la cryolite est representee par la formule AP Fl^ 5 (Na Fl) ou bien Al f Fl, Na Fl; si on compare cette der- niere formule a celle du fluate acide de soude (hydrofluate de fluo- rure de sodium), H Fl, Na Fl, on voit que dans ce dernier sel il suffit de remplacer H par Al |- pour avoir de la cryolite. Si done on prend du fluate acide de soude et de I'alumine calci- nee dans les proportions indiquees par ces formules, qu'on les melange intimement et qu'on chauffe graduellement dans un creuset de platine, il ne s'^chappe que des quantites tres-faibles d'acide fluorhydrique, et a une temperature peu elevee on obtient une matiere tres-fluide et tres-limpide dont le poids correspond a tres- peu pros au poids de la cryolite qu'on peut calculer d'apres les formules prccedentes. Traitee par le sodium, la nouvelle matiere donne de I'aluminium , ce qui prouve qu'elle est formee avec du fluorure d'aluminium, et non avec de I'alumine ; I'analyse fera voir si c'est bien le meme fluorure que le fluorure d'aluminium et de so- dium naturel. On oblient le meme rdsultat en melar.geant de I'alumine et du fluorure de sodium qn'on arrose avec de I'acide fluorhydrique con- centre. La masse s'echauffie, on la seche, on la fond et on peut en extraire de I'aluminium. La meme experience r(?ussit encore avec mi COSMOS. le flaorure de potassium : da plus, si on a soin de teoir celui-ci en exces dans le melange, on pourra, apres la fusion, trailer la matiere par I'eau qui dissout le lluorure de potassium, et laisse une subs- tance cristalline tres-fusible, qui sans doute est la cryolite a base de potasse, ou bien quelque corps analogue, car de ce melange oil pent extraire encore de I'aluminium. Dans toutes ces experiences il est difficile d'ccarter assez bien la silice pour que Taluminium obtenu ne contienne pas souvent des proportions a^sez considerables de,silicium. D'uilleursles rendements de la cryolite nalurelle, con)me I'a remarque M. Rose, et suitout de cette sorte de cryolite artificielle,*- sont toujours faibles. Dans le cours de ces experiences, M. Deville a toujours constate lapropriete toute speciale des fluorures alcalins qui en fait un dis- solvant presque general a haute temperature. On la demuntre faci- lemeiit en prenant un melange tres-fusible defluorure de potassium et de sodium ; on peut y dissoudre a la chaleur rouge beaucoup de silice ou d'acide titanique, un ppu d'alumine, et un grand nombre d'autres matieres ; et chose singuliere, ceite addition de substances etrangeres apporte de la fusibilite et communique au bain une fiui- dite comparable a celle de I'eau. II a pense qu'une pareille substance, qui se laisse traverser facilement par les courants electriques, serait un excellent excipient pour les matieres qui, dans les circonstances ordinaires, resistent a Taction de la pile. En effet, en dissolvant de ]a silice dans le fluorure double alcalin, et en y faisant passer le Gourant, on produit du silicium, qui, daos le cas oii on emploierait un electrode de platine, s'allierait avec ce metal. II se degage au pole positifdes bulles nombreuses d'un gaz qui ne peutetre queToxygene, La meme experience donne des resultats analogues avec I'acide titanique. Mais avec I'alumine tout est different : le fluorure double alcalin en dissout peu, et sous I'influence du courant electrique, c'est du sodium qui vient bruler au ])61e negatif et du fluor qui be degage au pole positif. On le reconnait a I'odeur tres-foite d'acide fluorhydri- que qui se developpe dans la flainnie de la lampe sur laquelle se fait I'experience. (On s'explique tres-bien cet effet quand on se rappejle les belles experiences de M. Fremy sur I'eleclrolyse des fluorures.) Tout ceci prouve : 1" que I'alumine r^siste plus que les fluorures alcalins a Taction de la pile; 2" que I'alumine est irreductible parle sodium, ce qu'on pouvait soup9onner ; 3" que ie contraire est vrai pour La silice. La silice eat en effet reduite par le sodium, et M. Deville a reussi COS.MOS. 665 a preparer fros-facilemeMtdu sMlicidnai-eii rnetont e;i contact de la si- lice, ou simplement du verie pile bien pur, et de la vapeiir de sodium. ]\niH'enu procede pour aireter les vapeurs acides des grandes chentinees , par MM. CharlEs ot Alexandrk Tissier. Au moment ou Ton s'occupe beaucoup de iiie.>uresprnpr€s a pre- server les grands centres de population des flots de fumee qu'^met- terit' chaque jour les grandes usines , MM. Tissier freres , jeunes et hat^ries chimistes , penseiit qu'il est a propos de faire connaitre un nouveau moyen d'arreter les fumees bien autrement dangereuses des fabriques de soude , f'um^es qui repandent sur la v^g^ta- tion comme sur les habitations qui les environnent , une destruc- tion dont sont responsables les chefs de ces etablissements. Leur seul procede consiste essentiellement a interposer entre la trainee principale et la grande cheminee de I'usine , une espece de four a chaux , chauffe par un foyer contigu et dans lequel se ren- dent , grace au tirage de la cheininc'^e , d'un c6t6 les vapeurs de I'usine, de I'autre la flamine du foyer destind a chauffer le calcaire dont sera rempli le four, et auquel une certaine temperature est n6- cessaire pour que I'absorption des gaz acides soit complete. L'on comprend que Ton pourra iaire varier de niille inanieres la disposition du four adopte dans ces circonstances ; ce qu'il y a d'es- sentiel dans le procede, c'est Tfrnploi de la chaux ou du carbo- nate de chaux porte a une temperature telle que I'absorption soit la plus comj)lete possible; Telt^vation de temperature favorisant a la fois I'appel de la cheminee et I'absorption des gaz acides. Ce procede, mis en pratique dans I'usine que MM. Tissier diri- gent a Amfreville pres Rouen , et ou s'effectuent en ce moment sur une assez grande echelle I'extraction de I'aluminium, leur a donn6 jusqu'ici d'excellents resultats. 11 arrete tres-efficacement les va- peurs acides qui resultent de la fabrication du chlorure d'alumi- nium. L'on sait que ces vapeurs , composees en grande partie de chlorure de silicium, de chlorure d'aluminium, de chlorure de soufre, d'acide chlorhydrique , sonl extremement piquantes et corrosives. lis pensent que ce procede est d'autant plus applicable aux fabri- ques de soude, que d'une part les vapeurs emises par ces fabriques sont surtout composees d'acide chlorhj-drique et que de I'autre ces fabriques se trouvant toujours au voisinage des grands amas de craie , la d^pense qu'occasionnerait la consommation de cette matiere et meme le combustible pour I'amener a la temperature convenable ne serait pas grande. VARlfiTES INDUSTRIELIES. MM. BRETON FRERES. Nous avons vu MM. Breton freres debater dans la carriers de constructeurs d'instruments de physique et de matliematiques ; nous avons ete leur premier conseil et leur premiere pratique ; nous les avons soutenus, encourages , recommandes alors qu'ils apparaissaient sur I'horizon et qu'ils s'effrayaient, non sans raison, des difficultes qu'ils auraient a vaincre pour prendre honorablement et lucrativeinent place parmi les artistes fran9ais deja norabreux qui mettent leur habilete et leur devouement au service de la science. C'est un noble genie que la science; il repand autour de lui une brillante aureole de gloire, mais il entraine a sa suite si peu d'adeptes, qu'il est bien difficile, sinon impossible, de faire fortune ense rangeantsous son etendard, dans le rang secondaire des auxi- liaires et des coop^rateurs. MM. Breton aiment a reconnaitre qu'ils doivent leur succes a I'avis pressant que nous leur avons donn^, sous toutes les formes, de se creer une spdcialit^. Si des le debut et sous notre inspiration, ils n'avaient pas invents leur appareil electro-mf^dical qui s'est vendu par milliers, qui disparaissait a mesure qu'il sortait des ateliers, sans sejourner jamais dans le ma- gasin ; (jui rapportait chaque jour la somme necessaire aux besoins de la fumille, chaque semaine I'argent suffisant a la paye des ou- vriers, ils auraient bien certainement langui et peul-etre sombr^ comme tantd'autres, surtout lorsqu'il a fallu traverser des p^riodes de malaise universel ; leur ^tablissement n'aurait pas grandi sans cesse, ils ne se seraient pas poses en France et a I'etranger au premier rang de leur Industrie. A I'Exposition de 1849, ils avaient obtenu une mt^daille d'argent; le Jury disait d'eux qu'ils continuaient a se distinguer par les soins qu'ils apportaient a la construction de leurs appareils, et surtout de leurs appareils electro-magn^tiques; qu'ils avaient fait preuve d'intelligence dans plusieurs perfectionnements ingenieux de leur invention. Moins de deux ans apres , a I'Expo- sition universale de Londres, ils fixaient a un bien plus haut degr6 I'attention des savants , et ils obtenaient une m^daille de prix. Dans le dernier concours, leur triomphe a i5te encore plus eclatant, le Jury de la huitifeme classe n'a pas h^site un instant a leur d^- cerner une mddaille de premifere classe, la plus haute des recom- penses admises par le Conseil des Presidents, pour ['excellence de ieurs instruments de physique en general , laissant au Jury de la COSMOS. 667 neuvieme classe a couronner par une seconde m^daille les heureuses applications qu'ils avaient faites de I'electricite. Leur exposition ^tait nombreuse et brillante, nous ne la decri- rons pas en detail, mais nous appellerons d'une maniere toute spe- ciale I'attention de nos lecteurs sur trois beaux et bons appareils qui sent tout a fait leur oeuvre, et qui ont ete accueillis avec une immense faveur : leur machine pneumatique, leur appareil electro- dynamique coinplet et leur appareil electro-medical. 1" MacJiine pneunialiqiie perfectionnee. Cast une grande nou- veaute, etsous plus d'un rapport elle n'avait pas de rivale dans le Palais de I'liidustrie. Jusqu'ici on laissait a la masse d'air inspiree ou refoulee par les pistons a soulever elle-meme les soupapes d'entrde etde sortie. Le soulevement se faisait sans peine au com- mencement de I'operation; mais quand I'air deja tres-rarefie avait perdu presque toute son elasticite, il ne pouvait plus vaincre la resistance opposee par le poids des soupapes et la roideur des ressorts; force etait de s'arreter ; car le mercure de I'eprouvette, cessant de s'abaisser, annon9ait qu'en continuant on s'epuiserait en vains efforts. A cet inconvenient , il n'y avait qu'un seul remede possible; il fallait absolument dispenser I'air rarefie de la fonction, pourlui impossible, de soulever la soupape; il fallait qu'au moment oil cet air, presque epuise, arrive aux extreinites du corps de pompe, il trouvat les soupapes d'entree et de sortie ouvertes par un moyen mecanique independant de son action et toutes pretes a lui livrer passage. Or , ce perfectionnement considerable , MM. Breton freres , les premiers et seuls jusqu'ici , I'ont realist avec un succes complet, et par un mecanisme trfes-simple, quoique son execution ait exige de longs tatoniiements. Leur machine pneumatique a mouvement continu de rotation et a soupapes ouvertes mecaniquement est sans comparaison aucune le plus bel instrument de ce genre qui ait jamais ete construit ; il fait le vide avec une rapidity tres-grande et presque sans fatigue; tous ceux qui I'ont fait fonctionner ont ete vraiment ^tonnes du rt^sultat obtenu; apres un nombre relativement petit de coups de piston, la difference de niveau entre les deux colonnes de mercure de I'eprouvette devient inappreciable a I'ceil; c'est le vide pousse presque a ses dernieres limites. Le prix de ce bel appareil, deja adopte par les dtablissements les plus eminents et dont I'exemple fait loi , est un peu eleve; il coule mille francs ; mais il est absurde de regarder a la depense premiere quand il b'agit d'epargner beaucoup de pi ine et de temps, 668 COSiMOS. lie rcndre faciles et bonnes des expi^riences et des reoherches qu'un mauvais outi! iait souveiu avorter. La machine pneumatique est comrne I'ame ou I'instrument capital d'un cabinet de physique et d'un laboratoire de chimie, elle ne saurait jamais etre assez bonne; viserau bon marche dans sa construction, ce serait faire un mau- vais calcul, Au reste , MM. Breton ont suivi le conseil si bien- veiilant que leur donnait M. Seguier dans le rapport par lequel il a fait approuVer a I'Acadeinie des sciences la nouvelle disposi- tion des soupapes mecaniquement soulevees comme un veritable progrfes, enti&rement confornie aux regies theoriques qui doivent presider a la construction de ce genre de machines. " La machine pneumatique, disait le savant acad^micien , qui a fait lui-meme tant d'heureuscs d^couvertes niccaniques, doit etre traitee d^sor- mais moins comme un procieux instrument de physique que comme un outil ou une machine auxiliaire indispensable aux physiciens , aux chimistes et meme aux industriels , dans une foule d'opera- tions. Le progres important qu'il reste encore a r^aliser, c'est raugmentation de puissance avec la diminution de prix, MM. Bre- ton freres sauront bien I'accomplir. " Ajoutons enfin quedepuistres- longtemps ces habiles constructeurs ont supprime la clef des ma- chines jmeumatiques et invente un nouveau mode de fermeture par pression energique qn.i ne laisse absolument rien a desirer, de telle sorte que d'une part leurs machines produisent un vide aussi par- fait qu'il peut I'etre, que de I'autre elles le conservent non-seule- ment des jours et des nuils, mais indefiniment. 2*" Neccssaire eleclro-dynamique . — On comprend sous le nom d'electro-dynamique une branche toute nouvelle de la physique, qui embrasse Taction des aimants sur les courants electriques , Taction des courants electriques les uns sur les autres; les ph4no- menes d'induction si multiplies, si varies et qui se pretent a mille applications interessantes et fecondes au dela de ce qu'on pourrait dire. Le premier grand fait 41ectro-dynamique a ct^ decouvert par Oersted, qui vit avec ^.tonnement I'aiguille aimante se placer a angle droit avec le fil conducteur traverse par le courant; Ampere feconda cette premiere observation , son genie inventif s'^lan^a d'un seul bond de Taction du courant sur Taiguille aimantee, a Taction des courants sur les courants ; il decouvrit tour a tour une loiigue serie' de fails totalement impi'evus, il en etudia les lois , il les enchaina par une savante th^orie et fit enfin un corps merveilleux de tous ces membres epars. Une foule de phy>icieiis se haterent de mar- cher sur les traces d' Ampere et d'CErsted ; les De la Rive, les COSMOS. 0569 Nobili , les Faraday, les Henry, etc., ajouterent aux faits cleja de- couverts une multitude d'actions nouvelles qui se rangeaient d'elles- memes sous les lois generales formulees par hi toute-puissante ana- lyse d'Ampere. Eminemment curieuseset importantes, ces iiinombrables expe- riences exigent pour leur manifestation complete toute une armee d'appareils ; et ces appareils, s'ils restaient isoles et epars, si on ne les rattachait pas comme les branches d'un arbre a un tronc unique, seraient excessivement encombrant:?; ils desespereraient le profes- seur et ses eleves; on se contenterait d'en faire fonctionner quel- ques-uns, on laisserait chaque annee dans I'oubli un grand nonibre de faits utiles a connaitre et feconds. i\']M. Breton, et nous ne fumes pas (.Grangers a cette heureuse initiative, ont voulu remedier a cet inconvenient grave par la construction de leurnecessaire elec- tro-dynamique qui occupe tres-peu de place, et qui se prete a toutes les exigences de la science electrique. C'est une boite de 70 centi- metres de longueur, de 20 centimetres de hauteur, de 30 centime- tres delargeur, peu volumineuse par consequent, et qui cependant dans sesflancs resserres contient I'arsenal suffisantpour rendre visi- bles a tout un auditoire des centaines de phenomenes differents, toutes les experiences vraiment dignes d'attenlion : les attractions e.t les repulsions du courant, la rotation d'un courant sous Taction d'un autre courant; la rotation d'un courant par Taction de la terre; les mouvements de la roue de Barlow, les mouvements gyratoires du mercure; Taction reciproque de la terre et des aimants sur les courants ; la rotation d'un courant autour d'un aimant ; la rotation d'un aimant autour de son axe sous Taction d'un courant dont il fait partie, ou d'un conducteur parallele a son axe; Taimantation par les courants, le tourniquet ^lectro-magnetique ; les directions de Taiguille electro-uiagn^tique devenue tour a tour aiguille d'in- clinaison, aiguille de declinaison, aiguille astatique, la production des courants d'induction, leurs effets chimiques et physiologiques ; la sirene electrique , Tincandescence des charbons traverses par un courant et lalumiere electrique; la depression du mercure sousTin- fluence des poles d'un airaant, ou d'un electro-aimant, etc., etc. La disposition exterieure g^nerale du necessaire electro-dyna- mique est celle du grand appareil d'Ampere; la table sur laquelle se dressent les colonnes qui portent les conducteurs mobiles a con- serve ses formes principales, mais les communications par le mer- cure et les rainures creuses', par consequent si difficiles a vider, ont el6 supprimees, et remplacees par des fils m^talliques; le mer- 670 COSMOS. cure n'apparait plus que dans les petites coupes ou doivent plonger les axes de rotation des pieces en niouvement; les bascules d'Am- pere pour changer la direction du courant ont etc aussi tres-avanta- geusement remplact^es par des cominutateurs a frottement. Dans notre conviction iiitime, ce bel appareil reniplit parfaite- ment son but, et nous verrions avec plaisir qu'il se repaiulit par- tout. II a grandement fixe I'attention des illustres physiciens strangers, M. Wheatstone I'a beaucoup admire, MM. Tyndal' et Stokes en ont fait lacouimande. Tun pour le magnifique cabinet de Royal Institution; I'autre pour la collection naissaiite duMusee de geologie pratique. MM. Breton doivent etre heureux et fiers de ce brillant succes. Appareil electro-medical. — Employe presque exclusivement dans les hopitaux , cet appareil, tres-portatif et d'un tres-petit volume, permet de regler et de mesurer avec certitude I'appli- cation de I'electricitd; sa manipulation est fort simple , et n'exige I'usage d'aucune pile, ni d'aucune solution acide. A I'aide d'un mecanisiiie fort ingenieux , toute personne peut, a volonte, deter- miner les secousses les plus intenses et les plus ^nergiques, ou les rendre presque insensibles. Aussi les medecins les plus celebres, MM. Chomel , Roux , Magendie , Trousseau , Dubois , Bouvier, Recamier, Rostan, Jobert de Lamballe , Serres, Leroy d'EliolIes, Guerard , Malgaigne , Boulu , etc., s'en sont-ils servis et s'en servent-ils encore de preference dans le traitement des maladies 7iej'i>eitses , des paralysies generales ou partielles^^ de L' epilepsie, de i hysteiie , de Ihjpochondrie; dans les deviations de I'otat normal pardefaut, dans les anei>rismes , les accouchcments , les nietror- rliagies.^ I' astlwie, la surdite, Vamaurose; dans les engorgements des glandes, les tumeurs, les varices., les calcids vcsican.v, les mala- dies dtifo/e, les pal/ii/af ions, la gontte, les hydropisies , tamenor- rhee , et dans une foule d'affections obscures de notre organisme. Les journaux de medecine les plus importants n'ont pas hesit^ a proclamer ia superiority pratique de I'appared de MM. Breton sur toutes les machines magneto-electriques connues, et de plus il a ete deja Tobjet d'un rapport extremement favorable a F Academie de me- decine, iiy aura bienlot cinq ans.Nousne croyons paspouvoirmieux faire que de citer en finissant quelques passages de ce rapport : <• Le courant que donne I'appareil des freres Breton est un cou- rant d'induction du premier ordre. « La partie essentielle de cet appareil est un aimant en fer a cheval; le fil conducteur dans lequel doit se developper le courant COSftlOS. 6T1 d'induction est roule en helice sur I'aimant, ce qui augmente I'effet tout en siin[)lifiai)t la construction. « L'appareil des freres Breton ne fait pas craindre una stimula- tion trop vive de la peau, ou lasurexcitation de la retine. « Tel qu'il est, cet appareii a rendu et il est appele a rendre en- core de bons services, si Ton en liinite I'emploi, comme on le fait presque toujours, a produire une stimulation moderee de la peau ou I'excitation des muscles et de la sensibilite. // restera dans la pratique. '• Cet appareii realise deux excellentes ameliorations, savoir : I'enrouleirient direct du fil conducteur sur I'aimant, ce qui aug- mente I'iiitensite des effets et simplifie la construction et la mobi- lite de raimant, qui en se rapprochant plus ou moins du fer doux, active ou affaiblit le courant. Ces courants sont tres-propres a pro- duire les phenomenes de contraction musculaire... « La commission propose a I'Academie de faire adresser a MM. Breton des renierciments pour leur interessante communica- tion.— Adopte. " (Extrait du rapport de M. Soubeiran. Seance du 1" avril 1851.) MM. Breton freres ont construit le plus grand nombre des appa- reils de mecanique, de chaleur, d'acoustique, d' electricity, de i'Uni- versite romaine ; ils ont ete admis a I'honneur de repeter, en pre- sence de SaSaintete, quelques-unes des plus belles experiences de la physique moderne , les experiences entre autres de la lumiere ^lectrique. Deja le Souverain Pontife, pour leur donner une preuve 6clatante de sa satisfaction et recompenser leurs travaux, leuravait fait remettre une grande medaille d'or a son effigie. Sa Saintete a daigne plus tard nommer M. Andre Breton chevalier de TOrdre de Saint-Sylvestre. L EUC0D0NC[NE , NOUVEAU MODE DE SUSPENSION DES CLOCHES. INYENTE PAR M. DUTOl. Les tonneurs sauroiitgre a M. Dutot de son invention; d'abord elle ne les privera pas de leur emploi , comme lefont beaucoup de machines qui enlfevent le travail a tant de bras; mais elle leur rendra beaucoup i)lus facile I'exercice de leurs fonctions. Ensuite, ils seront sans doute charmds de I'elegance du nom donn^ a l'appareil qui leur rendra un si bon service. Comme nous soup^onnons que bon nombre d'entre eux ne sont pas grands grecs , nous nous crovons oblige de leur apprendrc que ce joli mot cucodoncine exprime tres- 603) COSMOS. bien ce qu'il signifie, et qu'il est compos6 de trois mots grecs, £u, xwiJwv , xivEw; c'est-a-dire hien , cloche^ moui'oir ; ce que le premier sonneur venu expliquera ainsi : metlre facilement une cloche en inouvement. Mais I'Eucodoncine n'aura passeulement pour privilege de flatter agr^ablement I'oreille du sonneur par la douceur de son nom , et de menager ses bras par la douceur de ses mouvements ; ello menagera aussi la charpente du beffroi, et la solidite du clocher, qui se trouve a la lono-uegravement compromise par les rudes ebranleinents resul- tant du mode de suspension des- cloches actuellement en usage. Avec le mode nouveau , invcnte par M. Dutot, plus d'ebranlement dans la charpente du beffroi ; plus de frottement de la hune de la cloche centre les sommiers du beflroi ; plus de frottement de pre- mier ordre des tourillons par les coussinets. Deux hommes pour- ront sans fatigue mettre et maintenir en volee la plus forte des cloches que nous ayons en France. De tels avantages donnent sans aucune doute une importance particulicre a I'appareil nouveau dont nous aliens donner une description succincte. \v\^V ^^^ Get appareil consiste en un support en fonte de fer formant deux jumelles entre lesquelles se place un etrier en fer forge dont I'essieu, en forme de couteau , est pose sur la partie superieure des jumelles. du support. Get etrier mobile revolt, au centre de son rayon , le tourillon qui a au nioins une force double de celle des tourillons ordmaires. Ce tourillon est revetud'un pignon qui est dentele a ses deux extremites , et dont le milieu forme un galet fixe. Contre les dents du pignon viennent s'engrener deux secteurs dentelds de chaque cote , et formant egalement galet fixe au milieu. COSMOS. 673 L'axe de ces secteurs est en lame de couteau et b'appuie centre des coussinets qui se reglent k volonte au moyeii de vis de I'appel. Comine on le voit, l'axe des secteurs porte centre un coussinet, tandiri que leur rayon porte contre la partie plane du pignon dont le tourillon est muni , c.e qui enripeche celui-ci de suivre le jriQuve- ment d'oscillation de I'etrier et de se deplacer. Lorsque la cloche est au repos, les secteurij sont a une ineme hauteur; et lorsqu'elle oscille, le secteur place ducot^ vers lequel la cloche monte . s'eleye avec elle par la rotation du pignon dentele adapte au lourillon , ou lui servant seulenient d'appui. Lesecteur du cote oppose descend librement, et lomberait.naewe s'il n'etait eiigrene dans le pignon. II est evident dcs-lors que les engrenages des secteurs et du pignon ne servent qu'a supporter le poids des secteurs. Dansce systenie, d'une gr^iide simplicjtQ, il n'ya done que trois points de contact mobiles, et .d'une mobjlite, telle que,, si I'appareil est bien place et la cloche aussi, ce qiui .d,u reste est tres-feciJe , celle-ci oscillera seule pendant plus de dix-sept minutes, ainsi qu'ont pu s'en convaincre ce.ux qui ont sujvi les experiences que M. Dutot fait chaque jour depuis six mois ; sans que le moindre derangement soit survenu dans la charpente du leger , beflVoi qui supporte une cloche de 500 kil. Ajoiitons que Ton peut entretenir cette cloche en volee avec une force de moins de 2 Jt'-l. M. Dutot a place a Marly deux appareils,pour deux cloches, a la satisfaction du conseil de fabrique etduconseil municipal. 11 ialiait trois hommespour sonner lagrosse cloche, et maintenantM. le cure I'a soni)e,e lui-meme d'une main. On nous assure que M. N., Basset, bien.cpnnu.de nos lecteurs par ses travaux sur I'alcoolisation, vient de decouvrir un procede de desinfection des alcools de betterave. Ce fait aurait aujourd'hui une immense importance, tant a cause de la baisse qu'il deierniine- rait que de I'utilite resultant pour I'industrie de I'ainelioration des esprits de mauvais gout. M.N. Basset pense que la desinfection ne coiilerait pas plus de 2 fr. par hectolitre ; elle n'exigerait d'ailleurs pas d'appareils spe- ciaux , et Ton pourrait agir sur les phlegmes avant la rectification. II y aurait, certes , de grands avantages dans cette mcthode de proceder a la desinfection, et nous la recommandons vivemenl a I'altention de nos lecteurs. VARIETES. FABRICATION DE PAPIER AIT MOYEN DE LA PLLPE DE BOIS PAK M. CHAKLES WATT. II y a longtemps que notre ami, M. Charles Watt, rous a initie au secret de la transformation qu'il opere si habilenient du bois en pulpe de papier; mais nous avons voulu attcndre pour en parler un peu plus longuement, que les experiences qui devaient mettre en Evidence le mdrite de la nouvelle Industrie, et la coiiduire a la perfection absolue fussent compl^tement terminees. En avril der- nier nous fiinnes deja tres-satisfait des resultats dont on nous rondit temoin dans I'usine d'essai ; aujourd'hui le succes est complet, meine au point de vue de I'^conomie de production ; en ce sens qu'il est d^itioiitre qu'en Angleterre, du nnoins, et en Amerique la pulpe de papier de premiere quality peut etre extraite des ti^sus ligneux a un prix assez bas pour que le bois vienne remplacer le chiffon avec benefices. On etait depuis longtemps inquiet sur I'avenir de la grande Industrie du papier, parce que le chiflfon de toile devenait de plus en plus rare et cher ; on peut se rassurer aajourd'hui, puis- qu'on pourra avoir recours au bois que Ton trouve partout et tou- jours en provisions suffisantes. Voici la serie des manipulations par lesquelles la transformation s'opere : 1° On fait bouillir le bois, r^duit en copeaux minces, dans de la sonde caustique pour le debarrasser de tous ses principes resi- neux ; 2° on le lave pour enlever I'alcali ; on traite le r^sidu des deux premieres opei'ations par le gaz chlore ou par un compost oxygene de chlore , 3° on lave encore pour faire disparaitre I'acide sulfunque ; 5° enfin on le soumet de nouveau a Taction d'une petite quantite de soude caustique qui le convertit instantanement en pulpe qu'on lave et que Ton blanchit au chlorure de chaux. Lorsqu'on veut transformer cette pulpe en papier, il suffit de la mettre pendai;tune heure ou une heure et demie dans le cylindre batteur ordinaire. L'operation que nous venons de d^crire n'exige que quelques heures, et de fait, un morceau de bois peut etre converli en papier et etre imprim^ en moins de vingt-quatre heures. La patente anglaise de MM. Watt et Burgess a ete prise en aout 1853 ; le brevet fran^ais date a peu pres de la meme epoqup. Avant I'expiration des deux premieres ann^es, M. Watt est veiui a Paris faire I'application de son precede dans I'usine de M. de Sussex , a Javelle ; il a tres-bien reussi et Ton a pu meme constater (pie le I ois qui donnait les meilleurs resultats, est le bois le plus commun et le COSMOS. g75 moins cher, le bois de sapin ; la pulpe qu'il fournit a les fibres beaucoup plus longues que les pulpes de peuplier ou de lilleul. A Londres les prix des reactifs chimiques, la soude et le chlore est assez bas pour que, malgre le prix beaucoup plus eleve du bois, la pulpe qu'on en extrail puisse faire concurrence a la pulpe de chiflfon; son prix de revient est d'environ 50 fr. les 100 kiloo-. ; mais en raison de sa force ou de sa solidite elle a le grand avantage de pouvoir etre melde a des pulpes de chiffons tres-inferieures , de coton ou autres. A Pans il n'en serait pas ainsi, la soude et le chlore content trop cher pour que le bois puisse faire concurrence aux chiffons ; c'estau moins ce que M. Watta conclu des essais faits par lui a Javelle; aussi n'a-t-il nullement cherche a'tirer parti de son brevet avant d'etre parvenu par de nouvelles series d'expenences a diminuer la quantite d'agents chimiques necessaire a la transformation du bois en pulpe. Mais nous avons des aujourd'hui la conviction que sur plusieurs points de la France , a Lyon surlout, cette belle et utile mdustrie^ pourrait etre parfaitement organisee et donner de tres- beaux benefices. La pulpe preparee dans un grand centre de fabri- cation serait expediee bien plus facilement par les chemins de fer et les canaux aux diverses papeteries que I'acide chlorhydrique et I'acide sulfurique, dont le transport est si onereux a la fois et si dan- gereux. Au reste, la substitution du bois au chiffon de toile est une des questions le plus a I'ordre du jour, elle pr^occupe un grand nombre d'esprits, et il est impossible quelle ne soit pas bien lot accomplie. De tous les proc^des venus a notreconnaissance, celui de M. Watt est a notre avis le plus simple et le plus efficace, il donne une pulpe Traiment magnifique et un papier excellent. RELATIONS ENTRE LES POIDS ET VOLUMES ATOMIQUES. PAR U. KREMERS, DE BONN. H y a bien longtemps qu'il nous tarde de faire connaltre aux Jee- teurs du Cosmos les belles relations entre les volumes et les poids atomiques de quelques corps, ddcouvertes par un jeune chimiste M. Kremers, dont les debuts heureux ont fait en Allemagne une tres-grande sensation. Voici sa premiere note et elle sera bientot suivie d'autres de plus en plus interessantes. Quand on represente le poids atomique des corps indecomposa- bles par des abscisses et leur volume atomique par des coordonnees, on peut combiner les points ainsi obtenus par diverses courbes tou- OOS.MOS, jours ascendantes pour !es corjis dune meine surie. La figm'e ci- jointe repr^sente trois de ces couilies, celle des melaux .alc^lii^, llelaui Metaux Hc(aux alcitlin.*:, alealiuO'tei-reux. pesaiU^. eelle des in^laux dits ^Icalino-terreux, et celle des metaux pesaiil^. En ajoutant a chacun des atoines de ces .mctaux un atoine d'oxy- gene, on obtien.t les trois coyrbes des oxydes, marquees 0 da• Les conclusions de ce Rapport sonl adoptees. Tacheometre des mines , PAR M. PORRO. Les postulata pos^s a I'auteur qui s'est occup^ de ce probleme sur la demande du ministre des travaux publics ont ete les suivants : 1° Que I'instrument donne sans chainage les distances depuis 2 metres jusqu'a la plus grande portt^e de la lunette tant souterrai- nement qu'a ciel ouverl ; 2" que la lunette puisse atleindre tous les apozdniths, depuis zero jusqu'a deux cadrans, comptes du zenith au nadir ; 3° que la determination de la verlicale tant ascendante que descendanle, c'est-a-dire des lieux du zenith etdu nadir, puisse etre faite avec une grande precision ; 4° que I'inslrument ne soit pas COSMOS. 699 plus volumineux qu'un petit theodolite ordinaire et soit ais^ment maniable dans les galeries des mines. La solution que M. Porro a donnee de ce difficile problcnne con siste en quelques changeinents et additions faits a son petit tacheo- metre, qui, sans trop le compliquer, conduisentcependant au resul- tat, ainsi qu'on peut le voir par I'instrument qui est sous les yeux de I'Academie. Les supports de la lunette ont dte rendus obliques, ce quipermet d'atteindre le zenith et le nadir. La lunette diastimom^trique a regu son micrometre ordinaire, mais sur plaque de verre, afin qu'on puisse ^clairer les fils de cote et les faire paraitre brillants sur champ obscur. L' experience a prouve a I'auteur que la mire stadia est suffisam- ment visible dans I'obscurite des souterrains, meme a de fort grandes distances, quand on I'eclaire avec une lampe ordinaire , tenue a la main du porteur. II restait a obtenir le trac^ de la verticals tant de haut en bas que de bas en haut ; pour cela on a un oculaire prismatique de re- change, qu'on peut substituer a I'oculaire ordinaire, muni du moyen d'eclairage des fils que I'auteur a autrefois fait connaitre : une cap- sule ordinaire a mercure et une capsule a liquide transparent, comme celle de sa lunette zenitale, compl^tent I'appareil. II est possible de tracer avec cet instrument la verticale dans un puits de 200 metres de profondeur a moins d'un millimetre prfes. Cet instrument permettra de rendre bien plus rapides, et a la fois plus exactes, les operations du lev6 avecniveilement general simul- tan^ tant souterrains qu'a ciel ouvert ; et les ingenieurs des chemins de fer en retireront eux-memes un grand avantage pour les tunnels, en ce qu'il leur permettra de tracer avec beaucoup de precision au fond d'un puits une direction donnee a ciel ouvert, et vice versa. VARIETES. DIRECTIO DU FIL A PLOMB ET OSCILLATIONS DU PENDULE IMMOBILE, OBJECTIFS ACHROMATIQUES BEFLECTEURS. M. Antoine d'Abbadie et de Bruno se sont empresses de rdpon- dre aux questions soulev^es par M. Montigny , de Namur, par deux lettres pleines d'interet et que nous nous empressons de reproduire. Voici d'abord la lettre de M. d'Abbatlie, ^crite d'Urrugue : •' Voici plus de seize ans que j'ai commence des experiences pour mettre en evidence les oscillations du 111 a plomb. J'employais des nivaux stables dont les bulles restaient rarement tranquilles; mais leplus ou moins de perfection de la courbe interieure de ces instru- ments, les changements de la temperature et les fuites de I'ether dans les niveaux les plus exacts ont jetd du doute sur la quantity des mouvements observes. A ces causes d'incertitudes il faut en joindre probablement une autre qu'il est difficile d'etudier. L'ob- servation du thernnometre nous a r^vde I'existence de inouvements mol^culaires qui alterent la capacity des tubes de verre et dont les lois sont encore inconnues. II est a craindre qu'il se passe quelque chose de pared dans les tubes a niveaux. Pour etudier done la ques- tion sans avoir recours a ces instruments capricieux, j'ai fait creu- ser ici un puits pour lequel M. Porro m'a construit, il y quatre ans, un appareil ingenieux, muni d'un de ses micrometres a transport parallele, que le R. P. Secchi recommande avec tant de raison k I'attention des observateurs. Mon puits est creuse dans le roc au sommet d'une colline a 70 metres au-dessus de I'Ocean. L'eau y abonde n^anmoins a tel point qu'apres m'en etre debarrasse an moyen d'un canal d'ecoulement , les vapeurs qui s'en elfevent sont assez noinbreuses pour ternir mes verres et m'empecher d'observer dans un bain de niercure, situ6 au fond, la rMexion d'un point fixe superieur. Toutefois je conserve I'espoir de surmonter ces difficultes au moyen de nouveaux travaux souterrains. ^" M. J. Guyot a annonce qu'un fil ii plomb n'est pas normal a la surface d'un bain de mercure et je n'ai pas oui-dire que personne ait repete so/i experience de maniere a expliquer rillusion qu'il me pa- rait avoir observee. En eff'et, M. Porro fit avec moi une experience, il y a quatre ans, avec un appareil ad hoc qui jeta au moins de grands doutes sur le resultat annonc^ par M. Guyot. Plus tard ces doutes devinrentune certitude au moyen d'un second appareil cons- truit aussi par M. Porro a cet effet. '< J'ai expcrimente avec facilitc et satisfaction les objectifsachro- COSMOS. Wl matiques rdflecteuTs de M. Porro. II est vivement a desirer que les astronomes s'en occupent sdrieusement. Bessel admettait dans les lunettes et la tension et la flexion : les id^es si neuves de M. Porro et les experiences du R. P. Secchi moutrent qu'on peut observer directement et ^liminer celle-ci : et puisque les sciences gagnent tant dans I'examen des quantit^s residues, puisque I'astronomie en est k fractionner la seconde, il est certainement convenable d'etudier ses questions les plus d^licates aumoyen d'instruments nouveaux . C'est pour en propager la connaissance que j'ai cru devoir vous demander un peu de place dans le Cosmos. » La lettre de M. de Bruno est relative aux oscillations elliptiques du pendule immobile : - Je dois vous dire que cette question a et6 particulierement et tres-longuement ^tudiee par M. I'abb^ Pamisetti, professeur de phy- sique au s^minaire d'AIexandrie , en Piemont. II a decouvert ce phenomene I'hiver dernier, apres quoi il a fait toutes sortes d'ex- p^riences pour en determiner les lois ; ses conclusions sont celles- ci : 1° Le pendule en etat d'immobilite apparente decrit des ellipses extremement petites, dont le grand axe est constamment dirigt; dans le sens est-ouest ; 2" ces excursions grandissent proportionnei- lement aux longueurs des pendules employes (il les a fait varier de- puis 5 jusqu'a 30 metres) ; 3" les oscillations sont independantes de I'^tat du ciel et de la chaleur du soleil. « Ce serait trop long de vous enumerer les modes d'expdrimenta- tion employes. Je sais que maintenant M. I'abbe est en train de mieux preciser ses chiffres sur les amplitudes et les dur^es des os- cillations pour arriver a quelques r^sultats definitifs. « Je ne crois pas qu'on ait fait avant lui ces experiences. Si vous voulez bien en parler dans votre journal, vous revendiquerez un petit honneur pour un merabre bien estimable du clerg^. •• BAROMETRE A DEUX LIQUIDES. M. Cesar Boldrini, de Fano, Etats romains, a bien voulu nons adresser pour I'inserer dans le Cosmos, la description et la formule d'un barometre a deux liquides invente et construit par lui. Nous nous rendons volon tiers a son invitation. Un tube cylindrique en verre, un peu plus ^troit que ceux dont onse sertordinairement dans la construction des barometres, fermd a son extremite superieure, ouverta son extremite inferieure, haut d'environ un metre et demi, bien calibre, au moins dans sa partie 702 COSMOS. sup^rieure, renfle consid^rablement vers sa partie moyenne sur une longueur d'environ douze centimetres, est rempli de mercure et renverse dans une cuvette pleine aussi de mercure avec les memes precautions que s'il s'agissaitde r^aliser un baromctre ordi- naire de Torricelli. De cette maniere le mercure s'eleve a peu pres jusqu'a I'origine du renflement, et la partie sup^rieure du tube est rest^e vide. On introduit alors a I'int^rieur du tube, par une mani- pulation convenablement choisie et sure, de I'eaubien pure et bien purgde d'air, laquelle, s'^levant a traversle mercure en raison de sa pesanteur sp^cifique moindre , et le d^primant quelque peu par son propre poids, vient occuper a peu pres la moitie de I'espace du ren- flement du tube, et a peu pres aussi la moiti^ de la portion supe- rieure plus ^troite du tube barom^trique. Le diametre interieur du tube a Tendroit ou il s'agrandit pour former renflemeut sur une lon- gueur de douze centimetres, sera en g^n^ral six fois plus grand au moins que le diamfetre du reste du tube. La surface du recipient ou cuvette dans laquelle le tube est renvers^, doit etre elle-meme beau- coup plus grande que la section de la portion renfl^e du tube. Suivant que la pression atmosph^rique croit ou d^croit, le niveau de I'eau dans le tube s'eleve ou s'abaisse ; ces elevations ou ces abaissements sont les mesures des variations barom^triques, et on les estime au moyen d'une 6chelle divisde en millimetres fixee le long de la partie sup^rieure du tube. On comprend sans peine que les changements de niveau seront bien plus considi^rables que dans les barometres ordinaires, puisque de tres-petits d^placements du mercure dans la portion renfl^e chasseront ou laisseront retomber dansle tube ^troit des hauteurs d'eau relativement tres-grandes. C'est un avantage pr^cieux dans les observations m^teorologiques, d'autant plus qu'il est constant que les barometres a eau sont plus sensibles et plus rapides dans leurs indications que les barometres a mercure; le barometre a deux liquides, d'ailleurs, n'apascomme le barometre a eau I'inconv^nient d'une longueur ^norme. L'auteur etablit sans peine qu'en appelant j la variation du niveau de I'eau correspondante a la variation de pression atmos- ph^rique, laquelle, dans le barometre a mercure ordinaire, donnerait une variation de niveau/?, z le rapport du diametre du grosftube au diamfetre du tube ^troit, q le rapport de la pesanteur specifique da mercure a celle du second liquide, on a : COSMOS. 703 Cette equation montre, ce qui au reste ^tait evident a priori que X est d'autant plus grand par rapport a /? que ^ et ^ seront eux- memes plus grands, c'est-a-dire que le renflement est plus consi- derable et le second liquide plus l^ger. En supposant tour a tour z=:3, z=.6, ^ = 10, et prenant pour second liquide I'eau ou faisant q = 13,596, on trouvera respectivement j =5,667 p, 7=10,072 /?, y = 12,075 p, les variations de niveau du baro- mfetre a deux liquides seront done plus de 5 fois, 10 fois, 12 fois plus considerables que celles du barometre a mercure. Si dans le meme tube on remplagait I'eau par I'alcool, car pour lequel 5r=17,167, on trouverait pour z=3, 7=6,139/?; pour z=6, 7 = l],847jo; pourz=10,7=14,778/?. ECLAIRAGE ELECTEIQUE. Nous ins^rons avec d'autant plus d'empressement cette note de M. Querini qu'elle rdpond a une question qui nous a ^16 posee par M. Bresson , de Mende : - On peut avec une seule pile faire marcher plusieurs lampes electriques a la fois. »» Pour cela il suffit de mettre le pole zinc de la pile en contact avec le pole zinc de la premiere lampe eiectrique , et le pole charbon de la pile avec le pole charbon de la dernifere lampe dlectrique et unir les autres lampes entre elles avec des conducteurs, de fa^on que le pole charbon de la premiere lampe soit en communication avec le zinc de la seconde, et ainsi de suite. Toutes ces lampes electriques ne forment alors qu'un seul sys- teme. Le fluide eiectrique suit son chemin d'un pole a I'autre de la pile, et surmonte les obstacles qu'il trouve dans sa marche aux Electrodes , quand on voit jaillir lalumiere dlectrique. H n'y a point augmentation de lumifere , mais une meilleure dis- tribution. Si , par exemple , avec une pile de 50 elements de Bunsen et une lampe electrique vous avez une intensity de lumiere egale a cent , avec deux lampes vous aurez une intensity de lumiere a peu pres de la moitiE, avec quatre une intensity a peu pres d'un quart, pour chacune. En juin 1855, j'ai fait pour la premiere fois a Venise cette expe- rience dans une Societe savante {I'Jteneo Feneto] , et je la public 20& COSMOS. ici, car elle n'est pasconnue. II y a del'utilitd dans ce fait, surtout quand il s'agit d'eclairer de grands emplacements, des rues, des ocaux s^pares les uns des autres, la lumi6re est mieux plac^e, moins forte, moins incommode. II y a de r^conomie , et quand la pile diminue de force , on peut trfes-facilement supprimer la communication avec les autres lampes et concentrer la puissance ^clairante du foyer electrique sur celle qui reste en communication evec la pile. L'on fait cette experience avec toutes sortes de lampes ^lec- Iriques, il est bon pourtant que les lampes en action soient du meiae systfeme afin que le courant electrique ait le moins possible d'entraves dans sa marche. CARTES HOMALOGRAPHIQUES DEM. BABINET. M. Babinet, au nom de Tediteur, M. Bourdin, et au sien, fait hommage de la premiere livraison de ses cartes homalographiques oil la proportion des surfaces entre les espaces pris sur le globe et les espaces qui les reprdsentent sur la carte est conservee. La mappemonde homalographique jouit exclusivement de cette pro- pridte; tous les autres systfemes de projection alterent le rapport des surfaces, suivant la position des contrees au Centre ou sur les bords de la carte. Dans la projection homalographique les m^ri- diens sont des elHpses, et les paralleles des lignes droites, ce qui offre plusieurs avantages. M. Babinet detaillera dans un m^moire special les propriet^s de ses cartes qui sont le plus essentiellement adaptees aux besoins de la physique, de la m^t^orologie et de la geologie. Une petite mappemonde muette et un prospectus raisonne sont joints a cette presentation. Nous exposerons bientot plus en detail, en nous aidant de figures, les avantages de ce nouveau mode de projection , tres-riche d'avenir, et qui assure au nom de M. Babinet Timmortalite qui entoure les noms d'Hipparque, de Mercator, de Flamsteed. A. TRAMBLAY, proprictaire-gerant. Paris. — Imprimerie de W. Rbmqdei et Cie, rue Garaucifcrc, 5. T. VII. 28 DECEMBRE 1853. QUATRIKME ANNEE. COSMOS- KOUVELLES ET FAITS DIVERS. L'Acad^mie, dans sa derniere seance, avait a nommer un mem- bre correspondant dans la section de geologie et de mineralogie, en remplacement de sir Henri de la Beche. M. Cordier , au nom de la section, avait presente la liste suivante de candidats ; En pi-emierc ligiie : M. Haidinger, a Vienne; en deuxieme Ugne, ex cequo : M, Dunrjoiit, a Liege; M. Sedgwick, a Cambridge ; en troisieme ligne, ex eequo, et par ordre alphabetique : M. Boue, a Vienne; M. de Dechen, a Bonn ; M. Domeyko , a Valparaiso ; M. Hitchcok , Massachussets ; M. Jackson, a Boston; M. Kei- lau, a Christania ; M. Logan, a Quebec ;'M. Lyell , a Londres ; M. Naumann, a Gottingue ; M. Sismonda, a Turin; M. Studer, a. Berne. Au premier tour de scrutin, M. Haidinger a et^ elu membre correspondant par 44 suffrages contre 4 donnes a M. Sedgwick, et 1 a M. Dumont. Nous nous r^jouissons grandement de la gloire nouvelle qui vient couronner si dignement les travaux de notre si celebre, si excellent et si modeste ami. II nous ecrivait, ily a quel- ques jours : " Quand je voyais apparaitro au premier rang des can- didats des hommes comme sir H. de la Beche, si savant et si bon, qui meritait tant de vivre plus longteinps; mon ancien maitre et ami, M. Hausmann, je cedais bien volontiers le terrain, et ma de- faite ^tait un bonheur; aujourd'hui, en recevant de iVL Dufrenoy la bienveillante annonce de la presentation du 17 decembre, je me livre sans contrainte a la joie de me voir agrege a un corps aussi ilhistre, le centre de la science par excellence depuis plu^ieurs annees. « Dans cette meine lettre, M. Haidinger nous annon9ait la forma- tion a Vienne d'une nouvelle Societe de geograpliie, qui compte deja. parmi ses membres un grand nombre d'illustrations, et dont on at- tend les plus heureux resultats. Nous regrettons dene pouvoirana« lyser au moins en substance le discours d'inauguration prononce par M. Haidinger dans la seance du l*^'' decembre. — Nous avons reqn avec une veritable douleur la nouvelle de la mort presque subite de M. Sturm, membre de I'lnstitut, malhema- 706 COSMOS. ticien eminent, connu dans le monde entier par la d^couverte du beau thoorfeme qui portera ^ternellement son nom, et qui sert de point Je depart au calcul du nombre des lacines rcelles d'uiie equa- tion algcbrique de degie quelconque. M. Sturm ii'avait que cini- quante et un ans; et depuis plusieurs annees une infirmite grave, morale autant que physique, I'avait presque s^pare de ses collegues de I'Institut; il n'etait plus que rombre de lui-meme, et les bril- lantes esp^raiices que son aptitude mathematique si grande avait fait naitre s'etaient presque (5vanouies. II ineritait bien certaiiie- ment la gloire qui entourait son nom ; peut-elre cependant a-t-ou' quelque peu exager^ la nouveaute et Toriginalite de son th^oreme. L'honneur d' avoir d^montre le premier la possibilile de calculer a priori le nombre des racines r^elles des equations algebriques ap- partient certainement a M. Cauchy ; le premier aust-i M. Cauchy apprit a calculer ce nombre a I'aide des variations de signe de cer- taines fonctions deduites de la fonction algebrique qu'il s"agissait de rendre nulle. M. Sturm a eu I'insigne bonheur de discerner les fonc- tions le plus naturellement propres a conduire a ce but; mais dans le M^moire oil il annon9ait sa precieuse d^couverte, il devait a la v^rit6 et il se devait a lui-meme de signaler le grand pas fait d'abord par son incomparable maitre. M. Cauchy, alors presque dans I'exil, s'est noblement venge de cet oubli, il a glorieusement repris sa place au premier rang, en etendant, centre toute previ- sion, cette methode, qui etait bien sienne, au calcul a priori du nombre des racines imaginaires des (Equations algebriques comprises entre des limites donnees, et au calcul du nombre des racines des Equations transcendantes. — Nous ne nous sentons pas le courage d'analyser tres-loiigue- nient la suite de la discussion relative aux observatoires de I'Algerie, tant elle a ete exorbitante et personnelle. Nous en dirons seulement quelques mots. M. Pouillet a relu la lettre de Son Excellence le mi- nistre de la guerre, et le rapport avec les modifications adoptees par la commission, modifications au fond tres-Iegeres. M. Becquerel a demande la parole pour signaler I'insuffisance du rapport qui gar- dait un silence presque absolu sur les observations meleorologiques qui ont un rapport plus direct avec la question capitale de Taccli- iriatation et de la culture des plantes; il a rappele rapidement les travaux deja faits dans cette direction par MM. Quetelet, de Gas- parin et tant d'autres; il a insiste vivement pour qu'on leur donnat une plus grande place dans le rapport. M. Pouillet a repondu avic beaucoup de raison a M. Becquerel que i^a reclamation etail inop- COSMOS. ^Q7 poHtine; qu elle ne pouvait trouver sa place que dans la redaction et la discussion des instructions pratiques demanddes aussi par le imnistre de la guerre, et dont la commission a declari^ qu'elle i.'avait pas voulu s occuper avant que la question prealable de la creation des observatoires eut 6t4: completement decidee, et parvenue a I'c'tat de fait sinon accompli, du moins irrevocable. M. Despretz, oubliant aussi qu'il ne s'agissait en-ce moment que de discuter le fait de la creation des observatoires, a appele IStten- tion sur un nouveau thermographe automatique, ou appareil enre gistreur des temperatures, dont il a cor9u I'idee il y a longtemns et dont il a plusieurs fois parle dans son cours a la Faculle des sciences. II s agit d'une lame metallique rectaiigulaire as^ez loii-ue form^e par I'assemblage ou la juxtaposition de deux bandes I'une de cuivre, I'autre de fer, et portant a son extremite un crayon Droite ou rectiligne a une certaine temperature, cette barre, pour des tem- peratures au-dessus et au-dessous de son zdro, prendrait la forme curvil.gne dans un sens ou dans I'autre ; le crayon tixd a son extre- mite decnrait par lui-meme une courbe ; I'arc de cette courbe com- prisentreles temperatures extremes pourrait etre divise en de-res a 1 aide d experiences preliminaires qui consisteraient a plon<^er t'our a tour la barre dans des milieux de temperatures connues crois- santes ou decroissantes. L'ideede la barre metallique double n'est pas nouvelle M Des- pretz lereconnait ; ce genre de thermometre a d'abord ete propose par Nicho son. M. Breguet la amene a un grand degre de perfec- tion en subst.tuant a la lame rigide une lame tres-mlnce roulee en spirale ou en helice ; 1' Academie sait que M. Breguet fils en 1840 a converti ce thermon.etre metallique en thermographe enregistreur' Ceque M. Despretz revendique comme sien, e'est la substitution dun crayon aux aiguilles indicatrices des temperatures et le trace ^ZT/r.'"'"'^' '""'""""• ^'' <=e savant professeur nous permete delu. dire que son idee est d'une execution peut-etre impossible ; qu il arrivera tres-d,f!icilement par ce moyen a faire un thermographe self-register co.nparable aux instruments du meme genre deja construits, et surtout aux appareils si s.mples et si effi- caces qu. impnment les courbes thermometriques au mover, 'le a photographie. Les thermometres a mercure et a alcool seronf toujoursles meilleurs des thermometres. et le rayon lumineux se a toujours le plus deiicat et le plus fidele des crayons M. Biot dans une Note ou plutot dans un Memoire moiti,^ ecnt, moitie improvise, tres-savamment, tres-habiiement , nous 708 COSMOS. dirions meme trfes-malicieusement ledige , s'est efforci de faire table rase de tout ce qu'on a essaye d'olever jusqu'a ce jour en fait de nieteorologie. Dans sa conviction profonde, toutes les observa- tions deja. faites dans les observatoires qualifies du nom d'observa- toires meteorologiques , n'ont rien appris , et ne peuvent absolu- ment rien apprendre, tant qu'on persistera dans le systeme suivi. Les sommes i^norines employees j-iar le gouvernement de toutes les Russies a la creation du reseau metdorologique qui couvre ce vaste empire, ont ote depensees en vain , elles n'ont pas conduit et ellesne conduiront pas a un seul resultat vraiment utile. Get ar- rete si laconiquement , si rudement prononce , n'est , graces au ciel , ni juste, ni irrevocable, et il sera, nous I'esp^rons, I'objet d'eloquentes protestations. M. Biot n'a pas etendu nominative- ment son anathema au reseau qui couvre aussi le grand empire d'Autriche, a I'ensemble des observations qui se poursuivent avec una activit(5 et une regularite dignes des plus grands eloges sous rimpulsion centrale de I'lnstitut meteorologique de Vienne, dirigd par M. Creil ; niais I'illustre et venerable doyen de TAcademie n'exceptait rien ; et son arret d'inutilite absolue, de sterilite radi- cale, s'etend a tout. S'il s'agissait de quelque grande operation scientifique, comme la prolongation a I'ouest et a Test de la trian- gulation d'Espagne ; d'une 6tude a travers les grands continents de la figure de la terre ; de I'exploration par une Compagnie d'adronautes des regions aeriennes pour mettre en evidence les lois de ddcroissement de la temperature, de la pression, de I'humi- ditd, il se sentirait fort pour solliciter I'appui du gouvernement pour I'encourager a depenser dans ce but des sommes memos con- siderables. Mais quand il n'est question que de creer des observa- toires mdteorolpgiques sur le systeme vieux , vicieux, irapuissant, sanctionne parle rapport de la Commission academique, il ii'hesite pas a se mettre en travers du projet, de conjurer le gouvernement de ne rien faire. S'armant meme de la fameuse devise des comtes de Clermont-Tonnerre, si fiers de leur blason , qu'un d'eux , sur son lit de mort , se rassurait en disant que quand Dieu aurait a juger un Clermont-Tonnerre, il y regarderait a deux fois. M. Biot s'est ecfie : Etiamsi oinnes, ego non; alors aneme que I'Academie en masse adopterait le rapport, je n'en persisterai pas moins a le repousser. C'est surtout au point de vue principal des donndes utiles a I'acclimatation et a la culture des plantes que M. Biot a maintenu I'inutilitd des observations meteorologiques faites sur le plan adopts, et il affirmait parler avec pleine connaissance de cause COSMOS. 709 en raison des nombreuses experiences de physiologie vegetale qu'il a poursuivies longtemps dans sa campagne de Nointel , pros Cler- mont (Oise). Conime M. Le Verrier et comme M. Payer qui ont cru devoir protester contre I'etranget^ de cette doctrine , nous avions entendu M. Biot affirmer que les temperatures moyennes et extremes d'un lieu n'ont aucun rapport essentiel avec la vegetation des plantes ; mais il a reconnu ensuite que sa parole avait depass^ sapensee. Disons enfin que I'idee capitale de la Note de M. Biot , est qu'on a tristement pris le change en s'occupant avant tout et presque exclusivenient des phenomened qui se passent a la surface de la terre, phenomenes qui ne sont guere que des exceptions, et dont I'observation , par consequent, ne peut pas conduire a la de- couverte de lois gencrales. Suivant lui , il faudrait absolument quitter la terre et s'elancer a une certaine hauteur dans I'atmos- phfere pour y installer les appareils de la meteorologie, Ce discours, on le comprend, veritable tour de force chez un vieillard de 84 ans, a cause un grand emoi. M. Le Verrier s'est trouve presque desargonne ; il a 6te sur le point de regretter de s'etre occupe de meteorologie ; il a prie I'Academie de le rassurer, de vouloir bien lui dire si , apres cette charge a fond , il restait encore quelque chose a faire ; son embarras etait d'autantplus grand que certaines assertions de M. Biot s'accordaient assez avec sa maniere de voir, ce n'etait pas chose facile pour lui que d'empecher que cet assentiment partiel ne degenerat en accord general et n'emportat les vastes projets dont il poursuit I'execution avec tant de persistance depuis pres de deux ans. M. Regnault s'est, au contraire, senti beaucoup plus fort ; et il a repris sa these de condainnation du passe, de reforme gtinerale, de I'absurdite d'observations faites dans un local ferme ou abrite ; de la necessite de placer les appareils dans les memes conditions que les plantes, etc., etc. M. Despretz , alors, a eu im beau niouvement ; il a demande grace pour les directeurs et les employes des futurs observatoires; Vous n'etes pas autorises, a-t-il dit, a les supposer assez depourvus d'intelligence et d'miliative pour admettre que la pens^e d'obser- ver al'air libre, au sein du sol, au soleil, ne leur viendra nieme pas ; qu'ils auront cru leur besogne terminee quand ils auront lu le thermometre appendu au mur de leur edifice, etc. M. Payer a refute quelques-uns des arguments de M. Biot. M. le marcchal Vaillant, peine de la tournure que la sortie de M. Biot faisait prendre a la discussion, inquiet de la position fausse 710 COSMOS. faite a I'Acad^mie, s'empresse de lui declarer qu'il accepte la nou- velle redaction du rappnrt, de la prier de I'approuver, de continuer son ceuvre par la redaction pronipte des instruct'ons pratiques qu'il attend , etc., etc. Le langage du ministre diait une belle et noble action et il a ^te accueilli avecune inriinense ferveur. Le prince Charles Bonaparte qui , avec d'excellentes intentions, B'est jete trop carr^ment dans le debat , a etc rudement traits ; nous donnerions beaucoup pour n' avoir pas assiste a cette scfene p^nible. Apres toutes ces pdripeties , le rapport a dte enfin mis aux voix et adopte a une tres grande majorite. II a ete resolu en outre que la menie Commission, renforcee de plusieurs membres, procederait immediatement a la redaction des instructions , complement neces- saire du rapport. Nousavions vu, avecune tres-grande surprise, que la dernifere livraison des Comptes rendiis, qui devait etre I'expressioii fidfeie des faits de la science, ne contenait pas un seul mot relatif a la dis- cussion , pas une seule phrase des allocutions de MM. Regnault , Becquerel, Le Verrier,etc. Cette lacune tres-regrettable a preoccupy M. Elie de Beaumont, et il a pri^ ses illuitres confreres de resu- mer les opinions par eux emises, et de lui adresser leur redaction dont la science, a-t-il ajoute, tirera certainement un grand parti. Ainsi soit-il 1 Nous sommes heureux, apres tout ce que nous avons en- tendu, de pouvoir annoncer que M. Francis Ronalds, I'inventeur des appareils enregistreurs des observations met^orologiques par la photographie, vient de publier en frangais la premiere partie de la description des instruments de meteorologie decouverts ou per- fectionnes par lui : electromctres de Volta ameliores, (Electroscope . de Bonnet perfectionne et complete, observatoire electrique por- tatif , isolateur electrique a I'air libre, photo-electrographe, photo- barographe , photothermographe , hygromelre et asi)irateur de Regnault ameliores, vaporimeire. Dans sa seconde partie, acluel- lement sons presse, I'auteur docrira ses magnelographes de la d^clinaison , de la force horizontale, de la force verticaie du ma- gndtisme terrestre, ses instruments accessoires pour I'impression des courbes photographiques , la mesure des ordonnee et I'ex- pression en nombres des variations observees. Nous reviendrons bientot sur ces excellents instruments, qui sont non pas des projets et des esp6rances, mais, comme nous I'avons deja dit, de belles et bonnes realites. Leur prix les rend accessibles a tous COSMOS. . 711 les observatoires ; ils sont faciles a manier ; et les (^preuves les plus rigoureuses, les approbations les plus solennelles de la Societe royale de Londres, de I'Association britannique pour Tavancement des sciences, se reunissent a piouver qu'ils remplacent parfaitement I'oeil le plus exerc(^, qu'ils repr^sentent les ph(^nomenes avec toute I'exactitude qu'il est possible d'atteindre , et d'une maniere con-* tinue, condition essentielle, quoi qu'ait pu dire la Commission, de tout systfeme d'observalion vraiment naturel et en rapport avec les besoins de la science pure nu appliquee. Nous avons obtenu de notre noble ami, que ces deux brochures, imprimees chez Briere, rue Sainte- Anne, 55, et qui ne devaientpas etre I'objet d'une specu- lation commerciale, seraient d^posees et vendues dans les bureaux du Cosmos. — MM. Gide et Barral viennent de faire paraitre le septieme volume des OEnvres de F. Arago. Ce volume (tome II des A^o- tices scientifiques) renferme tous les ecrits de I'illustre secretaire perpetuel sur les machines a vapeur, les chemins de fer, les tele- graphes a^riens de jour et de nuit , le telegraphe electrique, la navigation a vapeur, etc., etc. — L'Annuaire du Bureau des longitudes pour 1856 vient de paraitre a la librairie Mallet-Bachelier, quai des Grands- Augustins, n. 55, et a ^td presente a TAcad^mie dans une de ses dernieres stances. — M. Mallet-Baqhelier vient aussi de mettre en vente le pre- mier volume des Lecons de chimie elernentaire professces a lE- cole cent rale des Arts et Manufactures^ par M. Auguste Cahours; charmant volume format Charpentier de 500 pages, avec cinq belles planches gravies sur cuivre, et dedie a M. Chevreul ; nous dirons bientot le plan de I'auteur et ce qui distingue son livre des publications du meme genre. — Nous avons regu de Paris un plan de direction nouvelle a imprimer au Recueil que nous redigeons ; nous regrettons qu'au lieu de nous adresser une lettre anonyme , I'auteur de ce plan M. P ne soitpas venu le discuter avec nous. PHOTOGRAPHIE. PROCEDE NOUVEAU DE GRA-VURE ET d' IMPRESSION PHOTOGRAPHIQtlES PAR MM. HARVILLE ET PONT. Nous compMtons rannonce que. nous avons faite les premiers de cette charmante methode par riiisertion d'une note que MM. Har- ville et Pont ont prdsentee a 1' Acaddmie des sciences : » Notre proc^d6 differe notablement de tous les proc^d^s analo- gues que Ton a proposes jusqu'ici. Les anciennes mdthodes hdlioty- piques de MM. Berri, Saint-Evre, Beuviere, etc., consistaient, en effet, dans I'emploi de vernia ou enduits noirs ou blancs deposits a la surface, que Ten entamait a la pointe comme le vernis pour la gravure a I'eau-forte. Les dessins a jour ainsi produits dtaient trans- portes ensuite sur un papier positif par les precedes ordinaires de la photographie. Mais tous les enduits employes (5taient durs et cas- sants, ou se deposaient en couches tellement epaisses que les traits du dessin en etaient fortement alter^s. Ajoutons, en outre, que toutes les anciennes mdthodes n'aboutissaient qu'a des effets d'eau- forte, etne pouvaient donner dans aucun cas, ni des traits estompes, ni des images lavees, ni des imitations de dessin au crayon ou au fusain, que les artistes pr^ferent souvent au travail long et penible dela pointe seche. Nous avons done pensd rendre un veritable service aux dessina- teurs en leur procurantle moyen de graver rapidement eux-memes leurs dessins sur une couche plus ou moins permeable a la lumiere, ex- tremement mince, et nuUement susceptible de s'ecailler. Nous avons d^couvert ensuite le moyen de produire un enduit qui peut recevoir le travail de I'estompe, dn lavis, de la roulette, etc., etc., et rendre ainsi tous les effets des differents genres de dessin en usage dans les arts. Les epreuves qui accompagnent cette note temoignent de la facilite avec laquelle nos procedes se pretent a toutes sortes de travaux artistiques. Pour preparer nos lames de verre, sur lesquelles I'artiste doit tracer ensuite les images, nous les couvrons d'une couche mince de collodion photographique contenant une petite quantite d'iodure d' ammonium. On rfegle I'dpaisseur de la couche de collodion en ajoutant plus ou moins d'alcool dans la solution de coton azotique. Lorsque la couche a sur le verre I'epaisseur que Ton desire, on plonge la lame collodionnee dans un bain d'eau contenant un dixieme d'actHate de plomb. Sous Taction de I'iodure d'ammonium, I'acetate plombique se decompose; il se forme de I'iodure de plomb insoluble COSMOS. 713 qui se depose a la surface du verre, et I'acetate d'ammoniaque reste en dissolution dans le bain. II parait qu'une certaine quantiti; d'oxyde et de carbonate de ploinb se produit en meme temps, car la couche prend plutot I'aspect blanc mat de la ceruse que I'apparence jaune d'or de Tiodure de plomb. La plaque, retiree du bain et se- ch^e, presente une surface unie, blanche, opaque et d'une minceur excessive. '• C'est la-dessus que I'artiste trace avec une pornte en acier, en ivoire, en bois, ou avec la roulette du graveur, le dessin quit a I'in- tention de reproduire. Rien n'est d'ailleurs plus facile que I'execu- tion de ce dessin : car en pla9ant le verre sur une surface noire, on voit paraitre les traits sur le fond blanc, comme si on les tra9ait sur le papier a la plume et avec de I'encre de Chine. « La surface une fois grav^e, on plonge la plaque dans un bain de bichromate de potasse (5 de bichromate pour 100 d'eau) qui transforme le sel blanc de plomb en chroiriate jauiie ; on la laisse s^cher et on la couvre d'un vernis transparent analogue au vernis employd par les photographes pour garantirles images negatives. Cela fait, il ne reste plus qu'a tirer des epreuves du dessin sur pa- pier positif, ce qui se fait p-ar les procedes qui sont connus par tout le monde. « Quant a la preparation des glaces pour les travaux a I'estompe ou au lavis, elle ne difffere de celle que nous venons de decrire que par cette circonstance, que Ton soumet la plaque de verre au bain de bichromate de potasse avant de la livrer a I'artiste qui doit exe- cuter le dessin. Une couche tres-mince de dextrine sert ensuite a donner plus de solidite a la surface qui doit supporter Taction de I'estompe. Le lavis s'ex^cute apres un travail preparatoire a la pointe ou a I'estompe, et apres avoir fait subir a la plaque un leger vernissage. On lave au blanc d'argent, ou au jaune de chrome, en allant du noir au blanc au lieu de passer du blanc au noir comme dans le lavis ordinaire. « II est facile de comprendre tout le parti que les artistes pourront tirer de ce genre de gravure qui permet d'ailleurs tres-facilement des retouches, et donne a volonte des fonds entierement blancs ou Idgerement teintes, a la maniere du papier de Chine ou des papiers color^s dans la pate qui servent aux dessinateurs. " Nous avons eu recours a la transformation de la couche blanche de sel plombique en une couche jaune de chromate pour donner une plus grande opacity photog(§nique a I'enduit sans en augmenter I'e- paisseur. « 7ia COSMOS. On a fait a ce proc^d^ une cbjection qui en rabaisserait consid^- rablement le merite et I'importance, si elle etait fondee : « N'est-il pas plus simple, dit-on, que I'artiste dessine comme il I'a toujours fait jusqu'ici, son sujet sur du papier? II le fera beaucoup plus ra- pidement et beaucoup mieux ; on fera avec le dessin ainsi obtenu, comme on le fait constamment depuis I'invention de la photogra- phie, UM negatif avec lequel on tirera un nombre indefini de positifs qui seront autant de fac-simile exacts du dessin original. •• Sice que vous dites etait vrai, si les positifs ^taient des fac-simile exacts du dessin de I'artiste, vous auriez peut-etre raison; mais il n'en est reellemeiit pas ainsi, ou plutot, il n'en est ainsi que pour les con- tours et les traits du dessin. Les effets d'estompe de lavis sont ainsi tres-incompletement imites; les effets de deini-teintes, de clairs- obscurs, etc., sont tres-rarement reconnaissables. Puur mieux fixer notre jugement , nous avons compare de nouveau, et avec le plus grand soin, un grand nombre de dessins et de gravures avec les co- pies qui en ont ^te faites par des photographes ^minents. Eh bien, iiousle disons en conscience, ce ne.sont pas la des fac-siiriile exacts, c'est a peine si la ressemblance generale existe ; il n'y a plus ni trans- parence ni clair-obscur. On sent qu'il y a eu entre les doigts de I'artiste et I'epreuve positive un intermediaire qui a denature son CBUvre, le negatif reproduit par la lumiere, negatif qu'il n'est pas d'ailleurs facile d'obtenir a coup sur et parfait, dans des dimensions rigoureusement ^gales a celles de I'original. C'est seulement dans la m^lhode de MM. Harville et Pont que Ton produit des fac-simile parfaits, ou I'artiste se retrouve compl^tement dans les copies que la lumiere fait de son oeuvre, parce qu'il n'y a plus d'interm^diaire entre I'original et la copie. Dans cette affirmation, nous ne faisons d'ailleurs que repeter ce que Ton entend dire chaque jour aux ar- tistes toujours plus nombreux qui ont fait usage du precede, et aux amateurs qui ont salue avec bonheur I'apparition du nouveau mode de reproduction. II a d^finitivement conquis une noble place dans I'art, il restera et grandira sans cesse comme une des plus utiles et des plus fecondes applications de la photographie, ou mieux, comme le lien d'union entre la photographie et I'art. F. Moigno. EiMPLOI DE LA GUTTA-PERCHA COMME SUBSTITUT DU VERRE. PROCEDE DE M. READ. C'est la grande question a I'ordre du jour. On dissout d'abord la gutta-percha dans la benzine ou dans le chloroforme, en traitant 30 grains (2 grammes) de cette gomme par cosmos. 715 une once, 30 grammes, de I'un de ces deux dissolvants; quand la dissolution est I'aite , on la ver33 sur une glace; on fait couler la liqueur excedante dans le flacon; ce qui reste forme une couche suf- fisainment epaisse que Ton fait secher immediatement en I'exposant a la flamme d'une lampe a esprit-de-vin, ou a toute autre source de chaleur. II sera bon presque toujours de faire mieux adherer la couche a la glace en fuisant fondre la gutta-percha sur ses quatre bords a la lampe a esprit-de-vin. Quand cette operation est termi- nee, on opere sur la couche de gutta-percha comme on aurait op^re surle verre; on verse sur elle le collodion iodure ; on sensibiiise. on expose a la lumiere, on developpe I'image, on fixe et Ton vernit a la maiiiere ordinaire. Cela fait, on coupe tout autour avec la pointe d'un canif, un peu en de9a des bords rendus adherents par la cha- leur; on plonge danal'eau, onsouleve legerementun des coins avec I'ongle, de maniere a pouvoir enlever avec les doigts la couche, qui se souleve avec une facilite extreme et commence a flotter; on souleve la glace horizontalement , on renverse la glace avec la couche de gutta-percha qu'elle porte sur du papier buvard, on en- leve le verre. Quand elle est sfeche, on renferme la lame entre deux feuilles de papier , on tient cet ensemble entre I'ocil et la lumiere; on coupe dans les dimensions convenables la lame de gutta-percha que Ton voit a travers le papier ; on enire ainsi en possession d'un negatif tout pret a donner des impressions, en matiere aussi du- rable, aussi facile a manier que le verre , mais incomparablement plus transportable, et tout h fait a I'abri des accidents qui ont mis hors de combat tant de negatifs precieux. M. Read a bien soin de faire remarquer que la gutta-percha du commerce ou commune, quoique certainement impure, suffit par- faitement a donner des couches tres-transparentes. Elle se dissout tout entiere et tres-rapidement dans la benzine ou le chloroforme avec I'aide de la chaleur; pour cela il suffit d'immerger dans I'eau <;haude la bouteille qui contient le melange ; la matiere colorante qui donne a la gomme sa couleur pourpre fonc^e se precipite au fond de la bouteille, et ce qui surnage est aussi transparent, aussi blanc que I'eau. Comme la benzine a la propriety de devenir solide a la tempera- ture de z^ro, la gutta-percha qu'elle tient en dissolution, a moins que la couche ne soit exces.sivement mince, a une tendance a deve- nir opaque, cequi serait un obstacle a I'impression des positifs. On evite cet inconvenient en dissolvant la couche de benzine lorsqu'elle £st s^che, a I'aide du chloroforme qui se substitue a la benzine ; et 716 COS^IOS. comme la couche nouvelle de chloroforme ne devient jamais opaque, le nouveau cliche pourra servir dans tous les temps. M. Read a appris de M.Warren de la Rue qu'une nouvelle espece de bitume ou de naphte provenant de I'empire du Birman, at recemment introdulte en Angleterre, sera un dissolvant meilleur encore de la gutta-percha, tres-propre a donner des couches meme ^paisses, transparentes a toutes les temperatures. DU BAIN d'aRGENT NEGATIF POUR COLLODION, TAR M. BELLOC. « Peu d'operateurs sont d'accord sur la force a donner au bain d'argent destin^ a sensibiliser le collodion; quelques-uns sont all^s jusqu'a conseiller une proportion de 30 0/0 a ce bain, et un journal de Photographie s'est fait I'echo de ce proced^ monstre, Evidem- ment ni I'op^rateur ni le journaliste n'avaient fait Texperience d'une pareille solution, car ils auraient pu voir I'iodure d'argent se former imm^diatement au contact du bain, pour disparaitre tout aussitot sous sa puissance dissolvante. La quantite de 8 'ou 10 0/0 a ete plus g^neralement adoptee j\our les bains negatifs : quoique cette quantitt^ ne soit point exa- jr^ree, nous pensons qu'il y aurait erreur a composer ainsi tous les bains indistinctement. Personne n'ignore les effets, d'un bain neuf sur les premieres glaces ; mais on ne sait pas que plus le bain est faible et plus il vieillit vite , et que par contre le bain faible donne plutot de meilleurs resultats. Nous pouvons conclure de ce fait, sans crainte de nous tromper, 1" que nous devons faire d'abord la moindre quantite de bain possible, 'tout juste ce qu'il faut pour baignernotre glace, et faire cette quantity dans la proportion de 3 ou 5 au plus 0/0; 2° que lors- queapros la sensibilisation de 7 a 8 glaces le bain a donnd d'excel- lentes epreuves, il faut le renforcer d'une quantite egale, a peu pres, d'eau tenant en solution 6 ou 7 0/0 d'azote d'argent fondu; 3" r^- peter cette addition aussi souvent que le bain diminue deman- dera a etre rajeuni . Mais ce bain vieillit plus ou moins vite, non pas seulement a cause de I'argent enleve chimiquement par chaque glace, mais aussi par des causes ind^pendantes del'operation. Une glace malnettoyee, une goutte d'acide gallique pyrogallique, ou d'hyposulfite, etc., sont dans le bain une cause incessante de decomposition, et suffisent pour changer en peu de temps sa constitution chimique. Du reste, I'operateur est bientot averti de ces desordres, et I'aspect meme de COSMOS. 717 la glace, a defaut de son experience, decele la presence d'un corps etranger. Lorsque le bain est vieux par I'effet d'un long service , la glace tarde longtemps a perdre son aspect huileux : souvent meine, apres un sejour plus que nocessaire dans le bain , la glace soumise a Tac- tion de la luniiere dans la chanibre noire ne produit qu'uiie epreuve mediocre avec des contrastes trop grands de lumiere et d'ombre, et I'image semble faite sur un fond raye de quelques lignes perpendi- culaires, Ce bain est alors devenu inipropre a donner des resultats sans reproche, malgre les additions successives de solution neuve : alalongue.il sy est forme de I'aldehyde ; quelques gouttes d'acide sulfhydrique suffiraient pour scparer I'aldehyde de I'argent apres avoir laisse deposer ; mais ce vieux bain est un compose de toutes choses et I'analyse n'y trouve presque plus d'argent. II est done plus simple de le mettre aux residus, et de faire un nouveau bain dans les proportions faibles d'azotate d'argent que nous venons d'indiquer. » PROGEES INATTENDUS. Nous rcgrettons que I'encombrement des marbres ne nous ait pas permis de faire composer des aujourd'hui les communications faites a la Societe de photographie , dans la dernifere seance , par M. Poitevin, d'une part, par MM. Emile Rousseau et Musson de I'autre. M. Poitevin est inventeur brevete d'un non- veau precede de photo-lithographie et de gravure en relief , fonde sur les modifications que la lumiere fait subir a la gelatine et autres matieres organiques additionnees d'acide chromique ou de chromate de potasse et d'ammoniaque; MM. Emile Rousseau et Musson ont utilise de leur cote cette meme propriete si remarquable : 1"^ pour obtenir des positifs de tous les tons possibles sans I'emploi des nitrates ou du chlorure d'argent; 2° pour arriver, comme M. Poitevin , a imprimer ces memes positifs a I'aide des procddes de la lithographie ou dela gravure; 3" pour obtenir des dessins de toutes formes et de toutes couleurs sur des etoffes quelconques avec une grande rapidite et avec une grande economic. Nous reviendrons sur toutes ces questions dans notre prochaine livraison , en rendant a chacun des inventeurs ce qui lui est dii. Disons, en attendant, que le brevet de M. Poitevin nous semble a I'abri de toute contes- tation. VARItTES. PHENOMENES d'iNDUCTION ET DE POLARITE ELECTRTQUE PAR M. vor.ricrLLT. M. Volpicelli, professeur de phy>ique a I'universite romaine et se- cretaire perpetuel de I'acad^mie Dei Lyncoei, attend de notre impar- tialite que nous exposions avec quelque etendue les phenomenes de polarite et d'induction electriques qu'il a successivement commu- niques a notre Academie des sciences, et dont la nouveaute et I'im- portance lui semblent incontestables. Nous aurions voulu acquitter depuis longtemps cette dette de justice et d'amiti^, mais il s'agissait d'une matiere fort delicate ; nous ne nous sentions pas assez com- pletement edifie sur la portee des experiences du savant profes- seur ; nous aurions voulu enfin par une 4tude plus approfondie dissiper des doutes qui s'elevaient malgre nous dans notre esprit et que des critiques recentes n'ont fait que confirmer. Telles sont les causes uniques d'un retard que nous regrettons sincerement. En attendant que la lumiere se fasse compldtement, nous aliens du moins enoncer les faits tels qu'ils ont et^ observes par M. Volpicelli. I. Polarite electrique. Voici en quels termes, a peu pres, M. de Ja Rive a ddcrit cette experience fondamentale : En faisant glisser tantot dans un sens, tantot en sens coutraire, centre un anneau metallique isole, une tige metallique recouverte sur une de ces extre- mites d'une couche isolante, r^sineuse, on observe un developpe- nient d'^lectricite : si c'est la portion recouverte de la couche de resine qui est en avant, dans le mouvement progressif imprim^ a la tige, la portion metallique se charge d'electricite negative; si le mouvement a lieu dans I'autre sens ; c'est-a-dire si la couche isolante est en arriere, la tige se charge d't^lectricite positive. Dans les deux cas la surface ext^rieure de la couche isolante prend une electricity contraire a celle dont se charge la tige; cette derniere electricite est d'ailleurs ^videmment celle dont se charge la surface int^rieure de la couche isolante. Si les deux extremites de la tige sont egalement recouvertes d'une couche isolante, et qu'on la fasse glisser contre I'anneau en la tenant a la main dans une portion de sa longueur, Ja surface externe de la couche isolante, qui est en avant dans le mouvement imprim^, se charge d'electricite negative; la surface externe de la couche isolante en arriere du mouvement se charge d'electricite negative. La quantity d'electricite niise en Evidence ^ansces experiences depend de la nature du metal, du poll des COSMOS. 719 surfaces, de la s^cheresse de I'atmosphere; elles r^ussissent aussi bien et meme mieux dans le vide que dans I'air, preuve que I't^lec- tricite de I'air n'y est pour rien. Si Ton remplace la couclie resi- neuse sur rextremil^ de la tige par un tube en verre, on voit encore se nrianifester la polarity electrique, mais en sens inverse. II seirible r^sulter des recherehes de M. Volpicelli , ajoutait M. de la Rive, que la vibration innprimee a une substance isolante par I'intennediaire d'une tige vibrante, permettrait aux molecules de cette substance de se disposer de fa^on a constituer une chains polaire perpendiculaire a lepaisseur de la couche, et presentant par consequent a ses deux extrennites les electricites contraires. Le sens de la vibration influe seul sur le sens dans lequel seraient tour- nds les poles de chacune des particules. Une action m^canique pro- duirait ici un effet tout analogue a celui d'une action calorifique. En lisant pour la premiere fois cette curieuse observation, nous nous etions demande si son resultat ne s'expliquait pas suffisam- ment par les lois connues de I'electricite de frottement; si I'elec- tricite de la surface ext^rieure de la couche isolante n'etait pas simplement celle qui nait naturellement du frottement exerce sur la tige; et si I'electricitd contraire de la surface exterieure de cette meme couche n'etait pas nee de I'induction exercee par I'electricite de la surface interieure. C'est ce qu'affirme de son cote M. Ratti^ collegue de M. Volpicelli a I'universite romaine ; et en preuve de la verite de cette explication , il invoque ce fait que I'electricitd accumulee a I'extreinite qui pr^cfede le mouvement est toujours celle que prend la substance dont est forme la tige quand on la frotte avec la substance dont est fonn6 le support ; tandis qv.e I'electricite accumulee a I'extremite qui suit le mouvement, est de nom contraire , c'est-a-dire celle qui se developperait sur la subs- tance du support frottee avec la substance de la tige. II. Induction electro-statique. — Faits dnonc^s dans deux let- tres ecrites a I'auteur par M. Regnault ; Janvier et fcctobre 1855. Melloni , dans sa derniere communication a I'Academie , avait ddmontr^ qu'un conducteur isol^, ^tant induit, manifesteune meme ^lectricite in^galement distribute sur toute sa surface, I'electricite homologue de I'induisante, tandis que I't^ectricite contraire s*y trouve dissimulde et priv^e de tension. Ce fait, qui se r^duit a dire que deux Electricites contraires et libres ne peuvent co-exister sans se neutraliser a la surface d'un corps conducteur, avait echappe jusqu'a present a I'attention des physiciens ; il semble d'ailleurs en contradiction directe avec les indictions eiectrometriques des ex- 720 COSMOS. tremites du conducteur inJuit qui accusant des clectricites con- traires. Le but de la premiere note de M. Volpicelli est de prouver pourquoi et coimneiit ces indications clectrometrit^ues sont illu- soires, sous quelle influence ou sous quelles perturbations elles ac- cusant des clectricites contraires, tandis qu' elles devraient accuser des clectricites identiques. 11 prend pour point de depart cette observation : si Ton approche un corps electrise du bouton d'un dlectrometre a pailles, celles-ci divergeront par une electricite sensible ; si Ton approche le corps electrise vers rextremitc des pailles, elles divergeront par une electricite dissimuloe et par aitrac- tion ; si en meme temps qu'on continue I'induction, on fait coinuiu- niquer le bouton avec le sol. elles divergeront encore davantage. Si d'un corps electrise positivement on approche un cylindre conduc- teur isole et muni a chacune de ses deux extremites d'une couple de pailles forniant clectrometre, les pailles accouplees les plus rapprochees de I'inducteur, que nous supposerons etre d'une enereie suffisante, sont sous I'influence de celui-ci, meme daus leurs D ' ... extremites, elles devront done diverger par attraction. Si mainte- nant on approche de leur sommet un analyseur positif ou negatif, elles seront soumises a deux inductions, I'une principale , I'autre provenant de I'analyseur; et ces deux inductions, quant a leur effet, devront etre regardees comme contraires dans le cas de I'analy.seur positif, comme conspirantes dans le cas de I'analyseur negatif : il y aura done dans le premier cas diminution, et dans le second augmentation de leur divergence ; et dans les deux cas on sera conduit a admettre que le conducteur est electrise negative- ment par induction, ce qui n'est pas. Et en effet, quand par I'in- terposition , suivant la methode de Melloni, entre I'extremite indui- sante et I'extremite induite d'une lame conductrice communiquant avec le sol, on defend les pailles de I'induction principale, pour ne les laisser soumises qu'a I'induction de I'analyseur , on voit la divergence d^ pailles croitre ou diminuer , suivant que I'analyseur est positif ou negatif, ainsi que I'exige la nature positive de I'^lec- tricite libre dans I'electroinetre, ou relectrisation positive par induction de I'analyseur. Un raisonnement tout semblable expli- querait I'anomalie de meme genre c^ui se presente dans le cas oil le conducteur isole est soumis a I'influence d'un inducteur principal negatif. En resume, disait M. Volpicelli , lajjause que Melloni a appel^e influence ou perturbation olectrique, depend uniquement des lois connues de I'induction electro-statique. EUe consiste en ce que I'electrometre le plus pres de I'inducteur se trouve soumis en COSMOS. 721 meme temps a deux inductions: I'une principale, I'autre de I'ana- lyseur, lesquelles, etant tantot conspirantes et tantot opposees, produisent toujours des divergences illusoires par rapport a rclec- tricite du corps induit, dans I'experience fondanientale de I'induc- tion ^lectro-statique. Arrivons enfin aux faits de la seconde lettre a M. Regnault. Quand dans la sphere inductive d'un corps electrise a , on intro- duit, avec les precautions necessaires, un autre corps^ isole. toujours r^lectricite de I'induisant a attire et dissimule connplctement dans I'induTt ^ I'etat electrique contraire, repoussant Thomologue et le rendant completement libre. Mais i! est un autre fait qui n'a pas encore ei6 indique ; c'est que si on eloigne ou Ton approche du corps induisant a un autre corps c, partie de I't^lectricitd dissimulee dans I'induit/'.devientlibredanslepremiercas.tandis que dans !e second elle croit en b en menne temps que le fluide contraire s'y developpe. M. Volpicelli a soumis un cylindre metallique isole a I'induction positive d'un second cylindre ; il a fait communiquer le premier cylindre avec le sol, pour enlever toute son electricite libre; et il a approche du cylindre induisant une surface metallique non isolee, le cylindre induit a aussitot manifesto de I'eiectricite nega- tive. II a fait ensuite I'experience en sens contraire : il a d'abord approche la surface metallique du cylindre induisant positivement electrise ; il a ensuite enleve au cylindre induit son electricite libre, et eloigne la surface metallique du cylindre induisant ; le cylindre induit a alors manifeste I'eiectricite positive. Des experiences du meme genre, repetees avec I'electrophore, la bouteille de Leyde et I'electrometre a pailles ont donne les memes resultats. M. Volpicelli les I'esume dans les propositions suivantes, en ap- pelant electricite aliandonnee ou d'abandon, celle que manifeste le corps induit , quand on approche ou qu'on eloigne du corps indui- sant im troisieme corps : 1" Si I'eiectricite libre dans I'induit n'est pas dissipee dans le sol , \m rapprochement quelconque de I'induisant ne pourra jamais produire assez d'electricitd pour neutraliser la premiere ; 2" Quelle que soit la nature de la surface rapprochee ou eloignee du corps induisant , il y aura toujours abandon du fluide electrique; toutefois, dans des circonstances egales, les effets sont plus grands quand la surface rapprochee ou eloignee est une substance conduc- trice ; il est moindre, mais jamais nul, quand cette surface est une substance isolante ; ce qui prouve, ajoute I'auteur, que les subs- tances isolantes subissent elles-memes les e^ets de I'induction ; 722 COSMOS. 3" II y a une distance au dela de laquelle les rapprochements ou les 41oigneirients de I'induisant ne produisent pas d'^Iectricit^ sensible d'abandon ; 4" Eli repetant les approchements et les ^loignements de la maniere indiquee , le fluide dlectrique abandonne diminue chaque fois, et Ton arrive enfiii a n'avoir plus d'abandon sensible d'elec- tricit^. M. VolpicelJi croit, en outre, pouvoir tirer de ses experiences cette conclusion g6ncrale qu'entre la matiere et I'^lectricit^ , ou uieme entre le fluide resineux et le fluide vitreux, il regne une affinity seniblable a I'affinite chimique ; mais que raffinite de la m at i fere pour I'electricite est une propriete generale, tandis que I'affinite chimique est une propriete particulieie. Nous croyons sincerement a la polarite electrique, ou a I'electricite propre des molecules des corps; nous aJmettons pleinennent a cet ^gard la th^orie d'Ampere, que nous avons seul developpee dans les deux editions de notre Traite de telegrapkie electrique; la raison de I'affinite chimique est pour nous dans I'etat Electrique des mole- cules qui se combinent; nous comprenons parfaitement la raison du fait enonce par M. Faraday, qu'il n'y a pas d'action electrique a distance plus grande que celle qui s6pare deux molecules mate- rielles conligues ; nous sommes done tout dispose a admettre les rapprochements de M. Volpicelli , et nous ne pourrions lui faire qu'un reproche, celui de les avoir formulas d'une maniere un peu trop vague, et de n'avoir pas assez fait d'efTorts pour ramener les faits curieux observes par lui aux theories connues sans recourir a de nouvelles definitions qui n'ont peut-etre pas une raison suffisante d'etre. II termine sa lettre a M. Regnault, en expliquant , par son Electricite d'abandon , I'electricittS developpee dans les circons- tances que nous allons dire : on prend une longue tige de verre, et la tenant par son extremite a, on lui fait d^crire plusieurs fois une demi-circoiiference dans un plan vertical ; puis on fait communi- quer I'autre extremite b de la tige au moyen d'un fil metallique avec le condensateur d'un electroscope; si la journ^e est assez seche, I'electricite manifestee sera positive si on la recueille dans les eloignements de b par rapport au sol, negative si on la recueille dans les rapprochements, en dispersant toujours dans le sol I'elec- tricite qu'on ne veut pas recueillir. On pourrait essayer d'expli- qucr ce [ihenomene par I'intervention de I'electricite atmospherique, mais cette explication est incompatible d'abord avec le fait que COSMOS. 723 I'expdrience r^ussit dans tous les lieux , hauls ou bas , ouverts ou clos ; et , plus encore, avec cat autre fait , qu'une tige de resine donne une Electricity contraire a celle donnde par la tige de verre. M. Volpicelli, enfin, craint qu'on ne ramene a I'electricitE d'a- bandon les effets de polaritd statique attribuee par lui aux vibra- tions longitudinales ; cette crainte n'est pas un vain scrupule. SAPONIFICATION DES CORPS GRAS NEUTRES AU MOYEN DES SAVONS PAR M. PELOUZE. M. de Milly, le plus ancien et I'uii des plus habiles fabricants de bougies st^ariques, a reconnu que la proportion de chaux necessaire a la saponification des corps gras pouvait etre reduite a quatre ceiitiemes seulement, a la seule condition de soumettre a une tem- perature Elevee le melange de chaux , d'eau et de inatiere grasse. L'operation se fait sur plusieurs milliers de kilogrammes de suif a la fois, dans une chaudiere metallique qu'on maintient pendant quel- ques heures a une temperature correspondant a une pression de 5 a 6 atmospheres. Par cela meme que la quantite de chaux ndcessaire a la saponification est reduite dans une proportion considerable, la quantity d'acide sulfurique necessaire a la decomposition du savon calcaire est diminuee dans la meme proportion, et il en resulte une economie tres-grande. II a semble interessant a M. Pelouze de soumettre a une etude attentive une saponification executee en presence d'une quantite de base qui n'est que !a vingt-quatriemepartie de la matiere grasse acidifiee. II a fait dans ce but quelques experiences qui consistent a meltre le corps gras en presence d'un savon de chaux dans une marmite de Papin maintenue pendant a peu pres trois heures dans un bain d'huile chauffee a 155 ou 165 degres, et d'oii il con- clut que les savons , comme les alcalis eux-memes , sont aptes a determiner le d^doublement des corps gras en glycerine et en acide gras. M. Pelouze s'est assure que la temperature de 165 degres n'agit pas sur les huiles; que pour que le dedoublement en acide gras et en glycerine ait lieu, il faut que le melange de matiere grasse et d'eau soit maintenu longtemps a la temperature de 220 degres : dans les usines de la maison Piice , en Angleterre , le dedouble- ment des graisses par Taction de lu vapeursurohaufFee se fait a une temperature plus giande encore. 724 COSMOS. M. Pelouze explique le resultat obtenu par lui a I'a tempi^rature de 150 ou 160 degres en admettant que le savon neutre est d'abord decompose en un savon acide et un savon tres-basique ; ce dernier acrirait secondairement surune nouvelle quantity de matiere grasse, comma !e ferait un alcali en liberty. NOUVELLES BASES PHOSPHOREES PAR MM. CAHOURS ET HOFFMANN. M. Augusta Cahours, pendant un sejour d'un mois a Londres, a fait, avec M. Hoffmann, sur de nouvelles bases phospliorees , des recherches importantes dont il communique les rcsultats a I'A- cademie. M. Paul Thenard , en traitant I'ether m^thyl-chlorhydri- quepar le phosphure de calicium, dccouvrit plusieurs combinaisons nouvelles correspondantesaux composes que le phosphore forme avec I'hydrogene, et dans lesquels Thydrogene serait remplac^ par des quantit^s equivalentes de methyle. MM. Lcevig, Schweitzer, Hoff- mann, ont demontr(§ plus tard que dans rammoniaque et ses analogues on pent remplacer I'hydrogene soit partiellement, soit en totality, par des groupes binaires tels que le methyle, I'ethyle, I'amyle, le phenyle, etc., sans leur faire perdre leurs proprietc^s basiques. Les recherches ulterieures de MM. Hoffmann , Cahours et Riche , Landolt, etc., ont cnfin demontre qu'on pouvait allar plus loin, et remplacer dans I'ammonium les quatre equivalents d'hydrogene qu'il renferme par des quaiitites equivalentes des radicaux alcooli- ques, et qu'en outre il existait pour I'arsenic et I'antimoine des composes correspondants a I'ammonium. II restait a combler la lacuna existante entre les composes d'azote et ceux d'arsenic, en cherchant ce que donneraient, dans des conditions semblables, les combinaisons de phosphore , et c'est cette lacune que MM. Ca- hours et Hoffmann ont voulu combler. Us ont d'abord essay^ de produire les composes phosphores correspondant a I'ammoniaque et a I'ammonium, en traitant I'ether methyl-iodhydrique par le phos- phure de sodium ; Taction est tres-vive a chaud , il se forme des produits inflammables et detonants , de telle sorte qu'oiitre que ce mode de preparation n'est pas sans danger, il expose encore a perdre le fruit de son travail ; il se forme enfin des produits com- plexes dont la separation ne saurait s'effectuer sans de grandes diflficult^s. lis ontcependant reconnu ainsi I'existence des composes Ph Me^ liquide qui correspondau cacodyle; PhMe*, liquidequi cor- COSMOS. 725 respond au stib^thyle et a la tri-ethylamine ; Ph Me'* I, belle sub- stance crislallisee qui correspond a I'iodure de tetramethylammo- nium. Ce mode de preparation ^tant trop peu sur et fouriiissant des melanges dent la separation presente d'enorznes difficultes, ces messieurs ont cberche une autre methode. Elle consiste a introduire dans un tube en U un des radicaux zinc-methyle, zinc-ethyle , zinc-anlyle, decouvertspar M. Fiankland, qui secomportentcomme de veritables metaux doues de proprietes electro-positives tres- ^nergiques, et a diriger a travers le tube des vapeurs de terchlorure de pbosphore; la masse s'echauffe fortement, et Ton obtient bientot une masse visqueuse qui se solidifie completement par le refroidis- sement. Cette masse solide est un compose de chlorure de zinc avec la triphosphomelbylaraine, ou la triphosphetylamine, etc., suivant qu'on fait usage du zinc methyle, du zinc ethyle, etc. Ce compost, distill(5 avec execs d'une dissolution concentree de potasse caus- tique , donne naissance d'abord a du chlorure de potassium et du zincate de potasse qui restent dans la cornue , tandis qu'il passe a la distillation des huiles volatiles possedant une odeur toute spe- ciale , douees de proprietes alcalines tres-prononcees et qui sont la triphosphomethylamine , la triphosphetylamine et la tiiphospha- mylamine. Ces corps forment, avec les acides, dessels cristailisables et tres-solubles; leurs ciilorhydrates donnent, avec le bichlorurede platine, des composes de couleur orangee, tres-solubles, et qu'une Evaporation lente abandonne en beaux cristaux. En les traitant par les iodures de methyle, d'ethyle, d'amyle et les radicaux al- cooliques, ou obtient des iodures en proportions tout a fait definies, dont quelques-uns ferment des cristaux d'une tres-grande beaule. Nous n'essaierons pas de suivre plus loin les habiles chimistes; les noms seuls des composes nouveaux qu'ils ont obtenus effraye- raient les yeux les plus complaisants et les oreilles les plus exer- cees. CONSTITUTION DES FIBRES NERVEUSES PAR M. STILLING. M. Claude Bernard a communique, au nom de M. Stilling, de Cassel, de nouvelles recherches tres-importantes sur la fibre ner- veuse primitive. Jusqu'a present on a cru que la fibre nerveuse primitive etait composee : 1° d'une enveloppe en forme de tube, ne possedant pas de structure d^terminee ; 2° du cylindre d'axe oc- 726 COSMOS. cupant le centre du tube nerveux, offrant une consistance assez ferme, inais d'une orjjanisation encore (incoiinue ; 3" d'une matiere huileuse transparente, situ(§e entre le cylindre d'axe et I'enveloppe, et remplissant completeinent le tube nerveux. D'apres les recher- ches nouvelles de M. Stilling, la fibre nerveuse primitive doit etre consideree comme formee de deux parties, une partie pt^ripherique etune partie centrale. La partie pc'^ripherique, comprcnant a la fois ce que Ton designe actuellement sous le nom d'enveloppe nerveuse et de nioelle nerveuse est constituee par un enlacement de tubes ex- cessivement petits, d'un quinze-centieme a un trois-miUieme de lignede diametre, diriges dans tous les sens, se divisant, s'anasto- mosant les uns avec les aulres de inaniere a former un veritable r^seau. La partie centrale peut etre representee par un cylindre compose au moins de trois couches emboit^es les unes dans les autres et concentriques. De chacune de ces couches partent un grand nombre de petits tubes se dirigeant en dehors et allant com- muniquer avec le reseau des petits tubes qui forment la partie pd- ripherique de la fibre nerveuse primitive. Les tubes emanes de la couche centrale du cylindre d'axe perforent necessairement les couches moyennes et externes de ce meme cylindre, pour arriver en communication avec le reseau des tubes peripheriques. Chaque fibre nerveuse done se trouve constitute dans sa texture par un reseau tres-serre de tubes excessivement delies s'anastomosant sans cesse les uiis avec les autres, et etablissant des communica- tions multipliees entre la partie centrale de cette fibre et la partie p^ripherique. De plus les tubes delies vont d'une fibre primitive a I'autre, de maniere que deux reseaux voisins communiquent Tun avec I'autre. Les tubes delies enfin contiennent le liquide nerveux d'apparence huileuse, qu'on croyait etre libre dans I'espace qui s^pare I'enveloppe d'avec le cylindre d'axe. M. Stilling a trouve une enveloppe evidente aussi bien dans les cellules nerveuses centrales , que dans les cellules nerveuses peripheriques, et cette enveloppe est constituee par une quan- tity innombrable de petits tuyaux tres-fins , semblables a ceux quicomposentle reseau de la fibre nerveuse primitive. L'enveloppe forme un double contour dans la plus grande partie de son pourtour. Le parenchyme presente aussi un double contour, interrompu par des communications avec I'enveloppe de la cellule nerveuse; il est compose par une masse d'innombrables petits tuyaux qui sont egaux a ceux qui constituent le reseau de la fibre primitive nerveuse. Le noyau a une constitution analogue a celle du parenchyme; il COSAIOS. 727 prdsente toujours un double coutour interrompu par de petits tubes allant en dehors, vers le parenchyme de la cellule, et en dedans vers le nucleole. Ces petits tubes sont encore de la meme nature que ceux qui composentle reseau de la fibre nerveuse primitive. Le nucleole se compose de trois couches concentriques distinctes par leur cou- leur; la couche centrale est form^e par un point ordinairement rouge, la moyenne est bleue, la troisieme, la plus exterieure, est ordinairement jaunatre. Toutes les cellules nerveuses centrales ont des prolongements composes par des tuyaux tres-petits , qui sont de la meme nature que ceux qui constituent le parenchyme de la cellule nerveuse dont ils ne sont qu'une dependance ; mais ils vont en se divisant et se subdivisant de plus en plus a mesure qu'ils s'eloignent de la cellule. SUE LA MUSCARDINE PAR M. CICCONE. M. Ciccone a etudie avec le plus grand soin les symptomes, le diagnostic , I'anatomie pathologique et la melhode preserva- trice des epidemics de muscardine. On a eu tort de dire que le ver atteint de la muscardine nieurt subitement, et que jusqu'au dernier moment, il mange et se meut comme les autres vers. La muscardine est une maladie qui suit son cours comme toute autre affection, elle dure ordinairement de trois a cinq jours; le premier symptome est I'anorexie ; d'abord le ver mange tres-peu , puis il cessetouta faitde manger ; a I'anorexie succeJe la paresse ; d'abord il se meut tres-peu, puis il reste immobile, le thorax relev^ et rac- courci, de maniere que la tete est a demi recouverte par les pre- miers anneaux. Les phenoinenes qui suivent la mort ont ^te mieux etudids. Im- mediatement apres la mort, le ver est mou et manque de toute ^las- ticite; il n'a point de taches; si on le pique, il sort de la piqure un sang plus ^pais et plus fonce qu'a I'ordinaire ; vers la fin du pre- mier jour, il commence a durcir et a se colorer; vers la fin du deuxieme jour, il se forme un sillon sur le dos et tout le corps du ver se tord ; vers la fin du troisifeme jour, commencent a paraitre les taches blanches qui se repandent peu a peu sur toute I'etendue du corps du ver ; mais la moisissure perd bientot sa fraicheur et son brillant, elle se desseche, et on dirait que le ver a 6te encroule de chuux ou de sucre; en cet ^tat il est sec, dur et a peine flexible. La 728 COSMOS. muscardine est une maladie difficile a reconnaitre dans les pre- miers jours, sui;tout lorsqu'on ne la soupgonne pas dans la nna- gnanerie; mais il n'y a pas de maladie avec laquelle on puisse la confondre. On peut poser en principe que soigner un ver df^ja pris de la muscardine, c'est peine inutile : le guerir est impossible, et quand meme on le pourrait, il n'en vaudrait pas la peine : c'est I'epidemie qu'il faut prevenir. La methode rationnelle pour desinfecter les magnaneries et prevenir ainsi les epidemies de muscardine consiste dans la destruction des deux foyers d'infection, celui desvers ma- lades et celui des murs et des ustensiles de lamagnanerie. Les vers malades, sont le foyer le plus riche et le plus fecond de la muscar- dine. Pour detruire ce foyer, il suffit de bruler les vers atteints de la muscardine avant leur d^veloppement complet ; on detruit ainsi la plante avant qu'elle ait muri ses semences. II est trfes-difficile, au contraire, de detruire le foyer d'infection dans la magnanerie et les ustensiles. Les seuls moyens dans lesquels on puisse placer une confiance raisonnable, sont la chaux et les vernis a I'huile. Ce n'est pas qu ils aient la puissance de detruire directement les sporules, mais ils en empechent la v^g^ta^ion, en les enveloppant et en les fixant sur lelieu oil elles sont deposees. Ainsi, par cesdeux moyens qui detruisent les deux foyers d'infection dans les vers atteints de la muscardine et dans les magnaneries infectees, on pourrait reussir a d^tournerles Epidemics de muscardine. SUR LA PYROXYUNE PAR M. BECHAMP. Dansuii premier memoire, 4 octobie 1852, 1'auteur avait montr^ que, par Taction du gaz ammoniaque sur une dissolution ethero- aicoolique de pyroxyline, on decompose cette substance avec for- mation d'azotate d' ammoniaque et d'un compose moins nitrique que la pyroxyline C^^ H" 0^% 4 Az 0^ Plus tard, le 25 juillet 1853, M. Bechamp a annonc^ le fait imprevu et si frappant de la regeneration du colon de la pyroxyline, sous I'iniiueiice du proto- chlorure deter. Use propose aujourd'hui, pnr une elude plus com- plete de Taction des alcaliset des agents reducteurs sur la pyroxy- line, de rechercher quelle peut etre la constitution de ce curieux compose. Voici les faits principaux qu'il a d(5couverts, et qui prou- vent que la pyroxyline est un compose de la nature des nitrates : COSMOS. 729 1" La potasse caustique enleve de I'acide nitrique a la pyioxyline comme I'ammoniaque, mais Taction est plus profonde , et il se forme un compose C^^ H'' 0'^ 3 Az 0^ * 2" Quand on traite la pyroxyline par I'acide sulfuiique a deux Equivalents d'eau, elle ne se dissout pas, la temperature ne s'eleve point ; bientot on sent manifestement I'odeur de I'acide nitrique libre ; et si , au bout de 24 heures on etend d'eau, on filtre et on soumet la liqueur a la distillation, il passe de I'acide nitri(]ue sans vapeurs rutilantes : done la pyroxylme renferme de I'acide nitrique ; 3** Si, au lieu de reduire la pyroxyline par le chloiure ferreux, on la reduit par I'acetate de la meme base, il ne se degage pas de bioxyde d'azote, comme avec le chlo/ure, mais il se forme de I'am- moniaque, ce que Ton peut constater aisement en traitant la liqueur filtree par la potasse caustique ; or il en est de meiiie des nitrates. La possibilite de revenir du derive nitrique au type primitif semble a M. Bechamp un lien qui permet de rattacher les uns aux autres I'ether nitrique, la glycerine nitrique, la mannite nitrique, la fecule nitrique, la quenite nitrique, les celluloses nitriques, etc. Cesderniers derives sont, suivant lui, au nombre de trois : cellulose pentaiiUrique, cellulose letranitrlque , cellulose triniirique. Signalons encore un fait vraiment digne d'attention et d'etude. L'action de la potasse caustique, en presence de I'eau, sur la py- roxyline donne naissance a du sucre qui doit etre envisage comme forme sous une influence alcaline. ACTION DES SILICATES ALCALINS PAR M. KUHLMANN. L'habile chimiste resume dans ce memoire ses recherches theo- riquessur I'intervention des silicates alcalins dans la production des chaux hydrauliques, des calcaires siliceux, desciments, etc ; et sur la formation par voiehumide en general. Chaux kydraidique artificielle. Si Ton met en contact de la chaux grasse delayee dans de I'eau avec une dissolution de silicate de potasse ou de soude , la potasse ou la sonde sont eliminees; Tacide silicique se combine a la chaux et donne naissance a une matiere plastique qui ne blanchit pas I'eau qui la baigiie, surtout si elle a subi Taction de la chaleur ; toutes les molecules de chaux sont reliees entre elles par le ciment siliceux ; au contact de Tair, 730 COSMOS. dans les constructions ce silicate basique absorbe de I'aciJe carbo- nique et se traiisfornie peu a peu en silicio-carbonate de chanx. SilicatisatioJi des cndidts an mortier de chaux grasse. Lors- qu'on arrose des murailles enduites de ce mortier avec des dissolu- tions de silicate de potasse ou de soude , la chaux hydratee est transformee en silicate de chaux ; une partie de la potasse ou de la soude est eliminee. Silicatisation a I'air des calcaires poreux. Le carbonate de chaux naturel, en contact avec le silicate de potasse ou de soude (§limine la potasse ou la soude pour former un silicio-carbonate de chaux capable d'acqu^rir la durete caract^ristique des ciments hydrauliques. Silicatisation du pldtre. Le contact des silicates alcalins avec le sulfate de chaux doime lieu a une double decomposition ; a cote du silicate de chaux il se forme du sulfate de potasse et de soude, la consolidation des molecules siliceuses est instantan^e ; il en resulte un gonflement qui rend le platre tres-poreux et le fait ^cail- ler. En somme, cette operation ne pr^sente guere que des inconv^- nients. Silicatisation des peintures a fresque. Lorsqu'on arrose de silicate soluble avec des pompes les surfaces d'abord enduites de chaux grasse et de sable, puis couvertes de peintures appliquees a I'eau, les parties superficielles du mastic de chaux grasse prennent la composition et les proprietds des ciments hydrauliques et ea acquierent la durete. Peinture siliceuse au pinceau. Les carbonates et les oxydes de certaines couleurs broyees au silicate formant lentement des com- binaisons intimes avec I'acide silicique, la potasse etla soude sont (^liminees. Si la couleur est une matiere inerte , non susceptible de combi- naison chimique, il se produit, par I'intervention de I'acide carbo- nique de I'air, une pate siliceuse ou ciment extremenient adhi^rent, et qui acquiert en peu de temps, par 1' elimination des alcalis, une entiere insolubilite. Si la peinture a 4t6 appliqu^e sur une muraille enduite de chaux, ou en pierre calcaire, le silicate agit a la fois sur la matifere colorante et sur le carbonate de chaux de la muraille ; I'adhesion devient plus intime. Mais si la couleur est susceptible de decomposition chimique, comme la ceruse, le chromate de ploiub et quelques autres sels qui se transforment en un silicate gcMatineux,. elle sera profond^ment alterde. Impression iiliceusie, — Les papiers imprimis lav^s au silicate COSMOS. 7il soluble bien satur^ de silice ne s'alterent nullement ; on est cepen- dant en droit de se domander si aucune reaction n'aura lieu avec le temps. Quant a I'liripression sur les ^toffes , apres quelque temps d'exposition a I'air, la silice est fixee et le lavage enleve la potasse ou la soude. Les parties de silicate qui auraient conserve de la tolu- bilite peuvent etre fixees par un leger savonnage ou par un bain de sel mann susceptible de former, avec les silicates alcalins, un com- pose peu soluble dans I'eau. Injection siliceuse. — Le durcissement de toutes les pierres poreuses , et en general des matieres organiquos et inorganiques traitees par les silicates solubles , ne peut etre attribue qua une seule reaction, la decomposition des silicates par Taction lente de I'acide carbonique de Fair et la contraction graduelle de la silice. Formation par -voie hiimide et considerations geologiques. — D^ja , en 1841, M. Kuhlmann se demandait si le silex pyromaque, les agates, les bois petrifies et autres infiltrations siliceuses ne de- vaient pas leur formation a la decomposition lente du silicate alcalin par I'acide carbonique. Des cette ^poque , cette explication ^tait arrivde pour lui a I'etat de demonstration par la presence de la potasse dans differentes pierres siliceuses. II constata plus tard cette meme presence dans le peroxyde de manganese cristallise , le fer oligiste , le talc, I'asbeste, I'emeri , I'emeraude , le sulfure d'an- timoine , le sulfure de molybdene; et ce fait I'amena a penser que ces corps pouvaient avoir eux-memes ete formes par voie humide, par la dissolution des oxydes solubles dans un exces de potasse. A I'appui enfin de cette theorie , il pouvait invoquer la formation, parle seul contact de I'acide carbonique de I'air et par une contrac- tion lente de masses de silice assez dures pour rayer le verre, de pates alumineuses translucides, d'oxyde d'^tain hydrate avec un aspect vitreux. Depuis 1841, un grand nonibre de fails et d'ex- pt^riences sont venus a I'appui de cette maniere de voir. Voici quel- ques-unes de ces experiences : Au fond de plusieurs vases de verre M. Kuhlmann aintroduit une dissoliiti(m concentree de silicate de potasse ; puis, avec une grande precaution , en evitant tout melange des liquides , il a verse par- dessus, separement, des acides nitricjue, chlorhydrique et acetique concentres, mais cependant d'une deiibite un peu plus faible que celle du silicate, pour qu'ils surnageassent constamment. II s'est form^ immediatement au contact des deux liquides une conche siliceuse opaque ; cette couche s'est ^paissie successivement du cote du silicate par I'addition de nouvelles couches siliceuses dures 732 COSMOS. et coiripactes, surplus d'un centimetre d'epaisseur. La potasse en meme temps se separait du silicate , penetrait a travers la couche de silica condensee, tout aussi longtemps que la pellicula sup^- riaure etait en presence d'acide libre, et venait saturer I'acide. La couclie siliceuse , ainsi coiidensoe artificiellement , pr(5sente I'aspect chatoyant de I'opale. Dans une seconde experience , I'acide sul- furique tres-concentre occupait le fond du verre, le silicate de po- tasse surnageait ; il s'est encore forme une pellicule qui s'est epaissie de plus en plus, du cote de la dissolution siliceuse, et la saturation de I'acide sulfurique par la potasse s'est maiiifestee par le depot graduel au fond du verre de cristaux du sulfate de potasse. Des qu'il fut constate que les affinites chimiques pouvaient si faci- lement s'exercer a travers des pellicules iices de la reaction des deux substances superposees, M. Kuhlmann a traite par ce procede un grand nombre de dissolutions de densites differentes, et il a pu observer ainsi una foule da phenomenes d'un caractere beaucoup plus gent^ral. Lorsque la pellicule tendait a se precipiter au fond du liquide le plus dense, il I'a retenue m^caniquement par un tissude fil de platine ou tout autre obstacle non alterable ; d'autres fois , supprimant la pellicule naturelle , il a interpose antra les liquides reagissant des corps poreux, de lapoterie degourdie, parexemple; et, par ce mode de reaction tres-lente, il a souvent obtenu de ma- gnifiques cristallisations. II a plac^ , par exemple , un vase poreux renipli de dissolution d'acetate de plomb dans un bain d'acide chlo- rhydrique; les liquides ctaient de niveau des deux cotes de la paroi poreuse ; en moins d'un jour, la dissolution d'acetate de plomb a diminue de hauteur d'un centimetre environ , et le vase qui la con- tenait s'est reinpli de magnifiques aiguilles de chlorure de plomb. II a obtenu d'une maniere analogue des chlorures d'argent et de mercure , du phosphate de chaux , du sulfate de chaux, du carbonate de zinc, du ferro-cyanure de cuivre ; des sulfates de plomb et de baryte, du carbonate de plomb mamelonne , etc., etc. Du chlorure d'or renferme dans un vase poreux, plonge dans une dissolution de sulfate de protoxyde de fer ou d'hyposulfite de soude, ou enfin d'acide oxalique,- a donne lieu, en peu de jours, a la precipi- tation contre les parois des vases d'une couche plus ou moins epaisse de paillettes d'or d'un aspect cristallin. FIN DU TOME VII. A. TRAMBLAY, pro^rictaire-cjerant. Paris. — Imiirimeiie de W, Remqdet et Cie, rue Garancii:re, 5. X:4 '^^ ■«H,-y # ^m 4:,%vt F sn^ r